L’ex-joueur emblématique du club héraultais vient d’être nommé, à 52 ans, à la tête de l’équipe seniors mise en redressement judiciaire, et future pensionnaire de Régional 2 ou 1. Un choix légitime tant il connaît la maison, où il a déjà passé 45 ans, comme sa poche. La reconstruction est en marche.
A Sète, il y a Georges Brassens, Benjamin Biolay, le canal royal avec ses restaurants et ses joutes, la fête de la Saint-Pierre (c’est en ce moment !), et bien entendu la macaronade et les tielles, les délicieuses spécialités locales.
Et à Sète, il y a aussi Christophe Rouve. Le garçon est connu comme le loup blanc. C’est LE footballeur emblématique de la ville. La légende, comme beaucoup l’appellent.
Il a tout connu au club, où il a pris sa première licence à l’âge de 7 ans, et comme il en a 52 aujourd’hui, faites le compte ! Christophe Rouve, c’est 45 ans de licence au club floqué du fameux rayé maillot Vert et blanc aux couleurs du Sporting Portugal et du Celtic Glasgow. Ou plutôt 44 ans puisque, pendant une saison, il a « commis » l’irréparable en signant chez le proche voisin Frontignan, pour un désaccord financier avec ses dirigeants.
« Entre 140 et 150 buts »
Difficile de parler de son infidélité comme d’une « tâche » à son CV, son départ n’ayant duré que quelques mois. On parlera plutôt d’ombre à son immense tableau de chasse qui l’a vu marquer « entre 140 et 150 buts », il ne sait plus très bien, chez les seniors, où sa technique, son sens du jeu et du placement, sa finesse et son adresse ont fait tremblé pas mal de filets, quand il jouait en 9 ou en 9 et demi, dans toutes les divisions. De la DH jusqu’en National. Et même en Ligue 2, qu’il a eu le bonheur de connaître, juste le temps d’une saison, en 2005/06, sur le tard certes, à 35 ans.
A cette époque-là, Rouve ne le savait sans doute pas encore, mais il allait prolonger le plaisir encore une dizaine d’années sur les terrains, la plupart du temps au poste de défenseur central ! Le prix à payer, sans doute, pour durer.
La semaine dernière, Yoni Ragioneri, l’actuel président d’un club a la dérive, qui a défrayé la chronique ces quinze derniers mois, entre sa rétrogradation administrative en juin 2022 (14e en National et maintien sportif), sa pitoyable saison de National 2 en 2022-2023 (dernier de sa poule avec 12 points et seulement 3 victoires en 30 matchs) et ses déboires financiers qui l’on conduit au redressement judiciaire et donc à l’impossibilité de repartir en National 3, a donc propulsé « la légende » du FC Sète à la tête de l’équipe seniors.
Un premier intérim « seul » en 2011
Repartir, reconstruire, rebâtir, c’est justement ce à quoi va s’atteler Christophe Rouve, qui vivra sa première véritable expérience – il avait assuré un court intérim de 8 matchs en fin de saison 2010-11 en DH – comme « number one », lui qui a déjà connu des expériences d’adjoint, dont la dernière, l’année de l’accession de N2 en National en 2021, avec Nicolas Guibal aux commandes.
Dans l’entretien qu’il nous a accordés, Christophe Rouve revient sur sa nomination et sur la préparation de cette nouvelle saison, dans son club de toujours, qui repart de zéro. Et dans le traditionnel questionnaire « du tac au tac », il évoque ses nombreux souvenirs avec un FC Sète dont il voue finalement un amour sans faille. Et ce n’est pas tout : « Canto » (oui, certains l’appellent aussi comme l’ex-international Eric Cantona… c’est vrai qu’il y a une petite ressemblance, notamment dans la posture) en profite pour régler quelques comptes avec l’ancienne direction, coupable selon lui d’avoir orchestre « le suicide du club ».
Interview : « Un peu d’appréhension tout de même… »
Christophe, vous voilà entraîneur du FC Sète : comment cela s’est fait ? Qui a eu cette idée ?
C’est le président, Yoni Ragioneri. Au printemps dernier, il m’avait dit « Tu seras dans le staff seniors, adjoint, co-entraîneur ou numéro 1 en fonction de qui allait venir, il ne savait pas encore. Il voulait un « local ». Je sais qu’il voulait me donner un rôle important, à définir.
Ce rôle de numéro 1, vous l’aviez envisagé ?
