L’entraîneur des Diables rouges, leaders de leur poule en National 2, raconte sa nouvelle aventure en Normandie, où il est arrivé en décembre 2021 après après avoir fait grimper Saint-Brieuc en National. Bis repetita à Rouen ?

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Samedi soir, le FC Rouen a conforté sa place de leader en s’imposant, dans la douleur, 1 à 0 sur le terrain de Chartres. Dans le même temps, son plus sérieux rival, le Racing club de France, s’est lui aussi imposé à Caen (2-1).

Du coup, c’est le statu quo en haut de classement après la première journée de la phase retour : les Diables rouges ont 3 points d’avance sur les Racigmen (39 points contre 36), qui ont effectué la course en tête jusqu’à la 13e journée avant de voir l’équipe de Maxime d’Ornano passer devant.

L’entraîneur, arrivé sur le banc à Diochon en décembre 2021 en provenance de Saint-Brieuc (National), raconte comment il vit sa nouvelle aventure rouennaise.

Sa carrière de joueur, la transition entraîneur-joueur, ses passages sur le banc à Lannion (National 3) et Saint-Brieuc (National 2 puis National), son sentiment sur la saison actuelle, sa vision du football, son admiration pour le FC Rouen ou encore ses ambitions personnelles, Maxime d’Ornano livre un témoignage plein de sincérité et d’humilité. Avec deux mots qui reviennent comme un refrain : travailler et… gagner !

« À 20 ans, j’entraînais déjà des seniors ! »

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Vous avez été joueur, entraîneur-joueur et maintenant entraîneur, racontez-nous votre parcours…
J’ai commencé le foot assez tard, j’avais 11 ans, dans un club à côté du Mans, La Ferté-Bernard. J’ai été pris en sports-études à Sablé-sur-Sarthe. Puis j’ai intégré l’INF Clairefontaine, un centre de préformation, pendant 3 ans, avant de devenir pensionnaire du centre de formation du Mans où j’ai joué en réserve et participé à quelques entraînements avec les professionnels. Mais une pubalgie m’a éloigné des terrains pendant 6 mois, du coup, après, j’ai entamé une carrière en amateur à Lannion (2 ans en DH), à Saint-Brieuc (4 ans en National 2) et à Avranches en National 3. Après je suis revenu à Lannion, et c’est là que j’ai commencé en tant qu’entraîneur-joueur.

Quel âge aviez-vous quand vous avez entamé votre carrière d’entraîneur ?
J’ai arrêté de jouer à 30 ans donc c’est à ce moment-là. Mais lorsque j’étais joueur à Saint-Brieuc en National 2, j’entraînais en même temps un club seniors en District, l’US Plessala. J’avais 20 ans et j’entraînais déjà des seniors ! J’ai fait aussi 11 ans à Lannion comme coach de DSE jusqu’en National 3. Je suis parti à Saint-Brieuc, j’ai fait 3 ans en National 2, une année en National. Et je suis arrivé à Rouen en décembre 2021.

Avec le président du FCR, Charles Maarek. Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous orienter aussi rapidement vers le métier d’entraîneur ?
J’avais passé mes formations assez jeune, à l’âge de 19 ans, et ça m’a plu. Après, il y a eu les opportunités et le choix d’arrêter de jouer parce que faire les deux c’était compliqué.

A votre arrivée comme coach à Saint-Brieuc, vous connaissiez déjà le club puisque vous aviez porté le maillot comme joueur …

J’ai rejoint à cette époque-là un ami avec qui j’avais joué, Guillaume Allanou, qui était devenu président du club. Aujourd’hui il est président, directeur sportif et entraîneur de la réserve de Saint-Brieuc.

Vous êtes originaire du Var et finalement vous avez fait toute votre carrière pour l’instant entre la Bretagne, la Normandie, dans le Nord-Est de la France…
Je suis né à Ollioules à côté de Toulon parce que mon père était dans les sous-marins dans le Sud. À sa retraite, qu’il a pris de bonne heure, on s’est installé dans la maison qu’on avait au Mans. C’est comme ça que j’ai démarré le foot là-bas. Après, à l’âge de 16 ans, mes parents ont déménagé en Bretagne; moi, j’étais toujours au Mans au centre de formation.

« Je suis parti de Saint-Brieuc car je sentais que c’était le moment »

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Au stade Briochin, vous avez connu l’accession en National, un moment qui a dû vous marquer…
Oui, en plus on était en concurrence avec le FC Rouen à cette époque-là. Et avec Chartres aussi. Le championnat s’est arrêté en mars 2020 à cause de la Covid, donc on n’est pas monté à la loyale. Mais cela faisait 2-3 ans qu’on était toujours dans les 3 premiers du championnat, donc ça oui c’était un fait marquant.

Qu’est-ce qui vous a poussé à partir de Saint-Brieuc alors que les choses se passaient plutôt très bien sportivement ?
Je suis parti, c’est vrai, en avril 2021, alors qu’on était 3e, parce que je sentais que c’était le moment. Moi j’ai toujours la volonté de maîtriser mes choix, maitriser ce que je fais parce que je sentais que c’était le moment tout simplement.

« L’historique du FC Rouen, ça ne laisse pas insensible »

Vous êtes arrivé à Rouen quelques mois après, en décembre 2021. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce nouveau projet ?
Premièrement le discours des dirigeants, monsieur Maarek (président) et monsieur De Wailly, qui est décédé depuis. Lors des premiers contacts, j’ai eu affaire à des dirigeants ambitieux. Evidemment, il y a l’historique du club, ça ne laisse pas insensible, cette grosse ferveur, ce passé en professionnel, 120 ans d’existence dont 80 ans au niveau professionnel. Et puis, il y avait un bon groupe de joueurs, que je connaissais un petit peu pour avoir joué contre eux.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Pour un club de N2, cette ferveur est impressionnante, il y a un très gros engouement : ça compte beaucoup lorsque l’on a des objectifs sportifs élevés ?
Bien sûr, on le voit déjà sur notre début de saison. Il y a une grosse ferveur, une grosse affluence. Je crois que le club est dans le top 5 des affluences N1-N2. Et ça, c’est parce qu’il y a une histoire. Je sais que le FC Rouen est un club qui, à termes, rebondira. Cette ferveur, c’est à nous d’en profiter.

C’est vraiment une plus-value, à ce point ?
Clairement c’est une grosse plus-value ! Les joueurs, quand ils signent à Rouen, ils savent qu’il y a cette ferveur, cet engouement. Forcément, lorsqu’on est joueur en 4e division, ça compte.

« Il y a une deuxième partie de saison excitante à vivre »

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Cette saison vous luttez pour la montée en National avec le Racing-club de France : quel regard portez-vous sur cette bataille à distance et comment vous jaugez-vous par rapport à votre concurrent ?
On vient seulement de finir les matchs aller mais oui, on est en bonne position. La première partie de saison a été favorable, on a pris pas mal de points au même titre que le Racing, qui est aussi sur l’euphorie de la saison dernière. Ils ont fait une super saison en National 3 et continuent à performer en National 2. Alors oui effectivement ça peut annoncer un duel. Maintenant, c’est encore un peu tôt même s’il y a un écart qui s’est creusé avec le 3e. Il faut se focaliser sur nous et pas forcément sur le Racing. Il y a une deuxième partie de saison excitante à vivre. Il faut surtout bien travailler.

Le FC Rouen joue l’accession en National depuis quelques saisons et vous avez cette expérience avec Saint-Brieuc : ça peut aider ?
C’est sûr que ce sont des facteurs importants si on doit jouer l’accession, bien sûr. Maintenant, je pense qu’il ne faut pas se projeter plus loin que le prochain match, car c’est toujours celui-là le plus important. Il faut bien le préparer et bien travailler. C’est encore un tout petit peu tôt pour annoncer quoi que ce soit. Janvier et février sont très importants. Après on verra où on se situe en mars et avril, pour le dernier sprint.

« Le passé du club donne une force supplémentaire »

Il n’y a donc pas forcément de projection sur la saison suivante, qu’elle soit en National ou National 2 ?
L’environnement – la ferveur, nos clubs de supporters, parce qu’il y en a plusieurs -, nous rappelle qu’on est dans un club ambitieux, qui veut rebondir. L’histoire pèse aussi dans le quotidien, car ça nous rappelle qu’il faut gagner des matchs. Quoi qu’il arrive, ce sera peut-être cette année, ce sera peut-être dans 2 ans, dans 5 ans, dans 10 ans, je ne sais pas, mais ce club-là rebondira, c’est évident, parce que le passé est toujours présent et donne une force supplémentaire.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Cet aspect-là ajoute-t-il de la pression ?
Dans ce métier, il y a toujours de la pression. Il en faut. La pression, c’est surtout une envie de bien faire. Elle existe dans tous les clubs j’imagine. La seule chose qu’il faut, c’est bien travailler, bien préparer les matchs, bien structurer le club, c’est ça le plus important.

Quels sont vos principes de jeu ? C’est quoi la méthode du coach Maxime d’Ornano ?
J’ai envie surtout que le joueur, que mon groupe, soit épanoui, que mon équipe donne du plaisir aux gens à travers peut être une façon de jouer, à travers des résultats évidemment. Dans notre métier, les résultats sont très importants. Et que chaque personne soit épanouie au quotidien et s’y retrouve. Je reste un peu évasif mais ce n’est pas facile de parler de soi. J’aime que mon équipe ait de l’enthousiasme, qu’elle joue. J’aime surtout que mon équipe gagne.

Avec vos joueurs, avez-vous une certaine proximité ou vous appuyez-vous sur votre staff ?

On a un très bon staff, qui travaille très fort au quotidien. Maintenant, oui, on est dans l’échange permanent. C’est logique. On s’appuie aussi sur des ressentis des joueurs évidemment, sur de l’échange, c’est important, notamment pour chercher à toujours progresser.

« Avec le président, on travaille en circuit très court »

C’est aussi valable avec vos dirigeants ?
Complètement ! On travaille avec le président en circuit très court parce qu’on n’a pas de directeur sportif. C’est très bien, ça permet d’échanger assez régulièrement sur l’équipe actuelle, sur les projets futurs. Ce sont des échanges riches.

S’il fallait ressortir la qualité principale que doit avoir un entraîneur, ce serait laquelle selon vous ?
Être à l’écoute et fédérer. Être à l’écoute c’est important car on n’est jamais tout seul. Et fédérer. On peut aussi dire l’humilité et le travail évidemment.

« Je ne suis pas arrêté à un seul football »

Qui sont vos modèles d’entraîneurs ? Ceux que vous avez rencontrés lors de votre parcours ? Ceux que vous voyez à la télé ?
Je ne suis pas arrêté à un seul modèle, ce serait réducteur. J’aime bien tout regarder, des matchs de foot étranger, des matchs en France, des matchs de National, de National 2… J’aime bien les équipes qui jouent au foot mais je vais surtout m’attarder sur « comment une équipe va gagner » et « de quelle manière ». On est tous attirés par les grosses équipes européennes.

« Retrouver le National avec le FC Rouen, ce serait très bien »

A titre personnel, il y a cette belle perspective de retrouver le National, et l’ambition, peut-être, d’aller encore un cran au-dessus…
Je ne pense pas être carriériste mais on veut toujours aller le plus haut possible, repousser ses limites. On sait que dans le foot, ça peut aller très vite. Effectivement, retrouver le National avec le FC Rouen, au-delà de mon cas personnel, ce serait très bien, déjà pour le club évidemment. Après moi, je ne suis pas là à me projeter plus loin que ce que je fais actuellement. Ce qui m’importe c’est d’optimiser tout ce que je peux optimiser, et de bien travailler.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

L’entraîneur aujourd’hui a de plus en plus d’éléments à gérer. Est-ce un métier plus difficile qu’il y a 10-15 ans ou tout simplement différent ?
Ça dépend des niveaux où vous entraînez. C’est plus facile d’entraîner en National 2 qu’en Première division de District parce que les moyens mis à disposition sont supérieurs, les infrastructures sont meilleures, etc. Maintenant, le métier évolue, les technologies évoluent. Aujourd’hui, on fait beaucoup appel à la vidéo. Les staffs sont plus étoffés. Il y a pas mal de choses qui ont progressé depuis que j’ai commencé il y a 20 ans.

La vidéo fait partie des choses que vous aimez utiliser ?
Oui, c’est efficace. C’est intéressant pour se voir évidemment, essayer de se corriger, c’est du factuel. Les joueurs aiment bien aussi, ça permet d’amener des critiques positives, de bonifier son équipe, et de voir les adversaires évidemment, on ne va pas se mentir. Mais je n’en fais pas une fixation et je n’en fais pas tous les jours non plus. C’est quand même un outil intéressant pour le développement du joueur et de l’équipe.

« Parfois, on a gagné grâce à notre force mentale. Ça montre la qualité de ce groupe »

Si vous deviez dresser un premier bilan, à mi-parcours, qu’est-ce que vous ressortiriez de positif ? Et quels seraient les axes de progression pour la seconde partie de saison ?
Les points positifs c’est qu’on a pris des points, on a gagné des matchs, dont certains avec des bons contenus, d’autres peut-être un peu moins bons mais où on a gagné dans un autre registre, avec une force mentale, je pense à deux ou trois matchs où on gagne dans les arrêts de jeu. Ça montre la qualité de ce groupe. Pour les axes de progrès, c’est de prendre encore moins de buts évidemment (Le FC Rouen possède la 2e défense derrière Chambly) et aussi essayer d’en marque un peu plus (2e attaque, derrière le Racing). Ce sont les points sur lesquels on s’attache à travailler tous les jours.

L’aspect mental, très présent dans certaines de vos victoires, ça peut être utile aussi sur la fin de saison…
Complètement ! Et puis ça rejoint ce que l’on disait sur la ferveur, on se sent poussés. C’est certainement ce qui nous a permis, sur des fins de rencontres, de gagner des matchs à domicile. C’est important d’avoir ce levier-là, dans des matchs où on est peut-être en souffrance. On sait qu’on a cette capacité à se transcender, à ne pas lâcher. Ce sera un levier à actionner en temps voulu.

« On est en retard en termes d’infrastructures »

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Vous partagez le stade Diochon avec Quevilly Rouen, idem pour les locaux administratifs et les infrastructures. Comment vous vivez cette cohabitation ? Comment ça se passe au quotidien ?
C’est une colocation notamment le week-end parce que Quevilly  joue sur le même stade, le club de rugby (Pro D2) aussi. La semaine, effectivement, on partage quelques locaux. Après, nous, on a 15 ans de retard en termes d’infrastructures. Je n’ai pas peur de le dire, puisqu’on ne possède pas de centre d’entraînement, pas de salle de musculation, pas de salle de vie pour les joueurs, et 70% de nos séances s’effectuent sur terrain synthétique. Pour avoir une surface en herbe, c’est à 30 minutes de route. C’est un vrai problème sur lequel on travaille au quotidien avec les dirigeants, avec le staff, pour essayer d’avoir ce centre d’entraînement qui nous permettrait de travailler encore plus dans de meilleures conditions, pour bonifier et améliorer les choses. Maintenant on s’adapte au quotidien. Heureusement qu’on a ce bijou, ce stade Robert-Diochon. C’est un super stade.

Travailler à côté d’un club qui est en Ligue 2, ça peut aider aussi à évoluer sur ces plans-là par exemple ?
On n’est pas dans la même division qu’eux, on est en colocation sur certains aspects, ils ont des avantages que l’on n’a pas puisqu’ils sont à 2 niveaux au-dessus. Maintenant c’est à nous de faire le travail pour les rattraper.

Au niveau humain, avez-vous une proximité avec QRM ? Par exemple avec l’entraîneur Olivier Echouafni ?
On se croise, on échange parfois. Après, chacun est concentré sur son travail, ses activités. On n’est pas toute la journée à échanger mais on est très respectueux les uns envers les autres, il y a zéro problème.

Maxime d’Ornano, du tac au tac

« J’ai toujours eu un peu ce côté formateur »

Maxime d’Ornano avec Bernard Morvan, le photographe du FCR, qui n’oublie jamais sa carte SD !

Meilleur souvenir sportif ?
Il y en a pas mal. C’est peut-être le jour où on m’a annoncé la montée en National avec Saint-Brieuc. C’est bizarre parce qu’on était à l’arrêt, en tête du championnat et le coup de téléphone du directeur sportif qui me dit « on monte ». Il n’y a pas eu de grandes effusions de joie mais on s’est appelé avec les joueurs.

Pire souvenir sportif ?
Une descente en National 3 alors que j’étais joueur à Saint-Brieuc. On avait galéré toute l’année, on avait peu de moyens, on était en grosse difficulté financière et sportive. C’est ma dernière saison de joueur à Saint-Brieuc.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Meilleur joueur entrainé ?
Il y en a pas mal. Il y en a 3 qui sont passés professionnels : Stephen Quemper à Guingamp, Julien Le Cardinal à Lens et Jérémy Le Douaron à Brest (buteur hier soir lors du succès 4 à 0 face à Angers !). C’est plutôt une fierté d’avoir eu, à un moment donné, ces trois joueurs-là parce qu’on est content de leur progression, de leur réussite. Il y en a deux en Ligue 1, ça fait plaisir. J’ai toujours eu un peu en moi ce côté formateur, c’est intéressant quand on arrive à amener un jeune joueur du point A au point B. On est content parce qu’on aura participé à son éclosion et à son accompagnement.

Un entraîneur « impressionnant » que vous avez affronté ?
J’ai affronté Franck Haise. Il était entraîneur de Changé à l’époque en National 3, j’étais entraîneur de Lannion. Sur le moment, on ne pense pas qu’il aura cette ascension mais c’était déjà du très lourd. Et puis un autre entraîneur qui est un ami, c’est Julien Stéphan. J’ai joué avec lui à Saint-Brieuc, on a fait notre formation (DES)  ensemble. Je l’ai affronté plusieurs fois lorsqu’il était avec la réserve du Stade Rennais.

Un modèle ou un mentor ?
Je n’ai pas de modèle mais j’ai eu un mentor, que j’ai connu pendant ma formation à Clairefontaine, c’est Francisco Filho, qui était mon formateur pendant 3 ans, un Brésilien qui par la suite a été adjoint d’Alex Ferguson à Manchester United. C’était vraiment une personne impactante et importante. Il m’a beaucoup aidé. Il m’a eu de 13 ans à 16 ans tous les jours, 3 heures par jour. Donc il m’a éduqué et il a fait de moi la personne que je suis devenu, avec mes parents bien sûr, et l’entraîneur que je suis devenu ! Quand on entame la carrière d’entraîneur on repense forcément à cette personne-là.

Une équipe favorite ?
L’Olympique de Marseille.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Une philosophie de jeu ?
Que mon équipe ait plus le ballon que l’adversaire et qu’elle marque un but de plus.

Vous êtes un coach plutôt…
Calme.

Une passion en dehors du foot ?
Passer du temps avec ma famille, mes enfants, ma femme.
Sinon je n’ai pas une autre passion qui ressort, j’aime tous les sports et après la grosse passion c’est le football.

Un stade marquant ?
J’ai joué à la MMArena (devenue le stade Marie-Marvingt) au Mans avec Saint-Brieuc en National. Un très beau stade. En tant que joueur, j’ai joué à la Beaujoire, c’était un lever de rideau d’un Nantes – Nice. C’était un beau stade aussi.

Ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite de la saison et puis pour votre carrière d’entraîneur ?
Gagner des matchs, on ne va pas plus loin que ça.

Texte : Timothée Coufourier

Photos : Bernard Morvan / FC Rouen

L’avant-centre du FC Martigues, natif de Manosque, est l’un des grands artisans de l’incroyable début de saison du club provençal, 2e du championnat.

Photo FC Martigues

Avec son mètre 87, Romain Montiel est en quelque sorte une « montagne » ce qui, pour un garçon né dans les Alpes-de-Haute-Provence, n’a rien de surprenant.

Ce qui est plus surprenant, en revanche, c’est de voir son nouveau club, le FC Martigues, promu de National 2, à la 2e place du classement en National. Et quelque soit le résultat de son match en retard, ce soir, à Cholet (l’entretien a été réalisé avant la défaite 2 à 0 sur le terrain de l’équipe de Stéphane Rossi, qui a donc mis un terme à une série de 16 matchs sans défaite pour Martigues), le club de la Venise provençale sera toujours dans le duo de tête, une place qu’une bonne dizaine de clubs aimerait occuper en fin d’exercice, car synonyme de Ligue 2. Au bout d’un moment, difficile de se cacher !

Photo FCM – Guillaume Boitiaux

La Ligue 2, au stade Francis-Turcan, qui connu les grandes heures de la Division 1 entre 1993 et 1996, tout le monde y pense. Mais personne n’en parle.

Le sujet est tout à la fois récurrent et tabou. Il faut dire que la situation fait le larron : la Ligue 2, tout le monde la veut, sinon, à quoi bon « vivre ou survivre » dans ce championnat hybride, ou la plupart des équipes ne sont que de passage.

Photo FCM – Guillaume Boitiaux

Le FC Martigues, lui, y fait en tout cas un passage très remarqué cette année. Il n’a perdu qu’un seul match, lors de la première journée de championnat, à Versailles (2-1), et encore, de l’aveu des « spécialistes », il aurait même pu s’imposer lors de ce match (depuis, le FCM s’est incliné une deuxième fois à Cholet, 2 à 0) !

On salive d’avance à l’idée de retrouver une affiche Martigues-Versailles décisive à la dernière journée !

Ce classement qui n’a absolument rien de flatteur à ce stade de la compétition, le FC Martigues, 3e attaque de la poule (28 buts marqués en 17 matchs) derrière Le Mans (31) et Concarneau (29), le doit à ses talents et aussi à l’épanouissement de Romain Montiel, impliqué dans 10 des buts marqués de son équipe (5 buts et 5 passes décisives, dont la dernière pour Amine Hemia, la semaine dernière, contre Borgo, est un pur régal !).

