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Révélé en National à Bayonne, l’ex-entraîneur de Boulogne, Villefranche et Bourg-Péronnas, est sans club depuis début mars. Le Basque d’adoption a beaucoup de choses à confier, au point d’être parfois dans l’introspection. Installez-vous dans le canapé, voici Alain Pochat à coeur ouvert !

Photo FBBP01

« C’est incroyable ! »
Alain Pochat est en visio, depuis son domicile, à Péronnas, en périphérie de Bourg-en-Bresse. Le coach, évincé de son poste d’entraîneur du FBBP 01 le 6 mars dernier, le répète une seconde fois : « C’est incroyable ! ».

Avec le FC Villefranche Beaujolais, son aventure avait pris fin en janvier 2021 après un match contre Annecy, le club … de sa ville natale !

Avec Bourg-Péronnas, son aventure a pris fin après un match face à … Villefranche, son précédent club, celui qu’il avait fait grimper de N2 en National en 2018 et hisser jusqu’en 8e de finale de coupe de France en 2019 face au PSG (0-3 après prolongation).

Alors si ça, ce n’est pas incroyable !! « C’est incroyable ! C’est mon épouse qui m’a fait remarquer ça, raconte Alain Pochat, encore un peu sonné par le poids de ces deux histoires, visiblement marqué par leur issue.

« Annecy, ça a été un peu ma bête noire, sauf la première saison en CFA avec Villefranche (2017-18), on avait terminé devant eux et devant Andrézieux et on était monté mais en National. Deux ans après, on les a retrouvés en National, on avait eu des matchs compliqués contre eux, je me souviens d’un match aller là-bas, sur le stade de rugby, derrière le Parc des sports, qu’on avait perdu (1-0). »

Le buzz en coupe de France

Depuis un peu plus de trois semaines, Alain Pochat (55 ans) est un entraîneur libre. Un repos forcé après son éviction de Bourg-en-Bresse/Péronnas, où il avait succédé à Karim Mokeddem en février 2021.
A l’époque, il venait tout juste de voir son aventure avec Villefranche s’achever, de manière brutale, après un match contre Annecy qui lui avait été fatal (il avait écopé d’une suspension de 8 matchs).

C’est aussi à Villefranche qu’il avait, sans le vouloir, crée le buzz, lors d’un 8e de finale de coupe de France face au PSG, au Groupama Stadium de Décines : une caméra d’Eurosport l’avait filmé sur le bord du terrain, en train de pester contre le comportement des joueurs du PSG. « On ne peut pas toucher les joueurs. Ils vont voir à Manchester s’ils ne vont pas se faire soulever… Il a raison Laurey ».

« Ah, ça ne m a pas apporté que des choses positives, mais bon…, raconte-t-il; je me suis fait piéger un peu bêtement, il y avait une caméra caché derrière le banc des délégués, parce que vous savez, au Parc OL, il n’y a pas de banc de touche, les coachs sont derrière. Sur le coup, j’ai lâché une réflexion qui m’a mise sous pression (rires) ! C’est arrivé juste après l’affaire Laurey-Neymar avec Strasbourg. Si Thierry Laurey m’a envoyé un message après ça ? Non, non (rires) ! »

Allez allez, les Bleus et Blanc de l’Aviron Bayonnais !

Photo FBBP01

Pour beaucoup, Alain Pochat est celui qui a fait grimper Bayonne en National il y a 15 ans déjà. Pour beaucoup, il est ce Basque au sang chaud, qui trépigne devant son banc.

Pourtant, peu de gens le savent, l’homme est un … Haut-Savoyard ! « Je suis né à Annecy, c’est vrai, mais pour des raisons familiales, on a dû partir au Pays Basque quand j’avais 2 ans. Annecy, j’y ai encore de la famille, j’y retournais à Noël et pendant les vacances, mes racines sont là-bas, mais j’ai grandi au Pays Basque, c’est là que j’ai passé ma jeunesse, j’y ai mes amis, ma mère, la famille de mon épouse aussi. Je suis Bayonnais ! Avec le Racing, l’Aviron Bayonnais est un des plus vieux club omnisports en France, il est ancré dans l’histoire du Pays Basque. Je connais les paroles de l’hymne de l’Aviron, mes gamins aussi, on a souvent joué au stade Jean-Dauger de Bayonne, c’est une vraie cocotte minute, d’ailleurs, j’y suis allé récemment, pour un match du Variétés club de France, c’était exceptionnel. »

C’est donc dans les Pyrénées-Atlantiques, « aux Croisés de Bayonne », qu’Alain commence le football en jeunes, avant de basculer à l’Aviron en seniors : « Quand j’étais étudiant à Bordeaux, j’ai joué au Racing-club de Bordeaux et à l’AS Ambarès, à côté de Bordeaux. Et après, je suis revenu jouer à Bayonne. J’ai fait l’UEREPS (STAPS aujourd’hui), je suis allé jusqu’au DEUG, avant la licence, et après j’ai arrêté pour passer les concours d’ETAPS (Educateur territorial des activités physiques et sportives) pour être éducateur sportif en mairie, à Bayonne. C’est ça qui m’a permis de bouger ensuite dans ma carrière de coach, parce que ce n’était pas très rassurant, surtout vis à vis de la famille, de partir dans ce métier-là. Grâce à mon poste en mairie, j’ai pu être détaché pendant longtemps à Bayonne pour ne faire que du foot, puis je me suis mis en disponibilité pendant 10 ans, en 2013, d’ailleurs, là, j’arrive au bout de mes 10 ans; cela me faisait une sécurité si cela ne se passait pas bien. C’est pour ça que j’ai pris le risque, entre guillemets, de partir dans d’autres clubs. Sinon, j’aurais hésité. Honnêtement, je ne me vois pas retourner dans la fonction publique, je préfère essayer de trouver un projet. De toute façon, il faut que je prenne une décision maintenant, sinon, je vais « perdre » le poste. »

« J’ai eu la chance de rester assez longtemps dans les clubs où je suis passé »

Après 13 saisons passées à l’Aviron, là où il a entamé sa carrière de coach en seniors, d’abord avec la réserve puis aux côtés de Christian Sarramagna en équipe fanion (il avait déjà entraîné des jeunes aux Croisés de Bayonne), Alain Pochat a ensuite posés ses valises au Maroc pendant un an, puis à Boulogne-sur-Mer, Villefranche et enfin Bourg-en-Bresse/Péronnas.

« Avec Bayonne, cela a vraiment été une grande aventure. Je suis encore en contact avec certaines personnes du club, comme mon ancien capitaine Michel Bidegain, qui est expert comptable et qui siège au comité directeur. Je connais quelques joueurs comme Jordan Chort. J’ai quand même eu la chance de rester assez longtemps dans les clubs où je suis passé, 3 ans à Boulogne, 4 ans à Villefranche, il y a eu l’escapade au Maroc aussi, 2 ans à Bourg… En ce moment, en National, ça bouge ! »

INTERVIEW

« Les gens ont vu que je n’étais pas une mauvaise personne »

Photo FBBP01

Alain, comment ça se passe la vie sans club ?
Pas facile. D’un seul coup, on est à l’arrêt. Mon épouse travaille, mes enfants sont à l’école. On se retrouve un peu tout seul. Il faut arriver à s’occuper intelligemment.

Du coup, je fais un peu plus d’activités sportives, pour m’entretenir physiquement. Cela fait du bien au corps et à la tête. On fait des choses qu’on n’a pas le temps de faire quand on est en fonction dans un club, comme prendre du temps pour soi. Je prend des cours d’anglais car je suis très en retard dans ce domaine. Je remets mon CV à jour. Je peaufine et j’améliore mon projet de jeu, en me servant de mon passage au BEPF, et en même temps, j’essaie de trouver un projet pour la saison prochaine.

Il faut que les journées soient bien remplies parce que sinon, on peut vite tourner en rond. Quelque part, c’est une remise en questions aussi, il faut être honnête. On se pose plein de questions.

Votre aventure à Bourg-Péronnas vient de se terminer : considérez-vous que c’est un échec ?
Un échec ? Oui et non. Quand j’arrive en février 2021, on est relégable. On maintient le club (9e) et à un moment donné on n’est pas loin de se rapprocher de la place de barragiste, mais on perd un match charnière chez nous contre Orléans.

L’an passé, on a fait une très belle saison (6e), surtout qu’on est passé en quelques mois d’une équipe qui a sauvé sa peau en National à une équipe qui a joué la montée en Ligue 2. Franchement, c’est pas mal quand on connaît la difficulté de ce championnat et le nombre de clubs qui veulent monter; ça ne s’est pas joué à grand chose, on a un peu craqué sur la fin.

Et puis cette année, avec les six descentes, la pression est devenue énorme, on le voit bien, 11 coachs ont été licenciés dans notre championnat. Et puis, l’été dernier, on a été rétrogradé par la DNCG à l’intersaison, ce qui a eu un impact sur la masse salariale, sur le recrutement, sur plein de choses qui ont changé les ambitions du club. C’est toujours frustrant de quitter le navire en route mais je retiens les bons côtés de ce qui s’est passé à Bourg.

« J’ai appris des mes deux années à Bourg »

A Noël, le président du FBBP01, David Venditelli, vous avait conforté dans la presse : sentiez-vous un épée de Damoclès au-dessus de votre tête ?
Ce n’est jamais bon ça, hein, d’être conforté (rires). Le président est venu à Bourg pour retrouver le monde pro, il l’a dit clairement. Après, c’est une question de patience, mais c’est pas simple, vous voyez bien comment est le championnat cette saison : qui aurait dit que Martigues serait premier alors qu’il y a des écuries avec des budgets énormes comme Nancy et même Châteauroux, Le Mans, or ces trois équipes sont en difficulté. On ne peut rien prévoir à l’avance en National. C’est toute la difficulté. Après, quoi qu’il arrive, le FBBP01 veut retrouver le monde pro mais il n’est pas le seul.

Vous parliez de remise en questions : que voulez-vous dire ?
J’ai 55 ans, et même à 55 ans, j’ai appris de ces deux années à Bourg. Les choses évoluent, je pense à la vie du vestiaire, dans un club, dans l’environnement, et peut-être que la manière de fonctionner, du moins celle que l’on pouvait avoir avant, ça évolue aussi, il faut changer, s’adapter, se « carapacer », ce que je n’ai peut-être pas su faire, pour rester fidèle à ses convictions et à ce que l’on veut mettre en place. Pour ne pas se laisser influencer, ou subir une pression qui peut nous faire changer d’orientation. C’est là-dessus que j’ai appris des choses. Plus on monte de niveau, plus il faut être hermétique, ce qui est dommage, car personnellement, je suis plutôt dans la connexion, dans la relation, dans l’affect.

« S’il faut devenir adjoint pour connaître le haut niveau, aucun souci ! »

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Adjoint en Ligue 2 ou en Ligue 1, c’est quelque chose que vous pourriez envisager ?
Oui, oui, sans problème, je n’ai jamais fait de plan de carrière : quand je suis arrivé à Boulogne (en 2015), j’étais adjoint de Stéphane Le Mignan : à ce moment-là, j’ai pensé que c’était une bonne opportunité, enrichissante, que ça me permettait de découvrir autre chose, dans un club qui venait de connaître le monde pro. Je n’ai pas un ego surdimensionné pour dire « jamais de la vie adjoint », c’est une autre facette du métier qui permet d’avoir un peu moins de pression, enfin, façon de parler, non pas que je refuse la pression, mais quand on est adjoint, on vit la situation différemment.

S’il faut passer par là pour connaître le haut niveau, aucun souci ! Ou même à la formation, avec des jeunes, je ne suis fermé à rien, du moment que je prends du plaisir dans la structure.

Vous avez découvert le National en 2008, lorsque vous avez permis à l’Aviron Bayonnais d’accéder à ce niveau : du coup, comment avez-vous vécu l’évolution de ce championnat ?
C’est vrai qu’il y a eu une énorme évolution ! Cela n’a plus rien à voir avec mon époque à Bayonne, où on avait des joueurs qui travaillaient, on s’entraînait le soir, j’avais un seul contrat fédéral, pour l’attaquant, donc il ne fallait pas que je me trompe, on partait en bus couchette, les staffs n’étaient pas du tout composé de la même façon que maintenant.

En National, maintenant, les salaires sont devenus plus importants, les garçons sont pros et ne font que du foot, les terrains se sont nettement améliorés et on peut jouer au foot, y’a quand même beaucoup de clubs qui étaient en L2 voire en L1, même si il y en a quelques-uns qui viennent de N2 et qui doivent se structurer. On n’était pas filmé, alors pour avoir des infos sur l’adversaire, on s’appelait entre coachs : je me souviens qu’avec Philippe Hinshberger quand il était à Laval en National ou avec Fabien Mercadal quand il était adjoint à Amiens, on s’appelait pour avoir des infos sur les adversaires !

Aujourd’hui tout est filmé. La dernière étape pour ce championnat c’est, je l’espère, qu’il devienne professionnel, car c’est très dur financièrement d’exister sur la durée. On voit aussi de très bons joueurs, dont certains ont joué en coupe du Monde et qui étaient en National il n’y a pas si longtemps : ça veut dire que le National est un championnat de qualité.

« On peut améliorer la solidarité entre coachs »

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Du coup, avec l’instauration un peu partout de la vidéo, les rapports sont moins fréquents, moins présents entre coachs ?
Oui. Là aussi, je trouve que c’est dommage, car quand on se voit, lors de formations par exemple, on a une connexion entre nous. Les échanges, c’est énorme, et ça manque. L’Unecatef (le syndicat des entraîneurs diplômés) a peut-être les moyens de réunir les coachs une ou deux fois par an, autour d’un repas, je ne sais pas, avec une thématique.

A la formation du BEPF, on avait crée un groupe WhatsApp, c’est normal, il fallait beaucoup d’entraide, de cohésion, parce qu’il y avait beaucoup de travail à réaliser : cela a crée des liens forts et il y a vraiment une connexion qui reste, qui perdure, en fonction des aléas des uns et des autres, on s’envoie des petits messages. C’est vrai que beaucoup d’entraîneurs qui étaient avec moi au BEPF n’ont pas de clubs, Xavier Collin, David Linares, Loïc Lambert et d’autres… Les postes ne se démultiplient pas, donc ce n’est pas simple.

Même au niveau de la solidarité entre nous, les coachs, on peut améliorer ça : on ne doit pas être des ennemis, bien au contraire, on doit être une corporation, comme les arbitres. Il faut qu’on soit plus solidaires. Le métier est tellement difficile… Après, bien sûr, on sait qu’il y a le jeu des chaises musicales, regardez cette année ! Il n’empêche que, à côté de ça, on peut échanger et travailler ensemble. Par exemple, avec Xavier Collin (ex-coach d’Orléans), on a joué l’un contre l’autre, on avait le sang un peu chaud, et au final, et on s’est retrouvé ensemble au BEPF, on en a rigolé, et après, on était super-heureux de s’affronter, ce n’est pas une rivalité malsaine.

Cette saison, tout le monde parle d’une grande tension en National, due évidemment à la réforme des championnats et de ces 6 descentes : cette tension, vous l’avez sentie ?
Oui, tout de suite, et dès le début du championnat. Avec Bourg, à Versailles, en août dernier (3e journée, 2-0), au bout de 30 minutes, y ‘avait déjà trois cartons rouges. On a fait intervenir un arbitre de Ligue 2 en début de saison, pour expliquer les règles et les changements. Le National est un peu un laboratoire pour les jeunes arbitres qui arrivent de National 2, il faut trouver le juste milieu entre le règlement et l’application des règles. Et puis y’a cette pression de ne pas finir dans les six derniers : alors en début de saison, tout le monde essaie de jouer et de mettre son projet de jeu en place, et puis, la réalité du championnat prend le dessus.

« Concarneau, pour moi, c’est ce qui se fait de mieux en National »

Photo FBBP01

Qui vous a fait bonne impression cette saison en National ?
Concarneau. C’est pour moi ce qui se fait de mieux au niveau du jeu. Encore une fois, quand le projet de jeu est placé au coeur du club, et bien voilà ce que ça donne. Stéphane (Le Mignan) a les clés du camion, c’est lui qui gère le recrutement, l’aspect financier, la masse salariale, il a repris dans son puzzle les mêmes profils de joueurs après les départs de l’été dernier et une saison où il n’a pas été payé. Et ce n’est pas un des plus gros budgets de National. Sur la continuité, ça porte ses fruits. C’est très cohérent. C’est l’équipe qui a produit le plus de jeu sur les deux dernières saisons, et il y a Villefranche aussi.

Mais ce National est très homogène, on le voit, avec les mal classés qui prennent des points et arrivent à faire des perfs. La surprise, c’était Martigues mais ce n’est plus une surprise. Ils surfent sur la dynamique de la montée, ils n’ont pas beaucoup changé leur groupe, ils ont juste apporté quelques retouches, et là encore, ce n’est pas un des plus gros budgets. Comme quoi…

Depuis votre éviction de Bourg, vous avez regardé des matchs ?
Oui, oui, justement, j’ai regardé Villefranche – Concarneau. J’essaie de rester connecté. Je suis allé voir Annecy – Guingamp aussi, il y avait Amine El Ouazzani, joueur de l’En Avant passé par Bourg; ça fait du bien de couper mais on revient vite voir ce qui se passe !

« Y’a plein de choses que je regrette »

Alain, on ne peut pas vous interviewer sans évoquer votre personnalité, votre caractère, votre passion débordante, votre comportement sur le banc…
C’est sûr que, depuis de nombreuses années, j’ai cette étiquette qui est restée collée, par rapport à mon tempérament, par rapport à des matchs tendus où je n’ai pas eu la bonne attitude. Il a fallu corriger cela au fil du temps. Là, cela fait 2 ans, depuis mon passage à Bourg, que je n’ai pas pris de carton jaune. J’ai essayé d’améliorer, de corriger ça.

Mon passage au BEPF (session 2020-2021) m’a fait du bien et m’a fait prendre conscience de certaines choses, on apprend à mieux se connaître, à prendre du temps pour soi, à faire attention à soi, à faire des exercices qui permettent d’évacuer le trop plein ou ces tensions qui peuvent ressurgir le jour des matchs, par le biais du yoga, de la respiration, de la méditation. Quand on est en poste, on n’en prend pas conscience, car on est dans la machine à laver et qu’il y a la pression du résultat. En vieillissant, on prend de la maturité.

Après, y’a plein de choses que je regrette, des attitudes que j’ai eues, et quand on a cette étiquette, on a du mal à s’en défaire, et cela rejaillit intérieurement car on a ce sentiment d’être jugé en permanence.

Avez-vous vu des images de vous en colère ?
Oui, j’ai vu des images, bien sûr, après coup, on se dit, « Mais il est complètement fou » ! Voilà, y’a eu des emportements excessifs de ma part. Après, je ne vais pas faire de la psychologie, mais c’est lié à son histoire personnelle, à l’injustice, à son enfance. C’est peut-être ça qui fait que l’on réagit mal. Et là, on n’arrive pas à tempérer. Pour nous, c’est toujours la faute de l’autre, et ça, on n’arrive pas toujours à le comprendre, ou alors on le comprend trop tard. Ces dernières années, j’ai compris des choses, mais ce n’est pas simple de l’analyser quand on est dans le quotidien d’un club, que l’on n’a pas le recul nécessaire.

« Je pense que j’ai réussi à faire quelque chose au niveau du football »

Sans jouer au psychologue, vous parliez de lien avec votre histoire personnelle, votre enfance : cela peut venir de là ?
Oui, des épisodes de ma vie, liés à son enfance, à ce qu’on a vécu… Du coup, on peut avoir des réactions très différentes en fonction de telle ou telle situation qui nous rappelle des choses, c’est comme ça que je l’analyse maintenant, alors qu’avant je pensais que c’était lié à la compétition. Mais quand on refait l’histoire, et quand on rencontre des personnes qui vous pose les bonnes questions et qui vous font pointer cela du doigt, au final, on défait la pelote de laine, et le jugement, je le prends différemment. C’est ce qui fait que ces derniers temps, cela a été complètement différent.

Minot, étiez-vous bagarreur ? Est-ce que cela vous agace que l’on parle de ça ?
Minot, fallait pas me chercher des noises, c’est sûr. Après, non, non, ça ne me gêne pas, parce que je sais que ça fait partie de moi et que cela va revenir sur le tapis, c’est comme ça, j’en ai pris mon parti. Quelque part, c’est cette image là qui ressort.

Heureusement, je pense que j’ai réussi à faire quelque chose au niveau du football, partout où je suis passé, même s’il y a eu des matchs un peu chauds. Je pense que les équipes que j’entraînais étaient plaisantes à voir jouer, et au quotidien, les gens ont vu que je n’étais pas une mauvaise personne. J’ai gardé beaucoup de contacts avec les joueurs. J’ai eu des connexions fortes avec beaucoup de monde; ça fait partie de mon histoire.

Alain Pochat, du tac au tac

« Je suis un coach passionné et franc »

Meilleur souvenir sportif ?
J’en ai deux. La remontée en National avec l’Aviron Bayonnais quand on était descendu une première fois en CFA, avec Christian Sarramagna, on avait des moyens très très limités avec des joueurs du cru. Cela avait été une fierté avec le président qui venait d’essuyer les plâtres après la relégation; le deuxième c’est la coupe de France avec Villefranche, même s’il y a eu aussi la montée de N2 en National, mais avec 23 000 spectateurs au Parc OL, c’était magnifique.

Pire souvenir ?
La fin avec Villefranche.

Le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
Avec Villefranche l’année de la montée, on avait vraiment crée quelque chose avec ce groupe, ça a perduré en National l’année d’après, on avait un milieu de terrain avec Sergio, Taufflieb et Blanc très intéressant au niveau du jeu.

La saison où vous avez pris le plus de plaisir ?
J’essaie de toujours de prendre du plaisir. (Il réfléchit). Peut-être l’année de la descente de l’Aviron Bayonnais en CFA quand j’étais adjoint de Christian Sarramagna.

Le club où vous avez failli signer ?
Châteauroux, y’a très longtemps, mais cela ne s’était pas fait.

Le club que vous rêveriez d’entraîner ?
Un club mythique peut-être, comme Saint-Etienne. J’ai eu la chance de faire mon stage au RC Lens dans le cadre de mon diplôme du BEPF : ce club est exceptionnel, et en plus, j’adore ce que fait Franck Haise, que j’ai rencontré, et son parcours aussi, l’osmose qui est forte là-bas. Saint-Etienne et Lens, ce sont des clubs qui font envie.

Un modèle de coach ?
J’aime bien ce que fait Klopp (Liverpool), j’aime prendre de tout le monde même si, après, j’aime avoir ma propre philosophie. J’aimais aussi beaucoup la grande époque Guardiola comme beaucoup. J’en reviens à Franck Haise, je me suis beaucoup inspiré de ce qu’il a fait, et aussi du travail fait à l’Atalanta Bergame par rapport au système et l’évolution qu’ils apportent.

Meilleur joueur entraîné ?
Y’en a beaucoup… Dans chaque registre… Le milieu Rémi Sergio à Villefranche est un très bon joueur, j’ai eu Oumar Gonzalez aussi en défense, l’attaquant Thomas Robinet qui arrivait de Sochaux, je pense à des garçons comme ça, et à Boulogne, j’ai eu la chance de découvrir des joueurs comme Antoine Leautey ou Tony Mauricio, sans oublier Steve Pinau à Bayonne, qui était prêté par Monaco à l’époque, tout comme Stéphane Ruffier qui avait fait une saison énorme avec nous. Plus récemment Amine El Ouazzani, à Bourg, qui perce actuellement à Guingamp.

Pourquoi avez-vous choisi d’être entraîneur ?
Cela s’est fait un peu comme ça, naturellement. J’ai toujours entraîné des équipes de jeunes. J’ai commencé à 18 ans par l’école de foot aux Croisés de Bayonne, à l’époque j’étais à l’UEREPS (STAPS aujourd’hui), ça rentrait dans le cadre de mon cursus universitaire, et puis il fallait donner un coup de main au club. Et au fur et à mesure, j’ai passé des formations, j’ai eu des équipes de jeunes à 11, puis la réserve à Bayonne. En fait, j’ai toujours eu ce goût d’aller échanger avec les gamins.

