Le capitaine de l’équipe de Calais, finaliste de la coupe de France 2000, dont les exploits à répétition sont restés gravés dans le marbre, revisite l’Histoire et raconte, 25 ans après, l’avant, le pendant et l’après épopée ! Discussion à bâtons rompus avec l’un des héros du CRUFC.

Par Anthony BOYER / Photos : 13HF et captures d’écran FFF

Les larmes après la finale de Réginald Becque. Capture d’écran FFF

Les photos ont fait le tour de l’Hexagone. Il y a tout d’abord celle où l’on voit les deux capitaines, Mickaël Landreau et Réginald Becque, soulever la coupe ensemble. Une initiative du gardien international nantais, comme pour rendre le plus bel hommage au football amateur. Comme s’il n’y avait pas un seul mais bien deux vainqueurs de cette édition 2000 de la coupe de France, marquée par cette fabuleuse épopée calaisienne.

Aujourd’hui, qui se souvient que Calais a perdu ce match contre Nantes, 2-1, le 7 mai 2000, au Stade de France ? Personne. Car tout le monde se souvient que les Jaune et noir (et rouge !), les couleurs du CRUFC, sont allés jusqu’en finale !

Et puis il y a cette deuxième photo. On y voit Réginald Becque craquer et fondre en larmes. C’était au coup de sifflet final. Le capitaine de cette « belle bande d’amateurs », comme avait titré la FFF dans son documentaire très réussi d’une heure et demie, tourné vingt ans après l’exploit, avait tant de choses à évacuer.

Dunkerque, Cannes, deux clubs, deux exploits ?

Réginald, le 28 mars 2025 ! Photo 13HF

Mais le natif de Denain, dans le 59, entre Valenciennes et Cambrai (52 ans), sait aussi se tordre de rire : d’ailleurs, il a beaucoup ri durant cet entretien qui a un peu débordé sur le timing imparti, notamment quand on lui a dit que pour le préparer, on avait, nous aussi, pleuré en regardant les différents documentaires consacrés au CRUFC, submergés par les émotions !

Vingt-cinq ans après, et à quelques jours des demi-finales de l’épreuve préférée des Français, qui verra deux « petits » tenter de s’inviter à la table des grands au Stade de France – l’USL Dunkerque tout d’abord, club de Ligue 2 à la trajectoire linéaire et régulière depuis 15 ans et son passage en CFA2 (2010-11); l’AS Cannes ensuite, club de National 2, un « Historique » du championnat de France qui sort d’une très longue traversée du désert, et retombé en DHR (Régional 2) en 2014 -, Réginald Becque revisite l’Histoire avec un grand H.

Dunkerque, Cannes, deux clubs, deux matchs, face au PSG et au Stade de Reims. Deux exploits ? La magie de la coupe opérera-t-elle encore ? L’on sait une chose, c’est que Réginald Becque, lui, sera du côté des « petits ». L’inverse aurait été surprenant. Il suivra bien entendu les deux affiches, il nous l’a dit, et sera sans doute présent au stade Pierre-Mauroy à Lille pour encourager Dunkerque, lui qui habite le quartier de Rosendael, à 2 kilomètres du Stade Tribut, où il n’est pas rare de le voir dans les tribunes encourager les « Marine et blanc ».

Ce qui est très rare en revanche, et là c’est surprenant, c’est de le voir à Calais. Au stade de l’Épopée. Dans cette ville qui l’a consacré et qui a consacré une équipe de « fous furieux », lors de cette fameuse saison 1999-2000. Celui qui est aujourd’hui salarié de la Fédération Française de football explique les raisons de ces « absences » à Calais. Et déroule une énième fois l’Épopée !

Et si jamais les coachs de Cannes et de Dunkerque cherchent des idées pour leur causerie d’avant-match, pour les demi-finales, nous n’avons pas de conseil à leur donner, seulement une suggestion : qu’ils montrent à leurs joueurs le reportage d’une heure et demie sur l’Épopée de Calais… Cela ne fera peut-être pas gagner le match, mais certainement prendre conscience de beaucoup de choses et donnera une énergie positive folle !

Interview : « Les gens se sont identifiés à nous ! »

Au Stade de l’Épopée, il y a quelques années, pour un reportage. Les larmes après la finale de Réginald Becque (Capture d’écran).

Réginald, explique-nous ce que tu fais à la FFF …
Je suis salarié de la Fédération Française de Football depuis 2017, à la direction du football amateur, dans le service événementiel-partenariat. J’interviens sur tous les événements du football éducatif, comme la « Rentrée du foot », le « Festival Foot U13 Pitch » ou la « Journée des débutants », etc. On a aussi six événements annuels organisés pour les bénévoles, notamment La journée qui leur est consacrée au Stade de France pour la finale de la coupe de France : là, on invite 1 000 bénévoles ! On a aussi la tournée « FFF Tour » sur les plages en juillet et août : j’interviens sur la partie animations des nouvelles pratiques (futnet, fit foot, beach soccer, foot en marchant, etc). Enfin, je m’occupe aussi du suivi du partenariat Nike, notamment pour ce qui est des dotations pour les Ligues et les Districts, comme les opérations bons d’achat, mises en place pour les clubs. D’ailleurs, c’est grâce à ce partenariat que j’ai pu être embauché, car la FFF cherchait une personne à l’époque pour s’occuper de cela, et j’ai postulé. Depuis, pas mal de choses ont été mises en place pour le foot amateur, car avant, il n’y avait que les sélections qui bénéficiaient des dotations.

Tu n’as pas de mission liée directement à la coupe de France ?
Non.

« Une vie bien remplie »

Capture d’écran FFF

Et avant 2017, que faisais-tu ?
Déjà, pendant ma carrière de joueur, très tôt j’ai passé mes diplômes. Je suis allé jusqu’à l’ancien DEF, je pouvais à l’époque entraîner en National mais aujourd’hui, le maximum, ce serait Régional 1. Quand j’ai arrêté de jouer à Calais, en 2005, j’ai entraîné la réserve du CRUFC (Calais Racing Union Football-club), ensuite j’ai coaché les seniors à l’AS Marck, à l’US Gravelines puis à Audruicq en Régional 2. J’ai aussi entraîné les U19 à Calais, d’ailleurs, on a fait un 8e de finale de Gambardella (en 2007) avec Calais contre Nantes avec Laurent Guyot coach sur le banc adverse ! On avait perdu aux tirs au but. En parallèle du football, je travaillais à SeaFrance (société de flottes de bateau de type « ferry »), qui était le partenaire principal du club de Calais. Je me suis formé sur le tas, il fallait notamment parler anglais ! J’y suis resté 10 ans, jusqu’en 2010. Juste avant que l’entreprise ne ferme, le maire de Coudekerque-Branche, une ville de 25 000 habitants collée à Dunkerque, m’a contacté : c’est un amoureux de sport et de foot. Mon profil lui plaisait et j’ai fait 7 ans au service des sports de la commune. Le mercredi et le samedi, j’étais détaché et j’intervenais dans le club de foot de Coudekerque, pour l’école de foot. Et ensuite, est arrivée la FFF. Cela fait une vie bien remplie, des expériences, des formations sur le tas, des rencontres, ça me plaît !

Aujourd’hui, en marge de ton travail au sein de la FFF, tu as toujours des fonctions au club de l’AS Marck ?
Oui, je suis toujours secrétaire. J’essaie d’apporter ma contribution, d’accompagner. Je suis attaché à ce club, j’y ai entraîné les U19 et la réserve. L’AS Marck, c’est un état d’esprit et une mentalité qui me plaisent bien.

« À Fontainebleau, c’était très bucolique ! »

Lozano-Becque. Capture d’écran FFF

Tout le monde te connaît pour ton épopée calaisienne, mais peu de gens savent comment tu as commencé le foot ni où tu as été formé…
Je suis né à Denain, entre Valenciennes et Cambrai, dans le Nord, mais j’habitais juste à côté, à Bouchain. Le mercredi, j’allais chez ma grand-mère à Denain, et comme elle habitait juste à coté du stade de foot, c’est là que j’ai commencé. Puis en minimes, je suis allé à Valenciennes, au centre de formation. J’y ai fait deux passages d’ailleurs puisque je suis revenu plus tard en seniors. J’avais signé aspirant mais quasiment tous les jeunes du centre ont été remerciés, c’est un peu bizarre. C’est là que je suis allé au centre de formation du Havre, pendant une saison, où cela n’a pas été évident car c’était la première fois que je partais loin de chez moi. Mais je suis toujours en relation avec Gilles Fouache (entraîneur des gardiennes des équipes de France à la FFF), on a passé des supers moments ensemble ! J’ai ensuite rejoint le centre de formation de Niort, deux saisons, avec son directeur Roger Fleury, qui entraînait Valenciennes, mais je n’ai pas signé pro. C’est comme ça que j’ai atterri à Fontainebleau, en Division 3 : il y avait du beau monde, le coach « Paco » Rubio (ex-Nancy et OM), Pierre Neubert (ex-Valenciennes et Nancy), qui ont tous deux gagné la coupe de France, Philippe Mahut (ex-Le Havre), le président. Cela m’a permis d’effectuer mon service militaire au bataillon de Joinville. J’ai fait trois saisons à Fontainebleau, dans le groupe Ouest de l’ancienne Division 3 (National 2 aujourd’hui). On jouait devant 17 personnes ! Et encore, c’était quand la famille venait (rires) ! Franchement, il n’y avait pas de spectateurs, le terrain était situé en dessous du centre équestre, en bord de forêt, c’était très bucolique !

Sur ton CV, il est écrit aussi que tu as joué en équipe de France U16 : dans cette catégorie, qui a fait une carrière ensuite ?
Le plus connu, c’est Eric Rabesandratana je pense; il était à Nancy à l’époque et ensuite il a joué au PSG.

« Pour passer pro, il m’a manqué de la qualité »

Que t’a t-il manqué selon toi pour être pro ?
De la qualité, tout simplement (rires) ! D’être là au bon moment aussi, d’avoir un peu de réussite, même si à Calais, on était là au bon moment je pense. Il m’a manqué aussi un peu de confiance en soi, des choses comme ça. Mais toutes ces années passées dans les centres de formation m’ont servi pour m’installer ensuite dans les championnats de CFA et National, pour jouer à un bon niveau amateur et vivre de belles émotions. J’ai quand même été champion de France de CFA avec Valenciennes en 1998. J’ai fait des bonnes saisons avec Fontainebleau. Et puis, il y a eu la coupe de France, bien sûr, avec Calais… Mais on a aussi fait des bonnes saisons avec le CRUFC, on jouait devant beaucoup de monde au stade Julien-Denis.

« J’étais un joueur fiable »

Réginald sur le balcon de l’hôtel de Ville de Calais. Capture d’écran FFF.

Avec Valenciennes, tu es champion de France de CFA, vous survolez le championnat, mais tu n’es pas conservé en National : que s’est-il passé ?
À Valenciennes, le coach, c’était Ludovic Batelli. Deux ans plus tôt, le club avait été relégué administrativement en CFA (N2). J’avais signé un contrat fédéral, et la deuxième saison, on a explosé le championnat, j’ai joué quasiment tous les matchs, je m’étais investi, pour passer mes diplômes notamment, et là, on ne me garde pas, on me dit que je ne passerai pas le cap du National, que je n’avais pas le potentiel… J’étais un joueur fiable, pas souvent blessé, je faisais attention à ce que je faisais, mais bon… Ce fut une mauvaise nouvelle, mais sans ça, je n’aurais jamais vécu l’épopée de Calais ! Du coup, comme on avait un peu le mal du pays avec mon ex-épouse, on s’est dit « Pourquoi ne pas remonter dans le Nord ? ». Et me voilà à Calais !

L’Épopée de Calais en coupe, on t’en parle tous les jours ?
(Rires) Non, non, pas tous les jours ! Déjà, je n’en parle pas si on ne m’en parle pas. Après, c’est vrai que lorsque la coupe de France approche, comme là, avec les demi-finales qui arrivent (1er et 2 avril), ça m’arrive, oui, mais c’est tout. Là, ça fait 25 ans, mes enfants n’étaient pas nés… Mais 25 ans, c’est une date, alors peut-être que l’on va en parler un peu plus, je ne sais pas. Calais, cela reste un formidable exploit, mais les gens sont passés à autre chose. C’est toujours un plaisir d’en parler, d’échanger, de faire des comparaisons. Après, c’est sûr, au début, c’était beaucoup plus régulier qu’aujourd’hui, c’est normal. Cela reste un moment incroyable pour moi, pour le club, pour la ville, pour l’épreuve aussi. Un moment magique.

« J’ai vécu la coupe de France en tant que coach aussi »

Est-ce que, du coup, tu suis la coupe de France chaque année ?
Oui. Je regarde régulièrement des matchs, ça c’est sûr. Je vais voir aussi les clubs de District dans les premiers tours de la compétition. Et puis j’ai vécu la coupe aussi en tant que coach, quand j’étais à Coudekerque, en Promotion d’Honneur, on avait éliminé un club de N3, Gravelines, ça crée un engouement particulier, une émulation, ce sont des bons moments. En fait, la coupe, ça crée quelque chose qui va même au delà du football.

