Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

A la pointe du Gard, la petite bourgade de 9 000 habitants est réputée pour ses remparts, ses salins, ses courses camarguaises et, depuis peu, pour son équipe de football de National 3 où esprit familial, fidélité et stabilité sont les maîtres mots.

La tribune d’honneur a fait le plein !

Ce n’est pas parce que Aigues-Mortes est entourée de remparts que son équipe de foot est pour autant imprenable.

La preuve, le Pau FC a inscrit trois buts au stade Maurice-Fontaine en coupe de France, samedi, sans en encaisser aucun, et éteint du même coup les rêves de 8e tour du club gardois, qui a vécu une journée à la fois mémorable et éreintante.

Mémorable, car c’était la première fois de son histoire que l’Union sportive salinières d’Aigues-Mortes (USSA) affrontait un club professionnel.

Les jeunes du club pour le « main dans la main » à l’entrée des joueurs.

Ereintante car, ironie de cette belle histoire, la fête du football est tombée le même jour que le grand loto du club, organisé pour 500 personnes dans la foulée du match !

Et à Aigues-Mortes, on ne plaisante pas avec le loto !

C’est LA manifestation incontournable, celle qui permet de récolter des fonds nécessaires à la survie de l’association, qui, à défaut de rouler sur l’or, marche sur des salinières dont le patrimoine à la fois naturel, économique et historique, est associé au nom du club, comme pour mieux témoigner de cet ancrage et de cette identité camarguaise. Mais ce mariage avec les marais salants semble battre de l’aile.

Le président a donné l’accolade à chacun de ses joueurs avant le coup d’envoi.

« Vous savez, Aigues-Mortes est une petite bourgade de 9 000 habitants, explique Marc Thélène, professionnel de l’immobilier et président de l’USSA depuis quatre ans et demi; Les remparts sont très visités et sources de revenus, de même que les salinières, c’est historique. Malheureusement, l’entreprise (Les salins du Midi, Ndlr) ne nous donnent pas ce que l’on voudrait, d’ailleurs, je ne vous cache pas que l’on réfléchit parfois à changer le nom du club… parce qu’en fait, ils ne nous donnent pas grand chose. Quant au loto, nous en organisons cinq par an, c’est ce qui nous permet d’avoir des rentrées d’argent et de faire vivre le club, surtout que l’on a très peu de d’entreprises, très peu de subventions. »

« On a très peu de moyen, on est un village et malheureusement, on a une municipalité qui ne sous suit pas forcément, il faut se débrouiller, appuie Yohan Borg, 40 ans, l’entraîneur de l’équipe de National 3.

Un terrain d’honneur accidenté

Poignée de mains entre les deux coachs, Didier Tholot (Pau FC) et Yohan Borg (USSA).

Un 7e tour de coupe de France l’après midi, un grand loto le soir, le club de football d’Aigues-Mortes a sans douté vécu sa plus grosse organisation et battu des records d’affluence avec un bon millier de personnes sur le site (environ 1200).

Une belle récompense pour les nombreux bénévoles (80 éducateurs, dirigeants et parents, et 25 le soir pour le loto) mobilités tout au long de la journée pour faire de ce match (et de ce loto) des fêtes réussies.

« C’est beaucoup de travail », concédait le président, dont la hanche déjà très fragile a souffert des centaines d’allers et venues dans l’enceinte sportive.

Le président de l’USSA, Marc Thélène.

C’est simple, le successeur à la tête du club de l’emblématique Michel Ceccotti, aujourd’hui président d’honneur, fut au four et au moulin.

Téléphone constamment scotché à l’oreille, il a dû « courir » au moins autant, sinon plus, que son milieu de terrain récupérateur qui n’a pourtant pas lésiné sur les efforts, à l’image de ses dix camarades sur la « pelouse » ou ce qu’il en restait.

Le terrain était dans un état si déplorable qu’il a inquiété la délégation paloise, soucieuse de ne pas connaître de blessures, arrivée sur place la veille et venue effectuer un repérage des lieux.

Mais il est aussi un handicap pour l’équipe locale et l’ensemble du club, qui ne cachent pas une problématique en matière d’installations, même si cela va aller mieux avec le nouveau terrain d’entraînement tout neuf, qui jouxte le terrain d’honneur, et que l’USSA a « récupéré » la semaine dernière. Sans oublier le petit terrain de Saint-Laurent-d’Aigouze, la commune avoisinante, qu’il utilise également.

Pau évite le traquenard

La buvette a été prise d’assaut !

Les conditions restent cependant compliquées et précaires pour les 350 licenciés de l’USSA (dont 250 jeunes) : « Comme on n’a pas l’éclairage, et que nos joueurs travaillent la semaine, on a fini nos séances à la nuit pour préparer ce 7e tour de coupe de France, poursuivait Borg, à la tête de l’équipe fanion depuis 12 ans, et licencié au club depuis 2004.

C’est sans doute l’état catastrophique du terrain, « accidenté », comme l’a qualifié Borg dans le quotidien Midi Libre, qui a nivelé les valeurs entre les deux équipes samedi.

Car, comme souvent en coupe de France, et comme l’ont encore montré les résultats et les nombreuses surprises (des clubs de Ligue 2, de National et de National 2 ont été éliminés par des équipes de niveaux bien inférieurs), on n’a jamais vu trois divisions d’écart entre Aigues-Mortes et Pau.

L’USSA manque le coche !

Le latéral gauche, qui a fini aux avants postes, Bastien Laffaille, a raté une énorme occasion de relancer le match.

Il est 15h, il fait chaud, le stade est plein comme un oeuf, la fanfare, typique du Midi, joue de la trompette, les supporters palois sont là (une quinzaine), parqués sur un côté de la tribune, et, c’est bête à dire, c’est bête à écrire, mais on sent le traquenard.

C’est parti ! Aigues-Mortes se montre d’entrée très entreprenant. Et si les locaux avaient concrétisé l’une de leurs trois grosses occasions rapides (trois frappes dont une parade du gardien et une transversale), cela n’aurait sans doute pas été la même musique pour le Pau FC, dominé pendant les 20 premières minutes.

Dans les tribunes, et tout autour du terrain, on y croit. Les commentaires fusent. « Pour le moment, ils ne montrent pas grand chose, les pros ! » entend-on. « Le terrain ne doit pas les aider mais bon, ils sont pros, ils doivent s’adapter ». « Les Rouge (Aigues-Mortes) sont plus présents ». Un « nostalgique », derrière les grillages, se souvient : « Tu te rends compte qu’avant, quand on jouait contre Le Grau du Roi, c’était plein comme ça aussi le stade, c’était pas hier, hein ? ».

Peut-être que les pros de Ligue 2 ne montrent pas grand-chose, mais ce sont eux qui ouvrent le score, contre le cours du jeu, à la 24e, sur une tête de Henri Saivet, avant de doubler la mise dans la foulée, à la 28e, par Mayron George.

Borg : « Frustrant mais on a montré un beau contenu »

Une quinzaine de supporters du Pau FC avait effectué le long voyage.

Le stade se tait. En cinq minutes, les Aigues-Mortais ont encaissé autant de buts qu’en cinq matchs de championnat ! Mais voilà, c’est le niveau pro, ce sont les détails, le réalisme : « Frustrant, oui, c’est le mot, analysait Yohan Borg à l’issue du match; on a les occasions de marquer avant eux, et il y a sans doute un penalty pour nous sur un coup franc détourné de la main en début de match, on le voit sur les photos, mais ce sont des détails qui font partie du foot. Si on a fait le match qu’il fallait ? Non, sinon on aurait gagné ! Disons que l’on a eu un beau contenu sans pour autant être tranchant dans les 30 derniers mètres. Pau, sans être exceptionnel, s’est montré efficace et a su marquer quand il le fallait. »

A 0-2, les « Rouge » ont pris un coup derrière la tête mais au retour des vestiaires, ils ont persévéré, insisté et développé leur football malgré l’état du terrain et ont sans doute raté une énorme occasion de tout relancer, lorsque Bastien Laffaille, très en vue sur son côté gauche, s’est retrouvé tout seul devant le géant Massamba Ndiaye, peu avant l’heure de jeu : sans doute surpris d’être en si bonne position, le numéro 3 gardois frappait sur le gardien !

Esprit de famille, fidélité et stabilité

Yohan Borg, le coach de l’USSA, en interview d’après match.

17 heures. C’est la troisième-mi-temps. Il y en aura bien sûr une quatrième ce soir avec le loto. Mais les dirigeants n’ont le temps ni de s’apitoyer sur le résultat très sévère du match et l’élimination (0-3), ni de profiter de ces instants éphémères. L’esprit familial se fait tout de même bien ressentir, à la buvette, prise d’assaut à la mi-temps, derrière la tribune ou dans le club house.

Cet esprit, c’est ce qui fait la force de l’association : « On est un club familial, appuie le président; on essaie aussi de former les jeunes d’ici mais la problématique, c’est la distance, car même si on est plutôt tourné vers Nîmes, on est un peu loin de Montpellier aussi, alors c’est compliqué. Mais aujourd’hui (samedi), contre Pau, on avait trois titulaires issus du club. C’est une fierté. Jusqu’à présent, on a eu des difficultés à faire du football à 11 et à monter des équipes, d’ailleurs, cela nous a coûtés des points de pénalité la saison passée en N3, à cause de l’absence d’une équipe en U19, sinon nous aurions terminé 3e et pas 4e, mais cette année, on y est arrivé. Il faut dire aussi que, avant, nous avions une entente avec le club voisin, Le Grau du Roi, qui n’existe plus. »

« C’est vrai que notre force, c’est l’état d’esprit familial, nos bénévoles, renchérit Yohan Borg; on a aussi une fidélité au niveau du staff et des joueurs, avec un mélange de jeunes et d’anciens, un vrai esprit de groupe. On joue avec nos moyens et nos valeurs. On a envie de gagner des matchs, d’être ambitieux, mais tant que le club ne sera pas mieux aidé, ce sera difficile de faire mieux. »

Solidité et régularité

Bernard Laporte-Frey, le président du Pau FC, discute avec Marc Thélène à la fin du match.

Faire mieux ? Mieux, ce serait le National 2. A Aigues-Mortes, personne n’en parle, alors que l’équipe démontre en championnat une grosse solidité défensive et, pour l’heure, une belle régularité (3e avec un match en retard, et seule équipe à avoir pris un point face au leader, Béziers, cher lui, 0 à 0).

« On est monté en National 3 en 2021, c’était déjà un bel exploit, on a fait une bonne saison l’an passé. L’accession, très sincèrement, elle n’est pas prévue, assure le président; Le National 2 ? Je ne sais pas… Le N3, c’est déjà un niveau élevé pour un club comme le nôtre. Moi, ce que je vois, c’est que l’on a une équipe stable, on est régulier depuis quelques années, avec des joueurs qui jouent ensemble depuis longtemps, fidèles. Et c’est ce qui fait la force de l’équipe. On est attentif à cela, à cette continuité. »

Des joueurs fidèles et… unis. « Unis dans l’effort ». « Unis dans l’effort les gars ! », comme l’a crié à plusieurs reprises dans les couloirs du stade, pour motiver ses troupes, le capitaine Sébastien Robert, lors de l’entrée des équipes sur le terrain. Un cri étouffé par des Palois nullement impressionnés par toutes ces fortifications qui font la beauté de la ville.

Samedi, à Aigues-Mortes, les remparts ont cédé. Mais l’esprit guerrier et l’esprit de famille ont demeuré.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : AB

  • Remerciements : à l’ensemble du club d’Aigues-Mortes pour sa disponibilité et sa gentillesse dans une journée « speed » où il a fallu gérer beaucoup de choses !
  • Suivez l’actualité du club d’Aigues-Mortes sur le nouveau compte Instagram : @UssaFootTerreCamargue

Vous avez loupé un épisode de la série « 13heuresfoot » cette semaine ? Voici la séance de rattrapage !

  • Samedi 29 octobre 2022

Vire (N3) : Christophe Lécuyer, le président journaliste !
https://13heuresfoot.fr/actualites/vire-n3-christophe-lecuyer-le-president-journaliste/
Depuis 2014, Christophe Lécuyer (42 ans) préside à la destinée de l’AF Virois, qu’il a fait monter de Régional 2 jusqu’au sommet de la N3 normande. En parallèle, il est le correspondant de RMC pour l’Ouest de la France.

