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L’entraîneur de l’AS Nancy Lorraine revient sur la préparation de la saison après l’épisode douloureux de la descente en National. Il évoque beaucoup le lien avec les supporters, la communication, le recrutement, les méthodes de travail. Il parle aussi de la formation et de ce championnat exigeant qu’il connaît bien, du début de saison, de la performance de résultats et des objectifs. Avec, en ligne de mire, un retour en Ligue 2.

Photo ASNL

Ce soir, pour la réception Cholet, au stade Marcel-Picot, joueurs et supporters de l’AS Nancy Lorraine auront à coeur de montrer que le chardon pique encore !
Car si la fleur arrête de fleurir à la fin août, c’est à cette époque le chardon lorrain a, lui, repris des couleurs. Grâce à leurs quatre matches sans défaite en septembre, les Nancéiens (6es) ont recollé au bon wagon dans un championnat de National très resserré. De quoi redonner des couleurs à des rouges et blancs très pâles la saison dernière, malades de ces mauvais choix sur et en dehors du rectangle vert.
Depuis la descente de Ligue 2 en National en mai dernier, 25 joueurs sont partis, des administratifs sont arrivés, d’autres ont quitté le navire. Et le coach dans tout ça ? Albert Cartier a longtemps hésité avant de repartir pour un nouvel exercice, dans un championnat qu’il connaît, conscient que les garanties devaient être nombreuses pour y performer.
L’été a permis une remise à plat à tous les étages : bureaux administratifs et sportifs, centre d’entraînement et stade. Le Lorrain, formé au club avant de briller à Metz, mesure le chemin à parcourir pour renouer le lien avec ses supporters. Les victoires y contribuent. Mais pas que… Entretien.

Albert, est-ce que l’on peut dire que l’ASNL respire un peu mieux après quatre match sans défaite ?
Si je continue cette métaphore, je dirais qu’en National, on respire tous le même air mais c’est la façon de respirer qui est différente d’un club à l’autre. On sait que c’est un championnat très difficile. Je l’ai dit aux joueurs dès le départ. Même à trois quatre journées de la fin, je vois bien cinq à six équipes en trois ou quatre points. Il n’y a jamais eu une équipe qui a survolé de quinze points le National.

Même vous, avec le FC Metz, lorsque vous avez entamé votre double remontée de National à la Ligue 1 ?
On l’oublie souvent, mais quand on remonte avec Metz (saison 2012-2013), c’est Créteil qui finit en tête de National et nous étions deuxièmes. Et pourtant, avec quasiment ce même groupe on a fini avec 20 points d’avance en Ligue 2 la saison suivante.

Comment expliquer ce retard à l’allumage de l’ASNL ?
Je ne parlerais pas de retard à l’allumage. Les résultats ont tardé à venir mais il y avait du contenu positif et pas qu’à l’entraînement. Dans le football, il y a une performance de résultat et une performance de travail. C’est vrai, en début de saison, il y avait une grande différence entre les deux. Je l’ai dit, c’était anormal. On n’a pas validé le travail que l’on a fait pendant la préparation par exemple.

« J’ai cherché à retrouver des associations qui avaient existé par le passé »

Les deux défaites à Marcel-Picot contre Bourg-en-Bresse/Péronnas et Dunkerque ne vous ont pas inquiétées ?
On a fait un très bon match contre Bourg-Péronnas à domicile mais on prend un but à une minute de la mi-temps sur coup de pied arrêté et au retour des vestiaires. La force de ce groupe, c’est qu’après les deux défaites, on est resté serein, il n’y a pas eu de discorde, on a continué à travailler. On savait qu’en gardant la même intensité, exigence, rigueur, les choses allaient rentrer dans l’ordre. On n‘est pas plus fort qu’auparavant. C’est la capacité à rester sereins dans les moments difficiles qui fait qu’on a réussi enchainer des résultats ensuite. C’est un bon signe pour la suite et ce qui nous attend.

Le National est un championnat bien spécifique : est-ce que s’adapter y est plus difficile qu’en L2 ? Même pour des joueurs qui ont connu les niveaux supérieurs…
Ce n’est pas facile, effectivement. Comme dans tous les mercatos, on vous propose de tout : des joueurs en déclin, des joueurs qui sont partis dans des pays exotiques. J’ai voulu des joueurs qui ont connu ce championnat-là. Diafra Sacko et Gaëtan Bussman ont connu la Premier League et la Bundesliga mais à leur début, ils ont connu ce championnat-là.

Comment créer un groupe avec quasiment que des nouveaux joueurs ?
Pour gagner du temps, j’ai cherché à retrouver des associations qui avaient existé par le passé. On a renouvelé notre effectif à 99%, avec 25 départs. Prince Mendy et Baptiste Aloé ont fait leur formation ensemble à l’OM. Isaak Umbdenstock et Alexandre Cropanese ont joué ensemble à Bastia-Borgo. Pareil pour Mayoro Ndoye, Diafra Sacko et Gaëtan Bussman au FC Metz. Alexis Giacommini et Baptiste Etcheverria n’ont jamais joué ensemble mas ils étaient à l’école ensemble de 8 à 14 ans.

Le mercato de l’an passé avait été très contesté. Avez-vous eu les mains libres sur ce recrutement ?
On a recruté tous les joueurs ensemble avec le président, avec des dossiers que chacun connaissait. Si l’un de nous n’était pas d’accord sur un joueur, on se disait « on ne le fait pas ». C’est une force aujourd’hui. Parce qu’en cas de désaccord, si la saison tournait mal, ça aurait pu ressortir dans trois ou quatre mois en se disant « tu vois, je te l’avais dit » et on n’avait pas besoin de ça.

Quel type de joueurs avez-vous recherché ?
Ça nous a permis de monter un groupe sur lequel on fonde beaucoup d’espoir, mais cet espoir c’est surtout dans l’exigence. On veut un groupe qui humainement va pouvoir nous suivre. On a recruté des joueurs qui n’ont pas peur d’aller à Saint Brieuc en novembre ou en février. Si vous arrivez là-haut avec des joueurs qui ne connaissent pas le championnat ou Saint-Brieuc, ils peuvent être surpris et ça peut être des moments très délicats à gérer. Je voulais des joueurs qui, humainement, comprennent notre projet de jeu dans ce championnat et l’exigence qu’il demande pour être un prétendant à la montée.

« On avait besoin de recréer du lien avec nos supporters »

Après avoir longtemps été considéré comme absent, le président Gauthier Ganaye est donc de retour aux affaires ?
L’extérieur a été très critique avec le président, j’ai lu beaucoup de choses. Personnellement, quand je le contactais, il m’a toujours répondu rapidement, même pendant des moments difficiles pour lui et le club. Il ne venait plus à Picot mais je l’ai vu à l’extérieur, à Toulouse et Valenciennes par exemple. On a rediscuté de notre nouvelle façon d’aborder cette saison. Il est là à tous les matches à domicile désormais. Le président a choisi de mettre en place Thorsten Theys, un directeur général qui ne s’occupe pas du sportif. Il est très compétent et impliqué mais au-delà de ça, j’adore cette personne. Il adore bouger comme moi et ne reste jamais dans son canapé. Il n’hésite pas à bouger les personnes autour de lui quand ça ne va pas dans son sens.

C’est ce qui manquait à ce club en perdition ?
On avait surtout besoin de recréer du lien avec nos supporters. Ce n’était même pas gagner des matches, gagner de l’argent, bien communiquer, parce que ça, évidemment, tout le monde veut le faire. On devait retrouver de la crédibilité. On l’avait perdue l’an dernier aux yeux des supporters, des partenaires et du football. Les adversaires venaient à Nancy en disant « ils peuvent pas jouer comme ça, ce n’est pas possible ». Il faut que les supporters se retrouvent dans cette équipe.

Photo ASNL

D’où toutes les actions de communication à destination des supporters cet été ?
Oui. On a fait un entraînement non annoncé en fin d’après midi au mois d’août sur la place Stanislas à 19h. On est arrivé par surprise et on a tapé le ballon avec des locaux et des touristes. Du tennis ballon et jonglage brésilien, du 4 contre 4 pour finir avec un 9 contre 9, en allant chercher petits et grand aux terrasses. Au regard de la saison dernière, c’était à nous de faire le premier pas. Ça me tenait à coeur. C’est difficile de se comprendre quand vous vous voyez deux fois par an avec une personne. Il y a toujours une glace. Alors qu’en multipliant les échanges, l’échange est facilité et les incompréhensions sont moins grandes.  Avant les matches, les joueurs pas convoqués, blessés ou suspendus, sont dans les VIP, par exemple.

C’est suffisant pour monter en National ?
Tout le monde veut des résultats. Vous pensez que Cholet ne veut pas gagner ce soir ? Cette relation avec les supporters est, elle, primordiale . Les supporters ont vécu quelque chose de très difficile l’an dernier.

« L’ASNL n’est pas un club lambda »

De la situation dont vous avez héritée l’an dernier, est-ce que rapidement il y a des éléments sur lesquels vous souhaitiez vous appuyez pour cette nouvelle saison ?
Le nombre de personnes à l’intérieur du club qui m’ont témoigné leur amitié, leur confiance. Tous les messages que j’ai reçus m’ont conforté dans l’idée que dans ce club-là, celui que j’ai connu étant gamin, il y avait quelque chose de positif à faire. Les gens n’ont pas baissé les bras, loin de là. Ils voulaient retrouver de l’allant et de l’élan. « On a déjà connu des périodes difficiles, on va repartir », c’était leur mot d’ordre. Tenez, je suis allé rencontrer Claude Cuny (88 ans), le fondateur de l’ASNL, la semaine dernière. Il est toujours aussi passionné, le verbe toujours aussi haut. Ce club n’est pas mort. Et surtout, l’ASNL n’est pas un club lambda.

Sauf que les supporters, eux, n’avaient pas forcément le même optimisme…
Les supporters s’étaient retournés contre le club. J’ai discuté avec eux cet été et j’ai vite compris qu’ils allaient être avec nous pour remonter et nous soutenir, mais à condition qu’on le mérite. Vous savez, on est Lorrains, nos grands-grands-parents ont gratté le sol en étant agriculteur ou plus souvent dans les mines. Ces valeurs sont restés dans la tête des habitants. On se doit aujourd’hui de gratter également. Gratter des ballons, gratter des points. On ne peut pas mettre notre costume d’ex de Ligue 2. Si on l’oublie, nos adversaires vont vite nous le rappeler.

Le stade Marcel-Picot répond présent à chaque match. Etes-vous étonné ?
On a des supporters avec un gros bassin de fans autour de Nancy, en Meuse, dans les Vosges. Quand vous avez vécu le traumatisme de la saison précédente, nos supporters, comme toute personne qui a touché le fond, veulent remonter.

« Le coeur, l’âme de l’ASNL, c’est la formation »

Elle était devenue inexistante, quelle relation avez-vous avec le centre de formation ? Un centre de formation, qui lui aussi, a navigué à vue l’an passé…
Je me dois d’avoir un regard sur lui. Pour la première réunion du Centre de formation, nous avions demandé à y participer avec mon adjoint. On va voir les matches, jusqu’aux 14 ans. Mon interlocuteur principal pour le point de vue technique, c’est Benoît Pedretti. Quand j’ai besoin d’avoir un avis sur des joueurs à intégrer, c’est vers lui que je me tourne. De par son expérience de joueur et ses qualités d’entraîneur. Il connaît tous les jeunes car il reçoit énormément de remontées. C’est mon référent technique et tactique. Je n’ai pas besoin de passer par sept intermédiaires pour avoir un avis sur un joueur.
On a quatre jeunes joueurs de 17 et 18 ans avec nous jusqu’au mercredi / jeudi et après ils retournent s’entraîner avec la réserve. Mais vu qu’ils le méritent, je les garde avec moi. Le coeur, l’âme de l’ASNL c’est la formation. Regardez dans l’histoire, toutes les équipes pros qui ont brillé étaient grandement issues de la formation.

La cellule de recrutement, est quant à elle de plus en plus en maigre, par contre…
On ne va plus chercher le 4 ou le 5e choix à Paris ou Marseille, on ne peut plus se le permettre. Il faut déjà qu’on soit capable de prendre le premier choix chez nous à Dombasle, Vandoeuvre ou Mirecourt.

Pourquoi Nancy ne peut plus se le permettre ?
On n’a plus la capacité de jouer la finale de Gambardella ou le haut du tableau en permanence, il faut recruter différemment. Repartir avec ces garçons-là en se recentrant sur du local, pour qu’ils adhèrent au projet.

« Il faut être dans les six premiers à la trêve »

Photo ASNL

Avec cette série en cours, craignez-vous d’être encore plus attendu ce soir contre Cholet ?
On a joué Bourg-Péronnas et Alain Pochat, le coach, m’a dit « C’est le match de l’année ». On a joué à Concarneau, la veille, le coach a dit que c’était le match de la saison. Depuis le premier match, on est attendu. Jouer à Marcel-Picot, dans cette enceinte qui a connu l’Europe, de très grands joueurs, évidemment que ça donne envie d’avoir envie de jouer dans ce stade, contre nous. C’est un bonheur de jouer ici, avec une si belle pelouse (deuxième l’an dernier au classement LFP), les adversaires ont plaisir à jouer. Tous les matches vont être difficiles. Il n’y a pas de surprise pour mes joueurs. Je l’ai dit dès le premier jour de la prépa. Et même dès le recrutement : « Tu te rends compte de la difficulté ? Ce ne sont pas trois quatre matches qui vont être difficiles, c’est tous. Tous avec le même niveau d’intensité chez nos adversaires. »

En coupe de France, vous avez hérité de Nilvange (D2). Où placez-vous cette coupe dans vos objectifs pour cette saison ?
J’ai dû mal a dire à mes joueurs : « Ce match, si on ne le gagne pas, ce n’est pas important ». La compétition c’est la compétition. On ne gagnera pas tous les matches, c’est sûr. Mais au moment de serrer la main à l’adversaire à la fin du match, il faut avoir tout donné pour pouvoir le regarder dans les yeux. Après, pour la Coupe de France, il y a d’abord le match de Cholet ce soir, et j’aurai le temps d’y penser après. Et au-delà de ça, je n’ai pas de tour minimum à atteindre en tête.

Quand vous êtes devant le classement, vous regardez en haut (un point de retard sur le leader) ou en bas (trois points d’avance sur le premier relégable) ?
Je suis concentré sur les matches les uns après les autres. Il faut être dans les six premiers à la trêve.

Avec six descentes en fin de saison, qu’est-ce que cela implique ?
Ça met une pression sur les joueurs, les entraîneurs, les clubs, mais surtout sur les arbitres. Ils ont une pression terrible.

