A trois journées de la fin, la lutte pour la montée en Ligue 2 est toujours aussi indécise. En bas et en milieu de tableau, de nombreuses équipes sont encore concernées par la descente en National 2. Le pronostic de nos journalistes et l’avis d’un témoin averti, Bruno Luzi, l’ex-coach de Chambly.
C’est évidemment la conséquence de la réforme des championnats et des six relégations automatiques en National 2 – un club sur trois ! – et c’est donc du jamais vu…
A trois journées du terme du National 2022-2023, les enjeux sont extrêmes à tous les étages, et il en va même parfois de la pérennité à court terme de certains clubs.
Quatorze équipes sur dix huit attaquent ce sprint sous haute tension puisque quatre seulement n’ont plus rien à jouer : les trois déjà reléguées (Le Puy, Paris 13 Atletico, FC Borgo) et Versailles, cinquième et décroché de la course à la Ligue 2.
Sixième avec 44 points, Orléans s’est en effet remis en danger (relatif) en s’inclinant mercredi contre Le Mans (0-1), à La Source, en match avancé de la 32e journée, a 11 contre 10 pendant les trois quarts du match… L’USO doit maintenant terminer contre deux cadors (Dunkerque et Concarneau), et un scénario catastrophe reste mathématiquement possible.
Derrière, tout le monde peut aussi tomber ou rester, du Mans (7e, 43 points) à Saint Brieuc (15e, 35 points), via Sedan (43). Châteauroux (41), Cholet (39), Nancy (39), Bourg-en-Bresse (38), Villefranche (37) et Avranches (36), soit dix inquiets pour trois places dans l’ascenseur vers le N2.
Une dernière étape en 2023-24 avant la Ligue 3 ?
Une situation d’angoisse qui exacerbera notamment l’enjeu de plusieurs confrontations directes à venir entre les menacés : Villefranche – Saint-Brieuc, Sedan – Châteauroux, Villefranche – Le Mans, Saint Brieuc – Sedan, Sedan – Villefranche, Avranches – Cholet… Soit par exemple trois matches sur trois pour Sedan contre des compagnons de galère, et la crainte du pire en cas de trois défaites pour le club ardennais, pour l’instant dans la première partie de tableau !
Certains s’attendaient à vivre ces souffrances, d’autres beaucoup moins comme Villefranche (barragiste pour la L2 en 2021 et 2022), Le Mans, mais surtout Châteauroux, qui se réveille avec la gueule de bois après le mariage compliqué avec ses investisseurs saoudiens, et Nancy, qui remporte sans doute la palme de la gestion la plus incohérente de la décennie.
A l’inverse, il est rassurant de voir Concarneau tirer le bénéfice d’un travail exemplaire et d’une compétence à tous les étages sur plusieurs années. Co-leader avec le formidable promu Martigues, indiscutable champion au rapport qualité-prix, le club breton se hissera-t-il enfin en Ligue 2 pour la première fois de son histoire ?
La bataille à quatre (avec Dunkerque et le Red Star), où tout est possible dans une fourchette de seulement 2 points, est redoutable à pronostiquer. Et quand elle sera achevée, il sera temps de basculer vers une saison 2023-2024 qui promet les mêmes émotions, les mêmes espoirs, les mêmes angoisses, avec un peloton de plus en plus imposant de clubs pros (notablement renforcé par ceux tombés de L2), et à nouveaux six relégations en N2. Une dernière étape vers la Ligue 3 ?
Jean-Michel ROUET
La montée




Classement actuel
1 Martigues 56 points
2 Concarneau 56 points
3 Dunkerque 55 points
4 Red Star 54 points
(en cas d’égalité entre deux équipes, ce n’est pas la différence de buts qui les départage mais le gaol-average direct, c’est à dire les confrontations directes. Idem si trois équipes ou quatre équipes sont ex-aequo).
Goal average
Red Star – Dunkerque 4-2 et Dunkerque – Red Star 1-0
Red Star – Martigues 2-2 et Martigues – Red Star 0-2
Concarneau – Red Star 0-0 et Red Star – Concarneau 1-4
Martigues – Concarneau 2-0 et Concarneau – Martigues 0-0
Dunkerque – Concarneau 0-1 et Concarneau – Dunkerque 0-1
Dunkerque – Martigues 0-1 et Martigues – Dunkerque 1-0
En cas d’égalité entre 4 équipes :
1. Martigues 11 points; 2. Concarneau 8; 3. Red Star 8 et 4. Dunkerque 6 points.
En cas d’égalité entre 3 équipes :
– Martigues – Concarneau – Dunkerque : 1. Martigues et 2. Concarneau
– Martigues – Concarneau – Red Star : Red Star 5, Martigues 5 et Concarneau 5 (tous les 3 à égalité donc goal average ensuite pour départager).
– Concarneau – Dunkerque – Red Star : Concarneau 7; Dunkerque 6 et Red Star 4.
– Martigues – Dunkerque – Red Star : Red Star 7, Martigues 7 et Dunkerque 3.
Calendrier
- Martigues
15/05 FCM – Nancy
19/05 Borgo – FCM
26/05 FCM – Versailles
- Concarneau
12/05 : Le Puy – Concarneau
19/05 : Concarneau – Bourg-en-Bresse
26/05 : Orléans – Concarneau
- Dunkerque
12/05 Bourg-en-Bresse – USLD
19/05 USLD – Orléans
26/05 Le Mans – USLD
- Red Star
12/05 : Red Star – Cholet
19/05 : Châteauroux – Red Star
26/05 : Red Star – Saint-Brieuc
Nos pronostics
Laurent Pruneta (Journaliste au Parisien) : « Pour moi, vu la force que cette équipe dégage depuis quelques matchs, je pense que le Red Star réussira un sans-faute (victoires contre Cholet, Châteauroux et Saint-Brieuc). Elle va récupérer son capitaine et guide Cheikh Ndoye qui était suspendu lors des trois derniers matchs. Martigues est donc condamné au sans-faute avec un gros obstacle contre Nancy qui joue le maintien. Si Martigues bat Nancy, ils seront pour moi quasiment en Ligue 2 car ils affrontent ensuite Borgo puis Versailles, qui est démobilisé et en proie à des gros soucis internes.
Cette saison, j’ai vraiment été impressionné par le potentiel offensif de Martigues… Tlili, Montiel, Fdaouch, Hemia, Orinel, ça peut marquer à tout moment. Donc je mise sur Martigues. Concarneau va aller au Puy, déjà condamné mais qui ne lâche pas, puis affrontera Bourg-en-Bresse qui joue le maintien, avant d’aller à Orléans. Pas simple… Mais il y a El Khoumisti et Boutrah.