  • Vendredi 28 octobre 2022

Kevin Lefaix, des terrains de foot aux parcours de footgolf !
https://13heuresfoot.fr/actualites/kevin-lefaix-apres-le-foot-le-footgolf/
Le recordman du nombre de buts marqués en National (87) vit aujourd’hui près de Cannes, sur la Côte d’Azur, et s’épanouit dans son nouveau métier de responsable d’un magasin. Et il s’est trouvé une nouvelle passion : le footgolf.

  • Jeudi 27 octobre 2022

Le jour où Jean-Pierre Bosser, dit « Bobosse », a marqué de 60 mètres avec Brest !
https://13heuresfoot.fr/actualites/jean-pierre-bosser-de-bobosse-au-big-boss/
Le recordman du nombre de matchs disputés avec le Stade Brestois en première division a longtemps détenu un autre record, celui du but le plus lointain ! Il raconte cet exploit et retrace sa carrière très riche, très longue et surtout … truffée d’anecdotes truculentes ! Un régal !

  • Mercredi 26 octobre 2022

Anthony Hacquard (Belfort) : « Je ne me fixe aucune limite »
https://13heuresfoot.fr/actualites/anthony-hacquard-belfort-je-ne-me-fixe-aucune-limite/
Malgré un emploi du temps surchargé, entre l’organisation express du déplacement en outre-mer pour le compte du 7e tour de coupe de France (déplacement sur l’île de Tahiti en Polynésie et match face à l’AS Vénus, dimanche 30 octobre) et la préparation du match de National 2 de son équipe à Metz (2-2 samedi dernier), l’entraîneur de Belfort (N2) nous a accordés une petite heure de son temps pour faire un flash-back sur sa carrière. Un entretien à son image, posé et sincère.

  • Mardi 25 octobre 2022

Avec Jarville, Antony Rigole en a fait pleurer des gardiens
https://13heuresfoot.fr/actualites/avec-jarville-antony-rigole-en-a-fait-pleurer-des-gardiens/
Le Nancéien, qui fêtera ses 41 ans demain, revient sur sa fidélité à « Jarville Jeunes Football ». L’ex-avant-centre a passé 32 ans de sa vie dans son club de toujours, où il a terminé sa carrière dans les cages la saison passée, avec une accession en N3, avant de prendre les rênes aux côtés de l’ex-pro Michel Engel.

  • Lundi 24 octobre 2022

Amine Cherni, un international tunisien à Chambly
https://13heuresfoot.fr/actualites/amine-cherni-un-international-tunisien-a-chambly/
Formé au Paris FC, Amine Cherni (21 ans) a choisi de rejoindre Chambly (National 2) cet été plutôt que de découvrir le National avec le Paris 13 Atletico. International tunisien en U20 et chez les Olympiques, il veut construire sa carrière patiemment, en progressant, « sans brûler les étapes ».

Depuis 2014, Christophe Lécuyer (42 ans) préside à la destinée de l’AF Virois, qu’il a fait monter de Régional 2 jusqu’au sommet de la N3 normande. En parallèle, il est le correspondant de RMC pour l’Ouest de la France.

Un souvenir personnel pour introduire notre sujet du jour. Le 11 novembre 2017, le FC Chambly Oise, le club dont je suis dirigeant et à l’époque en National, se déplace à Vire pour le compte du septième tour de la Coupe de France.

Sous des trombes d’eau et dans un match interrompu par une panne d’éclairage, mon équipe, réduite à 10, est rudement secouée par un hôte alors en Régional 1 (ex Division d’Honneur) et Chambly ne s’en sort que par un but en fin de partie de Thomas Henry, aujourd’hui attaquant au Hellas Vérone, en Série A italienne (1-0).

Un petit miracle accentué par l’égalisation normande refusée au bout du temps additionnel pour un hors jeu qui ne sautait pas aux yeux…
Cinq mois plus tard, le FC Chambly atteignait pourtant les demi-finales de la Coupe de France (0-2 contre les Herbiers devant 38 000 spectateurs au stade de la Beaujoire à Nantes).

Une épopée tient parfois à trois fois rien. Jamais en effet, cette saison là, le club de la famille Luzi n’était passé aussi près de l’élimination que sous le déluge du Stade Pierre Compte…

J’avais beaucoup aimé le comportement et la générosité de notre adversaire, la belle et saine ambiance qui régnait dans les tribunes et l’accueil cordial des dirigeants virois, notamment du premier d’entre eux, le président Christophe Lécuyer. Un président pas tout à fait comme les autres. Un enfant du bocage normand, fortement ancré dans son territoire, originaire de Villedieu-les-Poelles. Ce qui lui fait dire en éclatant de rire : « Je suis né dans la ville des Cloches (Villedieu) et j’ai fini dans la ville des andouilles (Vire) ».

« Le sport est ma passion, ma vie »

Vire, 12 000 habitants, 17 000 avec la commune nouvelle de Vire-Normandie (qui a absorbé quelques villages voisins), une ville qui a vu naître Michel Drucker et Stéphane Guy, et où Elisabeth Borne a été élue députée, avant d’être nommée à Matignon.

Christophe Lécuyer vit désormais à Vire, mais il est passé par la commune toute proche de Saint Sever. « Là bas, j’ai été joueur, arbitre et dirigeant dès l’âge de 15 ans, explique-t-il. Je traçais le terrain, je tenais la buvette. Et j’ai aussi été conseiller municipal à 21 ans. Le sport est ma passion, ma vie, j’essaie de lui rendre tout ce qu’il m’a donné. »

En 2014, l’ancien président de l’Association Football Virois lui propose son fauteuil. « J’ai senti une adhésion, j’y suis allé, en sachant que je ne serais rien sans les licenciés et les dirigeants, dit-il. »

Invaincu en National 3 cette saison

Vire est alors en DSR (Régional 2). Entraîné depuis plusieurs saisons par un pur virois, Cédric Hoarau, l’AFV est aujourd’hui co-leader invaincu de la N3 Normande (quatre matches, quatre victoires) et qualifié pour le 7e tour de la Coupe de France où l’attend demain dimanche un déplacement au Havre Caucriauville (Régional 2).

Christophe Lécuyer (42 ans) pourra être au match. Il lui arrive en effet d’en manquer un de temps en temps car au même moment, son métier lui commande d’en commenter un autre.

Lors du tirage au sort du 7e tour de la Coupe de France avec le vice-président du club Philippe Martineau et Jimmy Briand.

Journaliste de la radio VFM, qui émet sur la Basse Normandie, le président virois est aussi correspondant dans l’Ouest de RMC, pour qui il suit notamment Le Havre et Caen, en Ligue 2. « Heureusement, ces deux clubs font une bonne saison, et les diffuseurs les retiennent souvent pour les matches décalés, poursuit-il. En général, ça se goupille donc bien, mais il arrive que je commente un match pendant que mon équipe joue. Alors, j’ai un œil et demi sur le match que je commente et un demi œil sur Fuchs TV, la plateforme qui diffuse le N3 (il se marre !). Je l’avoue, parfois c’est l’inverse quand il ne se passe pas grand chose sur le match de Ligue 2, et on en déconne à l’antenne ! »

Le foot est son monde. Proche de plusieurs joueurs professionnels, notamment de Raphaël Guerreiro, l’international portugais du Borussia Dortmund, dont il a été le témoin de mariage, Christophe Lécuyer nourrit une passion sans borne pour l’AF Virois, dont il a porté le budget à environ 450 000 euros. « Grâce a une soixantaine de partenaires fidèles et le soutien de la Mairie de Vire qui nous accompagne vraiment, en particulier sur nos infrastructures qui progressent régulièrement » dit-il.

Invaincu en National 3 cette saison

Lors du tirage au sort du 7e tour de la coupe, avec les dirigeants du Havre Caucriauville, adversaires demain !

De mieux en mieux garni (750 spectateurs samedi dernier pour la venue du voisin Saint Lô, soit beaucoup plus que les standards du N3), le Stade Pierre Compte accueillera-t-il de la N2 la saison prochaine ? « On réalise un très bon début de saison et si le National 2 se présente, on ne crachera pas dessus, sourit le Président. Mais sans vouloir faire du Guy Roux, je continue à dire que l’on vise … le maintien ! Avec la réforme des championnats nationaux et le nombre de descentes en fin de saison (cinq et même six selon les poules), il sera de plus en plus compliqué de se maintenir en National 3. Si l’AF Virois devient un bon club de N3, c’est parfait, c’est à notre taille. J’ai calculé qu’il faut 30 points pour se maintenir. On en a déjà douze et il reste vingt deux matches, ça devrait le faire …. »

Et en Coupe ? Le tirage au sort a offert à l’AF Virois la perspective d’un 8e tour à Pierre Compte contre le Stade Malherbe de Caen, le grand voisin ! « Ce n’est pas un objectif, c’est un rêve, dit Christophe Lécuyer. Malherbe, j’en suis supporter depuis tout petit. La moitié de nos joueurs sont passés par leur centre de formation. Certains de nos supporters sont aussi abonnés à Caen. Accueillir Malherbe à Vire en coupe, ce serait extraordinaire. Mais on a un 7e tour très difficile dimanche (demain) à Caucriauville, le club où ont grandi Vikash Dhorasoo, Édouard Mendy ou Souleymane Diawara… Et Caen n’a pas non plus un match facile à Saint Malo (N2). »

Pour Christophe Lécuyer, le couronnement ne serait-il pas de commenter en direct sur RMC un match AF Virois – Stade Malherbe de Caen le samedi 20 novembre ?

Jean-Michel Rouet / Mail : contact@13heuresfoot.fr
Photos : AF Virois

Le recordman du nombre de buts marqués en National (87) vit aujourd’hui près de Cannes, sur la Côte d’Azur, et s’épanouit dans son nouveau métier de responsable d’un magasin. Et il s’est trouvé une nouvelle passion : le footgolf.

Sous le maillot du Red Star. Photo Philippe Le Brech.

Et le meilleur buteur de l’histoire du championnat National s’appelle … Kevin Lefaix ! Pas de trophée du peuple pour lui, juste une reconnaissance dont le natif de Rennes ne semble d’ailleurs pas tirer de fierté particulière, du moins, pas plus que cela.

Et pourtant, c’est bien lui, l’avant-centre qui n’est jamais passé par un centre de formation, qui a connu la Promotion d’Honneur au début de sa carrière en seniors, à Bréquigny, qui a fait trembler les filets à 87 reprises en 174 matchs de National (Orléans, Le Poiré-sur-Vie, Red Star et Chambly).

On vous laisse calculer le ratio, c’est impressionnant ! Surtout que le Breton a découvert ce championnat à 28 ans, c’est à dire sur le tard, et qu’il n’y a passé que six saisons et demi. C’est simple, en National, Kevin, c’est un but tous les deux matchs. Alors pourquoi ce joueur, cette gâchette, n’a quasiment jamais pu exprimer ces qualités de buteur plus haut et surtout plus longtemps ? L’intéressé a quelques explications, il les livre d’ailleurs dans l’interview « Du tac au tac » (lire plus bas).

Aujourd’hui, celui qui a tapé ses premiers ballons à Janzé, près de Rennes – « J’avais eu une dérogation pour y jouer à l’âge de 4 ans, j’y suis resté jusqu’à mes 12 ans avant de partir au Stade Rennais » -, a mis le ballon de côté, après que sa carrière s’est arrêtée net à l’AS Cannes en National 3, en mars 2020 (28 matchs, 12 buts), avec la Covid-19.

Depuis, Kevin n’a plus bougé de la Côte d’Azur. Il est installé au Cannet et travaille juste à côté, à Cannes. Et pour pallier le manque de ballon, il a trouvé une nouvelle passion : le foot-golf ! Entretien.

« Je suis passé complètement à autre chose »

Avec l’AS Vitré, en 2008-2009. Photo Philippe Le Brech

Kevin, tu as joué au Stade Rennais, et pourtant, tu n’y as jamais intégré le centre de formation…
Non, c’est vrai. J’y ai joué de l’âge de 12 ans jusqu’en moins de 17 ans, puis je suis parti au Cercle Paul Bert de Bréquigny, juste à côté, où, pour ma première saison en seniors, j’ai dû mettre 54 buts je crois en Promotion d’Honneur !

Ensuite, je suis revenu en Division d’Honneur au Stade Rennais après une coupure d’un an.

Pourquoi cette coupure d’un an, à 19 ans, à un âge où c’est souvent là que ça se joue ?
En fait, quand j’étais à Bréquigny, j’avais déjà commencé à travailler en intérim, dans plein de domaines.

