A 24 ans, le défenseur central s’épanouit dans l’Oise, en National 2, et construit patiemment sa carrière après une grosse désillusion à Clermont. Il raconte son parcours, pas vraiment rectiligne, qui a commencé chez lui, à Villejuif (Val-de-Marne), ville à laquelle il est très attaché.

Photo Eric Cremois / EC-Photosports

« Chez moi à Villejuif, on m’appelle  La Mentale. Je ne lâche jamais rien. A part mes frères, personne n’aurait misé sur moi… Mais même si j’ai eu des galères, je suis toujours là et j’avance. » Le regard et la voix de Lassana Diako trahissent son immense détermination. A 24 ans, le défenseur de Chambly (National 2) a caressé le rêve professionnel à Clermont (alors en Ligue 2) mais la belle histoire s’est très mal terminée. Il est resté sans club pendant une saison avant de rebondir aux Lusitanos Saint-Maur (N2) puis d’éclater à Chambly.

Diako est très proche de joueurs comme Oumar Solet ( RB Salzbourg) ou Yacine Adli (Milan AC) qu’il a connu à Villejuif. Il y a une dizaine de jours, il avait assisté au match aller RB Salzbourg – AS Roma) des 16es de finale de la Ligue Europa.

« Avec Oumar (Solet), on est très proches. On part en vacances ensemble. On joue au même poste. Il me donne beaucoup de conseils et me soutient. Lui aussi croit en moi. Yacine (Adli) est aussi un exemple pour moi. Il me dit toujours de ne rien lâcher, que j’ai des qualités. Leurs carrières, ce sont des belles sources d’inspiration pour moi. On sait tous d’où on vient et on ne l’a pas oublié. »

Sous le maillot de Viry-Châtillon. Photo DR

« Villejuif, c’est ma ville et l’US Villejuif, mon club de coeur »

Villejuif, 9-4, quartier Verrolot. C’est là que Lassana Diako a grandi.

« Villejuif, c’est ma ville, j’y habite toujours, l’US Villejuif, c’est mon club de cœur. C’est devenu, l’un des meilleurs clubs de jeunes de la région parisienne. Mes amis Yacine Adli et Oumar Solet ont donné une belle image. Maintenant, de plus en plus de jeunes partent dans les centres de formations pros. Ismaël Bamba (le responsable technique) qui est un grand frère pour tout le monde ici, réalise  un immense travail. Souvent, il vient me demander de parler aux petits, de raconter mon histoire, il me dit que je suis un exemple car j’ai l’image du joueur  qui n’a jamais rien lâché malgré les difficultés. Dès que je peux, je viens aux entraînements et aux matchs. »

Les Diako et l’US Villejuif, c’est aussi une histoire de famille.

Lors de la remise du trophée de meilleur joueur de Chambly en décembre 2022. Photo DR

L’un de ses grands frères, Silly, est capitaine de l’équipe première (Régional 1), et un autre de ses frères, Bakary, est quant à lui dirigeant référent des seniors et des féminines. Et son petit frère Mamadou joue équipe réserve à Orléans. « On est une vraie famille de footballeurs. J’ai aussi un grand frère, Abdoulaye, qui était gardien aux Gobelins (Paris 13 Atletico) et au Red Star. Mais il a arrêté. Ma famille, c’est tout pour moi. Mes frères ont toujours cru en moi, ils ont toujours été derrière moi pour m’aider. »

En novembre, le départ de l’entraineur de Villejuif, Mohamed Tazamoucht, avait  fait beaucoup de bruit en Ile-de-France. « Sincèrement, il faisait du bon boulot et il était apprécié. Mais ses mots lors de son départ (il a expliqué avoir reçu des insultes provenant des tribunes) ont été ressenties comme un choc. On a été très déçus de lire de tels propos. Mais le club doit continuer à avancer. Il est toujours leader de son groupe en R1. Dans l’équipe, il y a de la qualité, avec des joueurs qui ont joué plus haut. Il faut viser la montée en N3. »

« Quand j’ai signé à Viry, parfois je n’avais pas de train pour rentrer le soir »

Avec ses frères. Photo DR

Lassana Diako avait, lui, pris sa première licence assez tard à l’US Villejuif. « J’ai longtemps joué dans mon quartier en bas de chez moi. Mais à 13 ans, un de mes frères m’a emmené au club. »

En U19, il choisit de franchir un palier en signant à Viry-Châtillon. « C’est un entraîneur qui m’avait repéré. Mais beaucoup se demandaient comment j’allais faire avec la distance. C’est là que je leur ai prouvé ma détermination. J’en avais pour 1 h 30 en transport en commun. Parfois, quand je rentrais le soir, il n’y avait même plus de train… Mais je n’ai jamais lâché. J’ai toujours été à l’heure aux entraînements et je n’en ai jamais raté. »

Le 13 mai 2017, il effectue à 18 ans,  ses débuts en équipe première lors d’un match de N2, Lusitanos Saint-Maur – Viry (1-1). La saison suivante, il effectue une dizaine d’apparitions en National 2. « Sur un match, j’ai été repéré par Clermont. J’ai signé un contrat amateur. J’avais 20 ans. Partir dans un club pro, c’était presque inespéré. Mais moi, j’ai toujours été têtu. J’ai toujours cru que j’allais réussir. »

« A Clermont, je suis passé du rêve au cauchemar »

Du cocon de son quartier à Villejuif au calme de l’Auvergne, le dépaysement est total pour lui. « Je partais à l’aventure, je me suis retrouvé seul dans une ville qui n’avait rien à voir avec la région parisienne. Mais je savais pourquoi j’étais à Clermont. Je devais saisir ma chance. »

A Clermont, il a fait une belle rencontre avec Frédéric Zago, le directeur du centre de formation et entraîneur de la réserve (N3). « Je le considère comme un second père. Je lui dois beaucoup. En réserve, ça s’est bien passé. J’ai marqué 3 buts et donné 8 passes décisives. Je suis vite monté avec le groupe pro. »

Sous le maillot de Clermont Foot. Photo DR

Le 23 avril 2019, il est convoqué pour la première fois en Ligue 2 pour le déplacement à Béziers. Il reste sur le banc comme 15 jours plus tard à Lens au stade Bollaert. « Mais d’où je venais, c’était déjà beau d’être avec la L2 dès ma première saison. Avec Pascal Gatien, ça se passait bien aussi. Pour ma famille, c’était  déjà une belle fierté de me voir à la télévision sur BeIN même si j’étais resté sur le banc. »

Pourtant, à l’issue de sa première saison à Clermont, il ne signe pas de contrat pro. « J’étais bien sûr un peu déçu mais on est reparti dans les mêmes conditions. Moi, ça m’allait quand même. » Toujours performant en réserve, il est encore convoqué à quatre reprises en Ligue 2 (16e, 18e, 19e, 20e journées).

Mais un évènement lui porte préjudice : le départ de Frédéric Zago pour Auxerre. « Après son départ, tout a changé pour moi. On m’avait promis des choses qui ne se sont jamais réalisées. Je méritais pourtant de jouer. J’avais même décliné la sélection du Mali pour rester à Clermont. J’avais aussi un autre club qui me voulait mais Clermont me l’a caché. Il y a eu un manque de respect à mon égard. C’était dur.  A Clermont, je suis passé du rêve au cauchemar. »

« J’ai fait un break avec le foot »

Photo Eric Cremois / EC-Photosports

Le Covid et le confinement stoppent tout dans le foot français. A l’été 2020, Lassana Diako se retrouve sans club. « Je pensais signer en Espagne avec mes anciens agents, mais ça ne s’est pas fait. J’étais en grosse galère. Tout, ça je l’ai vécu comme un KO en pleine face. J’ai vu une autre réalité du foot. Je n’osais pas en parler à ma famille. C’était chaud. J’avais mal. »

En France, les championnats de N2 et N3 se sont vite arrêtés. « J’ai fait un break avec le foot. J’ai failli tout arrêter. »  Il change d’agent et prend comme conseiller Aurelien Penda, qui est de Villejuif comme lui et qui s’occupe également de l’attaquant Johanne Akassou (passé par Versailles, Red Star, Chambly, Orléans). Son nouvel agent l’envoie au Racing Club de France (alors en N3) où il s’entraîne plusieurs mois avec le groupe de Guillaume Norbert. « Dans ma tête, je n’étais encore pas très bien, avoue Diako. J’étais encore dans l’optique de me répéter ce que Clermont m’avait fait… Signer en N3, c’était un peu dur pour moi. J’ai préféré aller aux Lusitanos Saint-Maur. »

Mais les débuts sont délicats. « L’entraineur (Aderito Moreira) me voyait encore comme un petit jeune sans expérience  qui arrivait d’un centre de formation pro. Mais j’avais 22 ans pourtant. Au départ, je ne rentrais pas dans ses plans. Mais encore une fois, je me suis accroché et j’ai réussi à l’impressionner (sourire). Je suis devenu un joueur important pour l’équipe. »

« A Chambly, il y a des personnes qui donnent envie de mouiller le maillot »

Photo Eric Cremois / EC-Photosports

Ses bonnes performances en National 2 ne passent pas inaperçues. En janvier 2022, il rejoint Chambly, en difficulté en National. Mais Diako signe son premier contrat pro dans le club de l’Oise.  « J’y étais enfin arrivé, c’était un petit aboutissement pour moi. »

S’il s’impose dans la défense de Chambly, le club est relégué en National 2 au mois de mai.  « Avec l’équipe qu’on avait, on n’auraiy jamais dû descendre. Mais la sauce n’a pas pris sur le terrain. Ça a été une grosse déception pour moi. »

Cet été, Chambly effectue un gros ménage. Ils ne sont que quatre joueurs à rempiler. « J’avais d’autres possibilités mais j’ai décidé de rester. J’aime ce club de Chambly et les personnes qui y sont. Pour eux, on a envie de mouiller le maillot. Pour la montée, on  a pris trop de retard. Mais je suis quand même content de cette saison. J’ai été élu deux fois joueur du mois (octobre, décembre) à Chambly. C’est une satisfaction. Je continue de progresser. »

Lassana Diako, du tac au tac

« Je suis en constante progression »

Photo Eric Cremois / EC-Photosports

Première fois dans un stade en  tant que spectateur ?
C’était en 2015 pour un match de l’équipe de France au Stade de France. On avait gagné des places par la ville de Villejuif après un tournoi de quartier.

Meilleur souvenir de joueur ?
La signature de mon premier contrat professionnel à Chambly le 6 janvier 2022.

Pire souvenir de joueur ?
La fin de mon aventure à Clermont et la relégation en National 2 avec Chambly.

Une manie, une superstition ?
Avant chaque match,  j’aime bien prendre un petit temps pour me recentrer sur moi-même.

Le geste technique préféré ?
J’aime bien les feintes de corps.

Photo Eric Cremois / EC-Photosports

Qualités et défauts sur un terrain ?
La confiance et le leadership. Mais mon défaut, c’est que parfois, je suis trop serein.

Votre plus beau but ?
Un coup franc avec Villejuif en quarts de finale de la Coupe de Paris U17 face  à Saint-Brice.

Votre geste défensif le plus mémorable ?
Une anticipation sur un attaquant de Rouen cette saison (0-0). J’étais le dernier défenseur, j’ai taclé, sinon il marquait.

Jouer défenseur central, c’est un choix ?
Non, à Villejuif je jouais attaquant. C’est à Viry que les coachs m’ont mis en défense centrale et en latéral droit. Ça ne m’a pas trop gêné. Je savais que j’avais les qualités pour jouer derrière. Ça a été un bon choix. Avec le recul, je me dis que j’aurais eu du mal chez les pros si j’étais resté attaquant.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Remy Cabella lors d’un match amical Clermont – Saint-Etienne.

Photo Eric Cremois / EC-Photosports

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Hakeem Achour à Viry-Châtillon .

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
En jeunes, Moulay Chebab et Karim Benaly à Villejuif. Chez les pros, Frédéric Zago à Clermont.

Une causerie marquante d’un coach ?
Mourad Jalliti lors d’une finale de Coupe de l’Essonne U19 avec Viry-Châtillon face à Fleury. C’était notre dernière saison tous ensemble. Et il avait eu des paroles très touchantes, en disant en gros qu’il nous aimait… On a gagné la finale 3-2.

Un président marquant ?
Je dirais Fulvio Luzi à Chambly. C’est un club familial où les dirigeants sont très proches de nous.

Le club où vous pris le plus de plaisir ?
Clermont, quand j’ai intégré le groupe Ligue 2.

Photo Eric Cremois / EC-Photosports

Le club qui vous fait rêver ?
Le FC Barcelone.

Vos joueurs préférés ou joueurs modèles ?
Lionel Messi comme joueur préféré. Comme modèles, Sergio Ramos et Thiago Silva qui jouent à mon poste.

Un stade mythique ?
Anfield Road à Liverpool.

Vos amis dans le foot ?
Je ne vais pas tous les citer mais parmi eux il y a Omar Solet ( Red Bull Salzbourg ), Yacine Adli ( Milan AC ) et Bryan Teixeira ( SK Sturmgraz).

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Omar Solet et Yacine Adli.

Vos occupations en dehors du foot ?
J’aime passer beaucoup de temps avec ma famille et mes proches.

Votre plus grande fierté ?
D’avoir la chance de pouvoir jouer au foot et d’en vivre. Je pense à ceux qui n’ont pas la santé. On est des privilégiés. Ma plus grande fierté c’est surtout aussi de pouvoir rendre fier ma famille.

Lors de sa signature à Clermont. Photo DR

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Je serais sûrement resté  dans le domaine sportif .

Le milieu du foot en deux mots ?
Endurance et Mental.

A 24 ans, qu’est-ce qui vous manque encore pour jouer à niveau plus élevé ?
C’est une question de détails maintenant. J’ai tout fait plus tard que les autres donc je prends mon temps. Je suis en progression constante. Le National, j’y ai déjà goûté la saison dernière à Chambly. Je sais que j’en ai le niveau et même plus haut, la L2, la L1…

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter @PrunetaLaurent

Photos : Eric Cremois / EC Photosports (sauf mentions spéciales)

Photo de couverture : Eric Cremois / EC Photosports

Le défenseur franco-sénégalais de 28 ans a su affronter les difficultés et les épreuves de la vie. Originaire de Marseille, il est épanoui en Lorraine et cela se ressent dans ses performances. Portrait.

Photo ASNL

“Il y a Prince sur le terrain, « vocal », et Prince en dehors du terrain, plutôt réservé.” Réservé… mais pas trop quand même.

Dans un entretien d’une heure, accordé mercredi après une séance de récupération au centre Michel Platini, sur les hauteurs de Nancy, Prince est apparu décontracté, en confiance, avec son sourire communicatif, et pas si réservé ; d’ailleurs, il s’est livré sans retenue sur sa carrière, sa famille et le monde du football en général.

Premiers pas difficiles (2002-2011)

L’histoire de Jules Mendy, dit « Prince » Mendy, commence le 14 novembre 1994 à Boutoupa, la ville de sa naissance, dans le sud du Sénégal. Il vit à Ziguinchor avec sa mère et ses grands-parents. A l’âge de 5 ans, il a la douleur de perdre sa mère. C’est à ce moment-là qu’il se rend en France afin de retrouver son père, accompagné de son petit frère et de ses grands-parents.

Chez les Mendy, on connaît bien le foot : son oncle est pensionnaire du centre de formation de l’OM avant d’entraîner les jeunes à Marseille Consolat. C’est comme ça qu’il commence le foot ! Le jeune Prince effectue ses classes aux Pennes-Mirabeau, juste à côté de Marseille : il y joue de poussins jusqu’aux U13. En 2010, à 16 ans, il intègre le FC Sochaux-Montbéliard, en pré-formation.

Loin de Marseille, de sa famille et du soleil, Prince connaît les premiers déboires de sa jeune carrière de footballeur. Entre blessures au genou récurrentes et acclimatation délicate, le Sénégalais vit une “période difficile”. Lorsque le mois de décembre arrive, il est “traumatisé par la neige”, souvent présente dans le Doubs à cette période de l’année.

Des blessures récurrentes

Photo ASNL

En pleine croissance, Prince inquiète par la fréquence de ses blessures : les deux parties se séparent. Après cet échec, il consulte de nombreux spécialistes qui ne trouvent pas la nature de sa blessure. “Ça a été long, personne ne savait ce que j’avais”, raconte le grand gaillard 1,90m.

Il s’engage à Cannes, joue pendant six mois, et se blesse de nouveau. Puis il se rend chez un spécialiste à Monaco qui lui diagnostique un syndrome de Sinding Larsen, une inflammation de la rotule. “Il m’a fait un peignage et après ça je n’avais plus mal.”

Puis, pendant son année à Air Bel (Marseille), en 2011, il effectue des tests, dont l’un à Monaco : « Je voulais signer là-bas parce que ça s’était bien passé, mais le changement de propriétaire a fait que ça a traîné.” Tellement traîné que Prince, alors en négociations avec l’Olympique de Marseille, son club de cœur, décide de signer un contrat de 2 ans.

Pour l’anecdote, alors qu’il sort de la Commanderie, le joueur reçoit un appel du directeur de la formation de Monaco qui lui signifie que son contrat l’attend : “J’ai signé à l’OM donc je n’étais pas déçu, même si je sais qu’ici, c’est plus dur de sortir du centre, car mon oncle avait eu une mauvaise expérience à l’époque.”, raconte avec fierté le Sénégalais.

OM : de l’espoir à la douche froide (2012-14)

En 2012, Prince intègre les U19 Nationaux du club phocéen. Il y joue tantôt milieu défensif, tantôt défenseur central. Les joueurs de sa génération, comme Baptiste Aloé ou Laurent Abergel, évoluent déjà avec la réserve en CFA. Au centre de formation, il tape déjà dans l’œil du coach de la réserve et “navigue entre les deux groupes”.

La saison suivante, il joue exclusivement avec la réserve au poste de défenseur central avec son pote Baptiste Aloé. Mais le rêve olympien prend fin pour des raisons disciplinaires : « En parallèle, je préparais le BPJEPS, diplôme pour devenir éducateur sportif. La première année, je travaille bien mon dossier et je finis tout mon sujet. La deuxième année, les profs me disent de venir voir quand même, mais que j’avais fini. Donc moi, dans ma tête, je ne vais pas en cours, une fois, deux fois, trois fois. Vu qu’il y en avait beaucoup qui faisaient ça, le directeur du centre a décidé de faire un exemple et il m’a viré. J’étais à 15 jours de savoir si je signais pro ou amateur. Je l’ai mal vécu, mais je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même.” Prince relativise tout de même : “Je ne pense pas que je serais passé pro, parce que j’avais fait peu d’entraînements avec l’équipe première.”

Fréjus-Saint-Raphaël : la pire année de sa carrière (2014-15)

Photo ASNL

Après cet échec, le défenseur part pour un essai dans l’équipe réserve de Getafe, en Espagne. Tout est prêt; le joueur se plaît et le club le veut, « Mais je me suis fait avoir par un agent gourmand qui voulait gratter des commissions sur mon salaire.”

De retour en France, il effectue un nouvel essai à Fréjus/Saint-Raphaël (National) en amical contre l’OGC Nice, et il signe directement. “La prépa se passe super bien, je suis titulaire à tous les matchs et pour le premier match de National, je ne suis pas dans le groupe. Je n’ai jamais su pourquoi.”

Le jeune défenseur central, alors âgé de 20 ans, vit très mal cette situation. Son entraîneur, Michel Estevan ne le convoque que pour deux bancs et une minute au Red-Star. “A peine je suis rentré que l’arbitre a sifflé la fin du match.”

Prince ronge son frein avec la réserve en DH. La situation est tendue. Humainement, avec le coach, ça ne se passe pas bien. “Ça me rendait fou. J’ai failli en venir aux mains plusieurs fois avec lui”, fulmine-t-il. Mais il a su relativiser sa situation grâce à la qualité de vie et à la proximité avec Marseille. “Ça m’a dégoûté du foot. Je pourrais écrire un livre avec toutes les dingueries qu’on m’a faites. Heureusement que je signe à Marseille Consolat dans la foulée.”

Marseille Consolat, de l’ombre à la lumière (2015-17)

Sous le maillot de Consolat, face à QRM, son futur club ! Photo Bernard Morvan

Après cette mauvaise expérience varoise, Prince saisit une main tendue de Nicolas Usaï, entraîneur de Consolat (National). “Il m’a redonné goût au football. Il m’a pris dans son groupe parce qu’il cherchait un latéral droit et il a misé sur moi.”
Il apprend alors un nouveau poste. Il doit centrer et faire parler ses qualités de vitesse. Il découvre pour de vrai le National en tant que titulaire.

Il retrouve aussi une ambiance propice à la performance et à l’épanouissement. “J’ai trouvé un nouvel état d’esprit. C’était une famille. C’est difficile de mettre des mots sur ce que j’ai vécu pendant 2 ans. C’étaient les quartiers de Marseille mélangés avec des joueurs qui venaient de partout en France.”

A Consolat, Jean-Luc Mingallon est un président proche de ses joueurs. Les anecdotes avec lui ne manquent pas. “Il faisait les trajets en bus avec nous. Des fois, il venait en disant “si vous perdez ce match, je ne vous paye pas”, tout ça en rigolant bien sûr.” Le groupe vit bien ; “on « vannait » les coachs, et ils nous « vannaient » en retour, on avait une superbe cohésion”, raconte avec nostalgie le nouveau latéral droit de métier.