Une devise ?
Non, mais j’ai été imprégné de la culture du Pays Basque, où là-bas il est beaucoup question de grinta. L’Aviron était en partenariat avec la Real Sociedad et l’Athletic Bilbao, où l’identité et l’appartenance du maillot sont très fortes, avec des joueurs très investis sur le terrain. Alors je dirais la grinta espagnole ou sud américaine.

Un style de jeu ?
Il a évolué au fil des années. Aujourd’hui, je pense qu’on ne peut pas s’arrêter à un seul style. Y’a tellement de variantes dans les matchs et dans ce que proposent les adversaires, donc il faut être un peu caméléon : au BEPF, on nous demandait de formaliser un projet de jeu, c’est pour ça que je l’ai appelé « projet de jeu caméléon », parce qu’il faut être capable de tout faire, même si, à la base, je préfère que mon équipe ait le ballon, qu’elle pose des problèmes à l’adversaire, qu’elle impose sa force et son style de jeu, qu’on marque des buts. Il faut être aussi capable d’être performant dans la transition, solide défensivement quand l’adversaire vous pousse, donc c’est un peu cette idée d’évoluer au fil du temps sur un projet de jeu où l’intelligence des joueurs et l’intelligence collective font faire qu’elle peut poser des problèmes dans différents domaines. A Villefranche, on a essayé de mettre en place ce beau jeu : ça a aussi été le choix des joueurs. Après, quand on associe Taufflieb, Sergio et Blanc au milieu, en National, on n’a pas l’habitude de voir ça. Je me souviens qu’il y a 10 ans en arrière, on voyait plutôt des milieux de terrain très athlétiques et physiques. Les terrains s’améliorent, des équipes pros descendent et restent en National : ça permet de garder une certaine qualité de jeu aussi.

Vous êtes un coach plutôt …
Passionné, je pense que tout les entraîneurs le sont, et franc.

Votre match référence sur le banc ?
J’ai le souvenir d’un match en National contre Béziers, avec Villefranche, chez nous, y’avait tout qui marchait, on en parle des fois avec Mathieu Chabert, qui était le coach à l’époque. Ce jour-là, tout a roulé.

Votre match avec vous sur le banc ?
Chez nous, avec Villefranche, contre Bastia, en National, l’année où ils montent en Ligue 2, on est mené 3 à 0 en 15 minutes, ils marchaient sur l’eau, on avait l’impression que tout allait à l’envers.

Un match de légende ?
J’avais adoré le France-Brésil au Mexique, en coupe du Monde 1986, en plus on venait de passer le bac, on était aux fêtes du Pays Basque, et aussi le match France-Allemagne en 1982 à Séville. Ces matchs m’ont marqué.

Une idole de jeunesse ?
Platini, Susic, Waddle… Quand j’étais étudiant, j’ai eu la chance de travailler à Cap Giresse, de centres de loisirs crées par Alain Giresse, et on allait souvent à Marseille voir des matchs avec les gamins, à l’époque de Stojkovic, Papin, Waddle, de sacrés joueurs.

Que vous manque-t-il pour entraîner en L2 ?
Les opportunités, la confiance de certains présidents qui hésitent à prendre des coachs qui n’ont pas, au départ, un vécu de joueur pro ou d’entraîneur avec déjà de l’expérience de ce niveau.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Souvent hypocrite et malgré tout, il apporte du plaisir. J’aime le foot populaire, le spectacle, l’émotion qu’il amène.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Bien placé dans la lutte à trois pour le titre du Groupe B de National 2, le Stade Athlétique Spinalien a l’occasion de renouer avec son passé en accédant en National. A la découverte d’un club bien structuré, qui n’attend que ça !

Niché au cœur des Vosges, le SAS jouit d’un passé glorieux. Dix ans en Division 2 (1995 à 1997, 1990 à 1993 et 1974 à 1979) et une période stoppée par un dépôt de bilan en 1998. Le club s’est alors reconstruit et structuré afin de retrouver le National dès la saison 2011-2012.

Entre 2015 et 2017, il est même repêché deux fois de suite, profitant des déboires financiers respectifs de l’AC Arles-Avignon et d’Evian Thonon-Gaillard.

Epinal se démarque souvent sur la scène nationale en réalisant de belles épopées en coupe de France. Depuis 2017, les Boutons-d’or évoluent en National 2 et prennent leur mal en patience pour ériger de solides bases sur lesquelles construire le retour au troisième échelon national. Cela pourrait bien être pour cette année tant les résultats sont encourageants. On peut le dire, la montée n’est plus une image d’Epinal et pourrait devenir réalité, même si l’équipe du revenant Fabien Tissot a cédé sa place de leader samedi dernier à Fleury, après un match nul 0-0 face à Besançon lors de la 22e journée de N2.

En tribunes, c’est chaud !

Sur la route des Vosges, la météo est capricieuse, les giboulées de mars s’abattent sur la quatre voies, alors même que le soleil brille, offrant un magnifique arc-en-ciel. Les rayons de soleil ne sont pas que dans le ciel, mais aussi sur le terrain du stade de la Colombière, surplombant la cité des Images.

Les Spinaliens, tout de jaune vêtus, entrent sur la pelouse pour en découdre avec le Racing Besançon, équipe réputée rugueuse et frileuse. Une minute d’applaudissements émouvante en hommage à l’épouse de Djamel Menai, 17 ans passés au club, disparue à l’âge de 42 ans, est observée. Ses deux fils donnent le coup d’envoi fictif de la rencontre.

L’enjeu est de taille pour Epinal qui reste sur une série de six victoires consécutives. Mais le leader n’aura jamais réussi à faire sauter le verrou bisontin, manquant de créativité et d’impacts dans les duels physiques imposés par les visiteurs. Malheureusement, les duels physiques n’ont pas lieu que sur le terrain : les supporters des deux camps quittent leurs tribunes respectives pour aller en découdre. Tout ce joli bazar nécessite l’intervention des forces de l’ordre et celle du speaker qui en appelle au calme et à regagner ses tribunes. Ce dernier avait senti venir le truc et avait exhorté les supporters à rester respectueux : “Nous avons une équipe qui respecte l’arbitre sur le terrain, merci d’en faire autant en tribunes. Les sanctions tombent vite.”

Un match à trois avec Fleury et le FC 93

Au coude à coude avec Fleury (42 pts) et Bobigny (42 pts), Epinal (43 pts) aurait pu conserver la tête de son groupe en profitant d’une situation en fin de match. Rafael Mazzei, latéral spinalien, envoie sa tête sur la barre bisontine : le match se conclut sur un triste 0-0.

Coup du sort, dans le même temps, Fleury inscrit le but de la victoire sur la pelouse de Wasquehal et prend le fauteuil de leader pour un petit point aux Spinaliens.

Ce scénario montre à quel point le championnat se joue sur des détails. Yves Bailly, qui préside le club depuis 2013, ne voulait pas s’alarmer de la situation à chaud : “On est forcément déçu après le match de ce soir, réagit le président. On ne va rien lâcher parce qu’en haut c’est très serré.”

Pourtant le SAS revient de loin et n’avait pas connu un début de saison idyllique.

Le retour de Fabien Tissot

Lorsque Pascal Moulin quitte le club, l’été dernier, il faut lui trouver un successeur. Le profil de Fabien Tissot, ancien joueur pro passé par Nancy, est choisi. Le Lorrain connaît très bien la maison. Il en a porté le maillot entre 1994 et 1996, en National et en D2, et il a entraîné l’équipe entre 2009 et 2015 (deux accessions en National).

Lors de la saison précédente, Tissot assiste à quelques matchs des Jaunes et se fait son propre avis sur l’équipe. Au moment de son arrivée, il s’accorde avec sa direction et ses joueurs pour conserver l’ossature du groupe qui a terminé à la 5e place de N2 lors de la saison 2021-2022. Il recrute une poignée de joueurs et construit sur les bases laissées par ses prédécesseurs. “Les joueurs se connaissent et on a une équipe qui vit bien ensemble. Pour certains, cela fait plusieurs années qu’ils jouent ici.”, détaille le coach spinalien.

Le début de saison est poussif : avec seulement une victoire en cinq matchs, Epinal ne semble pas programmé pour jouer le haut de tableau. Tissot trouve des circonstances atténuantes à ces premiers résultats : “Sur les 11 premiers matchs, on s’est déplacé neuf fois et donc on a fait beaucoup de route. On a également manqué de chance sur certaines rencontres, de ce petit quelque chose qui fait basculer la pièce du bon côté”.
De plus, les matchs à l’extérieur en National 2 ne sont jamais simples avec le poids du déplacement et la découverte de pelouses parfois capricieuses.

Dix matchs sans défaite

Fabien Tissot, l’entraîneur.

Pour autant, les Spinaliens ne se sont jamais affolés. Ils commencent à engranger de nombreux points dès le mois d’octobre. Une dynamique s’installe et les Vosgiens remontent petit à petit au classement. Avec surtout cette série en cours depuis le 25 janvier dernier de dix matchs sans défaite (8v, 2n) qui leur permet de jouer les tout premiers rôles de leur groupe B.

Finalement, à quoi tout cela est dû ? Tout simplement la force collective. “On est un groupe qui vit bien avec des joueurs qui ont de la qualité et qui mouillent le maillot.”, explique le technicien.

On comprend bien que Tissot n’est pas non plus étranger à la réussite de son groupe. Il insuffle des valeurs collectives qui transcendent à coup sûr les joueurs pour se donner à 100% pour les coéquipiers. “Ma volonté est qu’on défende et qu’on attaque ensemble. Il n’y a rien de plus important que le collectif.” Et l’occasion pour Fabien Tissot d’envoyer un message : “On n’a peur, sans prétention aucune, de personne.”

En échangeant avec Yves Bailly, on remarque assurément que l’identité de la formation est au cœur du projet sportif du club. Toutes les équipes jeunes du SAS évoluent au niveau Ligue. “La formation est une partie importante du club. Regardez, Hatier le gardien qui est entré ce soir, a fait ses classes chez nous. C’est vraiment le projet qu’on cherche à mettre en place.”, raconte le président vosgien.

Yves Bailly : « Gouverner, c’est prévoir ! »

Yves Bailly, le président.

Et quand on évoque les objectifs de fin de saison, même discours de part et d’autre entre dirigeant et entraîneur, qui veulent prendre « match par match » et voir ce qu’il va se passer. “L’objectif d’avant saison était de rester placé pour jouer la montée avant le sprint final, ce qui est le cas. On va continuer”, expliquent chacun de leur côté Bailly et Tissot.

“Gouverner, c’est prévoir.” Le président spinalien, en bon dirigeant, regarde loin et étudie toutes les possibilités. En cas de montée, les dirigeants d’Epinal étudient déjà les besoins sportifs et financiers et sont confiants dans leurs capacités à passer le cap de la DNCG pour intégrer le National. Selon le président, “le SAS est organisé de façon à fonctionner de manière structurée et professionnelle”.

Avec l’augmentation du niveau du championnat National par l’effet boule de neige des descentes de clubs de Ligue 2 (4 cette saison, 4 la saison prochaine), Epinal fera figure de petit budget. “Depuis quelques années, on est bien structuré. Maintenant, on ne sera pas Nancy, Le Mans, Châteauroux ou encore Orléans. »

Avant de penser à l’échelon du dessus, il reste huit rencontres à Epinal pour continuer à lutter pour cette première place, synonyme de montée. “Toutes les équipes vont avoir quelque chose à jouer, que ce soit en haut ou en bas, donc ça va être difficile lors de chaque match, commente le coach spinalien.”

Pour Epinal, il s’agit maintenant de rester en haut et de s’enlever toute pression inutile afin, pourquoi pas, d’obtenir le Graal, six ans après leur dernière saison en National.

Fabien Tissot : du tac au tac

« Je suis un entraîneur proche de ses joueurs »

Le coach spinalien s’est prêté au jeu des questions-réponses. l’occasion d’en apprendre plus sur lui et sa carrière.

Fabien tissot, le joueur

Meilleur souvenir sportif ?

J’en ai plusieurs, mais s’il faut en ressortir un, la réception de l’Olympique de Marseille quand je jouais à Epinal en Division 2. J’avais eu la chance de marquer et de battre l’OM (2-0 en 1995), c’était un match particulier.

Pire souvenir sportif ?

Je me suis blessé au genou à l’entraînement. Je me suis rompu les ligaments croisés du genou et le tendon d’Achille à 3, 4 ans d’intervalle. A chaque fois, j’ai eu du mal à revenir et ça a en quelque sorte accéléré ma transition joueur-entraîneur.

Combien de cartons rouges ?

Je n’ai pas dû en prendre beaucoup. J’en avais pris un en réserve avec Nancy à l’époque, mais 2 ou 3 dans toute ma carrière, je pense.

Plus beau but ?

Je pense que c’est l’un des plus importants. C’était contre Lyon-Duchère avec Epinal en National lors de l’avant-dernière journée du championnat (1994-1995). Pour monter en Ligue 2, on devait aller faire un résultat là-bas. J’avais eu la chance de faire un petit coup du sombrero sur le défenseur et de marquer derrière un but très significatif.

Ton pire match ?

J’ai une anecdote assez marquante à ce sujet. Je jouais dans l’équipe réserve de Nancy et le coach me fait entrer en deuxième mi-temps. Il m’avait donné une consigne particulière. On prend un but 3 minutes après en partie parce que je n’avais pas fait le taf qu’il m’a demandé. Il m’a sorti directement. Quand t’es jeune, ce sont des décisions qui marquent et ça fait partie de l’apprentissage.

Pourquoi as-tu choisi d’être attaquant ?

Je ne sais pas si je l’ai choisi. Je pense que c’est venu naturellement, depuis tout jeune dans mon club d’Haroué, j’ai été attiré par le fait de vouloir marquer les buts. Au départ, j’avais ce petit don pour bien me placer. Donc c’est naturel.

Ton geste technique préféré ?

Je n’ai pas de gestes techniques préférés. J’étais surtout concentré à faire des choses simples. J’étais pas un grand dribbleur donc c’était du standard, contrôle orienté…

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?

Chaque joueur a ses qualités et ses défauts dans des registres différents. Il y a des aboyeurs sur le terrain, des leaders techniques qui peuvent faire la différence, les finisseurs, des travailleurs de l’ombre qui vont ratisser des ballons. Après, il y a une chose importante, c’est le mental parce que le foot n’est pas un sport facile, ce n’est pas un milieu facile. Donc il faut avoir la capacité d’encaisser les chocs pour pouvoir répéter des prestations de haut niveau chaque semaine.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir à jouer ?

J’ai pris du plaisir un peu partout où j’ai joué. A Epinal, on a fait une montée de National en Division 2 quand je suis arrivé avec une ambiance de fou. Je suis parti à Beauvais (D2), c’était exactement la même chose. C’étaient deux clubs familiaux. Mais surtout à Epinal, avec un groupe où on ne faisait qu’un, on pouvait aller battre tout le monde avec cette force.

Inversement, le club où tu en as pris le moins ?

Non, j’ai pris du plaisir à chaque fois. Après, à Reims, c’était plus compliqué parce que j’ai eu des blessures, donc je n’ai pas été très performant. Mais ce n’était pas la faute du club.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?

J’aurais bien aimé jouer à Barcelone. Ils avaient une équipe avec un style de jeu particulier et précurseur sur les années fastes. Le jeu de possession qui faisait que les adversaires avaient peur avant d’entrer sur le terrain. Ca m’aurait bien plu en tant que joueur parce que j’étais un renard des surfaces donc plus on avait la possibilité de jouer haut avec des joueurs de haut niveau capables de mettre des bons ballons dans la surface, mieux c’était.

Des rituels, des tocs, des manies (avant un match ou dans la vie de tous les jours) ?

J’en ai eu surtout quand j’étais plus jeune. Vouloir mettre la même chaussure en premier, quelques rituels comme ça. Mais ça s’est estompé avec l’âge.

Tu étais un attaquant plutôt ….

Malin et généreux

Ta plus grande fierté dans ta carrière ?

D’être monté avec Epinal en Division 2 en 1995.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?

Je suis allé jusqu’au Bac parce que mes parents le voulaient. Mais à cette, époque je n’avais que le foot dans la tête et je suis passé pro à 19 ou 20 ans, donc il y a eu peu de moments de doutes.

Le club d’Epinal en deux mots ?

Familial et ambitieux.

Le milieu du foot, en deux mots ?

Plus rude et plus accrocheur.

Fabien Tissot, l’entraîneur

Meilleur souvenir sportif ?

Avec Epinal aussi, les deux montées qu’on a faites de N2 à N1 (2011 et 2014), ce ne sont pas des matchs spécifiques, ce sont plutôt des saisons. Surtout la deuxième saison, où on était descendu à la dernière seconde du dernier match et on était remonté directement grâce à un travail de longue haleine. En 2013, lorsque l’on a éliminé Lyon et Nantes en Coupe de France, c’était une superbe année.

Pire souvenir sportif ?

Justement le match contre le FC Rouen lors de la saison 2012/2013 où l’on perd à la dernière seconde sur un coup de pied arrêté qui fait que l’on descend en National 2. Ce sont des moments violents et durs à encaisser.

Ton match référence, celui où tout s’est bien passé !

Je pense que ça serait ambitieux de dire que tout s’est bien passé une fois. Mettre en difficulté des adversaires sur des choses travaillées à l’entraînement, des combinaisons ou des situations, c’est gratifiant. Le match parfait n’existe pas selon moi, à partir du moment où chaque joueur donne le maximum, c’est le plus important.

Le club que tu rêverais d’entraîner (dans tes rêves les plus fous) ?

Je ne me pose pas de questions par rapport à ça. J’aimerais bien entraîner au niveau professionnel, c’est sûr. Mais là, je me concentre sur Epinal et notre saison.

Un modèle de coach ?

J’aime bien Carlo Ancelotti parce qu’il est proche de ses joueurs et je peux me définir un peu comme ça. J’aime également sa manière de manager.

Une devise ?

Il faut du travail et la volonté d’être performant collectivement et individuellement.

Meilleur joueur entraîné ?

Je vais faire des déçus (rires). Des joueurs que j’ai eu à Epinal ! On a eu beaucoup de bons joueurs pour qui ça a été un tremplin. C’est toujours une fierté d’aider des joueurs à atteindre le palier supérieur. Cheikh Ndoye, Ibrahima Seck, Aliou Dembélé qui a fait une carrière en Ligue 2. Famara Diedhiou qui a gagné la CAN avec le Sénégal, c’est aussi une fierté pour un entraîneur.

Un style de jeu ?

J’aime avoir le ballon, que mon équipe joue assez haut. Dans différents schémas parce qu’il y a différentes manières de mettre à mal les équipes adverses. Rechercher l’efficacité dans le dernier geste et par les passes et les déplacements pour déstabiliser les adversaires. Mon objectif est d’être cohérent collectivement dans la récupération du ballon et de montrer dans l’utilisation de ses ballons une certaine efficacité.

Tu es un entraîneur…

Plutôt proche de ses joueurs.

Textes : Emile Pawlik / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @EmilePawlik

Photos : Justine Touevenot / SAS Epinal

L’ancien joueur professionnel, à la tête de l’équipe de National 2, est au coeur du projet porté par l’entrepreneur Ravy Truchot, dont il explique la genèse et détaille les ambitions. Toute ressemblance avec Evian Thonon Gaillard ne saurait être que fortuite… ou pas !

Thonon Evian Grand Genève. Ce nom ne vous rappelle rien ? Réfléchissez bien. Evian Thonon Gaillard, bravo ! Oui, c’est le même club. Mais ce n’est plus la même appellation. Ce n’est pas non plus le même projet. Et ce ne sont pas les mêmes hommes.

Depuis la disparition de l’ETG, en 2016, un nouveau club a pris le relais, sous l’impulsion de l’entrepreneur Ravy Truchot. Reparti en Régional 2 (Division d’honneur régionale), le club a déjà gravi quatre marches en six saisons, une véritable performance quand on sait que la Covid-19 est passée par là.

Aujourd’hui, l’équipe seniors de Thonon Evian GG, entraînée par l’ancien joueur professionnel de Lyon, Toulouse et Lecce (notamment), Bryan Bergougnoux (40 ans), arrivé comme joueur tout d’abord, évolue en National 2.

Après un début de saison très compliqué (quatre défaites lors des six premières journées), elle semble avoir pris la mesure de ce championnat. Remontée à la 8e place de sa poule, elle compte 10 points d’avance sur le 12e et premier relégable, Alès, où elle se rend d’ailleurs ce soir (19h), et 8 sur le 11e, Toulon (les deux moins bons 11es des quatre groupes seront également relégués en N3).

A quelques heures de son déplacement dans les Cévennes, Bryan Bergougnoux a pris le temps de se poser et de répondre à nos questions. Et on en avait beaucoup !

*L’entretien a été réalisé avant la défaite 3-1 à Alès (journée 22 en National 2)

Bryan, pour résumer, Thonon Evian Grand Geneve et Evian Thonon Gaillard, c’est la même chose, c’est bien ça ?
Oui, mais avec des gens tout neufs, des idées neuves, et l’envie de créer sa propre histoire, et ça c’est vraiment important. Même si certaines personnes au club ont vécu les deux histoires, comme Patrick Trotignon qui était là sur le nouveau projet au départ en 2017, mais qui est parti depuis, nous, on veut vraiment écrire la nôtre. Et faire les choses différemment car on vu qu’Evian Thonon Gaillard n’a pas tenu sur le long terme.

C’est quoi, l’objectif, concrètement ?
L’objectif, c’est de construire quelque chose de pérenne, de sain, ce qui était peut-être le défaut d’Evian Thonon Gaillard.

Depuis 2003, le club a très souvent changé de nom. Ne craignez-vous pas que cela nuise à l’identité du club et que le grand public puisse s’y perdre ?
Peut-être que cela peut nuire à son identité, en tout cas, ça reste clairement le club du Chablais et même un peu plus. Thonon Evian Grand Genève est censé représenter les bords du lac Léman, côté français, où il est basé essentiellement à Thonon-les-Bains.

Mais les gens du coin savent très bien qui on est, qui on veut représenter. Maintenant, c’est aussi à nous de transmettre les valeurs que l’on souhaite donner au club, de les faire évoluer, grandir, perdurer.

« On veut écrire notre histoire »

N’avez-vous pas l’impression de vouloir écrire ou réécrire l’histoire ?
Non, comme je vous l’ai dit avant, on veut écrire NOTRE histoire, mais certainement pas la réécrire. En tout cas, cela ne nous intéresse pas d’atteindre le haut niveau si c’est pour chuter derrière. On préfère prendre plus de temps s’il le faut et faire les choses correctement. Surtout, on veut faire quelque chose de très fédérateur dans la région. On veut construire avec les municipalités. On veut représenter véritablement quelque chose et non pas se servir du territoire pour grandir et faire nos petites affaires, ce n’est pas du tout le but.

Le but, c’est de partager, de développer le football dans un territoire où il y a d’autres activités, de comprendre la culture qu’il y a ici, avec le ski, les montagnes, le lac Léman. Y’a tellement de choses à faire dans cette région ! Le football n’est pas le sport numéro 1 ici mais il y a des gens qui aiment ça, et c’est avec eux que l’on veut grandir, fédérer, partager. Idem avec les villes qui nous aident et nous accompagnent.

A terme, on veut avoir un stade de foot ici, à Thonon, pas comme quand Evian Thonon Gaillard jouait ses matches de championnat à Annecy. Après, on n’est pas fou non plus : on veut bien sûr prendre exemple sur ce qui s’est passé avant, en en tirant les leçons, sans refaire les mêmes erreurs.