« Autour de moi, il y a du monde »

Photo FCM – Guillaume Boitiaux

Si l’avant-centre martégal est aussi performant, c’est, comme il le dit, parce qu’il a les joueurs autour de lui : « Si je suis plus épanoui cette saison ? Oui, peut-être, c’est vrai, mais ce qui joue beaucoup, c’est le système de jeu de l’équipe, en 4-2-3-1, avec une pointe devant. En National, y’a beaucoup de coaches qui préfèrent jouer en 3-5-2. Là, avec le système du coach (Grégory Poirier), je suis moins esseulé devant, il y a du monde autour de moi. Et puis, le club et le coach me font confiance, c’est important ».

C’est vrai qu’avec Amine Hemia (6 buts, 2 passes) et aussi les deux feux follets Zakaria Fdaouch (4 buts, 5 passes) et Karim Tlili (5 buts, 3 passes), le danger vient de partout en attaque !

Et même s’il a reculé en numéro 6, Foued Kadir, l’ancien de la maison olympienne, valenciennoise et rennaise en Ligue 1 (39 ans !), n’a rien perdu de ses qualités offensives et de sa patte (3 buts et 2 passes).

Avec autant d’atouts, difficile de ne pas évoquer, donc, cette fameuse Ligue 2. « Oui, on en parle, mais pour rigoler, assure Romain Montiel; On ne se prend pas la tête, et on n’a aucune pression par rapport à ça. Cette série d’invincibilité en cours, c’est notre force mentale qui fait ça. En fait, sur le terrain, on ne calcule pas, on ne pense pas trop au nombre de buts que l’on va encaisser, mais plutôt au nombre de buts que l’on va marquer ! On est vraiment porté vers l’avant, avec quatre joueurs offensifs, donc c’est plus facile pour marquer. »

Neuf saisons à l’AJ Auxerre

Photo FCM – Guillaume Boitiaux

A 27 ans, l’attaquant né à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), à seulement 100 kilomètres de Martigues –  » J’y ai encore mes parents, mon frère et ma grand-mère » – est parti sur des bases élevées cette saison.

A ce rythme, il devrait battre son record en National, qui date de la saison 2017-2018, lorsque son club formateur, l’AJ Auxerre, l’avait prêté au FC Chambly (9 buts en 22 matchs de championnat et 7 buts en coupe de France) : « J’ai passé 9 saisons à Auxerre ! J’y ai été recruté par Gilles Rouillon, alors que je jouais à Istres, où j’ai passé deux saisons en pré-formation entre 13 et 15 ans. Il m’avait repéré lors de rencontres inter-régionales. Et je ne suis parti d’Auxerre qu’à l’âge de 24 ans, après deux prêts, à Chambly donc, puis au Mans, toujours en National ».

Le Manosquin, qui a commence le football à Saint-Auban, à l’US CASA (Château-Arnoux-Saint-Auban), de débutant à poussin, « parce que mes parents habitaient alors à Château-Arnoux », et qui a poursuivi « plus bas », à l’EP Manosque jusqu’à l’âge de 13 ans, « parce que mes parents ont déménagé ! », a tout de même tâté de la Ligue 2 à Auxerre, mais il a surtout vu les coachs défiler : « Quand je suis revenu de Chambly (National), où j’avais effectué une bonne saison en prêt, avec une demi-finale de coupe de France face aux Herbiers (élimination 2 à 0), j’ai redemandé à être prêté, parce qu’à ce moment-là, Auxerre manquait de stabilité au niveau des staffs. Le Mans (National) était intéressé, alors j’y suis allé, et on est monté en Ligue 2 ! »

« Mon objectif, c’est clairement de retrouver en Ligue 2 »

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Avec Martigues, Romain, récent papa d’une petite Bianca de 7 mois, dispute déjà sa sixième saison en National (Chambly, Le Mans, Béziers, Bourg 2 saisons), avec, dans un coin de la tête, l’idée de retrouver la Ligue 2, connue avec l’AJA : « C’est clairement un objectif d’y retourner ». C’est dire si le vainqueur de la coupe Gambardella 2014 (avec l’AJA) commence à bien connaître ce championnat : « Le National est plus équilibré je trouve cette saison, et je ressens beaucoup plus de pression, notamment à cause des six descentes, ce qui fait que beaucoup d’équipes jouent de manière défensive. Après, parmi les équipes qui m’ont fait bonne impression, il y a le Red Star et Versailles ».

Signer chez un promu, dans un club qui n’avait plus connu cet échelon depuis 10 ans, cela ne lui a pas posé le moindre problème. « Je voulais aller dans un club où, déjà, je pouvais jouer, et où on me faisait confiance. Je savais en venant ici que le coach voulait imposer tel système de jeu. Je connaissais déjà l’environnement car j’ai joué à côté, à Istres, pendant 2 ans. » Et puis je ne suis pas loin de chez moi, à Manosque, j’y suis attaché, j’y retourne assez souvent. »

« Martigues, un club familial et atypique »

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Meilleur souvenir sportif ?
Ma victoire en coupe Gambardella avec Auxerre (en 2014, victoire 2 à 0 en finale contre Reims).

Pire souvenir sportif ?
Le descente de National en National 2 avec Béziers (La FFF avait arrêté les championnat National à 9 journées de la fin, Béziers était 16e sur 18).

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Aucun !

Pourquoi as-tu choisi d’être avant-centre ?
Pour marquer buts (rires) ! Quand j’étais petit, je voulais toujours marquer, à chaque match ! L’an passé, j’ai un peu joué en milieu de terrain ou comme deuxième attaquant, et à Auxerre, j’avais commencé milieu droit mais ce n’était pas ma tasse de thé !

Première fois dans un stade en tant que spectateur ?
OM-Auxerre, Auxerre avait gagné 1 à 0.

Ton geste technique préféré ?
Un crochet.

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualité ? Finisseur. Et défaut ? Les gestes techniques peut-être… On m’a déjà dit que j’étais nonchalant mais pas du tout, c’est peut-être une image, due à la façon dont je me tiens, à ma posture, droite.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?!
Avec Chambly.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Béziers.

Le club où tu as failli signer ?
Y’en a quelques-uns mais pas un en particulier.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le Real Madrid !

Un stade mythique pour toi, un public ?
Le stade Bollaert.

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un, mais tu as droit à 2 ou 3) ?
Raphaël Calvet (Le Mans et Martigues aujourd’hui), Romain Philippoteaux (AJ Auxerre) et Grégory Berthier (AJ Auxerre).

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
Vincent Créhin (Le Mans).

Coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué ?
Romain Philippoteaux.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Si je l’ai perdu de vue, c’est que je n’ai pas envie de le revoir (rires).

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Karim Mokeddem.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
On ne sait jamais qui je peux croiser à l’avenir ! Donc je ne dis rien !

Un président marquant ?
Fulvio Luzi.

Un président à oublier ?
Pareil… Je ne dis rien, on ne sait jamais (rires) !

Une causerie de coach marquante ?
Oui, une de Bruno Luzi (Chambly), avant un déplacement à Pau, il fallait à tout prix gagner, il nous avait mis face à nos responsabilités. Il avait employé des mots un peu « crus ».

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Bloc très bas. On m’a demandé de faire ça.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Une bagarre entre deux joueurs de Chambly le lendemain de la demi-finale de coupe de France perdue à Nantes contre Les Herbiers.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Ludovic Obraniak je pense… J’ai joué avec lui à Auxerre. Non, Benjamin Corgnet (Bourg-en-Bresse) !

Combien de véritables amis dans le foot ?
Une dizaine.

Des rituels, des tocs (avant un match ou dans la vie de tous les jours) ?
Je mets toujours la chaussette gauche avant la chaussette droite, j’écoute toujours la même musique aussi. Du zouk.

Une devise ?
Le destin a fait son choix.

Un chiffre (signification) ?
Le 9.

Un plat, une boisson ?
Souris d’agneau et Perrier-citron.

Hobbies ?
Je m’occupe de ma fille, Bianca.

Musique, cinéma ?
Du zouk, du rap commercial. J’aime bien le rythme et les mélodies du zouk. J’aime bien les films à suspense.

Termine la phrase en un mot ou deux : tu es un joueur plutôt …
Finisseur.

Ton meilleur match ?
Avec Bourg-en-Bresse, contre Orléans, j’avais mis un triplé. On avait gagné 3-1 (novembre 2020). Voir vidéo ci-dessous

Ton pire match ?
Un match de préparation avec Auxerre que j’avais disputé comme milieu droit.

Ton plus beau but ?
Avec Le Mans, contre Laval, devant 20 000 spectateurs au MMArena du Mans, pour le derby ! On avait gagné 1-0. Voir vidéo ci-dessous

Ton plus beau raté ?
En finale de la Gambardella, contre Reims.

Un match de légende pour toi ?
Le dernier France-Argentine, en finale du Mondial.

Un modèle d’attaquant ?
Fernando Torres.

Une idole de jeunesse ?
Fernando Torres.

Ta plus grande fierté ?
Ma fille.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
Kiné.

Le FC Martigues, en deux mots ?
Familial et atypique. Atypique parce que c’est rare de voir un club comme ça, où tout le monde s’entend bien.

Qu’est-ce qui t’a manqué pour jouer un peu plus en Ligue 2 ?
De la maturité, de l’expérience, voilà ce qui me manquait, et un peu de chance aussi.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Bizarre et incroyable !

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photo de couverture : Guillaume Boitiaux – FC Martigues

Photos : FC Martigues / FCM – Guillaume Boitiaux / Eric Cremois EC Photosports

Après un premier contrat pro au Paris FC (L2) et une aventure à Saint-Malo (N2) contrariée par l’arrêt des championnats, le défenseur central de 23 ans, originaire de la région parisienne, a choisi de sortir de sa zone de confort en signant en Autriche à l’été 2021. Un pari gagnant. Après une première saison ponctuée par le titre de Champion de D2 avec l’Austria Lustenau, il s’est affirmé parmi les meilleurs défenseurs centraux de la Bundesliga Autrichienne (D1) tout en poursuivant ses études par correspondance.

Au téléphone, on sent un jeune homme accompli, épanoui et fier de ses choix de carrière. A 23 ans, le défenseur central Jean Hugonet, originaire de Limours (Essonne), a pris une nouvelle dimension depuis son arrivée en Autriche à l’été 2021.

Depuis le début de saison, il a joué l’intégralité des 16 matchs de Bundesliga autrichienne avec l’Austria Lustenau, un club détenu par le président de Clermont (L1), Ahmet Schaefer. Sa carrière, qui avait connu un gros coup d’arrêt après un premier contrat pro au Paris FC en 2019 – où il n’avait pas été conservé -, puis un rebond à Saint-Malo (National 2) écourté par l’arrêt des championnats amateurs, a pris son envol.

Jean Hugonet, formé à Brétigny (Essonne) figure aujourd’hui parmi les meilleurs défenseurs du championnat autrichien. Un pays et un championnat qui ne sont pas des destinations habituellement très prisées par les footballeurs français. Jean partait dans l’inconnu en Autriche. Mais il a osé se mettre en danger en bouleversant son quotidien confortable et bien rempli entre foot, études et musique. Un pari gagnant alors qu’il aurait pu se contenter de rester en National 2 à Saint-Malo où il était capitaine.

Avec ses parents et sa soeur lors du titre, la saison passée, en D2, avec l’Austria Lustenau.

Lors de sa première saison à l’Austria Lustenau, il a remporté le championnat de 2e division autrichienne. « Quand on fait le bilan un an et demi après, on peut dire que j’ai fait le bon choix », reconnaît-il.

Après une trêve de trois mois, la Bundesliga autrichienne reprendra le 12 février. Jean Hugonet et l’Austria Lustenau (8e) qui étaient en stage de préparation en Turquie ces derniers jours, commenceront fort avec un match contre le leader, le Red Bull Salzbourg. Pour @13HeuresFoot, il raconte son parcours qui a souvent été semé d’embuches.

« Jean n’a pas eu un parcours facile mais a toujours été combatif. Le foot, ça peut être parfois violent. Quand on est malade de football, au dernier degré comme je le suis et qu’on voit son fils passer professionnel, on ressent forcément une grande fierté et du bonheur, nous expliquait son père, l’homme politique Jean-Raymond Hugonet, sénateur de l’Essonne et ancien maire de Limours. »

« Peu importe l’environnement : sur un terrain, on est tous pareils ! »

avec l’Austria Lustenau.

Dans une précédente interview, vous nous aviez raconté que chez les jeunes, vous étiez « plutôt fluet » et que vous avez souvent joué dans les équipes 2…
Quand j’étais adolescent, je n’ai jamais attiré l’oeil d’un recruteur à Brétigny, il n’y avait que des phénomènes dans mon équipe comme Moussa Sylla (ex-Monaco, Utrecht). Je me suis vite rendu compte que plus que mon talent, ce serait grâce à mon sérieux et ma détermination que je pourrais moi aussi un jour accéder au monde pro.

Votre père Jean-Raymond est un homme politique reconnu, sénateur de l’Essonne et également musicien. Avez-vous puisé de l’inspiration dans son parcours ?
Surtout dans sa carrière de musicien. À 20 ans, il s’est donné les moyens de vivre sa passion de la musique. J’essaye de faire pareil avec le foot. Dans la famille, mis à part mes parents, on me voyait davantage faire Sciences-po ou les grandes écoles. Si je n’avais pas été footballeur, j’aurais eu ma petite vie et été quand même heureux. Je viens d’un milieu social où je n’ai jamais eu de problèmes. J’avais des copains qui n’avaient presque que le foot comme moyen de s’en sortir. Mais j’ai compris que comme eux, si je voulais écrire ma propre histoire, ça passait par le foot. Peu importe l’environnement, sur un terrain, on est tous pareil : on a tous une paire de chaussures, un ballon et il faut être le plus fort.

Votre détermination avait été récompensée par un contrat pro avec le Paris FC (L2) en 2019. Mais vous n’avez effectué qu’une petite apparition en Coupe de France. Avez-vous des regrets ?
Avec le recul, j’ai compris que je n’étais pas prêt à jouer en L2. Ce contrat est arrivé trop tôt, je n’étais pas assez évolué à tous les niveaux. En plus, je suis tombé la mauvaise année au Paris FC, la seule de ces dernières saisons où il a joué le maintien en étant longtemps relégable. Je comprends que c’était difficile de lancer un jeune dans ces conditions. Mais je n’ai pas pris ça comme un échec. Au contraire, c’était peut-être un mal pour un bien. Après, il y a eu l’arrêt de la saison en mars 2020 avec le Covid. Le Paris FC m’a annoncé par téléphone pendant le premier confinement que je ne serai pas conservé pour la saison suivante. C’était un peu violent. J’ai eu le sentiment qu’on ne m’avait pas laissé assez de temps, même si je sais au fond de moi-même que j’aurais pu mieux faire.

« Quand on a 20 ans, être au chômage et courir tout seul, ça forge le caractère »

La fête avec les supporters de l’Austria Lustenau pour l’accession en N1.

Après votre départ du Paris FC, vous avez connu plusieurs mois d’incertitudes…
Je pensais aller à Créteil en National et j’avais décliné plusieurs propositions en N2. Mais avec Créteil, ça ne s’est pas fait. J’étais à la cave, sans rien. Quand on a 20 ans, être au chômage et devoir aller courir tout seul, ça forge le caractère. J’ai changé aussi d’agent. Heureusement, j’ai pu me relancer à Saint-Malo. Mais comme j’étais pro la saison précédente, j’ai dû attendre le mois d’octobre pour pouvoir jouer. Et il y a eu tout de suite après un nouvel arrêt des championnats à cause du covid… Au total, j’ai joué 4 matchs avec Saint-Malo, un en N2 et trois en Coupe de France, qui avait repris. Saint-Malo est un club bien structuré. On a continué à s’entraîner, on n’a pas été mis au chômage partiel. J’étais bien intégré, on m’avait donné le brassard de capitaine et au départ, il était prévu que je reste pour la saison 2021-2022.

Pourtant, au lieu de continuer avec Saint-Malo en N2, vous avez signé en D2 Autrichienne à l’Austria Lustenau. Comment êtes-vous arrivé là-bas ?
Deux jours après, je devais resigner à Saint-Malo. Mais quelques semaines auparavant, j’avais effectué un essai de deux jours avec la réserve de Clermont et disputé un match amical contre la réserve de Bordeaux. Au bout de trente minutes, je me suis blessé. Je me suis dit, c’est cuit… Mais Clermont m’a pourtant rappelé en me disant qu’ils avaient bien aimé ce que j’avais montré. Ils étaient intéressé par mon profil. Mais à ce moment-là, le club était à la lutte pour la montée en L1. Le deal était simple : s’ils restaient en L2, je signais. En revanche, forcément en L1, le gap aurait été trop élevé et ils avaient besoin de recruter des joueurs plus expérimentés. Clermont est monté en L1. Ils m’ont donc dirigé vers l’Austria Lustenau, un club partenaire également détenu par la président.

Sur le papier, la D2 autrichienne, ça ne fait pas trop rêver. Avez-vous hésité ?
Je me souviens que Lustenau était premier non-relégable en D2 et que j’avais suivi son dernier match alors que j’étais à la piscine, en vacances (sourire)… Mais non, je n’ai pas hésité. En France, niveau foot, c’était compliqué pour moi et j’avais besoin de ce changement. Un contrat pro de deux ans alors qu’à cause du covid, je n’avais presque pas joué pendant un an et demi, c’était même inespéré !

Et dès votre première saison, vous avez remporté le titre de D2 et vous accédez à la Bundesliga autrichienne…
Quand on fait le bilan un an et demi après, on peut dire que j’ai fait le bon choix. Je ne suis pas allé me perdre en D2 roumaine dans un projet bancal. Et j’ai vécu des moments exceptionnels depuis mon arrivée à Lustenau. En France, on demande toujours de l’expérience. Ici, on m’a donné ma chance, j’ai eu la chance de m’imposer tout de suite, j’ai été adopté par les supporters et on a performé avec l’équipe. Entre nous, il y a eu une superbe alchimie. Alors que l’objectif était un maintien tranquille, entre 6e et 10e, on a fait la course en tête toute la saison. L’Autriche, c’est vraiment l’étape parfaite pour ma carrière. Bien sûr, sur un CV, Champion de D2 Autrichienne, c’est moins fort que Champion de L2 en France. Mais c’est beau à vivre… Je n’oublierai pas la ferveur en ville, les festivités.

Comment se passe votre vie à Lustenau ?
C’est une petite ville tranquille près de la frontière suisse. La région est un peu isolée. La plupart des déplacements s’effectuent en bus, c’est souvent assez long, 7 heures… La ville ne fait que 21 000 habitants mais au stade ils sont plus de 7 000. Cette ferveur m’a surpris au départ. Dans le vestiaire, l’ambiance est chaleureuse, familiale. On ressent bien l’esprit allemand, le côté carré, la rigueur. J’ai découvert une autre mentalité qui me convient parfaitement. Pour communiquer, c’est le plus souvent en anglais. Il faut savoir que les Autrichiens parlent mieux anglais que les Français ! J’ai aussi appris un peu l’Allemand. Mais ici, c’est davantage un dialecte donc c’est un peu compliqué. Dans l’équipe, on forme aussi un petit groupe de francophones avec notamment des joueurs prêtés par Clermont. On est souvent ensemble.

« La Bundesliga autrichienne est très observée par les clubs allemands, suisses ou italiens. Ça peut être un bon tremplin »

A l’Austria Lustenau, les supporters sont extrêmement présents.

On voit beaucoup de joueurs amateurs français tenter des aventures dans des pays de l’Est. L’Autriche est un peu moins prisé. Conseilleriez-vous ce championnat ?
Je sais que beaucoup pensent que le championnat autrichien n’est pas du tout suivi, que ce n’est pas ici qu’un joueur pourra passer un cap. En fait, c’est tout le contraire ! On est entre l’Italie et l’Allemagne, l’exposition est royale ! La Bundesliga autrichienne est très observée par les clubs allemands, suisses ou italiens. Ça peut être un bon tremplin. Après, c’est comme partout. L’étranger, ce n’est pas fait pour tout le monde. Ça dépend de ton profil, de tes capacités d’adaptation, ton sens de l’ouverture… J’ai vu des joueurs prometteurs, qui avaient joué en L1, avoir beaucoup de mal ici.

La Bundesliga Autrichienne reprendra le 12 février. Comment s’est passée votre première partie de saison ?
On est 8e sur 12. Il y aura un système de play-off et de play-down avec une seule descente. On joue le maintien. Sur le plan personnel, j’ai tout ce dont je rêvais. C’est ma deuxième saison pleine. Je joue tous les matchs et grâce à cet enchaînement, j’ai pu hisser mon niveau. Entre les équipes, le niveau est assez hétéroclite. Ça va du Red Bull Salzbourg qui est un gros club européen à des clubs plus modestes qui seraient en fin de tableau de L2 française. Mais c’est ça le côté intéressant. C’est un super championnat qui te fait progresser car il permet de se frotter à différents niveaux et à plusieurs types de football.

Votre style de jeu a d’ailleurs évolué par rapport à la France. Les supporters de Lustenau vous ont surnommé « The warrior »…
(Sourire)… Je me suis rendu compte que la technique, bien relancer et être bien positionné, c’était bien beau… Mais à un moment, il faut aussi que ça déménage ! Je ne lâche rien, je mets de l’impact et je sais que les supporters aiment la « grinta » que j’apporte. Quand je suis arrivé ici, j’étais hyper-motivé, je voulais tout défoncer (sic) tellement j’étais frustré de mes dernières saisons. Les supporters m’ont tout de suite renommé comme ça. Avec eux, j’ai une belle relation.

