Le président du Stade Briochin, qui cumule la fonction avec celles de directeur sportif et entraîneur de la réserve (N3), regarde devant : son équipe est revenue dans la course au maintien en National. Une situation qui semblait encore impossible voilà encore un mois !

Ne vous fiez pas au classement. Encore moins aux apparences. A trois journées de la fin du championnat (l’entretien a été réalisé après le 0-0 contre Nancy,et avant le match au Mans, à quatre journées de la fin, Ndlr), le Stade Briochin (National) est toujours debout. Et son président, Guillaume Allanou, aussi, mais pas pour les mêmes raisons ! Celui qui cumule plusieurs casquettes au club (il est également directeur sportif et entraîneur de la réserve en National 3) a une vilaine hernie discale. C’est pour cette raison qu’il évite de s’asseoir durant cet entretien, accordé quelques heures après le 0-0 au stade Fred-Aubert face à Nancy, en match en retard.

Et c’est justement ce 0 à 0, puis ce 2-2 au Mans, qui permettent aux Griffons d’être plus que jamais debout, eux qui ne sont plus qu’à trois longueurs de la 12e place, synonyme de maintien en National.

Une série de 3 victoires et 2 nuls

Guillaume Allanou : des faux airs de Dugarry un peu, non ?

Saint-Brieuc plus que jamais dans le coup pour le maintien à trois journées de la fin, qui l’eut cru ? Pas grand monde, assurément. Après avoir accusé durant toute la première partie de saison un retard de 7 à 8 points sur la 12e place, synonyme de maintien, les Griffons comptaient toujours ce même handicap de 7 longueurs à l’issue de la 25e journée, après une 10e défaite, chez la bête noire, Concarneau (1-0). Depuis, ils viennent d’enchaîner une série de trois victoires et trois nuls, ce qui leur a permis de recoller. Inespéré. Et pourtant…

Flash back. 6e journée de championnat. Le Stade Briochin mène 3 à 2 à Bourg-en-Bresse et va enfin décrocher son premier succès après 2 nuls et 3 défaites inaugurales. Malheureusement, c’est partie remise : le Burgien Malick Lopy égalise à la 90’+5 (3-3). Le sort du coach, Didier Santini, lui, est scellé.

Ce qui suite est unique dans les annales : Guillaume Allanou, qui est déjà président (depuis juin 2021) et entraîneur de la réserve (il a aussi entraîné l’équipe 1 en N2), assure l’intérim. Inutile de dire que la nouvelle fait le buzz. Deux matchs et un point plus tard, Karim Mokeddem arrive. Les Griffons n’ont que 4 points (en 8 matchs) et doivent même attendre la 12e journée avant de signer leur premier succès, sur le terrain du 2e, Versailles !

Son intérim, sa décision d’enrôler l’ex-coach de Lyon-Duchère et de Bourg, et aussi l’avenir et le club dans sa globalité, Guillaume Allanou, 46 ans, promoteur immobilier dans la vie civile et bénévole au club, évoque tout cela avec beaucoup d’éloquence dans ses réponses. Il avait dit « OK » pour une demi-heure, l’entretien a duré 45 minutes ! L’on sait beaucoup d’autres choses sur lui à présent. Outre ses dictons qu’il affectionne et qu’il aime retweeter sur son compte – « J’aime bien redonner un peu de sens aux choses, et puis parfois, une petite phrase vaut mieux qu’un long discours » -, il est également passionné, travailleur, optimiste et … très bavard ! « Quand on aime le football, on a plein de choses à dire » a-t-il conclu !

« Regarder derrière ne changera rien »

Président, quel sentiment prédomine après ce 0-0 face à Nancy ?
Il y avait de la déception chez les joueurs, parce qu’on a eu la possession, beaucoup de corners, des situations aussi, plus que Nancy, même s’ils ont eu un penalty (sur le poteau). La frustration de ne pas avoir pris les 3 points a vite été atténué par le fait d’avoir « gratté » une place au classement : aujourd’hui, on est passé devant Villefranche et on n’a jamais été aussi près de la 12e place. On s’est tout de suite projeté vers le match au Mans (l’entretien a été réalisé après le 0-à contre Nancy). Il faudra faire un résultat, sachant que dans le même temps, les deux équipes devant nous s’affrontent : Nancy accueille Avranches. Je vais pouvoir aller au Mans car je n’ai pas de match en N3 ce week-end, même si je suis aussi focus sur la réception de Fougères avec mon équipe le 6 mai.

Une descente en N2 serait-elle une catastrophe industrielle ?
Non. Mais ce serait brutal, et il faudrait pouvoir l’amortir et l’absorber. Ce serait un coup dur mais en même temps, on y est préparé. Attention, on n’est pas résigné. Mais avec l’avant-dernier budget de la division et en sachant qu’un tiers des équipes du championnat va descendre, idem la saison prochaine, on savait qu’on allait être dans la bagarre. Après, on ne pensait peut-être pas être autant en difficulté. C’est ça le souci : pendant une dizaine d’années, on a toujours vécu dans le confort, avec des bons résultats, des bons maintiens, des accessions, et aussi une 10e puis une 7e place en National pour nos deux premières saisons à cette échelon (en 2021 et en 2022). Il y avait une forme de normalité qui s’était installée. On s’était habitué à « surperformé ». Je sais que c’est mal perçu quand je dis ça mais c’est un miracle que l’on existe à ce niveau-là, en National, avec nos infrastructures obsolètes et nos moyens limités. La saison dernière, à un moment donné, des gens se sont même imaginés qu’on allait monter en Ligue 2, sauf que mon rôle est de remettre les choses à leur juste place. On est déjà au-dessus de ce que l’on est capable de faire, parce que l’on cultive d’autre chose. Et c’est ça qui est passionnant, de se dire qu’il n’y a pas de résignation. Si on part du principe que les six plus petits budgets vont descendre, et bien alors à ce moment-là on doit descendre, sauf que l’on essaie de combattre cette fatalité-là.

« On va se battre jusqu’au bout »

Quels sont vos motifs d’espoir pour cette fin de saison ?
Ce qui me donne de l’espoir, c’est qu’il reste 4 journées et que l’on n’est qu’à deux points de la ligne de flottaison, qui n’a jamais été aussi proche. On va se battre jusqu’au bout. Maintenant, si on descend, ça ne sera ni une catastrophe ni un drame et j’essaie justement de faire en sorte de dissocier le développement et la structuration du club d’un côté, et les aléas sportifs de l’autre. Le dépôt de bilan du club, en 1997, a été traumatisant, et je me refuse à ce que le club revive ça un jour. L’avantage de cette fin de saison, c’est qu’à partir du 6e, tout le monde est concerné par le maintien ! Et ça fait beaucoup de monde ! Donc personne ne va brader les matchs, tout le monde va jouer le jeu, c’est ça qui est bien.

Ce exercice très compliqué, vous ne l’aviez pas senti venir… ?
On savait que ça allait être dur, car on a perdu beaucoup de joueurs à l’inter-saison, une dizaine, pour des raisons de projet, de choix de carrière individuelle, et souvent en raison de salaires supérieurs ailleurs, et là, on n’a pas pu lutter. On a renouvelé quasiment 50 % de l’effectif donc forcément dans ces cas-là on a besoin d’un temps d’acclimatation. Il n’ y a pas que des bons recrutements aussi, même si quand on recrute, on aimerait que ce soit du 100 % positif, mais ce n’est pas possible. Et puis, avec autant de descentes (6 sur 18 équipes) et tout le retard que l’on a accumulé au début… On n’a gagné notre premier match qu’à la 12e journée, à Versailles. Après, on voit bien que depuis novembre, on est sur un rythme cohérent d’une équipe qui se maintient. On savait que ce serait difficile même si on espérait surfer sur la bonne fin de saison passée.

Depuis que Karim Mokeddem est arrivé à Saint-Brieuc, l’équipe a le 7e meilleur bilan du National.

Justement, depuis l’arrivée de Karim Mokeddem, connaissez-vous les « stats » de votre équipe ?
On doit être à 1,40 points par match (exact). J’avais pris 1 point en 2 matchs, Didier Santini en avait pris 3 en 6 matchs, on en a 34 aujourd’hui, donc Karim en a pris 30 en 22 matchs (exact) ! (Chiffres mis à jour après la journée 30).

Et si le championnat avait commencé avec Karim, quel classement occuperait Saint-Brieuc après la J30 ?
On serait 10e, c’est ça ?

Non, vous seriez 7e…
C’est ça qui me rassure ! On est dans le coup. Pour moi, on n’a été surclassé que deux fois, face à Concarneau et Dunkerque chez nous. Hormis ces deux-matchs là, on n’a jamais souffert de la comparaison avec aucun autre adversaire, on a même mis en difficulté Versailles, Martigues, même Dunkerque chez eux. On est au niveau, ça c’est certain, mais on a accumulé du retard. Il a fallu gérer des crises, notre gardien s’est blessé au bout de trois matchs… Il reste quatre journées pour rattraper les points qu’il nous manque.

« Karim Mokeddem colle avec ce que je suis »

C’est vrai que Concarneau vous a battu trois fois cette saison, avec la coupe…
Ce n’est pas une équipe qui nous réussit, et c’est la plus régulière sur les trois dernières saisons, ils sont solides, ils ont des repères, une force offensive. J’espère qu’ils vont aller au bout. On s’entend bien avec ce club, que cela soit avec le président Jacques Piriou et les dirigeants. Ce serait une juste récompense pour eux de monter en Ligue 2.

Avez-vous des regrets sur certains matchs, cette saison ?
Oui, mais regarder en arrière ne changera rien. Si par malheur, en fin de saison, il nous manque un ou deux points, on pourra les trouver partout ! Bien sûr que j’ai des matchs en tête, comme celui de Martigues chez nous, Avranches chez nous aussi, à Bourg, dernier match de Didier Santini, lorsqu’on se fait égaliser à la dernière minute… Idem contre le Red Star. Des exemples, j’en ai plein. On dit que ça s’équilibre sur une saison, c’est possible, parce que, bien sûr, parfois on a des pris des points que l’on n’aurait peut-être pas mérité de prendre. De toute façon, on peut refaire la saison, cela ne change rien. Ce qui compte, ce sont les 4 matchs qui restent.

Quoi qu’il arrive dans 4 journées, Karim Mokeddem, ça restera la bionne pioche…
Oui. Karim a apporté sa rigueur, son travail, c’est ce que je voulais : un travailleur, qui colle avec ce que je suis. Je pense être besogneux et travailleur. Il a apporté sa connaissance du championnat. Il connaît tous les joueurs de la division, les ingrédients qu’il faut mettre. C’est un très bon tacticien. Son arrivée a élevé le curseur en termes d’exigence sur l’ensemble du club. Quoiqu’il arrive, sa venue chez nous restera un bon choix, et j’espère qu’on va aller au bout et se maintenir !

« Je suis un entraîneur qui préside »

Le stade Fred-Aubert a accueilli 3300 spectateurs lundi contre Nancy.

Quand vous avez pris l’équipe en mains après l’éviction de Didier Santini, de l’extérieur, beaucoup ont pu se dire « Mais c’est quoi ce club ? Mais c’est quoi ce président ? » Pouvez-vous revenir sur cette épisode ?
C’est atypique, je le sais, et je suis atypique : ça donne l’impression d’un président omniprésent, omnipotent, ce que je n’espère pas être. J’ai juste raisonné à l’instant T pour le club, même si la vision extérieure laisse penser que je suis le gars qui veut tout faire, qui se prend pour ce qu’il n’est pas, qui estime, peut-être à tort, avoir certaines compétences comme entraîneur. Je ne dis pas que je suis le meilleur mais j’ai passé mes diplômes pour. C’est ce qui m’anime. J’adore entraîner. Je dis souvent que je suis un entraîneur qui préside plutôt qu’un président qui entraîne. La moins pire des solutions à ce moment-là, pour ne pas dire la meilleure, ça semblait être moi, mais encore une fois, je n’ai pas fait ça pour attirer la lumière, je m’en fous de la lumière. Les joueurs me l’ont bien rendu.

C’est pour ça qu’il y a une différence avec ce que les gens peuvent percevoir de l’extérieur, ce que j’entends très bien, parce que c’est très français : ici, on ne doit être bon que dans une case. Soit vous êtes un bon président, soit vous êtes un bon entraîneur, soit vous êtes un bon directeur sportif, mais vous ne pouvez pas tout faire ou bien alors celui qui fait tout, il devient suspect… C’est ça c’est notre culture !

Chez les anglo-saxons, il n’y a pas ça : du moment que vous faites le job, que vous avez certaines compétences, on s’en fout en fait… Je sais bien que je ne peux pas changer ça, mais j’ai juste cherché la meilleure solution et cela a permis d’amorcer la dynamique, de préparer le terrain pour celui qui allait arriver, c’est à dire Karim (Mokeddem), puisque je savais que je n’allais pas continuer toute la saison.

« Je bosse 6 jours et demi sur 7 ! »

Président, directeurs sportif, entraîneur de la réserve, chef d’entreprise : vous faites comment pour travailler autant ?
C’est sûr que je ne dors pas beaucoup, que le temps manque, et que tout cela est au détriment de la famille, car je bosse six jours sur sept et même six jours et demi… J’essaie de m’octroyer le dimanche après midi quand même ! Mais j’aime ça, je suis habité par la passion et l’envie de faire progresser ce club. Il y a toujours plus travailleur que soi, mais je n’ai pas de talent, donc le seul moyen de compenser ça, c’est par le travail. Je suis curieux, j’essaie de m’améliorer dans tous les domaines, comme dirigeant, comme entraîneur, comme chef d’entreprise. C’est ça qui m’anime, même si c’est éreintant, même si l’on a des périodes de moins bien… Parce que, parfois, on se demande si cela vaut la peine de faire tout ça, car c’est beaucoup d’énergie. Et c’est cette énergie que j’essaie de transmettre.

Là, vous êtes également plongé dans la préparation de votre match de National 3 contre Fougères (le 7 mai).
Oui, et il faut le gagner celui-là ! Il faut tous les gagner, parce qu’avec l’équipe II, on est aussi en mode commando. La réserve, c’est aussi mon dada et c’est mon équipe. Je sais que les gens sont focus sur l’équipe de National, et c’est normal, alors ils oublient un peu l’équipe de N3, où dans notre championnat, cette saison, on a 14 équipes et 5 descentes ! Soit plus d’un tiers qui descend ! C’est pire qu’en National !

Dans une conjoncture normale, avec trois descentes, on serait déjà sauvé. Là, ce n’est pas le cas. On n’a pas de marge (son équipe est 9e sur 14 et compte 2 points d’avance sur le premier relégable). En N3, j’ai fait un choix, avec ma casquette de directeur sportif, puisque je cumule les fonctions, de privilégier les jeunes et leur éclosion. En leur offrant l’opportunité d’évoluer en N3, un peu comme les réserves pros.

Lors du dernier match à Locminé (défaite 1 à 0), j’avais des joueurs de 17 ou 18. Alors face à des trentenaires, on paie cette jeunesse, on a pris un carton rouge par naïveté, mais c’est enrichissant. Cela m’oblige à trouver des solutions. Le danger, c’est qu’en effet, on n’a pas de marge. On est 1er non relégable, et on a une fin de parcours avec des matchs face à des adversaires directs. Vous voyez bien que la saison est particulière : en National, vous êtes 6e, vous regardez derrière… c’est hallucinant ! Et en N3, c’est pire, tout le monde regarde derrière quasiment !

« Avec la N3, ça fait deux challenges à relever »

Président, directeur sportif et … entraîneur de l’équipe de réserve en National 3 ! Guillaume Allanou est muli-fonctions.

Gérer deux équipes de National et de National 3, n’est-ce pas trop difficile ?
Orléans, Châteauroux, qui ont le statut pro, et Avranches, aussi, ont leur réserve en N3, mais ce sont des clubs beaucoup plus structurés que le nôtre. J’essaie de cultiver une politique de formation, j’investis dans l’encadrement de nos éducateurs. Le revers de la médaille, c’est que nos meilleurs jeunes signent dans des clubs pros, et entre guillemets, c’est le second rang qui alimente nos équipes de jeunes jusqu’à la réserve. Donc ce n’est pas simple. Mais c’est un challenge. Je voulais que l’on donne une chance aux jeunes. J’aurais pu faire un autre choix. Là, ils vont s aguerrir. L’intérêt premier, c’est l’évolution du joueur qui va gagner du temps sur plein d’aspects, athlétique, mental, gestion, émotion, etc. C’est ça la motivation d’un éducateur.

Du coup, Karim Mokeddem a un regard sur votre équipe B ?
Bien sûr ! On échange beaucoup. Le fait d’avoir un effectif de National avec des blessés et des suspendus fait qu’il vient régulièrement piocher dans le mien pour ses séances d’entraînement. Ce qui lui permet d’avoir une vision globale sur les joueurs du club aussi. D’ailleurs, il y a des joueurs de mon groupe qui ont basculé dans le groupe National. Karim voit tous les matchs de N3, « physiquement » ou en vidéo, puisqu’on les filme tous. C’est ce qui m’intéresse dans cette relation président-coach ou pour le coup, là, coach-coach, c’est qu’on puisse échanger et savoir qui on peut faire évoluer, dans l’intérêt du club. On a deux challenges à gérer, donc on échange sur les meilleures possibilités, les redescentes du banc, pour essayer de maintenir les deux équipes.

Inversement, vous avez un droit de regard, forcément, sur l’équipe de National… Est-ce que vous interférez ?
J’espère que non, il faudrait lui demander. J’essaie plutôt d’être un support. S’il veut échanger, s’il a besoin, je suis là. Je veux le mettre dans les meilleures conditions. Je ne voudrais pas faire à un autre ce que je n’aimerais pas que l’on me fasse. Je vais rarement aux séances, je veux le laisser bosser tranquillement. J’essaie juste d’instaurer un climat de confiance. Je suis là aussi pour lui apporter du soutien, parce qu’on a des problèmes de logistique, de terrains, on essaie d’améliorer des choses.

Quid du partenariat avec le Stade Rennais ?
On est en cours de discussion pour le prolonger. Après, c’est toujours pareil, il y a les écrits et ceux qui font vivre le partenariat au quotidien. Un partenariat, ça s’entretient, mais on est tous pris, chacun a des contraintes et des obligations. Mais on est en cours de finalisation.

« Le dépôt de bilan du club en 1997 fut un traumatisme »

Ce club, Saint-Brieuc, vous l’avez dans les tripes, n’est-ce pas ?
On a tous un club de coeur ! On a tous un club auquel on s’apparente. Pour moi, c’est Saint-Brieuc. C’est tombé un peu par hasard. J’avais 15 ou 16 ans quand j’y suis arrivé, pour évoluer en 17 ans Nationaux, et puis j’ai gravi tous les échelons jusqu’en Division 2, où j’ai fait quelques matchs avant que le club ne dépose le bilan la même saison, en 1996-1997. Ce fut un véritable traumatisme. C’est aussi ce qui a fait que je suis devenu dirigeant. Cela fait partie d’une histoire et d’un parcours de vie.

Avant d’être entraîneur et président (et aussi directeur sportif), vous avez également été joueur donc : racontez-nous vos débuts.
Je jouais défenseur central. J’ai commencé à Binic, près de Saint-Brieuc, puis j’ai fait mes gammes dans un petit club de Saint-Brieuc, à l’AS Ginglin-Cesson, réputé pour sa formation, avant d’arriver dans le club phare du coin. Les meilleurs jeunes allaient au Stade Briochin, et aujourd’hui encore, c’est ce que l’on essaie de faire, c’est à dire être le meilleur club de jeunes du territoire (Guillaume Allanou a disputé 5 matchs en D2 avec Saint-Brieuc, où il a ensuite joué en CFA et CFA2, il a aussi évolué à Lamballe en CFA2 et à Lannion en DH).

Cette période « Saint-Brieuc en Division 2 », cela vous semple loin ?
Oui, parce que c’était il y a plus de 25 ans et que le foot a bien changé depuis. Même si on était pro, on avait un fonctionnement « amateur », mais c’est ce qui faisait notre force, et c’est ce que j’essaie de cultiver aussi aujourd’hui. Alors bien sûr, il faut se professionnaliser, il faut tendre vers l’excellence, mais aussi garder cet état d’esprit et ne jamais perdre de vue que ça ne reste que du football. Le partage de valeurs, la solidarité, l’état d’esprit de ne jamais se laisser abattre, tout ça est hyper important et c’est ce qui fait que l’on a performé ces dernières années. On a réussi à cultiver ça, malgré nos contraintes financières, nos infrastructures et tout le retard accumulé ces dernières années. On a grimpé les échelons très vite, donc forcément, tout ce qui relève du domaine structurel n’est pas allé aussi vite.

Vous avez donc connu Yannick Le Saux, l’ancien buteur, qui monte aujourd’hui sur les planches !
Oui, bien sûr, j’ai même joué avec lui ! On est toujours en contact. Il est venu faire un spectacle l’an passé à Saint-Brieuc. Aujourd’hui, il a coupé avec le foot, même s’il travaille en régie le soit de match de foot professionnel. A Saint-Brieuc, on a eu aussi Patrice Carteron, qui est originaire de la région, Christophe Legrix, Loïc Druon. Robert Malm est aussi passé par le club !

« Il y a toujours eu un potentiel public »

Aujourd’hui, reste-t-il d’anciens pros de cette époque au club ? D’anciens dirigeants ou bénévoles ?
Des anciens de l’époque pro, non. Des dirigeants, oui, comme l’ancien président, Daniel Morgan, qui est toujours là, parmi nos bénévoles. Vous savez comment c’est, un club comme le nôtre repose beaucoup sur le bénévolat, à l’image du match d’hier (lundi) face à Nancy, qui a mobilisé une centaine de personnes. On a des gens fidèles. C’est ce qui fait notre force. Tous ont un ADN club, un amour pour le club.

En National aujourd’hui, êtes-vous mieux structuré que lorsque le club évoluait en D2 en 1996-97 ?
Oui, parce que, les staffs sont plus étoffés, la data est entrée en ligne de compte et on est obligé de se mettre au diapason. Le foot a évolué. Les joueurs aussi. Comme sur l’aspect athlétique qui est beaucoup plus poussé et pointu. Les joueurs sont de véritables athlètes, même si l’on ne peut pas dire qu’ils ne l’étaient pas il y a 25 ans. C’est comme tout. La société évolue. Pas que le foot.

Du temps de la Division 2, combien y avait-il de spectateurs le soir des matchs ?
A l’époque, on faisait 5000 à 6000 spectateurs. Il y a toujours eu un potentiel public à Saint-Brieuc. La Bretagne est une terre de foot et il y a beaucoup de gens qui suivent, qui vont voir des matchs. Contre Nancy, on a fait 3 300 spectateurs. Sinon, on tourne en moyenne aux alentours de 2000 ce qui est une bonne affluence en National.

En 2024, le club fêtera ses 120 ans, serez-vous là ? Et où souhaiteriez-vous que votre équipe soit ?
En 2024, oui, il y a des chances que je sois là (rires) ! On a prévu de faire une fête. J’espère qu’on sera en National et en N3. Au-delà de ça, l’objectif est de se demander « Que peut-on faire pour continuer à développer le club ? », parce que, même s’il y a cette vision court-termiste de résultat, ce qui est normal, diriger c’est aussi prévoir. Il faut prendre de la hauteur et se demander où on veut être dans 4 ou 5 ans, en termes d’évolutions de nos infrastructures. Un club de foot, c’est une PME : où veut-on placer Saint-Brieuc sur le territoire ? C’est à cela que l’on doit réfléchir, aux stratégies de développement, aux autres ressources, aux autres activités, afin de stabiliser le club à un niveau qui sera ce qu’il sera, National ou N2, parce que l’on ne se rend pas compte que le N2 à trois poules sera hyper relevé. Ce sera quasiment du professionnalisme.

« Nos infrastructures, c’est le bas qui blesse »

Le club est-il soutenu par les collectivités ?
Elles nous soutiennent, même si, forcément, on en veut toujours plus, mais on part de très loin car peu de choses ont été faites depuis 20 ou 30 ans. J’ai bien conscience de leur contrainte. Avec elles, l’idée est d’être constructif. Le problème, c’est que ce sont souvent les résultats sportifs qui entraînent une évolution ou un investissement sur les infrastructures. Cela va souvent de paire. Anticiper, c’est mieux, mais cela n’arrive pas souvent.

Notre stade, c’est le bas qui blesse. C’est vrai que, de l’extérieur, il est pas mal, avec son côté vintage, à l’anglaise, qui fait que, quand c’est rempli, comme face à Nancy, l’ambiance est particulière. C’est aussi une force. Il y a des projets en cours. Les vestiaires sont d’un autre temps, le terrain d’Honneur est « fatigué », même si les services de la ville l’ont amélioré cet hiver; le synthétique pour les entraînements est « rincé », les conditions de fonctionnement ne sont pas dignes d’un club de National. C’est usant, pour le staff, pour les joueurs, pour moi. On ne demande pas du grand luxe mais le terrain, c’est l’outil de travail : là, c’est l’entraîneur qui parle, c’est essentiel. Comment voulez-vous avoir une philosophie basée sur du jeu au sol, du jeu de possession fait de passes courtes, sans terrains de qualité ?