Entraîneur numéro 1 ? Non ! Mais revenir avec la Une en seniors, oui. D’autant que j’ai entendu des bruits comme quoi j’allais repartir avec les seniors cette saison, alors que je n’étais même pas au courant. Cela remonte au mois d’avril.
Entraîneur en chef, cela ne vous fait pas peur ?
Il y a un peu d’appréhension tout de même, mais avec le préparateur physique, on a commencé à mettre sur pied le programme que l’on veut mettre en place et les séances que je veux adapter avec lui. En équipe première, il ne reste qu’un ou deux joueurs, et en réserve cinq ou six. Heureusement, on a une belle génération de jeunes U20 dans le bassin de Thau sur laquelle je vais m’appuyer. On a aussi les jeunes qui sont restés au club et bien sur les recrues. On va déjà essayer d’avancer comme ça.
Ce n’est pas votre première expérience puisque vous aviez déjà dirigé l’équipe fanion en DH lors de la saison 2010-11 ?
C’est vrai. C’était l’année où il y avait Mathieu Chabert (1) comme coach, en Division d’Honneur. J’étais encore joueur. En fait, Mathieu en a eu ras le bol, et à 3 mois de la fin du championnat, il a dit à ses dirigeants « Christophe fera entraîneur-joueur, je vous prête le diplôme » et voilà ! C’est comme ça que j’ai fait une courte pige. Et l’année suivante, Laurent Scala est arrivé, on a fait un bon recrutement et on est monté en CFA2 (N3), mais là, j’étais redevenu joueur.
Que s’était-il passé avec Mathieu Chabert ?
Il en a eu ras le bol. Il n’était pas très satisfait de l’équipe que l’on avait. Il y avait beaucoup de jeunes, c’était compliqué en DH (Régional 1), on n’était pas armé, et nous, les anciens, Abdel Kharazzi et moi, on essayait de leur « rentrer dedans » à ces jeunes, on leur disait de jouer simple, de lâcher le ballon, mais Mathieu ne voulait pas trop leur « rentrer dedans ». Et puis il y a eu un match, à Fabrègues je crois, on perd 4 à 0 il me semble, je n’avais pas joué, et à la fin du match, il a dit « J’arrête ». Après ça, j’ai fait quelques autres piges comme entraîneur-adjoint en CFA et CFA2, pendant 5 ou 6 saisons, quand le club est remonté à la fin des années 2010, et voilà ! La dernière fois, c’était en 2020-2021 avec Nicolas Guibal, en N2, l’année de la montée en National.
« Mr Biton a décrété que mon message ne passait plus »
Pourquoi avez-vous disparu des radars après la saison 2020-2021 ?
Tout simplement parce que Sandryk Biton (manager du FC Sète) a décrété que mon message ne passait plus avec les joueurs ! Mr Biton s’était braqué contre la mairie aussi, et comme je travaille à la mairie… Vous savez, toutes les décisions que je prenais, c’était pour le bien de l’équipe et du club, mais lui, il avait des intérêts personnels, par rapport aux joueurs, et moi je donnais mon avis… Je ne dis pas que j’avais la science infuse mais Mr Biton lui, il arrivait et disait « Il faut faire jouer lui et lui », alors qu’il ne voyait pas les entraînements. Cela a duré 4 ou 5 mois comme ça. Il a voulu me mettre de côté en fin de saison, en disant qu’il avait eu le ressenti des joueurs, que le courant ne passait plus : je lui ai dit « ok, avec 4 ou 5 joueurs, ok, ça ne passe plus, mais avec les autres, ça passe ! On ne peut pas faire l’unanimité dans une groupe, vous savez comment c’est.
Alors je lui ai dit que ça ne me dérangerait pas d’aller à la commission des jeunes ou en réserve. Quand je me suis enlevé de l’équipe fanion, les joueurs ont voulu faire quelque chose pour moi, je leur ai dit non, j’avais mon travail, ça allait… Bien sûr, le foot est un petit « plus », mais bon, je partais de la Une pour aller en réserve au départ. Le président m’avait promis une enveloppe pour recruter, mais il m’a mené en bateau, il n’y a jamais eu d’enveloppe prévue pour la réserve, et ça s’est fini comme ça. Monsieur Biton, il aimait bien « tenir » les gens, les joueurs… Quand il y en avait un qui se plaignait, il lui disait « Si t’es pas content, tu pars, des joueurs comme toi, j’en ai plein d’autres, je les appelle demain, ils viennent ! »
Aujourd’hui, vous êtes toujours employé à la mairie ?
