Le parcours du meneur de jeu, champion de D2 Belge avec le Cercle Bruges en 2018, cadre de Louvain en Jupiler Pro League et aujourd’hui à Molenbeek, en banlieue de Bruxelles, raconte un autre football. L’histoire d’un garçon qui n’a jamais cessé de croire en son rêve. Même si le chemin pour devenir pro ne fut pas de tout repos.

Photo RWD Molenbeek

Il aurait pu tout arrêter il y a quelques années déjà. Ne pas passer le cap du monde pro, au fil d’interrogations sur la finalité et la récompense de ses efforts, d’une formation à Nîmes et Montpellier aux terrains écumés en CFA2 à Lesquin, du côté de Beauvais en CFA, ou encore en National, à Boulogne-sur-Mer.

Si Xavier Mercier, 34 ans, compte aujourd’hui près de 400 matches disputés dans le monde du football, son arrivée au plus haut niveau et son épanouissement ont été le fruit d’un travail acharné. Une carrière que le Cévenol (il est né à Alès, dans le Gard), aujourd’hui au Racing White Daring de Molenbeek, relate dans un entretien pour 13heuresfoot, où il évoque le long chemin qui l’a mené de la 5e division française à la Ligue 2 avec Guingamp (7 matchs) jusqu’à une aventure hongroise teintée d’Europe. Une linéarité bien différente de celle de bon nombre de footballeurs pour ce numéro 10 à l’ancienne décidément déroutant, sur les terrains comme en-dehors. Entretien.

« Je voulais juste m’amuser »

Photo RWD Molenbeek

Comment peux-tu nous raconter tes débuts ?
Je suis préformé à Nîmes, et je suis parti au centre de formation de Montpellier de mes 14 à mes 20 ans. J’ai fait tout mon cursus là-bas, ça s’est plutôt bien passé, jusqu’à mes deux dernières années stagiaire, où ça a été un peu plus compliqué pour différentes raisons. Et notamment, parce que derrière moi, il y avait la génération 90, avec Rémy Cabella, Younes Belhanda, Benjamin Stambouli, qui a gagné la Coupe Gambardella. Ces joueurs-là m’ont un peu relégué en CFA. J’avais beaucoup moins de temps de jeu, et on va dire que j’ai plus profité de la vie que de jouer au foot quoi !

Numéro 10 à l’ancienne

Photo RWD Molenbeek

Qu’est-ce qui t’a manqué, à tes débuts, pour passer ce cap en France ? Après le centre, tu as joué en CFA 2, à Lesquin…
Mon parcours en France est également dû au fait, je pense, que j’étais dans la génération où il y avait beaucoup de joueurs de grande taille et peu de petite taille, comme la mienne. L’effet Valbuena a un peu changé ça, mais on cherchait beaucoup de joueurs avec des qualités physiques élevées, des grands gabarits. Je ne rentrais pas dans ces cases-là, j’étais petit, je n’avais pas un gros coffre, avec un style de numéro 10 à l’ancienne. Je ne suis pas tombé dans la bonne période, je pense.

Quand tu as démarré, à Nîmes et au MHSC, tu te voyais réussir ?
Non, je ne me projetais pas forcément. Pour moi, le niveau professionnel, c’était tellement loin… Quand on allait voir les matchs pros de Montpellier à domicile, je ne me prenais jamais à rêver d’être sur le terrain, je prenais les choses petit à petit, sans pression, je voulais juste m’amuser.

Un des derniers romantiques

Photo RWD Molenbeek

Ton profil, c’est justement cela, aussi ; un joueur qui prend du plaisir. Tu es peut-être un des derniers romantiques du football moderne. Quelle est ton approche du football ?
Le football a beaucoup changé. Maintenant, on est beaucoup dans les data, les stats physiques, l’intensité, et moi je ne rentre pas forcément dans ces cases-là. Un certain nombre d’entraîneurs se basent peut-être plus sur tout cela que sur la technique.

En Belgique, le foot est peut-être plus « pur », plus à l’ancienne, justement. Cela peut expliquer ton arrivée et ta réussite là-bas ?
Quand je suis arrivé là-bas à 27 ans, je ne connaissais pas le championnat pour tout dire. J’y suis allé car je voulais tenter un dernier coup de poker pour enfin réussir une carrière professionnelle. Maintenant, pourquoi j’y ai réussi, c’est parce que je suis tombé sur des entraîneurs qui m’ont fait confiance, qui ont d’abord compris l’homme que j’étais et qui ont su me mettre en situation sur le terrain, me donner les clefs du jeu. C’est ce qui m’a manqué en début de carrière, et c’est peut-être ce qui me manque encore parfois en fin de carrière (rires) !

Sous le maillot de Guingamp en 2012. Photo DR

Pour revenir en arrière, tu t’es quand même éclaté, pendant deux saisons, à chaque fois à Beauvais (2012-2014 en CFA ) puis Boulogne (2014-2016 en National) ?
Oui, les deux saisons à Beauvais, je me suis vraiment amusé par exemple. On avait une vraie bande de potes, et 10 ans après ce sont toujours mes amis. On a créé des liens forts. On se retrouvait toujours après les matches à la maison, on était tous un peu dans une galère et on se serrait les coudes. Après, à Boulogne, je suis monté d’un cran, ça s’est bien passé, j’ai fait une grosse saison et demie en termes de niveau. Mais les clubs en France ne venaient pas me chercher, c’était compliqué. J’avais envie de connaître le monde pro, mais ce n’était pas facile. On avait pris une décision avec ma femme, à ce moment-là, de disputer encore une saison puis d’arrêter le foot si ça ne marchait pas. Je ne gagnais pas assez d’argent pour faire vivre ma famille en National, et puis il y a les déplacements, on vit loin des siens, tu fais des voyages de 10 heures de bus… Je ne voyais pas l’intérêt de continuer à ce niveau-là juste pour dire « Je jouer au foot ». Mais Courtrai est arrivé à cette période.

« En Belgique, on m’a fait confiance »

Photo RWD Molenbeek

Par la suite, tu as trouvé un équilibre en Belgique. Tu peux un peu nous raconter cette arrivée au plat pays et cette seconde partie de carrière ?
Je suis devenu le joueur que j’aurais pu ou dû être en Belgique. On m’a fait un peu plus confiance, il faut dire aussi ce qui est, c’est que je gagnais déjà un peu plus d’argent, cela me permettait de faire des activités à côté, des vacances, on vivait mieux. La chose principale, c’est qu’on m’a fait confiance, et à partir de ce moment-là, je me suis mis dans le foot à fond.

Jusqu’au titre en deuxième division avec le Cercle de Bruges, après une saison et demie à Courtrai…
La Belgique, ça n’a pas été de tout repos non plus. On ne voulait plus de moi à Courtrai. Mais je suis tombé dans un groupe exceptionnel au Cercle, qui me fait penser à Beauvais, où on a vraiment créé des liens forts. On a réussi à être champions à la dernière minute, un moment exceptionnel ! Cela a été un petit peu… Après ça, cela m’a apaisé, tous les sacrifices faits avant ont été balayés d’un coup, je me suis dit « je n’ai pas fait tout ça pour rien ».

« J’aurais peut-être pu faire mieux »

Photo RWD Molenbeek

Ces sacrifices, cette carrière en deux temps… Quel est ton regard sur ça, avec le recul ?
Déjà, je suis fier de ce que j’ai fait. Quand j’avais 20 ans, j’étais en CF2, et je finis à 33 ans en Ligue Europa. Le chemin a été long, dur, mais je n’ai jamais rien lâché. Je n’avais pas d’objectif précis, je voulais juste prendre du plaisir, et ce le plus haut possible. J’aurais peut-être pu faire mieux avec le talent que j’avais, mais je ne regrette rien.

Pour parler de ton talent, revenons sur une de tes plus belles saisons : en 2020-2021, tu marques 10 buts et délivres 16 passes décisives avec l’OHL. Là encore, tu as dû kiffer ?
C’est l’apothéose de ma carrière, là où je me sentais le plus fort, où j’avais le plus de responsabilités dans l’équipe. On s’entendait très bien, c’était facile avec Thomas Henry devant, on se trouvait les yeux fermés, c’était un sentiment incroyable.

Avec ton expérience, comment te comportes-tu désormais dans tes clubs ? Est-ce que la transmission est quelque chose qui t’habite ?
Je l’avais déjà un peu quand j’étais au Cercle. Le problème aujourd’hui, c’est que les jeunes et les générations ont changé, c’est plus compliqué de leur donner des avis ou de les aider, car ils entendent moins que ce que nous on pouvait écouter, mais c’est quelque chose que j’aime bien faire.

« J’ai envie de rester dans le foot »

Photo RWD Molenbeek

Dans ta fin de carrière, il y a aussi la Ligue Europa comme tu disais, à 33 ans… Tu as disputé les qualifications avec Ferencvàros, un club hongrois. Incroyable, non ?
J’y suis allé spécialement pour ça, pour découvrir la Coupe d’Europe. Après, ça ne s’est pas passé comme je l’aurais souhaité, mais j’ai découvert l’exigence d’une équipe européenne, qui joue tous les trois jours, avec des stades et des supers ambiances, je suis content d’avoir vécu cela. Ça reste positif, étant compétiteur ça me faisait ch*** de ne pas jouer autant que j’aurais voulu, mais avec le recul ça reste exceptionnel.

Cette saison, tu es revenu en Belgique, à Molenbeek. Un exercice compliqué, car vous jouez le maintien, et où tu as encore un rôle d’ancien et de leader de vestiaire…
Je suis venu ici car je voulais revenir en Belgique. Je ne m’attendais pas à ce que la saison allait être difficile, personnellement ou collectivement, mais il nous reste six matches pour éviter que le club ne descende.

Pour finir, est-ce que tu t’attendais à ce qu’un gars du sud réussisse dans le nord, de Lesquin à Boulogne et en Belgique ? Quoi de prévu pour ton après-carrière ?
En fait, à la base, je suis monté à Lesquin pour rejoindre ma femme, pas pour jouer au foot. On a trouvé le club de Lesquin dans l’espoir que je fasse quelque chose là-haut. Et puis tout s’est enchaîné. Je suis reparti à Guingamp, avant de revenir dans le nord. Ma carrière, plusieurs fois, n’a pas tenu à grand-chose, finalement. On verra les opportunités. J’ai envie de rester et de travailler dans le football.

Xavier Mercier, du tac au tac

« Never give up »

Photo RWD Molenbeek

Quel est le meilleur souvenir de ta carrière ?
Le titre en deuxième division belge avec le Cercle Brugge.

Le pire souvenir ?
Pour le moment, je n’en ai pas forcément, mais j’espère ne pas le connaître cette saison avec la descente.

Quel est le joueur le plus fort que tu aies affronté ?
Victor Valdes, quand il jouait pour le Standard de Liège.

Le coéquipier le plus fort avec qui tu as joué ?
Samuel Gigot (il a évolué avec lui à Courtrai en 2016-2017). C’est une machine.

As-tu un joueur de légende ou un modèle ?
Mon joueur de légende c’est bien évidemment Zinedine Zidane.

Instagram @Xavier_Mercier

Le coéquipier le plus fou que tu aies côtoyé ?
Il y en a beaucoup, mais je vais dire Anthony Knockaert, qui joue actuellement à Valenciennes.

Le coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Elohim Rolland avec qui j’ai joué à Courtrai.

Le club, l’équipe ou la saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
La saison où j’ai pris le plus de plaisir au niveau football c’est en 2020-2021 avec Louvain.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Honnêtement, j’ai toujours été dans le foot, donc je n’ai jamais réfléchi à autre chose.

L’anecdote la plus folle vécue dans ta carrière que tu n’as pas encore racontée, mais que tu vas raconter ici ?
L’anecdote la marquante ? Un jour, j’étais en réunion, et d’un coup un coéquipier s’est mis à flatuler. C’était « incroyable » (rires). Mais bien sûr je tairais son nom.

Quel est le coach ou les entraîneurs qui t’ont marqué ?
J’ai eu trois coachs qui m’ont vraiment fait passer des caps, et avec qui j’ai été très performant. C’est Frank Vercauteren (au Cercle Brugge), Vincent Euvrard (Bruges puis Louvain) et Marc Brys (Louvain).

Photo RWD Molenbeek

Un président marquant ?
Je vais dire Noël Le Graët à Guingamp. Il avait énormément de charisme.

Le stade qui t’a le plus impressionné ?
Le stade de Ferencvàros était vraiment impressionnant les soirs de Coupe d’Europe.

Une équipe, adverse ou pas, qui t’a bluffé ?
La France en 2018. C’était incroyable.

Un match où tu t’es senti intouchable ?
Un 8eme de finale de coupe de France contre Sarre-Union avec Boulogne où je marque 4 buts dans le match.

Sous le maillot de Bruges. Photo Cercle Brugge KSV

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le RC Lens. Ca a failli se faire en 2016, mais au dernier moment ça ne s’est pas fait et je suis allé à Courtrai.

Une causerie de coach marquante ?
Avant la finale de D1B avec Louvain où le coach nous a montré des vidéos de soutien de nos familles.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Samuel Gigot, je pense.

Pour finir, une devise, un dicton ?
« Never give up. »

Xavier Mercier en dates

Sous le maillot de Boulogne.

2006-2009 : Montpellier B (CFA)

2009-2010 : US Lesquin (CFA2)

2010-2012 : EA Guingamp (National, Ligue 2)

2012-2014 : AS Beauvais Oise (CFA)

2014- Janv. 2016 : US Boulogne Côte d’Opale (National)

Janv. 2016-2017 : KV Courtrai (D1 Belge)

2017-2019 : Cercle Bruges KSV (champion de D2 en 2018 puis D1 Belge)

2019-2022 : OH Louvain (D2 Belge puis D1 Belge)

2022-2023 : Ferencváros TC (D1 Hongrie)

Depuis 2023 : Racing White Daring de Molenbeek (D1 Belge)

 

Texte : Clément MAILLARD – Twitter : @MaillardOZD

Photos : RWD Molenbeek

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L’ancien milieu de terrain, 11e joueur le plus « capé » de l’histoire en Ligue 1 (513 matchs !) a entamé une nouvelle carrière de coach. Après deux saisons chez les jeunes et une saison au Puy en National, il est actuellement adjoint de Roland Vieira dans le club d’Alain Griezmann, où il termine son apprentissage, et ne cache pas son envie de voler un jour de ses propres ailes !

En quatre ans, Florent Balmont a déjà porté la casquette d’entraîneur de presque autant de clubs que tout au long de sa carrière de joueur qui l’a vu disputer, en 19 saisons, 513 matches de Ligue 1 (11e meilleur score de l’histoire !).

N’y voyez pas aucun côté « mercenaire ». Le natif de Sainte-Foy-lès-Lyon, en périphérie de Lyon, est tout le contraire. Il l’a prouvé lorsqu’il était ce milieu de terrain défensif accrocheur dans les cinq clubs professionnels qu’ils a connus (Lyon, Toulouse, Nice, Lille et Dijon).

Après avoir porté les couleurs de l’OL, son club formateur, puis celles de Toulouse pendant une saison (il fut prêté), sa fidélité et son engagement n’ont ensuite jamais été remis en cause, que cela soit à Nice (4 saisons de 2005 à 2009), à Lille (Lille 7 saisons de 2009 à 2016) et enfin à Dijon (4 saisons de 2016 à 2020), où il a achevé sa carrière à l’âge de… 40 ans !
Si l’ancien milieu de terrain défensif, qui s’est dans la foulée lancé dans une nouvelle carrière de coach, vit actuellement sa quatrième saison sur un quatrième banc, c’est uniquement en raison des circonstances.

Début de coach à Limonest

Avec le joueur Zaïd Amir prêté par Le Mans et le coach Roland Vieira.

Et il est probable que, s’il continue dans cette voie, lui qui veut se représenter en 2025 à la session du BEPF (il est titulaire du BEF et du DES, et peut donc entraîneur jusqu’en National 2) risque de changer encore plusieurs fois de crèmerie, puisque le football contemporain en va ainsi et que les carrières à la Guy Roux n’existent quasiment plus. « Je sais que je suis parti pour une carrière de coach ! Je me suis présenté au BEPF l’an passé, mais pas cette année. Je me représenterai l’année prochaine ».

Sa phase d’apprentissage, commencée en 2020 avec les U20 de Limonest, poursuivie avec les U17 Nationaux de l’Olympique Lyonnais dans le rôle d’adjoint en 2021 (aux côtés d’Amaury Barlet, aujourd’hui entraîneur des U19) puis avec Roland Vieira lors de l’exercice 2022-2023 pour une première expérience chez les seniors, en National, avec Le Puy Foot 43, « Flo » estime qu’elle arrive à sa fin : « Pour moi, cette phase, il fallait la faire, elle était nécessaire. Mais elle se termine. J’ai énormément appris à Limonest et à Lyon, mais j’ai surtout beaucoup appris avec Roland. C’est un entraîneur qui m’a beaucoup apporté, dans le management, dans les séances. Maintenant, il le sait, et je lui ai dit, j’ai aussi envie de goûter au poste de numéro 1 un jour ».

Objectif maintien pour l’UF Mâcon

Avec Roland Vieira.

Pour l’heure à Mâcon, la hiérarchie est toujours bien établie : « Bien sûr ! Roland est 1, je suis 2, c’est important, on est un binôme, on se trouve et on se comprend les yeux fermés. Roland me fait énormément participer à ses choix, parce que c’est lui qui prend les décisions et je n’ai vraiment aucune frustration car il me donne un gros rôle. On est pote aussi, ça aide, c’est important, il sait qu’il peut s’appuyer sur moi, il m’apprend beaucoup, j’essaie de lui apporter ce que je peux, ça se passe bien. »

Pour l’heure, il n’y a, en fait, que les résultats qui sont compliqués. Promu en National 2, l’UF Mâcon, malgré un bon départ, souffre dans ce championnat et lutte pour son maintien. Après trois bons résultats, l’équipe vient de rechuter lourdement chez le nouveau leader, Bourg-en-Bresse/Péronnas (3-0).

Naissance d’un tandem

Avec Roland Vieira.

Depuis l’arrivée du nouveau tandem, le club de la préfecture de Saône-et-Loire, actuellement 11e sur 14, a enregistré deux victoires, trois nuls et deux défaites. Il faudra en faire un peu plus pour décrocher le maintien. « Oui, c’est vrai, mais on est arrivé en cours de saison donc ce n’est jamais facile. On travaille. On a mis en place beaucoup de choses. Mâcon est monté rapidement, avec deux accessions en deux ans, de DH (R1) en National 2. Alain (Griezmann, le président), je ne le connaissais pas, je l’apprécie, il a envie que le club progresse. Il est ambitieux. Mais il y a des choses à mettre en place. Roland (Vieira) a l’habitude. Il l’a fait au Puy. Quand je parle de travail, je pense toujours à cette phrase : « On joue comme on s’entraîne », et je trouve que l’état d’esprit a changé. On travaille beaucoup à l’entraînement afin de répéter les efforts en match. On est très exigeant au quotidien. »

Vieira-Balmont. Les deux hommes se connaissent depuis près de 30 ans : en 1997, le premier, attaquant, natif de … Mâcon, permettait à l’OL de remporter la coupe Gambardella en se distinguant dans le rôle du gardien lors de la séance de tirs au but (le gardien titulaire avait été expulsé) tandis que le second était entré en cours de jeu. « J’ai presque un an de moins que Roland, raconte Florent; On s’est connu à l’OL pendant nos années de formation. On a gagné la Gambardella ensemble. On avait toujours gardé le contact. On ne s’appelait pas tous les jours mais on se voyait l’été, en vacances. Nos familles s’apprécient. Un soir, il a eu l’idée de me proposer ce rôle d’adjoint, au Puy. La première fois, je n’ai pas pu accepter car je m’étais engagé avec les U17 de Lyon, mais l’idée était restée dans un coin de ma tête. Finalement, il m’a à nouveau proposé ce rôle en été 2022, après l’accession du Puy en National. » Voilà comment le tandem s’est formé.

