Pendant que son frère jumeau Bradley, avec lequel il a longtemps évolué chez les jeunes, brille avec Brest en Ligue 1, l’ailier tente de faire décoller sa carrière chez les amateurs. Avec son club, pensionnaire de National 2, le joueur de 21 ans va affronter Strasbourg en 32e de finale de la Coupe de France.
En cette veille de Noël, samedi 23 décembre, une certaine effervescence régnait au Palais des Sports de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Les deux frères jumeaux, Bryan et Bradley Locko organisaient la MPA Cup, un tournoi en salle réservé aux 15-18 ans. Un moment de partage important pour les deux garçons. « Vitry, c’est ma ville, je reviens souvent voir des matchs, il y a des bons petits joueurs », sourit Bryan, 21 ans.
En 2019, les deux jumeaux avaient rejoint le centre de formation de Lorient. Si Bradley a éclaté au plus haut-niveau ces derniers mois en disputant l’intégralité des 17 matchs de Brest, équipe surprise de cette première partie de saison en Ligue 1, et en étant appelé par Thierry Henry en équipe de France Espoirs, Bryan, lui, évolue dans un certain anonymat à l’AOCC (Avoine Olympique Chinon Cinais, actuellement 9e de National 2).
Mais chez le joueur offensif de couloir, il n’y a aucune trace d’amertume. Juste une profonde détermination à gravir les échelons, sous les encouragements toujours bienveillants de Bradley.
Les 32es de finale de la Coupe de France vont offrir à Bryan une part de lumière. Samedi 6 janvier, à 18 heures, l’Avoine Olympique Chinon-Cinais va en effet recevoir Strasbourg, club de Ligue 1, au stade de la Vallée du Cher à Tours.
« C’est une bonne opportunité pour mon frère jumeau, estime Bradley. On va dire que ça peut être le match de sa vie qui peut rebooster sa carrière. Il a le niveau. S’il reste concentré et focus, il n’y a pas de raison pour qu’il ne me rejoigne pas un jour en haut…»
Pour 13HeuresFoot, Bryan Locko est revenu sur son parcours.
« Dans notre famille, on a tous joué au foot sauf ma petite sœur »
Avec deux parents qui ont joué au foot dont la mère Hermancia en Division 2 au Congo et qui a élevé seule ses enfants, le destin des frères Locko était tout tracé. « On a tous joué sauf ma petite sœur », explique Bryan qui a longtemps lié ses pas à son frère jumeau Bradley, né le 6 mai 2002 comme lui.
Après des débuts dans leur ville de Vitry-sur-Seine, ils rejoignent Ivry en U11 puis le CFF Paris (Centre de formation de football Paris), un club basé à Orly (Val-de-Marne). « Le CFF Paris a sorti beaucoup de joueurs, sa formation était réputée en région parisienne. Après, le Paris FC a construit son centre sur ses installations. »
Après le CFF Paris, les frères Locko ont plusieurs propositions en région parisienne pour évoluer en U17 nationaux. Leur choix final s’effectue entre le Paris 13 Atletico et Montrouge. « On a choisi Montrouge et on ne l’a pas regretté, sourit Bryan. On a vraiment réussi une sacrée saison sur le plan collectif et individuel. »
Le club des Hauts-de-Seine réussit en effet un exploit historique en étant le premier club amateur à se qualifier pour les demi-finale du championnat U17. La belle aventure s’achève à Béziers le 26 mai 2019 face au FC Nantes (4-0) de Quentin Merlin ou Lohan Doucet (prêté par Nantes au Paris FC).
Mais les jeunes de Montrouge se sont fait remarquer. Dix joueurs de l’effectif signent pour des centres de formation. Les frères Locko croulent sous les propositions. Ils choisissent tous les deux de rejoindre Lorient avec un contrat d’aspirant d’un an (plus deux en option). « On a décidé de rester ensemble comme depuis nos début, explique Bryan. On voulait continuer dans la même équipe car on était ensemble presque 24 heures sur 24 depuis qu’on était petits, vivre du foot ensemble et partager ces moments. Lui avait des propositions seul, moi aussi. Mais on a privilégié un choix familial. Amiens et Dijon nous voulaient aussi tous les deux. On a choisi Lorient. »
« On savait bien qu’on ne ferait pas toute notre carrière ensemble »
Mais en Bretagne, les choses ne tournent pas forcément bien pour les deux frères. C’est aussi le moment où leur maman tombe malade. A la fin de la saison, ils quittent Lorient. Pour la première fois de leur vie, leurs chemins doivent se séparer. En juin 2020, Bradley signe un contrat pro de trois ans avec Reims. Bryan se retrouve, lui sans club.
« J’étais content pour Bradley. On a aussi compris que c’était le moment de voler chacun de nos propres ailes. On savait bien qu’on ne ferait pas toute notre carrière ensemble. Quand on a signé à Lorient, on n’avait pas la maturité pour comprendre qu’il valait peut-être mieux travailler et réussir seul, chacun de notre côté. Maintenant, lui est heureux seul et moi je suis heureux seul. Le plus important est qu’on soit tous les deux heureux. »
Malgré leur séparation géographique, les deux jumeaux sont restés très proches. « On se parle et on s’envoie des messages tous les jours et on se voit dès qu’on peut. Je suis très fier de le voir aujourd’hui en haut. Dans une carrière, il y a toujours une part de choix et de chance. Bradley a certainement eu le déclic avant moi, il a davantage bossé que moi. Moi, je me suis mis au travail pour essayer d’atteindre aussi le haut niveau. J’ai compris qu’il n’y avait que le travail qui te faisait réussir, pas seulement les qualités. Mon frère Bradley me pousse vers le haut. »
« Ça m’a fait du bien de changer de cadre et de partir de Paris »
Après Lorient, Bryan reconnaît avoir bien « galéré ». « Je devais signer à Troyes mais il y a eu le covid et je me suis un peu blessé. »
Après une saison blanche, il rejoint le FC 93 Bobigny (N2) par l’intermédiaire de Thomas Berlette, son ancien coach des U17 à Montrouge qui avait signé dans le club du 93 avant de le quitter quelques semaines plus tard pour Reims. S’il effectue la préparation avec l’équipe première, il joue surtout avec les U20. L’équipe de Bobigny joue les premiers rôles en N2 et lui manque de régularité selon ses coachs. Bryan n’effectue qu’une seule apparition en N2, en entrant lors du temps additionnel le 19 février 2022 lors d’un match à Belfort (victoire 2-1).
A l’été 2022, il quitte la région parisienne pour le club de Châteauneuf-sur-Loire, une petite ville du Loiret, qui évolue en N3 : « ça m’a fait du bien de changer de cadre et de partir de Paris. Je me suis retrouvé seul à devoir me gérer, j’avais mon appartement. Ça m’a vraiment fait gagner en maturité. J’ai grandi dans ma tête. Châteauneuf-sur-Loire, c’est un bon petit club, on m’a fait confiance et j’ai marqué pas mal. »
Avec 14 buts et 3 passes décisives, il réussit une belle saison. Au mois de juin, il a plusieurs propositions. Il choisit Avoine-Chinon, une équipe qui a terminé championne du groupe de N3 où évoluait Châteauneuf-sur-Loire, devant le Tours FC, et qui est donc promue en N2.
Sa première partie de saison a été délicate avec 8 matchs joués et pas encore de buts marqués. Des débuts mitigés. « Les « stats », c’est important dans le foot maintenant. Je ne regrette pas mon choix d’avoir signé à Avoine-Chinon. C’est un club familial, je m’y sens bien. Je prends mes marques. J’espère bien finir la saison et m’imposer. C’est une nouvelle étape dans ma carrière pour continuer ma progression. »
Il espère maintenant briller contre Strasbourg en Coupe de France. « C’est un match pour se montrer et se faire remarquer. Il ne faut pas avoir peur de le jouer. Le foot, ça peut aller vite. Des portes peuvent s’ouvrir. »
Bryan Locko, du tac au tac
Meilleur souvenir ?
Ma signature au centre de formation de Lorient en 2019. Il y avait tout pour bien travailler avec des belles structures. Ça m’a fait murir physiquement.
Pire souvenir ?
La défaite en demi-finale des championnats de France U17 face à Nantes en 2019. On avait pris un vrai score, en plus (4-0). Après, forcément, mon départ de Lorient en 2020. J’aurais pu et dû faire mieux.
Ton geste préféré ?
Le un contre un. J’adore faire des crochets, j’ai une facilité à dribbler.
Qualités et défauts ?
La vitesse, le dribble. Je suis solide sur mes appuis, j’arrive à me retourner et tenir sur mes jambes. Après, je dois travailler la finition ainsi que mon physique pour mieux défendre.
Plus beau but ?
La saison dernière en N3 avec Châteauneuf-sur-Loire contre la réserve de Chartres. Le ballon est parti en l’air, je l’ai repris et ça a fini en lucarne.
Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
Mon frère Bradley, bien sûr ! A Montrouge, on avait une grosse équipe avec notamment Check Oumar Diakité qui a joué ensuite en L2 au Paris FC. Il est Turquie maintenant (Adanaspor). Au CFF Paris, il y avait aussi Brandon Soppy (Torino) et Ahmed Sidibé (Saint-Etienne).
Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Tidjany Touré, en jeunes, dans la région parisienne. Il était au Paris FC puis au PSG. Il était trop fort ! Comme il était de petite taille, tout le monde l’appelait Messi. Il est à l’étranger maintenant (Gil Vicente, prêté par le Feyenoord Rotterdam).
L’entraîneur ou les entraîneurs qui t’ont marqué ?
Thomas Berlette à Montrouge. C’est un super coach, humain, proche des joueurs qui envoie beaucoup de messages pour prendre des nouvelles. Il nous a tous fait progresser en nous tirant vers le haut. Cette saison à Montrouge, avec lui, ça a changé beaucoup de choses pour moi. Grâce à lui, j’ai eu un déclic. J’ai bien apprécié Joan Mély la saison dernière à Châteauneuf-sur-Loire
La saison ou le club ou tu as pris le plus de plaisir ?
Je me suis vraiment éclaté à Montrouge en U17 Nationaux et Châteauneuf-sur-Loire la saison dernière. C’était ma première saison complète à ce niveau, je m’y suis fait ma place.
Modèles ou joueurs préférés ?
Des dribbleurs comme Ousmane Dembelé ou Neymar. Mais celui qui m’a fait rêver plus jeune, c’est Robin van Persie. La classe…
Ton équipe préférée ?
Arsenal de l’époque. Il y avait van Persie, c’était le beau jeu.
Stade préféré ?
Je n’en ai pas visité beaucoup… Je dirais ceux de Reims et de Brest quand je suis allé voir jouer mon frère.
Tes occupations en dehors du foot ?
Je prépare un BPJEPS pour être éducateur sportif ou coach chez les jeunes. Ça m’occupe beaucoup. Je regarde aussi beaucoup de matchs à la télé. La L1, les championnats étrangers, à part l’Italie que j’aime un peu moins au niveau du jeu.
Si tu n’avais pas été footballeur ?
Le foot, il n’y a toujours eu que ça pour moi. J’ai essayé d’autres sports comme le basket mais non… L’école, ce n’était pas trop ça, non plus. A Lorient, on avait commencé un CAP plomberie. Mais je veux persévérer dans le foot.
Le milieu du foot en deux mots ?
Argent et business. Maintenant, on recherche les talents de plus en plus jeunes. En région parisienne, il y en a beaucoup et partout. Le foot, c’est aussi de la construction.
Coupe de France (32e), samedi 6 janvier, à 18h, à Tours, au stade de la vallée du Cher : Avoine Chinon (National 2) – RC Strasbourg (Ligue 1).
Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)
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D’Ivry au Zürich City SC en Suisse en passant par les Etats-Unis, Chambly et Montargis, le gardien franco-camerounais de 28 ans formé au RC Strasbourg a connu un parcours compliqué. Il a notamment vécu de grosses mésaventures à Chypre et au Danemark. De quoi nourrir quelques regrets sur ses choix de carrière.
Agents véreux, dirigeants mafieux… À 28 ans, Geraldo Bina a été touché de plein fouet par les côtés les plus sombres du foot. Quand il évoluait en réserve à Chambly (National 3) et à Montargis (N3), le gardien franco-camerounais rêvait d’une place dans la liste du Cameroun pour la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Alors, pour que le rêve se concrétise, il a tenté sa chance à l’étranger, à Chypre et au Danemark. Malheureusement, il y a connu de grosses désillusions, sans jamais y signer de contrat professionnel . « À Chypre, je suis tombé sur une bande organisée, ils m’ont fait perdre deux mois et ils m’ont mis dans la merde. »
Aujourd’hui, le joueur issu de la région parisienne a retrouvé une stabilité au Zurich City SC, qui évolue en « 2. Liga FVRZ « , le 6e échelon du championnat suisse. Même s’il s’est éloigné du haut-niveau, il n’a pas renoncé à ses rêves.
Repéré en jeunes à Ivry par Strasbourg
« J’ai choisi d’être gardien parce que je n’étais pas fort dans le champ et on m’a mis derrière », raconte-t-il. Comme beaucoup de jeunes débutant à ce poste, Géraldo est devenu gardien dans le club de sa ville, l’US Ivry (Val-de-Marne). « J’y ai pris goût ».
En U13 DH, il tape dans l’œil des recruteurs du RC Strasbourg et de l’AS Monaco. « Ils étaient venus à mon match contre Evry, je m’en souviens comme-ci c’était hier. J’ai vu le recruteur de Strasbourg mais je ne savais pas que c’était lui. Pendant le match, je sentais un regard insistant. À la fin, il est venu me parler. Puis il a envoyé une lettre au club, il est venu chez moi rencontrer mes parents. Ma mère était réticente au début mais elle m’a laissé partir à l’essai. Au départ ça ce n’était pas fait; ça s’est fait 3-4 ans après. »
Après avoir effectué sa formation au RC Strasbourg, il était présent dans le groupe alsacien qui a connu la montée de National en Ligue 2 en 2016. Mais pour trouver davantage de temps de jeu, il rejoint Chambly en National, comme troisième gardien, en juillet 2017.
Un échec aux États-Unis
Mais après seulement quelques mois passés entre le groupe National et la réserve en National 3, le Francilien s’envole de l’autre côté de l’Atlantique, au Spring Hill College. « J’ai eu l’opportunité de pouvoir partir aux États-Unis, étudier et continuer mon parcours sportif. J’ai vu la MLS, les États-Unis, le rêve américain… Donc pour moi, c’était inimaginable de rater une telle opportunité. » Ce nouveau choix de carrière, Geraldo y repense de temps en temps avec quelques regrets. « Le premier gardien de Chambly s’était blessé, il n’y avait plus de gardiens, ils ont dû recruter. J’aurais automatiquement progressé dans la hiérarchie, j’aurais pu avoir du temps de jeu et avoir ma chance en National très tôt. Mais une carrière, c’est fait de choix… »
Aux États-Unis, il n’est pas allé au bout de son cursus scolaire (Bachelor). « Ce cursus- là n’est pas fait pour des joueurs qui ont joué en U17-19 Nationaux et qui peuvent prétendre à autre chose. Le cursus des États-Unis, selon moi, c’est pour des gens qui ont joué en DHR-PH. Eux peuvent se dire « j’y vais me donner une chance ». Mais pour ceux qui jouent en N2-N3 ça ne sert à rien. La différence entre le foot européen et américain est technique et tactique. Eux, ils sont plus athlétiques mais au niveau de la tactique, c’est compliqué. Leur jeu est axé sur le physique. On est vraiment plus forts en Europe. »
Une fois sur place, son rêve américain est confronté à la dure réalité. « Il y a un nombre de places extra-communautaires limitées. Ils préfèrent payer des Zlatan, Messi, Beckham pour ces places-là et prendre plus d’américains. A la fin de ton cursus, t’es obligé soit de rentrer, soit de te tourner vers la 2e ou 3e division et c’est vraiment autre chose. »
« Si je n’étais pas parti de Chambly, j’aurais eu ma chance »
De retour à Chambly, il dispute plusieurs matchs avec la réserve en N3 et décide de signer à l’USM Montargis (N3 désormais en R1) en juillet 2020. « Mon statut a changé à Montargis. Je suis passé de gardien remplaçant à titulaire. J’avais plus de responsabilités. L’équipe comptait sur moi et j’ai endossé ce rôle-là super bien. J’ai répondu présent par rapport à mes performances. J’aurais aimé avoir cette confiance là à Chambly ou au RC Strasbourg. Mais il y avait des gardiens d’expérience et je comprends parfaitement la position des coachs par rapport à ça. »
Avec la Covid-19, les championnats de N2 et N3 se sont arrêtés. En continuant de suivre son ancien club, Geraldo Bina ne peut pas s’empêcher d’avoir des regrets. « Quand je quitte Chambly, on est en Ligue 2. Un soir, je suis devant ma télé et je vois que Chambly a une pénurie de gardiens (Xavier Pinoteau, Simon Pontdemé, Killian Le Roy, Victor Gassman) étaient blessé. C’est le coach des gardiens (NDLR: Vincent Planté, 40 ans, ex-pro) qui a été contraint de jouer. Je regrettais mon choix d’être parti, parce qu’à tout moment, j’aurais eu ma chance d’évoluer en Ligue 2. »
« J’ai payé un agent, c’était la première fois »
En juillet 2022, le Francilien d’origine camerounaise espère avoir une chance de rejoindre le groupe de son pays d’origine pour la Coupe du Monde au Qatar. Après quelques échanges avec le staff de la sélection, il décide de quitter l’USM Montargis dans le but de trouver un club plus haut dans la hiérarchie, en France ou à l’étranger. Cependant, tout ne se passe pas comme prévu. Il est victime du football business : « Un agent m’a envoyé dans un bourbier absolu. Je suis tombé sur cet agent sur les réseaux sociaux, par le bouche à oreille. Il m’a promis de m’envoyer dans un club à Chypre mais pour cela, je devais le rémunérer 500 euros. C’est la première fois que je payais pour jouer mais j’étais prêt à tout. J’ai mis un peu de temps à trouver l’argent. Il m’a mis la pression. Une fois arrivé là-bas, je n’avais jamais vu ça dans ma vie… On était hébergé dans un appartement minuscule et sale. Lors de mon premier entraînement, j’avais fait l’une de mes meilleures prestations en séance spécifique gardien. Le coach principal n’était pas là parce qu’il s’en foutait. C’était une mascarade. On devait s’entraîner avec le club et on s’est retrouvé dans une détection avec une vingtaine de joueurs. J’ai vite compris qu’on était dans un bourbier et qu’il n’y avait aucune réelle opportunité. »
Après avoir quitté Chypre, Geraldo se rend au Danemark, dans un club de 2e division. Mais la chance ne lui sourit toujours pas. « J’arrive pour signer pro, le club fait faillite parce que le président était un mafieux. Il donnait des contrats pros à tout le monde. La semaine où j’arrive tout se passe bien. Au final, on se fait « envahir » par les journalistes, on ne comprend rien à ce qui se passe. On arrive pour jouer dans un club et on se retrouve dans les médias. Encore un bourbier… »
« La Suisse, un nouveau pays, un nouveau foot à découvrir »
Sans club, Geraldo est obligé de faire une croix sur la sélection et la Coupe du Monde. « J’ai enchaîné Chypre et le Danemark… Des mésaventures qui m’ont rendu fou. » Au chômage, le mental du camerounais en prend un coup. « Je suis resté quelques mois sans jouer. J’ai refusé plein d’offres, des 400 euros en Grèce, des 500 euros à Gibraltar. Tu préfères rester chez toi au chômage et attendre la bonne opportunité. Mentalement, c’était dur, parce que tu vois tes collègues reprendre et toi, t’es à la maison. J’allais à la salle mais je trichais un peu parce qu’en tant que gardien, on n’a pas besoin du même « cardio » que les joueurs. »
En janvier 2023, il reçoit un coup de fil. « Mon pote m’appelle et me dit « je suis dans un club ici en Suisse, le Président a de l’argent et il a un projet pour monter au plus haut niveau suisse dans les années à venir. C’est le train qu’il faut prendre maintenant. » Moi, je n’avais rien, alors je me suis dit que c’était un nouveau pays à découvrir, un nouveau foot, pourquoi pas. »
Le club en question ? Zurich City SC, un club récent, fondé en 2020, qui évolue actuellement en… 6e division Suisse. « Le club a payé le billet de train, la nuitée à l’hôtel. Je suis venu m’entraîner et j’ai tout retourné. Le coach est tombé amoureux de moi. Il a dit « je peux arrêter de faire venir les gardiens, j’ai mon gardien ! » Après on a parlé du contrat, des conditions et ça s’est fait comme ça. »
« C’est le foot qui me dirige »
Empreint d’un réalisme forcé par son parcours atypique, Geraldo se projette avec précaution sur son avenir. « L’objectif avec le club, c’est la montée. On est passés premier juste avant la trêve, on n’a plus le droit à l’erreur, il faut tout gagner. J’ai le statut de gardien titulaire et je ne compte pas le laisser de sitôt. Je reste ouvert à tout projet qui peut déboucher à quelque chose. Je suis un passionné et c’est le foot qui me dirige. Je pense toujours à la sélection mais je suis conscient que c’est compliqué car on a une sélection ultra-sélective avec des critères spécifiques. Je laisse ça entre les mains de Dieu. »
Geraldo Bina, du tac au tac
Meilleur souvenir sportif ?