Oui ! Je suis rentré le 1er janvier 1994, au service des sports, je m’occupais de la maintenance du stade et du gymnase, pendant 28 ans, et là, depuis un an, je suis au service « plages-port », à la maintenance.
Vous n’avez jamais été détaché par la Ville pour jouer au foot ?
Jamais ! Sauf pendant l’année de la Ligue 2, la mairie me libérait juste le temps que j’aille m’entraîner.
On ne va pas refaire l’histoire, mais le FC Sète, ces derniers mois, c’est…
Le folklore ! C’est incroyable !
« Sans M. Ragioneri, le club aurait mis la clé sous la porte »

Vous allez repartir dans quelle division ? Régional 1 ou Régional 2 ?
On le saura mercredi. Le président Yoni Ragioneri se bat comme un diable, comme un fou, pour que le club ne meurt pas. Si le FC Sète est encore là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Si cela avait été un autre que lui, le club aurait mis la clé sous la porte. Franchement, heureusement qu’il est là ! Il fait le lien avec la mairie et l’agglo. Il essaie d’attirer quelques partenaires, mais c’est difficile de passer derrière MM. Jean-François Gambetti (ancien président, démissionnaire en juin 2022) et Biton, qui ont orchestré un suicide du club… Yoni Ragioneri, c’est un Sétois, il aime le club, il aime la ville. Il a rendez-vous avec le président de la Ligue Occitanie pour qu’on reste en Régional 1, pour pas que l’on reparte en R2.
Evidemment, R1, R2, ce n’est pas la même chose…
Non ! Il y a une grosse différence, sportivement déjà. Après, et je le dis souvent, il vaut parfois mieux repartir sur de bonnes bases, les deux pieds au sol, plutôt qu’en sautillant (sic). C’est sûr qu’on gagnerait du temps en Régional 1. Si on est en Régional 2, il ne faut pas se le cacher, on va jouer la montée, mais ça va être compliqué. En Régional 1, il faudra faire un bon maintien et préparer la saison suivante pour jouer la montée. Vous savez comme moi que, même en Régional 1, c’est difficile, en plus, en plus, en Occitanie, on va être attendu au coin du bois. Il faudra être intelligent. Quand on est monté de DH en CFA2 en 2012, quand on est monté de DHen CFA2, on était solide, réfléchi, et avec deux buteurs, ça peut aller vite si on retrouve ces ingrédients !
« La saison passée, j’étais partagé entre deux sentiments »
La saison passée a été catastrophique en National 2 : de loin, comment avez-vous vécu cette situation, à titre personnel ?
J’étais partagé entre deux sentiments. D’un côté, j’étais content que cela ne marche pas pour Mr Biton. De l’autre j’étais très déçu pour le club.
Où en êtes-vous du recrutement ?
Je l’ai quasiment bouclé, on a repris Floris Isola, le fils de Heric Isola (ancien du FC Sète), qui a joué à Sète déjà et que Mr Biton a fait partir à Agde, et aussi Thomas Pron, un jeune du cru, qui a joué en réserve à Sète (il était parti à Frontignan), Lucas Segura, qui avait joué à Sète lui aussi, passé par le centre de formation de Strasbourg avant de jouer à Canet-en-Roussillon et Adge. On a aussi Guillaume Cros qui revient, il était à Agde, il a été formé à Sochaux (ex-international U18 et U20), et Malcom Michelot, lui aussi, de retour (Agde). On a officialisé hier le retour aussi de Thomas Levêque, de Fabrègues, qui était aussi à Sète, et voilà. On essaie de faire venir ou revenir des joueurs avec un état d’esprit pour encadrer ceux qui restent.
Et pour le diplôme ?
C’est Laurent Ferrara, un ancien joueur des années 80, qui va me couvrir. Il sera dans le staff. Mais il n’est plus tout jeune (69 ans). On cherche ecore un adjoint, je ne sais pas encore qui ce sera.
« Normalement, on devrait être le club phare du bassin de Thau »
Quels sont les rapports aujourd’hui avec la mairie ?
Ils sont meilleurs depuis que Yoni Regioneri est à la présidence. C’est un peu la Ville qui l’a implanté au club, pour faire le ménage. Du coup, ils sont en relation.
Faire revenir les « anciens », c’est un peu l’un des souhaits du club ?
