L’ex-adjoint de Baptiste Ridira et auparavant de Mickaël Ferreira, gérant d’une ferme agricole familiale, a passé 12 ans dans l’ombre avant d’être propulsé à la tête du club du Loiret l’été dernier, avec un certain succès : son équipe, qui a conservé ses principes de jeu, est dans la continuité avec une 3e place, à seulement 4 points du leader Saint-Malo.

Par Anthony BOYER / Photos Coralie HOUEIX (sauf mentions spéciales)

Photo SPSHFC

Petite devinette. Quel est le point commun entre une ferme agricole et un club de foot ? Réfléchissez bien ! Vous n’avez pas la réponse ? On vous la donne : le point commun, c’est Mathieu Pousse. Un garçon de 40 ans qui a passé… 40 ans dans la ferme agricole familiale à Baccon, à 10 kilomètres au sud-est d’Orléans (Loiret), dont il a hérité avec ses frères, au décès de son papa, et presque autant d’années sur les terrains de football du département et du département voisin, le Loir-et-Cher.
Car le père de famille – son petit garçon de 5 ans vit à Nice – cumule deux casquettes : gérant de l’entreprise qui cultive des céréales et entraîneur de l’équipe fanion de National 2 de Saint-Pryvé Saint-Hilaire FC, un club où il a posé les pieds voilà 13 ans déjà. On pensait avoir tout vu à Saint-Brieuc avec le président-entraîneur-sponsor-directeur sportif, Guillaume Allanou… Et bien non !

Travailleur et compétiteur

A Saint-Pryvé Saint-Hilaire, Mathieu Pousse peut tout aussi bien monter sur un tracteur que diriger une séance d’entraînement. Il n’y a qu’en National 2 que l’on voit ça ! Et c’est sans doute parce qu’il vient d’un milieu rural, où les valeurs de travail sont essentielles, où l’on sait ce que mettre les mains dans le cambouis veut dire, qu’il n’a pas peur de faire des heures : Mathieu Pousse est bosseur et… compétiteur. Ce sont ses deux moteurs. Et bien sûr passionné. Le foot ? Il a baigné dedans tout petit ! « Mon papa était footeux, mes tontons aussi, ce qui fait que, mes frères et moi, on était très tôt autour des terrains, on a pratiqué dès le plus jeune age. »

« Je suis un homme de club »

Mathieu est un ancien défenseur central au parcours qu’il qualifie de « modeste » (niveau régional) : « J’ai été embêté par les blessures. Je me suis fait quatre fois les croisés entre l’âge de 15 et 20 ans, donc à partir de là, le foot est devenu une pratique loisirs. »
Une pratique loisirs, mais avec une vocation : celle d’entraîner. A l’âge de 15 ans, il s’occupe déjà des tout-petits. « Dans les deux clubs où j’ai joués, à Ouzouer-le-Marché (Loir-et-Cher), juste à côté de Baccon, où je suis resté jusqu’à mes 20 ans, et à Jargeau/Saint-Denis, près de l’aérodrome d’Orléans, où je suis resté 6 ans, j’étais aussi éducateur. Je suis un homme de club. »

Ferreira-Ridira, deux rencontres déterminantes

Photos Coralie HOUEIX

L’on dit souvent que les rencontres sont le sel de la vie. Et font parfois bien les choses. Celles avec Mickaël Ferreira et Baptiste Ridira, à l’âge de 20 ans, sur les bancs de la faculté à Orléans, où il est étudiant en STAPS, sont déterminantes.
Outre une grande amitié naissante, c’est aussi une passion commune pour le football, le jeu avec un grand J, que tous les trois développent. « En fait, comme j’étais régulièrement blessé quand j’étais joueur, je compensais ce manque par ce côté éducateur. C’est pour ça que j’ai très vite basculé. J’ai développé ma passion pour l’encadrement, au travers de cette filière STAPS, la plus passionnante selon moi, celle de l’entraînement ».

La suite de l’aventure, c’est Mathieu, qui a pris la succession de son ami Baptiste Ridira l’été dernier avec réussite – Saint-Pryvé/Saint-Hilaire est 3e à seulement 4 points du leader, Saint-Malo – qui nous la raconte, au beau milieu d’une semaine surchargée, entre deux récoltes, trois entraînements et une formation à Clairefontaine dans le cadre de son DES (diplôme d’état supérieur).

Et s’il n’a pas toujours été facile à joindre, quand bien même il suffit de taper son nom sur Google pour tomber sur son 06 (!), une fois face à nous, Mathieu, qui se définit comme un gros travailleur – « J’essaie d’engager mon équipe dans ma philosophie sur cet aspect-là » -, s’est montré très locace et disponible. « Il y a mon 06 sur Google ? Comme ça c’est pratique, plaisante-t-il ! ». Pratique… Enfin, ça c’est lui qui le dit !

Interview
« Etre l’arbitre, ça nous va bien ! »

L’équipe de St-Pryvé St-Hilaire en N2. Photo St-Pryvé St-Hilaire FC.

Mathieu, comment s’est fait ton arrivée au club de Saint-Pryvé/Saint-Hilaire ?
Après mes études de Staps à Orléans, ma ville natale, j’ai poursuivi à Lyon en faisant une première année de Master PPMR sur la préparation physique et le mental. Ensuite, je suis allé en stage à l’US Orléans puis à Saint-Pryvé Saint-Hilaire, et du coup, je suis resté à Saint-Pryvé ! Il y avait Mickaël Ferreira au club, l’ancien coach : on s’était côtoyé avec Baptiste (Ridira) en Staps, alors quand Mickaël a pris en main l’équipe Une, je me suis engagé à ses côtés avec la double casquette d’adjoint et de préparateur physique.
Dans notre club, il y a souvent des doubles casquettes. J’avais 26 ans à ce moment-là. J’ai fait 4 ans avec lui, 5 ans si l’on compte l’année de stage, durant laquelle j’encadrais aussi les U19. Et puis, Baptiste (Ridira) a pris la succession de Mickaël. Avec Baptiste, on avait des affinités de longue date depuis notre passage ensemble à la fac, et à la tête de l’équipe, ensemble, on a fait 8 années (dont 7 en National 2 après la montée en 2017). Donc là, c’est ma 13e année au club !

« Je ne suis pas une exception »

Tu as commencé à encadrer des jeunes très tôt…
La première équipe que j’ai encadrée, j’avais 15 ou 16 ans, c’était des benjamins (U13) et à 17 ans, j’entraînais du foot à 11, que je n’ai plus quitté. Parce que le foot de compétition, ça me correspondait plus. Je n’ai fréquenté que deux clubs quand je jouais. Dans le premier, j’étais joueur-éducateur à Ouzouar-le-Marché, où je suis resté jusqu’à mes 20 ans. Les seniors évoluaient en DH/DHR. Pareil, à Jargeau/Saint-Denis, j’étais joueur-éducateur, puis responsable technique à la fin. Je suis resté 6 saisons. Je suis un homme de club.

Revenons à tes débuts : c’est incroyable cette histoire de ferme agricole familiale…
Non, c’est juste que j’ai grandi à Baccon, à côté d’Orléans. C’est un petit village rural qui est à la limite du Loi-et-Cher, et où mon père avait une exploitation agricole. On l’a toujours d’ailleurs puisque, quand j’ai perdu mon papa il y a 15 ans, on a hérité de l’exploitation que je fais tourner. J’en suis le gérant. Donc à côté du foot, il y a l’entreprise. J’ai toujours été exploitant agricole mais je ne fais pas tout, tout seul. Je bosse avec des prestataires. Je ne fais pas que de la gestion, je monte aussi sur le tracteur : on fait de la culture de céréales, c’est cyclique. Il y a des périodes dans l’année où c’est plus prenant que d’autres.

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Tu es un peu une exception dans le milieu du foot, à ce niveau, en National 2…
Je ne suis pas une exception. Il y a d’autres coachs de ce niveau qui travaillent à côté. Là, c’est juste que c’est le secteur d’activité qui peut paraître original. Je suis chef d’entreprise, ce qui me permet d’organiser mon travail et mon temps comme je le souhaite. C’est juste une gymnastique permanente pour mener de front les deux activités. Il n’y a pas que le foot qui est familial, il y a aussi l’exploitation ! C’est un héritage, on est tous les trois, avec mes frères, qui ont aussi baigné dans le foot (l’un des deux a encadré les U19 ans Nationaux de Saint-Pryvé à une certaine époque), à avoir nos parts dans l’exploitation. C’est juste que j’ai le rôle du grand frère, du gérant, et ça se passe très bien.

Entre l’exploitation agricole, le foot et actuellement la formation pour ton DES, te reste-t-il du temps pour toi ?
Je m’accorde toujours du temps, parce que je suis un bon vivant. Je m’engage dans ce que je fais, donc j’y passe beaucoup de temps, mais c’est important d’avoir cette philosophie là, de garder le plaisir de faire autre chose; ce qui m’aère, c’est de monter dans un avion et partir au soleil !

« Je ne me fixe pas de limite »

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Entraîner plus haut, plus tard, c’est quelque chose qui t’intéresse ? Te motive ? S’occuper de l’exploitation agricole, n’est-ce pas un frein ?
Il faut savoir que j’ai une dérogation cette saison pour entraîner en N2. Ensuite, c’est une certitude, l’évolution de ma carrière devra m’amener à effectuer certains choix, comme mettre l’exploitation en gestion, mais il y a plein de possibilités, j’en suis conscient. Quant à mes ambitions, ce qui me caractérise, c’est que je ne me fixe pas de limite. Pour autant, je ne cours pas après quelque chose qui aujourd’hui est incertain. Dans le foot, on ne peut pas tout prévoir, on est dépendant de nombreux facteurs, dont les résultats. Mais ça ne me fait pas peur, je ne me ferme aucune porte.

Avec Mickaël (Ferreira) et Baptiste (Ridira), c’est toujours une histoire d’amitié aujourd’hui ?
On se connaît depuis la fac. On est du même coin. Avec Mickaël, nos parcours ont fait que l’on ne se côtoie plus particulièrement; il est à la Ligue du Centre (il est Conseiller technique régional à la Ligue Centre-Val de Loire de Football), on se croise, on se salue, on n’a pas gardé de contacts privilégiés, mais avec Baptiste oui, on est en contact permanent !

Du coup, quand tu m’as dit, vendredi dernier, que tu regardais un match de foot, tu regardais l’équipe de Dijon, entraînée par Baptiste ?
Non, j’ai fait une infidélité (rires) ! Pour le coup vendredi, j’étais au match à Orléans (victoire 4 à 2 face à Sochaux), je n’ai pas regardé Dijon cette fois !

Sinon, en général, tu regardes les matchs de Dijon (National), son nouveau club ?
Je les regarde régulièrement. On échange au téléphone sur nos quotidiens. Baptiste passe régulièrement voir nos matchs, et son fils joue à Saint-Pryvé.

« Avec Baptiste (Ridira), on connaît bien la vie de chacun »

Photos Coralie HOUEIX

Vous parlez de quoi, avec Baptiste ?
On parle de tout ! De nous, de foot ! On se côtoie en dehors du foot depuis la fac, on connaît bien la vie de chacun ! On était ami avant de travailler ensemble.

A-t-il compté au moment de sa succession à Saint-Pryvé ?
Cela s’est fait naturellement et logiquement. On faisait tout à deux, on était un binôme sur tous les aspects, surtout dans une structure comme Saint-Pryvé Saint-Hilaire, où on a tout à faire, mais avec les mains libres, car on n’a pas de directeur sportif. On s’occupait du recrutement jusqu’à la gestion quotidienne de l’équipe. Naturellement, quand Baptiste a décidé de partir, mes dirigeants se sont tournés vers moi et comme je suis un homme de club, la question ne s’est pas posée. En dix minutes, ma décision était prise.

Prendre la suite, dans un championnat a priori plus relevé du fait de la refonte, cela ne t’a pas fait peur ?
Non, pas du tout. C’est vrai que l’on a vu le National 2 évoluer, mais je n’ai pas hésité. J’ai une histoire particulière avec le club, je ne pouvais pas, ne serait-ce que pour ça, refuser. Le seul truc, c’est que cela s’est fait après le 15 juin et que l’on n’avait encore rien fixé, à quelques jours de la reprise. On s’est retroussé les manches, il a fallu faire le travail que j’avais l’habitude de faire avec Baptiste, dans un premier temps tout seul, puis avec les gens qui sont venus constituer le staff.

L’importance de connaître le club et ses particularités

Photos Coralie HOUEIX

Avec ton adjoint, essaies-tu de reproduire le modèle qui était le vôtre avec Baptiste ?
Un petit peu, d’autant que je me suis entouré de quelqu’un (Hubert Marchand) avec lequel j’ai des affinités de longue date, qui connaissait le club. Ma priorité, quand j’ai eu à constituer mon staff, c’était de prendre des gens qui connaissent le club, en qui j’ai confiance, pour gagner du temps. On était déjà le 20 juin, on a commencé le travail de l’inter-saison à seulement 15 jours de la reprise, il y avait beaucoup à faire.
Le préparateur physique, Antoine Rivet, était déjà avec nous, j’étais un peu son tuteur avant. J’ai fait revenir un ex-gardien, Charles-Henri Chatelin, comme entraîneur des gardiens, mais qui bosse à plein temps côté; Quant à Hubert, mon adjoint, il était responsable technique et s’occupait des jeunes, c’est quelqu’un que je connais aussi en dehors du foot. On est cinq en tout, avec un jeune analyste vidéo, Marius David, qui a joué en jeunes chez nous. Mais on n’est pas tous à temps plein. Comme je l’ai dit, il y a des doubles casquettes : certains sont engagés dans d’autres missions, comme celles d’éducateur. On fonctionne un peu comme d’autres structures du type de celles de Locminé, Châteaubriant, Saumur…

« La qualité du terrain, le bémol »

Justement, c’était la question suivante : depuis le temps que tu te déplaces en N2, tu dirais que Saint-Pryvé se rapproche de quels clubs en terme de fonctionnement ?
Alors, sur le plan des installations, peu de clubs nous ressemblent, parce que la qualité du terrain, c’est vraiment le gros bémol chez nous. Même si nos installations, bien que modestes, nous permettent d’exister en National 2.
Après, dans la structure, on ressemble à Locminé, qui vient de monter en N2, qui fait un très bon championnat. Locminé, ça ressemble à ce que l’on fait chez nous. J’ai discuté récemment avec les deux coachs (Jacques Pichard et Florent Besnard), qui fonctionnent aussi un peu en binôme : sur plein d’aspects, comme le budget, qui est identique, on se ressemble. Je citerais aussi Châteaubriant et Saumur, comme j’ai dit auparavant. Après, je ne connais pas Villers-Houlgate, qui n’est pas dans notre groupe, mais j’image comment cela peut être.

« Le National 2 a été tiré vers le haut »

Photos Coralie HOUEIX

Le niveau du N2, tu le trouves comment cette saison ?
Le niveau progresse. La réforme a fait son chemin, elle a brassé la masse de joueurs, et ceux qui sont encore là aujourd’hui, au niveau N2, ce sont les meilleurs, donc le niveau s’en ressent, et on a un championnat qui, dans son homogénéité, a été tiré vers le haut. On voit que ça bataille fort dans toutes les poules. C’est de plus en plus dur de rivaliser avec les grosses écuries.

Malgré ça, vous faites un championnat exceptionnel : vous êtes 3e, le club a fini 4e l’an passé …
Oui et ça valorise le travail que l’on a accompli lors de la petite intersaison. J’ai la connaissance du contexte, du fonctionnement de mon club, donc dans l’approche de la saison, dans la préparation de mon groupe à tous les aspects, c’est un point fort. Je sortais quand même de 12 saisons passées au club. Cet atout, tous mes collègues n’ont pas la chance de l’avoir. Après, il y a le savoir-faire aussi, et ça, par rapport à ma fonction élargie et mes 8 ans aux côtés de Baptiste (Ridira), ça a été une belle garantie de faire les choses correctement. On a bien recruté, humainement déjà, parce que chez nous, on a toujours l’habitude de bien regarder les profils de l’homme pour voir si ça peut peut coller aux valeurs du club et à ses particularités, s’il peut bien s’intégrer à notre projet.

Un projet de jeu « maison »

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Comment expliques-tu que Saint-Pryvé soit, saison après saison, toujours très performant ?
Ici, c’est la stabilité de notre projet de jeu qui valorise notre parcours en N2 depuis des années. Ce projet, il est plutôt reconnu, avec ce 4-4-2 en losange : ça c’est la photographie. Après il y a la philosophie de jeu qui va avec ! On l’a co-construit avec Baptiste dès la première année, alors que l’on n’avait jamais évolué comme ça avant de bosser ensemble. C’est juste que ça collait à ce que l’on voulait faire, surtout à l’effectif que l’on avait à l’époque. Ce projet de jeu a été façonné « Made in Saint-Pryvé ».
Cette continuité-là a donné de la visibilité à l’ossature que j’ai conservée, et cela a amené l’équipe à une certaine forme de confiance. Cela a donné des certitudes aussi quant au projet de jeu, ce qui fait que quand on a démarré la préparation, il y a tout de suite eu de la qualité, et moi, j’ai essayé d’amener un versant très « compétition », parce que c’est ma nature. Ce qui fait que l’on a bien entamé la saison. On a toujours cette volonté-là, à Saint-Pryvé, de bien démarrer, c’est une constante chez nous, parce que c’est important, et c’est souvent le cas. Cela a été le socle de notre première partie de saison.
Et puis on sait aussi que, quand l’hiver arrive, cela va être plus dur, on va subir certains aléas, sur la qualité des terrains, sur notre fonctionnement aussi, quand on doit se balader d’un terrain à un autre, mais ça fait partir de nos particularités.

« Le match à Bordeaux a pesé dans les têtes »

C’est vrai qu’en novembre/décembre, les résultats ont été un peu moins bons…
On a été moins constant. Depuis 2025, c’est pas mal même si on a un peiné à retrouver notre efficacité offensive qui nous caractérisait en début de saison. En novembre / décembre, on n’a pas réussi à faire basculer des nuls en victoire, mais on est sur la bonne voie.

Votre terrain fait parler en National 2…
C’est le point le plus impactant. Surtout que l’on a un projet de jeu porté sur l’utilisation du ballon, sur le jeu offensif, donc évidemment, quand le terrain devient difficile lors du passage à l’automne, des adaptations doivent être installées mais ce n’est pas toujours facile car on construit notre effectif pour jouer. On veut jouer, on y arrive en début de saison quand le terrain est de bonne qualité. Cette année encore, on n’y a pas coupé. Et on a eu aussi ce déplacement à Bordeaux, qui a pesé dans les têtes…

Avec Baptiste Ridira, en 2020, la fine équipe de Saint-Pryvé ! Photo Facebook Esprit Foot

Parle-nous un peu de Bordeaux, justement…
Quand on a joué chez eux (10e journée, le 9 novembre, défaite 2-0), on regardait vers le haut à ce moment-là, quand bien même ce n’était pas notre discours au niveau du staff. On a pris une petite claque là-bas. On a rivalisé une mi temps (0-0), on aurait dû ouvrir le score, mais on a pris la vague en 2e mi temps et ça nous a affectés psychologiquement. J’en avais discuté avec Gwen (Corbin), le coach de Saint-Malo, quand on a joué chez eux au début du mois de février (1-1, journée 15), et il a eu le même sentiment par rapport à ce match-là, face à Bordeaux, dans le sens où l’on a essayé de l’aborder comme les autres, parce qu’on veut que le groupe l’envisage comme ça, mais finalement, on voit que nos joueurs ont clairement coché ce match, qui est finalement très particulier, et qui peut impacter. D’ailleurs, Gwen (Corbin) m’a dit qu’après ce match, les joueurs étaient un petit peu touchés sur les matchs qui ont suivi, par rapport à la rivalité qu’ils ont avec Bordeaux et par rapport à leurs objectifs. Pour moi, Bordeaux n’a rien à faire là, et c’est vrai que cela peut être impactant dans le championnat.

« Essayer de rester au contact »

Du coup, qui va monter en National ?
Joker !

Photo SPSHFC

Saint-Pryvé est plus que jamais dans le coup, à 4 points seulement du leader, Saint-Malo
On peut même encore imaginer que certaines équipes, qui sont sur des grosses dynamiques, puissent recoller si ça tâtonne encore devant. Clairement, aujourd’hui, je suis incapable de dire qui va monter. On voit juste que la lutte entre Saint-Malo et Bordeaux devrait perdurer.

Quant à nous, en début de saison, on avait l’espoir de faire mieux que l’an passé, alors que l’on sortait de notre meilleure saison, avec notre meilleur classement (4e) et un ratio de 1,4 ou 1,5 point par match. C’est un peu ce que l’on arrivait à faire ces dernières années, pour finir sur le podium, mais c’est pas gagné. Nous, on veut faire le mieux possible sur nos trois prochains matchs en mars, parce qu’après, en avril, on va recevoir Bordeaux et on va recevoir Saint-Malo : être l’arbitre du duel, ça nous va bien ! On va essayer de rester au contact, ce qui validerait le fait que l’on est en progrès et que l’objectif de départ aura été réussi.

N’est-ce pas frustrant d’entraîner un club pour lequel il sera compliqué de voir plus haut que le N2, compte tenu de ses moyens et de ses infrastructures ?
C’est la magie de notre sport ! Des clubs ont réussi à faire des choses incroyables : quand les frères Luzi se sont engagés à Chambly, si on leur avait dit qu’ils iraient jusqu’en Ligue 2… Des exemples, il y en a d’autres, Luzenac, ou encore, plus lointain, Guingamp, qui est devenu un club professionnel important. Ce n’est pas du tout ce que l’on vise à Saint-Pryvé mais il n’y a rien d’impossible dans le foot, en tout cas, on n’est ni prévu ni programmé pour ça. La plupart des joueurs travaillent, certains dans notre structure comme apprentis ou en formation sur les métiers de l’animation, de l’encadrement, du management de club, c’est très classique, d’autres sont étudiants.

Tu es un coach plutôt…
Passionné, engagé, compétiteur, perfectionniste et exigeant.

Le club de Saint-Pryvé/Saint-Hilaire ?
Familial, franc, où il fait bon vivre.

Un modèle de coach ?
Pas spécialement. Par contre, j’ai des affinités avec la philosophie du foot espagnol. Avec l’exigence des profils de coach portugais.

Baptiste Ridira : « Je suis très heureux pour Mathieu »

Visuel SPSHFC

Interrogé au sujet de son ancien adjoint et ami dans la vie, Baptiste Ridira , l’entraîneur de Dijon, en National, a eu des mots très élogieux à l’endroit de Mathieu Pousse : « Voir Mathieu à la tête de Saint-Pryvé en N2, c’est une évidence pour moi, je n’avais aucun doute là-dessus, par rapport à son implication au club et pour ce qui est de la continuité du projet de jeu. C’était une vraie décision du club de vouloir rester dans la continuité. Mathieu a fait beaucoup pour le club et s’est énormément investi, pendant 12 ans, ce qui est ENORME. Ces années passées à travailler avec lui resteront gravées à jamais. Notre fonctionnement fut remarquable. Le plus important pour moi est de savoir que, si un jour je dois retravailler avec Mathieu, je sais la personne qu’il est, loyal, investi, passionné, et dévoué pour son club. Il s’est toujours mis en retrait,  que cela soit avec « Mika » (Ferreira) dans un premier temps, avec moi ensuite, et là, après avoir été dans l’ombre pendant toutes ces années, c’est bien qu’il prenne la lumière, je suis très heureux, il exprime toutes ses qualités que certains ne lui reconnaissaient pas. »

 

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L’histoire d’un club passé par tous les états depuis 30 ans, qui revient sur le devant de la scène grâce à sa campagne de coupe de France et sa place en haut de tableau en National 2. Et qui n’aspire qu’à une chose : sortir de sa longue traversée du désert et retrouver son lustre d’antan.

Par Anthony BOYER / Photos AS Cannes et Kevin Mesa

La « vieille » tribune Ouest du stade Coubertin.

Cannes qui pleure. Cannes qui rit.

Cannes qui pleure, parce que, quelques instants avant le quart-de-finale de la coupe de France face à Guingamp, mardi soir, et alors que le stade Coubertin était en train de sagement se remplir, dans un calme contrastant avec le vacarme mis par les 200 supporters de « Cannes 1902 » sur le parking des VIP, l’on venait d’apprendre – incroyable destin – le décès de Bernard Brochand, l’ancien maire de Cannes, à l’âge de 86 ans.

Brochand, en plus d’être l’un des instigateurs de la chaîne Canal + en 1984, passé par le PSG (il fut président de l’association), fut aussi cet ancien joueur de l’AS Cannes et amoureux du club avec lequel il avait remporté, en 1955, l’une des deux coupes Gambardella inscrites au palmarès des Dragons (la deuxième date de 1995). La minute d’applaudissements respectée avant le coup d’envoi de cette partie rajouta de l’émotion à une autre émotion, celle de vivre un quart-de-finale à la maison.

La revanche de 2014

Julien Domingues face à Dives-Cabourg

Cannes qui rit, exulte, communie, chante, danse, partage, rêve et profite. Cueille le jour. Fait plaisir à voir.
Cannes qui prend sa revanche sur 2014 et élimine Guingamp de sa route (les deux clubs s’étaient affrontés au même stade de la compétition), à la loyale (3-1), pour se retrouver, trois ans après un autre club de National 2 (Versailles), quatre ans après Rumilly-Vallières, en demi-finale de la coupe de France. En demi-finale ! Un seul club de ce niveau a fait mieux : c’est Calais, le 7 mai 2000, battu en finale à la 90e minute par Nantes (2-1).

Le temps a passé mais l’histoire reste. L’histoire, c’est aussi ce Cannes-Guingamp en coupe de France, il y a 11 ans. Un match « spécial ». Avec d’un côté, des dirigeants azuréens qui en voulaient à la FFF. Et de l’autre, Noël Le Graët, ancien président de la FFF (et ancien maire de Guingamp et ex-président de l’En Avant), coupable selon la famille Fakhri, propriétaire du club azuréen (de 2009 à 2014), d’avoir injustement « rétrogradé » l’AS Cannes de National en CFA trois ans plus tôt, en 2011, au motif que les comptes n’étaient pas abondés au 30 juin. Ils le seront, mais plus tard, en juillet. Trop tard…

De CFA en DHR

Après trois saisons de CFA, un train de vie au-dessus de la moyenne à ce niveau et une campagne de coupe aussi inoubliable que l’actuelle (Troyes, Montpellier et Saint-Etienne ont été éliminés à Coubertin !), la famille Fakhri, amputée du patriarche, Saïd, décédé en février 2014, peu de temps avant ce fameux Cannes-Guingamp, mettait la clé sous la porte et rappelait qu’elle avait dépensé 18 millions d’euros en 5 ans.

Cannes qui pleure, Cannes qui rit : cela pourrait être le titre de l’histoire, tant le club de La Croisette est tombé bas. Tant il est passé tous les états depuis 15 ans. Depuis 30 ans même, si l’on tient compte des 11 années de galère en National, de 2001, année de la descente de Ligue 2, jusqu’en 2011 2 (en Division 1, la dernière saison remonte à l’exercice 1997-1998). Tant les Dragons sont tombés bas, jusqu’en DHR (Régional 2) en 2014 donc, après avoir volé très haut et côtoyé l’Europe (en 1990/91 et en 1994/95).

17 mai 2002, le virage manqué face à Valence

Il suffit de jeter un oeil aux « grandes » dates du club fondé en 1902, vainqueur de la coupe de France en 1932, demi-finaliste pour la dernière fois en 1992 (battu par l’AS Monaco), pour comprendre ce qui lui est arrivé, pour voir tous les sommets qu’il a gravis et toutes les mésaventures qu’il a subies. Comme celle, inoubliable, du 17 mai 2002 : pour beaucoup, c’est « LA » date qui a changé le cours de son histoire. Ce jour-là, si Cannes bat Valence à Coubertin, c’est le retour immédiat en Ligue 2… Mais l’équipe s’incline 2-1, et Valence, avec Steeve Elana dans les cages, monte. Le club azuréen ne s’en remettra jamais.

Cannes et son passé. Cannes et son Histoire. Cannes et sa culture. Cannes et sa marque, façonnée sur la scène mondiale, grâce à son Festival, ses congrès, ses boutiques de luxe, ses plages, son soleil, ses voitures de luxe, sa clientèle, ses touristes, ses casinos, etc.

Cannes et son équipe de football aussi, qui a vu éclore des dizaines et des dizaines de joueurs professionnels, issus de son centre de formation longtemps référence en France. On ne va pas tous les citer, vous les connaissez déjà. Leurs noms reviennent à chaque fois que l’équipe refait parler d’elle. S’il ne faut pas tourner le dos au passé ni vivre avec, il faut simplement le respecter et s’en souvenir, s’en inspirer et prendre ça comme une fierté, pour avancer.

Le plaisir retrouvé des spectateurs

Cheikh Ndoye

Oui, l’AS Cannes fut au sommet de la Division 1 et a vu d’incroyables joueurs porter le célèbre maillot jaune « Maison Phoenix » ou le maillot rouge et blanc, mais aujourd’hui, il est ce de 4e niveau, certes leader – en sursis (1) – de son championnat de National 2, demi-finaliste de la coupe de France (ce qui ne lui était plus arrivé depuis le Cannes-Monaco de 1992), et il n’a encore rien gagné, si ce n’est le coeur et l’amour retrouvé des 9000 spectateurs présents mardi soir à Coubertin face à Guingamp. Des spectateurs qui ont pris un plaisir fou à voir jouer cette équipe qui court partout. Qui se bat de la première à la dernière seconde. Qui attaque à outrance. Qui a une réussite insolente. Qui met une intensité telle qu’elle en surprend ses adversaires, qu’ils soient leaders de Ligue 2 (Lorient), barragiste pour la montée en L1 (Guingamp donc, 5e) ou en milieu de tableau de L2 (Grenoble). Et ça, c’est la marque Damien Ott.

Arrivé sur le banc des Azuréens le 14 octobre, une semaine après l’éviction de Fabien Pujo, l’entraîneur Alsasien – il est domicilié à Colmar – a transformé le visage d’une équipe en panne de confiance, de repères, d’automatismes.
Peu de temps après son éviction, Fabien Pujo, qui a déjà fait grimper Toulon (en 2019) et GOAL (en 2023) de N2 en National, avait eu cette remarque au sujet de l’objectif annoncé : « Je savais qu’on devait monter en National, mais ce que je ne savais pas, c’est que l’on devait être premiers du début à la fin de la saison » avait-il confié au site foot-national en novembre, prenant l’exemple de Toulon, 11e à mi-saison quand il officiait dans le Var (en 2018-2019), avant de terminer en tête.

Julien Domingues affole les compteurs

Damien Ott

Du temps, c’est qu’il a manqué à Pujo, mais pas seulement. Le recrutement l’a montré, des erreurs ont été commises. Des joueurs ne se sont pas adaptés ou n’ont pas répondu aux attentes, ça arrive partout. L’on pense au gardien Arnaud Balijon ou à l’attaquant Florian Raspentino. Il a suffi d’un but, un jour, de Julien Domingues, au club depuis quatre saisons, heureux papa l’été dernier, pour bousculer une hiérarchie d’attaquants pas du tout établie. A tel point que la recrue phare du mois du 1er octobre, le milieu Cheikh Ndoye, arrivé du Red Star avec son passé d’international sénégalais et son CV (Angers, Ligue 1), a dû dépanner au poste de numéro 9.

Et puis, la machine d’un joueur supposé de complément – Julien Domingues – s’est mise en route. Un 2e but, un 3e… Puis ce 22e (11 en championnat, 11 en coupe) contre Guingamp mardi, d’un petit ballon piqué devant le gardien. Efficace. Pas aussi beau que son retourné acrobatique contre Dives-Cabourg au tour précédent qui a tourné en boucle sur les réseaux sociaux ! Pas aussi esthétique que son action de la seconde période dans la surface, un magnifique mouvement en plusieurs temps sans que le ballon ne touche le sol, qui se termina dans les bras du gardien breton. Assurément le but de l’année si cela s’était terminé au fond.

Cannes-Reims en demi-finale le 2 avril à 21h

Cédric Gonçalves

Mais le but de l’année, c’est peut-être le capitaine Cédric Gonçalves qui l’a inscrit, avec ce lob du milieu du terrain ! A moins que cela ne soit cette frappe du gauche soudaine, signé Chafik Abbas : l’ex-joueur de GOAL FC, déjà auteur de 10 buts cette saison, est pourtant surveillé comme le lait sur le feu, sur le pré ou en vidéo, mais visiblement, avec lui, la réalité dépasse le virtuel.