Plus tôt dans la saison qu’auparavant ?
Oui. Dès août c’était le cas. La tension n’est pas crescendo vers mars avril comme avant. Dans ce championnat, tu ne peux pas perdre de temps. Une équipe qui prend du retard ne pourra jamais revenir. Ces six descentes impactent psychologiquement tout le monde.
Est-ce vital de remonter cette saison pour l’ASNL ?
Pour le club, je ne sais pas. Mais pour moi, ça l’est. Pour l’ASNL on a un projet de remontée sur 2 ans avec le président. Moi, en tout cas, c’est mon objectif. Celui que j’ai voulu me donner.

Championnat National (8e journée), ce soir, à 19h30, au stade Marcel-Picot : Nancy – Cholet.

La suite de notre dossier sur l’AS Nancy Lorraine demain, à 13 heures !

Texte : Alexandre Plumey / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Alex_Plums

Photos : AS Nancy Lorraine

Après avoir raccroché les crampons en 2014, le 2e meilleur buteur de l’histoire du National s’est lancé dans le métier d’entraîneur. L’actuel coach de Salon Bel Air (Régional 2) revient sur sa carrière, ses choix, et évoque son caractère, qui lui a peut-être fermé les portes de la Ligue 2. Portrait.

Photo C3M – Salon Bel Air

Cyril Arbaud était un joueur très convoité dans les années 2000. Pour une raison simple : il mettait des buts ! Forcément, les clubs voulaient s’attacher les services de ce finisseur, de ce « baroudeur » qui a beaucoup bourlingué durant sa carrière. Un buteur estampillé « National », la division où il a le plus souvent évolué (224 matchs à Louhans-Cuiseaux, Roye, Laval, Istres, Cannes et Rouen), la division où il a le plus marqué, donc, au point de devenir le 2e meilleur buteur de l’histoire du championnat, avec 85 buts, derrière Kevin Lefaix et ses 87 réalisations. « 85 ? Mais il me semble que l’on a oublié de me comptabiliser certains buts, je ne suis pas sûr, lance celui que tout le monde appelle Cissou ».

L’OM, son club de coeur

Photo C3M – Salon Bel Air

Depuis la fin de sa carrière, à Marignane-Gignac, en National 2, en 2014, « Cissou » est passé de l’autre côté. Désormais, il ne compte plus les buts mais les ballons dans le sac à la fin des entraînements qu’il dirige.

Après quatre ans à Marignane avec la réserve et une accession de Régional 1 en National 3 (mais son équipe n’a pu accéder à l’étage supérieur en raison de la descente de National en N2 de l’équipe fanion), puis deux ans comme adjoint à l’Entente UGA Ardziv Marseille (N3 et R1), le voilà depuis l’an passé aux commandes de Salon Bel Air, en Régional 2, à Salon-de-Provence, à une petite demi-heure de chez lui : « J’habite aux Pennes-Mirabeau, entre Aix-en-Provence et Marseille, je mets 25 minutes en scooter pour aller au club ! ».

« C’est ma deuxième saison à Salon Bel Air, explique l’ancien « minot », passé par le centre de formation de l’OM dans les années 90; on structure le club petit à petit, il y a eu du renouveau cette saison, on repart quasiment de zéro, avec une politique de jeunes. On s’est donné quelques moyens, on a recruté quelques bons joueurs, des jeunes, que l’on essaie de mettre dans de bonnes conditions. Il faudrait que l’équipe fanion retrouve la R1 même si cette saison ça va être compliqué. On se donne deux ou trois ans. »

Un joueur de … caractère !

Photo Serge Haouzi

Toujours autant passionné de football – « Chaque week-end, je regarde les résultats des clubs où je suis passé, j’ai gardé beaucoup de liens aussi », – Cissou le Marseillais n’a malheureusement jamais pu jouer en pro dans son club de coeur, à l’OM : « J’ai commencé le foot à l’USPEG Marseille, puis je suis allé à l’OM et à l’âge de 14 ans, je suis parti à Vitrolles, avant de revenir à l’OM en U17 nationaux et là, j’ai passé 3 ans au Centre de formation. C’était magnifique. Même si c’était une super époque, c’était compliqué pour les jeunes. En fait, il s’est passé quelque chose lors de ma dernière année : je suis parti faire un essai à Caen, sans que l’OM ne le sache, et j ‘y suis même allé trois fois; ensuite, ça s’est su et l’OM ne l’a pas bien pris. L’histoire s’est terminée comme ça, en queue de poisson. C’est dommage, mais c’était mon choix. J’avais envie de voir ce qui se passait ailleurs. J’ai passé des moments extraordinaires avec les copains au centre, où Georges Prost m’a appris beaucoup de choses. »

Cyril Arbaud faisait l’avion pour célébrer ses buts (ici sous le maillot de l’AS Cannes). Photo Serge Haouzi.

Finalement, Cyril signera à Porto-Vecchio, en CFA, après avoir découvert ce championnat avec la réserve olympienne. Puis il se forger une solide réputation à l’échelon au-dessus, en National, sans jamais connaître la Ligue 2. Une anomalie sur un CV bien garni, qu’il explique par ses choix de carrière, notamment quand il a quitté Istres après une accession en Ligue 2 pour s’engager à Cannes en National, alors qu’il lui restait un an de contrat avec le club provençal, et aussi, peut-être, par son caractère bien trempé, ce qui a pu freiner les ardeurs de quelques dirigeants. « J’avais une réputation de joueur ingérable, de caractériel, parce que quand je n’aimais pas quelque chose, je le disais à ma manière, je le faisais ressentir, je prenais la parole pour tout le monde, et c’était mal perçu. Mais j’étais comme ça, c’était moi, je vivais football, je vivais collectif. C’était pour faire évoluer les choses, pas pour semer la zizanie. »

Cyril Arbaud, du tac au tac
« A Rouen, le stade était bouillant ! »

Meilleur souvenir sportif ?
C’est la montée en L2 avec Istres

Pire souvenir sportif ?
Ma blessure au genou, les croisés, à Roye, j’ai manqué six mois, j’ai mis du temps à revenir, du coup je n’ai fait qu’un match avec l’équipe, c’est dommage car le club est descendu et je pense que j’aurais pu les aider à batailler pour le maintien en National. Je m’étais fait ça à l’entraînement, sur une reprise d’appui, après un duel. La classique quoi.

Ton plus beau but ?
Peut-être pas le plus beau mais celui qui m’a amené le plus de satisfaction, avec Porto-Vecchio, en CFA, contre les Girondins de Bordeaux, en 16e de finale de la Coupe de France (février 2000), à Furiani. On était coaché par François Ciccolini. Le stade était à nos couleurs, en rouge et blanc. J’égalise. C’était une émotion particulière. J’ai ressenti comme une vague de supporters déferler des tribunes contre moi, ça m’a vraiment marqué, c’était au début de ma carrière. Mais ensuite, à 1-1, ils ont fait rentrer Dugarry, il a fait un festival, et on a perdu (1-4). Je n’ai joué qu’une année en corse mais ce fut exceptionnel. En plus, juste après, je suis parti dans le Nord. Vraiment une super expérience. J’ai gardé des liens, notamment Coco Aubanel, on va se retrouver face à face d’ailleurs dimanche en championnat puisqu’il entraîne Saint-Maximin, en R2.

La fiche technique du match (16e de finale de coupe de France, le 12 février 2000).

Porto-Vecchio – Girondins de Bordeaux 1-4 (1-1). Buts. – Porto-Vecchio : Arbaud (38′); Bordeaux : Laslandes (18′), Dugarry (58′, 69′), Martins (76′). 4 000 spectateurs.

Porto-Vecchio : Massoni, Akaouch (Puech 80′), Lassource (Guyot 80′), Estabes, Belarbi, Aubanel (Carapuca 70′), Soliveres, Marchetti, Ouombleon, Aït-Yahia, Arbaud. Entraîneur : François Ciccolini.

Girondins de Bordeaux : Ramé, Afanou, Saveljic, Diabaté, Bonnissel, Grenet, Pavon, Ziani (Martins 74′), Micoud, Wiltord (Dugarry 57′), Laslandes. Entraîneur : Elie Baup.

 

Plus beau raté ?
C’était à Louhans-Cuiseaux, sur une passe en retrait de Loïc Nieto, contre Besançon, qui était monté en L2 cette saison-là. On était au coude à coude avec eux en championnat. A 1-1, alors que j’avais égalisé, j’ai la balle du 2-1, et alors que je suis à un mètre du but, j’arrive à la mettre à côté ! J’avais déjà les bras en l’air ! Ce sont des choses qui arrivent !

Un stade, un club ?
L’Olympique de Marseille et le Vélodrome, ça va de paire.

Le club où tu as failli signer ?
Valenciennes et aussi Bastia, quand j’étais à Cannes : je voulais vraiment y aller mais Cannes m’a bloqué, je me suis disputé avec eux, et finalement, je suis allé à Rouen en National. Je n’ai aucun regret. Mais ce sont deux clubs où j’aurais pu jouer.

Un coéquipier ?
Cédric Rémy. Un ami. Un joueur aussi qui m’a toujours fasciné par sa simplicité et sa qualité technique. C’est un joueur que j’ai connu au début de ma carrière pro, à Louhans-Cuiseaux, et je n’ai plus jamais retrouvé un joueur aussi fort que lui. Il m’a impressionné. Il avait un pied gauche magique. Et pourtant j’en ai côtoyés quelques-uns ! C’était un vrai numéro 10 et pour moi qui suis attaquant, c’était extraordinaire de jouer avec lui.

L’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Collectivement et individuellement, je dirais Istres, avec l’accession en Ligue 2 au bout.

Une erreur de choix de carrière ?
Je ne suis pas quelqu’un qui regrette les choses, je suis quelqu’un qui s’adapte facilement quelque part, maintenant, avec le recul, je pense que ma troisième et dernière saison à Louhans-Cuiseaux a été très difficile, il y a eu un changement d’entraîneur et j’ai eu des déboires avec mon ancien agent, qui était aussi l’agent de Sylvain Matrisciano, le coach. Je ne voulais pas rester. j’ai fait l’année de trop. C’est la seule dans ma carrière.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Dans l’ensemble j’ai toujours eu de bons rapports avec tous mes entraîneurs, même si j’avais un peu cette étiquette de joueur caractériel et ingérable; à Cannes, par exemple, avec monsieur Albert Emon, on avait des divergences, mais on s’est déjà revu, y’a pas de souci avec lui. Mais à Cannes, y’avait des choses qui me dérangeaient, alors que ce groupe avait une qualité folle, et je trouvais aberrant qu’on n’y arrive pas. On s’est pris le bec plusieurs fois, mais j’ai beaucoup de sympathie pour lui. Humainement, il était top. Alors pour répondre à la question, je citerais Alain Ravera ou Denis Troch, qui m’a beaucoup inspiré sur l’approche des matchs et la préparation mentale. Et aussi monsieur Garcin à Rouen, un super-entraîneur, un super-mec, avec qui j’ai perdu le contact. Ces entraîneurs-là m’ont marqué et aidé dans mon cursus, pour devenir entraîneur aujourd’hui.

Ton geste technique préféré ?
Je n’en avais pas un spécialement, moi, du moment que le ballon entrait au fond, ça me suffisait, c’était ma seule satisfaction ! De l’épaule, de la tête, du front, qu’importe. C’est sur que des frappes de 30 ou 35 mètres, je n’en ai pas mis beaucoup. J’étais plus dans la finesse, ouvrir le pied, placer le ballon, assurer, cadrer.

Une causerie de coach marquante ?
Celles de Denis Troch.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Si je ne lai pas racontée, c’est que … Oh, tu vois Anthony, tu veux me faire dire des choses qui ne sont pas bien (rires) ! Bien sûr qu’il y a eu du rififi des fois, comme dans tous les clubs, mais ça reste dans le vestiaire, j’ai eu des frictions avec des joueurs, je m’en excuse. Même avec certains avec qui j’ai eu des histoires, on s’entend super bien aujourd’hui.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Certains ont joué en Ligue 1, Eric Bauthéac à Cannes, Julian Palmieri et Gary Coulibaly à Istres, Sigamary Diarra, Fahid Ben Khalfallah, Rémi Gomis, Anthony Gonçalves, Arnaud Balijon, à Laval, y en a quelques-uns.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
(Il réfléchit) Ah, quand même, le stade Diochon, à Rouen. Quand tu marquais, c’était quelque chose, le stade était bouillant. Rouen, c’est vraiment une ville de foot. J’ai des regrets, car j’ai eu des pépins au genou là-bas, j’ai été mal soigné, et j’ai vraiment eu du mal à revenir physiquement lors de ma deuxième année. Quand j’y étais, y’avait une grosse équipe de National, on sentait les supporters vraiment derrière.

Un modèle d’attaquant ?
Marco Van Basten et bien sûr Jean-Pierre Papin.

Des rituels avant un match ?
J’aimais bien boire un petit thé avant de partir au stade, je prenais toujours un peu de temps pour lire mon journal, j’aimais bien déconner, chambrer, titiller, tout en restant concentré, dans ma bulle. Tout en respectant la préparation des autres. J’aimais bien aller faire le con, ça permettait de détendre un peu l’atmosphère.

La ville que tu as préféré ?
J’ai bien aimé Laval, une ville de football aussi. j’ai bien aimé Dunkerque aussi, l’accueil, les gens. Après, je suis plutôt facile, je me suis intégré partout. J’ai bien aimé Cannes aussi, c’était super.

Même à Roye ?
Alors, figure toi que Roye, c’est une super-ville : là-bas, j’ai gardé de super-contacts, comme avec la personne qui s’occupait du stade, on était un groupe de copains, c’est pour ça que j’ai été frustré de ne pas jouer, je savais que je pouvais les aider en marquant quelques buts.

Comment on passe de Louhans-Cuiseaux à Roye ?
A Louhans, lors de ma 3e saison, j’ai eu ce problème avec cet agent, et j’ai décidé d’arrêter avec lui. J’ai fait une année blanche. Je crois que je n’ai pas marqué un seul but cette saison-là. La situation s’était très vite dégradée, beaucoup de choses m’avaient déplu, ça s’est très mal passé. Et comme je n’avais pas ma langue dans ma poche… Des clubs m’avaient sollicité mais des choses s’étaient racontées sur moi. Roye m’a ouvert ses portes, ça a matché avec le président, et pour moi, peu importe que le club soit huppé ou non. Malheureusement…. tu connais la suite.

Qualités et défauts sur un terrain ?

Avec le FC Rouen, en 2011 (Photo Bernard Morvan)

Buteur je pense. J’avais ce truc de sentir les coups. Quand tout le monde allait au premier poteau, moi je sentais que le ballon allait arriver au deuxième. J’étais trop caractériel, ça m’a sûrement porté préjudice à certains moments. J’ai eu quelques « trucs » avec deux ou trois coéquipiers.

