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Depuis 10 ans, l’ancien gardien de but pro devenu comptable commente les matchs de National sur FFF TV aux côtés d’Emmanuel Moine, son indissociable et inséparable compère. Ensemble, ils donnent une bonne image et un vrai ton à ce championnat qui n’a plus de secret pour eux et qu’ils mettent en valeur.

Vincent Magniez a bien dû griller trois ou quatre cigarettes et se lever autant de fois pour passer du salon à la terrasse pendant cet entretien d’une heure.

C’était mercredi matin, juste avant de prendre un vol pour Biarritz et rejoindre ses copains du Variété Club de France pour un match de gala le soir-même face à l’Aviron Bayonnais FC, dans l’antre du rugby, au stade Jean-Dauger.

Un match au profit des Pièces Jaunes et de l’association Haur Eri, qui s’occupent des enfants hospitalisés, et qui a permis de récolter 12 000 euros.

Le « Variété », où il est la doublure de Gaëtan Huard, est son 18e club. On a compté ensemble, avec les doigts ! Vous voulez connaître les 17 autres ?

Allez, prenez votre souffle, les voici dans l’ordre : Amicale Constantine de Calais, Coulogne (tout près de Calais), Calais Racing Union FC (CRUFC), Dunkerque, Gravelines, Bourges, Wasquehal, Calais, Evry, Montauban, Les Lilas (là où il a commencé à travailler pour la première fois, à 31 ans), Moissy, Poissy, Issy, Drancy, Fleury, Racing. Oui, ça fait beaucoup de « Y » tout ça ! « Pour mes enfants, c’est vrai, j’aurais pu choisir un prénom en Y aussi, pas sûr que mon épouse aurait validé !! »

Poissy, le déclic

C’est qu’il a beaucoup bourlingué, l’ami Vincent ! Joueur, il a écumé les terrains de National et de National 2 (CFA), où il a multiplié les rencontres, dont une, déterminante, avec Karl Olive.

Au Red Star, stade Bauer, avec Manu Moine. Photo Philippe Le Brech

L’actuel député de la XIIe circonscription des Yvelines, maire de Poissy de 2014 à juillet dernier, qui était à l’époque président du club et journaliste, lui a mis le pied à l’étrier et sans cette rencontre, pas sûr que Vincent commenterait sa dixième saison de National au micro de FFF TV en compagnie de son alter ego Emmanuel Moine (voir la plateforme FFF TV : https://ffftv.fff.fr/ .

Moine-Magniez. Magniez-Moine. Les deux font la paire ! Indissociables de ce championnat qu’ils adorent, connaissent sur le bout des ongles, ne cessent de mettre en valeur et prennent plaisir à disséquer le vendredi soir, avant, pendant et après les matchs.

C’est simple, au fil des ans, le duo vedette de la chaîne est devenu incontournable.

Comptable dans la vie, consultant à ses heures, gardien de but de temps en temps, le planning du natif de Calais, âgé de 49 ans aujourd’hui, est bien chargé. Sa carrière, ses rencontres, ses expériences, pour une fois, il a délaissé son micro pour évoquer tout cela et répondre à nos questions. On appelle cela inverser les rôles !

« Joueur, j’étais sérieux… sauf le week-end ! »

Avec Evry, lors de la saison 1998-1999 avec l’accession en National à la clé ! Photo Philippe Le Brech

Vincent, tu es donc toujours comptable ?
Oui, pour le groupe Colas, depuis bientôt 6 ans, mais je bosse depuis que j’ai 31 ans. Je suis jeune dans le monde du travail ! Avant, je ne faisais que du foot.

Comment es-tu devenu comptable ?
J’ai passé le BEP et un bac pro comptabilité par correspondance quand j’étais au centre de formation à Dunkerque, et puis je suis rentré chez Carrefour pour mon premier job où j’étais opérateur de saisie, et j’ai eu la chance de tomber sur une directrice comptable qui aimait le sport, et je lui ai dit que j’avais besoin de travailler, j’en ai profité pour passer mes équivalences. Et après, j’ai pris mon envol.

Tu es né à Calais, mais tu as joué à Dunkerque…
J’ai commencé à Calais aussi, j’ai joué dans trois clubs là-bas, dont le CRUFC, jusqu’en cadets nationaux ! Ensuite, je suis parti au centre de formation à Dunkerque de 1989 à 1993. Le club était en Division 2. Mais je ne suis pas passé pro. Là-bas, j’ai eu Alex Dupont comme coach, mon deuxième papa ! Et quand le club l’a limogé, ils ne m’ont pas gardé non plus.

Du coup, quand tu commentes Dunkerque aujourd’hui, tu as de la rancoeur ?
Absolument pas ! Et puis, depuis, les gens ont changé, même si j’y ai connu Jocelyn Blanchard à l’époque, qui était aussi au centre, et aussi Jean-Pierre Scouarnec, l’actuel président, qui faisait déjà partie du comité. Quand je vais là-bas, au stade Tribut, c’est toujours un plaisir. Je m’entends bien avec Jean-Pierre (Scouarnec), même si je suis plus « 62 » que « 59 » ! »

« On m’appelait le Xavier Gravelaine des gardiens de but ! »

Album souvenirs à Calais ! Photos Eklablog.com

A la lecture de ton parcours de joueur, il en ressort beaucoup de changements et des choix de carrière qui n’ont pas payé…
C’est vrai, à l’époque, on m’appelait le Xavier Gravelaine des gardiens de but ! Après Dunkerque, où j’étais stagiaire-pro, je suis allé en Division 3 à Gravelines, puis à Wasquehal en National en 1995, juste l’année avant la montée en Division 2, mais j’étais parti ! J’étais jeune, j’avais des contacts, Guingamp, Rennes, Saint-Brieuc et Ajaccio me faisaient la cour. Alex Dupont m’avait conseillé de rester à Wasquehal. Mais Saint-Brieuc a déposé le bilan, Rennes c’était comme 3e gardien et un an de contrat, bref, j’ai trop attendu pour Wasquehal, et finalement, en 1996, je suis reparti à Calais, dans mon club de coeur, en CFA. Malheureusement, on est descendu. Du coup, je ne suis pas resté, je ne me voyais pas jouer en CFA2 à mon âge (24 ans) et je suis parti à Evry en National 2 en 1997. Le club a terminé premier en 1998 et il est remonté en National avant de redescendre, alors j’ai signé à Montauban en CFA mais là-bas, les promesses d’emploi n’ont pas été tenues, donc retour en région parisienne, aux Lilas, en CFA, où je m’étais proposé. Je touchais 400 euros par mois. Aujourd’hui, avec ça, je serais le smicard du National 2 ! J’y ai découvert un club extraordinaire, certainement l’un des plus beaux où je suis passé. Avec Les Lilas, on s’est maintenu en CFA deux années de suite et ensuite j’ai joué à Moissy puis Poissy où là, ce fut le tournant de ma carrière grâce aux personnes que j’ai rencontrées. Ensuite, il y a eu Issy en DH et encore Drancy en CFA, Fleury, et j’ai terminé à 39 ans au Racing en CFA2 !

Sous le maillot de Drancy. Photo Philippe Le Brech

Tu disais que Calais était ton club de coeur, ça t’a fait quoi de les voir en finale de la coupe de France en 2000 ?
Calais, forcément, c’est ma ville, j’y suis né ! Toute ma famille y a joué et avant que le club ne s’appelle le CRUFC, il y avait deux clubs dans la ville, le Racing et l’Union : et dans les buts du Racing c’était mon oncle, et dans ceux de l’Union, c’était mon père !

Du coup, quand j’ai signé au CRUFC, j’ai mis toute la famille d’accord, j’étais devenu en quelque sorte le symbole de cette fusion. Je suis parti trois ans avant leur parcours en coupe : à ce moment-là, je m’étais dit que j’aurais pu faire partie de l’aventure, mais j’avais plein de copains dans cette équipe, des potes d’école, des joueurs avec qui j’avais joué 3 ans plus tôt ou d’autres croisés au centre de formation à Dunkerque.

Quand Calais a atteint la finale, moi, je jouais à Evry et je me souviens que, cette saison-là, notre coach Bernard Touret prenait souvent Calais en exemple dans ses causeries quand nous avions besoin de points pour nous maintenir, en fin de saison.

« J’ai eu cette image de fêtard »

En 2012, avec le Variété club de France de Steve Savidan et Rudy Garcia. Photo Philippe Le Brech.

Que t’a-t-il manqué pour jouer en Division 2, pour aller dans des clubs plus haut ?
De la chance, et puis j’ai fait des mauvais choix de carrière. Je n’ai pas su écouter certains conseils. Des clubs ont connu une rétrogradation administrative, d’autres ont déposé de bilan, comme à Bourges, où j’ai connu la D2 et le National.

Pourtant, j’ai beaucoup bossé car je n’avais pas de qualités naturelles, et je savais que cela passerait pas ça, mais le truc, c’est que j’aimais bien faire la fête avec les potes… donc j’ai eu cette image-là, de fêtard : du coup, personne ne voulait se mouiller pour moi à cause de cela, de peur d’être grillé. Pourtant, j’étais sérieux, sauf le week-end, et ça… Quand tu aspires à jouer au haut niveau, ce n’est pas possible, tout se sait, les gars se parlent entre eux dans les clubs. J’étais grande gueule aussi, mais grande gueule au coeur d’or : je ne pense pas avoir laissé de mauvais souvenirs là où je suis passé, sauf à Moissy, où je ne m’entendais pas avec le nouveau président.

Dans les cages du Variété club de France ! Photo Philippe Le Brech

Si tu n’avais pas joué à Poissy, tu ne serais sans doute pas consultant pour FFF TV  ?
A Poissy, j’ai connu des gens qui m’ont permis de donner un tournant à ma carrière. J’ai connu Karl Olive, alors directeur des sports de Canal +. C’était aussi mon président et un jour, il m’a dit qu’il aimait bien ma manière de m’exprimer. Dans Le Parisien, il a même dit que j’étais un mélange de Jean-Charles Sabattier, par rapport à mon amour du foot allemand, et de Dany Boon ! J’avais pris ça pour un super compliment !

Avec lui, j’ai fait une émission sur la TNT, « cap 24, la chaîne capitale » sur le foot amateur en région parisienne, puis sur L’Equipe TV, et tout est parti de là ! Karl voulait que je garde mon phrasé, ma manière de parler. Je n’ai jamais pris de cours de communication et je pense que si j’en avais pris, je ne serais pas moi-même. Les gens qui regardent les matchs sur FFF TV, sont comme moi, parlent de de la même manière, on bégaye parfois, on fait des fautes de français, mais ce n’est pas grave.

Après le Ballon d’or du peuple, tu es un peu le micro du peuple…
(Rires) C’est joli ça !

Photo Philippe Le Brech

Qui a eu l’idée d’appeler les interviews grand format d’avant match « Dans les 16 mètres » ?
C’est Manu (Moine) ! Il m’a dit, « faut que tu prennes quelqu’un dans ta surface, c’est ta surface, tu la connais bien, on va appeler ça « Dans les 16 mètres » ! »

Tu entames ta 10e saison, déjà, comme consultant en National. Comment tout a commencé ?
En fait, on l’oublie souvent, mais c’est l’ancien joueur, David Théophile, qui est au coeur du projet. Filmer le football amateur, c’était son idée. Il a fait un travail énorme. Il a commencé avec sa caméra, sur un toit, avec sa société, Visio prod, et la FFF l’a engagé. Un jour, il m’a parlé du projet de filmer les matchs de National avec la FFF. Au début, un seul match par journée de championnat était diffusé. Et il m’a envoyé sur un match au Poiré-sur-Vie, contre le CA Bastia. Il m’a dit « Tu seras accompagné d’un jeune journaliste-commentateur comme ça tu feras connaissance avec lui sur le trajet, dans la voiture ». Et ça s’est super-bien passé ! On est tombé un peu « amoureux », façon de parler, malgré nos 15 ans d’écart ! On a les mêmes délires ! Ce qui m’a plu au départ, c’est qu’il aimait ma musique dans la voiture, ça a compté au début ! Je lui mettais Sinatra, Brant, Sardou, Balavoine ! La première année, j’étais « bord de terrain », car il y avait un consultant avec Manu. Moi, je pouvais tutoyer les joueurs ou les coachs. David (Théophile) me disait de faire un peu comme Paganelli. Comme j’étais un ancien joueur, ça se passait bien. Par contre, avec un président, je devais utiliser le vouvoiement. Aujourd’hui, on est toujours tous les deux, avec Manu, à commenter, et ça fait 10 ans que ça dure !

Vincent Magniez, du tac au tac
« Je peux donner un avis, mais pas de conseil »

Photo Philippe Le Brech

Le dernier match commenté ?
Versailles – Le Mans (2-1).

C’était bien ?
C’était un très joli match. A l’image du niveau du championnat. Beaucoup de gens qui découvrent le National sont surpris par le niveau. Là, on a eu deux belles équipes, et ce ne sont pas les seules dans ce championnat.

Le prochain match que tu vas commenter avec Manu ?
Je devais commenter Versailles contre Cholet ce soir mais le match a été décalé à lundi mais je ne serai pas là.

Le pire match que tu as commenté ?
Alors des matchs où il ne se passe rien, on en a commentés quelques uns, on ne pas se mentir ! Après, l’avantage avec Manu, c’est qu’on va en profiter pour raconter plein d’anecdotes et rendre le match moins mauvais.

Sous le maillot des Lilas ! Photo Philippe Le Brech

La pire équipe croisée en National ?
On ne commentait pas encore mais je me souviens de Calais, après la coupe de France, en 2001, ils n’avaient gagné que 2 matchs dans la saison, et ça c’est rare. Mais ce qui est dingue en National c’est que, parfois, la pire équipe peut se transformer en équipe de fou, comme Béziers l’année de la montée en Ligue 2, en 2018.

La meilleure équipe que tu as commentée en National ?
L’équipe de Villefranche des saison précédentes, avec des petits gabarits au milieu, m’a beaucoup plu et m’a fait vibrer. Ils viennent de faire deux fois les barrages. Ils ont obtenu cette 3e place en jouant au foot et pas en misant sur l’aspect athlétique.

Le meilleur joueur que tu as vu en National ?
Umut Bozok, quand tu vois ce qu’il a été capable de faire, et Vincent Thill à Pau aussi, exceptionnel, et je ne sais même pas où il joue aujourd’hui… (Il évolue à l’AIK Solna, en D1 suédoise, Ndlr). On a vu passer des tonnes de joueurs.

Un club que tu n’as jamais commenté ?
Il doit y en avoir, oui… Faut les trouver, ou le trouver… Je ne trouve pas.

Avec Issy-les-Moulineaux, en coupe de France, en 2009-2010. Photo Philippe Le Brech.

Un match à problème ?
On a eu un match à Colmar avec une panne d’électricité, et l’an passé, avec Cholet, je fais un interview d’avant-match, avec Richard Déziré, qui dit au micro que l’on n’a pas commenté son match précédent de la meilleure des manières, mais il avait mélangé les équipes de commentateurs, il nous avait mis dans le même panier, alors que l’on a toujours été derrière lui.

Y a-t-il un club qui te manque en National ?
Le SC Bastia par exemple, avec ce public de fanatiques et de connaisseurs. Le Racing aussi, j’aimerais bien les revoir en National.

En 10 ans, quelles évolutions as-tu remarqué ?
L’évolution, elle vient des joueurs de Ligue 1 ou de Ligue 2, que l’on peut retrouver de plus en plus souvent et de plus en plus nombreux en National. Y’a beaucoup d’anciens qui ont été de très bons joueurs des niveaux au-dessus, et les clubs pros n’hésitent plus à prêter leurs pépites. Avant, le championnat était plus « bucheron » et il y avait moins d’expérience.

Es-tu le porte-bonheur d’un club ?
Dunkerque, l’année où ils montent, même si le championnat n’est pas allé à son terme : Jean-Pierre Scouarnec aimait bien que je vienne commenter ! Inversement, je sais que Manu a souvent été le chat noir de Karim Mokeddem, à l’époque où il était Lyon-Duchère. Ce sont des fois où je ne suis pas allé commenter avec lui !

Un club que tu aimes bien commenter ?
Cette saison, j’aime bien commenter Le Mans. Je trouve que c’est un club plaisant. Même s’ils ont perdu contre Versailles, tu vois que les jeunes ont leurs chances dans cette équipe, avec des joueurs expérimentés à côté.

Est-ce que tu as déjà outrepassé tes fonctions de commentateurs ?
Non, mais je peux donner mon ressenti à un coach, mais sans me permettre de lui dire par exemple « Il ne faut pas jouer à trois derrière ». Ce sont juste des discussions, un peu comme on fait là tous les deux. Ce sont des discussions de footeux. Je ne donne pas de conseils, juste un avis. Je connais la difficulté d’être coach et d’être joueur. J’ai fait partie d’un staff pendant 6 ou 7 ans à Poissy (il était entraîneur des gardiens), dont la dernière saison, en 2020, avec Laurent Fournier, son fils et Habib Beye aussi.

