L’ancien dirigeant des Chamois Niortais veut faire de l’Aviron Bayonnais FC (N3), qu’il préside depuis dix mois, le premier club français professionnel du Pays Basque. Un vaste projet, qu’il entend mener en plusieurs étapes et en équipe. L’histoire est en marche !

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

Si on vous dit le jambon, les fêtes, le chocolat, la Nive, l’Adour, le « petit », les arènes, les halles, Ramuntcho… Bienvenue à Bayonne ! Bienvenue au Pays Basque, le pays du … rugby ! Le pays de l’Ovalie et… du ballon rond. Ne riez pas, c’est très sérieux.

Bien sûr, l’Aviron Bayonnais phagocyte un peu tout. Sans compter qu’à 5 kilomètres d’un stade Jean-Dauger rénové et qui accueille près de 15 000 personnes pour des affiches du top 14, l’historique Biarritz Olympique réunit lui aussi des milliers de fidèles au parc des sports d’Aguilera en Pro D2. Pour autant, le football tient une place très importante dans la ville qui a vu naître Didier Deschamps : rien qu’entre le petit frère, l’Aviron Bayonnais Football-club et les Croisés de Bayonne, on frôle les 1500 licenciés. Vraiment pas mal pour une commune de 50 000 âmes.

Au stade Didier Deschamps de Bayonne – l’ex-capitaine des Bleus a donné son nom au stade en 2000 -, on est loin de l’affluence de Jean-Dauger, mais il existe une constante : le football est et sera toujours plus populaire que le rugby, question de culture. Et celle du ballon rond est plus grande que celle de l’ovalie en France. Mais pas au Pays Basque. Pas encore ? Chut !

Une construction par étapes

Photo ABFC

Karim Fradin n’entend pas concurrencer son grand frère « Bleu et blanc », mais s’appuyer et s’inspirer de ce qui se fait à moins de 2 kilomètres de là, pour, peut-être un jour, offrir à tout le Pays Basque une équipe de football professionnelle.

Cela prendra du temps, le nouvel homme fort du club le sait, mais du temps, il en passé beaucoup aux Chamois Niortais, où il a eu… le temps, justement, de mettre en place des projets et d’organiser au quotidien la vie d’un club où il a passé plus de 20 ans de sa vie, d’abord comme joueur (en juniors puis en seniors avec notamment 7 saisons en Ligue 2), puis comme manager général de 2009 à 2017 et enfin président-actionnaire de 2017 à 2020.

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

L’ancien milieu de terrain professionnel (plus de 300 matchs de Ligue 2 à son actif et une centaine de matchs en D2 anglaise) n’est pas venu révolutionner le ballon rond à Bayonne. Il est venu structurer le club et lui donner une nouvelle orientation avec des objectifs précis. Une construction par étapes, dont la première pierre a été posée en novembre 2022, avec la création d’une société anonyme sportive (SAS), dont il est actionnaire majoritaire, pour la gestion de son équipe fanions seniors de National 3.

La deuxième étape, c’est de retrouver le National, un championnat que l’Aviron Bayonnais a fréquenté pendant 6 ans (2004 à 2006 puis 2008 à 2012) avant, troisième étape, d’aller voir encore plus haut, comme le Pau FC, pensionnaire de Ligue 2 depuis 2020, le grand club des Pyrénées-Atlantiques. Le grand club… du Béarn. Béarnais, Basque, à chacun son histoire ! Et celle que Karim Fradin (51 ans) veut raconter sera forcément différente…

Interview

« Le potentiel de l’Aviron Bayonnais est énorme ! »

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

Karim, effectuons un retour en arrière : qui êtes-vous, d’où venez-vous et quel est votre parcours footballistique ?
Je suis né à Saint-Martin-d’Hères, près de Grenoble (Isère), mais avec ma famille, on est parti tôt à Paris donc j’ai grandi en région parisienne, dans le Val-de-Marne, où mes parents se sont installés. J’ai commencé le foot au Plessis-Trévise, puis j’ai joué à Sucy-en-Brie, à l’ASPTT Paris, puis à Alfortville, Saint-Maur. Vous savez, on bouge beaucoup quand on est en région parisienne ! Puis j’ai intégré un sports-études à Champigny-sur-Marne, puis un sports-études régional et enfin, à 16 ans, j’ai intégré le centre de formation de Valenciennes. Puis j’ai suivi mon directeur du centre, Roger Fleury, pour aller à Niort. Je ne vous cache pas que je ne savais pas où c’était ! Roger Fleury, c’est mon formateur, à qui je dois beaucoup. Il est passé par Caen, Châteauroux, Paris Matra, Niort et donc Valenciennes. Il a formé beaucoup de joueurs. J’ai joué en pro à Niort (de 1992 à 1998 en D2 puis de 2005 à 2007 en National et en Ligue 2), à l’OGC Nice (1998-99), à Stockport County (D2 anglaise, 1999-2003) et à Châteauroux (Ligue 2, 2005-07).

Dans nos échanges, il est souvent question de Niort, forcément, mais aussi de votre expérience anglaise, qui a vraiment été marquante…
Oui, après Nice, je suis parti à Stockport County, en championship (D2 anglaise), un club de la banlieue de Manchester. On était dur à jouer. On avait un petit terrain, on faisait régulièrement entre 10 et 15 000 spectateurs. J’ai toujours cette anecdote en tête : à l’époque, en Angleterre, on pouvait être à l’essai et jouer en championnat, vous vous rendez compte ! Je sais, ça paraît incroyable, et c’est ce qui s’est passé pour moi : pendant que j’étais à l’essai, j’ai disputé mon premier match à Blackburn Rovers, ce fut un grand moment ! Cette particularité n’existe plus aujourd’hui. Je suis resté 4 ans à Stockeport, et quand on a été relégué en League One (D3), je suis rentré en France à Châteauroux, en Ligue 2.

L’Angleterre, c’est le paradis du football ! Le football passion ! Dans notre championnat, on était 24 équipes, avec des clubs incroyables, Coventry, Manchester City, Bolton, Blackburn, Norwich, Nottingham Forest, Fulham, QPR, Crystal Palace, Sheffield United… Et nous on faisait partie des petits. Je ne savais pas ce qu’était un vrai centre d’entraînement avant d’arriver là-bas : la France n’était pas aussi développée au même moment. On avait 2 000 à 3 000 supporters qui nous suivaient en déplacement. En Angleterre, on vous demande d’abord quel club vous supportez avant de vous demander où vous habitez. Mon deuxième garçon est né à Manchester, où j’habitais. J’y ai appris l’anglais. Là-bas, ils sont unis par l’amour du maillot. Je m’y suis fait quelques amis pour la vie. C’est une ville qui m’a marqué : je suis arrivé après l’attentat de 1996, un traumatisme, et la ville s’était reconstruite. D’ailleurs, les Anglais ont une capacité incroyable à reconstruire très vite. J’ai passé des années formidables là-bas.

« Il va y avoir une augmentation de capital à la rentrée »

Photo ABFC

Comment avez-vous atterri à Bayonne ?
J’ai rencontré le président du club, Lausséni Sangaré. Il savait que je cherchais un nouveau projet. C’est vrai que, au départ, je n’avais pas pensé à un club de National 3. J’avais étudié des dossiers en National et en National 2. Mais j’ai aimé ma rencontre avec lui. J’ai aimé le personnage et sa passion pour son club : il a joué au club, il est arrivé jeune ici en provenance de la région parisienne et aujourd’hui il est Basque, ce que je ne suis pas encore, mais je vais essayer de me faire adopter (rires) ! Après, on travaille main dans la main. Mais le projet que nous avons mis en place, c’est celui de l’Aviron, ce n’est pas le mien ou le sien. Le projet, c’est : qu’est ce qu’on construit pour l’Aviron Bayonnais FC et qu’est ce qu’on va laisser si un jour on part ?

Comment avez-vous rencontré Lausséni Sangaré ?
Vous savez, le foot, c’est toujours l’histoire d’une rencontre. Avec Lausséni, on s’est rencontré via des amis communs. Je venais souvent au Pays Basque, un territoire que j’aime beaucoup. Maintenant que je suis là, je vais faire le chauvin : le Pays Basque, c’est un des plus beaux endroits de France et d’Europe même.

Lausséni Sangaré, le co-président de l’ABFC, est à la tête de l’association. Photo DR

Vous n’êtes plus immatriculé 79 (Deux-Sèvres) du coup ?
Ah non ! Je suis immatriculé 64 (Pyrénées-Atlantiques) ! Et je suis installé à Anglet, pas loin du stade Aguilera du Biarritz Olympique, mais ça il ne faut pas le dire ! On m’a juste dit qu’il ne fallait pas que j’aille habiter à Biarritz (rires). Plus sérieusement, avec Lausséni, on s’est rencontré courant 2022. Il voulait faire passer un palier à son club, englué en National 3 (depuis 7 ans) et qui a perdu beaucoup de joueurs.

Votre arrivée correspond aussi à un changement de statut juridique et donc, forcément, d’orientation…
Oui. En novembre 2022, on a changé les statuts et crée la SAS. On a deux deux entités, la SAS, que je préside, et l’association, avec Lausséni (Sangaré) en co-président. Il va y avoir une augmentation de capital à la rentrée, la société va être constitué d’actionnaires locaux, comme on l’avait dit, parce que c’est un projet territorial. On souhaite faire entrer des acteurs du territoire afin de devenir le premier club français professionnel du Pays Basque. C’est ça le projet. Je sais, c’est un sacré pari, mais c’est notre ambition. Le foot, c’est toujours des paris et de l’ambition. Maintenant, il faut atteindre nos objectifs.

« Sans ambition, sans projet, on ne construit rien »

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

Ne partez-vous pas de trop loin ?
Déjà, ce serait bien d’imiter nos prédécesseurs, ceux qui ont permis à l’Aviron Bayonnais FC de monter deux fois en National. Ce n’est pas rien. Donc on va déjà essayer de réécrire cette page, avec l’ambition de rester en National puis de devenir professionnel. Je dis toujours que, sans ambition, sans projet, on ne construit rien. Ce projet humain est passionnant : ça va prendre du temps, de l’argent sera injecté mais ce n’est pas uniquement une question d’argent. C’est aussi une question de développement, de volonté et de bonne volonté.

Pas trop compliqué, en terre de rugby, de se lancer dans un tel projet ?
Ici, c’est incroyable, il y a 1500 licenciés foot rien qu’à Bayonne, avec le club des Croisés. Nous, on est déjà pratiquement 800. Et dans le bassin, il y a la JAB (Biarritz), les Genêts d’Anglet, Saint-Jean-de-Luz, etc. Le territoire est vaste, riche. On dépasse le nombre de licenciés rugby.

« Je ne me serais pas engagé si je n’avais pas senti une adhésion »

Avec Cherif Djema, le nouveau recruteur. Photo ABFC.

Votre proche voisin, les Genêts d’Anglet, évolue dans votre poule de National 3 : peut-on envisager un rapprochement entre vos deux clubs pour toucher le professionnalisme ?
(Catégorique). Non. Ce n’est pas une bonne idée. Chacun doit garder son identité. Nous devons être des adversaires loyaux, disputer des derbys comme on le fait actuellement. On a voulu rapprocher les deux clubs de rugby, mais chacun a son histoire. Nous, on ne veut écraser personne. On veut juste devenir une locomotive. On veut être champion de notre poule cette année, forcément. On n’est pas sûr de réussir. Anglet, on le sait, aura son mot à dire aussi et a des ambitions : ils ont fini 2e la saison passée (les deux clubs ont chacun perdu lors de la journée inaugurale, samedi dernier, en N3).

Sentez-vous que votre projet a été accepté ici, à l’Aviron Bayonnais, auprès de tous les gens du club ?
Cela s’est fait par étape. On a pris le temps. Avec Lausséni (Sangaré), on a pris le temps d ‘expliquer les choses, de présenter le projet, qui a été validé. Les gens adhèrent. De toute façon, je ne me serais pas engagé si j’avais senti que ça allait être compliqué ou que les gens ne voulaient pas construire un vrai projet. Et au contraire, aujourd’hui, je suis conforté dans ma décision, car beaucoup de personnes ont envie d’accompagner ce projet. J’ai l’impression que chaque petite main participe à ce projet collectif.

« Avant de demander, il faut prouver »

Pas de rapprochement avec Anglet, d’accord, mais allez-vous vous inspirer du Pau FC, qui parvient à s’installer en Ligue 2 depuis 2020 ?
Le Pau FC peut être un exemple, un modèle, oui. Ils font un bon travail, ils ont bien avancé, ils se sont bien développés, ils ont un joli petit stade. Mais Pau, c’est le Béarn. Et Bayonne, c’est le Pays Basque.

Oui mais le Pays Basque, ce n’est pas que Bayonne…
Justement, c’est pour ça, on un bassin énorme. Vous savez que 19 % des abonnés à La Real Sociedad (le club de Saint-Sébastien, qui évolue en Liga espagnole, n’est qu’à 50 kilomètres) sont français ?! Il y a ou il y a eu beaucoup de clubs pros en Liga espagnole dans le pays basque (Osasuna Pampelune, Eibar, Athlétic Bilbao, Real Sociedad, Alavès…). D’ailleurs, on est partenaire de l’Athlétic Bilbao.

Sentez-vous les collectivités derrière vous ?
Oui, mais avant de demander, il faut prouver. Le projet de l’Aviron Bayonnais est récent. La première étape, la saison passée, c’était le maintien en National 3. L’étape 2 est de finir champion de N3 et après, on verra ! Je n’ai aucun doute sur l’aide des collectivités, elle arrivera ensuite. Mais nous ne sommes qu’en N3 et on a un grand frère bienveillant, l’Aviron Bayonnais rugby, qui est un modèle en matière de développement, de partenariat, surement le meilleur à suivre. Il n’y a pas besoin d’aller très loin pour le voir : le stade Jean-Dauger, rénové, joue quasiment à guichets fermés à tous les matchs. Mais bon, voilà, on est en N3, et on sait aussi que le nouveau N2, la saison prochaine, va être plus relevé avec le resserrement des championnats (passage de 4 à 3 poules). Ce sera un vrai grand championnat.

« A Clermont, on disait qu’il n’y avait pas la place pour le foot… »

Landry Bordagaray, l’entraîneur de l’équipe de N3. Photo DR

Le foot au pays de l’ovalie, vous y croyez ?
Le foot reste le foot. Avec toute sa force. Rien ne peut le battre. Même en terre de rugby. Parce qu’il est le sport le plus populaire dans le monde et même dans le territoire basque, où il y a de la place pour tout le monde. Bien sûr, ici, on aime le rugby, mais aussi le foot ! Le meilleur exemple, pour moi, c’est Clermont-Ferrand. J’ai vu des matchs au stade Gabriel-Montpied, ils faisaient une moyenne de 2500 spectateurs en Ligue 2. Le foot n’existait pas en Auvergne. Personne ne voulait aller voir un match à Gabriel Montpied. Là-bas, tout le monde disait qu’il n’y avait pas le place pour le foot à cause de l’ASM Rugby (Montferrand), le mastodonte.

Et puis Clermont Foot est monté en Ligue 1, avec Pascal Gastien comme coach et un investisseur suisse (Ahmet Schaefer), que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Aujourd’hui, on ne parle plus que du Clermont Foot, le stade fait 15 000 spectateurs de moyenne, et pourtant Montferrand est toujours en Top 14. C’est donc bien qu’il y a de la place pour deux.

Quels sont vos rapports avec le grand frère, l’Aviron Bayonnais Rugby ?
On commence à se voir. C’est le début de l’histoire, il faut construire les choses, il faut prouver aussi qu’on est capable de faire du bon travail. On demande de l’aide quand on prouve.

Sur un plan personnel, passer de la Ligue 2 au N3, ça ne vous fait pas peur ?
On me l’a beaucoup dit… Quand vous passez 35 ans dans le foot professionnel et que vous revenez dans le monde amateur… Mais j’ai aussi connu une année de National 2 avec Niort, à mes débuts de dirigeant (manager général), en 2009. Je me suis déjà mis derrière un bar dans l’espace VIP, j’ai vidé les meubles du centre de formation avec d’autres personnes, tout ça, ça ne me fait pas peur, tant que l’on est passionné et que l’on a envie de construire quelque chose, que les résultats commencent à se voir, sur le terrain et en dehors. Parce que je n’oublie pas que c’est une construction sur le terrain mais aussi en dehors, c’est une construction du club en général. Se professionnaliser, ce n’est pas uniquement gagner des matchs, même si, dans le foot, la première chose, celle que l’on vend, celle que l’on veut faire, c’est de gagner des matchs. Des gens ont été surpris que je m’investisse ici, c’est vrai, mais l’Aviron, ce n’est pas n’importe quel club. Son potentiel est énorme. C’est un nom, une marque, un territoire. Et ce n’est pas normal qu’il n’y ai jamais eu de clubs de Ligue 2 ici, au Pays Basque.

C’est aussi le bleu qui est plus clair que celui de Niort aussi…
Oui, le sang passe de bleu marine (Niort) à bleu ciel (Aviron), mais il reste bleu !

« Je ressens un dynamisme fou au Pays Basque »

Avant de vous intéresser à l’Aviron, vous sembliez parti pour vous investir à Vannes, en National 2, où vous n’êtes resté que 3 mois : pourquoi cela a-t-il capoté ?
Parallèlement à mon métier de dirigeant, je fais aussi du conseil. J’ai d’ailleurs déjà conseillé plusieurs clubs, notamment dans leur stratégie de recrutement, dont le club de Vannes, avec Maxime Ray, son président, qui avait envie de construire quelque chose de solide. On avait bien accroché, mais Maxime a quitté le club subitement suite à un désaccord avec la municipalité, c’est son choix. Tout naturellement, j’ai donc quitté le projet aussi. En fait, quand j’ai vendu mes parts en 2020 aux Chamois Niortais, où j’étais actionnaire majoritaire, je ne me voyais pas couper du foot. Je trouvais que Vannes avait un gros potentiel, ils ont un joli petit stade (La Rabine), en pleine ville, avec aussi du rugby !

Maintenant que vous êtes installé ici, comment trouvez-vous le Pays Basque ?
Je le trouve dynamique. Je ressens tout de suite ça. Ici, quand vous parlez avec des partenaires, quand vous vous promenez en ville, c’est d’un dynamisme fou. Je suis surfeur à mes heures, je peux vous dire que ce n’est pas la même ambiance dans les rouleaux que dans les vagues à l’île d’Oléron ! Ce n’est pas pareil du tout ! Simplement, ici, il faut quand même y aller sur la pointe des pieds et faire attention de ne pas prendre la vague de quelqu’un (rires), et c’est après que l’on se fait adopter !

« Niort qui descend en National, c’était inéluctable »

Et d’un point de vue économique, pensez-vous que le bassin soit suffisant pour, un jour, « supporter » un autre club professionnel ?

Ici, il y a beaucoup d’entreprises, notamment privées. On est sur un autre modèle économique qu’à Niort, qui est la capitale européenne des assurances. Les assurances, c’est très bien, ça a des avantages, mais aussi des inconvénients : car il n’y a pas pire que des assurances pour prendre des risques ! La Macif a été des a été un partenaires historiques des Chamois Niortais, il y avait une relation de confiance avec son président. Idem avec l’entreprise Poujoulat. Je ne crache pas dans la soupe, loin de moi cette idée là, et la Maif continuent d’accompagner les Chamois sur la formation, mais à Niort, il n’y avait que ça. Après, ce sont des mutualistes, ce sont des fonctionnaires de l’assurance, donc ce sont des gens manquent en général de dynamisme. Ici, le territoire est énorme, six fois plus grand qu’à Niort, où c’est tranquille. La tranquillité, parfois, c’est bien pour bosser, mais pour passer des paliers et développer des choses, il faut du dynamisme et des gens à l’écoute de ce que vous leur expliquez. Et ici, c’est ce que je ressens. Il y a du relief, l’océan, du caractère. On sent qu’il y a de la force. Celle de l’Atlantique et de la montagne.

On ne peut pas terminer cet entretien sans parler de Niort… Voir le club en National aujourd’hui, cela vous fait quoi ?
C’était inéluctable. Je ne suis pas content de ce qui s’est passé ces dernières années, notamment la saison passée. Les frères Hanouna (Eytan et Mikaël) n’ont pas été très intelligents dans leur communication, dans ce qu’ils ont fait, mais ça, ce n’est pas à moi d’y répondre. En tout cas, ce que je peux vous dire, c’est que ce n’est pas le projet qu’ils m’avaient vendu quand ils ont acquis mes parts, mais ça, c’est encore autre chose… Je pensais vraiment qu’Eytan allait faire passer un palier au club, notamment sur le plan des infrastructures.

« J’aurais aimé m’asseoir dans le nouveau stade de Niort »

Aux Chamois Niortais en 2017. Photo : Philippe Le Brech

Niort, c’est un regret ?
J’ai deux regrets. Je n’aurais pas dû prendre Mikaël Hanouna au poste de directeur sportif. Quand on a eu quelques avis de tempête au club, j’ai voulu maintenir les choses en resserrant les rangs, mais j’aurais dû faire différemment, et si c’était à refaire, je ne le referais pas, ou pas de la même manière. Je regrette aussi mon départ du club (en août 2020) : c’était une période compliqué, la Covid est arrivée quelques mois plus tôt, le club était barragiste quand le championnat de Ligue 2 s’est arrêté, et il a fallu se battre contre beaucoup de choses, contre beaucoup de gens. On a eu beaucoup de réunions du Conseil d’administration de la Ligue pour prendre des décisions, mais je ne pense pas que l’on ait pris les meilleures, surtout quand je vois que l’on a relégué les deux derniers, Le Mans et Orléans, en National. C’était des décisions injustes. J’y ai vu comme un signe. Il a fallu aussi se battre contre Boulogne, le barragiste de National, qui voulait jouer contre nous, il a fallu se battre contre Clermont, contre les barragistes de Ligue 1… A partir du moment où on ne peut pas jouer au foot, on ne peut pas jouer au foot ! On ne va pas ouvrir les stades juste pour des barrages, il faut être lucide. A partir du moment où on arrête les activités sportives, on les arrête, voilà.

C’était une saison compliquée, je me suis dit que c’était le moment de partir. Et puis je n’arrivais pas à faire passer un palier au club, notamment sur le plan des infrastructures. Pourtant, les dossiers avançaient, mais pas suffisamment à mon goût. Niort était le seul club de Ligue 2 sans qu’aucun investissement n’ait été réalisé dans son stade, c’est unique. Des choses ont pourtant été lancées mais tout ça, en fait, n’était qu’une Arlésienne. Là, je viens d’arriver à Bayonne : bon, déjà, au stade Didier Deschamps, il n’y a pas de piste autour. Ok, c’est du National 3 et pas de la Ligue 2, mais on sent qu’on peut faire quelque chose. C’est pour ça, quand je vends mes parts aux frères Hanouna et que derrière, la première chose qu’Eytan dit, c’est que le stade n’est pas important…. Fermez la parenthèse. Mon immense bonheur aurait été de m’asseoir dans le nouveau stade de Niort, quelque soit son nom, et d’aller y voir un match professionnel.

Photo Yvon CHARONDIERE / LFNA

En 2020, la décision de prendre l’entraîneur Sébastien Desabre pour Niort, c’est vous ?
Oui. Je le rencontre une première fois à Marseille, à une période où mon coeur balance entre l’arrêt et continuer aux Chamois, malgré tout. J’aime le club foncièrement, et si je pars, je veux le laisser dans de meilleurs dispositions possibles, avec un entraîneur compétent. Je le rencontre une deuxième fois, à Niort. Sébastien, il a fait du bon travail aux Chamois (deux maintiens d’affilée). Je recrute aussi Pape Ibnou Ba en attaque cette saison-là, et avec lui, on ne se trompe pas sur l’avant-centre (14 buts). Cela n’a pas été le cas l’an passé… En fait, à mon départ, tout avait été mis en place, j’ai laissé les clés d’un club en bon état, sportivement et financièrement, sans problème particulier, sans cadavre dans les placards.

Tout à l’heure, vous avez évoqué l’exemple du Clermont foot, qui est entraîné par Pascal Gastien, un homme qui, comme vous, est resté très longtemps à Niort, où il a marqué le club : où en sont vos rapports avec lui ?
Pascal Gastien est parti fâché, ce que je peux comprendre car j’avais décidé de ne pas le conserver à Niort lorsqu’il est arrivé en fin de contrat en 2014, alors qu’on venait de finir 5e avec lui. Quand je deviens manager général en 2009, le club est tombé en CFA (National 2), et c’est moi qui le nomme entraîneur, alors que personne n’en voulait. Il a tendance à l’oublier. C’est Franck Azzopardi, un autre historique du club (16 saisons, 438 matchs, puis adjoint de Gastien), qui me conseille de le prendre. Pascal a fait un super travail, il a fait deux montées en trois ans. Le club s’est relancé, mais en 2014, on doit monter en Ligue 1… Ce n’est pas possible… On a eu une des équipes les plus fortes de l’histoire du club. Je suis le premier à le dire : je suis admiratif du travail qu’il fait. C’est quelqu’un que j’apprécie, même si on n’ira peut-être pas boire un café ensemble, parce qu’il a pris le fait que je ne le conserve pas comme une trahison. Je sais ce qu’il nous a apportés. Sans lui, on ne serait pas remonté. Mais le foot est un travail collectif. Or Pascal a tendance à parfois tendance à tirer un peu la couverture à lui.

Karim Fradin, du tac au tac

Meilleur souvenir sportif ?

Sous le maillot de Stockport en 2001 – Photo Andrew Cowie

Il y en a plusieurs ! La finale de la Coupe de France avec Châteauroux (défaite face au PSG en 2004), la montée en Ligue 2 avec les Chamois Niortais (2006) et aussi le derby avec Manchester City, quand je jouais en Angleterre, en Championship (l’équivalent de la Ligue 2), on avait fait 2-2 à Maine Road, leur ancien stade.

Meilleur souvenir de dirigeant ?
La remontée aussi avec les Chamois Niortais, c’était sur le terrain du Gazelec Ajaccio, en 2012. J’avais dû rester là-bas avec le président de l’association, Jean-Louis Mornet, parce que Paul Delecroix, notre gardien, s’était blessé à l’épaule. Je n’avais pas dormi de la nuit !

Pire souvenir de joueur ?
Ma saison à Nice. Je sortais d’une belle saison à Niort et j’arrivais avec plein d’ambition, dans un bon club de Ligue 2, historique, mais je me blesse au genou dès la 2e journée à Sedan, puis en revenant j’ai eu une pubalgie, j’ai subi une nouvelle opération, et finalement, je n’ai pas bougé joué. J’ai passé plus de temps dans les hôpitaux. La saison était compliquée aussi en interne : on avait un nouveau président et un nouvel entraîneur chaque trimestre (rires) ! Mais j’ai beaucoup aimé la ville. Mon premier fils y est d’ailleurs né.

Photo DR

Pire souvenir de dirigeant ?
C’est de partir des Chamois Niortais, parce que les choses, notamment au niveau des installations, des infrastructures, n’avançaient pas. J’en ai eu marre.

Combien de buts marqués ?
Ce n’est pas la question qu’il faut me poser (rires) ! J’ai quand même eu une saison en Championship où j’avais mis 7 ou 8 buts, ça a été ma saison la plus prolifique, sinon, je mettais mon but chaque saison.

Le plus beau but ?
A Preston, en Cup, un missile de 20m en pleine lucarne.

Pourquoi, petit, avez-vous choisi de faire du foot ?
Je jouais dans mon quartier, dans la rue, à l’école, dans une station de RER aussi avec une balle de tennis dans le métro, et j’y ai pris goût ! J’avais mis des posters dans ma jambe, celui du Maroc de 1986 en Coupe du Monde, qui avait battu le Portugal (3-1), celui de l’équipe de France aussi, et celui du PSG.

Geste technique préféré ?

Aux Chamois Niortais en 2014. Photo : Philippe Le Brech

Le tacle. J’étais un milieu plutôt rugueux, bon au combat, un joueur à l’ancienne ! C’est pour ça qu’en Angleterre, en Championship, je me suis régalé. Bon, il fallait défendre et attaquer aussi, donc beaucoup courir ! C’est un peu surprenant au début, mais j’avais du volume de jeu donc ça allait. En fait, j’étais assez dur, je n’étais pas un grand technicien.