Le match contre le PSG au Camp des Loges avec Chambly en préparation. J’ai pu rencontrer Gianluigi Buffon pour la première fois; il y avait Rabiot, Verratti, ça restera mon meilleur souvenir.
Pire souvenir sportif ?
Quand je pars de Chambly, on est en Ligue 2 et je vais à Montargis pour avoir du temps de jeu. Je vois qu’en Ligue 2 à Chambly, il y a une pénurie de gardiens. Vincent Planté, l’entraîneur des gardiens, a dû jouer. J’étais devant ma télé et je regrettais mon choix d’être parti car à tout moment j’aurais eu ma chance d’évoluer en Ligue 2.
Combien de clean sheets ?
Cette saison 6 en 12 matchs.
Plus belle boulette ?
Avec Chambly en Coupe, j’étais capitaine. Je reçois un ballon en retrait sur mon pied gauche, le terrain était catastrophique. Je m’apprête à dégager pied gauche, la balle rebondit, je tape et elle repart en arrière. L’attaquant suit et marque.
Plus bel arrêt ?
Je dirais contre Schaffhausen la saison dernière avec Zurich City sur un coup franc, je me décale sur la gauche, il tire sur la droite et j’arrive à la dévier du bout des doigts sur la barre.
Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
Comme je suis un garçon c’est la première des choses qui s’offre à nous. Dans ma famille, on aimait tellement le foot que c’était une évidence.
Ton geste technique préféré ?
J’en ai deux. La volée couchée et le tour du monde !
Qualités et défaut sur un terrain ?
Qualités : fort sur ma ligne, jeu au pied, jeu aérien. Défauts : je peux paraître énervé, agacé par ce qui se passe devant moi et ça peut transparaître dans mon jeu.
Le club ou l’équipe où t’as pris le plus de plaisir ?
Chambly avec l’épopée de la Coupe de France quand on est allés en demi-finale (2018). Même si je n’avais pas beaucoup de temps de jeu, le groupe vivait bien. Strasbourg également : j’étais dans l’effectif quand on a fait National – Ligue 2, tout en étant au centre de formation (2016).
Le club où tu rêverais de jouer dans tes rêves les plus fous ?
Le Real Madrid ou Manchester City.
Un match qui t’as marqué ?
L’année dernière, on jouait la montée et on jouait contre les premiers. On menait 1-0 mais on se fait égaliser sur deux erreurs, sur lesquelles je suis impliqué. On perd le match 2-1 et ça nous empêche de concourir pour le titre.
Un coéquipier qui t’as marqué ?
Denis Bouanga (Los Angeles FC). J’ai joué avec lui à Strasbourg. Je pourrais aussi citer Aissa Laidouni (Union Berlin) ou Anthony Caci (Mayence). Ce sont des coéquipiers qui ont bien réussi.
Le joueur adverse qui t’as le plus impressionné ?
Quand on a joué contre le PSG en amical, Rabiot était incroyable. Dans le match, il a eu zéro perte de balle, protection de balle incroyable, il voit tout avant les autres. On ne voyait que lui sur le terrain.
Un coéquipier avec qui t’aimerais rejouer ?
Johan N’zi (Spartak Varna, 2e div Bulgarie), c’est tellement fort, il peut faire des différences à tout moment.
Un coach que tu aimerais revoir ?
Alexander Vencel au RC Strasbourg parce que c’est lui qui m’a donné ma première expérience professionnelle; il a eu confiance en moi. Je pense que si j’avais eu la maturité à ce moment-là, j’aurais pu avoir une trajectoire différente.
Une causerie de coach marquante ?
Quand j’étais aux États-Unis (Spring Hill College), on jouait la montée. Le coach fait une vraie causerie en anglais et il met une musique des Black Eyed Peas « I got a feeling, tonight’s gonna be a good night. » Première action, 1-0 pour l’adversaire. On a perdu ce match-là mais on a tellement rigolé de la causerie après.
Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Quand je quitte le RC Strasbourg pour Chambly, la première chose que mon coach me dit c’est « Geraldo, je ne veux pas que tu repartes de l’arrière. Envoie moi cette balle, même dans le champ là-bas, loin. » C’était bienvenu à l’échelon inférieur, je l’ai interprété comme ça.
Une anecdote de vestiaire ?
Aux États-Unis, ils sont très pointilleux sur les horaires. On avait entraînement le matin et les cours l’après-midi. On s’entraînait à 6 ou 7 heures du matin. Un jour il y a eu 2-3 retards. On s’est retrouvé à courir tout l’entrainement ! Un travail physique que je n’ai jamais vécu de ma vie.
Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
J’en ai pas mal qui étaient à la Coupe du Monde au Qatar. Denis Bouanga, Aissa Mandi, Stephane Bahoken …
Une devise, un dicton ?
Force et Honneur.
Termine la phrase : tu es un gardien plutôt…
Moderne. Je n’ai pas de limites. Je suis en constante progression, je ne refuse pas d’apprendre.
Un modèle de joueur ?
Cristiano Ronaldo; même si je suis gardien, sa mentalité est incroyable.
Une idole de jeunesse ?
Gianlugi Buffon.
Un plat, une boisson ?
Poulet DG, Bissap , les camerounais comprendront !
Tes loisirs ?
Ma femme, ma fille, regarder la TV.
Un film culte ?
Boyz’n the Hood, je peux le regarder 100 fois dans l’année.
Le club de Zurich City SC en deux mots ?
Avenir et sécurité.
Le milieu du foot en deux mots ?
Statistiques et business.
Texte : Olesya Arsenieva – Twitter : @ArseneviaO
Photos : Eric Cremois et DR
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Un an après avoir découvert le National 2 avec le Racing-club de France, le milieu de terrain de 27 ans, qui a aussi connu la vie active, a signé son premier contrat pro l’été dernier au Paris FC (L2), où il enchaîne les titularisations. Une trajectoire source d’inspiration. Comme quoi, rien n’est jamais fini !
C’est l’une des belles histoires de cette première partie de championnat en Ligue 2. Il y a encore quatre ans, Adama Camara évoluait en Régional 2 avec Montfermeil (93). Et jusqu’au début de la saison dernière, il était encore dans la vie active et travaillait en parallèle du foot.
Mais tout s’est accéléré ces derniers mois pour le milieu de terrain de 27 ans, originaire de Neuilly-sur-Marne, qui a signé en juin un premier contrat professionnel de 2 ans avec le Paris FC (L2) en provenance du Racing-club de France (National 2).
Gilli : « Il dégage une grosse sérénité »
Depuis sa remontée en L2 en 2017, le club parisien a souvent révélé à ce niveau, des joueurs issus du monde amateur, aux parcours atypiques, comme Cyril Mandouki (ancien surveillant de collège), Ousmane Kanté (ancien agent d’accueil à la Sécurité Sociale), Samuel Yohou (ancien standardiste au club), Thomas Delaine (ancien jardinier), Souleymane Karamoko ou encore Migouël Alfarela (ancien maçon).
Adama Camara, qui a disputé 17 matchs (10 titularisations) sur 19 de la phase aller cette saison, perpétue cette tradition de joueurs venus « d’en bas » dans le deuxième club de la Capitale. « Adama dégage une grosse sérénité par rapport à son parcours, estime son entraineur Stéphane Gilli. C’est un tout jeune dans le milieu pro mais il n’est pas jeune en termes de maturité. Il a une expérience de vie qui fait qu’il relativise pas mal de choses. »
Interview
« Ce n’est que le début ! »
Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
J’ai signé mon premier contrat pro à 26 ans. Je pense que mon histoire peut servir d’exemple pour les plus jeunes. Elle prouve que rien n’est jamais fini, même si on ne part pas en centre de formation ou si on n’est pas conservé dans un club pro. Tu peux faire tes saisons en National 2, te faire remarquer et rebondir. Le foot, ça peut aller vite. Quand on a eu mon parcours, quand on est allé chercher ça tout seul, on apprécie encore davantage ce qui nous arrive.
Plus jeune, aviez-vous effectué des essais pour partir en centre de formation ?
J’ai évolué dans de nombreux clubs du 93, Neuilly-sur-Marne, ma ville, puis Gournay, Gagny et Montfermeil, de U16 jusqu’en seniors, où est monté de R4 en R2. Mais je n’ai jamais eu de propositions. Quand j’étais à Montfermeil, j’ai juste pu effectuer des essais à Lorient en U19 et à Saint-Étienne en seniors. Pour moi, ça s’était bien passé. Mais je n’ai pas eu de vraies réponses. Il n’y a pas eu de suite, je ne sais pas pour quelles raisons… Dans ma génération à Montfermeil, beaucoup sont devenus pros comme Prosper Mendy, Joris Gnagnon ou Aïssa Laïdouni. Ce sont des parcours qu’on regarde. Aïssa Laïdouni, c’est forcément un exemple inspirant. Il est parti de bas, il a eu un parcours atypique, il a tout eu dans sa carrière, avant de connaître la CAN et la Coupe du monde avec la Tunisie, puis la Ligue des Ligue des champions avec l’Union Berlin.
En 2018, vous aviez même tenté l’aventure américaine…
Oui, je suis parti à Georgia Revolution, un club qui évolue dans l’équivalent de la 4e division là-bas. Mais je n’y suis resté que trois mois. Le but était de faire des matchs pour être remarqué par des équipes de MLS. Mais entre ce qu’on m’avait dit au départ et la réalité, il y avait une grosse différence. Je suis donc rentré à Montfermeil.
« Faire des petits boulots à côté était une nécessité »
Malgré tous ces échecs, l’objectif de devenir pro, a-t-il toujours été présent dans un coin de votre tête ?
Oui, j’ai toujours eu l’objectif de monter en haut, même si ça prenait un peu de temps. J’y ai toujours cru malgré le temps qui passait. Mes parents viennent du Mali, ils sont un peu loin du foot. Mais depuis que je suis tout petit, ils ont vu que j’étais foot, foot, foot…Donc, ils m’ont soutenu. Mes proches aussi ont toujours cru en moi. Beaucoup se demandaient pourquoi je n’y étais pas encore arrivé. Mais j’ai toujours travaillé à côté du foot. J’ai quitté l’école tôt, l’espoir de devenir pro était quand même assez lointain, donc avoir des petits boulots était une nécessité.
Dans quels secteurs avez-vous travaillé ?
J’ai commencé à travailler tôt chez Pizza Hut. J’ai été ensuite facteur à la poste de Montreuil (Seine-Saint-Denis), chauffeur de bus dans le secteur de Val-d ’Europe (Seine-et-Marne) puis livreur pour le Conseil départemental de Seine-Saint-Denis jusqu’à mes 25 ans. Le job à côté, c’était obligé car ce n’était pas avec le foot que je gagnais ma vie. Mais ces expériences m’ont enrichi. Quand on a connu la vraie vie comme moi, ça permet de relativiser beaucoup de choses. Il n’y a que depuis le début de la saison 2022-2023, quand on est monté en National 2 avec le Racing, que je ne fais que du foot à 100 %. Ça change les choses.
« J’ai quand même bien été ralenti par la Covid »
Vous n’avez découvert le niveau national qu’à 23 ans en signant à Noisy-le-Grand qui était promu en N3…
La saison d’avant, Noisy-le-Grand avait réussi un beau parcours en Coupe de France (16e de finale à Bastia) et était monté. Je n’avais connu que la R2 en seniors avant et j’ai passé un cap à Noisy-le-Grand. J’ai vu ce que c’était que le niveau national. Individuellement, je pense avoir réussi une bonne saison. Mais malheureusement, on est redescendu en Régional 1. On était relégables quand les championnats se sont arrêtés à cause de la Covid. Ça a été dur car on revenait bien. On aurait eu les moyens de se maintenir. Ensuite, j’ai signé au Racing, toujours en National 3. On était bien partis avec 5 victoires et 1 nul mais la saison s’est encore arrêtée en octobre à cause du virus : j’ai quand même été bien ralenti avec la Covid.
Vous avez ensuite explosé au Racing…
L’entraineur Guillaume Norbert connaît très bien le foot. Il est proche des joueurs. Il ne va pas aller recruter des noms. Il préfère s’attacher à la mentalité des joueurs, prendre des mecs qui viennent du bas et qui veulent aller en haut. On était beaucoup dans l’équipe à avoir cet état d’esprit. J’ai vécu trois belles saisons au Racing. La première a été arrêtée, mais lors de la seconde on a survolé le championnat et on est monté en National 2. Collectivement, on était vraiment forts. La saison dernière, on a été à la lutte pour l’accession en National avec le FC Rouen, ça s’est joué à des détails. C’est dommage de n’avoir pas pu connaître une deuxième montée tous ensemble avec ce groupe.
C’est la saison dernière que les équipes de Ligue 2 et de National ont vraiment commencé à vous suivre.
Comment l’expliquez-vous ?
Moi, fondamentalement, je n’ai pas l’impression d’avoir changé dans mon jeu. J’étais pareil qu’en N3, toujours dans le même registre. Après, peut-être que me consacrer uniquement au foot a joué. Quand on travaille à côté du foot, ça pompe quand même de l’énergie. Après entre le National 3 et le National 2, il y a quand même une grosse différence en termes de visibilité. Je pense qu’on était même meilleurs en N3. Mais il y n’y a que Moustapha Sangaré (à Amiens) qui est parti la première saison. En N2, on a eu davantage de sollicitations. On a réussi des gros scores, on marquait beaucoup de buts, donc ça a forcément attiré les recruteurs. On est deux à être partis en L2, moi au Paris FC, et Vénuste Baboula à Quevilly Rouen. Trois autres ont signé en National : Adama Niakaté et Arnold Vula, tous les deux à Orléans. Merwan Ifnaoui, avait, lui, signé en janvier au Red Star.
« C’est important de se sentir chez soi »
A part le Paris FC dont la cellule recrutement vous suivait depuis plusieurs mois, aviez-vous eu d’autres sollicitations ?
J’avais Annecy et Dunkerque en L2, et la moitié des clubs de National. D’où je viens, Annecy et Dunkerque, j’aurais pris tout de suite. Mais quand le Paris FC s’est manifesté, je n’ai pas hésité. Je suis Parisien, donc il n’y a rien de mieux que de jouer pour un club parisien. Je suis du 93, j’habite maintenant à Orly où est situé notre centre d’entraînement, donc c’est important de se sentir chez soi. Je n’ai pas trop eu à bouleverser mes habitudes. Je suis resté près de ma famille. Dans les tribunes, j’ai toujours plus d’une dizaine de mes proches qui viennent me soutenir. Ça donne de la force.
Vous attendiez-vous à jouer autant pour vos débuts en Ligue 2 ?
J’ai confiance en mes qualités et j’ai travaillé pour ça. Même si je viens du dessous, je savais que j’aurais ma chance. Je me suis bien acclimaté et la préparation s’est bien passée. Il m’a fallu un temps d’adaptation mais j’ai toujours figuré dans le groupe. Après, j’ai aussi profité des blessures (notamment celles de Lohann Doucet prêté par Nantes) pour enchaîner les titularisations. Sur le terrain, je me suis senti de mieux en mieux. On a un bon groupe qui n’a jamais lâché malgré les mauvais résultats. Maintenant, on a retrouvé une bonne dynamique.
Qu’est ce qui change le plus par rapport au N2 ?
Individuellement, les joueurs sont meilleurs en L2, donc dans le jeu, ça va plus vite, il y a davantage d’intensité. Mais ce qui change le plus, c’est tout ce qu’il y a autour, les stades, le public, la médiatisation.
Justement, comment passe-t-on de quelques centaines de spectateurs à des stades remplis comme quand vous avez joué le 4 novembre dernier devant 35 000 spectateurs à Geoffroy-Guichard ?
C’était une grande première pour moi, comme jouer à 15 heures en direct sur BeIN dans le match phare de la journée. Geoffroy-Guichard, c’est vraiment un stade mythique. On joue au foot pour connaître ces ambiances. C’était impressionnant à la reconnaissance terrain, on entendait siffler. Mais une fois que le match est lancé, on oublie tout ça et on joue. Ce jour-là, on a gagné (1-0) donc c’était encore plus fort comme sensation.
Comment voyez-vous la suite. Pensez-vous à une sélection avec le Mali ?
Je suis d’origine malienne donc forcément, ce serait un rêve d’être appelé. Mais pour le moment, je n’ai pas été approché. Après, à mon poste, c’est un peu compliqué. Au milieu, il y a des joueurs comme Cheick Doucouré (Crystal Palace), Mohamed Camara (Monaco) ou Amadou Haidara (RB Leipzig) … Mais quand on vient du bas comme moi, il ne faut pas se fixer de barrières. Ce n’est que le début. j’espère jouer un jour en 1ère division dans l’un des cinq grands championnats.
Au Racing, il y a votre petit frère Ibrahim (23 ans) qui joue au même poste que vous. Peut-il suivre vos traces ?
Oui, car il est plus jeune que moi, il joue en N2 et a déjà un très bon niveau. Moi, j’ai découvert le N2 à 25 ans…Il a donc une plus grosse marge de progression que moi. Il était à Neuilly-sur-Marne en Régional 1 la saison dernière et il a fait deux montées de R2 à N3 avec le club de notre ville. Je le suis à fond. Malheureusement, le Racing joue aussi le samedi, comme nous, donc je n’ai pas pu encore aller les voir.
Adama Camara, du tac au tac
Meilleur souvenir ?
Ma signature au Paris FC. C’était la concrétisation de mon travail.
Pire souvenir ?
La descente en R1 avec Noisy-le-Grand.
Combien de buts marqués ?
Dans les championnats nationaux, 3 à Noisy-le-Grand et 14 en trois saisons avec le Racing. A Montfermeil, beaucoup mais je jouais plus haut, en 10, dans un 4-4-2 en losange. Je suis un milieu qui a l’habitude de marquer. J’attends maintenant mon premier but en L2 ! J’ai failli marquer contre Concarneau, j’avais dribblé le gardien… Quand j’aurai enfin marqué ce premier but, ça va en déclencher d’autres…
Le plus beau but ?
Contre Meaux en National 3. On gagne 5-0 et je mets un doublé. Le premier, je dribble deux joueurs puis le gardien. Le deuxième, c’est une frappe de loin.
Votre meilleur match ?
En National 3, contre Meaux et Blanc-Mesnil. En National 2 la saison dernière, j’ai été pas mal à Caen, Guingamp, Rouen et Beauvais. Cette saison en Ligue 2, je dirais Bastia et individuellement Bordeaux même si on perd à la 94e minute (1-2).
Votre pire match ?
Cette saison en L2, je dirais Angers (défaite 2-0). Collectivement, on est passé un peu au travers et moi je n’avais pas fait un bon match. A Guingamp, on gagne 1-0 mais j’étais moins bien aussi.
Qualités et défauts ?
La vision du jeu. Je suis un joueur d’équipe. Je donne tout pour l’équipe. Après, je dois progresser physiquement et être plus décisif.
La saison où vous avez pris le plus de plaisir ?
En 2021-2022, quand on monte de N3 en N2 avec le Racing. On termine avec 11 points d’avance, la meilleure attaque et la meilleure défense. Moi, j’avais mis 7 buts.
Le club où vous auriez rêvé de jouer, dans vos rêves les plus fous ?
Plus jeune, le Barça. Maintenant, j’espère jouer un jour en 1ère division dans l’un des cinq grands championnats. Ce n’est pas un rêve, c’est un objectif.
Un stade et un public qui vous a marqué ?
Forcément Geoffroy-Guichard cette saison avec le Paris FC. En National 2, le stade Robert Diochon à Rouen. C’est la première fois que je jouais devant autant de monde. On voit que Rouen, c’est un club populaire.
Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Cette saison au Paris FC, Ilan Kebbal. Il est trop fort. Au Racing, Abdelrafik Gérard. Je me suis surtout entrainé avec lui car malheureusement, il s’est blessé. Au Racing, je citerais aussi Merwan Ifnaoui, Vénuste Baboula et Adama Niakaté.
Le coéquipier avec lequel vous avez le meilleur feeling sur le terrain ?
Adama Niakaté au Racing pendant trois saisons. Au milieu, on formait la paire idéale. Comme moi, il vient du bas (Cergy-Pontoise, R1) et comme moi il est devenu pro cette saison à Orléans (National).
Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Cette saison, j’ai bien aimé Himad Abdelli d’Angers. Gauthier Hein d’Auxerre aussi.