Pour monter, Dunkerque doit faire un sans-faute mais ils ont, pour moi, le calendrier le plus compliqué avec un déplacement à Bourg-en-Bresse, la réception d’Orléans puis un dernier déplacement au Mans qui aura peut-être besoin des trois points. Donc tout dépendra aussi des deux prochaines journées. Mon pronostic, ça serait donc Martigues et le Red Star/ou Concarneau. Dans le Parisien, le 21 avril dernier, soit avant les cinq dernières journées, nous avions interrogé un représentant (entraîneur, joueur ou président) des treize autres clubs de National. Lors de cette consultation, Dunkerque a recueilli 8 suffrages, Martigues 7, Concarneau 6, le Red Star 5 et Versailles aucun… »
Denis Vergos (Le Télégramme) : « Pour la montée en Ligue 2, je voudrais faire une remarque préliminaire : Stéphane Le Mignan avait dit et répété vers la mi-avril qu’il voyait certain(s) concurrent(s) à l’accession gagner la totalité de leurs derniers matchs. Je crois que l’entraîneur concarnois visait en particulier le Red Star que, paradoxalement, son équipe venait de battre (4-1 à Bauer), mais, il faut le rappeler, dans des conditions très particulières : le Red Star avait fini le match à 9. Et il se trouve que les Audoniens restent depuis sur trois victoires consécutives, dont la dernière contre le FC Versailles (0-3) qui a, du coup, été éliminé de la course aux deux accessions.
Reste le « big four » : Martigues (1er, 56 pts), Concarneau (2e, 56 pts), Dunkerque (3e, 55 pts) et le Red Star (54 pts). Ce qui revient à dire, compte-tenu de la dynamique du Red-Star, que les trois premiers n’ont sans doute plus le droit à l’erreur. Stéphane Le Mignan avait également bien repéré que les confrontations directes Martigues – Dunkerque (1-0) et Concarneau – Martigues (1-1) ne pouvaient pas déboucher sur des résultats gagnants – gagnants.
Je crois qu’il faut avoir deux approches pour la suite. L’une particulière, qui concerne la prochaine journée (32e), l’autre globale, par rapport au programme de fin de saison du « big four ». La prochaine journée d’abord : seul Concarneau joue contre une équipe fixée sur son sort (Le Puy) alors que Martigues (Nancy), Dunkerque (Bourg) et le Red Star (Cholet) affrontent des clubs qui luttent encore pour leur maintien. Concarneau et Dunkerque se déplacent alors que Martigues (le lundi 15 mai) et le Red Star reçoivent, ce qui peut avoir beaucoup d’importance compte-tenu du soutien du public dans le « money-time ». Ce qui m’amène à l’approche plus globale sur les trois dernières journées : Martigues et le Red Star joueront deux fois sur trois à domicile alors que Concarneau et Dunkerque évolueront deux fois sur trois à l’extérieur. Après la 32e journée, Martigues aura à son programme deux équipes fixées sur leur sort (Borgo puis Versailles), comme Dunkerque (Orléans puis Le Mans qui sera alors sans doute sauvé), alors que Concarneau (Bourg puis Orléans) et le Red Star (Châteauroux qui sera sans doute sauvé puis Saint-Brieuc) n’en aura qu’une pour adversaire.
Au-delà de l’aspect sportif, il faut aussi prendre en compte la situation financière de l’US Dunkerque qui fait (va faire?) l’objet d’une plainte de la communauté urbaine de Dunkerque pour des « irrégularités comptables »! Et l’on nous parle aussi de gros soucis à venir pour de nombreux clubs de National devant la DNCG… Cela influencera-t-il les montées et les descentes ?
En attendant, après avoir considéré tous ces éléments et en laissant aussi parler un certain chauvinisme concarnois de bon aloi, je vois un certain statu-quo au classement de ce formidable championnat de National qui se terminerait donc par les montées de Martigues (1er) et de Concarneau (2e) en Ligue 2.
En cas d’égalité finale à trois entre Martigues, Concarneau et Dunkerque, l’ordre serait le suivant : Martigues (1er), Concarneau (2e), Dunkerque (3e). Et qu’en cas d’égalité à deux, entre Concarneau et Dunkerque, les Thoniers seraient devant au goal-average général (égalité au particulier). Et s’il faut pronostiquer le nombre de points de chacun, j’en « donne » 65 à Martigues (1er) et à Concarneau (2e), 61 au Red Star (3e) et à Dunkerque (4e). »
1. Martigues 65
2. Concarneau 65
3. Red Star 61
4. Dunkerque 61
Jean-Michel Rouet (ex-journaliste à L’Equipe) : « Je mise sur le statu quo, et donc sur le duo Martigues-Concarneau, tout simplement parce que ce sont les deux meilleures équipes du championnat ! Le promu Martigues est épatant depuis le début de la saison et je ne vois pas les Provençaux craquer maintenant. Idem pour Concarneau qui, poussé par un formidable élan populaire et une qualité de jeu remarquable, va selon moi franchir enfin cette dernière marche après s’être arrêté tout près ces dernières saisons…
Je pense même que les deux équipes gagneront leurs trois derniers matches. Le Red Star fait aussi un très bon championnat mais j’ai peur que les Audoniens regrettent amèrement les points perdus bêtement à Bauer.
En revanche il est à craindre que la formidable remontada de Dunkerque soit stoppée par les évènements extra sportifs (plainte pénale contre le club par la Communauté Urbaine, gros sponsor institutionnel)… »
1. Martigues 65
2. Concarneau 65
3. Red Star 61
4. Dunkerque 57
Anthony Boyer (Nice-matin) : « On peut dire ce que l’on veut, Martigues et Concarneau méritent de monter au moment où l’on se parle ! Sauf qu’il reste trois matchs ! Sauf que Concarneau doit encore se déplacer deux fois, certes contre deux équipes qui ne jouent plus rien (Le Puy ce soir et Orléans), et recevoir Bourg. Je ne sais pas pourquoi, je ne les vois pas faire le plein. Sans doute parce que les Bretons lâchent parfois du lest, perdent des matchs.
En revanche, si Martigues bat Nancy lundi, en match décalé, avec la connaissance des résultats de ce soir, ils auront fait le plus dur dans ce qui sera pour moi leur finale. Mais attention : les Provençaux n’auront plus joué depuis 17 jours, et devront gérer à la fois un manque de rythme – qui sait si cette longue coupure ne va pas leur couper les jambes ? – et un deuxième match quatre jours après… C’est un facteur à prendre en compte.