Vos qualités et défauts dans la vie de tous les jours ?
Je dis toujours qu’on est dans la vie ce que l’on est sur le terrain. Généreux, trop parfois. Loyal. Je pouvais aussi me laisser aller. J’étais parfois un peu trop tranquille, comme dans la vie d’ailleurs… C’est pour ça, rien n’est jamais fini, il faut être stimulé en permanence, ne pas se relâcher. J’aime le partage, je suis assez ouvert. Je dirais quand même généreux : c’est ce qui me caractérise le plus et c’est ce que disent mes amis et ma famille. C’est aussi la signification de mon prénom en arabe, « Karim ». « Le sport m’a sauvé la vie » m’a dit ma mère, car j’étais un enfant hyper actif. Il m’a canalisé. Mais la générosité, ça peut aussi être un défaut. J’ai un management assez humain, ça aussi, ça peut être un défaut, mais la bienveillance, l’humain, resteront toujours ma caractéristique dans mon management.

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

Le club où vous auriez rêvé de jouer dans vos rêves les plus fous ?
Le PSG. Un club londonien aussi, Tottenham : j’ai eu la chance de jouer à White Hart Lane, l’ancien stade de Tottenham…Il aurait fallu que je sois un meilleur joueur pour évoluer en Premier League. Mais bon, la championship était déjà un championnat extraordinaire.

Un coéquipier marquant, un ami ?
Laurent Djaffo, avec qui j’ai joué à Niort et en Angleterre. Il est agent de joueurs maintenant. D’ailleurs, on a travaillé ensemble aux Chamois Niortais pour le transfert de quelques joueurs. Armindo Ferreira aussi, avec qui j’ai joué à Châteauroux, et que j’avais vu éclore à Niort.

Un coéquipier dans le jeu ?
J’ai aimé jouer avec Lionel Prat à Nice, un attaquant formidable, très moderne, qui aurait dû faire une meilleure carrière je pense. J’ai joué aimé jouer avec un milieu offensif virevoltant, gaucher, un très bon joueur, Kevin Cooper, à Stockport. Il a joué ensuite à Cardiff et à Wimbledon notamment.

Un joueur marquant dans votre carrière de dirigeant ?
Quand on est dirigeant, on essaie de raconter une histoire. Celle de Dylan Bronn me plaît bien. C’est un garçon que l’on va chercher en DH (R1) à Cannes et vous l’emmenez jusqu’en Coupe du Monde avec la Tunisie (il évolue aujourd’hui à la Salernitana, dans le Calcio). Vous l’avez aidé, accompagné, mais c’est lui le premier responsable de sa réussite. Kevin Malcuit aussi, pareil, il n’est même pas titulaire à Fréjus en National et il a failli être international quelques années plus tard. Je pourrais aussi parler de Nicolas Pallois ou d’autres. Accompagner ces garçons-là, c’est aussi ça le foot !

Un président marquant ?
En Angleterre, Brendan Elwood, un millionnaire irlandais. J’aime le détachement des présidents là-bas : ils investissent et laissent les gens travailler.

Un modèle de président ?
Jean-Michel Aulas à ses débuts, il était précurseur à Lyon, et plus récemment Laurent Nicollin (Montpellier), l’antithèse du fils à papa : il est toujours dans la bienveillance. J’aime bien Loïc Féry (Lorient), un président pragmatique.

Un coach marquant ?

A gauche, lors du derby azuréen à Cannes, en D2, sous le maillot de l’OGC Nice (saison 1998-99)

Il y en a beaucoup ! Tous apportent quelque chose. On s’enrichit de tout et de tout le monde. J’ai eu beaucoup d’affinités avec Victor Zvunka, que j’ai connu jeune, quand j’étais au centre de formation à Valenciennes, et que j’ai retrouvé à Nice. Philippe Hinshberger aussi : j’étais son capitaine quand on a été champion de National à Niort. Je pourrais citer aussi Robert Buigues, Albert Rust. Mon entraîneur à Stockport aussi, Andy Kilner : c’est lui qui m’a mis dans l’équipe alors que j’étais à l’essai un mois avant de signer pour 4 ans ! J’ai aussi croisé brièvement Christian Damiano à Nice et quelques mois ont suffi pour que je comprenne que c’était un bon. Mais si je dois en sortir un, c’est Victor (Zvunka) : avec lui, c’est tout ou rien. Bon, avec moi, ça a été « tout » (rires) ! Je me retrouvais dans son discours de loyauté. Avec Victor, il ne fallait rien lâcher.

Un entraîneur à oublier ?
Non, aucun. Vous savez, quand ça marche moins bien pour vous, il faut le dire aussi, ce n’est pas forcément la faute de l’entraîneur. L’année ou je signe à Nice, j’avais aussi la possibilité d’aller à Troyes ou à Lorient, et en fin de saison, ce sont Troyes et Lorient qui sont montés ! Donc à un moment, on est aussi responsable de ses choix ! Je n’ai pas fait que des bonnes saisons !

Une négociation difficile de dirigeant ?
Certaines prolongations de contrat avec des garçons que l’on souhaitait conserver. Je suis très attaché aux joueurs, que cela soit à Niort ou à Bayonne. J’ai perdu des garçons comme Paul Delecroix, que j’aurais aimé garder, Mouhamadou Diaw aussi, le joueur emblématique de ma période niortaise : je l’avais recruté en CFA à La Vitréenne sur les conseils de Victor Zvunka. J’ai aussi eu des transferts pas faciles, d’autres formidables comme celui de Junior Samba avec Laurent Nicollin (Samba évolue aujourd’hui à la Salernitana dans le Calcio), qui a respecté notre travail. Parce que les clubs de Ligue 2 travaillent autant que les autres et forment aussi des joueurs pour la Ligue 1. J’aurais aimé transférer Valentin Jacob à Guingamp mais ca ne s’est pas fait. On aurait fait un joli transfert.

Vous étiez un joueur plutôt…
Généreux, impulsif, ambitieux. Je connaissais mes limites et j’en ai fait une force : je savais ce qu’il fallait que je fasse et ce qu’il fallait que ne je fasse pas, par exemple, j’ai vite compris que les transversales, ce n’était pas pour moi (rires).

Combien d’amis dans le foot ?
2 ou 3.

Vous êtes un dirigeant plutôt…
Bienveillant et ambitieux. Construire un projet, c’est collectif. J’ai rencontré beaucoup de personnes, à Niort ou ici, à Bayonne, avec qui on a construit des choses. Avec qui on va construire des choses.

Le foot, en deux mots ?
Passionnel, dans tous les sens du terme. Le foot, c est comme l’amour : ça se passe bien et parfois moins bien… Il y a des victoires, des défaites, et parfois on perd la tête, ça rend les gens un peu fous ! Parfois on se fait du mal physiquement et mentalement. Le foot, ce n’est pas un travail, c’est un plaisir, une passion, où vous ne comptez pas vos heures.

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech, @13heuresfoot, ABFC (sauf mentions spéciales)

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Après plus de 150 matchs disputés au cours sa carrière du National 3 au National, le gardien Guadeloupéen (33 ans) a quitté Avranches cet été pour signer son premier contrat professionnel à La Berrichonne de Châteauroux, en National. Portrait.

Photo La Berrichonne de Châteauroux

Depuis cet été, Brice Cognard, 33 ans, est la doublure de Hillel Konaté dans les buts de Châteauroux. Après avoir évolué dans de nombreux clubs franciliens (Sarcelles, Entente Sannois Saint-Gratien, Racing CF, Saint-Brice, Saint-Ouen-l’Aumône, Poissy), il avait découvert le National à l’âge de 30 ans en signant à Avranches en 2020. Une carrière atypique, menée avec patience où il pu disputer des matchs internationaux avec l’équipe de France universitaire et la sélection de Guadeloupe.

Après avoir souvent travaillé en parallèle du foot, son arrivée à Châteauroux lui a permis de signer le premier contrat pro de sa carrière. « Au vu de mon parcours c’est clairement une victoire », explique le gardien qui est revenu longuement sur son parcours pour 13HeuresFoot.

Bernard Lama comme source d’inspiration

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

« J’ai commencé le foot à l’âge de 6 ans après l’Euro 1996. La séance de tirs aux buts en quart de finale lors du match France – Pays Bas a été un élément déclencheur. Je me souviens que Bernard Lama, une de mes idoles au poste, a qualifié la France pour les demi-finales. »

De l’âge de 6 à 12 ans, Brice fait ses gammes au Saint Brice FC, dans le département du 95. Il intègre très vite la sélection du Val d’Oise et vadrouille entre les différents clubs du département. Après avoir joué à l’AS Sarcelles puis à l’Entente Sannois Saint-Gratien, il rejoint le Racing CF à Colombes. De 2006 à 2010, il gravit les catégories jusqu’à intégrer le groupe CFA (N2).

Malheureusement la rétrogradation financière en CFA (N2) du mythique club francilien le pousse vers la sortie. « J’avais 20 ans, j’ai décidé de retourner aux sources au Saint Brice FC en seniors PH (District), on a réussi à effectuer deux montées consécutives jusqu’en DSR (R2). Cela m’a endurci et m’a permis de reculer pour mieux sauter. »

Une médaille d’argent aux Universiades de 2017

A Concarneau (2020-21), sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

En 2014, Brice s’engage à Poissy en CFA 2 (N3) où il est numéro 2. Le club parvient à monter en CFA (N2) et le portier s’en va chercher du temps de jeu à l’AS Saint-Ouen l’Aumône en CFA (N3).
A 25 ans, il est titulaire pour la première fois à ce niveau. En parallèle, il poursuit ses études, avant d’être sélectionné en équipe de France universitaire. « Après ma licence STAPS obtenue en 2015 à Nanterre, j’ai voulu rester universitaire et poursuivre en LLCE anglais pour parfaire la langue. J’ai donc rejoint la fac de Paris 13 Epinay Villetaneuse. J’ai disputé le championnat de France universitaire en 2017. Nous avons fini champion de France avec Bruno Naidon qui était également le coach de la sélection nationale. J’avais déjà été appelé en équipe de France universitaire mais malheureusement je m’étais arrêté aux portes des Universiades 2015 en Corée. Grâce à mes belles prestations en club et avec l’équipe universitaire, j’ai pu intégrer la précieuse liste pour Taipei 2017. »

Organisées tous les deux ans, les Universiades sont une compétition internationale universitaire multisports organisée par la Fédération Internationale du Sport Universitaire (FISU). De nombreux médaillés Olympiques sont passés par cette compétition étant plus jeunes. Avec Brice Cognard dans les cages, l’équipe de France universitaire fait un parcours remarquable et décroche la médaille d’argent à Taipei en 2017.

Un gros challenge sportif à Avranches en National

Avec Anthony Beuve à Avranches. Photo Philippe Le Brech

En octobre 2017, le francilien revient à l’AS Poissy mais cette fois pour être titulaire en National 2. Trois maintiens consécutifs et trois années pleines et consistantes (73 matchs) lui permettent de s’exporter hors de son Ile-de-France natale.
En 2020, Brice se retrouve en Normandie à l’US Avranches en National. « J’ai décidé de sortir de ma zone de confort et relever un gros challenge sportif où je dois pallier l’absence du gardien emblématique du club, Anthony Beuve. »

A relire (article d’octobre 2022 sur Anthony Beuve) : https://13heuresfoot.fr/actualites/anthony-beuve-lautre-monument-davranches/

Il dispute 27 matchs la première saison (43 matchs au total) et contribue au maintien d’Avranches en National. Lorsqu’il n’évolue pas avec l’équipe première, il joue également avec la réserve du club normand en National 3.

« A la Gold Cup 2023, on était à 10 minutes d’un bonheur immense »

Avec la Guadeloupe.

D’origine Guadeloupéenne par sa mère, ses performances lui permettent d’être appelé en sélection en 2022. « Mes performances ont fait écho à certains responsables de la sélection, notamment Franck Sylvestre. J’ai été très heureux d’être convoqué ».

Après des qualifications réussies, la sélection guadeloupéenne dispute la Gold Cup 2023 où elle éliminée aux portes des quarts de finale. « Nous avons passé les phases de poule, on peut relever des choses extrêmement positives. Mais tout s’est écroulé contre le Guatemala (2-3). Nous étions à 10 minutes d’un bonheur immense. C’est frustrant de passer aussi près du but. »

« Au vu de mon parcours, signer pro, c’est clairement une victoire »

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

A son retour, Brice se rend à la Berrichonne de Châteauroux afin d’y parapher son premier contrat professionnel. « J’étais joueur fédéral avant, le football était mon métier mais pas forcément à temps plein, j’ai toujours travaillé ou entraîné à côté. J’ai eu un job étudiant à Norauto, j’ai été assistant d’éducation, éducateur sportif, animateur en centre de loisirs et responsable de la section sportive pendant des années à Saint-Brice, Poissy et Avranches. J’ai toujours été actif en parallèle du football. Je ne tiens pas forcément en place et financièrement, il fallait joindre les deux bouts. »

Ce contrat décroché à 33 ans vient ponctuer une carrière bien remplie. « C’est un aboutissement, ce n’est pas encore une consécration, ce n’est que le commencement d’une nouvelle épreuve. Au vu de mon parcours, c’est clairement une victoire. C’était un humble rêve d’enfant, secret, mais assumé. J’ai travaillé depuis mes 6 ans pour atteindre cet objectif. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas. J’ai un parcours assez atypique et quand je regarde en arrière, je me rends compte du chemin parcouru et c’est assez beau à voir comme paysage. »

« Même à 33 ans j’ai une réelle marge de progression et une ambition immense »

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Endossant son rôle de doublure à La Berrichonne avec humilité et patience, Brice découvre petit à petit le monde du football professionnel. « C’est l’exigence. Rien n’est laissé au hasard. Tout est soigneusement préparé. C’est une mécanique complexe très précise. Nous sommes privilégiés, nos affaires sont toujours lavées pour le lendemain, il y a un corps médical aux petits soins, une « cryo », une salle de sport. Tout est réuni pour travailler dans les meilleures conditions. Discipline et rigueur sont les maîtres mots, ce qui n’est pas toujours le cas dans le monde amateur. »

Avec l’envie de redorer le blason de ce club emblématique, Brice se tient prêt et envisage son avenir encore dans le football. « Je veux faire une grande saison, nouer de vrais liens avec l’équipe et ses supporters. Personnellement, je veux jouer le plus de matchs possibles lorsqu’on fera appel à moi. Je veux être heureux, en bonne santé et performant. Comme j’ai éclos tard, j’aimerais jouer le plus longtemps possible tant que mon corps me le permet car j’ai énormément à donner. Même à 33 ans, j’ai une réelle marge de progression et une ambition immense. J’aimerais finir en ayant tout donné avec ce sentiment de satisfaction. Si je dois déposer les armes, ce sera sur le terrain. »

Brice Cognard du Tac au Tac

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
Les demi-finales des Universiades (2017) contre l’Uruguay, j’arrête le penalty qui nous propulse en finale.

Pire souvenir sportif ?
La défaite en finale des Universiades (2017) face au Japon (0-1), l’arbitrage était un peu douteux.

Combien de clean sheets ?
En seniors, je dirais plus d’une centaine.

Plus belle boulette ?
Avec l’US Saint-Denis, il y a un ballon en chandelle dans la profondeur sur un terrain sec. Le rebond est trop haut et une rafale de vent passe par là, la trajectoire s’accélère et je me fais lober.

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Plus bel arrêt ?
C’était lors de la saison 2020-2021 à l’US Avranches. On gagne 1-0 contre Sporting Club de Bastia à Furiani. J’arrête un penalty à la 85e minute de jeu après beaucoup d’arrêts, j’étais en état de grâce ce jour-là.

Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
C’est venu à moi comme une évidence. Je voulais également faire comme mon grand-père qui a joué au Red Star et pour qui j’ai toujours voué une grande admiration, et bien sûr faire comme Bernard Lama, il était à part, hors normes.

Votre geste technique préféré ?
Au pied : la transversale, le jeu long. A la main : une prise de balle aérienne ou une claquette main opposée.

Qualités et défauts sur un terrain selon vous ?
Mes qualités sont la communication, l’anticipation, la lecture du jeu, le jeu au pied, le domaine aérien et les frappes à bout portant. Mes défauts sont l’excès de communication parfois ce qui peut me faire perdre de l’influx nerveux de l’énergie et de la concentration. Il faut savoir être égoïste pour être le plus décisif possible. Il faut que je sois plus succinct, concis et précis.

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Le club ou l’équipe où vous avez pris le plus de plaisir ?
En premier, l’équipe de France universitaire, une équipe et des hommes incroyables. Ensuite, la saison 2016-2017 à l’AS Saint-Ouen l’Aumône, l’année de la montée en N2 (refusée par la DNCG). On avait un groupe exceptionnel, on se sentait invincible.

Le club où vous rêveriez de jouer dans vos rêves les plus fous ?
Arsenal.

Un match marquant ?
France-Brésil en quarts de finale de la Coupe du Monde 2006.

Un coéquipier qui vous a marqué ?
Azzedine Ounahi, actuellement à l’OM et passé par Avranches entre 2020 et 2021.

Avec Saint-Ouen l’Aumône en 2015-2016.

Le joueur adverse qui vous a le plus impressionné ?
Gaël Kakuta (RC Lens) et Mamadou Sakho (PSG) que j’ai affrontés chez les jeunes avec le Racing.

Un coéquipier avec qui vous aimeriez rejouer ?
Je dirais Jonathan Djidonou (actuellement au SO Romorantin, N2) et Maxime Louchart (actuellement Iris Club de Croix, N3).

Un coach que vous aimeriez revoir ?
Ali Tabti (Racing), José Da Silva (Racing), Bruno Naidon (Equipe de France Universitaire) et Emmanuel Tregoat (Saint-Ouen l’Aumône).

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Une causerie de coach marquante ?
La causerie pour le match de la montée en N2 avec Saint-Ouen l’Aumône. « Manu » Tregoat nous a fait un montage vidéo avec nos familles, c’est toujours fatal au niveau émotion quand il s’agit de nos proches. Nous avons gagné 4-0 contre la réserve d’Amiens.

Une anecdote de vestiaire ?
Ce qui est au vestiaire reste au vestiaire.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Habib Beye, actuel coach du Red Star.

Une devise, un dicton ? Sans maîtrise, la puissance n’est rien, sans sagesse la force n’est rien, sans recul avancer ne sert à rien.

Terminez la phrase. Vous êtes un gardien plutôt…
Complet.

Un modèle de joueur ?
Thierry Henry, Bernard Lama.

Une idole de jeunesse ?
Michael Jordan (basket), Denzel Washington (cinéma) et Thierry Henry (football).

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Un plat, une boisson ?
Dombré crevettes (plat martiniquais), Rhum vieux.

Vos loisirs ?
Cinéma, sport, course à pied, voyage, dessin, jeux vidéos

Un film culte ?
The Great Debaters, Les évadés, La ligne verte.

Dernier match vu ?
Arsenal – Manchester City (Community Shield finale, 06/08/2023)

La Berrichonne de Châteauroux en deux mots ?
Histoire, authentique.

Le milieu du foot en deux mots ?
Intransigeant, impitoyable.

Texte : Olesya Arsenieva

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Bech (sauf mentions spéciales)

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Surnommé « Griezmann » lorsqu’il jouait en 1ère division en Guinée, Pascal a dû surmonter beaucoup de difficultés depuis son arrivée en France en 2016. Mais il s’est accroché. Il a été l’un des acteurs des exploits successifs de Linas-Montlhéry (N3) en Coupe de France. Une deuxième famille qu’il vient de quitter pour Thonon Evian Grand Genève (N2) qui débute le championnat ce samedi face à Cannes.

Photo Thonon Evian Grand Genève

De l’Essonne à la Haute-Savoie, Pascal Leno (26 ans) vient d’effectuer le grand saut. Après 4 ans à Linas-Montlhéry (N3), l’attaquant arrivé en France en 2016 en provenance de Guinée a signé un contrat fédéral de 2 ans avec Thonon Evian Grand Genève (National 2) pour continuer à poursuivre son rêve : signer un contrat pro un jour.

Son histoire est celle de beaucoup d’Africains venus tenter leur chance en France. Des mauvaises rencontres, des galères à tous les niveaux, mais une détermination sans faille qui l’a poussé à ne jamais abandonner.
Linas-Montlhéry l’a aidé a améliorer son quotidien en dehors du terrain et les exploits successifs en Coupe de France l’ont aidé à se faire connaître. Pour 13HeuresFoot, il a déroulé longuement son parcours un peu cabossé.

En Guinée, il était surnommé Griezmann

Son histoire a débuté à Kissidougou, au sud de la Guinée. Pascal Leno était surnommé « Griezmann » lorsqu’il s’est révélé à 17 ans en 1re division avec le Soumba FC de Dubréka, un club situé à une soixantaine de kilomètres de la capitale Conakry. « Un supporter m’a donné ce surnom, car j’étais généreux dans l’effort et efficace devant le but, sourit-il. Les supporteurs ont continué à m’appeler comme ça et ça m’est resté. Ils trouvaient qu’on avait des ressemblances dans le jeu. J’aime bien Griezmann mais quand il a joué au Barça, qui est mon équipe préférée, je préférais Messi. »

En 2016, à 19 ans, il décide de tenter sa chance en France. « C’était exactement le 21 mai 2016 », se souvient-il. Son arrivée dans l’Hexagone avait débuté par un rendez-vous manqué. Son président à Soumba, devenu son tuteur et agent, lui avait obtenu un essai au Havre (Ligue 2). Mais il était arrivé en retard par rapport à la date prévue. « Le Havre ne m’a pas gardé, regrette-t-il. Comme j’ai de la famille dans le coin, je me suis retrouvé dans l’Essonne et j’ai signé dans un petit club, Arpajon. »

Sept ans loin de la Guinée

L’équipe évoluait en 1re division de district, l’équivalent de la… 10e division. Grâce à ses prestations et son efficacité devant le but (une trentaine de réalisations), il réussit à effectuer un essai à Sénart-Moissy (N3) qui s’avère concluant. Ses huit buts en 2017-2018 ne permettent pas d’éviter la descente du club seine-et-marnais en R1. « A ce niveau, c’était difficile de se faire remarquer, surtout quand on ne connaît pas grand monde comme moi », reconnaît-il.

A cette époque, son quotidien est compliqué, administrativement et financièrement. « En arrivant en France, je pensais que ce serait plus facile. Je ne m’imaginais que ce serait aussi compliqué et que j’aurais autant d’épreuves à surmonter. Mais tout ça m’a rendu plus combatif. Malgré tout, je ne regrette pas d’être venu. Celui qui ne connaît pas mon histoire ne peut pas comprendre combien j’ai galéré… A ma place, beaucoup auraient lâché. Mais je n’ai jamais abandonné et je ne me suis jamais découragé. Je n’ai pas le choix. Je dois tout donner pour ma famille, et me battre tous les jours pour l’aider. Je suis l’aîné, il faut que je montre l’exemple. »

Sa situation ne lui pas permis de rentrer chez lui en Guinée pendant de longues années. Il n’a pu retrouver les siens en revenant en Guinée qu’il y a seulement quelques semaines, sept ans après son arrivée en France…

Une nouvelle famille à Linas-Montlhéry…

Sa signature à Linas-Montlhéry en 2019 lui avait permis de trouver « une nouvelle famille ». « Je me suis rapidement épanoui ici car c’est un club familial. Ils ont toujours été là pour moi, c’était réconfortant car j’étais assez timide. Je ne parlais pas beaucoup et n’avais pas beaucoup amis en dehors du foot.»

Le club lui avait trouvé un petit appartement. Ses journées débutaient dès 5h30 du matin. « Je faisais des livraisons, j’essayais de me débrouiller », explique Leno qui s’est fait un nom sous le maillot de Linas-Montlhéry où il s’est imposé au point de porter le brassard de capitaine. Il a séduit tout le monde par son humilité, sa gentillesse et son sens du collectif et du travail.

Si la montée en National 3 en 2020 (après l’arrêt des championnats pour le Covid) lui a permis de découvrir le niveau supérieur, c’est bien grâce à la Coupe de France qu’il s’est révélé.

… et des exploits en Coupe de France

Le club Essonnien a en effet réalisé trois épopées sur les quatre dernières saisons avec un 32e de finale en 2020 et 2023, et un 16e de finale en 2022 ! Une régularité exceptionnelle pour un club de ce niveau.
Le 5 janvier 2020, Linas-Montlhéry, alors en Régional 1, qui avait éliminé deux clubs de N3 (La Flèche, Evreux), avait affronté le PSG en 32e de finale devant 15 000 spectateurs au stade de Bondoufle. Un souvenir inoubliable malgré la défaite 6-0.

Ses plus beaux exploits, le club entrainé par Stéphane Cabrelli les a réussi lors de l’édition 2021-2022 avec les éliminations de Dunkerque (Ligue 2, 1-0) au 7e tour puis Angers (Ligue 1, 2-0) en 32e de finale. Contre Angers, Pascal Leno a été décisif en inscrivant les deux buts du match. « Je me les suis souvent repassé mes deux buts, sourit-il. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir battre une équipe de Ligue 1. »

Vidéo / son doublé face à Angers :

Son doublé a fait le tour de la Guinée. « J’avais reçu beaucoup de messages du pays, notamment de ma famille. C’était une fierté pour eux de me voir à la télé. » L’aventure s’était arrêtée en 16e de finale face à Amiens (Ligue 2) après un scénario incroyable. Mené 0-3, Linas-Montlhéry avait arraché une séance de tirs au but en revenant à 3-3. Mais le club du 91 s’était incliné 7-6 lors des penaltys.

« C’est magnifique ce qu’on a fait ! »

La saison dernière, Linas-Montlhéry a éliminé (2-1) le Paris 13 Atletico (National). Pascal Leno avait ouvert le score. En 32e de finale, ses coéquipiers et lui s’étaient offerts une nouvelle belle fête face à Lens (Ligue 1) devant 10 000 personnes à Bondoufle. Malgré une belle prestation, ils ont encaisssé deux buts en fin de match signés Seko Fofana (72e) et Florian Sotoca (77e). « On aurait préféré jouer chez nous dans notre stade habituel comme contre Dunkerque, Angers ou Amiens, regrette Pascal Leno. Ce match contre Lens reste un mauvais souvenir car il y a eu la grave blessure de Tom Bouvil. Sur nos trois aventures en Coupe, c’est la deuxième qui restera comme mon meilleur souvenir avec mon doublé contre Angers. Mais c’est magnifique ce qu’on a fait. On a fait connaître le club de Linas-Montlhéry à toute la France. Collectivement, on a construit aussi quelque chose de beau. On s’est toujours donné à fond. »

Thonon Evian Grand Genève pour viser plus haut

En juin dernier, la saison s’était achevée sur une grosse déception pour Pascal Leno, auteur de 13 buts. Avant-dernier en janvier au moment d’affronter Lens, Linas-Montlhéry avait effectué une belle remontée et avait joué la montée en N2 jusqu’au bout. « A la fin, nous et Aubervilliers, on a perdu plein de points. C’était bizarre, on avait l’impression que personne ne voulait monter. Mais aujourd’hui, ce sont eux qui sont en National 2. J’ai été vraiment déçu et touché de ne pas monter. Cela aurait été magnifique. Mais on n’a pas fait ce qu’il fallait. »

L’avant-centre, qui avait arrêté de travailler en dehors du foot depuis l’année dernière, avait repris l’entrainement avec Linas-Montlhéry et devait repartir pour une 5e saison. Mais il a finalement signé la semaine dernière un contrat fédéral de deux ans à Thonon Evian Grand Genève FC, en National 2. Longtemps sans agent, il est désormais représenté par l’agence Golazo. « Après les matchs de Coupe de France, j’avais eu quelques échos que des clubs me suivaient mais sans rien de vraiment concret au final, regrette-t-il. J’avais pourtant l’impression d’avoir tout fait pour me faire remarquer. Mais le monde du foot est parfois bizarre… ».

A Linas-Montlhéry, certains n’ont pas apprécié son départ. « J’espère qu’ils vont me comprendre. Ça ne changera rien à ce que je pense d’eux. Ils ont fait tellement pour moi… Je ne pourrai jamais l’oublier. Je remercie du fond du cœur le président Mickaël Bertansetti, je lui en serai toujours reconnaissant. Dans la vie, c’est l’homme qui fait homme. Personne ne peut réussir sans l’aide de quelqu’un. J’ai eu la chance de le trouver sur mon chemin. Mais le moment était arrivé pour moi de titiller le niveau supérieur et de tenter un nouveau défi. Je commence à prendre en âge. A 26 ans, c’est un peu ma dernière chance. Je vais découvrir une autre région aussi après 7 ans en Ile-de-France. C’est aussi un challenge. Le coach Bryan Bergougnoux attend de moi que je marque des buts. Thonon Evian Grand Genève est un club ambitieux. J’espère monter avec eux. »

Quand il se retourne sur son parcours, Pascal Leno se dit « fier ». « Mon chemin n’a pas été facile. Même ma famille n’a jamais su les galères que j’ai connues. Mais elle m’a toujours encouragé. Moi, je n’ai jamais oublié d’où je venais et j’ai aussi essayé de l’aider en envoyant un peu d’argent même si c’était dur pour moi. Tout cela était mon destin, je devais passer par là… Je suis venu en France pour signer un contrat pro. C’est mon rêve de gosse et j’y crois toujours. Je reçois beaucoup de message de soutien du pays. Porter le maillot de la Guinée serait extraordinaire. Mais pour ça, il faut que je joue au moins en National ou en Ligue 2. »

Pascal Leno du tac au tac

Le meilleur souvenir ?
Mon doublé contre Angers en 32e de finale de la Coupe de France (2-0, le 19 décembre 2021). Et bien sûr aussi les matchs de Coupe de France contre les équipes pros, PSG, Dunkerque, Amiens, Lens.