Je sais bien que les collectivités ne peuvent pas résoudre, juste en claquant des doigts, des problèmes récurrents depuis 25 ou 20 ans. Mais ça avance. Pas aussi vite que je le voudrais. C’est beaucoup d’énergie. Je ne veux pas passer pour la « pleureuse de service » mais on est obligé de délocaliser les entraînements à droite et à gauche. On essaie de trouver des solutions. On va avoir une nouvelle tribune d’ici 2 ans, ça avance, c’est important. Il vont raser la tribune d’Honneur à l’intersaison; elle n’a d’Honneur que le nom car elle est vétuste et désuète. On n’aura plus qu’une seule tribune pendant 18 mois, mais ce sera un mal pour un bien. On pourra apporter du confort à nos joueurs avec de nouveaux vestiaires et à nos spectateurs. Ce sont des choses positives. Le temps administratif et le temps privé ne sont pas les mêmes, sans parler du temps sportif, qui lui n’attend pas, sans cesse rattrapé par la compétition. Le principal c’est que ce soit dans les tuyaux.

Texte : Anthony BOYER / Mails : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Stade Briochin et Philippe Le Brech

L’ancien joueur professionnel d’Amiens, Troyes et Strasbourg, qui a vécu ses plus belles émotions avec Luzenac, a entamé une carrière d’entraîneur. Après cinq saisons dans le staff du Paris FC et du FC Lorient, il aspire à s’asseoir de nouveau sur un banc, pour accompagner un staff ou, pourquoi pas, se lancer en solo !

Joueur, Julien Outrebon préférait tuer le temps pendant les déplacements en bus ou en avion avec un bon bouquin plutôt que de regarder une série, comme le font la plupart des joueurs d’aujourd’hui. Pas n’importe quel type de bouquin : en général, le sujet concernait le management sportif ou la préparation mentale chez le sportif de haut niveau. Des thèmes à la mode, qui l’ont toujours intéressé. « Oui, je lis beaucoup de biographie de coachs, qui parlent de leur expérience, raconte le natif d’Epernay (Marne). C’est vrai que la préparation mentale est quelque chose de très important dans le foot. Je m’y intéresse beaucoup. C’est même primordial. Je pense que c’est une des facettes du métier d’entraîneur aujourd’hui, et que c’est indispensable d’avoir quelques « billes », de se former sur ce sujet. J’ai encore des progrès à faire dans ce domaine, comme sur le domaine du management. C’est important d’avoir le ressenti des joueurs, de les comprendre. »

Formation à l’Amiens SC, des poussins à la Ligue 2 !

Le bientôt quadra – il fêtera ses 40 ans en juin – a stoppé sa carrière pro voilà 6 ans maintenant. Elle avait commencé à l’ASPTT d’Amiens en débutants et surtout à l’Amiens SC, des poussins jusqu’en Ligue 2, pour s’achever à Luzenac.
Depuis, il s’est lancé dans une autre carrière, pas trop éloignée : celle de coach ! Avec, déjà, deux expériences extrêmement enrichissantes, dans des clubs professionnels, au Paris FC et au FC Lorient, où il a occupé le rôle d’adjoint.

Deux expériences hyper enrichissantes. « J’ai su assez tôt que je voulais devenir entraîneur, raconte celui qui a aussi porté les maillots de Troyes et Strasbourg (il compte près de 300 matchs en National et une cinquantaine en Ligue 2). D’ailleurs, à 28 ans, quand j’étais à Troyes, en Ligue 2, je passais déjà mes diplômes en parallèle. Je me suis dit que je n’allais pas attendre la fin de ma carrière de joueur pour le faire. Pour moi, aujourd’hui, entraîner, c’est vraiment une suite logique. Comme une évidence. J’ai validé mon DES (diplôme d’entraîneur supérieur de football) à Troyes, ce qui me permet de coacher jusqu’en National 2. Avant, le DES permettait d’entraîner en National. »

Luzenac, quelle histoire !

Avec Christophe Pélissier, dont il fut l’adjoint à Lorient pendant 3 saisons.

Sa carrière de joueur a pris fin en 2017, après une dernière saison couronnée d’une accession en National 3 avec Luzenac, le club où, comme il le raconte dans l’interview « Tac au tac » un peu plus loin, il a vécu ses plus belles émotions, en 2013-14.

Il faut dire que, cette saison-là, le club de ce village de 500 habitants a déjoué tous les pronostics en National en accédant – sur le terrain – en Ligue 2 ! Un exploit retentissant qui, malheureusement, n’a pas eu de suite, ou plutôt si, mais juridico-administrative : faute de stade, l’équipe entraînée alors par un certain Christophe Pélissier – dont il sera l’adjoint durant trois ans à Lorient – fut recalée à l’examen de passage et rétrogradée en Division d’Honneur Régionale (Régional 2).

« Luzenac, ce fut une fabuleuse aventure ! Quand j’y suis retourné deux ans après, en DH, il restait quelques anciens, comme le coach Sébastien Mignotte, qui était joueur l’année de la montée en L2, et d’autres. Pour moi, c’était une façon de boucler la boucle. Cette saison historique a crée des liens forts entre nous. On est resté en contact. D’ailleurs, on a toujours un groupe sur Whatsapp, on communique régulièrement, on se fête nos anniversaires, on commente ce qui se passe dans le foot, c’est cool ! »

La montée en National 3, qui sera bel et bien effective cette fois, est le moment choisi par Julien pour ranger les crampons et enfiler le survêtement, à 33 ans. Il part relever le difficile challenge du maintien en N3 avec l’équipe réserve du Paris FC, la casquette de coach sur la tête, avant, au bout de trois mois, de basculer chez les pros, en Ligue 2, dans le staff, aux côtés de Fabien Mercadal. La deuxième saison au PFC, il la passe à la tête des U17, histoire d’ajouter une nouvelle corde à son arc.

« Quand je suis arrivé au PFC, le club cherchait un coach pour la réserve, ils avaient du mal à trouver. Mais en 2017, ce n’était pas encore le Paris FC d’aujourd’hui. Il n’y avait pas encore les nouvelles installations. Je suis arrivé sans expérience et sur le tard, c’était un chantier, mais je voulais mettre un pied dedans, je ne le regrette pas, même s’il a fallu que j’apprenne le métier rapidement, appris sur le tas. Ensuite j’ai eu des circonstances favorables puisque l’adjoint en Ligue 2 était en arrêt de travail, du coup j’ai jonglé entre la réserve et la Une pendant un certain temps, j’ai fait des semaines à 90 heures, je ne voyais pas beaucoup ma famille, je faisais 1h30 de route pour aller bosser ! Cette période m’a fait gagner en confiance et en autonomie. »

En observation à Guingamp et à Auxerre

Après Paris FC, direction Lorient, où il retrouve celui qui l’avait coaché à Luzenac puis à Amiens en National, la saison suivante, Christophe Pélissier : « Avec Christophe, on n’a jamais coupé le lien. On est toujours resté en contact. Même encore aujourd’hui. Je suis allé en stage d’observation récemment à Auxerre, où il est entraîneur depuis quelques mois, en Ligue 1. Et aussi à Guingamp. »

A Lorient, les résultats sont exceptionnels : la première saison, les Merlus accèdent en Ligue 1 avant d’obtenir deux maintiens consécutivement. « Au FC Lorient, j’étais second adjoint, en charge de l’animation et de l’organisation des séances, des CPA (coups de pied arrêtés), de la vidéo, du marquage, ce que je faisais déjà au PFC. »

Une fois le deuxième maintien en Ligue 1 assuré, au terme d’une saison 2021-2022 éprouvante, durant laquelle le FC Lorient a sans cesse regardé vers le bas, le staff n’a pas été reconduit. Du coup, Julien s’est retrouvé au chômage. Pas bien longtemps. Depuis le mois de décembre dernier, il est devenu adjoint de la sélection de Mauritanie, dans un staff où Amir Abdou, le sélectionneur, a pour mission de qualifier son pays pour la prochaine coupe d’Afrique des Nations.

Fin mars, en matchs éliminatoires de la CAN (groupe I), la Mauritanie s’est inclinée 3-1 sur le terrain la République démocratique du Congo avant de faire match nul (1-1) cinq jours plus tard à domicile. La course pour la 2e place de la poule, synonyme de qualification, occupée aujourd’hui par le Gabon, est ouverte ! « On est 3e, à 1 point du 2e. On a encore deux matchs, l’un au Soudan (12 juin) et l’autre à domicile contre le Gabon (4 septembre). Tout est possible. Après, en termes de travail, d’investissement, c’était chargé aussi, hyper-condensé. En très peu de temps, on a dû bosser sur les séances, la vidéo, préparer les séquences tactiques, parler aux joueurs, y’a vraiment beaucoup de choses à faire, dans un laps de temps court puisqu’on a eu deux matchs en dix jours. »

« Il faut bosser dur »

S »il apprécie ce nouveau travail en sélection, différent, Julien, qui a aussi joué à Cherbourg, Sannois-Saint-Gratien, Fréjus et Créteil en National, aspire cependant à retrouver une vie de club au quotidien et, pourquoi pas, se lancer comme numéro 1 : « C’est vrai que j’envisage de prendre une équipe, cela va faire 6 ans maintenant que je suis dans un staff, d’ailleurs, j’envisage de passer mon BEPF même si je sais qu’il y a beaucoup de postulants et peu d’élus. Après, pourquoi ne pas aussi réintégrer un staff technique dans un club professionnel, en Ligue 1 ou en Ligue 2 ? En fait, c’est ça l’idée, être adjoint ou prendre une équipe, un club de National 2 par exemple, ce serait idéal, histoire de mettre les deux pieds dedans ! »

Là encore, les places sont chères. Très chères. D’abord parce que les présidents de club sont parfois réticents à donner leur chance à de « jeunes » entraîneurs qui n’ont pas encore entraîné « seul », quand bien même ils possèdent une grande expérience du milieu professionnel. Et aussi parce que, et c’est mathématique, avec la réforme des championnats et la diminution du nombre de clubs de la Ligue 1 au National 3, les bancs seront moins nombreux.

Mais Julien croit en une chose : le travail ! « Il faut bosser dur ! Il faut aimer ce que l’on fait, être passionné. Entraîner, c’est beaucoup d’investissement, c’est aussi beaucoup d’émotion aussi, et ça, ça manque : par exemple, la montée en Ligue 2 avec Lorient était un grand moment sur le plan émotionnel; le maintien en Ligue 1 aussi ! On fait ce métier aussi pour vivre de tels moments. Passer de joueur à entraîneur, c’est très différent : ce n’est pas du tout la même chose ! Le volume de travail est bien plus conséquent, on passe la journée au stade, à réfléchir, à étudier les adversaires, à préparer des choses. Bien sûr, les joueurs d’aujourd’hui « bossent » plus qu’à mon époque quand même, mais quand tu es joueur, tu restes essentiellement focalisé sur ta préparation. »

Julien Outrebon, du tac au tac

Face au FC Rouen entre Burel, Louiron et Dragon. Photo Bernard Morvan

Meilleur souvenir sportif ?
La montée en Ligue 2 avec Luzenac. Même si ça c’est mal terminé. Ce fut l’accomplissement d’une saison. La montée fut logique. Luzenac, 500 habitants, qui monte en Ligue 2, c’est un truc de fou ! Les émotions qui ont suivi, c’était vraiment énorme. Malgré les problèmes extrasportifs qui ont suivi, ça reste inoubliable. Et c’est là que j’ai connu Christophe (Pélissier).

Pire souvenir sportif ?
Le dépôt de bilan avec Strasbourg, en 2010-11, on finit 4e du championnat, on avait une belle équipe. On avait effectué une remontada et échoué de peu pour la montée. Je jouais avec mon meilleur ami, Yohan Betsch, et je retrouve le même coach, Laurent Fournier, que j’avais eu à Créteil la saison précédente. C’est dommage, je m’y sentais bien, et puis c’est Strasbourg quoi !

Combien de buts marqués ?
Je crois que j’en ai marqué 12 !

Le plus beau ?
Quand je suis prêté en National à Cherbourg par Amiens (2004-05), on perd 1 à 0 chez nous contre le FC Rouen, et j’égalise sur coup franc de 25 mètres, une barre rentrante au-dessus du mur ! On avait gagné 4-1.

Avec Créteil. Photo Bernard Morvan.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Gamin, j’aimais me dépenser, courir, marquer des buts aussi parce que j’étais attaquant au départ ! J’ai toujours été très compétiteur aussi, et donc c’est ça qui a fait que j’ai joué au foot. C’était une évidence. J’ai fait du judo aussi jusqu’à l’âge de 15 ans. J’étais ceinture bleue.

Tu as été attaquant ?
Oui, jusqu’en moins de 13 ans et après je suis passé excentré en moins de 15 puis défenseur central en moins de 17 ans.

Ton geste technique préféré ?
L’amorti-poitrine ! J’ai toujours adoré faire ça sur les longs ballons. Comme j’étais beaucoup dans l’anticipation, sur les dégagements des gardiens adverses, je faisais ce geste !

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualité, l’anticipation : vu mon profil athlétique, j’ai dû développer d’autres qualités parce que je n’étais pas très costaud. Sinon, pour les défauts, je râlais beaucoup auprès des arbitres, je m’énervais, donc il fallait gérer ça !

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?!
Luzenac. Mais aussi Strasbourg car on a fait une saison exceptionnelle.

L’erreur de casting ?
Il faut prendre le meilleur de chaque expérience, même quand cela se passe moins bien. Donc aucune.

Le club où tu as failli signer ?
Quand j’étais à Sannois, je jouais latéral, y’avait un scout de la Fiorentina qui était venu me voir ! Il n ‘y a pas eu de suite mais c’était sympa !

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le Real Madrid, ça fait rêver ! C’est une institution.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Santiago Bernabeu. J’y suis allé une fois, y’a trois ans. Ils refont le stade, ça va être extraordinaire.

Un public qui t’a marqué ?
Lens. Plus particulièrement, pour y avoir joué, et aussi y être allé en spectateur, pour les adieux d’Eric Sikora sur le terrain, un souvenir extraordinaire, j’avais les poils qui se dressaient. Quelle ferveur ! Quel respect !

Un coéquipier marquant ?
Stéphane Pichot, avec qui j’ai joué à Strasbourg, et qui est devenu un ami proche. Lui, c’était la rigueur, le travail, l’efficacité. Ce n’était pas un joueur super-côté en Ligue 1 mais il était toujours présent, jamais blessé. C’était un exemple pour moi. Un mec en or. Une belle rencontre.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
Avec Milovan Sikimic à Strasbourg. On avait deux profils différents. Lui était plus grand et costaud, il était plus dans les duels, on avait une velle complémentarité. J’ai adoré jouer avec lui.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Alexandre Licata, quand il jouait à Louhans-Cuiseaux. J’avais joué contre lui quand j’étais à Sannois. Je l’avais trouvé monstrueux à l’époque. Il n’a pas fait la carrière qu’on lui prédisait, mais il avait des grosses qualités.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Et bien Milovan Sikimic justement ! Je l’ai de temps en temps par message mais très rarement. Il est reparti vivre en Serbie donc forcément c’est compliqué.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
C’est le coach des U13 à l’Amiens SC, claude Caux, il m’a marqué. Il m’a fait progresser. Mais il est décédé. Après il y a Manu Pires aussi, que j’ai eu en U17 à Amiens.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Je ne le citerai pas !

Un président ou un dirigeant marquant ?
Le président d’Amiens Pascal Pouillot, il était très charismatique. C’était à mes débuts, à Amiens. Il avait de la prestance.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Euh…. Joker !

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Mon ami et coéquipier Yohan Betsch faisait la pieuvre dans les vestiaires, et il nous suivait partout comme ça ! Il faisait beaucoup de conneries (rires) !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Stéphane Pichot, ou Nicolas Dieuze peut-être.

L’entraîneur le pus connu de ton répertoire ?
C’est Christophe Pélissier (rires) !

Des rituels, des tocs, des manies ?
J’en avais plein, c’était ça le problème ! Toute la préparation de mes matchs avec la musique, la tenue… J’étais maniaque.

Une devise, un dicton ?
Le travail paie.

Tes passions dans la vie ?
L’immobilier.

Un plat, une boisson.
Eau pétillante et lasagnes.

Musique, ciné ?
J’écoute de tout, du rap, de la variété française, et pour le ciné, comme film culte, j’aime beaucoup « L’enfer du dimanche » avec Al Pacino, sur le football américain.

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
De la puissance athlétique et de la vitesse. Si j’avais été pus grand et plus costaud…

Termine la phrase en un mot : tu étais un joueur plutôt …
Correct !

Un modèle de défenseur ?
Laurent Blanc et Paolo Maldini, la classe. J’aimais relancer, donc je regardais beaucoup leur façon de faire. J’aimais leur côté leader. Ils étaient capable de bien défendre, ils étaient aussi dans l’anticipation. J’ai essayé de m’inspirer d’eux.

Un match de légende pour toi ?
PSG – Real (4-1, 1993) avec la fameuse tête d’Antoine Kombouaré.

Une idole de jeunesse ?
Zidane. Quand la France a gagné en 1998, j’avais 15 ans.

Plus grande fierté ?
Vivre de ma passion. Se lever, aller faire ce que tu aimes, c’est extraordinaire, c’est une chance, que je veux retrouver, ça me manque.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Pour moi, le foot, ce sont les émotions et aussi la méfiance, je pense aux promesses non tenues, aux gens qui veulent prendre votre place.

Meilleur souvenir sportif de coach ?
Le maintien de Lorient en Ligue 1 à la dernière journée, à Strasbourg.

Pire souvenir sportif ?
Les séries de défaite, ce n’est pas facile. On cherche toujours des solutions. C’est dur à vivre pour un staff.

Plus belle Saison ?
Celle où on est monté en Ligue 1 avec Lorient, parce qu’on gagne beaucoup de matchs, les semaines sont plus faciles à vivre, forcément, pour le staff et pour les joueurs.

Un modèle de coach ?
Je me nourris de mes expériences de joueurs, et donc des coachs avec qui j’ai travaillé; sinon, dans les coachs connus, je dirais Klopp et Zidane. Je pioche.

Meilleur coach côtoyé ?
Christophe Pélissier.

Meilleurs joueurs entraînés ?
Fabien Lemoine à Lorient : il était très important pour nous, pour sa qualité technique, pour son exemplarité, pour son volume de jeu, pour son professionnalisme, dans sa gestion des matchs, sa vision du jeu. Et il avait 34 ou 35 ans !

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : FC Lorient / Bruno Perrel et DR

Depuis bientôt 15 ans, le sud-finistérien Christophe Marchand consacre son temps au site qu’il a lancé et ses dimanches à donner tous les résultats en live, du National 3 au Départemental 3 ! Un travail de fourmi qui concerne 500 matchs et 75 divisions à travers toute la Bretagne ! Aujourd’hui, il est devenu LA référence !

Le dimanche, c’est sacré. Certains en profitent pour aller à la messe, d’autres pour déjeuner en famille tandis que pour tous les footballeurs amateurs, c’est jour de match.

En Bretagne, un rituel dominical accompagne une immense majorité des joueurs de District au National 3, avant, après, et même pendant les rencontres. Ce phénomène, c’est le site newsouest.fr, créé en 2011 par Christophe Marchand, et plus particulièrement l’onglet « Live » en haut à droite de la page d’accueil.

« Je m’étais dit que si c’était techniquement jouable de couvrir en Live les matchs de haut niveau comme le fait L’Equipe, ça devrait également l’être pour les niveaux régionaux ou de district ». Et c’est de là qu’il a lancé la machine en 2013, récoltant aujourd’hui les fruits de son idée un peu folle.

« Je me suis rendu sur un match de Régional 3 il y quelques semaines, et ça m’a bluffé de voir les gens dans les tribunes connectés sur le site. Il y avait des jeunes, mais aussi des personnes de 70-80 ans, rembobine-t-il. A la mi-temps, le speaker a annoncé les résultats du groupe de R3 en direct, comme il le ferait à la pause d’un match de Ligue 1 ou Ligue 2 ! »

Concrètement, ce sont 500 matchs de 75 championnats différents allant de Départemental 3 (Finistère), Départemental 2 (Morbihan, Côtes-D’Armor, Île-et-Vilaine) au National 3, couverts en live : début du match et coup de sifflet final bien entendu mais surtout les buteurs ainsi que leurs passeurs avec le minutage du but, en direct ou presque. Tout cela grâce à un système bien rodé.

« Je prends plus de plaisir à couvrir et voir des matchs de D1 que de National »

« Les clubs ont la main sur leur match et mettent à jour instantanément. Les scores de certains matchs ne sont pas renseignés sur le site alors soit les membres du club m’envoient un SMS  avec les infos pour que j’actualise, soit je rentre moi-même les résultats manquants. Le dimanche soir, je peux finir à minuit voire une heure du matin. Un joueur que j’ai croisé récemment pensait qu’on était une dizaine à s’occuper du site » se marrerait presque la pieuvre.
Un dévouement énergivore dont il tire la récompense dans l’utilisation faite de son outil.

« Le dimanche, ce n’est plus mon site, c’est celui des clubs, ils se l’approprient. Et c’est ça le succès. Je n’en retire pas de fierté, soutient-il. Mon plaisir, c’est d’avoir les retours des clubs, comprendre que j’ai créé un outil important pour eux qui valorise leurs joueurs et leurs structures. En quelque sorte, c’est un site d’utilité publique. ».

L’idée est partie de son attachement pour le foot « d’en bas », qu’il a côtoyé durant sa jeunesse. « Je prends plus de plaisir à couvrir et voir des matchs de Départemental 1 que de National, car je suis issu de ce monde là. Je sais ressentir ce milieu-là. C’est le foot qui me raccroche à mon enfance. J’étais un joueur de niveau district, ça m’est arrivé de jouer en D1. Je me souviens que lorsque j’ai marqué un but, j’étais tout heureux de voir mon nom dans le journal. Je me mets dans la tête des joueurs de D1, D2, D3, l’outil est super en ce sens. Et puis dans 10-20 ans, ils pourront taper leur nom sur internet et montrer à leurs enfants quelques articles du site », imagine-t-il dans un franc plaisir d’offrir.

« Avec le recul, j’ai été un peu fou de lancer tout ça »

Mais s’il a toujours véhiculé cette caractéristique depuis le lancement de son site il y a maintenant 13 ans, cela ne fait que depuis 2018 qu’il a pu en tirer le bénéfice financier. Car si Newsouest a désormais la côte en Bretagne, ce n’était pas forcément le but recherché à la base par le Sud Finistérien de 43 ans qui réside à Plomelin.

A 30 ans, et en parallèle de son activité de correspondant pour Le Télégramme, Christophe Marchand cherchait à se réorienter après avoir manqué le concours d’instituteur et pointait donc au chômage. « J’arrivais à un âge où je n’avais rien à perdre. Je me suis dit ’’pourquoi ne pas lancer ce type de site’’, car ça n’existait pas. Ça allait avec le fait que j’aimais bien écrire, et que ça s’inscrivait dans la continuité de ce qui est mon vrai métier : être correspondant. Je me considère d’ailleurs toujours ainsi », explique celui qui disserte chaque jour de la semaine – sauf le dimanche ! – sur tous les clubs omnisports du Finistère pour alimenter son site internet.

Et c’est donc en suivant son envie, qu’il a monté le projet, sans particulièrement fixer de cap. « Je partais d’abord avec l’idée de faire quelque chose qui me plaisait sur la période sans emploi. Au début c’était plus une passion qu’une activité, surtout que je partais de zéro. Chaque jour je repartais d’une feuille blanche. Et puis ça m’a plu le premier jour, puis le lendemain, puis la semaine, 2 ans … Et ça va faire 15 ans. »

Une passion débordante qui a poussé l’amoureux du foot très amateur à se plier en quatre pour subvenir à ses besoins. « Ce n’était pas viable financièrement au début car j’ai toujours tout réinvesti afin de réaliser les nouvelles versions du site. L’argent n’était pas un objectif, c’était un moyen de continuer. Quand je n’arrivais pas à en vivre, j’envoyais environ 150/200 articles par mois au Télégramme en tant que correspondant, auquel il fallait ajouter la dizaine quotidienne pour le site. J’ai mené cette double vie pendant 8 ans pour pouvoir joindre les deux bouts. C’est vrai qu’avec le recul, j’ai été un peu fou de lancer tout ça. »

« Aller sur Newsouest est devenu un rituel, quelque chose de mécanique »

Un investissement colossal, de chaque instant, avant que le projet ne le lui rende aujourd’hui. En attestent ses 70 fidèles partenaires qui permettent la gratuité du site pour les utilisateurs, ce que Christophe Marchand met un point d’honneur à conserver.

Mais d’autres résultats sont aussi parlants de la nouvelle dimension qu’a pris Newsouest et sa partie « Live », au point où son inventeur se confond en Frankenstein : « Je me sens dépassé, confie-t-il. J’ai une hantise : celle que le serveur ne puisse plus suivre. Les sites internets ont des scores plutôt réguliers, moi j’enregistre des pics anormaux le dimanche. C’est l’équivalent d’un stade de Ligue 1 en pages vues sur une seule journée. Mais les chiffres ne sont pas importants, je préfère me dire qu’aller sur Newsouest est devenu un rituel, quelque chose de mécanique. »

Ce qu’il est possible d’affirmer, surtout que l’outil a trouvé en les Bretons le public parfait : « Sur le match de la montée de Régional 1 en N3, Paotred-Dispount – US Montagnarde l’année dernière, il y avait 2 200 spectateurs dans le Finistère-Sud. Presque 2 000 aussi pour la finale de la coupe du Morbihan. Ici, le foot amateur déchaine les passions. »

De quoi assurer la prospérité de Newsouest et de son « live » ? « Le site a un côté vulnérable, tout peut s’arrêter du jour au lendemain s’il y a un bug ou que j’ai un pépin de santé. Je suis heureux aujourd’hui, je le serai demain et pour le reste on verra. Je vis juste le moment présent. »

Texte : Alexandre Le Bris / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @lebrisfutalex

Le directeur sportif du CSSA raconte la genèse de sa venue voilà près de 7 ans. Il évoque le maintien, en bonne voie, et revient sur les précédentes saisons, faites de hauts et de bas. Surtout, il parle de la mentalité ardennaise, dont il est obligatoire de s’imprégner pour comprendre l’institution, et la mission dont il se sent investi.

