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Bruno Luzi : la vie sans ballon

L’ex-coach de Chambly clame très haut et très fort qu’il cherche un banc, au point d’avoir fait un appel du pied sur les réseaux sociaux. Une méthode peu courante qui détonne dans un milieu où la discrétion est de mise. Il s’en explique, évoque les rumeurs et parle de son quotidien sans travail. Entretien à son image : cash !

Tout est parti d’un tweet. Un message écrit et posté mardi, relayé sur Facebook.

« Bientôt 8 mois sans terrain déjà… Ça manque !!! Toujours en attente et motivé. N2 N1 étranger peu importe. La roue va tourner, on reste déterminé et positif. 💪🙏⚽ »

Signé Bruno Luzi.

L’emblématique coach du FC Chambly Oise (57 ans) tourne en rond. Trépigne. S’impatiente. Huit mois jour pour jour qu’il n’est plus l’entraîneur de ce club qui fut sa deuxième maison et qu’il a fait grimper de première division de District jusqu’en Ligue 2  (il a été remercié par son frère et président, Fulvio, le 2 avril). Et qu’il a conduit en demi-finale de la coupe de France en 2018 !

Huit mois jour pour jour ? Ne cherchez pas, c’est un hasard. Et sans ce tweet, pas sûr que nous l’aurions contacté et sollicité pour évoquer sa vie sans ballon. Sa vie sans pression. Sa vie sans l’adrénaline des matchs, sans la préparation des séances, sans les conférences de presse, sans les solutions à trouver, sans les consignes à donner, sans les regroupements dans le rond central au coup de sifflet final, l’une des marques de fabrique du FCCO.

Un tweet pour clarifier sa situation

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Même s’il très occupé à la maison, les heures, les jours, les semaines et les mois passent. Les coaches, eux, défilent à une vitesse vertigineuse depuis le début de saison : 7 ont déjà été virés en Ligue 1 et 5 en National !

Les coachs défilent, et pendant ce temps, Bruno Luzi est chez lui. En salle d’attente.

Pour mettre toutes les chances de son côté, il n’hésite donc pas à utiliser les réseaux sociaux où il fait des appels du pied. Une démarche peu commune pour un coach sur le marché, surtout dans ce milieu très codifié, mais qui s’explique aussi par une incompréhension.

Bruno Luzi nous l’a confiés : de nombreux dirigeants ou présidents de clubs pensent qu’il est toujours au FC Chambly, mais dans un rôle différent. Or ce n’est pas du tout le cas, et il a utilisé Twitter et Facebook pour clarifier tout ça.

Dans cet entretien à bâtons rompus, d’une grande sincérité et d’une grande lucidité, où il est capable à la fois de faire quelques mea culpa et de bien se vendre en s’appuyant sur son bilan sportif, il parle de sa vie sans travail, des rumeurs, du terrain qui lui manque. Aujourd’hui, il n’a qu’une idée en tête : s’asseoir à nouveau sur un banc.

Bon, on va lui rappeler que les deux derniers coachs à avoir parlé dans les colonnes de 13heuresfoot, Réginald Ray et Didier Santini, ont chacun retrouvé un club peu de temps après. Encore le hasard, sans doute. En tout cas, Bruno Luzi nous avait dit « oui » sans le savoir. Il sait à quoi s’en tenir maintenant !

« Subitement, être oisif, ça fait drôle »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Bruno, mardi, tu as posté un tweet qui a été bien repris et pas mal commenté : là, tu as clairement fait un appel du pied aux clubs. Une méthode peu courante dans le milieu…
J’avais envie de balancer quelque chose sur les réseaux sociaux, pour me montrer.

Mais tu n’as pas d’agent, tu fonctionnes tout seul ?
Je fonctionne avec une personne, un agent, qui me propose dans des clubs.

Dans ton tweet, tu vises clairement des clubs de National et de National 2. Mais pas de Ligue 2 ?
Non parce que … voilà, parce que jusqu’à présent, je n’ai rien, alors je ne vais pas dire, « Salut Je veux de la Ligue 2 », ça réduirait le champ de manoeuvre. J’ai cerné le niveau où les clubs sont plus censés m’appeler, et surtout où y’a plus de clubs aussi. la Ligue 2, c’est devenu une petite Ligue 1, je sais comment ça fonctionne, il faut avoir un CV de joueur ou être le copain du copain d’un directeur sportif. Le National, c’est un championnat que je connais bien, j’aime bien, le National 2 aussi. J’ai préféré, comme d’habitude, voir plus petit en ciblant ces deux divisions.