Le pire souvenir ?
Je ne suis pas quelqu’un qui se retourne dans le passé. Les mauvaises choses que j’ai vécues, je me dis que c’était mon destin. Si je dois ressortir un évènement négatif, je dirais notre non-montée en N2 cette saison.

Combien de buts marqués ?
Entre la R1 et le N3, certainement plus de 50 depuis 2017 (NDLR: 34 en N3). Mais je ne suis pas quelqu’un qui compte. Après chaque saison, je remets les compteurs à zéro et je passe à autre chose. Je sais donc juste que j’en ai mis 13 la saison dernière et que j’ai terminé 3e buteur de la N3 Ile-de-France.

Votre plus beau but ?
Je pense que c’est le 2e conte Angers en Coupe de France. C’est sur une contre-attaque où j’étais parti du milieu de terrain. Issa Cissé a récupéré le ballon et lancé Tom Bouvil sur le côté. Il fait un centre tendu et moi je me jette pour couper au premier poteau. En championnat, c’est contre Le Blanc-Mesnil lors de la 1ère journée la saison dernière. Sur une touche, je me soulève le ballon du gauche, je me retourne et j’enchaine direct par une volée du gauche.

Le geste technique préféré ?
Le contrôle-poitrine.

Le joueur le plus fort contre qui vous avez joué ?
L’équipe du PSG en Coupe de France. Mbappé, Icardi et Neymar n’étaient pas là. Di Maria, Verratti et Marquinhos étaient restés sur le banc. Mais il y avait Cavani qui nous a mis un doublé. Celui qui m’a le plus impressionné ce soir-là, c’est pourtant Julian Draxler. Je l’avais trouvé trop fort. Je ne comprends pas pourquoi il ne jouait pas trop au PSG. On avait un peu parlé sur le terrain et je lui avais demandé son maillot. Je l’ai toujours avec moi. C’est le seul joueur à qui j’ai demandé le maillot. Contre Angers et Lens, je n’ai rien demandé.

Le coéquipier le plus fort avec qui vous avez joué ?
Il y en a beaucoup. Mais c’est avec Issa Cissé à Linas-Montlhéry avec qui j’avais le meilleur feeling sur le terrain.

L’entraineur qui vous a marqué ?
Patty Badjoko. C’est le premier coach qui m’a donné ma chance en N3 à Sénart-Moissy. Je venais de District et il m’a fait passer un essai. Sans lui, je n’en serais peut-être pas là. J’avais peu de clubs sur moi. Lui m’a fait confiance et il m’a vraiment apporté quelque chose.

Le président qui vous a marqué ?
Forcément Mickaël Bertansetti. C’est plus qu’un président pour moi. Ça dépasse le cadre du foot. J’ai passé des Noël avec lui et sa famille. Je lui dois tout. Je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour moi. Il m’a énormément aidé.

Vos meilleurs amis dans le foot ?
Issa Cissé. On était toujours ensemble et en communication. On va garder le contact. Il a signé à Sainte-Geneviève (N3) cette saison.

Vos modèles dans le foot ?
Pascal Feindouno. Pour toute une génération de joueurs guinéens, c’est notre modèle. Il nous a vraiment inspiré.

Le club qui vous fait rêver ?
En Afrique, on supporte beaucoup l’OM et Saint-Etienne. Moi, c’est Saint-Etienne car Pascal y a joué. Mon rêve absolu serait de porter moi aussi un jour le maillot vert. En Europe, mon équipe préférée c’est le Barça

Vos occupations en dehors du foot ?
Je reste tranquille à la maison, à me reposer et à m’entraîner. Quand on n’avait pas de séance à Linas-Montlhéry, je m’entretenais tout seul pour garder le rythme. Ici, à Thonon Evian Grand Genève, mon rythme de vie va changer. On s’entraîne le matin alors qu’à Linas, c’était le soir. Je vais enfin pouvoir vivre presque comme un pro.

Si vous n’aviez pas été footballeur ?
Le foot a toujours été ancré en moi. C’est pour ça que j’ai fait tous ces sacrifices et accepté de vivre autant de moments compliqués. Mais si j’étais resté en Guinée, j’aurais certainement été militaire. Gendarme, comme mon père.

Texte : Laurent Pruneta / Twitter @PrunetaLaurent

Photos : Facebook et Thonon Evian GG

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Espoir du football à qui l’on prédisait une grande carrière durant ses jeunes années montpelliéraines, l’attaquant a dû opérer une remise en question et repartir de N2 pour embrasser, sur le tard, une carrière pro, essentiellement en Ligue 2. Aujourd’hui, à 36 ans, il s’offre un ultime défi à Bourges.

Avec Versailles. Photo Philippe Le Brech

Romain Armand a évolué en Ligue 1, en Ligue 2, en National, et pourtant, il assure que sa meilleure saison sur le plan collectif a eu lieu… en National 2.
C’était à Sedan (saison 2014-2015), pas forcément le genre de destination qui fait rêver, surtout quand, comme lui, on vient du Sud – il est né à Orange dans le Vaucluse et a grandi dans un petit village, à Suze-la-Rousse, près de Bollène, dans la Drôme voisine -, mais ce qui s’est passé là-bas, dans les Ardennes, dans un club en reconstruction, tout juste promu de CFA2, l’a marqué à vie.

La main tendue d’Olivier Miannay

Avec Versailles. Photo Philippe Le Brech

Petit flash back. Eté 2014. Romain vient de quitter Colmar, en National (27 matchs, 6 buts), après une saison qu’il a rangée au rayon « chapitre à oublier », non pas pour la ville ou le club. Mais pour le coach, Damien Ott, avec qui cela n’a pas collé. Ce sont des choses qui arrivent.
L’attaquant effectue toute la préparation à Istres, qui vient de descendre en National et ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait : Ligue 2 ? National ? « Franchement, ça s’était bien passé, avec le coach Lionel Charbonnier, et juste avant la reprise du championnat, Istres apprend qu’il va repartir en National. Du coup, le club se retrouve sans budget et ne peut plus me faire signer, et là, je n’ai plus de club, plus rien. Olivier Miannay, le directeur sportif de Sedan, que j’avais déjà connu à Cannes en National, me relance à nouveau pour Sedan. Personne ne m’appelait. « Olive », c’est le seul qui m’a tendu la main. »

« Sedan, ce n’est pas Miami ! »

Romain Armand a déjà connu la L1, la L2 et le National, et voilà l’espoir du football français obligé, à 27 ans, de repartir en 4e division. Pour rebondir. « Quand j’ai signé en National 2, là je me suis dit : « Bon écoute Romain, tu fais déplacer toute ta famille à Sedan… Parce que j’ai eu la chance que mon épouse me suive partout tout au long de ma carrière… Sedan, ce n’est pas Miami hein ! Je ne la faisais pas rêver ! Bon, il fallait que je me bouge le cul, que je me fasse remarquer, que je marque, que je sois décisif, sinon, c’était grillé pour moi. Et ça a été le déclic. »

Avec Pau. Photo Philippe Le Brech

C’est donc à Sedan, où le coach Farid Fouzari réussit avec Olivier Miannay à créer un groupe qui survolera le championnat (105 points sur 120 possibles !), qu’il renaît au football : « Les joueurs s’entendaient à merveille ! On n’était quasiment que des revanchards ! On est monté à 6 journées de la fin, ça montre l’osmose qu’il y avait dans cette équipe. On a pris énormément de plaisir sur le terrain. Tous les matins, on jouait aux cartes avec Rudy Camacho, « Bati » Anziani et Medhy Guezoui ! Une fois, le coach a même décalé un entraînement de 30 minutes pour que l’on puisse jouer ! »

« Je suis redescendu très bas »

Pour Romain Armand, donc, il y a un avant et un après Sedan. Avant Sedan, c’est le parcours classique d’un espoir qui connaît le haut niveau très tôt : « J’ai été mis sur un piédestal trop jeune, et je suis redescendu très bas ».
A 12 ans, il signe un contrat de 8 ans à l’AS Saint-Etienne ! « J’étais le seul de mon âge au centre de formation. J’étais bien encadré, le petit chouchou. Il y avait Bafé Gomis avec moi… Mais l’éloignement des parents a été compliqué. Je suis passé d’un collège de 300 élèves dans un petit village à Suze-la-Rousse à un collège-lycéee de 2000 élèves à Tézenas du Montcel, à Saint-Etienne. J’étais perdu. Le club a été correct avec moi. Ils m’ont laissé rentrer pendant un mois pour essayer de me ressourcer mais cela n’a pas suffi. Alors j’ai resigné à Bollène. Et là, je me suis fait remarquer lors de rencontres inter-districts, notamment par Montpellier, où j’ai signé à l’âge de 13 ans. J’étais très content d’y aller. Je suis tombé dans un club très « famille ». D’ailleurs, je suis toujours en contact avec Laurent Nicollin, le président. Et quand j’y retourne, c’est comme si je n’étais jamais parti. C’est pour ça que, aujourd’hui, je dis aux parents que c’est difficile, avec tous les recruteurs qu’il y a, de passer au travers des mailles du filet. Je pense que si tu es bon, même dans le club de ton village, tu réussiras. »

« Je n’étais pas assez sérieux »

Avec Montpellier. Photo Philippe Le Brech

Centre de formation du Montpellier HSC, demi-finale de Gambardella (il est le meilleur buteur de son équipe cette saison-là), équipe réserve de CFA où il affole les compteurs puis, forcément, les pros. La Ligue 2 tout d’abord. La Ligue 1 ensuite. La progression est linéaire. L’avenir est tout tracé. Mais il y a un hic. Romain le reconnaît aujourd’hui : « Avec la réserve de Montpellier, je ne bossais pas assez. Je n’étais pas assez sérieux. Je sortais, j’allais en boîte de nuit, ça ne pouvait plus passer au bout d’un moment. Pourtant, quand j’arrive en Ligue 2, même si je ne suis pas titulaire, je mets quand même 3 buts, mais je suis rattrapé par mon manque de travail et de sérieux. »

« Je mets un doublé et Courbis me fait signer 3 ans ! »

Quand Rolland Courbis arrive pour sauver le club d’une relégation en National, en 2007, Romain demande à Ghislain Printant et Pascal Bails, qui viennent d’assurer un bref intérim à la place de Jean-François Domergue, ce qu’il doit faire : retourner s’entraîner avec les jeunes en réserve ? « Ils me disent de rester avec les pros, que c’est peut-être la chance de ma vie… Et là, on fait une opposition, je suis dans l’équipe qui gagne 2 à 0 et je mets le doublé ! Rolland Courbis me demande si je suis pro, je lui dis non, et il me dit « bah je vais te faire signer 3 ans » (rires) »
Si Rolland Courbis est évidemment une personne qui l’a marquée – avec lui, le club remonte en Ligue 1 en 2009 -, son successeur, René Girard, lui laisse un souvenir bien plus mitigé. Et dire qu’il le recroisera quelques années plus tard, au Paris FC !

« J’étais content, je croquais un peu la L1 ! »

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

« A Montpellier, Girard m’avait associé devant à Olivier Giroud, parfois il me mettait sur le coté, parfois sur le banc, mais j’étais super content, je croquais un peu la Ligue 1, de temps en temps je rentrais en jeu, et du jour au lendemain, il ne m’a plus pris dans le groupe. Il m’a dit que je devais aller m’entraîner avec la réserve : bon, cela ne m’a pas posé de problème, d’autant que j’étais quelqu’un du club, je connaissais tous les joueurs du Centre, dont j’étais issu. En fait, René Girard prétexte un truc et me dit « On doit être un nombre pair dans mon groupe ». Là, après l’entraînement, j’apprends par mes coéquipiers qu’ils ont fait un footing en forêt. Donc il faut être un nombre pair pour faire un footing en forêt (rires) ?! Là, c’est parti « en sucette » ! Michel Mézy m’a défendu, il a demandé à René Girard de me laisser tranquille, mais j’ai dû partir à Cannes, en National. J’ai résilié mon contrat même si le président Nicollin ne voulait pas; mais d’un autre côté, ça m’a permis de me relancer aussi. A Cannes, on avait un effectif pour monter en L2 : je pense que si Victor Zvunka, qui était plus dur qu’Albert Emon, plus cool, avait été là depuis le début de saison, on serait monté, même si ce n’était pas le même National qu’aujourd’hui. Il y avait Bastia, Guingamp, Strasbourg, Paris FC, Niort, Créteil, Amiens, c’était autre chose, hein ! »

Rapports tendus avec René Girard

Avec Pau. Photo Philippe Le Brech

Le chapitre René Girard n’est pas clos. Sept ans après son départ de Montpellier, Romain le recroise en L2, au Paris FC ! « Si cela a été chaud ? J’aurais préféré oui, plutôt que cela soit hypocrite ! Quand j’apprends qu’il arrive, j’appelle mon agent, je lui dis « Ecoute, ce n’est pas possible, je ne peux pas rester ». Du coup, mon agent appelle René Girard qui lui dit qu’il n’a rien contre moi, au contraire, qu’il va s’appuyer sur moi. OK, pas de souci. Je le vois, il me fait un câlin, et là, je me dis « y’a un loup quelque part ! ». Je marque, il me met sur le banc le match d’après, et puis, il y a cette anecdote incroyable, c’est la plus belle ! Un jour, il donne le groupe dans le vestiaire et je ne suis pas dedans. Je me lève, je vais voir le kiné pour qu’il me fasse un massage, je ne m’énerve pas. Là, des joueurs vont voir le coach et ils lui demandent pourquoi je je ne suis pas dans le groupe. René Girard leur répond que je suis suspendu ! Suspendu ? Mais je n’avais pas pris de carton… Comment je pouvais être suspendu ? Son adjoint, Stéphane Gili, qui est le coach du Paris FC aujourd’hui, me demande si je suis suspendu, je lui réponds « bah non ». En fait, j’apprends que c’est une personne du club – Je n’ai jamais su qui -, qui a dit ça au coach ! Je ne me suis pas énervé, peut-être que le coach n’attendait que ça pour me virer. Finalement, il me fait jouer titulaire ! Ce n’est pas tout, pendant la Covid, il m’appelait et me disait « je vais m’appuyer sur toi la saison prochaine ». Dans le même temps, d’autres clubs me sondaient et me disaient, « On a eu ton coach, il te laisse libre, du coup, est-ce que tu veux venir chez nous ». J’étais obligé de mettre le haut parleur sur mon téléphone pour que les gens autour de moi me croient ! C’était incroyable ! »

Près de 300 matchs de Ligue 2

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

A 36 ans, Romain prépare aujourd’hui sa reconversion. Il espérait la passer à Pau, son 6e et dernier club de Ligue 2, où il passé deux saisons (2020-2022, 68 matchs, 12 buts), lui qui a déjà évolué à Montpellier donc (2006-09, 25 matchs, 3 buts), mais aussi à Clermont (prêt, 2009-10, 24 matchs, 5 buts, puis 2011-2013, 54 matchs, 7 buts), Orléans (2016-17, 30 matchs, 6 buts), au Gazelec Ajaccio (2017-19, 61 matchs, 17 buts) et au Paris FC (2019-20, 22 matchs, 7 buts).

Mais dans le Béarn, tout ne s’est pas passé comme prévu. « J’étais bien à Pau. J’aurais pu prolonger d’un an mais on me proposait 2 ans voire 3 ans ailleurs. J’étais dans un projet club, je voulais être accompagné, formé, pour jouer un rôle, pour faire le lien entre le staff et la direction, j’étais prêt à tout, même à encadrer les jeunes. Finalement, il n’y a rien eu… »

Avec le Gazelec Ajaccio. Photo Philippe Le Brech

L’avant-centre, qui comptabilise près de 300 matchs de L2 au compteur, est ensuite parti à Versailles la saison passée, en National, pour une dernière pige. Une expérience qui a tourné court (7 matchs, 1 but) : « Versailles, c’est un club ambitieux, avec de belles installations, mais quand il y a eu cette histoire avec le coach, ça m’a « tué » (Youssef Chibhi a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour avoir filmé des femmes à leur insu, Ndlr). Je suis père de famille, je ne pouvais pas continuer avec ce mec, parce que là, on ne parle plus de football, on parle de choses assez graves; ça a cassé le truc dans le vestiaire. C’est dommage, il y avait un groupe avec quasiment que des joueurs de L1 et L2, on s’entendait très bien. Mais je n’ai aucune amertume. Et puis j’ai dû subir une opération – Romain reviendra sur ce chapitre plus loin -, et j’ai résilié. La seule chose un peu compliquée à Versailles, ce sont les supporters, qui ne sont pas nombreux. On voit bien que, hormis au Red Star et au PSG, c’est compliqué en région parisienne. »

Bourges Foot 18, son ultime défi

Avec Bourges Foot 18, son nouveau club. Photo Bourges Foot 18.

Du coup, Romain s’est installé en début d’année dans le Cher, à Bourges, où, avec sa compagne Aurélie, il a acquis une propriété – un ancien moulin – avec un immense terrain de 10 hectares pour ses… chevaux ! « Les chevaux, c’est le domaine de prédilection de mon épouse ! En fait, on cherchait une propriété qui pouvait coller à nos projets futurs. Quand je jouais à Orléans, on a adoré la région, le centre de la France, la Sologne. Ici, il y a un environnement propice pour les chevaux. Mon épouse, qui a grandi à Montpellier, côté Camargue, a fait du Western, une discipline de l’équitation. Je m’y suis intéressé, de la même manière qu’elle s’est intéressée au foot. Elle voudrait faire de l’élevage et de la reproduction de Quarter Horse, une race américaine. Là, on a rentré deux pouliches Quarter Horse. Elle possède aussi ses diplômes pour être assistante vétérinaire, elle pourra allier les deux. »

Et lui dans tout ça ? « Je vais construire un terrain de foot de 600 m2 dans ma propriété afin d’organiser des stages pour les jeunes pendant les vacances scolaires. Mes enfants sont inscrits au club de Bourges Foot 18. A force de les accompagner, j’ai rencontré les dirigeants et le président Cheikh Sylla m’a proposé un projet de reconversion pour m’occuper des enfants, et comme je voulais jouer encore un peu, j’ai signé pour évoluer en National 2. Je ne voulais surtout pas arrêter sur une opération. J’ai encore à donner, à apporter. C’est un choix familial. En plus, je connais le coach, Jamal Alioui, c’était l’adjoint de Cris à Versailles. Là, comme j’ai été écarté pendant de longs mois à cause de mon opération, je me prépare individuellement. De toute façon, je ne peux pas jouer avant le 1er octobre, compte tenu de ma reclassification en amateur. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de bouger. J’ai envie donner un coup de mains au club. Je me languis de retrouver le terrain ! »

La maladie de Crohn : « Je pensais à ma vie »

Avec Colmar. Photo Philippe Le Brech

Quant à l’opération qu’il a subie cette année, elle est liée à la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, détectée chez lui en 2017, alors qu’il évoluait au Gazelec Ajaccio. « Cela ne me dérange pas d’en parler, je l’ai toujours fait. En fait, la maladie de Crohn peut engendrer des problèmes inflammatoires, comme des kystes, et là, j’en ai eu un très mal placé. C’est arrivé plusieurs fois déjà durant ma carrière mais je m’étais juste fait inciser, parce que je voulais continuer à jouer à tout prix, mais là, la douleur était telle qu’il a fallu mettre un protocole en place avec le chirurgien, pour enlever vraiment la source, et ça a duré 9 mois. »

La maladie de Crohn, « tu la gardes à vie. Tu as un traitement tous les 15 jours ou tous les mois – une piqûre -, ça dépend du protocole, mais depuis Ajaccio, je le vis parfaitement bien, je ne perds pas de poids, je n’en prends pas, je ne souffre pas. Aujourd’hui, certains gastro-entérologues sont très pointus là-dessus. J’ai été contacté par des associations qui étaient surprises que je puisse allier sport de haut niveau et maladie. On m’a même proposé d’être le parrain de certaines associations. »

Avec Colmar. Photo Philippe Le Brech

« En fait, je vis avec la maladie. Quand j’ai perdu 8 kilos à Ajaccio, ce qui m’a fait rater les 6 premiers mois quasiment, je ne pensais pas au foot, qui était secondaire; je pensais à ma vie. Je faisais des siestes de 4 heures parce que j’étais fatigué, j’allais aux toilettes alors que je n’avais pas mangé, je n’avais pas faim… Aujourd’hui, je n’y pense plus sauf les jours de piqûre. Je jouais avec cette maladie mais je profitais de chaque moment, je « kiffais » ma vie. »

S’il assure vivre comme avant, la maladie a cependant changé une chose : son mode alimentaire. « Au début, j’ai eu plusieurs sons de cloches, certains me disaient de ne pas manger ceci, d’autres cela, donc j’ai fait mon propre « mix ». J’évite la tomate, le citron, les poivrons, les boissons gazeuses, mais j’arrive quand même à manger de tout. Je sais que l’avocat, par exemple, est très bon pour moi : il évite les inflammations, il panse l’intérieur, c’est cet aliment qui m’a redonné goût à la nourriture et aidé à retrouver un équilibre. De toute façon, tu le sens ce que tu as envie de manger… »

Romain Armand, du tac au tac

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La montée avec Orléans de National en Ligue 2 en 2016. J’ai fait trois montées mais celle-là était belle. On était un peu à la rue à mi-saison et il y a eu un match qui a fait basculer la saison, contre Marseille-Consolat : on perdait 2-1 et je mets un doublé pour gagner 3-2 à la fin, j’en ai encore des frissons quand j’en parle !

Pire souvenir sportif ?
La descente en National aux barrages en 2019 avec Le Gazelec Ajaccio, pff…. Ce retourné incroyable du Mans à la 96e… Je m’étais projeté pour rester dans ce club, j’avais eu des contacts avec Lens et Paris FC et des personnes comme Christophe Ettori et Olivier Miniconi avaient fait les efforts nécessaires pour me garder. Je ne nous voyais pas descendre. On n’avait jamais été relégables, sauf à la dernière journée.

Combien de buts marqués dans votre carrière ?
58 en Ligue 2 et toutes compétitions confondues, plus de 100, mais le nombre exact, je ne sais pas.

Plus beau but ?
Avec le Paris FC, contre Caen. Une frappe en dehors de la surface, en déséquilibre, ça a fait barre rentrante !

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

Plus beau loupé ?
Un penalty ! Je n’ai jamais mis de triplé en Ligue 2 et j’ai eu l’opportunité, avec le Paris FC, d’en réaliser un, mais le gardien l’a arrêté !

Pourquoi pratiques-tu le football ?
J’ai toujours aimé le foot, notamment l’époque de 1993, il y avait une ferveur énorme autour de l’OM et de voir ça, ça m’a donné envie de jouer.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Mes déplacements, l’adresse devant le but, et j’allais vite, mais maintenant un peu moins (rires). Défauts : mon jeu de tête et je suis râleur.

Avec Sedan. Photo Philippe Le Brech

Le club ou l’équipe où la saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Sedan.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Colmar. Pour le coach, Damien Ott. Pas pour le club et les supporters. Tu peux le mettre, je n’ai rien à cacher !

Le club où tu as failli signer ?
J’ai eu des contacts avec Auxerre, Lens, ce sont des clubs qui me plaisaient, on était allé loin dans les discussions mais à l’époque j’ai senti que j’allais avoir plus de temps de jeu au Paris FC. Lens et PFC jouaient les barrages et le PFC m’avait dit, « que l’on monte en Ligue 1 ou que l’on reste en Ligue 2, on te veut », alors que Lens ne me faisait une proposition que si le club restait en Ligue 2, ce que je peux comprendre, et Auxerre aussi, quand j’étais à Pau, à la fin de ma première saison, j’ai souvent eu Jean-Marc Furlan au téléphone, c’est quelqu’un avec qui j’aurais aimé travailler, il pue le foot, il fait bien jouer ses équipes, mais voilà, peut-être que l’on a pensé que j’étais un peu trop vieux. A 19 ans, après la Gambardella, Newcastle et Chelsea s’étaient intéressés à moi, le président Nicollin est intervenu pour me donner plus, ce qui ne se faisait pas trop à l’époque, et ça m’a touché.

Avec Paris FC. Photo Philippe Le Brech

Premier match en pro ?
C’est un match où j’étais remplaçant contre Châteauroux, en Ligue 2, avec Ghislain Printant et « Pascalou » (Pascal) Bails, qui avaient repris l’équipe avant que Courbis n’arrive. J’avais tiré sur le poteau quand j’étais entré en jeu.

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
Le Real Madrid.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Je n’y ai jamais joué mais je dirais le stade Vélodrome. Dans un stade où j’ai joué, je dirais Lens. J’ai joué au Parc de Princes aussi, avec Montpellier, c’est exceptionnel. Le Chaudron (Saint-Etienne) aussi, c’est très bien.

Un coéquipier marquant ?
Geoffrey Jourdren. On a été formé ensemble. C’est un ami. On a crée des liens forts. Quand tu le connais, il est loin de l’image que certains journalistes ont donné de lui à une époque. Il est très intelligent. Actuellement, il est au Montpellier HSC. Il a passé tous ses diplômes, il entraîne les jeunes gardiens du club.

Avec Pau FC. Photo Philippe Le Brech

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Kevin Dupuis à Orléans. On jouait à deux attaquants, on avait envie de « se faire marquer » l’un l’autre, on n’était pas en concurrence, on avait une relation saine, sur et en dehors du terrain, on avait fini à plus de 10 buts chacun.

Combien d’amis dans le foot ?
Quatre.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Ben Arfa, quand il était jeune.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Xavier Mercier, à Montpellier. Il est parti a l’étranger. On avait beaucoup de feeling. Là, il est revenu en Belgique (au RWD Molenbeek).

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Albert Cartier, au Gazelec Ajaccio. C’est quelqu’un qui ne lâche jamais. J’aimerais bien aller manger un morceau avec lui.

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

Y’a-t-il des personnes qui ont compté plus que d’autres dans ta carrière ?
Oui, il y a la famille Nicollin, ils m’ont appris à grandir, à devenir un homme, et Olivier Miannay aussi : c’est quelqu’un qui compte dans ma carrière. Il a toujours cru en moi. Il m’a toujours tendu la main. Les deux fois où on a travaillé ensemble, ça s’est bien passé, parce que j’avais envie de lui rendre sur le terrain. Quand on marque des buts, tu as tout le monde derrière toi, et quand tu es moins en réussite, il n’y a plus grand monde : Olivier, lui, a toujours été là.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Je l’ai dit tout à l’heure, Damien Ott. Et René Girard aussi, que j’ai recroisé au Paris FC, et bien recroisé même (rires) !

Une causerie de coach marquante ?
La causerie, la première de ce style, avant le match de Consolat, avec Orléans. On a vu des témoignages de nos familles sur l’écran : ça ne se faisait pas trop encore et c’est devenu à la mode. Disons que ça fait toujours quelque chose de voir ses enfants à l’écran; ils m’adressaient un message, comme ça, en vidéo. Personne ne parlait. Toute la salle était en larmes. Après ça, on avait tous envie de gagner. Cela a même été un choc. C’était Olivier Frapolli le coach.

Avec Clermont. Photo Philippe Le Brech

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
En réveil musculaire, on m’a demandé, le jour du match, de faire de la muscu… Je n’ai jamais compris.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
A Montpellier, en jeunes, Ghislain Printant, le coach en CFA, n’avait qu’une envie, c’était de renter chez lui après la séance, mais il fallait avant ça que l’on ramène la corbeille de linge, et en fait, on ne la ramenait jamais, il attendait, et nous on restait longtemps sous les douches, on le faisait exprès, il en avait marre !

Le footballeur le plus connu de ton répertoire ?
Olivier Giroud.

Des rituels, des tocs ?
Oui, mais ça dépendait du moment, écouter la même musique quand j’avais marqué, certaines frappes à l’entrée de la surface à l’échauffement, enroulée, pour se mettre en confiance, des choses comme ça.

Une devise ?
Ne jamais rien lâcher.

Avec le Gazelec Ajaccio. Photo Philippe Le Brech

Un plat, une boisson ?
Le gigot d’agneau et le cuba libre (rires). Je ris, parce que mon épouse n’est pas loin !