Et puis il y a Fabio Vanni. Le second gardien. Qui ne joue pas en championnat. Parce que les dirigeants ont jeté leur dévolu sur Jérémy Aymes, qui s’est libéré de son contrat à Martigues, en Ligue 2, pour devenir le dernier rempart en National 2. Et quel rempart ! Aymes et son expérience répond présent. Vanni ne devait avoir que les miettes à se partager mais ces miettes se sont transformées en festin. Il a eu l’apéritif, l’entrée, le plat du jour. Reste le dessert, contre le Stade de Reims, le mercredi 2 avril à 21h, en demi-finale, avant, peut-être, de passer au champagne si le club va en finale.

Après tout, d’autres clubs l’ont fait avant Cannes, l’on pense aux Herbiers, club de National, finaliste en 2018, ou encore Quevilly, autre club de National, finaliste en 2012. OK, l’AS Cannes est en National 2, mais tous les observateurs s’accordent à dire que son effectif n’a rien à envier à certains de National. C’est sans doute vrai, mais cela ne garantit rien. En tout cas pas une montée, qu’il faudra aller chercher dans les trois mois qui arrivent et dans ces dix matchs qui se présentent, à commencer par celui d’Anglet (prononcez « Anglette »). Les Basques sont certes relégables mais à l’aller, ils avaient flanqué un 3 à 0 aux Cannois pour ce qui restera le dernier match de l’ère Pujo.

La dernière fois que Cannes et Reims se sont croisés, c’était lors de la saison 2009/2010, en championnat National : à l’aller, les Cannois d’Albert Emon (Bauthéac, Arbaud, Di Bartolomeo, Paulle, Gimenez, Gavanon, Leoni, Milambo, Bertin, Malm, Baldé, pour ne citer que le 11 de départ) avaient fait 0-0 à Coubertin, le 2 octobre 2009 (même score au retour). Les Champenois avaient accédé en Ligue 2 en fin de saison.

19 matchs et plus de 4 mois sans défaite

Pour ce qui est de l’ère Ott, elle n’avait pas non plus forcément bien commencé, avec ce revers – le dernier officiel – à domicile contre Hyères (1-2), le 19 octobre. Comme quoi, le changement de coach n’a pas immédiatement coïncidé avec l’obtention de meilleurs résultats.

Il fallut du reste attendre trois matchs de championnat (une défaite et deux nuls) avant que l’équipe de Damien Ott ne renoue avec le succès (dans le même temps, elle avait franchi ses tours régionaux en coupe de France). « Il a fallu ôter le sac à dos trop lourd à porter sur les épaules et ramener des sourires » expliquait Damien Ott sur le site de la FFF;  » « Il y avait de la déception et de la pression. Il a fallu se laver les têtes (sic). Ensuite, il a fallu aussi replacer des joueurs à leurs postes. » Parfois, le foot paraît si simple…

Le Puy, la grosse menace

Lorenzo Vinci

Aujourd’hui, l’AS Cannes affole les compteurs. Elle reste sur dix-neuf matchs sans défaite (15 victoires et 4 nuls), toutes compétitions confondues. Mais si sa qualification pour les demi-finales de la coupe de France est magnifique, sa saison ne l’est pas encore. Elle le sera si et seulement si le National est au bout, quelque soit le résultat de la demi-finale de coupe. L’an passé, beaucoup d’observateurs – les mêmes que tout à l’heure ! – s’accordaient à dire que, si Le Puy n’était pas monté, c’est à cause de son parcours en coupe de France (1/4 de finaliste). Damien Ott n’a pas fait de comparaison mais a mis tout le monde d’accord : « On est là pour jouer, pour faire plaisir aux gens, pour gagner des matchs, on ne calcule pas ». Il n’y aura donc pas d’excuse ni d’effets post-coupe. D’autant moins qu’avant cette demi-finale, trois matchs de championnat se présentent (contre Anglet le 8 mars, à Hyères le 15 mars et contre Angoulême le 22 mars).

Ce n’est donc pas le moment de décompresser, d’autant que la meute des prétendants est là, à commencer par… Le Puy qui, large vainqueur 4 à 0 mercredi face à GOAL FC (4-0) puis trois jours plus tard, dans la douleur cette fois, face à Toulon (1-0), a mis son calendrier à jour et les compteurs à zéro… enfin, pas tout à fait : grâce à ces matchs en retard bien négociés, les joueurs de Stéphane Dief sont de nouveau leaders avec 2 points d’avance sur l’AS Cannes. Pas de place pour le relâchement donc. Le sprint final est lancé !

Visiter le site du « Musée de l’AS cannes » : https://sites.google.com/view/museeascannesfoot/

Palmarès du club

Naissance : fondé en 1902
Coupe de l’UEFA : deux participations (1991 et 1994)
Coupe de France : vainqueur en 1932
Coupe de la la Ligue : demi-finaliste en 1996
Coupe Gambardella : vainqueur en 1955 et en 1995
Division 1 : 23 saisons
Division 2 : 41 saisons
National : 10 saisons

Quelques dates

1950 à 1987 : en D2 (sauf lors de la saison 1965-66)
1987 : accession en D1 aux barrages contre Sochaux.
1991 : 4e de Division 1
1991 : Cannes – Fenerbahçe en coupe d’Europe (4-0)
1993 : remontée en D1 aux barrages contre Valenciennes.
1998 : rétrogradation de D1 en Division 2
2001 : rétrogradation de Division 2 en National
2001 : inauguration de la nouvelle tribune Est
2002 : Cannes-Valence, dernière journée de National (match de la montée perdu 1-2)
2004 : perte du statut professionnel
2011 : rétrogradation administrative de National en CFA (N2)
2014 : 1/4 de finaliste de la coupe de France (éliminé par l’EA Guingamp 2-0)
2014 : liquidation judiciaire et rétrogradation de CFA (National 2) en DHR
2015 : accession en DH (Régional 1)
2017 : accession en National 3
2023 : accession en National 2
2023 : rachat par le groupe américain Friedkin

Le parcours en coupe de France cette saison

4e tour : élimine Les Angles (R2) 3-0
5e tour : élimine Villefranche-Saint-Jean-Beaulieu (N3) 2-1
6e tour : élimine Six-Fours / Le Brusc (R1) 3-1
7e tour : élimine Le Grau-du-Roi (R1) 2-0
8e tour : élimine Alès (N3) 5-1
32e de finale : élimine Grenoble (Ligue 2) 3-2
16e de finale : élimine Lorient (Ligue 2) 2-1
8e de finale : élimine Dives-Cabourg (N3) 5-3

La série d’invincibilité

3 novembre 2024 (coupe) : Six-Fours / Cannes (1-3)
9 novembre 2024 : Cannes – Fréjus/St-Raphaël (2-2)
16 novembre 2024 (coupe) : Le Grau-du-Roi – Cannes (0-2)
23 novembre 2024 : GOAL FC – Cannes (1-1)
30 novembre 2024 (coupe) : Alès – Cannes (1-5)
7 décembre 2024 : Cannes – Istres (4-1)
14 décembre 2024 : Bergerac – Cannes (1-3)
21 décembre 2024 (coupe) : Cannes – Grenoble (3-2)
4 janvier 2025 : Angoulême – Cannes (0-4)
11 Janvier 2025 : Cannes – Grasse (3-2)
15 janvier 2025 (coupe) : Cannes – Lorient (2-1)
19 janvier 2025 : Rumilly-Vallières – Cannes (1-1)
25 janvier 2025 : Cannes – Le Puy (2-1)
1er février 2025 : Cannes – Toulon (3-0)
5 février 2025 (coupe) : Cannes – Dives-Cabourg (5-3)
9 février 2025 : Jura Sud – Cannes (1-2)
15 février 2025 : Cannes – Marignane (2-2)
21 février 2024 : Saint-Priest – Cannes (1-2)
25 février 2024 (coupe) : Cannes – Guingamp (3-1)

  • Texte : Anthony BOYER / Compte X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : AS Cannes et Kavin Mesa
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Article du mardi 1er avril 2025 avant la demi-finale Cannes – Reims

La deuxième demi-finale de l’épreuve reine du football français mettra aux prises deux clubs historiques, ce mercredi 2 avril, le Stade de Reims (Ligue 1) et l’AS Cannes (National 2). Focus en chiffres (et en lettres) sur le club azuréen, retombé au 7e niveau il y a 11 ans et qui, lentement, renaît de ses cendres.

Par Anthony BOYER

Article à lire intégralement sur le site de la FFF : https://www.fff.fr/article/14459-l-as-cannes-quelle-histoire-.html

1. Un seul joueur de l’effectif, Cheikh N’doye, a disputé une demi-finale de coupe de France. Il l’avait d’ailleurs remportée, c’était avec le SCO Angers, en 2017, face à Guingamp (2-0). En finale, les Angevins s’étaient inclinés 1 à 0 dans le temps additionnel face au PSG.

5. En millions d’euros, le budget de l’AS Cannes cette saison en National 2. C’est plus que la moitié des clubs de l’échelon supérieur, en National.

6. Le nombre de clubs de 4e niveau (CFA ou National 2) à avoir atteint les demi-finales de la coupe de France : Calais (en 2000), Montceau-les-Mines (en 2007), l’US Quevilly (en 2010), GFA Rumilly-Vallières (en 2021), le FC Versailles (en 2022) et donc Cannes. Un seul a atteint la finale, Calais, en 2000. A noter que l’US Quevilly, alors en National, avait atteint la finale en 2012.

20. Le nombre de matchs sans défaite de l’AS Cannes cette saison, série qui comprend la coupe et le championnat et qui s’étale du 19 octobre 2024 et une défaite à domicile contre Hyères en National 2 (J8) jusqu’au 15 mars dernier, date de leur défaite… à Hyères (1-0, J22).

22. Le nombre de buts inscrits par l’avant-centre Julien Domingues depuis le début de saison : 11 en championnat et 11 en coupe ! C’est déjà 4 de plus que lors de ses trois premières saisons au club, où il était arrivé en 2021 en provenance de Trélissac.

23. Le nombre de saison en première division de l’AS Cannes, échelon quitté en 1998.

41. Le nombre de saison passés en deuxième division : ce n’est pas le record, détenu par Le Havre AC (46 saisons). C’est tout de même le 5e meilleur score après Grenoble (44), Amiens (43) et Besançon (42).

86 (ans). L’âge de la présidente de l’association, Anny Courtade. L’ex-présidente du Racing-club de Cannes (de 1990 à 2016), le club de volley-ball féminin le plus titré de l’Hexagone (20 coupes de France, 21 titres de champion de France, 2 Ligues des Champions), ancienne cheffe d’entreprise, est un personnage respectée, emblématique et incontournable de la Ville de Cannes et du sport cannois. En 2016, elle avait d’abord rejoint le club dans le rôle de vice-présidente auprès de Johan Micoud, le président, avant de prendre sa succession en 2019.

100. Environ une centaine de joueurs formés à l’AS Cannes sont passés professionnels : Jonathan Zebina, Patrick Barul, Romain Ferrier, David Bettoni, Bernard Lambourde, Johan Micoud, Patrick Vieira, Zinédine Zidane, Sébastien Frey, David Jemmali, Peter Luccin, Komlan Assignon, Julien Faubert, Jérôme Prior, Thomas Touré, Enzo Crivelli, Michaël Marsiglia, Adel Boutobba, Brahim Hemdani, Yao Senaya, Sébastien Chabaud, Anthony Braizat, Cédric Mouret, Lilian Compan, Sébastien Chabbert, Charly Loubet, Ludovic Jeannel, Pascal Bedrossian, Laurent Charvet, Morgan Amalfitano, Peter Luccin, Romain Rocchi, Hamed Namouchy, David Bellion, James Hindmarch, Jean-Michel Capoue, Cyril Eboki Poh, Ludovic Pollet, Nouredine Mouka, Fabrice Monachino, Julien Escudé, Eugène Beugré Yago, Laurent Macquet, Vincent Planté, Victor Konwlo, Mathieu Beda, Gaël Clichy, Michaël Citony, Moktar Sadani, Rudy Mater, Samir Beloufa, Gilles Hampartzoumian, Sacha Opinel, Kwami Hodouto, Fabrice Muller, Sébastien Renaud, Jean-Louis Garcia, Frédéric Daquin, Cédric Mignani, Vital Lucian, Arthur Gnohere, Nicolas Van Vynckt, Ghislain Bagnon, Christophe Mey, Zair Meah, Thibault Maqua, Davy Cornu, Michaël Cerielo, Stéphane Santini, Cyril Carrat, Manuel Nogueira, Michel Dussuyer, Alain Ravera, Bernard Casoni, Lucien Aubey, Denis Armbruster, Franck Gomez, Boro Primorac, Landry Bonnefoi, Djamel Abdoun, Rudy Carlier, Jerôme Lemoigne, Nordine Assami, Cyriaque Louvion, Gérald Forschelet, Jacques Salze, Mourad Meghni, Stéphane Roda, Gary Bourhis, Steven Paulle, Carl Parisio, Romain Ribière, Stanislas Kielt, etc.

160. Le nombre de personnes dans l’entourage du gardien Fabio Vanni, familles et amis, qui seront présentes au stade Coubertin contre Reims. « Mon père s’occupe de ramener la famille et les amis » a raconté le gardien formé à l’OM, qui sera titulaire pour cette rencontre, précisant qu’en 1/4 de finale contre Guingamp, ils étaient 118, et en 8e de finale contre Dives-Cabourg, 90 !

1902. L’année de création de l’AS Cannes omnisports qui engloba ensuite la section football (en 2009) et dont l’Histoire est retracée par un passionné du club, Christophe Demaret, au travers de son « Musée virtuel de l’AS Cannes » (voir le site www.https://sites.google.com/view/museeascannesfoot). Il possède notamment plus de 700 maillots et espère bien, un jour, créér un musée « physique ».

1932. L’année de l’unique succès en coupe de France de l’AS Cannes.

1933. L’AS Cannes est vice-championne de France.

1960. L’année où un certain Denis Lisnard, papa de l’actuel maire de Cannes, David Lisnard, est le plus jeune joueur du club à parapher à l’âge de 16 ans un contrat professionnel avec un certain Charly Loubet à ses côtés. Il évolue en Division 2 pendant deux saisons, de 1962 à 1964, à Cannes ! Denis Lisnard, lui-même fils d’un ancien dirigeant du club, décedé en mars dernier à l’âge de 79 ans, a ensuite poursuivi sa carrière au RC Franc-Comtois (Besançon), à Limoges (1/4 de finaliste de la coupe de France en 1970) et à Bourges, toujours en D2. Quant à David Lisnard, s’il n’a jamais porté les couleurs de l’AS Cannes, il a en revanche porté celle du voisin, l’ES Cannet-Rocheville, club cher à deux ex-cannois et internationaux, Christian Lopez et Bruno Bellone.

1991 et 1994. L’Europe ! Durant sa période faste qui court du milieu des années 80 à la fin des années 90, le club s’est qualifié à deux reprises pour la coupe d’Europe de l’UEFA (Europa League aujourd’hui). En 1991/92, après avoir terminé 4e de Division 1, l’AS Cannes échoue en 16e de finale contre le Dynamo Moscou.
La saison 1994/95 est marquée par l’un des matchs historiques du club. Après une 6e place en Division 1, les Cannois sont de retour en coupe de l’UEFA : au 1er tour, ils écrasent le Fenerbahçe Istanbul au stade Coubertin, 4 à 0. Au match retour, ils s’imposent 5 à 1 à Istanbul ! L’aventure s’arrête malheureusement, comme en 1991/92, en 16e de finale, cette fois face aux Autrichiens du VFB Admira Wacker Mödling (1-1 en Autriche à l’aller, 2-4 au retour à Coubertin). La saison suivante, l’AS Cannes dispute la coupe d’Europe Intertoto : 2e de sa poule, elle n’arrive cependant pas à se qualifier pour la phase finale, remportée par le RC Strasbourg.

1992. L’année de la dernière demi-finale de l’AS Cannes en coupe de France. Le 28 avril 1992, au stade Pierre-de-Coubertin, les Dragons s’inclinaient aux tirs au but (0-0, 3-5 tab) face à l’AS Monaco. Le 11 cannois était composé de Michel Dussuyer, Adick Koot, José Bray, Alain Ravera, Pierre Dréossi, Jean-Luc Sassus, Aliocha Asanovic, David Bettoni, Jean-François Daniel, Luis Fernandez et François Omam-Biyik. Franck Durix et Robby Langers était entré en cours de jeu.

François Lemasson est arrivé à Cannes en 1992. Photo 13HF

1992 bis. C’est cette année-là que François Lemasson s’installe dans les cages de l’équipe reléguée de D2. Sous la conduite de Luis Fernandez, elle remonte immédiatement en Division 1 à l’issue des barrages et notamment d’une « finale » bien négociée contre Valenciennes (D1), un club en pleine tourmente (affaire VA-OM). L’ex-gardien de Lyon et de Caen dispute ensuite la coupe d’Europe avec le club azuréen et garde les cages en Division 1 jusqu’en 1997, année de son départ à l’OM. Il revient en 2000, pour la dernière saison en pro du club, relégué de D2 en National en mai 2001. Entraîneur des gardiens à plusieurs reprises (2001-03, 2009-14 et à nouveau depuis 2018), il travaille aussi de 2006 à 2009 au golf « Le Provençal » à Biot (ex-golf de Saint-Philippe) et dans l’entreprise de fruits et légumes de l’ex-président du club, Yoackim Balicco, en 2014. Il fait également des « piges » foot dans les clubs de Mandelieu et Peymeinade. Le Limougeaud, âgé aujourd’hui de 61 ans, entraîne toujours les gardiens de l’effectif de National 2; il est, à ce jour, le seul témoin des années fastes du club cannois parmi le staff technique.

1995. L’année de la deuxième victoire en Coupe Gambardella, face au RC Lens (2-0). L’AS Cannes, entraînée par Guy Lacombe, était composée de : Sébastien Renaud, Patrick Barul, Sacha Opinel, Stephan Laffon, Romain Ferrier, Yao Mawuko Sénaya (James Hindmarch 65e ), Adel Boutobba, Patrick Vieira, Sébastien Chabaud, Mickaël Marsiglia, Lilian Compan (Cédric Mouret 87e ). Les buts avaient été inscrits par Adel Boutobba (10e sp) et Lilian Compan (75e). Dans l’équipe qui avait remporté la première Gambardella, en 1955, figurait un certain Bernard Brochand, ancien maire de Cannes (décédé en février dernier) et ancien président de l’association PSG.

1998. L’AS Cannes termine dernière en Division 1 et descend en Division 2.

2001. Classé 19e (sur 20) en Ligue 2, le club descend en National. Il y passera 10 saisons consécutives.

2001 bis. Décembre. Date de l’inauguration de la nouvelle tribune « Est » de 5300 places au stade Pierre-de-Coubertin (la tribune ouest, en face, contient 2800 places). Elle sera renommée en 2013 la tribune « Jean-Varraud », du nom de l’ancien recruteur de l’AS Cannes, décédé en 2006, notamment connu pour avoir « découvert » Zinédine Zidane lors d’un match à Saint-Raphaël.

17 mai 2002. L’une des dates les plus sombres de l’histoire du club. Ce jour-là, l’AS Cannes reçoit Valence pour le compte de la dernière journée de National. L’équation est simple, si les Rouge et Blanc s’imposent, ils remonteront en Ligue 2. Mais ils s’inclinent 2 à 1. Le début d’une lente descente aux enfers.

2004. Après trois saisons en National, le club perd don statut professionnel.

2006. Fermeture du centre de formation.

2009. L’année de la dernière confrontation officielle à Coubertin entre Cannes et le Stade de Reims. C’était en championnat National, le 2 octobre 2009. Ce soir-là, pour le compte de la 11e journée, les deux équipes s’étaient séparées sur le score de 0-0. Le 11 cannois, entraîné par Albert Emon, était composé de Jérémy Gavanon, Stéphane Léoni, Sébastien Gimenez, Steven Paulle, Vincent Di Bartoloméo, Alexis Bertin, Albert Milambo-Mutamba, Eric Bauthéac, Robert Malm et Algassimou Baldé et Cyril Arbaud. Etaient entrés en jeu : Abdallah Kharbouchi, John Tshibumbu et Stephen Vincent. L’équipe rémoise, entraînée par Marc Collat, était composée de Ferrand, Tacalfred, Barbier, Ielsch, Fontaine, Guégan, Deaux, Gragnic, Tainmont, N’zigou et Kodija (N’diaye, Fauré et Fortes étaient entrés en cours de jeu). Au match retour, le 19 mars 2010, au stade Auguste-Delaune (J29), les deux équipes s’étaient séparées sur le même score. A l’issue de cette saison 2010/11, le Stade de Reims, 2e, était monté en Ligue 2. L’AS Cannes avait terminé son 9e et avant-dernier exercice en National à la 9e place.

2011. L’année de la rétrogradation administrative de l’AS Cannes en CFA (National 2). Pourtant classée 5e de sa 10e saison en National, le club n’avait pu abonder ses comptes au 30 juin, comme l’exigeait la DCNG, et malgré plusieurs recours de la part de ses dirigeants (la famille Fakhri), le club n’a pu éviter la descente.

2014. L’année de la dernière très « grande » campagne de l’AS Cannes en coupe de France, avec un parcours jusqu’en 1/4 de finale, à Coubertin, contre l’En Avant de Guingamp, futur vainqueur de la compétition (0-2). Entraînée par l’ancien joueur du PSG, Jean-Marc Pilorget, l’équipe avait notamment éliminé Troyes (L2), Saint-Etienne (L1) et Montpellier (L1). En championnat, les Dragons, es en CFA (National 2), avaient malheureusement échoué dans leur quête d’accession en National. A l’issue de cette saison 2013-14, le club fut liquidé; le club est reparti au niveau de sa réserve en DHR (Régional 2).

2014 bis. Malgré sa belle campagne en coupe de France, l’AS Cannes, 6e de CFA (National 2), déposa le bilan à l’issue de la saison, et après 5 ans et demi à la tête du club, la famille Fakhri jeta l’éponge. Le club fut rétrogradé au niveau de son équipe réserve, en DHR (Régional 2).

2015. Sous la conduite de Manuel Nogueira, l’AS Cannes accède de DHR (Régional 2) en Division d’Honneur (DH).

2016. Sous la houlette de Mickaël Madar, l’AS Cannes termine 1re de son championnat en DH (Régional 1) mais, pour avoir fait jouer un joueur suspendu lors du dernier match remporté face à Euga Ardziv, elle perd sur tapis vert, ce qui profite au RC Grasse, 2e, promu en CFA2 (N3) à sa place.

2017. L’équipe, avec Michaël Marsiglia aux commandes, accède en National 3.

2023. L’équipe, avec Jean-Noël Cabezas aux manettes, accède en National 2.

2023 bis. En juin, le « Friedkin Group » au travers de son président et homme d’affaires américain Dan Friedkin, déjà propriétaire de l’AS Roma, rachète le club, lequel fonctionnera désormais en SAS (Société par actions simplifiées), avec pour président Ryan Friedkin. En quête d’un repreneur, le club avait annoncé, par la voix de sa présidente Anny Courtade, avoir reçu près de 80 dossiers de reprise.

2025. Le mercredi 2 avril, L’AS Cannes, 3e de National 2 et en course pour l’accession en National, dispute les demi-finales de la coupe de France face au Stade de Reims.

8000. Le nombre de spectateurs attendus pour cette demi-finale.

17 401. Le record du nombre de spectateurs, au stade Coubertin. C’était le 31 juillet 1993, contre l’Olympique de Marseille en Division 1.

388 000. En Euros, la somme que l’AS Cannes est certaine de toucher, au titre de la dotation de la Fédération Française de football, organisatrice de la coupe de France, en cas d’élimination face à Reims. Si le club azuréen se qualifie en finale, il touchera 838 000 euros (1,238 million d’euro en cas de succès en finale).

Le parcours 2024-20205 de l’AS Cannes en coupe de France

4e tour : élimine EMAF Les Angles (Régional 2) 3-0
5e tour : élimine JS Villefranche-St-Jean-Beaulieu (National 3) 2-1
6e tour : élimine Six-Fours / Le Brusc (Régional 1) 3-1
7e tour : élimine Le Grau-du-Roi (Régional 1) 2-0
8e tour : élimine Olympique Alès en Cévennes (National 3) 5-1
32e de finale : élimine Grenoble Foot 38 (Ligue 2) 3-2
16e de finale : élimine FC Lorient (Ligue 2) 2-1
8e de finale : élimine SU Dives-Cabourg (National 3) 5-3
1/4 de finale : élime En Avant de Guingamp (L2) 3-1

Damien Ott, le coach de l’AS Cannes. Photo 13HF

Le chiffre complémentaire : 18.
En minutes, la durée de la conférence de presse de Damien Ott, le coach cannois, avant le quart-de-finale face au Stade de Reims. Morceaux choisis :

« On est serein. Le club gère bien l’événement, on ne se disperse pas, on est bien concentré. On ne s’est jamais enflammé, depuis nos premiers matchs, on est simplement heureux. On ne dépense pas notre énergie inutilement. On na pas changé nos habitudes. » « Là on rencontre une Ligue 1. C’est l’élite. Je suis de la génération « Stade de Reims », ça me parle, c’est prestigieux, waouh ! C’est valorisant à mourir. C’est un honneur de les affronter. »

« En championnat, nos adversaires nous perçoivent différemment, les équipes veulent taper le demi-finaliste, et ça, je ne l’avais pas forcément perçu. Et il a y ce match de Fréjus dimanche à préparer, qui est tout aussi important sinon plus important que la demi-finale de coupe de france. »

« On veut donner du plaisir aux gens, en prendre aussi. Pour moi ce n’est pas une demi-finale, mais un beau match à jouer face à Reims. On se souvient tous de Calais, qui est allé en finale, mais qui se souvient de Montceau ou de Rumilly, qui sont allés en demi-finale ? La référence de Calais, je l’ai, mais mes joueurs, est-ce qu’ils l’ont ? Je ne peux pas actionner ce levier. »

« Si je suis entraîneur, c’est pour vivre des émotions, pour partager. J’espère que le public prendra du plaisir, qu’il y aura de la clameur »

« J’ai regardé Reims-OM, oui, mais je n’ai pas pris de note ! C’est une Ligue 1, ce match dépend d’eux, pas de nous, n’attendez aucune nouveauté de notre part et ne croyez pas qu’on a les solutions pour les mettre en péril (sic). »
« Si chaque causerie était la même, il n’y aurait plus de surprise. Les causeries, j’adore ça, on fait circuler de l’énergie, de l’émotion, il faut trouver quelque chose de neuf ! J’ai déjà le levier en tête, je sais sur quoi je vais intervenir, c’est déjà dans la boîte !
« Je suis juste une pièce rapportée, je suis là depuis 5 mois. Ce qui nous arrive est magnifique. Je suis fier de redonner un peu de fierté aux Cannois : quand je vois les tribunes remplies, ça me rend heureux, on fait un sport spectacle. »

« J’espère que les joueurs seront prêts physiquement, parce qu’on a eu un petit coup de mou. Notre jeu est énergique. Le plus dur a été d’évacuer le match perdu face à Angoulême (0-1), pas de préparer Reims. Angoulême, c’est traumatisant, on a loupé trop d’occasions, dont un penalty. Le plus dur, c’est de redonner une énergie mentale et physique. »

« J’ai un projet de jeu qui est singulier et depuis que je suis là, je vois les joueurs l’appliquer et je prends un plaisir immense à les coacher, à les voir jouer. Les joueurs ont repris confiance en eux. Ils ont su exprimer leur créativité, toutes proportions gardées, car on est en National 2. »

« Dès le début, on s’est servi de la coupe pour etre meilleur en championnat. L’objectif est d’essayer de monter en National, cette saison ou la saison prochaine. »

« Fabio (Vanni) sera dans les cages. Depuis le début, c’est lui qui joue la coupe. Le football, ce sont des relations humaines. Je ne vais pas le trahir. Tout a été clair dès le début. Il est en confiance. »

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  • Texte : Anthony BOYER / Compte X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
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Le coach caladois, qui vient de fêter ses 34 ans, se réfugie derrière le travail pour palier une supposée inexpérience, alors qu’il entraîne et « bagarre » depuis tout jeune ! Portrait d’un garçon investi et ambitieux, qui n’a pour l’heure qu’un objectif en tête : conduire son club au maintien.

Par Anthony Boyer / Photos : Philippe Le Brech

Photo Philippe Le Brech.

Avec Laurent Combarel, les premiers contacts remontent à l’été dernier, quand nous l’avions sollicité pour un entretien. Histoire de présenter l’un des nouveaux visages de ce championnat National, qui révèle tant de joueurs et de coachs.Mais le natif d’Agen, dans le Lot-et-Garonne, intronisé à la tête du FC Villefranche Beaujolais en juin dernier, alors que son club venait d’être relégué en National 2, avait poliment repoussé. Mais pas décliné. Parce qu’il ne voulait pas s’égarer. Parce qu’il souhaitait consacrer toute son énergie à sa nouvelle équipe, repêchée sur le tard en National, et dont le début de saison fut extrêmement compliquée. Au point qu’elle a dû attendre la 8e journée pour enregistrer sa première victoire, face au FC Rouen (2-1).

Généralement, l’on ne se remet pas d’un tel retard à l’allumage. Mais au FC Villefranche Beaujolais, on n’en a vu d’autres. Le club a grandi, traversé bien des turbulences, connu des périodes plus fastes aussi, il est blindé. Et il a relevé la tête. Manque juste aujourd’hui un peu plus de régularité dans les performances pour aller décrocher ce fameux maintien en National et repartir la saison prochaine pour un 8e exercice de rang.

« J’aime que le travail soit reconnu »

Photo Philippe Le Brech.

Laurent Combarel ne souhaitait pas non plus prendre toute la lumière des projecteurs, d’autant moins qu’avec ce statut de « plus jeune entraîneur de National » (33 ans en juin dernier, 34 ans depuis le 13 février), il se savait « un peu » attendu.

Et puis, faire de la « com, », parler pour parler, donner des interviews, parler de soi, se voir sur les réseaux sociaux ou y consacrer du temps, ce n’est pas trop son truc. « Il faut maîtriser un peu sa communication. Je ne voulais pas qu’on dise « Lui ça y est, il arrive, il a un article ! », non ! J’aime que le travail soit mis en avant », explique, après coup, celui qui fut déjà adjoint en N2 et en National au FCVB (2017-2019), à Bastia-Borgo (2019-2021) et à nouveau ici. « J’ai des choses à dire, c’est vrai, mais je préfère lire ces choses-là chez les autres coachs plutôt que de me lire moi ! Et je préfère ne pas me voir dessus ! Je pense qu’il faut rester à sa place. »

Toujours au sujet de la com’ : « J’aime bien regarder les conf’ de Benoit Tavenot (entraîneur du SC Bastia). Il n’a pas de stratégie de communication, mais il fait passer des messages. En même temps, on sent que ce n’est pas sa tasse de thé. On sent qu’il parle comme il est dans la vie, c’est ça qui est important. La communication est une étape obligatoire. Là, en National, l’exposition est déjà importante ».

Quatre victoires en cinq matchs

Photo Philippe Le Brech.

Laurent Combarel, son truc à lui, c’est le foot. C’est l’investissement qu’il met du matin, très tôt, jusqu’au soir, très tard. Un engagement personnel qui ne laisse pas beaucoup de place pour le reste. Un choix de vie en somme. Presque une religion.

Il n’est pas là pour s’entendre dire à longueur de temps qu’il est le plus beau ou le plus fort, ou qu’il est le plus jeune des entraîneurs de National (il rend un an à Jordan Gonzalez, 35 ans, coach du FC Versailles). Il est là pour une mission, celle que lui ont confié les dirigeants du FC Villefranche Beaujolais : le maintien.

Il est là aussi pour progresser, s’enrichir, continuer d’apprendre. Gagner en expérience. Pour, un jour, s’il va plus haut, être encore mieux armé. C’est ce qui ressort de cet entretien de 45 bonnes minutes, trouvées au milieu d’un emploi du temps chargé.

