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Prêté au Puy en National par Auxerre (L1), l’attaquant de 23 ans passé par l’OM a franchi un cap cette saison malgré la redescente de son club. Auteur de 12 buts toutes compétitions confondues, le Varois est suivi par la sélection Tunisienne.

Entretien réalisé juste avant son nouveau doublé inscrit vendredi 12 mai face à Concarneau (succès 2 à 1)

Dans moins d’un mois, Mohamed Ben Fredj quittera Le Puy (National) pour retourner à Auxerre (L1), qui l’avait prêté. Avec le regret de voir son club redescendre en National 2 même si, lui, a pu montrer ses qualités de buteurs (8 réalisations en championnat, 4 en Coupe de France). C’est lui qui marqué le but de la qualification lors de l’exploit contre Nice (1-0) début janvier en 32e de finale de la Coupe de France.

Cette saison en Auvergne va certainement compter pour la suite de la carrière du natif de Toulon (Var), qui va revenir dans l’Yonne avec davantage de bagages. Le nom de l’attaquant de 23 ans, buteur dans l’âme et généreux sur le terrain, est aussi revenu dans les radars de la Fédération de Football Tunisienne, qui l’avait déjà appelé en 2019. Mohamed Ben Fredj ne semble plus très loin d’une sélection s’il confirme sa progression dans les mois à venir. Pour 13HeuresFoot, il est longuement revenu sur son parcours pas toujours linéaire de son Var natal (La Seyne, Toulon, Sanary, La Valette) à Auxerre en passant par l’aventure inachevée à l’OM, son club de cœur.

« J’aimerais rendre fier mon père avec la sélection tunisienne »

Avec le maillot de l’AJ Auxerre. photo DR

Lors de la dernière trêve internationale fin mars durant laquelle la Tunisie s’est qualifiée pour la prochaine CAN en battant la Libye (3-0 et 1-0), son nom s’est invité dans les médias, les débats télévisés ou les Space animés sur Twitter.
Depuis longtemps, les Aigles de Carthage recherchent en effet un vrai buteur. Un profil qui a manqué à la Tunisie durant la dernière Coupe du monde au Qatar. Pour beaucoup de Tunisiens, l’avenir pourrait s’appeler Mohamed Ben Fredj, qui fêtera ses 23 ans demain (le 9 mai). « Moi je n’y prêtais pas trop attention, mais on m’a rapporté tout ça. On a parlé d’un attaquant qui joue au Puy, ça fait plaisir. Mais moi, ce qui m’importe, c’est le concret et des choses officielles. Pas ce que les gens peuvent dire à droite et à gauche. »

En 2019, il a déjà participé à un stage avec l’équipe de Tunisie. « Au départ, j’étais appelé avec les Espoirs. Mais il y avait beaucoup de joueurs locaux qui n’avaient pas pu se libérer pour les A, et au final, je n’ai pas joué. Mais c’était une super expérience de me retrouver avec de tels joueurs alors que je n’avais que 19 ans et que je jouais alors en N2 avec la réserve de l’OM. »

Dans sa famille, les liens sont forts avec la Tunisie. Son père vient de Bizerte, dans le nord du pays. « On y va chaque année. J’y suis très attaché. Je suis né et j’ai grandi en France mais jouer pour la Tunisie, ce serait top. C’est le choix du cœur. Si ça arrive, ce serait très spécial pour mon père. J’aimerais tant le rendre fier. Mais le chemin est encore long. »

« Signer à l’OM, c’était un rêve »

Avec le maillot de l’AJ Auxerre. photo DR

Tout a commencé pour lui, cité Berthe, l’un des grands quartiers de La Seyne-sur-Mer (Var). Il évolue à l’AJS La Seyne quand il est repéré dans un tournoi par Victorio Grasso, un éducateur de la région (aujourd’hui adjoint de Julien Faubert à Fréjus/St-Raphaël en N2). « J’avais 9 ans, il a convaincu mes parents de me faire signer au SC Toulon. Je l’ai ensuite suivi en U14 à Sanary puis en U17 à La Valette. »

Lors de la saison 2016-2017, il inscrit 35 buts avec la Valette en U17 nationaux. Il n’a alors que l’embarras du choix. Nice, Saint-Etienne, le SC Bastia, l’AC Ajaccio et l’OM lui proposent des essais. « Je suis un enfant de la région, je suis supporter de l’OM, ma famille, mes proches et mes amis sont supporters de l’OM. Le choix a donc été vite fait…»

Lors de son essai avec Marseille, Ben Fredj a rapidement convaincu. « Je me souviens que j’avais dû rater mon bac blanc de français pour faire le test. Je devais rester trois jours. En une mi-temps, j’ai mis trois buts. Pancho Abardonado a dit qu’il en avait assez vu… J’ai signé mon contrat d’aspirant. C’était comme dans un rêve. »

Lors de sa signature à l’OM. Photo DR

Sur le terrain, le franco-tunisien prolonge le rêve lors de ses premières semaines marseillaises. Avec les U19, il enfile les buts. « J’avais mis triplé contre Nîmes, doublé contre l’AC Ajaccio et un but contre Castelnau-le-Lez », se souvient-il.
Le 30 septembre 2017, David Le Frapper, alors entraineur de la réserve de l’OM le titularise pour la première fois en N2 lors d’un match à Sète (0-0). Il n’a que 17 ans. « La semaine d’après avec les U19, j’ai marqué un but de 50 m. J’allais m’entraîner avec l’équipe pro. Tout allait trop bien. Mais parfois dans la vie, c’est quand tout va trop bien, quand tu es en haut, que tu retombes brutalement encore plus bas. J’ai eu une blessure aux ligaments de la cheville qui a été mal gérée. J’ai été arrêté trois mois. »

Lors de cette première saison à l’OM, il dispute 7 matchs pour un but en National 2. « J’ai eu du mal à revenir. Avec la N2, je n’étais pas assez performant, je réfléchissais trop. Ensuite avec le bac, je n’ai pu avoir qu’une semaine de vacances. Mentalement, j’étais usé. Mon début de saison suivant a été très difficile. Même en U19 Nationaux, j’avais du mal à trouver le déclic. »

« Un choc quand l’OM ne m’a pas conservé »

Il traverse la première partie de saison sans réussir à trouver le chemin des filets en N2. Le 22 décembre 2018, l’OM affronte Endoume pour un derby marseillais. Rentré à la 79e minute, l’attaquant rate une grosse occasion d’égaliser. « Ma frappe manquait de tranchant. Ce qui s’est passé ensuite, je m’en souviendrai toute ma vie…»

Dans les vestiaires, l’entraineur David Le Frapper, ne le ménage pas. « Il m’a dit, « Imagines que tu rates cette occasion en L1 devant 60 000 personnes au Vélodrome ? Tu vas te faire lyncher… Tu n’y mets pas assez de conviction ». Ses mots étaient très durs. Mais ils m’ont marqué. J’ai compris qu’il voulait me faire passer un message, que c’était pour mon bien. Il m’a brusqué pour me faire réagir. Ce passage a été important dans mon parcours. Coach Le Frapper a toujours tout fait pour que je me sente bien. Après ce match, j’avais passé de très mauvaises vacances de Noël. Mais j’ai aussi beaucoup bossé, pris du recul et beaucoup discuté avec mes proches. Jean-Claude Grasso (le père de Victorio) m’a aussi rassuré. Et ça a payé. »

Sur la phase retour, il a inscrit 8 buts lors des dix derniers matchs. « J’étais l’attaquant numéro 1 de la réserve, j’allais m’entraîner avec Rudi Garcia en L1. Tout allait mieux. »

Il va pourtant déchanter lors sa 3e saison avec l’OM. C’est Maxence Flachez et Philippe Anziani qui ont repris l’équipe réserve de l’OM. « Il y a eu un changement d’organigramme, toutes les équipes du centre de formation ont changé de coach. Ce n’était plus la même philosophie. »

Avant l’arrêt de la saison en mars 2020 à cause du confinement, il a inscrit 6 buts en N2. Mais l’OM lui annonce qu’il ne sera pas conservé. Un véritable coup de poignard. « Ça a été un vrai choc. J’étais aux portes de la L1, près de la maison et de ma famille. Ça a été la première grosse épreuve de ma carrière. Après l’OM, c’est comme le PSG. Il faut vraiment être au-dessus pour sortir. En réserve, j’ai joué avec Perrin, Lihadji, Nkounkou ou Chabrolle qui sont aujourd’hui en L1 ou L2. Ils sont tous partis aussi. »

« A Auxerre, j’ai beaucoup appris »

A l’été 2020, la France tourne encore au ralenti. Mais ses agents se démènent pour lui trouver un projet afin de rebondir. Il signe finalement un contrat amateur pour la réserve avec Auxerre. Proche de sa famille, le dépaysement est total à 670 km de chez lui dans le Var. « Mais j’étais déjà content de trouver une structure pro, surtout comme Auxerre. Ça s’est bien passé. J’ai mis 2 buts en 9 matchs en National 2. »

Mais les championnats amateurs s’arrêtent rapidement, au mois d’octobre. La réserve d’Auxerre peut néanmoins disputer des matchs amicaux contre d’autres centres de formation, eu égard à leur statut pro. Mohamed Ben Fredj s’entraîne également avec la Ligue 2. « La première semaine d’avril, on doit jouer contre Le Havre le samedi. Axel Ngando se blesse. Je pars de l’entraînement mais un coéquipier m’appelle et me demande « Tu es où ? » Je lui réponds que j’étais rentré chez moi. Il me dit, « Tu es fou, on t’attends, tu es convoqué dans le groupe et tu dois venir au repas d’avant-match… » C’était énorme ! A partir de là, je n’ai plus quitté le groupe L2 tout en jouant aussi parfois avec la réserve. »

Le 20 avril 2021, il effectue ses grands débuts en Ligue 2 en rentrant à la 87e minute à Pau juste avant de parapher son premier contrat pro. La saison suivante, celle de montée, il effectue sept apparitions. « Il y avait Gaëtan Charbonnier à mon poste qui a fait une grosse saison. Mais j’ai beaucoup appris. En Coupe de France, j’ai mis un triplé contre Limonest puis un doublé contre Chambéry; ça a un peu changé la donne pour moi. »

Le 2 avril 2022, son but de la tête à la 90e minute à Furiani est capital. Il permet à Auxerre de rapporter un point précieux de Bastia. « C’était un but important pour la montée », sourit-il. Après avoir inscrit un triplé avec la réserve en N2 face à l’Entente Sannois/Saint-Gratien, il vit, depuis le banc, à la montée d’Auxerre en L1 lors des barrages face à Sochaux puis Saint-Etienne.

