Depuis son départ en retraite l’an passé, l’ex-entraîneur de Clermont Foot, qui a aussi marqué les Chamois Niortais de son empreinte, profite de sa famille et va souvent voir les matchs de Chauray, en N2.  Dans ce long entretien, il revient notamment sur son parcours, ses relations avec son fils Johan, qu’il a entraîné, et sur sa dernière saison en Auvergne, en Ligue 1, la plus difficile de ses 45 ans de carrière.

Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Photos : 13HF et Clermont Foot

Capture d’écran Youtube

Making of. Ce samedi 13 septembre, le FC Chauray accueille le FC Montlouis en National 2. « Cholet-Montlouis ? Mais c’est quel niveau ça ? » Chauray ! Pas Cholet ! Et oui, c’est en National 2 mon bon monsieur ! Un match entre clubs promus. Il y a des curieux. Il y a des habitués. Il y a des journalistes. Et il y a Pascal Gastien. L’ancien entraîneur de Clermont Foot est, comme souvent, venu en voisin. Après que le natif de Rochefort, en Charente-Maritime, a pris sa retraite, en juin 2024, après 7 saisons en Auvergne (quatre en Ligue 2, trois en Ligue 1), il est « rentré » chez lui, dans les Deux-Sèvres, à Saint-Maxire, à 15 minutes en voiture de Niort et de Chauray.

Au stade municipal (et champêtre) de Chauray, Pascal Gastien, qui fêtera ses 62 ans mardi 2 décembre, est connu comme le loup blanc. Il est proche du club et notamment de l’entraîneur, Fabrice Fontaine : les deux hommes se sont connus aux Chamois Niortais. Dans un récent reportage consacré au FC Chauray, Fontaine louait les qualités de l’ancien joueur de l’OM, de Nice, de Châteauroux et de Niort bien entendu, avec qui il a vécu une sacrée épopée dans les années 80, passant de la Division 4 à la Division 1 !

Ce jour-là, à Chauray, il pleut ! Ce qui n’empêche pas Pascal Gastien d’être debout, le long de la main courante. Il serre beaucoup de pinces. Il discute avec tout le monde. Il est, comme à son habitude, simple et ultra-abordable. Le coup d’envoi est à 18 heures mais il a prévu de partir avant la fin pour être devant sa télé à 20 h sur BeIn : car Johann, son fils, joue avec Clermont contre Saint-Etienne ! Et il ne veut pas manquer ça. D’ailleurs, il ne manque aucun match de Clermont ! En milieu d’après-midi, Pascal Gastien est allé voir jouer son petit-fils qui évolue avec les U17 de l’Avenir 79, un club qui regroupe quatre communes (Villiers-en-Plaine, Saint-Maxire, Saint-Rémy et Sciecq). Un samedi au bord des pelouses, en somme !

Il est 20 h. Le match se termine à Chauray. C’est le dernier corner pour Montlouis, qui tente d’égaliser (2-1). Pascal Gastien est encore au stade, devant le petit portail d’entrée. Il passe sa tête au-dessus des spectateurs amassés devant la buvette pour voir la dernière action. Il va rater le début du match de Ligue 2, mais qu’importe, il a le coeur léger : Chauray a gagné !

Pascal Gastien : « J’ai une âme de formateur »

Visuel ClermontFoot

Votre meilleur souvenir de joueur ?
C’est la montée en Division 1 avec Niort (en 1987). Un moment assez incroyable, avec plein de monde dans les rues, à la mairie. Il y a aussi le titre de champion avec l’OM et la coupe de France (1988).

C’est vrai que Niort, c’est marquant : c’est un peu votre club formateur…
Plus ou moins. C’est quand même à Angoulême que j’ai été formé et où j’ai effectué mes premiers matchs en pro, en Division 2 à l’époque, avec l’attaquant Hervé Florès notamment. J’avais 17 ans et demi, donc ça date un petit peu ! Ensuite, les Chamois Niortais m’ont accueilli très jeune, à 18 ans, quand j’ai eu une très grave blessure à Angoulême. C’est pour ça que Niort, c’est une émotion particulière pour moi.

« À 18 ans, je pensais que le haut niveau, c’était fini ! »

Pire souvenir de joueur ?
La fracture de la jambe que j’ai eue avec Niort contre Marseille, à Marseille, l’année de la D1. Derrière, ça a été compliqué à tous les niveaux. La douleur… Mon pied était derrière ma jambe, c’était vraiment tout arraché. J’ai toujours gardé une raideur à la cheville, ce qui a fait changé ma statique. C’est ce qui explique qu’après, j’ai souvent été blessé, alors qu’avant ça, jamais, hormis mon souci à Angoulême. En fait, j’ai non seulement perdu une jambe ce jour-là mais j’ai aussi perdu un futur en quelque sorte… J’ai pu rebondir mais tout de suite senti que j’avais perdu pas mal de choses.

Vous parliez d’une autre blessure à Angoulême ?
Je me suis retrouvé paralysé, mais vraiment paralysé, à ne plus pouvoir bouger dans un lit, pendant 6 mois. Je me suis réveillé un matin comme ça. J’avais un staphylocoque. Quand vous avez 18 ans, vous vous posez mille questions. Mes parents aussi. C’était un moment très compliqué. Je ne savais pas si j’allais pouvoir rejouer au football. C’est pour ça que je suis parti à Niort, en Division 4, parce que je pensais que le foot de haut niveau, c’était fini. A Niort, on m’a trouvé un boulot. Et puis j’ai eu cette chance d’être dans le bon club au bon moment, on est monté en D3, en D2 et en D1 !

Gilles Gaudin, Guy Latapie, des personnages marquants

Lors de ses adieux à Clermont, à la fin de la saison 2023/2024. Photo Clermont Foot 63

Avant d’aller à Angoulême, où avez-vous joué ?
J’ai commencé à Port-des-Barques, à côté de Rochefort. Le club existe toujours. D’ailleurs, j’y suis allé récemment. J’ai eu la chance d’avoir des éducateurs assez extraordinaires, et c’est pour ça que je suis devenu coach. A Port-des-Barques, il y avait monsieur Gilles Gaudin. Il a réussi à faire entrer à l’INF Vichy trois joueurs la même année ! C’est quelque chose quand même. A l’époque, l’INF, c’était le top au niveau français. C’est dire… Ensuite, j’ai rencontré monsieur Guy Latapie à Angoulême en sports-études au lycée Marguerite de Valois. Monsieur Latapie m’a enseigné les principes de jeu, les mêmes que j’ai aimé faire pratiquer à mes joueurs après. Il a marqué tous les joueurs qu’il a pu rencontrer (1). Malheureusement, il est décédé (en février 2021) et j’ai été très affecté. On était resté en contact, bien sûr. Depuis, on fait un match chaque année en sa mémoire et là, on va fêter les 50 ans de la section sports-études à Angoulême en mai prochain.
1. Guy Latapie était un découvreur de talents. Il dirigea la section sport-études de 1977 à 2001 avec un titre de champion de France en 1983. Il a vu passer de futurs pros comme Fabrice Poulain (Monaco), Eric Guérit (Nice, Bordeaux), Gaëtan Charbonnier (Auxerre), Eric Deletang (Lorient, Monaco), Nicolas Bastère (Toulouse, Cannes) et Pascal Gastien.

Avez-vous conservé des liens avec le club d’Angoulême ?
Non. Mais j’y suis retourné l’an dernier, en coupe de France, quand ils ont accueilli Clermont, où joue mon fils, Johan. J’ai donné le coup d’envoi avec Corinne Diacre. Dans le temps, la D2 jouait à côté, à Chanzy, qui est devenu le stade de rugby, et nous, les jeunes, on jouait au stade Lebon.

Premier match en pro en D2 à 17 ans et demi

Votre premier match en pro ?
C’était à Angoulême, en Division 2, mais je ne me souviens pas contre qui. Attendez, je crois que c’était Angoulême-Dunkerque (octobre 1981). Non, ça c’était ma première titularisation. Mon premier match, c’était Angoulême/Stade Français, en juillet 1981, j’étais entré à la fin. C’était il y a un siècle !

Vos qualités et vos défauts sur un terrain, c’était quoi ?
J’étais quelqu’un de très endurant, et techniquement, c’était tout à fait correct. J’avais aussi la vision du jeu. Je courais beaucoup. Sinon, je manquais de vitesse et de puissance.

À Niort, avec Patrick Parizon, Abedi Pelé…

Avec Clermont Foot. Photo Clermont Foot 63

La saison où vous étiez dans la plénitude de vos moyens ?
Certainement avant ma fracture de la jambe, quand on est monté de Division 2 en Division 1 avec Niort. On avait tous fait une énorme saison, comme on n’en vit qu’une seule fois. On rentrait sur le terrain en étant quasiment sûr de ne jamais perdre. Au niveau du jeu, c’était extraordinaire. Collectivement, c’était très bon, et c’est ce que j’ai toujours essayé de reproduire, de copier, d’améliorer, après. C’est Patrick Parizon, qui habite toujours près de Niort, qui a mis ce jeu en place. Avec lui, on a eu un ressenti extraordinaire, une sérénité, avant, pendant et après les matchs. On savait ce qu’on avait à faire et ce que l’on allait faire. Et puis on avait aussi Abedi Pelé avec nous, ce qui nous a bien aidés aussi ! J’ai rencontré ensuite dans mes stages de formation d’entraîneur des personnes comme monsieur Filho (Ndlr : Joaquim Francesco Filho, ancien formateur à l’INF Vichy et à l’INF Clairefontaine), qui s’occupait de la préformation à Clairefontaine, et il me disait qu’ils étudiaient le jeu que l’on pratiquait à Niort !

Un joueur perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
J’aimerais bien revoir Philippe Gladines, avec qui on s’entendait bien. On ne s’est quasiment plus jamais revu depuis Niort. Je ne sais pas ce qu’il est devenu.

Un coéquipier marquant ?
C’est quand même Abedi Pelé. Il arrivait d’Afrique. On l’a accueilli. Je me souviens d’un épisode : on est allé en stage à Font-Romeu et il n’avait jamais vu la neige. Il avait les yeux écarquillés. Et puis il faut le dire, c’était un très-très bon coéquipier.

Un club où vous avez failli signer ?
Il y a eu Auxerre et Metz, et je crois PSG : lorsque l’on est monté en Division 1 avec Niort, le club parisien a fait une offre pour Abedi (Pelé) et moi. Mon club n’a pas accepté.

« À Nice, on ne parlait pas de football »

Arrivée au stade à Clermont, pour son dernier match. Capture d’écran Clermont Foot 63

Une erreur de casting dans votre carrière, un choix que vous regrettez ?
Je n’ai pas de regret. Après Niort, je suis allé à l’OM quand même ! Puis à Nice, où cela a été beaucoup plus difficile, notamment financièrement, avec le départ du maire de l’époque, Jacques Médecin, qui aidait beaucoup le club. On est descendu administrativement en Division 2 avec Nice et cela a été un moment compliqué pour moi mais surtout pour le club. En plus, il y avait tout un tas de gens qui tournaient autour du club, qui voulaient le racheter… Un an avant d’arriver à Nice, je suis champion de France, je gagne la coupe de France, et là, je me retrouve dans un club où l’on ne parlait plus du tout de football…

Du coup, votre passage à Nice, qui dure 4 ans tout de même, reste mitigé ?
Oui. Même si on a crée des liens, comme avec Jean-Philippe Mattio, que j’ai souvent recroisé quand il recrutait pour l’OGC Nice, avec Jules Bocandé, malheureusement décédé, Jean-Philippe Rohr… Il y avait des « caractères » dans cette équipe. Et il y a quand même eu ce match historique avec Nice, en barrage D1/D2 contre Strasbourg, pour ne pas descendre… C’est un moment marquant, c’est sûr. On avait Carlos Bianchi comme entraîneur, avec qui j’ai toujours gardé le contact. D’ailleurs, pour mon BEPF, je suis allé en Argentine à Boca Juniors dans le cadre de mon stage, et Carlos m’a accueilli comme son fils : un souvenir magnifique. Mais son année d’entraîneur à Nice avait été extrêmement difficile pour lui : je pense que je n’avais jamais vu un entraîneur aussi fatigué, parce qu’on avait un groupe de joueurs extrêmement fatigants… Mais ce dernier match contre Strasbourg au stade du Ray était fabuleux, avec notamment un Milos Djelmas qui n’avait quasiment pas joué de la saison parce qu’il était souvent blessé : le coach lui avait demandé de jouer pour le club, et même si c’est Roby (Langers) qui a marqué les buts, pour moi, c’est Milos lui qui a fait la différence le temps qu’il a pu jouer, c’est à dire une heure, car je pense qu’il ne pouvait pas faire plus. Mais quel joueur extraordinaire ! On avait quand même de très-très bons joueurs, comme Marco Elsner, avec qui j’étais très ami : j’ai côtoyé son fils sur le banc (Elsner a entraîné Amiens en Ligue 2), ce fut un moment particulier là aussi. Voir le fils de Marco, 30 ans après, dans des conditions comme ça, c’est particulier.

Dans le journal L’Equipe l’an dernier, vous aviez dit que vous souhaitiez retourner en Argentine : du coup, vous y êtes allé ?
Toujours pas. Mais j’ai le projet d’y aller, de découvrir ce pays d’une manière générale.

Un président marquant quand vous étiez joueur ?
Bernard Tapie.

Un entraîneur perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Ça s’est toujours bien passé avec mes entraîneurs, je les ai revus, Victor Zvunka, Patrick Parizon… En fait, je suis surtout peiné par le décès de Guy Latapie. C’était une personne importante pour moi.