Sous le maillot d’Orléans, en 2009-2010. Photo Philippe Le Brech

Je ne pouvais plus jouer au Stade Rennais alors je suis parti en PH avec des potes, malheureusement, on n’est pas monté. J’ai eu un peu de lassitude, je n’avais plus trop d’ambition…

Et j’ai coupé un an. Après, je suis allé à Saint-Malo, en CFA, mais j’ai eu beaucoup de blessures et puis Franck Portier, le coach de l’AS Vitré, m’a appelé, d’abord pour jouer en réserve, en DSR, avec la possibilité ensuite de jouer en CFA. Cela a bien fonctionné avec l’équipe B et j’ai pu intégrer l’équipe A.

Aujourd’hui, tu as choisi une voie différente. Rester dans le foot, ou dans le sport, ça ne te tentait pas ?
Pas forcément. J’adore le foot mais j’adore surtout jouer au foot. A la rigueur, transmettre aux jeunes, ça m’aurait bien dit, mais je n’ai pas eu trop l’occasion de le faire. A l’AS Cannes, Ludovic Pollet, l’entraîneur des U19 Nationaux, m’a proposé de passer des formations et de m’occuper des spécifiques attaquants avec les U17 Nationaux, mais je travaille, il fallait dégager du temps, j’ai une fille, j’ai dit non.

Du coup, tu as coupé avec le foot…
Oui. Mes week-ends sont consacrés à la famille et au footgolf, une discipline que j’ai découvert, et ça me plaît beaucoup. Je participe à des compétitions régionales et même des étapes du championnat de France avec le club que l’on a créé l’an passé avec des anciens potes du Stade Rennais, le Rennes Footgolf Club.

Sous le maillot de Chambly, en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

Y’a des anciens pros qui pratiquent cette discipline, comme Camel Meriem et aussi Florent Sinama Pongolle ou Anthony Le Tallec. Ludovic Obraniak aussi s’y est mis. Le foot ? Je le regarde à la télé, la Ligue des Champions, le Stade Rennais, mais je ne vais pas voir de match.

Qu’est ce qui te plaît au foot-golf  ?
Déjà, ça me permet de continuer à jouer au foot sans traumatisme. On peut jouer en individuel et aussi en double, c’est très sympa, ça change de rythme, le mental et la patience sont importants.

Et puis il y a les cadres magnifiques dans lesquels on joue, on est en plein air. J’avais un peu joué au golf avant, d’ailleurs, j’ai toujours les clubs que « Romu » Marie m’avait donnés quand j’étais au Red Star, ils appartenaient au président Patrice Haddad avant !

Et la semaine, c’est boulot…
Oui, je suis responsable d’un magasin alimentaire à Cannes. Je suis passé à complètement autre chose. J’ai fait du service de conciergerie avec un pote, en multi-services, notamment comme paysagiste, mais je voulais passer en CDI et faire quelque chose de plus stable. L’objectif, ce sera de devenir mon propre patron.

Kevin Lefaix, du tac au tac
« Au Red Star, je suis passé du paradis à l’enfer »

Avec Chambly en 2017. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
L’accession avec le Red Star en Ligue 2, en 2015, parce que c’était un rêve de gamin, et je l’ai réalisé, sur le tard, à l’âge de 32 ans, non 33 ans !

Malheureusement, je n’ai joué que six matchs (1 but) en L2.

Il y a eu pas mal de changements au club, beaucoup de recrues, et tous les cadres de la saison précédente se sont retrouvés sur la touche, moi y compris, sans compter le changement d’entraîneur aussi, avec l’arrivée de Rui Almeida.

Je ne rentrais pas dans ses plans, c’est comme ça. J’ai eu une proposition pour partir à Tubize, en D2 belge, et comme j’ai toujours voulu jouer à l’étranger, j’y suis allé, j’ai passé une très belle saison, avec une mentalité un peu à l’anglaise. J’ai eu Colbert Marlot et Régis Brouard comme coach.

Au Poiré-sur-Vie, en 2012. Photo Philippe Le Brech

Pire souvenir sportif ?
De ne pas avoir avoir assez joué en Ligue 2 et d’avoir été mis sur la touche sans explication, ça a été dur à vivre car je me suis toujours battu pour arriver à cet objectif, j’ai gravi tous les échelons. En fait, au Red Star, je suis passé du paradis à l’enfer. On m’a mis à la cave.

Tu as gardé de la rancoeur envers le Red Star ?
Aucune ! C’est juste qu’il y a eu un changement de staff, je ne suis plus rentré dans les plans. C’est la manière avec laquelle ça s’est passée, surtout que l’année où j’avais été recruté, j’étais la première recrue. Mais je ne garde que des bons souvenirs de mon passage là bas.

Ton plus beau but ?
A Avranches, avec le Red Star. Il y avait toute ma famille ce soir-là. Il a été élu plus beau but de l’année en National ! Et en plus, dans ce match, j’en ai mis trois (victoire 4 à 2).

Le but de Kevin Lefaix à Avranches avec le Red Star… un bijou !

Ton plus beau loupé ?
Avec Chambly, je crois que c’était à Créteil. Il y a un centre rasant qui passe devant tout le monde, je suis au 2e poteau, seul, je reprends le ballon et ça passe au-dessus alors qu’il n’y avait plus qu’à la mettre au fond !

Avec le Red Star. Photo Philippe Le Brech

Un geste technique préféré ?
C’est à l’image de mon but à Avranches : amorti de la poitrine et reprise de volée, et du gauche, alors que j’étais droitier !

Qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais un battant, je ne lâchais jamais rien, je croyais toujours en la possibilité de marquer. Mes défauts étaient liées à mes qualités : j’étais tellement volontaire et combatif que j’en devenais trop hargneux, j’en venais à oublier mes copains, j’étais dans ma bulle.

L’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
C’est avec le Red Star, l’année de la montée, on avait une équipe de fous, avec des joueurs d’expérience comme Bellion, Planté, Marie, on s’entendait à merveille, on était des chiens.

Je pensais que tu allais dire Vitré…
J’ai hésité ! C’est vrai que je parle peu de Vitré dans les interviews, mais avec Le Red Star, ça se vaut !

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Ce n’est pas une erreur de casting puisque j’y ai effectué une belle saison mais c’est vrai que ce n’était pas prévu que j’aille au Poiré-sur-Vie, en National. J’y ai fait une grosse année et j’ai beaucoup appris avec Oslwald (Tanchot, le coach). En fait, j’étais à Orléans, et je ce n’était pas prévu que je parte. Avec mon agent, on a cherché un club, on avait Carquefou et donc Le Poiré : je suis allé visité la ville… bon… finalement, j’ai signé mais j’ai habité à La Roche-sur-Yon. Et au final, cela a été un bon tremplin (17 buts en 36 matchs). La saison a été enrichissante et aussi très fatigante, avec beaucoup de déplacements.

« J’aurais bien voulu jouer en Angleterre »

Avec Orléans en 2010-2011. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu as failli signer ?
A côté de chez moi, où ma mère et née, à Vannes, en Ligue 2, pour un contrat pro, mais à l’époque, Orléans n’a pas voulu me laisser partir. J’ai mis du temps à m’en remettre après ça et à me relancer avec Orléans.

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
Ce serait en Angleterre, où j ai toujours voulu jouer. D’ailleurs, mon père m’a appelé Kevin à cause de Kevin Keegan ! J’ai effectué des démarches pour essayer d’y aller quand j’avais 18 ans. Cela ne s’est pas pas fait. J’aurais bien voulu jouer dans un club anglais. A choisir, Arsenal, j’aime beaucoup ce club.

Un stade et un club mythique ?
Le RC Lens et le stade Bollaert : j’y ai joué en Ligue 2 lors de la 2e journée de championnat avec le Red Star en 2015 (1-1).

Un coéquipier marquant ?
C’est Naïm Sliti au Red Star.

Sous le maillot du Rennes Footgolf-club.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Laurent Koscielny, que j’ai affronté quand je jouais à Vitré, en CFA, et lui était en réserve à Guingamp : je me souviens d’une action, où je suis lancé en profondeur, il est battu, j’arrive aux 18 mètres, pour moi il était largué et je là, je le vois, il me prend le ballon en taclant, je suis surpris, il se relève et relance propre, ça m a marqué !

Le joueur avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
David Bellion, au Red Star. On avait des automatismes naturels, il avait une vision du jeu incroyable. Avec lui, ça fonctionnait bien.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Les anciens coéquipiers de Vitré et justement, dernièrement, ils ont fait une journée avec les anciens du club et je n’ai pas pu y être. A Vitré, toute l’équipe m’a aidé à m’intégrer. J’ai beaucoup de souvenirs avec eux, comme en coupe de France aussi. Je n’oublie pas non plus mes anciens coéquipiers du Stade Rennais quand j’étais jeune, même si j’arrive un peu plus à les voir quand je rentre à Rennes.

Sous le maillot du Rennes Footgolf-club.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Yann Lachuer je pense, ou Johan Micoud, mon président à Cannes, et Moussa Marega (ex-Porto et Guimaraes) aussi.

Combien d’amis dans le football ?
Pas beaucoup. Comme on dit, on les compte sur les doigts de la main, donc 5 à peu près !

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Bernard Lebreton, je l’ai eu longtemps au Stade Rennais, et aussi Bernard Moreau et Jacques Chilou en moins de 15 ans et moins de 17 ans, même si je les ai en amis sur facebook.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Celui-là il est facile à trouver ! Rui Almeida, qui est à Niort aujourd’hui. Bon, je lui souhaite quand même bonne chance, mais il n a quand même jamais trop réussi…

Un président marquant ?
Le président Patrice Haddad, au Red Star.

Sous le maillot du Rennes Footgolf-club.

Une causerie de coach marquante ?
Pas une causerie en particulier mais celles de Régis Brouard étaient motivantes. Il insistait beaucoup sur les détails et les points essentiels d’un match. Il avait une faculté de bien nous préparer. Il ciblait bien les joueurs.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Oui (rires) mais si je la raconte il va m’en vouloir ! C’était à Chambly, avant un match, mais c’est un peu… pas gore… mais trash… Anthony Soubervie est sorti des toilettes avec une feuille de papier coincée à l’arrière de son short, je ne rentrerais pas dans les détails, il va m’en vouloir sinon ! Et il m’a dit qu’il l’avait fait exprès ! J’ai ça en vidéo !

Des rituels, des tocs ?
Le caleçon fétiche; dès que je marquais, je le gardais, et même quand je ne marquais pas, je le gardais quand même. J’avais des trucs avec les chiffres aussi, le 8 et le 2 (il est né en 1982) et quand je rentrais sur le terrain, je pensais à ma tante, Geneviève, qui est decédée très jeune. Je pensais toujours à elle.

Une devise ?
Oui, elles est inscrite sur mon bras (il la montre), c’est de l’anglais : « We all have two lives, the second one starts when we realize that we only have one ». C’est de Confucius.

Sous le maillot d’Orléans en 2011. Photo Philippe Le Brech

Que t’a-t-il manqué pour jouer plus longtemps en Ligue 2 ?
Déjà, d’arriver plus tôt à ce niveau-là, et peut-être la confiance du coach aussi. Mais je suis persuadé que j’avais ma place dans cette équipe du Red Star en Ligue 2 pour jouer, beaucoup me l’ont dit. En même, est-ce que j’avais la mentalité pour jouer en Ligue 2 ? Je ne sais pas, car j’ai vraiment senti une grosse différence entre les deux, entre le National et la Ligue 2. Peut-être que je n’avais ni l’état d’esprit ni la mentalité pour y être.

Tu étais un joueur plutôt …
Réaliste.

Au Poiré-sur-Vie, en 2012. Photo Philippe Le Brech

Un modèle de joueur ?
Jean-Pierre Papin.

Une idole de jeunesse ?
Ronaldinho.

Ta plus grande fierté ?
Ma fille.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Passionnant et intransigeant. Tout peut basculer très vite, ça ne tient à rien, un choix, une blessure…

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos Philippe Le Brech (et Rennes Footgolf-club)

Le recordman du nombre de matchs disputés avec le Stade Brestois en première division a longtemps détenu un autre record, celui du but le plus lointain ! Il raconte cet exploit et retrace sa carrière très riche, très longue et surtout … truffée d’anecdotes truculentes ! Un régal !

Aujourd’hui, son but des 60 mètres ferait le buzz sur les réseaux. En février 1986, l’image était plus rare mais elle existe et le « Téléfoot » de Thierry Roland l’avait passée en boucle. C’est un des grands moments de la carrière de Jean-Pierre Bosser qui a fait valoir ses droits à la retraite en avril dernier et qui nous a reçus chez lui, à Peumerit, en plein coeur de son Pays Bigouden, dans le Finistère. Une heure et demie d’échanges pour refaire ce but et ce match de première division avec le Stade Brestois contre le Sporting-club de Toulon au stade Mayol. Et pour refaire aussi défiler sa vie de footballeur, qui sort vraiment des sentiers battus.

