L’entraîneur du récent champion de National et promu en Ligue 2 BKT revient sur la formidable montée historique de son club ! Le président Jacques Piriou et l’attaquant Antoine Rabillard refont eux aussi le fil d’une saison aux superlatifs inépuisables.
Au hit-parade des mots les plus entendus, samedi dernier à Guy-Piriou, à l’occasion de la fiesta organisée pour la montée en Ligue 2 de l’US Concarneau et, cerise sur le gâteau, pour l’officialisation de son titre de champion de National 2023, il y avait une grosse concurrence entre « historique », « incroyable », « magnifique », « extraordinaire » et « formidable ». Mais ça c’était au début. Parce qu’après, on n’entendait plus rien. Trop de bruit, trop de musique, trop d’ambiance. Trop… Trop bien !
Et franchement, il n’y avait plus non plus de grands mots pour le dire. A la place, le ressenti. Plus fort : des regards complices, des sourires qui s’étirent, du bonheur et de la joie qui débordent, du temps qui passe, ensemble, et du temps qui dépasse l’instant présent, des souvenirs de la saison qu’on se raconte, des matchs que l’on refaits, des mains qu’on serre très fort, des joues qu’on embrasse passionnément, des buts qu’on raconte et que l’on revoit : Antoine Rabillard à la 94e contre Bourg (victoire 2-1, journée 33) et à la 86e à Orléans (victoire 2-1, 34e et dernière journée) ! Des talents que l’on découvre : Amine Boutrah, le meilleur joueur du National et « petit prince » de Guy-Piriou ! Ou que l’on redécouvre : Fahd El Khoumisti, le meilleur buteur (16 buts) malgré son faux départ au Mans… Avec eux, Alec Georgen et Gaoussou Traoré forment le carré d’as de l’équipe-type de National dans laquelle Mamadou Sylla avait largement sa place. La fête ne l’oublie pas et les verres s’entrechoquent à la santé de l’USC en Ligue 2. La soirée ne faisait que commencer. Avec quelques rencontres au passage d’une division à l’autre (du monde « amateur » au professionnel)… Jacques Piriou, l’heureux président emblématique d’un petit club qui monte; Stéphane Le Mignan (Trophée du meilleur entraîneur), le coach aux deux accessions du National à la Ligue 2 (Vannes en 2008 et Concarneau en 2023) et au style de jeu (reconnu par ses pairs) qui a défrayé la chronique durant toute la saison. Et, pour conclure, Antoine Rabillard, « Rabi » la classe, qui a marqué l’histoire des Thoniers en ajoutant finalement deux buts décisifs dans un rôle de joker de luxe. Merci pour ce moment. C’était bien. Vraiment bien.
Le cap de bonne espérance pour les Thoniers !
La Ligue 2 ne fait pas peur à Jacques Piriou. « Quand on est monté en National en 2016 (avec l’entraîneur Nicolas Cloarec aux commandes), certains nous disaient que c’était trop haut pour Concarneau ! Résultat, on avait tout de suite été champion d’automne », rappelle le président de l’US Concarneau. Mais avec finalement une place de 11e, la poule retour de la saison 2016-17 avait été plus difficile pour les Thoniers qui ont ensuite trouvé leurs marques à ce niveau en se classant 13e (2017-18 et 2018-19) puis 11e (2019-20, saison interrompue en raison de la Covi-19) avant l’arrivée de Stéphane Le Mignan au poste d’entraîneur.
Depuis, les Concarnois se sont classés 5es (2020-21) et 4es (2021-22). Une montée en puissance qui les avait même laissés sur leur faim car, avant « d’échouer » au pied du podium la saison passée, après avoir longtemps trusté le podium, voire la place de leader… Exactement comme cette saison qu’ils ont finalement terminée en apothéose en décrochant la médaille d’or.
Après sept saisons consécutives en National, les Thoniers franchissent donc leur cap de bonne espérance en basculant pour la première fois de leur histoire dans le monde du football professionnel !
Stéphane Le Mignan : « Des moments très forts »
« En début de saison, on était parti avec un peu de déception par rapport à ce qu’il s’était passé quelques mois avant malgré un très bon championnat (l’US Concarneau avait fini 4e après avoir longtemps été leader). On savait qu’il y avait un gros danger en raison des nombreuses descentes. Alors vivre ce que l’on a vécu jusqu’au bout, jusqu’à la 34e journée et jusqu’à la 86e minute car on finit le championnat sur le but de « Rabi » (Antoine Rabillard), ce sont des moments très très forts, uniques, imprévisibles. C’est la beauté du foot. J’avais dit aux joueurs avant le match à Orléans qu’ils devaient être fiers de ce qu’ils avaient déjà fait, quelque soit l’issue de la soirée, fiers d’avoir joué à l’US Concarneau durant cette saison 2022-2023. Mais je voulais qu’ils soient fiers aussi après le match et ils l’ont été en donnant ce qu’il fallait. Je suis très content d’avoir eu ces joueurs-là qui ont adhéré à ce que l’on a mis en place. Même quand ça a été plus difficile durant l’hiver, on n’a pas lâché, on est resté sur les mêmes idées et ça c’est une grande fierté. »
« Le tournant du Puy »
« On savait qu’on arrivait au bout et ce n’est pas là qu’on est le mieux car on est gêné mentalement avec tout ce qui se passe dans l’environnement, ça se joue au mental plus qu’au niveau technique, on est tous un peu perturbé. Mais un des tournants de la saison, c’est quand on rentre au vestiaire après la défaite au Puy (2-1, 32e journée) et que l’on apprend que nos concurrents n’en ont pas profité, que les autres résultats nous sont même favorables et qu’on est toujours deuxièmes ! Là, ça nous a donné un coup d’énergie et je pense même que l’on ne serait jamais revenu si on avait perdu la 2e place ce soir-là. Les joueurs ont été formidables et l’un des exemples c’est Antoine (Rabillard), un joueur expérimenté qui a déjà connu une montée en Ligue 2 avec Béziers et qui jouait moins en fin de saison en raison de mes choix. Et quand je fais appel à lui en fin de matchs, il rentre en jeu avec une attitude formidable (double buteur sur les deux derniers matchs). »
« C’est l’attitude des joueurs qui nous a fait passer »
« Je crois que ce qui nous a fait passer cette année, c’est l’attitude des joueurs qui jouaient moins. Je pense à « Rabi » parce qu’il a été le plus visible en étant décisif et je suis très content qu’il rentre dans l’histoire du club avec ces buts-là. On a Fahd (El Khoumisti) qui est meilleur buteur, Amine (Boutrah) qui est meilleur joueur, mais derrière on a une attitude extraordinaire avec Ambroise Gboho, Georges Gope-Fenepej, Adrien Julloux, tous ces joueurs qui ont moins joué parce que l’équipe performait. Mais ils ont eu une attitude exceptionnelle jusqu’au dernier match. Tout le monde a compris le message : malgré les déceptions il fallait que l’on reste unis comme jamais. Quand on sent que les joueurs qui jouent moins vous soutiennent, ça crée beaucoup de choses, et je pense aussi aux jeunes qui étaient avec la Régional 1 et qui ont apporté leur touche technique et hissé le niveau des entraînements. On n’avait pas pas ça l’année précédente parce qu’on avait un groupe moins nombreux et je pense que c’est aussi une pierre importante à l’édifice de notre réussite. »
« Les travaux du stade ? Un énorme point noir »
« Maintenant, on sait très bien que c’est une histoire qui se finit quoi qu’il arrive parce qu’il y aura des modifications, mais il faut savourer et profiter pleinement de ce groupe qui a été exceptionnel et qui rend fier tous les Concarnois. Mais ce que l’on peut déjà dire c’est que d’attaquer la Ligue 2 sans pouvoir jouer chez nous en raison des travaux nécessaires à la mise aux normes de notre stade c’est un énorme point noir. »
Jacques Piriou : « Ce n’est pas volé ! »
Le président de l’US Concarneau s’est lui aussi confié après cette accession tant attendue : « On ne pouvait pas rêver mieux! Même si le final a été extrêmement stressant et angoissant, tout est bien qui finit bien. Quand on fait l’analyse de la saison, ça me semble mérité et je ne suis pas le seul apparemment à le penser car de nombreux présidents de club m’ont envoyé des messages pour nous féliciter et dire que cette première place était méritée. Ce n’est pas volé en tout cas. Il y avait beaucoup de tension chez les joueurs, on a essayé de détendre tout ça, de les mettre dans les meilleures conditions possibles, les encadrer, leur expliquer ce qu’était le club. On a fait des interventions avec les bénévoles, avec les éducateurs, moi-même je suis intervenu pour essayer de relativiser les choses… Mais il y avait un tel enjeu que ce n’était pas facile, on a essayé de faire le mieux possible et ça n’a pas trop mal marché. »
« Mon coeur a pris des coups »
« Au mois d’août, on était davantage dans la configuration de se demander comment on allait faire pour s’en sortir avec six descentes, mais au fur et à mesure de l’avancement du championnat, on croit de plus en plus en notre effectif, on croit en ce que l’on voit, et on s’aperçoit que l’on peut rivaliser avec n’importe quelle équipe de ce championnat. Une fois qu’on a compris ça, ça donne le résultat d’aujourd’hui. Mais à Orléans, mon coeur a pris des coups pendant une heure et demie, avec des hauts et des bas, j’avais hâte que ça se termine. »
« Boutrah ne sera plus là »
« On va savourer, se reposer, et se remettre vite à bosser avec le coach, sachant qu’Amine Boutrah ne sera plus là. Il a des clubs de Ligue 1, je m’en réjouis pour lui, je lui souhaite que ça aille dans le bon sens pour sa carrière, je pense que ça va le faire et qu’il montrera que son passage par Concarneau a été plus que bénéfique et qu’il retiendra tous ces moments d’émotion qu’il a vécus ici. »
Antoine Rabillard : « Personne n’a boudé dans cette équipe »
« Il faut profiter au maximum, ce sont des moments à vivre, des moments rares dans une carrière (il est déjà monté en Ligue 2 avec Béziers en 2018). J’ai moins joué en fin de saison, ce sont des choix du coach. Que l’on ne soit pas content c’est une chose, mais si on boude et que l’on ne fait pas le travail derrière, ça ne sert à rien. Il faut continuer à y croire, à espérer. Personne n’a boudé dans cette équipe, c’est ça qui est extraordinaire, il y a un groupe qui est vraiment uni depuis le début. On l’a senti. Que le groupe vive bien, c’est facile quand on gagne, mais même quand on a eu des moments plus difficiles, on est resté soudés et unis. Le coach a su créer un groupe et on y a toujours cru. C’est la récompense d’un travail de longue haleine qui avait débuté en juin. »
Texte : Denis Vergos / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter @2nivergos et @13heuresfoot
Photos : US Concarneau
A deux journées du baisser de rideau, le suspense reste entier pour l’accession en National dans trois des quatre poules. Les coachs des Herbiers et de GOAL Fc se livrent avant leur duel qui promet, demain.
« Quand tu as un mental de chips, tu peux éventuellement jouer les accessits mais pas la première place…. ». « J’ai compris qui a envie de monter ou pas! ». « Je suis dans une colère noire » (…) « On ne mérite rien ».
Ces propos, tenus sur Twitter à l’issue de la 28e journée de National 2, voilà quinze jours, émanent de Christophe Fauvel, le président de Bergerac, extrêmement déçu, c’est peu de le dire, après le match nul concédé à Moulins (2-2), alors que ses joueurs menaient 2 à 0 chez la lanterne rouge.
Une expulsion à la 70e et deux buts concédés ensuite ont fait reculer les joueurs d’Erwan Lannuzel à la 3e place, deux points derrières Les Herbiers et un point derrière GOAL FC, au pire moment.
Encore que, en matière de pire moment, le BPFC 24 en connaît un rayon pour avoir vécu la saison passée un scénario cruel et irrationnel, avec une accession en National qui s’est envolée à la 90’+7 de la dernière journée, sur le terrain du Puy-en-Velay, avec ce but ponot inscrit sur penalty de Mamadou N’Diaye face à Colomiers, qui envoyait les joueurs de Roland Vieira en National.
Revivra-t-on ce type de scénario cette saison ?
Rien n’est impossible. Surtout dans cette poule D où l’on assiste, depuis le début de l’année 2023, à un chassé-croisé entre GOAL FC, leader tout au long de la première partie de saison mais victime d’un gros trou d’air en mars, Bergerac, dont on ne compte plus le nombre d’occasions manquées au printemps, et Les Herbiers, que l’on a cru un temps sur la voie royale avant, eux aussi, de ralentir la cadence. Ce qui donne à l’arrivée un superbe sprint final.
A deux journées de la fin, donc, ce sont Les Herbiers qui ont les cartes en mains : deux succès et ils retrouveront le National, quitté en 2018 dans les conditions que l’on sait… Une finale de coupe de France le mardi perdue 2 à 0 au SDF face au PSG puis, trois jours après, une défaite 4-1 à Béziers, qui jouait sa montée en Ligue 2, et qui plongeait les Vendéens, jamais relégables, en N2, à l’issue d’incroyables concours de circonstances.
Il devrait donc y avoir beaucoup de monde demain au stade Massabielle pour cette « demi-finale » du championnat entre le leader et son dauphin. Une victoire des hommes de Laurent David, conjuguée à un nul ou une défaite du BPFC 24 à Andrézieux, les propulseraient en National.
Epinal-Fleury-Bobigny : l’autre match à 3 !
A quelques jours de cette 29e journée qui sera peut-être décisive, nous avons demandé au trois coachs concernés par la montée de répondre à quelques questions. Si Laurent David (Les Herbiers) et Fabien Pujo (GOAL) ont joué le jeu, ce n’est malheureusement pas le cas d’Erwan Lannuzel, qui, d’accord sur le principe dans un premier temps, s’est ensuite excusé par texto de ne pouvoir répondre favorablement à notre requête : « La direction du BPFC 24 a décidé que le timing de communication n’était pas bon, et donc de laisser le club et les joueurs tranquilles durant cette période ». Dont acte…
Dans les trois autres poules, l’ont connaît déjà un promu en National : le FC Rouen (poule A). Dans la poule B, celle que l’on appelle communément la poule Sud, le MGCB (Marignane Gignac Côte Bleue) a lui aussi les cartes en mains : avec 5 points d’avance sur Lyon-Duchère, un succès demain au stade Saint-Exupéry face à Toulon enverrait les Aviateurs en National, eux qui ont déjà connu une première et courte expérience à ce niveau lors de la saison 2018-19. En cas de match nul ou de défaite, les Provençaux resteraient sous la menace des Lyonnais qui, dans le même temps, accueilleront Louhans-Cuiseaux.
Et si les deux équipes venaient à terminer ex-aequo en fin de saison (un nul et une défaite de Marignane, deux succès de Lyon Duchère), le goal-average serait favorable aux Rhodaniens, vainqueurs 2 à 0 à l’aller à Balmont et auteur d’un 0-0 au retour.
Enfin, dans la poule B, la situation est un peu comparable à celle de la poule D, avec trois équipes à la lutte pour l’accession et un chassé-croisé permanent. Et, comble du hasard là encore, un duel va opposer demain deux des trois candidats : Epinal, l’actuel leader, se déplacera à Bobigny; ça promet !!
Voilà, faites vos jeux, et n’écoutez pas ceux qui disent qu’à l’instar de la saison passée, ce n’est pas la bonne année pour accéder en National, avec encore 6 descentes l’an prochain ! Vous refuseriez, vous, de vous frotter à l’étage au dessus ?
J29 – Samedi 27 mai : Les Herbiers (1er, 49 points) – GOAL FC (2e, 48 points) et Andrézieux (12e, 34 points) – Bergerac (3e, 47 points).
J30 – Samedi 3 juin : GOAL FC – Stade Bordelais ; Bergerac – Vierzon; Moulins-Yzeure – Les Herbiers.
Confrontations directes
Les Herbiers – Bergerac 1-1 et Bergerac – Les Herbiers 0-1
Bergerac – GOAL FC 2-2 et GOAL FC – Bergerac 0-0
GOAL FC – Les Herbiers 0-2
INTERVIEWS
Fabien Pujo (GOAL FC) :
« Le favori, c’est Les Herbiers »
Trois équipes en 2 points à deux journées de la fin : sincèrement, vous attendiez-vous à ce scénario ?
Non, et ce malgré notre très bonne première partie de saison. Je pensais que Les Herbiers allaient faire cavalier seul quand, début 2023, ils sont venus gagner chez nous 2 à 0 puis à Bergerac 1 à 0 juste après. Cette équipe a réalisé une série de victoires et a montré qu’elle était la plus forte, donc je pensais qu’elle allait faire cavalier seul sur la phase retour mais l’irrationalité du football en a décidé autrement même si, au final, à 2 matchs de la fin, ils sont leaders… donc les meilleurs.
Des quatre poules de National, la vôtre est celle où le leader, et plus globalement les trois premiers, ont le plus petit nombre de points, et d’assez loin : est-ce que cela a une signification particulière ?
La réforme de la FFF a accentué la volonté de ne pas perdre. J’ai connu trois groupes de N2 : ce groupe « centre » est très homogène avec des équipes très bien organisés, des blocs très compacts. Les équipes ont décidé de placer la notion d’équilibre, la notion de protection de son but, la notion d’exploitation des espaces, la notion d’exploitation des erreurs au cœur de leur projet de jeu. On l’a vu en coupe de France, Les Herbiers, Vierzon, Chamalières, trois équipes de notre poule, ont brillé : ça montre la difficulté de gagner les matchs dans cette poule avec peu d’écart entre les équipes, et des matchs qui se jouent sur des détails.
A deux journées de la fin, quels peuvent être les (nouveaux) leviers à actionner au sein de l’équipe pour aller chercher cette première place ?
A deux journées de la fin nous sommes des chanceux car sur les 16 équipes au départ, on fait partie des 3 équipes qui jouent encore un match pour accéder en National donc ce n’est que du bonheur. Il n’y a plus de leviers si ce n’est profiter tous ensemble, être acteurs de cette fin de saison. Les joueurs, par leur mentalité, leur travail, leur performance, se sont donné le droit de vivre des émotions incroyables. Avec 17 nouveaux à l’intersaison, revivre ça dès la première année, c’est leur récompense et la récompense pour tout un club qui progresse.
Ne pas monter cette saison, serait-ce vécu comme un terrible échec ?
Non. Pas du tout. Déjà, en N2, il n’y a qu’une seule équipe qui monte, c’est très très dur. Donc quand on vit la saison que l’on réalise, le mot échec n’est pas approprié. Ce serait plutôt une déception. Le club progresse et si on ne monte pas cette saison, il poursuivra sa progression et fidélisera un groupe, ce qui n’a pas été le cas ces dernières années. On va essayer de bonifier tout ça. Je le répète, n’oublions pas qu’on a commencé la saison avec 17 nouveaux joueurs. Le club va améliorer ses infrastructures (stade, conditions d’entrainement). La réussite demande de la méthode et du temps. Le National 2, c’est très complexe. Regardez par exemple Toulon ou Andrézieux, qui luttent pour ne pas descendre. Donc non, ça ne serait pas du tout un échec de ne pas monter.
GOAL FC peut-il se servir de son expérience malheureuse de la saison passée (même si des joueurs ont changé, même si le staff a changé…) ?
Oui, je pense que ce que le club as vécu la saison passée permet de mieux appréhender les événements. On a eu une période très complexe sur cette phase retour et le club a montré une vraie solidarité envers le staff et le groupe pour trouver des solutions. Il y a eu un climat de grande sérénité qui a permis de toujours croire en nous et sûrement que la fin de saison dernière a permis à l’institution de gérer différemment cette période. De plus, le choix de mon profil et du profil de certains joueurs allait aussi dans ce sens car nous avons connu des montées par le passé, donc on peut mieux appréhender ce moment de la saison qui n’ a rien avoir avec le reste de la saison.
8 victoires, 5 nuls et 2 défaites lors de la phase aller (29 points), 5 victoires, 4 nuls et 4 défaites (dont 3 d affilée en mars) lors de la phase retour (19 points) : comment expliquer cette baisse de régime à l’approche du printemps ? Comment expliquer ce passage à vide en mars ?
C’est multi-factoriel, des absences de joueurs plus-value comme Camelo ou Reale, des blessures, des suspensions, des erreurs individuelles plus présentes, moins d’efficacité, des adversaires plus performants, une période hivernale plus longue avec des terrains de mauvaise qualité ce qui a compliqué la tâche de nos profils « type espagnol » et ce qu’on appelle le principe de progression qui n’est pas linéaire… L’Endurance de la performance collective, c’est un apprentissage qui demande du temps. Regardez Bergerac, qui a un groupe avec une durée de vie de 3 ans, l’an dernier ils se construisent dans le sprint final avec une énorme déception à l’arrivée et cette année peut-être que ce qu’ils ont vécu ensemble ne suffira pas… Il faut être très performant dans ce money time. Alors qu’après notre confrontation ils étaient leaders à 5 matchs de la fin, là ils restent sur 3 nuls… Tout ne s’explique pas dans le football. J’aime bien quand Michel Platini dit que le football est irrationnel.
Sachant qu’une défaite aux Herbiers serait éliminatoire, et qu’un nul peut faire l’affaire de Bergerac si ils s’imposent, doit-on s’attendre à une partie « ouverte » en Vendée (J29) ? Quel souvenir du match aller ?
Avec la meilleure attaque à domicile, Les Herbiers, marquent 1 but toutes les 46 minutes chez eux donc oui il y aura des buts car leur modèle de jeu est remarquable, basé sur la volonté de marquer 1 but de plus que l’adversaire : ça tombe bien, nous aussi on est sur cette philosophie de jeu ! De plus, notre position nous oblige à gagner pour continuer à croire que le rêve peut devenir réalité. Au match aller, cette équipe a démontré qu’elle était plus forte que nous (2 à 0 pour Les Herbiers) donc ce n’est pas un « super » souvenir, notamment avec ces 2 penaltys sifflés en 20 minutes : j’espère que le match retour ne se jouera pas sur un penalty.
De l’extérieur, on a vraiment l’impression que tout est possible, que tous les scénarios sont possibles, en même temps, la lutte pour la 1re place peut aussi s’arrêter samedi : avez-vous des convictions sur cette fin de saison, comment la voyez-vous, comment l’imaginez ?
Je suis entraîneur, pas voyant ni magicien ! Nous voulions jouer le sprint final nous y sommes et cerise sur le gâteau, nous jouons un super match aux Herbiers à deux matchs de la fin, sur une terre de football, sur une magnifique pelouse, avec, je l’espère, du monde au stade contre la meilleure équipe de la poule ! C’est incroyable ! Nous aurions signé tout de suite en début de saison pour vivre tous ensemble cette story !
Qu’est-ce qui peut faire la différence ?
Ce qui peut faire la différence c’est que l’arbitre nous aide (sic) et que l’on se retrouve pas à 10 comme à Chamalières car cela deviendrait mission impossible, et aussi que Les Herbiers décident de déjouer et de défendre leur point d’avance et de nous donner de la force en nous laissant le ballon … Ce sera très compliqué, car à ce moment de la saison dans un stade plein totalement acquis à la cause du leader, réaliser un exploit serait une sorte de miracle pour nous.
Le favori, c’est Les Herbiers ?
Oui, comme je te l’ai déjà dit, quand une équipe va gagner à Bergerac et à Goal FC, eh bien elle a démontré que c’est elle la plus forte.
Vous avez été absent durant cette semaine de préparation avant Les Herbiers : est-ce un handicap dans le money time ?
C’est vrai que je suis à Clairefontaine pour ma semaine 1 du BEPF. Ce n’est pas idéal mais d’un autre côté, cela peut casser la routine. J’ai une totale confiance dans tout mon staff, dans mon groupe de joueur et dans mon club sur ce sprint final.
Allez-vous changer vos habitudes ?