« A l’OL, je n’avais pas de perspective »

Et si cela peut surprendre aujourd’hui de ne plus voir le nom de Balmont dans l’organigramme de la Groupama OL Academy, l’ex-pro a son explication : « Déjà, ce n’est pas un regret si je n’y figure plus, parce que c’est mon choix. C’est moi qui suis parti en 2022, après la saison en U17. Mais si je suis parti, c’est aussi parce que je n’avais pas non plus de projection quant à mon avenir à l’OL. Je n’avais pas de perspective. Et puis, j’ai eu cette opportunité du Puy avec Roland (Vieira). »

Sportivement, la saison au Puy-en-Velay fut compliquée, mais « ce fut un super apprentissage ». Longtemps dans la course au maintien dans un championnat National à 18 clubs mais à 6 descentes, Le Puy, malgré des gros coups d’éclat (élimination de l’OGC Nice en coupe de France, succès en championnat au Red Star, à Nancy, à Orléans, contre Concarneau ou encore Sedan), a finalement cédé dans les ultimes journées. « C’est frustrant d’être descendu, parce qu’on n’était pas très loin, même si c’était compliqué pour nous par rapport au budget, mais à un moment donné, on a perdu un ou deux joueurs au mauvais moment, et d’autres ne connaissaient pas trop ce niveau National. Et puis il y a eu des matchs où on a laissé filer des points, je pense à celui de Martigues chez nous, au match retour, quand on mène 2 à 1, et qu’ils égalisent dans le temps additionnel… Si on avait gagné contre Martigues, qui était leader à ce moment-là, ça nous aurait donnés une force supplémentaire pour les six ou sept derniers matchs qu’il restait. Mais ce nul (2-2), alors que l’on revenait bien, nous a fait mal. »

« On se canalise de plus en plus »

Photo Le Puy Foot 43

Sur le banc, les deux hommes ont aussi, parfois, montré qu’ils avaient le sang chaud. Mais Balmont l’assure, cette saison au Puy lui a servi : « C’est vrai qu’on était « trop chauds », mais c’est aussi parce qu’on a ce côté gagneur, et puis il y avait cette pression du résultat, même si la pression, à n’importe quel niveau, elle fait avancer. On a pris des cartons parce qu’on s’est énervé, mais je trouve que cette saison, on se canalise de plus en plus. En tout cas, moi, j’essaie de ne pas trop lui amener ce côté fou-fou et sanguin que j’avais trop au départ. »

Quelques semaines avant la fin de la saison passée, Roland Vieira annonçait son départ du Puy, où il venait de passer 11 ans, mais clamait son envie de retravailler avec Florent Balmont. Si cela n’a pas pu se réaliser à Saint-Brieuc, en National 2, étape suivante de Vieira, le départ surprise de ce dernier à la trêve de Noël pour Mâcon a permis aux deux hommes, qui s’apprécient, de reformer le duo dans le club d’Alain Griezmann, en National 2. « Pendant que Roland était à Saint-Brieuc, j’ai travaillé un peu dans l’immobilier, c’est un milieu qui me plaît aussi, mais très vite, au fil des mois, j’ai vu que le foot me manquait. »

« Le National, c’est pro ! »

Dans le vestiaire après la victoire à Saint-Quentin.

Du coup, après avoir découvert le National en Auvergne, Florent découvre le National 2 en Bourgogne, pas très loin de chez lui. « C’est sûr que quand je suis arrivé en National au Puy, l’an passé, je ne connaissais pas trop de championnat et pas beaucoup de joueurs non plus. Il a fallu que je bosse. C’est passé par beaucoup de vidéos, d’analyses de matchs. J’ai pu observer beaucoup de joueurs et j’ai pu apprivoiser le National que je ne regardais pas quand je jouais en Ligue 1. Le National, c’est pro. J’ai été agréablement surpris par le niveau et les structures, on a quand même affronté des clubs comme le Red Star, Le Mans, Nancy, Sedan, qui ont un passé et où il y a des joueurs de bon niveau. Pour des joueurs qui n’ont pas de temps de jeu en Ligue 1, un passage en National, pour eux, c’est un bon tremplin pour rebondir. »

Jamais avare de compliments quand il s’agit évoquer le travail et les compétences de son ami Vieira, « Flo » sait aussi qu’un jour, peut-être, il le croisera … sur le banc adverse ! « Ce serait bien ! Roland mérite d’être encore plus haut, il a tout pour réussir au plus haut niveau, il a les qualités pour ça. Il fait du bon boulot partout où il passe, et là, à Mâcon, où on vient d’arriver, l’objectif est d’abord de se maintenir. Et ensuite, le club pourra viser plus haut. »

Le National ? C’est évidemment beaucoup trop tôt pour en parler à l’UF Mâcon, qui évoluait encore en Régional 1 en mai 2022, mais le club sait au moins une chose : Vieira a la recette, car il y est parvenu deux fois en trois ans avec Le Puy, en 2019 et en 2022 !

Florent Balmont, du tac au tac

Content de succéder à Foued Kadir dans cette rubrique ?
(Surpris) Oui ! On s’est souvent affronté, c’est un milieu de terrain, un bon joueur !

Meilleur souvenir sportif ?
Il y en a beaucoup ! Je vais dire le doublé coupe-championnat avec Lille en 2011.

Pire souvenir sportif ?
C’est la finale de la coupe de la Ligue perdue avec l’OGC Nice contre Nancy, en 2006, on était quand même les favoris. C’est un regret car la coupe de la Ligue manque à mon palmarès.

Combien de buts marqués ?
Je n’en ai pas mis beaucoup, une dizaine peut-être !

Combien de cartons rouges ?
Je n’en ai pas pris beaucoup, je pense que c’est 3 ou 4 ! J’avais une réputation, OK, mais c’est surtout des cartons jaunes, et là, ce n’est pas pareil ! En fait, des cartons rouges, je n’en ai pas pris beaucoup compte tenu du nombre de matchs que j’ai disputés. Je savais m’arrêter au bon moment !

Ton plus beau but ?
Celui de Lille contre Nice, quand je fais contrôle de la poitrine et reprise de volée, je pense que c’est le plus sympa dans la gestuelle.

Voir le but : https://fb.watch/r1ueBCWHpX/

Ton match référence ?
J’ai eu des matchs où je me sentais bien et c’est vrai que ce match contre Nice quand je marque, me revient en mémoire, même si on fait 4 à 4 au final.

Ton pire match ?
Un match de Ligue des champions à Munich, face au Bayern, on perdait 4 à 0 au bout d’une demi-heure… Là je me dis « ça ne sert à rien de continuer, on rentre aux vestiaires », je crois que c’est la seule fois où j’ai pensé ça, où j’ai eu cette sensation; ça allait trop vite.

Ton geste technique préféré ?
Ce n’était pas un geste technique. Plutôt une action. J’aimais bien partir sur le côté droit et chercher des passes en profondeur. J’essayais de jouer le plus simplement possible.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités : l’agressivité dans le bon sens du terme. Ma force, c’était de gratter des ballons, d’avoir envie de les récupérer et de les donner proprement. J’ai évolué dans mon jeu, dans mon football et c’est ce qui fait qu’à Lille on m’a plus considéré comme un bon joueur alors qu’à Nice on n’a plus retenu ce côté « agressivité ». J’avais, je pense, cette qualité de faire les deux. Pour les défauts, c’était ce côté râleur, parce que je déteste perde, et j’avais parfois du mal à me canaliser, ce qui fait que je perdais beaucoup d’énergie. J’ai réussi à gommer ça au fil du temps, à Lille, même si c’était ancré en moi.

Dans la vie de tous les jours, qualités et défauts ?
Je fais tout pour les gens que j’aime, pour ma famille. J’aime donner, c’est ma qualité. Défaut, on en revient au côté râleur (rires), ce n’est pas que sur le terrain ! Impatient aussi. Mais mon épouse me supporte depuis une vingtaine d’années, c’est que je ne dois pas être si chiant que ça !

Cette saison, l’UF Mâcon (Matar Diagne en bleu) vise le maintien en N2.

Que t’a-t-il manqué pour être international ?
C’est une fierté d’avoir fait 513 matchs en ligue 1, et de n’avoir connu que ce niveau, après, pour être international… Je pense que j’ai été à deux doigts de l’être, j’ai reçu les pré-sélections, maintenant, peut-être que mon profil ne rentrait pas dans le cadre, mes deux potes à Lille (Rio Mavuba et Yohan Cabaye) qui jouaient avec moi au milieu de terrain étaient en équipe de France; ensemble, on faisait des bonnes saisons. C’est une question de stéréotype peut-être. Et puis il y avait du monde, et trois Lillois en équipe de France, cela faisait peut-être trop aussi.

Pourquoi as-tu fait du foot ?
C’est mon père qui m’a donné envie de jouer, il entraînait, je le suivais, et il m’a inculqué cette passion ! Je n’arrêtais pas de taper dans un ballon, partout, dès mes 2 ans, chez moi, dans la maison, je cassais quelques trucs ! J’ai commencé attaquant dans mon club de village à Saint-Symphorien-d’Ozon, et après, quand j’ai signé à Oullins, au CASCOL, à l’âge de 13 ans, j’ai reculé au milieu et je n’ai plus bougé. Ensuite, à 16 ans, j’ai intégré le centre de formation de l’OL.

Tu as gardé des contacts avec Oullins et Saint-Symhorien-d’Ozon ?
Non. C’est dommage. Mes parents sont encore à Saint-Symphorien… J’ai toujours dit que je trouvais dommage que le club ne fasse pas appel à moi parce que j’avais envie de donner. J’ai donné un ou deux coups d’envoi mais c’est tout. Les gens, là-bas, voilà… Il n’y a pas eu trop de retour. Même pour mes parents, qui sont de Saint-Symphorien. Il y a eu d’autres dirigeants, peut-être que cela ne les intéressait pas.

Sous le maillot du Puy Foot, la saison passée. Photo Le Puy Foot 43

La saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Honnêtement, même quand je jouais le maintien, j’ai pris du plaisir, partout, mais ce que je retiens, ce que j’ai aimé, c’est cet esprit de groupe. L’aspect collectif. C’est ça qui m’a fait aimer le foot.

Un coéquipier marquant ?
Eden Hazard. Pour moi, c’est le meilleur joueur avec lequel j’ai évolué. Je l’ai vu commencer. Hugo Lloris aussi, pareil, que j’ai vu commencer à Nice : il était 3e gardien, et je me souviens lui avoir dit, après deux ou trois entraînements, « Toi, tu vas faire une grosse carrière », je ne me suis pas trompé, mais c’était évident, il avait déjà le niveau et la maturité au-dessus.

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
A Lille, avec Rio Mavuba. Il avait cette intelligence et cette facilité, il jouait simple, et moi derrière, j allais plus « chercher », il y avait un certain équilibre entre nous. En plus on est ami, nos familles s’entendent bien.

Combien d’amis véritables dans le foot ?
Moins de 10. Mais il y’en a. On ne s’appelle pas tout de temps mais il y a beaucoup d’affinités.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné dans ta carrière ?
Fernando Torres à Liverpool, Zanetti à l’Inter Milan, des joueurs de classe mondiale. Et aussi Verratti, un joueur que j’aimais beaucoup. On l’a sous-estimé à Paris. J’adorais ce qu’il faisait, c’était un chien sur le terrain, qui ne lâchait jamais.

Une idole de jeunesse ?
Zidane.

Un modèle ?
Verratti, oui, Pep Guardiola aussi. Gaizka Mendieta à Valence, contre qui j’avais joué. Des profils intéressants, pour moi, qui était aussi milieu de terrain.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Hugo (Lloris).

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
René Girard. J’ai bien aimé. C’est la première fois que je suis allé voir un entraîneur à son départ, pour lui dire que j’avais kiffé les deux saisons avec lui, à Lille, pourtant, quand il est arrivé, je me suis dit, avec son caractère sanguin, « ouh la »… Je ne savais pas ce que ça allait donner.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Tous les coachs m’ont apporté, après, c’est vrai qu’avec Frédéric Antonetti, cela a été tendu parfois, mais j’ai beaucoup de respect pour lui, il a connu une période très compliquée, mais comme entraîneur, il ne m’a pas marqué.

Le joueur le plus connu de ton répertoire, c’est qui ?
Benj’ Pavard.

Des rituels, des tocs, des manies ?
J’embrassais mon alliance en entrant sur le terrain. J’ai oublié une fois de le faire et je me suis blessé.

Une devise, un dicton ?
On joue comme on s’entraîne. Cela a toujours été ma devise tout au long de ma carrière et je le répète aujourd’hui en tant qu’entraîneur. Sinon, on ne peut pas être performant en match.

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu étais un joueur plutôt …
Rugueux. Combatif. Je me souviens que les supporters disaient qu’ils valaient mieux m’avoir dans leur équipe que dans l’équipe en face.

Une appli mobile ?
LEquipe.fr

Le milieu du foot, en deux mots ?
C’est un milieu où il y a du lobbying, pas tout le temps franc.

Tes passions ?
Le padel. J’adore. Je me s’y suis mis quand j’étais à Lille. Le tennis, c’était bien, mais maintenant, c’est le padel.

Texte : Anthony BOYER – aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06

Photo de couverture : UF Mâcon

Photos : UF Mâcon (sauf mentions spéciales)

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L’ex-international algérien, revenu sur ses terres provençales en 2018 après une belle carrière, d’abord en amateur puis chez les pros (Amiens, Valenciennes, Marseille, Rennes, Séville, Getafe), a toujours dû gagner sa place, partout où il est passé. À 40 ans, il allie aujourd’hui le plaisir avec les résultats.

Photo Philippe Le Brech

Foued Kadir n’était pas au courant qu’il était, à 40 ans, le joueur le plus âgé du championnat National. Mais il s’en doutait un petit peu. « Je pensais qu’il y aurait peut-être un gardien dans un club, plus âgé que moi. »
C’est en accordant un entretien au site de la Fédération (FFF) qu’il a appris cette nouvelle. Mais cela n’a pas changé pas sa vie ! En tout cas, ce statut de « doyen » du National ne lui confère pas plus de responsabilités qu’il n’en a déjà, lui qui est le capitaine du FC Martigues depuis l’arrêt en 2022 de son coéquipier Nadjim Abdou : « Je ne me prends pas la tête avec ça ! Pour moi, l’essentiel est de prendre du plaisir avec mes coéquipiers. J’essaie des les aider à gagner des matchs. »

C’est dimanche, un jour sacré, où le footballeur profite en général d’un peu de repos pour vaquer à d’autres occupation et couper avec le ballon rond. Mais Foued Kadir, lui, est là, face à nous, en visio, pour cet entretien « long format », pour parler football. Noa, sa petite dernière (1 mois) fait la sieste.

Moins de 48 heures auparavant, il était rentré à la pause en remplacement de Milan Robin sur la pelouse du stade Marie-Marvingt, face au Mans. Un match soldé par une défaite 2 à 0 qui a de nouveau relégué son équipe (3e) à 4 points de Niort (2e).

« Titulaire ou remplaçant, je réponds présent »

Photo Philippe Le Brech

Depuis cette saison, Foued n’est plus forcément titulaire à chaque match. Un nouveau statut pour l’ancien professionnel de Valenciennes, Rennes, Marseille ou encore du Betis Séville, pour ne citer que ces clubs, qui demeure un cadre de son équipe, même si son coach, Grégory Poirier, ne l’aligne plus systématiquement dans le 11 de départ. « Déjà, j’ai eu un petit plus de soucis physiques cette saison, contrairement à la saison passée, où je jouais tout le temps. Maintenant, c’est vrai, je ne vais pas mentir, j’ai un peu mal vécu au début le fait que je sois remplaçant, surtout que c’est arrivé au moment où j’ai fêté mes 40 ans, début décembre dernier (il est né le 5 décembre 1983). Je ne sais pas si c’est une coïncidence mais c’est arrivé à moment-là. Je me suis dit que, peut-être, c’était dû à mon âge, peut-être qu’on a pensé que j’étais « fini » parce que j’avais 40 ans! J’ai eu une discussion à ce sujet avec le coach, Grégory Poirier, et le directeur sportif, Djamal Mohamed, mais ils m’ont rassuré et m’ont dit que cela n’avait rien à voir, que c’était des choix en fonction de la forme du moment, qu’il y avait d’autres joueurs qui étaient en forme, que l’équipe tournait bien, du coup, maintenant, tout est clair. Et je réponds présent, que cela soit comme titulaire ou comme remplaçant. »

Le débat est clos. D’ailleurs, il n’y a pas de débat. Sur le terrain, le Franco-algérien le prouve. Sa technique est toujours léchée, sa vision du jeu intacte, et il fait toujours autant jouer ses partenaires, dans une position de numéro 6, devant la défense, où il est amené à toucher beaucoup de ballons. Un poste qu’il a appris à « apprivoiser » au fil du temps, lui qui a construit sa carrière dans un rôle de meneur de jeu : « Mon poste de prédilection, c’est vrai, c’est en 10, mais au fil du temps, j’ai reculé, d’abord, en 8, lors de mes deux dernières saisons en D2 espagnole. C’est le coach, Julio Velasquez, que j’avais déjà eu au Betis Séville, qui m’a fait revenir à Alcorcon, qui m’a d’abord placé comme relayeur dans un milieu à trois, avec un 6 et deux 8. Ce poste de 8, je l’avais aussi occupé parfois avec Philippe Montanier à Valenciennes en Ligue 1, parce qu’il jouait dans le même système. »

N°10, puis n°8 et maintenant n°6 !

Photo Philippe Le Brech

Et depuis son retour au FC Martigues, en 2018, où il est venu boucler la boucle, « chez lui », Foued occupe ce poste de 6. Très attaché à sa ville, l’ancien international algérien (25 matchs, 2 buts et une coupe du monde disputée en 2010) espère participer au retour de son club dans le monde professionnel, qu’il a connu dans les années 90 lorsqu’il était un jeune joueur, avant de partir à l’âge de 17 ans, sans jamais jouer avec les seniors. « Tout a commencé grâce à mon père, Lahcen C’était un fou de foot. Je commençais à peine à marcher qu’il m’avait déjà mis un ballon dans les pieds pour jouer avec lui ! Le foot, c’est vraiment une transmission de père en fils et j’essaie de transmettre ça aussi à mes grands enfants (il est aussi papa de deux autres garçons, Ilhan, 10 ans, et Eden, 7 ans). J’ai commencé à Martigues, chez moi, dans ma ville. Le FCM, c’est mon club. Je suis 100 % Martégal. »

Oui mais voilà. A 17 ans, c’est le départ. Un crève coeur. « Cela a été une déception de quitter Martigues, où j’avais joué de l’âge de 6 ans jusqu’à mes 17 ans, où ça se passait super bien, où j’avais tous mes copains, mais finalement, je m’en suis relevé. » A l’époque, Foued évolue en moins de 18 ans. Il est « 2e année ». Et il lui reste une « 3e année » à disputer à ce niveau. Sauf que le club veut l’intégrer en équipe III seniors, en amateurs : « Moi, je voulais vraiment faire ma dernière année en jeunes. Je trouvais que c’était compliqué, à 17 ans, d’aller jouer en seniors, surtout que j’étais « gringalet » à l’époque ! J’ai eu l’opportunité d’aller à Gignac, à côté de chez moi, pour faire cette troisième année en moins de 18 ans. Pour m’amuser. Et d’ailleurs, j’ai pris beaucoup de plaisir cette saison-là. En fait, c’est simple, je ne me voyais pas encore aller en seniors chez les amateurs, je trouvais que je n’étais pas prêt physiquement. »

Gignac, Beaucaire, Troyes, Cannes…

Photo Philippe Le Brech

Après sa dernière année chez les jeunes à Gignac, Foued signe à Beaucaire. Le club est en National cette saison-là – pas une réussite ! – et il joue en réserve, en Division d’Honneur (Régional 1). « C’est grâce à mon père que je suis allé là-bas. Il avait un ami qui jouait à Beaucaire, il lui a demandé si le coach pouvait me prendre à l’essai pour la réserve. J’ai fait quelques entraînements, ça s’est super bien passé, et je me suis retrouvé en DH seniors (R1). La même année, je passais le bac, je faisais les aller-retour avec mon père, qui a toujours été là pour moi. Et puis, j’ai commencé à faire quelques entraînements avec le groupe National, entraîné par Jean-Jacques Eydelie, mais sans jamais disputer de match officiel. C’était exceptionnel pour moi ! Je me souviens que, pour aller aux entraînements de la « National », je ratais parfois le lycée, parce que j’aimais le foot plus que tout ! ça m’a permis de voir ce que c’était que de s’entraîner tous les jours et j’ai pu toucher au monde professionnel, entre guillemets. »

Photo Philippe Le Brech

Après Beaucaire, c’est le grand saut. Direction Troyes, dans l’Aube. « Là encore, c’est grâce à mon père (sourire) ! Il avait un ami qui connaissait bien le papa de Karim Ziani, à l’époque joueur à l’ESTAC. Grâce à cet ami, je fais un essai en réserve avec la CFA, je m’en souviens bien, car on termine la semaine par un match amical et il y a Karim (Ziani), de même que Rafik Saïfi, qui sont là, parce qu’ils sont en instance de départ. Du jour au lendemain, me voilà qui joue avec deux internationaux Algériens ! Pour moi qui suis Algérien, tu imagines… »

Le match se passe bien. Le coach Carlos Lopez lui propose alors de signer en CFA. A l’issue de sa première saison, le club tombe en CFA2. La saison suivante, Foued dispute les six premiers mois, avant qu’une nouvelle opportunité ne s’offre à lui : « Je marque 6 ou 7 buts et puis j’ai l’opportunité d’aller à Cannes en National. Comme je vois que ça ne bouge pas trop pour moi à Troyes, même si je goûte aux entraînements des pros avec Jean-Marc Furlan, je me dis que Cannes, en National, c’est une belle évolution sportive. Et en plus, je reviens près de ma famille aussi, dans le Sud. »

Là encore, c’est son papa qui est à l’origine de tout : « L’ami de mon père, qui avait un énorme réseau, entend dire que Cannes cherche un milieu offensif. Et c’est comme ça que je signe là-bas en janvier. C’est marrant parce que juste avant de signer, je dispute un match amical contre l’OM avec Cannes, et je marque un but à Fabien Barthez ! On gagne 1 à 0 ! C’était les débuts de Nasri ! »

« J’avais toujours tout à prouver »

Le FC Martigues 2023-2024. Photo Philippe Le Brech

A Cannes, Foued arrive sur la pointe des pieds et va, petit à petit, se faire sa place, jusqu’à s’imposer : « Je fais six premiers mois intéressants et puis le club me prolonge de 2 ans. En fait, c’est mon histoire ça ! Mon parcours, c’est ma force ! A chaque fois que je suis arrivé dans un club, j’étais celui qui arrivait d’en bas, sur la pointe des pieds, sans faire de bruit, souvent avec un statut de remplaçant, et partout je me suis fait ma place. J’avais toujours tout à prouver et surtout, je n’avais rien à perdre. J’ai bossé, bossé, c’est ce qui a fait aussi ma force, et j’ai gagné ma place quasiment dans tous les clubs où je suis passé. »

La suite de sa carrière le conduit chez les grands, d’abord en Ligue 2, à Amiens, qu’il découvre à l’âge de 23 ans, et à Valenciennes, en Ligue 1, à 25 ans. Puis c’est L’OM, Rennes, l’Espagne et la Liga, la coupe du monde avec l’Algérie… Quel parcours !