Vos souvenirs de coach maintenant : on commence par le meilleur…
Il y en a deux ou trois. La montée avec Niort de National en Ligue 2, à la dernière journée, au Gazelec Ajaccio, sachant qu’eux étaient certains de monter (en 2012). On a gagné 1 à 0 avec un but de Jimmy Roye sur penalty. C’est un grand moment, important sur le club, qui retrouvait le statut pro après être descendu jusqu’en CFA quelques années plus tôt (en 2009). Et bien sûr la montée de Clermont de Ligue 2 en Ligue 1 (en 2021), un moment particulier, parce qu’on l’a vécu ensemble en regardant un match qui nous permettait, en cas de résultat favorable pour nous, de monter sans jouer, mais je ne me souviens plus du match… C’était Toulouse – Pau je crois. Toute l’équipe, tout le staff, étaient là. C’était fantastique. Un moment rare dans une vie de coach.

« J’avais hésité à prendre la suite de Corinne (Diacre) »

A Chauray, en National 2, lors d’un match de championnat contre le FC Montlouis. Photo 13HF

Votre pire souvenir d’entraîneur ?
La descente avec Niort de Ligue 2 en National, quand le président Jacques Prevost m’a demandé de finir la saison et d’essayer de se maintenir, j’étais entraîneur au centre de formation à l’époque. Mais cela n’avait pas marché (Ndlr : en janvier 2005, alors que les Chamois Niortais sont lanternes rouges, il avait remplacé Vincent Dufour pour les 17 derniers matchs de la saison avec un bilan de 4 victoires, 6 nuls et 7 défaites). Cela avait été dur parce que Niort est un club particulier pour moi, avec des gens à l’intérieur particuliers aussi pour moi, avec qui je vivais au quotidien. Descendre en National représentait beaucoup de problèmes pour le club. Ensuite, j’ai repris l’équipe quand le club est descendu en CFA (en 2009). Et là, on a fait un parcours extraordinaire, avec deux montées et une 5e place je crois en L2.

La saison où vous avez pris le plus de plaisir sur le banc ?
L’année de la montée avec Clermont en Ligue 1. Footballistiquement, ça m’a incontestablement rappelé la saison quand j’étais joueur avec Niort, quand on est monté en D1. Tout était clair, tout était limpide. On avait une certaine plénitude dans notre jeu. C’était la saison du Covid, et malheureusement, nos supporters n’ont quasiment pas vu ça, mais au niveau du jeu, on a fait quelque chose de bien.

« J’ai senti que quelque chose m’échappait »

La saison où vous avez pris le moins de plaisir ?
Ma dernière saison sur le banc avec Clermont (2023-2024, descente en Ligue 2). J’avais décidé d’arrêter un an avant, j’avais prévenu mes dirigeants. Donc tout était clair. Mais je n’ai pas du tout aimé ce qui s’est passé à l’intérieur du groupe. Cela a été une saison très difficile, comme je n’en avais jamais vécu. Mes collègues m’avaient souvent dit que c’était difficile de gérer des joueurs, des hommes, mais moi, je n’avais jamais ressenti cette difficulté jusqu’à cette dernière année, où là, je l’ai vécu, et cela a été compliqué à vivre, parce que j’ai senti que quelque chose m’échappait dans la gestion du groupe.

Après coup, n’était-ce pas une erreur d’avoir annoncé avant le début de la saison que c’était votre dernière ? Et ne pensez-vous pas avoir fait l’année de trop ?
La saison de trop, je ne sais pas, mais c’était peut-être une erreur de l’annoncer. Je voulais être honnête avec mes dirigeants, afin qu’ils puissent anticiper la suite. Pour moi, ce n’était pas la saison de trop, on venait de finir 8e de Ligue 1, ce qui est extraordinaire pour nous, quelque chose d’incroyable, on était dans une très bonne dynamique, mais bon, des choses se sont passées…

Aviez-vous un modèle d’entraîneur ?
Patrick Parizon m’a marqué au niveau du jeu, incontestablement, et Carlos Bianchi au niveau de la gestion d’un groupe, du management, et après, j’ai toujours aimé ce que pratiquait Nantes, le jeu de mouvement; quand j’étais petit, je regardais le jeu de Barcelone, de l’Ajax Amsterdam, c’est ce jeu-là qui me plaît et que je voulais transmettre.

« Mon limogeage de Châteauroux m’a blessé »

Pendant votre carrière de coach, aviez-vous d’autres aspirations, comme celles d’entraîner dans un club plus huppé par exemple ?
Pas spécialement. Ce sont les opportunités qui ont fait que. Au départ, à Clermont, j’étais parti pour faire une carrière comme directeur de centre, tout simplement, et ça me plaisait beaucoup. D’ailleurs, j’ai beaucoup hésité à prendre l’équipe première quand Corinne (Diacre) est partie en équipe de France (fin août 2017). D’autant que cela ne s’était pas très bien passé pour moi à Châteauroux peu de temps avant, quand j’avais pris l’équipe en Ligue 2, mais je me suis fait virer (Pascal Gastien avait été nommé entraîneur de La Berrichonne en Ligue 2 en juillet 2014 avant d’être évincé en février 2015). Je fais partie du comité directeur de l’UNECATEF (le syndicat des entraîneurs), on a un MasterClass « Rebondir », on est en plein dedans là ! À Clermont, on a remis en place un centre de formation né d’un projet formidable avec les rugbymen, et je me retrouve du jour au lendemain avec les pros, et ça se passe pas mal : donc le terme « rebondir » est vraiment bien approprié pour les entraîneurs.

Vous avez plus une âme d’entraîneur ou de formateur ?
Une âme de formateur certainement.

Quand on regarde votre CV, on voit que vous avez toujours travaillé…
Oui, mais je suis resté au chômage pendant un an après mon limogeage de Châteauroux. Je suis parti à Clermont en février de l’année suivante (en 2016).

Ce limogeage à Châteauroux, vous l’avez vécu comment ?
Ça m’a blessé. Le club venait d’être repêché en Ligue 2 peu de temps avant le début du championnat. J’ai commencé les entraînements avec 12 joueurs. C’était très-très compliqué. J’estimais, même si on était derniers ou avant-derniers, que l’on était en train de remonter la pente, que notre jeu ressemblait enfin à quelque chose. Et à ce moment-là, pour des raisons qui les regardent, les dirigeants me virent en février. Un moment difficile. En plus, j’avais joué dans ce club, on était monté en D1 (en 1997). Je connaissais beaucoup de monde.

Une rancoeur ?
Envers certains un petit peu.

Êtes vous rancunier en général ?
Non, je ne pense pas, sauf envers quelques personnes. La pire des choses que l’on puisse dire à un entraîneur, c’est qu’on vous vire parce qu’il faut faire plaisir aux supporters, parce que, par rapport à eux, il faut que l’on fasse quelque chose, sans avoir de véritables raisons, si ce n’est les résultats bien sûr, je ne suis pas fou, hein ! Mais c’est la pire chose que j’ai pu entendre, parce qu’on a bossé comme des malades, et c’est ce qu’on m’a dit à Châteauroux : « Je te vire parce qu’il faut faire quelque chose. On a rien à te reprocher. Mais c’est comme ça ». Pour un entraîneur, c’est difficile à vivre.

« Joueur, j’étais râleur, entraîneur, ça n’a pas changé ! »

Pacal Gastien, en visio, pour cet entretien avec nous !

Un joueur que vous avez entraîné qui vous a marqué ?
J’ai beaucoup aimé entraîner Jimmy Roye (aujourd’hui entraîneur adjoint au Stade Lavallois en Ligue 2). Il réfléchissait sur le jeu, sur le football. Il faisait partie des joueurs qui représentent le jeu que l’on voulait mettre en place, avec Jason Berthomier aussi, qui a fait une saison extraordinaire l’année où on est monté en Ligue 1. Ce ne sont pas des joueurs hypers connus mais ils pensent foot, ils ont un cerveau foot. Après, j’ai entraîné des bons joueurs : lors de la dernière saison, il y avait « Max » Gonalons, il dégage quelque chose de fort.

Entraîneur, le président marquant ?
Cela dépend dans quel sens (rires) ! On va garder le positif : Claude Michy à Clermont. Je souhaite à tous les entraîneurs d’avoir un président comme lui. Même s’il dit qu’il ne connaît pas le foot, il connaît très bien le sport, c’est un ancien sportif, il sait ce que l’on peut ressentir. J’ai passé des années magnifiques avec lui.

Avez-vous eu le temps de nouer des amitiés avec un entraîneur adverse ?
C’est difficile, mais je pense avoir toujours eu des bons rapports avec mes collègues même si parfois j’étais chiant sur le banc de touche, mais de là à nouer une amitié solide, pas spécialement.

Vous étiez « chiant » sur un banc, mais vous l’étiez déjà sur un terrain quand vous étiez joueur…
J’étais râleur, oui, ça n’a pas changé. Compétiteur, mais râleur après les arbitres, mais très rarement après l’entraîneur adverse ou le staff. Parfois, avec les arbitres, je dépassais clairement les bornes, et quand je rentrais chez moi après les matchs, je me disais « Je me prenais pour un fou, ce n’est pas possible ! ». Parce que j’avais toujours ce sentiment d’injustice sur le banc. Quand vous êtes à Niort, Châteauroux ou Clermont, ce n’est pas quand même pas la même chose que quand vous êtes à Marseille, si vous voyez ce que je veux dire. J’ai joué à Niort puis à Marseille, j’ai vu la différence. À Niort, je prenais beaucoup de cartons, à Marseille jamais. Il y a tout un tas de choses quand même… Après, je sais faire mon autocritique : je n’étais pas très fier de ma manière d’être.

« Après Clermont, des clubs pros m’ont appelé »

Depuis votre arrêt à Clermont, avez-vous reçu des propositions pour « replonger » ?
Oui, des clubs pros m’ont appelé après. À Niort, il y a eu ce dépôt de bilan des Chamois (en avril dernier), et des clubs environnants, sachant que j’étais rentré dans la région, m’ont sollicité. J’étais fatigué par ma dernière année à Clermont déjà. Et je pense que je n’étais pas prêt à me lancer dans un projet sans connaître les personnes, en plus, je suis parti de Niort il y a une dizaine d’années, je redécouvre un peu l’environnement.

Qu’est-ce qui vous manque le plus dans le foot ?
La compétition ne me manque pas, les entraînements ne m’ont pas manqué du tout pendant un an, le foot ne m’a pas manqué pendant un, je me contente d’aller voir jouer mon petit-fils et aussi d’aller aux matchs de N2 à Chauray, c’est parfait. Mais là, l’entraînement me manque un petit peu, d’être avec les joueurs, créer des séances, faire des séances… En fait, c’est le jeu qui me manque, pas la compétition.

Qu’est-ce qui ne vous manque pas ?
Je vous l’ai dit, j’ai passé quasiment 40 ou 45 ans dans le foot pro, avec l’impression de n’avoir passé que des bonnes saisons, j’ai fait des rencontres magnifiques, à tous les niveaux, que cela soit des joueurs, des administratifs, des dirigeants, et je n’ai eu que cette dernière année, à Clermont, qui a été difficile. Mais une seule année sur 40 ou 45, c’est pas mal quand même.

« J’ai beaucoup aimé travailler avec mon fils »

Avec son fils Johan lors de sa signature en 2018 au Clermont Foot. Photo ClermontFoot63

En replongeant dans les fiches techniques, on a trouvé trace de quatre matchs avec vous sur le banc et votre fils Johan titulaire dans l’équipe en face… Qu’est-ce qui est le plus difficile : affronter son fils ou l’entraîner ?
J’ai eu très très peu de problème avec lui à l’entraîner. Je ne pense pas lui avoir fait de cadeau, j’ai essayé d’être juste. Les dirigeants de Clermont souhaitaient le faire venir, pas moi. Parce que j’avais peur que cela pose problème. J’ai mis les choses au point avec les autres joueurs, que j’ai rencontrés, en leur disant « Voilà comment on fonctionne (…) à la maison, on ne parle jamais de vous, vous pouvez faire ce que vous voulez, on ne parle jamais du club », je ne voulais pas le mettre en porte-à-faux vis à vis d’eux, et on a toujours fonctionné comme ça, de manière honnête, et si on n’a pas eu de problème, c’est en grande partie grâce à Johann, parce qu’il paraissait être un titulaire indiscutable, et c’est toujours beaucoup plus facile quand c’est comme ça. Mais j’avais des garde-fous dans mon staff, qui étaient capables de me dire « On pense qu’il vaut mieux faire jouer un autre joueur » même si en général, c’était plutôt l’inverse. On est parti sur ce fonctionnement et il a tenu parole par rapport à ses coéquipiers. Tout était clair. Il était hors de question que je lui pose des questions sur « Comment ils vivent ? Comment ça se passe ? Est-ce qu’ils sont sortis ? Est-ce que ceci ? Est-ce que cela ? » Non. Rien. On a toujours avancé ensemble comme ça. J’ai beaucoup aimé travailler avec Johan, il nous a beaucoup apportés et finalement cela n’a pas été une mauvaise idée de le faire venir à Clermont ! C’était l’idée de Philippe Vaugeois, qui recrutait pour nous et qui a été très bon pendant toutes ces années, il ne faut pas l’oublier, il a été l’un de des facteurs très importants de notre réussite. Mais quand j’ai joué contre lui, honnêtement, je n’en tenais pas particulièrement compte. J’étais focus sur mon équipe. On a, tous les deux, bien géré la situation. C’est peut-être un regret d’ailleurs sur ma dernière saison, parce que s’il m’avait dit certaines choses, cela aurait évité bien des problèmes à mon avis, mais c’est tout à son honneur. On en a parlé, mais après, et j’ai su un petit peu tard ce qui se passait à l’intérieur du groupe la dernière année. Mais trop tard.