Laurent Combarel est un garçon érudit, focus, ambitieux, mesuré, travailleur, compétiteur, réservé, avec ses certitudes et ses doutes. Tantôt sur la réserve, tantôt bavard. Qui ne se livre pas facilement, même si, au fil de l’entretien, la relation de confiance va s’installer. Que l’on sent préoccupé aussi par le classement de son équipe, même si, après trois succès succès de rang (et quatre succès sur les cinq derniers matchs), ça va beaucoup mieux (le FCVB est 9e sur 17, avec 6 points d’avance sur le premier relégable). Et qui s’était imaginé un jour devenir journaliste sportif ! Mais ça, c’était il y a longtemps. Aujourd’hui, il est certain d’une chose : il a trouvé sa voie. Reste à prendre le bon chemin !

Interview / « Mes week-ends sont merdiques »

Photo Philippe Le Brech.

Laurent, comment devient-on, à 33 ans, coach en National ?
On s’y met assez tôt, comme d’autres. Et puis on a la chance d’avoir des gens qui vous aident à grandir. On a la chance aussi d’arriver dans des clubs très bien structurés et d’y rester, comme ce fut mon cas à Boulogne-sur-Mer : et à partir de là, je n’ai pas cessé de bosser pour progresser. J’ai tout donné pour évoluer. Il y a une notion de sacrifice qui entre en jeu chez moi, notamment lorsque l’on n’a pas joué à un gros niveau ou que l’on n’a pas été pro. C’est surtout beaucoup de travail et un peu de réussite, et des gens autour avec qui il faut que ça matche et avoir des atomes crochus, car ce sont eux qui vous permettent de grandir; cela a été mon cas tout au long de mon parcours.

Tu as joué jusqu’à quel niveau ?
Jusqu’en DHR, avec Boulogne. Je faisais aussi partie du groupe d’entraînement de la réserve en CFA2 (N3), mais très tôt, à 17 ans, je jouais en seniors chez moi, dans mon village, à Castel-Moissac (Laurent a grandi à Bardigues, un petit village dans le Tarn-et-Garonne, entre Agen et Montauban, et jouait dans ce club qui avait réuni les villages de Moissac et de Castelsarrasin). Puis il a fallu partir pour les études et j’ai mis le foot en stand-by un an. Après le bac, la progression a été cassée. Mais il y avait aussi un plafond de verre logique pour moi. J’ai essayé de continuer de jouer à Boulogne, mais c’était compliqué de faire les deux, la fac et le foot.

Photo Philippe Le Brech.

Comment es-tu passé du Tarn-et-Garonne au Pas-de-Calais ?
En fait, après le bac, j’ai fait une classe prépa Hypokhâgne à Pau, pour continuer. J’avais des facilités à l’école que je n’exploitais pas beaucoup. Une entrée en classé prépa, en lettres modernes, ça ne peut pas se refuser : c’était une belle Hypokhâgne en plus, en termes de réussite. L’idée, c’était de faire une année puis de basculer vers Sciences Po. Mais avec cette année sans football, j’ai compris qu’il me manquait ce moteur. Et puis je ne bossais pas autant que ce que je bossais dans le foot. L’école, en fait, ce n’était pas forcément ma tasse de thé. Et puis il y avait mes parents : vis à vis d’eux, qui bossaient sans compter, c’était compliqué de ne pas réussir.

Comment as-tu fais pour intégrer Boulogne ?
Ma tante et mon oncle habitaient Boulogne. Mon oncle était un proche de l’ancien président (Jacques Wattez), et je suis rentré au club comme dirigeant et adjoint en U15, et tout est parti de là.

Le Pas-de-Calais, un choc thermique

Photo Philippe Le Brech.

Le changement de vie a dû être radical…
Oui, surtout quand tu viens du Sud-Ouest comme moi, et que tu as des origines corses, car ma mère est Corse, j’y ai passé du temps aussi. Le Pas-de-Calais, c’est un choc thermique mais j’ai eu la chance d’arriver dans une ville avec des gens merveilleux. J’ai passé tout mon temps au club, même si j’allais à la fac aussi. En tout, j’y suis resté six ans. Tout m’allait bien. L’USBCO, c’est un club exceptionnel, même si, quand je suis arrivé, vers l’âge de 19 ou 20 ans, le club n’était pas dans sa bonne période, car il venait de descendre de Ligue 1. Mais comme école de la vie et pour apprendre le métier, il n’y avait pas mieux.

Alors comme ça, tu aurais aimé être journaliste sportif ?
Oui, ça m’aurait plu, pour aller dans le foot de haut niveau, mais c’était une niche pour moi. J’ai des copains qui ont poursuivi dans cette voie, ça prend un moment, il faut passer par des étapes que je n’aurais peut-être pas forcément apprécié. Et puis, parfois, on est poussé par les parents. Les miens sont agriculteurs et pour eux, c’était la réussite de l’enfant qui comptait. Il fallait se donner à fond. Mais je ne regrette pas un instant mon choix : quand j’étais en STAPS, je n’étais focus que sur le club de Boulogne, et pourtant les profs me disaient tous « si demain tu vas au Capeps, tu valideras », mais pareil, zéro regret, parce que prof’ de sport, ce n’était pas non plus fait pour moi.

Cela a dû te faire quelque chose de retourner au Stade de la Libération, à Boulogne, au match aller, dans la peau du coach de Villefranche…
Malheureusement on a perdu 1 à 0, c’était le dernier match de l’année civile. Pour la petite histoire, quand j’étais adjoint à Bastia-Borgo, en National, le coach Jean-André Ottaviani avait pris une suspension et donc j’avais officié sur le banc … à Boulogne (en septembre 2019, défaite 2 à 1) ! C’est là que l’on voit que c’est un métier difficile parce que je n’ai pas pu prendre le temps… J’ai juste eu le temps de faire une petite marche en solo vers 10h, pour revoir quelques endroits, j’ai serré deux ou trois mains, et voilà… Ce sont des capsules de petits moments de plaisir mais c’est éphémère, car très vite on est plongé dans l’approche du match, on est à l’hôtel.

« Plus on travaille, plus on réduit l’incertitude »

Des moments de plaisir, même éphémères, tu en as tout de même depuis que tu as été nommé à la tête du FC Villefranche Beaujolais ?
Oui, mais pas souvent. Je bagarre pour en avoir. C’est difficile. Cela viendra avec l’expérience, d’autant que j’ai plein de passions, mais je les ai mises un peu de côté. Pourtant, je sais que c’est important de couper, mais le foot prend du temps. Et puis on est un staff très jeune, et on sait que plus on va travailler, plus on va réduire l’incertitude. Pour l’instant, on met toutes nos forces là-dedans, sans regret, parce que c’est une opportunité énorme.

Tu parlais d’autres passions : lesquelles ?
Je lisais beaucoup. Je faisais de la musique, piano, guitare. Je dessinais aussi depuis mon passage à Bastia-Borgo. Mais j’ai moins le temps pour tout ça cette année, c’est normal.

« Travailler à la formation, ça m’a aidé »

Photo Philippe Le Brech.

Ne pas avoir le diplôme requis pour entraîner en National (son club a obtenu une dérogation due au repêchage tardif en National), est-ce une pression supplémentaire ? Et envisages-tu de t’inscrire pour être sur la liste du BEPF ?
Aujourd’hui, tu me donnes deux enveloppes, l’une avec le maintien du club en National et l’autre avec mon admission au BEPF, je prends celle avec le maintien ! Voilà où j’en suis actuellement. Mon président (Philippe Terrier) me répète aussi de faire mon dossier, sauf que, un peu comme pour les passions, ça arrive après : si j’ai un bout de temps à y consacrer, je m’y mettrai, mais là, on est vraiment focus sur le sportif. Après, pour répondre à la question, ce n’est pas une pression particulière, par contre, peut-être que, par rapport à cette dérogation, j’en fais justement encore plus. Il faut travailler encore plus. Mais le diplôme ne veut pas forcément toujours tout dire, c’est plus par rapport à l’expérience. Et Je n’ai ni l’expérience ni le recul d’un Hervé Della Maggiore par exemple.

Tu as commencé par entraîner chez les jeunes, à Boulogne et au Sporting-club de Bastia notamment : te sens plus formateur ou entraîneur des seniors ?
J’espère être un mélange des deux mais c’est encore un peu tôt pour le dire. Avec les jeunes, c’est important de pouvoir faire passer les messages. Pour les seniors, je n’ai pas une expérience énorme même si j’ai été souvent adjoint, un poste où il fallait être réactif, multi-tâches, capable d’anticiper les besoins du coach principal, donc ça m’a aidé. Dans quelques années, j’aimerais pouvoir dire que tout m’a servi : je prends l’exemple de Laurent Guyot, c’est un coach qui gagne mais c’est aussi un très bon formateur. Travailler à la formation, ça m’a aidé, mais en termes de plaisir, j’ai choisi cet aspect du foot de haut niveau, plus compétitif. Le monde seniors m’a rapidement attiré. C’est ce qui m’intéresse le plus aujourd’hui.

Photo Philippe Le Brech.

Tu parles de Laurent Guyot, un modèle ?
Je l’ai connu à Boulogne et on s’est croisé à Annecy où j’ai mon meilleur ami, Alexis Loreille, qui est son adjoint en Ligue 2. Même si je ne le connais pas assez, ce qui ressort chez lui, c’est sa personnalité, qui est la même sur le banc et en dehors, calme, posé, lucide. Il analyse. Laurent Guyot, c’est la classe. Un exemple pour moi.

Tu as croisé beaucoup d’autres coachs… Certains t-ont-ils plus marqué que d’autres ?
Ils m’ont tous marqué d’une certaine manière. Après, c’est sûr qu’un entraîneur comme Hervé Della Maggiore (entraîneur d’Orléans, en National), qui m’a appelé à Villefranche après Bastia-Borgo, qui m’a poussé aussi pour le DES (Diplôme d’état supérieur), qui a mis son crédit en avant pour moi, et je ne le remercie jamais assez pour ça. Parce que le DES, tout le monde le sait, c’est une étape, et c’est compliqué pour rentrer. Hervé, il a toujours bien fait jouer ses équipes, il donne beaucoup de conseils. Il y a aussi Alain (Pochat, entraîneur de Bayonne en N3) qui m’a lancé en N2 : il a posé les bonnes bases à Villefranche, un club qu’il a construit, qu’il a fait grandir. Et il y a Jean-André Ottaviani, à Bastia-Borgo, qui m’a laissé beaucoup m’exprimer, m’a conseillé, je lui dois beaucoup aussi. Idem avec Albert Cartier (Bastia-Borgo), qui a ce côté rigoureux. Ces rencontres m’aident à gérer mon quotidien.

« Ce championnat a explosé »

Photo Philippe Le Brech.

Tu as connu ce rôle d’adjoint avant : est-ce que tu essaies de reproduire ce schéma avec ton staff, notamment en déléguant beaucoup ?
J’ai la chance d’avoir un adjoint (Romaric Bultel, qui est né le même jour, un 13 février, mais un an plus tôt que Laurent !) qui, à la base, a plus d’expérience que moi sur un banc en seniors : il était à Evreux, il est monté en National 2, et sans les problèmes de ce club, il y serait peut-être encore, d’autant que c’est un enfant du club là-bas. Mais c’est différent avec lui, c’est plus une relation de binôme. Dans la prise de décisions, je m’appuie beaucoup sur lui. Et puis il avait une posture de numéro 1. Il n’anime pas toutes les séances en semaine, on se répartit un peu les tâches, mais il est très important dans le vestiaire et pour moi. Il y a aussi Baptiste Chappelon (29 ans), qui a aussi un rôle d’adjoint : il entraîne les gardiens, il a lui aussi déjà un peu d’expérience, que cela soit la saison passée ici ou avant à Andrézieux. On est dans l’échange permanent pour la prise de décisions, donc cela va même au-delà de ce que moi j’ai pu connaître quand j’étais adjoint. J’ai besoin d’eux.

Tu connais le National depuis 2018 et ta présence sur le banc aux côtés d’Alain Pochat, à Villefranche : comment trouves-tu l’évolution de ce championnat ?
Je peux même remonter encore plus loin puisque quand j’étais à Boulogne, j’allais déjà voir tous les matchs en National. Cela n’a rien à voir. Nous, on fait figure de petit Poucet, on fait de la résistance, même si on n’est pas les seuls dans ce cas. Aujourd’hui, ce championnat National a explosé. Récemment, je me demandais si, dans les autres pays, il y avait autant de clubs « historiques », des anciens de première division, qui évoluaient au troisième échelon. Peut-être en Angleterre, mais là bas, ce n’est pas comparable. C’est dommage que cet essor ne se voit pas sur les à-côtés, qui ont beaucoup évolué, parce que je ne sais pas si on aura encore autant de saisons avec autant de clubs « historiques ». Avant, en National, il y avait moins de moyens, les staffs étaient moins étoffés, il y avait beaucoup plus de clubs amateurs, donc plus de possibilités pour eux d’avoir une chance de passer en pro; cette année, on le voit aussi, il y a des clubs amateurs qui performent, ils ont tous un point commun, soit une dynamique de montée, soit un passé pro à l’image de Boulogne. Ce championnat est super-intéressant, exceptionnel et aussi un peu à l’image du foot français, à deux vitesses, parce qu’il est inégalitaire.

« On est parti d’une page blanche »

Avec le directeur sportif du FCVB, Edouard Chabas. Photo Philippe Le Brech

Changeons de sujet : le FCVB, avec son directeur sportif Edouard Chabas, s’est montré ultra-actif lors du mercato hivernal, avec huit recrues (*). Peut-on dire que c’est un nouveau championnat qui vient de commencer ?
C’est du jamais vu ! Normalement, en hiver, on fait des réajustements, pas des mercatos ! On a des cartouches différentes, c’est vrai, mais il faut les intégrer, il faut que ça prenne. Là, on n’en est qu’au début. De toute façon, pour moi, la deuxième partie de saison, c’est toujours un deuxième championnat, que l’on ait les mêmes joueurs ou pas. Pour le FCVB, c’était un besoin et si on a cette chance de pouvoir amener des nouveaux joueurs et de faire ce mercato-là, c’est aussi parce que le club avait toujours bien géré son budget, en bon père de famille. Après, on a perdu des joueurs aussi, il faut le dire, donc on n’a pas fait non plus un « +8 joueurs », mais plutôt un +4 (quatre départs) ou un +3 (en comptant un blessé longue durée); ça va nous faire du bien, ils nous amènent déjà un petit truc, ils ont boosté un peu le groupe. Ils ont déjà été nombreux à être alignés. Ce n’est jamais facile d’arriver et de prendre la place de certains sur le onze de départ. Il faut avoir un super-état d’esprit mais les joueurs qui étaient déjà là ne sont ni bêtes ni dupes : ils avaient conscience qu’en termes de quantité, de concurrence, on n’était pas très bien armés, surtout après quelques départs. On a la chance d’avoir de superbes personnes dans ce groupe, et je le pense vraiment, ils collent bien avec le club. J’ai aimé la manière avec laquelle ils ont intégré les nouveaux. c’est un super signal.

On a quand même l’impression que, depuis un an, voire deux, un cycle nouveau s’écrit à Villefranche…
Les années où ça performait, il y avait des automatismes, on parlait souvent de ce fameux milieu de terrain où les joueurs se connaissaient par coeur, mais toute l’équipe était de qualité. Après, certains ont pris de l’âge, mais ça, cela ne nous a jamais vraiment fait peur ici. La vérité, c’est que, même s’il y avait déjà eu des changements à l’été 2023, la quasi-totalité des joueurs est cette fois partie à l’été 2024, car ils ne voulaient pas attendre de savoir dans quelle division le club allait repartir, en N2 ou en National, et c’est normal. Cela nous a obligé à faire 95 % de recrutement. On a eu le bonheur d’en garder quelques-uns comme Sullivan (Péan, le gardien), Idrissa (Ba) ou Théo (Emmanuelli). C’est malheureux, mais c’est comme ça, parce qu’on aimerait tous avoir une identité, garder un fil conducteur, avec cette même qualité de jeu que l’on a pu connaître notamment avec Hervé (Della Maggiore), même avec Alain (Pochat), mais forcément, elle s’est un peu envolée avec les départs des Nicolas Flégeau, Maxime Blanc, Timothée Taufflieb, Rémi Sergio, etc., et aussi des bons attaquants, qui ont souvent été des prêts. On avait une grosse ossature. Pour un staff, c’était un gain de temps énorme. Là, on est parti d’une page blanche, et on repart encore comme ça. Il faut que l’on se bagarre pour vivre une inter-saison un peu plus calme, plus classique, et travailler dans les meilleures conditions possibles, ce qui n’est pas arrivé au club depuis un moment, entre les deux barrages perdus en 2021 et 2022, la non-montée en Ligue 2, le maintien à l’arrachée l’année d’après où s’en sort à la dernière journée en 2023… Tout en sachant aussi que l’on ne jouera pas la dernière journée (le FCVB sera exempt).

« On va y arriver ! »

Sur le banc de Bastia-Borgo, en National, à Boulogne, lors d’un intérim. Photo Philippe Le Brech

Justement, être exempt à la dernière journée, qu’est-ce que ça change ?
J’espère qu’on suivra cette dernière journée de manière sereine. Notre objectif, c’est d’être tranquille chez nous pour la regarder ou d’être tous ensemble au club. Il faut qu’on le fasse. Qu’on aille chercher ça. Cela met une petite pression, parce que ça veut dire qu’il faut prendre les points une journée avant la fin, ce qui n’est pas impossible du tout. Mais qu’il y ait deux descentes ou huit, ce championnat est d’une telle densité qu’il y a toujours, jusqu’à la fin, des choses qui sont réalisables. Mais on va y arriver.

Jouer à 17 clubs au lieu de 18, avec un exempt à chaque journée, ce n’est pas une chose normale : est-ce que cela fausse pas le championnat ?
Je ne sais pas si ça fausse le championnat, c’est juste dommage, vu le prestige et l’ADN du National cette saison, mais bon, on est 17, on nous a donnés cet objectif de se maintenir (le 17e et le 16e sont relégués), on est bien placé pour savoir que nous, on travaille avec les moyens que l’on a, dans un club bien géré et bien structuré, et cet équilibre, on ne le retrouve pas partout, et je ne vise personne en disant cela. Mais cet équilibre, il est précaire. Et c’est pour ça que l’on se retrouve à 17. Nous, on se fixe des limites, en termes structurelles, de recrutement, de moyens, et on fait avec. C’est dommage que certains clubs n’aient pas pu profiter d’un repêchage.

« Il n’y a que les résultats qui comptent »

Aux côtés d’Antoine Emmanuelli, le président de Bastia-Borgo, en National. Photo Philippe Le Brech

En janvier dernier, une rumeur a circulé : on a lu que Fabien Pujo, qui n’est plus à GOAL FC, allait peut-être s’installer sur le banc du FCVB. Comment as-tu vécu cela ?
J’ai eu l’info. C’est marrant, parce qu’au départ, c’est le capitaine de Valenciennes, Rémy Boissier, qui me l’a dit. Rémy, il a joué à Castel-Moissac, comme moi. On a gardé des liens. Je n’ai pas eu besoin de cet article pour savoir qu’il fallait qu’on gagne des matchs. On sait bien que dans le foot, il n’y a que les résultats qui comptent. Evidemment, je ne suis pas né de la dernière pluie, on était dans une spirale très compliquée à ce moment-là, on l’est toujours d’ailleurs, avec une remise en questions permanente. Après, ça ne fait jamais plaisir de lire ça, mais c’est plus vis à vis des joueurs que c’est embêtant. Si les joueurs ne sont plus avec le coach, cela peut aider, et dans ce cas-là, il faut faire les choses proprement. Mais si les joueurs sont aussi surpris que le coach ou le staff, ce qui fut le cas, cela devient problématique parce que ça peut les fragiliser. Mais on a des joueurs qui sont dans le projet, donc on a bien rebondi par rapport à ça; après, savoir qu’il y a des coachs beaucoup plus expérimentés que moi… Je ne le découvre pas. C’est toujours facile de se dire que je suis jeune, que je n’ai pas d’expérience de ces maintiens, qu’on va tenter un électrochoc, alors que j’ai vécu des maintiens avec les coachs dont j’étais adjoint.

Avec tes dirigeants, comment la situation a-t-elle été gérée ?
On a discuté. Ils ont fait ce qu’il fallait. La situation a vite été éclaircie et c’est très vite rentré dans l’ordre. C’est juste que… Voilà, c’est normal, il y a un coach qui a fait ses preuves, qui est juste à côté de Villefranche, qui vient de quitter son club, qui vient voir des matchs à Armand-Chouffet, comme d’autres. Mais je sais que dans ce club, quand cela arrivera un jour, parce que cela arrivera un jour, ce sera fait dans les règles, à la hauteur de l’investissement que j’aurai mis, c’est à dire en ne comptant pas les heures, en doublant ou triplant les missions. Je sais que les dirigeants s’en souviendront.

« J’aime bien le 4-3-3 »

Tu as remarqué, je ne t’ai pas posé de question sur ton âge… Parler de ça sans cesse, avoir à te justifier, ça te « saoule » à force ?
Non. Les seules personnes que je dois convaincre aujourd’hui, c’est mon vestiaire et son groupe de joueurs, le staff et les dirigeants. Ce ne sont pas les les gens dans les tribunes et tout ce qui se dit autour. Les joueurs voient qu’on bosse, qu’on en fait beaucoup. Après, si ça se passe mal, il y aura peut-être des doutes. Mais le reste… Je suis assez humble par rapport à tout ça : à 34 ans, c’est impossible d’avoir les mêmes armes qu’Hervé (Della Maggiore) ou Romain Revelli par exemple, mais ce n’est pas autant qu’on ne peut pas réussir. Cela fait des années que je sacrifie tout pour ça. J’ai des choses à faire valoir aussi, sinon je ne serais pas là. J’ai 34 ans, le plus âgé, c’est Romaric, l’adjoint, qui a 35 ans, mais tous les autres sont plus jeunes.

Les joueurs t’appellent « coach » ou « Romain » ?
Ça varie, souvent c’est « coach ». On a le plus jeune effectif du National en termes de moyenne d’âge. Le plus âgé, c’est Idrissa (Ba, 34 ans). Certains m’appellent aussi par mon prénom, je ne fais pas le vieux sage, tant qu’il y a ce respect-là. C’est un détail.

Un système de jeu préférentiel ?
J’ai beaucoup entraîné en 3-5-2 parce qu’Alain (Pochat) a ramené ce système à Villefranche, que l’on a transposé chez les jeunes, à Bastia-Borgo aussi. Mais j’aime bien le 4-3-3.

« Cette saison, on suit beaucoup Versailles »

Avec Jean-André Ottaviani, sur le banc de Bastia-Borgo, en National. Photo Philippe Le Brech

Un modèle de coach ?
Ce serait un entraîneur hybride, qui n’existe pas, qui serait un mélange de tous les entraîneurs que j’ai croisés, avec un mix de toutes leurs qualités. Ce serait forcément quelqu’un qui se lève avant les autres et qui se couche après, et qui a les valeurs de la terre. Dans ce métier, tu pioches beaucoup. Il faut être ouvert et curieux, surtout quand on est jeune. J’ai la chance d avoir été élevé comme ça : quand on ne sait pas faire quelque chose ou quand on a un doute, on demande, on regarde, même si cette année, je le fais moins. Tout le temps que j’ai passé sur les terrains m’a servi à emmagasiner ça. Il faut faire sa propre expérience mais ça prend du temps. Bien sûr que je m’appuie sur tout ce que j’ai pu voir, et j’apporte ma patte personnelle. Peut-être que, dans quelques années, on pourra dire « C’est comme ça que je bosse », « Il joue de telle façon » ou « C’est sa patte, c’est comme ça qu’il travaille », etc. » Mais pour l’instant, je ressemble à un mélange de beaucoup de personnes.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Elvin Kalaja, mon entraîneur à Castel-Moissac. C’était un très bon joueur de foot, international albanais, qui était un sacré bon coach ! Avec peu de moyens, il nous a amenés à un tel niveau… Je l’ai de temps en temps mais j’aimerais pouvoir discuter plus avec lui.

Le Tarn-et-Garonne, plutôt une terre de rugby… Tu ne t’es jamais intéressé au monde de l’ovalie ?
J’ai un paquet d’amis qui sont « matrixés » par la SUA (SU Agen), j’ai même de la famille qui a joué à un bon niveau. J’aime bien le rugby et je trouve que ses valeurs correspondent un peu à ce que je suis, même si ce sport est en train de se « normaliser ». Je regarde rarement les matchs, parce que mon temps d’écran est tellement occupé par nos propres matchs, ça ne laisse malheureusement pas beaucoup de place pour autre chose.

Et les matchs de National, tu les regardes tous en replay ?
Non ! J’ai le staff aussi pour ça. On en regarde bien sûr, notamment l’adversaire. En fait, on suit une équipe en particulier chaque saison. Par exemple, quand j’étais à Bastia-Borgo, je suivais l’équipe d’Avranches de Frédéric Reculeau, un régal : son projet de jeu était tellement particulier. Là, cette saison, on suit beaucoup Versailles. J’aime bien la Ligue 2 aussi, je regarde. C’est un championnat qui m’intéresse presque plus que la Ligue des Champions, même si je regarde aussi. Parce qu’en regardant la Ligue 2, on se dit aussi que, peut-être, un jour, ça sera notre tour. On se bagarre pour ça.

« J’aime écouter des chants corses »

Photo Philippe Le Brech

Des amis dans le foot ?
Oui, notamment mon ami, Alexis Loreille (entraîneur adjoint au FC Annecy).

Meilleur souvenir sur un banc ?
Le match de la montée en National avec Villefranche, contre Schiltigheim, en 2018 (4-1), avec tous les Caladois, la belle fête après le match. Une belle émotion.

Des rituels, des tocs, avant un match ?
Ça peut arriver mais ils sont fluctuants. J’aime bien écouter des chants corses, j’ai ma playlist qui tourne en boucle. Il faut que j’ai un temps calme aussi pour avoir les idées claires. Je laisse toujours l’échauffement à tout mon staff, c’est important que ce soit eux qui le prennent.

Une devise ?
J’aime bien utiliser des citations, mais je n’en ai pas une en particulier.

« Comme on fait son lit, on se couche »

Le club de Villefranche ?
Familial. Bien ancré dans son territoire. Avec de grosses valeurs. Volontaire. En construction, mais pas dans le sens péjoratif. C’est un club qui a encore besoin de grandir, et comme moi aussi, ça tombe bien, j’espère qu’on grandira encore ensemble. Il a besoin de se structurer aussi, mais quand je vois le travail de notre manager général, Gaëtan Mazzola, qui a réussi à fédérer 600 entreprises autour du club, c’est exceptionnel.

Le milieu du foot ?
Il est tellement décrié mais il apporte aussi tellement… Il est à l’image de l’éducation d’aujourd’hui, donc ça n’inspire pas que du positif, mais c’est comme toute chose : aux gens et aux acteurs du foot, si cela ne leur plaît pas, de changer les choses, et il y a des choses à changer car il est moins noble qu’avant. Comme on fait son lit, on se couche. Mais il faut qu’il garde ses côtés « éducation et « valeurs », parce que c’est comme ça qu’il est devenu populaire. C’est pour ça que nous, à Villefranche, on fait beaucoup de choses à côté, on a une section handisport, on a du foot féminin qui est dans l’inclusion, on a une démarche RSO (Responsabilité sociétale des organisations), il faut mettre en avant tout ça, parce que ça coûte; dernière l’équipe Une, qui a un budget limité, il y a toute une association à faire tourner. On est à belle école ici. Le foot et les valeurs ne sont pas morts : il faut juste bien ouvrir les yeux. Maintenant, on sait aussi que plus on monte, plus on est dans une lessiveuse.

Tu es un entraîneur plutôt …
Investi, passionné et ouvert.

« Le plus intéressant, c’est le terrain. Pas moi. »

Photo Philippe Le Brech

Parfois, n’as-tu pas l’impression d’être, comment dire, un peu différent de pas mal de tes collègues entraîneurs ?
C’est sur que de me voir là, de par mon parcours scolaire déjà, c’est un peu détonnant. Peut-être que c’est ce parcours qui fait que, justement, j’adore mon quotidien, parce quand on n’a pas connu que ça, quand s’est posée la question de vivre sans le foot, ça m’a fait réfléchir. Mais je n’ai pas la prétention d’être aux antipodes, sauf peut-être sur quelques aspects. Il y a plein de coachs comme moi, sauf qu’il n’y a pas toujours des personnes comme toi pour les interroger, je pense surtout aux coachs de haut niveau, pour parler d’autres choses que du foot, du jeu, même si on en a parlé un peu. Il n’y a pas beaucoup de médias qui demandent aux coachs ce qu’ils font à côté, c’est très bien aussi, mais c’est tellement un métier compliqué, les coachs connus sont tellement épiés… Avoir un parcours différent et d’autres passions, je ne suis pas le seul dans ce cas, c’est sûr. Pour moi, c’est ça qui fait la richesse.

On sent que tu n’aimes pas trop parler de toi, on se trompe ?
Le plus intéressant, c’est le terrain. Je ne mélange pas ma vie personnelle. Le reste, à côté, je préfère le garder un peu pour moi. Mais je ne m’ennuie jamais !

« Tout me plaît dans ce métier »

Pourquoi tu es dans le football ? Pourquoi tu entraînes ?
Parce que c’est toute ma vie. J’adore me lever le matin, tout me plaît dans le métier, le relationnel, j’aime transmettre, même s’il y a des choses plus dures cette année; j’étais plus proche l’an passé avec mes joueurs par exemple. Et puis j’aime le challenge, je suis un compétiteur, même si ça génère des émotions plus compliquées, surtout quand on débute comme moi à ce niveau-là. Mes week-ends, ils sont merdiques. Avant, je faisais du sport, je courais, et pour l’instant, j’ai mis ça de côté. Malgré tout, j’adore ça, l’adrénaline avant les matchs, se frotter à des équipes mieux armées avec des coachs plus expérimentés, mais on se bagarre. J’adore ce que ça procure comme émotions.

Tes week-ends ne sont pas tous merdiques, quand tu bats Nancy 2-0 par exemple, avec un coach ultra expérimenté en face, ou quand tu gagnes à QRM à la dernière minute, ou quand tu marques deux buts à la fin à Aubagne…
Il faut se bagarrer pour que ça se passe comme ça, mais il n’y a jamais d’euphorie ni de dépression; je pense que plus on va prendre de l’âge, plus on sera capable de rester entre les deux. Les gens doivent se rendre compte que le foot change nos vies, nos semaines, nos discussions avec nos proches. On a tellement à coeur de bien faire, de prouver… On vit la même chose que les joueurs et on est à fond derrière eux. Ce ne sont pas les joueurs qui ont perdu ou moi qui ai gagné. C’est toujours « tous ensemble ».

Pour terminer, tu aurais une question à me poser ?
Oui ! Comment t’es venue cette vocation de journaliste ? C’est quoi qui te motive ?

Entretien réalisé avant la rencontre FCVB – US Orléans (2-0) de vendredi 21 février 2025.

(*) Le FCVB a été très actif pendant le mercato hivernal avec 8 arrivées : Lucas Calodat, Patrice Kissling, Christopher Rocchia, Abou Ba, Raouf Mroivili, Achille Anani, Nazim Babaï et Kenny Mixtur.

  • Texte : Anthony BOYER / Compte X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : Philippe LE BRECH
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Malgré la douleur de la perte de son papa, le nouvel entraîneur provençal (52 ans) ne s’est pas opposé à la publication de cet entretien, accordé mercredi midi, juste avant d’apprendre la terrible nouvelle…

Texte : Anthony BOYER / Photos : 13HF et FC Martigues

Photo FCM

Hakim Malek a eu la douleur de perdre son papa. C’était mercredi. Il a appris la terrible nouvelle entouré de son staff. Juste avant la séance d’entraînement programmée à 15h30. Il venait de saluer ses joueurs. Et dire qu’à midi, ce même jour, il était en ligne avec nous au téléphone pour un entretien d’une quarantaine de minutes.

Lorsque nous lui avions demandé de raconter la genèse de son arrivée sur les bords de la Venise provençale, mi-janvier, il avait évoqué son papa : « Je suis parti le jeudi en Algérie voir mon père qui est malade, racontait-il, et le vendredi, il y a eu une approche via mon agent. Les discussions se sont poursuivies durant le week-end, et ça s’est accéléré le dimanche. Je suis venu sur place le lundi et voilà, ça s’est fait assez rapidement. »

Hier soir, au stade Bauer, face au Red Star de Grégory Poirier – l’homme qui a propulsé Martigues de National 2 en Ligue 2 en trois saisons -, Hakim Malek n’était pas sur le banc. C’est son adjoint, Ibrahim Rachidi, qui a officié (défaite 1 à 0, but de Benali à la 46e). Le Marseillais, qui a notamment joué au Gazelec Ajaccio en National et en Ligue 2 (et aussi à l’OM, Marignane, Endoume, Consolat, Uzès et Cassis-Carnoux), avait déjà assuré l’intérim (1 victoire au Paris FC et 2 défaites face à Clermont et Grenoble) après l’éviction, le 16 décembre de Thierry Laurey.