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
Quand j’étais jeune… Je n’ai pas compris les efforts qu’il fallait faire pour y arriver. Je marquais beaucoup chez les jeunes et j’avais aussi marqué 25 buts avec la réserve en CFA en 24 matchs. Je me suis reposé sur ça. J’ai oublié de faire les efforts, défensifs notamment, et même de courir tout simplement, je le regrette un peu aujourd’hui. Plus tard, j’ai eu des coachs comme Albert Cartier notamment, qui m’ont montré les efforts à fournir, ce que je ne faisais pas avant. Ils m’ont fait me surpasser, m’ont montré ce qu’était vraiment le haut niveau. J’ai compris qu’il fallait se donner à fond pour réussir. Si j avais enchaîné les saisons à 20 ans comme je l’ai fait à partir du Gazelec à mes 29 ans, je pense que j’aurais eu l’opportunité de jouer en Ligue 1.

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

Termine la phrase en un mot : tu es un attaquant plutôt…
Adroit.

Un joueur de légende ?
Pauleta et Fernando Torres.

Un match de légende ?
France-Brésil 1998. Cela aurait pu être le dernier France Argentine…

Un modèle de joueur ?
Lilian Compan. Il m’a beaucoup appris. Il était serein, calme devant le but. On a joué ensemble à Montpellier et ensuite à Cannes. Un jour, je l’ai vu faire un ciseau du mauvais pied, et je lui ai fait remarquer : il m’a dit qu’il n’y arrivait pas avec son bon pied (rires) ! Un top mec !

Avec Bourges Foot 18, son nouveau club. Photo Bourges Foot 18.

Ta plus grande fierté ?
Mon épouse Aurélie et mes trois enfants, Aron 14 ans, Loan 12 ans et Lily 2 ans. Ils m’ont poussé à ne pas arrêter ma carrière.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Un milieu compliqué… Plus tu es droit, moins tu réussis… il faut être un serpent, fermer sa bouche quand il le faut, savoir arrondir les angles…

Le club de Bourges Foot 18 ?
Le président, Cheikh Sylla, est ambitieux. Les installations, pour un club de N2, sont bonnes. Le coach, que j’ai connu à Versailles l’an passé, est ambitieux lui aussi, bosseur, il a connu le haut niveau en France et en Italie, il impose sa culture du travail. Bourges est une ville sportive, c’est un beau projet. Le recrutement a été intelligent, sans moyens colossaux.

 

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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Après avoir écumé les terrains dans toutes les divisions, de la Ligue 1 au National 3, le Vendéen a rejoint l’ES Marsouins Brétignolles-Brem, en Régional 2, où il pourra apporter son expérience sur le terrain et préparer sa reconversion. Portrait.

Avec La Roche Vendée Foot en 2022-2023. Photo Philippe Le Brech

Talentueux, Charly Charrier l’était dès ses débuts sur les terrains de son premier club, La Chapelle-Achard, en Vendée.
L’attaquant aujourd’hui âgé de 37 ans, passé ensuite par Les Sables-d’Olonne et La Roche-sur-Yon, sa ville natale, avant de lever les voiles vers la Sarthe et Le Mans puis Cannes en National, va signer son premier bail professionnel du côté de l’En Avant de Guingamp en 2010 et goûtera aux joutes de la Ligue 2, puis de l’Elite.

Un premier passage chez les pros, un retour à Luçon en National, puis l’épisode Amiens. Mais une pubalgie et un faible temps de jeu vont écourter son aventure en Picardie avant un énième retour en Vendée qui se profilera à l’été 2018, d’abord aux Herbiers, puis de nouveau à La Roche-sur-Yon, son éternel amour. Une longue aventure auréolée d’une montée en National 2 au printemps dernier, à laquelle il aura largement contribuée.

Pour 13heuresfoot, l’attaquant, qui vient de signer à l’ES Marsouins Brétignolles-Brem (Vendée), entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Les Sables-d’Olonne, va aussi entamer sa reconversion au sein du club promu en Régional 2.

Charly Charrier revient sur les meilleurs moments de sa carrière et évoque un avenir qui s’écrira désormais sur les terrains amateurs.

Interview : « J’ai toujours fonctionné au feeling ! »

Tout débute pour toi sur les terrains de La Chapelle-Achard : quels sont tes souvenirs de cette époque ?
Dans mon club formateur, je n’ai que des bon souvenirs, à cet âge-là, tu ne penses à rien d’autres que t’amuser entre amis.

Tu vas ensuite sillonner le département avant de prendre la direction du Mans. Un des premiers tournants de ta carrière, non ?
C’est la première fois que je découvre un club professionnel sans vraiment y comprendre les codes, j’y passe une seule saison mais j’ai énormément appris.

Lors de sa signature à Amiens. Photo Amiens SC

Tu vas connaître deux fois le National avec l’AS Cannes et Luçon : comment comparerais-tu ces deux expériences ?
Ce sont deux expériences qui n’ont rien à voir bien évidemment. Quand je pars à Cannes, j’ai 20 ans, j’y vais seul, dans un championnat où je n’ai jamais joué. Je ne suis pas prêt. En plus j’arrive dans un contexte particulier où le président (Michel Scotto) m’impose au coach (Michel Dussuyer) et honnêtement, la marche est trop haute. Je n’ai pas le niveau National à cette période. Luçon, c’est tout autre chose, je suis dans un environnement qui m’est familier car c’est mon deuxième passage dans le club et j’arrive de Guingamp ou j’ai fait deux saisons de Ligue 2.

L’honnêteté de Jocelyn Gourvennec

Guingamp, un club où tu passais professionnel il y a plus de 10 ans maintenant !
J’ai 24 ans à cette époque, ça peut paraître tardif mais je saisis l’opportunité. Tout comme à Cannes, j’arrive à la mi-saison donc pour l’adaptation, ce n’est pas l’idéal, surtout quand il y a des supers joueurs à côté ! Je me sens super bien en Bretagne et les deux exercices qui suivent vont se conclure par deux montées jusqu’en Ligue 1. Donc ça reste gravé (sourires).

Avec Luçon en 2013-14. Photo Philippe Le Brech

Arriver jusqu’en Ligue 1, c’était forcément inespéré en voyant ton parcours, non ?
Suite à la montée en Ligue 1 avec Guingamp, il me reste un an de contrat, mais le coach (Jocelyn Gourvennec) me convoque en fin de saison pour m’expliquer qu’il serait préférable pour moi d’aller trouver du temps de jeu ailleurs en deuxième division.

Le club comptait recruter des joueurs avec plus d’expérience et ça risquait d’être difficile pour moi. Il savait que je n’étais pas le genre de joueur qui se contente d’être sur le banc, peu importe la division, que j’avais besoin de jouer pour être heureux. C’est un discours difficile à entendre mais j’ai adoré son honnêteté et son courage, chose tellement rare dans ce milieu.

Avais-tu un plan de carrière avant d’y arriver ?
Non, j’ai toujours fonctionné au feeling, c’est pour ça qu’après Guingamp, je ne repars pas en Ligue 2 malgré quelques approches. Mon choix se fait très rapidement et je décide de retourner à Luçon, en National, pour optimiser mes chances d’être heureux sûr et en dehors du terrain.

Amiens, des émotions indescriptibles…

Sous le maillot d’Amiens, le soir de l’accession en Ligue 1. Photo Philippe Le Brech.

La Ligue 1, c’est aussi Amiens avec des moments forts…
Après trois saisons en National, Luçon dépose le bilan donc il faut trouver un point de chute. J’ai la chance d’avoir plusieurs options mais je choisis Amiens, parce que j’avais eu de bonnes sensations dans leur stade quand on y avait joué avec Luçon. L’objectif était de se maintenir parce qu’on venait juste de monter en Ligue 2. La suite appartient à l’histoire.

Un scénario comme on les aime !
38e journée, 96e minute, nous sommes 6es et on marque…. On passe 2es et nous sommes propulsés en Ligue 1 ! Le genre d’émotions que j’évoquais : indescriptibles. Quelques mois plus tard, on est dans le grand bain, premier match au Parc des Princes, Geoffroy-Guichard deux journées plus tard… c’est la découverte pour beaucoup d’entre nous et de magnifiques souvenirs !
Un passage en pro jusqu’en 2018 puis un retour en Vendée, aux origines : comment as-tu axé ta réflexion à ce moment ?
Pendant la saison de Ligue 1, j’ai une pubalgie qui dure des mois. Je vis une saison très difficile car je ne vois pas le terrain. Nous nous quittons au mois de juin en bons termes avec l’Amiens SC et je reste trois mois sans club. Je soigne ma blessure et je réfléchis à ce que je veux réellement faire. J’ai mon ami qui est coach des Herbiers en National 2 (Stéphane Masala), j’ai besoin de temps de jeu, donc je m’engage avec eux pour le reste de la saison.

La Roche, retour à la case départ

Avec son nouveau club, l’ES Marsouins Bretignolles-Brem. Photo ESMBB

Puis vient le nouvel épisode à La Roche-sur-Yon…
A l’été 2019, je choisis de revenir à La Roche dans le club où j’ai passé 5 ans de formation. Il y a une nouvelle ère, Philippe Violeau est président, Charles Devineau est coach… ça faisait trois vendéens qui ont connu le haut niveau dans le même projet – ambitieux – et à des postes différents. J’ai un vrai feeling avec le coach qui me laisse la possibilité de travailler sur le recrutement avec mon ami Kevin Hautcoeur. Je prends ça comme une marque de confiance donc je m’engage et on construit une belle équipe.

Quatre saisons riches, perturbées aussi notamment par le Covid… mais qui se concluent par une montée en National 2 !
Paradoxalement, la saison qui sera la plus aboutie sportivement restera aussi la plus frustrante car le Covid stoppera tous les championnats en 2019-20. Châteaubriant a accédé en N2 au quotient alors que nous étions leaders. Ensuite, une saison blanche, très difficile à vivre pour tout le monde mais il fallait relativiser malgré les difficultés ; nous étions juste des sportifs privés d’activité pendant que d’autres tombaient malade ou perdaient la vie.

Avec Luçon en 2015-16 en National. Photo Philippe Le Brech

Personnellement, comment l’as-tu vécu ?
A 34 ans, le plus difficile a été de garder la motivation de rester compétitif et performant pour la reprise des championnats un an et demi plus tard. Finalement, la montée en National 2 il y a quelques semaines est l’aboutissement des quatre dernières saisons où l’effectif n’avait pas beaucoup bougé : on était dans une certaine continuité avec moins de concurrence chez nos adversaires par rapport aux précédents exercices.

« Il y a eu une usure mentale »

Pourquoi partir au moment où La Roche atteint son objectif ?
Il y a plusieurs raisons. Pour commencer, je souhaitais choisir ma sortie moi-même. Il y avait une forme d’usure mentale des saisons précédentes donc je sentais qu’il ne fallait faire celle de trop. Ensuite, je ne voulais pas tricher vis-à-vis de mes coéquipiers qui m’avaient connu avec un certain niveau de performance et une certaine exigence. Et pour finir, même si sportivement nous avons vécu de belles choses, extra-sportivement, ça a été très compliqué. Le projet ne ressemble plus à celui pour lequel j’étais venu en 2019. Beaucoup trop de personnes compétentes et surtout bienveillantes ont dû quitter le navire à cause d’individus au club qui veulent être sur le devant de la scène.

Tu as dû apprendre à relativiser pendant ces dernières années…
C’est aussi ça un club de football, vous y trouverez toujours des gens qui se veulent importants plutôt qu’utiles, donc quand vous n’êtes pas d’accord avec ce fonctionnement, il faut faire preuve de courage, prendre ses responsabilités et partir. Aujourd’hui, j’ai la chance que l’on me propose un projet neuf dans le rôle que je souhaitais, avec un bon coach que je connaissais déjà (Alexandre Leudière), ou je peux travailler sereinement en essayant de me rendre le plus utile possible dans l’intérêt du club…

Comment as-tu vécu ces adieux et ton dernier match ?
C’était particulier parce que j’avais annoncé mon départ aux joueurs depuis quelques semaines. L’idée était de soigner ma sortie tout en n’accaparant pas l’attention. L’enjeu de la rencontre était bien plus important que ma dernière avec La Roche. Je remercie les joueurs qui m’ont offert une sortie plutôt sympa avec une montée à la clé et quelques remerciements à la fin du match.

Les émotions d’un grand stade

Avec Amiens en L2. Photo Amiens SC

Le football était devenu ton métier depuis une dizaine d’années…
Depuis tout jeune, je suis passionné de foot, je ne pensais qu’à jouer, tout le temps et partout. Mon envie était d’aller le plus haut possible. Une carrière est faite de rencontres, d’opportunités mais également de choix. Même si je pense que j’aurais pu faire encore mieux, je n’ai pas de regret, on a la carrière qu’on mérite.

Quels souvenirs garderas-tu de ce chapitre ?
Quand j’arrêterai définitivement, le souvenir le plus fort sera les émotions que procurent les grands stades où j’ai pu jouer. Ce que l’on ressent quand on foule une pelouse où tu rêves de jouer depuis ton plus jeune âge n’a pas d’équivalent…

Justement, comment analyses-tu l’évolution de ce sport depuis tes débuts ?
Le foot a certes un peu évolué mais pas tant que ça. Ce sont les gens qui l’entourent qui changent. Aujourd’hui, beaucoup pensent qu’ils peuvent être président de club, agent de joueur, recruteur ou coach sans une véritable connaissance du milieu. Le foot génère de plus en plus d’argent et de notoriété, donc beaucoup de personnes essayent de se frayer un chemin afin d’en profiter ; c’est le fléau du foot.

Vers un rôle de manager général…

Avec La Roche VF la saison passée. Photo Philippe Le Brech

Ta carrière n’est pas finie mais le foot ne sera plus ton métier…
J’ai décidé de continuer de jouer parce que j’adore ce sport et je mesure à quel point il me manquera quand j’arrêterai. Au-delà du niveau, ce dont j’ai besoin, c’est de jouer en ayant des objectifs à atteindre, que le club où j’évolue ait une perspective. Le plus difficile quand on descend de quelques divisions, c’est de ne pas se faire aspirer par le niveau, c’est pour ça qu’il faut garder la même exigence de travail et de rigueur envers soi-même.

Comment as-tu imaginé ta reconversion ?
Si je choisis de rester dans le foot, je pense que c’est dans le rôle de manager général que je serai le plus performant. Faire partie d’un club qui me laisserait l’opportunité de gérer sa stratégie sportive tout en étant dans l’analyse et la constitution d’un effectif en collaboration avec le coach. C’est le cas aujourd’hui au club de l’ES Marsouins Brétignolles-Brem et j’en suis ravi.

Pourquoi le poste de directeur sportif à l’ESMBB ?
Je viens de passer les quatre dernières saisons à participer au recrutement de La Roche VF. C’est une expérience et ça n’a fait que confirmer mon envie de rester sur ce chemin. De plus, j’ai toujours trouvé la période du mercato fascinante, et j’ai surtout constaté au fil de ma carrière qu’une saison dépendait beaucoup de cette période.

Charly Charrier du Tac au Tac

Avec Amiens en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
Les deux montées en Ligue 1 avec Guingamp et Amiens.

Pire souvenir sportif ?
La période Covid.

Plus beau but marqué ?
Mon premier but avec Amiens, une reprise de volée du gauche.

Un but facile que tu as loupé ?
Un centre parfait, j’ai juste à marquer de la tête, il n’y a plus de gardien et je ne touche même pas le ballon (rires).

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est ma passion pour le foot qui a fait que je suis devenu footballeur !

Ton but le plus important ?
Au Red Star avec Amiens, on gagne 1-0 chez eux et ça nous sort d’une période délicate.

Avec Amiens en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

Ton geste technique préféré ?
Le reprise de volée.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Deux et aucun de mérité (rires) !

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Commercial dans un magasin de sport.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Défauts : le jeu de tête, je déteste ça… et sinon de toujours vouloir le ballon ! Qualités : je dirais, le sens du jeu, que ce soit pour le bien de l’équipe ou pour trouver la faille chez l’adversaire.

Le club, l’équipe ou la saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
La saison 2014-15, avec Luçon, en National, nous pratiquions un football de qualité et nous avions un bon vestiaire.

Avec Guingamp en 2012-2013. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Quand je suis revenu à La Roche VF en 2019, mes proches m’ont déconseillé d’y retourner parce qu’il y avait des personnes contre-productives qui parasitaient toutes sortes de projet… Cela dit, même s’ils avaient raison sur leur analyse, il n’y a aucun club où je regrette d’avoir signé.

Le club où tu as failli signer ?
Le Racing Club de Strasbourg en National à l’été 2015 mais j’ai refusé pour essayer de monter en Ligue 2 avec Luçon. Beaucoup m’ont pris pour un fou.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
L’OM.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Le Vélodrome.

Avec Amiens en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

Un public qui t’a marqué ?
Celui de Bollaert (Lens). J’ai eu la chance d’y jouer deux fois et de marquer, les Corons à la mi-temps sont incroyables… Dans un autre style, Goeffroy-Guichard (Saint-Etienne) est incroyable aussi !

Un coéquipier marquant ?
Je dirais Lionel Mathis et Mathieu Bodmer. J’ai été surpris de leur humilité et leur simplicité compte tenu de la carrière qu’ils avaient eues.

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Jérémy Billy, le numéro 9 à La Roche-sur-Yon, qui savait exactement ce que j’allais faire du ballon avant même que je ne l’ai dans les pieds… Je pourrais en citer pleins d’autres.

Avec Guingamp en 2012-2013. Photo Philippe Le Brech

Les joueurs adverses qui t’ont le plus impressionné ?
Cavani et Falcao pour leurs activités, leur sens du déplacement, c’est incroyable ! Dans un autre registre, je vais dire Benjamin Nivet, pas le plus connu mais joueur exceptionnel, sous coté.

L’équipe qui t’a le plus impressionné ?
Troyes. On perd 4-0 à la 60eme avec Amiens je crois… le genre de match où tu peux jouer 4 heures, il ne se passera rien (rires).

Avec Luçon en 2015-16 en National. Photo Philippe Le Brech

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Benjamin Guillou (Le Poiré, La Roche), j’aimais beaucoup ce gars.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Tous ceux qui me faisaient jouer, je serais ravi de les revoir, les autres non (rires) !

Un président que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Thierry Barbarit (La Roche), un président que je n’aimerais jamais revoir, un océan d’ignorance ce monsieur. Les joueurs l’appelaient le « dos d’âne ». Il ralentissait tous les projets.

Avec Luçon en 2015-16 en National. Photo Philippe Le Brech

Un président ou un dirigeant marquant ?
Noël Le Graët (Guingamp), Bernard Joannin (Amiens).

Une causerie de coach marquante ?
Les meilleures causeries, c’était quand le coach oubliait d’en faire une (rires) !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
« On joue comme on s’entraîne ». Cette phrase n’a aucun sens, tout simplement parce qu’il est impossible de ressentir les mêmes émotions ou l’adrénaline d’un match de compétition lors d’un entraînement.

Avec La Roche VF. Photo La Roche VF

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
J’ai connu un coéquipier qui avait un problème psychologique, il sortait en dernier du vestiaire pour bloquer les téléphones des autres en faisant des faux codes. Un jour, je l’ai pris en flagrant délit et j’ai pris une photo parce que personne ne pouvait se douter que c’était lui…. C’était « Sackré Gbohou » (rires), j’ai encore la photo d’ailleurs !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Sûrement Mathieu Bodmer.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion (en dehors des clubs où tu as joués) ?
Le Vélodrome parce que j’étais un fan de l’OM étant gamin, et La Beaujoire, parce le club du FC Nantes reste particulier pour nous les Vendéens.

Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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Le nouvel entraîneur du Royal Excelsior Virton, en D3 Belge, revient sur son parcours et évoque à nouveau son départ de Chambly. Le Red Star, son club de coeur, revient forcément dans les conversations, mais il est concentré à 100 % sur sa nouvelle mission, dans un club racheté par le champion du Monde N’Golo Kanté.

Photo RE Virton / Etienne Joannes

Fabien Valéri a surpris tout son monde cet été. Du moins le monde du football. Après trois exercices très probants en National 2, d’abord à la tête de Paris 13 Atlético – une seule défaite en 9 matchs et une première place la première saison avant l’arrêt pour cause de Covid puis une accession en National la saison suivante – puis à la tête du FC Chambly Oise – 3e place avec 57 points, un total supérieur à deux des quatre promus en National -, il a, d’un commun accord avec ses dirigeants, annoncé son départ de l’Oise, après avoir stoppé la série noire et permis au club de retrouver le sourire après deux relégations d’affilée (Chambly évoluait encore en Ligue 2 en 2020-2021).

Et comme le milieu du foot est un microcosme, un village où tout se sait, les rumeurs ont rapidement envoyé l’ancien milieu de terrain du Red Star au… Red Star ! Le « Red », son club de coeur, où il a passé 13 ans de sa vie, entre 1987 et 2000, dont 8 dans la peau d’un joueur professionnel.

Une rumeur ? Pas vraiment en fait. L’intéressé ne s’en est jamais caché : il faisait partie d’une short list pour prendre la succession de Habib Beye, envoyé vers d’autres contrées (Amiens, Sochaux, Paris FC ?) par ces mêmes rumeurs !

Problème, le consultant de Canal +, sous contrat jusqu’en 2024 avec « l’Etoile Rouge », est finalement resté en poste, « contrariant » les plans du natif de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), qui rêvait, 23 ans après son départ de Bauer pour Naval et la D2 portugaise, d’un retour dans son club, dans ce stade flambant neuf où on pouvait encore parfois le croiser un soir de match.

« Je ne voulais pas prendre Chambly en otage »

Photo Eric Crémois – EC Photosports

« C’est vrai, j’espérais le Red Star. On ne va pas refaire l’histoire, a-t-il confié. J’ai résilié à Chambly parce que je ne voulais pas leur faire à l’envers. Je ne voulais pas prendre le club en otage, sachant que j’étais dans une « short list » au Red Star. Alors j’ai préféré qu’ils préparent la saison du mieux possible, avec un nouvel entraîneur, quitte à ce que je me retrouve sans rien, ce qui était encore le cas d’ailleurs il n’y a pas si longtemps, avant que le projet Virton ne s’offre à moi. Vous savez, dans ce métier, il faut être prêt, il faut saisir les opportunités, confesse le tout récent titulaire du BEPF. »

Virton. Le plus francophone des clubs belges, situé dans la province la plus au Sud du pays, celle de Luxembourg. Vous avez sans doute entendu parler du Royal Excelsior Virton, club limitrophe de l’Hexagone, tout juste relégué de Challenger Pro League (Division 2) en Nationale 1, l’équivalent français du National. Car le 29 juin dernier, le club de la Wallonie a officialisé son rachat par le champion du monde 2018, N’Golo Kanté !

« Là, je suis dans ma chambre d’hôtel, à Longwy (Meurthe-et-Moselle), à 20 km de Virton. Je suis arrivé lundi (l’entretien a été réalisé vendredi 4 août). J’ai signé vendredi dernier et, le temps de m’organiser, je suis rentré le week-end chez moi pour aller chercher mes affaires. Je ferai encore un autre aller-retour histoire d’aller chercher d’autres affaires. Comme je suis à Villiers-sur-Marne, ce n’est pas très loin. Mais je compte m’installer à 40 ou 50 km de Metz, de manière à être à 15 ou 20 minutes du stade. Mon épouse me rejoindra avec ma petite fille Mila. Mon grand fils, Lucas, va rester à Paris : il s’est engagé à Paris 13 en N2, et le second, Matteo, va y rester aussi, c’est plus pratique pour lui pour l’école »

N’Golo Kanté, un gage de sérieux et d’ambition

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Passé par le National à Boulogne-sur-Mer (2012-13) avant de connaître la carrière qu’on lui sait (Caen, Leicester, Chelsea), le milieu de terrain international Kanté (53 sélections, 2 buts), qui vient de s’engager à Al-Ittihad en Arabie saoudite, a donc pris la succession de l’homme d’affaires luxembourgeois Flavio Becca.

Si la stabilité n’a pas été le point fort du RE Virton ces dernières saisons, où de gros problèmes financiers ont vu le jour et où de nombreux coachs se sont succédé, dont certains bien connus en France – Pablo Correa (Nancy), Christian Bracconi (Ajaccio) et son adjoint Nicolas Gennarielli, un ancien du CA Bastia et Bastia Borgo -, cela n’a pas effrayé Fabien, qui préfère regarder devant.

Photo Eric Crémois – EC Photosports

« Quand cela ne s’est pas concrétisé avec le Red Star,  j’ai eu un appel d’une personne qui m’a demandé si le projet de Virton pouvait m’intéresser. Sincèrement, je ne connaissais pas ce club. On m’a présenté et expliqué le projet. Ce qui a été fait avant… Moi je ne suis pas comme ça, je respecte le travail de mes prédécesseurs. J’arrive avec ma façon de faire, avec mes idées. Je ne vais pas faire de copier-coller. Je vais m’adapter aussi à l’environnement, à ma direction, c’est quand même une toute nouvelle page là. Après, sur Virton, je savais juste que la Direction venait de changer complètement et que N’Golo Kanté avait pris la présidence. Il fallait aussi que je me rende compte de tout ça sur place : je ne voulais pas signer là-bas sans savoir où je mettais les pieds, c’est normal. J’ai trouvé le projet cohérent, ambitieux, et le fait que N’Golo Kanté soit propriétaire du club, ça m’a rassuré. Je me suis dit, « s’il met les pieds ici, c’est pour faire quelque chose chose de bien. Sa présence est un gage de sérieux et d’ambition. Il s’est entouré de personnes qu’il connaît bien et qu’il a mis en place. Ils ont envie de bien faire. Après, ça reste de la Division 3 belge, un niveau qui se situe, d’après mes informations, entre le National 2 et le National en France. Donc ça reste un bon championnat, avec des bonnes équipes. J’espère faire une bonne saison, progresser avec le club. On verra. Je vais faire du mieux possible. »

Le mieux possible et… rapidement : dès le samedi 19 août, à 18h, Virton disputera un match de coupe de Belgique (coupe Cofidis) contre Bocholt (Nationale 2). Une qualification lui offrirait un calendrier chargé, avec quatre matchs en quinze jours, dont celui de la reprise du championnat, le 30 août, à Antwerp, contre la réserve.

Le Red Star, partie remise ? « J’espère ! »

Avec Benjamin Garault (à gauche). Photo RE Virton / Etienne Joannes

A Virton, Fabien n’est pas parti tout seul. Son adjoint à Chambly, Benjamin Garault, l’a suivi. Lui aussi est dans le même hôtel. D’ailleurs, durant l’entretien, Benjamin passera par là, un ordi sous le bras !

A Chambly, on a tourné la page : le club présidé par Fulvio Luzi s’est attaché les services de Stéphane Masala, l’ex-coach des Herbiers en National (finaliste de la coupe de France en 2018 après avoir éliminé … Chambly en demi-finale à Nantes) et de l’US Créteil en National 2.

Fabien Valéri, lui aussi, a tourné la page. Mais ce projet, au FC Chambly Oise, y croyait-il ? La question mérite d’être posée. Parce que son départ a aussi pu être interprété comme cela : « Je ne suis pas du tout parti parce que je ne croyais pas au projet mais uniquement parce que j’avais mon rêve dans ma tête, celui d’entraîner le club dans lequel j’ai joué pendant 13 ans, où j’ai signé mon premier contrat pro. Le Red Star, c’est le club qui m’a donné ma chance en pro, qui m’a le plus marqué, qui me tient le plus à coeur. Donc entraîner un jour ce club, c’est mon rêve. c’est comme ça. Vous savez, l’idée, c’est de progresser, de franchir des paliers. Bry-sur-Marne, UJA Maccabi, Paris FC, Paris 13, Chambly… Pour l’instant, ça s’est bien passé partout. Je ne pense pas avoir trop de casseroles derrière moi ! »

Photo RE Virton / Etienne Joannes

Dans les colonnes du Parisien, il déclarait même : « Il faut savoir prendre des risques ». Aujourd’hui, il tempère : « Des risques, n’exagérons pas… Ce n’est pas vital. Ce n’était pas une question de vie ou de mort (sic). Quand je pars de Chambly, je me dis que, quand même, j’ai fait des bonnes choses ces dernière saisons, et que si ça ne se fait pas avec le Red Star, j’aurai des touches dans quelques mois, quand ça va rebouger, quand, malheureusement, des entraîneurs seront en difficulté. J’aurais peut-être été sollicité dans un bon projet de National 2 ou peut-être même en National, on ne sait pas, mais avec le spectre des 6 descentes… On l’a vu la saison passée, les présidents ont la pression. Donc, quand vous me parlez de risque, je dis « pas tant que ça ». Je préférais me retrouver sans rien plutôt que de ne pas tenter ma chance au Red Star, même si je n’étais peut-être pas forcément leur choix numéro 1. J’avais des chances, pas plus, pas moins que d’autres. Au Red Star, ils savent que je suis du club, les supporters me saluent quand je vais voir des matchs. » Alors, partie remise ? « J’espère (rires) ! »

Virton, un stade qui ressemble (un peu) à Bauer !