Nous avons modifié certaines semaines avec des séances plus courtes en volume tout en gardant l’intensité, moins de complexité pour retrouver de la fraîcheur psychologique. Nous avons passé une soirée à Lyon tous ensemble autour d’un match de Ligue des champions renforcer la cohésion. Nous avons aussi effectué deux séances à 6h du matin dont une sur une forme de méditation pour prendre conscience de la chance que nous avions de vivre de notre passion et que seul le travail, l’implication, la persévérance, la discipline, la rigueur, la confiance, une mentalité collective commune conduit vers la réussite …
Laurent David (Les Herbiers) :
« Favoris nous ? Oui et non… »
Trois équipes en 2 points à deux journées de la fin : sincèrement, vous attendiez-vous à ce scénario ?
Non. Mais voir Goal FC et Bergerac en haut oui car en termes de vécu et de moyens, ils ont les arguments pour prétendre à jouer la montée. Aux Herbiers, on est parti d’une page blanche avec 16 nouveaux joueurs et un nouveau staff. 80% du groupe a été renouvelé. Mais depuis décembre, on a su intégrer les premières places donc pour répondre à la question je dirais « oui » depuis décembre.
N’est-ce pas « miraculeux » ou plutôt inespéré de retrouver Les Herbiers en position d’accession à deux journées de la fin alors que votre équipe n’a remporté qu’un seul match entre la J19 et J26 (1v 4n et 3d) ?
Miraculeux ? Chaque équipe a connu un trou d’air dans la saison. Dans notre mauvaise période de la Journée 19 à la Journée 26, on a connu 3 défaites sur nos 5 de cette saison. Le groupe D est très homogène et on n’a pu avoir la chance que personne ne s’échappe.
A deux journées de la fin, quels peuvent être les (nouveaux) leviers à actionner au sein de l’équipe pour aller chercher cette première place ?
Des nouveaux leviers ? Non… On ne doit rien changer à notre philosophie de jeu, à nos principes très précis depuis le début de saison. On doit continuer sur cette voie-là.
Comment allez-vous préparez ces deux derniers matchs de la saison ? Allez-vous changer des choses ?
La préparation de nos deux derniers matchs ne change pas. Pourquoi tenter des choses alors que l’on a nos certitudes ?
Des quatre poules de National 2, la vôtre est celle où le leader, et plus globalement les trois premiers, ont le plus petit nombre de points, et d’assez loin : est-ce que cela a une signification particulière ?
Je n’en ai aucune idée ! La différence se fait au niveau des victoires (3 en moyenne de plus pour les autres groupes). Dans notre groupe D, tout le monde peut battre tout le monde. C’est peut-être une explication quant au nombre de points.
Les Herbiers a eu plusieurs occasions de creuser un petit écart sur ses deux principaux poursuivants, de faire un petit break : pourquoi n’y est-elle pas parvenue ?
On a eu l’occasion de creuser l’écart, oui, mais on a connu beaucoup de blessures et de suspensions pendant cette période. Et l’on a affronté des adversaires de qualité qui nous ont empêché d’y arriver.
Ne pas monter cette saison, serait-ce vécu comme un terrible échec ?
Non car ce n’est pas programmé, contrairement à nos adversaires. Ce serait plutôt une déception si on échouait si proche du but.
Sachant qu’une victoire des Herbiers à la J29 face à GOAL FC éliminerait les Lyonnais de la course, un nul suffirait alors à la J30 : est-ce le tableau de marche envisagé ?
On n’a pas de tableau de marche non. Il reste deux matchs que l’on va essayer de gagner. Il n’y a pas de calcul à faire. Chaque match aura sa vérité.
De l’extérieur, on a vraiment l’impression que tout est possible, que tous les scénarios sont possibles, en même temps, la lutte pour la 1re place peut aussi s’arrêter à la J29 : avez-vous des convictions sur cette fin de saison, comment la voyez-vous, comment l’imaginez ?
Oui, c’est vrai que tout est possible sur cette fin de saison. Mais je n’ai pas de convictions. La seule certitude que j’ai, c’est qu’il faut gagner nos deux derniers matchs pour parvenir à monter.
Dans un mini-championnat à 3, Les Herbiers est pour l’heure devant GOAL FC et Bergerac : les plus forts, les favoris, ce sont Les Herbiers ?
Si on est favori ? Oui et non. Oui car aujourd’hui on est leader et non car face a Goal et son budget et Bergerac et son expérience, on en est loin.
Concrètement, qu’est-ce qui peut faire la différence ?
La différence ? Honnêtement, je sais pas !!! On doit se concentrer sur notre jeu et être le plus performant possible.
Allez-vous changer des habitudes ou vos habitudes pour ce sprint final ?
Non, aucun changement de prévu.
Photos : GOAL FC / Maxifooto ; BPFC 24 / Raccon’s Colors ; Philippe Le Brech
Après trois saisons en Ligue 2 au Paris FC et à Dunkerque, le milieu de terrain de 27 ans a connu le chômage pendant six mois, avant de finir la saison au Paris 13 Atletico, 17e de National et relégué N2. Il espère rebondir en L2 ou à l’étranger.
« Personne ne m’a jamais fait de cadeau, mais je suis le genre de personne qui, lorsqu’elle prend un coup, n’abandonne jamais, se relève et repart au combat. » La carrière de Mario-Jason Kikonda, milieu de terrain du Paris 13 Atletico (National) a été jalonné d’embûches.
Après avoir quitté la Seine-Saint-Denis et sa famille à 16 ans pour aller jouer dans des clubs amateurs en province (Montceau, Vannes), il a explosé en 2019 à Concarneau en National.
Cette demi-saison lui a permis de signer, à 23 ans, un premier contrat professionnel au Paris FC. Mais après trois bonnes saisons en L2 (PFC puis Dunkerque), le natif du Mans a connu le chômage pendant six mois. En janvier dernier, il a rejoint le Paris 13 Atletico (National) pour se relancer. Un club qu’il va quitter après sa relégation en National 2 et qui ne jouera plus rien vendredi soir, lors de la 34e et dernière journée de championnat, contrairement à son adversaire, Châteauroux, à la lutte pour le maintien. Il espère retrouver le monde professionnel en France ou à l’étranger. Pour 13HeuresFoot, il s’est longuement confié sur son parcours, plutôt inspirant.
« Je suis parti à 16 ans du 93 pour aller à Montceau, un club amateur »
Mario-Jason Kikonda a grandi dans une famille nombreuse congolaise-angolaise en Seine-Saint-Denis. Il a effectué ses débuts au Blanc-Mesnil puis a signé au Bourget en U14. Mais sans attirer des clubs professionnels. « À un moment, j’avais complètement décroché du foot, avoue-t-il. Je voyais mes amis avec qui je jouais partir dans des clubs pros mais moi, je n’avais rien. Avec le recul, j’ai compris que dans la vie, on avait chacun son propre chemin à tracer. Finalement, si j’étais moi aussi parti en centre de formation à 15 ans, est-ce que j’aurais été le même homme aujourd’hui ? Je ne le pense pas. J’ai transformé tout le négatif qui m’est arrivé en force positive. »
A 16 ans, Kikonda n’avait pas hésité à quitter la Seine-Saint-Denis pour un club amateur, à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire. « Montceau, ça m’est tombé dessus un peu par hasard. J’avais la volonté de quitter la région parisienne mais je ne pensais plus trop au monde pro. Montceau, c’était dur mais je n’avais pas le choix. Ça m’a fait quand même un choc par rapport à la région parisienne. Je jouais en U17 nationaux, c’était bien, mais le club n’était pas structuré pour accueillir un jeune comme moi de 16 ans. C’était bancal. Je dormais chez des joueurs en attendant d’être logé par rapport à l’école. »
« A Vannes et Concarneau, je me suis senti comme chez moi en Bretagne »
Après à peine deux mois à Montceau, il décide donc de quitter le club. Il rejoint Vannes où vit l’un de ses frères. Le club breton, ancien pensionnaire de Ligue 2 et finaliste de la Coupe de la Ligue en 2009 face à Bordeaux, vient de déposer le bilan et est reparti en DSE (en dessous de la DH).
« Mais il avait gardé de bonnes structures et aussi des U17 et des U19 nationaux », explique Kikonda qui va ensuite participer à la remontée du club. « J’étais capitaine en U19 puis j’ai vite intégré l’équipe première. Tout s’est passé merveilleusement bien. Il y avait beaucoup d’anciens qui avaient connu la L2 ou le National avec Vannes et qui étaient restés comme Franck Dufrennes, Erwan Quintin, Pierre Talmont, Jean-François Bédénik ou Florent Besnard. Ils nous ont vraiment bien encadrés, nous les jeunes. Grâce à eux, j’ai beaucoup appris et grandi. Je reste un Parisien mais au fil des années, je me suis senti comme chez moi en Bretagne. »
Après plusieurs montées, il quitte Vannes, alors en National 2, pour Concarneau, en National en décembre 2018 : « Je l’ai remarqué lors d’un PSG – Vannes en National 2. Je n’étais pas venu pour lui mais pour voir Diego Michel dont je m’occupais. Mais je l’ai vite remarqué. Il avait la maturité, la vision du jeu, la qualité technique. Pour moi, il était bien meilleur que certains qui jouent en Ligue 2. Il n’avait rien à faire en N2 », nous expliquait Jean-Charles Parot son ancien agent.
Kikonda n’a eu besoin que de quelques matchs pour totalement éclater en National. « Mon objectif était de tout cartonner pendant 6 mois à Concarneau puis de partir, avoue-t-il. Le National est davantage regardé et ça m’a donné plus de visibilité. »
« Une fierté de revenir chez moi à Paris pour un contrat professionnel »
A la fin de la saison 2018-2019, les sollicitations affluent : Ligue 2, Angleterre, Belgique, etc. Mais il est freiné par une blessure. « Ca a fait fuir plusieurs clubs. J’ai commencé la saison en National en jouant les deux premiers matchs puis je me suis encore blessé. J’étais assez nerveux car je voulais partir. Concarneau a aussi repoussé plusieurs offres de clubs. »
C’est le Paris FC qui parvient à arracher la décision à la fin du mois d’août pour un transfert de 120 000 € (plus bonus) et un contrat de 3 ans. Après six ans en Province, Mario-Jason rentre chez lui en région parisienne.
« J’avais bien aimé le parcours du Paris FC la saison précédente (barragiste), je ne voulais pas aller trop vite dans un club plus huppé et c’était Paris. C’était le meilleur choix car ça m’a rapproché de ma famille même si j’ai toujours eu l’habitude de me débrouiller seul. Je suis revenu à Paris pour un contrat pro. C’était aussi une fierté. Après, pouvoir jouer devant sa famille, ses proches, ce n’était que du bonheur. Mes parents pouvaient enfin venir me voir jouer au stade alors que c’était forcément plus compliqué quand j’étais en Bretagne. »
Au Paris FC, Kikonda va disputer 39 matchs de L2 lors de ses deux premières saisons. Mais sans pouvoir s’imposer comme un titulaire indiscutable et sans passer le cap attendu malgré plusieurs prestations convaincantes. « Je suis un joueur qui a besoin d’enchainer les matchs pour garder le rythme, plaide-t-il. Au Paris FC, j’étais à chaque fois dans le groupe mais je ne débutais pas toujours. Ça m’a un peu freiné. J’ai des regrets de ne pas avoir joué plus. Il m’a manqué ce petit déclic. Mais je ne rejette la faute sur personne. Certainement que j’aurais pu faire mieux. »
tAu Paris FC, Thierry Laurey a remplacé René Girard au début de la saison 2021-2022. Mais lors des deux premiers matchs à Grenoble, puis face à Dunkerque, il ne rentre que pour 16 puis 5 minutes. « Là, j’ai compris que ça allait être compliqué pour moi. La saison ne partait pas très bien. Je me suis dit qu’il valait mieux partir. »
« Le chômage, c’est comme si tu prenais une balle… »
Le 30 août 2021, dans les derniers jours du mercato, il signe un contrat d’un an (plus une autre année en option) à Dunkerque (L2). Il dispute 28 matchs dont 20 comme titulaire. « Sur le plan personnel, je pense avoir rendu une copie correcte. J’étais bien à Dunkerque. Malheureusement, on est descendu en National. Mon option d’un an ne marchait qu’en cas de maintien. »
Au mercato, son entourage et lui étaient davantage focalisés sur un départ à l’étranger. Il est tout près de signer au Manisa FK (Division 2 Turque) où évolue son ancien coéquipier du PFC, Marvin Gakpa. Mais le dossier capote au dernier moment.
« Ca m’a desservi de regarder davantage vers l’étranger. J’ai perdu du temps, ça m’a fermé des portes en France. J’ai eu des discussions mais les effectifs étaient déjà complets presque partout. J’ai compris que j’allais entrer dans une grosse galère. »
Pour la première fois de sa carrière, il connaît donc le chômage. « C’est un peu chaud. Tu te prends une balle dans la tête (sic)… Ce n’est pas que j’avais un très grand train de vie avant, mais tout change… Sur le plan financier, on est obligé de faire davantage attention. Tu réalises mieux la valeur des choses. C’était une période assez difficile. Mais comme souvent, j’ai réussi à transformer cette période sombre en positif. Je me suis marié en décembre, mon frère aussi s’est marié. Les préparatifs, ça m’a permis de penser à autre chose. »
« Je suis déjà content d’avoir pu jouer avec le Paris 13 Atletico »
Niveau football, il est approché par le Paris 13 Atletico. « Au départ, ils voulaient me faire signer. Je n’étais pas trop pour. Mais ils m’ont dit, viens t’entraîner avec nous, pour connaître le club et le groupe. J’ai apprécié leur proposition. Ils m’ont tendu la main. Au final, j’ai signé au mois de janvier. J’ai fait des sacrifices financiers. Mais c’était la meilleure option pour me relancer cinq mois. L’étranger, c’était encore le bazar (sic) et c’était compliqué de m’organiser pour un départ. Il valait mieux que je reste sur Paris. »
Au Paris 13 Atletico, l’impossible pari du maintien n’a pas été atteint. Mais lui a pu enchainer les matchs, marquant même deux buts. « J’ai eu du mal au début car je n’avais pas fait de préparation. Je me sens de mieux en mieux, j’ai retrouvé les jambes. Mais je suis déjà content d’avoir pu rejouer. Au Paris 13, les conditions sont un peu spéciales mais il faut savoir s’adapter. Avec une vraie préparation, cela aurait été un autre Kikonda ! Mais j’ai pris conscience que, sans préparation, je ne pourrais pas réaliser de grosses performances sur le terrain. »
« Ce qui m’a permis d’avancer, c’est mon caractère »
Les prochaines semaines seront cruciales pour lui. « Le mercato de l’an dernier va me servir de leçon. Je veux rester dans une certaine logique. Certains coachs me connaissent déjà après mes trois saisons en L2 avec le Paris FC et Dunkerque. Le fait d’avoir rejoué avec le Paris 13 Atletico à un certain niveau peut les conforter dans l’idée que je suis toujours là et pas fini… Il y a déjà quelques discussions. On verra bien. Mais j’espère pouvoir être fixé rapidement pour ne pas connaitre encore ce que j’ai vécu l’an dernier. »
Comme à son habitude, il ne lâchera rien. « Quand je me retourne sur mon parcours, je suis assez content. Je suis parti de très loin mais j’ai réussi à faire ma carrière. Le foot, c’est un milieu spécial. Il y a des hauts et des bas. Il faut savoir profiter des bons moments et toujours se battre. Je ne regrette rien. Ce qui m’a toujours permis d’avancer, c’est mon caractère. Je suis solide dans ma tête et je me suis toujours accroché. »
Mario-Jason Kikonda, du tac au tac
Votre meilleur souvenir ?
Les montées avec Vannes. C’était exceptionnel. Après, mes meilleurs souvenirs sont aussi liés à des ambiances, des stades pleins. C’est ça qui rend le foot magnifique. J’ai bien aimé l’ambiance à Guy Piriou quand je jouais à Concarneau. En Ligue 2, je me souviens que lors de certains déplacements, à l’échauffement, il m’arrivait juste de regarder les tribunes et de sourire bêtement en voyant les gens chanter. Jouer à Bollaert par exemple, c’est quelque chose…
Votre pire souvenir ?
Pas de match en particulier. Mais forcément la situation que j’ai vécue lors des six premiers mois de cette saison. Quand tu es au chômage, ça fait quand même réfléchir.
Vos qualités et défauts ?
Ma qualité, c’est mon énorme mental. Dans ma tête, je suis solide. C’est ce qui m’a permis de surmonter ce que j’ai traversé lors de mon parcours qui n’a pas toujours été facile. Quant à mes défauts, ce n’est pas à moi de les juger.
Votre geste préféré ?
La passe cachée. Celle qui casse bien les lignes. Je trouve ça trop magnifique.
Votre plus beau but ?
Je ne marque pas beaucoup mais l’un est resté dans ma tête. C’était avec Vannes, le lendemain de mon 22e anniversaire, le 21 avril 2018. Si on gagnait, on était champion et on montait en N2. Je suis à 30 mètres Je reçois une passe en retrait de Franck Dufrennes . Je crochète un défenseur, puis je trébuche sur la balle. Mais j’arrive à me redresser et j’envoie une frappe de loin en lucarne. J’avais ouvert le score et on gagne 5-0 face à Dinan-Léon.
Votre geste défensif le plus mémorable ?
C’était lors d’un Lens – Paris FC à Bollaert le 28 septembre 2019. C’est mon 4e match avec le Paris FC. On n’est pas très bien classé. J’ai récupéré le ballon in-extremis face à un Lensois. Je tacle, je mets mon corps en opposition puis je récupère le ballon. Ça se finit en jeu long pour mon attaquant Romain Armand qui réduit le score. Mais on perd 2-1.
Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
A mon échelle à l’époque, c’est Franck Dufrennes à Vannes. C’était un ancien pro (Dunkerque, Raon, Colmar, PSG). Tout ce qu’il faisait sur le terrain, ça paraissait trop facile, il avait des gestes incroyables. Moi, j’étais jeune, je ne connaissais pas grand-chose au milieu du foot, il m’a tout expliqué.
L’entraîneur qui vous a marqué ?
Laurent Hervé à Vannes. Je l’ai eu en U19 puis en équipe première. Il a fait énormément pour moi.
L’entraîneur que vous ne voulez pas recroiser ?
Moi je suis quelqu’un de tranquille et pas prise de tête. J’ai toujours accepté ce que me disaient mes entraîneurs et respecté leur choix. Je n’ai jamais eu de souci avec eux.
Le président qui vous a marqué ?
Ceux que j’ai connu à Vannes et Concarneau. Ils ont toujours été là pour moi.
Vos amis dans le football ?
J’en ai énormément. J’ai gardé beaucoup de contacts avec mes anciens coéquipiers. Notamment ceux du Paris FC. On était une vraie famille.
Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Il y en a quelques-uns de très connus…
Mais par rapport à la Coupe du monde et à sa saison en Allemagne, je dirais Randal Kolo Muani. On vient tous les deux de la région parisienne et on avait même joué l’un contre l’autre en N2 lors d’un Vannes – Nantes.
Vos occupations en dehors de foot ?
Je suis quelqu’un de très casanier et posé. J’aime bien rester tranquillement à la maison pour me reposer.
J’aime bien les lendemain de match où il n’y a pas d’obligation. Priorité à la récupération ! Je regarde la TV, du foot mais pas seulement.
Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
J’aurais continué dans la branche de mes études, électricien. J’ai gardé quelques bases. Mais je ne suis pas apte pour faire un chantier.
La région parisienne, la Bretagne ou le Nord ?
Paris, c’est chez moi. Le Nord, Dunkerque, ça a été rapide, moins d’une saison. J’ai bien aimé la Bretagne. J’étais bien là-bas. Ils ont l’accueil dans le sang. Ils m’ont vraiment mis bien.
Texte : Laurent Pruneta
Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr
Twitter : @PrunetaLaurent et @13heuresfoot
Photos : Philippe Le Brech
L’ex-gardien de but professionnel (National, Ligue 2, Ligue 1) a bien géré son après-carrière. Reconverti dans la gestion de patrimoine, il est aussi arbitre central en National 2 ou 4e arbitre en Ligue 2 le week-end ! Entretien.
Riche, atypique, à son image. Voilà comment on peut résumer la carrière de Gaëtan Deneuve. Le gardien de but baigne depuis tout petit dans le football. Formé au Havre, il a connu 8 clubs, du Régional 3 à la Ligue 1 en passant par les deux championnats qu’il connaît le mieux : le National et la Ligue 2.
Freiné par les blessures, embêté par la concurrence à son poste si particulier, le natif de Harfleur (à côté du Havre), âgé de 38 ans, s’est toujours frayé un chemin pour atteindre ses objectifs et s’imposer dans la majorité des clubs où il est passé.
Le Normand s’est longuement confié sur sa grande passion pour le ballon rond, son parcours, sa reconversion professionnelle et… l’arbitrage, un autre volet qu’il a découvert après avoir raccroché les gants ! Du coup, c’est lui qui siffle le top départ de l’entretien !
Dans votre carrière, il y a ce passage singulier où vous quittez un club de Ligue 1 pour rejoindre Goderville en… Régional 3 ! Comment expliquer ce cheminement ?
Le cheminement est fou. Je fais mon année à Brest en Ligue 1 où je suis doublure. Le lendemain d’un match en fin de saison à Marseille, on fait un décrassage et je ressens une douleur au dos intense qui me pousse en dehors des terrains jusqu’à la saison suivante.
Pendant les vacances, Brest recrute un 2e et un 3e gardien alors que je suis toujours absent à cause de ma blessure. En revenant, je serai potentiellement 4e dans la hiérarchie. Brest estime que l’opération n’est pas nécessaire mais je souffre toujours. Je fais un gros programme de musculation, des infiltrations, on essaye tout, sans succès. Je demande alors au président de résilier. Je connaissais très bien le docteur du HAC qui avait vu mes IRM et disait qu’il fallait que je sois opéré.
Alors je retourne sur Le Havre, je me fais opérer à Paris et je reviens assez vite. Michel Courel était toujours l’entraîneur des gardiens du centre de formation, le président était également le même. Ils décident de m’accueillir pour que je puisse m’entraîner avec la réserve. On était en cours de saison, j’étais libre de tout contrat et je savais que je ne pourrais pas retrouver un club tout de suite. Je pouvais alors signer dans un club de Ligue (niveau « régional ») en sachant que le plus important était de pouvoir m’entraîner normalement avec la réserve tous les jours et jouer le week-end pour reprendre des repères, même si c’est à un plus bas niveau.
Alors je suis parti retrouver tous mes amis d’enfance qui jouaient à Goderville, près de Fécamp. J’ai retrouvé une vie normale, une vie d’adolescent que je n’avais jamais eu. J’ai décidé de signer avec eux en R3, en plus ils jouaient la montée ! Je suis passé de la Ligue 1 à la R3 ! J’étais un petit peu l’attraction du week-end. En tout cas, je regrette pas du tout. Je ne pense pas que beaucoup de joueurs l’auraient fait.
« J’aurais aimé être pro au Havre »
Vous auriez aimé jouer au Havre en pro, dans le club formateur ?
Oui j’aurais aimé être professionnel au Havre. Malheureusement, il n’y avait pas de place pour moi à l’époque : il y avait Douchez, Kaméni, Mandanda, c’était très compliqué.
Vous avez envisagé un retour ?
Le retour aurait pu être possible quand je m’entraînais avec la réserve du Havre et que je jouais à Goderville. En fin de saison, Christophe Revault, le directeur sportif (Revault est décédé en mai 2021 à l’âge de 49 ans, Ndlr) me propose de prendre une licence amateur pour jouer en réserve et l’encadrer. Au final, je signe à Fréjus en National mais s’il n’y avait pas eu cette proposition, je serais resté au Havre. En plus, derrière, il y a eu une hécatombe chez les gardiens, Brice Samba, Johnny Placide, ils sont tous partis d’un coup. Je suis persuadé que j’aurais pu « enquiller » avec les pros, mais ça on ne le saura jamais.
Un pré-contrat à Amiens mais pas de contrat !
Vous avez ensuite joué contre Le Havre, en Ligue 2, avec Châteauroux…
Châteauroux… où je ne devais pas venir ! J’avais signé un pré-contrat à Amiens (L2). C’était lors de ma dernière année à Cherbourg, en 2007, j’avais 21 ans, j’étais jeune et ça faisait déjà 3 ans que je jouais en National, donc j’étais scruté.