Et puis à Rouen, là, ce fut avec le président Pascal Darmon, car les joueurs n’étaient pas payés, et ça… ça n’est pas passé avec moi. S’il fallait mettre quelques tartes pour faire comprendre certaines choses…

J’étais capable de le faire, mais ça m’a porté préjudice, alors que je n’étais ni violent ni agressif. Mais c’est comme ça, je suis comme ça. Bien sûr, je regrette certaines choses que j’ai faites, notamment à des coéquipiers, mais ce n’était pas contre eux, je pense que j’étais un garçon super gentil, mais sur le terrain, voilà, j’étais un compétiteur, j’avais cette gagne en moi.

Et aujourd’hui, sur un banc ?
Je me canalise, oui, je suis bien obligé, j’essaie de donner la meilleure image possible de mon club, de mon équipe, j’essaie d’inculquer certaines valeurs, même si je reste compétiteur et gagneur. Après, on a des formations, au niveau de la Ligue, qui permettent de nous aider à gérer les situations, à prendre sur soi.

Pourquoi n’as-tu jamais joué en Ligue 2 ?

Avec l’AS Cannes, en 2010. Photo Bernard Morvan.

J’ai eu la possibilité d’y aller, mais c’est des choix personnels : j’ai préféré rester un « grand » chez les « petits », plutôt que l’inverse. J’ai eu des propositions, mais voilà. A Istres, après l’accession en Ligue 2, j’aurais pu rester, j’avais encore une année de contrat. Mais monsieur Fakhri et Cannes sont arrivés… C’est toujours pareil, il y a le ressenti, et les moyens que le président de Cannes a mis, c’était exceptionnel à l’époque, le discours par rapport à moi, ça m’a plus, à la seconde où je l’ai eu au téléphone. J’étais un garçon de challenge. J’aurais tellement souhaité que Cannes retrouve le niveau pro. Aujourd’hui, je sais que Jean-Noël Cabezas y fait du bon boulot en National 3 et j’espère que ce club va retrouver la place qu’il mérite.

Tu étais un joueur plutôt …
Généreux.

Si tu n’avais pas été dans le foot…
J’aurais certainement bossé dans la coiffure !

Ta plus grosse prime de match, tu t’en souviens ?
Oh pauvre, oui ! C’était à Dubaï ! J’ai joué une année là-bas à après ma saison avec Laval où j’avais marqué 22 buts avant de me retrouver à l’UNFP ! Pour le coup, je n’ai eu que des propositions qui ne m’intéressaient pas. J’en avais marre. On fait un match amical contre Clermont, un agent vient me voir et me propose d’aller là bas, au Dubaï Cultural Sport club, mais je suis revenu assez tôt car le championnat a fini tôt, et j’ai demandé à m’entraîner avec la réserve d’Istres, ce que Nicolas Usaï, le coach de l’époque, a accepté. Et avec Frédéric Arpinon, le coach de l’équipe une, ils m’ont proposé de signer la saison suivante, en National. Ah, la prime à Dubaï ? 5000 dollars !

Ta plus grande fierté ?
D’avoir joué pendant autant d’années et d’être resté en forme, sauf la saison à Roye, et d’avoir pu vivre de ma passion pendant presque 15 ans, d »avoir connu des gens, des régions, d’avoir vécu des émotions fortes, des moments exceptionnels. Aujourd’hui, je retrouve ces émotions en tant que coach, je me régale dans ma nouvelle vie d’entraîneur.

Plus grande fierté familiale ?
Mes deux filles, dont une, Loane, joue à l’OM. L’autre, Julia, 11 ans, et fait de la danse.

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Christophe Martinez (C3M – Salon Bel Air), Bernard Morvan et Serge Haouzi.

A 41 ans, Fréderic Pereira est un homme pressé. Il multiplie les réunions, les visio-conférences, les déplacements et jongle avec ses deux passions : sa société d’équipements Skita et son club, le Paris 13 Atletico, où il est un président très investi. « Je m’intéresse à toutes les équipes, j’aime bien tout savoir. Sur le plan administratif, on est une petite structure, il y a beaucoup de choses à faire et à régler. »

En dix ans, il a connu un développement exponentiel, que ce soit avec son club qui a réussi sept montées pour atteindre le National pour la première fois de son histoire cette année qu’avec sa société Skita qui équipe aujourd’hui 400 clubs.

Son histoire, c’est celle d’une réussite et d’une certaine philosophie basée sur l’humain. Portrait.

Depuis quelques semaines, Frédéric Pereira, le président du Paris 13 Atletico, découvre un autre monde. Avec 1,6 million d’euros de budget, son équipe fait figure de Petit Poucet en National. Habitué à jouer le haut de tableau ces dernières saisons, il doit aussi apprendre à souffrir. « Après notre défaite 4-0 au Mans, je n’ai presque pas dormi la nuit, c’est dur mais je vis les choses à fond », reconnaît-il.

Avec ses baskets montantes, ses jeans courts et serrés, et son franc-parler, il détonne aussi au milieu des autres présidents, plus adeptes du costume classique. « Je revendique mes racines populaires. Je suis d’origine portugaise, mon père était ouvrier, ma mère femme de ménage. Moi, je n’ai qu’un bac, je me suis fait tout seul. Je n’ai pas la même vision que dans certains clubs. Je suis dans le foot d’abord par passion, pas pour faire du business. »

« Je suis un enfant des Gobelins »

Ces derniers mois, il a pourtant reçu des offres d’investisseurs. « Je suis ici depuis l’âge de 6 ans et on ne vend pas son bébé. Ce qui m’intéresse, c’est de développer la formation et de faire grandir le club avec nos valeurs. Je suis un enfant des Gobelins, son sang coule dans mes veines. »

Frédéric Pereira a en effet grandi à 100 m du stade Boutroux, le fief du club – qui a accueilli son premier match de National face à Avranches la semaine dernière (0-1) – et y a pris sa première licence au FC Gobelins en poussins à 6 ans.

« On ne fusionne jamais avec un malade »

Avec l’entraîneur Jean-Guy Wallemme et le DG Namori Keita.

Alors joueur, il est devenu président en 2011. Il était alors âgé d’à peine 30 ans. « On était en Excellence départementale. Ce club, c’est mon quartier, mes racines. J’étais encore joueur mais je voulais m’investir pour le faire grandir. A l’époque, certains au club voulaient fusionner avec le Stade Olympique de Paris mais je leur ai dit « On ne fusionne jamais avec un malade ». Mais on a récupéré des éducateurs, le stade Carpentier et c’était parti. Moi, j’ai joué en parallèle jusqu’en CFA 2 aux Lusitanos Saint-Maur et au FC Issy. »

En 2020, le FC Gobelins, créé en 1968, devient le Paris 13 Atletico à son initiative. « On m’a critiqué pour ça. Mais quand on est monté en National 2, on a affronté des équipes de province pour la première fois et les dirigeants nous demandaient le pourquoi de ce nom, si c’était une rue ou un quartier… ll y avait un côté péjoratif. »

Si le club portait le nom d’un endroit plutôt chic de la capitale, il était en fait confronté à une tout autre réalité. Celle d’évoluer au cœur d’un quartier populaire où résident de nombreuses familles défavorisées en bordure du périphérique. « Le club a connu une ascension exceptionnelle. Il n’a cessé de progresser et cela à tous les niveaux. Avec ce changement, les gens ont pu nous situer immédiatement. Et le nom Atletico sonne grand et c’est intéressant au niveau marketing. Affirmer notre identité parisienne est le cœur de notre projet. »

Le Paris 13 Atletico est en effet devenu le club français qui compte le plus de licenciés (près de 1 600). Sous la présidence de Frédéric Pereira, il a connu sept montées, passant de l’Excellence départementale (10e division) au National. « Avec Namori Keita (directeur général), on a franchi les étapes. Bien sûr, c’est une fierté de se retrouver aujourd’hui en National. Mais souvent, les présidents passionnés, et j’en suis un, ne s’intéressent qu’à l’équipe première. Ce n’est pas mon cas. Dans le XIIIe, on effectue un travail social de fond. Beaucoup de nos joueurs deviennent éducateurs au club, ce qui perpétue notre ADN et notre identité au fil des années. »

« Travail, humilité, identité »

Le National, Frédéric Pereira l’a abordé avec ses recettes habituelles, « le travail et l’humilité ». Mais il a dû gérer le souci des installations, le stade Boutroux n’étant pas aux normes du National. La saison a donc débuté au stade Charléty, où évoluent les deux équipes du Paris FC (L2 et D1 féminine). Ce qui a provoqué certaines crispations du côté du PFC. « Nous, on ne veut embêter personne, lance Fréderic Pereira. On a toujours espéré que notre chaudron de Boutroux soit vite mis aux normes. On a eu la chance d’être soutenu par nos élus du XIIIe, Jérôme Coumet (maire) et Aïmane Bassiouni (adjoint aux sports) qui ont toujours voulu que, quoi qu’il arrive, on puisse jouer chez nous dans le XIIIe. »

Sur le plan financier, le président du Paris 13 Atletico n’a pas voulu, non plus, bouleverser son fonctionnement. Dans l’équipe, les plus gros salaires ne dépassent pas les 3 000 euros.

« Quand on est monté en N3 puis en N2, on fonctionnait déjà différemment. Les clubs qui ont de l’argent, ils font tous pareil : ils essaient d’acheter les meilleurs joueurs. Moi, ce n’est pas ma vision du foot. Je suis persuadé que ce n’est pas parce que je vais donner 13 000 euros à un joueur au lieu de 3 000 qu’il sera meilleur. Moi, j’aime bien les revanchards, ceux qui ont faim, et j’aime donner leurs chances aux jeunes. Ça me fait plaisir aussi d’avoir des joueurs fidèles qui sont avec nous depuis plusieurs années. Pour moi, une équipe, c’est d’abord un état d’esprit, un collectif qui travaille ensemble, pas seulement des noms. J’ai eu une belle rencontre humaine avec Jean-Guy (Wallemme, le coach), qui collait parfaitement à nos valeurs. Avec Sébastien Robert (adjoint), c’est le binôme parfait, Sébastien est une figure en Île-de-France, il a accompli un travail énorme au Red Star. »

« Avec Skita, on a voulu offrir un service de pros aux amateurs »

En plus de son club, l’autre grande réussite de Frédéric Pereira, c’est sa marque Skita, la contraction de Mesquita, son 2e nom de famille. Comme le Paris 13 Atletico, la société d’équipements sportifs a connu un développement rapide en moins de 10 ans. Aujourd’hui, Skita équipe 400 clubs dont 250 en Ile-de-France, emploie 12 salariés et possède un entrepôt de 3 000 m2.

Le club de D1 portugaise FC Arouca, avec qui il a créé des liens, évolue aussi en Skita. Quel chemin parcouru depuis les débuts en 2009 ! « On a commencé dans un petit appartement de 33 m2 à Vitry à floquer des maillots avec mon épouse pour 4 clubs. J’ai eu l’idée de créer ma marque quand je jouais encore et que j’étais éducateur. Autour des terrains, j’entendais beaucoup de clubs qui avaient des soucis de stock, de livraison ou de qualité. Les grandes marques négligeaient les clubs amateurs et ne les respectaient pas. La vraie qualité était réservée aux pros. Nous, on a voulu offrir un service de pros aux amateurs. On est une marque française, on joue la proximité, on a du catalogue et on est capable de livrer en 48 heures. Il y a mon épouse et ma belle-fille avec moi, on reste une entreprise familiale. Skita, c’est la passion mais surtout beaucoup de travail. On a bossé 14 heures par jour. »

Habitué aux contre-pieds, Frédéric Pereira a aussi voulu se démarquer avec ses maillots. « J’ai été le premier à lancer le fluo dès 2012. En tant que joueur, j’ai aussi entendu des critiques sur les tenues. On a donc voulu créer des maillots bien coupés, près du corps. Je travaille avec des graphistes. Mais même si je suis autodidacte, j’aime bien aussi moi-même créer des tenues. »

Avec des références à la bibliothèque François-Mitterrand et à la Cité de la Mode et du Design, les maillots de cette saison sont parmi les plus beaux du National. Lundi 12 septembre dernier, lors du derby au Red Star, qui était le premier match de l’histoire du Paris 13 Atletico diffusé en direct sur les antennes de Canal +, Pereira l’équipementier a connu une grosse déconvenue. L’arbitre n’a en effet pas autorisé les deux jeux de maillots apportés par le club parisien qui a donc dû jouer avec des maillots blancs… prêtés par le Red Star. « Ça m’a vraiment mis en colère, reconnaît-il. Mais on découvre tout ça, le National c’est un cran au-dessus, on doit apprendre à tous les niveaux. »

Frédéric Pereira du tac au tac

« On est un club, pas une seule équipe »

Meilleur souvenir de président ?
Forcément la montée de National 2 à National en mai dernier. Atteindre ce niveau paraissait impossible pour un club comme nous il y a encore 4 ou 5 ans. Mais maintenant qu’on y est, on veut y rester même si ça va être dur.

Le pire souvenir ?
La descente des U17 nationaux en U16 DH il y a 4 ou 5 ans à cause d’une erreur administrative. Je m’en suis voulu ne pas avoir bien lu le règlement. Je l’ai prise pour moi. En fait, un club amateur n’avait pas le droit de recruter un joueur d’un club évoluant dans la même poule et le faire jouer. On a perdu 4 points sur tapis vert et on est descendu. Heureusement, on est remonté l’année d’après.

Les joueurs les plus emblématiques ?
Chez les jeunes, on a eu Karl Toko Ekambi qui est du XIIIe arrondissement et qui est resté très attaché au club. Il y a aussi Soualiho Meïté qui a joué aux Gobelins jusqu’en U13 avant de connaitre une grande carrière, les équipes de France jeunes et des clubs comme Lille, Torino, Milan AC, Benfica… En seniors, je dirais bien sûr Henri Antchouet, international gabonais passé par la D1 au Portugal, Grèce ou Espagne. Il a fini sa carrière chez nous. Il était arrivé en cours de saison en DH, on était dernier. Il nous a mis 17 buts et on s’est maintenu. Il est resté chez nous, il fait partie du staff.

Le coach qui a marqué le club ?
Namori Keita. Avec lui, on a connu trois montées de la DHR à la N3. Il occupe aujourd’hui des fonctions très importantes au club en tant que directeur général. Je remercie aussi Fabien Valeri (parti à Chambly) qui nous a fait passer un cap au niveau du professionnalisme lors de ses deux ans chez nous.

Le match le plus mémorable ?
Celui de la montée à Schiltigheim le 28 mai dernier. Le dénouement a été magnifique. Mais on ne menait que 1-0 et le match a été tendu jusqu’au bout. On a tremblé. La saison dernière, il y a aussi eu un match contre la réserve de Reims où on a été archi-dominé. Mais on gagne 1-0 à la 89e minute !