Avec Auxerre, il entame la préparation de la nouvelle saison avec le groupe de Jean-Marc Furlan. « Lors des deux premiers matchs amicaux, j’ai marqué contre Grenoble puis Amiens. Je me suis dit, « ça peut changer les plans du coach ». Mais ensuite, il ne m’a plus fait jouer. On a évoqué un prêt. J’ai compris que ce serait la meilleure solution pour moi. Je ne voulais pas vivre une saison galère en restant en L1 sans jouer. »

« Humainement, j’ai passé une très bonne saison au Puy »

C’est le Puy, promu en National, qui obtient son prêt. En Haute-Loire, Ben Fredj passe un cap et affiche des « stats » plutôt intéressantes : 8 buts et 3 passes décisives en National. En Coupe de France, il a inscrit 4 buts. Mais le plus important restera forcément celui de la qualification en 32e de finale contre Nice (1-0) dès la 3e minute après une belle action personnelle. « C’était un sacré exploit ! C’est après ce but qu’on a commencé à parler de plus en plus de moi en Tunisie. »

Pourtant, en ce début mai, il tire un bilan mitigé de son aventure au Puy Foot 43 Auvergne. Son club va en effet retrouver le National 2. « Individuellement et collectivement, cela aurait pu être beaucoup mieux. J’aurais espéré marquer plus de buts et qu’on se maintienne. Malgré tout, j’ai l’impression d’avoir beaucoup progressé grâce au coach Roland Vieira. J’ai engrangé aussi davantage de confiance, ça fait du bien de se sentir important dans un club. Humainement, j’ai passé une très bonne année ici. »

Sous contrat jusqu’en 2024, il va retourner à Auxerre, du moins dans un premier temps. « Le président et le directeur sportif d’Auxerre ont continué à me suivre au Puy. On a échangé. Ils m’ont envoyé des messages pour me féliciter après mes buts. Il me reste un an de contrat à l’AJA. On va prendre le temps de bien faire le point et on verra bien ce qui se passera pour moi pour la suite. »

Quand il se retourne sur son parcours, Mohamed Ben Fredj se dit « fier ». « Ça n’a pas toujours été facile pour moi mais je me suis toujours battu. A Marseille, j’étais dans mon cocon. J’avais ma famille avec moi. On se voyait tout le temps. Mais être passé d’une grande ville comme Marseille à Auxerre où j’ai dû me gérer tout seul, ça m’a fait grandir en tant qu’homme. Je suis arrivé sur le tard dans le monde pro en U19 à l’OM et finalement, ce n’était pas plus mal. Cela m’a permis d’avoir une enfance puis une adolescence normales et correctes. J’ai pu aussi continuer mes études. J’en vu tellement de joueurs plus talentueux que moi exploser en plein vol car ils étaient partis trop tôt en centre de formation…»

Mohamed Ben Fredj, du tac au tac

Meilleur souvenir de joueur ?
La montée en L1 avec Auxerre après les tirs aux buts à Saint-Etienne. Un truc de fou.

Pire souvenir de joueur ?
Quand l’OM ne m’a pas gardé en 2020.

Une manie, une superstition ?
Je rentre sur le terrain et je prie.

Le geste technique préféré ?
Moi, je suis surtout dans l’efficacité et la simplicité. Déjà, cadrer…

Qualités et défauts sur un terrain ?
La finition. Mais je reste perfectible dans l’impact physique.

Votre plus beau but ?
Je les trouve tous beaux, je n’ai pas de préférés. Après, forcément, le plus important est celui qui a eu le plus d’impact, c’est celui contre Nice en Coupe de France cette année.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Renato Sanches lors d’un 32e de finale de Coupe de France contre Lille avec Auxerre (18 décembre 2021). J’étais titulaire. On avait perdu 3-1. Sur ce match, il m’avait vraiment impressionné. Il était partout sur le terrain.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Même si c’était juste à l’entraînement avec l’OM, je dirais Dimitri Payet, pour sa technique.

L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Victorio Grasso, qui est dans le staff de Fréjus-Saint-Raphaël (N2) aujourd’hui. Lui et son père Jean-Claude ont beaucoup compté pour moi. Victorio, c’est un peu comme mon grand frère. Sans lui, je ne serais peut-être pas devenu pro. Il m’a repéré à 9 ans à l’AJS La Seyne, puis il a convaincu mes parents de signer au SC Toulon. Je l’ai ensuite suivi à Sanary et à La Valette. A l’OM, il y a eu aussi Noël Sciortino et David Le Frapper. A Auxerre, David Carré, l’entraîneur de la réserve, a cru en moi. Bien sûr, il y a aussi Jean-Marc Furlan. Enfin, cette saison au Puy, Roland Vieira m’a fait confiance et il m’a fait progresser.

Une causerie marquante d’un coach ?
Pas une en particulier mais toutes celles de Jean-Marc Furlan. Il savait vraiment nous transcender. Il est capable de rentrer dans notre tête. Tous ces discours, pendant et après le match, avaient un vrai contenu. Ils étaient toujours pensés. Furlan est très fort dans le management. Il arrive à tenir en éveil tout son groupe, même ceux qui jouaient moins, ce qui était mon cas.

Le club où vous vous êtes senti le mieux ?
Auxerre. Quand je suis arrivé de l’OM, je n’étais pas très bien mais quand j’ai vu les installations du centre de formation d’Auxerre, j’ai vraiment pris une claque dans le bon sens. La différence avec l’OM était énorme… A Auxerre, on avait tout. On s’aperçoit que ce n’est pas pour rien que ce club a sorti autant de grands joueurs de sa formation. On a vraiment des outils très performants à notre disposition.

Le club qui vous fait rêver ?
Le Barça.

Vos joueurs ou joueurs préférés ? Un modèle ?
Leo Messi. Quand j’étais plus jeune, je regardais des vidéos de Robin Van Persie. Il y avait aussi Benzema et Suarez.

Un stade mythique ?
Le Vélodrome à Marseille. En tant que spectateur, j’aimerais bien aller voir un match à la Bombonera, le stade de Boca Juniors en Argentine. C’est la folie cette ambiance…

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Bafétimbi Gomis. On vient tous les deux de la même ville, La Seyne-sur-Mer, et on a les mêmes agents. Il m’envoie souvent des messages et me donne beaucoup de conseils. C’est quelqu’un de simple et de disponible.

Vos occupations en dehors du foot ?
Un peu de jeux vidéo et voir ma famille. Je suis plutôt casanier, j’aime bien rester tranquille à la maison. Auxerre et Le Puy sont des petites villes, tranquilles. Forcément, Marseille, c’était différent. Mais même là-bas, je ne sortais pas beaucoup. Je suis vraiment de nature casanière

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
J’ai un bac S. A la base, je voulais être kiné. De toutes les façons, j’aurais cherché un métier en relation avec le sport comme prof d’EPS ou préparateur physique.

Textes : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent et @13heuresfoot

Photos : Le Puy Foot 43 – Sébastien Ricou et DR

Sur le banc depuis 10 ans, l’entraîneur formé à l’OL officialise son départ. Une décision prise d’un commun accord avec ses dirigeants. La fin d’une longue et belle histoire d’amour avec le club auvergnat, qui a grandi et s’est développé avec lui, mais qui va retrouver le National 2 la saison prochaine.

Non, Roland Vieira n’est pas le 12e entraîneur à se faire limoger cette saison en championnat National (le chiffre, impressionnant, ne tient pas compte des intérims) ! Le coach du « Puy Foot 43 Auvergne » sera bien sur le banc pour les trois dernières journées de championnat, contre Concarneau le 12 mai, à Nancy le 19 et aussi contre Borgo pour le baisser de rideau, le 26.

C’est important de préciser cela car cet exercice 2022-2023 fut d’une telle « violence » parfois pour les techniciens en poste – on l’a encore vu en début de semaine avec le limogeage de Stéphane Rossi à Cholet -, que d’aucuns auraient pu penser que la série noire n’était pas terminée.

Si le natif de Mâcon (43 ans), arrivé au Puy pour y terminer sa carrière d’avant-centre en 2012, finira bien la saison, en revanche, et là c’est nouveau, il ne commencera pas la suivante. C’est Vieira lui-même qui a annoncé la nouvelle, d’abord à son président, Christophe Gauthier, mercredi soir, puis à son staff hier matin.

Une page qui se tourne

Christophe Gauthier, le président du Puy Foot 43.

Roland Vieira et Le Puy, c’est donc (bientôt) terminé. Ce n’est pas une page qui se tourne, mais bien des centaines de pages noircies de moments forts, de moments plus difficiles aussi puisque c’est le lot de tous les clubs, de moments de vie surtout.

Parce qu’en onze ans passés dans la préfecture de Haute-Loire, dont dix comme entraîneur, l’ancien pensionnaire du centre de formation de l’Olympique Lyonnais a marqué le club de son empreinte, le conduisant tout d’abord de CFA2 en CFA (N2) puis en National en 2019, puis à nouveau en National en 2022, après deux saisons tronquées et vécues comme une terrible injustice en raison de la crise de la Covid-19 et une relégation sur tapis vert en 2020.