Je signe à Amiens et deux semaines après je me casse le scaphoïde lors d’un match à Cannes avec Cherbourg, en février (3-1). Amiens me dit de me soigner et de faire un bilan en fin d’année avec eux. Quand j’y vais pour signer mon contrat, ils me font une nouvelle radio et voient que le poignet est encore un peu fracturé. Ils commencent à « chipoter », à avoir peur pour le début de saison. Ils hésitent à prendre un autre gardien. Mon agent leur dit qu’on a d’autres clubs qui me veulent donc on ne va pas signer. Finalement, je pars 5 jours plus tard à Châteauroux (L2), où ils regardent la radio et décident de me faire confiance malgré le trait de fracture visible car je leur indique que je n’ai plus de douleurs.
Là, à Châteauroux, vous faites de belles saisons…
J’ai 3 ans de contrat, je fais les 3 ans. Des choses bonnes, d’autres moins. Parfois titulaire, parfois remplaçant. J’étais avec un gardien d’expérience, Vincent Fernandez, qui a joué au PSG. Ce n’était pas facile tous les jours car il fallait gagner sa place mais j’ai tout de même pris beaucoup de plaisir.
« Pour un gardien, c’est plus compliqué de changer de club »
Le marché des gardiens, c’est très particulier d’ailleurs…
C’est très compliqué. C’est pour ça qu’on voit beaucoup de gardiens qui restent longtemps dans des clubs. Par exemple, Anthony Lopes à Lyon pourrait jouer plus haut mais c’est compliqué de changer. Parfois, il vaut mieux ne pas prendre de risques et rester dans son club où on sait que l’on va jouer. Mandanda, quand il part de Marseille pour l’Angleterre, un an après il revient. Des gardiens français qui arrivent à s’imposer à l’étranger, mis à part Lloris ou Barthez, je n’en vois pas beaucoup.
Vous semblez être hyperactif, dynamique. C’est quelque chose qui rejaillissait sur le terrain ? Est-ce compatible avec le rôle de gardien ?
Les jours de match, j’étais plutôt posé et concentré. Par contre, la semaine, mon hyperactivité pouvait me faire dégoupiller. Je n’acceptais pas de perdre des jeux, de ne pas être bon de temps en temps, même à l’entraînement. Parfois, les fils pouvaient se toucher mais je me calmais vite. Je me suis aussi calmé avec l’âge. Jeune, j’ai tapé plusieurs fois dans les poteaux, ce qui m’a valu de me blesser d’ailleurs.
« Ma plus grande fierté c’est d’avoir fait carrière. »
Votre plus grande fierté de footballeur ?
C’est d’avoir fait carrière. Je n’étais pas prédestiné pour ça. Au centre de formation du Havre, j’étais un bon gardien mais pas un grand gardien, pas un gardien sûr de devenir professionnel. J’étais avec Mandanda, toujours derrière lui. Je n’ai jamais lâché, j’ai toujours travaillé très dur. Je suis assez fier de ça. Je suis parti jeune de chez moi, à l’âge de 10 ans. A 14 ans j’ai perdu mon papa, ça a été difficile. Il m’a toujours suivi parce qu’il adorait le foot. Je me suis alors juré de tout faire pour réussir quoi qu’il arrive.
A partir de ce jour-là j’ai bossé deux fois plus. Je restais deux fois plus sur le terrain, le soir je faisais de la musculation jusqu’à tard le soir. Ma fierté, c’est ça : avec mon petit niveau, d’avoir fait une carrière correcte où j’ai duré 14 ans. Ce n’est pas donné à tout le monde.
Et vous avez fait le choix d’arrêter votre carrière à la fin de ces 14 ans…
Oui j’ai décidé moi-même d’arrêter après ma dernière année à Bourg-en-Bresse (Ligue 2, saison 2017-18) pour plusieurs raisons. Déjà, physiquement, ça devenait compliqué. J’ai fait deux insertions du quadriceps et j’avais régulièrement des problèmes de dos. Aussi, je voulais prendre cette passerelle de l’arbitrage qui m’intriguait et qui était limitée à l’âge de 33 ans. Donc tout correspondait. Ma dernière année de Ligue 2, on est descendu. J’étais en fin de contrat. Je savais que ça serait compliqué de retrouver un club. Puis il y a aussi eu les enfants, j’en ai eu deux très rapprochés, on était fatigués avec ma femme. J’ai senti que c’était le moment d’arrêter. Je ne regrette absolument pas cette décision aujourd’hui. J’ai bien vécu l’arrêt de ma carrière qui est pourtant très difficile pour beaucoup.
Vous semblez satisfait de la façon dont les pièces se sont complétées, d’un point de vue professionnel et personnel.
Au niveau personnel oui. Je suis avec mon épouse depuis 20 ans, elle m’a toujours rendu heureux et c’est toujours le cas aujourd’hui. Elle m’a suivi partout et a été extraordinaire dans ma carrière. J’ai 3 beaux enfants, tout le monde est en bonne santé donc je suis le plus épanoui des papas.
Professionnellement, j’aurais aimé faire mieux car on peut toujours faire mieux. Ce match de National au Red Star, avec Fréjus, à la dernière journée, en mai 2013, pour l’accession en Ligue 2, j’aimerais le refaire 10 fois ! J’aurais aimé ne pas avoir autant de blessures, que mon corps me laisse tranquille, notamment à Bourg-en-Bresse lors de ma dernière année où ça été galère. Malheureusement, vous pouvez bien vous étirer, bien faire les choses, ne pas fumer, ne pas boire, ne pas faire n’importe quoi, vous avez quand même des blessures. Il y a plein de choses sur lesquels j’aimerais revenir en arrière pour que ça passe différemment mais c’est comme tout le monde. Par contre je n’ai pas de regret et je vis bien vis-à-vis de tout ça.
Sa reconversion : « J’avais déjà commencé à la préparer quand j’étais encore joueur. »
Cinq ans déjà que Gaëtan Deneuve a pris sa retraite de footballeur professionnel ! Pourtant, on peut toujours l’apercevoir sur les pelouses en Ligue 2 ou en National 2, chaque week-end. Le sifflet d’arbitre a remplacé les gants de gardien.
Sa détermination, son goût de l’effort et le plaisir sont intacts, voire renforcés.
« Je ne voulais pas être qu’un simple footballeur »
On parle souvent pour des sportifs professionnels de petite mort. D’autres rebondissent très vite. On cerne très vite de quel côté vous êtes. C’est quelque chose auquel vous aviez déjà réfléchi en amont, avant la fin de votre carrière de joueur alors ?
Oui car dès le départ de ma carrière professionnelle, je savais que chaque année qui passait pouvait être l’une des dernières. Je m’étais préparé et mon seul objectif, c’était de donner le maximum, de ne pas gaspiller l’argent gagné grâce au foot parce que je savais que ça allait être difficile quand ça allait s’arrêter.
Donc il y a cette première petite mort d’arrêt sportif, cette adrénaline que tu as tous les jours. Puis certains ont également la mort du financier. Quand les deux arrivent ensemble, tout vient s’emmêler : la dépression due à l’arrêt de la pratique du football et liée aux difficultés financières, au retour à une vie plus classique où il faut chercher du travail, les problèmes de famille, etc. En plus de cela, beaucoup de footballeurs ont l’impression de ne rien savoir faire en dehors du foot alors que ce n’est pas vrai. Ça devient alors très compliqué.
Donc aujourd’hui je suis content parce que j’ai construit mon après-carrière comme je le souhaitais et ça s’est passé comme je voulais. Mon train de vie n’a jamais changé, ma façon de vivre non plus. Ma femme, mes enfants sont toujours là. J’avais déjà commencé à préparer ça pendant ma carrière. Je savais ce que j’allais faire.
Surtout, j’ai toujours été ouvert à d’autres choses. Je ne voulais pas être qu’un simple footballeur et voulais m’intéresser à d’autres choses.
Justement venons-en à votre reconversion. Vous êtes gestionnaire de patrimoine. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Mon beau-frère est gestionnaire de patrimoine depuis 15 ans. J’étais son client au départ, il gérait mon patrimoine. Pendant ma carrière, j’ai trouvé dans un premier temps des joueurs qui étaient intéressés par cet aspect et je les ai dirigés vers lui. Puis je m’y suis intéressé de plus en plus. Je voulais toujours savoir ce qu’il faisait, pourquoi il le faisait. Alors je me suis formé sur le tas et suis devenu apporteur d’affaire. Je trouvais des clients pour lui. Il sentait que j’étais fait pour ça et voulait me former à l’issue de ma carrière. Quand je prends ma retraite, il décide de racheter tout son portefeuille et de créer son propre cabinet et donc de m’intégrer dans cette aventure. Aujourd’hui je suis commercial au sein de cette entreprise, j’ai 7 apporteurs qui travaillent pour moi. Le cabinet marche très bien. Aujourd’hui c’est mon boulot à plein temps, c’est quelque chose qui va m’amener jusqu’à la retraite j’espère.
« Grâce au foot, j’ai développé plein d’éléments pour mon après-carrière »
Votre carrière de joueur vous a aidé à vous propulser vers ce type de métier selon vous ?
Peut-être que j’aurais fait les études pour le réaliser. En tout cas, je suis sûr d’une chose : cette carrière de footballeur ouvre des portes sur autre chose. Par exemple, j’ai été gardien, un poste qui requiert des qualités de leader.
J’étais pendant très longtemps capitaine à Fréjus, j’étais un joueur de vestiaire, quelqu’un qui prend la parole. Cette carrière me permet alors de ne pas avoir de pression dans mon nouveau métier. Devant mes clients, il faut être très relâché, être sûr de ce qu’on dit. Être un leader, avoir du charisme, de la prestance, ce sont des éléments que j’ai développé grâce au football. Les études ne vont pas forcément vous amener à développer ces qualités-là.
Ça se concilie bien avec la fonction d’arbitre ?
Très bien même car je suis indépendant, j’ai ma propre société. Je gère mes journées comme bon me semble. J’essaye de toujours trouver mon petit créneau pour faire mon entraînement, mes rendez-vous et le match le week-end. Par contre, je ne suis pas beaucoup à la maison parce que j’ai des déplacements avec le travail et aussi avec la fonction d’arbitre car je peux arbitrer partout en France.
Ça diffère de la carrière de footballeur qui est très cadrée…
Les horaires, les matchs, les vacances, tout est cadré oui. Là c’est l’opposé.
« Je prends autant voire plus de plaisir à arbitrer qu’à jouer »
Et donc vous arbitrez principalement en National 2 ?
National 2 au centre et 4e arbitre de Ligue 2. Généralement, c’est un match par mois en Ligue 2 et 20 rencontres en centre s’il n’y a pas de blessures. Ça représente environ entre 28 et 30 matchs à l’année.
Vous avez l’ambition d’arbitrer encore plus haut ?
On a toujours l’ambition d’arbitrer plus haut. Après, c’est dur, car dans cette poule de F4 (Fédéral 4), on est 17 et un seul va monter, donc il faut vraiment sortir du lot. Il y a aussi des critères d’âge qui peuvent entrer en compte et c’est normal : les très bons jeunes ont plus de temps pour devenir les futurs internationaux. Quoi qu’il arrive, même si je reste à ce niveau-là un bon nombre d’années, je prends énormément plaisir. De nombreux arbitres aimeraient être à ma place parce que c’est déjà bien d’être à la Fédération et à ce niveau-là.
Comment êtes-vous arrivé vers cette vocation d’arbitre ?
Durant ma carrière j’étais capitaine donc j’avais des relations avec les arbitres, j’allais dans leur vestiaire pour signer les feuilles de match notamment. J’ai beaucoup discuté avec certains d’entre eux dont Bastien Dechépy qui est actuellement en Ligue 1. J’ai adoré son discours, les discussions avec lui; je demandais comment ça se passait puis au moment où j’ai voulu franchir cette passerelle, il y a eu Gaël Angoula qui l’a fait et qui est devenu arbitre après sa carrière de joueur pro (Bastia, Angers, Nîmes). Il m’a incité à le réaliser également. A partir du moment où j’ai donné mes premiers coups de sifflet, c’était parti et aujourd’hui je prends autant voire plus de plaisir que quand j’étais joueur. Je suis tout seul, je n’ai pas les contraintes des coéquipiers, les contraintes des horaires, des entraînements collectifs, etc.
Aux yeux du grand public, on voit une barrière entre l’arbitrage et les joueurs parfois. Vous qui avez été dans les deux camps, comment vous l’expliquez ? C’est un ressenti que vous avez aussi eu en tant que joueur ?
Il y a deux éléments. Certains joueurs se font toujours passer pour des victimes et disent qu’on ne peut pas parler aux arbitres, je le vois aujourd’hui. C’est complètement faux. Moi je peux parler avec n’importe quel joueur, je parle avec tout le monde. Avec d’autres joueurs tu peux parler librement et ils ont très bien compris que l’on peut discuter. Il n’y avait pas vraiment de barrière mais c’est vrai que ça a été compliqué. J’ai l’impression que c’est vraiment en train d’évoluer ces derniers temps depuis que la direction de l’arbitrage a changé.
On voit des choses qu’on ne voyait pas avant : les arbitres parlent au micro par exemple. Le grand public adore et on va vraiment dans le bon sens, vers de très bonnes choses.
Au final c’est plutôt une non-connaissance. Le fait que l’arbitre vienne s’expliquer, c’est hyper important. On a eu Gaël Angoula et Benoît Millot qui ont eu des micros récemment. Les gens ont vu comment les arbitres communiquaient et il n’y a que des retours positifs. Ça va aider l’arbitrage, notamment en France. J’espère que ça va continuer dans ce sens-là mais en tout cas j’ai l’impression que les nouvelles instances de l’arbitrage ont envie de ça.
Gaëtan Deneuve, du tac au tac
« Le jeu au pied chez les gardiens amène plus d’erreurs »
Meilleur souvenir sportif ?
Le quart-de-finale de Coupe de France avec Fréjus en 2016/2017. On était en N2 et on affronte Guingamp, club de Ligue 1. Je pense que c’est le meilleur souvenir parce je n’ai pas connu de montées, au contraire des descentes.
Pire souvenir sportif ?
C’est le dernier match de la saison 2012-2013 en National avec Fréjus, au Red Star. On joue la montée en Ligue 2, il nous faut un match nul mais on perd 2-1 alors qu’on mène 1-0 jusqu’à la 75e minute. On loupe la montée en Ligue 2 de peu. C’était le pire du pire.
Est-ce que vous avez déjà marqué un but ?
Je n’ai pas eu cette chance contrairement au gardien de Versailles Sébastien Renault qui a marqué il y a peu !
Un arrêt marquant ?
Des arrêts, il y en a pas mal dans une carrière. Je me souviens d’un en particulier avec Fréjus contre Rouen, face à Pape M’boup. Il fait une tête à bout portant et c’était vraiment un bel arrêt.
La plus belle boulette ?
J’ai fait une « Arconada » avec Cherbourg contre Louhans-Cuiseaux sur un coup franc de Licata. J’étais jeune mais je m’en souviendrai toujours. J’en ai fait une deuxième aussi à Montpellier en Ligue 2 avec Châteauroux où je sors en dehors de la surface, je veux dégager et je loupe le ballon. Camara, l’attaquant emblématique du MHSC va marquer dans le but vide. Je m’en souviens car elle m’a coûté ma place.
Ce type d’erreurs peut influencer le choix de l’entraîneur ?
C’est une grossière erreur, on perd le match 3-0, on est sur une mauvaise dynamique et donc le coach décide de changer, ça fait partie de la carrière.
Des cartons rouges en carrière ?
J’en ai pris un. Ça n’arriverait plus maintenant mais à l’époque il y avait la double peine, penalty et carton rouge. Je ne suis même pas certain de toucher le joueur. C’est le seul que j’ai pris. Ça ne pouvait être que dans le jeu car je ne parlais pas avec les arbitres ni avec les joueurs adverses, j’étais quelqu’un de très calme.
Si vous n’aviez pas été footballeur vous vous seriez orienté plutôt vers quelle voie ? Vers quel métier ?
J’aimais bien déjà à l’époque ce que je fais aujourd’hui, la finance. Quand j’étais tout petit je voulais être agriculteur parce que je suis issu d’une famille d’agriculteurs. Mes cousins, mes grands-parents, tout le monde était dans l’agriculture. Jusqu’à l’âge de 10 ans, j’allais à la ferme chez ma mamie et je voulais faire ce métier et après je suis passé à autre chose.
Vos qualités et défauts principaux sur le terrain ?
J’étais très bon sur ma ligne. J’avais un bon jeu au pied à une période où ce n’était pas la priorité. Pour le défaut, c’était dû à ma taille mais je ne rayonnais pas dans le domaine aérien. Je n’étais pas en grande difficulté mais ce n’était pas l’un de mes points forts.
Le jeu au pied prend en effet de plus en plus d’importance chez les gardiens…
Oui c’est indispensable, mais je trouve que c’est même devenu exagéré. On voit énormément de boulettes tous les week-ends parce que les gardiens cherchent à relancer d’une trop grande propreté, à prendre des risques énormes. Il faudrait faire une étude pour voir si ça amène plus de buts, plus de jeu vers l’avant. En tout cas, ça amène plus d’erreurs ça c’est certain.
Le club ou l’équipe dans laquelle vous avez pris le plus de plaisir ?
Fréjus l’année où on a failli monter. On fait une deuxième partie de saison extraordinaire avec une quinzaine de matchs sans défaite. On avait un groupe exceptionnel avec une belle alchimie. Ça été ma meilleure année avec en plus un coach (Michel Estevan) et un staff que j’adorais.
En plus d’Amiens, un autre club où vous avez failli signer ?
A Rouen l’année où on est proche de monter avec Fréjus et qu’eux finissent 5e. Ils avaient une très belle équipe. Le lendemain du match où l’on ne monte pas, Didier Ollé-Nicole, le coach du FCR m’appelle pour que je signe à Rouen en expliquant qu’une bonne équipe va être construite. Moi, ça pouvait m’intéresser Rouen, je connaissais la ferveur du club, je savais que le club pouvait monter donc je leur dis de me faire une proposition, ce qu’ils font. Fréjus me fait une très belle proposition derrière et j’ai préféré rester à Fréjus. Deux semaines après, Rouen dépose le bilan… J’ai le souvenir d’Isaac Koné qui jouait avec nous. Il signe à Rouen juste avant que le club ne dépose le bilan. En étant gardien, derrière, je me serais retrouvé en grosse difficulté pour retrouver un club.
Un coéquipier, un joueur avec lequel vous avez joué qui vous a marqué plus qu’un autre ?
J’ai eu la chance d’être au centre de formation du Havre déjà avec des Steve Mandanda, Lassana Diarra, Didier Digard, Florent Sinama-Pongolle… Une génération extraordinaire. Au niveau professionnel, Kevin Constant à Châteauroux avait des qualités énormes. A Brest, il y avait Bruno Grougi ou Nolan Roux qui marchait sur l’eau à l’époque. J’ai joué avec Henri Bedimo qui a explosé derrière.
Un joueur avec lequel vous vous entendiez particulièrement bien ?
J’en ai beaucoup. Mathieu Scarpelli par exemple que j’ai connu à Châteauroux où on arrive en même temps. On a joué ensemble à Fréjus aussi et on avait une relation particulière. Bruno Grougi, j’ai joué avec lui à Cherbourg et à Brest, Julien Outrebon à Cherbourg et à Fréjus. Et aussi Papiss Cissé à Cherbourg et à Châteauroux.
Un adversaire que vous avez rencontré sur le terrain qui vous a le plus impressionné ?
J’ai le souvenir de Valbuena à Libourne où je me suis dit « C’est quoi ce joueur ? » Il était très fort.
Une équipe injouable ?
Metz, une année en National. Le Havre aussi la dernière année où ils sont montés en Ligue 1, avec Guillaume Hoarau, ils étaient injouables. En National, c’était le cas de Créteil avec Jean-Michel Lesage et un milieu de terrain très fort composé de deux sénégalais, Ibrahima Seck et Cheick Ndoye.
Un coach marquant ?
Celui avec qui j’ai eu le plus d’affinités et que je ne remercierai jamais assez, c’est Michel Estevan à Fréjus. C’est lui qui m’a fait venir puis m’a fait confiance dès le départ. Je pense lui avoir bien rendu. C’était comme un père. On avait une relation fusionnelle. Hervé Renard aussi m’a marqué à Cherbourg. J’étais jeune et il m’a beaucoup appris, notamment mentalement. J’ai adoré Jean-Pierre Papin que j’ai eu 6 mois à Châteauroux. Il a quand même été ballon d’or mais est d’une simplicité et d’une humilité remarquable. J’aurais aimé travailler plus longtemps avec lui. Globalement, j’ai toujours eu de bonnes relations avec les coachs. Même ma dernière année à Bourg-en-Bresse où malheureusement on descend, j’avais une très bonne relation avec Hervé Della Maggiore qui est quelqu’un de très bien aussi.
Pour vous, il doit y avoir aussi la proximité avec l’entraîneur des gardiens, non ?
Oui, vous êtes très proche d’eux. J’en retiens deux qui étaient comme des pères pour moi : mon entraîneur des gardiens au centre de formation du Havre, Michel Courel, qui a sorti énormément de gardiens. C’est le premier, c’est lui qui m’a formé. Le deuxième, qui m’a permis d’aller au niveau professionnel, c’est Ludovic Poutrel. Je l’ai eu à Cherbourg et j’ai réussi à le faire venir à Châteauroux ensuite. Je les ai encore très régulièrement au téléphone. Ils m’ont fait évoluer en tant qu’homme et en tant que gardien.
Des dirigeants marquants ?
Les deux présidents de Fréjus-/Saint-Raphaël : Alexandre Barbero et Marcel Sabbah. Ils m’ont fait confiance aussi et étaient prêts à tout pour que l’on soit dans de bonnes conditions. C’est mon plus gros regret, ne pas être monté pour donner à ces deux présidents-là cette satisfaction. On était à 15 minutes de le faire. Je n’imagine pas la folie que ça aurait pu être car Alexandre Barbero c’est un président fou !
Une causerie d’un entraîneur ?
Je n’en ai pas une en particulier mais toutes celles du coach Estevan étaient fortes. Chaque causerie, je sortais et j’avais la chair de poule. C’était toujours différent mais à chaque fois il arrivait à transmettre quelque chose. C’est ce qui a fait sa force. C’est pour ça qu’il a eu autant de résultats. On ne se rend pas compte mais il a fait énormément de montées et c’était grâce à ça. Hervé Renard savait aussi bien le faire.
Une consigne que vous n’avez jamais comprise ?
J’ai le souvenir d’une causerie où on joue contre Créteil l’année où ils sont injouables. L’entraîneur Estevan me dit « le premier ballon tu le mets précisément sur Ndoye ». Il dit aussi à un de mes coéquipiers d’arriver très fort sur ce ballon pour gêner le joueur et ajoute « Après vous n’allez pas le voir du match ». On met en place cette action et ça fonctionne : Ndoye, on ne le voit plus du match !Ce match on le gagne 1-0 contre Créteil, leader invaincu depuis longtemps. Faut être fou pour penser à ça mais ce fut gagnant. C’était fort.
Une anecdote secrète ?
On joue un match important pour la montée à 4 journées de la fin contre Carquefou. On avait un joueur qui s’appelait « Charlie » Cirilli. Il a fait une belle carrière, c’était un soldat de Michel Estevan. Il me parle du meilleur joueur adverse, Florian Martin, en disant qu’il faut faire quelque chose sur lui. Avant de rentrer dans le tunnel, il prend toutes les pommades qui existent et me dit que leur pièce maîtresse, Martin, on ne va pas le voir de toute la rencontre. Il étale les crèmes sur le visage et les yeux de Florian Martin juste avant de rentrer sur le terrain. Je n’avais jamais vu ça. Au final, son influence sur le jeu est bien moins élevée qu’à l’accoutumée. Ça ne nous empêche pas de faire match nul en se faisant égaliser à la 96e minute.
Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Steve Mandanda.
Des tocs de gardien ?
Si je ne prenais pas de but le match d’avant, j’aimais bien remettre le même maillot, les mêmes gants, mais rien de plus.
C’est très important de garder sa cage inviolée pour un gardien ?
C’est le sentiment du devoir accompli. A partir du moment où vous n’avez pas pris de but, vous avez été bon et vous n’avez pas perdu. Je suis rarement sorti fâché d’un match où je n’ai pas pris de but. A l’inverse, quand j’en prenais, c’était rare que je passe un bon week-end.
Et vous comptiez les séries ?
Bien sûr, même si je n’ai jamais fait de séries fantastiques.
Des passions en dehors du football ?
Il y a d’abord mes 3 enfants qui occupent une grande partie de mon temps. Ensuite, j’aime bien la pêche. J’aime bien le poker aussi : j’y ai beaucoup joué à une époque quand j’avais du temps libre avec le foot. Après j’aime tous les sports; j’en pratique régulièrement.
Votre profil de gardien en un mot ?
Simple. Simple et efficace.
Un modèle de gardien ?
Gregory Coupet. Je me suis énormément inspiré de lui quand j’étais jeune. C’était vraiment le gardien le plus fort et le plus complet selon moi.
Un match en particulier ?
J’ai le souvenir d’un match sans enjeu mais qui m’a marqué car on gagnait 3-1 à la 90e et on a perdu 4-3. Sinon le 8e de finale contre Auxerre avec Fréjus. Il ne pouvait rien m’arriver ce jour-là, j’ai dû faire 7 ou 8 arrêts. Ça faisait partie des très bons soirs.
Qui va monter en Ligue 2 ? Qui terminera 13e et 14e et accompagnera Saint-Brieuc, Le Puy, Paris 13 Atletico et Borgo en National 2 ? Les calculs sont d’une immense complexité tant les scénarios sont nombreux ! On s’est « amusé » à les faire. Et voilà ce que ça donne !
Non mais quelle soirée ! Martigues, leader du championnat avant cette 33e journée de championnat National qui s’incline 3 à 0 chez la lanterne rouge, Borgo, et voilà que tout est chamboulé en haut de tableau ! Les Provençaux perdent trois places au classement (4e, devancés au gaol-average direct par le Red Star, 3e) et peut-être beaucoup plus que cela. Même en cas de succès lors de la dernière journée face à Versailles, ils ne seront pas du tout certains de monter, car ils dépendront des résultats des trois équipes qui les devancent : Concarneau, leader dans la douleur après son succès arraché dans le temps additionnel contre Bourg (3-2), Dunkerque, 2e après son succès 3-1 face à Orléans et le Red Star donc, lui aussi victorieux dans les derniers instants à Châteauroux (1-0). Non mais quelle soirée ! On a du mal à s’en remettre ! Qui seront les deux clubs à accéder en Ligue 2 ? Dunkerque et Concarneau ont les clés. On vous explique tout un peu plus loin.
Saint-Brieuc est officiellement relégué en National 2
En bas de tableau, c’est terminé pour Saint-Brieuc (15e) qui, malgré son succès face à Sedan, ne peut plus accrocher la 12e place, synonyme de maintien. Le calcul est un peu complexe : en effet, si lors de la dernière journée, Saint-Brieuc s’impose au Red Star, et dans le même temps Châteauroux s’incline à Paris 13 Atlético, alors les Briochins ne pourront pas dépasser deux équipes de plus (Bourg et Nancy) sachant que Bourg et Nancy s’affrontent; en cas de match nul entre Bourg et Nancy, trois équipes aurait alors dans ce cas de figure 41 points : Châteauroux (12e et sauvé au goal-average particulier avec Saint-Brieuc et Nancy), Saint-Brieuc (13e et relégué) et Nancy (14e et relégué); Bourg serait 15e avec 39 points. Enfin, si Saint-Brieuc s’impose au Red Star et que Châteauroux s’incline à Paris 13, même une victoire de Bourg face à Nancy ne permettrait pas aux Briochins de se maintenir. Cela donnerait: 12 : Bourg (42 et maintien); 13. Saint-Brieuc (41 et relégué); 14. Châteauroux (41 et relégué); 15. Nancy (40 et relégué).
A une journée de la fin, l’on connaît donc quatre relégués sur six (Borgo, Paris 13 Atlético, Le Puy et Saint-Brieuc). Qui seront les deux derniers relégués ? Tenez-vous bien, six équipes sont encore concernées par la descente !! Car même Le Mans (10e) et Villefranche (9e), selon les scénarios, peuvent encore descendre. Pour eux, néanmoins, il faudrait vraiment des concours de circonstances incroyablement défavorables. Mais avec ce championnat National, on ne sait jamais !
ACCESSION EN LIGUE 2
Classement actuel
1 Concarneau 59 points
2 Dunkerque 59 points
3 Red Star 57 points
4 Martigues 57 points
(en cas d’égalité entre deux équipes, ce n’est pas la différence de buts qui les départage mais le goal average direct, c’est à dire les confrontations directes. Idem si trois équipes ou quatre équipes sont ex aequo).
Concarneau
– Accède en Ligue 2 en cas de succès à Orléans.
– Accède en Ligue 2 si nul ou défaite à Orléans et dans le même temps Red Star et Martigues ne gagnent pas.
– Accède en Ligue 2 si nul à Orléans, Red Star et Martigues s’imposent et Dunkerque fait match nul au Mans : dans ce cas, cela ferait 4 équipes ex aequo à la première place. Là, Martigues serait 1er (11 points), tandis que Concarneau et Red Star auraient le même nombre de points (8), et donc, la différence de buts particulière viendrait les départager dans un mini-championnat à 4 : pas de suspense, Concarneau avec +1 (différence de buts contre les 3 autres concurrents) devance le Red Star (0).
Dunkerque
– Accède en Ligue 2 en cas de succès au Mans.
– Accède en Ligue 2 si nul ou défaite au Mans et dans le même temps Red Star et Martigues ne gagnent pas.
– Accède en Ligue 2 si nul au Mans, Concarneau s’incline à Orléans, Red Star et Martigues ne gagnent pas.
– Accède en Ligue 2 si nul au Mans, Concarneau fait nul à Orléans, Martigues s’incline contre Versailles et le Red Star gagne contre Saint-Brieuc : dans ce cas, Dunkerque, Concarneau et le Red Star auraient chacun 60 points mais au goal-average direct, le Red Star serait 3e. A noter que si Martigues est ex aequo avec Dunkerque et Concarneau avec 60 points (dans le cas où Dunkerque et Concarneau feraient nul, Martigues s’imposerait et le Red Star s’inclinerait), cette fois, Dunkerque serait 3e au goal average direct et ne monterait pas.
Red Star
– Accède en Ligue 2 en cas de succès contre Saint-Brieuc, et au moins l’une des deux équipes de tête s’incline (ou les deux bien entendu).
– Accède en Ligue 2 en cas de succès contre Saint-Brieuc, Martigues ne s’impose pas contre Versailles, et Concarneau s’incline à Orléans.
– Accède en Ligue 2 en cas de succès contre Saint-Brieuc, Martigues s’impose contre Versailles, Concarneau et Dunkerque s’inclinent.
NB : si le Red Star s’impose contre Saint-Brieuc, si Martigues s’impose contre Versailles,si Concarneau fait match nul et si Dunkerque s’incline : dans ce cas, Red Star, Concarneau et Martigues auraient le même nombre de points en tête et il faudrait donc les départager avec la différence de buts particulières (0 pour Martigues, -1 pour le Red Star et +1 pour Concarneau). Concarneau monterait dans ce cas-là.
Martigues
– Accède en Ligue 2 en cas de succès contre Versailles, le Red Star ne gagne pas, Concarneau et Dunkerque ne font pas mieux qu’un nul. Si Martigues gagne et se retrouve ex aequo avec Dunkerque et Concarneau, ou ex aequo avec l’un ou l’autre, Martigues est toujours devant au goal average direct.
Le goal average direct
Red Star – Dunkerque 4-2 et Dunkerque – Red Star 1-0
Red Star – Martigues 2-2 et Martigues – Red Star 0-2
Concarneau – Red Star 0-0 et Red Star – Concarneau 1-4
Martigues – Concarneau 2-0 et Concarneau – Martigues 0-0
Dunkerque – Concarneau 0-1 et Concarneau – Dunkerque 0-1
Dunkerque – Martigues 0-1 et Martigues – Dunkerque 1-0
En cas d’égalité entre 4 équipes :
1. Martigues 11 points; 2. Concarneau 8; 3. Red Star 8 et 4. Dunkerque 6 points / Différence de buts : Martigues (+2) , Concarneau (+1), Red Star (0), Dunkerque (-2)
– Martigues – Concarneau – Red Star : Red Star 5, Martigues 5 et Concarneau 5 (tous les 3 à égalité donc goal average direct – buts marqués et buts encaissés enbtre ces trois équipes – ensuite pour départager : c’est Concarneau +1, Martigues 0 et Red Star -1).
– Concarneau – Dunkerque – Red Star : Concarneau 7; Dunkerque 6 et Red Star 4.
– Martigues – Dunkerque – Red Star : Red Star 7, Martigues 7 et Dunkerque 3.
34e et dernière journée (vendredi 26 mai 2023)
FC Martigues – Versailles
Orléans – US Concarneau
Le Mans – USL Dunkerque
Red Star FC – Saint-Brieuc
MAINTIEN ET DESCENTE EN NATIONAL 2
Classement après la J33 (les 13e et 14e descendent en N2).
En cas d’égalité entre deux équipes, ce n’est pas la différence de buts qui les départage mais le gaol average direct, c’est à dire les confrontations directes. Idem si trois équipes ou quatre équipes sont ex aequo.
FBBP 01 (14e, 39 points)
– Maintien si victoire contre Nancy et Châteauroux ne gagne pas à Paris 13 Atletico.
– Descente si nul ou défaite face à Nancy.
Nancy (13e, 40 points)
– Maintien si victoire à Bourg et Châteauroux ne gagne pas à Paris 13 Atletico.
– Maintien si nul à Bourg, Châteauroux s’incline à Paris 13 Atletico et Saint-Brieuc s’impose au Red Star.
– Descente si nul ou défaite à Bourg
Châteauroux (12e, 41 points)
– Maintien en cas de succès à Paris 13 Atlético
– Maintien en cas de nul à Paris 13 Atlético, à condition que Bourg ne gagne pas contre Nancy, car si Bourg s’impose dans le même temps, les deux équipes auront 42 points chacune, et comme le goal-average direct ne permet pas de les séparer (Châteauroux – Bourg 0-2 et Bourg – Châteauroux 0-2), c ‘est la différence de buts qui primera, et là, Bourg est devant (-4 contre -6 pour Châteauroux)
– Maintien en cas de défaite à Paris 13 Atletico et dans le même temps Saint-Brieuc s’impose au Red Star et Nancy et Bourg font match nul; ce qui donnerait 15. Bourg 39 pts; 14. Nancy 41 pts; 13. Saint-Brieuc 41 pts et 12. Châteauroux 41 pts (en cas d’égalité entre Nancy, Saint-Brieuc et Châteauroux, c’est Châteauroux qui serait en tête avec 7 points, devant Saint-Brieuc 6 et Nancy 4).
– Descente si nul ou défaite à Paris 13 Atletico et dans le même temps Bourg bat Nancy
– Descente si nul ou défaite à Paris 13 Atletico et dans le même temps Nancy s’impose à Bourg
– Descente si défaite à Paris 13 Atlético et dans le même temps Bourg bat Nancy ou Nancy bat Bourg.
Avranches (11e, 42 points)
– Maintien si nul (ou victoire) contre Cholet
– Descente si défaite contre Cholet, Nancy s’impose à Bourg et Châteauroux ne perd pas à Paris 13 Atletico.
– Descente si défaite contre Cholet, Bourg s’impose à Nancy et Châteauroux ne perd pas à Paris 13 Atletico.
(En cas d’égalité entre Bourg, Châteauroux et Avranches, le classement serait le suivant : 1. Bourg 9 points (-4); 2. Châteauroux 9 points (-6) et 3. Avranches 0 point).
Le Mans (10e, 43 points)
– Descente si défaite contre Dunkerque et dans le même temps Nancy s’impose à Bourg, Avranches s’impose ou fait match nul contre Cholet et Châteauroux s’impose à Paris 13 Atletico. En effet, au classement, cela donnerait : 13. Le Mans 43 (descente), 12. Nancy (43 points mais meilleur goal average direct sur Le Mans avec 2 victoires à l’aller et au retour) et 11. Avranches (45 points en cas de succès contre Cholet ou 43 points en cas de nul contre Cholet). Au goal-average entre Avranches et Le Mans, Avranches est devant (victoire 4-0 à Avranches, défaite 3 à 0 au Mans). Au goal-average entre Nancy et Le Mans, Nancy est devant avec deux succès (2-0 à Picot et 0-1 au retour). Au goal average avec Villefranche, Le Mans est, là encore, derrière : 1-0 pour Villefranche à Chouffet et 1-1 au retour. Dans une égalité à 4 ou à 3 à 43 points, Le Mans serait 4e ou 3e. Et descendrait (dans le cas où, bien sûr, Châteauroux, 41 points, s’impose, car les Berrichons ne peuvent pas avoir terminer avec 43 points).
– Maintien si victoire ou nul contre Dunkerque.
Villefranche (9e, 43 points)
– Descente si défaite à Sedan et : Le Mans, Châteauroux et Nancy s’imposent, Avranches fait match nul. En effet, dans ce cas précis, trois équipes auraient le même nombre de points, Nancy, Avranches et Villefranche (43). Un mini-championnat viendrait alors les départager et là, Avranches devancerait Nancy (6) et Villefranche (4). Villefranche se retrouverait donc 13e et relégable.
34e et dernière journée (vendredi 26 mai 2023)
FBBP 01 – Nancy
Le Mans – Dunkerque
Red Star – Saint-Brieuc
Paris 13 Atletico – Châteauroux
Avranches – Cholet
Texte : Anthony BOYER / Mails : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot.fr et @BOYERANTHONY06
Photo : US Concarneau
Après des débuts prometteurs au Paris FC, l’attaquant américano-ivoirien de 21 ans, qui n’avait joué qu’au Futsal à Dallas avant son arrivée en France en 2016, a connu plusieurs désillusions. Si son club des Lusitanos Saint-Maur est relégable, il s’est bien relancé et regarde toujours vers le haut. Et espère retrouver le niveau pro.
Installé dans un café du XVe arrondissement de Paris, Patrick Koffi affiche un regard qui trahit sa grande détermination. A 21 ans, l’attaquant Américano-Ivoirien a déjà connu beaucoup de péripéties dans sa jeune carrière qui avait pourtant commencé très fort.
Alors qu’il n’avait jamais joué au foot à onze avant son arrivée en France en 2016 en provenance de Dallas (Texas), il n’a eu besoin que de 3 ans pour débuter en Ligue 2 et décrocher un contrat professionnel au Paris FC.
Mais la suite a été très compliquée pour lui avec un carton rouge en L2, un prêt très vite cassé à Créteil (National) et des soucis administratifs. A sa place, beaucoup de joueurs auraient stoppé leur carrière ou sombré. « Mais je n’ai pas fait tout ça pour abandonner ou rentrer aux Etats-Unis », lance-t-il.
Cette saison, il s’est relancé aux Lusitanos Saint-Maur (National 2) où il a inscrit 7 buts dont 5 lors des dernières semaines. Mais son club, 12e du groupe B avant d’affronter Furiani (le 27 mai) et Epinal (3 juin), est fortement menacé de relégation.
C’est un joueur revanchard, toujours décidé à jouer plus haut, beaucoup plus professionnel dans son travail quotidien, qui a longuement raconté son parcours étonnant pour 13HeuresFoot.
De Dallas au Paris FC
Au FC Dallas, Patrick Koffi, dont le père est ivoirien et la mère américaine, ne jouait qu’au Futsal. « J’y ai développé ma technique, mon jeu dans les petites espaces. Mais pour moi, il y avait davantage d’avenir dans le foot à 11 ».
Grâce à ses performances en Futsal, il est remarqué par des clubs anglais. « Avec ma famille, on a tous déménagé en Angleterre. Pour moi, pour que je réussisse dans le foot, mes parents ont fait des sacrifices en quittant Dallas. »
L’aventure anglaise ne se passe pourtant pas comme prévu. « J’ai effectué des essais, ça c’était plutôt bien passé sur le terrain mais j’ai eu des soucis de papiers. On est donc tous repartis, cette fois pour la France. »
La famille Koffi s’installe à Ablon, dans le Val-de-Marne. Patrick, âgé de 15 ans, qui ne parle pas français, s’inscrit pour des cours en ligne. « J’ai appris la langue et j’ai pu aller jusqu’au bac ». Niveau foot, son père lui trouve une détection au Paris FC. « J’ai effectué un ou deux jours d’essai et j’ai été pris. J’ai fini la saison avec les U17 mais je ne pouvais pas jouer en match à cause de ma licence. »
Premier match en pro à Troyes
Lors de sa première saison complète avec le Paris FC en 2018-2019, il inscrit 10 buts en U19 Nationaux. Le 25 mai 2019, il effectue son premier match avec la réserve (National 3) et marque un doublé face au Racing (2-2). Au sein du club parisien, on parle de plus en plus de cet attaquant américain, travailleur, aux grosses qualités de finisseur. Ses performances, 7 buts en N3 et 7 aussi avec les U19, lui permettent d’être appelé aux entrainements dans le groupe Ligue 2 par René Girard lors de son arrivée en janvier 2020. Le Paris FC est alors relégable, ce qui n’est pas une période propice pour lancer un jeune de 18 ans. D’autant que Girard possède un effectif plutôt pléthorique. Koffi n’est donc pas là pour faire le nombre mais ses entraîneurs croient vraiment en lui.
Après deux matchs sur le banc (Clermont, Lens), René Girard le lance en L2 en le faisant rentrer lors des dernières minutes de Troyes – Paris FC (1-1) le 6 mars 2020. « Le club n’était pas bien classé (alors 17e), ce n’était pas les conditions idéales, il y avait de la pression car on avait besoin de points. Au départ, j’étais un peu nerveux. Mais après, je me suis bien senti sur le terrain. »
Après ce match, la saison s’arrête à cause de la Covid : « ça m’a coupé dans mon élan. Je n’ai pas pu enchaîner », regrette-t-il. Mais il va très vite être récompensé par un contrat pro de 3 ans qu’il signe à la fin du confinement. « J’étais heureux. Mon premier objectif était atteint. Ce contrat était aussi une récompense pour ma famille et moi, du long chemin qui nous a mené de Dallas au Paris FC. Je n’ai mis que 3 ans pour y arriver, c’est vraiment parti très vite. »
Une occasion manquée et un carton rouge contre Chambly en L2
Patrick Koffi va pourtant rapidement déchanter. René Girard continue de l’utiliser lors de la préparation de la saison 2020-2021 aux côtés des autres attaquants de l’équipe, Gaëtan Laura, Morgan Guilavogui ou Julien Lopez.
Lors de la première journée de L2, le 22 août 2020, le Paris FC se déplace à Chambly où il déroule (3-0). Ce match a certainement constitué un tournant dans la jeune carrière, alors ascensionnelle, du natif de Dallas. Rentré à la 71e minute, il rate un grosse occasion avant de prendre un carton rouge pour un excès d’engagement. « Le but n’était pas immanquable, il y avait le gardien, c’était un peu difficile quand même (sic). Pour mon rouge, j’ai mis trop d’intensité, j’y suis allé trop à fond. C’est dommage, car je faisais une bonne entrée. Après, je sais que j’ai raté une belle opportunité de marquer mon premier en L2. Pour un avant-centre, ça fait mal. Mais je ne me fais pas expulser car j’étais frustré d’avoir raté. Ce n’est pas ça du tout. »
Après sa suspension, il n’a plus été appelé par René Girard pendant plusieurs semaines. « On ne saura jamais ce qui ce serait passé si j’avais marqué contre Chambly. Mais dans la vie, on ne peut pas retourner dans le passé. Je ne vais pas ressasser ça tout le temps. Il faut avancer. »
Départ en prêt à Créteil en National
S’il se refait une petite santé avec la réserve (3 buts en 3 matchs), les championnats amateurs s’arrêtent en octobre. Son retour avec la L2 s’effectue dans des conditions particulières. Alors que le Paris FC caracole en tête de la L2 (7 points d’avance), il est mené 0-3 par Auxerre le 22 novembre 2020. René Girard le fait rentrer après la pause. « C’était un match compliqué. J’aurais pu faire mieux. Mais je manquais un peu de confiance. »
Après cette entrée, il n’effectuera plus aucune apparition en L2. « Le club jouait la montée, j’étais jeune et je savais que les places étaient chères et que ce ne serait pas facile. Mais j’ai continué à donner le maximum à l’entraînement. Nicolas Girard (entraîneur adjoint et fils de René Girard) avait toujours un discours positif avec moi. Il me remotivait. Il me disait d’être patient »
Sans championnat, il doit se contenter de matchs amicaux avec la réserve : « ça ne remplaçait pas la compétition mais ça m’a permis de garder le rythme. J’ai marqué 9 buts en 12 matchs. »
En juin 2021, le Paris FC décide de la prêter à Créteil avec son accord. « C’était une bonne option, un bon club de National, Parisien et près de chez moi », reconnaît-il.
Mais son prêt va se transformer en cauchemar. Lors d’un match de préparation en juillet 2021, Créteil affronte justement le Paris FC au centre d’entrainement d’Orly. En échangeant avec l’entraîneur Manu Da Costa, on évoque Patrick Koffi. « Il est comment depuis qu’il est là ? »« Il a eu des retards à l’entraînement », nous répond Da Costa.
Casier vidé à Créteil, problèmes de papiers
L’aventure de Koffi à Créteil était déjà mal partie au départ. « Je ne vais pas mentir, oui cela m’est arrivé d’être en retard, reconnaît Koffi. Mais comme ça peut arriver à tout le monde. J’assume ça. C’était normal que je paye une amende ou que je sois sanctionné. Mais après, certains ont colporté des choses fausses sur moi. Ca, c’est plus dur à accepter. Mais si ça n’a pas fonctionné à Créteil, ce n’est pas que de ma faute. Je pense que les torts sont partagés. C’est une relation qui n’a pas marché. »
Sur le terrain, il n’effectue que trois petites apparitions, rentrant 5, 20 puis 15 minutes lors des cinq premiers matchs de la saison. A partir du 3 septembre, il ne sera plus jamais appelé dans le groupe. Il effectue deux matchs avec la réserve (N3) puis les choses se gâtent. Un matin, il retrouve son casier vidé dans les vestiaires. Il est exclu du groupe National. « La méthode a été très violente, je n’ai pas trop compris. Je n’ai pas eu d’explication, non plus. Je n’avais plus rien et plus le droit de m’entraîner avec le groupe National. »
Avec l’accord du Paris FC, son entourage et lui décident de casser son prêt à Créteil et de rentrer dans son club au mois de décembre. Malgré son statut de joueur professionnel, il ne rejoint pas le groupe de Thierry Laurey en L2. C’est avec la réserve du Paris FC (N3) qu’il s’entraîne tous les matins. « C’était le choix du club », soupire-t-il. Une situation compliquée à vivre.
