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David Vignes (FC Fleury 91) : la parole est au jeu !

L’entraîneur basque (il est né à Bayonne) mais béarnais d’adoption (il a grandi à Pau) s’est exilé loin de chez lui, à Fleury, en N2 : sans doute le passage obligé pour, peut-être, regoûter au monde pro, côtoyé au Cercle de Bruges. Portrait d’un garçon bavard, qui aime « bien faire jouer » ses équipes.

Photo FC Fleury 91

Le 21 juin n’est pas seulement le jour de la fête de la musique. C’est aussi le premier jour de l’été. Et pour David Vignes, l’entraîneur du FC Fleury 91 (National 2) – il a été nommé le 7 juin dernier en remplacement de Habib Boumezoued – c’est deux dates inoubliables. La première, le 1/4 de finale France-Brésil en coupe du Monde (21 juin 1986) au Mexique, l’un des matchs « historiques », selon lui. La seconde, plus évidente, celle du jour … de son anniversaire : « Je suis né le 21 juin 1973 à Bayonne, donc je suis Basque, mais aussi Béarnais et Palois d’adoption, car j’ai habité à Pau vers l’âge de 5 ans ! »

Les dates, les années, voilà quelque chose dont il se souvient bien. Les matchs aussi : sa mémoire est aussi impressionnante que… son débit de parole ! Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences. Car David Vignes, s’il paraît réservé de prime abord, est un très grand bavard. Au point qu’il faille parfois le freiner ! Au point qu’il a dû aussi s’adapter à son époque et couper ses causeries en deux, une la veille du match, une le jour même !

« C’est vrai que j’aime bien échanger, lance celui qui a entraîné dès l’âge de 18 ans, « des poussins D »,  aux Bleuets de Notre-Dame à Pau, le club de patronage qui a aussi donné naissance au FC Pau en 1959 (devenu le Pau FC). « Quand on me rencontre la première fois, je ne suis pas très causant, mais après, il vaut mieux m’arrêter ! Quant à mes causeries, c’est vrai qu’elles étaient longues à mes débuts, mais plus aujourd’hui ! »

Photo FC Fleury 91

Pau et David Vignes, c’est un peu une grande histoire d’amour. Tout d’abord, son épouse et ses enfants y sont toujours installés, et il y a gardé ses meilleurs amis. Ensuite, il a signé sa première licence à l’âge de 6 ans aux Bleuets, un club historique : « C’est là que je me suis construit en tant qu’hommes. J’y ai passé 20 ans. Je lui dois beaucoup de choses », raconte cet ancien attaquant de niveau régional. « En fait, j’ai commencé par le début ! Pendant 15 ans, je n’ai entraîné que des jeunes, des 8 ans jusqu’aux 17 ans, c’était très formateur, et, parallèlement à ça, je jouais. Et puis, lors de la saison 2004-05, j’ai rejoint le Pau FC à 31 ans déjà, pour jouer et encadrer la réserve en DH, et aussi pour entraîner les 14 ans Fédéraux. Puis, Marc Levy, le coach de l’équipe de National, m’intègre dans le groupe, ce qui était super-intéressant pour moi. En 2005, j’ai arrêté de jouer. J’ai continué d’entraîner les 14 ans et en 2007, le club me propose de devenir l’adjoint de Jean-Luc Girard, qui avait remplacé Marc Lévy : en octobre, les dirigeants lui retire l’équipe et me nomme à sa place. Le club savait que j’étais un éducateur reconnu dans la région, que j’étais ambitieux, j’avais passé mes diplômes, quelque part, c’était la suite logique. »

Pau FC une première fois, Pau FC une seconde fois, le Cercle de Bruges, Bergerac, Mandel United et enfin Fleury, où il a posé ses valises en juin dernier, pendant près d’une heure, David Vignes a retracé avec précision son parcours, évoqué – un peu – sa philosophie de jeu, et parlé de son nouveau challenge, en National 2.

Interview : « Fleury, un club… unique ! »

Photo FC Fleury 91

Votre meilleur souvenir d’entraîneur à ce jour ?
J’en ai plusieurs ! La montée en National avec Pau en 2016 reste quand même particulière, car elle était attendue depuis quelques années… J’avais échoué en 2009 dans les deux dernières journées et cet échec m’a longtemps hanté. Là, c’était comme si je me guérissais de ça. Surtout qu’il y a eu des choses qui se sont passées entre ces deux moments-là : j’avais perdu mon poste à Pau (limogé en novembre 2010) puis le club m’a rappelé (il avait repris à nouveau l’équipe le 18 novembre 2014, en remplacement de Laurent Strezlzcak, en CFA), ce qui a rendu la chose très émouvante.

