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A 33 ans, l’attaquant a bouclé la boucle : il est rentré chez lui, à Lens, après une dernière expérience avortée en National, à Villefranche. Mais il n’a pas tout a fait coupé avec le foot : il a signé à Arras, en Régional 1, où il a retrouvé Colbert Marlot, l’un de ses formateurs à La Gaillette !

Réaliser une interview de Medhy Guezoui, c’est l’assurance de passer un bon moment. C’est l’assurance de rigoler. Mais c’est aussi du sport ! Car il faut s’armer de patience avant de l’avoir au bout du fil, ou plutôt en webcam (l’entretien a été réalisé en visio).

Finalement, après deux jours passés à s’envoyer des textos, à se filer des rencards à 8h, à 20h et même à minuit (!), il est là, sur l’écran, et cela valait le coup d’attendre !

Depuis qu’il a quitté le foot professionnel et le FC Villefranche Beaujolais (National) le mois dernier, le natif de Lens, âgé de 33 ans, est un homme pressé. Débordé. Très occupé par sa vie familiale, la paperasse, les projets (à la fois immobilier et entrepreneurial), et aussi… le foot. Encore le foot ! Toujours le foot ! Il vient de rejoint Arras, en Régional 1, où il a retrouvé l’un de ses formateurs au RC Lens, Colbert Marlot. Un joli clin d’oeil.

« En fait, à Villefranche, ça n’a pas matché. J’arrive, je me blesse au bout de trois jours, je reprends, je rechute, c’était compliqué, j’ai bientôt 34 ans, raconte celui que Bruno Luzi, son entraîneur à Chambly, n’avait pas hésité à comparer, toutes proportions gardées, à Olivier Giroud, dans les colonnes du Parisien (« Guezoui, c’est notre Olivier Giroud  » !)

« On a décidé avec ma famille de rentrer chez nous, à Lens, mais j’avais encore envie de jouer. J’ai eu quelques propositions, en National 2, mais sincèrement, je ne me voyais pas encore repartir. Et puis ça fait un an et demi que j’ai des petits bobos. Alors j’ai regardé les clubs autour de Lens, et puis j’ai vu que Colbert Marlot entraînait à Arras. Je l’ai contacté, et puis voilà. »

Pour son premier match, il y a 8 jours, sous ses nouvelles couleurs, face à Aire-sur-la-Lys, il a marqué, mais son équipe, mal en point(s) en championnat, a concédé le nul 3-3.

« La porte du RC Lens a été dure à ouvrir ! »

Sous le maillot du RC Lens, en CFA. Photo DR

Après l’officialisation de son départ de Villefranche, l’attaquant aux 400 matchs (de L2 à N2) et à la centaine de buts inscrits, élu meilleur joueur de National en 2017 (sous les couleurs de QRM), est revenu sur sa carrière qui l’a vu commencer dans un petit club de quartier, l’UFC Lens : « C’est dommage, ce club n’existe plus. Ensuite, je suis allé à Loos-en-Gohelle, juste à côté de Lens avant de revenir à l’UFC à 13 ans puis l’US Vermelles, à 10 km de Lens, m’a recruté pour jouer en 14 ans Fédéraux. Là, ça s’est bien passé et j’ai signé à Avion en 16 ans Nationaux, où j’étais surclassé. C’est là que j’ai affronté le RC Lens, qui m’a recruté ensuite. J’y suis arrivé tard ! Pendant 3 ans, j’étais dans le circuit, et le Racing ne venait jamais me chercher. Je me disais, « Mais ils font quoi ? » La porte a été dure à ouvrir ! Finalement, je suis resté deux ans chez les jeunes, je jouais en réserve, en CFA, et trois ans j’ai les pros, où j’ai signé à 20 ans. Je n’ai jamais joué avec l’équipe une, juste quelques matchs amicaux et un banc en Ligue 1 à Saint-Etienne, c’était magnifique ! »

Niort (National, prêté par Lens), Beauvais (N2), Les Herbiers (N2), Sedan (N2), Quevilly-Rouen (N2 puis National), Valenciennes (L2), Chambly (National puis L2) et enfin Villefranche (National), l’ambianceur de vestiaires a bien voyagé tout au long de sa carrière, toujours dans la partie nord de la France ! « Ambianceur ? Je me suis calmé (rires) ! J’ai encore un peu ce côté folie quand même ! » Et aussi cette bonne humeur communicative, qui rend le personnage très attachant. L’interview « tic-tac » qui suit, c’est du Medhy Guezoui tout craché !

Medhy Guezoui, du tac au tac

« Je suis un attaquant plutôt… beau gosse ! »

Photo Eric Crémois – EC Photos sports

Meilleur souvenir sportif ?
Sur un plan personnel et collectif, c ‘est l’année de la montée de National en Ligue 2 avec Quevilly Rouen, c’était extraordinaire. Maintenant ils sont bien installés dans le monde pro et je pense qu’on y est aussi pour quelque chose, même si le club était redescendu avant de remonter. Je me souviens d’une anecdote, quand on monte de CFA en National en 2016, la première journée, on perd à domicile contre Chambly 1-0 et lors de la 2e journée, on gagne 3 à 0 à Châteauroux qui était le gros morceau du championnat, et là, dans les vestiaires, Stanislas Oliveira, le capitaine, nous dit « Hey les gars, je crois qu’on va monter, on a joué un gros bonnet et on leur a mis une tournante, vous ne vous rendez pas compte ! ». On lui a dit « oh ! Calme toi, tu t’enflammes, c’est juste le début du championnat » et après… On est monté en Ligue 2 ! On en a rigolé, mais Stan a vu qu’il y avait quelque chose à faire avec cette équipe. Et il avait raison. Je citerais aussi mon passage à Chambly, dans un club familial, en plus on est monté en Ligue 2 aussi.

Pire souvenir sportif ?
Les Herbiers. Pfff… C’était compliqué. Je suis parti en mauvais termes. C’est la seule saison où je m’entraînais le soir. Pas « top top ».

Combien de cartons rouges ?
Deux je crois. Ou trois. Pour des conneries.

