Révélation de la coup de France la saison passée, le club nordiste a, dans la foulée de son 16e de finale face au PSG, accédé en N3. Un nouveau monde, semi-professionnel, qu’il faut apprivoiser. Le début de saison de l’USPC est poussif, mais la coupe revient, avec la réception de Croix au 4e tour. Un coup de boost ?
(Reportage réalisé juste avant l’élimination 1-2 en coupe de France, au 4e tour, par Croix, club de N3)
Quelle équipe de National 3 peut se targuer de faire décaler un match de Coupe de France pour ramener du monde au stade ? L’US Pays de Cassel, pardi ! Et c’est grâce à sa nouvelle notoriété, acquise l’an passé avec son épopée en Coupe, qui l’avait vu atteindre les 16es de finale face au PSG.
Il y a quinze jours, au 3e tour de cette nouvelle édition 2023-24, Saint-Martin-Boulogne, équipe de D1 (District), a demandé d’organiser son match le samedi après-midi, afin de jouer à guichets fermés. Du coup, 400 spectateurs ont pu assister au match. Un bel engouement. Les Casselois ont obtenu leur qualification (3-1) et la confirmation, s’il en fallait une, de leur nouveau statut !
Quatre villages, 8000 habitants
L’hiver dernier, la France découvre ce club, niché au cœur des Flandres, entre Lille et Dunkerque, la nuit du 23 janvier 2023 au stade Bollaert-Dellelis à Lens. Ce soir-là, le Paris Saint-Germain du récent vice-champion du monde Kylian Mbappé joue sa place en 8e de finale contre le petit Poucet, alors pensionnaire de Régional 1 (DH).
Dans un stade plein, les hommes de Samuel Goethals, le technicien casselois, subissent logiquement la loi de Mbappé, auteur d’un quintuplé, Neymar et consorts (0-7). Mais l’essentiel est ailleurs. Au sein de l’effectif casselois, certains sont fans du PSG et réalisent le rêve d’une vie. Alexis Zmijak, capitaine de l’équipe et ultra parisien, se voit remettre le maillot des mains du meilleur joueur français ! Sa fille a même dormi avec avant qu’il n’ait eu le temps de le laver !
Depuis, Paris est retourné à son quotidien, pendant que le club nordiste, lui, après avoir bien fêté ça, a récolté les fruits de ce parcours hors-norme pour un club composé de quatre villages, et qui regroupe en tout 8000 habitants !
L’union fait la force
Quatre petits villages d’irréductibles Flandriens, qui se sont alliés pour exister face aux mastodontes que le Nord abrite. On pense à des structures bien connues du monde amateur comme Croix, Marcq-en-Baroeul ou encore Pays de Valois.
Gabriel Bogaert, directeur sportif du club et homme à tout faire, est l’artisan de ce projet. En 2017, alors à Arnèke, il initie une fusion avec trois autres clubs : Bavinchove-Cassel, Noordpeene-Zuytpeene et Hardifort. Après une année d’âpres négociations, l’Union Sportive Pays de Cassel voit le jour en 2018.
L’équipe, partie de Régional 2, obtient sa montée dès sa deuxième année d’existence en 2020. Après deux nouvelles années à encore maturer le projet, les Jaune et Noir connaissent la saison de leur vie, en 2022-23, grâce à la Coupe de France… et au championnat.
Pourtant, en coupe, rien n’est facile. Les premiers matchs de l’épopée des Casselois sont serrés et se jouent sur des détails. Au 8e tour, ils obtiennent leur qualification pour les 32es de finale aux tirs au but (1-1, 3-2, t.a.b.) contre Drancy (N3). Mais ils doivent patienter avant de le disputer, leur sort étant lié à la triste affaire d’un autre match du 8e tour, entre Reims-Sainte-Anne (N3) et Wasquehal (N2), interrompu à 3 à 0 pour les Rémois après une bagarre générale.
Dans un premier temps, la FFF envisage de disqualifier les deux clubs avant de se raviser et de donner le match à rejouer. Finalement, ce sont les Wasquehaliens qui obtiennent le droit d’affronter le Pays de Cassel en 32e, avec, à la clé, la certitude de retrouver le PSG, déjà qualifié (le tirage au sort a été effectué) en 16e ! Imaginez l’excitation !
Là encore, les Jaune et Noir passent par un trou de souris : menés au score, ils égalisent à la dernière minute au terme d’un match fou avant de se qualifier une nouvelle fois aux tirs au but (1-1; 5-4, t.a.b.). Leur élimination face au PSG appartient désormais à l’histoire et reste dans tous les esprits du Nord et des amoureux du football amateur.
Se reconcentrer sur le championnat
Derrière, plus difficile encore, il a fallu enclencher une dynamique. Combien d’équipes se sont pris les pieds dans le tapis après des épopées en Coupe ? Beaucoup. Pas le Pays de Cassel, comme le raconte le directeur sportif nordiste, Gabriel Bogaert : “On a convoqué les joueurs et on leur a expliqué que ce serait dommage de compromettre une belle fin de saison en championnat avec des résultats négatifs.” Ni une, ni deux, le groupe imprime le message et signe un match nul chez le leader, Marck-en-Calaisis (1-1) : “On méritait de gagner le match”, précise Gabriel Bogaert.
C’est sûr, les joueurs ont “switché”. L’encadrement le voit bien. La quête du titre en Régional 1 est dans toutes les têtes. Les joueurs enchaînent une série de onze matchs sans défaite (sept victoires, quatre nuls), si bien qu’ils valident leur montée en National 3 à quatre journées de la fin ! Ils battent leur dauphin Marck (4-2) à domicile et peuvent fêter une accession qui vient couronner une saison pleine de rebondissements. L’USPC peut revendiquer le titre de meilleure défense (17 buts encaissés) et de co-meilleure attaque du championnat avec 37 buts marqués (ex-aequo avec Grand Calais Pascal, Ndlr).
La phase retour… à domicile !
Une sacrée performance quand on sait que, la saison passée, le club a dû quitter ses installations d’Arnèke pour trouver un terrain de repli sur la commune de Noordpeene. Mais ils ont dû patienter un peu avant de pouvoir bénéficier d’un nouveau terrain en synthétique, inauguré en février dernier avec la venue en championnat de Steenvoorde. Pendant le temps des travaux, la Ligue des Hauts-de-France s’est donc arrangée pour faire disputer la majorité des matchs de la première partie de saison… à l’extérieur !
Le synthétique posé et les vestiaires en préfabriqués installés, le club peut enfin recevoir ces rencontres de Régional 1 sur la phase retour et profiter de l’avantage non négligeable du calendrier : “Il y avait énormément de monde et le fait de jouer sur synthétique par rapport au projet de jeu qu’on a, ça nous a aidé.”
Lors des derniers matchs, près de mille supporters passionnés et enflammés viennent pousser leur équipe, dans une ambiance caractéristique de la ferveur des Flandres. Fanfare, tambours, banderoles, écharpes jaunes, tout est fait pour perpétuer l’identité de cette partie du Nord typique, qui lui donne tout son charme.
Un budget de 350 000 euros
Cette accession à l’échelon supérieur, ce n’était ni une nécessité, ni un objectif dans les têtes casseloises, mais plutôt une “opportunité” qui venait couronner une saison passée sur un nuage. Un nuage duquel il a bien fallu redescendre. Car très vite, les dirigeants casselois ont pu constater l’ampleur de la tâche qui les attendait en N3. Bien sûr, ils ont récolté les fruits de leur parcours ultra-médiatisé en coupe de France. Si les dotations et les recettes de l’organisation de leur match contre PSG restent secrètes, pour Gabriel Bogaert, le gain est ailleurs. Il est même inestimable : “La Coupe de France a été un carton plein en termes d’images. Les gens se sont aperçus qu’on était une équipe sympa qui bossait bien. ”
Du coup, plus facile d’aller chercher de nouveaux partenaires et de construire un nouvel effectif. De plus en plus d’entreprises ont eu envie de s’associer au projet du club, séduites par les valeurs renvoyées. “On est dans un petit village, il n’y a pas de subventions, donc on est livré à nous-mêmes.” Parmi les plus petits du groupe G de National 3, Pays de Cassel a réussi à constituer un budget de 350 000 euros, quand la moyenne se situe aux alentours de 700 000 euros, c’est-à-dire deux fois plus.
Kévin Rocheteau bientôt qualifié
Forcément, l’exposition médiatique a tapé dans l’oeil de certaines équipes plus huppées, qui n’ont pas manqué d’attirer chez elles quelques joueurs : Baptiste Leclerc, qui a ébloui de sa classe le match à Lens, a eu une proposition de Furiani (N2). L’USPC l’a laissé partir, comme convenu. D’autres sont restés au même niveau ou en dessous, mais avec de meilleures conditions financières. “On a un petit budget, donc on ne peut pas partir dans des sommes astronomiques. On ne pouvait tout simplement pas rivaliser sur le plan financier.”
En amont, les profils des recrues sont validés en binôme entre le directeur sportif et son coach, Samuel Goethals. Derrière, c’est Gabriel Bogaert qui s’occupe du financier. Cette nouvelle exposition a aussi, dans le sens inverse, « permis de faciliter l’attraction de nouveaux joueurs”, se félicite le dirigeant.
Côté arrivées, l’US Pays de Cassel a su convaincre par le projet de jeu mis en place par Goethals, basé sur un jeu de position et de possession. Un style attractif, qui donne envie. Gabriel Bogaert évoque “plusieurs belles prises”, affiche sa satisfaction et analyse un mercato composé de “très bons mecs et de bons joueurs de foot”. Avec, en tête de gondole, Kévin Rocheteau, qui connaît bien la région puisqu’il a joué à Dunkerque en Ligue 2 (2020-2022).
Ancien joueur de Niort (L2), Rocheteau a choisi de rejoindre son “grand pote” et cadre de la formation, Nicolas Bruneel – lui aussi passé par Dunkerque – et un football de copains. Qualifié à partir du 1er octobre en raison de son contrat pro à Niort, il va grandement renforcer l’attaque nordiste qui a « besoin d’efficacité”.
Romain Jamrozik, ancien pensionnaire de Fréjus-Saint-Raphaël en N2, et natif de la région (il a aussi évolué à Dunkerque en National et au Puy en N2), est également venu renforcer l’effectif casselois. En plus de ces deux noms « ronflants », des joueurs issus de la région et repérés par Gabriel Bogaert sont venus se greffer à l’effectif. “Je pense que si les supporters peuvent s’identifier à des joueurs locaux, c’est quand même bien mieux.”
Comme le club n’a pas le budget suffisant pour mettre en place des superviseurs, c’est le directeur sportif, autodidacte en la matière, qui s’y colle ! “Entre la vie professionnelle et la vie familiale, je vais voir des matchs de N2, N3, R1, R2, R3… Je suis un passionné de foot.”
“On est l’équipe à battre !”
Les dirigeants du nouveau venu en N3 apprennent vite et découvrent le fossé qui le sépare du niveau régional. Le N3 est “semi-pro”, mais les Jaune et Noir ne partent ni défaitistes ni timorés : “On se structure, on avance, on s’adapte parce qu’on veut rester dans cette division.”
Le club compte quatre contrats fédéraux à mi-temps et s’entraîne quatre fois par semaine. De plus, il met en place une stratégie de formation chez les jeunes pour un club qui compte 400 licenciés et qui a même dû refuser du monde cet été, faute de place !
Dès les matchs de pré-saison, le regard des adversaires a radicalement changé. “On est plus attendus, on est l’équipe à battre, mais sans méchanceté.” Le début de saison ne se déroule pas forcément comme prévu, mathématiquement s’entend. La différence avec l’exercice précédent est majeure : “L’année dernière, on était dans une saison où tout nous réussissait. On pouvait faire ce qu’on voulait et ça rentrait. Cette année, c’est un peu plus compliqué pour l’instant.”
Les Jaunes ont entamé le championnat par une défaite 3 à 0 à Vimy et une autre à domicile contre Marcq (0-2), malgré une domination outrancière. “Sur les deux matchs, on est meilleurs que nos adversaires. On a 70% de possession et plus d’occasions, on manque juste d’efficacité dans les deux surfaces. A ce niveau, ça ne pardonne pas, mais ça va tourner”, explique le directeur sportif. Finalement, c’est à Valenciennes, face à la réserve de L2, que Pays de Cassel décroche son premier point.
Un choc contre Croix au 4e tour
Forts de leur première victoire en Coupe de France, les Flandriens ont surfé sur la dynamique pour s’octroyer leur premier succès en championnat contre Compiègne, samedi dernier, à domicile (3-0), de quoi faire fuir les doutes. L’arrivée dans le groupe de Kévin Rocheteau fera le plus grand bien à l’équipe, alors que Romain Jamrozik a ouvert son compteur le week-end dernier. Quant à Rémi Burnel, recrue intéressante en provenance de Marcq-en-Baroeul, il a déjà inscrit trois buts en championnat. Prometteur !
La prochaine étape, c’est dès demain, avec la réception de Croix, leader invaincu de la poule en N3, pour le compte du 4e tour de la Coupe de France. “Après ce qu’on a connu, on ne demande qu’à revivre ça. Parce qu’on a vécu, c’est surréaliste.” Pour se prendre à rêver, encore une fois à Cassel, et faire vibrer ce pays qui ne demande que ça, il faudra soulever des montagnes. Ça tombe bien, ce peuple et cet effectif ont montré qu’ils en étaient capables.
L’US Pays de Cassel s’est finalement inclinée 2-1 face à Croix au 4e tour de la coupe de France.
Texte : Emile Pawlik / Twitter : @EmilePawlik
Photos : USPC, Patrick Patou, Philippe Le Brech.
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13heuresfoot s’est rendu au stade des Antonins à Nîmes pour voir et comprendre la situation d’un club historique à l’abandon, présidé par Rani Assaf, dont l’absence, le silence, les décisions et l’inaction cristallisent les tensions de toutes parts. Notamment celles de la Ville et des supporters, qui réclament son départ.
Le football regorge d’incertitudes. Celles inhérentes au terrain, au sport, à ses résultats parfois illogiques ou injustes que l’on ne maîtrise pas. Et puis, comme si cela ne suffisait pas, il y a toutes ces incertitudes liées aux « à-côté », celles que l’on appelle « les coulisses », qui font que ce sport est unique par son irrationalité : et à Nîmes Olympique, les coulisses sont très agitées, même si l’équipe, elle, fait de son mieux pour faire fi d’une situation dégradante, pendant que les supporters s’emploient à mettre dehors le boss de l’entité, Rani Assaf.
Victor Hugo disait : « Le bonheur est parfois caché dans l’inconnu ». A Nîmes Olympique, l’inconnu guette et n’augure rien de bon, en tout cas pas le bonheur recherché. Cet inconnu angoisse les amoureux du club depuis 3 ans. Le feuilleton est interminable. Les acteurs, les pièces et les armes de ce Cluedo sont nombreux. Rani Assaf donc (président), les Costières (stade en friche), les Antonins (stade « provisoire »), le National (championnat), La Bastide (centre d’entraînement délabré), Nemausus (projet du président, du nom antique de la ville), la CNAC (Commission nationale d’aménagement commercial), Coeur de Nîmes (association de commerçants), Jean-Paul Fournier (maire de Nîmes), etc.
A cette liste de mots clés qui reviennent invariablement dans la bouche des « suiveurs » de l’actu nîmoise, on peut y ajouter Frédéric Bompard, le coach qui fait tout ce qu’il peut, ou encore les Gladiators Nîmes 1991, l’un des trois groupes de supporters (avec le Club Central et… Nemausus 2013), en conflit ouvert avec la direction.
Les Costières en friche
Bref, Nîmes Olympique, c’est Dallas. Il s’y passe toujours quelque chose. Il y a toujours une histoire à raconter, de quoi faire les choux gras de Midi Libre et des autres médias. Dans le rôle de JR Ewing, évidemment, Rani Assaf : l’homme d’affaires franco-libanais de 52 ans préside aux destinées du club depuis 2016. Invisible pendant 4 mois, au point d’agacer Frédéric Bompard, resté sans aucune nouvelle, Assaf est réapparu la semaine dernière, et a même déjeuné au restaurant du camping de La Bastide, à côté du centre d’entraînement, en compagnie du coach, lequel s’est fendu d’un « ça s’est passé », au sujet de leur entrevue, dont rien n’a filtré. On imagine pourtant que l’ancien adjoint de Rudi Garcia (Dijon, Lille, Roma, OM) devait avoir bon nombre de griefs à formuler. Comme celui des conditions d’entraînement et du terrain jugé indigne d’une équipe pro, à La Bastide.
Pour le terrain des Costières, ce n’est pas mieux. En 2019, alors que Nîmes Olympique, pour son retour dans l’élite, 25 ans après sa dernière saison en Division 1 (1992-93), vient d’achever sa saison à une magnifique 9e place, l’ancien directeur technique et responsable du réseau du fournisseur d’accès Internet Free (jusqu’en 2021), également à la création de la célèbre Freebox, envisage de racheter à la Ville le stade des Costières. Un accord est même trouvé autour de 8 millions d’euros. Assaf a un immense projet en tête : raser ce stade qui date de 1989 et construire à la place un vaste complexe à la fois immobilier, commercial et sportif, une sorte d’écoquartier baptisé « Nemausus ». Coût estimé des travaux : 230 millions d’euros, tout à sa charge. L’idée est séduisante, mais pas pour tout le monde.
En attendant, aux Costières, le stade de 18 000 places est à l’abandon. C’est triste à voir. Depuis décembre 2022, il n’accueille plus aucun match du Nîmes Olympique car il ne répond plus au cahier des charges de la Ligue. Sans compter que la Ville ne veut plus prendre en charge le coût annuel de l’entretien de la pelouse (150 000 euros). Quid de l’avenir de ce monument en péril ?
Le projet Nemausus dans l’impasse
Aujourd’hui, le flou règne, surtout depuis que, le 14 septembre dernier, la CNAC – Commission Nationale d’Aménagement Commercial, une instance de recours des CDAC (commissions départementales d’aménagement commercial) – a émis un avis défavorable quant au projet pharaonique de Rani Assaf. Le principal point d’achoppement ? Le volet commercial. C’est le deuxième coup dur porté à Nemausus, dont la nouvelle concurrence menacerait un centre-ville à la peine, après les recours formulés par la Socri-Reim, un groupe indépendant qui gère le centre commercial de La Coupole des Halles à Nîmes (15 000 m2), et par l’association des commerçants « Cœur de Nîmes ».
Ce coup d’arrêt devrait également signifier l’impossibilité (et l’absence de volonté) pour la Ville de délivrer un permis de construire à l’homme d’affaires, dont les contacts sont rompus avec le maire, Jean-Paul Fournier, son premier adjoint (et délégué à l’urbanisme), Julien Plantier, et l’adjoint aux sports et arbitre de foot, Nicolas Rainville.
Ce dernier, qui officiait au centre hier soir (mardi) en Ligue 2, lors du match Caen-Grenoble, l’a d’ailleurs confirmé lundi dans le média Objectif Gard : « Rani Assaf est retombé dans ses travers. La communication est rompue avec la mairie. Les évènements nous poussent à dire qu’il n’est plus l’homme de la situation. Il ne vient plus aux matchs et je ne suis pas convaincu qu’il veuille investir un euro de plus dans l’équipe. »
Quant à Julien Plantier, premier adjoint à la Ville de Nîmes, il s’est aussi exprimé de manière catégorique sur ce dossier, vendredi, sur France Bleu Gard Lozère : « Rani Assaf méprise le peuple nîmois » a-t-il déclaré. C’est simple, aujourd’hui, la Ville lui signifie la porte et ne veut plus de son projet. Idem du côté des supporters, qui ont lancé le collectif « Sauvons le Nîmes Olympique ». Leur objectif ? Se débarrasser du président, bien entendu (on se souvient des banderoles « Assaf casse toi ! »), et créer une levée de fonds via un actionnariat de « socios », sur le modèle de ce qui a été fait au SC Bastia, afin « d’accompagner » un futur repreneur.
Première aux Antonins !
Pendant que le stade des Costières se meurt lentement mais sûrement, le stade des Antonins, dit « stade de substitution » ou « stade de repli », accueille les rencontres du Nîmes Olympique depuis le 26 décembre 2022. Un stade de 8000 places situé juste de l’autre côté de l’autoroute A9, tout près des Costières, et construit en un temps record de 7 mois par la SAS Nemau, créée justement par Rani Assaf dans la cadre de son nouveau projet Nemausus.
C’est là que les joueurs, entraînés par Frédéric Bompard, ont disputé un peu plus de la moitié de leurs rencontres de Ligue 2 la saison passée : le stade avait été inauguré juste après Noël, lors du « boxing day français », contre Guingamp (1-2, journée 16). Ils n’y avaient remporté que 4 matchs (Niort, QRM, Annecy et Pau) avant, enfin, de débloquer leur compteur « 3 points » vendredi dernier, dans ce nouvel exercice 2023-24.
Car avant de battre Nancy, les Crocos n’avaient pas encore gagné en National, un championnat que le club n’avait plus fréquenté depuis 2012. Finalement, face à la dernière équipe invaincue cette saison, NO s’est – enfin – imposé (1-0). Un soulagement et surtout un grand moment de joie et de bonheur pour les joueurs et le staff, qui n’ont pas hésité à partager ce succès avec leurs supporters, autour du terrain. On aurait dit que l’équipe venait de remporter un titre !
Bompard : « Le foot, ce sont des stades pleins »
Aux Antonins, s’il n’y avait pas ces sièges rouges qui composent l’essentiel des quatre tribunes en « praticables » (dont trois couvertes) , qui égaient et donnent une identité et un semblant d’âme, et sans ces panneaux en LED installés presque tout autour de l’aire de jeu, ce stade ne ressemblerait pas à grand-chose. Et sans cette ambiance que seule une frange de supporters nîmois, les plus fidèles, sont capables de mettre, franchement, cela ressemblerait à un cimetière !
Malgré les difficultés du club, malgré les déboires juridico-administratifs, malgré les résultats depuis trois ans, malgré le flou permanent, les supporters – même interdits de stade de manière aléatoire – sont toujours derrière leur équipe. Ils sont toujours derrière leurs joueurs, quand bien même ces derniers viennent d’arriver à l’intersaison, souvent en provenance de divisions inférieures.
Ce chauvinisme, cette ferveur, difficile de ne pas la ressentir : car ce qui frappe, à Nîmes, c’est que le spectateur n’est pas dans la critique. Il encourage, il crie, il applaudit. Qu’importe le flacon, pourvu que les supporters aient l’ivresse, et ça, le coach Frédéric Bompard n’y est pas insensible : « J’ai senti (contre Nancy) que les gens étaient derrière nous, même si le public n’était pas nombreux (un millier environ). Ils étaient contents du spectacle, contents de voir une équipe se bouger. Après, je me suis déjà exprimé sur le sujet : pour moi, le football, ce n’est pas ça. Le football, ce sont des stades pleins. Et à Nîmes, y’a le potentiel pour ça. Je ne désespère pas de voir le stade plein au prochain match à domicile (sic). Le foot, c’est la fête, qui plus est à Nîmes, où c’est la grinta. Il faut aussi qu’il y ait des gens derrière, pour pousser. J’espère que cette victoire face à Nancy contribuera à les faire revenir. Voir des garçons mouiller le maillot comme ils l’ont fait ce soir (vendredi) face à Nancy, comme ils le font depuis le début de saison, et croyez moi je ne les lâche pas depuis la reprise du 3 juillet, cela mérite qu’il y ait un peu plus de monde dans le stade. »
Bompard ne boudait pas son plaisir après ce premier succès de la saison, le premier aux Antonins donc : « Dans le vestiaire, j’avais l’impression qu’on avait gagné une coupe, un championnat, à les voir fêter la victoire comme ça, mais c’est bien de voir les joueurs heureux ! C’est aussi pour ça que l’on fait ce métier. »
Relégable, à 1 point du 5e !
Après avoir accueilli l’OM, PSG, Monaco et le gratin de la L1, il faudra s’y faire : NO va désormais se frotter à Marignane, Villefranche, Avranches et Versailles, au 3e niveau de la hiérarchie française, où se mélangent les pros (9 clubs) et les amateurs (9 clubs). Bien sûr, le National s’est « professionnalisé » depuis 2012 et son dernier passage dans l’antichambre du monde pro, mais sur la forme essentiellement. Car sur le fond, cette compétition hybride est toujours aussi peu viable.
Le club gardois conserve néanmoins l’avantage d’un statut pro qu’il perdrait en cas de descente en National 2. Ne riez pas, c’est très sérieux. Car avec 6 descentes sur 18, regarder derrière est une obligation. Assurer au plus vite ses arrières est vital. Certes l’équipe n’a perdu qu’un seul de ses sept premiers matchs, mais elle est tout de même en position de relégable, et ça, « ça en dit long sur l’homogénéité de ce championnat, commentait Bompard après la rencontre face à Nancy. On est encore relégable mais à un point du 5e, vous vous rendez-compte ? «
Le coach n’est pas au bout de ses peines… Car des victoires, il va en falloir encore beaucoup pour, au moins, se maintenir : une bonne douzaine au total si le club ne veut pas trop souffrir et regarder derrière (avec 10 succès, Nancy est descendu la saison passée avant d’être repêché administrativement).
A Nîmes, les joueurs jouent, les supporters supportent, l’entraîneur entraîne mais le président, lui, est absent. C’est bien là tout le problème…
Valentin (supporter de NO) :
« C’est triste, mais on fait avec »
Valentin a 16 ans. Il supporte Nîmes Olympique depuis… 16 ans. Depuis, plus précisément, le 24 août 2007, jour de sa naissance, comme inscrit sur son compte Twitter (compte X dorénavant !), où il est également stipulé « supporter nîmois jusqu’à la mort » ! Avec, en photo de profil, un montage que ne renieraient pas les Gladiators 1991, Nemausus 2013 ou le Club Central : un dessin du président Rani Assaf, avec un nez de clown, et l’inscription « Rani casse toi ! ».
Comme le millier de spectateurs présents, Valentin attendait le premier succès de SON équipe aux Antonins cette saison en championnat. Il est finalement arrivé, dans la douleur, vendredi dernier face à Nancy (1-0), un adversaire qui lui n’avait pas encore perdu. Un soulagement. Un peu de baume au coeur dans une année compliquée, marquée par la relégation de Ligue 2 en National et de nombreux problèmes juridico-administratifs.
Car à Nîmes, c’est bien moins l’actualité sportive qui fait la Une du Midi-Libre, que celle qui se joue en coulisses. Une situation qui peine Valentin, à fond derrière son équipe, mais pas derrière son président. Avec une éloquence impressionnante pour son jeune âge, le futur cuisinier, qui voulait d’abord être journaliste, fait un état des lieux de la situation. Ces propos sont clairs et limpides. Bon, s’il est aussi à l’aise dans le rôle de l’intervieweur que de l’interviewé, rien ne l’interdit de revoir sa copie pour, peut-être un jour, écrire des articles sur NO et parler de l’actualité de son club au micro, ou troquer sa toque contre sa plume !