Après deux saisons achevées à la 4e place, à un rang seulement de la la montée en Ligue 2, aux côtés de joueurs comme Julien Lopez, Umut Bozok ou encore Youssouf M’Changama, il fait le forcing pour partir et découvrir la Ligue 2. Ce sera chose faite en rejoignant Quevilly-Rouen sur le gong, à l’âge de 23 ans. “Je les avais rendus fous quand on les avait joués en National”, s’amuse Mendy.

L’affirmation d’un taulier : ses années à QRM (2017-20)

Sous le maillot de QRM (photo Philippe Le Brech)

A une semaine de l’ouverture du championnat de Ligue 2, le coach Emmanuel Da Costa l’appelle pour qu’il les rejoigne. “J’arrive lundi et samedi je joue à Lorient le match d’ouverture de Ligue 2. Là, je me dis “Enfin”. Mais l’été mouvementé qu’il a vécu ne l’aide pas. Après sept matchs d’affilée, son manque de préparation physique se ressent. Il doit aussi faire face à une concurrence pressante, celle d’un certain Jonathan Clauss. “En décembre je voulais me barrer, mais le coach me retient. La première année était vraiment mitigée.”
Le déclic a lieu lors de la préparation de la saison suivante, en 2018-2019. Le club est retombé en National, et le coach le propulse vice-capitaine. “Je suis devenu son soldat en défense centrale”, explique-t-il.

QRM finit 9e. Un bilan “mitigé”, selon lui. “On merde sur les matchs clés. La saison suivante (14e, championnat arrêté par la Covid), on avait une équipe de jeunes, c’était pas assez expérimenté pour le National. Vu que j’étais capitaine, c’était plus du centre aéré”, s’en amuse le roc de la défense. Il quitte Quevilly Rouen au bout de trois saisons, mais il a engrangé beaucoup d’expérience.

De Laval à la D2 portugaise (2020-22)

Il rejoint ensuite Laval. Il est à Marseille lorsque le coach, Olivier Frapolli, l’appelle. Sans club après deux transferts avortés à Guingamp et à Châteauroux, où Nicolas Usaï l’a contacté, il file finalement en Mayenne. « C’était très bien ! J’arrive je suis directement vice-capitaine.”

Il se blesse rapidement à la cheville. En décembre, le président, Philippe Jan souhaite le prolonger, mais l’organigramme change et la proposition n’est plus la même. “Laurent Lairy me fait une proposition… C’est du manque de respect, alors rien que pour ça, je ne reste pas. Cette proposition, elle ne récompense pas ma saison. Si je suis seul, je l’accepte. Mais là, je viens d’avoir mon fils, ma femme ne travaille pas, je ne peux pas accepter un salaire aussi bas.”, regrette le Marseillais. “Sans le changement de président, je serais encore à Laval je pense, tellement ça se passait bien.”

Eté 2021. Retour à Marseille. A nouveau sans club. Son agent lui trouve un club au Portugal, Vilafranquense, en D2. Il débarque en banlieue de Lisbonne en juillet. “Lorsque j’arrive, on était 12 à l’entraînement, j’ai failli ne pas signer, mais avec le temps c’était mieux, les joueurs sont arrivés et on se maintient à 4 journées de la fin.” Néanmoins, il décide de ne pas prolonger. Il passe alors des vacances… à Marseille et retourne aussi au Sénégal, quitte à rater des appels.

Nancy : “C’est pas le même National !”

Photo ASNL

Il apprend par son ami, Thomas Robinet, rencontré à Laval, qu’Albert Cartier, le coach de l’ASNL, cherche à le joindre. “Le 15 juin, j’arrive à 12h à Marseille, à 14h, Albert Cartier m’appelle. Il m’avait déjà contacté quand il était à Bastia-Borgo, mais ça ne m’intéressait pas. Pour moi, retourner en National, ça aurait été un échec. Mais Nancy, ce n’est pas le même National. On a parlé 20 minutes et j’ai accepté directement. Le 1er juillet, je signe un contrat de 2 ans, parce qu’à chaque fois que j’ai quitté des clubs, ils sont montés direct après (NDLR : QRM et Laval montent en Ligue 2 respectivement en 2021 et 2022). »

Prince effectue tous les matchs de préparation avec Aloé, son pote de formation à Marseille, en charnière centrale, dans des circonstances particulières. “Ma femme avait un accouchement à risque, donc pendant tous les matchs, le coach avait mon téléphone sur le terrain, au cas-où.”

Photo ASNL

Après un début de saison poussif (deux défaites et un nul), le tournant à la fois collectif et personnel intervient la semaine du match contre Concarneau, en Bretagne. “Le mercredi avant le match, Baptiste Aloé se fait les croisés à l’entraînement donc on n’a pas de solution de repli et je dois être là.” Or, le médecin annonce aux Mendy que l’accouchement va arriver dans les prochaines heures. L’heureux événement se produit à 5 heures du matin, le jeudi; le groupe, lui, doit prendre le train à 6 heures. “Le coach me dit de partir avec eux, mais je reste un peu avec elle et je prends un autre train à 13h heures, tout seul. Je les rejoins à l’hôtel, et le lendemain on gagne le match (2-1) à 10 contre 11, c’était incroyable”, détaille le souriant Mendy.

Il fait aussi connaissance avec le public du stade Marcel Picot. “Ça fait plaisir. Il y a des moments où on était moins bien, ils nous boostent direct. Des fois, je fais des interventions et ça crie derrière moi. Ça me donne encore plus de force”, explique le taulier de la défense nancéienne.

Un cadre du vestiaire

Photo ASNL

Après un moi de septembre faste (3 victoires et 2 nuls), la suite de la saison est plus compliquée et voit, en janvier dernier, l’éviction d’Albert Cartier, après la défaite de trop contre l’US Orléans de Nicolas Usaï, que Mendy a plaisir à retrouver. Benoît Pedretti prend à nouveau les rênes du groupe professionnel de l’ASNL, un peu plus d’un an après avoir dirigé son dernier match. “C’est différent, ce n’est pas la même philosophie”, répond Mendy lorsqu’on lui demande ce qui a changé.

Dès son intronisation, le coach lorrain nomme une liste de relais et de cadres sur le terrain; le Sénégalais en fait partie, fort de son expérience et de sa sérénité sur le terrain. “C’est important, ça montre qu’il compte sur moi et qu’il a confiance en moi, donc ça me pousse à encore plus me donner pour les autres”, détaille le défenseur central, véritable cadre de l’équipe, et qui forme avec son compère d’Ajaccio Lucas Pellegrini un solide duo de sudistes, complété par un excellent portier, Martin Sourzac.

Pour le premier match de Pedretti à Dunkerque, Nancy, encore à 11 contre 10, s’impose enfin (3-2). Son arrivée a changé la donne : “On n’avait pas de consignes de pressing, le coach nous a juste dit de jouer.”

La semaine suivante, au Mans, Nancy remporte une victoire avec les tripes, malgré une double peine infligée à Mayoro Ndoye après un arrêt de la main, alors qu’il est… milieu de terrain. “Quand il y a eu le penalty au Mans, j’ai dit “Martin va l’arrêter”, et quand il l’a arrêté, je savais que Le Mans n’allait pas marquer”, raconte le taulier lorrain.

Il s’agit maintenant pour les joueurs au Chardon de poursuivre cette belle série qui suscite un enthousiasme mesuré dans le vestiaire. “On parle de gagner le plus de matchs possibles. Prendre match après match. On ne va pas se voiler la face, ça va être dur de viser le haut de tableau parce que les équipes sont loin, mais on ne s’interdit rien. On verra où on sera le 26 mai.”

Gagner le plus de match possible, et pourquoi pas dès ce soir, en Corse, à Borgo, où Lucas Pellegrini refoulera le stade qu’il a fréquenté l’an passé, et où Prince Mendy retrouvera Raphaël Diarra, avec qui il a joué à QRM : « il est comme un frère”.

Entretien réalisé avant le match nul 0-0 à Borgo.

Prince Mendy, du tac au tac

« Je ne sais pas tacler ! »

Meilleur souvenir sportif ?
Mes deux années à Marseille Consolat, en National. Avec des moyens très limités, on a réussi à faire de grandes choses.

Pire souvenir sportif ?
Mon année à Fréjus, c’est la première fois, après le centre de formation de l’OM, que je ne joue pas du tout, alors que je méritais de jouer. Ma pire expérience. Humainement, avec le coach, c’était zéro.

Jules ou Prince ?
Prince, mon père m’a appelé comme ça.

Combien de cartons rouges ?
2 ou 3 pas plus.

Pourquoi as-tu choisi d’être défenseur central ?
Nicolas Usai m’a dit que j’avais les qualités pour jouer latéral, donc j’ai joué à ce poste là. Quand je suis arrivé en Ligue 2, j’ai joué latéral droit, j’étais en concurrence avec Jonathan Clauss. Le coach m’a remis en défense centrale. Aujourd’hui je préfère être défenseur central.

Première fois dans un grand stade en tant que spectateur ?
Au Vélodrome, pour un Olympico dans les années où Lyon fracassait tout le monde, Marseille avait perdu.

Ton geste technique préféré ?
Jeu simple, passes courtes et jeu long.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Le défaut, c’est de subir le match. Après, moi, il faut que je parle, que je sois confiant et serein, je pense que ce sont de bonnes qualités.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Marseille Consolat, j’ai vraiment repris goût au football.

Inversement, le club où tu en as pris le moins ?
Fréjus / Saint-Raphaël, ça a failli me dégoûter du foot.

Le club où tu as failli signer ?
Saint-Etienne, à la sortie de la première année de Consolat. J’ai failli signer à « Sainté », Toulouse était aussi sur le coup, mais ça ne s’est pas fait à cause d’un changement de coach.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ? L’Olympique de Marseille, c’est ma ville, mon club formateur.

Le club où tu ne pourrais pas jouer ?
Je ne te dirais pas Paris, parce que le foot, c’est un métier. Au bout d’un moment, si Paris m’appelle, j’y vais ! Même si pour moi y’a toujours la rivalité Paris-Marseille. Quand « on » a gagné en coupe dernièrement, j’ai appelé et envoyé des messages à ma famille et à mes amis sur Paris, ils ne m’ont pas répondu (rires).

Un prono pour le Classique dimanche ?
Je pense qu’on va gagner 2-1.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Stade Vélodrome et l’OM.

Un public qui t’a marqué ?
Nancy.

Un coéquipier marquant ?
Chaque club où je suis passé, je me suis toujours bien entendu avec les personnes, donc j’en ai énormément. A Quevilly Rouen, j’ai joué avec Raphaël Diarra, c’est comme un frère pour moi, je vais le retrouver contre Borgo. Le gardien des Comores, Salim Ben Boina, avec qui j’ai joué à Consolat (il évolue à Epinal). Mais je pourrais en citer tellement.

Le coéquipier avec lequel tu avais (ou tu as) le meilleur feeling ?
Baptiste Aloé, parce qu’on a été formé ensemble à l’OM. Avec Lucas Pellegrini, je m’entends bien derrière, parce que moi j’aime bien jouer simple et lui il est plus dans la percussion et la prise de risques balle au pied.

A bientôt 28 ans, qu’est-ce qu’il te manque pour jouer plus haut ?
Marquer des buts sur coups de pied arrêtés offensifs, et prendre plus de risques balle au pied.

Le coéquipier le plus drôle avec qui tu aies joué ?
Ici, Nangis et Etcheverria, on rigole bien.

Le joueur le plus fort que tu aies affronté ?
Nicolas Pépé quand il était à Orléans, il m’a fatigué lui ! Et Kolo Muani quand il était à Boulogne, heureusement qu’il n’a joué que dix minutes !

Ton meilleur match cette saison ?
Le Mans (1-0), à l’aller.

Ton pire match ?
Villefranche (défaite 2-0), et ma deuxième mi-temps au Red Star (défaite 1-0), je n’avais plus de jambes.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Jeff Louis. C’est un ancien joueur de Nancy, que j’ai croisé à QRM. On avait passé une journée ensemble, et avec lui, t’es sûr de rigoler du matin au soir.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Eric Chelle, actuel sélectionneur du Mali, que j’ai connu à Consolat.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Michel Estévan, mon coach à Fréjus.

Un président marquant ?
Jean-Luc Mingallon, président de Marseille Consolat. Il faisait les déplacements avec nous dans le bus, on n’avait jamais d’impayés avec le peu de moyen, il se débrouillait pour trouver les sponsors, franchement il était vraiment top.

Un président à oublier ?
Je me suis entendu avec tous mes présidents. Peut-être juste le président Laurent Lairy qui a pris la suite de M. Jan à Laval, il m’a un peu manqué de respect avec une offre pas à la hauteur de mes espérances en 2021 qui a fait que j’ai décidé de quitter le club.

Une causerie de coach marquante ?
Nicolas Usai a sorti les mots qu’il fallait avant de jouer un match aux Herbiers qui était important pour rester dans la course pour la montée. Malheureusement, on n’a pas gagné, mais son discours était marquant.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
L’année dernière au Portugal, j’avais du mal à comprendre la langue et donc les consignes n’étaient pas forcément claires. En plus, ils ont une conception de la défense différente là-bas, ils ne veulent pas que tu anticipes la profondeur. Heureusement, un membre du staff parlait portugais et français et me traduisait.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Nampalys Mendy, mon cousin, qui joue à Leicester.

Combien de véritables amis dans le foot ?
J’en ai pas mal, c’est ce qu’on me reproche souvent. Ce sont des mecs avec qui on ne parle pas tous les jours, mais on prend souvent des nouvelles des enfants, de la famille, etc.

Un chiffre ?
Le 15, parce que c’est la date d’anniversaire de mon meilleur ami qui est décédé.

Un plat, une boisson ?
Un plat sénégalais, le tieb.

Termine la phrase en un mot ou deux adjectifs : tu es un défenseur plutôt …
Rapide et bon dans l’anticipation.

Tacle glissé ou intervention à l’épaule ?
Intervention à l’épaule ! Je ne sais pas tacler et un défenseur ça doit toujours rester debout, je pense.

Un match de foot de légende pour toi ?
La remontada Barça-PSG (6-1), en tant que Marseillais c’était incroyable.

Un modèle de défenseur ?
Chancel Mbemba (Marseille), et j’aime bien Antonio Rüdiger (Real Madrid) aussi , même s’il est un peu fou. Un défenseur que je regarde beaucoup c’est Kalidou Koulibaly (Chelsea), il est bon techniquement, pied droit, pied gauche, rapide, agressif, bon de la tête. C’est le vrai exemple de défenseur.

Une idole de jeunesse ?
J’étais fan de Mamadou Niang quand j’étais petit. Mais je n’ai pas forcément d’idole ultime.

Ta plus grande fierté ?
Mes deux enfants âgés de 2 ans et 6 mois.

Tes passions en dehors du foot ?
Passer du temps avec ma famille.

Regarder un match de Ligue 1 ou regarder un film ?
Regarder un film, sauf s’il y a un gros match de Ligue des Champions. Après le foot, fini le foot ! Après le match, le vendredi je coupe totalement les applications du groupe de l’équipe et je passe du temps avec ma famille.

Laval, Rouen ou Nancy ?
J’ai kiffé Rouen. C’était bien et chaleureux, un peu comme Nancy. Laval, le club est bien, mais la ville est petite, il n’y a pas de Zara ou H&M. (rires)

Ton endroit préféré à Nancy ?
Le Parc de la Pépinière, j’y vais pour emmener mon fils jouer.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
Chef cuisinier.

L’ASNL en deux mots ?
Magique, un grand club qui n’a pas sa place en National.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Un monde de serpents.

Texte : Emile Pawlik / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : EmilePawlik

Photos : AS Nancy Lorraine

Le président d’Andrézieux-Bouthéon (N2) revient sur l’éviction d’Arnaud Marcantei, qu’il a remplacé fin janvier par Jérémy Clément. Il évoque aussi une saison très compliquée et ce maintien qu’il faut assurer.

Bientôt 4 ans que François Clerc est à la tête de l’ABFC (Andrézieux-Bouthéon Football-club). Et bientôt 5 ans que le natif de Bourg-en-Bresse (Ain), âgé de 39 ans, a mis un terme à une carrière de joueur bien remplie : c’était en juin 2018, avec le Gazelec Ajaccio, en Ligue 2.

L’ancien défenseur de Lyon (2004-2010), Nice (2010-12) et Saint-Etienne (2012-16) et ancien international (13 sélections entre 2006 et 2008) a mis moins d’un an après avoir remisé ses crampons pour trouver sa nouvelle voie.

Fin mars 2019, le voilà qu’il enfilait le costume – qu’il ne porte finalement pas très souvent ! – de président d’Andrézieux, un club plutôt réputé pour ses exploits en coupe de France. Un club qui aimerait bien être aussi (re)connu pour ses performances en championnat. Ce qui n’est pas encore le cas, malgré des exercices précédents honorables en National 2, un niveau que le premier club amateur de la Loire côtoie depuis 2016, et malgré deux accessions en National manquées d’assez peu, en 2019 et l’an passé, à chaque fois devancé par un proche voisin – 90 kilomètres de distance tout de même ! -, Le Puy.

« Nos noms, ce n’est pas ce qui nous fait gagner des matchs ! »

Cette saison, c’est un peu plus compliqué pour les Faucons, dont la situation au classement – 13e sur 16 – a engendré un changement d’entraîneur, Jérémy Clément s’asseyant sur le banc à la place de l’ex-coach de Chamalières, Arnaud Marcantei, recruté en 2021.

Jérémy Clément ? Oui, encore un ancien pro dans l’organigramme (Lyon, Glasgow Rangers, PSG, Saint-Etienne, Nancy) aux côtés de François Clerc ! Mais, comme le répète ce dernier, à la fois ironique et réaliste, « Que François Clerc soit président et que Jérémy Clément soit coach, ce n’est pas ce qui nous fait gagner des matchs ! ».

Trois équipes à doubler

Gagner des matchs et assurer le maintien, c’est la mission de Jérémy Clément (38 ans), resté sans club après sa première expérience d’entraîneur en National 3, à Bourgoin-Jallieu (2020-22).
C’est évidemment ce que souhaite son ancien coéquipier à Lyon et Saint-Etienne, et pour cela, il reste douze matches à disputer et donc très peu de temps, et aussi trois équipes à dépasser au classement – les cinq derniers descendent en N3 et même les six derniers dans deux des quatre poules.

Croisé à l’Allianz Riviera samedi dernier à l’occasion du match de Ligue 1 entre l’OGC Nice et le Stade de Reims, dont il a donné le coup d’envoi et où il a reçu à la fois une belle ovation et le trophée de l’ancien Aiglon, François Clerc a accepté de faire un large tour d’horizon de l’actualité de son club, et d’évoquer son rôle, son projet. Bref, le Bressan devenu faucon après avoir été aigle, nous a invités à faire le tour du… propriétaire !

INTERVIEW

« Cette saison, on espérait mieux »

François, comment êtes-vous arrivé à la tête d’Andrézieux ?
Quand j’ai arrêté ma carrière de joueur en 2018 au Gazelec Ajaccio, je savais que je voulais travailler dans le foot, je l’ai toujours su, c’est ma passion. Je ne me voyais pas forcément coach. Plutôt dans un rôle de dirigeant.

Lors de mon passage à Saint-Etienne, j’ai rencontré beaucoup de personnes, dont certaines ont pris part avec moi dans ce projet de dynamisation du club d’Andrézieux-Bouthéon, et m’ont accompagné. Pour moi, c’était l’occasion d’apprendre le métier de dirigeant. Le club est semi-professionnel, car dans notre fonctionnement, même si on a le statut amateur, on a beaucoup de similitudes avec un club pro.

L’une de vos premières décisions fut la création d’une société…
Oui, à mon arrivée, on a créé une SAS (Société par actions simplifiées), afin de permettre l’entrée d’actionnaires, dont je fais partie; ça se fait de plus en plus, notamment au sein des clubs qui ont envie d’aller voir un petit peu plus haut. On voit aussi que le fonctionnement d’une association sur le modèle « loi 1901 » a ses limites, notamment pour faire rentrer des actionnaires, même s’il y a aussi des contraintes à prendre en compte.

A titre personnel, je suis président-actionnaire de la SAS. L’association est également actionnaire, ce qui permet de bien lier les deux entités, de rester un seul et même club. Pour moi c’était important. Et au total on est quinze actionnaires.

Andrézieux est un club qui a plutôt construit sa réputation en coupe de France, avec des succès face à l’OM (2019), Grenoble (L2) l’an passé ou même Villefranche (National, 4-0) en 2021…
Alors pour l’anecdote, ce match contre l’OM (le 6 janvier 2019, en 32e de finale, Andrézieux l’avait emporté 2-0 !), je l’ai commenté sur Eurosport dans le rôle de consultant, sans savoir que, quelques mois après, j’allais faire partir du projet d’Andrézieux ! Ce match, je m’en souviens bien ! Ce fut un authentique exploit et un très bon souvenir pour le club; ça lui a permis d’accroître sa notoriété, de le dynamiser.