Titulaire du diplôme d’entraîneur professionnel (BEPF) depuis l’année dernière, il a aussi beaucoup oeuvré en coulisses pour le développement et la structuration de son club. Avec lui, Le Puy Foot a grandi, même si la belle aventure s’achève sur une descente en National 2, officielle depuis la 31e journée.

Cette décision, c’est bien Roland Vieira lui-même qui l’a prise. De la même manière qu’il l’avait déjà prise en octobre 2019, après une défaire horrible 3 à 0 à Quevilly Rouen en National : ce soir-là, il avait présenté sa démission à son président, lequel lui avait opposé une fin de non recevoir. C’est dire les liens forts qui unissent les deux hommes.

D’ailleurs, la suite allait donner raison à Christophe Gauthier puisque Le Puy Foot remonta la pente de manière impressionnante, ne voyant son élan stopper que par la FFF, à neuf journées de la fin, alors que le maintien s’était rapproché à un petit point seulement. Un coup dur pour Le Puy Foot.

L’élimination de Nice, plus bel exploit du club

Des coups durs, Vieira en a connu d’autres, comme cette saison 2021-2022 durant laquelle son équipe ne disputa que huit matchs de championnat (4 victoires et 4 nuls) alors qu’elle semblait partie pour batailler avec Béziers pour la montée. Une déception de plus, atténuée par l’élimination de Lorient (Ligue 1) au stade Massot, 1 à 0, en 16e de finale de la coupe.

Mais c’est cette saison, paradoxe suprême, et alors que son équipe était dans le dur en championnat, que Le Puy Foot a signé le plus bel exploit de son histoire en éliminant l’OGC Nice en 32e de finale de la coupe (1 à 0). Une joie là encore éphémère, atténuée quelques semaines plus tard par une élimination aux tirs au but en 16e de finale, contre Vierzon (N2).

De la régularité, de la constance, voilà ce qui a manqué cette saison aux Ponots pour éviter l’une des six dernières places, mais pas seulement, comme le confiera Roland Vieira dans l’entretien qu’il nous a accordés en exclusivité.

Petite ville rurale, enclavée dans son territoire de Haute-Loire et riche en monuments, Le Puy va perdre un autre de ses monuments : son coach. Un homme accessible qui s’est donné onze année durant pour son club, qu’il a contribué à faire grandir, et que tout le monde connaît et salue dans la rue. Un homme proche des gens qui a passé autant de temps au pays de la lentille qu’au pays de la quenelle, à l’Olympique Lyonnais, son autre club de coeur.

Après son dernier match face à Borgo, quand l’émotion sera au-dessus de tout, il rendra son impressionnant trousseau de clés à son président, pour le temps des au-revoir. Car on ne dit jamais adieu à sa famille.

Roland Vieira : « Frustré de partir sur un échec »

Roland, vous avez vu vos dirigeants mercredi soir : que leur avez-vous dit ?
J’ai rencontré mon président, Christophe Gauthier, en compagnie du directeur financier, Philippe Thiebault, afin de leur faire part de mon envie d’arrêter l’aventure avec Le Puy Foot 43, qui dure depuis 11 ans, pour prendre une autre direction. Je leur ai dit aussi que je voulais me servir de cette expérience et de tout ce que j’ai appris ici, pendant cette longue période, pour prendre un autre envol.

Quelle a été leur réaction ?
De leur côté, ils avaient aussi envie de tourner la page, de passer à autre chose. Je pense que tout le monde en avait besoin, eux comme moi. Eux, pour le projet du club, pour préparer la suite, gérer l’inter-saison et la descente. Et moi, parce que onze années au club, dont dix comme coach, c’est « très très » long. Et cette saison est éprouvante. Je pense sincèrement que c’est la bonne décision pour tout le monde.

Contractuellement, vous auriez eu une année supplémentaire en cas de maintien en National, c’est bien ça ?
Oui, mon contrat aurait automatiquement été renouvelé mais c’est l’occasion de dire que ma décision de stopper aurait été absolument identique si on s’était maintenu en National.

Pourquoi ce timing ?
Il y a des nouveaux projets à construire. Le but, c’est que tout le monde puisse le construire, chacun de son coté. Je pense que c’était le bon moment. Je ne suis pas capable de vivre avec des non dits ou des messes basses, donc je souhaitais informer tout le monde, le plus tôt possible, afin de permettre à chacun de gérer son projet. cela va bien au-delà d’une simple discussion entre le président et moi.

« On aurait déjà dû se quitter la saison passée… »

Avec Olivier Miannay, le manager général.

Cette décision n’est pas intervenue sur un coup de tête : vous l’aviez déjà prise depuis un certain temps. Quand ?
Non, bien sûr, ce n’est pas un coup de tête. Je l’avais même déjà envisagé la saison dernière, après notre montée en National. Mais en fait, à ce moment-là, je pense que j’ai été happé par l’euphorie de l’accession. L’envie de faire la saison de National a pris le dessus. Pourtant, j’ai eu le sentiment, déjà, que l’on aurait dû se quitter à ce moment-là. Je savais que le moment était venu pour moi de prendre une autre direction. De retrouver un autre projet, avec d’autres ambitions, mais voilà… Et la saison qui a suivi, cette saison, a été très compliquée pour moi.

On imagine qu’elle a été prise en famille aussi ?
Aujourd’hui, ma famille, c’est mon socle. Cette décision a été mûrie avec elle. On l’a prise ensemble. Toute ma famille, mon épouse Sophie la première, est au service de ma carrière, ça a été flagrant la saison passée quand je passais mes diplômes du BEPF et que j’ai souvent dû m’absenter, qu’il a fallu aussi « gérer » la naissance d’un quatrième enfant. Ma famille aussi a envie de bouger.

Au Puy, vous étiez plus qu’un coach : vous étiez très impliqué, au point d’être un ambassadeur du club, qui était votre deuxième maison…
C’est vrai qu’avec les dirigeants, on a participé à sa construction. J’étais impliqué dans toutes les discussions, dans tous les projets, et avant l’arrivée d’Olivier (Miannay) en 2018, j’ai aussi un peu occupé ce rôle de manager général, qu’il occupe aujourd’hui. Je gérais l’organigramme des éducateurs, je m’occupais de l’équipe une, des plannings, etc. On a mis de l’exigence aussi. On est passé à des entraînements en journée au lieu du soir, on a privatisé le terrain d’honneur du complexe Massot pour l’équipe fanion, on a refait le stade, la tribune, les locaux administratifs, les vestiaires, et tout cela a été un réel plaisir, parce que ça me ressemble. Je me suis impliqué à fond dans ce projet, où les valeurs humaines étaient au centre, même si j’ai pris beaucoup de temps sur ma vie familiale.

« Rodez et Bourg, les modèles à suivre »

De quel autre club avez-vous suivi le modèle ou auriez-vous voulu ressembler ?
J’ai toujours suivi l’évolution de Rodez et de Bourg-en-Bresse, des clubs qui, à un moment donné, sont allés chercher la Ligue 2, et je pense qu’on était un club à construire de la même manière qu’eux. Mais là, le club est arrivé à un moment charnière, où son avenir doit reposer sur une rencontre avec un mécène, ou sur une collectivité, une région, je ne sais pas, mais quelque chose qui aide à avoir un club de haut niveau, or à un moment, on n’a pas pu évoluer, alors que Bourg et Rodez, par exemple, ont construit des actifs. J’ai lu l’interview de Gregory Ursule, le manager général de Rodez, dans vos colonnes : Le Puy a les mêmes valeurs que son club, dont le projet est construit autour de valeurs humaines. Aujourd’hui, c’est aussi ça la clé de la réussite : on a besoin de se faire confiance, on a besoin de se parler, de travailler tous ensemble main dans la main. On a aussi besoin de passer par des moments difficiles car c’est ça qui vous fait avancer. Au Puy, on a construit des montées après des saisons compliquées. On a su où aller, avec qui y aller et comment y aller.

Il devait y avoir de l’émotion avec les dirigeants, non ?
Forcément, oui, après, là, elle est un peu entachée par la descente, ce qui fait que la situation était particulière. Mais les jours et les semaines à venir vont être chargées en émotion, c’est sûr. Après, je ne fais pas de faux discours, ni à mes dirigeants, ni à mes joueurs. C’est pour ça que j’aime travailler longtemps avec les joueurs, parce que je pense que de cette facon-là, on peut franchir des paliers, en bossant 2 ou 3 ans ensemble, mais à un moment ou à un autre, notre métier fait que l’on se sépare. Je ne peux pas ne pas appliquer à moi-même ce que j’ai dit à mes joueurs pendant ces dix ans. Les arrêts sont toujours un déchirement ou peuvent être sources de conflit, parce que parfois, ce ne sont pas des décisions partagées, mais voilà, toutes les fins sont particulières. Pour moi, pour le club, celle-là est peut-être un mal pour un bien pour tout le monde.

« La dernière marche a été plus compliquée »

Dix ans sur le même banc, dans le football moderne, et à ce niveau, c’est très rare : n’aviez-vous pas l’impression d’être un cas à part ?
C’est ce qu’on s’est dit avec les dirigeants : on a passé 11 ans ensemble, dont 10 avec moi à la tête de l’équipe fanion, et on a connu 9 ans de réussite, il ne faut pas l’oublier, même si cette 10e saison se termine sur un échec, avec cette descente en N2. Ce qui a fait le force du club, c’est cette longévité justement. On a vraiment connu de belles réussites pendant ces 9 saisons, avec une montée en CFA, deux montées en National sur deux exercices complets en 2019 et en 2022, car il ne faut pas oublier non plus que les deux saisons 2019/20 et 2020/21 ne sont pas allées à leurs termes. Moi, je considère que les deux saisons où on est monté, c’est comme si elles s’étaient suivies. Et monter deux fois en National d’affilée comme on l’a fait, c’est rare. Et vous savez comme c’est difficile à réaliser.