Vous êtes aussi le défenseur qui réalise le plus d’interceptions dans ce championnat…
C’est assez flatteur et ça met en lumière mon boulot. Mais c’est aussi parce qu’on subit beaucoup, donc, en tant que défenseurs, on est assez exposés. C’est comme un gardien dont l’équipe est dominée et qui prend beaucoup de frappes. Statistiquement, il a plus de chance d’avoir un nombre d’arrêts élevés.

« Continuer mes études me permet de rester connecté à la vie réelle »

Vous arrivez en fin de contrat à Lustenau. Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
Lustenau veut me prolonger. Quant à Clermont, ils ont toujours un œil sur moi. Ils voient bien mon développement et ma progression en Autriche. J’ai encore passé deux jours à Clermont. Pour l’instant, je n’ai pas eu trop de retours. Mais retourner en France n’est pas forcément un objectif. J’ai compris assez tôt que le foot en France n’était pas forcément fait pour moi et que je devais passer par l’étranger pour vraiment m’épanouir. Je préfère cette mentalité. Après, entre rester à Lustenau, aller dans un plus gros club autrichien, découvrir la Bundesliga, la Suisse, l’Italie, tout est ouvert… Je pense déjà à bien finir cette saison et je prendrai mon temps pour choisir la meilleure option. Ce qui m’intéresse, c’est de passer de nouveaux caps et franchir d’autres paliers. Signer dans un gros club juste pour la sécurité du contrat ou son montant, pour ne pas jouer ensuite ou être brinquebalé de prêts en prêts, ça ne m’intéresse pas. Pour continuer à progresser, je dois jouer.

Quand vous étiez au Paris FC, vous étiez étudiant en droit à Assas (Paris 2). Vous êtes actuellement en dernière année de Master commerce, management et communication. Pourquoi avez-vous choisi de poursuivre vos études ?
J’effectue mes 3 années en 4 ans par correspondance dans une école de Grenoble. On ne va pas se cacher que le quotidien d’un footballeur professionnel laisse quand même beaucoup de temps à côté. Moi, je ne me vois pas passer tout mon temps libre devant la TV ou à jouer à la console. Je préfère m’occuper le cerveau autrement. Les études, j’en ai besoin. Ça me permet de garder un équilibre personnel et de rester connecté à la vie réelle. J’aime aussi découvrir, aller vers les autres, la vie de vestiaire. Jouer à l’étranger t’oblige à être plus ouvert et curieux sur le monde qui m’entoure. Je prends aussi ça comme une chance.

Jean Hugonet du tac au tac

Première fois dans un stade ?
Un match de L2, Valence – Châteauroux au stade Pompidou lors de la saison 2003-2004.

Meilleur souvenir de joueur ?
Le titre de Champion de D2 Autrichienne avec Lustenau la saison dernière.

Pire souvenir de joueur ?
Mon tir au but manqué avec le Paris FC contre Saint-Priest en Gambardella.

Une manie, une superstition ?
J’appelle toujours mes parents en vidéo quand je suis sur le terrain pour reconnaître la pelouse avant le match.

Le geste technique préféré ?
Le tacle.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Pour les défauts: mon efficacité offensive et le fait de vouloir trop bien faire, ce qui parfois me porte préjudice. Fabien Valéri (son ancien entraineur avec la réserve du Paris FC) m’a souvent répété : « le mieux est l’ennemi du bien ». Au niveau des qualités, ma lecture du jeu, mon jeu de tête, ma relance, et ma « grinta ».

Le stade de l’Austria Lustenau, le Reichshofstadion, a une capacité de 8000 places.

Jouer défenseur, c’était un choix ?
J’ai commencé tout petit en voulant marquer des buts mais ce que je n’aimais pas, c’est que je ne maîtrisais pas ce qu’il se passait derrière moi. J’ai donc rapidement reculé pour être sûr de ne pas avoir à dépendre de quelqu’un, pour ne pas prendre de but (sauf mon gardien mais ce poste ne m’attirait pas pour le coup). Puis pour que je sois plus complet, mes coachs m’ont fait jouer au milieu pendant ma formation, avant d’être définitivement repositionné en défense centrale.

Avez-vous déjà marqué des buts en seniors ? Si oui, lequel est le plus beau ?
Je n’ai malheureusement pas l’embarras du choix mais je dirais une tête puissante en lucarne sur un corner tiré au premier poteau en coupe de France avec Saint-Malo.

Votre sauvetage défensif le plus mémorable ?
La saison dernière avec Lustenau, chez le dernier, nous avons absolument besoin des trois points, car le deuxième nous mettait la pression. On ouvre le score à la 85e, et à la dernière seconde je sauve un ballon sur la ligne sur corner contre nous. L’arbitre siffle juste après ça.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Anthony Modeste en match de préparation contre le FC Köln; en match officiel Benjamin Šeško du RedBull Salzburg.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Jonathan Pitroipa au Paris FC.

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Patrice Derouin en U16 à Brétigny, Mathieu Lacan en U19 au Paris FC, Fabien Valéri en N3 au Paris FC.

Le président qui vous a marqué ?
Didier Brillant à Brétigny pour son amour du club et par sa capacité à faire de grandes choses avec peu de moyens.

Le club où vous vous êtes senti le mieux, où vous avez pris le plus de plaisir ?
À Lustenau mon club actuel, celui où je me suis vraiment épanoui.

Le club que vous avez refusé et que vous regrettez ?
J’avais refusé de beaux projets de N2 à la sortie du Covid et je m’étais retrouvé sans club pendant 6 mois. Mais au regard de ma situation aujourd’hui, ce n’est pas du tout un regret.

Le club qui vous fait rêver ?
L’AC Milan.

Vos joueurs préférés ?
Giorgio Chiellini et Leonardo Bonucci.

Un stade mythique ?
San Siro.

Vos amis dans le foot ?
Eddy Debreux à l’US Saint-Malo, Michael Cheukoua et Anderson Dos Santos à Lustenau.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Jérémy Menez avec qui j’ai joué au Paris FC. Et Bruno Bellone.

Vos occupations en dehors du foot ?
Beaucoup de musique, mes études à distance, et discuter avec mes amis et ma famille.

Sous le maillot du Paris FC.

On sait que la musique est importante dans votre famille. De quel instrument jouez-vous ?
Je joue de la batterie depuis que je suis tout petit. Dans un appartement, c’est un peu compliqué donc je joue plutôt de la guitare ou du piano. Mais quand je reviens chez mes parents, je fais un peu de bruit !

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Je pense que j’aurais bien aimé le métier d’avocat mais je reconnais que c’est une question à laquelle j’ai du mal à répondre.

Le milieu du foot en deux mots ?
Intense et Intransigeant.

La région parisienne où vous avez grandi, la Bretagne où vous avez joué ou l’Autriche ?
Mon cœur est à Paris car c’est là où j’ai grandi et où sont tous mes proches. Mais pour l’aventure footballistique je dirais l’Autriche !

Textes : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : DR

Eliminé en 16e de finale de la coupe de France par Rodez (L2) malgré un match maîtrisé et trois poteaux (0-0, 5-6 tab), le club azuréen, bien calé en haut de tableau de N2, va pouvoir se consacrer à son objectif d’accession en National, après être venu « mourir » deux fois en trois ans à la 2e place  !

Le 11 de départ du RC Pays-de Grasse face à Rodez.

Le football regorge d’histoires. Comme celle des poteaux carrés d’Hampden Park, le stade de Glasgow, en Ecosse, qui a abrité la finale de la coupe d’Europe des clubs champions en 1976, entre Saint-Etienne et le Bayern de Munich. Ces fameux poteaux carrés qui sont entrés dans la légende, Dominique Bathenay et Jacques Santini les avaient heurtés à la 34e et à la 39e minute. Pour les supporters des Verts, pas de doute : si les poteaux, désignés responsables de la défaite 1 à 0, avaient été ronds, « Sainté » aurait gagné !

Au stade de la Paoute, à Grasse, les poteaux sont ronds. Et rien ne dit que, s’ils avaient été carrés, les joueurs du RC Pays de Grasse – club né de la fusion entre le Racing-club de Grasse et l’US Plan-de-Grasse en juillet 2022 – se seraient imposés samedi en 16e de finale de la coupe de France face à Rodez (17e de Ligue 2). Rien ne dit qu’une des trois tentatives de Sahmkou Camara, Herman Ako ou le remuant rentrant Tony Badalassi aurait terminé au fond des filets ruthénois. Seulement voilà, aucune n’est allée au fond !

Une campagne historique

Ultra-dominateurs dans le jeu pendant 90 minutes, et seulement inquiétés sur coups de pied arrêtés, les Azuréens ont finalement craqué à la toute fin de la séance des tirs au but, après que Aymen Souda a manqué une balle de 8e de finale, trouvant le gardien formé au PSG, Sébastien Cibois, sur sa trajectoire…

« La meilleure équipe n’est pas passée, le football est ingrat, j’ai déjà vécu ce genre de situation, donc il faut être respectueux par rapport à ça » : les propos de Didier Santini, le coach arrivé sur le banc du RAF à la fin du mois de novembre dernier, après le limogeage de Laurent Peyrelade, ne consoleront sans doute personne, mais ils témoignent à la fois de la sportivité de l’adversaire et de la performance du 3e de National 2 (2e avant la journée de championnat qui s’est déroulée dans le même temps samedi !). Une performance à des années lumières de la prestation livrée face à La Tamponnaise, au tour précédent, qui avait certes vu la qualification 1 à 0 du Racing, mais dans la douleur. Une inhibition due sans doute à l’enjeu : le club n’avait jamais atteint les 16es de finale de la coupe de France.

« Je n’avais qu’une envie, c’est que le stade explose, mais c est comme ça… C’est difficile à avaler, on a eu la balle de qualif… Mais je suis fier de la prestation qu’on a livrée, même si on est déçu car on méritait de passer, détaillait Loïc Chabas, le coach du RCPG, l’enfant du club (40 ans dont 30 ans de licence au Racing), à la tête des troupes depuis 2013. Je me demandais jusqu’à quand on arriverait à tenir ce rythme et en fait, plus le temps passait, plus on mettait Rodez en difficulté, j’ai été agréablement surpris de ce que l’on a pu produire, maintenant, on va se consacrer au championnat, on en est à la moitié, où il y a une belle aventure là aussi à vivre. Il faut se servir de ce match, de cette expérience. »

Ce scénario cruel et cette élimination aux tirs au but, sous les yeux de Claude Puel et du plus âgé de ses deux fils, Grégoire (Paulin, le plus jeune, était titulaire sur le front de l’attaque grassoise !), les joueurs du président Jean-Philippe Cheton l’avaient déjà vécu la saison passée. C’était au stade Francis Turcan, à Martigues, lors du 4e tour. Là encore dominateurs, ils n’étaient pas parvenus à marquer et s’étaient inclinés aux tirs au but.

Pas très chanceux à la loterie, le RCPG ne l’est pas non plus sur le tapis vert. Depuis l’arrivée à la tête du club en juin 2019 du jeune chef d’entreprise (38 ans), l’équipe fanion, qui fonctionne en SAS (Société par actions simplifiées), et s’appuie sur un budget d’environ 1,3 million d’Euros, a terminé deux fois à la place du dauphin, en 2020 et en 2022. Un vrai Poulidor du National 2 !

L’injustice de la saison 2019-2020

La tribune d’Honneur du stade de La Paoute affichait complet.

La saison passée, le Racing n’a rien pu face à la furia martégale : les Provençaux ont fini la saison en trombe, 6 points devant, et sont montés en National. En 2020, c’est la FFF qui a coupé l’herbe sous le pied des Grassois, longtemps leaders mais tout juste devancés par le FC Annecy au moment de l’arrêt des championnats !

Sans avoir pu défendre leurs chances à fond, sans même avoir pu recevoir Annecy lors de la phase retour (Grasse s’était imposé à l’aller en Haute-Savoie !), les Azuréens ont injustement vu les portes du National se refermer devant eux. Aujourd’hui, Annecy est en Ligue 2, un niveau dont le Racing espère se rapprocher, en accédant, enfin, en National.

Des fumigènes au stade de La Paoute !

On ne dévoilera pas le nom de celui qui nous a récemment soufflés cette phrase à l’oreille – « Cette saison, c’est peut-être notre année » – , mais c’est quelqu’un de bien placé au club ! Il est évident que si les joueurs de Loïc Chabas produisent le même niveau de jeu lors de la deuxième partie de saison que face à Rodez, ils ne seront pas loin de leur objectif.

A 2 points du leader avec un match en moins

Bien calés dans le haut de tableau, à 2 points du nouveau leader Marignane-Gignac, les joueurs de la capitale mondiale des parfums ont cependant un match en moins, tout comme Jura Sud et Lyon Duchère, les autres prétendants. L’accession devrait revenir à l’un de ces quatre clubs, qui se tiennent dans un mouchoir de poche, même s’il ne faut pas enterrer les ambitieux Fréjus/Saint-Raphaël et Hyères.

Le coach, Loïc Chabas (à gauche) avec l’un de ses deux adjoint, Nicolas Soumah.

Dès samedi, il faudra se remettre dans le bain avec un déplacement sur le terrain de la réserve d’Auxerre. « Contre Rodez, ce qui m’a rassuré, c’est que je n’ai pas eu l’impression que l’on disputait un match de coupe, analysait le directeur général du club, Thomas Dersy, lui aussi arrivé dans les valises du président Cheton il y a bientôt 4 ans. On a fait un match maîtrisé, comme s’il s’agissait du championnat. On n’a pas surjoué. On a vu aussi nos qualités et nos défauts ».

Facile de deviner lesquelles. Solidité défensive, esprit de groupe, abnégation, bloc-équipe, activité pour les qualités, auxquelles s’est ajoutée cette saison du jeu, de plus en plus de jeu.

Ce n’est pas une qualité, mais plutôt une politique, celle de la fidélité et de la stabilité : à Grasse, quand on perd trois matchs d’affilée, ce qui est rare (mais cela s’est tout de même produit aux journées 10, 11 et 12 à Marignane-Gignac, contre Canet-en-Roussillon et à Fréjus/Saint-Raphaël), pas de révolution de palais, pas de réunion de crise comme cela peut se produire ailleurs dans le Sud ! Le staff, les dirigeants et les joueurs sont soudés. D’ailleurs, la réaction ne s’est pas fait attendre : depuis ce passage délicat, le Racing a repris sa marche en avant avec trois succès consécutifs et un nul (10 points sur 12).

Et les défauts ? Manque de puissance et réalisme en attaque, exacts reflets des 90 minutes produites face à Rodez, malgré la présence aux avants postes du meilleur buteur de la poule, Dame Gueye (13 buts en 15 matches, deuxième meilleur total des quatre groupes de National 2 confondus derrière Arnold Vula, 14 buts, Racing-club de France 92).

Une identité « azuréenne » voire « locale »

Le gardien Florian Camus.

Gueye, Sénégalais de 27 ans formé à l’académie Diambars, est véritablement le seul joueur de l’équipe à ne pas être du cru : « Je crois que c’est vraiment ce qu’il faut mettre en avant chez nous, poursuit Thomas Dersy; c’est ce côté identitaire. Car hormis Dame, Kevin (Chatelain) et si l’on considère que Vincent Muratori (ex-AS Monaco et Nancy) a été adopté, tous les autres viennent de notre département des Alpes-Maritimes, Grasse, Cannes, Le Cannet, Nice, et deux viennent du Var. »

Le DG va même plus loin : « A notre niveau, en National 2, on ne doit pas être beaucoup de clubs non plus à avoir notre actionnaire qui est de Grasse et un staff avec des gens de Grasse aussi. Avec le directeur sportif, Romain Henry, on axe là-dessus. »

De cela, il en tire une force évidente. C’est là-dessus que le RCPG entend capitaliser. Et aussi, bien entendu, sur sa belle campagne de coupe de France, notamment les deux dernières affiches disputées sur le terrain en synthétique du complexe de La Paoute, du nom de ce quartier situé en contrebas de la ville, à chaque fois devant plus de 2000 spectateurs.

Le capitaine Nicolas Medjian.

Mais personne n’est dupe : c’est l’événement et la renommée de cette compétition qui expliquent la présence de près de 2500 personnes pour la venue de Rodez, une formation qui s’était tout de même qualifiée sur les terrains de Saint-Etienne et Monaco lors des tours précédents ! C’est aussi la bonne image laissée par le XI de la rose, comme on l’appelle ici, qui peut fidéliser un peu plus de monde en championnat.

Les coéquipiers de l’infatigable milieu de terrain et capitaine Nicolas Medjian (34 ans), présent depuis 2008, auront forcément besoin de soutien lors de la phase retour en championnat. Surtout qu’ils recevront Jura Sud, Lyon Duchère, Marignane-Gignac, Fréjus/Saint-Raphaël et Hyères, c’est-à-dire tous ses principaux concurrents de la première partie de tableau !

Si, dans les tribunes, les spectateurs et les supporters sont eux aussi au même niveau que lors de ce match de coupe face à Rodez, alors le RCPG pourrait s’épargner une réputation. Celle d’éternel second.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Romain Boisaubert / RC Pays de Grasse

Huitièmes de leur poule en National 2, les Auvergnats profitent aussi de la coupe pour continuer de grandir. La venue du Paris FC (Ligue 2) en 16e de finale est une nouvelle étape dans l’ascension de ce club niché à 600 mètres d’altitude et coincé entre l’amateurisme et le professionnalisme.

A Chamalières, petite ville de 18 000 habitants située juste à côté de Clermont-Ferrand, les villas sont cossues, l’équipe féminine de volley-ball poursuit son bonhomme de chemin en élite, la banque de France imprime toujours les billets en euros et Giscard-d’Estaing est toujours maire. Louis Giscard-d’Estaing. Le fils de Valéry, l’ancien président de la République, lui-même maire de 1967 à 1974, juste avant de conquérir l’Elysée.

Louis Giscard-d’Estaing était d’ailleurs présent sur le terrain annexe du complexe Gabriel-Montpied, à Clermont-Ferrand, voilà quinze jours, écharpe du club autour du cou, pour le deuxième 32e de finale de l’histoire du club, face à Bourges Foot 18 (il a donné le coup d’envoi).

Grandir Ensemble, le « slogan » floqué sur le bus du club !

Le premier 32e de finale, très récent, s’était soldé par une élimination aux tirs au but au Puy-en-Velay, en janvier 2021. Cette fois, les Auvergnats sont passés, toujours aux tirs au but, à l’issue d’une séance où leur adversaire, entraîné par l’ex-pro William Prunier, a mené deux fois et où le Berruyer Sambou a envoyé une balle de match sur la transversale !

Toutes ces émotions, Vincent Fournier, le portier de Chamalières, et ses coéquipiers les ont partagées avec près de 1500 supporters, dont certains ont envahi le terrain habituellement réservé aux équipes de l’association du Clermont Foot 63.

C’est que le stade Claude-Wolff – du nom d’un autre ancien maire de Chamalières – n’est pas homologué pour recevoir un 32e de finale, encore moins un 16e : raison pour laquelle le Paris FC, club de Ligue 2, défiera les Auvergnats dans l’antre du Clermont Foot, sur le terrain en herbe du stade Gabriel-Montpied. Cela évitera de se perdre dans la forêt du Colombier ou de prendre un sacré coup de froid sur le terrain en synthétique, à 600 mètres d’altitude !

Louis Giscard-d’Estaing, le maire, et le président Jérôme Valeyre.

On plaisante, mais ce sont bien les conditions journalières du FC Chamalières, un club aussi atypique que familial, aux moyens non extensibles, aux infrastructures beaucoup plus proches de l’amateurisme que de ce professionnalisme qu’il touche pourtant du bout des doigts, d’abord en se frottant au Paris FC, ensuite en rencontrant chaque week-end des équipes de National 2 où, bien souvent, les joueurs n’ont que le foot pour vivre.

A Chamalières, il fait froid l’hiver, mais la chaleur humaine des personnes qui « font » le club compense largement ça !

Pour sa quatrième saison en National 2, l’équipe entraînée par un p’tit nouveau, Kevin Pradier (30 ans), est 8e à mi-saison (sur 16), avec deux matchs en retard (à Romorantin mercredi prochain et contre Vierzon dans une semaine). Un classement presque inespéré compte tenu du début de saison (aucune victoire lors des cinq premiers matchs).

Il a fallu un déclic, et celui-ci est intervenu lors de l’entrée en lice en coupe de France, au 4e tour, à Beaumont (Régional 2), fin septembre, avec un premier succès, dans le temps additionnel (but de Kevin Bouvier).

Depuis, les joueurs du président Jérôme Valeyre, 52 ans, courtier en assurances, partenaire particulier devenu président en octobre 2021, ont disputé quinze matchs et n’en ont perdu qu’un seul, à Saumur (3-1, le 5 novembre). Ce qui donne une idée de la solidité de cette équipe dont Kevin Pradier, qui coachait encore en Régional 3 l’an passé, aux Martres-de-Veyres (vous avez vu, on l’a bien écrit !), toujours dans le coin, loue le potentiel offensif.

Jérôme Valeyre (président) : « Cette saison, on déroule… »

Président, vous êtes à la tête du club depuis un peu plus d’un an, et vous voilà en 16e de finale de coupe … C’est déjà le rêve, non ?
Un grand rêve même ! Le club a atteint les 32es de finale pour la première fois de son histoire en janvier 2021, y’a 2 ans, au Puy-en-Velay. Cette fois, un 16e, c’est magnifique pour les joueurs et aussi pour l’entraîneur, Kevin (Pradier), qui vit une première année sur le banc du FC Chamalières assez exceptionnelle en National 2, mais c’est tout à son honneur car c’est en partie lui qui a choisi les joueurs, c’est lui qui a validé tout l’aspect sportif. Le mérite en revient à Kevin.