Photo Sébastien RICOU – FCVB

Pourquoi as-tu choisi d’être avant-centre ?
Alors pour dire la vérité, je jouais ailier droit à mes débuts. J’avais un modèle, c’était mon oncle : son objectif, sur un terrain, c’était de faire des passes décisives, et j’ai pris ça de lui. Jusqu’au jour où, à 14 ou 15 ans, à l’US Vermelles, j’ai commencé à grandir et on m’a dit que je pouvais jouer devant. Pour mon premier match dans l’axe, je mets un doublé et c’est parti de là. J’ai aimé. Même si j’ai toujours eu ce goût pour faire des passes, et c’est ce que l’on m’a toujours reproché tout au long de ma carrière, de ne pas penser assez à ma gueule. Quand je suis allé à Lens, ils m’ont demandé d’être égoïste, mais ce n’est pas nature. Je me souviens de Nolan Roux, à Lens, à 30 mètres, il n’avait qu’un objectif, c’était la cage. J’ai essayé de me rapprocher de ça, mais…

Première fois dans un stade en tant que spectateur ?
A Bollaert, quand j’avais 13 ans, avec le CAJ, le centre animation jeunesse de mon quartier de Lens.

Ton geste technique préféré ?
Le contrôle orienté et aussi j’ai un petit pont que j’aime bien faire, mais à l’entraînement hein ! En match, je ne le tente pas ! C’est le double contact pied droit / pied gauche (rires).

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités, mon jeu dos au but et l’esprit compétiteur, et défauts, on l’a dit, trop altruiste. Ne pas avoir assez l’instinct de buteur.

Photo Bernard Morvan – QRM

Le club où tu as failli signer ?
Angers. En Ligue 2. Après mon départ de Lens. Je devais signer là-bas et puis… plus de nouvelles. Et je me suis retrouvé à Beauvais en CFA. J’avais refusé de prolonger 2 ans à Lens…

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Barcelone. Même si ce n’est pas mon style de jeu !

Le club où tu n’aurais jamais pas pu jouer ?
(Il réfléchit) Tes questions, elles ne sont pas faciles ! Allez, je vais dire Lille ! C’est la réponse que t’attendais ? Mais frérot, Lille, il m’appelle demain, j’y vais (rires) !

Un coéquipier marquant ?
J’ai beaucoup de copains dans le foot mais pas beaucoup d’amis. Mais Marvin Martin est devenu un ami, un frère. Je suis tombé sur une personne exceptionnelle, d’une simplicité et d’une gentillesse incroyable. Je suis allé le voir à Hyères. Oh la la, c’est le paradis là-bas !

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling ?
C’est compliqué, c’est quoi ces questions (rires) ? Y’a un joueur qui pouvait me trouver les yeux fermés, c’était Anthony Soubervie, mais celui qui pense et réfléchit football comme moi, c’est Timothée Taufflieb. Malheureusement, on n’a pas trop joué ensemble à Villefranche, c’est dommage, parce que c’était très intéressant.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Mamadou Sakho ! J’étais à Lens, il était au PSG. L’avoir sur le dos pendant une heure et demie…. Pourtant j’avais fait un super match mais c’est la première fois de ma vie que je me dis « Mais ça sert à rien de jouer au foot pour passer une heure et demie comme ça » ! Sur chaque duel il jouait sa vie, c’était incroyable.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Jean-Paul Mendy. Quel joueur ! J’aurais pu le citer dans la question sur le feeling.

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Un coach que j’aimais bien, c’était Eric Sikora mais je l’ai revu y’a pas longtemps à La Gaillette.

D’ailleurs, quand j’y suis retourné, mon fils a vu mon nom inscrit sur le mur, « Made in Gaillette », qui rend hommage aux joueurs qui sont passés, et il m’a demandé : « Papa, c’est toi ? » Et je lui ai dit, « mais oui, des Medhy Guezoui, il n’en existe qu’un seul ! »

Bon, pour le coach perdu de vue, je dirais Eric Assadourian et je me fais la promesse de retourner à La Gaillette pour le voir. C’était mon coach en 18 ans et je lui dois beaucoup. Il m’a fait progresser énormément.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Arfff… Sans filtre, sans filtre ! Sportivement, c’est Faruk Hadzibegic, mais au niveau humain c’était incroyable, il est top.

Un président marquant ?
Gervais Martel.

Un président à oublier ?
Ouh là, j’en ai beaucoup (rires) ! En fait, j’ai compris avec le temps qu’un club, c’était un business à gérer, et que les présidents gèrent leur club comme ils le souhaitent. J’ai eu des moments difficiles avec certains, mais cela fait partie du job, et si je les vois demain, je leur parlerai. Pourtant, je ne suis pas un joueur difficile à gérer, j’aime bien rigoler, mettre de l’ambiance, mais parfois, j’ai les deux fils qui se touchent ! On m’a souvent dit, quand même, que c’était bien d’avoir quelqu’un comme moi dans un vestiaire.

Photo FCVB

Une causerie de coach marquante ?
Celle de Manu Da Costa à QRM avant un match important à Croix, en CFA. Avec les vidéos des familles. J’avais pris un carton rouge lors de ce match, c’est que ça avait du un peu trop « monter » !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Y’en a eu mille !!! Et je ne les comprends toujours pas d’ailleurs.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
J’en ai une, à Chambly, en pleine causerie de match, avant Lorient, j’étais assis à côté de Thibault Jaques, je ne peux pas la raconter dans les détails mais Thibaut et moi, on est parti dans un fou rire ! On a été obligé de se lever et de partir de la causerie !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
J’avais Raphaël Varane mais je ne l’ai plus. Serge Aurier, Marvin aussi (Martin).

Un chiffre (signification) ?
Le 21. Je ne peux pas te dire pourquoi. C’est par rapport à mon oncle Akim.

Un plat, une boisson ?
Je carbure au café depuis mes 30 ans, je ne peux plus m’en passer, et les pâtes de ma femme !

Tes occupations ?
En fait, je me rends compte que j’étais un privilégié, j’allais m’entraîner le matin et voilà, mais là, j’ai pas mal de choses à faire, plein de paperasses, je n’ai pas encore activé ce que je veux faire : j’ai un projet de création d’entreprise et aussi un projet immobilier familial. Et puis je continue à jouer le soir avec Arras. Là, je m’occupe au maximum de mes enfants, je les accompagne partout.

Termine la phrase en un mot ou deux : tu es un attaquant plutôt …
C’est quoi tes questions ?! Un attaquant plutôt… beau gosse !

Ton match référence ?
QRM-Drancy en coupe de France, on avait gagné 3 à 2 et j’avais mis un triplé : une semaine avant, j’avais dit à Michel Mallet, le président, que je partais à la JS Kabylie en D1 algérienne ! Après le match, le président annonce que je suis intransférable !