Dans de telles circonstances, et par respect pour Hakim Malek et sa famille, s’est posée la question de la publication de cet entretien. Mais l’ancien coach d’Alès (52 ans) a été clair par texto : « Tu peux publier sans souci (…) Ces épreuves nous rappellent l’importance de profiter de nos proches et de vivre. Car tout peut s’arrêter ».

Objectif barragiste … ou mieux

Photo FCM

Intronisé lundi 20 janvier à la tête des Sang et or, Hakim Malek a une mission, difficile et passionnante, d’un peu moins de 5 mois : maintenir le promu en Ligue 2 BKT. Une mission qui semblait irréalisable voilà un peu plus d’un mois. Mais ça, c’était avant que les coéquipiers de Oualid Orinel ne remportent trois de leurs six derniers matchs, dont deux sur la pelouse du Paris FC (2e) et Dunkerque (4e), excusez du peu !

Et puis, il y a eu aussi cette première victoire à la maison, au stade Francis-Turcan – que l’équipe a enfin retrouvé après avoir évolué au Vélodrome et à Gueugnon en attendant les travaux de mises au normes ! – face à Amiens (3-0), le 24 janvier, pour la première du nouveau coach.

Vendredi dernier, devant les partenaires, après la défaite face à Troyes (1-2), Pierre Wantiez, le nouveau président du FCM, arrivé l’été dernier, a confirmé que, depuis quelques semaines, l’image du club avait changé : « Avant, on entendait dire que la présence de Martigues en Ligue 2 ne servait à rien… Je peux vous dire qu’aujourd’hui, de par nos derniers résultats et le travail accompli par tous, le discours et l’image ont changé chez nos adversaires. »

L’ex-dirigeant de Sochaux, Le Havre, Grenoble ou encore Valenciennes, a raison. Martigues ne prend plus de fessée. Est redevenue une équipe solide et compacte, qui ne prend pas beaucoup de buts (5 buts encaissés lors des six derniers matchs, après l’ère Laurey, et 6 buts marqués) et qui grappille des points. Bien sûr, les places de 16e (barragiste) ou, mieux, 15e, sont encore loin, mais il suffit de regarder où en était le club après la défaite à Troyes, le 13 décembre (4-0), au stade de l’Aube, pour comprendre le chemin parcouru (17e sur 18).

Mais ce n’est pas en quelques jours que Malek a pu tout chambouler. Dans cet entretien, il explique la manière dont il met en place certaines choses et évoque sa vision du football. Il parle aussi des étiquettes, parce qu’il faut bien l’avouer, sa nomination a été une surprise. Se justifier, Hakim Malek n’en a pas vraiment besoin. Son expérience, même si elle n’est pas trop (re)connue chez les dirigeants de clubs professionnels français, parle pour lui.

Interview

« Peut-être que Martigues avait besoin de sérénité… »

Photo FCM

Hakim, il y avait déjà eu des contacts l’été dernier entre le FC Martigues et toi, quand Grégory Poirier est parti. N’as-tu pas été déçu de ne pas avoir été choisi ?
C’est sur que quand tu as la possibilité d’aller dans un club que tu connais, et en plus en Ligue 2, il y a toujours une déception, ça fait partie du jeu. En fait, il y avait juste eu des approches, des premières discussions, c’est tout. Mais ensuite, il y a pas mal de remue-ménage au club. J’avais discuté avec l’ancienne direction et quand la nouvelle direction est arrivée, elle a pris une autre option, elle avait d’autres choix, d’autres priorités, ce qui est compréhensible.

Beaucoup de noms plus connus que le tien avaient circulé l’été dernier, comme celui de Pascal Dupraz par exemple. Idem après l’éviction de Thierry Laurey en décembre : as-tu l’impression de ne pas être un premier choix ?
Non, je n’ai aucune gêne par rapport à ça. Dans le football, il y a des statuts, de l’expérience… Après, si tu considères que Pascal Dupraz, par exemple, a plus d’expérience que moi dans le monde professionnel, je peux le comprendre, mais je ne me formalise pas là-dessus. Je n’ai pas d’ego par rapport à ça. Il y a des gens qui décident, qui ont des critères. Est-ce que j’étais le 12e choix sur la liste ou bien le 1er mais dont personne n’a parlé ? Ça, personne ne le sait (rires).

« C’est quoi un entraîneur de Ligue 1 ? »

Avec son adjoint Ibrahim Rachidi. Photo FCM

Oui mais dans le foot, il y a des noms, des statuts, c’est comme ça…
Il y a des gens qui ne le savent pas, mais j’ai entraîné en Ligue 1 à l’étranger (1), j’ai joué la Ligue des Champions africaine. C’est quoi un entraîneur de Ligue 1 ? C’est quelqu’un qui a entraîné Toulouse et Evian ou quelqu’un qui a joué deux fois la Ligue des Champions africaines ? Après, c’est toujours pareil, c’est une question d’échelle des valeurs. Moi, je ne suis pas exposé en France, c’est un fait. Parce qu’avant, je n’avais pas le diplôme non plus (il est titulaire du BEPF aujourd’hui). Ce statut, j’en ai souffert, parce que souvent, en France, pour faire une carrière, il faut une certaine étiquette, il faut être identifié « entraîneur de Ligue 2 » pendant des années ou « entraîneur de Ligue 1 ». Il faut changer cette vision d’esprit.

Dieu merci, aujourd’hui, des entraîneurs arrivent de nulle part comme Will Still, Francesco Farioli, donc ça fait réfléchir les dirigeants qui se disent « Il y a de nouvelles formes de compétences ». Il y a aussi des coachs comme Eric Roy, qui n’ont pas exercé pendant longtemps dans le championnat français, qui démontrent qu’ils peuvent y arriver. Je pense que tu peux avoir travaillé à l’étranger ou dans d’autres divisions en France, et avoir d’autres compétences. Regarde Pierre Sage, et d’autres, comme Karim Mokeddem, un super-coach, c’est pareil.

Ce mode de réflexion est réducteur par rapport aux compétences de certains, ce qui ne veut pas dire que ceux qui bénéficient de ces étiquettes L1/L2 ne sont pas compétents, bien au contraire. Simplement, par choix, en France, on s’est orienté vers ces coachs-là, qui ont cette expérience de la Ligue 1 ou de la Ligue 2. Par exemple, moi, en Afrique, je suis identifié « Ligue 1 », parce que j’ai déjà exercé dans ces championnats-là, et très souvent, les décisionnaires vont vers ce qu’ils connaissent.

Mais en France, on ne s’intéresse pas aux championnats africains, où il y a pourtant de super-coachs, comme Sébastien Desabre (sélectionneur de la République démocratique du Congo), Patrice Beaumelle (Mouloudia clud d’Alger), Alexandre Jurain (TP Mazembé en RD du Congo), Julien Mette (Rayon Sports FC au Rwanda), Amir Abdou (ex-sélectionneur de la Mauritanie), on parle de garçons qui entraînent des internationaux tout de même. Il y a Eric Chelle aussi : quand tu es comme lui à la tête d’une sélection nationale comme le Nigeria, tu as des joueurs qui jouent en Premier League, en Bundesliga… Il faut des compétences pour driver ces gars-là.

Entraîner en Ligue 2, est-ce un aboutissement pour toi ?
Non (rires). Beaucoup de gens peuvent penser que, comme je suis un nouveau visage qui arrive en Ligue 2, je suis censé être comme le jeune qui arrive, mais cela fait 21 ans que j’entraîne. Et j’ai entrainé à d’autres niveau que Martigues. Quand je suis au Mouloundia (Alger), j’ai 8 ou 9 internationaux dans l’équipe, je joue 5 compétitions sur 3 continents, on a un match tous les trois jours, on fait 68 matchs par saison…

« Evoluer en N3 ou en N2, c’est une richesse de mon parcours »

Photo 13HF

As-tu l’impression de devoir constamment te justifier par rapport à ça ?
Non, c’est le fonctionnement du football français qui fait que je ne suis pas connu dans l’Hexagone, donc j’accepte le fait que l’on me présente comme un « jeune entraîneur », par rapport au niveau. Mais le temps passe et les gens oublient : en 2014, j’étais déjà en Ligue 2 (adjoint de José Pasqualetti, à Nîmes). Mais je le comprends. Il y a aussi le pouvoir de la presse et l’effet du temps sur les choses qui jouent. On peut considérer que je n’ai pas beaucoup d’expérience en France, mais avoir à me justifier, je n’en ai pas besoin, j’ai mon expérience, qui est ce qu’elle est, j’ai mes compétences, et puis voilà.

Pourquoi les dirigeants du FC Martigues t-ont ils choisi, selon toi ?
J’ai eu quelques explications, mais il faut savoir que quand j’ai été choisi, j’ai quand même eu d’abord un très gros entretien, et à la fin, ce n’était pas du tout sûr que cela soit moi. Les dirigeants cherchaient un garçon en capacité de coller avec cette équipe de Ligue 2 qui s’est construite très rapidement, avec des garçons pour la plupart des Sudistes. Ils avaient besoin de quelqu’un qui connaissait le contexte et le club, qui avait géré des joueurs pros. C’est sûr que c’était des éléments qui jouaient en ma faveur. Sans rien enlever aux autres entraîneurs, je ne suis pas certain que tous connaissent Martigues et le Sud comme moi je les connais (Hakim Malek est originaire de Rognac et habite Vitrolles, sur l’étange de Berre).

Photo FCM

Et puis, évoluer en National 2, en National 3, c’est aussi une richesse de mon parcours. Dans cette équipe du FC Martigues, il y a des garçons qui ont joué en N2, d’autres en National, d’autres en Ligue 2 déjà, d’autres sont étrangers ou d’origine étrangère, Algérienne ou Marocaine, voilà… Mon parcours est un avantage je pense par rapport à tout ça, parce que j’ai déjà évolué dans tous ces microcosmes. Je suis certes un jeune entraîneur de Ligue 2 Française mais sans prétention, je pense avoir beaucoup d’autres atouts que certains autres entraîneurs, par rapport à tout ce dont je viens de parler, par rapport à la pluralité de ce que représente un groupe.

C’est quoi la différence entre coacher Alès en N3 et coacher Martigues en L2 ?
La plus grosse différence, c’est la capacité à gérer l’enchaînement des matchs et les déplacements. Là, par exemple, on va au Red Star, la semaine est courte, il faut être bon au niveau de la récupération et de la planification. il faut être plus pointu. En N3, les déplacements ne sont jamais très longs. Sinon, sur le contenu, sur les idées, sur le travail, il n’y a pas de différences : le football, ça reste le football. Regarde ce que fait Damien Ott depuis qu’il est à Cannes, c’est exceptionnel. C’est un entraîneur de gros calibre qui entraîne en N2. Je ne pense pas qu’il a changé sa façon de voir le football ou sa personnalité. Pierre Sage pareil : il s’est adapté aux exigences du niveau, je ne pense pas qu’il a changé sa personnalité.

« Je ne suis pas arrivé en jetant un gros pavé ! »

Photo 13HF

As-tu déjà réussi à changer quelque chose depuis ton arrivée ?
Le discours est peut-être différent de celui de Thierry Laurey, je ne sais pas s’il est meilleur ou moins bon… Encore une fois, chacun a sa façon d’entraîner, de voir les choses, loin de moi d’avoir un mot disgracieux à l’encontre de quelqu’un qui m’a précédé. Simplement, je pense que l’approche est différente dans le sens ou j’ai pu côtoyer différentes cultures. Je suis très calme, très tranquille. Peut-être que le groupe martégal avait besoin de ça, de sérénité. Je suis assez sûr de mes idées. La première des choses, cela a été de dispenser ça. Après, doucement, je mets des choses en place. J’ai la malchance de ne pas avoir beaucoup de temps donc j’y vais avec parcimonie. Chaque semaine, on touche un sujet important pour moi dans ma façon de jouer. Il est certain que je n’arriverai pas à ce que j’ai en tête, parce que je n’ai ni la trêve hivernale ni la préparation estivale derrière moi sur lesquelles m’appuyer et pouvoir construire quelque chose. Mais chaque semaine, je mets un truc en place. Je ne suis pas arrivé en jetant un gros pavé, ni en disant « Les gars, voilà, j’aime jouer comme ça, on va jouer comme ça », non. Dans un litre, on ne fait rentrer qu’un litre, pas un litre et demi.

Un exemple de quelque chose que tu as eu le temps de mettre en place ?
Notre façon de défendre. Aujourd’hui, c’est différent de ce que l’équipe faisait avant. J’aime défendre des espaces. Je n’aime pas défendre sur des hommes; ça, c’est la première chose. J’aime défendre en avançant. On l’a vu sur les trois premiers matchs, sauf sur la première mi-temps contre Troyes. C’est un élément important. Sinon, on a vu que l’on était en capacité à se procurer des occasions. J’aime construire, j’aime le jeu. Sur ces aspects-là, on a progressé en trois semaines je pense. Il faut entretenir ça et surtout le bonifier.

« Le foot est un sport humain »

Photo FCM

Depuis quelques semaines, on retrouve l’ossature de l’équipe qui est montée de National en L2 la saison passée…
Bien sûr, ça joue… Après, quand je suis arrivé, Ibrahim Rachidi (son adjoint, qui a assuré l’intérim après l’éviction de Laurey) les avait déjà remis en place, pour certains, et derrière, je suis resté dans cette continuité. Et puis, je connaissais déjà cette équipe, je l’avais affrontée avec Alès en coupe de France l’an passé à Turcan, je savais qu’il y avait beaucoup de complémentarité entre les joueurs et quand tu es dans l’urgence, tu dois gagner du temps. Donc cela ne veut pas dire que les autres joueurs sont condamnés, ni que les choix sont effectués en fonction de « ceux qui étaient là avant et ceux qui ont été recrutés », non, surtout pas. Mais pour gagner du temps dans une organisation d’équipe, il faut trouver des complémentarités, et là, elles existaient déjà, donc ça, on n’a pas à le refaire. Par contre, on peut le bonifier plus rapidement. La base est là. Après, il y a quand même une réalité : ceux qui étaient là avant, ils ont une forme d’identité et d’appartenance au club qui est plus forte. On peut penser qu’ils auront encore plus envie de défendre ça que d’autres. Mais c’est juste une option que je pose, qui peut me faire gagner du temps et donner un peu d’allant. Là, sur les trois matchs, on l’a retrouvé, je pense.

Hakim, on dit que tu es quelqu’un de sympa, gentil… mais au foot, parfois, il faut être ferme, se faire respecter…
Je n’aime pas me comparer à lui, parce que c’est impossible, mais est-ce que Carlo Ancelotti, qui est le « must du must », jugé extrêmement gentil par ses joueurs, extrêmement respectueux et agréable, te donne le sentiment de ne pas pouvoir être ferme par moments ? Je suis gentil dans la vie, et même au quotidien avec mes joueurs, parce que je sais poser les limites et qu’elles sont claires. Si tu vas au delà de ces limites, je suis en capacité à être une autre personne. Le foot est un sport humain. Il faut avoir un relationnel cohérent avec les joueurs. Sinon ça ne peut pas fonctionner. Attention, cohérent, cela ne veut pas dire « être le bon copain ». Cela veut dire que dans les rapports de base, il y a un rapport de respectabilité entre mes joueurs et moi. Je suis quelqu’un d’empathique, d’agréable, ok, mais j’ai des limites, celles que ma fonction m’autorise ou que l’humain autorise. Et si tu les dépasses, on va rentrer dans une zone de conflit ou une zone de non-satisfaction où là, la casquette, elle prévaut sur le côté amical. Là-dessus, j’ai une capacité à jongler.

« L’équipe a besoin d’assurances et de certitudes »

Photo 13HF

Tu as tout résumé. On dirait que tes qualités de coach, c’est ce qui faisait défaut à Martigues en première partie de saison…
Encore une fois, je ne veux pas parler de Thierry Laurey, je ne le connais pas. Peut-être que Martigues avait besoin de sérénité ? Je suis quelqu’un de très confiant. Parce que j’ai toujours travaillé dans ma vie. Et le travail est toujours récompensé. Je suis sûr de mes compétences. Attention, je ne suis pas un phénomène, mais ce que je t’avance, je le maîtrise. C’est important de le dégager. Je pense que contre Troyes, on a vu deux mi-temps. À la pause, je ne me suis pas énervé, mais j’ai été très clair dans ce que j’ai dit, parce qu’il y a des responsabilités. Je dis « les gars, il faut oublier cette mi-temps, on va rééquilibrer les choses », mais je n’ai pas les glandes à cet instant-là, comme il peut m’arriver d’en avoir. Je pense qu’actuellement, envoyer des gueulantes, ce n’est pas le meilleur chemin. Tu peux aussi être ferme sans agresser les joueurs ou sans les faire sentir incompétents. Cette équipe de Martigues a besoin de certitudes, d’assurance, de croire en ses qualités. Pas de recevoir des coups de marteau sur la tête.

Questions de supporters. Commençons par celle de Jean-Marc, alias « Le Marchito », supporter du FCM. Il te demande « Comment vois-tu la fin de saison avec l’interdiction de recrutement ? Vois-tu ton avenir au FCM en cas de maintien ou descente en National ? Où en sont Steve Shamal et Bevic Moussiti-Oko ? Un mot sur la venue de Rayan Hassad (OM) ?
La fin de saison, je la vois de la même manière que depuis que je suis arrivé (rires), puisque je sais que l’on est interdit de recrutement. Donc il n’y a rien qui change dans la difficulté de la tâche. On ne peut pas recruter, voilà. J’essaie de tirer le maximum de cet effectif. On doit être en capacité, le staff et moi, d’extraire 110, 115 ou 120 % de ce que peut donner cet effectif. Ne pas pouvoir recruter n’a pas d’impact sur ma façon de penser, de travailler, ou sur ma motivation. Ensuite, tout le monde sait que j’ai signé jusqu’en fin de saison, pour 5 mois. J’ai pris tous les risques. Ce n’est pas dans mes mains. Mais bien sûr, j’aimerais bien rester, que cela soit en cas de maintien ou de relégation, afin d’enclencher un cycle réel qui me corresponde complètement, afin de poser une vraie préparation et un vrai projet de jeu qui colle à mes idées. Maintenant, on verra.

Steve Shamal revient de blessure. Avec Bevic (Moussiti-Oko) et Simon (Falette), ce sont les garçons qui ont la plus grosse expérience de ce niveau. Là, ça fait trois semaines que je les découvre. Steve revient bien. Il est dans des bons standards aux entraînements. Et avec Bevic, s’ils retrouvent leur état de forme, ils auront de vraies cartes à jouer et seront de vrais apports pour nous. Ils savent qu’ils étaient peut-être en dessous des attentes, je ne sais pas, je n’étais pas là en première partie de saison, et là, aujourd’hui, ils savent ce que j’attends d’eux. Ils ont un CV, ils ont de l’expérience, ils doivent reprendre leur place par rapport à des performances. Pour ça, ils doivent « bagarrer » à l’entraînement et bouger ceux qui jouent aujourd’hui. Là, ça fait trois matches que l’équipe donne satisfaction, donc dans ces cas-là, souvent, il n’y a pas lieu de bouger. Après, c’est aux entraînements qu’ils doivent montrer qu’ils sont au-dessus de ceux qui jouent, et ça, ça leur appartient. Ils savent que je compte sur eux.

Quant à Rayan, il s’est entraîné avec moi cette semaine, je l’ai vu, je vais continuer à le voir, il est prévu pour la réserve et il faut rester mesuré car entre le Régional 1 et la Ligue 2, il y a quand même un gros écart. Même si on pense qu’il a du talent et même s’il peut survoler la R1, il y a trois divisions quand même entre les deux niveaux.

« J’ai pris tous les risques »

Photo 13HF

Laurent, supporter d’Alès, me pose cette question : « Hakim, est-ce que tu as des regrets sur ta période alésienne ? »
Laurent, je le connais très bien. Des regrets ? J’ai des regrets sur la deuxième saison (2023-2024), après le maintien en National 2 en 2023. Si j’ai un regret, il est sportif. Parce que, dans mon diagnostic, entre les deux saisons, j’aurais dû être plus lucide. Dans cette analyse d’intersaison, j’aurais dû faire preuve de plus d’objectivité et de moins d’émotion par rapport à ce que l’on avait accompli, et là, j’aurais choisi une autre orientation. C’est toujours facile de le dire après, mais il faut aussi savoir faire son auto-critique. Peut-être que l’on s’est laissé griser par ce que l’on venait de faire et du coup on a été moins lucide. On aurait dû se concentrer davantage sur l’analyse de nos forces et sur notre recrutement. C’est ça qui me dérange. Après, humainement, je n’ai pas de regret. J’ai rencontré des gens formidables. Alès, c’est un club qui pue le football. C’est une ville qui pue le football. J’ai vécu des relations humaines très fortes. Je me suis impliqué à 200 % dans le projet. J’y croyais et j’y crois encore parce que je vais le suivre.

Paul, supporter de l’OAC, qui fait des kilomètres chaque samedi pour suivre Alès, te demande : « Que réponds-tu à ceux qui disent que tu as lâché Alès ? »
(Il marque un temps d’arrêt). Il y a des choses que je ne peux pas dire… Même si je trouve que ce n’est pas totalement juste, je les comprends. Ceux qui disent ça sont certainement ceux qui avaient beaucoup d’attente envers moi, et ça me peine qu’ils pensent ça. On m’a donné beaucoup de crédit, beaucoup de force et d’amour dans ce club. Il y avait des attentes autour de moi. Mais quand une opportunité comme celle-ci se présente, il faut avoir l’honnêteté de reconnaître que c’est très compliqué de la refuser. Quand tu es en N3, que tu vas dans un club de Ligue 2… ça n’existe pas ! Parce que le fonctionnement du football est ainsi. Je veux leur dire que, pendant deux saisons, j’ai refusé des clubs en National et en D1 en Algérie, j’ai refusé un club saoudien, ce n’est pas rien, où les émoluments étaient supérieurs à ce que je touchais à Alès et à ce que je touche à Martigues. J’ai refusé parce que j’avais un engagement moral et sportif. J’ai estimé à ce moment-là qu’il n’y avait pas d’intérêt à y aller. On peut aussi se dire que dans le football, il y a des cycles et des challenges que tu ne peux pas refuser. Alors je trouve que ce n’est pas totalement juste, mais je les comprends.

Paul te demande aussi quelle est ta part de responsabilité dans la descente d’Alès de N2 en N3 la saison passée ?
Elle y est ma part de responsabilité, bien sûr, par rapport à cette inter-saison. J’en ai parlé. On sait ce qui s’est passé à l’intérieur du vestiaire, entre les anciens et les nouveaux, la guerre des egos et tout ça, cela a été très compliqué, mais encore une fois, cette descente, si on est honnête, elle intervient dans un championnat avec cinq descentes (du 10e au 14e, Alès ayant terminé 10e). Sur une saison normale, on doit être en N2 encore, et on a vu l’intersaison. On s’est battu jusqu’au bout, et si il n’y a pas l’affaire de Bordeaux, celle de Niort, on est en N2. Une semaine avant le début de saison, on ne savait pas encore si on repartait en N3 ou en N2. Mais pour répondre clairement à la question : j’ai ma part de responsabilité dans l’intersaison, mais pas dans le reste de la saison, parce que je finis 10e. J’ai donné le maximum.

(1). Hakim Malek a notamment entraîné : Alès (N2, N3), Hyères (N2), Paradou AC (D1 Algérienne), Mouloudia Alger (D1 Algérienne), Al-Khor (adjoint de Bernard Casoni, Qatar), Nîmes (L2, adjoint de José Pasqualetti), Le Pontet (N2), Marseille-Consolat (N2), El Eulma (D1 algériene).  

Mercredi 5 février 2025, 23e journée de Ligue 2 BKT : Red Star  1 – 0 FC Martigues, au stade Bauer.

  • Texte : Anthony BOYER / Compte X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : 13HF et FC Martigues
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À 28 ans, le milieu de terrain et capitaine de l’actuel leader de la poule C se voit nulle part ailleurs qu’au FC 93, où il se sent comme chez lui. Il faut dire qu’il habite à Bobigny et se rend à pied au stade ! Un attachement indéfectible et une fidélité rare à ce niveau.

Par Laurent Pruneta / Photos : Philippe Le Brech

Photo Philippe Le Brech

La scène se passe dans la soirée le 22 décembre dernier, après un match. Une heure avant, dans une grosse ambiance, le FC 93 s’est incliné face à Angers (0-1) sur un but d’Esteban Le Paul (qui a lancé sa série avant de beaucoup marquer en L1) en 32e de finale de la Coupe de France. Crampons à la main, Reda Kaddouri, le capitaine (28 ans) rentre tranquillement chez lui à pied. Sur son chemin, il est interpellé par quelques jeunes. À Bobigny, où il habite à quelques minutes du stade Auguste-Delaune, il est chez lui. « Je ressens beaucoup de fierté de jouer dans le club de ma ville », reconnaît-il.

Ce sentiment d’appartenance a tendance à se perdre, même au niveau amateur. Même si son club du FC 93 (qui réunit les communes de (Bobigny, Bagnolet et Gagny en Seine-Saint-Denis) est en pleine croissance, le milieu de terrain veut continuer à véhiculer ces valeurs. Ses performances auraient pourtant pu lui permettre de jouer plus haut. « À chaque intersaison, il y a des clubs de niveau supérieur qui le contactent mais il préfère rester chez nous pour jouer avec ses potes dans un endroit où il se sent bien. Les codes du milieu pro, ce n’est pas pour lui », explique Siné Danioko, le directeur sportif et technique du FC 93 Bobigny qui est à la lutte avec Fleury pour monter en National. Le FC 93, vainqueur à Épinal (1-0) samedi est leader du groupe C de National 2 avec 4 points d’avance sur le club Essonnien qui compte deux matchs en moins. Le duel risque d’être serré jusqu’au bout. Entretien-découverte avec un footballeur atypique.

Interview

« Partir pour quelques euros de plus ne m’intéresse pas »

Photo Philippe Le Brech

Vous exprimez et vous revendiquez une certaine conception du foot qui a tendance à disparaître…

Reda Kaddouri : Oui, j’ai une personnalité un peu atypique dans le milieu actuel du foot. J’ai une mentalité à l’ancienne, Jouer pour le club de ma ville, de mon quartier, presque devant chez moi, comme avant, ça représente beaucoup à mes yeux. Cette notion de représenter un territoire ou un quartier comme on le voit par exemple en Angleterre à Londres, c’est très important pour moi. Mais c’est vrai que cela devient de plus en plus rare, même en amateurs. Mais moi, ça ne m’intéresse pas de faire le vagabond ou le mercenaire en partant ailleurs pour quelques euros de plus. Je privilégie mon épanouissement personnel. J’ai besoin de me sentir à l’aise dans mon environnement pour performer et prendre du plaisir pour tout donner et exceller. Ici à Bobigny, j’ai tout ça.

Revenons à vos débuts. Au Paris FC vous avez côtoyé du beau monde…

Je suis du XXe arrondissement de Paris et je suis donc allé au Paris FC. J’étais surclassé et dans mon équipe U13, il y avait des joueurs comme Seko Fofana, Olivier Ntcham, Wilan Cyprien, Tafsir Cherif… Eux, ils sont allés loin. Moi, je n’avais cette mentalité de réussir à tout prix. Au Paris FC, l’entraîneur de cette génération, c’était Reda Bekhti. Un super formateur. Je l’ai retrouvé à Bobigny où il est responsable de la préformation. Après le Paris FC, j’ai arrêté le foot pendant deux ans. J’ai fait du tennis. Puis j’ai repris à l’OFC Couronnes, un club du XXe arrondissement. C’était juste pour le plaisir. En U17, j’ai joué en D3 district, soit quasiment le plus bas niveau. On est monté deux fois, j’ai joué en 1ère division de District en U19 puis je suis parti à Joinville.

C’était pour quel niveau ?

C’était en U19 DHR. Donc encore très loin du haut niveau. Mais Joinville est un club réputé chez les jeunes en région parisienne. J’ai beaucoup progressé. Ensuite, j’ai signé à Montreuil, d’abord pour les U19 puis j’ai débuté en DH seniors à 19 ans. Il y avait un beau groupe d’anciens et un super coach Renaud Miherre. J’ai beaucoup appris grâce à eux. L’ambiance était top.

« Stéphane Boulila a beaucoup compté pour moi »

Photo Philippe Le Brech

C’est là que Bobigny est donc venu vous chercher en 2016, il y a donc neuf ans ?

J’avais aussi reçu une proposition de Versailles qui était également en DH à l’époque. Je venais justement de déménager à Bobigny donc j’ai fait le choix de la proximité. Mais Bobigny recrutait aussi des bons joueurs de DH, et surtout, j’avais beaucoup apprécié le discours du coach Stéphane Boulila. En région parisienne, c’est quelqu’un qui compte. Il est du 93, il  a commencé à Noisy-le-Sec puis il est parti en Ligue 1,  il a eu une grave blessure mais il s’est relevé. À 37 ans, il a marqué 28 buts sur une saison avec Aubervilliers en CFA (ex-N2). C’est un exemple pour de nombreux joueurs. Il a beaucoup compté pour moi. On est resté en contacts, on s’appelle souvent. Après, pour être honnête, je pense que la mentalité de Bobigny me convenait mieux que celle de Versailles (sourire).

Avec Bobigny vous êtes montés deux fois de suite de DH en N2 et c’est  à cette période que vous avez commencé à vous faire remarquer ?

C’étaient des belles saisons. Des clubs ont commencé à s’intéresser à moi. Lors de l’année de N3, des clubs pros m’ont proposé de venir effectuer des essais avec leur réserve à la trêve. Mais Stéphane Boulila m’a conseillé d’attendre la fin de saison en me disant que j’aurais mieux. Il avait raison. Le Red Star qui était en Ligue 2 m’a appelé et j’ai signé un contrat pro de trois ans. Le club de mon département, près de chez moi, c’était parfait.

Le monde pro au Red Star

Photo Philippe Le Brech

Au Red Star, vous avez pourtant déchanté. Au total, vous n’avez disputé qu’un seul match en équipe première, en septembre 2019 face à Villefranche en National. Avez-vous des regrets ?

Non. Déjà, je remercie le Red Star de m’avoir donné cette chance et de m’avoir permis de voir ce qu’était le haut niveau. Mais ça a été compliqué au niveau du rythme de passer de la N3 à la Ligue 2, les charges d’entraînement étaient plus lourdes et j’avais des déficiences physiques. Le fossé était quand même grand. J’ai connu quelques blessures, des tendinites. En plus, pour être bien dans ma tête, j’ai voulu continuer mes études, car ça me tenait vraiment à cœur. J’étais en Master 1 à la faculté de Nanterre et forcément ça m’a freiné.

Durant le temps de votre contrat au Red Star, vous avez choisi d’être prêté deux fois… à Bobigny. N’aviez-vous pas envie de tenter votre chance ailleurs ?

J’ai privilégié le temps de jeu, le plaisir, la proximité avec ma famille et mes études. J’avais des opportunités en National. Mais ça ne m’a pas attiré. J’ai préféré rentrer chez moi dans mon club et continuer mes études. Chez nous, on est très famille. Je suis d’origine Marocaine, ma grand-mère est du côté d’Oujda. Mes parents étaient soulagés que je reste et que je ne parte pas en province.

« Je ne vois pas l’intérêt de partir »

Photo Philippe Le Brech

Quel regard portez-vous sur votre brève expérience chez les pros ?

Sincèrement, j’ai ressenti un certain décalage en côtoyant le milieu pro. Par rapport au monde amateur, il y a des choses flagrantes qui m’ont choqué. Il y a beaucoup d’égoïsme. Ça parle à droite à gauche, derrière le dos. C’est contraire à mes valeurs. Je ne m’y suis pas retrouvé. Maintenant, je prends tellement de plaisir que je ne vois pas l’intérêt de partir ailleurs, à l’aventure, même pour un meilleur salaire.

Cette expérience compliquée au Red Star a-t-elle changé votre regard sur le foot ?