Si le club retrouve le monde pro, où allez-vous jouer ? Actuellement, à Thonon, là où l’histoire de Croix-de-Savoie, qui est devenu Evian Thonon Gaillard, a commencé, cela ne semble pas possible…
Justement,, la municipalité de Thonon fait bien avancer les choses et a déclenché de gros travaux. Un stade vient d’être réaménagé avec une tribune, à Vongy, à la sortie de la ville, afin de patienter pendant les travaux du stade emblématique de Thonon, le stade Moynat : c’est un très beau projet, très cohérent, à l’échelle humaine. Ce sera un stade à la hauteur de ce que l’on pourra faire ici. Le projet est magnifique.

On a aussi le stade Camille-Fournier d’Evian, qui est un très beau stade, où viennent s’entraîner chaque année des équipes professionnelles comme Liverpool, Lyon, Bologne. Il est à notre disposition, et c’est là que l’on joue actuellement nos matchs de championnat en N2. On aura des infrastructures pour tout le monde, puisqu’il ne faut pas oublier que le club attache aussi une grande importance au football féminin. On veut vraiment créer un club pour tout le monde.

« L’histoire de l’ETG a marqué les gens »

A terme, Thonon Evian Grand Genève peut-il devenir pro ?
L’objectif, c’est de retrouver le monde pro, on ne va pas s’en cacher. Alors, bien évidemment, cela nous met une pression supplémentaire et de l’extérieur, cela peut paraître prétentieux, mais ça ne sert à rien de se cacher. On a envie d’être ambitieux, on a les infrastructures et une direction qui effectuent énormément de travail pour nous mettre dans les meilleures conditions.

Du coup, on a ce devoir-là, d’être ambitieux, et surtout de travailler car ce n’est pas le tout de vouloir retrouver le monde pro, il faut aussi s’en donner les moyens en termes de travail et c’est ce que l’on essaie de faire tous les jours, même si on est conscient qu’on ne peut pas monter d’un échelon tous les ans.

Y a-t-il au club des anciens d’Evian Thonon Gaillard ? Comment ça se passe avec eux ?
Oui, forcément, certaines personnes étaient déjà là, à l’époque de l’ETG. Comme mon adjoint, Wahid Chaouki, et aussi des personnes du secteur administratif, mais sincèrement, ils n’en parlent pas beaucoup.

Il faut savoir aussi que l’histoire d’Evian Thonon Gaillard a beaucoup marqué les gens ici dans la région, et certains sont un peu réticents quand on parle de foot désormais. On prend cela en compte, on essaie de montrer ce que l’on fait, qu’il y a aussi un travail sur le développement des jeunes.

Mais on ne va pas promettre quoi que ce soit. On essaie juste de prouver qu’on travaille bien.

« Ravy Truchot a une véritable vision du foot »

A ce niveau, et de surcroît quand le club évoluait encore au niveau régional, on n’avait rarement vu un projet aussi important…
C’est un projet gigantesque. Thonon Evian Grand Geneve appartient à un groupe, le Strive Football Group, qui travaille aussi avec la PSG Academy au Sénégal, le FC Miami, la PSG Academy aux Etats-Unis. C’est un gros projet ambitieux, basé sur la jeunesse, le développement.

L’idée est de donner aux jeunes la chance d’avoir un parcours qui leur est propre : Ravy Truchot, le propriétaire, voit le football de manière totalement différente. Au début, ça surprend, on prend une claque dans la gueule (sic), mais après on comprend ce qu’il veut faire et il nous tire avec lui, il a une véritable vision. Et pour l’instant, ça marche.

En championnat, après des débuts très compliqués, votre équipe semble avoir trouvé son rythme de croisière…
C’est vrai que l’on évolue dans une poule très difficile, on le savait. Le National 2 est peut-être le championnat le plus difficile à remporter car il n’y a qu’une seule montée. Nous, en plus, on est dans un groupe que l’on peut qualifier de … Qui est peut-être le plus particulier des quatre groupes, ou en tout cas le plus difficile. On sait que c’est l’étape la plus dure. On commence à prendre la mesure de ce qu’il faut faire pour y arriver.

« On ne demandera pas à changer de poule »

Qu’est ce qui rend cette poule « sud » de National 2 si particulière ?
Dans cette poule, y’a des contextes différents, des football un peu chauds, mais je peux vous dire que cela s’est bien calmé par rapport à mon époque, lorsque je jouais en CFA. Après, y’a de très très bons joueurs de football qui parfois restent dans ces clubs du Sud car il y a un confort de vie, alors qu’ils pourraient jouer au-dessus, mais voilà… Il y a aussi des très gros salaires dans cette poule, même si ailleurs on voit des clubs qui en « envoient » aussi comme à Fleury. Mais je parle d’une manière générale. Enfin, il y a l’état des pelouses, qui est moins bon, avec des terrains très secs, ce qui n’avantage pas le jeu. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de duels, que les matchs et les scores sont très serrés. Les 4 premiers de la poule ont chacun 39 points, c’est incroyable, c’est comme ça !

Thonon Evian Grand Genève peut-il, à l’image de GOAL FC, Andrézieux et Bergerac voilà peu, changer de poule ?
En début de saison, j’avais échangé avec François Clerc, le président d’Andrézieux, et aussi avec GOAL FC, à ce sujet. GOAL a demandé à changer de poule. Quant à nous, on se pose la question et d’ailleurs, on me la pose souvent, cette question… Sachez que nous, on ne fera pas de demande à ce sujet, on prendra ce qui viendra. De toute façon, si on ne sort pas de notre poule, ça ne passera pas à l’étage au-dessus, donc on doit être capable de passer si on veut avoir un jour des ambitions et regarder encore plus haut. Et puis, changer de poule ne donne aucune garantie : Goal FC est 2e cette saison et Andrézieux, qui a joué dans la poule Sud, est en position de relégable. Donc ça ne veut rien dire.

« La mayonnaise a été difficile à prendre »

Avez-vous douté en début de saison, quand les résultats n’étaient pas là ?
Pour être franc, non… Alors, bien sûr, c’est facile de le dire maintenant, mais on a eu trois croisés, une fracture tibia-péroné, et il a fallu gérer un groupe assez neuf, avec des départs, dont certains pour aller jouer au-dessus, ce qui est gratifiant. Il a fallu recréer quelque chose, car il y a eu beaucoup de recrues, ce qui était difficile pour certains joueurs qui avaient fait une montée et qui ont vu d’autres joueurs arriver, cela a pu créer une forme peut-être pas d’injustice mais d’incompréhension. De toute façon, il fallait prendre des nouveaux joueurs. Tout ça fait que la mayonnaise a été difficile à faire prendre. Il y a aussi le fait qu’avec mon préparateur physique (Nicolas Robberechts), on a vraiment basé le travail pour être en forme en deuxième partie de saison. On savait qu’on serait bien sur l’aspect athlétique en fin de saison, donc on a fait ce choix-là. On a aussi découvert ce niveau, forcément supérieur au National 3. Tous ces paramètres ont fait qu’il y a eu une forme de logique. Après, il a fallu vite apprendre, vite avancer, vite évoluer. On a fait preuve aussi de malchance parfois, et on a pris du retard par rapport à ce que l’on souhaitait faire. Aujourd’hui, on est meilleur dans le contenu et on est satisfait par rapport à ça car les résultats suivent.

Y a-t-il eu un match déclic ?
Non, on a progressé crescendo, progressivement, même quand on ne prenait pas beaucoup de points, on avait des bons contenus et des scénarios contraires. On a a pris conscience qu’on avait de la la qualités, et on a pris un attaquant au mercato (El Hadji N’Diaye, déjà auteur de 7 buts en 6 matchs), ce qui a permis de concrétiser le travail de l’équipe.

Comment sont vos relations avec le voisin de Ligue 2, Annecy ?
Elles sont bonnes. On fait des matchs amicaux. Le FC Annecy, c’est un exemple à suivre. On doit s’en inspirer.

Bryan Bergougnoux, du tac au tac

« J’essaie d’être un entraîneur humain »

Meilleur souvenir sportif à ce jour ?
Un match de Ligue des champions avec l’OL face au Sparta Prague, un 8 décembre (en 2004), le jour de la fête des Lumières, ça a été un peu le summum pour moi, de jouer en Ligue des Champions et de marquer (l’OL s’était imposé 5 à 0 dans ce sixième et dernier match de poule. Bryan Bergougnoux, titulaire, avait inscrit le 5e but à la 90’+1).
Pire souvenir sportif ?
Une fracture de l’épaule, à Toulouse, où cela a été un moment compliqué. J’ai été absent deux mois, et en plus sportivement cela ne se passait pas très bien, le club chutait au classement et je voyais la situation de l’extérieur.
Match référence ?
Contre Saint-Etienne (L1) avec Tours, en coupe de France (16e de finale, le 21 janvier 2015, élimination 3-5 après prolongation au stade de la Vallée du Cher), je m’étais un peu « chauffé » avec les supporters de Sainté avant le match sur les réseaux (rires), j’avais juste envie d’être bon, je me suis senti libéré et j’ai fait un bon match.
Le pire match ?
Y’en a eu plus que des bons déjà ! Je garde surtout en mémoire un mauvais souvenir de match, avec Toulouse, quand j’ai pris un carton rouge au Parc des Princes, le seul de ma carrière, en plus, dans ce stade, où on y joue quatre ou cinq fois dans sa carrière.
Pourquoi avez-vous choisi d’être attaquant ?
Je n’ai pas réellement choisi, c’est venu tout seul. Quand j’étais petit, mon père et mon oncle jouaient au foot, et je jouais tout le temps avec mes cousins, on était plutôt doués pour ça; en fait, je n’ai jamais choisi d’être footballeur, cela a toujours été comme ça, j’ai toujours joué au foot. Dans ma tête, il n’y avait pas de choix. C’était ce que je voulais faire, même si, quand j’étais jeune, je ne me rendais pas compte que c’était difficile, que cela demandait autant de travail.
Première fois dans un grand stade ?
A Gerland, je me souviens d’un match de Lyon avec Eugène Kabongo qui avait driblé le gardien en le lobant avant de marquer dans le but vide, mais je ne me souviens pas contre qui !
L’équipe dans laquelle vous avez pris le plus de plaisir ?
C’est difficile de répondre à ça, j’ai eu la chance d’être dans des équipes, qui gagnaient, qui jouaient bien, alors y’a Lyon, forcément… Mais là où j’ai vraiment pris le plus de plaisir, c’est quand Nourredine El Ouardani a repris l’équipe de Tours (en Ligue 2 en 2016-17), cela n’a duré que quelques matchs, mais c’était exceptionnel ! Je n’ai jamais pris autant de plaisir footballistisque qu’à ce moment-là, avec ces joueurs-là, on était dernier, on avait je ne sais pas combien de points de retard (Tours était dernier de L2 avec 9 points de retard sur le premier relégable et était parvenu à sa sauver !), et on s’est complètement libérés. Le coach nous présentait chaque adversaire comme si c’était le Barça, et en plus j’étais à la cave juste avant ça donc, de pouvoir rejouer, et en plus que ça gagne avec la manière… On avait des Selemani, Bouanga, Bennacer, Gradit, Belkleba, Maouche, pour ne citer qu’eux, alors forcément, avec ces joueurs-là, on ne pouvait que bien jouer au foot.
L’équipe où vous avez pris le moins de plaisir à jouer ?
Ma première saison à Toulouse (2005-2006), cela a été un cauchemar, je sortais de l’Olympique Lyonnais où j’étais un peu le chouchou, c’était un jeu direct, il fallait trouver Daniel Moreira dans la profondeur, lequel déviait pour Daniel Moreira et ensuite c’est Daniel Moreira qui devait aller marquer tout seul ! C’était un très bon joueur mais ce n’était pas simple.
Le club où vous auriez rêvé de jouer ?
Y’en a beaucoup, mais je dirais Valence, en Espagne, un club que j’ai longtemps suivi, avec lequel j’ai une petite histoire personnelle, car j’ai de la famille proche là-bas. Sinon, un club argentin. Ou un club avec beaucoup de ferveur populaire, beaucoup de supporters.
Le club où vous avez failli signer ?
J’aurais pu signer au Milan AC ou au FC Porto quand j’étais à Lyon, mais cela ne s’est pas fait. Et aussi à l’OM quand cela s’est terminé avec Toulouse, mais il y a eu des changements de direction qui ont tout remis en cause.
Un coéquipier marquant ?
C’est vraiment pas simple… N’en dire qu’un seul, c’est impossible. Même deux ou trois, c’est compliqué. Gignac, un personnage quand même. Mauro Cetto, Abidal, Scaramozzino, y’en a beaucoup.
Le joueur avec lequel vous aviez le meilleur feeling ?
J’ai beaucoup aimé jouer avec Etienne Didot, Alexandre Bonnet et aussi Giusepe Vives, que j’ai connu à Lecce en Italie. Gignac aussi en fait partie.
Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Avec les réseaux sociaux, on garde le contact mais c’est vrai que, s’il devait y en avoir un, je dirais Ratinho à Toulouse, j’avais eu un vilain geste sur lui à l’entraînement, par énervement, ce n’était pas contre lui. Il s’était blessé gravement, il est parti au Brésil et il n’est plus jamais revenu. Je l’ai toujours en travers de la gorge et au fond de moi, c’est quelque chose qui… Voilà…
Le coach le plus marquant ?
Paul Leguen, forcément, parce que c’était mes plus belles années de foot à Lyon, et aussi Nourredine El Ouardani et Gilbert Gilbert Zoonekynd à Tours, avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir. J’en oublie forcément d’autres, parce que j’ai eu des bons coachs.
Le coach que vous aimeriez revoir ?
Georges Honoré, que j’ai eu au centre de formation à l’INF Vichy, on se parle au téléphone, mais je l’ai eu à un moment de ma vie, à l’adolescence, dans une période difficile de ma vie, il a été très important pour moi. Il m’a mis sur la bonne voie.
Un modèle d’attaquant ?
Florian Maurice, quand il jouait à l’OL, Sonny Anderson, que je trouvais déjà exceptionnel quand il jouait à Marseille, et j’adorais Raul aussi, Zidane, forcément, mais le joueur qui reste mon idole, c’est Maradona, que je n’ai vu jouer que sur sa fin.
Plus beau but marqué ?
Avec Toulouse, contre Monaco, une frappe sous la barre, mais on avait des vieux maillots ce jour-là, ça a gâché un peu le truc !
Vous étiez un joueur plutôt…
Généreux, je courais beaucoup, je m’entraînais beaucoup, un peu tro esthète.
Vous êtes un entraîneur plutôt…
J’essaie d’être un entraîneur tout aussi généreux, même si on ne peut pas faire plaisir à tout le monde. Proche des joueurs, humain. J’essaie, hein, ce n’est pas facile, d’être le plus humain possible. Les joueurs savent que je ne vais pas changer ma relation avec certains comme Scara, Bouchema, on ne va pas faire sembler ou changer parce que je suis coach, je n’ai pas changé ma relation avec eux.
Le milieu du foot ?
Passionné, enrichissant, et exacerbé, on retrouve ce qui se passe dans la société, puissance 10 000, avec les bons côtés et les mauvais.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Thonon Evian Grand Genève FC

Quand il a vu que son CV avait été partagé sur le réseau social par l’épouse du président de l’association des Herbiers, le coach passé par l’équipe II du Stade Brestois est entré en contact avec elle. Aujourd’hui, il est en tête de sa poule, en National 2, avec son nouveau club, à qui il impose un style offensif !

Photo Philippe Le Brech

Pour sa première expérience d’entraîneur en seniors, Laurent David fait assez fort : il est actuellement en tête du groupe D de National 2 avec son nouveau club, Les Herbiers.

Arrivé cet été dans le club finaliste de la Coupe de France 2017 contre le PSG, l’ancien pro de 52 ans vit actuellement un rêve éveillé. Samedi, à Lorient, face à la réserve des Merlus, les Vendéens tenteront de conserver leur nouvelle place de leader, après avoir raté l’occasion de creuser un petit écart lors des dernières journées (défaite à domicile contre la réserve d’Angers, nul à Angoulême et nul contre la réserve de Nantes).

Mais comme dans le même temps, GOAL FC, qui a fait la course en tête en première partie de saison, et Bergerac, toujours en embuscade, ont eux aussi marqué le pas, la situation demeure très incertaine en haut de tableau avec ces trois clubs qui se tiennent en trois points !

Après une longue carrière de joueur et sept années passées à la tête de la réserve du Stade Brestois 29, en National 3, le Briochin de naissance profite pleinement de la chance de coacher à ce niveau. Tout en plaisir et passion. Et cela se sent dans ses réponses, sans calcul !

Photo Philippe Le Brech

Laurent, vous vivez une très belle saison en N2 avec Les Herbiers, après un exercice sans club l’an passé…
Ne pas travailler, c’était difficile, dur psychologiquement. J’avais passé 8 ans à Brest, j’étais en fin de contrat. Ne pas être gardé dans son club de cœur, je n’ai pas compris, mais ça fait partie du foot, il faut l’accepter. Durant cette année, j’ai eu la chance de suivre le programme DMVE avec l’Unecatef (Union Nationale des Entraîneurs et Cadres Techniques Professionnels du Football), « dix mois vers l’emploi ». Ca m’a fait beaucoup de bien, ça m’a permis de rencontrer des gens, et des gens différents, ceux qui nous encadraient notamment, nous les dix ou douze coaches sans emploi. Je n’ai pas perdu mon temps. Et puis il y a eu la « folie » du président des Herbiers, qui prend un nouveau coach qui n’a jamais entraîné en N2. Rien que pour ça, ça me donne envie de m’arracher complètement.

« La formation, c’est un put… de laboratoire ! »

Dans Le Télégramme, vous disiez que vous aviez pris un gros coup, mais que vous aviez eu aussi quelques offres, sans que cela ne se concrétise. Désormais, vous profitez. Tout ça vous donne une certaine approche, on imagine…
J’ai eu deux ou trois offres qui sont arrivées très tôt. Je ne me sentais pas prêt. Peut-être que, quelque part, je n’avais pas fait le deuil, entre guillemets. L’autre option, c’est qu’il y avait deux ou trois entraîneurs en pros qui étaient intéressés par mon profil en tant qu’adjoint. J’ai voulu attendre, mais ça ne s’est pas fait, notamment un qui n’a pas retrouvé de club lui-même; ça a été une année blanche, donc. Derrière, il y a eu la discussion et la signature aux Herbiers. Je profite, déjà parce que je viens de la formation. Avec le recul, je pense que quasiment tous les coaches devraient passer par là, parce que, comme je dis, c’est un pu**** de laboratoire, c’est exceptionnel. Par rapport à l’année blanche, être en haut du classement, ça ne change rien pour moi, car je sais ce que c’est que de ne rien avoir. Un jour ou l’autre on est bas, puis en haut quelques mois plus tard. Ça montre vraiment ce qu’est le métier d’entraîneur. Il faut prendre ça avec calme, sérénité. Un peu comme dans une carrière de joueur, il faut profiter des bons moments, savoir savourer.

Photo Philippe Le Brech

Et quelle première en tant que n°1 aux Herbiers, donc ! Racontez-nous un peu cette saison de folie, marquée du sceau de l’offensive, vous qui avez la meilleure attaque de votre poule de N2.
Déjà, c’était un gros chantier dans le recrutement, avec André Gaborit, le coordinateur sportif du club. Il restait six joueurs de la saison dernière cet été. Quand j’ai présenté mon projet de jeu, il a fallu trouver les joueurs qui correspondaient à ce que je voulais mettre en place. Ce fut long, pendant deux mois, ça a été usant. Mais on a réussi à avoir les joueurs qu’on souhaitait. Puis ça a été un énorme travail pour mettre le projet de jeu en place. Je sais que les gens ont pu s’inquiéter car les résultats n’étaient pas forcément là en préparation et sur le début du championnat, mais je sentais que ça prenait. Petit à petit, même si on faisait beaucoup de nuls, il y a quelque chose qui ressortait dans le jeu. Je disais aux joueurs, « on n’est pas loin ». Il fallait continuer à travailler, à s’accrocher, à avoir la banane aux entraînements. Moi, un joueur qui arrive avec le sourire, c’est déjà gagné. Et puis la confiance a augmenté, il y a le match d’Angoulême à la 6e ou 7e journée qui nous a fait basculer, on n’a pas eu peur de continuer à attaquer.

« La priorité, c’est le jeu, le mouvement »

Le jeu offensif, vous aimez ça ?
Quand je suis arrivé l’été dernier, j’ai dit au président « Vous allez voir président, on va marquer beaucoup de buts, même si on en prendra aussi. » J’aime l’offensif. C’est peut-être utopique tout ça, mais ça se confirme. On a pris 22 buts, mais on est la meilleure attaque de notre groupe. Et si on en prenait un peu moins, peut-être qu’on marquerait moins. Le but reste de marquer un but de plus que l’adversaire, c’est ce que je dis souvent aux joueurs, gagner 4-3 c’est beau, ça fait plaisir aux gens, même si quand je dis ça, mon gardien fait la gueule (rires) ! Alors gagner 1-0 c’est bien aussi, mais on a une équipe qui joue, se crée des occasions. La priorité c’est le jeu, le mouvement, et les joueurs s’y retrouvent, prennent du plaisir, et c’est l’essentiel.

Sous le maillot du Stade Brestois. Photo Philippe Le Brech

En Vendée, vous déployez ce jeu avec un groupe jeune, qui va de 18 à 31 ans. Il y a un cercle vertueux : vous prenez du plaisir dans votre nouveau rôle, vos joueurs aussi, et les résultats sont là… ça roule, quoi !
Le groupe a 24 ans de moyenne d’âge. La nouvelle présidence avait dit de recruter jeune, c’est aussi un choix financier, et c’est peut-être quelque part pour ça que je suis venu, comme je viens de la formation. Je m’y retrouve complètement. La jeunesse du groupe, ça leur a permis de ne pas douter malgré les résultats mitigés du début de saison. Quand on a commencé le 12 juillet, je connaissais tous les joueurs, que j’ai eus longtemps au téléphone avant. J’ai d’abord expliqué au staff le projet de jeu que je voulais mettre en place, puis aux joueurs. Après, il faut avoir leur adhésion, et ça leur a plu, je pense. Sûrement même, car ils prennent du plaisir. Ensuite, il faut sans arrêt continuer à travailler sur des choses précises pour continuer à être le plus performant possible. Ce que je dis aux joueurs, c’est que le jeu est fondamental pour moi, ce qu’on peut proposer, ce qu’on met en place. Plus on se crée des situations, plus on a d’occasions, et plus on a de chances de marquer. C’est un gros travail. Je pars du principe que ce qu’on a mis en place dès juillet, on doit s’y atteler pour aller au bout, jusqu’en juin.

« Prendre un entraîneur qui n’a jamais évolué en N2, il faut le faire ! »

Les Herbiers est un club reconnu. Son nouveau président vous a fait venir, avec une « prise de risque » comme vous disiez. Comment ça s’est fait ?
Tout simplement, en fait, il y a… (il cherche ses mots et rit). C’est un peu drôle. Mon CV est partagé sur LinkedIn par une personne, madame Tilly. Je remercie cette dame, et elle me répond que son mari est le président de l’association des Herbiers. Il se passe quelques jours, et je vois qu’il y a des changements aux Herbiers, notamment du coach et du président du club. Je décide donc de chercher qui est ce monsieur Tilly, et j’envoie mon CV par mail. Il en fait part au nouveau président, Dominique Vincendeau. Mais ensuite, je n’ai pas de nouvelles. Je réussis à avoir le numéro de téléphone de Pierre-Louis Tilly pour voir où ça en est, et il me dit qu’ils essaient de me joindre depuis plusieurs jours. Ils ne devaient pas avoir le bon numéro ! Quatre jours plus tard, on se rencontrait avec les deux présidents, monsieur Tilly de l’association donc, et Dominique Vincendeau du club, et je signais. Je remercie ces deux personnes aujourd’hui, bien évidemment, car prendre un entraîneur qui n’a jamais évolué en N2, il faut le faire. Même si moi, j’étais convaincu de pouvoir entraîner à ce niveau, il faut encore avoir la chance de pouvoir le faire, et on m’a donné cette chance-là.