Côté objectif, la direction de Virton n’a mis aucune pression : « Ce sera de faire du mieux possible. On a déjà une équipe à reconstruire car il manque beaucoup de joueurs et on n’a pas énormément de temps devant nous. Il faut faire un bon recrutement. Le match de coupe de Belgique va arriver vite. Le championnat aussi. »

N’Golo Kanté non plus, ne devrait pas tarder à arriver. « J’aimerais bien le rencontrer, ça va se faire, je sais qu’il vient une à deux fois par mois au club. »

Virton, c’est aussi un stade. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, le stade Yvon-Georges ressemble un peu à celui… du Red Star !!! « Exactement, vous ne vous trompez pas ! C’est ce qui m’a plus quand j’ai visité les installations. Le stade m’a sauté aux yeux. Je l’ai trouvé chaleureux, fermé, les supporters sont proches des joueurs, il y a du vert partout. C’est un terrain un peu à l’ancienne. J’ai effectivement vu beaucoup de similitudes avec le stade Bauer. On a fait 800 personnes en amical, contre contre le RFC Seraing (D2, 1-1), ça chante, il y a beaucoup de passion, il est situé dans le centre-ville, les gens vont boire un coup avant le match. On peut faire, d’après ce qu’on a mis, 3000 personnes si ça tourne bien. »

Le Red Star n’est jamais très loin ! D’ailleurs, il n’est qu’à 3 heures de route à peine ! « Oui, j’essaierai d’y retourner une fois, un lundi peut-être, si c’est possible ! Ce n’est pas très loin finalement, mais priorité à mon nouveau club, hein ! »

« Les clubs ont besoin de sécurité, de garanties, avec des CV… »

Avec Benjamin Garault à Chambly. Photo Eric Crémois – EC Photosports

Pendant ces quelques semaines de disette, l’ancien joueur passé également par Istres, Cannes et Paris FC en National, et qui a terminé sa carrière en CFA, à Viry-Châtillon, à 36 ans, a pu mesurer la difficulté d’un marché où l’on retrouve souvent les mêmes coachs, où les « jeunes » entraîneurs n’ont pas toujours la chance de prouver leurs qualités ni la confiance des présidents qui aiment être « sécurisés » par des CV plus garnis. « C’est vrai, le marché est compliqué. Quand j’étais en réserve en National 3 au Paris FC, si personne ne m’avait donné la possibilité d’aller en National 2, je n’aurais jamais réalisé ce que j’y ai réalisé avec Paris 13 et ensuite avec Chambly. Le président Frédéric Pereira m’a donné cette chance d’entraîner en N2 au Paris 13 Atlético, ce qui m’a permis d’avoir d’autres sollicitations de N2. Je n’avais pas encore le BEPF donc je ne pouvais pas encore prétendre entraîner en National. Mais ça m’a permis de montrer ce que j’étais capable de faire. En France, les championnats se réduisent, donc ça fait moins de postes à pourvoir. Moi, mon rêve, c’est d’entraîner en Ligue 1 mais bon, déjà qu’en National c’est difficile… Les clubs, je pense, ont un peu peur de donner leur chance à un entraîneur qui n’a jamais entraîné à ce niveau-là. Alors que pour moi, ça reste du foot. »

Autre écueil : l’image. Celle d’un coach qui, pour l’heure, n’a entraîné qu’en région parisienne. N’a-t-il pas peur que certains dirigeants se disent « Fabien Valéri, il ne peut entraîner que là… ? »

La réponse de l’intéressé fuse : « Pour le savoir, il faut donner sa chance ! Avant que je n’entraîne en National 2, on ne savait pas si j’en serais capable. Si on ne donne pas la chance d’aller ailleurs, comment voulez-vous savoir ? Pour moi c’est pareil, ce n’est pas que je ne veux pas, c’est juste que je n’ai pas eu l’opportunité. Joueur, je suis parti à l’étranger, j’ai aussi joué en Province. C’est comme avec un joueur en centre de formation : tant qu’on ne le met pas en équipe pro, on ne saura pas s’il a le niveau. On entend souvent dire « non, il est trop juste », ok, d’accord, met-le, essaie-le, et on verra bien ! Si tu le n’essaies pas… Les clubs ont peur. Ils ont besoin de sécurité, de garantie. Ils sont peut-être, je dis bien « peut-être », un peu frileux. Parce qu’il y a de très bons entraîneurs en National 2 qui ne sont pas moins bons que des entraîneurs de Ligue 2. Le foot, c’est le même partout. Le terrain est pareil. Après, vous avez de meilleurs joueurs ou de moins bons, et il y a la question du management, de l’humain. Les joueurs restent avant tout des hommes. Sauf dans les très très grands clubs, il faut gérer les égos plus qu’ailleurs. »

Fabien Valéri, du tac au tac

« J’aime les joueurs ! »

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Meilleur souvenir sportif de joueur ?
C’est à la fois un bon et un mauvais : on fait demi-finale de la coupe de la Ligue en 2000 avec le Red Star face à Gueugnon, on avait fait un super-parcours, on avait éliminé Lille, Nîmes, Saint-Etienne, Sedan.

Pire souvenir sportif de joueur ?
Justement, ce match… Une grande déception parce qu’on se fait rejoindre deux fois au score dont la deuxième fois dans le temps additionnel, sur une action litigieuse : on ne sait pas si le ballon est sorti en touche ou pas, on s’est arrêté de jouer, bon, c’est comme ça… Benjamin Clément voit le ballon du latéral gauche sortir en touche, il lève la main, il s’arrête, mais l’action continue, y’a un centre, on court vers notre but, Abdoulaye Meïté et moi, Amara Traoré la prend du genou, on court vers notre but… C’est un miracle ce but… En plus, on tire sur le poteau juste après. Dans la séance de tirs au but, on a eu le penalty de la gagne. Puis Jean-Marc Branger rate son tir au but, c’est comme ça, c’est le regret de ma vie. J’aurais pu être au Stade de France devant 80 000 personnes. J’étais capitaine. Cela aurait fait un derby face au PSG.

En plus, Gueugnon a gagné la finale…
Je n’ai pas pu regarder la finale, impossible, et alors, quand j’ai su que Gueugnon avait gagné, ce fut pire… La même saison, on perd en 8e de finale contre Lyon en Coupe de France avec le Red Star : on mène 1 à 0 et Govou, qui effectue ses débuts, entre et claque deux buts à la fin ! Là, pas de regret, c’était la classe.

Meilleur souvenir d’entraîneur ?
La montée de N2 en National avec Paris 13.

Pire souvenir d’entraîneur ?
Une élimination à Pagny-en-Moselle au 8e tour avec l’UJA Maccabi (N3), avec une erreur d’arbitrage à la fin, que l’arbitre a reconnue ensuite. On aurait dû bénéficier d’un penalty et on prend un but dans le temps additionnel. C’est dommage. Financièrement, pour un petit club comme le nôtre, cela aurait été bien. Ce fut un gros sentiment d’injustice.

Combien de buts marqués dans votre carrière ?
25 ! Pour un milieu de terrain, c’est pas mal ! Je mettais un ou deux buts par saison, sauf une saison, j’en ai mis 9 au Portugal en D2 portugaise, à Naval, ce qui m’a permis d’aller à Coimbra en D1 portugaise avec Jean Alves, on a eu arthur jorge aussi, et des très bons joueurs, dont plusieurs internationaux.

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
J’ai toujours été passionné par ce jeu, dès mon plus jeune age. Mon père était footballeur amateur. Je le suivais partout et dès que j’ai eu l’âge de jouer, je me suis inscrit au club du Stade de l’Est Pavillonais, à Pavillons-sous-Bois : c’est le club du papa de Kylian Mbappé, Wilfrid Mbappé, et de son oncle, Pierre. C’est aussi le club des Mboma. Pour la petite histoire, mon père entraînait Wilfrid Mbappé en cadets ! Quand je les croise, ils me demandent des nouvelles de mon papa. Le stade de l’Est, ils s’en souviennent ! J’y ai joué jusqu’à l’âge de 13 ans. Après, j’ai été repéré en sélection départementale du 93, le Red Star est venu me chercher. J’y ai joué en minimes, en cadets nationaux, en 17 ans Nationaux, il y avait Marlet, Agasson, Mauricio, puis j’ai intégré l’équipe B, avec Gueret, Gonzalve, Vasquez-Garcia, je commençais déjà à m’entraîner avec les pros de Herbin et Repellini, et lors de la saison 1992-93, j’ai commencé à jouer. Le premier de ma génération à intégrer l’équipe pro, ce fut Steve (Marlet), après y ‘a eu Vasquez-Garcia et moi. Et je ne suis plus sorti de l’équipe pendant 8 ans. Je suis le 5e plus capé de l’histoire du Red Star, avec 220 matchs. Le premier c’est Jean-Luc Girard avec 285 matchs.

Steve Marlet, un de vos meilleurs amis ?
Oui ! On a aussi fait le Bataillon de Joinville ensemble en 1993-94 avec Micoud, Letitzi, Makelele, Sibierski, Danjou, Santini, Perez, Videau, Libbra, Lefebvre, Sanchez, Ba, Renou, Clapson, Bedrossian, Laspalles, Carnot, Abou, Laville, Djetou, Candela et j’en oublie !

Votre plus beau but ?
Contre Niort, je récupère le ballon, je fais un appui avec Samuel Michel et je reprends de volée en pleine lucarne de 25 mètres. C’était Thomas Debenest dans les cages , qui est ensuite venu chez nous, alors je l’ai chambré pas mal de fois (rires) !

Un geste technique préféré ?
J’avais des petits crochets « exter » courts, en plein course, j’étais capable de m’arrêter rapidement en crochetant pied droit, en gardant bien le ballon derrière mon pied, d’éliminer le joueur avec ma vitesse et de repartir de l’autre côté.

Qualités et défauts sur un terrain ?
La technique. La clairvoyance. L’intelligence de jeu. J’avais un gros volume de jeu. Je courais beaucoup. Mais je manquais d’explosivité et de puissance pour casser les lignes. Le volet athlétique, c’est ça qui me manquait.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir dans le jeu ?
Au Red Star, on a fait des belles saisons, notamment les premières, quand on jouait la montée. J’y ai toujours pris du plaisir.

Et sur le banc de l’entraîneur ?
J’aime les joueurs, ils essaient de mettre en place le jeu que je souhaite que l’on produise, donc c’est difficile de répondre à ça… Au Paris FC, avec la réserve, en N3, c’était très intéressant de faire progresser les joueurs. Au Paris 13, c’était une aventure humaine, plaisante, et en termes de résultat, c’était difficile de faire mieux : 1er l’année du covid avant l’arrêt puis 1er l’année d année. J’ai connu trois montées avec Bry, des maintiens avec l’UJA Alfortville sans moyens ou avec des moyens quasi nuls, on a fait une très bonne année à Chambly…

Comment avez-vous atterri à Bry-sur-Marne ?
Quand la fin de ma carrière de joueur est arrivée, j’ai fini à Viry en N2 à presque 37 ans, le club de Brie m’a sollicité pour prendre l’équipe première qui évoluait en première division de district; mon fils y jouait à l’époque en U6/U7 donc j’allais souvent au club le samedi, et c’est comme ça que les contacts se sont noués, qu’on a appris à se connaître. J’en ai parlé à Stéphane Cabrelli le coach de Viry, afin de savoir si je pouvais jouer le samedi avec Viry en championnat et entraîner parallèlement Bry, si ce n’était pas gênant. Les entraînements de Viry étaient le soir, donc ça n’a pas posé de problème, et avec Bry, on est monté en PH, en DHR et en DSR, trois fois de suite ! Ce fut une aventure humaine top ! On a encore beaucoup de contacts entre nous, avec les joueurs de Bry, on a d’ailleurs un groupe Whatsapp, les « Bry forever », on a plaisir aussi à se revoir entre anciens. Bry, c’est aussi ce qui m’a permis d’embrayer sur un club de National 3, à l’UJA Maccabi Paris (ex-UJA Alfortville), où j ‘ai fait 3 ans. Ensuite, j’ai fait 4 ans au Paris FC, 2 ans à Paris 13 et donc une saison à Chambly.

Vous avez mis les mains dans le cambouis à Bry ?
Exactement, on touche à tout, on s’entraînait sur un terrain rouge, j’étais épaulé par Cédric Nicoletti, qui est devenu mon ami, on a appris à se connaître là-bas, on ne s’est plus lâché depuis ! Brie, ça a été l’expérience qui m’a fait aimer ce métier et aller le plus haut possible. Humainement c’était une aventure humaine forte. Même à ce niveau-là, une montée ça reste une montée, c’est beaucoup de joie.

Question facile : le club de votre coeur ?
Le Red Star ! Mais j’ai vécu aussi une super-expérience au Portugal. Un jour, si j’ai une possibilité d’y entraîner, j’irai; mon expérience de joueur là-bas s’était bien passée; parfois, je faisais la traduction pour le coach ! Mon premier fils, Lucas, est né à Coimbra, où j’ai joué en D1 à l’Académica.

Votre 2e club de coeur ?
Le Paris FC, j’y ai joué 4 ans et demi et j’y ai été éducateur pendant plus de 4 ans, donc au total ça fait presque 9 ans ! J’y ai beaucoup appris aux côtés de Pierre Dréossi au recrutement des pros. Une bonne expérience.

Pas d’erreur de casting alors ?
non franchement, non.

Le club où vous auriez rêvé de jouer dans vos rêves les plus fous ?
Barcelone. Au niveau du jeu, ça fait rêver.

Un club que vous aimez bien ?
La Sampdoria de Gênes ! Mon père est de là-bas, je suis d’origine italienne, on y a des cousins aussi. J’ai eu la chance d’y voir des sacrés matchs et des sacrés joueurs.

Un stade mythique ?
Sentimentalement c’est le Marassi, l’ancien nom du stade de la Sampdoria de Gênes, et sinon le Nou Camp.

Un coéquipier marquant ?
Deux : Steve Marlet et Ted Agasson.

Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling sur le terrain ?
J’ai joué avec Steve (Marlet) dès les cadets nationaux. On s’entendait bien. On jouait les yeux fermés. Je pivotais, j’envoyais le ballon dans l’espace, il allait à 4000 à l’heure, je n’avais pas grand chose à faire, je pouvais même me tromper dans le dosage et il se débrouillait pour récupérer la balle. En fin de carrière, quand je jouais plus bas, je m’appuyais sur Ted Agasson qui jouait en 10. On se connaissait bien.

Le joueur perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
J’étais proche de Marko Filipovic à Istres, on était tout le temps en semble, on s’est un peu perdu de vue… Y’en aurait plein d’autres également.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
A la formation, au Red Star, les deux entraîneurs qui nous avaient bien fait progresser, c’était Patrice Lecornu et François Gil. Ils ont fait ce qu’était le Red Star dans les années 90. Je ne les ai pas vraiment perdus de vue même si on n’a plus beaucoup de contact, mais ils ont compté pour moi et pour beaucoup de jeunes du Red Star.

Un président marquant ?
Pierre Ferracci au Paris FC. Humainement, c’est vraiment une très bonne personne. Regardez ce que le club est devenu aujourd’hui grâce à lui. Quand j’y ai joué en National, on avait une bonne équipe mais on jouait au stade Dejérine, sur un terrain en herbe compliqué, les vestiaires c’était… Au niveau médical, logistique, tout était compliqué, et quand je vois tout ce qu’il a accompli en 10 ou 15 ans, avec le centre d’entraînement, le centre de formation féminin, le développement du club, les jeunes en 17 et 19 ans Nationaux, les féminines en D1, l’image… Il va, je le souhaite, réussir et parvenir à monter en Ligue 1, il le mérite. Je pense qu’il y arrivera.

Un modèle de joueur ?
Messi. Pour moi, c’est le meilleur joueur de l’historie du foot. On a tendance à oublier le Messi de 18 à 30 ans. On est critique aujourd’hui parce qu’il n’a plus les jambes. Mais les pieds… C’est un génie. Il est un peu plus fort que Maradona je pense.

Un modèle de coach ?
J’aime beaucoup Guardiola, je ne suis pas original. Quand on produit du jeu et quand on maîtrise ses matchs, qu’on a l’ascendant sur l’adversaire, je reste persuadé qu’on a plus de chance de gagner. Pour moi, il vaut mieux poser des problèmes plutôt qu’essayer de les résoudre. Et c’est plus plaisant pour tout le monde, pour les joueurs, les spectateurs.

Vous étiez un joueur plutôt ?
Technique.

Vous êtes un entraîneur plutôt ?
Tactique.

Y’a-t-il une méthode Fabien Valéri ?
Ma philosophie est simple. Je veux un cadre assez rigide mais pas trop non plus, avec une certaine liberté à l’intérieur de ce cadre là, pour qu’il y ait de la bonne humeur, etc. Sur le terrain, je veux du sérieux, du travail, de la concentration, de l’application, d’engagement. J’aime que les joueurs prennent du plaisir à l’entraînement, pour éviter la routine, pour qu’ils s’impliquent. En fait, c’est le ballon, le jeu, le plaisir.

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Eric Crémois – Photosports (sauf mentions spéciales)

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Jouera-t-on à 17 ou à 18 ? Et à combien finira-t-on ? Le 31e exercice du championnat le plus hybride, instable et illisible de toutes les compétitions nationales repart avec son lot de questions et d’incertitudes. Mais il n’en demeure pas moins toujours le plus passionnant ! C’est bien là tout le paradoxe ! Présentation.

C’est hélas une spécificité bien française. Nous sommes en effet le seul pays de football incapable de fournir une liste précise de participants jusqu’aux premiers instants d’une compétition majeure, à force de procédures à rallonge, de règles kafkaïennes, de décisions renversées, d’appels, de contre appels, de CNOSF, de Comex, de tribunal administratif.
Ce fut le cas en Ligue 2 où Annecy fut réinstallé à 24 heures de l’ouverture du championnat (!).

Mais le National 2023-2024 fait beaucoup plus fort en terme de flou si peu artistique : il s’élance ce vendredi avec 17 clubs (exactement comme lors de la saison 2017-2018, avec un exempt à chaque journée), dont 8 clubs pros, mais sera peut être porté à 18 d’ici quelques jours selon le sort réservé au FC Sochaux Montbéliard. On ne pourra éventuellement que se réjouir du sauvetage de l’institution historique qu’est le FCSM, sa formidable histoire, son enracinement populaire.

Mais le timing et les péripéties ne sont pas à la gloire du football français. Un jour on sauvera peut être un club à Noël… Et pourquoi (peut-être) Sochaux mais pas Sedan ? Visiblement à cause de règles tellement floues que personne ne les comprend.

Quid de la Ligue 3 professionnelle ?

Une chose est sûre : à 17 ou à 18, près d’un tiers de l’effectif (5 ou 6 équipes) sera relégué en fin de saison afin de se conformer au calendrier de la réforme des championnats nationaux, contestée un peu partout … mais que tout le monde a voté !

Le résultat ? Des turbulences permanentes à tous les échelons de la compétition, par peur du lendemain.
En cours de saison dernière, onze des dix huit équipes de National ont changé d’entraîneur. Et sept autres – parfois les mêmes – ont fait de même pendant la trêve estivale.

Bon courage donc aux nouveaux, Romain Revelli (Villefranche), Goran Jovanovic (Cholet), Olivier Saragaglia (Châteauroux), Philippe Hinshberger (Niort), Benoît Tavenot (Dijon), Laurent Peyrelade (Versailles) et Bernard Casoni (Orléans).

Dans la très grande majorité des clubs, les effectifs ont également subi de profondes modifications, et il n’est donc pas simple d’établir une hiérarchie. Beaucoup d’inconnues subsistent un peu partout, y compris sur la compétition elle même. Va-t-on enfin vers une Ligue 3 professionnelle, comme le souhaitent les clubs ? Un jour c’est oui, le lendemain c’est non… Incompréhensible.

Continuera-t-on encore longtemps avec ce championnat hybride qui rassemble toutes les contraintes du professionnalisme … mais ne bénéficie d’aucun de ses avantages ? Cela fait des années que la question se pose mais que les instances refusent le débat quand elles ne mettent pas carrément la poussière sous le tapis.

Mais, depuis sa création en 1993 et notamment son passage en poule unique (en 1997), le National reste une compétition prisée des vrais amoureux du foot, pour ce qu’elle recèle de richesses, d’ancrage dans nos régions, avec sa faculté à révéler des talents que l’on retrouve ensuite dans l’élite et parfois en équipe de France (Giroud, Ribéry, Koscielny, Savidan, Kante, Kolo Muani, etc.)

Qui aura le privilège de succéder à Concarneau et Dunkerque promus en Ligue 2 au mois le 26 mai dernier ? Qui suivra le funeste destin de Saint-Brieuc, du Paris 13 Atletico, de Bourg-en-Bresse, du Puy et du FC Borgo, recalés vers le N2 ?
En tous les cas, on ne souhaite à personne le sort de Sedan, maintenu sur le terrain mais poussé administrativement vers le championnat régional après un feuilleton interminable et illisible…

LES RELÉGUÉS

Ils sont donc trois puisque Annecy s’est accroché in extremis à une bouée de sauvetage miraculeuse en Ligue 2. Les turpitudes des autres (Sochaux) ont fait son bonheur mais il y a évidemment une forme de justice car, sinon, le club haut savoyard aurait été la victime collatérale et innocente de l’affaire Bordeaux-Rodez.
Dijon, Nîmes et Niort, eux, n’y ont pas coupé. Les voilà au troisième échelon, et pour la première fois depuis longtemps pour les trois (2004 pour Dijon, 2012 pour Niort et Nîmes).
En deux ans, Dijon est même descendu de deux étages, de la L1 au National. « On n’est pas là pour rester en National » prévient son président, Olivier Delcourt. Hélas, beaucoup de présidents ont dit la même chose par le passé et ne sont jamais remontés en Ligue 2. Certes, Dunkerque n’a passé qu’une saison en National, mais c’est l’exemple qui confirme la règle.
En Bourgogne, dans les Deux-Sèvres et dans le Gard, on espère se remettre vite de cette gueule de bois. Mais ce n’est pas gagné… Partout, tout a été refait du sol au plafond. Sans garantie. Bien sûr, l’arrivée de Philippe Hinsberger, entraîneur expérimenté et clairvoyant, est sans doute la meilleure nouvelle enregistrée depuis longtemps par les supporters des Chamois Niortais.
Mais, à propos de supporters, ceux du Nîmes Olympique sont plus que jamais en guerre avec leur président Rani Assaf, et le climat de conflit permanent qui entoure le NO n’augure rien de bon, même à ce niveau.

LES PROMUS

La saison dernière, les quatre promus empruntèrent des trajectoires opposées. Avec un budget hors normes pour la division, Versailles flirta longtemps avec le trio de tête et Martigues, au terme d’une saison superbe, ne rata la marche vers la Ligue 2 qu’à cause d’une défaite inexplicable chez la lanterne rouge Borgo à l’avant dernière journée.

En revanche, Le Puy, malgré des résultats positifs face aux équipes de tête, et le Paris 13 Atletico ont fait l’aller retour vers le N2. C’est le sort que l’on peut malheureusement craindre pour Epinal (abonné aux repêchages par le passé), le GOAL FC et Marignane-Gignac-Côte Bleue, qui ne fit qu’une saison (2018-2019) en National lors de sa première tentative, avant sa fusion avec Côte Bleue. Trois clubs aux moyens limités, financièrement et structurellement, et donc obligés de rester sages pendant le mercato estival.

En revanche, le FC Rouen présente d’autres garanties dans son ambition de renouer avec son passé, glorieux mais aussi tourmenté, notamment un fort soutien populaire (déjà plus de 1000 abonnés) dans son mythique stade Diochon. Les Normands ont survolé leur groupe de N2, terminant avec un total de points très supérieur aux trois autres. Maxime D’Ornano, qui avait déjà fait monter Saint Brieuc en National en 2020, a bâti un ensemble solide et performant, habilement renforcé cet été.

LES MIRACULÉS

Sanctionnés par la DNCG en première instance, fragilisés par une gestion aventureuse, Nancy et Châteauroux reviennent de très loin… Surtout l’ASNL, reléguée sportivement dans un premier temps, puis administrativement (en National 3) dans un second … et finalement repêchée en National après les malheurs de Sedan mais aussi une forte mobilisation populaire, politique, et un sursaut bienvenu de ses actionnaires.

La Berrichonne a aussi senti le vent du boulet alors qu’on lui prêtait jusque là des ambitions sans limites avec son propriétaire saoudien. De retour dans son club de cœur, dont il avait pourtant été brutalement écarté, Olivier Saragaglia a dû reconstruire une équipe entière, dans le seul objectif du maintien pour l’instant, mais avec des atouts, comme le buteur Geoffray Durbant, arrivé de Laval.

Échaudé, Benoît Pedretti, le coach nancéien, ne vise lui aussi qu’un retour à la normale, sans frayeur, sans ambition démesurée, mais il pourra compter sur la forte mobilisation des supporters (plus de 3000 abonnés), qui se sont tellement fait peur qu’ils ont décidé de profiter du National, en attendant mieux, plus tard.
Quant à Sochaux, il sera bien sûr le miraculé des miraculés, au cas où…

LES HABITUÉS

L’US Avranches. Photo Philippe Le Brech

Le National est par nature un championnat très instable où le turnover est considérable ! Ainsi il ne reste plus que trois clubs qui étaient au départ de la saison 2016-2017, Châteauroux, Epinal et Avranches : le club de la Manche et son truculent président Gilbert Guérin entame même sa dixième saison d’affilée à ce niveau, un véritable exploit pour une ville de moins de 8000 habitants ! Et ce avec deux joueurs fidèles, déjà présents au début de l’aventure (Charles Boateng est arrivé en 2011 et Anthony Beuve en 2014).

Cholet en est pour sa part à sa septième saison, une belle régularité alors que, là-bas, le sport roi est le basket. Villefranche commence aussi à faire partie des habitués. Deux fois barragiste pour l’accession en Ligue 2 (2021, 2022), le club du président Philippe Terrier a encore terminé dans le premier tiers du tableau la saison écoulée (6e), et c’est une performance quand on sait qu’il fut relégable pendant les 3/4 de la saison.

LES FAVORIS

Le Mans FC. Photo Philippe Le Brech

L’exercice du pronostic est toujours aléatoire dans cette division, soumise tous les ans à de nombreux changements de staffs ou d’effectifs. Néanmoins, quatre favoris semblent se dégager très légèrement.

  • Le Red Star pour sa stabilité sur le banc (Habib Beye) comme sur la pelouse. Au moment de recruter, la qualité – Bissenty Mendy (Annecy), Joachim Eickmayer (Bourg-en-Bresse), Ivann Botella (RWDM, Belgique) – a été préférée à la quantité. Dans un stade Bauer en travaux mais toujours incandescent, les Audoniens peuvent cette fois décrocher la timbale en tirant les leçons de la saison passée où ils avaient raté l’accession en perdant trop de points à la maison contre les mal classés.
  • Martigues, qui, comme le Red Star, sort d’une saison aboutie même si elle s’est achevée par une très grosse déception avec cette défaite fatale et inattendue à Borgo qui a ruiné un parcours souvent brillant. Grégory Poirier repart a la tête d’un effectif stable, tout juste corrigé à la marge, qui a démontré sa valeur et ses ressources. Un changement majeur toutefois : le club provençal est passé sous pavillon américain avec l’arrivée de Ross Roskopp, producteur de films et propriétaire de la marque Santa Cruz.
  • Le Mans a opéré le recrutement le plus clinquant. Le départ du buteur Armand Gnanduillet en Ligue 2 (Dunkerque) a largement été compensé par une très jolie brochette de renforts, dont le revenant Mathieu Coutadeur (AC Ajaccio), Yohann Le Mehauté (Cholet), Mehdi Boussaid (Avranches), Anthony Ribelin (Bourg-en-Bresse), Samuel Yohou (OFI Crete), Erwan Colas (Lorient), Dame Gueye (prolifique buteur en N2 avec Grasse) ou Antoine Rabillard, décisif dans le titre 2023 de Concarneau ! De quoi retrouver la Ligue 2 abandonnée il y a trois ans ?
  • Versailles a changé d’entraîneur (Laurent Peyrelade), de président (Alexandre Mulliez), de stratégie… Fini les noms clinquants et les salaires XXL, place à des joueurs beaucoup plus jeunes et plus adaptés au niveau. Les matches de préparation ont été très prometteurs (aucune défaite et des victoires sur les L2 d’Amiens ou du Paris FC), et ont commencé à révéler les Kevin Mbala (Paris FC), Djibril Bangoura (Chateaubriant), Jules Raux (LOSC), Modeste Duku (Borgo) ou Bilal Hend (Progrès Niederkorn)… Malheureusement, Versailles ne jouera toujours pas à Versailles, mais dans l’indifférence du stade Jean Bouin à Paris, et c’est quand même un handicap.