« Après un bon départ, la machine s’est grippée »

Pourtant, on a l’impression que l’ABFC n’a pas surfé sur cette « perf »…
Si, mais Andrézieux, c’est 10 000 habitants. On est une petite commune, toutefois très dynamique. En National 2, on fait quand même figure de petit poucet par rapport à d’autres grandes villes et même par rapport à certains clubs historiques qui ont déjà connu le monde professionnel, ce qui n’est pas notre cas.

Car Andrézieux n’a jamais joué plus haut qu’en National 2, même si maintenant on est bien installé à ce niveau. Justement, au printemps 2019, quand je suis arrivé, on a joué la montée en National jusqu’à la dernière journée, puis les deux saisons suivantes ont été perturbées par la Covid. C’est dommage, on avait une belle équipe pour jouer l’accession, notamment la deuxième saison (2021-2022), mais elle s’est arrêtée au bout de neuf journées de championnat.

Et l’an passé, on fait quand même un nouveau 32e de de finale de Coupe de France après avoir éliminé Grenoble (L2) chez nous, à l’Envol Stadium, et en 16e, face à Montpellier, on n’est pas passé loin (0-1)… Malheureusement, en championnat, on a fini 4e, on a craqué dans les dernières journées, alors qu’on était dans le coup à un moment avec Le Puy et Bergerac.

Cette saison, en revanche, c’est beaucoup plus dur…
Oui, c’est plus compliqué. On espérait bien mieux. Cela fait partie du football. Maintenant, on va essayer de s’accrocher pour se maintenir, surtout dans une saison très particulière avec la refonte des championnats et ces fameuses 5 descentes de N2 en N3, voire 6 descentes pour deux des quatre poules.

L’été dernier, on a eu la volonté de renouveler l’effectif. Il y a eu pas mal de départs. Après, on a aussi des joueurs que l’on souhaitait conserver, qui ont fait une belle saison et ont donc été sollicités; ils ont reçu de belles offres sur lesquelles on ne pouvais pas s’aligner.

Cette année, on a pourtant bien commencé : je me souviens notamment d’un bon match à Goal FC (1-1, 6e journée), mais après, la machine s’est grippée, la période de coupe de France est arrivée, j’ai senti que l’on manquait d’intensité, que l’on avait perdu cette petite flamme. On a eu deux ou trois mauvais résultats, et le doute s’est installé.

Aujourd’hui, on a du mal à redresser la barre, malgré des signes encourageants depuis l’arrivée de Jérémy Clément au poste d’entraîneur (le 30 janvier). On voit des bonnes performances, de l’implication, simplement, on n’est pas récompensé par des victoires. On a des scénarios contraires, comme contre Saumur chez nous dernièrement, où l’on a une expulsion sévère à mon avis au bout de 40 minutes de jeu (Andrézieux, qui menait 2 à 0, a concédé le nul 2-2, et avait également terminé à 10 le précédent match, lors du 0-0 à Trélissac). Tout est contre nous. Même s’il ne faut pas oublier que face à nous, il y a des bonnes équipes. Le niveau est très homogène. Mais tout le monde est sur le qui-vive, personne ne lâche, à cause de ces 5 descentes.

« Le coach est le fusible, c’est la loi du foot »

La décision d’évincer le coach Marcantei, fin janvier, c’était une première depuis votre arrivée ?
Non, c’était la deuxième fois. C’était aussi arrivé avec Jean-Noël Cabezas (remplacé alors par Romain Revelli), et ça ne fait jamais plaisir. Tous les deux, ce sont des personnes que j’apprécie, mais à un moment donné, quand on sent que le club est en danger, c’est le coach qui sert de fusible. C’est la loi du football.

Encore une fois, je le répète, je sépare bien les deux choses : le côté humain, et j’ai beaucoup aimé travailler avec Arnaud et Jean-Noël, et le coté professionnel. Après quand il y a un danger, c’est le rôle du président de prendre des décisions. Là, je sentais que l’on était sur une mauvaise passe, qu’il fallait redynamiser le groupe pour se sauver.

Finalement, depuis votre arrivée, voilà près de 4 ans, il y a déjà eu 4 coachs à Andrézieux… A un moment donné, ne faut-il pas plus de stabilité ?
Bien sûr que l’on aimerait avoir de la stabilité et travailler sereinement, sur la durée, mais ça n’a pas encore été le cas. Est-ce que c’est une faiblesse ? Je ne sais pas. Est-ce que ce n’est pas non plus le système qui est comme ça aujourd’hui ? Regardez, on le voit aussi chez les joueurs. Aujourd’hui, les discours des coachs auprès d’eux « baissent » vite. L’humain a besoin de renouvellement en permanence. Il a besoin d’être redynamisé. C’est pour ça que le métier de coach est devenu extrêmement difficile : c’est compliqué de gérer 25 joueurs et un staff, d’obtenir des résultats mais de ne pas avoir le temps, parce qu’on ne va pas se mentir, en football, on n’a pas le temps. Et tout ça dans le contexte que l’on connaît, avec une saison particulière, avec toutes ces descentes. On l’a vu, beaucoup de clubs, tant en pro qu’en amateur, ont changé leur coach parce qu’il y a cette situation d’urgence. Cette réforme des championnats est peut-être bien, du moins je le pense, mais elle est très rude : sur deux années, il va y avoir des grosses cylindrées qui vont chuter et on sait l’impact que peut avoir une relégation.

« Les deux fins de saison qui arrivent vont être terribles »

Le tandem Clerc-Clément.

Justement, l’UNECATEF, le syndicat des entraîneurs, vient de publier un chiffre hallucinant : cette saison, 51 entraîneurs se sont fait virer, de la Ligue 1 au Régional 1 (DH)…
C’est énorme, c est dû à la refonte. On le voit aussi dans les matchs, qui sont tendus, y’a beaucoup de cartons, le moindre point a son importance, surtout que deux clubs, les deux moins bons 11es, vont aussi descendre : cela va engendrer des calculs incroyables ! Ces deux moins bons 11es seront départagés en fonction des résultats qu’ils auront obtenus lors d’un mini-championnat avec les autres relégables de leur poule, donc ça pourra changer à la dernière minute de la dernière journée, et c’est ce qui rend la situation anxiogène. Un 10e pourra passer 11e à la dernière minute de la dernière journée et cela changera tout sur le calcul des quatre équipes classées 11e des 4 groupes : car peut-être que ce 11e aura perdu plus de matchs contre les relégables de sa poule qu’un autre 11e, et l’an prochain… En National aussi, c’est énorme, avec six descentes, et en N2, il n’y aura plus que 14 équipes l’an prochain, et 5 descentes encore : donc plus d’un club sur 3 va descendre. Les deux fins de saison qui arrivent vont être terribles.

Arnaud Marcantei (à gauche), à sa signature, en juin 2021.

L’on évoquait la stabilité au poste de coach, vous qui étiez plutôt un joueur stable, justement, qui ne changeait pas trop de clubs…
C’était une autre époque. Dans ma carrière de joueur, je n’ai pas non plus connu beaucoup de changements de coach en cours de saison. Aujourd’hui, les joueurs aussi bougent plus. En National 2, c’est un peu la règle aussi, car les contrats sont courts. Les clubs font souvent des contrats d’un an car ils ne savent pas trop où ils vont aller, et c’est ça qui crée de l’instabilité.

« On est capable d’aller chercher ce maintien »

Descendre en N3, ce serait une catastrophe industrielle pour l’ABFC ?
Une catastrophe je ne sais pas… Ce serait une mauvaise nouvelle, surtout que remonter est très difficile. Et puis, en N3, le projet ne serait plus le même. La concurrence est rude en Auvergne Rhône-Alpes, on va avoir des poules élargies. Mais en cas de descente, le club existera toujours et se battra pour remonter. Bon, on n’espère vraiment pas en arriver là.

Il faut se maintenir en N2 et préparer la saison suivante : on le voit, certaines équipes ont du mal à se maintenir et l’année d’après, parfois, elles font des bonnes saisons. On n’est pas décroché, on sait qu’on est capable d’aller chercher ce maintien. Et si on est encore en National 2 la saison prochaine, on travaillera bien à l’inter-saison pour faire mieux, d’autant qu’on ne sera toujours pas tranquille à cause de toutes les descentes.

Le nouveau coach, Jérémy Clément.

Vous avez dû recevoir de nombreux CV de coach après l’éviction d’Arnaud Marcantei : comment le nom de Jérémy Clément est-il apparu dans votre esprit ?
J’ai même reçu des CV avant que le coach ne parte! On était dans une situation d’urgence et je savais que Jérémy, que je connais bien, était libre et disponible pour nous donner un coup de mains; ça s’est bien goupillé. Je l’ai contacté, il a dit OK, ça s’est fait naturellement. Je connais ses compétences. En fait, l’occasion a fait le larron. Pour lui, c’est un bon challenge aussi d’entraîner en N2, un niveau qu’il ne connaissait pas. Je lui fait pleinement confiance. Tous les deux, on est proches, mais on fait bien la part des choses : on a une relation professionnelle aujourd’hui qui n’empêche pas que l’on s’apprécie.

Bientôt 4 ans, donc, que vous êtes à la tête du club : quel regard portez-vous sur ces 4 années passées ?
C’est très enrichissant. Je suis vite passé du monde de joueur à un rôle de dirigeant où on a une vue à 360 degrés sur un club, alors que quand on est joueur, on pense à soi, on est concentré sur le terrain, sur l’équipe, et on ne se rend pas compte de tout ce qui se passe dans un club.

Andrézieux, c’est une très bonne expérience pour moi, avec des objectifs, des impératifs aussi, notamment financiers, car on ne peut pas faire ce que l’on veut, je pense aux primes, aux salaires. La DNCG veille. Dépenser de l’argent, c’est facile, mais en gagner, c’est plus compliqué. On gère une entreprise là. Il faut être très vigilant là-dessus. Après, je reste un président passionné de foot, j’aime être proche du terrain, suivre mon équipe, c’est intéressant, enrichissant, prenant, mais pas évident tous les jours car on règle beaucoup de problèmes et on a peu d’instants de bonheur, surtout cette année, mais mon côté compétiteur fait qu’il faut rebondir, toujours y croire, ne jamais lâcher. Andrézieux, c’est une belle aventure, on rencontre des gens investis et passionnés.

« Notre stade est un point fort et un point faible »

Contre Montpellier, en coupe de France, l’an passé.

Comment définiriez-vous le club ?
Bien que notre commune soit petite, on est un club dynamique, sympa, familial, moderne aussi grâce à notre stade et notre façon de communiquer . On est ambitieux aussi, même si on a des clubs en face de nous qui travaillent très bien. On a beaucoup d’humilité : avoir un beau stade, avoir François Clerc comme président et Jérémy Clément comme coach, ce n’est pas ça qui nous fait gagner des matchs, on en est bien conscient. Le club est sain, sympa. Ici, on dit ce qu’on fait et quand on ne fait pas, on ne dit pas. Quand les joueurs arrivent chez nous, on leur rappelle que l’on n’est pas le Real Madrid mais par contre, on est sérieux, et quand on dit « oui », c’est « oui », et si on dit « non », c’est « non ».

L’Envol Stadium peut accueillir au moins 5000 personnes.

Vous parliez de club moderne : c’est que vrai que le stade est incroyable pour le National 2…
Les équipes adverses sont souvent bluffées quand elles viennent chez nous, par notre stade et nos installations. Mais à mon sens, l’Envol Stadium (inauguré en 2016), c’est à la fois notre plus gros point fort et aussi notre point faible. Point fort parce que l’Envol Stadium est vraiment très fonctionnel, avec 500 ou 600 espaces VIP, des bureaux, 5000 places; ça permet de bien travailler de manière quasi-professionnelle, notamment avec nos partenaires, en matière d’hospitalité, le soir des matchs, et aussi en dehors des matchs, avec des événements, des séminaires d’entreprises.

On n’est pas loin de Saint-Etienne, donc on a un territoire très dynamique, avec beaucoup d’entreprises, on est tout près d’un géant comme l’AS Saint-Etienne, l’un des plus grands clubs français, et on se doit de proposer autre chose. Après, c’est aussi un peu notre point faible car ce stade peut nous inhiber, nous mettre dans un certain confort.

A contrario, stimuler nos adversaires : on le voit, quand ils arrivent, ils font des selfies, des snaps ou postent des photos sur Insta. Peut-être que nous, on « s’embourgeoise » un peu entre guillemets, alors qu’en N2, il ne faut pas oublier que, parfois, on joue dans des stades un peu champêtres, sur des terrains difficiles, mais c’est comme ça, ça fait partie du niveau, même si je trouve que les clubs se développent de plus en plus et se structurent de mieux en mieux. Surtout, ils travaillent de plus en plus avec leurs partenaires, je le vois bien depuis 4 ans que je suis là. Nous, on faisait un peu figure d’ovni à ce niveau-là. C’est bon signe pour le foot en général mais ça veut dire aussi que la concurrence est de plus en plus importante.

« On a plus de 10 000 emplois directs sur la commune »

Samedi dernier, à Nice, François Clerc a reçu le trophée de l’ancien Aiglon et donné le coup d’envoi du match face à Reims. Photo OGC Nice Médias.

N’est-ce pas difficile d’être dans l’ombre du géant stéphanois ?
On ne joue pas dans la même catégorie. Et on a de la concurrence autre que le football. Andrézieux appartient à Saint-Etienne Métropole mais ce n’est pas non plus la métropole lyonnaise… On a un vivier de clubs autour de nous très importants, un vivier de joueurs aussi, donc de la concurrence. Mais on n’est pas numéro 1 sur notre territoire, et ce ne sera jamais le cas, donc il faut trouver d’autres leviers pour exister en N2 ou pus haut si on a le bonheur d’y aller un jour. Après, c’est vrai qu’à Andrézieux, on supporte les Verts, mais l’un n’empêche pas l’autre, c’est d ailleurs ce qui se passe aujourd’hui chez nous. On est une petite commune mais on a plus de 10 000 emplois directs sur la commune, c’est plus que le nombre d’habitants, et on a près de 1500 entreprises implantées ici. Donc c’est vraiment un point fort pour nous même si cela nous fait perdre un peu ce sentiment d’appartenance, car on est une ville de passage. On essaie de travailler sur ce domaine là.

Jouer le vendredi soir, c’est une volonté ?
Oui. On a remarqué que, vis à vis de nos partenaires, c’était mieux, ça permet de les avoir en nombre au stade, de créer du lien.

On en a discuté avec nos homologues de Bergerac et d’Angoulême, qui le font, et GOAL FC aussi, qui le fait parfois, et que nous allons d’ailleurs recevoir dans dix jours le vendredi : mais pour jouer ce jour-là, il faut l’accord du club adverse, et ce n’est pas toujours possible, car dans certains clubs, des joueurs travaillent à côté.

Jouer le vendredi, c’est aussi une façon de préparer le National et ça permet d’aller encourager les Verts le samedi, non (rires) ?
(Rires) On évite vraiment d’être en concurrence avec Saint-Etienne, sinon, il n’y aurait plus grand monde à l’Envol Stadium !

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : @ABFC et @13HF

L’attaquant natif de Saint-Brieuc a définitivement reposé ses valises en  Normandie, à Granville (National 2), après avoir écumé les stades et « consommé » huit clubs de National ! Il a aussi connu la Ligue 2 à Laval et surtout au Mans, où il est entré dans l’histoire ! Retour sur une carrière bien remplie.

Photo US Granville

Certains sites internet écrivent, par erreur, que Vincent Créhin (34 ans) est né à Quimper ! Sacrilège ! « Je n’ai rien à voir avec le Finistère, je suis Costarmoricain » clame-t-il ! Un Briochin, un vrai de vrai, qui a posé ses valises un peu partout mais, bizarrement, jamais chez lui, à Saint-Brieuc !

Enfin, ce n’est pas tout à fait exact. Il a porté les couleurs des Griffons pendant une saison, en benjamins : « J’ai commencé le foot près de Saint-Brieuc, à Yffiniac, mais je n’avais pas de licence, j’avais 5 ans, puis à l’âge de 7 ans en débutants à Hillion, avant de signer au Stade Briochin à 10 ans, où il y avait Kevin Theophile-Catherine avec moi (Rennes, Saint-Etienne). Ensuite, je suis parti à 11 ans au centre de formation de Guingamp. »

« Il faut tomber sur les bonnes personnes, au bon moment »

Dans les années 90, Saint-Brieuc évoluait en Division 2 (1993-95 puis 1996 avant le dépôt de bilan). Le club a mis 25 ans pour retrouver le National, déjà côtoyé en 1995-1996. Vincent Créhin, lui, n’a pas attendu 25 ans avant de jouer à ce niveau, qu’il a découvert à seulement 19 ans, à Cannes. « Je sortais d’une bonne saison avec les 18 ans Nationaux de Guingamp, où j’avais beaucoup marqué (26 buts), et je pensais, logiquement, intégrer la réserve en CFA (N2). Mais l’entraîneur, Jacques Cadran, ne me voulait pas, ou plutôt si, il me voulait, mais pour être un pilier en Division d’Honneur. J’étais écoeuré. Ce club m’a nourri, logé, tout ça pour m’entendre dire à la fin d’aller jouer en DH… Je demandais juste à m’entraîner en CFA. En fait, à Guingamp, il m’a manqué 2 ans : car 2 ans après, le club a fait le ménage et c’est « Coco » Michel et Lionel Rouxel qui ont pris la suite. Eux, ils m’auraient conservé. Mais bon. C’est mon histoire. Un mal pour un bien car cela m’a permis de partir et de faire ma carrière derrière. Après, je ne garde aucune rancoeur envers le club… En foot, il faut tomber sur les bonnes personnes, au bon moment, les bonnes années. Coco Michel m’a bien proposé de revenir en réserve 2 ans après, mais j’étais à Plabennec, en National. »

Déjà loin de ses parents pendant toute sa formation, Vincent s’éloigne encore plus en quittant la Bretagne pour la Côte d’Azur et l’AS Cannes : « J’ai participé à une détection, il y avait deux matchs, un le matin, un l’après-midi, et ça s’est bien passé. Le coach, Patrice Carteron, et le directeur sportif, Richard Bettoni, m’ont conservé. Je connaissais aussi un autre joueur à l’essai, Geoffrey Malfleury. »

L’apprentissage du métier à Cannes

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Dans un effectif taillé pour accéder en Ligue 2 – ce que le club ne parviendra jamais à réaliser en 10 ans de présence d’affilée en National (2001 à 2011) -, le Breton vit une année d’apprentissage : « Je me revois partir avec ma voiture à Cannes-la-Bocca, tout seul comme un grand, je venais d’avoir le permis ! Cannes, en National, pour commencer, c’était très bien pour moi. Je ne passais pas par la case CFA. Bien sûr, je n’ai pas beaucoup joué, parfois j’allais m’entraîner en réserve avec Farid (Tabet), je ne le prenais pas comme une punition, au contraire, j’étais là pour apprendre et déjà super-content d’être là. Parce qu’après Guingamp, si je n’avais rien eu, le foot aurait été fini pour moi et je serais allé bosser. Cette saison à Cannes m’a aidé à faire une bonne saison ensuite avec Plabennec l’année d’après, en National. »

Retour en Bretagne donc, dans le Finistère, où il inscrit 9 buts en championnat et 4 en coupe de France, dont un sur le terrain de Nancy (Ligue 1) en 16e de finale (qualification 2 à 0 après avoir éliminé l’OGC Nice 2-1 en 32e de finale).

En championnat, il retrouve l’AS Cannes, et se rappelle au bon souvenir de son précédent club en marquant à l’aller (1-1) : « On avait fait 0-0 aussi au retour, y’avait encore Eric (Bauthéac), et y’avait le grand costaud devant (Jan Koller)! ».

Cette belle saison à Plab’ et cette campagne de coupe de France lui permettent de signer son premier contrat pro en 2010 à Laval, en Ligue 2 : « Mais ça ne s’est pas bien passé, on était très nombreux, j’ai eu du mal à faire mon trou, je ne jouais pas beaucoup, je n’étais pas prêt, c’est tout. On a résilié à l’amiable au bout de la première année et je suis allé à Beauvais, en National. »

« Après Carquefou, j’ai voulu arrêter le foot ! »

Sous le maillot du Mans. Photo Philippe Le Brech

C’est un peu la galère pour le Briochin : dans l’Oise, ses stats’ sont bonnes (12 buts) mais le club descend. Il signe ensuite à Carquefou, à côté de Nantes, toujours en National, mais il ne comprend pas ce que le coach, Denis Renaud, attend de lui : « Carquefou, j’en garde le souvenir d’une équipe de copains, j’avais Matthias Jouan comme coéquipier, qui est actuellement mon coach à Granville, mais je ne comprenais pas trop le système de jeu du coach. Franchement, j’en avais marre, cela a été une saison usante, au terme de laquelle j’ai voulu arrêter le foot… Je suis rentré à Saint-Brieuc, l’équipe était alors entraînée par Sylvain Didot, j’avais visité les installations, et puis… »

Et puis Gilbert Guérin, le président de l’US Avranches Mont-Saint-Michel, a décroché son téléphone : « Il m’a dit, « On te veux ». J’avais 26 ans. Je me suis dit, « Allez, je vais essayer de me relancer, j’essaie encore une année, et si vraiment ça ne va pas, je rentre à Saint-Brieuc ». Je voulais retrouver du plaisir après Beauvais et Carquefou. Et puis, c’est là que tout est reparti ! La première saison, on monte de CFA en National et la seconde, on se maintient. J’ai relancé la machine (15 buts la première saison, 19 la suivante). »

Meilleur buteur de l’histoire du Mans FC

Sous le maillot du Mans. Photo Philippe Le Brech

Mais comme sa vie de footballeur n’est pas un long fleuve tranquille, il connaît ensuite six mois compliqués à Amiens, en National, avant de vivre les quatre plus belles années de sa carrière, au Mans, au point d’en devenir l’une des figures tutélaires du club et même le meilleur buteur de son histoire avec 73 buts inscrits en 139 matchs, sur quatre saisons et demi.