J’avais aussi la responsabilité technique du club et quand on est monté en National, la réserve est montée en CFA2 aussi. En plus, on était dans la poule Sud-Est, ce n’était pas simple, mais on avait dominé le championnat, surtout par le jeu, même si on a eu des matchs où on avait abandonné cette idée, je me souviens notamment d’un déplacement à Hyères, où ce jour-là, il a fallu faire preuve du don de soi, on avait gagné 1 à 0.

Après, je ne peux pas passer sous silence deux matchs de coupe de France. L’un avec Pau aux Costières, à Nîmes, qui était en Ligue 2, et nous on était en CFA et on les élimine en jouant, et ça ce fut une satisfaction (le 12 décembre 2009, 1-1, 4-2 aux tirs au but). L’autre avec Bergerac (N2), quand on élimine le Clermont Foot de Pascal Gastien (Ligue 2), en faisant un match extraordinaire, je n’ai pas peur des mots (le 16 novembre 2019, 1 à 0) !

« A Bergerac, ce que l’on faisait sur le terrain était plaisant »

Photo FC Fleury 91

Pire souvenir sportif ?
Tu y étais ! C’était la descente de National en CFA avec Pau, en mai 2008, à la dernière journée, à Cannes. C’était ma première expérience en seniors. J’avais pris l’équipe en cours de saison (le 8 octobre 2007, il avait remplacé l’entraîneur Jean-Luc Girard) alors que la situation était très compliquée. Mais on avait fait une phase retour incroyable (5e sur la phase retour) et on a même fini 2e sur les 16 derniers matchs, dans un championnat National complètement différent de celui d’aujourd’hui. Et puis on s’était donné le droit de jouer le maintien lors de la dernière journée, à Cannes. Malheureusement, Cannes pouvait aussi descendre en cas de défaite contre nous, et on avait perdu 1 à 0. On y croyait tous, alors que beaucoup de gens ne pensaient pas qu’on pouvait se maintenir.

Autre mauvais souvenir, j’en ai parlé juste avant, c’est quand on loupe la montée l’année suivante, en 2009 : on avait été leader pendant 5 mois et on n’a pas vu venir Luzenac, qui avait des matchs en retard, qui les a gagnés et qui nous a doublés. On loupe un penalty à l’avant-dernière journée chez nous contre Anglet (0-1), et à Romorantin, à la dernière journée, on pouvait encore finir 2e en gagnant et monter, puisque cette saison-là, le 2e, Moulins, a été repêché et est monté, mais on a fait 0-0…

En 2016, alors entraîneur du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

En quoi le National a-t-il changé par rapport à vos débuts ?
A cette époque là, en 2007-2008, quand j’ai commencé, il y avait vraiment un championnat à deux vitesses, avec quatre ou cinq grosses équipes, dont on savait en fin de saison qu’elles finiraient devant. On savait qu’il n’y aurait pas de surprises et qui allait monter en Ligue 2. Les équipes avec des petits budgets ne montaient pas à ce moment-là. Alors que depuis une dizaine d’années environ, c’est beaucoup plus homogène et ouvert. D’ailleurs, on ne peut plus parler de surprise quand on voit des clubs comme Avranches, par exemple, qui une année s’est mêlée à la lutte pour l’accession… Quant au niveau, c’est difficile à dire… L’écart à l’époque était plus important entre les équipes, même si cette saison, le Red Star, qui caracole en tête, est un peu une exception, comme l’avait été Créteil il y a 10 ans, mais sinon, ça n’arrive quasiment jamais.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

La saison où vous avez pris le plus de plaisir ?
Celle de la montée avec Pau en 2015-2016. J’aurais pu dire aussi la saison 2019-2020 en National 2 avec Bergerac, malheureusement, elle n’est pas allée à son terme, à cause de la Covid; ce que l’on faisait sur le terrain, c’était d’un très bon niveau, sincèrement. On était 3e, on avait du retard sur Sète, qui est monté; je ne dis pas que l’on serait monté, mais je suis persuadé que l’on aurait pu se rapprocher d’eux. Ce que l’on faisait sur le terrain était très plaisant.