Vous allez voir des matchs dans votre région ?
Nantes et Angers, c’est un peu loin. Je vais voir quasiment tous les matchs de Chauray à domicile en N2, et les matchs de mon petit-fils. Je ne suis pas encore allé voir le nouveau club, Chamois Niortais Saint-Flô, en R2, mais j’y vais samedi, parce qu’il y a la présentation d’un livre sur les chamois Niortais. En plus, ils jouent contre le club dans lequel j’ai débuté comme éducateur, Saint-Liguaire. J’y ai entraîné les U18 dans le cadre du passage des mes diplômes, et j’y avais fini ma carrière de joueur en DH. C’était ma première expérience comme entraîneur. Récemment, je suis allé voir le match délocalisé à René-Gaillard entre Chauray et les Girondins de Bordeaux, en National 2. C’était un moment particulier. Il y avait entre 5 et 6000 personnes. J’ai vu des anciens joueurs que j’avais eus au centre de formation de Niort. Il y avait un peu de nostalgie, forcément, mais ça montre aussi qu’il y a un potentiel à Niort, où les gens aiment le foot.

« René-Gaillard, Gabriel Montpied… Les deux stades les plus… »

Vous êtes sur la couverture du livre consacré aux Chamois !
Il y a même deux livres qui sont sortis ! Ce vendredi, à la mairie de Niort, un autre livre est présenté, il y aura Patrick Parizon, Philippe Hinschberger (Ndlr : une séance de dédicaces aura lieu en présence des auteurs du livre paru en octobre dernier « Chamois Niortais – un siècle d’histoire », en présence des auteurs Bruno Ahime et Christian Bonnin; un autre ouvrage a été consacré au Chamois Niortais, paru également en octobre dernier, écrit par le journaliste Emmanuel Roux et le supporter Fabrice Liaigre), et samedi, au match, il y aura d’anciens joueurs, comme Jean-Paul Ribreau, Jacky Belabde et d’autres peut-être, on va se revoir, ça va être sympa !

Comment occupez-vous votre temps ?
J’ai arrêté pour ma famille. Mon père est décédé. Ma mère est à l’Ehpad et ce sont mes deux soeurs qui se sont occupées d’elle, donc je pense que c’est à moi de prendre ma part, et ça me fait plaisir d’être avec ma mère. Mes beaux-parents vieillissent aussi. Ce sont des facteurs qui ont fait que j’ai pris la décision d’arrêter.

Pour finir : le stade René-Gaillard ou le stade Gabriel-Montpied ?
Récemment, j’étais à Clermont, on parlait des stades de foot, et je disais aux gens que ces deux stades, René-Gaillard et Gabriel-Montpied, étaient les deux plus pourris de Ligue 2 ! Donc voilà ma réponse ! Bon, à Clermont, avec les travaux, ça va ressembler à quelque chose, mais avant d’avoir cette nouvelle tribune, c’était quand même triste. Quant au stade René-Gaillard, je pense que, dans mes cartons, j’ai des projets de plans de nouveau stade à Niort qui datent d’il y a 15 ou 20 ans ! Je me demande même si ce n’est pas moi qui ai encore la maquette !

Le stade Gabriel-Montpied. Photo CF63
Le stade René-Gaillard à Niort. Photo 13HF
  • Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : 13HF, Clermont Foot et DR
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Co-meilleur buteur du championnat avec 6 buts, à égalité avec le spécialiste Fahd El Khoumisti, l’attaquant polyvalent est revenu aux origines, du côté du FC Fleury 91, en juillet 2024, où il a vécu les joies d’une montée de National 2 en National après un passage en Ligue 2 au FC Annecy. À 30 ans, le Parisien semble avoir atteint la maturité et la plénitude de ses moyens.

Par Joël PENET / mail : contact@13heuresfoot.fr / Photos : Philippe LE BRECH

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

C’est en région parisienne que ce grand attaquant polyvalent foule les terrains de Villiers-le-Bel, sa ville natale, non loin de Sarcelles, à ses débuts. Un environnement qu’il va finir par connaître sur le bout des orteils puisque l’Île-de-France va devenir son terrain de jeu ! Après une escale au centre de formation de Guingamp, en Bretagne, le natif du Val-d’Oise va ensuite reprendre le même chemin pour intégrer la prestigieuse école du PSG.

Mais comme pour beaucoup, ce n’est pas au Parc des Princes que le rêve de fouler le rectangle vert dans la peau d’un professionnel prend forme. Grâce à sa polyvalence mais aussi sa détermination, c’est à Bobigny, à Sannois Saint Gratien ou encore à Créteil qu’il va faire trembler les filets. Et se faire un nom qui va finir par attirer le regard du FC Annecy, en Ligue 2. Sa régularité lui permet de vivre la consécration en 2023 : la signature de son contrat professionnel en Haute-Savoie. Mais il apprend à ses dépens que le football peut être magique comme très cruel. Alors qu’il découvre l’antichambre de l’élite française, l’attaquant longiligne subit une fracture de la cheville avec arrachement ligamentaire qui l’éloigne des terrains pendant plusieurs mois. Un coup dur qu’il réussit à surmonter, à Nancy tout d’abord, en prêt, avant de retrouver la région parisienne et un projet ambitieux au FC Fleury 91, dans le club du président Pascal Bovis.

Entretien : « Je ne suis plus le même Kevin ! »

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Kevin, que retiens-tu de tes premiers années de formation à Guingamp ?
Guingamp, c’est là où j’ai appris le vrai football dans un environnement complètement différent de ce que j’ai pu connaître chez moi à Villiers-le-Bel. J’ai côtoyé des joueurs pendant plusieurs années qui sont devenus des amis, encore aujourd’hui.

Quel regard tu poses sur un club comme Guingamp actuellement ?
C’est sûr que ce n’est pas forcément ce Guingamp-là que j’ai connu. C’est un club qui a beaucoup évolué. C’est très bien ce qu’ils font. Ils ont connu la Ligue 1, c’est une grosse écurie en deuxième division et quand j’étais au centre, nous évoluions encore en National. Il y a aussi de très bons joueurs qui sont passés là-bas : Yoann Le Méhauté, James Léa Siliki, Ludovic Blas, Marcus Coco, Hugo Picart…

Tu as fait une partie de ta formation au PSG. Est-ce un passage formateur ou as-tu des regrets de ne pas être allé plus loin ?
Non, je n’ai pas de regrets, c’est un très bon club formateur et j’y ai passé de belles années mais j’ai forcément un ressenti mitigé car ce passage a été moins formateur « footballistiquement » qu’à Guingamp. Je me suis forgé mentalement mais je pense que le PSG est un tremplin pour pas mal de joueurs. Les choses doivent aller vite et on te fait comprendre que la concurrence est féroce : seuls les meilleurs joueront.

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Après cette expérience, tu pars à la découverte de la région parisienne ! Dans quel état d’esprit es-tu à ce moment-là ?
J’ai passé six mois sans jouer après cette expérience malgré deux ou trois essais… Mais je n’étais plus trop motivé. J’ai pris un coup au mental et je n’avais plus trop goût au foot. Comme je l’ai dit, je me suis forgé mentalement et j’avais peut être aussi besoin de quelques mois de repos pour me rendre compte que le football me manquait.

Quel genre de joueur es-tu en partant à Saint-Maur Lusitanos, en National 3 ?
Un attaquant rapide, qui peut jouer sur le côté mais aussi en pointe, donc j’essaie d’amener au mieux cette polyvalence. Saint-Maur, c’est un club portugais, familial et c’était parfait pour retrouver goût au foot.

Tu vas développer des qualités de buteur ensuite à Bobigny, à l’Entente Sannois SG ou encore à Créteil. Quelles différences y-a t’il entre ces clubs ?
J’ai essayé d’être dans la continuité au niveau de mes choix de carrière mais aussi dans ce que je pouvais faire sur le terrain. Je pense que c’est à Bobigny où je me suis retrouvé en tant que buteur (13 buts en 20 matchs en National 2). De base, je préfère jouer en pointe ; à l’Entente Sannois SG, je n’ai pas forcément joué, j’étais assez jeune et je découvrais encore le championnat de National. Je ne marquais pas assez, je n’étais pas assez costaud. J’ai dû travailler sur ces aspects-là.

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Justement, comment on peaufine un profil comme le tien ?
J’avais des qualités plutôt naturelles et au centre à Guingamp, je me souviens que je jouais sur le côté. Il me fallait cette mobilité, cette vitesse. Quand j’ai commencé à jouer en seniors, j’ai aussi bossé avec un préparateur physique entre Bobigny et Créteil et il m’a bien formaté. Par exemple, j’ai beaucoup gagné en mobilité.

Est-ce que tu te fixes en général des objectifs comptables ?
Non. Je pense que ça vient comme ça vient, je prends tout ! Je me dis qu’il faut atteindre un seuil minimum de 12 buts…

Avant de choisir Annecy, et la possibilité de jouer en Ligue 2, as-tu eu des sollicitations de l’étranger ? Si oui, pourquoi cela ne s’est-il pas fait ?
Le coach Laurent Guyot me voulait à Annecy et je voulais découvrir la Ligue 2. J’ai eu des contacts en Belgique, beaucoup en Bulgarie mais ça ne m’intéressait pas. Je venais d’avoir mon enfant, ma femme n’avait pas trop envie de bouger donc j’ai fait le choix de rester en France.

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Tu effectues tes débuts en 2022 sous les couleurs d’Annecy. Quel est ton sentiment à ce moment ?
Je me dis que c’est parti. Je suis un joueur professionnel et c’est là que tu te rends compte qu’il faut que tu performes… sans forcément te mettre de pression. Le coach me faisait confiance mais j’ai ensuite cette blessure qui arrive et qui sonne comme un coup d’arrêt. Je l’ai assez mal vécu mais j’étais bien entouré pour affronter cette épreuve. Les premières semaines, c’était très dur… c’est là que je repense à mon passage au PSG, que je me dis que la concurrence, et si t’es pas bon, il y aura quelqu’un d’autre.

Quelle différence fais-tu entre la Ligue 2 et le championnat de National ?
Je pense que ça se joue dans les 30 derniers mètres, défensivement ou offensivement; ça va plus vite en Ligue 2. Le National est néanmoins assez relevé aujourd’hui, on croise de gros joueurs et de grosses équipes. C’est aussi pour ça que je pense que la Ligue 3 doit arriver vite car il faut professionnaliser ce championnat. Quand on voit les déplacements et les contraintes qu’il peut avoir, il n’y a pas le choix !

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Tu as été prêté par le FC Annecy à Nancy. Est-ce que tu aurais aimé t’imposer d’avantage ?
Ça se passe bien au début même si les résultats sont négatifs. A ce moment, Benoit Pedretti était en intérim sur le banc et avec l’enchainement des événements, je perds confiance petit à petit, j’ai du mal à marquer (2 buts en 14 matchs). Je viens d’arriver de Ligue 2 et je sais qu’il y a beaucoup d’attente sur moi. Je sais que dans le jeu j’étais là, le coach me faisait confiance mais Pablo Correa arrive ensuite. Il me fait jouer deux matchs, je marque au premier mais j’ai compris qu’il avait des choix en tête et que je ne faisais pas forcément partie de ses plans.

Avec Nancy, en National, où il a évolué en prêt du FC Annecy. Photo Philippe Le Brech

Tu as enfin l’opportunité de Fleury qui se présente en 2024. Qu’elle a été ta réflexion à ce moment-là ?
Tout s’est fait très rapidement. Je voulais rentrer sur Paris et quand ils m’ont appelé, je n’ai pas mis longtemps à donner ma décision. Je ne me suis pas posé de questions. Je connaissais déjà le club et ses ambitions. Il y avait aussi le challenge de monter de N2 en National et ça, c’est quelque chose que je voulais réussir, surtout qu’on avait manqué de le faire quand j’étais à Bobigny. Fallait assumer avec les gros noms, si on n’avait pas de résultats. Le club a réussi à attirer de « gros » noms quand je suis arrivé à l’été 2024 et il fallait qu’on ait des résultats.

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

À 30 ans, tu es une des figures offensives du FC Fleury… en National ! As-tu des objectifs comptables ?
Je peux apporter mon expérience du haut niveau. Je me connais aujourd’hui et je sais que je peux marquer des buts. Je ne suis plus le même Kevin et si je fais les choses bien, ça va marcher sur le terrain !

Tu marques mais on a l’impression que c’est un collectif qui avance sous les ordres de David Vignes. Est-ce aussi ton ressenti ?
On a un groupe au top ! D’ailleurs, c’est un des meilleurs que j’ai eu depuis le début de ma carrière ! On se fait tous confiance, on peut jouer ensemble les yeux fermés.

La préparation de l’an dernier n’a pas été facile mais c’est elle aussi qui a posé les bases de notre équipe. Sur le terrain, on se serre les coudes et ça paye. On a réussi à aller chercher cette montée en National qui échappait au club depuis longtemps. Je pense qu’il y a quelque chose à faire mais on ne va pas s’enflammer, on vient de monter… c’est que du kiffe ! On essaye de ne pas se fixer de limites et le club est armé pour évoluer au-dessus, j’en suis sûr !

Kevin Farade, du tac au tac

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La montée en National avec Fleury en juin dernier.

Pire souvenir sportif ?
La descente en N2 avec Créteil.

Plus beau but marqué ?
Un but contre Bourg-en-Bresse avec Créteil.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?

Ton but le plus important ?
Avec Saint-Maur Lusitanos, en National 3, quand on est monté en N2 (en 2016).

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Je ne sais pas !

Tes Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Défauts, je râle trop ! Qualités… Je lâche rien.

Le club ou l’équipe (ou la saison) où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Avec Créteil, la première année, en National (2020/2021).

Le club où tu as failli signer (tu peux le dire maintenant, il y a prescription) ?
Laval.

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Manchester United.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Old Trafford et Manchester United.