Non. J’étais et je reste un fou de foot. Je regarde tout à la télé et chaque week-end, je vais voir notre réserve à Bobigny, mon ancienne équipe de Montreuil ou des matchs de R1 et R2 en région parisienne. Cela me permet de voir des potes ou des anciens coéquipiers. J’aime bien découvrir aussi des joueurs. Le partage, la convivialité, c’est comme ça que je conçois le foot. Après, j’ai aussi besoin de faire d’autres activités à côté du foot. C’est pour ça que j’ai continué mes études assez longtemps. J’ai une licence de Mathématiques et Statistiques et un Master 2 en Ingénierie Statistiques et économiques de la finance.

« Les matchs, j’ai toujours baigné dedans ! »

Photo Philippe Le Brech

Votre père était professeur de maths. C’est lui qui vous a donné la vocation ?

Quand on était jeune, il était vraiment à cheval sur les études. Les maths, j’ai toujours baigné dedans. Je voyais ses copies et ça m’intéressait vraiment. Quand je vois mon père, aujourd’hui à 67 ans, je me dis qu’il a bien réussi dans la vie. Et je serai content d’être comme lui… Je prends beaucoup de plaisir à enseigner et à partager.

Vous enseignez à quel niveau ?

Je donne des cours particuliers à des élèves de différents niveaux. À la rentrée de septembre 2025, je devrai normalement intégrer une structure privée comme professeur de mathématiques.

En attendant, je suis animateur à l’école élémentaire 236 de Belleville, dans le XXe arrondissement de Paris. J’organise des petits jeux pour les enfants du CP au CM2. Le responsable de cette école, c’est mon ancien animateur. C’est important de transmettre à mon tour. J’ai été à la place des enfants dont je m’occupe maintenant.

« Le club gravit les échelons et est en constante progression »

Photo Philippe Le Brech

Revenons au foot, Bobigny a pas mal grandi depuis que vous êtes arrivé il y a 9 ans…

Je vois mon club beaucoup évoluer depuis que je suis arrivé en DH (R1). On est en constante progression tout en gardant nos valeurs et notre ADN. Le club gravi des échelons chaque année. Les infrastructures s’améliorent, les vestiaires se modernisent, un nouveau bâtiment avec des salles a été construit. On est dans un club en mouvement. Il y a beaucoup de personnalités de tous les horizons qui sont venus participer à son développement comme Seyfu ou Odsonne Edouard (l’attaquant de Leceister est devenu actionnaire du club). Quand on voit des anciens pros comme Younousse Sankharé ou Bakary Sako nous rejoindre pour participer à notre projet, ça donne encore plus de crédibilité au club. Et pour un joueur, ça donne encore plus envie de s’y investir.

Vu votre attachement à votre club, cela doit être encore plus fort pour vous ?

Bien sûr. Quand en plus, on habite dans cette ville, ça procure de la fierté de participer à ce beau projet et donner une image positive de Bobigny et du département du 93 qui est souvent décrié. Après bien sûr, si on monte un jour en National, il faudra que je m’organise par rapport à ma future activité de prof de maths.

« Chez nous, le foot, ce n’est pas que l’argent »

Photo Philippe Le Brech

Ça pourrait être dès la saison prochaine…

On n’a pas les mêmes moyens que Fleury ou Créteil. Mais chaque année, on joue les premiers rôles et on progresse grâce notamment à l’arrivée de renforts qui ont connu le niveau supérieur. On n’a pas de pression particulière même si on est conscient de ce qu’on est capable de faire. On est allé gagner à Fleury (2-0 le 11 janvier) mais la saison est encore longue. Si on a moyen de gratter quelque chose de mieux, on ne s’en privera pas. Et si l’on monte en National, bien sûr qu’on sera parmi les plus petits budgets mais on sera prêt. Je sais que beaucoup de gens sont prêts à nous suivre et à investir. Mais à Bobigny, on montre que le foot, ce n’est pas que l’argent.

Forcément, vous, vous allez finir votre carrière à Bobigny…

Pour tout ce que j’ai expliqué et tant que le club continue de grandir jour après jour, effectivement, je ne vois pas ce que j’irais chercher ailleurs, même pour un meilleur salaire. Ici, j’ai tout. Mais Bobigny, ça dépasse le cadre du foot. Chaque année, on organise des voyages et même les anciens y participent. Ces grandes rencontres ont solidifié nos liens. Au mois de décembre, on est parti à La Mecque à une dizaine. Il y avait six joueurs de l’équipe actuelle. On a vraiment créé quelque chose en dehors du foot. C’est comme ça que je conçois le sport. C’est une vie que j’aime.

Reda Kaddouri, du tac au tac

Photo Philippe Le Brech

Vos meilleurs souvenirs ?

Mon premier match sénior en DH à 19 ans alors que j’arrivais des U19 DHR de Montreuil. J’étais la depuis deux semaines et j’ai été titularisé pour un match à Versailles car le titulaire était parti en prison. Je n’avais jamais vu un terrain comme celui de Versailles, il était tondu façon PE6 en cercle. Avec Bobigny, notre montée en National 2 en 2018 puis le match du maintien à Haguenau lors de la dernière journée de N2 en 2019. L’équipe qui gagnait se maintenait. On a gagné 2-0.

Vos pires souvenirs ?

Les 15/15 avec Mambi Keita, l’ancien entraîneur adjoint de Bobigny, avant de commencer les entraînements… Je rigole mais je n’en vois pas d’autres. Il y a eu les blessures, comme celles que j’ai eues au Red Star, mais elles font partie de la vie et de l’apprentissage. Je me souviens aussi d’un match contre Épinal, l’avant-dernière journée de la saison 2022-2023 chez nous contre Épinal. Si on gagnait, on passait devant eux. Mais on a perdu 3-2 après avoir eu une balle de 3-1. Au final, c’est Épinal qui est monté en National. Mais ce n’était qu’une déception sportive. Il y a plus grave que le foot dans la vie. On passe vite à autre chose.

Photo Philippe Le Brech

Des regrets sur votre parcours ?

Aucun mais au contraire une grande fierté. Je suis passé de la 3e division district U17 à un contrat pro à 22 ans au Red Star.

Les clubs où vous vous êtes senti le plus à l’aise ?

À Montreuil et à Bobigny. Montreuil c’était une équipe de trentenaires, j’avais 18/19ans et c’était compliqué de jouer en DH pour un jeune. C’était la bagarre tous les week-ends, malgré ça, j’ai joué tous les matchs et les anciens m’ont super bien accueilli. Sans eux, je n’aurais jamais eu ce parcours. Et à Bobigny, c’est la famille, des valeurs qui me ressemblent, que ce soit des intendants en passant par la direction, les joueurs et les éducateurs. La fraternité du vestiaire comme à Bobigny on, la retrouve rarement ailleurs.

Vous avez évolué en défense centrale et maintenant vous êtes davantage milieu. Quel est votre poste préféré ?

Le milieu. J’étais un défenseur central qui prenait beaucoup de risques. Je préfère être au milieu, on fait des passes, on touche davantage le ballon, on ressent plus d’adrénaline alors qu’en défense centrale, on est parfois dans son petit fauteuil. En ce moment, je joue plutôt relayeur. Normalement, quand on avance en âge, on recule sur le terrain. Moi, c’est le contraire (rires)…

Votre geste préféré sur un terrain ?

Faire une passe en profondeur à Farid Beziouen.

  • Lire aussi l’article sur Farid Beziouen : 

https://13heuresfoot.fr/actualites/farid-beziouen-fc93-bobigny-bg-je-ne-sors-pas-je-ne-fume-pas-je-ne-bois-pas/

Photo Philippe Le Brech

Combien de buts inscrits dans votre carrière en séniors ? Le plus beau ?

Une vingtaine, au moins deux chaque année. Le plus beau, c’était un coup franc avec Montreuil contre Bobigny en DH.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?

Farid Beziouen à Fleury et aux Lusitanos Saint-Maur. Mais on a la chance qu’il soit maintenant chez nous, donc je l’affronte à l’entraînement désormais et c’est beaucoup mieux comme ça.

Les coéquipiers les plus forts avec qui vous avez joué ?

Farid Beziouen. Mais aussi l’incompris Karim Regragui et Issa Niakaté le joueur de l’ombre qui embellit les joueurs autour de lui !

Les entraîneurs qui vous ont marqué ?

Renaud Miherre à Montreuil et Stéphane Boulila à Bobigny. La très grande classe !

Photo Philippe Le Brech

Un président, un dirigeant marquant ?

Le président de Bobigny, Mamadou Niakaté, pour sa générosité, ses valeurs humaines et son respect. Avoir commencé sa présidence à 24 ans et avoir mené le club avec les dirigeants actuels jusqu’aux portes du monde pro, c’est juste incroyable. Philippe Donin, l’ancien kiné au Red Star pour son travail et sa bienveillance. C’est une personne qui nous fait oublier qu’on est blessé. Il préfère exercer dans son cabinet situé en plein milieu de la cité autour d’habitants au niveau de vie précaire plutôt qu’ailleurs et gagner plus d’argent au vu de son expérience et ses compétences. Un exemple à suivre.

Une causerie marquante d’un coach ?

Himed Hamma à Bobigny. C’était la semaine d’un match contre Belfort et certains joueurs prenaient l’habitude d’arriver en retard à l’entraînement, ce qui agaçait Himed. Malheureusement pour eux, cela s’est reproduit le jour du match. Himed entre dans le vestiaire calmement et nous dit qu’il n’y aura pas de causerie aujourd’hui à cause des retards et repart. Heureusement pour nous, on l’a gagné ce match… On a couru comme des lapins.

Photo Philippe Le Brech

Vos amis dans le foot ?

J’ai rencontré des grands frères à Montreuil avec qui je suis toujours en contact et qui viennent toujours à Bobigny nous voir jouer. À Bobigny, des frères qui sont toujours au club ou qui sont partis mais avec qui on voyage ensemble chaque année. Ce sont des personnes entières et aux valeurs humaines incroyables. Ce qui fait notre force, c’est cette fraternité dans notre vestiaire.

Le club de vos rêves ?

Voir le FC93 en Ligue 1

Votre stade préféré ?

Anfield ! J’aimerais bien y aller un jour ou bien qu’on nous ramène Anfield à Delaune !

Vos modèles dans le foot ?

Zizou !

Photo Philippe Le Brech

Si vous n’aviez pas été footballeur ?

Je serais sûrement prof de maths à plein temps ou j’aurais travaillé dans le milieu associatif.

Vos occupations en dehors du foot ?

La plupart du temps au stade, dans un stade de la région parisienne ou à la maison en famille… sinon au travail dans l’école de mon ancien animateur quand j’étais petit qui est devenu responsable de cette école.

Le milieu du foot en quelques mots ?

Le milieu du football amateur est magnifique, familial, il procure plein de plaisir sûr et en dehors du terrain avec beaucoup de valeurs humaines et d’entraide comparé au football business et égoïste d’aujourd’hui. En tout cas, c’est comme ça que ça se passe chez nous à Bobigny.

Texte : Laurent Pruneta – Twitter: @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech

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En renversant Nice (Ligue 1) au terme d’un final absolument époustouflant, le Stade Briochin (N2) a réalisé un incroyable exploit qui semblait impossible à cinq minutes de la fin (2-1), et atteint les 1/4 de finale pour la première fois. Complètement dingue !

Par Anthony BOYER / Photos : Coralie Houeix et 13HF

Il a fallu un but. Celui de l’égalisation briochine, à la 88e minute, quand tout semblait perdu, pour réveiller un stade qui jusqu’alors s’était trop bien tenu. Les Bretons aiment le foot, tout le monde le sait. Tout le monde le dit. Jusqu’à en oublier parfois de faire énormément de bruit. De pousser. De hurler. De s’égosiller la voix.

Peut-être aurait-il fallu que cette équipe de National 2, entraînée par un président qui met de l’argent dans le club et fait le recrutement, frappe dix ou quinze fois au but pour soulever ce public parfois trop respectueux, plus spectateur que supporter. Comme s’il était résigné. Comme s’il savait d’avance que l’aventure allait inéluctablement s’achever face au 5e de Ligue 1.

Il a fallu ce but, à la 88e, sur une frappe de Boubacar Diakhaby – qui venait de rentrer – déviée par Hugo Boudin, pour transformer le stade Fred-Aubert en chaudron incandescent. « Quand on a vu que c’était « Bouba » qui frappait du droit, on s’est dit que le ballon allait finir en l’air, plaisantait encore le gardien Francl L’Hostis ! D’habitude, il ne frappe jamais du droit ! »

Il a fallu cette égalisation que l’on n’attendait plus et venue de nulle part pour vivre une folle ambiance et voir ces 4700 personnes présentes se lâcher, eux qui n’osaient plus y croire, contrairement aux onze acteurs aux maillots bleus floqués du logo au griffon et qui n’ont jamais lâché ni cessé d’y croire.

Et puisque l’on n’était pas au bout de nos surprises, il a fallu ce deuxième but, après un corner niçois, au bout du bout du temps additionnel, sur un contre de 80 mètres emmené par l’entrant Julien Benhaim, signé Hugo Boudin, pour rappeler ce qu’est la coupe de France : une épreuve unique et indécise, une épreuve qui rassemble et unit, une épreuve qui vous prend les tripes, fait pleurer et procure des émotions indescriptibles comme rien d’autre au monde, si ce n’est la naissance d’un enfant, n’est capable d’offrir.

Mais que faisait Hugo Boudin, le défenseur, à la conclusion de ce rush de la dernière chance, à la dernière seconde, alors que Nice venait de jouer un corner et de voir une frappe repoussée ? Mais que faisait Hugo Boudin au 2e poteau, à l’affût d’un centre ou d’une erreur – un ballon relâché par Maxime Dupé sur une frappe d’Artur Zakharyan -, lui que le coach avait failli sortir peu de temps auparavant. Personne ne sait. L’intéressé non plus, ne le sait pas. Mais il était là. Ils étaient d’abord 3 contre 2, puis 4, puis 5 on ne sait plus très bien, mais ils étaient nombreux et encore plein d’énergie à avoir couru jusque dans la surface sur cette dernière action pour faire mal et piquer tel les matadors.

Jamais une défaite n’avait rendu Franck Haise, le coach de l’OGC Nice, aussi abattu, hagard et désemparé cette saison, presque au bord des larmes. Jamais une victoire n’avait rendu Franck Allanou, l’entraîneur qui fait tout dans le club mais pas tout seul, aussi heureux : « C’est le plus grand moment de ma vie sportive » a-t-il confié devant les micros, après la qualification pour les 1/4 de finale (mercredi 26 février). Comme on le comprend ! Le premier essai avait eu lieu en 1966, quand l’Angleterre régnait sur le toit du monde du ballon rond, mais l’aventure s’était arrêtée en 8e, dans une épreuve à la formule alors différente. Le deuxième essai a été le bon, et ça valait le coup d’attendre 59 ans !

La coupe c’est ça : de l’abnégation, du dépassement de soi, de l’entraide, de la souffrance et puis cette magie qui vous propulse dans une autre dimension. Comme si vous franchissiez le mur du son. Le Stade Briochin n’avait pas cadré un tir avant d’égaliser. Comme quoi… Mais il avait tout de même montré de belles choses et rééquilibré un peu les débats depuis l’ouverture du score azuréenne à la 55e, sur un but un peu casquette de Tom Louchet, qui ressembla d’ailleurs à celui du 1-1.

Avant cela, l’équipe bretonne, où les entrants ont fait plus qu’apporter leur pierre à l’édifice, avait fait le dos et confirmé qu’elle était bien cette équipe difficile et « chiante » à jouer, la preuve, l’OGC Nice ne parvenait pas à trouver la faille (0-0 à la pause). Ce but niçois eut le don de réveiller les Griffons, soudain désinhibés, soudain décomplexés. Nice avait imposé sa domination sans rien laisser à son adversaire… jusqu’à l’égalisation. Mais se reposer sur ses lauriers était s’exposer à un tel scénario, et c’est ce qui s’est produit. Et c’est ce qui a permis ce final exceptionnel. On appelle ça la magie de la coupe !

Guillaume Allanou (entraîneur et président du Stade Briochin) : « Ma plus grosse émotion sportive ! »

« En termes d’émotion, c’était très fort. Il fallait que l’on soit vigilant et concentré. On ne leur a pas donné grand-chose. On a rivalisé sur l’aspect défensif, ce qui était la priorité. On a pris ce but en début de deuxième période sur une action que l’on a mal gérée car je pense que l’on doit être capable de la sortir, et puis, je l’avais vu contre Toulouse, quand Nice était en maîtrise à 1-0 et largement au-dessus, avant, au final, de se faire rattraper au lieu de plier le match. Ce scénario s’est répété. Et nous, on a ce supplément d’âme : contre Annecy, au tour précédent, on était mené, à Saint-Malo, chez le leader du championnat, il y a quinze jours, on était mené aussi (victoire 2-1), c’était déjà un exploit.
Après le but de Nice en début de deuxième période, le match s’est rééquilibré même si on n’a pas eu d’occasions franches. On n’a pas paniqué et nos changements ont apporté du dynamisme. En fait, leur but nous a permis de nous réveiller et de nous lâcher, parce que certains étaient un peu inhibés. Après, le scénario, cette dernière action, est extraordinaire ! Même dans les rêves les plus fous, on n’imagine pas ça. Quand j’ai vu ce dernier contre, où on a mis de l’énergie, j’ai pensé que l’on pouvait marquer, oui, mais je ne m’attendais pas à ce que ce soit Hugo (Boudin) qui le fasse, la surprise elle est là (rires) ! Ce soir, on est passé un peu par tous les états : au début, on espère, après, on se dit que c’est dur, puis que c’est foutu, après on revient… Ce sont ces émotions-là que les gens aiment. Que les journalistes aiment. J’avais dit aux joueurs que l’on avait 4,34 % de chance de se qualifier, et on les a joués à fond. C’est ma plus grosse émotion sportive de ma vie. J’ai bien dit « sportive », parce que j’ai des enfants, et ils restent ma priorité. »

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Près de 60 ans après, Saint-Brieuc (N2) va vivre un 8e de finale de coupe de France, face à l’OGC Nice (L1). Le gardien, arrivé de National il y a un an et demi, apporte son expérience et sa « positive attitude », mais il n’est pas le seul dans un groupe ultra-expérimenté. Présentation !

Par Anthony BOYER / Photos : Stade Briochin Nicolas Créach / Clément 4K (sauf mentions spéciales)

Ce n’est pas la revanche du grand blond. Ni sa résurrection. Loin de là. Ce n’est pas non plus un couronnement, une consécration ni même un crépuscule. Juste une récompense, un cadeau, qui tombe comme ça, mais pas forcément du ciel.

À bientôt 35 ans (il les fêtera le 3 avril), Franck L’Hostis, qui n’avait jamais dépassé les 32es de finale de coupe de France malgré son CV riche de quelques jolis clubs, en National et en Ligue 2 (Martigues, Amiens, Clermont, Le Puy, Orléans, Bourg-en-Bresse/Péronnas), va vivre son premier 8e de finale face à l’OGC Nice, un adversaire qu’il avait plutôt l’habitude de croiser dans ses jeunes années passées au centre de formation de l’AS Monaco (2008-2012), à 18 kilomètres de la capitale azuréenne !

Et c’est avec le Stade Briochin, où il a signé à l’été 2023, en National 2, que « Francky », ou plutôt « Déloss », ce surnom donné par un de ses coéquipiers à Monaco, Fred Bulot, qui avait l’habitude de mettre des « Dé » avant chaque nom de famille, que le gardien va vivre ce bel événement. Tout simplement. Sans se prendre la tête. Juste en donnant tout, comme d’habitude. C’est comme cela que le gardien (1,86m et 77kg) né à Nîmes, qui a grandi juste à côté, à Manduel, passé par Beaucaire notamment, fonctionne.

Ce match, c’est un événement, bien sûr, mais « pas une finalité » : « Nice ? Tout est faisable, prévient-il. On a réussi à faire en sorte de jouer chez nous, dans notre petit stade Fred-Aubert (2999 spectateurs attendus, jauge maximale), on va jouer sur ça aussi. Contre Corte, en 32e, Nice a joué à Furiani, dans un stade qui a connu la Ligue 1, ce n’était pas comme si c’était un traquenard. Chez nous, ça fera un peu plus comme une ambiance à l’anglaise. L’idée c’était encore de jouer chez nous, pas à Guingamp. » Les Azuréens, bien que d’un autre calibre qu’Annecy (L2) ou Le Havre (L1), les deux dernières équipes tombées lors des deux précédents tours dans les Côtes d’Armor, sont prévenus.

À quelques heures d’un match en retard disputé à Avranches (1-1), vendredi dernier, Franck L’Hostis s’est confié. Dans la Manche, son équipe, bien calée dans le premier tiers du classement en National 2 (5e avec un match en retard), a été rattrapée au score (1-1) mais elle n’a plus connu la défaite depuis le 2 novembre (contre Poitiers, 1-2, journée 9).

L’ancien international U19 et U21 évoque son club, retrace quelques instants mémorables de sa carrière, parle de la coupe, de ses joies, de ses douleurs, des moments forts, des moments difficiles. Sans jamais se lamenter. Toujours avec cette « positive attitude » qui le caractérise et le suit. Toujours avec ce respect et cet amour des gens, ce goût du dialogue. Ce goût des autres.

Interview : « Je n’ai aucun doute sur notre mentalité »

En ville, à Saint-Brieuc, ça parle un peu de la coupe ?
Les gens parlent beaucoup de nous en ville, en plus, la Bretagne, c’est une vraie terre de foot. Ici, les gens sont passionnés mais n’ont pas forcément le réflexe d’aller au stade tous les quinze jours. Mais ils suivent, ils s’intéressent. Maintenant, c’est vrai que la coupe a mis un énorme coup de boost, je le vois bien, quand j’amène mon petit, Gabriel (3 ans et demi), à l’école, les parents et la maîtresse m’en parlent ! Les deux dernières qualifications, contre des clubs pros, ça a dynamisé le truc.

C’est comment, le Stade Briochin ?
Un club familial, sain, ambitieux. Parce que c’est possible d’être familial et ambitieux : on sait tous comment c’est, parfois, en pro, l’ambition peut faire que tu oublies ce côté humain, ce côté associatif; chez nous, il y a beaucoup d’entraide, de dépassement de fonction, je repense au match de coupe contre Annecy, il a fallu déplacer les panneaux LED; des bénévoles, des salariés, des joueurs du club, des sympathisants, tous sont venus aider toute la journée, et on a tous mangé ensemble le midi ! Ce sont des choses toutes simples, mais c’est important. Et pour moi, tout est lié : tu ne peux pas faire un parcours de coupe, avoir des bons résultats depuis plusieurs mois, si chacun joue sa carte personnelle.

Photo Philippe Le Brech

La particularité du club, c’est les casquettes multiples de Guillaume Allanou, président, coach, directeur sportif, partenaire…
C’est clair que je n’avais jamais connu ça avant ! Quand j’ai signé au club, il était juste le président et m’a dit, direct, « bon moi, c’est Guillaume, tu m’appelles Guillaume », d’ailleurs, tout le monde l’appelle Guillaume, donc tout de suite, il y a ce côté proximité, familial, qui ressort. Et puis, il y a un an, quand le coach Roland Vieira est parti, Guillaume a pris l’équipe en main. J’ai trouvé ça bizarre au début mais en fait, non, parce que le club fonctionne comme ça, avec des dépassements de fonction, où chacun met la main à la pâte. C’était juste la suite logique. En plus, Guillaume avait fait le recrutement avec Roland (Vieira), donc il s’est retrouvé avec des joueurs dont il a validé la venue. C’est ce qu’on s’est dit avec les joueurs; ça a permis d’éviter qu’un nouveau coach arrive et dise « Lui je n’en veux pas, Lui ceci, lui cela », et ça a fonctionné. En plus, il était déjà coach de la réserve en N3, donc il y a eu une continuité, que l’on a retrouvé avec certains jeunes qui ont grimpé dans le groupe N2. Il n’y a pas eu de chamboulement.

Il est meilleur coach ou il est meilleur président ?
(Rires !) Je sais une chose, c’est que quand j’ai signé, il a été franc et honnête, les négociations se sont bien passées, il m’a dit « ça c’est possible, ça ce n’est pas possible », c’était clair, net et précis, et quand tu es joueur, c’est parfait, tu n’as pas de mauvaises surprises. Les six premiers mois, quand il a pris la suite de Roland (Vieira), on finit 2e en N2 sur la partie retour, et là, cette année, on n’est pas trop mal classé, on est en 8e de finale de coupe, les résultats sont là !

Après la qualif’ face à Annecy !

Les points forts et les points faibles du Stade Briochin ?
Le point faible, je pense qu’on l’a gommé aujourd’hui. En début de saison, on savait qu’on avait une bonne équipe, avec de la qualité, une bonne mentalité, mais à certains moments, on en mettait un peu moins sur le terrain, on se disait que ça allait passer quand même, parce qu’on pensait qu’il y aurait toujours le copain à côté pour faire la différence, vu qu’on est une bonne équipe. Et puis il y a eu ce match qui a servi de déclic, quand on a perdu 3-2 à Granville (le 21 septembre, journée 6), alors que l’on menait 2 à 0 à la pause; ça nous a remis les idées en place. À 2-0, on s’est dit « c’est bon, c’est fait », et en fait, on était à 95 %, or si on n’est pas à 100 % on ne peut rien espérer. Notre gros défaut était d’avoir un peu de suffisance, le mot est un peut-être un peu fort. De tomber dans la facilité, inconsciemment. On l’a rapidement gommé. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, on est hyper-rigoureux, solide et solidaire. On est remonté au classement et en coupe on fait ce parcours. Mais on le sait très bien, si on se relâche, on ne peut rien espérer. Jusqu’à présent, on est arrivé à garder cette rigueur, cette concentration, cette mobilisation. Et ce point faible est devenu notre point fort : on est hyper-dur à jouer, on est hyper-compact, solide. Nos temps faibles, on les gère mieux, on fait mieux le dos rond, et dans les temps forts, même si on doit progresser dans ce domaine, on arrive quand même à faire mal à nos adversaires. Aujourd’hui, franchement, on est dans un état d’esprit top, même si on a perdu aussi contre Poitiers (le 2 novembre), mais l’état d’esprit avait été bon ce jour-là. Avec Saint-Brieuc, je n’ai aucun doute sur la mentalité avec ce groupe !

Le stade Fred-Aubert (avec sa nouvelle tribune en face) pourra accueillir 2999 spectateurs contre Nice. Photo 13HF

Meilleur souvenir sportif ?
Le tournoi international Espoirs de Toulon, où j’avais été élu meilleur gardien (défaite en finale contre la Colombie aux tirs au but). Et aussi le parcours cette saison en coupe de France avec Saint-Brieuc. Vivre ces moments-là, avec ce groupe-là, c’est cool, parce qu’on est soudé, on joue les uns pour les autres, y’a un « plus » chez nous. Le Stade Briochin, c’est un club familial. Cette épopée, ça va rester. Jusqu’à présent, je n’avais pas fait mieux que 32e de finale avec Le Puy, on avait été éliminés à Limonest (en 2020), alors qu’on était en National et eux en N3, on avait joué pendant 40 minutes à 11 contre 9 pour nous… L’année d’avant, toujours avec Le Puy aussi, en 32e, on avait perdu 1-0 contre Nancy (L2) dans l’anonymat, alors qu’on avait fait jeu égal. Jusqu’à présent, je n’avais jamais eu trop de chance ni trop de réussite en coupe, et cette fois, ça me sourit !

Pire souvenir sportif ?
Mes deux fractures du doigt à Clermont, espacées d’un an quasiment jour pour jour. Elles m’ont fait très mal au mental. La première m’a fait perdre ma place en Ligue 2 et la seconde… j’étais à la cave. Il y a aussi la descente en N2 avec Bourg (en 2023). Là, ton ego de compétiteur est touché. Cette descente m’a fait mal. Individuellement, je n’avais pas fait une bonne saison. Cela ne fait jamais plaisir.

Avec Cheick N’Diaye, l’entraîneur des gardiens du Stade Briochin.

Si tu n’avais pas été footballeur ?
C’est une bonne question. Déjà, je sais une chose, je ne peux pas rester assis dans un bureau. Il faut que ça bouge. J’aurais fait quelque chose en lien avec les gens, un truc où il y a de la relation humaine, comme commercial, mais j’aurais travaillé dehors, et toujours en mouvement ! Parler avec les gens, échanger, ça me plaît. Peut-être journaliste (rires) ?

Ton plus bel arrêt ?
Au tournoi espoirs de Toulon, en demi-finale, contre l’Italie, je fais une sortie à 2000 à l’heure sur Paloschi (ex-Milan, Genoa, Chievo Vérone, Atalanta, etc.). Chaque saison, tu as toujours 2 ou 3 arrêts qui te restent en tête, mais celui-là, avec l’équipe de France, à 5 minutes de la fin, il était important. Sinon, cette année, je dirais le penalty arrêté contre Saint-Malo en coupe de France, même s’il n’est pas magnifique, mais il nous qualifie, et pareil, le penalty arrêté contre Annecy au tour précédent, même s’il n’est pas « ouf », mais c’est surtout son importance, à ce moment-là. Maintenant, comme je l’ai déjà dit, les séances de tirs au but, pour moi, c’est très simple, parce que je ne les prépare plus (rires) !

Avec l’AS Monaco, où il a signé son premier contrat pro. Photo ASM-FC

Que t-a t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?

Cela ne se joue pas à grand-chose mais si je n’ai pas réussi à passer le cap, ni réussi à m’imposer en Ligue 2, c’est que j’avais des manques. Je n’ai pas répondu présent quand il le fallait. En 2014, à Clermont (L2), j’ai aussi été mis de côté par la coach Corinne Diacre, ce n’était vraiment pas facile parce que j’avais le sentiment de ne pas avoir de seconde chance, et c’est pour ça que cette blessure au doigt, qui est survenue en septembre 2014, a tout changé, parce qu’à ce moment-là je jouais, malheureusement, trois mois après, je ne suis pas très bien revenu, du coup, c’est devenu délicat pour moi de jouer. Les deux saisons suivantes, toujours à Clermont, j’étais plutôt bien, mais je n’ai pas eu ma chance et elle m’a mis au placard. Il faut se relever de ça à 27 ans et j’ai pris la décision de repartir dans un club deux divisions plus bas (Le Puy, en N2 puis en National). Avec Orléans (2020-2022), ensuite, en National, cela aurait été bien de monter en Ligue 2, on n’est pas passé loin la première année, en mars/avril on était en course, et avec Amiens aussi (2012-2014), en National, on n’est pas monté. Voilà, ce sont des petits regrets comme ça, de ne pas avoir saisi ces opportunités qui, déjà, m’auraient à nouveau ouvert les portes de la Ligue 2 et après, on ne sait jamais ce qui aurait pu arriver. Mais je ne me prends pas la tête avec ça. Je n’ai aucun regret. Je n’ai jamais triché, j’ai toujours tout donné. Et je continue de le faire à Saint-Brieuc. Ce sont juste les aléas du foot.

La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Il y en a beaucoup. J’associe souvent le terrain avec l’aventure humaine. Même à Clermont, quand je ne jouais pas ou bien quand je jouais en réserve, du moins quand j’avais le droit de jouer en réserve, malgré ce quotidien qui n’était pas facile, je ne l’ai pas si mal vécu que ça parce qu’on avait un bon groupe, des bons gars, qui soutenaient les joueurs qui étaient à la cave. J’ai aussi beaucoup apprécié mes années au Puy où il y avait un super état d’esprit dans ce club, on a fait une montée en National. J’ai aimé aussi mes deux années à Orléans. Prendre du plaisir sur le terrain, il faut que ça coïncide avec la vie de groupe, et c’est ce qui se passe actuellement à Saint-Brieuc, c’est pour ça que je m’éclate. On est soudé, on a un groupe de bosseurs. Parce que je peux te dire qu’il faut y aller, le matin, quand il fait froid, quand il pleut, quand il y a du vent comme en ce moment… Mais on a plaisir à être ensemble, à se retrouver, et ça fait la différence. On puise cette force dans le groupe, « allez les gars, c’est parti, on y va, tous ensemble ». Il ne faut pas oublier que c’est du foot, alors même s’il ne fait pas beau, même s’il fait froid, c’est du plaisir ». C’est pour ça, je pense, que l’on est sur une bonne dynamique en championnat et en coupe de France.