Mais le pire reste à venir. Des soucis administratifs avec sa carte de séjour vont l’empêcher de jouer pendant plusieurs mois. « J’avais des clubs au mercato de janvier mais j’étais bloqué à cause de mes papiers. »
Il doit attendre le 30 avril 2022 pour enfin disputer son premier match avec la réserve du Paris FC à Linas-Montlhéry (3-3). Il dispute 5 matchs au total en N3, et marque 4 buts. « Ca a été une période difficile entre Créteil et mes problèmes administratifs. Mais j’ai essayé de rester confiant. J’ai vécu une saison presque blanche mais heureusement que j’ai pu un peu jouer à la fin. »
« Aux Lusitanos, j’ai retrouvé le plaisir ! »
A la reprise, Patrick Koffi, qui a encore un an de contrat professionnel avec le Paris FC, n’est pourtant toujours pas convoqué avec la L2. Pendant plusieurs semaines, il s’entraîne à part, en compagnie d’un autre indésirable (Saïd Arab) ou avec la réserve. La séparation devient inéluctable. Son contrat est résilié au mois d’août. « On a trouvé un accord, explique-t-il. C’était la meilleure solution pour tout le monde. Je comprends la position du Paris FC. Ils veulent monter en L1 donc ils doivent assurer avec des joueurs confirmés. Moi, je voulais du temps de jeu. Mais il faut être lucide : je n’ai jamais confirmé chez les pros. J’avais besoin de faire une saison complète et prouver à un niveau inférieur. Je n’en veux pas du tout au Paris FC. C’est le club qui m’a formé et qui m’a tout appris alors que je n’avais jamais joué au foot à 11 avant d’arriver à Paris. J’ai essayé de toujours tout donner. C’est dans ma mentalité. Les gens qui me connaissent savent que je suis un mec travailleur qui bosse tout le temps.»
Aux Lusitanos Saint-Maur, en National 2, il a trouvé un environnement familial, idéal pour rebondir. « J’avais d’autres contacts mais je savais que je serais bien aux Lusitanos. Le souci, c’est que je n’ai pas pu faire la préparation avec l’équipe et ma licence est arrivée tard. »
Avec 7 buts et 2 passes décisives jusqu’à présent, son bilan est positif sur le plan personnel. « J’ai réussi à marquer des buts. Je ne suis pas déçu de ma saison. Elle m’a forgé encore plus. Je pense avoir progressé, notamment au niveau de ma participation au jeu. Au quotidien, je fais désormais plus attention, comme sur la récupération ou la nutrition. Aux Lusitanos, j’ai retrouvé le plaisir. Ça fait du bien. » » Seul bémol, la situation de son club, relégable dans le groupe B de N2. « On a deux matchs pour forcer notre destin, il faut y croire ».
« Je reviens de loin »
Patrick Koffi espère, lui, retrouver le monde pro. « Je suis descendu aussi vite que j’étais monté. Donc je vais prendre mon temps. Je reviens de loin. Ma famille a fait beaucoup de sacrifices. Je dois tout à mes parents. J’ai envie de leur rendre la pareille. Ce n’est jamais facile de quitter son pays et d’arriver dans un endroit où on ne connait personne et où on ne parle pas la langue. Ils ont sacrifié beaucoup de choses pour que je puisse vivre mon rêve et réussir. Bien sûr que ça fait mal de ne plus avoir de contrat pro. Tout paraissait simple pour moi au début au Paris FC, mais peut-être que j’avais besoin de passer par cette étape. Ça m’a donné plus de caractère. Je vais me donner les moyens d’y arriver. La solution de facilité aurait été que je rentre aux Etats-Unis et que je retourne dans un certain confort. Mais je n’ai pas fait tout ça, pour abandonner. C’est impossible… Je veux porter haut le nom de Koffi, pour ma famille et moi. Ce n’est pas la fin de mon histoire. Elle reste à écrire. »
PATRICK KOFFI DU TAC AU TAC
Votre meilleur souvenir ?
Mon premier match en pro, Troyes – Paris FC en L2, le 6 mars 2020. J’avais remplacé Romain Armand à la 84e minute.
Votre pire souvenir ?
Mon carton rouge à Chambly lors de la première journée de L2 de la saison 2020-2021.
Le geste technique préféré ?
Le double contact et le passement de jambes.
Une manie, une superstition ?
J’essaye de rentrer le dernier sur le terrain. Puis je rentre avec mon pied droit en premier.
Qualités et défauts sur un terrain ?
Ma qualité c’est de marquer des buts. Mais je dois travailler ma défense en un contre un.
Votre plus beau but ?
C’est tout récent, contre Bobigny le 24 avril (4-1). Un but de la tête en coupant le coup-franc d’Abel Rodrigues.
Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Jérémy Menez au Paris FC. Il a une facilité technique vraiment étonnante. A côté du foot, c’est un bon gars, sympa.
L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vont ont marqué ?
Mathieu Lacan, en U19 et en N3 au Paris FC. Il sait former les jeunes et les emmener chez les pros. On est beaucoup à avoir joué en pros au Paris FC grâce à lui. Chez les pros, René Girard au Paris FC. Il m’a beaucoup appris, comment être efficace, marquer des buts. Aux Lusitanos, Yann Lachuer (remercié il y 3 semaines) qui m’a fait confiance.
Un président qui vous a marqué ?
Mapril Baptista, mon président aux Lusitanos Saint-Maur. Il est proche de nous, il nous donne de la force et de la confiance. Son soutien est très important.
Le club où vous vous êtes senti le mieux ?
Les Lusitanos Saint-Maur. C’est là que j’ai retrouvé la forme. J’y ai aussi retrouvé mon football après une saison quasi-blanche.
Le club où vous avez regretté de signer ?
Aucun. Même Créteil, alors que ça s’est mal passé pour moi. Mais j’y ai beaucoup appris.
Vos modèles de joueurs ?
Forcément des avant-centres, Benzema et Haaland. Je m’inspire de leur façon de jouer, leur déplacement sur le terrain. Chez les plus anciens, Didier Drogba.
Le club qui vous fait rêver ?
Chelsea… depuis Didier Drogba !
Un stade mythique ?
Forcément Stamford Bridge, le stade de Chelsea. Je l’ai visité mais je n’ai pas encore eu l’occasion d’y voir un match.
Vos amis dans le foot ?
Ousmane Kanté du Paris FC. C’est comme mon grand-frère. On habite dans la même ville dans le Val-de-Marne. Il m’a beaucoup aidé et soutenu. Aux Lusitanos Saint-Maur, Bruno Gonçalves avec qui j’avais déjà joué au Paris FC et Abel Rodrigues.
Vos occupations en dehors du foot ?
Je reste beaucoup chez moi. Je fais beaucoup de séances d’entraînement individuel.
Les Etats Unis, la Côte-d’Ivoire ou la France ?
Je suis fier d’avoir la double culture, américaine et ivoirienne. J’aime les deux. Les gens sont toujours un peu interloqués mais pour moi, c’est un beau mélange. J’ai encore une sœur et un demi-frère aux Etats-Unis. J’y suis retourné mais ça me manque un peu. Je suis aussi allé en Côte-d’Ivoire. Quant à la France, ça va, je m’y suis bien intégré. J’aime bien.
Texte : Laurent Pruneta / Twitter @PrunetaLaurent et @13heuresfoot / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr
Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)
Le président du récent promu en National se confie longuement et évoque ce rêve qu’il a toujours eu et qu’il est en train de réaliser à la tête de son club. Passé, présent, avenir, argent, critiques, ambitions, joies, peines, les thèmes sont vastes. Et le client est bavard !
Et le premier nominé est … le FC Rouen ! Depuis samedi et son succès à l’ultime minute à Evreux (2-1), grâce à un but inscrit par un « enfant » du club, Clément Bassin, c’est officiel. Rouen retrouve le National !
Ce but libérateur du capitaine, c’est tout un symbole. Le joueur de 28 ans était déjà là lors du dépôt de bilan en 2013, le troisième en près de 30 ans (après 1995 et 1997), qui avait précipité la chute des Diables rouges de National en Division d’Honneur (Régional 1).
Dix ans après, le FCR est de retour à un rang bien plus conforme à son standing, à son passé, à son stade, à son histoire, à sa ville et à ses supporters.
L’on ne va pas retracer ici la chronologie de tout ce qui s’est passé durant ces dix années extrêmement mouvementées, mais l’arrivée aux commandes du duo De Wailly – Maarek en 2021, après le retrait de l’ancien président Fabrice Tardy, qui leur a vendu ses parts de la SAS créé en 2019 (l’année de l’accession de N3 en N2 avec David Giguel aux commandes), a amené un vent nouveau à Diochon.
Et puis… La suite, c’est Charles Maarek, actionnaire majoritaire et président du FC Rouen – « Nous travaillons actuellement sur une augmentation de capital qui sera effective dans les prochaines semaines, je vais détenir à peu près 75 % des parts » -, qui la raconte : « En mars 2022, il y a eu le décès de Maximilien de Wailly… C’était terrible. C’était un coup dur. Avec Maximilien, on était complémentaire. On était l’eau et le feu. A cette époque, j’étais déjà majoritaire mais je n’avais pas le titre de président. J’aime le pouvoir pour pouvoir, pas pour dominer. J’aime être au coeur de l’action, des décisions. Il y a eu en 2021 un gros clash : les supporters ont demandé et voulu la tête de Fabrice Tardy, qui a démissionné du poste de président, et là, je ne vous dis pas, j’ai vu des inscriptions « La peste ou le choléra », « Maarek on ne veut pas de toi », mais je ne suis pas du style à abandonner les choses, surtout quand je pense que l’on peut réussir. Donc je ne me suis pas mis président ».
A 52 ans, Charles Maarek, investisseur immobilier, vit un rêve avec le FC Rouen. C’est lui-même qui le dit dans cet entretien accordé aux lendemains d’une victoire bien fêtée à Evreux, même si lui assure s’être couché de bonne heure.
INTERVIEW
« J’ai envie de laisser une trace au FC Rouen »
Président, revenons un peu en arrière : fin décembre 2021, vous annoncez l’arrivée de Maxime d’Ornano à la tête de l’équipe en N2…
Quand j’ai changé d’entraîneur, on est 9e ou 10e, et le coach, Maxime d’Ornano, me dit « Y’a beaucoup de travail à faire ». Là, j’ai tout de suite vu un homme apaisé, méthodique, organisé, qui redonne confiance aux joueurs. Pourtant, au début, sur ses cinq premiers matchs, il a connu deux défaites, dont deux à domicile, contre Chartres et Vannes, et je ne vous raconte pas l’ambiance funeste à Diochon, avec des « Direction démission »…
Mais j’ai vu que le travail de Maxime se mettait en place. Je ne dis pas ça aujourd’hui parce que l’on monte : je disais exactement la même chose de lui il y a un an et demi. Vous n’avez cas regarder les articles de presse de l’époque. Je n’écoute pas forcément la pression populaire. Et si demain cela se passe moins bien, je ne changerai pas comme ça, on ne peut pas brûler aujourd’hui ce que l’on a aimé la veille, mais là, ce n’est pas le sujet. J’aime travailler sur la durée. Un mois après son arrivée, la saison passée, on fait un super match à Granville, on fait 0-0, alors qu’on aurait dû gagner, mais ça a servi de déclic. Et puis, à l’issue du match il y a eu une grosse échauffourée entre nos joueurs et nos supporters. J’étais vraiment désolé que ça se passe comme ça avec eux. Bien sûr, je condamne cette violence, mais en même temps, ce fut un acte fondateur. Et après Granville, on termine la saison invaincu ! On était une machine. On finit 4e mais on est 2e sur la phase retour (31 points), derrière Versailles.
De toute façon, quand j’ai pris Maxime d’Ornano, j’ai dit « Avec lui, je peux rapidement me sauver et préparer la saison prochaine ». C’était ça le projet, l’idée. Le coach a eu le temps de façonner son équipe et ça a porté ses fruits. Je pense que cette saison 2022-23, on l’avait vraiment bien préparée. Parce que, rapidement, on a pu recevoir les joueurs, et tous ceux qu’on voulait garder, on les a gardés.
« Je réalise mon rêve »
N’avez-vous pas regretté de ne pas l’avoir enrôlé plus tôt ?
Dès le mois de septembre 2021, Maxime d’Ornano est libre puisque son départ de Saint-Brieuc (National) est acté. Je pense à lui mais j’hésite à le prendre fin septembre… Je me suis promis, à l’avenir, de faire mes choix en mon âme et conscience et de ne pas me laisser polluer par l’extérieur. Finalement, on a changé de staff à la trêve. Il fallait le faire, parce que ça s’effritait au niveau du groupe et parce qu’il y avait une pression populaire.
Maxime d’Ornano, c’est un coach que vous aviez repéré ?
Lui, comme d’autres. Avec lui, je savais que j’allais avoir de la régularité dans la performance, un bloc, de l’homogénéité, du beau jeu aussi, une équipe bien huilée, bref, tout ce qu’il avait déjà mis en place à Saint-Brieuc.
Sur une vidéo, samedi soir, de retour d’Evreux, on vous a vu très ému sur la pelouse de Diochon…
Très ému, bah oui, c’est normal. Oui, c’est vrai… J’ai eu une pensée aussi pour Maximilien de Wailly… Son décès a été très violent. On n’était pas encore sauvé en N2 à ce moment-là. Et ça a encore plus resserré les liens. A partir de là, j’ai pris la présidence, vous imaginez… Oui, j’ai eu des mots pour lui, bien sûr. Quand je suis arrivé au club, j’ai dit aux supporters, de manière un peu provocatrice, que ça serait comme dans le film « Bienvenue chez les Ch’tis » : « Vous allez pleurer quand je vais arriver, et vous allez pleurer quand je vais partir. »
C’est aussi un discours emprunt d’une grande confiance en vous, non ?
Je dois prendre ça comme un compliment ? Comme quelque chose que je dois corriger ou pas ?
Euh… attendez, je ne suis pas votre conseiller ! Je ne sais pas, c’est juste une remarque.
Je vais vous dire, ce n’est pas une question de confiance en soi : le FC Rouen, je l’ai dans le sang depuis l’âge de 5 ans. J’ai toujours rêvé d’en être président. En fait, l’histoire actuelle, là, je me la fais dans ma tête depuis que j’ai 15 ans. C’est pas comme si vous me donniez une moto et que vous me demandiez de gagner un Grand Prix de Formule 1 ! Quand je prends la présidence du club, j’ai l’intime conviction que, par ma passion, mon envie, mes compétences, et avec l’équipe qui m’entoure, je vais parvenir à le faire monter. J’ai l’intime conviction que je suis porté par quelque chose. Je dis ça depuis des années. Je ne le dis pas aujourd’hui parce qu’on est monté. Je connais Rouen comme ma poche, je suis arrivé ici de Tunisie à l’âge de 2 ans. Ce club, c’est ma deuxième famille. Si on ne se précipite pas, on peut le remettre à la place où il était. C’est une chance que j’ai de pouvoir réaliser mon rêve.
Vous savez, il y a des gens qui ne réalisent jamais les leurs; je prends l’exemple de Lionel Jospin, qui se rêvait président de la République : il n’y est jamais parvenu. Donc il n’aura jamais connu ça. Moi, j’ai la chance de pouvoir réaliser mon rêve. J’ai eu la chance, avec Maximilien de Wailly, d’accéder à l’actionnariat du club. Puis d’avoir été actionnaire principal puis président. J’insiste, je réalise mon rêve. Dans la vie, il y a des gens qui n’ont pas cette chance. Il y en a sans doute qui sont plus compétents que moi à Rouen, qui pourraient faire quelque chose avec le club, mais qui ne le feront jamais, pour diverses raisons… Après, tout n’est pas qu’une question d’argent, même si ça aide, bien sûr. Mais quand on a un peu d’argent et du savoir faire, cela donne des gens comme Jean-Michel Aulas par exemple. des grands chefs d’entreprise.
Je ne vais pas me comparer à lui ! Il faut des modèles, bien sûr, mais on ne peut jamais les copier, on peut juste arriver à se façonner. J’ai eu l’occasion de le rencontrer récemment au Ballon d’Or France-Footbal. D’ailleurs, vous avez dû me voir au Ballon d’Or, non ?
Oui, on n a vu que vous !
Oui, voilà, ce que je veux dire par là, c’est que je suis plutôt dans ce style-là, dans le style Aulas. J’aime bien bâtir, comme je l’ai fait dans mon travail, sur le long terme. Franchement, j’aurais les moyens de faire comme Versailles cette saison en National, je ne le ferais pas, car je ne suis pas quelqu’un qui va tout mettre sur la table d’un coup.
Les coups d’éclats, ce n’est pas mon truc. Je préfère investir sur 3 à 4 saisons. Je préfère avoir les U19 en Nationaux, les filles en D3, les seniors B en National 3, acheter un terrain pour faire un stade hybride, etc.
Si j’étais millionnaire à 150 ou 200 millions, alors oui, j’aurais mis 2 « barres » dans le club, mais je ne l’aurais pas fait à la manière de Versailles. Bon, je vais arrêter de tirer sur eux, ils m’ont quand même fait le transfert de Mondy Prunier.
Ce que je veux dire, c’est qu’en National, on peut y arriver avec 3,5 millions de budget. Je vous rappelle que Concarneau et Martigues ne les ont pas ces 3,5 millions. Et ils sont en tête du championnat. Nancy, ils n’ont plus Jacques Rousselot pour remettre de l’argent… Là-bas, ils ont des présidents qui sortent d’école de commerce, ils ne savent pas que Napoleon III est passé par Nancy ! Alors qu’à Concarneau, ils ont un super président (Jacques Piriou). Regardez Michel Mallet aussi à QRM, ce sont des hommes du terroir.
En National, il y a beaucoup de présidents mécènes…
Mécène, ça veut dire quoi ? Je n’aime pas ce mot… Forcément, je mets de l’argent personnel mais on a aussi beaucoup de partenaires. Ce que je peux vous dire, c’est que je ne mettrai pas ma famille en danger, ça c’est sûr.
« C’est pas Versailles, ici ! »
Du coup, vous travaillez déjà sur le budget de la saison prochaine ?
Je pense que c’était beaucoup plus dur cette saison que cela ne le sera la saison prochaine, parce qu’on n’attire pas des mouches avec du vinaigre. On va avoir de nouveaux partenaires, des aides plus importantes de la Fédération. On va avoir davantage de la part des collectivités, de recettes au guichets, mais par contre, les salaires ne vont pas s’envoler, car, comme dirait l’autre, c’est pas Versailles ici ! Voilà. Avec mes actionnaires, qui sont solides, on veut garder la tête sur les épaules. On n’aura pas la folie des grandeurs. On était à 2,2 millions cette année. On aura entre 3,2 et 3,5 millions d’euros. Mais je veux m’inspirer de Concarneau, de Martigues, des clubs qui peuvent nous ressembler, sauf que nous, en National, on aura un gros atout…
Oui, le public !
Exactement ! On est dans l’antichambre du professionnalisme. Les joueurs auront envie de briller et pour briller, rien n’est plus important que le public. On aura une équipe compétitive. Je veux des gens du terroir. Je veux aussi de l’entraide, que l’on donne une bonne image, qu’on soit une famille, et sur le terrain, je veux qu’on donne tout. On va tout faire pour avoir une bonne cohésion, je fais confiance au coach pour ça, même si ça va être très compliqué, on le sait, mais on veut jouer un rôle en National, se maintenir. Regardez le championnat cette saison : quand vous voyez qu’à 3 journées de la fin, il y a encore 7 ou 8 équipes qui peuvent descendre, ça fait peur; ça veut dire qu’une équipe, si elle n’est pas dans les 5 premiers au 15 mai, elle peut descendre. C’est ça la réalité du National aujourd’hui. Je parlerais différemment si on était déjà à la saison d’après, avec non plus 6 descentes, mais 3. On va travailler. Prochainement, je vais m’attacher les services d’une personne pour être à mes côtés. Un coordinateur général du club.
« Je ne suis ni revanchard ni rancunier »
Cette accession en National, n’est-ce pas une forme de revanche pour vous après votre passage mitigé à Oissel et votre projet avorté à Beauvais ?
Je ne suis pas revanchard. Ni rancunier d’ailleurs. A ceux qui le pensent, j’ai envie de leur dire « Apprenez à me connaître au lieu de me juger ». A Oissel (N3), j’ai pris des joueurs, y ‘en a qui ont fini en National ou en Ligue 2, comme Durbant, N’chobi, Benzia ou Ouadah. Cette année-là, c’est Le Mans qui monte quand même, il ne faut pas l’oublier. On a fini 3e. Mais les gens ont passé leur temps à me juger. On a dit que j’étais parti comme un voleur, c’est faux. J’ai laissé les compte propres, sinon, le club ne serait pas passé devant la DNCG où il n’y a pas eu de problème. Idem à Rouen depuis que je suis arrivé en 2019 : on est toujours passé sans souci devant la DNCG, pas besoin d’appel ou de trucs comme ça. Je ne suis pas dans la revanche. Mon père m’a appris que par le travail, on y arrive toujours, même si dans le foot c’est un peu différent car on peut prendre un but à la dernière minute… La reconnaissance, vous l’obtenez par le travail. Il ne faut pas perdre de vue non plus que, dans le foot, on peut descendre aussi vite que l’on est monté; ça va très vite dans un sens comme dans l’autre. C’est pour ça qu’il faut du travail, de la passion et de la grinta.
« Beauvais ? Un grand mal pour un bien… »
Vous dîtes que le FC Rouen, c’est le rêve de votre vie, et pourtant, vous êtes allé à Oissel, à 10km de Rouen, et vous avez voulu prendre la présidence de Beauvais en 2018… Ôtez moi d’un doute : vous n’auriez pas plutôt la passion du foot que celle du FC Rouen ?
Votre question est pertinente. J’étais déjà 2e actionnaire du FC Rouen du temps de Pascal Darmon (président de 2005 à 2012), j’avais alors 28 % du capital et quand il y a eu le dépôt de bilan en 2013 et que le club est tombé en DH (Régional 1), j’ai appelé Fabrice Tardy, qui a repris le club, mais on m’a fermé la porte. Je me suis dit « Est-ce que je vais me morfondre dans mon canapé ? ». Non, ça ne me ressemble pas.
On m’a proposé de reprendre Oissel, je me suis dit, je vais y aller, ça va me permettre d’apprendre plein de choses, c’est un petit club, je ne prenais pas un gros risque. Je vais vous dire : j’ai le FCR qui coule dans mes veines. Quand votre femme vous quitte, vous voulez la reconquérir : sans comparer le club à mon épouse, c’est un peu cette image là avec le FC Rouen. Voilà. Si elle ne veut pas, vous n’allez pas vous morfondre toute votre vie. A Beauvais, la municipalité était pour, mais j’ai été victime d’une cabale. Et finalement, regardez, c’est un grand mal pour un bien !
Après notre victoire à Evreux, j’ai reçu des messages de félicitations de supporters de Beauvais ! Et puis, clin d’oeil du destin, notre dernier match, dans quinze jours, on va le jouer à Beauvais ! Ils risquent d’ailleurs de jouer leur maintien; ça peut être assez drôle ! En tout cas, pour moi, ce match à Beauvais, cela signifiera que la boucle sera bouclée.
Donc vous êtes rancunier…
Non, Je suis un compétiteur. Que les gens comprennent bien la différence.
« L’équilibre de l’équipe, c’est Maxime d’Ornano »
Maxime d’Ornano sera toujours coach l’an prochain ?
Bien sûr ! Vous lui poserez la question mais il n’y a pas l’ombre d’un doute ! Il avait signé pour un an et demi quand il est arrivé en décembre 2021, et je l’avais prolongé de deux saisons en fin de saison 2021-2022, plus une troisième saison en cas de montée. Donc là, on est lié jusqu’en 2025. Il n’a pas été pris au BEPF, je le déplore, mais il peut quand même entraîner en National car il vient de monter avec son club. Maxime, il a de belles années devant lui, j’espère au FC Rouen, et vous verrez qu’il fera parler de lui plus tard. Il ne fait pas de bruit, on a l’impression qu’il ne montre pas ses sentiments mais il faut bien le connaître. Il n’est jamais inquiet. Il est rassurant. Il a les mots justes. L’équilibre de l’équipe actuellement, c’est lui.
Evidemment, le FC Rouen, c’est aussi ses supporters : quelle ferveur ! Mais la ferveur, c’est bien, trop de ferveur, n’est-ce pas un peu too much ?
C’est comme dans la vie en général, y’a 95 % des gens qui se tiennent bien et 5% qui se tiennent mal. Malheureusement, on se souvient plus de cette dernière frange. Le truc, c’est qu’il y a beaucoup de supporters au FCR pour un club de ce niveau, or si on était en L1 ou L2, on en parlerait moins, parce que, et c’est déplorable, les débordements sont monnaie courante.