Un regret ? Une erreur de casting ?
Le regret, c’est à la fin de la saison 2017-2018, alors que Pau vient de se maintenir pour la deuxième année de suite en National, quand le président (Bernard Laporte-Frey) ne me prolonge pas alors qu’il était convenu qu’il le fasse… Et là, je me retrouve sans club au moment des tests de sélection pour l’entrée au BEPF, ce qui pour moi était le Graal, la suite logique pour tout entraîneur visant le professionnalisme, alors que beaucoup de coachs de National ont été pris cette année-là. J’ai été pris pour les tests de sélection mais pas en formation parce que je n’étais pas sous contrat. C’est un grand regret de ne pas avoir pu finir la formation avec, pour certains, des potes avec qui on a crée des liens. Et quand j’ai signé au Cercle de Bruges, en novembre 2018, la session avait déjà été composée.

« J’ai participé à l’évolution du Pau FC »

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

De voir Pau en Ligue 2 aujourd’hui, dans son nouveau stade, cela vous fait quoi ?
Beaucoup de choses. Je suis content pour tout le monde là-bas même si ça ne s’est pas toujours bien passé pour moi, notamment les fins. Quand le club est monté de National en Ligue 2, on sortait de deux maintiens difficiles, notamment lors de la première saison en 2016-2017, à la dernière journée, mais j’étais monté l’année d’avant avec 8 jeunes du club dans l’effectif. Quant au nouveau stade, je me revois en train de dessiner les plans des vestiaires, des bureaux… J’ai participé à l’évolution du club, « grandement » même. Je savais très bien que ce nouveau stade (le Nouste Camp), qu’on attendait avec impatience, allait être la clé pour passer un cap. Parce que jouer au Hameau, dans un stade de 18 000 places, c’était compliqué (il soupire). On a essuyé les plâtres quoi… L’état du terrain… Et puis c’était impersonnel, froid. Je savais aussi que le potentiel public existait à Pau, on l’avait vu en coupe de France lors de certaines épopées dans les années 90. Malheureusement, en 2018, je n’ai pas été prolongé. En 2020, l’année de la Covid, je pense que la saison de National s’est arrêtée quand il le fallait pour eux, car Boulogne revenait très fort et Bourg aussi. Après, derrière, leurs trois maintiens en Ligue 2, ils ne les doivent à personne.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Aujourd’hui, quand vous regardez les résultats de la Ligue 2 le samedi soir, vous regardez Pau en premier ?
Je regarde leurs résultats, oui, mais aussi ceux de Rodez, où j’avais un ami qui coachait (Laurent Peyrelade, qu’il a d’ailleurs affronté – et éliminé ! – en coupe de France à Versailles, au 6e tour) et Annecy, où Laurent Guyot entraîne. Vous savez, mon rêve, c’était d’emmener Pau le plus haut possible, en Ligue 2. Aujourd’hui, ils y sont, tant mieux. Il y a encore dans le staff des personnes que j’avais fait venir. Ils vivent une belle aventure. Il y a de l’engouement. Je suis content pour eux, sincèrement.

Un modèle de coach ?
Guardiola, qui représente au très haut niveau toute la vision que je me fais du football, du travail à fournir pour y parvenir. J’ai commencé à entraîner à l’âge de 18 ans, avec des enfants, et ma façon de faire découvrir le foot, c’était par le jeu, la passe, les petits déplacements : alors c’était peut-être trop même pour des enfants de 10 ans, mais comme à cet âge, ce sont des éponges, ils arrivaient à retranscrire ça, c’était formidable ! J’aimais bien le Dynamo Kiev de Lobanovski aussi : quand je regardais cette équipe jouer, je me disais « c’est ça le foot ! » Je m’inspire de ce que fait Pep Guardiola, j’aime bien Carlo Ancelotti dans son management, dans le rapport qu’il arrive à instaurer avec les joueurs.

« Je veux faire réfléchir mes joueurs »

En 2016, sur le banc du Pau FC, lors de l’accession en National. Photo Philippe Le Brech.