Partir sur un échec, n’est-ce pas un peu « dévalorisant » ?
C’est surtout une grande frustration. Bien sûr que j’aurais préféré arrêter et partir sur un maintien, laisser le club en National, et je le répète, je serais parti quand même. J’ai dépensé beaucoup d’énergie cette saison. J’ai énormément donné de ma personne. J’aurais aimé que l’on se quitte sur une nouvelle note positive, malheureusement, la saison se termine avec un goût amer, mais on doit faire un constat individuel et un constat « club » : ce qu’on a fait pendant 10 ans, il ne faut pas le mettre de côté, on a construit le club, on l’a fait évoluer, jusqu’en National, deux fois, mais cette marche-là, la dernière, a été plus compliquée pour tout le monde.

« Cette saison, le mental a été défaillant »

Florent Balmont, l’ami, l’adjoint.

La marche était-elle trop haute cette saison pour Le Puy Foot ?
Je pense qu’aujourd’hui, pour tous les clubs qui nous ressemblent, la marche devient vraiment très compliquée, car ce championnat National tend de plus en plus vers une Ligue 3 professionnelle, avec des stades et des adversaires qui pour certains ont connu la Ligue 2 voire la Ligue 1, et d’ailleurs, on voit de moins en moins de clubs « estampillés National » comme on l’avait connu il y a 3 ans lors de notre première saison. Trouver notre place dans ce championnat a été compliqué, même si on a pris beaucoup de plaisir à aller jouer dans des stades magnifiques.

Le Puy Foot avait connu deux grosses désillusions en 2020 et en 2021 en raison de la Covid-19, et avait été freiné dans sa progression : pourtant, vous étiez parvenu à relancer la machine, à vous remettre dedans..
Oui, chaque année, on a avait réussi à maintenir cette dynamique collective, même lors de la saison blanche en National 2, en 2020/2021 (8 matchs de championnat disputés seulement), où l’on a réussi à éliminer un club de Ligue 1 en coupe de France (Lorient), chose que l’on n’avait jamais réussi à faire avant. On a maintenu cette flamme, on a réussi à monter deux fois de suite de N2 en National, honnêtement, tout ça, ça sera difficile de faire mieux. C’est pour ça que c’est le moment de se quitter. Il faut savoir tourner la page. On a fait des choses extraordinaires tous ensemble. On finit sur une descente, ok, mais mais on a battu une nouvelle équipe de Ligue 1 en janvier en coupe de France (Nice). Seulement voilà, on a aussi eu des difficultés tout au long de la saison, ça a été compliqué de les surmonter.

Le stade Massot.

Qu’a t-il manqué au Puy Foot, que l’on a longtemps cru en mesure de jouer le maintien jusqu’à la dernière journée ?
C’est vrai que la construction de notre saison était intéressante et l’histoire que l’on racontait, celle d’une équipe qui devait être présente lors des cinq dernières journées de championnat pour le sprint final, l’était aussi. Et nos prestations étaient intéressantes je pense, notre projet de jeu aussi, on l’a bien vu, puisque l’on a titillé toutes les équipes du haut de tableau, même Dunkerque vendredi dernier. Mais je pense que le mental a été défaillant. Les émotions et les exigences dans ce domaine ont eu raison de nous. Et puis, il y a ce match de Martigues à Massot il y a un mois : on mène 2-1 face au leader, et on encaisse un but dans le temps additionnel. Cela nous a fait très mal dans la tête, et derrière, toutes les problématiques d’une équipe qui jouent le maintien ont rejailli. Et à ce moment là, les ressorts, les leviers, ont été compliqués pour nous. On n’a pas su redonner de la force mentalement aux joueurs.

« Après Martigues, on a perdu notre détermination »

C’est vrai que ce 2-2 face à Martigues et surtout ce scénario a été ressenti comme un énorme coup d’arrêt, comme une défaite même…
En fait, je ne l’ai pas ressenti tout de suite ni dans les jours suivants, mais sur le match d’après, contre Le Mans. Là, on avait perdu notre force collective et notre détermination, on n’y était plus, alors que l’on faisait souvent des fins de match de folie, que l’on avait du dynamisme. Il y a eu comme une forme de résignation. Malgré tout, on a retrouvé notre équipe lors de la dernière journée, à Dunkerque, et même dans la défaite (1-0), on a montré une belle image et on a eu une belle vie de groupe. En fait, on a eu ce trou d’air (Martigues, Le Mans, Bourg) qui nous a fait mal, en ne prenant qu’un point sur neuf.

En National 2, vous étiez resté invaincus toute la saison passée à domicile, et c’est là que vous avez péché cette saison : comment expliquer cela, indépendamment du fait que le niveau des adversaires n’est pas le même ?
Ce sont les débuts de saison qui s’écrivent d’une façon ou d’une autre : quand on gagne, cela devient vite une force et à l’inverse quand on est fébrile, cela donne une force à l’adversaire, c’est un engrenage. Après, on doit faire aussi le constat de notre pelouse, cela nous a porté préjudice mais attention, ce n’est pas une excuse. Je vois qu’à Dunkerque, par exemple, ou sur des beaux terrains, on a fait des prestations que l’on n’aurait eu plus de mal à reproduire à domicile. Encore une fois, je le répète, si on veut se maintenir, il faut avoir la force mentale de passer au dessus de tout ça, et ne pas prendre ça comme une faiblesse, comme on avait su le faire la saison passée en National 2.

« Avec Flo (Balmont), on veut recréer notre binôme »

Que retenir de positif de cette saison ?
Que l’on apprend dans la difficulté. Personnellement, j’ai énormément appris. J’ai aussi pris du plaisir dans ce championnat, j’ai vu notre capacité technique et tactique à exister. Notre position, dans les six derniers, était dure à vivre toute la saison, mais j’ai appris beaucoup de choses dans la gestion des relations humaines, avec les joueurs, le staff. On a bien travaillé je pense, y’a quand même des points positifs. Et avec Flo (Florent Balmont, son adjoint), on a su créer un binome. D’ailleurs, nous souhaitons repartir ensemble, tous les deux, et reforme ce binôme, ailleurs.

Votre carrière de coach a commencé par un très long bail alors que, joueur, vous avez sans cesse changé de club…
C’est vrai que 11 ans au Puy, c’est tout l’inverse de ma carrière, mais j’aurais rêvé de jouer dans un seul club, parce que je suis fidèle et investi. Mais voilà, j’étais avant-centre… Donc certaines saisons, quand ça marchait bien, j’étais demandé. Inversement, quand ça ne marchait pas, on me mettait dehors ! C’est ce qui explique ma carrière de joueur en dents de scie, avec beaucoup de mouvements. J’ai été pro, puis j’ai fait le choix de repartir en amateur pour préparer ma reconversion et passer mes diplômes. La réalité, c’est que je suis un homme de projet et de valeur. J’aime la stabilité et travailler dans la durée. J’aurais aimé, joueur, le faire. Ma fidélité reste la même, que ce soit avec l’Olympique Lyonnais, où j’ai une véritable histoire de coeur avec ce club, tout comme avec Le Puy; dans tous les clubs où je suis passé, même si parfois cela n’a pas duré longtemps, j’ai aussi une histoire. Je suis resté en contact avec beaucoup de dirigeants que j’ai rencontrés.

« On n’est absolument pas en roue libre »

Quelles images, quels souvenirs garderez-vous en premier ?
Il y en a beaucoup ! Les montées, forcément, car ce sont des émotions folles ! La capacité à monter une fois et à remonter une seconde fois en National. On a fait de belles choses ! Nos parcours en coupe de France, avec deux clubs de L1 éliminés. On a fait connaître Le Puy ! Je me souviens quand je suis parti de Lyon pour aller au Puy, les Lyonnais me disaient « mais tu vas où ? » Aujourd’hui, il n’y a pas un Lyonnais qui ne connaît pas le club, et même jusqu’à Paris, on a réussi à place le club, la ville et le territoire sur la carte de France, même si parfois on nous confond avec Le Puy du Fou ! Mais je suis très fier d’avoir participé à la construction et à l’évolution du club, à sa participation en National, dans un championnat qui pour moi est professionnel, et je lui souhaite de retrouver ce niveau le plus vite possible.

On parle comme si la saison était finie, or il reste trois matchs, dont deux, face à Concarneau et Nancy, où votre rôle d’arbitre pour la montée et la descente sera scruté… Pourtant, tout le monde voit Concarneau s’imposer chez vous…
Tout le monde pensait que Dunkerque aurait un match facile contre nous la semaine dernière et tout le monde a vu que cela n’a pas été le cas du tout. On n’est absolument pas en roue libre. On sait très bien qu’il peut se passer des choses pendant l’intersaison, donc on veut aller chercher la meilleure place possible. Imaginez qu’il y ait des repêchages… En tout cas, même si Le Puy Foot était repêché, je ne serai pas son entraîneur l’an prochain. Donc notre volonté est de se bagarrer jusqu’au bout.

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Texte : Anthony BOYER / Mails : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Photos : Le Puy Foot 43 / Sébastien Ricou

 

Le manager général du RAF (Ligue 2) passe en revue les grandes lignes d’une saison 2022-23 marquée par les travaux du stade, le changement de coach et la course au maintien, bien engagée. Il évoque aussi l’avenir de son club, très ancré dans son territoire, et l’esprit qui y règne.

Grégory Ursule, manager général du RAF.

L’on ne sait pas si c’est l’effet de la « pub » (« Un Mars et ça repart ! ») ou l’arrivée des beaux jours, mais si la Ligue 2 avait ouvert le 1er mars 2023, et bien c’est l’équipe de Rodez qui serait, aujourd’hui, en tête du championnat !

C’est très sérieux : depuis la 26e journée, le RAF est sur un rythme de champion, devant Metz, Bordeaux et Le Havre (19 points engrangés en 8 matchs, contre respectivement 18, 17 et 16).