Valentin, tu dis supporter Nîmes Olympique depuis ta naissance… Oui, depuis 16 ans ! Depuis ma naissance ! Bon, vraiment, depuis 10 ans en fait. Mais j’ai toujours eu cette passion pour le club. Elle vient de mes parents, de mes frères. D’ailleurs, j’ai un de mes frères qui a joué un peu au foot, mais à un très bas niveau. En fait, c’est surtout de regarder les matchs que j’aime. Mon premier match ? C’était avec mon père aux Costières, forcément. Je supporte Nîmes et que Nîmes. C’est ma passion. Je viens à tous les matchs à domicile, seul, comme ce soir (contre Nancy) ou avec des amis.
Tu fais des déplacements parfois ? Non, je n’en ai pas encore fait, mais j’envisage d’en faire un.
Alors comment fais-tu pour suivre NO quand l’équipe joue à l’extérieur ? Cette saison, je regarde les matchs sur FFF TV, qui diffuse le National. Sinon, l’an passé, sur Prime vidéo. Mais je suis toujours présent pour les rencontres à domicile.
Tu ne fais partie d’aucune association de supporters, comme les Gladiators ? Non, je ne fais pas partie des Gladiators, mais je les soutiens dans mon coin on va dire ! Il y a trois associations de supporters, Gladiators, Nemausus 2013 et le club central des supporters du NO.
Tu vas aux entraînements aussi ? J’essaie d’aller en voir quelques-uns mais c’est compliqué parce que j’ai cours. Et puis le camp d’entraînement de La Bastide est délabré. Les joueurs sont obligés de manger à la cantine du camping à côté, et certains font leur sieste dans leur voiture, on n’a jamais vu ça.
Alors, il est où Rani Assaf ? Tu l’as déjà vu ? Bonne question ! Non, je ne l’ai jamais vu mais on sait qu’il est revenu de vacances dernièrement et cette semaine je crois (la semaine dernière), il a rencontré le coach.
Et ce projet Nemausus, il en est où ? Alors, au niveau des Costières, le problème, c’est que Rani Assaf veut racheter le complexe pour pouvoir le raser et faire son nouveau stade, mais son projet, qui est plutôt un projet immobilier et commercial que sportif, s’est vu opposer un refus donc il est obligé de revoir sa copie pour essayer de le faire accepter. Pour qu’il puisse racheter les Costières et bâtir son projet.
Cette situation, ça t’inspire quoi ? Elle m’attriste, moi qui ai connu Nîmes Olympique au plus haut niveau… Mais tant que Rani Assaf sera à la tête du club, cela ne bougera pas trop. Il est en conflit permanent avec les groupes de supporters. L’opposition est grande. C’est malheureux, ça plombe l’ambiance. Nîmes Olympique, on l’appelait « Le petit Marseille » avant… donc… On est en plein dedans. Nîmes, c’est une grosse ambiance normalement, c’est la ferveur. C’était comme ça y’a encore pas longtemps. Là, c’est triste, mais on fait avec.
Malgré tout, il y avait un peu d’ambiance aux Antonins, où l’on a vraiment senti les spectateurs derrière leur équipe… Oui, parce qu’on est tous concernés. On est tous attristés, on est tous pareils, mais on vient pour encourager et supporter nos joueurs, pour leur montrer que l’on est derrière eux, même si le contexte est difficile.
Ce stade des Antonins, tu en penses quoi ? J’aime bien l’architecture du stade, mais c’est provisoire, donc ce n’est pas très « solide », dans le sens où l’on ne va pas jouer là-dedans pendant dix ans. En principe.
Tu arrives à t’identifier à équipe 2023-24, qui a beaucoup changé ? C’est vrai qu’à part quelques-uns, il y a quand même beaucoup de nouveaux joueurs, qui viennent pour la plupart de N2 et de N3. On s’y fait. C’est sûr que, comme ça bouge beaucoup, on n’arrive pas trop à voir où va cette équipe mais elle a un beau potentiel, regardez ce soir, contre Nancy, on l’a bien vu. Malheureusement, ce potentiel est encore un peu « caché ».
C’est quoi, ton rêve pour Nîmes Olympique aujourd’hui ? Mon rêve, c’est de remonter, de retrouver l’ambiance qu’il y avait aux Costières. On ne demande pas la coupe d’Europe, mais au moins la Ligue 1, avec de l’ambiance, de la ferveur. Aux Costières, j’avais des frissons, j’avais les larmes aux yeux, tellement c’était beau.
Ton plus beau souvenir depuis que tu supporters NO ? La victoire face à Montpellier lors de la dernière saison en Ligue 1, ou les victoires face à l’OM.
C’est qui le joueur emblématique du NO, selon toi ? Renaud Ripart. Je pense que tous les supporters du NO sont d’accord avec moi ! Renaud, c’est le symbole nîmois de ces dernières années.
Fin 2019, après la première saison en Ligue 1, quand tu as vu partir tous ces joueurs, qu’as-tu pensé ? On a senti que c’était le déclin. Après la première saison en L1, tout le monde est parti, et on a recruté très peu de joueurs. Donc les difficultés, la chute, sont parties de là. Lors de la deuxième saison, c’est la Covid qui nous sauve, mais après, la 3e saison, même si on n’a pas fait un mauvais championnat, cela n’a pas suffi.
C’était comment la saison passée, en Ligue 2 ? C’était compliqué. On a eu défaite sur défaite, on a vu peu de beaux matchs, même si on en a eu quelques-uns comme face à Amiens ou Bordeaux.
Quant tu critiques Rani Assaf, tu n’as pas peur d’être interdit de stade après ? Personne ne va m’interdire de venir supporter mon club, de venir au stade. Je sais qu’il est en conflit avec les Gladiators 1991 car il leur a interdit une pancarte récemment.
C’est quoi, le problème entre le président et les Gladiators ? En fait, les Gladiators sont réputés pour mettre de l’ambiance au stade et aussi pour craquer des fumigènes, or craquer des fumigènes, ça coute de l’argent au club en amendes, et Assaf a dit stop. Malheureusement, les Gladiators ne veulent pas cesser de faire ça, donc Rani Assaf leur a fermé la tribune. Aux Antonins, ils ont recommencé, alors des interdictions de stade leur ont été envoyées, mais elles ont été envoyées à certaines personnes au hasard ! La situation n’évolue pas. Je peux vous dire que l’ambiance qu’ils mettaient, ça manque beaucoup, notamment pour pousser notre équipe, et Frédéric Bompard, le coach, les a réclamés. Il faut pousser son équipe, il faut de l’ambiance, Il faut encourager cette équipe qui manque un peu d’expérience, qui est jeune.
Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photos : DR, 13HF et NîmesOlympique
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Originaire de La Réunion, le gardien de 30 ans, qui évolue à Thonon Evian Grand Genève (N2), a effectué tous ses choix de carrière en fonction de la sélection nationale de Madagascar, dont il est fier de défendre les couleurs.
Très impliqué dans le développement du poste de gardien de but à La Réunion, le joueur de Thonon Evian Grand Genève (N2), qu’il a rejoint en 2022 après des passages à Créteil, Mouscron, Amiens AC, Mulhouse, Louhans-Cuiseaux et Martigues, compte près de 150 matchs en National 2. Travailleur acharné, ambitieux, il a soif de titres. Rencontre.
« La porte est ouverte aux jeunes, c’est la force de notre île. »
Issu d’une famille de sportifs, c’est tout naturellement que Melvin s’est tourné vers le football. « A La Réunion, c’est le sport numéro 1 ! Quand on n’a rien à faire tous les week-ends on va voir le foot avec les parents. Tous mes amis, mes oncles, mon père, ma mère jouaient au foot. J’ai commencé le foot, tout petit, comme ça. »
Originaire de la ville du Port, il découvre ce sport sur son île. « Les infrastructures sont bien, ça reste la France. Il y a beaucoup d’opportunités parce qu’il y a beaucoup de clubs. Même si un petit n’a pas beaucoup de qualités, les clubs lui donnent l’opportunité de s’épanouir. Peu importe les classes sociales, la porte est ouverte aux jeunes, c’est ce qui fait la force de notre île. Je viens d’une famille avec pas beaucoup de moyens et c’étaient mes entraîneurs qui venaient me chercher pour aller à l’entraînement. »
« A l’école, on me disait que ce footballeur n’était pas un métier. »
Pour réaliser son rêve d’enfant Melvin décide de venir en Métropole à ses 14 ans chez son oncle à Nîmes. « Quand on me posait la question à l’école, j’ai toujours dit que je voulais être footballeur, ils me disaient que ce n’était pas un métier. » Après des essais infructueux à Montpellier et une luxation à l’épaule, le manque de la famille se fait sentir. « C’était très compliqué donc je suis reparti à La Réunion pour finir mes études. » Avec plus de maturité, le Réunionnais décide de retenter sa chance, à Paris cette fois-ci. « Mon entraîneur de la sélection réunionnaise, Claude Barrabé (sélectionneur de l’équipe de France de Beach Soccer, ancien gardien pro au PSG, Brest, Caen, Montpellier, Créteil), m’a donné l’opportunité de m’entraîner à Créteil (National) avec Jean-Luc Vasseur. Après le premier entraînement le coach de Créteil a dit « lui il ne rentre plus, il reste avec nous ». De base j’étais venu ici pour travailler, pour pouvoir devenir un homme responsable, trouver de la stabilité et aider ma famille. J’ai eu l’opportunité d’avoir le foot. La première personne que j’ai appelée c’était mon père, puis mes coachs de La Réunion, ils m’ont dit « t’as les qualités pour réussir, t’as le mental, le foot c’est ce qui t’as fait grandir, qui t’as donné une éducation, tentes ta chance ». »
« En 6 mois, j’ai fini N°2. J’ai travaillé, je me suis donné les moyens »
Après quelques mois passés avec le groupe professionnel à Créteil, Melvin rentre à La Réunion pour un match de gala qui rassemblait les footballeurs réunionnais : Dimitri Payet, Fabrice Abriel, Guillaume Hoarau, Thomas Fontaine, Ronny Rodelin… « Il y avait un agent de joueur qui travaillait avec ces mecs-là. J’ai pris contact avec lui, il m’a dit « je vais t’aider, toi t’es footballeur et moi je suis agent, je vais faire mon travail ». » J’ai travaillé et au final il m’a envoyé pour un essai à Mouscron en Belgique (D2). L’essai a duré d’une semaine, au final je suis resté. J’ai signé mon premier contrat pro en Belgique mais à Lille au domaine de Luchin. Le club appartenant au LOSC, on s’entrainait là-bas. Cette année là on a réussi à monter en D1 Belge. »
Dans la première division du championnat Belge, des normes s’appliquent avec un nombre de joueurs maximum français sur la feuille de match. « Quand t’es gardien français tu perds un petit peu ta place. » Mais après une grosse préparation avec la réserve du LOSC, le coach de Mouscron décide de garder le portier en tant que numéro 4. « En 6 mois, j’ai fini numéro 2. J’ai travaillé, je me suis donné les moyens, toujours présent à l’entraînement, toujours pro. On a joué les barrages pour aller en Europa League, c’était beau. »
« Tu joues au foot pour ce moments-là ! »
En 2016, Melvin Adrien rentre en France et signe à Amiens AC en National 2. « La sélection avait fait appel à moi. Pour être appelé en sélection, il faut jouer, il faut être vu. Claude Barrabé, qui m’a toujours aidé jusqu’à maintenant, m’a dit : « si tu choisis la sélection, va jouer ». Donc j’ai décidé de retourner dans le monde amateur pour être numéro 1 dans un club et préparer cette place en sélection. C’était une stratégie payante. »
Plus de 140 matchs en National 2 plus tard, le portier ne regrette pas son choix. « J’avais des opportunités en National ou un peu plus haut à l’étranger, mais je voulais toujours jouer par rapport à mon jeune âge et pour me préparer pour représenter l’équipe nationale. Dans tous les clubs où je suis passé j’étais numéro 1. Cela m’a permis d’arriver en sélection prêt et avec un certain volume de jeu. »
De nombreux réunionnais ayant des origines malgaches, la sélection de Madagascar comporte de nombreux réunionnais d’origine dans ses rangs. Pour le Portois, c’était le fruit d’une longue réflexion. « Le père de ma mère était malgache, moi je ne l’ai pas connu. J’ai appelé mes parents, mes entraîneurs, pendant 2 mois c’était de longues discussions. Au final ce n’était pas un choix difficile parce que jouer pour son pays c’est incroyable, tu joues au foot pour ces moments-là. J’ai débuté comme ça contre les Comores en amical le 11 novembre 2017. Après je n’ai plus été rappelé pendant un an. C’était un moment difficile parce que j’ai choisi de rester dans le monde semi-professionnel pour pouvoir aller en sélection. »
« Je vais leur montrer que j’existe et je vais exister pour ce pays »
Arrivé à Martigues en 2018, Melvin continue de privilégier le temps de jeu. « Ma femme, mon entourage, ma famille m’ont toujours dit d’y croire. Thomas Fontaine (FC Sochaux) était en sélection quand je n’y étais pas, il m’appelait après toutes les sélections pour me dire « fais ta saison et tu vas voir tu seras là. »
Madagascar s’est qualifié pour la Coupe d’Afrique des Nations 2019 en Egypte, la première de son histoire, sans lui. Mais Melvin a enchaîné une superbe deuxième partie de saison avec le club sudiste et se voit convoqué pour disputer la compétition. « Ils se sont qualifiés à la CAN 2019 sans moi, ça m’a fait du mal. Avec le gardien qui jouait (Ibrahima Dabo) on était amis depuis Créteil. On s’est préparé pendant un mois, et tout ce temps j’avais en tête d’être numéro 1. Rudy Jeanne-Rose (entraîneur des gardiens) m’a tout de suite mis dans le vif du sujet. Juste avant le premier match contre la Guinée, je ne savais pas que j’allais jouer. J’ai vu mon nom à la causerie j’étais le plus content pour moi mais aussi pour mon père et ma mère. Je me suis dis » l’heure est arrivée et je dois donner le meilleur de moi-même. Je suis prêt, je vais leur montrer que j’existe dans cette équipe et je vais exister pour ce pays ». »
« On a écrit l’histoire, j’espère qu’il y aura encore d’autres pages »
Le réunionnais a joué toute la compétition titulaire. Avec des victoires contre le Burundi (1-0), le Nigeria (2-0) et la République Démocratique du Congo (4-2 aux t.a.b), 2-2), le parcours de l’équipe de Madagascar a été une première historique pour cette petite nation du football. Leur aventure s’est arrêtée en quarts de finale face à la Tunisie (0-3).
« On avait un super groupe de copains, c’était plus qu’une amitié. Quand on m’a donné ma chance dans une très grande compétition comme celle-ci, reconnue mondialement, je me suis donné les moyens en travaillant avec beaucoup d’humilité, beaucoup de patience, j’ai fait mon maximum, j’ai donné le meilleur de moi-même, parce que mes coéquipiers se donnaient aussi pour moi. Pour le pays qu’on est, ça n’a pas de prix de donner le sourire aux gens qui ont vécu ça avec nous. On a écrit l’histoire, j’espère qu’il y aura encore d’autres pages. »
« Les gardiens réunionnais ont ce côté revanchard »
Melvin s’implique beaucoup sur son île natale pour développer le poste de gardien de but. Pour la quatrième saison consécutive, il organise des stages de perfectionnement avec comme invité cette année Steve Mandanda (Stade Rennais).
« Je n’ai pas eu cette opportunité en étant jeune ; les gens qui m’accompagnent sont des gens avec des valeurs sur qui je peux compter : Rudy Jeanne-Rose (entraîneur gardiens U17, PSG), Riffi Mandanda (ancien gardien pro, agent de joueur), Steve Elana (ancien gardien pro, directeur d’une académie de gardiens à Aix-en-Provence). C’est une structure assez stratégique pour donner les moyens aux jeunes quand ils viennent en métropole. Ils peuvent être accompagnés d’un agent, d’une académie et d’un formateur. Le but est d’essayer de sortir de bons gardiens de La Réunion, parce que mentalement on est costauds. Les gardiens on a ce côté revanchard, on a cette opportunité de réussir grâce à notre mental. »
Melvin Adrien, du tac au tac
Meilleur souvenir sportif ?
La CAN 2019
Pire souvenir sportif ?
La non-qualification à la CAN 2021
Combien de clean sheets ?
Ouh là, pas mal (rires)
Plus belle boulette ? Avec Martigues contre Fréjus / Saint-Raphaël en 2018-2019, en N2. Une sortie aérienne, je boxe le ballon et ça tape la tête d’un joueur adverse.
Plus bel arrêt ?
Du bout des doigts dans les prolongations en 8e de finale de la CAN 2019 contre la République Démocratique du Congo.
Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
C’était un rêve de gosse.
Ton geste technique préféré ?
Un arrêt main opposée.
Qualités défauts sur un terrain selon toi ?
Je suis charismatique mais vite en colère.
Le club ou l’équipe où t’as pris le plus de plaisir ?
J’en j’en prend dans tous les clubs où je joue.
Le club où tu rêverais de jouer dans tes rêves les plus fous ?
L’Olympique de Marseille.
Un match qui t’a marqué ?
Face à la Côte d’Ivoire en qualif CAN 2021.
Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Franck Kessié (Côte d’Ivoire).
Un coéquipier avec qui t’aimerais rejouer ?
Ronny Rodelin (Mouscron D1 Belge)
Un coach que t’aimerais revoir ?
Eric Chelle, que j’ai eu à Martigues et actuel sélectionneur du Mali.
Une causerie de coach marquante ?
Une causerie de mon coach de La Réunion, Thierry Zitte.
Une anecdote de vestiaire ?
Le vestiaire de Madagascar avant les matchs avec les danses et les chants était animé.
Une devise, un dicton ?
Tant qu’on est en vie, on a toujours de l’espoir.
Termine la phrase, tu es un gardien plutôt…
Complet.
Un modèle de joueur ?
Steve Mandanda.
Une idole de jeunesse ?
Emmanuel Ledoyen.
Un plat une boisson ?
Rougail morue et cot citron.
Tes loisirs ?
La coiffure et la moto.
Un film culte ?
Never back down.
Dernier match que tu as vu ?
Servette FC contre Glasgow Rangers (qualification LDC)
Thonon Evian Grand Genève en deux mots ?
Ambitieux et professionnel.
Texte : Olesya Arsenieva / Twitter : @ArseneviaO
Photos : Philippe Le Bech (sauf mentions spéciales)
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Après huit saisons en National, l’ancien coach de Luçon, des Herbiers et d’Avranches, connu pour son amour du beau jeu, a permis à La Roche-sur-Yon de retrouver, 20 ans après, le N2. Sans jamais se départir de ses principes. Sans jamais renier sa personnalité.
De Frédéric Reculeau, l’on sait au moins une chose : il ne faut pas compter sur lui pour faire de la « com » ! A l’heure du tout digital, des réseaux sociaux, de l’image et du paraître, cela peut constituer un frein dans une carrière.
L’intéressé, qui ne sera jamais taxé de nomophobie, le confirme et assume. Cela lui a d’ailleurs peut-être coûté un poste en National cet été, où un projet sportif l’intéressait, moins celui de la communication, dont le club voulait faire un axe fort. Et ça, ce n’est pas son truc : « C’est vrai, je ne suis pas très téléphone, pas très média et tout ça, reconnaît-il. Même si je sais très bien que la communication, aujourd’hui, c’est important. Un club de National voulait aussi baser son projet là-dessus : je leur ai dit « attention, je ne suis pas non plus un entraîneur qui communique et s’exprime beaucoup sur les réseaux. J’ai préféré être clair et honnête. Je n’ai pas envie de vendre du rêve. Voilà, le projet m’intéressait, mais cela m’a sans doute coûté la place ».
Esthète et chantre du beau jeu
Dans l’entretien que le Vendéen – il est né à Fontenay-le-Comte – de 51 ans nous a accordés, Frédéric Reculeau ne fait jamais de com’. L’on comprend très vite que, son truc à lui, l’esthète, le chantre du beau jeu, c’est le terrain, le jeu (si possible bien léché), le ballon.
Après plusieurs semaines de brefs échanges par SMS, le coach, qui avait immédiatement donné son aval pour cet entretien en visio avant d’être plus difficile à joindre (soyons francs, on lui avait dit que ce n’était pas pressé !), évoque le foot en Vendée et à La Roche-sur-Yon bien sûr, son nouveau club, qu’il a fait grimper de N3 en N2 au printemps dernier, un échelon que les habitués du stade Henri-Desgrange n’avaient plus connu des lustres. Depuis 20 ans ! Et encore, l’on ne vous parle pas de l’époque des années 80/90, lorsque la préfecture du 85 avait vu ses deux clubs – Le FC Yonnais et l’AEPB (Amicale des écoles publiques du Bourg-sous-la-Roche) – se croiser en Division 2, avant que le second n’absorbe le premier, pour devenir La Roche Vendée Football en 1989.
Luçon, la révélation
Frédéric Reculeau revient aussi sur l’épisode douloureux des Herbiers, où il fut limogé en janvier 2018, quatre mois avant ce qui allait devenir l’un des plus grands exploits du foot amateur en coupe de France (le club herbretais, alors en National, s’est hissé jusqu’en finale, battu par le PSG, avant d’être relégué en N2 quatre jours plus tard, lors de l’ultime journée).
Il remue également le douloureux passé avec ce projet de fusion avorté en 2016 entre La Roche-sur-Yon et Luçon, cette petite bourgade de 9500 habitants qu’il avait contribuée, avec son père Michel, président, et ses joueurs, à placer sur la carte de France… Ce même père, au coeur du projet sportif aujourd’hui à La Roche (il est vice-président chargé des seniors) et qui l’a fait venir 2022 pour entraîner la N3.
Mieux encore, le Luçon Vendée Football s’était forgé une sacrée réputation : celle d’une équipe reconnue pour la qualité de son jeu, au point de se voir affûbler du surnom de « Barça du National » par Bruno Luzi, l’ex-entraîneur de Chambly, aujourd’hui en poste à Compiègne en N3.
Cette étiquette, celle d’un entraîneur esthète, qui aime les relances courtes à en mourir, il en parle avec d’autant plus de facilité que c’est son ADN. Sa raison d’entraîner. Reculeau se nourrit de beau jeu et de plaisir, au point de comparer ça à un « délire ». Au point, parfois, d’agacer ses dirigeants, comme son ancien président à Avranches, où il a passé quatre saisons en National. Après une défaite à domicile contre Sedan, en février 2022, voilà ce que Gilbert Guérin avait dit : « notre système de jeu est très ambitieux. Un système de jeu beau à voir et sans doute très efficace quand on est le PSG mais difficile à appliquer à Avranches… ».
Interview
« J’ai haï la télé, la presse, tout le monde… »
Frédéric, quand on regarde l’historique agité du foot en Vendée depuis plus de 30 ans, on se croirait dans les Bouches-du-Rhône, non ? La Roche-sur-Yon, ce n’est pas un peu l’OM de l’Ouest ?
(Rires) Oui, c’était un peu ça ! Il y a eu des histoires de clubs en Vendée. Avec Les Herbiers, la notoriété du Puy du fou et un président connu (Philippe de Villiers). Avec Le Poiré-sur-Vie, le président Cougnaud et son entreprise : eux aussi ont loupé de peu l’accession en Ligue 2, comme Luçon, où c’était une une histoire d’hommes, avec mon papa, Michel, président, qui a cru à un projet et qui m’a mis en place comme entraîneur ; ça a pris, on n’est pas passé loin non plus de la Ligue 2. Et il y a eu Fontenay-le-Conte aussi en CFA (N2). C’est vrai que la Vendée est une terre de football, c’est ce qui fait sa force. Sa faiblesse est, peut-être, de ne pas s’être uni à un moment donné pour pouvoir créer quelque chose de fort.
Vous faites référence à la fusion avortée en 2016 entre Luçon et La Roche ?
Oui. Il y a 7 ans, avec Luçon, on a sollicité La Roche-sur-Yon pour se rapprocher parce que le maire de notre commune voyait que le cahier des charges en National devenait très compliqué, entre l’éclairage, la capacité d’accueil, les infrastructures, etc., Elle ne pouvait pas suivre. L’équipe technique de Luçon avait mis en place quelque chose de fort au niveau « sportif », qui fonctionnait bien, mais il manquait la structure et la capacité financière pour relever un défi, celui d’aller chercher le monde pro. On a voulu se rapprocher de La Roche Vendée Football, logiquement, parce que c’est LA ville et le club référence en Vendée, mais on s’est vu opposer un refus de la part des gens en place à La Roche, et qui sont d’ailleurs toujours en place aujourd’hui.
Vous parlez du président Christophe Chabot, celui qui, finalement, a fait venir votre papa et vous à La Roche ?
Oui, voilà, donc quand il est venu me chercher il y a un an et demi, c’était nos premiers échanges et forcément je lui en voulais. Parce que j’étais convaincu que, sportivement, l’on pouvait faire quelque chose de fort ensemble à l’époque. Surtout que le refus de se réunir, de mettre en place ce projet, n’avait jamais été clair à l’époque, on n’a jamais vraiment su pourquoi cela ne s’était pas fait, même si je sais que c’est une histoire d’hommes, parce que ça fonctionne comme ça dans le football. Nous, en tout cas, à Luçon, on était habité par ce projet. On était convaincu que c’était la solution. On voulait juste unir nos forces pour que la Vendée ait un club fort. Je lui en ai voulu. Bon, voilà, il m’a soumis ses regrets de ne pas avoir soutenu le truc à l’époque. Là, on essaie de repartir dans un projet vendéen, avec La Roche-sur-Yon. Cela faisait 20 ans que le club attendait de retrouver le National 2. On y est parvenu en un an. Maintenant, la difficulté, c’est de se maintenir, parce que le club est en construction.
« Un des chantiers, c’est le public »
Ça veut dire quoi, un club en construction ?
Il y a beaucoup de travail. La Roche Vendée Football n’est pas prêt, actuellement, pour aller chercher le haut niveau. Mais le club a un vrai potentiel : il faut juste mettre les choses en place pour l’exploiter. Ici, il y a tout à faire, sans manquer de respect aux personnes qui étaient là avant. On sent une adhésion, une adrénaline qui se met en route. Quand on va voir les jeunes, les matchs, les clubs voisins, on sent une attente. Les gens ont envie de revoir un club vendéen au plus haut niveau. À un moment donné, on a cru que Les Herbiers seraient en capacité de le faire : ils n’ont pas réussi, et aujourd’hui, nous sommes au même niveau qu’eux. Donc on se donne la possibilité de mettre ça en place.
En National 2, vos joueurs s’entraînent le matin, comme en National ?
Oui et c’était ma volonté. La saison précédente (2021-2022), avec Charles Devineau, les joueurs s’entraînaient 3 ou 4 fois par semaine le soir. Moi, j’avais dit au président que, si je venais, je voulais faire mon métier, c’est à dire que l’on réussisse à avoir des joueurs en National 3 à disposition, afin de s’entraîner tous les jours et d’anticiper une éventuelle montée, de manière à ce que personne ne soit surpris en National 2. L’an passé, en N3, j’avais entre 14 et 18 joueurs tous les matins, et le groupe entier avec ceux qui travaillaient, sur un ou deux soirs à 17 heures. Là, cette année, on a mis en place toutes les séances le matin pour se projeter sur quelque fort de fort. Alors oui, on s’entraîne comme en National, mais je sais aussi qu’en N2, même s’il n’en reste pas beaucoup, il y a encore quelques clubs qui s’entraînent le soir.