C’est quoi la patte David Vignes ?
Sur le jeu, je suis en recherche de possession, je veux poser des problèmes à l’adversaire, je veux faire réfléchir mes joueurs; par exemple, quel est l’espace qui serait le plus adapté pour sortir le ballon ou inquiéter le bloc adverse, pour le déstabiliser… Sans prétention, j’aime bien développer l’intelligence de jeu… La passe, ça peut être une solution. J’aime que mes joueurs soient acteurs et décideurs sur le terrain.

Le président qui vous a marqué ?
Je n’en ai pas connu beaucoup. A Bergerac, j’ai bien aimé Christophe Fauvel, dans sa façon de voir les choses, de construire son projet. J’avais une très belle relation avec lui mais je dois dire, et ce n’est pas parce que j’y suis aujourd’hui, que je suis admiratif de ce que Pascal Bovis a fait ici, à Fleury. Il a pris le club en District et il l’a emmené aux portes du professionnalisme. Le FC Fleury 91 est devenu une grosse machine, qui a gardé des valeurs familiales. J’avais beaucoup entendu parler de Mr Bovis avant de venir. J’aime ces gens qui bâtissent, qui construisent, qui ont de l’ambition, avec quelques moyens, certes, mais qui ne font pas n’importe quoi. J’ai beaucoup de respect pour lui et j’aime le binôme que nous formons, notre façon de collaborer, c’est plaisant.

Vous dîtes cela parce que vous venez d’arriver…
(Rires) Non ! Sans présager de ce qui se passera, ça ne changera rien de ce que je pense de lui.

Photo FC Fleury 91

Vous avez évoqué Pascal Bovis : en mai dernier, votre président avait semblé ici-même, dans ces colonnes, ne pas faire de l’accession en National une fixette, alors même que son équipe était leader à 3 journées de la fin. Il avait même dit que ce ne serait pas une déception si Fleury ne montait pas. Paradoxal, non, pour un président ambitieux ?
J’ai eu le même échange avec lui. Il m’avait tenu ces propos, qui m’avaient surpris. En fait, je pense qu’il avait très peur des six descentes de National en N2, du coup, je me demande si il ne souhaitait pas rester en N2 pour ne pas faire l’ascenseur. Mais il est très ambitieux. Il veut vraiment atteindre ce niveau-là, au minimum. Ce n’est pas un président interventionniste. Il est passionné de football même s’il n’est pas issu de ce monde-là. Il donne son avis, il s’intéresse, il a des notions tactiques, mais il n’interfère pas dans mes choix.

« A Fleury, il y a une dynamique à relancer »

A-t-il fixé une feuille de route ?
Le projet, c’est de monter en National dans les deux ans. Sur les deux dernières saisons, Fleury a fini 2e et 1er ex-aequo… Peut-être qu’il pensait que les résultats suivraient automatiquement cette saison, mais ce n’est pas le cas; il y a une dynamique à relancer. Je pense qu’il en a pris conscience.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

C’est pour cela que l’on ne parle pas forcément de monter aujourd’hui. Il n’y a pas d’impératif, même s’il faut que l’on soit dans le haut de tableau. De toute façon, il faut déjà prendre de la marge sur les 5 dernières places, parce que je pense que beaucoup d’équipes seront encore concernées par le maintien à trois ou deux journées de la fin, donc attention. Le championnat de N2 est encore plus difficile, avec deux équipes de moins et toujours 5 descentes : c’est beaucoup plus dense et très resserré. Je découvre cette poule, qui est peut-être un peut-être un peu moins « joueuse », c’est plus un football de transition sur ce que j’ai vu, mais je n’ai affronté que six équipes (l’entretien a été réalisé avant le succès face à Créteil 2-1), et en plus, sur les six équipes, on a joué Bourg qui n’est pas du tout dans ce football-là.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Vous avez aussi évoqué Christophe Fauvel, de Bergerac : avez-vous suivi l’actu là-bas (L’idée de fusion entre Bergerac et Trélissac a été retoquée par la FFF et le président a ensuite annoncé son futur départ) ?
Je voyais cette fusion avec Trélissac d’un bon oeil. Quand j’étais à Bergerac, en plus, les rapports entre les deux présidents (avec Fabrice Faure de Trélissac) étaient plutôt froids et tendus mais bon, ce sont des gens intelligents donc la voie qu’ils avaient commencé à tracer était très bonne. Je savais que le cahier des charges de cette fusion était très lourd. J’ai vu que Mr. Fauvel a annoncé son retrait : pour être honnête, je suis très surpris. Je me demande si ce n’est pas un effet d’annonce de sa part pour faire bouger les choses, même si je sais qu’il en a un peu assez. En tout cas, s’il partait, cela laisserait un grand vide à Bergerac après, déjà, le départ de son fils Paul (qui était directeur du club) au Red Star, et ce ne serait pas une bonne nouvelle pour le club. Sans, eux, les choses ne seraient plus pareilles.