Ton pire match ?
Y’en a eu tellement…

Ton plus beau but ?
Je suis pas le genre à mettre des top buts, mais contre Pau, en Ligue 2, avec Chambly, je pars du milieu du terrain, côté gauche, un but pas vraiment dans mon style, et aussi en CFA, avec QRM, contre Poissy, une frappe après rebond sous la barre, du gauche.

Voir le but face à Pau (et le festival de Medhy Guezoui lors de ce match avec Chambly, 2 buts et une passe décisive) :

https://www.youtube.com/watch?v=6vD_ZvizexU

Ton but le plus important ?
Le premier avec Valenciennes, contre le Gazelec Ajaccio, en ouverture du championnat de Ligue 2, en 2017, parce que je venais de revenir dans le monde pro. Le but de la renaissance en professionnel !

Un modèle d’attaquant ?
Didier Drogba. Et je suis in love du football de Benzema aussi.

Une idole ?
Messi.

Un regret ?
J’ai été appelé en sélection marocaine pour faire les Jeux Olympiques en 2012 à Londres, j’ai été convoqué, mais j’ai eu de gros problèmes de papiers et je n’ai pas pu participer.

Photo Erci Cremois – EC Photosports

Ta plus grande fierté ?
Mes enfants.

Qu’est-ce qui t’a manqué pour jouer en Ligue 1 ou plus durablement en Ligue 2 ?
Chaque année, on me disait que je faisais des bons matchs, que j’avais des bons contenus, mais que je ne marquais pas assez, on me le disait déjà à Lens, quand je jouais en réserve, où il fallait que l’avant-centre marque ses 15 buts. Sinon, tu n’allais pas en pro.

Le haut niveau, c’est les stats. C’est vrai que quand je me suis entraîné avec les pros, je n’avais pas ça : moi, quand je recevais le ballon, je pensais à jouer propre, je ne voulais pas la perdre, je me retournais, je faisais une passe, alors que Harouna Dindane lui, bing, il frappait. C’est ce qu’il m’a manqué et aussi le facteur chance : j’ai refusé de prolonger 2 ans, à l’époque de Jean-Louis Garcia à Lens, car je pensais signer à Angers et je ne sentais pas une grande confiance envers moi. Quatre mois après, Eric Sikora remplace Jean-Louis Garcia… Eric Sikora, c’est quelqu’un qui a lancé les jeunes, et je suis certain qu’il m’aurait donné ma chance, d’ailleurs, il me l’a dit quand je l’ai revu. C’est comme ça. Et moi je suis allé à Beauvais en CFA.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
Quelle question ! Maçon ! C’est le métier de mon père. Je l’ai accompagné une fois, un matin, en stage d’entreprise, on est parti à 6 heures du matin, et à 9 heures, je dormais dans le camion… J’ai tellement de respect pour mon père qui travaille toujours dans le bâtiment et qui ne s’est jamais plaint.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Vie de rêve et sacrifice.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photo de couverture : Eric Cremois – EC Photosports

Photos : FCVB, Eric Cremois – EC Photosports et Bernard Morvan

Mis en retrait de la présidence de la FFF, l’ancien boss de Guingamp s’était défavorablement fait remarquer en 2010, quand il avait « obligé » une équipe à se rendre au stade de Roudourou, lui affrétant même un jet privé. Récit.

C’est une histoire qui a fait couler beaucoup d’encre dans le Var à l’époque, mais qui n’a pas eu le retentissement escompté, et dont les médias nationaux ne se sont pas trop fait l’écho, sans doute parce qu’elle concernait le National, un championnat peu médiatisé. Une histoire qui, aujourd’hui, entache encore un peu plus la réputation de Noël Le Graët, en pleine tourmente depuis les accusations d’agressions sexuelles dont il fait l’objet.

Nous sommes le jeudi 21 octobre 2010. Dans 24 heures, l’En Avant de Guingamp, qui vient de descendre de Ligue 2 en National, 4e avec 23 points, doit recevoir l’Etoile Football-club Fréjus/Saint-Raphaël, 6e avec 22 points, pour le compte de la 14e journée.

Dans six jours, l’équipe, entraînée par Jocelyn Gourvennec, va recevoir l’Olympique de Marseille à Roudourou en coupe de la Ligue. Un événement dans cette ville des Côtes d’Armor de 7000 âmes, connue grâce à son équipe de football et aussi à son « boss », un certain Noël Le Graët, maire de la ville de 1995 à 2008, président de l’EAG depuis 2002 (il avait déjà occupé ce poste de 1971 à 1991) et qui fut également président de la Ligue (LFP) de 1991 à 2000. D’ailleurs, c’est pour bien préparer ce match, cette fête, contre l’OM, que la venue de Fréjus/Saint-Raphaël a été avancée au vendredi, à J-5 donc, avec l’accord des Varois.

Grève et annulations des vols à Nice

Guingamp, au pied du podium en National, compte sur ce match de la 14e journée, non seulement pour s’en rapprocher, bien sûr, et aussi pour permettre à deux joueurs cadres, Christian Bassila et Dorian Levêque, de purger leur suspension afin d’être alignés contre l’OM. Surtout qu’un troisième titulaire, Thierry Argelier, sera quant à lui bien suspendu pour ce 8e de finale de coupe.

Ce jeudi 21 octobre, donc, l’Etoile Fréjus/Saint-Raphaël doit rejoindre les Côtes d’Armor, le matin, en avion. Problème, et de taille : c’est la grève à l’aéroport Nice Côte d’Azur. Les deux vols vers la Bretagne sont annulés. Les Varois cherchent bien d’autres solutions mais rallier Guingamp, distante de 1250 kilomètres, dans la journée, n’est pas simple.

La dernière solution – un vol Nice-Lyon puis un autre, Lyon-Brest, à 13 heures – tombe elle aussi à l’eau. Les dirigeants étoilistes informe la FFF qu’il n’y a plus aucun vol, même le vendredi. Le club breton, tenez-vous bien, propose de jouer le match… dans le Var ! Mais l’Etoile refuse, prétextant des travaux dans l’ancien stade Pourcin, démoli aujourd’hui au profit d’un complexe immobilier).

A 14 heures 30, par courrier électronique, la FFF alerte la direction d’En Avant que la rencontre est ajournée. Motif : les perturbations du transport aérien liées aux profondes turbulences sociales. Quelques minutes après, sur le site de la Fédération, le match est officiellement reporté. Athos Bandini, le coach varois, qui a pris place sur le banc après le décès de Guy David, le 30 août 2008, juste après un match de championnat de CFA contre la réserve stéphanoise (il était alors son adjoint), donne congé à ses joueurs. Pour eux, c’est déjà le week-end, avec quelques heures d’avance ! Du moins, c’est ce qu’ils pensent !