Le public adhère à La Roche ?
Le gros chantier, c’est le public aussi. Il faut retrouver une adhésion de la part des gens, pour les faire venir au stade. On a fait un petit millier sur nos premiers matchs. Mais par exemple, pour le match de la montée en N2 la saison passée, on a fait entre 4000 et 5000 spectateurs, donc le potentiel est là. Ici, c’est une terre de foot, le club a évolué en Division 2. Maintenant, il faut que les résultats soient là, que le club s’ouvre et inspire la sérénité aussi, parce que ça fait 20 ans que le foot, c’est compliqué à La Roche. Donc il faut remettre pas mal de choses en place. Il y a un vrai travail de fond et on sait bien que cela ne se fera pas en 6 mois. Déjà, il faut se maintenir. Ensuite, essayer d’aller chercher une division supplémentaire, pour faire revenir les gens au stade.
« Avec Stéphane Masala, il n ‘y a pas eu de retour… »
Avec votre adjoint, Benjamin Guillou, vous avez une histoire en commun…
Oui, j’ai été son coach à Luçon ! « Benji » a ensuite été l’adjoint de Stéphane Masala aux Herbiers. C’est encore une histoire de vie : quand je l’ai appelé, cela n’a pas été simple pour lui. J’étais son coach, alors devenir mon adjoint… Sur l’homme, je n’avais pas de réticence, je le connaissais, je savais comment il était, ses valeurs me correspondaient. Sur la capacité à avoir le même message que le mien et ne pas en passer des différents aux joueurs, sur la même vision du foot, il fallait voir si cela allait fonctionner : très vite, on a compris qu’on pouvait faire des choses ensemble et se mettre au service de l’autre. On n’a pas eu de difficulté à se projeter. Je sais bien qu’il existe des staffs qui ne sont pas forcément en phase, mais pour moi, ce n’est pas possible, je ne le conçois pas. Il me faut quelqu’un en phase avec moi, surtout que je suis un peu « foufou » dans mon approche du foot, je suis quelqu’un d’un peu différent. Donc il fallait que l’adjoint adhère à ça.
Surtout que vous aviez eu l’expérience des Herbiers, avec Stéphane Masala…
Avec « Stef » aussi, on avait la même vision. C’est un garçon qui est venu d’abord en tant que joueur à Luçon et que j’ai tout de suite nommé capitaine. C’était mon relais. Et puis, très vite, le feeling est passé entre nous. On s’est rapproché. On est devenu des amis. En fait, lui n’était pas dans ce football-là : c’est d’ailleurs la différence entre nous. Il arrivait du monde pro, de Reims, et moi je ne connaissais que le monde amateur. Et cette différence, c’est justement ce qui a fait notre force. Avec sa vision très pragmatique du foot et ma vision, mes idées, ça a matché tout de suite et c’est ce qui a fait que l’on a fait de belles choses ensemble, après, il s’est passé ce qui s’est passé…
Quand vous avez été débarqué des Herbiers, début 2018, le club était déjà qualifié pour les 16es de finale de coupe de France avant d’aller en finale : c’était dur ?
C’était très dur. C’était une période très compliquée. J’ai haï la télé, j’ai haï la presse, j’ai haï tout le monde. Mais je ne me disais pas « Je devrais être là », parce que mon licenciement, je vais être très honnête, je ne dis pas que je méritais ça, mais ce n’était pas anodin non plus, j’avais des problèmes personnels qui m’ont fait prendre des choix. Je n’ai pas délaissé mon métier d’entraîneur mais je sais qu’à un moment donné, j’étais moins dans la qualité parce que j’ai fait un choix de vie d’accompagner des gens… Forcément, ce licenciement… Forcément que j’en veux à … parce que je sais qu’il y a une raison, et avec l’histoire qui s’est passée après, avec la coupe de France, cela a été très compliqué. Avec « Stef » (Stéphane Masala, son adjoint aux Herbiers), on ne s’est pas revu depuis, donc, y’a ça aussi, y’a une histoire de vie, je suis le parrain de sa fille, ce n’est pas rien. C’est le contexte dans son ensemble : la coupe de France bien sûr, mais c’est surtout l’histoire d’hommes qui a été compliquée.
C’est toujours cassé entre vous et Masala ?
(Silence). Ouep… Pour l’instant il n’y a pas eu de retour…
Après avoir longtemps coaché en National (Luçon, Les Herbiers, Avranches), redescendre en N3 n’a-t-il pas été compliqué ?
Si. Il y a eu des moments de doute. Des moments où je me suis dit « ce n’est pas le même football, ce n’est pas la même vie ». Maintenant, en signant à La Roche, je revenais chez moi, aux Sables (d’Olonne), où j’ai un équilibre de vie, où je revois mes amis, où je revois ma famille, et c’est tout ça qui a compensé au départ. Et puis j’ai eu un groupe de joueurs hyper intéressant en N3, le feeling est passé rapidement. On s’entraînait le matin aussi, donc je faisais mon métier. Bon, c’est vrai que je sortais d’un club très structuré à Avranches et d’un niveau de compétition supérieur, mais le fait est que l’on a pris beaucoup de plaisir la saison passée. On avait ce défi de la montée à relever, je me suis mis ça en tête, et on tous partis là-dedans. Je n’allais pas passer mon temps à regretter mon choix, sinon, on n’aurait pas eu les résultats que l’on a eus. Avec « Benji » (Guillou), c’est vrai que parfois, dans certains stades, ça m’a fait bizarre, mais je savais ou je mettais les pieds, même cela n’a pas été simple les premières semaines. C’est sûr que quand je vois le National cette saison, avec 9 clubs pros, avec Sochaux, Dijon, Nancy, le Red Star, Le Mans, etc., c’est extraordinaire ! On fait ce métier aussi pour ça, pour les ambiances ! Je ne serais pas allé à l’autre bout de la France pour un projet de N3. Je ne l’aurais pas accepté ailleurs qu’en Vendée.
« Parfois, on a pris des tampons avec Luçon »
La particularité de la saison passée en N3, c’était les nombreux derbys aussi…
Pfff… C’était la grande difficulté de ce championnat et c’était aussi ce qui m’avait fait réfléchir, parce que j’avais vu que La Roche avait perdu beaucoup de points dans ces matchs-là auparavant. Cela a été un vrai point de réflexion, car ce sont des choses qui peuvent mettre à mal un projet. Parce que les derbys, on a beau les préparer, on ne les maîtrise pas. Ce sont des matchs différents, avec de la ferveur, et je savais que ces matchs-là allaient être compliqués. Mais voilà, revenir chez moi, face à des clubs vendéens, montrer que mon expérience allait me permettre de contourner cette adversité, que j’étais en capacité de réussir, c’était aussi un challenge pour moi. Heureusement, on y est arrivé !
L’an passé, quand La Roche a perdu sa place de leader au profit du FC Challans, à trois journées de la fin, vous avez douté ?
Oui, sûrement, je ne sais plus ! En tout cas, on s’est remis en question. De toute façon, cette place de leader était difficile à tenir toute la saison, sur la durée. On savait très bien que Challans pouvait la récupérer et qu’ils pouvaient se relâcher ensuite, qu’ils n’allaient pas être en capacité d’assumer ce rôle-là, et c’est ce qui s’est passé. J’avais eu ensuite David Fereira, leur coach la saison passée, et il m’a dit « dès qu’on est passé leaders, au premier entraînement qui a suivi, mes garçons n’étaient plus dans le même état ». Mais j’avais pris des joueurs expérimentés, j’avais fait un recrutement par rapport à ça, avec des Romuald Marie, des Jason Buaillon, etc. On savait bien qu’on n’allait pas avoir 10 points d’avance toute la saison, qu’on pouvait se faire doubler mais que, sur l’expérience des joueurs et du staff, on pouvait retrouver cette première place, et c’est ce qui s’est passé. En fait, on avait anticipé le fait que cela puisse arriver. C’est pour ça que l’on n’a pas été perturbé, même si on a eu des doutes. Notre force a été de ne rien lâcher, et on a fait trois gros derniers matchs pour finir la saison, pendant que Challans a perdu quelques points, parce que, justement, la difficulté d’être leader…
« Mr Guérin m’a dit que j’étais têtu et obstiné »
A l’époque de Luçon, Bruno Luzi, l’entraîneur de Chambly, avait dit de votre équipe qu’elle était « le Barça du National » : est-ce que cela vous a servi ou desservi ?
Cela m’a servi pour ma confiance en moi, pour garder ma projection sur ma vision du football, pour la confiance des joueurs aussi, parce que ça valorisait tout ce que l’on faisait à l’entraînement. C’est vrai qu’à l’époque, vouloir jouer dans l’excès, c’était critiqué : j’ai connu des entraîneurs et des présidents qui m’ont dit que mon football était de l’utopie, un football de rêveur, c’est pour ça qu’avec Luçon, on a raté de peu l’accession en Ligue 2. J’aurais voulu prouver que ce football-là n’était pas juste un football de rêveur. Mais cela nous a desservis face à certaines équipes qui se sont servies de ça, en disant « voilà, vous allez affronter des joueurs qui se prennent pour d’autres ». Quand on se déplaçait, je lisais toujours la même chose dans les journaux, qu’on était le Barça du National : forcément, certains en ont profité pour « monter » leurs joueurs contre nous, et ça nous a desservis sur certains matchs, où on sentait que c’était malsain. Mais nous, on n’avait rien demandé, on ne cherchait pas à avoir une étiquette, on était simplement Luçon, on voulait jouer, prendre du plaisir et gagner nos matchs à travers un projet de jeu, une philosophie. Sur certains matchs, on rentrait dans une opposition qui ressemblait à un conflit, et là, ce n’était plus du foot. C’était un rapport de force. On a pris des vrais tampons et on a passé des matchs pas vraiment sympas où on s’est fait secouer, où on sentait qu’en face, c’était plus une guerre de rivalité. Je ne fais pas du foot pour ça.
Justement, cette réputation ne vous a-t-elle pas joué des tours ? Votre jeu était connu, au point même de fatiguer votre président, Gilbert Guérin, à Avranches ?
(Rires) Cela a été très compliqué de faire rentrer ce protocole de jeu dans sa tête mais quand il a vu aussi, surtout la deuxième saison, que les joueurs avaient adhéré, que son équipe était mise en avant, il a adhéré au truc, il a senti que ça fonctionnait et quelque part lui aussi s’est senti valorisé. Sur la première année, et sur la troisième année, avec un recrutement basé sur des prêts, ça a moins pris, il y avait moins de talent, il y a eu moins d’adhésion : forcément, là, il y a eu des réticences, le projet avait moins de sens, l’élaboration sur le terrain était moins visible et moins qualitative. C’est pour ça aussi que j’ai changé non pas mon projet de jeu mais mon approche, que j’ai demandé à certains joueurs de prendre moins d’initiative. Mais je sais que la majorité des joueurs que j’ai eus ont adhéré. Je ne suis pas fou non plus : si à un moment donné j’avais vu un vrai rejet de la part de mon équipe, j’aurais adapté mon discours. L’adhésion au projet de jeu, c’est une chose, la capacité à pouvoir le réaliser, c’est autre chose : de temps en temps, c’est vrai que la difficulté était là parce que la qualité des joueurs ne permettait pas de le mettre en avant. Certains présidents m’ont dit, « la patte Reculeau, OK, on en entend parler, mais tu as fait monter combien d’équipes ? » J’en suis conscient. Mon regret, c’est de ne avoir eu une équipe de pros et pour leur démontrer que j’étais capable de faire des choses avec un vrai groupe de qualité, pour leur montrer que ce football là, que ce que je prônais, ma façon de faire, pouvait amener des résultats. J’aurais voulu relever ce défi-là. Je ne suis pas passé loin à Luçon et même à Avranches la deuxième année.
« Je ne suis pas complètement con ! »
Mais votre football n’a-t-il pas ses limites ?
Il s’est passé plein de choses avec ce football-là et il existe à d’autres niveaux et avec plein d’autres entraîneurs. C’est vrai que Monsieur Guérin (président d’Avranches) m’a dit que j’étais têtu, obstiné à vouloir ne pas déroger à mon football, et je lui ai répondu que c’était ce que je faisais de mieux et que je maîtrisais le mieux, et que c’est pour ça que je voulais continuer. J’ai prouvé qu’on pouvait le faire mais comme je le disais, je ne suis pas idiot, de temps en temps je sais m’adapter face à des adversaires, face à des moments de saison où l’on est moins bien, je sais changer de système ou d’animation, je ne suis pas complètement « con » !
Avec votre style, une équipe de National peut monter en L2 ?
Les équipes qui sont montées dernièrement, Rodez, Pau, avaient pour beaucoup d’entre elles un système à 5 derrière, et jouaient en 5-3-2 ou 3-5-2, ou 5-4-1. Elles étaient hyper rugueuses défensivement, rigoureuses, disciplinées… Alors c’est vrai, il y a très peu d’équipes joueuses qui montent, même s’il y a beaucoup d’entraîneurs qui ont envie de jouer. De tout cela, j’en était conscient. C’est pour ça, je me répète, que si j’avais eu des joueurs d’un vrai bon niveau, profilé, avec une vraie construction de groupe, un club plus structuré, avec plus de moyens, j’aurais eu des possibilités. On a prouvé avec des clubs comme Avranches, Les Herbiers ou Luçon qu’on pouvait le faire, qu’on n’était pas loin. Mais si on est frileux, et qu’on dit « je vais essayer pour voir », c’est sûr que là, c’est voué à l’échec. Si l’on est complètement investi, habité par son projet et que l’on y croit, on peut réussir. J’aurais voulu tenter ce pari-là. En National, c’est vrai que l’on dit que, soit on a une équipe joueuse avec un vrai potentiel de joueurs, et là, on peut jouer, mais que si on essaie de jouer mais que l’on est une équipe moyenne, alors, face aux équipes mieux disciplinées et hyper structurées, ça ne passe pas. Moi, il m’a manqué une structure complète pour pouvoir jouer le haut de tableau et imposer un fort projet de jeu.
Entraîner en pro, vous pensez que cela vous arrivera ?
Ce n’est pas une ambition. J’ai 51 ans. Je sais que cela peut encore se faire. A Nantes, ou ailleurs, je n’y suis pas allé par réflexion, par choix, par crainte aussi. Si je n’y vais pas, je ne me lamenterai pas sur mon sort.
Vous pensez que c’est plus difficile pour un coach comme vous, de toucher le monde pro ?
Par expérience, je vois que ceux qui y sont allés, ce sont ceux qui sont montés avec leur club, je pense aux Nicolas Usaï, Hervé Della Maggiore, par exemple, qui sont montés avec leurs clubs amateurs, de National en Ligue 2. Ils ont pu profiter de leur dynamique de de l’ascension de leur club, et c’est logique, car ils ont fait du bon travail. J’aurais peut-être pu avoir cette opportunité avec Avranches lors de ma 2e année là-bas, quand la Covid a stoppé la saison, mais je sais très bien qu’un club pro qui vient chercher un entraîneur amateur avec un CV « vide » de toute expérience dans le monde professionnel, c’est plus compliqué. J’en suis conscient.
Pourtant, en 2017, vous avez failli partir à Nantes : pourquoi est-ce que cela ne s’est pas fait ?
Nantes, ce n’était pas pour prendre les pros, mais l’équipe réserve. Je pense que j’aurais dû passer le cap, oui. On était deux à décider, avec « Stef » (Stéphane) Masala, mais bon, c’est comme ça. C’est un regret. Je suis resté aux Herbiers. Après, je ne dis pas ça parce que cela s’est mal passé ensuite aux Herbiers. C’est juste que c’était une vraie opportunité d’intégrer un club pro, de continuer mon apprentissage. Peut-être que cela m’aurait permis de faire évoluer ma carrière différemment. Mais ce n’est pas un regret dans le sens « carriériste », car je ne suis pas carriériste.
Frédéric Reculeau, du tac au tac
« Entraîneur, cela a toujours été une vocation »
Meilleur souvenir d’entraîneur ?
Le 16e de finale de coupe de France à La Beaujoire avec le Vendée Luçon football, contre Lyon (en janvier 2012).
Pire souvenir ?
Une blessure, quand j’étais joueur, à Luçon, en 32e de finale de coupe de France, contre le PSG, après un choc au ménisque au bout de 13 minutes.
La saison où vous avez pris le plus de plaisir sur un banc d’entraîneur ?
Quand on est monté de CFA en National avec Luçon. C’était une saison particulière. Je n’ai pas l’année, désolé (en 2013, Ndlr) !
Inversement, la saison où vous avez pris le moins de plaisir ?
C’est quand j’étais joueur à Luçon, quand j’ai vécu une descente, c’était compliqué là.
Un match référence avec vous sur le banc ?
J’ai pris beaucoup de plaisir avec toutes les équipes que j’ai dirigées, aux Herbiers aussi où j’ai fait deux 1/16es de finale de coupe de France même si ça s’est mal passé ensuite, on a éliminé deux équipes de Ligue 2 la première année. Quand j’ai été licencié, on était encore en 16e, mais je n’ai pas de match référence. Ma référence, c’était mon football et mon projet de jeu à travers l’équipe et les joueurs que j’avais au quotidien.
Une erreur de casting dans votre carrière de coach ?
Oui, celle de ne pas accepter des clubs, par crainte, ou bien parce que je ne voulais pas sortir de ma zone de confort. A un moment, j’aurais peut-être dû y aller… Comme à Nantes.
Le club où vous rêveriez d’entraîner, dans vos rêves les plus fous ?
Honnêtement, je garde les pieds sur terre, je n’ai pas de folie comme ça ! C’est de l’utopie. Mais je suis admiratif, bien sûr, de certains clubs.
Un modèle de coach ?
Guardiola pour son football et Ancelotti pour son charisme. Ce sont deux coachs qui me parlent.
Meilleur joueur entraîné ?
(Rires !) Je vais mettre le feu là (rires) ! Le dernier, c’est « Azz » (Azzedine) Ounahi (OM), forcément, avec Avranches, j’ai eu plein de joueurs talentueux, avec des profils différents, Mohamed Larbi aussi, ce sont surtout des garçons qui ont pris leur saison à Avranches ou à Luçon comme un tremplin pour repartir vers le monde pro.
Pourquoi avez-vous choisi d’être entraîneur ?
Cela a toujours été une vocation. Dès mes 14 ou 15 ans, j’étais éducateur, accompagnant. J’avais cette volonté de vouloir entraîner. À 16 ou 17 ans, j’encadrais des équipes de jeunes. C’était une logique de vie.
Un coach marquant ?
Oui, Vincent Bracigliano, qui a fait une pige à Luçon. J’étais impressionné par son charisme, sa sérénité et sa façon de voir le football. J’en ai beaucoup qui m’ont inspiré mais c’est vrai que lui, j’aimais sa façon d’être posé, de parler aux joueurs, de faire passer des messages. Vincent m’a marqué.
Un coach perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
Vincent, justement ! Faire un repas avec lui, ce serait l’occasion de ressasser pas mal de souvenirs, ce serait agréable de parler football et de passer du temps avec lui.
Un coach que vous n’avez pas envie de croiser ?
Ah ! Si je le dis, là, je vais mettre le feu. Il est à Luçon, je le croise le moins possible… Je n’ai pas envie de le voir.
Combien d’amis entraîneurs ?
J’entretiens des relations avec quelques-uns que j’ai côtoyés en National, ceux que j’ai côtoyés au BEPF aussi et qui m’ont beaucoup appris et aidé, mais ce sont des « connaissances football », je ne peux pas parler d’amis. J’ai beaucoup de respect pour eux, pour un garçon aussi comme Mickaël Landreau. Je suis capable de prendre mon téléphone, de l’appeler en cas de besoin ou autre, je sais qu’il sera toujours bienveillant à mon égard.
Un style de jeu ?
J’aspire à avoir une équipe joueuse. À Luçon, je sais que l’on avait atteint un niveau de jeu et une étiquette qui me collaient parfaitement. Qui me correspondaient. Avec les joueurs, on était arrivés à aller chercher un plaisir « hors norme ». On avait la volonté et la capacité de vouloir donner du plaisir aux spectateurs. Et ça embêtait nos adversaires. On était rentré dans un délire peut-être excessif, d’ailleurs, certaines personnes jugeaient notre football un peu provocateur, mais ce n’était pas de la provocation, mais simplement une envie d’éclater. On a su faire parler de nous par rapport à ça, on a fait de belles choses et j’en suis assez fier, parce qu’emmener une équipe de 20 ou 25 joueurs à suivre son entraîneur dans ce délire-là, ce n’est pas simple. C’était un vrai plaisir.
Un adversaire qui vous a impressionné ?
Avec Luçon, en National, je me souviens de certaines équipes comme Strasbourg, Amiens aussi, c’étaient des machines, construites pour monter en Ligue 2. On rivalisait mais on sentait malgré tout que cela restait des poids lourds.
Un président marquant ?
Non. J’ai beaucoup de respect pour les présidents que j’ai côtoyés. J’ai ce respect de la hiérarchie. Pour moi, cela reste des patrons, avec leurs qualités et leurs défauts. Je les apprécie. Après, je n’ai pas eu beaucoup de présidents, le tour est vite fait ! J’ai eu mon père donc… J’ai gardé des relations avec le président d’Avranches, Gilbert Guérin. Forcément, avec celui des Herbiers de l’époque (Michel Landreau), avec un licenciement au bout, c’est plus dur de garder des relations…
Le joueur ou l’entraîneur le plus connu de votre répertoire téléphonique ?
David Bettoni, que j’ai connu au BEPF, qui était l’adjoint de Zidane au Real Madrid, Mickaël Landreau donc… En joueurs, Azz (Ounahi), Ludo Ajorque, et d’autres.
Votre meilleure recrue, c’était qui ?
Par rapport à mon cursus, j’ai toujours eu des clubs avec des fonctionnement entre guillemets « de clubs amateurs moyens ». On faisait du bricolage, des coups, des paris, comme avec « Momo » Larbi, des prêts, comme Youssef Maziz de Metz, « Azz » de Strasbourg, Ludo Ajorque d’Angers, etc. On était des clubs tremplins pour eux. Par rapport au football proposé, cela leur permettait de rebondir, de se relever ou de continuer leur ascension. Ce sont plus des paris qui ont fonctionné que des recrutements.
Une bonne causerie, elle dure combien de temps ?
Malheureusement les miennes sont longues. Parce que je suis habité par mes causeries. Je vais être très pragmatique, entre 10 et 12 minutes, c’est ce qu’on dit dans les livres, moins de 5 minutes pour une petite causerie, mais c’est vrai que généralement, les miennes font plus de 15 minutes.
Une devise ?
J’en ai une qui ne plaît pas aux joueurs : on joue comme on s’entraîne. Il y a des joueurs qui ne l’acceptent pas. Je déteste entendre « Je suis un joueur de match ». Je m’appuie beaucoup là-dessus car je crois à ça, même si ce n’est pas une vérité. Je fais même beaucoup de retours auprès des joueurs, quand je sens qu’il y a un relâchement, pour leur faire comprendre qu’il faut s’entraîner et s’investir. Des joueurs d’entraînement ? Oui, ça existe, après, peut-être que ceux-là manquent de confiance et n’arrivent pas à se libérer en match. J’ai envie de leur faire comprendre que ce n’est pas une vérité. Il faut bien s’entraîner. Si un garçon pense qu’en s’entraînant moins il sera meilleur en match, non : s’il ne travaille pas la semaine, il sera capable d’être performant certes sur quelques matchs mais pas sur la durée. Ce ne sera pas viable. Il faut habituer son corps à travailler, à s’investir.
Un sportif de haut niveau que vous admirez ?
Je suis branché sport collectif, ou tennis, alors c’est plutôt un sportif ou une équipe qui fait l’actualité, quand ils brillent. Forcément que la coupe du Monde rugby, ça me plaît, Dupont est un joueur hors-norme qui me fascine, mais je suis un spectateur lambda, qui suit l’actu, qui aime bien suivre nos champions Français, au Tour de France, à Roland-Garros.
Un match de foot de légende ?
Je ne sais pas pourquoi, le match France – Allemagne 1982, en demi-finale de la Coupe du monde, m’a marqué, avec ces images de Battiston et Schumacher, ce scénario… Bien sûr, il pourrait y avoir des match beaucoup plus récents, avec le Barça de Xavi, Iniesta et Messi, qui m’a fait dresser les poils, mais c’est comme ça, ce match-là revient régulièrement dans ma tête, alors que j’avais 10 ans, et que je ne suivais pas cette équipe…
Un joueur de légende ?
C’est Maradona.
Le joueur de légende de La Roche-sur-Yon ?
Petit, même si je n’étais pas loin, à 30 kilomètres seulement de La Roche-sur-Yon, je ne suivais pas trop cette équipe. Mais c’était Abdou Founini, je ne l’ai pas vu jouer souvent mais voilà, longiligne, technicien, le genre de joueur qui me plaisait. Mon papa m’emmenait à Nantes, à Saupin (stade Marcel-Saupin), c’est pour ça que j’ai toujours été proche de Nantes.
Vos passions en dehors du foot ?
Je suis très famille. Je suis papy de deux petits enfants.
Vous avez été papa à 20 ans ?
Oui, j’ai connu mon épouse quand j’avais 17 ans, et très rapidement je lui ai demandé que l’on se marie et que l’on ait des enfants. Je n’avais pas tout à fait 20 ans, oui. C’était une volonté. Je voulais vivre avec mes enfants, profiter d’eux.
Choisissez un stade : Jean-de-Mouzon (Luçon), Massabielle (Les Herbiers), Henri-Degrange (La Roche) ou René-Fenouillère (Avranches) ? De Mouzon.
Terminez la phrase : La Roche Vendée est un club ….?
En construction.
Vos qualités de défauts ?
Je suis quelqu’un de compliqué, qui garde beaucoup les choses pour moi, qui n’échange pas beaucoup même si maintenant je le fais un peu plus. J’ai la capacité à m’ouvrir mais aussi à me fermer. Après, je suis honnête, généreux, compréhensif. Mais je n’aime pas l’hypocrisie et les menteurs : avec moi, il faut que cela soit très clair, c’est pour ça que je vous dis, dans le football, je ne m’y retrouve pas trop, et c’est peut-être aussi pour ça que le monde pro ne me manque pas trop, parce que je sais que dans ce monde-là, il faut être en capacité d’avaler beaucoup de couleuvres, de faire passer beaucoup de messages qui ne sont pas forcément vrais ou honnêtes, et ça ne me correspond pas. Je ne suis peut-être pas en phase avec tout ça.
Le milieu du foot, en deux mots ?
Compliqué. Pas honnête. C’est mon côté pessimiste qui ressort là.
Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions)
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C’est l’une des principales victimes de la liquidation judiciaire de l’AS Poissy (National 2), lâchée par sa mairie qui a recréé un nouveau club reparti en 1re division de district seniors. Resté jusqu’au bout malgré d’autres propositions, l’entraineur de 45 ans se retrouve aujourd’hui sans club.
À 45 ans, pour la première fois de sa carrière de joueur et d’entraîneur, Walid Aïchour se retrouve au chômage après la liquidation de l’AS Poissy le 4 août dernier, suite à son exclusion des championnats nationaux par la DNCG.