« Bien sûr, quand je signe au Mans, le club est en CFA2, mais je savais où j allais ! C’était Le Mans quand même ! On ne regardait pas le niveau, mais le club. J’ai eu la possibilité d’aller à Pau, en National, mais là, je retrouvais le coach (Richard Déziré, côtoyé à Avranches), je savais qu’il allait bâtir une équipe pour monter en CFA la saison d’après, d’ailleurs, c’est même moi qui l’ait appelé ! Christophe Pelissier, le coach d’Amiens, m’a donné mon bon de sortie. Ce n’est pas de sa faute, c’est un bon coach, c’est juste que, à Amiens, j’ai fait une erreur de casting, on se marchait sur les pieds avec mes coéquipiers, je n’arrivais pas à trouver ma place, alors au mois de décembre, on a cassé le contrat, on s’est serré la main, et puis voilà. Je suis allé au Mans. »

L’aventure mancelle sera belle : accession en CFA la saison suivante, puis dans la foulée en National et même en Ligue 2 ! Et puis, la Covid est arrivée. Put… de Covid. « On est en Ligue 2, ça se passe bien pour moi, j’ai mis mes buts (8 en 25 matchs), on joue à Beauvais contre Chambly, on n’est pas relégable, on mène 2 à 0, et puis on fait 2-2 et là, on se retrouve avant-dernier, 19e. Et les championnats s’arrêtent. »

Le club, lui, descend, sans pouvoir défendre sa chance jusqu’au bout. « A un match près, on serait resté en Ligue 2. Et là, ça change tout ! En National, les contrats ne sont plus les mêmes. Et puis je pense que c’était l’heure de partir pour moi, à contre coeur, car j’étais toujours performant, mais on descendait, le noyau de joueurs était cassé. J’ai eu l’opportunité, pour la première fois de ma carrière, de partir à l’étranger, à Chypre, en Division 1, payé correctement. C’était une super expérience pour ma famille et pour moi. Je n ai pas hésité, j’y suis allé, on s’y est fait des amis, c’est drôle d’entendre mes enfants parler anglais et grec. On y est retourné en vacances. C’est vraiment une destination que je conseille ! »

Une relation forte avec Richard Déziré

Sous le maillot du SO Cholet. Photo Philippe Le Brech

Après l’expérience chypriote, retour dans l’ouest, à Cholet, avec celui qu’il appelle « le coach », Richard Déziré. « Stephen Vincent (ex-coéquipier au Mans et à Cannes) vous a dit que j’étais son fils spirituel ? C’est vrai que je l’ai eu à Cholet, au Mans et à Avranches, et qu’on a une relation forte. Je suis toujours en contact avec lui. » Pas avec Cholet : « Ouep… non… On ne va pas rentrer dans les détails. Je n’ai rien contre le club, qui est venu me chercher à Chypre, qui a été clean avec moi… pas avec le coach. Quand ils l’ont viré, bon bah voilà, je savais que ça allait être pareil pour moi, et puis je n’ai pas pris de plaisir là-bas, je n’apprécie pas trop leur façon de fonctionner, c’est comme ça, c’est le football. Ce n’est pas dans mes principes, dans mes valeurs. On s’est serré la main, et puis voilà. »

A 33 ans, Vincent a bouclé la boucle. Il va rentrer chez lui, à Saint-Brieuc. Pour de bon. Les contacts sont là. Le président est OK. Pas le coach des Griffons, Didier Santini : « Il préférait des grands devant… » Encore raté ! « J’y jouerai peut-être un jour, quand ils voudront de moi (rires) ! ».

« On aime bien le Mont-Saint-Michel ! »

Sous le maillot du SO Cholet. Photo Philippe Le Brech

Finalement, il signe l’été dernier à Granville, à 35 kilomètres d’Avranches : « En fait, je voulais surtout 2 ans de contrat, et on ne me proposait que des 1 + 1… Bon, à Saint-Brieuc, j’aurais fait l’effort, mais, franchement, j’ai déjà beaucoup déménagé, je ne me voyais pas repartir trop loin une nouvelle fois. J’ai mon fils Swann (10 ans) qui va rentrer au collège (il est aussi papa d’une petite Lyla de 5 ans), c’est usant. Je voulais un club pour poser mes valises. Granville est arrivé, ce n’est pas loin de chez moi, mon épouse aime la région, on aime le Mont-Saint-Michel, l’opportunité est belle, j’ai un contrat fédéral, ce qui n’est pas négligeable. Il faut prendre ce qu’il y a à prendre, parce qu’apres, il va falloir aller bosser comme tout le monde ! Sylvain Didot, que j’avais failli rejoindre déjà à Saint-Brieuc avant d’aller à Avranches, m’a appelé. C’est grâce à lui que je suis à Granville, un club qui s’est fait connaître grâce à la Coupe de France, familial aussi, qui n’a pas beaucoup de moyens. La ville est charmante, même si ce n’est pas une terre de foot. Granville est un club qui a réussi à se faire un nid en CFA même si c’est plus dur depuis 2 ans. On n’est pas trop aidé au niveau des installations ».

Sous le maillot du Mans. Photo Philippe Le Brech

Un club cependant en difficulté cette saison en championnat, même si le récent succès 3-2 chez le 2e du championnat, le Racing club de France, laisse augurer des lendemains meilleurs : 12e et premier relégable, l’US Granville a changé de tête au lendemain d’une défaite, la 8e de la saison, contre la réserve de Rennes, Matthias Jouan (ex-coéquipiers de Vincent à Carquefou) prenant la place de Sylvain Didot sur le banc.

Samedi 25 février, les Bretons recevront le leader, le FC Rouen, pour la belle : battus à l’aller 2-1 à Diochon, ils avaient pris leur revanche en coupe de France 2 à 0.

Revenu dans sa région, il en profite de temps en temps pour se rendre à Guingamp, supporter le club de son coeur, ou Avranches, où il a passé deux saisons : « C’est compliqué d’y aller, Guingamp joue souvent le samedi soir, nous aussi, et Avranches joue le vendredi à 19h30, mais moi, je mange à 19h15 ! Il faudrait demander à Gilbert Guérin, le président, d’avancer les matchs à 15h ! Ce serait bien 15h (rires !). Il ne faut pas perturber mes habitudes ! J’ai gardé quelques contacts, bien sûr, et parfois je croise certains joueurs en ville, ou des supporters aussi, conclut celui qui pratique souvent l’auto-dérision ! »

Vincent Créhin du tac au tac

« Jouer comme un ancien 8, ça veut dire quoi ? »

Sous le maillot du Mans. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif à ce jour ?
La montée de National en Ligue 2 avec Le Mans FC.

Pire souvenir sportif ?
La descente de National en CFA avec Beauvais.

Pourquoi as-tu choisi d’être attaquant ?
Parce que j’aime bien marquer des buts ! J’aime bien faire trembler les filets, c’est pour ça que je suis pêcheur aussi !

Combien de cartons rouges ?
Zéro, mais je compte bien en prendre un avant le dernier match de ma carrière ! Je plaisante bien sûr ! Non, zéro rouge et deux jaunes !

Première fois dans un grand stade ?
Le Roudourou, à Guingamp.

1,66 ou 1,69 mètres ?
1 mètre 66 ! J’ai l’habitude que l’on me parle de ma taille ! Il faut en rire ! Malgré ça, et malgré les grands steaks que j’ai affrontés derrière, ça ne m’a pas empêché d’avoir ma petite carrière et puis, quand je jouais avec Soro au mans ou avec Louisy-Daniel à Beauvais, j’étais bien aidé, j’étais bien entouré, ça compensait ! Là, à Granville, je suis tout seul devant, car on joue en 4-3-3.

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Ton plus beau but ?
Contre Limoges, en CFA, avec Le Mans, un but qui nous permet de monter en National.

Ton plus beau raté ?
Avec Plabennec, en National, on fait 2-2 contre Luzenac, mais je rate la balle du 3 à 2, je suis tout seul au 2e poteau, le gardien avait déjà plongé, et je tire à côté !

Un geste technique préféré ?
Contrôle-semelle.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Mes défauts, je ne suis pas assez personnel, je suis trop altruiste, et mon pied droit aussi. Une qualité : la vision du jeu.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?!
Y’en a eu plusieurs mais je dirais mes quatre saisons et demi au Mans.

Le club où tu as pris le moins de plaisir ?
(Il hésite). Beauvais. Y’avait pas les résultats. c’était pas top.

Sous le maillot du SO Cholet. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu n’aurais pas dû signer ? L’erreur de casting de ta carrière ?
Amiens. Ils m’ont fait venir, ensuite ils ont recruté parce que ça n’allait pas.

Le club où tu aurais rêvé de jouer en seniors ?
Guingamp.

Inversement, celui où tu n’aurais pas pu jouer ?
Brest. Ou Rennes. Un des deux. Plus Rennes du coup, car c’est vraiment le derby. Je peux pas le voir, ce maillot rennais (rires) !

Un stade et un club mythique pour toi ?
Le Roudourou.

Le public qui t’a marqué ?
Celui du Roudourou, d’ailleurs ça a été un des meilleurs kops de Ligue 1. Et celui du Mans aussi, même quand on était en CFA2 ou en CFA, on avait un kop d’enfer !

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un) ?
Stephen Vincent au Mans. Mais si je ne cite que lui, les autres vont m’en vouloir… Je pourrais citer Pierre Lemonnier (Le Mans), un bon copain de bar !

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling dans le jeu ?
Mamadou Soro.

Et le meilleur passeur de la dernière édition de la coupe de la Ligue est… Vincent Créhin !

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Celui qui m’a marqué, c’est le gardien du PSG (Sergio Rico), quand on a joué contre eux en 8e de finale de la coupe de la Ligue avec Le Mans (1-4, le 18 décembre 2019); là, je me suis dit que ça allait être compliqué de lui marquer un but ! Il arrêtait tout ! C’était la dernière saison de la coupe de la Ligue. On avait éliminé Nice (L1) quand même. Et aussi Lorient et Orléans (L2). Pour la petite histoire, j’avais terminé meilleur passeur de la compétition (4 passes, devant Mbappé, 3 passes), c’est un journaliste qui m’a envoyé le classement !

Sous le maillot de Plabennec. Photo Philippe Le Brech

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Steven Paulle, à Cannes. On était encore en contact quand il jouait à Dijon et puis il est parti en Thaïlande, on s’est perdu de vue. J’avais passé une bonne année avec lui à Cannes. Je serais content de lui reparler. Il est revenu à Cannes ? Ah je ne savais pas !

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Franck Kerdilès, que j’ai eu à Plabennec.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Peut-être Jacques Cadran, à Guingamp : lui, il ne me voulait pas en CFA parce qu’il disait que je ne sautais pas assez haut sur les corners ! Je sortais de ma saison pleine en 18 ans Nationaux à l’En Avant. Bon, ça m’a permis d’aller à Cannes derrière.

Un président marquant ?
Il y en a deux : Jean-Pierre Pasquier, qui a fait un gros boulot au Mans, et Thierry Gomez, également au Mans.

Sous le maillot de Carquefou. Photo Philippe Le Brech

Le président qui ne t’a pas laissé un grand souvenir ?
Celui que j’ai eu à Chypre, quand je suis parti jouer là-bas. Je ne le porte pas dans mon coeur.

Une causerie de coach marquante ?
Celles de Richard Déziré.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Denis Renaud, à Carquefou, me disait de « jouer comme un ancien 8 », je cherche toujours ce que ça veut dire ! Si quelqu’un a la réponse ! Parce que je cherche encore aujourd’hui ce que c’est « un ancien 8 » ! Comme je ne jouais pas comme il le voulait, eh bien il m’a mis sur le banc (rires). Moi pas compris (rires) !

Ton match référence ?
Contre l’OGC Nice en coupe de la Ligue avec Le Mans, incroyable !Je me suis senti bien, je me souviens que, ce soir-là, Danté, je lui ai fait mordre un peu la poussière (qualification du Mans 3-2) !

Sous le maillot de Beauvais. Photo Philippe Le Brech

Ton pire match ?
Cette année, Granville – Châteaubriant (0-3), y’en a eu d’autres, hein ! Et aussi Saint-Pryvé – Le Mans, sur leur terrain là-bas, infecte ! Je ne suis pas sûr qu’il y ait eu trois passes dans ce match.

Des rituels, des tocs ?
Je n’ai pas de rituel particulier mais j’aime bien que les choses soient bien rangées, bien droites, du coup, on m’embête souvent avec ça et certains coéquipiers s’amusent à déranger mon casier ! J’aime quand tout est droit (rires) !

Une devise ?
On récolte ce que l’on sème.

Un chiffre ?
Le 9.

Un plat, une boisson ?
Galette-saucisse avec une bière.

Sous le maillot de Laval. Photo Philippe Le Brech

Tes occupations ?
Je suis bien occupé, déjà avec mes enfants, j’ai un garçon, Swann 10 ans, né à Beauvais, et une fille, Lyla, 5 ans, qui est née au Mans.

Un match de légende ?
France – Brésil 1998.

Un modèle de joueur ?
Ruud Van Nistelrooy.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Pompier. Mais j’aurais eu un problème avec l’échelle (rires).

Que t’a-t-il manqué pour t’installer durablement en Ligue 2 (il a joué 25 matchs avec Le Mans et 15 avec Laval) ?
Un coach qui croit en moi et en mes qualités. J’ai quand même mis mes buts en Ligue 2 avec Le Mans mais il y a eu la Covid, sans cela, je serais peut-être resté.

Ton après football ?
J’y réfléchis, ce n’est pas évident, mais ça ne sera pas dans le foot. Caviste peut-être ?

Le milieu du foot, en deux mots ?
Plaisir organisé.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech

Arrivé sur le banc du Stadium Racing Colmar (National 2) en janvier dernier, l’ancien joueur emblématique du RC Lens retrace son parcours d’entraîneur, qui l’a vu multiplier les expériences, aux quatre coins de la France et à l’étranger.

C’est en pleine préparation d’une séance d’entraînement que Jean-Guy Wallemme, le nouvel entraîneur du SR Colmar (National 2), a décroché son téléphone, se rendant disponible pour un entretien autour de sa carrière de joueur et de coach.

De Lens à Saint-Etienne sur la pelouse, le coach arpente les vestiaires comme tacticien depuis plus de vingt ans déjà. Entre des passages en région parisienne au Racing Club de France, au Paris FC, ou récemment au Paris 13 Atletico, à l’étranger en Algérie ou au Maroc, mais également au RC Lens, à l’AJ Auxerre ou à Chartres et Fréjus, le Nordiste de 55 ans est revenu sur son parcours pour 13heuresfoot.

Jean-Guy, avant d’attaquer votre parcours de coach, vous avez eu une carrière de joueur remplie. Quel regard portez-vous dessus ?
D’où je viens, un patelin de 1500 habitants dans le Nord de la France, si on m’avait dit que je ferais autant de matches en professionnel… Je ne suis à pas loin de 500 matches, c’est une belle histoire. On aspire toujours à faire le mieux possible, je n’ai pas été international A, mais l’année où les Bleus sont champions du monde, en 1998, voilà, il y avait du monde au balcon (rires), j’étais peut-être le 5, 6e, je ne sais pas. Après, le fait d’être resté longtemps à Lens a été un choix de ma part. Et à côté de ça, l’année de la descente après mes débuts, quand j’étais international espoirs, j’aurais pu aller au PSG, mais on a été bloqué par Gervais (Martel) avec Eric Sikora, à une époque où les clubs pouvaient dire aux joueurs de rester. Mais voilà, pour un gamin qui vient de là, je suis allé voir des pays que je n’aurais jamais pu voir si je n’avais pas fait ce métier, il y a eu des choses qui se sont passés dans les vestiaires, des stades, Old Trafford, Wembley, Anfield Road, des enceintes mythiques. C’était une grande aventure, forcément.

Une aventure de joueur qui vous sert actuellement en tant que coach, peut-être, avec le football qui a évolué…
J’ai été capitaine très tôt, ce qui m’a peut-être permis « d’enquiller » sur une carrière d’entraîneur. Mais ce sont deux métiers différents, parce que quand on est joueur, on pense à soi, et quand on est entraîneur, on doit penser à tout le monde, on est dans un équilibre fragile. Dans un vestiaire on dit « nous », et on fait face à des joueurs qui disent « je », avec des entourages qui disent « je ». C’est une équation difficile. Les ramifications du football ont évolué, le fait qu’il y ait plus d’argent, d’intéressement, d’intérêt quand un jeune garçon signe dans un gros club à l’étranger, avec une manne financière importante. C’est encore plus compliqué d’avoir un élan sur un projet commun. Et du temps. C’est Jean-Marc Furlan qui disait ça : «J’ai mis quatre ans pour avoir un projet cohérent, pour que les gens sachent jouer ensemble pour monter en D1 ». Mais nous, on sait qu’au bout de six mois, on est jugés sur les résultats. C’est difficile de construire, après on peut comprendre que chacun ait des intérêts. On dure dans le métier par les résultats, la relation que vous avez avec votre président, s’il laisse plus de temps ou pas… Quand on voit tous les changements d’entraîneurs en Ligue 1, combien ont eu une vraie incidence ? En plus avec les staffs, c’est souvent l’adjoint qui remplace le numéro 1 en France. Mais ça veut dire quoi ? Qu’avant, seul le numéro 1 faisait mal son boulot ? C’est un métier particulier, c’est comme ça.

Votre passage de joueur à coach s’est par ailleurs fait en partie avec une expérience peu commune d’entraîneur-joueur à Sainté (2000-2001)…
Je reviens d’Angleterre (Coventry), je signe à Sochaux, avec toute la génération des Diouf, Meriem, Ljuboja, Pedretti, tout en appartenant à Saint-Etienne. La première année, à l’ASSE, on finit 6e. On repart la seconde année, sauf que Saint-Etienne, c’est particulier, un club historique, et que mieux que 6e, c’est l’Europe, avec la question de « qui va ramener les Verts en Coupe d’Europe ? ». Au bout de cinq journées, on est en tête. Et puis derrière, il y a pas mal de blessures, dont la mienne, avec Jérémy Janot à Auxerre, façon Battiston et Schumacher, sauf que c’est avec mon propre gardien ! On se retrouve avec une équipe un peu sur une jambe, on commence à avoir de moins bons résultats, et puis Robert Nouzaret est remercié. L’entraîneur suivant reste deux mois, et les dirigeants me demandent de prendre des responsabilités, avec Rudi Garcia comme adjoint, qui accepte de rester en tant que numéro 2 à ma demande. On a gagné les trois premiers matches, on bat le PSG, et puis on m’annonce un matin, avec dix centimètres de neige à Saint-Etienne, qu’on nous retire sept points avec l’affaire des faux-passeports; ça a été une étape particulière. Les deux derniers mois, je n’étais plus entraîneur ni joueur car j’avais été mis à l’écart. C’est une cicatrice. L’année suivante je repars pour une dernière saison de joueur à Lens, avec Joël Muller, un objectif personnel, et on perd le titre à Lyon. Je voulais me prouver à moi-même que je pouvais encore jouer. Derrière, à 35 ans j’avais fait le tour, et est venu le Racing Club de France, en National, dont j’ai pris les rênes comme coach.

Depuis, vous avez connu beaucoup de clubs. Paris FC, Lens, le Congo, Auxerre, la Belgique, l’Algérie, le Maroc, et puis à nouveau la France un peu partout. Vous êtes un entraîneur-voyageur !
Je ne sais pas… Je ne vais pas dire que mon départ à l’étranger était contraint et forcé après Auxerre, mais c’était particulier. J’étais arrivé à l’AJA alors que je bossais avec le Congo, à la demande du président Gérard Bourgoin. Sauf que j’ai croisé des gens et un personnage notamment qui m’a cramé en France derrière je pense; c’est pour ça que j’ai dû aller à l’étranger ensuite, car je pense que des portes se sont pas mal fermées. Peut-être aussi que je ne séduisais plus les clubs en France à ce moment-là. Mais je pense qu’il y a un pourcentage avec les retours que certaines personnes pouvaient faire. J’ai fait ensuite fait un passage en Belgique, puis trois ans en Algérie : je cherchais un club et un agent est venu me proposer ça. J’ai fait trois clubs, et à la JS Kabylie, mon 2e club, il y a malheureusement eu un décès près du terrain, on ne sait pas ce qui s’est vraiment passé, ça a mis un coup. Les sponsors sont partis, on n’était plus payés, c’était particulier. Je suis aussi allé au Maroc.