Moi, ce que j’ai fait, je l’ai gagné »

Avec Cris, passé du Mans à Versailles le mois dernier. Photo Eric Cremois – EC Photosports

Dans le tweet, tu dis aussi « bientôt 8 mois »… est-ce que cela veut dire que tu comptes les jours, les semaines, les mois ?
Pas spécialement, mais l’autre jour, j’ai pensé à ça, et je me suis dit « ça fait déjà 8 mois », ça passe. Après, chacun a son parcours.

Certains trouvent des clubs tout de suite : Cris est viré pour mauvais résultat au Mans en National et quelques jours après, il a une promotion chez le 2e du même championnat, ce qui paraît totalement cohérent (ironique).

Après, on a d’autres coachs, comme Réginald Ray, qui a mis du temps avant de retrouver un poste, Vincent Bordot aussi, à Paris XIII, et ça faisait un bout de temps qu’il était sans club. Tout dépend des opportunités.

L’histoire de Cris, viré et qui retrouve tout de suite un club, ça t’inspire quoi ?
C’est devenu une mode de changer de coach, et cette saison, avec la refonte des championnats, les six descentes de National en N2, ce qui est colossal, les dirigeants prennent plus vite peur, et ça ne perd pas de temps, encore moins que d’habitude, ça dégage vite. Mais ce qui m’a surpris, c’est entre guillemets l’incohérence. Tu n’as pas de résultat au Mans et tu es repris par le 2e du championnat. Pour moi, c’est une promotion. Je n’ai rien contre Cris. Mais, ça paraît bizarre.

« Je suis condamné à attendre »

Plus généralement, des coachs retrouvent des postes, ça t’inspire quoi ?
Je sais pas quoi en penser. Didier Santini vient de signer à Rodez. Didier, c’est une personne que j’aime bien. Subitement, on lui offre la Ligue 2. Moi, tout ce que j’ai fait, je l’ai gagné, et on ne me propose rien, voilà, c’est comme ça, il ne faut pas jalouser les autres.

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Tu es prêt à attendre ? Tu es préparé à cela ?
S’il faut attendre, faut attendre. Je sais que ça peut durer jusqu’à la fin de saison. Je suis préparé à ça.

Si on m’appelle maintenant, il faudra voir, est-ce que ça vaut le coup de récupérer un club qui est loin au classement et pratiquement relégué ? Sans compter les joueurs, tu ne les as pas choisis, et le niveau de l’équipe… Plein de paramètres entrent en ligne de compte, ça peut être bien ou pas bien, je ne sais pas.

Après, il faut que le cas se présente, mais je n’ai pas le choix, je suis condamné à attendre, et jusqu’à la fin de saison s’il faut.

On imagine que ton téléphone sonne moins ?
Il sonne beaucoup moins. Parce que, bah voilà, loin des yeux, loin du coeur, parce que t’es perdu de vue, que tu ne bosses plus dans le milieu, que tu ne vois plus telle ou telle personne, c’est malheureux, mais tout de suite tu deviens moins intéressant à fréquenter, parce que tu n’es plus personne, entre guillemets.

Le 2 avril dernier, tu t’es fait virer : ça t’a fait quoi ?
Quand mon frère m’a appelé et qu’il m’a dit ça, sur le coup, on n’y croit pas trop et puis, une demi-heure après, j’étais au stade car on avait décrassage et puis là, j’ai vu l’annonce sur Facebook, waouh, j’ai été pris de panique, je suis parti, j’ai quitté le stade, j’ai dit à mes adjoints que je m’en allais, que je ne me sentais pas de rester là. Depuis, je n’ai pas remis les pieds au stade à Chambly alors que pendant plus de 30 ans …. Je ne peux plus… Pour être un entraîneur, il faut être viré tôt ou tard, ça fait une expérience, c’en est une, et ça va me rendre plus fort.

Est-ce aussi parce que revenir à Chambly pour voir un match pourrait être mal interprété ? Les gens font des raccourcis et ont vite fait de vous annoncer dans tel ou tel club, parce qu’ils vous ont vu…
Je ne pense pas à ça, c’est juste que je ne me sens pas… J’ai été blessé. La saison passée, en National, j’avais déjà prévenu mon président (son frère) avant la trêve que je ne m’en sortais pas avec ce groupe-là, qu’il fallait essayer quelque chose, mais cela n’a pas été fait, il pensait qu’on allait s’en sortir. Après, c’est le timing, on était dans le money time quand j’ai été viré, on était dedans à fond.