Mais l’image de nos supporters va s’améliorer car au club, on est dans la pédagogie : en fait, je pense qu’il y a eu tellement de tristesse chez eux, de passion, débordante par moments, que, une fois qu’ils vont retrouver le bon niveau, ils vont s’apaiser. Ce qui s’est passé ces dernières saisons, c’était lié à de la défiance vis à vis de tout le monde. Nos supporters avaient l’impression que tout le monde leur en voulait, qu’on les considérait comme des parias.
Avec cette accession en National, ils ont un peu l’impression de renaître. Ce n’est pas parce qu’il y a des problèmes ailleurs avec les supporters que je vais les accepter dans mon club. Je suis dans le dialogue avec eux. C’était mal barré au départ, mais avant même de monter, j’étais allé à leur contact. J’aime ça le contact. Parfois, on a le nez dans le guidon, on ne voit pas les choses. Je préfère qu’on me dise « merde » en face plutôt que de lire des banderoles hostiles dans les tribunes, parce que ça, c’est trop facile, idem pour les tags. Nos supporters sont loin d’être cons. On s’imagine qu’ils ont un QI en dessous de la moyenne, alors que pas du tout : ce sont des gens intelligents et passionnés. C’est juste que, parfois, ils peuvent péter les plombs.
« Venez voir le club historique ! »
Où en sont vos relations avec votre voisin Quevilly Rouen ?
J’ai de très bonne relation avec le président Michel Mallet. Vous savez, j’ai été vice-président de l’US Quevilly de 1999 à 2002… C’est quelqu’un je respecte. Il fait quand même de très belles choses avec ce club et je le félicite pour ça. Ce que je vois, c’est que les habitants de la métropole rouennaise, qui est la 12e agglo de France, vont pouvoir se régaler en matière de football. C’est ça aussi que je retiens. J’ai envie de rendre les gens heureux, et je leur dis « Venez voir le club historique ». La ferveur est du coté du FCR. Chacun fait son bonhomme de chemin.
J’ai déjeuné avec le directeur de QRM, Arnaud Saint-André, récemment. Je n’ai pas envie d’avoir d’histoires. Il y a des choses plus importantes. On ne fait pas de compétition avec eux : QRM se maintient en Ligue 2 après une belle saison, le FCR monte en National, et moi, je veux de la ferveur, de la joie, en respectant certaines règles. Quevilly Rouen a su surfer sur les problèmes du FC Rouen quand il y a eu le dépôt de bilan en 2013, bravo à eux, ils ne sont pas là par hasard. Maintenant, j’espère que les pouvoirs publics vont nous soutenir davantage parce que le FCR le mérite : quand on voit cette ferveur… Et ça nécessite à mon avis un rééquibrage en termes de subventions. En National, on n’a pas de droit TV, je trouve que ce serait plus logique de donner des aides financières à un club amateur, ce serait plus mérité et cela serait un juste retour des choses.
« Je veux que le FCR ait des actifs »
Pour le FC Rouen, êtes-vous l’homme de la situation ?
Je ne me permettrais pas de dire ça. Je sais que je suis critiqué mais quand je serai enterré, je veux qu’on dise que j’ai été compétent. La pire chose qui puisse vous arriver, que vous soyez boulanger ou journaliste, c’est qu’on dise de vous « Il est nul « . Si vous faites du pain dégueulasse ou des articles nuls, on va dire « c’est la honte ». Regardez Jean-Michel Aulas. Lui, c’est la classe. Regardez ce qu’il a construit. Il a des ennemis, mais qu’est ce qu’ils peuvent dire ? Moi, j’ai envie de laisser une trace au FCR. On va investir dans l’immobilier prochainement, pour construire quelque chose. On va acheter des locaux, qui serviront à la fois pour le secteur administratif et pour le sportif, autour du stade, parce que, on veut aussi que le club ait des actifs. C’est comme ça que font les grands présidents comme Aulas.
Soyons fous, imaginons un jour que QRM et le FCR soient ensemble en Ligue 2…
Attendez, on peut déjà se rencontrer en coupe de France, d’ailleurs ça s’est produit l’année de la Covid, à huis clos. QRM – Rouen ? Génial ! Ce serait fabuleux de rendre les gens heureux, comme avec les matchs Rouen – Le Havre, qui est notre rival historique. Quand je vois qu’il y a 8000 spectateurs à Diochon pour QRM – Bordeaux, samedi dernier, ça me rend heureux. Les gens vont voir un spectacle. Au Zénith, ou au rugby, où il y a des beaux matchs en Pro D2 et où mon beau-frère est le président du club : je suis très fier pour lui. Mais je préfère quand même que l’on vienne voir le FCR ! Je pense qu’il y a de la place pour deux clubs de foot à Rouen.
Est-ce qu’on pensait, voilà quelques années, qu’un mec sans étiquette puisse devenir président de la République ? Le monde change tout le temps. Demain, on sera peut-être deux clubs d’une même ville en Ligue 2, et il y aura un public pour les deux. C’est comme dans une rue : si vous mettez un restaurant, puis un second, puis un troisième, à l’arrivée, ça sera une rue pleine de restaurants. Le monde attire le monde.
« Plus on m’attaque, plus je suis fort »
Avec votre franc-parler, vos formules bien choisies, vos avis tranchés, vous comprenez que vous puissiez passer pour un personnage clivant ?
Clivant ? Vous trouvez que je suis clivant ?
Disons qu’on vous aime ou on vous déteste… Et c’est souvent ce que je lis sur vous…
Oui mais là, en ce moment, on m’aime bien ! Les médias m’aiment bien, c’est vrai, parce que je dis les choses comme je le pense. Je peux être énervant, comme tous ces gens qui ont un franc-parler. On n’a qu’une vie. Vous savez, j’ai eu des problèmes de santé, j’ai connu des déboires dans mes affaires, mais je dors bien la nuit. Parce que je me régénère. La journée, en revanche, le cerveau mouline. Le sommeil, c’est la première chose du déséquilibre de l’être humain, et moi, j’ai la chance de bien dormir.
Mes amis savent que ce qui se dit ou s’écrit de mal sur moi, ça glisse comme de l’eau sur un imperméable. Ma femme, qui est aussi mon équilibre, me dit souvent que « plus on m’attaque, plus je suis fort dans l’adversité ». C’est quand même elle qui me connaît le mieux. Je vais vous dire ce que je pense : j’ai connu un dépôt de bilan dans mes affaires et ça m’a causé une sale réputation, mais je me suis refait la cerise depuis. Vous verriez, ce week-end, après l’accession, j’ai reçu des messages de gens qui… mais c’est lunaire ! Je ne réponds même pas ! Il ne faut pas qu’ils m’écrivent eux ! Moi les gens qui ne m’aiment pas, je ne les félicite pas. Ils ont le droit de dire que je ne suis pas l’homme de la situation, mais critiquer gratuitement, sans connaître, c’est dégueulasse.
Cette saison, on aurait pu finir 2e derrière le Racing et on aurait dit « T’as vu, Maarek, il est pas bon », alors que, pourtant, on aurait pris 65 points en championnat. En quoi je n’aurais pas été bon ? Je ne savoure pas plus aujourd’hui les compliments que toutes les méchancetés qu’on a pu dire sur moi. La vie est un éternel recommencement. Si je redescends la saison prochaine, je serai une « merde ». On peut se casser la gueule dans les affaires, mais on peut se refaire. En foot, c’est plus compliqué.
📃🖊 Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06
📷 Photos : Bernard Morvan (et sa fameuse carte SD !) / FCR
On attendait l’ASNL en haut de tableau mais c’est vers le bas qu’elle regarde. En un an, le club est passé de la Ligue 2 aux portes du National 2. Comment en est-il arrivé là ? Récit d’une longue descente aux enfers.
L’ASNL vit des heures difficiles. Après une saison 2021-2022 cataclysmique en Ligue 2, (dernière place et 27 points seulement), le club lorrain était censé jouer les premiers rôles cette saison au troisième échelon français. Il n’en a rien été, victime de nouveaux acteurs (un fonds d’investissement sino-américain) et de leur gestion hors sol. Hier soir, chez le leader, Martigues, les joueurs de Benoît Pedretti ont arraché un nul (1-1) qui leur permet de sortir de la zone rouge (ils sont 12es et premiers non-relégables, un point devant Bourg-en-Bresse, chez qui ils se déplaceront lors de la dernière journée, le 26 mai). Comment l’ASNL encore en Ligue 1 en 2017, est-elle tombée si bas ? Voici quelques éléments de réponse…
L’échec du rachat de New City Capital
Les derniers moments de bonheur vécus par les supporters de Nancy remontent à la saison 2015/2016, à l’issue de laquelle le club au chardon est sacré champion de France de Ligue 2 et retrouve l’Élite 3 ans après sa descente.
Depuis, le club lorrain est allé de mal en pis. Nancy ne parvient plus à jouer les premiers rôles en Ligue 2. Le club formateur de Michel Platini ou plus récemment de Clément Lenglet termine avant-dernier en Ligue 1. Même en Ligue 2 les saison suivantes, il ne parvient pas à retrouver son standing (19e en 2018 et maintien de justesse, 17e en 2019, 14e en 2020, 12e en 2021).
En décembre 2020, Jacques Rousselot, président de l’AS Nancy Lorraine, désireux de passer la main depuis longtemps (il a déjà sauvé le club d’une relégation administrative la saison précédente devant la DNCG en remettant la main au portefeuille), cède le club à un fond d’investissement, nouvel acteur incontournable du football mondial, le New City Capital (NCC).
Dirigé par Chien Lee, le NCC, éphémère propriétaire de l’OGC Nice auparavant, détient d’autres clubs comme Barnsley (Angleterre), Thoune (Suisse), Ostende (Belgique) et Esbjerg (Danemark), avec des réussites pour le moins discutables et décevantes.
A l’issue de la saison 2020/2021, Nancy termine 8e et se maintient assez facilement. Après un passage très mitigé à la tête de l’OGC Nice, Gauthier Ganaye est installé à la tête du club au chardon. En fin de contrat, le coach Jean-Louis Garcia n’est pas conservé. NCC, lui, avance ses pions.
Pour le remplacer, les propriétaires jettent leur dévolu sur Daniel Stendel, un entraîneur allemand qui débarque de Heart of Midlothians en Ecosse. Il promeut des idées bien précises, un « gegenpressing », cher à Jürgen Klopp, entraîneur de Liverpool.
Mais le début de saison 2021/22 est cataclysmique : 10 matchs sans victoire ! Nancy démarre sa 5e saison de rang en Ligue 2 de la pire des manières avec aucune victoire en dix rencontres. Daniel Stendel, erreur de casting, est remercié, façon de parler. Le technicien n’a jamais réussi à mettre en place ses idées. Le recrutement de joueurs en manque de temps de jeu n’a pas aidé, et que dire de la data, pourtant si chère à Gauthier Ganaye. Cette sacro-sainte technologie aura mené Nancy à sa perte et fait un gros pied de nez à son jeune président, si présomptueux et si sûr de sa force. Un président à tel point sûr de lui qu’il dirige Nancy… en télétravail ! Ses apparitions se font rares, que ce soit à Nancy ou Ostende, les deux clubs qu’il dirige.
Benoît Pedretti, ancienne gloire du football français, et entraîneur en devenir, assure l’intérim et redonne un semblant d’élan à l’équipe, avant que celle-ci ne s’essouffle de nouveau.
Non-diplômé et conscient de la mission impossible dans laquelle il s’engage, Pedretti renonce au banc de l’ASNL durant la trêve des confiseurs. Il est alors remplacé par Albert Cartier qui récupère Nancy lanterne rouge et en grand danger.
Les Lorrains connaissent une parenthèse enchantée dès la reprise en janvier 2022, avec les 32èmes de finale de la coupe de France. En déplacement à Picot, les Rennais se cassent les dents sur une équipe solidaire qui élimine les pensionnaires de Ligue 1 ! L’aventure s’arrête un tour plus tard, avec une élimination par Amiens au terme d’un non-match, comme souvent cette saison-là.
Quelques jours après, le 1er février, Nancy connaît sa plus grosse humiliation de la saison à Valenciennes, dans un match pourtant capital pour le maintien. Battus 6-1, les hommes d’Albert Cartier montrent l’étendue de leur désintérêt pour le club et le maillot qu’ils défendent. Ils ne parviendront d’ailleurs jamais à décoller de cette dernière place, acquise dès le mois de septembre. Nancy bat des records de médiocrité. La faute à une gestion cataclysmique.
Les supporters, si nombreux dans cette ville et dans cette région, délaissent le stade et marquent leur mécontentement lors du match contre Quevilly-Rouen (35e journée). Dès le premier but encaissé, les Saturday FC balancent des fumigènes sur la pelouse. Le match est arrêté à 0-3 à la 40e minute. QRM, logiquement, remportera le match sur tapis vert. Cette fois, c’est officiel, Nancy est relégué pour la première fois de son histoire en National !
Saison 2022/2023
Aux portes du National 2
Johan Gand, journaliste et commentateur de l’AS Nancy Lorraine pour France Bleu Sud Lorraine, spécialiste du club au chardon, analyse cette descente aux enfers et revient sur une saison 2022-23 pas comme les autres, dans un championnat de National si singulier et particulier.
L’intersaison : Albert Cartier aux manettes
A saison inédite, effectif inédit. Albert Cartier sort d’une expérience en National à Borgo (où il a été remercié en cours de saison). Quand il arrive à l’ASNL, début janvier 2022, il a les mains libres pour réaliser son recrutement, dans un championnat qu’il connaît bien.
Il fait jouer son carnet d’adresses fourni et choisit des joueurs qui ont connu ce championnat. Que ce soit ceux rencontrés lors de son passage à Borgo (Cropanese, Giacomini, Pellegrini), des soldats qui ont participé à la saison de Metz en 2013 lors de leur remontée de National en Ligue 2 (Sakho, Bussmann, Ndoye) ou encore des joueurs prometteurs comme Mouazan ou Aloé.
Forcément, la présence d’anciens Messins ne ravit pas les supporters les plus inconditionnels de Nancy, mais Cartier a fait son mercato avec des joueurs qui peuvent être à même de se sortir du bourbier du National. Bien que premier budget du championnat (plus de 10 millions d’euros), tout a été très rapidement compliqué.
Une histoire de séries
Premier match de la saison 2022-2023. Bourg-en-Bresse, club au statut pro, se présente au stade Marcel Picot avec beaucoup plus de certitudes que l’effectif nancéien totalement remanié. Après un match solide, les Bressans s’imposent 2 buts à 1.
Lors du deuxième match, Nancy ne parvient pas à faire sauter le verrou orléanais malgré un coup-franc sur la barre de Mouazan et un pénalty de Lamine Cissé stoppé (0-0). Puis Dunkerque est venu renverser la table alors qu’ils étaient menés 1-0, en profitant des errements défensifs nancéiens pour s’imposer 2-1.
Au bout de trois matchs, Nancy est lanterne rouge du National (1 point sur 9), ce qui n’inquiète pas forcément Johan Gand : “Le turnover était hyper important donc les premiers matchs ont servi de rodage. On sait que la plupart des saisons de National se jouent dans les dernières journées donc c’est plus important de finir fort que de commencer fort.”
Toujours est-il que Nancy est loin de tenir son rang en ce début de saison. Le déclic vient à Concarneau, le lendemain de l’annonce de la signature du buteur Thomas Robinet, en provenance de Châteauroux. Nancy s’impose à 10 contre 11 sur le pelouse des Bretons et obtient sa première victoire de la saison, pour le plus grand bonheur de tout un club.
C’est le début d’une série positive de cinq matchs sans défaite (3 victoires de rang puis 2 nuls) avec notamment deux succès probants contre Le Mans (2-0) et Borgo (1-0) coup sur coup à domicile. L’engouement revient.
Pourtant, le match nul face à Cholet au stade Marcel-Picot a un goût de défaite. Alors que Nancy maîtrise son match, Milan Robin égalise à la 90’+7 d’une superbe reprise de volée. Le joueur formé à Metz exulte et Nancy replonge dans le doute (1-1) !
A la recherche du second souffle
Après s’être incliné à Châteauroux (J9) et avoir battu le Stade Briochin (J10), qui n’était pas encore sur la dynamique de sa fin de saison actuelle, Nancy est éliminé en coupe de France par une formation de R1 alsacienne, Reipertswiller, au 7e tour (3-2).
Les hommes d’Albert Cartier commencent à s’essouffler. Johan Gand pointe de possibles raisons à cette mauvaise série : « Il y a une équipe qui commence à s’installer et manque de concurrence, malgré des performances qui interrogent.” Or, Nancy cherche un deuxième souffle lors d’un mois de novembre en dents de scie. “Les remplaçants et la concurrence auraient pu apporter cette énergie.”, explique Gand.
Incapables de gagner contre Sedan (J12), alors qu’ils sont à 11 contre 10 pendant une heure (0-0), ils rééditent cette piètre performance au Puy (J17) à 11 contre 9 (1-1) ! “Dans le jeu de Cartier, le secteur défensif est prédominant, or ce n’est pas dont on a besoin en supériorité numérique. Il y avait également un manque de maîtrise par rapport à l’enjeu”, pointe le journaliste de France Bleu.
Le mercato d’hiver ne change rien malgré les arrivées de trois joueurs venus apporter une nouvelle concurrence : Alexis Lefebvre (prêté par Troyes), Lucas Deaux (Dijon), milieu expérimenté, ainsi que Julien Da Costa, latéral droit (prêt de Coventry).
Les supporters s’agacent de la situation, de la gestion de l’effectif et du système de jeu d’Albert Cartier. L’aventure du coach prend fin pour le 20 janvier 2023 après une nouvelle défaite contre Orléans (0-1) qui laisse le club 14e, relégable et bien mal en point.
L’arrivée de Pedretti : un nouvel élan
Benoît Pedretti avait laissé le club à la dernière place de Ligue 2 la saison précédente et avait jeté l’éponge face à l’ampleur de la tâche. Le voilà donc de retour aux affaires avec cette fois une autre mission, celle de maintenir le club en National ! Il en va de la survie du statut professionnel de l’ASNL, tout simplement.
Dès le premier match, en déplacement à Dunkerque, Nancy s’impose 3 buts à 2 en faisant preuve de caractère. La méthode Pedretti prend forme et semble fonctionner. En s’appuyant sur un grand Martin Sourzac dans les cages,les Nancéiens ramènent les trois points du Nord de la France.
Ensuite, c’est le début des ennuis. Des situations « abracadabrantesques ». Programmé le lundi soir, le match contre Concarneau est arrêté à la mi-temps pour un brouillard trop épais. Nancy s’impose ensuite au Mans (1-0) grâce à un arrêt de Sourzac sur un pénalty provoqué par un sauvetage de la main de Mayoro Ndoye sur un ballon qui prenait la direction des filets.
Depuis sa prise de fonction, Nancy connaît une série de cinq matchs sans défaite (3 victoires, 2 nuls), si bien que certains se mettent à croire à la montée ! Pas du tout l’avis de Johan Gand : “On partait de trop loin, on cherchait surtout quelqu’un pour nous garantir le maintien.”
« L’affaire Pellegrini »
Son intuition était la bonne, Nancy connaît des résultats difficiles, en dents de scie et la dynamique se tasse. « L’affaire Pellegrini » va venir entacher tout le travail réalisé sur le terrain avec le retrait d’un point, plus la défaite sur tapis vert face à Concarneau (le défenseur, suspendu, n’aurait pas dû prendre part à ce match). Une terrible bourde et, surtout, des points qui, évidemment, manquent cruellement dans la lutte pour le maintien aujourd’hui.
Dans ses duels avec ses concurrents directs, Nancy obtient un bilan plutôt satisfaisant, mais parfois insuffisant (2 victoires, 3 nuls). Lors de la journée 30, il affronte Paris 13 Atlético un vendredi après midi et à huis-clos ! En effet, le club parisien, qui avait même envisagé de déclarer forfait, s’est retrouvé confronté à un problème de terrain. « Un grave défaillance d’organisation et d’anticipation » a commenté la FFF, qui a infligé une sanction de 10 000 euros au club des Gobelins. Lors de ce match, Nancy mène par deux fois au score mais concède le nul (2-2).
Contre Avranches, devant plus de 16 000 personnes à Picot (entrée gratuite, ce que regrettera et dénoncera le président normand, Gilbert Guérin), Nancy démarre pied au plancher avec un premier but de Robinet, bien servi par Da Costa. Robinet double la mise, après que Bussmann a réalisé le break. Nancy s’impose 3-0 et sort – provisoirement – de la zone rouge.
Des changements majeurs à prévoir
Le 27 avril 2023, le départ de Gauthier Ganaye est acté. Cette date marque la fin d’une gestion catastrophique et exaspérante. Les chantiers seront nombreux pour la saison prochaine et dépendent inévitablement de l’issue de la fin de saison : en National ou en National 2 ?
Johan Gand détaille les axes de travail : “Il faudra trouver le maillon qui manque entre le sportif et le non-sportif, et aussi un vrai président qui fasse le boulot au quotidien. On sort d’un an et demi voire de deux ans de dysfonctionnement et je ne parle pas que du sportif. Il va vraiment falloir remettre les choses en place. Il faudra également s’intéresser à la restructuration du centre de formation, qui a fait les beaux jours du club et qui va être indispensable financièrement. De plus, il faudra prolonger ceux qui arrivent en fin de contrat, et arrêter « d’arroser la terre entière » de joueurs gratos, comme Amine Bassi. Enfin, il va falloir passer devant la DNCG, ce qui n’est pas gagné.”
Une dernière journée décisive ?
D’ici là, la bande à El Aynaoui a trois matchs et trois finales à disputer. Le mot n’est pas galvaudé. Et ça commence dès ce soir chez le leader, à Martigues (en direct sur Canal + Foot à 18h30), sans Thomas Robinet, blessé, puis face au Puy à Marcel-Picot, une équipe déjà condamnée mais qui a montré face à Concarneau vendredi qu’elle n’était pas du tout en vacances (succès 2-1) !
Tout risque de se jouer lors du dernier match à Bourg-en-Bresse, un autre concurrent direct pour la maintien, le 26 mai. Un challenge d’autant plus difficile que, tout au long de la saison, Nancy a également dû se battre contre son statut de club professionnel et surtout un budget à faire pâlir quelques clubs de Ligue 2. Oui, Nancy était et reste l’équipe à battre en National.
Aux joueurs et au staff de l’ASNL de se montrer dignes de ce statut et de l’honorer en allant chercher ce maintien afin de repartir de zéro cet été et espérer des jours meilleurs. Il en va de l’avenir de ce patrimoine du football français. De ce monument en péril.
Le top : les supporters
Depuis Strasbourg et Bastia, le National n’avait pas connu un tel engouement en termes d’affluence et d’importance de club. Avec environ 7000 spectateurs de moyenne, pour sa première saison au troisième échelon français, l’ASNL peut compter sur un soutien sans faille de ses ultras et supporters, les Saturday FC en tête. Les Ultras nancéiens ont offert des ambiances des grands soirs à Marcel Picot, qui n’ont pas manqué d’impressionner les divers commentateurs de FFF TV. Le moment fort de la saison reste ce match gratuit contre Avranches fin avril (3-0) qui a fait renouer Nancy avec des affluences plus vues depuis près de 5 ans. Une chose est sûre, ce public n’est pas à sa place si bas dans la hiérarchie du football national.
Autres tops : Martin Sourzac, Neil El Aynaoui, Benoît Pedretti
La révélation : Prince Mendy
Présenté en février sur notre site ( ), Prince a disputé l’intégralité des matchs cette saison. Véritable roc défensif, serein, calme et efficace, l’ancien joueur de QRM et Laval est la pierre angulaire de la défense nancéienne. Peu importe avec qui il forme la charnière, Pellegrini, Aloé ou encore Bussmann à ses côtés. “Il défend sur l’homme, il est propre dans ses relances et il ne se blesse jamais. Je ne sais vraiment pas ce qu’il fait en National, tant mieux pour nous !”, s’en amuse Johan Gand.