« La pression ? C’est ce que vivent les Ukrainiens en ce moment »

Nous n’avons pas encore parlé de votre passage à Lens (2008-2010), votre club formateur, celui de vos débuts, du titre de champion en 98, et de Ligue 2 en tant que coach. Forcément spécial.
J’ai fait deux ans et demi au club comme entraîneur. Gervais Martel m’appelle, je reviens en Ligue 2 après la descente, il y avait 30 millions d’euros de trou, 200 salariés au club, une grosse attente donc. Quand Gervais m’appelle, il me dit « si on ne remonte pas, on est mal ». Il y avait un chantier, 35 joueurs, trois entraînements par jour, un groupe à créer, une dynamique à amorcer, des équipes à aller battre à l’extérieur à guichets fermés et qui viennent à Bollaert pour faire un braquage. Les gens pensent que vous allez gagner tous les matches 3-0. On finit champions, et on fait une belle deuxième saison en Ligue 1, avec une 11e place et une demi-finale de Coupe de France. La 3e année, ça se complique car pas mal de changements de joueurs, pas de possibilité de recruter, des décisions dans le staff et un problème d’organigramme et de non-dits, c’était compliqué. Je n’aime pas utiliser le terme de pression. La pression, c’est ce que vivent les Ukrainiens en ce moment. Mais on avait des responsabilités.

Depuis 2017 et Dieppe, vous êtes revenu en France, avec une super expérience à Chartres notamment. Et puis il y a eu Fréjus ou Paris 13 Atletico dernièrement, où ça s’est fini tôt.
Je reviens en France et je reprends Dieppe en CFA en février-mars, malheureusement on n’arrive pas à se sauver. On repart en CFA2, on fait une saison moyenne, mais on arrive à se sauver. Arrive Chartres, j’y ai fait deux ans en N2 (ex-CFA), on fait deux super saisons, en finissant 2e la première année, c’est Bastia-Borgo qui monte, et la seconde c’est le Covid qui nous arrête. Derrière, je pensais rester, mais ça ne se fait pas. Fréjus/Saint-Raphaël est arrivé (N2), pareil, première année on est bien, avec un match en retard à cause du Covid (rires), mais la seconde année, le président a décidé que nos routes allaient se séparer à cinq journées de la fin après une saison où on était à la 4e place.
Et puis l’année dernière j’étais à Paris 13 Atletico, qui montait en National. J’ai encore de très bons rapports avec le président, mais la nouvelle réforme faisant qu’il y a six descentes, tout le monde a un peu peur, on faisait beaucoup de matches nuls… Mais voilà, c’est aussi une expérience pour ce club-là, qui a fait sept montées en dix ans. En pré-saison, on a perdu beaucoup d’énergie avec les questions de stade : on va jouer où ? Charléty ou pas ? Et la Fédé qui doit valider, avec un budget moyen pour ce niveau-là peut-être. Vous rencontrez presque 10 clubs professionnels sur 16 après tout, du Red Star à Châteauroux, Dunkerque, Le Mans, Nancy… Le président voulait que je reste et que j’encadre le club de façon générale, mais je voulais encore entraîner, et ça s’est terminé. Et Colmar est venu me chercher en janvier.

Avec de supers débuts (trois victoires et deux nuls avant une première défaite à Furiani) !
On a pris 11 points (sur 15) avant de perdre à Furiani, bon voilà, avec un voyage-tempête avec départ à 4 heures du matin pour aller à Orly, prendre l’avion, le retour a été compliqué avec la grève, on a fait trois fois la France aller-retour (rires) ! On était sur une bonne dynamique, avec quatre-cinq matches précédents intéressants. J’ai eu deux mois avec la coupure de la Coupe du monde, ça commençait à être long, Colmar, c’est un choix entre deux-trois clubs, je voulais rester en France, c’est un choix dicté car il y a des personnes passionnées, j’avais regardé l’effectif, qui me semblait cohérent, avec deux matches de retard. On s’attelle à réussir ce challenge qui est important pour le club.

Jean-Guy Wallemme du tac au tac – le joueur

« J’ai toujours retiré quelque chose de tous mes coachs »

Meilleur souvenir ?
C’est l’ensemble de la carrière, car j’ai débuté à 18 ans et fini à 35 ans. Et puis sinon, de façon plus pragmatique et logique, c’est le titre de Champion de France en 98 avec Lens.

Pire souvenir…
La descente avec Lens quand j’étais jeune, en 88 ou 89, je ne sais plus. Mais je pense que ça nous a servi aussi, de nous aguerrir en deuxième division. Puis on est remontés et il y a eu le titre, on a franchi des tours en coupe d’Europe…

Un coéquipier marquant ?
Je n’ai jamais mis en avance quelqu’un, c’est plus le collectif dans les différentes équipes où j’ai joué. C’étaient des aventures humaines.

Un adversaire marquant ?
Il y en a deux, dans des styles différents. Ce sont Georges Weah et Jürgen Klinsmann.

Une anecdote de vestiaire ?
Celle où Daniel Leclercq, paix à son âme, nous dit à la mi-temps d’un match contre Cannes qu’on va perdre le match si on continue à jouer comme ça, alors qu’on mène 4-0 ! Ils reviennent à 4-4, et on gagne 5-4, avec un penalty dans les cinq dernières minutes. C’est une anecdote particulière, technique, tactique, un ressenti d’entraîneur.

Un président marquant (Gervais Martel, ou un autre !) ?
Les président que j’ai pu connaître, je n’ai jamais eu de problème avec eux, même quand on s’est séparés. Je citerais Gérard Bourgoin, à Auxerre, avec qui j’ai encore de très bons rapports.

Un entraîneur marquant ?
Tous. J’ai toujours retiré quelque chose des coaches que j’ai eus. De Gérard Houllier à Joël Muller, j’ai à chaque fois pris quelque chose dans la tactique, le management, tous avaient des choses intéressantes à passer.

Jean-Guy Wallemme du tac au tac – l’entraîneur

« Julien Stephan était le roi en Alsace, l’an passé…. »

Meilleur souvenir ?
Le titre de champion de Ligue 2 avec Lens, quand on fait remonter le club (2009). Il y avait une grosse attente, une grosse exigence sportive et financière, c’était presque une obligation de remonter. Je retournais dans un club que j’avais connu joueur. Il a fallu être performant et pragmatique.

Le pire souvenir ?
Quand j’ai commencé en tant qu’entraîneur-joueur à « Sainté ». On gagne les trois premiers matches avec Rudi Garcia, on bat le PSG à Geoffroy-Guichard, on a 31 points. Et puis, on nous annonce en janvier un retrait de points avec l’histoire des faux-passeports. On passe avant-derniers, 4-5 équipes nous repassent devant… Ça reste toujours une cicatrice aujourd’hui.

Quel type de coach êtes-vous ?
Dans toutes mes équipes, j’ai essayé de faire en sorte de marquer des buts, contrairement au défenseur que j’étais. J’aime avoir une certaine exigence mais sans être un dictateur, essayer d’avoir une certaine autonomie du vestiaire, mais c’est compliqué car il faut connaître son vestiaire. C’est toujours une aventure humaine, j’aime connaître les hommes avant les joueurs.

Un modèle de coach ? Un mentor ?
Il y a le jeu évidemment. Mais pour avoir un modèle, il faut connaître la personne, c’est ça le truc. Les gens répondent avec des entraîneurs à la mode, Pep Guardiola, Jürgen Klopp… Je n’ai pas forcément de modèle, je pense qu’il faut être en interne pour connaître un coach. Christophe Galtier par exemple, on l’aime peut-être un peu moins aujourd’hui qu’en début de saison à cause des résultats (rires) ! Aujourd’hui, je suis à Colmar, en Alsace, où Julien Stéphan était le roi de la région l’an passé, et maintenant il est parti.

Des passions en dehors du foot ?
J’aime les chevaux. Pas forcément les courses, j’aime l’animal avant tout. Car ça me permettait de me ressourcer, quand je jouais notamment, un peu moins en tant qu’entraîneur car on bouge beaucoup. J’allais en faire dans l’Oise chez un ami quand j’en avais besoin. Lui, il aimait le football et je lui faisais partager les choses du foot; comme les chevaux ne parlent pas, comme les animaux ne parlent pas, ça me faisait du bien. Et puis c’est le monde de la terre, je viens de là, donc voilà.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photo de couverture : Ligue de football du Grand Est Alsace

Photos : SR Colmar

Il l’est l’un des plus jeunes coach de la division avec son homologue de Lyon-Duchère ! A 32 ans, l’entraîneur du club recordman de longévité à ce niveau – 20 ans de présence d’affilée pour Jura Sud Foot en N2 – retrace son parcours et dévoile ses méthodes de travail. Un entretien passionnant et… long format !

Malgré une situation géographique excentré et un budget plus que limité, Jura Sud Foot détient le record de longévité en National 2 : il enchaîne cette saison une 20e année consécutive à ce niveau ! Aujourd’hui, les Jurassiens jouent les troubles fêtes dans la poule sud-est avec à sa tête Valentin Guichard, un jeune entraineur de 32 ans qui n’avait qu’une dizaine de matchs sur un banc de touche seniors avant de saisir pleinement l’opportunité qui s’est présentée à lui.

Quand, en fin de saison 2020-2021, l’expérimenté Pascal Moulin a décidé de quitter le club après 9 saisons à sa tête en National 2, les dirigeants du Jura Sud Foot n’ont pas mis longtemps à lui confier les rênes de l’équipe fanion.
Un pari fou ? Un choix risqué ? Rien de tout cela. Les dirigeants savaient très bien à qui ils avaient affaire en choisissant cet enfant du club.

Pourtant, en arrivant dans le haut-Jura à l’âge de 14 ans, Valentin ne s’imaginait surement pas se retrouver sur le banc de l’équipe fanion 17 ans plus tard. « J’évoluais dans un petit club de district et j’avais été repéré par l’AJ Auxerre. Avant de me recruter au centre de formation, les dirigeants auxerrois m’avaient demandé de trouver un bon club de niveau National pour m’aguerrir. J’avais plusieurs choix mais lors de mon premier essai ici à Jura Sud, mon papa avait été séduit par la rigueur de Christian Janvier, le responsable jeunes. Il m’a donc fait immédiatement signer à Jura Sud ».

Malheureusement, pour diverses raisons, comme des blessures récurrentes, le jeune défenseur n’a pas pu pousser les portes du monde professionnel. Il s’est donc construit une très honorable carrière de joueur amateur tout en se formant étape par étape au métier d’entraîneur.

« Un mec chaleureux et respectueux »

Dès les premiers échanges, il est facile de cerner un homme passionné par le ballon rond. Le coach, qui se définit comme « un mec chaleureux et respectueux », est surtout un travailleur acharné, obnubilé par les détails. « Face à n’importe quel adversaire, je fais le maximum pour réduire les incertitudes. J’essaie d’emmagasiner le maximum d’informations sur les joueurs, le contexte, les particularités qu’il peut y avoir ».

Ses joueurs peuvent allègrement en témoigner et parler des … trois séances vidéos hebdomadaires ! « Je suis passionné par la vidéo, je regarde plusieurs matchs de mes adversaires, justement, avant notre interview, je viens de regarder les deux derniers matchs de Saint-Priest (l’entretien a été réalisé avant le match face à Saint-Priest) ».

Des méthodes qui ont permis à Jura Sud d’obtenir depuis plus d’une saison et demi d’excellents résultats, au point de se mêler à la lutte pour le haut de tableau face à des clubs aux moyens beaucoup plus importants.

Pour comprendre un peu mieux cette réussite et celle de ce club rural et atypique, dont la stabilité et les résultats peuvent faire pâlir de grandes villes, Valentin Guichard a longuement répondu à nos questions, en toute décontraction et avec beaucoup de sincérité.

« J’ai besoin d’avoir des « intelligents » du football » !

Jura Sud Foot est le club qui a la plus grande longévité en cours en N2 (ex CFA) mais il fait peu parler de lui. Peux-tu nous présenter ton club ?
Les prémices commencent en 1991. Il y avait 3 clubs (l’AS Moirans-en-Montagne, le CS Molinges-Chassal et l’Entente Lavans-lès-Saint-Claude-Saint-Lupicin) qui se bagarraient en DH lors de derby souvent assez houleux. Ils ont décidé de s’unir et les résultats sont arrivés assez rapidement. En 1999, le club commence à faire parler de lui avec un beau parcours en coupe de France : il élimine notamment Saint-Etienne et accède au CFA la même année. Malheureusement il fait l’ascenseur avant un retour en CFA l’année d’après, pour ne jamais quitter cette division.
Cette saison est la 20e consécutive en National 2 et nous essayons toujours de viser le plus haut possible. Néanmoins, la réalité est que ce championnat se professionnalise d’année en année et cela devient de plus en plus compliqué pour nous.
Nous sommes donc obligés de recruter malin, avec des joueurs qui veulent rebondir ou des bons joueurs de National 3 qui veulent passer un cap. Il est difficile d’attirer des bons joueurs en fin de carrière car nous n’avons pas de gros moyens financiers.
Jura Sud est également un club formateur qui essaie de donner du temps de jeu à ses jeunes. Il est réputé pour révéler des talents (Boulaye Dia ou dernièrement Claudy M’Buyi aujourd’hui à Villefranche en National), donc y’a souvent beaucoup de mouvements chaque saison. Les résultats et l’évolution des joueurs, c’est notre meilleur pub, mais nous restons des « Aliens » dans ce championnat avec une population rurale et de petites municipalités.

« La force du club, c’est la stabilité de l’équipe dirigeante »

Malgré tout, Jura Sud arrive toujours à réaliser de belles saisons. C’est quoi le secret ?
Les joueurs et les coachs passent mais la grande force de Jura Sud est la stabilité de son équipe dirigeante. Ce sont des gens qui travaillent énormément avec beaucoup d’humilité. Ils savent rester à leur place. Leur seule exigence, au niveau foot, est l’état d’esprit des joueurs qui doit coller avec les valeurs du club. Ils ne doivent jamais rien lâcher. Et finalement, cette situation géographique est aussi un avantage. Quand les joueurs arrivent ici, dans le Jura, il n’y a pas les mêmes tentations qu’en bord de mer ou que dans les grandes villes. Ils viennent chez nous pour travailler et progresser. Les mecs passent donc beaucoup de temps ensemble hors du terrain, ce qui amène une grande cohésion. Ici, ils développent des valeurs de solidarité et de surpassement. Chaque année, nous ne sommes pas attendus et chaque année, nous avons toujours envie de surprendre. Ce championnat, c’est un peu chaque week-end notre coupe de France ! J’ai également la chance d’avoir un staff très fourni avec un entraîneur adjoint, deux préparateurs physiques, un entraîneur des gardiens et un analyste vidéo. Nous basons notre travail sur ce qui se fait dans le monde professionnel.

« Nous n’avons pas assez de monde au stade »

Avec ses bases saines et solides, que manque t-il pour passer un cap et jouer au niveau supérieur ?
Sportivement, notre gros point noir depuis de nombreuses années, c’est de ne pas avoir un meilleur terrain de compétition. Dès qu’il y a du mauvais temps, la pelouse du stade de Moirans-en-Montagne devient vite marécageuse, donc la qualité de notre jeu est moins bonne. Les infrastructures, c’est un souci. Ensuite, je pense malheureusement qu’une certaine lassitude s’est installée auprès du public après ces 20 années en N2 et nous n’avons pas assez de monde au stade. Ici, à Moirans, le public devrait vraiment jouer le rôle de 12e homme comme dans les années 90. Ensuite, évidemment, il y a l’aspect financier. Il nous faudrait plus de partenaires pour développer le budget mais c’est très compliqué.

Jura Sud figure régulièrement dans le groupe sud-est, avec de très longs déplacements. C’est une volonté de votre part ?
Oui, comme ça, on voit le soleil au moins une fois toutes les 2 semaines (rires) ! Plus sérieusement, nous avons aussi figuré plusieurs années dans la poule nord-est. Là, on est dans le groupe sud depuis 2018 et finalement on s’y sent bien. Déjà, au niveau organisation et logistique, c’est plus simple. Nous pouvons rapidement prendre l’autoroute à Oyonnax pour descendre direction le sud. Il faut dire aussi que l’on est très bien accueilli par tous les clubs et que c’est un autre football. C’est plus créatif, avec beaucoup de joueurs qui ont énormément de talents individuels. Il y a également une belle ferveur dans le sud avec des matchs qui ont toujours une odeur particulière. C’est intéressant car entre la région lyonnaise et le sud, ça ne vit pas le foot de la même manière.

« Je crois beaucoup en mes joueurs »

Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Je suis originaire d’un petit village de Haute-Savoie à 20 km d’Annecy. Je suis arrivé à Jura Sud pour jouer en 14 ans Fédéraux. J’ai fait de nombreux essais en centre de formation mais je n’arrivais jamais à confirmer mon potentiel le jour J. J’ai donc effectué toutes mes catégories de jeunes en championnat national à Jura Sud. J’ai débuté en équipe première seniors très tôt sous les ordres de Sébastien Cuvier mais au bout de 5 matchs, je me fais une rupture des ligaments croisés. Pendant cette blessure, c’est Vincent Poupon (ex-directeur général du club) qui m’a orienté vers des formations d’éducateurs en passant notamment un BP JEPS d’entraîneur de football. Je suis revenu à la compétition et 3 ans après, j’ai eu une rupture des ligaments croisés de l’autre genou. Les blessures ont beaucoup freiné ma carrière. Cet éloignement des terrains m’a conduit en parallèle à toujours coacher une équipe jeune. J’ai eu les U15 puis j’ai passé 4 ans avec les U17. Le club m’a donc proposé un CDI d’éducateurs.

C’était naturel pour toi de te tourner vers le coaching ?
Pas une évidence au début mais au bout de 2 ou 3 ans, je me suis pris de passion pour le métier d’entraîneur. J’ai aussi été bien conseillé par mes présidents et par les formateurs du district du Jura. C’est étrange mais rapidement mon objectif a été d’entrainer un jour l’équipe première du club.

Tu ne t’attendais peut-être pas à ce que ça se fasse si vite ?
On va dire que tout s’est bien enchaîné. La première année Covid, j’ai eu l’équipe séniors C. La 2e année du Covid, je m’inscris au DES (Diplôme permettant d’entrainer jusqu’en N2) et je suis sélectionné par le jury dès ma première candidature. Le club me confie donc l’équipe réserve qui évolue en Régional 1 mais après 5 journées le championnat s’arrête ! C’est à ce moment là que Pascal Moulin décide de quitter le club avant sa dernière année de contrat et que les dirigeants me nomment à la tête de l’équipe fanion.

C’est une grande marque de confiance de la part de tes dirigeants et un sacré pari…
Beaucoup de personnes en interne ont eu confiance en moi. Je suis au club depuis que j’ai 14 ans, les gens connaissent ma personnalité, mon état d’esprit et mes compétences. De toute façon, je savais qu’avec ma fidélité ici, Jura Sud était la meilleure opportunité pour moi d’entraîner en N2.

« Ma méthode, c’est de réduire au maximum les incertitudes »

Qu’est-ce qui te procure le plus de plaisir dans ce nouveau rôle ?
J’intériorise beaucoup mes émotions, mais j’aime voir mon groupe uni dans la victoire. J’aime cette image. Ma récompense est de prendre du recul dans le vestiaire après une victoire et de voir mes joueurs chanter, crier, être heureux tout simplement. J’aime beaucoup aussi la gestion humaine et le management. C’est difficile mais c’est très intéressant de gérer un groupe de joueurs qui ont tous des personnalités ou des parcours différents. Les stimuler, trouver les bons leviers pour les motiver, réussir à avoir un melting-pot de joueur unis sous le même maillot avec le même objectif.

C’est quoi la méthode Valentin Guichard ?
C’’est d’essayer de réduire au maximum les incertitudes. Il est indispensable pour moi de connaître l’adversaire, le contexte, l’environnement dans lequel on va évoluer. Ensuite, tactiquement, j’ai plusieurs plans de jeu. En phase de préparation, je les travaille tous beaucoup pour que lors de la saison mes joueurs puissent s’adapter en fonction de mes convictions ou de l’adversaire. Pour ça, j’ai besoin de joueurs qui sont des « intelligents du football ». J’accorde énormément d’importance à ce critère dans mon recrutement. J’ai besoin que mes joueurs comprennent rapidement ce que je veux et qu’ils puissent switcher d’un plan à un autre rapidement. Pour travailler cela, tous mes exercices sont sous forme de jeu. Je crée beaucoup de contextes, de situations, avec des opposants et énormément de répétitions. C’est une méthode qui prend du temps. Pendant les matchs, j’aime avoir le ballon évidemment mais je reste flexible. Je n’ai pas de problème à le laisser parfois à l’adversaire pour le contrer. Dans mon recrutement, j’essaie d’avoir un maximum de profils différents pour justement pouvoir répondre à mes différents plans de jeu.

Es-tu un coach proche de tes joueurs, d’autant plus avec la faible différence d’âge ?
Je m’adapte beaucoup. La saison dernière, j’étais assez proche et dans l’écoute. J’étais très compatissant et moins directif. Cette année, avec le départ de notre gardien Cédric Mensah qui était un vrai cadre du vestiaire, je suis un peu plus dur.
Je donne également beaucoup de responsabilités à mon staff pour qu’il se sente investi.