A Guingamp, on est passablement irrité

Car en Bretagne, les dirigeants sont agacés et passablement énervés, notamment Jocelyn Gourvennec, l’entraîneur, et surtout Noël Le Graët, le président. Les coups de téléphone pleuvent. C’est même l’incompréhension dans les rangs bretons, qui en viennent à mettre en doute la bonne volonté et surtout la bonne foi de leur adversaire. Aussitôt, ils reprennent contact avec la FFF et le club varois pour tenter de trouver une autre solution, ne comprenant pas que Fréjus / Saint-Raphaël soit le seul en National à ne pas être en mesure d’assumer un déplacement lors de cette 14e journeée qui voit Plabennec se rendre à Bastia et Luzenac se déplacer à Rouen, sans souci.

« L’an passé, en Ligue 2, Le Havre ne s’était pas déplacé à Ajaccio en raison d’un nuage en provenance du volcan islandais. Mais la différence, c’est que les Normands avaient ensuite le bateau à prendre. Pour venir à Guingamp, le bateau n’est pas nécessaire. Tout le monde doit s’adapter aux situations de ce genre » déclarait Christophe Gautier, le chargé de communication d’En Avant.

Il est 18 heures. Le vice-président de la FFF (c’est le poste qu’occupait le Graët à ce moment-là) contacte Marcel Sabbah, le coprésident de l’Etoile, et l’informe qu’un jet privé sera mis à disposition de la délégation varoise à 8h30 à l’aéroport de Nice samedi matin, avec un retour le soir après le match, pour 00h45, le coup d’envoi de la rencontre étant fixé à 20h.

Fréjus/Saint-Raphaël mis devant le fait accompli

L’avocat de l’Etoile FCFSR, tout comme les joueurs, le staff et les dirigeants, sont mis devant le fait accompli : un éventuel appel ne serait pas suspensif et une absence au coup d’envoi serait considérée comme… un forfait !

Sympa, l’En Avant de Guingamp propose de payer la note – 25 000 euros ! A 19 h, toujours sur le site de la FFF, la rencontre Guingamp – Fréjus/Saint-Raphaël est décalée du vendredi au samedi 20 h ! Au club de Fréjus, qui se voit refuser de jouer le dimanche à sa demande, c’est la branle-bas de combat : Bandini rappelle tous ses joueurs !

Le lendemain, dans les colonnes du Télégramme, voilà ce que déclare Gourvennec : « L’idée d’un report général de la journée est mieux adaptée qu’un report d’un seul match qui nous pénaliserait. Si on ne jouait pas ce week-end, on se retrouverait avec un match de moins au classement et un potentiel de points en moins. C’est toujours mieux d’être dans le même tempo que les autres. On voit plus clair. De plus, sans jouer, on pénalise la réserve de CFA 2. Le règlement n’autorise pas certains joueurs qui ont joué en Coupe de France à repartir en réserve. Ensuite, ne pas jouer face à Fréjus ne permettrait pas à Bassila et Lévêque de purger leur match de suspension. Avec Argelier, on aurait ainsi trois suspendus face à L’OM. »

« Le Graët est passé au-dessus de la Fédé »

Dans L’Equipe, Rémy Viallon, le directeur sportif de Fréjus/Saint-Raphaël, hausse le ton. Il se pose des questions. Et il n’est pas le seul. « Donc il suffit que Monsieur Le Graët claque des doigts pour que la FFF se mette au garde-à-vous. Ils ont besoin que ce match se joue ce week-end pour purger certaines suspensions et être au complet pour le match de mercredi, face à l’OM, en Coupe de la Ligue », s’insurge-t-il.

Dans Var-matin, il en remet une couche : « On est aujourd’hui dans une dictature. Il y a eu une réunion par téléphone entre la FFF et Guingamp, sans que l’on ne soit consulté. Si Guingamp est si puissant pour affréter un avion privé, manipuler la Fédération, vont-ils être assez puissants pour le faire avec les arbitres ? Nous étions à l’aéroport de Nice, les deux vols vers la Bretagne ont été annulés, maintenant si Guingamp est plus malin que les autres …  Le Graët voulait absolument jouer cette rencontre, il y a une Fédération qui préside, mais lui passe au-dessus. On n’est plus sur le même pied d’égalité. J’ai eu la Fédération au téléphone, voila ce qu’elle m’a répondu, Vous savez comment ça marche le milieu… »

Athos Bandini, aujourd’hui coach à Sainte-Maxime (Régional 1),  y va lui aussi de son couplet, dans le quotidien varois : « Guingamp aurait dû rester en Ligue 2 la saison passée, cela aurait été plus simple, dit-il, ironique; Je suis très déçu de leur comportement. J’avais demandé à jouer le dimanche, mais ils ont refusé alors qu’ils crient partout que la coupe de la Ligue n’est pas leur priorité. Cela confirme ma vision du football et de ce championnat National. Il y a deux fonctionnements. Cela s’appelle du mépris pour les petits clubs. »

« Le club breton trouve une parade »

Noël Le Graët, également contacté, réplique, à propos du jet privé et de la « méthode » : « Le club de Guingamp a un partenariat avec une entreprise de location de jets, donc on a mis un avion à disposition. Je ne peux pas comprendre comment Fréjus/Saint-Raphaël n’a pas pu trouver la solution et je suis toujours étonné de voir que des mecs ne se « démerdent » pas. J’ai fait ça pour des problèmes de calendriers futurs et par respect des compétitions. »

Samedi, le match a lieu au stade de Roudourou. Guingamp s’impose 3-1. Il n’y a rien à dire. Le score est logique. Le club breton grimpe à la 2e place et retrouvera la Ligue 2, un an après l’avoir quittée, à l’issue de cet exercice 2011-2012, le seul à s’être disputé à 21 clubs. Le Sporting club de Bastia et Amiens l’accompagnent. Strasbourg, Cannes restent à quai. Fréjus/Saint-Raphaël, qui a longtemps joué le haut de tableau, termine 6e, puis reçoit un courrier de la FFF qui, comme l’exige le règlement, lui réclame une petite participation aux frais de ce voyage soi-disant pris en charge par Guingamp. Le club s’exécute. Guingamp va rembourser, c’est certain. Treize ans après, pas un centime breton n’est tombé sur le compte de l’Etoile.