Autres révélations : Gwilhem Tayot, Baptiste Mouazan
Le flop : Lamine Cissé
Exaspérant par moments et pourtant pétri de qualités. L’international U20 français ne marque pas forcément de points cette saison. Hormis lors du match retour contre Villefranche (3-2), durant lequel il a largement montré la voie, et quelques autres sorties, Cissé a un travers : il en fait trop ! Lorsqu’il dribble un adversaire, il veut en dribbler un deuxième et ainsi de suite. Il a également la fâcheuse tendance des ailiers à jouer avec des œillères et ne pas beaucoup lâcher son ballon. L’arrivée de Pedretti lui a redonné confiance; néanmoins il a encore beaucoup de travail à réaliser sur la régularité de la qualité de ses performances.
Texte : Emile Pawlik / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @EmilePawlik
Photos : AS Nancy Lorraine
A trois journées de la fin, la lutte pour la montée en Ligue 2 est toujours aussi indécise. En bas et en milieu de tableau, de nombreuses équipes sont encore concernées par la descente en National 2. Le pronostic de nos journalistes et l’avis d’un témoin averti, Bruno Luzi, l’ex-coach de Chambly.
C’est évidemment la conséquence de la réforme des championnats et des six relégations automatiques en National 2 – un club sur trois ! – et c’est donc du jamais vu…
A trois journées du terme du National 2022-2023, les enjeux sont extrêmes à tous les étages, et il en va même parfois de la pérennité à court terme de certains clubs.
Quatorze équipes sur dix huit attaquent ce sprint sous haute tension puisque quatre seulement n’ont plus rien à jouer : les trois déjà reléguées (Le Puy, Paris 13 Atletico, FC Borgo) et Versailles, cinquième et décroché de la course à la Ligue 2.
Sixième avec 44 points, Orléans s’est en effet remis en danger (relatif) en s’inclinant mercredi contre Le Mans (0-1), à La Source, en match avancé de la 32e journée, a 11 contre 10 pendant les trois quarts du match… L’USO doit maintenant terminer contre deux cadors (Dunkerque et Concarneau), et un scénario catastrophe reste mathématiquement possible.
Derrière, tout le monde peut aussi tomber ou rester, du Mans (7e, 43 points) à Saint Brieuc (15e, 35 points), via Sedan (43). Châteauroux (41), Cholet (39), Nancy (39), Bourg-en-Bresse (38), Villefranche (37) et Avranches (36), soit dix inquiets pour trois places dans l’ascenseur vers le N2.
Une dernière étape en 2023-24 avant la Ligue 3 ?
Une situation d’angoisse qui exacerbera notamment l’enjeu de plusieurs confrontations directes à venir entre les menacés : Villefranche – Saint-Brieuc, Sedan – Châteauroux, Villefranche – Le Mans, Saint Brieuc – Sedan, Sedan – Villefranche, Avranches – Cholet… Soit par exemple trois matches sur trois pour Sedan contre des compagnons de galère, et la crainte du pire en cas de trois défaites pour le club ardennais, pour l’instant dans la première partie de tableau !
Certains s’attendaient à vivre ces souffrances, d’autres beaucoup moins comme Villefranche (barragiste pour la L2 en 2021 et 2022), Le Mans, mais surtout Châteauroux, qui se réveille avec la gueule de bois après le mariage compliqué avec ses investisseurs saoudiens, et Nancy, qui remporte sans doute la palme de la gestion la plus incohérente de la décennie.
A l’inverse, il est rassurant de voir Concarneau tirer le bénéfice d’un travail exemplaire et d’une compétence à tous les étages sur plusieurs années. Co-leader avec le formidable promu Martigues, indiscutable champion au rapport qualité-prix, le club breton se hissera-t-il enfin en Ligue 2 pour la première fois de son histoire ?
La bataille à quatre (avec Dunkerque et le Red Star), où tout est possible dans une fourchette de seulement 2 points, est redoutable à pronostiquer. Et quand elle sera achevée, il sera temps de basculer vers une saison 2023-2024 qui promet les mêmes émotions, les mêmes espoirs, les mêmes angoisses, avec un peloton de plus en plus imposant de clubs pros (notablement renforcé par ceux tombés de L2), et à nouveaux six relégations en N2. Une dernière étape vers la Ligue 3 ?
Jean-Michel ROUET
La montée
Classement actuel
1 Martigues 56 points
2 Concarneau 56 points
3 Dunkerque 55 points
4 Red Star 54 points
(en cas d’égalité entre deux équipes, ce n’est pas la différence de buts qui les départage mais le gaol-average direct, c’est à dire les confrontations directes. Idem si trois équipes ou quatre équipes sont ex-aequo).
Goal average
Red Star – Dunkerque 4-2 et Dunkerque – Red Star 1-0
Red Star – Martigues 2-2 et Martigues – Red Star 0-2
Concarneau – Red Star 0-0 et Red Star – Concarneau 1-4
Martigues – Concarneau 2-0 et Concarneau – Martigues 0-0
Dunkerque – Concarneau 0-1 et Concarneau – Dunkerque 0-1
Dunkerque – Martigues 0-1 et Martigues – Dunkerque 1-0
En cas d’égalité entre 4 équipes :
1. Martigues 11 points; 2. Concarneau 8; 3. Red Star 8 et 4. Dunkerque 6 points.
En cas d’égalité entre 3 équipes :
– Martigues – Concarneau – Dunkerque : 1. Martigues et 2. Concarneau
– Martigues – Concarneau – Red Star : Red Star 5, Martigues 5 et Concarneau 5 (tous les 3 à égalité donc goal average ensuite pour départager).
– Concarneau – Dunkerque – Red Star : Concarneau 7; Dunkerque 6 et Red Star 4.
– Martigues – Dunkerque – Red Star : Red Star 7, Martigues 7 et Dunkerque 3.
12/05 Bourg-en-Bresse – USLD
19/05 USLD – Orléans
26/05 Le Mans – USLD
Red Star
12/05 : Red Star – Cholet
19/05 : Châteauroux – Red Star
26/05 : Red Star – Saint-Brieuc
Nos pronostics
Laurent Pruneta (Journaliste au Parisien) : « Pour moi, vu la force que cette équipe dégage depuis quelques matchs, je pense que le Red Star réussira un sans-faute (victoires contre Cholet, Châteauroux et Saint-Brieuc). Elle va récupérer son capitaine et guide Cheikh Ndoye qui était suspendu lors des trois derniers matchs. Martigues est donc condamné au sans-faute avec un gros obstacle contre Nancy qui joue le maintien. Si Martigues bat Nancy, ils seront pour moi quasiment en Ligue 2 car ils affrontent ensuite Borgo puis Versailles, qui est démobilisé et en proie à des gros soucis internes. Cette saison, j’ai vraiment été impressionné par le potentiel offensif de Martigues… Tlili, Montiel, Fdaouch, Hemia, Orinel, ça peut marquer à tout moment. Donc je mise sur Martigues. Concarneau va aller au Puy, déjà condamné mais qui ne lâche pas, puis affrontera Bourg-en-Bresse qui joue le maintien, avant d’aller à Orléans. Pas simple… Mais il y a El Khoumisti et Boutrah.
Pour monter, Dunkerque doit faire un sans-faute mais ils ont, pour moi, le calendrier le plus compliqué avec un déplacement à Bourg-en-Bresse, la réception d’Orléans puis un dernier déplacement au Mans qui aura peut-être besoin des trois points. Donc tout dépendra aussi des deux prochaines journées. Mon pronostic, ça serait donc Martigues et le Red Star/ou Concarneau. Dans le Parisien, le 21 avril dernier, soit avant les cinq dernières journées, nous avions interrogé un représentant (entraîneur, joueur ou président) des treize autres clubs de National. Lors de cette consultation, Dunkerque a recueilli 8 suffrages, Martigues 7, Concarneau 6, le Red Star 5 et Versailles aucun… »
Denis Vergos (Le Télégramme) : « Pour la montée en Ligue 2, je voudrais faire une remarque préliminaire : Stéphane Le Mignan avait dit et répété vers la mi-avril qu’il voyait certain(s) concurrent(s) à l’accession gagner la totalité de leurs derniers matchs. Je crois que l’entraîneur concarnois visait en particulier le Red Star que, paradoxalement, son équipe venait de battre (4-1 à Bauer), mais, il faut le rappeler, dans des conditions très particulières : le Red Star avait fini le match à 9. Et il se trouve que les Audoniens restent depuis sur trois victoires consécutives, dont la dernière contre le FC Versailles (0-3) qui a, du coup, été éliminé de la course aux deux accessions.
Reste le « big four » : Martigues (1er, 56 pts), Concarneau (2e, 56 pts), Dunkerque (3e, 55 pts) et le Red Star (54 pts). Ce qui revient à dire, compte-tenu de la dynamique du Red-Star, que les trois premiers n’ont sans doute plus le droit à l’erreur. Stéphane Le Mignan avait également bien repéré que les confrontations directes Martigues – Dunkerque (1-0) et Concarneau – Martigues (1-1) ne pouvaient pas déboucher sur des résultats gagnants – gagnants.
Je crois qu’il faut avoir deux approches pour la suite. L’une particulière, qui concerne la prochaine journée (32e), l’autre globale, par rapport au programme de fin de saison du « big four ». La prochaine journée d’abord : seul Concarneau joue contre une équipe fixée sur son sort (Le Puy) alors que Martigues (Nancy), Dunkerque (Bourg) et le Red Star (Cholet) affrontent des clubs qui luttent encore pour leur maintien. Concarneau et Dunkerque se déplacent alors que Martigues (le lundi 15 mai) et le Red Star reçoivent, ce qui peut avoir beaucoup d’importance compte-tenu du soutien du public dans le « money-time ». Ce qui m’amène à l’approche plus globale sur les trois dernières journées : Martigues et le Red Star joueront deux fois sur trois à domicile alors que Concarneau et Dunkerque évolueront deux fois sur trois à l’extérieur. Après la 32e journée, Martigues aura à son programme deux équipes fixées sur leur sort (Borgo puis Versailles), comme Dunkerque (Orléans puis Le Mans qui sera alors sans doute sauvé), alors que Concarneau (Bourg puis Orléans) et le Red Star (Châteauroux qui sera sans doute sauvé puis Saint-Brieuc) n’en aura qu’une pour adversaire.
Au-delà de l’aspect sportif, il faut aussi prendre en compte la situation financière de l’US Dunkerque qui fait (va faire?) l’objet d’une plainte de la communauté urbaine de Dunkerque pour des « irrégularités comptables »! Et l’on nous parle aussi de gros soucis à venir pour de nombreux clubs de National devant la DNCG… Cela influencera-t-il les montées et les descentes ?
En attendant, après avoir considéré tous ces éléments et en laissant aussi parler un certain chauvinisme concarnois de bon aloi, je vois un certain statu-quo au classement de ce formidable championnat de National qui se terminerait donc par les montées de Martigues (1er) et de Concarneau (2e) en Ligue 2.
En cas d’égalité finale à trois entre Martigues, Concarneau et Dunkerque, l’ordre serait le suivant : Martigues (1er), Concarneau (2e), Dunkerque (3e). Et qu’en cas d’égalité à deux, entre Concarneau et Dunkerque, les Thoniers seraient devant au goal-average général (égalité au particulier). Et s’il faut pronostiquer le nombre de points de chacun, j’en « donne » 65 à Martigues (1er) et à Concarneau (2e), 61 au Red Star (3e) et à Dunkerque (4e). »
1. Martigues 65
2. Concarneau 65
3. Red Star 61
4. Dunkerque 61
Jean-Michel Rouet (ex-journaliste à L’Equipe) : « Je mise sur le statu quo, et donc sur le duo Martigues-Concarneau, tout simplement parce que ce sont les deux meilleures équipes du championnat ! Le promu Martigues est épatant depuis le début de la saison et je ne vois pas les Provençaux craquer maintenant. Idem pour Concarneau qui, poussé par un formidable élan populaire et une qualité de jeu remarquable, va selon moi franchir enfin cette dernière marche après s’être arrêté tout près ces dernières saisons…
Je pense même que les deux équipes gagneront leurs trois derniers matches. Le Red Star fait aussi un très bon championnat mais j’ai peur que les Audoniens regrettent amèrement les points perdus bêtement à Bauer. En revanche il est à craindre que la formidable remontada de Dunkerque soit stoppée par les évènements extra sportifs (plainte pénale contre le club par la Communauté Urbaine, gros sponsor institutionnel)… »
1. Martigues 65
2. Concarneau 65
3. Red Star 61
4. Dunkerque 57
Anthony Boyer (Nice-matin) : « On peut dire ce que l’on veut, Martigues et Concarneau méritent de monter au moment où l’on se parle ! Sauf qu’il reste trois matchs ! Sauf que Concarneau doit encore se déplacer deux fois, certes contre deux équipes qui ne jouent plus rien (Le Puy ce soir et Orléans), et recevoir Bourg. Je ne sais pas pourquoi, je ne les vois pas faire le plein. Sans doute parce que les Bretons lâchent parfois du lest, perdent des matchs.
En revanche, si Martigues bat Nancy lundi, en match décalé, avec la connaissance des résultats de ce soir, ils auront fait le plus dur dans ce qui sera pour moi leur finale. Mais attention : les Provençaux n’auront plus joué depuis 17 jours, et devront gérer à la fois un manque de rythme – qui sait si cette longue coupure ne va pas leur couper les jambes ? – et un deuxième match quatre jours après… C’est un facteur à prendre en compte.
J’ai vu jouer Martigues plusieurs fois cette saison à Turcan, notamment lors de son premier match à domicile contre Cholet, et aussi contre Le Puy, Concarneau et le Red Star. Cette équipe me fait très forte impression. Je l’avais dit à quelques personnes dès son premier match à domicile : « Attention à eux ! ». D’ailleurs, j’avais consacré un article ici sur 13heuresfoot, et j’avais titré « Attention, Martigues est de retour… ». Un titre prémonitoire ! Martigues est très solide et dégage quelque chose. Et même quand elle est bousculée, moins bien, elle ne perd pas. Tout l’inverse du Red Star, moins régulier, qui a passé son temps à alterner le très bon – ils m’ont impressionné à Martigues – et le mauvais. Concrètement, vous ne pouvez pas prétendre terminer dans les deux premiers si vous perdez trois fois à domicile contre des relégués (Le Puy, Paris 13 et Avranches) et même une quatrième fois contre le premier non-relégable (Bourg). Pour cette raison, et même s’ils viennent d’enchaîner trois succès, et qu’ils peuvent en enchaîner trois autres, je ne vois pas le « Red ». Je vois plutôt Dunkerque, que je suis allé voir jouer récemment contre Avranches (2-0) ou Concarneau. Et même plutôt Concarneau, à cause du calendrier qui, lui, est très compliqué pour Dunkerque. En fait, je vois bien deux équipes ex-aequo, voire trois… Et je vois un verdict se dessiner dans les dernières minutes de la dernière journée. En fait, je ne vois rien du tout ! Mais je crois que le final sera magnifique ! »
1. Martigues 63
2. Concarneau 63
3. Dunkerque 60 ou 62
4. Red Star 59
La descente
Journée 32 (vendredi 12 mai)
Bourg-en-Bresse – Dunkerque
Red Star – Cholet
Sedan – Châteauroux
Villefranche – Saint-Brieuc
Avranches – Borgo
Martigues – Nancy (lundi 15 mai)
Journée 33 (vendredi 19 mai)
Concarneau – Bourg-en-Bresse
Nancy – Le Puy
Saint-Brieuc – Sedan
Châteauroux – Red Star
Versailles – Avranches
Villefranche – Le Mans
Cholet – Paris 13 Atletico
Journée 34 (dernière journée vendredi 26 mai)
Bourg-en-Bresse – Nancy
Red Star – Saint-Brieuc
Paris 13 Atletico – Châteauroux
Avranches – Cholet
Sedan – Villefranche
Nos pronostics
Laurent Pruneta : « Il y a déjà un premier paramètre important. On entend beaucoup de bruits sur des équipes qui seraient en difficulté. Les présidents s’appellent entre eux. Beaucoup sont persuadés qu’il y aura un ou plusieurs repêchages. Donc, ça va se battre jusqu’au bout pour terminer le plus haut possible. Il va y avoir plusieurs confrontations directes comme le Villefranche – Saint-Brieuc lors de cette journée de vendredi ou le Bourg-en-Bresse – Nancy de la dernière journée qui vont valoir très chers…
En bas, Bourg-en-Bresse a le calendrier le plus compliqué avec deux équipes du Top 3, Dunkerque et Concarneau, avant de recevoir Nancy. Je les vois bien descendre avec Villefranche.
Cholet peut aussi s’écrouler. En revanche, je pense que vu son calendrier, Avranches réussira à se sauver. Pour le travail de Karim Mokeddem, Saint-Brieuc mériterait de se sauver. Il peut compter sur Hicham Benkaid.
Donc en résumé, je dirais Bourg-en-Bresse, Villefranche et un 3e entre Cholet, Saint-Brieuc et Nancy. Mais encore une fois, il y a de fortes chances qu’au moins le 13e soit repêché. »
Denis Vergos : « Pour les trois descentes supplémentaires en N2 (en plus de Borgo, Le Puy et Paris 13), beaucoup va dépendre du Villefranche (13e, 37 pts) – Stade Briochin (15e, 35 pts) de cette 32e journée. Sans oublier les Avranches (14e, 36 pts) – Cholet (10e, 39 pts) et Bourg (12e, 38 pts) – Nancy (11e, 39 pts) de la dernière journée… Mais d’ici là, les positions auront évolué car Avranches devrait s’imposer ce week-end contre Borgo et peut-être aussi Bourg, à domicile, contre Dunkerque… Et l’on reparlera aussi peut-être beaucoup de DNCG pour venir piper les dés ! Donc je laisse passer la 32e journée avant de faire des pronostics que je souhaiterais, vu de Concarneau, favorables au Stade Briochin et à l’US Avranches. »
12. Avranches 43 (maintien) et +4 sur tapis vert ??
13. Villefranche 43 (relégué)
14. Bourg-en-Bresse 42 (relégué)
15. Saint-Brieuc 39 (relégué)
Jean-Michel Rouet: « Chaque point va valoir très très cher dans les trois dernières journées et j’imagine même sept équipes terminer en deux points, entre la 8e et la 14e place. Je suis très inquiet pour Châteauroux humilié à Gaston Petit lors de sa dernière sortie contre Villefranche et perturbé par les rumeurs de vente du club… La dynamique de Bourg est meilleure mais le calendrier des Bressans (avec deux candidats à la montée, Dunkerque et Concarneau) est compliqué. Ça va se jouer sur un fil pour Avranches et Cholet (qui s’affronteront le dernier jour) mais je leur donne un tout petit avantage, comme à Nancy et à Villefranche, qui doit profiter surtout de ses deux prochains matches à la maison (Saint Brieuc et Le Mans). En revanche, j’ai peur qu’il en manque un peu à Saint Brieuc, qui revient pourtant de très loin mais doit composer avec un calendrier difficile. »
Anthony Boyer : « Pour tout ce qu’a apporté Karim Mokeddem en l’espace de quelques mois à Saint-Brieuc, et parce que j’aime bien les « petits », les belles histoires, les clubs qui bousculent la hiérarchie, je souhaite aux Griffons de se maintenir, mais pour autant, j’ai peur qu’ils soient partis de trop loin et qu’ils échouent tout près du but. Allez je me lance. Et j’ose. Cholet et Nancy ont vraiment un calendrier difficile, avec deux déplacements en trois matchs, et des confrontations directes (Cholet à Avranches, Nancy à Bourg). Je les verrais bien tomber. Je vois Bourg se maintenir avec 43 points, quand bien même elle affronte deux équipes qui jouent la montée : mais je la pense capable de battre Dunkerque. Je récapitule : Saint-Brieuc 15e (39 pts) serait rélégué. Et ensuite plusieurs équipes ex-aequo à 42 points : Cholet (42), Nancy (42), Avranches (42). Et peut-être Villefranche (40 ou 42). Imaginez, quatre équipes avec le même nombre de points ! Il faudrait alors le goal average pour départager tout ce monde et déterminer les deux derniers relégués ! Et là, entre Avranches, qui peut encore prendre 3 points en battant Cholet (J34), Villefranche, Nancy et Cholet donc, c’est Villefranche qui est gagnant… pour l’heure, devant Cholet et Avranches. Je pense que l’on se dirige vers une 34e et dernière journée complètement dingue… Dire que mes pronostics peuvent être mis à mal dès ce soir !!! »
Peut-on, à votre avis, avoir encore un changement de coach d’ici la fin de saison ?
Laurent Pruneta : « Avec la réforme, les présidents sont devenus impatients et irrationnels. Mais je ne pense pas qu’il y aura d’autres changements de coachs. Certains l’auraient fait avant, je pense. Le dernier restera donc Cholet, ce qui reste une vraie aberration à 3 journées de la fin. Il y a des présidents qui ne changeront donc jamais… Benjamin Erisoglu est coutumier du fait. Stéphane Rossi qui était revenu une deuxième fois à Cholet a fait les frais de ses méthodes. »
Jean-Michel Rouet : « J’ose espérer que non mais les enjeux sont tels que rien n’est impossible ».
Anthony Boyer : « Pour être honnête, à l’issue de la 31e journée, j’ai envisagé qu’il puisse y avoir encore un changement. Mais je ne pensais pas qu’il concernait Stéphane Rossi à Cholet. J’avais imaginé Gilbert Guérin, le président d’Avranches, limoger son entraîneur, Damien Ott, après un 5e revers d’affilée. Le président normand a énormément d’expérience, il a prôné la continuité, et j’espère pour lui, pour son club, le plus « ancien » à figurer en National (depuis 2014), que le maintien sera au rendez-vous. Maintenant, je ne vois plus aucun mouvement de coachs ! Mais avec ce championnat, on n’est jamais au bout de ses surprises ! »
La DNCG peut-elle entrer en ligne de compte ? Jean-Michel Rouet : « Les derniers bruits de couloir laissent présager une saison à prolongation devant les instances. Quelques clubs semblent en effet financièrement dans le rouge y compris parmi les futurs relégués de Ligue 2. Le cas de Dunkerque a de quoi notamment inquiéter. C’est pourquoi il sera important – mème pour les relégués – d’obtenir le meilleur classement possible dans l’espoir d’un éventuel repêchage… »
Bruno Luzi :
« Souvenez-vous de Grenoble-Sannois »
L’ancien coach de Chambly, club qu’il a fait monter de District en Ligue 2 en 2019 (demi-finaliste de la coupe de France en 2018) est sans boulot depuis un an. Et espère bien trouver un nouveau projet la saison prochaine. Depuis quelques mois, il anime chaque semaine sur Linkedin une chronique, le « Luzinomètre », où il fait un état des lieux des championnats, aussi bien amateurs (le plus souvent) que professionnel (parfois !). Pour 13heuresfoot, il a accepté de jouer les consultants de service et de donner son avis sur cette fin de saison en National, ce championnat qu’il connaît par coeur !
La descente
Bruno, la descente, tu la vois comment ?