Proche de ses amis du club d’Aubervilliers (N2), il attend « patiemment » un nouveau projet : « J’ai plus de temps pour ma famille et je vais aussi voir des matchs et des entraînements en région parisienne, explique-t-il. Cette période me permet de bien récupérer et de souffler, car l’année a été éprouvante avec beaucoup de péripéties en interne, jusqu’à cette disparition de l’AS Poissy. »
Après une carrière pro pas vraiment programmée qui l’a mené d’Auxerre à Rouen, en passant par le Red Star, Noisy-le-Sec, Istres et Cannes, le petit milieu offensif (1,71m) a vite retrouvé le milieu amateur à Blois et à Viry-Châtillon où il entamé sa reconversion comme entraîneur.
Pour 13HeuresFoot, il est longuement revenu sur son riche parcours de joueur et d’entraîneur.
« Être footballeur pro n’a jamais été une vocation »
Tout a commencé pour lui en Seine-Saint-Denis à Villepinte et à Tremblay-en-France. Il a 19 ans et évolue en première division de district quand il est recruté par Auxerre (Ligue 1). « Je n’ai jamais voulu être pro, ce n’était pas une vocation, avoue-t-il. Auxerre, c’est un peu tombé du ciel, je ne sais pas comment j’ai fait pour arriver là-bas… Un de mes dirigeants à Tremblay connaissait Guy Roux. Il m’a fait venir pour trois jours, j’y suis resté un an. Dès mon arrivée, j’ai rejoint le groupe pro et participé au stage de préparation en Suisse. Sur le plan football, tout se passait bien. »
Mais en dehors, son quotidien est plus compliqué. « Au bout de deux jours, je voulais déjà rentrer, explique-t-il. Il a fallu que des gars de Tremblay viennent se relayer auprès de moi pour me persuader de rester. » À l’AJA, il évolue en réserve (CFA) et rencontre Antoine Sibierski, qui est resté l’un de ses meilleurs amis. « A la fin de la saison, Auxerre m’a proposé de prolonger pour un an mais je voulais rentrer en région parisienne. »
En 1998, le milieu offensif signe au Red Star où il a alterné entre l’équipe première, descendue en National et la réserve (CFA2). Après trois saisons à Saint-Ouen, il rejoint un autre club du 9-3, Noisy-le-Sec, où il explose en National. C’est là qu’Istres, alors en Ligue 2, vient le chercher. En une saison et demie, il dispute 35 matchs de L2 avant de rejoindre Cannes à la trêve de janvier 2004. Il passe ensuite une saison en National à Rouen avant de signer à Blois (CFA). « A 28 ans, je suis revenu dans le monde amateur. J’aurais peut-être pu me donner les moyens et être plus ambitieux. Mais j’étais déjà satisfait d’être à ce niveau-là. Comme je l’ai déjà dit, je n’ai jamais voulu être pro. Je n’ai donc aucun regret. Aller à Viry, c’était un choix de ma part. »
« À Viry, on a réussi de belles choses avec pas grand-chose »
Son retour en région parisienne dans le club de l’Essonne en 2007 s’est en effet avéré décisif pour la suite de sa carrière. Lors de sa première saison, Viry-Châtillon monte en CFA. Avec 63 buts marqués en cinq saisons en CFA, Aïchour est le capitaine et le guide de l’équipe du 91. Progressivement, son rôle s’élargit et il devient entraineur-joueur. « À Tremblay et Villepinte, j’entraînais déjà les jeunes. J’ai commencé à passer mes diplômes quand j’avais 15 ans. Devenir entraîneur était donc une suite logique. Mais pour être sincère, je n’avais jamais rien fait d’autre dans ma vie à part livreur de pizzas quand je jouais à Tremblay ! »
Pourtant, Aïchour reconnaît « avoir une mentalité qui se rapproche davantage des sports de combats que du foot ». Pendant deux ans, quand il était plus jeune, il avait d’ailleurs arrêté le foot pour pratiquer la boxe thaï. « J’aime les sports de combats et les pratiquer. Je m’y retrouve davantage. Le foot, c’est malsain, individualiste. C’est le plus individualiste des sports collectifs. A mes yeux, les sports de combats sont plus collectifs. Il y a le boxeur avec une équipe autour de lui. Quand il perd, il est aussi déçu pour eux. Au foot, on a tendance à penser d’abord à soi. »
À Viry, Aïchour a inculqué ses principes collectifs avec une certaine réussite. « On a réussi de belles choses avec pas grand-chose. Humainement et professionnellement, j’ai beaucoup appris. » Le club est néanmoins dans le collimateur de la DNCG qui lui retire des points chaque saison avant de le rétrograder en DH (Régional 1) en 2018. « Au niveau budget, Viry n’avait pas forcément sa place en N2. C’était certain qu’on allait plonger…»
Malgré cette rétrogradation, il a continué. « C’était la volonté de mon président Pascal Mazeau qui m’avait demandé de rester pour reconstruire. C’est lui qui m’avait donné ma chance. J’ai eu des contacts pour partir mais je suis resté à Viry par reconnaissance. »
Si Walid Aïchour n’a pas réussi à faire remonter le club en N3, il a emmené sa très jeune équipe en 16e de finale de la Coupe de France en janvier 2019. Après avoir réussi un exploit majuscule en éliminant Angers (L1) qui évoluait donc cinq divisions au-dessus grâce à un but de Mahamadou Sacko (51e), Viry était tombé au tour suivant face à une autre équipe de L1, Caen (0-6).
« À Poissy, je me voyais travailler sur la durée »
Après 14 ans comme joueur puis coach à Viry, un record de longévité, il répond à l’appel d’Olivier Szewczuk, président de Poissy (N2), en octobre 2020. Dirigée alors par Laurent Fournier, l’équipe était dernière de son groupe. Mais lors de sa première saison, il n’a pu diriger aucun match.
« L’arrêt du covid a finalement été un mal pour un bien. Quand je suis arrivé, l’équipe comptait 9 défaites et un nul. Cela aurait été compliqué de s’en sortir. Cette saison sans match m’a permis de prendre mes marques car il y avait tout un état d’esprit à changer. Poissy était ambitieux, avec des moyens supérieurs à ceux que j’avais connus à Viry même s’ils étaient en baisse. Il y avait tout pour réussir. Je me voyais, rester et travailler sur la durée. »
Mais après deux bonnes saisons en N2 (12e et 6e), tout s’est donc arrêté cet été. L’AS Poissy a été liquidé et lâché par sa mairie qui a recréé un nouveau club, le Poissy FC, reparti en 1ère division de district pour son équipe première. Walid, qui avait deux ans de contrat se retrouve au chômage. Au mois de juin, il avait reçu deux propositions de clubs de N2, l’un en région parisienne et l’autre en province. Mais il les a déclinées.
« Je pensais qu’avec l’arrivée du repreneur, on allait s’en sortir. Moi, j’ai des principes et des valeurs, je ne quitte pas un navire tant qu’il n’a pas coulé. J’avais fait pareil à Viry. Je n’ai pas la mémoire courte. Je vais au bout avec les gens qui m’ont fait confiance », expliquait-il récemment dans les colonnes du Parisien où il donné sa version des événements sans mâcher ses mots. « Je ne suis pas un gestionnaire, je suis un entraîneur de foot donc je reste à ma place et je ne mets pas le nez dans le financier. J’ai subi cette situation. Sportivement, les feux étaient au vert. Mais on a nous a coupés dans notre élan. Il y a eu un mélange d’incompétence et de choses malsaines qui se sont passées en interne. C’est la première fois que je vois un club de N2 liquidé pour 200 000 euros. » Dans le Parisien, il est également revenu sur la perte de 7 points sur tapis vert pour défaut de tampon d’un médecin sur deux licences de joueurs de N2. « On n’est pas dupe. La Ligue de Paris ne reçoit pas de coup de fil par hasard, comme ça… ».
Il a aussi pointé le rôle de la mairie. « Je suis atterré par la communication de la mairie de Poissy. J’ai lu ce qu’avait dit la maire. C’est faux et ce n’est pas bien de mentir aux gens. La mairie savait qu’il y avait trois repreneurs potentiels, dès janvier pour l’un, en avril et en mai pour les autres. La mairie n’a jamais voulu les rencontrer. Un des repreneurs avait également envoyé un mail à Karl Olive (député et ancien maire et président de Poissy). Il n’a jamais eu de réponse. Si on se refait le film, on se dit que tout cela était déjà programmé. On ne refait pas une nouvelle structure en claquant des doigts. Depuis longtemps, ils avaient autre chose en tête. »
« Ça ne me dérangerait pas de partir en Province »
Malgré ces derniers mois éprouvants, il aspire désormais à avancer. « Je me suis exprimé dans le Parisien car il me semblait important de donner ma version des faits. Mais je ne suis pas du tout aigri ni abattu. C’est juste une épreuve professionnelle à surmonter. Ce n’est pas grand-chose. Le plus important, c’est que ma famille et moi soient en bonne santé. Le reste… Dans la vie, tout ce qui nous arrive n’est pas le fruit du hasard. Pour avancer, il faut toujours prendre les choses positivement. Comme disait Nelson Mandela : Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends… Mentalement, je n’ai aucun souci. Je suis costaud. Je me sens prêt à vite rebondir. Je peux aller n’importe où mais ce sera toujours un projet au service et dans l’intérêt du collectif. »
Pour cela, il est prêt à partir en Province. « Je suis Parisien et je me sens bien ici. Mais cela ne me dérangerait pas de partir. Beaucoup pensent qu’un entraîneur parisien ne peut pas réussir en Province. Je ne suis pas d’accord. C’est étonnant que des Abdellah Mourine ou Malik Hebbar, des entraîneurs compétents, qui ont eu des résultats avec peu de moyens à Aubervilliers et Drancy, n’aient pas pu rebondir et qu’aucun club en dehors de Paris n’ait fait appel à eux. En région parisienne, on doit travailler un peu plus la gestion humaine, on apprend beaucoup plus vite et ça nous donne un vrai bagage. Tout ça, on est capable de l’exporter ailleurs »
Walid Aïchour, du tac au tac
Le joueur
Votre meilleur souvenir ?
Mon but à Troyes (30 août 2003) avec Istres en L2. A ce moment-là, j’étais un peu en instance de départ, le président voulait recruter un joueur à mon poste. Il était pour que je parte. Le coach Mécha Bazdarevic non. Mais avec ce but, c’était fini, je suis resté à Istres.
Votre pire souvenir ?
Ma blessure, une pubalgie, à Rouen. La seule de ma carrière mais qui est arrivée au pire moment. C’était la fin de saison et du coup, je suis resté un peu sur le carreau.
Votre plus beau but ?
Un but lors de ma première saison avec Viry. C’était en N3 à Dreux. Je mets un piqué pied gauche à l’entrée de la surface dans un angle impossible. Il n’y avait que ce geste à faire et derrière on gagne le match.
Votre geste technique préféré ?
J’en avais deux : le double-contact et la semelle-petit pont en me mettant dos au joueur. Ça passait presque tout le temps. La semelle-petit pont, c’était un geste qu’il fallait faire avec malice, cacher le geste jusqu’au dernier moment, faire croire au joueur qu’il avait le ballon et l’emmener… Au final, c’était efficace car tu éliminais le joueur, le temps qu’il se retourne, toi tu étais déjà parti. Je faisais déjà ça au city-stade dans mon quartier et même en L2, ça passait encore !
L’adversaire le plus fort que vous avez rencontré ?
Achille Emana, l’ancien milieu de Toulouse. Je l’ai affronté deux années de suite, en National avec Noisy-le-Sec puis en L2 avec Istres. Il avait une puissance incroyable. Je me souviens qu’à Istres, mon latéral gauche Christophe Dumolin l’avait accroché à la taille mais il continuait à courir. Il allait plus vite que les autres défenseurs même avec Dumolin accroché à sa taille !
Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Laurent Courtois à Istres. Un joueur exceptionnel qui n’a jamais été reconnu à sa juste valeur. Je l’ai vu faire la misère à beaucoup de joueurs. Je dirais aussi Xavier Gravelaine, également à Istres, mais c’est diffèrent car il était déjà connu. A l’entraînement, on ne le voyait pas trop mais en match, il était très fort.
L’entraîneur qui vous a marqué ?
Patrice Lecornu au Red Star. Il était très exigeant. On avait l’impression qu’il n’était pas très sympathique mais au fond il était adorable et nous faisait beaucoup progresser. J’ai bien aimé aussi Mécha Bazdarevic à Istres. Quand il est arrivé, il a repris le même effectif qui s’était sauvé de peu la saison précédente et il l’a fait monter en L1.
L’entraineur avec lequel cela s’est moins bien passé ?
Pierre Repellini au Red Star. J’avais le sentiment qu’il ne m’appréciait pas trop. J’avais fini meilleur buteur de la réserve la saison précédente avec 20 buts et 10 passes décisives. Tout le monde avait signé pro et moi, on ne m’a pas proposé de contrat alors que je jouais milieu et j’avais des « stats » supérieures aux attaquants. C’est venu de Repellini. Quand il est parti, Jean-Luc Girard m’a fait jouer en National, pareil avec Jacky Lemée. Mais quand Repellini est revenu au Red Star, il m’a enlevé de nouveau. Il est à l’UNECATEF (le syndicat des entraineurs) maintenant, mais on n’a jamais reparlé de cette période.
Les présidents qui vous ont marqué ?
A Cannes, Marcel Salerno. Un vrai personnage mais humainement attachant. Et forcément à Viry, Pascal Mazeau qui m’a donné ma chance en tant qu’entraîneur.
Le club où vous regrettez d’avoir signé ?
Le seul regret que j’ai, c’est peut-être d’être allé à Cannes à la trêve en janvier 2004. On était premier en L2 avec Istres, j’étais toujours dans le groupe et parfois titulaire. Mécha Bazdarevic voulait me garder absolument. Mais je voulais prolonger mon contrat à Istres, ça n’avançait pas et sur un coup de tête, je me suis engagé à Cannes. J’ai ce regret de ne pas être allé au bout avec Istres. J’aurais peut-être pu découvrir la L1.
La saison où vous vous êtes senti le mieux ?
Avec Tremblay en 1ère division de district. J’avais 18 ans, j’étais surclassé en seniors. Le stade était plein, il y avait tous tes potes de la cité, des familles entières qui venaient. Une ambiance exceptionnelle à chaque match. Je découvrais le monde des seniors. Cette saison m’a marquée, il y n’y avait que des anciens avec moi.
Un stade ?
Geoffroy-Guichard. J’y ai joué deux fois avec Istres. Une fois 0-0 et l’autre fois on a pris 3-0 sur un triplé du Brésilien Alex. On avait pris le bouillon mais une ambiance de folie !
L’entraîneur Votre meilleur souvenir ?
Avec Viry quand on élimine Angers en 32es de finale de la Coupe de France en 2019. On était mauvais en R1, j’avais une équipe en reconstruction avec des jeunes, des joueurs qui n’avaient pas joué depuis longtemps. Ce qu’on a réussi, c’était impensable en fait. Un truc incroyable.
Votre pire souvenir ?
La fin avec Poissy. J’avais une autre fin en tête. Terminer de cette manière une telle saison, je n’y ai jamais pensé, même dans mes pires cauchemars.
Un modèle chez les coachs ?
Je prends de tout le monde. Mais une chose m’a marqué chez un entraîneur en particulier. C’était en demi-finale de la Ligue des Champions. Son équipe menait 2-0 mais était archi-dominée. Il a décidé de faire sortir deux joueurs à vocation offensive pour en faire rentrer deux à vocation offensive. A sa place, beaucoup d’entraîneur auraient décidé de renforcer son équipe défensivement. Mais ses changements, ont changé le cours du match. Son équipe a marqué le but du 3-0. Cet entraineur, c’était Zidane dans un match du Real Madrid. Ce jour-là, il a montré que ce n’était pas seulement un joueur exceptionnel, mais aussi un entraîneur exceptionnel.
Vous êtes un grand consommateur de foot ?
Je regarde tout : L1, L2, étranger, National et le N2… Je me couche très tard, je ne dors pas beaucoup. Il faut bien que je m’occupe. Mais c’est aussi enrichissant, ça permet d’emmagasiner des choses. Je peux voir le départ d’une action et savoir déjà comme elle se terminera. Depuis que je suis entraineur, je regarde les matchs d’un autre œil, de manière collective, en me disant aussi ce que moi j’aurais pu faire pour résoudre une problématique tactique. En revanche, je ne vais pas trop au stade en région parisienne. Je suis discret, ce n’est pas mon truc de montrer ma tête. Je n’ai jamais su me vendre.
Vous êtes un entraîneur plutôt..
Juste me paraît être le bon terme. Je sais être dur quand il le faut et doux si c’est nécessaire. Il faut savoir s’adapter à chaque situation et aux personnalités. Le coaching, c’est de la gestion humaine. Si tu gueules sur certains, tu sais que tu vas les perdre. D’autres, en revanche, ça va les booster. J’estime que si un joueur ne progresse pas, il pénalisera l’équipe car il ne le fera pas progresser.
Une causerie marquante ?
Celle à la mi-temps du match de Coupe de France contre Angers. Mon discours a été tout autre que celui avant le match. Bien sûr que tu prépares le match, tu conditionnes tes joueurs mais tu sais que tu es à des années lumières d’une équipe de L1. Tu espères déjà ne pas être ridicule. Mais on était arrivé à 0-0 à la mi-temps. J’ai dit à mes joueurs : « Tous les doutes que vous aviez au début du match, maintenant, c’est Angers qui les ont. Vous êtes devant les 45 minutes de votre vie. Si vous voulez marquer votre histoire dans le foot, c’est aujourd’hui…» Mes joueurs ont été réceptifs. On marque à la 50e, et on a tenu jusqu’au bout et les 7 minutes d’arrêt de jeu. En face, c’était la vraie équipe d’Angers, pas les remplaçants.
Des joueurs marquants, que vous avez réussi à emmener plus haut ?
J’ai deux exemples. D’abord Cheikh Touré qui a signé cette saison à Nancy en National. Je l’ai pris au-dessous en district et je l’ai lancé en N2 à Viry. La saison dernière, il a marqué 21 buts avec Poissy, ce qui lui a permis de jouer plus haut. L’autre, c’est Samba Dembélé qui joue à Chambly (N2). Je l’ai aussi lancé à Viry puis je l’ai retrouvé à Poissy. A 18 ans, il était déjà aussi fort qu’à 25 ans. Lui aurait pu finir plus haut. Pour moi, c’est un mystère qu’il soit passé à travers les radars. Si j’étais un entraîneur de Ligue 2, je le prendrais tous les jours.
Vos occupations en dehors du foot ?
Je suis très famille. Je m’occupe de mes trois enfants. Après, j’ai mes potes dans le foot, Antoine Sibierski dont je suis proche depuis Auxerre. En région parisienne, je suis aussi très proches de plusieurs entraîneurs comme Rachid Youcef (Aubervilliers), Ismaël Badaoui (Sartrouville), Karim Ziani, Abdellah Mourine, Malik Hebbar… On se voit en dehors du foot. Il y a aussi le comédien et comique Booder, qui nous a toujours suivi.
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Ancien joueur pro passé par Beauvais, Le Mans, Niort, Toulouse, Ajaccio et … PSG, l’entraîneur des Genêts d’Anglet (National 3) évoque le passé, le présent et l’avenir ! Depuis cette saison, le natif de Pau (47 ans) se consacre exclusivement au football. Et si c’était le début d’une nouvelle carrière ?
Quand il était joueur, Cédric Pardeilhan avait un rêve. Jouer avec Pascal Olmeta ! Ce rêve, il l’a concrétisé en signant au Gazelec Ajaccio, en National, en 1998, alors qu’il touchait un meilleur salaire au Mans et, surtout, qu’il évoluait un échelon au-dessus, en Division 2.
Seulement voilà, le natif de Pau (Pyrénées-Atlantiques) ne raisonne pas comme tout le monde. Ses choix ne sont dictés ni par l’argent, ni par le niveau. Sa carrière de joueurs, qui l’a mené de Pau, où il a effectué ses débuts en National à 17 ans, lancé par Slavo Muslin, à Niort, en passant par Beauvais, Toulouse et Le Mans notamment, était comme ça.
Celle d’entraîneur, qu’il a embrassée à l’Aviron Bayonnais, d’abord en réserve, après avoir raccroché les crampons à 30 ans, est et sera également comme ça. Sans calcul. En saisissant des opportunités si celles-ci se présentent.
Mais le Béarnais n’ira pas taper à la porte. Et n’enverra pas de CV. Pas son style. Et puis, paradoxalement, même si son parcours de joueur est bien garni, avec pas mal de changements de clubs, la fin de sa carrière et surtout le début de sa nouvelle d’entraîneur démontre une belle et grande fidélité, que cela soit à l’Aviron Bayonnais, où il a passé 9 ans, ou aux Genêts d’Anglet, qu’il a rejoint en 2013 et qu’il n’a plus quittés depuis.
Ses souvenirs, ses expériences, ses ambitions, les Genêts d’Anglet, Cédric Pardeilhan s’est longuement confié à 13heuresfoot, chez lui, à Tarnos, dans les Landes, à une petite dizaine de kilomètres seulement d’Anglet et de Bayonne.
Cédric, vous êtes Béarnais, vous entraînez dans le Pays-Basque et vous habitez à Tarnos, dans les Landes… C’est possible ça ?
(Rires) Oui ! Ma mère est Basque, mon père est à moitié basque, donc j’ai plus de sang basque même si je renie pas du tout mes origines béarnaises ! Mais j’aime beaucoup mes origines basques aussi !
Pourquoi avez-vous choisi de faire du foot quand vous étiez petit ?
Je n’ai pas vraiment choisi ! J’ai toujours aimé le foot à en crever, mais cela n’a jamais été mon objectif de ne penser qu’à devenir pro, ça m’est tombé un peu dessus. Je ne l’ai su qu’après, quand j’ai grandi. J’ai été contacté par des clubs pros vers l’âge de 13 ou 14 ans mais on ne me l’a pas dit tout de suite. Devenir pro, c’était un rêve caché : je ne pensais qu’au foot, ça c’est sûr, mais pas forcément pour être professionnel.
Si vous n’aviez pas été footballeur, qu’auriez-vous fait ?
Je n’en sais rien du tout. J’ai passé un BEP CAP électrotechnique. Mon objectif au début c’était de jouer dans mon club, à Pau, en équipe première, en espérant qu’ils me trouvent un emploi à la Ville ou quelque chose comme ça. Je n’étais pas très scolaire.
Comment avez-vous commencé votre carrière de coach ?
Quand j’ai mis un terme à ma carrière de joueur à Bayonne, je suis devenu l’adjoint d’Alain Pochat pendant deux ans, puis j’ai pris l’équipe B pendant 4 saisons, en National 3 et en Régional 1. Puis j’ai arrêté pendant un an. Il était question que je prenne la suite à la tête de l’Aviron Bayonnais mais cela ne s’est pas fait pour des raisons extra-sportives. Du coup, je me suis un peu posé cette saison-là, ça m’a permis de faire un point, et je suis aussi devenu à nouveau papa. Puis finalement, je vais aux Genêts d’Anglet. Henry Olazcuaga, le coach, m’appelle, et me propose d’abord de prendre la B, me demande si ça m’intéresse. Mais l’équipe était entraînée par Jean-Louis Cazes, un ami de mon père et aussi un de mes amis. En fait, j’attendais que Jean-Louis dise « J’arrête » pour prendre l’équipe. Et quand il a arrêté, il a été classe, il a dit que j’étais le seul qui pouvait prendre la suite. C’est quelqu’un qui a fait beaucoup de choses aux Genêts d’Anglet. J’ai entraîné l’équipe B pendant 3 saisons, en Régional 1, puis Henri (Olazcuaga) m’a demandé de monter avec lui en National 3. La première saison, on finit 3e alors que ce sont les deux premiers qui montent, avec des décisions un peu bizarre : Limoges, avec un déficit de 150 000 euros, est monté quand même avant d’être rétrogradé administrativement la saison suivante, mais comme le trésorier du club, Monsieur Saïd Enjimi, est aussi président de la Ligue Nouvelle Aquitaine…
Depuis quand êtes-vous à la tête de l’équipe de N3 à Anglet ?
J’attaque ma 6e saison. L’an passé, on a terminé 2e derrière Libourne qui est monté avec un entraîneur qui n’a pas le diplôme, mais qui était couvert par un autre qui avait le diplôme alors que ce n’est plus autorisé depuis quelques années, mais bon, apparemment, certains ont le droit… c’est comme ça… Enfin, non, ça ne devrait pas être comme ça.
De 2005 à 2011, le club a évolué en CFA (National 2) : est-ce qu’il peut retrouver ce niveau et s’y installer à nouveau ?
L’objectif est de continuer à travailler comme ça, avec les jeunes, et que notre équipe première monte en N2. En espérant qu’un jour, on ait 7 ou 8 joueurs du club qui évolue en équipe première. On est sur un bassin où l’Aviron Bayonnais rugby draine tous les partenaires, même si on a la chance d’en avoir aussi, mais c’est un secteur jamais évident. A l’époque, il y avait un budget pour l’équipe Une qui était très conséquent. Aujourd’hui, il est de 850 000 euros pour le club dans sa totalité, et moins d’un quart de ce budget est consacré à l’équipe Une, c’est un choix. Ce n’est pas pour autant que l’on n’a pas de bons résultats : on travaille beaucoup aux entraînements, on fait des séances vidéo, on est pointilleux, on a 85 à 90 % de nos joueurs qui sont du 64 (Pyrénées-Atlantiques) ou du 40 (Landes). Notre recrutement est local. Quand on est d’ici et que votre famille ou que vos amis sont dans les tribunes, eh bien on a plus envie de se « défoncer ». C’est ce qui fait notre identité. A la différence de beaucoup de clubs qui ont beaucoup de joueurs qui viennent de loin : je ne dis pas que c’est bien ou pas bien, c’est juste notre façon de voir les choses. On voit bien, aujourd’hui, dans le foot, qu’il y a beaucoup de joueurs qui, quand ça va mal, vont tout de suite voir ailleurs. Nous, avec nos moyens, les jeunes savent qu’ils ont leur chance chez nous, que cela soit ceux du club ou des alentours. Attention, on peut aussi recruter des gens de l’extérieur, si on a des opportunités intéressantes. Mais, voilà, c’est ce qu’on a instauré; on veut que les gens s’identifient aux Genêts d’Anglet.
Les joueurs travaillent aux Genêts d’Anglet ?
La plupart, oui. Même moi, jusqu’à cette année, je travaillais à côté : mais depuis le 1er juillet dernier, je ne fais que du foot. Avant, j’avais un travail à la Ville de Bayonne, j’étais magasinier. Et j’allais aux entraînements le soir. Là, je me suis mis en disponibilité. Les gens pensent que chez nous, on ne fait que du foot ! Pas du tout, ils bossent, pour certains très dur. Parfois, c’est difficile pour eux.
Se consacrer au foot à plein temps, cela signifie-t-il que vous avez envie de vous investir beaucoup plus ? Que vous serez peut-être plus attendu aussi ?