Justement, ce coach, Kevin Pradier, comment l’avez-vous recruté ? Racontez-nous…
L’aspect sportif, au club, ce n’est pas moi ! C’est Gilles Labre, notre directeur sportif, et Jean-Albert Rodriguez, conseiller technique, deux noms du foot auvergnat, qui l’avaient vu officier comme coach adverse, lors de matchs que l’on avait disputés contre lui, et ils avaient tout de suite remarqué ses qualités. Ils ont pris des infos, qui ont confirmé les dires. Pour tout vous dire, au départ, on a contacté Kevin pour devenir l’adjoint de Jaïr Karam (coach la saison passée) et quand ce dernier a décidé d’aller au Havre (il entraîne la réserve), ce qui était une opportunité pour lui, l’offre d’adjoint s’est transformée en offre d’entraîneur titulaire. J’avais aussi reçu Kevin dans mon bureau et on avait parlé de tout sauf de foot. J’avais besoin de parler avec lui, de le voir, pour le côté humain, et à l’issue de cet entretien, j’ai dit à mes deux fidèles « sportifs », « On y va sans problème » ! Kevin vient des Martres-de-Veyres, où il a toujours été licencié, sauf une ou deux années, et il s’est tout de suite beaucoup mieux fondu dans notre club que n’a pu le faire notre précédent entraîneur, mais ça, ce n’est ni de la faute de Jaïr, ni de la notre… C’est l’environnement qui fait que la personnalité et le parcours de Kevin collent parfaitement à l’esprit du FC Chamalieres.

« Ce 16e de finale est important à plus d’un titre »

Comment se passe votre début de mandat : en un peu plus d’un an, il s’est passé plein de choses au FC Chamalières…
Ca se passe très bien ! La seule chose, c’est que mon arrivée s’est faite juste après le départ de l’entraîneur principal du club, Arnaud Marcantei, qui est à l’origine des différentes montées du club, d’abord de Région en N3, puis en N2. Arnaud, c’est le bébé du club, et aujourd’hui, il est coach à Andrézieux (N2). Il y a eu énormément de mouvement donc, comme le départ également du président qui était là depuis 15 ans, le remplacement d’Arnaud par Jaïr, dont les méthodes ont pu surprendre quelques personnes au club, mais Jaïr est un véritable entraîneur professionnel, donc tout ça fait que l’on a eu beaucoup de chamboulements, et en même temps, j’ai dû m’adapter très vite. Mais à la sortie, on voit le côté positif. L’an passé, on a appris. Et cette saison, on déroule, tout va très bien.

La saison passée, le club a failli descendre en N3… Avez-vous eu peur ?
Oui, on a eu peur, c’était la première année complète de National 2 puisque les deux précédents exercices (2020-21 et 2021-22) avaient été arrêtés par la Covid. Donc il a fallu que l’on se considère comme un promu. Car finalement, on a peu d’expérience en N2.

Contre Bourges, en 32e de finale, on a senti que cette qualification était importante pour vous, pour le club…
Elle était importante à plusieurs titres. D’abord pour les joueurs, parce que disputer un 16e de finale, c’est bien, même s’il ne faut pas qu’ils oublient le championnat ! D’ailleurs, je les ai félicités le week-end dernier après leur victoire en championnat face au Stade Bordelais (4-1) car ils ont bien su enchaîner après la qualification en coupe. Importante aussi financièrement même si recevoir Paris FC, ce n’est pas comme recevoir Lyon, PSG ou Marseille : on n’est pas sur une affiche qui va remplir le Stade Gabriel Montpied, même si j aimerais bien, mais bon, je ne le pense pas. Enfin, à titre personnel aussi et bien entendu pour toute l’équipe dirigeante : cette qualification en 16e valide tous les projets que l’on a fait, comme celui d’avoir embauché un jeune entraîneur local, d’avoir un noyau de joueurs locaux et quelques pépites que nous sommes allés chercher dans les divisions inférieures. Ce 16e de finale valide le projet du club.

« Je suis impressionné par la disponibilité du Clermont Foot »

Vous attendez combien de spectateurs face au Paris FC ?
C’est un grand point d’interrogation. Déjà, tous nos licenciés ont une invitation car on a la volonté de leur faire plaisir. Ensuite, il y a d’autres critères, comme la météo, qui n’est pas terrible, l’attractivité du match, et quelques manifestations autour de Clermont en même temps, donc on ne sait pas trop. Si on a 4000 personnes, ce sera une belle réussite pour le club. On est vraiment aidé par Clermont Auvergne Métropole qui nous met le stade Gabriel-Montpied à disposition, en accord avec Clermont Foot 63 qui nous aide énormément, notamment pour la billetterie et la buvette. Je suis impressionné par la disponibilité des gens au Clermont Foot, un club dont on est proche; notre directeur sportif, Gilles Labre, y a été entraîneur, et récemment, Pascal Gastien, le coach de la Ligue 1, nous disait qu’il était important que l’on se maintienne en National 2, car la réserve du Clermont Foot est en N3, donc ils ont besoin de nous : s’ils ont des joueurs trop « limites » pour la L1, ils peuvent passer par chez nous, comme c’est le cas actuellement avec un joueur prêté cette saison (Fred Gnalega).

Le bémol, c’est l’affluence dans votre stade, à Chamalières ?
Oui, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui vient aux matchs le samedi. On est un peu déçu du manque d affluence mais si on compare avec les années précédentes, on a quand même un peu plus de monde. En ce moment, on est en plein hiver, l’accessibilité au stade est compliquée, y’a eu le début des soldes samedi dernier, on a des travaux sur le parking, bref, les signaux n’étaient pas tous au vert pour le match du week-end dernier face au Stade Bordelais.

Vous dîtes souvent que vous n’êtes pas issu du milieu du foot…
C’est vrai. Mais mon fils, lui, oui ! Il joue en U15 au club. J’ai fait de l’équitation quand j’étais jeune et j’ai toujours beaucoup suivi l’AS Montferrand rugby. En fait, j’étais un des partenaires du club ici, et suite à quelques soucis internes et à une coprésidence temporaire, on m’a sollicité pour prendre la présidence. J’ai été élu fin octobre 2021; ça ne me fait pas peur, car je suis venu accompagné, notamment dans le domaine sportif, avec quelques grands noms du football régional. Donc l’aspect sportif est géré par d’autres personnes. Après, à des postes comme le mien, il faut qu’on soit juste de passage. L’idée c’est de « caler » ce club, de faire monter le budget. Je resterai si besoin mais l’idée c’est de passer le témoin plus tard, de trouver des personnes qui pourront prendre la suite. Je n’ai pas vocation à rester président pendant 10 ans !

« On se « bat » avec Saumur pour le titre de « plus petit budget » ! »

Justement, quel est le budget de fonctionnement ?
Environ 550 000 euros cette saison. On se « bat », entre guillemets, avec Saumur, adversaire de notre championnat, pour savoir qui de nous deux a le plus petit budget de la poule ! Ce qui est sûr, c’est qu’on est vraiment très bas quand on sait qu’aujourd’hui, un budget moyen d’un club de National 2, c’est 1,3 million.

Quand vous dites que vous étiez « partenaire », vous voulez dire « un des gros partenaires du club » ?
Cela dépend ce que vous appelez « gros partenaire »… Chamalières est un petit club, alors oui, à l’échelle du club, un des gros partenaires, si ce n’est le plus gros à ce moment-là.

La joie après la qualification pour les 16es de finale.

Comment décririez-vous le club ?
Amateur, familial et associatif avec tous les bons cotés et les cotés qui, peut-être, ne permettent pas de grandir de façon régulière.

Quel est l’avenir pour un club comme Chamalières ?
(Silence). Je ne sais pas… On voit bien la volonté de la Fédération de professionnaliser au maximum les championnats et de créer une Ligue 3 à la place du National, après, est-ce qu’il restera de la place pour des petits clubs comme Chamalières ? L’avenir nous le dira mais je ne suis pas sûr que Chamalières ait sa place dans un championnat professionnel. Si la Ligue 3 voit le jour, il faudra sans doute aller à un ou deux niveaux en-dessous. Nous, on fait avec les moyens du bord. On est inventif, on va chercher les partenaires. On est « staffé » en National 2, c’est vrai, et c’est bien, mais perdurer dans ce type d’organisation, ça va être compliqué avec notre budget. Si le secteur sportif a de très bons résultats, cela engendrera de nouveaux postes à pourvoir, cela appellera de nouvelles personnes chez nous, et il faudra pouvoir l’assumer financièrement. C’est la clé de tout. Chamalières est une petite ville, les collectivités nous accompagnent, la ville nous aide avec ses moyens, mais c’est vrai que si on voulait mieux structurer le club, il faudrait le faire de manière pérenne et stable, et pas avec des bouts de ficelle, même si, en ce moment, ça marche très bien.

Qu’est ce qui vous rend fier ?
C’est de voir notre plus vieux licencié, Robert Courtial, notre intendant, en larmes dans les bras de notre capitaine (Vinicius Gomes, le fils du Brésilien Cris, l’entraîneur de Versailles en National et ancien joueur de l’OL) à l’issue du match de Bourges et de notre qualification en 16e ! Le club date 1965, Robert a eu sa première licence en 1969. Cette image est forte. Elle restera gravée en moi à jamais. Et elle veut tout dire sur le club.

Kevin Pradier (coach) : « La coupe a lancé notre saison ! »

Kevin Pradier a fêté ses 30 ans en octobre dernier. Le calcul est vite fait : lorsqu’il a été choisi pour prendre les rênes de la formation de National 2 après le départ de Jaïr Karam pour Le Havre, il avait… 29 ans !
N’allez pas chercher le natif de Beaumont, à côté de Clermont-Ferrand, sur ce terrain là, il pourrait – poliment – vous renvoyer dans vos 22 mètres !

Bien sûr, la question de son âge – qui en fait le plus jeune coach en National 2 – lui a été posé 100 fois. Pensez donc, on n’a pas hésité un seul instant avant de la lui poser une 101e fois !

Réfléchi, posé, impliqué, le nouvel entraîneur du FC Chamalières impressionne par sa maturité et son flegme. En six mois, il a déjà conquis tout le monde au club. Son président, Jérôme Valeyre, ne doit pas regretter d’être allé le chercher dans son village, aux Martres-de-Veyres, où Kevin Pradier a grandi, joué et entraîné.

Avec lui, les Auvergnats ont déjà atteint les 16es de finale de coupe de France – record du club – et peuvent envisager de parvenir à l’objectif : un nouveau maintien en National 2, mais en souffrant moins que la saison passée…

Kevin, quand on vous catalogue comme « jeune entraîneur », ça vous agace ?
Au début, ça m’a pas mal agacé, notamment au moment où j’ai signé à Chamalières, parce que qu’on m’a catalogué sur deux choses : 1. mon âge, car j’avais 29 ans, bon, aujourd’hui, j’en ai 30, ça change déjà l’approche ! 2. j’étais en Régional 3 la saison passée, donc c’est ça qui a suscité l’intérêt des médias locaux, avec des questions redondantes. Voilà ce que j’ai dit à ce moment-là, et ce que je vous redis aujourd’hui : ce n’est pas mon âge qui fait mes compétences, mais mon parcours, toutes les formations que j’ai pu passer. Et si je suis en National 2 aujourd’hui, c’est aussi parce que j’ai le diplôme (DES) qui me le permet.

Avez-vous envie de passer le BEPF, par exemple, pour entraîner encore plus haut qu’en N2 ?
Vous dire non, ce serait mentir, parce que c’est forcément dans un coin de ma tête. Après, je viens juste d’arriver en National 2, il faut faire les choses étape par étape et ne pas se croire plus haut qu’on ne l’est, juste parce qu’on a gagné deux ou trois matchs d’affilée. On sait d’où on vient. Je sais d’où je viens. Au bout de 5 journées de championnat en début de saison, lorsque l’on n’avait pas encore gagné un match, cette question ne se posait pas.

Entraîner, c’est votre vocation ?
Oui. J’ai commencé à 18 ans avec ma première équipe, en 2011, en U17 et donc une différence d’âge peu importante.

« En début de saison, on n’était pas loin »

Chamalières a attendu la 6e journée de championnat pour remporter son premier match : avez-vous douté ?
On n’est pas une équipe destinée à jouer le haut de tableau, et ce n’est toujours pas le cas même si on est 8e aujourd’hui (sur 16) mais voilà, c’est déjà une place qu’on n’imaginait pas occuper en début de saison. Après, douter… Franchement, les cinq premières journées, OK, on n’a pas gagné, mais on n’était pas loin. Les matchs se sont joués à rien. A Angers, on perd 1 à 0, on a loupé un penalty et on a un but refusé pour hors jeu. A Nantes, on peut mener à la pause et on prend un rouge en début de 2e mi-temps. En fait, c’est juste que ça ne tournait pas en notre faveur, on ne marquait pas, on n’avait pas ce brin de réussite alors que le potentiel offensif est vraiment important. Là, je suis content parce que ce potentiel est en train de s’exprimer pleinement, ça valorise le travail du staff, qui est très compétitif et investi. On a quelqu’un (Alexis Carmo) qui s’occupe des attaquants, par exemple, un analyste vidéo aussi. On a toujours été très soudé, même quand on ne marquait pas, et voilà, lors de notre dernier match, triplé de notre avant-centre (Patrick Mbina) et aussi premier but pour Michaël Nsilu, mais sincèrement, pour en revenir à notre début de saison, on était très proche. Semaine après semaine, je l’ai répété aux joueurs.

Comment avez-vous choisi votre staff ?
Patrice Dufraise, l’entraîneur des gardiens de but, était déjà là, il a plus d’expérience à ce niveau-là. J’ai pris un adjoint, Alexandre Ferreyrolles, qui est aussi le préparateur athlétique : j’étais son tuteur dans le cadre de son DEF, il entraînait à l’ASM, il est très compétent, il a faim, il a envie de prouver, il a déjà été adjoint en U19 Nationaux, ça a matché avec lui. Il y a aussi Alexis (Carmo), avec qui j’ai joué dans les catégorie de jeunes et qui a fini sa carrière de joueur aux Martres l’an passé avec moi : j’avais besoin de sa connaissance du niveau N2 en tant que joueur (Cannes, Rodez, Moulins). J’ai pris aussi un analyste vidéo, Alexandre Combes, étudiant en STAPS, et on a un kiné, Olivier Carillo, un team manager, deux intendants, sans oublier Gilles Labre, le directeur sportif, présent au quotidien avec nous. Se staffer, c’était la priorité. On le voit au quotidien, c’est une plus-value.

Arnaud Marcantei a passé de nombreuses années au club, n’est-ce pas difficile de lui succéder ?
Déjà, je ne lui ai pas succédé puisque la saison passée, Jaïr (Karam) arrivait de l’extérieur aussi, comme moi cette saison. D’ailleurs, j’étais parfois venu observer ses séances, parce que je m’intéressais au haut niveau régional, comme je l’avais fait aussi avec Arnaud sur des séances les années précédentes. Après, pour en revenir à la question, ça se passe très bien, j’ai été très bien accueilli.

« La semaine de stage passée à Clermont Foot m’a servi »

Vous alliez voir jouer Chamalières avant de signer au club ?
Honnêtement, non. J’ai juste suivi une préparation du temps d’Arnaud (Marcantei) en National 2, y ‘a 2 ou 3 ans, c’était très intéressant, j’avais fait des observations en tribune, et l’an passé, je suis venu voir le match Chamalières – Angers en fin de saison, quand l’idée que je rejoigne le club était dans les clous.

Et Clermont Foot, vous allez les voir jouer en L1 ?
Je regarde les matchs à la télé, en bon supporter auvergnat que je suis ! J’ai eu la chance d’effectuer une semaine de stage avec le groupe pro et l’entraîneur Pascal Gastien, qui a été bienveillant avec moi, qui a pris le temps; c’était l’année de leur accession en Ligue 1, y’a 2 ans. Pascal Gastien m’a ouvert les portes de son groupe dans le cadre de mon stage d’observation. A l’époque, je sortais d’un recyclage. J’avais une méconnaissance totale du haut niveau, des codes, des règles, de l’organisation, alors j’ai choisi de contacter un ami qui m’a mis en contact avec le coach du Clermont Foot. La semaine passée avec eux m’a beaucoup servi dans la compréhension de ce milieu. Je m’en sers aujourd’hui dans l’organisation de mes semaines, idem pour son projet de jeu, toutes proportions gardées bien sûr.

La joie après la qualification pour les 16es de finale.

C’est quoi la différence entre coacher en Régional 3 et en N2 ?
C’est plus facile d’entraîner en N2, car les conditions sont parfaites, le terrain est bon, on a le nombre de buts mobiles que l’on veut, le nombre de joueurs que l’on veut, je peux en enlever, en rajouter, les gars ne sont là que pour ça. En R3, les conditions changent tout le temps. Après, sur l’aspect technique et tactique, les joueurs sont beaucoup plus performants. C’est plus riche en terme de management : la gestion humaine tient une place plus importante aussi, déjà par le fait qu’on se voit tous les jours. En N2, le foot est une partie très importante de leur vie. Mais ça reste les mêmes règles, ça reste du football, simplement, tout va plus vite, après, on met sa sauce, on met sa patte, sans se prendre pour un intellectuel du football.

« Le niveau tactique des équipes est relevé dans notre poule en N2 »

Les joueurs travaillent-ils en dehors du foot ?
La majorité travaille, oui, soit au club avec d’autres missions, soit à côté; par exemple, on a un joueur qui est magasinier et bosse de nuit, un autre qui est pompier professionnel à la caserne de Chamalières, des profs, des étudiants, etc. On est un club, en termes de budget, bien en deçà de la moyenne des budgets de la poule, mais on ne se cache pas derrière ça, simplement, du coup, les codes ne sont pas les mêmes. On s’entraîne tous les jours à 17h, hormis le mercredi, à 20h, car on ne peut pas utiliser notre terrain en synthétique de Chamalières, partagé avec nos 550 licenciés.

Le N2 est-il conforme à l’idée que vous en aviez ?
D’abord, il suffit de lire le classement pour voir qu’il est extrêmement serré. Les équipes de haut de tableau ont des qualités techniques supérieures aux autres. Les équipes sont bien organisées, les staffs effectuent un gros travail, analysent bien leurs adversaires et préparent bien leurs équipes. Les matchs sont relativement fermés. Je dis ça, mais pour le coup, samedi dernier, face au Stade Bordelais, cela n’a pas du tout été le cas (succès 4-1). Mais j’ai le souvenir d’un match contre Angoulême à la 2e journée (0-0) : je ne suis pas sûr qu’il y ait eu une frappe cadrée. Je ne connais pas la poule Sud, on m’a dit que c’était plus « fou-fou », avec plus de qualités individuelles mais moins d’organisation tactique. Dans notre poule, je trouve le niveau tactique des équipes élevé.

« Pas d’excitation particulière »

Contre les 3 premiers de votre poule (GOAL FC, Bergerac et Les Herbiers), vous avez pris 7 points sur 9 : qu’est-ce que cela signifie selon vous ?
On a fait nul à Bergerac, on a gagné aux Herbiers et on a aussi été les premiers à battre GOAL FC, le leader, chez nous. En fait, on a eu un début de saison difficile et ensuite, on a vraiment enchaîné depuis notre premier succès de la saison, en coupe, à Beaumont. Depuis, on n’a perdu qu’une seule foi, à Saumur, qui est 4e. Y’a la dynamique d’une part, et aussi notre style de jeu qui fait que l’on n est pas forcément plus en difficulté contre des équipes qui ont beaucoup le ballon. On avait à chaque fois un plan de jeu très clair, que les joueurs ont su réciter. On a été très rigoureux, comme aux Herbiers, qui est l’une des plus belles équipes que l’on ait affrontée. Contre GOAL, c’était différent : je pense qu’on a été pris de haut, vraiment. Alors que contre Les Herbiers et Bergerac pas du tout. Je me souviens, à la mi-temps du match aux Herbiers, je demande à mes joueurs « Etes-vous surpris de mener 1 à 0 ? » et ils ont répondu « non », parce qu’ils avaient appliqué à la lettre ce qu’on avait bossé. On avait déjà vu à Bergerac et aussi à Moulins-Yzeure que ça marchait. Y’a cette force collective qui se dégage chez nous et cet état d’esprit qui font la différence.

Ce parcours en Coupe de France, ça vous aide ? Vous arrivez à le gérer ?
La coupe, c’est ce qui a complètement lancé notre saison ! De toute façon, on n’avait pas gagné un seul match avant notre entrée en lice, à Beaumont. C’est ce qui nous a permis de gagner en confiance aussi. Notre parcours est ultra-intéressant, on a gagné à la dernière seconde contre une R2 qui a beaucoup fermé le jeu, on a joué une R1 qui a beaucoup ouvert le jeu, ce qui a permis d exploiter tout notre potentiel offensif, on se qualifie aussi deux fois aux tirs au but (Gueugnon et Bourges) ! Contre Mâcon, on est dos au mur, mais on se qualifie ! Tout ça, ce sont des choses qui marquent, qui créent une dynamique. Après, sur le plan physique, pour le moment, ça va, mais là ou ça va se compliquer, c’est après ce match face au Paris FC, que l’on attend extrêmement dur en termes d’intensité, bien au-delà de ce que l’on a l’habitude d’avoir en N2, car on rejoue ensuite le mercredi et le samedi en championnat. Et là, oui, la semaine va être différente à gérer. Déjà, cette semaine, on a organisé lundi dernier un match amical pour les joueurs qui n’ont pas ou peu joué, histoire qu’ils gardent le rythme. Mais bon, jusqu’à présent, les joueurs ont prouvé qu’ils étaient capables de faire « step by step ».