Le mercredi suivant, jour du 8e de finale de coupe de la Ligue, La Provence titre : « Guingamp-OM, le club breton trouve une parade pour deux joueurs suspendus ! » L’OM s’impose 1 à 0. La polémique est terminée. Personne n’est dupe. Et NLG devient président de la Fédération française de football quelques semaine plus tard, le 18 juin 2011. A-t-il commis un abus de pouvoir ? Dans le Var, et ailleurs, on en est persuadé.

La fiche technique du match

Championnat National (14e journée) – samedi 23 octobre 2010 – En Avant de Guingamp – Fréjus/Saint-Raphaël 3-1 (1-0). Buts : Soly (19′), Giresse (78′) et Ogounbiyi (90e) pour l’En Avant; Vareilles (69e) pour l’Etoile. 5319 spectateurs. Arbitre : Christian Guillard.

Guingamp : Samassa, Ringayen, Koné, Colleau, Argelier, Ogounbiyi, Mathis (c), Mu. Diallo, Giresse (El Jadeyaoui 78′), Knockaert (Imbula 72′), Soly (Scarpelli 81′). Ent. : Gourvennec.

Fréjus/St-Raphaël : Cattier, Noyer, Fernandez, Faure, Moulin (Henaini 46′), Barrau, Ramos (c), Keita (Fajr 63′), Dutil (Mo. Diallo 60′), Vareilles, Orinel. Ent. : Bandini.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY

 

 

 

 

 

 

Pendant que le club phare du Var, qui a connu les grandes heures de la Division 1, végète en championnat, l’association poursuit dans l’ombre son développement et sa politique sportive chez les jeunes. Rencontre avec trois acteurs majeurs du nouveau bateau « Sporting » !

On aurait pu vous parler, dans les grandes largeurs, de cette saison sportive pour l’heure très décevante en National 2. La quatrième consécutive à ce niveau après un bref passage en National, lors de la triste saison 2019-20, avortée pour cause de Covid, alors que le Sporting gisait en queue de classement.

Qu’il est loin le temps où le stade Bon Rencontre vibrait avec 8000 spectateurs et fêtait une accession en National (en mai 2019) après un succès 3 à 0 des joueurs de Fabien Pujo face à Mont d’Or Anse Foot (ex-Chasselay) !

Face à Marignane, pour le premier match à domicile de l’année 2023, et pour le dernier match de la phase aller, ils ne sont pas très nombreux à garnir ce stade qui ne demande pourtant qu’à vibrer. Mais combien sont-ils exactement ? 400 ? 500 ? Toulon ne mérite pas ça. Toulon mérite beaucoup mieux. Mais Toulon est en souffrance.

Quand les supporters débarquent dans les vestiaires !

Face à Marignane, un nul n’aurait pas constitué un mauvais résultat compte tenu de la prestation moyenne des joueurs d’Eric Rech, déjà le 5e coach à officier sur le banc en un peu plus de 3 ans et le limogeage de Pujo, le héros de la montée (Victor Zvunka, l’historique Luigi Alfano pour une énième pige, Ludovic Batelli et Michel Poinsignon sont passés par là ensuite).

Mais ce soir-là, le Sporting a fini par concéder une 8e et nouvelle défaite (0-2), provoquant la colère des derniers supporters, venus au coup de sifflet final jusque dans les vestiaires des Azur et or (!) pour réclamer des comptes. Surréaliste. A Toulon, même quand il ne se passe pas grand chose, il se passe toujours quelque chose !

Nassim L’Ghoul

Le Sporting vient déjà de piquer, malgré lui, sa première crise de l’année. Le président de la SASP qui gère l’équipe fanion, Claude Joye, ne s’est pas défilé et a rencontré la quarantaine de supporters, avant, dans la foulée, de provoquer une réunion de crise, à l’issue de laquelle l’entraîneur Eric Rech a été conforté dans ses fonctions. Rech, qui dira à propos des événements : « Cela fait 30 ans que j’entraîne et je n’avais jamais vu ça ».

La semaine suivante, pour la première journée de la phase retour, les Varois de l’ouest décrochaient un match nul 2-2 chez les Varois de l’est, à Fréjus/Saint-Raphaël, et repartaient de ce derby avec un peu plus de certitudes quant à leur qualité mentale et leur capacité à rebondir : menés 2 à 0, ils sont parvenus à revenir dans le match grâce à un doublé en fin de rencontre de leur goaleador Abdou Diallo, de retour au club l’été dernier après une saison énorme à Andrézieux (18 buts l’an passé).

Mercato : Fourrier retrouve Rech

Eric Rech, le coach de N2.

Le Sporting est-il sur la bonne voie ? Il faut l’espérer car la lecture du classement peut faire peur : 12e (sur 16), l’équipe est première relégable puisque, réforme fédérale oblige, 5 équipes descendent par poule, et même 6 dans deux des quatre poules de N2. Nul besoin de grand discours. D’ailleurs, Marcel Dib, le nouveau directeur sportif, arrivé sur les bords de la rade l’été dernier après six saisons dans un rôle identique à Aubagne (N3 puis N2), n’en a pas fait. Dans l’entretien qu’il nous a accordés, l’ancien international n’a pas caché sa déception devant la tournure des événements mais s’est aussi voulu résolument optimiste quant à la suite de la saison : « Je sens une amélioration » a-t-il dit.

Cela demande confirmation samedi face à Sète, lanterne rouge. Le Sporting n’aura pas le droit à l’erreur à Bon Rencontre où il n’a gagné que deux fois cette saison en sept matchs et où il s’est déjà incliné à quatre reprises. Dit comme cela, on peut comprendre la colère des supporters après Marignane sans pour autant cautionner leur acte. C’est aussi pour inverser cette spirale infernale que les dirigeants ont enrôlé hier soir l’attaquant de Moulins-Yzeure (N2), Bertrand Fourrier, passé la saison passée par Le Puy (N2), club avec lequel il a accédé en National (il a aussi évolué à Aubagne, sous les ordres d’un certain… Eric Rech).

Un club qui a une histoire, une âme

On aurait donc pu vous parler uniquement du volet sportif du Sporting, mais un grand tour du propriétaire dans les locaux du club, situés sous l’une des trois tribunes du stade Bon Rencontre, a fini de nous convaincre : Toulon est un « putain » de vrai club. Et en coulisses, n’est pas si moribond que le classement de son équipe fanion peut le faire penser.