Avec le président Alain Nersessian. Photo Philippe Le Brech

En 2018, à 35 ans, Foued met un terme à sa carrière pro et revient à Martigues. Le club végète alors en National 2 et joue devant 300 personnes. « Et encore, la moitié des gens, c’était nos familles ! Mais j’avais toujours eu ça dans un coin de ma tête : revenir à Martigues et aider le club à retrouver le haut niveau. Malheureusement, on a perdu 2 ans avec la Covid, et 2 ans, dans une carrière, c’est beaucoup. Je suis revenu en même temps que notre ancien capitaine, Nadjim Abdou (qui a stoppé sa carrière en 2022), qui a eu un peu le même parcours que moi, qui a été pro à Martigues il y a plus de 20 ans et qui a dû s’exiler en Angleterre. On a passé un premier cap avec l’accession en National en 2022. J’aimerais bien qu’on en passe un second en accédant en Ligue 2. Ce serait l’occasion de finir en apothéose et pourquoi pas de faire une dernière saison à ce niveau avec mon club formateur, mon club de coeur. Ce serait la cerise sur le gâteau. C’est dommage d’avoir manqué le coche la saison dernière. »

« Les gens bloquent sur Borgo, mais… »

Photo Philippe Le Brech

C’est vrai que, la saison passée, le FC Martigues a vraiment laissé passer une occasion unique quand, à deux journées de la fin, et alors que le club du président Alain Nersessian occupait la place de leader, s’était lourdement incliné 3 à 0 sur la pelouse de la lanterne rouge, Borgo. Un résultat qui avait suscité l’incompréhension. « Tout le monde « bloque » sur ce match, parce que Borgo était dernier et déjà relégué en N2, mais pour moi, la montée ne s’est pas perdue là. Il y a d’autres matchs avant celui-là où on a pris des buts dans les dernières minutes, je pense à celui de Nancy à Francis-Turcan, juste avant d’aller à Borgo, quand on se fait égaliser à la fin (1-1). Si on avait tenu le score à 1-0, on aurait jouer la montée en Ligue 2 chez nous à la dernière journée contre Versailles. Je peux comprendre que tout le monde nous parle de ce match-là, à Borgo, mais en face, les gars voulaient se montrer, sortir un gros match, ils n’avaient rien à perdre… Dans le foot, ce n’est pas parce que tu es premier que tu vas gagner 5 à 0 chez le dernier. »

Photo Philippe Le Brech

Que cela soit en Ligue 2 ou National la saison prochaine, Foued a, évidemment, envie de continuer encore une saison. Au moins. « Oui, parce que je me sens bien physiquement ! Je me sens prêt à jouer encore une saison, mais ça dépend aussi de mes dirigeants, de ce qu’ils veulent faire, mais moi, je me sens encore au niveau, j’ai encore les jambes et l’envie, franchement, j’aime tellement le foot ! Le jour où j’irai à l’entraînement à reculons, là, ok, je dirai « stop », mais ce n’est pas du tout le cas actuellement. Je ne me prends pas la tête, parce que je sais que la fin est plus proche que le début ! »

Et l’après football ? « On verra ! Je compte jouer le plus longtemps possible, tant que mon corps me le permet et tant que j’en ai envie. Bien sûr, je pense à ma reconversion, on en parle d’ailleurs avec les dirigeants du FCM; ça peut être dans le staff, en tant qu’adjoint ou entraîneur des attaquants, je ne sais pas, mais là, je veux jouer le plus longtemps possible, même en N2 ou en N3. Après, en dessous de N3, je ne suis pas certain que le plaisir, la seule notion qui compte, soit le même… Une chose est sure, après ma carrière, je ne me vois pas coach principal : gérer 25 mecs, c’est trop compliqué. Parce que le foot, c’est du management aujourd’hui. »

Foued Kadir, du tac au tac

Photo Philippe Le Brech

Es-tu content de succéder à Thomas Vincensini dans cette rubrique ?
(Surpris) Bien sûr (rires), mais… je ne le connais pas !

Meilleur souvenir sportif ?
La Coupe du monde 2010 avec l’Algérie. J’ai disputé les trois matchs de poule, malheureusement, on ne s’est pas qualifié. C’est quand même le meilleur souvenir de ma carrière.

Pire souvenir sportif ?
C’est encore lié à la Coupe du monde et à l’Algérie : en 2014, j’ai participé à toute la campagne de qualification au Mondial, je suis dans la liste des 30 puis au dernier moment, le sélectionneur m’a enlevé de la liste des 23. J’ai eu énormément de mal à le digérer et à passer à autre chose.

Combien de buts marqués ?
Aucune idée (rires) ! Je ne compte pas. Marquer n’a jamais été une finalité chez moi. J’ai toujours pris beaucoup plus de plaisir à faire une passe décisive. J’ai toujours eu ça dans l’âme. Je préfère régaler mes coéquipiers mais attention, je ne vais pas mentir, marquer procure aussi énormément de plaisir !

Photo Philippe Le Brech

Ton plus beau but ?
Avec Amiens contre Nantes, en Ligue 2 : un enroulé pied gauche en pleine lucarne !

6, 8 ou 10 ?
Sincèrement, je préfère jouer en 10, le poste que j’occupais quand j’avais les jambes ! Je n’ai plus trop les jambes pour aller de l’avant, me retourner vite, c’est pour ça qu’avec le temps, j’ai reculé; je vais finir gardien bientôt peut-être (rires) ! C’est en 10 que j’ai pris le plus de plaisir aussi dans ma carrière, à régaler mes coéquipiers, à faire des passes décisives. Après, avec l’expérience et l’âge, on joue différemment. On va moins vite que les jeunes certes mais on anticipe plus vite, voir avant de recevoir, voir avant les autres… Après, la technique, ça ne sert perd pas, ça a toujours été une de mes plus grosses qualités.

Ton geste technique préféré ?
Le contrôle orienté.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités : technique, vision du jeu, capacité à faire jouer mes partenaires et à leur donner de bons ballons au bon moment, capacité à répéter les efforts même si, avec l’âge, un peu moins aujourd’hui, mais avant, j’étais pas mal physiquement. Pour mes défauts, le jeu de tête et l’impact physique, qui n’a jamais été mon fort même si je n’ai pas peur d’aller au duel.

Et dans la vie de tous les jours ?
Je pense être généreux, gentil, parfois trop gentil… Pas facile comme question même si je me connais bien. Pour les défauts, je suis mauvais perdant.

Photo Philippe Le Brech

Le club, l’équipe ou la saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Sans hésitation, avec Valenciennes, en Ligue 1, on avait une équipe qui ne payait pas de mine mais qu’est-ce qu’on était solidaire sur le terrain ! On était bons tous ensemble. J’ai pris un pied énorme. Le stade était plein, on arrivait à taper de grosses équipes, on faisait des gros matchs. J’avais Philippe Montanier comme coach, c’est quelqu’un qui a compté pour moi. C’est marrant, parce que Grégory Poirier, mon coach actuellement à Martigues, était en formation avec lui la semaine dernière dans le cadre de son BEPF, et Philippe Montanier lui a parlé de moi. « Il t’apprécie » m’a dit Grégory Poirier en parlant de lui. C’est réciproque, je garde un très bon souvenir de Montanier, il m’a fait énormément progresser. Je voudrais associer aussi son adjoint Michel Troin, lui aussi m’a fait progresser, que cela soit à Cannes ou ensuite à Valenciennes, et quand Philippe Montanier est parti en Espagne, il y a eu avec Daniel Sanchez avec qui c’était sympa aussi et avec qui ça s’est super bien passé.

Le club où tu as failli signer ?
A l’époque, j’ai le choix entre l’OM et Monchengladbach (Allemagne), avec Lucien Favre. Deux propositions concrètes. Je suis tiraillé entre les deux. L’OM, c’est l’OM… Je suis de Martigues, je suis supporter depuis tout petit, ça ne se refuse pas ! Lucien Favre, lui, voulait me fait jouer à mon poste, derrière l’attaquant, à l’époque, ils sont dans les 3 ou 4 premiers en Bundesliga, qualifiés en 8e de finale de la Ligue Europa, un championnat tourné vers l’offensive, pour moi c’est parfait. Mais j’ai fait le choix du coeur. Je vais à l’OM. Je ne regrette pas mon choix. C’est comme ça.

Photo Philippe Le Brech

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Plus jeune, j’étais fou de Zidane et Del Piero. J’aimais beaucoup la Juventus de Turin. A la play station, je prenais toujours la Juve ! Donc, la Juve !

Un stade et un club mythique pour toi ?
Le Vélodrome ! C’est le stade où mon père m’emmenait tout petit. J’y ai d’abord joué contre l’OM puis ensuite en portant le maillot de l’OM. Le Vélodrome, c’est le Vélodrome.

Un public qui t’a marqué ?
Je ne vais pas redire le Vélodrome… Celui de Lens m’a marqué, en plus j’ai disputé les derbys du Nord, avec Valenciennes, et aussi Geoffroy-Guichard (Saint-Etienne). Mais le Betis, c’est vraiment pas mal, et les derbys avec le FC Séville, c’est chaud !

Un coéquipier marquant ?
Riyad Mahrez.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, sur le terrain ?
J’ai beaucoup aimé la relation que j’ai eu pendant une saison à Rennes avec Jean II Makoun, qui jouait derrière moi en 6. Il se retournait et me trouvait directement, je savais comment me placer avec lui.

Combien d’amis dans le foot ?
Très peu.

Le FC Martigues 2023-2024. Photo Philippe Le Brech

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné dans ta carrière ?
J’ai eu la chance de jouer contre Cristiano (Ronaldo) et Messi, donc…

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Rabah Sadaâne, qui m’a sélectionné pour la première fois en équipe nationale d’Algérie. Je n’ai pas eu l’occasion de le revoir depuis. Il a été comme un deuxième papa pour moi.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
L’actuel coach de Getafe, où il est revenu d’ailleurs, Jose Bordalas : j’avais signé à Getafe, il est arrivé et avec lui je suis devenu tricard, sans aucune raison. Bon, il aime les guerriers, les combattants, la grinta, il n’aimait pas trop les joueurs de ballon ! Du coup, je ne rentrais pas dans ses plans.

Un président ou un dirigeant marquant ?
Marcel Salerno à Cannes. Il était dévoué, un peu fou-fou, mais je sentais que c’était une bonne personne, attachant.

Tu as été un excellent joueur mais qu’est-ce qu’il t’a manqué pour être un top joueur ?
Le parcours. Je ne suis pas passé par un centre de formation. J’ai connu tous les championnats amateurs avant de signer mon premier contrat pro à Amiens en Ligue 2 à 23 ans. Si j’avais eu un parcours classique, peut-être que ma progression aurait été différente. Peut-être que je n’aurais pas fait la même carrière. Ce qu’il m’a manqué, c’est d’avoir ma chance plus jeune, de signer pro plus jeune, de jouer des matchs de haut niveau plus jeune. Et là, peut-être que j’aurais été un très-très bon joueur. Mais je ne regrette pas mon parcours, je suis fier de ce que j’ai réalisé, partir d’en bas pour arriver en Ligue 1 et en coupe du Monde, c’est exceptionnel.

Philippe Le Brech

Une anecdote de vestiaire ?
On joue contre la Libye avec l’Algérie, au Maroc. C’est Vahid Halilhodžić notre coach. Pendant tout le match, on se fait insulter et cracher dessus par les joueurs adverses, et ça part « en live » en fin de match, bagarre, bref, on rentre aux vestiaires et le président de la Fédération, Mohamed Raouraoua, furieux, nous hurle dessus, il nous dit « Vous êtes une honte, vous faites honte au pays, c’est quoi ces histoires ? En venir en mains sur un terrain c’est catastrophique… », nous, on était tous la tête baissée, un peu honteux, et puis, là, Vahid Halilhodžić entre dans la pièce, chemise blanche déchirée, cheveux en pétard, et il hurle « C’est ça ! ça c’est équipe, ça c’est solidarité » (il imite l’accent), et là, on se regarde entre nous et on se met tous à rire, et le président sort du vestiaire !!!

Une ville, un pays ?
Séville, en Espagne.

Une appli mobile ?
L’Equipe.

Avec le journaliste de La Provence, Eric Stella.

Le joueur le plus connu de ton répertoire, c’est qui ?
Raïs M’Bolhi, c’est un de mes amis, c’est le gardien de la sélection algérienne.

Es-tu maniaque ?
Au foot non. Dans la vie de tous les jours, un peu. Je n’aime pas laisser traîner mes affaires. J’aime bien que ce soit propre et bien rangé.

Une devise, un dicton ?
Travail et humilité, c’est ce que je dis à mes enfants.

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu es un joueur plutôt …
Technique.

Dernier match vu à la télé ?
En Ligue des Champions, Atlético-Inter. Un super match !

Dernier match vu en tant que spectateur ?
J’ai amené mes deux grands enfants, qui habitent dans le Nord, voir Lens – Strasbourg, je voulais leur montrer l’ambiance de Bollaert.

Ta plus grande fierté ?
Avoir joué la coupe du monde sur le plan du foot, et dans la vie de tous les jours, ma famille.

Le club de Martigues ?
Un club qui a des ambitions et qui aurait sa place en Ligue 2.

La force de votre équipe ?
La solidarité, le collectif. On n’a pas de joueur qui sort du lot ou qui drible tout le monde. L’aspect tactique aussi, la façon qu’on a d’attaquer et de défendre tous ensemble. On a la meilleure défense du National, ça en dit long sur notre mentalité.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Je ne veux pas être trop négatif… Ce n’est pas un milieu qui me plaît trop… C’est malheureux, parce que c’est du business avant tout.

Qui aimerais-tu voir te succéder dans cette rubrique ?
Andrés Iniesta !

Championnat National – Vendredi 22 mars 2024 (Journée 26) : FC Martigues – US Avranches Mont-Saint-Michel, à 19h 30, au stade Francis-Turcan. En direct sur Dazn1

 

Texte : Anthony BOYER – aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech

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Au chômage et prêt à rentrer dans la vie active il y a encore quelques semaines, le gardien Corse (30 ans) formé à Bastia, passé par Bastia-Borgo, Valenciennes, Lens et Virton en Belgique, tente une nouvelle aventure à l’étranger. Il a signé à York United FC, un club basé à Toronto, au Canada.

Photo York United Toronto.

« Je suis bien ici, il fait assez beau aujourd’hui ». Au bout du fil depuis Toronto au Canada, l’accent chantant de Thomas Vincensini trahit un certain apaisement. Il y a encore quelques semaines, le gardien Corse de 30 ans était pourtant rongé par les interrogations. Depuis l’été dernier et son départ de Virton (D2 Belgique), le joueur passé par le SC Bastia, Valenciennes et Lens, était au chômage et s’entrainait avec le FC Borgo (National 2). « En décembre, j’ai eu une vague possibilité d’aller à Caen comme numéro 3 pendant la Coupe d’Afrique des Nations (Ndlr : Anthony Mandrea était sélectionné avec l’Algérie) mais c’est tout. J’avais envie de donner une stabilité à mes enfants et de ne plus leur imposer les contraintes de bouger tout le temps. Je pensais donc trouver un travail tout en jouant pour un club amateur en Corse. Je me dirigeais plutôt vers un métier manuel, plombier, électricien ou dans les jardins. Je m’étais donné comme limite le mercato de janvier. »

Mais une opportunité est donc arrivée de l’Ontario. Thomas a signé un contrat d’un an (plus un an en option) avec York United FC, un club de Première Ligue canadienne, situé à Toronto, qui a terminé 5e (sur 8 équipes) la saison dernière.
Le championnat reprendra le 13 avril prochain par un déplacement chez l’Atletico Ottawa. Le Corse espère très vite pouvoir faire sa femme et ses trois enfants (9, 7 et 1 an et demi). En attendant, pour 13HeuresFoot, il a longuement déroulé le fil de sa carrière, pas toujours linéaire.

« Jouer en pro dans son club de cœur, c’est une forme d’aboutissement »

Thomas Vincensini est un véritable Bastiais où il né. Il a grandi à Furiani et intégré le Sporting-club de Bastia dès l’âge de 6 ans. Il y a gravi tous les échelons jusqu’à son premier match en pro à 18 ans, le 18 mai 2012, à Istres (défaite 1-0) lors de la dernière journée de Ligue 2.

Le SCB était alors assuré d’être champion et de monter en Ligue 1. « Les gardiens chez les pros, c’était Magno Novaes et Dumé Agostini, raconte-t-il. Le coach Frédéric Hantz m’a fait ce cadeau de me faire jouer ce dernier match. Quand tu es entré au Sporting aussi jeune que moi, que c’est ton club de cœur et celui de ta famille, qu’il t’a formé, c’est une forme d’aboutissement d’arriver à jouer à ce niveau. Ma famille, mon père qui est un gros passionné du Sporting, mon frère, qui était aussi très bon au foot, étaient forcément fiers. »

Avec Arnaud Pouille, à Lens. Photo RC Lens.

Après ce premier match en pro, il poursuit son apprentissage en réserve avec la National 3 et les U19. « La première saison en Ligue 1, Landreau est arrivé et il y avait 4 gardiens en pros au total (avec Novaes, Bonnefoi, Agostini). Après, lors des deux saisons suivantes, Jean-Louis (Leca) est revenu comme doublure puis Alphonse Areola est arrivé comme titulaire. Moi, j’étais numéro 3. »

En 2015-2016, il est toujours derrière le Danois Hansen et Jean-Louis Leca. Mais il va découvrir la Ligue 1 et disputer deux matchs. Le 16 août 2015, il remplace à la 62e minute Jean-Louis Leca, blessé à Lorient (1-1). Et le 13 février 2016, il est titulaire à Reims (victoire 1-0). « J’ai vécu un grand moment. En plus, c’était un match vraiment important pour le maintien. J’étais content de la victoire et de n’avoir pas encaissé de but. Pour les Corses, ça reste un match particulier car un de nos supporters (Maxime Beux) avait perdu un œil à cause d’un policier…»

« Le dépôt de bilan de Bastia a tué une partie de l’effectif »

Sous le maillot du RC Lens. Photo Philippe Le Brech.