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant d’affronter Paris FC ? Excité ? Impatient ?
Pour les dirigeants, ce match est une magnifique récompense, ça va être une belle fête pour eux, même si y’a aussi du stress dus aux préparatifs, mais ils vont profiter d’un moment au stade Montpied, où le Clermont Foot nous a encore mis dans des conditions géniales : le club voisin a vraiment été très classe. Pour moi, à titre personnel, je ne ressens pas d’excitation particulière, je suis quelqu’un d’assez peu démonstratif en termes d’émotion. Je suis vraiment focus sur ce que nous avons à faire, sur la préparation de ce match, mon staff aussi. Après, si ça se trouve, l’adversaire va être trop fort, mais pour moi, ce n’est pas la fête, c’est un 16e de finale de coupe de France contre un club professionnel avec un entraîneur, Thierry Laurey, hyper-expérimenté, que je voyais à la télé avant. Je n’imaginais pas le retrouver sur le banc d’en face, c’est un honneur de jouer contre quelqu’un comme lui !

« Chamalières mérite d’être plus mis en lumière »

Comment décririez-vous le club de Chamalières ?
C’est un club qui mêle le haut niveau, car le N2 c’est le haut niveau, et l’essence de l’esprit associatif : les gens aiment se retrouver, être ensemble. Il y a un côté familial; à Saumur, j’ai retrouvé aussi cet ambivalence-là entre le haut niveau et l’esprit associatif, à Bergerac aussi. Mais assez peu de clubs arrivent à cela, et cela va être de plus en plus difficile de retrouver des clubs comme nous, du fait de la pyramide qu’est en train d’instaurer la FFF , de par le nombre de descentes (22 descentes sur 64 clubs cette saison de N2 en N3). Ce qui fait que ces clubs n’existeront plus et ce sera méritoire d’arriver à se maintenir. Chamalières est un club où l’on se sent bien, où les joueurs se sentent bien aussi, tous ont ce sentiment d’appartenance. Tous ces gens, ces bénévoles, ces dirigeants, ces éducateurs, qui sont là depuis des années, garantissent cet esprit-là. Après, c’est un club qui a eu une ascension fulgurante, qui est passé de R2 en N2 en 5 ans, grâce au travail d’un homme : Arnaud Marcantei.

Un bémol ?
Oui, il n’y a pas assez de monde au match. Samedi dernier, contre le Stade Bordelais, on a été déçu. On est passé de 1500 spectateurs contre Bourges en coupe à 100 personnes. Chamalières mérite mieux en termes d’affluence, par rapport à l’investissement des gens. Il mérite aussi plus de visibilité, même de la part des médias. Bon, là, c’est exceptionnel, y’a la coupe de France, mais il mérite d’être mis plus en lumière.

16e de finale de la coupe de France : FC Chamalières (National 2) – Paris FC (Ligue 2), samedi 21 janvier 2023, à 18h, au stade Gabriel-Montpied, à Clermont-Ferrand.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : 13heuresfoot et FC Chamalières

L’ancien entraîneur du Havre, d’Amiens (Ligue 2), du Poiré-sur-Vie (National), et de La Vitréenne (de la DH au CFA) a bien roulé sa bosse ! « L’homme de l’ouest », âgé de 49 ans, a connu tous les niveaux et quasiment toutes les catégories d’âge tout au long de son parcours qui l’a même mené jusqu’en Grèce cet été.

Oswald, votre carrière débute avec une double participation en Gambardella, en 1992 et 1993, avec un certain Mickaël Pagis !
Ce sont des souvenirs sympas. On a commencé ensemble avec Micka Pagis, en jeunes, en sélection de Ligue, avant de se retrouver à Laval : lui était au Mans, moi à Mayenne. Il était numéro 9 et moi 10, on nous associait souvent au Stade Lavallois, on se trouvait bien, on avait une complicité sur et en-dehors du terrain.

Bernard Maligorne, le précurseur

Laval, ce sont d’ailleurs vos débuts en pro, en D2, vous qui êtes né pas loin, à Mayenne… Vous êtes un homme de l’ouest, quand on regarde votre parcours ! Racontez-nous vos débuts.
(Rires). Dans mon parcours, j’ai eu la chance de tomber sur un très bon formateur de joueurs, mais aussi de coaches, parce qu’il a eu la particularité d’avoir formé beaucoup de futurs entraineurs, c’est Bernard Maligorne, une référence en la matière, une référence nationale. Quelqu’un qui formait bien, beaucoup, qui était un précurseur dans le jeu. Je pense qu’il avait une bonne vingtaine d’années d’avance sur ce qui se faisait et ce qui se fait aujourd’hui. C’est une rencontre qui a marqué mon parcours. Laval, c’était un grand club formateur à l’époque, il faut le savoir, un des meilleurs de France. L’équipe qui jouait en première division avec Michel Le Milinaire, entraîneur emblématique, était composée d’une grande majorité de joueurs formés au club. La réussite du Stade Lavallois, c’était celle de ces deux hommes, très complémentaires. Donc voilà ce que je retiens, j’ai fait toute ma formation à Laval, ce qui aurait pu ne pas arriver, car pour l’anecdote j’avais signé deux contrats « ANS »’, un à Rennes, un à Laval ! Il y avait eu une bataille juridique entre les deux clubs, et j’avais été contraint par la Ligue d’honorer celui avec les Tangos, ce que je ne regrette pas, bien sûr !

On vient à peine de commencer l’interview côté joueur que vous évoquez déjà deux formateurs et coaches. Ce n’est pas anodin. On imagine que Maligorne a par exemple irrigué très tôt votre futur parcours, votre pensée d’entraîneur ?
Ah oui, ça c’est certain. Il avait le goût des jeunes, les lancer, les former, passer du temps sur les terrains à leur faire des entraînements complémentaires… ça marque. En plus, je l’ai retrouvé ensuite à Avranches, puis comme tuteur pour un de mes diplômes de coach. On parlait de football toute la journée avec lui, des séances d’entraînements notamment, de foot italien. Il est ensuite parti à l’Etoile Rouge de Belgrade, qui jouait la Champions League. Un passionné !

Pour revenir sur le côté joueur, après Laval, vous enchaînez Fécamp, Vitré, Avranches… Quel regard portez-vous sur votre parcours et une carrière « amateure », sans que cela ne soit négatif ?
De toute façon, les termes doivent être posés, parce que c’est la vérité ! J’ai eu la chance d’être tout le temps sous contrat fédéral dans tous mes clubs, donc j’ai vécu le football dans un contexte de National ou N2. Maintenant, mon parcours de jeune joueur, après Laval (D2, 14 matches), c’était plus compliqué, mais dans ma tête, j’ai très vite basculé sur autre chose. Les passerelles entre clubs pros ne se faisaient pas à l’époque. Ma génération, on était 13 sur la feuille de match en D2, tu ne pouvais signer ton premier contrat pro que dans ton club, s’il le proposait tu ne pouvais pas aller ailleurs. Il y a plein de choses qui ont évolué, quand tu ne franchissais pas réellement les portes de ton équipe, souvent c’était difficile de rebondir.

La Vitréenne, là où tout a commencé

D’où un passage au métier de coach, dans la foulée, ou en même temps que votre parcours de joueur, à La Vitréenne. Vous y avez pensé quand, à ce prolongement, à cette suite ? Est-ce que le Oswald Tanchot de 20 ans savait déjà qu’il voulait devenir entraîneur ?
J’ai eu la chance de passer très jeune mes premiers diplômes, comme le DEF, je crois à 25-26 ans. J’ai toujours entraîné les jeunes partout où je suis allé, j’ai toujours eu ce double-projet de jouer et d’entraîner. Je ne coachais pas en compétition, car je ne pouvais pas, je jouais, mais j’ai dirigé vraiment toutes les catégories, tous les âges, des débutants jusqu’aux seniors. Mais j’ai aimé jouer au foot, l’odeur des vestiaires comme joueur, j’étais un passionné, toujours un ballon dans les pieds depuis tout jeune. C’est pour ça que j’ai voulu prolonger le truc en tant que coach. J’ai su que je voulais coacher très vite; à un certain âge, on devient entraîneur dans sa tête. Moi je m’interrogeais sur les propositions du coach, le contenu, si c’était cohérent, comment j’aurais fait… Quand ce processus-là est enclenché, on sait qu’on bascule vers le rôle d’entraîneur et non plus de joueur. On m’a proposé d’être entraîneur-joueur à La Vitréenne, mais je n’ai pas voulu de la seconde casquette. Il était temps de passer à l’autre partie, celle de coach, celle que j’attendais impatiemment depuis longtemps, en fait.

La Vitréenne, justement, une première expérience à la tête d’une équipe, pendant 6 ans, quand même ! De sacrés souvenirs on imagine, avec deux montées, et un passage de la DH à la CFA…
Vitré, c’est la chance d’avoir démarré dans un environnement que je connaissais très bien. Et surtout, j’ai vite compris que c’était un club avec moins de moyens que d’autres, mais un état d’esprit qui régnait dans le club, son réseau de bénévoles, et la proximité avec l’Université de Rennes et d’autres clubs pros. Je me suis dit, « comment je puis-je avoir un avantage sur les autres clubs ? » En identifiant très vite les joueurs libérés par les clubs pros qui allaient faire leurs études à Rennes. C’est comme ça que j’ai construit mon projet, avec le socle de joueurs déjà là également bien sûr, et en allant récupérer des Lavallois, des Rennais, Guingampais, Lorientais, quelques Brestois, qui venaient faire leurs études, se retrouvaient dans un environnement idéal, pouvaient continuer leur projet scolaire, tout en jouant à un bon niveau, avec des copains.
Je mettais de l’exigence, c’était peut-être un peu excessif : j’étais à 5 entraînements par semaine, en DH, avec des séances supplémentaires pendant les vacances. Mais ça s’est bien passé, on a toujours des groupes WhatsApp en commun avec ces joueurs. J’avais aussi deux préparateurs physiques, on a bossé sur la récupération, les boissons, la nourriture. Tout ce que je pouvais mettre en œuvre, je le faisais. On a vraiment fait quelque chose de sympa. Les deux dernières années, on a eu de la malchance en N2 (ex-CFA), avec la dialectique des meilleurs 2emes, où on ne savait même pas si on devait gagner ou perdre pour monter par rapport aux poules et aux cinq meilleurs 2emes. En fait on était pros en amateur dans tout ce qu’on mettait. L’ambiance était super, une forme d’osmose, on est toujours tous en contact. Dans le lot, il y avait Vincent Le Goff (figure de Lorient, environ 300 matches pros) d’ailleurs, qui faisait ses études de droit à Rennes.

« Avec Le Poiré-sur-Vie, on aurait pu monter en L2 »

Photo ASC

Et puis il y a ces fameux quatre ans au Poiré-sur-Vie, en National, autre pic de votre seconde vie sportive !
Le Poiré, c’est alors un club en plein essor qui vient me chercher à Vitré. Un club avec une envie, une vision, une ambition; ça a été quatre années intenses, avec des belles rencontres, un beau groupe, avec Vincent Le Goff (FCL), Ernest Seka (ex-Nancy notamment), Arnaud Souquet (Dijon, Nice, Montpellier), Abdoulaye Touré (ex-Nantes, Genoa), Ludovic Ajorque (Strasbourg)… Le joueur marquant, c’est Moussa Marega, qui a joué à Porto, où il a remporté des titres de champions, a disputé la Ligue des Champions. Alors qu’à la base, il avait tout juste une licence, il a failli repartir sur le futsal en région parisienne ! Au Poiré-sur-Vie, la difficulté, c’était de garder nos jeunes joueurs qu’on allait chercher, et qui faisaient un an avant de s’en aller. C’était la même chose à Vitré. La souffrance de se dire « gardons notre équipe trois ans », alors qu’on ne pouvait pas. Au Poiré, j’étais en opposition sur les reconductions de contrat, pour moi ça ne marchait pas. Quand tu commences une saison avec un élément qui va partir à la fin de l’année… Alors qu’on aurait pu monter à un moment en Ligue 2. Je retiens aussi des matches de fou dans le Stade de l’Idonnière, avec une grosse ambiance, c’était aussi la première fois que je sortais de mon contexte vitréen, j’avais les joueurs rien que pour moi, ça me permettait de rajouter des séances (rires) ! Le Poiré, j’y ai des bons souvenirs.

Vous réalisez de belles performances au niveau « amateur », avec d’autres moyens. Vous passez le diplôme pour coacher en pro, et direction Le Havre (L2) en 2016 donc !
Je suis arrivé avec Bob Bradley, en tant qu’adjoint, même si j’avais eu des contacts avant avec le club et le président Vincent Volpe. C’était quelque chose d’intéressant, aller dans un grand club formateur, de rentrer de plein pied dans le monde pro dans un endroit où il y avait un rapport avec mon goût pour la formation. La première saison, on a failli monter, ça s’est joué à un but avec Metz. La 2e saison a failli être historique, avec une remontée au classement, un record de points depuis la dernière montée, et puis ce fameux match de barrage à Ajaccio – match qui devait se jouer initialement le vendredi, reporté deux jours plus tard après que le bus du HAC a été bloqué par certains supporters corses à son arrivée au stade. Le dimanche, la rencontre dure trois heures, et au bout d’un 2-2 volcanique, l’ACA gagne aux tirs au but, avec deux expulsés de chaque côté, dans une ambiance étouffante -… Je pense qu’à partir de ce moment-là, pour la 3e saison, il n’y a pas eu digestion de cet événement. On était aussi à la fin d’un cycle, tout simplement, pour tout le monde.

Le résumé d’Ajaccio-Le Havre (1-1, 2-2 en prolongations, 5 t.a.b à 3 pour l’ACA) :

https://www.youtube.com/watch?v=7tIzfrmh3nU&t=64s&ab_channel=Ligue2BKT

En parlant de cycles… Après votre expérience en Normandie, vous êtes parti entraîner Amiens. Un club où vous aviez pris la suite de Luka Elsner, aujourd’hui leader de Ligue 2 avec le HAC (9 points d’avance sur Bordeaux, 2e) ! La boucle est bouclée…
Je suis les résultats du Havre bien sûr ! C’est un club auquel je suis attaché, et qui est attachant. J’ai en plus encore des contacts avec le staff, et Luka, avec qui j’échange. Ils ont réussi à créer une dynamique, les pessimistes sont en train d’y croire ! Ils sont sur la bonne vague. Il y a une dynamique, du sang frais sur le terrain avec un bon recrutement, et dans les bureaux, avec Mathieu Bodmer. L’exemple le plus flagrant de la bonne santé du HAC, c’est Victor Lekhal, qui a retrouvé un super niveau. Déjà à mon époque, c’était une plaque tournante. Il faut se rendre compte que ce garçon fait ça alors qu’il a eu trois fois les croisés. Il aurait dû jouer en Ligue 1. Victor c’est simple, c’est Busquets, s’il avait été espagnol, il aurait joué en Liga à 17 ou 18 ans. Mais en France, on voulait des mecs méchants, costauds, qui taclent… Des fois, il faisait des semaines entières à l’entraînement en ne jouant que vers l’avant.

« A Amiens, il y avait trente joueurs et trois vestiaires ! »

Photo ASC

A Amiens, l’expérience aura été plus courte et difficile.
Le contexte était compliqué. Le club descendait de Ligue 1 avec la Covid, ça avait été vécu comme une injustice. J’ai remplacé Luka (Elsner) qui avait 5 points après 6 journées. Amiens est en train de digérer ça. Il fallait écrémer l’effectif. Philippe (Hinschberger) pourra le dire, il fallait trois vestiaires. On avait trente joueurs, ceux qui voulaient rester, ceux qui voulaient partir… J’ai vu des scènes, un joueur était là un jour, puis plus là le lendemain. Des mecs venaient, mais ne voulaient pas s’entraîner. Et quand je dis qu’ils ne voulaient pas s’entraîner, ils ne le faisaient pas. Ce n’est pas qu’ils traînaient les pieds sur la pelouse, ils ne s’entraînaient vraiment pas… Et après on parle de cohésion ! Mais ça se construit, il faut créer le contexte. Je ne suis pas resté là-dedans, je n’avais pas envie de venir déjà, pour être transparent avec vous. Le deal que j’ai accepté avec monsieur Joannin (Bernard, président de l’Amiens SC) était de maintenir le club. On s’est sauvés à 5 journées de la fin, limite trop facilement. On a disputé 7 matches en 21 jours, avec les reports dus au Covid. On a moins bien fini, alors qu’on aurait dû dépasser la barre des 50 points, on a fini 10es ex-aequo. Mais j’ai lancé des jeunes, ça a donné une base pour la saison d’après. On a eu des incompréhensions avec le directeur sportif, qui ont fait que le club n’a pas souhaité me conserver, sur la construction d’un effectif, comment on crée de la cohésion… Mais ça s’est bien terminé avec monsieur Joannin, j’ai une très bonne relation avec lui, comme avec monsieur Volpe au Havre. Ce sont deux personnes atypiques, Vincent Volpe est un ingénieur, un Américain, quelqu’un de très humain, qui a une vision différente des choses, une approche brillantissime, une autre façon de prendre et de voir les problèmes pour trouver des solutions. Le Havre mériterait de monter aussi par rapport à son investissement depuis longtemps, il a toujours su garder le cap. Bernard Joannin, c’est un autre style, quelqu’un de local, du sérail, qui a eu une réussite professionnelle, en étant à la tête du plus grand nombre de magasins Intersport franchisés, alors qu’il était encore prof de sport à 47 ans je crois. Mais c’est un autre style, un autre management. Être entraîneur permet de rencontrer des présidents et des personnes différentes, des réussites, des gens.

« En Grèce, quelle ferveur ! »

Pour conclure, vous avez fini avec un passage à Volos, en Grèce. Pendant trois mois, cet été… Comment ça s’est passé ?
Je n’en retire que du bon, comme de toutes mes expériences, mais c’est vrai que j’ai abrégé car je sentais que plus le temps passait, plus la relation allait devenir difficile. Il y avait des choses que j’attendais qui n’arrivaient pas, des trucs concrets, je n’avais pas de logement, j’ai fait quatre hôtels en quelques semaines, ma fille n’avait pas d’école alors que la rentrée était là, je ne pouvais pas avoir les joueurs que je voulais, des Français à intégrer à l’effectif, et chaque jour des éléments que je ne connaissais pas arrivaient. La relation avec le président était assez compliquée car il était très interventionniste. Je suis arrivé sans staff, eux étaient tous Grecs et allaient dans tous les cas rester après moi, donc je ne savais pas sur qui je pouvais compter par rapport à cette façon de faire. Mais c’était une bonne expérience, vraiment. J’ai adoré, le pays est magnifique, j’ai fait toute la préparation et un match. Il y a cinq grosses équipes dans le championnat, des play-offs. Ce sont des clubs omnisports, les ambiances sont folles, on a joué en amical au « Pana » (Panathinaïkos Athènes) et au « PAOK » (Salonique), il y a une ferveur… Ils sont chauds ! Quand je vois des fois, qu’en France, on fustige les deux-trois fumigènes qu’il peut y avoir… L’AEK Athènes inaugurait son stade cette année, et pendant 90 minutes il y a eu des fumigènes dans tout le stade ! Les autorités françaises auraient fait des arrêts cardiaques. C’est méditerranéen, ils vivent pour leur club, il y a une vraie appartenance. Il y a quatre grands médias, ils ne parlent que de ça. D’ailleurs, pour l’anecdote, les gros matches ne sont pas arbitrés par des Grecs mais pas des arbitres étrangers, pour qu’il n’y ait pas de polémique, et le manager des arbitres est toujours étranger, je crois que c’est un Anglais. Quand il y a une erreur d’arbitrage le dimanche, il y en a pour la semaine !

« On ne m’a rien donné, je suis allé chercher les choses »

Un mot sur votre carrière. Quel regard portez-vous dessus ?
Quand j’ai commencé à entraîner à 32 ans, je me disais que je voulais connaître tous les niveaux avant 50 (il en a 49). Bon, je n’ai pas fait la Ligue 1, j’en étais proche, j’espère que ça va arriver. Mais j’ai fait la 1ere division en Grèce après la DH, la N3, N2, N1 et Ligue 2 en France. La D1 grecque, je crois qu’on n’est pas tant que ça à l’avoir connue ! J’ai fait différents clubs, quand on rencontre plusieurs coaches, joueurs, présidents, c’est comme un long voyage, un parcours, une carrière, avec plusieurs étapes, différentes destinations. Des fois on pose l’encre pour une longue période, des fois pour des passages courts, et on repart. Ça donne des vies qui ne sont pas monotones ! Moi, partir de mon club, Mayenne, et me retrouver un jour entraîneur en première division en Grèce, c’est… Enfin voilà, il s’est passé plein de choses pour arriver jusque-là. Je suis plutôt un homme de projets, mais il faut trouver l’endroit où tout est réuni. On doit d’abord montrer pour obtenir derrière, c’est ma façon de faire, de voir les choses. Je suis allé chercher les choses, on ne m’a rien donné. Et je crois que c’est comme ça que je vais faire tout le temps.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : MaillardOZD

Photos ASC et DR

L’entraîneur de Plabennec (National 3) disputera samedi face à Grenoble (L2) un 16e de finale, le dixième de sa carrière ! Le Breton ouvre son livre de souvenirs et dévoile la recette !

Lorient, Clermont, Concarneau, La Montagne et Plabennec ne l’avaient pas attendu pour réussir de (très) jolis parcours en Coupe de France ! Mais Nicolas Cloarec, comme joueur à Lorient et à Clermont, puis comme entraîneur à Concarneau, la Montagne et Plabennec, a connu les grands frissons des exploits à répétition. Et l’aventure continue à Plabennec (N3) qui reçoit Grenoble (L2) samedi en 16es de finale. Le dixième 16e de « Nico »! Rencontre avec un spécialiste de la Coupe de France.

Nicolas Cloarec, le joueur

Il n’était pas sur le terrain pour la finale et la demi-finale mais le trophée figure à son palmarès : Nicolas Cloarec a gagné la Coupe de France avec le FC Lorient (L1) en 2002 contre le SC Bastia (1-0). Et en 2005, après avoir sorti Lyon en 8e de finale (1-1, 4-3 aux tab), il est allé jusqu’en quarts de finale, à Monaco (1-0), avec le Clermont Foot (L2), qui avait déjà connu un quart de finale, en 1997, contre Nice (1-2), après avoir éliminé le PSG (4-4) aux tirs au but (4-3) en 8es de finale.