Avec la réserve de l’AS Monaco, en CFA. Photo ASM-FC

Pour la montée en National, ça va être difficile d’aller chercher Saint-Malo et Bordeaux devant…

On est dans ce mode de se dire « On ne se prend pas la tête, on prend match par match », en plus en ce moment il y a les matchs de coupe au milieu, donc ce qui nous importe, c’est de prendre des points, de gagner des matchs, d’être bons, de faire plaisir au club, aux supporters, aux gens qui nous soutiennent, mais l’idée, c’est quand même d’accrocher un beau top 5. On a l’équipe pour. La saison va se jouer en mars/avril. On est dans une belle poule. Après, si on est dans le top 3 en mars/avril, on verra si on peut jouer quelque chose de mieux encore mais sincèrement, on ne parle pas du tout de ça, on n’y pense pas. Là, on a un match de gala contre Nice, qui pour nous n’est pas une finalité. On a fait ce qu’il fallait avant, contre des équipes de N3, R1, de R2, de R3, qui nous ont posés des problèmes, mais on a toujours répondu présent, parce qu’on a une bonne mentalité. Moi, ce que j’aimerais, c’est que les gens viennent encore nous voir jouer après Nice, qu’ils viennent voir une équipe qui mouille le maillot et qu’ils prennent du plaisir, même si les affiches sont moins belles « sur le papier ».

Une erreur de casting dans ta carrière ?
Je n’ai jamais regretté mes choix de clubs. J’ai toujours mûrement réfléchi mes décisions, jamais fait de choix hâtifs, maintenant, je pense que j’aurais dû rester à Monaco, où Guy Lacombe m’a fait signer pro, au lieu d’être prêté à Martigues en National (2011-2012), parce que je pense que j’aurais eu ma chance cette saison-là, en étant numéro 2 en Ligue 2. Mais cela ne s’est pas passé comme ça. Le coach Laurent Banide a préféré une autre doublure, Johann Carrasso, qui n’a pas été bon, et c’est Martin Sourzac (actuel gardien du leader de National, Nancy), qui était numéro 3, qui a joué un peu, avant que n’arrive Subasic. Je voulais absolument rester. Le club voulait me prêter. J’ai compris que je devais partir, donc à partir de ce moment-là, j’ai fait le choix de Martigues à 100 %, sans aucun regret.

Face à Nice, les Celtic Griffons devront donner de la voix !

Un président ou un dirigeant marquant ?
Christophe Gauthier au Puy… Incroyable… Et je vois beaucoup de similitudes entre le Stade Briochin et Le Puy Foot. Christophe, il est là pour ses joueurs et il prend du plaisir à être avec eux; à Saint-Brieuc, j’ai retrouvé cette proximité avec Guillaume (Allanou), ce sont des personnes que tu ne rencontres pas tous les jours dans le foot. J’ai aussi beaucoup apprécié Philippe Boutron à Orléans, avec qui ça s’est très bien et pour qui j’ai beaucoup de respect. Il y a des gens comme ça, qui vous marquent. Je me souviens aussi du dirigeant en moins de 18 ans qui nous accompagnait au Stade Beaucairois, Christian Pages, des gens qui donnaient de leur temps, de leur personne.

Un coéquipier marquant ?
J’ai joué avec de très bons joueurs, je pourrais en sortir plusieurs dans chaque club, mais si je dois en sortir un seul, et c’est plus qu’un ami, c’est Kevin Diogo, que j’ai rencontré lors de mon passage à Clermont. Je suis le parrain de son fils. Kevin, c’est comme un frère. C’est LA rencontre que j’ai faite dans le foot, en plus de toutes celles que j’ai faites, notamment au Puy : il suffit de regarder les photos de mon mariage, il y avait beaucoup de joueurs du Puy. Kevin a arrêté le foot mais c’était un putain de joueur, il n’a pas eu de réussite, il avait le talent pour faire 350 matchs en pro. Il était techniquement au-dessus ! C’était une machine à laver. Mais pareil, Corinne Diacre n’aimait pas trop son profil, elle préférait les joueurs « box to box », plus physiques.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Je vois encore certains avec qui je jouais gamin, chez moi, d’ailleurs, il y en même un, Loïc (Alvarez), qui vient contre Nice. Il vit à Paris. On a joué ensemble à Beaucaire quand on avait 10 ans. Il est avocat en droit du sport. Quand je joue dans la region parisienne, il vient toujours me voir. Lui aussi, c’est comme un frère. Sinon, et là c’est de ma faute, parce que je suis pris dans mon quotidien, c’est Thomas Mangani (AC Ajaccio, ex-Angers et Nancy), qui m’a pris sous son aile quand je suis monté en pro à Monaco. La vie faisant, tu bouges à droite à gauche, tu ne prends pas le temps d’envoyer un message. Tiens, dès qu’on a fini l’interview, je lui envoie un message !

Ta charnière centrale ?
C’est dur de trancher. Celle d’Orléans, c’était costaud, mes deux années à Amiens aussi, celle du Puy. Et puis celle de Saint-Brieuc aussi cette année, avec James (Le Marer) 33 ans, Madigoundo (Diakhité) 30 ans, Hugo (Boudin) 32 ans, Chris (Kerbrat) 38 ans, Benjamin (Angoua) 38 ans et moi 35 ans bientôt (le 3 avril), tous les joueurs du secteur défensif ont plus de 30 ans ! Je te laisse calculer la moyenne d’âge ! Là, en National 2, il n’y a pas beaucoup expérimenté. Et cette expérience, on la ressent beaucoup au quotidien et aussi dans les matchs : quand il y a un temps faible, on garde notre calme, personne ne panique.

Un éducateur qui t’a marqué ?
On en a parlé justement avec Cheick N’Diaye, l’entraîneur des gardiens du Stade Briochin, qui a été pro à rennes, c’est « Dédé » Amitrano, mon entraîneur des gardiens à Monaco. J’ai adoré son management. Il a parfaitement su me cerner, humainement, physiquement, mentalement. Il m’a énormément appris, et Christophe Almeiras aussi, mon formateur à Monaco, que je revois quand je descends dans le sud. « Dédé » avait pris le relais en pro, avec une méthode à l’ancienne mais qui te fait réfléchir au poste, qui te fait bosser. J’ai adoré. Et avec Cheick, on se dit parfois « Dédé » faisait ceci ou cela à l’entraînement… Je n’ai pas son contact. Là encore, c’est de ma faute. Je pourrais récupérer son téléphone.

Ton prochain voyage ?
Soit la Turquie soit le Portugal, avec du soleil, de la plage ! J’ai envie de voir Istanbul, de découvrir la Capadocce, j’ai vu ça à la télé et je me suis dit « Waouh, il faut que le le vois de mes propres yeux », parce que c’est ça que j’aime bien dans les voyages, c’est découvrir par soi-même.

Des tocs, des manies ?
J’avais des manies quand j’étais jeune, je cherchais des trucs pour me rassurer mais au fil des années, tu t’aperçois que « ce n’est pas ça qui fait que », mais c’est la mentalité et le travail que tu mets la semaine à l’entraînement qui font que tu vas être performant. Je cherche plutôt du confort : par exemple, je me change complètement après l’échauffement, pour être au sec. Sinon j’ai le même caleçon, mais si demain je dois en en mettre un autre, cela ne me déstabilisera pas. Et puis j’aime bien avoir un message de Valentina, mon épouse, avant le match.

Tu penses à ton papa aussi, qui est malheureusement décédé, quand tu entres sur le terrain ? C’est quelqu’un qui a joué un rôle important…
Oui, toujours… on était très proche. On se comprenait en un coup d’oeil. On avait la même façon de penser. Sur le terrain ou dans la vie de tous les jours, dès que quelque chose ne va pas, un moment difficile, je pense à lui, et ça me redonne un coup de fouet. Son image me rebooste. Par exemple, lors de la séance des tirs au but contre Annecy en 16e de finale, quand c’était à nous de tirer, j’étais sur le côté, je fermais les yeux quelques secondes et je cherchais des images positives, et là, j’en avais trois qui arrivaient, mon fils, ma femme et mon père. J’ai fait ça sur les cinq tirs au but, avant d’aller me placer dans la cage, afin d’être positif.

Mercredi 5 février 2025, 8e de finale de la coupe de France : Stade Briochin (N2) – OGC Nice (L1), au stade Fred-Aubert, à Saint-Brieuc. En direct sur BeIN 1 et 2.

  • Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : Nicolas Créach – Clément 4K – Stade Briochin
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Le gardien provençal a préféré quitter une place de titulaire en Ligue 2 à Martigues, où il a vécu deux accessions en trois ans, mais où le fonctionnement du coach ne lui convenait pas, et « descendre » de deux divisions, pour reprendre du plaisir, dans un club ultra-ambitieux. Pour l’instant, ça marche !

Par Anthony BOYER / Photos : Kevin Mesa – AS Cannes et 13HF

Photo 13HF

C’est peut-être parce qu’il est gardien de but et habitué, dans sa surface, à prendre des décisions en un laps de temps infime, que Jérémy Aymes (36 ans) répond souvent de manière ultra-catégorique, sans hésiter, à la plupart des questions de notre « tac au tac », quand d’autres joueurs marquent un temps d’arrêt.

Arrivé à La Bocca fin novembre en provenance de Martigues (L2) alors que l’AS Cannes se remettait lentement d’un début de saison manqué, Jérémy Aymes s’est rapidement installé, imposé dans les buts, à tel point que depuis son premier match, ironie du sort, contre … Istres, l’un de ses anciens clubs et la ville où réside sa famille (4-1), son équipe est toujours invaincue.

Porte-bonheur, Jérémy ? En vérité, son nouveau club était déjà invaincu depuis quelques semaines avant son arrivée ! Car depuis sa dernière défaite officielle, contre Hyères, le 19 octobre (J8), à Coubertin, pour le premier match du nouveau coach Damien Ott (l’ex-coach de Colmar, Avranches et Bourg en National a remplacé Fabien Pujo), les Dragons n’ont plus connu la défaite. Et cela fait 14 matchs que ça dure : 5 en coupe de France et 9 en championnat, où les Azuréens se sont replacés en haut de tableau (2es), à une petite longueur seulement du leader hyérois.

En coupe de France, les Dragons brillent également. Qualifiés pour les 8es de finale, ils affronteront à Coubertin, mercredi 5 février à 20h45, Dives-Cabourg, le petit poucet de l’épreuve avec Bourgoin-Jallieu (National 3). Ce match, Jérémy le suivra… depuis le banc : « C’est Fabio (Vanni) qui jouera, c’est établi, il est performant, il le mérite ! » Cannes – Dives.

Pas la peine de faire un dessin : les Rouge et blanc sont ultra-favoris même si l’on sait bien qu’un match de coupe… est un match de coupe, avec tout ce que cela suppose en termes d’engagement, d’intensité et d’incertitude. Les Normands savent pertinemment qu’ils sont, sur le papier, inférieurs, mais ils donneront tout ce qu’ils ont, c’est une certitude. Et puis, le parallèle avec l’équipe cannoise qui avait réalisé la dernière « grande » épopée en coupe de France jusqu’en 1/4 de finale, en 2014 (battu par Guingamp, futur lauréat), est évident (Cannes avait aussi atteint les 16es en 2022, éliminé par Toulouse) : lors de cette édition, qui avait vu Troyes, Montpellier et Saint-Etienne chuter à La Bocca, c’est l’équipe de Plabennec, alors en National 2, qui avait donné le plus de fil à retordre aux joueurs de Jean-Marc Pilorget, eux aussi en National 2, vainqueurs 1 à 0 contre le cours du jeu ! Dives plus difficile à aborder que Grenoble (L2) ou Lorient (L2) ?

« Martigues ? la meilleure chose était de partir »

Ce qu’il y a de bien aussi avec le natif de Martigues (Bouches-du-Rhône), c’est que l’on sait à son expression, à son visage, à sa manière de répondre, qu’il pense ce qu’il dit. Et qu’il dit ce qu’il pense ! « Je suis quelqu’un d’entier » répond-il à la question « Principal trait de caractère ».

Entier, ça, on l’a vite remarqué. Par exemple, à la question « Le coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ? », la réponse fuse : « Thierry Laurey ». Et vlan ! Thierry Laurey, pour ceux qui n’ont pas suivi, fut le successeur en juillet 2024 de Grégory Poirier à Martigues, quand ce dernier, auteur d’une double accession « National 2 – Ligue 2 » en trois saisons, s’est engagé au Red Star (Ligue 2). Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que le courant n’est pas passé entre certains joueurs martégaux – dont Jérémy Aymes – et l’ancien coach du Paris FC, de Strasbourg, d’Amiens et du Gazelec Ajaccio.

Photo 13HF

Petit retour en arrière : début novembre, alors que le FC Martigues est bon dernier de son championnat en Ligue 2, les joueurs provoquent une réunion avec leur coach pour se plaindre de ses choix et de ses méthodes. Trois jours après, à Amiens (1-1, 13e journée), plusieurs « cadres » de l’équipe ne sont pas convoqués : Mohamed Bamba, Karim Tlili et … Jéremy, remplacé par Yan Marillat, sa doublure, pour la deuxième fois de la saison; la première fois, c’était lors de la 7e journée, contre Dunkerque, mais l’expulsion de Marillat à l’heure de jeu avait contraint Laurey à remplacer un joueur de champ par le grand gardien d’1,89m.

Le 28 novembre, le club de la Venise provençale officialise le départ de Jérémy. Le même jour, il est présenté à l’AS Cannes. Dans les colonnes de La Provence, début décembre, au sujet de son départ de Martigues, le joueur déclare : « J’ai vécu une aventure humaine magnifique avec un groupe fantastique (…) Mais je n’avais pas imaginé que cela s’arrêterait comme ça (…) La meilleure chose était de partir (…) On ne peut pas plaire à tout le monde. Il valait mieux, pour les deux parties, que cela se termine. La cohabitation n’était plus possible ».

Photo Kevin Mesa

La semaine dernière, dans les colonnes de La Marseillaise, c’est la propriétaire du FCM, Lepa Galeb Roskopp, qui y est allée de sa petite phrase, au moment de présenter le nouvel entraîneur, Hakim Malek, ancien joueur du club : « Nous pensions que Thierry Laurey était la meilleure solution pour l’équipe vu son expérience. Malheureusement, durant ses derniers mois, il y avait un contexte délicat (…) J’étais quand même un peu surprise de son attitude envers les joueurs. Il faut que le coach soit de Martigues pour réussir. C’est pour cela que nous avons pris Hakim Malek. »

Voilà comment l’enfant du club martégal, pilier de l’équipe lors des trois dernières saisons (deux accessions de N2 en L2), déjà passé par le FCM dans les catégories de jeunes et aussi par le FC Istres, le voisin, est passé d’un poste titulaire en Ligue 2, un niveau qu’il n’avait fréquenté qu’une seule fois au Mans, en 2019/2020, à un poste de titulaire en … National 2. Un choix qu’il explique un peu plus loin.

Ce n’est pas le club de La Croisette qui s’en plaindra, lui qui s’était mis en quête d’un gardien et qui a donc saisi l’aubaine.

Interview : « Quand j’ai dit à mon père que je signais à Cannes…. »

Photo Kevin Mesa

Meilleur souvenir sportif ?

J’en ai plusieurs. J’ai la montée avec Martigues en Ligue 2 (la saison passée), un moment spécial, parce que c’était chez moi, c’était quelque chose de fort. Il y a aussi le 1/4 de finale de la coupe de France avec Granville contre l’OM (en 2016), parce que là, j’affrontais mon club de coeur, Marseille. Et aussi la montée en Ligue 2 avec Le Mans à la dernière seconde du barrage retour (en 2018), sur le terrain du Gazelec Ajaccio. Le scénario fut incroyable. Ce but à la 96e, c’est fou !

Le pire souvenir ?

J’en ai deux. La désillusion avec Martigues il y a deux saisons, lorsqu’on est 1er à deux journées de la fin et qu’on perd 3 à 0 à Borgo. On a raté la montée là, parce qu’à la dernière journée, on gagne, mais on apprend que Concarneau et Dunkerque, qui sont passé 1ers et 2es, ont gagné aussi, donc on ne monte pas… Ce fut très dur. Et il y a aussi la descente de Ligue 2 en National avec Le Mans, alors qu’il reste dix journées de championnat, qu’on est à égalité avec Niort (maintenu), il y a la Covid… C’était dur aussi.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?

C’est venu naturellement mais je n’étais pas super-doué. J’ai commencé dans le champ, j’ai pratiqué d’autres sports, et puis, vers l’âge de 10 ou 11 ans, mon cousin me dit de venir jouer avec eux, à Istres, il manquait un gardien, et puis je ne suis plus jamais ressorti des cages ! Après je suis parti à Martigues en jeunes, à l’âge de 12/13 ans, j’y suis resté trois ans, avant d’intégrer le centre de formation de l’Olympique Lyonnais pendant 4 ans.

Combien de cartons rouges ?

Cinq ou six je pense !

Photo Kevin Mesa

Ton geste technique préféré ?

(rires) Euh… Je n’en ai pas un en particulier ! Je ne vais pas dire que c’est la roulette, hein, ou le passement de jambes (rires) ! Non, c’est plus un geste que l’on utilise à mon poste, un plongeon, une sortie dans les pieds, une prise de balle, un truc comme ça.

Si tu n’avais pas été footballeur ?

Franchement, j’aurais été dans la merde (rires) ! Archéologue peut-être ! C’est un domaine qui m’a toujours intéressé ! Et puis Indiana Jones m’a fait rêver.

Qualités et défauts en dehors du terrain ?

Je suis quelqu’un d’entier. Je dis ce que je pense. J’essaie d’être dans l’empathie. Sinon, je suis bordélique. Mais il faudrait poser la question à mes proches.

Qualités et défauts sur un terrain ?

C’est une question difficile ! J’essaie d’être le plus sérieux et le plus rigoureux possible, afin d’avoir une certaine régularité dans mes performances. Mes défauts, et je pense que c’est ce qu’il m’a manqué au début pour aller plus haut, même si j’ai corrigé ça au fil des années, c’est le jeu au pied, la relance, des gestes devenus importants dans le foot moderne. Et il m’a manqué aussi la maturité.

Photo Kevin Mesa

C’était justement la question suivante : que t’a t-il manqué pour aller plus haut ?

La maturité. C’est comme ça, ça fait partir de ma carrière et les difficultés que j’ai eues au début m’ont servi ensuite. A Istres (2009-2011), quand j’ai signé mon premier contrat pro, j’étais 3e gardien, derrière Ménétrier et Agassa et après Petric, le club était en Ligue 2, je suis resté deux ans, j’essayais de montrer mes qualités, mais il me manquait cette maturité pour passer le cap.

La saison où t’es le plus « éclaté » sur le terrain ?

C’est la saison dernière, avec Martigues. On avait un groupe exceptionnel, pour certains on se connaissait depuis longtemps, j’avais une grosse affinité avec les joueurs, on prenait peu de buts, voilà, j’étais chez moi, tout était réuni, c’était vraiment la saison la plus complète de ma carrière. On s’est régalé. Je suis encore dans le groupe WhatsApp de Martigues (rires), forcément, quand tu vis des moments comme ça, même la saison précédent, OK, c’était une grosse déception de ne pas monter, mais avec tout ce qu’on avait fait déjà, l’accession de N2 en National, la première saison de National… On a vécu des choses ensemble, y’avait du monde qui venait au stade.

Une erreur de casting dans ta carrière ?

Non, franchement, j’ai appris dans tous les clubs où je suis passé, que cela soit en Promotion d’Honneur à Port-de-Bouc où je me suis retrouvé après mon passage à Istres, quand je n’avais plus de club, ou même à Jura Sud, où je suis allé en CFA, en sortant du centre de formation de Lyon, mais je n’y suis resté que six mois, ça ne s’est pas très bien passé sportivement; ce n’est pas un grand souvenir, c’était dur, le climat, la région, je n’étais pas du tout épanoui là-bas. C’est là que je suis revenu m’entraîner avec Istres, et le club est monté de National en Ligue 2, et j’ai signé. Mais jai appris plein de choses et ce sont des expériences de vie qui font avancer. Je ne regrette rien. Bien sûr, j’aurais aimé jouer plus, avoir 200 matchs de Ligue 2, mais je suis très bien comme ça, j’ai la chance de vivre du foot, d’avoir vécu des émotions fortes, tous les joueurs n’ont pas connu ça et ont souvent plus de déceptions que de joies. Pour en revenir à Port-de-Bouc, là-bas, je me suis régalé avec mon cousin, en PHA, j’y ai joué un an, il y avait Barket Bekrar, un poison (rires), Koffi, c’était le foot plaisir, ça m’a fait du bien, j’ai grandi en tant qu’hommes.

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Ton passage au centre à Lyon ?

J’y suis resté 4 ans. J’ai joué en 16 ans Nationaux, 18 ans nationaux et j’ai fait quelques matchs en N2. A la fin, je m’entraînais un peu avec les pros. Il y avait une forte concurrence, Riou, Hartock, Lopes, Georgelin, et comme je disais, la maturité est venue tard, et dans ces clubs-là, il faut être prêt, et moi, je n’étais pas prêt. Il y avait une question de niveau aussi.

Un club où tu as failli signer ?

Y’en a beaucoup… Quand je suis parti à Granville, en DH, j’avais le choix d’aller à Marignane, à côté de la maison, mais à Granville, il y avait Johan Gallon, que j’avais connu à Istres, et dont je suis très proche, qui m’a persuadé de venir.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?

(Sans hésiter) L’OM.

Le meilleur match de ta carrière ?

Granville – OM, en 1/4 de finale de la coupe de France (1996). Cela m’a vraiment fait quelque chose de jouer contre l’OM en plus, le contexte était particulier parce que, cette saison-là, je ne jouais pas en coupe de France, c’était l’autre gardien, Clément Daoudou, qui jouait (aujourd’hui gardien de Locminé en N2), mais il s’est passé quelque chose : Clément, que je connaissais d’Istres, et avec qui j’avais joué, s’est fait « tabasser » en soirée, par des forains, à Granville, justement après la qualification pour les 1/4 de finale… Du coup, il n’a pas pu jouer le 1/4 de finale, et c’est moi qui ai joué. Il se serait blessé au mollet, cela aurait été différent, franchement, ce n’était pas facile. Lui aussi supportait l’OM, il est né à Marseille, et j’aurais aimé que l’on se qualifie pour qu’il dispute la demi-finale. Après, sur ce match-là, j’ai pris du plaisir, j’ai été performant.

Tu vas au Vélodrome de temps en temps ?

J’ai emmené mes enfants déjà oui. Quand je peux y aller, j’y vais, oui.

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Le pire match de ta carrière ?

(catégorique) A Borgo. Avec Martigues (en mai 2023). Le match dont j’ai parlé avant. A une journée de la fin. On savait que si on gagnait, on avait notre destin en mains pour monter en Ligue 2 et là, pfff, y’a tout qui va mal, je n’ai pas été décisif. Un cauchemar…

Un ou plusieurs coéquipiers marquants ?

Tommy Untereiner, qui était avec moi à Istres et à Granville, c’est lui qui avait marqué le but décisif en coupe contre Bourg en 8e de finale. C’est aussi le parrain de l’un de mes deux fils. Pierre Lemonnier aussi, avec qui j’ai joué au Mans (il joue aujourd’hui à Guingamp en Ligue 2).

Le joueur avec lequel tu avais le plus d’affinités sur le terrain ?

(Sans hésiter) Pas un joueur, mais une charnière centrale : celle composée de Calvet-Moranté, la saison passée, à Martigues.

Un attaquant adverse qui t’a impressionné ?

Je n’en ai pas … Ah si ! Dembelé à Rennes, je crois que c’était un de ses premiers matchs en N3, c’était quand j’étais à Granville.

Une coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?

Je l’ai déjà revu, même si on n’arrive plus trop à se voir maintenant, c’est Francesco Migliore, un Itatien qui a été formé avec moi à Lyon, on faisait chambre commune, il a joué à La Spezia et au Genoa en Série A. On devrait se voir bientôt.

Photo Kevin Mesa

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?

Johan Gallon, on a une relation forte. C’était l’entraîneur de la réserve d’Istres quand j’y étais, c’est lui qui a lancé ma carrière et m’a fait venir à Granville (il entraîne aujourd’hui à Mondeville, en Régional 2, près de Caen). Avec la distance, c’est compliqué.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?

Thierry Lauray.

Un dirigeant marquant ?

L’ancien président de Granville, Dominique Gortari, et Djamal Mohamed aussi à Martigues, avec qui j’ai une relation assez forte, c’est lui qui m’avait fait revenir et m’a fait confiance.

Une causerie d’un entraîneur ?

Celle de Johan Gallon avant le 1/4 de finale de coupe de France contre l’OM.

Une consigne d’un coach que tu n’as jamais compris ?

(Rires). J’utilise mon joker !

Photo Kevin Mesa

Le joueur le plus connu de ton répertoire téléphonique ?

Euh… (Il réfléchit) Sébastien Perez déjà (rires) (Sébastien Perez est le directeur sportif de l’AS Cannes, il a joué notamment à l’OM) ! Logan Costa de Villareal, avec qui j’ai joué au Mans. (Il réfléchit encore). Foued Kadir aussi (rires) !

Des tocs, des manies, avant un match ?

J’embrasse mon tatouage sur mon bras gauche, qui représente les dates de naissance de ma soeur, de mon père et de ma mère.

Une devise ?

Le travail paie.

Des passions ?

J’aime bien l’immobilier, le golf, et puis le sport en général, le tennis, le padel, la pétanque…

Ton après-carrière, tu y penses ?

Ma priorité, ce sera d’être entraîneur des gardiens, mais j’aime bien l’immobilier, j’ai investi à Istres, où j’ai ma maison, j’ai un appartement au Mans : quand j’ai acheté, ce n’était pas cher, ça a grimpé depuis ! Et j’ai un petit chalet à la montagne. J’essaie de diversifier mes investissements.

Photo Kevin Mesa

Pourquoi ce départ de Martigues ?

Je n’étais pas en accord avec ce qui se passait. Tout simplement. Quand Grégory Poirier est parti, cela a fait un gros changement, pour tout le monde, et il est arrivé un nouveau coach… voilà… forcément,… avec un groupe comme le nôtre, avec cette mentalité-là, ça ne collait pas. Quand j’ai entendu certaines choses sur mes coéquipiers, ça m’a fait quelque chose, et comme je suis de là-bas… Donc, quand tu vois ce que le club est en train de devenir, ça fait mal. J’ai cherché à partir. J’ai eu une discussion franche avec le coach, je ne cautionnais pas ce qui se passait, alors que, pourtant, sportivement, je jouais. Juste une fois, il m’a mis sur le banc, mais le match suivant, j’ai rejoué. Je lui ai dit que je ne voulais plus travailler avec lui, tout simplement. Il y a eu l’opportunité Cannes qui s’est présentée. Et voilà.

Tu as préféré descendre de deux divisions plutôt que de rester en Ligue 2 ?

Je savais que si je restais à Martigues, je ne serais pas aussi performant que ce que je le souhaitais, que je ne pourrais pas être bien dans ma tête. Après, je ne cache pas que mon objectif premier n’était pas de jouer en National 2, mais plutôt d’attendre le mois de janvier pour voir si une opportunité se présentait, au moins en National, ou à l’étranger. Mais le feeling est immédiatement passé avec « Seb » (Sébastien Perez, le directeur sportif), la confiance, les conditions, les structures, les installations, et au niveau familial, je suis quand même assez proche de mes deux garçons (9 et 6 ans), qui sont restés à Istres, où ils sont scolarisés, et puis, en 2 heures de route, quand j’ai un jour off, je peux rentrer les voir, sinon, ils viennent le week-end quand on joue à domicile. Ce critère a pesé. En fait, tout était réuni pour que je signe à Cannes. J’avais des opportunités, sincèrement. Peut-être qu’à 26 ou 27 ans, je n’aurais pas pris le décision de repartir en N2, mais là, c’est différent, j’ai 38 ans, je me sens épanoui.

Photo Kevin Mesa

On a l’impression, de l’extérieur, que tout a mal été géré à Martigues après l’accession en Ligue 2…

Il y a d’abord eu le départ du coach (Grégory Poirier), on était proche de lui, et dans ces-cas là, les cartes sont redistribués quand un nouveau coach arrive, c’est normal. Greg avait une relation particulière avec nous, on se connaissait depuis longtemps. Et nous, après son départ, on s’attendait à ce que celui qui prenne la suite soit aussi … Ici, c’est un club spécial, c’est un peu amateur, il y a des joueurs qui n’ont jamais évolué à ce niveau-là, à qui il faut donner un peu de de la confiance, mais c’était tout l’opposé. Il y a aussi eu l’histoire du stade Turcan (non homologué pour la L2), qui n’a pas arrangé les choses. Martigues, c’est vraiment un club familial, peut-être aussi qu’on est trop vite monté, que le club n’était pas prêt, quand tu vois le stade, le centre d’entraînement, c’est très compliqué. C’est très différent à Cannes, où les infrastructures sont meilleures. Il y a tout déjà ici !

Le mauvais classement de Cannes, quand tu as signé, ne t’a pas fait peur ?

Et bien même pas, non ! Des gens m’ont dit « Mais pourquoi tu vas en N2 ? En plus ils sont relégables…  » Mais je connaissais le projet, je savais que c’était ambitieux, je connaissais Hamza Hafidi, avec qui j’ai joué au Mans, et « Max » Blanc, que j’ai connu au centre à Lyon aussi (ex-Villefranche), et d’autres joueurs que j’ai croisés sur les terrains.

Photo Kevin Mesa

Tu es un gardien plutôt…

Simple.

Un modèle de gardien ?

Buffon, Barthez, et actuellement, Jan Oblak (Atlético de Madrid).

Ton idole de jeunesse ?

Buffon.

Ton match de foot de légende ?

France-Brésil en 1998.

Ta plus grande fierté ?

Mes enfants.

Photo Kevin Mesa

Istres ou Martigues ?

Martigues. Déjà en jeunes, je préférais jouer à Martigues. J’ai vécu plus d’émotions aussi à Martigues.

Mais pour y vivre, tu préfères Istres …

Ce n’est pas pareil. Je suis revenu à Istres parce que j’ai ma famille, parce que c’est plus simple. Mais pour y vivre, c’est quand même mieux Martigues…

Le milieu du foot, en deux ou trois mots…

Actuellement, ce n’est pas joyeux (rires). Passionnant, c’est quand même la base, la passion ! C’est le sport que j’aime, rassembleur quand même, qui procure des émotions.

L’AS Cannes ?

Un club ambitieux, structuré, historique, emblématique. Quand j’ai dit à mon père que j’allais signer à Cannes, il m’a dit que ce club représentait vraiment quelque chose, notamment pour les anciens.

Samedi 1er février 2025, au stade Coubertin, à Cannes : match en retard de National 2 (J14) : AS Cannes – SC Toulon, à 18h.

  • Texte : Anthony BOYER / Twitter @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : Kevin Mesa / AS Cannes et 13heuresfoot
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Le nouveau coach du club haut-savoyard, véritable globe-trotter du football, affiche plus de 40 ans d’expérience sur un banc et presque autant d’équipes entraînées. Le Vauclusien évoque sa personnalité et sa vision du foot, donne des recettes et livre quelques savoureuses anecdotes.

Par Anthony BOYER / Photos : TEGG

Photo TEGG

S’entretenir, même en visio, avec Noël Tosi, c’est l’assurance de passer un excellent moment. Charisme, bagou, truculence, séduction, humour, bonhomie, l’entraîneur de 65 ans – « Je vais faire comme Raymond Goethals, essayer de gagner la Champion’s League à 75 ans ! » – possède un peu toutes ces caractéristiques, et c’est ce qui le rend très différent de pas mal de ses confrères entraîneurs. Et en plus, il est bavard, à tel point qu’il faudrait deux jours pour éluder tous les sujets; ça tombe bien, l’interview a duré deux jours : elle a été enregistrée en deux matinées ! « Anthony, je dois filer à l’entraînement, on se rappelle demain matin ? » « Ok Noël, mais un peu plus tôt alors ? » « 7h45 ? » « Banco ! »

En un mot comme en mille, le joyeux drille Noël Tosi est ce bon client, affable, pagnolesque, charmeur, rieur. Un personnage haut en couleurs. Mais la singularité a parfois son revers de médaille. Pour préparer cet entretien, on a lu quelques articles consacrés au natif de Philippeville (devenue Skikda), en Algérie, où les anecdotes fusent. Et celle qui a retenu le plus notre attention concernait son arrivée à la tête de la sélection de Mauritanie. Quelle ne fut pas notre surprise lorsque, dès la première question, il répondit exactement ce que nous venions de lire ailleurs au sujet de cet épisode ! Bien sûr, nous l’avons laissé dérouler son histoire, au demeurant incroyable, que l’on a volontairement choisi de mettre à la fin de ce papier, un peu comme une question subsidiaire ! Et puis, Noël Tosi raconte tellement bien les histoires… Le reste est aussi très bon, du Tosi dans le texte, tantôt sérieux, tantôt drôle.