Oui. L’an passé, j’entraînais les U14 de Sète, et il y a des anciens, comme Heric Isola, qui sont revenus, et avec lesquels on a restructuré la commission des jeunes.
Le FC Sète, c’est LE gros club du bassin de Thau ?
Oui ! Enfin… Normalement, on devrait être le club phare du bassin de Thau. Quand on n’a pas les moyens, quand le plus gros partenaire est la mairie, il faut rester « entre guillemets » dans le bassin de Thau et d’Agde pour essayer d avancer, de Mèze aussi. Dans l’ensemble, on a des bons rapports avec les clubs alentours, mais avec les joueurs du bassin, vous savez comment c’est, quand un joueur veut tenter l’aventure chez le voisin… Si un joueur veut partir, qu’est-ce que vous voulez faire ? Comme il y a beaucoup d’anciens joueurs de Sète qui reviennent, les relations sont plus faciles, car tout le monde se connaît. C’est plus simple.
Christophe Rouve, du tac au tac
« Je sais ce que jouer pour le maillot veut dire »
Meilleur souvenir sportif ?
La montée de National en Ligue 2 à l’issue de la saison 2004-2005 avec le FC Sète.
Pire souvenir sportif ?
La rétrogradation de National en DH en 2009, après le dépôt de bilan.
Combien de buts marqués ?
140 ou 150 je pense ! Je ne les compte pas !
Plus beau but marqué ?
J’en ai marqué des beaux, mais celui que je garde en tête, c’est en Ligue 2, contre Montpellier, à Sète, au stade Louis-Michel, on gagne 2 à 0 (9e journée, lundi 26 septembre 2005), et je marque d’une reprise de volée.
Geste technique préféré ?
Diagonale.
Vous étiez un attaquant plutôt…
Adroit.
Et comme vous avez fini votre carrière en défense, vous étiez un défenseur plutôt…
Technique.
Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
Mon père jouait au foot à la Pointe Courte de Sète, et à force de le suivre, j’ai grandi dans ce milieu.
Vos qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais un bon technicien et intelligent dans le jeu, et mes défauts, parfois, j’étais nonchalant, surtout au début de ma carrière, moins au fil du temps, il a fallu que je me mette encore plus au travail, ce qui m’a permis aussi de durer.
Ce qui vous a manqué pour jouer plus longtemps en Ligue 2 ou pour être un bon joueur de Ligue 2 ?
Je suis rentré à l’âge de 23 ans à la mairie de Sète, en 1993, et ma famille ne voulait pas trop partir… Je ne voulais pas la quitter… J’ai peut-être eu peur de tout lâcher …
Pas de regrets ?
Un petit peu… Après, j’avais Montpellier juste à côté, j’avais de supers rapports avec Louis Nicollin, et pourtant je n’ai jamais eu l’opportunité d’y jouer. Alors, est-ce que c’était un arrangement entre les deux clubs ? C’est possible, parce que j’ai vécu cette situation avec Perpignan, l’année où le club est en Division 2 (1994-1995), parce que, quelques années plus tard, j’ai croisé l’entraîneur, Monsieur Carayon, et il me dit « Pourquoi tu ne veux pas venir à Perpignan? », et je lui réponds « Mais je n’ai jamais eu de contact avec vous », et là il me dit « Mais ton club ne t’a rien dit ? »… Voilà, alors peut-être qu’il est arrivé la même chose avec Montpellier !
C’est Emile Anfosso, le président de l’époque, qui vous a bloqué ?
Euh… cela s’est peut-être fait avant lui…
Vous étiez donc « catalogué » joueur de Sète …
Oui, pourtant, j’ai eu des articles un peu partout, les journalistes se demandaient toujours pourquoi je ne partais pas de Sète, mais bon… J’ai toujours dit que mon plus beau souhait, c’était de jouer en Ligue 2 avec Sète, je l’ai réalisé, bon, je ne l’ai vécu qu’un an, à 36 ans, mais je l’ai vécu.
Le président marquant ?
C’est monsieur Anfosso, c’est devenu un ami.
Le coéquipier marquant à Sète ?
Quand j ai commencé en équipe seniors, c’était Guillermo Sahud, un Argentin; il nous guidait, et il nous donnait des bons ballons !
Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling dans le jeu ?
J’ai eu du feeling avec beaucoup de joueurs, donc c’est dur d’en sortir un, allez, peut-être le fils du coach Claude Calabuig, Olivier Calabuig, qui jouait milieu défensif, on faisait chambre ensemble, on était assez fusionnel.