Derrière ce trio, on aura peut être un relégué (Dijon ?), un promu (Rouen ?), un miraculé (Nancy ?), et d’autres possibles outsiders comme Orléans (un effet Bernard Casoni ?) ou le très régulier Villefranche.

Texte : Jean-Michel Rouet – Photos : Philippe Le Brech

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Tout ce qu’il faut savoir sur le National

  • Record du nombre de saisons : Paris FC et Créteil (17 saisons)
  • Année de la création du championnat : 1993 (à deux poules, puis à une poule unique depuis 1997)
  • Record du nombre de saisons d’affilée : 10 (Avranches depuis 2014, Cannes de 2001 à 2011 et Boulogne de 2012 à 2022)
    Nombre de clubs ayant joué en National (au moins une saison) : 126 (en 30 saisons). A ce chiffre, il convient d’ajouter GOAL FC, promu de National 2, et qui n’a jamais évolué à ce niveau, de même que Sochaux, si le club est admis, ce qui porterait le nombre de clubs à avoir joué au moins une saison à cet échelon à 129 depuis 1993 !
  • 31e : cette saison 2023-2024 est le 31e exercice !
  • Le premier champion de National fut Châteauroux en 1994.
  • 2012-2013 : l’année de la première diffusion d’un match du championnat sur FFF TV. Il saigissait du match Amiens – Colmar.
  • Défense : Beaucaire fut l’équipe à avoir encaissé le plus de buts (79) sous la forme du championnat à 20 clubs, lors de la saison 2002-2003. Depuis le passage de 20 à 18 clubs en 2013, c’est Epinal qui a encaissé le plus de buts lors de la saison 2014-2015 (73 buts en 34 matchs).
  • Record : c’est le Sporting-club de Bastia qui détient le record du nombre de points marqués en championnat, 91, lors de la saison 2010-2011.
  • 27 820 : le record du nombre de spectateurs pour un match de National. C’était le match de la J34 (saison 2014-2015) entre Strasbourg et Colomiers, disputé à La Meinau !
  • 31. Greg Thil (Boulogne) détient le record du nombre de buts inscrits sur une saison (31 buts inscrits avec Boulogne en 2006-2007). Il devance Dominique Corroyer (30 buts, saison 1994-1995, avec le FC Rouen).
  • Doyens : ils sont deux joueurs à entamer cette saison leur 10e saison d’affilée en National. Tous deux évoluent à Avranches. Il s’agit du gardien Anthony Beuve et du milieu Charles Boateng (à noter que ce dernier entame sa 13e saison au club, où il est arrivé en 2011).
  • Coupe d’Europe : un seul club de National a disputé la coupe d’Europe, le Nîmes Olympique. Finaliste de la coupe de France en 1996 (défaite contre l’AJ Auxerre), le NO avait ensuite disputé la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe la saison suivante, en 1996-1997. Le club gardois avait atteint les 8es de finale, éliminé en match aller-retour par l’AIK Fotboll, un club suédois.
  • Coupe de France : deux clubs de National ont atteint la finale. Les Herbiers en 2018 et Nîmes en 1996.
    Double champion. Depuis la création du National en 1993, seuls 5 clubs ont été sacrés à deux reprises « champion » : Nîmes Olympique, en 1997 et 2012 ; Clermont Foot en 2002 et 2007 ; Châteauroux en 1994 et 2017 ; Red Star FC en 2015 et 2018 et le SC Bastia en 2011 et 2021.
  • Double accession. 11 clubs ont réussi la performance d’enchaîner deux accessions de suite, de National en Ligue 2 puis de Ligue 2 en Ligue 1 (Guingamp, Bastia, Valenciennes, Sedan, Toulouse, Arles-Avignon, Evian-Thonon-Gaillard, Metz, Gazelec Ajaccio, Strasbourg et Amiens).
  • Plus faible nombre de points. Avec seulement 10 points récoltés en championnat, c’est l’AC Arles qui détient ce triste record, qui date de la saison 1993-1994.

Les mouvements de l’inter-saison

Merci à Philippe Le Brech pour la communication des infos mercato !

Avranches

Arrivées : Emeric Dudouit (Virton, Belgique), Ryan Fage (Troyes), Sékou Fofana (Lausanne, Suisse), Dany Jean (Strasbourg), Sétigui Karamoko (Santa Maria da Feira, Portugal), Cédric Mensah (Poitiers), Steven Nsimba (Laval), Leverton Pierre (Dunkerque), Justin Smith (Quevilly/Rouen) Aurélien Tertéreau (Toulon), Isaac Tshipamba Mulowayi (Quevilly/Rouen)

Départs : Yohan Baret, El Mehdi Boussaïd (Le Mans), Florian Bresteau (Saint-Lô), Brice Cognard (Châteauroux), Claude-Michel Eboumbou Dipoko, Noah Françoise ( Rennes ), Yann Godart, Goduine Koyalipou ( Lausanne, Suisse ), Cédric Makutungu (Dijon), Formose Mendy (Nîmes), Nicolas Mercier ( Auxerre ), Virgile Piechocki (Le Puy-en-Velay), David Pollet (Wasquehal), Ihsan Sacko (Thun, Suisse)

Châteauroux

Arrivées : Othmane Chraibi (Metz – B), Fredler Christophe (Strasbourg – B), Brice Cognard (Avranches), Hugo Collela (Orléans), Geoffrey Durbant (Laval), Rémy Duterte (Laval), Omare Gassama (Sedan), Baptiste Guyot (Le Puy-en-Velay), Hillel Yored Konaté (Valenciennes), Glen Matondo Luamba (Cholet), Antoine Mille (Bourg-en-Bresse/Péronnas), Tony Njiké (Arges, Roumanie), Vincent Pires (Sedan), Kapokyeng Sylva (Versailles)

Départs : Ange Ahoussou (Sochaux), Romain Basque (Versailles), Florian Bianchini (Bastia), Celal Bozkurt (Bourgoin-Jallieu), Sofiane Daham, Paul Delecroix (Niort), Nama Fofana, Romain Grange, Jonathan Mexique (Nîmes), Alioune Ndour ( Belenenses Lisbonne, Portugal ), Ferris N’Goma, Thio Ntolla (Grenoble), Peter Ouaneh (Laval), Tommy Plumain, Nolan Roux, Opa Sangante (Dunkerque), Gilles Sunu, Malcolm Viltard ( Sochaux ), Bendjaloud Youssouf, Yannis Verdier (Rodez)

Cholet

Arrivées : Oussama Abdeljelil (Sedan), Ousmane Ba (Metz), Tijani Belaïd (La Marsa, Tunisie), Dan Delaunay (Versailles), Ismaël Dramé (Angers – B), Yamadou Fofana (Alès), Nathan Monzango (Pau), Jason Ngouabi Lougagui (Borgo), Théo Parrinello (Sète), Jordan Robinand (Strasbourg), Djessine Seba (Le Puy-en-Velay)

Départs : Noah Fatar ( Angers ), Simon Gbegnon Amoussou, Sérigné Saliou Gueye, Yoann Le Méhauté (Le Mans), Anthony Martin, Glen Matondo Luamba (Châteauroux), Bridge Ndilu ( Nantes ), Valentin Rabouille (Beauvais), Kevin Rimane (Borgo), Milan Robin (Martigues), Baptiste Valette

Dijon

Arrivées : Mohamed Ben Fredj (Le Puy-en-Velay), Bersant Celina ( Stoke City, Angleterre ), Souleymane Cissé (Clermont-Ferrand), Zakaria Fdaouch (Martigues), Cyriaque Irié (Real du Faso, Burkina Faso), Cédric Makutungu (Avranches), Lenny Montfort (Nantes – B), Yapo Nchobi (Laval), Robin Risser (Strasbourg), Pierre Sagna (Santa Clara, Portugal), Rayan Souici (Saint-Priest), Arnold Temanfo (Annecy)

Départs : Mattéo Ahlinvi (Cukaricki Belgrade, Serbie), Marley Aké ( Juventus Turin, Italie ), Reda Benchaa, Idrissa Camara (Bolu, Turquie), Senou Coulibaly (Omonia Nicosie, Chypre), Valentin Jacob (AC Ajaccio), Paul Joly ( Auxerre ), Alexandre Nascimento Da Costa Silva (Atlanta UFC, USA), Didier Ndong (Al-Riyad FC, Arabie Saoudite), Ahmad Touré Ngouyamsa Nonchili (Rodez), Jessy Pi, Baptiste Reynet, Christopher Rocchia, Thomas Roche (Bobigny/Bagnolet/Gagny), Loum Tchaouna ( Rennes ), Ousseynou Thioune (Anorthosis Famagouste, Chypre), Zargo Touré (Çorum, Turquie)

Epinal

Arrivées : Lorenzo Depuidt (Strasbourg – B), Esteban Lepaul (Orléans), Dorian Salhi (Borgo), Isaak Umbdenstock (Nancy), Maël Zogba (Alès)

Départs : Lucas Barreto (Raon-l’Etape), Ismaël Gace (Haguenau), Yassine Gourari Tebaa, Hugo Grandemange (Raon-l’Etape), Gaoussou Sackho, Madan Samba (Racing Besançon), Souleymane Sangaré, Simon Ternynck (Toulon), Quentin Vogt (Fleury-Mérogis)

GOAL FC

Arrivées : Chafik Abbas (Vertou), Malick Assef (Hyères), Romain Caumet (Châteaubriant), Adrien Julloux (Concarneau), Hicham Khoutri (Feurs), Mathis Louiserre (Louhans/Cuiseaux), Kassim M’Dahoma (Botosani, Roumanie), Thibault Rambaud (Canet-en-Roussillon), Nathan Tanard (Bourgoin-Jallieu), Cazim Suljic (Piacenza, Italie)

Départs : El Hadj Coly (Furiani/Agliani), Cheikh Gueye, Mohamed Guilavogui (Le Puy-en-Velay), Maramadou Kaba (Feurs), Julien Kouadio (Villefranche-sur-Saône), Abdourahim Moina Afa Alidi (Lyon Duchère), Alexandre Muller (Saint-Priest), Guillaume Odru (La Roche-sur-Yon VF), Faiçal Richou, Mohamed Sakkouh (Bourgoin-Jallieu), Nicolas Senzemba, Walid Touil (Bourges)

Le Mans

Arrivées : El Mehdi Boussaïd (Avranches), Erwan Colas (Lorient – B), Mathieu Coutadeur (AC Ajaccio), Augustin Delbecque (Lens – B), Dame Gueye (Grasse), Yoann Le Méhauté (Cholet), Antoine Rabillard (Concarneau), Anthony Ribelin (Bourg-en-Bresse/Péronnas), Samuel Yohou (OFI Crète, Grèce)

Départs : Mickaël Bod, Tristan Boubaya (Vannes), Noa Cervantes (Troyes), Freddy Colombo (Fleury-Mérogis), Maxence Derrien, Hassimi Fadiaga (Levski Sofia, Bulgarie), Armand Gnanduillet (Dunkerque), N’Dri Philippe N’Gué Koffi ( Reims ), Lamine Koné, Iyad Mohamed (Pau), Pierre Daniel Nguinda Ndiffon (CSKA 1948 Sofia, Bulgarie), Ianis Aymar Polla Boyom (Ouest Tourangeau), Oscar Verneau (Les Herbiers)

Marignane-Gignac-Côte Bleue

Arrivées : Randi Goteni (Paris 13), Bissourou Touré (Thonon/Evian/Grand Genève)

Départs : Memet Arslan, Dany Djouhri (Carnoux-en-Provence), Pythoclès Bazolo (Biesheim), Alban Gibert (Louhans/Cuiseaux), Kenny Herbin (Valence), Enzo Lasne (Flers), El Hadji Niang (Arles)

Martigues

Arrivées : Yazid Aït-Moujane (Paris 13), Belkacem Dali-Amar (Aubagne), Ylan Gomes (Paris 13), Gaëtan Kouakou (Borgo), Leandro Morante (Bourg-en-Bresse/Péronnas), Ilyes Najim (Bourg-en-Bresse/Péronnas), Milan Robin (Cholet)

Départs : Harouna Abou Demba, Anfane Ahamada Mzé ( Paris SG ), Mehdi Baaloudj ( Gungamp ), Rayan Bichari, Lassana Diakhaby (Versailles), Mahdi El Makhfi (Istres), Zakaria Fdaouch (Dijon), Mohamed Mara, Mame Balla Tine, Lucas Toussaint

Nancy

Arrivées : Walid Bouabdeli (Reims Sainte-Anne), Teddy Bouriaud (Le Puy-en-Velay), Maxence Carlier (Sedan), Shaquil Delos ( Estoril Praia, Portugal ), Alassane Diaby (Tuzla, Bosnie-Herzégovine), Benjamin Gomel (Sedan), Cheikh Touré (Poissy), Louis Carnot (Lille B), Kevin Farade (Annecy)

Départs : Thomas Basila ( Ostende, Belgique ), Samir Bouzar Essandi (Thionville), Alexandre Cropanese (Balagne), Julien Dacosta ( Coventry, Angleterre ), Lucas Deaux, Abdoulaye Diallo, Neil El Aynaoui (Lens), Baptiste Etcheverria, Axel Francke, Alexis Giacomini, Victor Glaentzlin (Andrézieux-Bouthéon), Alexis Lefebvre ( Troyes ), Mayoro Baye Ndoye, Thomas Robinet (Almere, Pays-Bas), Diafra Sakho, Ervin Taha, Isaac Umbdenstock (Epinal)

Nîmes

Arrivées : Namakoro Diallo (Boulogne-sur-Mer), Brahima Doukansy (Aubagne), Gauthier Laurens (Castanet-Tolosan), Patrick Orphe Mbina (Chamalières), Formose Mendy (Avranches), Jonathan Mexique (Châteauroux), Dagui Paviot (Pau – B), Mathis Picouleau (Valenciennes), Ibrahim Sacko (Fréjus/Saint-Raphaël), Axel Thoumin (Mâcon)

Départs : Steve Ambri, Nicolas Benezet, Ilian Boudache, Nasser Djiga ( Bâle, Suisse ), Guessouma Fofana, Nguessan Jean Frédéric Kouadio (Metz), Nahim Laidouni (Umm Salal, Qatar), Joseph Lopy (Angers), Axel Maraval (Rouen), Julien Megier, Lys Mousset ( Bochum, Allemagne ), Rayan Nasraoui Soulie, Pablo Pagis ( Lorient ), Benoît Poulain, Scotty Sadzoute ( Ould/Heuverlé/Louvain, Belgique ), Malik Tchoukounté (Laval), Jens Thomasen, Thibaut Vargas (Laval), Marius Zampa, Mehdi Zerkane

Niort

Arrivées : Raphaël Ulrich Anaba Mbida Nga (Sans Club), Shurwin Natanaël Bouekou Mahania (Auxerre – B), Jean-Philippe Célestin (Bobigny/Bagnolet/Gagny), Paul Delecroix (Châteauroux), Marks Inchaud (Jura Sud), Jacques Bruno Mbeubap Mbiandjeu (Nice – B), Bruno Ecuele Manga (Belfort)

Départs : Bilal Boutobba (Clermont-Ferrand), Yohan Cassubie (Bordeaux), Ibrahima Sory Conté, Junior Flemmings ( Toulouse ), Charles Kaboré, Guy Kilama Kilama (Hatay, Turquie), Jean Louchet (Valenciennes), Yanis Maronne (Le Puy-en-Velay), Yanis Merdji, Joris Moutachy, Oumar Ngom (Pau), Kevin Rocheteau (Pays de Cassel), Lenny Vallier (Guingamp)

Orléans

Arrivées : Philippe Etoughe (Louhans/Cuiseaux), Morgan Jean-Pierre (Saint-Brieuc), Vincent Marcel (Hebar Pazardzhik, Bulgarie), Adama Niakaté (Racing CF), Ryan Ponti (Bourg-en-Bresse/Péronnas), Jérémi Santini (Toulon), Yaya Soumaré (Bourg-en-Bresse/Péronnas), Virgil Thérésin (Torremolinos, Espagne)

Départs : Clément Akpa ( Auxerre ), Ahmad Allée (Rouen), Hugo Colella (Châteauroux), Marvin Elimbi Gilbert ( Strasbourg ), Oumar Gassama, Nolan Gillot, Andréas Hountondji ( Caen ), Liamine Mokdad, Stone Muzalimoja Mambo, Ousseynou Ndiaye, Yonis Njoh (Pau), Esteban Lepaul (Epinal), Théo Vermot (Fréjus/Saint-Raphaël), Mokdad (Virton – Belgique)

Red Star

Le Red Star. Photo Philippe Le Brech

Arrivées : Quentin Beunardeau (Leixoes, Portugal), Yvann Botella (Molenbeek, Belgique), Joachim Eickmayer (Bourg-en-Bresse/Péronnas), Pablo Gozzi (Genoa, Italie), Bissenty Mendy (Annecy)

Départs : Ludovic Butelle (Reims), Noah Cadiou (Quevilly/Rouen), Nathanaël Dieng (Thonon/Evian/Grand Genève), Younès Ghabaoui, Josué Homawoo (Dinamo Bucarest, Roumanie), Issouf Macalou, Stéphane Sparagna, Jason Tré, Thibault Vialla

Rouen

Arrivées : Léonard Aggoune (Moulins/Yzeure), Ahmad Allée (Orléans), Ruffice Amédé Kabongo (Evreux), Hicham Benkaïd (Saint-Brieuc), Hugo Do Rego (Metz – B), Farès Ghedjemis (Vannes), Adon Gomis (Paris 13), Axel Maraval (Nîmes), Lamine Sy (Caen)

Départs : Jeffrey Baltus, Nicolas Barthélémy (Louhans/Cuiseaux), Franck Betra (Colmar), Mathéo Crocq (T.A. Rennes), Laye Diayté (Furiani/Agliani), Gamaël Dorvil (Ain Sud), Killian Grémont (Dieppe), Adil Hitouss (Villers/Houlgate), Jonathan Monteiro Machado (Wasquehal), Ilyes Nakoubi (Colmar), Redouane Tbahriti

Versailles

Le FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Arrivées : Djibril Bangoura (Châteaubriant), Romain Basque (Châteauroux), Lassana Diakhaby (Martigues), Modeste Duku Mbenga (Borgo), Bilal Hend (Niederkorn, Luxembourg), Kevin Mbala (Paris FC), Chris Kevin Nadje (Laval – B), Jules Raux (Lille – B), Dimitri Roszak (Ilvamaddalena, Italie)

Départs : Rachid Alioui, Rodrigo Agustin Amado Hernandez, Inza Diarrassouba, Sylvain Armand (Bourges), Dan Delaunay (Cholet), Wally Diouf (Nîmes), Kapokyeng Sylva (Châteauroux), Matthieu Dossevi, Fabien Lemoine (Arrêt), Diego Michel, Kevin Pham-Ba (Fréjus/Saint-Raphaël), Pierre-Yves Polomat, Salimo Sylla, Melvyn Vieira, Aly Yirango

Villefranche-sur-Saône

Arrivées : Abdou Malal Ba (Seraing, Belgique), Farhem Benaissa-Yahia (Lyon Duchère), Sofiane Bendaoud (Lyon Duchère), Nathan Dekoké (Bourg-en-Bresse/Péronnas), Eddy Ehlinger (Lorient – B), Julien Kouadio (GOAL FC), Mourad Louzif (Paris 13), Dassiemou Mai (Chamalières), Djamal Moussadek Medou Otye (Le Havre), Sullivan Péan (Dunkerque), Oumar Sidibé (Paris 13)

Départs : Ousmane Badji, Jean-Christophe Bouet (Saint-Paul-lès-Dax), Sofiane Bourouis-Belle (Cannes), Lucas Caruso (Mâcon), Nicolas Flégeau (Vannes), Kamil Manseri (Bourges), Quentin Martin, Santy Ngom (Beaucaire), Jimmy Nirlo (Bourgoin-Jallieu), Erwan Nordé (Ain Sud), Kevin Renaut (Grasse), Timothée Taufflieb (Mâcon)

Liste des clubs passés en National

(depuis sa création en 1993)

17 saisons : Paris FC, Créteil = 2 clubs

16 saisons : Pau = 1 club

14 saisons : Gazelec Ajaccio, Avranches = 2 clubs

13 saisons : Fréjus (puis Fréjus/Saint-Raphaël), Boulogne, Sète = 3 clubs

12 saisons : Louhans-Cuiseaux, Red Star = 2 clubs

11 saisons : Cherbourg = 1 club

10 saisons : Istres, Cannes, Besançon, Nîmes = 4 clubs

9 saisons : Noisy-le-Sec, Beauvais, Angoulême, Dunkerque, Epinal, Dijon, Orléans, Laval = 8 clubs

8 saisons : Valenciennes, Sannois-Saint-Gratien, Rodez, Brest, Amiens, Bourg-en-Bresse/Péronnas 01, FC Borgo (ex-Bastia-Borgo), Angers, FC Rouen, Martigues = 10 clubs

7 saisons : Raon-l’Etape, Racing-club de France, Thouars, Toulon, Lyon-Duchère, Sedan, Concarneau, Cholet = 8 clubs
6 saisons : Bayonne, Colmar, Châtellerault, La Roche-sur-Yon, Pacy-sur-Eure, Romorantin, Tours, Vannes, Chambly, Quevilly-Rouen (ex-US Quevilly), Villefranche-Beaujolais, Châteauroux = 12 clubs

5 saisons : Grenoble, Luzenac, Reims, Saint-Denis/Saint-Leu, Niort, Le Mans = 6 clubs

4 saisons : Wasquehal, Saint-Maur, RC Strasbourg, Quimper, Marseille-Consolat, Libourne/Saint-Seurin, Le Poiré-sur-Vie, Fécamp, Evry, Croix-de-Savoie (puis Evian TG), Clermont Foot, Aubervilliers, Alès, Béziers, Saint-Brieuc = 15 clubs

3 saisons : Arles, Bourges, Brive, Calais, Gueugnon, Les Herbiers, Luçon, Muret, Poitiers, Annecy, Roubaix, Troyes, Trélissac, Valence = 14 clubs.

2 saisons : Uzès, Vallauris, Saint-Priest, SC Bastia, Plabennec, Moulins, Lorient, L’Ile Rousse, Haguenau, Guingamp, Cassis-Carnoux, Carquefou, Colomiers, Belfort, Le Puy Foot 43, Versailles, Nancy, Marignane-Gignac = 18 clubs

1 saison : Paris 13 Atlético (ex-Gobelins), Yzeure, Vitrolles, Viry-Châtillon, Villemomble, Toulouse FC, Roye, Perpignan, Nevers, Mont-de-Marsan, Mulhouse, FC Metz, Hyères, Gap, Drancy, Charleville-Mézières, Beaucaire, AC Ajaccio, Ancenis, Alfortville = 20 clubs

La Journée 1

Vendredi 11 Août 2023 à 19h30 (en direct sur FFF TV : https://ffftv.fff.fr/)

Nancy – Villefranche
Niort – Avranches
Dijon – Rouen
Marignane Gignac CB – Le Mans
Epinal – Red Star
Cholet – Châteauroux
Orléans – Goal FC
Versailles exempt

Lundi 14 Août 2023
18h30 : Nîmes – Martigues (en direct sur Canal + foot)

Après avoir jonglé entre le foot amateur et son métier de garagiste, William Avognan est désormais un gardien de but professionnel au Red Star (National). A 28 ans, le joueur d’origine ivoirienne espère s’imposer dans le club francilien et prétendre à la sélection nationale.

Photo Philippe Le Brech

Vendredi 11 août à Epinal, le Red Star FC attaque sa 5e saison consécutive au troisième échelon national avec – toujours – l’ambition de retrouver la Ligue 2.

Le club de Seine-Saint-Denis pourra compter sur la motivation de son gardien William Avognan (28 ans). Après un début de carrière chez les amateurs où il travaillait comme mécanicien dans un garage, le portier au parcours atypique est désormais professionnel depuis cinq saisons. « Je suis devenu gardien malgré moi ! J’ai commencé le foot avec l’idée en tête de vouloir aller marquer. Il nous manquait un gardien, j’ai proposé d’y aller et depuis je suis resté à ce poste. »

« Mon passage à l’académie Diomède m’a beaucoup apporté. »

Photo Philippe Le Brech

William Avognan a grandi à la Ferté-sous-Jouarre en Seine-et-Marne. A l’âge de 15 ans, il intègre l’Académie Bernard Diomède. Créé en 2008 par l’ancien champion du monde, ce sport-études forme les citoyens et footballeurs de demain.

« J’ai intégré l’Académie Bernard Diomède grâce à mon grand-père. Il était entraîneur à ce moment-là et par le biais de ses relations, j’ai entendu parler de cette Académie. Comme je cherchais une structure qui faisait sport-études, il m’a proposé de participer à la détection et de voir ce que ça allait donner. J’ai donc été pris. »

En plus d’un suivi scolaire approfondi et d’entraînements quotidiens, la structure propose aux jeunes de nombreuses activités sociales et culturelles. « Notre voyage au Brésil lors de la Coupe du Monde 2014, c’était vraiment quelque chose. Mon passage à l’Académie m’a beaucoup apporté en termes de responsabilités. Je ne suis pas une « tête » donc je misais énormément sur le foot, tout en essayant de rester connecté sur les études. On a eu la chance d’être bien encadré avec l’Académie, ce qui m’a permis de m’en sortir un minimum. »

« Dans l’excitation, j’ai juste couru comme un grand con pour me replacer »

Photo Philippe Le Brech

Une fois le Bac en poche, William veut poursuivre le football. Cependant, décrocher un contrat professionnel est compliqué. Après avoir effectué ses gammes au FC Issy en Division d’Honneur (Régional 1), il s’engage en 2017 en faveur de l’AF Bobigny qui évolue alors en National 3.

Le dernier rempart du club est titularisé à 24 reprises sur cette saison-là. A l’époque, William se lève à 5 h 30 tous les matins. Le gardien d’1,98m quitte alors son domicile de La Ferté-sous-Jouarre et part travailler comme mécanicien dans un garage du XIIIe arrondissement de Paris puis enchaîne par sa séance d’entraînement à Bobigny (N2) pour un retour chez lui vers 23h30. « Je travaillais chez un concessionnaire automobile la journée et le soir j’allais à l’entraînement. J’habitais quand même assez loin de Paris et les embouteillages ne m’aidaient pas du tout donc ça se jouait énormément au mental. »

Son choix s’avère concluant. Avec Bobigny, il monte en National 2 et réalise même le rêve de nombreux gardiens : marquer un but ! « J’étais à Bobigny et on jouait contre le Blanc-Mesnil. On perdait 1-0 et je suis monté pour le dernier corner. On peut dire que je me trouvais au bon endroit au bon moment ! J’ai voulu gêner le gardien dans sa sortie et il a repoussé la balle des poings sur mon dos. Sur le moment, j’ai couru pour féliciter le joueur ! Je pensais qu’il avait marqué mais je me suis rendu compte que tout le monde courait sur moi en me disant que c’est moi qui avais marqué ! Donc au final, dans l’excitation, j’ai juste couru comme un grand con dans mes cages pour me replacer. »

« Je me suis vite rendu compte que j’avais énormément de boulot »

Photo Philippe Le Brech

Après cette montée pleine de souvenirs, William réalise une saison complète en National 2 avec 28 matchs à son compteur. Bobigny obtient son maintien à la dernière journée. Sa régularité et ses performances lui ouvrent les portes du monde professionnel dans un autre club d’Ile-de-France : le mythique Red Star où il signe comme 3e gardien. Un nouveau rythme de vie qu’il a dû encaisser. « Au début quand je suis arrivé au Red Star, c’était un peu difficile. Ce n’était pas du tout le même rythme d’entraînement, mon corps n’était pas prêt et je l’ai payé par plusieurs petites blessures. Moi qui pensais avoir un bon niveau, je me suis vite rendu compte que j’avais énormément de boulot. Je devais rapidement me mettre au niveau en demandant des programmes de renforcement. »

Malgré un changement drastique de mode de vie, l’Ivoirien peut compter sur son entraîneur des gardiens. Depuis son passage à l’Académie, William connaît Faouzi Amzal. Ce dernier a toujours été d’un grand soutien envers le portier.

« C’était mon entraîneur des gardiens à l’époque. Il m’a envoyé énormément de force et de confiance. C’est toujours le cas actuellement et j’essaye de faire de mon mieux pour que tous ses conseils nous amènent à un très beau parcours avec le club. Je garde cette envie de le rendre fier car il me soutient énormément à sa manière, je veux lui rendre la pareille ».