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Début janvier, l’entraîneur, qui affiche 40 ans de carrière sur un banc et 35 clubs dirigés (!), s’est engagé en National 3, à Thonon Evian Grand Genève, en remplacement de William Prunier, quelques semaines après avoir commencé la saison à GOAL FC, en National 2. Sans langue de bois, l’entraîneur au CV long comme le bras évoque ces deux épisodes, notamment son retour manqué à Chasselay, où il pensait retrouver le club qu’il avait connu lors de son premier passage il y a 10 ans, aux Monts d’Or, au-dessus de Lyon. OK, le coach, qui fut le premier avant Patrick Vieira à s’expatrier aux Etats-Unis, à Sacramento, en 1984 (vainqueur de la coupe de Californie), change de clubs comme certains changent de slip. Mercenaire, Noël Tosi ? On lui a posé la question. Vous lirez la réponse. De toute façon, Noël Tosi a réponse à tout.

Enfin, pour ne pas « polluer » cette entame de papier, nous avons préféré lister à la fin (encore !) les quelque 35 clubs et sélections que Noël Tosi a entraînés ! Mieux, nous lui avons demandé de les citer, par ordre chronologique ! Là encore, on vous laisse découvrir le résultat.

Interview : « Je ne suis pas un mercenaire »

Noël, c’est quoi votre mode de fonctionnement ?
Je ne sais pas si je fais du football ou si je fais du Noël Tosi ! D’abord, c’est de m’adapter au rythme du temps. Bon, je fais un peu entraîneur vintage maintenant mais je suis tout jeune dans ma tête et j’ai su m’adapter aux générations. Comme je l’explique souvent, il y a des groupes qui ont des profils psychologiques, certains qui vous conviennent, d’autres qui ne vous conviennent pas. Par exemple, s’il faut un gendarme, ce n’est pas moi qu’il faut prendre comme entraîneur. S’il faut un tacticien, de l’intelligence, de l’humanité, oui, c’est moi qu’il faut prendre. On ne choisit pas toujours les clubs où on va, ni les groupes que l’on entraîne. On est souvent venu me chercher pour sortir des équipes de l’agonie, un peu comme Rolland Courbis en première division à l’époque, sauf que moi c’était en deuxième division, ce qui m’a permis de comprendre une chose : il ne faut jamais mettre un joueur sur le côté. Mon style, c’est de dire qu’un joueur, même s’il n’adhère pas à tes principes, même s’il n’a pas l’esprit que tu souhaites, il faut le considérer, sinon c’est un signe de faiblesse. Avec cet état d’esprit-là, j’ai réussi à « récupérer » des joueurs, des clubs, à me sortir de situations. Pour la fête des pères, je reçois entre 50 et 100 textos « Bonne fête papa ! ». Bien sûr, beaucoup émanent de joueurs africains, parce qu’ils ont encore plus besoin d’amour, et moi j’ai ce côté humain qui plaît, je sais leur donner ce qu’il faut. Mais je sais aussi avoir un main de fer dans un gant de velours : j’ai une technique bien particulière, c’est « Un coup de pied au cul, un bisous », et ça, ça marche (rires).

Votre plus grosse déception d’entraîneur ?
C’était quand j’entraînais Montauban, en CFA (en 1996/97). On est premier avec 12 points d’avance. On perd deux matchs, je me retrouve avec six points d’avance et là, le président, Philippe Delcaillau, me convoque, En fait, ce que je ne savais pas, c’est qu’il avait promis l’équipe à un joueur qui n’avait pas le diplôme, et si c’était moi qui montait, le joueur ne pouvait pas prendre l’équipe, alors il m’a viré. Je n’ai pas compris. D’abord, comme on était le 1er avril, je lui ai dit que sa blague était drôle, mais j’ai compris que ce n’était pas une blague. Je lui ai demandé les raisons, et là, c’est toujours pareil; quand on veut virer un entraîneur, on dit toujours que son discours ne passe plus avec les joueurs. C’est facile, c’est comme quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. C’est la plus grosse déception de ma carrière. Je ne suis pas rancunier … mais je lui en veux encore. Il n’aurait jamais dû faire ça. J’avais une famille, des enfants, il restait deux mois… Je serais allé au bout (le club n’est pas monté). C’est Jean-Luc Pasturel, un ex-joueur de Rodez, qui m’a remplacé.

« Un journaliste m’avait qualifié d’extra-terrestre »

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Ce n’est pas faire injure que de dire que vous êtes plus près de la fin de votre carrière que du début : c’est quoi votre plus grande fierté d’entraîneur ?
J’espère qu’elle n’est pas encore arrivée ! C’est d’avoir formé des joueurs de qualité, d’avoir donné du bonheur à beaucoup d’entre eux, d’avoir le retour et la reconnaissance que j’ai aujourd’hui, de leur part et de la part des entraîneurs et des dirigeants. Cela dépend de la personnalité : je suis quelqu’un d’affable, qui aime rire, ça dénote un peu dans le milieu. Parfois, on m’a dit que si je n’avais pas fait du théâtre ou si je n’avais pas écrit des livres, j’aurais fait une autre carrière : c’est possible aussi (rires) ! »Un journaliste m’avait qualifié d’extra-terrestre »

Vos qualités et vos défauts selon vous ?
Les défauts, pour moi, ça n’existe pas. Je m’explique. Prenez la relation hommes-femmes : admettons que je trouve tel défaut chez une femme, mais que vous, vous trouviez que ce défaut est une qualité chez elle. Donc ce sont des traits de caractère, et là, où on aime, où on n’aime pas. Après, des qualités, j’essaie d’en avoir le plus possible, mais on ne peut pas plaire à tout le monde (rires) ! Il faut accepter la contradiction. Quand on est entraîneur, il faut essayer d’être différent : quand j’étais en poste à Angers, un journaliste, malheureusement décédé aujourd’hui, avait titré « Noël Tosi, l’extraterrestre », ça me plaît bien (rires) !

« Il faut l’équipe autour de l’équipe »

Cette différence, vous la cultivez ?
Je pense que ça fonctionnerait partout à partir du moment où il y a ce critère, parce qu’en football, il n’y a pas de vérité : il faut l’équipe autour de l’équipe. Si l’équipe autour de l’équipe est bonne, vous réussissez tout le temps. A chaque fois que j’ai eu ça, j’ai toujours réussi. Après, autre critère, il faut trouver le président qui vous choisit, qui vous correspond. Sur tous les présidents de L1 ou L2, il y en a peut-être 2 ou 3 qui vont vous apprécier, les autres vont dire « Non mais attendez, je ne vais pas prendre Tosi, lui c’est un fou furieux… « , mais si on trouve la bonne personne au bon endroit, souvent on réussit.

Vous êtes un entraîneur plutôt comment ?
Humain.

« Les entraîneurs français sont maltraités »

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Des modèles de coach ?
Sur le plan du discours, Michel Hidalgo : c’est quelqu’un qui a bercé toute ma jeunesse, je buvais ses mots, j’aimais son humanité, ses compétences. Je suis amoureux de tous les entraîneurs et je trouve qu’en France, on a des entraîneurs extraordinaires, je peux en citer plein, Stéphane Le Mignan à Metz, Philippe Hinschberger, Régis Brouard, Jean-Michel Cavalli, des garçons qui ont plein de qualités mais qui ne sont pas en Ligue 1, mais heureusement, on a Bruno Genesio, un phénomène, Franck Haise, même Didier Digard, ce n’est pas parce qu’il est mal classé avec Le Havre qu’il n’est pas bon, mais je trouve que les présidents de clubs sont un peu durs avec eux. Pourtant, on a des grands entraîneurs en France. On est maltraités. On n’a rien à envier à personne. Je peux te citer 20 ou 30 entraîneurs qui peuvent aller en Ligue 1 à la place de certains. Je trouve aussi qu’il y a un manque total de respect de la part des entraîneurs étrangers de ne pas apprendre la langue; ça fait genre « Vous vous adapterez à moi, je n’ai pas à m’adapter à vous. » Alors que l’adaptation, c’est la plus belle qualité d’un entraîneur.

« Président un jour ? Pourquoi pas ! »

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Si vous ne deviez citer qu’un seul président ?
C’est impossible ! Même celui qui m’a viré ! Il y en a beaucoup que j’ai plus apprécié que d’autres, mais je ne peux pas tirer sur quelqu’un qui m’a donné à manger, qui m’a pris comme entraîneur, alors je ferais une réponse de Gascon : joker (rires) ! Un jour, René Charrier (ex-président de l’UNFP) m’a dit que je ferais un président extraordinaire, parce que je laisserais travailler l’entraîneur, parce que j’arriverais humainement à emmener tout le monde avec moi ! D’autres me l’ont dit aussi. J’ai répondu « faites moi une proposition, comme ça je prends ma retraite d’entraîneur (rires) ! » Président un jour ? On verra, pourquoi pas ? C’est vrai que j’ai des qualités humaines.

Des erreurs de casting dans votre parcours ?
Oh pauvre, j’en ai fait plein ! Je n’ai fait que des conneries, c’est pour ça que j’ai fini par devenir un bon entraîneur ! Mais avec le recul, je me dis que c’était nécessaire pour avoir la carrière que j’ai eue. Et puis, tu sais, une fois que j’ai fait une connerie, je ne la refais plus.

Un exemple de « connerie » ?
Un match capital pour la montée en National avec Dijon, en CFA, à Metz, contre la réserve (dernière journée de la saison 1998/99), et là, je veux réinventer le football, un peu comme ce qu’a fait Guardiola dans sa première finale de Ligue des Champions contre Chelsea. Je mets un milieu au poste de libero, des gauchers à droite, des droitiers à gauche, je fais une équipe à l’envers et je perds 4 à 2, et on ne monte pas… C’est Besançon qui monte. Et là, je me dis « Noël, la prochaine fois que tu as un match capital, tu mets chacun à son poste, tu n’inventes pas le football », et je ne l’ai plus jamais refait. Ce sont des défaites qui servent pour l’avenir.

De tous vos clubs entraînés, vraiment pas une seule erreur de casting ?
Non, aucune. J’ai toujours été content là où j’étais, et aujourd’hui je suis content d’être où je suis, à Thonon Evian Grand Genève, avec un président, Ravy Truchot, qui a des valeurs humaines incroyables, il a dit « C’est lui que je veux » en parlant de moi, et ça je ne l’ai pas souvent entendu dans ma carrière, mais quelques fois quand même, hein. Quand un président vous dit que vous avez toutes les valeurs humaines qui correspondent à ce qu’il veut mettre en place dans un club, alors là, on a envie de s’arracher.

« Je ne voulais pas être le fossoyeur de GOAL »

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La présence d’Olivier Chavanon, le directeur sportif de Thonon Evian GG, que vous avez connu joueur, a-t-elle joué dans la décision ?
Olivier, j’étais son entraîneur à Bourges, en D2, on a toujours gardé de très bons rapports pendant toutes ces années; personne ne le sait, mais Olivier a fait gagner des sommes d’argent monumentales à Clermont avec la vente des joueurs. Il connaît son boulot par coeur. Il est ultra-positif. Il m’a présenté à Ravy Truchot mais je pense que c’est le président qui m’a choisi, même si Olivier aussi. D’ailleurs, je devais venir au mois de juin dernier, mais il y a eu une question de timing, je crois que l’on s’est rappelé trop tard, et j’avais donné ma parole à Jocelyn Fontanel, le président de GOAL FC, qui est mon ami aussi. Donc quand Thonon Evian a décidé de ne pas continuer avec William Prunier, qui a fait du bon boulot d’ailleurs, Ravy Truchot m’a appelé à 6h du matin, et il m’a dit, « Voilà, c’était écrit, on va travailler ensemble, on ne l’a pas fait en juin, on va le faire maintenant ! ».

Pourquoi cela pas fonctionné à GOAL ?
Je pensais retrouver le club que j’avais quitté il y a 12 ans. Je pensais qu’il y avait beaucoup d’humanité. Je pensais que j’allais pouvoir mettre en place mes idées. Je pensais aussi qu’il y aurait l’équipe autour de l’équipe, une valeur qui m’est cher. J’ai accepté beaucoup de choses. Mais je ne pensais pas qu’on allait avoir autant de points retirés au classement, ni qu’on allait faire une grève, pour laquelle je n’étais pas pour d’ailleurs, et puis le reste… C’est comme ça, cela devait se faire comme ça… J’ai gardé de bons rapports avec le président et je leur souhaite de tout coeur de se maintenir, je suis content quand ils gagnent. Mais je suis beaucoup mieux où je suis, par rapport à tout ce que j’ai dit avant. Il y a des groupes, des clubs, qui vous correspondent, et celui-là, je pense qu’il me correspond un petit peu mieux et je correspond un petit peu mieux à ce club. Les résultats n’étaient pas catastrophiques à GOAL, sans attaquant. Après, je n’avais pas envie non plus d’être le fossoyeur de GOAL, donc j’ai préféré prendre du recul. Et puis, je n’ai pas été bon, je n’ai pas fait ce qu’il fallait à GOAL au moment où il fallait le faire, mais j’étais persuadé que c’était le même club qu’avant, et bien non : erreur de casting (rires).

« Je n’ai jamais eu peur de rien »

Photo GOAL FC

Petit flash-back : quand avez-vous su que vous vouliez devenir entraîneur ?
Très tôt. En classe, j’étais le délégué. Joueur, j’étais capitaine de mes équipes. J’étais gardien, un poste proche de l’entraîneur. Je suis passé entraîneur-joueur à 24 ans, à Orange, en D3. Ensuite, j’ai été le plus jeune entraîneur d’un centre de formation, le plus jeune entraîneur d’une équipe professionnelle à 28 ans, à Grenoble, il y en avait un autre, au Mans je crois, qui avait 29 ans (il cherche son nom). J’ai aussi été le premier entraîneur français aux Etats-Unis. En fait, je n’ai jamais eu peur de rien. Je suis allé partout où on m’a dit « Je t’aime », et je ne regrette rien. Je suis content d’avoir fait ce que j’ai fait.

Meilleur joueur entraîné ?
Oh là là, ce n’est pas simple ! Je ne peux pas en sortir un (rires) ! On joue à Sacramento contre les San Francisco Seals, en championnat. Je regarde l’échauffement de mes joueurs, mais je vois qu’il en manque un; là, il y a un ballon qui sort sur le côté, et (rires) je vais chercher le ballon, et je vois Antonio Sutton, un joueur qui a été international, en train de fumer du cannabis… Un pétard comme Bob Marley ! Avant un match ! Je lui ai dit « Ce n’est pas possible, allez, va à l’échauffement ». Il jette son pétard, il le piétine, il s’échauffe, il joue et il marque 3 buts… Depuis ce jour-là, je sais que le cannabis fait marquer des buts ! Je ne sais pas si c’est le meilleur joueur que j’ai entraîné, mais c’est le plus fou en tout cas (rires).

« Partir de Gueugnon m’a fait mal au coeur »

Photo TEGG

Le club où vous vous êtes senti le mieux ?
Franchement ? J’ai eu des joies partout. Je suis quelqu’un qui ne regarde pas la couleur, qui ne regarde pas la religion, qui ne regarde pas l’orientation sexuelle, qui ne fait pas de politique. Un homme, c’est un homme. L’aspect humain passe d’abord.

Une décision difficile à prendre ?
Quand on est entraîneur, on a énormément de décisions difficiles à prendre. Mais il y en a une, quand même, qui m’a fait mal au coeur. C’est quand je suis parti de Gueugnon, un des meilleurs clubs de Ligue 2, à l’époque, pour aller dans un autre club de Ligue 2, à Créteil, parce que Créteil avait fusionné avec Saint-Maur Lusitanos, où j’avais déjà entraîné, le président, Mr Lopes, était le même.

Sur votre CV, on voit que certains clubs apparaissent plusieurs fois : étonnant, non ?
Je crois que j’ai entraîné huit clubs deux fois ! Mais à 80 %, c’était les mêmes présidents dans ces clubs, ça veut dire que j’avais laissé un bon souvenir, que j’avais fait du bon travail. Je suis fier de ça. J’ai fait des rencontres incroyables, comme le président Armand Lopes, aux Lusitanos de Saint-Maur, on a été champion de France de N2, Bernard Gnecchi à Dijon, un président d’exception. Ou mon président de Cherbourg, Gérard Gohel : si un joueur a un problème de plomberie, Gérard arrive avec sa caisse à outils et il répare ! Humainement, il est incroyable, il aime rire, et comme je suis un peu comédien à mes heures, je me régalais en lui racontant mes blagues. Cherbourg a été un bon moment de ma vie.

Cherbourg, justement, vous y êtes retourné en N3, il n’y pas longtemps (en 2019)…
On attendait un partenaire qui n’est pas venu, mais j’ai laissé le club en tête du championnat. Gérard n’arrivait pas à me payer et m’a dit « essaie de trouver quelque chose » et c’est là que je suis parti au Luxembourg, et après il y a eu la Covid.

« En situation de crise, j’excelle »

Photo TEGG

La contrepartie de votre CV, c’est qu’avec tous ces clubs, toutes ces durées courtes, vous pouvez passer pour un mercenaire : vous en êtes conscient de cela ?
Pas un mercenaire, non. Mais un globe-trotter, oui. Je ne suis pas du tout un mercenaire, j’ai même entraîné gratuitement certaines fois, quand je le pouvais. Je n’ai pas du tout fait ça pour l’argent. Mais c’est souvent quelque chose que l’on me met sous le nez. Aux Etats-Unis, c’est différent, on dit « Il a entraîné dans plein de clubs, waouh, ça fait 35 ans qu’il est dans le métier, il a toujours trouvé un club, waouh », mais en France, on dit « Ah bah il a fait beaucoup de clubs », mais moi, je n’ai pas fait entraîneur d’un centre de formation où on peut rester en place pendant 5 ans ! Vous savez quelle est la durée de vie d’un coach pro ? C’est 18 mois. Je suis entraîneur professionnel, on me paie pour avoir des résultats. Des fois, il faut savoir partir, des fois il faut savoir rester. Les quelques rares entraîneurs qui durent plus que 18 mois, ce sont des phénomènes. Même Klopp, trois ans à Liverpool, il n’en pouvait plus, alors qu’il avait une équipe exceptionnelle. Quand on presse les joueurs sans cesse, qu’on a tout donné au bout d’un an ou 18 mois, alors il faut savoir partir. Quand je suis dans une mission sauvetage, une fois que c’est fini, qu’est ce que je vais bien pouvoir leur dire aux joueurs la saison suivante, après tout ce que je leur ai dit pour se sauver ? Voilà. Après, en situation de crise, je sais que j’excelle. C’est pour ça qu’on est souvent venu me chercher pour des missions de 6 mois ou un an. On a fait des one shot aussi parfois d’un ou deux ans pour monter. Je ne vois pas pourquoi je m’installerais 5 ans dans un club alors que je sais que ce n’est pas là que je serai le meilleur. Je suis plus performant sur des durées courtes. Et puis, ce n’est pas toujours de mon fait : parfois on vient me chercher, on m’appelle. Au Congo, on gagne le championnat, la coupe, et je pars… Après, je me dis « Qu’est ce que je vais faire d’autre ? ». Je n’ai rien à envier à personne. Je n’ai peur de rien. Je connais mon football. Et heureusement que j’ai foiré parfois, sinon je n’aurais pas réussi à gagner des matchs.

« Perdre un match, ce n’est pas dramatique »

Photo TEGG

Qu’est-ce que vous pouvez apporter à une équipe comme Thonon Evian, dont les résultats étaient plutôt bons avant votre arrivée, début janvier ?
Le problème de Thonon, c’était un problème de fonctionnement qu était délicat et qui ne convenait pas aux dirigeants. C’est comme pour vous : vous épousez une femme et vous allez vous apercevoir au bout de trois semaines qu’elle ne veut pas faire l’amour avec vous, alors vous allez en changer (rires !). C’est un peu ça, ça ne correspondait pas à ce que le club recherchait. Pour l’instant, je n’ai que deux matchs à la tête de Thonon Evian, un nul et une défaite. Il va falloir ça pour prendre les bonnes décisions peut-être. Mais perdre un match, ce n’est pas dramatique. J’ai souvent perdu des matchs et ça m’a permis de trouver le solution. Moi je ne pleure jamais, j’ai des attaquants blessés, à GOAL aussi, j’avais perdu mes attaquants… Je sais que l’on aura des jour meilleurs. De toute façon, on sait que ça se jouera en mars/avril. Là, en trois semaines, on ne peut pas changer beaucoup de choses.

C’est quoi, votre style d’équipe, sachant que, forcément, quand vous arrivez en cours de saison dans un club, vous devez vous adaptez…
J’aime bien le jeu offensif, avoir beaucoup d’attaquants. J’aime bien quand ça centre. L’exemple aujourd’hui, c’est de dire qu’on adore le jeu de Liverpool, mais c’est trop facile; j’aime les équipes qui sont à la fois capables de faire de la conservation, du jeu direct, du pressing, où les milieux se projettent vers l’avant. Un jeu offensif et ambitieux, quoi ! Je préfère perdre 4 à 3 à domicile que perdre 1 à 0. Mais pour dire la vérité, parfois, quand il fallu sauver des équipes, on jouait à 10 derrière et on laissait traînait la malette à pharmacie (rires) !

« Mon spectacle, actuellement, c’est Thonon Evian ! »

Avec les Diables noirs de Brazzaville.

Le théâtre, le cinéma, les livres, vous continuez toujours ?
Non. Mais c’est vrai que j’ai ces passions pour le théâtre (il a joué dans des pièces) et l’écriture (il a écrit des romans). Parfois, dans le foot, il y a des gens dont le hobby est d’aller boire du chablis, de jouer au golf ou à la pétanque, moi c’est le théâtre et l’écriture. Mais je pense que cela m’a plus desservi qu’aidé. Même si j’ai appris plein de choses au théâtre, comme la maîtrise de la communication, parce que ce n’est pas facile d’être entraîneur professionnel : parfois on doit répondre à des questions difficiles, et d’avoir fait du théâtre m’a permis de jongler avec ça, d’avoir mon humour, ce bagou. Parfois, quelqu’un me dit « Bonjour » et moi je dis le reste hein (rires) ! Mais ça m’a permis d’avoir un équilibre psychologique, et je retrouvais les sensations que j’avais quand j’étais joueur, parce qu’il y avait un public, des réactions. J’aime aller voir des comédies, des drames, des opéras. J’aime tous les spectacles vivants. J’aime écrire aussi. J’ai écrit des pièces qui ont eu du succès et je peux te dire que faire rire en écrivant, ce n’est pas facile. J’aime m’amuser en dehors du foot (rires). Mais en France, un entraîneur de foot doit être un entraîneur de foot, pas un gars qui écrit des livres ou fait du théâtre… Je ne regrette rien. Je suis heureux. J’ai eu des joies incroyables au football et j’en aurai encore. J’ai eu des joies incroyables au théâtre. Peut-être que je remonterai un jour sur les planches, mais pour le moment, mon spectacle, c’est Thonon Evian Grand Genève (rires) !

Seriez-vous capable de me citer, maintenant, dans l’ordre chronologique, et sans tricher, tous les clubs dans lesquels vous avez exercé ?
Je peux prendre une feuille et un stylo ? Alors (il écrit), SC Orange, entraîneur-joueur, en D3, AST Deauville… FC Grenoble… Non, je n’y arriverai pas, il y a quand même 40 ans de métier. Et oui Anthony !

  • La fameuse question subsidiaire
Photo TEGG

Meilleur souvenir d’entraîneur de votre carrière ?
J’espère qu’il n’est pas encore arrivé. Alors si, j’en ai des merveilleux, bien sûr. J’en ai un qui est fabuleux. C’est long à raconter : je viens de faire une belle saison en Ligue 2, et je pense que je vais avoir un gros club de Ligue 2 ou peut-être un club de Ligue 1, alors j’attends pour signer. Je me retrouve sans rien et quand je me réveille, je n’ai pas non plus de clubs de National ou CFA car tout le monde a repris. Je reçois un coup de fil, je crois comprendre que l’on me dit « C’est Maurice et Annie », alors qu’en fait, c’est la Mauritanie, vous avez entraîné Ahmed Dabo, et il dit que vous êtes le meilleur entraîneur qu’il n’a jamais eu ! Et là il me demande « Est-ce que vous seriez susceptible de venir entraîner en Afrique ? » Je dis « Pourquoi pas », et je pars en Mauritanie sans trop savoir où c’est, je fais 5 heures d’avion, là-bas je suis reçu comme un Milord, on discute, on se met d’accord, et je rentre en France. Et là, je vois que la Mauritanie est 188e mondiale ! 188e ! Derrière, il y avait juste le Liechtenstein, le Vatican et San Marin. Je me suis demandé ce que je venais de faire… Bon, finalement, je me dit, c’est une première expérience de sélectionneur national, de DTN, et je fonce ! J’essaie de faire une sélection, je trouve 20 joueurs valables, mais je n’arrive pas à bien voir le niveau, et Amara Traoré, qui entraîne Saint-Louis, au Sénégal, on fait un match amical, mais de manière informelle, on joue contre une D2 sénégalaise et on perd 6 à 0 (rires). Là, je me dit « Ouh la la ». Et par hasard, pendant une séance de l’équipe nationale, le ministre des Sports de la Mauritanie vient me voir, et m’amène un cabri, pour tout le travail que je fais. Je lui dit « Mettez-le sur le banc, pas comme remplaçant, mais parce que je suis à l’entraînement ! » Et là, il me dit qu’il a un neveu qui joue très bien au foot. Poliment, je lui réponds que pour le moment, je ne peux pas le prendre, que je le prendrai à la prochaine sélection, et je vois son neveu qui sort de la voiture, déjà habillé dans la même tenue que les joueurs de la sélection ! Je le prends, il n’est pas plus mauvais que les autres, même un peu meilleur. Je le garde dans le groupe. Le ministre est content, et il me vient une idée. Il y a eu le tirage du tour préliminaire de la coupe du Monde, Mauritanie-Zimbabwe, 45e nation mondiale. Je dis au ministre qu’il faudrait apporter un peu de professionnalisme à cette équipe, et je lui demande qu’il me fasse onze passeports mauritaniens. A l’époque, il n’y avait pas de loi. On pouvait faire ce que l’on voulait, par exemple, au Togo, ils avaient cinq Brésiliens. Je me suis servi de ce vide juridique pour faire venir 11 joueurs que j’avais entraîné en Ligue 2. Cela a fait un tollé général, je me suis fait traiter de tous les noms, et depuis ce jour-là, une loi oblige un joueur à rester au moins deux ans dans un même pays avant qu’il puisse le représenter. Et là, je n’avais plus la même équipe, et j’avais des joueurs que je connaissais, qui étaient habitués à ma façon de fonctionner, donc j’en mets 7 ou 8, je garde deux ou trois très bons Mauritaniens, et on reçoit le Zimbabwe et au bout de 17 minutes, on mène 3 à 0. Le président de la Fédération Zimbabwéenne descend des tribunes, vire son sélectionneur et se met sur le banc ! Incroyable ! En plus c’était une grosse équipe ! J’avais des joueurs comme Mohamed Benyachou (Nîmes), Ahmed Dabo bien sûr, Antonio Tavares (St-Maur), un Portugais, un mauritanien blanc et citoyen du monde. Tout le monde pleurait à la fin du match, je ne comprenais pas pourquoi, et le président me dit, « Noël, cela fait 14 ans que l’on n’a pas gagné un match ! ». A partir de là, j’ai crée deux académies de jeunes de 17-20 ans, avec les meilleurs jeunes mauritaniens, afin de les faire jouer dans le championnat mauritanien. La Mauritanie est ensuite passée de la 188e place à la 73e, elle a fait la Coupe d’Afrique des Nations, c’était inimaginable avant. J’ai pleuré moi aussi. Je crois que c’est un des plus grands moments de l’histoire de la Mauritanie. Des anecdotes comme ça, j’en ai à la pelle ! Je peux en raconter des centaines !

On veut bien le croire…

  • Le parcours d’entraîneur de Noel Tosi

1984 : Sacramento (Etats-Unis)
1985-1986 : Orange (D3)
1986-1988 : AS Trouville-Deauville (D4, DH)
1988-1992 : FC Grenoble (D3 et D2)
1992-1993 : FC Bourges (D2, adjoint d’Alain Michel)
1993-1994 : Amicale de Lucé (N3)
1994-1995 : SCO Avignon (DH)
1995-1996 : Nîmes Olympique (directeur du centre de formation)
1996-1997 : Stade Quimpérois (National)
1997-1998 : Montauban FC (N2)
1998-1999 : Dijon FCO (N2)
1999-2001 : Saint-Maur (N2, accession en National)
2001-2002 : FC Gueugnon (Ligue 2)
2002-2003 : US Créteil-Lusitanos (Ligue 2)
2003-2004 : Mauritanie (sélectionneur)
2004 : Angers SCO (Ligue 2)
2004 : RC Paris (National)
2004-2005 : Angers SCO (Ligue 2)
2006-2007 : Congo (sélectionneur)
2007-2009 : AS Cherbourg (National)
2009-2010 : Dijon FCO (directeur technique)
2010-2011 : Nîmes Olympique (Ligue 2)
2012 : JS Saint-Pierroise (La Réunion)
2012-2013 : AC Arles-Avignon (Ligue 2, adjoint de Franck Dumas puis entraîneur numéro 1)
2014 : US Le Pontet (N2)
2014-2016 : Monts d’Or Azergues Chasselay (N2)
2017 : FC Mulhouse (N2)
2018/2019 : Wydad Athletic Club Casablanca (D1 Maroc, manager général)
2019-2020 : AS Cherbourg (N3)
2020 : Jeunesse d’Esch (D1 Luxembourg)
2020/21 : FC Balagne (DH, manager général)
2022 : Africa Sports d’Abidjan (D1, Côte d’Ivoire)
2023 : Diables noirs de Brazzaville (D1, Congo)
2024 : GOAL FC (N2)
Depuis Janvier 2025 : Thonon Évian Grand Genève FC (N3)

  • Son parcours de joueur :

Gardien de but à Carpentras (DH), Avignon (D2), au Gazélec Ajaccio (D2), à l’US Bénédictins (La Réunion) et à Orange (D3).

Texte : Anthony BOYER / Twitter @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : Thonon Evian Grand Genève

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Le leader de la poule B semble filer tout droit vers le National mais la concurrence est rude avec un avion de chasse lancé à ses trousses, Bordeaux. Et si c’était la bonne année pour l’USSM ? Entretiens avec Gwen Corbin, le coach, et Fabrice Rolland, le DG.

Par Anthony BOYER / Photos : Philippe Le Brech

Les Malouins ont terminé l’année 2024 avec un bilan de 32 points en 14 matchs (9 victoires et 5 nuls). Photo Philippe Le Brech

(Reportage réalisé avant la défaite, la première en championnat, face au Stade Briochin à Marville, 1-2). Et à la fin, s’il ne reste qu’un seul club invaincu dans les cinq premières divisions françaises, ce sera peut-être l’US Saint-Malo ! Pour l’heure, les Malouins partagent ce « titre » symbolique, honorifique, avec le PSG (!) et Rousset, un club de National 3 situé à côté d’Aix-en-Provence (Rousset s’est incliné pour la première fois de la saison ce samedi 18 janvier, 3-2 à Alès). Jusqu’à la semaine dernière, ils étaient quatre. C’était avant que le FC Fleury 91 (N2) ne s’incline à domicile face au FC 93.

Rester invaincue, l’USSM se doute bien que cela sera compliqué, mais l’essentiel est ailleurs : 2e de N2 la saison passée derrière l’ogre Boulonnais, 5e il y a 2 ans, l’équipe entraînée par le « régional » Gwenaël Corbin, arrivé en février 2022 après 21 ans passés à la tête du FC Guichen (prononcez « Guichain »), au sud de Rennes, est sur une phase de progression dont la finalité logique serait d’accéder, pour la première fois de son histoire, en National.