Le club où vous auriez rêvé de jouer, dans vos rêves les plus fous ?
Marseille.
Un stade et un club mythique ?
L’OM et le stade Vélodrome.
Un public marquant ?
Marseille, en 1998, on a perdu contre eux en coupe de France, c’était à Montpellier, y’avait beaucoup de Marseillais, j’entendais des « Allez l’OM », il fallait que je me pince pour savoir si j’étais dans les tribunes ou sur le terrain. On a joué aussi dans des grosses ambiances, même en National, je me souviens qu’à Valenciennes, le stade était plein.
Le joueur adverse qui vous a le plus impressionné ?
Steve Savidan, avec Valenciennes, m’avait impressionné. Et aussi, en Ligue 2, on avait joué à Lorient, il y a avait Karim Ziani, qui était parti à Marseille après.
L’équipe qui vous a le plus impressionné ?
J’ai joué des Marseille, Lille, Caen, Auxerre, Saint-Etienne aussi en coupe de la Ligue avec Sablé et Gomis, j’ai vraiment affronté de belles équipes.
Un coach perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
Robert Buigues. Quand il a fait les 3 derniers mois en Ligue 2, il a remis de l’ordre. Bon, ça a clashé un peu avec le président Anfosso, mais c’est avec lui que l’on a pris le plus de points.
Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
Non, sans plus, avec moi, cela s’est toujours plus ou moins bien passé, mais pas au point de ne plus le voir.
Une causerie de coach marquante ?
Celles de Claude Calabuig, c’était Pagnol ! Parfois on se cachait tellement on rigolait ! Parce que lui, même quand on affrontait les derniers, il nous présentait l’équipe comme s’ils étaient très forts, attention à lui, attention aussi à lui… Lui je lui mettrais 6 étoiles, lui je lui mettrais 7 etoiles !
Une anecdote de vestiaire que vous n’avez jamais racontée ?
Entre le président Anfosso et le coach Christian Sarramagna, cela avait été chaud, il était rentré dans les vestiaires, très en colère, il avait mis un coup de pied dans le paper board… Sarramagna était compliqué, un peu loin de l’équipe, il laissait beaucoup de liberté à son adjoint, Gilles Beaumian.
Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
François Bellugou (Auxerre, Troyes, Lorient, Nancy, Guingamp), Warren Caddy (Paris FC), ah, et aussi Andy Delort !
Des manies ?
Les mêmes sous-chaussettes, j’ai toujours joué avec les Kopa mondial, les protèges tibias…
Un dicton ?
Tout donner.
Un modèle de joueur ?
Eric Cantona.
Une idole de jeunesse ?
Eric Cantona.
Le meilleur match de votre carrière ?
Une année, en National, on gagne 4 à 3 à Sète contre le FC Rouen, je mets un triplé. Et aussi, un autre match, contre la réserve de l’OM, à Marseille, je mets un triplé aussi, en Division III cette fois.
Votre plus grande fierté ?
D’avoir été fidèle au FC Sète. Quand je dis que je joue pour le maillot, je pense que je suis bien placé pour le dire.
Combien de saisons au FC Sète ?
Mon premier match en équipe première, c’était en 1989, et j’ai fini en 2015, donc ça fait 26 ans. En fait, 25 ans, car une saison, je suis parti à Frontignan (en 1999-2000, en CFA2) ! Après, au total, j’ai arrêté de jouer à 45 ans, donc ça fait 38 ans de club je pense.
Votre infidélité d’une saison à Frontignan…
En fait, ce qu’il s’est passé, c’est qu’à l’issue de la saison 1998-1999, les dirigeants voulaient baisser nos indemnités. Moi, je sortais d’une belle saison, et je n’ai pas accepté. Je leur ai dit que s’ils faisaient cela, je partirais, et c’est ce que j’ai fait. Mais au bout de quelques mois, la saison suivante, dès février/mars, ils ont tout fait pour que je revienne.
Avant-centre ou défenseur, quel poste préférez-vous le plus ?
Avant-centre, ou en soutien de l’attaquant. Après, j’ai bien aimé jouer défenseur central. Même en Ligue 2, je jouais un match devant, un match derrière !
Plat préféré, boisson préférée ?
La Macaronade, une spécialité de Sète, et un Perrier.
Dernier match regardé à la TV ?
La finale de la Ligue des champions.