  • Le but de 60 mètres de Jean-Pierre Bosser avec Brest, à Toulon, en Division 1 (saison 1985-1986)

Alors Jean-Pierre, toujours entraîneur ? « Non terminé ! Je touche ma retraite depuis le 1er avril (il a eu 62 ans le 22 mars) et je n’ai plus envie d’aller me « geler les couilles » sous la pluie pour seulement cinq ou six joueurs à l’entraînement alors que les autres n’en ont rien à foutre ».

Du Jean-Pierre Bosser dans le texte. Une figure du foot breton et français dans les années 80. Mais on vous parle d’un temps que les moins de… 40 ans ne peuvent pas connaître. Sauf qu’ils ont raté quelque chose, ces « jeunes ». Et 13 heures foot leur propose, ainsi qu’aux autres d’ailleurs, de (re)découvrir le personnage.

« Une légende »

Du temps l’US Crozon-Morgat, lorsqu’il étaitentraîneur-joueur. Christian Rose Cornouaille Photo.

« Une légende » disent ceux qui l’ont côtoyé. Sur les terrains, au poste de défenseur axial ou latéral, d’abord au Stade Quimpérois, quand il n’avait pas encore ses jambes de 20 ans (en D2 de 1977 à 1979), puis au SCO Angers (D1 de 1979 à 1981), à Montluçon (D2 en 1981-82), au Stade Brestois (180 matchs en D1 de 1982 à 1988, le record à Brest !), à l’OGC Nice (D1 en 1988-89), au Paris Saint-Germain (de 1989 à 91 en D1) et enfin à Mulhouse (de 1991 à 1993 en D2).

Ou, plus tard, juste à côté des terrains, lorsqu’il était entraîneur-joueur, puis entraîneur, exclusivement en Bretagne, dans son Sud-Finistère natal, à Pont l’Abbé, au TGV (Treffiagat – Guilvinec), Plozévet, Coray, Crozon, Landudec, Tréogat, Pouldreuzic… Mais en passant quand-même par une escale exotique, à Saint-Denis de la Réunion en 2013.

Son cheval d’orgueil

Jean-Pierre Bosser, dit « Bobosse », comme l’avait surnommé Georges Cadiou, l’ancien journaliste de Radio-Bretagne-Ouest (RBO), est né en 1960 à Pouldreuzic, au pays du paté Hénaff, là où Pierre-Jakez Hélias, l’auteur bigouden, situe son « Cheval d’orgueil ».

Mais pour le Big Boss, « Big » pour le double sens Bigouden / grand (1,86m), et « Boss » comme Bosser, son cheval de bataille, son orgueil, c’est la longévité de sa carrière : presque 400 matchs (396) en D1 et D2 sur 15 ans. Une belle tranche de vie de footballeur ponctuée d’exploits et d’anecdotes.

« Le joueur qui a disputé le plus de matchs de Division 1 avec Brest »

Le Stade Quimpérois : « On avait une grosse équipe ! »

« C’est là que tout démarre. En 1977. J’ai 17 ans, c’est le pied à l’étrier. La deuxième saison, on avait une grosse équipe avec Dusé, Jankovic, Castellan et les régionaux, Roger Le Corre ou Jean Cariou. Après, je pouvais partir à Saint-Etienne, à Nantes ou à Angers, et j’ai signé au SCO Angers sur les conseils de mon père. Il m’avait dit que ce serait plus facile pour moi de pointer mon nez en D1 en passant par Angers. »

Les années brestoises (1982 – 1986) : « J’étais le poteau de l’équipe ! »

180 matchs de Division 1 au compteur avec le Stade Brestois ! Qui dit mieux ? Personne. « Six ans ! J’étais le poteau de l’équipe et François Yvinec, le président, m’avait demandé de prendre en charge les joueurs étrangers quand ils arrivaient pour qu’ils ne mettent pas deux mois à s’acclimater. En un week-end, c’était réglé et je disais à Yvinec que je lui permettais de faire des économies. Avec lui, quand on se téléphonait, on se parlait en Breton car il était sur table d’écoute après les histoires en Colombie pour ramener Cabanas ! »

Son but de 60 mètres : « Olmeta ne m’en a pas voulu »

« Robert Dewilder, mon coach à l’époque à Brest, m’avait alerté sur les sorties parfois aventureuses de Pascal Olmeta, le gardien toulonnais. On savait qu’il faisait un peu le dingo et ce but, ça lui a d’ailleurs coûté sa place de troisième gardien à la Coupe du Monde 86 au Mexique. J’étais à un mètre du rond central quand je récupère le ballon dans ma partie de terrain et que j’envoie une frappe de mule. C’était ma marque de fabrique, passe longue, intérieur et extérieur du pied. Du coup, je me suis retrouvé dans le Guinness book. Après, j’ai revu Olmeta quand il était au Matra Racing et moi au PSG. On habitait dans le même lotissement. Je lui avais dit désolé pour le Mondial. Il ne m’en voulait pas. »

OGC Nice : « J’ai invité Yves Montand au stade du Ray ! »

« Quand j’étais à l’OGC Nice (1988-89), je jouais aux boules avec Yves Montand à Saint-Paul-de-Vence et je l’avais invité à un match au Ray. Il n’avait jamais vu un match de football mais il est venu, tout en blanc, même le chapeau. Toute la presse était autour de lui. Il est même descendu dans les vestiaires et il m’a invité au resto à Juan-les-Pins. J’étais tout seul avec lui, il avait bloqué le resto pour nous deux. Après, il m’avait vendu sa bagnole, une Golf GTI, pour trois fois rien. J’ai revendu la plaque d’immatriculation à un antiquaire pour bien plus cher. »

Paris Saint-Germain (1989-91) : « Michou m’a dit que j’avais de belles cuisses ! »

« C’est Tomislav Ivic qui m’avait recruté. Il voulait un grand gabarit avec une grosse frappe. Il y avait Susic, Bibard, Jeannol… Je jouais latéral droit. Je me souviens que Michou était venu dans les vestiaires, il s’était assis à côté de moi et m’avait dit que j’avais des belles cuisses ! Après, il m’avait invité chez lui à l’apéro avec Joël Bats et avait voulu me faire passer pour son fiancé pour faire revenir celui qui l’avait quitté. Et ça avait marché, il était revenu ! Je devais rester au PSG, Borelli m’avait proposé trois ans de plus car j’avais fait les trois derniers matchs au poste de libero en récupérant à chaque fois les cinq étoiles France-Football. Mais Canal + avait racheté le club et ne gardait aucun des joueurs en fin de contrat. J’étais en contact avec le Sultanat d’Oman, c’était 30 briques (300 000 francs, Ndlr) dans une boîte à chaussures au début de chaque mois. Ils payaient tout sauf le lavage du linge. J’ai refusé et je le regretterai toute ma vie. J’avais aussi le Red-Star et Mulhouse, où je suis parti. »

Christian Rose Cornouaille Photo.

Mulhouse : « Genghini, je l’aurais étripé ! »

« C’est Robert Dewilder qui m’avait fait venir (1991) mais la deuxième année, c’était Bernard Genghini le coach et là ça s’est très mal passé. Il ne me faisait plus jouer, ou très rarement, et je crois que si les autres joueurs ne m’avaient pas retenu, un jour, je l’aurais étripé. »

Frédéric Johansen : « Il me double en voiture et… terminé… »

« A Mulhouse, Fred, il était tous les jours chez moi. C’était mon petit poulet. Il était international espoirs, il avait 20 ans, et tous les espoirs, justement, lui étaient permis. Mais un jour, en allant chez moi, il me double en voiture alors qu’il y avait une camionnette devant et il a pris un arbre. Terminé (1992). »

94 plombs de chasse dans la cuisse

Sur la jambe de « Bobosse », on aperçoit les traces de plomb (les points blancs). Photo D. V.

« C’est à la suite d’une embrouille dans une boîte de nuit avec la femme d’un copain qui s’était fait bousculer par trois types.

J’en avais chopé un mais ils m’attendaient à la sortie 2 heures plus tard.

Ils sont passés en bagnole et m’ont tiré dessus au fusil de chasse : 94 plombs dans la cuisse.

Heureusement que ce n’était pas plus haut ! J’étais à l’armée (1981) et je me suis retrouvé à l’hôpital militaire à Brest où on me parlait d’amputation. Je ne voulais plus dormir de peur qu’ils en profitent pour me couper la jambe qui avait doublé de volume.

J’ai mis six mois à me remettre mais je suis revenu à la Rambo. Mon père m’a dit que j’avais été costaud. Quand ça allait mieux, j’en ai profité pour faire des matchs d’essai avec Brest et Rennes. Les deux me voulaient. J’ai choisi Brest. »

L’expérience de la Réunion

« Le soleil ce n’est pas mon pain-beurre », avait-il confié au « Télégramme » au retour de son expérience d’entraîneur à Saint-Denis de la Réunion (2013). « C’était trop chaud. Il fallait s’entraîner à 6 ou 7 heures du matin. Ou le soir. Et il y avait un problème de président. Les joueurs n’étaient pas payés et s’asseyaient sur le terrain. Je suis tombé dans le mauvais truc au mauvais moment. Mais quand je suis parti, sur mes vingt joueurs, il y en avait dix-huit à l’aéroport pour me dire au-revoir. Je n’avais pas dû faire du trop mauvais boulot. »

Jean-Pierre Bosser du tac au tac

« Ma femme m’a dit qu’un « monsieur Houillière » m’avait appelé… »

Le plus beau souvenir de footballeur ?
« Celui qui m’a le plus ému, le plus poignant, c’est au Stadio Comunale, quand on joue en Coupe d’Europe avec le PSG à la Juve (1989). On sort du couloir des vestiaires pour monter vers le terrain et là, les projecteurs s’éteignent et les briquets des 120 000 spectateurs s’allument. C’était pour rendre hommage à Gaetano Scirea qui s’était tué dans un accident de la route. »

Le pire ?
« A Brest, quand j’ai été écarté de l’équipe car j’avais donné mon accord pour jouer à Nice et je n’ai donc pas pu dire au-revoir au public (1988). Il y a eu Mulhouse aussi mais là je m’en fous. »

Le plus beau souvenir de coach ?
Quand j’entraînais Crozon, contre Brest, au 6e tour de la Coupe de France, avec Franck Ribéry en face (2003). Il y avait 2500 spectateurs au match. Frédo Le Borgne, le président, m’avait dit qu’il fallait que je joue pour qu’on ne prenne pas une valise. Finalement, on perd 5-3 mais on avait marqué un quatrième but qui avait été refusé alors qu’il était valable. Mais il n’y avait pas la VAR. »

Le pire souvenir de coach ?
« Pont l’Abbé en DH (2000). On était co-leader avec Concarneau et on recevait trois fois sur quatre; je pense qu’on serait monté à la place des Concarnois. Mais alors que l’on joue à Saint-Pol-de-Léon, les dirigeants font le choix de renforcer la B pour la sauver. Finalement, elle était descendue quand même et nous on perd 5 à 1. Je marque le but, celui du pastis 51. »

Ton meilleur entraîneur ?
« J’ai bien aimé Tomislav Ivic à Paris. Il adorait ses joueurs. Le tandem Henri Michel / Gérard Banide était excellent aussi, avec des séances d’entraînement très diversifiées. Il y a eu aussi Raymond Kéruzoré à Brest. Sans oublier mon père à mes débuts à Pouldreuzic. »

Ton pire entraîneur ?
« Genghini à Mulhouse. »

Le partenaire le plus impressionnant sur le terrain ?
« Julio César à Brest. Un immense joueur et un super mec. Celui-là aussi je l’ai baptisé au bar en tombant sur lui dans une discothèque. »

Et le plus fêtard ?
« Hors concours, le duo Bernard Pardo / Joël Henry à Brest. Et on les suivait de près avec Jocelyn Rico. »

Le plus beau stade ?
« Saint-Etienne et Lens, pour l’ambiance. »

Le choix que tu ne referais pas comme joueur ?
« Ma plus grosse connerie c’est de signer à Montluçon en D2 (1981) alors que je faisais mon service militaire. »

Et le choix que tu ne referais pas comme entraîneur ?
« Je ne veux pas être méchant mais j’ai mon idée. »

Avec Fredo Le Borgne, sur le banc l’US Crozon-Morgat. Christian Rose Cornouaille Photo.