Un public qui t’a marqué ?
Celui de l’OM.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Yoann Le Méhauté à Guingamp et Pythocles Bazolo à Bobigny.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Carlos Secretario, mon coach à Créteil.

Un président ou un dirigeant marquant ?
Franck, l’intendant de Créteil.

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Grejhon Kyei (ex-Clermont Foot, Standard de Liège, Lens, Reims notamment).

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le Vélodrome.

Tes passions dans la vie ?
La Play-station, la NBA.

Un modèle de joueur ?
Thierry Henry.

Une idole de jeunesse ?
Thierry Henry.

Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
Barça vs Manchester United en finale de la Ligue des Champions (en 2011, 3-1 pour Barcelone, et en 2009, 2-0 pour Barcelone).

Ta plus grande fierté ?
Mes enfants.

Avec l’Entente Sannois Saint-Gratien. Photo Philippe Le Brech
Avec l’US Créteil, en National. Photo Philippe Le Brech

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  • Texte : Joël PENET / mail : contact@13heuresfoot.fr / X : @13heuresfoot
  • Photos : Philippe LE BRECH 
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Le finaliste de la Coupe de France Crédit Agricole 2 000 avec le CRUFC Calais raconte les prolongements de cette épopée sur sa carrière sportive et sa vie. La participation au 7e tour du Auch Football (R2), qu’il co-entraîne depuis cet été, ravive les souvenirs.

Article paru sur le site de la FFF avant l’élimination au 7e tour de Auch Football face à Canet-Roussillon FC (N3) : https://www.fff.fr/article/15736-la-nouvelle-histoire-de-cedric-jandau.html

Texte : Anthony BOYER / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Sur son CV, l’exploit ne fait qu’une ligne. Mais à l’échelle de la Coupe de France Crédit Agricole, c’est une Histoire avec un grand H que Cédric Jandau et ses copains du Calais RUFC (CFA, désormais National 2) ont écrit lors de la saison 1999-2000, qui les a vus atteindre la finale au Stade de France, seulement battus par le FC Nantes (2-1) de Mickaël Landreau.

Quand le natif de Calais s’est récemment mis en quête d’un nouveau travail, c’est surtout son expérience du management, de la gestion de groupe, et sa casquette d’entraîneur, qui ont séduit sa nouvelle entreprise, basée à Cugnaux, spécialisée dans le captage, le traitement et la distribution de l’eau, dans laquelle il travaille comme chef d’équipe depuis juin dernier. Pas son parcours de footballeur, qui se résume à un long bail au CRUFC (1994-2002) où il a commencé en seniors à l’âge de 18 ans, en CFA, puis en National, avant de partir à Gravelines, huit ans plus tard, en Division d’Honneur (2002-2006).

Héros de la demi-finale Calais-Bordeaux
À l’époque, le grand blond travaille à Calais chez Eurotunnel, qu’il décide de quitter lors d’un plan économique : « Après Gravelines, j’ai signé à l’US Boulogne Côte d’Opale, en National, la saison de la montée en Ligue 2 (2006-2007) avec Philippe Montanier comme entraîneur. Le club devait me trouver un travail, mais ça ne s’est pas fait. Comme je voulais passer à autre chose, je suis parti à Toulouse, où un CDI m’attendait dans un réseau de transports en commun. C’est ainsi que j’ai atterri à l’US Castanet-Tolosan (DH), où j’ai superbement été accueilli par le président, Bernard Maquoy, qui est devenu un ami. Il m’a beaucoup aidé à m’intégrer ».

Lire la suite de l’article sur le site de la FFF : 

https://www.fff.fr/article/15736-la-nouvelle-histoire-de-cedric-jandau.html

L’ancien milieu défensif, passé par Nîmes, sa ville natale et son club formateur, puis Beauvais, Orléans, Luzenac et Sedan, est revenu à Sète, où il a également évolué en National il y a 16 ans, cette fois dans le costume de coach. Dans ce club historique à la recherche de stabilité et de sérénité après sa liquidation judiciaire en 2023, il entend mettre sa passion et son expérience au service du collectif.

Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Photos : Philippe LE BRECH et Alan REALE / SC Sète / @_bykitsu

Photo Alan Reale / SC Sète / @_bykitsu

C’est sans doute parce que, plus jeune, il était ce garçon timide et réservé, que Romain Canales lâchait tout sur le terrain, extériorisait, se montrait hargneux. Son terrain d’expression, c’était le football, la compétition. Et c’est aussi grâce à sa double-reconversion que l’ancien numéro 6 de Nîmes, Sète, Beauvais, Orléans et Luzenac, en National, a appris à apprivoiser ce trait de caractère. « Devenir agent immobilier et entraîneur de foot, ça m’a aidé à être moins timide, moins réservé. Sur le terrain, je lâchais tout, je m’exprimais par la hargne ! » raconte le natif de Nîmes, aujourd’hui âgé de 42 ans, arrivé sur le banc de Sète cet été, en Régional 2.

Romain Canales, c’est aussi ce garçon discret, qui n’a pas forcément envie de se mettre en avant, un petit peu hors système, mais terriblement ambitieux. Pendant sa carrière de joueur, c’était un peu la même chose : au service des autres, du collectif, à un poste exigeant, avec des responsabilités. Un joueur entier qui ne trichait pas, dont l’activité débordante sautait aux yeux. Parfois, on ne voyait que lui. A tel point que des clubs plus huppés, certains en Ligue 2 voire en Ligue 1 se sont, à un moment donné, renseignés sur ce petit gabarit d’1m71 freiné par une blessure à un moment charnière de sa carrière : « J’étais à Beauvais, en National, j’avais 26 ans, je faisais ma meilleure saison, j’ai eu des sollicitations, mais j’ai eu une blessure à la cheville et il y a eu beaucoup de complications, ça a duré un an et demi… Clairement, ça a brisé mon élan. »

« A Sète, l’identité est palpable ! »

Lors de son départ de Castelnau-le-Crès l’été dernier. Photo Castelnau FC

Cette tranche de vie footballistique, marquée par un long passage de 14 ans dans « son » club, celui où il a été formé et où il a évolué jusqu’à l’âge à 25 ans, Nîmes Olympique, il la raconte dans cet entretien d’une heure, donné en visio depuis chez lui, le matin d’un match avancé de championnat – un jeudi ! – avec le FC Sète, pardon, le SC Sète, son nouveau club. « J’ai la chance d’avoir trouvé une location et d’habiter au mont Saint-Clair. Tu vois, quand quand je tourne la tête, je vois la plage et la mer ! Cela a toujours été comme ça dans ma carrière, j’ai toujours voulu habiter à l’endroit où je jouais, pour m’imprégner de l’environnement dans lequel j’étais. Là, en signant à Sète, j’aurais pu rester chez moi à une heure de route du club, mais j’ai préféré m’installer ici. Et je peux te dire que l’identité de la ville, elle est bien palpable. Il y a des quartiers de pêcheurs, des quartiers populaires. Il y a les joutes aussi, qui sont plus importantes que le foot. »

Finalement, le derby de Régional 2 contre le voisin, le Stade Balarucois, distant de seulement 8 kilomètres, n’a pas eu lieu. Match reporté ! La faute aux conditions météorologiques ce jour-là.

Du FC Sète au SC Sète

Si le club de la Venise du Languedoc a changé d’appellation pour devenir le Sporting-club, ce n’est pas uniquement pour tirer un trait sur un passé récent tout à digéré. C’est aussi par obligation. Le 6 juillet 2023, trois ans ans seulement après un retour assez probant en National (11e en 2021 et 14e en 2022), lequel fut suivi d’une relégation administrative en N2 et d’une saison cauchemar (18e et dernier de N2 en 2023 avec seulement 3 victoires en 30 matchs et 12 points), la société « Football-club de Sète » a été liquidée, laissant place à une nouvelle entité, l’association « Sporting-club de Sète ».

Cette dernière fut contrainte, non pas de repartir en Régional 1 comme prévu initialement mais en… Régional 3 ! Un coup dur pour cette institution du football français – le FC Sète est l’un des 18 clubs à avoir été au moins une fois champion de France (il l’a même été deux fois, en 1934 et 1939, et a remporté deux Coupes de France !) -, qui n’avait jamais évolué plus bas qu’en Division d’Honneur (R1).

« Le plus beau maillot ? Celui de Sète ! »

Photo Alan Reale / SC Sète / @_bykitsu

Parce que le nouveau « Sporting », qui est remonté en Régional 2 dès l’année de son lancement avec à sa tête le joueur le plus emblématique de la ville, Christophe Rouve, est un club historique. Mythique. Dirigé aujourd’hui par un nouvel homme fort, un homme du cru, Bastien Imbert-Crouzet.

Depuis l’été 2024 et le départ de Rouve, joueur le plus capé (et le plus buteur) de l’histoire sétoise, pas mal de choses ont encore changé dans ce club qui ne demande qu’à retrouver stabilité (trois entraîneurs et deux présidents en un an) et sérénité. Ce qui n’a pas changé, en revanche, et c’est tant mieux, ce sont les fameuses tuniques aux bandes horizontales vertes et blanches, qui font que l’on peut confondre le maillot avec celui de l’autre Sporting, le Sporting Portugal de Lisbonne ! « J’aime les maillots et le plus beau que j’ai dans mon placard, c’est celui de Sète, coupe Romain; ça ne s’explique pas. C’est un maillot historique ! »

Pour Romain Canales, intronisé cet été à la tête de l’équipe fanion, pas facile de reconnaître le club où il a évolué une saison comme joueur, en National, en 2008/2009. C’était juste après une accession en Ligue 2 avec Nîmes, à laquelle il n’a malheureusement pas participé puisque cantonné en réserve, ni Laurent Fournier, ni son successeur avant Noël Jean-Luc Vannuchi ne lui faisant confiance en équipe Une.

Un poète dans la cité de Georges Brassens

Sous la tunique de l’US Orléans. Photo Philippe Le Brech

Mais il n’a jamais oublié son passage au stade Louis-Michel aux côtés des Yattara, Rambier, Vellas, Scaffa, Goazou, Fori, Dufrennes, Chavériat, Valero, pour ne citer qu’eux, ainsi que des regrettés Aulanier et Kharrazi. Cette saison-là, il avait quasiment disputé l’intégralité des matchs d’une saison achevée à une belle 7e place… juste avant une liquidation judiciaire (en réalité, sans une pénalité de 3 points infligée par la FFF, le club aurait fini 5e). On ne se refait pas !

Plus de quinze ans après, voilà Romain de retour, dans le costume d’entraîneur des seniors, en Régional 2, avec déjà une expérience de quelques saisons sur un banc, dont la dernière, probante, à Castelnau-le-Crès, en Régional 1, où, en une-demi saison (il est arrivée à la trêve), il a redressé une situation mal embarquée, son club passant avec lui de la 11e à la … 2e place en seulement 18 matchs (12 victoires) ! Une performance qui a tapé dans l’oeil du SC Sète.

Finalement, pour cet amateur de poésie, revenir dans la Cité de Georges Brassens est un joli clin d’oeil : « Oui, c’est une guitare que tu vois derrière moi ! Je ne suis pas un grand guitariste mais j’aime les musiques à texte. Je suis fan de Damien Saez, que j’ai vu sept ou huit fois en concert, de Francis Cabrel, de Ben Mazué, de Renaud, et de Georges Brassens bien sûr ! »

Interview : « Je suis quelqu’un d’entier »

Photo Alan Reale / SC Sète / @_bykitsu

Romain, revenons sur tes débuts : tu es né à Nîmes mais tu as commencé le foot à Vergèze…
Oui, de l’âge de 6 à 11 ans, parce que c’est là que j’habitais. Nîmes Olympique m’avait approché auparavant mais moi je voulais rester à Vergèze, avec mes copains. Finalement, à 11 ans, j’ai signé à Nîmes, et j’y suis resté jusqu’à mes 25 ans. Ensuite, j’ai joué à Sète 1 an, à Beauvais 2 ans, à Orléans 1 an et à Luzenac 1 an, tout ça en National. Ensuite il y a eu Sedan en CFA2, on est monté en CFA. Puis je suis rentré dans ma région pour finir ma carrière : j’ai fait quatre saisons à Aigues-Mortes en amateur (DH) et une saison à Uzès (R1) mais là, je me suis blessé à l’automne, j’ai dû stopper. Enfin… j’avais quand même repris une licence en Régional 2 à la JS Chemin bas d’Avignon, un club de Nîmes, on était monté en R1.

Et le travail dans tout ça ?
A la fin de ma carrière, je suis devenu agent immobilier, chez Orpi pendant 8 ans puis pendant 2 ans comme indépendant. Là, je me suis reconverti dans la gestion de patrimoine chez CapFinances. La vie, ce sont des cycles : on ne fait plus le même métier de 20 à 65 ans… En 2022, l’immobilier marchait moins bien, j’ai réfléchi, je me suis dit qu’il fallait peut-être faire autre chose. Aujourd’hui, dans mon nouveau métier, il y a toujours ce côté « commercial » que j’avais dans mon autre métier, je démarche de la clientèle, je suis affilié à un cabinet, et puis ça se marrie bien avec la vie de foot, je gère ma journée comme je le souhaite. Parce qu’entraîner, cela implique de prendre des risques dans sa vie professionnelle, ce n’est pas évident. Il faut que les horaires correspondent, il faut être disponible le soir, avoir le temps de préparer ses séances de la meilleure des manières possibles, parce que si tu fais un métier où tu finis à 18h et que tu arrives cinq minutes avant l’entraînement, forcément, il va te manquer de la préparation.