« Le Red Star, un gros regret »

Pourquoi êtes-vous parti de Bergerac ?
On ne s’est pas mis d’abord contractuellement, tout simplement. Le club m’a fait une proposition de contrat qui était un petit peu en dessous de mes exigences, lesquelles n’étaient pas non plus folichonnes. Mais le président Fauvel m’avait dit aussi qu’il y avait une baisse de budget, en raison de la Covid. Et puis, parallèlement à cela, j’avais l’ambition d’entraîner en National, donc j’étais ouvert aux propositions. Si on s’était entendu avec Bergerac et si j’avais eu la certitude de conserver l’effectif, où certains joueurs devaient aussi être prolongés, les choses auraient été différentes, mais c’est surtout l’aspect financier qui a coincé, pas du tout le côté humain. En fait, ça ne collait pas avec mes objectifs et mes ambitions. On s’est séparé en très bons termes. Finalement, les sollicitations que j’ai eues en National n’ont pas abouti et je suis resté à la maison ! Cela faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivé.

Photo FC Fleury 91

Et puis, en novembre 2020, est arrivé le projet belge …
Oui, je suis parti en D3 belge, au Royal FC Mandel United, mais juste avant, j’ai été contacté par le Red star, après le départ de Vincent Bordot. Finalement, le club a laissé Habib Beye, qui assurait l’intérim, en place. C’est un gros regret. J’avais eu un très bon contact avec le président Patrice Haddad. Et j’ai eu cette proposition en Belgique, dans un club qui appartenait au groupe « Strive FC », propriétaire d’Evian Thonon : la Nationale 1 belge (D3), ce n’était pas forcément ce que j’avais coché comme case, mais je trouvais intéressant de rejoindre un grand groupe comme ça. Et me voilà donc à Mandel United ! Mais ça a été compliqué. Il y avait un fossé abyssal entre l’ambition du propriétaire et le niveau de l’équipe. Le club était dernier quand je suis arrivé. Ma mission était de se maintenir pour jouer l’accession l’année suivante en D2. Finalement, on a quand même réussi à se maintenir aux barrages, je me demande même si ce n’est pas ça mon plus gros exploit (rires) ! C’était miraculeux ! Le propriétaire a vu que c’était compliqué de bosser avec les Flamands et a revendu le club. C’était, malgré tout, une belle aventure. Un belle expérience.

Photo FC Fleury 91

Le niveau de la D3 belge ?
Il y a quelques clubs de haut de tableau qui peuvent se maintenir en National chez nous mais le reste, c’est plutôt du National 2 et pas forcément du haut de tableau. Mais on trouve de bons joueurs.

Ce qui est particulier en Belgique, c’est qu’il y a beaucoup de joueurs qui préfèrent, par exemple, jouer en D4, parce qu’ils travaillent et à côté, ils touchent beaucoup d’argent pour jouer au foot, avec des primes de match aux points, élevées, ce qui leur permet de se faire deux ou trois salaires quand ils jouent le haut de tableau. Et il s’entraînent deux ou trois fois par semaine ! Pour eux, le foot ce n’est pas un métier. Ils préfèrent jouer dans ces divisions-là plutôt que de jouer en D2, alors qu’ils ont le niveau. C’est une mentalité.

« J’ai plutôt l’âme d’un numéro 1, mais bon… »

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Vous avez eu une autre expérience en Belgique, au Cercle de Bruges, dans un club pro…
Oui, en 2018. Après Pau, où je ne suis pas prolongé, ce projet me tombe dessus; à l’époque, je n’avais pas d’agent et c’est justement un agent, celui de Laurent Guyot, qui m’appelle. Laurent allait devenir l’entraîneur du Cercle de Bruges et il me dit qu’il m’a suivi, qu’il a aimé ce que faisais avec Pau, et il me propose le poste d’adjoint. Au départ, je lui dit que ce n’est pas ma tasse de thé, que je ne connais pas Laurent Guyot même si, évidemment, de nom, je savais qui il était et ce qu’il avait fait, notamment à Nantes, et ça, forcément, ça me parlait. Alors on s’est rencontré avec l’agent, ça s’est bien passé, puis j’ai eu Laurent Guyot et ça a accroché. J’ai été choisi. Et me voilà parti à Bruges où je ne connaissais personne, où j’ai découvert ce que c’était de bosser dans un staff pro élargi de 14 personnes.