Le pire match du Paris 13 Atletico sous votre présidence ?
Une défaite au 6e tour de la Coupe de France 2018-2019 à Créteil qui était en N2. Nous, on était en N3. On a pris 6-0. Après, c’est encore tout frais, le 4-0 au Mans vendredi. Bien sûr, on était 10 après l’expulsion de notre gardien à la 24e minute. Mais on n’est pas habitué à perdre sur un score aussi large.

Plus grosse fierté de président ?
Ce dont je suis le plus fier, c’est que le Paris 13 Atletico soit devenu un vrai club de foot avec les U17 en Nationaux, toutes les équipes de jeunes en Ligue, une école de foot féminine… On n’a jamais privilégié l’élite au détriment de la masse de nos licenciés. On est un club, pas une seule équipe.

Un modèle de président ?
Je pense qu’on ne met pas assez en avant le travail des présidents. Mon modèle, c’est Pascal Bovis, le président de Fleury (N2). Il met son argent personnel, il ne lâche pas l’affaire, il fait tout pour arriver en National. Il est persévérant. Il a structuré Fleury comme un club pro, avec une équipe de D1 féminine, des jeunes performants. Il emploie des anciens joueurs et des gens du club dans sa société. Je dis juste respect… C’est un vrai passionné qui donne tout pour son club.

Un club de cœur ?
Il n’y a que le Paris 13 Atletico qui m’intéresse. Je ne supporte aucune équipe à part mon club. Je suis fan de mon club. Je ne regarde presque jamais les matchs à la télé à part parfois la Ligue des Champions. Je prends beaucoup de plaisir à aller voir nos jeunes et ce qu’on a mis en place depuis toutes ces années.

La plus grosse prime de match ?
Moi, je ne suis pas un président qui va s’enflammer en doublant ou triplant la prime. Quand on a gagné au Red Star, les joueurs ont réclamé. Mais même si c’était un derby et la première victoire de notre histoire en National, je n’ai pas bougé. Je reste modéré en toutes occasions. Car derrière, il faut assumer. Notre budget est ric-rac. Je ne vais pas dépenser l’argent que je n’ai pas.

Un stade mythique ?
Notre stade Boutroux bien sûr… Sinon, j’aime bien le Parc des Princes et le stade de la Luz à Lisbonne. Il y a une ambiance de folie. J’ai découvert celle du stade Bauer lors de notre derby. Ce qui m’a marqué, c’est que même si on a gagné, le public a continué à chanter et à encourager ses joueurs à la fin du match. C’était impressionnant. Respect à eux !

Votre plus grosse colère de président ?
Deux fois en Coupe de France ces deux dernières années. On a été éliminés par des équipes de R2. Le coach avait fait tourner l’effectif. Je n’ai jamais compris ce concept de faire tourner l’équipe en Coupe de France. Je trouve que c’est un manque de respect pour l’adversaire. On croit que ça va être plus facile mais chez nous en Ile-de-France, il n’y aucun match facile même si on joue contre une équipe de Départemental 1 ou de Régional 3.

Texte : Laurent Pruneta / Twitter @PrunetaLaurent / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr

Photos : Paris 13 Atletico

Des buts (un peu, trois), des occasions (beaucoup, une bonne quinzaine), de la passion et du suspense (passionnément) pour les acteurs et les 600 spectateurs qui ont vécu un joli 4e tour de Coupe de France dimanche à Douarnenez, entre la Stella-Maris et l’US Trégunc de Stéphane Guivarc’h. C’était le derby du jour dans le Finistère entre deux équipes de R1 !

Coup de téléphone, la semaine dernière, avant le derby entre la Stella-Maris de Douarnenez et l’US Trégunc, une des plus grosses affiches du 4e tour de la Coupe de France dans le Finistère…

– Allo, Stéphane Guivarc’h ?

Messagerie sur les deux téléphones du champion du monde 1998. D’abord sur le numéro personnel du vice-président de l’US Trégunc. Puis sur le numéro professionnel du vendeur de piscines de l’entreprise Tanguy à Trégunc. Fiasco sur les deux tableaux. Mais l’appel était lancé !

La réponse est finalement arrivée par texto :
« Salut ! Je suis au Portugal bon week-end ».

Martet à la place de Guivarch

Patrick Martet, 2e meilleur buteur de l’histoire de la Division 2, présent au match !

Et nous qui voulions justement voir et entendre Stéphane Guivarc’h, ce week-end, pour faire le lien entre le vainqueur de la Coupe de France 1996, avec Auxerre, et le 4e tour de son club, l’US Trégunc, sur le terrain de la Stella-Maris à Douarnenez… On repassera !

Les Trégunois repasseront aussi car ils ont été éliminés 2 à 1 par la Stella-Maris de Douarnenez. « Mais Trégunc a une balle d’égalisation dans le temps additionnel alors que Douarnenez aurait pu mener 4-0 à la mi-temps », faisait remarquer Patrick Martet.

A 67 ans, spectateur attentif dans les tribunes du joli stade Xavier-Trellu, le deuxième meilleur buteur de tous les temps en D2/L2 (163 buts derrière les 182 de Jean-Pierre Orts) a apprécié son dimanche de Coupe de France : « Le stade est sympa, c’est champêtre. »

A défaut de Stéphane Guivarc’h, on a donc eu Patrick Martet, ancien buteur des années 70/80 (Le Havre, Brest, Quimper, Rouen) : « C’est assez incroyable, la Stella-Maris mène 2-0 à la mi-temps après avoir tiré aussi deux fois sur la barre, après elle rate un pénalty en début de seconde période (repoussé par Marc Mell), et à l’arrivée, il y aurait finalement pu y avoir 2-2 et les tirs au but pour départager les deux équipes. »

Quatre ex-Trégunois à la Stella

Le banc de la Stella-Maris de Douarnenez.

Malgré deux balles de 2 à 1, sous la forme de deux têtes chercheuses de Maxime Boin, l’US Trégunc avait mis son réveil à sonner trop tard. « On a attendu la seconde période pour faire un demi-match de coupe. Ce n’était pas extraordinaire dans le jeu, mais au moins, il y avait de l’envie après la pause », résumait Christophe Le Goff.

Le nouvel entraîneur trégunois aurait bien aimé marcher sur les traces de ses prédécesseurs (Jérôme Molinier et Pierre Marchand) qui, la saison dernière, avaient poussé l’aventure de la Coupe de France jusqu’au 8e tour contre La Roche Vendée Football (défaite 3-0) après avoir éliminé au 7e tour la grande JA Carquefou (quart-de-finaliste en 2008) aux tirs au but.

Le banc de l’US Trégunc.

Quant aux Douarnenistes de la Stella-Maris, qui, par la magie de ce genre de derby, comptaient dans leurs rangs deux anciens Trégunois sur le terrain (la charnière centrale Florian Le Gouil et Adrien Le Grand), plus deux autres sur la touche (Kevin Veillon et le gardien Gwen Bosser, qui s’est fracturé le coude gauche le dimanche précédent), ils savouraient leur qualification par la voix de Mickaël Le Bescond, leur entraîneur-joueur : « L’objectif était évidemment d’être dans les boules du tirage du 5e tour (il a lieu ce mercredi en Bretagne), mais on repense aussi bien sûr maintenant aux 7es tours contre Lannion (2018) et Lorient (2017). Contre le FCL (défaite 0-4), il y avait 3000 spectateurs ici. »

« Ici c’est Douarn ! »

« Ici c’est Douarn », disaient les banderoles à l’époque ! Et on ne vous reparle pas des 32es de finale de la Stella, dans les années 70, contre Mazargues (1970), le Stade Brestois (71), Poissy (72), Angoulême (73), et même un 16e à Montpellier (71)…

En attendant la suite de la Coupe de France, version 2022-23, la Stella-Maris de Douarnenez et l’US Trégunc se retrouveront très vite face à face, dans leur championnat de R1, le 6 novembre, à l’occasion de la 5e journée. Mais à Trégunc cette fois, dans un stade de la Pinède lui aussi sympathique et champêtre… Et sûrement en présence de Stéphane Guivarc’h !

La fiche technique de Douarnenez – Trégunc

4e tour de Coupe de France

Le Douarneniste Styven Marchadour qui devance le Trégunois Fabio Lancien.

Dimanche 25 septembre 2022.

Stade Xavier-Trellu à Douarnenez

Beau temps ensoleillé. Pelouse en excellent état.

Arbitre : M. Coïet (Rosporden). Spectateurs : 600.

Buts. – Douarnenez: Salm (14′), Pichavant (24′); – Trégunc : Boin (90′).

Avertissements. – Douarnenez : Le Lec (89′); – Trégunc : Bourglan (31′), Mell (83′).

Les équipes

SM Douarnenez : Messager – Le Lec, Le Grand, Le Gouil, Marchadour – Gloaguen, Le Bescond (Marzin, 72′) – Pichavant, Nicolas (Le Mat, 57′), El Farissi (Firquet, 78′) – Salm. Entraîneur: Mickaël Le Bescond.

US Trégunc : Mell – Fauglas (Piriou, 46′), Bourglan, Herbin, Le Floch – Guillou, David, Le Breton (Frène, 68′), Egret – Bellec (Lancien, 54′), Boin. Entraîneur: Christophe Le Goff.

 

Texte : Denis Vergos / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr / Twitter @2nivergos

Photos : Christian Rose / Cornouaille Photo et Denis Vergos

 

Vidéos : la réduction du score de l’US Trégunc par Maxime Boin à la 90e (voir aussi le twitter du club @USTREGUNC) et le double arrêt sur penalty du gardien de l’US Trégunc Marc Mell (@MellMarc )

L’ancien joueur d’Ajaccio et Montpellier, vainqueur de la coupe de la Ligue avec Gueugnon en 2000, espère conduire l’USO en Ligue 2. Il est conscient que la concurrence est rude dans ce championnat National homogène, qu’il voit hyper-serré.

Xavier Collin défraie rarement la chronique. Ne fait guère parler de lui. Donne peu d’interview. L’ancien joueur professionnel de Montpellier et Ajaccio, aujourd’hui à la tête de l’US Orléans en National, préfère l’ombre à la lumière. Le travail aux louanges. C’est simple, quand on tape son nom sur internet, hormis sur son parcours de joueur, assez riche (plus de 400 matchs en pro tout de même !), vous ne trouverez pas grand-chose.

Quelques sites ou médias de la presse quotidienne régionale se sont cependant intéressés à son actu d’entraîneur, et n’ont pas manqué de relever trois faits essentiels de la saison précédente, sa première à l’USO.

A la trêve de Noël, tout d’abord, le natif de Charmes, dans les Vosges, n’avait pas hésité à parler de « bilan catastrophique » sur les ondes de France Bleu, au moment de faire le point sur la première partie de championnat.

Puis, toujours la saison passée, dans les colonnes de la République du Centre, il avait pointé du doigt un effectif jugé trop quantitatif, prônant un groupe réduit et plus qualitatif. Il avait aussi évoqué la formation orléanaise (lire plus loin).

« On apprend de ses erreurs »

Enfin, c’est son coup de gueule et son expulsion, après une défaite concédée 1 à 0 à Sète en avril dernier (31e journée de National), dans des conditions particulières (penalty stoppé à la 94e à 0-0 mais que l’arbitre a fait retirer), qui l’avait placé sur le devant de la scène.

Lourdement sanctionné (6 matchs de suspension), il s’en était pris à l’arbitrage en conférence de presse : « On est obligé d’être énervé quand on se fait voler comme ça ! Il n’y a jamais penalty, ni à le refaire tirer. Pas corner non plus ! »

Depuis, Xavier Collin (48 ans) s’est calmé. Il a purgé sa suspension. Et dit avoir appris de l’épisode héraultais. « Je dois tirer des leçons de tout ça, mais je n’aime pas l’injustice. De temps en temps, on sort de ses gongs, mais je dois être capable de me maîtriser. Je dois montrer l’exemple. On apprend de ses erreurs. »

L’USO, seule équipe invaincue en National

Le nouvel exercice 2022-2023 ? Il est plutôt encourageant pour le club du Loiret, qui a enregistré une victoire et six nuls en sept rencontres. Un bilan qui s’est même « transformé » en deux victoires et cinq nuls après le succès 3-0 sur tapis vert contre Concarneau et les deux points récupérés (le club breton avait fait jouer un suspendu lors de la journée inaugurale, 1-1).

Du coup, au classement, et à quatre jours de la réception du FC Villefranche Beaujolais (vendredi 30 septembre à 19h30 au stade de la Source), l’US Orléans, seule équipe de National encore invaincue cette saison, pointe à la 4e place, à une longueur seulement du trio de tête composé de Concarneau, Dunkerque et Avranches (en attendant le résultat du dernier match de la 6e journée ce soir, entre Châteauroux et Dunkerque). « On n’a pas encore gagné chez nous, à La Source, c’est dommage, c’est le côté négatif de ce début de saison, même si on a récupéré 2 points contre Concarneau. Mais c’est le championnat qui veut ça, c’est difficile de gagner à domicile, de contourner les blocs. On a aussi joué contre Versailles, Nancy et Châteauroux, en menant deux fois au score sur ces trois matchs. »

Avant son déplacement à Saint-Brieuc vendredi dernier (1-1), Xavier Collin est revenu sur ses parcours de joueur et d’entraîneur, et s’est aussi livré au jeu du « questions-réponses ».

  • Ses débuts à Charmes puis à Epinal

Sous le maillot de Montpellier.

J’ai commencé le foot dans un petit club à Charmes, dans mon village des Vosges. Le club jouait en PH. Je suis arrivé au SAS Epinal à l’âge de 12 ans, j’y ai fait toute ma formation et j’y ai signé pro en 1995 quand le club est monté en Division 2. J’étais déjà dans l’effectif la saison précédente en National. A l’époque, j’avais suivi le cursus scolaire classique, je faisais partie de la section sportive collège et lycée, ça me permettait d’allier football et études, jusqu’au bac. Epinal était bien structuré, avec des équipes de haut niveau chez les jeunes; c’était un bon club formateur, qui a sorti pas mal de joueurs. Nos familles, celles de mon épouse et la mienne, sont toujours installées dans les Vosges. On rentre régulièrement. Je suis très attaché à cette magnifique région et aux montagnes vosgiennes. En 1997, après la descente en National, J’avais envie de voir autre chose. Je suis parti à Poitiers, en National. Je sentais qu’Epinal était en fin de cycle. La saison suivante, je suis allé à Amiens, en Ligue 2 : là, j’effectue le début de saison, mais je me fais une rupture des trois ligaments à la cheville. Ce fut une année particulière, dans un très bon club, qui était déjà en train de grandir. Le stade de La Licorne allait être livré, on m’a proposé de rester mais le projet de Gueugnon en Ligue 2 est arrivé. Et ce club me voulait déjà depuis plusieurs saisons, alors….