Sporting-café, boutique, musée, bureaux, salles de réunion, salle de fitness, locaux customisés, chambres pour les pensionnaires du centre d’hébergement (18 places), salle de vie : c’est tout simplement digne d’un club professionnel.
Et puis il y a l’histoire. Elle est partout. Sur les murs, avec ces photos d’époque et ces articles jaunis. Derrière les vitrines du musée, et même sur les fauteuils, aux couleurs traditionnelles du club, azur et or ! Sans oublier l’emblème, la rascasse !

Il n’y a pas que le stade, à l’anglaise, qui possède une âme : elle transpire aussi dans les locaux, ou Yann Bodenes, président de l’association depuis l’automne 2019, et Guillaume Deville, ex-président de l’association et aujourd’hui directeur opérationnel, véritable lien entre les amateurs et la SASP, sont nos interlocuteurs d’un jour. Ravis de parler de « leur » sporting (Guillaume est Toulonnais, Yann est originaire de Grimaud mais a joué au Sporting, avant d’oeuvrer à La Valette et au Las). Ravis aussi d’évoquer la formation, les satisfactions et les points noirs. Ravis, surtout, de nous contredire sur un sujet : « Non, le Sporting n’est pas moribond ! » On a dit ça, nous ?

A l’asso : « Notre ambition, c’est de faire de la formation »

Yann Bodenes (à gauche) et Guillaume Deville.

Revenons en arrière : en 2016, le Sporting Toulon Var fusionnait avec son voisin, Toulon Le Las : près de 7 ans après, la fusion est-elle digérée ?
Guillaume Deville : A force de remplir des dossiers administratifs, je connais la date par coeur ! C’est le 7 juin 2016 qu’a vu la naissance du nouveau club, né de la fusion entre Toulon Le Las et le Sporting Toulon Var, pour devenir le Sporting-club de Toulon, son nom d’origine : c’était d’ailleurs une des conditions sine qua non pour Claude Joye, le propriétaire de la société. Pour lui, c’était fondamental de reprendre ce nom-là. Après, cette fusion, elle est tout sauf compliquée. Tout le monde nous prédisait la « guerre », les conflits entre les anciens dirigeants du Las et les anciens du Sporting Toulon Var, et finalement il s’est passé tout le contraire, pour une raison simple : on parle une seule et même langue, le football ! Donc ça s’est bien passé. On a dû quand même faire des choix par rapport à toutes les équipes des deux clubs. Yann (Bodenes) était encore entraîneur au Las quand les deux clubs ont fusionné. Pour la partie associative, on a eu une coprésidence pendant 3 ans, partagée entre un membre de chaque club, Marc Chiapello pour Le Las et moi-même, afin de remettre en équilibre le nouveau bateau sporting. Marc Chiapello ayant pris du recul, on a placé Yann (Bodenes) à la tête de l’entité : il a une légitimité sportive, il a connu le Sporting quand le club était professionnel, il a même été pensionnaire au centre de formation, il est « ultra-diplômé ». C’est la caution sportive de la formation toulonnaise.

La fameuse rascasse !

La fusion a-t-elle boosté les effectifs ?
Guillaume Deville : Oui, mais on a ensuite dû réduire la voilure, c’était difficile d’absorber tout le monde. Et puis dans toute fusion, il y a des gens qui ne s’intègrent pas au projet, si bien que la deuxième année, on a eu une baisse.

Là, on est 704 contre 956 la saison passée, mais c’est un choix, on a pris le parti de faire de la qualité après avoir fait de la masse en foot à 11. On a changé notre fusil d’épaule. Parce qu’à Toulon, la vocation est de faire de la formation de qualité, de former des jeunes et d’essayer de présenter des équipes dans les meilleurs niveaux de championnat possibles. On a donc limité volontairement cette saison, afin de privilégier la qualité au niveau de l’école de football. En fin d’exercice, on devrait finir entre 750 et 800 licenciés.

En décembre dernier, le centre d’hébergement réhabilité, à l’endroit même de l’ancien centre de formation, a été inauguré.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées ?
Guillaume Deville : Comme le site du Las a disparu au profit de Toulon Elite Futsal et du rubgy à XIII, c’est là notre principale difficulté : les terrains d’entraînement, et la gestion des plannings.

Yann Bodenes : Et puis aussi, avant, il n’y avait que trois championnats régionaux, or maintenant, on a des championnats régionaux dans toutes les catégories d’âge, en U14, U15, U16, U17, U18 et U20. Et en plus, on a conservé au moins deux équipes par génération, et même trois parfois. Donc c’est problématique pour les plannings.
Guillaume Deville : On n’a pas de coeur de vie, comme un centre avec des terrains autour. En nombre de licenciés, on a touché notre plafond de verre la saison passée.

Comment cohabitent l’asso et la SASP ?
Guillaume Deville : Par convention, on partage les même locaux administratifs à Bon Rencontre, sous la tribune où se mettaient à l’époque nos supporters, mais celle-ci est actuellement fermée. On l’a ouverte deux fois en National, pour les supporters du Red Star et de Créteil, en 2019-2020, mais à chaque fois, cela nécessite des moyens humains, 12 personnes. Cette tribune abrite l’ancien centre d’hébergement du centre de formation historique du Sporting, qui a été réhabilité récemment et inauguré le 10 décembre 2022. Il reste quelques travaux à prévoir avec d’autres bureaux administratifs, pour bénéficier de plus de place encore. C’est paradoxal mais plus on a de la place, plus on en a besoin !

Et les relations entre les deux entités ?
Yann Bodenes : les deux structures sont très fortement imbriquées, à tel point, d’ailleurs, que dans le langage de tous les jours, ici, à l’asso, quand on dit « président », on pense « Claude Joye ». Heureusement qu’on l’a… Dans tous les clubs où je suis passé, j’ai toujours connu les difficultés à cette période de l’année, quand ils attendent les subventions vers mars/avril, mais ici, à Toulon, non, car on a cette chance d’avoir cet actionnaire majoritaire, Claude Joye, qui permet au Sporting d’avoir une certaine stabilité.

Guillaume Deville : Claude Joye a mis en place une méthode de management avec un CODIR qui dirige, et un COPIL. Moi, je fais l’opérationnel sur les deux structures, car tout est lié. Si l’asso coule, façon de parler, la SASP a une obligation de la soutenir, il doit y avoir un équilibre entre les deux structures, aux entités juridiques bien distinctes.