Julien Fernandez ne le dira jamais, parce que ce n’est pas son genre, mais si le CS Sedan Ardennes est redevenu aujourd’hui un bon club de National, il y est aussi fortement pour quelque chose. Car on ne souhaite à aucun directeur sportif de connaître ce qu’il a vécu durant cette période de disette, où il a fallu faire avec des moyens très limités, avaler des couleuvres, subir des attaques, souffrir des décisions de la FFF au moment de la crise de la Covid, etc.

Un record… mais une seconde place

Dans le même temps, il a aussi vécu un événement qu’aucun club n’est parvenu à réaliser : enchaîner une série de 13 victoires de rang, sans encaisser le moindre but. C’était entre la J1 et la J13 de la saison 2019-2020, en N2, celle-là même qui allait s’arrêter net un soir de mars, le jeudi 12 pour être précis, sur décision de la FFF. Insuffisant cependant pour remonter puisque c’est le Sporting-club de Bastia qui était, à ce moment-là, en tête, à 9 journées de la fin.
Certains ne s’en seraient jamais remis. Pas Sedan. Pas les Sangliers. Pas une institution comme le CSSA.

Bien sûr, il a fallu un petit coup de pouce du destin la saison suivante, quand la FFF a repêché le club ardennais en National après une saison 2020-2021 où, hormis Lyon-Duchère, le dernier de la classe, aucune autre équipe n’est descendue. Une promotion ayant finalement eu valeur de réparation, même si, au siège du club, à Bazeilles, tout le monde s’accorde à dire que l’organe fédéral n’a fait qu’appliquer un règlement existant.

« Au mieux, j’aurais pu jouer en National 3 »

A 39 ans, Julien Fernandez entame sa 7e saison au club, sa 6e vraiment pleine : « Je suis arrivé le 22 octobre 2016, en cours de saison » raconte le natif de Fréjus, la ville où il a rencontré un certain Marc Dubois, président-actionnaire du CSSA depuis son rachat à l’été 2013, et qui réside dans le Var, à Saint-Raphaël.

Le football est fait de rencontres, et celle entre ces deux hommes, séparés d’une trentaine d’années, est à la fois solide et fructueuse. Suffisamment en tout cas pour traverser quelques tempêtes qui font la vie des clubs. « Avant ma venue à Sedan, je collaborais dans le département football d’un cabinet d’avocats, en collaboration avec des agents. J’étais conseiller sportif auprès de joueurs. J’ai fait ça pendant 13 ans, poursuit le Varois, titulaire d’une licence en Droit; Je n’ai pas terminé mon Master car j’étais de plus en plus impliqué dans mon quotidien de conseiller sportif. »

Quant au football, Julien est né dedans ! Dans la famille, on joue beaucoup au ballon ! Son regretté papa, bien sûr, et aussi son grand frère, Mattieu, gardien de l’Etoile Sportive Fréjusienne dans les années 90 et 2000, en National et en CFA. Julien, lui, évolue au poste de latéral, mais avoue, lucide : « Je n’avais pas le niveau pour faire du football mon métier. Au mieux, je pense, j’aurais pu jouer en National 3. J’ai juste participé à quelques entraînements avec Fréjus en CFA au début des années 2000, quand Thierry Ardisson et Bernard Tavano dirigeaient l’équipe. Etant un vrai passionné de football, j’étais également éducateur à la formation. »

D’abord conseiller du président

Avec Hocine Safa, le coordinateur du club, Yohan Di Tommaso, le frère du regretté David, et Marc Dubois, le président du CSSA.

Julien Fernandez, qui a hésité avant de répondre “oui” à notre demande d’interview – « Depuis que je suis au club, j’ai dû donner entre 5 et 10 entretiens, la  plupart au journal local. Je ne recherche pas la lumière, je préfère que ce soit le coach et les joueurs qui soient mis en lumière » -, explique aussi qu’il a réfléchi à la proposition de Marc Dubois de rejoindre le club.

« J’ai accepté sa proposition par rapport à l’homme et son projet pour Sedan. En fait, je connaissais très bien le président. Il avait récupéré le club de Sedan (en 2013) et il faut savoir que durant la saison 2012-2013 j’accompagnais deux joueurs, Valentin Jacob et Mickaël Le Bihan. J’étais aussi venu à Sedan, à l’époque de Morgan Amalfitano et de Damien Tiberi. En septembre 2016, le club est alors dernier en National, et Marc Dubois prend la décision de reprendre les choses en mains; là, il me demande de le suivre et c’est comme ça que, dans un premier temps, je suis arrivé comme conseiller du président avec une mission de stratégie sportive. Très vite, il m’a chargé de trouver un nouvel entraîneur pour remplacer Colbert Marlot. Au moment où je suis arrivé, on sentait qu’il y avait une pression pesante liée à ce début de saison, et puis le club était dans une situation financière alarmante. C’est pour ça que les actionnaires ont repris le pilotage du club. »

Une sacrée première expérience !

Avec l’ex-sedanais Bissenty Mendy, aujourd’hui défenseur d’Annecy en L2.

Quand il arrive à Sedan, l’équipe compte un retard très important sur le premier non-relégable qui, sauf miracle, ne peut être comblé : « Là, je fais venir Nicolas Usaï comme entraîneur, et au mercato d’hiver, malgré les difficultés avec la DNCG, j’arrive à faire signer des joueurs comme Nadir Belhadj, qui avait déjà joué à Sedan en Ligue 1 et en Ligue 2, Axel Maraval, Koro Koné et je fais revenir dans les Ardennes Paco Borgniet. »

Pour sa première expérience en club, Julien est servi ! Il plonge déjà les mains dans le cambouis ! « Ce rôle de conseiller sportif, je l’ai occupé jusqu’en février 2017. Le président m’a demandé de beaucoup agir sur le domaine sportif. Ce n’était pas évident car il y avait déjà un directeur sportif, Pierre Mbappé (l’oncle de Kylian); on a essayé de collaborer mais, à la fois pour lui et pour moi, ce n’était pas simple. Déjà, sur la stratégie du mercato à Noël, cela venait de Nico (Usaï) et de moi. On a aussi fait venir Loic Dufau, Demba Thiam, on est parti de loin ».

Aux côtés de Nadir Belhadj.

Juste avant, en février 2017, Julien est nommé directeur sportif après le départ de Pierre Mbappé. Et puis, tout le monde se met à rêver. A croire au miracle. Sur la phase retour, le CSSA est 4e du championnat, mais ne peut éviter la relégation : pourtant, s’il bat Avranches à Dugauguez à la dernière journée, le maintien, miraculeux, est assuré. Malheureusement, l’équipe prend une énorme claque (1-4). « Personne n’aurait misé un centime sur Sedan à Noël et pourtant, on a failli réaliser ce miracle, se souvient Julien, éprouvé par cette fin de saison. On perd le match du maintien à la dernière journée. Ce fut une lourde déception. »

Ces premiers mois difficiles dans les Ardennes ont au moins un mérite : celui de lui faire prendre conscience de l’importance du club dans la région et de tout ce qu’il représente. « La période a été compliquée mais, honnêtement, une fois que vous entrez dans cette institution, vous êtes de plus en plus imprégné. Vous vous sentez investi d’une mission. J’avais la tête dans le guidon en arrivant et lors des deux saisons suivantes, si elles ont été très compliquées financièrement, avec le staff on a travaillé d’arrache-pied. J’ai le respect de l’institution, l’amour du club. Quand vous voyez tout ce qu’il représente pour les Ardennes, vous ne pouvez pas lâcher. »

« Aucun autre club hormis Lens, Marseille, Saint-Etienne et Bastia n’est aussi identitaire et populaire que Sedan »

Très vite, il se projette. Au point que l’histoire dure depuis six ans et demi aujourd’hui.  » Je me suis imprégné du club et de ses valeurs, raconte celui qui a appris à aimer le CSSA, qu’il qualifie « d’atypique » : « Oui, Sedan est un club atypique car pour moi, en France, hormis Lens, Marseille, Saint-Etienne et Bastia, aucun autre club n’est aussi identitaire et populaire. Et j’insiste sur ces deux mots. Etre salarié du CSSA, c’est se voir confier une mission. Personnellement, j’ai appris chaque jour un peu plus sur l’histoire du club, de la ville, du département, de la région. D’ailleurs, dès 2018, j’ai mis quelque chose en place qui perdure : à chaque début de saison, pendant la préparation, j’organise une réunion avec les joueurs et le staff et on leur montre, au travers d’un reportage vidéo, notamment celui des “Ardents Sedanais”, toute l’histoire du club, de la ville et du département, la guerre, les épopées, afin qu’ils comprennent le contexte, qu’ils connaissent l’histoire, parce que, contrairement à d’autres clubs, et sans leur manquer de respect, ici il y a quelque chose de lourd et d’important. Et si tu n’a pas conscience de cela, c’est dur de porter le maillot après… A partir du moment où tu as vraiment travaillé pour ce club et tout donné avec le coeur et humilité, tu restes marqué à vie. »

« Au courage et à la force du travail »

Avec Roger Lemerre, ancien sélectionneur de l’équipe de France et ancien entraîneur du CSSA.

L’importance du contexte. Julien Fernandez insiste beaucoup là dessus dans le recrutement. Même si ce n’est pas simple, car les générations ont changé notamment… L’importance de connaître l’homme aussi. Celui qui va enfiler le maillot floqué du sanglier, le maillot d’un club qui a plus de 100 ans d’histoire, doit être préparé : « Dans ce montage vidéo, Zacharie Noah, le père de Yannick, qui a joué au club, dit qu’il faut avoir la mentalité et l’état d’esprit sedanais pour réussir ici. Ce qui est vrai. Cette mentalité, on peut l’acquérir par la connaissance du club. Lorsque je suis arrivé en 2016, je connaissais le CSSA, parce que j’y étais venu à plusieurs reprises. J’avais échangé avec des dirigeants, mais je ne connaissais pas toute son histoire : il a fallu que je fasse un énorme travail pour m’imprégner, comprendre et connaître l’histoire et le contexte. Dans le reportage vidéo, il y a une phrase que j’aime bien : Si Sedan veut rêver d’aller en haut, ce sera au courage et à la force du travail, à l’image de la population ardennaise ».

Arrivé donc à Sedan pour accompagner le Président Marc Dubois, et reprendre en mains le secteur sportif, Julien Fernandez a ensuite passé 4 saisons en National 2 (2017-2021) où il s’est passé beaucoup de choses. Dans la difficulté, le club a tenu bon. Il rembobine le film. « Ces quatre saisons ont été compliquées et frustrantes. Même quand la situation était financièrement compliquée, on était discret dans la communication, afin de rester positif. Mais je sais que, quoi qu’il se passe à l’avenir, je serai très fier toute ma vie d’avoir travaillé au CSSA. J’aurai une partie de mon coeur tatoué Vert et rouge, pour toujours. »

  • Saison 2017-2018

« Là, on reconstruit avec peu de moyens mais on arrive à conserver des joueurs qui étaient en National et qui font encore une fois des efforts importants. On constitue une ossature compétitive, avec des Maraval, Thiam, Mangan, Zeghdane , Borgniet, Grain, Chadili, Daury, Bila … et on complète avec des jeunes joueurs inconnus, faute de moyens, comme Rayan Ghrieb, qui explose cette saison à Dunkerque, Karim Bouhmidi, Babacar Diop, un attaquant Canadien, Yuma, qui mettra quelques buts (5 en 7 matchs) mais qui s’était longuement blessé en début de saison. J’avais un accord avec Geoffray Durbant mais le coach voulait un joueur plus expérimenté, du coup, il viendra deux ans ans après. On termine 2e derrière Drancy, coaché par Malik Hebbar, qui réalise une saison exceptionnelle. La poule était compliquée. On a pris du retard au départ, à cause de certains aléas. Il avait fallu gérer une descente, rebâtir un effectif. »

  • Saison 2018-2019

« En fin de contrat, Nicolas Usaï retournera dans le sud et ira ensuite entraîner à Châteauroux en Ligue 2. Il venait juste de passer son diplôme d’entraîneur professionnel chez nous (BEPF) et après coup, je pense que cela n’a pas joué en notre faveur, car il était absent une semaine par mois, même si c’est pareil pour les autres clubs quand leurs coachs passent le diplôme. C’est un coach qui était venu au départ pour sauver le club en National et il s ‘est retrouvé en National 2, avec pas beaucoup de moyens. Sébastien Tambouret arrive en remplacement de Nicolas Usai. Je l’avais connu quand il coachait des joueurs que je conseillais (Tambouret était entraîneur des U19 du CSSA). Cette saison-là, on a eu encore moins de moyens que lors de la précédente. Par exemple, la prime de match, c’était 90 euros brut : très faible pour le niveau N2 ! De nombreux joueurs avaient fait des efforts considérables. Malgré tout, on termine à la 3e place, et sans une victoire sur tapis vert de Saint-Maur Lusitanos en fin de saison, on aurait fini 2e derrière Créteil qui a survolé le championnat. »

  • Saison 2019-2020
Lors de la saison 2021-22, celle qui marque le retour du CSSA en National !

« On n’avait pas des gros moyens au sportif, mais on était moins limité. J’ai vu des joueurs qui avaient compris le contexte, ce qui a permis d’avoir des fondations. Du coup, cette saison-là, j’ai réussi à faire le mercato que je souhaitais. Le coach Tambouret voulait plutôt des joueurs d’Auxerre, de Metz, où il avait entraîné en U19, comme Maxime Bourgeois, Lilian Fournier, Diadie Diarra, Giorgi Jobava, Moustapha Kaboré, Julien Michelet, mais c’était compliqué, j’estimais que ce n’était pas la meilleure solution… Du coup, après des réunions et différents échanges avec le staff, j’ai pris la responsabilité de recruter des joueurs que le coach ne connaissait pas du tout ( avec la même stratégie que les recrutements de Harvey et Bekhechi, un an plus tôt) des garçons comme Bissenty Mendy, Yasser Baldé, Titi Eboa, Geoffray Durbant, Edwin Quarshie et Aziz Dahchour… Des joueurs, que je voulais déjà faire venir les années précédentes. Avec eux, j’ai ressenti des ondes positives. Ils se sont fondus dans le moule. Yasser Baldé, à son arrivée, on aurait dit qu’il était là depuis toujours, idem pour Aziz Dahchour, avec qui j’ai discuté un mois pour le faire venir : il sortait de Drancy en National et avait beaucoup de propositions. Et puis, est arrivée cette série de 13 matchs et de 13 victoires avec zéro but encaissé ! Mais on a commencé à avoir des blessures, comme celles de Quarshie et Constant, notamment, des joueurs importants. De plus, Durbant jouait diminué, alors que c’était notre atout n°1 devant. Il s’est aussi passé des choses bizarres, avec une série de cartons rouges, dont trois contre Haguenau à domicile (0-0)… »

Le 12 mars 2020, la FFF annonce la fin des championnats. Sedan, 2e derrière Bastia, a baissé de rythme et n’accède pas en National. « On espérait quand même monter pendant la période Covid car la FFF avait envisagé la solution de stopper les championnats à Noël, comme ça, toutes les équipes se seraient affrontées une fois et auraient joué les mêmes équipes. Et si cette solution avait été choisie, on serait monté en National au même titre que Grasse et Rouen dans deux des trois autres poules. Et là, on serait resté dans la continuité, avec des prolongations automatiques prévues dans les contrats du coach et des joueurs. Malheureusement, on a encore pris un coup derrière la tête, et après ça, cela n’a pas été simple. On a pris la décision de repartir sur un nouveau cycle, d’injecter du sang neuf, avec des joueurs moins impactés par cette déception et cette décision. Beaucoup de joueurs ont été sollicités. Beaucoup de gens ont été marqués en interne. Sébastien Tambouret est arrivé en fin de contrat, il avait 2 ans de plus automatique prévu dans son contrat en cas de montée. Malheureusement on n’est pas monté. » Après cette déception avec la non montée, la Covid …le président souhaitait insuffler un dynamisme nouveau.

  • Saison 2020-2021

« Pfff … Je vais passer sur ce chapitre… En plus le championnat s’est très vite arrêté, et il n’y a pas beaucoup de choses positives à dire. Par contre, ce qui a ramené des bonnes ondes, c’est l’arrivée en cours de saison d’Olivier Saragaglia en décembre 2021, alors qu’on était à l’arrêt, en pause Covid, et que l’on ne savait même pas si la saison allait reprendre. On a malgré tout rejoué un match en février au Gazelec Ajaccio, avant d’être à nouveau à l’arrêt. On a quand même pu faire un parcours intéressant en coupe de France et disputer un 8e de finale contre Angers. Avec Olivier Saragaglia, on a retrouvé ce qu’on avait connu avec Nicolas Usai : un professionnel, un travailleur consciencieux. En plus d’être un bon coach, c’est un homme de qualité avec des valeurs, qui envoie des ondes positives sur tout le monde. Il a réussi à redynamiser le vestiaire, le groupe. Même en interne, la joie de vivre est revenue. Et puis, l’été suivant, on remonte en tant que meilleur 2e, c’est le karma, le destin ! Là, on se dit que Sedan a mangé son pain noir ! »

« Sans un modèle économique, ça sera compliqué de retrouver
le monde pro »

Aujourd’hui, Sedan est en National. C’est bien. Mais le club a connu tellement mieux…

Le coach, Olivier Saragaglia (à droite) en compagnie de son adjoint, Madjid Adjaoud, l’une des « figures » du club.

« Quand le club a évolué en Division 1 et en Division 2, il a marqué les esprits, d’abord avec les deux succès en coupe de France (1956 et 1961), une période lointaine certes, mais gravée à jamais; après, ils ont eu une période creuse, puis, vers la fin des années 90, Bruno Metsu, Patrick Rémy et Alex Dupont ont ravivé la flamme, le club est revenu en L2 puis en L1, a fait deux nouvelles finales de coupe (1999 et 2005), et a livré des matchs qui sont entrés dans l’histoire, comme le fameux 5-1 face au PSG. Et puis, de nouveau, il y a eu la descente aux enfers. »

Sedan peut-il rejouer en L2 ou L1 un jour ?

« Le président l’a dit : si il n’y a pas un modèle économique derrière, ce sera très compliqué voire impossible. La différence avec des clubs comme Nancy, Le Mans, Dunkerque, c’est le potentiel démographique et économique. Je prends l’exemple de notre association CSSA : aujourd’hui, elle n’a aucun terrain affilié, aucune structure municipale affiliée, contrairement à toutes les associations sportives de France, et tout ça, c’est une charge supplémentaire pour le club, dont la gestion des infrastructures privées, l’entretien, les charges, et aussi l’association représentent une partie importante du budget, contrairement aux autres clubs. Le club souffre d’un manque de soutien. Il faut savoir que si on était au plus haut niveau, il y aurait des créations d’emplois au club et ça serait bénéfique pour le club, la ville , le département et la population… »

Le maintien semble en bonne voie…

Benjamin Gomel et Sedan face à Nancy, le 10 avril dernier.

« Aujourd’hui, notre ambition est déjà, de se maintenir en National, dans un championnat où figurent 6 équipes qui ont le statut pro et qui ont l’ambition de monter. Il y a aussi Versailles qui a mis des moyens extraordinaires pour viser la montée, sans oublier les clubs qui connaissent bien le N1 comme Villefranche, Bourg-en-Bresse, Concarneau, et qui ont l’habitude de jouer la montée depuis quelques saisons. En étant rationnel, cette saison et la saison prochaine, il faut tout d’abord obtenir le maintien. Et si on a la possibilité de voir plus haut, il faudra jouer le coup à fond. C’est pour ça qu’en début de saison, le président a parlé d’accession dans les 3 ans, si il arrive à mettre en place un modèle économique. »

La saison 2022-23 avait pourtant très mal commencé : comment avez-vous fait pour redresser la barre ?

« C’est vrai qu’on était « mal barré » en début de saison (3 défaites et 4 nuls pour commencer). Il fallait obligatoirement un temps d’adaptation car le coach a souhaité repartir sur un nouveau cycle, même si la saison dernière était positive, avec une équipe construite pour le National 2 au départ, puisque l’on a été repêché en National mi-juillet. Il a instauré de nouveaux principes de jeu, un nouveau style. Le coach voulait plus de possession. Le schéma est passé à un 4-3-3. Les nouveaux joueurs ont eu un temps d’adaptation et les anciens joueurs ont dû s’adapter eux aussi, le temps d’assimiler les nouvelles exigences du coach. Mais on est resté serein car on connaît la qualité du coach et son investissement, et lui-même avait confiance dans les joueurs. »

Quid de la saison prochaine ?

« Depuis le mois de septembre, comme chaque saison, il y a un travail préparatoire avec un suivi des joueurs listés. En parallèle, on fiche et répertorie des nouveaux joueurs sur la saison en cours. On commence à échanger de plus en plus avec le staff même si le contexte est différent, car le maintien n’est pas assuré. »

Si vous deviez faire un « 11 » des joueurs que vous avez fait venir à Sedan ces dernières saisons ?

« Pas simple… Bon, je ne vais pas citer des joueurs qui sont encore sous contrat, ça évitera des discussions et débats dans le vestiaire actuel ( rires ) ! Ainsi, je vais mettre dans le 11, des joueurs uniquement qui ne sont plus au club. Dans les buts, Maraval, qui est actuellement en L2 à Nîmes. Latéral droit : Demba Thiam, qui a fait deux bonnes saisons en L2 et qui joue la montée avec Dunkerque. Pour le poste de latéral gauche : Nadir Belhadj, un joueur et un homme de grande valeur. Pour les deux centraux : Yasser Baldé, actuellement en L2 avec Laval et Biss’ Mendy, capitaine d’Annecy en L2. Deux garçons extraordinaires, avec les valeurs de Sedan. Calvet, en milieu défensif devant la défense, qui ne triche jamais sur un terrain. Deux milieux relayeurs : Borgniet, l’Ardennais et Edwin Quarshie, qui fait une très bonne saison au Mans. Un milieu offensif, en soutien des deux attaquants : Rayan Ghrieb, un des meilleurs joueurs du N1 cette saison. Enfin, pour les deux attaquants, Koro Koné qui évolue en Suisse et qui a joué la Ligue Europa il y a deux saisons avec le Servette de Genève et « Geo » Durbant, qui est aujourd’hui en L2 à Laval. Des bons joueurs et des bons mecs ! »

Le centre d’entraînement du CSSA, au domaine de Montvillers, à Bazeilles, où se trouvent le fameux château de Montvillers (XVIIIe siècle), le siège du club, plusieurs autres bâtiments comme l’ancien centre de formation et l’Orangerie, ainsi que les quatre terrains (deux pelouse, deux synthétiques), dont le terrain d’honneur David Di Tommaso, renommé en mémoire de l’ancien joueur décédé. Le parc fait 14 hectares.

Lire aussi : interview de Marc Dubois, président du CSSA

https://13heuresfoot.fr/actualites/marc-dubois-il-faut-developper-lattractivite-de-sedan/

Lire aussi : interview de Aziz Dahchour, joueur de Sedan :

https://13heuresfoot.fr/actualites/national-aziz-dahchour-sedan-tout-le-monde-nous-voyait-mort/

Texte : Anthony BOYER / Mails : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : CSSA et DR

 

Avec déjà 15 buts marqués, l’attaquant corse de 27 ans, non conservé l’an passé à Versailles, effectue une saison accomplie au FC Rouen, leader en National 2. S’il est aujourd’hui pleinement épanoui, il a dû surmonter beaucoup d’embûches dans sa carrière.

Photos Bernard Morvan.

Lors de l’épopée de Versailles en Coupe de France l’année dernière, le journal Le Parisien avait demandé à Oussama Berkak et Mickaël Gnahoré, deux anciens du groupe Versaillais, de dresser des mini-portraits de tous leurs coéquipiers.
Pour Christopher Ibayi, cela avait donné ça : « On le surnomme « métis-sucré ». C’est le beau gosse, fou de parfum haut de gamme. Un Corse fier de l’être qui nous fait souvent rire avec son accent. Son foot est académique, sans folie mais très efficace. »

A 27 ans, Christopher Ibayi, fils d’Edmond, un attaquant qui a marqué le foot amateur corse, est aujourd’hui apaisé et épanoui au FC Rouen. Avec déjà 15 buts marqués, le plus haut total de sa carrière jusque-là, il est l’un des artisans du beau parcours du club normand, leader du groupe A de National 2 avec 5 points d’avance sur le Racing, et qui pourrait donc retrouver le National la saison prochaine.