J’ai vu jouer Martigues plusieurs fois cette saison à Turcan, notamment lors de son premier match à domicile contre Cholet, et aussi contre Le Puy, Concarneau et le Red Star. Cette équipe me fait très forte impression. Je l’avais dit à quelques personnes dès son premier match à domicile : « Attention à eux ! ». D’ailleurs, j’avais consacré un article ici sur 13heuresfoot, et j’avais titré « Attention, Martigues est de retour… ». Un titre prémonitoire ! Martigues est très solide et dégage quelque chose. Et même quand elle est bousculée, moins bien, elle ne perd pas. Tout l’inverse du Red Star, moins régulier, qui a passé son temps à alterner le très bon – ils m’ont impressionné à Martigues – et le mauvais. Concrètement, vous ne pouvez pas prétendre terminer dans les deux premiers si vous perdez trois fois à domicile contre des relégués (Le Puy, Paris 13 et Avranches) et même une quatrième fois contre le premier non-relégable (Bourg). Pour cette raison, et même s’ils viennent d’enchaîner trois succès, et qu’ils peuvent en enchaîner trois autres, je ne vois pas le « Red ». Je vois plutôt Dunkerque, que je suis allé voir jouer récemment contre Avranches (2-0) ou Concarneau. Et même plutôt Concarneau, à cause du calendrier qui, lui, est très compliqué pour Dunkerque. En fait, je vois bien deux équipes ex-aequo, voire trois… Et je vois un verdict se dessiner dans les dernières minutes de la dernière journée. En fait, je ne vois rien du tout ! Mais je crois que le final sera magnifique ! »
1. Martigues 63
2. Concarneau 63
3. Dunkerque 60 ou 62
4. Red Star 59
La descente
- Journée 32 (vendredi 12 mai)
Bourg-en-Bresse – Dunkerque
Red Star – Cholet
Sedan – Châteauroux
Villefranche – Saint-Brieuc
Avranches – Borgo
Martigues – Nancy (lundi 15 mai)
- Journée 33 (vendredi 19 mai)
Concarneau – Bourg-en-Bresse
Nancy – Le Puy
Saint-Brieuc – Sedan
Châteauroux – Red Star
Versailles – Avranches
Villefranche – Le Mans
Cholet – Paris 13 Atletico
- Journée 34 (dernière journée vendredi 26 mai)
Bourg-en-Bresse – Nancy
Red Star – Saint-Brieuc
Paris 13 Atletico – Châteauroux
Avranches – Cholet
Sedan – Villefranche
Nos pronostics
Laurent Pruneta : « Il y a déjà un premier paramètre important. On entend beaucoup de bruits sur des équipes qui seraient en difficulté. Les présidents s’appellent entre eux. Beaucoup sont persuadés qu’il y aura un ou plusieurs repêchages. Donc, ça va se battre jusqu’au bout pour terminer le plus haut possible. Il va y avoir plusieurs confrontations directes comme le Villefranche – Saint-Brieuc lors de cette journée de vendredi ou le Bourg-en-Bresse – Nancy de la dernière journée qui vont valoir très chers…
En bas, Bourg-en-Bresse a le calendrier le plus compliqué avec deux équipes du Top 3, Dunkerque et Concarneau, avant de recevoir Nancy. Je les vois bien descendre avec Villefranche.
Cholet peut aussi s’écrouler. En revanche, je pense que vu son calendrier, Avranches réussira à se sauver. Pour le travail de Karim Mokeddem, Saint-Brieuc mériterait de se sauver. Il peut compter sur Hicham Benkaid.
Donc en résumé, je dirais Bourg-en-Bresse, Villefranche et un 3e entre Cholet, Saint-Brieuc et Nancy. Mais encore une fois, il y a de fortes chances qu’au moins le 13e soit repêché. »
Denis Vergos : « Pour les trois descentes supplémentaires en N2 (en plus de Borgo, Le Puy et Paris 13), beaucoup va dépendre du Villefranche (13e, 37 pts) – Stade Briochin (15e, 35 pts) de cette 32e journée. Sans oublier les Avranches (14e, 36 pts) – Cholet (10e, 39 pts) et Bourg (12e, 38 pts) – Nancy (11e, 39 pts) de la dernière journée… Mais d’ici là, les positions auront évolué car Avranches devrait s’imposer ce week-end contre Borgo et peut-être aussi Bourg, à domicile, contre Dunkerque… Et l’on reparlera aussi peut-être beaucoup de DNCG pour venir piper les dés !
Donc je laisse passer la 32e journée avant de faire des pronostics que je souhaiterais, vu de Concarneau, favorables au Stade Briochin et à l’US Avranches. »
12. Avranches 43 (maintien) et +4 sur tapis vert ??
13. Villefranche 43 (relégué)
14. Bourg-en-Bresse 42 (relégué)
15. Saint-Brieuc 39 (relégué)
Jean-Michel Rouet : « Chaque point va valoir très très cher dans les trois dernières journées et j’imagine même sept équipes terminer en deux points, entre la 8e et la 14e place. Je suis très inquiet pour Châteauroux humilié à Gaston Petit lors de sa dernière sortie contre Villefranche et perturbé par les rumeurs de vente du club…
La dynamique de Bourg est meilleure mais le calendrier des Bressans (avec deux candidats à la montée, Dunkerque et Concarneau) est compliqué.
Ça va se jouer sur un fil pour Avranches et Cholet (qui s’affronteront le dernier jour) mais je leur donne un tout petit avantage, comme à Nancy et à Villefranche, qui doit profiter surtout de ses deux prochains matches à la maison (Saint Brieuc et Le Mans).
En revanche, j’ai peur qu’il en manque un peu à Saint Brieuc, qui revient pourtant de très loin mais doit composer avec un calendrier difficile. »
10. Cholet 43 (maintien)
11. Nancy 43 (maintien)
12. Avranches 43 (maintien)
13. Bourg-en-Bresse 42 (relégué)
14. Châteauroux 42 (relégué)
15. Saint-Brieuc 40 (relégué)
Anthony Boyer : « Pour tout ce qu’a apporté Karim Mokeddem en l’espace de quelques mois à Saint-Brieuc, et parce que j’aime bien les « petits », les belles histoires, les clubs qui bousculent la hiérarchie, je souhaite aux Griffons de se maintenir, mais pour autant, j’ai peur qu’ils soient partis de trop loin et qu’ils échouent tout près du but. Allez je me lance. Et j’ose. Cholet et Nancy ont vraiment un calendrier difficile, avec deux déplacements en trois matchs, et des confrontations directes (Cholet à Avranches, Nancy à Bourg). Je les verrais bien tomber. Je vois Bourg se maintenir avec 43 points, quand bien même elle affronte deux équipes qui jouent la montée : mais je la pense capable de battre Dunkerque. Je récapitule : Saint-Brieuc 15e (39 pts) serait rélégué. Et ensuite plusieurs équipes ex-aequo à 42 points : Cholet (42), Nancy (42), Avranches (42). Et peut-être Villefranche (40 ou 42). Imaginez, quatre équipes avec le même nombre de points ! Il faudrait alors le goal average pour départager tout ce monde et déterminer les deux derniers relégués ! Et là, entre Avranches, qui peut encore prendre 3 points en battant Cholet (J34), Villefranche, Nancy et Cholet donc, c’est Villefranche qui est gagnant… pour l’heure, devant Cholet et Avranches. Je pense que l’on se dirige vers une 34e et dernière journée complètement dingue… Dire que mes pronostics peuvent être mis à mal dès ce soir !!! »
10. FBBP01 Bourg-en-Bresse 43 (maintien)
11. Avranches 42 (maintien)
12. Villefranche 42 (maintien)
13. Cholet 42 (relégué)
14. Nancy 42 (relégué)
15. Saint-Brieuc 40 (relégué)
Peut-on, à votre avis, avoir encore un changement de coach d’ici la fin de saison ?