  • Gueugnon, « un club comme il n’en reste plus beaucoup »

Avec les Forgerons de Gueugnon, il soulève la coupe de la Ligue en 2000. Photo VM / DR

Gueugnon, c’est un bon choix, même si je n’ai pas tout le temps joué, notamment l’année de la victoire en Coupe de la Ligue, par contre, au niveau humain, ce fut une année fantastique, avec un groupe extraordinaire, ça dépassait le cadre du football.

On a noué des liens très forts, on est d’ailleurs toujours en contact, on a plein de souvenirs. Gueugnon, c’est un club comme il n’en reste plus beaucoup aujourd’hui.

 

  • Ajaccio : « Je découvre la Ligue 1 à 28 ans »

Sous le maillot de l’AC Ajaccio.

Christophe Etorri, avec qui je jouais avec à Gueugnon, parle de moi à Rolland Courbis, qui recherche un joueur polyvalent, capable de jouer à droite et à gauche, et ça s’est fait rapidement. A 28 ans, j’ai découvert la Ligue 1. J’ai eu la chance de faire 4 saisons à ce niveau. Ensuite, quand on est descendu, le club a voulu remonter, je suis resté deux saisons de plus en Ligue 2, mais quand Rolland (Courbis) a signé à Montpellier, il m’a rappelé pour une mission : celle de monter en Ligue 1, j’avais 34 ans, et on y arrivé dès la première saison !

  • Montpellier et la montée avec Rolland Courbis !

J’ai fait trois belles années. Je m’étais fixé cet objectif quand j’étais gamin, celui de jouer en première division, c’était un rêve. J’ai arrêté parce que physiquement ça devenait compliqué d’être performant à ce niveau.

J’ai eu la possibilité de rentrer au club de Montpellier comme éducateur chez les jeunes et puis il y a eu le projet de Béziers qui est arrivé tout de suite, avec cette opportunité d’entraîner une équipe de National 2, ce qui me permettait de me lancer directement avec des seniors. Même si repartir dans le monde amateur ne fut pas simple.

  • Béziers : « ça m’a permis de me lancer »

J’ai été mis en relation avec le président Gérard Roquet par l’intermédiaire de Pierre Ona, et ça a matché; j’avais senti un club ambitieux et un président qui voulait le faire grandir. Béziers, cela m’a permis de me lancer, avec une certaine liberté pour mettre en place mon projet. Finalement, le club a grandi vite.

  • Epinal, le retour aux sources et l’épopée en coupe de France !

Non, je n’ai pas souffert de l’adage « Nul n’est prophète en son pays ! ». A Epinal, je connaissais des gens; ça reste un club familial, et ça m’a aussi permis de retrouver ma famille. C’était un retour aux sources pour moi, ça m’a fait du bien, surtout après l’épisode douloureux de Béziers et mon éviction qui a été difficile à digérer, même si j’ai attaqué très vite après à Epinal en National. Au départ, je suis là pour épauler le coach Laurent Bénier, un de mes anciens coéquipiers, qui avait alors le rôle de directeur sportif. C’est lui qui m’a appelé pour revenir. Là, je fais partie du staff. Laurent souhaitait prendre du recul la saison suivante. La passation s’est fait dans le temps. Il m’a laissé intégrer progressivement l’équipe. On a préparé le recrutement ensemble, pour la saison suivante. Après sportivement, on est descendu, puis on avait l’ambition de retrouver le National, donc de ce point de vue là c’est un échec, mais j’ai envie de dire que, quelque part, lors de la saison 1999-2000, avant la Covid, on a tout misé sur la coupe de France, qui reste une aventure exceptionnelle (1/4 de finale). On a crée des liens avec les joueurs. Humainement et sportivement, ça a été une période riche. J’étais manager général, j’ai touché un peu à tout au niveau de la gestion du club.

  • Orléans : « L’ambition, c’est de monter »

Quand on arrive dans un club pro comme l’USO, l’ambition c’est de remonter mais il faut toujours un peu de temps pour découvrir à qui on a affaire dans son effectif et jauger la qualité, on est tributaires des profils de joueurs que l’on a. Alors, ça a mis du temps, on l’a vu en première partie de saison, ça a été compliqué, mais on nous a laissé travailler, et on a fait une bonne deuxième partie. Finalement, on y est arrivé, on a trouvé de la complémentarité entre les joueurs, un équilibre, un système, et cette saison, avec la cellule de recrutement, on est parti sur autre chose, on a pris les joueurs que l’on souhaitait, on a eu du temps pour travailler. Aujourd’hui, on a un groupe ultra-compétitif, avec des joueurs expérimentés, aguerris, qui sortent de belles saisons. Maintenant, on espère atteindre l’objectif, mais on sait aussi qu’il y a une dizaine d’équipes qui veulent monter en Ligue 2. Il faut faire preuve d’humilité. Il faut prendre des points, c’est ce que l’on a fait jusqu’à présent, même si, dans le jeu, la qualité n’a pas été à la hauteur de ce que l’on attend (entretien réalisé avant le déplacement à Saint-Brieuc). Mais on voit bien que ce n’est facile pour personne. On se dirige vers un championnat très homogène et hyper-serré. Il faut que l’on continue à gratter des points en attendant de récupérer une grande partie de notre effectif car on a eu beaucoup de blessés et de suspendus. On espère avoir tout le monde à 100 % d’ici quelques semaines. Pour l’heure, on fait le dos rond. Cette saison, on a intégré six joueurs du centre de formation, dont Lucas Bretelle, né en 2002, qui a eu du temps de jeu, et des joueurs nés en 2003, comme Modibo Camara, 19 ans, qui a déjà joué cette saison, et des plus jeunes encore. On a un effectif en termes quantitatif qui est cohérent.

  • « Le National a énormément progressé »

Le National a énormément changé en quelques années. Je l’avais déjà connu avec Epinal (fév. 2016 à juin 2017) et quelques mois avec Béziers (août à décembre 2015). Il y a beaucoup d’équipes avec des budgets importants même s’il reste quelques clubs en déficit de structures, mais on s’aperçoit qu’il y a des effectifs de grande qualité, comme à Bourg, à Châteauroux, à Nancy, au Mans, à Dunkerque, au Red Star, etc., et chez nous aussi. Y’a aussi une grande concurrence entre les clubs qui sont capables d’attirer des joueurs expérimentés de Ligue 1 ou de Ligue 2, on le voit avec Versailles, qui a attiré des joueurs très aguerris au haut niveau. C’est devenu un championnat ultra-compétitif, qui attire de plus en plus de joueurs de qualité qui n’ont plus peur de redescendre d’un niveau. Et en termes de formation, on découvre des talents purs dans beaucoup d’équipes. Les clubs n’ont plus peur de lancer des jeunes joueurs à ce niveau-là. Avant, il y avait des bons joueurs, bien sûr, et toujours deux ou trois de très grande qualité dans chaque équipe, or aujourd’hui, c’est sept ou huit ! Indéniablement, le National a progressé.

Xavier Collin, du tac au tac
« Rolland Courbis était un visionnaire ! »

Le meilleur joueur avec lequel vous avez joué ?
André Luiz à Ajaccio, et Olivier Giroud aussi, à Montpellier.

Un coéquipier ?
Greg Lacombe, un ami ! On a gardé des contacts. C’est avec lui que je m’entendais le mieux sur le terrain, que j’avais le plus d’affinités.

Meilleur souvenir de joueur ?
Mon premier match en Ligue 1 avec Ajaccio, contre Strasbourg, là-bas (1-1, saison 2002-2003, journée 1).

Pire souvenir de joueur ?
La descente avec l’ACA en Ligue 2, en 2006.

Un match référence ?
Je ne retiens pas un match en particulier, mais plutôt la régularité.

Une anecdote de vestiaire jamais racontée ?
(Rires) J’en ai beaucoup, mais on les garde pour nous !

Une causerie de coach ?
Quand on a Rolland Courbis comme coach, forcément, on en a quelques-unes qui marquent ! Celle de la première journée de championnat avec Montpellier, en Ligue 2, l’année de la montée, quand on va à Strasbourg pour la première journée (défaite 1 à 0) : il nous avait dit que le match retour à la dernière journée serait celui de la montée… et c’est ce qu’il s’est passé (succès 2-1). Il était visionnaire, ça reste gravé.

Une idole de jeunesse ?
Paolo Maldini, qui incarnait la classe et l’intelligence.

Un coach ?
J’ai eu la chance d’avoir de très bons coachs, René Girard, Rolland Courbis, par exemple, ce sont des entraîneurs qui marquent. Forcément je retiens Rolland car c’est celui qui m’a permis de jouer en Ligue 1 à l’AC Ajaccio.

Un club, un stade ?
Je suis un amoureux du foot, je n’ai pas de club en particulier, sinon j’aime le stade San Siro à Milan.

Pas le stade de la Colombière à Epinal ?
(sourire) C’est un stade mythique aussi !

Une ville ?
Si je dois en citer une, je dirais Ajaccio.

Des passions en dehors du foot ?
J’aime le golf. Je suis index 15.

Le jour où vous avez pris la décision d’être coach ?
J’ai toujours eu ce désir en moi, très tôt j’ai encadré des équipes dans les clubs où je suis passé. Cette reconversion était quelque chose de logique. J’ai passé mes diplômes tôt aussi, durant ma carrière de joueur.

Meilleur souvenir de coach ?
Notre épopée en coupe de France en 2020 avec Epinal (N2) avec un groupe extraordinaire, c’est inoubliable (élimination en 1/4 de finale par Saint-Etienne après avoir sorti Lille en 8e). La montée de CFA en National avec Béziers, en 2015, reste aussi un bon souvenir.

Pire souvenir de coach ?
Mon éviction de Béziers, en 2015, je n’ai pas profité pleinement de la montée en National, décrochée quelques mois plus tôt. On ne m’a pas laissé le temps, c’est surtout ça qui est difficile à digérer, surtout que c’était la première fois que ça m’arrivait. C’était un 22 décembre, juste avant Noël, je m’en souviens bien. Ca fait partie du job…

Le coach avec qui vous pourriez partir en vacances ?
Rolland Courbis

Celui avec lequel vous ne partirez pas en vacances ?
Je le garde pour moi, je n’ai pas envie de lui dire (rires !)

Le coach perdu de vue, que vous aimeriez revoir ?
J’aimerais revoir Philippe Maurice, l’entraîneur qui m’a lancé à Epinal en National en 1994.

Vous souvenez-vous de votre premier match en National ?
Oui, avec Epinal, à Amiens.

Une devise ?
On a toujours ce que l’on mérite.

Après une défaite, que faites-vous ?
Aujourd’hui, j’essaie de couper, de faire abstraction du match, de profiter de mes proches, parce que, avant, j’étais exécrable, mais maintenant, j’arrive à prendre un peu plus de recul.

Et après une victoire ?
Je fête ça (rires !) En plus, à Orléans, on a la chance d’avoir un espace partenaires assez sympa, alors avec le staff, on savoure, ça ne dure pas longtemps, et on se remet très vite au travail. Dès le lendemain matin, on est déjà dans le match de la semaine suivante.

Sur le banc, vous êtes plutôt…
Impulsif, caractériel.

Un style de jeu ?
Mon schéma préféré c’est le 4-3-3 même si aujourd’hui je suis dans un 3-5-2, et ce depuis plusieurs saisons, afin de de m’adapter aux profils des joueurs dont je dispose.

Vous étiez un joueur plutôt…
Généreux et rugueux.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photo de présentation : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech, Peron Photographe et USO

Vous avez loupé un épisode de la série « 13heuresfoot » ?

Voici la séance de rattrapage !

Samedi 24 septembre

Ludovic Genest : « Arbitre, c’est un vrai travail au quotidien ! »
Le lien : https://13heuresfoot.fr/actualites/ludovic-genest-arbitre-cest-un-vrai-travail-au-quotidien/
A 35 ans, l’ancien milieu offensif professionnel (Auxerre, Bastia, Laval, Clermont, Istres, Créteil) a entamé une nouvelle carrière d’arbitre. En parallèle, il est… pompier volontaire dans la caserne de Saint-Florent, en Corse. Une passion qui lui procure les mêmes émotions qu’au football.

Vendredi 23 septembre

Alain Melaye (JA Drancy), un demi-siècle de présidence !
Le lien : https://13heuresfoot.fr/actualites/alain-melaye-ja-drancy-un-demi-siecle-de-presidence/
Depuis 1967, la Jeanne d’Arc de Drancy s’appuie sur son emblématique dirigeant de 75 ans, véritable figure du football francilien. Le truculent chef d’entreprise à la retraite préfère les valeurs liées à l’identité de son club et à l’état d’esprit plutôt qu’à l’argent. Et n’hésite pas à instaurer des règles strictes aux 1300 licenciés de son association. Portrait d’un personnage comme on en croise rarement.

Jeudi 22 septembre

Emmanuel Dorado (Sainte-Geniève) : « Le foot, c’est ma vie ! »
Le lien : https://13heuresfoot.fr/actualites/emmanuel-dorado-le-foot-cest-ma-vie/
L’entraîneur de Sainte-Geneviève-des-Bois (N2) évoque son parcours de joueur et de coach. Le Francilien, vainqueur de la Gambardella avec le PSG en 1991, a écrit les plus belles pages de sa carrière de stoppeur à l’étranger, notamment à Malaga (champion de D2) et à Livingston (vainqueur de la Coupe de la Ligue écossaise).

Mercredi 21 septembre

Adrien Pianelli retrouve le sourire avec le FC Rouen
Le lien : https://13heuresfoot.fr/actualites/adrien-pianelli-retrouve-le-sourire-avec-le-fc-rouen/
Après deux saisons compliquées, le latéral droit du FC Rouen (N2) voit enfin le bout du tunnel. Le Bastiais, qui a connu le chômage après le dépôt de bilan du Sporting, son club de coeur, évoque ses galères et sa carrière..

Mardi 20 septembre

Steven Paulle : « Avant un match, je me mettais des coups ! »
Le lien : https://13heuresfoot.fr/actualites/steven-paulle/
A 36 ans, l’ancien défenseur central de Dijon (L2, L1) est de retour dans sa ville et dans son club de toujours, à l’AS Cannes, où il est éducateur chez les jeunes. Il évoque sa carrière, sa nouvelle vie et son expérience en Indonésie, où il se mettait en transe avant de jouer.

Lundi 19 septembre

Stéphane Le Mignan, la figure de proue de Concarneau
Le lien : https://13heuresfoot.fr/actualites/stephane-le-mignan-la-figure-de-proue-de-concarneau/
L’entraîneur des Thoniers, « doyen » des coachs en National (il vient d’entamer sa 13e saison à cet échelon), a trouvé son port d’attache dans le Finistère, à 100km de chez lui et de son Morbihan natal, où il s’était révélé en hissant Vannes en Ligue 2 et en finale de la coupe de la Ligue. Rencontre.