La saison suivante, il est doublure de Jean-Louis Leca et dispute trois matchs de Ligue 1. Mais la hiérarchie des gardiens est bouleversé en janvier en raison d’une altercation entre Paul Charruau et Hervé Sekli, l’entraineur des gardiens. Charruau est échangé avec Alexis Thébaux du Paris FC. Et alors que Jean-Louis Leca est absent, le coach portugais Rui Almeida, qui a remplacé François Ciccolini, lui préfère Thébaux lors du match à Guingamp, le 11 mars 2017. Bastia est balayé 5-0. A la fin de la saison, Bastia est relégué en Ligue 2. Mais le pire est à venir. Un un déficit abyssal (près de 30 millions d’euros) pousse le club phare de la Corse à déposer le bilan. Les deux ans de contrat de Vincensini deviennent caduques.

« J’ai pris un gros coup sur la tête. Personne ne s’attendait à ce que cela finisse comme ça. Le dépôt de bilan a tué une partie de l’effectif. Il y avait des jeunes à forts potentiels qui n’ont pas réussi à se recaser en L1. Sébastien Squillacci a dû arrêter sa carrière là-dessus. C’était un gros gâchis. J’avais 23 ans et je me retrouvais sur le marché. En plus, comme par hasard, mon agent ne me répondait plus. »

« A Bastia-Borgo, je me suis régalé »

Photo RE Virton.

Il effectue malgré tout un essai dans un club de 1ère division danoise, Horsens. Sportivement, il est concluant. Mais pourtant, il n’y signe pas : « Là, j’ai fait une grosse erreur. J’ai un peu fait n’importe quoi… J’ai trouvé l’ambiance un peu étrange là-bas, c’était froid, personne ne me calculait. Mentalement, je n’étais pas prêt. Mais j’aurais dû faire abstraction de tout ça… »

Thomas va ensuite vivre plusieurs mois de chômage tout en s’entrainant avec le SC Bastia, reparti en N3 sous la conduite de Stéphane Rossi. « J’ai discuté avec tous les agents de la création (sic), mais je n’avais rien de concret ». En janvier 2018, il s’engage au FC Bastia-Borgo en National 2 où il finit la saison. Sur le banc, Christophe Taine, qui a choisi de partir à Fleury (N2), est remplacé par Benoit Tavenot. « Je le connaissais depuis que j’avais 15 ans car il avait les jeunes et la réserve à Bastia et on s’est toujours un peu suivi. Je me suis vraiment régalé pendant ces quelques mois à Bastia-Borgo. On avait un groupe de fou avec Bocognano, Sonnerat, Jacob, Lemoigne, Poggi, Massoni, Doumbia, Cropanèse… Il y avait beaucoup de Corses. »

« Signer à Valenciennes m’a permis de quitter mon cocon »

Photo Philippe Le Brech

Il rejoint ensuite Valenciennes (L2) entrainé par Réginald Ray. « Je l’avais connu à Bastia, c’était l’adjoint de Frédéric Hantz. C’est lui qui m’a appelé pour venir. Mais ça ne s’est pas passé comme prévu. »
Numéro 3 derrière Damien Perquis et Hilal Konate, Vincensini ne dispute aucun match avec les pros. « Sportivement, Valenciennes a été un échec. Mais ça m’a déjà permis de retrouver le circuit pro. Après, c’était une bonne transition. C’est la première fois que je quittais la Corse. Ma vie a changé, je n’étais plus dans mon petit cocon corse. J’ai évolué en tant qu’homme. »

La saison suivante, il va rester dans le Nord grâce à Jean-Louis Leca. Le 18 juin 2019, il signe un contrat d’un an (+ un an) avec Lens pour remplacer Jérémy Vachoux comme doublure. « Jean-Louis (Leca) est un super mec. Il a toujours été là pour moi. On avait travaillé ensemble à Bastia et il m’a tendu la main. Il a parlé de moi aux dirigeants et j’ai pu signer à Lens. »

Thomas dispute le premier match de la saison au Mans puis deux matchs de Coupe de France. « Une magnifique expérience puisqu’on est monté en Ligue 1, même si c’était dans des conditions particulières avec l’arrêt de la saison en mars à cause du Covid. Le stade, le public, le club, La Gaillette, Lens, c’était vraiment une autre dimension. On voyait que tout était fait pour avancer avec des supers dirigeants, le président Joseph Oughourlian et le directeur général Arnaud Pouille. Si le club a autant évolué ensuite avec la Ligue des Champions, ce n’est pas un hasard. »

« Le Sporting, une opportunité de rentrer à la maison »

Photo Philippe Le Brech

Plutôt que de rester dans l’ombre en L1 avec Lens, le Corse choisit de rentrer chez lui, sur l’île, et de revenir dans son club formateur. Avec Mathieu Chabert, le SC Bastia vient d’être promu en National. « C’est moi qui avait demandé à être prêté. J’avais 26 ans et j’avais besoin de jouer. C’était une bonne opportunité de pouvoir rentrer à la maison. » Avec Bastia, Thomas réalise une grosse saison, et se montre souvent décisif. Il est nommé parmi les trois meilleurs gardiens de National.

Quatre ans après son dépôt de bilan, le Sporting accède en L2 et retrouve le monde pro. Pourtant, le Corse est la cible de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux. « Chacun peut avoir son avis, je n’ai aucun souci avec ça. Je sais que je ne suis pas le meilleur gardien du monde et j’accepte la critique. C’est d’ailleurs fréquent avec les joueurs corses, on est souvent plus critiqué que les autres par les supporters. Il y a une part de jalousie. Moi, je n’ai pas cette mentalité. Quand je vois un Corse réussir dans n’importe quelle domaine, ça me procure de la fierté. Moi, les réseaux, cela ne m’intéresse pas. Ce n’est pas la vraie vie. Certains se donnent de l’importance à travers ça. Honnêtement, je m’en foutais. Mais ce qui m’a fait le plus mal, c’est de voir que mon entourage était touché. Ils étaient vraiment déçus pour moi. »

« Quand je prenais un but, c’était de ma faute »

Photo Philippe Le Brech

En Ligue 2, Thomas débute la saison comme titulaire. Mais les choses se gâtent quand Régis Brouard remplace Mathieu Chabert en septembre 2021. Le gardien ressent un manque de confiance à son égard de la part du nouvel entraineur dès les premières discussions. Les critiques sur les réseaux se poursuivent. « Quand je prenais un but, c’était toujours de ma faute. Le souci, c’est que les gens croient ce qu’ils lisent. Moi, je suis objectif sur mes performances. J’ai fait des bons matchs, arrêté un penalty mais je n’ai pas été bon à Sochaux (2-2, le 11 décembre 2021). Mais cela faisait trois semaines que je jouais avec l’épaule pétée. J’ai dû m’arrêter pour me rééduquer. »

Mais Brouard le prévient qu’à son retour, sa place de titulaire ne serait plus garantie alors qu’il avait disputé les 18 premiers matchs de la saison. Bastia recrute d’ailleurs un autre gardien, Zacharie Boucher. C’est Johny Placide qui finit la saison comme titulaire. Plus appelé dans le groupe à son retour, Vincensini dispute le dernier match à Nîmes, en guise de cadeau d’adieu. « Il s’est passé des choses que je n’ai pas apprécié de la part du coach. Mais je n’ai pas envie de rentrer dans les détails. »

« A Virton, des supporters m’ont traité de sale corse… »

Photo Philippe Le Brech

A l’été 2022, il signe un contrat de 2 ans (+ 1 an) à l’Excelsior Virton, entraîné par le Corse Christian Bracconi. « Je l’ai connu chez les jeunes à Bastia et il m’a fait venir à Virton. J’ai rencontré des bonnes personnes. C’était une bonne expérience. »

Titulaire lors des 22 premiers matchs, Vincensini est performant dans les buts. Il porte même le brassard de capitaine. Mais Bracconi est débarqué au profit de José Jeunechamp le 7 février 2023. S’il dispute le match suivant, le public scande le nom de sa doublure, le local Anthony Sadin. Il est sorti de l’équipe. « Le nouveau coach m’a dit : « je n’ai rien à te reprocher mais je vais t’enlever ». En toute humilité, j’étais pourtant l’un des meilleurs joueurs de l’équipe. Mais le public m’a traité de sale corse comme si c’était moi le problème. L’autre gardien, je ne lui en veux pas, il allait souvent dans le Kop avec les supporters et sa femme travaillait au stade. Les Belges sont unis entre-deux, ce que je peux comprendre. »
A la fin de la saison, Virton est relégué en 3e division. « C’est un club instable, on a eu 40 joueurs, l’organigramme a changé. Moi, je ne voyais pas rester en 3e division belge. J’ai donc cassé mon contrat. Ca été certainement une erreur car je me suis retrouvé sans rien derrière…»

« Quoiqu’il t’arrive dans la vie, tu en tires toujours quelque chose. »

Photo Philippe Le Brech

Le Corse était donc au chômage et prêt à se lancer dans la vie active tout en jouant chez les amateurs, quand il a eu la possibilité de tenter une expérience sur le continent américain. « Il apporte beaucoup d’expérience. C’est un leader, il est calme, il a joué régulièrement à un très haut niveau. Il sera un élément clé de ce groupe », a écrit son club de York United FC pour communiquer sur sa venue.

« J’ai hâte de débuter cette saison. Il y a 8 équipes dans le championnat. On s’affronte quatre fois avant les play-off. Le niveau est intéressant. Sur le plan financier, c’est intéressant aussi. On ne vas pas se mentir, un gardien numéro 2 ou numéro 3 en France ne gagne pas des sommes énormes. Maintenant, j’espère faire venir rapidement ma famille ici à Toronto. J’ai mon logement, il y a des écoles françaises et mes enfants vont pouvoir apprendre l’anglais. Ça peut être une belle expérience de vie et familiale pour nous. Tout ce que j’ai vécu, mes erreurs, les moments difficiles, mes galères de chômage, ça a été de belles leçons de vie aussi. J’étais parti pour avoir une carrière linéaire chez moi à Bastia mais au final, j’ai dû beaucoup bouger. Je suis croyant et je pense que quoiqu’il t’arrive dans la vie, tu en tires toujours quelque chose. Avant, j’étais trop exigeant, j’ai appris à relativiser. Mais tout ça m’a ouvert l’esprit et appris à devenir un meilleur homme et un meilleur père. »

Thomas Vincensini, du tac au tac

Avec le SC Bastia en 2020-2021. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
Il y en a eu plusieurs : mon premier match en Ligue 1 (16 août 2015) à Lorient (1-1), l’année de la montée en Ligue 1 avec Lens (2019-2020), la montée en Ligue 2 avec Bastia (2020-2021). On avait un super groupe, on était tout le temps ensemble. Humainement, c’était vraiment une super année. J’ai aussi passé une très bonne demi-saison à Borgo (2018) sur le plan humain. On était beaucoup de Corses, c’était vraiment bien.

Pire souvenir ?
La descente puis le dépôt de bilan de Bastia en 2017. Ça fait mal de voir couler son club formateur et de cœur. Pour moi, tout s’est écroulé. Il me restait 2 ans de contrat. Quand on est père de famille et qu’on se retrouve au chômage, on se pose des questions. Mais cette période m’a aussi permis d’avancer mentalement.

Photo Philippe Le Brech

Qualités et défauts ?
Je ne suis pas un monstre mais je pense être complet, pas mal sur la ligne et au pied. Mon défaut, c’est parfois le mental. Mais j’ai évolué sur ce plan-là. Avant, je prenais trop les choses à coeur. Le moindre truc me tuait la nuit et la journée. À la maison, je n’étais pas bien. J’ai raté des choses avec les enfants à cause de ça. Mais j’ai appris à mieux relativiser les choses.

Votre plus bel arrêt ?
Lors de mon deuxième match en L1, le premier comme titulaire à Reims (13 février 2016). Sur un centre en retrait, je mets la main puis le genou. Un arrêt décisif. On gagne 1-0. C’était un match important car il nous avait permis de sortir de la zone rouge et d’y remettre Reims.

Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Sébastien Squillaci à Bastia. Défensivement, c’était un monstre. Ça se voyait qu’il était passé par des grands clubs comme Arsenal et joué en équipe de France. À Bastia, j’ai connu aussi le brésilien Ilan, très fort que ce soit du droit et du gauche, et Romaric.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Contre le PSG, Thiago Silva.

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
À Bastia, Frédéric Hantz, même s’il était parfois dur, puis Mathieu Chabert. Il m’a toujours soutenu. Humainement, c’est une super personne. Chez les jeunes, Christian Bracconi que j’ai ensuite retrouvé à Virton et Christophe Chaintreuil. Et bien sûr mon entraîneur des gardiens, Hervé Sekli. C’est lui qui m’a formé.

Photo Philippe Le Brech

Un entraîneur que vous n’avez pas envie de recroiser ?
Il y en a deux : Régis Brouard et José Jeunechamps.

Un président ou un dirigeant marquant ?
Le président de Lens, Joseph Oughourlian. Du top niveau !

Vos amis dans le foot ?
Je ne veux oublier personne. Mais de Bastia, Jean-Louis Leca et Christophe Vincent. Il y aussi Anthony Rongaglia, il est plus jeune mais je le considère comme mon « poulain ». À Virton, j’ai aussi fait une belle rencontre avec Simon Pollet.

Des rituels, des superstitions, des manies ?
Les trucs (sic) qui tiennent mes protège-tibias. Si je ne les ai pas, je suis mal !

Avec la réserve de Bastia en 2013-2014. Photo Philippe Le Brech.

Un modèle de gardien ?
Mon modèle, c’est Iker Casillas. C’est le gardien parfait. Dans les gardiens actuels, Jan Oblak.

Vos occupations en dehors du foot ?
En priorité, passer du temps avec mes enfants et ma famille.

Si vous n’avez pas été pro ?
J’adore dessiner dans la conception. Donc architecte, ça m’aurait bien plu.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Malsain et vicieux. On y rencontre très peu de bonnes personnes.

La Corse, le Nord, la Belgique ou le Canada ?
Chaque endroit a son charme. Je resterai toujours attaché à la Corse, c’est chez moi. Mais j’ai apprécié la mentalité Belgique. Les gens du Nord nous ressemblent aussi. Comme beaucoup de Corses, ils n’ont pas de gros moyens mais ils restent toujours soudés. Et maintenant, j’ai la chance de découvrir le Canada.

Texte : Laurent Pruneta

Twitter : @PrunetaLaurent

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech et DR

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Le président des Forgerons, partenaire depuis plus de 20 ans, revient sur le passé, l’histoire, les difficultés actuelles en National 3 et le lourd héritage de la gestion Vairelles. Le chef d’entreprise fustige aussi la réforme fédérale, qui vise à placer le foot dans les grandes villes au détriment des campagnes. Une erreur selon lui.

« Croire en nos rêves ». C’est la devise du FC Gueugnon. Une devise érigée en 2011 lorsque Bernard Canard, partenaire historique d’un club qui l’est encore plus, a pris la présidence de ce monument du football français. Bien entendu, l’on connaît mieux le proverbe « C’est en forgeant que l’on devient forgerons », mais finalement, ce n’est pas aussi simple que cela, encore moins en football où l’irrationalité est reine. Le FC Gueugnon est bien placé pour le savoir.

Certes le mot « rêve » peut surprendre dans cette petite bourgade de campagne d’à peine 7000 habitants, il ne faut cependant pas oublier que le football a permis à des milliers de gens d’oublier leur quotidien, de s’évader, de se retrouver, de partager des émotions que seul le foot est capable d’en procurer. Bref, de rêver. C’était lorsque le FC Gueugnon figurait dans le top 40 des clubs français, au niveau professionnel, et même une fois dans le top 20, en 1995-1996, lorsqu’il accueillait PSG, Auxerre, Bastia, Bordeaux, Lyon, Lens, Lille, Nantes, Rennes, Saint-Etienne, Strasbourg ou encore Monaco dans son stade Jean-Laville (15 000 places), monument d’une cité dont les forges ont fait la renommée. Cette saison-là, sa seule en Division 1, le FC Gueugnon, 18e sur 20, manqua le maintien pour un petit point !

La fin du foot dans les campagnes ?

Le président du FC Gueugnon, Bernard Canard.

Ce passé, qui n’est absolument pas lourd à porter dixit Bernard Canard, mais dont il faut bien comprendre qu’il est révolu tant les époques ont changé, le club ne le renie pas. Simplement, aujourd’hui, il y a une réalité. Plusieurs mêmes. D’ordre à la fois économique, sportive et … politique, comme l’explique le chef d’entreprise de 65 ans, qui voit la réforme opérée par la FFF comme une volonté de replacer le football dans les grandes villes ou à défaut dans les moyennes, au détriment des petites pour ne pas dire des villes de campagne.

Alors, est-ce la fin du foot rural et parfois champêtre ? Est-ce la fin du football de campagne ? Bernard Canard, à la tête de l’entreprise éponyme Canard-SEFIC – spécialisée dans la construction funéraire – ne le souhaite pas. Et entend résister et exister dans cette nouvelle carte de France, dessinée, par la force des choses, au gré de deux ans de refonte des championnats.

Le constat est simple : après plus de 40 ans de professionnalisme (dont 37 ans en Division 2), le FC Gueugnon, vainqueur de la coupe de la Ligue en 2000 face au PSG, passé également en National (de 2008 à 2011), évolue aujourd’hui – et pour la 11e saison de rang – en National 3, l’équivalent du 5e échelon, après sa descente aux enfers qui l’a conduit jusqu’en Division d’Honneur en 2011 (Régional 1), la faute à une liquidation judiciaire et une gestion désastreuse. Un triste et douloureux souvenir que Bernard Canard, partenaire à cette époque, a bien voulu évoquer dans cet entretien donné depuis son bureau, à Molinet, là où il réside, là où est implantée le siège de sa société, dans l’Allier, à seulement 2 kilomètres de Digoin et de la Saône-et-Loire ! « C’est vrai que j’habite dans l’Allier, en Auvergne – Rhône Alpes (il est également président du MEDEF de l’Allier), Molinet est à 2 km de la Saône-et-Loire, et donc à 2 km de la région Bourgogne – Franche Comté. Ici, on apprécie notre campagne ! »

Le lourd héritage Vairelles

Ce souvenir de 2011, il est toujours aussi difficile de s’en défaire. Et il porte un nom : Tony Vairelles. Mais l’ancien attaquant international n’est pas le seul responsable de cette faillite selon Bernard Canard, qui cite aussi le nom d’un ancien président, Jean-Philippe Demaël (2005 à 2008), dirigeant du groupe Arcelor Metal. Pour le natif de Paray-le-Monial, ce sont eux les fautifs. Les responsables de la chute des jaune et bleu, embourbés depuis la saison 2013-14 en National 3, sans avoir la certitude d’enchaîner la saison prochaine une douzième année consécutive à cet échelon.

Car les Forgerons sont en difficulté cette saison : étrillés 4 à 0 samedi dernier à Dijon, face à l’ASPTT, les hommes de l’ex-pro Philippe Correia, joueur emblématique du club dans les années 90 et 2000, sont en panne de résultat; 10es sur 14, ils sont en danger pour le maintien (l’article a été écrit avant la réception de Besançon). Et dans le département, ils ne sont pas les seuls dans ce cas : Louhans-Cuiseaux, club lui aussi historique, est encore moins bien loti (12e) tandis que le promu La Chapelle-de-Guinchay – vainqueur 1 à 0 dans le derby face à Gueugnon le mois dernier – ferme la marche (14e). Mais à chacun ses problèmes. Samedi 16 mars, les Jaune et Bleu n’auront qu’un seul mot à la bouche : gagner face au FC Besançon, à Jean-Laville, pour continuer à espérer. Et là ce n’est pas du rêve, mais bien la réalité.

Interview

Bernard Canard : « On ne veut pas une deuxième époque Vairelles »

Président, pouvez-vous revenir sur votre engagement et votre attachement avec le FC Gueugnon ?
Je suis partenaire depuis 2002-2003 et au moment de la liquidation du club en 2011, il ne restait qu’une petite dizaine de partenaires qui soutenaient encore le club. J’étais un des derniers fidèles. Les différentes décisions, les très mauvaises décisions de l’époque Vairelles, et des différents présidents qui m’ont précédé, ont été la cause de cette liquidation. Sans cela, le club pourrait toujours être en Ligue 2 mais il y a eu certains choix faits à l’époque qui ont conduit à la chute. Certaines anciennes gloires du club souhaitaient que le club reparte et j’ai alors été sollicité pour prendre la présidence : mes multiples activités, dont celle de chef d’entreprise, m’empêchaient d’accepter mais finalement je l’ai fait, et je n’ai pas de regret aujourd’hui parce que je suis bien entouré. Voilà, ce sont les anciens du club qui m’ont poussé à occuper la présidence.