Emmanuel Moine : « Demande à Vincent… »

Nous avons demandé à Manu Moine, son acolyte le soir des matchs, de poser quelques questions à Vincent Magniez. Voici le tac au tac du duo Magniez-Moine !

Demande à Vincent pourquoi la Fédération a pensé arrêter de lui payer une nuit d’hôtel les soirs de match ?
(Rires) Parce qu’on n’en profite pas assez (rires) !

Pourquoi la blanquette de veau est ton plat préféré en déplacement ?
(Rires) Parce qu’on avait droit à 15 euros de note de frais pour le repas et que la blanquette est à 15,50 euros !

Pourquoi Maurice Goldman, l’ancien coach de Belfort, et Vincent Demarconnay, le gardien du Paris FC, sont les deux meilleures interviews de ta vie ?
(Rire) Ah ah ah il est bon ce Manu ! Au Paris FC, j’arrive à la bourre, j’appelle Manu pour l’interview d’avant-match et il me dit que Vincent Demarconnay vient d’avoir des jumeaux. Je le félicite pendant l’interview et là il me dit « Ce sont des jumelles » ! Et avec Maurice Goldman, là, je me mélange les pinceaux dans la présentation, dans les résultats de son équipe, et il s’énerve un peu ! Lui, c’était un personnage ! Une fois, il était au micro avec moi, et son président rigolait derrière, ils étaient amis, et là, Maurice Goldman me dit « Tu vois, mon président, il rigole, mais si je perds ce soir, il va me virer ! »

Il paraît que tu as commenté un match sur une nacelle, à Laval ?
Ah oui, la tribune était en réfection, on m’a dit que j’allais commenter sur une nacelle mais je n’en avais jamais vu d’aussi haute ! J’avais l’impression qu’elle tenait sur des ressorts, on avait un cameraman debout à côté qui tremblait, il était gelé, il faisait trembler la nacelle, je leur ai dit « à la mi-temps, je descends, je ne remonte plus »; ça bougeait de tous les côtés, j’ai cru que j’allais mourir !

A Créteil, avec son compère Manu Moine ! Photo Philippe Le Brech

Il paraît que, joueur, tu es passé en commission de discipline pour avoir montrer ton cul au public ?
Avec Evry, oui ! On avait gagné un match en Bretagne je crois, j’avais été insulté, chambré, j’avais pris des crachats. Du coup, à la fin du match, on va danser devant les supporters adverses pour les chambrer et y’en a un qui me dit « Et toi Magniez avec ton gros cul » … Je réponds « Quoi mon gros cul ? Tu veux le voir ? » Et je baisse mon short !!! Je prends 7 matchs de suspension quand même mais j’ai réussi à faire réduire la sanction à 2 matchs fermes.

Il paraît que tu as eu un fou rire avec Bilel El Hamzoui ?
C’était à Tours, il est venu avec Dunkerque, j’ai été perturbé par le passage d’une dame avec une tête de dessin animé !! Cela n’avait pas été coupé au montage, et on nous voyait en plein fou rire, moqueurs.

Est-ce que c’est vrai que le 8 juillet 1982, le soir du match de légende France – RFA à Séville en coupe du Monde, tu étais le seul français heureux ?
J’avais 9 ans, à 3-1 pour la France je pleurais, et à 3-3, je pleurais de joie. Pourtant j’aimais bien cette équipe de France en 82. Mais j’ai toujours adoré la mentalité allemande. La Bundesliga est le championnat le plus sous-côté au monde.Et j’adore l’équipe nationale allemande. J’ai toujours aimé me ranger du côté de ceux que l’on n’aime pas. J’aime cette mentalité, la rigueur. Pas trop de réseaux sociaux. Ils ne font pas trop parler d’eux alors qu’ils ont des joueurs de classe mondiale. C’est très différent en France…

Pour terminer, Manu veut que tu nous parles de ta « compile » avant un match, ta routine en voiture ?
Dans ma compile, il y a « My way », forcément, de Sinatra, dont je suis fan, après, je peux écouter les Communards, Mike Brant, Sardou, Balavoine, tout ce que je peux chanter en fait !

Avec le Variété club de France, mercredi soir, à Bayonne. Photo Facebook VCF.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech

 

Le nouvel entraîneur des Griffons a accordé un entretien à notre partenaire « 100 % Foot National », accompagné du capitaine James Le Marer, que nous vous proposons d’écouter en podcast !

Photo Philippe Le Brech

Cinq mois. C’est le temps que Karim Mokeddem a mis pour retrouver un banc après ses huit mois passés à La Berrichonne de Châteauroux.

L’ancien coach de Lyon-Duchère, où il s’était révélé lors de la saison 2015-2016 en CFA (aujourd’hui National 2), en a profité pour regarder de nombreux matchs.

Au début du mois, il s’est engagé en faveur du Stade Briochin, actuellement dernier de National, et seul club à ne pas (encore) avoir remporté le moindre match en championnat.

Le Lyonnais sait l’ampleur de la tâche mais son expérience du championnat et la bonne réputation dont il jouit ont sans doute pesé dans la balance au moment de trouver un successeur à Didier Santini, l’homme qui avait conduit les Griffons à une très jolie 5e place la saison passée (2e meilleure équipe sur la phase retour !).

Avec le Stade Briochin. Photo Philippe Le Brech.

Le nouveau pari de Mokeddem ne sera pas simple, il le sait, mais, c’est un euphémisme, aucun pari n’est simple en football ! Et après tout, le jeu en vaut la chandelle.

Depuis son passage à « La Duch », l’ex-coach de Vénissieux-Minguettes (2009-2013, National 3), âgé de 48 ans, s’est forgé une solide réputation. Proche de ses joueurs et adepte d’un jeu offensif, il avait tout d’abord conduit Lyon-Duchère de CFA en National au nez et à la barbe du géant grenoblois, en 2016, avant de boucler trois exercices dans le haut de tableau : 7e (2017), 6e (2018) et 5e (2019). A chaque fois, son équipe avait été dans le coup mathématiquement pour accéder en Ligue 2, mais ça n’était pas passé loin.

Stoppé par la Covid à Bourg

A l’été 2019, alors que la rumeur l’envoyait à l’Olympique Lyonnais pour s’occuper de la réserve, après sa décision de ne pas repartir avec la « Duch », c’est finalement sur le banc du FBBP01, toujours en National, qu’il s’est installé.

Avec les joueurs du FBBP01, où la Covid-19 a malheureusement freiné l’élan de l’équipe en 2020. Photo Philippe Le Brech.

A Bourg-en-Bresse, dans un club d’un standing supérieur, affublé du statut professionnel (quelques mois plus tôt, il venait d’obtenir son diplôme d’entraîneur professionnel, le BEPF), il a joué l’accession, l’objectif affiché des dirigeants après la relégation de Ligue 2 en 2018. Malheureusement, la Covid-19 a brutalement contrarié ses plans.

Au moment de l’arrêt des championnats, décrété par la FFF le jeudi 12 mars 2020 au soir, le club bressan était 5e, avec 11 victoires, 9 nuls et 5 défaites, à 5 petits points seulement de Dunkerque, le second du championnat et futur promu – sur décision fédérale – en Ligue 2.

Autant dire qu’il était dans la course pour les fameuses deux premières places synonymes d’accessit, et aussi pour la place de barragiste (3e).

Surtout, le FBBP01 restait sur une belle série de 4 victoires et 4 nuls et était invaincu depuis la reprise de janvier. Voilà ce qui s’appelle être coupé dans son élan, même si d’autres clubs, comme Boulogne-sur-Mer, 3e au moment de l’arrêt de la compétition, à seulement une longueur de Dunkerque, avaient également le vent en poupe (les barrages ont été annulés), et ont pâti de cette décision fédérale. On ne va pas refaire l’histoire.

Avec Mathieu Chabert au BEPF et à Châteauroux

Avec Mathieu Chabert, à La Berrichonne de Châteauroux. Photo Philippe Le Brech.

Celui qui avait effectué ses premières armes de coach au Ménival FC, dans la banlieue proche de Lyon, ne terminera pas la saison suivante, remercié en février 2021 en raisons de résultats décevants et surtout une 15e place synonyme de relégation (le FBBP01 parviendra à éviter la descente).

En octobre 2021, il devient, un peu à la surprise générale, l’adjoint de Mathieu Chabert à La Berrichonne de Châteauroux, toujours en National.

L’ancien coach de Béziers, Mathieu Chabert, remplace en effet Marco Simone et impose à ses côtés Karim Mokeddem, son camarade de promotion lors du BEPF la saison précédente. Les deux hommes sont amis depuis qu’ils se sont connus lors de leur formation au diplôme, et ont chacun une grosse expérience de ce championnat si atypique et particulier. Pourtant, c’est ce même Mathieu Chabert qui, là encore à la surprise générale, pousse Karim Mokeddem vers la sortie, en mai dernier, après huit mois ensemble.

Depuis le 4 octobre, Mokeddem est le nouvel entraîneur du Stade Briochin, son quatrième club de National. Interrogé par « 100 % Foot National », le podcast sur le championnat, et partenaire de 13heuresfoot, Karim Mokeddem, résolument optimiste, a livré ses premières impressions et ses ambitions au micro de la journaliste de France Bleu, Mélanie Durot, qui a ensuite passé le micro au capitaine du Stade Briochin, James Le Marer.

Karim Mokeddem : « Je vais arrêter d’être l’Abbé Pierre et Mère Teresa en même temps avec les joueurs »

Les premiers mots de Karim Mokeddem au micro de Mélanie Durot :

Avec les joueurs du Stade Briochin, le club où il est arrivé le 4 octobre dernier. Photo Philippe Le Brech.

« A Saint-Brieuc, j’ai trouvé un club avec des vraies valeurs, familiales, d’entraide, avec des valeurs de travail aussi, à l’image de mon staff. Il y a une culture du beau jeu aussi ici. C’est ma première expérience en Bretagne qui est une terre de football ! Je suis là pour travailler et grappiller des places au classement. On voit souvent des équipes avec des crises de résultats, y ‘ a des périodes comme ça, j’ai plein d’exemples. Il faut travailler l’aspect mental. Contre Concarneau  en championnat (défaite 1-2 à domicile, entretien réalisé au lendemain de ce match), on a vu nos défauts, qu’il faudra corriger. Notamment dans la perte de balle. Et les sorties de balle.  J’ai observé toutes les équipes quand je n’étais pas en activité et pour moi, Concarneau est la meilleure équipe du championnat. Quant à Saint-Brieuc, je connaissais la plupart des joueurs, c’est mon job, et puis je les ai vus à la vidéo et je les avais affrontés la saison passée avec Châteauroux. En ce qui me concerne, j’ai évolué, je voulais toujours aider les joueurs, mais je vais arrêter d’être Mère Teresa et l’Abbé Pierre en même temps, j’ai un peu changé là-dessus, même si je reste proche de mes joueurs. Pour moi le match de Concarneau et celui de Nancy qui va arriver (ce vendredi) sont des axes de travail et j’espère, début novembre, lorsque cela fera un mois de travail commun, que l’on sera opérationnel contre Borgo.« 

Photo Stade Briochin

Ecouter le podcast complet (cliquer sur le lien) : https://bit.ly/3CUpM1k

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr ou contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Philippe Le Brech (et Stade Briochin)

Le coach de l’US Lusitanos Saint-Maur (N2) revient sur sa carrière professionnelle de joueur (Auxerre, PSG, Bastia, etc.) et sur son métier d’entraîneur. Un entretien long et… profond !

Photo US Lusitanos

Ancien milieu de terrain phare de l’AJ Auxerre, Yann Lachuer a vécu une carrière de joueur bien remplie. De Châteauroux à Châteauroux, le milieu de terrain, un des derniers numéros 10 à l’ancienne de D1, a disputé plus de 450 matches en pro.
Au PSG, à Auxerre, à La Berrichonne, au SC Bastia ou encore à Créteil, Troyes ou Orléans, l’actuel entraîneur de l’US Saint-Maur Lusitanos a trimballé sa vision du jeu et son sens du football, toujours avec une idée bien précise de ce que doit être ce sport. Une exigence que le double vainqueur de la coupe de France (2003 et 2005 avec Auxerre) et également champion de France 1996 (avec Auxerre encore, même s’il n’a disputé qu’un seul match cette saison-là), raconte pour 13heuresfoot, narrant ses souvenirs avec Guy Roux, son parcours « tout sauf linéaire », et, bien sûr, un mental qu’il a transposé du terrain à sa fonction de coach.

Yann, vous êtes un joueur dont l’image est invariablement attachée à Auxerre, avec une riche carrière. Mais vous êtes né du côté de Paris, à Champigny-sur-Marne, et avez fait vos armes en Île-de-France. Racontez-nous vos débuts.
Ca s’est passé de manière un peu atypique. Dans le sens où je n’ai pas fait de centre de formation. Ce n’est pas faute d’avoir voulu y rentrer, mais j’avais été refoulé de tous les clubs à qui j’avais écrit, quasiment à chaque fois. Puis je suis allé à Créteil, en D2, avant d’effectuer mes vraies premières classes en D3, après la descente. Je n’ai pas eu un cursus traditionnel. J’ai été recruté à 18 ans par Auxerre (en 1993), plutôt en post-formation, comme on appelle ça. A mon entrée dans le « monde adulte », j’ai un peu tâtonné, j’avais un profil atypique, je n’étais pas précoce sur le plan physiologique et athlétique, même si sur le plan du football ça allait.

Votre parcours, très tôt, se conjugue avec l’AJ Auxerre.
Oui, mais à l’image de ma carrière, ça n’a jamais été rectiligne. J’ai eu trois périodes à Auxerre, la première en arrivant de Créteil, où j’ai très peu joué, où il m’a fallu me mettre au niveau, j’ai dû progresser à tous les niveaux, footballistique, athlétique, mental, donc j’ai très peu joué. En revanche, j’ai beaucoup joué avec la réserve en N2. Ca correspondait aussi aux premiers trophées d’Auxerre, le titre de champion de France, le doublé, l’heure de gloire de l’AJ Auxerre. C’était difficile de se faire une place, donc j’ai demandé à être prêté à Châteauroux (D2). J’en avais un peu assez, j’avais fait le tour du National 2, des opportunités pour jouer professionnel, et ça s’est fait sur le tard, je suis parti en septembre (1996). A ce moment-là, Guy Roux avait un peu lâché l’affaire avec Yann Lachuer ! Il avait demandé à tous ses scouts de préparer l’après-Martins (Corentin Martins, joueur de l’AJA de 1991 à 1996). Et au bout de deux mois, ses scouts lui disent : ‘’On a trouvé’’, ‘’Ramenez-le moi’’, ‘’Bah c’est Yann Lachuer’’ !

« J’ai une flèche devant, il me faut un archer »

A La Berrichonne, ça se passe bien, avec plus de 30 matche, 10 buts et une accession en Division 1 !
J’ai fait mon année à Châteauroux, on est monté, et j’ai été nommé dans les quatre meilleurs joueurs de Ligue 2. Je suis revenu à Auxerre, car il me restait un an de contrat, même si je voulais continuer dans à La Berrichonne. C’est la deuxième période à l’AJA, où on fait 1/4 de finale en coupe Intertoto. Là, j’ai vraiment découvert la première division. Je suis parti libre au Paris Saint-Germain, j’ai joué à Bastia, et Guy Roux est revenu me chercher pour encadrer les jeunes. Il m’a dit ‘’J’ai une flèche devant, il me faut un archer’’. Donc tout ça résume ma carrière, qui n’a jamais été rectiligne, que ça soit au début, pendant, et presque à la fin (rires).

Photo US Lusitanos

Au début, Guy Roux n’était pas convaincu donc… C’est intéressant, ce n’est pas linéaire, vous avez réussi à le faire changer d’avis !
Je n’arrête pas de répéter ça à mes garçons, mais au-delà du don et des qualités évidemment footballistiques, il faut du travail au quotidien, mais il faut surtout un mental. Là, c’était une endurance mentale. A Auxerre, je suis arrivé à un moment où ils récoltaient les fruits d’une longue politique, c’était un peu l’apogée du club. Il fallait attendre, être patient, et puis surtout, il fallait être prêt ! Parce que le jour où vous aviez 15 minutes à jouer, il fallait montrer des signes, que vous pouviez assurer l’après. Guy Roux fonctionnait comme ça. Quand la relève était prête, il laissait partir le titulaire, il le monnayait, et il gardait un niveau de performance.
C’était très très formateur sur le plan mental, mais il ne fallait pas lâcher le morceau. C’est ce que j’ai fait, et c’est comme ça que j’ai un peu retourné la situation. Au départ il n’avait plus confiance en moi car il estimait que je ne progressais pas forcément, mon passage à Châteauroux lui a prouvé le contraire, même s’il n’était pas fan des prêts. Ma fierté, au-delà des trophées, c’est d’avoir gagné l’avis de Guy Roux. Et de manière très sincère, il disait qu’il s’était trompé sur moi. Bon, il ne s’est pas trompé beaucoup dans sa carrière, mais voilà, je suis peut-être une exception; ça a été une fierté de partir libre au PSG, et de revenir avec le brassard de capitaine, pour encadrer la nouvelle génération, des Cissé, Mexès, Kapo… Quand vous ne lâchez rien, que vous continuez de travailler, à un moment donné vous avez les récompenses. Benzema a remporté le Ballon d’Or à 34 ans, mais aujourd’hui, les jeunes générations, la nouvelle société, il leur faut tout très vite. Benzema ou moi, on est des contre-exemples.