Photo Philippe Le Brech

Votre expérience de coach avant ça, c’était avec la réserve de Brest, où vous avez pu échanger avec Jean-Marc Furlan par exemple : il y avait quand même une connexion avec le monde pro, non ?
Oui, c’est paradoxal, parce que quelque part je suis un jeune entraîneur, car j’ai fini de jouer à 40, 41 ans (il en a 52 aujourd’hui). Mais en même temps, dans ces onze années, j’ai eu la chance de côtoyer très vite des gens de qualité. Le centre de formation, pour moi, ça a été une formation accélérée. Je gérais certaines séances avec les pros quand les coaches partaient en déplacement, j’avais régulièrement des pros avec moi, ça a été tout bénéfice. Une façon déjà de commencer à gérer des personnes plus âgées qu’en formation, avoir un discours différent, d’essayer de les comprendre. Car quand un pro « descend », ce n’est jamais agréable, et je leur disais tout le temps, « j’espère que je ne vais pas te revoir ! ». Ca veut dire que tu rejoues en haut si tu ne reviens pas.

« Ce serait nul si on avait tous le même parcours »

Chez les Pirates, vous avez évolué avec comme coaches de l’équipe pro Alex Dupont, Jean-Marc Furlan, ou encore Oliver Dall’Oglio. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
Alex, c’est celui qui m’a mis le pied à l’étrier, qui m’a fait comprendre que je pouvais entraîner, et qui m’a fait venir au club. J’avais une relation particulière avec lui, on était devenus très proches (Alex Dupont est décédé le 1er août 2020). Jean-Marc, ce qui m’a frappé, au-delà du personnage, c’est la façon dont il mettait en place les choses et dont jouait son équipe. Olivier, ce que j’aime beaucoup chez lui, c’est qu’il vient de la formation, et il a toujours cet œil, il savait y faire avec les jeunes joueurs. Ces entraîneurs sont tous différents, et intéressants. S’inspirer de ces gens-là, et avoir la chance de voir leurs différences, pour moi c’était génial.

Sous le maillot du Stade Brestois. Photo Philippe Le Brech

Récemment, on a des exemples d’entraîneurs passés par la formation ou autre qui réussissent, comme Franck Haise ou Will Still en Ligue 1. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Ce n’est pas commun, mais ça montre qu’il n’y a pas forcément toujours un seul chemin. Franck, avec qui j’ai joué à Beauvais, est aussi passé par la formation, il est passé par Lorient, il a rebondi à Lens. C’est une question de volonté, de travail, de réussite aussi. Mais ce serait nul, quelque part, si on avait tous le même parcours, c’est ça la richesse du football également. Par contre, on n’a rien sans rien.

Mais oui, moi c’est un peu un chemin atypique, je ne sais pas où il m’emmènera, plus haut, plus bas, on verra. Il faut avoir ce petit coup de pouce, je l’ai eu aujourd’hui, et c’est comme si je débutais une seconde carrière d’entraîneur, avec la N2, quelque chose de complètement différent de ce que j’ai pu connaître avec la réserve de Brest pendant sept ans. Je suis dans le résultat, alors qu’avant, la place finale importait moins; ce qui m’intéressait c’était amener les joueurs chez les pros, avoir ce côté un peu protecteur, père. Quand un gamin signait pro, j’étais hyper heureux, avec la sensation que j’avais participé à quelque chose. Maintenant il faut être le plus performant possible aussi, mais pour un résultat.

« A 40 piges, je jouais encore en National, avec des gars de 20 ans… »

Sous le maillot du Stade Brestois. Photo Philippe Le Brech

Laurent David le joueur a eu une longue carrière, avec un certain pedigree, une montée en Ligue 2 avec Grenoble par exemple, qui peut vous servir aux Herbiers aujourd’hui.
J’ai fait là-aussi une carrière un peu atypique. Je suis à Brest en formation, et malheureusement il y a un dépôt de bilan, et je signe pro à l’opposé, à Sedan. Après, voilà, j’ai presque 600 matches de joués entre D1, D2 et National. Mais il y a aussi le monde amateur, car je finis à 35 ans à Brest, mais je ne veux pas m’arrêter et je vais à Plabennec en CFA 2. Et au bout du compte je prends tellement, tellement de plaisir, car je suis un amoureux du jeu, que j’ai continué jusqu’à plus de 40 ans en amateur complet et finalement jusqu’en National à nouveau. L’avantage de ça aussi, peut-être, c’est qu’à 40 piges je jouais encore en National à Plabennec avec des mecs de 20 ans. Et quelque part, c’est un petit truc qui fait que je peux comprendre les jeunes joueurs maintenant. J’étais en décalé, ils m’appelaient « l’ancien », certains auraient pu être mes fils ! Mais j’ai pris énormément de plaisir à jouer avec ces mecs-là, et j’ai vu, pu observer plein de choses, avec aussi ce décalage. Par contre je devais être très exigeant envers moi-même pour suivre leur rythme, c’était un défi perso. La trêve de Noël par exemple, les jeunes pouvaient s’arrêter, moi j’allais courir tous les matins car je me disais « je vais crever si je m’arrête dix jours ! » (rires).

Pour finir, vous avez été élu deux fois meilleur jouer de National autour de 40 ans d’ailleurs, en 2010 et 2011 !
Oui c’est vrai, bon, je me disais que certains coaches avaient dû voter pour moi car on avait le même âge ! En fait, j’en retiens un truc, même si quelque part j’avais dû faire des bonnes perfs, mais ce n’est pas l’âge, c’est la passion. C’est la passion qui fait que tu peux encore y aller, si tu fais attention à toi. On le voit avec Akrour (Nassim Akrour, ancien joueur de Grenoble qui évolue encore, à 48 ans, à Chambéry en N3), c’est fantastique. Tous les joueurs devraient le regarder, et dire bravo. Il n’y a pas de secret, ça montre l’exigence qu’il faut avoir avec soi-même. C’est ce que j’ai essayé de faire à 40 ans. Je ne voulais pas qu’on dise que je jouais à cet âge en National parce que j’avais évolué avant en Ligue 1 ou Ligue 2, mais car j’étais capable de le faire.

Laurent David, du tac au tac – le joueur

Meilleur souvenir ?
La victoire en Gambardella en 1990 avec Brest. Avec Frédéric Guéguen, aujourd’hui coach adjoint à Grenoble, Erwan Manac’h, qui a fait une belle carrière, et puis Stéphane Guivarc’h, champion du monde 98. On est quatre à être passés pros, mais c’est surtout une aventure, c’est différent, on est jeunes, on découvre tout, c’est pour ça que c’est marquant.

Pire souvenir ?
Un quart de finale de Coupe de France avec Grenoble contre Troyes, où on a la sensation qu’on peut aller au bout de la compétition. Et puis quelques descentes aussi, mais ça fait partie d’une carrière de joueur.

Un président marquant ?
François Yvinec, l’ex-président de Brest (décédé en novembre 2021). Un homme qui m’a fait venir et découvrir le monde professionnel. Il s’est battu pour sauver son club parfois seul, et a réussi des choses fantastiques à l’époque, faire venir des joueurs comme Julio César, et il a développé la formation.

Le joueur affronté qui vous a marqué ?
Safet Susic, lors d’un de mes tous premiers matches avec Brest jeune. Il me semble qu’il jouait au Red Star. Il était en fin de carrière, je commençais. Je suis rentré, et je n’ai jamais touché le ballon du match. Quand j’étais à Martigues, il y a aussi Valdo du PSG qui m’a marqué. Il savait tout faire.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Claude Makélélé, à Brest. C’est quelqu’un qui était un bon mec, très intéressant. Ce serait sympa si on se revoyait avec Claude.

Un stade mythique ?
Lens. En D1 avec Martigues, j’étais remplaçant, et le gardien remplaçant était Franck Rabiot, qui avait joué à Lens en jeunes. Il avait dit « tu vas voir, c’est exceptionnel ». On était sortis avant pour entendre les chants, j’avais trouvé ça incroyable. Et puis il y a d’autres stades, le Parc, ça fait beaucoup de bruit, Marseille, Geoffroy-Guichard aussi. Et puis Brest, quand c’est plein, il y a de l’ambiance.

Laurent David, l’entraîneur

Meilleur souvenir ?
Je suis un jeune entraîneur, donc… La saison que je vis en ce moment. Même si à Brest j’ai vécu de très belles années avec la réserve. Mais la période que je vis depuis l’été 2022 est la plus belle.

Un joueur entraîné marquant ?
Parce qu’il est parti de quasiment zéro, c’est Ibou Sissoko, aujourd’hui à Strasbourg. On l’avait repéré sur Paris, il n’avait pas forcément plus de qualités que les autres, mais c’était une bête de travail. L’exemple-type du joueur « lambda » qui prouve que quand on veut, on peut, avec l’envie et le travail. Il joue un peu moins cette année, il peut me rejoindre s’il a envie (rires) ! Et au-delà du joueur, c’est un mec génial. Un exemple.

Un modèle en tant que coach ?
Je n’ai pas de modèle précis, mais j’ai eu la chance de côtoyer des entraîneurs à Brest dont je me suis inspiré, tous différents, Alex Dupont, Jean-Marc Furlan, Olivier Dall’Oglio. Dont j’ai retenu des choses, soit dans le management, l’entraînement, la façon de procéder, des remontées de balles, plein de petites choses. Au Bataillon de Joinville, le management de Roger Lemerre était fantastique. Je me suis nourri de ce que j’ai vu, et puis mettre en place mes propres idées en ajoutant ce que j’avais vu. Ca me paraît plus concret.

Vous êtes un entraîneur plutôt … ?
Offensif. C’est ce que j’ai dit à mon président aux Herbiers en signant. « On va marquer beaucoup de buts, mais on va en prendre aussi ». Je veux un foot qui me ressemble, j’aime le jeu.

Textes : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos Philippe Le Brech

Programmée pour jouer le haut de tableau en National, la Berrichonne se bat pour ne pas descendre. Son directeur général, revenu aux manettes avec Michel Denisot en 2021 dans les valises de United World, effectue un tour d’horizon et dresse un premier bilan.

Patrick Trotignon n’est pas allé jusqu’à comparer tous les CV de ses homologues du championnat, mais, en scrutant le sien, on peut avancer sans risque d’être contredit qu’il possède assurément l’une des plus belles expériences de dirigeant, sinon la plus belle, en National.

Ce qui, du reste, n’est pas forcément un gage de réussite, les 24 mois compliqués qu’il vient de passer à la Berrichonne de Châteauroux depuis son retour en mars 2021 sont là pour en attester, même si la sortie de l’hiver s’annonce un peu plus radieuse.

Et puis, s’il suffisait d’avoir des compétences en matière de management, d’innovation, d’imagination ou d’esprit entrepreneurial pour réussir dans le foot, cela se saurait depuis longtemps. Quand bien même l’on a passé un DUT de gestion des entreprises et des administrations à Bourges dans sa jeunesse, de quoi apprendre les rudiments du management et de la comptabilité.

« Je me suis fabriqué grâce aux rencontres »

Non, le natif de Saint-Amand-Montrond (Cher), dans le « haut-Berry », qui avait dans un premier temps suivi des études de mécanicien industriel au lycée technique de Vierzon, ne court ni après les lignes d’un CV, ni après un palmarès, ni d’ailleurs avec les titres, lui qui a occupé un peu toutes les fonctions dans le milieu du foot – président, vice-président, président délégué, manager général, conseiller, DG, secrétaire général, administrateur, etc. -, un peu à tous les échelons, en National, en Ligue 2, en Ligue 1 et aussi sur la scène européenne, et qui aime à rappeler qu’il vient de la base : « J’ai tout fait dans ce milieu, dit-il sans prétention; même nettoyer les vestiaires. Je me suis fabriqué, grâce à d’autres, évidemment, j’ai fait des rencontres dans ma vie qui m’ont permis de faire tout ça. »

Ce qui fait avancer le Berrichon du Nord et du Sud, qui fêtera ses 69 ans jeudi, à l’autorité et à la prestance naturelles, qui derrière une façade un peu austère laisse apparaître une réelle empathie à l’égard des autres, un esprit ouvert et accessible, ce sont les rencontres. Celles à venir et celles, nombreuses, qui ont jalonné son parcours, et dont il s’est inspiré et nourri pour acquérir cette fameuse expérience.

Ce qui fait avancer cet homme qui manie parfaitement l’humour et le sens du contact et de la formule, ce sont les projets novateurs, les idées qu’il peut mettre en place et, bien sûr, ces indescriptibles émotions que seules les personnes qui vivent le foot de l’intérieur peuvent ressentir.

Servette de Genève, Evian Thonon Gaillard, Paris FC…

Tout le monde connaît l’histoire, c’est Michel Denisot, qu’on ne présente pas, qui lance la carrière de Patrick Trotignon à Châteauroux. Leur rencontre a lieu un 1er avril, en 1989, lors d’un match de l’ancienne Division 3 entre Bourges et Châteauroux. A l’époque, Patrick Trotignon venait de ranger sa casquette d’éducateur en cadets nationaux pour un poste de secrétaire général au sein du club phare du Cher. Michel Denisot, lui, était en pleine préparation d’un plan de reprise du club castelroussin, alors proche de la relégation en D4. L’histoire dure 8 ans !

La Berri se maintient en D3, accède en D2 (1991), mais, après le passage de deux poules à une poule en D2, il redescend dans le tout nouveau championnat National en 1993. Il en profite pour négocier et obtenir la fameuse aide financière de la Ligue professionnelle accordée aux clubs qui descendent de D2 (L2) en National. Il faut dire que dans le lot des clubs relégués figurent l’En Avant de Guingamp d’un certain Noël Le Graët, président de La Ligue ! Forcément, et sans jeu de mots, ça aide. La Berrichonne de Châteauroux décroche ensuite un titre de champion de National en 1994, retrouve la D2 avant d’accéder en Division 1 en 1997. Le graal.

2021, Denisot-Trotignon, acte III

Patrick Trotignon, lui, passe au Servette de Genève, avant l’acte II du tandem qu’il forme avec Michel Denisot à Châteauroux, entre 2002 et 2008, juste avant l’aventure Croix-de-Savoie / Evian Thonon Gaillard (2008-2013), des passages à Grenoble, au Paris FC (conseiller du président Pierre Ferracci). Et comme il aime bien les retours, il revient dans le Chablais, à Thonon, où tout avait commencé avec Croix-de-Savoie, pour le lancement d’une académie internationale, en 2017.

En mars 2021, Patrick Trotignon revient, pour la troisième fois, à la Berrichonne de Châteauroux. Le club où tout avait commencé pour lui en 1989. Le club où il a, justement, connu ses plus belles émotions. Et il n’arrive pas seul : Michel Denisot est toujours là lui aussi, dans le même wagon, l’ancien journaliste à la présidence, Trotignon au poste de DG.
Le retour de cette doublette qui avait permis à la « Berri » de vivre ses plus belles heures fait naître de réels espoirs, nés aussi de l’arrivée d’un nouveau propriétaire, le groupe saoudien United World, présidé par le prince Abdullah bin Mossad.

Relégable à Noël et en janvier

Depuis mars 2021 et ce nouvel acte III pour l’association Denisot-Trotignon, le club n’a pas décollé, sportivement s’entend, et « ère » toujours en National. Pire, il a manqué le coche la saison passée pour la remontée immédiate en Ligue 2, avant de vivre une saison actuelle 2022-2023 beaucoup plus compliquée.

Englués dans le ventre mou, et même tombés à plusieurs reprises dans la zone de relégation – ils étaient 14es à l’issue de la phase aller et toujours à cette même place après la journée 19 -, les Castelroussins ont, heureusement, redressé la barre depuis.

L’équipe de Maxence Flachez vient d’enchaîner deux victoires consécutives qui lui a non seulement permis de sortir de cette zone dangereuse, et même de s’en éloigner un peu (9e sur 18, avec 34 points, soit 4 longueurs d’avance sur le premier relégable, Bourg-en-Bresse/ Péronnas, 13e).

Du mieux depuis février

Avec la responsable commerciale, Stéphanie Reignoux.

Mieux encore, depuis leur défaite à Martigues, début février, les coéquipiers de Romain Grange semblent indéniablement sur la voie du redressement, à l’image de ce bilan encourageant de 4 victoires en 6 matchs.

Du coup, Châteauroux va mieux. Châteauroux respire un peu. Mais Châteauroux n’est pas sauvé. Vendredi, à Gaston-Petit, face au dernier, Borgo, elle tentera de signer la passe de trois.

Dans une journée à l’emploi du temps hyper-chargé, où une équipe de Foot Unis ( l’interlocuteur des représentants des salariés du football) le filme dans ses moindres faits et gestes, Patrick Trotignon trouve le temps de répondre à nos questions. Un point météo – beau temps à Châteauroux et beau temps à Nice, « Oui mais il y a toujours du vent à Nice ! » (euh… Marseille n’est pas Nice monsieur Trotignon !), une boutade lancée à Stéphanie Reignoux, la responsable commerciale, et c’est parti pour 40 minutes d’entretien !

Interview

« Je n’ai jamais pensé que le football était facile »

Deux ans pile après votre arrivée et celle de United World, quel bilan dressez-vous ?
Au niveau sportif, c’est négatif. Enfin, négatif… non. On a mal abordé le sujet. Quand on est arrivé, le club était encore en Ligue 2 mais presque en National. Il a fallu gérer une descente et tous les problèmes liés à cela, le changement d’effectif, le changement d’entraîneur, sans parler d’héritage… Châteauroux venait de se séparer d’un duo d’entraîneur, Nicolas Usaï puis Olivier Saragaglia, un autre est arrivé, Benoît Cauet, puis il y a eu Marco Simone, bon c’était vraiment… pfff… L’instabilité des cadres techniques, ce n’est jamais bon, car je crois que la stabilité est un des facteurs de la réussite. Alors forcément, là, on s’était tiré non pas une balle mais un boulet dans le pied. C’est dommage, parce que je pense qu’on avait les moyens sportifs et financiers de faire beaucoup mieux l’an passé. C’est pour ça que je dresse un constat d’échec. Et on n’est pas beaucoup mieux cette année.

Si Châteauroux en est là, forcément, c’est qu’il y a eu des erreurs stratégiques…
Mais le football, ce n’est que ça. Ce n’est pas parce qu’on choisit la mauvaise marque de ballon qu’on ne réussit pas. C’est une question de choix des hommes. C’est la complexité du métier, il faut bien choisir les gens avec qui on travaille, en particulier pour la partie sportive, qui est la locomotive du club. Mais il n’y a pas que ça, il y a eu aussi beaucoup de changements au niveau du management; le nouveau propriétaire a mis aussi ses principes en place, c’est légitime, il a fallu s’adapter. Tout cela n’est pas forcément propice à la performance.

« La Ligue 2, c’est une bonne division pour Châteauroux »

Par le passé, Châteauroux n’est jamais resté très longtemps en National : la Ligue 2, c’est vraiment sa place ?
Oui, la Ligue 2, c’est une bonne division pour Châteauroux. Mais si on en est là aujourd’hui, c’est la conséquence de mauvais choix, c’est tout. On est dans un contexte sportif très concurrentiel, avec ce changement de cap, en fin de saison : le National, sincèrement, ça devient illisible. Tout le monde peut battre tout le monde. J’ai regardé lundi dernier Versailles contre Borgo, bon, vous coupez le son, vous ne savez pas qui est dernier et qui est premier (Versailles était repassé leader en s’imposant 1 à 0, Ndlr). Saint-Brieuc qui va gagner récemment 3-1 à Orléans et perd 3 à 0 à domicile contre Dunkerque. Tout est possible dans ce championnat. Vous gagnez deux matchs, vous parlez de montée, et vous perdez deux matchs, vous avez la trouille de descendre. Je n’ose même pas envisager ce qui va se passer la saison prochaine en National : avec quatre clubs de plus qui vont descendre de Ligue 2, ouh là là…

Etes-vous d’accord si on vous dit que Châteauroux n’était pas préparé à jouer le maintien et que, forcément, cela peut jouer mentalement ?
Oui, c’est sûr que c’est un des facteurs qui ne nous est pas favorable, parce que Châteauroux a été formaté pour jouer les premières places, comme la saison passée, où on a terminé 5e en National. Alors on s’est dit que, cette année, avec un effectif de qualité, également formaté pour jouer le haut de tableau, on allait faire pareil, mais non, et à l’arrivée, on se retrouve en bas. Et là, ce ne sont plus tout à fait les même qualités qu’il faut, elles doivent être aussi mentales, car il faut aller « se battre » au Puy, à Avranches, c’est sans doute ce qui rend notre tâche plus difficile que pour des équipes qui étaient programmées pour jouer le maintien.

« Descendre ? Pour moi, ce n’est même pas envisageable »

Le spectre de la descente, est-ce quelque chose qui vous fait peur ?
Si je répondais que cela ne me faisait pas peur, ce serait totalement irresponsable de ma part. Forcément, ça doit nous faire peur, parce que c’est l’avenir d’un club qui est en jeu, l’avenir de familles, l’ensemble du personnel : on a plus d’une centaine de feuilles de paie chaque mois, on est une PME. Ce spectre forcément fait peur. Mais je pense que les joueurs en sont conscients. Alors oui, vous me dîtes que notre effectif est de qualité, mais pour l’instant, nos qualités font qu’on est 10es (l’entretien a été réalisé à la veille du succès à Nancy, qui a permis au club de passer 9e).

Descendre, ce serait une catastrophe industrielle ?
Oui, car ce serait la perte du statut professionnel, la fermeture du centre de formation, ce serait la berezina, mais pour moi, ce n’est même pas envisageable.

Pensiez-vous, à votre retour en 2021, que ce serait aussi compliqué ?
En tout cas, je n’ai jamais pensé que le football était facile. Qu’on soit dirigeant en National 3, National 2 ou en Ligue 2, ce n’est pas écrit dans les datas que vous allez finir 5e ou 10e. L’histoire du football a montré d’énormes surprises par le passé. On n’aurait jamais pensé que, trois mois en arrière, Saint-Etienne serait aux portes du National. C’est comme ça. C’est la vie d’un club. On peut très bien se servir d’une saison comme celle-là pour ensuite rebondir. Mais je ne pensais pas, sincèrement, que l’on se retrouverait dans cette situation. Je ne l’ai pas vu arriver.

« La Ligue 3 va devenir indispensable »

Cette réforme des championnats, vous en pensez quoi ?
En deux ans, y’a quand même 8 clubs de Ligue 2 qui vont descendre en National. Bon, entre les deux saisons, y’en a peut-être qui vont remonter, mais regardez, la remontée immédiate, ça ne se voit quasiment plus. La création de la Ligue 3, on appellera ce championnat comme on le voudra, va devenir indispensable, parce qu’avec la diminution des clubs de L1 et L2, qui vont se retrouver en National, et ceux qui y sont déjà, il va y avoir de sacrés affiches : Châteauroux – Nancy, avant, c’était une affiche de Ligue 2. Et se retrouver en National, cela n’arrive pas qu’aux autres… C’est un championnat qui devient assez excitant.

Vous diriez que Châteauroux, en 2024, aurait plutôt sa place en Ligue 2 ou en Ligue 3 si celle-ci voit le jour ?
Je ne peux pas répondre catégoriquement à cette question mais ce qui est sûr c’est que Châteauroux doit être un club de Ligue 2. Il y a un stade pour, un centre d’entraînement, des infrastructures, un environnement avec des collectivités et des partenaires qui nous suivent.. C’est une ville et un département qui ont besoin de la Ligue 2, et ce serait dommage que Châteauroux n’y retourne pas. Les connaisseurs du football le disent, Châteauroux, c’est un club de Ligue 2. C’est sa place, mais ça devient très difficile.