Qu’est-ce que cela a déclenché de spécial chez toi ?
Avant l’Épopée avec Calais, je n’avais jamais rien fait en coupe de France. J’avais juste fait un 7e tour avec Valenciennes, que l’on avait perdu contre Wasquehal. Avec Calais, l’année juste avant la finale, on avait perdu au 7e tour contre Lille. Avec Fontainebleau, je ne t’en parle même pas ! On s’était fait marcher dessus par des clubs de District de la région parisienne (rires). Depuis que je ne joue plus, je suis la compétition, je comprends les émotions, je vois les évolutions aussi des clubs, et alors là, quelles évolutions ! Quand je vois que nous, avec Calais, on s’entraînait le soir, trois fois par semaine, après le boulot, sur un terrain très compliqué… Il faut comparer ce qui est comparable, en relativisant aussi un peu.

« L’image forte, c’est la demi-finale et l’après match »

Lozano-Becque. Capture d’écran FFF

En coupe de France, tu es toujours pour le « petit », pour les amateurs ?
Oui, très souvent, à moins que cela ne soit un club de coeur ou de ma région qui joue ! L’an passé, j’ai supporté Valenciennes, où j’ai passé de très bons moments; le club est allé jusqu’en demi-finale. Quand Lille gagne, quand Lens gagne ou quand Dunkerque gagne, je suis content aussi !

Si tu devais ne retenir qu’un seul souvenir de l’Épopée de Calais ?
C’est le stade Bollaert, à Lens, et cet exploit improbable en demi-finale contre Bordeaux (3-1 ap), champion de France en titre, et le retour à 3 heures du matin, l’hôtel de Ville de Calais qui est ouvert, et nous qui montons au balcon; là, tu as plusieurs milliers de personnes qui nous acclament, qui chantent, qui sont heureux. Je crois qu’on est tous unanimes là-dessus, c’est l’image la plus forte que l’on a pu vivre. Il y a eu beaucoup d’autres moments aussi, mais pas à ce niveau là d’émotion et de plaisir.

Tu vas voir des matchs dans ta région ?
Oui, je vais à Dunkerque, j’habite à 2 km du stade Tribut, et puis je suis resté en contact avec le club de Coudekerque-Branche, je vais voir des matchs de tous niveaux dans l’agglomération dunkerquoise, moins chez les jeunes, plutôt des seniors.

« J’ai la nostalgie du CRUFC »

Ladislas Lozano, le coach du CRUFC, au stade Julien Denis à Calais il y a quelques années. Capture d’écran France 3.

Est-ce que tu es allé voir des matchs à Calais cette année, qui est remonté en National 3 ?
Non. Cela fait longtemps que je n’y ai pas mis les pieds.

Ah bon ? Depuis quand ?
Cela doit faire… Je ne sais plus. Cela devait être pour un match de l’équipe de France espoirs ou féminines, ça remonte…

Pourtant, avec le retour de Sylvain Jore (ex-joueur et entraîneur du CRUFC, aujourd’hui directeur sportif du nouveau club, le RC Calais, et qui vient tout juste de succéder à Olivier Laridon au poste d’entraîneur de la N3), que tu as bien connu, tu pourrais y retourner…
Oui, oui, bien sûr, mais j’ai la nostalgie du club, qui a été dissout (en 2017). Aujourd’hui, hormis Cédric Schille, qui donne un coup de main pour les gardiens (Schille fut le gardien de la campagne calaisienne), il n’y a quasiment plus personne qui faisait partie de l’Épopée, c’est un peu… Voilà… au fond de moi, il y a de la nostalgie, de la déception aussi… Notre club n’existe plus, c’est un peu bizarre. Il y a eu beaucoup de remous à Calais. Là, ils ont repris le nom d’un club, le Racing, qui existait déjà avant. C’est comme ça. Je n’ai pas de souci avec ça. Et puis maintenant, je suis beaucoup plus sur Dunkerque et Paris, alors qu’avant, je travaillais à Calais, donc il y a ça aussi. Mes habitudes ont changé.

« Je ne m’identifie pas au RC Calais »

Tu ne ressens pas ce besoin d’aller voir un match à Calais, au stade de l’Epopée ?
Non, pas du tout. Je ne m’identifie pas au club d’aujourd’hui. Nous, à l’époque, en finale, on avait sept ou huit joueurs calaisiens, ou qui avaient fait leur formation au club. Là, c’est différent, c’est plus compliqué, il faudra leur laisser du temps sûrement. Ce qui a fait notre force, en plus d’être de bons joueurs, c’est qu’on était du sérail, on était quasiment tous du Nord, avec une certaine mentalité, un certain état d’esprit.

Quelques années après l’épopée, en 2006, Calais a recroisé Nantes en 1/4 de finale de la coupe de France…
J’entraînais la réserve du club à l’époque, donc j’y ai participé un peu, avec Sylvain (Jore), qui était entraîneur, je me souviens qu’on était allé supervisé Nantes à Nantes, Brest à Brest aussi, on allait voir les adversaires.

« Boulogne, je les suis attentivement »

Cédric Schille, le gardien du CRUFC, entraîne les jeunes gardiens du RC calais aujourd’hui. Capture d’écran FFF.

Et Boulogne alors ?
J’y suis allé en coupe de France pour commenter leur match contre Beauvais, pour France 3 Hauts-de-France. Je suis très content pour eux, en plus, les deux personnes qui sont à la tête du staff, Fabien Dagneaux et Antony Lecointe, sont deux personnes que j’ai croisées sur les terrains, ce sont des purs boulonnais. Ce qu’il réalisent cette saison en National, c’est exceptionnel ! Ils font vraiment du bon travail depuis qu’ils sont à la tête du club, ils sont encore en course pour la montée en Ligue 2. Leurs matchs sont serrés, ils marquent souvent à la fin, ils s’arrachent, ça démontre un état d’esprit et les valeurs de la ville et du club. C’est un club que je suis attentivement.

La coupe de France a-t-elle changé ta vie ?
(rires) Forcément un petit peu ! Oui, évidemment ! Il y a deux choses, le parcours et la photo (avec Mickaël Landreau, quand tous les deux soulèvent la coupe). Personnellement, j’ai vécu des émotions que je n’avais jamais vécues, des moments de joie, de solidarité, en plus, tout ça grâce au foot, ma passion. Sûrement que cela a changé ma façon d’être, aussi, sans m’en rendre compte.

Comment es-tu devenu capitaine du CRUFC ?
J’avais déjà été capitaine chez les jeunes à Valenciennes. Cela s’est passé lors de ma deuxième saison à Calais, le capitaine de l’époque, Stéphane Canu, se blesse, et « Ladi » (Ladislas Lozano, le coach) me dit que je vais prendre le brassard, mais il y avait plein d’autres joueurs, des purs calaisiens, qui auraient pu prétendre à occuper ce rôle. Ou même un défenseur central, parce que moi, j’étais arrière gauche, ce n’est peut-être pas le poste idéal pour jouer ce rôle, que j’ai essayé de remplir du mieux possible.

Qui sera le nouveau Calais ?

Chaque saison, des clubs de N2 ou N3 arrivent en 8e ou en 1/4 de finale de la coupe, et on cherche le nouveau Calais : tu crois que ce sera Cannes ?
C’est drôle, j’en avais discuté une fois lors d’un tirage au sort avec Stéphane Masala, le coach qui avait emmené les Herbiers en finale (en 2018), il me disait que si Calais l’avait fait, pourquoi pas un autre club ? On a été les premiers, alors s’il y en a un autre, tant mieux, cela ne ‘est pas joué à grand chose par le passé. Je me souviens de Carquefou qui élimine l’OM (le club de CFA2 avait crée la surprise en 2008), alors même s’ils ne sont pas allés en finale, ils ont vécu cet exploit là, et quel exploit, face à l’OM ! C’est sur que quand tu vas en finale, ça change l’Histoire, ça met encore plus en valeurs les joueurs, le club, la ville, forcément.

« Contre Bordeaux, c’était chaud ! »

Au Stade de France, avec Mika Landreau. Capture d’écran FFF.

À l’issue de la finale de Calais en 2000, on a vu des liens se nouer avec des Nantais, les vainqueurs, mais on ne peut pas en dire autant avec les Bordelais, en demi-finale… Tu as recroisé des Girondins ?
J’ai croisé Christophe Dugarry, avec le Variété club de France et aussi Elie Baup, qui était le coach. On avait fait une photo avec Elie Baup. Mais j’ai plus d’affinités avec des « Mika » Landreau qu’avec des Bordelais (rires). Quand je vais à Capbreton pour le festival U13, je croise toujours des Landais qui sont supporters de Bordeaux, il y a toujours des petites remarques, ça chambre, mais voilà, ça ne va pas plus loin. C’est vrai qu’en demi-finale, contre Bordeaux, c’était chaud, mais c’était improbable ! Il y avait des champions du monde en face, Bordeaux était champion de France en titre et affrontait une équipe de CFA qui n’avait jamais joué devant 40 000 spectateurs ! Les Girondins ne s’attendaient pas à cette physionomie de match : on est à 0-0 au début de la prolongation et c’est nous, les amateurs, qui mettons 3 buts, c’est juste improbable ! Inimaginable ! On n’allait pas les laisser jouer, alors on a été agressifs, on a joué avec nos valeurs, mais on a toujours respecté nos adversaires, on n’a jamais chambré personne. Si les gens se sont tant identifiés à nous, c’est parce qu’on donnait le maximum et qu’on respectait tout le monde.

Pourquoi ça a tant marqué les gens ? On en parle encore 25 ans après …
C’est ce que je disais : les gens se sont identifiés à nous parce qu’on ne lâchait rien, on donnait tout, on proposait du jeu. Nos discours dans les médias étaient cohérents. Il n’y avait pas de rancoeur vis à vis du monde professionnel, au contraire, parce que tout ce que l’on avait appris dans les centres de formation nous a servi pour vivre cette épopée, comme le don de soi, la solidarité, l’amour du maillot, et puis cette équipe, avec la colonne vertébrale, Cédric Schille, Manu Vasseur et Mickaël Gérard, pff…. Dans cette équipe, personne ne pensait à sa gueule, on ne pensait qu’à l’équipe, qu’au club.

« Le Puy, contre Montpellier, ressemblait à Calais »

Ladislas Lozano, le coach du CRUFC. Capture d’écran FFF.

En 25 ans, tu as déjà vu une autre équipe qui ressemblait à Calais 2000 ?
Non. Après, je n’ai pas regardé tous les matchs ou toutes les épopées suivantes, mais attend, quand même, si, récemment, il y a eu Le Puy, qui a mis 4 à 0 à Montpellier, cette équipe avait un état d’esprit remarquable et des joueurs de qualité. Elle ressemblait un peu au Calais de l’époque. De toute façon, il n’y a pas de secret, il faut que tout le monde, joueurs, remplaçants, staff, ait la même ligne directrice, le même objectif, sinon cela ne peut pas marcher.

Vous avez un groupe WhatApp avec les anciens ?
Oui ! Il y avait tout le monde mais y’en a qui se sont retirés, mais pas parce qu’on ne s’aime pas, c’est juste que certains sont moins branchés réseaux sociaux, c’est tout. On essaie d’organiser un tournoi de futsal chaque début d’année pour se retrouver, et de faire un match en juin, comme lors du challenge Claude Thiriot (du nom de l’ancien manager général du club), au profit des handicapés. On a toujours des moments pour se retrouver.

Ladislas Lozano est sur le groupe ?
Non, c’est vraiment un groupe pour les joueurs.

Vous n’êtes pas invité à la finale ?
Non (rires) cela n’est jamais arrivé ça !

Pour les 25 ans, la FFF pourrait y penser !
Oui, oui, la finale est le 24 mai, il y a encore du temps !

Tu es toujours en contact avec lui ?
Un petit peu, comme ça. Il est revenu sur Calais après avoir habité dans le Sud-Ouest.

« Lozano nous a donnés la confiance »

Au Stade de France, avec Mika Landreau. Capture d’écran FFF.

Quand on visionne les différents reportages consacrés à Calais, on s’aperçoit à quel point Lozano fut prépondérant dans l’épopée… Sans lui, tout cela n’aurait jamais eu lieu, même si on ne peut pas le savoir…

On n’a pas la réponse mais je pense que tu n’es pas loin de la vérité quand même ! Il a eu un rôle essentiel. Il y a ses qualités de coachs, ses préparations de match, il se déplaçait pour voir nos adversaires parce qu’il trouvait qu’à la télé, il ne ressentait pas les ambiances. Il avait cette faculté de nous faire croire qu’on était les meilleurs joueurs du monde et que l’on pouvait battre n’importe qui. Et sur le plan tactique, toutes les recommandations qu’il a pu nous donner, nous, on les appliquait, et ça marchait. On était vraiment un groupe à l’écoute, qui avait envie d’y croire.