Laurent Pruneta : « Avec la réforme, les présidents sont devenus impatients et irrationnels. Mais je ne pense pas qu’il y aura d’autres changements de coachs. Certains l’auraient fait avant, je pense. Le dernier restera donc Cholet, ce qui reste une vraie aberration à 3 journées de la fin. Il y a des présidents qui ne changeront donc jamais… Benjamin Erisoglu est coutumier du fait. Stéphane Rossi qui était revenu une deuxième fois à Cholet a fait les frais de ses méthodes. »
Jean-Michel Rouet : « J’ose espérer que non mais les enjeux sont tels que rien n’est impossible ».
Anthony Boyer : « Pour être honnête, à l’issue de la 31e journée, j’ai envisagé qu’il puisse y avoir encore un changement. Mais je ne pensais pas qu’il concernait Stéphane Rossi à Cholet. J’avais imaginé Gilbert Guérin, le président d’Avranches, limoger son entraîneur, Damien Ott, après un 5e revers d’affilée. Le président normand a énormément d’expérience, il a prôné la continuité, et j’espère pour lui, pour son club, le plus « ancien » à figurer en National (depuis 2014), que le maintien sera au rendez-vous. Maintenant, je ne vois plus aucun mouvement de coachs ! Mais avec ce championnat, on n’est jamais au bout de ses surprises ! »
La DNCG peut-elle entrer en ligne de compte ?
Jean-Michel Rouet : « Les derniers bruits de couloir laissent présager une saison à prolongation devant les instances. Quelques clubs semblent en effet financièrement dans le rouge y compris parmi les futurs relégués de Ligue 2. Le cas de Dunkerque a de quoi notamment inquiéter. C’est pourquoi il sera important – mème pour les relégués – d’obtenir le meilleur classement possible dans l’espoir d’un éventuel repêchage… »
Bruno Luzi :
« Souvenez-vous de Grenoble-Sannois »
L’ancien coach de Chambly, club qu’il a fait monter de District en Ligue 2 en 2019 (demi-finaliste de la coupe de France en 2018) est sans boulot depuis un an. Et espère bien trouver un nouveau projet la saison prochaine. Depuis quelques mois, il anime chaque semaine sur Linkedin une chronique, le « Luzinomètre », où il fait un état des lieux des championnats, aussi bien amateurs (le plus souvent) que professionnel (parfois !). Pour 13heuresfoot, il a accepté de jouer les consultants de service et de donner son avis sur cette fin de saison en National, ce championnat qu’il connaît par coeur !
La descente

Bruno, la descente, tu la vois comment ?
« Franchement, c’est compliqué. Certaines équipes arrivent dans cette zone-là avec un tout petit matelas, d’autres ne sont pas si mal que ça au niveau de la dynamique, comme Saint-Brieuc. Il va y avoir des confrontations directes, et donc des éliminés au coup par coup au fil des trois dernières journées. Ce qui veut dire qu’affronter des équipes qui seront reléguées dans deux journées, ce ne sera pas la même chose… Elles seront en vacances entre guillemets, alors que de les jouer maintenant c’est plus compliqué. Je pense que ça peut se jouer à la dernière journée. Les équipes qui ont du retard, Saint-Brieuc, Avranches et Villefranche, forcément, si elles reperdent du terrain ce soir (vendredi), ça va être compliqué, mais quand on voit les situations de Nancy, Cholet ou Bourg… ces trois équipes n’ont aucune garantie, avec seulement 2 points d’avance sur la charrette. Pour moi, jusqu’au Mans, il faut faire gaffe. »
Cette fin de saison ne te rappelle-t-elle pas la saison 2017-2018, lorsque Les Herbiers, le finaliste de la coupe de France, était descendu à la dernière journée sans jamais avoir été relégable auparavant ?
« Oui, un peu. Cette saison-là, 5 ou 6 équipes se tenaient en quelques points, dont nous d’ailleurs (Chambly), et justement, je me souviens que Sannois-Saint-Gratien, que tout le monde avait condamné avant son dernier déplacement à Grenoble qui, lui, jouait la montée en Ligue 2, s’était imposée 3-2 dans l’Isère à la surprise générale ! Contre toute attente, Sannois avait sauvé sa tête ! Alors que Les Herbiers se sont fait « ramasser ». En fait, jusqu’à la dernière journée, et jusqu’aux derniers instants de la dernière journée, tout peut arriver. Et ça peut être encore ce scénario cette année. »
On peut avoir aussi des 0-0 qui arrangent tout le monde lors de la dernière journée…
« Oui, après, sans parler de match arrangé, mais si à 15 minutes de la fin, le nul arrange les deux équipes, elles ne vont pas prendre de risques, c’est compréhensible. »
Saint-Brieuc, qui est l’équipe de bas de tableau à posséder la meilleure dynamique, tu y crois ?
« C’est vrai que ça va nettement mieux pour eux, maintenant, le gros problème, c’est qu’ils ont accumulé un gros retard, et qu’ils ne gagnent pas non plus sans arrêt, même s’il font un parcours de mieux en mieux, mais ils sont dans les temps, à portée de fusil des adversaires directs, et sont sur une super-dynamique, alors qu’ils étaient quasiment condamnés y’a quelques temps. Et là, ils sont en vie. Tout est encore jouable. »
Tu sens des équipes sereines, d’autres moins sereines ?
« Pas sereines, je dirais celles qui ne sont pas préparées à jouer le maintien, au contraire d’Avranches, par exemple, qui sait en début de saison qu’elle va lutter pour ça. Un peu comme Chambly d’ailleurs quand on y était. Mais le problème d’Avranches, c’est qu’ils ont fait un bon championnat sauf depuis deux mois où ils ont glissé, au mauvais moment, dans la zone rouge. Cholet était 5e à un moment et vient de changer d’entraîneur à 3 journées de la fin et souvent ça marche; mais pour eux, au niveau de la dynamique et de la sérénité, ça peut être compliqué. Nancy est dans le dur depuis le départ et comme c’est un « gros » du championnat, ils ont une pression encore plus forte je pense. Aujourd’hui, pour la descente, j’irais chercher du 15e donc (Saint-Brieuc) jusqu’au 10e, Cholet. Et peut-être même jusqu’au 9e, Châteauroux, même si qu’avec 41 points ils ont fait le travail : attention tout de même, s’ils ne gagnent pas, ils peuvent rentrer dans la zone des concernés aussi… Les confrontations directes seront éliminatoires en cas de défaite, ça va être super intéressant. »
Ton pronostic pour la descente ?