Nicolas Cloarec, l’entraîneur

Photo Philippe Le Brech

Son intronisation au poste d’entraîneur de l’équipe A de l’US Concarneau (CFA 2), en 2009, a précédé de quelques mois l’élimination du FC Nantes (L2) à Guy-Piriou (3-0 ) ! Ce n’était qu’un 7e tour, avant l’élimination au 8e tour à… Plabennec (2-0), mais c’était déjà un exploit qui en appellera d’autres après la montée en CFA : quatre 16es de finale quasi à suivre, contre Guingamp (L1) en 2014 (élimination 2-3 après prolongation), Dijon (L2) en 2015 (qualification 1-0), Troyes (L1) en 2016 (élimination 1-3), et Granville (N2) en 2018 (élimination 3-2 après prolongation). L’US Concarneau avait déjà connu deux 16es de finale de Coupe de France (Brest en 1982 et Limoges en 1986), mais Nicolas Cloarec va exploser le record en menant ses troupes jusqu’en quarts, en 2015, lors d’un final héroïque, au Moustoir à Lorient, contre Guingamp (L1, à nouveau élimination 1-2).

A l’US Montagnarde (R1), où deux équipes de National (le Stade Briochin et… l’US Concarneau) sont tombées aux tirs au but en 2020-21, le natif de Concarneau a pris la suite de Pierrick Le Bert et accroché un nouveau 16e de finale, contre Saumur (N3) : 3-3, élimination aux tirs au but… Le record du club (deux 8es de finale contre Rouen en 1999 et contre Monaco en 2002) n’était pas loin. A Plabennec (N3) depuis le début de cette saison, Nicolas Cloarec (il est titulaire du BEPF) approche désormais aussi le record de son nouveau club qui, lors de son épopée de 2009-10, avait poussé le curseur jusqu’en 8e de finale (élimination 4-0 à Auxerre) après avoir sorti deux équipes de Ligue 1 : Nice en 32es (2-1) et Nancy en 16es (0-2). Si, à l’occasion de son dixième 16e de finale, ce samedi, le Breton (45 ans) égale le record plabennécois en éliminant Grenoble (L2), il visera ensuite celui qu’il détient avec Concarneau.

C’est quoi le truc en plus en coupe ?

A la question « c’est quoi le truc en plus en Coupe de France », Nicolas Cloarec explique son expérience personnelle. « Quand tu es joueur, en coupe, il y a un cap à passer, et souvent c’est l’envie de ne pas avoir la honte de te faire sortir par une équipe inférieure qui te booste. Quand tu as connu ça, pas seulement des éliminations, mais des humiliations, et pour moi c’était en 2007 à Scaër (DHR, l’équivalent de la R3), au 4e tour avec l’US Concarneau (CFA 2 = N3), et que tu deviens ensuite coach, c’est cette envie, cette force pour ne pas revivre ça, et pour te mettre à la place du petit, que tu dois transmettre à tes joueurs. Il a fallu détester perdre ces matchs pour adorer les gagner ». Et contre les clubs hiérarchiquement supérieurs ? La réponse de Jacques Piriou, le président de l’US Concarneau : « Notre ancien entraîneur, Nicolas Cloarec, est très très fort pour ça dans ses causeries d’avant-match ».

« L’histoire de Plabennec en coupe doit nous pousser ! »

Son dixième 16e de finale !

VAINQUEUR FINAL AVEC LORIENT (L1). « Pour moi, 2001, c’est une année particulière, je viens de perdre mon père en août, je suis meurtri, Christian Gourcuff, qui me donnait beaucoup de temps de jeu, est parti, Angel Marcos est arrivé, je joue moins alors que c’est ça qui m’aurait fait du bien. J’avais pris la décision de partir, mais c’est là qu’ Yvon Pouliquen arrive et décide de garder tout le monde. Il y a le maintien à essayer d’aller chercher, la Coupe de la Ligue, la Coupe de France, quand on est dedans, on lutte. En Coupe de France, je n’ai joué ni la finale ni la demi-finale mais j’étais dans les tribunes au stade de France. C’était fantastique. C’est là que, trois semaines plus tôt, on venait de perdre en finale de la Coupe de la Ligue contre Bordeaux (3-0), et c’est pour ça qu’on a gagné la finale de la Coupe de France contre le SC Bastia (1-0). On avait identifié le truc, on s’était familiarisé avec le stade de France. Bastia perd contre nous pour les mêmes raisons qu’on avait perdu contre Bordeaux ».

1/4 DE FINALE AVEC CLERMONT-FOOT (L2). « J’ai connu trois belles saisons à Clermont mais la première a été difficile car j’arrive seul. C’est à Clermont que j’ai connu ma femme (Béatrice Osty, la championne de cross -country, qui a repris une pharmacie à Clohars-Carnoët, dans le Sud-Finistère, en 2009). Au début, j’ai poussé un corps qui n’était pas prêt à lutter et j’ai accumulé beaucoup de pépins musculaires. Les deux autres saisons, c’est mieux. Et il y a ce parcours en Coupe de France pour finir en 2005. En 32es, on se qualifie aux tirs au but sur synthétique à Vesoul (CFA), après on élimine le Sporting Toulon Var (CFA). Et il y a surtout la qualification en 8es de finale aux tirs au but contre Lyon (1-1, 4-3 aux tab). Et après, on sort en quarts à Monaco (défaite 1-0). Là, c’est vraiment la Coupe de France. Ici ça ressemble plutôt souvent à la Coupe de Bretagne ».

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JUSQU’EN 1/4 AVEC CONCARNEAU (CFA). « Les trois premiers 16es à Concarneau, contre Guingamp (L1) en 2014 (défaite 2-3, ap), contre Dijon (L2) en 2015 (victoire 1-0), et contre Troyes (L1) en 2016 (défaite 1-3), alors qu’on est en CFA (N2), l’objectif, en plus de la qualification, c’est de mettre dans la tête des joueurs, à travers ces matchs, que l’on peut aller chercher le National. On y arrive en 2016, et derrière, en 2018, on perd le quatrième 16e à Granville (N2) qui venait d’éliminer Bordeaux (L1). On était alors plus centré sur l’objectif maintien, c’était la priorité. Il y a bien sûr eu aussi le quart de finale contre Guingamp (L1) à Lorient, en 2015 (défaite 1-2), mais le plus beau match de coupe, sous la casaque concarnoise, c’est la première rencontre contre Guingamp en 2014. Il y a tout de ce que représente la coupe dans ce match. Il y a un temps de merde, il pleut, il fait froid, le terrain est lourd, et le stade déborde tellement il est plein. Je me rappelle être sorti des vestiaires et voir de la fumée qui s’élevait du public. C’était la chaleur humaine. Comme je savais que le terrain allait se dégrader, j’avais choisi de garder Killian Gargam et Stephen Quemper sur le banc et de les faire rentrer façon dragsters. Et Killian nous met deux buts : une frappe digne de la Champions League et une tête qui nous met en transes car on mène durant la prolongation. Finalement, on est éliminé 3 à 2 mais le scénario était incroyable ».

Photo Philippe Le Brech

JUSQU’EN 16ES AVEC L’US MONTAGNARDE (R1). « C’est Pierrick Le Bert qui a commencé cette aventure de la Coupe 2020-21, au poste de coach, avec la Montagne. Moi je n’ai pris que le train en marche et il était sur les bons rails jusqu’aux 16es de finale. Après avoir sorti deux équipes de National aux tirs au but, l’US Concarneau (5e tour) et le Stade Briochin (32es de finale), plus Dinan-Léhon (N3) au 8e tour (1-0), aller à Saumur, c’était le tirage que l’on craignait. C’est à l’extérieur et contre un adversaire qui est sur une bonne dynamique en championnat de N3. On fait match nul (3-3) et on perd aux tirs au but (4-3), mais même si on passe ce n’est pas un exploit. En coupe, à ce niveau, ce que l’on espère c’est aller assez loin pour se frotter aux pros et, au pire, sortir avec les honneurs ».

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JUSQU’EN 16ES (POUR L’INSTANT) AVEC PLABENNEC (N3). A l’occasion de Plabennec (N3) – Grenoble (L2), samedi prochain (18h), Nicolas Cloarec va donc connaître le dixième 16e de finale de sa carrière de joueur et d’entraîneur. Le nouveau coach de Plabennec pourrait en profiter pour égaler le record du club (8e de finale à Auxerre en 2010)… « Sur un malentendu, on prend. C’est chez nous, dans un stade plein, et Grenoble peut avoir la tête à sa course à l’accession en Ligue 1. En tout cas, le calendrier de Ligue 2 nous a offert la chance de pouvoir aller superviser l’adversaire à Guingamp (vendredi dernier). On n’est pas au mieux en championnat mais la coupe et l’histoire de Plabennec doivent nous pousser. Pour moi, Plab’ a été un très grand club de National en coupe et, avec Jérémy Pinvidic, on a dans notre équipe le dernier très grand joueur amateur en activité en Bretagne. Jérémy c’est 15 ans à Plab’, trois 16es de finale avec le club (Nancy, Lille et Cannes), un 8e de finale (à Auxerre), cinq matchs de coupe contre des pros de Ligue 1 ! C’est ce que je vais dire à mes gars dans les vestiaires et ça doit leur mettre la bave aux lèvres. S’ils n’ont pas envie de jouer ce genre de match, il faut qu’ils aillent faire autre chose ».

Nicolas Cloarec du tac au tac

« La frappe de Gargam avait retourné le stade à Concarneau »

Sur le banc de l’AS Vitré. Photo Philippe Le Brech

Votre plus belle qualification en Coupe de France ?
Contre Lyon avec Clermont en 1/8e de finale en 2004-05 (1-1, 4-3 aux tab).

L’élimination la plus dure ?
A Scaër (4e tour), comme joueur, en 2007, avec l’US Concarneau.

La plus grande émotion ?
Le 16e de finale avec Concarneau contre Guingamp (L1), dans un stade Guy-Piriou plein comme un oeuf (6200 spectateurs). C’est une élimination (2-3, ap) mais il y avait tout dans ce match.

La plus grande fierté ?
Avoir gagné la Coupe de France avec Lorient.

Le match de Coupe de France que vous voudriez refaire ?
Scaër (DHR) – Concarneau (CFA 2) : 3-1. Une humiliation après laquelle j’ai décidé d’arrêter de jouer au foot. J’arrivais à un carrefour et c’est l’élément déclencheur.

Votre plus grande troisième mi-temps après une qualification ?
Sûrement dans les années concarnoises. Mais il y en avait eu aussi une belle à Clermont… A tel point que l’on avait été bien soulagé quand on avait appris que le match suivant était reporté.

Votre plus grand coup de gueule en Coupe de France ?
Sûrement à la mi-temps d’un match où tu sens que ton équipe va au tas.

Votre joueur le plus marquant en Coupe de France ?
Le plus fort, quand je jouais, Seydou Keita, et le plus talentueux, Pascal Feindouno. Tous les deux à Lorient. Et en tant qu’entraîneur, à Concarneau, Christophe Gourmelon, devant, pour ses qualités de tueur devant le but, et derrière, Guillaume Jannez, pour ses qualités pour défendre son but.

Le plus beau but marqué ?
La frappe de Killian Gargam qui retourne le stade Guy-Priou en 16es de finale contre Guingamp (L1) en 2014 à Concarneau (2-3, ap).

Le pire but encaissé ?
Avec Concarneau (CFA) en 2015, le premier but de Guingamp (L1), en quarts de finale au Moustoir à Lorient (1-2), alors qu’on était bien dans le match.

Sur le banc de l’AS Vitré. Photo Philippe Le Brech

Le plus bel arrêt de gardien ?
Avec Concarneau aussi, avant ce quart de finale contre Guingamp, le péno qu’Ivan Seznec arrête lors de la séance des tirs au but à Croix (0-0, 1-4 aux tab). Une panenka. Je vois encore sa main qui va chercher le ballon.

Le plus beau stade en Coupe de France ?
Comme joueur, le Stade de France, et comme entraîneur, le stade Guy-Piriou à Concarneau.

Le plus beau déplacement ?
A Croix avec Concarneau. Le premier déplacement en avion privé : 15 000 € pour vingt personnes. Il ne faut pas avoir la main qui tremble pour signer le chèque.

L’avant-match le plus problématique ?
Je ne sais pas mais s’il y a quelque chose qui cloche dans l’organisation avant le match c’est sûrement la faute de Marcel (Marzin), comme on disait en rigolant à Concarneau.

L’après-match le plus jouissif ?
Croix. C’était tellement particulier. C’est un match que l’on ne pouvait pas gagner et que l’on a réussi à ne pas perdre pour aller aux tirs au but et se qualifier. Et derrière, il y a un quart de finale quand même.

La plus grosse prime en Coupe de France ?
Pas une prime de match, une prime pour un parcours. A Lorient, le président Jégouzo avait décidé de diviser en deux la dotation Coupe de France. Une moitié pour le club, l’autre pour les joueurs, en répartissant au prorata du nombre du matchs joués.

Le plus beau message d’encouragement avant un match de Coupe de France ?
Loïc Féry, le président du FC Lorient, avant notre 16e de finale avec la Montagne à Saumur (2021). Pour un club de R1 à l’époque, c’est beau.

Et le plus beau message de félicitations ?
Didier Deschamps, après la qualification pour les 16es de finale de Concarneau (CFA) à Poissy, en 2014. Jacques Piriou, le président, m’avait lu le texto qu’il avait reçu.

Votre joueur, actuel ou ancien, qui serait dans votre équipe-type en Coupe de France ?
On a beaucoup parlé de Concarneau, et pour Plabennec je ne sais pas encore, donc le duo Barry-Tison à la Montagne. Parfaits tous les deux pour relayer le coach sur le terrain.

Une anecdote en Coupe de France ?
La causerie d’avant-match d’Yvon Pouliquen à Paris (0-1), en quarts de finale, l’année où on gagne la Coupe (2002) avec Lorient. Il nous avait expliqué que la priorité était à la tentative de maintien en Ligue 1, et qu’en raison aussi de l’absence de joueurs retenus par la Coupe d’Afrique, il avait convoqué une équipe de seconds couteaux dont je faisais partie. Il avait gagné le match à la causerie.

Samedi 21 janvier 2022, 16e de finale de la coupe de France : Stade Plabennécois (N3) – Grenoble Foot 38 (Ligue 2), à 18h, au stade de Kervéguen.

Textes : Denis VERGOS / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr / Twitter : @2nivergos

Photos de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech et Christian Rose Cornouaille Photo

Le président de Bourg-en-Bresse (National) revient sur son arrivée en 2021 et se montre offensif à l’égard de l’ancienne direction qui a, selon lui, « caché des choses ». Il porte un regard lucide sur son ancien métier, et assure avoir tourné la page, et aussi sur de nombreux sujets qu’il évoque avec un certain recul.

C’est peut-être l’âge qui veut ça. Quand on a 50 ans, on fait le bilan ! David Venditelli (il en a 52 aujourd’hui) est devenu l’actionnaire majoritaire du FBBP01 en juillet 2021, à tout juste 51 ans, un âge où certains se posent des questions ou veulent changer d’activité. Non pas que son ancienne activité ne fonctionnait pas, loin de là – il a fondé à l’âge de 29 ans la société Score Agencies, dont il était à la fois actionnaire majoritaire, président et « acteur » avec son métier d’agent de joueurs dans le milieu du football -, simplement, il a vu l’évolution du milieu qui, conjuguée aux sollicitations et au désir d’apporter quelque chose, de se servir de cette expérience, lui ont fait franchir le pas.

Extrêmement discret dans les médias, une caractéristique née sans doute de son ancienne profession qui l’obligeait à oeuvrer de cette manière, dans l’ombre (il fut notamment l’agent d’Eric Abidal, Kurt Zouma, Christophe Galtier ou encore Alexandre Lacazette, pour ne citer que les plus connus), David Venditelli a accepté de se livrer comme sans doute il ne l’a jamais fait auparavant.

Administrateur de plusieurs entreprises, David Venditelli évoque son arrivée à Bourg en juillet 2021 où, dit-il, « Si j’avais su, je ne serais pas venu », ou tout du moins, « j’aurais procédé différemment ». Et bing !

Des regrets ? Aucun. Juste des constats. Et là, le Lyonnais, qui a fréquenté le centre de formation de l’OL dans ses jeunes années avant d’embrasser une carrière amateur en National et en CFA (Lyon-Duchère, Besançon, Saint-Priest et aussi Chasselay en DH), est sans concession.

Photo FBBP01

Comment passe-t-on du métier d’agent à celui de président d’un club de National ?

C’est une succession d’opportunités et de sollicitations. J’avais déjà été sollicité en 2019 avant la Covid. On m’avait sondé pour voir si j’étais ouvert ou disposé à entrer dans un club, et c’est vrai qu’à partir de ce moment-là, ça a suscité une interrogation chez moi. Même quand j’exerçais mon métier d’agent, avec la société que j’avais créée en 1999 avec un associé, et dans laquelle j’étais actionnaire majoritaire, j’avais toujours voulu fonctionner en entreprise. On avait été à l’époque la première agence française à apporter tous les services dont pouvaient avoir besoin les joueurs pendant et après leur carrière. En 1999, il y avait une certaine mentalité, une certaine idée aussi de l’approche sportive autour des joueurs de football, mais au fur et à mesure, on a vu que la valeur ajoutée qu’il pouvait y avoir entre un conseiller par rapport à un autre n’était plus le critère numéro 1 du choix, mais plutôt une course à la surenchère économique. Je suis parti de cette réflexion-là, de cette interrogation qui m’a amené à me dire « pourquoi pas ». Et j’ai eu l’opportunité avec Bourg-en-Bresse, après la Covid, d’intégrer le capital du club.

« Il y a des choses surprenantes en France liées au métier d’agent »

Au départ, président, ce n’était pas forcément votre volonté…

Ce qui m’intéressait, ce n’était pas tant de prendre la présidence, en effet, mais de mettre un place un projet sportif, de voir aussi si toutes mes années passées sur les terrains – J’ai été joueur, je suis passé par le centre de formation de l’OL, j’ai eu des sélections nationales de jeunes -, si tout ce que j’avais pu emmagasiner dans le football, pouvait servir, si j’avais des idées intéressantes à mettre en place. La présidence est venue naturellement, mais ce n’était pas une ambition chez moi. A Bourg, je suis arrivé avec un partenaire économique mais il est reparti immédiatement… Parfois, les gens qui ne connaissent pas l’environnement du foot commencent à avoir des paillettes dans les yeux, et se disent qu’avec quelqu’un comme moi, qui a côtoyé le haut voire le très haut niveau grâce aux joueurs et aux clubs avec lesquels j’ai collaborés, et qui m’ont fait confiance, eh bien ils vont pouvoir manger une part du gâteau plus grande que la mienne. Sur le principe, ça ne me dérange pas, sauf que ce n’était pas convenu comme ça au départ, dans les accords écrits. Du coup, on a dû mettre fin à notre collaboration avant même qu’elle ne démarre, et c’est comme ça que je me suis retrouvé à la tête du club. Donc voilà. C’est un constat sur mon métier d’agent et une opportunité qui m’ont conduit à Bourg.

Photo FBBP01

Vous évoquez l’évolution du métier d’agent, de l’entourage, mais il a changé à ce point ?

Oui, et ce n’est pas de la faute des joueurs ou des familles, c’est juste que les générations ont changé. J’ai pris de l’âge aussi. Quand j’ai commencé, j’avais 29 ans, et quand je m’adressais à des joueurs de 16 ou 17 ans pour leur parler de football, on était axé sur leur évolution sportive. Ce n’est pas pareil lorsque l’on a 49 ou 50 ans, car forcément, il y a un décalage générationnel. Donc oui, j’ai eu envie de faire autre chose, même s’il y a encore des familles très intéressantes dans le football, qui accompagnent bien leurs enfants. Il ne faut pas faire de généralités, mais il y a tout de même des choses surprenantes liées au métier d’agent, surtout en France.

Vous disiez avoir été sollicité en 2019, avant la Covid : c’était déjà pour entrer au capital d’un club ?

Non, c’était des sollicitations pour intégrer une cellule de recrutement ou en prendre la direction. L’idée que j’avais, si je n’avais pas fait cette opération-là avec Bourg, c’était de rester dans mon agence et de proposer de nouveaux services aux clubs de L1 et surtout de L2, afin d’externaliser une grande partie de leur recrutement, avec un interlocuteur propre aux clubs.

« La fibre entrepreneuriale, c’est familial »

Photo FBBP01

Cette fibre entrepreneuriale, peut-on dire que c’est une vocation chez vous ? Vous avez de qui tenir…

Avant le football, j’ai travaillé dans le monde de l’entreprise, notamment dans le groupe familial, les transports Venditelli. C’est vrai que je suis issu d’une famille d’entrepreneurs, mon grand-père et mon père ont commencé comme chauffeur-routier, puis la société s’est développée, mon frère y a travaillé aussi avant moi. On y a vécu une aventure professionnelle et familiale extraordinaire. Cela m’a permis de voir autre chose que le foot et de découvrir le monde de l’entreprise de l’intérieur; ça m’a aussi beaucoup apporté dans l’accompagnement des joueurs : par exemple, ça permet de relativiser certains de leurs problèmes et d’avoir un recul nécessaire sur la qualité des contrats qui sont proposés, parce que la vraie vie, je la connais, alors que quand j’étais au centre de formation de l’OL, je ne la connaissais pas. Donc voilà, je pense que la valeur ajoutée que l’on apportait aux joueurs avec ma société d’agents, c’était celle-ci.

Au FBBP01, vous êtes venu avec votre frère Philippe : c’est important de l’avoir à vos côtés ?