« Certains se trouvent des excuses, mais ne trouvent pas des solutions »

Jean-Marc Furlan, qui vous a entraîné, parle de « football multifactoriel » : c’est un peu de ça dont on parle depuis tout à l’heure.
C’est ça, et c’est aussi le mental. Comme je dis toujours, certains se trouvent des excuses, mais ne trouvent pas des solutions. Ce que j’en ressors de tout ça, c’est qu’avec la persévérance, le travail, en toute humilité, vous récoltez les récompenses. Ce qu’on ne maîtrise pas, c’est le temps. La patience, à un moment donné, c’est de prendre le temps, et de retourner une situation.

Le foot a changé, donc ?
Non non non ! Le foot n’a pas changé, car l’exigence du haut niveau est la même. Ce qui a changé c’est le public, c’est l’entourage, la communication, la presse. Mais le foot n’a pas changé, les buts font la même taille, le terrain c’est la même chose, on joue à onze… C’est plus l’humain qui a changé. Et pas forcément dans le bon sens, notamment sur le plan mental. Quand on voit les clubs français, on n’est pas calibré pour le haut niveau, ce n’est pas vrai.

C’est votre regard d’entraîneur, mais aussi d’ancien joueur ?
D’ancien joueur, surtout. Avant, il fallait faire 50 matches pour être reconnu en Ligue 1, passer des étapes. Voilà, Guy Roux disait qu’il fallait ces 50 matches pour être prêt, que si tu n’avais pas fait 20 matches en Coupe d’Europe, eh bien tu n’étais pas un joueur européen… C’étaient des critères à deux balles, mais c’étaient de vrais critères. Aujourd’hui, tout va très vite, tu fais 5 matches en L1, t’es déjà transféré, etc. Auxerre a subi ça dans les dernières années. Mais forcément, vous n’avez pas tout à 16 ou 18 ans pour faire face au monde professionnel. Alors il y a des exceptions comme Mbappé, mais il y a des lacunes pour moi. C’est logique, voilà. Pour moi le niveau général du foot français baisse, parce que tout va très vite et on a galvaudé le niveau de formation.

Un des buts de Yann Lachuer avec Bastia :

Pourtant, énormément de joueurs français sont titulaires dans tous les plus grands clubs en Europe.
En France, on forme des joueurs individuellement très bons. Mais collectivement, dans la culture du football, la lecture du jeu, l’intelligence de jeu, on est des cadets par rapport à l’Espagne ou d’autres pays. Après, c’est ma philosophie de football, voilà, et je rejoins Karim Benzema quand il dit que le foot est un sport collectif. Mais la société a changé, elle est plus individualiste, l’amour du maillot, tout ça… Ce n’est pas une critique. Le foot est juste un reflet de la société. Il faut vivre avec son temps, je ne dis pas que c’était mieux avant, mais je fais juste le constat qu’on galvaude des étapes importantes, et que le niveau du foot français baisse.

Dans cette idée de mental, vous revenez à Auxerre une 3e fois, en 2001, après un an au PSG et deux au SC Bastia. Vous y restez cinq ans. Pourquoi ?
Je suis revenu car Guy Roux m’avait vendu le projet de la jeune génération à encadrer. Il s’est battu pour me récupérer auprès de Bastia. Je m’étais relancé pendant deux ans au SCB, l’opportunité s’est présentée au bon moment, c’était une reconnaissance du travail accompli, de la maturité, il m’a donné le brassard et les clefs du camion. Comme j’ai dit dans le football il faut de tout, des précoces ou des joueurs comme moi, qui arrivent sur le tard; ça ne m’a pas empêché de faire ma carrière.

Ce qui est drôle, c’est que le curseur était inversé. Vous êtes parti jeune, et vous êtes revenu dans la peau de l’ancien. L’expérience, vous l’avez trouvée à Paris et Bastia.
A Paris, c’était l’arrivé de Michel Denisot, je suis arrivé blessé, mais n’empêche que j’ai remporté un Trophée des Champions, il n’y en pas 30 titres à remporter dans le foot français, je suis fier d’avoir rapporté ça au PSG. Après, pour moi, c’était une étape, j’ai connu deux présidents, trois entraîneurs, j’arrivais d’Auxerre, le PSG c’est une machine à laver, soit ça passe, soit ça ne passe pas. J’ai été blessé quasiment toute l’année, ça fait partie des expériences, qui m’ont endurci, enrichi, mais j’ai un petit regret, car je n’ai pas réussi dans un des plus grands clubs français. Ca fait partie d’une carrière.

« Je me suis éclaté à Bastia ! »

Et là… Créteil, Auxerre, Châteauroux, Paris, puis la Corse !
J’avais des a priori sur le football corse. J’étais un peu à la cave à Paris, et donc Bastia m’appelle, j’y suis allé, j’ai discuté avec le coach Frédéric Antonetti, et ça a collé tout de suite. Ils avaient cette politique, comme Auxerre, de relancer des joueurs à relancer, des jeunes. Je suis rentré complètement là-dedans. Je me suis éclaté pendant deux ans. La Corse est une vraie terre de football, avec toute sa passion, sa ferveur, un cadre de vie exceptionnel, et à Bastia il y a un vrai club, une histoire et un passé. Ca m’a parlé en tant que fan de foot. Ca avait une cohérence d’aller à Bastia, et je me suis régalé.

Il y a eu un autre come-back dans votre carrière, à la fin, après Auxerre, à Châteauroux. Là encore, c’est le projet, l’amour du foot qui expliquent cela ?
Ce qui a fait mes choix, ce sont les valeurs humaines. Les choses simples, avec du travail, un coach qui porte ça. Pour Châteauroux, je ne sais pas si c’était bien ou pas bien, le côté affectif a joué, venir aider en Ligue 2. Avec le recul, je n’avais pas fait le deuil de la Ligue 1, je n’étais pas prêt. J’ai fait une saison très moyenne, blessé tout de suite. Ca n’a pas collé. L’année d’après, cette fois, j’étais préparé à ça, je signe à Orléans (2008), et je me suis éclaté, en National 2 ! J’ai pris du plaisir, j’ai marqué des buts, on était relégables et on a fini 3es, et derrière j’ai embrayé sur un poste d’entraîneur à l’USO.

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Juste avant de parler de votre parcours de coach, il y a une dernière identité chez vous : la Bretagne. Elle peut se voir à travers deux choses, une sélection en équipe régionale en 2008, et puis il y a Mathis, votre neveu, formé à Rennes ! (Il joue à Amiens, en L2).
Ce sont mes origines. Le côté sympa en sélection, c’est qu’il y avait mon frère aussi. C’est la seule fois où j’ai pu jouer avec lui. C’est l’originalité du football, des sélections comme ça ! Pour mon neveu, il a connu lui aussi un début de carrière atypique. Il était un joueur pilote au centre de formation, puis il n’entrait plus dans la philosophie de jeu avec le changement de direction. Il a mangé son pain noir, et il est revenu par la petite porte à Amiens, en U19 nationaux, et il a signé son premier contrat pro. Depuis il essaie de faire sa place. L’année dernière, il a pas mal joué quand Amiens cherchait son maintien. Cette saison il est un peu impatient, en recherche de temps de jeu. Mais comme moi, c’est un joueur collectif, il a besoin des autres pour que son jeu soit valorisé. Il a un peu mon ADN. Il a du potentiel, à lui de le valoriser. Mais voilà, il est dans le cursus des Lachuer, il n’aura rien tout cuit, à lui d’aller chercher les choses et de s’imposer. Le haut niveau c’est ça, c’est la place aux forts, sinon ça ne s’appellerait pas l’élite.

 » Je dis aux joueurs Ecoutez et récoltez »

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Ce que vous dîtes là, vous lui donnez comme conseils, comme à vos joueurs aujourd’hui en tant qu’entraîneur ? Votre carrière de joueur vous sert forcément en tant que coach ?
Tout à fait. Pour Mathis, je ne lui donne pas trop de conseils, il a déjà un entraîneur à Amiens ! Mais oui, j’essaie de transmettre mes valeurs, ma philosophie et mon regard du foot à mes joueurs, basée sur le travail, l’humilité, le plaisir. J’aime que mes équipes jouent au foot, qu’il y ait du contenu. Il faut évidemment de l’exigence, au haut niveau, dans le football de compétition. Je parle beaucoup foot de compétition en National, car il y a un gap avec le haut niveau.
Ma plus grande difficulté c’est de toucher ces nouvelles générations, qui n’ont pas la même éducation que moi, le même vécu, et le rapport au travail est différent. Encore une fois c’est un parallèle avec la société. La concentration, l’écoute, ce sont des choses défaillantes dans le footballeur moderne. Je leur dis ‘’celui qui écoute, il va récolter. Ecoutez, récoltez’’. Il y a le résultat du match, mais il y a le contenu.

Ca fait déjà 10 ans que vous entraînez. Il y a des longues périodes, comme à Orléans (2009-2012) ou Romorantin (2018-2022), et des plus courtes. Ce n’est, encore une fois, pas rectiligne…
C’est la carrière d’un footballeur ! Il y a eu Créteil oui, où j’arrive en cours de saison, les dés étaient déjà jetés, car je n’avais pas fait le recrutement, et puis il y a la réalité du football moderne, le contenu était plutôt bon à Créteil, mais on ne marquait pas assez. Des fois, ça ne fonctionne pas, vous ne savez pas pourquoi. A Saran, juste avant, je suis resté un an, mais je me suis éclaté, j’étais en charge des jeunes, des U19, la R1, avec une montée en N3 avec une moyenne d’âge de 20 ans. Orléans, j’ai relancé le club, avec la montée en National, j’ai tout façonné, j’ai mis les premières pierres à l’édifice, même si tout s’est arrêté plus tôt que prévu.

« Furlan m’a donné envie d’être coach »

Photo US Lusitanos

Vous finissez votre carrière à l’USO, et vous passez donc coach en 2009. Vous aviez pensé à votre reconversion ?
Honnêtement, je n’y avais pas forcément pensé. J’y ai vraiment pensé sur la fin en rencontrant Jean-Marc Furlan (à Troyes, en 2006-2007), qui m’a donné envie d’être coach. Il a mis des mots sur ma façon de voir le foot, ça m’a servi de déclic. Et puis ça s’est fait naturellement. Je devais être entraîneur-joueur, mais je n’avais pas les diplômes, et il y a eu la rééducation de ma blessure des croisés, avec en plus l’objectif de montée. Je n’ai pas tout bien fait, je l’avoue, notamment la rééduc ! Mais on est monté dès ma première année, et j’ai passé mes diplômes dans la foulée, sur les années suivantes.

Autre belle expérience, Romorantin, en N2, après Orléans, Saran et Créteil. Désormais vous entraînez l’US Lusitanos Saint-Maur. Quel est votre regard sur votre parcours jusqu’à présent ? Qu’est-ce qui vous porte ?
Le SO Romorantin vient me chercher en novembre 2018 alors qu’ils n’avaient que 5 points, et on réussit à se sauver. C’est un petit club familial, avec peu de moyens, il y a également eu les saisons Covid, c’était spéciale, malgré ça on a fait un 16e de finale de Coupe de France, avec une bonne équipe. Et puis cette année, Saint-Maur Lusitanos, un nouveau challenge… Mais je vous avoue que je prends de moins en moins de plaisir, car le fossé se creuse avec les nouvelles générations, c’est de plus en plus compliqué, l’écoute, ça se distend un petit peu. Même si je suis encore content de faire ce que je fais, qu’il y a toujours la passion de transmettre notre vécu. Encore une fois, aux joueurs d’écouter et de prendre. Je n’ai rien inventé sur l’exigence du football, et je suis toujours curieux d’apprendre et découvrir, de me nourrir d’autres coaches. Après, voilà, je fais du Yann Lachuer, avec une partie de Guy Roux, de Jacques Santini, de Jean-Marc Furlan, d’Antonetti… Il y a ce melting-pot-là, et je fais du Yann Lachuer.

Yann Lachuer, du tac au tac – Le joueur

« Un jour, on a dit que j’étais le Iniesta français ! »

Meilleur souvenir sportif ?
Je ne suis pas bon dans ces questions-là, car je n’ai pas un souvenir qui me vient directement. Tous l’ont été, toute ma carrière.

Pire souvenir sportif ?
Pareil, il y a eu des périodes plus compliquées, mais pas vraiment. Allez, on va dire une défaite, quand vous prenez des 4-0 à domicile… Avec Troyes, contre Monaco et il reste une demi-heure, c’est long (rires). En Coupe d’Europe aussi avec Auxerre, à Eindhoven, on perd, Mexès se fait expulser, il reste 30mn. Tu te dis que ça va être long…

Quelles étaient tes qualités et défauts sur un terrain ?
Ma vision du jeu, je voyais les choses avant les autres, et ma justesse technique, ça me permettait de donner du temps à mes partenaires, de fluidifier le jeu. Je savais où j’allais mettre le ballon, ça donnait du temps à Djibril Cissé par exemple, qui allait déjà vite. Double-lame. Mes défauts, c’était ma vitesse de course. Heureusement, j’avais ma vitesse d’exécution. Le plus gros compliment qu’on m’a fait, il n’y a pas longtemps, c’est qu’une personne m’a dit ‘’tu étais le Iniesta français’’. Ca me plait bien !

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Ce serait difficile d’occulter Auxerre, bien sûr. L’année de Châteauroux avec la montée en Ligue 2. Bastia aussi, et même à Troyes, où on joue le maintien, tout… Mais c’est vrai qu’à Auxerre, notamment le dernier passage, ça reste marquant.

Le club où tu as failli signer ?
A Marseille, quand je signe à Paris, Rolland Courbis me voulait, j’étais son choix numéro 1 ! J’ai failli signer à Lens, à Parme… En début de carrière à Nancy avec Olivier Rouyer, c’était ça ou Auxerre… Montpellier, Nantes.

Le club où vous auriez rêvé jouer ?
J’aurais rêvé de jouer à Saint-Etienne et Lens. Mon agent de l’époque c’était Romain Arghirudis, un ancien lensois en plus.

Un stade mythique ?
Je vais vous surprendre, car ce n’est pas dans les grands standards. L’ambiance de fou que j’ai vécu, c’est à Utrecht aux Pays-Bas. Un bruit de fou. Un public connaisseur, comme partout aux Pays-Bas. Alors après il y a eu Liverpool, Arsenal, en Coupe d’Europe, mais Utrecht… Même si pour moi, le stade mythique, c’est Liverpool, Anfield, avec les chants qui filent la chaire de poule.

Le coéquipier qui t’a le plus impressionné ?
Moussa Saïb, à Auxerre. Un des joueurs sous-côtés.

L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
Il y en a deux, où j’ai été en difficulté. Ashley Cole à Arsenal, et Eric Abidal à Lyon.

Un coach marquant ?
Tous. Maintenant que je suis coach en plus, j’ai appris de tous. Même Jacques Santini, alors que je ne l’ai eu qu’un an (à l’AJA). Mais Furlan, Antonetti, Guy Roux, Victor Zvunka à Châteauroux, tous ont marqué ma carrière. Jacky Leméé plus jeune à Créteil.

Une causerie de coach marquante ?
Celui qui m’a le plus touché, c’est Jean-Marc Furlan. Pas une causerie particulière, mais car il ressortait toujours une citation, et parlait de l’actualité. Il avait toujours une citation en rapport avec le match et l’actualité.

Yann Lachuer, du tac au tac – L’entraîneur
« Détail, persévérance, travail, mental »

Meilleur souvenir sportif ?
Les accessions. Que ça soit en N1 avec Orléans, à Romorantin, quand on bat Blois dans le derby, une saison où on se sauve. A Saran en N3, quand on se sauve alors qu’on devait descendre.

Pire souvenir ?
La descente en CFA avec Créteil. Quand tu ne remplis pas tes objectifs, ce n’est pas la saison la plus fun. Les retours dans les clubs, ce n’est pas toujours couronné de succès…

Le club que tu rêverais d’entraîner ?
Le prochain.

Meilleur joueur entraîné ?
A Saran, j’avais un joueur au-dessus. Toutes proportions gardées, mais il était au-dessus. Sinon, pas vraiment.

Un président ?
Le président de Romorantin, qui m’a dit un jour que j’étais trop professionnel.

Ta philosophie de jeu ? Ton style ?
Plutôt offensif, plutôt une maîtrise du jeu, savoir ce qu’on fait.

Ton match référence avec toi sur le banc ?
Plusieurs, mais le dernier qui me revient comme ça, c’est en Coupe de France il y a deux ans, contre Orléans. Ou j’ai parlé du derby avec Blois avec Romorantin, on avait un plan, et tout s’est bien passé.