Avez-vous joué dans votre jeunesse et d’où vient cet amour pour les Forgerons ?
J’ai joué comme tout le monde mais sans plus ! Ce sont des souvenirs de jeunesse ! Et quand j’étais jeune, je suivais Gueugnon, j’allais voir les matchs en Division 2 et j’ai notamment ce souvenir en 8e de finale de la coupe de France, en 1978-79, avec l’un des matchs historiques du FC Gueugnon qui élimine le grand Saint-Etienne, en gagnant 3 à 0 à Jean-Laville avant de perdre 2 à 0 Geoffroy Guichard au match retour !

Lors de la dernière saison du club avant la liquidation judiciaire, en 2011, en National, alliez-vous au stade ?
Oui, j’étais partenaire, j’allais voir tous les matchs à domicile malgré les aléas du club à l’époque.

« La première erreur, c’est de ne pas avoir gardé Zvunka »

Vous parliez de mauvaises décisions, mais lesquelles ?
Je pense que tout est parti de l’époque où le club était encore en Ligue 2. Il y a eu un licenciement en 2007, tout est parti de là, quand le président Jean-Philippe Demaël n’a pas conservé l’entraîneur Victor Zvunka, qui nous avait maintenus deux ans de suite. Le président Demaël gérait le club à distance (depuis le Brésil), on était encore dans une époque où les Forges nous soutenaient, et il a fait confiance à des gens en interne qui l’ont mal conseillé. C’est ça qui a entraîné le licenciement de Victor Zvunka. Je faisais partie des partenaires qui ne souhaitaient pas la révolution, je n’ai pas soutenu cette décision, mais, comme d’autres, on aurait dû monter au créneau, certainement, mais voilà, ce sont des très mauvais choix… Après, Tony Vairelles a récupéré le club et a « fini le travail » pour en arriver à la liquidation. Personnellement, je n’ai pas participé au choix de la venue de Tony Vairelles, qui est arrivé avec un projet qui n’a pas pu aboutir et a entraîné le club à la liquidation.

On sent chez vous une pointe de regret…
Oui, incontestablement, parce qu’on sait maintenant comme c’est difficile de remonter après être descendu. A l’époque, les droits TV représentaient les 3/4 du budget du FC Gueugnon, un club qui vivait bien, qui était bien géré, qui avait un passé et qui avait trouvé sa place en Ligue 2 depuis très longtemps. Malgré les réserves financières du club, on s’est aperçu qu’une descente en National, pour un club comme Gueugnon, où le vivier économique est plus compliqué qu’ailleurs, avec la perte des droits TV, ne permettaient pas de remonter dans les deux ans. On voit bien encore aujourd’hui, pour un club qui descend en National, que c’est extrêmement compliqué de remonter. Les grands clubs s’en sortent, mais pour les petits clubs comme nous, et je dis ça sans que cela ne soit péjoratif, il fallait remonter tout de suite. Et aujourd’hui, on est en National 3. On n’arrivera jamais à retrouver la Ligue 2 seul dans notre coin, sans le soutien très fort de partenaires nationaux.

Vairelles, c’est un nom tabou à Gueugnon ?
Oui, je crois que Tony Vairelles est rayé de la carte. C’est un mauvais souvenir à Gueugnon et c’est lui qui a été décisionnaire, qui a entraîné la chute du club. Bien sûr, lui vous dira peut-être que la mairie, le Département, la Région, n’ont pas tenu leurs engagements, et du coup lui ne les a pas tenus non plus parce qu’eux ne les ont pas tenus, je n’en sais rien, mais ce qui est sûr, c’est que c’est sous la présidence de son papa, de la famille Vairelles, que le club a été mis en liquidation. Il ne serait pas le bienvenu aujourd’hui à Gueugnon. C’est pour ça que l’on est très attentif à certains appels du pied que l’on peut avoir, parce qu’on a un stade magnifique, un stade de Ligue 1, qui sert de repli en cas de suspension d’autres stades de L1, de L2 ou en cas de non conformité. On accueille parfois des matchs professionnels, et d’ailleurs, le 1er avril, on va avoir un bel événement avec un match de gala caritatif au profit de l’Unicef.

« On a régulièrement des sollicitations d’investisseurs »

Vous laissez entendre que le FC Gueugnon fait l’objet de convoitises…
On a régulièrement des sollicitations d’investisseurs, mais que je ne trouve pas très sérieux. On en a encore eu un il n’y a pas très longtemps, à qui on a donné une fin de non recevoir car on a considéré que cela n’entrait pas dans l’objectif du club. On ne veut pas une deuxième époque Vairelles. Si des investisseurs veulent venir, je suis, bien sûr, prêt à laisser la présidence du jour au lendemain si ce sont vraiment des gens extrêmement sérieux et qui apportent des moyens pour que le FC Gueugnon puisse grandir. C’est sans état d’âme que je laisserai ma place mais à ce jour, les différents projets proposés ne correspondent pas du tout à nos attentes.

Quelle affluence faites-vous aujourd’hui en N3 ?
Pour le niveau, on a une belle affluence, on tourne à 600 ou 700 spectateurs de moyenne, pour une ville de 7000 habitants, c’est pas mal. On a un groupe d’Ultras qui suit le club en déplacement, c’est rare à ce niveau et c’est une de nos particularités. C’est l’histoire qui nous suit ! On a un public fidèle. On doit être aussi près de 200 partenaires privés ou public, là où on était 7 ou 8 en 2011… Il y a même plus de partenaires aujourd’hui qu’il n’y en avait en Ligue 2. L’attrait est toujours présent, parce que Gueugnon est un nom dans le football, qui a laissé une trace, ça parle dans toute la France. Maintenant, ce côté attrayant a ses limites car le National 3, ce n’est ni le National ni la Ligue 2. On sait que si on veut être porteur et avoir un peu plus de public, il faut jouer les premiers rôles. On multiplierait par 2 l’affluence rien que par le fait de jouer les premiers rôles.

« On est dans une autre époque »

Ressasser le passé, c’est quelque chose qui vous agace ?
Non, ça ne m’agace absolument pas. Ce qui m’agacerait, ce serait d’entendre dire « Nous, c’était comme ça, on faisait comme ça, il faudrait faire comme ça, parce qu’on faisait comme ça… » J’ai la chance d’être entouré d’anciens qui font justement partie de ce passé et je peux vous dire que c’est du plaisir et du bonheur de les avoir avec nous. Ils représentent un fort soutien et quand ils nous parlent de ce passé, on ne peut pas l’occulter. Bien sûr qu’on vit dans le présent et non pas dans le passé, mais le passé du FC Gueugnon, c’est une vraie histoire. Mais tout le monde a pris conscience, même les anciens, qu’aujourd’hui, le passé était le passé, qu’on doit s’en servir, ne pas l’oublier, mais que malheureusement aujourd’hui, on est dans une autre époque. Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés ne sont pas les mêmes que lorsque Gueugnon était en Ligue 2, parce qu’on ne parle pas de la même chose. Mais ce sont des gens raisonnés et raisonnables, qui sont d’un grand soutien pour moi.

Si ce n’est pas indiscret, quel est le budget de fonctionnement du club et celui alloué à l’équipe de N3 ?
Le budget consacré à la N3, c’est-à-dire essentiellement la masse salariale, représente entre 1/3 et la moitié du budget, c’est-à-dire entre 350 000 et 400 000 euros, pour un budget global d’un peu moins d’un million. On est dans la moyenne, mais on met aussi un budget dans nos équipes de jeunes, dans nos éducateurs, et là c’est une vraie progression; nos équipes de jeunes sont toutes au niveau « Régional », on n’a pas d’équipes jeunes en National, et on a besoin d’encadrement, d’entraîneurs, d’éducateurs, ce qui demande des moyens. On espère, d’ici quelque temps, voir des jeunes de notre région venir frapper à la porte de l’équipe fanion. Cet investissement dans la jeunesse, c’est une obligation pour des clubs et des villes comme Gueugnon.

« On a mésestimé cette refonte des championnats »

Depuis deux saisons, les résultats de l’équipe de N3 sont compliqués : une descente en Régional 1 serait-elle une catastrophe ?
Ce serait une mauvaise chose mais on va tout faire pour que l’on ne descende pas. La période Covid nous a fait mal. Elle est tombée à un moment où nous étions très ambitieux, et alors que l’on était sur des bonnes positions, 2e et 3e, les championnats ne se sont pas terminés à deux reprises en 2020 et en 2021… On avait de quoi être ambitieux sportivement, mais là, depuis 2 ans, on s’est aperçu d’une chose : on a mésestimé cette refonte des championnats. Déjà, l’an passé, ça avait été compliqué déjà (le club a terminé 9e sur 14). La refonte a durci très sérieusement la compétition et augmenté le niveau, selon le souhait de nos dirigeants à la FFF, ce qui va laisser sur le carreau plein de clubs, et ce à tous les échelons. Je pense que des clubs de National et de N2 qui vont descendre ne repartiront pas, des clubs de N3 seront aussi en difficulté s’ils descendent… Il faut bien avoir conscience que le National 3 de l’an prochain sera le National 2 d’il y a 2 ou 3 ans en arrière. Que l’on est sur un championnat différent, avec des clubs comme Rumilly, dans notre poule, qui ont d’autres moyens. Il y a une logique financière de plus en plus pesante. On a quand même des clubs qui sont en moins bonnes positions que nous dans ce championnat. C’est une obligation de se maintenir parce qu’en cas de descente, remonter serait encore plus compliqué. J’ai confiance au groupe actuel pour atteindre cet objectif. Il nous reste 8 matchs pour éviter la descente en Régional 1, niveau où évolue notre équipe Espoirs (équipe B), et où il y a un vrai vivier.

La Une du JSL en 2022 pour les 20 ans de la création des Ultras Gueugnon.

Plus généralement, le football est en souffrance dans le 71, on le voit notamment avec Louhans, qui est derrière vous au classement, Montceau, qui est descendu en R1, ou encore Mâcon, qui a du mal en N2…
C’est exactement le bilan que je faisais la semaine dernière avec La Chapelle-de-Guinché, qui est montée en National 3 et qui souffre beaucoup aussi (le promu est dernier), avec Cuiseaux qui, pour des raisons assez difficiles à comprendre, est aussi en difficulté, comme nous. Avec Mâcon aussi, mais qui est en train de se redresser… Alors, est-ce une particularité de la Saône-et-Loire ?Je ne sais pas, mais c’est un constat. Peut-être que les clubs du 71 manquent de moyens, d’attractivité. Peut-être que nos clubs qui sont en campagne n’ont pas d’attrait pour certains joueurs, qu’ils n’arrivent pas à attirer certains joueurs qu’ils souhaiteraient faire venir.

Le constat est le même pour l’Allier, où il n’y a presque plus de clubs au niveau « National », à part Moulins-Yzeure en National 3. Est-ce que ce n’est pas finalement la volonté de nos dirigeants, de faire que le football ne se joue que dans des grandes villes ou dans des villes moyennes, en tout cas, nous on le regrette amèrement. Nos clubs ont besoin de créer des événements sportifs, d’être attrayants. Si aujourd’hui dans nos campagnes on nous supprime nos clubs de haut niveau, que cela soit en football ou dans d’autres disciplines, pour les mettre dans les villes moyennes ou grandes, alors on se trompe complètement d’objectif, surtout si on veut attirer de la jeunesse et des familles. Cette refonte fédérale doit certainement avoir une raison, mais si cette raison est celle-là, c’est-à-dire avoir uniquement des clubs et du foot là où il y a de la population, alors on se trompe complètement.

« On a une vraie raison d’exister »

Et si Gueugnon ne faisait tout simplement pas partie de ce nouveau football, ne suivait pas son évolution et n’avait plus sa place à cause de son image de « club campagne » ?
Alors on va essayer encore d’en faire partie et on va le crier haut et fort ! Il faudra que des clubs comme nous, comme Cuiseaux, comme Montceau, comme Mâcon, comme d’autres, même si Mâcon a une population autrement plus importante, crient afin de dire que l’on veut exister et que l’on a une vraie raison d’exister.

Regrouper les forces vives, vous y avez pensé ?
Oui, cela a déjà été évoqué. J’ai essayé de le faire il y a 6 ou 7 ans, et je sais qu’avant, il y a eu plusieurs tentatives avec Montceau, distant de 30 kilomètres. Sous ma présidence, je souhaitais créer un club Charollais autour de Paray-le-Monial, Digoin, Charolles et Gueugnon, mais ça ne s’est pas fait pour des histoires de clocher… Je souhaitais commencer avec par des équipes de jeunes mais ça a capoté, pour différentes raisons. Ensuite j’ai voulu le faire avec Montceau : les maires étaient pour, certains partenaires étaient contre, des Ultras étaient opposés… En fait, il n’y avait pas suffisamment l’unanimité pour le faire et je n’avais pas envie de « me prendre la tête » : ça doit se faire naturellement ou pas; ça se fera peut-être un jour, je le souhaite, mais je ne serai plus président, car je ne veux pas dépenser mon énergie là-dedans. Je le regrette parce que s’il y a certainement du potentiel, il n’y a pas la volonté ni l’unanimité, alors qu’il y a le soutien. Les discussions se sont malheureusement arrêtées assez vite.

Et un rapprochement avec Louhans-Cuiseaux ?
Non. Là, c’est la distance qui nous freine. On est à 110 km et à 1h30 de voiture, c’est beaucoup pour le compte. Si Cuiseaux était à la place de Montceau, plus près, il y aurait peut-être une ouverture pour créer une entente, parce qu’on a eu plus de discussion avec Cuiseaux que l’on n’a pu en avoir avec les clubs voisins de Gueugnon, bizarrement…

C’est marrant, vous dîtes toujours « Cuiseaux »… et pas « Louhans » !
(Rires) Que Cuiseaux-Louhans m’excuse (rires), je suis resté aux années 70 alors, ça doit être ça !

« On est incapable en l’état actuel des choses de revenir en L2 »

La place de Gueugnon dans le foot aujourd’hui, selon vous, elle est où ?
Grace à nos infrastructures, on serait un petit Auxerre… Le club de Gueugnon aurait sa place en Ligue 2 aujourd’hui de par ses structures, avec un stade en capacité de recevoir des matches de Ligue 2. Le passé étant ce qu’il est, si certaines décisions n’avaient pas été prises à un moment donné, peut-être, je dis bien peut-être, que le club serait toujours en Ligue 2, même si depuis 15 ans, le football a beaucoup évolué. Mais Gueugnon a quand même 40 ans d’histoire, essentiellement en D2 et en Ligue 2 : sa place, sportivement, pourrait être là mais on est aussi conscient qu’en l’état actuel des choses, on est incapable de revenir à ce niveau-là.

C’est vrai que ce stade immense dénote dans le paysage à Gueugnon…
Quand on parlait de campagne tout à l’heure avec Molinet, voilà, Gueugnon, c’est une petit ville de campagne, ce n’est pas péjoratif de dire ça. Le stade Jean-Laville, qui appartient à la municipalité, c’est l’histoire du club, mais on a aussi nos terrains d’entraînement, dont on est propriétaire, et ça aussi, c’est un boulet que l’on traîne depuis 2011. On est obligé d’entretenir nos 7 terrains d’entraînement, et cela a un coût. Cela fait partie de l’héritage de la période 2011 : on n’a jamais pu trouver une solution, mais là, justement, on est peut-être en train de le faire en ce moment…

Philippe Correia, le coach de l’équipe de N3.

Un mot sur la devise du club « Croire en nos rêves »…
C’était quand on croyait à la montée en National 2, parce que j’ai toujours pensé que pour un club comme le nôtre, c’était possible. On a un vrai soutien populaire, un vrai soutien des partenaires, des différentes collectivités, qui ont envie de voir ce club monter. On a la chance d’avoir aussi le Département qui a augmenté ses subventions, et je tiens à le remercier pour ça, que cela soit en foot ou dans d’autres disciplines, car il est conscient de nos difficultés.

Compte tenu de votre métier (l’entreprise Canard fabrique des cercueils), on aurait pu penser que la devise puisse être « Le malheur des uns fait le bonheur des autres », surtout en période de Covid…
Malheureusement, on est dans un métier qui est ce qu’il est, mais pour mon entreprise, 100 % familiale avec mon frère, mon fils mes neveux, mon épouse, ma belle soeur, ma belle fille, la Covid a été extrêmement compliquée à vivre : c’était une mauvaise et sale période, même si l’activité avait été très forte pour l’entreprise. Mais ce ne sont pas des souvenirs sur lesquels on a envie de revenir… On était une des régions les plus impactées, avec des chiffres qui faisaient peur. Actuellement, on a une activité extrêmement forte, qui n’est pas liée au Covid, parce qu’on n’a pas besoin de ça pour faire que nos entreprises fonctionnent.

Lundi 1er avril 2024, à 12h, match au profit de l’UNICEF, au stade Jean-Laville. En présence de stars du foot, d’artistes, de personnalités… Tarifs : 5, 10 et 15 euros. 

Plus d’infos, billetterie et réservations sur :

https://www.fcgueugnon.fr/site/unicef-officiel-un-match-caritatif-unicef-au-stade-jean-laville/7570

Lire aussi « René Franquemagne, le monument de Louhans-Cuiseaux » :

https://13heuresfoot.fr/actualites/rene-franquemagne-le-monument-de-louhans-cuiseaux/

 

  • Texte : Anthony BOYER
  • Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter :  @BOYERANTHONY06
  • Photos : FC Gueugnon (et Ultras Gueugnon).
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L’aventure en Coupe de France avec les Diables rouges lui a permis de se faire connaître par la France du football ! Formé au PSG avant de connaître un parcours chaotique, la doublure d’Axel Maraval dans les cages du FCR, en National, espère enfin avoir donné un nouvel élan à sa carrière.

Photo Philippe Le Brech

Ce jeudi 28 février, Léonard Aggoune est au bord des larmes. Valenciennes (L2) vient d’éliminer le FC Rouen (National) aux tirs au but et de décrocher son billet pour les demi-finale de la Coupe de France. Héros de la qualification en 8e de finale face à Monaco où il avait transformé la séance de tirs au but en véritable one man show à coups de grimaces, grands gestes, bras agités et « chambrages », le gardien de 26 ans a, cette fois, laissé la vedette à son homologue Jean Louchet qu’il avait côtoyé au centre de formation du PSG. « C’est une grosse déception », reconnaît-il.

La Coupe de France avait permis à la doublure d’Axel Maraval d’être propulsé en pleine lumière. Depuis, il a retrouvé l’ombre qui l’a souvent escorté dans sa carrière depuis son passage au centre de formation du PSG. Mais le gardien passé ensuite par Chypre, Créteil (à deux reprises), les Ulis et Moulins reste très ambitieux pour la suite. Pour 13HeuresFoot, il a déroulé avec franchise et franc-parler le fil d’une carrière parfois chaotique.

« Sur un terrain, je suis un chien ! »

Photo Philippe Le Brech

Grâce à la Coupe de France, vous avez été très médiatisé. Comment avez-vous vécu le fait de vous retrouver subitement dans la lumière. C’est grisant ?
Je l’ai vécu tout à fait normalement. Je ne suis pas du genre à m’enflammer. Mais j’ai une carrière un peu atypique où j’ai connu le très bas… La Coupe de France m’a permis de faire ma promo. J’ai pu enfin montrer ce dont je suis capable. Mais je m’en fiche d’être dans la lumière ou pas. Ce qui compte, c’est que je prenne du plaisir et que je fasse avancer ma carrière.

Vous avez montré une personnalité plutôt exubérante, notamment lors des séances de tir aux buts…
J’ai juste essayé de jouer avec les tireurs, pour les tester et les déconcentrer comme quand je dis au Monégasque Akliouche « Je suis désolé, t’es trop jeune, c’est trop pour toi, c’est terminé ». Et ça a marché ! Oui, je suis marrant dans la vie et j’aime bien rigoler. Mais je n’ai pas envie de passer pour un clown non plus. Dans la vie, je suis gentil mais sur un terrain, je me transforme en chien.

Photo Philippe Le Brech

« Je ne suis pas revanchard »

A quoi pense-t-on quand on a un Balogun en face de soi qui doit gagner au moins 100 fois plus que vous ?
A arrêter son penalty, comme les autres… Sur un terrain, on est là pour jouer au foot, on ne pense pas à l’argent. Le penalty, c’est un face à face entre le tireur et moi. Je ne regarde pas son CV même si forcément, ceux de Monaco, je les connaissais un peu plus. Mais c’est vrai que sortir un penalty d’un joueur comme Balogun, c’est juste incroyable comme sensation.