Yann Bodenes : Pour ce qui est de l’asso, le budget de fonctionnement oscille entre 700 et 900 000 euros en fonction des saisons. L’an passé, on a un peu trop grossi à cause de la Covid, on ne s’en est pas rendu compte, on a eu une grosse charge d’équipes inscrites en championnat. C’était une saison de transition. Et puis on a subi toutes les augmentations, multipliées par 11 équipes. On a une présenté une équipe dans tous les championnats de Ligue : d’ailleurs, on est un des rares clubs à être représenté partout à ce niveau, en féminines, en futsal. Mais malheureusement, on n’a plus nos U19 Nationaux qui sont descendus la saison passée, et notre objectif d’avoir une équipe en U17 Nationaux n’a pas été atteint, nos U16 R1 ayant terminé 2e derrière le Cavigal Nice. On n’est pas passé loin, et aujourd’hui, le Cavigal est 4e avec deux joueurs qui étaient chez nous l’an passé et que l’on avait recruté pour monter, qui dormaient là, au centre d’hébergement, comme à l’époque du centre de formation. Cette année on est leaders en U17, avec cette génération là. Par ailleurs, l’an passé, sur 9 finales de coupe du Var possibles, le Sporting en a disputées 6 et a gagné les 6, c’est du jamais vu !

Claude Joye, l’actionnaire majoritaire et président de la SASP Sporting-club de Toulon.

Le Sporting a-t-il une politique ambitieuse pour les féminines ?
Yann Bodenes : Les féminines évoluent en Régional 1, on nous vend la création de la Division 3, ok, mais tout ça coûte de l’argent. On a investi cette saison mais apparemment beaucoup moins que les autres, je pense à Cannes et Monaco… On n’a pas les moyens de jouer en D3. On n’est pas prêt. Quand je suis revenu au Sporting pour entraîner la réserve, en 2016-2017, on avait l’équipe une en CFA, l’équipe II en CFA2 et la D2F, c’était énorme en termes de déplacements et de coûts. Là, les filles sont 10es sur 12, on ne devrait pas descendre, mais bon… On a quand même fait venir des joueuses de l’extérieur, c’est pour cela que l’on mène une réflexion là-dessus : aujourd’hui, l’ambition du Sporting, c’est de faire de la formation, et on en fait de la très bonne au niveau des jeunes filles, sauf que le gap est un peu dur à franchir quand elles passent en seniors.

Le stade de Bon Rencontre.

Et le futsal ?
Yann Bodenes : On a du futsal aussi, et en termes financiers, c est comparable au secteur féminin, voire plus, et ça déteint sur la professionnalisation du foot féminin, car la Fédération tend vers cela. On a recruté un coach de futsal (Mustapha Mesgguid), qui était adjoint quand Toulon Elite a été champion de France en 2019. C’est une référence, des joueurs sont venus pour lui. On a créé les seniors futsal y a 3 ans, on est monté immédiatement de Départemental 2 en D1, et là on est en régional, avec un objectif de maintien cette saison. Là aussi, on verra, soit on joue la montée, soit on joue au niveau départemental.

Guillaume Deville : Le futsal évolue dans un championnat où l’on ne doit pas rester longtemps, un peu comme le National en seniors. Et ne perdons pas de vue que l’association a pour but de promouvoir la formation.

Dans l’organigramme des éducateurs, on retrouve certains anciens joueurs…
Guillaume Deville : Oui, on a par exemple Marc Zanotti et Michaël Rebecq qui s’occupent respectivement des U18 et des U20. On a aussi Luigi Alfano et Franck Luccini, le nouveau directeur technique, intronisé à ce poste après l’audit réalisé par Jean Tigana à son arrivée (avec Christian Damiano et Richard Bettoni), car on s’est aperçu qu’il fallait quelqu’un à plein temps pour gérer tout ça. Luigi (Alfano), lui, est à la cellule recrutement/supervision. On a aussi John Mendy, qui a touché un peu à la D2 à la fin des années 90, et Samir Ben Hassine, qui a joué au Las. Enfin, je n’oublie pas les anciens joueurs emblématiques de Toulon, Marcel Dib, qui occupe le poste de directeur sportif à la SASP depuis l’été dernier, et Jean-Marc Ferreri, au développement.

La concurrence à Toulon ?
Yann Bodenes : Des gens nous raillent et nous appellent le Sporting Toulon Est, parce que l’on est implanté à l’Est de Toulon. On s’attelle à régler ce problème et c’est à nous de changer cette image, d’ailleurs, Franck Luccini a bien identifié le problème et travaille là-dessus. En fait, dans les petite catégories, U6, U7, U8 et U9, on n’attire pas tout le public de Toulon, et je ne parle même pas de Toulon Provence Méditerranée (l’agglomération), mais essentiellement les enfants de l’endroit où l’on est implanté, à Toulon ouest; ça portera ses fruits mais ça prendra du temps. Après, on a de la concurrence, il y a aussi beaucoup de clubs autour qui ont progressé, qui travaillent très bien. Mais on voudrait quand même que les enfants toulonnais, quand ils veulent faire du foot, viennent au Sporting-club de Toulon.

Marcel Dib (SASP) : « On pensait jouer le haut de tableau »

Marcel Dib (62 ans) a connu les grandes heures du Sporting ! Il a même participé à l’accession en Division 1, l’ancêtre de la Ligue 1, dès sa première saison varoise, en 1982-1983.

Le club y séjournera dix ans de suite, avant de littéralement tomber aux oubliettes, malgré un ultime sursaut en 1996 avec un retour en Division 2, pendant deux saisons.

Pendant ce temps, Marcel Dib, lui, se construit un beau palmarès, à l’AS Monaco notamment (huit saisons, de 1985 à 1993), où il devient international (6 sélections), puis à l’Olympique de Marseille, dans sa ville natale, pour l’opération « remontée » lorsque le club phocéen fut rétrogradé en D2. Une fois la mission remplie, Marcel Dib met un terme à sa carrière : il a alors 35 ans et devient directeur sportif de l’OM.