Ton plus grand regret de joueur ?
« Ne pas avoir été international. Mais je l’ai loupé de peu car quand j’étais à Nice, ma femme m’avait dit qu’un monsieur « Houillière » m’avait appelé… Je n’avais pas compris le nom et je n’ai pas donné suite. Mais j’ai quand même été international militaire … J’ai eu le coq. »

Ton plus grand regret d’entraîneur ?
« A Pont l’Abbé car je pense qu’on avait les moyens de monter en CFA 2 à la place de Concarneau (en 2000). »

Le meilleur président ?
« En pro, Borelli au PSG et Yvinec à Brest. En amateurs, Alain Furic au TGV et Frédo Le Borgne à Crozon. »

Le pire président ?
« Il n’y en a pas. Je me suis toujours entendu avec mes présidents. »

Le dernier match auquel tu as assisté ?
« Brest – Bordeaux pour les 70 ans du Stade Brestois en mai dernier. »

Et le dernier match à la télé ?
« L’équipe de France car elle passe sur TF1. Je n’ai ni Canal ni Bein car je ne cautionne pas le fait qu’on doive payer un abonnement pour voir du foot à la télé. »

Ta plus grande troisième mi-temps ?
« Y’en a quelques unes mais la plus mémorable c’est à Crozon avec Frédo Le Borgne, le président, dans une voiture auto-école. Lui avait le volant à droite, et moi les pédales à gauche. Je précise qu’on avait bouclé le centre-bourg de Crozon pour fêter notre montée. »

Une causerie d’avant-match qui t’a marqué ?
« La plus rigolote, à Brest avec Nemkovic qui ne parlait pas bien le Français. Radovanovic devait traduire mais il disait autre chose que le coach. Le duo Kéru / Jean Prouff, c’était bien aussi. Jean Prouff savait nous capter par ses mots. »

Ta plus grosse prime de match ?
« C’est sûrement au PSG, peut-être en Coupe d’Europe, le tour avant la Juve (2009), mais je ne sais plus combien. N’importe comment, je n’ai jamais gagné beaucoup de pognon. A l’époque, ce n’était pas comme maintenant. »

Le joueur ou l’entraîneur le plus connu de ton répertoire téléphonique ?
« Ni un joueur, ni un entraîneur, mais un humoriste : Bernard Ménez, le chanteur de « jolie poupée ». J’ai joué avec lui dans l’équipe des Polymusclés. J’ai aussi de temps en temps le père d’Higuain au téléphone. »

Texte : Denis Vergos / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr / Twitter : @2nivergos

Photo : D. V. et DR et Christian Rose Cornouaille Photo.

Malgré un emploi du temps surchargé, entre l’organisation express du déplacement en outre-mer pour le compte du 7e tour de coupe de France (déplacement sur l’île de Tahiti en Polynésie et match face à l’AS Vénus, dimanche 30 octobre) et la préparation du match de National 2 de son équipe à Metz (2-2 samedi dernier), l’entraîneur de Belfort (N2) nous a accordés une petite heure de son temps pour faire un flash-back sur sa carrière. Un entretien à son image, posé et sincère.

Né à Lure (Haute-Saône) et biberonné au ballon rond depuis sa tendre enfance par un papa responsable de l’école de foot du club local, Anthony (36 ans) démontre vite des qualités au-dessus de la moyenne. Mais c’est à l’âge de 12 ans que sa carrière décolle véritablement. Coéquipier à la JS Lure d’un certain Romain Hamouma, les deux copains flambent contre Sochaux lors d’un tournoi de foot en salle. Il n’en faut pas plus pour taper dans l’œil des recruteurs du FCSM.

Après des tests passés avec succès, Anthony et Romain poussent ensemble les portes du centre de formation du FC Sochaux. Anthony passe 9 saisons au château de Seloncourt, où il effectue toutes ses classes.

En 2007, sous la responsabilité du duo Perrin-Galtier, les Sochaliens trustent le haut de tableau de Ligue 1 et remportent la coupe de France au dépens de l’Olympique de Marseille. Pendant cette période, Anthony participe à tous les entraînements avec les pros la semaine avant de redescendre en réserve le week-end. Malheureusement, avec le changement de coach et l’arrivée de Frédéric Hantz, le contrat d’un an qui lui était promis tombe à l’eau. Fin de la belle idylle Sochalienne pour l’infatigable milieu de terrain qui, aujourd’hui, n’a pas de regret et reste très lucide : « Je sentais bien que c’était compliqué pour moi de jouer en Ligue 1 mais le club serait en Ligue 2 comme aujourd’hui, je pense que j’aurais eu ma chance ».

« Je la ramenais beaucoup sur le terrain »

Malgré quelques sollicitations en National, Anthony rebondit rapidement à Vesoul en CFA (actuel National 2) sous les conseils de Claude Robin. Après deux saisons réussies, Richard Déziré, alors coach de Raon-l’Etape, également en CFA, lui fait les yeux doux et l’attire dans un projet ambitieux. Là encore, l’aventure dure deux saisons : « Individuellement, cela s’est très bien passé pour moi et j’ai pris beaucoup de plaisir avec Richard Déziré, malheureusement, collectivement les résultats n’ont pas été ceux espérés ».

Avec la naissance de sa première fille, Anthony décide de rejoindre l’ASM Belfort en CFA sous les ordres de Maurice Goldman. A 25 ans, tous les voyants sont au vert pour un projet sportif et extra-sportif intéressant. « Je sentais que le monde pro n’était plus accessible et avec le BE1 en poche, j’avais un beau projet à Belfort en encadrant notamment la section sportive ». L’avenir lui donne raison car il enchaîne 7 saisons pleines dont 2 en National (2015-2017).

Son excellent pied droit et sa belle vision du jeu font des ravages sur les terrains des championnats nationaux pendant presque 15 ans. Tout cela sans jamais prendre le moindre carton rouge. « Pourtant, je la ramenais beaucoup sur le terrain, j’étais pénible, mais je n’ai jamais été irrespectueux. »

Après deux saisons en National, l’Association sportive municipale de Belfort est reléguée en CFA en 2017. Le truculent Maurice Goldman, qui a cumulé plus de 15 ans sur le banc belfortain, menant le club de la DH au National, rempile pour une saison, mais c’est sa dernière. Il est temps pour lui de préparer sa succession et le binôme très soudé qu’il forme avec le président Jean-Paul Simon n’hésite pas à miser naturellement sur Anthony Hacquard.

« Il fallait que je saisisse l’opportunité »

Au printemps 2018, alors qu’ils auraient pu aller chercher un coach chevronné de National 2, le duo convoque le milieu de terrain pour lui faire part de la proposition. « J’avais 32 ans, et j’aurais pu jouer encore quelques années à ce niveau, raconte Anthony Hacquard; mais la réflexion ne fut pas longue et l’opportunité était belle, il fallait que je la saisisse. L’annonce a été faite au groupe avant la fin de saison et j’ai pu diriger les dernières séances pour me faire la main »

Un choix fort du Président Jean-Paul Simon qui a bien cerné le joueur, le futur coach mais surtout l’homme. C’était une parfaite transition tout en gardant les valeurs du club et de la région. Il faut maintenant que la mayonnaise prenne, surtout que Hacquard le coach doit maintenant manager des joueurs plus âgés que lui et des anciens coéquipiers qui sont pour certains de véritables amis, à l’image de Nasser Tahiri. « Ma personnalité est complétement différente de celle de Maurice pour qui j’ai énormément de respect, mais les joueurs ont été très intelligents. Certains n’avaient quasiment connu que lui et étaient curieux de découvrir d’autres méthodes » Et vu que les résultats arrivent vite, Anthony fait rapidement l’unanimité.

Tout n’est pas simple et il doit apprendre à vitesse grand V, notamment dans la gestion du groupe et des différents caractères. La gestion des inter-saisons avec les sollicitations de joueurs et d’agents n’est pas simple non plus à appréhender. Aujourd’hui, Anthony enchaîne sa 5e saison à la tête de l’équipe et obtient des résultats plutôt intéressants avec un budget loin d’être celui des cadors de National 2. Pour pallier ce budget restreint, le jeune coach s’appuie sur une forte identité régionale en recrutant malin dans les divisions inférieures. Son capitaine actuel Lucas Cuenin en est le parfait exemple.

Durant ces années sportives très riches en émotions, Anthony a toujours entretenu un lien très particulier avec la coupe de France. En tant que joueur, il dispute deux fois un 32e de finale et deux fois un 16e de finale.
A cela s’ajoute une magnifique épopée en tant que coach en 2019 où l’aventure s’arrête en ¼ de finale face à Rennes dans un stade Bonal archi-comble, après avoir éliminé Nancy (L2) puis Montpellier (L1).

Cinquième déplacement en outre-mer

Au-delà de ces résultats sportifs, Anthony a la particularité de vivre des expériences magnifiques avec 4 (et bientôt 5) déplacement en outre-mer. La Martinique (2017), la Guadeloupe (2019), et donc Tahiti pour la 3e fois cette saison (2009 avec Raon et 2013 avec Belfort) « Les deux fois précédentes où je suis allé à Tahiti, on s’était qualifié et j’avais marqué un coup-franc… Mais cette fois-ci ce sera difficile ! »

Même si le déplacement, le décalage horaire et la différence de température entraînent beaucoup de fatigue, ce sont des aventures humaines incroyables à chaque fois qui renforcent énormément la cohésion de groupe. « En 2013, quand nous allons à Tahiti avec Belfort nous sommes relégables et mal en point. Au retour du déplacement, nous enchaînons les résultats positifs et nous nous sauvons facilement avant de monter en National la saison suivante. »

Ce dimanche au stade Pater de Pirae sous une chaleur étouffante, Anthony et l’ASM Belfort tenteront de poursuivre l’aventure et d’écrire une fois encore le début d’une belle épopée…

Il est temps maintenant de clôturer le chapitre du passé mais le livre n’en est qu’à son début… « Je n’ai pas de revanche à prendre ou de regret sur mon passé mais je suis très ambitieux pour la suite de ma carrière et je ne me fixe aucune de limite. »

Anthony Hacquard, du tac au tac – le joueur

« Maurice Goldman trouvait toujours les bons mots »

Meilleur souvenir sportif ?
Il y en a beaucoup mais je dirais le match à la Meinau, à Strasbourg, avec Belfort, en National : nous étions 2es et nous avons affronté le Racing qui était leader, devant plus de 20 000 personnes. C’était le jour de mes 30 ans, dommage que nous nous soyons inclinés.

Pire souvenir sportif ?
Un ¼ de finale de coupe Gambardella avec les U18 de Sochaux face au Lyon de Benzema et Ben Arfa un mercredi après-midi dans un stade Blum de Montbéliard comble. Malgré un super match nous nous inclinons 2 à 1. Cela aurait pu être un super souvenir mais finalement ce sont de gros regrets.

L’équipe dans laquelle tu as pris le plus plaisir à jouer ?
La première année avec Raon, nous avions une très belle équipe et au milieu de terrain, nous avions une belle complémentarité avec Romain Chouleur. Le coach Richard Déziré avait une philosophie de jeu très joueuse.

Le club dans lequel tu aurais pu signer ?
Je devais signer pro à Neuchatel-Xamax en D1 Suisse mais le club a changé de direction et peu de temps après ils ont déposé le bilan.

Le stade où tu as préféré jouer ?
En 2003 j’ai eu la chance de pouvoir joueur au stade de France avec les U16 de Sochaux en lever de rideau de la finale de la coupe de la ligue Sochaux – Monaco.

Le coéquipier qui t’a le plus impressionné ?
Mevlut Erding, coéquipier au centre de formation de Sochaux. En arrivant, il était déjà très puissant mais il avait beaucoup de lacunes techniques. Il était impressionnant de répétition de travail, notamment sur les gammes.

Un coach marquant ?
Philippe Anziani, un excellent formateur que j’ai eu à Sochaux de 15 ans à la CFA.

Une causerie marquante ?
Ce n’est pas une causerie en particulier mais plutôt l’ensemble des causeries de Maurice Goldman. Il était très fort sur le côté émotionnel, il trouvait toujours les bons mots. Il ne jouait pas un rôle, c’était naturel chez lui.

Une anecdote de vestiaire ?
En 2014, je me blesse aux ligaments croisés du genou dès le début de saison mais je suis resté très proche de mes coéquipiers. Lors de chaque match à domicile, le coach Maurice Goldman me consultait à la mi-temps pour que je lui donne mon ressenti du match.

Anthony Hacquard, du tac au tac – le coach

« 20 000 personnes à Bonal qui chantent Merci Belfort, c’est beau ! »

Meilleur souvenir sportif ?
L’épopée en coupe de France avec le ¼ de finale dans un stade Bonal à Guichet fermé. 20 000 personnes qui chantent « Merci Belfort » en fin de match c’était très beau.