« Je travaille depuis que j’ai 19 ans »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Comment occupes-tu tes journées ?
Au départ, t’es dans les cordes, t’es sonné. Mais bon, je me suis dit « ça fait 20 ans que je coache, je vais prendre du bon temps, des vacances », donc j’ai vraiment bougé cet été et consacré du temps à ma famille. Après, quand les championnats redémarrent, en août, ça commence à manquer, et là, aujourd’hui, ça fait long. Ce n’est pas évident. On meuble comme on peut. Après, je suis avec mon épouse, j’ai deux enfants en bas âge, ça occupe bien les journées. En plus, je suis debout à 5h30, car j’ai toujours eu l’habitude de me lever tôt. Mais le travail me manque. Je travaille depuis que j’ai 19 ans. Subitement, être oisif, ça fait drôle. Le terrain, le foot, ça manque.

As tu regardé les matchs de Chambly ensuite ?
Oui, la saison passée, j’ai regardé cinq des six derniers matchs après que je sois viré. Celui que j’ai manqué, c’était Concarneau, car je conduisais, et c’est mon épouse qui me tenait au courant de l’évolution du score. Cette saison, c’est plus compliqué pour regarder les matchs avec l’autre site (Fuchs TV), mais j’ai vu le match de Coupe de France contre Amiens sur FFF TV.

Du coup, tu suis essentiellement quels championnats ?
Je regarde le National le vendredi soir, une affiche ou des équipes que je n’ai pas vues. Je pense avoir vu tout le monde, et c ‘est une division que j’aime bien.

Des coachs sont devenus consultant, est-ce quelque chose qui te plairait ?
Personne ne m a encore démarché, après, c’est un moyen d’être visible, d’être toujours là, sur le devant de la scène.

Sur Linkedin, tu as lancé le « Luzinomètre »…
C’est un ex-journaliste qui m’a proposé ça, sur un réseau comme Linkedin, qui est vu. Je donne mon regard sur les compétitions, je livre mon analyse, y’a pas de critique envers qui que ce soit.

« Beaucoup de gens pensaient que j’étais encore au FC Chambly… »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Le fait de t’exposer sur les réseaux sociaux, ne penses-tu pas que cela puisse te porter préjudice ? C’est tout de même une démarche très rare, de voir un coach faire un appel du pied…
C’est vrai, ça fait la personne qui se vend. Mais c’est important pour moi car j’ai eu des retours cette saison de présidents, de dirigeants, d’entraîneurs, qui m’ont dit qu’ils pensaient que j’étais toujours à Chambly, mais dans un autre rôle. Le message n’a pas été clair au départ. C’est sans doute de ma faute. Donc, partant de là, beaucoup pensent que je resterai toujours à Chambly, et que je n’en partirai jamais. J’ai voulu en remettre une couche pour bien faire comprendre à tout le monde que la page est bien tournée, et les réseaux sociaux sont aussi faits pour ça, car là, au moins, le message passe.

Cette image de Chambly qui te colle à la peau, est-ce selon toi un handicap, dans le sens où l’on pourrait penser que tu ne peux pas entraîner ailleurs ?
Je ne pense pas, on ne me l’a jamais dit mais ils ont peut-être raison de le penser, ou peut-être tort… On ne peut pas le savoir. Après, si à Chambly, j’avais fait tout ça avec des moyens considérables, les gens pourraient dire « non mais attend, c’était fastoche », OK, mais ce n’était pas le cas. Après, la seule facilité que l’on pourrait m’accorder, c’était que mon frengin soit mon président. On se rend compte après coup que pendant 18 ans, y’a eu soit des maintiens, soit des montées, et que, quand il y a eu deux descentes, frère ou pas frère, j’ai été sorti. Quelque part, si mon travail n’avait pas été bien fait, cela aurait pu arriver avant. Je suis certainement capable de refaire ce qui a été fait ici ailleurs, même si je sais que je serai exposé comme tout le monde, c’est à dire « tu n’as pas de résultat, tu dégages ».

Même sur ton mail, c’est écrit « luzi.chambly »…
Oui mais parce que j’habite à Chambly !!! Je ne vais pas mettre luzi.trouduc (sic). Ce n’est pas un mail professionnel en fait, mon épouse c’est pareil, c’est juste parce que l’on habite à Chambly ! Ce n’est pas le mail du FC Chambly, mais Chambly ! C’est mon mail personnel !

« L’an passé, ça a été la saison de trop »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Avec le recul, ne regrettes-tu pas l’épisode de ton vrai-faux départ de Chambly en mai 2020 ?
Oui, je le regrette, car j’avais la sensation à l’époque que c’était la bonne décision, au bon moment. A ce moment-là, je serais parti avec 7 accessions et un maintien, 10e en Ligue 2. Deux ans plus tard, ma côte est moins bonne. La 2e saison en Ligue 2, à l’arrivée, il nous manque 3 points pour se maintenir, on descend avec 38 points, on n’a pas joué chez nous, on a été frappé pendant un mois et demi par la Covid… Après, y’a eu la saison dernière, en National, et là, ça a vraiment été la saison de trop, c’était compliqué.