Après la qualification contre Monaco, vous aviez lancé « Je montre à tous ceux qui avaient douté de moi qu’il ne fallait jamais douter de moi… ». C’est donc une revanche pour vous ?
Non, je ne suis pas revanchard. Mais je n’ai pas oublié ceux qui n’ont pas cru en moi, les coups bas que j’ai reçus. Je me sers de tout ça pour me motiver moi-même. Pas pour prendre ma revanche sur untel ou untel.

Photo Bernard Morvan

Votre début de carrière était pourtant prometteur avec une signature au PSG en U13…
J’ai grandi à Paris puis mes parents ont déménagé dans les Yvelines. J’étais à Versailles quand j’ai signé au PSG. J’y suis resté 8 ans dont 3 au centre de formation. J’y ai passé des supers moments. En 2016, j’ai remporté le championnat de France U19 face à Lyon. Dans mon équipe, il y avait notamment Ballo-Touré, Alex Georgen, Christopher Nkunku, Jonathan Ikoné ou Odsonne Édouard. J’ai également joué des matchs de National 2 et un match de Youth League contre Malmö. J’étais remplaçant lors de la finale perdue contre Chelsea (1-2). C’est Rémy Descamps (aujourd’hui à Nantes) qui était titulaire. Tout ça, ça reste des grands moments. J’ai côtoyé beaucoup de gardiens qui sont aujourd’hui en Ligue 1 ou Ligue 2 comme Diaw, Descamps, Cibois, Mpasi ou Louchet sans parler de Maignan ou Areola. Ca montre le niveau qu’il y avait au PSG. J’ai aussi participé à des entraînements avec les pros. Se prendre des frappes de Di Maria, Cavani ou Ibrahimovic, c’est impressionnant et ça permet de situer son niveau. Mais à la fin de mon contrat stagiaire pro en 2017, le PSG ne m’a rien proposé.

En avez-vous voulu au PSG ?

Photo Bernard Morvan

Non car le PSG est le meilleur centre de formation de France. J’y ai tout appris grâce à mes coachs Éric Leroy, Alfred Dossou-Yovo et Jean-Luc Aubert. Mais j’étais dans un cocon, je ne connaissais pas la vie ni le monde du foot, qui est plein de vices et où il est difficile de trouver des gens de parole. Quand je n’ai pas eu de contrat, j’ai été lâché dans la nature, sans rien. J’ai passé plusieurs nuits sans dormir. Je pensais rebondir dans un club pro comme numéro 3 ou numéro 4 mais je n’ai rien eu. J’ai juste fait un essai avec mon ancien club, Versailles qui était alors en National 3. Je suis passé d’un quotidien où tout le monde est aux petits soins pour toi, où je m’entraînais parfois avec Zlatan, au chômage. Quand tu as 20 ans, tu prends ça en pleine tête. Mentalement, c’est dur.

Comment avez-vous atterri à Chypre ?
Le mercato état bien avancé. Un agent m’a proposé d’aller faire un essai à Paphos. Ca a marché et j’ai signé un contrat pro d’un an. J’étais doublure et le coach, c’était Luka Elsner. J’ai adoré la vie à Chypre, il faisait toujours beau, le pays est magnifique. Je me suis vite adapté. Partir comme ça, seul, à l’étranger, m’a fait grandir. Je suis devenu un homme. Franchement, c’était une expérience géniale. J’ai été titulaire lors des quatre derniers matchs de la saison. Le club m’avait fait la promesse de resigner.

« Je me suis demandé si le foot n’était pas fini pour moi »

Photo Philippe Le Brech

Pourtant, on vous retrouve quelques semaines plus tard comme doublure de Stéphane Véron à Créteil qui venait d’être relégué en N2. Que s’est-il passé ?
J’ai été naïf et je me suis fait avoir. J’ai fait l’erreur de ne rien signer et de partir en vacances. Et il n’y a plus eu de proposition de Paphos. Le pire dans l’histoire, c’est que j’avais refusé un autre club à Chypre car je croyais resigner à Paphos. Comme je n’avais rien, je suis allé à Créteil. Cette saison, on est remonté en National. Stéphane Véron est un très bon gardien. Moi, j’ai joué avec la réserve en National 3 et le dernier match de National 2. Mais à la fin de cette saison, je n’avais rien du tout. Mais vraiment rien. Juillet, août et septembre sont passés. Je me suis demandé si le foot, ce n’était pas fini pour moi. J’avais 21 ans et pour les clubs, pas d’expérience, à part la N3. C’est un coup de fil de l’entraineur des Ulis (N3) qui m’a permis de rester dans le circuit. Son gardien venait de se blesser au genou et il m’a proposé de venir. J’ai été reclassé amateur. On s’entraînait le soir. Mais je remercie vraiment le club des Ulis de m’avoir accueilli et permis de jouer, plutôt que de rester chez mes parents à ne rien faire. Mais en mars 2020, la saison s’est arrêtée à cause du covid.

Le FC Rouen. Photo Philippe Le Brech

Ensuite, vous resignez aux Ulis…
Je n’avais rien d’autre et comme je me sentais bien aux Ulis… J’étais parti dans l’idée de faire une saison pleine. Mais après cinq matchs, nouvel arrêt à cause du covid. Un nouveau coup d’arrêt pour moi aussi. J’ai passé un diplôme de chauffeur au cas où…

Mais je n’ai jamais voulu abandonner pour autant. J’y croyais toujours. Sans prétention, je pensais quand même avoir au moins le niveau N2. Mais c’est un cercle vicieux : on te stigmatise car tu n’as pas de temps de jeu à ce niveau et on ne te donne pas ta chance.

En juillet 2021, vous revenez à Créteil mais cette fois comme numéro 3 en National…

Photo Bernard Morvan

Après les deux arrêts à cause du Covid, je voulais rejoindre une structure un peu plus pro où je savais que je pourrais m’entraîner dans des bonnes conditions. Et en National, je me disais aussi qu’il y avait moins de chance que la saison soit stoppée. J’ai pris sur moi… J’étais payé au lance-pierre, je mettais 1 h 45 le matin pour venir m’entrainer. Je partais à 6 heures d’Houdan (Yvelines) pour rejoindre Créteil où on devait prendre le petit déjeuner ensemble. Cette saison, on est descendu en N2. J’étais numéro 3 derrière Riffi Mandanda et Romain Cagnon et je jouais avec la réserve en N3. Mais cette saison m’a quand même rassuré sur mon niveau.

Comment avez-vous rejoint Moulins-Yzeure ?
Grâce à mon cousin et préparateur mental, Rémy Laasri, qui connaissait du monde dans ce club. J’avais aussi de la famille en Auvergne. J’ai débuté sur le banc mais après cinq matchs, le coach, Stéphane Dief, m’a mis titulaire. Je le suis resté jusqu’au bout. J’ai tenté un pari en quittant la région parisienne et ça a marché. Au final, j’ai réalisé ma première saison complète en N2. Mais on est descendu en N3. On était en mai, il commençait à faire beau à Moulins, j’étais en terrasse dans une brasserie avec mon ordinateur et je faisais des recherches. J’ai vu que Rouen était en position de monter. Je me suis proposé au club en envoyant des vidéos. Jean-Luc Aubert, mon entraîneur des gardiens au PSG, qui est passé par Rouen, a appuyé mon dossier et ça a matché.

« J’espère que des portes vont s’ouvrir »

Vous veniez enfin d’effectuer votre première saison comme titulaire en N2 mais vous êtes redevenu doublure en National à Rouen. N’est-ce pas un peu frustrant ?

Photo Bernard Morvan

Le marché des gardiens est particulier, je savais que pour me rapprocher du haut niveau, je devais déjà passer par la case doublure en National. Je sais que j’ai perdu beaucoup de temps. Mais tout en restant humble, je suis toujours ambitieux. J’espère devenir titulaire en National et monter encore plus haut. J’ai la double nationalité franco-Algérienne. Être appelé un jour avec l’Algérie fait aussi partie de mes objectifs. Mais je ne me prends pas encore la tête avec mon avenir. On verra bien. J’espère quand même que, grâce à la Coupe de France, des portes vont s’ouvrir pour moi, sinon je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus…

Que retenez-vous de votre parcours tumultueux ?
Qu’il faut croire en soi et qu’il ne faut pas toujours écouter les gens. Parfois, ça peut payer… Je me dis, « tu as cru en toi, tu as persévéré malgré les difficultés et tu as fini par être récompensé ».

Léonard Aggoune, du tac au tac

Photo Philippe Le Brech

Votre meilleur souvenir ?
Les qualifications en Coupe de France cette année avec le FC Rouen face à Toulouse et Monaco. En jeunes, le titre de champion de France U19 avec le PSG.

Votre pire souvenir ?
Quand je me suis retrouvé sans club en août et septembre 2019 en sortant de Créteil. Je n’avais rien du tout. Quand les Ulis (N3) m’ont appelé, j’y suis allé. J’ai été reclassé amateur.

Pourquoi êtes-vous devenu gardien ?
Je devais avoir 10-11 ans et je jouais ailier. Lors d’un match d’entraînement avec le FC Versailles, le gardien habituel n’était pas là ou n’avait pas voulu jouer dans les buts. J’y suis allé. J’ai dû faire un arrêt mais j’étais super content. Du coup, je suis resté dans les buts.

Votre plus bel arrêt ?

Photo Bernard Morvan

Cette année, en 32e de finale de la Coupe de France à Louhans-Cuiseaux (N3). J’ai détourné une volée à bout-portant sur le poteau. Le score était alors de 0-0 et on gagne ensuite 2-0.

Qualités et défauts ?
Pour mes qualités, je dirais, le jeu au pied, l’explosivité, le sens tactique et la détermination. Au niveau des défauts, je suis un peu trop impulsif. Mais je n’ai jamais pris de cartons rouges.

Le club ou la saison où vous avez pris le plus de plaisir ?
La saison du titre en U19 avec le PSG et cette saison avec le FC Rouen avec ce parcours en Coupe de France. On ressent un gros engouement autour de nous.

Le club où vous avez regretté de signer ?
Le FC Pôle-Emploi ! Mais ce n’était pas mon choix. Plus sérieusement, je ne regrette aucun de mes choix. Même quand ça s’est mal passé, ça m’a forgé.

La région parisienne où vous avez grandi, La Normandie, l’Auvergne ou Chypre où vous avez joué ?
Je suis très attaché à la région parisienne. C’est chez moi. Mais j’aime bien la découverte aussi. J’ai apprécié Chypre, Moulins et je me plais bien à Rouen. La ville est vraiment sympa et en plus, ce n’est qu’à une heure de chez mes parents à Houdan (Yvelines).

Les joueurs les plus forts avec qui vous avez joué ?

Photo Bernard Morvan

Au PSG, il y en a eu beaucoup, Kingsley Coman, Christopher Nkunku, Jean-Kevin Augustin, Moussa Dembélé…

Le joueur le plus fort contre qui vous avez joué ?

C’est récent. Golovin de Monaco en Coupe de France. Balle au pied, c’est un monstre.

Les entraîneurs qui vont ont marqué ?
Mes trois entraîneurs de gardiens au PSG : Éric Leroy, Alfred Dossou-Yovo et Jean-Luc Aubert. Pour le coach principal, François Rodrigues avec les U19 du PSG et Maxime d’Ornano cette saison à Rouen.

Vos amis dans le foot ?
Harold Voyer (Le Mans) avec qui j’ai joué au PSG. Je le considère comme mon frère.

Un stade mythique ?

Photo Bernard Morvan

Robert-Diochon à Rouen. Il respire vraiment le foot. C’est le plus beau de tous les stades où j’ai joué.

Un modèle ou une idole de jeunesse ?
Steve Mandanda. Je joue avec le numéro 30 comme lui. A Créteil, j’ai joué avec l’un de ses frères, Riffi Mandanda. Mais je n’ai pas forcé, je ne suis pas allé lui parler pour lui dire : tiens ton frère Steve a été un modèle pour moi… Je n’ai pas non plus fait ma groupie en allant lui demander le maillot de son frère.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Franchement aucune idée… Quand j’étais sans club, certains m’ont dit qu’il vaudrait peut-être mieux pour moi que je trouve un boulot… Mais cela ne venait pas de ma famille. Elle, elle m’a toujours soutenu. A un moment, j’ai quand même passé un diplôme pour être chauffeur VTC. Après, j’ai toujours aimé le sport. Plus jeune, j’ai aussi pratiqué le judo. J’étais pas mal… J’ai terminé 3e d’un championnat Ile-de-France.

Le milieu du foot en quelques mots ?
Un milieu où il y a beaucoup de vices et de vicieux. C’est dur de trouver des vrais hommes de parole.

Championnat National – mardi 12 mars 2024 (match en retard de la 13e journée) : FC Rouen – FC Villefranche Beaujolais, au stade Diochon, à 19h30.

Photo Philippe Le Brech
Photo Bernard Morvan
Photo Philippe Le Brech
Photo Philippe Le Brech

Texte : Laurent Pruneta

Twitter : @PrunetaLaurent

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech et Bernard Morvan

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L‘attaquant vendéen ne cesse d’empiler les buts ! À 29 ans, il a étoffé son jeu, atteint la maturité et la plénitude des ses moyens même si ce n’est « qu’en » N3, alors qu’il rêvait de haut niveau.  S’il admet ne pas toujours avoir fait le bon choix, il vit sa meilleure période et en profite pleinement. Après la pluie, le beau temps !

Jordan, sous le maillot de Pacy-sur-Eure, à 6 ans, pour sa première licence !

Avec près de 30 buts inscrits en une saison et demie, le buteur patenté du Poiré-sur-Vie (29 ans) n’a pas vécu un long fleuve tranquille au cours de sa carrière ! De ses débuts à Pacy-sur-Eure, Fréjus, Imphy-Decize, Beauvais ou encore Jura Sud, en passant par les centres de formation du Stade Rennais et du Havre, l’attaquant longiligne (1m93), né à Avranches (Manche), a comme beaucoup touché du doigt le rêve d’évoluer chez les pros, avant de tracer les contours d’un parcours seniors en amateur aux quatre coins de la France, en partant de Béziers et en passant par Chambly, Angoulême ou encore Poitiers.

« Il fallait toujours qu’il ait un ballon avec lui, dès ses 2 ou 3 ans », se souvient d’ailleurs son père, Sébastien Cuvier, grand buteur qui a fait carrière dans les années 90 et aujourd’hui entraîneur du FC Nueillaubiers, dans les Deux-Sèvres(son club est actuellement 1er en R1).  Jordan a suivi ses traces par moments, pendant sa formation d’abord, puis en seniors où il a inscrit une centaine de buts entre le National 2 et National 3. Une image « père-fils » qui lui a parfois collé à la peau, un profil atypique qui l’a aussi guidé au cours d’une carrière riche, faite de choix et de rebondissements, qu’il tend à poursuivre dans les Pays de la Loire où il semble avoir trouvé l’endroit idéal pour boucler sa mission.

  • Ses débuts à Jura Sud (2008-2011)
Jordan et son père Sébastien, à l’époque de Chambly, après un match à Epinal, en National (2016-2017).

« De très bons souvenirs ». C’est en ces termes que Jordan Cuvier définit son passage à Jura Sud, un club fondé en 1991, partenaire de l’Olympique Lyonnais, qu’il a rejoint après avoir fait ses premiers pas à Pacy-sur-Eure puis à Fréjus : « On avait une belle bande de potes en 14 ans Fédéraux. On disputait des tournois aussi, les parents étaient au bord des terrains… C’était l’ambiance d’un club amateur » se souvient l’attaquant qui avait déjà passé beaucoup de temps à suivre son papa au bord des terrains. C’est quand sa famille s’installe en Bourgogne-Franche-Comté à l’époque, à Molinges, où « Jura » est basé, et où Sébastien Cuvier devient coach de la N2 (2008-2012), qu’il va être repéré : « On a très vite décelé qu’il aimait ce sport, que marquer des buts était dans ses gênes. On dit souvent qu’il est né avec un ballon » confie son papa (53 ans), ancien attaquant professionnel (et prolifique) à Troyes, Valenciennes ou encore Istres dans les années 90. « J’ai passé beaucoup de temps à l’extérieur après mes entraînements avec Jordan, qui m’accompagnait tout le temps, même aux soirées avec les coéquipiers (sourires). Il fallait toujours qu’il ait un ballon ».

Sous le maillot du Stade Rennais. Photo Philippe Le Brech

Les qualités de Jordan vont logiquement le conduire vers la voie professionnelle : si l’OL semblait être une destination naturelle, de par sa proximité avec Jura Sud, c’est bien le Stade Rennais qui obtient les faveurs de la famille Cuvier.

« Il avait effectué plusieurs essais à Lyon à l’époque où Joël Bats entraînait encore les gardiens. Au même moment, il y avait des joueurs comme Ishak Belfodil qui voulaient s’imposer » poursuit Sébastien Cuvier. Des propos complétés par Jordan : « Quand Damien André quitte Jura Sud à l’époque pour Lyon, ça fait beaucoup parler au club et je sais que le choix, s’il se présentait, allait être compliqué. La structure scolaire proposée par les dirigeants bretons a fait la différence avec l’OL parce qu’en termes de football, ce sont deux des centres de formations les plus reconnus en France ».

  • La rencontre et les retrouvailles avec Franck Haise (2012-2013)
Les retrouvailles en coupe de France avec Franck Haise, lors d’un Poitiers-Lens en coupe de France.

Repéré par Philippe Barraud, ancien coéquipier à Poitiers de Sébastien Cuvier et « scout » pour les Rouge et Noir il y a une dizaine d’années, le natif d’Avranches va intégrer le groupe des U17 Nationaux dans un centre de formation qui a la particularité d’être intégré au stade : « J’ai eu la meilleure formation possible avec Franck Haise en U17, Julien Stéphan en U19 et Régis Le Bris en CFA (N2). Ce sont trois entraîneurs qui viennent du monde amateur et qui m’ont donné les rouages pour assurer la meilleure transition avec le monde pro ».

Si aujourd’hui les trois occupent une place sur un banc en Ligue 1, l’ancien Rouge et Noir garde un attachement particulier pour ses années de formation : « Franck Haise a eu le rôle de papa protecteur mais honnête car il a fallu entendre qu’il y avait de la concurrence à mon poste, même chez les jeunes. Je me souviens que, quand je m’entraînais, il y avait des mecs comme Adrien Hunou (Angers) ou encore Pierre-Yves Hamel (Paris FC). Il fallait vraiment avoir le niveau (sourires) ».

Lors de Poitiers-Lens.

Aujourd’hui à Lens, le coach Sang et Or a recroisé la route de son ancien poulain en Coupe de France, il y a deux ans, lors d’un déplacement en 32e de finale à Poitiers (N3) où le RC Lens s’était difficilement imposé (1-0) : « Je m’intéresse à ce club parce que c’est une belle équipe mais surtout parce que c’est lui le coach, sourit Jordan Cuvier; on a fait un super match ce jour-là ! C’est un de mes meilleurs souvenirs ». Pendant un quart d’heure, les deux hommes ont pu échanger après les débats et se rappeler le bon vieux temps : « Il m’a demandé des nouvelles de ma fille, il n’a pas oublié mon passage à Rennes et il m’a dit de continuer à faire ce que je faisais, même si c’est « là ». Il m’a toujours protégé et défendu… aujourd’hui, ses aventures comme celles de mes anciens coéquipiers, c’est le fil rouge de ma carrière ». Un petit clin d’œil adressé notamment à Wesley Said, avec qui il était en concurrence en U17 notamment, mais aussi à Florian Sotoca, qu’il a connu à l’AS Béziers par la suite. « On est souvent en contact avec Flo, Wesley aussi. C’était bien sympa de pouvoir se charrier avant le match ».

  • Le Havre puis un retour compliqué en amateur (2014)
Avec les U19 Nationaux de Rennes en 2010-2011. Photo Philippe Le Brech.

Non conservé à la Piverdière en 2013 alors qu’il finit meilleur buteur du réputé tournoi européen U21 de Ploufragan, Jordan a l’opportunité de poursuivre sa formation non loin, au Havre, où il va continuer de se forger pendant six mois jusqu’à faire deux bancs en Ligue 2 avant son départ : « Il arrivait d’un club amateur en Bretagne et il pensait pouvoir gravir les échelons rapidement. Il s’est entraîné quotidiennement avec Franck Haise, il a toujours marqué ses buts mais il lui manquait peut-être ce petit truc » analyse Sébastien Cuvier.