Pire souvenir sportif ?
La saison dernière, une élimination en coupe de France sans gloire à Jura-Lac face à une équipe de R1. Je n’avais pas fait les bons choix sportifs.

Le club que tu rêverais d’entrainer ?
Pas de club en particulier mais j’ai une grosse envie de passer mon diplôme pour entraîner au niveau professionnel et ensuite voir les opportunités. Et pourquoi pas retrouver le National avec Belfort.

Meilleur joueur entrainé ?
Mamadou Magassouba, un joueur à l’état d’esprit exemplaire qui a énormément progressé chez nous, en N2, ce qui lui a permis de jouer ensuite en National à Bastia Borgo.

Ta philosophie de jeu, c’est plutôt Pep Guardiola ou Diego Simeone ?
Je suis plutôt un adepte de Guardiola mais il faut rester pragmatique par rapport au niveau de jeu et à la qualité des joueurs.

Tes passions en dehors du foot ?
Depuis quelques temps, je joue au golf. C’est très intéressant car ça permet de penser à autre chose et ça demande beaucoup de concentration.

Texte : Aurélien Triboulet / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Aurelref

Photos : ASM Belfort

Le Nancéien, qui fêtera ses 41 ans demain, revient sur sa fidélité à « Jarville Jeunes Football ». L’ex-avant-centre a passé 32 ans de sa vie dans son club de toujours, où il a terminé sa carrière dans les cages la saison passée, avec une accession en N3, avant de prendre les rênes aux côtés de l’ex-pro Michel Engel.

Avec Michel Engel, son acolyte à la tête de la JJF, en N3. Photo Jarville JF.

Cette fois-ci, c’est la bonne. En tout cas, « sûrement… à 95% ». Comme si la retraite était un mot qu’Antony Rigole ne voulait pas prononcer officiellement. Bien plus franc au moment de crucifier un gardien de but que de se retirer de son club de coeur, celui de (quasiment) tous les succès : Jarville Jeunesse Foot.

A bientôt 41 ans (il les fêtera ce mercredi !), le goleador jarvillois s’est mis de côté, sur la touche, pour devenir entraîneur de l’équipe A de Jarville, promue en National 3.

Trente-six ans de football, trente-deux dans le club de la banlieue nancéienne avant et après des expériences chez les pros de l’AS Nancy Lorraine et avec la réserve de l’OCG Nice, soit autant de souvenirs et d’anecdotes. Avec à la clé : 613 matches pour 424 buts. Ça ne rigole pas !

« On va dire que c’est vraiment l’arrêt de ma carrière ! »

Ça y est, cette fois, c’est vraiment l’arrêt de carrière ?
Oui et non (rires). Sincèrement, oui je pense… Même si là, je joue avec l’équipe III en D2 de district pour rigoler. On va dire que c’est vraiment l’arrêt de ma carrière… mais à 95%. On est jamais sûr de rien.
On ne met pas fin à 36 ans de football d’un coup d’un seul… Et à 32 ans de foot à Jarville surtout.

Combien de fois vous-êtes vous dit que vous alliez arrêté ?
C’est la première fois que je le dis. Ça faisait deux ou trois saisons que ça me trottait dans la tête et je trouvais toujours des arguments pour rempiler. Et surtout, ce que je faisais sur le terrain me confortait dans cette idée de continuer. L’an dernier, en cours de saison, je l’avais annoncé sans savoir qu’on allait monter de Régional 1 en N3. Finalement, c’était une fin en apothéose. Je ne pouvais pas rêver mieux.

Surtout que vous, l’attaquant, vous avez terminé la saison en tant que… gardien !
Oui (rires). Notre gardien Sonny (Lautar) a mis du temps à se remettre d’un Covid long. Donc je l’ai remplacé vu qu’en plus j’avais de plus en plus de douleurs aux genoux. Sur la fin de saison, on a profité de la dynamique pour ne pas bousculer l’équipe et ça nous a menés jusqu’à la montée en passant par les barrages.

« J’ai toujours voulu être gardien ! »

 Quel poste, autre qu’attaquant, vous a donné le plus de plaisir ?
Gardien de but. Sans hésitation. J’ai toujours voulu être gardien depuis tout jeune. C’est mon père (Alain, au club depuis 1974 et actuel président, Ndlr) qui ne voulait pas car il voulait me voir plus utile sur le terrain. J’ai vraiment pris du plaisir à jouer dans les cages.

Rejouer en National 3, objectif pour lequel vous vous êtes battu, ça ne vous disait pas ?
Le niveau donne envie, c’est vrai. Mais c’est une N3 très relevée et j’ai bientôt 41 ans. Je connais ce championnat pour y avoir joué il y a quelques années, il aurait fallu que je fasse une grosse et belle prépa, sans pépin. Surtout que dans cette N3, il y a des réserves de clubs pros avec des jeunes qui courent partout et tout le temps ! Sans entraînement, j’aurais été largué.

Comment on se maintient en forme ?
Je me suis toujours entraîné. La clé, c’est de ne jamais trop s’arrêter. Même si à partir de 35/36 ans, j’avais ma propre préparation pour être prêt au début de saison et ne pas me blesser, je ne loupais pas d’entraînement. Je me connaissais, je connaissais mon corps, donc je pouvais me le permettre pour gérer. Une grosse prépa, complète, avec le reste du groupe et les jeunes, j’aurais explosé.

« Je suis fier d’avoir fait parler de Jarville en France »

613 matches, 424 buts : qu’est ce que cela vous inspire ?
De la fierté. Je sais ô combien c’est difficile de marquer des buts. Je suis fier d’avoir offert des victoires à mes coéquipiers, d’avoir concrétisé leurs efforts parce que j’étais au bout de la chaîne. C’était à moi de marquer. Je suis fier d’avoir fait parler de Jarville, d’avoir fait d’une petite ville de 8 000 habitants une place forte du football lorrain. Sur 10 ans, on a quasiment tout gagné localement. Fier d’avoir fait parler de nous en Lorraine avec nos Coupes de Lorraine mais aussi dans l’Hexagone avec des épopées en Coupe de France, en jouant contre six clubs pros dont certains à Marcel-Picot. Je suis un enfant d’ici, alors jouer à Nancy et y emmener 12 000 personnes, c’était grand.

Quelle était la recette de ces exploits ?
Aucun joueur n’a de salaire fixe à Jarville, donc il faut bien les motiver avec autre chose. Nous, c’était notre esprit de famille. Et puis, on avait surtout de bons joueurs de ballon. Les générations 1981-82-83 ont fourni beaucoup de très bons joueurs sauf qu’avec les catégories de jeunes, nous n’avions jamais joué tous ensemble. Arrivés en seniors, ces jeunes qui avaient performé en 17 et 19 ans Nationaux ont pu se retrouver et donc accumuler tous ces talents pour enchaîner les montées en passant de PH à CFA2 (N3) en quelques années.

Avant de tenter l’extérieur ailleurs…
Oui, dans des niveaux intéressants. Jessy Savine a joué en pro à l’AS Nancy Lorraine, Rodolphe Couqueberg à Raon-l’Etape, Sebastien Denay à Forbach en CFA. Il y a aussi Romain Ferraro qui n’a jamais voulu faire des tests pour aller plus haut, mais il avait 100 fois le niveau… Et puis, en 2003, on est tous revenu au club et là, c’était régalade. On prenait tellement de plaisir. On a fait 5 finales de Coupe de Lorraine (4 gagnées), on a joué six clubs pros en Coupe de France et on a fait 9 années de suite en CFA2 en terminant entre la 2e et la 6e place.

« La coupe de France, c’est le rêve, et on lui a donné vie ! »

Avec le maillot du FC Metz, où Anthony Rigole avait effectué un essai en 2003. Photo Philippe Le Brech

Les clubs de Ligue 2 viennent de rentrer en Coupe de France. Vous en avez éliminé plusieurs avec Jarville. Que gardez-vous en tête ?
La Coupe de France, ce sont des souvenirs qui restent. Une accession n’a pas la même saveur, même la saison passée avec des barrages qui ressemblaient à une coupe d’Europe. Au-delà des matches, au-delà de jouer des clubs professionnels, dans des grands stades, c’est surtout un engouement à part. Que ce soit à l’entraînement, avec une intensité totalement différente, ou après, quand on avait des discussions qui partaient dans tous les sens, parce qu’on se mettait à rêver. La Coupe de France, c’est le rêve et on lui a donné vie.

Quel est ton principal souvenir ?
Personnellement, contre Libourne Saint-Seurin (janvier 2007, club de Ligue 2) parce que je marque trois buts même si on est éliminés (3-5). Mais, plus globalement, c’est contre Sochaux en 2011 avec 12 000 personnes à Marcel-Picot, face à Ryad Boudebouz et Marvin Martin ! Sochaux a fini européen en fin de saison (5e). En plus, on ne perd que 1-0.

L’impact d’Alain, votre père, dans votre carrière ?
Je lui dois tout. Il a quasiment toujours été mon entraîneur. Que ce soit depuis tout jeune à Jarville ou en seniors. Même quand je suis parti à l’ASNL, c’était mon entraîneur, car il était adjoint de Moussa Bezaz. Il a passé un temps fou derrière moi. Au-delà des deux ou trois séances collectives quand on était petits, il faut savoir qu’il me les faisait doubler avec des surentraînements à la maison à faire du jonglage, des passes, de la conduite de balle. J’étais un peu gentil, il m’a forgé un gros caractère. Un gros caractère de marseillais, un peu dur.

Une dizaine de matchs en pro à Nancy

Avec Jarville, en CFA2, en 2004-2005. Photo Philippe Le Brech

De 2000 à 2003, vous rejoignez la réserve de l’ASNL puis les professionnels pour quelques apparitions en D2 (11). Comment vous jugez cette carrière professionnelle ?
Je ne vais pas dire « frustrante » mais je suis arrivé au mauvais moment et je me suis blessé deux fois au pire moment. Sinon, je la trouve bonne. J’arrive de Jarville sur la pointe des pieds. A Nancy, je fais un an et demi de CFA où j’étais capitaine. Lors de ma deuxième saison, je fais 10 matches en D2 (dont un en Coupe de France) avec Francis Smerecki comme coach. A l’intersaison, Moussa Bezaz arrive à la tête des pros, je suis le banc et je ne rentre pas. A l’entraînement, je prends un tacle par derrière; verdict : double entorse de la cheville. Et quand je reviens, le jour où Pablo Correa reprend l’équipe parce que Moussa Bezaz s’est fait virer, je me blesse aux ligaments interne et externe. Et je n’avais signé mon contrat pro que pour un an.

Et donc ?
Je mets 8 buts en 13 rencontres avec la réserve pour mon retour. J’arrive tout de même à refaire un bout de match avec Pablo Correa comme coach, contre Istres. Mais le club avait des difficulté financières et avait décidé de ne pas renouveler des fins de contrats dont Youssouf Hadji ou Youssef Moustaid. Il n’y avait plus d’argent, donc la direction ne pouvait pas se permettre de renouveler les contrats et voulait passer dans une autre ère. C’est dommage parce que ce n’est pas moi qui allait couter cher, encore moins pour mon club de coeur pour qui j’aurais tout donné.

Donc vous retournez à Jarville pour deux saisons avant de rejoindre la réserve de l’OCG Nice à l’été 2005. Pourquoi et comment cela s’est fait ?
Michel Engel (ex pro à Dijon, Beauvais, Epinal et Nancy en D1 et D2), avec qui je partage le rôle de coach, avait une connaissance dans le staff de Nice. Je sortais d’une saison à 30 buts en 30 matches pendant laquelle je frappais de n’importe où et n’importe comment, ça rentrait, donc il glisse mon nom. Surtout qu’à l’époque, j’ai 23 ans. Je fais un essai, mais je ne le réussis pas. A mon retour, quand je le raconte à Michel, il me dit qu’il va insister pour que j’en fasse un second. Et celui-là, je le réussis avec deux buts et une passé décisive pour une victoire 3-0.

Quel était le projet ?
C’était de signer avec la réserve. Mais on m’avait dit que le staff des pros voulait dégraisser l’effectif et passer de 28 à 22 joueurs. Alors, je me disais qu’avec peu de pros, si j’étais bon, j’aurais ma chance. Sauf que dans le renouvellement de l’effectif, ils ont d’abord acheté sans parvenir à vendre. C’était alors plus compliqué de me faire une place.