S’il est, aujourd’hui, un des attaquants de National 2 les plus côtés, rien n’a pourtant été facile pour lui. Une fin difficile au SC Bastia, un échec à Tours, une longue blessure qui l’avait fait se diriger vers la vie active en parallèle des matchs de N3 avec le Gallia Lucciana, avant le rebond inespéré à Granville, puis encore une aventure inachevée avec Versailles… Avec sincérité et sans concession sur ses erreurs, le Corse a raconté son parcours loin d’être rectiligne pour 13heuresFoot.

« Mon père m’a fait grandir en tant qu’homme et joueur »

En 1991, Edmond Ibayi, attaquant congolais alors âgé de 24 ans, débarque en Corse. Après avoir joué au CABGL (Lucciana), Ile-Rousse, Porto-Vecchio et à Bonifacio, il y a définitivement posé ses valises. Il est actuellement entraineur au JS Bonifacio, où il s’occupe désormais de la formation après avoir longtemps entrainé l’équipe première en R1.

De son union avec une Corse, est né le 18 juillet 1995 Christopher qui a rapidement suivi les traces de son père qui marqué l’histoire du foot amateur de l’Ile-de-Beauté.

« J’ai commencé le foot à 4 ans à Porto-Vecchio », sourit Christopher qui a également vécu quelques mois dans une autre Ile, la Réunion, où son père avait effectué une pige. « Mon père a été mon mentor. Il a toujours été là pour me conseiller et me reprendre. Il a parfois été dur avec moi mais il m’a fait grandir comme homme et comme joueur. Avec le temps, je suis devenu de plus en plus proche avec lui. J’ai mes parents tous les jours au téléphone. Quand la plate-forme Fuchs les diffusait, mon père pouvait regarder tous mes matchs. On les refaisait tous les deux. Ses retours et débriefing sont très importants pour moi. »

Après Porto-Vecchio et Bonifacio, Christopher Ibayi a rejoint le Pôle Espoirs d’Ajaccio puis le centre de formation du SC Bastia à l’âge de 13 ans.

« Mon rêve de signer pro dans mon club formateur, le SC Bastia, s’est brisé »

Son unique match en pro, avec Bastia, en coupe de France, à Quevilly.

A Bastia, l’attaquant était un cadre de la réserve. Mais il n’a pas pu y signer de contrat pro. « C’était les meilleurs années du Sporting en Ligue 1, il y avait une grosse équipe, j’ai juste été appelé plusieurs fois pour m’entrainer avec les pros mais c’est tout. J’ai des regrets sur ma dernière année. »

Il n’a effectué qu’une seule apparition avec le SCB, le 20 janvier 2015, lors d’un match de Coupe de France à Quevilly (CFA). Comme un présage, le match se déroulait au stade Robert Diochon où il brille aujourd’hui… Bastia s’était incliné aux tirs aux buts (4-2) et Ibayi était rentré au début de la prolongation pour 29 minutes. « J’avais montré de bonnes choses, j’espérais monter encore avec les pros ».

Mais un coup de sang va précipiter la fin de son aventure au Sporting, sept ans après son arrivée. « Mon rêve de signer pro dans mon club formateur s’est brisé, soupire-t-il. J’ai commis une erreur que j’ai payé cash. Malgré mes bonnes performances, j’ai été pénalisé. »

Lors d’un match avec la réserve, il avait reçu un carton rouge… lors de l’échauffement. « L’arbitre nous a dit de rentrer aux vestiaires. Mais il restait encore cinq minutes… Il nous a encore remis un coup de pression. Et moi, j’ai vrillé. Je me suis retrouvé tête contre tête avec lui. J’ai pris 4 matchs de suspension. Ghislain Printant (l’entraineur en L1) m’a convoqué. Il m’a dit : « Tu ne goûteras plus jamais au monde pro et tu n’as plus d’avenir au Sporting »…»

 

« J’ai arrêté le foot pendant 14 mois, j’avais lâché mentalement »

Avec le coach du FCR Maxime d’Ornano

Le coup est rude pour le Corse qui tombe de très haut. Il a 20 ans et un avenir en pointillé. Fin juillet 2015, il est à l’essai dans un club de Ligue Two (D4 Angleterre) quand il reçoit un appel de Fabrice Bertone, alors conseiller du président Jean-Marc Ettori à Tours (L2), deux corses. « En Angleterre, ça se passait bien mais ils voulaient me garder une semaine de plus à l’essai. J’ai donc choisi d’aller à Tours, pour la réserve en National 3. »

La saison se passe moyennement. « Je me suis blessé. Une déchirure à l’insertion des adducteurs. J’ai été arrêté 14 mois. J’ai lâché mentalement. »

S’il rentre en Corse et signe au Gallia Lucciana en Régional 1, il est diminué. « On est monté mais je n’ai pu jouer que deux matchs ». En parallèle, il a déjà mis un pied dans la vie active. Il travaille à la Capitainerie du port à Bonifacio puis dans la restauration. Mais Lucciana, promu en N3, le rappelle alors que la saison 2017-2018 a débuté. Comme Julien Maggiotti (Laval) et Amine Boutrah (Concarneau) après lui, il va trouver un tremplin à Lucciana. « J’ai mis 10 buts en 15 matchs, ça m’a reboosté. Mais je travaillais dans la restauration et j’étais bien dans ma vie en jouant en N3. »

« Granville m’a redonné goût au foot »

Avec son coéquipier « bastiais » comme lui Adrien Pianelli.

L’US Granville arrive pourtant à le convaincre de quitter la Corse. « Je n’étais pas dans l’optique de repartir sur le continent. Mais mon père m’a remotivé. Il m’a dit, « Ok c’est au fin fond de la Normandie mais donne toi deux ans et on fera le point après… » Il avait raison. Cette première saison à Granville m’a redonné goût au foot. C’était la première fois que je jouais National 2 et j’ai vu que je pouvais réussir à ce niveau. Humainement, je suis tombé sur des gens extraordinaires. L’entraineur Johan Gallon m’a fait beaucoup progresser. »

Avec Granville, il inscrit 11 buts puis 6 lors de la seconde saison, stoppée en mars 2020 par la Covid. Au mois de janvier, il avait connu une énorme désillusion. « En 32e de finale de la Coupe de France, j’ai pris un 3e jaune contre Versailles et j’ai été suspendu pour le tour d’après. » Granville tire l’OM, son club de cœur… « On était tous ensemble au club house pour regarder le tirage et quand j’ai vu qu’on prenait l’OM, j’en ai pleuré. C’est un très mauvais souvenir. J’ai raté le match de ma vie. »

Il l’avait déjà appris à ses dépens à Bastia. Les suspensions et les cartons ont souvent servi de (mauvais) fil rouge à sa carrière. « J’en suis pleinement conscient. Quand il y avait des matchs à enjeux, mes démons ressortaient. J’ai raté des matchs importants donc je ne veux plus commettre les mêmes erreurs. Avec l’âge, j’ai gagné en maturité. Je fais moins de fautes et de pétage de câbles… Mes suspensions, c’est davantage à cause des cartons jaunes. »

« La fin à Versailles a tout gâché »

Après ce rendez-vous raté en Coupe de France avec l’OM et l’arrêt prématuré de la saison, Ibayi choisit de quitter Granville. « J’avais fait un peu le tour et je voulais sortir de ma zone de confort. Direction le Périgord et Trélissac. »
Mais il se blesse lors de la préparation et ne peut que disputer que trois matchs de National 2 avant le nouvel arrêt des championnats fin octobre 2020 à cause de la Covid. « Je n’ai pas grand-chose à raconter sur Trélissac. Mais cette saison m’a servi mentalement. »

Il est ensuite contacté par Versailles. Racheté par le groupe immobilier City en mars 2021, le club des Yvelines a changé de dimension. « Le projet était intéressant, il y avait des moyens financiers, ça m’a décidé à rejoindre la région parisienne », explique l’attaquant.

Avec une montée en National, une épopée en Coupe de France qui ne s’arrête qu’en demi-finale à Nice (2-0), la saison est plus que réussie. Petit bémol : un nouveau carton rouge en quarts de finale de la Coupe à Bergerac… Mais Christopher Ibayi affiche aussi des « stats » individuelles plutôt intéressantes : 11 buts en championnat et 6 en Coupe de France. C’est le meilleur buteur de l’équipe. Pourtant, il va tomber de très haut au mois de mai. « J’ai été reçu parmi les premiers, un vendredi. Il étaient trois : Youssef Chibhi (l’entraineur), Marc Mohamed (directeur administratif) et Jean-Luc Arribart (directeur général). Il faut savoir qu’à la trêve, des clubs du dessus voulaient me faire signer mais que j’étais resté à Versailles. Chibhi me dit que j’étais une priorité, que je serai prolongé. »

Trois jours plus tard, le discours du coach a pourtant changé. « Cette fois, on était seuls avec lui, moi et mon agent. Là, il m’annonce que je ne suis pas gardé. Sans trop d’explications à part qu’il a déjà Djoco, Brun et Touré sous contrat et qu’il va faire venir des attaquants du dessus. »

Dans son contrat d’un an figurait une option de prolongation automatique s’il disputait 18 matchs comme titulaire. « J’en étais à 16 et il en restait encore 3 à disputer… Forcément, Chibhi ne m’a plus jamais fait débuter. Bien sûr que je lui en veux. Il m’a empêché de connaître ma première saison en National. Cette fin a tout gâché. »

Le Corse tient aussi à préciser certaines choses : « On a voulu me faire passer pour un mec trop gourmand financièrement qui voulait prendre un billet en plus. Mais c’est faux. Ma première volonté, c’était de m’inscrire dans le projet de Versailles. »

« J’ai envie de rendre au FC Rouen ce qu’il m’a donné »

Sur le marché malgré-lui, Christopher Ibayi était suivi en L2 et National. Mais sans vraiment de concret. « J’étais le 2e ou 3e choix. Il fallait attendre. Sincèrement, après la saison que j’avais faite, je m’attendais à avoir davantage de demandes. J’ai le sentiment d’avoir été négligé en National… »

Rapidement, le 15 juin, il a choisi de s’engager pour deux ans avec Rouen. « C’est après que j’ai eu des propositions en National. Mais c’était trop tard. Je suis un homme de parole et je n’allais pas revenir là-dessus. Mais je ne regrette rien. Avec le recul, je me dis même que quitter Versailles pour Rouen était un mal pour un bien. »

A Rouen, il avoue se sentir « heureux et épanoui ». « J’ai envie de rendre à ce club ce qu’il m’a donné. On ne m’a pas donné la possibilité de grimper en National, je veux le faire avec Rouen. Je suis aussi un peu revanchard. J’ai envie de montrer à ceux qui m’ont laissé sur le côté ou négligé que j’étais un joueur régulier, capable d’enchaîner des saisons à plus de 10 buts, ce qui n’est pas un hasard. »

A bientôt 28 ans, Christopher Ibayi peut aussi juger de son évolution. « J’ai pris en maturité. Avant, j’avais la tête dure. J’étais moins à l’écoute. Mon parcours est un peu atypique. J’ai pas mal bougé. Mais avoir quitté mon petit cocon en Corse m’a fait grandir. Je me suis retrouvé un peu livré à moi-même et j’ai dû me débrouiller seul à mon arrivée sur le continent. Tout cela, ça forge. Je n’ai pas encore signé de contrat professionnel mais chaque jour, je m’en donne les moyens. Je suis professionnel dans ma manière de travailler et j’y prends beaucoup de plaisir. »

Christopher Ibayi, du tac au tac

Première fois dans un stade comme spectateur ?
Le stade Claude Papi de Porto-Vecchio. Je devais avoir 2 ans. C’était pour voir jouer mon père.

Meilleur souvenir de joueur ?
Le parcours en Coupe de France avec Versailles la saison dernière et l’aventure en Gambardella avec Bastia en 2014. On avait atteint les quarts de finale (élimination 2-1 par Laval).

Pire souvenir de joueur ?
Mon carton rouge à Bergerac en quarts de finale de la Coupe de France la saison dernière.

Une manie, une superstition ?
Avant de rentrer sur le terrain pour l’échauffement, 5-10 minutes avant, j’écoute une chanson corse, Sò Elli du groupe l’Arcusgi (C’est la musique d’entrée du SC Bastia à Furiani avant le coup-d’envoi).

Le « So Elli » par L’Arcusgi en direct du Stade Armand-Cesari

Le geste technique préféré ?
Je ne suis pas un gars qui dribble… Mais j’adore faire des enroulés.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Je ne lâche jamais rien, j’ai la culture de la gagne. Mon défaut, c’est l’impulsivité.

Sous le maillot de Versailles, la saison passée, entre Benzia et Pianelli, ses futurs coéquipiers au FC Rouen !

Votre plus beau but ?
C’est récent. C’était contre la réserve de Caen cette saison (22 octobre). On était mené 0-2, on revient à 2-2 et je marque le but du 3-2 sur un coup-franc alors que j’avais des crampes et que je devais sortir. Le stade Diochon avait explosé.

Avancez jusqu’à 2 minutes et 47 secondes pour voir le but sur coup franc de Christopher

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Chez les jeunes, Anthony Martial. En Coupe de France avec Versailles, Branco van den Boomen contre Toulouse et Jean-Clair Todibo contre Nice.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Je me suis juste entrainé avec eux, mais je dirais Ryad Boudebouz et Florian Thauvin à Bastia.

L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vont ont marqué ?
Il y en a quelques-uns… Je vais citer Antoine Pireddu au Creps espoirs d’Ajaccio, Benoit Tavenot, Mickaël d’Amore et Ghislain Printant au centre de formation de Bastia; et Johan Gallon à Granville.

Le président qui vous a marqué ?
Dominique Gortari à Granville.

Une causerie marquante d’un coach ?
Celles de Johan Gallon à Granville. Il savait transcender et emmener ses joueurs.

Le club où vous vous êtes senti le mieux, où vous pris le plus de plaisir ?
Rouen, actuellement. C’était naturel et une évidence de signer ici pour moi. Le club m’a mis dans des bonnes conditions et le public de Diochon m’a adopté. Il n’y a pas de secret. Quand on se sent bien à l’extérieur, on est bien sur le terrain.

Le club qui vous fait rêver ?
En France, je suis un supporter de l’OM. En Espagne, le Barça. Un grand club.

Vos joueurs ou vos joueurs préférés ? Un modèle ?
Aujourd’hui, je n’en ai pas. Mais plus jeune, Thierry Henry m’a fait rêver.

Un stade mythique ?
Le Vélodrome à Marseille et le Nou Camp à Barcelone. Et forcément Furiani à Bastia. C’est particulier.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Wahbi Khazri.

Vos occupations en dehors du foot ?
Je suis assez casanier, donc la musique, les séries, les films. Je m’entretiens aussi beaucoup physiquement. J’ai mes appareils à la maison.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Je vis et je m’entraîne comme un pro mais je n’en ai pas le statut… La nuance est importante pour moi. Après, si je n’avais pas fait du foot à ce niveau, je me serais lancé à fond dans le tennis. Je n’ai pas toujours vécu du foot. En Corse, j’ai travaillé, à la Capitainerie du port, dans la restauration. Au centre de formation, j’avais passé un BEP vente puis un diplôme d’animateur.

Le milieu du foot en deux mots ?
Cruel et beau.

La Corse où vous avez grandi, la Dordogne, la région parisienne ou la Normandie où vous avez joué ?
La Corse, bien sûr !

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photo de couverture : Bernard Morvan

Photos : Bernard Morvan

Depuis son arrivée en France en 2017 à l’âge de 16 ans et demi, le Gabonais Brimau Nziengui n’a pas connu un parcours très linéaire. Après avoir été envoyé en équipe réserve (Régional 1) de Granville par son ancien entraineur Sylvain Didot, il a été réintégré en N2 depuis son départ. Il devrait disputer la CAN U23 avec le Gabon au Maroc qui débute le 24 juin.

Photos US Granvillaise

A l’autre bout du fil, on entend les mouettes et l’écho laisse deviner quelques rafales de vent. « C’est sympa Granville quand il fait beau », nous répond en souriant Brimau-Kevan Nziengui Nziengui (de son nom complet).
A 22 ans, le milieu de terrain ou latéral droit au petit gabarit (1, 72 m), semble aujourd’hui épanoui et regarde sereinement devant lui sans « se faire de films » comme il l’explique.

Arrivé plein d’espoir en France à l’âge de 16 ans et demi chez une de ses tantes en Seine-Saint-Denis, le Gabonais a souvent déchanté. Lancé à 18 ans en National 3 à Versailles, il devait signer au Paris FC (Ligue 2) en 2019. Mais un souci de carte de séjour a empêché l’opération.

Son histoire avec Versailles, qui avait changé entre-temps de dimension financière, s’est ensuite mal terminée.
Il a également connu un gros soucis avec son entraineur Sylvain Didot à Granville qui l’a relégué en réserve (R1) en septembre dernier. Mais son limogeage le 31 janvier dernier a constitué le début d’un nouveau départ pour lui. Réintégré en National 2 avec Granville, il a participé, fin mars, à la qualification du Gabon pour la CAN U23 qui se déroulera au Maroc. Et des clubs de niveau supérieur recommencent à le suivre. « J’ai commis des erreurs de jeunesse mais maintenant, je suis devenu plus mature ». Pour 13heuresFoot, le gamin de Libreville est revenu, sans concession, sur son parcours.

« En arrivant du Gabon, j’ai signé au Bourget où mes cousins jouaient »

De Libreville à Granville en passant par la région parisienne, l’itinéraire de Brimau-Kevan Nziengui Nziengui a été souvent parsemé d’embûches. Mais il s’est accroché. « Comme beaucoup, j’ai commencé à jouer à 6 ans dans la rue. Mon père travaillait dans une société de ciment et ma mère dans la cuisine. Ça allait, on se débrouillait. »

Le petit milieu de terrain a rapidement intégré le Centre de Formation de football de Mounana (CFM), un club basé dans la capitale gabonaise. « Très tôt, mon but était de partir à l’étranger, j’étais déterminé. »
En 2017, il est sélectionné pour la CAN U17 qui se déroule au pays. « Plein de joueurs se sont fait remarquer et sont pros aujourd’hui. Moi, je n’ai rien eu de concret après cette la CAN. J’étais un peu déçu. »

Accompagné de sa mère, il part alors habiter en France chez sa tante qui vit au Blanc-Mesnil (93). « J’avais juste un visa. Comme mes cousins jouaient dans le club du Bourget, j’ai signé dans ce club. C’était en U17 Excellence. Le niveau, c’était quand même un peu bof… Mais je ne connaissais rien en arrivant en France, ni les clubs, ni les divisions. »
En plus du foot, il va au lycée pour préparer un bac pro commerce.

« Ma situation administrative a fait capoter ma signature au Paris FC »

A l’issue de cette saison au Bourget, Brimau rejoint Versailles à l’été 2018, un peu par hasard. « C’était au mois de juin, pendant la période des détections. J’avais un ami qui allait passer un essai avec la réserve de Versailles. Il m’a dit, « tu n’as qu’à venir avec moi »… Lors de la détection, j’ai tapé dans l’oeil de Vincent Mayuma, l’entraineur de la réserve de Versailles. Il a demandé à Youssef Chibhi, l’entraineur de l’équipe première, de venir me voir. Il m’a intégré à l’effectif de la N3 pour la reprise. » Il a alors 17 ans et effectue plusieurs apparitions en équipe première. « J’ai réussi à gratter du temps de jeu, je progressais, j’étais content. »

Lors d’un match de fin de saison, à Aubervilliers, il livre une prestation XXL. Dans les tribunes, Fabien Valeri, alors entraîneur de la réserve du Paris FC (N3), qui suivait le Gabonais depuis quelques semaines, finit par se laisser convaincre de son potentiel. Brimau rencontre Pierre Dréossi et Jean-Luc Ruty, directeur sportif et directeur du centre de formation du Paris FC, au centre d’Orly. Ils lui proposent un contrat de stagiaire pro. D’autres clubs de Ligue 2 comme Grenoble et Dunkerque le suivaient également. « Mais ma situation administrative a tout fait capoter. Le Paris FC a pourtant tout fait pour que j’ai des papiers. Ils m’ont même dit, « rentre au Gabon et tu reviendras ensuite… » Mais c’était trop compliqué. Forcément, tout ça laisse des regrets. J’aurais pu jouer au Paris FC, dans un club pro… Quand j’y repense, ça pique. »

« A Versailles, j’ai été indiscipliné à la fin »

Après ce faux-départ au Paris FC, il revient donc à Versailles. Sur le terrain, tout se passe bien. Il s’impose petit à petit comme titulaire et Versailles est promu en National 2 après l’arrêt des championnats lors du premier confinement, au printemps 2020.

La saison suivante est encore stoppée après neuf journées. Nziengui n’a pu jouer que trois matchs de National 2. Et lorsque les clubs sont de nouveau autorisés à s’entraîner, il se blesse, tout seul, sur une chute. Il est opéré avec succès des ligaments externes d’un genou.

Entre-temps, Versailles a changé de dimension financière avec l’arrivée du groupe immobilier City comme actionnaires en mars 2021.
Au début de la saison 2021-2022, Versailles a effectué un gros recrutement. Plusieurs joueurs confirmés de National et National 2 sont arrivés à son poste. Le Gabonais ne rentre plus dans les plans de l’entraineur Youssef Chibhi, avec qui les rapports s’étaient distendus ces derniers mois. « Brimau n’a pas eu le meilleur des comportements, il a fait des erreurs de jeunesse », explique un membre de son entourage.

« J’ai appris de mes erreurs »

Avec le recul, Nziengui fait son mea-culpa sur cette période : « J’ai été indiscipliné, j’ai été trop pressé, pas assez patient. Mais je revenais de blessure et je ne jouais pas. Le club avait fait un recrutement un peu XXL mais le coach m’avait dit qu’il comptait quand même sur moi. Mais dans la réalité, ce n’est pas ça qui s’est passé. Donc ça m’a énervé. J’ai fait des trucs cons, je boudais, j’arrivais en retard aux entrainements…» En septembre 2021, il finit par résilier son contrat.

Pendant que ses anciens coéquipiers de Versailles font la course en tête en National 2 et poursuivent leur formidable épopée en Coupe de France qui les emmènera jusqu’aux demi-finales à Nice, Nziengui, lui, s’entraîne seul.
Son conseiller le propose à Chambly (National) mais l’affaire ne se conclut pas. Il est tout près de signer à Chantilly (N3) mais préfère rejoindre Granville (N2) en janvier 2022.

En Normandie, bercé par l’air marin, il a trouvé une nouvelle stabilité. « Je suis posé avec ma copine, tranquille. Je veux montrer que je ne suis pas un mauvais garçon. J’ai appris de mes erreurs maintenant. Je sais que je dois respecter et accepter les choix de l’entraineur, rester concentré, et ne plus me comporter comme je l’ai fait à la fin à Versailles. Je suis revanchard.»

« Sylvain Didot a complètement oublié l’aspect humain »

A Granville, il a d’emblée gagné sa place de titulaire. Mais une nouvelle affaire extra-sportive va mettre un nouveau coup d’arrêt à sa carrière. En septembre dernier, il est appelé par la sélection U23 du Gabon. L’entraîneur de Granville, Sylvain Didot, lui oppose un refus catégorique. « Il ne voulait pas que j’y aille. C’est la manière et les mots qu’il a employés qui m’ont fait mal et fait péter un cable. Il n’y avait pas que la sélection, c’était plus profond que ça. Ca faisait 6 ans que je n’étais pas rentré au Gabon, que je n’avais plus revu ma famille. En plus, mon père était malade… D’accord, j’étais sous contrat avec Granville, donc je devais obtenir son autorisation, mais il a complètement oublié l’aspect humain. Il s’en foutait de ce que je pouvais ressentir. Le pire, c’est qu’après, ça, il m’a mis à la cave. »

Brimau est exclu du groupe N2. Il doit s’entraîner et jouer avec la R1 de Granville. « Ca m’a fait mal car je ne méritais pas ça. J’ai été patient. Mais un départ est devenu inéluctable. » Le 31 janvier, lors du dernier jour du mercato hivernal, il s’apprête à signer à Chantilly (N3). Mais il est rattrapé in-extremis par Granville. « On m’a appelé en me disant « le coach est viré », que je devais revenir. J’ai été réintégré en équipe première par Matthias Jouan, mon entraîneur en réserve qui a fait l’intérim avant d’être épaulé par Olivier Cahoreau. »

« Je vais tout faire pour maintenir Granville »

Le nouveau binôme à la tête de l’US Granville lui redonne du temps de jeu en février. Et preuve que les choses ont bien changé, il peut rejoindre, cette fois sans psychodrame, sa sélection du Gabon U23 pour les deux matchs éliminatoires à la CAN de la catégorie qui se déroulera à partir du 24 juin au Maroc.