L’érosion du public à Gaston-Petit, où les affluences stagnent à 2000 spectateurs… ?
C’est moyen, il faut être clair, et cela ne vas pas s’arranger avec le temps; le public y croit toujours un petit peu, alors il vient, mais le National n’est pas un championnat viable, il ne faut pas y rester trop longtemps. Soit la Ligue 3 arrive avec quelques subsides pour compenser les obligations auxquelles doivent faire face les clubs, soit on fera comme les autres, c’est-à-dire que l’on sera obligé de monter ou alors on disparaîtra, un jour ou l’autre.

« Pour l’instant, on n’épate personne »

Avec l’arrivée de United World, le club est pourtant passé dans une autre dimension, au niveau de l’aura et aussi en matière de surface financière…
En matière d’infrastructures, les projets étaient déjà là, avant que « United » n’arrive. En matière d’aura, pas forcément, car ce qui donne de l’aura, c’est le niveau où on évolue, et pour l’instant, on n’épate personne sportivement.

Après, malgré les difficultés sportives que nous connaissons, « United » continue d’épauler le club et de le structurer, il a une vision à longs termes, il ne fonctionne pas en se disant que si on reste en National, il va diminuer la voilure. On a toujours un potentiel administratif bien dimensionné pour en faire un club sérieux, auquel « United » apporte sa contribution.

Chaque département du club est en relation avec un chef de département chez « United » à Genève, et cela apporte une valeur ajoutée dans l’exécution des tâches de chacun.

C’était Indispensable pour un club comme Châteauroux de compter sur l’arrivée de « United World » ?
Je n’en sais rien car je ne peux pas juger la situation du club avant. On peut penser que c’était indispensable, car Châteauroux est une petite ville, où il n’y a plus trop de grosses industries capables de prendre le relais, donc c’est une chance pour elle d’avoir eu cette opportunité. C’est ce que je pense.

Donc United World continuera de vous suivre, quoi qu’il advienne ?
C’est à eux qu’il faut le demander, je ne peux pas parler à la place du Prince. Mais ce qui est sûr, c’est qu’ils sont impliqués et proches du club. Dommage que l’on n’ait pas les résultats sportifs escomptés. Si on pouvait gagner à l’extérieur, ça nous donnerait un peu plus d’air; souvent, on se remet le « c… dans les ronces », en gagnant chez nous et en perdant à l’extérieur, là, il faudrait gagner à Nancy, comme début février avec la victoire à Bourg et contre Le Puy, mais on n’était pas arrivé à enchaîner derrière.

En revenant à Châteauroux, la boucle est-elle bouclée ?
Oui, oui, c’est fini, c’est le dernier tour de piste, même si j’ai encore la foi, même si j’ai du gaz ! Ce qui me plaît dans l’activité au niveau du groupe United World, il y a le club évidemment, mais je suis amené à développer d’autres concepts autour du club; là, par exemple, on est en train de créer une académie privée de foot, comme un centre de formation privé, c’est intéressant, on a loué des installations, des bâtiments, on a commencé à travailler avec des pays du continent africain, où on a signé des conventions pour former des jeunes qui viendraient ensuite à Châteauroux.

Vous aviez fait un peu la même chose à Thonon Evian, en 2017…
Oui mais ce n’était pas le même modèle d’académie. Evian Thonon travaille plutôt sur le continent américain et est très lié au PSG, donc c’est plus une politique « marketing ». United World, eux, sont plus axés sur la qualité et l’excellence.

Patrick Trotignon, du tac au tac

« J’aime construire, entreprendre »

Meilleur souvenir sportif de dirigeant ?
J’en ai deux. Deux finales de coupe de France. Avec la Berrichonne en 2004 et en 2013 avec Evian Thon Gaillard. Tous les 9 ans ! Du coup, j’espérais en refaire une en 2022, cela n’a pas été possible (rires).

Pire souvenir sportif ?
La chute programmée, à laquelle je n’ai pas participé, d’Evian Thonon Gaillard. C’était un projet assez fabuleux, soutenu par le groupe Danone, et qui a volé en éclats à cause de l’indélicatesse et de l’irresponsabilité de quelques personnes. C’était un épisode assez incompréhensible de la bêtise humaine.

Un club de coeur ?
C’est forcément La Berrichonne de Châteauroux. C’est là où j’ai véritablement démarré ma carrière de dirigeant, et c’est quand même ma ville, quoi… C’est vrai que j’ai commencé à Bourges, mais pas longtemps. Le vrai démarrage, ce fut en 1989, lors de ma rencontre avec Michel Denisot, et l’aventure a commencé là avec La Berri, jusqu’à l’accession en Division 1 en 1997. C’était une belle période.

Un stade mythique ?
La Bombonera (Buenos Aires, Argentine). J’ai eu l’occasion d’y aller. J’ai assisté au derby Boca Juniors – River Plate, c’est exceptionnel, j’étais accompagné de Juan Simon, un ancien international argentin, qui a participé à la coupe du monde en Italie, et qui a joué en France, à Strasbourg et à Monaco. Je suis toujours en relation avec lui.

Un match de légende ?
On a toujours tendance à penser que c’est le dernier que l’on a vu, c’est pour ça que la nouvelle génération pense que c’est le dernier France-Argentine en finale de la coupe du Monde, mais je pense que ce match est juste spectaculaire par son scénario, mais ce n’est pas un match de légende. Pour moi, ce sont les matchs de l’Ajax Amsterdam des années 70, avec Cruyff, Neeskens et compagnie. Evidemment, c’est ma génération, j’avais les cheveux longs, comme eux, et la finale de la coupe du Monde 1974, Pays-Bas / Allemagne (1-2) reste dans ma mémoire. Parce que ce fut une grande déception pour moi.

Le président le plus marquant ?
Il faut avoir un respect pour ce qu’a fait Jean-Michel Aulas. Je sais qu’il est parfois clivant, mais on vit dans un pays où les gens qui réussissent sont jalousés. Je suis admiratif de ce qu’il a fait. Durer à ce poste-là, ce n’est pas facile. je dis chapeau. Il a développé son club et il continue à le faire : d’un point de vue entrepreneurial, c’est un grand exemple pour les dirigeants.

Le meilleur joueur côtoyé ?
Je vais en citer deux. Christian Poulsen, que j’ai eu à Evian, et qui est entraîneur-adjoint de l’Ajax Amsterdam aujourd’hui ( et sélectioneur adjoint du Danemark). Il a été international danois et je l’avais récupéré de Liverpool, grâce à l’aimable collaboration de Damien Comolli, et c’est sans doute le meilleur joueur que j’ai eu l’occasion de côtoyer dans un effectif. J’en ai connu d’autres, comme Wilson Oruma ou Alexander Frei au Servette de Genève, où j’ai côtoyé Lucien Favre comme entraîneur, avec qui on a gagné la coupe de Suisse en 2001, mais je n’oublie pas non plus quand même un joueur qui a marqué l’histoire de Châteauroux, c’est Yann Lachuer. C’est l’artisan de l’accession de La Berrichonne en Division 1, qui reste le point culminant de l’histoire du club. J’aurais pu citer Patrick Mboma, qui fut un joueur marquant aussi pour le club.

Votre pire match de dirigeant ?
Le match qui m’a le plus déçu, c’est en coupe de Suisse, un match du premier tour, on joue contre une équipe amateur; on fait jouer un joueur suspendu, et on est éliminé… On était tenant du titre. ça, c’était atroce, un cauchemar.

Le match qui vous a procuré le plus de fierté ?
J’en ai beaucoup. Le football procure des émotions inégalables, il faut être dedans pour les ressentir, alors sincèrement, je dirais la demi-finale de coupe de France entre Châteauroux et Dijon en 2004, ça reste un événement exceptionnel, c’était la fête dans le Berry, on se qualifie pour aller au Stade de France. Je n’oublierai jamais ce match.

Plus grosse fierté de dirigeant ?
Ma fierté, c’est d’avoir globalement bien fait mon travail, avec passion et précision. J’ai connu beaucoup d’accessions, beaucoup de titres. Personne ne s’en rend compte, mais je pense que j’ai fait mon travail, « avec sériosité », comme disait Stefan Kovacs, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, qui, au lieu de dire « avec sérieux », disait « avec sériosité » (rires).

Plus grosse erreur de dirigeant ?
(Rires) J’en ai collectionné quelques-unes ! C’était souvent des erreurs de stratégie, de recrutement. Parfois, on se trompe sur les hommes. Je pense quand même que l’une de mes plus grosses erreurs, c’est d’avoir fait confiance à certaines personnes à Evian Thonon Gaillard qui ensuite m’ont trahi et conduit le club à la déroute. J’aurais dû écouter mon environnement, qui m’avait dit de me méfier, et je ne l’ai pas fait.

Votre décision de dirigeant la plus difficile à prendre ?
(Long silence) Y’en a beaucoup parce que lorsque l’on est amené à se séparer d’entraîneurs qui ont des valeurs humaines… C’est le job qui fait ça. C’est sans doute la séparation avec Bernard Casoni. J’en reviens encore à Evian mais on s’est séparé prématurément, sans doute pour des problèmes d’incompréhension, on venait d’accéder en Ligue 1, on était même 9e du classement, à la mi-saison, on s’est expliqué, voilà, après attention, on est resté en très bon terme, on s’appelle, mais je pense que c’est une erreur.

Vous êtes un dirigeant plutôt…
Entreprenant, innovant. J’aime construire, entreprendre, c’est mon tempérament, j’aime créer, innover : un exemple, quand j’ai démarré ma carrière de dirigeant à Châteauroux, on a été sans doute l’un des premiers clubs à installer des panneaux publicitaires à défilement, ce n’étaient pas des LED à l’époque. J’avais démontré au CA que c’était plus rentable car on pouvait vendre 3 ou 4 pubs en même temps. Bon, c’est juste un exemple. Je ne veux jamais évacuer aussi le côté humain qu’on doit avoir : malheureusement, dans ce milieu, parfois, il ne faut pas mélanger l’affectif et le business, on gère des hommes, donc forcément on n’est amené à prendre des décisions pas toujours agréables même si, très honnêtement, j’ai toujours essayé de garder ce côté humain. Je suis resté à 90 % en bonnes relations avec les personnes avec lesquelles j’ai travaillé, joueurs, dirigeants, entraîneurs, etc. Je ne pense pas avoir véhiculé de la méchanceté.

Le milieu du foot ?
Impitoyable.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr /Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : La Berrichonne de Châteauroux  (et United World)

Intronisé à la tête de l’Etoile FC Fréjus/Saint-Raphaël le 7 mars dernier, l’ancien joueur de Bordeaux revient sur sa nomination, qui s’inscrit dans un cursus de formation au métier d’entraîneur. Pour l’heure, il ne voit pas plus loin que cette fin de saison avec un maintien à assurer. Première étape contre Lyon La Duchère ce week-end.

Photo Alexandre Plumey

Main dans les poches, voix posée et idées claires. A le voir marcher entre la pelouse et les vestiaires du stade Louis-Hon, en passant par son bureau ou la pièce de convivialité, la sérénité accompagne Julien Faubert, nouvel entraîneur de l’Etoile Fréjus Saint-Raphaël FC depuis le 7 mars.

Conscient de la délicate situation comptable du club fréjuso-raphaëlois, qui a d’ailleurs coûté son poste à son prédécesseur (Charly Paquille), l’International tricolore (un match, un but et avec le N°10 qui plus est) se sait attendu. La pression n’effraie pas celui qui fut l’adjoint de Jean-Guy Wallemme à l’Etoile FC (2021-2022). Au contraire.

La survie d’un club qu’il a appris a apprécié depuis son arrivée en tant que joueur en 2019 avant d’entraîner différentes équipes (U15, U17 puis les U18 et la réserve en Régional 2 depuis ce début de saison) l’a suffisamment motivée à accepter le challenge. Au-delà d’ambitions personnelles sur un banc de touche qu’il se refuse d’aborder avant que son unique priorité actuelle ne soit actée : le maintien en National 2.

Photo Alexandre Plumey

La tâche ne sera pas simple sur les dix matches restants. Les Varois sont 9e, à 3 points du premier relégable, Alès, et avec le même nombre de points que le 11e, Toulon, un rang synonyme aussi de descente en fonction des calculs complexes de fin de saison et de la refonte des championnats (*).

Le Havrais (39 ans), formé à l’AS Cannes, se refuse de trop calculer pour l’heure. Il a des matches à regagner. Entretien avant son baptême du feu contre Lyon-la Duchère, demain (samedi à 18h) à la maison. De quoi retrouver le chemin du succès après sept rencontres sans victoire (4 nuls et 3 défaites) ? Ces mêmes Lyonnais qui sont les derniers a avoir perdu contre les Varois en championnat, le 7 janvier, au match aller (2-0).

*Au terme de la saison 2022-2023, les 5 derniers de chaque groupe de National 2 sont relégués en National 3 (équipes classées de la 16e à la 12e place). Les deux moins bons 11es des quatre groupe de N2 descendront également en N3. Pour déterminer ces deux moins bons 11es, un mini-championnat sera calculé avec les équipes classés de 6 à 10 de chaque groupe.

Photo Philippe Corbin

Julien, avez-vous hésitez une seconde avant d’accepter le poste ?
Pas une seconde. On a fait appel à moi car il fallait sortir le club de cette situation délicate. C’est ce qui prime avant tout. Donc j’ai répondu présent. Le club m’a accompagné depuis le début de ma reconversion, ils m’ont mis dans les meilleures conditions pour découvrir mon futur métier et me former. C’est mon éducation : quand on me donne, je rends au centuple.

Trois points d’avance sur le premier relégable : la situation a-t-elle été un moteur ou un frein dans votre réflexion ?
Ce n’est pas une question de moteur ou de frein. Je n’avais pas besoin de moteur ou de motivation. La situation sportive est un facteur important certes. Dans le football, amateur ou professionnel, tout le monde dépend de l’équipe première. Quand l’institution est en danger, c’est tout le club, les joueurs, les 1000 licenciés, les éducateurs ou les employés administratifs… Pour l’avoir vécu même au haut niveau, c’est primordial de sortir ensemble de cette situation.

Photo Alexandre Plumey

Vous n’étiez plus au contact directe l’équipe depuis votre prise en charge de la réserve. Vous gardiez un oeil dessus ?
J’étais en relation avec le coach en place de par mon poste d’entraîneur de la réserve avec les redescentes, etc. Quoi qu’il arrive, j’ai l’esprit club. J’aime à dire que c’est mon club aussi car ils m’ont tendu la main et accompagné dans mon évolution. J’ai continué à venir voir l’équipe A, ce qui est normal quand on fait partie d’un club. J’ai cette culture du monde professionnel et donc cette culture hiérarchique. La vitrine du club, c’est l’équipe première et il faut la soutenir.

Votre relation et cet attachement à l’Etoile FC peut surprendre car vous n’êtes pas natif de la région, ni formé au club. Comment la définiriez-vous ?
Plus que bonne. Je me calque sur ma carrière. On a des résultats, il se passe des choses, on ne progresse que par le travail. Je me remets beaucoup en question. La direction a senti ça en me voyant travailler. Et à l’inverse, j’ai senti que j’avais affaire, malgré ce qu’on peut penser, à des gens humains. C’est un feeling.

Lors de son arrivée à Fréjus/Saint-Raphaël, en 2019. Photo Philippe Corbin.

Qu’avez-vous appris de votre premier passage sur le banc en N2 aux côtés de Jean-Guy Wallemme (2021-22) ?
Je suis en quête d’apprentissage. Je suis persuadé qu’on apprend jusqu’à sa mort. J’apprends de tout le monde, de ce qui va et surtout de ce qui ne va pas. J’aime beaucoup réfléchir, choisir entre le maximum d’options. J’ai appris à son contact, notamment sur le coaching du haut niveau. Mais j’aime aussi avoir mon propre avis sur certaines situations. J’ai appris, j’apprendrai demain et dans dix ans.

Ce n’est pas totalement le même effectif que lors de votre passage en tant qu’adjoint…
C’est une nouvelle histoire. Il y a des joueurs que je connais, des joueurs que je connais moins, d’autres que j’ai connu en réserve. On crée un relationnel, un échange. Et j’essaie d’imposer ma patte tactique. On sait qu’on a peu de temps mais il faut la mettre en place.

Quelle est-elle justement ?
Le football se joue avec le coeur, la passion, avec la définition de détester perdre et d’aimer défendre. Je ne vais pas m’étendre sur l’aspect tactique mais j’ai quelques principes dans ma tête que j’ai pu apprendre pendant ma carrière et appliquer avec mes équipes pendant ma formation.

Lors de son arrivée à Fréjus/Saint-Raphaël, en 2019. Photo Philippe Corbin.

Joueur, vous qui étiez tantôt défenseur ou attaquant sur votre couloir droit : l’entraineur est plus offensif ou défensif ?
J’aime avoir un équilibre dans une équipe. Il faut avoir la volonté d’attaquer pour marquer des buts parce que c’est le but du football, mais si on en n’encaisse pas, on ne perd pas. Il faut essayer de trouver un équilibre : ne pas s’économiser pour attaquer et tout faire pour défendre.

Dans la situation actuelle, c’est surtout ne pas perdre…
Pas perdre oui et non parce qu’avec des nuls on n’avance pas. L’aspect psychologique sera essentiel. Les joueurs ont des qualités. Elles ne se sont pas envolées. La volonté de ne pas perdre doit exister mais ne doit pas nous brider. Travailler sur l’aspect mental est important, encore plus aujourd’hui.

Adjoint, on vous a vu très actif sur le banc, moins quand vous étiez à la tête des U17. Est-ce lié à la fonction ou à la catégorie ?
Au statut. Adjoint, on se doit d’épauler son entraîneur quand on a un regard et un recul différent. En sachant nos limites, on peut se permettre d’intervenir quand il le faut. J’ai un peu ce profil, j’ai pas ce souci d’intervenir. Je suis persuadé qu’on a plus de solutions avec deux paires d’yeux et deux cerveaux. C’est à moi de trancher mais j’aime avoir plusieurs avis.

En passant vos diplômes, devenir numéro 1, c’était un coin de votre tête ? A quelle échéance ?
Je n’avais qu’une seule échéance : apprendre. Comme dans mon métier de footballeur, je ne fais pas les choses à moitié. Je viens du monde pro, j’aime quand c’est calibré, préparé. Me projeter ? J’ai d’abord besoin d’apprendre et de passer des étapes. Mon but premier c’est de sortir le club de cette situation.

Chaque année le club annonce vouloir monter, le président Alexandre Barbero l’a rappelé avec ses mots à la soirée des partenaires cet été et ça coince. Cette saison encore plus. Pourquoi ?
Je n’ai pas d’analyse sur ça parce que ce n’est pas le moment. Je le répète, mais actuellement c’est la situation comptable qui est au dessus de tout. L’institution est en danger et d’abord il faut faire ce travail et on verra par la suite. La première pensée n’est pas d’analyser ce qui va ou ne pas, c’est d’être le plus performant possible sur ces dix derniers matches.

Votre carrière, vous en parlez aux joueurs ?
Ça peut m’arriver mais je parle surtout de l’aspect passion, du don de soi à 120 ou 150%. Je ne vais pas les saouler avec mon passé de joueur. Ce sont eux les acteurs sur le terrain. Mon passé de joueur n’y fera pas grand chose, c’est mon présent d’entraîneur qui peut leur apporter des repères, des consignes pour que ce soit important pour eux.

Julien Faubert, du tac au tac

« Grant nous a diffusé Gladiator tout le long de la causerie sans dire un mot. Même pas une consigne. »

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Pour la passion. J’avais réellement toujours un ballon sur moi. Je passais des heures à jouer dehors, juste pour le plaisir. Quand j’ai compris que je pouvais en faire mon métier, un des meilleurs métiers du monde selon moi, c’est venu naturellement.

Meilleur souvenir sportif ?
Mon premier match professionnel avec Bordeaux contre Marseille. J’ai dû rentrer cinq minutes au Vélodrome (7 août 2004).

Pire souvenir sportif ?
Une défaite en demi-finale du championnat d’Europe avec les Espoirs en 2006 (contre les Pays-Bas).

Plus beau but ?
Un but à Saint-Etienne avec Bordeaux, une demi-volée en lucarne (avril 2006, 1-1).

https://www.youtube.com/watch?v=sJ_HI0lISWI&t=76s

Ton geste technique préféré ?
Le centre.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Ma vitesse comme qualité et sinon je suis un râleur.

L’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?!
Bordeaux, les deux saisons (2005-2006 et 2006–2007) où on joue la Ligue des Champions et celle d’avant où on termine deuxième.

Et le moins ?
En Ecosse, à Kilmarnock en 2015-2016.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
J’ai joué au Real donc je l’ai fait.

Le club où tu n’aurais pas pu jouer ?
Tottenham.

Un public qui t’a marqué ?
Besiktas, en Turquie.

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling ?
Rio Mavuba.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Cristiano Ronaldo.

Un coéquipier ou coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Riccardo, mon coach à Bordeaux de 2005 à 2007.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Avram Grant à West Ham. Avant un match, il nous a diffusé Gladiator tout le long de la causerie sans dire un mot. Même pas une consigne.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Marcelo, du Réal Madrid.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Rêve et méfiance.

L’Etoile FC, en un mot ?
Potentiel.

Texte : Alexandre Plumey / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter @AlexandrePlumey et @13heuresfoot
Photos : Philippe Corbin et Alexandre Plumey

Son expérience au Paris 13 Atletico (National) n’a duré que 4 mois : l’ex-coach de Sannois-Saint-Gratien et du Red Star explique les raisons de son départ et assure être prêt pour une nouvelle aventure… en Province.

Photo Philippe Le Brech

Ne vous fiez pas aux apparences, elles sont parfois trompeuses ! Derrière ses airs un peu froid, méfiant et distant se cache un grand bavard, un garçon charismatique, convivial, qui aime rire, échanger, partager et aussi manager. Un vrai mordu du métier de coach ! « C’est vrai, quand on ne me connaît pas, je ne vais pas vers les gens, je n’aime pas les déranger, du coup, on pense que je suis hautain ! C’est comme quand je vais voir un match de foot, je préfère rester dans mon coin. Mais je suis quelqu’un d’assez simple. Quand je connais les gens, je suis même assez déconneur ! Avec un staff, j’aime blaguer, chambrer ! »

Vincent Bordot est à l’autre bout du fil, enfin, plutôt à l’autre bout de l’écran, et pendant de longues minutes, il déroule le fil de sa carrière d’entraîneur qu’il a, d’un commun accord avec le président de Paris 13 Atlético (National), décidé de mettre en stand-by en février dernier, quatre mois seulement après son arrivée sur le banc du club promu en National, en remplacement de Jean-Guy Wallemme.

Le Mans, sa ville, son club

Photo Philippe Le Brech

Mais avant d’être coach, le natif du Mans, dans la Sarthe, a été joueur. A Coulaines, près du Mans, où il a passé 15 ans, puis dans le grand club de « SA » ville, pendant 4 ans, où il a même goûté à la Division 2, entre 1997 et 1999, dans l’ancien stade Léon-Bollée, là où il a connu ses premières grandes émotions de football. « Là-bas, j’y ai connu Marc Westerloppe, un entraîneur que j’apprécie beaucoup et avec qui j’aime discuter, mais je ne discute pas assez avec lui ! J’ai toujours peur de le déranger ! Azzedine Meguellatti aussi, que j’ai connu au Racing, m’a appris énormément de choses comme coach. »

Le Mans, il pourrait en parler pendant des heures (pendant 24 heures ?!) « Mon père commentait les matchs pour une radio locale, alors je le suivais, j’étais fan de ce qu’il faisait, j’allais voir les matchs avec lui ! J’ai eu la chance d’y jouer pendant 4 ans. C’est mon club. Même si j’ai passé beaucoup plus de temps à Coulaines. »

Il n’a jamais caché que s’asseoir sur le banc du Mans FC est l’un de ses deux rêves de coach, même s’il sait aussi que nul n’est prophète en son pays ! « Entraîner Le Mans, cela a failli se faire, à l’été 2021, raconte celui qui fêtera ses 48 ans le 9 avril prochain; J’avais deux ambitions, c’était d’entraîner le Red Star et Le Mans. Le Red Star, c’est fait ! Le Mans, c’est ma ville, c’est mon club, c’est ma famille, je pense que j’ai des choses à faire valoir là-bas. J’avais passé aussi un entretien avec Annecy à la même période, qui s’était bien passé, j’avais trouvé des gens en face de moi d’une grande compétence, où on sentait chez eux que, diriger, c’était présider simplement et non pas rentrer dans le sportif. Mais, comment dire, je me voyais plutôt au Mans où on parlait beaucoup de moi. Le président (Thierry Gomez) a pris une autre option et a engagé Cris, c’est comme ça. Et finalement, je suis resté au Red Star. »

Entraîneur-joueur à Saint-Pryvé / Saint-Hilaire

Photo Philippe Le Brech

Après avoir également porté les maillots de Coulaines à nouveau (DH), Thouars (National), Tours (CFA), Paris FC (CFA) et Beauvais (National), le voilà qu’il débarque à Saint-Pryvé /Saint-Hilaire, près d’Orléans, à 30 ans, en CFA2.