L’entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
A Montfermeil, Abdelaziz Kaddour. Au Racing, forcément Guillaume Norbert. Si j’ai signé pro, c’est grâce à lui. Il m’a fait progresser et m’a toujours dit « J’ai une totale confiance en toi ». J’ai une anecdote sur mon arrivée au Racing en 2020. Quand on a joué contre eux en N3 avec Noisy-le-Grand, un coéquipier me dit : « Le coach du Racing t’apprécie, il veut te faire venir. » J’ai gardé ça dans un coin de ma tête. La saison s’est arrêtée avec la Covid et en juin, je cherchais un club. J’ai donc appelé Guillaume, je lui ai laissé un message en me présentant. Mais il ne m’a jamais rappelé. Je ne suis pas du genre à insister donc j’ai laissé tomber. C’est son adjoint qui m’a contacté quelques jours plus tard. En fait, c’est lui qui voulait me faire venir, pas forcément Guillaume ! Je suis venu à une séance et j’ai signé. Avec Guillaume, on en rigole quand on y repense. Au Paris FC, on a un coach, Stéphane Gilli, qui est très proche des joueurs. Il y a aussi tout son staff. C’est un autre monde par rapport au Racing où presque tout reposait sur Guillaume Norbert.
Vos amis dans le foot ?
A Paris, je connais beaucoup de monde… Mes vrais amis, ce sont mes anciens coéquipiers du Racing. On était une vraie bande de potes. On est toujours en contact.
Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Je suis en contact avec Aissa Laïdouni via les réseaux.
Vos modèles dans le foot ?
A mon poste, des joueurs comme Iniesta, Thiago Motta et Yaya Touré.
Vos occupations en dehors du foot ?
Je suis très casanier. Je reste à la maison, je me repose, je fais des siestes. Je rentre aussi souvent chez mes parents, je vois mes petits frères. Je suis très famille.
Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
La vie active, je connais. J’aurais continué à travailler tout en jouant au foot.
Le milieu du foot, en deux mots ?
Mon histoire montre que tous les rêves sont permis dans le foot. Je viens du milieu amateur mais je n’ai encore rien vu qui m’a vraiment choqué.
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Le Brestois, arrivé sur le tard à l’âge de 24 ans dans le monde pro à Guingamp, et révélé dans les années 2010 à Plabennec en CFA et en National, prend toujours autant de plaisir à 37 ans à Saint-Brieuc, en N2, où il prépare également sa reconversion.
Entretien réalisé avant le match de la 12e journée de National 2 entre le Stade Briochon et l’US Granville (0-0).
Christophe Kerbrat est né à Brest, supporte le Stade Brestois, mais n’y a jamais joué. Car c’est à une quinzaine de kilomètres de là qu’il est né au football, au Stade Plabennecois. À « Plab », pour les intimes. Là où il a enfilé ses premiers crampons, avant même l’âge légal pour obtenir une licence : « Je jouais au foot dans le jardin, à la maison, puis quand j’ai été en âge de prendre une licence, je me suis inscrit à Plabennec, là où mon père et mon frère ont joué aussi. »
Le Finistérien domicilié à Morlaix n’a même jamais affronté le Stade Brestois en compétition officielle ni d’ailleurs porté aucun autre maillot que celui de Plabennec… dans son département ! « J’ai juste joué contre eux en matchs amicaux. C’est le club de chez moi, donc c’est particulier. Ce n’est pas un regret, c’est comme ça. Mais j’aime bien l’atmosphère du stade Francis Le Blé. J’aime bien aller au match, mes neveux y jouent maintenant. »
Attaquant puis milieu puis…
En revanche, Christophe Kerbrat – prononcer le « t » de Kerbrat – a porté pendant neuf saisons (2011 à 2020) celui du voisin des Côtes-d’Armor, l’En Avant de Guingamp, pour son unique passage chez les pros (dont 6 saisons en Ligue 1 tout de même !), avant de « terminer » sa carrière, toujours dans le « 22 », au Stade Briochin, qu’il a rejoint en 2020 en National, et où il continue aujourd’hui, à 37 ans, d’apporter son expérience en National 2.
C’est donc bien à Plabennec, et non pas à Brest, que tout est parti pour celui qui avait commencé attaquant, puis excentré droit, puis numéro 6 en National sous l’ère Franck Kerdilès avant de reculer au poste de défenseur central, sur les conseils de Jocelyn Gourvennec à Guingamp. Une bonne intuition de l’actuel coach des Canaris de Nantes, qui avait repéré ce vif et actif milieu défensif lors de la saison 2010-2011 en National, lors des matchs Plabennec-Guingamp. Et si le baptême du feu au poste de stoppeur, deux ans après son arrivée à l’En Avant, fut un très mauvais souvenir – « C’était pour mon premier match de Ligue 1 contre Marseille, on perdait déjà 3 à 0 au bout d’une demi-heure… » -, la suite fut bien meilleure, avec notamment un succès en finale de la coupe de France en 2014, face à Rennes, au Stade de France (2-0). Son meilleur souvenir, comme il la raconte un peu plus loin dans l’interview « du tac au tac ».
Retour en National, 9 ans après
Avec les Griffons, où il a posé ses valises en 2020, il a participé aux trois saisons dans l’antichambre de la Ligue 2 BKT. Mais en juin dernier, le stade Briochin est descendu en National 2, malgré une remontée fantastique au classement, amorcée par Karim Mokeddem, n’échouant qu’à deux petits points du premier non-relégable, le FC Bourg-en-Bresse/Péronnas 01, relégué administrativement quant à lui.
Neuf ans après, « Chris » retrouvait donc le National, et mesurait la différence et l’évolution de cette compétition qu’il avait connue avec Plabennec pendant deux saisons (2009 à 2011).
« Tout a évolué ! Alors déjà pour nous, à l’époque, avec Plabennec, c’était une grosse découverte. Il y avait un gros niveau avec Strasbourg, Bastia, Amiens, Reims, Guingamp, Cannes, c’était un VRAI championnat mais là, avec Saint-Brieuc, quand on a joué en national (2020 à 2023), j’ai vu la différence : tous les clubs sont structurés, les terrains sont en meilleur état, les équipes sont au point tactiquement et physiquement. Il y avait déjà de très bons joueurs, comme Jan Koller à Cannes ou Laurent David chez nous. Aujourd’hui, le National tend vers le monde pro. À l’époque, on savait qu’il y avait 4 ou 5 grosses équipes et le reste, ça se « tapait », c’était des matchs couperet. Aujourd’hui, il n’y a jamais un match facile, c’est toujours le combat, c’est un championnat éprouvant : avec Saint-Brieuc, je n’ai pas ou peu de souvenirs de matchs avec plus de deux buts d’écart. »
Et les années « Plab » en National, qu’en garde-t-il ? « Il y avait du monde au stade de Kervéguen, il y avait une atmosphère, on a vraiment fait des gros matchs. C’était difficile de venir chez nous. On avait beaucoup de qualités, il y avait une ambiance de copains, on était tout le temps ensemble et sur le terrain on était des chiens. Les adversaires pouvaient gagner mais il fallait qu’ils soient meilleurs que nous et qu’ils enfilent le bleu de chauffe ! »
Les sollicitations du Finistère
S’il a longtemps cru un repêchage en National possible l’été dernier, surtout après les déboires de Nancy et Sochaux, il a finalement dû se résoudre à repartir au 4e échelon, en N2, toujours avec Christophe Kerbrat, dont les sollicitations n’ont pourtant pas manqué à l’inter-saison. « C’est vrai que la descente n’a pas été évidente à vivre, mais en même temps, on était préparé à ça car on avait vraiment très mal commencé le championnat. On était donc programmé pour vivre une saison comme ça mais j’avoue que jouer la descente, c’est fatigant, encore plus quand c’est avec un club que l’on aime; ça m’a vraiment touché. En plus, après, ça, la gestion de l’intersaison du championnat National a été, pour moi, un fiasco total. Heureusement, chez nous, au Stade Briochin, elle a bien été gérée. »
Tellement bien gérée que Christophe, surnommé « La ker » depuis ses années guingampaises, a rempilé, alors que la plupart des clubs amateurs du coin lui faisaient les yeux doux ! « Beaucoup de clubs du Finistère me courtisaient, raconte-t-il; j’ai voulu rencontrer tout le monde, je suis comme ça, j’aime bien discuter avec les gens. J’ai eu des rendez-vous sympas, avec des belles personnes. À la fin, cela s’est joué entre l’AG Plouvorn en Régional 1 et Saint-Brieuc. Finalement, j’ai décidé de rester avec Guillaume (Allanou, le président des Griffons), qui me propose un plan de reconversion, et le nouveau coach (Roland Vieira), dont le discours a aussi fait pencher la balance. J’ai 37 ans, j’ai encore envie de jouer à un certain niveau même si, à mon âge, je pense à la reconversion, qui est presque plus importante, et aussi à me faire plaisir sur le terrain, au quotidien. Et c’est le cas aujourd’hui au Stade Briochin. J’ai fait le choix de la reconversion, de pouvoir rester dans le sport et de jouer au foot avec un vestiaire au top. J’aime ce mélange dans le groupe, avec des jeunes de 20 ans et des trentenaires. »
Début de saison compliqué
Quid de sa reconversion ? « Je passe un diplôme universitaire à distance avec l’Université de Lyon dans la gestion des organisations sportives, en parallèle du foot, et j’effectue ma formation avec le Stade Briochin. Avec mon président, on a un plan sur la durée. C’est important d’avoir de la stabilité. »
La stabilité, la continuité, c’est justement ce qui fait défaut aujourd’hui aux Griffons, actuellement 9es sur 14, et dont le début de championnat en N2 s’est avéré compliqué. Au sortir d’une petite série de deux bonnes victoires à Saint-Malo (3-1) et face à la réserve de Lorient (2-1), à laquelle s’est ajoutée une jolie « perf » au 7e tour de la coupe de France face à la Ligue 2 de Concarneau (3-3, 5-3 tab), les joueurs de Roland Vieira, qui semblaient avoir redressé la barre, ont subi trois nouveaux coups d’arrêt, contre Chambly et à Aubervilliers en championnat, et face aux Herbiers (N2) en 64es de finale de la coupe de France (élimination 2-1). « On a mal démarré aussi, mais il n’y a pas eu beaucoup de non-match, sauf à Aubervilliers où on s’est fait manger dans tous les compartiments du jeu (défaite 3-1, 10e journée). Ils nous ont montré ce qu’il fallait faire à ce niveau. Contre Chambly (0-1), on a commis une erreur, ils ont marqué sur penalty… voilà quoi…. Il faut que l’on soit plus tueur dans les deux surfaces. »
« Je ne suis pas un donneur de leçons »
Forcément respecté dans le vestiaire pour sa carrière et son palmarès (6 saisons de Ligue 1 et trois de L2 avec Guingamp, une victoire en coupe de France et une finale de coupe de la Ligue), « Chris » sait qu’il tient un rôle important mais lui ne surjoue pas : « Avec Benjamin Angoua (Valenciennes, Guingamp), James Le Marer, qui est là depuis longtemps, Franck L’Hostis, Mickaël Martin et d’autres, on a des joueurs d’expérience. Moi, je ne suis pas un donneur de leçons. Je peux prendre la parole pour mobiliser les troupes ou quand quelque chose m’agace, mais sinon, non. »
S’il s’est retrouvé à Saint-Brieuc après une dernière saison en Ligue 2 avec l’En Avant (2019-20), ce n’était pas son premier choix. A vrai dire, il avait même envisagé de partir à l’étranger : « Je voulais connaître un autre football. J’ai voulu tourner la page de Guingamp et partir, c’est vrai, c’était même un projet familial. Mais à chaque fois, quelque chose n’a pas collé et je n’ai pas pu conclure, que cela soit à Chypre ou en Suisse. Mais je n’ai pas de regret, c’est comme ça. Maintenant, l’étranger, et bien j’y vais, mais en vacances ! »
Christophe Kerbrat, du tac au tac
« Les datas, les schémas, les calculs, ce n’est pas mon truc ! »
Es-tu content de succéder à Herman Koré dans cette rubrique ?
(Surpris) Oui oui ! C’est aussi quelqu’un qui a fait les belles heures de Concarneau. Je le connais de nom.
Ton meilleur souvenir ?
Forcément, la finale de la coupe de France, remportée en 2014, avec Guingamp, contre Rennes (2-0). Après, il y en a eu beaucoup, comme ce 8e de finale de coupe de France avec Plabennec (en 2010-11) : on était en National et on avait éliminé deux clubs de Ligue 1, Nice chez nous (2-1) et Nancy chez eux (2-0). Malheureusement, je n’avais pas disputé le 8e de finale cotre Auxerre (élimination 4-0) car j’étais suspendu. La coupe, ce sont des émotions particulières. Bien sûr, il y a eu aussi les montées de CFA en National avec Plabennec, la montée en Ligue 1 avec Guingamp, la coupe d’Europe, les trois saisons aussi en National avec Saint-Brieuc même si ça c’est mal terminé.
Pire souvenir ?
Les descentes. Une avec Plabennec en CFA (N2), une avec Guingamp et une avec Saint-Brieuc. Ce n’est jamais facile à vivre, les saisons sont longues… Il y a eu aussi deux éliminations avec Guingamp en demi-finale de la coupe de France (2015 et 2017) et une en 16e de finale de l’Europa League par Kiev, alors qu’on avait largement la place de passer.
Combien de buts marqués ?
Pas beaucoup ! Deux avec Guingamp et là, je dois être à quatre avec Saint-Brieuc. Avec Plabennec, en revanche, je ne sais pas.
Attaquant, milieu ou défenseur ?
Je jouais attaquant en jeunes et en équipe C à Plabennec aussi. Et au fur et à mesure j’ai reculé. C’est Bernard Maligorne, le coach de Plabennec (avant Franck Kerdilès), qui m’a fait reculer. J’ai aussi joué excentré. C’est là que je suis passé milieu récupérateur. À Guingamp, un jour, il y a eu une hécatombe de blessés et le coach Jocelyn Gourvennec m’a demandé de dépanner derrière. Je n’ai plus quitté ce poste. J’ai pris ça comme une chance. Je ne connaissais pas le poste, donc je me suis dit que j’allais faire du mieux que je le pouvais. J’ai mordu dedans, je ne me suis pas posé de questions… sauf peut-être la première fois, contre Marseille, avant mon premier match : ce soir-là, ça ne s’était pas bien passé, avec une première demi-heure très difficile (l’OM menait 3-0 et s’était imposé 3-1). Mais le coach a conservé sa confiance envers moi : je pense que d’autres à sa place m’auraient fait sauter (sic) ! Mais lui, pas du tout. Et je me suis senti de mieux en mieux. Il m’avait repéré en National, avec Plabennec, on avait fait deux très bons matchs contre Guingamp cette saison là.
Plus beau but ?
En CFA contre la réserve du PSG. Un corner de Laurent David en retrait et je frappe dans la foulée.
Le match où tu t’es senti le plus fort ?
La finale de coupe de France. On était intouchable. On l’a senti tout au long du match. Il n’y avait pas eu photo.
Le pire match ?
Ce n’est pas un match mais les 30 premières face à l’OM pour mon premier match en Ligue 1 ! A 0-3, on est seul au monde dans ces cas-là, comme un tennisman qui n’est pas dans un bon jour !
Pourquoi as-tu fait du foot ?
Parce que je suis issu d’une famille de sportifs. Mon père jouait au foot, mon frère Sébastien et mon beau frère Didier Ettori jouaient à Plabennec, donc logiquement, j’allais au stade, j’étais tout le temps sur les terrains. Mon frère a un peu joué en équipe première.
Ton geste technique préféré ?
Le tacle ou la transversale.
Qualités et défauts selon toi ?
Défaut, je dirais le jeu de tête, ce n’est vraiment pas ma qualité, en plus, il y a de pus en plus d’attaquants athlétiques ! Mais je compense avec l’anticipation, mon point fort.
Pourquoi n’as tu jamais joué dans un club un peu plus huppé que Guingamp ?
Je ne sais pas… De toute façon, je n’ai aucun regret, ça s’est fait comme ça. Je suis arrivé sur le tard en pro, à 24 ans, donc j’ai joué la sécurité : à chaque fois que j’ai eu une proposition de prolongation de contrat, j’ai sauté dessus. C’était une manière de protéger ma famille. J’ai bien eu une opportunité de signer au Havre avec Paul Le Guen quand on est descendu de L1 en L2 avec Guingamp. Tout était bouclé. Finalement, ça ne s’est pas fait. Mais j’aurais du partir, j’ai fait une erreur de ne pas y aller. C’est comme ça, il ne faut pas regretter, sinon on se morfond. Je suis content de mon parcours.
La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
La saison 2013-2014 avec Guingamp, et le titre au bout, en coupe. On avait vraiment une équipe, pas les plus grands noms, certes, avec un coach, Jocelyn Gourvennec, qui maîtrisait tout. Cette épopée nous a servis en championnat car on a réussi à se maintenir. La première saison en National avec Plabennec aussi, on était une équipe, l’ambiance, tout ça, il y avait un truc. Et je retrouve un peu ça à Saint-Brieuc, où on a plaisir à se revoir chaque matin, comme une famille.
Milieu pro ou milieu amateur ?
Ce sont deux mondes différents mais au final, la vérité vient toujours du terrain ! En pro ou en amateur, il faut toujours que le mec ait envie de se défoncer pour son coéquipier, il faut le don de soi, l’esprit d’équipe. Je ne suis pas dans l’individualisme. Pour moi, le collectif prime, et au delà de ça, à Saint-Brieuc, il y a un truc différent : ce n’est pas que l’équipe fanion, c’est un ensemble, c’est le club en lui-même, ce sont les éducateurs qui sont multi-taches, ce sont les gens qui travaillent dans les bureaux, les bénévoles qui sont partout, toujours là pour nous qui sommes sur le terrain. C’est une obligation de se défoncer pour tous ces gens-là, qui oeuvrent pour que le foot amateur vive.
Ce que ton parcours chez les amateurs t’a apporté ?
Quand j’étais dans le foot amateur, tout le monde me disait que le foot pro, ce n’était pas pour toi : je pense que l’on a un regard un peu fossé sur ce qui se passe dans un vestiaire pro. Quand je suis arrivé dans le vestiaire à Guingamp, c’était des mecs simples, comme à Plabennec, je n’ai pas vu de différence. Et puis Jocelyn (Gourvennec) a fait ce groupe top, donc a transition entre Plab’ et Guingamp s’est faite naturellement; à Plab, je voyais le foot comme un jeu, même encore aujourd’hui à 37 ans, forcément, parfois, il y a de l’adrénaline ou du stress, mais une fois sur le terrain, c’est un jeu. J’ai essayé de ne pas changer, même si je faisais plus attention à l’extra-sportif quand je suis arrivé en Ligue 1, comme la nourriture, le sommeil ou la récupération, mais je n’ai pas arrêté de vivre, j’avais la vie de monsieur et madame tout le monde. Mais le fait d’arriver dans ce milieu, j’ai mis une carapace, je n’allais pas sur les réseaux. Tous ces commentaires, ce n’est pas monde, même si je sais que les critiques, comme se faire traiter de « truffe » après un match, ont pu toucher ma famille. Moi, j’étais dans une bulle.
Un stade mythique ?
Le Stade de France, forcément, car jamais je n’aurais pensé y jouer une fois dans ma carrière ! Le parc des Princes aussi même si, quand j’étais petit, j’étais plutôt pour l’OM… mais le Parc, c’est quelque chose quand même.
Un public ?
Saint-Etienne. On sent la ferveur et ça pousse. Lens aussi, même si je n’y ai joué qu’en L2.
Un coéquipier marquant ?
Il y en a plusieurs. D’abord, à Plabennec, c’est l’équipe. Des valeurs que j’ai retrouvées sur mes première saisons à Guingamp. C’était l’équipe au dessus d’une individualité. Après, des joueurs marquants, Clément Grenier, Marcus Thuram, Ludovic Blas, ils ont un truc particulier.
Le joueur avec lequel tu avais le meilleur feeling ?
A Plab’, Steven Coat, on n’avait pas besoin de se parler, on voyait le foot de la même manière, et à Guingamp, Jonathan Martins-Pereira, le latéral droit. Enfin, à Saint-Brieuc, Benjamin Angoua et James Le Marer.
Des amis dans le foot ?
Des vrais amis, il n’y en a pas beaucoup. Mais je me suis entendu avec tout le monde.
Quels résultats regardes-tu en premier ?
Je regarde les résultats de Guingamp, de Plabennec, et de Nîmes car j’ai mon pote Thibault Giresse qui y est (entraîneur-adjoint en National), et ça ne va pas fort en ce moment…
Un adversaire qui t’a impressionné ?
Cavani. Il ne lâchait jamais rien, il fallait toujours être sur le qui-vive. J’admirais sa mentalité.
Une équipe qui t’a marquée ?
Le PSG quand Neymar signe, il dispute son premier match au Roudourou, c’était impressionnant …
Pas l’OGC Nice ?