Déjà, j’étais très investi, je ne m’occupais pas que de l’équipe première. Là, le club m’a proposé de ne faire que ça : on a un directeur sportif, une secrétaire administrative, un directeur administratif, un RTJ (responsable technique des jeunes) et maintenant moi. En plus de la N3, je vais chapeauter l’équipe III et les U19 avec les coachs en place. Je vais m’occuper des classes foot l’après midi avec les collèges concernés. Je vais aussi m’occuper du recrutement de la réserve en Régional 2, et je vais en profiter pour faire des choses que je n’avais pas le temps de faire, comme les montages vidéos, dont s’occupait avant le directeur sportif. C’est du boulot. Mais c’est du foot ! J’aime tellement ça. C’est ma passion. C’est plus qu’une chance d’être dans le foot, parce que je sais ce que c’est que de bosser. Quand j’ai joué à Pau en National à 17 ans, j’avais zéro euro, pas de tenue du club, pas de crampon du club, donc je sais ce que c’est que le travail. Maintenant, me consacrer exclusivement au foot va peut-être engendrer une demande supérieure de résultats, même si, au club, les gens savent ce que je fais. Attention, je n’ai aucune garantie : ça peut aussi être une saison compliquée. Surtout que l’on est attendu, ça fait deux ans que l’on termine dans le haut du tableau (2e en 2022 et 3e en 2021).
Votre président (Vincent Brana) vous fixe-t-il des objectifs ? Le National 2 ?
Tout le monde prend le problème à l’envers. Ce qui fait que l’on peut être en National 2, c’est ce que l’on va faire sur le terrain, et après, si ça arrive, on continuera avec nos moyens. On ne fera pas 20 contrats fédéraux, ce n’est pas un gage de réussite. Y’en a plein qui le font, mais qui n’y arrivent pas, je pense à Poitiers par exemple. Parfois on a des joueurs en face à 2 ou 3000 euros par mois ! Nous, 3000 euros, c’est six joueurs ! Après, forcément, si on monte, on aura un peu plus de partenaires, et sans doute un peu plus de moyens, mais ce n’est pas pour ça que l’on prendra 10 contrats fédéraux ! Peut-être que l’on augmentera un peu nos joueurs et les primes de match, et que l’on en prendra deux ou trois qui auront connu un peu le N2, mais voilà, on ne changera pas notre façon de faire, sauf si un mécène arrive ! Mais je ne suis pas sûr que cela corresponde au club.
Vos relations avec les clubs voisins ?
Il y a une rivalité de clocher, comme dans tous les clubs très proches géographiquement qui évoluent au même niveau ou quasiment au même niveau. C’est obligé que cette rivalité existe : on est sur le même bassin, on veut avoir les meilleurs résultats possibles. Avec l’Aviron Bayonnais, ce sont plutôt des « anciens » qui sont dans cette rivalité. J’ai été capitaine à l’Aviron et je n’ai jamais détesté les Genêts d’Anglet, et maintenant, je ne déteste pas l’Aviron, j’y connais du monde, j’échange avec plein de gens là-bas. C’est un club où, personnellement, j’ai vécu beaucoup de choses.
Karim Fradin, le président de l’Aviron, nous disait, en parlant de son projet de faire une grande équipe au Pays Basque, qu’un rapprochement avec Anglet n’était pas envisageable. Vous en pensez quoi ?
Déjà, je ne suis pas décideur. Je ne pense pas que, chez nous, on pense à ça. Même si, et je le dis en tant que personne et pas en tant qu’entraîneur des Genêts d’Anglet, pour avoir un grand club dans le Pays Basque, il faut que les clubs réunissent leur force. C’est l’avenir. Même si chaque club a son identité. On a beaucoup de clubs dans le bassin, Saint-Pierre-d’Irrube (Iriburuko Ainhara), Saint-Jean-de-Luz (Arin Luzien) et les Croisés de Bayonne sont en Régional 1, on a la JA Biarritz et Hasparren en R2, je pense que, par rapport à la conjoncture actuelle, rapprocher les compétences, les identités, les budgets, cela ferait avancer les choses, mais personne ne résonne comme ça. Regardez au rugby, à un moment donné, on a parlé d’un rapprochement entre l’Aviron et le Biarritz Olympique… mais il y a toujours ces problèmes de personne : les gens veulent garder leur poste. Moi, je n’ai pas ce problème là : si demain ça fusionne et qu’on me dit « Cédric, on ne te garde pas pas parce que l’on a quelqu’un de mieux », je dis tant mieux si cela fait avancer le club. Mais je dois être le seul à raisonner comme ça ! La seule chose à faire, c’est une entité forte, juste avec l’équipe première, et à côté, chaque club garderait ses autres équipes, ses réserves, ses équipes de jeunes, son identité.
Vous êtes toujours en lien avec le club de Pau ?
Oui, oui, j’ai le président (Bernard Laporte-Frey) de temps en temps au téléphone, Joël Lopez (vice-président) aussi mais il n’est plus au club depuis la fin de saison passée, j’ai quelques liens encore et je vais voir quelques matchs de temps en temps. Le club a pas mal changé, évolué. Il a un nouveau stade, il est en Ligue 2.
Cela fait longtemps que vous êtes aux Genêts d’Anglet : un jour, vous aurez peut-être envie d’aller voir ailleurs, non ?
Cela fait 17 ans que j’entraîne. Je n’y pensais pas forcément il y a 7 ou 8 ans. Mais depuis, j’ai eu quelques opportunités que j’ai refusées, pour des raisons familiales essentiellement. Partir seul, c’était compliqué. Après, je ne dis pas que dans 2 ou 3 ans, cela ne peut plus être le cas. Mais je ne me lève pas le matin en me disant « Faut que j’aille entraîner plus haut », non ! Cependant, je ne m’interdis rien. C’est comme quand je jouais : un jour, mon profil a intéressé des personnes et c’est comme ça que je suis devenu pro, ça m’est tombé dessus. On est venu me chercher. J’ai eu cette chance là. Entraîneur, ce sera pareil, ou pas. Aujourd’hui, je fais ce que j’aime, et si un jour ça doit m’emmener ailleurs, et bien ça m’emmènera ailleurs ! Je raisonne comme ça. Bien sûr que l’on essaie d’aller le plus haut possible, que l’on a envie d’entraîner des joueurs qui ne sont focus que sur le football. Qu’on le veuille ou pas, je suis pro aujourd’hui, à mon niveau. Sans être pro. Mais je ne fais que du foot. J’ai déjà cette chance là. J’essaie d’apporter mon professionnalisme. Maintenant, j’ai décidé d’embrasser cette carrière-là, je sais très bien que je ne ferai pas entraîneur toute ma vie aux Genêts d’Anglet… normalement ! C’est ma 6e saison à la tête de l’équipe fanion, je ne pense pas que ceux qui sont là depuis 6 ans en ont marre de m’entendre ! Simplement, je n’envoie pas de CV, je ne suis pas sur Linkedin ou sur les réseaux sociaux. A un moment donné, je pense que pour être le plus pointu possible, il faut être concentré sur une seule chose, n’avoir qu’un groupe à diriger. Mais il y a tellement de personnes et peu d’élus.
Le championnat de N3, vous le voyez comment cette saison ?
Cela va être une découverte, comme il y a pas mal de nouveaux clubs, vers Perpignan, Toulouse, avec des états d’esprit différents que chez nous, ce sera sympa à voir, et ça va nous changer. Mais il va falloir être prêt. Confirmer, cela va être compliqué. Parce qu’on a fini 2e l’an passé et qu’on est attendu.
Cédric Pardeilhan, du tac au tac
Meilleur souvenir sportif ?
Il y en a beaucoup ! Mon dernier match que j’ai disputé avec mon club formateur, le Pau FC, en National 1, ça remonte, j’avais à peine 18 ans ! Je venais de signer au PSG. Il fallait une victoire pour se maintenir sportivement et administrativement, le club venait d’être repris pour un franc symbolique par le président actuel, Bernard Laporte-Frey, et je marque à la dernière seconde, contre Epinal, qui accédait en D2 cette saison-là ! Je récupère un dégagement du gardien adverse, je dribble plusieurs joueurs et je frappe de loin en lucarne ! Et on s’est maintenu. Un moment fort.
Pire souvenir sportif ?
Le dernier match que j’ai disputé avec l’Aviron Bayonnais en National (en 2006). Il fallait un nul pour se maintenir. On perd à la fin, et j’arrête ma carrière de joueur derrière. C’était prévu comme ça. J’avais quelques soucis de santé.
Combien de buts marqués ?
J’ai dû en marquer 4 ou 5 en National, 1 en Ligue 2, mais y’a une saison avec Bayonne, en CFA, j’en ai mis 8 ou 9.
Plus beau but marqué ?
Peut-être pas le plus beau mais le plus marquant, un but que j’avais inscrit à Stéphane Ruffier contre la réserve de Monaco en CFA, avec Bayonne : dans ce match, j’avais mis deux coups francs de loin ! L’année d’après, Stéphane Ruffier était chez nous, prêté par Monaco. J’en ai mis un autre aussi dans le derby avec Beauvais, à Amiens, en Division 2, lors de la dernière journée, on avait fini 5e, on aurait dû monter cette saison-là. C’était aussi un coup franc de loin.
Combien de cartons rouges ?
Je ne connais pas le nombre exact mais j’en ai pris pas mal. Une dizaine. Et lors de ma première saison au PSG, en réserve, j’en ai pris 2 ou 3.
« Joueur, j’aurais voulu rester dans le même club toute ma vie ! »
Qualités et défauts sur un terrain, selon vous ?
Je mettais la tête là où d’autres ne mettaient pas le pied… Après, titulaire ou remplaçant, j’étais content d’être avec le groupe. Le coach faisait ses choix, il n’y avait pas de souci là-dessus. J’avais de l’abattage, du volume de jeu, je pouvais jouer latéral, en 6, un peu partout, j’étais un peu le couteau suisse dans certains clubs. J’étais un peu virulent aussi, je m’énervais parfois pour rien, je pouvais avoir une attitude à la con.
Et dans la vie de tous les jours, qualités et défauts ?
Je suis trop gentil, cela peut être une qualité et un défaut. Je ne suis pas non plus quelqu’un qui veut y arriver à tout prix, coûte que coûte : moi je pars du principe que si les choses doivent arriver, elles arrivent. Mais je veux les faire à fond, du mieux possible, de la meilleure des façons, sans jamais profiter des autres ni au détriment des autres. C’est le travail que je fournis qui importe et qui fait que…
Le club où vous avez pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Il y en a vraiment deux : le Gazelec Ajaccio et l’Aviron Bayonnais, avec qui on était monté en National avec un 8e de finale de coupe de France aussi. A l’Aviron, y’avait tout, on était unis à la vie à la mort. Avec le Gazelec Ajaccio, en National, j’ai vécu une grande saison, et il y a ce côté très identitaire, comme à Bayonne du reste, et moi je suis un peu comme ça, je suis très attaché à certaines valeurs. Pourtant je suis passé par pas mal de clubs (Toulouse, Beauvais, Le Mans, PSG, Niort, Pau), alors que, joueur, j’aurais voulu rester dans un même club toute une vie. Depuis que j’entraîne, je montre ma fidélité : je n’ai connu que deux clubs, où je suis resté longtemps, l’Aviron Bayonnais tout d’abord et les Genêts d’Anglet.
« J’ai fait des choix de coeur »
Le club où vous n’auriez pas dû signer ?
Plus qu’une erreur, je parlerais de choix, mais ça, on le sait plus tard : peut-être que j’aurais dû signer pro au PSG plutôt que d’aller au Mans en Ligue 2 avec Slavo Muslin, qui était déjà mon coach à Pau en National. Peut-être que cela m’aurait permis de faire autre chose derrière. En plus, le PSG, l’année d’après, a fait jouer beaucoup de jeunes… Donc on ne sait pas. Je n’ai peut-être pas fait que des bons choix mais j’ai fait des choix de coeur. Ils n’ont jamais été financiers ou liés à un niveau. A Toulouse, par exemple, je n’avais pas fait mes 15 matchs en pro et pourtant on m’a proposé un contrat, que j’ai refusé. J’ai préféré rejoindre Slavo Muslin au Mans, non pas parce que je le connaissais, mais parce je pensais que je jouerais plus, et puis il connaissait mes qualités et mes défauts. Puis après, je devais rester au Mans, on me proposait 2 ans et une revalorisation salariale, mais je suis parti au Gazelec en National, où je gagnais moins ! Et comme je rêvais de jouer avec Pascal Olmeta… ! Il ne faut pas le dire, hein, mais quand je jouais au PSG mais j’étais fan de Papin, Di Meco, de l’OM ! Après, ce sont des choix. Mes parents m’ont toujours laissé libre et fait confiance.
Facile de s’adapter quand on change souvent de clubs ?
Je me suis adapté à tous les états d’esprit, je suis une personne assez malléable. J’ai vécu ma carrière comme je l’ai voulu. Je l’ai arrêtée quand j’ai voulu. J’ai eu toujours en tête d’être entraîneur après ma carrière de joueur. C’est ce que j’ai fait quand j’ai arrêté à 30 ans. J’ai passé mon 1er degré puis mon 2e, j’ai obtenu un emploi à la Ville de Bayonne grâce à l’Aviron Bayonnais FC, et voilà, j’ai pris en charge l’équipe réserve puis j’ai été l’adjoint d’Alain (Pochat) pendant deux ans, je suis le parrain de ses enfants.
Le club où vous auriez rêvé de jouer, dans vos rêves les plus fous ?
Je n’ai jamais rêvé d’aller jouer quelque part. Clairement, ce que je voulais, c’était jouer au foot, quel que soit le niveau. C’est comme entraîner. Je peux entraîner en N3 ou des petits de 6 ans. Moi, ce que je veux, c’est être autour d’un terrain, parce que c’est ma passion.
Un club fétiche ?
Manchester City en ce moment.
Un modèle de coach ?
Non. J’ai eu la chance d’en avoir plein de différents. Luis Fernandez à Paris, c’était une personne exceptionnelle, qui se comportait de la même manière avec les anciens comme et les jeunes. J’ai eu Alain Giresse à Toulouse, un super entraîneur, mais c’était très différent, il était très proche des anciens, et là, peut-être que c’est moi qui n’ait pas été top. J’ai eu Slavo (Muslin), il était top aussi : il avait la panoplie complète, il avait beaucoup de qualités. J’ai eu Marc Westerloope au Mans, pas une grande expérience. A Ajaccio, j’ai côtoyé Jean-Michel Cavalli, le plus fort tactiquement que j’ai eu, dans l’animation des séances, etc. Avec Angel Marcos à Niort, on fait 4e de Ligue 2 et demi-finale de le Coupe de la Ligue, il était proche de nous. J’ai adoré Jacky Bonnevay à Beauvais, il allait chercher plein de choses autour des joueurs, il était très pointu. Et le dernier que j’ai eu, c’est Christian Sarramagna, à Bayonne, puis Henri Olazcuaga, qui est devenu un ami, qui a pris l’équipe première après Sarramagna. C’est lui ensuite qui m’a fait venir à Anglet pour l’équipe réserve et qui m’a pris dans son staff en équipe première. J’ai pris sa suite mais avant ça, je lui ai demandé « Est-ce que ça te dérange que je me propose ? », parce que j’apprécie tellement la personne… Il m’a dit qu’il en avait déjà parlé au président, qu’il avait préparé la suite, et la suite, c’était moi. A Anglet, j’ai aussi la chance d’avoir un directeur sportif, Eugenio Zubialde, exceptionnel. Je n’aurais pas évolué comme j’ai évolué si je ne l’avais pas rencontré. Il est tout le temps en questionnement. C’est le top du top !
Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Jean-Luc Escayol, qui est aussi mon ami. Il est recruteur. « Fred » Garny aussi, qui entraîne la réserve de Montpellier, et Réginald Ray, le coach du Mans !
Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Il y en a beaucoup. Quelqu’un comme Rai au PSG… J’ai trouvé l’homme gigantesque. Mais c’est un autre monde. Il était proche de tout le monde malgré son statut. Daniel Bravo aussi. J’ai joué avec Philippe Mazzuchetti au Gazelec, malheureusement, avec le temps, on s’est perdu de vue. Mais je l’adore. « Mika » Pagis aussi. Et puis il y en a un dont je n’avais plus de nouvelles, c’était Patrick Van Kets, malheureusement, il est mort. J’ai aussi des nouvelles de Laurent Fournier, que j’apprécie beaucoup.
Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Slavo Muslin.
Un président ou un dirigeant marquant ?
Michel Denisot. Et aussi Fanfan Tagliaglioli (Gazelec Ajaccio), qui est malheureusement décédé.
Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Alain Roche je pense.
Vos passions dans la vie ?
Mes enfants, ma famille, mon épouse. Je suis très famille. Et sinon le sport. Je fais beaucoup de vélo. On est gâté dans la région. J’ai besoin de ça. J’adore la pèche à la mouche aussi, même si je n’y vais plus depuis longtemps. Vous pouvez en parler à Steve Savidan, je l’emmenais à la pèche avec moi quand on jouait ensemble à Beauvais ! Parfois il en parle dans ses interviews et il dit que c’est son meilleur souvenir de sa saison là-bas (rires) !
Vous étiez un joueur plutôt …
Proche des autres. Un coéquipier modèle.
Un modèle de joueur ?
J’aimais bien Gattuso, ce style de joueur. J’étais fan de Jean-Pierre Papin même si on ne jouait pas du tout dans le même registre. J’ai eu la chance de le rencontrer. Il a failli être notre coach à Bayonne et j’aurais rêvé que ce soit lui. J’ai une anecdote sur lui ! Un jour, je lui ai montré son livre, « Mes buts dans la vie », parce que quand j’étais petit, j’avais imité sa signature pour faire croire à tous mes copains que j’avais eu son autographe : ça l’a beaucoup fait rire ! Bon, il me l’a dédicacé pour de vrai du coup !
Vous êtes un entraîneur plutôt…
Passionné, pas rancunier et qui essaie tout le temps de donner le meilleur à mes joueurs. Je suis proche d’eux, toujours à 2000 à l’heure ! Peut-être que par rapport au niveau National 3, je suis trop dans le détail avec eux.
Le milieu du foot, en deux mots ?
Compliqué et pour des personnes averties.
Les Genêts d’Anglet ?
Un club familial, ambitieux, avec des moyens minimes. Un club qui, des U6 aux seniors de N3, essaie de mettre tout le monde dans les meilleures conditions possibles, avec des entraîneurs diplômés. Tout le monde sait ce que l’on fait ici à Anglet, que l’on est un club structuré, qui travaille bien, où chacun est à sa place. On est 5 employés au club, on a eu jusqu’à 815 licenciés une année ! C’est le sport le plus pratiqué ici, largement, devant le rugby. D’ailleurs, les parents ne veulent plus mettre leurs enfants au rugby, c’est normal, quand vous voyez ce qui s’y passe.
Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photos : Genêts d’Anglet et 13HF
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Expérimenté, passionné et ambitieux, le nouveau gardien de but des Diables Rouges, fraîchement débarqué en bord de Seine cet été, veut apporter son expérience de la Ligue 2 et contribuer à faire du promu normand l’une des belles surprises du National.
Entretien réalisé juste avant la rencontre du 11 septembre perdue au Red Star.
C’est l’une des très bonnes pioches du mercato estival en National. Le FC Rouen, promu, a su convaincre Axel Maraval de devenir son gardien numéro 1. Dans ses bagages, le Marseillais (29 ans) amène l’expérience de ses belles années en Ligue 2 (Nîmes, Dunkerque, Arles-Avignon) ainsi qu’en National (Sedan, Dunkerque), sans oublier son passage à l’étranger, en D1 slovène, à Domzale. Et ce n’est pas tout. Sollicité à l’inter-saison, il partage les mêmes mots d’ordre que son nouveau club : ambition, passion, dévouement et sens de la gagne.
De Monaco, où il a effectué sa formation, à Nîmes l’an passé, Axel raconte son parcours semé d’embuches. Des difficultés qu’il a toujours surmontées et qui l’ont conduit à Diochon, dans un club qui lui ressemble et lui sied à ravir. Un club où la ferveur populaire est, pour cet amoureux de l’Olympique de Marseille, un atout considérable. Ce n’est donc pas anodin de le voir tomber sous le charme d’un club aussi chaleureux que le FCR, « sans équivalent ou presque en national » : « Ils doivent être nombreux dans notre championnat à envier cette ambiance car en National on le voit très peu ! »
« Jouer l’Europe ? C’était quelque chose de fort »
Commençons par une question qui nous intrigue : les matchs européens, c’était comment ?
Honnêtement, c’était quelque chose de fort. Au premier tour de l’Europa League, avec le NK Domzale, on joue un club d’Andorre. L’ambiance n’était pas grandiose. Après c’était génial. Déjà, rien que de voyager dans des pays où on n’a pas l’habitude d’aller… On a joué en Biélorussie, à Minsk. Puis il y a ce match face à West Ham qui, à cette époque, carburait avec Dimitri Payet et consorts. On avait réussi à les battre chez nous, c’était déjà un demi-exploit. Après on s’est rendu à Londres, c’était bien plus compliqué. A ce moment-là, on savait qu’on côtoyait le très haut niveau.
Vous aimeriez à nouveau goûter au parfum européen ?
Bien sûr, c’est dans un coin de ma tête et ça arrivera peut-être avant à la fin de ma carrière.
Premier contrat pro à l’AS Monaco
Qu’est-ce que vos années de formation à l’AS Monaco vous ont apporté ?
Déjà, ça m’a apporté sur le plan sportif. Mon formateur, l’entraîneur des gardiens Christophe Almeras, m’a appris beaucoup de choses. On peut aussi parler des entraîneurs que j’ai eus comme Bruno Irles, que j’ai retrouvé ensuite à Arles-Avignon. Sur le plan humain aussi, ça a aidé puisqu’à 16 ans, je me suis installé dans un appartement. En centre de formation, ils t’apprennent aussi les règles de vie, comme faire tes machines, se faire à manger, c’est une éducation aussi. Sans mon passage là-bas, je n’en serais pas là.
Quels souvenirs garder ?
C’était magnifique. Forcément il y a eu des hauts et des bas. Le début n’a pas été tout rose. J’arrive très jeune, un peu gringalet. Je sors du cocon familial et là, il faut s’intégrer dans un tout nouveau monde. C’est aussi une des rares années de ma carrière où j’ai connu deux grosses blessures qui ont compliqué les choses. Mais la formation y était excellente. Il y a eu beaucoup de bons moments. On était placé dans des conditions exceptionnelles. J’ai été formé avec Yannick Ferreira-Carrasco, Jessy Pi, ça c’est ma génération. J’ai aussi côtoyé la génération 92 avec Dennis Appiah, Nampalys Mendy, Valentin Eysseric, et 93, avec Marcel Tisserand. Des joueurs avec de belles carrières. C’est à l’AS Monaco que j’ai atteint mon premier grand objectif : décrocher un premier contrat pro, de 3 ans. Ça permettait aussi de pouvoir côtoyer et s’entraîner avec des joueurs comme James Rodriguez, Eric Abidal, Moutinho, deux grands gardiens aussi et de supers entraîneurs comme Claudio Ranieri ou encore l’entraîneur des gardiens André Amitrano qui a été exceptionnel. Dans l’ensemble, c’est un club merveilleux.
Est-ce un regret de ne pas être resté là-bas pour jouer en pro ?
Non car je savais que je n’allais pas jouer. Devant moi, c’étaient deux gardiens internationaux : Danijel Subasic et Sergio Romero. Je ne me suis pas trompé puisqu’aucun jeune n’a joué. Sur mes trois années, j’en ai fait une avec le groupe professionnel pour apprendre et voir comment fonctionnait une équipe et un club de très haut niveau. J’ai eu la chance de m’entraîner avec des joueurs de très haut niveau. J’ai vu leur façon de travailler sur et en dehors du terrain. Après, si je voulais faire ma carrière, il fallait que je prenne mon envol et que je prenne un peu de risques. J’ai fait le bon choix.
« J’ai besoin de stabilité »
Ensuite à Arles-Avignon, ce n’est pas tout simple non plus…
Ça été les montagnes russes. J’arrive là-bas dans le but de passer un cap puisque j’étais numéro 3 voire numéro 4 à Monaco. A Arles, je signe pour être numéro 2 en Ligue 2. Rapidement, une pubalgie survient. Je suis à l’arrêt deux bons mois. A mon retour, l’entraîneur qui m’a recruté, Bruno Irles, s’est fait virer. Le nouvel l’entraîneur me place 4e gardien dans la hiérarchie. C’est un coup de bambou. Je retourne jouer en réserve. C’est là que j’ai connu un certain Éric Allibert qui est passé par Rouen aussi et qui est l’actuel entraîneur des gardiens de Toulouse. Je m’entends très bien avec lui. J’ai alors beaucoup travaillé pour passer devant tout le monde. J’ai donc connu mes premiers matchs en pro à l’âge de 19 ou 20 ans. J’ai pu jouer et enchaîner une vingtaine de matchs de Ligue 2, lancé par Victor Zvunka. A cet âge-là c’était une bonne chose. Sauf que le club a été mis en liquidation judiciaire.
Là, vous avez dû trouver un nouveau club pour rebondir…
Je me suis retrouvé au chômage alors que les choses étaient bien parties et c’est à ce moment-là que je suis parti en Slovénie.
L’étranger, c’était une volonté de votre part ?
Clairement ce n’était pas le plan ! Ma volonté première était d’enchaîner avec un autre club de Ligue 2. J’avais des propositions comme Tours par exemple. Ça ne s’est pas concrétisé car le club avait besoin d’argent. J’ai alors dû étudier certaines offres et la meilleure d’entre-elles, pour ma carrière sportive, c’était d’aller jouer à l’étranger dans un club ambitieux qui avait pour but de jouer des matchs européens. L’objectif a été atteint.
Vous restez une saison, tout comme à Nîmes par la suite, et même à Sedan (un an et demi). Cela a été difficile d’enchaîner plusieurs clubs sur de courtes durées ?
Je suis quelqu’un qui a besoin de stabilité dans un club, comme ça a été le cas notamment à Dunkerque où j’ai enchaîné 4 saisons. Parfois, les choses ne se passent pas comme on le souhaiterait. Je parle par exemple du cas de Sedan où on joue la montée en National et on finit 2e derrière Drancy (saison 2017-2018). Même si les supporters m’appréciaient et que j’étais très attaché au club, au bout d’un an et demi j’avais d’autres ambitions donc j’ai signé à Dunkerque en National. On a d’ailleurs réussi l’exploit de monter en Ligue 2 ! Ensuite, j’ai eu l’opportunité d’aller à Nîmes toujours en Ligue 2 mais là ça ne s’est pas déroulé de la meilleure des façons donc il a fallu bouger. Mais chacune de mes expériences reste bonne et surtout enrichissante.
Comment s’est passée la fin de de parcours à Dunkerque après 4 saisons ?
La dernière saison fut compliquée. De nombreux changements sont intervenus avec la venue d’un directeur sportif et d’un nouvel entraîneur. Le contact n’était pas excellent, je ne voulais plus travailler avec eux malgré la très bonne entente avec les autres joueurs, malgré la ville et les supporters, qui m’appréciaient. J’ai trouvé un accord avec le club pour me libérer de ma dernière année de contrat et, donc, signer à Nîmes, dans un autre club de Ligue 2.