« Je ne pense pas à ma carte perso »

Sous la tunique du FC Sète en National en 2008/2009. Photo Philippe Le Brech

Où en es-tu au niveau des diplômes et aspires-tu à entraîner plus haut ?
Je suis titulaire du BEF, je peux entraîner jusqu’en Régional 1. J’attends le bon moment pour postuler au DES, qui permet d’entraîner jusqu’en N2. Je veux faire les choses bien. Je ne veux pas courir après le sésame supplémentaire si je ne suis pas capable d’assumer mon rôle de coach l’année en cours. Si je veux aller plus haut, il ne faut pas que je traîne en route. Je suis quelqu’un d’entier, qui va aller vers ce que je ressens, c’est peut-être une faiblesse, mais je ne pense pas à ma carte perso. Aujourd’hui, l’idée, c’est d’aller plus haut possible avec le FC Sète; à moi d’être bon pour faire en sorte que le club veuille me conserver.

Quand as-tu commencé à entraîner et quel a été ton parcours ?
J’ai commencé à Aigues-Mortes chez les jeunes, j’étais encore joueur en R1, et je m’occupais des U15, ensuite des U19. J’ai rapidement eu des petites sollicitations pour entraîner en Régional 2 mais j’ai voulu aider les villages où j’ai grandi en Régional 3, je n’étais pas à une division près pour faire mes gammes, alors je suis allé à l’US du Trèfle, à Sommières, la ville dont mes parents sont originaires, puis à Vergèze, où j’ai grandi. Ces deux villages, ces deux clubs, je les aime. Ensuite, je suis devenu l’adjoint de Nicolas Guibal, l’ex-entraîneur de Sète, au Grau-du-Roi (R2, accession en R1), avant de partir à Mende en R1, mais je n’y suis pas resté longtemps, cela ne s’est pas très bien passé, alors que j’avais mis l’immobilier de côté. Ensuite, j’ai atterri à Noël à Castelnau-le-Crès, en R1, l’équipe était 11e à la trêve et on a fini seconds, ce qui m’a permis de rebondir à Sète, où le club se structure. Le projet est fait pour voir à moyens termes.

« On dit encore le FC Sète 34 ! »

Avec le président du SC Sète. Photo Alan Reale / SC Sète / @_bykitsu

Entraîner, tu y pensais quand tu étais plus jeune ?
Pas trop. J’étais très timide, introverti. Je me souviens qu’à Nîmes, Olivier Dall’Oglio, que j’ai eu en jeunes et en réserve, me sondait parfois sur la manière de jouer et à Orléans, où j’ai fait 20 matchs sur 38 et donc où je n’étais pas un cadre, l’entraîneur Yann Lachuer venait parfois me sonder, parce que j’avais une réflexion sur le jeu. Je m’intéressais au « foot ». C’est devenu viscéral à partir du moment où j’ai entraîné les jeunes à Aigues-Mortes.

Quelle est l’ambition du club de Sète, qui a vécu une liquidation judiciaire en 2023 ?
J’avais déjà connu une liquidation à la fin de la saison quand j’avais joué à Sète. Aujourd’hui, c’est le Sporting, parce que le club a changé de nom dans les documents mais on a encore du mal à l’appeler comme ça, on dit encore le FC Sète 34 tellement c’est ancré ici ! C’est le même club. Maintenant, je vais essayer de leur rendre la confiance. Il y a un projet ici qui est très-très clair, mais avant de parler de foot, d’objectifs, il faut remettre le club sur de bons rails, ça veut dire avec des bons éducateurs, avec une image des jeunes qui change, avec les bonnes personnes à la tête du club, avec de la stabilité humaine. Je vois des gens qui oeuvrent pour leur club, et uniquement pour leur club. Ceux qui sont en place sont fondamentalement amoureux de leur club. Le président (Bastien Imbert-Crouzet) est un Sétois, on a beaucoup de gens du cru. Ils vont oeuvrer pour que le club redore son blason, et pas que sportivement. Les jeunes sont descendus de division, il y a une catégorie manquante, mais là, on n’est que sur les premiers mois du nouveau projet, c’est trop tôt…

« On se doit de jouer le haut de tableau »

Avec Luzenac contre l’US Orléans du regretté Emiliano Sala. Photo Philippe Le Brech

Sportivement, après un bon départ (3 victoires et 1 nul), l’équipe de R2 vient de perdre son premier match à Saint-André-de-Sangonis (2-1) : la montée est-elle l’objectif fixé ?
On ne m’a pas demandé de monter cette année. On a reconstruit un effectif après beaucoup de départs, on a mis en place des nouvelles idées de jeu, mais cela ne se fait pas en quelques semaines. Maintenant, on se doit de jouer de jouer le haut de tableau, d’essayer de se mêler à la lutte. Tu sais, ici, c’est un peu comme à Nîmes : quand tout va bien, c’est le rêve de vivre dans ces villes-là, avec cette ambiance sudiste, et puis tu as les aléas, ces liquidations judiciaires, qui sont propres au sud.

Quel type de jeu prônes-tu ?
Pour moi, le meilleur moyen de gagner, c’est de maîtriser son sujet, de prendre les choses en mains, de dominer territorialement dans la tenue du ballon. J’aime que mon équipe soit joueuse, cohérente. Ce n’est pas une question de division. La seule chose qui n’est pas négociable, c’est la grinta, et ça, je trouve que ça se perd dans le foot, alors qu’il la faut. Il faut avoir la passion et le feu en soi si on veut exister. J’essaie d’inculquer ça, c’est dur. J’essaie que mon équipe soit à mon image. J’avais la grinta, ça m’a aidé. J’aime jouer à 3 derrière, mais si j’ai basculé vers ce système il y a quelques années, c’est parce que j’avais les joueurs pour. Et tant que c’est possible, je m’y tiens. Mais système de jeu ne veut pas dire principe de jeu. Tu peux avoir des mêmes idées de jeu, que tu sois en 3-5-2 ou en 4-3-3. A contrario, tu peux être sur un même système dans deux clubs différents et avoir deux manières de jouer différentes. Les principes de jeu sont pour moi plus importants.

En termes de spectateurs, ça se passe comment cette année ?
On a fait 500 ou 600 personnes en coupe de France contre une R1 (Fabrègues, qualification 2-1 au 3e tour avant une élimination au 4e tour à … Saint-André-de-Sangonis, 2-1). Sinon, en championnat, on a un petit peu de monde au stade, mais il n’y a jamais eu non plus énormément de monde au Louis-Michel. Quand je jouais en National, on avait fait une belle année, il y avait 1000, parfois 1500, mais 1500 au Louis-Michel, c’est comme quand il y a 5000 ou 6000 aux Costières alors qu’il y a près de 20 000 places. Mais l’engouement est possible ici.

Romain Canales, du tac au tac

Sous le maillot de Beauvais. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
Il y en a plusieurs ! Ce sont mes premiers matchs en pro aux Costières avec Nîmes. Quand tu es jeune, que tu rêves de ce moment et que tu y arrives… C’est une belle émotion. Réussir dans son club formateur, dans un club avec une histoire comme celle-là, c’est un rêve éveillé, surtout au début. Plus tard, on en prend la mesure.

Ton premier match en Une à Nîmes ?
J’avais 19 ans, j’étais rentré deux minutes, c’était à l’extérieur, en fin de saison, à Dijon. L’entraîneur, c’était Patrick Champ, qui avait pris l’équipe pendant quelques semaines. C’est important mais pas aussi important que quand je me suis imposé comme titulaire, là ça comptait vraiment, je débute les matchs, je sens que j’ai une carte à jouer pour ma future carrière. Mais le coach qui m’a réellement lancé, c’est Régis Brouard. Maintenant que je suis entraîneur, je m’en rends compte, mais à l’époque, il était jeune entraîneur, en National, il avait la pression, il avait aussi sa carte perso à jouer, et malgré ça, il me fait jouer 16 ou 17 matchs sur la phase aller, avant que je ne me fasse opérer à Noël, alors que je suis encore sous contrat amateur. C’était une grosse marque de confiance, d’autant que Nîmes à l’époque avait de grosses ambitions et recrutait en conséquence, mais il a lancé un jeune du club. C’est grâce à lui que j’ai pu signer un contrat de 3 ans. Il m’a lancé et a cru plus que d’autres en ma capacité à jouer en pro.

Ton poste de prédilection, milieu défensif ?
Jusqu’à 17 ans, je n’avais jamais joué milieu défensif, c’est quand même fou ! Je jouais ailier droit, mais je ne débordais pas forcément et je manquais de puissance, j’étais plutôt un faux ailier, qui repiquait dans l’axe, qui était plus dans la conservation. Olivier Dall’Oglio m’a fait passer 6 quand j’étais en 19 ans Nationaux. Dall’Oglio… Encore un super-entraîneur que j’ai adoré et qui m’a permis de progresser énormément. J’ai adoré ce poste parce que j’aimais combiner, avoir le ballon plutôt que de faire des grandes chevauchées sur l’aile, je faisais partie des joueurs polyvalents. J’ai oscillé entre 6 et 8 sans aucune préférence : d’ailleurs, même encore aujourd’hui, je ne saurais pas dire si je préférais tel ou tel poste.

Sous la tunique de l’AS Beauvais Oise. Photo Philippe Le Brech

Pire souvenir sportif ?
En fait, on s’en rend compte quand cela arrive. Ce n’est pas quand on est remplaçant ou quand ça ne passe pas avec un coach, mais ce sont les blessures. A 26 ans, à Beauvais, je fais une excellente saison, j’ai beaucoup de contacts pour jouer plus haut, et je me blesse pendant un an et demi… A tel point que j’ai même hésité à mettre un terme à ma carrière. J’ai gardé le cap, je me suis soigné, mais c’était très long. Mais le wagon, lui, est passé. Heureusement, les contacts que j’avais noués lors de mes précédentes saisons m’ont permis de signer avec Yann Lachuer à Orléans, toujours en National. Lachuer, c’est encore un coach marquant, mais la blessure d’un an et demi m’a freiné dans mes ambitions personnelles. J’ai continué à jouer après mais je n’ai plus jamais… Tu sais, les clubs, ils savaient que j’étais resté blessé pendant longtemps, donc voilà. Et puis la remise en route est plus dure à 27 ou 28 ans qu’à 22 ou 23 ans. Cette blessure m’a fait mal aussi parce que tous les jours, en me levant le matin, je n’avais pas la possibilité de faire ma passion, de faire ce que j’aimais.

Quelle était la nature de cette blessure ?
J’avais mal à la cheville de manière récurrente. On arrivait en fin de saison avec Beauvais. J’avais des débris d’os à l’intérieur. On me l’a nettoyée, on m’a dit que cette intervention était l’histoire de trois semaines, mais j’ai eu des complications post-opératoires qui n’avaient rien à voir avec la blessure. C’était des douleurs sur toute la jambe. Cela a été dur à accepter. J’ai eu des centaines de rendez-vous, j’ai consulté des spécialistes… C’est la vie d’un footballeur. Mais quand on se soigne et que l’on rejoue, ça rajoute de la fierté.

Donc Paul Pogba ne retrouvera pas l’intégralité de ses moyens à Monaco ?
Je ne pense pas, il est encore plus âgé, et l’intensité est beaucoup plus importante. Il va rejouer, je n’en doute pas, mais est-ce qu’il va faire un match toutes les trois semaines, est-ce qu’il va faire 15 matchs dans la saison ? Il va avoir du mal, même si je lui souhaite pas.

Combien de buts marqués dans ta carrière en seniors ?
(Il compte) J’ai dû en marquer une quinzaine entre le championnat et la coupe de France. Mais à Nîmes, je n’ai pas marqué, j’étais encore trop timoré (rires), je me concentrais sur l’essentiel.

Ton plus beau but ?

Le but de Romain à Libourne :

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Je ne sais pas l’expliquer. Comme beaucoup d’enfants, on a dû me mettre un ballon entre les pieds, l’école, le papa, les matchs à la télé, voilà, ça ne s’explique pas. Mon père jouait en amateur, il m’a poussé, sans plus.

Sous le maillot de Luzenac. Photo Philippe Le Brech

Tes qualités et tes défauts sur un terrain ?
Je n’avais pas d’immenses qualités, mais j’étais plutôt complet. J’étais capable aussi bien d’attaquer que de défendre. J’avais beaucoup d’activité, j’étais endurant, je pouvais être au départ des actions ou un peu plus haut, je jumpais, je frappais, mais je n’avais pas une qualité meilleure qu’une autre. Pour passer un cap, il me manquait la puissance. Après, entre le joueur que j’étais à 20 ans et celui que je suis devenu à 30 ans, c’était différent : au début, j’étais beaucoup dans l’effort, ensuite j’étais plus « intelligent », c’est la beauté du foot, d’apprendre. Dans la lecture de l’espace et des choix de situation, l’intelligence est très importante. Je l’ai compris un peu plus tard.

Que t’a-t-il manqué pour jouer en Ligue 2 ?
D’abord, il y a eu un souci de temporalité. Je suis à Nîmes en National et on monte en Ligue 2 (en 2008), je suis sous contrat, mais je sais que je ne vais pas être utilisé, le club me le dit, donc je romps ma dernière année et je pars à Sète, toujours en National. Il y a bien eu Arles-Avignon, qui montait en Ligue 2 aussi, qui m’a contacté mais là, c’est moi qui n’ai pas accepté, et j’ai senti que le club de Beauvais voulait faire de moi un joueur qui compte. Et puis cette blessure est arrivée au moment où j’ai des contacts pour aller plus haut. J’avais la Ligue 2 qui me tendait les bras. Je ne vais pas citer les noms des clubs… Il m’a aussi manqué la puissance, comme je l’ai dit, la régularité dans les performances aussi, que j’ai trouvée plus tard, la consistance. Toutes ces qualités, aujourd’hui, il faut les avoir à 22 ou 23 ans, pas à 25 ou 26. Je suis quand même fier d’avoir pu exister dans ce championnat National qui était très-très athlétique.