Avec Hugo Lloris à l’OGC Nice

Pourquoi être parti dès six mois alors ?
Vu que ça se passait bien dans le relationnel qu’on avait, le club m’a proposé de signer à Raon-l’Etape comme porte de sortie, sauf que je connaissais Raon, vu que c’était à 70 km de chez moi. Je n’étais pas du tout chaud. En fait, vu que l’équipe réserve était sauvée, ils ont souhaité faire monter la jeune génération. A ma place, ils fondaient beaucoup d’espoir sur Anthony Modeste, j’ai donc quitté le club au bout de six mois car j’allais manquer de temps de jeu. En plus, Jarville, où je suis reparti, était en difficulté en championnat à la trêve hivernale, donc j’avais pour mission de les sauver. Ce qu’on a fait.

Six mois à Nice mais suffisant pour jouer avec le jeune Hugo Lloris. Etait-il déjà impressionnant ?
Je vais vous étonner, mais non. Il avait déjà les dents longues car il voulait prendre la place de Damien Gregorini et ne se privait pas de le « tailler » d’ailleurs. Mais dans les faits, les fois où il était venu avec la réserve, il nous avait couté deux buts et donc deux matches. Il avait des qualités, une grosse ambition, il aimait travailler mais il était très jeune (19 ans en décembre 2005) et n’avait pas encore pris cette épaisseur. Ce n’était pas le phénomène que l’on connaît aujourd’hui.

« Le début de saison est difficile, mais on le savait »

Quel avenir maintenant pour l’entraîneur Antony Rigole ?
J’étais déjà entraîneur-joueur sur ma fin de carrière avec Michel (Engel) sur la touche, pour faire des changements même si je faisais les causeries et les compositions. Aujourd’hui, on est en doublon. Je suis salarié de la mairie de Jarville, mis à disposition à temps plein pour le club. Donc l’avenir d’Antony Rigole, je touche du bois si tout va bien, c’est Jarville pour faire la même carrière que mon père jusqu’à la fin. Tant que le club se tiendra debout… et on va tout faire pour.

Un début de saison compliqué (dernier, 5 défaites en 5 matches, 1 seul marqué), notamment avec un match non joué et finalement perdu sur tapis vert contre Epernay pour cause de terrain en herbe impraticable et de mauvais hauteur de buts…
On a fait le choix de ne pas changer l’équipe qui était montée pour récompenser les acteurs de l’accession. Vu qu’on ne paie pas les joueurs à Jarville, on ne pouvait pas se permettre de recruter des mercenaires et de perdre dix joueurs en cas de redescente. On a misé sur la stabilité. C’est difficile, mais on le savait.

Texte : Alexandre Plumey / Contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @AlexandrePlumey

Photos : Jarville Jeunes Football, DR et Philippe Le Brech

Formé au Paris FC, Amine Cherni (21 ans) a choisi de rejoindre Chambly (National 2) cet été plutôt que de découvrir le National avec le Paris 13 Atletico. International tunisien en U20 et chez les Olympiques, il veut construire sa carrière patiemment, en progressant, « sans brûler les étapes ».

Avec le FC Chambly Oise, samedi dernier, à Rennes, en National 2. (Photo Philippe Le Brech)

A 13 heures Foot, on aime bien retrouver des joueurs, aujourd’hui retraités, qui ont marqué leur époque ou leur club. Mais on regarde aussi vers l’avenir en dénichant quelques pépites.

Amine Cherni a 21 ans, il est latéral gauche et joue à Chambly (National 2) après avoit été formé au Paris FC (L2).
Contrairement à beaucoup de joueurs de sa génération, plutôt pressés, il a choisi de construire sa carrière patiemment, sans brûler les étapes.

Garçon posé et réfléchi, le titulaire d’un bac commercial qui a grandi et vit dans le XXe arrondissement de Paris, a pourtant déjà touché au très haut niveau international dans sa catégorie. Chose plutôt rare pour un joueur de National 2, il est en effet international, d’abord chez les U20 puis avec l’équipe Olympique de Tunisie. « Lors du dernier rassemblement en juin face à la Palestine, j’étais le seul joueur de l’équipe à évoluer dans un club amateur, sourit-il. Mais je ne m’enflamme pas parce que je suis international. Grâce à la sélection tunisienne , je me suis endurci mais je dois encore beaucoup travailler. »

En Tunisie, on parle déjà beaucoup de lui. Ses prestations l’an dernier avec le Paris 13 Atletico, en N2 (accession en National) et depuis le début de saison avec Chambly sont remarquées. « Amine Cherni, c’est un futur joueur de Ligue 2 au moins », glisse un observateur averti des championnats amateurs. Portrait-découverte d’un espoir de l’Oise à Tunis en passant par Paris.

« La sélection tunisienne, c’est une fierté »

Avec le FC Chambly Oise. (Photo Philippe Le Brech)

Au moins de juin, votre choix de quitter le Paris 13 Atletico avec qui vous êtes monté en National pour rester en National 2 à Chambly a beaucoup surpris.
Je sais… Au départ, mes parents, ma famille et certains de mes proches, n’ont pas compris. Ils étaient même déçus pour moi. Mais j’ai bien réfléchi. Ok, j’aurais pu jouer en National. Mais je savais que le Paris 13 Atletico allait recruter un joueur plus expérimenté à mon poste et j’aurais peut-être eu moins de temps de jeu et au final, j’aurais pu me perdre. Ce n’est pas du tout un manque d’ambition ni un choix financier. J’ai demandé des conseils à des anciens entraîneurs comme Abasse Chanfi (adjoint au FC 93 Bobigny et sélectionneur des U20 des Comores), que j’ai eu en U14 au Paris FC. C’est un peu un grand frère pour moi. Il sentait que je n’étais pas trop emballé par l’entretien que j’avais eu au Paris 13 Atletico.

Avec le FC Chambly Oise, samedi dernier, à Rennes, en National 2. (Photo Philippe Le Brech)

Que vous ont-ils proposés ?
J’avais une proposition pour rester mais c’était en mode bizarre, je ne l’ai pas trop senti. Ce que je voulais, c’est poursuivre ma progression sans me « cramer ». Je n’ai pas envie de brûler les étapes. Je n’ai qu’une seule vraie saison « seniors » derrière moi au Paris 13 Atletico. Ma génération a presque perdu un an et demi à cause du Covid avec les deux saisons arrêtées. Je suis encore jeune, j’ai encore une grosse marge de progression. Si je dois jouer un jour en National, c’est en étant un meilleur joueur avec davantage de bagages. Je n’ai pas envie de devenir un joueur qui fait la navette entre le National et le N2. Je veux gravir les échelons mais sans me presser. Et puis, je n’ai pas signé n’importe où. Chambly est certes en N2 mais ce n’est pas un club de N2. Je ne regrette pas du tout mon choix. Si c’était à refaire, je le referais.

« j’ai beaucoup appris avec Fabien Valéri »

Qu’est-ce qui vous a surpris à Chambly ?
Les infrastructures, c’est un truc de fou. Ça me rappelle ce que j’ai connu au Paris FC. On pourra bientôt jouer dans le nouveau stade, on a déjà découvert les nouveaux vestiaires. C’est top ! Par rapport au Paris FC et au Paris 13 Atletico où j’étais en quelques minutes à l’entraînement, j’ai maintenant plus d’une heure de trajet pour aller à Chambly. J’habite toujours chez ma mère dans le XXe, je me lève plus tôt (sourire) mais je suis vraiment content d’aller tous les matins à l’entraînement. Il y a pire comme vie…

Avec le Paris XIII Atletico, la saison passée, en National 2, club avec lequel il est monté en National. (Photo Philippe Le Brech)

A Chambly, vous avez retrouvé votre entraîneur en réserve du Paris FC et au Paris 13 Atletico, Fabien Valeri…
Il a forcément beaucoup compté dans ma venue. C’est mon formateur. C’est ma 5e saison avec lui, une en U17 Nationaux et deux en N3 au Paris FC, une au Paris 13 Atletico. C’est lui qui m’a fait découvrir le poste de latéral gauche alors que je jouais milieu en U17. Grâce au coach, j’ai découvert ce poste de défenseur, j’ai beaucoup appris au niveau tactique et mental. Il m’a fait progresser sur tout. En continuant avec lui, je savais que j’allais encore progresser comme l’an dernier au Paris 13. Il a joué en L2, il passe le plus haut diplôme d’entraineur (BEPF), il sait de quoi il parle.

Vous avez aussi retrouvé beaucoup d’anciens coéquipiers à Chambly…
Oui, j’ai connu Jean-Loïc Nolla, Lucas Valeri, Noé Masevo, Romain Bouvie et Isyakha Touré au Paris FC. Joël Saki était mon capitaine la saison dernière au Paris 13 Atletico. On a vraiment une bonne équipe.

« Au Paris FC, j’étais un peu bloqué »

Vous étiez au portes du groupe pro au Paris FC. Avez-vous été déçu de devoir partir en 2021 ?
Le Paris FC, c’est mon club. C’est le club de mon quartier, le stade Déjerine (où s’entrainent les jeunes), c’est à cinq minutes de la maison. J’étais un enfant du Paris FC. J’y suis resté dix ans, de 9 à 19 ans, ça marque forcément. Quand j’ai signé au Paris 13 Atletico, ça m’a fait bizarre de jouer avec un autre logo même si ça restait Paris. Bien sûr, j’étais déçu de devoir partir du Paris FC qui a beaucoup investi pour les jeunes. Mais en 2021, on me proposait juste de rester avec la réserve en N3. J’ai compris que je devais partir ailleurs pour réussir. C’est la vie. Je suis quelqu’un de patient. Aller au Paris 13 Atletico m’a déjà permis de gagner un niveau en passant du N3 à la N2.

Avec les U20 de la sélection nationale tunisienne.

Qu’est-ce qui vous a manqué pour signer pro selon vous ?
Lors de ma dernière saison au Paris FC, il y avait trois latéraux gauche très forts devant moi, Ali Abdi, Florent Hanin et Jaouen Hadjam. Il est plus jeune que moi mais lui avait déjà signé pro, joué en L2 et était en équipe de France U18. Forcément, c’était compliqué pour moi de me faire une place dans le groupe pro. J’étais un peu bloqué. Jaouen, c’est un top profil. Il a déjà le niveau L2. Lui et Ousmane Camara (qui a signé pour 1,2 millions à Angers en août) étaient vraiment au-dessus. Ousmane est très grand, il est arrivé tôt en L2. C’est un profil rare qu’on ne voit pas à chaque coin de rue. Moi, j’étais encore loin d’eux au Paris FC.

Au Paris FC, vous avez fait la connaissance d’Ali Abdi, l’international tunisien. Il a aussi joué un rôle important pour vous…
Oui. Un jour, il est venu me voir à l’entraînement pour me dire qu’il connaissait bien le sélectionneur des U20 tunisiens Maher Kanzari, qu’il lui avait parlé de moi et que j’étais suivi. En décembre 2019, j’ai été convoqué pour un stage au Japon puis j’ai disputé la Coupe Arabe U20 en Arabie Saoudite en mars 2020. On est allé en finale.

Ali Abdi, c’est un modèle pour vous ?
On joue au même poste. Donc oui c’est un exemple. Je le suis à Caen et avec la sélection. Il est puissant, endurant. Physiquement, c’est un monstre. J’espère m’inspirer de lui.

« Je ne vais pas me la raconter parce que je suis international »

Avec les U20 de la sélection nationale tunisienne.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez été sélectionné pour la première fois avec la Tunisie ?
Ma mère est née à la Marsa (banlieue nord de Tunis) et mon père au Kef (Nord-Ouest du pays), je suis très fier de mes origines tunisiennes. J’y vais toujours en vacances, j’ai toute ma famille là-bas. Depuis tout petit, je regardais la CAN avec mon père, supporter de l’Espérance de Tunis, et mon grand frère, pour encourager la Tunisie. C’est un immense honneur de porter ce maillot. Quand j’ai été appelé, ça a été une belle surprise. On avait caché la convocation à mon père, il n’y croyait pas, il était ému…

Jouer en National 2 et être international, c’est rare…
C’est une fierté. La sélection tunisienne m’a donné plus de visibilité. Mais je ne vais pas me la raconter parce que je suis international. Encore une fois, je n’ai qu’une saison seniors derrière moi. Je raisonne à long terme. La sélection tunisienne est toujours dans un coin de ma tête. Mais je dois d’abord faire une saison complète avec Chambly.