« Je ne me lancerais pas ! Je n’arriverais pas à être suffisamment lucide ! Pour moi, ceux qui ne font pas de série vont descendre, mais Saint-Brieuc est en train d’en faire une… Mais ils sont 15es et ont 3 points de retard, ce n’est pas rien; ce n’est pas impossible pour eux, mais il y a quand même deux équipes intercalés entre eux et la 12e place, il y a des confrontations directes, avec ce Villefranche – Saint-Brieuc ce soir, ça peut être éliminatoire. Et si au dessus de la zone de relégation ça se met à faire un bon parcours, ces 2 ou 3 points, tu ne peux pas les récupérer. Cholet fut proche de prendre le bon wagon et dix journées plus tard ils sont à 2 points de la charrette. S’ils n’arrivent pas à se reprendre, et ils vont au Red Star, donc ça peut être très compliqué d’un coup. Ils peuvent se retrouver « dedans ». Deux points d’avance, c’est rien. Y’a pas d écart. Pour moi, il faut voir les dynamiques. De toute façon, avec ces 6 descentes, il faudra plus de 40 points pour se maintenir. »
Bon, ton pronostic pour la montée alors ?
« Pour l’instant, je lis le classement. Concarneau n’a pas un calendrier très difficile. Martigues reçoit deux fois sur trois. Bon, je pense, avantage aux deux premiers, parce qu’ils viennent de se jouer, donc théoriquement ça doit passer. Maintenant, le moindre match nul peut être tout de suite fatal car il n’y a qu’un point d’écart avec le 3e, Dunkerque. Parfois, c’est très dur de finir aussi, ça peut entrer en ligne de compte, on l’a vu avec Grenoble contre Sannois en 2018. Léger avantage aux deux premiers. Concarneau jouent ce soir au Puy, qui est relégué : j’ai envie de dire, t’as pas le choix, si tu veux monter, il faudra gagner au Puy, et après, ils reçoivent Bourg-en-Bresse et ça, ça peut être le « gros » match, parce qu’ensuite, tu vas à Orléans, qui ne joue plus rien. Pour Orléans face à Concarneau, comment tu peux dire à tes joueurs, qui ne jouent plus rien, de « ne pas jouer » ? Tu ne peux pas. Au contraire, les joueurs qui entreront sur le terrain auront envie de « se taper » le leader, ce n’est pas leur problème que Concarneau monte ou ne monte pas. C’est pour ça que je vois Martigues, qui a un calendrier plus favorable, et qui montre une grande solidité : certes ils ont fait plus de matchs nuls, mais je les vois plus costauds. »
Le match le plus difficile de Martigues, ne sera-t-il pas celui qui arrive, à Turcan, lundi, contre Nancy ?
« C’est ça, oui, exactement. S’ils arrivent à passer ce match, après ils vont à Borgo qui est relégué et reçoivent Versailles qui est en vacances. Martigues, je ne vois pas comment ils feraient moins de 7 points. »
Et le Red Star ? Et Dunkerque ?
« Peut-on leur mettre 9 points de manière certaine ? Pas sûr. Et même 7 points ça ne devrait pas suffire. Franchement, je ne pense pas… Dunkerque va à Bourg-en-Bresse ce soir : ça c’est juste un vrai match, qui peut aussi être la fin de l’USLD. Bourg joue contre le 3e et le 2e : s’ils ne négocient pas bien ces matchs là, ils seront en danger pour le maintien, mais après, ça peut finir sur des matchs nuls. Est-ce qu’un nul sera éliminatoire en haut de tableau ? Je pense que oui pour le Red Star car ils doivent faire 9 points sur 9. Pour Dunkerque, ça peut peut-être passer à 7 points, et après, ça dépendra du goal average particulier. »
Penses-tu que le classement en haut de tableau est conforme à la valeur des équipes ?
« Oui. Dunkerque effectue un bon championnat et depuis qu’ils ont changé de coach, ils ont recollé, malheureusement, ils ont perdu le match qu’il ne fallait pas perdre, à Martigues… Quand tu es dans une course comme ça, en haut de tableau, tu ne dois pas perdre dans les confrontations directes face aux autres équipes de tête, parce que ça peut être éliminatoire. Concarneau a plus besoin de gagner que Martigues à cause du goal average défavorable sur Dunkerque et Martigues. »
Propos recueilli par Anthony BOYER
La 32e journée de National est à suivre ce soir en direct sur FFF TV (à partir de 19h15) :
Photos : Philippe LE BRECH, Eric CREMOIS et DR
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A trois journées de la fin, ce sont les joueurs de l’Essonne qui sont les mieux placés, avec 2 points d’avance sur le FC 93 (Bobigny-Bagnolet-Gagny) et 3 sur les Vosgiens. Quid du classement final, le 3 juin ? Bien malin qui peut le dire.
Le message est clair. Et pondéré. Pascal Bovis n’entend pas accéder en National juste pour y accéder, façon de parler. Le plus important, ce sont les fondations.