Ton pire match avec toi sur le banc ?
en N2, contre Lorient, avec Romorantin, avec Régis Le Bris qui dirigeait la réserve. On avait pris 4-0. Une leçon.

Tu es un entraîneur plutôt…
Exigeant, qui peut-être chiant à la longue, car je ne lâche pas les joueurs. Car je sais que le haut niveau c’est du détail, de la persévérance, du travail, du mental, de l’endurance mentale. Comme je suis un gagneur, je me donne à fond, engagé à 2000 %. Des fois à la longue ça peut paraître pénible. Mais je pense que c’est une qualité d’entraîneur.

Tes passions, en dehors du foot ?
J’aime la politique, je m’y intéresse. J’aime l’Histoire aussi, mais j’ai une mémoire de poisson rouge ! J’aime bien aller visiter, dans une ville, faire le petit train etc. (rires). Mais deux heures, après j’ai tout oublié ! La dernière fois, on était passé à Avignon, je ne me souvenais de rien. Mais je suis curieux, ça m’intéresse. Le sport en général aussi bien entendu. La semaine dernière, j’ai regardé un reportage sur Yannick Noah et son fils. J’essaie de m’intéresser aux autres, à la réussite des autres. La politique, l’Histoire, je suis curieux de tout.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : US Lusitanos (et DR)

(entretien réalisé en octobre 2019) En août dernier, le portier de l’US Avranches Mont-Saint-Michel a entamé sa 9e saison consécutive en National, sa 13e depuis ses débuts à Rodez. A 34 ans, il n’a pas l’intention de s’arrêter là. Et n’a pas tiré un trait sur ses ambitions. Portrait.

A Avranches, il y a le Mont-Saint-Michel pas loin. Il y a aussi Notre-Dame-des-Champs, le mémorial du Général Patton, le château avec son célèbre donjon. Et puis, dans les cages du stade René-Fenouillère, il y a Anthony Beuve !

Le gardien de l’US Avranches-Mont-Saint-Michel fait partie des meubles. Il est là depuis 2014. Ce n’est pas le record du club, qui appartient à Charles Boateng, arrivé dans la Manche en 2011, mais pas loin ! « Avec Charles, on est les deux survivants ! » commente Anthony Beuve qui, avec ses huit saisons de rang en National – il a entamé sa neuvième saison en août dernier – est en quelque sorte … un autre monument de la ville !

« Lancé à Rodez en 2008 en National ! »

Avec Rodez, en National. Photo Philippe Le Brech

En matière de longévité dans les cages, et à cet échelon, personne ne fait mieux.

Et si l’on en croit les statistiques, quelque chose dont il n’est pas forcément friand, le natif d’Eaubonne, dans les Hauts-de-Seine, disputera vendredi, au Puy-en-Velay, son 213e match de championnat sous les couleurs avranchinaises. Son 272e en National, où il a effectué ses premiers pas avec Rodez, à la fin de la saison 2007-2008, lorsque Franck Rizzetto l’avait lancé dans le grand bain lors de la 37e et avant-dernière journée de championnat à Paul Lignon (succès 3-0 contre Romorantin). Un bail !

Un bail aussi qu’il est à Avranches ! En août dernier, il a battu son record de longévité dans un club, qui datait de son passage dans l’Aveyron (8 saisons, de 2004 à 2012). C’est que le fan du PSG, son club de coeur, où il a d’ailleurs évolué pendant 5 saisons jusqu’à l’âge de 14 ans aux côtés de Steven Nzonzi, n’a pas joué dans trente-six équipes depuis ses débuts !

Avec Rodez, en 2011, en National. Photo Philippe Le Brech

En seniors, il n’a d’ailleurs porté que trois tuniques : celles d’Avranches et Rodez, donc, et celle de Cannes (2012-2014) : « C’est vrai que je suis resté beaucoup moins longtemps à Cannes, seulement deux saisons, et pourtant, c’est comme si j’y avais passé autant de temps qu’à Rodez ou Avranches. »

Ses premiers ballons « Anto » les touche à Osny (Val d’Oise), là où son papa entraînait : « Comme j’ai pu mettre mes enfants au foot, je pense que mon père en a fait de même avec moi, et c’est sans doute lui qui m’a mis aussi dans les cages alors que je pousse mes enfants à ne pas jouer dans les buts » raconte le double quart-de-finaliste de la coupe de France (avec Cannes en 2014 et Avranches en 2017).

Le plus âgé de ses deux enfants, Lyam, 6 ans et demi, joue dans le champ mais « il commence à vouloir aller dans les buts parce que, forcément, il me regarde… Il va falloir que je lui mette plus souvent des petits ponts dans les matchs pour que l’envie lui passe ! ».

« Je me vois jouer le plus longtemps possible »

Photo Bernard Morvan

Après Osny, direction le PSG en compagnie de quelques coéquipiers, puis Franconville (Val d’Oise) pendant un an et enfin Rodez, après un nouveau déménagement.

« Rodez, c’était un club vraiment très familial. Les gens y sont très accueillants et puis c’est un club qui se souvient de ses anciens joueurs. A chaque fois que j’y vais, je suis toujours très bien reçu. J’y ai encore ma famille et mon épouse est de là-bas aussi. J’ai eu l’opportunité d’y retourner comme joueur y’a quelques années mais c’était trop tôt, j’aurais eu l’impression de boucler la boucle. »

Avec Avranches, Anthony Beuve espère continuer de grandir, en accédant à cette fameuse Ligue 3 professionnelle en 2024 (si sa création est confirmée). C’est que, à 34 ans il nourrit toujours la même ambition : celle de jouer en pro.

Photo Bernard Morvan.

« Ici, je fais partie du projet, et je me vois jouer le plus longtemps possible, tant que les blessures me laissent de côté et que je suis compétitif. En 2020 et 2021, j’ai été blessé, mais là, je sens que c’est derrière moi. Je suis revenu un peu comme un joueur neuf. Si j’ai l’opportunité d’aller à un plus haut niveau, et bien on ira (sic) ! J’espère que ce sera avec Avranches. Mais je ne changerai pas de club juste pour changer de club. »

Hier matin, avant d’aller à l’entraînement, Anthony Beuve avait la pêche. Dimanche soir, son club de toujours, le PSG, avait remporté le clasico face à l’OM. Avec Richard Déziré, son ancien coach à Avranches, croisé au café, ils ont pu refaire le match. Et ça, c’était juste avant de répondre à nos questions !

Anthony Beuve, du tac au tac

« J’aimerais bien revoir Steven Nzonzi »

Avec Avranches, en 1/4 de finale de la coupe de France, en 2017, face au PSG, à Caen. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif à ce jour ?
Le 1/4 de finale de coupe de France avec Avranches face au PSG, à Caen, en 2017.

Pire souvenir sportif ?
Quand je me suis fait les croisés, y’a 2 ans, à Borgo. Et je m’étais déjà blessé à l’épaule contre eux la saison d’avant, ce qui m’avait valu 8 mois d’indisponibilité. Et je suis revenu à la compétition, chez eux donc, et là, c’est les croisés…

As-tu déjà marqué un but dans ta carrière ?
Non. Mais ça ne va pas tarder.

Vendredi soir au Puy ?
Non, parce que ça voudrait dire qu’on perd 1-0 en fin de match, c’est pas bon ça (rires)

Pourquoi as-tu choisi d’être gardien ?
Je n’ai aucune explication et en plus, je le regrette un peu. Je pense que j’aurais pris plus de plaisir en étant joueur de champ.

C’est vrai qu’en scrutant de vieilles photos de toi à l’entraînement à Cannes, tu étais toujours dans le champ…
Ouaip… C’est exactement ça.

Ton plus bel arrêt ?
Avranches – Tours en 2018. Pas le plus compliqué mais c’est le plus beau à regarder. Je vais capter un ballon en lucarne.

Avec l’AS Cannes, en coupe de France, Anthony Beuve avait stoppé deux tirs au but face à Saint-Etienne en 2014. Photo S. H.

L’arrêt le plus important de ta carrière ?
Le penalty arrêté sur Mevlut Erding avec l’AS Cannes en 32es de finale de la coupe de France contre Saint-Etienne. Il a fait beaucoup parler et ça a permis de faire ce beau parcours après.

Un geste technique préféré ?
Le petit pont.

Tu évites de le faire en match quand même…
Ah je l’ai tenté y a 10 jours au Mans mais ça n’a pas fonctionné ! Bon, y’avait 3 à 0 pour Le Mans. ça m’arrive de temps en temps.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Tonique et trop joueur.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
La première saison avec Frédéric Reculeau, en 2018-19, dans le jeu, c’était vraiment sympa et beau à voir et à jouer. Et aussi à Cannes, l’année de notre 1/4 de finale de coupe de France, avec un super groupe.

Photo S. H.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
C’est paradoxal mais c’est Avranches. Alors que c’est ici où j’ai mes meilleurs souvenirs… Si je n’avais pas choisi de signer à Avranches en 2014, j’aurais eu l’opportunité, deux jours après, de signer à Lens. Je ne le regrette pas mais voilà… J’ai été trop impatient. Pour être honnête, à l’époque, Avranches fut un choix par défaut, et 8 ans après, je suis encore là. C’est ici que j’ai construit ma vie, comme quoi ! On a investi dans une maison. Mes enfants sont nés à Avranches.

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
PSG, même si j’y ai joué en jeunes.

Anthony Beuve a porté les couleurs du PSG dans les catégories de jeunes (on reconnaît Steven Nzonzi en haut, 2e en partant de la gauche).

Un stade et un club mythique pour toi ?
PSG, le Parc des Princes.

Un public qui t’a marqué ?
Strasbourg, quand on a joué là-bas en National, c’était impressionnant.

Un coéquipier marquant ?
Ronny Rodelin, on a grandi ensemble. J’étais proche de lui quand on était au collège.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
Bradley Danger. C’est en partie grâce à lui si j’ai pris autant de plaisir lors de cette saison dont je parlais, en 2018-2019.

Sous le maillot de Rodez, en 2011. Photo Philippe Le Brech

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
En National, c’est Nicolas Pépé, quand il jouait à Orléans, je l’avais trouvé impressionnant.

L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
Pas impressionné, mais je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours eu du mal contre Amiens. J’ai rarement été performant contre eux.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Steven Nzonzi.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Jean-Marc Pilorget.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Il n’y en a pas un en particulier même si ça s’est souvent mal passé avec mes coachs alors qu’au final, on s’est toujours apprécié ! Ce matin encore, je prenais le café avec Richard Déziré, avec qui la relation n’était pas extraordinaire quand je l’ai eu comme coach, mais finalement, ça se passe très bien. Allez, je dirais peut-être Régis Brouard, qui m’a fait monter de jeunes en seniors à Rodez, que j’ai recroisé deux ou trois fois sur les terrains, quand il était au Red Star notamment, mais il ne m’a ni reconnu ni calculé. Après, je ne le connais pas très bien. Je ne lui en veux pas. C’est peut-être le fait de ne pas avoir eu de reconnaissance.

Avec Brice Cognard, à Avranches. Photo Philippe Le Brech.

Un président marquant ?
Gilbert Guérin (Avranches).

Une causerie de coach marquante ?
Une causerie de Jean-Marc Pilorget, quand il nous parlait, le jour anniversaire du décès de sa fille malheureusement… C’était poignant.

Une causerie de coach que tu n’as jamais comprise ?
J’ai eu Rui Pataca à Rodez et parfois c’était un mélange de français et de portugais. On ne comprenait pas toujours très bien.

Le joueur le plus connu de ton répertoire téléphonique ?
Je ne sais pas s’il a changé de numéro, je pense que oui, Jonathan Clauss.

En coupe de France, face au PSG de Blaise Matuidi. Photo Philippe Le Brech.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
En Coupe de France avec Cannes, je crois que c’était contre Saint-Etienne. Il y avait le président Ziad Fakhri et son papa dans les vestiaires, et tous les deux avaient ramené des choses étranges du Sénégal, des grigris qu’on s’était mis sur les mains, il y avait aussi un truc, un liquide, de la potion, je ne sais pas, mais il faut croire que ça a marché car on est passé !

Des rituels, des tocs ?
Pendant un match, je suis tout le temps en train de remonter mes chaussettes. Elles glissent tout le temps ! Peut-être parce que je n’ai pas de mollet !

Une devise ?
Non, je laisse ça aux intellectuels (rires).

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 2 ?
Un peu de tout, chance, taille, caractère, entourage. Un peu de talent aussi forcément. Si je dois sortir un critère, ce serait la taille.

Photo Bernard Morvan

Tu es un gardien plutôt …
Joueur !

Un gardien de légende ?
Bernard Lama.

Une idole ?
J’étais fan de Pastore. J’aimais son élégance.

Ta plus grande fierté ?
Mes deux enfants. Livio va avoir 3 ans dimanche et Lyam a 6 ans et demi. Ils sont fans du PSG. Ils sont obligés !

Le milieu du foot, en deux mots ?
Intense et enrichissant.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @boyeranthony06

Photos Philippe Le Brech, Bernard Morvan et DR

L’ancien milieu offensif de Créteil a fait le choix d’un football « exotique » en 2016 en signant à Gabala, en Azerbaïdjan, où il a découvert la Coupe d’Europe, puis à Bakou. Aujourd’hui, il évolue à Chypre, à l’Apollon Limassol, où il a décroché deux titres en 2022.

Sous le maillot de Créteil. Photo Philippe Le Brech

Talent passé entre les mailles des filets franciliens avec une formation sous les couleurs du FC Lorient (2007-2009), Bagaliy Dabo (34 ans) a néanmoins terrassé ses adversaires sur les défenses parisiennes pendant une bonne partie de sa carrière.

D’abord pendant deux ans à Ivry (2009-2011) en CFA2 et CFA, puis pendant quatre autres à l’US Créteil (National, Ligue 2). Il a aussi effectué un passage éclair à Istres (2013-2014) pour ses débuts professionnels en Ligue 2.

La descente avec le club cristollien de Ligue 2 en National à l’issue de l’exercice 2015-2016 marque un tournant dans la carrière du milieu offensif tricolore.

Sous le maillot d’Ivry en CFA. Photo Philippe Le Brech

Alors qu’il aurait pu rester aux portes de l’élite du foot français en poursuivant en Ligue 2, Bagaliy Dabo surprend son monde, direction l’Azerbaïdjan pour rejoindre les rangs de Gabala (2016-2018).
Après deux campagnes européennes héroïques et deux saisons en championnat âprement disputées, le virevoltant buteur signe deux ans en Azerbaïdjan, à Bakou (2018-2020) sans y remporter de trophée. Vient alors l’heure de s’envoler en 2020 pour Chypre et l’Apollon Limassol.

Là encore, les coups de reins et les « coups de savate » de « Baga » font des ravages. Vice-champion la première saison, le serial buteur ne se manque pas lors du dernier exercice. Auteur de 8 buts avec l’Apollon, il décroche un nouveau titre de champion après celui obtenu en National avec Créteil en 2013. Il y a quelques semaines, Dabo s’offrait même un doublé Championnat/Coupe avec la Super Coupe de Chypre. Sur un rythme effréné entre championnat et Coupe d’Europe, Dabo a néanmoins pris le temps de parler foot une heure durant.

« Je suis très heureux à l’Apollon Limassol »

Photo Philippe Le Brech

Titi parisien né à Clichy-le-Garenne, comment te retrouves-tu au centre de formation de Lorient ?
À la base, je devais signer à Guingamp mais Lorient les a contactés et je suis allé passer quelque jours là-bas. La semaine d’après, je me suis retrouvé à signer mon contrat stagiaire avec Lorient. J’avais aussi la possibilité d’aller à Toulouse et Nantes, mais j’ai choisi la Bretagne. J’y suis resté deux ans. Sur Paris, je n’avais pas trop de piste.

Au bout de deux ans, tu reviens chez toi pour jouer avec Ivry en CFA2, puis tu grimpes encore les échelons en rejoignant Créteil (2011-2013). Deux années de National riches en émotion, avec une accession en L2 à la clé…
À Ivry, j’arrive en cfa2 en effet avec une montée dès ma première année. J’enchaîne par une saison en CFA avant de partir pour Créteil où j’ai vraiment passé deux années riches en émotions avec un joli parcours en Coupe de France la première année. On va jusqu’en 16e de finale et on perd chez nous aux tirs au but contre les Girondins de Bordeaux. L’année suivante, on effectue une saison extraordinaire en contrôlant le championnat du début à la fin et on monte en Ligue 2.

Photo Philippe Le Brech

Alors que la suite logique était la ligue 2 avec Créteil, c’est du côté de Istres que tu découvres le monde pro. Que s’est-il passé ?
Rien de spécial. On n’est juste pas tombé d’accord contractuellement tout simplement… Du coup, je suis parti découvrir le monde professionnel à Istres. La descente en National fut une déception, mais j’ai vraiment pris du plaisir notamment au niveau du jeu que l’on pouvait proposer.