« J’ai enfin eu des résultats sur le travail fourni »

Photo Philippe Le Brech

Après quatre saisons au club, William ne s’est toujours pas imposé en tant que titulaire. Sur les dernières saisons, il était numéro 3 dans la hiérarchie ou doublure de gardiens plus expérimentés que lui comme David Oberhauser, Raphaël Adiceam, Paul Charruau ou Ludovic Butelle. « C’est un peu compliqué car quand on travaille beaucoup à l’entraînement, on attend forcément de pouvoir prouver sur plusieurs matchs pour pouvoir se faire sa propre expérience. Donc je prends mon mal en patience et je continue de me perfectionner pour rester prêt quand le coach aura besoin de moi. »

Le 19 décembre 2021, il avait été titularisé en 32e de finale de la Coupe de France contre Monaco (0-2). Il avait réussi plusieurs beaux arrêts. « On m’a dit que j’ai fait un bon match mais je ne peux pas m’en contenter. Je voulais faire et montrer encore plus… Même si c’était des joueurs internationaux en face, j’aurais toujours des regrets sur les deux buts que je prends de Ben Yedder », racontait-il après le match.

Photo Philippe Le Brech

La saison dernière, le gardien a progressé dans la hiérarchie des gardiens au Red Star en devenant la doublure de Ludovic Butelle. Il a été titularisé à cinq reprises dans le championnat National, ses premiers matchs à ce niveau. Avec de bonnes performances, c’est une étape de plus franchie dans sa carrière de footballeur. « C’était énorme ! J’ai enfin eu des résultats sur le travail fourni de mes entraînements. Grâce à ces matchs, j’ai pu voir les autres points que je devais travailler. »

« La sélection ivoirienne, c’est un objectif à long terme que je me suis fixé »

Si le Red Star a recruté Quentin Beunardeau, qui possède un gros CV après le départ de Ludovic Butelle à Reims (L1), William Avognan entame cette nouvelle saison avec pour objectif de jouer le plus de matchs possibles. « Je pense qu’il ne me manque pas grand-chose : réussir à appliquer la volonté du coach dans le jeu de l’équipe et être plus rassurant dans mon jeu au pied. »

Avec du temps de jeu il pourra également prétendre à la sélection ivoirienne. « Ma famille m’encourage énormément pour pouvoir y arriver donc c’est un objectif à long terme que je me suis fixé. Il y a des contacts mais ce qu’il me manque, c’est du temps de jeu. Je ne veux pas y aller pour y aller. Si j’y vais, c’est parce que je le mérite et pas parce que je suis le fils de l’ami de je ne sais qui. »

William Avognan du tac au tac

Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La montée en National 2 en 2018 avec Bobigny.

Combien de cleansheet ?
8.

Plus belle boulette ?
Faire un simple plongeon avant sur une balle au sol pour qu’elle me passe entre les jambes.

Plus bel arrêt ?
Plusieurs ! Mais un arrêt main opposée en pleine lucarne sur une frappe enroulée c’est toujours satisfaisant !

Au Red Star, à Avranches, en septembre 2022. Photo Philippe Le Brech

Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
J’ai suivi mes potes.

Votre geste technique préféré ?
Un bon passement de jambes bien exécuté et la feinte de corps qui va avec.

Qualités/défauts sur un terrain selon vous ?
Qualités : jeu aérien, communication, bon sur la ligne; Défauts : encore un petit peu le jeu au pied.

Le club ou l’équipe où vous avez pris le plus de plaisir ?
Mon premier club d’enfance, ASM Fertois.

Photo Philippe Le Brech

Le club où vous rêveriez de jouer dans vos rêves les plus fous ?
Chelsea ou Arsenal.

Un match qui vous a marqué ?
La Finale de Ligue des Champions, Bayern Munich contre Chelsea.

Un coéquipier qui vous a marqué ?
Beaucoup qui ne sont plus dans le foot aujourd’hui.

Un joueur adverse qui vous a le plus impressionné ?
Kinsley Coman en jeunes au PSG.

Un coach que vous aimeriez revoir ?
Mes coachs de Bobigny.

Une consigne de coach que tu vous n’avez jamais comprise ?
Mon problème de tous les jours ! On attend la première démonstration et on essaye de passer en troisième.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Beaucoup d’anciens joueurs professionnels africains.

Une devise un dicton ?
Je me reconnais dans toutes celles de la Bible.

Terminez la phrase : vous êtes un gardien plutôt…
Trop calme !

Un modèle de joueur ?
Didier Drogba.

Une idole de jeunesse ?
Will Smith.

Photo Philippe Le Brech

Un plat une boisson ?
Sauce arachide (mafé), beaucoup d’alocos et un bon bissap ou jus de gingembre.

Vos loisirs ?
Manger, Jeux vidéo, Sorties.

Un film culte ?
« Je suis une légende ».

Dernier match que vous avez vu ?
Match amical Standard de Liège contre Hertha Berlin.

Le club du Red Star en deux mots ?
Famille, Ferveur.

Le milieu du foot en deux mots ?
Business et contact.

Texte : Olesya Arsenieva / Twitter : @ArseneviaO

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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L’avant-centre de Concarneau, qui vient de fêter ses 30 ans, revient sur son parcours et son arrivée sur le tard dans le foot pro. Entretien décalé dans la joie et la bonne humeur avec le Sarthois, qui va redécouvrir la Ligue 2 !

Photo Philippe Le Brech

Avec Fahd El Khoumisti, c’est comme avec les impôts. Une fois passé le délai légal pour la déclaration, c’est retour à la page d’accueil jusqu’à la prochaine échéance, l’année suivante !

L’attaquant, qui vient de fêter ses 30 ans en juin dernier, fonctionne comme ça, et pas autrement : il ne donne aucune interview pendant la saison sportive, à l’exception évidemment des « bords terrains » mi-temps ou fin de match, qui sont des obligations de la LFP et qui ne durent que quelques secondes.

« C’est ma façon de faire, répond l’intéressé. Je préfère rester concentré, c’est une habitude. Après, c’est peut-être par superstition. Avant, j’en donnais mais ça ne m’a pas porté chance. Je sais bien qu’un article, ça valorise, ça fait toujours du bien, mais… Non pas que je n’ai pas besoin de ça, mais en refusant les demandes, ça permet de me dire inconsciemment que ce n’est pas fini, que ce n’est pas parce que je fais des bonnes choses que c’est arrivé. C’est naturel, humain, d’avoir tendance à se relâcher, à moins avoir la dalle, à être un peu suffisant. Donc je me suis dit que, pour éviter ça, il fallait que je reste au calme. Je suis mieux comme ça, et je reste focus sur mon équipe et sur moi. Pendant la saison, on veut souvent m’interviewer, mais je dis non à partir du moment où le championnat a commencé ! Et puis après, une fois que la saison est terminée, on ne me demande plus rien, alors forcément, moi ça me va, tant mieux (rires) ! »

« Je suis toujours joyeux »

Photo Philippe Le Brech

Il fallait donc se dépêcher pour obtenir un entretien avec le grand Fahd (prononcez « Fède »). La saison sportive 2023-2024 ouvre déjà ce samedi en Ligue 2 BKT, un échelon que le natif de Mamers, à 50 kilomètres du Mans, dans la Sarthe, va retrouver avec Concarneau, trois ans après son passage mitigé à cet échelon avec Orléans (juillet 2018 à octobre 2019 – 15 matchs et 2 buts).

Il fallait se dépêcher, et surtout trouver un créneau : rendez-vous est pris pour vendredi 19h, la veille du match amical contre Avranches (1-1). Finalement, après un peu d’attente, il est là, au bout du fil ! Il est d’excellente humeur, rigole beaucoup. Il est tout excité ! « Tu me connais, je suis toujours joyeux ! »

« Je ne suis pas facile à vivre »

Photo Philippe Le Brech

On plaisante beaucoup, on prend des nouvelles, on parle un peu en « off », comme on dit dans le jargon, et puis, vient la question sur sa réputation. Celle d’un garçon extrêmement gentil, sympa… Celle d’un garçon qui fait l’unanimité. Il coupe : « Va faire un tour au Mans, tu verras qu’on ne dit pas que des bonnes choses sur moi (rires) ! Pourtant, je sais que je ne suis pas facile à vivre mais franchement, c’est ma religion qui fait que je suis comme ça, c’est mon mode de vie, mais au quotidien, je suis un peu une « galère »… Parfois je m’énerve. Un exemple : je me gare mal alors je prends des amendes et comme ce sont mes parents qui les reçoivent au Mans… En plus, comme je ne fais que de bouger dans des Airbnb, je ne risque pas de la recevoir l’amende (rires) ! Mais j’essaie d’être quelqu’un de bien. Tiens, rien que là, pour l’interview, j’ai mis 100 ans à t’appeler ! Mais je suis super-sérieux dans mon métier, avec mon hygiène de vie. »

Photo Philippe Le Brech

Si certains bougent de ville en ville, Fahd, lui, bouge de Airbnb en Airbnb. L’info, croustillante, est parue dans L’Equipe. L’appartement qu’il a récupéré à son retour de Concarneau, après son bref passage au Mans, à l’automne dernier, est loué par sa propriétaire en été. SDF Fahd ? Un peu exagéré. La situation, cocasse, ne semble pas lui poser le moindre problème. « Ah bon, c’est sorti dans L’Equipe ? Je n’ai pas lu l’article, tu peux me l’envoyer ? Mais qui a dit ça ? J’ai vu les journalistes à l’entraînement, je sais qu’ils ont interrogé Thibault (Sinquin) et Guillaume (Jannez), et aussi le président (Jacques Piriou), mais qui leur a parlé de ça ? C’est vrai qu’en ce moment, je dors dans un Airbnb, à Concarneau, le temps que je récupère mon appart’. Quand je suis revenu du Mans, je n’avais plus de logement et c’est galère d’en trouver un ici. J’ai eu un coup de coeur pour celui-là mais la propriétaire m’a dit « OK, mais en été, il faudra partir ! » Après, je comprends, si j’étais propriétaire, je ferais peut-être la même chose. En deux mois, les propriétaires se font quasiment la même somme que durant toute l’année ! Mais franchement, là, je suis bien dans mon Airbnb, au bord de la mer. Je m’y sens bien ».

Déjà 4 buts en matchs de préparation !

Photo Philippe Le Brech

Bien dans ses baskets, bien dans son appart’, bien dans son club… Fahd le sait : il vit une période faste. Depuis son arrivée dans le Finistère, en janvier 2021, il affole les compteurs : 6 buts en 17 matchs lors de la demi-saison 2020-21 puis 20 buts en 34 matchs la saison suivante, qui a consacré le Franco-Marocain, élu meilleur joueur de National par ses pairs. Et enfin 13 buts en 19 matchs entre début décembre dernier, après son retour du Mans, où il a pu constater que nul n’était prophète en son pays, et cette fin de saison incroyable, qui a propulsé les Thoniers en Ligue 2.

Ce qui fait un total de… 39 buts en 70 matchs avec les Thoniers ! Et ce n’est pas fini… ou plutôt, ça ne fait peut-être que commencer : lors des matchs de préparation de l’US Concarneau, il a inscrit un doublé contre Lorient (L1, 3-3), un autre but contre Rennes (Ligue 1, 1-1) et enfin un quatrième but contre Avranches (National, 1-1).

Le déclic à Saumur, en DH

Photo Philippe Le Brech

Des « stats » qui ne lui font pas du tout tourner la tête. Mais auxquelles il est un peu plus attaché qu’avant. Surtout depuis sa saison à Saumur, en Division d’Honneur (R1), en 2015-16, après des passages à La Suze (DSR et CFA2), à 10km du Mans, puis à Thouars, en CFA2. « C’est le coach de Saumur, Julien Sourice, celui qui a fait monter le club de R1 en N2, qui m’a fait prendre conscience de certaines choses. Qu’il fallait que je me concentre sur ma mission. Marquer. C’est là que j’ai commencé à réaliser tout ça. »

C’est sans doute pour cela, aussi, que le Franco-Marocain a éclos tard. Mais pas seulement : « C’est difficile à expliquer. Il y a une part de destin et aussi le fait que, morphologiquement, j’étais en retard dans ce domaine-là. Jeune, j’étais plus petit que les autres. Et puis j’avais une autre façon de jouer aussi. J’étais milieu. Parfois je jouais 10. C’est le coach de Thouars, Lionel Goubeau, qui m’a positionné devant. Mais je ne marquais pas souvent, je dépensais beaucoup d’énergie à courir, à défendre. Par contre, je faisais pas mal de passes décisives ! »

On en revient à ces fameuses statistiques. A Fontenay-le-Comte, en CFA, lors de la saison 2016-17, il marque 14 buts en 29 matchs pour la découverte de ce niveau. Il a alors déjà 23 ans. « On a commencé à me remarquer quand j’ai eu des statistiques, c’est comme ça. Naïvement, quand je jouais en jeunes, je pensais que les contenus de matchs et ce que tu pouvais apporter à l’équipe étaient les choses les plus importantes. Après, je me suis aperçu que j’étais plus utile à l’équipe si je me concentrais à mettre le ballon au fond. J’ai appris ça sur le tard, et aujourd’hui, je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression que je n’en suis qu’au début… »

Cavani, Benzema, Orléans, Le Mignan…

Sous le maillot du Mans. Photo Philippe Le Brech

Tout n’a pas été rose et linéaire pour l’avant-centre, formé chez lui, à Mamers, et passé aussi au SOM (Stade Olympique du Maine), remarqué sur le tard, donc, à Fontenay, puis au PSG, où on le surnommait le « Cavani de la réserve » !

Quand il a signé pro à Orléans, à 25 ans, en tout ne s’est pas passé comme il l’espérait. Son prêt au Puy-en-Velay en National (octobre 2019 à mars 2020), où il s’est beaucoup plu et où, après une phase d’adaptation normale, il semblait vraiment avoir trouvé la bonne carburation en janvier (5 buts lors de ses 10 derniers matchs, 15 matchs au total), s’est arrêté prématurément en raison de la crise de la Covid-19.
Son retour de prêt, à Orléans, lui, ne fut pas folichon. « Je n’ai pas envie d’en reparler, ça ne sert à rien. »

Bref, il a fallu un appel, celui de Stéphane Le Mignan – qu’il ne cesse d’encenser à chacune de ses interviews, à la fois pour le football qu’il prône et pour l’avoir enrôlé – pour qu’il donne la pleine mesure de ses moyens.

Sous le maillot du Puy avec Tony Patrao. Photo Philippe Le Brech

Fahd El Khoumisti à Concarneau, c’est « The right man at the right place ». Mais n’a-t-il pas peur d’être catalogué « joueur de Concarneau » ? « Non, ça ne me fait pas peur, poursuit celui que l’on surnomme désormais « Le Benzema de Concarneau », et qui a son chant des supporters; Je sais comment on joue ici, et j’aimerais qu’on continue à jouer comme on joue là… D’ailleurs, je pense que ça va très bien se passer cette saison, je suis très positif. J’aime la façon de jouer de mon équipe. Bien sûr, on ne sera pas chez nous pour nos matchs à domicile (Concarneau reçoit Bastia à Guingamp demain), et ça… Franchement, notre petit chaudron, ça va nous manquer, c’est vraiment quelque chose qui… On va dire que l’on se quitte mais c’est pour mieux se retrouver dans un an ! Attention, on a nos supporters qui vont nous suivre à Brest, Guingamp et Lorient, où nos matchs ont été délocalisés. »

Il est 23h30. L’entretien touche à sa fin. « Il faut que j’aille dormir ! On a un match demain contre Avranches. C’était sympa cette interview, on a bien rigolé ! »

On verra si les défenses de Ligue 2 rigoleront autant. On se rappelle dans un an ?

Fahd El Khoumisti, du tac au tac

« Le foot, c’est quelque chose que j’ai à l’intérieur »

Sous le maillot d’Orléans. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La montée en Ligue 2 avec Concarneau.

Pire souvenir sportif ?
Mon pire souvenir ? Je ne vais pas clasher, ça sert à rien. Je n’en ai pas vraiment.

Combien de buts marqués ?
Je ne sais pas, je ne compte pas.

Même à Concarneau, tu ne sais pas ?
Non, même si je l’ai lu dans un article, mais je ne m’en souviens pas !

Tu as mis 39 buts en 70 matchs avec Concarneau en championnat.
Ah… C’est pas mal !

Pourquoi as-tu choisi de faire du foot ? Je n’ai pas choisi, ça m’est tombé dessus. Dès que j’ai su que je pouvais en faire mon métier, j’ai voulu faire ça, je ne sais pas trop l’expliquer. C’est quelque chose que j’ai à l’intérieur. Quand c’est ton truc, c’est ton truc. J’ai commencé à la maison avec mon grand frère, mes soeurs, dans le couloir… Puis un jour j’ai vu jouer Zidane.

Sous le maillot d’Orléans. Photo Philippe Le Brech.

Plus beau but marqué ?
Il n’a pas été filmé. A Mamers, une reprise de volée quasiment du milieu de terrain.

Un geste technique ?
Une belle frappe en première intention.

La saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Ma première saison à Concarneau, quand j’ai fini meilleur joueur de National. Cette saison-là aussi, bien sûr, mais je suis arrivé en cours de saison.

Le club où tu as failli signer ?
J’aurais pu aller en Turquie mais bon…

Avec la réserve du PSG. Photo Philippe Le Brech.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
A Concarneau mec (rires) ! Je suis déjà dans le club de mes rêves.

Un stade mythique ?
Le stade Guy-Piriou mec (rires) ! Bon, mythique, allez, le stade Santiago-Bernabeu (stade du Real Madrid).

Un coéquipier marquant ?
Antoine Rabillard, Amine Boutrah. Et Yohann Demoncy quand j’étais à Orléans.

Un coéquipier avec qui le feeling passe dans le jeu ?
Amine (Boutrah) et « Rabi » (Antoine Rabillard), et aussi Faissal Mannaï.

Un joueur qui t’a impressionné, qui t’a marqué ?
Rémi Sergio de Villefranche. Il parle beaucoup sur un terrain mais qu’est-ce qu’il est fort ! S’il se taisait un peu plus il serait encore meilleur ! S’il se taisait, ça ferait du bien à ses adversaires, à ses coéquipiers et à lui, tiens, c’est un conseil gratuit ça (rires) !

Avec la réserve du PSG. Photo Philippe Le Brech.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Quand j’étais au Puy, je m’entendais bien avec Johann Obiang. Il a signé à Pau (L2).

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Jaques Aubry et Jacques Lemaître, des coachs que j’ai eus à Mamers. J’étais en U11, même pas.

Un coach que tu n’as pas envie de revoir ?
Ouaip, mais non, ça ne se fait pas, c’est méchant. En plus tu sais très bien qui c’est.

Un président marquant ?
Le président de Concarneau, Jacques Piriou, forcément, et aussi celui du Puy, Christophe Gauthier.

Photo Philippe Le Brech.

Une causerie d’un entraîneur marquante ?
C’était une causerie improvisée de Stéphane Le Mignan, après le match du Puy, la saison passée, à trois journées de la fin, quand on perd là-bas. Cela s’est fait naturellement. Cela a été un moment de vie de l’équipe. Au coup de sifflet final, on pensait qu’on avait perdu nos espoirs de montée et on voit les autres résultats… Donc à ce moment-là, on y était, on était là où on voulait être, toujours 2es, et on s’est rendu compte qu’à deux journées de la fin, on avait encore notre destin en mains alors qu’on pensait que c’était fini. J’avais raté un penalty. Je crois que Roland (Vieira), le coach du Puy, avait bien préparé ça.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Je n’en ai pas trop, non. Même si j’ai côtoyé quelques joueurs connus au PSG, mais je ne les ai pas forcément dans mon répertoire. Peut-être Yacine Adli, quand même, qui joue au Milan AC. J’ai joué avec lui en réserve au PSG.

Avec Le Puy Foot 43. Photo Philippe Le Brech

As-tu des manies, des tocs avant un match ?
Je n’ai pas de superstition mais j’ai des habitudes, comme appeler ma famille. Rien de spécial. Je n’écoute pas de musique. Et à la mi-temps, j’ai toujours un message de mon frère et de ma soeur, qui rejoignent d’ailleurs souvent mon ressenti. C’est plus un message d’encouragement.

Une devise ?
Plutôt une façon de faire : écouter mon instinct.

Tu as écouté ton instinct quand tu as signé au Mans l’an passé ?
Oui et non ! En tout cas je l’ai écouté pour revenir à Concarneau.

Qu’est-ce qu’il t’a manqué à ce jour pour être un bon joueur de Ligue 2 ?
Un coach qui joue au football. C’est un peu arrogant comme réponse mais bon.

Tu es un attaquant plutôt…
Mobile.

Avec Le Mans. Photo Philippe Le Brech.

Une idole de jeunesse ?
Zidane, mais ce n’est pas une idole.

Un modèle d’attaquant ?
Karim Benzema.

Un plat, une boisson ?
Un plat marocain. La pastilla. C’est des feuilles de cuisson… C’est difficile à expliquer. Un mélange de sucré-salé, avec du poulet dedans, du sucre-glace… Comme boisson, le Perrier.

Un numéro fétiche ?
Le 10. Je vais retrouver mon numéro fétiche, que j’avais avant de partir au Mans. J’avais le 15 cette saison parce qu’il était pris.

Dernier match auquel tu as assisté en tant que spectateur ?
Cela devait être la réserve de Concarneau, en Régional 1.

Avec Le Mans. Photo Philippe Le Brech.

Ton match référence ?
Le dernier match de l’année précédente au Red Star, on avait perdu 4 à 1 ou 5 à 1 mais j’avais fait un bon match (5-1, Ndlr), sinon la saison d’avant, à Bourg-en-Bresse, on avait gagné 2 à 0 là-bas, j’avais eu un très bon contenu et j’avais mis 2 buts.

Ton pire match ?
A Bastia-Borgo, quand j’étais au Mans.

Le match de football de légende ?
La finale de la Ligue des Champions (en 2002) quand Zidane, avec le Real, marque d’une reprise de volée contre Leverkusen. Une autre finale aussi, Milan AC – Liverpool. Et aussi Concarneau-Bourg quand Rabi (Antoine Rabillard) marque à la dernière minute, à l’avant-dernière journée, en mai dernier !

Ta plus grande fierté ?
De faire partie de ceux qui ont fait que cette ville, Concarneau, va découvrir pour la première fois le foot professionnel. D’être de cette aventure-là.

C’est quoi qui t’énerve dans la vie ?
Le manque de respect, la condescendance, ça m’énerve plus que tout.

Samedi 5 août 2023 – Ligue 2 BKT (Journée 1) : US Concarneau – SC Bastia, au stade de Roudourou, à Guingamp.

 

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech

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Le président de l’association GFC Ajaccio, présent à Mezzavia depuis 23 ans, évoque avec émotion, détermination et ambition son nouveau rôle. Et entend bien inculquer le respect des anciens, des parents et de la vie en général aux jeunes appelés demain à faire grimper le club (Régional 2) dans les divisions supérieures.

Photos @13heuresfoot

Louis Poggi est trop humble pour le dire mais sa nomination à la tête de l’association Gazelec Football-club d’Ajaccio, le 11 février dernier, résonne comme une évidence. Qui mieux que lui pour inculquer les valeurs du club et les valeurs de la vie – il emploie beaucoup les mots « respect », « anciens », « histoire » -, celles totalement inhérentes à l’institution Gazelec. Oui, parce que le Gaz, qu’il soit en Ligue 2 ou en Régional 2, est une institution.

Ce matin de juillet, il est tôt à Ajaccio. Le mythique stade de Mezzavia (ou stade Ange-Casanova), dont l’atmosphère, l’architecture, l’odeur et l’âme demeurent uniques, est déjà ouvert. Il y a toujours cette cage au fond, au-dessus du toit du supermarché attenant. Et ces peintures Rouge et bleu certes un peu abîmées mais qui donnent du cachet à ce stade dont l’herbe, haute et jaunie, laisse penser qu’il est à l’abandon.

« La pelouse, on m’en parle souvent, mais ce n’est pas le chantier le plus important aujourd’hui » lance d’emblée Louis Poggi, 39 ans, présent dans le club house aux côtés d’Alex Da Costa, le responsable du nouveau centre d’hébergement pour les joueurs U17 et U19 Nationaux, et également éducateur en U9 et U14.

Le 28 février dernier, le tribunal de commerce d’Ajaccio a placé la SAS qui gérait les deux équipes seniors (National 2 et Régional 2) en redressement judiciaire. Mais l’association, elle, a été sauvée. Ce qui a permis aux équipes de jeunes de terminer la saison et au GFCA de se restructurer. Car le club va repartir en Régional 2 en seniors, au niveau de sa réserve, tandis que les jeunes batailleront en championnats U17 et U19 Nationaux.

Ce matin, Louis Poggi offre le café. Le jeune président va répondre à nos questions. Ensuite, il prendra la route qu’il connaît par coeur pour Bastia, sa ville natale, où sont toujours installés ses parents. Tout au long de l’entretien, qui a duré plus d’une heure, il n’a cessé de poser ses yeux sur le stade, de tourner la tête vers cette enceinte qui représente tant de choses pour lui. Parfois ému, souvent déterminé, Louis Poggi s’est confié sur le Gaz. Comme une introspection. Quelque part, c’est comme s’il s’était confié sur lui.

INTERVIEW / « Je serai un président prévoyant »

Louis, pourquoi, à 39 ans, voulez-vous arborez cette double casquette de joueur-président ?

Parce que je veux aider le club, au sens large du terme, aider le coach aussi (Jean-Marie Ferri), et faire le tampon entre lui, les joueurs et la direction. En cas de besoin, je jouerai. La saison passée, en National 3, j’avais effectué une première préparation tout seul, pendant deux mois avant la reprise officielle avec l’équipe, parce que j’avais pris du poids. J’avais perdu mes 12 ou 13 kilos en trop. Bon, là, j’en ai repris 5 ou 6… J’étais dans le groupe assez fréquemment, j’ai dû disputer deux ou trois matchs titulaire. Parce qu’il fallait montrer un peu le chemin aux autres, d’autant plus que l’on avait eu du mal à commencer le championnat. Malheureusement, on sait ce qu’il est advenu du club…

Montrer le chemin, c’est ce que vous allez recommencer à faire cette saison…

Je vais recommencer à jouer un peu avec eux pour inculquer certaines valeurs parce que c’est tout nouveau, il va vraiment y avoir des nouveaux joueurs. On repart en Régional 2 et j’avoue que ça m’a fait mal. Quand j’ai appris ça, j’étais sonné, dans les cordes. Mais après, il faut vite relever la tête parce qu’il y a un dernier défi sportif et celui-là, il n’est pas petit, c’est vrai, mais il est excitant.

Vous n’avez pas peur de vous égarer avec cette double casquette ?
Pas peur, non. Je n’ai pas peur de jouer, parce que cette responsabilité du terrain est plus simple que celle de président.

Quel type de président êtes-vous, serez-vous ?
Je serai un président jeune et prévoyant même si le Gaz est un club imprévisible. Un président qui apprend vite.

« Sans les parents, on ne serait plus là »

N’avez-vous pas l’impression d’être face à l’Everest ?

Ecoutez, pendant des mois, on avait la tête baissé, on n’avait pas le temps de la relever. Là, je pense que fin août, on va commencer à le faire. Parce qu’on a des choses importantes qui nous attendent. Depuis le mois de février jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas arrêté. Sincèrement, je ne pensais pas qu’il y avait autant de choses à faire et qu’on en ferait autant. Notamment sur le plan administratif, qui n’est pas notre domaine et que nous n’avions pas forcément prévu non plus. Mais on a réussi à avancer tout doucement avec des personnes compétentes, je les remercie, je ne les citerai pas de peur d’en oublier ! Je remercie aussi les associations, celle des partenaires les « socios », les « I Diavuli » (supporters) et l’Amicale des anciens. Et je n’oublie pas les parents, qui ont vraiment fait un travail énorme pour nous soulager dans pas mal de domaines : sans eux, on ne serait plus là.

« C’est le défi administratif qui m’inquiète »

Quels rôles ont joué les parents dans la reconstruction du club ?

Ils l’ont valorisé, ils se sont mobilisés : par exemple, on a fait un tournoi, ils étaient 50 ou 60 bénévoles, parents. Il y a eu un bel élan de solidarité. On a fait une fête pour les remercier. C’est pour ça qu’on se bat tous. On voit qu’il y a des amoureux de ce club. On voit qu’on a fait tout ce travail là pour arriver à créer des choses que l’on pensait irréalisables à un moment donné. Tout doucement, ça prend forme.

Quand on vient à Mezzavia, comme nous ce matin, l’état de la pelouse peut choquer, surprendre…
Oui, mais la pelouse, ce n’est pas grave, ce n’est pas un défi qui m’inquiète. C’est le défi administratif qui m’inquiète même si je suis un peu plus serein maintenant, car les choses se mettent en place tout doucement, les finances aussi.