(rires) Pourquoi ?
Ils ont gagné 7 à 2 une saison à Roudourou (en 2014) …
(Rires) Non même pas ! Et la seule fois ou ce Brésilien, Eduardo, a marqué 5 buts, c’était contre nous, évidemment (rires) !
Un coéquipier perdu de vue ?
Jonathan Martins-Pereira. Il est à Lens aujourd’hui (coordinateur sportif). La distance fait que…. Mais ça sera un grand plaisir de le revoir.
Un coach ?
Jocelyn (Gourvennec), je l’ai revu, il est particulier pour moi, c’est lui qui m’a fait connaître toutes ces émotions-là, mais pour en arriver là, il y en a eu d’autres avant lui, comme Bernard Maligorne et Franck Kerdilès, à Plabennec. Aujourd’hui, à Saint-Brieuc, on a un coach (Roland Vieira) qui rentre dans ces valeurs-là, qui ressemble à ce que j’ai connu avant; au niveau des valeurs et de la vision du foot, pas besoin d’en faire des tonnes, j’aime beaucoup. Le foot a pris une tournure différente : les coachs avec lesquels ça a le mieux marché pou moi, ce n’était pas des coachs à « la manette », parce que les datas, les schémas tactiques, tous les discours autour du foot, où tout est calculé, où tout est programmé, c’est ennuyeux. Le foot est un jeu pour moi. Or, je trouve que ce n’est plus assez un jeu. Ce n’est pas mon foot à moi.
Tu aurais dû arriver dans le foot 10 ans plus tôt ?
Non mais pour moi c’était très bien ! J’ai connu des top coachs, des top partenaires, donc ça l’a fait ! J’ai réussi à passer entre les mailles de toutes ces statistiques, de toutes ces datas !
Un président marquant ?
Hervé Foll à Plabennec et Guillaume Allanou à Saint-Brieuc.
Un entraîneur que tu n’as pas envie de recroiser ?
(il soupire) Ouep mais euh… trois petit points…
Une causerie marquante ?
Il y en a deux : celle de Jocelyn avant la finale de la coupe de France, où il a su créer quelque chose avec son discours et ses vidéos, et on est arrivé sur la pelouse en étant sûrs de nous mais sans se la raconter, on savait pourquoi on était là, on était serein calme. En plus, Rennes, on les avait battus deux fois dans la saison. Et une de Franck Kerdilès avant le match à Nancy en coupe.
Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Marcus Thuram.
Des manies avant un match ?
Quand je savais que ma famille venait au match, j’aimais bien repérer l’endroit où elle était, pouvoir les visualiser avant que le match ne commence, et c’est toujours le cas encore maintenant. C’est une manière de me rassurer aussi de savoir que mes enfants, Nala (9 ans) et Enzo (6 ans), sont là avec leur maman.
Tu es un défenseur plutôt…
(Rires) Malin !
Un modèle de défenseur, de joueur ?
Mes modèles, comme tout le monde, c’est Zidane, mais j’aime beaucoup le Sergio Ramos du Real Madrid, il a tout, il déteste perdre, il apporte sa grinta, il marque des buts. C’était le défenseur le plus complet.
Ta plus grande fierté ?
D’avoir la famille que j’ai.
Un plat, une boisson ?
J’aime tout ! Les pâtes carbonara. Et un bon verre de vin, je me suis mis au blanc !
Loisirs ?
J’aime le padel, sinon, ici, balades en bord de mer et les vacances. Les dernières, au Kenya, ont été extraordinaires, on a fait un safari avec les enfants. L’un de mes meilleurs voyages.
Le padel, ce sont les restes du tennis ?
Je préfère jouer au padel, moi qui ai beaucoup joué au tennis, si je m’y remets, je risque d’être une quiche et ça va m’énerver. Le padel est plus ludique, on ne passe pas sont temps à ramasser les balles. C’est fun, j’aime beaucoup l’intensité. Il faut que je trouve du temps pour en faire plus. En plus, c’est un sport d’équipe.
Le tennis t’a aidé pour le football (il a été classé 2/6) ?
Oui ça m’a servi mentalement. Il faut être très fort parce qu’il y a des jours où on est moins bien. Le foot, c’est un sport collectif mais après un match, il y a une remise en question, une autocritique à faire, positive ou négative, et le fait d’avoir joué au tennis, où tout est remis en cause tout le temps, ça m’a aidé là-dessus. Au niveau du jeu, dans l’anticipation, dans les mouvements, ça m’a aidé.
Ton joueur de tennis préféré ?
Nadal. Je ne sais pas s’il va revenir longtemps (rires) mais on a eu la chance de connaître une époque dorée. J’étais petit quand je suis allé à Roland-Garros, j’avais joué sur un court annexe, pas loin du central. J’allais au tournoi de Brest aussi. Mais je ne m’intéresse plus du tout au tennis.
Ciné ? Un film culte ?
Les trois frères, le dîner de con. Aujourd’hui, ce sont plus les films pour les enfants.
Une devise ?
Il n y a pas trop de hasard, les choses qui arrivent, ça se provoque : c’est un peu la devise de notre cocon à la maison, et c’est ce que l’on veut apprendre aux enfants.
Tu regardes le foot ?
Un peu moins la L1 cette année. Je regarde la Ligue des champions. L’autre jour, j’ai regardé OM – Rennes mais j’ai zappé, je ne suis pas allé au bout (rires) !
Tu vas voir des matches à Guingamp ?
Non, mais je regarde les extraits… Mais je ne regarde pas la Ligue 2. J’ai des occupations le samedi quand on ne joue pas. J’ai encore quelques liens avec Guingamp, bien sûr, mais ça a beaucoup changé.
Le dernier match pro où tu as assisté ?
C’était à Brest l’an passé. Je n’y suis pas encore allé cette année.
Le foot, en deux mots…
Sympa et dangereux. Il faut se méfier de tout le monde, même de la personne en qui tu penses avoir confiance. Il ne faut croire que ce que l’on voit. Je dis ça en connaissance de cause, je l’ai vécu à mes dépens. Mais sympa parce qu’il y a des gens extraordinaires dans ce milieu, j’ai fait des rencontres incroyables. J’ai quand même vécu plus de bons moments que de mauvais.
Le Stade Briochin en deux mots…
Familial et travailleur.
Qui voudrais-tu voir te succéder dans cette rubrique ?
Ah ah !!! Allez, James Le Marer !
Désolé, mais ce ne sera pas lui ! Mais on garde l’idée dans un coin de notre tête !
Texte : Anthony BOYER – aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06
Photo de couverture : Philippe Le Brech
Photos : Philippe Le Brech
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Présent à Pacy-sur-Eure depuis qu’il a 12 ans, l’actuel directeur technique et coach de l’équipe seniors de Régional 1 a tout connu sous le maillot Ciel et Blanc, notamment les campagnes de National quand le club de l’Eure jouait dans la cour des grands. Témoin du passé, il est, à 39 ans, le garant des valeurs et de l’état d’esprit qu’on lui a inculqués.
Reportage : Timothée Coufourier, à Pacy-sur-Eure.
Franck Paillette a eu plusieurs vies dans le football. Il les a toutes vécues à Pacy. Ses années en jeunes ? À Pacy. Sa carrière seniors ? À Pacy. Ses fonctions d’entraîneur et de directeur technique ? À Pacy aussi ! Impossible de dissocier l’homme de ce club où il a tout connu, où il s’est construit, et où il tente aujourd’hui de transmettre les valeurs que les anciens lui ont apprises.
Novembre 2023. Stade de Pacy-Ménilles. Franck Paillette nous accueille : « Aujourd’hui, quand vous arrivez ici, au stade, il y a toujours un petit qui va vous serrer la main ou vous faire un signe pour dire bonjour. » Le directeur technique et entraîneur des seniors R1 (depuis 2019) ne se trompe pas. C’est exactement ce qui se produit. On a l’agréable impression de faire partie de la famille en croisant tour à tour les jeunes du club, d’une grande politesse. Ce respect démontre l’état d’esprit qui règne au Pacy Ménilles RC, un club « historique » de Normandie, qui continue de prôner la solidarité, l’esprit de famille et la vie associative. Des valeurs qui traversent les générations, parfaitement illustrées par Franck Paillette, 39 ans, dont 27 ans de présence ici !
Des années de National aux épopées en Gambardella, en passant par la reconstruction du club après la relégation administrative en CFA (2011) puis le dépôt de bilan (2012), la formation « made in Pacy Ménilles », l’ancien attaquant symbolise la richesse du club au maillot « ciel et blanc » floqué du château de Ménilles. Il est le témoin du passé. Alors, qui mieux que lui pour parler des années fastes, quand Pacy affrontait Reims, Troyes, Guingamp, Strasbourg, Cannes, Paris FC, Niort, Laval, Amiens, Rouen ou encore Gueugnon ? Qui mieux que lui pour parler du présent ? C’est l’histoire d’une ville de l’Eure de 5000 habitants qui a joué dans la cour des grands…
Interview
« Tu ne peux pas réussir à Pacy sans le bon état d’esprit »
Comment décrire le club de Pacy-Ménilles ?
C’est un club familial où il fait bon vivre. Un mélange entre un projet compétitif et un gros projet associatif et éducatif. La partie éducative est notre priorité même si la volonté de retrouver l’élite sportive est aussi très présente. L’aspect compétitif, j’en parle surtout pour le côté jeunes. On bosse, on a de bons éducateurs, on a insisté sur leur formation. Le gros projet, c’est d’être proche des jeunes. C’est ce qui permettra au club de vivre. Aujourd’hui, le niveau National, comme on l’a vécu avant, comme moi je l’ai vécu puisque j’y ai joué, on en est quand même assez loin. Au-delà de ça il faut les finances. Aujourd’hui, Pacy-Ménilles a retrouvé ses licenciés : on a entre 500 et 550 licenciés, ce que l’on n’avait plus avant. Ça, c’est plutôt bien. On a aussi un président, Hedy Boudjelil, qui est passionné de football, passionné par son club, ambitieux, toujours en quête de progrès. Peut-être qu’on n’y arrivera pas tout de suite mais en tout cas l’ambition est là. On veut retrouver un haut niveau de compétition, aussi bien en jeunes qu’en seniors. Si Pacy-Ménilles joue en National 2 un jour, ce sera beau.
Cet état d’esprit, ce sont vos éducateurs qui l’inculquent, dès l’école de foot alors…
Vous avez vu les petits qui vous serrent la main ou vous font un signe pour dire bonjour ? Ça fait partie des valeurs. Ça paraît simple, normal, mais ça se perd. Une chose très importante qu’on m’a toujours inculquée depuis je suis au club, ce sont les couleurs, l’identité bleu ciel et blanche. Le rouge ici, c’est interdit ! C’est comme ça. On essaie de transmettre ça. Quand tu viens t’entraîner, tu es en bleu ciel et en blanc. Ce sont des couleurs qui sont portés depuis longtemps. Comme celles du Racing club de France. Peu de clubs jouent comme ça.
Quelles sont vos ambitions dans les catégories de jeunes ?
Pour les U16, on voudrait retrouver le Régional 1, un très beau championnat, super-intéressant. On a l’espoir d’y arriver parce qu’on a quelques générations qui sont bonnes, avec un excellent état d’esprit. Tu ne peux pas réussir à Pacy sans avoir le bon état d’esprit, sans ce côté collectif, sans se « savoir vivre ensemble ». C’est ce qui fait qu’ici, il n’y a que des passionnés. Les éducateurs, ce sont des passionnés du club. C’est pour ça aussi que ça fonctionne. On a une école de foot qui fonctionne, où on a toujours du monde, où l’on souhaite avoir des équipes de qualité. C’est quelque chose de très important. Le but, c’est de pérenniser ça. C’est d’en bas qu’on progresse, en partant des équipes de jeunes, et non l’inverse.
« Le petit poucet qui grandit »
Quels ingrédients ont permis au club de rester plusieurs années en National (de 1998 à 2001 puis de 2008 à 2011) ?
A l’époque c’est Laurent Hatton et Patrick Vallée qui ont la charge de l’équipe technique et ça fonctionne parce que ce sont des gens du cru. Laurent Hatton, c’est son père qui a créé le club. Il a une connaissance totale de l’environnement. C’est un meneur. Il faut aussi avoir les moyens financiers, savoir s’entourer. Il faut un tas d’ingrédients. Il a fait progresser le club petit à petit et a commencé à fidéliser. Énormément de monde s’identifiait au club. Pacy, c’est le petit poucet qui grandit. Un club qui a fait un petit parcours en Coupe de France, qui avance avec ses moyens. Je dis toujours que c’est difficile car vous ne pouvez pas vivre qu’avec votre passé. Par contre, vous devez être capable de vous en servir, de vous appuyer sur ce qui a été bien fait. En 2023, on ne peut pas refaire la même chose à l’identique parce que les mentalités ont changé, de nombreuses choses ont évolué comme les comportements. La société évolue. Chacun son époque. Celle de Pacy Vallée d’Eure Football (PVEF) était très bonne. On a bien vibré, c’était super et j’aimerais bien revivre la moitié de ça. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’est plus pareil, tu n’avances plus de la même manière. C’est plus compliqué. Mais on connaît les valeurs indispensables et propres à notre club : la solidarité, l’aspect familial et l’aspect associatif.
Le club aurait-il pu s’inscrire davantage sur la durée en National ?
Je pense que ça aurait pu durer. Mais Pacy, c’est un petit village; il y a la partie financière, aussi. Quand on parle d’avoir un gros partenaire, peut-être qu’il en faudrait dix pour arriver à rivaliser financièrement. Dans le contexte actuel, les instances imposent tellement de critères que c’est compliqué. Au club, la majorité des dirigeants ont un travail à côté, ils sont bénévoles, donc ils ne sont pas toujours présents à l’association. A l’époque, on a quand même fini 4e de National et on a vu passer de grands joueurs avec qui j’ai toujours un lien aujourd’hui. Comme Gaël Angoula, actuellement arbitre professionnel, qui est un ami, ou Romain Thomas, l’actuel capitaine de Caen, que j’ai eu encore récemment au téléphone. Si vous leur demandez un avis sur le club, ils vous diront tous qu’ils ont été marqués par Pacy. Parce que Pacy, ça marque.
« Le passé, on ne nous l’enlèvera jamais »
Vous devez avoir de nombreux souvenirs en tête…
Plein ! J’en ai deux principaux. Le premier c’est avec les U15 DH, quand on est monté en 14 ans Fédéraux. Plus tard, avec les U19 Nationaux, on luttait pour le maintien, et on a gagné la Coupe de Normandie aussi. Et il y a aussi l’année de CFA en seniors avec l’accession en National, lors de la saison 2007-2008, c’était énorme : on était un mélange entre l’ancienne et la nouvelle génération. Des joueurs cadres et confirmés comme Olivier Hameau, Patrick Bisson, Jean-Charles Denoyers et des plus jeunes dont je faisais partie. Le début de saison de CFA avait été un peu chaotique. Puis il y a eu un déclic lorsque nous sommes allés en Guadeloupe pour la Coupe de France, un grand moment ! On s’est pourtant fait éliminer aux tirs au but, d’ailleurs je loupe le mien et ça, je m’en souviendrai toute ma vie. Mais en termes de vie de groupe, c’était fabuleux. Après ça, on a enchaîné de nombreuses victoires, jusqu’au match face à Rouen, dans notre stade, avec 2800 personnes où on l’emporte 2-1 (avril 2008, journée 25). A la fin de la saison, on monte en National ! L’accession, la fête au club, la communion collective… c’était fabuleux ! C’était l’année des accessions puisqu’on est monté avec la réserve et avec les U18 aussi. C’était la montée d’un club. C’est une grosse réussite. On ne nous enlèvera jamais tout ça. Je sais que je n’aurais jamais vécu la même chose ailleurs. Et puis, de le vivre en étant un enfant du club, ça n’a pas de prix. C’était magnifique. Je souhaite à plein de personnes, à plein de gamins du club, de connaître ça. Je garde aussi en mémoire des accessions de Régional 1 à National 3, mais c’était comme éducateur, donc c’est différent.
Les accessions sont souvent les meilleurs souvenirs sportifs…
En CFA, quand on monte en National, je joue mais moins que les années précédentes parce que j’ai une pubalgie. Même blessé, je vis à l’intérieur du groupe. Je me déplace en bus avec les éducateurs, comme à Valenciennes pour le dernier match à l’extérieur (victoire 2-1) et ça ne m’empêche pas d’être boute-en-train, de chanter, et ça montre l’état d’esprit. J’ai des images fabuleuses, des classeurs entiers dans l’armoire de mon bureau avec tout l’historique du club. Lorsqu’on en ouvre un, on ne s’arrête plus de les parcourir.
Des joueurs avec lesquels vous avez partagé ses moments sont toujours au sein du club ? Jean-Charles Denoyers fait partie de l’encadrement du club. Il est avec nous sur les U14. William Dos Santos, responsable des gardiens, a joué dans les cages en National, ça aussi c parlant. On a connu toutes les épopées ensemble. Plusieurs éducateurs actuels ont connu cette époque alors qu’ils étaient de jeunes supporters et venaient voir les matchs de National. Ils jouent maintenant en équipe première, comme Romain Tanty, qui est le responsable de l’école de foot, ou Julien Hiolle, éducateur au club, présent depuis les U7. De manière générale, les joueurs qui passent par Pacy savent où ils se trouvent, ils n’oublient pas.
« Remonter en National 3 serait déjà beau »
Comment avez-vous géré la période de reconstruction après le dépôt de bilan en 2012 ?
Au départ, ça été une reconstruction lente et difficile. Nous sommes passés de 500 licenciés à 150. Il a fallu batailler pour continuer, pour survivre. Il a fallu retrouver des licenciés, expliquer aux gens que le club continuait de vivre, que les équipes de jeunes étaient toujours présentes. Le club est là, le terrain est là. Il a fallu que les municipalités nous aident, nous soutiennent, croient en notre projet et comprennent que la ville de Pacy passait par le foot et son club. On a galéré. On était onze seniors à nous entraîner à la reprise : pour jouer en DH, c’était très compliqué. Il faut réussir à tenir, savoir prendre des claques tout en s’accrochant. Si on a réussi à le faire, c’est parce qu’on a été solide sur l’équipe éducative, qui est la priorité. Sans cet élément, nous n’aurions pas pu continuer. Certains éducateurs ont un vécu, un passé. C’est ce qui fait que le club va avancer. Le reste suit car le foot, c’est un sport populaire qui attire les regards.
Pacy peut-il atteindre à nouveau le National ?
C’est compliqué, même s’il ne faut jamais dire jamais. Mais il faut être réaliste et lucide. Aujourd’hui le club est en Régional 1. Maintenant, ça reste du sport, avec la vérité des résultats, qui fait que c’est que ce n’est pas forcément avec la meilleure équipe sur le papier que cela suffira. C’est avec l’ensemble des ingrédients mis. Évidemment, je ne vais pas vous répondre « non » parce qu’on est ambitieux. Mais tout de suite, là, le National, ce n’est pas possible pour Pacy.
Surtout que les clubs se structurent de plus en plus, grandissent économiquement…
Les clubs se structurent mais nous aussi. Je pense qu’on en est capable mais il faut se structurer encore davantage pour aller chercher plus haut. C’est la priorité avant de vouloir chercher autre chose.
Sur le volet compétitif, vous avez déjà des objectifs à court ou moyen terme ?
A court terme, on aimerait bien retrouver le National 3. Après, il ne faut pas brûler les étapes. On voit bien que c’est difficile de sortir de la R1. Toutes les équipes se structurent. Dans notre groupe, on avait Villers-Houlgate qui est désormais en National 3 alors qu’on les a battus l’année dernière. Ils se développent bien. Nous aussi, nous avons un club structuré, on est labellisé. Maintenant il manque un petit truc pour aller plus haut, un petit déclic. A long terme, on souhaiterait atteindre le National 2, ce serait le top. Là, je parle seulement des seniors mais ce qui me pousse, en tant que responsable technique du club, c’est que mes équipes de jeunes accèdent à des championnats plus élevés. La R1 déjà serait bien pour les U16. Ensuite c’est la locomotive du club qui va faire avancer l’ensemble des équipes. L’équipe seniors est une vitrine donc si elle accède en National 3, ça va aider.
Un regard sur la R1 seniors à un 1/4 de la saison ?
Pour l’instant, elle est plutôt décevante. Je ne peux pas dire que c’est un début de saison réussit. On a 2 victoires, 3 nuls et 3 défaites (et un match en retard). On a aussi tendance à dire qu’on n’est pas à notre place mais on y est. Fin novembre, on a affronté Gisors, qui est 1er : on a perdu 3-2. On aimerait être plus performant collectivement et dégager un état d’esprit conquérant pour aller chercher plus haut. Je préfère dix fois être moins fort mais m’éclater. J’ai confiance en mon groupe, je sais qu’on a de la qualité. Pour l’instant, il manque de la confiance et ce petit déclic qui va nous permettre de basculer. Après, on n’a fait que 8 matchs. On a aussi une équipe réserve qui fonctionne bien et qui est dans le même esprit. C’est plaisant, les mecs sont présents et ça c’est vraiment bien.
