L’attaquant franco-algérien, passé par la Ligue 2 et le National à Créteil, Sedan, Orléans, Avranches et au Red Star, explique sa longévité par son « mental » et son « cadre de vie ». A 37 ans, il régale et se régale encore sur les terrains de N2, au FC93 à Bobigny, le 11e club de sa carrière, où il vient de claquer 34 buts en deux saisons. Et ce n’est pas terminé !

Ce sens du but, Farid Beziouen l’a travaillé tout au long d’un parcours riche, à presque tous les niveaux, dans de nombreux clubs, à Créteil, au Red Star, à Sedan, ou encore à Avranches, Orléans, Saint-Maur-Lusitanos, Fleury ou encore Bobigny, qu’il a rejoint en 2021, et où il s’est montré particulièrement prolifique ces deux dernières saisons : joueur cadre de son équipe, l’attaquant assume parfaitement ce rôle, et le prouve par les chiffres : 34 buts inscrits en deux saisons de National 2, et déjà 5 en 7 matchs depuis le début du dernier exercice !
Le hasard fait bien les choses dans le football comme dans la vie ! Joint par téléphone sur la route de l’entraînement en fin de matinée, c’est l’anniversaire de Farid (il a fêté ses 37 ans le 17 octobre) ! Son expérience du monde professionnel et des championnats amateurs nationaux, ce vécu, il les met à profit aujourd’hui au FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny. Quant à sa longévité, il l’explique par sa « force mentale » et son « cadre de vie ». Et un statut de cadre qu’il assume parfaitement, sur et en dehors du terrain.
Très détendu, calme, le Francilien savoure forcément le bon début de saison de son équipe, revient sur son parcours et évoque même une reconversion proche.
Interview : « J’en veux toujours »

Farid, tout d’abord, quels souvenirs gardes-tu de tes débuts sur les terrains ?
J’ai commencé chez moi à Tremblay (Seine-Saint-Denis) en seniors pendant 2 saisons en DHR (Régional 2). Mamoudou, un agent, était venu pour me superviser à un entraînement sauf que j’étais absent ce jour-là et il a pris des renseignements pour me rencontrer. Pour la petite anecdote, lors d’un match amical, je fais arbitre de touche en première mi-temps et je rentre en seconde période (sourires) : là, j’ai été repéré par le club de Noisy-le-Sec qui me fait ensuite passer un essai.
C’est une première étape dans ta carrière en seniors…
C’était difficile la première année car passer de la DHR à la CFA2, c’est autre chose. Tactiquement, j’allais partout et il a fallu régler pas mal de détails. J’avais du déchet dans mon jeu mais j’ai progressé et beaucoup appris. Stéphane Boulila a joué un rôle important dans mon évolution, notamment par ses prises de parole en tête à tête. Adam Doumbia aussi car j’évoluais avec lui devant et il avait l’expérience que je n’avais pas. Mohamed Djouadji, Omar Amour, Louni Sandjak, Dominique Mendy ont aussi beaucoup compté tout comme Nasser Sandjak, mon ancien entraîneur, qui y est allé de ses précieux conseils.
Créteil, le décollage

En 2010, tu prends la direction de Créteil, en National, à quelques kilomètres !
C’est une chance pour moi de pouvoir signer professionnel et on ne sait pas si on l’aura à nouveau un jour. A l’époque, quand j’arrive dans l’équipe, tu as des mecs qui ont joué en Ligue 2, d’autres qui ont près de 250 matchs en National. C’est simple, je découvre un autre vestiaire. J’arrive à montrer de bonnes choses en Coupe de la Ligue et en Coupe de France même si en championnat c’est forcément plus compliqué.