En 2018, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

En fait, je sortais de Pau où je faisais beaucoup de choses et je me suis retrouvé là, à ne pas faire grand chose, du moins sur les premiers mois, où j’avais l’impression que je servais à rien. Je ne trouvais absolument pas ma place. C’était compliqué mais après deux ou trois mois, on a réussi, avec Laurent (Guyot), à créer une proximité et petit à petit, j’ai trouvé ma place, je faisais de plus en plus de choses. Il y avait aussi un autre adjoint, Benoît Tavenot (actuel coach de Dijon en National), qui, lui, connaissait déjà Laurent. Mais ce rôle d’adjoint est très particulier; ça ne me convient pas vraiment, car j’aime bien décider, faire… Je pense que j’ai plutôt l’âme d’un numéro 1, mais bon…

Après, l’an passé, en octobre, j ai eu des contacts avec un club de Ligue 1 en France pour être aussi adjoint : j’ai passé deux entretiens de très haut niveau avec les dirigeants qui avaient apprécié mes idées, ma méthodologie, comme la « périodisation tactique », qui savaient que j’aimais bien faire jouer mes équipes avec un jeu de position, et ils recherchaient ça. Ils ont pris un autre entraîneur, pourtant, dans ce club, je me serais bien vu adjoint… En fait, tout dépend du projet. Je suis encore jeune (50 ans). Je n’avais que 34 ans quand j’ai repris Pau en National en cours de saison en 2007.

Photo FC Fleury 91

Le match de foot de légende, selon vous ?
France-Brésil 1998, forcément, mais le match qui m’a le plus marqué, c’est France-Allemagne 1982 : j’avais 9 ans, j’étais chez mes grands parents à Arcangues, près de Bayonne, au Pays Basque, et j’avais pleuré, même si je n’avais pas trop conscience des choses. Mais j’ai des souvenirs très précis. Et il y a aussi le 21 juin 1986 à Guadalaraja (1/4 de finale de coupe du Monde France-Brésil) ! Ce match-là, je m’en souviens bien aussi, d’autant plus que je suis né le 21 juin ! C’était quelque chose !

Une idole de jeunesse ?
Je n’avais pas forcément d’idole, mais Maradona, quand même…

Que vous manque-t-il pour entraîner en Ligue 2 un jour ?
(Il réfléchit). La confiance d’un dirigeant.

Le milieu du foot ?
(Il réfléchit) Fou, passionnant, exigeant.

Le club de Fleury ?
Fou (rires) ! Non !!! Je dirais particulier et unique. Particulier parce qu’il tient en un seul homme, même s’il y a beaucoup de monde qui y travaillent; c’est très différent de tout ce que j’ai connu avant. Ici, tout le monde est mis dans de très bonnes dispositions, et c’est aussi unique pour un club de ce niveau-là et de cette dimension-là. Chaque équipe est importante pour le club. Par exemple, je n’avais jamais entendu parler d’un stage de pré-saison pour des U14, et bien à Fleury, si ! Parfois, les gens à l’intérieur ne s’en rendent pas vraiment compte, peut-être parce qu’ils n’ont pas connu d’autres clubs pour certains.

  • Après 7 journées de championnat, le FC Fleury 91, qui s’est qualifié pour le 7e tour de la coupe de France en éliminant Versailles (National) au stade Montbauron (1-1, 5-4 aux TAB), est classé 6e de sa poule en National 2, avec 11 points (3 victoires, 2 nuls et 2 défaites), à seulement 3 points du leader, le FBBP 01 (Bourg-en-Bresse/Péronnas).

Lire aussi (interview de Pascal Bovis, président du FC Fleury, en mai 2023) :

https://13heuresfoot.fr/actualites/pascal-bovis-le-football-cest-le-spectacle/

 

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech et FC Fleury 91

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