Ce projet-club, il le détaille : « Fédérer beaucoup plus le département de l’Essonne autour de deux locomotives, la D1F et le N2M. Il faut créer notre centre de formation mixte. Ensuite, travailler, franchir encore un cap sportivement, que cela soit avec les filles ou avec les garçons et travailler avec la FFF afin que la formation effectuée par les clubs amateurs soit reconnue et valorisée au niveau national alors qu’elle est reconnue à l’international, et ça, ce n’est pas normal. Les droits à la formation (de 12 à 23 ans) n’ont pas été revus depuis 1984. C’est un souci. Parce que 5000 euros, c’est rien. Les gamins ne se forment pas tout seul… Pendant que des millions d’euros sont brassés à côté, nous, les amateurs, on ne touche presque rien alors qu on a formé les minots, que du travail a été effectué en amont. La formation, c’est le poumon des clubs. Si on veut continuer à effectuer ce travail, il faut qu’on incite les clubs à améliorer leur formation, car c’est bon tout le monde : c’est bon pour la sélection nationale, pour les clubs pros et ça sera bon pour les clubs amateurs à condition que l’argent soit mieux réparti. Il ne peut pas y avoir deux familles et un seul monde. On a l’impression, sur ces thèmes de fond, qu’on ne prend pas suffisamment conscience de tout cela. D’ailleurs, en National 2, comme en National, on est sur la même ligne de fracture entre le monde amateur et le monde pro. »
Entretien réalisé juste avant son nouveau doublé inscrit vendredi 12 mai face à Concarneau (succès 2 à 1)


Il traverse la première partie de saison sans réussir à trouver le chemin des filets en N2. Le 22 décembre 2018, l’OM affronte Endoume pour un derby marseillais. Rentré à la 79e minute, l’attaquant rate une grosse occasion d’égaliser. « Ma frappe manquait de tranchant. Ce qui s’est passé ensuite, je m’en souviendrai toute ma vie…»
Sur la phase retour, il a inscrit 8 buts lors des dix derniers matchs. « J’étais l’attaquant numéro 1 de la réserve, j’allais m’entraîner avec Rudi Garcia en L1. Tout allait mieux. »
A l’été 2020, la France tourne encore au ralenti. Mais ses agents se démènent pour lui trouver un projet afin de rebondir. Il signe finalement un contrat amateur pour la réserve avec Auxerre. Proche de sa famille, le dépaysement est total à 670 km de chez lui dans le Var. « Mais j’étais déjà content de trouver une structure pro, surtout comme Auxerre. Ça s’est bien passé. J’ai mis 2 buts en 9 matchs en National 2. »
Le 20 avril 2021, il effectue ses grands débuts en Ligue 2 en rentrant à la 87e minute à Pau juste avant de parapher son premier contrat pro. La saison suivante, celle de montée, il effectue sept apparitions. « Il y avait Gaëtan Charbonnier à mon poste qui a fait une grosse saison. Mais j’ai beaucoup appris. En Coupe de France, j’ai mis un triplé contre Limonest puis un doublé contre Chambéry; ça a un peu changé la donne pour moi. »
C’est le Puy, promu en National, qui obtient son prêt. En Haute-Loire, Ben Fredj passe un cap et affiche des « stats » plutôt intéressantes : 8 buts et 3 passes décisives en National. En Coupe de France, il a inscrit 4 buts. Mais le plus important restera forcément celui de la qualification en 32e de finale contre Nice (1-0) dès la 3e minute après une belle action personnelle. « C’était un sacré exploit ! C’est après ce but qu’on a commencé à parler de plus en plus de moi en Tunisie. »
Sous contrat jusqu’en 2024, il va retourner à Auxerre, du moins dans un premier temps. « Le président et le directeur sportif d’Auxerre ont continué à me suivre au Puy. On a échangé. Ils m’ont envoyé des messages pour me féliciter après mes buts. Il me reste un an de contrat à l’AJA. On va prendre le temps de bien faire le point et on verra bien ce qui se passera pour moi pour la suite. »
Meilleur souvenir de joueur ?
Votre plus beau but ?
L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Non, Roland Vieira n’est pas le 12e entraîneur à se faire limoger cette saison en championnat National (le chiffre, impressionnant, ne tient pas compte des intérims) ! Le coach du « Puy Foot 43 Auvergne » sera bien sur le banc pour les trois dernières journées de championnat, contre Concarneau le 12 mai, à Nancy le 19 et aussi contre Borgo pour le baisser de rideau, le 26.
Roland, vous avez vu vos dirigeants mercredi soir : que leur avez-vous dit ?
De quel autre club avez-vous suivi le modèle ou auriez-vous voulu ressembler ?
Il devait y avoir de l’émotion avec les dirigeants, non ?
Dix ans sur le même banc, dans le football moderne, et à ce niveau, c’est très rare : n’aviez-vous pas l’impression d’être un cas à part ?

C’est vrai que ce 2-2 face à Martigues et surtout ce scénario a été ressenti comme un énorme coup d’arrêt, comme une défaite même…
Que retenir de positif de cette saison ?
Quelles images, quels souvenirs garderez-vous en premier ?

Il avait 14 ans, donc, et était sur le point de signer sa licence au club de la « grande ville » voisine, après des débuts à Onet-le-Château, la commune limitrophe. C’est dire si celui que l’on appelle « Greg » a les couleurs « sang et or » dans les veines.
Il n’a que 28 ans à son retour chez lui, en Aveyron (il est né à Rodez), mais ses blessures à répétition l’ont freiné et, surtout, il sait que son cursus universitaire peut l’aider dans sa reconversion, lui qui a toujours poursuivi des études en parallèle. « Poursuivre les études parallèlement avec le foot, c’était une volonté de mes parents, de ne jamais lâcher les deux. Il y a toujours eu ce double projet, foot et études, c’est pour ça que j’avais choisi Bordeaux au départ, parce que le club était organisé pour mener les deux projets à la fois. J’ai d’abord fait un cursus STAPS à Bordeaux puis à Rennes. Ensuite, j’ai fait un Master – ça s’appelait « maîtrise » à l’époque – et quand je suis rentré à Rodez, à 2005, j’ai fait un Master 2 à l’IAE de Toulouse (l’IAE est devenu le « Toulouse school of management ») en « Ingénierie et management des organisations sportives ». Enfin, j’ai passé un DU (diplôme universitaire) de manager général à l’université de Limoges. »
Avec 7 points d’avance sur le premier relégable le club est enfin plus tranquille aujourd’hui ?
Avec 7 points d’avance, le maintien en L2 est quasiment acquis, non ?
Comment décrirais-tu le RAF de l’extérieur ?
L’avenir du club, c’est de l’installer en Ligue 2 ou, pourquoi, de rêver un jour à la Ligue 1 ?
Sur ton CV, on constate que tu as aussi été entraîneur de Rodez…


Fabien Lemoine n’est pas prêt d’oublier son dernier été. « J’ai vécu plusieurs semaines compliquées. C’était tempête dans ma tête », se souvient-il. A 35 ans et après une saison tronquée par une blessure à un mollet avec Lorient (21 matches de L1, 13 titularisations), le milieu de terrain à la chevelure grisonnante espérait prolonger le plaisir en L1 dans un rôle différent de « complément ».
Pour s’engager le 12 septembre 2022 avec l’ambitieux promu yvelinois, il a néanmoins dû effectuer des concessions sur le plan familial. Il s’est installé seul à Versailles, laissant sa famille en Bretagne. « J’ai fui les problèmes quotidiens pour finir ma petite aventure ici, à Versailles. Il y a le téléphone, mais avec trois enfants de 7 à 13 ans, la gestion du quotidien n’est pas toujours facile. Ce n’est jamais simple de vivre comme ça, surtout qu’on n’y était pas habitué. J’ai la chance que ma femme me laisse la possibilité d’essayer ce mode de vie pour me permettre d’être comme je pense être le mieux possible mentalement. C’est un sacrifice. Je rentre tous les week-ends, c’est pour ça que quand nos matchs sont programmés le lundi, comme souvent ces derniers temps, ça me fait vraiment ch… »
« C’est forcément différent de ce que j’ai connu, sourit-il. Mais ça fait presque huit mois que je suis là, et aussi bien sportivement que humainement, je n’ai jamais regretté mon choix de venir à Versailles. Je suis en National pour l’amour du foot, l’adrénaline et les émotions qu’il provoque. »
Depuis ses débuts à Rennes, puis à Saint-Etienne et Lorient, Fabien Lemoine a toujours véhiculé l’image d’un joueur d’abord axé sur le collectif. Sur le terrain, il n’a jamais rien lâché. « C’est ça qui me rend le plus fier. J’ai réussi à durer en optimisant mes qualités intrinsèques de base qui n’étaient pas fantastiques. Ce n’est pas que je me dénigre. Mais j’ai compris rapidement qu’il fallait que je donne toujours plus pour pouvoir jouer. Je n’ai jamais été le joueur à avoir des notes de 8 ou des 9 dans les journaux. Mais des 2 ou 3, non plus. J’étais fiable, régulier et j’ai toujours réussi à m’intégrer dans un collectif. Des joueurs comme moi, il en faut deux ou trois dans une équipe. »
Sa carrière aurait pu néanmoins pu brutalement s’arrêter en août 2010. Lors d’un match Nancy – Rennes, il est victime d’un gros choc qui lui a causé l’ablation du rein droit. Cet accident revient inévitablement lorsqu’on évoque son nom.