Mais c’est formateur, non ?
Je sais que je n’ai pas encore montré ce dont je suis capable. Je rempile pour une deuxième saison et on finit au pied du podium. On loupe la montée de peu en Ligue 2. J’ai fait de très bons matchs lors de cet exercice et j’emmagasine de l’expérience en National. Je ne garde que de bons souvenirs de mon passage à Créteil dans un club très structuré. Même à l’heure actuelle, quand tu vois leurs installations, ils n’ont rien à faire en N2.
Que peux-tu nous dire sur ton début d’aventure au Red Star ?
Il faut savoir que quand j’arrive en DH, ce n’est pas du tout la même chose où tu découvres un public de 2000 personnes. La même ambiance que dans mes souvenirs étant plus jeune. Il y a plein de monde, des gens qui travaillent pour essayer de remettre le club à la place qui était le sien. Avec du recul, j’espère sincèrement avoir fait partie de son histoire. Malheureusement, il y a eu un dépôt de bilan dans le passé mais avec tous les joueurs formés là-bas, c’est un juste retour des choses de revoir le Red Star au premier plan. J’étais comme à la maison à Bauer, je pouvais jouer pieds nus (rires). J’en garde de très bons souvenirs !
« Dans mes choix, j’ai plutôt été cohérent »

La confirmation dans les Ardennes, à Sedan (Ligue 2)…
Sedan, c’est encore un niveau au-dessus ! Dans mes choix, j’ai plutôt été cohérent car j’ai essayé d’aller plus haut à chaque fois tout en choisissant un endroit porteur d’histoire. Je sors d’une grosse saison au Red Star et j’avais pas mal de contacts en Ligue 2. Sedan, club historique et bien structuré des Ardennes, qui a club connu la Ligue 1, était donc une destination logique dans le cadre de ma progression. Je découvre le centre de formation, le centre d’entraînement, des personnes qui supervisent les séances, c’est incomparable avec ma dernière expérience en Ile-de-France où on se déplaçait pour s’entraîner sur un terrain synthétique… J’ai également pu resigner professionnel et faire partie des 40 meilleures équipes hexagonales. C’est une fierté.
Malheureusement, les choses ne vont pas se passer comme prévu…
J’arrive à 26 ans, un âge plutôt mature mais c’est vrai que je découvre une autre façon de voir le football dans une super ambiance. Les adversaires sont plus coriaces, plus intelligents… il y a plus de compréhension sur le terrain. C’est un passage bénéfique mais on sera malheureusement rattrapé par un dépôt de bilan que personne n’avait anticipé.

C’est là qu’on se rend compte qu’il n’y a pas de plan de carrière défini…
Exactement. Il faut prendre les choses comme elles viennent. Je n’ai pas fait de centre de formation et j’ai commencé sur les terrains de Régional 2 (DHR) donc tout ce que je prenais pouvait être bénéfique pour moi. Je n’étais pas « déterminé » à signer un contrat professionnel à tout prix mais je pense que j’y suis arrivé grâce à mon mental. Un aspect que je travaille encore à l’heure actuelle car j’en veux plus que les autres.
Sortir de la région parisienne, c’est aussi une force mentale non ?
C’est clair. Il y a un vivier de joueurs impressionnant ici. Quand tu y arrives, c’est que tu fais forcément partie des meilleurs. Il y en a beaucoup qui restent sur le carreau. Il faut être un acharné du travail pour réussir et à un moment donné, on le voit. La concurrence est dure et des fois certains sont meilleurs ici que ceux qui réussissent. C’est déjà arrivé.
16 ans après ton passage à Noisy, les choses ont bien changé !
Le football a évolué. Aujourd’hui on ne parle plus de performances individuelles mais plutôt de profil de joueur. Ce sont ces joueurs-là qui réussissent, si tu corresponds au profil, tu as sûrement toutes tes chances. A l’époque, il fallait montrer des choses dans le long terme. Tu faisais six ou sept saisons en D2 avant de pouvoir jouer en première division tellement c’était dur.
La JS Kabylie, une pige en Algérie