Dernier match auquel vous avez assisté comme spectateur ?
Alors, pas à Sète… Je n’ai pas assisté à un seul match de National 2 cette saison, et la saison précédente, encore moins quand il y avait le président Gambetti et le manager général Biton, puisque c’est lui qui m’a mis dehors… Après, je vais voir jouer des collègues, mais c’est au niveau régional.
Le milieu du foot, en deux mots ?
De plus en plus pourri… Les mentalités ont changé. Je vais parler comme un « vieux », mais tout le monde joue pour l’argent, il n’y a plus cet esprit de cohésion qu’il y avait avant. Les joueurs sont moins soudés. Dès que ça ne tourne pas pour un joueur, il vous dit « De toute façon, la saison prochaine je ne serai plus là »… C’est compliqué. C’est pour ça que je pense que, dans une équipe, il faut cinq ou six joueurs au moins du cru. C’est ce qui nous a manqué en Ligue 2. On était monté avec des locaux, sept ou huit, et puis on s’est retrouvé avec beaucoup de recrues, des prêts, et une trentaine de joueurs à l’entraînement, et ça nous a desservis. Et quand Robert Buigues est arrivé, il a écarté ceux qui avaient lâché, il a restreint le groupe, et c’est là qu’on a pris le plus de points. On était peut-être moins bons techniquement mais on donnait tout.
Le FC Sète 34 ?
Un club instable. On veut brûler un peu trop vite les étapes. Je pense que, quand on n’a pas de grosses entreprises autour de nous, quand on n’a pas de repreneurs ou de gens riches qui vous feraient tenir en National ou en Ligue 2, alors il faut peut-être savoir rester en National 2. A chaque fois qu’on a retrouvé un bon niveau, on s’est planté. On s’enflamme un peu. Je comprends aussi les présidents, qui jouent la montée, mais il ne faut pas « péter plus haut que son cul ». Le dépôt de bilan en 2009 aurait dû nous servir de leçon…
La ville de Sète ?
Un petit niz douillet ! C’est très agréable, et les séries TV nous amènent beaucoup de monde, on voit de plus en plus de touristes ou de gens qui habitent aux alentours, qui viennent, on le voit aux prix de l’immobilier aussi, qui grimpent.
(1) Mathieu Chabert est aujourd’hui l’entraîneur de l’USL Dunkerque en Ligue 2 BKT.
Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Boyeranthony06 et @13heuresfoot
Photos : Radio One (avec FC Sète 34)
La saison qui vient de s’achever n’a pas été un long fleuve tranquille pour Hugo Chambon. Parti à la découverte des Hauts-de-France en signant l’été dernier à l’Olympique Saint-Quentin, pensionnaire du groupe B de National 2, Hugo a connu une saison riche et mouvementée.
Après un essai concluant, Hugo reprend alors ses études pour évoluer en foot universitaire canadien, aux Carabins, à Montréal, et évolue en Première ligue de soccer du Québec. Une première année couronnée de succès : On a gagné le championnat dès la première saison, ce qui nous a donné le droit de participer à la Canada championship ».
Mais c’est davantage au niveau de l’environnement que le buteur a été bluffé avec « des infrastructures dignes des clubs professionnels, un staff médical à disposition, des vestiaires confortables. Tout est fait pour mettre le sportif dans les meilleures conditions ». Un environnement qui ne laisse que des bons souvenirs à l’attaquant de son expérience à l’étranger.
En fait j’ai eu une petite gêne musculaire en octobre. J’ai dû passer des examens, le temps de la cicatrisation. Quand je reviens (le 22 octobre 2022), je marque le but vainqueur contre Colmar (1-0, après être entré en jeu à quelques minutes de la fin !), ensuite je suis à nouveau sur le banc à Wasquehal. Nous sommes menés 3-0 quand je rentre. Je parviens à marquer un but et suis à quelques millimètres d’égaliser de la tête au bout du temps additionnel. Je suis encore remplaçant la semaine suivante à Fleury. Je ne redeviens titulaire en championnat que contre Besançon (défaite 1-0 à domicile).
J’avoue que j’ai reçu des offres similaires financièrement à l’OSQ… Pendant mon absence, les résultats du club ne sont pas bons. Le 30 janvier, le coach m’appelle pour me dire que des joueurs ont demandé ma présence. Le dernier jour du mercato, j’appelle le coach pour l’informer que j’ai une offre : c’est le dernier jour où je peux partir et l’entraîneur me répond « tu restes, je compte sur toi ». Le match suivant, contre Bobigny, je marque, et là, je vais devenir titulaire indiscutable pour le reste de la saison.