A 35 ans, l’ancien milieu offensif professionnel (Auxerre, Bastia, Laval, Clermont, Istres, Créteil) a entamé une nouvelle carrière d’arbitre. En parallèle, il est… pompier volontaire dans la caserne de Saint-Florent, en Corse. Une passion qui lui procure les mêmes émotions qu’au football.

Ludo (à droite) avec les collègues de la caserne de St-Florent.

C’est sur une montée en National 2 avec le Sporting Club de Bastia, en mai 2019, que Ludovic Genest a décidé de mettre un terme à sa carrière. Histoire de boucler la boucle.

Alors que ses anciens collègues choisissent de prendre le chemin des plateaux télés, des studios radios ou des terrains de foot pour endosser le costume d’entraîneur, l’ancien numéro 10 a pris tout le monde à contre-pied. Du National 3 au National, en passant par la Ligue 1 et la Ligue 2 – en tant que quatrième arbitre – Ludovic Genest porte en effet le « costume » d’homme en noir.

Ludo, sur le front.

Et s’il prend du plaisir chaque week-end sifflet à la main, celui qui est passé par Auxerre (L1), Clermont (L2), Bastia (L2), Laval (L2), Istres (L2) ou encore Créteil (L2), n’en finit plus de surprendre avec une autre corde à son arc : celle de pompier volontaire dans la caserne de Saint-Florent, près de Bastia. Une activité qui est vite devenue une passion, comme il aime à le rappeler.

Entre deux matchs de foot, une garde et la préparation d’une compote de pommes/fruits rouge maison, le natif de Thiers (Puy-de-Dôme) a pris le temps de revenir sur sa carrière et sa nouvelle vie de « retraité » des terrains.

Ludovic, à 35 ans bon nombre de footballeurs tapent encore dans un ballon. Pourquoi avoir raccroché les crampons si tôt ?
Ça faisait 12 ans que j’étais footballeur professionnel et près de 25 ans que je tapais dans le ballon. Pour moi la boucle était bouclée. Je n’avais plus trop de projet qui me tenait à cœur et je savais que l’arbitrage était un monde vers lequel j’allais me tourner. Et puis l’instabilité me posait souci. J’avais deux petits garçons sur le point d’enchaîner une quatrième école en autant d’années. J’avais fait un tour d’horizon du foot plutôt sympa et c’était l’heure pour la famille de se poser et d’avoir une vraie vie sociale.

Alors que certains courent après un dernier gros contrat, tu décides d’aider le Sporting Club de Bastia, alors en N3 avant d’arrêter. C’était une évidence, un devoir pour toi ?
Initialement, ce n’était surtout pas prévu. Ma femme venait d’ouvrir son magasin à Clermont-Ferrand et pour ma part je jouais en National 2 avec Andrezieux. Et puis, en janvier 2018, le Sporting va mal et souhaite faire revenir des anciens pour sauver le club alors en National 3. J’ai commencé ma carrière là-bas et c’était quelque part un clin d’œil de finir avec Bastia. Cela a été un choix finalement assez simple à faire. Ce n’est pas que le SCB, c’est la Corse en générale, un mode de vie. Le Sporting, c’est le représentant national, européen et même mondial de l’Île-de-Beauté.

Photo FFF

Entraîneur, directeur sportif, consultant sont les reconversions plutôt classiques dans le milieu du foot et toi tu prends tout le monde à contrepied en prenant la voie de l’arbitrage. Qu’est-ce-qui t’a guidé vers cette fonction ?
J’ai mes oncles qui ont été arbitres au niveau amateur. J’allais les voir de temps en temps et j’ai eu ça en moi très très tôt. En grandissant, je me suis intéressé à la fonction et à des arbitres comme Sébastien Desiage – qui nous a malheureusement quittés il y a deux ans – William Lavis et Stéphane Pignatelli, qui ont eu une influence positive sur la suite. C’est via ce dernier que j’ai eu entre les mains l’IFAB (International football association board, instance qui détermine et fait évoluer les règles du jeu, Ndlr). C’est un peu la bible des arbitres car elle dicte les lois du jeu. L’environnement et les personnes m’ont donné envie de me lancer, et puis je voulais être maître de mes prestations. Ce qui n’est pas le cas lorsque tu es coach, car tu dépends d’un groupe, d’un président. Là, au moins, tu es seul avec ton sifflet, même si tu as deux assistants avec toi.

En quoi être de l’autre côté de la barrière a changé ta vision du rôle d’arbitre ?
Je me suis rendu compte de la difficulté, de la pression que les arbitres peuvent avoir. Ils ont tous beaucoup de charisme, de sang froid et doivent rapidement prendre des décisions parfois impopulaires. Et il faut le dire : il y a une vraie performance physique pendant quatre-vingt dix minutes. Il faut être dans le sens du jeu, au bon endroit au bon moment. Avec autour de vous, deux équipes plus des dirigeants, des spectateurs qui attendent un résultat positif de leur match. Arbitre, c’est un vrai travail au quotidien, notamment grâce à la DTA (Direction Technique de l’Arbitrage) qui fait en sorte de nous apporter tous les outils afin de nous aider dans nos décisions arbitrales. Il y a beaucoup de stages dans l’année pour être toujours plus performants.

Sac et couchage et plat de lasagnes

En Corse, tes journées pourraient être occupées par les entraînements, la plage et des randonnées en montagne, mais tu as une autre activité, plutôt inattendue. Tu es pompier volontaire depuis quelques mois…
Ce n’était pas un rêve de gamin à proprement parler comme ça peut l’être pour d’autres. Mais j’ai toujours trouvé que c’était un métier important, honorable. Lorsque tu vois les pompiers arriver, il y a toujours une forme de soulagement, tu sais qu’ils sont là pour toi. J’ai un ami qui m’a souvent dit ‘’tu as le profil. Tu es gentil, tu aimes les gens.’’ Je suis allé à la caserne de Saint-Florent pour observer, puis je me suis lancé dans l’aventure en faisant les formations. Je suis avec des gens extraordinaire, qui viennent de tous les milieux sociaux. Et puis le rythme me plaît. Je débarque alors avec mon sac de couchage, mon plat de lasagnes, et je me tiens prêt pour la moindre intervention. Pompier volontaire, c’est vite devenue une passion plus qu’une activité. Lors de ma première intervention pour un feu, dans le camion, j’avais les mêmes sensations que quand je prenais le car pour aller au foot. Les enfants nous encourageaient et le lendemain matin pour nous remercier, une petite fille est venue nous apporter un gâteau.

Ludovic Genest, du tac au tac
« Furiani, un stade particulier pour moi ! »

Photo SC Bastia

Premier match en pro ?
C’était en 2005 avec Auxerre à Bordeaux. Dans son stade Jacques-Chaban Delmas et son couloir interminable. Impossible de ne pas m’en souvenir. Je suis alors en cours de philo à Auxerre et mon téléphone n’arrête pas de sonner. Mais vraiment ça sonne tout le temps, tout le temps. Je finis par demander à mon prof si je peux décrocher car ça à l’air urgent. Et là au bout du fil, Dominique Cuperly, l’adjoint de Jacques Santini, l’entraîneur de l’époque. Il me dit « Ludo, Pieroni a une gastro, on vient te chercher pour que tu ailles prendre un avion à Paris et nous rejoindre pour être dans le groupe. » Là, j’hallucine complet. Le match se déroule, on s’échauffe et à 25 minutes de la fin du match, il rappelle tout le monde car il ne veut plus faire de changement. Et là, on prend un but et Santini décide de me faire rentrer, d’autant que je suis le seul attaquant sur le banc. J’ai cru que j’allais être superman, je courrais partout et je prends rapidement mon premier carton jaune pour une faute sur Mavuba ou Alonso, l’Argentin de Bordeaux.

Premier but en pro ?
C’était en 2008-2009 lors de la première journée de championnat avec Bastia et une victoire 2-1 à Troyes : sur un dégagement raté de Gaël Sans, je reprends le ballon d’une reprise de volée à ras-de-terre et je trompe Cyrille Merville. Derrière, je fais une passe décisive à Malek Cherrad. Plutôt des bons débuts pour lancer la saison !

Le joueur le plus fort avec lequel tu as joué ?
J’en ai croisé quelques-uns, mais je pense tout de suite à Benoît Cheyrou à Auxerre. Lui n’a pas joué avec moi, mais moi j’ai joué avec lui (rires). Il avait une lecture du jeu, une maîtrise du ballon incroyable. À l’époque, j’étais encore avant-centre et il avait une super qualité de passe. Dès que je faisais un appel, je n’avais pas besoin de regarder, je savais que le ballon allait me tomber direct dans les pieds. Vraiment un mec bien sur tous les points.

Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Olivier Giroud avec Tours. On va jouer là-bas, je le trouve vraiment bon. Mon agent était là ce soir-là et je lui dis que j’ai vraiment trouvé ce joueur excellent. Il s’avère que mon agent était aussi celui de Giroud. Il m’a dit tout le bien qu’il pensait de lui et qu’il fallait le surveiller pour le futur. Ce n’est pas qu’un grand joueur qui met des têtes.

Le stade qui t’a procuré la plus grande émotion ?
Furiani forcément. C’est un stade particulier en termes d’engouement. Et puis j’ai été Champion de France de Ligue 2 avec le Sporting en 2012. J’avais les enfants, les amis, la famille au stade. C’est une émotion globale qui fait que Furiani est un stade important.

Ta plus grande joie ?
Le titre en Ligue 2 avec le Sporting. Mon plus beau trophée et le seul (rires) ! On fait une super saison et pour un joueur comme moi – après un passage à Istres – ça m’a permis de (re)découvrir la Ligue 1. J’y ai même marqué un petit but à Lille.

Ta plus grande déception ?
À Istres, car très vite je suis mis à l’écart. Mais je n’étais ni bon, ni en forme, c’était donc normal. Tu vois les autres titulaires, pendant que toi tu es constamment dans l’équipe des remplaçants lors des mises en place, tu stagnes. Alors j’ai fait le dos rond et je me suis réfugié dans le travail. J’ai bossé, bossé, bossé. Le travail finit toujours par payer.

Un transfert improbable ?
Au tout début, alors que je suis à Bastia, on va à La Meinau, avec là-aussi une grosse ambiance, pour jouer Strasbourg. Mais à l’époque, c’est la grosse équipe de D2. Le club me contacte pour prendre la température et finalement, il n’y a jamais une de suite. C’était une grosse déception pour moi. Papin y était passé quelques temps avant au poste d’entraîneur, Gameiro était un joueur pour qui j’avais beaucoup d’admiration et forcément ça m’aurait tenté.

Texte : Julien Leduc / Mail : jleduc@13heuresfoot.fr / Twitter : @JulienLeduc37

Photos : DR sauf mentions spéciales

Depuis 1967, la Jeanne d’Arc de Drancy s’appuie sur son emblématique dirigeant de 75 ans, véritable figure du football francilien. Le truculent chef d’entreprise à la retraite préfère les valeurs liées à l’identité de son club et à l’état d’esprit plutôt qu’à l’argent. Et n’hésite pas à instaurer des règles strictes aux 1300 licenciés de son association. Portrait d’un personnage comme on en croise rarement.

Président de la Jeanne d’Arc de Drancy, Alain Melaye (75 ans), hésite encore. Il a deux options pour occuper son prochain dimanche : soit accompagner son équipe première (N3) engagée en Coupe de France à Rungis (R3), soit assister au derby du 93 entre ses U19 Nationaux et le FC Montfermeil, surprenant leader du groupe A pour avoir notamment fait tomber le Paris SG.
Voilà plus d’un demi siècle que le football remplit les dimanches de cette incontournable figure du sport francilien qui a fait d’un patronage catholique un des meilleurs clubs d’Ile de France, en plein cœur du 9-3. « Mais il y a deux jours sacrés pour la famille, Noel et le dimanche de Pâques » sourit-il.

A la tête du club depuis 1967, record officieux !

Alain Melaye est devenu président de la section football de la JA Drancy en 1967. Il en était alors déjà joueur… et entraîneur ! 55 ans de présidence, qui dit mieux ? Apparemment, personne. C’est un record officieux.

En 1995, il a même été installé à la tête de la section omnisports de la JAD (natation, judo, tennis de table, etc…) qui totalise 3 300 licenciés dont près de 1 300 au football (44 équipes). « On ne peut pas en prendre plus. Alors, tous les ans, on a 400 personnes sur liste d’attente, explique Alain Melaye. La Ville de Drancy nous aide beaucoup. Mais nous sommes en zone très urbanisée et elle ne peut pas faire de miracle. On occupe cinq terrains mais cinq terrains différents, disséminés sur toute la commune. Il n’y a pas si longtemps, on divisait chaque terrain par 4 pour que toutes les catégories puissent s’entraîner. Maintenant, on ne les divise plus que par 2 mais on a dû réduire chaque séance d’un quart d’heure pour caser tout le monde. Les parents grognent un peu, je les comprends, mais comment faire autrement ? On a 1 300 joueurs et 44 équipes à faire jouer. »

Mateta, Fofana, fiertés de la formation drancéenne

Pourtant la quantité n’exclut nullement la qualité. Les conditions d’entraînement spartiates n’empêchent pas la JA Drancy d’être l’un des trois seuls clubs amateurs d’Ile de France (avec Montfermeil et Torcy) à disposer de U17 et U19 Nationaux. Bref de faire mieux en matière de formation que, par exemple, le Red Star ou Créteil, pourtant passés par la case professionnelle.

En terminant 2e de son groupe en mai dernier, derrière le PSG, mais devant Lille, Lens, Caen ou Le Havre, Drancy est même devenu le tout premier club amateur à se qualifier pour les quarts de finale du championnat de France U19. Une génération dont les meilleurs ont, comme chaque année, rejoint les centres de formation de clubs professionnels, français ou étranger puisqu’un jeune drancéen s’est engagé à l’AS Rome. Parmi les plus récentes pépites de la JAD, Jean-Philippe Mateta (Crystal Palace) et Youssouf Fofana (Monaco), international français depuis hier soir contre l’Autriche.

Du championnat de District jusqu’en National !

En seniors, l’ascension du Drancy d’Alain Melaye a même été un moment fulgurante avec une succession de montées successives qui propulsa en 10 ans la JAD du championnat de District au CFA (N2) où le club restera de 2009 à 2018, l’année d’un titre de champion de France de la division après la saison exceptionnelle (une seule défaite en trente matches) d’une équipe alors entraînée par Malik Hebbar. Drancy put alors connaître sa seule saison en National (2018-2019).