Tu vas aussi gouter aux joutes du championnat algérien…
J’ai été approché à tous les mercatos par les clubs du championnat algérien (rires) ! Que ce soit quand j’étais au Red Star ou à Sedan… Quand je décide de rejoindre la JS Kabylie en 2014, j’arrive à un âge ou j’approche de la trentaine et je veux voir ce que ça peut donner pendant une saison.
C’est un club africain reconnu…
Oui, il y a une vraie histoire là-bas et c’est ce qui m’a poussé à y aller même si les installations ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui ! La JS Kabylie fait partie des gros clubs du continent mais aussi en Algérie puisque le club a été champion à de multiples reprises, a remporté la Ligue des Champions africaine dans les années 90. Et le club s’est beaucoup développé. A domicile, tu fais toujours le plein et tu sens vraiment cette ferveur.
Comment comparerais-tu cette expérience avec ce que tu as connu ?
C’est beaucoup moins structuré que ce qu’on peut voir en France, en tout cas à l’époque où j’y étais. Les stades sont pleins quand tu joues à domicile, il y a des supporters à l’extérieur aussi. La plupart du temps, tu joues sur des terrains synthétiques alors qu’en France, j’ai connu les structures où c’étaient des beaux terrains.

Et d’un point de vue footballistique ?
Techniquement, c’est différent : on voit beaucoup de profils où c’est très fort dans ce domaine. Youcef Belaïli (ex-Ajaccio, Brest, Angers), c’est l’exemple type du joueur que tu peux trouver dans le championnat algérien. C’est plus tactiquement qu’il y a une différence.
Red Star, épisode II
Une expérience africaine avant un retour à Bauer, au Red Star, toujours en National !
Là, j’arrive avec un autre statut dans un super groupe avec des joueurs d’expérience qui ont joué la Ligue des Champions ou en Premier League par exemple. On joue la montée, c’est affirmé et cet objectif sera réalisé en fin de saison avec le retour en Ligue 2 ! Ces moments restent gravés à jamais, surtout à Bauer, avec les supporters et l’ensemble du club. D’ailleurs, je suis repassé il y a peu près du stade et il faut dire que malgré les travaux, ce n’est plus le même charme… (sourires).

Tu vas ensuite naviguer entre la Normandie et l’Ile-de-France. Des expériences forcément enrichissantes…
Effectivement, ce sont des expériences qui m’ont également construites. J’ai rencontré des gens incroyables et je me souviens qu’à Avranches, j’allais même manger avec les supporters. A partir de là, je suis dans un autre registre et je dois m’affirmer un peu plus avec l’âge. J’ai une revanche à prendre, un petit goût amer car quand tu montes en L2 et que ne t’es pas conservé, comme avec le Red Star, tu as envie de montrer que les gens se sont trompés, que t’es revanchard.
As-tu vécu des blessures majeures jusqu’ici ?
Oui, à Sedan notamment, où j’enchaine quatre matchs de suite, on gagne deux fois avec un score large, je suis décisif mais au mois d’octobre, je dois me faire opérer car j’ai un furoncle à la cuisse et c’est le coup d’arrêt. Il faut trois semaines pour la cicatrisation et c’est très compliqué de revenir ensuite.
Tu as forcément des regrets…

On jouait le maintien, je n’avais pas l’impression que le coach, Laurent Guyot, comptait sur moi même si j’étais décisif. Si j’ai un seul regret dans ma carrière, c’est celui-là car j’aurais aimé qu’on me dise les choses. Je commençais à enchaîner, je montrais des choses intéressantes et je savais que je pouvais continuer sur ma lancée mais malheureusement, je n’ai eu que le début et la fin de saison pour m’exprimer.
Tu te dis que le foot est cruel ?
Je ne pense pas qu’il faille voir les choses de cette manière car ça serait individualiste. La seule méthode a été de se réfugier dans le travail car il n’y a que ça qui paye. La nouvelle génération, c’est un football différent avec plein d’ambitions. C’est l’aspect mental qui est le plus important et qui détermine le reste.
Une vision dans la durée

Il y a l’aspect mental mais aussi l’hygiène de vie, non ?
C’est vrai que le cadre familial joue beaucoup. J’ai de la chance d’avoir l’épouse que j’ai, avec qui on a deux enfants magnifiques. L’alimentation est un aspect important. Je ne sors pas, je ne fume pas, je ne bois pas… je joue à la Playstation par contre (rires) ! Je me prive assez souvent la semaine, j’essaye de manger sain et équilibré. Par contre, après le match, on peut se faire plaisir (sourires).
Depuis la saison 2021/2022, tu joues pour le FC 93. Comment ça se passe ?
Très bien ! J’atterris au FC93 après la saison du Covid, un club situé près de mon domicile, et je marque 11 buts. La suivante 23. Je regarde aussi l’apport que je peux avoir dans le jeu. Depuis le coup d’envoi de cet exercice, on remonte en puissance et je sais que j’ai fait le bon choix car c’est un club avec une identité qui me ressemble. On progresse de jour, à 20 ans ou à mon âge. Je comprends aussi des choses que je ne comprenais pas avant.