Tu es de retour à Duvauchelle en 2014 pour deux nouvelles saisons difficiles pour le club en Ligue 2. Quels souvenirs en gardes-tu ?
C’est vrai que ce n’était pas si facile mais je n’irais pas jusqu’à dire difficile non plus. On a eu des haut et des bas comme dans tout club. Je pense notamment à la deuxième saison où on n’a pas su se sortir de ce moment difficile qui nous a condamnés au National et à une sortie rapide en Coupe de France contre les Lusitanos de Saint-Maur (2-4). Pourtant , nous avions de bons joueurs pour éviter cette issue pour le club et les gars.

Photo Philippe Le Brech

La descente marque un tournant dans ta carrière avec un choix surprenant : partir en Azerbaïdjan. Que retiens-tu de ces quatre années là-bas ?
Ce sont quatre années où je me suis ouvert à une autre culture. J’y ai appris l’Anglais, j’y ai appris à être plus professionnel sur et en dehors du terrain. Et bien évidement j’ai développé mes talents de buteur avec beaucoup de travail, sans oublier la découverte des compétitions européennes.

Dès mon arrivée, je disputais un tour préliminaire d’Europa League contre un club géorgien. On sort même Lille pour notre 3e tour avant de nous qualifier pour les poules (ndlr : 6 défaites en 6 matchs, dont un double revers contre Saint-Étienne) en éliminant Maribor.

Sous le maillot d’Istres face au SCO Angers et Gaël Angoula. Photo Philippe Le Brech

Depuis 3 saisons maintenant, tu t’éclates à Chypre avec l’Apollon Limassol. Comment décrirais-tu le niveau de ce championnat ?
À Chypre, le championnat n’est pas évident avec pas mal de bonnes équipes. La preuve, nous avons deux équipes qualifiées en Europa League. Nous aurions pu être là troisième avec une élimination aux tirs au but contre l’Olympiakos Le Pirée.

Au final, nous sommes en Conférence Europa League et dans le coup pour nous qualifier. Remporter le championnat et la Coupe ne sont pas des choses faciles. Je situerais nos équipes dans le haut tableau de Ligue 2, milieu de tableau de Ligue 1.

Aujourd’hui, on peut voir Ndoye en National avec le Red Star, Seck en N2 avec Créteil. Une dernière pige en Île-de-France est elle possible ?
Ce n’est pas d’actualité, mais franchement le football nous a appris que tout était possible, donc pourquoi.

Seul l’avenir nous le dira, mais c’est vrai que je suis très heureux aujourd’hui avec l’Apollon Limassol.

« Baga » Dabo, du tac-au-tac

Photo Philipe Le Brech

Premier match en pro ?
Dès le début de la saison 2013-2014 à la maison contre Angers. On démarre très mal avec deux buts concédés en 20 minutes pour au final perdre 4-2. Je suis titulaire et sur la pelouse tout le match.

Premier but en pro ?
À domicile 15 jours après la défaite contre Angers. On reçoit le CA Bastia qui était promu en Ligue 2 comme Créteil. Les Corses ouvrent le score sur penalty et j’égalise sur le coup d’envoi ou presque.

Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
J’ai eu la chance de jouer avec des joueurs très forts, notamment techniquement. Mais si je devais en retenir un, je dirais Jérôme Leroy à Istres. Il était impressionnant et j’ai pu apprendre beaucoup et m’inspirer de certaines choses chez lui.

Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Alors il n’est pas connu du grand public, mais je dirais Miguel Madera, un milieu évoluant en 6 ou 8 qui est maintenant à la retraite. J’ai pu jouer contre lui plusieurs fois en Azerbaïdjan et c’était rarement une partie de plaisir.

Sous le maillot d’Istres. Photo Philippe Le Brech

Ton plus beau stade ?
Je vais en citer deux qui sont, je trouve, incroyable. C’est le stade de Maribor en Slovénie et le stade Félix Bollaert de Lens. J’y ai à chaque fois senti une énorme ferveur et une vraie pression.

Ta plus grande joie ?
Je pense que c’est celle du championnat de Chypre que l’on gagne la saison passée au bout du suspense. Ce fut une saison longue durant laquelle nous avons presque toujours été devant. Conclure a été compliqué. Je pense aussi à ma première qualification en Europa League pour laquelle j’ai pratiquement ressenti la même émotion.

Ta plus grande déception ?
Je pense que c’est ma première saison à Chypre en 2020-2021 où l’on perd le championnat sur le fil face à l’APOEL Nicosie. Et la finale de la Coupe d’Azerbaïdjan perdue à domicile avec Qarabag contre Kesla (1-0) en 2017-2018. Ce fut une grande déception.

L’entraîneur qui t’a le plus apporté ?
Sans langue de bois, je pense que chaque entraîneur m’a apporté un petit quelque chose à son échelle que ce soit en CFA, en National, en Ligue2 ou à l’étranger j’ai toujours appris de mes coachs.

L’entraîneur que tu n’as jamais compris ?
Là par contre, je vais éviter de donner des noms, mais il y en a (grand éclat de rire).

Texte : Julien Leduc / Mail : jleduc@13heuresfoot.fr / Twitter : @JulienLeduc37

Photos : Philippe Le Brech

Vous avez loupé un épisode de la série « 13heuresfoot » cette semaine ? Voici la séance de rattrapage !

Samedi 15 octobre 2022
Coupe de France : le vignoble nantais est à la fête !
https://13heuresfoot.fr/actualites/coupe-de-france-le-vignoble-nantais-est-a-la-fete/
Avec cinq clubs présents au 6e tour ce week-end, le vignoble nantais vit un moment historique. Car tous ces clubs ne sont distants que de quelques dizaines de kilomètres et ils se connaissent bien. Petit tour dans le Pays du muscadet !

Vendredi 14 octobre 2002
Mathieu Duhamel, l’histoire d’un acharné
https://13heuresfoot.fr/actualites/mathieu-duhamel-lhistoire-dun-acharne/
Retraité du monde professionnel depuis 2018 et son passage à Foggia, en Italie, l’ancien avant-centre, qui a beaucoup bourlingué entre L1, L2 et National, aujourd’hui conseiller sportif et adepte du MMA, revient sur sa carrière et son tempérament de compétiteur.

Jeudi 13 octobre 2002
National : Versailles, un promu aux moyens XXL qui font jaser
https://13heuresfoot.fr/actualites/national-versailles-un-promu-aux-moyens-xxl-qui-font-jaser/
Vainqueur du Mans (2-1) mercredi lors de la 9e journée de National, Versailles occupe la 3e place à trois points du duo Concarneau-Dunkerque. Le club des Yvelines n’est pas un promu comme les autres. Il se signale par un train de vie fastueux matérialisé par le recrutement d’une dizaine d’anciens joueurs de L1 et L2.

Mercredi 12 octobre 2002
Didier Santini, bien plus qu’un entraîneur…
https://13heuresfoot.fr/actualites/didier-santini-bien-plus-quun-entraineur/
L’ex-coach de Saint-Brieuc, Béziers et Dunkerque se démarque par son côté bienveillant et ce rôle de conseil auprès de ses joueurs, qu’il aime accompagner dans leur projet de carrière. Au point, parfois, d’en oublier la sienne !

Mardi 11 octobre 2012
Réginald Ray : « Être consultant est un bon palliatif »
https://13heuresfoot.fr/actualites/reginald-ray-etre-consultant-est-un-bon-palliatif/
Sans club depuis sa courte expérience au Mans en 2020, que la Covid a freinée, l’ancien coach du Paris FC et de Valenciennes découvre une autre facette du football, en plateau, où il commente le Multiplex de Ligue 2 pour Amazon Prime Video. Mais le terrain le démange et il compte bien retrouver un banc.

Lundi 10 octobre 2022
Ils ont choisi le foot des copains à La Forêt-Fouesnant !
https://13heuresfoot.fr/actualites/ils-ont-choisi-le-foot-des-copains-a-la-foret-fouesnant/
La belle histoire a commencé la saison dernière. Une quinzaine d’amis d’enfance, qui évoluaient dans différents clubs (du National au Régional 3,) ont décidé, en raison d’un grave problème de santé ayant touché l’un d’entre eux, de rejoindre la même équipe, le CA Forestois, en 2e division de district dans le Sud-Finistère. Pour se retrouver et jouer ensemble. Et leur aventure continue.

Samedi 8 octobre 2022
Nicolas Usai (Nîmes) : « Le foot, c’est le reflet de la société »
https://13heuresfoot.fr/actualites/nicolas-usai-le-foot-est-le-reflet-de-notre-societe/
L’entraîneur de Nîmes Olympique (Ligue 2), en déplacement ce soir à Quevilly Rouen, évoque à la fois sa carrière de joueur, essentiellement  construite en National, et celle d’un entraîneur professionnel à Istres (adjoint en Nationale et en L2), Marseille-Consolat (Nat), Sedan (N2), Châteauroux (L2) et, depuis janvier dernier, chez les Crocodiles.

Avec cinq clubs présents au 6e tour ce week-end, le vignoble nantais vit un moment historique. Car tous ces clubs ne sont distants que de quelques dizaines de kilomètres et ils se connaissent bien. Petit tour dans le Pays du muscadet !

Demain, c’est un nombre historique de clubs de Loire-Atlantique qui seront engagés au 6e tour de coupe de France. Parmi les onze qui sont encore en lice, on retrouve notamment cinq clubs du Vignoble nantais, connu notamment pour son muscadet, un vin blanc sec qui se déguste souvent avec des fruits de mer !

Et c’est le cœur de ce vignoble nantais qui est à la fête avec l’AS Vieillevigne La Planche, le FC Coteaux du Vignoble (Saint-Fiacre, La Haie-Fouassière, Château-Thébaud), le FC Saint-Julien-Divatte (Saint-Julien-de-Concelles, La Chapelle Basse-Mer), l’Elan Gorges et l’AC Basse-Goulaine.

Des sangliers sur le pré

L’équipe du FC Coteaux du Vignoble, le petit poucet (D1). Photo DR

Pour Raphaël Marsac, l’entraîneur du petit poucet Coteaux du Vignoble (Départemental 1), la réception des Herbiers (National 2) est encore l’occasion de mettre le club en avant après l’élimination de deux formations de National 3 (Saint-Nazaire et Fontenay). « Les conditions d’entraînement ne sont pas toujours au top avec notamment le passage des sangliers sur notre terrain, regrette-t-il. J’ai presque honte de recevoir les clubs sur notre terrain. Mais ce sera une belle fête dimanche (demain) à Château-Thébaud ! Car on reçoit aussi un club qui a été finaliste de la coupe de France. Mais on a l’habitude de gérer le quotidien. » Et son équipe pourra de nouveau s’appuyer sur Pierre-Emmanuel Besse, son gardien, qui s’est distingué depuis le début de la compétition.

« C’est de la fierté ! s’exclame le portier de 25 ans. Contre Saint-Nazaire, il y avait, je pense, l’effet de surprise. Ils ne s’attendaient pas à un tel niveau de notre part. Fontenay joue les premiers rôles dans le championnat de N3 sur ce début de saison, ils étaient au courant de notre performance au tour précédent. On savait que ça allait être plus compliqué et qu’ils allaient nous laisser aucune chance, surtout qu’ils ont mis l’équipe type hier. On a abordé ce 5e tour en étant concentrés, avec un certain recul tout essayant de prendre du plaisir. Car des matches comme ça, on n’en vit pas beaucoup dans une vie de footballeur amateur… »

Sans pression

L’Elan de Gorges a aussi réalisé un superbe exploit le week-end dernier contre La Roche Vendée Football, grand favori du groupe de National 3 Pays de la Loire (2-0). Avec un doublé de Charlie Huet, un enfant du club.

« On savait que ce serait un gros match face à des joueurs qui ont une meilleure préparation que nous, souligne ce conducteur de travaux de 26 ans. Mais on a joué avec notre âme, avec notre cœur. Même si tous les joueurs sont des êtres humains, La Roche possède des joueurs avec des qualités techniques et physiques au-dessus de nous. Il ne faut pas le nier. On se retrouve sur ces matchs car du moment où tu y crois, tout est réalisable. Chaque saison, on se fixe d’avoir au moins les maillots (le quatrième tour, N.D.L.R.) et ensuite c’est du bonus. »

Ce dimanche, Gorges va devoir aller chercher sa qualification à l’extérieur. « Après l’exploit du week-end dernier et l’élimination de la Roche VF, il fallait vite redescendre sur terre, assure Michaël Grillot, l’entraîneur gorgeois. On n’a pas trop le temps de savourer. Nous espérions un tirage à domicile ou un derby mais le sort en a décidé autrement. Je suis certain que les joueurs feront le maximum. Tirer un club de Régional 1 à l’extérieur (NDC Angers, N.D.L.R.) est clairement un mauvais tirage mais arriver au 6e tour, il n’y a plus vraiment de bon tirage. J’espère que le peuple Gorgeois suivra car il faudra enchaîner un deuxième exploit. Plus facile à dire qu’à faire ! »

Loïc Tainguy est fier de voir son club et ses deux anciens clubs encore qualifiés. (Photo Lakhdar Hadjeri) / Voir aussi sa page : https://www.facebook.com/passionsportamateur

Auteur de deux exploits contre des clubs de National 3 (ESO La Roche et Saint-Philbert-de-Grand-Lieu), le FC Saint-Julien Divatte (Régional 2) devra aussi aller chercher sa qualification à l’extérieur, loin de l’ambiance explosive de son stade.

« C’est un club qui fusionne tout juste, qui a envie de grandir, explique Loïc Tainguy, arrivé cet été à la tête de l’équipe après des expériences à… Vieillevigne La Planche (4 ans) et Gorges (9 ans). Je souhaite apporter ma pierre à l’édifice. Car au-delà de l’équipe fanion, qui doit être une vraie locomotive, il existe un véritable projet autour du terrain. Grâce à notre parcours en coupe de France, on peut voir qu’il y a de belles images avec de l’effervescence. Les jeunes du club mettent un nom sur le visage de mes joueurs. »

Avec la fusion de Saint-Julien-de-Concelles et La Chapelle Basse-Mer, le nouveau club est désormais le plus important de la Ligue des Pays de Loire en termes de licenciés.

« Outre le côté sportif, avec l’ambition de rejoindre le Régional 1 à court terme, l’objectif est au niveau de la formation du joueur et de la joueuse, confie le président Yoan Peigne. On souhaite mettre en place un gros volet social. L’humain est vraiment au cœur de ce projet ! »

Tirage au sort du 7e tour mercredi à Paris

L’humain c’est aussi la priorité de l’AS Vieillevigne La Planche (Régional 2), qui va recevoir les Voltigeurs Châteaubriant (National 2). « Lors d’une grillade de fin de saison avec les joueurs, au mois de juin, je leur avais donné comme objectif de début de saison d’aller au 6e tour de Coupe de France mais ils avaient tous rigolé ! » s’amuse David Morisseau, l’entraîneur de l’ASVP. « Depuis plusieurs saisons, il est vrai que l’on se fait éliminer très rapidement, poursuit-il. Alors c’est top d’être encore en vie dans cette compétition. Le match à Cheffois le week-end dernier (victoire 1-0) était un vrai match de coupe avec beaucoup d’intensité, un public venu en nombre pour soutenir les deux équipes. »

Et ce sera le cas ce dimanche à La Planche pour la réception des Voltigeurs Châteaubriant. « On a préparé ce match comme une semaine normale mais avec quelques détails en plus, assure-t-il. Certains de mes étudiants sont venus pour l’entraînement de mercredi, chose qu’ils ne font pas habituellement. Nos jeunes supporters préparent également des surprises pour nous encourager au maximum. Ils avaient déjà fait énormément de bruit à Cheffois. Je pense que ce sera décupler à domicile car l’approche est un peu différente. On va donc chercher les petits détails nous permettant de créer l’exploit ! »

Ancien président du club, désormais dirigeant de l’équipe fanion, Alban Bolteau reste serein avec ce match de gala : « Nous, on ne se prend pas la tête, ça reste un match de football, assure Alban Bolteau. Mais ça va être une belle fête pour le club. » Et pour tout le vignoble nantais qui espère avoir quelques représentants mercredi prochain au tirage au sort des 7e et 8e tour à Paris !

Les matchs des clubs du Vignoble nantais

Dimanche 16 octobre

– USN Spay (Régional 2) – AC Basse-Goulaine (Régional 1)
– AS Vieillevigne La Planche (Régional 2) – Voltigeurs Châteaubriant (National 2)
– Mareuil SC (Régional 2) – FC Saint-Julien Divatte (Régional 2)
– Angers NDC (Régional 1) – Elan Gorges (Régional 2)
– FC Coteaux du Vignoble (Départemental 1) – Vendée Les Herbiers Football (National 2)

Texte : Jérôme Bouchacourt et Joël Penet / Avec le site : https://www.footamateur.fr/

Photo de couverture : Lisa Paquereau

Photos : Lakhdar Hadjeri et DR

 

Retraité du monde professionnel depuis 2018 et son passage à Foggia, en Italie, l’ancien avant-centre, qui a beaucoup bourlingué entre L1, L2 et National, aujourd’hui conseiller sportif et adepte du MMA, revient sur sa carrière et son tempérament de compétiteur.