« Mon club, c’est ma vie »
Comment avez-vous atterri à Pacy ?
J’avais 12 ans. Je jouais à Bréval dans les Yvelines et j’ai été invité par Pacy au tournoi de Illiers-l’Évêque dans l’Eure, le club d’Olivier Hameau, c’est marrant. C’est Manu Huet qui m’a fait venir. C’est le point de départ. J’étais déjà passionné de football mais je faisais aussi du tennis et d’autres activités sportives. Après j’ai arrêté. Pour l’anecdote, je connaissais déjà Pacy de nom car à ce moment-là, il venait de disputer un 32e de finale de coupe de France contre Montpellier (en 1996) et tout le monde ne parlait que de ça. En fait, la coupe de France avec Pacy, ça m’a marqué. Je vois encore des vidéos, des cassettes de ce match. Pacy était connu grâce à ça et j’ai été attiré par le club. C’est venu comme ça, avec le tournoi et cette histoire. Pacy c’est un club important. C’est comme Rouen : on aime ou on n’aime pas ce club, c’est une vraie terre de football. Mais Rouen, c’est rouge : l’opposé de Pacy ! J’ai toujours connu la rivalité sportive entre les deux. C’est une place forte OK, mais le reste, ça ne me parle pas trop… Ce sont deux clubs différents. Rouen, c’est la ville. Et quand on voit ce qu’ils mettent en place, leur communication, ils insistent beaucoup plus aujourd’hui sur le Rouge, sur les valeurs. Aujourd’hui, ils sont en National avec des valeurs.
Vous êtes l’homme d’un seul club, finalement…
Oui, en quelque sorte, puisqu’après Bréval, je n’ai plus bougé de Pacy. J’ai joué dans les catégories de jeunes jusqu’au niveau seniors. J’ai connu des belles années, je suis passé par toutes les équipes et j’ai surtout connu des personnes top, avec des vraies valeurs, qui sont importantes à mes yeux parce que ce sont elles qui m’ont transmis tout ça. La dernière personne, c’est Manu Huet a passé plus de 30 ans au club (il est aujourd’hui à la fédération marocaine de football). Avant, j’ai connu Laurent Hatton avec qui j’ai beaucoup travaillé. Tout comme Patrick Vallée, ex-entraîneur adjoint et responsable de la pré-formation, et qui m’a coaché chez les jeunes. Ce sont des personnes très importantes qui m’ont montré aussi le métier. Aujourd’hui, il y a mon président (Hedy Boudjemil) avec qui j’ai la chance d’avoir une relation particulière. Il avait joué au club en jeunes puis il était revenu pour encadrer la CFA2. On essaie de construire. C’est tellement kiffant. Je suis passionné par mon club. C’est ma vie en fait. Ça ne veut pas dire que je n’ai pas envie de découvrir autre chose. Tu peux avoir envie de réaliser d’autres projets mais de bons projets, toujours autour du foot, du sport, du scolaire, des jeunes. C’est pour ça que j’ai la fibre, on me l’a transmise comme ça.
« Trouver des actions innovantes »
Après votre carrière de joueur, c’était logique de rester à Pacy en tant qu’entraîneur ?
C’était logique parce que j’ai toujours voulu être éducateur sportif. Et si je pouvais allier les deux, c’était top. Je me suis formé au métier quand je jouais encore. Pour se former au poste d’éducateur, il faut garder la forme. J’ai eu mes diplômes comme ça.
Vous êtes à la fois entraîneur de l’équipe première et directeur technique : comment mettez-vous tout ça en place ?
La direction technique, c’est être auprès des éducateurs, c’est être garant de la politique sportive du club. Je suis un peu multi-casquettes. Il faut gérer les partenariats, faire un peu d’administratif, c’est obligatoire. Après Je suis beaucoup sur le terrain. Ma place est aussi entraîneur, éducateur même, parce que je me considère comme un éducateur. Mon quotidien, c’est d’être tous les jours ici et réfléchir au bon fonctionnement. C’est d’être toujours innovant, de trouver des solutions pour aller chercher des actions différentes. L’année dernière, les jeunes sont allés au Maroc en voyage. On a organisé la Macron Cup, un gros tournoi U15 avec de nombreux clubs professionnels, un événement génial, qui a rassemblé la grande famille du club, les bénévoles. Le plus gros de mon travail, c’est la gestion sportive du club. La casquette d’entraîneur, c’est une passion. Maintenant il faut des résultats.
Vous avez connu plein de championnats différents, cela doit être enrichissant…
J’ai l’avantage d’avoir connu les 19 ans Nationaux, les accessions de U15 DH à U17 nationaux, les accessions U18 DH pour les U19 nationaux, le championnat DH seniors pour une montée en CFA2, la CFA et bien sûr le National. C’était une autre époque mais c’était de vraies expériences. Le championnat de National, c’était top. Parfois, on jouait le vendredi soir ou le mardi soir dans des stades comme Troyes, Reims, Cannes, Annecy où évoluait Evian Thonon Gaillard … J’ai joué à Guingamp, à Lorient, j’ai connu beaucoup de choses. De nombreux moments ressortent, ça forge l’expérience et développe les valeurs que j’ai connues, qu’on m’a inculquées. Je n’étais pas un joueur du niveau « National », je n’étais pas un titulaire mais j’ai eu la chance de connaître ça, elle est là la différence. J’ai vu ce que ce niveau demandait en termes d’exigence aux joueurs : Gaël Angoula, Romain Thomas, avaient cette exigence. Toutes ces belles choses m’ont enrichi. Mon métier, je l’ai appris comme ça : en regardant les éducateurs, en voyant, en formant, en étant joueur puis entraîneur.
Franck Paillette joueur et Franck Paillette dirigeant, ce n’est pas la même personne ?
Je dirais que c’est différent. Joueur, j’étais plutôt calme. J’ai été capitaine dans des équipes mais toujours calme et serein. J’observais beaucoup. Educateur, je suis plutôt l’inverse, je vis tout à fond, sans doute parce que j’ai toujours suivi le management de Laurent Hatton ou Manu Huet. Ils ont toujours été proches de leur équipe et à fond dès que la compétition commençait. Il faut aussi être capable d’évoluer. Aujourd’hui, par exemple, je me rends compte qu’il faut savoir se staffer, prendre du recul, j’ai besoin de regarder encore plus; ce qui a changé, c’est qu’on est très focalisé sur l’aspect social. Accompagner un joueur, c’est très important, bien plus qu’avant. Dix ans plus tôt, je ne vous aurais sans doute pas dit la même chose. J’ai beaucoup appris sur l’exigence d’un joueur. Aujourd’hui, on ne joue plus de la même manière. Récemment, je suis allé voir Rouen face à Villefranche en National : la vitesse de jeu est complètement différente qu’à mon époque; en revanche, en termes de réflexion de jeu, d’impact, de solidité, on était beaucoup plus fort que maintenant. Aujourd’hui, un jeune joueur a besoin que tout se passe bien sinon c’est très compliqué. Beaucoup de paramètres ont changé. Donc forcément, on s’adapte. C’est nécessaire.
Franck Paillette, du tac au tac
« Pacy restera toujours Pacy ! »
Meilleur souvenir sportif ?
Avec les U15 DH, les U19 Nationaux, la victoire en coupe de Normandie, et l’année de CFA pour l’accession en National. C’était énorme.
Le pire souvenir ?
La descente et le dépôt de bilan en 2012 parce que ça a été mal vécu. Sportivement Pacy s’est maintenu en National. C’est administrativement que l’on a été relégué d’abord en CFA (en 2011). Il faut se souvenir des mauvaises périodes car si aujourd’hui, nous sommes là à discuter de Pacy, si le club existe, c’est aussi grâce à ces périodes-là.
Des cartons rouges en carrière ?
Jamais. Pas un seul.
Des buts ?
Oui ! Beaucoup de buts en jeunes jusqu’en DH. Après j’en ai mis un petit peu moins. Mon dernier très beau but je le garde en tête, c’était contre Moulins en national. C’est peut-être même mon tout dernier but. Je me fais plaisir à le revoir, c’est un bon souvenir.
Si vous n’aviez pas été dans le foot, vous auriez fait quoi ?
Je pense que j’aurais été dans le sport quand même. Aujourd’hui l’âge avance, on essaie de regarder ce qu’on peut faire d’autre. Je pense que je suis quelqu’un de projet, plutôt tourné autour du sport, avec des valeurs éducatives. J’aime ça, j’aime entreprendre des choses aussi.
Vos qualités et vos défauts sur le terrain ?
J’étais un assez bon finisseur. Comme disait Laurent Hatton, le coach, j’étais le meilleur joueur à l’entraînement, devant le but j’étais toujours bon. Aussi, les appels, l’intelligence dans les déplacements. Pour les défauts, je manquais peut-être de l’agressivité nécessaire, même en étant attaquant, pour se montrer et être présent. Par moments, j’étais trop gentil et il faut parfois être individualiste.
La meilleure saison de Pacy ?
La meilleure saison que j’ai connue c’est celle l’accession en 2007-08, c’est la plus belle. C’est normal, on a touché le haut possible pour Pacy. Ensuite, on a une très bonne saison en National. La deuxième saison, on termine quand même en 4e position. une belle équipe avec grands joueurs comme Gael Angoula ou encore le 2e meilleur buteur de national Yassin El-Azzouzi, à côté de grands buteurs comme Cédric Fauré (Reims).
Est-ce que vous avez failli partir un jour du club ? Si oui, lequel ?
Non. J’avais fait un essai en jeunes à Amiens où j’ai pu me rendre compte du niveau d’intensité, d’exigence. Alors je suis rentré dans mon club travailler car je savais qu’il y avait du boulot. Mais je n’ai jamais eu envie de partir et je n’ai jamais demandé à partir. Une fois qu’on est à Pacy, on s’identifie beaucoup et on pense qu’on ne peut pas aller ailleurs, même si c’est peut-être bien… Je n’ai jamais voulu partir.
Le ou les joueurs emblématiques du club ?
Quand je suis arrivé en seniors, il y avait Olivier Hameau, qui était le vrai buteur du club. Évidemment, Jean-Charles Denoyers. Quand j’étais petit, il faisait des interviews avec nous. Il nous expliquait sa carrière car il a connu l’équipe de France Espoirs, les championnats d’Europe : il est champion d’Europe avec Anelka, Henry et consorts, ce n’est pas rien. Des joueurs marquants, il y en a eu. L’année 2008-2009, il y a eu Zakaria Gueye, qui était de la banlieue rouennaise. Il a réalisé des saisons de fous. Je pense aussi à Nordine Aguini, un magicien avec le ballon. En National aussi certains m’ont marqué par leur façon de jouer, leur énergie, en particulier Gaël Angoula, c’était le mec à ne pas enlever de l’équipe. Sofiane Bezzou et sa personnalité, on savait qu’il était là. Mais les emblématiques de Pacy c’est Patrick Bisson et Olivier Hameau. Des joueurs en plus avec qui j’ai joués. Avant, il y a eu aussi l’attaquant, « Poussin » Meslin (Nice, Bastia).
Les dirigeants marquants ?
Le numéro un, c’est Manu Huet. Déjà, c’est un ami, mais au-delà de ça, c’est quelqu’un qui m’a tout appris. On avait une grande relation. Il m’a ouvert les portes de l’apprentissage, il m’a guidé. Laurent Hatton et Patrick Vallée m’ont aussi marqué. Laurent Hatton, c’était un meneur, à la fois directeur technique et présent avec les U9 ou les seniors. Le point commun entre tous, c’est la passion. Nous sommes tous passionnés du club, on est tous originaires de Pacy.
Un club rival ?
A mon époque c’était Rouen et non pas Évreux même si c’est un derby. Aujourd’hui, c’est plus Évreux.
Un joueur adverse qui vous a marqué ?
A l’époque en CFA et en National, on en a affronté pas mal. Sakho, Sagna, Berthod, Bréchet. En jeunes j’ai affronté Jimmy Briand, Le Tallec, Sinama-Pongolle, de vrais joueurs. Je me souviens d’un gardien qui nous avait marqué en jeune, c’était Kameni, champion olympique avec le Cameroun et qui jouait au Havre. Didier Digard en U15, c’était un top joueur. C’est devenu un super éducateur à Nice qui adore ce qu’il fait. Mathieu Bodmer aussi avec qui j’échange souvent, c’est un passionné de foot, c’est pour ça aussi qu’il réussit.
Une équipe que vous avez affrontée et qui vous a impressionnée ?
Rennes en jeunes, c’était impressionnant, vraiment très fort. Le Havre aussi, c’était très costaud. En seniors, je me souviens de Reims et de Troyes, en National, avec l’impression que le terrain était trop grand.
Un stade marquant ?
Auguste-Delaune Reims et le stade de l’Aube à Troyes, ce sont des beaux stades. Le stade atypique, c’était celui de Luzenac !
Une causerie marquante ?
Quand David Bechkoura (aujourd’hui adjoint de Michel Der Zakarian en Ligue 1 à Montpellier) avait les U18, avec Patrick Vallée, il a pris des U15 pour la Gambardella, dont mon coéquipier Jeremy Têtard et moi, et je me souviens de ce qu’il nous avait dit. Nous devions prendre nos responsabilités. C’est ce que l’on a fait et on a gagné, à Plouzané, en 32e. C’était magnifique. On avait perdu contre Guingamp après. a l’éducateur (aujourd’hui adjoint de Michel Der Zakarian en Ligue 1 à Montpellier), avec Patrick Vallée. On avait fait un beau parcours et la causerie était énorme, magnifique, préparée. Je me souviens aussi d’une causerie au château de Ménilles avec Manu Huet, quand on avait joué Caen en Gambardella. Et en seniors, les causeries de Laurent Hatton notamment l’une lors d’un déplacement marquant à Dunkerque, l’année de la montée, ils étaient 1ers : on perd 1 à 0 là-bas.
Une idole ?
Mon idole, c’était Jean-Pierre Papin, parce que c’était un top attaquant, un joueur de surface, qui ne se posait pas de question, très spontané. Il frappait « de partout », souvent il marquait en une touche. Un modèle. J’aimais beaucoup la qualité d’un Zidane aussi, évidemment.
Le milieu du foot en deux mots ?
Passionnel et abject. Il y a vraiment deux mondes bien distincts. Passionnel c’est pour l’esprit club, l’aspect associatif, éducatif, les jeunes.
Le club de Pacy en deux mots ?
Famille et passion. Le club est familial, « kiffant », identitaire. Mon club, c’est ça. Enfin, ça ne m’appartient pas, parce qu’un jour je ne serai plus là et d’autres personnes prendront la suite. Mais la passion du club restera. Même à 90 ans, Pacy, ça restera Pacy !
Texte : Timothée Coufourier – Mail : contact@13heuresfoot.fr
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L’ancien joueur professionnel de Lens, Nice et Cannes s’est reconverti dans le recrutement. Actuellement sur le marché après une première expérience de 9 ans chez les « Sang et or », il écume les stades en espérant retrouver un projet et dénicher une perle rare !
Patrick Barul (46 ans) n’a jamais mis les pieds à Poitiers. D’ailleurs, il ne sait même pas où c’est. Et se demande d’où vient cette « référence » que l’on peut lire à son sujet, lorsque l’on fait une recherche à son nom sur wikipedia : « Il commence sa formation au Poitiers Football-club », peut-on lire sur la page qui lui est consacrée.
« Je ne sais pas qui a sorti ça, je n’y suis jamais allé de ma vie ! Et je ne sais pas comment on pourrait faire pour le rectifier ! » s’étonne celui qui a commencé sa formation à Saint-Jean-de-la-Ruelle, à quelques encablures d’Orléans, la ville où il est né, où il a grandi, dans le Loiret. Et c’est à Saint-Jean-de-la-Ruelle qu’il s’est fait remarquer. « On cartonnait en jeunes. Mon entraîneur là-bas, Nabil Talmoudi, avait des connections avec l’AS Cannes, raconte-t-il; moi, je voulais aller à Strasbourg pour suivre des copains qui était parti là-bas. Et puis Cannes m’appelle. C’était Richard Bettoni au bout du fil. Je suis venu sur place voir les installations. C’était en 1992. J’avais 14 ans. Je me suis entraîné avec eux et ils m’ont dit « On te prend pour jouer en moins de 15 ans Nationaux ». Le club voulait être champion de France. Quand je suis rentré chez moi, j’ai dit à mes parents : « Je veux aller à Cannes ! ».
« En jeunes à Cannes, on était injouable »
Parul Barul rejoint La Croisette, le soleil et les palmiers. Il ne le regrettera pas. Il se construit un sacré palmarès chez les jeunes. « La première année, on est champion de France en 15 ans, idem en 17 ans la saison d’après et enfin, on gagne la Coupe Gambardella en 1995 ! On était injouable ! Pat (Vieira) a juste joué la finale de la Gambardella, parce qu’il était déjà titulaire avec les pros en D1. Il y avait aussi Adel Boutobba, Cédric Mouret, Romain Ferrier, Sébastien Renaud, Sacha Opinel, Sébastien Chabaud qui a joué ensuite à Nancy et Charleroi, Lilian Compan (Saint-Etienne, Montpellier, Caen), Mickaël Marsiglia, Anthony Braizat. A l’époque, l’AS Cannes avait ses équipes en D1, en D3 et en D4 ! C’était extraordinaire ! Même quand tu ne jouais pas en D3, tu jouais en D4, c’était déjà un bon niveau. Je me souviens que lorsque Pat (Vieira) est arrivé en D4 avec Pierre Dreossi, il a joué deux matchs puis il est allé directement en D3 et là, Luis (Fernandez), qui entraînait la D1, a dit : « Lui, je le prends »!
Des souvenirs comme ceux-là, Patrick Barul en a des tonnes. Il faut dire qu’il a eu le temps d’en emmagasiner tout au long d’une carrière professionnelle de 16 ans, à Cannes pour commencer (de 1996 à 1999, en D1 puis en D2 après la relégation du club azuréen en 1998), au RC Lens (D1, de 1999 à 2007, période entrecoupée d’un prêt d’une saison à l’OGC Nice en 2002-2003), à Nice pour de bon (D1, de 2007 à 2009) et enfin à Tournai, en D2 belge (2009 à 2011).
« Je me dis que si je suis dans le bon wagon… »
C’est après sa période à Tournai que son parcours prend un nouveau … tournant ! « En fait, quand je jouais en Belgique, j’habitais Lille, et ensuite, de temps en temps, je jouais le jeudi avec les anciens, et ça se terminait par un resto. Un jour, à table, Eric Sikora, qui venait d’être intronisé coach de l’équipe Une à Lens à la place de Jean-Louis Garcia (en septembre 2012), me dit dans la discussion que le club cherche quelqu’un pour aller observer les adversaires. Je lui réponds « Je suis là moi ! » et il me dit « Ouep mais t’as jamais fait ça », et là je lui sors « Ouep mais toi, t’as jamais entraîné non plus… » En fait, on se charrie un peu, parce qu’avec « Siko », on est amis. Et finalement, il me met à l’essai. »
L’essai est transformé. L’histoire avec le club du Pas-de-Calais va durer 9 ans. « Oui, l’essai est concluant. Je vais voir mon premier match à Laval le vendredi (Lens évoluait alors en Ligue 2), puis en début de semaine suivante, on fait le débrief , « Siko » me dit ce qui va et ce qui ne va pas. Là, Antoine Sibierski, qui est directeur sportif, me dit que le club ne peut plus dépenser d’argent, qu’il ne peut pas me payer. Je lui dis « ok » quand même, parce que, dans ma tête, je pense que la situation ne durera pas, que la situation du club s’arrangera, et que si je suis dans le bon wagon, ils penseront à moi pour l’avenir. »
Superviseur bénévole à ses débuts
Du coup, voilà Patrick Barul en baroudeur des stades, dans le costume du superviseur bénévole ! Pendant plusieurs mois, il fait ses observations de match, le samedi et le dimanche, car le vendredi soir, à ce moment-là, c’est championnat ! Avec lui, il y a Didier Sénac, le directeur du recrutement : « Pour moi, Didier, c’est le boss en la matière. Il a l’oeil. C’est lui qui m’envoie faire le scouting le week-end en Belgique ou en National, et le vendredi soir je supervise les adversaires de Ligue 2. Je fais ça pendant 6 mois. Puis la saison suivante, l’homme d’affaires Hafiz Mammadov arrive au club avec Gervais (Martel) qui me dit « On te garde ». Et surtout, Gervais me paie et en plus, c’est rétroactif. La classe ».