C’est vrai que dans les reportages, on dirait qu’il raconte les scénarios des matchs à l’avance…
Exactement, c’est tout à fait ça ! Il disait « Faites ça, faites ça, ça va marcher ». Contre Bordeaux, sur les corners, il nous avait interdit de les tirer « direct », il fallait forcément les jouer à deux, parce que, par rapport à leurs gabarits, on aurait eu aucune chance de récupérer un ballon; ça c’est un petit truc qui permettait de garder le ballon, de faire jouer. On savait aussi que Bordeaux n’allait pas trop dans la profondeur, des petites choses tactiques, comme ça, et puis il nous a donnés la confiance.

Il y a aussi une anecdote incroyable avec Thierry Debès, le gardien de Strasbourg, quand il dit qu’il a du mal à capter les ballons et qu’il faut suivre…
Oui ! Et ça s’est passé comme ça ! Mais c’est tout un groupe; le staff, André Roche le président, Claude Thiriot le manager, les dirigeants… quand il y a ce « tout », tu peux réussir de grands exploits !

« On aurait pu être éliminé au 7e tour ! »

On n’en parle pas souvent, mais votre match le plus dur, ce fut contre Béthune (CFA), au 7e tour…
(Rires) Oui, vraiment ! On passe par un trou de souris, on marque à la 45e ou 46e, je ne sais même pas si on avait dépassé le milieu de terrain en deuxième mi-temps, ils frappent sur le poteau, et on se qualifie, c’est ça aussi la beauté et la magie d’une épopée. Cela aurait très bien pu s’arrêter là.

La prime de la finale ?
180 000 francs (27 500 euros environ). Le président a été généreux, après, il mettait des montants de primes qu’il ne pensait pas donner (rires), et il a rien donné sur la finale ! Avec cet argent, je suis resté sur mon idée de base : cela a accéléré un peu mes projets, notamment de construction de maison. J’en ai gardé aussi pour payer les impôts, parce que ça a fait drôle ! Mais on ne peut pas comparer avec aujourd’hui.

« La saison en National, ce fut un fiasco complet »

Réginald sur le balcon de l’hôtel de Ville de Calais. Capture d’écran FFF.

La saison qui a suivi la coupe de France, Calais est monté en National…
Oh la la oui, après un barrage mémorable à Cherbourg, 10 à 9 aux tirs au but, avec la moitié de l’équipe en tribune parce qu’on était tous blessés ! On a fini à 10 parce que Thierry Vaillant s’est fait expulser ! C’était vraiment un truc de fou ! Maintenant, avec le recul, je ne sais pas si c’était une bonne chose de monter en National, parce que le club n’était pas du tout prêt. J’avais toujours un travail en National, le club a fait venir des contrats fédéraux, il y a eu un nouveau coach, Manu Abreu, parce que « Ladis »(Lozano) est parti. Il y a eu énormément de changements, et puis on avait des problèmes d’infrastructures, d’installations, dans l’organisation aussi. Cela a été un fiasco complet.

En National, tu as donc joué à Cannes, en championnat…
Oui, tout à fait, je connais le stade, je me souviens qu’il y avait l’attaquant David Suarez, qui entraîne les jeunes du PSG aujourd’hui, il y avait aussi Toulouse dans ce championnat avec Christophe Revault que j’avais revu, et que j’avais connu au Havre.

« Je n’ai pas regardé Cannes, non… »

Tu as regardé Cannes en coupe de France cette saison ?
Non. Je suis désolé (rires) ! Mais j’ai vu des vidéos de leur attaquant (Julien Domingues) qui a mis des buts exceptionnels. Mais je vais regarder Cannes-Reims.

L’engouement n’atteint pas celui de Calais 2000…
Il y a les réseaux sociaux aujourd’hui, et puis ce n’est pas du tout pareil. La région cannoise et la région calaisienne, je pense que c’est très différent, ce ne sont pas les mêmes populations. Maintenant, pour Cannes, ça va monter en puissance à l’approche du match et s’ils parviennent à se qualifier pour la finale, alors là, ça prendra beaucoup plus d’ampleur.

Tu vas aller voir Dunkerque-PSG ?
Oui, normalement, je serai à Lille, en espérant un exploit de Dunkerque, où je connais quelques personnes comme Christophe Lollichon (entraîneur des gardiens à l’USLD), que j’ai croisé par hasard dans un train en revenant de Paris, avec qui j’ai échangé, et quelques personnes du secteur administratif, même si le club a beaucoup évolué. Le nouveau stade Tribut est sympa, on est proche du terrain, avant, il y avait une piste, mais je me demande s’ils ne l’ont pas fait un peu trop petit. Le stade est vite plein !

Lens mis à part, quelle est la vraie ville de foot : Calais, Boulogne, Dunkerque, Valenciennes ?
(Rires) Ce ne sont pas les mêmes populations, chaque ville a ses spécificités, mais je dirais Boulogne quand même, c’est elle la ville de foot. Mais à Calais, le stade Julien-Denis, c’était quelque chose… Peut-être qu’il aurait fallu le rénover pour continuer à faire vivre ce quartier et ces gens qui avaient leurs habitudes, avec les cafés autour. Là, le stade (de l’Épopée) est à l’extérieur, c’est complètement différent…

Réginald Becque, du tac au tac

Meilleur joueur côtoyé ?
Manu Vasseur.

Pire souvenir sportif ?
Je n’ai que des bons moments !! Je n’en ai pas ! Ou alors peut-être quand je n’ai pas été conservé à Valenciennes !

Tu as déjà marqué des buts ?
Ah bah quand même, j’en ai marqué plusieurs, et puis je tirais les penaltys je te rappelle (rires) !

Ton plus but ?
C’est à Boulogne-sur-Mer, quand je jouais à Fontainebleau, un ballon qui sort de la surface et je le reprends du pied gauche et ça file en lucarne opposée !

Pourquoi as-tu fait du football ?
Mon père jouait au foot, on habitait en face d’un stade, je m’y suis mis très vite, c’est pour ça.

Capture d’écran FFF.

Qualités et défauts sur un terrain, et dans la vie ?
(Rires) Que cela soit sur un terrain ou dans la vie de tous les jours, ce sont un peu les mêmes, c’est voir le côté positif, donner le meilleur de soi-même pour que ça marche, pour que ça réussisse.

Un club où tu as failli signer ?
Quand j’étais jeune, avant de signer à Valenciennes, j’avais eu un contact avec le RC Strasbourg mais comme j’habitais la région de Valenciennes, je suis allé à Valenciennes.

Dans tes rêves les plus fous, le club où tu aurais aimé jouer ?
Dans un club allemand, je ne sais pas pourquoi !

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling ?
Jérôme Dutitre.

Combien d’amis dans le football ?
J’en ai pas mal !

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné au cours de cette épopée calaisienne ?
Christophe Dugarry, par son charisme, par son envie, par son caractère, par son statut.

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Avec les réseaux sociaux, aujourd’hui, on arrive à être en contact avec tout le monde, donc non, tous ceux que je peux voir ou que j’aimerais voir, je suis en contact avec eux.

Un joueur perdu de vue que tu aimerais revoir ?
C’est un peu la même chose, je pense à Gilles Fouache (Le Havre), on est arrivé à se croiser ou à échanger de temps en temps.

La causerie qui t’a le plus marqué ?
C’est celle de « Ladi » (Lozano) avant la demi-finale contre Bordeaux. Elle a marqué.

Des manies, des tocs avant un match ?
Le vendredi soir, c’était pâtes-carbonara forcément (rires) !

Demi-finales de la coupe de France / USL Dunkerque (L2) – PSG (L1), mardi 1er avril à 21h10 à Lille (sur France TV et BeIN); AS Cannes (N2) – Stade de Reims (L1), mercredi 2 avril, à 21h, à Cannes (sur BeIN unuqiuement).

 

  • Texte : Anthony BOYER / Compte X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : captures d’écran @FFF
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Voir le documentaire de la FFF : https://www.youtube.com/watch?v=A_rB5teeHtI

 

L’entraîneur qui avait conduit Les Herbiers en finale de la coupe de France en 2018 a trouvé, dans l’Oise, un projet dont l’ambition est partagée et assumée : retrouver le monde pro. Avec ses ingrédients – travail, rigueur et… travail -, il compte bien y parvenir.

Par Anthony BOYER / Photos : Eric Crémois – EC Photosports

Photo Eric CREMOIS / EC Photosports

Si le maire de Chambly, David Lazarus, lit cet article, il faut qu’il sache que le réseau est mauvais au stade Walter-Luzi. Il faut vraiment agir, parce que là, ce n’est plus possible ! La liaison avec Stéphane Masala ne fut pas terrible, souvent coupée, tant et si bien que le coach de l’équipe de National 2 a dû quitter son magnifique bureau pour s’installer dehors – au soleil ! – afin de mieux capter le réseau. Et ce n’est pas parce qu’il commençait toutes ses phrases par « Ecoute », un tic de langage, que cela a aidé à bien l’entendre !

On exagère. Bien sûr que l’on a « écouté » ses réponses ! Car l’entretien fut fluide. Et les réponses de l’ancien coach des Herbiers et de Créteil, au demeurant extrêmement sympathique, furent, elles, à la fois très claires et très spontanées.

Le natif de Nantes (48 ans) aime parler, ça se sent – sans doute ses origines sardes ! – et le plus souvent d’une voix qui porte. Si le ton est fort, c’est peut-être parce qu’il n’a pas un physique imposant comme certains, quand bien même il dégage un charisme naturel et beaucoup de personnalité. Pour autant, ses réponses sont assez courtes et il va à l’essentiel. Stéphane Masala ne s’embarrasse pas de longs discours et n’en fait pas des tonnes.

Une 5e place et seulement 3 défaites en 22 matchs

Dans un emploi du temps chargé et entièrement consacré au football, le coach de Chambly – depuis juillet 2023 – a tout de même trouvé le temps de caser 45 minutes d’entretien avec nous. C’était mardi, à midi 30, au sortir d’une séance d’entraînement pas encore débriefée.

Photo Eric CREMOIS / EC Photosports

Avec lui, on a parlé, évidemment, de la coupe de France : comment voulez-vous se défaire de pareille étiquette ? C’est lui, Stéphane Masala, qui a signé l’un des plus grands exploits de l’histoire du foot amateur, en « emmenant » Les Herbiers, club vendéen de National à l’époque, en finale de la coupe de France à Saint-Denis, au Stade de France ! C’était en 2018.

On a aussi parlé du FC Chambly Oise, bien sûr, où il a pris la succession de Fabien Valéri en 2023, dans une période où le club tentait de digérer sa double descente, de Ligue 2 en National 2. Pas simple. Surtout que le nombreux public du splendide stade Walter-Luzi (où l’on enregistre souvent des records d’affluence en N2), nostalgique, avait pris l’habitude de ferrailler avec quelques grands noms du football français… Forcément, affronter Villers-Houlgate, Chantilly, Aubervilliers ou Feignies-Aulnoye, sans leur faire injure, et affronter Lens, Auxerre, Caen ou Le Havre, ça n’a pas la même saveur.

Mais c’est désormais le quotidien d’un club qui envisage de retourner, au moins, en National. Cette saison, cela paraît compliqué, même si l’équipe du président Fulvio Luzi n’est pas si loin au classement (5e) et n’a perdu qu’une fois de plus que le leader, Fleury (trois défaites contre deux pour le club essonnien).

Le problème, ce sont ces 3 points de pénalité qui plombent le bilan comptable (le même que celui de Thionville, actuel 2e ex-aequo, qui lui a gagné 3 points sur tapis vert) et aussi ces nombreux matchs nuls (10 en 22 matchs). Mais depuis quelques semaines, le FCCO, qui prend beaucoup de points face aux « gros », a semble-t-il trouvé la formule pour transformer les nuls en victoires (5 succès sur les 7 derniers matchs). Presque un rythme de champion…

Interview : « Chambly est un gros club ! »

Photo Eric CREMOIS / EC Photosports

Meilleur souvenir sportif ?
La finale de la coupe de France avec Les Herbiers (en 2018).

Pire souvenir sportif ?
La descente de National en National 2, avec Les Herbiers, trois jours après la finale de la coupe de France, à la dernière journée de championnat. Un moment difficile. On n’avait jamais été relégable de la saison, et il fallait un concours de circonstances incroyable pour que cela arrive et c’est arrivé : je me souviens que Sannois-Saint-Gratien, qui n’avait jamais gagné à l’extérieur, qui était relégable, est allé gagner à Grenoble qui jouait sa montée en Ligue 2 ! L’entraîneur des gardiens de l’époque à Sannois, « Baba » (Kamel Bouzid), est avec moi aujourd’hui à Chambly !

Ce match à Béziers, perdu 4-1, tu peux nous en reparler : c’était vraiment injouable, trop dur, trois jours après la coupe ?
Il y a plein de choses qui, mises bout à bout, ne seraient pas à refaire. On en reparle parfois avec les anciens. En fait, on s’est trompé dans la logistique déjà. On décide d’emmener tout le monde en finale de la coupe au Stade de France, qui se joue un mardi, et le lendemain matin, on part directement à Béziers, deux jours avant le match. Ce n’est pas ce qu’il aurait fallu faire. On aurait dû rentrer aux Herbiers, quitte à repartir à Béziers. Le soir après la finale, dans la nuit, à 2 ou 3 heures du matin, je reconvoque tous mes joueurs, je leur dis qui va partir à Béziers quelques heures plus tard, le lendemain matin. Et on arrive là-bas avec des gars qui, pour certains, sont frustrés de ne pas avoir joué la finale, on savait que les joueurs étaient vidés, qu’ils n’avaient plus de jus, et en plus, ils n’avaient même pas pu profiter de la soirée. Franchement, c’était compliqué. On a essayé avec le staff de… mais sincèrement, on n’a pas très bien géré cette situation, mais ça, c’est l’expérience qui nous l’a appris après. Si c’était à refaire, on referait différemment.