Vainqueur à l’aller le 25 mars à Franceville (1-0), le Gabon a arraché sa qualification trois jours plus tard au Cameroun après les tirs aux buts (7-6, 0-1). « Ça été une grande joie de se qualifier. Moi, je suis resté sur le banc. Quand on est un compétiteur, on en veut toujours plus. Mais je me dis que c’était déjà bien d’avoir été appelé après tout ce que j’avais connu ces derniers mois. Ça me montre aussi que je dois faire encore plus d’efforts pour avoir plus de temps de jeu en sélection. Mais pouvoir rentrer au pays m’a fait beaucoup de bien au moral. Je suis revenu ressourcé. »

Cela s’est rapidement vu sur le terrain. Trois jours après son retour, il a inscrit son premier but avec Granville face à la réserve de Guingamp le 1er avril (2-0). Si son poste de prédilection est plutôt milieu défensif, il est utilisé en latéral droit. « Je connais mes compétences au milieu mais si c’est pour aider l’équipe, ça ne me dérange pas de jouer à droite. Je suis quelqu’un qui vit dans le moment présent donc je ne fais pas de plan. J’espère déjà finir cette saison le mieux possible et tout faire pour maintenir Granville en N2. Ensuite, j’espère pouvoir accrocher une place dans la liste pour la CAN U23 au Maroc. Pour cela, il faut que je je sois bon avec Granville. »

Pour la suite, il ne veut pas se faire « de films ». « Bien sûr que, comme tout le monde, j’aspire à jouer le plus haut possible. Mais je ne rêve pas, je n’ai pas de clubs préférentiels. Quand je regarde mon parcours, je sais que j’aurais pu faire mieux. Mais je n’ai pas de regrets trop amers. Je suis encore jeune, tout ce que j’ai connu, même les mauvaises expériences, m’ont donné de la maturité. Ça fait partie de ma construction. »

Brimau Nziengui, du Tac au Tac

Première fois dans un stade comme spectateur ?
C’était un match de la sélection du Gabon dans le grand stade de Libreville.

Meilleur souvenir de joueur ?
La CAN U17 au Gabon en 2017. On avait été éliminés en poules. Mais l’ambiance était magnifique. C’est cette CAN qui m’a poussé à continuer le foot et m’a laissé penser qu’il était possible de faire un truc.

Pire souvenir de joueur ?
C’est quand j’ai été appelé en sélection U23 du Gabon en septembre et que Sylvain Didot a refusé que je parte. Je l’ai très mal vécu.

Une manie, une superstition ?
Je mets d’abord ma chaussure gauche avant la droite et je rentre sur le terrain avec ma jambe gauche en premier.

Le geste technique préféré ?
La passe cachée.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Mes qualités, ce sont mon côté athlétique, agressif et joueur de ballon. Après, je manque de concentration sur l’ensemble d’un match.

Votre plus beau but ?
Ce n’était pas en France. C’était au Gabon, au centre de formation en U17. Une frappe des 35 mètres.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
C’est difficile d’en sortir un…

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Bissenty Mendy à Versailles. Il est ensuite parti à Sedan et joue maintenant en Ligue 2 avec Annecy. Un défenseur central très très fort… A Versailles, il avait aussi Bryan Goncalves qui est à Laval (Ligue 2) maintenant, notre buteur Johanne Akassou (Orléans) et Amine Kheche (sans club cette saison) qui étaient aussi forts. On avait une belle équipe.

L’ entraîneur qui vous a marqué ?
Youssef Chibhi à Versailles. C’est lui qui m’a donné ma chance. J’aimais bien son discours, sa philosophie. C’est un vrai tacticien.

L’entraîneur que vous ne voulez plus jamais recroiser ?
Forcément, Sylvain Didot. Ce qu’il m’a fait, ça dépasse le cadre du foot.

Le président qui vous a marqué ?
Daniel Voisin à Versailles et maintenant Benjamin Bahu à Granville. Tous les deux ont toujours été là pour moi.

Le club où vous vous êtes-senti le mieux, où vous avez pris le plus de plaisir ?
J’ai beaucoup aimé Versailles. C’était la famille. Mais je suis très bien maintenant à Granville. Je m’y sens bien.

Le club que vous avez refusé et que vous regrettez ?
Quand j’étais à Versailles, j’aurais pu aller à Fleury (National 2). C’est un bon club de la région parisienne. Mais je regrette moyen…

Le club qui vous fait rêver ?
L’OM pour son ambiance.

Vos joueurs préférés ou modèle ?
Deux milieux : Paul Pogba et Marco Verratti.

Un stade mythique ?
Le stade Vélodrome de l’OM.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Guélor Kanga. Un international gabonais (60 sélections), formé au CF Mounama comme moi. Il joue à l’Etoile Rouge de Belgrade.

Vos occupations en dehors du foot ?
A Granville, il n’y a pas grand-chose à faire à part les restaurants et la plage l’été. Le Casino, je n’y suis jamais allé. Je reste tranquille chez moi, je joue à la play, je regarde des vidéos.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
J’aurais continué l’école et je ne sais pas où ça m’aurait mené…

Le milieu du foot en deux mots ?
Ingrat dans les deux sens.

Le Gabon, la région parisienne ou la Normandie ?
Le Gabon, forcément, c’est mon pays. Mais j’ai bien aimé vivre à « Paname « aussi.

Textes : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : US Granvillaise et DR

 

Le co-président du club provençal, en tête de sa poule en National 2, effectue un très large tour d’horizon de la nouvelle entité MGCB, née de la fusion de deux clubs l’été dernier.

« Ce match, c’est une petite finale ». Voilà comment Christophe Celdran, l’un des quatre présidents du « MGCB » (Marignane Gignac Côte Bleue*) qualifie le choc de la 24e journée de National 2, à Grasse (l’entretien a été réalisé juste avant le match nul 0 à 0 à Grasse). Un choc qui voit le dauphin de la poule – le RC Pays de Grasse – accueillir le leader provençal.

Même si on voit bien la métaphore, on n’est pas obligé d’être d’accord avec le PDG du réseau Clairimmo-Maxihome, le groupe qu’il a fondé en 1995. Parce qu’après ce choc, il restera encore six journées de championnat, et absolument tout pourra se passer. Pour remporter Roland-Garros, Rafael Nadal doit gagner 7 matchs. La fin de parcours du MGCB se rapproche peut-être plus d’un tournoi de tennis, avec un tableau … sans élimination directe !

Un projet ambitieux et cohérent

En revanche, avec Christophe Celdran, on est d’accord sur une chose évidente : la saison est folle ! Folle parce que les quatre équipes de tête étaient encore ex aequo avant la 23e journée, et qu’elles se tiennent aujourd’hui en 3 points avant la 24e !
Folle aussi parce, hormis Auxerre (5e), Hyères (6e) et Thonon Evian Grand Genève (7e, 35 points chacun), les neuf autres équipes de la poule (du 8e au 16e) sont concernées par la descente (5 relégations et peut-être 6 en fonction des moins bons 11es).
Si l’ex-président du FC Côte Bleue (Carry-le-Rouet / Sausset), de 2016 à 2022, est à l’autre bout de l’écran, face à nous, ce n’est pas pour évoquer ce choc au sommet mais pour présenter son nouveau club, né de la fusion l’été dernier de Marignane-Gignac avec, donc, le FC Côte Bleue. Un projet ambitieux, forcément, cohérent, surtout, qu’il détaille dans un long entretien accordé en amont de cette affiche de haut de tableau de National 2.

Agé de 55 ans, Christophe Celdran – aucun lien de parenté avec l’ex-professionnel de Guingamp, Sedan et Le Mans, Philippe Celdran ! – a posé le siège de sa société à Martigues mais a grandi à Sausset-les-Pins, le village dont il est resté fidèle et où ses parents ont déménagé quand il avait 14 ans, après une enfance à Marseille.

Depuis le 1er juillet 2022, il préside aux destinées du MGCB aux côtés des trois autres présidents, Marc Vicendone, Michel Leonardi et Baptiste Giabiconi. « Si on est là, c’est pour le bien du club, lance d’emblée Christophe Celdran; on n’est pas des investisseurs, on ne gagnera pas de l’argent avec le club, il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour le comprendre. Ce que l’on veut, c’est pérenniser le club et sortir des jeunes, se faire plaisir en gagnant des matches, et on verra où est le plafond de verre. C’est un travail quotidien, comme dans une entreprise ».

*Marignane Gignac Côte Bleue est un club fondé en juilet 2022 et né de la fusion entre le Marignane-Gignac FC d’un côté et le FC Côte Bleue de l’autre. le Marignane-Gignac FC etait lui même né de la fusion en 2016 de l’US Marignane et de l’US Gignac; le FC Côte Bleu, quant à lui, était né en 1996 de la fusion entre le SO Saussetois (Sausset-les-Pins) et le Carry Sports Côte Bleue (Carry-le-Rouet).

INTERVIEW

« Ce serait une immense déception de ne pas monter en National »

Les coprésidents Baptiste Giabiconi (à g), Michel Leonardi, Marc Vicendone et Christophe Celdran, encadrent l’entraîneur du MGCB Brahim Hemdani (au centre).

Président, la première saison du MGCB n’est pas terminée, mais peut-on déjà tirer un bilan ? Comment se passe cette fusion ?
On fera le bilan en fin d’année. Là, il ne peut être que provisoire. Sur le plan des licenciés, on est aujourd’hui 1082 : c’est en ligne avec ce qui avait été prévu. Avec la fusion des deux entités, on s’est retrouvé avec des équipes en double. Il a donc fallu en « sacrifier », notamment chez les seniors, où on en a conservé trois. On a aussi supprimé les deux équipes U20, une équipe U19, et on a eu quelques problèmes avec la section féminine, où on a perdu 120 licenciées.

On savait que, mathématiquement, on aurait un effectif total inférieur au cumul des deux clubs. 1082 licenciés, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Malheureusement, des personnes qui n’étaient pas favorables à cette fusion et qui ne la voyaient pas d’un bon oeil ont raconté un peu tout et n’importe quoi… Donc, voilà, la vraie rentrée, ce sera en septembre 2023 : c’est là que l’on fera les compte. On sera plus nombreux et les esprits seront, je le pense, apaisés. Parce que l’on aura appris, tous, éducateurs, dirigeants, directeurs sportifs, à se connaître un peu mieux même si, entre nous, les quatre présidents et les membres du Comité, on se connaît bien.

« Allez expliquer à un joueur de N2 qu’il va aller jouer en R2… »

Et sportivement, êtes-vous dans les clous ?
On est, là encore, en ligne avec les objectifs fixés. L’an passé, on a supprimé les U19 et U20. Par contre, on a refusé la montée en Régional 1 pour permettre aux U18 de la saison passée d’aller plutôt s’aguerrir en Régional 2 : actuellement, on est 6e, à 2 points du 3e, avec des jeunes. On pense que cela a été une bonne décision, surtout que notre équipe II est en National 3, malheureusement elle est dernière de son groupe. En N3, on n’a pas eu beaucoup de réussite, on a mal géré certains matchs, on a été maladroits, et puis c’est toujours difficile de faire redescendre des joueurs de N2 en N3.

Quant à ceux qui jouaient déjà en N3 l’an passé, de la partie Côte Bleue, et qui sont restés au club, ils n’ont pas apporté ce qu’ils auraient dû apporter : pour eux, avec le fait se retrouver en équipe II alors qu’ils jouaient en équipe I l’an passé, la motivation est moins importante. On va essayer de finir le plus haut possible (l’équipe reste sur deux succès 3 à 0 à chaque fois face à l’OM et face à Carnoux) et on verra aussi en fonction des problèmes extra-sportifs de certains clubs.

Très peu de clubs fonctionnent avec une N3 et une N2 : vous arrivez à gérer ça ?
C »est compliqué mais je pense qu’on est passé à côté de quelque chose en National 3, où on visait le maintien, car on a de la qualité. En fait, c’est difficile psychologiquement pour certains joueurs qui, comme je le disais, ont pris un coup au moral en devenant des joueurs de l’équipe II. Mais je sens que l’envie et la motivation sont revenues. Maintenant, allez expliquer à un joueur de N2 qu’il va aller jouer en Régional 2… Je préfère lui dire d’aller en N3. Le « gap » est trop important entre N3 et R2. Et puis ce n’est pas déshonorant de jouer en réserve, surtout en National 3 ! En plus, financièrement, une équipe de R1, et vous allez être surpris de l’apprendre, coûte un peu plus cher qu’une National 3 !

En N3, on a un effectif plus restreint, on n’a pas de salaires exorbitants, les arbitres sont pris en charge par la FFF ainsi que nos déplacements en corse à hauteur de 4 200 euros. Sans compter les aides de la Fédération via la licence club pour nos déplacements. Y’a juste le staff qui coûte un peu plus cher.

« J’ai choisi Brahim Hemdani pour sa patte, sa rigueur, son travail, son humilité »

L’équipe fanion est leader avec 2 points d’avance sur Grasse avant le choc de ce week-end (samedi 15 avril à 18h) : vous attendiez-vous à cela ?
Il faut revenir en arrière : l’été dernier, notre coach Mohamed Sadani est parti à Aubagne, il habite à 5 minutes du stade là-bas, et il a emmené des joueurs. C’est là que l’on s’est demandé ce que l’on voulait faire, comment on voyait le club dans quelques années, si on voulait jouer le maintien ou le haut de tableau, et qui il fallait prendre au poste d’entraîneur en fonction d’un budget à ne pas dépasser.

On a choisi Brahim Hemdani, que je connaissais car il était adjoint à Côte Bleue. On l’a pris pour sa rigueur, sa patte, sa marque de fabrique, son travail, son humilité, alors que l’on a reçu une quantité de CV. Brahim, je l’ai choisi aussi car je connais l’Homme avec un H majuscule, et pas pour jouer le maintien. Ensuite, il a voulu prendre Michel Flos comme adjoint, qui a du réseau, et on a pris Laurent Tudela, l’entraîneur des gardiens, qui était aussi à Côte Bleue. On a un staff restreint et on a mis en place une politique sportive : celle d’avoir des joueurs confirmés avec les jeunes qui étaient déjà au club.

On a aussi fait revenir Guillaume Bosca (8 saisons à Marignane entre 2011 et 2019, parti ensuite à Dunkerque en L2 et au Red Star en National) pour montrer que l’on avait de l’ambition. Guillaume avait déjà fait la montée en National en 2017-18; il connaît le club et a envie de s’incrire sur la durée. Tous les joueurs qui sont venus ont signé pour 2 ans : ce qui montre le projet de s’inscrire sur la durée. On a encore fait un effort à la trêve, en recrutant Karim Bouhmidi (ex-Lyon-Duchère), qui commence à claquer but sur but (6 buts en 7 matchs). On n’a pas le plus gros budget de la poule , loin de là, mais on a un groupe.

« Des idées, de la rigueur et de l’envie »

Vous disiez que ce championnat de N2 était fou…
C’est très serré. On a repris la pole, c’est vrai. On va à Grasse (2e à 2 points), et on a aussi 3 points d’avance sur La Duchère et Jura Sud. Rien n’est acquis. On a la qualité pour aller au bout mais tout peut changer. Malgré tout, je préfère être dans ma position. On va aller à Alès qui fait mal en ce moment avec son nouveau coach Hakim Malek, on va à Thonon Evian qui vient de battre La Duchère. Je pense que cela va se décanter dans les deux dernières journées. Et puis ce qui peut nous aider, c’est que, du 8e jusqu’au 16e, tout le monde joue le maintien.

Récemment, on a « réveillé » Aubagne qui était avant dernier en allant perdre chez eux ; est-ce que c’était le contexte du derby ? Est-ce que c’était parce qu’il y avait notre ancien coach sur le banc d’en face ? Est-ce que c’était dû au fait que des joueurs de chez eux étaient chez nous l’an dernier ? J’espère que cette défaite va nous aider puisqu’on a les a relancés et qu’ils peuvent se maintenir.

Je n’oublie pas que Hyères possède trois fois notre budget, que Fréjus et Toulon ont un budget largement supérieur au nôtre aussi. Nous, on essaie d’avoir des idées, de la rigueur et de l’envie. On ne veut pas de mercenaires mais des gens du cru ou qui connaissent le club, comme Ali Bamba, revenu l’an passé, ou Kassim Abdallah (ex-OM, Evian, Sedan et Ajaccio), formé à Marignane. On souhaite avoir « l’esprit région, local ». On reste un club familial et convivial.

Ne pas monter en National cette année, ce serait une immense déception ?
On a passé la plupart de la saison en tête donc si on finit 2e à un point du premier, on va se souvenir du match retour contre Aubagne, une équipe contre laquelle on n’a pris qu’un point sur 6. Maintenant, même si on n’avait pas programmé la montée, ce serait une immense déception si on n’y parvenait pas, mais on a notre destin entre nos pieds. Les joueurs sont face à leurs responsabilités : qu’est-ce qu’ils veulent faire ? Aller jouer en National la saison prochaine ou rester en National 2 ? Voilà, c’est à eux de décider de ça. Ils ont donné un élément de réponse lors du dernier match contre Hyères, une équipe qui nous a agréablement surpris (succès 4-2). Je ne connais aucun président ni aucun entraîneur qui vous diront en début de saison « Je joue pour descendre » : c’est toujours soit le maintien, soit la montée. Là, il reste 7 matchs : à nous d’être performants. Et si on n’y arrive pas, ça sera partie remise mais on prendra un gros coup au moral.

Développer le business club

Le club a passé une saison en National en 2018-2019 mais après une bonne première partie de championnat, il s’était écroulé après la trêve : qu’avait-il manqué à l’époque pour se maintenir ?
Je connais les raisons internes mais je ne veux pas les dire… Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a eu un problème de management que l’on a mal géré; cela a perturbé l’équipe psychologiquement. Il y a eu une cassure liée à la coupe de France, alors que l’on était 9e à la trêve.

Depuis 2019, le National a encore évolué : comment le MGCB peut-il exister dans ce championnat où il pourrait y avoir plus de la moitié des clubs qui possèdent le statut pro la saison prochaine ?
On travaille avec les partenaires autour du développement d’un business club. On arrive à une quarantaine de partenaires aujourd’hui. Il faudra que l’on se donne les moyens d’exister, sachant qu’avec 255 000 euros de subventions, on est très loin des 1,1 million à Martigues, par exemple. Cela passe par l’arrivée de partenaires privés, même si ce n’est pas ça qui, on est bien d’accord, nous fera jouer un jour en Ligue 1 ou en coupe d’Europe !

Ce que l’on veut, c’est travailler sur la durée, monter en National, puis, sur la dynamique de la montée, espérer un maintien haut, comme le fait Martigues cette saison et là, félicitations à eux, félicitations au travail du staff, à Grégory Poirier qui est un super coach et à Djamal Mohamed le directeur sportif. Ensuite, il faudra pérenniser le club. Après, y’a le fameux serpent de mer avec cette Ligue 3 : on ne sait pas où en est ce feuilleton mais ce qui est sûr, c’est qu’on a envie d’aller jouer au Mans, à Nancy, à Châteauroux, dans des stades qui ont une histoire, contre des clubs qui ont un vécu.

« La Ligue 2, c’est du fantasme »

La Ligue 2 pourrait-elle, à termes, être envisagée ?
La Ligue 2, c’est du fantasme. Mais après tout, Martigues prouve que « pourquoi pas ? ». Nous, on en est très loin, d’ailleurs, on n’est même pas en National ! Après, Consolat a failli monter en L2 avec des moyens pires que les nôtres ! Ce que je vois, c’est qu’au MGCB, on a des infrastructures avec 12 ou 13 stades qui permettent de bien travailler sur la masse.

On a aussi un projet de centre de formation : on est déjà en partenariat avec un lycée à Marignane qui va ouvrir une classe sportive, idem dans un collège à Sausset-les-Pins, qui va en lancer une. On travaille sur un centre d’hébergement, à Marignane ou à Sausset, pour avoir des joueurs qui viennent d’un peu plus loin que la région. Mais tout ça ne se fait pas du jour au lendemain. C’est pour ça que si on monte en National, ça mettra un coup d’accélérateur à ces projets-là. La locomotive, c’est l’équipe première, c’est pour tous les clubs comme ça.

Mais y’a du monde, avec Martigues, même si eux, ils sont plutôt en concurrence avec Istres; nous, on est plutôt tourné vers Vitrolles, Berre, Aix, Luynes, les quartiers nord de Marseille aussi. On essaie avec nos modestes moyens de bien travailler, d’être pragmatiques, concrets, pour essayer de tirer la quintessence du club. On veut faire un gros club, à l’est de l’étang de Berre.

« Il faut une enceinte sportive digne du département »

Le stade Saint-Exupéry à Marignane.

De toute façon, si un jour le club venait à évoluer en Ligue 2, il serait confronté à un problème d’infrastructures…
C’est le point noir du département qui, hormis le Vélodrome, n’a pas de stade. C’est un scandale et cela relève du domaine politique. La communauté territoriale a toute sa responsabilité là-dedans. Y’a le stade Parsemain, au bout du bout du département, qui a été repris par la Métropole; il y a le stade Turcan de Martigues, qu’il faudrait rénover, le stade Delort à côté du Vélodrome qui est dédié à l’athlétisme, et puis voilà.

La métropole doit se poser la question, car une municipalité ne peut pas financer une infrastructure à 10 ou 15 millions d’euros : peut-on avoir un club de la région avec une deuxième enceinte de 5 000 ou 7 000 places pour abriter un club de Ligue 2 ? Ou bien doit-on faire ce qu’il faut pour que le stade Parsemain soit aux normes et, surtout, pour que l’on puisse y jouer quand il y a du vent ? Ou alors faut-il rénover Turcan ? A Marignane, au complexe Bolmon, où s’entraîne la N2, on a un projet, il y a quelque chose de bien à faire dans ce stade, donc à voir… si les architectes, encore une fois, écoutent. Pas comme pour le stade Parsemain qui a été construit en dépit du bons sens.

En tout cas, il faut une enceinte sportive, digne du département, avec des clubs résidents ou pas, qui puisse accueillir des événements sportifs mais aussi des concerts. Ce problème, c’est le même que l’on retrouve à Paris. La Métropole doit prendre ce dossier à bras-le-corps. Alors, forcément, cela fera des mécontents en fonction du lieu choisi, mais maintenant, il faut y aller !

Même le stade St-Exupéry, à Marignane, est « limite » pour le National : y’ a-t-il un projet de rénovation ?
Chaque chose en son temps. Le club était moribond il y a deux ans. Je suis venu pour redonner de l’ambition et du dynamisme. On a anticipé la fusion, on y est allé à marche forcée, mais ça s’est bien passé. Il y a un engouement qui se met en place parce que le club redevient ambitieux et parce qu’on a des résultats, que l’on crée du jeu. On verra, si on monte, pour faire quelques aménagements à Saint-Exupéry, avec, on l’espère, l’aide de la mairie, même si celle-ci a le projet de tout raser pour y faire un programme immobilier.

Avec cette fusion, comment vous organisez-vous au niveau des jeunes ?
Jusqu’aux U13, il y a un pole à Côte Bleue, où les jeunes sont l’ADN, et un autre à Gignac, réputé pour sa formation. On n’a pas voulu déplacer les « petits ». Il faut que la greffe prenne. Récemment, on a fait un rassemblement à Carry-le-Rouet en U10 et U11, avec les jeunes des deux pôles, tous mélangés, pour que tout le monde se connaisse, pour que les coachs discutent entre eux, pour qu’il y ait une émulation, un dynamisme.

L’idée est de travailler main dans la main, et pas de se dire « Ceux de Gignac sont meilleurs que ceux de Carry ». Il y a de la place pour tous. On a des jeunes en foot à 8 ans qui gagnent tout ! On a un réservoir, un vivier. Ensuite, on resserre à partir de la catégorie U14. La difficulté, c’est d’être fédérateur et de récupérer les meilleurs jeunes de la région : il faut arrêter de se « faire la guerre », Martigues, Istres, Aubagne et nous.

« Nous serons bientôt cinq coprésidents »

Comment fonctionnez-vous avec les trois autres présidents ?
Nous sommes quatre coprésidents. Marc Vicendone, qui est le patron de Villas Prisme, est un historique de Marignane. Michel Lombardi est le président historique de Gignac. Ce sont surtout eux qui sont au club au quotidien. Baptiste Giabiconi s’occupe des relations publiques et de la communication. Quant à moi, j’étais le président du FC Côte Bleue et j’avais déjà été président de Marignane pendant un an. Je m’occupe surtout du pôle seniors et des 18 ans. Je laisse la gestion du quotidien à Marc, qui s’occupe plus du coté « jeunes » : on se répartit bien les tâches, on a appris à ce connaître, on fait ça sans forcer le trait, comme si on se connaissait depuis toujours. On a partagé les tâches de manière naturelle. Bientôt, nous ne serons plus quatre, mais cinq coprésidents…

« Giabiconi n’est pas le monstre que l’on a décrit »

Dans un passé récent, Baptiste Giabiconi a été président du FC Martigues, où il n’a pas laissé de très bons souvenirs, c’est le moins que l’on puisse dire…
Il connaît bien le maire de Marignane, et avec un an de recul, maintenant qu’on le connaît beaucoup mieux, il n’est pas le monstre que les médias ont bien voulu décrire. Il ne s’en est pas mis « plein les poches » à Martigues contrairement a ce qui a été écrit, et c’est un bon mec. Il a été le bouc émissaire d’une mauvaise gestion de la part de certaines personnes et de la municipalité de Martigues.

Bergerac, club de N2, passe actuellement en société : votre équipe fanion peut-elle, elle aussi, sortir du giron de l’association ?
Pas dans l’immédiat. On a un gros projet que l’on va présenter au comité directeur, qui permettra d’aller au-delà de l’aspect sportif, basé sur le business, le domaine entrepreneurial et les RSE. C’est un projet ambitieux mais réaliste, très « corporate », qui peut fédérer les énergies et apporter des moyens financier supérieurs afin d’exister en National.

« Aucun joueur ne touche plus de 3000 euros »

Brahim Hemdani, le coach de l’équipe de N2.