« Mon naturel est vite revenu. Je suis passé à côté d’un gros malheur. Au début, j’étais cramé en faisant 10 minutes de vélo. Quand je reviens en Ligue 1, je fais une passe décisive contre Valenciennes. Là, je me suis dit, c’est bon, c’est reparti. Et le match suivant, l’entraîneur Frédéric Antonetti me laisse sur le banc à Caen. Je me mets en colère. Antonetti me dit, « Comment tu peux te mettre dans un état pareil ? Tu as vu d’où tu reviens et tu fais la gueule parce que je te mets sur le banc « ? Le coach pensait que je n’étais pas revenu à 100 % alors que moi je pensais le contraire. Sur mon lit d’hôpital, j’étais capable de relativiser mais en retrouvant les terrains, je n’étais plus lucide, je croyais retrouver ma place comme ça… Il m’a fallu quelques semaines pour comprendre que ça n’allait pas se passer comme ça ! »
A Versailles, qui conserve encore une infime chance de monter en L2, Fabien Lemoine s’était engagé pour un an. Il n’a pas encore décidé pour la suite. « Je pense déjà à finir le mieux possible individuellement et collectivement cette saison. Je prends beaucoup de plaisir et je suis très épanoui dans ce que je fais. Mais je devrai tenir compte des attentes du club, de la direction à mon égard, de ma situation personnelle. J’ai fait un an séparé, loin de ma famille. Est-ce qu’on est prêt à repartir dans ces conditions ? »
Votre meilleur souvenir ?
L’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Dans tous les clubs que j’ai fait, il n’y en pas un où je ne me suis pas senti bien, que ce soit sur le plan professionnel que personnel. Rennes, c’était mes débuts, c’était mon club, celui de ma ville car je viens de Fougères. Tout était simple. A Saint-Etienne, j’ai adoré le club, le stade, les gens… J’ai adoré la mentalité du Forez. Et Lorient, c’est le must au niveau du cadre de vie. J’ai adoré le cadre. J’ai posé mes valises là-bas. C’est là que je vais vivre.
Deux mots, c’est court… Je vais développer un peu (sourire). Ok, le foot c’est un business, une industrie où il y a de l’argent. Mais c’est aussi beaucoup de passion et d’adrénaline. Chaque semaine, ton club, tes joueurs changent de gap. On peut aussi changer de stratégie en cours de saison. Dans le foot, tu es toujours sur le qui-vive. L’adrénaline est toujours liée au résultat. Dans le foot, les hommes changent d’une semaine à l’autre en fonction de ta locomotive qui est l’équipe pro. Tu prends 4-0 le samedi, tu arrives le lundi, tout le monde est dépressif… Nous, en tant que joueur, on a le meilleur rôle. On est acteur, on est toujours proche du sportif. Quand tu es joueur, tu te remets en question, tu te demandes juste « Est-ce que le week-end prochain, je serai titulaire ou non ? » C’est tout. Pour un entraîneur ou un salarié du club, c’est plus compliqué. Un salarié va dépendre de nos résultats. Lui, il n’est pas acteur, il peut juste espérer que les joueurs feront leur travail sur le terrain. Emotionnellement et humainement parlant, je trouve que c’est énorme.


Président, quel sentiment prédomine après ce 0-0 face à Nancy ?
Quels sont vos motifs d’espoir pour cette fin de saison ?
C’est vrai que Concarneau vous a battu trois fois cette saison, avec la coupe…
Président, directeurs sportif, entraîneur de la réserve, chef d’entreprise : vous faites comment pour travailler autant ?
Oui, et il faut le gagner celui-là ! Il faut tous les gagner, parce qu’avec l’équipe II, on est aussi en mode commando. La réserve, c’est aussi mon dada et c’est mon équipe. Je sais que les gens sont focus sur l’équipe de National, et c’est normal, alors ils oublient un peu l’équipe de N3, où dans notre championnat, cette saison, on a 14 équipes et 5 descentes ! Soit plus d’un tiers qui descend ! C’est pire qu’en National !
Bien sûr ! On échange beaucoup. Le fait d’avoir un effectif de National avec des blessés et des suspendus fait qu’il vient régulièrement piocher dans le mien pour ses séances d’entraînement. Ce qui lui permet d’avoir une vision globale sur les joueurs du club aussi. D’ailleurs, il y a des joueurs de mon groupe qui ont basculé dans le groupe National. Karim voit tous les matchs de N3, « physiquement » ou en vidéo, puisqu’on les filme tous. C’est ce qui m’intéresse dans cette relation président-coach ou pour le coup, là, coach-coach, c’est qu’on puisse échanger et savoir qui on peut faire évoluer, dans l’intérêt du club. On a deux challenges à gérer, donc on échange sur les meilleures possibilités, les redescentes du banc, pour essayer de maintenir les deux équipes.
Ce club, Saint-Brieuc, vous l’avez dans les tripes, n’est-ce pas ?
Oui, parce que c’était il y a plus de 25 ans et que le foot a bien changé depuis. Même si on était pro, on avait un fonctionnement « amateur », mais c’est ce qui faisait notre force, et c’est ce que j’essaie de cultiver aussi aujourd’hui. Alors bien sûr, il faut se professionnaliser, il faut tendre vers l’excellence, mais aussi garder cet état d’esprit et ne jamais perdre de vue que ça ne reste que du football. Le partage de valeurs, la solidarité, l’état d’esprit de ne jamais se laisser abattre, tout ça est hyper important et c’est ce qui fait que l’on a performé ces dernières années. On a réussi à cultiver ça, malgré nos contraintes financières, nos infrastructures et tout le retard accumulé ces dernières années. On a grimpé les échelons très vite, donc forcément, tout ce qui relève du domaine structurel n’est pas allé aussi vite.