« Le National n’a pas fait preuve de solidarité »

Et le match à Béziers ?
En face, tu avais une équipe qui jouait la montée, dans son stade, qui était sur-motivée. En fait, au début, on est dans le match, mais après, dès qu’on a été mené 2-1, puis 3-1, ça a lâché, c’était fini quoi… Il n’y avait plus de ressort. Le truc, c’est que j’entendais les résultats des autres matchs depuis mon banc, et là, très sincèrement, j’avais l’impression d’être dans le Titanic, de couler, de ne pas réussir à piloter mes gars.

C’est quoi la morale de cette histoire ? La leçon à retenir ?
Le club des Herbiers avait effectué une demande auprès de la Fédération Française de football pour décaler le match de Béziers du vendredi au samedi, mais il aurait fallu décaler tous les autres matchs aussi puisque, pour la dernière journée de National, tous les matchs doivent se dérouler en même temps. Il fallait que tous les clubs valident ça : or tous n’ont pas validé, et la journée n’a pas été reportée, ce que je peux comprendre, car chaque club voit son intérêt, c’est normal, mais sur ce coup-là, la division n’a pas fait preuve de solidarité. Ils auraient peut-être pu marquer l’Histoire, en se disant « On est tous derrière Les Herbiers », mais il n’y a pas eu cette solidarité.

« Cette finale, ça fait partie de mon histoire ! »

Photo Eric CREMOIS / EC Photosports

Tu crois que cela aurait changé quelque chose si vous aviez joué le samedi à Béziers au lieu du vendredi ?
(Il réfléchit) Non, je ne le pense pas. Mais peut-être que cela nous aurait forcé à prendre d’autres options. Si c’était à refaire, je dirais à mes gars « Faites la fête, profitez de vos familles, de vos amis après cette finale », on serait retourné aux Herbiers, on serait allé à l’arrache à Béziers, mais là, cette continuité, ce n’est pas ce que l’on aurait dû faire.

Parfois, tu n’en as pas marre d’être catalogué comme « le coach qui a emmené Les Herbiers en finale de la coupe » et que l’on t’en parle tout le temps ? »
Alors ça c’est une bonne question, on ne me l’avait jamais posée ! Cette finale de coupe, ça fait partie de mon histoire, ce n’est pas anodin quand même. C’est même un point fort je pense. Cette image, je l’ai un peu moins aujourd’hui, on m’en parle un peu moins, même si ça reste fort. Après, non, ça ne me dérange pas du tout ! Maintenant, repose-moi la question dans 10 ans, et là, peut-être que je te dirai « Put… j’en a marre d’être catalogué comme le coach des Herbiers qui est allé en finale… ! »

« Cannes-Reims ? Je serai pour Reims ! »

Photo Eric CREMOIS / EC Photosports

Le 2 avril, il y aura Cannes-Reims en demi-finale de la coupe de France : tu seras pour le petit poucet ?
J’aime beaucoup Damien Ott, le coach de Cannes, c’est un ami, mais je serai pour Reims ! Le Stade de Reims vit une saison difficile et pour eux, ce serait bien de se retrouver en finale de la coupe de France. Je me souviens qu’au moment de la finale avec Les Herbiers, en 2018, Jean-Pierre Caillot, le président de Reims, m’avait appelé pour me féliciter, et m’avait dit « Tu ne sais pas ce que j’échangerais pour être à ta place, en finale face au PSG, au Stade de France »… Je lui avais dit « Mais président, vous êtes en Ligue 1 » et il m’avait dit « Oui, mais ça ne vaut pas une finale de coupe de France face au PSG ». Donc je lui souhaite de tout coeur d’y aller !

Le club ou la saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Je prends beaucoup de plaisir à Chambly avec Fulvio Luzi et ce stade Walter-Luzi, d’un point de vue « spectacle », je suis en phase avec le club; après, la saison qui me revient, c’est celle à Créteil (N2, 2022-23), où j’étais dans un vrai projet professionnel, élaboré par Helder Esteves, le directeur sportif de l’époque, c’était vraiment très intéressant. J’ai côtoyé là-bas des gens d’une grande compétence.

Pourquoi n’être resté qu’une seule saison à Créteil alors ?
Le projet reposait surtout sur le directeur sportif, Helder Esteves, et quand le président a décidé d’arrêter de travailler avec lui, pour moi ce fut une évidence qu’il fallait partir, que le projet n’était plus viable.

Un club où tu as failli signer, mais cela ne s’est pas fait ?
J’ai eu beaucoup de sollicitations après la finale de la coupe de France, mais il y avait le souci du diplôme. J’ai eu notamment une sollicitation très sympa, d’Olbia en Sardaigne, en série C italienne; mon papa est Sarde, il était venu en France pour travailler, et je trouvais ça sympa d’aller travailler là-bas… Le directeur sportif et l’avocat du club s’étaient déplacés, les discussions avaient duré…

« Je rêverais d’entraîner Cagliari ! »

Le superbe stade Walter-Luzi, à Chambly, du nom du papa de Bruno et Fulvio Luzi. Photo 13HF

Le club que tu rêverais d’entraîner, dans tes rêves les plus fous ?
Cagliari.

Je pensais que tu dirais la Juventus de Turin …
J’ai hésité, mais dans mes rêves les plus fous, ce serait Cagliari !

C’est ton amour de la Sardaigne, ça… Tu as toujours des attaches là-bas ?
Oui. J’y retourne, j’essaie d’y emmener mes enfants, pour leur montrer les origines sardes et la culture sarde, dans le village, à Anela, où j’ai tous mes amis. C’est le coeur de la Sardaigne pour moi. On y a toujours la maison de ma grand-mère. J’essaie de passer 4 ou 5 jours de vacances par an là-bas.

Un modèle de coach ?
C’est un entraîneur italien de volley-ball, Julio Velazco, il m’inspire. Il est Argentin (naturalisé italien). Je le suis beaucoup. Je m’intéresse beaucoup à ce qu’il fait. Il a remporté la médaille d’or l’an passé aux JO avec l’équipe nationale féminine italienne de volley. Après, sinon, on est tous influencé par les grands entraîneurs, Guardiola, Ancelotti, Luis Enrique en ce moment, qui propose quelque chose de très sympa au PSG.

Le meilleur joueur que tu as entraîné ?
Sur l’aspect technique, je dirais Charly Charrier, que j’ai eu quand j’étais adjoint à Luçon, et que j’ai ensuite eu aux Herbiers, il a un peu joué en Ligue 1 (à Amiens). Sur le plan du leadership, du patron, c’est Ibrahima Seck à Créteil, un vrai pro, un leader. Ce sont les deux garçons qui me viennent à l’esprit.

« La valeur du travail est très importante »

Photo Eric CREMOIS / EC Photosports

Pourquoi as-tu choisi d’être entraîneur ?
Mon rêve était d’être joueur professionnel, je remercie d’ailleurs mon formateur à Troyes, Carlos Lopez, qui nous a poussés à passer des diplômes d’entraîneur, parce que nous, les jeunes, on ne voulait pas du tout les passer, mais au fil du temps, quand j’ai vu que c’était compliqué de passer pro mais que j’avais cette passion du football, que j’aimais transmettre, parce que j’ai fait des études de STAPS, et bien cela s’est fait un peu naturellement. Chez moi, cette envie est venue vers l’âge de 25 ou 26 ans, j’ai commencé à copier les séances d’entraînement de mes coachs dans un cahier. J’aimais bien aussi la manière de travailler de mon père dans son entreprise de maçonnerie, à Cormontreuil, tout près de Reims; pendant les vacances, je ne restais jamais sans rien faire, il fallait aller travailler, parce que dans notre famille, la valeur du travail est très importante. Il m’emmenait avec lui et m’expliquait comment il gérait ses dix employés, pourquoi il mettait un tel dans ce chantier et un tel dans un autre chantier… Et cette façon de gérer l’humain par rapport à la tâche à effectuer, de le comprendre, ça m’a parlé. En fait, mon père m’a toujours dit « Tout le monde est bon, mais il faut pour chaque personne lui trouver sa place ». J’ai toujours cette phrase en moi.

« Je prends mon temps, je continue d’avancer »

Ton parcours de joueur ?
Je suis formé au stade de Reims, qui s’est cassé la figure, le club est descendu en DH, et quand je suis revenu, le club était en CFA avec Manu Abreu, on a fait la montée en National. J’ai passé quatre ans au centre de formation à Troyes. Reims, Troyes, ce sont les deux gros clubs près de chez moi, à Cormontreuil, où mes parents habitent toujours. Et mon frère (Mike) entraîne l’équipe de basket de Cormontreuil (en Pré-Nationale).

Que t’a t il manqué pour jouer en pro ? Et que te manque-t-il pour entraîner plus haut que National ou N2 ?
Quand j’étais joueur, je n’avais pas les qualités physiques suffisantes. J’étais structuré, intelligent, mais pas assez bon techniquement et physiquement. Après, ce qui me manque pour entraîner plus haut, c’est du temps ! Tout simplement. J’espère réussir à aller entraîner en pro. Je prends mon temps et je continue d’avancer. Je vais postuler à nouveau cette année, comme l’an passé, pour la prochaine session du BEPF.

Un coach qui t’a marqué dans ta carrière ?
Il y en a eu plusieurs. Franck Lorenzetti, qui était l’adjoint d’Alain Perrin en Ligue 2 à Troyes : sa façon d’entraîner m’inspirait. Je l’ai connu à Chalons-en-Champagne, où j’ai joué également. Et il y a eu « Fred » Reculeau à Luçon, qui a une façon bien particulière d’entraîner, et qui a voulu que je sois son capitaine là-bas, et aussi son, adjoint; je trouvais ça loufoque, mais avec le recul, je me dis que c’était une bonne idée de sa part.

Yoga et visualisation avant un match

Superbe image de la demi-finale Les Herbiers / Chambly en 2018 avec les deux coachs, Bruno Luzi et Stéphane Masala, à Nantes. Photo Eric CREMOIS / EC Photosports

Un entraîneur que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Non, aucun, même ceux avec lesquels ça s’est moyennement passé, je serais content de les voir aujourd’hui pour, justement, leur demander pourquoi ça s’est passé comme ça !

Combien d’amis entraîneurs ?
Je considère que j’en ai quatre sûr ! Après, j’ai beaucoup de collègues entraîneurs.

Le coach le plus connu de ton répertoire ?
J’ai le numéro d’Angelo Castellazzi, qui était dans le staff de Carlo Ancelotti à Paris (il est aujourd’hui directeur sportif de la section féminine du PSG) : j’étais entré en contact avec lui pour une vidéo, à l’époque, je l’avais eu par l’intermédiaire d’Olivier Létang, avec qui j’ai joué. Je crois que c’est le plus connu de mon répertoire (rires).

Tu as des manies, des rituels avant un match ?
Avant les matchs, j’essaie de faire de la visualisation, sous forme de yoga, afin de mettre en ordre toutes les informations que mon staff et mes joueurs ont pu me donner dans la semaine. C’est un exercice que j’ai pris l’habitude de faire.

Une devise ?
« Dai ! Dai ! Dai !  » (rires) ! ( Alez, allez en italien !)

« Prendre le ballon, c’est aussi une manière de défendre »

Eric CREMOIS / EC Photosports

Ton style de jeu ?
J’aime que mon équipe soit ambitieuse, parce que le football, ça reste un rapport de force : il faut prendre le ballon. Je suis plus à l’aise dans une défense à 4, dans un système en 4-3-3 ou 4-2-3-1. J’aime ne pas prendre de but, même si cela a changé avec le temps, mais on ne peut plus uniquement jouer en défendant devant son but; prendre le ballon, c’est aussi une manière de défendre pour moi.

Un match référence avec toi sur le banc ?
En coupe de France, Auxerre – Les Herbiers (8e de finale); ce match-là, tout se passe exactement comme on l’avait prévu avec le staff; c’est comme si on l’avait écrit avant et que les joueurs récitaient. Je me suis même permis pendant les dernières secondes du match de regarder tout autour de moi, on menait 3 à 0, il commençait à neiger, je me disais « Waouh, c’est incroyable ! ».

Le pire match avec toi sur le banc ?
C’est avec Saint-Aubin-la-plaine en première division de district, où j’ai commencé à entraîner. C’était à cause de l’arbitre ! J’étais joueur à Luçon à l’époque, et je voulais entraîner : du coup, le président Michel Reculeau m’a mis en relation avec ce club, et on a gagné le challenge de Vendée : pour eux, c’était comme gagner la coupe de France (rires) ! L’expérience a duré trois saisons.