La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Il y en a deux, mais j’étais dans la plénitude de mes qualités et de ma confiance lors de ma première saison à Beauvais, c’est inexplicable, je ne perdais pas un ballon, je tirais de loin et ça faisait but, j’étais en pleine confiance. C’était la suite logique de ma saison à Sète où, déjà, j’avais pris confiance, où j’étais un joueur cadre. À Beauvais, j’avais tous les regards sur moi.

Avec Luzenac. Photo Philippe Le Brech

Un regret quant à un choix de carrière ?
Est-ce que quelqu’un d’ambitieux a le droit de refuser un club comme Arles-Avignon qui montait en Ligue 2 à ce moment-là, où l’entraîneur était aussi un Sudiste (Michel Estevan). Arles avait fini 3e de National mais je voulais être un joueur et pas un remplaçant, parce que j’aimais tellement ça, j’aimais tellement transpirer. J’ai hésité… et Arles-Avignon est monté en Ligue 1 à la fin de la saison suivante. C’est un regret qui n’en est pas un puisqu’à Beauvais j’ai fait ma meilleure année. C’est juste un regret par rapport à l’ambition. Cela devait se passer comme ça.

Quand tu étais petit, tu rêvais de jouer dans quel club ?
Nîmes. Et ça a été fait. Je vais avouer quelque chose : je ne suis jamais allé aux Antonins. Et entre mon départ de Nîmes en 2008 et le déménagement aux Antonins (fin décembre 2022), j’ai dû aller trois ou quatre fois au stade des Costières. Je suis trop nostalgique… Mais j’entends beaucoup de choses positives sur l’ambiance des Antonins, un peu à l’anglaise. Je connais de loin Mickaël Gas, l’entraîneur de l’équipe de N2. Je vais y aller, je ne sais pas quand, mais je vais y aller.

Un coéquipier marquant ?
J’aimais beaucoup les « anciens » quand j’ai démarré à Nîmes, il n’y en a plus trop des « vieux » comme ça dans les vestiaires, des joueurs qui te guident, et moi, j’ai eu la chance d’en avoir, je pense aux Stéphane Beyrac, Jean-Marie Pasqualetti, Nicolas Rabuel, Allann Petitjean, Cédric Horjak… J’aimais beaucoup jouer aux cartes avec eux, j’avais les yeux émerveillés. C’est une époque qui était cool, ça envoyait du bois à l’entraînement mais ça ne se plaignait pas, ça ne pleurait pas. Avoir été accepté par ces joueurs-là, cela a été un plaisir pour moi. Après, il y a des capitaines qui m’ont marqué, je pense à Romain Rambier à Sète, qui diffusait une grinta naturelle. Mais il y en a plein d’autres… Comme Matthieu Ligoule à Orléans, un taiseux, qui ne se plaignait jamais, qui travaillait dans l’ombre, qui avait ce souci du collectif. On habitait à côté, on faisait la route ensemble. Il était exemplaire. Je ne le vois pas souvent. J’ai toujours aimé les joueurs exemplaires et c’est ce que j’essaie d’inculquer à mes joueurs, cette exemplarité.

Avec l’US Orléans. Photo Philippe Le Brech

Le joueur avec lequel tu avais le plus d’affinités dans le jeu ?
Julien Valero. On s’est rencontré à Nîmes lors de ma dernière saison, on a signé ensemble à Sète puis à Beauvais, donc on a partagé pratiquement quatre années ensemble, avec tout ce que cela comporte. Sur le terrain, on jouait à 5 mètres l’un de l’autre et effectivement, sans savoir pourquoi, il y a des joueurs avec qui tu penses la même chose techniquement au même moment, ce sont des sensations cool à vivre.

Le joueur que tu aimerais revoir ?
Je dirais Romain Faure, avec qui j’ai joué à Orléans. C’était une perle dans les vestiaires, très gentil, très marrant. Il était devenu mon ami, malheureusement, avec le temps, les coups de fils sont plus espacés… Tu me donnes l’idée de le recontacter. Il y a aussi des Christophe Meirsman, des Ritchie Makuma à Beauvais…

Le coach le plus marquant ?
Régis Brouard, c’est une évidence. Quand tu as des joueurs qui, à l’époque, touchent des 7 ou 8000 balles en National et qui signent dans un club comme Nîmes où l’ambition est de monter, et que, à côté, tu as un jeune comme moi, avec un contrat amateur, sur le terrain… Je ne sais pas si tu mesures le degré de confiance… Régis Brouard, il regardait qui était le meilleur pendant la semaine d’entraînement. Il était persuadé que j’en faisais partie et il m’a fait jouer. Il m’a envoyé au feu. Il y a aussi Frédéric Remola à Sète, quelqu’un de très différent, un nounours, avec lui, c’est l’humain avant tout. Très pragmatique, très simple dans son coaching. Ce monsieur-là m’a fait jouer tous les matchs, alors que je ne jouais plus à Nîmes. C’est Omar Belbey et Grégory Meilhac (deux anciens joueurs de Nîmes), qui l’ont connu à La Pointe Courte, à Sète, qui lui ont parlé de moi. Remola, il a un peu sauvé la deuxième partie de ma carrière. J’ai prévu de le revoir. Je n’oublie pas non plus Olivier Dall’Oglio, que j’ai eu en jeunes à Nîmes puis un peu plus tard en réserve. Quand tu vois sa carrière ensuite… J’aimerais bien parler de foot avec lui. Je ne l’ai jamais recroisé.

Avec l’équipe de Luzenac en National. Photo Philippe Le Brech

Le coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Non, je n’aime pas ça… Je vais te dire, ma plus belle année de joueur, à Beauvais, je l’ai disputée avec le coach avec lequel j’ai eu le moins d’atomes crochus, mais je n’ai rien contre lui, c’est juste que tactiquement, on n’avait pas la même vision du foot. Tu verras qui c’est en recherchant (Alexandre Clément, Ndlr). Et pourtant c’est ma meilleure saison et de loin, tout ce qu’il me demandait de faire, je le faisais, je respectais les consignes.

Combien d’amis dans le foot ?
Il y a Benjamin Oliveras, Yann Jouffre que j’ai perdu de vue, et bien sûr Florian Fedèle, qui était mon adjoint à Mende.

Un coéquipier qui t’a impressionné ?
Yann Jouffre. Je m’entraînais avec lui quand j’avais 15 ou 16 ans. Quand je l’ai vu toucher la balle la première fois, je me suis dit « Lui c’est fort », il avait quelque chose en plus. Il a fait une carrière ensuite. Sinon, en seniors, j’ai joué en National avec des Joffrey Cuffaut et des Brice Jovial, qui sont allés au-dessus ensuite. J’ai joué contre Sadio Mané qui était à Metz en National mais ce jour-là, ce serait te mentir que de dire que… J’ai affronté Valbuena quand il jouait à Libourne Saint-Seurin et aussi Ngolo-Kanté quand il était à Boulogne. Franchement, je n’avais pas deviné qu’il deviendrait un tel joueur mais déjà, à l’époque, en terme d’intensité, ouf… Il était dur à suivre.

Avec l’AS Beauvais Oise en National. Photo Philippe Le Brech

Un président marquant ?
A Sedan, il y avait Gilles Dubois, un monsieur charmant, il y avait une proximité avec lui. Il aimait Sedan et ça se voyait.

Une causerie marquante ?
Je n’en ai pas une précise. Il y avait celles de Frédéric Remola à Sète. C’était le sud, il savait détendre l’atmosphère. Il y avait celles de Régis Brouard, j’avais les yeux écarquillés quand je l’écoutais parler. J’ai compris l’importance de bien préparer son match et l’importance de rentrer sur le terrain gonflé à bloc.

Une consigne de coach que tu n’as pas compris ?
Quand je suis à Beauvais, on est en 8e de finale de la coupe de France contre le Sochaux de Martin, Perquis, Dalmat, Boudebouz, Richert, j’estime que l’on n’a pas préparé ce match comme l’événement le demandait. Cela n’arrive pas à tout le monde de battre une Ligue 1. Cette année-là, on avait une super-équipe, on avait de la puissance, de l’intelligence, de la technique. Pour faire l’exploit, bien sûr qu’il faut être agressif, hargneux, mais il faut aussi savoir ce que tu vas faire sur le terrain et à quel moment le faire.

Avec l’US Orléans. Photo Philippe Le Brech

Des manies, des rituels, des tocs ?
Je parlais de la préparation des matchs avec un de mes joueurs dernièrement. A 20 ans, il me fallait tel slip pour tel match, j’embrassais ma bague avant le match, plein de choses comme ça, qui comptent au final. J’étais très-très pro, très concentré. Et puis, après, quand tu as 25 ou 30 ans, je pouvais rigoler 30 secondes avant le match dans les couloirs sans que cela ne m’empêche de bien jouer. Il n’y a aucune bonne solution. Il faut faire un mix, sans sortir du cadré établi par le coach, je pense aux portables notamment. Mais après, tu as le droit d’être relâché plutôt que fermé.

Un maillot échangé ?
Un jour, Nicolas Raynier, qui jouait à Amiens, m’a demandé mon maillot après un match, cela m’avait fait plaisir. Entre sudistes ! Mais on n’avait pas tant de maillots que ça à donner, parce qu’on les payait. J’ai échangé le maillot du match à la fin au Parc des Princes avec Mario Yepes, en coupe de France, quand on a joué avec Nîmes (3-0, 32e de finale, le 7 janvier 2007). Je me souviens de ce match parce que c’était le premier de Marcelo Gallardo. J’ai fait un autre 8e de finale, avec Orléans.

Une phrase que tu aimes prononcer ?
Je me souviens que quand j’étais jeune joueur, je voyais des phrases au tableau, je comprenais le sens mais pas la profondeur… J’en ai des dizaines, parce que j’aime beaucoup les citations, la littérature, la poésie. « On n’a que ce que l’on mérite ! »

Le SC Sète évolue cette saison en Régional 2. Photo Alan Reale / SC Sète / @_bykitsu

Tu étais un joueur plutôt…
Hargneux, joueur et, sans prétention, intelligent.

Tu es un entraîneur plutôt…
Passionné, exigeant et humain.

Une idole de jeunesse ?
Marcel Dib. Va savoir pourquoi ! La chevelure, la grinta… Et j’aimais Monaco quand j’étais jeune. Vers l’adolescence, j’aimais un joueur comme Eric Cantona. Des joueurs de caractère mais humain. Plus tard, Iniesta, Messi…

Loisirs ?
Dernièrement, je me suis mis au padel à Sète et je me suis inscrit dans une salle de sport pour retrouver un peu la ligne. J’avais besoin de refaire de l’exercice. L’an passé j’ai eu quelques ennuis de santé, j’ai fait un malaise vagal au volant, au printemps. J’ai eu les cristaux à l’oreille interne, quand ça t’arrive, ça fait flipper. Le boulot, le foot, le boulot… j’ai exposé en plein vol. J’ai fait un burn out. Heureusement, j’étais à 500 mètres de la maison. Cela m’a fait un peu peur. Je me suis rendu compte qu’il fallait reprendre les bonnes bases.

Le club de Sète ?
Sète, c’est un peu comme Nîmes, Marseille, c’est volcanique, il y a beaucoup de hauts et de bas. C’est un club passionné, inspirant, qui n’est pas à sa place, avec une identité forte, une histoire, mais trop de montagnes russes.

Ligue Occitanie / Régional 2 (poule A) – samedi 15 novembre, à 18h : ES Pays d’Uzès – SC Sète, au stade Louis-Pautex.

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  • Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : Philippe LE BRECH et SC Sète / Alan Reale / @_bykitsu
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Grand fan de Paolo Maldini, Michael Jordan et Novak Djokovic, l’ex latéral de l’OL et de l’AJ Auxerre (41 ans) confie aussi s’être déjà inspiré de Youtubers pour mener certaines de ses missions à bien. Curieux et ouvert d’esprit, sa soif d’apprendre lui permet de s’adapter, de se développer et de s’épanouir dans son quotidien d’entraîneur.

Par Karel WEIC – mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : FC Limonest/Dardilly/Saint-Didier

Quatre titres de champion de France, 144 matchs de Ligue 1 sous les couleurs de l’OL, Monaco et Auxerre, 14 apparitions en Ligue des champions, un passage en Norvège : Jérémy Berthod a vécu une riche carrière de footballeur. Des expériences que l’ex-latéral gauche met aujourd’hui au profit d’un rôle auquel il continue de se former chaque jour, celui d’entraîneur principal.

Actuellement aux commandes de l’équipe fanion du Football Club Limonest / Dardilly / Saint-Didier en National 2, le champion du monde U17 (en 2001) fait preuve d’assez de sagesse et d’humilité pour grimper les échelons avec patience. Sa nouvelle casquette de jeune coach vissée sur la tête, il est passé par bon nombre d’étapes et a relevé une belle variété de défis en l’espace d’une dizaine d’années.

De Sarpsborg en Norvège aux équipes de jeunes de Domtac (club né en 2022 de la fusion entre Dommartin et La Tour-de-Salvagny) ou de l’OL, en passant également par Ain Sud, le FCLDSD, Villefranche Beaujolais et Hauts-Lyonnais, il a sillonné les divisions françaises avec l’ambition de gravir pas à pas les marches de son « escalier ». Le tout guidé par un mot d’ordre essentiel et revenu à plusieurs reprises au cours de l’agréable entretien qu’il nous a accordé, « l’adaptabilité ».

Interview : « Il faut s’adapter tout le temps ! »

Jérémy, est-ce que devenir entraîneur a toujours été une option évidente ?
Non. Au départ de ma carrière de joueur, je ne pensais pas forcément à ma reconversion. Et puis plus les années passent, plus on commence à se dire que c’est bientôt la fin et qu’il va falloir faire autre chose. Au début, je n’étais pas parti pour être entraîneur parce que je ne me sentais pas avoir les compétences, ni l’envie. Je voulais rester dans le sport, mais d’une autre façon. Et en fait, vers la fin de ma carrière, j’ai commencé à me dire que transmettre ce qu’on m’avait transmis pouvait m’intéresser. C’est pour ça que je suis parti dans le métier d’entraîneur dès la fin de ma carrière de joueur.