« C’était un peu trop haut pour nous, notamment en termes d’infrastructures, d’organisation, se souvient Alain Melaye. On n’a jamais été ridicules. On faisait souvent de bons matches, mais on perdait d’un but… On a quand même mis 3-0 à mes amis de Chambly qui sont montés cette année là en Ligue 2 (sourire). Mais on parlait un peu trop d’argent dans le vestiaire à mon goût… Pour moi, le plus important pour un club, c’est son identité, son état d’esprit. La vraie place de Drancy, c’est en N2. J’espère qu’on y retournera bientôt. Pour l’instant, c’est difficile (un nul, deux défaites lors des trois premiers matches de N3), mais on fait jouer les jeunes de chez nous, et c’est pour moi le plus important. »

« Je vais essayer d’arriver aux 60 ans de présidence ! »

A Drancy, les jeunes c’est sacré. Les plus jeunes bénéficient d’ailleurs chaque soir, s’ils le souhaitent, d’un soutien scolaire auprès de volontaires, souvent des enseignants à la retraite. Alain Melaye a imposé l’idée il y a déjà quelques années. Il a aussi institué des règles strictes : par exemple, à la JA Drancy, on retire sa casquette quand on salue un adulte. « On combat les clichés sur le 93, explique le Président. Je ne négocie pas avec le respect. Ça ne veut pas dire qu’on n’a jamais de problèmes de discipline. En tout début de saison, on a eu des soucis dans un match amical de jeunes. L’éducateur voulait exclure les quatre ou cinq fautifs. J’ai préféré les réunir, leur faire la leçon et les envoyer pendant un mois s’occuper chaque mercredi de l’entraînement des plus petits. Ils se sont exécutés et tout est rentré dans l’ordre. »

Alain Melaye pourrait donner de longues leçons de vie. Lui, le self made man, qui lança autrefois dans une cave son entreprise de fabrication et diffusion d’articles de sports (Sports Élite), dont il fit une formidable réussite (240 salariés) transmise aujourd’hui à ses deux fils.

A qui transmettra-t-il la JA Drancy, qui fêtera ses 120 ans en 2023 ? Il hausse les épaules : « Je ne sais pas encore, on verra bien. J’ai des dirigeants compétents autour de moi, mais tant que je suis en forme, ça va… Je vais au club tous les jours, je reste au contact permanent de nos salariés et de nos éducateurs, 85 au total. Je vais quand même essayer d’arriver aux 60 ans de présidence ! »

Ses meilleurs souvenirs de président

« Ils sont liés à la Coupe de France. La JA Drancy a une histoire d’amour avec la Coupe de France qui nous a permis de jouer contre des clubs comme Strasbourg, Metz, Nice… En 2011, nous sommes arrivés pour la première fois en 8e de finale (contre Nice, 0-1) en nous qualifiant toujours à l’extérieur. Le match au stade de la Libération a Boulogne-sur-Mer reste mon souvenir le plus marquant. Nous étions en CFA (N2), Boulogne en Ligue 2. Et on marque le but vainqueur (1-0) chez eux a la dernière minute du temps additionnel, par Karim Herouat !!! Exceptionnel ! Un an plus tard, on devient le premier club amateur à atteindre les 8es de finale deux années de suite ! Cette fois, le tirage nous envoie au Gazelec Ajaccio. J’y suis allé le jour même en avion et j’ai voulu rejoindre mon équipe directement au stade de Mezzavia. La, je me présente mais on m’emmène directement dans un parcage grillagé, bien à l’écart de la tribune officielle. C’était peut être là bas le protocole pour le président adverse (rire) ! J’ai tout de suite pensé qu’on ne gagnerait pas… et on n’a pas gagné (0-2)… (il se marre deux fois plus !).« 

Ses pires souvenirs de président

« J’en ai deux, terribles. D’abord, il y a très longtemps, je ne me souviens plus de l’année, deux gamins du club de 14 ans se sont tués en sortant d’un entraînement. Ils étaient montés sur la même mobylette, et ils se sont fait renverser. J’ai toujours les obsèques en mémoire, la douleur des parents… Horrible. A partir de ce jour là, j’ai interdit à mes enfants de monter sur une mobylette.
Puis il y a eut le drame de 1995 après un match de district entre notre équipe et le FC Berbère, un club du 20e arrondissement de Paris. Il y a eu une embrouille et un gars est allé chez lui prendre une arme. Il est revenu, et, à l’entrée du stade Paul André, il a tiré dans le tas. Un jeune supporter adverse est mort sur le coup d’une balle en pleine tête. J’étais à cinq mètres, en train de discuter avec le président du FC Berbère… J’étais pétrifié d’horreur. Je me suis retrouvé à témoigner aux Assises de Bobigny. Le meurtrier a pris 10 ans. »

Texte : Jean-Michel Rouet / Mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : DR et JA Drancy

L’entraîneur de Sainte-Geneviève-des-Bois (N2) évoque son parcours de joueur et de coach. Le Francilien, vainqueur de la Gambardella avec le PSG en 1991, a écrit les plus belles pages de sa carrière de stoppeur à l’étranger, notamment à Malaga (champion de D2) et à Livingston (vainqueur de la Coupe de la Ligue écossaise).

Il s’agit probablement d’un record impossible à établir à coup sûr. Au plus haut niveau professionnel, comme en amateur, la longévité d’un entraîneur à la tête d’une équipe est une certitude qui peut échapper aux radars des meilleurs statisticiens du football. Mais une chose est certaine : l’aventure d’Emmanuel Dorado comme coach principal de Sainte-Geneviève-des-Bois (N2) est remarquable.

Si le natif de Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne) entame sa 14e saison dans l’Essonne (!), c’est une autre carrière qu’il a accepté de raconter, sans oublier de parler de son expérience de coach.

Photo Philippe Le Brech

A ses débuts avec le PSG, le garçon, solide défenseur central d’1m88, se fraie un chemin vers le monde professionnel à grands pas. Avec Pascal Nouma ou Richard Dutruel, il remporte la Gambardella en 1991. « Un trophée dont je suis particulièrement fier, ouvre Dorado. On était la première génération à la gagner au PSG, et on est d’ailleurs la seule encore aujourd’hui. Pour mes débuts, j’ai eu un cursus des plus classiques. Minimes au PSG, sport-études, centre de formation, équipes de France jeunes avec le Tournoi de Toulon et des entraîneurs comme Raymond Domenech, Henri Michel, Roger Lemerre… C’est quelque chose dont je suis fier aussi. Ce cursus normal m’a permis de décrocher un contrat pro au PSG. Mais en équipe première, il y avait une grosse équipe, avec l’entrée de Canal Plus. Alain Roche, Ricardo, Antoine Kombouaré, et aussi David Ginola ou Georges Weah. Puis j’ai eu la malchance d’avoir des problèmes de blessures qui m’ont un peu pénalisé ».

L’Espagne, Malaga, Almeria et la grand-mère…

Le genou d’Emmanuel Dorado le lâche en 1994 (rupture des ligaments croisés). Le gaillard décide alors, après un prêt à Angers en D2, de partir visiter la terre de ses ancêtres. « Je reviens à Paris alors que Luis Fernandez a repris l’équipe. C’est bouché, et je décide qu’il faut tenter l’aventure autre part. Etant d’origine espagnole, je n’avais pas forcément de problèmes d’acclimatation, et je signe deux ans à Almeria. La ville dont est originaire ma grand-mère ».

Presque un retour aux sources. Le défenseur ne le sait pas encore, mais ce mouvement va marquer le début d’une aventure aussi belle que la victoire en Gambardella. « Je fais deux grosses saisons à Almeria. En fin de contrat la seconde année, je suis recruté par Malaga, en 1998, et je fais quatre ans là-bas. Malaga, ça fait partie à la fois des grandes joies et des grandes peines de ma carrière ».

Dans le sud de l’Espagne, Emmanuel Dorado va vivre des années de légende, encore ancrées dans la mémoire des supporters andalous. « Je suis arrivé dans une ville très football, où il y avait 20 000 socios en D2 à chaque match, dans une ambiance extraordinaire. On a la chance et la qualité pour monter, et j’ai la chance de faire 34 matches avec Brahim Thiam en charnière. Ensuite un joueur avec un peu plus de poids que moi signe au club, je ne joue pas, je suis prêté, je reviens, puis je décide de partir en 2002 pour l’Ecosse. Mais j’ai particulièrement aimé mon passage en Espagne, sa qualité de vie, son ambiance, les excès de ses supporters, aussi ».

Il monte en Liga avec Malaga

Et un titre de champion de deuxième division, acmé de ce chapitre espagnol. « J’ai la chance d’avoir gardé un appartement à Malaga pour mes vieux jours, j’y reviens tous les ans, et il n’y a pas une année où on ne m’évoque pas cette montée en Liga. Pourtant, c’était en 1998. Malaga attendait ça depuis tellement longtemps. Il y a eu des scènes de liesse équivalentes à la France championne du monde en 98. C’était ça, un peu. Il y a eu un bus, des gens, c’étaient trois, quatre jours, des célébrations… On a à peine eu le temps de partir en vacances qu’on reprenait déjà ».

Mais en première division (Liga), le Français, pourtant pilier de la montée du haut de ses 34 rencontres, ne joue pas. « Dorado, vous êtes trop jeune, un jour vous comprendrez le football » lui délivre même son entraîneur.

La fameuse raison et le choix extra-sportif qu’évoquait le Titi sont là. Une recrue est arrivée pour le remplacer, cruel retournement de situation pour Emmanuel, alors même qu’il aurait pu quitter les Boquerones bien avant : « Lors de ma première année à Malaga, à la trêve, Luis Miguel Ramis, défenseur central prêté par le Real Madrid à La Corogne, se blesse. La Corogne veut donc me recruter, pour la Liga. Malheureusement, les dirigeants ne se mettent pas d’accord, et je continue à Malaga ».

L’été suivant, après le titre, c’est carrément le grand voisin, le FC Séville, qui veut le faire venir ! « On me fait comprendre du côté de Malaga que c’est impossible de me laisser partir à Séville, parce que c’est un peu la rivalité, comme celle qu’il peut y avoir entre le PSG et Marseille. Il est hors de question de me laisser partir à Séville ».

Le nord du Royaume-Uni, la flotte et les gens fantastiques…

Quitte à partir, alors, autant faire le grand écart. Le très grand écart. Quelque 2 500 km plus loin, dans le nord de l’Europe, non loin d’Edimbourg, à Livingston. Pourquoi, alors, troquer le soleil andalou et un cadre de vie objectivement agréable contre la bruine écossaise et le haggis (spécialité à base de panse de brebis farcie) ?

« Au départ, je ne connais pas du tout Livingston, comme pas mal de gens je pense. Mais il y a plusieurs joueurs espagnols qui sont là-bas, car le club travaille avec une cellule de recrutement espagnole, il y a un gardien, un ancien joueur du Real Madrid… Plusieurs connaissances me disent ‘’Manu, il n’y pas le soleil, mais franchement niveau football, c’est génial‘’. Je suis sur la plage à Malaga, mon agent m’appelle et me dit ‘’On part en Ecosse, faut que tu voies les installations’’. Première impression, je me dis : ‘’Hors de question. Impossible. Je ne peux pas partir de Malaga en plein été, 32 degrés, et j’arrive en Ecosse où il pleut, ils ont les gants, il fait 10 degrés, et on est au mois de juillet’’ ».

Effectivement, le delta thermique ne fait pas nécessairement envie. Mais le stoppeur commence à s’entraîner avec le club, les offres n’arrivent pas sur le bureau de son représentant, et l’équipe dispute la Coupe de l’UEFA. Le rebond sera écossais, se dit le Seine-et-Marnais. Dans un club « extraordinaire, à l’ambiance extraordinaire, avec des gens fantastiques, du Nord, froids d’apparence, mais toujours prêts à ouvrir leur porte pour vous accueillir », les débuts sont toutefois compliqués. La blessure, ce satané fil d’Ariane de la carrière d’Emmanuel Dorado, revient au galop. Le genou qui l’avait déjà trahi refait parler de lui, le cartilage explose à l’entraînement.

… Et un nouveau titre !

Sous le maillot de Livingstone (Ecosse)

« Le club a été parfaitement conciliant, a tout payé, m’a renvoyé en France où je me suis fait opérer. Il n’y avait pas de soucis, ils voulaient que je sois à 100 %, dans les meilleures conditions. Quand je reviens, j’ai la grande surprise de voir Guillermo Amor à l’entraînement (37 sélections avec la Roja, plus de 400 matches avec le Barça entre 88 et 98, ndlr), un énorme joueur du FC Barcelone de l’époque de Cruyff. Je me dis, ‘’Pu****, j’ai pas joué avec Guillermo Amor, les boules !’’. Il ne reste pas, moi, j’avais signé 4 ans, et je repars l’année suivante avec un genou tout neuf. »

Et si les débuts sont douloureux, la suite sera magnifique. En 2004, dans un souvenir que tous les supporters de la ville de 50 000 habitants du West Lothian ont encore imprimé sur les rétines, la formation de Dorado remporte la Coupe de la Ligue écossaise. « I was at the game in 2004… Dorado was very solid, strong and a great gentleman. The after season party was immense (j’étais au match en 2004, Dorado était vraiment solide, fort, un grand gentleman. La fête de fin de saison fut immense) », écrit même un fan sur YouTube, en-dessous d’une interview du podcast Not the Old Firm, qui met en avant les équipes hors Old Firm, le nom du derby de Glasgow entre le Celtic FC et les Rangers.

« On bat Hibernian à Hampden Park, rempli aux trois-quarts par les fans adverses. La petite ville de Livingston est représentée par un quart des tribunes. L’ambiance était extraordinaire. Toutes les finales sont belles à jouer, quel que soit le pays, mais celle-là était extraordinaire. Je me sens chanceux, malgré les pépins physiques qui m’ont empêché de franchir un palier supplémentaire. J’ai gagné trois titres, la Gambardella, le titre de D2 avec Malaga et cette Coupe en Ecosse. La finale est extraordinaire parce que j’ai de la famille en tribunes, mon frère, et qu’on est le petit poucet que personne n’attend, car le club sort d’une situation économique difficile où il avait dû licencier des joueurs. Un ensemble de choses qui fait qu’on ne pouvait pas perdre ».

Encore aujourd’hui, le souvenir donne la chair de poule à l’ancien joueur, qui évoque, gêné, des gens très respectueux qui n’oublient pas et qui viennent le voir à l’aéroport pour le remercier avec un « You was my legend » ici, une célébration des 20 ans de la victoire dans une salle avec ovation de deux minutes de 3 000 supporters là. « Ce sont des choses qu’on ne peut pas oublier ».

Vidéo : résumé de la finale de la Coupe de la Ligue remportée avec Livingstone contre Hibernians 2 à 0 en 2004 !