« Je suis chiant et rigide »

Le superbe stade Walter-Luzi, à Chambly, du nom du papa de Bruno et Fulvio Luzi. Photo 13HF

Qui est le joueur de foot de légende ?
Maradona.

Le match de foot de légende ?
Italie-Allemagne, finale de la coupe du monde 1982.

Une idole de jeunesse ?
Gianluigi Buffon.

Une passion, autre que le foot ?
J’essaie de vraiment faire attention à ma famille, c’est quelque chose à laquelle je suis très attaché. Dès que je le peux, j’essaie de leur accorder du temps mais c’est difficile, parce que le foot, c’est du 24h sur 24. Donc je n’ai pas le temps pour les autres passions.

Tu es un entraîneur plutôt…
Je pense que je suis chiant. J’en demande toujours beaucoup, travailler, travailler, travailler… Je suis rigide, un peu : on en revient aux valeurs de travail et de discipline. Je suis honnête.

Tu as acheté une maison pas loin du stade de Chambly : c’est important pour toi d’être là, sur place ? C’est aussi un signe d’engagement, d’intégration…
C’est ce que je disais tout à l’heure : quand le projet du FC Chambly s’est présenté, je me suis dit qu’on avait les mêmes ambitions. Le club veut retourner en Ligue 2, et je veux entraîner en pro. On peut donc faire un bout de chemin ensemble. Je me déplace toujours avec la famille, c’est important. Je veux m’inscrire à fond dans ce projet et pour ça, il ne faut pas être loin du stade, pour pouvoir y passer un maximum de temps, pour aller voir jouer les autres équipes le week-end, et c’est ce que je fais.

À Chambly, on le sait, il y a le nom « Luzi » et le lien avec l’Italie… Vous vous parlez en italien parfois avec Fulvio, le président ?
Ce que tu dis est important parce qu’avec le président, on a un socle et un logiciel communs : on ressent les mêmes choses, on est éduqué d’une certaine manière, on a des valeurs communes qui nous rattachent. J’ai beaucoup de sympathie pour lui.

« C’est rare en N2 d’avoir un stade comme ça »

Le superbe stade Walter-Luzi, à Chambly, du nom du papa de Bruno et Fulvio Luzi. Photo 13HF

On a l’impression que le club de Chambly, avec son ascension jusqu’en Ligue 2, a du mal à se remettre de ses épopées et vit un peu dans le passé : on se trompe ?
Cela a été difficile à vivre pour eux. Ce club s’est construit en étant toujours le « petit » qui doit faire ses preuves, qui doit être plus malin; ça a été difficile de passer de la Ligue 2 au National 2 en deux ans, et malheureusement, il faut changer un peu cette mentalité : aujourd’hui, Chambly n’est plus le petit club. Chambly est un gros club, en tout cas, il est perçu par l’environnement extérieur comme tel, et le stade en apporte la preuve. C’est rare en National 2 d’avoir un stade comme ça, aussi top. C’est une sorte de transition que l’on est en train d’opérer, avec cette culture de la gagne que j’essaie de conserver, afin de retourner en haut ! Parce que cette envie est là.

C’est mort pour le National cette saison ?
(Il réfléchit) On a perdu 3 points à la DNCG et je ne connais aucun club qui soit monté en perdant des points sur tapis vert. Maintenant, commençons par restructurer le club, par bien faire ce que l’on a commencé à faire. Après, on est dans du sport, et quand on a connu une finale de coupe de France, je me dis que tout peut arriver finalement ! C’est pour ça qu’il faut constamment rester en alerte.

Si tu devais choisir entre les stades Jean-de-Mouzon (Luçon), Massabielle (Les Herbiers), Duvauchelle (Créteil) ou Walter-Luzi (Chambly) ?
Le Walter !

Le club de Chambly, en trois mots ?
Familial, la gagne, et la mémoire. Le FC Chambly, c’est un club qui a de la mémoire, et ça, ça me plaît beaucoup.

« Avec Fred (Reculeau), on s’est revu récemment… »

Eric CREMOIS / EC Photosports

Ton histoire, ton parcours, comporte deux faits marquants liés à Chambly…
Dis-moi…

Tout d’abord, tu élimines Chambly en demi-finale de la coupe de France pour un ticket au Stade de France, et puis, surtout, c’est après un match perdu avec Les Herbiers contre Chambly que Frédéric Reculeau se fait évincer de son poste… Ce sont des signes, non ?
On peut l’interpréter comme ça… Quand on s’est croisé en demi-finale de coupe, malgré l’enjeu, des liens se sont crées, parce que… Voilà, deux clubs de National en demi-finale de la coupe de France, ce n’est pas courant. D’ailleurs, je me souviens bien de mon entretien avec Fulvio Luzi au moment des contacts avec Chambly : je me suis demandé si j’allais être bien reçu, parce que j’étais le coach qui avait éliminé son club en demi-finale et qui l’avait privé du Stade de France. Finalement, il m’a rassuré là-dessus et j’ai été bien accueilli.

Et c’est après un match perdu face à Chambly que Frédéric Reculeau a perdu son poste aux Herbiers… et que tu l’as remplacé… Tu as des nouvelles de lui ?
Oui, j’en ai eu cette année. Fred est venu récemment avec son équipe de La Roche-sur-Yon disputer un match de championnat délocalisé à Compiègne, c’était contre Saint-Pryvé Saint-Hilaire, et j’y suis allé. Je suis toujours en contact avec Benjamin Guillou, son adjoint à La Roche, et qui était aussi mon adjoint aux Herbiers. Avec Fred, on s’est revu.

Vous vous êtes dit quoi ?
Dans le regard, je pense qu’on s’est dit « On a vieilli », même si on ne se l’est pas dit (rires), mais on l’a pensé fort ! On a pris des nouvelles l’un de l’autre, c’était respectueux et courtois. Ce n’est pas allé plus loin, déjà parce qu’il sortait d’un match de foot, donc le moment n’était pas idéal. Sincèrement, je pense qu’on se reverra et qu’on boira un coup ensemble.

Votre amitié, votre histoire forte, cette séparation douloureuse, ça ne te touche pas, ça ne te fait pas mal ?
On a été touché tous les deux, je pense. Ce qui est sûr, c’est qu’on était jeune. C’est la première fois qu’une telle situation nous arrivait à tous les deux. C’était la première fois qu’un président cassait le contrat de l’entraîneur numéro 1. Mais on n’a pas bien géré la situation. Si c’était à refaire, je le conseillerais différemment; Fred me dit qu’il faut que je reste au club, que ce n’est pas un souci, qu’il faut que je fasse mon job, et qu’on va retrouver un club ensemble plus tard, mais moi, je suis paniqué… On a manqué d’expérience lui et moi. Si c’était à refaire, je lui dirais « soit on reste tous les deux, soit on part tous les deux », je lui dirais aussi qu’il faut qu’il se positionne fortement. Je verrais les choses différemment.

  • Texte : Anthony BOYER / Compte X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
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Le portrait d’un jeune président, peintre en bâtiment, adepte du football de terroir, chantre de la convivialité et du partage, qui n’arrête jamais et que jamais rien n’arrête ! Toujours speaker le soir des matchs, ses mots d’ordre sont de préserver l’ADN alsacien de son club, l’un des plus importants du Bas-Rhin, et de ne pas se prendre pour d’autres.

Par Augustin Thiéfaine / Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

Le président, Emmanuel Rustenholz. Photo FRH.

Avec son accent alsacien affirmé et sa vision de l’humain qu’il porte en étendard, Emmanuel Rustenholz n’est pas un ovni dans le vaste monde du ballon rond, mais presque. C’est un président passionné par son sport, un homme à tout faire qui n’hésite pas à donner de sa personne et de sa voix au-delà de sa fonction. Du micro de speaker aux sandwichs jusqu’à la logistique, il n’arrête jamais et rien ne l’arrête.

Propulsé durant l’été 2024 à la tête du FR Haguenau (FRH), pensionnaire de National 2, l’un des plus importants clubs d’Alsace, cela représentait un sacré défi pour lui. Un défi que le rookie de 36 ans est en train de relever avec des choix payants sur sa façon de s’entourer et sa capacité à déléguer. Son but : préserver l’ADN local et surtout « rester à sa place ».

Maître à bord du plus petit budget du groupe C de N2 (c’est l’intéressé qui le certifie), Rustenholz et le FRH sont sur la bonne voie pour mener à bien cette opération maintien (8e place, 28 points après 21 journées). Un maintien qui serait le septième consécutif pour le club bas-rhinois, qui, en prime, s’est offert le droit de rêver en Coupe de France, au gré d’un parcours historique jusqu’aux 16es de finale avec comme trophée, le scalp de l’US Boulogne Côte d’Opale (National, 4-1).

Loin de lui le strass, les paillettes et les coupes de champagne. À Haguenau, c’est football-terroir; la convivialité et le partage comme marque de fabrique. Emmanuel Rustenholz nous dévoilera aussi son paquet d’anecdotes et sa vision du ballon rond depuis le point de vue du monde amateur et de la quatrième division. Portrait d’un président pas comme les autres. Un président venu d’en bas.

Interview : « Payer un coup, c’est mon plaisir ! »

Le coach de N2, Cédric Deubel. Photo Philippe Le Brech

Emmanuel, on vous décrit comme atypique. Un passionné de foot qui a gravi les échelons jusqu’à la présidence. Vous avez commencé comme speaker au club en 2018 : racontez-nous votre ascension ?
Mon parcours au FR Haguenau est finalement assez simple. Tout a débuté avec une annonce sur les réseaux sociaux car le club recherchait un speaker. Annonce à laquelle j’ai répondu car je voulais faire du bénévolat dans un club et quoi de mieux que de le faire à Haguenau sachant que je suis originaire de la région d’Haguenau. Localement, ce club, tout le monde le connaît. Quand j’étais jeune, sur les terrains, c’est là que je rêvais de jouer. Même encore aujourd’hui, le FRH a cette réputation d’être un bon club. J’ai été reçu par Jonathan Voltz, qui était speaker avant mon arrivée. Il m’a expliqué ce qu’on attendait de moi et ça c’est fait de but en blanc. C’était un rôle classique avec les annonces de partenaires, les compositions d’équipes, les buts, les différentes annonces à faire dans les tribunes. Des choses moins marrantes avec les annonces de minutes de silence, etc etc.

« Speaker, je le suis toujours »

Hamza Sahli. Photo Philippe Le Brech

Vous êtes toujours le speaker, d’ailleurs…
Oui. Je ne suis pas quelqu’un qui se prend pour ce qu’il n’est pas. J’ai commencé en tant que speaker, je le suis toujours. Effectivement, par la force des choses, je vais devoir me trouver un(e) remplaçant(e). Je ne peux plus tout faire. J’ai d’autres mission. Ensuite, on est venu me voir pour savoir si j’étais intéressé à l’idée de rentrer dans le comité, si je voulais faire d’autres choses. J’ai commencé à faire des déplacements avec le groupe, à me montrer sur les terrains à gauche, à droite. Au début, j’avais beaucoup d’idées, on m’a dit « Les idées c’est bien, mais vas-y, fais » et j’ai fait ! L’ambition et l’envie d’avancer ont pris le dessus sur la vie personnelle et je me suis investi de plus en plus, toujours en m’appuyant sur les anciens. Ils sont toujours là et ce sont des personnes qu’il ne faut ne pas oublier. Par la force des choses, je suis devenu vice-président il y a quatre ans. C’était sur le papier. Je n’avais pas de missions spéciales, mais je remplaçais le président s’il ne pouvait pas être là pour certains rendez-vous ou convocations. Depuis l’été dernier, on m’a confié les rênes.

Vous êtes président et très présent dans l’extra-sportif : intervenez-vous aussi dans le volet sportif ?
En tant que président, je ne décide et ne me mêle de rien au niveau sportif. Il y a le coach, Cédric Deubel, et le manager général Laurent Brengel, pour chapeauter tout ça. À côté, on peut les retrouver aussi chez les jeunes avec Antoine Kieffer (préparateur de l’équipe première et coach des U16), Jean-Luc Riedinger le responsable jeunes, et Caroline Deubel pour la section féminine (qui est également vice-présidente).

« Je n’oublie pas d’où je viens »

Emmanuel Rustenholz, le président. Photo FRH.