Le club est en redressement judiciaire donc automatiquement on est aidé, scruté, regardé encore plus, mais ça nous rassure car on est novices. Des erreurs, on va en faire. Je vais en faire. Mais seul, on ne fait rien. Moi, je suis juste l’image, le représentant. J’ai fait le manoeuvre ici, j’ai aidé à déménager, j’ai porté des sacs, comme si c’était chez moi. Quelque part, Mezzavia, c’est chez moi, c’est chez nous, c’est notre jardin, notre maison. On aurait pu laisser le club et en créer un autre mais non…

La SAS (la société commerciale qui gérait l’équipe fanion de National 3) n’existe plus. Le club vit en association et on va essayer de faire vivre cette association.

« Il ne s’agit pas de végéter en Régional 2 »

Sur le terrain, puisque vous comptez encore jouer un peu, allez-vous également vous immiscer dans le secteur sportif ?

Non. Je ne veux plus m’autoriser à parler de football car je ne veux pas influencer les choses, ni m’immiscer dans le domaine sportif. J’ai toujours détesté que des présidents ou des dirigeants fassent ça, imposent des joueurs par exemple. Je ne fais pas partie de ce monde-là. Je ne vais pas faire ce que j’ai critiqué. Sauf que l’on me demande beaucoup de choses. Bien sûr, il y a des objectifs qui sont importants, comme maintenir nos U19 Nationaux et nos 17 Nationaux, et pour l’équipe fanion, il ne s’agit pas de végéter en Régional 2, ça c’est certain. On a construit une équipe pour accéder en R1, et après on verra. On ira étape par étape. Aujourd’hui, ce sont ces enfants-là qui feront monter le club. Ce n’est pas moi. J’essaierai juste d’apporter ma façon de voir les choses, mon identité, avec le coach, et dans six mois, l’idée, c’est de me détacher du terrain pour faire grandir le club d’une autre façon. Je ne serai plus sur le terrain.

L’identité, les valeurs, c’est vraiment quelque chose qui vous tient à coeur…

Ce club a une identité, et il faut une équipe première pour que les enfants puissent s’identifier. C’est comme dans la vie de tous les jours. Mes enfants – il est papa de deux garçons, Raphaël et Andria – s’identifient à moi, donc je n’ai pas le droit à l’erreur, de leur montrer des mauvaises choses. Je dois être irréprochable. Façon de parler. Je peux quand même boire une bière ! Mais si je ne dis pas « bonjour », « merci », « s’il te plaît », des trucs simples de la vie de tous les jours, s’il n’y a pas ce respect…

Ici, j’ai envie de mettre en place ça et je réussirai. Si demain les enfants doivent partir, qu’ils soient restés un an ou dix ans au club, ils pourront rentrer dans la vie active, avec le respect de la vie, des gens, de leurs parents, ils pourront voler de leurs propres ailes. Et si on a un ou deux jeunes qui réussissent dans le foot, tant mieux, mais je ne table pas sur ça; car il n’y a pas que le football, c’est juste une étape, une période de la vie. Il y a des choses plus importantes. Comme l’école. Parce que des Zidane et des Ronaldo, il n’y en a pas tout le temps.

A quoi pensez-vous quand vous regardez la pelouse, les tribunes, le stade, comme vous le faites là ?
Quand je regarde le stade… Je suis triste. Beaucoup de choses me rendent triste. Je me bats. Je suis triste de beaucoup de choses, parce qu’il y a 7 ans de ça, on était en Ligue 1. Quand je regarde le terrain, je me vois moi en train de jouer.

Bien sûr, le Gazelec a côtoyé la Ligue 1 pendant une saison (2015-2016), tout le monde ne parle que de son passage dans l’élite, pourtant, dans notre esprit, c’est plutôt un club estampillé Ligue 2…

Oui, vous avez raison, mais ça, tout le monde ne l’a pas compris. De la même manière que moi, j’avais compris que j’étais un joueur de Ligue 2, pas plus, je connaissais mes limites, même si j’ai fait des matchs en Ligue 1. Et si on avait compris ça, la vie du club aurait été différente.

« Refaire vivre ce stade, refaire venir du monde, rendre des gens heureux »

Vous semblez avoir des regrets…
Non, je fais juste des constations, et je n’ai aucun regret. J’aime les risques, mais j’aime les minimiser. Je ne veux pas aller au-delà. Parfois, je parle tout seul. Au moins, personne ne m’entend.

Et quand vous vous parlez tous seul, vous vous dîtes quoi ?

Je me dis que les personnes qui ont fait grandir ce club ne méritaient pas ça. Je ne parle pas uniquement des personnes qui étaient là quand le club a chuté, parce que ça c’est la vie sportive, ce sont les aléas, mais qu’ils soient traités de la sorte, ça me dérange, parce que je suis arrivé en 2000, j’étais à intérieur; on est en 2023, je suis encore là, et je sais ce que toutes ces personnes ont fait. Ils ont fait des erreurs, mais ils n’ont pas fait de mal. Ce n’est pas la même chose.

C’est quoi, votre rêve pour le Gaz, aujourd’hui ?

Mon rêve ? J’en ai plein. C’est plus un souhait : j’ai envie que l’on reconstruise ce club, et après, le faire monter étape par étape. L’important aujourd’hui ce sont les enfants, ce sont eux qui vont faire monter le club. Je suis arrivé à l’âge de 16 ans ici. J’ai fait partie de ces jeunes qui ont fait monter le club. Jusqu’au plus haut niveau. Refaire vivre ce stade, refaire venir du monde, rendre des gens heureux, voilà ce que je veux. On va y arriver, mais ça va prendre du temps. Mais avant tout, je veux qu’on laisse le Gaz tranquille déjà. Qu’on n’arrête de parler pour rien. Je trouve que c’est de l’acharnement. Et comme c’est mon club… Peut-être que je ne suis pas objectif. Je parle par amour, mais c’est un peu trop. On a puni des gens, pour moi, à tort. Après, chacun voit les choses comme il veut.

Louis Poggi, du tac au tac

« Sans les anciens, le Gazelec n’existerait pas »

Meilleur souvenir sportif ?

La montée en Ligue 2 en 2013 avec le Gazelec en 2012 et on fait demi-finale de Coupe de France la même saison. Ce n’est pas anodin. On perd 4 à 0 contre Lyon ici, enfin, pas ici, « en face », chez les voisins, parce que notre stade ne pouvait pas accueillir ce match-là. Bon, je pense qu’aujourd’hui, il ne pourrait pas l’accueillir non plus (il regarde la pelouse…) mais voilà… C’est mon meilleur souvenir. La montée en Ligue 1 fut belle aussi mais là, cette accession en L2, c’était le début de l’aventure, parce que tout est parti de là. C’étaient les débuts de l’ascension du club qui a pris une autre dimension à partir de ce moment-là.

Pire souvenir sportif ?

Mon départ d’ici en 2017, que j’ai mal vécu, parce que je ne m’y attendais pas. Cela a été brutal. Je ne pensais pas que cela me ferait aussi mal. J’ai pris le temps de digérer ça. Ensuite, je suis « monté » sur Bastia jouer au FC Bastia Borgo, en CFA, puis j’ai joué en N3 au Sporting-club de Bastia où on a fait cette accession en National 2 (saison 2018-2019). Et après je les ai laissés faire leurs aventures.

Pour quelle raisons n’aviez-vous pas été conservé au Gazelec en 2017 ?

C’est un amalgame de beaucoup de choses. Je ne rentrais plus trop dans les plans du coach. Le club prenait un autre virage mais bon, moi, ici, à Mezzavia, je n’ai que des bons souvenirs. Les mauvais souvenirs, je les laisse de côté. Si je suis encore là aujourd’hui, c’est qu’à un moment donné, j’ai tourné la page. Mais oui, cela m’a fait mal, plus en tant qu’homme que joueur de foot.

Passer du Gazelec au Sporting-club de Bastia, cela n’a pas été compliqué ?

Non, pas compliqué, car je suis Bastiais, je suis né à Bastia, j’ai toute ma famille là-haut. Ce n’est pas pareil. Le Sporting, c’est un autre club, c’est différent, il n’a pas d’égal en Corse. Le Sporting, c’est vraiment une histoire et un peuple derrière un club. On voit ce qui s’est passé depuis le National 3 jusqu’en Ligue 2, en l’espace de 4 ou 5 ans, c’est énorme. Après, mon club, c’est le Gaz. Le Sporting, j’y ai passé une belle année, on a perdu contre Caen en coupe de France après un beau parcours aussi. Je ne regrette rien.

Je voulais dire, passer du Gazelec à Bastia, dans le sens… enfin, il y a une rivalité tout de même entre les clubs…

Oui, il y a des rivalités, maintenant, voilà, je suis arrivé à Bastia à un âge où cette rivalité était effacée. J’ai été bien accueilli. Ils ont fait la part des choses. C’était sympa.

Vous êtes Bastiais, et pourtant, votre club, c’est le « Gaz » ?

En fait, je suis parti en 1998 à Nantes à l’âge de 14 ans et après 2 ans au centre de formation là-bas, j’ai atterri ici où j’ai vraiment trouvé un beau club, un esprit de famille, et je n’ai plus bougé.

Si le Gaz était allé au bout du championnat de N3 la saison passée, aurait-il fini devant Cannes qui a été promu en N2 ?

(Catégorique) Bien sûr ! Vous avez vu, je n’ai pas hésité.

Combien de cartons rouges dans votre carrière ?

Une dizaine, maximum, ça ne me paraît pas énorme. J’ai même été suspendu sans prendre de carton ! La saison dernière, en National 3, je n’ai pris que deux jaunes, j’ai fait quelques bêtises, mais bon… Je n’ai pas beaucoup joué, je ne voulais pas jouer beaucoup de toute façon, je n’étais pas revenu pour ça. Sauf quand ils avaient besoin de moi, comme pour les matchs importants, comme contre Cannes chez nous : on perdait 1 à 0 et je rentre, on a gagné 2 à 1, j’étais là pour mettre un peu la panique.

Le meilleur match de votre carrière ?

Je ne peux pas en dégager un… Je ne me suis jamais trop dit que j’avais fait un excellent match… Après, si je dois en sortir un, je dirais le match de la montée de National en Ligue 2 avec le Gaz, à Epinal, en 2012. J’ai marqué le but de l’accession (1-1).

Un de vos pires matchs ?

Y’en a eu quelques-uns, en Ligue 2, la première année où on est monté… La pelouse, c’était comme ça (il montre la pelouse actuelle, dans un sale état…), ça a vraiment été compliqué cette première saison. On a joué cinq matchs à Gueugnon parce que notre terrain était suspendu, on s’est dit, « bon maintenant ça suffit, il faut arrêter les conneries » (rires) !

Plus beau but marqué ?

Et bien c’est quand je mets cette frappe à Epinal, en dehors de la surface, je ne sais pas pourquoi, et cela permet de monter en Ligue 2.

Combien de buts marqués ?

Maximum une quarantaine. C’est pas mal. J’ai marqué aussi contre mon camp. Et des beaux csc !

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?

A la base, le foot a toujours été un loisir, un amusement, je suivais les copains dans un club qui s’appelait l’AJ Biguglia, mais qui a fusionné depuis (avec l’Etoile Filante Bastiaise en 2020 pour donner naissance au FJE Biguglia), et en 1998, à 14 ans, j’ai eu cette opportunité de partir au centre de formation de Nantes. J’en ai discuté avec mes parents. J’ai participé à quelques tournois, il y avait des recruteurs, mon nom a circulé, et ça s’est fait comme ça. Après, une personne qui me connaissait a poussé dans cette direction, Sadek Boukhalfa (ancien de Nantes et Bastia) m’a recruté, via monsieur Guy Hillion, et voilà, je suis parti. Je ne savais pas trop où j’allais. Les deux ou trois premiers mois, tous les soirs je faisais mon sac et je disais à mes parents « Je rentre ». Il y avait mon petit ange, mon père, qui me disait « Tu rentres », et le diable, ma mère, qui me disait « Tu restes », et je suis resté. Au final, c’est elle qui avait raison. Finalement, j’ai appris pas mal de choses à Nantes, où je me suis émancipé. Et de là, je me suis dit, « c’est possible d’être footballeur ». Après, à mon retour à l’âge de 16 ans jusqu’à mes 26 ans, y’a rien qui s’est passé, même si j’avais joué 2 ans en National à Toulon. Et là, je me suis dit, « Allez, j’essaie encore un an et après j’arrête ». J’avais déjà commencé à investir à côté du foot. Et c’est là qu’on est monté en Ligue 2 avec le Gazelec.

Comment avez-vous atterri au Gazelec à l’âge de 16 ans ?

Par l’intermédiaire du directeur sportif ici, Dédé Di Scala, et après Nantes, je n’avais plus envie de bouger de la Corse.

Premier match en seniors au Gaz ?
Contre l’Ile Rousse ici, en CFA, j’avais 17 ans, on m’a dit « Viens jouer », je n’habitais pas loin. J’avais pris mon sac. J’avais une petite moto. Il n’y avait que des adultes. Je m’entraînais avec eux jusqu’au jeudi à l’époque et le vendredi, je partais avec les 18 ans Nationaux. J’ai joué, et je n’ai plus quitté l’équipe de Jean-Luc Lucciani. Et la saison d’après, on est monté en National.

A Nantes, avez-vous côtoyé de futurs joueurs de Ligue 1 ou d’autres qui sont restés des amis ?
Jérémy Toulalan, Emerse Faë, et aussi Mathieu Moreau, Mickaël Fabre. Milos Dimitrijevic, aussi, qui est le parrain de mon fils. On était en chambre ensemble.

Et au niveau des entraîneurs ?

J’ai eu Franck Maufay. Et aussi Serge Le Dizet avec qui ça ne s’est pas bien passé du tout : il avait eu des paroles un peu déplacées, et comme j’étais sanguin, je lui ai très très mal répondu. Je n’étais pas comme ça mais quand on sous-entend que c’est presque une maladie d’être corse, ça ne passe pas… Une fois, deux fois, dix fois… Il avait dit aussi que je n’allais pas réussir… Et puis un jour on s’est revu, ici, pour un match de Ligue 2 ou de Ligue 1, je ne sais plus, il était entraîneur adjoint à Angers avec Stéphane Moulin. Les bancs étaient là-bas (il montre l’autre côté du terrain), et y’a un ballon qui arrive : en fait, je lui ai tiré dessus, dans la tête. Alors je ne sais pas s’il se souvenait de moi, mais je pense qu’après ça, oui…

Rancunier ?
Je suis rancunier avec ces personnes là. Ces personnes qui jugent. Si demain on me met dehors, je m’en fous. Je ne demande pas d’explication. Par contre, quand on juge, ça me dérange.

Le coach emblématique du Gazelec, c’est qui selon vous ?

C’est Pierre Cahuzac. C’est lui qui a fait que ce club, à un moment donné, a gagné des titres. Je ne l’ai pas connu mais je me suis imprégné de ça. Je me suis documenté quand je suis arrivé ici. Il a fait beaucoup de choses ici. Il a un stade à son nom à Pietralba.

Le joueur emblématique du Gazelec, c’est qui selon vous ?

(Il réfléchit). Je ne sais pas.

Il n’y en a pas un qui sort du lot ?

Certainement.

Vous ?

Non… Certains vont dire que c’est moi, mais en fait, je ne cherche pas cette reconnaissance-là, ce n’est pas mon truc. Des joueurs emblématiques du Gazelec, il y en a quelques-uns : Cahuzac en fait partie aussi, il y a joué. Mais en sortir un…

Le match historique du Gazelec, c’est lequel ?

Le club a été champion de France amateurs en 1963, y’a 60 ans, à Brest, contre Brest, victoire 6-1. On a fêté ça cette année. Là encore, je n’ai pas connu ça, j’ai vu des images. Je pense que ça fait partie de l’histoire du club, au même titre que l’accession en Ligue 1 par exemple. Et je pense que c’est ça qui fait que, comme je dis souvent, c’est le passé qui fait que le Gazelec continue à vivre. C’est important de le dire. Ce n’est pas ce que l’on fait nous, aujourd’hui, qui fait vivre le Gazelec. Bien sûr, ça le fait fonctionner au présent, mais il fallait un passé, et c’est ce passé qui fait que l’on peut continuer, nous, à faire quelque chose parce que je pense qu’à l’époque, c’était beaucoup plus compliqué. On a quand même la structure, qui nous appartient. Pour moi, s’il n’y a pas de passé, il n’y a pas de présent. Sans les anciens, il n’y aurait pas eu de club.

Votre idole de jeunesse ?

Je n’avais pas d’idole, de modèle… Mais celui qui m’a le plus impressionné dans sa manière d’être, c’est Eric Cantona. Je ne peux pas parler de modèle. J’aimais son charisme et sa façon de voir les choses : je pense que c’est un mec qui a des valeurs, et le football a perdu ces valeurs-là. Quand, comme moi, on a connu le monde amateur et que l’on arrive dans le monde pro, on voit vraiment tous les mauvais côtés, et malheureusement les joueurs de foot prennent les mauvais côtés du monde professionnel : le « m’as-tu vu » et tout ça, ça ne m’a jamais trop plu.

Qualités et défauts sur un terrain, selon vous ?

Mon défaut… J’en avais plein. J’étais un peu fou-fou, je m’énervais dans tous les sens, je pouvais m’égarer tactiquement. Après, ma qualité, c’est que j’étais un combattant, je ne lâchais jamais rien, j’allais plus ou moins vite à une certaine époque et techniquement j’étais à l’aise, les centres, les passes, le jeu long, je n’avais pas de difficultés à ce niveau-là. Voilà, maintenant, ce que j’ai fait, je l’ait fait, je pense que je ne pouvais pas faire plus. J’ai toujours su que mon niveau, maximum, c’était Ligue 2, même si j’ai un peu touché à la Ligue 1.

Qualités et défauts dans la vie ?
Je suis généreux, gentil jusqu’à un certain point. Mais la gentillesse, ici, sur cette île, ça peut être un défaut… Ce n’est pas parce qu’on est gentil qu’on est con. Et je peux être très con. Quand j’ai envie de faire quelque chose, j’y vais, je sais que je vais le faire. Par exemple, là, en ce moment, je sais que j’ai des gens dans le nez, et je vais être très con avec eux. Je le sais pertinemment.

Que vous a-t-il manqué pour être un joueur de Ligue 1 ?

Il ne m’a rien manqué, c’est juste que la vie a fait que… à un moment donné, chacun son niveau. J’aurais pu jouer en L1 si j’avais été pro plus tôt, si j’étais resté à Nantes jusqu’à 20 ans par exemple, peut-être. Je suis arrivé de Nantes au Gazelec à 16 ans, avec d’autres structures, d’autres méthodes, voilà.

L’erreur de casting de votre carrière ?

Je ne regrette rien. Et pour moi, j’ai même fait trop de clubs. Allez, y’en a peut-être un ou deux où je n’aurais pas dû aller. Mais je les ai faits. Bon, là j’ai fait Bastia, l’AJ Biguglia, Bastia-Borgo, mais c’était pour aider, valoriser le football en Corse : je trouve que c’est important que les joueurs d’ici, quand ils arrêtent leur carrière pro, fassent un peu le tour et valorisent le football insulaire. Cette année, je vais rejouer un peu en Régional 2 quand je pourrai, j’y ai joué y’a 2 ans, ça ne me dérange pas.

Un président marquant ?

Ils m’ont tous plus ou moins marqué, chacun avec leur méthode et leur façon de faire. Ils ont tous contribué à aider le club, même si certaines personnes essaient de les faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. Ce qu’on leur met sur la tête me dérange. Je ne veux pas trop m’exprimer sur ce sujet-là parce que je ne veux pas leur porter préjudice, mais je ne pense pas que les gens ici, et je les connais bien, n’ont pas tout mis en oeuvre pour aider le club. J’ai rarement vu des présidents nettoyer les terrains, tondre la pelouse, mettre le bleu de chauffe, et tous les présidents que j’ai croisés ici, je ne parle pas de Fanfan (Tagliaglioli) qui a été le président d’honneur et qui n’avaient pas à faire ça, mais tous les autres ont mis le bleu de chauffe et aujourd’hui, ça me dérange qu’on les fasse passer pour ce qu’ils ne sont pas. Maintenant, ce ne sont pas mes propos qui feront que leur étiquette s’en ira, mais nous, on met tout en oeuvre pour montrer aux gens que le Gazelec est un club sain, qui dégage des valeurs et une mentalité hors du commun.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?

Bréchet, je pense que c’est lui. Cahuzac. Leca. François Modesto. J’ai un petit répertoire de joueur insulaire aussi.

Vous étiez un joueur plutôt…

Fou. Après, fou, ça veut dire beaucoup de choses. Il ne faut pas y voir que le sens péjoratif. Fou parce qu’à certains moments je suis resté au club. Fou parce que je suis encore là aujourd’hui. Il peut y avoir de la bonne folie.

Le joueur qui vous a le plus impressionné comme adversaire ?

L’année où on a joué en Ligue 1, j’en ai vu quelques-uns, Ibrahimovic… Un joueur qui m’a impressionné, c’est Bernardo Silva : j’étais sur le banc, il avait fait un débordement devant moi, et l’image que j’ai, c’est que nous on était en trottinette et lui en T-MAX. Il volait sur le terrain.

Une bagarre marquante ?

Oui, c’était contre Bastia-Borgo en National 2, le match a été arrêté, la bagarre a duré facilement un quart-d’heure, et un quart-d’heure c’est long. Sans prendre de carton, j’avais pris 6 matchs de suspension après un rapport. C’était parti de là (il montre le poteau de corner) et en fait, ça ne s’arrêtait plus. On jouait la montée. On menait 1 à 0. Le match a été donné à rejouer, et on a fait 1 à 1. Aucune des deux équipes n’est montée cette saison-là.

Un coéquipier marquant ?

J’ai aimé jouer avec certains, comme Anthony Colinet, on avait une certaine complicité : il est entraîneur aujourd’hui à Bastelicaccia. Après, en dégager un ou deux… Y’a eu aussi le petit Loïc Dufau. Je ne veux pas en dégager un plus que les autres. Y’a eu aussi Jérémie Bréchet, mais c’est facile de s’entendre avec ces gars-là, qui ont côtoyé le très haut niveau. Je préfère dégager un ensemble. En fait, même si je ne m’entendais pas avec tout le monde, même si je n’avais pas d’affinités avec tout le monde, ce qui est normal dans un vestiaire, j’arrivais à faire la part des choses sur le terrain. J’étais capitaine donc je devais fédérer, défendre tout le monde : j’étais le tampon entre la direction et les joueurs, j’avais plusieurs rôles.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Le gardien Lucas Rastello. C’est lui qui avait joué lors de l’épopée en coupe de France jusqu’en demi-finale en 2012 alors qu’il n’était pas titulaire en championnat, c’était Clément Maury qui jouait. C’était la personne au bon endroit au bon moment. Une belle personne.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Je continue de voir tout le monde. Je suis en contact avec la plupart, même Thierry Laurey que j’ai de temps en temps au téléphone, Dominique Veilex aussi. J’avais eu un formateur au FC Nantes, Jean-Claude Baudoin, c’était un personnage, je l’ai eu au Centre à Saint-Sébastien-sur-Loire. Alors je dirais lui.

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?

Oui mais je ne dirais pas son nom.

Une causerie de coach marquante ?

Tous les coachs ont eu des causeries qui m’ont donné la chair de poule et qui m’ont donné envie de manger l’autre sur le terrain…

Votre club de coeur (autre que le Gazelec) ?

Ce serait le SC Bastia s’il devait y en avoir un autre mais…

Un stade (autre que Mezzavia) ?

J’aime bien Furiani. Mais je n’ai jamais été fan de tel ou tel club, je vais voir des matchs un peu partout, mais je ne m’identifie pas à tout ça. Je m’identifie là, au Gazelec, où j’ai connu des personnages qui m’ont fait faire ce que je fais là, comme l’ancien président Fafan Tagliaglioli (ému), je parle de lui, c’est vraiment une personne qui m’a touché, il a été le papa de tout le monde, il a représenté l’identité de ce club, à l’époque où je suis arrivé. Il y en a surement eu d’autres avant mais quand je suis arrivé, c’était la personne qui fédérait un peu tout le monde. Je pourrais citer aussi Christophe Ettori, Olivier Miniconi, Johann Carta. Fanfan, lui, c’est la mémoire de ce club. Qu’il repose en paix.

Une consigne de coach jamais comprise ?

Quand on me disait de pas dépasser le milieu de terrain, alors que je jouais arrière-droit, je n’ai jamais compris. Alors quand il y avait un espace, je n’écoutais pas, je prenais le couloir !

Un endroit sympa à Ajaccio ?

A la maison, avec ma femme et mes enfants. Y’a un endroit aussi qu’on aime bien, dans un village, Murzo, d’où est originaire mon épouse, à une soixantaine de kilomètres. Et sinon, on a nos petits endroits à Ajaccio, nos petits restos, pour aller boire un coup ou manger. Pour me ressourcer, je monte aussi chez mes parents, à Bastia. D’ailleurs, après notre interview, j’y vais. La route ne me fait plus rien. A un moment donné, je montais trois fois par semaine.

Plat préféré ? Boisson ?

Boisson, la bière. Mais je ne peux pas le dire. Et le plat, je peux aimer une belle côte de boeuf comme un beau plat de lasagnes, des plats que je n’avais pas trop le droit de manger quand je jouais au foot, donc aujourd’hui j’en profite.

Des rituels, des manies ?

A partir du mercredi soir je mangeais des pâtes, je mettais toujours le même caleçon, je laçais la chaussure gauche avant de lacer la chaussure droite. Il fallait que mon sac soit prêt deux jours avant, tout bien rangé, comme quand je pars en vacances, de peur d’oublier quelque chose. J’étais précautionneux. J’ai du mal à faire les choses à la dernière minute.

Un dicton ?

Non, j’ai plutôt des principes au niveau des valeurs et du respect. Par exemple, lundi, quand les gosses (les U17 Nationaux) ont repris… Moi en fait, que l’on soit bon ou pas bon, aujourd’hui, je m’en fous. Quand j’étais joueur, je n’avais pas pour habitude de parler en dehors, de m’exprimer, je préférais discuter dans le vestiaire, on s’enfermait, s’il fallait se mettre les mains dessus, on se mettait les mains dessus, et quand la discussion était terminée, on passait à autre chose. C’était ma façon de voir les choses. Aujourd’hui, ce que je demande, c’est du respect, des valeurs, et un esprit cher à ce club de combativité, de hargne. Mais surtout le respect de ce blason et de la vie en général. Se souvenir d’où l’on vient. Ce que je dis à mon fils, par exemple, c’est que si y’a un sac qui est trop lourd à porter dans la rue pour une personne, de lui porter le sac. L’image c’est celle-là, et je pense que cela se perd. Et comme je dis aux parents de nos jeunes, si on peut faire en sorte de retrouver un peu cet esprit là…

Dernier match vu à la TV ?

Quand je suis parti du Gazelec en 2017, j’ai arrêté de regardé le foot. J’ai joué, mais… Puis quand j’ai arrêté le foot, pendant un an et demi je n’ai plus regardé de match à la télé. Et là, le dernier match, c’est celui de l’équipe de France, contre euh… Je regarde du foot, j’aime regarder la Ligue 2, je regarde beaucoup les matchs insulaires aussi, Bastia, l’ACA, je regarde, je regarde… Parfois je vais à Bastia. Ici moins… Mais je n’ai aucun problème avec ça.

Dernier match auquel vous avez assisté en tant que spectateur ?

Sans doute le dernier match du Gaz en National 3 contre Marseille Ardziv (le 14 janvier 2023), où on avait fait jouer pratiquement tous nos jeunes, d’ailleurs, ils avaient fait un très bon match. On menait 2 à 0 et on a perdu 3 à 2. Il n’y avait plus aucune incidence sur le classement car on connaissait déjà l’issue de la saison. Même si nous, on avait un petit espoir. Après ça, je n’ai plus eu le temps d’aller en voir.

Un chiffre ?

Le 20. C’est le département. Et aussi les deux jours de naissance de mes enfants, le 29 et le 13. Comme joueur, je n’ai quasiment joué qu’avec le 20. A Toulon, j’avais le 14, mais par défaut.

Geste technique préféré ?

De mettre quelques tacles. Un tacle assez spécifique, les deux jambes écartées, et je récupérais pas mal de ballons.

Le Gazelec, en deux mots ?

C’est un grand club. Je sais, ça paraît fou. Un grand club, avec ses qualités et ses défauts.

Le milieu du football ?

Des bons côtés et des mauvais côtés. Plutôt des mauvais…

 

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : 13HF

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