Hugo Chambon a donc vécu une saison riche en émotions au sein du club des Hauts-de-France. Le buteur ne veut en conserver que des souvenirs positifs en dépit des événements et de l’issue sportive (rétrogradation en N3), même si, à l’heure où l’on écrivait ces lignes, l’OSQ peut encore miser sur un éventuel repêchage).
Pour celui qui a fait preuve d’une efficacité à toute épreuve durant la deuxième partie de saison, un match lui reste en tête et qui est peut être le tournant dans la course au maintien : la défaite à domicile contre Wasquehal sur le score de 2 à 1.
Au Canada, le championnat universitaire 2019 à Montréal que nous avons disputé à domicile.
Le double contact.
Liverpool, Anfield Road
Bobigny cette saison au match aller, où nous avions perdu 4 à 1.




















Pour Epinal, c’est un retour en National, six ans après sa descente. Un retour qui ne sera pas simple, surtout quand on sait que lors de ses trois précédentes campagnes dans l’antichambre de la Ligue 2, le club de la préfecture des Vosges a terminé… 18e et bon dernier (2014), 17e (avant-dernier 2015) puis 15e. Et est donc descendu… trois fois de suite ! Sauf que le Stade Athlétique Spinalien a été repêché deux fois, en 2015 et en 2016 ! Ne cherchez pas, c’est unique dans les annales. Et cela ne se reproduira plus, les règlements ayant évolué depuis.

La partie n’était pas gagnée non plus pour le Stade Athlétique Spinalien, qui fut un temps décrochée au classement : « Si on a douté ? C’est à dire que, à un moment, cet hiver, on s’est retrouvé loin des premiers, à 11 points je crois, car on avait des matchs en retard à disputer. Et ces matchs-là, on les tous a gagnés. Ce qui nous a permis de recoller au peloton. Et on a fait une série de qui nous a donnés la force. Et puis, ce qu’il s’est passé aussi, c’est que comme tout le monde pouvait descendre à cause des 5 ou 6 relégations, on ne pouvait pas prendre les matchs à la légère. »






Après la victoire 4 à 0 contre Velay FC, le 26 mai dernier, qui a scellé l’accession en National 3 de son équipe à une journée du terme, le téléphone de Malik Vivant n’a pas arrêté de sonner. Et ça a bien duré une semaine, le manège !

L’homme idoine du football valentinois, qu’il connaît sur le bout des crampons, n’a fait que de courtes infidélités à sa ville, et pour la bonne cause ! « Je suis parti en sports-études au lycée Daudet à Nîmes puis j’ai intégré le centre de formation du Nîmes Olympique à l’époque de Pierre Barlaguet, Gérard Bernardet et René Girard. J’ai effectué ma formation là-bas, c’était durant la saison 91/92, quand Laurent Blanc et Eric Cantona y jouaient en Division 1 ! Je ne suis resté qu’un an, et ensuite, je suis revenu en 1992 au moment de la fusion entre l’USJOA et le FC Valence, pour jouer en CFA2 à l’ASOA Valence. Puis je suis allé à Villefranche-sur-Saône en CFA (1997) pour me rapprocher de Lyon où je faisais mes études de Staps. Enfin, j’ai joué au SC Abbeville en Picardie (1998) car j’ai été muté à Amiens nord, dans les quartiers sensibles, pour mon premier poste de prof ! Enfin, je suis revenu à Montélimar puis Valence. »
Joueur amateur et professeur agrégé d’éducation physique et sportive, Malik a un penchant pour tout ce qui a trait à la jeunesse, à la formation.