« C’est galvanisant de se sentir soutenus et poussés »
Après la saison à Nîmes, vous arrivez au FC Rouen, qui monte de National 2 : qu’est ce qui a fait pencher la balance ?
D’abord ce sont eux qui m’ont convaincu. Plus précisément, ce qui m’a plu, c’est la ferveur du club. Je l’ai tout de suite vu au premier match de championnat à domicile (contre son ancien club, Nîmes, 1-1 ) et même à l’extérieur à Dijon où ils sont venus en nombre nous soutenir (0-0). Quand je suis rentré sur le terrain à Diochon, j’ai dit « Ok, je suis venu là pour ça ! ». C’est un club qui est attirant par ses supporters et par le projet qu’il mène. Le FC Rouen revient de loin après sa liquidation judiciaire (en 2013). Ils ont l’ambition d’aller encore plus haut dans les années à venir. Le contact avec l’entraîneur, Maxime d’Ornano, s’est très bien passé. J’avais envie de rejoindre un club avec une dynamique positive aussi, et c’est le cas. On essaie de continuer puisque le début de saison est pour le moment intéressant (entretien réalisé 48 heures avant la défaite 3-2 au Red Star). Ce sont ces paramètres qui m’ont convaincu.
L’image d’un club rempli de passion est donc loin d’être galvaudée…
Complètement. Je ne sais pas comment fonctionnent les autres joueurs, de mon côté, j’ai du mal à jouer dans des stades vides. C’est galvanisant de se sentir soutenus et poussés. J’avais vraiment hâte d’obtenir la première victoire pour voir la communion avec les supporters. Quand on a gagné notre premier match, à domicile, contre Orléans (2-1, le 1er septembre dernier), c’était génial.
« Je veux être performant ici et réaliser de belles choses »
Vous expliquez « aimer la stabilité ». On peut vous imaginez vous installer sur la durée à Rouen si les choses se passent bien ?
La fin de la question résume bien les choses : « Si les choses se passent bien ». On a tous des ambitions, individuelles ou collectives, mais on doit d’abord travailler pour le club et l’équipe. On doit faire la meilleure saison possible sans se fixer de limites, en ayant avant tout l’objectif de se maintenir. A la fin de saison, on fera le point. Ce qui est sûr, quand je signe dans un club, je ne pense pas déjà à partir. Je pense à faire ma saison, à me stabiliser, être bien. Après, on ne sait pas ce qui peut se passer, une opportunité, un changement, on ne sait pas. En tout cas, mon état d’esprit est le même : j’ai signé un contrat de 2 ans à Rouen. Je veux être performant ici et réaliser de belles choses dans le club.
Malgré ce revers au Red Star lundi, après un superbe match, Rouen fait quand même un bon début de championnat. L’ambition peut-elle être revue à la hausse ?
Peut-être qu’au niveau de la direction, les ambitions sont très élevées. C’est normal, on veut voir son club le plus haut possible. Après, connaissant très bien le National, très relevé, avec des batailles tous les week-ends, il faut savoir être ambitieux tout en étant humble. Ce championnat a énormément évolué et progressé depuis que je l’ai quitté. Le niveau était plus hétérogène auparavant. Maintenant, tout le monde produit du jeu. C’est très intéressant. Plusieurs clubs ont des moyens plus importants pour faire progresser leur équipe et forcément ça élève le niveau. Alors parfois, il faut savoir aussi se satisfaire d’un match nul. On peut éventuellement prendre 2 points en plus à domicile face à Nîmes. Sinon les 2 matchs nuls à l’extérieur, à Dijon et Versailles, on est allé les chercher, les arracher (1). C’est ça qui fait la force d’une bonne équipe en National. Dans ce championnat, il faut savoir prendre des points régulièrement si tu veux passer une bonne saison voir une très bonne saison.
(1) Cet entretien a été réalisé 48h avant le match de la 5e journée où le FC Rouen s’est incliné au Red Star 3-2 à la dernière minute, à l’issue d’un véritable thriller. Le club normand n’est donc plus invaincu avant de recevoir GOAL FC ce soir. Pourtant, les points de satisfactions sont nombreux pour Axel Maraval et ses coéquipiers. Les Rouennais ont livré une très belle bataille face à l’un des favoris à la montée et accessoirement, actuel leader du championnat. Ils ont mis en avant les valeurs de dépassement, de courage et d’ambition qu’évoque Axel Maraval en revenant de 2-0 à 2-2 dans les dernières minutes de la rencontre.
« La victoire se cultive »
Pour un gardien, préserver le point du nul a encore plus de valeur ?
Ça dépend des scénarios des matchs. Quand tu fais un arrêt décisif ou plusieurs, évidemment, c’est important. Ce qu’on souhaite, nous les gardiens, c’est ne pas encaisser de but car on assure le match nul au minimum. Après, les collègues font le reste du travail devant. L’objectif, c’est ne pas prendre de but et ne pas perdre même si moi, je n’aime pas dire « ne pas perdre » puisque ce qui m’intéresse c’est gagner.
C’est une philosophie que vous partagez avec le coach, Maxime d’Ornano, connu pour son goût de la victoire et sa capacité à faire gagner ses équipes…
Cet intérêt pour la victoire, c’est justement un point qu’on a évoqué au téléphone lors de l’une de nos discussions. Je me reconnais dans ce discours. Je pense que la victoire se cultive. Lorsqu’on ne peut pas gagner, on se doit de laisser le moins de points à l’adversaire. C’est quelqu’un qui met l’accent sur ça et qui connaît très bien ce championnat. Il a fait une très belle saison avec Saint-Brieuc notamment. Donc ça se passe bien, j’espère que ça continuera à se passer de cette manière et qu’on continuera à avoir des résultats pour récompenser l’ensemble du travail des joueurs et du staff.
« Le poste de gardien est essentiel »
Quel type de gardien vous-êtes ?
On m’a souvent défini comme un gardien assez complet, ayant un caractère et un leadership. Un gardien tonique, avec de bons réflexes.
Votre approche du poste, son évolution et son rôle dans l’équipe ?
Je pense qu’il est bien plus essentiel que la majorité des gens ne le pensent. Ceux qui regardent le match à la télé vont voir le gros arrêt ou le but encaissé. Ça va au-delà. Un gardien va donner le pouls de sa défense. S’il est rassurant, les défenseurs vont se sentir aidés. A l’inverse, ils se sentiront plus fébriles. Le gardien peut lire le jeu. Sur une phase défensive, il va couper une action pour empêcher un but. Sur une phase offensive, il peut donner le tempo d’une action grâce à son jeu au pied. Il faut savoir prendre le temps, savoir attirer l’adversaire ou jouer long. C’est donc un maillon essentiel. C’est ma vision personnelle, même si je sais que beaucoup de personnes voient le gardien seulement par le biais d’une action dans le match. S’il fait l’arrêt, il a seulement fait son travail et quand il a pris un but, est-ce qu’il aurait pu faire mieux ?
Et dans le vestiaire, quel est votre rôle ? Quel type de personne vous êtes ?
Je suis quelqu’un de souriant. J’arrive tous les matins avec le sourire pour amener cette convivialité, cette jovialité. J’aime ce que je fais donc je suis heureux d’aller tous les jours m’entraîner. Pour moi, c’est important de voir mes collègues, de discuter avec eux. Par ailleurs, je suis exigeant avec moi-même et avec notre équipe. Ça peut parfois mener à hausser le ton. J’essaie toujours de le faire à bon escient car je suis convaincu que l’équipe peut réaliser de belles choses. Pour ça, la discipline est très importante sur la totalité de la saison.
« J’aimerais jouer au Vélodrome un jour »
Vous avez sans doute l’ambition de retrouver la Ligue 2, un championnat que vous connaissez bien aussi…
Bien sûr.
Est-ce vous avez aussi l’ambition de découvrir la Ligue 1 ?
Forcément. Je sais que ça peut arriver parce que je me donne les moyens pour ça. Jouer en Ligue 1, ça fait partie des objectifs qu’on peut se fixer individuellement. La réalité aujourd’hui c’est que j’évolue en National. A moi de faire une bonne saison avec mon club et les choses, si elles doivent arriver, elles arriveront. Je reste concentré sur mes performances sans me fixer aucune limite comme je fais depuis le début de ma carrière.
Quelle importance donne un joueur à la division dans laquelle il évolue ?
Ça reste important. A choisir, un joueur préférera toujours jouer en Ligue 2 qu’en National. Au final, quand tu es dans ton club, peu importe la division dans laquelle tu évolues, tu te dois de donner le meilleur de toi-même. Rien n’est plus beau que de monter et découvrir une nouvelle division avec son club. J’ai vécu ça avec Dunkerque.
Vous avez d’autres objectifs en tête ?
J’aimerais jouer au stade Vélodrome avant la fin de ma carrière, devant toute ma famille. Plus globalement, j’ai toujours dans la tête de pouvoir découvrir un jour la Ligue 1. C’est quelque chose qui me rendrait fier. Ce que j’aimerais surtout, c’est réaliser de belles choses avec mon club actuel. Avant de penser aux objectifs individuels, je suis quelqu’un qui pense au collectif. Alors réaliser une montée avec un club comme le FC Rouen, ça serait quelque chose de très bien.
Votre après-carrière, vous y pensez ?
C’est dur de savoir. C’est un sujet qu’on aborde entre coéquipiers mais c’est difficile d’avoir une réponse pour l’instant. J’ai ce côté partage, entraide, donner ce que j’ai reçu, qui est dans ma nature. Potentiellement, ça peut rejoindre un rôle d’entraîneur, ce qui pourrait m’intéresser. Maintenant, est-ce qu’après ma carrière de joueur je serai prêt à faire les mêmes concessions que je faisais en tant que joueur ? Je ne pense pas. J’aimerais me poser dans mon Sud et être proche des miens. Ça c’est la réalité d’aujourd’hui, on verra quand le moment serait venu de décider.
Axel Maraval, du tac au tac
Meilleur souvenir sportif ?
Les matchs d’Europa League et notamment celui à West Ham. Je peux aussi dire la saison avec Dunkerque quand on est monté en Ligue 2.
Le pire souvenir ?
C’est l’année dernière, la descente avec Nîmes.
Un but marqué ?
Oui ! De la tête avec l’AS Monaco en CFA. Le jour de mes 18 ou 19 ans je crois. Le coach, c’était Bruno Irles.
Un arrêt marquant ?
Face au Puy, l’année où l’on monte avec Dunkerque. Une tête sur un corner pas loin de la lucarne, je sors l’arrêt. On gagne le match 2-1 donc c’était un arrêt important.
La plus belle boulette ?
À Laval, l’année précédente. Je venais d’être papa 3 jours avant. Sur un coup franc, je veux prendre le ballon et il me passe entre les jambes. C’est marquant. Je m’en souvenais tellement qu’au match retour, on mène 1-0 et à la dernière minute, Laval a un penalty. Je l’ai arrêté ! Finalement je me suis un peu rattrapé !
Des cartons rouges ?
Oui, deux. Le premier en CFA la même année où je mets le but. Un deuxième avec Dunkerque l’année de la montée. On était à 1-1 contre Boulogne dans un derby chaud. Dans les trois dernières minutes, l’attaquant me dribble et part au but. Au lieu de le laisser marquer, je fais une petite faute en dehors de la surface et on fait match nul 1-1 donc c’était nécessaire. J’avais loupé deux matchs mais ça nous a permis de prendre un point.
Une idole ?
Comme gardien, il y en a beaucoup, de l’époque Barthez et Casillas. Mais ce n’étaient pas mes idoles, davantage des exemples. Ma vraie idole, c’était Zidane.
Le meilleur gardien actuel ?
C’est très dur de répondre parce qu’ils sont nombreux à être très bons. Selon moi, il y a un gros top 5 avec Ederson, Ter Stegen, Courtois, Maignan, etc.
Une équipe supportée ?
L’Olympique de Marseille. Dès que j’ai l’occasion je vais au stade.
Passion en dehors du foot ?
Ce n’est pas aussi fort que le foot mais j’aime la moto et plus globalement les sports mécaniques. J’aime également les sports de combat.
Un stade marquant ?
Le stade Olympique de West Ham. Avec 60 000 personnes, ça fait quelque chose.
Un match marquant ?
Chaque année, il y a au moins un match marquant donc c’est dur d’en ressortir un.
Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Dimitri Payet.
Le coéquipier le plus fort avec qui vous avez joué ?
James Rodriguez.
Un joueur avec lequel vous vous entendiez particulièrement bien ?
Guillaume Bosca, qui joue aujourd’hui à Marignane dans notre championnat. Et aussi Malik Tchokounté (Laval) et « Lolo » Dufau (GOAL FC). Parmi les joueurs très connus, il y a aussi Danijel Subasic, à Monaco.
Un entraîneur marquant ?
Plusieurs même. Claude Robin, Bruno Irles. Fabien Mercadal. Nicolas Usaï.
Un dirigeant marquant ?
Luis Campos.
Un rôle sous-estimé dans un club ?
L’intendant.
Une causerie mémorable ?
Oui avec Nicolas Usaï. On jouait le maintien et on était clairement « dans la panade ». Il nous montre une vidéo. C’était celle du relais 4 x 400m féminin aux championnats d’Europe. Le commentateur dit que c’est fini pour la France et puis elles gagnent finalement.
Votre premier match en pro ?
C’était à Sochaux avec Arles-Avignon. Avant ça j’ai joué mon tout premier match, mais en amical cette fois, avec l’AS Monaco contre Augsbourg.
Votre geste préféré ?
L’arrêt réflexe décisif.
Un club où vous auriez pu signer ?
Joker.
Qualités et défauts sur un terrain ?
Pour les qualités, je dirais lecture de jeu, sérénité et efficacité. Pour les défauts, je n’en ai pas (rires) et ça pourrait donner des idées aux adversaires. Plus sérieusement, les défauts que j’ai, je les travaille pour ne plus les avoir.
Il vous faut combien de balles de golf quand vous faites un parcours ? Il paraît que vous arrosez pas mal les greens…
C’est vrai. J’essaye de jouer au golf, j’aime bien. Pour un 9 trous je peux bien utiliser 6 balles, c’est déjà arrivé en tout cas !
Le soir de la remontada de Barcelone contre le PSG, il paraît que vos voisins n’étaient pas contents du bruit. Vous auriez reçu pas mal de mots de leur part….
J’ai compris, ça vient de Loïc Dufau ça ! Il était chez moi ce soir-là, à Sedan, et c’est vrai que l’immeuble a tremblé ! J’avais des vidéos ! J’aimerais bien les revoir avec « Lolo », on rigolait bien.
Si un club turc vous appelle et que dans le contrat vous avez le droit de faire un implant pour les cheveux, vous signez ?
D’office. Mais je réglerai mes comptes ce soir avec Loïc ! (Ndlr : le FC Rouen reçoit ce soir le Goal FC, où évolue Loïc Dufau, ancien coéquipier en réserve à l’AS Monaco et au CS Sedan Ardennes, Marseillais comme lui !).
Championnat National 2022-2023 (6e journée) : vendredi 15 septembre 2023, à 19h30, au stade Robert-Diochon : FC Rouen – GOAL FC. Match retransmis en direct sur FFF TV (lien ci-dessous) :
Passé par la Norvège, l’Espagne, la Grèce, l’Afrique du Sud et l’Italie, où il a découvert différentes cultures, l’ancien défenseur central apporte son expérience de globe-trotter au sein du staff technique du club azuréen, promu en National 2. Un parcours de vie ultra-enrichissant.
Derek Decamps est un peu le Phileas Fogg des temps modernes. S’il n’a pas bouclé un tour du monde en 80 jours comme le héros de Jules Verne, le natif de Paris (38 ans) a mené une carrière de défenseur tambour-battant de la France à la Norvège, en passant par la Grèce, l’Espagne ou encore l’Afrique du Sud.
Si le football est un sport, il est aussi un vecteur indispensable de transmission de passion et de culture. Au-delà de ses simples voyages, Derek s’en sert pour transmettre sa passion et sa vision à sa famille et à ses joueurs.
Entraîneur-adjoint de l’AS Cannes – promue en National 2 – depuis 2019, avec qui il a connu un titre de champion de France de National 3 la saison dernière aux côtés du coach principal Jean-Noël Cabezas, celui qui a joué contre Totti et Odegaard invite à une réflexion globale sur la transmission des valeurs et sur l’importance du poste d’adjoint au sein d’une équipe de football.
Derek, ton histoire commence à Cannes : raconte-nous…
Oui, de 1998 à 2005, je joue à Cannes. Puis je signe à l’Aris Salonique en Grèce et là, premier grand souvenir, je me retrouve à jouer l’Europa League contre l’AS Rome ! Le fait de partir à l’étranger et de jouer la Coupe d’Europe, j’étais sur un nuage, c’est quelque chose auquel je ne m’attendais pas. Là-bas, en Grèce, je découvre un nouveau pays, une nouvelle culture, mais ce que je retiens, c’est surtout la ferveur des supporters, tu joues devant de vrais fanatiques ! Il faut savoir que, là-bas, si tu ne gagnes pas, tu n’es pas payé. Donc, pour manger, il faut gagner.
Ensuite, tu pars en Espagne à Lorca…
Oui. Alors, le club venait de descendre en 3e division avec, notamment dans ses rangs, un certain Unai Emery ! Mais quand je suis arrivé, il partait. L’Espagne, c’est un football totalement différent, plus convivial, moins fanatique-agressif. Après, je suis parti à Alcorcon pendant 6 mois. J’ai eu une blessure, l’équipe tournait bien, donc j’ai pris la décision de partir aux Baléares, sans grand succès.
Et tu reviens en France… Avant de partir en Afrique du Sud !
Oui, je fais un essai à Troyes ! A la fin de la semaine d’essai, on fait un match amical contre Auxerre et, lors de ce match, un agent est présent. A la fin du match, il vient me voir et me propose le club de l’Ajax Cape Town en Afrique du Sud. C’est un club qui appartient à l’Ajax Amsterdam. Banco, j’y vais. Là-bas, c’est incroyable, les Africains surfent sur la dynamique de la Coupe du Monde. Malheureusement, on finit vice-champion au goal-average et on perd en finale de coupe. On a joué devant plus de 40 000 personnes, c’était vraiment sympa de pouvoir bénéficier des stades de la coupe du monde 2010.
On dit que les Africains sont très solaires…
Oui, ils sont très joyeux malgré tout ce qu’ils peuvent vivre au quotidien, ils n’ont rien. Le contraste entre l’Europe, où l’on se plaint beaucoup, et l’Afrique, où ils n’ont rien et où ils vivent de manière différente, est quand même grand…
Tu traverses la planète du sud au nord pour ensuite te rendre en Norvège…
En fait, mes enfants sont nés et on voulait se rapprocher de la France. En Norvège, en-dehors du terrain, les gens sont assez froids, directs, tout comme au foot. C’est un foot rugueux, direct, plus athlétique mais moins tactique qu’en France. J’ai pris beaucoup de plaisir, et j’ai réalisé une saison 2011-2012 où j’étais vraiment épanoui. Malheureusement, mes enfants ont eu quelques soucis de santé et il fallait que je rentre en France. Je suis donc arrivé à Angers (Ligue 2) où j’ai fait une saison, ça ne s’est pas super bien passé…
“Mes enfants parlaient norvégien entre eux !”
Que s’est-il passé à Angers ?
Je devais remplacer un défenseur central, qui finalement allait bien et on s’est retrouvé à 5 défenseurs centraux dans l’effectif. Je n’ai ensuite pas saisi le bon wagon… J’ai joué contre Guingamp où je n’ai pas fait un très bon premier match, puis à Laval en Coupe de la Ligue où j’ai réalisé l’un de mes meilleurs matchs de ma carrière. Malheureusement, je suis sur le banc à Lens, lors du match suivant, je n’ai pas pu saisir ma chance. Mentalement, c’est une saison vraiment difficile, mais j’ai ma part de responsabilité.
Puis tu es prêté… en Norvège !
Oui ! Je réalise 3-4 mois très agréables avec un autre Français au sein de l’équipe, Jérémy Berthod. J’étais très bien intégré au club, j’avais de très bonnes relations avec le staff, les supporters, etc. Au quotidien, la vie est quand même différente, les gens sont plutôt casaniers parce qu’il fait froid. Tout le monde parle anglais par contre, mais, il faut avouer que c’est compliqué dans la vie de tous les jours si tu ne parles pas norvégien.
Et tes enfants ?
Ils allaient à l’école norvégienne, des fois ils parlaient même norvégien entre eux (rires) ! Ils pouvaient s’épanouir culturellement. Par la suite, ils ont eu quelques soucis de santé, il leur fallait du soleil et donc je décide de rentrer définitivement en France.
Pourquoi tant de voyages ?
Quand j’étais petit, j’ai habité au Gabon, à Paris, à Stockholm, à Milan avant d’arriver à Cannes à l’âge de 13 ans. J’ai d’ailleurs joué au Milan AC jusqu’à l’âge de 13 ans. Quand je suis arrivé en France, je parlais mieux italien que français (rires).
Il y a donc un parallèle incroyable entre ta vie personnelle étant petit et ta vie professionnelle…
Oui, involontairement, c’est peut-être dans les gènes.
Comment on s’organise avec la famille lorsqu’on fait autant de voyages ?
Lorsque l’on voyage, nous, dans le foot, on est conditionné, c’est naturel. Mais les sacrifices réalisés par la famille sont des choses dont on prend conscience bien plus tard. Laisser ses amis, sa famille, c’est un vrai choix de vie, un vrai sacrifice. On met sa vie entre parenthèses. Je n’en avais pas pleinement conscience, mais l’on s’en rend compte avec plus de maturité.
Peux-tu nous évoquer une étape marquante de ta carrière ?
Chaque étape m’a marqué à sa façon. La Grèce avec son fanatisme, le fait de devoir gagner pour être payé, ce pays si particulier et le fait que je me sois beaucoup rapproché des Sud-Américains, à chaque fois. L’Espagne m’a surtout marqué par sa joie de vivre et son football. L’Afrique du Sud, lorsque nous avions 3 jours de repos, nous partions en safari. Le foot, c’était un football offensif, attirant. Au final, c’est un enrichissement de connaître toutes ses cultures, ces langues, ces types de football : la Grèce, c’est la culture de la gagne. L’Espagne, c’est le côté technique. La Norvège, c’est la transition, le côté athlétique. L’Afrique du Sud, c’est la vitesse, la joie de vivre. Et la France, c’est cette culture tactique, le fait de ne pas prendre de but. Chaque pays est un enrichissement sur le plan professionnel.
Tu parles combien de langues, du coup ?
Je parle français, espagnol, anglais, italien couramment. Le grec, je le parlais et je le lisais. Le norvégien, je l’ai moins appris mais j’étais capable de donner une interview autour du foot. L’acquisition de la culture permet de bénéficier d’une vision différente. Une vision que j’essaie de transmettre à mes enfants dans la vie de tous les jours et sur le terrain à mes joueurs.
“Quand j’étais petit, je voulais marquer plus de buts que Pelé !”
Avais-tu un objectif de carrière ?
Quand j’étais petit, je voulais marquer plus de buts que Pelé (rires) ! J’étais attaquant lorsque je jouais au Milan AC, mais c’était un objectif assez inatteignable (rires). Je suis très heureux de ma carrière.
Charly Charrier a récemment déclaré ici : « On a la carrière que l’on mérite ». Et toi, alors ?
Oui, je pense ! Il me manquait la vitesse pour jouer plus haut. J’aurais peut-être pu travailler cet aspect plus tôt… Mais ça m’a permis de développer une lecture du jeu.
As-tu des regrets ?
Je n’ai aucun regret, j’ai fait une belle carrière, ma force mentale m’y a aidé. J’avais cette rigueur et cette volonté de réussir. Il n’y avait pas de raison pour que je n’y arrive pas. Le mental fait beaucoup.
Après ta carrière, tu reviens à Cannes en 2016…
Arrêter le foot, ça a été un choix familial. Après avoir beaucoup voyagé, on voulait trouver de la stabilité pour s’épanouir. Pendant 6 mois, je n’ai rien fait et, au mois d’août, je croise Bernard Lambourde qui me propose de devenir adjoint de David Saffioti. Je suis venu m’investir dans le club en tant qu’adjoint et passer mes diplômes. On avait les U19 DHR et, en décembre, on a repris les U17.
Parallèlement, tu fais quelques entraînements avec la N3…
Oui, c’est une histoire un peu particulière. En 2017-2018, au mois de novembre, il y avait des soucis de défenseur central. Du coup, je me suis entraîné pendant deux semaines avec l’équipe. Le souci était que les entraînements étaient sur le même créneau que les U17. J’ai donc décidé d’arrêter de jouer pour continuer d’entraîner avec les U17.
Un rôle de confident
Depuis 2019, tu es entraîneur adjoint de l’équipe fanion. Quel est ton rôle ?
Le rôle d’adjoint est de s’adapter aux besoins, à la façon de faire du coach, de connaître parfaitement ce qu’il attend et ce qu’attend l’équipe. Avec le temps, une relation se noue, un apprentissage se met en place et on est un véritable lien entre les joueurs. Jean-Noël Cabezas, l’entraîneur actuel, a sa façon de travailler, il aime beaucoup entraîner, animer. Avec le temps, il m’a confié plus de responsabilités avec les défenseurs, dans l’analyse vidéo… C’est un réel travail en équipe.
Certains joueurs disent que tu es un peu le confident, le lien…
C’est souvent le rôle d’un adjoint d’avoir cette confiance réciproque avec les joueurs. Il y a des moments où c’est plus difficile pour certains joueurs, donc on fait en sorte de les accompagner. On est le lien entre l’entraîneur et les joueurs, on anticipe et on analyse les besoins des joueurs, les contextes, l’environnement, le vestiaire, etc. En réalité, l’adjoint doit tout connaître des joueurs et du staff.
L’entraîneur adjoint a-t-il pour vocation de devenir entraîneur principal ?
Je pense que c’est propre à chaque adjoint. Il y a des adjoints qui préféreront rester adjoints. On a une proximité avec les joueurs qui est différente. En termes de compétences, l’adjoint doit être capable de se mettre en retrait et d’accepter de travailler dans l’ombre, d’être humble. Si l’on regarde, on a beaucoup de formations d’entraîneur, de médecin, etc. Mais d’adjoint cela n’existe pas.
Est-ce un axe d’amélioration pour le développement du football ? L’entraîneur adjoint ne devrait-il pas avoir un rôle à part entière et acquérir des bases de compétences dans cette optique ?
Je pense qu’il y a une certaine réflexion à mener sur le rôle et la formation d’un entraîneur adjoint.
Te verrais-tu prendre une équipe en tant qu’entraîneur principal ?
J’ai les diplômes, mais je ne sais pas de quoi est fait l’avenir. J’ai déjà été entraîneur chez les jeunes et avec l’équipe réserve de Cannes, en R2. Après, ce n’est pas une fin en soi.
“J’aime que les choses soient faites méthodiquement”
En tant qu’entraîneur adjoint, comment prépares-tu un match ?