Vous disiez que vous ne pouviez pas tout faire, mais que faites-vous justement ?
Il y a une anecdote qui circule pas mal et qui a été racontée par mon ami René-Louis Geay de Chambly (Directeur général du club et actionnaire), où il explique que c’est moi qui prépare les collations. S’il faut faire les sandwichs pour les équipes qu’on reçoit, c’est vrai que je m’en occupe, c’est vrai. Je gère les stocks au niveau de la buvette, plein de petites choses comme celles-là. J’arrive, en général, a déléguer de plus en plus désormais. »

À 13heuresfoot, nous avons eu vent d’une anecdote vous concernant, notamment lors d’une rencontre face à Chambly, où vous auriez payé votre tournée de votre propre poche, sans toucher aux caisses du club…
Je n’oublie pas d’où je viens et je suis un joueur de district, un footeux. Je suis un Alsacien, j’aime la convivialité. Ce n’est pas parce-que je suis président que je dois me permettre des choses. Payer un coup, j’aime ça. C’est mon plaisir. Si je peux payer un resto aux joueurs de temps en temps, je le fais aussi. Il y a une autre anecdote, c’était à Oberlauterbach, en Coupe de France cette année. Les boissons que les joueurs ont consommées après le match, je les ai réglées moi-même. C’est un club amateur, je trouve ça normal de payer un coup ou d’aider à mon niveau. J’ai toujours été comme ça et mes fonctions ne me changeront pas. Au travail, c’est pareil. Je ne veux pas être le gars qui met des millions dans son club et qui ne s’en occupe pas. De toute façon je ne les ai pas ! S’il faut monter un chapiteau, on y va, pareil ! S’il faut poser des barrières, tenir la buvette ! Je travaille dans le bâtiment, je suis peintre en bâtiment, ça ne me fait pas peur. Mes mains sont faites pour travailler.

Faut-il remettre de l’humain dans le foot ?
Il faut, il faut. Il en manque terriblement. On doit remettre l’église au centre du village et moi ça me tient à coeur. Je discute toujours avec les équipes qu’on rencontre. Je leur propose de venir au club-house à la fin du match s’ils ont le temps. Est-ce qu’on fait des sandwichs à emporter, est-ce qu’on fait des petits plateaux ?

« Je reste Emannuel, « Manu » »

Photo Philippe Le Brech

Vous avez eu un hiver assez médiatique, agité. Qu’en tirez-vous ?
J’ai eu une formation accélérée avec notre parcours en six mois, avec la Coupe de France. D’un coup, tout s’est emballé. Ce qui me fait le plus frissonner et me fait plaisir, c’est quand je vois les jeunes du club, qu’ils savent que je suis le président et qu’ils viennent me voir et me disent « Bonjour ou salut président ». Ça me fait quelque-chose. Avec les autres je reste Emmanuel ; « Manu ». Je ne compte pas sur le fait d’être président pour être quelqu’un, mais ça fait un peu bizarre. Quand les entraîneurs disent « Les enfants, vous allez dire bonjour au président », ça ne laisse pas de marbre. C’est beau. J’ai toujours eu énormément de respect par rapport aux présidents, aux entraîneurs. C’est des valeurs, du respect. C’est ce que j’essaie d’inculquer à tout le monde, à tous les jeunes. J’ai un métier, une vie à côté. Je ne peux pas être toujours là non plus. Quand je peux, je fais. Au travail, j’ai la chance d’avoir un directeur qui est lui-même président de club. J’ai joué pour lui, pendant huit ans, à l’AS Uhrwiller (D1), donc on s’entend très bien. On est devenu amis avec le temps. Quand je fais les déplacements avec la N2, vous ne me verrez jamais sans mon PC en train de bosser sur la route à l’aller.

Photo Philippe Le Brech

Des décisions difficiles ?
Difficiles ? Non. Il faut arriver à les assumer et elles deviennent difficiles lorsqu’on ne les assument pas ou qu’elles ne sont pas réfléchies. J’essaie de m’entourer des bonnes personnes, de demander conseil. Il y a des vices-présidents, un manager général. Quand j’ai une décision à prendre, quand j’ai une question, je n’hésite pas. Je ne suis pas le tyran qui va prendre des décisions à la hâte, bêtement.

Quand tout s’accélère, a-t-on le temps de réfléchir ?
Ce qui me reste gravé, c’est l’annonce de l’arbitre lors de la première programmation contre Dunkerque en Coupe de France. « Ecoutez, le match, on va l’annuler…» On avait déjà 600 / 700 personnes dans le stade. Là, on n’a pas le temps de réfléchir. On est pris de court. On nous impose une décision que je respecte, mais à ce moment-là, on se retrouve seul. On se demande comment on va gérer ça. Une semaine plus tard, le match était là, on l’a joué.

« Je suis la personne qui laissera sa place »

Erwann Madihi, le capitaine. Photo Philippe Le Brech

Que pensez-vous de l’importance de la formation et des jeunes ?
Pour moi c’est le fer de lance de notre club. Les jeunes représentent la majorité de nos licenciés et à Haguenau, on aime conserver l’ADN local, c’est-à-dire des joueurs et des joueuses des alentours. C’est très important parce-que tout le monde peut se connaître, créer des relations et la section jeunes est fondamentale. C’est là que se trouve nos futurs et actuels bénévoles dont on a clairement besoin et sportivement ils sont l’avenir de demain. C’est un pilier de l’institution. On est le club formateur le plus représenté dans les formations de R1 dans le nord de l’Alsace et dans notre secteur.

Vous disiez ne pas vouloir mettre des millions dans le club, comment fonctionne votre économie sous votre présidence ?
On est l’une des trois dernières associations en N2. Le reste sont sous d’autres entités. On est clairement un club associatif, doté d’une petite enveloppe d’environ 900 000 euros. C’est le plus petit budget de N2, en tout cas dans notre poule. On n’est pas peu fiers de ça car on arrive quand même à survivre depuis maintenant six saisons. Je ne mélange pas mon travail avec le foot. Notre cellule marketing est efficace, elle génère pas mal de partenariats et de sponsoring. On a des partenaires institutionnels et locaux. Si je peux, j’aiguille les personnes compétentes vers de potentiels partenaires mais je préfère payer des coups toute l’année qu’injecter du capital. Je n’ai pas les moyens aujourd’hui d’injecter ce qu’il manque. Ce n’est ni mon rôle, ni ce qui m’est demandé. On me demande d’être présent et de fédérer. Si demain quelqu’un se présente avec un projet de reprise et des fonds ou qui amène de nouvelles opportunités financières, c’est quand même le nerf de la guerre. Je suis la personne qui laissera sa place. Cela fera avancer le club.

Le parc des sports d’Haguenau. Photo Philippe Le Brech

Sportivement, Haguenau est un historique de la N2. Il y a 30 ans, le club était en National : votre place est-elle à ce niveau ?
Pour moi oui, elle est là, en N2. On doit exister dans cette division et se donner les moyens de le faire. On est a notre place. Les saisons se suivent et se ressemblent : notre objectif c’est le maintien. On a survécu aux fameuses cinq descentes, aujourd’hui il n’y en a que trois. On a, par contre, une poule très relevée. Comme le dit le coach, « à Haguenau, on sait courir ». On a encore beaucoup de joueurs du cru comme Dominik Wolf (gardien), Romain Metzger, Hamza Salhi, Henri Scherer, Thomas Bierry (défenseurs), Quentin Bur, Erwann Madihi, Nicolas Hintenoch, Marco Rosenfelder (milieux), Noa Bauer (attaquant). On a des Strasbourgeois, des Haguenauviens, des gens du coin et c’est ce qui, je crois, fait un peu la différence. On a une conception du recrutement qui se fait avec le cerveau. On cherche des joueurs qui ont conscience de nos valeurs. On est un peu en décalage avec les autres clubs. Les entraînements ont lieu le soir, pas le matin. Les joueurs travaillent. On essaie de ne pas aller recruter trop loin, de ne pas non plus trop éloigner les joueurs de leurs familles. C’est un tout.

« Boulogne, c’était fantastique ! »

Photo Philippe Le Brech

Vous avez vécu une folle expérience en Coupe de France jusqu’en 16es de finale et une défaite contre Dunkerque (Ligue 2, 1-3) qui est en demi désormais. Vous vous êtes notamment offert le scalp de Boulogne-sur-Mer (4-1) et du rival et voisin colmarien (N3) aux tirs-au-but. Pouvez-vous revenir sur ce volet ?
Déjà, il est important de souligner qu’on a eu un important et large soutien. Tout s’est vraiment emballé à partir du match à Colmar (1-1, 4-3 tab). C’est un adversaire historique, on est de la même région, on est a 1h30 de route. C’est un derby, vraiment. Se qualifier la-bas, il fallait le faire malgré la division d’écart et d’un certain point de vue, on a changé de dimension. Le tour suivant, Boulogne, c’était fantastique ! Il y avait grosso-modo 1 000 personnes au Parc des Sports, BeIn Sport pour diffuser, alors qu’en National 2 on dépasse péniblement les 100 spectateurs, et encore… L’un de nos derniers matchs c’était contre Balagne (2-1), on avait 70 personnes. Contre Boulogne c’était un événement. Les joueurs avaient leurs familles, leurs amis. C’était la belle parenthèse enchantée. On gagne 4-1 contre une grosse cylindrée de National, je leur souhaite la montée en Ligue 2. Ils le méritent, c’est un beau club. On a partagé les pizzas.

Photo Philippe Le Brech

Puis il y a eu Dunkerque (L2)…
C’était pas facile. Il y avait des circonstances avec le match remis. Des choses ont été racontées… Des bruits de couloir sur une demande de qualification sur tapis vert ont circulé… Officiellement, je n’ai pas été mis au courant de cela. Je n’en tiens pas rigueur. J’ai eu une bonne relation avec leur président-délégué, on s’est dit les choses, on a échangé, discuté, en toute transparence. On ne peut pas être d’accord sur tout. C’est aussi un club qui fait une saison folle, ils ont réalisé un super exploit contre Lille (L1) ensuite (1-1, 5-4 tab). On a quand même tenu tête à une équipe en course pour la montée en Ligue 1. On peut être fiers. La différence de niveau de jeu est vraiment marquée sur ces deux rencontres. Ça va plus vite, c’est plus intense. La Coupe de France, ça sublime les gars. Ils sont motivés, ils en ont envie. Maintenant, si j’ai un coup de gueule à passer, c’est qu’on est dans un pays où les instances font jouer ces tours-là en semaine. Je ne comprends pas. On ne nous met clairement pas dans les meilleures dispositions, on nous met même en difficulté. Pour des professionnels, cela ne change rien, mais pour nous, ça change. Aujourd’hui, je ne sais pas comment fait Cannes par exemple (qui est aussi en N2). Ça s’enchaîne, beaucoup, il y a le championnat qui continue aussi à côté. On n’y changera rien, on le sait, mais ça a le mérite d’exister. Les primes, on ne les a pas encore reçues (au moment de l’interview, le 16 février) mais elles seront réinvesties dans le club-house, la cuisine, pour développer le club, pour qu’il y fasse mieux vivre. On ne va pas rénover la tribune, ça c’est pour la ville ! Quoi qu’il en soit, on est une association à but non-lucratif, on n’a pas le droit de faire des bénéfices, on n’est pas devenus millionnaire. Dunkerque nous a laissé la recette malgré les coûts, pour eux, d’un second déplacement. C’est classe.

« C’est la face d’ombre derrière la lumière »

Photo Philippe Le Brech

Sortir avec les honneurs face à un tel adversaire, c’est une belle histoire ?
En façade, c’est une belle histoire. C’est beau pour les joueurs. Les bénévoles ont été mis en lumière et ça nous offre un gros coup de projecteur. La Coupe de France a été pour nous cette saison une très-très belle histoire dans son ensemble. On est en train de créer des choses qu’on n’avait peut-être jamais vu ces dernières années. Je dis toujours que si nos joueurs étaient un peu plus costauds, un peu plus grands et qu’au lieu de chausser du 42, ils chaussaient du 44, on était pendant ce match, plus proches du 2-0 que du 1-1. A un moment donné, on loupe deux ballons qui sont à quelques centimètres des bouts de pieds… Je resterais sur ce que j’ai dit à l’un des dirigeants dunkerquois. Quand je vois Gaëtan Courtet, un vétéran, un joueur talentueux. Il a mon âge. C’est lui qui allait chercher les ballons derrière le but pour accélérer le jeu quand ils étaient menés et c’est lui qui marque le but égalisateur. C’est lui qui fédère cette équipe. C’est une scène qui est restée graver. A la fin du match, j’étais content pour lui. C’est peut-être bizarre de dire ça quand on est président et qu’on vient de perdre, mais encore une fois c’est l’humain, le cerveau. Je garde ce genre de moment. C’est beau.

Romain Metzger. Photo Philippe Le Brech

Mais ?
Mais me concernant, il y a eu des moments pas facile. Le poids de l’organisation combiné au match à rejouer, combinée encore à la défaite. C’était très lourd à porter. J’ai vécu une descente pendant la semaine de cette période là, c’était horrible. La nuit après le match joué a été difficile. J’ai eu énormément de soutien, notamment de Marine qui s’occupe de la communication au club, et même de personnes qui n’évoluent pas à Haguenau. En tant que club amateur, structuré comme on l’est, on oublie vite qu’à ce niveau là, ça peut être difficile. Depuis, on a repris notre train-train avec la N2, ça va beaucoup mieux (rires) ! C’est aussi là que je dis qu’on a notre place en N2, c’est a notre portée à tous les niveaux.