Avec Le Poiré-sur-Vie, cette saison, en National 3. Photo Philippe Le Brech

Et puis, il y a eu des changements qu’il a fallu encaisser, comme la prise en charge individuelle, le plus grand nombre de séances, la sortie de vie familiale. « Physiquement, il fallait qu’il s’épaississe rapidement et ça n’a pas été simple. Mon rôle a été de l’accompagner, d’abord dans la peau du coach mais dans celle du père (sourires) ».
Considéré comme un « profil atypique », de par sa taille notamment (1,93m), Jordan retient avec le temps les exigences du monde professionnel : « Mon père est passé par-là et je pense qu’il a su aussi avoir les mots quand ça allait moins bien pour comprendre aussi que la performance doit être immédiate dans un club professionnel. On va forcément privilégier quelqu’un qui va plus vite, qui fait plus de différence tout de suite ».

A l’entraînement, à Poitiers. Photo Philippe Le Brech

Il ne signera finalement jamais professionnel malgré la génération qu’il a pu côtoyer : « Je suis resté en contact avec Timoué Bakayoko, Zana Allée, Ferland Mendy… le mec joue au Real Madrid aujourd’hui mais n’oublie pas d’où il vient ! Avec du recul, je me dis que je n’ai pas signé de contrat pro mais je suis tombé avec des bons mecs… huit, neuf gars avec qui on ne s’est jamais lâché ! ».

Une fois la page havraise tournée, direction l’AS Béziers (CFA), à l’autre bout de la France, en juillet 2014 (13 matchs, 3 buts). Une destination qui marque le début d’un nouveau chapitre : « J’ai la chance de pouvoir vivre du foot après mon départ du centre au Havre. Ce n’est pas donné à tout le monde ». Un passage qui lui remet les pieds sur terre : « J’avais navigué dans le Nord et je découvre le Sud avec une mentalité différente. Je n’étais peut-être pas prêt à retrouver cette ambiance, un rythme de trois séances par semaine, des mecs qui bossent à côté ». Jordan n’a que 20 ans à ce moment-là. Pour lui, c’est important de trouver un cadre où il peut s’épanouir. « J’ai ensuite l’opportunité de signer à Lège-Cap-Ferret en CFA2 (N3) où il y a notamment Pierre Lees-Melou dans l’effectif. Mais c’est pareil, je ne joue pas (9 matchs, 2 buts) et il fallait que je bouge ».

  • Chambly, le tournant de sa carrière (2016-2017)
Sous le maillot de Chambly, Jordan inscrit un but en National en 9 matchs. Photo Philippe Le Brech

Prendre le temps de digérer, c’est aussi ça qu’il espère après sa formation faite de hauts et de bas. Des expériences qui le conduisent à vivre un dépôt de bilan à l’AS Moulins lors de la saison 2015/2016 alors qu’il effectuait un premier exercice abouti en CFA au stade Hector-Rolland sous les ordres d’Hervé Loubat (19 matchs, 8 buts). Reclassé en amateur par la suite, Jordan Cuvier encaisse ce coup dur sans penser qu’il allait vivre, quelques mois plus tard, un nouvel épisode tumultueux à Chambly : « J’avais la possibilité d’évoluer en National et de me rapprocher du niveau que j’espérais. On finit aux portes de la Ligue 2 en 2016-2017 et le groupe jouait la montée la saison d’après… sauf que je fais le choix de partir et je pense que c’est la seule erreur de ma carrière ».

Alors qu’il s’était engagé pour 2 ans avec Chambly, Jordan, qui avait pris part aux débats avec l’équipe première, avait inscrit 23 buts avec la réserve, en DH (R1), accession en National 3 au bout ! « J’étais performant en équipe II mais j’ai été très impatient, c’est ce qui m’a coûté mes derniers espoirs de pouvoir goûter au niveau professionnel » regrette-t-il.

Avec Chambly, en National, en 2016-2017. Photo Philippe Le Brech

L’été suivant, il « redescend » en National 2, où Romorantin l’accueille en 2017. Jordan concède brièvement s’y « être perdu » pendant un an. Il n’a pas digéré ni encaissé ses précédents choix : « J’avais tout fait pour remonter, toucher le haut niveau, mais sur une réflexion guidée par l’impatience, j’ai perdu la dernière chance que j’avais » ressasse-t-il.

Non conservé en Sologne, il retrouve, dans l’optique de se relancer, Hervé Loubat, son ancien entraîneur à Moulins, du côté d’Angoulême, en Charente. Une saison divine d’un point de vue collectif, marquée par une montée en National 2 avec 14 points d’avance, mais aussi d’un point de vue individuel, avec 15 buts inscrits. Et puis c’est l’incompréhension.

Sous le maillot du Stade Rennais en U19. Photo Philippe Le Brech

En fin d’exercice et une fois l’euphorie retombée, on lui explique qu’il faut trouver un autre projet car son profil « pourrait » ne pas correspondre à l’étage supérieur. Verdict ? Il ne prend part à aucune rencontre les mois qui suivent et n’a que la rupture de contrat comme porte de sortie… et une opportunité qui se présente à Poitiers, un des anciens clubs de son papa. Un nouveau défi entre le N2 et le N3 qui va rallumer la flamme : « Quand je signe ici, je me dis finalement que Franck Haise allait avoir raison (sourires). On est là où on doit être et j’en prends conscience. C’est depuis mes 27 ans que je joue mon football ».

Son père dresse le même constat : « Je pense que ça aurait été plus simple pour Jordan de jouer en Ligue 1 aujourd’hui qu’en Ligue 2 ou en National. Son profil me fait beaucoup penser à celui de Jérémy Le Douaron à Brest, mais c’est comme ça, il a eu la chance de pouvoir vivre du football après un passage dans des structures professionnelles ».

Sous le maillot du Stade Poitevin.

À Poitiers, il croise la route d’Erwan Lannuzel, un coach important dans sa progression, qui ne tarit pas d’éloges sur son ancien joueur : « Quand je pense à Jordan, trois choses me viennent à l’esprit, témoigne l’ex-coach de Bergerac (N2), aujourd’hui à la tête de la réserve des Girondins de Bordeaux en N3; tout d’abord, c’est l’homme, une bonne personne, qui pense collectif sur un terrain malgré son poste. Il n’est ni individualiste, ni égoïste. Ensuite, c’est sa capacité à marquer beaucoup de buts. J’ai rarement vu un garçon aussi adroit devant les cages. Il est chirurgical. Enfin, c’est un match qui me vient à l’esprit, en 32e de finale de coupe de France avec Poitiers, à Canet-en-Roussillon, où ce jour-là, sa prestation avait été aboutie sur tous les plans, même s’il n’avait pas marqué, parce qu’il avait été performant dans d’autres aspects du jeu que sa capacité à marquer. J’ai pris beaucoup de plaisir à entraîner Jordan pendant les 7 mois qu’on a passés ensemble avant la Covid. On échange encore régulièrement, on parle de sa vie privée et professionnelle. Je suis content de savoir qu’en ce moment, il vit une belle période de sa vie. »

  • Le Poiré, là où il se voit finir (depuis 2022)
Sous le maillot du Poiré-sur-Vie, cette saison. Photo Philippe Le Brech

Malheureusement, son aventure à Poitiers est une nouvelle fois écourtée malgré 26 « pions » inscrits en deux saisons et 41 matchs. Approché par « Le Poiré Vendée Football » depuis plusieurs années, Jordan a fondé une famille entre ses différents déplacements et une petite fille qui fait aujourd’hui son bonheur. S’il espérait déjà retrouver de la stabilité à Angoulême, c’est en Vendée qu’on va la lui offrir. « Le projet me correspondait avec des présidents bienveillants, un entraîneur (Rabie Zeroual) qui te fait confiance, des mecs qui se donnent à l’entraînement. J’ai un contrat sur plusieurs années et je pense que c’est dans les Pays de la Loire que je terminerai ma carrière. Chacun son parcours… Récemment, j’ai eu des nouvelles d’Alexandre Cappellari qui est un peu plus jeune que moi. Il vient de quitter Jura Sud où il a passé 20 ans avant d’en devenir le capitaine… ».

Avec Le Poiré-sur-Vie, cette saison, en National 3. Photo Philippe Le Brech

S’il est encore loin du coup de sifflet final de sa carrière, Jordan veut continuer à prendre du plaisir en National 3 pour le moment. C’est d’ailleurs ce qu’il met en application : il a déjà inscrit 13 buts en 17 matchs de championnat cette saison, après en avoir mis 15 en 25 matchs en 2022/2023, dans un club ambitieux, en course pour la montée en National 2 (Le Poiré est 2e de sa poule, à 2 points du leader, Nantes B). Des chiffres affolants et une régularité époustouflante : depuis sa période « Romorantin », en 2017-18, il tourne à une moyenne de 0,7 but par match (71 buts en 106 matchs de championnat !).

Mais l’important est ailleurs pour l’attaquant vendéen qui regarde devant : « Je passe des formations. Je continue de me construire humainement. Je fais mes choix avec raison plus que par ambition comme j’ai pu le faire dans le passé ». A 29 ans, Jordan anticipe et appréhende son après-carrière avec « beaucoup d’humilité et de respect ».

Jordan Cuvier du tac au tac

« Cavani, un attaquant inspirant »

Avec Chambly. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
Ma signature au centre de formation.

Pire souvenir sportif ?
J’essaie de ne pas regretter mais je dirais la non-signature d’un contrat professionnel.

Plus beau but marqué ?
Une demi volée de mon camp contre Bayonne avec Angoulême.

Plus beau raté (un but facile que tu as loupé ?)
Deux penaltys, dont un il y a quinze jours…

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
La passion, le rêve. Puis c’est devenu une possibilité d’en vivre, de mettre tout en œuvre pour réaliser ce rêve.

Avec Poitiers, à l’entraînement. Photo Philippe Le Brech

Ton but le plus important ?
Certainement l’an dernier avec Le Poiré. Un ciseau a la 93e à domicile, qui nous lance pour le maintien à quatre journées de la fin.

Ton geste technique préféré ?
La volée intérieure. C’est élégant quand ça passe (rires) !

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Un seul ! Une maladresse. Je veux contrer le gardien en taclant, il tacle aussi et je lui attrape la cuisse. Je ne suis pas un joueur méchant, mais j’ai compris dès l’impact que j’allais prendre rouge.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je travaille actuellement avec des enfants, je voulais aussi être dans une structure pour enfants / adultes atteints de handicap. La charge d’études en parallèle du foot n’était pas évidente. J’ai fait un choix que je ne regrette pas mais que je rattrape aujourd’hui.

Dans les vestiaires du Havre, lors de ses années de formation.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Défauts ? Je ne vais pas très vite et aujourd’hui, c’est un réel problème pour beaucoup d’entraîneurs.

Qualités ? je dirais buteur. Partout où je suis passé ça a fonctionné. Après, des histoires de profil dû à des systèmes sont entrés en jeu. Récemment, j’ai connu un entraîneur, Erwan Lannuzel (à Poitiers, aujourd’hui entraîneur de la réserve de Bordeaux et ex-coach de Bergerac en N2), avec qui j’ai beaucoup appris; on a cherché à développer mes qualités au service de l’équipe plutôt que de vouloir améliorer mes défauts. Ça m’a fait du bien. J’ai réalisé qu’on pouvait plaire pour ce qu’on était, finalement.

Au Havre, la ville natale de son papa, il s’est assis deux fois sur le banc chez les pros, en Ligue 2.

Le club, l’équipe ou la saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
La saison de la montée en N2 avec Angoulême. On survole le championnat, ça se passe bien pour le groupe et donc pour moi. Un très bon souvenir.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ? L’erreur de casting de ta carrière ?
Romorantin, mais pas dans le sens « erreur de casting », c’est surtout dans le sens où j’aurais dû être patient à Chambly et persévérer.

Avec Le Poiré-sur-Vie, cette saison, en National 3.

Le club où tu as failli signer ?
L’OL au moment de rejoindre le Stade Rennais. J’ai fait un choix.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Barcelone, à la grande époque. En tant qu’attaquant, c’était un football très offensif.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Old Trafford et Manchester United.

Avec Le Poiré-sur-Vie, cette saison, en National 3.

Un public qui t’a marqué ?
En amateur, c’est toujours de bonne guerre mais le public actuel, du Poiré, est bienveillant, amoureux du club et toujours d’un grand soutien. C’est agréable.

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un), mais tu as droit à deux ou trois ?
J’en ai connu pas mal… Adrien Hunou, Florian Sotoca, « Kev » Fortuné, Ferland Mendy, Tiémoué Bakayoko et j’en passe. Ce sont surtout des mecs avec qui je suis encore en contact.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Adrien Hunou. Nous étions en chambre ensemble mais il été surclassé. Sinon Lucas Franco, qui joue à Alès actuellement : notre saison à Angoulême a été incroyable. On se trouvait les yeux fermés. En plus de ça, c’est un très bon mec.

Avec Le Poiré-sur-Vie, cette saison, en National 3.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Morgan Sanson au Mans, en U19. Il était déjà au-dessus. Il jouait en pro la même année avant de signer à Montpellier.

L’équipe qui t’a le plus impressionné ?
L’équipe du PSG en U17 avec Maignan, Kimpembe, Rabiot. On en avait pris 6 à domicile !

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Pas spécialement, j’ai des nouvelles des principaux. Le foot laisse peu de contact, au final.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Régis Le Bris, c’est une bible du football. Il pouvait passer des heures à parler tactique, technique, football et analyse.

Avec Le Poiré-sur-Vie, cette saison, en National 3.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Avec l’âge, j’ai apaisé ma rancœur donc je n’en citerais aucun (rires).

Un président ou un dirigeant marquant ?
Les dirigeants sont souvent les personnes les plus importantes, ils sont bienveillants. J’en ai connu à Rennes, ceux actuellement au Poiré me rappellent cette époque. Sans eux, nous n’aurions pas un confort aussi important. Ils font en sorte que l’on ne pense qu’au match. En président, je reste en contact avec Monsieur Triaud, d’Angoulême. Malgré mon départ, nous échangeons quelques messages de temps en temps.

Une causerie de coach marquante ?
Les causeries du coach Bruno Luzi à Chambly, toujours très direct.

Sous le maillot de Poitiers.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Adrien Hunou.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le Roazhon Park, à Rennes.

Une devise, un dicton ?
Après la pluie vient le beau temps.

Tes passions dans la vie ?
Profitez des bonnes et belles choses en famille.

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu es un joueur plutôt …
Instinctif et passionné.

Avec Poitiers, à l’entraînement, en National 3. Photo Philippe Le Brech

Un modèle de joueur ?
C’est un contre-pied mais j’affectionne son passage parisien, c’est Cavani. Le jeu en une touche, la finition, son travail défensif et ses appels de balle. Un attaquant inspirant.

Une idole de jeunesse ?
Olivier Giroud pour tout ce qu’il représente et ce qu il a parcouru.

Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
La Remontada (Barcelone-PSG, 0-4 et 6-1).

Ta plus grande fierté ?
Vivre de ma passion. On ne s’en rend pas toujours compte mais nous sommes des privilégiés.

Le Vendée Poiré Football, c’est un club plutôt…
Sain, bienveillant et historique.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Égoïste, Émotions.

Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech et DR

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À 28 ans, ce jeune créateur de contenus, qui anime une communauté de près de 250 000 followers, va quitter son métier de criminologue pour son autre passion, le foot. Son réseau social a pris une telle ampleur qu’il a décidé de pleinement s’y consacrer. Et d’en vivre !

« Sur tous les terrains, pour donner la parole à tous les acteurs ». Voilà ce que l’on peut lire sur la page d’accueil Facebook de « Foot Multiple », le réseau social qui prend une ampleur folle dans le milieu du foot amateur et pro. Ce slogan, 13heuresfoot pourrait le revendiquer tant il résume également sa philosophie.

Avec près de 210 000 followers sur Facebook, 15 000 sur X (ex-twitter) et 13 000 sur Instagram, Foot multiple jouit d’une communauté sans cesse grandissante qui suit les pérégrinations d’Arthur Léonard, un globe trotter qui partage sa vie entre son travail – et oui, il a un métier – et sa passion pour le football : « mon truc, c’est de faire vivre mon aventure, qui tourne autour du football de tous les niveaux, et de partager au maximum des émotions, des ressentis. L’idée c’est d’offrir autre chose, une approche différente, avec ma sensibilité ».

Plus qu’un nom, une marque

A 28 ans, Arthur est devenu, en l’espace de 4 ans, une référence des réseaux sociaux avec son concept, spécialisé dans la création de contenus, et exclusivement consacré au ballon rond, ou plutôt à tous les ballons ronds, aussi bien ceux du niveau départemental que national, aussi bien ceux de District que de Ligue 1 ! Un concept mûrement réfléchi, né d’une réflexion simple : « J’en avais marre que les médias ne parlent que de l’OM, du PSG et de Lyon, raconte le natif de Rouen, en Seine-Maritime, qui n’hésite pas à faire le lien avec 13heuresfoot, et pour qui, à l’instar de notre site, « la passion n’a pas (non plus) de division ! »; clairement, de ce point de vue là, on se rejoint avec 13heuresfoot ! Ma page, elle, parle plus de Sochaux que du PSG. J’avais en tête de lancer un projet sur le foot amateur parce que, hormis deux ou trois médias, personne n’en parle, ça manque de visibilité. Surtout, je voulais parler de tout, aborder les multiples facettes du foot, d’où le nom « Foot Multiple ».

Un nom devenu une marque puisque, récemment, Arthur a signé un partenariat avec l’équipementier « Esprit d’équipe 76 », une jeune entreprise lancée par Clément Bassin et Valentin Sanson, deux joueurs emblématiques du FC Rouen. Dorénavant, Arthur a également sa gamme de vêtement, avec son logo « FM » ! Encore une nouvelle étape dans le développement de son activité, qu’il mène toujours en parallèle avec son métier de criminologue, mais plus pour longtemps.

En prison la semaine, au foot le week-end !

En résumé, du lundi au vendredi, Arthur bosse, et le week-end, Arthur… bosse ! C’est juste le terrain de jeu qui diffère : il passe des prisons aux prés verts. Parce que son boulot, qu’il assure aimer, adorer, il va pourtant le quitter et se lancer à fond dans « Foot Multiple ». « Je bosse pour une boîte qui, elle même, bosse pour le Tribunal de Paris. Je mène des enquêtes de personnalité pour des affaires criminelles. Je dis souvent, « la semaine je fais le tour des prisons et le week-end je fais le tour des stades ! » Un métier qui allie une autre de ses passions : l’écriture. « Il y a beaucoup de rédaction, poursuit-il; on se rend en prison, on retrace le parcours de vie d’une personne en rétention ou accusée d’un meurtre ou d’un viol, par exemple, et cela participe à l’enquête criminelle. On retrace vraiment le parcours de vie, l’enfance, la scolarité, la vie familiale, sociale, sentimentale, professionnelle, amicale, etc. Ensuite, on vérifie ce qu’elle nous a dit. Et après, on passe aux assises. Le criminologue est là pour individualiser la peine mais il est neutre. J’adore mon métier. C’est très intéressant intellectuellement. On est dans l’humain, même si ça touche au juridique. On est là pour servir la personne, on parle de tout avec elle, sauf des raisons pour lesquelles elle est poursuivie. On est là pour individualiser la peine aussi, mais on est neutre. »

Concours d’avocat et Covid…

Arthur, qui a joué au foot « à pas mal de postes ! » au niveau départemental de l’âge de 5 à 17 ans (principalement à Bois-Guillaume et Mont-Saint-Aignan), avant de pratiquer le tennis de table pendant 8 ans à l’échelle régionale (Franqueville-Saint-Pierre, Bois-Guillaume, Saint-Maur-des-Fossés), rêvait d’être avocat.

Étudiant en Droit à Rouen, il s’est spécialisé dans le pénal en Master avant d’échouer, de peu, au concours d’avocat en septembre 2019, puis de renoncer à repasser le concours un an plus tard, « au grand dam de mes parents ! Parce que c’est à ce moment-là que j’ai lancé Foot Multiple ».