Le point commun entre le Stade Malherbe de Caen, le MMA, le métier de conseiller sportif, un buteur compulsif et la Ligue 2 ? Celui qui était justement un scoreur remarqué pendant sa carrière, Mathieu Duhamel, l’ancien attaquant du SMC, du Havre, de Metz, de QRM ou d’Evian-Thonon-Gaillard ! Un garçon entier, joueur de tempérament et buteur de talent, qui est revenu sur sa carrière pour 13heuresfoot. Sans filtre, lucide sur son parcours, son caractère, ses qualités et ses défauts de footballeur. Portrait d’un Normand pas comme les autres, qui profite aujourd’hui d’un repos bien mérité… Tout en se rendant encore quatre fois à la salle par semaine, lui qui a commencé le MMA il y a six mois ! Et qui s’occupe de sa société, « T.I.M. Sport Management », qu’il a lancée pour se consacrer à sa nouvelle vocation, celle de conseiller sportif :  » Je suis mandataire sportif. Je conseille les joueurs, je cré un plan de carrière avec eux, je négocie les contrats, je recherche des clubs, je m’occupe de leur suivi et pour la partie juridique, je collabore avec un cabinet d’avocats. C’est un nouveau projet très intéressant. »

Un « tueur » devant le but !

L’avion, sa marque de fabrique après ses buts ! Photo Bernard Morvan

A la réflexion, Mathieu Duhamel aurait presque eu le profil et la personnalité pour jouer dans Les Tontons Flingueurs.

« Dudu, faut r’connaître, c’est du brutal. Tu lui files un petit ballon, il te le descend manu militari. Ct’un tueur devant le but, Dudu. Faut dire, il éparpillait façon puzzle aux quatre coins d’la Ligue 2 à l’époque. Un dynamiteur, un dingue, un acharné, un pénible… ».

Bon. Pour ceux qui n’ont pas vu le chef d’œuvre de Georges Lautner, réalisé en 1963, une étape traduction s’impose. Dudu, c’est bien entendu Duhamel, Mathieu Duhamel, de son prénom, l’ancien goleador en série de Caen, du Havre, de Metz, de Créteil ou encore de Quevilly-Rouen (liste non exhaustive !). Un attaquant au gros caractère, du genre bien chiant pour les défenses, une bouteille étiquetée « terreur de L2 ». « Pas le plus technique », certes et de son aveu même, mais un battant exceptionnel, un gagneur que n’auraient pas renié Lino Ventura et compagnie. Un flingueur devant le but, archétype du type avec qui aller à la baston les yeux fermés, le silencieux qui fait « phou-phou » remisé au holster, tant on peut lui faire confiance.

Oui, Mathieu Duhamel convoque sûrement et avant tout cette image du buteur acharné, habité par la passion et la rage de vaincre. Au grès d’un parcours riche en clubs (une quinzaine), le Normand, natif de Mont-Saint-Aignan, à côté de Rouen, a toujours emmené dans ses bagages sa détermination. Et puis son sens du but : 152 marqués en pro, dont 79 en 196 matches de Ligue 2. Agrémentés de 7 passes décisives, voilà le genre de stats à vous poser une carrière et un joueur.
Mais du FC Rouen à Foggia, en Serie B, où il a pris sa retraite professionnelle en 2018, le parcours du gaucher aura été émaillé de coups de cœur et de séparations parfois douloureuses, renvoyant à son côté entier, pour le meilleur et pour le pire.

Buteur flingueur du National à la Ligue 2

Car son parcours aurait pu être plus linéaire et prendre une autre dimension sans quelques arrêts au stand et incompréhensions avec ses coaches ou dirigeants sportifs. Sa détermination lui vient par exemple de ses débuts et de sa formation, comme il le raconte. « Quand j’étais jeune à l’INF Clairefontaine, ça se passait bien. J’avais des qualités physiques, en termes de vitesses et de cardio, que n’avaient pas les autres. Je faisais la différence. Mais le souci, c’est qu’après, les autres ont grandi, alors que je n’ai commencé à grandir que vers 16 ans. J’étais plus petit, j’ai dû me battre, on m’a rabaissé, on me disait que j’étais nul. Ca a créé en moi une détermination ».

Il a « les dents qui rayent le parquet », l’envie de tout déchirer, l’objectif de manger les joueurs plus forts que lui. « Au fond de moi j’avais cette certitude que je pouvais y arriver ».
Son père lui paie une salle de musculation, Mathieu ne part pas en vacances avec ses parents, fait des sacrifices, bosse pour « faire gonfler les cuisses ». L’acharné de travail est déjà là, trois fois par semaine, en plus de ses cours en BTS.

Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=7YWlZNnJjuE&ab_channel=Ligue1UberEats
Un but dans le plus pur style Duhamel ! Du combat, de l’acharnement, de la rage et du talent. « Faut reconnaître, c’est du brutal ! »

A 18 ans, à l’US Quevilly (N2), dans la foulée de l’INF, son entraîneur le fait jouer défenseur. « J’ai été formé ailier gauche, et quand j’ai commencé à grandir, je suis passé latéral, car j’avais le physique pour faire les aller-retours après avoir grandi. Je n’ai pas perdu trois ans quand même, mais j’ai eu l’impression de ne pas jouer à mon poste, de perdre mon temps ». Qu’à cela ne tienne, l’attaquant dans l’âme va toquer solo à la porte du gros club du coin, du haut de ses 21 ans, au FC Rouen (N2), où il allait au stade enfant. « Et là je mets ma dizaine de buts ». Le repositionnement est acté, le flingueur commence à trouer les filets, et pas silencieusement.

Cheval de Troyes et relance messine

Attention, ça va redécoller !!! Photo Bernard Morvan

Après Rouen en N2, « Mat » enchaîne trois saisons à l’étage du dessus, en National, à Romorantin, Laval et l’US Créteil-Lusitanos. Ses stats ne font que s’améliorer, jusqu’à atteindre les 17 buts en 29 matches avec le club francilien.
Mais certains choix sportifs, des personnes dans les clubs et le caractère entier et direct du scoreur, font que ça frictionne parfois, comme à Laval (11 buts en 33 matchs), où Philippe Hinschberger, le coach, veut recruter un autre attaquant. « J’ai du respect pour Philippe Hinschberger, je n’ai pas de rancune aujourd’hui. Mais je ne voulais pas être numéro 2. Je suis donc parti en ‘’claquant la porte’’, et en disant ‘’je vais mettre 15 buts l’année prochaine et un jour vous viendrez me rechercher’’ ».

L’objectif comptable est donc dépassé sous les ordres de Laurent Fournier à l’USCL, « une belle rencontre. Je me suis épanoui là-bas ». De quoi attirer l’attention de Troyes, alors en Ligue 2, qui lui propose un contrat de trois ans. « Mon rêve d’être professionnel se réalise. Mais comme dans mon parcours, ça n’a jamais été simple, à la reprise d’été le coach qui m’a recruté s’est fait limoger. »

Le nouvel entraîneur ne le connaît pas, et n’a pas d’estime pour ce « produit » venu de National. C’est encore un stop pour Duhamel, alors que sa femme est enceinte et que l’ESTAC le pousse vers la sortie…

Le Normand transporte alors son étoile plus loin à l’est. Joël Muller l’appelle, et l’avant-centre part à Metz (L2), un club qui est « en difficulté, avec une équipe au moral dans les chaussettes. Mais j’y vais en courant, avec l’envie de me relancer comme jamais, dans ce club mythique. J’y ai vécu des moments extraordinaires. C’est le vrai début de ma carrière en pro ».

Toujours plus haut à Caen, avant le trou normand

Mathieu Duhamel cite souvent le nom de Patrice Garande dans les coachs marquants de sa carrière. Photo AB

Et si les notes des débuts sont jouées en mode qui va piano va sano, le déménageur va alors tout casser. Les pianos, les filets, les stats, ses objectifs. Il inscrit 9 buts en 18 matches pour maintenir les Grenats en 2011, puis 10 la saison suivante, en Ligue 2. « Mais malheureusement Metz descend en National. Je me blesse pendant trois mois, d’autres joueurs importants aussi. Moi, même si j’apprécie le club et ses supporters… Je ne veux pas retomber en National. Je n’ai plus de temps à perdre, j’en ai trop perdu par le passé, j’ai 26 ans, je veux aller encore plus haut. Angers m’appelle. Mais je ne sais pas pourquoi, il y a un truc au fond de moi, je veux aller à Caen, qui m’attirait énormément. Sauf que c’était le seul club qui n’avait pas appelé mon agent ! Je lui dis que je veux absolument y aller ».

Le nouveau coach de Malherbe, Patrice Garande, ne le connaît pas. L’entraîneur à la casquette se renseigne. Est convaincu. Comme tous les supporters et suiveurs du SMC, très vite, très haut, très fort.

Vidéo / les 24 buts de Mathieu avec Caen en 2013-14 en Ligue 2 :

https://www.youtube.com/watch?v=RVCnMMl8Z6g&ab_channel=Ligue2BKT

Le souvenir de la carrière de Duhamel est en effet invariablement couplé à ses buts sous le maillot de Caen.
Pendant trois saisons, le goleador enfile les réalisations comme des perles, et décroche le titre de meilleur buteur de Ligue 2, en 2014, avec 24 unités. Le club normand monte en première division, et Dudu continue de marquer, comme ce but splendide contre Nantes à D’Ornano (vidéo en début d’article), parfait résumé de ce qu’il est sur un terrain. Souci : à nouveau des désaccords vont l’éloignent d’une équipe, alors que le Normand se serait bien « vu jouer jusqu’à la fin à Caen ».

Xavier Gravelaine, directeur général du club à l’époque, n’apprécie pas autant le scoreur que Patrice Garande ou Jean-François Fortin, le président. L’ancien international veut recruter ses joueurs, et Mathieu Duhamel est mis de côté en janvier, alors que la belle-famille de l’attaquant est touchée par un décès. Gentiment, on indique le chemin de la sortie au numéro 7 de Malherbe.

Du port du Havre à Foggia… Et au MMA !

A Quevilly Rouen, Mathieu ne le sait pas encore, mais son coéquipier, à droite, va devenir international (Jonathan Clauss) ! Photo Bernard Morvan

Duhamel est prêté à Evian-Thonon-Gaillard (L1), score encore quatre fois en onze rencontres sous les ordres de Pascal Dupraz, ce qui porte son total à 10 réalisations en 30 matches de L1. Pas mal, pas mal du tout, potentiellement de quoi le relancer à Caen, encore une fois.

Mais à son retour en Normandie, l’incompréhension et les désaccords avec le DG sont toujours là, le buteur toujours mis à l’écart. Il repart en L2, au Havre, qui a un beau projet et lui propose plusieurs années de contrat, ce à 31 ans.

Après deux ans, il rejoint Quevilly Rouen Métropole, jeune promu en Ligue 2, en juin 2017, et se rapproche encore plus de ses racines. Même à trente printemps passés, le gaucher continue de marquer (8 buts en une demi-saison). Un sacré révélateur de son amour du football. Une donne qu’il confirme bien volontiers, indissociable de sa rage de vaincre.

Vidéo (Ouais, Mathieu Duhamel avait de beaux restes à 31 ans en L2…) :

https://www.youtube.com/watch?v=6WVGjOGRcxk&t=39s&ab_channel=Ligue2BKT

Photo Bernard Morvan

« Quand j’entrais dans un stade, c’est comme si j’entrais dans une arène de gladiateurs, le Colysée. J’étais méchant, mais dans le bon sens. Je voulais juste gagner. Encore aujourd’hui, quand je fais du sport, ce n’est pas pour perdre. »

En janvier 2018, l’avant-centre joue les prolongations à 33 ans, à Foggia, en Serie B italienne. Une « très belle expérience », avec la ferveur des supporters, mais un move pas du tout planifié, pour une aventure qui se révèle mitigée, avec un coach qui privilégie les joueurs italiens et n’a pas recruté Mathieu.

L’expérience ne durera qu’une demi-saison. Pas grave, car Mathieu n’en garde que du bon. Il a déjà bien vécu, vu, et mis des buts. Les arrêts de jeu de sa carrière s’étirent tout de même un peu, par passion, à Beauvais, Grand-Quevilly, ou Saint-Julien. « L’arrêt de ma carrière pro en 2018 a été difficile, je tournais en rond, je remettais tout en question. S’il n’y avait que moi et pas ma famille, j’aurais joué jusqu’à 40 ans. Le foot, je lui dois beaucoup. Enormément. Tout. J’ai pu réaliser mon rêve de devenir footballeur un jour alors que personne ne misait sur moi. Je changeais souvent de club, mais parce que je voulais évoluer, aller plus haut ».

Une soif de vaincre qui se retrouve aujourd’hui dans son quotidien. Le quasi-quarantenaire (il a 38 ans) est ainsi devenu conseiller sportif, partage son expérience et transmet la valeur du travail à des jeunes joueurs. Leur martelant de se battre pour leurs rêves. « Je me suis rendu compte pendant ma carrière que le talent, il en faut, bien sûr. Mais la détermination et la rage que j’avais en moi, c’était et c’est ça le plus important ».

Ce goût pour l’effort continue d’habiter Mathieu Duhamel, lui le boxeur qui se rend quatre fois par semaine à la salle, et surtout dans l’octogone du MMA, sport de combat commencé il y a six mois, où il lâche d’autres genres de sacoches… Peut-être son côté Tonton Flingueur. Celui qui a transcendé son voyage de buteur déterminé, et habité toute sa carrière. L’histoire d’un acharné.

Mathieu Duhamel, du tac au tac

« A Lens, je revenais à la mi-temps pour chanter Les Corons »

Joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Forcément, en tant qu’attaquant, je vais citer un défenseur. Mexès était fort, mais il y a Marquinhos qui m’a impressionné. Il sautait haut, était intelligent… Sinon, Cavani, avec qui j’avais échangé mon maillot.

Coéquipier le plus fort avec qui tu as joué ?
N’Golo Kanté, à Caen.

Le coéquipier le plus fou que tu aies côtoyé ?
Si on posait cette question à d’autres joueurs, ils diraient tout de suite Mathieu Duhamel ! Sur le terrain, en tout cas. Sinon, Yohan Betsch, qui a joué à Créteil, Metz et Laval en Ligue 2.

L’anecdote la plus folle vécue dans ta carrière ?
C’est un moment marquant et une bascule dans notre saison à Caen. On joue contre Clermont, on perdait 1-0, tout le stade s’était vidé, c’était en milieu de saison, on devait être 8es. A la 89-90e minute, je marque de la tête. Deux minutes après, je marque le but du 2-1, sur une nouvelle tête. Tout a changé dans la saison de Caen ce soir-là je crois, et au bout il y a la montée.

Le coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Sadio Mané. Pas parce qu’aujourd’hui c’est Sadio Mané, un des meilleurs joueurs du monde, mais j’aimerais le revoir pour lui reparler. Lui commençait à Metz, on était dans une situation compliquée.

Ton meilleur souvenir ?
Forcément, la montée en Ligue 1 avec Caen. Les gens, l’équipe, tout dégageait quelque chose d’extraordinaire, j’ai ressenti des émotions au fond moi qu’on ne peut pas ressentir si on n’a pas vécu ça.

Ton pire souvenir ?
Troyes, par rapport à ce que j’ai vécu. Je ne garde que de bon la naissance de ma fille.

L’entraîneur qui t’a marqué ?
Patrice Garande, un mentor, un papa du foot. On a eu quelques prises de tête mais c’est quelqu’un qui m’a énormément appris. Laurent Fournier aussi, un homme extraordinaire, quelqu’un de bien. Lui aussi ça me ferait plaisir de le revoir. Je me souviens d’une de ses phrases, il m’avait dit que j’étais « le plus gros compétiteur que j’ai rencontré dans ma carrière ». Il avait fait une causerie un jour, limite il m’avait mis les boules. Il était arrivé quelque chose de grave dans sa vie. Il avait les larmes aux yeux pendant son discours. On avait qu’une seule envie, c’était de tout donner pour lui… Enfin, Dominique Bijotat de Metz m’a beaucoup apporté et fait progresser. Une bonne personne, que j’apprécie.

Le stade qui t’a le plus impressionné ?
Bollaert. A chaque fois, je revenais un peu avant la mi-temps et je chantais Les Corons. Lens, j’aurais pu y signer en fin de carrière. Il y a une mentalité, les supporters, le stade… Comme dans des clubs corses où j’aurais pu aller aussi.

« A côté de moi, il y a Thiago Motta. On échange un regard, et je lui ai dit « putain t’es un super joueur ». Il a dit merci en rigolant (rires). » Photo DR

Une équipe, adverse ou pas, qui t’a bluffé ?
Le PSG. Je me rappelle une anecdote, Lavezzi se blesse, et il y a 5 minutes d’arrêt de jeu. D’habitude je suis dans ma bulle. Mais là, avec l’arrêt, j’en suis sorti. Et à côté de moi, il y a Thiago Motta. On échange un regard, et je lui ai dit « putain t’es un super joueur ». Il a dit merci en rigolant (rires).