« Je viens pour y finir ma carrière de joueur, et au bout de 2 ans, le président, Laurent Piquemal, me convoque et me propose le poste d’entraîneur, mais entraîneur-joueur ! Il voyait quelque chose en moi. J’avais passé mes diplômes, j’avais déjà entraîné des jeunes. J’avais envie de ça, aussi. Je savais qu’en acceptant, j’allais gagner beaucoup de temps, même si c’était beaucoup de travail et d’investissement, d’autant que j’habitais à Paris. J’ai vu que j’aimais diriger, manager, que j’aimais les relations au quotidien avec un staff, être avec les joueurs. Si le président ne me propose pas ce poste, je ne suis pas sûr que d’autres opportunités se seraient présentées. Entraîneur-joueur, c’est très dur. Heureusement, je connaissais les joueurs depuis deux saisons, j’avais une proximité avec eux, qu’on a gardé en dehors du terrain. Ce qui a changé, c’est sur le terrain, et ils l’ont très bien compris. Ce poste, il a accéléré ma progression : je me souviens que je voulais tout faire, tout gérer, que je ne voulais pas laisser de place aux autres alors qu’on sait que la place d’un adjoint, justement, est primordiale. Mais j’ai appris. »

Révélation à Sannois-Saint-Gratien

Photo Grégoire Placca / Paris 13 Atletico

Après le Loiret, où il a aussi rencontré, outre son président, d’autres dirigeants qui l’ont marqué comme Pierre Augis et Jean-Bernard Legroux, direction le Val d’Oise, à l’entente Sannois/Saint-Gratien. C’est là qu’il se révèle en faisant grimper le club de CFA2 en National, son meilleur souvenir sportif à ce jour (il avait déjà connu une accession en CFA avec Saint-Pryvé) : « La montée en National avec Sannois, en 2017, c’est vraiment extraordinaire, parce qu’on n’était pas programmé pour ça, même si on voulait jouer le haut de tableau. On a vécu un truc fabuleux. C’était une bande de potes. Les joueurs mangeaient à 10 ou 11, entre eux, le midi. C’est ce qui a crée une osmose, une complicité. Je n’avais jamais vu ça en région parisienne. Quand on rentrait sur le terrain, on dégageait une force. »

Cette accession fut d’autant plus mémorable qu’elle fut suivie d’une saison compliquée en National, qui s’est terminée par un authentique exploit à Grenoble : « C’est bizarre… Cette saison-là, onze fois lors de la phase retour, on perd ou on se fait égaliser dans les cinq dernières minutes, et lors de la dernière journée, à Grenoble, qui joue l’accession en Ligue 2, il fallait gagner pour se maintenir ! On mène 3 à 1, ils reviennent à 3-2, et à la 89e minute, je revois cette action, je m’en souviens encore, Grenoble centre, je me retourne vers mon staff et je dis « On va encore le prendre » et le ballon fait poteau sortant ! Ce maintien, c’est un bon moment, bien sûr, mais en même temps, j’ai appris quelques heures après, que le club allait enregistrer une perte de 200 000 euros de budget, alors que l’on pensait au contraire qu’on allait avoir plus de moyens. Donc le bonheur n’a pas duré longtemps. Mon sentiment était mitigé. Et puis, il y a eu aussi l’envahissement du terrain par les supporters grenoblois qui a gâché un peu le plaisir. »

Il est éducateur à Montreuil et coach à Sannois

Le jour de la montée en National avec Sannois/Saint-Gratien. Photo Philippe Le Brech

En parallèle de son métier de coach, Vincent donne un coup de main au club de football de Montreuil, la commune où il réside. Il entraîne les jeunes du… Red Star Club de Montreuil (ça ne s’invente pas !), où évolue son fils : « Le président, Eric Lacomat, est un de mes amis. Il m’a demandé de prendre une équipe alors que j’étais en poste à Sannois. Deux fois par semaine, j’entraînais les gamins le soir et le samedi matin, parfois en sortant du TGV Gare de Lyon, après les matchs de championnat du vendredi soir, j’allais aux matchs, avec les U8, les U9 ou les U10, c’était beaucoup d’énergie ! J’ai fait ça pendant 3 ans. »

C’est évidemment à Sannois qu’il a rencontré son président le plus marquant, Christian Fouché, et aussi Marc Mohamed, le directeur sportif : « Quand on passe 8 ans dans un club, c’est aussi parce qu’il y a une osmose, comme avec les dirigeants. J’aime les présidents qui président et laissent les entraîneurs travailler. On voit bien que c’est de plus en plus difficile aujourd’hui de trouver des dirigeants comme ça. J’ai aimé aussi travailler avec le président du Red Star, Patrice Haddad, qui est très intelligent. Un jour, ce club sera plus haut qu’en National. Dans la communication et dans la stratégie du club, ce que Patrice Haddad a mis en place est exceptionnel. Il est critiqué alors qu’il construit un super stade. Il a lutté. Il a une vraie stratégie de développement pour faire grandir le club : c’est exceptionnel ce qui va se passer là-bas. »

La patience, sa marque de fabrique

Photo Philippe Le Brech

C’est pourtant ce même Patrice Haddad qui, au lendemain d’une déroute 6 à 0 à Annecy, en septembre 2021, limoge le Sarthois, après deux saisons et six autres journées de championnat lors de la saison III : « Au bout de 15 minutes de jeu, à 2-0, on se dit « ça va être dur », on sent qu’il n’y a rien à faire. Laurent Guyot, le coach d’Annecy, m’avait appelé après le match et sorti une stat’ : il m’a dit « Vincent, on a tiré six fois et on a marqué six fois ». Je me souviens que Jean-Marc Furlan aussi a encaissé un 6 à 0 avec Auxerre (le 16 octobre 2021 à Toulouse en L2) et cela ne l’a pas empêché de monter en L1 en fin de saison. Je pense qu’on avait encore des choses à faire avec le Red Star, mais cette troisième saison-là, on a pris du retard dans notre recrutement, on a aussi eu l’attaquant Pape Ba qui a été absent six semaines pendant la préparation, un latéral droit qui est arrivé une semaine avant la reprise du championnat, un latéral gauche deux semaines avant, donc on n’était pas prêt. Si j’avais pris Pape Ba, c’est que je savais qu’il allait marquer beaucoup de buts, et il en a mis 21 dans la saison. Avant ce match à Annecy, on gagne 1 à 0 contre Orléans après un super match, le premier à Bauer de la saison, puisque sur les six premiers matchs, on a joué cinq fois à l’extérieur. Le score à Annecy, 6 à 0, donne beaucoup de pression au président, et il fait ce choix-là, alors qu’on n’était pas encore compétitif. Après, je peux comprendre qu’il ait paniqué, même si moi, ma marque de fabrique, c’est d’être assez patient et de prendre du temps. J’ai quand même fait presque deux ans et demi au Red Star, c’est très lourd (rires). »

Les regrets du Red Star

Photo Philippe Le Brech

« Le seul regret que j’ai, c’est qu’on pouvait prétendre à la montée avec le Red Star, poursuit-il; c’était l’objectif, je ne l’ai pas atteint, mais on a quand même bien bossé, on a fait deux belles saisons. La première, il y a eu la Covid, et la deuxième, la coupe de France nous a pénalisés je pense, même si on ne peut pas empêcher les joueurs d’affronter Lens ou Lyon (le Red Star élimine Lens, club de L1, 3-2, en 16e et s’incline aux tirs au but en 8e face à Lyon, 2-2, 5-4 TAB). Quand je suis arrivé, le club venait de descendre de Ligue 2, on voit bien que c’est difficile, regardez Nancy, Châteauroux ou Le Mans, ils ont des difficultés. On a fini 4e et 6e après avoir été dans les 3 premiers, et même 2e. Je pense que je dois être celui qui a duré le plus longtemps sur les dernières années. »

La page Bauer tournée, pour la première fois de sa vie d’entraîneur, Vincent Bordot se retrouve au chômage. Un peu plus d’un an après son éviction, il replonge. Toujours en National. Toujours dans la région parisienne. Au Paris 13 Atletico, qui vient de limoger Jean-Guy Wallemme après seulement cinq mois sur le banc. Vincent, lui, restera quatre mois.

Mais qu’est-ce qui l’a poussé à y aller ? « C’est l’opportunité que j’ai eu en premier en National, se justifie-t-il. J’en ai eu d’autres après, mais quand le président du Paris 13 (Frédéric Pereira) m’a appelé, c’était le seul club qui cherchait un entraîneur. Et puis, même si j’ai aujourd’hui l’ambition d’aller entraîner en Province, c’était en région parisienne. Cela faisait un an que j’étais au chômage, que je n’avais pas de club, même si j’étais dans le circuit. Je me suis dit « pourquoi pas essayer de les maintenir ? ».

Paris 13 Atletico : l’expérience tourne court

Photo Philippe Le Brech

Mais l’expérience tourne court. Il dirige 11 matchs de championnat et 2 matchs de coupe de France. Bilan : 3 victoires (dont 2 en championnat à son arrivée, à Bourg-en-Bresse 2 à 0 en novembre et contre Borgo 4 à 0 en décembre), 4 nuls et 5 défaites. Le mois de janvier est compliqué. Et le mois de février fait couler beaucoup d’encre : le club est le plus actif de toutes les divisions nationales sur le marché des transferts, pendant le mercato, et annonce la bagatelle de huit nouvelles recrues.

Quelques jours après, la nouvelle tombe. Les deux parties – Frédéric Pereira et Vincent Bordot – ont pris la décision de se séparer. L’entraîneur ne le dira jamais dans ses propos, mais on sent qu’il n’était pas sur la même longueur d’ondes que son boss.

« Ce club est monté très vite, en plus, il n’avait pas de stade pour jouer en National, donc déjà c’était difficile au niveau des infrastructures. On a bien démarré, on a eu des bons résultats jusqu’à fin décembre, c’était très intéressant. Je pense qu’avec mon staff, on a apporté quelque chose à cette équipe. Après, voilà, moi je… Avec le président, on a pris cette décision-là parce que c’était nécessaire pour les deux parties, cela ne servait à rien de continuer pour continuer. Il a emmené son club de Régional 2 en National, on ne peut pas lui enlever ça. Simplement, je ne me suis pas vu aller plus loin même si, avec ce groupe, j’aurais pu, là n’est pas le problème. Je n’étais pas en adéquation avec le fonctionnement du club. Je suis parti, je n’ai aucun regret. Je sais que beaucoup de personnes n’ont pas compris que j’aille là-bas, mais je n’avais pas envie de rester deux ans sans club. On me disait sans cesse « ça va bouger, ça va bouger », oui, OK, mais y’a tellement de monde, y’a tellement d’entraîneurs, alors si ça bouge et que les clubs prennent quelqu’un d’autre… Il fallait que je regoûte à ça, parce que c’est ma passion. J’avais envie d’entraîner à nouveau. Après, on ne peut pas toujours choisir le club… Avec le président, si on se croise demain, on se parlera, y’a pas de problème, c’est juste que sportivement, au niveau de l’organisation, ce n’était plus possible. J’ai senti que les choses n’allaient pas dans ma direction. »

« Mon ambition, c’est de partir en Province »

Photo Philippe Le Brech

Ce bref passage de quatre mois aux Gobelins (l’ancien nom du Paris 13 Atletico) ne risque-t-il pas de laisser des traces ou d’écorner son image ? L’intéressé ne le pense pas : « Non, parce qu’en quatre mois, je pense que j’ai montré ce que l’on était capable de faire avec cette équipe-là, même si, au mois de janvier, ça a été difficile en termes de résultats. Mais on faisait des matchs cohérents. Après, bien sûr, je savais que ça allait être dur. Je ne suis pas parti en froid avec le président ou avec le club… Si les gens s’arrêtent à ça, c’est dommage. Je pense que, à Sannois ou au Red Star, j’ai laissé une bonne image. Ce n’est pas comme si j’étais parti avec des problèmes, non. J’essaie de rester droit dans mes bottes. »

Photo Philippe Le Brech

Aujourd’hui, Bordot ne cache pas son désir d’officier ailleurs qu’en région parisienne. Il est prêt. « Oui, depuis deux ans, déjà, j’ai muri cette réflexion. Mon ambition, c’est de partir en Province ou à l’étranger. J’ai vécu jusqu’à l’âge de 24 ans en Province, c’est ma vie familiale qui m’a emmené à Paris : à l’époque, j’étais marié avec une femme qui travaillait en région parisienne, c’est à ce moment-là que je suis venu jouer au Paris FC. Ensuite, en jouant à Beauvais et à Orléans, je n’étais pas loin. J’ai fait 8 saisons coach à Sannois… 8 ans, c’est le temps d’une vie presque ! Et ensuite, le Red Star m’a appelé… Y’a pas beaucoup de clubs qui sont beaucoup plus importants que le Red Star donc je suis resté ici, mais maintenant, je suis ouvert à tout. Quand j’étais à Sannois, j’avais déjà été contacté par des clubs de Province, mais à ce moment-là, j’avais besoin que mon fils grandisse à mes côtés. C’est différent aujourd’hui, parce qu’en région parisienne, j’ai fait le tour. Bien sûr, il y a énormément de clubs ici, mais le problème, ce sont les conditions d’entraînement et les installations. C’est souvent très compliqué pour les coachs. A part Sannois, Créteil, y’a pas de stade. Même le stade Charléty, au Paris FC… S’ils veulent monter en Ligue 1, je ne vois pas un engouement populaire qui leur permettrait de se transcender à un moment donné, sur certaines rencontres. »

« Pour entraîner en Ligue 2, il faut monter avec son club »

Photo Philippe Le Brech

Il ne cache pas non plus son envie d’entraîner un jour en Ligue 2. Mais pour ça, il sait qu’il n’existe qu’un seul chemin : « Il faut monter avec son équipe ! Les présidents de l’étage supérieur ne font pas spécialement confiance à des coachs issus du National, on l’a vu encore dernièrement à Niort (Bernard Simondi). C’est comme ça, et c’est logique aussi. C’est valable aussi pour plein de coachs de N2 qui mériterait d’entraîner en National. Mais c’est de plus en plus dur : il y a aussi de plus en plus d’entraîneurs de Ligue 2 qui viennent en National, sans compter les entraîneurs étrangers qui arrivent. J’ai toujours l’ambition d’entraîner un gros club de National et de l’amener en Ligue 2, je sais que j’en suis capable. Avec le Red Star, on n’est pas passé loin, poursuit celui qui se définit comme un entraîneur « pragmatique ».

« J’aime m’adapter aux équipes que j’ai et au niveau où l’on évolue. Avoir un jeu de possession de balle en National…. Non… Je pense que c’est trop compliqué de faire 15 ou 20 passes pour déstabiliser un adversaire. J’aime avoir une équipe compacte, des joueurs qui courent, et être dans la transition. C’est là qu’on fait le plus mal. PSG met 70 % de ses buts sur des phases de transition rapide. En National, les équipes sont tellement bien en place, y’a tellement de monde dans les 30 derniers mètres que c’est très dur de trouver des décalages. Y’a du pressing tout terrain. Pour moi, c’est très dur d’allier possession et efficacité : hormis Concarneau et aussi Avranches je trouve, je ne vois pas d’autres équipes qui y parviennent. »

Klopp, Renard, Garcia…

Photo Philippe Le Brech

Ses modèles ? Jürgen Klopp. Et Hervé Renard, qui « dégage quelque chose d’impressionnant, une énergie incroyable, il emmène ses joueurs, c’est ce que j’aime aussi, dans les causeries, emmener de l’émotion chez les joueurs. J’aime beaucoup Rudy Garcia aussi, je ne sais pas comment il fait pour que les critiques glissent sur lui. Klopp, Renard, Garcia, ce sont des coachs qui m’inspirent, que j’écoute, que je regarde. J’ai rencontré Hervé Renard grâce à un ami, je suis ressorti de l’entrevue avec lui… Pfff… On voit les choses différemment ensuite ! Quelle simplicité ! »

Avec Hervé Renard, il a de qui tenir en matière de causeries, l’une des facettes du métier de coach qu’il avoue apprécier : « La causerie d’avant match, c’est la plus dure ! Faut pas que ce soit long, mais impactant, et ça dépend de votre humeur, de votre état de fatigue. Il faut penser à tout. Je fais mon plan de causerie la veille, je sais comment je vais emmener les choses par rapport à la semaine passée, à l’adversaire, ce n’est pas évident, devant 20 ou 22 personnes, mais j’aime bien. Le plus important, c’est le travail que l’on a préparé la semaine. Après, mon staff vient souvent me voir et me dit « T’as ciblé le truc, t’as été impactant, on a aimé, t’a donné de l’énergie », et parfois, arrive le match, on est claqué (rires) ! Des fois on prépare des choses, tout est fluide, des fois non. J’essaie d’en remettre une couche deux minutes avant le match, pour donner encore de l’énergie et être mobilisé des le début. Après, y’a plein d’autres choses qui vont faire que le match va bien se passer ou pas, les joueurs vont louper une passe, se mettre dans le trou, ça arrive. Nous, on doit essayer d’être le plus performant possible dans nos causeries, dans nos entraînements, dans nos choix. Je sens quand une causerie est moins impactante. Mon staff peut se permettre de me le dire, car je suis sans filtre. J’essaie de le concerner au maximum. Il peut se permettre de me dire s’il a manqué un truc, s’il faut remettre un peu de sauce. Je lui demande aussi ce qu’il voit dans ma composition d’équipe, on échange, on n’est pas toujours d’accord, c’est normal. »

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot

Photos de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech (sauf mention spéciale)

 

Son parcours, sa méthode, sa vision : l’entraîneur de La Duchère, âgé de seulement 32 ans, revient sur toutes les expériences qui ont jalonné son parcours et l’ont élevé à ce rang. Entretien long format avec un touche-à-tout, au profil atypique.

Jouer la montée en National à 32 ans n’est pas commun. C’est pourtant ce que s’échine à faire chaque week-end Jordan Gonzalez, l’entraîneur de Lyon-La Duchère, 3e de sa poule de N2, à 3 unités du leader Jura Sud.

Pur lyonnais, celui-ci évoque un parcours déjà riche de plusieurs expériences, entre directeur sportif, entraîneur d’équipes de jeunes, analyste vidéo ou responsable de pôle socio-éducatif. Qui font de lui un jeune coach en pleine réussite aujourd’hui.

Jordan, à 32 ans, vous êtes à la tête d’une équipe de National 2. Qui êtes-vous ?
J’ai commencé assez tôt à entraîner, vers 18 ans, à Givors (Rhône), un petit club de district de quartier. Avec les jeunes, j’avais la fibre, l’envie de partager, d’apporter un plus. Quand je jouais, j’étais défenseur, donc habitué à beaucoup parler, communiquer, guider. Souvent on me donnait le brassard de capitaine. C’était assez naturel. J’ai commencé à vouloir me professionnaliser, travailler dans le sport de manière global. J’ai eu une proposition du Cascol (à Oullins), qui était en reconstruction, un bon club formateur de la région lyonnaise. Ils me proposaient une alternance en passant un diplôme d’entraîneur, j’ai accepté, ce qui m’a permis de rentrer dans le monde du sport, professionnellement parlant. A l’issue du diplôme, j’ai enchaîné là-bas avec mon brevet d’état, à 21 ans.

« On m’a rapidement donné des responsabilités »

Des gens coachent assez jeunes, dans leur club, mais vous ça s’est accompagné rapidement d’autres responsabilités. Comment ça s’est passé ?
J’ai rapidement eu des casquettes dans ces deux clubs auxquelles je n’étais pas préparé. A 18 ans, j’avais déjà des 15 ans-16 ans à entraîner, et en arrivant au Cascol, j’ai eu un poste à responsabilité dans la direction, avec des décisions, du management, des projets socio-éducatifs à mener. J’ai touché à tout.

Je suis resté 7 ans au Cascol et j’ai pu entraîner à tous les niveaux, en district, en ligue, en seniors, en jeunes, toutes les catégories, avec toutes les casquettes, à la fois responsable socio-éducatif, directeur sportif, ou responsable de l’école de foot. Ça m’a permis d’expérimenter, de voir beaucoup de choses, d’échanger, de créer un réseau. Et de pouvoir me former de manière assez autodidacte, entre guillemets. J’ai fait des erreurs qui m’ont permis d’évoluer, me corriger, pour ne pas les reproduire. Et puis après 7 ans, j’arrivais un peu au bout de l’histoire. J’ai décidé de partir au FC Lyon, un très gros club formateur de la région lyonnaise.

Le début d’une – déjà – deuxième partie de carrière de coach, quelque part…
Au FC Lyon, j’ai eu en charge les U19 la première année, avec un objectif de montée en U19 nationaux. On finit premiers, mais on ne monte pas, à cause d’un calcul avec les cinq premiers de poule en France qui ne nous a pas profité. Mais on avait fait une très grosse saison. Le club décide de se séparer de l’entraîneur des U17 Nationaux la saison d’après, qui est l’équipe phare sur les jeunes, et ils m’ont proposé le poste. J’ai accepté la mission, ce qui a d’ailleurs permis de mettre en lumière mon travail, celui de mon staff, et les joueurs. On finit premiers de la poule C devant six centres de formation. Après ces 2 ans, je suis parti à Lyon-La Duchère, qui m’a sollicité et m’a offert une double-casquette, celle de deuxième adjoint et analyste vidéo de l’équipe en National, et celle de coach des U18. Cela fait maintenant quatre ans que j’y suis.

J’ai fait trois années, ou plutôt deux années et demie avec les U19 Nationaux, puis j’ai remplacé le coach des seniors en N2 l’an passé (en décembre 2021) après six mois avec les U19. Le club m’a sollicité pour mettre un nouveau projet en place : il voulait quelqu’un en interne, de frais, avec de nouvelles idées. Ils ont retenu mon profil pour le poste avec l’objectif de maintenir l’équipe en National 2, elle qui venait de descendre de National. On a réussi à l’avant-dernière journée, et cette année on est repartis sur des bases nouvelles, avec un projet où ça se passe plutôt bien, on ne va pas se plaindre !

« Le côté social et humain, c’est primordial pour moi »

Beaucoup d’entraîneurs ont été joueurs, puis coachs… Vous, on a presque l’impression que vous avez été joueur pour acquérir de l’expérience et devenir entraîneur !
Quand je commence à 18 ans, je ne me dis pas que je vais devenir entraîneur de foot professionnel et en vivre. Je suis plutôt dans une optique où je travaille dans le club de mon quartier, coach plus animateur de quartier à côté, que je vais devenir professionnel du sport, mais de manière générale. Et puis j’ai commencé à y prendre goût quand j’ai commencé à évoluer en termes de clubs, ça donne une certaine vocation, j’ai aussi vu différents profils (de postes). Et puis j’ai passé mes diplômes, je me suis senti à l’aise, et j’ai commencé à me professionnaliser.