Le budget du club et de l’équipe fanion ?
Pour l’équipe de N2, il est de 600 000 euros, et pour l’ensemble du club, il est de 1,5 millions d’euros, avec une N3, des U17 Nationaux, etc. Chez nous, en National 2, il n’y a aucun joueur qui touche plus de 3000 euros par mois. Et on ne fait pas de surenchère, contrairement à d’autres clubs. Nos maîtres mots sont humilité, travail, rigueur, collectif et mentalité.

Avant vous, d’autres clubs ont essayé d’aller plus haut, comme Istres, Cassis-Carnoux ou Arles-Avignon : n’avez-vous pas peur de vous brûler les ailes ?
Au sein du MGCB, le projet sportif est écrit, le projet financier est en train de s’écrire, celui des infrastructures aussi. On va essayer de ne pas faire comme certains, je pense à Arles-Avignon et un peu à Istres même si Bertrand Benoît avait au départ fait du très bon boulot. Nous, ce n’est pas la lumière qui va nous brûler les ailes : on sait où on veut aller et avec qui. On a écarté des personnes qui n’entraient pas dans le projet. On sait se mettre derrière le comptoir à la buvette, on est un peu de l’ancienne école.

« On veut travailler main dans la main avec l’OM »

Quelles sont vos relations avec l’OM ?
On est complètement supporter de l’OM mais on doit se rapprocher encore plus et travailler avec eux. L’OM a le voeu de recentrer les clubs partenaires, et privilégier Burel, Air Bel et nous. On a de très bons jeunes. Nos 18 ans ont disputé un 8e de Gambardella. D’un côté, on a un club qui passera à 1200 ou 1300 licenciés l’an prochain, avec du réservoir et de la masse, et de l’autre on a l’OM, qui possède l’élite; il faudrait sortir un maximum de joueurs en partenariat avec l’OM qui, on l’espère, jouera le jeu et pourra nous prêter des joueurs pour éclore, et nos meilleurs jeunes iront chez eux (le MGCB a toutes ses catégories en Ligue, Ndlr). On voit bien que, à part des Nasri ou des Lopez, les jeunes ont du mal à sortir à l’OM.

Il faut aussi pérenniser le match amical de préparation, comme la saison passée à la commanderie : le premier match de l’ère Tudor, c’était contre nous ! Cela nous donne une visibilité supérieure. Les fondations du club sont profondes : avec des seniors et des jeunes, on est un peu les seuls. Par exemple, à Air Bel et à Burel, il n’y a que les jeunes. On essaie de travailler sur le réservoir pour avoir un football de masse avant, dans un second temps, de resserrer l’élite. L’objectif, c’est que nos meilleurs jeunes évoluent dans 2 ou 3 ans en seniors sous les couleurs du MGCB.

Mais il faut qu’on finaliste ce partenariat, à la fois sportif et financier. On a le plus gros vivier de la région. On discute avec Marco Otero (patron de la formation), Franck Borelli (entraîneur au Centre de formation), Pablo Longoria (président) : il faut que tout ça se concrétise. Récemment, on a encore reçu des convocations pour certains de nos jeunes, y’en a un qui va à Saint-Etienne, l’autre à Nîmes… Donc voilà… Plus l’OM prendra de joueurs, plus il en ressortira quelque chose.

Depuis toujours, on a l’impression que c’est dur d’exister à côté de l’OM…
C’est vrai que dans les Bouches-du-Rhône, il y a l’OM, et puis c’est tout. Nous, on ne veut pas concurrencer l’OM, de toute façon on n’y arrivera jalmais ! On veut juste être des partenaires financiers solides, des partenaires de la « Next generation »; on veut travailler main dans la main sur la durée avec eux.

L’entretien a été réalisé avant le match à Grasse qui s’est soldé sur le score de 0 à 0, qui permet au MGCB de conserver la tête de la poule.

 

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Photos : MGCB et DR

Formé à Saint-Etienne, le milieu de terrain passé par le National (Cannes, Paris FC) et la Ligue 2 (Laval) évolue depuis 11 ans en Allemagne où il a découvert en 2021, à 35 ans, la Bundesliga avec Bochum, dont il est l’actuel capitaine !

De Firminy (Loire) à Bochum, de la réserve de Saint-Etienne à la Bundesliga, découverte à 35 ans, Anthony Losilla vit une carrière en forme de cheminement, un parcours fait de patience et de détours.

A 37 ans aujourd’hui, le milieu de terrain et capitaine du VFL – qui vient de disputer, le mois dernier, son 300e match avec son club – profite à fond en Allemagne, après avoir connu le National avec Cannes et le Paris FC, et la Ligue 2 avec Laval.
Entretien avec un joueur attachant, disponible, et dont on ressent le bonheur d’évoluer au plus haut niveau. Car si le chemin a été long à se dessiner, il est avant tout magnifique pour le Français.

Photos VFL Bochum

Anthony, les gens vous connaissent par rapport à la Bundesliga. Mais vous avez fait votre formation à Saint-Etienne, avant de vous affirmer à Cannes, en National. Racontez-nous un peu vos débuts.
Je n’étais pas le joueur sur qui le club misait, au départ, à Saint-Etienne. Et puis grâce à deux saisons avec l’équipe réserve et notamment le coach Claude Robin, qui m’a fait confiance et mis capitaine, j’ai commencé à m’entraîner avec les pros. Il a vu cette chose en moi, et au bout de cette année décisive, où, quand on est jeune joueur, soit on signe pro, soit on part, j’ai signé pro. Malheureusement l’entraîneur de l’équipe première, Elie Baup, est parti à l’intersaison, et le nouveau coach ne comptait pas sur les jeunes. Je n’ai pas tergiversé et je suis parti en prêt à Cannes (National), après trois jours de préparation avec les pros à « Sainté ». On m’a dit « Cannes veut te voir » et j’ai filé, je n’ai même pas cherché à comprendre. Après dix jours à voir comment ça se passait, je suis resté là-bas et j’ai signé définitivement à la fin du prêt, car je m’y sentais bien. Voilà comment a commencé ma carrière !

« J’ai vu qu’il n’y aurait pas d’évolution à Saint-Etienne »

Pas de regret de ne pas rester à l’ASSE, votre club formateur et de cœur ?

Bien sûr que quand on signe pro, on aimerait faire ses premiers pas dans son club de cœur. Après, je ne m’attendais pas à ce contrat, et quand j’ai vu comment ça se passait, avec le changement d’entraîneur, et que le coach ne me connaissait pas du tout, je me suis dit « Ok, je vais faire une saison en réserve, je viens d’en faire deux d’affilée ! ». Je n’ai pas trop réfléchi, je me suis dit que j’allais passer le cap d’après, jouer à un niveau au-dessus, en 3e division, en National, pour prendre du temps de jeu, et puis on verra. Malheureusement, il n’y a jamais eu trop de contacts pendant mon prêt à Cannes et j’ai vu qu’il n’y aurait pas d’évolution à Saint-Etienne, donc j’ai fait mon petit bonhomme de chemin… Et voilà.

« Je marche à l’affectif »

Vous avez quand même un certain parcours et pedigree en France. Après Cannes, il y a eu le Paris FC en National et Laval en Ligue 2.

J’ai fait de très bonnes saisons en National, mais je ne m’attendais pas, à un moment donné, à arriver en Ligue 1 ou autre. J’étais content d’être en National. Je me suis dit que j’allais faire ma petite carrière, puis j’ai vu que je faisais partie des meilleurs joueurs du championnat. Donc pourquoi pas aller voir au-dessus. A chaque fois, j’ai eu cette mentalité-là, de tout donner.

Je suis parti au Paris FC car ils m’ont témoigné beaucoup de confiance, même si d’autres équipes me voulaient. Ils sont arrivés assez tôt, je suis un peu comme ça, je marche à l’affectif, donc je me suis dirigé vers eux. Je me suis encore aguerri, même si je me dis que j’ai passé trop de temps en National des fois. Mais quand je vois où je suis aujourd’hui, j’avais peut-être besoin de ça. Et puis Laval m’a donné ma chance de passer le cap en Ligue 2. Pour moi c’était… Ligue 2, je me suis dit « woaw ! ». C’était déjà inespéré, génial.

A Laval, j’ai vu dès la première année que j’avais le niveau (en 2010-2011, il avait même fini 17e aux étoiles France Football de la division, Ndlr). Ensuite je suis parti en Allemagne, et même à 35 ans à mes débuts en Bundesliga, j’ai vu que je ne dépareillais pas, que je faisais mes matches. Je me suis adapté à chaque fois. Je suis un joueur qui a su progresser à tous les niveaux. C’est comme ça que je caractériserais ma carrière.

C’est drôle, car quand on regarde votre parcours, il y a une forme de linéarité. Mais le National à l’époque, ce n’était donc pas un temps de passage ? Vous êtes dans l’équipe type du championnat une année, quand même !

Après Cannes et le Paris FC, oui, j’ai voulu passer le cap, je sentais que j’avais fait le tour du National. Le PFC était un club ambitieux, déjà à l’époque en N1, ils m’avaient permis de franchir un autre palier après mes deux années cannoises. Et puis je vais à Laval en L2, un club familial, où je me suis senti très tôt, très bien, ils m’ont mis dans les meilleures conditions. J’y ai passé un autre cap, j’avais besoin de cet environnement pour m’épanouir encore plus. Cela a suscité des intérêts de clubs de Ligue 1 à l’époque.

Malheureusement, en France, ça a mis beaucoup de temps à bouger, et je suis quelqu’un qui préfère la sécurité. C’est pour ça que j’ai préféré partir du côté de l’Allemagne (à Dresde). Mais dans chaque club français, j’ai de très bons souvenirs, j’ai rencontré de très belles personnes. Je suis content d’avoir fait cette carrière en France. Celle qui a permis d’aller en Allemagne.

« En France, le foot allemand n’avait pas une très belle image »

Merci pour la passe décisive ! Vous faites en effet le choix de partir en Allemagne, au Dynamo de Dresde, en D2. Pourquoi, alors que vous aviez des touches en L1 ?

Je sortais de deux belles années à Laval, j’entendais parler de l’intérêt de clubs de Ligue 1 ; Nice, Valenciennes, Sochaux. Pas mal de clubs s’intéressaient à moi. Je me voyais en L1, et puis un club allemand est arrivé très tôt, Dresde. La première fois qu’ils prennent contact, je recherche un petit peu quel club c’était, « Dresde, deuxième division, c’est quoi ? » …

A l’époque, en 2012, l’Allemagne, ce n’était pas suivi comme maintenant en France, il n’y avait pas une très belle image du football allemand, je ne m’en faisais pas une belle idée. Je ne me voyais pas là, ma femme attendait notre premier enfant, donc je refuse la proposition. Et puis leur coach m’appelait très souvent, en anglais. Comme je ne parlais pas un mot d’allemand, on arrivait à communiquer quand même, il insistait, mais je refusais.

La dernière journée de L2 avec Laval, on va à Clermont, et là un joueur de Dresde, Romain Brégerie, qui est devenu un très bon ami, m’appelle à l’hôtel la veille. Il me dit : « Voilà, ils m’ont dit de t’appeler, je voulais juste te dire ce qui t’attend si tu signes ici, même si c’est toi qui choisiras à la fin ». Mais je ne me voyais pas encore passer ce cap de l’étranger, car je voulais jouer en Ligue 1.

Le lendemain, je refuse une nouvelle fois leurs avances. Puis je pars en vacances. Mais il n’y a pas de choses concrètes qui se passent avec les clubs de L1. Je suis à Nice avec ma femme, qui est du sud, et le directeur sportif de Dresde rappelle mon agent et demande à me voir. Il me demande d’amener mon épouse, on se retrouve dans un hôtel à Nice. Il vient avec des documents sur plusieurs hôpitaux où ma femme peut accoucher, pour une personne qui peut m’aider dans les démarches administratives. Là, je me dis : « Quel club me porte autant d’intérêt ? Aucun ». Il était venu aussi avec des vidéos des supporters de Dresde, des fous furieux. Quand on est joueur, on voit ça, ça fait envie quand même. Et le soir même, ma femme me regarde et me dit « Prends ta décision, je te suis ». Ils ont faxé mon contrat à l’hôtel, et voilà, c’était parti !

Un transfert décidé sur le plan humain, donc.

C’est le côté affect, oui ! Je marche beaucoup comme ça. Ils m’ont eu comme ça ! J’en suis ravi aujourd’hui. Et il y a aussi la lenteur des clubs français de l’époque pour faire confiance. Je sortais de deux belles saisons à Laval, mais ils étaient frileux : « Oui, mais il a 26 ans, il n’a toujours pas connu la Ligue 1 » etc. Ils se posent beaucoup de questions.

« Ils ont des règles, et ils s’y tiennent »

Comment se sont passés ces premiers mois en Allemagne ?

Il y avait quelques joueurs qui parlaient français qui étaient là depuis un petit moment, Romain Brégerie donc, et Mickaël Poté, un attaquant qui jouait avec moi à Cannes lors de ma première année. Donc déjà ça m’a pas mal aidé pour m’intégrer, moi qui ne parlais pas un moment d’allemand et suis d’origine espagnole ! Il y a une personne qui s’occupait de nous trouver un appartement aussi. Donc j’ai pu me concentrer sur le côté sportif.

Même si collectivement on a une première année où on s’est sauvés à l’arrache, une deuxième où on est descendus, j’ai commencé à me faire connaître ici. Dès le mercato hivernal, j’entendais des clubs de Bundesliga qui évoquaient mon nom. Ce qui est marrant, c’est que l’année où on descend, j’avais prolongé de trois ans à Dresde, mais juste en cas de maintien. Je me sentais bien, mais je suis parti.

Quelles différences avez-vous trouvé en arrivant en Allemagne, entre les deux D2 ? Et qu’en est-il de la célèbre rigueur allemande !
Cette fameuse rigueur, elle est globale. Dans tout ce qu’ils font, toutes les personnes, c’est carré, l’heure à laquelle ils mangent… Et je raconte à chaque fois cette anecdote, mais nous Français, qui traversons au vert ou au rouge, on s’en fiche, on traverse s’il n’y a pas de voiture. Ici j’ai vu des gens attendre le vert alors qu’il n’y avait pas de voiture à 100m à gauche et à droite. Ils ont des règles, et ils s’y tiennent. Ils aiment bien que ça soit droit. Je trouve ça top, mais c’est aussi parce que je suis un peu comme ça.

Côté sportif, ce qui m’a marqué, c’est que tout ce que les gens font, ils le font à 100%, pour être le plus efficace possible. Par exemple les centres, ils perfectionnaient ça pour être les meilleurs à leur niveau. Même si au niveau qualitatif, je comparais souvent avec la Ligue 2 française, il y avait certaines équipes moins bonnes, mais qui, par leur rigueur, leur sérieux, et cette envie de toujours se perfectionner, eh bien le collectif est meilleur finalement; ça rendait les équipes meilleures. C’est ce qui m’a marqué un peu sur les méthodes d’entraînement.

« On a tous un club qui nous marque, moi, ça sera Bochum ! »

A Dresde, vous appréhendez ce football allemand, et y restez deux saisons. Avant de passer un nouveau cap à Bochum.

Mon arrivée à Bochum, c’est pareil, ça ne s’est pas fait si facilement que ça. Ils sont arrivés également très tôt, mais il y a des clubs qui étaient arrivés encore plus tôt, et qui m’avaient appelé moi et mon agent avant qu’on ne descende avec Dresde. Comme Kaiserslautern, qui me disait de venir voir les infrastructures, venait de finir 4e, était descendu de Bundesliga 2 ans avant. Je suis parti avec mon agent quelques jours après la fin du championnat, je me dis « Woaw ».

Bochum voulait m’avoir, le club de Greuther Fürth aussi. Pour moi, mon choix était fait, je voulais aller à Kaiserslautern. Et puis pendant l’entretien, ils me parlent moins du côté sportif, plus du côté leader d’hommes, diriger, m’ont demandé pourquoi je n’étais pas capitaine à Dresde. J’attends donc leur proposition, et elle n’est pas venue. Le joueur les intéressait, mais ils voulaient un meneur, et je n’étais en Allemagne que depuis 2 ans, je ne maîtrisais pas bien la langue, je n’étais pas préparé pour ce rôle-là. Greuther Fürth devait vendre un joueur pour me faire venir. Je ne voulais pas attendre, on était déjà fin juin.

Bochum m’appelait tous les deux jours, comme Dresde… Donc j’ai pris cette décision, je suis parti là-bas. A l’époque je me disais : « Est-ce que ça vaut le coup ? », car ils étaient descendus deux-trois ans avant de Bundesliga, mais jouaient plutôt le maintien en D2. J’ai signé pour l’intérêt qu’ils me portaient, ils restaient en contact avec moi, même si je leur disais que j’étais en contact avec d’autres clubs. Et 9 ans après, je suis encore là !

« On a tous un club qui nous marque, moi, ça sera Bochum ! »

Désormais, vous êtes une légende du club (il rit). Neuf ans au VFL, une montée en Bundesliga comme capitaine. Une aventure sportive et humaine qui vous marquera à vie on imagine.

Oui, c’est ma neuvième saison au club. On en voit peu des joueurs qui restent aussi longtemps dans un club, et puis qui… Qui jouent autant de matches pour le club. J’ai fait mon 300e match il y a trois semaines, ce sont des choses qui comptent ! Je suis arrivé dans une région, la Ruhr, un peu similaire à la région stéphanoise, à mes vertus à moi, c’est ce qui a fait que je me suis tout de suite senti bien ici, dans ce club, qui m’a fait confiance.

C’est pour ça que j’ai à chaque fois prolongé mon contrat. C’est quelque chose qui ne s’explique pas. Et puis c’est vrai que maintenant, il y a cet épisode où après 11 ans d’attente, on fait remonter le club, j’étais capitaine, donc oui, ça joue encore plus pour les supporters, les gens du club, ça donne une image encore plus belle de mon passage. Après voilà, ce que j’ai vécu et que je continue à vivre, ce sont des moments magiques en tant que joueur, parce que je profite de chaque instant sur le terrain, en Bundesliga, à jouer dans le club où j’ai passé le plus de temps dans ma carrière. C’est juste fantastique.

L’année dernière, on se maintient plutôt facilement en plus, avec des performances contre des grosses équipes… Chaque joueur dans sa carrière a un club qui le marque, et bien moi voilà, ça sera le VFL Bochum. Je vais y finir ma carrière, et il y a de grandes chances que j’y reste ensuite.

« Je ne m’attendais plus à jouer en première division ! »

Le maintien est en vue en plus, cette année encore.  Ca doit être un rêve éveillé de jouer en Bundesliga.

C’est extraordinaire pour moi de jouer en Bundesliga ! Comme je le disais, l’année dernière on s’est sauvés plutôt aisément, avec de très belles performances. Cette deuxième année est plus difficile, avec pas mal de changements. On a eu du mal à se trouver en tant qu’équipe, on a commencé par six défaites en six matches, et puis il y a eu un changement d’entraîneur, qui a repris les choses en mains, on va dire. Le coach a réussi à redonner une osmose au groupe, entre les anciens et les nouveaux. On a fait une super série pour se remettre bien à la trêve.

Depuis, on a réussi à se sortir de cette zone de relégation, c’est serré, mais on a fait le plus dur avec ces deux victoires contre Leipzig et Cologne. On a une occasion de mettre un concurrent à 9 points à sept journées de la fin en battant Stuttgart, à nous de la saisir (entretien réalisé avant le match Bochum – Stuttgart et la défaite 3 à 2 du Vlf). Même si ça ne sera pas facile contre Stuttgart, une équipe plus costaude que le VFL Bochum, déjà d’un point de vue financier. Il y a encore une différence ici entre les équipes au niveau des budgets. Mais on fait avec nos moyens, nos vertus. On a prouvé qu’on pouvait se maintenir comme ça, et on va se maintenir encore comme ça.

Votre parcours est finalement bluffant, du National en France à la Bundesliga en Allemagne, à jouer contre le Bayern, Dortmund ou Leverkusen : qu’est-ce que ça vous inspire ?

Il ne faut jamais rien lâcher, et je n’ai jamais rien lâché dans ma carrière. J’ai toujours travaillé. On va dire que je n’avais pas le talent de beaucoup de joueurs, mais j’avais des qualités, d’intelligence de jeu notamment, et j’ai travaillé. Je n’ai pas abandonné, et dès qu’il y avait une possibilité, j’y allais, je saisissais l’occasion. Mon parcours n’a peut-être pas été direct, mais quelque part, peut-être que j’en avais besoin. Et à 35 ans, jouer en Bundesliga pour la première fois, alors que, sincèrement, je ne m’attendais plus jamais à jouer dans n’importe quelle première division (rires), c’était… magnifique (il cherche ses mots).

C’est dur de décrire le sentiment que j’ai eu à ce moment-là, car c’était tellement inespéré. C’est peut-être ce qui fait que je joue encore à 37 ans, je profite. Le foot c’est ça aussi, il faut savoir mettre la pression un peu de côté, et puis profiter d’être sur le terrain. C’est quelque chose magnifique de jouer au foot, à ce niveau-là encore plus. Je profite de chaque instant, jusqu’à ce que je ne puisse plus jouer.

C’est vrai qu’on n’en a absolument pas parlé, mais vous avez 37 ans ! Quelle longévité…
C’est vrai qu’on m’en parle souvent plus tôt dans une interview (rires) ! J’ai prolongé en début d’année mon contrat d’un an, donc j’irai jusqu’à 38 ans, c’est sûr. Et il y a encore une option. Je montre chaque week-end que je peux encore courir beaucoup, l’un de ceux qui courent le plus en Bundesliga avec mon club, des qualités essentielles pour mon poste, je pense. Après, la vitesse ça n’a jamais été une des caractéristiques de mon jeu, je compense beaucoup par ma lecture. J’ai également la chance d’avoir été épargné par les blessures. Si mon corps suit, je veux en profiter au maximum. Pour l’instant, c’est un an de prévu. Je prends ce qu’il y a à prendre. Tant que je peux en profiter sur le terrain – car je sais que ça va être dur quand je vais arrêter – je prends tout ce que je peux.

Quels sont vos plans pour l’après, que ça soit dans un, deux, trois, ou cinq ans !
(Rires) C’est déjà prévu avec le club que je continue ici. J’ai joué avec la personne qui s’occupe de la formation, et il voudrait que je le rejoigne, que je m’occupe d’une des équipes. Donc soit dans le centre de formation en tant qu’entraîneur, où j’ai déjà commencé à mettre le nez là-bas une fois par semaine. Soit en tant qu’adjoint de l’équipe première, dans le staff. Je pense que je resterai quelqu’un d’actif sur un terrain plus que dans un bureau, et que je resterai dans le football, avec de grandes chances que ça soit dans ce club.

« Je ne pensais pas faire une telle carrière ! »

De vos débuts à maintenant, presque vingt ans plus tard, est-ce que vous pensiez réaliser une telle carrière, pour conclure ?

Je ne le pensais pas du tout. Mon parcours a été tel que je sentais que je n’étais pas le premier choix à des moments importants, à part chez les jeunes jusqu’en moins de 13. Après, j’ai eu une progression plus lente que les autres, des joueurs passaient devant moi jusqu’à mes années en CFA, du coup je me suis concentré sur les études, j’ai passé mon bac S, je me renseignais pour l’université. Mais je me suis laissé deux ans en réserve…. C’est venu comme ça, à chaque étape, j’ai savouré, car je ne me voyais pas du tout réussir de la sorte. Et c’est d’autant plus beau d’être arrivé-là où je suis.

Anthony Losilla, du tac au tac

« J’aimerais bien revoir Gilles Cioni »

Meilleur souvenir ?
J’en ai eu pas mal sur les dernières années, mais celui qui restera gravé, c’est le dernier match de la montée, du VFL Bochum, il y a 2 ans. On avait assuré la 3e place pour le match de barrage, et il fallait gagner à tout prix pour être champion de Bundesliga 2, à domicile. On gagne, et en plus je marque le 2-1, on monte, je soulève le trophée de champion.

Pire souvenir ?
J’en ai deux, contre le même adversaire. Le Bayern Munich, où on a pris deux fois 7-0 cette saison. J’avoue qu’en tant que joueur, prendre une valise comme ça, ce n’est jamais plaisant, même si c’est contre le Bayern. Notamment à domicile, où on nous attendait alors qu’on les avait battus l’année dernière.

Ton premier match en pro ?
Le premier, je m’en rappelle comme si c’était hier, c’était contre Boulogne-sur-Mer avec Cannes, où j’étais prêté à l’époque par Saint-Etienne. On avait perdu 2-1 à domicile, je crois.

Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Il y en a eu pas mal ces dernières années, mais pour l’avoir eu en adversaire direct, Thiago (Alcantara), au Bayern. C’était en Pokal (coupe d’Allemagne), avec Bochum quand on était en D2. J’avoue que c’est un phénomène, dans la technique, les déplacements, je suis sorti du match, j’ai dit « woaw, ça c’est un autre niveau ». C’est une plaque tournante, il touche beaucoup de ballons, et surtout, il joue juste. Il voit des passes que personne ne voit, c’est d’une intelligence… Il est toujours bien placé, son premier contact est monstrueux. Il est impressionnant.