Tes statistiques sont tout simplement excellentes. Comment l’expliques-tu ?
L’idée c’est de bonifier ce qui se fait autour de moi. Le projet du club est au centre de mes préoccupations et je souhaite apporter mon individualité au collectif. Ce n’est pas une priorité de claquer 20 buts par saison même si je suis attiré par ça (sourires). J’aime cette sensation de faire trembler les filets. C’est ce qui fait ma force : en vouloir toujours plus que l’adversaire. Et c’est cette mentalité que j’essaye de véhiculer aux jeunes de l’équipe : il y a des joueurs nés en 2003, en 2004, j’ai aussi un rôle sur le terrain et en dehors et j’espère que je leur montre le bon exemple. C’est une de mes priorités.

La montée ratée la saison dernière a-t-elle été dure à encaisser ?
Si on n’est pas monté, c’est que ce n’était pas pour nous ! Si on peut parler de la fin de saison avec Epinal, on mène 2-1 à 15 minutes de la fin du match, on a la balle du 3-1 mais par expérience si tu ne marques pas… la frustration digérée, on s’est dit qu’on allait essayer de refaire la même saison. On a conservé la quasi-totalité de l’effectif mais il a fallu repartir avec un nouvel entraîneur. Automatiquement, on s’est remis dedans et force est de constater que pour l’instant, on est dans le coup. On a eu une remise en question qui s’avère pour l’instant payante.
Le FC 93 BBG, sa nouvelle maison

Que penses-tu du niveau N2 aujourd’hui, toi qui as connu le monde pro ?
Ce sont surtout les poules où on a joué qui sont complexes (sourires). C’est difficile car il y a pas mal de prétendants. Tout le monde veut monter mais tu n’as qu’une place. Même en National aujourd’hui c’est très serré. Par contre, on voit que les clubs de N2 sont en train de s’armer. On s’entraîne le matin, certains ont des contrats fédéraux. Il y a même des joueurs au-dessus qui n’hésitent pas à redescendre d’un échelon.
Tu te vois batailler encore longtemps dans cette division ?
L’idéal serait de finir au FC93 et pourquoi pas laisser le club au-dessus ? Ce serait top de fermer le livre de cette manière. J’ai passé le BEF l’année dernière, que j’ai obtenu, car il faut penser à la suite. Ce n’était pas facile, il fallait travailler, j’ai appris pas mal de choses. Pourquoi pas devenir coach par la suite ? On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait et il fallait que je passe un diplôme pour la suite de ma carrière.
Entraîner au FC93 ou ailleurs ?
La question s’est évidemment posée pour une possible reconversion ici. Il y a pas mal de choses à faire et c’est en cours de discussion avec le bureau. Nous avons commencé à échanger à ce sujet l’année dernière et c’est quelque chose qu’il faut forcément anticiper.
Le football, c’est aussi un moyen de véhiculer une bonne image de ton département, le 93 (Seine-Saint-Denis) ?
Il n’y a pas que les faits de violences dont on entend parler dans les médias constamment. Même dans le 8e arrondissement de Paris, il y a des agressions. C’est à travers des combats qu’on peut mener sur et en dehors du terrain, à travers ce qu’on dégage comme image, qu’on se fait vraiment entendre. C’est important car la future génération a besoin d’un exemple. Si tu donnes la bonne image, le message sera plus simple à faire passer. Les jeunes derrière suivent et ça doit être ça le discours qu’il faut véhiculer.
Farid Beziouen, du tac au tac
« J’ai pris du plaisir partout »

Meilleur souvenir sportif ?
D’avoir joué en Ligue 2.
Pire souvenir sportif ?
Ne pas être monté en Ligue 2 avec l’US Créteil.
Plus beau but marqué ?
Virgule, frappe dans la lucarne au Red Star !
Plus beau raté ?
Le but vide, j’ai voulu dribbler le gardien à nouveau…
Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est venu comme ça, c’est le destin.
Ton but le plus important ?
Un but en Ligue 2 lors d’une victoire avec Orléans.