A Blois, juste avant Noël, sur un terrain « difficile », les Bretons ont été menés au score mais ont su puiser dans leurs réserves pour égaliser, et partir en vacances sur une bonne note, bien installés en tête de la poule, avec 32 points en 14 matchs (2,3 points par match), avec 7 points d’avance sur Saint-Pryvé / Saint-Hilaire et 8 sur Bordeaux*. La fusée a décollé !

*Battue à domicile samedi 18 janvier par Saint-Brieuc, l’USSM compte désormais 5 points d’avance sur les Girondins, vainqueurs dans le même temps 2 à 0 face au Poiré.

Le stade de Marville de Saint-Malo, à l’Anglaise ! Photo Philippe Le Brech

La semaine dernière, le premier de leur deux matchs d’affilée à domicile, face à leur dauphin, a été reporté, la faute aux conditions météorologiques (le match contre St-Pryvé aura lieu samedi 1er février à 18h). Du coup, ce samedi, à 18h, ils recevront une équipe de Saint-Brieuc qui se présentera au stade de Marville avec le désavantage d’avoir livré une bataille mercredi en 16e de finale de coupe de France contre Annecy (qualification pour les 8es de finale aux tirs au but !). Forcément, la fraîcheur sera un élément à prendre en considération face à l’adversaire qui les avait éliminés de la coupe, au 8e tour, aux tirs au but.

Souvent placé, jamais gagnant, Saint-Malo veut capitaliser sur des années passées à construire et structurer. Et si demain le National arrive, le club sera prêt. Il veut aussi en finir avec cette réputation liée au contexte : parce qu’ici, la vie sur la Côte d’Emeraude est, comment dire, paisible. Propice au farniente, à la flânerie et à la rêverie. Saint-Malo, ville corsaire et historique, c’est le tourisme, les remparts, les balades intra-muros dans la citadelle, la mer, un panorama à couper le souffle… De quoi se « laisser vivre ». « Mais heureusement, à Saint-Malo, on travaille aussi beaucoup, coupe d’emblée Fabrice Rolland ». Le directeur général du club, arrivé en 2017, veut en finir avec ces raccourcis : le joueur ne vient pas ici en « vacances » ou en « touriste » !

Pour 13heuresfoot, « Gwen » Corbin et Fabrice Rolland se sont exprimés avant le premier match officiel de l’année 2025 contre Saint-Brieuc.

Fabrice Rolland : « Un club, c’est une histoire d’hommes »

Fabrice Rolland, le directeur général du club. Photo Bernard Morvan.

Directeur général depuis 5 ans mais présent au club depuis bientôt 8, où il est arrivé au poste de directeur administratif et financier, Fabrice Rolland (52 ans) a eu une vie avant le foot, même s’il était déjà dirigeant d’un club amateur entre Grenoble et Valence, à l’US Chattoise, à côté de Saint-Marcellin, en Isère, le département dont il est originaire. « Je connaissais les rouages du foot même si ce n’était pas au même niveau qu’à Saint-Malo, déroule-t-il; j’ai un parcours de chef d’entreprise, plutôt manager d’entreprise – Il a été directeur d’un centre de profit en services aux entreprises de 200 salariés sur 3 départements, et aussi directeur et gérant d’une société de sous-traitance industrielle de 40 salariés –, mais cet amour du football m’a guidé ».

« Un choix de vie »

Son arrivée à Saint-Malo ? « Un choix de vie ». Un choix de… seconde vie même. « Pour des questions personnelles et de souhait. Je voulais mêler expérience de management d’entreprise avec ma passion et ma connaissance du foot. Avant, j’étais dans un grand groupe national, dans les métiers de service, puis je suis retourné à la faculté de Lyon à l’âge de 43 ans pour y passer une licence de management des organisations sportives. Je me suis retrouvé avec quelques personnes comme moi, en reconversion, et avec des jeunes étudiants. Mais je n’étais pas en quête d’un diplôme : ma présence sur les bancs de la fac avait un sens. J’étais en quête de rencontres, de réseau, de concepts, d’outils, de connaissances. Je venais de perdre mes deux parents, c’était un cheminement personnel, intime même. Vous savez, la vie est constituée d’étapes. Là, cela a été une sorte de révélation avec une motivation très forte de ma part. »

« Se confronter aux enjeux du foot »

Contre les Girondins de Bordeaux, l’USSM avait été tenue en échec 1-1 à Marville en novembre dernier. Photo Philippe Le Brech

Ce goût pour le management, les organisations sportives, le développement et la structuration, il veut le mettre au service d’un club de football. « J’avais une attirance pour ce domaine-là. Je voulais me confronter à tous les enjeux du foot. L’année en fac a été riche. La finalité, c’était de savoir ce que j’allais faire de cette licence. J’avais développé une activité de conseil auprès des organisations sportives, sur la région Rhône-Alpes, avec l’objectif d’intégrer un club de foot en tant que salarié, de participer à un projet de niveau « national », dans un club qui avait de l’ambition, qui était déjà structuré, avec à sa tête des dirigeants sérieux, solides, chefs d’entreprises. Ce portrait-robot que j’avais dressé, je l’ai retrouvé dans l’annonce que j’ai découverte quand Saint-Malo s’est mis à la recherche d’un DAF ». Et voilà comment Fabrice Rolland s’est retrouvé en Ile-et-Vilaine, à près de 1000 kilomètres de chez lui ! « L’USSM cochait beaucoup de cases. J’ai postulé. Et j’ai mis les pieds pour la première fois à Saint-Malo en février 2017 ! Cela va faire 8 ans. »

Fabrice, comment décrirais-tu le club, en quelques mots ?
L’USSM compte un peu moins de 500 licenciés, avec deux équipes Elite, la N2 chez les garçons et la Seconde Ligue chez les filles. Il s’appuie sur un double projet masculin-féminin. Le club a 30 ans de présence dans le foot féminin et un véritable ADN pour ça. C’est un club qui se structure, qui poursuit son développement et sa professionnalisation. On a 54 contrats de travail dont 18 pour le staff administratif et la staff sportif, sachant que le staff sportif, c’est 14 salariés pour la N2, la Seconde Ligue et la formation. On a une structure assez légère sur la fonction support, avec un alternant en plus. On a investi sur la formation afin de tendre vers un projet pro, vers un meilleur niveau sportif chez les jeunes où, pour l’heure, nos équipes évoluent au niveau Régional. L’objectif est de les former pour les emmener ensuite vers l’équipe réserve, actuellement en tête de sa poule en Régional 1. La réserve, championne de son groupe en R1 la saison passée, est composée à 60 % de jeunes formés au club; le reste provient d’un recrutement plutôt régional. Chez les féminines, notre réserve est aussi en R1. »

« Ici, il y a une attente »

Une équipe N2 chez les garçons, une autre en Seconde Ligue chez les filles : vous avez peu d’équivalents en France…
Il y a aussi le FC Fleury 93, avec les garçons en N2 mais les féminines sont en D1 Arkema. Nous, on arrive juste derrière. Sans oublier Thonon-Evian, même si les garçons sont descendus en N3. C’est du haut niveau dans sa globalité d’offre.

Le milieu de terrain Alexandre Leroyer. Photo Philippe Le Brech

Comment se passe la cohabitation filles/garçons ?
L’acceptation voire l’adhésion du football féminin ne va jamais de soi. Ce n’est jamais évident. On a beaucoup travaillé là-dessus et progressé en interne. Il faut dire aussi que tout se passe sur un même lieu et ça, c’est très positif et propice à l’ouverture vers le foot féminin. Tout le monde se croise, les gens, les staffs, les joueurs et les joueuses se parlent, échangent… Le projet féminin a du coup gagné en légitimité de par cette proximité. Le risque, dans nos structures, est de penser que l’un joue contre l’autre, que l’un va au détriment de l’autre : parfois, c’est des questions que l’on a pu avoir. On a essayé de lever ces doutes-là, avec une approche budgétaire analytique. On a développé le modèle économique féminin pour que les deux budgets soient indépendants, pour que l’un ne pèse pas sur l’autre. Cela a aidé à favoriser une cohabitation saine, à favoriser les passerelles, même si je pense qu’il faut toujours faire un peu plus. On voit bien aujourd’hui que dans certains projets professionnels, quand des difficultés économiques se présentent, la variable peut vite devenir le foot féminin. Mais notre lieu unique a certaines limites, comme comme le manque de terrains ou de disponibilités.

Récemment, un classement a montré que l’USSM était, avec 1500 spectateurs de moyenne, la 2e affluence de National 2 derrière Bordeaux…
A Saint-Malo, il y a une attente. On a un vrai stade de foot, qui a une âme, avec une belle atmosphère. On a un public qui est fidèle, familial, qui peut certes manquer de ferveur dans les encouragements, avec des spectateurs plutôt que des supporters, mais au fond d’eux, ils ont cette vraie passion pour leur club. C’est juste qu’ici, les gens l’expriment moins. Cela tient du fait de la sociologie de la ville, de l’environnement propre au territoire. On est vraiment sur une terre de football, il y a une vraie passion qui est plus de l’ordre de l’intime, avec une vraie fidélité, un public qui s’élargit au gré des rendez-vous, comme contre Dinan-Léhon, le derby qui attire beaucoup de monde, ou alors la venue de Bordeaux, qui va plus s’apparenter à un public de coupe de France, comme on l’a vu (2500 contre les Girondins en novembre dernier). On a une croissance de notre audience due aussi à nos résultats – le succès attire le succès -, ce qui permet de gagner 10 ou 20 % de public. On a vu un public un peu plus jeune contre Avranches aussi, la tribune a fait un peu plus de bruit. Et puis, il y a ce que dégage l’équipe, une vraie solidarité, un vrai engagement, une vraie force collective, tout ça combiné à du jeu… Parce qu’ici, les gens aiment voir du foot un peu léché mais avec de l’engagement. Cela correspond aux valeurs d’une ville portuaire, où il y a une vraie identité, une vraie histoire. Les gens peuvent se reconnaître dans cette équipe, dans ces mecs qui donnent sur le terrain.

« Notre engagement pour le foot féminin est fort »

L’équipe féminine de Seconde Ligue de l’USSM. Photo Philippe Le Brech

Et l’affluence chez les filles ?
C’est plus difficile, on fait 100 ou 200 personnes quand on en fait 1300 ou 1400 chez les garçons. Pourtant, on essaie de promouvoir les matchs mais on pâtit d’un programme assez aléatoire, on joue le dimanche, parfois à midi, parfois à 13 h ou 14 h 30, on s’adapte aux demandes adverses pour des questions de logistique (transports), ce sont d’ailleurs des demandes que nous faisons également quand on se déplace. Il n y a pas de rendez-vous clé comme en National ou en N2, et puis, je le disais, il faut faire plus. On a 27 % de nos licenciés qui sont des féminines et on approche les 25 % de budget, donc le poids et l’engagement du foot féminin à l’USSM est fort, alors que dans les clubs pros, même si les échelles de grandeur ne sont pas les mêmes, c’est plutôt de l’ordre de 1 à 3 %.

Justement, quel est le budget de fonctionnement du club ?
Il est de 2,9 millions d’euros cette année. On a dû aller chercher 300 000 euros de budget supplémentaire afin d’accéder en Seconde Ligue féminine et au regard des contraintes du cahier des charges, qui sont fortes : on a notamment triplé notre budget déplacement sur la Seconde Ligue.

Est-ce que tu as un modèle de club ?
J’aime bien m’inspirer, regarder ce qui se fait ailleurs, mais transposer des modèles, c’est difficile, parce qu’un club, c’est une histoire d’hommes et de contexte. Notre quête, c’est de créer notre propre modèle, sans fausse modestie mal placée. C’est pour cela que l’on travaille à structurer le club qui, je le rappelle, est porté dans son budget à 75 % par 220 partenaires privés, ce qui est énorme. Et puis, il ne faut pas oublier que ce club est aussi porté par deux hommes qui sont arrivés il y a 18 ans, Roland Beaumanoir, le président d’honneur, et Yves Fantou, le président du conseil d’administration. Les bases sont là. Le budget, porté par un tissu économique qui nous permet d’avancer dans notre projet, est en progression d’année en année. C’est pensé et réfléchi.

« On est focus sur les 16 dernières étapes »

Ne pas monter en National en fin de saison serait un échec ?
Je ne veux pas envisager ce scénario-là, parce qu’on travaille pour ça. Idem pour la défaite, que l’on essaie de sortir de notre logiciel : on l’a vu à Blois avant Noël, où les gars sont allés chercher le match nul dans des conditions difficiles, sur un terrain difficile. On est invaincu, c’est une très bonne chose. Mais on a une concurrence particulière cette année avec l’arrivée dans notre poule d’un club exceptionnel, Bordeaux. On a fait une première partie de saison exceptionnelle et très forte en termes de ratio points / match (2,30). On sait que tenir toute la saison sera difficile mais c’est notre objectif, il reste 16 étapes, on est focus là-dessus.

Le milieu de terrain Sofiane Barroug. Photo Philippe Le Brech

On voit bien que la progression est constante depuis l’arrivée de Gwen Corbin, en février 2022 : est-ce à dire qu’il y a eu des erreurs de casting avec les coachs précédents, on pense à Grégory Poirier et Fabien Pujo ?
L’élément de contexte est toujours très important pour comprendre une réussite ou une non réussite. C’est valable pour un joueur aussi. C’est une question de temporalité, de lieu, d’hommes, d’environnement… Pour en revenir aux expériences de Greg et de Fabien, on a bien vu que ces garçons-là ont réussi ailleurs, à d’autres moments, dans d’autres contextes. Il y a eu des éléments qui ont mal été appréhendés, par nous. Mais c’est plus complexe qu’une erreur de casting. Est-ce que c’était le bon moment, le bon contexte, la bonne approche, les bonnes décisions pour accompagner leur arrivée ? Il faut analyser en interne ces choses-là, prendre du recul. Mais au-delà des coachs, il y a eu aussi un recrutement de joueurs qui a été beaucoup plus large, un gros renouvellement d’effectif, ça aussi, ce sont des éléments de contexte, et quand l’alchimie ne se créé pas, les choses deviennent beaucoup plus difficiles. Et dans ces moments-là, peut-être que l’approche culturelle peut avoir son incidence. C’est multi-factoriels. La Covid est arrivée quand Greg était là, donc l’expérience n’a pas été aboutie. Et avec Fabien, il y a eu beaucoup de personnes aussi qui sont arrivées d’horizons divers, de renouvellement d’effectif. L’alchimie a aussi été très dure à obtenir et là, l’élément de connaissance de l’environnement, que cela soient les suiveurs, le public, les partenaires, les dirigeants, et bien tout cela fait que quand on a moins d’histoire commune, cela peut être plus difficile dans les moments tendus.

« Etre bien dans un environnement est facteur de performance »

Toi aussi, à titre personnel, tu as rencontré des difficultés d’adaptation ?
J’ai eu une adaptation très facile. On est dans un environnement très sain, avec des hommes à la tête du club qui m’ont très rapidement accordé leur confiance et donné de l’autonomie au quotidien, c’est facilitateur. Et puis il y a une qualité de vie appréciable à Saint-Malo.

L’attaquant Raphaël Gerbeaud. Photo Philippe Le Brech

Justement, cette qualité de vie n’a-t-elle pas été un frein aux ambitions du club ?
C’est vrai que cela pose parfois des interrogations, parce que la qualité de vie de vie ici est telle que l’on peut penser qu’il y a un risque de tranquillité. Moi je pense justement qu’être bien dans un environnement est un facteur de performance. Quand on est joueur, qu’on est en couple, que l’on a déjà une petite famille, arriver à Saint-Malo est un facteur favorisant la performance, même s’il y a d’autres leviers à aller chercher par rapport à d’autres environnements « plus durs »; à Saint-Malo, l’environnement est différent : il faut aller chercher la motivation. Mais être dans un club sain, structuré, où les gens sont solides, y compris quand on joue le maintien en N2 à la dernière journée comme il y a 3 ans, c’est un plus.

Cette solidité et cet environnement doivent être un facteur de réussite et de performance collective, de développement du club pour porter le projet que l’USSM mérite. A Saint-Malo, il y a une forme de citoyenneté qui se perd ailleurs, dans la société. C’est un environnement propice et sain. C’est comme ça que je le ressens. Quand on recrute, il faut tenir compte du contexte. Il y a vraiment des éléments multi-factoriels qui viennent conditionner la durée ou la réussite ou non d’un projet.

Ces éléments, vous les avez pris en compte au moment de choisi Gwen Corbin en février en 2022 ?
Son arrivée a aussi été un choix de revenir à des fondamentaux, de s’appuyer sur quelqu’un qui connaît bien l’environnement régional, qui a une fraîcheur dans ce milieu, parce qu’il a tout fait et tout construit, patiemment, à Guichen, où il a surperformé. Son engagement est total, et ça, on le trouve moins chez certains profils. Etre rattaché au territoire, à l’identité et à la connaissance de l’environnement, c’est un des facteurs de performance.

Gwenaël Corbin :

« Maintenant, il va falloir surperformer ! »

Gwenaël Corbin a passé 21 ans au FC Guichen, près de Rennes, avant d’arriver en février 2022 à Saint-Malo. Photo Philippe Le Brech

Au stade de Marville, tout le monde l’appelle « Gwen ». « Même moi, j’ai l’impression de m’appeler Gwen ! Et quand on m’appelle Gwenaël, ça me fait bizarre » plaisante l’entraîneur malouin (50 ans), arrivé à l’USSM en février 2022 pour une opération maintien.

Le parcours du natif de Granville, dans la Manche, est assez simple : il joue jusqu’à l’âge de 14 ans dans le club de sa ville puis part au centre de formation de Rennes, qu’il ne quittera plus : « Je me sens plus Rennais que Granvillais. D’ailleurs, j’habite toujours à Rennes ».
Au Stade Rennais, le numéro 8 est aspirant, stagiaire-pro puis pro : « Je suis resté jusqu’à l’âge de 21 ans, avec une deuxième partie de saison en 1994-95 et une autre en 1995-96 comme pro. J’ai eu Yves Colleu, un très bon formateur, Patrick Rampillon, le directeur du centre, ou Michel Le Milinaire. A 17 ans, je faisais mes premiers matchs en réserve, en Division 3 à l’époque. »

Titulaire à une seule reprise en Division 1, à La Meinau, contre Strasbourg, en août 1995 (défaite 3-1), aux côtés de Wiltord, Carteron, Ziani ou encore Cyprien, ils quitte le club breton en 1996 pour Angoulême, en National. Mais des blessures à répétition mettent prématurément un terme à sa courte carrière, laquelle se dessine rapidement du côté des bancs de touche. « A Angoulême, j’arrêtais, je reprenais, je me refaisais mal… J’ai dû arrêter. »
Il tente une dernière expérience en CFA, à Pontivy, où il rejoint un pote croisé au centre à Rennes, Gilles Séro : « J’ai essayé de reprendre là-bas, mais je n’ai pas joué, ou très peu ».

Le magicien du FC Guichen, où il a passé 21 saisons, s’est confié sur ses presque trois ans à la tête de l’équipe de National 2 de l’USSM, qu’il avait rejoint en cours de saison, en février 2022, en remplacement de Fabien Pujo. Les « Diables noirs » étaient alors en grosse difficulté dans leur championnat – premier relégable – et ne s’étaient maintenus qu’à l’ultime journée. Depuis, le club surfe sur la vague des bons résultats (5e en 2023, 2e en 2024, 1er à la trêve cette saison). Entretien avec un grand bavard qui, étonnamment, avoue ne pas avoir une grande confiance en lui…

Gwenaël Corbin, sous le maillot du Stade Rennais. Photo Philippe Le Brech

Gwen, un seul match en D1 : que vous a-t-il manqué pour faire une carrière pro ?
Sur la fin à Rennes, j’ai eu un gros problème au nerf sciatique, qui a duré 2 ans. C’est une des raisons. De toute façon, je pense que je serais arrivé à maturité sur le tard, comme disaient mes entraîneurs, car je n’avais pas une grosse confiance en moi même si j’avais des qualités. J’ai signé à Angoulême en National à 21 ans mais je me suis claqué sept fois car mon nerf s’est aggravé, j ‘ai arrêté deux ans, j’ai vu des dizaines de médecins et spécialistes, je l’ai vécu comme un deuil, parce que j’étais passionné de foot, je ne pouvais pas faire un footing, rien. Passer de quasiment dix séances par semaine à ne plus pouvoir faire du sport, ni même conduire, ou alors en mettant la jambe gauche sur la pédale d’accélérateur plutôt que la jambe droite parce que la douleur est là… c’est difficile. Mais ça m’a forgé mentalement et ça me sert encore aujourd’hui, dans les moments difficiles. Cela a été dur aussi au niveau psychologique parce que quand on fait du sport, on sécrète des hormones, et là, mon corps me réclamait quelque chose que je ne pouvais pas lui donner, et ça me rendait dingue.

C’est pour ça que, très tôt, vous avez passé vos diplômes pour devenir entraîneur…
Oui. Parce que j’ai compris que jouer au foot serait derrière moi. C’est juste dommage car je n’ai pas pu profiter de tout ce que j’ai appris pendant mes années de formation. Après, je ne sais pas quelle carrière j’aurais fait. J’avais des qualités techniques, des qualités de perception de lecture du jeu aussi mais peut-être que j’aurais été freiné sur le plan athlétique. Mais comme ma passion, c’est le foot, dans ma tête, c’était clair : j’avais une appétence pour le coaching. Quand j’étais jeune, les coachs s’appuyaient déjà sur moi pour faire le relais et moi, j’avais ce regard sur les séances, j’essayais de percevoir où les entraîneurs voulaient en venir, comment ils les emmenaient à réussir les exercices… En fait, j’avais cette envie de transmettre.

Imprégné du Stade Rennais

Gwenaël Corbin, le coach. Photo Philippe Le Brech

Malouin d’adoption et Rennais de coeur ?
Rennais d’adoption ! Le Stade Rennais est mon club de coeur, quasiment le seul que j’ai vraiment connu, donc évidemment je le suis depuis une trentaine d’année. Mon épouse est Rennaise, je l’ai rencontrée quand j’avais 17 ans. Je me sens complètement rennais, je regarde les matchs, j’en rate très peu, et dès que je peux, je vais au Stade, je connais toute l’histoire du club depuis 1988, quand j’y suis arrivé !

Du coup, les coachs côtoyés, notamment au Stade Rennais, sont source d’inspiration…
Inconsciemment, ce sont des choses qui restent, c’est évident, j’ai été imprégné. J’ai pris le coté joueur de Colleu, la proximité et la façon qu’il avait de parler à ses joueurs. J’ai pris aussi de l’exigence de Rampillon, j’en ai laissé aussi (rires) ! Mais on doit aussi rester soi-même et c’est pour ça que je me documente, que je m’informe. Il faut garder son naturel même s’il y a des choses à prendre partout. De la à dire que j’ai fait un copier-coller des coachs que j’ai eus, non.

Clément Milon, le gardien. Photo Philippe Le Brech

Avant votre arrivée à Saint-Malo, vous avez passé 21 ans au FC Guichen. 21 ans, c’est rare…
En fait, quand j’ai arrêté de jouer pour passer mes diplômes, j’ai eu la possibilité d’intégrer le centre de formation de Rennes comme éducateur, même si je souhaitais plutôt prendre un club où il n’y avait pas grand-chose afin d’en faire quelque chose. Je voulais construire, avoir un peu les mains libres : à 25 ans, Patrick Medjo, avec qui je passais mes diplômes, me dit que Guichen cherche quelqu’un, et c’est parti comme ça !

A votre arrivée au FC Guichen, vous n’avez pas immédiatement pris en charge les seniors…
Non, je faisais deux séances U11, deux séances U13, etc. J’ai vraiment commencé par la base. J’ai pris les seniors en 2003-2004. Quand je suis arrivé, en 2001, le club était au niveau équivalent du Régional 3 aujourd’hui, on est allé deux fois jusqu’en CFA2 (N3).

« A Guichen, je me suis peut-être un peu sacrifié »

21 ans, tout de même, c’est long. N’avez-vous jamais songé à partir ?
Je me suis posé plusieurs fois la question. On me disait souvent « c’est dommage, tu as des qualités pour entraîner au-dessus »… Bon, moi, je ne suis pas quelqu’un qui a une grande confiance en lui. Entraîneur, il ne faut pas croire, ce n’est pas toujours facile. Donc j’ai toujours privilégié l’aspect familial, voilà. C’était mon choix. Je me suis peut-être un peu « sacrifié », et encore, ce mot est un peu fort, mais je ne voulais pas que le foot devienne une priorité, parce que je connais le fonctionnement de ce milieu. Cela m’a peut-être couté un poste ailleurs, même si j’avais quand même identifié quelques clubs pas trop loin de Rennes, susceptibles de m’intéresser. Il y en avait très peu.

A Guichen, c’était la galère à chaque fois qu’on est monté en N3; par exemple, j’avais 100 euros à donner aux joueurs… Il fallait que j’arrive à les convaincre, à les faire progresser. Je m’étais toujours dit que si je devais changer de club, ce serait pour éviter la galère si on devait être amené à monter. C’est pour ça que Saint-Malo m’intéressait. C’est un très bon club, structuré, à travers les gens qui sont en place et qui, je pense, peut évoluer et accompagner un projet.

A votre avis, pourquoi Saint-Malo a pensé à vous en 2022, quand ça allait mal ?
Il faudrait poser la question aux dirigeants (rires) ! Quand je suis arrivé le 15 février 2022, le club était dans une situation sportive extrêmement compliqué, l’ambiance était particulière, tous les joueurs ne s’appréciaient pas forcément, il y avait eu des erreurs de casting.

« Le club a dû faire des choix humains pas simples »

Le milieu de terrain Lucas Daury. Photo Philippe Le Brech

Vos deux prédécesseurs n’étaient pas des « régionaux » : vous pensez que cela a joué dans leur intégration ?
Fabien (Pujo) venait du sud de la France, Grégory (Poirier) aussi. Après eux, le club avait peut-être besoin de retrouver quelqu’un du sérail, de la région, qui allait essayer de ramener un peu de sérénité là-dedans. Il devait y avoir un peu de ça. Parce que je sais que les staffs précédents avaient subi quelques critiques, et pourtant, on sait très bien que Fabien et Greg sont deux très bons entraîneurs, la preuve aujourd’hui. Mais l’environnement n’est pas simple à appréhender à Saint-Malo. C’est un club avec 220 partenaires privés, c’est énorme, dont des entreprises très importantes.

Il y a une section féminine aussi, avec des choix de clubs à faire, des gens qui sont pour le foot masculin, d’autres pour le foot féminin. Cela fait 13 ans que le club est en N2, il y a eu une attente, peut-être qu’il y a eu des erreurs de communication, qu’on est passé pour un club très ambitieux, parce que parfois on a parlé trop haut, mais c’était aussi un problème d’interprétation. Et puis, au club, derrière, il y a monsieur Roland Beaumanoir (fondateur et PDG du groupe éponyme, géant français de la distribution mode, prêt à porter et textile), donc ça fait parler. Le club a dû faire des choix humains aussi (joueurs, staff, dirigeants) pas toujours simples mais indispensables afin de travailler dans la sérénité. Parce que l’intérêt du club doit rester au-dessus de tout.

J’ai cet avantage, par rapport à certains entraîneurs, c’est que je me suis formé par moi-même. J’ai toujours beaucoup donné. Je suis allé chercher les informations. Je connais les composantes d’un club de A à Z. Je sais que les bénévoles sont importants, je sais comment fonctionnent les partenaires, les éducateurs, le respect doit être partout, et c’est souvent ce qu’on oublie, or ça vaut de l’or… J’ai fait cette démarche d’intégration, c’est tellement important : si je n’avais pas fait tout ça, je ne serais peut-être plus l’entraîneur de Saint-Malo. En fait, la clé d’un club repose sur l’entente entre le président, le directeur général et le coach, avec en plus, à Saint-Malo, un monsieur comme Roland Beaumanoir. On se fait tous confiance, on s’entend bien et c’est beaucoup plus important que plein de choses.

Le capitaine Edouard Daillet. Photo Philippe Le Brech

Et ce fameux « contexte » Saint-Malo, dont le club s’est affranchi…
C’est ça, on est bien à Saint-Malo, il y a la mer, la plage, les joueurs sont dans un cocon, un confort, on vit bien, c’est tranquille. Il y a tout ces aspects-là aussi : quand je suis arrivé, c’était le constat. Non mais sincèrement, aujourd’hui, l’ambiance est plus saine, plus sereine, même si je sais qu’en disant cela, au moindre mauvais résultat, on va me le renvoyer comme un boomerang. Quand je suis arrivé, je n’avais pas de légitimité, on a même dû se demander « c’est qui le guignol qu’on a mis là ? », et c’est normal, je n’avais jamais entraîné à ce niveau-là. Néanmoins, je pense que j’ai gagné en crédibilité et puis j’ai les mains totalement libres aujourd’hui.

« J’aime avoir une base solide »

Le style de votre équipe, c’est quoi ?
On est plutôt une équipe dominatrice, de possession, même si contre Bordeaux, le match auquel vous avez assisté, c’était moins ça. On rencontre beaucoup de blocs bas, on travaille là-dessus. On n’est pas du tout une équipe de contres. J’aime bien construire mon équipe à partir d’une base solide. Il faut un socle pour solidifier l’équipe et, une fois qu’on l’a trouvé, c’est toujours mieux d’avoir le ballon, on prend plus de plaisir. Donc si on peut avoir des joueurs de qualité pour faire des différences dans les 30 derniers mètres, c’est mieux. Je n’ai pas eu cette richesse-là à Guichen où je me suis toujours adapté. Ici, on a une équipe très joueuse, mais cela ne veut pas dire qu’elle ne doit pas courir (rires). Je dis ça parce que cela a souvent été le défaut de Saint-Malo (rires) !

Daillet fait l’acrobate entre Heinry et Bourrag. Photo Philippe Le Brech

Depuis votre arrivée, l’équipe ne cesse de progresser : comment l’expliquez-vous ?
En juin 2022, une fois le maintien assuré, on a gardé 5 joueurs de l’effectif sur 24 joueurs. Donc on a tout reconstruit. On a refait un effectif pour pas se faire peur, avec des joueurs ayant une certaine maturité. On a fini 5e. Puis on a renouvelé l’effectif d’un tiers la saison suivante afin de repositionner Saint-Malo dans un bon top 5 et on a fini 2e derrière Boulogne. Cette saison, on a changé 7 joueurs, on a un groupe avec des jouables fiables, bien humainement, qui ont progressé pour certains. Peut-être qu’il nous faut maintenant aller chercher ceux qui vont nous faire passer de la 2e l’an passé à la 1re place cette année (rires) ! (le club vient de s’attacher les services de l’attaquant du FC Versailles en National, Djibril Bangoura, Ndlr)

Dans votre poule, on ne parle que de la concurrence de Bordeaux, alors que Saint-Pryvé est votre dauphin et réalise une saison exceptionnelle…
Saint-Pryvé, on l’a vu avec Baptiste (Ridira, aujourd’hui à Dijon, en National) les saisons précédentes, et on le voit cette saison avec Mathieu Pousse, qui était son adjoint, fait un travail remarquable. Il est dans la continuité. Ils font toujours des bons coups dans le recrutement et ils arrivent à conserver des joueurs importants. Et puis, quand je vois leur milieu de terrain, avec Fortunato, Gope-Fenepej, Galas, et devant, Mendes et Gautier (il cite les joueurs un par un), waouh, c’est pas mal ! Ils ont toujours une bonne base derrière, ils maîtrisent leur 4-4-2 losange à la perfection, ils ont de la régularité, de la stabilité, ils sont malins. Et ils prennent beaucoup de points à domicile, parce que le contexte est particulier là-bas : on en parle souvent entre nous, ce n’est pas le terrain le plus agréable à jouer. Avec Blois, ce sont les deux terrains les plus difficiles.

Ne pas monter en National en fin de saison, ce serait une déception ?
Euh… sincèrement oui. On tourne à une moyenne de points qui est supérieure à 2,28, c’est énorme, donc si le championnat s’était arrêté aujourd’hui, on mériterait de monter, mais on a un avion de chasse derrière nous aussi (Bordeaux), qui continue de recruter, et qui va finir la saison avec un effectif qui n’a rien à faire en National 2, la réalité elle est là. Donc voilà. On a performé jusqu’à maintenant, mais j’ai envie de dire qu’en deuxième partie de saison, il va falloir surperformer, waouh ! Parce qu’on n’est pas dans un championnat normal, de par la présence de Bordeaux. Mais il va quand même falloir venir nous chercher !

Texte : Anthony BOYER / Twitter @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos :  Philippe Le Brech

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