Voilà qui donne une idée du niveau actuel des Ruthénois, eux qui n’en menaient pourtant pas large après deux mois de janvier et février où la maigre récolte (4 points en 8 matchs) a fait dégringoler le club du président Pierre-Olivier Murat jusqu’à la dernière place, occupée de la journée 23 à la journée 25. Paradoxalement, durant cette période, le RAF a trouvé le moyen de se hisser en 1/4 de finale de la coupe de France, après des qualifications notamment à Saint-Etienne (L2), à Monaco (L1) et à Auxerre (L1). C’est donc bien qu’il y avait de la qualité.

Depuis cette journée 25, quelle remontada ! En huit journées de championnat, le RAF a, accrochez-vous, repris 16 points sur Laval, 15 sur Niort, 14 sur Annecy, 13 sur Valenciennes et aussi 10 sur Nîmes, bref, sur tous ses concurrents directs ! C’est énorme ! Au point qu’à cinq matchs de la fin de saison, les joueurs de Didier Santini, appelé sur le banc le 8 novembre dernier en remplacement de Laurent Peyrelade, juste avant un déplacement à Saint-Etienne (J15) – qui s’est d’ailleurs soldé par un succès 2 à 0 -, sont (presque) assurés de se maintenir.

Vers une 5e saison de suite en L2

Contre Saint-Etienne (2-2), le 30 avril dernier.

Avec 41 points et 7 longueurs d’avance sur le premier relégable, Laval, ainsi qu’un goal-average intéressant (-4), on voit mal en effet comment les Aveyronnais pourraient laisser échapper leur billet pour une 5e saison de suite en Ligue 2, record du club !

Record car dans son histoire, Rodez a certes évolué pendant 4 ans en Division 2 dans les années 80 et 90, mais dans une période entrecoupée d’une descente en D3 (saison 1988-89 puis de 1990 à 1993).

Ces années « vintage », Grégory Ursule les a connues. Il avait 14 ans lorsque, durant la saison 1990-91, le Stade Ruthénois (le club est devenu le RAF en 1993) a affronté l’Olympique de Marseille en demi-finale de la coupe de France, au Vélodrome (élimination 4-1) après des qualifications contre Metz (D1) et Sochaux (D1). Il était d’ailleurs dans les tribunes !

Il avait 14 ans, donc, et était sur le point de signer sa licence au club de la « grande ville » voisine, après des débuts à Onet-le-Château, la commune limitrophe. C’est dire si celui que l’on appelle « Greg » a les couleurs « sang et or » dans les veines.

« J’ai effectué mes débuts à l’Eveil Sportif des quatre saisons, du nom du quartier d’Onet, où j’ai grandi. Je suis parti à 15 ans à Rodez, où j’ai un peu tout vécu, tout connu. Ce club a marqué mon adolescence : j’ai vu la Division 2, j’étais au match en demi-finale de coupe de France en 1991 contre l’OM, puis j’ai vécu la descente aux enfer alors que j’étais encore licencié, le centre de formation a été déclassé. J’ai grandi dans ce club en crise, mais cela ne m’a pas empêché de prendre du plaisir, et cela m’a permis de « sortir » aussi, comme d’autres, Sylvain N’Diaye notamment. »

Avec Rodez, en 15 ans Nationaux, ses coéquipiers s’appellent Sylvain N’diaye et Olivier Monterrubio. Le début d’un joli parcours qui le conduira ensuite aux centre de formation des Girondins de Bordeaux à l’âge de 18 ans, puis au Stade Rennais (une saison), à l’AC Ajaccio (Ligue 2), Gueugnon (Ligue 2) avant de boucler la boucle, comme il dit, en 2005, à Rodez, en CFA (National 2).

Football et études en parallèle

Il n’a que 28 ans à son retour chez lui, en Aveyron (il est né à Rodez), mais ses blessures à répétition l’ont freiné et, surtout, il sait que son cursus universitaire peut l’aider dans sa reconversion, lui qui a toujours poursuivi des études en parallèle. « Poursuivre les études parallèlement avec le foot, c’était une volonté de mes parents, de ne jamais lâcher les deux. Il y a toujours eu ce double projet, foot et études, c’est pour ça que j’avais choisi Bordeaux au départ, parce que le club était organisé pour mener les deux projets à la fois. J’ai d’abord fait un cursus STAPS à Bordeaux puis à Rennes. Ensuite, j’ai fait un Master – ça s’appelait « maîtrise » à l’époque – et quand je suis rentré à Rodez, à 2005, j’ai fait un Master 2 à l’IAE de Toulouse (l’IAE est devenu le « Toulouse school of management ») en « Ingénierie et management des organisations sportives ». Enfin, j’ai passé un DU (diplôme universitaire) de manager général à l’université de Limoges. »

Le stade Paul-Lignon fait peau neuve.

Limoges, où, il fait connaissance d’un certain Zinedine Zidane, étudiant comme lui ! On ne va pas refaire l’histoire ! Tout le monde la connaît déjà ! Véronique, l’épouse de Zizou, est originaire … d’Onet-le-Château, comme Gregory ! Puis le ballon d’Or 1998 devient actionnaire du RAF en 2012, quand le club était en CFA, et le fils, Enzo, portera plus tard le maillot du club en Ligue 2, saison 2021-2022.

Dans un emploi du temps hyper-chargé – « Le football est très chronophage » -, où il essaie de garder des moments en famille, « Mais ce n’est jamais assez, dit-il, heureusement, ils sont compréhensifs », Grégory (46 ans aujourd’hui) a tout de même trouvé le temps de nous consacrer un entretien. Presque un double exploit quand on sait que l’intéressé, discret mais aussi réfléchi, posé et un brin réservé, n’aime pas se mettre en avant : « Donner des interviews, ce n’est pas mon rôle, explique-t-il; le président est là pour ça, le coach est là pour parler de la partie technique. » Et ce matin, à l’heure du café plutôt qu’à l’heure du « 13 heures », Grégory est là pour parler de la partie « structuration » du RAF !

Interview : « A Rodez, on n’est jamais tranquille ! »

Avec 7 points d’avance sur le premier relégable le club est enfin plus tranquille aujourd’hui ?
On n’est jamais tranquille à Rodez, et c’est ce qui fait la beauté de ce projet. On a vécu des années tellement compliquées vers 2010, suite à notre descente en CFA (National 2). On a remonté un projet. Les gens se sont investis à fond. On a gardé notre identité. On est très attentifs aux gens qui sont venus partager cette aventure avec nous. On sait que cela deviendra de plus en plus compliqué, mais ce qu’il faudra, c’est laisser un héritage, quoi qu’il arrive, pour que ce passage en Ligue 2 puisse bénéficier au club dans les années futures.

En évoluant en Ligue 2, Rodez a-t-il atteint son plafond de verre ?
On est conscient de notre position de club. C’est pour ça que l’on arrive à s’en sortir justement. Car à Rodez, on a l’humilité de savoir qui on est, et c’est ce qui nous fait progresser. Maintenant, si on se maintient cette saison, et pour cela je pense qu’il nous faut encore 3 points, on sera dans un championnat de L2 encore plus difficile l’an prochain (avec les quatre descentes de Ligue 1 notamment). Ce sera comme une Ligue 1 bis. Sans être trop péjoratif, pour l’instant, je nous considère comme un club de National qui évolue en Ligue 2, et on joue contre des clubs de Ligue 1 : c’est pour cela qu’il faut relativiser certaines choses et rappeler aux gens de notre territoire, rappeler à nos supporters, à nos joueurs aussi, quelle est notre place. Il faut continuer à bosser.

Quid des travaux du stade Paul-Lignon ?
Il y aura quatre tribunes fin 2024 ! On est en train de faire un véritable petit stade à l’anglaise, qui ressemblera beaucoup à ce que sont les Aveyronnais, avec de la proximité, de l’humilité et un confort supérieur à notre ancien stade des années 80 ! La première phase, avec les trois tribunes, s’achève en juin 2024 et pour la quatrième tribune, celle derrière les buts, la terminaison est prévue fin 2024 : ça arrive vite ! On est actuellement à une jauge de 3263 places, en capacité : contre Saint-Etienne, samedi dernier, on était à guichets fermés ! C’est juste dommage que l’on n’ait pas pu placer les caméras dans l’autre sens, face à la tribune, mais ça, c’est à cause du chantier, et ce n’était pas possible. C’est quand même une fierté de pouvoir amener des équipes comme celles-ci, comme Saint-Etienne dans notre région, et des publics comme le leur aussi : on a pu voir la ferveur des supporters des Verts, tout le peuple vert et sa dimension.

Avec 7 points d’avance, le maintien en L2 est quasiment acquis, non ?
On s’est fixé une barre de 43 points à aller chercher, on en a 41. On a donc encore quelques points, sans doute 3, à prendre. Maintenant, c’est certain qu’on est mieux là qu’il y a quelques journées, mais on reste « très très » vigilant sur notre situation. Surtout que l’on doit encore se déplacer chez les deux premiers, au Havre (samedi) et aussi à Bordeaux.

Qu’est ce qui fait que Rodez a su remonter la pente en mars et en avril et inverser la tendance ?
Deux choses : tout d’abord, on a pris conscience de la difficulté dans laquelle on était. Ensuite, on a, malheureusement, une certaine expérience de jouer dans ce type de situation, de jouer le maintien, de lutter : ça nous a un peu aidé. Et Didier (Santini) le coach, malgré son inexpérience de la Ligue 2, a amené toute sa fraîcheur. Les joueurs ont adhéré et ont été récompensés finalement, même si la saison n’est pas terminée. Depuis qu’on est en Ligue 2, on fait de tout, on fait des départs canons et des arrivées faméliques, on fait des départs compliqués et des finaux « de fou » comme l’an passé … Cette saison, on aurait aimé vivre une saison plus tranquille, pour notre stratégie de club, mais cela n’a pas été possible.