On va dire que le déclic, ça a été après mon brevet d’Etat, vers 22-23 ans : là, je me dis que je vais en faire mon métier, que je vais vivre de ça. Être entraîneur en N2, à 32 ans, je ne m’y attendais pas en toute honnêteté, ce n’est pas quelque chose que j’avais programmé !

Ce côté « coach des jeunes » dans un club de quartier ou directeur de pôle socio-éducatif, ce n’est pas commun : on imagine que ces expériences irriguent aussi votre profil et façon de faire aujourd’hui…
Oui, après voilà, j’ai un profil assez atypique. Joueur, j’avais un niveau régional, et je n’ai jamais évolué à un haut niveau. J’ai arrêté très tôt car j’ai privilégié l’entraînement. Les deux horaires se chevauchaient, et j’ai dû faire un choix, difficile, car je reste avant tout un footeux, j’aime le foot et jouer au foot (sourire).

Mais c’est sûr que mes différentes expériences, mon vécu, c’est ce qui fait de moi aujourd’hui la personne que je suis, humainement, et je n’oublie pas d’où je viens. Je veux que mes équipes transpirent ça, dans le relationnel avec mes joueurs, le côté social, le côté humain, c’est pour moi primordial. C’est pour ça que je me sens bien à La Duchère, c’est un club qui fait beaucoup sur ces plans-là.

« J’avais une certaine appréhension, je me suis mis une pression »

Par rapport au relationnel, comment ça se passe avec votre âge ?
Quand j’ai signé 2e adjoint en National à La Duchère, j’ai eu cette barrière de l’âge, où même moi je me suis mis une pression par rapport à ça. Je me suis dit « je suis plus jeune, je vais être au contact de joueurs plus âgés que moi, qui ont joué pour certains en Ligue 1, ont un vécu, un niveau de jeu que je n’ai jamais eu, quelle crédibilité j’allais avoir pour leur parler, les conseiller, leur faire des remarques ? »

C’est vrai que j’avais une certaine appréhension. Mais mes deux années dans le rôle de 2e adjoint, j’avais une proximité avec les joueurs, un relationnel différent, et ça m’a permis de voir quels étaient leurs besoins, leurs attentes, comment ils évoluent dans le vestiaire à ce niveau-là, connaître les exigences du National, même les contrats, les primes, etc. Ça m’a permis de prendre pas mal d’informations, j’étais à l’affût de tout, je regardais tout ce qui se passait, les relations dans le staff, avec les joueurs, entre les joueurs. Et après on se sent de plus en plus à l’aise, et on ne fait plus attention à l’âge.

Quand je suis passé numéro 1 l’an passé, je n’ai pas parlé de mon âge, j’ai mis un cadre en place, je n’ai pas changé, je suis resté le même qu’avec les jeunes de 16 ou 17 ans. J’essaie de rester proche de mes joueurs. Après, je mets des barrières, et le respect doit être le même, que j’ai 50 ans ou 32 ans. Ça se passe bien, honnêtement, je suis ouvert et je dis les choses aux joueurs, et j’accepte aussi d’en entendre (rires).

« Avoir coaché des jeunes avant me sert beaucoup aujourd’hui »

Coach en jeunes, analyste vidéo, coach en N2. Déjà un sacré parcours…
L’aspect entraîneur de jeunes me sert beaucoup aujourd’hui. On a des générations qui changent, elles sont en décalage avec celles plus âgées, et avoir été coach me permet entre guillemets d’être à la page, me permet d’appréhender celle qui arrivent, ce ne sont plus les mêmes codes, que je connais. Je ne dirais peut-être plus ça dans vingt ans, mais aujourd’hui j’en profite (rires) !

Quand j’étais coach en jeunes, j’étais à outrance sur l’aspect jeu, avec le développement et la formation du joueur. J’essaie d’avoir un équilibre au niveau N2, avec les résultats, la pression de la direction. Mais j’essaie de garder cet aspect formateur.

L’outil vidéo, celui d’analyste, je l’avais ciblé, je voulais être formé sur ça, pour moi c’était important de le maîtriser. Il me sert également avec les nouvelles générations. C’est un métier qui est exigeant, usant, mais j’ai beaucoup appris. Les coaches nous écoutent, on a du recul, un œil différent; ça m’a permis d’ouvrir mon champ de vision, ma palette. J’ai « mangé » beaucoup de matches, tactiquement on voit des choses, flagrantes ensuite quand on les voit sur le terrain, ça m’a permis de gagner en traitement d’informations. Dans un match maintenant j’ai des habitudes qui me permettent de voir des choses de manière assez efficace par rapport à avant.

Quelles sont vos méthodes de travail à La Duchère ?
Déjà, j’ai un staff qui m’entoure. Je bosse beaucoup avec eux et je délègue beaucoup. L’idée, c’est que chacun trouve sa place et s’épanouisse dans son rôle. J’essaie d’alterner des séances où j’anime et où je prends du recul. Je n’anime que 30 ou 40% de la séance. Pour avoir un avis différent, être dans un relationnel et rôle différent, une fois donner des ordres, d’autres des conseils, être plus dans le recul et l’analyse.

Sinon, en méthode, je travaille tout avec ballon, jusqu’en veille de match. En lien avec le modèle de jeu qu’on met en place en début de saison, auquel on se tient et on se réfère. On le présente aux joueurs, pour qu’ils aient un outil et un fil conducteur, qu’ils sachent pourquoi ils font ça, pourquoi ils jouent, dans quel intérêt, quel objectif, avec une participation. Pour que ça leur donne un intérêt et une notion de plaisir, une envie d’être impliqué. Je trouve qu’ils sont plus réceptifs.

On a pas mal de temps dans la semaine où le projet de jeu est partie prenante, et des temps où on travaille sur le match et l’adversaire. Le plaisir est aussi au cœur du jeu, il y a beaucoup de travail porté sur l’offensif. Sur ma méthode, je mets un grand accent sur la transition. J’alterne aussi avec des entretiens individuels, sur l’aspect mental du joueur, des fois on va aller chercher le positif, ou aller chercher le positif pour ceux qui sont dans le négatif, et le travail sur la vidéo également, sur l’adversaire ou sur notre équipe, comment on peut s’améliorer.

« Je vois le foot comme un sport de spectacle, de plaisir »

Et ça marche ! Vous faites une excellente saison, dans une énorme bataille pour la montée, où vous êtes une des meilleures attaques de N2. C’est un cercle vertueux.
Comme je dis souvent aux joueurs, moi je n’ai pas connu le milieu professionnel, et je vois le football comme un sport de spectacle, de plaisir. On est tous des passionnés de ce sport, à la base, quand on s’inscrit pour jouer. C’est quelque chose pour moi qui doit se retranscrire et se voir sur le terrain. Une équipe qui ne prend pas de plaisir, c’est difficile.

Après, on adapte : aujourd’hui le championnat de N2 et l’exigence des résultats le requièrent aussi. Il faut faire le dos rond, délaisser parfois le ballon. Mais l’idée principale c’est d’être une équipe qui aime avoir le ballon, qui aime jouer, prendre du plaisir de manière collective, qui aime donner du plaisir aux personnes qui viennent voir le match, et donc du coup avec l’idée de vouloir marquer plus que l’adversaire.

On regarde avant tout l’aspect offensif, mais il y a également l’aspect défensif (sourire)… Cette saison, c’est vrai qu’on n’avait pas programmé un début de saison comme ça, en toute honnêteté. Il fallait reconstruire un groupe, avec des nouvelles recrues, 15 départs à l’intersaison, remettre une identité lyonnaise, avec des Lyonnais, repartir avec des jeunes aussi, remettre en avant la formation qui travaille bien ces dernières années. On a fait une première partie encourageante; à l’origine on jouait le maintien avec ces six descentes. Et de fil en aiguille, on a montré un visage offensif, des contenus encourageants, et on s’est dit qu’on avait quelque chose à jouer. Avec quelques renforts permis par les actionnaires, on est repartis sur les mêmes bases en 2023, avec des buts, on garde le côté offensif.

L’idée, c’est de faire durer ça sur les matches qui restent pour essayer d’aller chercher la montée, même si ce n’était pas programmé au début. Aujourd’hui, on va la jouer jusqu’au bout, essayer de gagner du temps dans le projet du club qui est de retrouver le National.

Moi, au quotidien, ce n’est que du plaisir, je suis avec un staff que j’ai choisi, avec qui ça se passe bien, j’ai une relation de confiance avec le club et ma direction. Le club est reparti sur une dynamique positive après deux saisons compliquées, dans le sillage de notre saison actuelle, qui redonne du baume au cœur. Le club travaille bien comme sur les jeunes, tous nos feux sont au vert, on avance dans le bon sens, avec un gros effort de restructuration les dix dernières saisons. Cela paie aujourd’hui. Ils m’ont donné les clefs de l’équipe fanion pour que Lyon-La Duchère retrouve la place qu’il mérite, a minima le National, avec la volonté de mettre le club en Ligue 2 à moyen-long terme. C’est quelque chose qui est dans les têtes de tout le monde. Pour le National, ce n’était pas prévu cette année, mais si on peut aller chercher le Graal de la montée, tant mieux, on ne va pas se priver (sourire)…

Jordan Gonzalez, du Tac au Tac

Meilleur souvenir ?
La belle saison au FC Lyon avec les U17 nationaux. On avait atteint la 1ere place du championnat et les play-offs, une première en Rhône-Alpes et dans la poule où on était. Devant Auxerre, l’ASSE, l’OL, Clermont, pour un petit club amateur c’était fort et valorisant pour les jeunes.

Pire souvenir ?
Une élimination en Gambardella lors de ma 1ere année à Lyon-La-Duchère. On joue le TFC, on perd 3-0. C’était un match où on a été en difficulté et je n’ai jamais su trouver la solution, répondre à la problématique posée, contre une équipe qui avait très bien préparé son match.

Vous êtes un coach plutôt ?…
Offensif-agressif (rires).

Des modèles ?
Je m’inspire de beaucoup de coaches. Après j’ai beaucoup aimé le travail de Bielsa depuis des années, avant qu’il soit à Marseille, depuis qu’il était à Bilbao, sa philosophie, justement portée sur l’offensif mais avec un état d’esprit agressif… J’aime ensuite Diego Simeone, dans un registre différent, son côté agressif aussi, et après Guardiola, Arteta.

Un président marquant ?
Mon président actuel, Jean-Christophe Vincent. Il m’a donné ma chance à un niveau où très peu de monde l’aurait fait. C’est quelqu’un envers qui j’ai une très grande reconnaissance.

Un joueur favori ?!
Le joueur qui me fait rêver, c’est Carles Puyol.

Un joueur que vous avez entraîné qui vous a marqué ?
Isaac Hemans, qui a fait l’OL, le PSG, là actuellement à Bastia-Borgo en National, et Farès Chaïbi, au TFC aujourd’hui.

Un stade de rêve ?
Le stade de Boca, qui marque par son ambiance, son architecture. Et sinon, où j’ai joué, le stade de Laval, sa qualité. L’ambiance, une pelouse de qualité, etc. !

Un club où vous rêveriez de coacher ?
Le FC Barcelone.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : Lyon – La Duchère

S’il décroche son maintien, le club de la proche banlieue de Périgueux, qui s’est imposé dans le derby face à Bergerac (2-1), devra s’adapter dans de nombreux domaines afin de répondre aux exigences du nouveau format des championnats amateurs. Grandir passera peut-être par une ouverture sur l’agglo.

Ce n’était pas le pot de terre contre le pot de fer, mais un peu tout de même ! Le derby de la Dordogne, entre Trélissac et Bergerac, deux villes que tout sépare, mais proche de 50 kilomètres, a finalement tourné en faveur de « l’équipe de village », sans péjoration aucune.

Après tout, Trélissac et ses 7000 habitants, située dans la proche banlieue de la préfecture, Périgueux, ressemble bien moins à une ville que Bergerac, son adversaire du soir, et ses 27 000 habitants !

Samedi dernier, le Trélissac-Antonne Périgord FC, qui a succédé en 2020 au Football-club de Trélissac – Les Maurilloux après sa fusion avec l’ASSAC (Association sportive Antonne le Change), a remporté son « clasico » face à son voisin, avec qui la hache de guerre a été enterrée depuis quelque temps, comme l’ont d’ailleurs affirmé les deux présidents, Christophe Fauvel d’un côté (Bergerac), Fabrice Faure de l’autre (Trélissac).

Une saison irrespirable

Erwan Lannuzel et Hervé Loubat, les deux coachs.

En fait, de rivalité, il n’en est question que pendant 90 minutes, le temps du match, et encore, celle-ci se fait surtout sentir dans les tribunes, où les « anciens » de Trélissac – le public du stade Firmin-Daudou n’est pas tout jeune, c’est une réalité – ne manquent pas de chambrer, c’est de bonne guerre.

La prestation des joueurs de Hervé Loubat (47 ans) leur a d’ailleurs donné l’occasion de le faire sans ménagement. Les coéquipiers de d’Ange Gnaleko , un ancien de la maison d’en face, ont pris l’avantage au score en début de seconde période après avoir égalisé juste avant la pause. Ils ont ensuite tenu ce résultat (2-1) qui leur permet à la fois de conserver leur invincibilité à domicile cette saison et de « souffler » un peu au classement.

Photo Lisa Laval

Encore que, il n’est pas vraiment possible de respirer tant l’air du National 2 est à ce point… irrespirable : avec 27 points au compteur, Trélissac vient certes de grimper dans la première partie de tableau (8e sur 16), mais n’a que 3 points d’avance sur la 12e place, occupée par Romorantin, et synonyme de relégation (l’écart est le même avec la 11e place, qui peut également être synonyme de relégation en fin de saison).

En grande discussion pendant près d’une trentaine de minutes avant la rencontre, les deux coachs, Hervé Loubat et Erwann Lannuzel (34 ans), ont en tout cas confirmé que l’on pouvait être adversaire, a fortiori lors d’un derby, mais aussi collègues de travail : les deux hommes se sont souvent affrontés par le passé, en N3 tout d’abord, entre 2017 et 2019, quand ils officiaient respectivement en National 3, Loubat à Angoulême et Lannuzel à Bayonne, puis en National 2, quand ce dernier s’est assis sur le banc de Bergerac, en 2021.

Les bénévoles en force

Il est 17 heures. Le stade Firmin-Daudou commence à se remplir. A l’entrée, au guichet, Daniel, 30 ans de présence au club, et Dominique, appréhendent un peu l’arrivée des supporters adverses : « Le problème, c’est que Bergerac a un public beaucoup plus jeune ». Bon, si ce n’est que ça le problème… !

Dans les allées, les stands sont nombreux et confèrent à l’ensemble une ambiance « village ». Anthony, le responsable marketing et communication (il est également joueur au club), présente le salon des exposants, où de nombreuses associations et entreprises sont venues assurer la promotion de leurs activités. Une initiative sympa qui anime et ambiance la soirée.

Au micro, Michel, le speaker, donne le tempo : il est l’un des très nombreux bénévoles de Trélissac – c’est l’une des forces du club, avec près de 80 bénévoles – à oeuvrer ce soir. Une page leur est même dédiée sur le site web du club, preuve qu’on ne les oublie pas à Trélissac.

Il est 18 heures, le derby peut commencer. « Enlève ton jupon le 2 », « Il a mangé trop de tartiflette, le 2 » : les supporters de Bergerac « branchent » et ont trouvé leur souffre-douleur, le Trélissacois Thibault Hamel, qui répond à l’un d’eux : « Viens sur le terrain ! ». Le numéro 2 des Jaunes et Bleus sera un peu l’homme de ce match : c’est lui qui égalisera avant la pause et qui sera expulsé après le 2e but de son équipe. Le derby se terminera donc à 10 contre 10.

Bergerac laisse passer l’occasion

Ce derby du 24 ne fut pas d’un grand niveau technique, en revanche, sur le plan de l’intensité, le public – environ 800 spectateurs – en a eu pour son argent (5 euros l’entrée seulement, 2,50 en demi-tarif). Quel engagement !

Mis au courant depuis la veille des résultats de ses deux principaux concurrents à l’accession en National, GOAL FC et Les Herbiers (le premier a été battu 2 à 0 à Andrézieux et le second a fait 0-0 à Angoulême), le Bergerac Périgord FC savait que, en cas de succès, il prendrait pour la première fois de la saison les commandes du championnat !

Des commandes que les Bergeracois ont finalement laissé échapper même si, pendant près d’une demi-heure, après l’ouverture du score un peu contre le cours du jeu de Victor Elissalt dès la 15e minute de jeu, ils ont endossé le maillot de leader… jusqu’à l’égalisation logique de Trélissac avant la pause par Thibault Hamel (44′). Entre ces deux buts, Sam Ducros a écopé d’un rouge côté bergeracois (33′). Ce qui n’a pas douché plus que ça l’enthousiasme des supporters adverses : « On va leur montrer qu’à 10, on sait jouer au ballon aussi ! ».

Le BPFC allait finalement perdre cette rencontre après un penalty transformé par Jorris Romil au retour des vestiaires. Dominateur dans la dernière demi-heure, il aurait aimé repartir avec les 3 points mais il a payé un lourd tribut la saison passée pour savoir que tout peut se jouer à la dernière minute du temps additionnel de la dernière journée, et « même après le championnat » comme l’a rappelé Erwan Lannuzel, référence à l’incroyable scénario du 28 mai dernier, quand Bergerac, vainqueur sur le fil de la réserve de Montpellier (2-1), attendait le coup de sifflet final au Puy, alors tenu en échec par Colomiers, pour fêter sa montée. Et puis, il y eut ce penalty ponot à la 90’+6 au stade Massot, transformé par Mamadou Ndiaye, qui envoyait les Auvergnats en National !

L’arbitrage en question

Finalement, ni le résultat ni le scénario d’un match où l’arbitrage a pesé de tout son poids ne sont venus remettre en cause la relation entre les deux clubs : Loubat et Lannuzel se sont retrouvés sur la pelouse après la rencontre et ont, ensemble, pendant un bon quart-d’heure, refait le match où il fut essentiellement question de « tactique ». Rare et rafraîchissant. Et sans quelques obligations, médiatiques ou « commerciales », les deux hommes y seraient sans doute encore !

De leur côté, les deux présidents ont confirmé ce que tout le monde savait déjà dans le Périgord : les relations sont au beau fixe. « Depuis 2 ou 3 ans, elles sont très bonnes » a confirmé Fauvel, toujours aussi omniprésent sur son réseau social préféré, Twitter. D’ailleurs, dès le lendemain du derby, il s’est fendu de deux tweets de remerciements. L’un, sincère, où il a remercié son homologue Fabrice Faure et ses dirigeants, « Pour leur sympathique accueil tout au long de la soirée ». L’autre, ironique, à l’endroit de l’arbitre, Pierre Retail, coupable d’avoir annulé le but bergeracois de Freddy Colombo dans le temps additionnel pour une position de hors-jeu au départ de l’action du capitaine Damien Fachan. Position qui n’y était pas, photo à l’appui. « Incompétence ou malhonnêteté ? », n’a pas hésité à écrire Fauvel. On ne se refait pas !

Fabrice Faure (président de Trélissac) :

« Pourquoi ne pas devenir le club de l’agglo de Périgueux ? »

Président de Trélissac depuis 2009, Fabrice Faure est revenu sur les relations avec son voisin et a évoqué l’avenir. Un avenir en pointillé dû à la réforme des championnats nationaux.

Président, on a vu que les rapports avec Bergerac étaient apaisés…
Oui, par rapport au passé, la situation s’est apaisée, tant du côté de Bergerac et de son président Christophe Fauvel que du mien, de toute façon, nous avons tous les deux un intérêt commun au niveau du championnat de National 2. Déjà, c’est bien dans un département comme le nôtre, en Dordogne, d’avoir deux clubs à ce niveau-là. Beaucoup n’ont pas conscience de cela, de cette chance. Il y a beaucoup d’autres départements de Nouvelle-Aquitaine, je pense à la Corrèze, à la Haute-Vienne, au Lot-et-Garonne, Les Landes aussi, qui n’ont pas de club en National 2, et même dans le bassin bordelais, hormis le Stade Bordelais qui a du mal à se maintenir. Donc, c’est déjà une belle performance qu’un département comme le nôtre ait deux clubs en N2. Après, effectivement, chacun des deux a son bassin économique, et il y a toujours cette petite rivalité autour du derby. Mais il n’y a pas de problème particulier.

Quels peuvent être les objectifs pour un club comme Trélissac, avec ce resserrement de l’élite ?
C’est là toute notre difficulté, par rapport justement à cette réforme des championnats amateurs. La saison prochaine, on va passer de 4 poules de 16 à trois poules de 16 en National 2 : si on a la chance de se maintenir, on sera quand même dans le top 100 des clubs français, et quand on sait qu’il y a 15 000 clubs en France, ça situe le niveau… Et si on veut continuer à se maintenir après, effectivement, cela demandera des moyens supplémentaires. Il faudra suivre en matière de contrats fédéraux, de planning d’entraînement avec des séances le matin ou l’après midi, de structures, de staffs, de kiné, d’ostéo ou de préparateur mental, tout ça devra être pris en compte. Le National 2 sera quasiment professionnel. Nous sommes en train de faire les démarches au niveau des collectivités mais on a du mal à leur faire prendre conscience que c’est vraiment une performance d’être à ce niveau-là aujourd’hui. J’aimerais bien que les élus nous aident pour que l’on se maintienne. Je ne pense pas uniquement à la mairie, je pense à l’agglo (Grand Périgueux) et au Département.

Le terrain de Firmin-Daudon, utilisé aussi pour le rugby, est… catastrophique…
Il nécessite des travaux, on a un problème de drainage, la municipalité a prévu de faire ça. Vous voyez bien dans quel état il est. Quand il pleut, l’eau n’est pas drainée… Mais ce n’est pas le problème.

Peu de gens savent que Trélissac se situe juste à côté de Périgueux : pourquoi ne pas associer le nom de la préfecture ?
Demandez à l’Olympique de Marseille s’ils ne connaissent pas Trélissac ! On les a rencontrés trois fois depuis que je suis président (rires) ! Plus sérieusement, ça fait partie des discussions, des pistes, que l’on a avec les élus. C’est certain que, à un moment donné, pour une commune comme Trélissac, avec ses 7000 habitants, les moyens sont limités. Un club comme le nôtre doit être porté par l’agglo, le Grand Périgueux. Demain, le club peut très bien devenir le club de Grand Périgueux Foot, je ne sais pas. Je dis souvent que l’on ne gère pas un musée. C’est dans l’intérêt du club d’avoir une locomotive de haut niveau pour tirer le reste vers le haut et de se maintenir en National 2. On a 570 licenciés, tous répartis sur l’agglo, et beaucoup viennent de Périgueux.

On dit que vous mettez plus de moyens chez les jeunes que chez les seniors…
Oui. J’essaie de préserver ça; la plupart des présidents mettent plus de moyens pour leur équipe fanion au détriment des jeunes et de la formation, mais ce n’est pas ma volonté, et je pense aussi au secteur féminin, qui est important, et à la préformation. Ce soir, sur le terrain, il y avait un garçon comme Yanis Leriche, qui a été formé à Trélissac, c’est une fierté, et une volonté, et quand ils sont très bons, ils partiront plus haut. On a deux équipes seniors en Régional 1 et Régional 3 avec une majorité de Trélissacois. J’ai autant de plaisir à regarder les résultats de notre équipe de National 2 que ceux des autres équipes du club, même le foot animation, je regarde tout !