Au travers de ma société DV Invest, on est rentré, avec mon frère, dans le capital du FBBP01. Alors oui, c’est important de l’avoir avec moi, car il a encore plus de recul sur nos opérations; de plus, il siège au Conseil d’administration de beaucoup d’entreprises, donc il a une vraie expertise là-dedans, c’est une sécurité pour moi, notamment dans la réflexion stratégique que j’ai à mener. On a 5 ans d’écart. C’est mon aîné. On a déchargé les camions ensemble, on a livré ensemble, on est allé voir les entraînements à Gerland à vélo ensemble quand on était gamins. Et on a la fibre entrepreneuriale, c’est dans nos gênes, dans notre ADN.

« Si j’avais voulu faire ce que certains ont pensé que j’allais faire… »

Photo FBBP01

L’image de l’agent n’est pas très bonne, vous le savez…

L’image de « l’ancien agent » n’est pas forcément valorisante, c’est vrai. Mais j’étais actionnaire majoritaire et Directeur général de la société d’agents, et effectivement, j’avais cette « connotation » d’agent, c’est là que j’en reviens à l’image de la profession : à juste titre en France, et j’insiste sur le « à juste titre », son image n’est pas bonne, qu’il soit en activité ou qu’il ne le soit plus. Je ne sais pas si c’est culturel mais à l’étranger, on voit bien que les regards ne sont pas les mêmes, que les relations avec les structures qui accompagnent les joueurs sont différentes. L’image de l’agent fait peur en France parce que ça travaille mal. Le métier a été décrié, mais ce qui me pose un problème, c’est lorsque les médias mettent en avant certains agents qui n’ont pas de joueur ou pour certains qui ont un casier judiciaire… Donc à partir de là, on ne peut pas parler de valorisation de l’image du métier en mettant en avant des personnages comme ça.

Ne souffrez-vous pas de l’image de « président-agent », ou de « l’ancien agent devenu président » ?

Dans mon nouveau métier, dans ma nouvelle fonction au FBBP01, je n’en souffre pas, non, mais je sais par la Fédération que des confrères ont envoyé des courriers pour savoir si ce que j’étais en train de faire à Bourg-en-Bresse était bien légal. Cela m’a valu une convocation à la FFF avec mon avocat, pour expliquer ce que j’étais en train de faire, sachant qu’en amont, j’avais déjà écrit au service juridique de l’instance en leur exposant ma situation et mon projet. Le plus décevant, c’est de s’apercevoir que ces courriers émanent de certaines personnes que l’on croise le vendredi soir en match et qui vous serrent la main. Je le dis, tous les joueurs que l’on a accompagnés avec mon agence ne viennent pas au FBBP01 et ne viendront pas au FBBP01. Même si j’aurais aimé voir Alexandre Lacazette en attaque et Christophe Galtier sur le banc (sourire…). Il ne faut pas tout mélanger. J’ai tourné la page, mais vous avez raison, l’image de « l’ancien agent », ça interpelle les gens. Vous savez, sur l’aspect économique, j’ai plus perdu que gagné pour l’instant : si j’avais voulu faire ce que certains ont pensé que j’allais faire, je serais resté dans mon agence, j’aurais mis en place, comme font beaucoup de clubs mal intentionnés, un président et des actionnaires, comme ça j’aurais pu faire les deux activités, j’aurais pu conseiller de prendre des joueurs de mon agence, mais là, je n’aurais pas été dans la légalité, alors que j ai tout fait pour l’être. Mais voilà, il y a toujours des interrogations et des délations. Pendant 20 ans, la FFF m’a questionné. Aujourd’hui, cela me coûte beaucoup d’argent, parce que c’est le modèle économique des clubs de National qui veut ça; je ne suis pas le seul président dans ce cas-là. Je prends plus de coups qu’autre chose, mais je ne m’arrête pas à ça.

« Mon arrivée à Bourg a été mal préparée »

Crédit : Vorillon Photography

Vous êtes à la tête du FBBP01 depuis un an et demi : qu’est-ce que cela vous inspire ?

Si c’était à refaire, et je ne dis pas ça par rapport à Bourg-en-Bresse, je n’irais pas. Parce que mon arrivée à été mal préparée, mais là, c’est de ma responsabilité. En tout cas, je n’irais pas comme ça, aussi peu accompagné, sans structurer mon arrivée. Il existe une deuxième raison : on nous a cachés tout ce qui était possible de cacher, à tel point qu’aujourd’hui nous sommes en réflexion avec nos avocats, parce qu’il s’est passé des choses inadmissibles avant notre arrivée, mais ça, malheureusement, je ne pouvais pas le savoir avant. Nous sommes en train de travailler pour réparer les erreurs du passé alors que je suis venu pour un projet futur. C’est ça qui est très difficile. Donc, si je devais refaire quelque chose un jour, ailleurs, je ne le referais pas comme ça. Je mettrais un point d’honneur à être meilleur dans la préparation de mon arrivée, parce que, encore une fois, c’est moi le responsable. L’audit que nous avons réalisé serait beaucoup plus pertinent. J’ai aussi appris…

Qu’avez-vous appris ?

On apprend énormément quand on est à la tête d’un club. Il y a autre chose qui est difficile dans l’appréhension d’un projet comme celui-ci, c’est le domaine sportif, qui représente seulement 10 ou 15 % du boulot; le reste, ce ne sont que des ennuis, des soucis, mais tous les présidents ont ce même problème. Tout cela ne m’empêche pas de mettre en place mon projet. A Bourg-en-Bresse, on est en train de faire un travail remarquable au niveau de la partie commerciale pour repartir au contact des acteurs économiques, de la communauté d’agglomération, du département, car ils ont été snobés quand le club était en Ligue 2, lorsque le club vivait sous perfusion des droits TV. Nous, on veut se rapprocher des acteurs économiques, regagner leur confiance : on sait que ce sera long, c’est un gros travail. Mais nous avons des satisfactions tout de même, je pense à nos 17 ans Nationaux, 3es de leur poule, ou à nos 19 ans Nationaux, qualifiés pour les 32es de finale de Gambardella (l’entretien a été réalisé juste avant l’élimination aux tirs au but contre Torcy, Ndlr). Avoir ces deux équipes au niveau « national », ce n’est pas rien : c’est un petit pan de mon projet qui est d’intégrer des jeunes dans le groupe de l’équipe première. Regardez Amine El Ouazzani qui est parti à Guingamp en L2 : quand on est arrivé au club, il s’entraînait le soir avec la réserve; c’est une vraie satisfaction. On a d’autres jeunes dans le groupe de l’équipe première, que l’on a fait grimper l’été dernier.

Photo LPP Sport

Vous attentiez-vous à ce que ce soit aussi difficile pour l’équipe en National ?

Le National… Tous disent la même chose : on n’a pas les moyens économiques de tout assumer et pourtant on a les mêmes frais qu’en Ligue 1 ou qu’en Ligue 2. On va à Borgo, on va à Dunkerque, on traverse la France. Tout le monde dit « Oui, c’est vrai, on n’est pas assez aidé », ok, mais personne n’appuie sur le bouton. Il faut que l’on se mette autour de la table pour essayer d’aider ce championnat. Des cinq grands pays européens de football, la France est la seule à ne pas reconnaître le National comme professionnel ! Pour autant, quasiment la moitié des clubs sont professionnels et affrontent des clubs amateurs où il y a aussi des joueurs salariés. Ensuite, et ça c’est de notre responsabilité, on doit se battre sur les droits TV du championnat National. Aujourd’hui, il n’y a pas de valorisation à faire sur le National, car il y a une telle commercialisation du football, une telle offre, que les gens ne vont pas se battre pour regarder du National à la télé; sauf peut-être des matchs à enjeu en fin de saison. Donc l’approche doit être différente : est-ce que le football français a intérêt à avoir un National très fort ? Je pense que oui. On l’a vu en coupe du Monde, avec beaucoup de joueurs dans des sélections nationales qui sont passés par le National. On en voit d’autres en France, qui sont venus alimenter des clubs de Ligue 1 et Ligue 2. Aujourd’hui, les clubs de L1 et de L2 préfèrent que leurs jeunes aillent jouer en National plutôt qu’en N2 voire en N3. Le football français doit soutenir ce championnat. Pour ces jeunes joueurs et pour alimenter le football professionnel. Encore faut-il que tous les acteurs aient envie de le faire.

Vous dîtes cela, parce que vous êtes en National : mais tiendriez-vous le même discours si vous étiez à la tête d’un club de L1 ou de L2 ? Auriez-vous envie d’aider le National ?

Justement, oui. Lorsque je suis arrivé ici, voilà ce qu’on m’a dit « tout est prêt pour avoir un centre de formation à Bourg-en-Bresse, il faut juste remonter en L2 et reprendre le statut pro », etc. Sauf que c’est une aberration pour un club comme Bourg-en-Bresse d’avoir un centre de formation avec 35 ou 40 stagiaires, parce que ça coûte beaucoup trop d’argent. Et sans manquer de respect pour eux ou leurs familles, ceux qui viendront à Bourg seront là parce qu’ils n’auront pas été pris à Lyon ou à Saint-Etienne, Grenoble, Annecy ou Clermont, ça veut dire qu’on serait le 5e ou 6e choix. Et vendre du rêve à des jeunes pendant des années, pour qu’à 18 ou 19 ans ils aillent faire un autre métier, ce n’est pas ce que je veux. Je ne veux pas vendre du rêve. Mais je veux les accompagner. C’est pour cela que si j’étais en Ligue 2, je me tournerais plus vers le National, qui est un championnat nettement supérieur au N2, de par son intensité ou la qualité des joueurs. J’irais vraiment recruter en National, je prêterais des joueurs ou j’en recruterais, plutôt que de mettre en place un centre de formation qui, de toute façon, coût trop cher au club.

Vous n’êtes pas né de la dernière pluie pourtant… Toutes ces difficultés, vous saviez que vous alliez les rencontrer…

Si je vous ai dit OK pour cet entretien, c’est pour parler, et sans langue de bois. Quand je fais réaliser un audit et qu’on me cache que, en cas de perte du statut professionnel, le bail emphytéotique que l’on a devient caduque, et que je le découvre il y a seulement quelques mois, alors que ni la société mandatée pour réaliser l’audit, ni les avocats du club, ni la ville, ni l’agglo, ni l’ancien président n’étaient au courant… Pourtant, comme vous dites, j’ai le sentiment de ne pas être né de la dernière pluie. Et quand je découvre aussi qu’au niveau social, il s’est passé certaines de choses, et là pour le coup je vais faire de la langue de bois pour protéger les anciens salariés, je ne peux pas le savoir. Il se passera ce qu’il se passera après ma déclaration, et il y a énormément de choses… Quand on nous présente dans l’audit une activité commerciale avec un chiffre d’affaire « sponsoring » mélangé avec de l’échange de partenariat, il y a un vrai impact sur la trésorerie. Alors oui, on a signé une garantie d’actif et de passif (GAC) que l’on va certainement actionner, voilà, encore une fois, j’ai une grande part de responsabilité, mais je pense que l’on nous a cachés des choses volontairement, et je pense très franchement que cela ne vient pas de l’ancien président, mais plutôt de l’ancien directeur général, et là, j’ai des preuves à l’appui. Cette personne a fait du mal au club. mais ce n’est pas le moment de régler les problèmes avec lui.

Le stade Marcel Verchère, un outil magnifique. Photo FBBP01

Aujourd’hui, selon vous, quelle est la réelle place du FBBP 01 ? Doit-il devenir un club pro ou rester un bon club amateur ?

C’est également la question que je me pose, que l’on se pose avec les collectivités : qu’est ce que l’on veut faire du FBBP01 et du football dans l’Ain ? Je n’ai pas la réponse. Est-ce que je me suis trompé de cible ? Cela voudrait dire qu’il n’y a pas la place pour le football professionnel à Bourg et mettre en place nos idées : c’est possible, je ne le sais pas. Je ne sais pas si le FBBP01 est un très joli club amateur ou si il peut devenir un club référent dans le monde professionnel. On a aussi un problème, c’est le stade Verchère, qui est le terrain du rugby, car vous le savez, Bourg est une terre de rugby et ça, il faut le respecter. Néanmoins, l’évolution du stade Verchère a été faite grâce au foot, qui a dû s’adapter au cahier des charges de la Ligue de football professionnel quand il est monté en Ligue 2, et là, la ville de Bourg-en-Bresse, la communauté d’agglomération ont joué le jeu en le réhabilitant. Aujourd’hui, effectivement, le rugby fait plus de monde que le foot et parvient mieux à valoriser et optimiser le stade Verchère, qui est un très beau stade. On a vraiment de belles installations avec Péronnas aussi, où on a un joli centre d’entraînement, qui coûte cher, certes, mais qui n a rien à envier à des clubs de Ligue 2. C’est évident, à Bourg, on a l’outil pour être en Ligue 2, mais après, est-ce qu’on a la mentalité, tous ensemble, pour y être ? Je ne sais pas.

Géographiquement, le club souffre-t-il de sa position excentrée à l’Est ?

Non, quand on dit que Bourg est entre Lyon et Genève, ça parle tout de suite aux gens, d’ailleurs, on est en train de discuter avec des partenaires étrangers qui situent le club, voilà, après, on est dans une région qui bouge sportivement : dans l’Ain, il y a quatre clubs professionnels, très proches les uns des autres, avec Oyonnax et Bourg en rugby, la JLB basket et nous. Cela fait une grosse concurrence tout de même.

Sportivement, quand vous regardez le classement du National, n’avez-vous pas peur (*) ?

Si, mais toutes les équipes, tous les présidents vont répondre la même chose : on se projette sur le money-time, et il faudra voir à quel niveau de fraîcheur on sera à ce moment là, sauf que cette année, tout le monde joue quelque chose, alors évidemment, si on regarde derrière, la peur du vide peut devenir paralysante, donc il faut faire attention à ça. On regarde toujours devant, du moins c’est ce que l’on essaie de faire. En fait, il y a deux façons de voir les choses, deux politiques : pendant deux ans, on fait le strict minimum pour assurer le maintien en espérant que ce championnat devienne professionnel avec la Ligue 3, sachant que ce sont deux saisons à 6 descentes. Ou bien c’est de se dire que c’est justement le moment de monter en Ligue 2 parce que, après, avec seulement deux descentes de Ligue 2 en National, on aura plus de chance de se maintenir. C’est aussi pour ça que je suis agréablement surpris en National de voir les investissements que les clubs ont consenti cette saison pour construire leur effectif : ça donne un championnat avec de belles équipes. L’objectif, de toute façon, c’est de redevenir un club pro, soit en accédant en L2, soit en misant sur l’espoir de voir le National se transformer en L3. Si le professionnalisme passe par la Ligue 3, et même si je ne suis pas venu pour ça, on prendra aussi !

Alain Pochat, le coach du FBBP 01. Photo LPP Sport

Vous avez vu, je ne vous ai pas parlé du coach Alain Pochat…

J’ai répondu à vos questions ! C’est vous qui avez choisi les sujets (rire) !

Vous l’avez conforté à Noël, donc le sujet est clos…

Exactement. Vous savez, la difficulté quand on arrête avec un entraîneur, au delà de l’aspect humain – ce n’est jamais un plaisir d’arrêter une collaboration avec un entraîneur -, c’est de savoir qui peut le remplacer et si on a des certitudes que ça ira mieux avec un autre ? On sait ce qu’on a, on connaît Alain Pochat, on va continuer ensemble. Après, cela m’amène à une vraie réflexion sur le statut de l’entraîneur qui, à mon sens, est aussi à repenser. Aujourd’hui, un entraîneur, il pense à sa carrière, à juste titre, il a des contrats de très courte durée, ce qui amène de la précarité. C’est donc difficile pour lui de s’inscrire dans un projet club car il a son propre projet à l’intérieur d’un autre projet. Il y a une grande réflexion à mener : les CDD sont-ils une bonne chose ou pas ? Est-ce que ce n’est pas mieux de les sécuriser au niveau contractuel ? Peut-être alors qu’ils intégreraient un peu plus le travail en collaboration avec la direction sportive et générale, car il y aurait cette garantie contractuelle. Je ne dis pas qu’il faille le faire systématiquement, mais c’est à étudier.

(*) Avant la 17e et dernière journée de la phase aller ce soir, le FBBP 01, qui recevra le leader Concarneau lundi 16 janvier au stade Marcel-Verchère, à 21h (en direct sur Canl + Sport), est 9e au classement avec 20 points et un match en retard à Dunkerque, à seulement 2 points devant le premier relégable, Villefranche.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 (et aussi @13heuresfoot)

Photo de couverture : LPP Sport

Photos : FBBP01, LPP Sport, Vorillon photography,

Après s’être offert le scalp de Sochaux (L2), l’ES Thaonnaise, invaincue en National 3, poursuit son conte de fée : en 32e de finale, les Vosgiens ont éliminé Amiens (L2) au stade Robert-Sayer. Ils affronteront Nantes, tenant du titre, en 16e. Magique !

Raphaël Rodriguez, le portier vosgien, décisif lors de la séance des tirs au but. Photo Blue Army – Jérôme Paradis

C’est une histoire incroyable comme seule Dame coupe peut offrir. Déjà 1/16e de finaliste l’année dernière, l’ES Thaon est de retour à ce stade de la compétition. Invaincus dans leur championnat en National 3, les hommes de Romain Chouleur sont en train de placer leur club, en plein développement, sur la carte de France ! Tout sauf un hasard.

Contre Amiens (Ligue 2), et pourtant réduits à 10 d’entrée de deuxième période après le gros coup dur et l’expulsion du défenseur central et capitaine Wilfried Rother; les Vosgiens, poussés par la Blue Army Fans et les 2000 supporters, ont fait le dos rond et profité de la maladresse des Picards pour laisser passer l’orage.

Lors de la séance des tirs au but, Raphaël Rodriguez, le gardien, a fini le travail ! « Rapha, Rapha”, scande le public qui ne cesse d’encourager son portier : dès la deuxième série, il stoppe la tentative de son adversaire, puis une autre ! Théo Gazagnes ne tremble pas et d’un tir sous la barre transversale, propulse son équipe en 16e de finale, comme l’an passé !

Interrogé sur sa réussite, Raphaël Rodriguez évoque celle qui a accompagné son remplaçant Antonin Parisot, très performant lors de l’édition précédente.

Un club familial

Photo Blue Army – Jérôme Paradis

Décidément tout sourit à Thaon et ce n’est pas dû au hasard, tant le travail abattu est colossal pour ce club de National 3, qui développe un projet sportif cohérent, humble, mais aussi ambitieux.

Avant le match, Mickaël Ruez, manager général du club et entraîneur adjoint de Romain Chouleur, avait parlé de la qualification face à Amiens comme d’une certitude, et non d’un vœu. Il avait vu juste !

Le club, qui se définit comme familial, avec une équipe d’éducateurs fidèles, reste ambitieux. Il dispose d’un budget de 400 000 euros (dont 150 000 euros de partenariat et de subventions) : pas énorme pour le niveau, selon lui.

L’ES Thaonnaise compte une cinquantaine de bénévoles fidèles et six salariés, mise sur l’insertion par le sport et accueille des apprentis éducateurs à temps plein, ainsi que des services civiques qui organisent des événements de sensibilisation dans le cadre du programme éducatif fédéral.

Les pieds sur terre

Nicolas Clasadonte, le président, à la tête du club depuis 32 ans. Photo Blue Army – Jérôme Paradis

Celui qui est à l’origine de cette structure solide, c’est le président Nicolas Clasadonte. Quand il est arrivé à la tête du club, il y a 32 ans, l’équipe fanion végétait en district; dès la saison 2001/2002, elle a atteint le CFA2 (National 3). Elle a bien refait quelques passages en Régional 1 (DH) avant de se stabiliser en N3, plus haut niveau qu’elle ait jamais atteint. “C’est un président qui a les pieds sur terre et qui ne s’enflamme pas”, indique Mickaël Ruez à propose de Nicols Clasadonte.

Les différents parcours de Thaon en Coupe ont également apporté une manne financière, comme lors de la saison 2021-2022, qui a permis, par exemple, d’acquérir un minibus. Et malgré des sollicitations d’agent pour « placer » des joueurs, le manager général n’a pas cédé ! Ce n’est pas l’esprit thaonnais, dont la volonté est de s’appuyer sur un effectif local et fidèle.

Et puis, Thaon a connu ses heures de gloire avec un 32e de finale face à l’OM devant 8000 spectateurs au stade de la Colombière, à Epinal, en 2000-2001 (0-4), ou encore un 64e face à Gueugnon (L2), en 2006-2007 (1-3 ap).

Dans la foulée de l’engouement né des récents parcours en Coupe de France, une association de supporters a été créée en septembre 2021. “Le président est un fan de l’Olympique de Marseille donc il voulait s’inspirer de ce qu’il se fait là-bas. On y retrouve essentiellement des jeunes du club.”, poursuit Mickaël Ruez.

En Coupe, les affluences sont bien sûr beaucoup plus élevées qu’en championnat où 200 à 300 spectateurs viennent assister aux matchs. Ces rendez-vous, comme ceux d’Amiens et Sochaux, sont l’occasion de belles fêtes et surtout de fédérer autour d’un même objectif : la qualification !

Le National 2 envisageable ?

Photo Blue Army – Jérôme Paradis

Ces épopées donnent forcément des “étoiles dans les yeux” aux jeunes du club qui s’identifient à ces exploits et ont envie d’être à la place de leurs aînés. Les jeunes du club évoluent d’ailleurs à un bon niveau régional : les U17 et les U19 sont en Régional 2.

Mais cela n’a pas toujours été simple de les attirer, surtout avec un voisin comme le SAS Epinal à seulement 10 kilomètres.
Aujourd’hui, entre les deux clubs, les relations sont devenues “plus courtoises”, parce qu’une réelle rivalité sportive existait lorsque Epinal jouait dans la poule de Thaon.