Ton geste technique préféré ?
Feinte de frappe, la spéciale.
Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
3 cartons rouges et 36 cartons jaunes.
Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je ne sais pas.
Qualités et défauts sur un terrain ?
Je dirais vouloir gagner pour le côté positif et un aspect râleur pour le négatif (sourires).
Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
J’ai pris du plaisir dans tous les clubs où j’ai signé.
Le club où tu as failli signer ?
Angers SCO.

Le club où tu aurais rêvé de jouer dans tes rêves les plus fous ?
Real Madrid.
Un stade et un club mythique pour toi ?
Le stade Bauer au Red Star.
Un public qui t’a marqué ?
Les supporters marseillais et ceux en Algérie.
Un coéquipier marquant, si tu devais n’en citer qu’un ?
J’en ai tellement que je ne pourrais pas en citer un !
Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Lucho Gonzalez à l’OM.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Je ne pourrais pas en citer qu’un seul (sourires).
Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Didier Ollé-Nicolle (à Orléans à l’époque).
Un coach que tu aimerais bien revoir ?
Damien Ott (Avranches).
Un président ou un dirigeant marquant ?
Mamadou Niakhaté et Gilbert Guérin.
Une causerie de match marquante ?
Celles de Christophe Taine (rires).

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Jouer sur les côtés avec deux joueurs de couloir à chaque côté (rires) !
Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais raconté ?
Il y en a tellement !
Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Ali Benarbia et Karim Ziani, DZ Power (rires).
Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le Stade de France et le stade Mustapha Tchaker à Blida en Algérie.
Rituels, tocs ou manies ?
Pas de rituel en particulier.