Le début de saison de ton équipe est très intéressant. Es-tu surpris ?
Quand tu commences une saison, tu ne sais pas trop où tu vas, surtout dans la poule sud. Mais je crois beaucoup en mes joueurs. Travailler dans la stabilité a été un vrai plus. Le football n’est pas une somme d’individualités, j’ai donc testé beaucoup de choses pendant la préparation estivale, jusqu’au dernier match et j’ai trouvé beaucoup de complémentarité dans mon groupe. Je suis plutôt très satisfait de ce que l’on fait depuis un an et demi. Mon discours passe bien, donc les résultats en sont la suite logique.

« Je demande à mes joueurs de croire en eux »

Quels sont les objectifs que tu fixes à ton équipe pour la deuxième partie de saison ?
C’est un peu bateau mais on prend les matchs les uns après les autres. Si on est à cette place dans le haut de tableau à la mi-saison (Jura Sud est 3e, à 3 points du leader Marignane-Gignac, avec un match en retard à disputer samedi à domicile à 16h contre Louhans-Cuiseaux), c’est que nos principes marchent. Ce que je demande à mes joueurs, c’est de croire en eux, en nous, de continuer à faire ce que l’on sait faire sans trop se préoccuper des autres. Nous ferons un point à 8 matchs de la fin et j’aimerais bien, à cette période, être encore dans le bon wagon pour avoir une belle fin de saison à jouer.

Quelle équipe t’a fait la plus belle impression lors de cette première partie de saison ?
C’est compliqué à dire car chaque équipe à ses spécificités, ses principes et ses valeurs. Il y a beaucoup de belles équipes. Hyères a un effectif de très grande qualité, Toulon aussi même si cela à du mal à s’harmoniser. Lyon-Duchère est une équipe qui nous ressemble, une équipe plaisante à voir jouer. Auxerre est très impressionnant athlétiquement avec des joueurs qui ont déjà le physique pour jouer en Ligue 2. Et Alès, depuis le changement de coach, est sur une belle dynamique avec une grande rigueur. J’aime beaucoup la manière de jouer de Saint-Priest. Et bien évidemment Grasse et Marignane sont deux équipes très complètes. Donc ce n’est pas possible dans ce groupe de ne ressortir qu’une équipe.

Comment imagines-tu la suite de ta carrière ?
Je n’ai pas spécialement de plan de carrière mais j’ai confiance en moi. Je suis peut-être un garçon étiqueté Jura Sud Foot mais je suis très adaptable. Je suis ambitieux, sans limite pour gravir les échelons mais je ne connais pas l’avenir. Si dans 15 ans, on se rappelle et que je suis dans le monde professionnel, je serai très heureux mais faire une longue carrière à Jura Sud serait tout aussi honorable. Je ne reste que Valentin Guichard, je respecte tout le monde et je travaille avec beaucoup d’humilité.

Valentin Guichard du tac au tac

« Je joue toujours pour gagner »

Le stade de Jura Sud, à Moirans-en-Montagne. Bucolique. Photo A. B.

Le coéquipier qui t’as le plus marqué dans ta carrière de joueur ?
Mathieu Rangoly. C’est un coéquipier que j’ai eu en 2015/2016 et qui avait eu un parcours de vie et un parcours footballistique assez mouvementé. Il a effectué son centre de formation au PSG avec Mamadou Sakho et il avait connu plusieurs belles expériences; il est arrivé à Jura Sud avec beaucoup d’humilité et d’humanité. J’ai une anecdote qui en dit long sur sa mentalité. Il venait m’aider dans l’encadrement d’une équipe de jeunes. En fin de saison, il apprend qu’il n’est pas conservé. Alors que tous les autres joueurs sont partis en vacances, lui est resté pour terminer la saison avec les jeunes jusqu’au bout.

Quel est l’entraîneur qui t’a le plus marqué dans ta carrière de joueur ?
Je ressortirais Christian Janvier. C’était un coach, qui était professeur de sports en même temps et qui avait énormément de rigueur et une très grande franchise, même si en vrai Jurassien, il n’avait pas toujours de tact (rires). Il avait un souci constant du détail, notamment sur les coups de pied arrêtés et aujourd’hui je m‘en inspire beaucoup.

Meilleur souvenir de joueur ?
C’est en équipes jeunes, en U16 Nationaux, nous avions terminé 4e devant beaucoup de clubs pros. Nous n’avions pas de centre de formation, mais nous vivions ensemble à l’internat toute la semaine et c’était une super aventure humaine.

Des regrets dans ta carrière de joueur ?
J’ai un gros regret, c’est de ne jamais avoir pu faire un grand parcours en coupe de France. A chaque fois que le club jouait des tours intéressants, j’étais blessé.

Un coéquipier que tu as perdu de vue et que tu aimais retrouver ?
Malheureusement, je ne le retrouverai pas mais ça a été une grande tristesse pour moi d’apprendre le décès de Medhi Garbi l’année dernière. C’était un super mec, avec qui j’ai beaucoup joué en équipes jeunes.

« Jean-Guy Wallemme m’a dit « Bon courage », je me demande encore ce qu’il a voulu dire… »

Qu’est ce que tu as ressenti lors de ton premier match de N2 avec la casquette de coach ?
C’était à Fréjus/Saint-Raphaël la saison dernière pour la première journée. Je me souviens surtout que lors du protocole d’avant match, Jean-Guy Wallemme, le coach adverse, me sert la main et me dit « Bon courage » avec un petit sourire en coin… Encore aujourd’hui, je me demande quel était le sens de ce « Bon courage » ! Au final, nous avions gagné 2-1 et cela m’avait procuré beaucoup de plaisir.

Ta plus grosse colère en tant que coach ?
C’était cet hiver. Le contexte était particulier car nous avions eu un match arrêté en coupe de France (suite à un problème d’éclairage au 8e tour à Limonest) et donc nous allions jouer 7 matchs au mois de Décembre. Lors de ce fameux match à rejouer (à Molinges), à la mi-temps, je ne suis pas du tout satisfait de la prestation de mes joueurs. J’étais énervé et mes gestes un peu virulents ont fait tomber le tableau et tous les pions se sont retrouvés éparpillés au sol du vestiaire.

Ta plus belle satisfaction de coach ?
Je ne retiens pas un match en particulier. Ma plus grande satisfaction, c’est quand tu bosses toute la semaine à préparer un match et que le week-end tu le gagnes. Je suis un compétiteur invétéré et je joue toujours pour gagner.

Demain, le Président de Jura Sud te donne carte blanche, quel joueur de N2 souhaiterais tu attirer dans ton équipe ?
Je fais revenir Boulaye Dia et comme cela, je remplis régulièrement le stade de Moirans en Montagne (rires). En National 2, j’aime beaucoup Antoine Larose de Louhans-Cuiseaux, un joueur avec un excellent état d’esprit et qui est capable de grandes choses quand il est en confiance. Il y a aussi Nicolas Medjian, le capitaine du RC Pays de Grasse : ça transpire qu’il joue avec le cœur pour son club. Mais je choisirais quand même Sofiane Bendaoud, de Lyon-Duchère.

Quel est le déplacement le plus compliqué dans ce groupe de N2 ?
J’aimerais bien que ce soit celui à Grasse, le dernier de la saison ! Cela voudrait dire que ce pourrait être une belle finale pour la dernière journée de championnat. On ne sait jamais…

Dans quelle division jouera Jura Sud la saison prochaine ?
C’est une bonne question. Je laisserai le temps y répondre.

Texte : Aurélien Triboulet / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Aurelref

Photos : Jura Sud Foot

 

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Après avoir découvert la Ligue 1 à 18 ans à Montpellier, son club formateur, le Nîmois a connu une expérience très difficile à Rennes avant de se reconstruire en National 2 à Endoume Marseille, puis de trouver une stabilité à Bourg-en-Bresse.

Photo Philippe Le Brech

Joueur très polyvalent, Anthony Ribelin (26 ans) est devenu une valeur sure du championnat National. Le mois dernier, il a été nommé parmi les 4 joueurs du mois. « Non, je ne suis pas déçu. Hicham (Benkaid) a marqué 4 buts en 4 matchs dont un superbe ciseau. Il mérite le trophée. Pour moi, c’était déjà bien d’être nommé parmi les 4 joueurs du mois de janvier, ça me montre que je suis sur le bon chemin. »

Devancé lors de cette élection par l’attaquant de Saint-Brieuc (46,01% des votes), Anthony Ribelin, 2e avec 28,06%, est fair-play. En marquant ses deux premiers buts de la saison lors de ce même mois de janvier, le milieu polyvalent de Bourg-en-Bresse a parfaitement entamé l’année 2023.

Fils de l’ancien attaquant professionnel Didier Martel, passé par Châteauroux, le PSG ou Utrecht aux Pays-Bas, Anthony Ribelin, 26 ans aujourd’hui, a parfaitement repris le fil de sa carrière qui s’était enlisée à Rennes après avoir été lancé en Ligue 1 avec son club formateur Montpellier, alors qu’il avait 18 ans.

Avec Montpellier et l’entraîneur de l’époque, Rolland Courbis. Photo Philippe Le Brech

Arrivé à Bourg-en-Bresse/Péronnas en 2019 après avoir dû passer par le National 2 à Endoume Marseille, il a trouvé une stabilité et une régularité.

Il est devenu une valeur sure du championnat National où il dispute sa 6e saison, la 4e avec Bourg-en-Bresse après deux prêts au Paris FC et à l’Entente Sannois-Saint-Gratien lorsqu’il était à Rennes. « Forcément, j’aspire à jouer plus haut. Je suis très bien ici à Bourg-en-Bresse, j’ai vraiment envie de monter en Ligue 2 avec ce club. »
Pour 13HeuresFoot, il est longuement revenu sur son parcours pas toujours linéaire.

Des poussins à la Ligue 1 avec Montpellier

Natif de Nîmes, il a rejoint Montpellier en Poussins 2e année. « J’ai gravi tous les échelons jusqu’au pros », raconte Anthony, qui a été sélectionné en équipe de France U16 et U19. Le 9 août 2014, il effectue ses premiers pas en équipe pro lors de la 1ère journée de L1 lors d’un Montpellier – Bordeaux (0-1).

Avec Rennes, face au PSG. Photo Philippe Le Brech

Il remplace le Colombien Victor Montano à la 71e minute. « C’était un rêve de débuter en L1 chez moi, devant ma famille à la Mosson ». Rolland Courbis le fait également rentrer en jeu lors des 2e (à Marseille) et 3e journée (face à Metz). Au total, il effectue 7 apparitions en L1 lors de cette saison 2014-2015. La suite est plus délicate avec une seule apparition en L1 et une titularisation en Coupe de France sur le terrain de l’OM.

« Avec Courbis, tout se passait bien. Mais quand Frédéric Hantz est arrivé, ça s’est moins bien passé. Montpellier devait se sauver. Il avait besoin d’expérience. Peut-être qu’il me trouvait trop jeune… J’ai été renvoyé en réserve avec les autres jeunes. »

Une situation qui aura des conséquences sur son avenir. Encore stagiaire, il est alors en pleine négociation pour signer son premier contrat professionnel. Mais finalement, il va le signer à… Rennes où il s’engage pour 3 ans. « Je regretterai tous les jours cette erreur. Au début, je pensais que ça me ferait du bien de sortir de mon petit cocon de Montpellier. Mais j’ai fait le mauvais choix en écoutant mon ancien agent. Au fond de mon cœur, j’aurais pourtant tellement voulu m’imposer à Montpellier. J’ai déçu ma famille, ça a été le plus grand regret de mon père… J’en suis encore très loin mais ça serait mentir si je disais que je ne rêve pas d’y retourner un jour…»

Rennes, le coup d’arrêt

Avec Montpellier face à Rennes. Photo Philippe Le Brech

A Rennes, l’entraineur Christian Gourcuff décide de l’utiliser comme attaquant. « J’ai fait quelques bancs en L1 sans jamais entrer en jeu. En réserve, j’ai marqué 5 ou 6 buts. Mais je n’ai jamais eu ma chance. Pour gagner du temps de jeu, on a convenu qu’il valait mieux que je sois prêté. »

Relégué de L2, le Paris FC (National) obtient son prêt en janvier 2017. « C’était une très belle expérience. L’entraineur Réginald Ray m’a redonné la confiance que j’avais perdue. On n’était pas très bien classé lorsque je suis arrivé et on a fini très fort lors de la 2e partie de saison. »

Anthony marque 3 buts et le Paris FC arrache une place pour les barrages lors de la dernière journée en terminant 3e ! « On avait cravaché pour en arriver là et contre Orléans, en barrages, on manquait de gaz. On avait aussi beaucoup de joueurs blessés. On a vécu deux matchs compliqués (deux défaites 1-0). C’était une grosse désillusion. Même si je n’étais que prêté, je me suis vraiment bien senti à Paris. On a vécu un truc sympa. Heureusement, le Paris FC a été repêché en juillet pour monter en L2 car un club s’est arrêté (le SC Bastia). J’étais content pour les joueurs. »

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech

Anthony avait, lui, dû retourner à Rennes. Le début d’une petite descente aux enfers. « J’ai vécu le pire du football, des choses qui n’avaient rien à voir avec le terrain. Mon ancien agent était bien avec l’ancien président de Rennes. Ça a joué en ma défaveur. »

L’arrivée de Sabri Lamouchi sur le banc l’a définitivement condamné. « Je devais être convoqué dans le groupe L1. Mais deux jours après, je n’y étais plus. Je devais même m’entraîner à part. On ne m’a jamais donné de raisons, ni de réponses. Moralement, ça été très difficile à vivre. J’étais au fond du trou. C’est compliqué de subir des choses extra-sportives. »

Il accepte un nouveau prêt en National en région parisienne, cette fois à l’Entente Sannois-Saint-Gratien. Mais l’aventure dans le Val-d’Oise ne se passe pas comme au Paris FC. Il ne dispute que 5 matchs. « Le président (Christian Fouché) était super, très proche des joueurs. . Mais avec le coach (Vincent Bordot), ça n’a pas collé. Je n’ai pas ressenti une très grande confiance à mon égard. Il voulait m’utiliser comme excentré droit, je n’ai pas trop adhéré. L’Entente SSG s’est sauvée lors de la dernière journée en réussissant un exploit à Grenoble qui avait besoin d’une victoire pour monter en L2 . Mais moi, je n’étais pas dans le groupe. »

Le retour chez les amateurs à Endoume Marseille avant la stabilité à Bourg-en-Bresse

Sous le maillot du Stade Rennais. Photo Philippe Le Brech

Après avoir résilié sa dernière année de contrat à Rennes, Anthony Ribelin repart chez les amateurs en signant à Endoume Marseille en août 2018. Le club du VIIe arrondissement de Marseille est promu en National 2. « C’est l’entraineur Gregory Poirier (aujourd’hui à Martigues en National), que je ne connaissais pas, qui est venu me chercher, je luis dois beaucoup. »

Loin du confort qu’il a connu à Rennes, c’est dans ce petit club de quartier, familial et convivial, qu’il va retrouver l’envie. « On s’entrainait le soir, parfois je n’avais pas très envie d’y aller. Bien sûr qu’à un moment, j’ai pensé à tout arrêter. Mais le coach m’a toujours poussé à m’accrocher. En National 2, j’ai retrouvé la confiance que j’avais perdue depuis plus d’un an. Je suis revenu aux sources, un football simple, des vrais rapports humains et ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai énormément réfléchi à ce que je voulais faire de ma vie. J’aurais pu plonger mais j’ai réussi à ne pas me laisser aller et à rebondir. Je suis fier de ça. Endoume a été un passage très important pour moi. Il m’a fait murir. »

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech.

En fin de saison, Endoume termine à une bonne 6e place. Lors d’un match contre Saint-Priest, Anthony avait tapé dans l’œil de Karim Mokeddem, présent dans les tribunes. L’ancien coach de Lyon-Duchère, qui allait reprendre Bourg-en-Bresse/Péronnas, lui propose de le rejoindre. « Ça me permettait de retrouver un contrat pro, c’était un beau projet. »

Trois ans et demi après son arrivée dans la Préfecture de l’Ain, Anthony Ribelin est toujours là. Malgré quelques propositions en Ligue 2, il a prolongé son contrat pour trois ans en juin 2021. Après avoir beaucoup bougé, il a trouvé une stabilité dans sa vie personnelle et sur le terrain. « Ça se passe super bien à Bourg-en-Bresse, je suis vraiment bien ici. J’ai eu des contacts, j’aurais pu partir. Mais je n’ai pas voulu refaire la même erreur qu’à Montpellier. Je ne suis plus le même, je me suis assagi et j’ai muri. La naissance de ma fille, qui a 2 ans maintenant, m’a aussi changé. Ca fait réfléchir au sens des priorités. »

Battu à Cholet (3-2) vendredi, Bourg-en-Bresse reste 9e, à 9 points des deux premières places. « On a un bel effectif, rien n’est encore perdu pour la montée. J’ai envie de monter en L2 avec Bourg-en-Bresse. Le président David Venditelli veut construire quelque chose de bien. Moi, j’ai joué à de nombreux postes cette saison. Mais j’essaye d’apporter ma pierre à l’édifice, quel que soit le poste où le coach me fait jouer. »

Après chaque match, un débrief avec son père

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech.

S’il ne porte pas le même nom, Anthony est le fils de Didier Martel, ancien attaquant révélé en Division 2 dans les années 90 (Nîmes, Châteauroux, ASOA Valence) qui a ensuite signé au PSG en 1998 avant de conquérir les Pays-Bas où il a été élu meilleur joueur du championnat lors de sa première saison à Utrecht.

Au total, il a joué pendant six aux Pays-Bas (Utrecht, Vitesse Arnhem, Helmond). « Anthony a grandi loin de moi (après la séparation de ses parents), il s’est fait tout seul. Je ne l’ai pas élevé car j’avais ma carrière à l’étranger. Pour moi, c’est une fierté qu’il soit à son tour devenu footballeur pro. Il a peut-être hérité de mes gènes, mais il n’a jamais eu besoin que je pousse la chose grâce à mon nom. Il a des qualités de vitesse, de percussion, il est polyvalent et a une bonne mentalité », expliquait le papa en 2017 dans le Parisien.

« On est très proches, appuie Anthony. Il ne m’a jamais lâché dans les moments difficiles. Il connaît le foot et ses mauvais côtés. Il n’a pas besoin de vivre ses rêves à travers moi puisqu’il a fait une très belle carrière. J’étais encore petit quand il jouait mais j’ai quand même de vagues souvenirs. C’est plaisant d’avoir un père qui a réalisé une telle carrière. C’est aussi une fierté d’essayer de prendre sa suite. Le fait de ne pas porter le même nom a été plutôt un avantage quand j’étais plus jeune. Ça m’a enlevé un poids et permis d’éviter les comparaisons. J’ai été moins exposé. Et ça a évité aux gens de dire que si j’en étais arrivé là, c’était grâce à l’aide de mon père et de ses connaissances dans le milieu. »

Recruteur pour Utrecht depuis plusieurs années, Didier Martel ne rate aucun match de son fils. « J’ai toujours droit à mes messages et aux débriefs après chaque match, sourit Anthony. Il me pousse toujours à faire encore mieux et plus. Travail, humilité, persévérance… Ces trois mots, il me les répète tout le temps. »

Anthony Ribelin, du tac au tac

« Je suis très bien à Bourg-en-Bresse »

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech

Première fois dans un stade ?
En jeunes, à Gallargues-le-Montueux dans le Gard. En pro, c’était à la Mosson pour un Montpellier – Bordeaux.

Meilleur souvenir de joueur ?
Ma première titularisation avec Montpellier. C’était contre l’OM au Stade Vélodrome en Coupe de France (20 janvier 2016). On avait perdu 2-0.

Pire souvenir de joueur ?
Pas de mauvais souvenir en particulier. Mais une période plus globale. Mon expérience rennaise qui a été très compliquée pour moi.

Une manie, une superstition ?
Aucune.

Le geste technique préféré ?
Contrôle – passe, la base du football.

Qualités et défauts sur un terrain ?
La vitesse, la puissance et la vision du jeu. Mais je dois améliorer mon jeu de tête et mon pied faible.

Votre plus beau plus beau but ?
Il date d’il y à peine quelques semaines (16 janvier). Contre Concarneau (victoire 3-2), je fais une aile de pigeon qui a lobé le gardien !

Le buts d’Anthony face à Concarneau (avancez jusqu’à 2 minutes 29)

Votre poste de prédilection ?
Je ne sais pas si c’est un avantage, mais je peux jouer à beaucoup de postes, latéral droit, milieu droit, piston avant-centre, derrière l’attaquant. Je travaille pour le collectif. J’essaye de donner le meilleur de moi-même quelque soit le poste où le coach me fait jouer. Mais je reconnais que mon poste de prédilection, c’est en 8.

Sous le maillot du FBBP01. Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Marco Verratti avec Montpellier face au PSG.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
J’ai joué avec pas mal de joueurs très forts. Mais je ressortirais Ryad Boudebouz à Montpellier.