Je veille à ce que tout soit prêt pour que les joueurs soient dans les meilleures conditions. Je rassure les joueurs, je fais en sorte qu’ils soient dans leur cocon, dans leurs routines de match. Après, j’anime l’échauffement, on essaye d’être le plus positif possible, de réduire un maximum le stress. Dans n’importe quelle situation, n’importe quel contexte, on essaie de rester pareil. Simplement, on essaie parfois de jouer sur les mots employés pour réussir, par exemple, nos entames de match. Ce qui nous a beaucoup réussi l’an dernier !
Tu as un rituel particulier avant chaque rencontre ?
Non, j’en avais quand j’étais joueur, j’avais ma routine. Ce conditionnement est important pour se préparer à la compétition. Alors, en tant qu’entraîneur, je n’ai pas forcément de rituel, mais j’aime bien que les choses soient faites méthodiquement.
Et ça a l’air de fonctionner puisque, la saison dernière, ton équipe monte en N2 avec 20 points d’avance…
C’est surtout l’aboutissement de tout le travail effectué en amont depuis 2016, chacun a apporté sa pierre au club et l’a fait grandir. Nous, on a réussi à faire fructifier ça. À Cannes, il y a eu une restructuration au niveau des jeunes, tout a été fait pour que l’on soit prêt à monter. Cette accession en N2 restera pour l’histoire du club, les supporters. Mais lors de cette saison de N3, en réalité, chaque match a été une bataille. Le groupe n’a jamais lâché, même une fois la montée actée. Les joueurs ont été professionnels jusqu’au bout.
Derek Descamps, du tac au tac
Ton meilleur souvenir sportif ?
Mon match d’Europa League contre l’AS Rome, j’étais très jeune.
Ton pire souvenir sportif ?
Lorsque je me suis fait les ligaments croisés à 18 ans ! Ça m’a forgé le caractère. Il y a aussi ce qui s’est passé à Marseille Ardziv la saison dernière, ce n’était plus du foot, pour un match de National 3, en arriver là… (NDLR : Derek Decamps a reçu un coup de poing lors de la rencontre Euga Ardziv – AS Cannes, la saison dernière).
Ton plus beau but ?
Une tête rageuse en Afrique du Sud, sur un corner !
Tu étais un défenseur plutôt…
Très calme, dans l’anticipation et la lecture du jeu, qui relançait, bon dans le jeu aérien.
Pourquoi être devenu footballeur ?
Je ne sais pas, peut-être le conditionnement. Je ne me voyais pas faire autre chose, je voulais faire ça depuis que j’avais 6 ans. Mes parents voulaient que j’ai mon bac, j’ai d’ailleurs eu mon bac S !
Un coéquipier marquant ?
Gaël Clichy ! Je me souviens d’une volée de pied droit en U15, incroyable. Il y a aussi un match à Fréjus : un attaquant part dans son dos, Gaël le rattrape et lui prend le ballon. L’entraîneur adverse s’énerve contre son joueur en lui disant d’accélérer, et le joueur lui répond « Mais coach, je ne peux pas, il va trop vite ! » (Rires). Ça m’avait marqué ! Il allait tellement vite que même l’attaquant ne pouvait rien faire.
Un joueur adverse ?
Martin Odegaard lorsque je jouais en Norvège. Il avait 15-16 ans, il m’avait fait mal !
Une équipe qui t’a impressionné ?
Rome ou Fiorentina en amical, c’étaient tous des monstres. Il y avait Totti, quel joueur incroyable !
Un coach marquant ?
J’en ai eu des différents, mais je dirais que chaque entraîneur m’a marqué à sa façon.
Une anecdote de vestiaire ?
Un jour, en Grèce, alors que l’on avait fait match nul, les supporters étaient descendus dans le vestiaire, l’avaient aspergé d’essence et y avaient foutu le feu ! Ils étaient même venus au centre d’entraînement !
Un dicton ?
Tout le monde est important, personne n’est indispensable ! Ça permet de relativiser et de garder cette humilité.
Ton plat préféré ?
Il y en a tellement ! En France, les lasagnes (c’est pas français je crois, j’ai dit une connerie!) ! Ou encore la raclette ! (rires).
L’AS Cannes ?
Mon club de cœur, où j’y ai passé le plus de temps. Sept ans en tant que joueur, c’est ma 8ème année en tant que coach. En 2016, j’ai retrouvé des gens que je connaissais, c’est beau.
Derek Decamps vu par…
Cédric Gonçalves (capitaine de l’AS Cannes) “Derek, c’est un intermédiaire par moments avec le coach. Il est très impliqué, il permet au coach de se focaliser sur certains aspects et lui en prend d’autres en charge. Les jours de match, il nous aide notamment sur les coups de pied arrêtés. C’est quelqu’un avec qui on peut parler, un peu comme un confident. C’est notre relais avec le coach. Il est important dans la vie de tous les jours. On a des habitudes avec lui depuis 3 ans et ça marche bien !”
Julien Domingues (attaquant de l’AS Cannes) “Derek nous apporte beaucoup de sérénité et de confiance au sein du groupe. Il sait nous parler, il est là pour compléter ce que dit le coach et nous apporter des précisions.”
Du jeu, des émotions, du plaisir, du respect, du partage. Et parfois un peu de tension ! 13heuresfoot a suivi la journée d’Alexandre Mercier, arbitre Fédéral 4, lors du match Colmar – Saint-Quentin du 2 septembre. Un récit riche et passionnant qui met en valeur une fonction décriée.
A tout juste 37 ans, Alexandre Mercier fait partie des arbitres très expérimentés de la catégorie, à l’instar de Romain Zamo, Yann Gazagnes, Guillaume Janin, Philippe Lucas ou encore Julien Schmitt. Tous comptent plusieurs centaines de matchs de National 2 et dénotent un peu dans cette catégorie F4 qui est un vivier de jeunes, voire de très jeunes arbitres qui seront amenés à officier beaucoup plus haut dans les saisons à venir.
Mais la présence de ces hommes au sifflet très expérimentés est importante : ils apportent leur vécu dans ce groupe d’arbitres. De plus, ils officient lors de rencontres prétendues plus « compliquées » que les autres. Après avoir raté sa chance durant deux à trois saisons pour monter en championnat National 1, Alexandre assume parfaitement son statut mais n’en reste pas moins ultra- motivé à l’idée d’officier sur les terrains de National 2, où il prend beaucoup de plaisir.
13heuresfoot a suivi Alexandre pendant un match de National 2 entre Colmar à Saint-Quentin, au Colmar Stadium (samedi 2 septembre), son premier de la saison « au centre », après avoir officié le lundi précédent comme 4e arbitre lors de la rencontre de Ligue 2 entre Annecy et Saint-Etienne (les arbitres fédéraux 4 officient principalement en National 2 mais peuvent aussi officier comme 4e arbitre en Ligue 2 plusieurs fois dans la saison).
Chef d’entreprise la semaine et papa de deux jeunes enfants, l’emploi du temps d’Alex, qui parvient à concilier toutes ses activités très complémentaires, est très chargé. Sa riche carrière dans l’arbitrage lui apporte un plus considérable dans sa gestion d’entreprise où les similitudes, notamment dans le management, sont nombreuses, que ce soit avec son personnel ou avec les joueurs sur le rectangle vert.
Cette plongée en totale immersion dans la peau d’Alexandre Mercier, qui a accepté d’être suivi pendant une journée la préparation et de suivre le déroulement de son match de National 2, permettra de mieux comprendre le quotidien des hommes en noir. L’occasion aussi de mieux connaitre une fonction souvent décriée par méconnaissance des règles mais surtout par méconnaissance des hommes qui l’exercent. Dans la peau d’un arbitre de National 2, comme si vous y étiez !
« Monsieur l’arbitre, pas comme la semaine dernière ! »
14h15 – Départ pour le match
Question logistique, c’est plutôt simple aujourd’hui avec l’un des plus courts déplacements de la saison pour cet arbitre de la ligue Bourgogne Franche-Comté. 1h45 de route suffiront pour rejoindre Colmar (Haut-Rhin). Les arbitres sont tenus d’arriver au stade au minium 1h30 avant le coup d’envoi mais Alexandre aime bien arriver en avance et ainsi prendre de la marge pour palier tout éventuel problème sur la route. Le trajet en voiture est mis à profit pour appeler les collègues arbitres – qui pour certains sont des amis -, et prendre de leurs nouvelles, partager leurs expériences. Alexandre appelle son ami Antoine Valnet qui officie le même soir sur l’affiche de Ligue 2 Grenoble-Bastia. Il l’encourage et lui souhaite un bon match. Les arbitres sont souvent seuls en déplacement mais très solidaires entre-eux. C’est un partage au quotidien.
16h05 – Arrivée au stade
Les officiels ont toujours un emplacement réservé à leur véhicule dans les stades. Alexandre est attendu par le service sécurité du club recevant qui l’accueille en compagnie des délégués et des deux arbitres assistants. Les poignées de main sont nombreuses avec l’ensemble des dirigeants Alsaciens avant d’arriver dans le vestiaire.
16h10 – Café d’avant match
Comme il est de coutume, l’accueil des arbitres se fait autour d’un café. Direction la salle de réception du Colmar Stadium pour le délégué et les trois arbitres. Le Président Colmarien Marc Nagor se joint à ce moment convivial avec le Président du club de l’Olympique Saint-Quentin, Didier Dubois, tout juste arrivé au stade. Un moment d’échange privilégié entre deux présidents passionnés où chacun fait part de ses difficultés pour exister dans ce championnat de National 2.
Les deux clubs ont mal démarré leur championnat (défaite 3-0 à Auxerre pour Colmar, défaite 4-0 à domicile face à Bourg-en-Bresse pour St-Quentin). Marc Nagor, le président Colmarien, « charrie » amicalement Alexandre Mercier : « Mr l’arbitre, vous ne ferez pas comme la semaine dernière où on nous a sifflés deux pénaltys en première mi-temps ! »
16h25 – Reconnaissance, visite et vérification du terrain
Il est tant maintenant pour nos trois arbitres de se rendre sur la pelouse du Colmar Stadium pour vérifier la conformité du terrain (traçage, état de la pelouse, vérification des filets). C’est aussi un moment d’échange plus intimiste entre arbitres. Les assistants dépendent de la Ligue régionale du club recevant : une occasion de faire plus amples connaissances. David Demir, l’assistant 1 (coté banc de touche), est un jeune arbitre spécifique assistant qui ambitionne d’atteindre le niveau fédéral. Camille Bidau, l’assistant 2, est pour sa part arbitre central en National 3 et à déjà derrière lui une belle carrière d’arbitre régional.
16h40 – Retour aux vestiaires
Retour aux vestiaires où le délégué Nourredine Aït Mouloud a préparé les équipements des deux équipes, gardien compris, afin que l’arbitre principal valide les couleurs et détermine par la même occasion la tenue dans laquelle le trio va officier.
Les arbitres peuvent maintenant se préparer et rentrer tranquillement dans leur match.
16h45 – Signature de la feuille de match par les capitaines
C’est un moment toujours important afin de faire connaissance avec les capitaines. Alexandre Gisselbrecht, le capitaine Alsacien, est le premier à pousser la porte des vestiaires. Alexandre Mercier l’accueille sous le ton de la boutade « Ah vous êtes capitaine cette saison… c’est grâce au magnifique but que vous aviez mis la saison dernière lorsque je vous avais arbitré contre la réserve de Metz ?! » Le ton est donné ! L’ambiance est détendue. Les hommes se connaissent et se respectent. Youssef Sylla, le capitaine de Saint-Quentin, pose pour sa part le décor d’entrée : « C’est la première fois que je suis capitaine, je ne sais pas ce qu’il faut faire ! » L’homme en noir le met à l’aise et le rassure : « Ne vous inquiétez pas, on va vous guider ». Tout est conforme, les protagonistes peuvent se serrer la main et partir à l’échauffement.
16h55 – Briefing avec le délégué et consignes aux assistants
C’est maintenant l’heure pour les officiels de rentrer dans le vif du sujet. Avec le délégué, c’est l’organisation de la rencontre qui est évoqué (gestion des blessés et des remplacements, pause fraicheur, validation des équipements, etc.). Avec les arbitres assistants, Alexandre rentre plus dans le détail des consignes techniques du match : « Prenons le temps dans nos décisions, le jeu donne les réponses ». Le mot d’ordre est « plaisir et sérieux ». Néanmoins, il faut être vigilant quant aux contestations et les distinguer de la frustration : « La frustration, ça monte haut rapidement mais ça redescend aussi vite. Ce sont des passionnés qui ont préparé leur match, il faut les laisser vivre leur match et faire preuve de discernement. »
17h16 – Départ pour l’échauffement
A la sortie du tunnel, Alexandre croise les deux coachs (Jean-Guy Wallemme pour Colmar et Johan Jacquesson pour Saint-Quentin). Il les salue et échange très rapidement quelques mots pour tisser un premier contact. Il fait très chaud en ce début septembre en Alsace mais la préparation athlétique est primordiale pour bien débuter le match.
17h45 – Retour aux vestiaires
C’est l’heure des derniers préparatifs. Rappel de la philosophie mise en place aux assistants : « Si les joueurs acceptent, on laisse jouer aux maximum ». Il faut maintenant procéder à la vérification de l’identité des joueurs via la feuille de match informatisé. Les joueurs sont dans le tunnel. La tension monte. La concentration est à son maximum. Le son de la musique monte et les 22 acteurs accompagnés des 3 arbitres pénètrent maintenant sur le terrain. Après la séance protocolaire et les traditionnelles poignées de main avec les coachs, le jeu peut enfin commencer.
18h – Coup d’envoi
Le début de match est assez soporifique avec deux équipes timides qui sont clairement en recherche de repères. Il faut attendre la 13e minute pour voir le public Alsacien se réveiller après deux corners consécutifs pour les locaux. Le match est très calme mais l’arbitre doit néanmoins rester concentré. A la 17e, l’une des premières fautes du match est grossière. La semelle de l’attaquant Saint-Quentinois est haute sur le milieu défensif Alsacien. Fort heureusement, il n’y avait pas beaucoup d’intensité dans le geste mais Alexandre n’hésite pas une seconde et sort rapidement le premier – et seul ! – carton jaune du match. L’arbitre a mis son empreinte sur le match et a montré son seuil de tolérance.
La pause fraicheur ne donne pas plus d’allant aux équipes et en contre, dans le silence total, Saint-Quentin ouvre le score sur sa première occasion, à la 33e (0-1). Malgré la frustration colmarienne qui monte, la fin de la première mi-temps est gérée avec beaucoup de communication et de sourire auprès des joueurs de la part de l’homme en noir.
18h45 – Mi-temps
Avec la chaleur étouffante, les trois arbitres profitent de la pause pour s’hydrater et se reposer. Pas de problème majeur à souligner sur ce premier acte. Malgré une rencontre peu emballante, Alexandre Mercier insiste lourdement auprès du délégué et de ses assistants sur le fait de rester bien concentré lors de la seconde période.
19h – Reprise de la seconde période
Jean-Guy Wallemme a changé de système de jeu et son équipe revient sur le terrain avec de biens meilleures intentions. Les locaux égalisent rapidement et les 600 spectateurs présents poussent leur équipe. Malheureusement pour eux, 4 minutes après cette égalisation, Saint-Quentin repasse devant grâce à une magnifique frappe de Mathis Colin qui vient se loger sous la barre transversale du gardien Magate Ndiaye, impuissant. Trois minutes plus tard, Alexandre Mercier siffle un penalty en faveur des visiteurs. La faute est indiscutable même si le défenseur Colmarien Loïc Meyer réclame une faute sur lui au préalable. Florent Stevance ne se fait pas prier et donne deux longueurs d’avance à son équipe (1-3).
La physionomie est tout autre dans cette seconde période. Cette fois, l’arbitre central a beaucoup plus de travail.
A la 70e, Colmar profite d’un cafouillage sur corner pour réduire le score (2-3). Les défenseurs de Saint-Quentin réclament une faute sur le but mais son vite remis dans le droit chemin par leur coach : « Arrêtez de contester, gardez votre énergie ! Vous croyez que vous allez faire annuler le but ?! »
La tension monte au fil des minutes. Alexandre Mercier est obligé d’intervenir auprès de Jean-Guy Wallemme après qu’un joueur soit sorti sur saignement. Une incompréhension.
Les changements se multiplient. L’assistant N°1 et le délégué ne chôment pas dans ce second acte. Alexandre Mercier annonce 5 minutes de temps additionnel. L’air est irrespirable pour le banc des visiteurs qui se lève à chaque coup de sifflet, pensant que le match est terminé. L’homme en noir est obligé d’intervenir pour faire assoir tout le monde !
Finalement au bout du bout du temps additionnel, et après une dernière occasion « immanquable » loupée par un attaquant de Colmar, les trois coups de sifflet final sont donnés. Les verts de Colmar rentrent aux vestiaires le regard noir et la tête basse, pendant que les joueurs de Saint-Quentin savourent au bout de l’effort.
19h55 – Retour aux vestiaires
Les trois arbitres rentrent aux vestiaires avec le sentiment du devoir accompli. Alexandre félicite son équipe : « Notre arbitrage a été compris et accepté ! » Après un retour au calme, il est temps de remplir les formalités administratives de la feuille de match pour clôturer cette rencontre.
20h30 – Sortie des vestiaires
Après la douche, les officiels quittent les vestiaires pour la traditionnelle collation d’après match. Dans le couloir, Alexandre Mercier échange quelques mots avec le coach de Saint-Quentin, exténué de son match mais très satisfait du résultat. Alexandre et ses collègues se retrouvent sur le parvis du stade, avec les partenaires (à la demande de l’arbitre) et sont parfaitement reçus par le président Nagor. Quelques partenaires et dirigeants viennent saluer l’homme en noir du jour et le félicitent de sa prestation malgré la défaite de leur équipe. C’est le moment d’échanger aussi sur le penalty accordé aux visiteurs. Le dialogue est courtois et respectueux. La discussion se prolonge longuement entre l’arbitre et le Président de Colmar. Les deux hommes échanges sur ce championnat de National 2 si intéressant. Ce sont deux personnages qui retrouvent les mêmes valeurs de partage et de plaisir dans cette passion commune qu’est le ballon rond.
21h30 – Fin de soirée
Les lumières du stade s’éteignent les unes après les autres. Il est temps pour le trio arbitral de saluer les dernières personnes présentent et de se diriger vers leur voiture pour le chemin du retour ! Certaines soirées d’après matchs peuvent paraître longues et compliquée pour des arbitres qui se retrouvent seuls face à eux même lorsqu’ils ont des doutes ou que le match s’est mal passé. Les arbitres sont avant tout des êtres humains, qui exercent cette fonction par passion et qui, à l’instar des équipes, peuvent connaître des joies mais aussi des désillusions.
Ce soir, en quittant le Colmar Stadium après une dernière « mousse », Alexandre Mercier peut apprécier cette belle soirée comme il les aime. Avec du jeu, des émotions et du partage. Pourtant, dès le lendemain, il faudra reprendre le rythme infernal de sa vie professionnelle tout en préparant ses deux prochaines échéances : Selongey – Moulins en National 3 (samedi 9 septembre) puis Boulogne-sur-Mer – Granville en National 2 vendredi 16 Septembre.
Alexandre Mercier, du tac au tac
Meilleur souvenir dans l’arbitrage ?
Arbitre de centre sur un 8e tour de coupe de France au stade Bollaert entre le RC Lens et Wasquehal (le 4 décembre 2016, qualification de Lens 2 à 0). Les matchs de coupe de France avec les amis sont toujours aussi de très bons souvenirs.
Pire souvenir dans l’arbitrage ?
Je n’ai pas de pire souvenir. L’arbitrage, ce n’est pas toujours facile, mais j’ai toujours essayé de trouver une source de plaisir dans chaque match.
Une fierté dans l’arbitrage ?
Clairement ma longévité à ce niveau avec cette 13e année comme arbitre de la Fédération.
Un regret ?
Le fait de n’avoir jamais réussi à gravir la marche menant au National et de ne pas découvrir le monde professionnel.
Le match le plus dur que tu as eu à arbitrer ?
Un derby Marignane – Martigues en février 2018. C’était un match à enjeu car les deux équipes jouaient la montée en National. Il y avait énormément de rythme et de tension. Au bout d’un quart d’heure de jeu, je me sentais déjà vidé.
Un club que tu as connu en championnat de France et que tu regrettes de ne plus pouvoir arbitrer ?
Un souvenir qui me revient c’est le club de Steinseltz en Alsace. Ils étaient montés une saison en CFA2. C’était un tout petit stade perdu au milieu des vignes mais il y avait toujours beaucoup de spectateurs et un accueil très chaleureux.
Le joueur qui t’avait le plus impressionné sur un match ?
C’est d’actualité ! Je me souviens très bien de Kolo Muani qui m’avait vraiment impressionné alors qu’il jouait avec la réserve du FC Nantes lors d’un match à Borgo.
Un stade mythique ?
J’ai eu la chance d’arbitrer dans le stade de la Meinau de Strasbourg lorsque l’équipe première jouait en CFA. Je me souviens d’une rencontre contre Montceau-les-Mines devant plus de 13 000 spectateurs (victoire 3-0 de Strasbourg en octobre 2012).
Un stade atypique ?
Sans hésitation Imphy-Decize. Un club de la Nièvre qui jouait en CFA2. Un petit stade à l’anglaise avec un public très proche du terrain. Il y avait toujours beaucoup de monde, ça transpirait la passion.
Un coach marquant ?
J’aime beaucoup les coachs passionnés qui ont l’amour du foot à l’image de José Guerra (ex-Colmar). Dans un autre registre, j’ai beaucoup aimé la personnalité du jeune coach de Chamalières, Kevin Pradier.
Une anecdote de vestiaire ?
Lors d’un match de coupe de France assez compliqué, j’avais officié avec deux très bons amis en tant qu’arbitre assistant. Nous avions fait un gros match et en rentrant aux vestiaires, nous avions entonné très fort tous ensemble un chant de victoire comme peuvent le faire les équipes !
Arbitre fédéral : un parcours du combattant !
Ils sont 48 cette saison ! 48 arbitres de la catégorie Fédéral 4 (F4) à officier chaque week-end sur les terrains de National 2 aux quatre coins de l’hexagone. Ces 48 arbitres ont la lourde mais non moins très intéressante tâche de faire respecter le règlement avec une grande homogénéité dans leurs décisions, de Boulogne-sur-Mer à Libourne comme de Haguenau à La Roche-sur-Yon en passant par Toulon ou Bourges !
Ces hommes en noir font partie des meilleurs arbitres de France et cette catégorie « Fédéral 4 » est un véritable vivier, riche des arbitres professionnels de demain. Mais avant de pouvoir officier sur les terrains de National 2 et porter fièrement l’écusson Bleu blanc rouge rêvé de tous les jeunes arbitres, il faut obtenir l’examen fédéral. Une étape très difficile mais primordiale où il y a beaucoup de candidats mais très peu d’heureux élus.
La réforme en cours des championnats nationaux va engendrer, cette saison encore, des conséquences cataclysmiques pour les clubs avec plus d’un tiers des équipes qui se verront rétrogradées à l’étage inférieur au printemps prochain.
Les points de chaque rencontre vont valoir très cher dès le début de saison et les arbitres auront donc un rôle primordial pour garantir le bon déroulement et l’équité des championnats.
338 euros pour un match de National 2
Après avoir commencé l’arbitrage dans son district gravi les étapes marche après marche, avec pour beaucoup le passage par la case « Jeune Arbitre de la Fédération » – ce qui permet d’arbitrer en championnat U17 et U19 Nationaux -, il faut terminer dans les meilleurs arbitres de sa Ligue afin de pouvoir être présenté à l’examen d’arbitre de la Fédération. Un parcours du combattant.
Chaque Ligue régionale propose ensuite des candidats à la direction technique de l’arbitrage, selon un quotas défini au prorata du nombre d’arbitres par Ligue. Pour démontrer ses compétences sur le rectangle vert, ces candidats F4 doivent satisfaire à un test physique très exigeant et obtenir une note minimum à l’examen théorique, en répondant à des questions sur les lois du jeu et sur des mises en situation.
Cet examen, qui se prépare pendant plusieurs saisons, demande un investissement considérable où seul le travail est récompensé. Les arbitres, même les plus prometteurs, peuvent s’arrêter dès cette étape à l’image d’Axel Gil, l’arbitre de la dernière finale de la coupe Gambardella, et qui a échoué à l’examen théorique au mois de Juin dernier et dont la carrière très prometteuse a connu un coup de frein.
Lorsque ces minimums sont atteints, les arbitres sont ensuite examinés sur le terrain avec des observations effectuées par des membres chevronnés de l’arbitrage Français sur des rencontres de National 2. En fin de saison, seul un certain nombre d’entre-eux sont retenus dans la catégorie Fédéral 4 et décroche le précieux sésame. Néanmoins, l’obtention de cet examen n’est pas une fin en soi. Les arbitres, comme les équipes, sont ambitieux et cherchent également à atteindre le niveau supérieur. D’autant plus qu’arbitrer à ce niveau est très compliqué. En effet, malgré des indemnités de match (338 € en N2) plutôt intéressante en plus des défraiements kilométriques, il est impossible financièrement de vivre de cette activité, contrairement à la grande majorité des joueurs qu’ils dirigent chaque week-end.
Joueurs/arbitres : de grande disparités
En National 2, les hommes en noir ont pour la plupart une activité professionnelle à coté. Il leur faut donc jongler entre la carrière professionnelle et celle d’arbitre qui demande trois entraînements hebdomadaires minimum, sans compter, bien sûr, le match du week-end. Et puisque l’on parle du match du week-end, là encore, il existe une grande disparité entre les joueurs et les arbitres : car si les clubs connaissent leur calendrier dès le début de saison, les hommes en noir, eux, apprennent leur désignation… dix jours avant le match ! Et ils doivent alors s’empresser de réserver leur train, leur hôtel, bref, d’organiser leur déplacement de A à Z. Pendant ce temps, les joueurs, eux, sont focus sur le match et n’ont pas de souci d’intendance.
Techniquement, là encore, l’écart est abyssal entre les joueurs qui profitent des mises en situation lors des entraînements quotidien ou des séances vidéo pendant que les arbitres planifient eux-mêmes leur préparation physique (rare sont ceux qui ont un coach personnel) et qu’ils se débrouillent par leurs propres moyens pour trouver les informations utiles sur les équipes à diriger, les staffs et le contexte du match.
Face à l’évolution de la structuration des clubs et à leur professionnalisation d’année en année, la direction technique de l’arbitrage est de plus en plus présente également auprès de ses arbitres pour essayer de leur apporter les meilleurs outils possibles à la bonne gestion des rencontres. Lors de cette saison 2023/2024, par exemple, ce sera la première fois que la catégorie d’arbitres Fédéral 4 aura deux rassemblements à Clairefontaine. Les années précédentes, l’ensemble des arbitres se retrouvaient en juillet dans l’antre du football Français pour se soumettre aux tests physiques et recevoir les consignes à appliquer tout au long de la saison. Les F4 auront également un second stage durant l’hiver, destiné à dresser un bilan de la première partie de saison et ajuster les directives.
Le président du FC Villefranche Beaujolais, qui entame sa 6e campagne en National, parle de tout, avec son chauvinisme assumé et son franc-parler : esprit beaujolais, beau jeu, Ligue 2, Ligue 3, infrastructures, le métier de coach, le milieu du foot, l’actualité, les dossiers sensibles, l’histoire… Le tour d’horizon est large.