Le nouvel entraîneur du Racing s’appelle Antoine Kombouaré. Là, « Pat » Barul intègre la cellule recrutement, en plus des observations de matchs. Alain Casanova, le remplaçant de Kombouaré (en 2016), ne change rien à ses prérogatives. Observation de match et recrutement, sauf que, cette fois, « Pat » part plus loin. « Et c’est après que j’ai exclusivement intégré la cellule recrutement. J’ai arrêté les observations. Mais avec le plan social que le RC Lens a connu, en 2021, après le deuxième covid, tout s’est arrêté. Et je dois dire que les dirigeants du Racing ont été plus que corrects avec moi. »
« Je n’avais pas la fibre pour entraîner »
S’il a choisi cette voix, c’est parce qu’il pense qu’il a l’oeil. Entraîneur ? Pas pour lui. « Après ma carrière de joueur, j’ai passé mon BE1 à Clairefontaine, mais je n’avais pas la fibre pour entraîner. J’aime le recrutement, mais le problème c’est qu’il n’y a pas beaucoup de poste et la concurrence est dure aussi. Tu gagnes bien ta vie, c’est sûr, même si c’est incomparable avec ce que tu gagnes quand tu es joueur. Pour bien gagner sa vie après sa carrière de joueur, il faut être directeur sportif, comme Florent Ghisolfi à Nice par exemple aujourd’hui. »
Au total, « Pat » Barul a passé plus de 15 ans en Artois. Au RC Lens. Forcément, ça marque. « Même si le club est un peu moins « famille » qu’avant, il est vraiment à part. Les gens, là-bas, ne vivent que pour le Racing. C’est impressionnant. On le ressent toute la semaine, quand on a perdu un match. Cet engouement, c’est extraordinaire. Pendant 9 ans, au recrutement, je pense sincèrement que j’ai bien fait mon job. On a fait du bon boulot avec Didier Sénac et Cyrille Magnier, et tous ceux qui m’ont chapeautés, je pense à Florent Ghisolfi, Jocelyn Blanchard, Antoine Sibierski, Didier Roudet et Eric Roy aussi. On n’avait beaucoup moins de moyens qu’aujourd’hui. »
« Les joueurs, on les voit une dizaine de fois »
Mais au fait, ça consistait en quoi, exactement, recruteur au RC Lens ? « On est trois dès l’avant saison, et on se répartit des zones géographiques. Par exemple, moi, France, Belgique, Portugal. Un autre va faire Serbie, Croatie, Suisse, etc. Et en deux mois, on doit avoir vu toutes les équipes de ces championnats. On épure. Bien sûr, on ne se déplace pas partout. Certains matchs, on les regarde en vidéo. Mais ça fait quand même beaucoup de matchs. Une fois qu’on a fait ça, il y a des joueurs qui ressortent, et ceux-là, tu vas les revoir deux ou trois fois. Entre temps, on a eu des réunions techniques, et le coach te dit où il y a des manques dans son équipe. Donc tu sais ce qu’il te faut. Ensuite, on va croiser « ses » joueurs avec ceux des autres recruteurs du club, afin d’avoir plusieurs avis, parce qu’on n’a pas forcément la même sensibilité. Je vais aller voir deux ou trois fois les joueurs de l’autre recruteur, et lui va aller voir les miens. Entre temps là encore, certains joueurs sont sortis de la liste, et peut-être que d’autres se seront rajoutés. Après, cela voudra dire que ces joueurs, à nous trois, on les aura vus une dizaine de fois. Si on est unanimes sur un joueur, là, le directeur sportif ou l’entraîneur prennent la main et vont aller en profondeur. En général, au club, 90 % du recrutement, c’était des joueurs « que l’on faisait »,que l’on avait vus au préalable. Après, il y a toujours le coach qui veut faire « son joueur », le directeur sportif qui veut lui aussi faire « son joueur », et Gervais (Martel) aussi, qui aimait bien faire « son joueur ».
« Trading » et « one shot »
Quelques exemples ? « Oui, l’arrière gauche égyptien, Karim Hafez (2016-18), ou encore le défenseur John Bostok (2016-2018), l’attaquant Yoann Touzghar, qui venait d’Amiens en National (trois saisons de 2012 à 2015, 91 matchs et 35 buts), l’arrière-droit de Nantes, Fabien Centonze (2018-19), tous ces joueurs, on les a faits avec pas beaucoup de moyens. L’idée du RC Lens, ce n’était pas seulement de faire du trading, parce qu’on ne pouvait pas tout faire : nous, on voulait aussi prendre des joueurs pour monter en Ligue 1. C’est pour ça qu’on a pris des joueurs confirmés comme Danijel Lujboja, qui avait 35 ans (2013-14) : là, c’est du one shot, on sait très bien qu’on ne va pas faire de plus value. Dans le même ordre d’idée, on avait pris aussi Adamo Coulibaly (2013-15), un attaquant qui jouait en Hongrie et marquait beaucoup. Eux, tu sais qu’ils vont te mettre des buts. Idem avec Ahmed Kantari* (2013-15), ce n’était pas du trading, mais c’était pour monter en L1 (ce que le club a fait en 2014). En fait, c’est quand tu es plus à l’aise en Ligue 1 que tu peux faire du trading, comme a fait Lens cet été en prenant Andy Diouf de Bâle, ou avec Loïs Openda, qui est parti à Leipzig (pour 42 millions d’euros et 6 millions de bonus). Mais nous, à l’époque, on ne pouvait pas se permettre de prendre des jeunes, il fallait qu’on monte. »
*Ahmed Kantari vient d’être intronisé entraîneur de Valenciennes, en L2.
A Cannes comme chez lui
Depuis un peu plus de 2 ans, « Pat » Barul tourne dans les stades. Va voir des matchs. Reste au contact. Développe son réseau. Attend une opportunité. L’autre jour, il était dans un stade qu’il connaît bien, à Coubertin, à Cannes, là où il a vu les débuts de Zidane et Micoud à son arrivée au club en 1992.
Ce soir, l’affiche propose un match de National entre le leader, l’AS Cannes, et la lanterne rouge, Bourgoin-Jallieu. Surprise, c’est le moins bien classé qui s’impose 1 à 0. Dans le salon VIP, beaucoup reconnaissent l’ancien dragon azuréen. L’ancien joueur et agent, le retraité Félix Lacuesta (ex-Saint-Etienne, Bastia, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Lille, Monaco et … Cannes) vient taper la discute avec lui. David Lisnard, le maire de Cannes et grand supporter des Rouge et blanc, le reconnaît et vient le saluer. Patrick reconnaît des visages, serre des poignes. Il est presque chez lui ici. « J’habite à Cannes en plus, ma femme est d’ici ».
« Des Sotoca, c’est très rare »
Une petite photo du stade Coubertin qui terminera sur son nouveau compte Linkedin, là où il faut se montrer, là où il faut dire ce que l’on fait et que l’on est « dispo », et hop, c’est déjà l’heure du coup d’envoi. Même en National 2, on peut dénicher des pépites ! « Bien sûr, si un joueur me tape dans l’oeil, je le garde dans un coin de ma tête, mais, surtout, je vais le revoir jouer ! Après, de la N2 à Ligue 1, il y a un fossé, même si je sais que des Florian Sotoca, bien sûr que ça existe, mais après… Sotoca (qui a joué à Narbonne en CFA2, à Martigues en CFA et à Grenoble en National), quand il a signé à Lens, tu sais que ce n’est pas du trading. Il jouait à Grenoble à ce moment-là (Grenoble était monté en L2). On s’est demandé si on ne pouvait pas trouver mieux, et finalement, il s’est adapté à la la Ligue 2 puis à la Ligue 1, puis au haut de tableau de la Ligue 1 et puis il s’est adapté à la Ligue des Champions ! Mais des joueurs comme lui, c’est très rare. Et s’il y en avait beaucoup d’autres, on les verrait avant, sinon, cela voudrait dire qu’ils sont passés entre les mailles du filet, mais ça, aujourd’hui, il y a tellement de recruteurs aujourd’hui, que ce n’est pas possible. Jo Clauss ? Pareil. Et celui qui a tout fait pour qu’il vienne, ce n’est pas un recruteur, c’est Alexandre Pasquini, l’analyste vidéo : il l’a mis en valeur auprès du staff au travers de montages vidéos, avec ses stats. Il nous l’a bien vendu et franchement, quelle belle vision de sa part, et quelle réussite ! Parce que personne ne le connaissait ici à Lens. »
« J’ai quand même un CV »
Si Patrick va voir des matchs et tournent sur les terrains – la semaine suivante, il est allé voir Fos (N3) contre Annecy (L2) en coupe de France -, c’est parce qu’il est sur le marché. Le réseau, c’est important. « J’essaie de le faire savoir un peu plus maintenant, poursuit-il. J’ai eu des contacts. On m’a dit « Oui… Je vais voir… », c’est difficile. J’ai 9 ans d’expérience dans le recrutement, ce n’est pas rien. J’ai quand même un CV. Je pense que je fais bien mon travail. Et avec Didier Sénac, j’ai vraiment été à bonne école à Lens, où l’on a fait du système D. »
« Je suis cool, oui, c’est ma nature »
Et si Patrick Barul payait son allure un peu nonchalante, cool, peut-être même trop cool ? Et s’il n’était pas dans le moule ? Et si, tout simplement, il ne savait pas se vendre ? « C’est ma nature », réplique-t-il ! « Ma carrière, c’était comme ça ! Je me souviens qu’à Nice, le coach, Gernot Rohr, me disait « Ah vous les Antillais, c’est toujours tranquille » ! Mais Tranquille quoi ? Oui je suis tranquille, mais quand il faut bosser, je bosse, et quand il faut taper du poing sur la table en réunion (il mime le mouvement), je le fais. Et quand ton entraîneur et ton président te demandent « Bon alors, ce joueur, on le fait ou on le fait pas ? », et qu’il faut poser ses c… sur la table, hé bien je suis là ! Même ma femme me dit ça, que je prends tout à la cool. En juin, je suis allé voir le tournoi de Toulon, je voyais tous les scouts… beaucoup me disaient « Pat, comment ça se fait, t’as pas trouvé un projet » ? Je me demande comment c’est possible. Parce que l’oeil, je l’ai. » À Poitiers aussi, ils se demandent comment c’est possible !
Patrick Barul, du tac au tac
« Je n’ai marqué qu’un seul but… la honte ! »
Meilleur souvenir sportif ?
Mon premier match en pro, avec Cannes, contre Bastia, en 1996, à Coubertin. C’est Guy Lacombe qui m’avait pris dans le groupe et fait rentrer. On avait fait 1-1. Je ne me souviens plus des buteurs !
Pire souvenir ?
Y’en a eu quelques-uns ! Une blessure à l’épaule et un match en coupe d’Europe contre Parme, en UEFA, avec le RC Lens : je suis sur le terrain, on est dans le temps additionnel, Francis Gillot m’appelle et me dit les autres résultats. Nous, on est à 1-1, on est qualifié, et là, je dégage le ballon sur un attaquant, il part au but et il marque. On perd 2-1… Je peux te dire que ça marque, merde… Heureusement, on s’est qualifié car on a gagné le match suivant à l’extérieur, mais bon…
As-tu déjà marqué un but ?
Oui, en coupe d’Europe, contre des Suédois. C’est le seul but que j’ai marqué dans ma carrière. La honte (rires) ! J’ai une anecdote : à l’époque, France Football avait fait un article sur les joueurs qui avaient plus de 150 matchs de Ligue 1 et qui n’avaient jamais marqué. Un journaliste m’avait contacté pour ça, je ne l’ai pas super bien pris, hein… Je lui ai dit « Attend, tu crois que je suis le clown de France Football ou quoi ? » Il y avait aussi Planus, Toulalan, dans le même cas que moi ! A ma décharge, je ne montais pas sur les coups de pied arrêtés, donc je réduisais mes chances aussi de marquer !
Latéral ou milieu ?
Mon poste de formation, c’est milieu. Quand je suis monté en D3 avec Cannes, Guy Lacombe m’a mis à ce poste de latéral, que je n’aimais pas trop, mais il m’a fait rentrer arrière-droit pour mon premier match en pro, donc j’ai continué là. Mais j’alternais milieu ou arrière droit, et je dépannais même parfois à gauche. Avec le recul, je pense que ça m’a desservi. Le foot a changé, c’est athlétique, physique, des joueurs comme moi, il y en avait plein, comme des Florent Balmont. Mais on en voit moins.
Tu préférais jouer en 6 ?
Ah ouaip, largement !
Mais pourquoi n’as-tu pas pu t’imposer à ce poste ?
Le RC Lens m’a recruté au poste de latéral droit. Je leur ai dit que je pouvais jouer milieu, alors je dépannais, mais pour eux, j’étais arrière droit. Je n’étais pas le titulaire indiscutable. Il y avait Eric Sikora, qui est une légende à Lens. Mais je faisais mes matchs, à différents postes. On me disait « Ce week-end on a personne à gauche, tiens vas-y ! ». Je pouvais jouer partout.
Combien de cartons rouges ?
3 ou 4. Défensif, j’étais obligé d’envoyer un peu.
Un geste technique ?
Contrôle-passe. Pour moi, c’est le meilleur geste technique en foot. C’est Guy Lacombe qui m’a appris ça.
Pourquoi as-tu pratiqué le foot ?
Mon père jouait au foot, en DH, et quand j’étais petit, je le voyais comme le meilleur joueur du monde ! Il m’emmenait partout, aux matchs, aux entraînements, il jouait à Orléans, en réserve, quand l’équipe fanion était en D2, avec Robby Langers, Henri Zambelli, Bruno Germain. Quand je suis venu jouer une fois à Orléans, au stade de la Source, en coupe de France avec Lens, ça m’a fait bizarre. Mes parents sont toujours là-bas.
Si tu n’avais pas été footballeur ?
Je ne me suis jamais posé la question.
Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
J’étais technique, à l’écoute. J’avais tout le bagage, mais mes défauts, c’est que, une fois arrivé en pro, je me suis reposé sur mes acquis. Avec du recul, je me dis que j’aurais dû travailler beaucoup plus. Je pense que j’avais des qualités pour faire une meilleure carrière. Quand je suis arrivé à Lens, je me suis dit « ça y est ». J’avais signé 5 ans, donc… ça va… Je faisais comme les pros confirmés alors que j’étais jeune et que j’avais tout à prouver. J’ai commencé à me bouger le cul (sic) lors de ma dernière saison, quand j’étais en fin de contrat, et d’ailleurs, ils m’ont fait re-signer. Mais j’aurais dû, en arrivant au club, me dire « Putain Sikora (titulaire et concurrent au poste de latéral droit), je vais le manger », façon de parler, mais non. On me disait « Tiens, Pat, tu joues ce week-end » je répondais « Ouep c’est cool ». Ou alors « Pat, tu ne démarres pas ce match, tu es remplaçant », je me disais « ouep bah c’est pas grave, je fais le voyage avec le groupe, je vais rentrer un quart-d’heure, je vais prendre la prime, j’ai mon salaire »… Enfin tu vois, quoi…
La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Mes premiers matchs en pro à l’AS Cannes et la première année à Lens, où je découvrais le très haut niveau. Mes saisons avec Francis Gillot, que j’adorais.
Une erreur de casting ?
Avec du recul, si j’avais été bien conseillé, je n’aurais pas dû aller à Lens, parce que là-bas, il y avait un joueur emblématique qui jouait au même poste que le mien, Eric Sikora, et je savais que ça allait être compliqué. Mais l’agent est allé là où il y avait le plus de commission… Au final, je ne peux pas dire que je regrette car Lens, c’est 20 ans de ma vie, c’est une institution, je m’y suis fait beaucoup d’amis, les gens et la région sont extraordinaires. Pour rien au monde je ne reviendrais en arrière.
Le club où tu aurais rêver de jouer ?
Tu vas trouver ça bizarre mais quand j’étais à l’AS Cannes, le club où je voulais absolument jouer, c’était Bordeaux, et en plus, il y avait la passerelle Cannes-Bordeaux à ce moment-là. Dans les années 90 , les Girondins, c’était le top ! Après, le rêve absolu, c’était Barcelone.
Ton meilleur match ?
Un match à Cannes contre Strasbourg, et aussi un Monaco-Lens : j’étais injouable ce jour-là ! Il y avait Gallardo et Simone en face, et je leur ai marché dessus ! Quand je suis revenu en état de grâce à Lens, avec Joël Muller, qui m’a longtemps boycotté, il m’a jeté en pâtures au Vélodrome, l’année où Drogba jouait à l’OM (2003-04). Pour ce match, il y avait beaucoup d’absents à Lens à cause de la CAN et Joël Muller m’a dit « Tiens, tu vas jouer ce week-end » mais s’il avait pu prendre le magasinier du club à ma place, il l’aurait fait. Là, dans ma tête, je me suis dit « Attend toi, tu fais une grave erreur » ! J’ai fait un super match et il ne m’a plus sorti de l’équipe !
Ton pire match ?
Un Montpellier – Lens, avec Fodé Mansaré face à moi : il m’avait fait l’amour !
Un stade mythique ?
Lens forcément ! Et y a aussi le stade où tout le monde veut jouer, c’est le Parc des Princes. La première fois que j’y ai joué, j’avais Raï devant moi… J’ai souffert aussi (rires) !
Un coéquipier marquant ?
Cyril Rool, à Lens. Quand tu le vois de loin, que tu ne le connais pas, sur un terrain, tu penses que c’est un boucher, qu’il est méchant, mais c’est le mec le plus gentil qui puisse exister. C’est un footballeur hors pair, avec une main à la place du pied. Un top joueur ! Olivier Dacourt aussi. Et je citerais Jérôme Leroy, un génie du football.
Des amis dans le foot ?
Olivier Dacourt, Cyril Rool, Mickey Marsiglia, j’en ai d’autres, Sébastien Chabert, etc.
Le coéquiper avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Vitorino Hilton. Quand tu joues à côté de lui, c’est facile. Jérôme Leroy aussi.
Celui qui t as le plus impressionné ?
Mansaré, Raï, Ronaldinho.
Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Djimi Traoré, à Lens.
Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Guy Lacombe et Francis Gillot.
Un coach que tu n’as pas… (il coupe direct !)
Joël Muller.
« J’étais fan absolu de Johan Micoud »
Un président marquant ?
Gervais (Martel, président de Lens).
Une causerie ?
Les causeries de Fred Antonetti.
Une consigne impossible à comprendre ?
Les consignes de Joël Muller.
Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Vieira, Dacourt.
Des rituels, des tocs ?
Toujours le même caleçon.
Un dicton ?
Le travail paie.
Passions ?
Mon fils. Il a 21 mois, il s’appelle Gabriel. En fait, les footeux, souvent, à 20 ans ils sont posés, ils sont pères de famille, mais ils ne voient rien de la vie. Et une fois leur carrière terminée, certains divorcent, mais pas tous bien sûr, et ils veulent voyager, faire plein de choses, sortir. Moi, je me toujours dit que je voulais profiter, voyager, sortir, profiter avant. Et me poser après. Sinon, je me suis mis au padel aussi. On joue entre amis. Et la marche.
Un modèle de joueur ?
A Cannes, mes modèles, c’était Zizou (Zidane) bien sûr, mais surtout Johan Micoud. J’étais fan aboslu de lui !
Une idole de jeunesse ?
Alain Giresse.
Un match de légende ?
C’est Argentine – Angleterre en coupe du Monde avec Maradona, et aussi le France – Brésil de 1986. Et bien sûr la finale du Mondial 1998 France – Brésil.
Ta plus grande fierté ?
Mon fils.
Le foot en deux mots ?
(Rires) Un milieu de requins. Maintenant que je suis passé de l’autre côté, je le vois encore plus.
Texte : Anthony BOYER – Mail : aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06
Photo de couverture : 13HF
Photos : 13HF, DR, OGC Nice, RC Lens
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Sa vie est un roman et un exemple d’intégration par le foot. Vingt ans après s’être illégalement échappé de son pays en guerre, Herman Koré court toujours. L’ancien clandestin ivoirien sans papiers vit désormais à Quimper où il travaille et continue à marquer des buts pour le Quimper Kerfeunteun FC (R1). On a suivi sa trace !
C’est l’histoire d’un « sans papiers », d’un clandestin ivoirien, qui a gagné le droit de rester en France en jouant au foot et en marquant des buts, jusqu’en National. 20 ans après son arrivée rocambolesque sur le territoire français, Herman Koré raconte son parcours du combattant et son incroyable itinéraire de vie. Marié à Charlotte, père de deux enfants, Lyanah (11 ans) et Yanis (8 ans), électricien de formation, et toujours affûté à la pointe du Sud-Finistère et de l’attaque du Quimper Kerfeunten FC (R1), « Papy Koré », comme on le surnomme désormais, n’a rien oublié.