« Permettre à des joueurs de réaliser leur rêve »

Vous avez croisé beaucoup d’entraîneurs notables, certains d’entre eux vous ont-ils particulièrement inspiré ?
Je me suis inspiré, et je m’inspire encore aujourd’hui, de tous les coachs que j’ai eus. Que ce soit des sources positives ou négatives, je me sers de toutes les expériences. J’ai été marqué par tous mes formateurs à l’OL, mes entraîneurs en professionnel, en sélection nationale ou même en amateur lorsque j’ai joué ma dernière saison à Domtac. Mais si je devais choisir, je dirais peut-être mes formateurs à l’OL. J’ai réussi à devenir professionnel grâce à mon travail, déjà, mais aussi grâce au travail de ceux qui m’ont formé à Lyon. Quelque part, j’avais envie de leur ressembler et de transmettre comme eux m’ont transmis, de permettre à des joueurs de réaliser leur rêve.

Vous avez eu un parcours de coach assez linéaire, était-ce important pour vous de franchir les paliers progressivement ?
Oui, c’était la stratégie que j’avais mise en place. Si j’avais eu l’occasion d’intégrer un staff professionnel dès la fin de ma carrière, je me serais peut-être posé la question parce que ce sont des opportunités que l’on ne peut pas refuser. Mais comme je ne l’ai pas eu, j’ai pris ce chemin-là sur les conseils, aussi, de mon frère qui a 4 ans de moins que moi et qui est entraîneur depuis une vingtaine d’années dans la région. Il avait donc un peu plus de recul sur la question, et il m’avait conseillé de commencer par les petits échelons, notamment au club de mon village, Domtac, qui est réputé en termes de formation de jeunes et d’éducateurs. C’était une vraie bonne première fois pour me lancer, j’ai pu y faire mes bases et aujourd’hui, j’en suis très content. Pour moi, quelque part, le vrai métier d’entraîneur et d’éducateur est là. Dans ce job-là, il faut s’adapter tout le temps, et c’est dans ces moments-là qu’on apprend le plus. Quand on est dans une structure pro comme c’était le cas avec les U17 à l’OL, on a un terrain complet, les joueurs sont disponibles partout, on a du matériel à foison. On est dans les meilleures conditions, et quelque part, c’est facile. Là on peut vraiment parler de contenu, de tactique, de technique. En amateur, pour tout ce qui touche à l’organisation et à la préparation de séance, on doit s’adapter. Et c’est là où on est le meilleur, je trouve.

« En Norvège, ils aiment se faire mal »

Vous êtes passé par la Norvège, à Sarpsborg. Qu’en retenez-vous ?
J’y suis resté trois ans, et ce qui m’a marqué chez les joueurs norvégiens et scandinaves, c’est leur culte de l’effort. Ils adorent ça, ils aiment faire du sport. Typiquement, j’arrivais de France et j’avais l’habitude que les lendemains de match soient réservés à du repos ou à un décrassage. Là-bas, les joueurs voulaient faire du travail athlétique. Dans la même veine, quand on avait un jour de repos dans la semaine, nous, joueurs français à mon époque, on allait se promener avec femme et enfants. Eux, ils faisaient un autre sport ou ils allaient à la salle. Avant les entraînements, ils se préparent, et après, ils font du renforcement. C’est ce qui m’a marqué, ils aiment se faire mal. Deuxième chose, j’avais trouvé qu’il y avait de très bons joueurs et de très bons jeunes, dans un championnat sous-côté et qui n’est pas très regardé. Je trouvais que les joueurs de National en France avaient peut-être intérêt à aller jouer en Norvège, plutôt que d’être dans des championnats un peu plus inférieurs. En Ligue 1 ou en Ligue 2 norvégienne, on peut se faire une petite carrière très sympa. Sachant que c’est un championnat qui est très regardé en Allemagne, maintenant en Angleterre, au Danemark… Il y a des passerelles, le championnat norvégien ouvre des portes.

Est-ce que cette expérience vous a inspiré dans votre méthode de travail en tant qu’entraîneur ?
Oui, parce que je suis quelqu’un d’ouvert et de curieux. J’ai cherché des bonnes idées partout, je ne suis pas fixé sur mes certitudes. J’en ai, mais je sais que j’ai aussi beaucoup de choses à apprendre. Donc oui, je me suis servi de cette envie de faire du sport, de se surpasser qu’ont les Scandinaves. On le voit aujourd’hui, les études montrent que sur les lendemains de match, on peut pousser le travail athlétique. Et c’est plus à J+2 qu’il faut être un peu plus relâché. Je suis ouvert à tout, je me sers de toutes mes expériences pour me former en tant que coach.

« Avant de gérer des joueurs, on gère des hommes »

Justement, pouvez-vous me parler de votre expérience en tant que coach de la réserve de Limonest ?
Entraîner une réserve, je le conseille et je le déconseille à tout le monde à la fois. Dans le sens où c’est ce peut-être ce qu’il y a de plus dur. Vous êtes toujours tributaire de ce qui se passe en équipe première, des joueurs déçus. Ceux qu’on a la semaine à l’entraînement ne sont pas toujours ceux que l’on a en match avec les redescentes. Mais c’est ultra formateur. Même en termes de management, gérer des joueurs qui descendent de l’équipe première, avoir un projet de jeu, des idées qui doivent être en adéquation avec l’équipe première… C’est compliqué, mais c’est une expérience qui m’a vraiment forgé.

Quelle importance accordez-vous à l’aspect managérial ?
C’est fondamental. Tout est lié, mais c’est pratiquement la première chose à mettre en avant. Aujourd’hui, avant de gérer des joueurs, on gère des hommes. Dans un niveau N2 où c’est quand même précaire, et où chacun a des ambitions sportives, humaines et professionnelles, il faut arriver à concerner individuellement tous les joueurs pour un projet collectif. Et ça, c’est qui est le plus dur, mais aussi le plus passionnant. Il faut être à la fois très bon dans les rapports humains, et que le projet sportif permette aux hommes et aux joueurs de s’épanouir. C’est un travail de fourmi au quotidien. C’est pour cela aussi que j’attache beaucoup d’importance à mon staff (1). S’ils sont performants sur le côté technique, cela va me décharger un peu et je vais pouvoir davantage me concentrer sur mon rapport avec les gars.

(1) Le staff est composé de Romain Durand (adjoint), Guillaume Camors (entraîneur des gardiens), Tristan Dupont (préparateur physique), Alexandre Jay (analyste vidéo), Serge Cros (dirigeant) et Mathieu Bouyer (médical).

À Ain Sud Foot, vous devenez entraîneur principal d’une équipe fanion, en National 3. Avez-vous l’impression de passer un cap à ce moment-là ?
Oui, parce que quand on passe sur l’équipe première, on change de dimension dans le regard des autres, dans l’importance que l’on prend au club, dans les tâches que l’on a à faire. Il y a la relation avec les présidents, le directeur sportif, la gestion d’un budget, le recrutement, la mise en place du projet sportif du club quand on nous le demande… On change complètement de dimension, et c’est super intéressant mais il faut être armé pour. Parce qu’il y a beaucoup plus de choses que lorsqu’on est juste entraîneur – et ce n’est pas péjoratif – des U19, des U20, ou de la réserve. J’étais impliqué à 100% sur le recrutement. Ça s’est très bien passé à Ain Sud, mais ça reste un club de N3 qui n’a pas de recruteur. Il y avait un directeur sportif, mais il avait d’autres tâches au club. On n’a pas de spécialiste, donc on est obligé de se créer un peu notre réseau. J’ai découvert les joueurs qui appellent, les agents qui appellent aussi pour vendre leurs joueurs, il faut arriver à faire confiance aux bonnes personnes… Ce passage à Ain Sud, c’est vraiment un nouveau step, oui.

Dans votre discours, on retrouve vraiment la capacité à être multitâche…
En effet. Je dois créer mon équipe, j’ai un budget plus ou moins annoncé par les présidents. Il faut réussir à se battre pour trouver les bons joueurs, et une fois que c’est le cas, il faut persuader les dirigeants de les faire venir. Généralement, sur les mois de mai, juin et juillet, c’est la pire période pour les coachs, on n’est pas du tout en vacances. On est toujours au téléphone, et on parle très peu de football, de terrain, ce qui est notre job premier. Et moi ce que j’aime, c’est le terrain, pas être derrière un bureau. Mais ça fait partie de notre job, encore plus dans un niveau N2 ou N3, où on doit gérer les transferts, le recrutement, les joueurs, la constitution du staff avant de parler technique. C’est top aussi, quand on est coach. On appelle des joueurs que l’on veut, eux veulent venir ou non, il faut réussir à les convaincre en vendant notre projet de jeu, notre façon de faire. Je ne survends pas les choses, je ne mens pas. Je me livre pour le faire venir, et après ça match ou non.

« J’ai énormément appris aux côtés de Romain Revelli »

Par la suite, vous prenez le rôle d’adjoint de Romain Revelli à Villefranche Beaujolais, en National. Pourquoi ce choix ?
Au départ, je devais rester à Ain Sud. On avait fait une très belle saison. Puis à cause de deux, trois petits soucis en interne, je finis par partir. Et on me propose de devenir adjoint de Romain. Ça a bien matché avec lui. Il y a eu l’argument de la division, je retrouvais le monde professionnel et je grimpais de deux étages. Et puis je suis du Beaujolais, donc j’ai toujours vu Villefranche comme la grande équipe. Le National m’attirait, c’était un championnat qu’on décrivait comme athlétique, très dur. Je ne l’ai pas connu en tant que joueur, et j’avais envie de le découvrir. C’était une opportunité exceptionnelle.

Qu’avez-vous appris aux côtés de Romain Revelli ?
Énormément. Sincèrement, avec humilité, je ne suis pas du tout le même entraîneur avant Villefranche, et après Villefranche. Parce que Romain Revelli m’a amené des choses, m’a transformé. J’étais adjoint, mais j’étais aussi en observation parce que j’étais encore un jeune coach en formation. Et on n’en a pas parlé, mais je pense que quelque part, lui me formait aussi. Adjoint en National à ses côtés, ça vaut trois ou quatre années de numéro 1 sur de la N3. On avait des caractères complètement différents. Lui c’est quelqu’un d’un peu sanguin, méditerranéen – il n’y a rien de péjoratif là-dessus. Moi je suis une personne assez calme, posée. Et le mariage des deux a très bien fonctionné. C’est pour cela que quand il a été mis à pied, je suis parti avec. Je ne me voyais pas du tout continuer sans lui, j’avais vraiment créé une relation d’entraîneur assistant dévoué, qui faisait tout pour qu’il y arrive. Le fait qu’on le fasse partir, c’était aussi un peu mon échec. Humainement et sportivement, dans la façon de manager les joueurs, d’être très précis sur son projet de jeu, je garde huit mois [de grande qualité]. Romain Revelli, c’est un coach que j’aurais aimé avoir quand j’étais joueur.

En mode commando à Hauts Lyonnais

Votre expérience suivante, à Hauts Lyonnais, est encore très différente finalement…
C’est une nouvelle corde à mon arc, avec une arrivée en cours de saison (Ndlr : en National 3), avec un effectif que je n’ai pas choisi et une situation déjà critique. Le club avait six points à la trêve, avait été éliminé de la Coupe de France en 32e de finale contre Toulouse… Je n’avais jamais connu ça, le fait d’être un peu le pompier de service. Il faut avoir un message totalement différent de celui envoyé lorsqu’on construit un effectif, être très porté sur l’humain, et montrer qu’on est engagé à 200 %. J’étais le capitaine du bateau, j’arrivais pour le sauver, et si je montrais le moindre signe de faiblesse, de doute, je n’étais pas la bonne personne. Ça a été cinq mois très intenses, d’ailleurs derrière, j’ai eu les paliers de décompression pendant les vacances. Mais j’étais très frais, je venais de passer six mois sans club, j’avais ce côté revanchard. Ça a été une opportunité exceptionnelle, dans un club qui m’attirait aussi par son côté familial. Je m’étais mis en mode commando, avec des certitudes sur la manière dont j’allais y arriver. J’étais tellement convaincu, et je suis arrivé avec un plan tellement défini et préparé, qu’il a fini par se dérouler.

Avez-vous senti une connexion rapide avec votre groupe ?
Oui, ça a pris rapidement. J’ai fait des choix de joueurs, on m’a permis d’en faire venir deux de l’extérieur. J’ai embarqué mon staff sous le contrôle du président Lacand qui a aussi eu un rôle très important dans le maintien. J’étais parti dans l’idée de donner de la liberté aux joueurs, de leur faire confiance, mais sous contrôle. Qu’ils se lâchent, qu’ils comprennent que ce qu’ils pensaient impossible était en fait possible avec le travail, l’exigence, le lâcher prise. On a écrit une histoire pendant cinq mois, c’est la nôtre avec les joueurs et le staff. Quand on se revoit, on en parle. Il y avait un fil conducteur, je m’étais inspiré d’un documentaire que mon fils m’avait montré sur le Youtuber qui a gravi l’Everest. C’était impossible pour lui, et il y est arrivé. On a fait le parallèle tous les jours pendant cinq mois, avec des flashbacks, en utilisant des vidéos à lui, dans mes causeries. C’était tellement fort et intense pendant cinq mois, qu’on est liés grâce à cette histoire.