Un peu plus de 70 heures. C’est le temps passé par le FC Villefranche Beaujolais à la place de leader, entre vendredi soir et lundi soir. Une première pour le club du Beaujolais qui n’avait, même épisodiquement, jamais occupé ce fauteuil depuis son accession en National en 2018. « L’événement » a duré trois jours, le temps que le Red Star, au sortir d’un succès 1 à 0 à Martigues, ne vienne doubler les Caladois.
C’est anecdotique, comme le dit la formule consacrée. C’est surtout significatif d’un club aux 550 partenaires (!) qui aligne les bonnes saisons, ou qui parvient à transformer les mauvaises en moyenne, à l’image de la précédente, passée pendant les 3/4 du championnat dans la charrette pour finalement terminer à une impensable 6e place ! C’est ça le National !
A l’aube de la 5e journée, qui verra les joueurs du nouvel entraîneur Romain Revelli et de son adjoint Jérémy Berthod se déplacer vendredi à Dijon, le FCVB est là où il veut être, tout au moins le plus haut possible, loin des six dernières places de nouveau promises à la relégation en fin de saison.
Président depuis 2010, Philippe Terrier (58 ans) entame sa 14e croisade à la tête de son club avec toujours autant d’enthousiasme, même si l’on sent parfois poindre un peu de lassitude dans ses propos, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer le dossier des infrastructures ou encore le milieu du foot rongé par un certain égoïsme.
Un nouveau groupe de travail validé par le ComEx
Non, le National, ça n’arrive pas qu’aux autres ! Le National, ça arrive à des « petits » clubs, on l’a vu dans le passé avec Luzenac, Pacy-sur-Eure, Roye, et plein d’autres encore, qui ont connu cet échelon. Le National, ça arrive aussi aux « gros » comme Sochaux, Nancy, Dijon, pour ne citer que les exemples récents, et l’on y a aussi vu, ces quinze dernières années, Troyes, Metz, Reims, Guingamp, Strasbourg, Bastia, etc.
Le National, ça peut arriver à tout le monde. C’est pour ça que Philippe Terrier ne comprend pas pourquoi la majorité des clubs de Ligue 2, d’une part, soit contre la création d’une Ligue 3 professionnelle, ni pourquoi la Fédération ne chérit pas un peu plus l’élite de ses compétitions nationales. Il le répète : dans le football, on n’a pas d’ami, c’est chacun pour soi.
Mais le président du FCVB a un allié : Gilbert Guérin. Le président d’Avranches, dix saisons d’affilée de National au compteur, série en cours, demeure le porte parole des clubs amateurs de National. Tous deux vont représenter les clubs d’une seule voix lors d’une nouvelle commission validée en juillet par le Comité exécutif de la FFF. Une commission, sorte de groupe de travail, pilotée par Pascal Bovis, le président du FC Fleury (N2), dont le but est de trouver des pistes d’amélioration pour les clubs de National, N2 et N3.
Le dossier de création d’une Ligue 3, véritable arlésienne, sera sans doute à l’ordre du jour. Verra-t-elle le jour ? Et si oui, dans quelles conditions et selon quel cahier des charges ? En attendant de pousser les discussions plus loin dans le but d’attribuer, peut-être, un statut pro au National, le président du FCVB a tapé la discute avec 13heuresfoot et parlé, avec chauvinisme et l’esprit beaujolais, du FCVB, ce club qu’il chérit tant !
« Si vous voulez voir du beau jeu, vous savez où aller ! »
Président, remontons le temps : pourquoi êtes-vous à la tête du club ? Et pourquoi avoir accepté ce poste voilà maintenant 13 ans ?
Avant tout parce que je suis attaché à ma ville. Je suis né à Villefranche. J’ai toujours suivi le club, depuis gamin, et je me souviens notamment d’une épopée, quand Villefranche était monté en Division 2.
C’est vrai que peu de gens le savent, mais le club a joué en D2 lors de la saison 1983-1984…
Oui, et d’ailleurs, j’avais deux copains de classe, Jean-Pierre Favre et Jean-Claude Pinat, qui jouaient dans l’équipe, donc automatiquement, on suivait leurs exploits le week-end ! Ensuite, quand j’ai vendu mon entreprise, je me suis retrouvé avec beaucoup de temps libre, donc je n’ai pas hésité à en consacrer au club, notamment pour tous les jeunes inscrits.
En D2, Villefranche jouait déjà au stade Armand-Chouffet ?
Oui ! Vous avez vu, il n’a pas tellement évolué d’ailleurs depuis ! C’est assez incroyable. C’est pour ça que l’on est assez atypique en France. On a de grosses difficultés pour faire progresser nos installations.
« Je choisis mes entraîneurs en fonction de ça »
En 2010, donc, vous vendez votre entreprise, et vous voilà au club !
J’y suis entré un peu par hasard, oui. L’histoire, c’est que j’étais un partenaire historique du club, avec mon nom sur les maillots, Terrier, et chaque année, Jean Gachon, le président, passait me voir pour récupérer la « cotisation » et il me demandait toujours de le rejoindre au sein du Conseil d’administration. C’était tellement de temps que je ne pouvais pas mais lorsque j’ai vendu mon entreprise, il est vite revenu me voir et m’a dit « Je crois que maintenant tu as un petit peu de temps », alors j’ai accepté. Malheureusement, Jean Gachon est tombé malade avant de décéder (en octobre 2011). C’est comme ça que tout a commencé.
Du coup, c’est votre 14e saison à la tête du club…
Oui, comme président, mais je n’y ai jamais joué ! J’ai joué au foot quand j’étais pupilles et minimes dans un club voisin, mais j’ai eu un grave accident de voiture; du coup, pour moi, le foot s’est arrêté là. Ensuite, j’ai longtemps été un partenaire du club, via mon entreprise, Terrier, que j’ai vendue donc : j’étais sponsor maillot. Elle employait environ 500 personnes et 1000 sur la France. Cette entreprise de tôlerie/chaudronnerie est devenue une boîte italienne (Solustil).
La qualité de jeu, c est la culture du club ?
De toute façon, je choisis mes entraîneurs en fonction de ça. C’est mon critère principal. Tout le monde peut dire qu’il y a du beau jeu à Villefranche. Dans la région, si vous aimez le foot et si vous voulez voir du beau jeu, vous savez où vous devez aller !
C’est vrai que le FCVB a la réputation de développer un beau football…
Oui, on développe un très beau jeu, parce que sans vouloir critiquer, mais entre un match de Villefranche en ce moment et certaines affiches de L1… Moi je pense que c’est mieux de payer sa place 7 euros pour venir à Villefranche, d’avoir sa bière pas chère et sa saucisse pas chère, de retrouver les copains, de passer un bon moment. C’est plus sympa,je trouve, de venir se régaler à voir notre jeu plutôt que de s’emmerder dans d’autres endroits. Grâce à ça, on a de plus en plus en monde au stade, grâce aux bons résultats aussi sous l’ère Alain Pochat et sous l’ère Hervé Della Maggiore. On parle de plus en plus de nous dans la région, donc les gens viennent au stade.
« L’esprit Beaujolais, notre plus grosse qualité »
C’est combien, le budget de fonctionnement du club ?
Pour l’association et la SAS, on est à 3,3 millions d’euros de budget, mais on a une grosse partie pour l’asso, c’est de l’ordre de 40-60 (40 % pour l’asso), parce que, je prends souvent mes décisions en réfléchissant aux gens qui ont crée le club il y a près de 100 ans (le FCVB a été fondé en 1927) : dans nos statuts, il est bien indiqué « développer l’apprentissage du sport, notamment du football ». Je veux respecter cette règle. On est donc un des seuls clubs à avoir autant de salariés-éducateurs pour une association. Quand on voit les résultats que l’on obtient chez nos jeunes, cela veut dire que le travail paie. Nos 17 ans sont en Nationaux, nos 18 ans sont en R1, ils pourraient viser le niveau national mais cela couterait cher aussi … Toutes les autres équipes sont au plus haut niveau régional. J’ai vraiment une équipe d’éducateurs exceptionnelle, et ils ont aussi la chance d’avoir un vrai emploi. Il n’y a pas beaucoup de clubs qui font ça pour leurs éducateurs.
C’est quoi, la force du club ?
C’est d’appartenir à une petite ville très chauvine. On est tous derrière le FC Villefranche Beaujolais, on aime la Calade, on aime le Beaujolais, on se bat pour le maillot, c’est ça notre plus grosse qualité. C’est « l’esprit beaujolais ».
Ce chauvinisme dont vous ne vous cachez pas, ça vient d’où ?
C’est peut-être historique ! C’est peut-être parce qu’à Villefranche, qui est une ville d’affranchis, les seigneurs de Beaujeu (tiens tiens, « Beaujeu », « beau jeu »…), dont le Beaujolais tire son nom, du nom de l’ancienne capitale du Beaujolais, voulaient une ville pour se préserver des attaques des seigneurs de Lyon, donc ils ont crée Villefranche pour ça. Est-ce que c’est resté dans nos gènes ? Je ne sais pas. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui encore on veut se préserver des Lyonnais et continuer à défendre notre image.
« Je compte tout »
De l’extérieur, le FCVB donne l’image d’un club « riche », qui a des moyens : vous le comprenez ?
Ce n’est pas que l’on a des moyens, c’est que l’on compte tout ! Je passe beaucoup de temps au club, je n’ai pas de comptable, je n’ai pas de secrétaire, c’est moi qui gère tous les papiers. Déjà, on n’a pas de dépense administrative. Les 2/3 de notre budget sont représentés par nos entreprises. Donc je fais attention à tout. Par contre, on a 25 000 euros du département et 8000 euros TTC de la Région Auvergne Rhône-Alpes, alors que les clubs en face de nous ont entre 300 000 euros et parfois 1 million… Je ne sais pas d’où ça vient, c’est un truc que je ne m’explique pas : comment certains clubs peuvent-ils toucher 1 million et nous seulement 30 000 euros ?
Vous travaillez là-dessus ?
Franchement, je ne veux pas m’user avec ça. On a des entreprises qui nous aident, qui sont là. Si les politiques n’ont pas compris que s’occuper des jeunes, c’est le plus important pour nous… Quand je vois tout ce que l’on fait pour eux… Et quand je vois l’argent qui est dépensé par la Région par ailleurs, franchement, ça ne m’intéresse pas. Que la Région ne se fasse pas de souci : ses 30 000 euros qu’elle nous donne, on les utilise comme il faut, et ils vont bien à nos jeunes. Mais on mériterait tellement plus !
« Nos infrastructures, c’est la honte »
C’est quoi l’avenir du club : végéter en National, décrocher la Ligue 2 ou intégrer l’hypothétique Ligue 3 ?
Aujourd’hui, on peut rester longtemps en National vu comment on est organisé. Pareil, si on continue à faire du beau jeu, si on continue à avoir régulièrement 2 000 personnes au stade, on sait survivre. Par contre, si on n’a pas de nouvelles installations, on sera obligé de jeter l’éponge. Trouver 550 partenaires qui nous aident comme ils nous aident, les recevoir dans des conditions pareilles, il n’y a qu’en Calade que l’on peut voir ça ! Les gens sont adorables, mais il va arriver un moment où ils vont me dire, « Ecoute, Philippe, on te soutient, on sait ce que le club fait, mais on ne peut pas continuer dans ces conditions-là ». Ce qu’on vit à Villefranche, c’est exceptionnel, c’est la honte.
Concernant les infrastructures, il existe pourtant un projet, non ?
Il y un projet à Chouffet mais aujourd’hui, il y a quelqu’un qui a découvert que la zone était inondable, enfin… C’est tellement ridicule qu’il vaut mieux ne pas en parler ! On nous dit depuis deux ans que la zone va être rendue non-inondable, mais depuis deux ans, il n’y a eu aucune avancée. C’est le désastre. Franchement, j’espère qu’on va réussir un coup de dingue, qu’on va monter en Ligue 2, et qu’on sera obligé de jouer ailleurs pour montrer que… Sauf que si le boulot avait été fait, on n’en serait pas là. On parle d’un National qui va devenir une Ligue 3 : à un moment, si on n’a pas du tout évolué, je sens bien que la Fédération Française de football va nous dire « Ecoutez Villefranche, vous êtes bien gentil, mais vous n’avez pas les infrastructures, vous n’allez pas descendre sportivement mais administrativement, parce que vous ne répondez pas aux critères ». Et ça, c’est ce qui nous pend au nez.
« La Ligue 3 ? Je n’ai pas vu de projet concret »
La Ligue 3, vous êtes pour ?
Je n’ai aucune opinion car je n’ai jamais vu de projet concret. Je sais que beaucoup de clubs qui étaient en Ligue 2 ont voté contre et aujourd’hui ces mêmes clubs sont en National, du coup, ils ont retourné leur veste et sont tous pour la Ligue 3 ! C’est ça le gros problème du football : chacun regarde où il est à l’instant T et oublie qu’il peut monter ou descendre. Certains clubs n’ont pas été raisonnables en votant contre la Ligue 3. Parce que quand on voit ce qui se passe dans les autres championnats européens, la D3 est professionnelle, donc, pour moi, ça me semblerait être du bon sens. Maintenant, une commission va être lancée par la Fédération pour travailler sur le sujet; j’ai été intégré dans ce groupe, donc j’espère qu’on aura des bonnes nouvelles. Avec Gilbert Guérin, le président d’Avranches, on représentera les clubs de National. Regardez aujourd’hui, en National, il y a 9 clubs pros et 9 amateurs, et les règles ne sont pas du tout les mêmes : on veut tuer tous les clubs amateurs ou quoi ? Il y a trop d’écart entre eux et les clubs pros, or ils jouent dans la même compétition, donc c’est assez compliqué.
Votre meilleur souvenir de président ?
C’est le match contre le PSG en coupe de France (6 février 2019), en 8e de finale (élimination 0-3 après prolongation), ça reste un souvenir extraordinaire. Ce n’était que du bonheur. On était là pour savourer le moment. En plus, on avait l’aide de l’Olympique Lyonnais pour toute l’organisation, ce qui fait que l’on a bien pu se consacrer au match, pas comme quand on jouait à Chouffet où tout le monde est sur le pont et même le président, qui vérifie que tout se passe bien; là, j’étais installé dans le siège de Jean-Michel Aulas et je regardais le match, je savourais, c’était vraiment sympa !
Votre pire souvenir ?
(Il réfléchit) Je n’ai pas connu de descente, mais je dirais lors de la saison 2017-2018, quand on joue le match de la montée en National chez nous, contre Schiltigheim, à la dernière journée, et qu’il y a un individu qui pénètre sur la pelouse avec un cutter (l’événement s’est produit à la 25e minute de jeu, le FCVB était mené 1 à 0, avant de s’imposer 4 à 1, ce qui a provoqué la colère du FC Annecy, concerné lui aussi par l’accession). Là, j’ai un moment de panique, je me demande ce qu’il se passe : on est monté quand même mais il y a eu une interruption de 5 minutes durant laquelle on se pose beaucoup de questions car cela aurait pu mal se se terminer. Les joueurs avaient été obligés de rentrer aux vestiaires. On n’est pas président d’un club de foot pour gérer des problèmes pareils.
« Aparicio, Jasse, Sergio, les emblématiques »
Le joueur emblématique du FCVB, c’est qui ?
Cela remonte au vieilles années, c’est Antonio Aparicio, celui qui a le plus marqué le club (Aparicio a évolué au club de 1981 à 1984 avant de jouer en D1 au Portugal et de devenir international). Après, il y a eu un « régional » qui a beaucoup marqué le club parce que c’était notre capitaine pendant longtemps, Maxime Jasse (aujourd’hui membre du staff technique à Mâcon, en National 2), il vient à tous les matchs. Aparicio, lui, habite au Portugal mais il est déjà repassé au club, il est venu dire bonjour, c’était sympa. Mais aujourd’hui, s’il y a un nom qui revient sans cesse dans la bouche des Caladois, c’est celui de Rémi Sergio.
Le coach emblématique du FCVB, c’est qui ?
Tous les coachs ont leur particularité. Je vais vous dire : je trouve dommage que cela soit difficile de faire un cycle de 3 ans avec un coach. Mais c’est comme ça. Maintenant, pour répondre à votre question, je pense à Alain Pochat, qui était haut en couleur : son amour de la gagne, c’était chouette à voir, et sa causerie pour le match du PSG en coupe de France demeure emblématique. Son discours avait été exceptionnel. Aujourd’hui, on a Romain Revelli, qui a un peu un profil à la Alain Pochat. C’est sympa quand vous avez un coach qui a du jus. Albert Falette (entraîneur de 2010 à 2012) était fantastique par sa joie de vivre et sa capacité à s’intégrer auprès des partenaires ou des bénévoles, il était adoré dans le club. Mais parfois, il y a des qualités qui deviennent des défauts…
« Je me mets souvent à la place des coachs »
Alain Pochat, vous l’aimiez bien, et pourtant ça s’est mal fini…
Oui, ça s’est mal fini, parce que peut-être que l’on était en fin de cycle (entraîneur du FCVB de 2017 à janvier 2021, Pochat avait été licencié pour faute grave après un match face au FC Annecy, occasionnant 8 matchs de suspension). Je me mets souvent à la place des coachs : Alain est ambitieux, il a raison de l’être. Il voulait une montée en Ligue 2 dans un club où il y a des touts petits moyens, où on fait beaucoup trop de choses, où c’est très fatigant, et je pense qu’au bout de quelques années, on est usé, et que parfois, on a des comportements qui sont compliqués à gérer pour un président, c’est tout. On a eu un gros incident, je ne pouvais pas me permettre de le laisser passer, c’est dommage, c’est la vie.
Avec Hervé Della Maggiore (coach de février 2001 à juin dernier), l’histoire s’est terminée en queue de poisson en juin dernier : dans le journal Le Patriote, il a lancé quelques griefs à votre encontre…
Non mais attendez, les coachs, quand ils disent à un joueur « On ne veut pas te garder », ils n’ont pas de problème pour le faire, mais quand un président leur dit, « C’est fini, tu es en fin de contrat, on ne te renouvelle pas », alors pour eux, c’est plus dur à entendre. Moi je pense que Hervé Della Maggiore a fait du super-boulot chez nous, parce qu’on a vécu deux barrages et on s’est maintenu dans une saison où il y avait six descentes. Par contre, je pense que ce métier est tellement usant qu’il était fatigué, qu’il en avait marre de coacher et que ce n’était plus son objectif premier. C’est ce que je ressentais. Et puis je ne vais pas lui dire en avril, alors que l’on n’est pas encore sauvé, « Allez, faut que tu prennes une année sabbatique parce que tu as besoin de te reposer », non ! Bon, après, il est allé à Bourg, et vous avez vu, il n’a pas pris l’équipe.
« Revelli est dans l’échange, j’adore ça ! »
Vous avez dit que le nouveau coach, Romain Revelli, vous rappelait Alain Pochat…
Pour en revenir à Romain, bien sûr que quand on démarre par des bons résultats, comme là, c’est plus facile pour un coach. Mais je vais vous dire, franchement, la vie d’un coach, c’est très compliqué, et ça tient à peu de choses. Romain est quelqu’un qui est tourné vers la communication. Il m’explique beaucoup de choses, parce que je ne suis pas un spécialiste du football, il le voit bien, il vient me parler de lui-même. Il est dans l’échange et j’adore ça; depuis Albert Falette, c’est la première fois que j’ai un coach qui m’explique les choses sans que je lui demande, il me raconte comment s’est passée la semaine, pourquoi il a pris telle ou telle décision, c’est génial, et ça me plaît !
Le match référence sous votre présidence ?
Y’en a eu quand même pas mal ! Je me souviens d’un math contre Cholet en National (en 2020), on perdait 2 à 0 et on gagne 3-2 à la dernière minute ! D’ailleurs, on vient de refaire presque la même chose cette année contre la même équipe (lors de la 2e journée de National, le FCVB s’est imposé 2 à 1 dans le temps additionnel face à Cholet, le mois dernier !).
Le pire match du FCVB sous votre présidence ?
Contre la réserve de l’OL avec Albert Falette, je crois que c’était le premier match de la saison, chez nous, je ne sais plus si on en avait pris 6 ou 7, c’était compliqué, ouaip… (défaite 6 à 0 le 13 août 2011, journée 1).
Votre plus grosse fierté de président ?
C’est d’être monté en National avec Villefranche, d’avoir construit un club qui parvient à survivre à ce niveau malgré nos infrastructures et malgré la taille de la ville (37 000 habitants). Ce qui est exceptionnel, c’est que l’on a 550 partenaires. On a la chance d’avoir tous les industriels caladois derrière nous. Ici, il n’y a pas de grosses entreprises, mais tout le monde est là pour nous aider et fait l’effort pour que l’on continue à vivre et à faire un peu vibrer notre région.
Avez-vous un modèle de président ?
Le seul qui a réussi vraiment, c’est Jean-Michel Aulas. S’il y en a dont on peut dire qu’il a réalisé de grandes choses dans le foot, c’est lui.
« Beaucoup de présidents vont jeter l’éponge »
Votre plus grosse erreur de président ?
(il réfléchit longuement ) Des erreurs de recrutement peut-être… Après, ces erreurs-là, on les fait ensemble, je ne suis pas seul, il y a des choix qui ont été faits, je me sens autant impliqués que le coach, par exemple, parce que ces choix, on les fait à deux. Après, tout le monde en fait, des erreurs de recrutement. Mais je dirais plutôt de mal avoir géré la non-montée en Ligue 2 l’été dernier contre Bordeaux, parce qu’on s’est fait voler; on voit bien aujourd’hui que l’histoire de Bordeaux et la DNCG a fait jurisprudence. Cette année, tout le monde a joué sur ce qui s’est passé l’été dernier, et tout le monde s’est sauvé par rapport à la DNCG… Peut-être que j’aurais dû être plus agressif et aller en justice, mais je suis là pour le plaisir, pour le foot, pour les jeunes, pas pour faire un procès à tout le monde : c’est loin de l’esprit que je veux mettre dans ma mission, donc ça ne m’a pas intéressé.
Pourtant, il y a eu un procès avec Alain Pochat…
Oui, mais non, ça s’est bien terminé.
Votre plus grosse colère de président ?
Oui, je m’en souviens, c’était à Avranches, il y a deux saisons : on fait 1-1, on menait 1 à 0, on jouait encore la montée directe et ce soir-là, on a vu deux équipes en pantoufles, sans aucune envie, ni d’un côté, ni de l’autre. Il nous a manqués 2 points en fin de saison, pour accéder directement en L2, je sais où on les a perdus. Avec ces deux points-là, cela nous aurait évité de faire les barrages. C’est la seule fois que je suis rentré dans le vestiaire, enfin, non, c’était aussi arrivé en Coupe de France du temps d’Albert Falette. Après le match d’Avranches, les joueurs n’étaient vraiment pas bien en sortant des vestiaires, j’avais vraiment été agressif, en colère. Ils avaient poussé le bouchon un peu loin. Ils m’ont fait la gueule pendant 2 ou 3 jours mais après ça, ils ont gagné les cinq derniers matchs et on est allé aux barrages.
Vous êtes un président plutôt…
Je laisse l’entraineur gérer le sportif. J’aime vraiment mes joueurs, ils savent qu’ils peuvent me demander n’importe quoi, je suis toujours là pour essayer de leur rendre des services. Après, je suis un bon vivant, j’aime passer du temps avec les spectateurs et les partenaires, pour avant tout prendre du plaisir à être au match.
L’affaire de Bordeaux en 2022 : si c’était à refaire ?
J’irais voir des avocats spécialisés… Je n’en sais rien en fait, je ne suis pas sûr que je ferais différemment, il faut rester à sa place, on est Villefranche aussi, mais bon, dans un monde normal, cela ne doit pas exister ce genre de choses. Tout le monde m’a dit « Si cela n’avait pas été Bordeaux, mais un club normal, Villefranche aurait été en Ligue 2… » Bon, ok, mais c’est quoi un club normal, c’est quoi un club pas normal ? On est une association sportive ou une association financière ? Je me le demande. Moi, il me semblait que l’on disputait un championnat de foot, pas un championnat des millions d’euros.
Tout ce qui se passe dans le foot, ça vous déçoit ?
Je pense que, tout en haut, ils ne sont pas conscients du travail que l’on effectue en National. Quand je vois qu’aujourd’hui, le salaire d’un grand joueur de foot représente plus que le budget annuel de tous les clubs de National, il y a de quoi se poser des questions, non ? Avec le salaire d’un joueur, tu fais les salaires des 500 joueurs de notre championnat. Y’a un truc qui ne colle pas. Je pense qu’il y a beaucoup de présidents de National et de National 2 qui vont jeter l’éponge dans les années qui viennent; franchement, quand j’en parle avec eux, ils me disent tous la même chose, que c’est trop dur, que c’est compliqué.
Un club de coeur ?
Quand j’étais gamin, c’était Saint-Etienne, parce que je suis de la génération des Verts. Rocheteau, ça a été mon idole ! Après, ça a été l’OL, quand il y a eu la grande époque des années 2000, et maintenant, c’est Villefranche, et uniquement franchement !
Le milieu du foot, en quelques mots ?
C’est plutôt pas bien beau… Il ne faut pas compter avoir des amis.
« Comme Bernard Tapie, j’ai appris… »
Pour terminer, les barrages d’accession en L2, manqués en 2021 et 2022, sont-ils digérés ?
Forcément, ça restera toujours un gros échec, mais bon, ce furent aussi des moments extraordinaires, car on ne pensait pas non plus en arriver là. Cela veut dire que le coach, l’équipe, le club, ont bien bossé. Tout le monde a fait ce qu’il fallait pour emmener l’équipe au plus haut. Mais rater deux fois les barrages, c’est dur quand même. La Ligue 2, même pour une année, ne serait-ce que pour prendre le statut professionnel, ça serait quand même quelque chose d’extraordinaire !
Vous vous y êtes vu, pourtant, lors du premier barrage, après le succès 3-1 à l’aller contre Niort ?
Comme pour Bernard Tapie après sa première finale de Coupe d’Europe, j’ai beaucoup appris après ce match de Niort…
Vous avez appris quoi ?
J’ai appris qu’il fallait se méfier de l’euphorie qu’il pouvait y avoir après un match aller où on gagne 3-1, où on croit que c’est fini. On a laissé traîner les joueurs en ville… Voilà, Villefranche a les qualité de se défauts, tout le monde nous félicitait, c’était l’euphorie. On ne pouvait plus acheter le pain ou le journal sans que l’on ne nous tombe dessus et que l’on ne nous félicite, sans que l’on ne nous dise que c’était fait, qu’on allait monter… Et on est parti en car à Niort au match retour en ayant déjà gagné le match… Y’avait les scolaires, les politiques, tout le monde nous acclamait, tout le monde se prenait en photos devant le car, alors qu’on aurait mieux faire de partir trois jours avant, de mettre les joueurs au vert, afin de rester concentré sur les 90 minutes qui restaient à jouer (Niort s’est imposé 2-0 au retour et a conservé sa place en L2). Quant au deuxième barrage, j’ai moins de regrets, Quevilly Rouen était plus fort que nous.
Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06
Photos : FCVB et DR
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