Il a fait des pieds et des mains pour rester en France
2003-2023 : Herman Koré a fêté les 20 ans de son arrivée en France et il peut regarder fièrement le chemin parcouru. Les chemins de traverse, plutôt, car l’ancien clandestin ivoirien a forcé le passage en faisant des pieds et des mains pour être régularisé. Des mains car il a également joué au rugby et c’est d’ailleurs grâce à ce sport qu’il s’est évadé de Côte d’Ivoire – alors en guerre civile – en profitant de sa sélection en équipe nationale pour venir jouer la Coupe du Monde juniors 2003 en France. Et des pieds car c’est en jouant au foot et en marquant beaucoup de buts qu’est ensuite venu son salut de citoyen français. A l’arrache ! Avant un match important (décisif pour la montée de Saint-Lô en CFA 2) qu’il avait refusé de jouer si on continuait à le laisser sans papiers. C’était en 2009. Six ans après son arrivée en France. Six ans de galère à se cacher dès qu’il apercevait un uniforme. Six ans à ne pas trouver chaussure à son pied de footballeur dans des clubs professionnels (Tours, Dijon, Le Havre, Caen) car il était « sans papiers ». Herman n’a jamais évolué ensuite plus haut que le National, à Concarneau, où il a quand même participé à un quart de finale de la Coupe de France contre Guingamp en mars 2015 (élimination 1-2), mais son but était atteint : être un citoyen français libre. Et pas seulement parce qu’il s’était évadé de Côte d’Ivoire en 2003. Vingt ans après, Herman Koré s’est confié à 13 heures foot pendant une heure et 45 minutes : la durée d’un match de foot, mi-temps comprise !
Le parcours du combattant d’un ancien clandestin ivoirien
Le foot des rues à Abidjan. « J’ai su très tôt que mon avenir n’était pas en Côte d’Ivoire »
« Tout gamin, à 8 / 10 ans, j’ai commencé le foot dans les rues d’Abidjan. On se mettait en ligne, un qui part à gauche et l’autre à droite. C’est comme ça qu’on formait les équipes. On n’avait pas de maillot, c’était soit avec des t-shirts, soit torse-nu, on mettait deux petits poteaux pour les buts et c’était parti. Pour faire plus moderne, on s’écrivait aussi des numéros dans le dos avec du kaolin mais ça partait avec la transpiration et il fallait les refaire à la mi-temps. On faisait des tournois, on jouait pour des bonbons, dans une bouteille de Cristaline à l’envers qui faisait office de coupe. Il y a des gens qui m’ont vu jouer et qui m’ont proposé de faire un essai à l’académie Jean-Marc Guillou. J’ai été retenu, des dirigeants sont venus à la maison, c’était l’un des deux grands clubs de Côte d’Ivoire mais ils sont aussi rivaux que Paris et Marseille, et comme mon père était supporter de l’autre club, il a refusé que je signe. Donc j’ai continué à jouer au foot dans le quartier, je me débrouillais, je vendais aussi des cigarettes, je faisais monter des gens dans des camions pour les déposer où ils voulaient aller. Je n’allais pas trop à l’école. Des fois j’avais mon sac pour y aller, mais je m’arrêtais en chemin car il y avait un tournoi. J’ai quand même eu mon examen pour aller en 6e car la maîtresse a bien voulu me le faire passer après un tournoi où il y avait 15 000 francs CFA à gagner (25€). Et je suis allé jusqu’en 3e. Mais j’ai su très tôt que mon avenir n’était pas en Côte d’Ivoire. »
International junior de rugby. « Je ne savais pas encore que je ne reviendrais pas »
« Dans la cité du port, le jeudi, mes copains partaient à l’entraînement de rugby et je me retrouvais tout seul. C’est pour ça que je m’y suis mis aussi. Et en 3e, mon prof de sports s’occupait d’une équipe qui était inscrite à un tournoi où les meilleurs devaient être recrutés pour la coupe du monde juniors en France. Il a vu mes qualités de vitesse, ma vision du jeu et il m’a pris comme capitaine. On était 1500 à être retenus pour les stages suivants. Après, j’étais dans les 500 gardés, puis dans les 50, puis dans les 30. Là, c’était bon pour moi pour partir en France où j’avais déjà un cousin qui jouait dans un club de rugby. Je ne savais pas encore que je ne reviendrais pas mais dans ma tête ça commençait à me travailler. En plus, j’avais surpris une conversation entre les dirigeants qui prévoyaient de nous laisser 400 000 francs CFA (600 €) au lieu du million prévu (1500 €) à notre retour à Abidjan. Je m’étais dit que je ne retournerais pas pour 400 000 francs CFA et ça m’a forgé dans mon envie de rester en France. A Paris, on était à Saint-Denis. On a perdu notre premier match contre l’Espagne et on a gagné les deux suivants contre la Pologne et la Bulgarie. On était donc qualifié. »
Vieilli de deux ans. « Il fallait être majeur »
« J’avais 16 ans mais, avec la complicité de mes parents, on m’avait vieilli de 2 ans sur mon passeport car il fallait être majeur pour pouvoir quitter la Côte d’Ivoire pour jouer la Coupe du Monde en France. »
La grande évasion. « On était 8 à s’échapper »
« Lors de la phase éliminatoire, on était surveillé de près par nos dirigeants car il y avait déjà d’autres ivoiriens qui avaient fugué lors de matchs précédents en France. Ils gardaient nos passeports. Mais comme on s’était qualifié, du coup, nous étions un peu moins surveillés. C’est ce soir-là que j’ai décidé de m’évader. On était quatre par chambre et j’avais un autre collègue qui était dans une autre chambre de quatre. On a sauté par la fenêtre et on est parti à l’arrêt de bus. Mais avant de monter dedans, je suis retourné chercher mon collègue. Ses trois copains de chambrée sont venus avec nous. On était huit à s’échapper. On avait repéré le numéro de bus quand on était arrivé, et on l’a pris dans l’autre sens, je l’ai pas payé d’ailleurs, et on est arrivé à la gare du nord. Trois de mes copains avaient de la famille à Paris, ils ont téléphoné et on est venu les chercher. Moi, mon cousin était à Tours, je croyais que c’était juste à côté, je l’appelle, il nous dit de venir. On monte donc dans le train et on se cache dans les toilettes car on n’avait pas d’argent pour le billet. Et c’est comme ça qu’on s’est retrouvé tous les cinq à Tours ! »
En cavale. « La galère a duré 6 ans »
« A chaque fois qu’on voyait un policier, on était mal. Si on nous avait demandé nos papiers, on n’en avait pas, donc il valait mieux tout faire pour éviter cette situation. Dès que je voyais un policier, je ne courais pas tout de suite mais je pressais le pas, et dès que j’étais à l’abri des regards, je partais. Tout ce qui était bagarre, les embrouilles comme ça, j’évitais tout, et la galère a duré six ans car je n’ai eu mes papiers qu’en 2009. Mais je suis le seul des huit à avoir dû attendre aussi longtemps pour être régularisé. Bon, il y en un qui s’est fait prendre à voler dans un magasin et il avait été renvoyé au pays. Un autre est parti en Italie où son frère travaillait, il s’est intégré là-bas. Un autre est parti à Paris chez un oncle, il est retourné à l’école et il a eu ses papiers. Donc on s’est retrouvé à deux chez mon cousin à Tours, mais ça ne pouvait pas durer longtemps car il vivait en couple et notre présence posait évidemment des problèmes. Heureusement, mon copain a rencontré une fille qui l’aimait bien, ils sont partis vivre ensemble, ils se sont mariés et ils ont eu deux enfants, des jumelles. Lui aussi a fait sa vie et sa situation s’est régularisée. Il ne restait que moi. »
De Tours à Paris. « 20 € le but et la vie parisienne »
« Pendant que j’étais à Tours, j’ai trouvé dans la banlieue un petit club corpo, à Saint-Cyr-sur-Loire, où on me payait 20 € le but. J’étais plus jeune que les autres, j’allais plus vite et techniquement, j’étais au-dessus. On me donnait le ballon, je courais et je frappais. Un jour, on a gagné 12-0, j’avais marqué les 12 buts et je suis rentré avec 240€ ! C’était énorme pour moi. Comme une première paye. J’avais acheté un jean et des chaussures. J’avais fait aussi un essai au Tours FC où j’ai joué un peu en U18, un entraînement et un match amical peut-être, mais sans papiers je ne pouvais pas faire plus. Et au bout de six mois, je suis reparti trois mois à Paris, chez un copain d’enfance qui était bagagiste à l’aéroport. J’ai fait aussi un essai concluant au Paris FC, la première était en National je crois, mais il y avait toujours le problème des papiers qui m’empêchait de travailler et de trop traîner dans la rue. C’était compliqué pour moi. Je trouvais que tout le monde était pressé et que les gens couraient dans tous les sens pour prendre le train ou le métro, pour aller au boulot ou pour rentrer chez eux. Je pensais qu’il se passait quelque chose et je courais aussi en découvrant la vie parisienne où personne ne se dit bonjour. »
Le faux-départ pour l’Irlande. « Ramassé par la police des frontières »
« J’étais revenu chez mon cousin à Tours et j’appelle ma soeur en Irlande où je voulais la rejoindre. Elle m’envoie 200€ sur le compte de mon cousin et je prends le train pour Cherbourg où je devais embarquer. Mais je ne sais pas pourquoi je suis descendu à Caen et j’ai demandé où il y avait un club de foot. On me montre le Stade Malherbe et grâce au gardien et au coach des 18 ans Nationaux, j’ai pu dormir au centre de formation. Le lendemain, j’ai fait un entraînement, le coach a vu mes qualités, mais il y avait toujours le problème de ma situation. Il m’a conseillé d’aller à Saint-Lô qui était un club partenaire de Caen. Mais moi je ne savais pas où c’était et je suis remonté dans le train pour aller à Cherbourg. Là je paye 50€ mon billet et j’attends. Sauf que l’Irlande c’est un autre pays et je me suis fait ramasser par la police des frontières. J’avais bien un nouveau passeport, que mes parents m’avaient envoyé à l’ambassade à Paris, en se débrouillant car au pays c’est business. Et avec cette fois ma vraie date de naissance qui montrait que j’étais mineur. Mais il n’y avait pas de visa donc ça servait juste à indiquer de quel pays je venais. On m’arrête. C’était le 20 décembre 2003. »
En garde à vue puis en foyer d’accueil. « Une place pour moi à Saint-Lô »
« Comme je suis mineur, on ne me renvoie pas en Côte d’Ivoire, on me cherche une place dans un foyer d’accueil pour jeunes. Mais il n’y avait plus de place à Cherbourg et comme il était tard, on me met en garde à vue. Le lendemain, j’apprends qu’il y a une place pour moi à Saint-Lô et ça fait tilt dans ma tête car l’entraîneur de Caen m’avait déjà parlé de Saint-Lô pour le foot. Au foyer, je leur ai dit que je voulais reprendre mes études pour avoir un diplôme et j’ai passé en deux ans un BEP électro-technique à Coutances et ensuite un bac pro. On m’avait aussi demandé au foyer si je faisais du sport et l’éducateur m’a donc accompagné pour m’inscrire au club de foot de Saint-Lô. »
A Saint-Lô (2004 à 2010). « Ils sont nuls, essaye-moi, je suis meilleur qu’eux »
« A Saint-Lô, c’était pour jouer en équipes de jeunes, mais en arrivant, j’ai vu la première qui s’entraînait (alors en CFA, c’est à dire N2) et j’ai dit à leur coach, c’était Olivier Joba, que ses attaquants n’étaient pas bons. Je lui lance ça cash : « Ils sont nuls, essaye-moi, je suis meilleur qu’eux ! ».
Le week-end suivant, ils avaient un match amical contre la Maladrerie Caen. Le coach me dit, « Toi tu parles beaucoup, on va voir ce que tu vaux ». On me prête des chaussures, j’étais remplaçant, on était mené 1-0, un attaquant se blesse, je rentre, je mets un doublé et je fais une « passe dé ». Ensuite j’ai commencé avec la réserve, j’ai mis quatre buts je crois, et c’est comme ça que j’ai été pris en équipe A et que j’ai joué mon premier match contre Vannes. Ensuite j’ai joué avec Thomas Vauvy en attaque. J’ai été repéré, j’ai fait des essais au Havre (2004) et à Dijon (2005), ça se passait bien, mais à chaque fois ça coinçait à cause de ma situation de sans papiers. Donc je reviens à Saint-Lô, je fais mes gammes et les années passent. Mais je n’avais que des primes de match, pas de fixe, que des primes de 75€ par match gagné. A un moment, je me suis rebellé, et de 75€ de prime de victoire je suis passé à 300€ de fixe puis à 800 € la saison d’après. Plus les primes. Mais c’était versé sur le compte d’un autre joueur donc c’était compliqué pour moi. »
La régularisation (2009). « Le maire dînait avec le préfet »
« Dans la vie de tous les jours ce n’était pas facile pour moi. Sans papiers, je n’avais pas de compte, je ne pouvais pas passer mon permis de conduire. Et je ne pouvais pas travailler alors que j’étais devenu indispensable à l’équipe car j’étais décisif et je marquais des buts. J’ai donc dit que la situation ne m’arrangeait plus et j’ai refusé de jouer un match décisif pour la remontée en CFA 2 (N3). C’était juste avant le coup d’envoi. Il y avait encore deux matchs derrière, mais si on gagnait celui-là, on était sûr de remonter. On était dans le vestiaire après l’échauffement, Olivier Joba préparait l’équipe, et j’ai dit « Moi je ne joue pas. On me promet que je vais avoir mes papiers, je ne les ai toujours pas, je les attends encore, alors si vous pensez que vous pouvez gagner sans moi, allez jouer ! ». Le gardien, un bon pote à moi, a dit que lui non plus ne jouerait pas. Le latéral droit et un des deux défenseurs centraux ont dit pareil. Je ne m’attendais pas à ça. Quatre titulaires en moins alors que l’adversaire était déjà dans le couloir pour entrer sur le terrain ! Le coach ne m’a pas engueulé, il m’a dit : « Je comprends, le maire est là, je vais aller le voir ». L’équipe adverse était sur le terrain, l’arbitre nous appelle, personne ne vient. Il s’est trouvé que ce même soir, le maire, Monsieur François Digard, devait dîner avec le préfet. Je lui ai expliqué ma situation, il n’était pas au courant, il m’a dit : « Je voyais ton nom dans le journal, je ne savais pas qu’il y avait un problème, va jouer, tu auras tes papiers lundi ». Le match c’était contre Ouistreham. J’ai joué, on a gagné 6-1, j’ai marqué trois buts et réussi une passe décisive. Je devais donc aller le lundi à la préfecture mais la trésorerie principale était juste à côté et il y avait un car de police. J’ai cru à un piège pour me renvoyer au pays et je me suis sauvé. C’est la préfecture elle-même qui m’a rappelé le mardi en me disant que j’avais été attendu le lundi, que j’étais le seul noir sans papiers que la préfecture invitait à venir les chercher et qui ne venait pas ! Ils avaient repris ma date de naissance vieillie (le 25 février 1984 au lieu de 86), mais je n’ai rien dit. Je me suis tout de suite inscrit au permis de conduire et, avec Charlotte, ma future femme, on a ouvert à la Caisse d’Epargne un compte joint que l’on a toujours depuis. Et j’ai trouvé tout de suite du travail. Ma vie de citoyen français commençait. J’ai encore fait un an à Saint-Lô, on est redescendu en DH (R1), mais j’ai mis 21 buts, je jouais libéré. Avant je jouais avec la haine car je voulais tout casser pour être régularisé. »
L’AS Vitré (2010-11). « L’année du décès de ma mère »
« Je suis resté un an à l’AS Vitré (CFA 2) où je touchais 2000€ par mois mais ce n’est pas ma meilleure saison car j’ai subi le contre-coup du décès de ma mère. Comme j’avais enfin mes papiers, j’étais retourné deux semaines en Côte d’Ivoire pour la revoir et elle est décédée juste après. Je ne l’avais pas vue depuis sept ans. Donc ce n’était pas une bonne saison pour moi mais j’avais quand même réussi deux bons matchs contre l’US Concarneau où je me suis retrouvé la saison suivante. Je ne touchais plus que 1000€ par mois mais en jouant une division plus haut (CFA). »
Les années concarnoises (2011 à 2018). « 1/4 de finale de Coupe de France et montée en National »
« A Concarneau, il y a eu des hauts et des bas mais, avec Saint-Lô, c’est le deuxième club où je suis resté aussi longtemps. J’ai d’abord fait fait cinq belles saisons en CFA (N2), mais l’année suivante, après être monté en National, c’était plus compliqué pour moi car j’étais souvent victime de la concurrence. Il y a aussi le quart de finale de la Coupe de France contre Guingamp (défaite 1-2 en 2015) mais je n’étais que remplaçant car j’avais pris un coup au genou en 1/8e de finale à Croix (0-0, 1-4 aux tab). Ma dernière saison en National (2017-18), je n’ai pas beaucoup joué non plus car il y avait aussi Charly Dutournier et Saïd Idazza devant. Cette année-là, je n’ai mis qu’un but, mais un beau, un ciseau acrobatique sur un centre de Kelly Irep contre Boulogne (victoire 1-0 le 22/09/2017). Ce but, je l’avais dédié au président Jacques Piriou car c’était son anniversaire. Mais après cette saison, j’étais un peu dégoûté et je voulais arrêter. »
L’US Trégunc (2018 à 2020). « 24 buts en championnat plus 8 en Coupe de France »
« L’entraîneur de l’US Trégunc (juste à côté de Concarneau), Hubert Castets, m’a persuadé de reprendre le foot en R1. Et cette saison-là (2018-19), on est tout de suite monté en N3 et j’ai marqué 18 buts en championnat plus 8 en Coupe de France. Mais la saison suivante, je m’étais fait une déchirure et j’ai arrêté au début de la poule retour. A la fin de la saison, le club devait redescendre en R1 mais il avait finalement été repêché en N3. »
Le Quimper Kerfeunteun FC (depuis 2020). « C’est ma dernière saison »
« Le coach de Quimper Kerfeuteun me contacte mais je voulais d’abord bien me soigner. Ensuite c’est le président, Yannick Crenn, le PDG de Locarmor, une entreprise de location de divers matériels de chantier, qui m’appelle. Comme je ne travaillais qu’en intérim, je lui ai dit que je voulais un CDI et une voiture de fonction. On s’est mis d’accord. Il m’avait dit aussi qu’il me prêterait une de ses grosses voitures pour partir en week-end si je marquais 20 buts. La première saison a été interrompue par le Covid mais la deuxième j’ai marqué 22 buts, on est monté de R2 en R1, et je suis parti en week-end avec la voiture du patron après avoir fait le plein à la boîte ! Aujourd’hui, c’est ma quatrième saison à Quimper Kerfeunteun mais c’est la dernière. C’est sûr et certain. Je vais sur mes 38 ans, mon corps m’envoie des signaux, il faut savoir dire stop. »
Herman Koré, du tac au tac
« Si j’avais eu mes papiers plus tôt, j’aurais été pro »
Le meilleur souvenir de footballeur ?
« Si je dois n’en donner qu’un ou deux : mon but contre Niort (Ligue 2) qui qualifie Concarneau pour les 16es de finale de la Coupe de France (1-0 en janvier 2015). Et le déplacement à la Réunion avec l’US Concarneau en Coupe de France (novembre 2014). »
Le pire ?
« Ma saison en CFA 2 à l’AS Vitré (2010-11) après le décès de ma maman. »
La plus belle victoire ?
« Contre Châteaubriant en Coupe de France avec Concarneau » (victoire 2-0 au 8e tour le 6 décembre 2015).
– Il rigole car son but (le deuxième) avait fait polémique (voir la vidéo de Newsouest) : « J’avais marqué de la tête en me mettant à quatre pattes car j’avais le temps pour le faire avant que le gardien ne revienne. C’est un geste que je ne regretterai jamais car je l’ai fait, je l’avais pensé, et je l’avais même prévu quand Ntep l’avait fait avec Rennes contre Reims (mai 2014). J’étais au stade. Alors aucun regret. »
Le but qui a fait polémique :
La pire défaite ?
« Avec l’US Trégunc : 6-0 à Brest, contre la réserve du Stade Brestois en N3 (25/01/2020). »
Le plus beau stade ?
« Le stade de Sedan (Louis-Dugauguez). D’abord sous la neige pour un match remis (13 janvier 2017) en National avec l’US Concarneau, mais on y était retourné en février (victoire 0-2). »
Le meilleur entraîneur ?
« Olivier Joba à Saint-Lô. »
Le meilleur président ?
« Jacques Piriou à Concarneau. Il a toujours été honnête avec moi. Tout ce qu’il m’a promis, il l’a tenu. »
Ton plus beau but ?
« Le ciseau acrobatique sur le centre de Kelly Irep contre Boulogne en 2017 (National). »
Le but contre Boulogne :
Le match où tu as marqué le plus de buts ?
« 12 buts avec le club corpo de Saint-Cyr-sur-Loire dans la banlieue de Tours (2003). »
Le meilleur vestiaire ?
« Celui de Saint-Lô. »
La causerie d’avant-match la plus marquante ?