Le coach Didier Santini.

A propos de Didier Santini, le choix de l’enrôler pour remplacer Laurent Peyrelade a pu surprendre, mais finalement, c’est une réussite…
Le pari sera réussi en cas de maintien. Ce choix a étonné le monde du football, peut-être, mais on cherchait un entraîneur avec de la fraîcheur et de l’envie, et Didier en avait, malgré son inexpérience du niveau Ligue 2. On sortait d’une très belle aventure avec Laurent (Peyrelade) qui reste un très grand technicien et un très grand entraîneur, et à qui on doit beaucoup, mais il arrivait à la fin d’un cycle et n’avait pas forcément l’énergie nécessaire pour cette saison. On s’est d’ailleurs longuement posé la question à la mi-saison… En fait, s’il n’y avait pas eu cette trêve internationale en novembre, on n’aurait pas fait ce changement, mais ce calendrier nous a permis de changer quelque chose. Peut-être qu’on aurait réussi avec Laurent, mais il fallait prendre une décision, et on l’a prise juste avant la trêve, d’ailleurs. J’espère qu’on réussira avec Didier.

Se séparer de Laurent Peyrelade a dû être un crève-coeur…
Oui, quand tu as vécu 7 ans avec quelqu’un, et passé autant de bons moments, humainement, on s’attache. Je lui souhaite de retrouver un beau projet, il a en tout cas toutes les qualités pour entraîneur au haut niveau, il le mérite. Mais au bout d’un moment, une certaine lassitude s’est installée au niveau du groupe, le discours passait plus ou moins bien, et quand tu es dans la difficulté, tu n’as pas forcément l’énergie nécessaire pour le faire passer. On a choisi de changer et cela a été extrêmement douloureux comme décision, contrairement à l’impression que cela a donné de l’extérieur, et après ça, il a fallu vite se remobiliser, et on y est parvenu.

Comment décrirais-tu le RAF de l’extérieur ?
C’est un club atypique, avec des valeurs humaines au centre du projet. Tous les gens qui sont passés par notre club, qui l’ont côtoyé, ont senti cette humanité chez nous, à l’image de notre territoire. A Rodez, on est des laborieux, on a une grande passion pour le travail, et c’est grâce à ce travail que, du coup, on est récompensés.

Et sur un plan personnel, qu’est-ce qui te plaît au RAF ?
A Rodez, on n’a jamais trop su où se situer, on est enclavé, on se bat toujours pour savoir si on est au nord de l’Occitanie ou au sud du massif central. Ces deux dernières saisons ont permis de situer Rodez et l’Aveyron sur la carte de France ! On est un club territorial et on a une grande fierté à défendre ce territoire, c’est notre force au quotidien.

L’avenir du club, c’est de l’installer en Ligue 2 ou, pourquoi, de rêver un jour à la Ligue 1 ?
La Ligue 1, c’est mon président qui en rêve tous les jours, et j’ai beau être un doux rêveur, je suis aussi un cartésien. S’il y a la Ligue 1 un jour, cela passera forcément par le travail. Là, pour l’instant, on va avoir un bel outil, qui va nous aider dans notre développement. Et on a aussi d’autres chantiers, comme le centre d’entraînement et de formation : pour l’heure, on est dans la phase du foncier. Ce projet est en genèse. On voit bien que l’on n’est pas encore au bout du projet. Notre passage en Ligue 2 nous donne quelques années d’avance sur notre plan de marche, et j’espère que l’on en tirera un plein usage. Après, pour la Ligue 1, rien n’est impossible dans le football. Le modèle de Guingamp et d’Auxerre l’ont prouvé. C’est pour ça que dans un coin de notre tête, on peut toujours y penser.

Tu es manager du club depuis 2011 : qu’est-ce qui te plaît dans cette fonction ?
C’est le management de projet, en l’occurrence celui d’un projet territorial, où on touche à tout, pas seulement au domaine sportif. Souvent, on m’appelle « directeur sportif » plutôt que « manager », surtout depuis que l’on joue en pro, mais ma construction de carrière est quand même celle d’un   manager général. Il y a beaucoup de travail administratif et de développement de club, des projets, de la gestion des ressources humaines, c’est passionnant. Cela demande beaucoup d’énergie, et j’en ai encore beaucoup à revendre, mais parfois, c’est compliqué comme job !

Sur ton CV, on constate que tu as aussi été entraîneur de Rodez…
Oui ! J’ai mon DES, je peux entraîner jusqu’en N2. J’ai fait deux fois le pompier de service à Rodez, en CFA, pour le bien du club ! D’ailleurs, j’ai un bilan plutôt flatteur (11 matchs, 6 victoires, 2 nuls et 3 défaites) (rires) ! C’était après Franck (Plenecassagne, aujourd’hui directeur du football du RAF) je crois et après Rui Pataca.

Entraîner est donc une corde de plus à ton arc : cela ne te convient pas , ce job ?
J’ai toujours aimé l’entraînement, la compétition, le management de la compétition, c’est super intéressant. Je regarde beaucoup les entraîneurs de haut niveau, leur comportement, leur attitudes, ça me plaît énormément. J’aime les entraîneurs précis et distants. J’aime quand, dans leur discours, y’a jamais d’euphorie ou de panique. J’aime ces entraîneurs qui restent « stables », j’aime aussi ceux qui sont chauds sur le bord du terrain, qui sont passionnés. J’écoute aussi leurs conférences de presse et j’aime cette vision qu’ils ont de rester très cartésiens quant à la possibilité de gagner ou de perdre un match. J’aime quand ils ont du recul, en fait. Quant à moi, après ma carrière de joueur, je ne voulais pas reprendre mon baluchon, et l’aspect terrain au quotidien ne m’a pas attiré.

Gregory Ursule, du tac au tac

Sous le maillot de l’AC Ajaccio, en Ligue 2.

Ton meilleur souvenir sportif de joueur ?

J’en ai deux : la montée en Ligue 1 avec l’AC Ajaccio et le 8e de finale de coupe de France, remporté face au PSG, en 2009.

Meilleur souvenir de dirigeant ?

Le match de la montée en Ligue 2 avec Rodez contre Boulogne-sur-Mer, c’était l’aboutissement d’un projet. C’était incroyable. Surtout qu’au début de saison, on ne pensait pas en arriver là !

Pire souvenir de joueur ?

Joueur, c’est l’année où j’arrête ma carrière, en 2011, on descend de National en CFA. C’était une saison compliquée, avec un championnat à 21 équipes, on a sombré.

Pire souvenir de dirigeant ?

Notre descente sportive en CFA en 2015, on perd à Marignane à l’avant-dernière journée, et derrière, il y avait une autre journée, mais on était exempt… Mais on s’est maintenu administrativement car on a été repêché.

As-tu déjà marqué des buts ?

Très peu ! Mais j’en ai mis un notamment avec Rodez contre Fréjus, on me le ressort à chaque fois que c’est mon anniversaire (rires) ! Je pense que c’est mon plus beau but !

Ci-dessous, le but de Grégory Ursule contre Fréjus.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?

Petit, à l’école, j’avais répondu « footballeur » à la question « quel métier voulez-vous exercer ? » et l’institutrice m’a dit que ce n’était pas un métier, qu’il fallait que je mette autre chose, alors j’ai copié sur mon voisin qui a mis « polytechnicien », je ne savais pas ce que ça voulait dire, alors bon… J’ai toujours voulu être footballeur, c’était ma passion, et j’ai rencontré à Font-Romeu Jean Tigana, en 1986 je crois, lors d’un stage de préparation au Mondial de l’équipe de France. Tigana m’avait touché les cheveux, je ne me les suis pas lavés pendant 15 jours ! J’ai porté le numéro 14 ensuite, dès que j’ai pu, pendant ma carrière.

Ton geste technique préféré ?

Une transversale à une touche. J’aimais bien casser les lignes, jouer à une touche. Comme je n’avais pas de qualité athlétique ou d’explosivité, il fallait que je vois plus vite que les autres.

Qualités et défauts selon toi sur un terrain ?

Mes qualités, c’était mon volume de jeu, je récupérais beaucoup de ballons, j’étais un leader, dans l’engagement notamment. Mes défauts, techniquement, je n’ai jamais été un as, je n’étais pas très rapide non plus, je manquais d’explosivité.

La saison sportive durant laquelle tu as pris le plus de plaisir ?

C’était pendant ma formation aux Girondins de Bordeaux, c’était des années d’insouciance, on avait gagné la coupe d’Aquitaine et on avait eu le privilège de partir à La Réunion et à l’Île Maurice. Il y avait des joueurs comme Bruno Da Rocha, Kaba Diawara, Kodjo Afanou, Cédric Ancelin, Sylvain Ndiaye, avec moi.

Sur ton CV, figurent deux saisons comme joueur à Gueugnon en Ligue 2…

Oui, j’ai été prêté deux fois à Gueugnon, par Ajaccio, je revenais de blessure à chaque fois. A Gueugnon, j’ai vécu des aventures humaines incroyables. Je ne savais pas si je pourrais rejouer au foot à l’époque. J’ai eu Albert Cartier la première année, il y avait aussi avec Xavier Becas et Fabrice Levrat avec moi, nous venions d’Ajaccio. La 2e année, c’était Thierry Froger le coach. On a rempli deux fois le défi de se sauver ! Quand je regarde mon parcours, je ne suis pas étonné d’être passé dans ce club, familial, qui ressemble à ce qu’est Rodez aujourd’hui, enclavé dans la campagne, dans un milieu rural, avec des gens qui tiennent le club à bout de bras. Gueugnon, c’était exceptionnel. J’y ai retrouvé le football dans lequel j’avais grandi. Je me retrouvais énormément dans ce club.

Une erreur de casting dans ta carrière ?

Sous le maillot du Stade Rennais.