La fidélisation de ces jeunes fut matérialisée par la création d’un section sportive au collège et d’un emploi grâce au soutien des nombreux partenaires. “Lorsque les jeunes de la région cherchent à s’orienter vers un club organisé et structuré, ils choisissent Thaon, plutôt qu’Epinal”, avance Mickaël Ruez avec fierté, précisant toutefois que cette démarche s’effectue sans dénigrer le travail du voisin spinalien.

Photo Blue Army – Jérôme Paradis

Invaincue dans sa poule de N3 (2e à 6 points du leader, Biesheim, mais avec un match en moins), l’équipe thaonnaise réalise une belle saison. « Il faut faire mieux que la saison dernière (7e), poursuit Ruez. Avec notre parcours en coupe (élimination 1 à 0 contre Reims en 16e), on avait délaissé le championnat parce qu’on s’était vite maintenus. En plus, on avait gagné la coupe du Grand-Est contre la réserve de Troyes.”

La montée en National 2, si elle paraît sportivement envisageable, s’accompagnerait d’un changement de dimension évident pour les Vosgiens. “Si l’occasion de monter vient à se présenter, on la prendra, sans dénaturer nos bases et en gardant les pieds sur terre. »

Enfin, bien que Thaon ait réussi l’exploit d’atteindre les 16es de finale deux fois consécutivement, il faudra gérer le moment où cette aventure s’arrêtera. Les dirigeants et joueurs en sont bien conscients.

Romain Chouleur : une vie 100% foot

Romain Chouleur, le coach. Photo Blue Army – Jérôme Paradis

Romain Chouleur, l’entraîneur thaonnais – depuis 2017 -, qui a fêté ses 37 ans hier (le 10 janvier), a réalisé un parcours entièrement lorrain par choix. Attaché à sa famille et ses amis, le meneur de jeu technique a été formé à Nancy, club pour lequel il a joué jusqu’en 2008 (trois matchs en Ligue 1 !). Il a ensuite rejoint Raon-l’Etape en CFA avant de jouer en National pendant 5 ans à Epinal. En manque de temps de jeu, il rejoint l’ES Thaon en 2016, où il devient ensuite entraîneur, avec la réussite qu’on lui connaît. Une évidence pour lui : dès l’âge de 19 ans, il entraîne ses amis au FC Dombasle en U18, en parallèle de sa carrière de footballeur professionnel. Joueur la journée, entraîneur le soir, le Dombaslois vit une vie “100% foot”. Il raconte son parcours, ainsi que son travail à Thaon qui ne cesse de porter ses fruits.

Romain, vous avez eu cette double carrière de joueur professionnel et d’entraîneur à Dombasle. Ce n’était pas trop dur à gérer ?

Ce sont des semaines chargées, il y avait match le samedi avec les seniors et le dimanche comme entraîneur, et des entraînements la journée et aussi le soir à Dombasle. Donc il fallait s’organiser. C’est sûr que c’était du 100% foot. Ca me plaisait, et même si j’y suis allé sur la pointe des pieds au début, avec les résultats, ça m’a motivé à poursuivre. On a connu la montée de nombreuses fois pour passer de D1 à R2. J’ai la particularité d’avoir connu toutes les divisions, du District au National.

Photo Blue Army – Jérôme Paradis

Vous avez toujours eu cette appétence pour le coaching et l’encadrement des joueurs ?

Je suis quelqu’un de réservé, donc je n’étais pas un meneur d’hommes, plutôt un meneur technique sur le terrain. Je n’étais pas quelqu’un qui parlait beaucoup. C’est venu au fil des années aussi. Quand j’étais joueur, je faisais attention aux choix des coachs, je me demandais pourquoi ils mettaient en place telle ou telle séance. Je cherchais toujours à comprendre pourquoi on faisait telle ou telle chose. Quand il y a des choix à faire, notamment sur les convocations, il faut que ce soit le plus juste possible parce que j’ai connu ça en tant que joueur. Je me suis toujours intéressé et inspiré de ma carrière de joueur aussi : ça m’aide à comprendre ce que les joueurs peuvent aimer ou non. J’ai vraiment apprécié cette double casquette, même si c’était prenant au niveau temps et énergie, mais c’était enrichissant.

Pas de regrets de ne pas avoir continué au haut niveau ?

Je suis toujours vice-président à Dombasle, je suis très attaché à mon club de cœur, à ma famille aussi. C’est pour ça que je suis encore à Thaon aujourd’hui. On m’avait proposé des challenges loin de la France et ça ne me tentait alors pas du tout. Il y a eu des opportunités avec Raon et Epinal, je savais qu’il y avait un gros niveau et que c’était tout proche.

Pourquoi être passé de joueur à entraîneur si tôt, à l’âge de 31 ans ?

Le regret, c’est peut-être d’avoir arrêté trop tôt. Après quand j’étais entraîneur-joueur, je pouvais continuer, mais on se rend vite compte que si l’on veut faire les choses bien, on ne peut pas cumuler les deux. Les règlements m’interdisent d’entraîner en National 3 et de jouer en niveau ligue à Dombasle par exemple. C’est vraiment le gros regret, mais bon, quand je vois ce que je vis en tant qu’entraîneur, ça fait un peu passer la pilule.

« Pour Nantes, ça va être bizarre de jouer à Thaon avant d’aller à la Juve ! »

Photo Blue Army – Jérôme Paradis

Samedi contre Amiens, on a vu vos joueurs physiquement prêts à « encaisser » un match contre une équipe professionnelle. Sur quoi mettez-vous l’accent à l’entraînement ?

Ouais, alors qu’on avait fait une coupure de deux semaines, et qu’on avait repris il y a douze jours ! Même moi j’ai été surpris et impressionné qu’on ait autant de jus. On ne s’entraîne que sur synthétique donc avec le terrain gras, ça aurait pu être compliqué, les efforts ne sont pas les mêmes et la fatigue arrive plus vite. Je ne travaille pas du tout sur le physique, parce que je n’aimais pas ça en tant que joueur. Il y a une séance de travail athlétique, toutes les deux, trois semaines. Par contre je demande beaucoup d’intensité et de compétition dans les petits jeux qu’on fait donc ça permet de travailler physiquement mais plus sous forme de jeu. Beaucoup de technique, beaucoup de circuits techniques et la partie athlétique arrive derrière. On est sur trois séances par semaine. Le lundi c’est plutôt récup’, le mercredi c’est la grosse séance avec du jeu et le vendredi, travail technique et tactique, et du jeu aussi.

Vous jouez à 3 derrière. Comment définissez-vous votre philosophie de jeu ?

La première fois que j’ai vu ce système, c’était avec le Mexique en 1998; l’Argentine jouait aussi comme ça et j’aimais bien. Quand j’ai commencé à entraîner à 19 ans, j’utilisais ce système, depuis, ça a bien pris. Donc ça va faire 15 ans que je joue à 3 derrière, que ce soit en 3-5-2 ou en 3-4-3. J’ai des joueurs qui l’appliquent parfaitement aussi. A partir du moment où ça fonctionne, pourquoi le changer ? Donc on reste là dessus. Quand j’ai pas mal de blessés, d’absents, pour les matchs de coupe ou quand on doit amener plus de renforts offensifs, on peut bien sûr passer à 4. Mais globalement, c’est surtout à 3 derrière.

Photo Blue Army – Jérôme Paradis

Que vous apportent, à titre personnel, les parcours en coupe de France ?

Quand on est joueur ou entraîneur, on vit pour ça. Le club prend un peu la lumière. On est très fiers d’accueillir des clubs professionnels. Ce sont des moments très rares pour des amateurs, même si on l’a fait deux années de suite. C’étaient des premières fois pour le club. Il faut donc savourer, jouer sans pression et sans regret. Sur ce genre de matchs, il n’ y a pas à en avoir.

Vous allez recevoir le FC Nantes, le tenant de titre de la compétition. Votre première réaction ?

Il y a deux façons de voir les choses. Les joueurs sont des fans de Paris, Marseille, Lyon. Deux années qu’on va loin, qu’on a la possibilité de les rencontrer. Et d’un autre côté, on se dit que l’on a la possibilité de rencontrer une National, à l’extérieur ou des choses comme ça, donc on aurait été dégoûtés de faire un parcours comme ça pour se faire sortir contre une équipe comme ça. Donc là, tirer le FC Nantes, on est très content, c’est un grand club français, tenant du titre et qui va surtout aller défier la Juventus dans quelques semaines. Ça va leur faire bizarre de jouer Thaon, puis d’aller défier la Juventus. (rires) On est très contents et très fiers de pouvoir les accueillir dans les Vosges.

Textes : Emile Pawilk / Mail : contact@13heuresfoot.fr  / Twitter : @EmilePawlik

Photos : Blue Army – Jérôme Paradis

En 32e de finale de la coupe de France, le club promu en National s’est offert le scalp d’un « gros » de Ligue 1, l’OGC Nice (1-0), moins de 2 ans après avoir éliminé Lorient (L1). Mais en championnat, alors que six équipes descendront en fin de saison, il a pris du retard dans son projet de maintien.

Photo Sebastien Ricou / LPF43

La joie. Mesurée. Contenue. Mais une joie immense tout de même. Samedi, peu avant 20 heures, au coup de sifflet final, les joueurs du Puy Foot 43 n’ont pas exulté. Ils n’ont pas célébré de manière exagérée ou exubérante leur victoire logique et méritée 1 à 0 face à l’OGC Nice (but de Mohamed Ben Fredj dès la 4e minute), qui les propulse en 16e de finale de la coupe de France pour la deuxième fois en trois ans, après avoir atteint les 8es de finale en avril 2021, record historique du club.

Peut-être parce qu’inconsciemment, ils savent que leur travail, leur pain quotidien, c’est le championnat National, où ils n’ont pas eu les résultats escomptés pendant les cinq premiers mois de la compétition (seulement 3 victoires en 16 matchs).

En faire des tonnes après avoir éliminé une formation de Ligue 1 ? Pas le style de la maison. Pas forcément le moment de jouer au malin non plus quand on est 16e sur 18 en championnat, à 4 points du premier non-relégable, Nancy, 12e… prochain visiteur à Massot vendredi ! L’histoire dira si elle fait bien les choses.

Un petit claping et au vestiaire !

Photo Sebastien Ricou / LPF43

Contre Nice, les Ponots ont eu le triomphe modeste dans un stade Charles-Massot rempli (près de 4000 spectateurs) et ne se sont pas attardés sur la pelouse : tout juste se sont-ils fendus d’un bref claping devant la tribune Honneur avant de se lâcher un peu plus, dans l’intimité du vestiaire.

Mais on était loin, très loin des scènes de liesse qui avaient accompagné la victoire au bout du temps additionnel de la dernière journée de National 2, en mai 2022, face à Colomiers, quand un penalty inscrit par Mamadou N’Diaye à la 90’+7 avait propulsé le club du président Christophe Gauthier en National. Du moins, à nouveau propulsé en National, trois ans après une première accession qui s’était terminée en eau de boudin avec l’arrêt des championnats à 9 journées du terme.

En fin de saison 2019-2020, Le Puy Foot, alors 15e (sur 18) et premier relégable, à seulement un point du maintien en National (quatre descentes à ce moment-là), avait été rétrogradé sans pouvoir défendre ses chances jusqu’au bout. Un épisode vécu comme une terrible injustice dans le chef lieu de Haute-Loire.

Bouriaud, Guyot et N’Diaye, les rescapés

Mamadou N’Diaye, l’un des rescapés de la saison 2020-21, a été excellent face à Nice. Photo Sebastien Ricou / LPF43

Pour expliquer cette sobriété dans la victoire face à Nice, l’argument de dire que le club l’a déjà fait – victoire 1 à 0 contre Lorient (L1) en 16e de finale de la coupe en mars 2021, lors d’une deuxième saison d’affilée à nouveau écourtée par la Covid ! – pourrait tenir la route.

Sauf qu’à l’époque, Le Puy Foot n’avait que la coupe de France pour s’exprimer après un nouvel arrêt des les championnats nationaux décrété par la FFF, après seulement neuf journées de championnat (huit pour les Ponots, qui comptaient un match en moins).

Sauf qu’aussi, le visage de l’équipe était bien différent avec les Oberhauser, Camara, Bosetti, Dufau, Perrot, Boujedra, Fadiga, Trabelsi, Taïpa, Pellegrini, Labissière, pour ne citer qu’eux.

Samedi, face à Nice, Teddy Bouriaud et Baptiste Guyot étaient les seuls titulaires rescapés de ce premier exploit historique 22 mois auparavant face aux Merlus de Christophe Pelissier (Mamadou Ndiaye, le héros de Colomiers, était là lui aussi, mais n’avait pas disputé le 16e de finale face aux Bretons, et Tim Jabol était blessé).

Peut-être pas un hasard si, justement, Bouriaud, l’ancien capitaine de la réserve du FC Nantes, et Guyot, le « roc » infranchissable de la défense, furent les deux meilleurs joueurs sur le terrain face aux Aiglons d’un Lucien Favre touchant de tristesse et de désolation, complètement dépité et désemparé en conférence de presse d’après match (l’entraîneur niçois a finalement été débarqué ce lundi soir).

Vierzon en 16e, « remember » Rumilly

Habituellement 2e gardien, Jonathan Millieras a parfaitement suppléé Yan Marillat dans les cages, comme il l’avait déjà fait à Sedan et Concarneau. Photo Sebastien Ricou / LPF43.

Bien sûr, le succès du Puy Foot 43 Auvergne ne saurait se résumer à ces deux garçons. C’est bien la victoire de tout un groupe, qui s’est dépouillé pendant 90 minutes pour tenir ce 1 à 0. Une victoire qui devra impérativement servir en championnat, la priorité des priorités.

Le coach Roland Vieira, arrivé comme joueur en 2012, puis propulsé sur le banc en 2013 (dixième saison d’affilée), l’a d’ailleurs répété. Savourer la qualification, oui, mais pas trop longtemps.

L’adversaire du prochain tour, en 16e de finale, on en parle ? OK, oui, mais : « Moi, ce qui m’intéresse, c’est de gagner notre prochain match de championnat contre Nancy vendredi, prévient Vieira; Alors, comme on ne sera pas européen en fin de saison, le tirage, on verra bien… Maintenant, si j’avais un souhait, ce serait de vivre un nouveau match à Massot, afin de partager l’événement avec notre public, nos partenaires, nos salariés et nos 80 bénévoles qui ont été mobilisés pour ce match face à Nice et qui ont fait un boulot remarquable, parce que contre Lorient, en 2021, on avait gagné, oui, mais à huis-clos. »

Bon, pour le 16e de finale, ce sera bien à Massot, et face à Vierzon, un club promu en National 2. « Remember Rumilly » : après l’exploit face à Lorient, les Auvergnats étaient tombés de très haut un mois plus tard à Rumilly, en 8e de finale, où ils étaient complètement passés au travers (4-0). Une leçon à retenir.

Nancy vendredi à Massot

La joie de Mohamed Ben Fredj, unique buteur face à Nice. Photo Sebastien Ricou / LPF43

Mais avant Vierzon, il y a Nancy, un club qui frôle la catastrophe industrielle. Et avant Nancy, il y a donc eu cet indiscutable succès face à Nice, un moment rare pour un club amateur du 3e échelon (Le Puy Foot n’a pas le statu pro, contrairement à d’autres clubs de la poule).

On n’élimine pas tous les jours une équipe européenne ! Alors il faut savourer. Mais pas trop longtemps quand même, donc ! Au Puy, la joie ne dure pas plus de 24 heures. Le temps d’un dimanche. Car vendredi, c’est déjà Nancy qui vient à Massot, et le contexte sera complètement différent : retour au championnat face à un adversaire devenu un concurrent direct pour le maintien, l’objectif avoué des Ponots.

Et nouvelle équation à résoudre pour le coach Roland Vieira, suspendu face à Nice et perché en face de la tribune, sur l’échafaudage réservé aux caméras du diffuseur. Un Vieira pour qui la joie » ne dure que 20 minutes », et qui sait bien que les espaces seront moins larges que lors de ce 32e de finale face à Nice, typiquement le genre de match plus « facile », entre guillemets, à préparer, à aborder.

En National, dans un championnat aussi homogène, avec des blocs très resserrés, où les espaces sont plus rares, ce n’est vraiment pas la même limonade. « Il n’y a pas d ‘euphorie, parce que je le répète, on a des enjeux beaucoup plus importants, poursuit Vieira, rejoint cette saison sur le banc par un de ses anciens coéquipiers en jeunes à Lyon, Florent Balmont (tous deux ont gagné, ensemble, la coupe Gambardella en 1997, en lever de rideau de Montpellier-Nice au Parc des Princes; on doit juste de servir de ce match pour avancer, progresser. »

Mise en lumière

Depuis qu’ils collaborent ensemble, le manager Olivier Miannay (à gauche) et l’entraîneur Roland Vieira (à droite) ont connu de nombreuses émotions. Photo Sebastien Ricou / LPF43

Voilà, la coupe de France est repassée en Haute-Loire, et elle a encore accouché d’un exploit retentissant comme seule cette épreuve est capable d’en offrir (on a encore vu une Régional 1, le FCO Strasbourg, « taper » une Ligue 1, Clermont !).

Un exploit qui fera date, bien sûr, et trouvera une jolie place dans le livre d’or de ce club familial encore méconnu et que l’on confond souvent avec le site touristique du Puy du fou, en Vendée !

Non, le Puy Foot 43 n’a rien à voir avec les spectacles médiévaux chers à Philippe de Villiers, mais est capable d’assurer le spectacle 90 minutes durant comme cela a été le cas face aux Azuréens. Cela va servir sa promotion et, bien entendu, celle du staff et des joueurs. Car tout le monde le sait, la coupe de France est un tremplin pour moult coachs et joueurs.

Le stade Massot a fait le plein. Photo Sebastien Ricou / LPF43

« Oui, la coupe permet de se mettre en lumière individuellement et même si cela ne fait pas partie de ma philosophie, c’est tout de même une réalité, acquiesce Roland Vieira. On l’avait vu contre Lorient y’a deux ans où j’avais titularisé Lenny (Joseph) en attaque, qui n’avait disputé que 3 matchs de N2 avec nous cette saison-là, et qui dans la foulée de l’exploit et de son but, a signé à Metz en Ligue 1. Par exemple, pour nos joueurs prêtés cette saison, je pense à Yanis (Mbemba, FC Nantes), Momo (Mohamed Ben Fredj, Auxerre) ou Max (Maxence Rivera, Saint-Etienne), ce sont des matchs importants, mais ils le sont aussi pour tous les autres de mon équipe dont le National est le gagne-pain. Donc bien, sûr en Coupe de France, y’a vraiment une mise en lumière et un aspect individuel. »

Maintenant, avec cette performance de haute volée dans l’épreuve reine du football français, qui raconte chaque année de belles histoires et met en avant le travail des clubs amateurs et de ses acteurs, les Ponots ne doivent plus se cacher.

Christophe Gauthier, un président confiant

Christophe Gauthier, un président confiant. Photo Sebastien Ricou / LPF43

Croisé dans les allées du stade Massot dont la vue imprenable sur les monuments de la ville confère au lieu un charme dingue, et ce malgré la présence d’une piste d’athlétisme, le président Christophe Gauthier, chef d’entreprise apprécié et reconnu dans la région, réputé pour laisser travailler son staff, avait le sourire. Pas mécontent non plus de voir la manne financière représentée par une participation en 16e de finale (le club, qui dispose d’un budget d’environ 2,5 millions d’euros, est déjà assuré de toucher 102 500 euros de la FFF au titre de la dotation), il se voulait résolument optimiste quant au maintien en National.

D’abord parce que cette inter-saison a permis de procéder à quelques réajustements : le manager du club, Olivier Miannay, présent au club depuis 2018 et présenté comme un spécialiste de la division, s’active pour améliorer  et retoucher son effectif. D’ailleurs, quelques jours avant son 32e de finale, le club a enrôlé le milieu de terrain d’Annecy, Ligue 2, Alexandre Fillon. Et ce n’est peut-être pas fini.

Ensuite parce que, hormis une claque reçue au Mans (5-1), l’équipe tourne mieux et reste sur des résultats intéressants et prometteurs, notamment à l’extérieur, où lors des six derniers matchs, elle a signé deux nuls à Concarneau et Martigues, et engrangé un succès à Orléans.

Depuis cette saison, Florent Balmont est devenu l’adjoint de Roland Vieira. Photo Sebastien Ricou / LPF43

Invaincue à domicile tout au long de la saison passée en National 2, l’équipe de Roland Vieira pèche cette fois chez elle. Pourtant, hormis face au Red Star, elle a toujours rivalisé avec l’adversaire mais a manqué d’efficacité pour concrétiser ses occasions. Si bien qu’elle traîne ce boulet qui lui vaut aujourd’hui de figurer dans le wagon des relégables. Avec 11 buts inscrits, plus mauvaise attaque du National, c’est clairement insuffisant. Mais elle est aussi l’équipe qui a pris le plus de points (5 sur 9) face aux trois premiers du classement, Concarneau (0-0 à Guy-Piriou), Martigues (1-1 à Francis-Turcan) et Versailles (2-0 à Massot).

Maintenant, si elle réédite ce type de prestation en championnat, il est évident qu’elle prendra des points et se rapprochera de son objectif : « J’ai aimé nos sorties de balles, notamment lors de notre première mi-temps très aboutie, analysait le coach après Nice; j’ai aimé aussi la débauche d’énergie, la solidarité, l’envie de ne pas prendre de but. »

Enchaîner en championnat, voilà ce qui importe à l’entraîneur et à son staff – qui a également enregistré le retour à Noël de son préparateur physique Bertrand Dupuis -, conscients que le chemin non pas de Compostelle, mais celui qui conduit au maintien, est encore très long.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Sébastien Ricou / Le Puy Foot 43

Photo Sébastien Ricou / LPF43