« Franchement, c’est compliqué. Certaines équipes arrivent dans cette zone-là avec un tout petit matelas, d’autres ne sont pas si mal que ça au niveau de la dynamique, comme Saint-Brieuc. Il va y avoir des confrontations directes, et donc des éliminés au coup par coup au fil des trois dernières journées. Ce qui veut dire qu’affronter des équipes qui seront reléguées dans deux journées, ce ne sera pas la même chose… Elles seront en vacances entre guillemets, alors que de les jouer maintenant c’est plus compliqué. Je pense que ça peut se jouer à la dernière journée. Les équipes qui ont du retard, Saint-Brieuc, Avranches et Villefranche, forcément, si elles reperdent du terrain ce soir (vendredi), ça va être compliqué, mais quand on voit les situations de Nancy, Cholet ou Bourg… ces trois équipes n’ont aucune garantie, avec seulement 2 points d’avance sur la charrette. Pour moi, jusqu’au Mans, il faut faire gaffe. »
Cette fin de saison ne te rappelle-t-elle pas la saison 2017-2018, lorsque Les Herbiers, le finaliste de la coupe de France, était descendu à la dernière journée sans jamais avoir été relégable auparavant ? « Oui, un peu. Cette saison-là, 5 ou 6 équipes se tenaient en quelques points, dont nous d’ailleurs (Chambly), et justement, je me souviens que Sannois-Saint-Gratien, que tout le monde avait condamné avant son dernier déplacement à Grenoble qui, lui, jouait la montée en Ligue 2, s’était imposée 3-2 dans l’Isère à la surprise générale ! Contre toute attente, Sannois avait sauvé sa tête ! Alors que Les Herbiers se sont fait « ramasser ». En fait, jusqu’à la dernière journée, et jusqu’aux derniers instants de la dernière journée, tout peut arriver. Et ça peut être encore ce scénario cette année. »
On peut avoir aussi des 0-0 qui arrangent tout le monde lors de la dernière journée… « Oui, après, sans parler de match arrangé, mais si à 15 minutes de la fin, le nul arrange les deux équipes, elles ne vont pas prendre de risques, c’est compréhensible. »
Saint-Brieuc, qui est l’équipe de bas de tableau à posséder la meilleure dynamique, tu y crois ? « C’est vrai que ça va nettement mieux pour eux, maintenant, le gros problème, c’est qu’ils ont accumulé un gros retard, et qu’ils ne gagnent pas non plus sans arrêt, même s’il font un parcours de mieux en mieux, mais ils sont dans les temps, à portée de fusil des adversaires directs, et sont sur une super-dynamique, alors qu’ils étaient quasiment condamnés y’a quelques temps. Et là, ils sont en vie. Tout est encore jouable. »
Tu sens des équipes sereines, d’autres moins sereines ? « Pas sereines, je dirais celles qui ne sont pas préparées à jouer le maintien, au contraire d’Avranches, par exemple, qui sait en début de saison qu’elle va lutter pour ça. Un peu comme Chambly d’ailleurs quand on y était. Mais le problème d’Avranches, c’est qu’ils ont fait un bon championnat sauf depuis deux mois où ils ont glissé, au mauvais moment, dans la zone rouge. Cholet était 5e à un moment et vient de changer d’entraîneur à 3 journées de la fin et souvent ça marche; mais pour eux, au niveau de la dynamique et de la sérénité, ça peut être compliqué. Nancy est dans le dur depuis le départ et comme c’est un « gros » du championnat, ils ont une pression encore plus forte je pense. Aujourd’hui, pour la descente, j’irais chercher du 15e donc (Saint-Brieuc) jusqu’au 10e, Cholet. Et peut-être même jusqu’au 9e, Châteauroux, même si qu’avec 41 points ils ont fait le travail : attention tout de même, s’ils ne gagnent pas, ils peuvent rentrer dans la zone des concernés aussi… Les confrontations directes seront éliminatoires en cas de défaite, ça va être super intéressant. »
Ton pronostic pour la descente ? « Je ne me lancerais pas ! Je n’arriverais pas à être suffisamment lucide ! Pour moi, ceux qui ne font pas de série vont descendre, mais Saint-Brieuc est en train d’en faire une… Mais ils sont 15es et ont 3 points de retard, ce n’est pas rien; ce n’est pas impossible pour eux, mais il y a quand même deux équipes intercalés entre eux et la 12e place, il y a des confrontations directes, avec ce Villefranche – Saint-Brieuc ce soir, ça peut être éliminatoire. Et si au dessus de la zone de relégation ça se met à faire un bon parcours, ces 2 ou 3 points, tu ne peux pas les récupérer. Cholet fut proche de prendre le bon wagon et dix journées plus tard ils sont à 2 points de la charrette. S’ils n’arrivent pas à se reprendre, et ils vont au Red Star, donc ça peut être très compliqué d’un coup. Ils peuvent se retrouver « dedans ». Deux points d’avance, c’est rien. Y’a pas d écart. Pour moi, il faut voir les dynamiques. De toute façon, avec ces 6 descentes, il faudra plus de 40 points pour se maintenir. »
Bon, ton pronostic pour la montée alors ? « Pour l’instant, je lis le classement. Concarneau n’a pas un calendrier très difficile. Martigues reçoit deux fois sur trois. Bon, je pense, avantage aux deux premiers, parce qu’ils viennent de se jouer, donc théoriquement ça doit passer. Maintenant, le moindre match nul peut être tout de suite fatal car il n’y a qu’un point d’écart avec le 3e, Dunkerque. Parfois, c’est très dur de finir aussi, ça peut entrer en ligne de compte, on l’a vu avec Grenoble contre Sannois en 2018. Léger avantage aux deux premiers. Concarneau jouent ce soir au Puy, qui est relégué : j’ai envie de dire, t’as pas le choix, si tu veux monter, il faudra gagner au Puy, et après, ils reçoivent Bourg-en-Bresse et ça, ça peut être le « gros » match, parce qu’ensuite, tu vas à Orléans, qui ne joue plus rien. Pour Orléans face à Concarneau, comment tu peux dire à tes joueurs, qui ne jouent plus rien, de « ne pas jouer » ? Tu ne peux pas. Au contraire, les joueurs qui entreront sur le terrain auront envie de « se taper » le leader, ce n’est pas leur problème que Concarneau monte ou ne monte pas. C’est pour ça que je vois Martigues, qui a un calendrier plus favorable, et qui montre une grande solidité : certes ils ont fait plus de matchs nuls, mais je les vois plus costauds. »
Le match le plus difficile de Martigues, ne sera-t-il pas celui qui arrive, à Turcan, lundi, contre Nancy ? « C’est ça, oui, exactement. S’ils arrivent à passer ce match, après ils vont à Borgo qui est relégué et reçoivent Versailles qui est en vacances. Martigues, je ne vois pas comment ils feraient moins de 7 points. »
Et le Red Star ? Et Dunkerque ? « Peut-on leur mettre 9 points de manière certaine ? Pas sûr. Et même 7 points ça ne devrait pas suffire. Franchement, je ne pense pas… Dunkerque va à Bourg-en-Bresse ce soir : ça c’est juste un vrai match, qui peut aussi être la fin de l’USLD. Bourg joue contre le 3e et le 2e : s’ils ne négocient pas bien ces matchs là, ils seront en danger pour le maintien, mais après, ça peut finir sur des matchs nuls. Est-ce qu’un nul sera éliminatoire en haut de tableau ? Je pense que oui pour le Red Star car ils doivent faire 9 points sur 9. Pour Dunkerque, ça peut peut-être passer à 7 points, et après, ça dépendra du goal average particulier. »
Penses-tu que le classement en haut de tableau est conforme à la valeur des équipes ? « Oui. Dunkerque effectue un bon championnat et depuis qu’ils ont changé de coach, ils ont recollé, malheureusement, ils ont perdu le match qu’il ne fallait pas perdre, à Martigues… Quand tu es dans une course comme ça, en haut de tableau, tu ne dois pas perdre dans les confrontations directes face aux autres équipes de tête, parce que ça peut être éliminatoire. Concarneau a plus besoin de gagner que Martigues à cause du goal average défavorable sur Dunkerque et Martigues. »
Propos recueilli par Anthony BOYER
La 32e journée de National est à suivre ce soir en direct sur FFF TV (à partir de 19h15) :
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Le président du FC Fleury 91 (National 2 et D1 Arkema) évoque les projets du club de l’Essonne qu’il dirige depuis 35 ans et qui est aux portes du National après être parti de la 4e division de District ! Surtout, il livre sa vision du football et donne des axes de développement.
L’événement est suffisamment rare pour être signalé. Samedi 29 avril dernier, on joue la 26e journée de National 2, dans la poule B. Dans cinq matchs, la saison sera terminée. Les trois premiers du classement, qui se tiennent dans un mouchoir de poche et passent leur temps à se « chiper » le fauteuil de leader, vont chacun s’incliner ! Epinal à domicile face à la réserve de Reims (0-4). Bobigny (FC 93) à Saint-Maur-Lusitanos (4-1) et le FC Fleury 91 à Besançon (1-0). Une première dans cette saison où l’on attendait également Créteil à la fête mais les « Béliers » ont lâché prise assez tôt. Si bien que la lutte pour l’unique accessit en National se résume à un mano a mano entre Fleury, Bobigny et Epinal.
2 points d’avance à 3 journées de la fin
A trois journées de la fin, ce sont les joueurs de l’Essonne qui sont les mieux placés, avec 2 points d’avance sur le FC 93 (Bobigny-Bagnolet-Gagny) et 3 sur les Vosgiens. Quid du classement final, le 3 juin ? Bien malin qui peut le dire.
Devancés d’un tout petit point la saison passée après un exercice pourtant remarquable (20 victoires, 5 nuls et 5 défaites, 65 points), les joueurs de l’emblématique président Pascal Bovis n’avaient cependant pu empêcher Paris 13 Atletico d’accéder en National (66 points, 20v-6n-4d).
Une fois la déception évacuée, le FC Fleury 91 Essonne s’est remis dans le bain : cette fois, malgré deux défaites au mois d’avril (à Saint-Quentin et à Besançon), les « Rouge et noir » ont toujours leur destin en mains : « Que les trois premiers aient perdu en même temps, cela ne me surprend pas, commente le président, à la tête du club depuis 1987; Les équipes se tiennent. Regardez, dans notre poule, du 6e au 14e , il y a très peu d’écart (5 points). Tous les matchs sont « à la vie à la mort », ce sont comme des matchs de coupe où ça se joue à rien, et ça va être comme ça jusqu’en fin de saison. Il ne reste plus que 3 matchs, ça peut basculer, on le sait. »
« Il doit y avoir un vrai travail de fond »
Pragmatique, Pascal Bovis ? Plutôt, oui. Et si l’accession venait à nouveau à lui échapper, il prendrait la chose avec philosophie. Son argumentation est béton : « Si on ne monte pas cette saison ? Non, ce ne serait pas une déception, poursuit celui qui est issu du milieu de la natation et plus particulièrement du water-polo; Bon, au départ, quand on prend la présidence d’un club, on est comme tout le monde, on est en quête d’absolu. C’est vrai qu’au début, je voulais gagner, je m’arrachais les cheveux, mais finalement, je crois qu’il ne faut pas chercher cette quête, ni celle du résultat, mais une quête de fond. C’est ce que on « met dedans » qui compte. Si on monte « à l’arrache » comme certains clubs le font, ça ne sert à rien. Il doit y avoir un vrai travail de fond. Il faut bien sûr être des compétiteurs, mais pour moi, la montée en National, c’est juste la cerise sur le gâteau. Elle ne sert à rien si on n’a pas fait le gâteau avant. Il faut avoir des principes. Après, ça viendra tout seul. Et si ça vient pas là, ça viendra à un autre moment. On a un très bon état d’esprit dans l’équipe, y’a un fonds de jeu, y’a une bonne ambiance et une âme dans le club : je préfère avoir une équipe avec une âme en N2 que sans âme à l’étage supérieur avec des mercenaires. On sait qu’à Fleury, on a des valeurs. Ici, les gens prennent du plaisir et sont là pour longtemps. C’est important. Vous savez, en N2, on est déjà à un très haut niveau. Si on le franchit le cap, tant mieux, et ensuite, à nous de nous inscrire dans la durée. Et là, il n’y a pas d’école : regardez cette saison, Martigues a peu recruté et figure en tête en National; d’autres ont recruté et font aussi une belle saison, d’autres non. Il n’y a ni règle, ni vérité. »
Structures, infrastructures et sportif
Le message est clair. Et pondéré. Pascal Bovis n’entend pas accéder en National juste pour y accéder, façon de parler. Le plus important, ce sont les fondations.
Il répète inlassablement le même triptyque : structures, infrastructures et sportif. Les trois volets indissociables d’une éventuelle promotion. « Fleury n’est ni une mégalopole ni une grosse ville, il n’y a que 10 000 habitants. Alors en matière d’infrastructures, on fait avec ce qu’on a. On se débrouille. On y arrive. Et on essaie toujours d’améliorer les choses. Surtout, on n’a jamais mis le toit ni la charpente avant les fondations ou les murs. C’est pour ça qu’on n’est pas pressé de monter. Il faut structurer le club pour que, le jour où on monte en National, on ne redescende pas. Il ne faut pas précipiter les choses. Beaucoup sont montés et redescendus. Il faut être très vigilant là-dessus. »
Le PDG du groupe Bovis, une boîte familiale spécialisée dans les transferts et déménagements industriels ainsi que la manutention lourde, fondée par son papa en 1977, et dont il a pris la succession en 1988, à l’âge de 26 ans seulement (il en a 61 aujourd’hui), fait preuve d’un discours à la fois ambitieux et réaliste.
Il sait la difficulté de ce championnat National. « Il est très dur et l’année prochaine, il sera encore plus dur, ce sera quasiment une Ligue 2 bis… Quand vous voyez que Nancy lutte pour ne pas descendre avec un budget énorme comparé à d’autres clubs… Il faut avoir conscience de ça. Récemment, je suis allé voir Orléans contre Bourg-en-Bresse, je suis allé voir Paris 13 Atlético aussi, parce que c’est important de se rendre compte des niveaux de structures et d’infrastructures, du niveau sportif. Mais bon, pour l’instant, on est en National 2… Il faut déjà que l’on monte. »
« Une réforme intéressante si le National passe pro »
S’il qualifie le National et le National 2 de « durs », ce n’est pas seulement en raison du niveau sportif. C’est aussi pour la nouvelle réforme qui fait tant parler. Et sur le sujet, il a un avis tranché : « Cette réforme est assez nécessaire en National 3 parce qu’il ne fallait pas que ce championnat devienne une super DH. En revanche, elle est assez sévère pour le N2. Que l’on resserre l’élite, pourquoi pas à partir du moment où les clubs y trouvent des intérêts économiques et sportifs, et à partir du moment où le National passe pro et devient rattaché à la LFP. J’attends de voir. Mais si ce n’est pas le cas, alors ce serait mieux d’avoir une pyramide avec 8 poules de N3, 4 poules de N2 et deux poules de National : le 8-4-2, ça me paraît plus équilibré. Parce que cette réforme va faire des malheureux. Il y a quand même 1300 contrats fédéraux et avec les staffs ça fait entre 1500 et 1800 emplois directs… Il ne faut pas que cette restructuration limite les emplois directs, idem pour les arbitres, il y aura des matchs en moins à arbitrer. Je le répète, la réforme peut être intéressante à condition que le National passe pro, sinon je n’y vois pas un grand intérêt. »
Et quand on lui rétorque que le 8-4-2 existait déjà il y a 30 ans au début du National et que la création de la Ligue 3 est loin d’être acquise, voilà sa réponse : « Pour la Ligue 3, comptez sur moi pour revenir à la charge si le National ne passe pas pro ! Quant au 8-4-2, parfois, certaines choses étaient mieux avant (rires) : ce que faisaient les anciens n’étaient pas dénués de bons sens, dans le sport comme dans d’autres domaines, comme la construction. Mais bon, cette évolution des championnats nationaux, c’est fait c’est fait ! »
« Tout est prêt en cas d’accession »
Pour le chef d’entreprise et mécène du club, tout est prêt en cas d’accession. Mais il refuse toujours de mettre la charrue avant les boeufs. De s’enflammer. « Le club est bien armé si jamais on monte. Tout est carré, que ce soit les structures, les infrastructures et le sportif, on est prêt. On a deux stades homologués pour le National (le complexe Gentelet et le stade Bobin à Bondoufle). Le National, ce serait un beau challenge, mais ça l’est déjà en National 2. On verra ce qui se passe. Bien sûr que c’est excitant d’aller jouer dans des beaux stades, au Mans, à Châteauroux, à Orléans, à Sedan, sur des pelouses impeccables, dans une compétition beaucoup plus intense, beaucoup plus intéressante. On va essayer d y aller, on verra. »
S’il se veut prudent, c’est aussi parce qu’il a encore en mémoire l’exercice précédent, bien sûr, et parce qu’il mesure le chemin parcouru de son club, depuis qu’il en a pris la présidence, il y a 35 ans. Et c’est vrai que le club, fondé en 1970, devenu le FC Fleury 91 en 2015 (en remplacement de US Fleury-Mérogis), est passé de la 4e division de District au National 2, et de 5 à 50 équipes ! Et grâce à son équipe féminine de Division 1 Arkema, il a su placer Fleury sur la carte de France et faire (presque) oublier sa célèbre prison !
Mieux encore, l’équipe entraînée par Fabrice Abriel, l’ancien joueur du PSG, de l’OM et de Nice – notamment – s’est rapprochée des deux ogres que sont PSG et Lyon, avec une 4e place au classement (3e la semaine dernière avant la défaite face à Montpellier) et, peut-être, une participation à la Ligue des Champions à venir…
Un dirigeant très engagé
Surtout, ce sont les grands projets et les grandes idées qui animent ce dirigeant, également porte-parole des clubs de D1 et D2 à la commission du football féminin, présidée par Jean-Michel Aulas, et représentant des clubs nationaux à la Ligue de Paris/Ile de France : « En ce qui concerne mon rôle à La Ligue de Paris IDF… J’ai droit à un joker ? Je ne suis plus vraiment invité aux réunions depuis que j’ai dit ce que je pensais au président… Mais ce n’est pas un souci. Je travaille comme représentant des clubs nationaux avec la FFF, mais au niveau de la Ligue, non, je n’ai pas d impact. En revanche, à la commission du football féminin, mon engagement est concret. Il y a 10 membres. Je représente les clubs « dits » amateurs mais en fait, on travaille tous ensemble, on essaie de faire avancer le foot féminin. Mais là, au moins, je peux m’exprimer clairement et directement. Je pense c’est nécessaire. Plus généralement, il faut qu’il y ait des présidents de clubs dans les instances du football, parce qu’aujourd’hui, les instances sont très institutionnalisées, avec des représentants de « ceci » ou de « cela ». Il y a beaucoup de gens mais peut-être pas assez de personnes qui sont confrontées à la réalité du terrain, à la réalité de la vie d’un club au quotidien, or ça me semble important, car on amène des idées et on soulève les problèmes concrets. Il faut que la Fédération Française de football soit connectée au terrain et pour ça, il n’y a rien de mieux que les présidents qui vivent ça au quotidien. Attention, je dis ça, mais à la commission du football féminin, on est écouté, c’est un vrai travail d’équipe. Elle a une grande expérience et puis Jean-Michel Aulas, son président, nous fait aussi bénéficier de la sienne. Depuis 5 ou 6 ans, on a fait un pas de géant, il y a eu de grosses avancées, il faut continuer. »
« Il faut travailler les uns pour les autres »
Titulaire d’une maîtrise d’anthropologie (étude de l’être humain sur tous les aspects), Pascal Bovis, très attaché à l’océan indien et à « son » île, Madagascar, a pris une décision importante le mois dernier : il a élargi les fonctions de Fabrice Abriel, promu « directeur du football », et a confié la direction technique du club à Christophe Horta, ancien manager général des équipes de France militaires. « Je pense que Fabrice (Abriel) peut nous apporter encore plus que ce qu’il nous apporte déjà, explique Pascal Bovis; c’est pour ça qu’on l’a nommé à ce poste-là. C’est un travail de tous les jours, tourné à 80 ou 90 % vers les féminines, mais on a le projet de centre de formation, donc avec lui, on va gagner du temps, parce que je pense qu’il sait bien ce que c’est. Il sait ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire. Fabrice a aussi une activité support-conseil au niveau du National car là on a des gens qui n’ont pas encore une grande expérience. Par exemple, je suis très content de ce que fait l’entraîneur, Habib Boumezoued, ça fait longtemps qu’il est au club, il a déjà entraîné les jeunes, les filles, et il a une marge de progression… On a tous une marge de progression. Il faut travailler les uns pour les autres. »
Formation oui, vedettariat non
En évoquant le centre de formation, Pascal Bovis pose là l’un des axes de développement des prochaines années de son club, dont il a une vision bien précise : « Si j’avais un modèle de club a suivre, ce serait un club qui se sert de son centre de formation et où il n’y a pas de vedettes. Ce serait un club où c’est d’abord le sportif qui prime avant l’économie, même si cette dernière reste importante. Ce que je veux dire, c’est que cela ne m’intéresse pas de prendre un joueur qui va vous faire vendre des maillots. Moi, je préfère le foot-spectacle, avec des joueurs qui nous apportent quelque chose au niveau de la mentalité et du jeu. Le sport, ça doit être notre moteur. L’économie doit être notre gouvernail, mais pas la finalité, juste un outil, même s’il ne faut pas faire n’importe quoi. Or il y a beaucoup de clubs qui font l’inverse et ça dénature le sport. Le foot, c’est avoir la meilleure équipe possible et les meilleurs résultats sportifs possibles, avec la contrainte budgétaire que vous avez, faire vibrer les spectateurs. C’est un spectacle. On n’est pas là pour faire du business même si on doit avoir des compte fiables, solides. On n’est pas là pour acheter un joueur et faire notre plus-value, même si à un moment donné cela peut arriver, mais ce n’est pas du tout le but de départ. » Et d’avouer : « Jaime beaucoup Auxerre ».
La vision du football de ce fan de l’OGC Nice se décline d’ailleurs dans son projet club. « Oui, j’aime bien Nice, ce n’est pas loin de la région de ma famille, à Châteauneuf-de-Grasse ! D’ailleurs, quand j’ai pris la présidence de Fleury, on jouait un peu dans les couleurs du FC Rouen, hauts rouges avec shorts blancs et chaussettes rouges, j’ai fait évoluer les couleurs, on est passé en Rouge et noir, comme Nice, même si on joue plutôt en blanc. »
« Il ne peut pas y avoir deux familles et un seul monde »
Ce projet-club, il le détaille : « Fédérer beaucoup plus le département de l’Essonne autour de deux locomotives, la D1F et le N2M. Il faut créer notre centre de formation mixte. Ensuite, travailler, franchir encore un cap sportivement, que cela soit avec les filles ou avec les garçons et travailler avec la FFF afin que la formation effectuée par les clubs amateurs soit reconnue et valorisée au niveau national alors qu’elle est reconnue à l’international, et ça, ce n’est pas normal. Les droits à la formation (de 12 à 23 ans) n’ont pas été revus depuis 1984. C’est un souci. Parce que 5000 euros, c’est rien. Les gamins ne se forment pas tout seul… Pendant que des millions d’euros sont brassés à côté, nous, les amateurs, on ne touche presque rien alors qu on a formé les minots, que du travail a été effectué en amont. La formation, c’est le poumon des clubs. Si on veut continuer à effectuer ce travail, il faut qu’on incite les clubs à améliorer leur formation, car c’est bon tout le monde : c’est bon pour la sélection nationale, pour les clubs pros et ça sera bon pour les clubs amateurs à condition que l’argent soit mieux réparti. Il ne peut pas y avoir deux familles et un seul monde. On a l’impression, sur ces thèmes de fond, qu’on ne prend pas suffisamment conscience de tout cela. D’ailleurs, en National 2, comme en National, on est sur la même ligne de fracture entre le monde amateur et le monde pro. »
« Je suis là pour donner un sens, une direction »
Autre axe de développement : la dépendance financière. Pascal Bovis est un mécène mais aussi un passionné, « Heureusement, sinon… mais ce n’est pas facile ! On connaît bien les championnats de District pour y avoir joué, les championnats régionaux, on a des gens qui sont là depuis très longtemps au club, on essaie de faire en sorte que le club soit moi dépendant par rapport à cela… cela fait aussi partie des objectifs du club. »
Passionné, donc, et très occupé, forcément aussi. Gérer une entreprise de 1400 salariés et diriger un des plus grands clubs français en termes de licenciés ne sont pas des choses simples : « Avoir des journées chargées comme les miennes, c’est la seule solution pour avancer ! Après, que ce soit dans mon entreprise ou dans le club, on est bien structuré. Je n’ai pas besoin d’être tous les jours au club même si j’ai des contacts au quotidien, même si je prends des décisions chaque jour. Le but, c’est que ces structures ne dépendent pas que d’un homme. Moi, je suis là pour donner un sens. Une direction. Mais c’est un travail commun. »
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