Bien malgré moi, quand je suis parti au Stade Rennais en 1998-99 : ce club m’aurait correspondu s’il était resté ce qu’il était à mon arrivée, à une époque où il faisait souvent l’ascenseur entre la D1 et la D2, sauf que j’ai été recruté avant que François Pinault ne rachète le club qui a pris tout de site une autre dimension avec un gros recrutement international, dont Shabani Nonda, y’avait des super-joueurs. Je suis arrivé dans un club où je n’étais pas forcément désiré, mais je ne leur en veux absolument pas. Du coup, je n’ai pas joué. Seulement en réserve. J’ai quand même passé une super année, et j’ai mêlée cette saison avec mes études, que j’ai pu poursuivre.

Le club où tu aurais rêvé de jouer dans tes rêves les plus fous ?

Le Bayern de Munich, de par ma formation, car j’étais germanophone dans mes études. J’adorais partir en Allemagne. J’adore la culture de ce pays, et celle du Bayern.

Du coup, cette culture allemande, tu t’en sers au quotidien au RAF ?

Je m’en sers, oui, car je suis un besogneux, un laborieux, et j’ai la culture du travail. Quand tu n’as pas de talent, tu es obligé de compenser par le travail, et c’est justement ce qui correspond à l’ADN du club.

Grégory Ursule, à 21 ans, au Stade Rennais.

Une idole de jeunesse ?

Jeannot Tigana. Même type de poste, même type de profil physiologique… J’adorais son jeu et puis il y a le afit aussi qu’il soit métissé : son époque était celle de l’arrivée de joueurs de couleur dans le football. Je me suis beaucoup identifié à lui.

Un coéquipier marquant ?

A l’AC Ajaccio, Samba Ndiaye. Il faisait des gestes en compétition que je n’aurais jamais imaginé que l’on puisse faire ! Il avait des qualités au-dessus des autres. Sinon, j’ai eu la chance pendant mon passage à Bordeaux de côtoyer des grands joueurs, Dugarry, Zizou, Lizarazu, avec parcimonie.

Le coéquipier avec qui tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?

Cyril Granon à Ajaccio. Je m’entendais bien également avec « Toto » Squillaci, mais là c’était plus sur les coups de pied arrêtés. Dans ma 2e vie de footballeur, puisque c’est comme ça que j’appelle ma carrière à mon retour Rodez, je m’entendais bien avec Freddy Castanier.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

David Jaureguiberry, à Ajaccio.

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?

Gernot Rohr (Bordeaux).

Un président qui t’a marqué ?

Michel Moretti à l’AC Ajaccio.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?

Aucun en particulier. Ils m’ont tous appris quelque chose. Même dans l’échec. Par exemple, je pourrais avoir de l’amertume envers Paul Le Guen et Yves Colleu, à Rennes, car je n’ai pas joué, mais avec le recul, je me dis que si je n’ai pas joué, justement, c’est parce que je n’avais pas le niveau. Je n’ai joué qu’en réserve cette saison-là.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?

Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne.

Des rituels, des tocs ?

Oui, j aimais bien faire un échauffement particulier avant les matchs. Je m’échauffais seul. Je faisais mes longueurs, j’aimais bien prendre le pouls du stade, le volume, l’environnement, et je mettais aussi des « sous-shorts » fétiches.

Une devise ?

Carpe diem.

Ce qui t’a manqué pour jouer en Ligue 1 ?

Un peu de talent, et moins de blessures. J’ai été beaucoup freiné par les blessures, j’ai eu deux fois les croisés, une double fracture tibia-péroné, une rupture du talon d’Achille… J’aurais pu faire une carrière en Ligue 1 dans des clubs de milieux de tableau si j’avais été épargné, j’avais quand même ce côté leadership sur le terrain.

Un match de légende selon toi ?

Bayen-Manchester, en finale de la Ligue des Champions en 1999 (2-1), avec les deux buts dans le temps additionnel de Manchester, dont celui de Solskjaer à la dernière minute !

Tu étais un joueur plutôt…

Rugueux.

Tu es un dirigeant plutôt…

Cartésien.

Le milieu du foot en deux mots ?

Passionnant et chronophage.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Rodez Aveyron Football – Cédric Méravilles

Après plus de 500 matchs en pros, l’ancien milieu de terrain de Rennes, Saint-Etienne et Lorient ne se sentait pas prêt à stopper sa carrière. Il n’a pas hésité à passer de la L1 au National avec le FC Versailles qui affronte le Red Star mardi 2 mai lors de la 31e journée.

Alexandra, l’attachée de presse du FC Versailles, nous avait accordé une vingtaine de minutes pour l’interview. Mais Fabien Lemoine a, de lui-même, largement bouleversé ce timing. Ses réponses sont souvent riches et toujours argumentées.

A 35 ans, après plus de 500 matchs en pros avec Rennes, Saint-Etienne et Lorient, le milieu de terrain s’est offert une dernière danse en National avec Versailles, ambitieux promu qui vise la montée en Ligue 2. En toute simplicité et en toute humilité malgré un quotidien très loin des standards du monde professionnel qu’il a connus lors de sa longue carrière.
Ce dernier mois de championnat pourrait être aussi son dernier comme joueur.

En attendant, Versailles, qui n’a plus le droit à l’erreur s’il veut rester jusqu’au bout dans la course à la montée, va disputer un derby décisif contre le Red Star, ce mardi 2 mai (18 h 30 en direct sur Canal + Foot) au stade Michel Hidalgo de Saint-Gratien, le stade de l’Entente Sannois SG.

« Dans ma tête, je n’étais pas prêt à arrêter »

Fabien Lemoine n’est pas prêt d’oublier son dernier été. « J’ai vécu plusieurs semaines compliquées. C’était tempête dans ma tête », se souvient-il. A 35 ans et après une saison tronquée par une blessure à un mollet avec Lorient (21 matches de L1, 13 titularisations), le milieu de terrain à la chevelure grisonnante espérait prolonger le plaisir en L1 dans un rôle différent de « complément ».

Mais quand il revient de vacances, le nouvel entraineur lorientais, Régis Le Bris, lui annonce, quand il le reçoit le 6 juillet 2022, qu’il ne compterait pas sur lui. « Comme ma priorité était de rester à Lorient, je n’ai pas voulu jouer sur plusieurs tableaux. Au lieu du mois de juin, mon mercato a commencé le 14 juillet. On était proche de la reprise de Ligue 2. Beaucoup d’effectifs étaient déjà complets. »

S’il a discuté avec Guingamp (L2), c’est Warren Tchimbembé, prêté par Metz, qui a été recruté plutôt que lui. « On était en ballottage et au final c’est lui qui a été choisi. On était déjà en juillet. Je me suis donc demandé : on arrête sur Lorient ou pas ? Mais mentalement, je n’ai pas réussi à switcher. Je n’étais pas heureux. J’avais le sentiment de ne pas avoir encore fini ce que j’avais démarré il y a une petite vingtaine d’années. Il y a eu discussions collégiales avec ma femme et mes enfants. Mais égoïstement, j’ai tranché. Dans ma tête, je n’étais pas prêt à arrêter. J’ai aussi été en contact avec Nancy mais j’ai choisi Versailles. Les dirigeants m’ont tenu un discours très dynamique. La proximité avec la Bretagne était aussi un paramètre personnel très important. »

« J’ai fui les problèmes quotidiens pour finir ma petite aventure à Versailles »

Pour s’engager le 12 septembre 2022 avec l’ambitieux promu yvelinois, il a néanmoins dû effectuer des concessions sur le plan familial. Il s’est installé seul à Versailles, laissant sa famille en Bretagne. « J’ai fui les problèmes quotidiens pour finir ma petite aventure ici, à Versailles. Il y a le téléphone, mais avec trois enfants de 7 à 13 ans, la gestion du quotidien n’est pas toujours facile. Ce n’est jamais simple de vivre comme ça, surtout qu’on n’y était pas habitué. J’ai la chance que ma femme me laisse la possibilité d’essayer ce mode de vie pour me permettre d’être comme je pense être le mieux possible mentalement. C’est un sacrifice. Je rentre tous les week-ends, c’est pour ça que quand nos matchs sont programmés le lundi, comme souvent ces derniers temps, ça me fait vraiment ch… »

En signant en National, le milieu aux plus de 500 matchs pros a changé de monde. Mais même s’entrainer sur un terrain qui n’est pas vraiment un billard et où l’on entend les scolaires joyeusement chahuter à peine à quelques mètres de la séance dirigée par le coach brésilien Cris, ne le dérange pas.