Finalement, c’est un peu la face caché de la fonction ?
Effectivement. On ne s’attend pas à toutes ces difficultés qui sont à gérer. Pour Haguenau, c’est exceptionnel ce qu’on a vécu. Un 16e de finale, c’est une première. Franchement, concernant l’organisation de ce type d’événements, on n’est pas aidé par la Fédération ou d’autres. On nous impose beaucoup de choses, la télé, la sécurité, ainsi de suite, on doit ci, on doit ça. On doit se mettre aux normes. J’ai été beaucoup aidé par le référent supporter de la FFF pour la sécurité. Et aussi par Caroline (Deubel) et Claude (Hintenoch), qui m’ont énormément aidé pour l’organisation. C’est un peu la face d’ombre derrière toute la lumière sur ce type d’événement. « Se donner les moyens » c’est écrit en capitales dans le vestiaire de la N2, c’est l’une de nos devises. « Suzammen », comme on dit ici : « ensemble ». On a vu ce que c’était. Passez-moi l’expression, mais on en a vraiment ch***. On s’en est finalement bien sortis. Maintenant on sait comment cela fonctionne et on sera prêts si cela doit à nouveau arriver. On fera mieux.

Que peut-on vous souhaiter désormais ?
Parler de montée, ce serait être totalement déconnectés de la réalité mais notre vitrine reste l’équipe de N2. Avec le Racing (Strasbourg) et Biesheim, qui figure mieux que nous en N2, on est dans les meilleures équipes alsaciennes. Je pense qu’on peut nous souhaiter de nous maintenir à ce niveau le plus longtemps possible, continuer d’exister et de pourquoi pas refaire un parcours en Coupe de France ! On a encore beaucoup de pages à écrire, encore tout à faire ! On parle de nous grâce à la Coupe de France, grâce à quelques joueurs aussi. Je pense à Gaëtan Weissbeck, qui est passé par Sochaux et Bordeaux et qui aujourd’hui est à Chypre. Avant de signer pro, il était ici. L’épanouissement pour le club dans son ensemble. J’espère qu’on continuera de parler de nous en positif. Enfin, pour nos membres, les féminines, les jeunes, la première, la réserve… que tout le monde continue d’avoir envie de venir au FRH pour la convivialité et le sportif, c’est l’objectif. L’humain c’est mon combat.

National 2 (poule C) – Journée 22 – samedi 15 mars 2025 : Chambly – Haguenau, à 18h, au stade Walter-Luzi.

  • Texte : Augustin Thiéfaine / Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)
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Photo Philippe Le Brech

 

L’ex-adjoint de Baptiste Ridira et auparavant de Mickaël Ferreira, gérant d’une ferme agricole familiale, a passé 12 ans dans l’ombre avant d’être propulsé à la tête du club du Loiret l’été dernier, avec un certain succès : son équipe, qui a conservé ses principes de jeu, est dans la continuité avec une 3e place, à seulement 4 points du leader Saint-Malo.

Par Anthony BOYER / Photos Coralie HOUEIX (sauf mentions spéciales)

Photo SPSHFC

Petite devinette. Quel est le point commun entre une ferme agricole et un club de foot ? Réfléchissez bien ! Vous n’avez pas la réponse ? On vous la donne : le point commun, c’est Mathieu Pousse. Un garçon de 40 ans qui a passé… 40 ans dans la ferme agricole familiale à Baccon, à 10 kilomètres au sud-est d’Orléans (Loiret), dont il a hérité avec ses frères, au décès de son papa, et presque autant d’années sur les terrains de football du département et du département voisin, le Loir-et-Cher.
Car le père de famille – son petit garçon de 5 ans vit à Nice – cumule deux casquettes : gérant de l’entreprise qui cultive des céréales et entraîneur de l’équipe fanion de National 2 de Saint-Pryvé Saint-Hilaire FC, un club où il a posé les pieds voilà 13 ans déjà. On pensait avoir tout vu à Saint-Brieuc avec le président-entraîneur-sponsor-directeur sportif, Guillaume Allanou… Et bien non !

Travailleur et compétiteur

A Saint-Pryvé Saint-Hilaire, Mathieu Pousse peut tout aussi bien monter sur un tracteur que diriger une séance d’entraînement. Il n’y a qu’en National 2 que l’on voit ça ! Et c’est sans doute parce qu’il vient d’un milieu rural, où les valeurs de travail sont essentielles, où l’on sait ce que mettre les mains dans le cambouis veut dire, qu’il n’a pas peur de faire des heures : Mathieu Pousse est bosseur et… compétiteur. Ce sont ses deux moteurs. Et bien sûr passionné. Le foot ? Il a baigné dedans tout petit ! « Mon papa était footeux, mes tontons aussi, ce qui fait que, mes frères et moi, on était très tôt autour des terrains, on a pratiqué dès le plus jeune age. »

« Je suis un homme de club »

Mathieu est un ancien défenseur central au parcours qu’il qualifie de « modeste » (niveau régional) : « J’ai été embêté par les blessures. Je me suis fait quatre fois les croisés entre l’âge de 15 et 20 ans, donc à partir de là, le foot est devenu une pratique loisirs. »
Une pratique loisirs, mais avec une vocation : celle d’entraîner. A l’âge de 15 ans, il s’occupe déjà des tout-petits. « Dans les deux clubs où j’ai joués, à Ouzouer-le-Marché (Loir-et-Cher), juste à côté de Baccon, où je suis resté jusqu’à mes 20 ans, et à Jargeau/Saint-Denis, près de l’aérodrome d’Orléans, où je suis resté 6 ans, j’étais aussi éducateur. Je suis un homme de club. »

Ferreira-Ridira, deux rencontres déterminantes

Photos Coralie HOUEIX

L’on dit souvent que les rencontres sont le sel de la vie. Et font parfois bien les choses. Celles avec Mickaël Ferreira et Baptiste Ridira, à l’âge de 20 ans, sur les bancs de la faculté à Orléans, où il est étudiant en STAPS, sont déterminantes.
Outre une grande amitié naissante, c’est aussi une passion commune pour le football, le jeu avec un grand J, que tous les trois développent. « En fait, comme j’étais régulièrement blessé quand j’étais joueur, je compensais ce manque par ce côté éducateur. C’est pour ça que j’ai très vite basculé. J’ai développé ma passion pour l’encadrement, au travers de cette filière STAPS, la plus passionnante selon moi, celle de l’entraînement ».

La suite de l’aventure, c’est Mathieu, qui a pris la succession de son ami Baptiste Ridira l’été dernier avec réussite – Saint-Pryvé/Saint-Hilaire est 3e à seulement 4 points du leader, Saint-Malo – qui nous la raconte, au beau milieu d’une semaine surchargée, entre deux récoltes, trois entraînements et une formation à Clairefontaine dans le cadre de son DES (diplôme d’état supérieur).

Et s’il n’a pas toujours été facile à joindre, quand bien même il suffit de taper son nom sur Google pour tomber sur son 06 (!), une fois face à nous, Mathieu, qui se définit comme un gros travailleur – « J’essaie d’engager mon équipe dans ma philosophie sur cet aspect-là » -, s’est montré très locace et disponible. « Il y a mon 06 sur Google ? Comme ça c’est pratique, plaisante-t-il ! ». Pratique… Enfin, ça c’est lui qui le dit !

Interview
« Etre l’arbitre, ça nous va bien ! »

L’équipe de St-Pryvé St-Hilaire en N2. Photo St-Pryvé St-Hilaire FC.

Mathieu, comment s’est fait ton arrivée au club de Saint-Pryvé/Saint-Hilaire ?
Après mes études de Staps à Orléans, ma ville natale, j’ai poursuivi à Lyon en faisant une première année de Master PPMR sur la préparation physique et le mental. Ensuite, je suis allé en stage à l’US Orléans puis à Saint-Pryvé Saint-Hilaire, et du coup, je suis resté à Saint-Pryvé ! Il y avait Mickaël Ferreira au club, l’ancien coach : on s’était côtoyé avec Baptiste (Ridira) en Staps, alors quand Mickaël a pris en main l’équipe Une, je me suis engagé à ses côtés avec la double casquette d’adjoint et de préparateur physique.
Dans notre club, il y a souvent des doubles casquettes. J’avais 26 ans à ce moment-là. J’ai fait 4 ans avec lui, 5 ans si l’on compte l’année de stage, durant laquelle j’encadrais aussi les U19. Et puis, Baptiste (Ridira) a pris la succession de Mickaël. Avec Baptiste, on avait des affinités de longue date depuis notre passage ensemble à la fac, et à la tête de l’équipe, ensemble, on a fait 8 années (dont 7 en National 2 après la montée en 2017). Donc là, c’est ma 13e année au club !

« Je ne suis pas une exception »

Tu as commencé à encadrer des jeunes très tôt…
La première équipe que j’ai encadrée, j’avais 15 ou 16 ans, c’était des benjamins (U13) et à 17 ans, j’entraînais du foot à 11, que je n’ai plus quitté. Parce que le foot de compétition, ça me correspondait plus. Je n’ai fréquenté que deux clubs quand je jouais. Dans le premier, j’étais joueur-éducateur à Ouzouar-le-Marché, où je suis resté jusqu’à mes 20 ans. Les seniors évoluaient en DH/DHR. Pareil, à Jargeau/Saint-Denis, j’étais joueur-éducateur, puis responsable technique à la fin. Je suis resté 6 saisons. Je suis un homme de club.

Revenons à tes débuts : c’est incroyable cette histoire de ferme agricole familiale…
Non, c’est juste que j’ai grandi à Baccon, à côté d’Orléans. C’est un petit village rural qui est à la limite du Loi-et-Cher, et où mon père avait une exploitation agricole. On l’a toujours d’ailleurs puisque, quand j’ai perdu mon papa il y a 15 ans, on a hérité de l’exploitation que je fais tourner. J’en suis le gérant. Donc à côté du foot, il y a l’entreprise. J’ai toujours été exploitant agricole mais je ne fais pas tout, tout seul. Je bosse avec des prestataires. Je ne fais pas que de la gestion, je monte aussi sur le tracteur : on fait de la culture de céréales, c’est cyclique. Il y a des périodes dans l’année où c’est plus prenant que d’autres.

Photos Coralie HOUEIX

Tu es un peu une exception dans le milieu du foot, à ce niveau, en National 2…
Je ne suis pas une exception. Il y a d’autres coachs de ce niveau qui travaillent à côté. Là, c’est juste que c’est le secteur d’activité qui peut paraître original. Je suis chef d’entreprise, ce qui me permet d’organiser mon travail et mon temps comme je le souhaite. C’est juste une gymnastique permanente pour mener de front les deux activités. Il n’y a pas que le foot qui est familial, il y a aussi l’exploitation ! C’est un héritage, on est tous les trois, avec mes frères, qui ont aussi baigné dans le foot (l’un des deux a encadré les U19 ans Nationaux de Saint-Pryvé à une certaine époque), à avoir nos parts dans l’exploitation. C’est juste que j’ai le rôle du grand frère, du gérant, et ça se passe très bien.

Entre l’exploitation agricole, le foot et actuellement la formation pour ton DES, te reste-t-il du temps pour toi ?
Je m’accorde toujours du temps, parce que je suis un bon vivant. Je m’engage dans ce que je fais, donc j’y passe beaucoup de temps, mais c’est important d’avoir cette philosophie là, de garder le plaisir de faire autre chose; ce qui m’aère, c’est de monter dans un avion et partir au soleil !

« Je ne me fixe pas de limite »

Photos Coralie HOUEIX

Entraîner plus haut, plus tard, c’est quelque chose qui t’intéresse ? Te motive ? S’occuper de l’exploitation agricole, n’est-ce pas un frein ?
Il faut savoir que j’ai une dérogation cette saison pour entraîner en N2. Ensuite, c’est une certitude, l’évolution de ma carrière devra m’amener à effectuer certains choix, comme mettre l’exploitation en gestion, mais il y a plein de possibilités, j’en suis conscient. Quant à mes ambitions, ce qui me caractérise, c’est que je ne me fixe pas de limite. Pour autant, je ne cours pas après quelque chose qui aujourd’hui est incertain. Dans le foot, on ne peut pas tout prévoir, on est dépendant de nombreux facteurs, dont les résultats. Mais ça ne me fait pas peur, je ne me ferme aucune porte.

Avec Mickaël (Ferreira) et Baptiste (Ridira), c’est toujours une histoire d’amitié aujourd’hui ?
On se connaît depuis la fac. On est du même coin. Avec Mickaël, nos parcours ont fait que l’on ne se côtoie plus particulièrement; il est à la Ligue du Centre (il est Conseiller technique régional à la Ligue Centre-Val de Loire de Football), on se croise, on se salue, on n’a pas gardé de contacts privilégiés, mais avec Baptiste oui, on est en contact permanent !

Du coup, quand tu m’as dit, vendredi dernier, que tu regardais un match de foot, tu regardais l’équipe de Dijon, entraînée par Baptiste ?
Non, j’ai fait une infidélité (rires) ! Pour le coup vendredi, j’étais au match à Orléans (victoire 4 à 2 face à Sochaux), je n’ai pas regardé Dijon cette fois !

Sinon, en général, tu regardes les matchs de Dijon (National), son nouveau club ?
Je les regarde régulièrement. On échange au téléphone sur nos quotidiens. Baptiste passe régulièrement voir nos matchs, et son fils joue à Saint-Pryvé.