Forcément, la passerelle entre l’OV et le pôle football est toute trouvée. « Quand on a reconstruit le club, l’Olympique de Valence, en 2014, on voulait vraiment que la formation soit son ADN, parce que j’entends souvent les discours « Une ville comme Valence, mériterait mieux… » Non, une ville comme Valence, elle a ce qu’elle mérite, c’est tout », poursuit Malik; c’est le travail qui fait que le club existe. Il y a eu deux dépôts de bilan, on n’en veut pas un troisième, donc il faut qu’on reconstruise par la formation des jeunes. C’est pour ça que l’on a consacré plus des 2/3 du budget du club à ça. Lors de la restructuration du club, on a fait les choses dans l’ordre. On a été labellisé par la FFF, on est le premier pôle d’excellence de foot amateur (Pefa) à l’avoir obtenu, en 2014, à l’initiative de François Blaquart (ex-DTN). On a les 4 composantes de la famille du foot dans le lycée : des garçons (depuis 2010), des filles (depuis 2011), du futsal (depuis 2013) et aussi 9 arbitres que l’on a formés avec Roland Viallet, le conseiller technique régional en arbitrage du district de Drôme-Ardèche. »
Ambitieux pour sa ville, Malik l’est aussi pour son club, même s’il sait que la saison prochaine ne sera pas simple en National 3, une division dont le niveau sera automatiquement relevée avec les 22 descentes de National 2 (les 5 derniers de chacune des 4 poules et les deux moins bons 11es).
Le club au logo semblable à celui de Croix-de-Savoie (devenu ensuite Evian Thonon Gaillard), – « On nous le dit souvent, parce qu’il y a du rouge et du blanc, nos couleurs historiques, mais il y a le kiosque Peynet dessus, qui est un des symboles de Valence », – visera le maintien, avant, plus tard, de rêver plus haut.
Quant au National 3, faut-il en avoir peur ou est-ce un challenge excitant ? Vivant : « ça m’excite plus que cela ne me fait peur ! On ne se donne pas de limite. L’Olympique de Valence ressemble plus aujourd’hui, de par sa structuration et ses outils, à un club de N3. On utilise les GPS, la vidéo, le logiciel MyCoach pro, on se donne les moyens en matière d’optimisation de la performance d’essayer de réduire tout ce qui est aléatoire. On va rentrer dans ce championnat avec humilité. En N3, beaucoup d’équipes ont la moitié de leurs effectifs sous contrat. Nous, on devra continuer à structurer le club administrativement et financièrement pour avoir de l’ambition. On fera venir 4 ou 5 joueurs avec un peu d’expérience. Il ne faudra pas se tromper. D’autant qu’on reçoit beaucoup de CV. On gardera nos jeunes et on élargira le groupe fanion en intégrant deux ou trois jeunes à fort potentiel, qui sortent du groupe U18 ou Espoirs. On souhaite conserver ce projet de jeu qui pilote l’ensemble des équipes du club. Pour moi, le collectif est plus fort quand l’équipe est soudée et concentrée sur un objectif. On veut aussi conserver ce noyau dur de bénévoles et dirigeants que l’on a autour de l’équipe fanion et du staff, un noyau mobilisé autour d’eux. »
« Enfin, on a envie de retrouver, à moyens termes, le National 2, avant, pourquoi pas, d’aller chercher encore au-dessus. Mais pour cela, il faut travailler dans la continuité, ne rien chambouler. C’est aussi ça, la force d’une équipe. Cette saison, je voulais que tout le monde s’entraîne quatre fois par semaine, contrairement à la saison passée, où on avait manqué le coche de peu à la dernière journée. Je veux garder ce rythme. »
« C’est un joueur emblématique qui était déjà revenu au club après ses années de formations à l’Olympique Lyonnais. Il a aussi été le premier contrat fédéral que l’on a pu faire à l’Olympique de Valence cette saison. Il apporte son expérience à un groupe jeune. » Voilà comment Malik Vivant parle de Rafik Boujedra, revenu à Valence, ou plutôt… rentré chez lui, à Valence, après dix saisons d’exil !
En 2013, donc, il prend son envol et démarre une carrière professionnelle. D’abord au Gazelec Ajaccio, où il évolue en National puis trois saisons en Ligue 2, entrecoupées d’une autre saison à Bourg-en-Bresse, également en Ligue 2. Puis direction Quevilly-Rouen, toujours en Ligue 2 avant de revenir – visiblement, il aime bien les come back ! – à Bourg, pendant deux nouvelles saisons, en National.
J’avais une trentaine d’années et je travaillais à Brest dans un magasin de disques où je recevais d’ailleurs pas mal d’artistes. J’ai été sollicité par Michel Bannaire (un ancien président du Stade Brestois) et je me suis retrouvé avec un micro de speaker à la main. C’était inné sans doute et comme j’étais un mordu de foot, je baignais dans mon univers.














