« Mon projet de jeu, c’est l’efficacité »

Quels sont vos principes de jeu ?
Je suis un peu hybride. Tout le monde veut bien jouer au ballon, faire des passes. Mais dans le football, il y a un adversaire, le niveau des joueurs, le groupe de joueurs qu’on peut avoir en fonction de nos capacités économiques, le niveau de la poule… Plein de paramètres entrent en compte. On parle de projet de jeu, de ce qu’on veut mettre en place, mais il y a une réalité. Le mot pour décrire mon projet de jeu, c’est l’efficacité, à la fois défensive et offensive. Je veux une équipe, comme le disait Alain Pochat (actuel entraîneur de l’Aviron Bayonnais en N2), un peu caméléon. Qui est capable, sur un match où l’adversaire est supérieur, de défendre en bloc bas et de partir sur des transitions, mais aussi d’avoir la possession sur un match où l’on est mieux. Je n’ai pas un projet de jeu clairement défini. Ça vient peut-être de mon profil, je n’étais pas le plus rapide donc je compensais par l’aspect tactique, l’intelligence de jeu. Donc je veux des joueurs capables d’être intelligents, d’attaquer et de défendre dans n’importe quel système. C’est du travail à intégrer mais je sais que le club me laisse le temps, et j’en passe beaucoup sur les séances pour travailler ça.

Vous avez toujours entraîné dans la région rhodanienne, c’est un souhait ?
Je ne me suis jamais posé la question pour le moment. J’ai toujours eu des opportunités dans la région. Et sur la région Auvergne Rhône-Alpes, il y a énormément de bons clubs qui évoluent à un niveau intéressant. Je n’ai jamais eu l’occasion d’aller entraîner ailleurs en France, on ne m’a jamais demandé et je n’ai jamais postulé non plus, parce que je ne sais pas faire. J’ai des enfants qui ont 6 et 13 ans, bouger avec eux aujourd’hui, cela risque d’être un peu plus compliqué. Dans l’idée, si je me faisais un plan de carrière avec mon épouse, on resterait dans la région à court, moyen terme. Et une fois que les enfants seront plus grands, on pourra bouger sans eux, ça peut être un projet.

« Mon objectif va être de passer le BEPF »

Quels diplômes possédez-vous ? Souhaitez-vous en obtenir d’autres ?
J’ai passé le DES il y a quatre ans, on était une belle promotion de la région Rhône-Alpes avec Laurent Combarel, Romain Reynaud, Andréa Damiani, Florent Balmont… On était tous ensemble. L’objectif va être de passer le BEPF. Je ne sais pas quand, mais c’est quelque chose dont j’ai envie, je sais que j’ai encore des choses à apprendre. Il y a le côté immersion dans un club ou au contact de personnes, mais il y a aussi le côté formation avec la Fédération qui est important pour échanger avec des stagiaires et avoir ce diplôme qui nous permet de postuler plus haut.

Comment s’est déroulé votre retour au FC Limonest DSD ?
Franchement, ça a été un tiraillement. Ça a été très dur, mais une personne a été exceptionnelle, c’est le président Bruno Lacand de Hauts-Lyonnais. Il m’a fallu une semaine pour lui annoncer que le club de Limonest m’avait contacté pour prendre la suite et que j’avais envie d’y aller. Mais l’aventure que j’ai connue avec Hauts-Lyonnais me donnait vraiment envie de rester. Même si c’était une mission à court terme, j’avais commencé à poser des bases pour l’année suivante et je m’entendais très bien avec le staff, je sentais qu’on pouvait surfer là-dessus. En même temps, Limonest, j’y avais déjà été sur la réserve, je voulais être avec l’équipe première, il y avait la proximité avec la maison et puis le niveau de pratique. C’était la suite logique, pour moi, d’être numéro 1 sur de la N2. Dans mon escalier, c’était la marche suivante. Quand je l’ai annoncé au président Lacand, il m’a dit qu’il s’y attendait et qu’il comprenait tout à fait mon désir d’aller voir à l’échelon du dessus. Je me suis fait mal à l’estomac pendant une semaine alors qu’en face de moi, j’avais une personne compréhensive et qui pense au bien des personnes avant le sien.

« On n’est pas du tout largué en N2 »

Ce niveau National 2, est-il vraiment aussi élevé que ce à quoi vous vous attendiez ?
Oui et non. Si je faisais ma conférence de presse de début de saison aujourd’hui, je dirais que c’est encore plus dur que ce à quoi je m’attendais. Mais ce qui est paradoxal, c’est que je ne m’attendais pas à ce qu’on ait ce niveau-là et à ce qu’on rivalise autant avec tout le monde. Je m’attendais à ce qu’on soit peut-être en difficulté, mais on ne l’est pas du tout, hormis ce récent match contre Istres (ndlr : le 18 octobre, Limonest s’est incliné sur le score 4-1) où je n’ai peut-être pas été très bon avant la rencontre. Si on gagnait, on était 5e, donc j’ai commencé à parler un peu de classement aux joueurs. Mais on a perdu, et on est avant-dernier (ndlr : avec le point pris face à Saint-Priest, Limonest est actuellement 14e sur 16, à 3 points du 7e). On n’est pas largué du tout, le début de championnat est plutôt intéressant. Contre Cannes (1-1), on encaisse le but égalisateur à la 97e, mais je ne vois pas pourquoi il y a sept minutes de temps additionnel. On a perdu contre Saint-Maur chez nous (0-1) sur un « csc », mais ils n’ont pas vraiment eu d’occasion, on s’est incliné à Nîmes (2-0) qui est un club historique. Mais on a aussi fait un super nul à Hyères (1-1), on est allé gagner 1-0 à Andrézieux. Sur cette récente défaite face à Istres, on a été battu parce qu’on n’était pas à 100 %. Ce que je remarque, c’est qu’on est une équipe jeune, qui se découvre, dont beaucoup de joueurs découvrent le niveau. Et le jour où on n’est pas tous à 200 %, on perd et on n’a pas de marge. Le constat, c’est ça. On le sait, les joueurs sont déjà concernés et doivent être encore plus dans l’optique d’être toujours à fond. Dans le foot, depuis quelques années, en N3, R1, R2, R3, tout le monde peut battre tout le monde. C’était moins vrai avant.

En tant qu’entraîneur principal de l’équipe fanion, ressentez-vous plus de pression ?
Il y a forcément des attentes, mais c’est normal, c’est un club qui monte. J’aime à rappeler aux gens qu’on est un promu qui a fini premier l’an passé, et je félicite d’ailleurs le club et Romain Reynaud (coach la saison passée), je sais à quel point c’est dur de monter. Mais ce n’est plus du tout le même championnat. Des matchs, on en gagnera, mais on en perdra aussi et on en a déjà perdu. Il ne faut pas s’attendre, à chaque match à domicile, à voir l’équipe gagner, et si elle est dixième, penser que ce n’est pas normal parce qu’elle a été première la saison dernière. Aujourd’hui, c’est différent. Donc oui, il y a des attentes des supporters, des licenciés, du club qui veut rester en N2, mais sans cette pression. Je sens un environnement, notamment les présidents et le directeur sportif, qui sont venus me chercher. Quelque part, je devais prolonger à Hauts-Lyonnais normalement, j’étais parti là-dessus. Et s’ils sont venus me chercher, c’est qu’ils ont confiance en moi et dans le projet. L’objectif, c’est de pérenniser le club en N2 avec ma vision de l’équipe et du sportif. Si c’est moi qui met les choses en place, ça veut dire que je suis là pour un petit moment. Ça donne confiance quand on est coach, parce qu’on voit qu’il y a une confiance des présidents et que c’est sur la durée. Ce qui est dommageable dans ce milieu-là, c’est que lorsqu’on est entraîneur, on ne peut pas emmener son projet parce que ça demande du temps et qu’on ne nous en laisse pas. On n’est pas nous, parce qu’il faut des résultats tout de suite.

Jérémy Berthod, du tac au tac

Votre meilleur souvenir sportif ?
Mon premier titre de champion de France avec l’OL.

Votre pire souvenir sportif ?
La descente en Ligue 2 avec l’AJ Auxerre.

Combien avez-vous reçu de cartons rouges dans votre carrière ?
Un seul, contre Montpellier, de monsieur Piccirillo. C’étaient deux jaunes : le premier, je mets une semelle à Belhanda, et le deuxième, je gagne du temps sur une touche. Je ne voulais pas, mais c’est mon pote Benoît Pedretti qui est au milieu et qui m’envoie le ballon un peu mollement, je me retrouve à devoir jouer la touche doucement.

Si vous n’aviez pas été footballeur, qu’auriez-vous fait ?
Journaliste de sport ! J’adore le sport, je les adore tous. Avec mon frère, on regarde toutes les compétitions sportives, on a toujours fait ça avec mon père et encore aujourd’hui avec mon frère, on en parle tout le temps.

Vos qualités et vos défauts sur un terrain ?
En qualités, je dirais la technique et l’intelligence de jeu. Et en défauts, le côté athlétique, la vitesse et la confiance en soi.

Et dans la vie de tous les jours ?
Ma qualité, la générosité. Et en défaut, je peux être lunatique.

Le club où vous avez failli signer ?
J’avais eu Frédéric Antonetti à l’époque de l’OGC Nice. J’étais à l’OL en 2005 ou en 2006, il m’avait dit qu’il faisait signer Bakari Koné et que le futur stade arrivait. J’étais très intéressé, parce que c’était l’époque où je jouais moins à l’OL, mais je n’avais pas signé là-bas.

Le club dans lequel vous auriez rêvé de jouer ?
Le Milan AC. Avec Paolo Maldini, mon idole.

Le meilleur match de votre carrière, d’un point de vue performance ?
Le derby OL – ASSE qu’on gagne 3-2 à domicile (ndlr : le 26 février 2005).

Et le pire ?
Alors celui-ci, je peux répondre tout de suite. Metz – Lyon, en 2004 ou 2005 (ndlr : le 22 août 2004, score final 1-1). En face, ils avaient un joueur qui n’était pas très connu à l’époque, Franck Ribéry. Il m’avait fait très-très mal. D’ailleurs, à la mi-temps, Paul Le Guen m’avait dit “Jérémy, on arrête là” et j’avais répondu “Oui, merci”. J’étais sorti à la pause, c’est vraiment le match où j’ai été catastrophique. Mais en face, il y avait quand même un mec monstrueux et qui m’avait rendu catastrophique. Quelque part, même si j’avais été bon ce jour-là, ça aurait été compliqué de l’arrêter. Et quand on voit sa carrière après, franchement… Il partait de très loin, il arrivait lancé, moi je n’étais pas sur mes appuis, il passait à droite, à gauche, c’était très compliqué.

Un stade et un club mythique ?
Le club, le Milan AC. Et pour le stade, j’ai été très marqué par le Celtic Park quand on est allé y jouer avec l’OL en Ligue des champions. Quand on s’échauffe, il y a 10 000 personnes, quand on revient, il y en a 80 000 avec une ambiance de fou. Je n’ai jamais joué dans un stade anglais, comme celui de Liverpool (ndlr : Anfield), mais l’ambiance écossaise, c’était très costaud.

Si vous deviez citer un coéquipier marquant ?
J’ai toujours adoré être le coéquipier de Sylvain Wiltord. Quand il arrive à Lyon en provenance d’Arsenal, pour moi c’est le joueur que j’ai vu marquer à l’Euro 2000 contre l’Italie à la télévision. Et il est assis à côté de moi dans le vestiaire, c’était quelque chose d’extraordinaire pour moi. C’est quelqu’un qui est exceptionnel avec les jeunes, et un leader d’entraînement comme j’en ai rarement vu. Toujours avec le sourire pendant les séances, toujours à remercier le centreur lorsqu’il faisait des reprises à la fin, à remercier les gardiens d’être resté. En termes de leadership, de charisme, d’homme, il était exemplaire dans tout ce qu’il faisait.

Vous diriez que vous étiez un joueur plutôt comment ?
J’allais dire besogneux, comme je le dis à mes joueurs, ce n’est pas forcément péjoratif… Non, je dirais un joueur fiable, engagé et collectif.

Et un entraîneur plutôt comment ?
Juste, passionné et curieux, ouvert d’esprit.

Votre idole de jeunesse, c’est donc Paolo Maldini ?
Ça a été mon idole, j’ai joué contre lui et j’ai eu son maillot grâce à John Carew qui le connaissait après notre élimination avec l’OL face au Milan AC. Il y a aussi Michael Jordan, et aujourd’hui, je suis obligé d’en parler parce que si mes joueurs, mon staff, et ma famille voient que je ne l’ai pas évoqué dans l’interview (rires)… Je peux également citer Novak Djokovic. Ce n’était pas forcément dans ma jeunesse, parce qu’il a commencé sa carrière en même temps que moi. Mais s’il y a vraiment une personne que j’aimerais voir au point de payer pour, c’est bien Djokovic. Hors foot, c’est le numéro 1 incontesté pour moi.

Donc entre les trois monstres du tennis, votre choix est fait ?
Il n’y a pas débat. Il y a Nadal, il y a Federer, mais il y a Novak. Il faut savoir qu’avec un collègue, je prends des places pour Roland-Garros, pour le Paris Masters 1000 tous les ans pour le voir. Je suis un fan absolu.

Dernière question, le club de Limonest en quelques mots ?
C’est un club qui est en perpétuel progrès, en perpétuelle expansion. Avec des bénévoles au top, qui aident les éducateurs au quotidien et pendant les matchs. C’est un club à la fois familial et ambitieux, tout en gardant l’humilité d’un club de village dans un territoire lyonnais où il y a de la concurrence.

National 2 (J10) – samedi 8 novembre 2025 : GFA Rumilly (1er) – FCLDSD (14e), à 18h au stade des Grangettes 1.

  • Texte : Karel WEIC / X @KarelWeic / mail : contact@13heuresfoot.fr
  • Photos : FC Limonest DSD
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