« Avec Baptiste (Ridira), on connaît bien la vie de chacun »

Photos Coralie HOUEIX

Vous parlez de quoi, avec Baptiste ?
On parle de tout ! De nous, de foot ! On se côtoie en dehors du foot depuis la fac, on connaît bien la vie de chacun ! On était ami avant de travailler ensemble.

A-t-il compté au moment de sa succession à Saint-Pryvé ?
Cela s’est fait naturellement et logiquement. On faisait tout à deux, on était un binôme sur tous les aspects, surtout dans une structure comme Saint-Pryvé Saint-Hilaire, où on a tout à faire, mais avec les mains libres, car on n’a pas de directeur sportif. On s’occupait du recrutement jusqu’à la gestion quotidienne de l’équipe. Naturellement, quand Baptiste a décidé de partir, mes dirigeants se sont tournés vers moi et comme je suis un homme de club, la question ne s’est pas posée. En dix minutes, ma décision était prise.

Prendre la suite, dans un championnat a priori plus relevé du fait de la refonte, cela ne t’a pas fait peur ?
Non, pas du tout. C’est vrai que l’on a vu le National 2 évoluer, mais je n’ai pas hésité. J’ai une histoire particulière avec le club, je ne pouvais pas, ne serait-ce que pour ça, refuser. Le seul truc, c’est que cela s’est fait après le 15 juin et que l’on n’avait encore rien fixé, à quelques jours de la reprise. On s’est retroussé les manches, il a fallu faire le travail que j’avais l’habitude de faire avec Baptiste, dans un premier temps tout seul, puis avec les gens qui sont venus constituer le staff.

L’importance de connaître le club et ses particularités

Photos Coralie HOUEIX

Avec ton adjoint, essaies-tu de reproduire le modèle qui était le vôtre avec Baptiste ?
Un petit peu, d’autant que je me suis entouré de quelqu’un (Hubert Marchand) avec lequel j’ai des affinités de longue date, qui connaissait le club. Ma priorité, quand j’ai eu à constituer mon staff, c’était de prendre des gens qui connaissent le club, en qui j’ai confiance, pour gagner du temps. On était déjà le 20 juin, on a commencé le travail de l’inter-saison à seulement 15 jours de la reprise, il y avait beaucoup à faire.
Le préparateur physique, Antoine Rivet, était déjà avec nous, j’étais un peu son tuteur avant. J’ai fait revenir un ex-gardien, Charles-Henri Chatelin, comme entraîneur des gardiens, mais qui bosse à plein temps côté; Quant à Hubert, mon adjoint, il était responsable technique et s’occupait des jeunes, c’est quelqu’un que je connais aussi en dehors du foot. On est cinq en tout, avec un jeune analyste vidéo, Marius David, qui a joué en jeunes chez nous. Mais on n’est pas tous à temps plein. Comme je l’ai dit, il y a des doubles casquettes : certains sont engagés dans d’autres missions, comme celles d’éducateur. On fonctionne un peu comme d’autres structures du type de celles de Locminé, Châteaubriant, Saumur…

« La qualité du terrain, le bémol »

Justement, c’était la question suivante : depuis le temps que tu te déplaces en N2, tu dirais que Saint-Pryvé se rapproche de quels clubs en terme de fonctionnement ?
Alors, sur le plan des installations, peu de clubs nous ressemblent, parce que la qualité du terrain, c’est vraiment le gros bémol chez nous. Même si nos installations, bien que modestes, nous permettent d’exister en National 2.
Après, dans la structure, on ressemble à Locminé, qui vient de monter en N2, qui fait un très bon championnat. Locminé, ça ressemble à ce que l’on fait chez nous. J’ai discuté récemment avec les deux coachs (Jacques Pichard et Florent Besnard), qui fonctionnent aussi un peu en binôme : sur plein d’aspects, comme le budget, qui est identique, on se ressemble. Je citerais aussi Châteaubriant et Saumur, comme j’ai dit auparavant. Après, je ne connais pas Villers-Houlgate, qui n’est pas dans notre groupe, mais j’image comment cela peut être.

« Le National 2 a été tiré vers le haut »

Photos Coralie HOUEIX

Le niveau du N2, tu le trouves comment cette saison ?
Le niveau progresse. La réforme a fait son chemin, elle a brassé la masse de joueurs, et ceux qui sont encore là aujourd’hui, au niveau N2, ce sont les meilleurs, donc le niveau s’en ressent, et on a un championnat qui, dans son homogénéité, a été tiré vers le haut. On voit que ça bataille fort dans toutes les poules. C’est de plus en plus dur de rivaliser avec les grosses écuries.

Malgré ça, vous faites un championnat exceptionnel : vous êtes 3e, le club a fini 4e l’an passé …
Oui et ça valorise le travail que l’on a accompli lors de la petite intersaison. J’ai la connaissance du contexte, du fonctionnement de mon club, donc dans l’approche de la saison, dans la préparation de mon groupe à tous les aspects, c’est un point fort. Je sortais quand même de 12 saisons passées au club. Cet atout, tous mes collègues n’ont pas la chance de l’avoir. Après, il y a le savoir-faire aussi, et ça, par rapport à ma fonction élargie et mes 8 ans aux côtés de Baptiste (Ridira), ça a été une belle garantie de faire les choses correctement. On a bien recruté, humainement déjà, parce que chez nous, on a toujours l’habitude de bien regarder les profils de l’homme pour voir si ça peut peut coller aux valeurs du club et à ses particularités, s’il peut bien s’intégrer à notre projet.

Un projet de jeu « maison »

Photo SPSHFC

Comment expliques-tu que Saint-Pryvé soit, saison après saison, toujours très performant ?
Ici, c’est la stabilité de notre projet de jeu qui valorise notre parcours en N2 depuis des années. Ce projet, il est plutôt reconnu, avec ce 4-4-2 en losange : ça c’est la photographie. Après il y a la philosophie de jeu qui va avec ! On l’a co-construit avec Baptiste dès la première année, alors que l’on n’avait jamais évolué comme ça avant de bosser ensemble. C’est juste que ça collait à ce que l’on voulait faire, surtout à l’effectif que l’on avait à l’époque. Ce projet de jeu a été façonné « Made in Saint-Pryvé ».
Cette continuité-là a donné de la visibilité à l’ossature que j’ai conservée, et cela a amené l’équipe à une certaine forme de confiance. Cela a donné des certitudes aussi quant au projet de jeu, ce qui fait que quand on a démarré la préparation, il y a tout de suite eu de la qualité, et moi, j’ai essayé d’amener un versant très « compétition », parce que c’est ma nature. Ce qui fait que l’on a bien entamé la saison. On a toujours cette volonté-là, à Saint-Pryvé, de bien démarrer, c’est une constante chez nous, parce que c’est important, et c’est souvent le cas. Cela a été le socle de notre première partie de saison.
Et puis on sait aussi que, quand l’hiver arrive, cela va être plus dur, on va subir certains aléas, sur la qualité des terrains, sur notre fonctionnement aussi, quand on doit se balader d’un terrain à un autre, mais ça fait partir de nos particularités.

« Le match à Bordeaux a pesé dans les têtes »

C’est vrai qu’en novembre/décembre, les résultats ont été un peu moins bons…
On a été moins constant. Depuis 2025, c’est pas mal même si on a un peiné à retrouver notre efficacité offensive qui nous caractérisait en début de saison. En novembre / décembre, on n’a pas réussi à faire basculer des nuls en victoire, mais on est sur la bonne voie.

Votre terrain fait parler en National 2…
C’est le point le plus impactant. Surtout que l’on a un projet de jeu porté sur l’utilisation du ballon, sur le jeu offensif, donc évidemment, quand le terrain devient difficile lors du passage à l’automne, des adaptations doivent être installées mais ce n’est pas toujours facile car on construit notre effectif pour jouer. On veut jouer, on y arrive en début de saison quand le terrain est de bonne qualité. Cette année encore, on n’y a pas coupé. Et on a eu aussi ce déplacement à Bordeaux, qui a pesé dans les têtes…

Avec Baptiste Ridira, en 2020, la fine équipe de Saint-Pryvé ! Photo Facebook Esprit Foot

Parle-nous un peu de Bordeaux, justement…
Quand on a joué chez eux (10e journée, le 9 novembre, défaite 2-0), on regardait vers le haut à ce moment-là, quand bien même ce n’était pas notre discours au niveau du staff. On a pris une petite claque là-bas. On a rivalisé une mi temps (0-0), on aurait dû ouvrir le score, mais on a pris la vague en 2e mi temps et ça nous a affectés psychologiquement. J’en avais discuté avec Gwen (Corbin), le coach de Saint-Malo, quand on a joué chez eux au début du mois de février (1-1, journée 15), et il a eu le même sentiment par rapport à ce match-là, face à Bordeaux, dans le sens où l’on a essayé de l’aborder comme les autres, parce qu’on veut que le groupe l’envisage comme ça, mais finalement, on voit que nos joueurs ont clairement coché ce match, qui est finalement très particulier, et qui peut impacter. D’ailleurs, Gwen (Corbin) m’a dit qu’après ce match, les joueurs étaient un petit peu touchés sur les matchs qui ont suivi, par rapport à la rivalité qu’ils ont avec Bordeaux et par rapport à leurs objectifs. Pour moi, Bordeaux n’a rien à faire là, et c’est vrai que cela peut être impactant dans le championnat.

« Essayer de rester au contact »

Du coup, qui va monter en National ?
Joker !

Photo SPSHFC

Saint-Pryvé est plus que jamais dans le coup, à 4 points seulement du leader, Saint-Malo
On peut même encore imaginer que certaines équipes, qui sont sur des grosses dynamiques, puissent recoller si ça tâtonne encore devant. Clairement, aujourd’hui, je suis incapable de dire qui va monter. On voit juste que la lutte entre Saint-Malo et Bordeaux devrait perdurer.

Quant à nous, en début de saison, on avait l’espoir de faire mieux que l’an passé, alors que l’on sortait de notre meilleure saison, avec notre meilleur classement (4e) et un ratio de 1,4 ou 1,5 point par match. C’est un peu ce que l’on arrivait à faire ces dernières années, pour finir sur le podium, mais c’est pas gagné. Nous, on veut faire le mieux possible sur nos trois prochains matchs en mars, parce qu’après, en avril, on va recevoir Bordeaux et on va recevoir Saint-Malo : être l’arbitre du duel, ça nous va bien ! On va essayer de rester au contact, ce qui validerait le fait que l’on est en progrès et que l’objectif de départ aura été réussi.

N’est-ce pas frustrant d’entraîner un club pour lequel il sera compliqué de voir plus haut que le N2, compte tenu de ses moyens et de ses infrastructures ?
C’est la magie de notre sport ! Des clubs ont réussi à faire des choses incroyables : quand les frères Luzi se sont engagés à Chambly, si on leur avait dit qu’ils iraient jusqu’en Ligue 2… Des exemples, il y en a d’autres, Luzenac, ou encore, plus lointain, Guingamp, qui est devenu un club professionnel important. Ce n’est pas du tout ce que l’on vise à Saint-Pryvé mais il n’y a rien d’impossible dans le foot, en tout cas, on n’est ni prévu ni programmé pour ça. La plupart des joueurs travaillent, certains dans notre structure comme apprentis ou en formation sur les métiers de l’animation, de l’encadrement, du management de club, c’est très classique, d’autres sont étudiants.

Tu es un coach plutôt…
Passionné, engagé, compétiteur, perfectionniste et exigeant.

Le club de Saint-Pryvé/Saint-Hilaire ?
Familial, franc, où il fait bon vivre.

Un modèle de coach ?
Pas spécialement. Par contre, j’ai des affinités avec la philosophie du foot espagnol. Avec l’exigence des profils de coach portugais.

Baptiste Ridira : « Je suis très heureux pour Mathieu »

Visuel SPSHFC

Interrogé au sujet de son ancien adjoint et ami dans la vie, Baptiste Ridira , l’entraîneur de Dijon, en National, a eu des mots très élogieux à l’endroit de Mathieu Pousse : « Voir Mathieu à la tête de Saint-Pryvé en N2, c’est une évidence pour moi, je n’avais aucun doute là-dessus, par rapport à son implication au club et pour ce qui est de la continuité du projet de jeu. C’était une vraie décision du club de vouloir rester dans la continuité. Mathieu a fait beaucoup pour le club et s’est énormément investi, pendant 12 ans, ce qui est ENORME. Ces années passées à travailler avec lui resteront gravées à jamais. Notre fonctionnement fut remarquable. Le plus important pour moi est de savoir que, si un jour je dois retravailler avec Mathieu, je sais la personne qu’il est, loyal, investi, passionné, et dévoué pour son club. Il s’est toujours mis en retrait,  que cela soit avec « Mika » (Ferreira) dans un premier temps, avec moi ensuite, et là, après avoir été dans l’ombre pendant toutes ces années, c’est bien qu’il prenne la lumière, je suis très heureux, il exprime toutes ses qualités que certains ne lui reconnaissaient pas. »

 

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  • Texte : Anthony BOYER / Compte X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : Coralie HOUEIX (sauf mentions spéciales)
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