Un match où tu t’es senti intouchable ?
Un match où je n’ai même pas marqué. C’était à D’Ornano avec Caen contre Marseille (défaite 2-1 sur un but de Gignac), j’avais l’impression de sauter à 2 mètres de hauteur, plus haut que tout le monde. Dans une affiche comme ça, ta motivation est plus forte, j’avais une détermination de fou. Je mets une frappe de très loin qui rase la barre, un missile, un but qui peut changer ma carrière, mais Mandanda fait un gros arrêt. Ce match-là, j’ai eu l’impression d’être intouchable.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : Bernard Morvan et DR

Vainqueur du Mans (2-1) mercredi lors de la 9e journée de National, Versailles occupe la 3e place à trois points du duo Concarneau-Dunkerque. Le club des Yvelines n’est pas un promu comme les autres. Il se signale par un train de vie fastueux matérialisé par le recrutement d’une dizaine d’anciens joueurs de L1 et L2.

Le staff technique du FC Versailles avec, à droite, le coach Youssef Chibhi. Photo Philippe Le Brech

Mercredi, le stade Jean-Bouin qui jouxte le Parc Des Princes, l’antre des rugbyman du Stade Français où Versailles dispute ses matchs de championnat (son stade Montbauron n’est pas homologué), sonnait creux.

Seulement 350 spectateurs environ dont de nombreux invités avaient pris place dans les tribunes. Une poignée de supporters du FC Versailles a bien tenté de donner de la voix durant le match. Mais on entendait un peu plus la cinquantaine de supporters manceaux, derrière l’un des deux buts. Le club des Yvelines souhaiterait dans les prochaines semaines créer un kop.

Promu en National cette saison après une saison 2021-22 parfaite (demi-finaliste de la Coupe de France, champion de son groupe en N2), Versailles connaît une croissance vertigineuse sur le plan sportif depuis quelques mois. Mais en termes de popularité du club, de structures (marketing, commercial…), le club a encore besoin de grandir.

Un budget qui dépasse les 6 millions d’euros

Romain Armand, l’une des recrues à avoir connu la Ligue 1 et la Ligue 2. Photo Philippe Le Brech.

Mais Versailles n’est pas un promu comme les autres. Son recrutement étonne et fait jaser. « Ils ont une équipe qui ne serait pas ridicule en L2 », estime un observateur de ce championnat.

Le groupe immobilier City qui a repris le club il y a une quinzaine de mois, a mis les moyens et ne regarde pas à la dépense. Selon les informations du journal Le Parisien, pour attirer des joueurs qui pour le plupart évoluaient encore en L1 et L2 la saison dernière, les dirigeants ont proposé des salaires confortables pour le niveau (entre 12 000 et 15 000 euros avec des primes de logement). Pour Jeremain Lens, l’ancien international néerlandais, ce serait même 30 000 euros… L’exemple d’un joueur qui a effectué une saison pleine la saison dernière dans son club de L2 est frappant. Alors qu’il avait entre les mains une offre de prolongation, les conditions contractuelles (montant, durée) proposées par Versailles étaient supérieures. Dans ces conditions, le budget dépasserait allègrement les 6 millions d’euros.

Déjà renforcé avant le début du championnat par de nombreux joueurs passés par la L1 et la L2 (Sébastien Renot, Thibaut Jaques, Pierre Gibaud, Romain Armand, Pierre-Yves Polomat, Gregoire Lefevre, Emeric Dudoit, Jordan Leborgne, Florian Lapis, Loic Damour) et l’international néerlandais Jeremain Lens (4 matchs à la Coupe du Monde au Brésil en 2014), Versailles a encore frappé fort ces dernières semaines avec les signatures de Fabien Lemoine (ex-Lorient), Rachid Alioui (ex-Angers) et encore Mathieu Dossevi (Metz, Toulouse, Amiens) qui s’est engagé lundi.

Très courtisés par les agents, les actionnaires de Versailles n’ont pas hésité, non plus, à payer un transfert à Rouen (National 2) pour l’attaquant international haïtien Mondy Prunier qui s’élèverait, avec bonus, à environ 150 000 euros. Du jamais vu à ce niveau.

Forcément, tout ça fait jaser du côté des adversaires. Lors de la reprise de l’entrainement, l’entraineur Youssef Chibhi s’était vivement emporté à l’évocation de « Versailles, le PSG du National », étiquette que beaucoup d’adversaires avaient collé à son équipe.

13 points sur 15 à domicile

Le 11 du FC Versailles aligné lors de la 2e journée de championnat au Puy-en-Velay. Photo Sébastien Ricou.

Avec son effectif XXL, Versailles n’a pourtant pas raté ses débuts. Le club est invaincu dans son stade Jean Bouin (4 victoires, 1 nul) et n’est passé au travers, qu’une fois le 19 septembre à Concarneau (4-1). Et il s’est aussi incliné au Puy-en-Velay (2-0) en début d’exercice.

Malgré autant de joueurs provenant d’horizons différents, la mayonnaise a pris sur le terrain.

L’équipe n’est pas un assemblage d’individualités comme aurait pu le faire craindre un tel recrutement mais forme déjà un collectif performant et solide. « On a pris nos repères au stade Jean Bouin, constate l’entraineur Youssef Chibhi. Cette enceinte est magnifique. On s’est acclimaté rapidement à la surface synthétique donc c’est peut-être une complication pour nos adversaires et on en profite. C’est important d’être performant à la maison pour réussir son championnat. Il faut aussi qu’on soit performant à l’extérieur. »

Contre Le Mans, Fabien Lemoine (35 ans) s’est avéré très précieux. « Il apporte sur le terrain et en dehors, reprend Chibhi. C’est un garçon calme et pondéré. Il ne parle pas pour ne rien dire. Il inspire certains joueurs et sa présence rassure sur le terrain. C’est positif et bénéfique. On est content de l’avoir chez nous et on espère que le National est content d’avoir un joueur comme cela. »

Malgré les arrivées d’autant de joueurs expérimentés, certains qui étaient là la saison dernière, arrivent quand même à se frayer une petite place. C’est le cas de l’attaquant Kapit Djoco qui n’avait jusque-là connu que le N2 (Rouen, Chartres) et le N3 (Aubervilliers), qui a inscrit son 3e but de la saison contre Le Mans. Arrivé en surpoids et blessé dès son premier match, Jeremain Lens n’a, lui, pu jouer qu’une vingtaine de minutes jusque-là.

Un entraineur dans la tourmente judiciaire…

Photo Philippe Le Brech

En plus du regard de ses adversaires, Versailles a dû faire face à une grosse tempête cet été. Le 14 août dernier, le journal Le Parisien révélait le mise en cause dans une enquête judiciaire de l’entraineur Youssef Chibhi pour « atteinte à l’intimité de la vie privée de majeur ».

Pilotée par la sureté départementale des Hauts-de-Seine, elle suit son cours. Au départ, ces révélations avaient provoqué un certain émoi en interne. Les actionnaires ont décidé de faire confiance à Youssef Chibhi même si plusieurs entraineurs de renom leur ont été proposés.

Deux mois après, plus personne n’évoque cette affaire. Pourtant, au départ, la plupart des joueurs versaillais n’avaient pourtant pas caché leur malaise à l’idée de continuer à travailler avec leur entraîneur. Entre les pro-Chibhi et les autres, le vestiaire était divisé et alors au bord de l’implosion. Sur le terrain, les joueurs ont su se montrer solidaires. Les bons résultats se sont enchaînés.

« On a mis ça de côté, racontait un joueur de l’effectif dans le Parisien. Dans les vestiaires, comme les résultats sont là, les gens ont fait abstraction. Pour l’instant, c’est aux oubliettes. Personne ne relance le sujet. On ne se dit pas : Oh les gars, on fait quoi ? On laisse l’entraîneur coacher ? La concurrence est rude. Le premier qui parlerait aurait de gros problèmes si on trouvait son identité. Au début, on se posait des questions, on se demandait si c’était vrai ou pas. Mais, les actionnaires ont dit : Le coach a notre entière confiance à partir du moment où on n’a plus d’informations sur cette affaire. On s’est alors dit : OK, on n’a plus trop le choix, on joue, on ferme sa gueule et on attend. »

… et un directeur général écarté du sportif

Sébastien Rénot, le gardien du FC Versailles. Photo Philippe Le Brech.

Il faut dire que dans un autre club, certains joueurs n’auraient certainement pas retrouvé le même contrat avantageux…
En interne, le club a aussi connu quelques tiraillements. Arrivé dans un costume de directeur général, l’ancien pro, consultant pour Canal +, Jean-Luc Arribart, tête de gondole du projet, a été mis à l’écart du secteur sportif par Youssef Chibhi. Il n’a plus le droit de se rendre dans les vestiaires et de discuter avec les joueurs. Forcément, il se pose des questions sur son avenir au club.

Malgré tout ça, Versailles a montré qu’il serait un candidat crédible à la montée en Ligue 2. « C’est une victoire qui nous rapproche de nos valeurs et qui soude l’équipe, estimait Chibhi mercredi après le match contre Le Mans. Notre formation est expérimentée. L’apport des joueurs qui nous ont rejoint nous permet de bien lire les situations de match. Nous avons fait preuve de maturité. On a une équipe nouvelle qui se découvre avec un effectif largement renouvelé. Il n’y pas de pression, on se la met tout seul. Je ne regarde pas le classement, mais la bonne tenue de l’équipe. Et je m’efforce de trouver une alchimie entre les joueurs. La championnat est serré. On y verra plus clair lors de la 2e partie de saison. »

Le résumé vidéo du match face au Mans mercredi (2-1)

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech (sauf mention spéciale Sébastien Ricou)

L’ex-coach de Saint-Brieuc, Béziers et Dunkerque se démarque par son côté bienveillant et ce rôle de conseil auprès de ses joueurs, qu’il aime accompagner dans leur projet de carrière. Au point, parfois, d’en oublier la sienne !

Didier Santini est né à Marseille en 1968 mais il n’a pas joué tout de suite à l’OM. Il est d’abord passé par la case… PSG ! Et oui ! La « faute » à son papa banquier qui, au fil de ses nominations, oblige la famille à déménager. D’abord à Béziers, où il signe sa première licence à l’AS Béziers, puis à Paris, où il joue dans les Yvelines à Plaisir.

C’est là que le club de la capitale vient le chercher : « Un jour, j’étais minimes première année, on joue contre le PSG en amical, on prend une bonne rouste, et un monsieur vient nous voir. C’était le recruteur du PSG. Il dit à mon père, qui ne m’a jamais mis aucune pression, « J’aimerais recruter votre fils » ! Il lui a répondu « Demandez lui ! »

Et voilà comment le Marseillais se retrouve au PSG, de 1982 à janvier 1986, avant de « péter les plombs » : « En fait, c’était ma troisième saison avec le même coach, les deux premières s’étaient bien passées et là, je ne sais pas pourquoi, il n’arrêtait pas de me « défoncer ». Il me disait que tout ce que je faisais, c’était de la merde, et un jour, j’ai pété un câble, et je suis parti ! »

Il arrive à l’OM en 1986, en même temps que Tapie !

Didier Santini rejoint alors son grand frère à Feucherolles et s’entraîne avec son équipe de Promotion d’Honneur. Il en profite pour envoyer des courriers dans les centres de formation. L’OM le met à l’essai au tournoi de Sainte-Marguerite à Marseille. Gérard Gili, le coach de l’OM à l’époque, est satisfait. Et il signe ! « C’était en 1986, l’année où Bernard Tapie est arrivé ! Pas besoin d’avoir son aval, m’avait dit Gérard Gili, car Tapie ne s’intéressait pas trop au centre. Et moi, un mois et demi après, je m’entraînais avec les pros, ça fait drôle ! J’ai recroisé mon coach du PSG et je ne lui ai pas serré la main, c’est la seule fois que ça m’est arrivé, je l’ai regretté, même si ça me faisait plaisir sur le moment. Mais c’était une connerie de ma part. Ce n’est pas l’éducation que j’ai reçue. »

Aujourd’hui, Didier Santini se sert beaucoup de cette expérience pour communiquer avec ses joueurs quand ça va moins bien : « Si ça ne va pas, si ça ne va plus, je préfère lui dire « On arrête ensemble, je n’ai pas la science infuse, ça ne fonctionne pas avec moi, mais cela ne veut pas dire que cela ne peut pas fonctionner avec un autre entraîneur », et je lui donne mon exemple du PSG. Après, le joueur est réceptif ou non. » Entre les lignes lisez, le joueur est intelligent ou non.

7e avec Saint-Brieuc et le plus petit budget de National

Bienveillant avec ses joueurs, Didier Santini est aussi droit et honnête. L’argent, les contrats, ce n’est pas son moteur. Et si cela ne va pas non plus avec son président, ou son club, il ne va pas s’accrocher à son contrat. La séparation est forcément un moment douloureux, mais elle se passe généralement en bons termes, comme avec Saint-Brieuc, tout récemment, le club qu’il a conduit à une jolie 7e place la saison passée (2e sur la phase retour) avec le plus petit budget du championnat National. Un exploit. Un miracle même.

L’annonce de son départ le mois dernier, après trois nuls et trois défaites, a surpris tout autant que le nom de celui qui a assuré l’intérim, Guillaume Allanou, son président au Stade Briochin ! « Mais Guillaume est un passionné et un bon entraîneur (Guillaume Allanou a entraîné la réserve en N3 et est un ancien joueur du club, Ndlr), assure Didier Santini. Je me suis régalé avec lui à Saint-Brieuc, où j’ai rencontré des gens extraordinaires. Je ne connaissais pas du tout la Bretagne, j’y étais juste venu avec le foot, pour des matchs. Avec Guillaume, on s’est séparé en bons termes. Là, le club vient de recruter Karim (Mokeddem), je suis content pour lui, il m’a envoyé un message, je lui ai répondu. »

« La gestion du Covid par la Fédération a été catastrophique »

Avant son expérience dans les Côtes d’Armor, Didier Santini a passé deux saisons tronquées par la Covid-19 à l’AS Béziers, en National tout d’abord – il a remplacé Mathieu Chabert en novembre 2019 -, puis en N2 la saison suivante. Sur la gestion de la Covid par la Fédération, l’ancien professionnel de Lille, Bastia et Toulouse (et de l’OM, donc !), pourrait faire une émission complète. Dire qu’il n’a pas digéré ces deux épisodes est un euphémisme.

Mars 2020 : l’AS Béziers, qui n’a quasiment jamais été relégable de la saison en National, est 16e sur 18, à un point du 14e, mais descend après l’arrêt des championnats.
Octobre 2020 : l’AS Béziers est en tête et invaincue de sa poule en National 2 avec six victoires et 3 nuls, mais, là encore, le championnat est arrêté et ne reprendra pas.