« J’ai une histoire avec cette ville, ce club »

L’été dernier, à la demande de Claude Joye, le président de la SASP Sporting club de Toulon, il a rejoint la rade et quitté Aubagne, où il occupait le poste de directeur sportif depuis 6 ans. Exit le trio Tigana-Bettoni-Damiano. Place à Marcel Dib. « Après l’OM, j’avais arrêté le foot, je me consacrais à mes affaires (il a tenu une brasserie, le Dib’s café, dans un centre commercial de La Ciotat, et aujourd’hui, il tient une paillotte, le Tiki beach, sur la plage à Saint-Cyr-sur-Mer), et puis j’ai remis un pied dedans en 2014, à Aubagne. Auparavant, j’avais donné un coup de main à Michel Scotto, quand il était président de l’AS Cannes, en National, mais il a vendu le club en 2009, donc on n’est pas allé plus loin. »

Sa venue à Toulon ? Il assure que c’est Claude Joye qui l’a convaincu : « Je venais de temps en temps voir des matchs du Sporting, le club de mon club de coeur. Je n’oublie pas que c’est ici que j’ai signé mon premier contrat professionnel et qu’on est monté de D2 en D1. J’ai quand même une histoire ici, avec cette ville, ce club, j’ai effectué l’armée à l’arsenal, il y a les liens du coeur. Et puis, j’ai pensé que c’était une façon de boucler la boucle. Il y a une histoire dans ce club. C’est le club d’une ville qui aime le football. Pour moi, dans le Var, c’est ici, à Toulon, que le football doit se passer. On est dans une ville sportive, où les gens aiment le foot, le hand, le rugby, où les gens aiment le sport. On faisait 14 ou 15 000 spectateurs déjà de mon temps, quand le Rugby marchait bien à l’époque des Gallion, Herrero, Dominici, etc. Il y avait deux grandes équipes à Toulon. Mais je pense que c’est quand même une ville de foot : si le Sporting retrouve le monde pro, vous verrez qu’au centre de formation, il y aura des jeunes d’un peu partout, et au stade, ça repartira, on aura du monde à Bon Rencontre, et peut-être que les infrastructures suivront. »

« Jouer à Bon Rencontre, ça devrait être un plus »

Depuis le début de saison, le Sporting déçoit. Il reste une seconde partie à bien négocier : le nul enregistré à Fréjus/Saint-Raphaël, dans le derby varois (2-2), doit servir de détonateur et lancer une série : « Oui, on est déçu de la première partie de saison, on est déçu du classement. On pensait jouer le haut de tableau même si on se doutait que cela ne serait pas facile, car il y avait encore le traumatisme de la saison passée, quand le club a failli descendre. Les joueurs ont été affectés. Et puis, on s’est aperçu qu’à Bon Rencontre, ils n’étaient pas libérés, qu’ils avaient les pieds qui tremblaient quand il avaient le ballon, alors qu’avant, c’était une force de jouer à domicile; ça devrait être un plus de jouer à Bon Rencontre, où personne ne venait gagner avant. Mais là, depuis le début de l’année, on sent tout de même une amélioration, un meilleur état d’esprit. Aujourd’hui, l’objectif est de remonter au classement, de faire revenir le public au stade. J’aimerais que les gens se reconnaissent dans cette équipe, qu’ils voient des buts. Si on en est là aujourd’hui, c’est parce que ça s’est mal goupillé en début de saison. On a pensé que la machine allait démarrer et à chaque fois, y’a eu un grain de sable. On est dans une situation délicate. Il n y a qu’une seule solution : gagner des matchs. »

Cela passe par un succès contre Sète samedi. C’est si simple à écrire…

Marcel Dib, du tac au tac
« Je suis un directeur sportif qui aime ses joueurs ! »

Meilleur souvenir sportif ?
La victoire de la finale de la coupe de France

Pire souvenir sportif ?
La finale de coupe d’Europe perdue contre le Werder de Brême à Lisbonne… On devait disputer la finale de la coupe de France le samedi suivant, mais il y a eu le drame de Furiani…

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
Parce qu’à 7 ou 8 ans, chez moi, dans mon immeuble, y’avait un mur, je jouais seul au ballon, et puis on m’a décelé un don pour le foot et j’ai pu réaliser mon rêve de devenir professionnel; ça a mis un peu de temps mais j’y suis arrivé. J’ai vu vers 10 ou 11 ans que je faisais partie, avec Laurent Roussey, des meilleurs jeunes de mon âge du côté de Marseille.

Geste technique préféré ?
C’était le crochet.

Qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais râleur, peut-être que j’aboyais un peu trop, sinon j’étais un gagneur ! Et je n’ai jamais douté sur un terrain.

Le club ou l’équipe où vous avez pris le plus de plaisir ?!
Je pense que c’est la première année en première division avec Toulon, quand j’ai remplacé Christian Dalger, à Bon Rencontre, c’est là qu’on m’a découvert, si je peux dire.

Le club où vous avez failli signer ?
L’AS Roma.

Le club où vous auriez rêvé de jouer ?
Liverpool.

Un stade et un club mythique ?
Le Parc des Princes, j’aimais bien disputer les finales là-bas.

Un public ?
Olympiakos Le Pirée.

Plus beau but ?
En coupe de France avec Monaco face à Gaëtan Huard : un piqué ! (l’OM s’était imposé 4-3 en 1989, l’AS Monaco avait pris sa revanche en 1991, 1 à 0).

Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling ?
Bruno Bellone.

Le joueur adverse le plus impressionnant ?
Safet Susic au PSG.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Paganelli !

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Je les vois tous ! Je suis encore en contact avec tous !

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
J’étais bien avec les coachs, je n’ai pas eu de problèmes avec eux, j’ai toujours accepté les décisions.

Un président marquant ?
Le président Campora à Monaco.

Vous êtes un directeur sportif plutôt…
Je suis un directeur sportif qui aime ses joueurs.

Une causerie de coach marquante ?
Les causeries de Rolland Courbis.

Une anecdote de vestiaire ?
Avec Tony Cascarino, à l’OM, dans le vestiaire, il ouvre son sac, il chaussait du 46, et là, il avait deux pieds droits, il s’était trompé, il me dit « il me faut une paire », on va voir Mireille, qui occupait le poste de magasinier : elle me répond qu’elle n’a que des petites tailles, 41 ou 42, et Tony répond « C’est pas grave », il a joué avec et il a marqué deux buts … de la tête ! Un phénomène.

Combien de véritables amis dans le foot ?
Deux ou trois.

Une devise ?
Non, moi je pense juste qu’il faut vivre la vie, pétiller, rigoler, ne pas faire la gueule.

Un match inoubliable de votre carrière ?
Je dirais mon dernier match, au Vélodrome, avec l’OM, qui nous permet de monter en D1, contre Sochaux.

Une idole de jeunesse ?
Maradona.

Votre plus grande fierté ?
D’avoir mes enfants et mes petits enfants près de moi.

Que vous a-t-il manqué pour être un top joueur ?
Etre né un peu plus tôt. J’ai été découvert un peu tard, mais je n’ai aucun regret.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Des hauts et des bas. Mais footballeur, c’est le plus beau métier du monde.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Sporting club de Toulon et 13HF