L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
J’en ai 4 ! A Montpellier, Frédéric Mendy que j’ai eu en jeunes, puis Rolland Courbis qui m’a donné ma chance en pros. Ensuite, Grégory Poirier à Endoume Marseille et Karim Mokeddem qui m’a recruté à Bourg-en-Bresse. Tous les deux, ils ont cru en moi après mon passage difficile à Rennes.

Le président qui vous a marqué ?
Louis Nicollin, c’est LE président. Il était super proche des joueurs, humainement quelqu’un de très bien. Son fils Laurent est pareil. Tous les deux, ils ont toujours essayé de me donner des conseils.

Sous le maillot de l’Entente Sannois-Saint-Gratien. Photo Philippe Le Brech

Une causerie marquante d’un coach ?
C’était avec Karim Mokeddem à Bourg-en-Bresse. C’était lors d’une mi-temps, on faisait un mauvais match. Il nous a mis une grosse soufflante, je m’en souviens encore… Il y avait un gros mot (rires), une allusion aux vidéos qu’on faisait sur Youtube. Une autre fois, il nous a dit, vous vous « c… desssus », en nous donnant des sachets de Spasfon.

Le club où vous vous êtes senti le mieux ?
Je suis très bien à Bourg-en-Bresse où je me suis épanoui. Mais forcément, mon club, c’est Montpellier. J’y ai fait toutes mes classes, des jeunes jusqu’au monde professionnel et la L1.

Le club qui vous fait rêver ?
Real Madrid.

Votre joueur préféré ? Un modèle ?
Karim Benzema.

Sous le maillot du Paris FC. Photo Philippe Le Brech

Un stade mythique ?
Le stade Vélodrome de l’OM.

Vos amis dans le foot ?
J’en ai trop, je n’ai pas envie de faire des jaloux (sourire).

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Andy Delort.

Vos occupations en dehors du foot ?
La Play Station et surtout ma fille de 2 ans qui prend beaucoup de temps.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
J’aurais repris l’entreprise familiale de miroiterie et verrerie. Mais ce n’est pas perdu. Ça reste une option pour l’après-foot.

Le sud, où vous avez grandi, la Bretagne et la région parisienne, où vous avez joué, ou l’Ain, où vous êtes depuis 2019 ?
Sans hésitation. Le sud, d’où je suis natif. Largement…

Le milieu du foot en deux mots ?
Collectif et ambitieux.

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech

Le nouvel entraîneur de Bourges (N2), qui revendique son franc-parler, retrace son parcours d’entraîneur, construit sur les terrains amateurs. Pour autant, à 55 ans, il n’a pas tiré un trait sur le monde pro et ne cache plus son envie d’aller, un jour, voir plus haut.

National, National 2, National 3, Division d’Honneur, ces divisions, William Prunier les connaît par coeur, pour les avoir écumées depuis plus de 15 ans maintenant et sa toute première expérience sur le banc, à l’AS Cannes, en 2007, où il s’est assis dans le rôle d’adjoint aux côtés de son ami Stéphane Paille, ancien international comme lui.

Tout le monde connaît William Prunier le joueur : Auxerre, Marseille, Bordeaux, Manchester United, Montpellier, Naples, Toulouse, pour ne citer que ces clubs-là… Quelle carrière !

Mais on connaît moins la carrière de coach de l’ancien défenseur central, devenu international (de 1989 à 1992), appelé par Michel Platini après avoir figuré dans toutes les sélections de jeunes et également en Espoirs.

Nommé à Bourges Foot 18 fin octobre dernier, William Prunier a essentiellement construit sa carrière de coach dans les divisions amateurs. A 55 ans, il ne cache pas ses objectifs aujourd’hui : un maintien en National 2 avec son nouveau club (il a déjà bien redressé la barre depuis son arrivée), et pourquoi pas enfin passer son diplôme – le BEPF – qui lui permettrait d’entraîner un peu plus haut ! Pour 13heuresfoot, il revient sur ses expériences de coach, son métier, ses difficultés, ses attentes, son style, son caractère.

AS Cannes (National, 2007-2008, adjoint, National)

C’est vraiment là-bas que j’ai fait mes débuts d’entraîneur, je venais de passer mes diplômes et Stéphane Paille, un ami, malheureusement décédé aujourd’hui, m’a proposé d’être son adjoint. Sans hésité, j’ai accepté, et mon aventure a commencé comme numéro 2 ! On a eu de bons résultats au début, mais au bout de 6 ou 7 mois c’est devenu plus compliqué, on a fait des faux pas dont un revers 4 à 0 à Tours (le 7 mars 2008, journée 27), qui a été fatal à Stéphane. Comme j’étais arrivé avec lui, par solidarité, je suis parti.

Et c’est Patrice Carteron, qui était directeur sportif, qui l’a remplacé. Pourtant, le club voulait me conserver, mais je ne pouvais pas rester, par respect pour Stéphane, par solidarité.

Je peux dire que j’ai appris à ses côtés. Il avait déjà une expérience d’entraîneur, il avait entraîné à Besançon en D2 et en National, et aussi Angers (National), et d’autres équipes; d’ailleurs, après Cannes, il a rebondi à Evian-Thonon-Gaillard, et m’a proposé d’être son adjoint, mais je n’ai pas senti le truc… De là, j’ai fait ma route tout seul, et j’ai démarré en Division d’Honneur comme numéro 1 à Cugnaux, près de Toulouse. Une super aventure !

Le passage de National en DH, à Cugnaux (2010-2011)

Non, ça ne m’a pas posé de problème d’aller en DH. J’avais besoin de voir ce qui se faisait en dessous, je voulais apprendre le métier d’entraîneur, d’ailleurs, je ne voulais pas entraîner au départ ! J’ai accepté ce poste par passion et par plaisir. Cugnaux avait un petit budget, venait de descendre de CFA2, le président voulait stabiliser le club, n’avait plus beaucoup de moyens. On a fait une bonne saison, tantôt leader, tantôt 2e, on se tirait la bourre avec Muret, et on a fini 2e. Là, j’ai été contacté par Colomiers, un autre club de la banlieue toulousaine.

Colomiers (National 2, 2011-2014)

En signant en N2 à Colomiers, près de Toulouse, je passais un premier cap. Je faisais un grand pas en avant. Je m’étais engagé pour 3 ans et j’ai fait 3 ans. La première année, l’objectif était de se maintenir, il fallait reconstruire, et en plus, les installations sont arrivées, la commune a injecté beaucoup d’argent dans un nouveau complexe sportif. Après ça, on a eu de bonnes conditions de travail. On a terminé 4e la première année et « malheureusement » pour le club, on a fini champion de N2 la saison suivante (rires), on est donc monté en National !

Là, avec l’un des plus petits budgets du championnat, et avec un peu de chance, on se maintient, car l’équipe, 15e sur 18 (39 points, à 1 point de Boulogne, premier non-relégable), a bénéficié du retrait de Carquefou, qui a décidé de ne pas reparti, pour se maintenir. Je me souviens aussi que Strasbourg avait terminé derrière nous mais avait également été repêché. J’étais en fin de contrat, je voulais voir autre chose. Je devais aller au Poiré-sur-Vie, en National, et finalement, il m’est tombé du ciel Marseille-Consolat.

Marseille-Consolat (National, 2014-2015)

Consolat venait de monter en National, et j’y suis allé ! Me voilà dans le XVe arrondissement de Marseille, dans un club en pleine construction, avec un président, Jean-Luc Mingallon, très passionné, qui aime beaucoup son club. Cela a été « très très » compliqué, je ne vais pas le cacher, et à tous les niveaux, joueurs, structures, tout ! Je suis resté quatre mois seulement. En accord avec le président, on a stoppé la collaboration. On n’avait plus les mêmes idées sportivement.

Montpellier (National 3 puis National 2, équipe B, 2015-2017)

Après Consolat, je ne fais rien jusqu’en mai et là, Laurent Nicollin, el fils de Loulou, m’appelle. Il veut que je m’occupe de la réserve, qui évolue en National 3. Je le rencontre le lendemain de son appel, et ça matche ! Je connaissais le club, car j’avais joué à Montpellier. J’avais rencontré aussi Loulou, Bruno Carotti, le directeur sportif, avec qui j’avais joué, et aussi Henri Stambouli, le directeur du centre de formation, que j’avais connu à l’OM quand il était entraîneur des gardiens. J’ai signé 2 ans à Montpellier. Et voilà que je me retrouve avec une équipe réserve professionnelle, très structurée. C’est un nouveau métier en quelque sorte, c’est très différent de ce que l’on fait en amateur. Là, j’avais Henri au-dessus de moi, qui me dirigeait, m’aidait, me conseillait. J’ai découvert une palette différente, vraiment intéressante. On fait de la formation, on apprend des choses aux joueurs.

Aujourd’hui, vous diriez que vous préférez exercer chez les seniors ou chez les jeunes ?

(Il hésite) Aujourd’hui, je préfère apporter mon expérience dans un club amateurs seniors, on verra demain ! Mais ça me plait énormément. Je veux donner ce que l’on m’a donné à l’époque. A Montpellier, on est monté en National 2, et à la fin de ma deuxième saison de contrat, j’aurais pu prolonger, mais… On me demande souvent pourquoi je ne retourne pas dans le monde professionnel, mais je n’ai pas le diplôme (BEPF), et je suis très bien comme ça dans mon métier.

J’essaie de transmettre ce que j’ai connu quand j’étais joueur, à des joueurs amateurs qui ont un besoin. A Montpellier, ce qui était différent, c’est qu’il fallait gérer les descentes des joueurs professionnels, et aussi celles des jeunes qui descendaient de N2 en U19, c’était très difficile, compliqué.

Et je préfère quand même que cela soit moi qui prenne les décisions, car quand vous êtes dans la formation, vous n’avez jamais la même équipe d’un week-end à l’autre, il faut sans cesse s’adapter. Mais attention, ça s’est bien passé à Montpellier, avec les entraîneurs que j’ai connus, Rolland (Courbis), Frédéric (Hantz) et Jean-Louis (Gasset). J’ai appris aussi avec eux. Sans oublier le côté très structuré du club, à la fois très familial et très pro. Mais le management n’est pas le même qu’avec des seniors amateurs.

Toulon (National 2, 2017-2018)

Je suis contacté par Jean-Marc Ferreri, le directeur sportif, et le président Claude Joye. Je les rencontre, le projet est de monter en National. Ils pensaient que j’allais refuser le poste parce qu’il ne me proposait qu’un an de contrat, mais j’ai accepté. Ils aimaient mon profil, je venais de monter avec Colomiers et avec la réserve de Montpellier, c’était un beau défi, malheureusement, on a terminé 1er ex-aequo avec Marignane, on n’est pas monté au goal average ! Vous vous rendez-compte ? Au goal-average !

Le président Joye etait très proche de son équipe, parfois trop, il le sait, je lui ai dit en face, il a beaucoup d’idées, et beaucoup d’idées d’entraîneur (sourire), alors, on a mis les choses au point rapidement. On a terminé avec la meilleure attaque et la meilleure défense, mais on n’est pas monté. C’était une grosse déception, surtout dans un tel club, avec un tel public, avec des dirigeants qui ont cru en moi, mais j’ai ma part de responsabilité, j’ai fait des erreurs aussi, pas les bons choix de temps en temps… Mais même en cas d’accession, je ne serais pas resté. Les joueurs ont tout fait pour que je reste… Finalement, Toulon est monté la saison suivante, avec Fabien (Pujo), qui est aujourd’hui dans ma poule, à la tête de GOAL FC.

Je sais aujourd’hui que Claude Joye a apprécié la saison qu’il a passé avec moi, il l’a dit. Moi aussi, j’ai passé une bonne année, avec un public extraordinaire et une ferveur rare à ce niveau là, en N2. Mais, je lui ai dit, avec moi, ça ne se fait pas comme ça : dans un club, le président préside et l’entraineur entraîne.

Canet-en-Roussillon (National 3, 2018-2020)

Après Toulon, là, je me cherche un peu, je prends du recul. Et puis le club de Canet-en-Roussillon (N3), près de Perpignan, m’appelle. Je suis un peu réticent au départ. Mais le club a grosses ambitions et ses deux présidents, deux vrais catalans, sont ambitieux : ils me persuadent de venir et me font changer d’avis.

Il ne faut pas se le cacher, il y avait beaucoup de moyens pour un club de National 3. Ils ne m’ont pas mis de pression mais m’ont dit qu’ils aimeraient bien monter en National 2 dans les deux ans. Ils m’ont laissé travailler, on a des mis des choses en place ensemble, on a fini 4e la première saison, et celle d’après, on a bâti une équipe pour monter en N2, et on y est parvenu, même s’il y a eu la Covid : quand les championnats se sont arrêtés, en mars 2020, on était leader avec 9 points d’avance tout de même sur Balma.

Mais là, les deux présidents me disent qu’ils vont prendre du recul mais qu’ils restent partenaires. J’ai rencontré les nouveaux présidents, ça s’est bien passé, mais en fait, je ne pouvais pas rester, car ils voulaient me garder, mais en même temps, je savais qu’ils avaient contacté d’autres coachs, et ça m’a gêné. Alors j’ai décliné.

Le Mans (2020-2021, National, adjoint)

Après Canet-en-Roussillon, j’ai Le Mans qui cherche un adjoint pour Cris, l’entraîneur, et là encore, je me suis dit, « ça va être compliqué », mais le président Thierry Gomez m’a convaincu, et Cris, qui sortait juste de son expérience à Goal FC, avait besoin d’un adjoint avec un peu d’expérience. Je me suis donc engagé. Je ne connaissais pas Cris, je l’avais juste rencontré à Lyon pour un entretien qui n’avait pas duré longtemps, une heure je crois, et il a validé ma venue. Mais aujourd’hui encore, je me demande comment ils ont pensé à moi… J’ai été surpris qu’il me choisisse.

Le Mans, c’est un club qui a le statu pro, très structuré, avec un stade magnifique, un centre d’entraînement top même s’il a un peu vieilli. Tout était mis en place pour remonter en Ligue 2; ça s’est bien passé les premiers mois, j’étais à l’écoute… Cris était arrivé avec son préparateur physique, son entraîneur des gardiens, il y a eu un analyste vidéo aussi qui est arrivé, donc, quelque part, j’ai eu l’impression d’être un peu la pièce rapportée. Et une fois qu’il était bien installé, il a pris du recul par rapport à moi, on échangeait moins, j’ai eu du mal à trouver ma place dans le staff, on n’avait pas les même idées sur pas mal de choses. Dans un staff, pour être adjoint, il faut bien s’entendre et bien connaître la personne. On le voit de plus en plus au haut niveau, c’est pour ça que les mecs choisissent leurs adjoints, souvent des amis. Je le comprends, car j’ai eu la possibilité d’entraîner avec des amis qui sont à un certain niveau, ça ne s’est pas fait, OK, mais ce sont des amis, et avec eux, je sais que ça peut matcher, je sais qu’on pourrait travailler ensemble.

Au Mans, à partir de Noël, j’ai senti moins de confiance envers moi, avec Cris, on échangeait moins, je subissais la situation, j’encaissais, alors que ce n’est pas mon habitude… Et à un moment, il a fallu que je discute avec lui, on en a parlé, mais Cris m’a dit, « non, tout va bien »… En fait, ça n’a plus du tout matché, il faut être clair, et ça s’est peut-être même ressenti dans les résultats. On n’avait pas les mêmes idées. Le président a voulu recoller les morceaux mais je lui ai dit que ce n’était pas possible. Il a voulu me garder, même à un autre poste, mais c’était impossible. J’ai demandé à partir, et d’ailleurs, je le remercie encore, car Le Mans vient de me prêter gratuitement un joueur dans mon nouveau club, à Bourges Foot 18, en N2, donc quelque part, je me dis que finalement, j’ai laissé une bonne trace, une bonne image au Mans. C’était une belle expérience quand même.

Bourges Foot (N2, depuis le 1er novembre 2022)

J’étais en contact très avancé avec Chartres et son président Gérard Soler pour remplacer Jean-Pierre Papin, en partance pour l’OM, et Bourges est arrivé, s’est incrusté ! J’ai pris mes fonctions ici le 1er novembre.

J’arrive à ce moment-là dans un club qui a de grosses ambitions sportives mais qui est en grande difficulté en championnat, où il est dernier de sa poule. Dans leur recrutement, ils se sont trompés, je m’en suis aperçu, et je leur ai dit.

L’objectif est de se maintenir du coup. C’est un challenge très difficile à relever, mais je vais tenter l’aventure, pour sauver le club; aller à Chartres, cela aurait peut-être été la facilité, je ne sais pas, et finalement, je vois qu’ils sont aussi en grande difficulté…

Mais Bourges a une histoire, un vécu en Division 2, même si ça remonte, il y a aussi un beau stade, c’est structuré. Le club est issu de la fusion de deux autres clubs (Bourges Foot et Bourges 18, qui évoluaient tous deux en N2 en 2020-21, ont fusionné à l’intersaison 2021). Les installations sont convenables. Il y a tout pour bien travailler.

C’est la première fois de ma carrière que je prends un club en cours de saison. J’ai pris mes fonctions le 1er novembre. C’est donc mon 3e mois !

On a réussi à se qualifier pour les 32es de finale de la coupe de France (élimination aux tirs au but à Chamalières), j’en suis à 10 matchs de championnat (4 victoires, 3 nuls et 3 défaites, 13e sur 16), on a réussi à ne pas être décroché du peloton des équipes qui sont dans le bon wagon du maintien (le 6e est à seulement… 2 points !!!).

A mon arrivée, j’ai demandé à changer le staff, afin de m’appuyer sur des gens du cru, qui connaissent le club. On bosse beaucoup, d’ailleurs, après mon entretien avec vous, je retourne au stade pour travailler. Parce que pour moi, il n’y a que ça, le travail : la chance, je dis toujours que ça n’existe pas, sauf quand on travaille !

Cheikh Sylla, président de Bourges Foot 18.

J’ai un groupe de 21 joueurs, ils ne font que du football, ils sont salariés du club. J’ai instauré des choses, comme la cryothérapie. On a des séances à 10h ou à 15h30. On a de bonnes conditions.

Maintenir le club en National 2 est important pour moi. On me demande souvent si on va y arriver, mais je n’ai pas la réponse ! En arrivant en cours de saison, comme ça, c’est compliqué.

On a quand même fait match nul aux Herbiers (3-3) et aussi à Bergerac (0-0), on a eu des résultats pas trop mal par rapport à notre objectif de maintien, et là, demain (samedi 11 février), après avoir gagné 1 à 0 chez un concurrent direct, Romorantin, on reçoit Trélissac, un autre concurrent direct, qui est 2 points devant nous. Je remercie encore mes dirigeants, mon directeur sportif et mon président Cheikh Sylla, qui m’ont donné l’opportunité de recruter un gardien, un milieu et deux joueurs offensifs, pour avoir de meilleurs résultats.

Le National 2

J’ai connu le sud, le sud-ouest, un peu le nord-ouest, mais là, avec la réforme des championnats, les matchs sont tendus, à la fois sur le terrain et dans les tribunes. Les coachs sont tous nerveux, parce que la demande de résultats est forte. Regardez le nombre d’entraîneurs qui ont été licenciés, c’est impressionnant ! Les présidents sont terriblement sous pression, à cause de l’obligation de résultats. C’est très dur. C’est pour cela que moi, j’essaie d’amener de la sérénité, que l’on reste dans notre bulle.

Qui va monter en National dans votre poule D ?

On a perdu chez nous 2 à 0 contre GOAL FC, qui est leader, et pourtant, c’est l’équipe qu’on a le plus « bougé », ils ont une réussite énorme. Je vois bien Bergerac cette saison. On vient de faire match nul 0-0 chez eux, mais ils ont beaucoup de joueurs d’expérience, sans oublier Les Herbiers, on a aussi fait nul chez eux (3-3). Un des trois clubs va monter. Attention, Goal FC a un peu plus d’expérience sur le banc avec Fabien (Pujo), tandis qu’à Bergerac, il est plus jeune (Erwan Lannuzel).

La touche et le style Prunier

Le stade Jacques-Rimbault, à Bourges.

Je suis un entraîneur travailleur et exigeant. Déjà, je suis exigeant avec moi-même ! Je suis très proche de mes joueurs, parfois je suis dur mais juste. Je les aime. Ce sont comme mes gosses. Je leur répète souvent : si je suis là, c’est pour vous ! C’est pour eux que je fais tout ça, que je suis là, pour leur apprendre, leur apporter. Moi, j’ai fait ma carrière de joueur, j’ai donné déjà. Et ça fait 15 ans que j’entraîne. Je suis là pour les aider. J’ai envie qu’on réussisse ensemble. Tout ça, je leur ai dit lors de causeries.

Quand j’entraînais au centre de formation à Montpellier, on me parlait du Barça, ça me rendait dingue ! Non mais attendez, y’a qu’une équipe qui peut jouer comme Barcelone, c’est Manchester City, avec le même entraîneur, Guardiola !