Quelles sont vos prochaines échéances avec la Tunisie ?
La saison dernière avec la sélection olympique, j’ai joué deux fois contre la France puis contre la Palestine. En mars 2023, il y a la CAN U23. Pour l’instant, je n’ai pas trop eu de nouvelles de la Fédération tunisienne. Mais je suis le seul joueur en sélection olympique à être dans un club amateur. Donc ça serait compliqué pour moi de rater un mois de compétition avec Chambly. On verra bien. Je n’y pense pas encore. L’objectif et le rêve, ce serait bien sûr la sélection A. Je vais bosser pour ça. J’ai 21 ans, je suis encore dans les temps. En toute humilité, j’aimerais être à la CAN 2026.

Le 30 novembre, il y a France-Tunisie à la Coupe du Monde…
Je vais forcément supporter la Tunisie en famille. Dans le groupe C, le plus fort, c’est le Danemark. Moi, je vois un nul de la Tunisie face à la France, puis une victoire contre l’Australie. Comme ça, la Tunisie sera au 2e tour. J’y crois. Il y a Hannibal (Mejbri) qui vient aussi du XXe arrondissement et du Paris FC. Il a fait un bon choix en étant prêté par Manchester United à Birmingham. C’est le leader de la nouvelle génération tunisienne pour les années à venir. Il y a beaucoup de jeunes. J’espère être aussi avec eux dans quelques saisons. Je ferai tout pour y arriver.

Amine Cherni, du tac au tac

Première fois dans un stade ?
Je devais avoir 5-6 ans. Mon père m’avait emmené au stade du quartier dans le XXe arrondissement.

Meilleurs souvenirs de joueur ?
La montée en National avec le Paris 13 Atletico au mois de mai dernier et la Coupe arabe U20 en mars 2020 avec la Tunisie en Arabie saoudite. On avait battu l’Irak, la Mauritanie, l’Algérie et le Maroc. On s’était qualifié pour la finale.

Pire souvenir de joueur ?
Le meilleur souvenir s’est transformé en pire… Toujours à la Coupe Arabe U20, je dirais la défaite en finale contre le Sénégal. On perd 1-0.

Une manie, une superstition ?
J’ai mes habitude, je me fais masser avant le match et j’écoute de la musique, surtout du rap français comme Ninho et Jul.

Le geste technique préféré ?
La feinte semelle.

Le joueur le plus fort que tu as affronté ?
Il y en a plusieurs mais je dirais Pape Mattar Saar qui évolue actuellement à Tottenham. C’était en finale de la Coupe Arabe avec le Sénégal.

Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
Noé Masevo. Au Paris FC et maintenant à Chambly.

Les entraîneurs qui t’ont marqué ?
Fabien Valéri bien sûr. Et aussi Samir Gueza en U16 et U17 DH au Paris FC. Ce sont deux entraîneurs qui ont beaucoup contribué à ma progression.

Ton club ou équipes préférées ?
Moi, je supporte le Real Madrid. En France, j’aime bien suivre Lyon, Paris SG et Marseille. En Tunisie l’Espérance de Tunis.

Ton joueur préféré ?
Mon joueur préféré est Cristiano Ronaldo. A mon poste, j’ai un modèle, Marcelo.

Un stade mythique ?
Santiago Bernabeu.

Un pays ?
L’Espagne car c’est un pays où le jeu est axé sur la technique, le beau jeu.

Tes amis dans le milieu du foot ?
Grâce au foot j’ai rencontré des amis avec qui je partage de très bonne relation en dehors. J’en ai beaucoup. A Chambly, je m’entends bien avec tout le monde. Je suis un peu plus proche de Noé (Masevo), Lucas (Valeri) et et Isyakha (Touré).

Activités pratiquées en dehors du foot ?
Sortir pour aller manger, regarder des match de foot et faire des siestes.

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter ; @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech

Vous avez loupé un épisode de la série « 13heuresfoot » cette semaine ? Voici la séance de rattrapage !

  • Samedi 22 octobre 2022

Le Pays du Valois, le nouveau Chambly de l’Oise !
https://13heuresfoot.fr/actualites/le-pays-du-valois-le-nouveau-chambly-de-loise/
Qualifié pour le 7e tour de la Coupe de France pour la première fois de sa jeune histoire, l’Union Sportive Le Pays du Valois semble s’inspirer de la trajectoire fulgurante de son voisin. Après six accessions en onze ans, le voilà en Régional 1 des Hauts de France. Une simple étape pour ce club issu d’un village de 1 120 habitants ?

  • Vendredi 21 octobre 2022

National : Vincent Magniez, le micro du peuple
https://13heuresfoot.fr/actualites/national-vincent-magniez-le-micro-du-peuple/
Depuis 10 ans, l’ancien gardien de but pro devenu comptable commente les matchs de National sur FFF TV aux côtés d’Emmanuel Moine, son indissociable et inséparable compère. Ensemble, ils donnent une bonne image et un vrai ton à ce championnat qui n’a plus de secret pour eux et qu’ils mettent en valeur.

  • Jeudi 20 octobre 2022

Karim Mokeddem : « Saint-Brieuc est une terre de football »
https://13heuresfoot.fr/actualites/karim-mokeddem-saint-brieuc-est-une-terre-de-football/
Le nouvel entraîneur des Griffons a accordé un entretien à notre partenaire « 100 % Foot National », accompagné du capitaine James Le Marer, que nous vous proposons d’écouter en podcast !

  • Mercredi 19 octobre 2022

Anthony Beuve, l’autre monument d’Avranches
https://13heuresfoot.fr/actualites/anthony-beuve-lautre-monument-davranches/
En août dernier, le portier de l’US Avranches Mont-Saint-Michel a entamé sa 9e saison consécutive en National, sa 13e depuis ses débuts à Rodez. A 34 ans, il n’a pas l’intention de s’arrêter là. Et n’a pas tiré un trait sur ses ambitions. Portrait.

  • Mardi 18 octobre 2022

Yann Lachuer : « C’est la société qui a changé, pas le foot »
https://13heuresfoot.fr/actualites/yann-lachuer-cest-la-societe-qui-a-change-pas-le-foot/
Le coach de l’US Lusitanos Saint-Maur (N2) revient sur sa carrière professionnelle de joueur (Auxerre, PSG, Bastia, etc.) et sur son métier d’entraîneur. Un entretien long et… profond !

  • Lundi 17 octobre 2022

Bagaliy Dabo, de Clichy-la-Garenne à Limassol
https://13heuresfoot.fr/actualites/bagaliy-dabo-de-clichy-a-limassol/
L’ancien milieu offensif de Créteil a fait le choix d’un football « exotique » en 2016 en signant à Gabala, en Azerbaïdjan, où il a découvert la Coupe d’Europe, puis à Bakou. Aujourd’hui, il évolue à Chypre, à l’Apollon Limassol, où il a décroché deux titres en 2022.

Qualifié pour le 7e tour de la Coupe de France pour la première fois de sa jeune histoire, l’Union Sportive Le Pays du Valois semble s’inspirer de la trajectoire fulgurante de son voisin. Après six accessions en onze ans, le voilà en Régional 1 des Hauts de France. Une simple étape pour ce club issu d’un village de 1 120 habitants ?

La joie en coupe de France après la qualification pour le 7e tour !

Il est forcément tentant de mettre en parallèle l’ascension spectaculaire de l’Union Sportive Le Pays du Valois avec celle de son voisin de l’Oise, le FC Chambly, sorti des tréfonds du championnat de District pour se hisser jusqu’en Ligue 2 en 2019 mais redescendu aujourd’hui en N2.
D’autant que les deux présidents, Denis Moreau et Fulvio Luzi, entretiennent des relations très cordiales… L’USLPV ne voit pas si haut, quoique…

« On s’est donné deux ans pour accéder au National 3, notre prochain objectif, explique Denis Moreau. Le premier a été atteint en juin. Il s’agissait d’avoir nos deux principales équipes seniors en championnat régional des Hauts de France. L’équipe première en est à sa deuxième saison de R1 et l’équipe B vient d’être promue en R3. L’équipe C est d’ailleurs elle aussi montée d’une division. Le parcours peut être comparé à celui de Chambly mais en réalité nos histoires sont différentes. Chez nous, ce n’est pas une aventure familiale comme avec les Luzi et l’ancrage n’est pas comparable. »

Le président Denis Moreau.

L’USLPV vit en effet en Régional 1 dans une commune (Betz) de 1120 habitants, ce qui doit être un record à ce niveau. A l’extrême sud est de l’Oise, aux frontières de la Seine et Marne, les alentours du petit stade Francois Brisset sont parfois très surveillés, non pas à cause de son club de foot, plutôt de la présence de la propriété du Roi du Maroc, Mohammed VI, qui jouxte le terrain.

Un club de 600 licenciés

L’US Le Pays du Valois résulte de deux fusions successives : la première rassembla en 2002 les clubs des deux villages ruraux de Betz et d’Acy-en-Multien (834 habitants) pour donner l’ES Valois Multien.

La seconde, en 2020, engloba le club du Plessis-Belleville (3500 habitants) pour former l’USLPV, et c’est d’ailleurs dans le joli stade rénové du Plessis-Belleville que la R1 s’installera prochainement.

Sébastien Defaix, le coach de l’équipe fanion.

Une addition de villages se traduit quand même par un club de 600 licenciés, dont quatre équipes seniors, et des jeunes en pleine progression comme les U18, leaders invaincus de leur championnat de R2, et toujours qualifiés en Coupe Gambardella pour laquelle ils rencontreront dimanche … le FC Chambly-Oise !

Là bas, tout le monde vous dira cependant que sans Denis Moreau, il n’y aurait rien eu de tout ça.

Propriétaire de l’hypermarché Leclerc du Plessis-Belleville, le président (56 ans) est un dingue de foot. Originaire des Deux Sèvres, il est arrivé un peu par hasard dans l’Oise et a même été actionnaire et membre du comité directeur de l’AS Nancy-Lorraine, au temps de Jacques Rousselot, un proche.

Entre 350 et 400 000 euros de budget

En tout et pour tout, l’USLPV touche 15 000 euros de subvention et Denis Moreau apporte une grande partie du reste pour boucler un budget qui oscille entre 350 000 et 400 000 euros.

Président depuis plus de vingt ans, il aurait pu mettre son argent dans un club beaucoup plus important de l’Oise ou d’ailleurs.

« En fait, tout est parti en 1998 d’une histoire entre potes, notamment certains salariés de mon magasin, on voulait jouer au foot ensemble et faire la bringue ensemble, se rappelle-t-il. On a signé à Betz, en Départementale 4. Nous n’étions que 18/19 joueurs et il n’y avait que 30 licenciés quand j’ai définitivement pris la présidence en 2002. Mais je me suis pris au jeu. On a grandi progressivement. L’équipe première n’est jamais restée plus de trois saisons au même niveau. Trois saisons, c’était en R2. Nous en sommes à six accessions en onze ans. J’ai aussi structuré l’école de foot avec des éducateurs diplômés. Aujourd’hui, j’ai 15 matches à caser chaque week-end. On joue à Betz et au Plessis-Belleville, mais aussi à Rouvres-en-Multien, à Montagny-Sainte-Félicité et à Lagny-le-Sec, d’autres villages proches où il y a des terrains mais plus de clubs. Il y a un bassin de population intéressant pour notre développement, entre cette partie de l’Oise et les communes proches de Seine et Marne. »

Début de saison mitigé en championnat

Les U13 féminines.

Le N3 semble donc une ambition réaliste. Atteindre le huitième tour de la Coupe de France aussi. La semaine prochaine, pour le premier septième tour de sa jeune histoire, l’USLPV ira à Nozay, dans l’Essonne, rencontrer le FC Marcoussis-Nozay-La Ville du Bois (Départementale 1), petit poucet francilien.

Malgré une infirmerie actuellement bien remplie et un début de saison mitigé en R1 (un nul, une défaite, aucun but marqué), l’équipe entraînée par Sébastien Defaix (arrivé cet été du FC 93-Bobigny, N2) a quelques belles cartes de visite sur la pelouse comme son gardien international ivoirien Jean Malick Ble Zadi Hortalin, passé par l’Africa Sports et l’Arabie Saoudite, le défenseur Kevin Zonzon, qui a fréquenté le N2 et le N3 dans plusieurs clubs d’Ile de France (dont le Paris FC), le turc Mehmet Bulut, qui arrive de Drancy (N3), ou la petite pépite gabonaise Kevin Nguechoung, 22 ans.

A 65 kilomètres au nord est de Paris, Betz et l’USPLV méritent vraiment le détour.

 

Les U18, en tête de leur poule en R2.

Texte : Jean-Michel Rouet / jmrouet@13heuresfoot.fr

Photos : FC Pays du Valois