Le coéquipier le plus fort avec qui tu as joué ?
Pascal Feindouno à Saint-Etienne, même si je n’ai pas joué de matches officiels avec lui, car j’étais en réserve. Il était impressionnant par sa technique. En tant que coéquipier, l’année de la montée avec Bochum, Robert Zjul, un Autrichien, c’était notre numéro 10, une intelligence et des passes toujours justes, un des grands artisans de notre montée.

Le coéquipier le plus fou que tu aies côtoyé ?
Notre gardien actuel à Bochum, avec qui je joue depuis des années, Manuel Riemann. Il est vraiment à part. Quelqu’un qui peut… C’est un gagnant, il le montre, et parfois il peut dépasser les limites. Il n’a plus le droit aux interviews pour vous dire, car il est très franc, très honnête, qui dit les choses en face ! C’est peut-être ce qui fait qu’il n’a pas fait la carrière qu’il aurait dû faire.

L’anecdote la plus folle vécue dans ta carrière ?
Qu’est-ce que je peux raconter qui peut être sorti, surtout… Il y a eu un couac en déplacement cette année. On est un club de Bundesliga, mais ça ne fait qu’un an et demi qu’on y est. Pour le match à Fribourg, on part en train, un train classique, qui est annulé. La personne de « l’orga » n’a pas de solution. On est restés une heure sur le quai de la gare pour trouver une solution, et du coup c’est Dominique Heintz, un de nos joueurs, qui a organisé un vol charter par une connaissance. On est arrivés à 10h du soir. Sans cela, on serait parti le lendemain, mais il y a plus de six heures de route, Fribourg ce n’est pas à côté, alors qu’on jouait à 15h30, donc pas idéal pour préparer un match. Dominique s’était mué en manager !

Le coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Gilles Cioni, au Paris FC. On a joué ensemble deux ans là-bas. J’avais même été à son mariage. Ensuite à Laval, j’avais joué contre lui quand il était à Bastia. A Paris j’avais un très bon contact avec lui, c’était même mon camarade de chambre en déplacement. On a perdu un peu contact quand je suis parti en Allemagne. On avait créé des liens, puis on s’est un peu perdu de vue.

L’entraîneur qui t’a marqué ?
Quelque part, beaucoup d’entraîneurs marquent, ils nous apportent tous. Mais mon coach actuel, Thomas Letsch. Je trouve sincèrement qu’il a beaucoup de choses pour être un très, très bon entraîneur. Tant sur le plan humain, que tactique, connaissance du foot. C’est l’un des plus complets que j’ai eu. Et je dirais Claude Robin, un de mes premiers entraîneurs, en réserve de Saint-Etienne. Il m’a donné sa confiance en moi, ce qui a fait qu’Elie Baup m’a convoqué après à l’entraînement en équipe première. Un 3e, ce serait Philippe Hinschberger à Laval, en Ligue 2, j’ai vraiment adoré les deux années avec lui.

Un président marquant ?
Philippe Jan, à Laval, très gentil, proche des joueurs, ça a été un président proche de nous, il faisait les voyages en bus, il m’a marqué. En Allemagne, c’est un autre management, le président s’occupe moins du sportif, il y a le directeur sportif pour ça, et donc on les voit un peu moins.

Le stade qui t’a le plus impressionné ?
En France, je crois qu’il n’y a pas photo, c’est Lens. Bollaert, même en Ligue 2, jouer là-bas c’était formidable, impressionnant, il y a un engouement. En Allemagne, il y a plein de stades où on se dit « woaw, quelle ambiance ». J’ai joué la semaine à Francfort, les fans ont une sacrée réputation. Sinon, y’a un stade, qui est un peu plus petit, où il y a toujours une ambiance formidable, c’est l’Union Berlin (Stadion An der Alten Försterei, « À la vieille Maison forestière »). Après j’ai joué à Dresde, et quand j’ai débarqué là-bas… Mon premier match, j’ai eu la chair de poule, les fans étaient fous. Les nôtres à Bochum sont tops aussi.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : Vfl Bochum

L’attaquant du Nîmes Olympique (Ligue 2), formé à l’OGC Nice, s’est révélé sur le tard, et n’a signé son premier contrat pro qu’à l’âge de 29 ans. Depuis, il prolonge le plaisir. Mais avant cela, il a connu le monde amateur, notamment à Calvi, où il aurait pu succomber aux tentations.

C’est une petite ombre à son CV, pas suffisamment grosse pour occulter le reste de sa carrière. D’ailleurs Malik Tchokounté ne s’en offusque pas.

Cette ombre, c’est ce chiffre : zéro. Comme le nombre de but qu’il a inscrit, ou plutôt qu’il n’a pas inscrit, lors de la saison 2018-2019, la seule de sa carrière en Ligue 1, avec le Stade Malherbe de Caen. « C’était incroyable ! » se souvient ce grand gabarit d’1,91m, qui avait cependant marqué en coupe de France.; « J’ai eu les poteaux, deux ou trois buts refusés par le Var ! Mais, sinon, oui ça va, je m’en suis bien remis (rires) ! »

Formé à l’OGC Nice

Photo Nîmes Olympique

Oui, Malik Tchokounté a joué en Ligue 1 ! Sur le tard. A 29 ans. Ce n’est pas lui faire injure de dire que, à l’époque du centre de formation de l’OGC Nice, quand il jouait chez les « Nationaux » puis en réserve en CFA, il n’était pas nombreux à miser sur lui, à le voir jouer au top niveau. Et pourtant !

Bien sûr, Malik, qui a aujourd’hui 34 ans, a pris son temps. Presque dix ans. Entre le moment où il est parti de sa ville natale – qu’il vient retrouver assez régulièrement – et de son club chéri, l’OGC Nice, en 2008, et son premier match en Ligue 1, au Parc des Princes, face au PSG, sous les couleurs de Caen, en 2018 (3-0), il s’est écoulé 10 ans tout pile !

L’Angleterre et le FC Thurrock, sur les bords de la Tamise, à l’est de Londres, en 5e division, où il s’est exilé pendant une saison, Calvi (deux saisons en CFA2 puis deux autres en CFA) puis Dunkerque, là où il a « éclos » en National, notamment lors de sa quatrième saison (12 buts en 28 matchs), dans une division de plus en plus suivie : Malik a progressivement franchi les étapes.

Photo Nîmes Olympique

Avant sa douzaine de buts à Dunkerque, il y avait déjà eu ce titre de meilleur buteur avec Calvi en CFA (15 buts en 33 matchs) lors de la saison 2012-13, dans la poule… nord, en compagnie de Dunkerque justement, futur promu en National : « Dunkerque m’avait impressionné en championnat. On voyait bien qu’ils avaient une rigueur supérieure aux autres équipes de notre poule. J’avais fait deux bons matchs contre eux (Malik avait inscrit un doublé à l’aller à Tribut, 2-2). A la fin de la saison, ils sont montés en National et leur coach, Fabien Mercadal, m’a appelé. Le courant est bien passé. D’autres clubs de National m’avaient appelé. Vu que je connaissais l’équipe, et aussi quelques joueurs, avec lesquels on était sorti à Calvi après le match (rires !) et avec qui j’avais bien sympathisé, je me suis renseigné auprès d’eux ! Je n’ai pas hésité ! Je suis revenu jouer à Dunkerque en 2020, en Ligue 2, dans le nouveau stade Tribut …. Oh la vache ! Quand tu as connu l’ancien stade, celui-là, c’est le Camp Nou ! »

« Je suis tombé sur les bons coachs »

Photo Nîmes Olympique

Malik a pris son temps et, surtout, il a écouté et retenu les leçons du passé. Celles apprises au Centre de formation, à Nice : « C’est vrai que quand j’avais 19 ans, à l’époque, en CFA, je voyais que la route était longue pour y arriver. Je n’avais pas le niveau pour passer pro à Nice, il faut être honnête, et puis, à ce moment-là, le foot était moins spéculatif. On ne signait pas un contrat « en espérant que ». Donc il a fallu que je passe par la case « amateur », que je franchisse des paliers, que je grimpe de divisions en divisions. Il a fallu aussi que je tombe sur les bons coachs au bon moment (Didier Santini à Calvi, Fabien Mercadal à Dunkerque). Mais je pense que j’avais le bon comportement aussi : parce que, quand j’étais à Calvi, si je n’avais pas appris cette rigueur au centre de formation de Nice, j’aurais pu rester un joueur de CFA. C’est juste que j’ai toujours gardé cette discipline que m’ont inculquée Laurent Bonadei, René Marsiglia et Fred Gioria. Tout ce qu’ils m’ont appris, je m’en suis servi chez les amateurs. Quand je suis arrivé en National, à Dunkerque, j’ai vu que c’était beaucoup sérieux, je passais déjà un cap là. »

Sur les bords de la Tamise

Photo Nîmes Olympique

Dix ans avant de connaître la Ligue 1, donc, et aussi neuf ans avant de signer son premier contrat pro, au Paris FC, repêché en Ligue 2 en 2017 après le dépôt de bilan du Sporting-club de Bastia. « Après ma dernière saison à Nice (2007-2008), même si je n’ai pas signé pro, René Marsiglia, le directeur du centre, m’a félicité, car il trouvait que j’avais progressé après une saison au Cavigal Nice, en 18 ans Ligue. Le club m’avait gentiment repris à l’entraînement la saison après mon départ du Centre, en 2009, et d’ailleurs, René Marsiglia voulait me refaire signer en CFA pour être un cadre avec les jeunes qui arrivaient derrière. René Ricort, le directeur sportif, n’a pas voulu. Du coup, je suis parti en Angleterre, au FC Thurrock, par l’intermédiaire d’un agent, où j’ai passé 6 mois. Quand je suis revenu, j’ai fait des essais à Gap, à Marseille-Consolat puis à Calvi, et c’est comme ça que je suis arrivé en Corse à la fin de l’été 2009. Avec Calvi, ça l’a fait tout de suite ! »

L’histoire avec l’île de Beauté est à ce point idyllique que c’est le malheur du Sporting-club de Bastia, qui a déposé le bilan en 2017, qui a fait le bonheur du Paris FC et par conséquent celui de Malik, champion du Monde CONIFA en 2014 avec le comté de Nice (*), qui a pu, par le jeu des chaises musicales, signer son premier contrat pro !

Fabien Mercadal : « Un joueur et un homme fiable »

Avec Calvi. Photo Philippe Le Brech

« Malik, c’est un joueur et un homme fiable » témoigne Fabien Mercadal, le coach qui l’a pris sous son aile à Dunkerque, avant de l’emmener dans ses valises au Paris FC et à Caen. On a une relation forte. On partage les mêmes valeurs et la même vision du football. Il fait partie des bons mecs que j’ai pu rencontrer dans le foot. Et puis sur le terrain, il joue pour l’équipe, il aide à défendre, il est d’humeur égale. Beaucoup disent qu’il est besogneux mais il a du talent. Cette saison avec Nîmes, il en est à 10 buts déjà (en 28 matchs), alors qu’il n’a pas beaucoup joué titulaire ces derniers temps. A Caen, il avait été recruté pour être un joueur de complément en attaque mais avec les départs de Rodelin et Ivan Santini, il s’est très vite retrouvé exposé. »

Même son de cloche du côté de Didier Santini, l’actuel coach de Rodez (L2) qui, dans les colonnes du Parisien, avait confié en 2017 : « Malik, humainement, est d’une extrême gentillesse. A Calvi, il avait des petits jobs à côté, serveur, surveillant. Partout où il est passé, il a fait l’unanimité. Il n’est pas égoïste. Il est toujours dans le sacrifice pour son équipe. Pour un coach, c’est le joueur rêvé. »

*La Coupe du monde de football ConIFA est un tournoi international de football pour les États, les minorités, les apatrides et les régions non affiliées à la FIFA organisée par ConIFA.

Ligue 2 (30e journée) : samedi 8 avril 2023, à 19h, au stade de la Licorne : Amiens (11e, 37 points) – Nîmes Olympique (18e, 29 points)

Malik Tchokounté, du tac au tac

« J’aurais rêvé d’être pro à l’OGC Nice ! »

Malik Tchokounté lors de la saison 2014-2015 à Dunkerque. (Photo A.B.)

Meilleur souvenir sportif ?
La coupe du monde avec la Selecioun en 2014, on avait une belle équipe de copains ! Y’en a eu des rigolades là !

Pire souvenir sportif ?
La descente avec Caen de Ligue en Ligue 2, à la dernière journée, contre Bordeaux : il fallait un nul, et on perd…

Plus beau but ?
C’est un but refusé (rires) , contrôle poitrine retourné et lucarne opposée avec Caen, en Ligue 2, contre Le Havre ! Il était valable pour moi mais y’avait un joueur du Havre juste à côté qui a fait semblant de mettre la tête alors qu’il était à un mètre de l’action, mais l’arbitre l’a refusé.

Tes débuts au football ?
En fait, j’ai commencé officiellement le foot à 5 ans et officieusement à 4 ans à l’école de foot de à l’OGC Nice, où je suis resté près de 15 ans. Quand j’avais 4 ans, je me faufilais dans les entraînements et l’éducateur, Lionel, me prenait alors que je n’avais pas le droit de jouer, car je n’avais pas 5 ans ! Je n’avais même pas de licence ! Mais comme y’avait mon frère qui jouait, il nous prenait tous les deux ! Je suis parti une saison en 18 ans Ligue au Cavigal parce que Gérard Buscher ne voulait pas de moi et je suis revenu à l’OGC Nice la saison suivante, grâce à René Marsiglia et Fred Gioria. Lionel, l’éducateur, je l’ai revu après en Corse : quand j’étais à Calvi, lui était à Bastia.

Avec la Selecioun du comté de Nice en 2014. (Photos Y. F.)

Le but le plus important de ta carrière ?
Mon premier en pro avec le Paris FC, en Ligue 2, contre Auxerre.

Plus beau loupé ?
Je n’ai pas de souvenir, comme ça, qui me vient… non !

Pourquoi as-tu choisi d’être attaquant ?
On m’a mis à ce poste-là dès que j’ai commencé : quand j’étais jeune, j’étais plus grand et plus costaud que ceux de mon âge, et plus rapide aussi, je dis bien, à l’époque hein (rires) !

Première fois dans un grand stade en tant que spectateur ?
C’était au stade du Ray, à Nice, dans les années… j’avais 4 ou 5 ans, c’était quand Samuel Ipoua (international camerounais passé ensuite par l’Inter Milan, et Toulouse notamment) jouait, dans les années 90. Je me souviens bien de cette époque et de lui ! C’était mon attaquant préféré !

Ton geste technique préféré ?
Double contact, je le fais souvent ça !

Avec Calvi. Photo X. R.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités : mon jeu dos au but, la finition. Défauts : la profondeur (rires) ! Je ne vais pas avaler tous les espaces, hein ! Mais je le fais, quand même !

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir à jouer ?
Au Paris FC, la première saison, en Ligue 2 (2017-2018).

Le club où tu n’aurais pas dû signer, l’erreur de casting ?
Non, aucun; je ne regrette aucun de mes choix.

Le club où tu as failli signer (y a prescription aujourd’hui, tu peux le dire !) ?
Juste avant de signer au Paris FC, en 2017, après mes 4 saisons à Dunkerque, je devais signer au Red Star, qui venait de descendre en National. Y’avait un contrat pro qui m’attendait. Le Paris FC a su que je partais de Dunkerque, ils m’ont contacté, et le coach, Fabien Mercadal, m’a dit qu’il y avait peut-être des chances que Bastia soit rétrogradé (relégué de L1 en Ligue 2, le SC Bastia a finalement été rétrogradé en N3 et le Paris FC, battu aux barrages d’accession en L2 par Orléans, a été repêché, Ndlr) et que le Paris FC monte. Et voilà ! C’est le meilleur choix que j’ai fait ! Cela a été mon premier contrat professionnel. C’est fou, parce qu’en plus, avec Dunkerque, on perd la 3e place synonyme de barrage à la dernière journée de championnat chez nous, contre Boulogne (3-3), au profit du… Paris FC ! C’est dingue !

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
L’OGC Nice, évidemment !

Le club où tu ne pourrais pas jouer ?
L’OM, trop dur (rires) !

Un stade et un club mythique pour toi ?
Manchester United et Old Trafford, j’adore ! Je suis un fan des années Ferguson !

Photo Nîmes Olympique

Un public qui t’a marqué ?
Lors de mon premier match en Ligue 1, avec Caen, on a joué au Parc des Princes, c’était incroyable, alors pas tant au niveau de l’ambiance, mais je sentais le poids du club, le poids de l’histoire, le stade est fait d’une telle façon que… C’était plein à craquer. Après, en termes d’ambiance, je dirais Saint-Etienne, Lens, Strasbourg. Et Marseille aussi, j’ys suis allé avec Caen encore, c’était pas mal du tout, même si pour eux, jouer contre nous, c’était un petit match (rires).

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un, mais tu as droit à 2 ou 3) ?
Yohann Mallo. C’est mon meilleur ami. J’ai joué avec lui au centre de formation à Nice. Il est toujours à Nice. Il travaille dans la restauration. Il avait joué un an à Nîmes aussi, en réserve. Il était chez moi y’a quelques jours.

Le coéquipier avec lequel tu avais (ou tu as) le meilleur feeling dans le jeu ?
A Dunkerque, avec Ilan Kebbal, en Ligue 2, c’était vraiment pas mal. Avec Julien Lopez au Paris FC. Et Dimitri Boudaud aussi (Dunkerque). J’ai souvent joué seul devant ! Donc c’est pour ça, je cite plutôt des bons petits numéros 10.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
La charnière centrale Marquinhos -Thiago Silva au PSG, leur complémentarité, c’était impressionnant, ils se comprenaient sans se parler, juste en se regardant. C’était dingue à voir ! Et aussi Pêpê à Lille, cette saison-là, il marchait sur la Ligue 1 ! Je l’avais croisé et affronté quand il jouait à Orléans, en National, et quand je l’avais revu, je lui ai dit « Waouh, t’as bien avancé depuis le temps ! »

Photo Nîmes Olympique

Le coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué ?
Fayçal Fajr, à Caen. C’était quelque chose. On parlait souvent de l’époque où il avait joué à Fréjus, en National, parce que j’ai de la famille à Fréjus, et il habitait dans le quartier où habite ma grand-mère, juste à côté de l’ancien stade Pourcin et du gymnase. Et Ronny Rodelin aussi, à Caen, mais on a juste fait la préparation ensemble avant qu’il ne parte à Guingamp en début de championnat.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Je suis en contact avec tous sauf… Laurent Bonadei (adjoint d’Hervé Renard en équipe de France féminine), j’aimerais bien le revoir. Je l’ai eu à Nice en 15 et 16 ans : c’est le premier coach qui m’a fait ressentir ce côté « professionnalisme », voilà, avec lui, j’ai senti que ça y était, on n’était plus dans l’amusement avec les copains, je rentrais au centre de formation, on avait basculé dans le milieu professionnel. Il m’a beaucoup aidé, je sortais de ma période de pré-formation. Récemment j’ai croisé Alain Wathelet, qui était le directeur du centre. Sinon, je suis toujours en contact avec Didier Santini, que j’ai eu à Calvi et à Dunkerque, et aussi Fabien Mercadal (Dunkerque, Paris FC, Caen).

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Franchement, aucun.

Un président marquant ?
Ahhh à Calvi, le binôme, René Navarro et Didier Bicchieray, tous les deux, c’était énorme (rires) ! Des bons présidents ! Ils m’ont marqué à vie ! Je suis toujours en contact avec eux, et toujours bien reçu quand je vais en Corse. Calvi, c’était vraiment spécial !

Une causerie de coach marquante ?
La première causerie de Pascal Dupraz quand il a repris Caen en Ligue 2 (Dupraz avait remplacé Rui Almeida en octobre 2019). Son discours d’arrivée. Du Dupraz dans le texte ! Quand il a pris le groupe en main, il nous a remerciés d’avoir sous-performé les semaines précédentes, parce que, comme il l’a dit, ça lui a permis d’avoir du travail et que c’était grâce à nous qu’il était là !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Oui, Rui Almeia nous a demandés de faire des appels du bout du monde (!), une méthode qui n’a pas fonctionné du tout à Caen. Ce n’était pas facile d’appliquer ses consignes.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
J’en ai deux belles avec Caen et Calvi, mais je ne peux pas les raconter (rires). A Calvi, waouh, c’était très très très festif, y’avait des joueurs qui aimaient faire la fête (rires) ! C’était dur de rester concentré sur le football !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Hugo Lloris.

Combien de véritables amis dans le foot ?
J’en ai pas mal ! J’en ai gardé partout dans les clubs où je suis passé. A Calvi (il compte), je dois en avoir une dizaine, c’est pour dire à quel point on s’est bien amusé (rires), au Paris FC aussi, une dizaine, Dunkerque, vu que je suis resté quatre ans, j’en ai gardé beaucoup, à Caen aussi, franchement, vraiment proches, j’en ai beaucoup, entre 5 et 10 par clubs !

Combien de carton rouge ?
Un seul, avec Dunkerque, pour une altercation avec le gardien d’Epinal, en National.

Une devise ?
Pas spécialement, mais à chaque fois, avant de commencer un match, je me dis que tout peut se passer, même le pire des scénarios peut se retourner en faveur de mon équipe, donc, il ne faut rien lâcher. Voilà, c’est ça, ne rien lâcher.

Un chiffre (signification) ?
Le 18.

Un plat, une boisson ?
Le poulet braisé alloco et pour la boisson, le bissap.

Tes passions, tes hobbies ?
Je suis bien occupé avec la naissance de ma deuxième fille, qui a un mois, Keyssi (sa première fille, Elyah, a 2 ans et demi) sinon c’est beaucoup le foot, la famille. Elyah est née à Caen, Keyssi à Nîmes. On aime bien les prénoms avec des « Y » (rires).

Qu’est-ce qui t’a manqué pour être un joueur de Ligue 1 ?
De me maintenir avec Caen, ça m’aurait peut-être permis de gratter quelques saisons de plus.

Un modèle d’attaquant ?
J’adorais R9 (Ronaldo), c’était mon idole, même si je n’ai pas du tout le même style de jeu que lui. Sinon, le style d’attaquants que j’aimais, c’était Bobo (Christian) Vieri, Ruud van Nistelrooy et Patrick Kluivert. Des costauds, des attaquants de surface, des finisseurs ! Je regardais tout le temps leurs matchs.

Tu es un attaquant plutôt…
Un attaquant qui pèse !

Une idole de jeunesse ?
Ronaldo (le Brésilien). Et Nicolas Anelka.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
J’aurais certainement été gendarme mobile, parce que j’avais un oncle qui faisait ce métier. C’était mon modèle. C’est ça que j’avais en tête quand j’étais petit.

Pas plagiste à Calvi ?
(Rires) ! Après, peut-être que j’aurais dévié (rires) !

Le milieu du foot, en deux mots ?
Merveilleux et impitoyable.

Textes : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photo couverture : Nîmes Olympique .

Jamais les présidents n’avaient autant remercié de techniciens que depuis cette saison ! La réforme des championnats n’est pas étrangère à ce phénomène devenu presque monnaie courante. Raymond Domenech, le président de l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs, monte, une fois encore, au créneau.

 

L’humeur de Jean-Michel Rouet

« Une réforme aux (trop) lourdes conséquences »

C’est l’une des conséquences majeures de la réforme en cours des championnats nationaux : à sept journées du terme, 80% des clubs de National (6 descentes) et de National 2 (5 descentes par groupe plus les deux plus mauvais 11e) sont toujours concernés par la relégation !

Avec tous les enjeux sportifs et financiers qui en découlent, la très grande majorité des matches va donc avoir lieu sous très haute tension, sur le terrain comme dans les tribunes, avec une pression maximale mise sur les arbitres, souvent jeunes et parfois inexpérimentés à ce niveau, notamment en N2.

Etait ce bien nécessaire ? L’objectif officiellement déclaré de la réforme par les responsables fédéraux est une meilleure compétitivité des championnats.

L’argument laisse sceptique. Il n’y aura plus que 48 clubs de N2 en 2025 (trois groupes de seize) alors qu’au même quatrième échelon de la hiérarchie il y en a 90 en Espagne, 97 en Allemagne et 162 en Italie ! Le football de ces pays là est-il inférieur au nôtre ? Évidemment pas. Il n’y a certes que 24 clubs en D4 anglaise (League Two) mais il s’agit d’un championnat professionnel à poule unique…

Le pire est pourtant devant nous. Lors de la saison prochaine, le National 2 perdra encore un tiers de ses effectifs !!!! Il y aura en effet cinq relégations pour chacun des quatre groupes (ramenés à 14 clubs) plus le plus mauvais neuvième. Rapporté à la Ligue 1, cela signifierait 6 ou 7 relégations et on imagine aisément le tollé outragé que cela susciterait dans l’élite.
Curieusement, en France, la réforme de la FFF est presque passée comme une lettre à la poste, peut-être parce que les clubs n’en mesurait pas exactement la portée quand elle a été décidée.

Aujourd’hui, elle est là et elle terrorise les clubs menacés de déclassement : les Vannes, Chartres, Louhans Cuiseaux, Moulins Yzeure, Andrezieux-Bouthéon et même Toulon pourraient être éjectés d’un niveau qu’ils fréquentent depuis très longtemps. Et si le championnat s’arrêtait aujourd’hui, il n’y aurait plus que cinq réserves professionnelles en N2 !
Plus grave encore, en 2025, 76 clubs auront été rayés des championnats nationaux, de la Ligue 1 au National 3*. C’est à dire 76 entraîneurs poussés dehors, pour beaucoup vers le chômage, et au moins autant d’entraîneurs adjoints, d’entraîneurs de gardiens, de préparateurs physiques… Au moment même où, funeste incohérence, on n’a jamais autant formé de techniciens.