Alors oui, bien sûr que j’ai envie de voir mon équipe jouer au ballon, parce que c’est notre culture, en France, mais avec une rigueur supplémentaire. J’ai envie d’avoir une équipe rigoureuse, qui sache jouer vers l’avant, pas vers l’arrière. Je suis allé voir des matchs quand j’étais sans club, en septembre et en octobre, à tous les échelons, et j’entends les gens dans les tribunes, je m’inspire de ce qu’ils disent, de leurs commentaires; ils attendent du jeu vers l’avant, ils veulent des ballons qui passent devant les buts, un peu comme ça s est passé mercredi soir lors du match OM – PSG en coupe. En France, on veut du jeu, du jeu, de la verticalité en permanence, pas beaucoup de jeu en arrière. Voilà, je cherche un peu ce style, mais attendez, on joue le maintien hein, c’est pas simple, ce n’est pas comme si on était en haut de tableau.

Un modèle d’entraîneur ?

Mourinho ! Pour moi, c’est le seul entraîneur qui aurait pu gagner la Ligue des Champions avec PSG, mais ils ne l’ont jamais pris et ils se sont toujours trompés… J’en suis persuadé. Sinon, Zidane : j’ai joué avec lui aux Girondins de Bordeaux; ce qu’il a fait au Real Madrid, c’est extraordinaire. Respect. Je regardais beaucoup le Real, c’était fabuleux, dans tout ce qu’il a mis en place dans le jeu.

Son ton franc et direct

C’est sur que moi, je suis sans filtre ! C’est mon défaut ! Je suis comme ça. Je suis franc avec mes dirigeants et avec mes joueurs. je dis ce que je pense. Parfois, je devrais la fermer, parce que je dis des conneries aussi ! Mais au moins je suis moi-même. Je sais que ça peut faire mal, que ça peut piquer. Ce qui est sûr, c’est que je ne fais pas de politique, c’est pour ça, cette histoire de diplôme… J’ai envie d’aller toucher la Ligue 2 ou la Ligue 1, pour voir comment ça se passe au-dessus, ça me branche bien aujourd’hui. J’ai des amis qui entraînent au haut niveau et je peux peut-être avoir cette opportunité un jour.

Le diplôme du BEPF

Ce diplôme, je devais le passer quand j’étais à Montpellier, en 2015 et 2016, j’étais alors dans une structure professionnelle, mais j’ai annulé… C’est peut-être la seule fois ou j’ai tenté d’aller au BEPF, depuis, on m’encourage à le passer, même la DTN m’encourage à m’inscrire pour la session de l’année prochaine, mais c’est plus simple de le passer à l’étranger; ici, en France, ça demande énormément de travail et ça pompe beaucoup d’énergie, et il faut être en activité en même temps, s’absenter une dizaine de semaines par an, et ça, les présidents n’aiment pas trop. Mais j’en ai vraiment envie, encore que, en Ligue 1, maintenant, on voit à Strasbourg, Nice ou Reims que, quand les coachs sont virés, ils sont remplacés par des adjoints qui n’ont pas le diplôme, comme quoi, finalement, il ne sert pas à grand chose !

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Bourges Foot 18

Lire aussi l’interview de Fabien Pujo, entraîneur de GOAL FC, adversaire de Bourges Foot 18 :

https://13heuresfoot.fr/actualites/fabien-pujo-quand-je-quitte-un-club-apres-je-deviens-socios/

 

La reconstruction est en marche dans la capitale mondiale des Festivals ! Avec 12 points d’avance sur le 2e, les joueurs de Jean-Noël Cabezas n’ont jamais été en aussi bonne posture pour monter en N2, niveau quitté en 2014 après un dépôt de bilan. Avant de viser plus haut ?

Le 11 cannois au coup d’envoi samedi dernier.

Vous en connaissez beaucoup, vous, des clubs qui font 700 à 800 spectateurs pour un match de National 3 ? Vous en connaissez beaucoup des clubs qui, à onze journées de la fin de la saison, célèbrent une victoire – la 11e en 13 rencontres* – un peu comme on célèbre une accession ? Des clubs de ce niveau là qui fonctionnent en SAS (société par actions simplifiées) et où les joueurs ne font que du foot, exactement comme en National ? Qui suscitent autant d’intérêts de la part de repreneurs (la présidente, Anny Courtade, aurait reçu une quarantaine de projets de reprise) ?

Bien sûr que non. Car en National 3, l’AS Cannes dépareille. Est unique. C’est que le club de La Croisette n’est pas n’importe quel club ! Cannes, c’est un passé immense : deux participations à la coupe d’Europe de l’UEFA (1991, 1994), dix ans de présence en première division à la fin des années 80 jusqu’à la fin des années 90, deux coupes Gambardella (dont la dernière, en 1995, avec une pléiade de futurs pros), une coupe de France et, surtout, le meilleur centre de formation français, qui a sorti d’immenses joueurs…

Ce passé si lointain, on le ressent bien sûr dans ce stade Coubertin qui a vu passer tant de grands joueurs, sur les murs des couloirs où sont placardées les photos des différentes épopées, tel un petit musée à ciel ouvert – voir le site museeascannesfootball.fr -, et même dans le staff, où François Lemasson, l’entraîneur des gardiens, demeure le témoin privilégié des années 90, quand il gardait les cages des Rouge et blanc en Division 2 tout d’abord (1992-93), en Division 1 ensuite (1993 à 1997).

La déclaration qui met le feu

L’entraîneur, Jean-Noël Cabezas.

Mais Cannes, c’est aussi une longue, très longue descente aux enfers. 1998 : relégation en Division 2. 2001 : relégation en National. 2002 : l’équipe manque le coche en s’inclinant face à Valence à Coubertin dans le match de la montée, à la dernière journée.

Puis elle stagnera neuf ans de suite à cet échelon ! 2011 : rétrogradation administrative en CFA (N2). 2014 : dépôt de bilan et direction la Division d’Honneur Régionale (R2), quelques semaines seulement après une superbe campagne de coupe de France (1/4 de finale, battu par Guingamp) et des qualifications historiques face à Saint-Etienne (L1), Montpellier (L1) et aussi Troyes (L2).

Depuis près de 10 ans maintenant, le club floqué de l’emblème du dragon se reconstruit. Tente de retrouver un niveau plus en rapport avec son histoire, son palmarès et ses structures : le stade Coubertin, même amputé de deux tribunes, ressemble plus à un stade de Ligue 2 que de National 3…

Une minute de silence a été observée avant le match face à Rousset en hommage à Charly Loubet.

La remontée ne va sans doute pas aussi vite que certains le voudraient, mais les années Covid n’ont pas aidé et, surtout, le club tour à tour repris par Johan Micoud puis Anny Courtade (83 ans) est aussi tombé sur une sacrée adversité, à l’image de Furiani la saison passée.

Et la présence du Gazelec Ajaccio cette saison, qui avait bâti une équipe pour monter avant d’être placé en liquidation judiciaire le mois dernier, n’augurait rien de bon pour les joueurs de Jean-Noël Cabezas, attendus partout, notamment sur l’Ile de Beauté. Surtout après les déclarations du coach, au sortir d’une défaite 2 à 1 au Gazelec, chez nos amis de FootAmateur, en novembre dernier : « Il s’est passé là-bas (au Gazelec Ajaccio) des choses qui ne doivent pas se passer, ça ne reste que du football, on est tous des compétiteurs, on n’aime pas perdre, mais il ne faut pas que ça aille trop loin. Aujourd’hui, je suis entraîneur, et aussi protecteur de mes joueurs. Je n’aime pas quand ils se font… (il coupe) Mais j’assume ce que j’ai dit. »

Madar, héros ou bourreau ?

Pour l’heure, c’est l’AS Cannes qui assume plutôt très bien son statut de favori du championnat, surtout depuis le retrait du Gazelec, qui aurait sans doute été l’équipe poil à gratter de la poule. C’est simple, leader avec 12 points d’avance sur le 2e, l’équipe azuréenne n’a pas été à pareille fête depuis… Depuis quand déjà ? Depuis ses deux précédentes accessions, de DHR en DH avec Manu Nogueira aux manettes, en 2015, puis de DH en CFA2 (N3) avec Mickaël Marsiglia, en 2017. Et encore, elle a perdu du temps : en 2016, première en DH à l’issue de la saison, elle avait gagné le droit de monter après un dernier succès 3 à 0 face à Ardziv avant de finalement perdre ce match sur tapis vert, le coach Mickaël Madar ayant fait rentrer un joueur suspendu (Charles Lyah Bi Irie, à la 70e minute). Madar, qui quelques jours avant ce match, s’était vu informer de sa non-reconduction à la tête de l’équipe. Tirez-en les conclusions que vous voulez… Toujours est-il que c’est le voisin du RC Grasse, 2e de DH, qui a profité de l’aubaine pour monter en CFA2 !

Des adversaires en surrégime ?

Après le succès face à Rousset, samedi.

A Cannes, la reconstruction est en marche, mais elle est un peu plus longue que prévu. Mais depuis samedi et son difficile succès face à Rousset (2-1), les Rouge et blanc sont sur la voie royale avec 12 points d’avance, un écart colossal que l’on ne trouve dans aucune autre poule de National 3 !

A onze journée de la fin, les Dragons ont quatre jokers mais assurent ne pas compter le nombre de victoires encore nécessaires pour retrouver le National 2 quitté voilà déjà 9 ans. « Il faut rester humble, sinon on le paie cash, tempère Jean-Noël Cabezas, arrivé au club début janvier 2020 pour remplacer Ludovic Pollet, avec pour mission d’assurer un maintien mal embarqué en N3; Sincèrement, on résonne match par match, et là, on se concentre sur le prochain (à Carnoux, samedi), c’est la vérité. C’est compliqué de se projeter plus loin. On vient juste d’entamer la phase retour, même si on a de l’avance, c’est bien, mais les joueurs le savent, on ne doit pas relâcher l’engagement, la bonne agressivité et l’intensité à l’entraînement. Il faut continuer à faire les efforts. Et c’est mon rôle de leur dire, de les prévenir. On a bien vu, face à Rousset que, après avoir marqué d’entrée (au bout de 21 secondes !), on s’est relâché, et c’est devenu compliqué. Et puis, je me suis aperçu d’une chose : à chaque fois que l’on a visionné un adversaire en vidéo, eh bien, une fois face à nous, ce n’était pas du tout conforme à ce que l’on avait vu. En fait, à chaque fois, nos adversaires sont un peu en surrégime. Mais c’est comme ça, ils veulent tous essayer de battre l’AS Cannes, et c’est normal ».

Redonner une identité

Le gardien Lucas Mocio.

Peu de gens le savent, mais celui que l’on surnomme aussi bien « Jeannot », « Nono » ou même « Cabezou », en est déjà à son troisième bail à Cannes ! Le premier remonte au milieu des années 80 : alors qu’il n’a que 17 ans, Jean-Noël Cabezas évolue déjà en seniors à Vallauris, à 25 minutes de Cannes-La-Bocca : il s’entraîne la journée avec le centre de formation de l’AS Cannes, et le soir avec son club.

Un peu plus tard, en 1994, alors que Cannes est remonté en Division 1, il est de retour après avoir joué à Annecy (D2), terminé meilleur buteur de D3  avec Vallauris, disputé deux saisons à Alès en Division 2 et aussi brillé sous les couleurs toulonnaises (20 buts en 20 matchs de National en 1993-1994).

Mais il n’est que très rarement utilisé par Safet Susic : « Avec Vallauris, on est monté de DH en D4 puis de D4 en D3, on avait beaucoup d’anciens joueurs pros de l’OGC Nice, et aussi Hervé Renard. Quand je suis revenu à Cannes en Division 1, je ne jouais pas trop et franchement… De ne pas jouer… Je ne n’aimais pas trop ça et j ai demandé à repartir à Toulon. »

Evidemment, Cabezas espère que sa troisième expérience dans la cité des Festivals sera marquée du sceau de l’accession en National 2. « C’est la présidente, Anny Courtade, qui m’a contacté par l’intermédiaire de Jo Flachi. J’avais eu des propositions en National 2, et d’autres en N3, mais venir à Cannes, ça me tenait à coeur. »

A Cannes, il entend aussi redonner une identité à son équipe, et pour cela, il n’hésitera pas à lancer des jeunes cannois ou enrôler quelques « locaux » ou « régionaux », à l’instar de l’expérimenté Lorenzo Vinci (Grasse, Bastia B, Nice B), du jeune buteur Stanislas Kielt ou encore d’Enzo Peirano. « Si on avait plus de Cannois en équipe fanion, ça donnerait une plus grande identité au club ».

Un côté formateur

Communion avec les supporters.

C’est que le coach ne cache pas son âme de formateur. A Clermont Foot, le club où il a terminé sa carrière de joueur sur une accession de National en Ligue 2 (en 2002), et où il a passé 17 saisons, il a encadré le centre de formation, les U19 Nationaux et l’équipe réserve. Il a aussi été entraîneur des attaquants et entraîneur adjoint en Ligue 2 : « J’ai occupé pas mal de postes à Clermont, et c’est vrai que j’ai vu passer beaucoup de bons joueurs, dont certains n’ont pas eu la chance de passer pro, je pense à mon capitaine Cédric Goncalves, et j’en ai récupéré d’autres, avec une bonne mentalité, c’est essentiel. Ici, à Cannes, je suis responsable des deux équipes seniors (l’équipe réserve, entraînée par Daniel Buti, évolue en Régional 2), et je garde aussi un oeil sur les U19 Nationaux, où Laurent Piombo fait du bon travail. L’AS Cannes, avant, c’était la formation. Et j’espère qu’elle va reprendre, pour aider l’équipe une. On essaie de valoriser ce travail. »

Les voyants sont donc au vert… à ceci près que l’on ne sait toujours pas si le club sera vendu ou non. Car à Coubertin, le dossier de la reprise revient comme un feuilleton. Voilà près d’un an, il devait être racheté par l’Américain Dan Friedkin, un milliardaire déjà propriétaire de l’AS Roma. Pour l’heure, autour d’Anny Courtade, l’équipe dirigeante oeuvre pour mettre le club sur les bons rails avant, éventuellement, l’arrivée d’un nouvel actionnaire. Et cela n’empêche pas le staff de travailler, d’avancer, sans se poser la question de son avenir : « Vendu, pas vendu ? On entend des bruits, répond Cabezas. Vous savez, on n’est pas trop au courant, on en parle entre nous mais bon, nous, on fait notre job, et puis dans ce métier, on sait quand on signe, moi j’ai signé c’était un mois de décembre, puis on voit si on reste, et puis on continue. Regardez cette année, ça a été la valse des coachs, alors… »

Jean-Noël Cabezas, du tac au tac

« Je suis un entraîneur exigeant »

Meilleur souvenir sportif  ?
Joueur, avec Toulon, en coupe, on avait éliminé Bordeaux et Zidane, et entraîneur, on avait éliminé Marseille avec Andrézieux.

Pire souvenir sportif ?
Le décès de Clément Pinault (joueur de Clermont, en 2009). Terrible.

Première fois dans un grand stade ?
C’était à Marseille. J’allais voir tous les matchs au Vélodrome, et j’allais même aux entraînements quand j’étais jeune.

Pourquoi avez-vous choisi d’être avant-centre ?
Au départ, j’étais numéro 10, en jeunes, et en seniors, à Vallauris, y’a eu un attaquant, Bernard Grax, qui s’est blessé, et j’ai joué à son poste.

Vous êtes né à Martigues mais vous n’y avez jamais joué…
Martigues, j y suis juste né et j’ai toujours vécu à Marseille, où j’ai commencé au quartier de La Barasse, à Saint Marcel et à l’US Rouet, un bon club de jeunes, avant de venir à Vallauris, grâce à Jo Flachi, qui était lui aussi à l’US Rouet. Je n’étais pas encore senior et je jouais en DH. J’ai fini meilleur buteur en D3, et ça a lancé ma carrière.

Un geste technique préféré ?
Ce n’est pas un geste technique, c’est un style de jeu; moi j’aimais bien, couper les trajectoires, j’étais à la finition, j’aimais être à l’affût, être là au bon endroit au bon moment.

Qualités et défauts sur un terrain ?
J’avais mauvais caractère avec mes partenaires parfois, j’étais exigeant avec eux, y’avait pas mal d’accrochages. Mais j’étais un combattant.

Jean-Noël Cabezas et Derek Decamps.

Le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
J’ai connu beaucoup de montées, de DH jusqu’en Ligue 1, avec Troyes. A Vallauris, c’était vraiment le niveau amateur, mais avec des ex-pros comme René Bocchi, Pedro Ascery, Georges Barelli, Christian Cappadona, plein d’anciens niçois, on avait une belle équipe, ça jouait vraiment bien au ballon, mais je garde vraiment un bon souvenir de Toulon.

Entraîneur, le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
A Clermont j’étais plus formateur, j’avais une double casquette, et après, quand je touchais le haut niveau, la Ligue 2, il fallait gagner des matchs, c’était différent, mais de faire les deux, ça m’a beaucoup apporté en termes d’exigence notamment. Quand je suis arrivé à Clermont, en National, le club était amateur, il s’est professionnalisé au fil du temps.

Le club où vous auriez rêvé de jouer ?
Mes origines espagnoles font que j aime bien le Barça.

Que vous a-t-il manqué pour jouer plus haut qu’en Division 2 ?
Quand je suis venu à Cannes, le club était en Ligue 1, mais j’ai très peu joué, je n’ai pas eu vraiment ma chance, c’est pour ça que je ne supportais pas cette situation, je préférais jouer en L2, il m a manqué aussi de la patience.

Le joueur adverse qui vous a le plus impressionné ?
Zidane. Et aussi, Patrick Vieira, par sa maturité, si jeune, je l’ai côtoyé à Cannes.

Un coéquipier marquant ?
Didier Rabat à Toulon.

Un joueur avec lequel vous aviez le meilleur feeling sur le terrain ?
Sladan Dukic à Troyes.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Y’en a beaucoup, mais un seul… Désiré Périatambée.

Decamps et Cabezas.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Alain Perrin, il me disait « tu seras entraîneur », il sentait que j’avais la fibre. Et aussi Luigi Alfano, il avait un franc parler que j’aimais beaucoup, il m’a beaucoup aidé à Toulon.

Un président marquant ?
Alain Dalan, mon premier président à Clermont, il avait repris le club dans les années 90 et était reparti de zéro, un homme de paroles. Avec lui, on se serrait la main, et on savait que le contrat était validé. C’était un peu à l’ancienne mais bon, voilà… Avec lui, on a fait la montée de National en Ligue 2, et il m’a fait monter chez les pros pour m’occuper des attaquants.

Le stade Coubertin, en coupe de France, la saison passée.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Romain Saïss, je suis allé le chercher à Valence, quand j’étais à Clermont; il m’a fait confiance, on lui a fait changer de poste, et là… Il est demi finaliste de la coupe du Monde, c ‘est beau. Il n’oublie pas d’où il vient.

Une devise ?
Je n’ai pas vraiment de devise. Je dis souvent « On ne lâche pas ! » Ou alors, « le soleil brille toujours » ! Il faut savoir faire le dos rond pour ensuite avoir le soleil !

Un chiffre ?
Le 9.

Un plat ?
La paella avec une bonne bière.

Un modèle de coach ?
Guardiola, parce qu’il innove, avec la façon qu’il a de faire entrer les défenseurs à l’intérieur, d’apporter le surnombre, c’est celui que je regarde le plus. Arsène Wenger aussi, il est complet et visionnaire. Il va au-delà du rôle d’entraîneur et j’aime bien ce qu’il fait.

Le stade Coubertin, en coupe de France, la saison passée.

Terminez la phrase en un mot : vous êtes un entraîneur plutôt …
exigeant.

Un modèle de joueur ?
Van Basten.

Complétez la phrase  : l’AS Cannes est un club plutôt…
Sain.
Le métier d’entraîneur est plutôt …
Compliqué.

Le milieu du foot est …
En pro, à cause de l’argent, c’est compliqué au niveau des mentalités, sinon, en amateur, ce que je n’aime pas, c’est quand on dépasse les règles.

Anny Courtade, la présidente.

Un jour, entraîneur à … Martigues ?
Je vais vous faire une confidence : j’ai failli entraîner Martigues, c’était juste après mon départ de Clermont, en 2017, j’avais signé mon contrat, mais je l’ai déchiré : le recrutement n’était pas celui que je voulais; c’était à l’époque de Baptiste Giabiconi, ça sentait mauvais, j’ai préféré ne pas y aller.

Un mot pour terminer ?
Oui. Pour mon staff. Je veux leur rendre hommage et souligner leur travail. Derek (Decamps), l’adjoint, Rosette (Germano, préparation physique), François (Lemasson, entraîneur des gardiens) et aussi Patrice (Guinard, intendant) et Anthony (Samoud, osthéo). Nous sommes un staff solidaire. Qui s’entend bien. On n’est pas toujours d’accord, on a nos caractères, c’est normal, mais on se dit les choses.

Un mot pour ma présidente Anny Courtade aussi, pour tout ce qu’elle nous a permis de mettre en place : on s’entraîne le matin, les joueurs sont placés dans des conditions optimales, on a eu le recrutement que l’on souhaitait. On a vraiment une grande sérénité de travail et cela se ressent dans les résultats. Si ça rajoute de la pression ? Oui, mais c’est une bonne pression !

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : AS Cannes / Kevin Mesa

Lire aussi un autre article sur l’AS Cannes : https://13heuresfoot.fr/actualites/steven-paulle/

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