Ton franc parler, ta façon de bien manier la langue française, ton ironie, ton humour caustique, un ton parfois sec et cinglant, ton image finalement, ne penses-tu pas qu’elle fait peur ?
C’est un style, mais c’est le mien, je ne le travaille pas, ça plaît ou ça ne plaît pas, mais je ne pense pas faire de gaffe ni que cela puisse bloquer un président. C’est sûr que certains entraîneurs sont plus policés, on ne sait même pas à la fin s’ils ont répondu à la question, mais en ce qui me concerne, non, je ne pense pas que cela soit rédhibitoire.

Est-ce que tu n’as pas l’impression, toi, de faire peur ?
Faire peur à quel niveau ?

Physiquement déjà (il rit), parce que tu en imposes, ton caractère aussi, ta personnalité… Peur aussi par rapport à l’image collée à celle de Chambly… C’est un ensemble de choses…
Peut-être. Je n’arrive pas à me voir et à me juger par rapport à ailleurs; ce que j’aimerais, c’est que l’on me juge par rapport à ce que j’ai fait, avec une balance plutôt positive que négative. Y’a bien un président qui va tenir compte de cela ce qui, je pense, est le principal, et qui se dise, « S’il a fait quelque chose ailleurs, il peut peut-être le faire chez nous ». C’est ce que j’espère.

« On est vite oublié »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Ton nom a circulé du côté de Beauvais (N2) récemment…
Oui. Mais je n’ai eu aucun contact avec les dirigeants de Beauvais. En fait, tu vas voir un match à Beauvais, et on t’annonce à Beauvais !

Cet été, je suis allé voir un club en Tunisie, j’ai posté une photo, et ensuite on m’a annoncé là-bas ! Après, je suis allé voir un match de National à Versailles, contre Bourg-en-Bresse, et hop, on m’a annoncé à Versailles, du coup, ce que j’ai fait, c’est que j’ai mis un message sur les réseaux sociaux en disant « Attention, la semaine prochaine je vais voir PSG – Juventus, je dis ça, je dis rien ». Bon, et bien voilà, c’est la rumeur. Les gens s’en donnent à coeur joie, ils parlent, ils interprètent tout.

Après, un journaliste m’a demandé si Beauvais pouvait être un club susceptible de m’intéresser; bah bien sûr, comme tant d’autres, je ne vais pas dire « Beauvais c’est un club de baltringues », puisque ce n’est pas le cas, mais, je n’ai eu aucun contact. Si t’es coach, c’est que tu aimes bien le foot théoriquement. Donc tu vas voir des matchs. Moi, j’y vais pas passion.

Et puis, si je vais voir un match à Beauvais, comme cela a été deux fois le cas cette saison, c’est parce que je dois me tenir au courant du niveau du National 2, que je n’ai pas fréquenté depuis 8 ou 9 ans, et je regarde aussi les adversaires de Beauvais. Et en National 2, y’a pas tant de matchs que ça dans le coin à part Beauvais, Chambly et Poissy, et aussi le Racing, mais sinon, pour les autres clubs de la région parisienne, il y a la contrainte de la circulation sur le périphérique.

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Depuis avril, as-tu eu des touches concrètes ?
Non. J’ai su que, apparemment, j’étais dans une short list à Saint-Brieuc, je ne le savais même pas. On m’a sondé pour des clubs de National 3, mais là, tout de suite, je ne me sens plus d’aller m’entraîner le soir, j’ai passé l’âge, je suis entraîneur pro, j’ai passé mes diplômes. Après, attention, y’a des très beaux clubs de National 3, d’ailleurs, pas loin de chez toi, à Cannes, par exemple, tu en as un, mais c’est un cas isolé. En National 2, c’est semi-pro, mais pour moi c’est quand même pro, les gars ne font que du foot.

Le foot te manque, c’est un fait, mais est-ce que tu penses que tu manques au football ?
Le foot me manque, c’est certain, c’est ma vie, ma passion, je regarde les matchs à la télé, encore plus que lorsque j’entraînais, parce qu’il y a un manque « physique » de terrain, alors je me rattrape comme ça. Après, est-ce que je manque au foot ? Certainement pas, on est vite oublié.

Le foot te manque mais y a-t-il quelque chose qui ne te manque pas dans le foot ?
Non, rien. Dans l’ensemble, ça va, y’a pas quelque chose en particulier qui m’a choqué plus que ça dans ce milieu, et de toute façon, s’il y a quelque chose qui ne me plaît pas, je vais être amener à le revivre tôt ou tard.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06  

Photos : Eric Cremois – EC Photosports