« C’est forcément différent de ce que j’ai connu, sourit-il. Mais ça fait presque huit mois que je suis là, et aussi bien sportivement que humainement, je n’ai jamais regretté mon choix de venir à Versailles. Je suis en National pour l’amour du foot, l’adrénaline et les émotions qu’il provoque. »

La 3e division, ce sont aussi des terrains pas toujours au top, des petits stades et des affluences souvent réduites. A Jean-Bouin, l’enceinte des rugbymen du Stade Français, Versailles joue ainsi devant à peine quelques centaines de spectateurs. Lemoine a dû s’accommoder à ce contexte. « Je n’ai jamais fait du foot pour la médiatisation et ses à-côtés. Bien sûr que quand tu es un joueur de L1, tu profites du système contractuellement et au niveau relationnel. On ne va pas se cacher que la vie est belle et simple. Mais moi, ce que je kiffe, c’est avant tout le terrain et la vie de groupe. Le National est un Championnat intéressant avec des bonnes équipes et des bons joueurs. Mais dans ma zone, j’étais plus tranquille en Ligue 1 qu’en National. En L1, on prend le temps d’élaborer le jeu, il y a davantage d’espaces. En National, il n’y a pas de phase calme. Il y a beaucoup de transitions, de volume de courses, un pressing quasiment tout terrain. Il a fallu d’adapter. Mais le foot, c’est de l’adaptation. »

« Quand tu n’es pas un joueur « bankable », il faut se battre en permanence »

Depuis ses débuts à Rennes, puis à Saint-Etienne et Lorient, Fabien Lemoine a toujours véhiculé l’image d’un joueur d’abord axé sur le collectif. Sur le terrain, il n’a jamais rien lâché. « C’est ça qui me rend le plus fier. J’ai réussi à durer en optimisant mes qualités intrinsèques de base qui n’étaient pas fantastiques. Ce n’est pas que je me dénigre. Mais j’ai compris rapidement qu’il fallait que je donne toujours plus pour pouvoir jouer. Je n’ai jamais été le joueur à avoir des notes de 8 ou des 9 dans les journaux. Mais des 2 ou 3, non plus. J’étais fiable, régulier et j’ai toujours réussi à m’intégrer dans un collectif. Des joueurs comme moi, il en faut deux ou trois dans une équipe. »

Sa force de caractère lui a aussi permis d’enchainer les saisons souvent pleines en Ligue 1. En novembre, il a dépassé la barre symbolique des 500 matchs pros. « Versailles m’a fait un joli cadeau avec un maillot portant ce chiffre 500. Je me suis toujours remis en question. Même si je sortais d’une saison à 40-45 matchs, je savais que je devais être au top dès la préparation. Quand tu n’es pas un joueur phare de l’équipe, pas « bankable », il faut se battre en permanence car une recrue pour qui le club a réalisé un gros investissement aura forcément toujours plus de crédit. J’ai donc toujours dû aller chercher des choses en plus pour que personne ne me passe devant. Sur mes plus de 500 matchs en pros maintenant, j’ai un gros pourcentage de titularisations, avec des saisons à 45 ou 50 matchs. J’ai tout vécu pleinement car j’ai toujours été un acteur majeur. »

« J’ai montré qu’on pouvait vivre avec et jouer à haut-niveau avec un seul rein »

Sa carrière aurait pu néanmoins pu brutalement s’arrêter en août 2010. Lors d’un match Nancy – Rennes, il est victime d’un gros choc qui lui a causé l’ablation du rein droit. Cet accident revient inévitablement lorsqu’on évoque son nom.

« Sur 90 % de mes interview, ce sujet est évoqué. Mais ça ne me dérange pas car j’en parle facilement. J’ai 16 ans de carrière et seulement 10 buts marqués. On ne va pas se souvenir d’une de mes frappes (rires)… Donc même si ce n’est pas du football, c’est déjà bien qu’il y ait un truc pour lequel les gens retiennent mon nom. J’ai un seul rein mais je montre qu’on peut vivre avec et poursuivre une carrière de sportif de haut-niveau. »

Quatre mois et demi après cette grave blessure qui aurait pu avoir des conséquences vitales encore plus dramatiques pour lui, il était de retour en L1. Encore grâce à son fort caractère et une grosse détermination.

« Mon naturel est vite revenu. Je suis passé à côté d’un gros malheur. Au début, j’étais cramé en faisant 10 minutes de vélo. Quand je reviens en Ligue 1, je fais une passe décisive contre Valenciennes. Là, je me suis dit, c’est bon, c’est reparti. Et le match suivant, l’entraîneur Frédéric Antonetti me laisse sur le banc à Caen. Je me mets en colère. Antonetti me dit, « Comment tu peux te mettre dans un état pareil ? Tu as vu d’où tu reviens et tu fais la gueule parce que je te mets sur le banc « ? Le coach pensait que je n’étais pas revenu à 100 % alors que moi je pensais le contraire. Sur mon lit d’hôpital, j’étais capable de relativiser mais en retrouvant les terrains, je n’étais plus lucide, je croyais retrouver ma place comme ça… Il m’a fallu quelques semaines pour comprendre que ça n’allait pas se passer comme ça ! »

« Je ne me considère pas comme un vieux con »

A Versailles, qui conserve encore une infime chance de monter en L2, Fabien Lemoine s’était engagé pour un an. Il n’a pas encore décidé pour la suite. « Je pense déjà à finir le mieux possible individuellement et collectivement cette saison. Je prends beaucoup de plaisir et je suis très épanoui dans ce que je fais. Mais je devrai tenir compte des attentes du club, de la direction à mon égard, de ma situation personnelle. J’ai fait un an séparé, loin de ma famille. Est-ce qu’on est prêt à repartir dans ces conditions ? »

Qu’il continue ou pas un an supplémentaire sa carrière, il devrait retourner au FC Lorient lorsqu’il prendra sa retraite. Mais ça sera plutôt dans les bureaux que dans un staff d’entraineur. « Le sportif pur sur le terrain ne m’intéresse pas forcément. Je me vois plus dans un rôle autour de l’équipe, comme coordinateur sportif. Mais les places sont chères… Moi, je ne me considère pas comme un vieux con. Mais quand j’avais 18 ou 20 ans, il y avait une barrière avec les anciens. Un ancien, tu ne pouvais pas le « checker » comme ça… Certes, je ne suis pas dans leurs délires à l’extérieur. Mais j’aime bien venir discuter avec les plus jeunes. Comme ça, je reste moderne et quand je dois discuter avec eux, c’est plus naturel et plus fluide dans le cadre qui est le nôtre. Ce n’est pas moi qui vais leur apprendre à jouer au foot mais si je peux trouver le levier qui les fera progresser… Je suis fier quand 5 ou 10 ans après, je recroise un joueur avec qui j’ai évolué et qu’il me dise « Merci Fab »…»

Fabien Lemoine, du tac au tac

Votre meilleur souvenir ?
La victoire en Coupe de la Ligue avec Saint-Etienne en 2013 face à Rennes en finale. 1-0 but de Brandão.

Votre pire souvenir ?
La défaite (2-1) en Coupe de France avec Rennes en 2009 face à Guingamp qui était en Ligue 2.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Mickaël Pagis à Rennes.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Neymar. Je ressortirais aussi le milieu du PSG Thiago Motta-Verratti-Matuidi. Très très fort.

L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Je me suis bien entendu avec tous. Quand tu es dans le haut de la pile, c’est magnifique, tout roule. Mais quand tu es dans le bas de la pile et même parfois sous le bureau, c’est un peu plus compliqué… Si je devais en ressortir un, je dirais Christophe Galtier à Saint-Etienne. C’est lui qui m’a fait le plus progresser, changer de niveau.

Le président qui vous a le plus marqué ?
J’ai toujours eu des bonnes relations avec mes présidents. Celui, que j’ai le plus connu, c’est Roland Romeyer à Saint-Etienne. Celui avec qui j’ai le plus échangé, y compris contractuellement, c’est Loïc Féry à Lorient.

Le club où vous auriez pu signer et que vous regrettez ?
J’aurais déjà pu signer à Lorient en 2016. Mais Saint-Etienne m’avait dit non. Et y’a cette dernière année qui s’est moyennement passée pour moi à Saint-Etienne. J’ai eu des regrets mais j’étais sous contrat, donc pas décideur.

Le club où vous vous êtes senti le mieux ?
Dans tous les clubs que j’ai fait, il n’y en pas un où je ne me suis pas senti bien, que ce soit sur le plan professionnel que personnel. Rennes, c’était mes débuts, c’était mon club, celui de ma ville car je viens de Fougères. Tout était simple. A Saint-Etienne, j’ai adoré le club, le stade, les gens… J’ai adoré la mentalité du Forez. Et Lorient, c’est le must au niveau du cadre de vie. J’ai adoré le cadre. J’ai posé mes valises là-bas. C’est là que je vais vivre.

Vos amis dans le foot ?
Romain Hamouma que j’ai connu à Saint-Etienne, qui est un très bon ami. Paul Baysse, aussi. A Lorient, je suis en contact régulier avec Vincent Le Goff. On avait une super bande avec Julien Laporte, Umut Bozok, Jérôme Hergault, Paul Nardi, Pierre-Yves Hamel, Laurent Abergel… C’était notre team Lorient. On a passé beaucoup de temps ensemble. A Saint-Etienne, j’ai côtoyé beaucoup de bons mecs comme Loïc Perrin, Renaud Cohade, François Clerc, Jérémie Clement, Benjamin Corgnet, Jessy Moulin… La chance que j’ai eu, c’est d’avoir été dans des groupes où il avait beaucoup d’affects. Quand tu restes 5-6 ans dans un club, c’est facile à créer. On est toujours ensemble en matchs, en déplacement et durant la semaine, quand tu organises un truc, les femmes et les enfants viennent. Ça devient limite ta petite famille.

Le milieu du foot en deux mots ?
Deux mots, c’est court… Je vais développer un peu (sourire). Ok, le foot c’est un business, une industrie où il y a de l’argent. Mais c’est aussi beaucoup de passion et d’adrénaline. Chaque semaine, ton club, tes joueurs changent de gap. On peut aussi changer de stratégie en cours de saison. Dans le foot, tu es toujours sur le qui-vive. L’adrénaline est toujours liée au résultat. Dans le foot, les hommes changent d’une semaine à l’autre en fonction de ta locomotive qui est l’équipe pro. Tu prends 4-0 le samedi, tu arrives le lundi, tout le monde est dépressif… Nous, en tant que joueur, on a le meilleur rôle. On est acteur, on est toujours proche du sportif. Quand tu es joueur, tu te remets en question, tu te demandes juste « Est-ce que le week-end prochain, je serai titulaire ou non ? » C’est tout. Pour un entraîneur ou un salarié du club, c’est plus compliqué. Un salarié va dépendre de nos résultats. Lui, il n’est pas acteur, il peut juste espérer que les joueurs feront leur travail sur le terrain. Emotionnellement et humainement parlant, je trouve que c’est énorme.

Championnat National – mardi 2 mai 2023 : 31e journée / FC Versailles (5e, 51 points) – Red Star (4e, 51 points), à 18h30, au stade Michel Hidalgo, à Saint-Gratien. En direct sur Canal + Foot.

Textes : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech et FC Versailles