Hervé Loubat (entraîneur de Trélissac) :

« La N2 va devenir beaucoup plus exigeante »

Arrivé sur le banc voilà un peu plus d’un an, l’ex-coach d’Angoulême, de Moulins et d’Yzeure (avant la fusion), a assuré le maintien la saison passée. Et il est bien parti pour en faire de même cette saison. Modeste joueur de DH (Régional 1), il avait effectué ses classes de coach pendant 7 ans avec la réserve de l’AS Moulins, la propulsant de première division de district jusqu’en CFA2 (N3) ! Joueur, il avoue avoir « joué sous fausse licence à Saint-Georges-les-Ancizes », quand le club évoluait en CFA : « On était 25 mutés alors qu’on n’avait droit qu’à 6 ! » . Loubat n’a que peu goûté au niveau CFA : « J’étais surtout un bon joueur de DH, un numéro 10 ! J’étais un joueur d’entraînement, il me manquait le mental ! »

Comment qualifiez-vous le club de Trélissac ?
C’est un club très sain, avec un président honnête et intègre : par exemple, ici, y’a un maximum de frais kilométriques qu’on ne dépasse pas, ce n’est pas comme ailleurs (sourire), y’a pas de triche comme cela existe parfois. C’est un club très familial avec un gros noyau de dirigeants, qui sont plutôt des retraités. Quand j’étais avant-dernier, je n’ai pas eu de pression, le président ne m’a pas convoqué dans son bureau, il me laisse travailler. Il me fait confiance. Il sait très bien que cela va être dur. Après, au niveau du sportif, du fonctionnement, il faut qu’on passe à la vitesse supérieure si on a la chance de se maintenir cette année, parce que la saison prochaine, le National 2 ressemblera plus au National 1, avec les six descentes de l’étage au dessus, et idem la saison d’après. Il faudra avoir un fonctionnement plus professionnel, et ce ne sera pas un gage ou une garantie, mais bon… Sur un effectif de 23 joueurs, j’en ai 9 qui bossent, ce qui fait que l’on s’entraîne le soir, à 18h, et encore, je n’ai pas toujours toujours le monde car j’ai deux « pions » qui sont internes, donc par rapport aux autres « machines de guerre » du championnat comme Angoulême, Les Herbiers, Bourges, GOAL FC ou même Bergerac, ce n’est pas comparable. J’étais à Angoulême y’a encore un an : là-bas, c’est un fonctionnement très pro. Nous, on a un kiné qui vient deux fois deux heures dans la semaine, un entraîneur des gardiens aussi, qui ne vient que deux fois, mon adjoint fait les montages pour la vidéo, je fais les découpages, bon voilà… ça va, mais la future N2 sera beaucoup plus exigeante.

Le club doit donc se structurer…
Oui, c’est dans son intérêt. On a un terrain annexe qui est injouable, le terrain d’honneur est « dégueulasse », vous l’avez vu ce soir : à 11 contre 10, on aurait dû avoir la maîtrise du jeu, mais… C’est pour ça aussi que je joue en 3-5-2, parce que à un moment donné, on a besoin de prendre des points, en plus, on a perdu en janvier notre attaquant Adama Diakité, qui est parti à Clermont. Il a fallu pallier son absence et réfléchir à un autre système, et on voit que cela porte ses fruits, même si on a perdu à Bourges récemment, 1 à 0, mais on avait fait un bon match malgré un expulsé tôt dans le match… Ce qui nous fait avancer aujourd’hui, c’est notre état d’esprit, et c’est ça qui doit nous permettre d’aller chercher le maintien.

On vous a vu en grande discussion avec le coach de Bergerac, avant et après le match. Il n’y a donc aucune rivalité ?
Les deux présidents se respectent mais chacun veut gagner contre l’autre club de Dordogne, c’est normal, et les anciens de chez nous aussi, veulent gagner ce match, alors ce soir, on les a « refaits ». De mon côté, non, je ne ressens pas de rivalité, je n’ai pas axé ma causerie là-dessus, je l’ai axé sur nous, je voulais qu’on soit très bon mentalement et tactiquement, et c’est ce qui s’est passé. Bergerac, c’est un club tendance, comme Angoulême : ce sont des clubs qui ont gagné du temps, qui sont dans le vrai, avec un fonctionnement sportif et extra-sportif bien supérieurs au nôtre; chez eux, c’est festif après les matchs, avec des bodegas, ils ont 10 ans d’avance sur nous, on est limité aussi ici pour recevoir nos partenaires, l’espace est petit. Il y a un boulot énorme ici pour que le club s’émancipe.

Dépeint comme cela, on imagine mal Trélissac durer en National 2 et encore moins viser plus haut (le club a déjà évolué en National en 2002-03 et entre 1995 et 1997)…
Aujourd’hui, Trélissac ne peut pas envisager d’aller plus haut à part s’il y a un vrai projet de construction d’infrastructures. On s’entraîne une fois ici, une fois là-bas, on n’a pas d’identité, on ne se sent pas chez nous, on n’a pas de vestiaire, on a un fonctionnement plus proche d’un club de R1 ou de R2. Franchement, on a un président extraordinaire, mais la municipalité ne l’aide pas trop, alors notre président le mériterait : il met des moyens humains et financiers, je pense d’ailleurs qu’il doit être le seul à ce niveau à mettre beaucoup plus de moyens chez les jeunes que chez les seniors, où les équipes ont le même pack qu’en N2, avec un éducateur et un adjoint à chaque fois au moins, il aime les jeunes, il aime la formation.

Sportivement, Trélissac va mieux…
Il nous faut 3 victoires et 1 nul, je pense, pour assurer notre maintien. L’an passé, on a fini 10e avec 35 points, là, on a 27 points, alors je me dis qu’avec 36 ou 37, on sera maintenu, on devrait être au moins 10e. La reforme du championnat ? Là, c’est l’ego qui parle, c’est normal, on veut se maintenir, même si pour Trélissac et ses 7000 habitants, ce ne serait pas scandaleux de descendre, compte tenu du peu de moyens que l’on a. Mais je suis très animé pour maintenir le club !

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter @BOYERANTHONY06

Photo de couverture : Lisa Laval

Photos : Trélissac-Antonne FC / Lisa Laval et 13HF

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Le milieu de terrain ardennais raconte comment son équipe s’est extirpée du bas de tableau, au point de venir titiller celles du haut. L’ex-capitaine de Drancy, homme de vestiaire, en est persuadé : Sedan aura de nouvelles occasions de se rapprocher de la tête du classement cette saison.

Aziz Dahchour n’a pas bien compris le concept de l’interview « Du tac au tac ». Ou plutôt si, il a tout compris ! Le milieu de terrain et capitaine du CS Sedan Ardennes a donné des réponses comme certains adressent des lettres de remerciements ! Quand il faut répondre par un mot, il répond par une longue phrase. Quand il faut répondre par un nom, il cite tout le monde, de peur d’en oublier ! Et s’il oublie quelqu’un, il n’hésite pas à vous envoyer un message, puis un deuxième !

Le natif de Sens, dans l’Yonne, est comme ça : il ne laisse rien au hasard. Il est perfectionniste et veut (presque) tout maîtriser. Mais que tout le monde sa rassure en lisant ses réponses : non, il ne faut pas lire entre les lignes. Quand bien même, parfois, un remerciement peut laisser croire à un au revoir !

Parce que, à 37 ans, l’infatigable milieu de terrain sait bien que la fin de sa carrière approche. Oui, mais quand ? « Je n’ai pas encore pris ma décision », affirme-t-il.

Parce que, à bientôt 38 ans (le mois prochain), , l’ex-joueur emblématique de la Jeanne d’Arc de Drancy joue moins cette saison avec les Sangliers, qu’il a rejoints en 2019. Beaucoup moins. Seulement cinq matchs de National cette saison. C’est peu, mais c’est la loi du football : « J’ai une âme de compétiteur… Bien sûr, c’est bizarre de ne plus jouer, mais il faut voir la réalité en face et se poser les bonnes questions, j’ai 37 ans. Même si je sais que je suis encore capable de jouer à un certain niveau… Mais voilà, moi, je ne peux pas montrer un autre visage que celui que j’ai aujourd’hui, par rapport à mes coéquipiers. Si je joue, je dois répondre présent comme je l’ai déjà fait, et si je ne joue pas, je dois toujours jouer mon rôle de capitaine et accompagner les autres, sinon, mon discours serait faussé par rapport à tout le travail que j’ai effectué depuis que je joue au foot. Ce n’est pas un problème d’entraîneur, il faut respecter son choix, je m’entends très bien avec Olivier Saragaglia et avec son staff. Il reste des matchs, je sais qu’il fera appel à moi, un match ou cinq matchs ou 45 minutes, et je répondrai présent. »

Cité en exemple par son président

Marc Dubois, le président du CSSA.

Le soldat Dahchour n’a pas d’état d’âme. Il sait que son rôle est toujours important dans le vestiaire, même si c’est le gardien, Geoffrey Lembet, qui porte le brassard lorsqu’il doit s’asseoir sur le banc des remplaçants. Tellement important que son président, Marc Dubois, dans les colonnes de 13heuresfoot, n’avait pas hésité à le citer en exemple lorsqu’il fut interrogé sur les joueurs emblématiques de Sedan (il avait également cité Paco Borgniet). Des joueurs bien partis pour accompagner le club sur la durée.

« Ce qui a été convenu, c’est de travailler après ma carrière au CS Sedan Ardennes. Mais je n’ai pas encore arrêté de jouer, poursuit, malicieux, le cadre de l’équipe; Je vais commencer à passer mes diplômes d’entraîneur. Cette année, j’accompagne aussi les 18 ans en tant qu’adjoint, je suis toujours en contact avec mon ex-coach à Drancy et son adjoint, Malik Hebbar et Yannick Floch, qui m’aident et me « donnent des billes », de même que mon coach à Sedan, OIivier Saragaglia. Et depuis novembre, je suis un peu plus proche de Marc Dubois. Je suis un peu son référent. Il m’apporte beaucoup de choses, notamment en matière de management. Paco (Borgniet) est en reconversion, et même s’il joue dans un autre club maintenant, à Prix-lès-Mézières, en N3, il est commercial au CSSA. Je trouve que le président et les dirigeants en général ont des valeurs : ils pensent à leurs joueurs et les accompagnent. Cela s’inscrit dans le projet global du club, dans ce que veut faire le président qui, bientôt, présentera un projet d’avenir pour la jeunesse; ce sera quelque chose de grand. »

« Je me se suis bien débrouillé »

Lors du match du Centenaire, en 2019.

Préparer sa reconversion, c’est quelque chose qu’il a déjà commencé à faire, avec son épouse : tous deux ont ouvert un institut de beauté, puis un second. « J’ai toujours eu quelques sollicitations, mais j’ai voulu préserver un équilibre familial, d’une part à cause de mon épouse et de son travail, d’autre part à cause du reste de ma famille, restée à une heure de Paris, à Sens, dans l’Yonne. J’ai privilégié cet aspect là, cet équilibre-là. Car je sais que, pour quelqu’un comme moi, qui n’est pas passé par un centre de formation, c’est important de bien construire l’après carrière, de ne pas partir n’importe où, de ne pas faire n’importe quoi. Je savais que je ne jouerais pas en Ligue 1 mais je savais que j’allais m’en sortir dans le milieu semi-professionnel, ce que j’ai fait. Je me suis bien débrouillé, j’ai pu faire des choses à côté, je ne regrette pas mon parcours. »

Un parcours qui a essentiellement conduit ce grand bavard à Sens, à Marck et à Drancy, en National 3, en National 2 et même en National avec la JAD, invitée surprise à cet échelon au terme d’un exercice 2017-2018 impressionnant, terminé juste devant…. Sedan (15 victoires, 14 nuls et une seule défaite). A à 33 ans, voilà qu’il découvrait l’antichambre des pros. « En National, Drancy n’était pas prêt. Le club a pataugé pour remplir le cahier des charges, pour l’organisation des déplacements, et puis il y a un fossé, là, on commence vraiment à parler de football, on affronte des clubs professionnels, il n’y a que des bonnes équipes. »

« J’avais fait mon travail avec Drancy »

Alors Drancy a calé (seulement 5 victoires en 34 matchs). Mais pas Aziz, qui s’est fait remarquer : « Cette saison-là, bizarrement, alors qu’on était derniers, c’est celle où j’ai eu le plus de sollicitations en N2 et en National. En fin de saison, j’avais envie de voir un autre projet. Je pense que j’avais fait mon travail avec Drancy, où je suis resté pendant 9 saisons. Je voulais me lancer un challenge. J’avais la possibilité d’aller en National mais finalement je suis resté en N2, à Sedan : le club a fait appel à moi à la dernière minute, et les négociations avec le directeur sportif, Julien Fernandez, ont été longues, mais il a su, avec son discours, me faire venir, et je ne le regrette pas ! »

Hier, Aziz et ses coéquipiers ont pris le bus, direction l’Auvergne. Ce soir, ils affronteront Le Puy-en-Velay dans le cadre de la 23e journée de National. Depuis le match aller (0-0), les Sangliers ont bien redressé la barre : ils sont tout d’abord sortis de la zone rouge avant de venir titiller les équipes de haut de tableau. Au point de s’être vu offrir, la semaine dernière, contre Martigues, à Dugauguez, une occasion énorme de recoller à seulement un point du 2e ! Malheureusement, cela ne s’est pas passé comme ça : Sedan s’est incliné 1 à 0 face aux Provençaux.

« Personne ne va gagner les 12 derniers matchs… »

« En début de saison, tout le monde nous voyait mort, raconte Aziz; on est resté dans les derniers pendant deux mois, et c’est ça que j’ai bien aimé : on a montré du caractère pour sortir de cette zone rouge, et on sait que c’est compliqué. Rien que ça, c’est déjà une grosse performance. Là, on a fait un faux pas contre Martigues, je pense qu’un match nul aurait été équitable, mais je suis certain que l’occasion de recoller en haut de tableau va se représenter. D’autres équipes du haut vont peut-être caler, et on verra si elles auront la même force mentale que la nôtre pour relever la tête parce que quand vous êtes toujours 1er ou 2e et qu’à un moment donné, ça ne va plus, comment le groupe va-t-il réagir ? Peut-être que certaines équipes n’auront pas les billes nécessaires pour relever la tête. Il reste douze matchs, et personne ne va gagner les douze… A nous de faire le travail pour titiller les équipes du haut. »

Evidemment, cela passe par un résultat au Puy, une équipe qui prend souvent Sedan en exemple et qui aimerait s’inspirer de son parcours : « On sait que ça ne va pas être facile du tout, parce que l’on a été dans leur situation, et que c’est aussi une belle équipe qui n’est pas à sa place. On est prévenu. »

Aziz Dahchour, du tac au tac

« Etre à l’heure, c’est déjà être en retard ! »

Meilleur souvenir sportif ?
La montée historique en National en 2018 avec Drancy, on a fait un truc de « barges » avec les mecs ! Le coach Malik Hebbar nous avait mis ça en tête et on l’a suivi. Humainement, ce fut quelque chose de fort à vivre. On avait battu des records cette saison-là, avec une seule défaite.

Pire souvenir sportif ?
A Drancy, mais au final, cela nous a souri : en 2013, le club était interdit de recrutement. On était deux seuls rescapés de l’équipe avec Martin Ekani, et on jouait en CFA avec des 18 ans, cela n’a vraiment pas été facile, mais on s’est maintenu à la dernière journée. C’est un mauvais souvenir qui s’est terminé en bout souvenir !

Combien de cartons rouges ?
Trois, dont deux à Sedan (rires). Un qui n’était pas mérité, un deuxième jaune, contre Saint-Maur Lusitanos, en N2, et l’autre, lors de ce fameux match retour contre le Sporting club de Bastia à Dugauguez (0-0), à la 33e. Je m’en suis grave voulu.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
ça s’est fait naturellement. J’ai commencé comme tout le monde, dans mon quartier, devant la maison, et puis mes grands frères jouaient au foot, donc je les suivais. J’ai commencé à 6 ans, j’en ai 37 aujourd’hui. Pour moi, y’a rien de plus beau que le football. J’ai commencé à Sens (Yonne), en milieu de terrain, et puis mon coach en seniors, Lionel Charbonnier, en CFA2, m’a dit que si je voulais franchir un cap, il fallait que je joue latéral droit, j’avais 17 ou 18 ans, donc j’ai changé de poste, j’y ai pris au goût, mais à un moment donné, je voulais être dans le coeur du jeu, donc il m’a remis au milieu. A Drancy, à un moment où on était en galère de joueurs, j’ai aussi dépanné au poste de latéral.

Première fois dans un stade en tant que spectateur ?
Stade Abbé-Deschamps à Auxerre, je crois que c’était contre Lens.

Un stade mythique pour toi ?
Le Parc des Princes.

Un club ?
Quand j’étais gamin, je supportais l’AJ Auxerre, et aussi PSG, Lens et, bizarrement, Sedan ! Je le raconte souvent, j’aimais l’engouement, à l’époque de Mionnet, Ndiefi, tout ça, ça me parle… Sedan, c’est un club historique, un club mythique ! Y a une ferveur de fou, on l’a encore vu contre Martigues la semaine dernière. Et même quand on était derniers en début de saison, ils étaient là. C’est vraiment une force à Sedan.

Photo JAD.

Ton geste technique préféré ?
Les coups de pied arrêtés.

Qualités et défauts selon toi ?
Qualités, c’est de tirer tout le monde vers le haut. Je suis quelqu’un qui parle beaucoup sur un terrain, j’ai toujours été capitaine dans les équipe où je suis passé. C’est vrai que je parle et je joue, mais c’est naturel, j’ai toujours été comme ça. Parfois, ça énerve les adversaires. Défauts, j’en ai beaucoup… Je suis un mauvais perdant.

Le club où tu as failli signer ?
Amiens.

Le club où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
La saison 2017-18 avec Drancy et aussi la première année avec Sedan, en N2, en 2019-2020, notamment les treize premiers matchs avec ces treize victoires de suite, c’était du jamais vu, même en Italie ils parlaient de ce record !

La saison où tu as pris le moins de plaisir ?
La saison où l’on n’a pas pu recruter avec Drancy (2013-14). J’avais vraiment mal à la tête cette saison-là, j’essayais de ne pas le montrer aux jeunes.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Je ne rêve pas beaucoup (rires) ! Le Real Madrid.

Un coéquipier marquant ?
Un seul ? ça va être dur… Yasser Baldé (Laval), Loic Ghili (Viry), Martin Ekani, ancien joueur professionnel formé à Lens et qui, aujourd’hui, a un rôle important au club de Chantilly N3, Ralph Noncent, aujourd’hui entraîneur des U17 Nationaux à Drancy, Djamel Boudjema (côtoyé à Drancy), Geoffray Durbant (Laval), je ne peux pas citer tout le monde malheureusement ! La liste est trop longue ! J’ai gardé le contact avec presque tous les joueurs que j’ai pu côtoyer durant mes différentes saisons.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling ?
Guillaume Khous.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Quand on avait joué la réserve du PSG, Rabiot m’avait impressionné, et avec Drancy, on avait affronté Boulogne en National, et y’avait Ngolo Kanté, il était partout !

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Je revois assez souvent mes anciens coachs… Je dirais Lionel Charbonnier.

Lors du match du Centenaire, en 2019, avec Geoffray Durbant.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Aucun en particulier, non… Je n’ai eu que des bons coachs (rires) ! Bon, d’ailleurs, j’aimerais les remercier tous : Malik Hebbar et son adjoint Yannick Floch à Drancy, mon coach actuel à Sedan, Olivier Saragaglia, et aussi Lionel Charbonnier, Jean-Louis Granier, que j’ai eu à Sens aussi, Éric Vercoutre à l’AS Marck et Sébastien Tambouret (Sedan). Je les remercie pour leur loyauté, leur professionnalisme, leur accompagnement, leur bienveillance et leur management. Mais surtout pour leur côté humain, pas seulement vis à vis de moi, mais aussi à l’égard de tous mes coéquipiers.

Un président marquant ?
Je n’en ai pas eus beaucoup, alors je les cite tous : Alain Melaye à Drancy avec qui je suis toujours en contact et que j’ai revu il n’y a pas longtemps, un homme de parole, Maurice Raymond à Sens, qui est le papa de Raphaël, l’ancien journaliste (devenu aujourd’hui responsable des relations médias avec l’équipe de France, Ndlr), Didider Capelle de l’AS Marck, qui nous a malheureusement quittés, et forcément Marc Dubois, à Sedan, un travailleur acharné, qui se bat pour le club, qui a des valeurs et qui nous fait passer des bons messages. Les supporters ne doivent pas oublier que sans ce monsieur, il n’y aurait plus de club à Sedan. On a la chance de l’avoir.

Une causerie de coach marquante ?
Ce n’est pas une causerie mais un discours de Malik Hebbar, en début de saison, en 2017, avec Drancy : il nous a mis dans la tête avant le début de championnat qu’on allait monter. On pensait qu’il rigolait, et nous aussi, on rigolait, on était septiques, et au fil des matchs, on est allé dans son sens, et quelque part, on était bien obligés !! On s’est pris au jeu et on a réussi à emmener tout le monde avec nous, toute la Seine-Saint-Denis !

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
La première fois que je suis arrivé à Sedan, lors d’un stage en Belgique, les nouveaux devaient chanter, et moi, comme ça faisait 9 ans que je jouais à Drancy, je ne savais plus trop qu’il fallait faire ça, alors j’ai trouvé une parade pour ne pas chanter. Alors j’ai fait un discours, en demandant à chacun « Pourquoi tu es venu à Sedan ? Pourquoi tu es là ? », etc. Je leur ai dit « Moi je ne suis pas venu pour chanter, je suis venu pour monter. » J’ai eu un peu ce discours-là. En même temps, je voulais aussi emmener tout le monde dans la même direction. Au moins, on ne s’est pas raconté de salade ! On savait pourquoi on était là. Et j’ai contourné le truc, en disant « Je chanterai à Dugauguez quand on montera en National ». Y’a eu la Covid, on a fini 2e derrière Bastia… On n’est pas monté et finalement, on a été repêché un an après en National, après une deuxième saison encore avortée par la Covid. Donc il a fallu que je chante, deux ans après, lors d’une veille de match. Mais je n’ai pas chanté à Dugauguez !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Bakari Sagna. Il est de Sens. Comme moi. Et aussi Nadir Belhadj.

Des manies, des tocs, avant un match ?
La veille du match, j’essaie de me projeter, je me conditionne, je me donne des ondes positives. Jouer un match de foot, c’est énorme. C’est quelque chose de fort. On ne peut pas négliger un match. C’est tellement beau le football… C’est un rapport de forces.

Une devise ?
« Etre à l’heure, c’est déjà être en retard ! » Parfois je dis ça à certains coéquipiers (rires).

Un chiffre ?
Le 7.

Un plat, une boisson ?
Souris d’agneau. Et de l’eau plate, je ne veux pas avoir de problèmes avec ma direction !

Tu es un milieu de terrain plutôt…
Chiant à jouer !

Ton match référence ?
Le match du centenaire à Sedan, devant 10 000 spectateurs, contre Sainte-Geneviève, on avait gagné 1 à 0, but de Geoffray Durbant (le 14 septembre 2019, Ndlr). L’ambiance était excellente, on n’avait pas le droit de passer à côté.

Ton pire match ?
Forcément, y’a eu des mauvais matchs, mais pas au point de me dire que j’allais arrêter le football !

Une idole ?
Mendieta, Ronaldo aussi, l’attaquant, le vrai, Ronaldinho aussi.

Ton match de légende ?
France – Brésil, 3-0, en 1998.

Tes passions, tes hobbies, en dehors du foot ?
Aller me promener avec mes enfants. J’en ai 3, ils ont 10 ans, 8 ans et 2 ans. Y’en a deux qui jouent au CSSA ! J’aime profiter de ma famille, de mon épouse.

Si tu n’avais pas été footballeur ?
Bonne question ! Je pense que j’aurais été… footballeur !

Le milieu du foot, en deux mots ?
Le plus beau métier du monde mais parfois cruel. Et aussi un rapport de forces. Je le répète souvent aux joueurs. Y a des duels à gagner dans sa zone, y’a des choses à aller chercher. C’est toi ou c’est l’adversaire…

  • A lire aussi, deux articles sur Marc Dubois et Yasser Baldé :

https://13heuresfoot.fr/actualites/marc-dubois-il-faut-developper-lattractivite-de-sedan/

https://13heuresfoot.fr/actualites/yasser-balde-je-nai-que-des-superlatifs-pour-parler-de-laval/

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : CS Sedan Ardennes