« Cela a été un sketch monumental ! En National, sur nos neuf derniers matchs à disputer, on devait jouer les équipes de deuxième partie de tableau, sauf Boulogne, qui était en haut. C’était immérité de descendre. Comment peut-on décider du sort des clubs à pile ou face ? La gestion du Covid a été catastrophique et nous, clubs amateurs, on était de la merde, on ne servait à rien. Et la saison d’après, toujours en National, la Fédération n’a fait descendre qu’une seule équipe (Lyon-Duchère) au lieu de quatre, alors que le championnat est allé à son terme ! En National 2, la saison suivante, on est invaincu, mais on doit s’arrêter, on n’a plus le droit de jouer, pendant qu’en National ils jouent. Puis on n’a plus le droit de s’entraîner alors que les centres de formation peuvent le faire et peuvent jouer entre eux. C’était du n’importe quoi. Et pour les jeunes, de 18 à 22 ans, cela a été dur, ils ont perdu du temps, ils n’ont pas pu se montrer. Non, vraiment, pendant deux ans, cela a été extrêmement compliqué pour l’AS Béziers qui, en plus, venait de descendre de Ligue 2 quand je suis arrivé. Mais j’ai passé des moments extraordinaires là-bas, avec le président Gérard Roquet et sa famille. »

« Le National est fait d’aberrations ! »

Si Didier Santini critique la gestion de la crise sanitaire, il fustige également le championnat National qui, selon lui, est fait d’aberrations : « La plus grosse d’entre elles, c’est qu’une équipe qui a le statut professionnel peut prendre un joueur à 1500 ou 1800 euros par mois, par exemple, mais pas le club amateur qui doit lui faire signer un contrat fédéral à 2500 euros ou 3000 euros, tout simplement parce que les règles ne sont pas les mêmes et qu’un club amateur ne peut faire signer que des contrats fédéraux. Autre aberration, les reclassements des joueurs amateurs. »

Malgré tout, l’ancien coach de Calvi et de Borgo pense que le National « est un super championnat pour les jeunes qui veulent jouer un jour en L2 ou en L1. Avec Saint-Brieuc, lors des six premiers matchs que j’ai disputés cette saison, je n’ai pas trouvé que l’on avait été dominé, j’ai surtout trouvé que les équipes étaient encore plus homogènes qu’avant. Mais cette saison, tu as six descentes et y’a plein d ‘équipes qui veulent monter en Ligue 2. Balancer six équipes de National en N2, c’est chaud, ça fait un tiers du championnat. Tout ça parce qu’il y a des gens au-dessus qui ont décidé qu’il fallait un championnat pro à 18 parce qu’ils jouaient trop, alors que l’on a déjà supprimé la coupe de la Ligue ! C’est toujours le monde pro qui décide alors que c’est le foot amateur qui fait les choses. C’est bien de vouloir faire du pognon mais ces clubs, là-haut, ils pourraient en filer un peu aux clubs de National, pour les aider à se structurer par exemple, mais le problème, c’est que dès qu’on leur enlève 500 000 euros ou 1 million, ils pleurent. Je trouve aussi dommage qu’aucun club pro n’ait pris des parts dans un club de National. »

« Le National, c’est plus dur que la Ligue 1 ! »

Son rôle de coach, Didier Santini le voit aussi comme une mission de conseil, d’éducation. Sa plus grande fierté ? Accompagner des joueurs vers le plus haut niveau. Les faire progresser. Leur données des idées. Leur proposer un plan de carrière. Sans jamais oublier le principe de base : le respect. « J’essaie d’éduquer mes joueurs comme ça. Par exemple, je veux que les anciens respectent les jeunes. Quand tu arrives dans un vestiaire, que tu es jeune, que tu es bon et que tu as le bon comportement, que tu es respectueux, et bien c’est le vestiaire qui t’adoptera, pas le coach. C’est Gérard Gili qui disait ça à l’OM et il avait raison. Malheureusement, aujourd’hui, on voit des joueurs qui arrivent de centre de formation de Ligue 1 et ils croient qu’en National, c’est plus facile, mais non. Le National, c’est plus dur que la Ligue 1. En National, tu n’as pas des joueurs de Ligue 1 qui te font des passes, tu n’as pas trois ou quatre appels quand tu as le ballon dans les pieds, et si tu en as deux, c’est déjà très bien. C’est ça le National. »

Parfois, il lui arrive de dire des choses qui font mal, mais « Je leur dis la vérité. Je suis là pour aider les joueurs. Je leur dis souvent « ne regardez pas l’argent. Jamais. Surtout si vous êtes jeune. Celui qui veut en gagner beaucoup, tout de suite, il n’existe pas, sauf à s’appeler Mbappé. Ou alors si, vas-y, mais sors blindé tout de suite. Moi je leur dis, « jouez pour vous faire plaisir » ! A Calvi, en CFA2, quand j’ai pris Malik Tchokounté à Nice, il bossait à côté du foot. Il touchait 600 euros. Travailler à côté, ça donne une force exceptionnelle. On a mis en place un projet ensemble. Celui de le voir jouer un jour en Ligue 1. Et il y est arrivé. Il a écouté. Il est intelligent. »

« Je ne pense jamais à moi »

A force de s’occuper des autres, d’être toujours tournés vers eux, Santini a-t-il le temps de penser à lui ? La réponse fuse : « Non, je ne pense jamais à moi, à ma carrière, je vis les choses et je prends les choses comme elles viennent, ça va, ça vient. Il faut juste que je sois bien dans l’endroit où je vais, que ce soit passionnant. Il m’est arrivé d’avoir des propos financières top mais, waouh… le président… non ! Quand je signe quelque part, quand je vais quelque part, je ne pense pas être viré, je ne pense pas au pognon, je viens pour donner des idées, m’éclater, essayer de faire progresser un club, ce que je ne suis malheureusement pas arrivé à faire à Saint-Brieuc où c’est difficile en termes d’infrastructures. Avec mes joueurs, je suis le conseil, mais je ne prends pas d’argent. Je ne serai jamais agent. Moi, je leur donne la vérité que j’ai apprise depuis que je suis dans le foot, depuis 38 ans (j’en ai 54), j’essaie d’aider. Je suis bienveillant, gentil, intransigeant et franc. Je serai juste plus riche intérieurement si je vois un joueur qui réussit, comme ça a été le cas pour Wahbi Khazri par exemple. On a vu son potentiel à Bastia, on a su que ce serait dur mais il y est arrivé. Tenez, à Saint-Brieuc, l’année du Covid, en 2020, on a un jeune qui arrive de Régional et qui vient s’entraîner pour faire le nombre, car on avait beaucoup de malade. Le gamin, tous les jours, tu lui donnais un truc, tu lui apportais quelque chose. Il a fait deux matchs en N3 avec la réserve, puis une trentaine en National la saison passée avec moi, on lui a donné des idées, Guillaume (Allanou) en réserve, moi, il a écouté et son intelligence fait que, aujourd’hui, il est en Ligue 2 (ndlr, Walid Nassi, à Dijon). C’est le pied ! »

Didier Santini, du tac au tac – Le joueur

« Quand Tapie entrait dans le vestiaire, ça filait droit ! »

Sous le maillot du Sporting-club de Bastia, face à Cannes. Photo DR

Meilleur souvenir sportif ?
J’ai eu tellement de bons moments… C’est dur comme question… Je dirais peut-être mes premières années à l’OM au centre de formation, j’ai eu la chance de m’entraîner avec des internationaux, tous les jours, même si je ne jouais pas en match (il a disputé 5 matchs en pro à l’OM, Ndlr), c’était extraordinaire.

Pire souvenir sportif ?
La réponse n’est pas difficile : la catastrophe de Furiani à Bastia en 1992…

J’ai lu que tu avais refusé d’aller commenter le match avec des journalistes dans la fameuse tribune qui s’est ensuite effondrée…
J’ai du mal en parler… Je pleure chaque fois que j’en parle… Le matin du match, mon frère est venu de Paris alors que je devais commenter le match avec un ami en tribune, parce que je m’étais péter le genou à Bordeaux en février 2012, et puis je ne suis pas monté…

Le souvenir d’un but marqué ?
(rires) Je me souviens d’un but à Strasbourg en D1 … mais le plus beau but, c’était contre Nice à Furiani en D2, un bon derby ! Un genre de ciseau ou une sorte de bicyclette ! C’était Fabien Piveteau dans les cages et la saison d’après il est venu à Bastia, donc je l’ai beaucoup chambré ! Pendant des années, j’ai pensé que j’avais marqué ce but sur un ciseau retourné et un jour, quelqu’un me l’a montré, il était pas mal mais pas comme je le pensais !!

Le but de Didier Santini contre Nice avec Bastia (à la fin de la vidéo, avancez à 1 minute 50) :


Un geste technique préféré ?
Le tacle. J’aimais bien le tacle glissé et repartir avec le ballon.

Qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais généreux, parfois trop généreux. Dès fois c’était même un peu trop.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
A Bastia. J’y ai joué 9 ans donc forcément… Dans les autres clubs, j’y suis resté 3 ans.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Toulouse. J’ai signé pour Alain Giresse avec qui j’avais eu la chance de jouer quand j’étais à l’OM. Mais le Directoire, c’était catastrophique.

Le club où tu as failli signer ?
Y’a eu des rumeurs avec Metz mais j’aurais voulu signer à Montpellier pour le président Nicollin. A Metz aussi, avec Carlo Molinari. Ces gens-là… Pas comme le président de Toulouse à mon époque (André Labatut, Ndlr). Quand tu vas dans leur club, tu signes pour des hommes. Pour des coachs aussi bien sûr, comme Alain Giresse, une personne extraordinaire.

Un stade et un club mythique ?
Bastia… non… L’OM, le Vélodrome. T’as des frissons quand tu rentres dans ce stade.

Un public qui t’a marqué ?
Lens. J’ai trouvé le public et les gens assez extraordinaires.

Un coéquipier marquant ?
Bruno Valencony. Je l’ai encore eu au téléphone tout à l’heure (hier).

Le joueur qui t’a le plus impressionné ?
Karl-Heinz Förster, à l’OM. C’est lui qui m’a tout appris. Chaque entraînement était une découverte. Une discussion.

Le joueur avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
J’ai toujours eu des affinités avec les gardiens. Bruno Valencony, c’était ça. On avait une belle complicité sur le terrain. Mais aussi Eric Allibert ou Grégory Wimbée à Lille.

L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
Le PSG. On les avait joués avec Bastia en finale de la coupe de la Ligue (en 1995). Avec Rai, Ricardo, Ginola, Valdo, Weah, ça valait presque autant que ceux qui sont là aujourd’hui.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Patrice Eyraud. On aurait dû se croiser plein de fois, mais à chaque fois, on s’est manqué. Quand il était à Marignane en National, je n’étais plus à Dunkerque… Que de souvenirs au centre de formation de l’OM avec lui. On avait une génération assez exceptionnelle avec lui et aussi Joël Cantona, Frédéric Meyrieu, Benoit Cauet, André Basile, Guillaume Warmuz, Jean-Claude Durand…

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
René Exbrayat. Il m’a mis capitaine de Bastia alors que j’étais jeune, il nous a transformés quand il est arrivé. Il avait un truc génial.

Un président marquant ?
Quand tu as 17 ans et demi et que Bernard Tapie rentre dans ton vestiaire… Il n’a pas été exceptionnel ou marquant pour moi, j’étais jeune, mais putain… Il faut voir comment toutes les grandes stars du vestiaire filaient droit quand il entrait, personne ne parlait, et dès qu’il sortait, alors là… tout le monde se remettait à parler, ça m’a marqué.

Une causerie de coach marquante ?
J’en ai fait tellement perso qu’à la fin je me demande à quoi elles servent ! Je me bats pour faire des causeries de 10 à 12 minutes mais celle de Vahid Halilhodzic durait parfois 45 minutes, on écoutait tout, il disséquait tout, et on gagnait des matchs. C’était long mais quand on sortait de là, on savait tout. Guy Lacombe aussi avait des causeries exceptionnelles, c’était une pièce de théâtre. Il connaissait tout par coeur, il ne regardait pas son paperboard.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Cyril Rool… Ouaip, Canto aussi. Eric Cantona. Je ne sais pas s’il a toujours le même numéro. Avec son frère, on est ami depuis tout petit, je dormais chez eux. On se connaissait pas mal !

Des rituels, des tocs ?
J’ai eu pendant toute ma carrière la même brosse à cirer, celle de mon mère, malheureusement, je l’ai perdu l’année où j’ai joué en Ecosse, à Livingstone.

Une devise ?
Ne jamais rien regretter.

Tu étais un joueur plutôt …
Moyen mais avec beaucoup d’abnégation.

Ton premier match en L1 ?
C’est à Metz avec l’OM en 1987, on avait perdu 2-1.

Un modèle de joueur ?
Förster. Waouh ! C’était une machine de guerre.

Une idole de jeunesse ?
Maldini. C’était, avec Förster, des joueurs qui jouaient le ballon avant de jouer l’homme, qui prenaient très peu de cartons.

Ta plus grande fierté ?
C’est d’avoir pu jouer encore huit ans après mes six opérations au genou, alors que trois chirurgiens m’ont dit que je ne pourrais plus plus jamais jouer au foot.

Le milieu du foot, à ton époque ?
C’était mieux !

Didier Santini, du tac au tac – L’entraîneur

« Je n’ai jamais pensé à l’argent »

Meilleur souvenir sportif ?
Mes quatre saisons à Calvi, on a gagné trois fois la coupe de Corse, on est monté en CFA, y’avait des milliers de personnes dehors pour nous, c’était impressionnant. On aurait pu aller plus haut, avec rien. J’ai pris du plaisir là-bas. C’était compliqué l’été, les joueurs étaient beaucoup en soirée, à la plage, il fallait gérer ce côté festif. Chaque week-end, y’avait 10 000 personnes qui venaient à Calvi pour sortir.

Pire souvenir ?
En 2017, la dernière journée de National avec Dunkerque contre Boulogne, on fait 3-3 alors qu’un succès nous aurait permis de monter en Ligue 2 (Ndlr, à l’issue de la dernière journée, Dunkerque a perdu la 3e place synonyme de barrage d’accession au profit du Paris FC qui, bien que battu aux barrages, a été repêché après le dépôt de bilan de Bastia).

Le club que tu rêverais d’entraîner ?
Dans mes rêves les plus fous ? Bastia ? Mais c’est compliqué, je connais beaucoup de monde ! J’y ai joué. J’ai toujours beaucoup respecté Frédéric Antonetti, par rapport à tout ce qu’il a pu faire à Bastia. Il s’est souvent pris le bec avec des gens dans les tribunes, je ne sais pas comment je ferais, moi, parce que je me connais…

Un modèle de coach ?
Non mais j’ai un mix de tous les coachs que j’ai eus, Vahid Halilhodzic, Frédéric Antonetti, René Exbrayat, Guy Lacombe, Roland Gransart, et avec ça, garder sa propre personnalité.

Meilleur joueur entraîné ?
Wahbi Khazri.

Le joueur que tu aimerais entraîner ?
Ah… euh… (Il réfléchit) Tu veux parler de mon fils, non ? (Jérémi Santini évolue à Toulon en N2). Je sais ce que c’est, je l’ai entraîné à Béziers. J’ai eu la chance de l’entraîner. C’est un plaisir tous les jours. Faut le ralentir, le freiner, il est à 100 % pendant une heure et demi, à l’entraînement, en match. Yann Marillat, qui était le gardien à Béziers (aujourd’hui au Puy Foot 43) me disait « Coach, si on ne sait pas que c’est votre fils, on ne peut pas le deviner ». Parfois, il disait « quel enc… ce coach ! » (Rires) Après, des joueurs comme ça, qui ne lâchent rien, qui se mettent minable, qui ne trichent jamais, j’en ai eus beaucoup. Quand j’étais joueur, les supporters à Bastia pouvait me dire que j’étais nul après un match mais que je n’avais rien lâché.

Un président ?
Jean-Pierre Scouarnec à Dunkerque. On a eu une relation extraordinaire, on est hyper potes, même si ça a été chaud quand on s’est quittés, très chaud même, mais ce n’est pas pour cela que l’on s’en veut. On en rigole aujourd’hui. On se parle souvent au téléphone.

Ta philosophie de jeu ? Ton style ?
J’aime les transitions, j’aime le jeu direct, j’aime le jeu très rapide, l’intensité, je n’aime pas la possession dans mon camp. J’aime le foot de Jurgen Klopp. Avec Saint-Brieuc l’an passé on avait trouvé cette vitesse.

Ton match référence avec toi sur le banc ?
Avec Saint-Brieuc, l’an passé, quand on a gagné 4 à 2 à Annecy.

Ton pire match avec toi sur le banc ?
L’année où Pau monte en Ligue 2, chez eux, on en prend 7 avec Béziers. On avait pris un rouge d’entrée. J’avais fait trois changements à la pause, je m’étais fait reprendre de volée par le président mais ils étaient en train de disjoncter et je savais que j’allais avoir besoin de ces joueurs-là pour les matchs suivants.

Tu es un entraîneur plutôt…
Casse-couilles (rires) ! Bienveillant. J’ai pris un peu de tous les entraîneurs que j’ai eus, qui étaient un peu fous. J’essaie de rester ce que je suis, honnête, droit, et si ça ne marche pas, ce n’est pas grave.

Tes passions, en dehors du foot ?
J’aime bien le golf, même si j’y joue rarement, et j’aime bien regarder le sport à la télé. Tous les sports. J’essaie de trouver des choses qui peuvent m’apporter pour le foot. Je me souviens de Malik Tchokounté, que j’ai eu à 19 ans à Calvi, un jour je lui avais dit « ton jeu de jambes, ce n’est pas bon, regarde Roland-Garros », et il a appris.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Je n’ai pas envie de le dire mais je le dis quand même, plein d’argent, mais… Je n’ai jamais pensé à l’argent, juste à mon métier de footballeur, d’entraîneur. Aujourd’hui, l’argent a bouffé 99 % de jeunes joueurs à cause de leurs parents qui veulent gagner plus en se mettant à leur place. Je ne vais presque plus dans les stades. J’allais rarement voir mon fils jouer. Il n’y a plus le « On perd ensemble, on gagne ensemble », c’est devenu « C’est de sa faute à lui, il n’a pas fait la passe à mon fils, c’est de la faute du gardien… » Chez les jeunes, ça a tellement changé, c’est beaucoup de la faute des parents et des agents aussi. Le foot, c’est le plaisir, c’est l’amusement, bien sûr que plus on monte, plus il y a de la pression, par rapport à l’argent, mais il faut prendre son pied. J’ai commencé à jouer en jeunes au PSG, je m’éclatais, il n’y avait pas de remarque désobligeante, on ne disait pas « c’est de ta faute si on a pris un but ». Tout ça, ça a changé. Quand j’ai commencé à entraîner les jeunes à Bastia, les 13 ou 14 ans, ce n’était pas comme ça. Aujourd’hui , je ne sais pas comment je réagirais.

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photos : Philippe Le Brech