Mars 2020. C’est la période Covid. La France est confinée. Arthur a du temps. Il en profite pour mûrir puis lancer son projet : « J’ai toujours été attiré par le football et l’écriture, et là, avec le confinement, alors que je prépare pour la deuxième fois le concours d’avocat pour septembre, j’ai tout le loisir de lancer un truc, et je décide de prendre une année blanche pour lancer Foot multiple. Ma mère est tombée de 20 étages quand je lui ai annoncé ça ! Avec le recul, je comprends. Mes parents, qui me voyaient avocat, ont vraiment été complaisants. Quand je me suis lancé, je me suis dit, « s’il faut, dans deux mois, c’est fini mon truc » ! Mais j avais vraiment une idée en tête. »

Premier reportage en campagne

La première étape, c’est la création d’un site internet, mais, rapidement, Arthur le ferme, car il s’aperçoit que Foot Multiple fonctionne beaucoup mieux sur Twitter et Facebook où, un an et demi après le lancement, il compte rapidement des dizaines de milliers de followers. « Je ne fais pas beaucoup de montages or sur « Insta », il faudrait que les vidéos soient plus travaillées pour que cela prenne un peu plus, mais pour ce que je fais, je pense que Facebook est mieux adapté. »

Son premier reportage ? « J’étais allé à Saint-Martin-de-Boscherville, dans la campagne rouennaise, suivre un club de district, quand j’avais 100 abonnés. Ils m’avaient ouvert les portes de leur vestiaire pour un match de coupe de France. J’y suis retourné l’été dernier, trois ans après, pour faire le même reportage, mais cette fois avec ma grosse communauté ! Ils avaient été surpris de me revoir ! C’est typiquement le genre de reportage qui marche beaucoup mieux que si je vais au Parc des Princes. C’est cette idée de « multiple » que je défend, il n’y a pas de hiérarchie, on en revient toujours à ça. Il faut dire aussi que sur les rencontres pros, il y a plein de problématiques : en novembre dernier, à Nantes, ma page Facebook avait été suspendue parce j’avais filmé les joueurs avec le public et un prestataire de la LFP (Ligue de football professionnel) s’était plaint du contenu. L’histoire a pris une ampleur folle sur Twitter ! C’est là aussi que j’ai vu à quel point les gens aimaient ce que je faisais, avaient accroché, et aussi le pouvoir de Twitter, dont les nombreux messages ont permis que je récupère ma page Facebook. Bon, ça s’est arrangé, même si cela a pris 10 jours… »

Fan de l’AJ Auxerre

Présent sur les réseaux, Arthur l’est aussi sur les stades, dans les vestiaires pour des causeries de coachs ou des moments intimes, en tribunes avec les supporters, histoire de faire découvrir d’autres facettes du milieu. « Généralement, les clubs sont fermés et n’aiment pas divulguer ce genre d’images. Chez les pros, ce n’est même pas possible du tout en raison de la télé et des droits. C’est dommage. »

Forcément, pour se lancer à fond dans une telle aventure, il faut être mordu : et là, son rapport passionnel avec le foot ressort ! Il date même de ses 5 ans : « Tout est parti d’Auxerre, rembobine Arthur; mes grands-parents maternels sont installés là-bas. J’y allais aux vacances scolaires et, forcément, à Auxerre, bah, on t’emmène au foot, qui tient une place importante dans la ville et dans son économie. J’assiste à un entraînement avec eux puis je vais à mon premier match, c’était AJA-Sedan, à l’été 2001, quand Auxerre était dans le top 3 des clubs français. C’était facile de tomber amoureux du club. »

Arthur, amoureux de l’AJA et du … FC Rouen, sa ville natale ? « L’AJ Auxerre, c’est mon club de coeur, Rouen, c’est ma ville, et là, pareil, j’allais voir les matchs à Diochon avec mon père ! Et depuis que j’ai lancé Foot Multiple, je me suis rapproché du FCR, qui m’a ouvert plein de portes. Mais si demain il y a un match Auxerre-Rouen, je serai pour Auxerre, et ça, les supporters du FCR le savent ! »

« Je fais le choix du rêve ! »

Quatre ans pile après s’être lancé, Arthur va passer un cap. C’est décidé, il va consacrer tout son temps à Foot Multiple et abandonner son travail. « C’est une question de semaines. J’ai prévenu mon employeur et ma famille. Ce que j’ai créé, je souhaite que ça devienne un vrai truc, le faire sérieusement. Oui, j’aime mon job mais là, je vis mon rêve, alors à choisir, je fais le choix du rêve ! J’aurai enfin du temps pour faire tout ce que je n’ai pas le temps de faire, parce c’est la course tout le temps, et puis j’ai étoffé mes contacts. »

Forcément, à partir du moment où Foot Multiple sera bien plus qu’un simple réseau social mais une entreprise à part entière, la pression dépassera peut-être la passion : « En fait, là, avec mon boulot et ce que génère déjà Foot multiple d’un point de vue financier, je suis dans un confort qui me permet d’aller à gauche et à droite, mais quand je vais passer à temps plein, il faudra faire attention, poursuit celui qui, voilà quelques années encore, faisait des baby-sittings à Rouen pour payer le loyer lorsqu’il décida de repasser le concours d’avocat. Ce n’est pas kamikaze. C’est un peu stressant car je serai obligé d’avoir des résultats, mais en même temps, j’ai eu des ouvertures que je n’ai pas approfondies par manque de temps. Je me suis fixé fin mars / début avril pour poser ma démission. Ma mère ? Elle est en mode « vis ton truc » ! »

Un tour de France des stades de L1

Grâce à des partenariats d’influence marketing, il a pu, l’an passé, lancer son projet de « Tour de France des clubs de Ligue 1 », une étape importante dans le développement de FM. « Je fais de la publicité pour des partenaires et en échange, ils m’aident financièrement. J’ai pu me rendre sur tous les stades de L1 et la plupart de L2 même si je ne suis pas encore allé à Annecy, Grenoble ou Dunkerque. »

L’auto-entrepreneur, qui était au Stadium de Toulouse dimanche pour faire vivre à sa communauté la rencontre de L1 entre le Téfécé et l’OGC Nice, avant de repartir au boulot en TGV au Tribunal de Grande Instance de Bobigny lundi matin, a bien pensé s’associer : « Mais j’ai façonné Foot Multiple à mon image et aujourd’hui, ce serait compliqué de dire « On est deux » ou « on est trois », car les gens suivent mes aventures. En fait, sans m’en rendre compte au départ, j’ai créé une sorte de storytelling et les gens ont aimé ma manière d’amener les choses, de raconter mes histoires, de mettre en avant tout ça. C’est ce qui a participé au fait que ça marche bien. »

Tellement bien qu’il envisage de s’entourer d’une équipe, ne serait-ce que pour améliorer techniquement la forme et les contenus et explorer d’autres pistes. Et puis il y a la partie business : « Ce n’est pas mon domaine. Là aussi, il faut que je sois entouré pour ça, ne serait-ce que pour mieux négocier des contrats de partenariat. »

Le regard des médias

Mais le revers de la médaille existe. C’est la perception des médias. Plus ou moins positive. Arthur n’est pas toujours le bienvenu ni même bien vu par la corporation des journalistes. « Mais pour qui il se prend celui-là ? Il n’a pas de carte de presse », « Comment il a pu obtenir une accréditation ? », telles sont les remarques que l’on entend régulièrement. « Il y a même eu des débats qui se sont organisés sur Twitter autour de l’utilité qu’avait Foot Multiple ! J’ai mal vécu certains événements, avec des « haters », mais on va dire que c’est le jeu des réseaux. Un gars a écrit « Je suis journaliste, j’ai une carte de presse, je n’ai pas pu être accrédité… et je trouve ça « ouf » que Arthur de Foot multiple soit allé dans les vestiaires de Dieppe, alors que moi, on m’a refusé l’accès au stade ». Ce tweet a crée un immense débat. Les journalistes se sont immiscés dans la conversation et s’en sont pris à Stadito (Stadito Football est un youtubeur) et à moi. Mais Dieppe, je les suivais depuis plusieurs tours et j’étais là quand il n’y avait personne, au 5e tour de la coupe, sous la pluie. Et y’a 10 jours, je suis allé voir des féminines et des U18, donc bon… Et puis avant d’avoir les vestiaires ouverts, j’ai « douillé ». J’ai « bouffé » beaucoup de refus ! Je n’avais le droit d’aller nulle part. Alors bien sûr, je comprends le débat, mais les gens ne voient pas le travail en amont. »

« J’aime écrire »

Heureusement pour Arthur, de plus en plus de clubs « s’ouvrent » et permettent à des créateurs de contenus comme lui de partager leur activité sur les réseaux sociaux : « Globalement, je suis très bien accueilli. Les chargés de communication gardent un oeil sur ce que je fais. En fait, mon activité peut s’ajouter à leur travail, dans la mesure où cela donne une autre visibilité, où cela touche d’autres personnes et élargit leur champ de communication. C’est un peu par intérêt. »

Les médias, pour en revenir à eux, restent partagés, et sont plus ou moins réceptifs à ce qui se fait de plus en plus sur les réseaux : « Certains trouvent que ça apporte un vent de fraîcheur, d’autres sont plus « ancienne école » et pour eux, le journalisme, c’est comme ça, et ça ne doit pas être autrement. Du coup, ils sont en mode « qu’est-ce qu’il fout là lui ? » et j’ai déjà ressenti ça en tribune de presse, je le comprends. Je trouve que c’est dommage, parce que ce que font les journalistes, c’est très important. Leur travail et le mien peuvent continuer à avancer ensemble. »

Du coup, l’ambition d’Arthur serait-elle de devenir un média à part entière ? « J’aime écrire, parce que c’est 80 % de mon métier actuel. C’est ce qui fait la différence avec d’autres créateurs de contenus qui sont plus axés vidéos ou photos. Je suis un peu entre les deux, parce que sur Facebook, où je suis très présent, j’écris énormément, je fais des grands débriefs, du coup, certains font l’amalgame. Mais je ne suis pas journaliste, parce qu’il y a beaucoup de codes. Par exemple, quand il y a eu le problème du prix des places au stade Diochon pour Rouen – Toulouse en coupe de France, j’ai écrit fait un texte pour dénoncer les tarifs aberrants et ça a pris une ampleur considérable, qui m’a même dépassé. J’ai dit « Je n’irai pas au match » par respect pour les supporters. Je suis allé à l’entraînement du FCR, j’ai filmé le discours du capitaine Clément Bassin qui a été repris partout… Je ne suis pas journaliste, j’ai cette liberté là, même si je ne me suis pas fait que des amis au club de Rouen. »

A 18 ans, Arthur s’était fait tatouer sur son avant bras gauche la phrase suivante : « Rien n’est jamais hors de portée ». Dix ans plus tard, sa devise résonne comme une évidence. « J’ai toujours eu envie de faire un métier passion ».

Texte : Anthony BOYER

Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter :  @BOYERANTHONY06

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Formé à l’Amiens SC, l’attaquant Davy Ngoma a connu un début de carrière tellement tourmenté qu’il en a fait une dépression. Après avoir rebondi au Luxembourg, il s’épanouit aujourd’hui en SuperLiga Roumaine, au FC Hermannstadt.

Une formation à Amiens, un tour de France de plusieurs saisons des clubs de N2 et N3 sans s’y imposer, la République Tchèque puis le chômage et la dépression avant un rebond au Luxembourg. À 28 ans, l’attaquant francilien – il est né à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines – Davy Ngoma a connu une carrière parsemée d’embûches. Mais il n’a jamais renoncé. Il évolue désormais au FC Hermannstadt en 1ère division roumaine, où il est pleinement épanoui. Il est revenu en toute franchise sur son parcours pour 13 heuresFoot.

« Dans le foot, on te juge aussi sur les apparences »

Technique, rapide et explosif sont les premiers mots qui viennent lorsqu’on voit Davy Ngoma jouer. C’est lors d’un match de Gambardella en U19 avec le CS Brétigny que le Mantois de 28 ans se fait repérer par son adversaire du jour, l’Amiens SC. « Ils ont pris contact avec mon club pour que j’aille faire un essai chez eux. »

Issu de la même génération que Tanguy Ndombélé, le Francilien s’engage avec le club picard où il jouera trois saisons. « Je n’avais pas tous les codes. Pour moi, le foot, c’était le meilleur qui joue et ça s’arrête là, tu fais bien ton boulot, tu restes focus. Mais il y a plus que ça. Dans le foot, il y a beaucoup de paramètres que tu ne maîtrises pas forcément : bien s’entendre avec tout le monde, l’esprit de groupe, le savoir vivre, faire attention à ta manière de parler, comment tu t’habilles, le regard des autres. On regarde tout dans le foot, même ta coupe de cheveux peut te porter préjudice. On ne te juge pas que sur tes qualités de footballeur mais aussi sur ton apparence. »

En trois ans, il n’effectue qu’une seule apparition en équipe première, en National, lors de la dernière journée de la saison 2014-15 au Red Star (3-3), quand il rentre à la 87e minute. En fin de contrat et en manque de temps de jeu, il décide de partir à l’été 2016.

« J’ai fait ma première dépression. Je ne dormais plus, manger était compliqué »

Entre 2016 et 2021, le franco-congolais effectue un mini-tour de France : Epinal (National), Tarbes (N2), Bourges 18 (N3), Avoine-Chinon (N3), Canet-en-Roussillon (N3), il ne parvient pas à se stabiliser ni à vraiment s’imposer dans un club. « Je ne trouvais pas ce que je voulais. Ce n’était pas un plaisir pour moi de changer de club chaque année mais je pense qu’on ne se stabilise que quelque part quand on est à l’aise sur et en dehors du terrain. À Canet-en-Roussillon (15 matchs, 1 but) ça s’est bien passé. La première saison, le championnat a été arrêté par la Covid mais on a été champions de N3. La deuxième saison, il y a eu un changement de coach et c’est la que j’ai cassé mon contrat. »

Pendant plusieurs mois, il reste sans club. Mais en février 2021, Davy s’envole en République Tchèque pour signer son premier contrat professionnel au FK Blansko, club de 2e division : « J’ai rencontré de supers préparateurs physiques, Fabrice Numeric et David Saban, qui sont devenus des proches. Parmi eux, il y en a un qui avait joué dans les pays de l’Est et qui avait un contact en République Tchèque. C’est comme ça que j’ai pu effectuer un essai au FK Blansko. »

Après 12 matchs, 2 buts et seulement 5 mois passés au club, Davy décide de rompre son contrat en juillet 2021. « J’ai rencontré, par l’intermédiaire d’un ami à moi, une agente qui devait m’aider à me libérer de mon contrat. Elle parlait tchèque. Par la suite, elle m’a vendu monts et merveilles. Le temps de m’apercevoir de la supercherie, le mercato estival était déjà fermé. »

« La coupe d’Europe c’est exceptionnel, c’était une victoire pour moi »

Une mauvaise rencontre et le jeune attaquant se retrouve sans club à 25 ans. Cinq mois après l’euphorie de la signature de son premier contrat professionnel, il doit faire face à la dure sévérité du monde du football. « Psychologiquement, cette période était très dure. C’est la pire que j’ai vécue jusqu’à aujourd’hui. J’ai fait ma première dépression. Je ne dormais plus. Manger était compliqué. J’étais perdu dans mes pensées. Plus de football, plus d’argent, plus rien. C’était le retour à cette réalité que j’avais quittée. Malgré tout, tu t’entraînes, ça m’a fait du bien d’être accompagné psychologiquement par mes préparateurs physiques. J’essayais d’être la meilleure version de moi-même. Je ne le faisais pas pour quelqu’un d’autre, je le faisais pour moi. »

Après six mois de travail acharné sans club, le coup de fil salvateur lui vient du Luxembourg. « Un jour, un agent m’appelle et me propose d’aller faire un essai au RacingvFC Union Luxembourg. Avant ça, j’ai pu discuter avec le directeur sportif de l’époque, Ilies Haddadji, et le projet de jouer la coupe d’Europe m’a beaucoup excité. J’ai foncé. »

En janvier 2022, Davy Ngoma découvre le championnat luxembourgeois. « J’ai eu de la chance de trouver de la stabilité là-bas. Mentalement et dans mes finances, j’étais à l’aise, j’avais la paix. Donc j’ai pu prendre le temps de développer ma personnalité et travailler sur l’homme. Ensuite, j’ai laissé parler mon football. »

« La Roumanie, c’est l’opportunité que j’attendais »

Vainqueur de la Coupe du Luxembourg cette saison-là, (blessé, il n’a pas disputé la finale face à Dudelange), le Racing Luxembourg se qualifie pour les barrages de la Conférence League. Mais il est éliminé par le FK Cukaricki (Serbie). « La coupe d’Europe était une expérience exceptionnelle. C’était une grosse victoire pour moi. Quand j’arrive au Luxembourg, je n’ai pas joué depuis 6 mois, c’était compliqué. Du coup, je joue, mais je me blesse, je me fais une entorse du genou. Ce n’était pas facile. C’est arrivé juste avant la fin de saison et je sais qu’on va jouer la coupe d’Europe… Je suis en vacances à Punta Cana, je m’entraîne trois fois par jour à la salle, je voulais à tout prix revenir en forme et jouer donc je m’en suis donné les moyens. C’était une belle revanche pour moi. L’atmosphère de la coupe d’Europe est magique. »

Au Luxembourg, l’attaquant enchaine les matchs et réussit la meilleure saison de sa carrière sur le plan statistique (28 matchs, 7 buts en 2022-2023). Davy n’a alors qu’un seul objectif en tête : retrouver le monde professionnel qu’il avait quitté 2 ans plus tôt.

L’opportunité se présente à lui en Roumanie. « Quand un club de SuperLiga est venu, je n’ai pas hésité une seconde. C’était l’opportunité que j’attendais. Sportivement c’était la meilleure offre que j’avais sur la table. »

En août 2023, le Francilien s’engage dans l’élite roumaine au FC Botosani. Il enchaîne les matchs (9) et les bonnes performances pendant six mois avant de signer à la trêve hivernale au FC Hermannstadt. « Quand un club du haut de tableau comme ça vient te chercher, tu ne peux pas refuser. Le football roumain est un football physique, mais surtout très technique. J’ai été surpris du niveau technique des joueurs. » Avec déjà 13 matchs disputés en SuperLiga, l’attaquant ne compte pas s’arrêter là. « Le football est très complexe. Il y a beaucoup d’aspects à maîtriser. Je pense que j’ai éclos en mon temps. J’ai un seul objectif : devenir la meilleure version de moi-même et je verrai bien où ça me mènera. »

Davy Ngoma, Du tac au tac

« En Roumanie, c’est physique et surtout technique »

Ton meilleur souvenir sportif ?
Quand j’ai signé mon premier contrat professionnel au FK Blansko (République Tchèque).

Ton pire souvenir sportif ?
Mon passage à Tarbes : j’ai fait un mois et demi là-bas, ils ne voulaient plus me payer et le président m’a insulté.

T’as marqué combien de buts dans ta carrière ?
Aucune idée ! Je n’ai pas compté !

Ton plus beau but ?
Avec le Racing Luxembourg contre Le Progrès Niederkorn, je récupère la balle, passement de jambes et frappe pleine lucarne ! C’était le but de l’égalisation à 1-1. Mais c’est super dur de marquer des buts ! Je peux t’en citer d’autres (rires).

Ton poste préféré sur le terrain ?
Ailier droit.

Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
C’est ce qui me procure le plus de plaisir.

Ton geste technique préféré ?
Le passement de jambes.

Tes qualités et défauts sur un terrain ?
Mes qualités : la technique, la vitesse, la vision du jeu. Mes défauts : mon jeu de tête (rires).

L’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Au Racing Luxembourg.

Le club où tu rêverais de jouer dans tes rêves les plus fous ?
Au Milan AC.

Un match qui t’a marqué ?
Mon premier match en professionnel, en République Tchèque.

Un coéquipier qui t’a marqué ?
Il y en a plein (rires) ! Mais je dirais Alexandre Laurienté que j’ai côtoyé au Racing Luxembourg et Tanguy Ndombélé avec qui j’ai joué à Linas Montlhéry et Amiens.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Artur Abreu… Incroyable ! Quand je jouais au Racing, il jouait à Petange; actuellement il est à Differdange.

Un coach que t’aimerais revoir ?
William Prunier, il m’a entraîné à Canet-en-Roussillon.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Tanguy Ndombélé.

Une devise, un dicton ?
« A quoi bon gagner le monde si c’est pour perdre ton âme ? »

Tu es un joueur plutôt …
Calme et fou !

Un modèle de joueur ?
Thierry Henry.

Une idole de jeunesse ?
Je n’en avais pas.

Un plat ?
Alloco Pondu Crevette.

Tes loisirs ?
Passer du temps avec mes proches.

Film culte ?
La vie est belle.

Le milieu du football en deux mots ?
Rebondissement et compliqué.

Le championnat roumain en deux mots ?
Physique et technique.

 

Texte : Olesya Arsenieva / Twitter : @ArseneviaO

Photos : DR

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