Le post Twitter après la finale :

https://twitter.com/spfl/status/973853752548515840

Vidéo : interview d’Emmanuel Dorado en 2021

Depuis 14 ans, son football s’écrit à Sainte-Geneviève !

Yes, ce sont des choses qui ne s’oublient pas. Et le genre d’expériences et d’histoires qui se racontent. Dans un autre type de football, moins professionnel, tout aussi humain, le coach de Sainte-Geneviève (N2) fait forcément passer un peu son vécu : « En tant qu’entraîneur, j’essaie de mettre en place ce que j’ai pu apprendre dans les différents pays ».

« Je vais vous faire une confidence, rebondit ensuite Dorado. Quand je reviens en France, après Livingston, j’entraîne Coulommiers. On monte en PH. Eh bien c’est un de mes meilleurs souvenirs, j’en suis très fier. C’est un titre. Et il n’y a pas de titre bradé, tous les titres sont importants ».

Photo Philippe Le Brech

Un révélateur de sa mentalité, et de la passion pour le football qui l’anime. Comme entraîneur, l’homme de 49 ans veut ainsi transmettre toute son exigence à ses éléments, en N2. « L’entraîneur qui a débuté il y a 14 ans n’est plus le même qu’aujourd’hui. J’arrivais avec des certitudes, des exigences du monde pro, dans un club 100 % amateur, où on s’entraîne le soir, car les garçons travaillent tous. Ils ne sont pas forcément impliqués à 200 % comme je pouvais l’être, parce que moi, le football, c’est ma vie. Il m’a beaucoup donné, même s’il m’a beaucoup pris, aussi. J’avais donc des exigences en arrivant que je ne pouvais pas avoir avec des joueurs amateurs. Je suis admiratif d’ailleurs car je ne fais que du foot et eux travaillent, je dois tirer le meilleur d’eux-mêmes. Il faut être psychologue, pédagogue. Je leur dis que tout ce qu’ils ont vécu, je l’ai vécu aussi ».

Pas de quoi entamer la passion et la motivation de l’ancien joueur. Quatorze ans plus tard, le technicien est donc toujours en poste dans l’Essonne, au sein d’un club familial. « On me laisse travailler à ma manière, sans interférer dans mes décisions, jamais. Le directeur sportif est un ami, le président est devenu un ami. J’accorde beaucoup d’importance à l’humain ».

L’autre fil rouge de la carrière d’Emmanuel Dorado. Une histoire et un chemin habités par l’humain, le football, et la vie.

Vidéo : le résumé de la finale de Gambardella remportée par PSG en 1991

https://histoiredupsg.fr/video-1991-la-derniere-gambardella-du-psg

Emmanuel Dorado, du tac au tac

« J’ai gagné au Nou Camp face au Barça ! »

Coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué ?
Deux monstres, Georges Weah et David Ginola.

Le coéquipier le plus fou que tu aies côtoyé ?
Catanha, en Espagne à Malaga. Il était particulièrement perché ! J’étais devant dans le bus, il lisait la Bible, et toutes les deux minutes, il s’arrêtait, posait la Bible, et mettait une dizaine de coups de poings dans mon siège. C’était sa façon de se motiver.

Le coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Bernard Allou, du PSG, un joueur que j’aimais beaucoup. On échange de temps en temps mais on ne s’est pas vus depuis longtemps. Edvin Murati aussi, un Albanais, avec une histoire impressionnante, qui était passé par la frontière caché dans un camion. Philippe Brunel également, croisé au Bataillon de Joinville (équipe de France militaire).

Le joueur le plus fort affronté ?
Roy Makaay, à La Corogne. Il m’avait posé des problèmes…

Une équipe, adverse ou pas, qui t’a bluffé ?
Le Barça. La philosophie de jeu, repartir de derrière. Impressionnant. Et pourtant, on a gagné au Nou Camp avec Malaga ! Il y avait Fred Déhu, van Gaal… Mais le Barça, c’est positif et négatif en même temps. C’est-à-dire que le Barça fait des choses que très peu sont capables de faire, et malheureusement en amateur on veut faire du Barça, mais on n’est pas le Barça !

Ton meilleur souvenir ?
Les trois victoires. Je ne peux pas différencier les trois, la Gambardella, l’Espagne avec le titre de D2 et l’Ecosse avec la Coupe.

Ton pire souvenir ?
Les blessures. Le moment de la blessure, et quand on comprend qu’on va être « out » pendant six mois.

L’entraîneur qui t’a marqué ?
Roger Lemerre. Par sa personnalité. Atypique. Quelqu’un d’entier, de profondément humain. Un peu perché quand même, il fallait le suivre des fois ! Mais intéressant, intéressant…

Le stade qui t’a le plus impressionné ?
J’ai eu la chance, lors d’une de mes premières sélections en équipes de France jeunes, de jouer à Wembley. Le vieux Wembley, qui n’existe plus aujourd’hui malheureusement. On avait joué en lever de rideau d’un Angleterre-Uruguay. J’avais 15-16 ans, se retrouver à Wembley devant 60 000 personnes, ça impressionne… Et puis c’était un stade mythique. J’aime beaucoup le Parc des princes aussi. Et j’ai eu la chance de jouer à Bollaert, avec Sainte Geneviève contre la réserve, les chants d’avant-match, ça donne la chair de poule. J’ai d’ailleurs un très très bon contact avec Franck Haise, l’entraîneur du RC Lens. Je suis un grand supporter de cet entraîneur. C’est quelqu’un de simple, qui n’a pas changé, qui a gardé ses valeurs. C’est plutôt rare dans le monde du football actuel.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : Sainte-Geneviève Football-club et Philippe Le Brech

Après deux saisons compliquées, le latéral droit du FC Rouen (N2) voit enfin le bout du tunnel. Le Bastiais, qui a connu le chômage après le dépôt de bilan du Sporting, son club de coeur, évoque ses galères et sa carrière.

Photo Bernard Morvan

Des impressionnantes trombes d’eau s’abattent sur la “ville aux cents clochers” mais pas de quoi décourager Adrien Pianelli, “le plus corse des Rouennais”. Pas de quoi lui faire perdre son sourire communicatif et sa bonne humeur appréciée par l’ensemble des vestiaires où il est passé. Pas de quoi l’empêcher de se poser au café sur la célèbre place du Vieux Marché.

Il faut dire que depuis 2 ans, il a eu le temps de s’accommoder de cette météo capricieuse, bien différente de celle de son île de Beauté. D’ailleurs, hormis ce climat humide, il reconnaît, fixant au loin des maisons à colombages, se plaire à Rouen. Et dire que, avant de découvrir la Normandie, le Corse de 27 ans n’avait jamais dépassé Tarbes et les Hautes-Pyrénées !

Il signe pro à Bastia

Photo Bernard Morvan

Adrien commence le football à l’âge de 3 ans à Toga Cardo, un petit club de Bastia d’où est originaire sa grand-mère. Il rejoint en préformation le club phare de l’île de Beauté, le SC Bastia. Il y fait toutes ses classes et devient même capitaine de l’équipe réserve pendant trois ans avant de signer professionnel à la fin de l’été 2016.

Le joueur d’1,78m est prêté dans la foulée à Tarbes en National 2 afin de « gratter » du temps de jeu. A son retour, Adrien espère intégrer l’effectif professionnel tout juste rétrogradé en Ligue 2. Malheureusement le Sporting dépose le bilan.

Le Bastiais n’a pas le temps de se retourner et de trouver un club. Les effectifs sont déjà bouclés. Il attend alors le mercato hivernal pour rebondir. « Ce fut une période très difficile, je me suis posé beaucoup de questions. Pour tout vous dire, j’ai même pensé arrêter le football mais je continuais à m’entraîner au cas où…». Qu’un directeur sportif l’appelle ? Ce sera le cas au mercato hivernal (2017) où sa force de caractère est récompensée par une signature à Furiani (National 2). Il enchaîne plus d’une quarantaine de matches pendant un an et demi.

Il se blesse d’entrée à QRM

Photo Bernard Morvan

Ces bonnes performances, notamment ses huit passes décisives lors de l’exercice 2018-19, lui valent d’être dans le viseur de Manu Da Costa à Quevilly Rouen Métropole (National). « J’ai été sollicité par plusieurs équipes de National mais je savais déjà où je voulais aller. Manu Da Costa a été le premier à me suivre, j’avais déjà pas mal échangé avec lui par téléphone. Le contact passait vraiment bien. Et puis QRM était un club structuré qui avait connu la Ligue 2 il y a moins de deux ans.»

Puis il va connaître de nouvelles épreuves sous le maillot Rouge et Jaune. Notamment lors du premier match officiel, en tour préliminaire de Coupe de la Ligue à Bourg-en-Bresse (défaite 1 à 0, 26 juillet 2019) : “Je me blesse à l’échauffement mais je décide tout de même de jouer le match. C’est peut-être la décision la plus stupide que je n’ai jamais prise car au final la blessure me tient éloigner des terrains pendant trois mois”.

Photo Bernard Morvan

Mais “Adri”, qui a déjà connu le chômage, revient en force et enchaîne les matches. Il ne quitte plus le onze de départ de Manu Da Costa jusqu’à un certain déplacement au Puy-en-Velay. Ce match capital pour le maintien des deux équipes en National n’aura finalement jamais lieu : la Covid-19 vient mettre un terme à l’exercice 2019-2020, sur décision fédérale.

A l’intersaison, « Adri » est victime du changement d’entraîneur. “Lorsque Bruno Irles arrive, il me dit clairement qu’il ne compte pas sur moi. Dans ma tête, je me dis “D’accord, c’est ce que l’on va voir…”. Le début de saison me donne raison : je joue les deux premiers matches, puis il y a eu une cassure car j’ai refusé d’aller jouer en réserve après un long déplacement. Ce n’était pas contre l’équipe réserve mais je n’avais pas envie de me blesser du fait de la fatigue.”

A la trêve, le Corse est tout proche de retrouver son île natale en prêt à Bastia Borgo (National) mais les deux clubs ne parviennent pas à se mettre d’accord. Adrien participe donc à la remontée du club en Ligue 2 “par procuration”. Sérieux et appliqué, il s’entraîne toute la semaine avec le groupe “comme s’il allait jouer” mais s’installe en tribune les week-ends.

De QRM au FCR

Photo Bernard Morvan

Comme une bête blessée, le Bastiais souhaite rebondir. En National de préférence. A Bastia Borgo dans un premier temps. A Créteil avec Manu Da Costa dans un second. Finalement, Adri, qui avait ramené toutes ses affaires en Corse, revient à Rouen.

Il s’engage en National 2 sous les couleurs du club historique, le FCR. “L’entraîneur de l’époque, Arnaud Margueritte, me contacte. Je réfléchis à sa proposition car elle est relativement intéressante mais je n’avais pas forcément envie de redescendre d’un étage. Au final, j’accepte car je connaissais un peu le club et de nombreuses têtes comme le gardien Jonathan Monteiro ou le capitaine Clément Bassin. Et puis, au FC Rouen, il y a une certaine ferveur qui me rappelle celle du Sporting. Et ça, ça ne laisse pas indifférent.”

Arrivé tardivement, Adrien a du mal à retrouver son niveau. Il faut dire que la Covid-19, l’absence de match officiel sous les couleurs de QRM et la préparation avortée avec le FCR ne lui permettent pas de briller. Mais lors de la phase retour, le joueur contribue, avec la récente arrivée du coach Maxime Dornano (en replacement du duo Margueritte-Mendy), au renouveau du FC Rouen. Il inscrit deux buts importants pour le maintien en deux week-ends. Face à Romorantin (2-1) puis au SM Caen B (1-0). Les Diables Rouges enchaînent dès lors onze matches sans défaite et terminent deuxièmes de la phase retour derrière Versailles, ce qui leur permet de terminer à une honorable 4e place.

Cette année, le FCR surfe sur cette bonne fin de saison et réalise un début de saison quasi-parfait avec un bilan de quatre victoires pour une défaite. Et Adrien Pianelli dispute tous les matches… Et s’il tenait enfin sa revanche ?

Adrien Pianelli, du tac au tac

« J’aimerais retrouver le monde pro avec le FCR »

Le coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué ?

Si c’est en match officiel, je dirais Stanislas Oliveira (à Quevilly Rouen Métropole). Après, à Bastia, je m’entraînais la semaine avec Ryad Boudebouz, Wahbi Khazri, Florian Thauvin. Si je devais n’en citer qu’un parmi ces trois là, ça serait Boudebouz, jamais vu ça !

Celui avec qui tu as tissé une belle amitié ?

Il y en a également plusieurs mais je vais dire Christopher Ibayi que j’ai retrouvé cette année au FC Rouen, nous avons passé une dizaine d’années ensemble au Sporting et on ne s’est jamais quitté.

Ton club préféré ?

(Sans hésiter) Le Sporting !

Un match de légende ?

Bastia – Paris en 2015. Le Sporting était mené 2 à 0 par le grand “PSG”. Au final, ils inversent la tendance et s’imposent 4 à 2 avec des buts signés Boudebouz, Modesto et Palmieri. Mais il y a également et surtout la finale de la Coupe de France de 1981 remportée face à Saint-Etienne (2-1). Quand tu nais à Bastia, tu grandis avec. Tu regardes ce match des dizaines et des dizaines de fois.

Ton meilleur match ?

QRM – Pau (0-0, 24 janvier 2020). C’est un peu le comble, je réalise un super match contre Bruno Irles mais visiblement ça n’a pas suffi pour lui taper dans l’oeil et qu’il me laisse une chance lorsqu’il arrive à QRM six mois après (rires…)

Ton pire match ?

Bourg-en-Bresse – QRM (1 à 0, tour préliminaire de la Coupe de la Ligue le 26 juillet 2019).

Le coach que tu aimerais bien revoir ?

Patrick Videira ! Bon même si je l’ai tous les trois jours au téléphone et que je le vois très souvent quand je reviens en Corse. Sinon Manu Da Costa, on échange souvent par message.

Celui au contraire que… ?

Bruno Irles.

Ton plus beau but ?

Lorsque j’étais à Bastia je marquais souvent des buts. D’ailleurs, pour l’anecdote, chez les jeunes j’ai occupé quasiment tous les postes. J’ai commencé attaquant puis j’ai basculé défenseur central, ensuite milieu de terrain pour finir latéral à partir de 15-16 ans. Mais si je devais dire un but, ce serait celui inscrit avec le FC Rouen contre Romorantin, la saison passée (12 mars 2022, 2-1 pour le FCR à  Diochon).

Un modèle de joueur ?

Cancelo qui joue à Manchester City. Je l’apprécie depuis son prêt à Valence.

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

A terme, retrouver le monde professionnel avec le FCR, ça serait pas mal non ?

Texte : Antoine Bulard / Twitter : @AntoineBulard

Photos : Bernard Morvan