« Toutes celles de Nicolas Cloarec à Concarneau. Il est doué pour ça. Après ses discours d’avant-match, j’étais prêt à partir à la guerre pour mettre la tête là où l’adversaire mettait le pied. »
Une anecdote qui n’est jamais sortie du vestiaire ?
A Fontenay-Le-Comte en CFA (N2) avec Concarneau (07/11/2015). J’étais remplaçant et j’avais oublié mon maillot au vestiaire et il a fallu aller le chercher quand Nicolas Cloarec a voulu me faire rentrer. On n’a perdu deux minutes, il n’en restait plus que trois dans le temps additionnel, il y avait 2 à 2 alors qu’on avait mené 2-0, et je mets le but de la victoire 3-2. Mais le coach ne m’a pas félicité, il m’a engueulé pour avoir oublié mon maillot. »
La personne qui t’a le plus aidé ?
« Il y en a trois : Olivier Joba à Saint-Lô, Pascal Laguillier à Concarneau et Yannick Crenn à Quimper Kerfeunteun. »
Le plus bel encouragement ?
« Pascal Laguillier, à l’US Concarneau, quand il m’a accompagné et aidé à me remettre en jambes après ma fracture de la malléole d’une cheville (décembre 2013). »
La plus grande peur ?
« Quand j’ai eu cette fracture et que j’ai cru que le foot était fini pour moi. A l’hôpital, on n’avait pas détecté tout de suite la fracture, on croyait que c’était une entorse et mes ligaments se sont collés sur ma malléole. J’ai dû subir une nouvelle opération et j’ai été éloigné des terrains pendant sept mois… Bon, quand j’étais sans papiers, j’ai eu pas mal de frayeurs aussi en croisant des policiers. »
Un regret de footballeur ?
« De ne pas avoir eu mes papiers plus tôt. »
Tu aurais voulu et pu être professionnel ?
« Je suis sûr et certain que si j’avais eu mes papiers plus tôt je l’aurais été. » Ton point fort ?
« La puissance et la vitesse. »
Ton point faible ?
« Je suis râleur. Je discute beaucoup avec les arbitres et je peux comprendre que ça énerve mais c’est parce que j’ai horreur de l’injustice. »
Combien de cartons rouge ?
« A Saint-Lô, j’en ai pris plein. J’ai même pris une suspension de dix matchs mais c’était à mes débuts et je n’étais pas habitué aux injures racistes et aux crachats au visage. On m’a souvent appelé Bamboula. Je répondais en y allant aux poings. J’ai dû prendre au moins dix cartons rouge. »
Combien de buts en championnat ?
« Largement plus de 100. »
Le partenaire qui t’a le plus impressionné ?
« Tony Théault. J’ai joué deux ans avec lui à Saint-Lô (2008 à 2010). Un ailier gauche qui avait une main à la place du pied gauche. Il a joué aussi à Avranches. C’était comme Gourm’ (Christophe Gourmelon) à Concarneau mais en plus technique et en plus vif. On se trouvait les yeux fermés. »
L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
« Guillaume Jannez (le capitaine des Thoniers à l’US Concarneau en Ligue 2). On a joué longtemps ensemble mais j’ai également joué contre lui avec Saint-Lô et Vitré. C’est un faux lent. Au démarrage, il a des problèmes avec les petits gabarits vifs, mais à l’arrivée, avec ses longues jambes (il mesure 1,96m), il est toujours là. Et il a aussi le sens de l’anticipation. »
Tu aurais voulu être international ivoirien au foot ?
« J’aurais voulu. D’ailleurs j’ai une anecdote que je n’ai jamais dite. Une fois, j’ai reçu un appel de la fédération ivoirienne de foot qui me disait qu’on me suivait pour la sélection. C’est quand j’étais à Saint-Lô. J’ai cru que c’était une blague. Je ne saurai jamais si c’était vrai car j’ai raccroché… Au téléphone c’était bizarre quand même, le club aurait dû recevoir une lettre. »
Ta plus grande fierté ?
« Avoir réussi à fonder une famille et, malgré mon handicap de départ, avoir une maison à mon nom. »
Textes : Denis Vergos / Twitter : @2nivergos
Photos : Fanch Hémery, Christian Rose Cornouaille Photo et DR.
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Le directeur général adjoint du groupe 6e Sens Immobilier et président du deuxième club lyonnais (National 3) mène de front une politique sociétale, avec de nombreuses actions en matière de citoyenneté, scolarité, culture, jeunesse, santé et emplois, et une politique sportive. Un choix assumé mais pas toujours simple dans le quartier le plus pauvre de la ville, où les infrastructures font cruellement défaut.
Président de Lyon – La Duchère depuis mai 2021, bénévole depuis une quinzaine d’années, Jean-Christophe Vincent fait bouger les lignes sur les hauteurs du IXe arrondissement après avoir succédé à Mohamed Tria il y a plus de deux ans à la tête du deuxième club de football de la ville rhodanienne. Ses ambitions politiques mises au placard, l’ancien numéro 2 du Parti socialiste à Lyon est revenu sur le devant de la scène dans un autre rôle.
Au travers un combat qui entremêle sportif et social dans « un des quartiers les plus pauvres de Lyon », le directeur général adjoint du groupe 6e Sens Immobilier, un des actionnaires du club, dépense une énergie inépuisable pour mener à bien ses projets.
A 53 ans, le Duchérois vise « l’excellence sportive et sociale » pour son club mais se retrouve, avec ses équipes, confrontés à des problématiques d’infrastructures majeures qui n’empêchent cependant pas les résultats. Pour 13 heures foot, le président du club du Plateau revient, avec calme et sérénité, sur la chronologie des faits, de sa prise de fonction jusqu’à des ambitions qui se veulent toujours plus étendues.
Interview
« Un projet d’envergure ne peut reposer sur un seul investisseur »
Quel rapports avez-vous avec le foot personnellement ?
J’ai toujours joué en foot en loisirs et je joue à 5 contre 5 encore aujourd’hui avec des potes et des amis de mon fils. Je n’ai jamais joué au foot de façon sérieuse car je n’avais pas le niveau aussi (sourires).
Bénévole au club de La Duchère depuis 2008, vous êtes aussi maintenant président depuis mai 2021.
Comment cela s’est fait ?
Mohamed Tria a pris la présidence et je connaissais bien son frère qui nous a présenté. J’habite le IXe arrondissement et j’allais voir des matchs de La Duchère. Je jouais aussi en 5 x 5 avec des anciens du club. De par mon métier de l’époque, je connaissais bien le milieu politique et Mohamed avait besoin d’aide pour s’occuper des relations extérieures, publiques et économiques du club. Il mettait aussi un projet social en place et c’est ça qui m’a intéressé. Je n’avais pas de regard sur l’aspect sportif.
Devenir président, vous ne l’aviez jamais imaginé ?
Pas du tout ! C’est vraiment un concours de circonstances. Je n’ai jamais eu l’ambition de présider le club de La Duchère mais quand Mohamed Tria est parti, ça semblait logique que ce soit moi qui reprenne la présidence.
Vous êtes également directeur général adjoint de 6e Sens Immobilier, un des actionnaires du club. Cette double casquette n’est-elle pas trop lourde à porter ?
J’ai deux boulots. Je travaille six à sept jours par semaine. Je ne me plains pas, j’adore mon travail chez 6e Sens Immobilier et j’adore m’investir pour le club de Lyon La Duchère. Il y en a qu’un seul qui me paye mais ça me va comme ça (sourires). Nicolas Gagneux (fondateur et patron de 6e Sens Immobilier) est totalement impliqué dans la vie du club et les choses se font tout à fait naturellement. Je n’ai pas d’emploi fictif (rires). Aujourd’hui, le club vit par 6e sens. Le patron de 6e sens est celui qui donne la ligne directrice de la stratégie globale. C’est celui qui paye qui décide, son président qui fait vivre le club. Même s’il y a d’autres partenaires. Il ne peut pas y avoir de divergence.
« Pour la L2, financièrement, sportivement et symboliquement, on a échoué »
Le club recherche forcément d’autres partenaires, non ?
Toujours oui. Il y a une fenêtre de tir assez incroyable compte tenu de l’état de l’Olympique Lyonnais et de l’état d’esprit aujourd’hui de ses actionnaires qui sont éloignés de ce qu’a été le club. Autour de Jean-Michel Aulas, des entrepreneurs locaux ont plus que soutenu un véritable projet de territoire, appuyé par Gérard Collomb, le maire de l’époque (décédé le 25 novembre dernier). Tout ce microcosme est en train d’être réduit à néant. L’exemple du LOU au rugby, c’est magnifique aussi. Des chefs d’entreprises locaux ont bâti le projet et l’ont repris depuis sa base pour en faire ce qu’il est aujourd’hui. On attend désormais qu’ils se tournent vers nous.
Jusqu’ici, vous avez contribué à « façonner » le club de La Duchère plutôt dans l’ombre…
Il y a eu un projet, à partir de 2018-2019, de faire de La Duchère un club de Ligue 2. On a été beaucoup à y adhérer et finalement, ça a échoué. Financièrement, sportivement mais aussi symboliquement : parce que le changement de nom a été mal vécu, avec cette nouvelle appellation, Sporting Club de Lyon. Il fallait repartir de la base et sur quelque chose de nouveau.
Quel regard posez-vous aujourd’hui sur la situation globale du club ?
Je dirais que la situation s’est assainie après une série d’ennuis judiciaires qui sont derrière nous. J’espère qu’il n’y en aura pas d’autres (sourires). On a eu un gros problème avec l’URSSAF notamment (le club de Lyon La Duchère a été sanctionné par la commission fédérale de contrôle des clubs de la DNCG en fin de saison dernière avant d’être rétrogradé de N2 en N3). Mais comme je le disais, il faut désormais qu’on arrive à convaincre les collectivités d’être plus que dans l’écoute.
« On refuse 400 à 500 gamins chaque année »
Vous accueillez 600 licenciés : comment cela se matérialise-t-il au quotidien ?
On dénombre 550 mineurs et une centaine d’autres licenciés. Ce dont on ne parle presque jamais, c’est qu’on refuse 400 à 500 gamins chaque année et pour moi, c’est un truc qui ne peut pas durer éternellement. Je ne cherche pas à avoir le club le plus gros de Lyon mais on pourrait accueillir beaucoup plus de monde.
Le club compte tout de même 32 équipes jeunes !
Et encore une fois, on pourrait en avoir beaucoup plus ! Quand on a créé l’équipe U17 B, nous avons été obligés d’arrêter nos vétérans. On ne peut pas faire de futsal non plus. On fait du foot adapté mais on le fait à Champagne-au-Mont-d’Or, juste à côté. On développe aussi le football féminin mais si les choses n’évoluent pas, les capacités du côté masculin seront forcément réduites…
Un comité de direction paritaire
La Duchère est pourtant un quartier qui a été entièrement rénové…
Oui mais les infrastructures sportives ont été oubliées. On parle tout le temps de la Halle Diagana mais elle n’aurait jamais dû être là. Il y aurait dû avoir un terrain de football à la place. Malgré ça, on est vraiment soutenu dans notre action quotidienne qui correspond à l’état d’esprit de la ville de Lyon. Il n’y a pas beaucoup de clubs qui ont un comité de direction qui est strictement paritaire par exemple.
Une égalité qui permet de proposer une multitude d’activités ?
On propose des accompagnements dans une multitude de domaines : la culture, l’emploi, la scolarité. On organise des forums. Des cours de soutien sont dispensés tous les soirs. Les plus jeunes effectuent deux stages avant celui de fin d’année en 3e. On s’occupe d’insérer les jeunes migrants aussi. Seulement, il manque des espaces et la ville de Lyon le sait et y travaille. Tout se joue là.
Un pôle de prévention des violences sexuelles et intrafamiliales, en partenariat avec l’association L’Enfant bleu, a été créé. En parle-t-on assez selon-vous ?
Le chiffre que tout le monde doit retenir aujourd’hui, c’est qu’il y a 1 chance sur 7 d’être victime de violence sexuelle avant ses 18 ans. C’est effrayant et je considère qu’on ne peut pas confier ses enfants à un club sportif sans être sûr des mesures prises pour éviter ce genre de drame. On a imposé des formations sur la prévention des violences aux enfants à tous les éducateurs du club de La Duchère et c’est un projet qu’on a porté aux niveau des collectivités locales. A l’avenir, les subventions publiques pour les clubs des villes comme Paris ou Lyon seront conditionnées par des formations effectuées pour une partie des éducateurs.
Les résultats dans le combat que vous menez sont-ils visibles ?
Il y a deux ans, on a postulé pour le prix de la fondation du foot autour d’un projet sur les menstruations. On a eu le grand prix et notre initiative a été diffusée dans de nombreux clubs en France. L’année suivante, on a présenté notre pôle de la prévention pour les violences faîtes aux enfants et on a été parmi les 4 lauréats pour le prix final. Grâce à ce pôle, nous avons recueilli la parole de 40 enfants. Depuis, 10 sont suivis et 3, victimes de violences intrafamiliales, ont été placés après signalement au procureur… C’est dire l’efficacité de notre action ! Nous n’avons pas « gagné » car un autre projet a requis plus d’attention : un club avait planté autant d’arbres que de matchs gagnés, soit 32 !! Une aberration ! On est à des années-lumière de la prise de conscience.
« Le monde sportif est aveugle »
Vous avez été touché personnellement par ce genre de problématique. En quoi le foot peut-il être le vecteur de tous ces combats ?
Le foot aujourd’hui, c’est de loin le sport qui draine le plus de licenciés devant le tennis qui en compte environ un million. Il y a le foot et le reste des sports et la FFF est certainement la plus ringarde sur le sujet de la question de la protection de l’enfance. Je dirais même que le monde du sport est complètement aveugle.
Un engagement quelque peu freiné par des problématiques d’infrastructures majeures…
Exactement. La Duchère n’a pas été portée politiquement par le passé et il n’y a jamais eu de volonté de nous permettre d’avoir les infrastructures nécessaires. Quand on prend l’exemple du FC Lyon, projet porté par Thierry Braillard à l’époque, ils ont 7 ou 8 terrains. Il faut qu’on en ait au moins trois dans les années à venir. On accueille de plus en plus de jeunes filles, on est demandeurs, on a baissé les tarifs de 25% mais on est confronté à des problématiques de créneaux horaires. On a 120 filles et 410 garçons et, à l’avenir, on aimerait avoir 550 filles et 550 garçons !
« On demande une réflexion sur les années à venir »
Quels liens entretenez-vous avec les collectivités ?
On travaille avec la Ville de Lyon, avec la Métropole aussi, et nos relations avec les collectivités se passent très bien. Le dialogue est simple, régulier et on sait qu’il faut des investissements majeurs en infrastructures, que ça ne peut pas se faire d’un claquement de doigt. Ce qu’on demande, c’est une réflexion sur les années à venir pour accueillir comme ils se doit nos licenciés.
Des catégories du club doivent être forcément lésées…
Clairement ! Nos jeunes, à partir de 16 ans, vont jouer à la Plaine des Jeux de Gerland, soit une heure de trajet aller-retour trois fois par semaine en plus de mener une scolarité. La mairie de Lyon vient de refaire le stade de la Sauvegarde, le stade Balmont sera converti en synthétique courant 2025 et on pourra passer à peu près 80 heures par semaine dessus. C’est une avancée mais on explore d’autres pistes. On discute avec le groupe Alliade Habitat, bailleur social, et aussi la Métropole de Lyon car il y a des terrains non utilisés. Je pense à celui quartier des Sources, qu’on pourrait convertir en terrain synthétique et il faut interpeller la collectivité qui pourrait vouloir y construire un immeuble. Nos besoins, ce sont aussi leurs besoins. Nous accueillons les gamins des personnes qui sont ou seront logés ici.
Qu’en est-il du stade Balmont dont les travaux de rénovation s’imposent ?
Dans ma tête, j’y pense forcément (rires) et j’avais imaginé un partenariat public/privé, en lien avec la municipalité, pour pouvoir financer ces travaux. C’est une idée car le plan pluriannuel d’investissement de la collectivité, prévu de 2020 à 2026, ne prévoyait pas de rénovation. Je demande à ce qu’une budgétisation soit faite dans les années à venir car on ne peut pas faire rêver les gens tant qu’on n’en a pas les moyens. Le stade Balmont est le dernier qui existe sur la ville de Lyon et ça serait terrible qu’il s’effondre (sourires).
« Notre action sociale est valable si on a une locomotive sportive »
Malgré tout, on a vu une belle fête au 7e tour de la Coupe de France face au SC Bastia (Ligue 2), avec de nombreux jeunes venus garnir les tribunes…
Oui, d’ailleurs il y avait autour de 1000 personnes pour cette rencontre (l’équipe de Lyon – La Duchère a signé l’exploit en se qualifiant sur le score de 4-1). Notre action sociale est valable si on a une locomotive sportive. Si les jeunes se mobilisent autour de ce qu’on fait, si on les fait rêver avec du sport, on peut les emmener sur plein d’autres choses. Plus notre équipe première performe, plus les autres équipes suivront. C’est ça qu’on essaye de faire. Promouvoir une excellence sportive et sociale et ça passe par ce genre de moments !
Pensez-vous que l’excellence sportive peut être compatible avec l’excellence sociale ?
Oui, on a un modèle qui n’existe pas ailleurs. Aujourd’hui, la responsabilité sociétale des entreprises est un critère majeur et nous sommes le seul club en France à mener une véritable politique sociale, qui plus est dans le quartier le plus pauvre de Lyon. On a mené 75 actions l’année dernière et on est capable d’avoir de bons résultats sportifs tout en étant complètement intégré dans notre territoire. Et surtout on contribue à l’évolution des jeunes qui y vivent. Nous avons la conviction que le foot peut mobiliser des centaines de jeunes et avec une certaine exigence, on peut s’ouvrir sur le reste du monde.
Le club va vivre encore une étape en Coupe de France face à Thonon-Evian Grand Genève (N2) : qu’attendez-vous de ce 8e tour ?
Je pense qu’il sera beaucoup plus compliqué pour nous d’affronter Evian (samedi 9 décembre à 16h au stade Balmont), qui a pour ambition de retrouver le monde professionnel. Quand vous affrontez Bastia avec trois niveaux d’écart, vous n’avez rien à perdre et ça s’est vu il y a une dizaine de jours. On a continué à attaquer alors qu’on menait 2-1. Je me souviens, contre Saint-Etienne il y a deux ans, c’était un peu la même chose. C’était la première de Pascal Dupraz sur le banc et ce n’était pas passé loin (défaite 1-0, but de Khazri). On avait fait un super match mais on était tombé avec les honneurs.
« On peut devenir un Paris FC ou un Red Star »
La dynamique sportive est au beau fixe pour aborder cette nouvelle échéance !
Ca sera un match compliqué pour Thonon aussi car si tout se passe bien d’ici-là, on se présentera avec le statut d’invaincu (Lyon La Duchère, qui se déplace ce week-end à Limonest, est actuellement en tête de sa poule en National 3 avec 5 victoires, 4 nuls et aucune défaite). On a un groupe jeune, qui peut très bien jouer comme moins bien par moments. Mais c’est un groupe qui sait ne pas perdre, qui sait aller chercher la victoire ou conserver le match nul quand il ne peut pas gagner. Je ne sais pas combien de temps ça durera mais ça se passe très bien pour le moment !
Lyon – La Duchère est retombé en N3 cet été. Comment a été vécu cet épisode ?
On ne s’attendait pas à vivre ce début de saison et on sent que le staff inspire vraiment confiance, travaille avec sérieux, en toute transparence et avec franchise. Les jeunes sont très bien encadrés par Karim Bounouara, Ludovic Assémoassa et Habib Sisbane mais attention, il suffit de deux défaites pour que la dynamique s’inverse. L’an dernier, en National 2, on pouvait jouer la montée à trois journées de la fin, on a été leader après la mi-championnat et finalement on a tout perdu en terminant 5e. Il y a des moments clés comme là où on va affronter Limonest et Hauts Lyonnais, deux candidats qui sont juste derrière nous, en parallèle du match de Coupe de France.
Pour conclure, le constat qui se fait est qu’aucun club professionnel n’émerge réellement dans la région derrière l’OL. Que vous inspire un club comme le Paris FC ?
Je pense qu’on a tout à fait notre place pour devenir un Paris FC ou un Red Star. Pour ça, comme je l’ai évoqué, il faudrait que des chefs d’entreprises locaux aient envie de mener un projet d’envergure car il ne peut pas reposer uniquement sur un seul chef d’entreprise (Nicolas Gagneux). Aujourd’hui, vu ce que proposent les nouveaux propriétaires de l’OL, ça ne parle pas à des investisseurs locaux et il y a une vraie fenêtre de tir pour nous dans le IXe arrondissement de Lyon.
Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel
Photos : Lyon-La Duchère
Vidéo : « Inside » Lyon La Duchère en coupe de France face à Bastia :
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