On ne parle même pas des entraîneurs qui seront encore beaucoup plus nombreux à perdre leur job en cours de saison – déjà 53 cette saison de la Ligue 1 au National 3 (64 si l’on y ajoute le Régional 1) selon l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs**- poussés dehors par des présidents effrayés par la perspective d’une relégation lourde de conséquence.
Et où iront se recaser ces centaines de jeunes, non conservés par les centres de formations et qui jusque là trouvaient en National, N2 ou N3 des alternatives acceptables et un moyen de continuer à vivre de leur passion ?

Les employeurs se feront de plus en plus rares, et pour un grand nombre d’entre eux, ce sera direction les championnats régionaux … ou la case Pôle Emploi.

Bref, le football français est en train tout simplement d’organiser un chômage de masse, et ça laisse pantois.

*La réforme des championnats :

  • Ligue 1 : de 20 à 18 clubs dès la saison 2023-2024
  • Ligue 2 : de 20 à 18 clubs dès la saison 2023-2024
  • En 2025-2026 : un groupe de National (ou Ligue 3) de 18 clubs, trois groupes de National 2 de 16 clubs (soit 16 clubs en moins) et huit groupes de National 3 de 14 clubs (soit 56 clubs en moins).

*L’Unecatef a fourni une liste peut-être non-exhaustive du nombre d’entraîneurs virés depuis le début de la saison 2022-2023, sans être tout à fait certaine que, pour le Régional 1, celle-ci soit à jour. Cette liste est à découvrir ci-dessous.

INTERVIEW

Raymond Domenech : « L’Unecatef a le cul entre deux chaises »

Et si Cris, l’entraîneur de Versailles, devenait le 12e entraîneur remplacé cette saison en National, en cas de nouveau revers de son équipe vendredi à Saint-Brieuc ? Ne riez pas, c’est très sérieux.

L’on ne souhaite évidemment pas à l’ancien entraîneur du Mans (cette saison également) d’être viré une seconde fois en neuf mois, mais avec ce championnat National, complètement fou, et avec ces présidents, complètement affolés à la moindre anicroche, permettez-nous d’envisager ce scénario.

Unique dans les annales, cette saison 2022-2023 l’est à coup sûr. Selon l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs, 64 techniciens ont été virés, remerciés, remplacés, appelez-ça comme vous le voulez, depuis les premières journées des championnats de la Ligue 1 jusqu’au Régional 1. L’Unecatef met cependant un bémol sur le sixième niveau (R1), où les données sont plus incertaines.

C’est donc du jamais vu, et cela témoigne de la précarité de ces postes, de la difficulté du métier et aussi d’une politique de l’urgence menée par des présidents qui prennent peur dès le deuxième faux pas d’affilée. La réforme des championnats nationaux est évidemment l’une des explications à cette flambée des coachs virés : rendez-vous compte, en National, Sedan et Cholet, respectivement 6e et 7e avec 38 points à 7 journées de la fin, ne sont qu’à 5 points du 13e, Bourg-en-Presse/Péronnas, premier relégable. Il y a un mois encore, Sedan et Cholet lorgnaient le haut de tableau…

Aujourd’hui, il n’existe quasiment plus de « ventre mou ». Tout le monde, ou presque, joue quelque chose. L’exemple de la poule D de National 2 est éloquent : entre le 4e, Saumur, et le 12e, Andrézieux, il n’y a que 4 points d’écart !!! C’est simple, dans cette poule, 13 des 16 équipes sont concernées par la descente tandis que les 3 premiers, Les Herbiers, Bergerac et GOAL FC, se disputent l’accession en National (les trois clubs se tiennent en 2 points).

Président depuis 2016 de l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs professionnels et amateurs, qui compte selon les saisons entre 800 et 1000 adhérents, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, Raymond Domenech, a accepté de répondre à nos questions autour du thème de « La valse des coachs », qui continue puisque pas plus tard que lundi dernier, trois techniciens ont encore été remerciés, deux en Ligue 2 (Philippe Hinschberger à Amiens et Omar Daf à Dijon) et un en National 2 (Eric Rech à Toulon). Qui sera le prochain ?

13 heures foot : L’Unecatef, que vous présidez, a communiqué le chiffre de 64 entraîneurs limogés depuis le début de saison, de la Ligue 1 au Régional 1 : qu’est-ce que cela vous inspire ?
Raymond Domenech : On n’a réellement fait le décompte que depuis cette saison, alors que les saison précédentes, on ne s’en tenait qu’aux divisions les plus élevées, Ligue 1, Ligue 2, et on ne parlait pas trop des entraîneurs des niveaux en dessous. Là, on a « globalisé ». Le chiffre est important, c’est vrai. Il signale une fragilité de ce poste et une impatience des dirigeants qui s’imaginent qu’à chaque fois qu’ils vont virer quelqu’un, ils vont en trouver un autre qui va faire des miracles; OK, ça arrive de temps en temps, et c’est bien ça le problème, car y’en a certains qui réussissent, mais ce n’est pas la règle en général. Souvent, le « fonds » de l’équipe est là, ça reste toujours compliqué.

Cette saison, vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a une énorme refonte des championnats : n’est-ce pas aussi l’une des causes de ces licenciements. On voit des présidents prendre peur…
Avec cette réforme, l’objectif est de resserrer l’élite. Il faut essayer de créer des championnats avec des équipes solides, qui ont toutes les capacités à exister dans leurs championnats respectifs. Dans 2 ou 3 ans, tous les clubs qui seront en National (ou en Ligue 3 si ce championnat voit le jour, Ndlr), auront, pour la plupart, évolué en Ligue 2, donc l’idée c’est de le professionnaliser. On va perdre environ 70 clubs dans les championnats nationaux amateurs (72 en N2 et en N3, Ndlr). C’est ce passage-là qui est compliqué, car ça fait beaucoup, mais ce n’est pas notre idée. Quand on nous a donné la réglementation, on s’est dit qu’il allait y avoir beaucoup d’entraîneurs en souffrance. Nous, on subit la réforme de la même manière. On espère que ça va vraiment professionnaliser la profession d’entraîneur, et pas la mettre en péril, c’est plutôt comme ça que je le vois, plutôt qu’un émiettement sur plusieurs divisions. Mais tout ça, on ne le sait pas encore : on verra quels seront les effets de cette réforme sur les joueurs, sur les championnats, sur les entraîneurs, sur les encadrements, les staffs, les préparateurs athlétiques, les analystes vidéo, les entraîneurs des gardiens, etc., puisque l’impact va bien au-delà du simple entraîneur.

« Un coach viré = un coach qui va trouver une place »

Avec la professionnalisation du National, est-ce la fin aussi de belles histoires ? La fin du rêve pour certains « petits » clubs ?
En général, les clubs qui accèdent en National sont solides, organisés, avec des gens compétents; c’est pas la bande de copains qui arrivent comme ça, il y a une structuration en amont.

Cette saison, en Ligue 1, on a des exemples édifiants de changements réussis avec les arrivées de Will Still à Reims, de Michel Der Zakarian à Montpellier, de Didier Digard à Nice et même d’Eric Roy à Brest. Ce n’est pas une bonne publicité pour l’Unecatef…
C’est vrai qu’avec Didier et Michel, on a deux exemples de coachs arrivés en cours de saison qui réussissent, qui ont transformé l’équipe, même à Brest aussi, avec Eric (Roy) qui a redonné de l’espoir, donc ça peut arriver, mais, encore une fois, pas systématiquement. En général , il y a un effet immédiat, et après ça retombe. Mais nous, on est mal placé au niveau du syndicat : un entraîneur viré, cela veut dire qu’un autre va trouver un emploi, va lui prendre la place. Que peut-on dire ? Ce sont les dirigeants qui choisissent et nous, à l’Unecatef, on a un peu « le cul entre deux chaises ». Je n’interviens que quand celui qui prend la place de l’entraîneur viré n’a pas de diplôme : là, c’est le rôle du syndicat. Le reste du temps, que peut-on dire au club ? Bravo ? Au lieu d’en payer un seul vous allez en payer deux ?

« Jean-Pierre Cailllot est à côté de la plaque »

Vous parliez de Didier Digard : récemment, dans une interview sur Canal +, vous avez pointé du doigt Will Still et Didier Digard, qui n’ont pas leur diplôme, et les amendes que paient les clubs pour qu’ils puisse s’asseoir sur le banc à chaque match de Ligue 1 (25 0000 euros), une somme selon pas assez élevée et pas assez dissuasive selon vous…
Je suis content que vous ayez associé les deux noms, car on a eu l’impression que je faisais une fixette sur l’un plutôt que sur l’autre… Mais ce n’est pas une « sortie » contre eux, mais contre un système qui permet ça. L’exemple de Didier Digard est extraordinaire : c’est la DTN et la Fédération qui lui permettent d’entraîner en Ligue 1, et quand il est arrivé en Ligue Europa Conference, il n’a pas pu s’asseoir sur le banc, car il n’était pas inscrit en formation, alors que son club a eu deux mois pour se mettre à jour. L’UEFA a des mesures bien plus draconiennes. Moi, je dénonce le système pour protéger les entraîneurs mais ce n’est pas le syndicat qui impose les règles. C’est la Fédération.

Le président de Reims, Jean-Pierre Caillot, vous a répondu à sa manière après votre sortie contre Will Still…
Il a répondu à côté de la plaque. Il n’a pas dû écouter toute mon interview, car j’ai été bien plus critique envers la situation de Didier Digard qui lui, n’était pas encore inscrit à la formation, que pour celle de Will Still, qui, lui, était inscrit; s’il avait écouté l’interview en entier, il aurait relativisé tout ce que j’ai dit. Mais ce n’est pas grave, j’ai l’habitude.

« Je lutte contre les coups de poker »

Hormis dénoncer, quels sont les leviers de l’Unecatef ?
On n’a pas d’autre moyen de pression, on n’est pas un organe statutaire. On est là pour défendre les entraîneurs diplômés. Didier (Digard), quand il était entraîneur du centre de formation de Nice, il pouvait être syndiqué, on aurait pris en charge tous les problèmes qu’il aurait pu avoir à ce niveau-là, après, il prend un nouveau poste, sans avoir la compétence, et ça marche, tant mieux pour lui et aussi pour nous, ça fait un renouvellement : il faut qu’il s’inscrive, y ‘a une loi, qui est établie par la Fédération. C’est un minimum. Avec l’UEFA, y’avait même pas d’amende, puisqu’il n’avait pas le droit d’être sur le banc. Point barre. Donc quelque part, il faut souligner le fait que la Fédération laisse l’opportunité à de jeunes entraîneurs, temporairement, d’essayer, de voir : avec Didier, c’est un coup de poker. Ils l’ont essayé pendant quelques matchs, ils ont cherché quelqu’un et puis comme ça marchait bien, ils ont un peu attendu, et après, voyant que le coup de poker fonctionnait ils le gardent jusqu’à la fin de la saison. Mais moi, je lutte contre les coups de poker, car ça met les clubs en danger. Il a eu cette opportunité en France, il n’aurait pas pu l’avoir dans aucun autre pays du monde : on devrait plutôt souligner la possibilité qu’on a dans notre pays d’accéder, de grimper à travers les opportunités, sans avoir le diplôme.

Souvent, c’est une économie aussi pour les clubs, qui préfèrent payer des amendes…
C’est vrai qu’il y a un aspect financier aussi pour le club : il en profite pour le payer moins que le salaire minimum prévu par la charte puisqu’il n’a pas le diplôme. C’est un avantage pour le club à qui ça revient moins cher. C’est bien pour ça que les amendes, qui vont dans le budget de la Ligue Nationale, devraient être beaucoup plus chères pour être dissuasives. C’est d’ailleurs un vrai problème, car c’est budgétisé dans les clubs, alors que les amendes sont aléatoires.

En fait, il n’y a que dans le football que l’on voit ça…
Le vrai problème, c’est quand l’entraîneur viré est remplacé par un entraîneur qui n’a pas le diplôme ou qui a un diplôme non requis pour la compétition dans laquelle il officie. Là, ça rentre dans notre champ de compétence. On défend l’effort fait pas ceux qui ont passé des diplômes car cela coute de l’argent, du temps, et ceux-là ont fait tous les efforts, contrairement à ceux qui sont mis en place et qui débarquent, parce qu’ils sont copains avec un président ou un agent ou qu’ils ont été adjoints et qu’ils sont « biens » avec les joueurs. Mais quelque part, pour moi, y a une forme d’injustice. On en revient toujours à la même chose : y-a-t-il beaucoup de métiers ou ça se passe comme ça ? Non ! Est-ce que l’on accepte qu’un étudiant en 5e année de médecine ouvre son cabinet à la place du médecin ? Non ! On est dans une situation où le diplôme n’est pas une garantie de compétence mais il est une garantie de formation. On travaille là-dessus, on défend ça.

Avec les présidents, ne peut-il pas y avoir plus de communication avec l’Unecatef ?
Quand un président a mis son argent personnel, bon, qu’est-ce qu’on peut dire ? C’est leur choix. C’est comme dans une société, il peut virer son DG et en prendre un autre. Dans la mesure où il le paye. Dans la mesure où celui qu’il prend à les compétences pour occuper le poste, nous, on n’a rien à dire là-dessus. C’est juste plus douteux quand un président est salarié, mais qu’il subit une pression énorme d’un fonds d’investissements par exemple; on voit des présidents-salariés qui sont virés d’ailleurs. Eux aussi sont sur des sièges éjectables.

« Il fallait montrer que l’Unecatef existait »

N’y-a-t-il pas non plus beaucoup trop d’entraîneurs étrangers ?
Le terme « beaucoup » est excessif; cette année, on a Marseille, Lille, Monaco, Reims, c’est une illusion de s’imaginer qu’on a beaucoup d’entraîneurs étrangers. Les Anglais, en comparaison, en ont beaucoup plus que nous. On ne le souligne pas assez.

A titre personnel, qu’est ce qui vous a poussé à candidater pour la présidence de l’Unecatef en 2016 ?
Je pensais qu’il y avait besoin de plus de représentativité. Il fallait montrer que l’Unecatef existait. Les compétences étaient là, parce que la structure fonctionnait bien, mais on manquait de visibilité et comme Joël (Muller, son prédécesseur) a eu envie de passer à autre chose, et que je faisais partie du comité, le passage s’est fait naturellement. Le poids que l’on a, c’est celui d’être écouté, d’avoir accès aux médias, et quand on est un syndicat, c’est nécessaire. On ne peut pas juste être dans le bureau, même si y a des gens qui y sont pour traiter les dossiers, bien entendu. Il faut aussi montrer qu’on est là.

C’est un rôle de représentation en quelque sorte ?
Je ne suis pas là que pour ça, je vous assure que je fais beaucoup de réunions, j’essaie d’être un peu partout, mais il y a ce besoin d’éclairage supplémentaire. Dans un syndicat, on le voit bien, on parle plus du président de la CGT ou de la CFDT que du syndicat lui-même, parce qu’il est le représentant, celui qui doit identifier, on en a besoin : Guy Roux, Joël Muller et José Arribas ont symbolisé le syndicat pendant des années. Il y a des gens qui vous représentent, qui vont dans des commissions pour défendre les intérêts de la profession; l’Unecatef est là pour représenter tous les entraîneurs, de tous niveaux, dans les instances, dans les commissions internationales, nationales, régionales, etc. Il est présent et discute de toutes les problématiques de l’entraîneur. Il a une vraie fonction syndicale et cela représente quelque chose.

« Réunir tous les entraîneurs, c’est compliqué, mais il y a l’AG pour ça… »

Lors de l’AG, en 2019.

Dans nos colonnes, Alain Pochat, l’ex-coach de Bourg-en-Bresse, en National, regrettait qu’il n’y ait pas plus de rassemblements d’entraîneurs, que l’Unecatef avait peut-être les moyens d’organiser un grand rassemblement…
Tous les entraîneurs disent la même chose quand ils ne sont plus en poste, et quand ils sont en poste, c’est compliqué de les réunir, parce qu’ils ont la tête dans le sac. Entraîneur, c’est un métier particulier, et quand on se retrouve seul, souvent, on a plein d’idées collectives. Le programme des DMVE (Dix mois vers l’emploi), que l’Unecatef a mis en place, c’est un peu ça, on en rassemble quelques-uns, que l’on accompagne, pendant un an. Après, pour le grand rassemblement, on a l’assemblée générale*, avec des intervenants, tous les ans : mais sur 800 adhérents, y’en a 100 qui viennent, donc voilà… Je sais bien que ce n’est pas évident de trouver une date pour tout le monde. D’ailleurs, même la DTN n’arrive pas à faire des recyclages groupés comme ça se faisait avant en Ligue 1 ou Ligue 2.

« Les présidents devraient passer par l’Unecatef plutôt que par les agents »

Vous parliez du « DMVE », c’est quoi exactement ce programme ?
Le DMVE (Dix mois vers l’emploi) est un programme inauguré en 2004 : à l’époque, Francis Smerecki et la DTN avaient initié cela et mis en place un programme commun de dix mois pour les entraîneurs qui n’avaient pas de poste, car rien n’était prévu pour eux. Il fallait les rassembler, ils étaient une vingtaine par an en général, et ça perdure. La base, c’est de recréer le lien et de les relancer.Car souvent, ils se retrouvent seul du jour au lendemain. On a travaillé là-dessus, via des rassemblements, pour recréer du lien et leur recréer du réseau; pour ceux qui sont passés dans cette formation, à 80 % ils ont retrouvé des clubs, car ils avaient repris confiance et recréé des compétences. C’est une très bonne idée.

Est-ce que l’on vous consulte parfois, pour donner votre avis sur un coach par exemple ?
Je passe toujours par le syndicat : on a une liste, on la donne et ils choisissent. Moi, je fais juste le lien. Mais ça arrive de temps en temps qu’on m’appelle bien que les présidents passent le plus souvent par les agents, ce qui est un tort. Ceux qui sont inscrits au syndicat, ils sont « fichés », y’a leur CV, leur parcours, tout. Si les présidents le demandent, on leur fournit la liste.

L’éviction de Corinne Diacre ? « Le procédé est discutable »

Raymond Domenech et Franck Haise, l’entraîneur du RC Lens.

Récemment, on a vu avec l’équipe de France féminine qu’une fronde de quelques joueuses pouvaient occasionner le limogeage de l’entraîneure, Corinne Diacre : que pensez-vous de la méthode ?
Ce n’est pas nouveau, sauf qu’avant, cela se faisait en interne. Mais maintenant, avec les réseaux sociaux, ça se fait de manière plus visible. J’ai connu plein de clubs où des joueurs décidaient de l’avenir de leur entraîneur, d’ailleurs, on le voit dans certains clubs où, tout d’un coup, des joueurs qui paraissaient être des morts vivants avec un entraîneur sont devenus des bombes atomiques avec l’entraîneur suivant. La différence dans votre exemple, c’est que les joueuses l’ont dit publiquement et là le danger est fort car l’image que ça donne, effectivement, c’est ça, c’est qu’elles ont tout pouvoir sur l’entraîneur. Comment va faire le nouvel entraîneur ? Il va falloir qu’il leur plaise, parce que sinon, elles diront qu’elles ne veulent pas de celui-là non plus, c’est compliqué (l’entretien a été réalisé 24 heures avant la nomination de Hervé Renard, Ndlr). Des difficultés entre coach et joueurs, ou entre coach et joueuses, ça arrive, c’est toujours arrivé, mais que, officiellement, les joueuses l’annoncent publiquement et que l’instance leur donne raison, c’est très délicat : là, on a ouvert la porte à tous les excès, à toutes les possibilités. C’est le procédé qui est discutable. C’est un vrai problème. Wendie (Renard), avec toutes les qualités qu’elle a, elle aurait dû ou pu le faire autrement.

« Entraîner en N3 ou en L1, ce n’est pas le même métier »

On a l’impression, également, qu’il n’y a pas beaucoup de turn-over, que ce sont toujours un peu les mêmes coachs qui passent d’un banc à un autre, on ne voit pas arriver beaucoup de jeunes techniciens…
Non, je ne pense pas que cela soit le cas, on voit des nouvelles têtes justement, des jeunes, comme Digard, Still, donc, et aussi Stephan, Le Bris. Vous ne pouvez pas dire qu’il n’y a pas de renouvellement, c’est une fausse idée : au contraire, le renouvellement des jeunes entraîneurs existe. Après, le jeunisme, c’est bien jusqu’à un certain niveau. Ces dernières années, y’a eu des jeunes qui sont apparus. Mais voir « des nouvelles têtes », ça c’est votre truc, à vous, les journalistes. C’est comme avec Didier Deschamps en équipe de France : il est champion, vous voulez quoi de plus ? Pourquoi mettre une nouvelle tête ? Cela me met en colère. Le président de M6 est compétent, il est là depuis 40 ans, pourquoi vouloir changer juste sous prétexte qu’il faut changer ? Si les gens sont compétents, ils restent.

En National 3 ou en National 2, il y a de très bon coachs, pourquoi ne pas les « essayer » plus haut : là encore, peu d’entre eux ont leur chance…
Mais est-ce qu’ils ont le diplôme ? Non ? Ceux qui ont le diplôme peuvent y accéder, pour les autres, ça va être compliqué, c’est logique, il y a des échelons à gravir, il faut performer. Je prends l’exemple de Christophe Pélissier, il est devenu entraîneur en Ligue 1 en gravissant les échelons, comme Guy Roux et Gérard Houllier aussi à l’époque. Entraîneur, c’est un métier de rêve, mais il n’y a que 20 postes en L1, 18 en Ligue 2, 16 en National, c’est normal que ce soit l’élite de la profession qui y officie : sinon, comment un président justifierait-il de prendre un entraîneur, aussi compétent soit-il, en National 2 ou en National 3 ou dans un centre de formation, qui a certes fait ses preuves à son niveau, mais qui n’a rien justifié au niveau professionnel ? Entre le National 3 et le haut niveau, y’a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte, ce n’est pas tout à fait le même métier.

* L’assemblée générale de l’Unecatef se tiendra lundi 22 mai 2023 à partir de 8h30 à l’auditorium de la FFF au 87 Boulevard de Grenelle – 75015 Paris.

Recueilli par Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr ou contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Unecatef

La liste des coachs virés (saison 2022-2023) de la L1 au N3

Liste communiquée par l’Unecatef

Ligue 1 : 12 changements
Lyon : P. Bosz (L. Blanc) / Auxerre : JM Furlan (Ch. Pelissier) / Brest : M. Der Zakarian (E. Roy) / Reims : O. Garcia (W. Still) / Montpellier : O. Dall’Oglio (R. Pitau puis M. Der Zakarian) / Troyes : B. Irles (P. Kisnorbo) / Angers : G. Baticle (A. Bouhazama puis A. Dujeux) / Strasbourg : J. Stephan (M. Le Scornet puis. F. Antonetti) / OGC Nice : L. Favre (D. Digard).

Ligue 2 : 6 changements (dont 1 volontaire)
Niort : S. Desabre (départ volontaire / Rui Almeida / B. Simondi / Rodez : L. Peyrelade (D. Santini) / Nîmes : N. Usaï (F. Bompard) / Dijon : Daf (P. Dupraz) / Amiens : P. Hinschberger.

National : 11 changements
Saint-Brieuc : D. Santini (K. Mokeddem); Paris 13 Atletico : J.-G. Wallemme (V. Bordot puis P. Moreira); Le Mans : Cris (R. Ray); Versailles : Y. Chibi (Cris); Châteauroux : M. Chabert (M. Flachez); Orléans : X. Collin (N. Usaï); Nancy : A. Cartier (B. Pedretti) / Dunkerque : R. Revelli (M. Chabert); FBBP01 Bourg-Péronnas : A. Pochat (J.L. Ancian intérim puis P. Moulin).

National 2 : 9 changements (dont un volontaire)
Bourges 18 : L. Di Bernardo (W. Prunier); Alès : S. Saurat (H. Malek); Chartres : J.-P. Papin (départ volontaire puis P.-Y. David); Colmar : J. Guerra/A. Bey (J.-G. Wallemme); Vannes : P. Talmont (T. Palmier); Andrézieux : A. Marcantei (J. Clément); Fréjus/Saint-Raphaël : C. Paquillé (J. Faubert); Granville : S. Didot (O. Cahoreau); Toulon : E. Rech (T. Bertin).

National 3 : 15 changements
Changé : A. Denis (K. Garnier puis L. Even) / Rousset : F. Amzar (N. Abdelali) / Dives : M. Chevreau (J. Le Pen) / Quétigny : B. Gilles (D. Clerval) / Feurs : O. Jurine et N. Chargui (F. Amghar) / Fougères : P.-Y. David (Th. Rébillon) / Libourne : F. Vallade (S. Adoue) / Saint-Nazaire : R. Lequilliec-B. Riailland (L. Duarte) / Le Havre Mont-Gaillard : J. Maheux (D. Dillain) / FC Balagne : D. Cvetkovic (N. Huysman) / Poitiers : X. Dudoit (G. Penoty) / Grand Quevilly : D. Fouquet (R. Colinet et M.Ben Zdira) / Limonest : N. Pinard (R. Reynaud) ; Haut-Lyonnais : R. Reynaud (R. Dedola et S. D’urbano).