Une devise, un dicton ?
Ne jamais rien lâcher.
Tes passions dans la vie ?
Ma famille et rigoler !
Que t’a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
Un coach comme un second père.
Termine la phrase : tu étais un joueur plutôt…
Petit (sourires) !
Un modèle de joueur ?
Mon idole de jeunesse, Zidane.
Le match de légende c’est lequel pour toi ?
Barcelone – Real Madrid avec les Galactiques.
Ta plus grande fierté ?
Mes enfants.
Le milieu du foot en deux mots ?
Cruel et magnifique.
Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel
Photos : Philippe Le Brech
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N’attendez pas de Thierry Gomez qu’il fasse de grandes déclarations fracassantes ou qu’il cherche à faire le buzz avec une formule bien sentie. Ce n’est pas trop le style de cet homme de 60 ans, dont l’imposante silhouette laisse transparaître, de prime abord, une certaine forme d’assurance. Le président du Mans FC (depuis 2016) pourrait dérouler son CV bien garni, montrer ses diplômes (Université Paris X Nanterre et Paris Dauphine, Master en économie de gestion et maîtrise en droit et économie), ou faire la leçon. Il n’est pas comme ça.
S’il a le sens de la formule et du slogan, le natif de Poissy (Yvelines), la ville où il a aussi tapé ses premiers ballons, a le goût du collectif et du partage. Le goût des autres. C’est simple : réussir en équipe est son fil conducteur. Il ne raisonne jamais pour son intérêt personnel, mais pour l’intérêt général. Un trait de caractère qui transpire chez lui. A Troyes, son ancien secrétaire général, Henri Camous, se souvient qu’il fut le premier président à offrir le sandwich et la boisson aux supporters adverses.
(Rires) ! Il n’existe pas de modèle de réussite dans le football, ça c’est une conviction forte. On peut réussir de différentes manières et tant mieux. Après, chacun a sa philosophie. La mienne, c’est l’envie de réussir par cette capacité à créer une dynamique collective forte; ça passe forcément par le talent individuel car c’est ça qui, parfois, arrive à débloquer un match, permet de prendre les quelques points en plus et vous font aller plus haut.
A un moment donné, au Matra Racing, on a devancé ce qu’est devenu le sport aujourd’hui. Les loges n’existaient pas dans les stades, c’était nouveau; l’importance de l’économie autour du sport, être un acteur très important dans un territoire, ce n’était pas encore ça… Le président était souvent un notable du coin qui allait parfois à la buvette préparer les sandwichs. Les enjeux financiers et médiatiques n’étaient pas ceux d’aujourd’hui. On ne parlait pas d’entreprise comme quelque chose qui allait devenir un vrai secteur économique d’un pays mais on parlait d’association, d’esprit Coubertin.
C’est le sentiment de ne pas pouvoir créer quelque chose et de ne pas aller au bout de vos idées : quand vous dirigez un club, vous pouvez mettre en place votre stratégie, encore plus quand vous tombez dans un club comme Le Mans FC, où c’est sain, où vous pouvez mettre en place vos idées, un projet global. Vous essayez de construire pas seulement une équipe, mais un club. C’est différent que de s’occuper d’un joueur.
En fait, c’est l’environnement qui n’est pas patient, pas le président. On ne comprend pas que le football n’est pas une entreprise classique; il y a plein de paramètres extérieurs qui font que sa gestion économique est très différente. Il y a des codes. On a une stratégie, mais parfois on peut se tromper, parce que tout est basé sur l’humain, et il n’y a rien de plus fragile que l’humain. Parfois dans le puzzle, les pièces ne s’imbriquent pas, ça ne matche pas.
C’est le discours de dire aujourd’hui « Voilà, ce sera plus facile de mettre la Ligue 3 sur la table si on obtient le milliard ». Or, par expérience, je sais que dans les deux cas de figure, ce sera pareil : c’est à dire que, s’il y a moins d’argent, ce sera compliqué, et s’il y a plus d’argent, ça sera compliqué aussi parce que les clubs voudront garder leur argent pour eux. C’est comme un héritage : quand il n’a pas d’argent, vous passez un bon moment parce que vous voyez plein de gens que vous n’avez pas vu depuis longtemps, et quand il y a de l’argent, on se déchire. Je ne sais pas si, en cas de milliard d’euros de droits TV, il faut se rassurer ou pas. J’ai vécu de l’intérieur Media Pro : on dépassait le milliard d’euros, on a mis quasiment un an et demi pour décider de sa répartition, ce n’est pas logique, et en plus, à une semaine de la reprise du championnat ! Et ensuite, tout a capoté.
Ah ben oui ! Il a joué à l’Arago d’Orléans, à Quevilly, à Poissy. Mon histoire dit que, un quart-d’heure après ma naissance, mon papa m’emmenait dans un stade pour voir un match ! J’ai des origines espagnoles, par mes deux parents, ma mère de Barcelone, mon père de Madrid, et ça a fait un beau mariage, qui n’aurait pas pu avoir lieu en Espagne, où un Madrilène et un Catalan n’aurait pas pu se marier ! Ils se sont rencontrés à Orléans. Leur déportation et leur arrivée en France pour fuir le régime de Franco a rendu leur rencontre possible, c’est pour ça que j’ai une relation particulière avec Orléans et son président Philippe Boutron, avec ce combat qu’on a mené ensemble en 2000.
Grâce à mon père, le foot est une partie de moi, je suis sur les terrains depuis l’âge de 5 ans, et quasiment chaque week-end, et ils ne se passe pas une journée sans football, sans un appel pour Le Mans FC par exemple, c’est une partie importante de ma vie, après, c’est aussi pour moi compte tenu de mes responsabilités, de gérer un club professionnel, où il y a une grosse attente, c’est aussi quelque chose qu’il faut faire avec sérieux, une vraie volonté de gérer tous les paramètres, et aujourd’hui ce n’est pas simple. J’ai conscience de cela. Et encore plus dans notre championnat qui est déséquilibré, injuste et pas reconnu à sa juste valeur. On va essayer de faire bouger ça.
