Aujourd’hui, reste-t-il d’anciens pros de cette époque au club ? D’anciens dirigeants ou bénévoles ?
Elles nous soutiennent, même si, forcément, on en veut toujours plus, mais on part de très loin car peu de choses ont été faites depuis 20 ou 30 ans. J’ai bien conscience de leur contrainte. Avec elles, l’idée est d’être constructif. Le problème, c’est que ce sont souvent les résultats sportifs qui entraînent une évolution ou un investissement sur les infrastructures. Cela va souvent de paire. Anticiper, c’est mieux, mais cela n’arrive pas souvent.
Joueur, Julien Outrebon préférait tuer le temps pendant les déplacements en bus ou en avion avec un bon bouquin plutôt que de regarder une série, comme le font la plupart des joueurs d’aujourd’hui. Pas n’importe quel type de bouquin : en général, le sujet concernait le management sportif ou la préparation mentale chez le sportif de haut niveau. Des thèmes à la mode, qui l’ont toujours intéressé. « Oui, je lis beaucoup de biographie de coachs, qui parlent de leur expérience, raconte le natif d’Epernay (Marne). C’est vrai que la préparation mentale est quelque chose de très important dans le foot. Je m’y intéresse beaucoup. C’est même primordial. Je pense que c’est une des facettes du métier d’entraîneur aujourd’hui, et que c’est indispensable d’avoir quelques « billes », de se former sur ce sujet. J’ai encore des progrès à faire dans ce domaine, comme sur le domaine du management. C’est important d’avoir le ressenti des joueurs, de les comprendre. »
Le bientôt quadra – il fêtera ses 40 ans en juin – a stoppé sa carrière pro voilà 6 ans maintenant. Elle avait commencé à l’ASPTT d’Amiens en débutants et surtout à l’Amiens SC, des poussins jusqu’en Ligue 2, pour s’achever à Luzenac.
Après Paris FC, direction Lorient, où il retrouve celui qui l’avait coaché à Luzenac puis à Amiens en National, la saison suivante, Christophe Pélissier : « Avec Christophe, on n’a jamais coupé le lien. On est toujours resté en contact. Même encore aujourd’hui. Je suis allé en stage d’observation récemment à Auxerre, où il est entraîneur depuis quelques mois, en Ligue 1. Et aussi à Guingamp. »
S »il apprécie ce nouveau travail en sélection, différent, Julien, qui a aussi joué à Cherbourg, Sannois-Saint-Gratien, Fréjus et Créteil en National, aspire cependant à retrouver une vie de club au quotidien et, pourquoi pas, se lancer comme numéro 1 : « C’est vrai que j’envisage de prendre une équipe, cela va faire 6 ans maintenant que je suis dans un staff, d’ailleurs, j’envisage de passer mon BEPF même si je sais qu’il y a beaucoup de postulants et peu d’élus. Après, pourquoi ne pas aussi réintégrer un staff technique dans un club professionnel, en Ligue 1 ou en Ligue 2 ? En fait, c’est ça l’idée, être adjoint ou prendre une équipe, un club de National 2 par exemple, ce serait idéal, histoire de mettre les deux pieds dedans ! »

L’erreur de casting ?
Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
« Je me suis rendu sur un match de Régional 3 il y quelques semaines, et ça m’a bluffé de voir les gens dans les tribunes connectés sur le site. Il y avait des jeunes, mais aussi des personnes de 70-80 ans, rembobine-t-il. A la mi-temps, le speaker a annoncé les résultats du groupe de R3 en direct, comme il le ferait à la pause d’un match de Ligue 1 ou Ligue 2 ! »
« Les clubs ont la main sur leur match et mettent à jour instantanément. Les scores de certains matchs ne sont pas renseignés sur le site alors soit les membres du club m’envoient un SMS avec les infos pour que j’actualise, soit je rentre moi-même les résultats manquants. Le dimanche soir, je peux finir à minuit voire une heure du matin. Un joueur que j’ai croisé récemment pensait qu’on était une dizaine à s’occuper du site » se marrerait presque la pieuvre.
« Le dimanche, ce n’est plus mon site, c’est celui des clubs, ils se l’approprient. Et c’est ça le succès. Je n’en retire pas de fierté, soutient-il. Mon plaisir, c’est d’avoir les retours des clubs, comprendre que j’ai créé un outil important pour eux qui valorise leurs joueurs et leurs structures. En quelque sorte, c’est un site d’utilité publique. ».
Mais s’il a toujours véhiculé cette caractéristique depuis le lancement de son site il y a maintenant 13 ans, cela ne fait que depuis 2018 qu’il a pu en tirer le bénéfice financier. Car si Newsouest a désormais la côte en Bretagne, ce n’était pas forcément le but recherché à la base par le Sud Finistérien de 43 ans qui réside à Plomelin.
Et c’est donc en suivant son envie, qu’il a monté le projet, sans particulièrement fixer de cap. « Je partais d’abord avec l’idée de faire quelque chose qui me plaisait sur la période sans emploi. Au début c’était plus une passion qu’une activité, surtout que je partais de zéro. Chaque jour je repartais d’une feuille blanche. Et puis ça m’a plu le premier jour, puis le lendemain, puis la semaine, 2 ans … Et ça va faire 15 ans. »
Dans le même temps, il a aussi vécu un événement qu’aucun club n’est parvenu à réaliser : enchaîner une série de 13 victoires de rang, sans encaisser le moindre but. C’était entre la J1 et la J13 de la saison 2019-2020, en N2, celle-là même qui allait s’arrêter net un soir de mars, le jeudi 12 pour être précis, sur décision de la FFF. Insuffisant cependant pour remonter puisque c’est le Sporting-club de Bastia qui était, à ce moment-là, en tête, à 9 journées de la fin.
A 39 ans, Julien Fernandez entame sa 7e saison au club, sa 6e vraiment pleine : « Je suis arrivé le 22 octobre 2016, en cours de saison » raconte le natif de Fréjus, la ville où il a rencontré un certain Marc Dubois, président-actionnaire du CSSA depuis son rachat à l’été 2013, et qui réside dans le Var, à Saint-Raphaël.


Très vite, il se projette. Au point que l’histoire dure depuis six ans et demi aujourd’hui. » Je me suis imprégné du club et de ses valeurs, raconte celui qui a appris à aimer le CSSA, qu’il qualifie « d’atypique » : « Oui, Sedan est un club atypique car pour moi, en France, hormis Lens, Marseille, Saint-Etienne et Bastia, aucun autre club n’est aussi identitaire et populaire. Et j’insiste sur ces deux mots. Etre salarié du CSSA, c’est se voir confier une mission. Personnellement, j’ai appris chaque jour un peu plus sur l’histoire du club, de la ville, du département, de la région. D’ailleurs, dès 2018, j’ai mis quelque chose en place qui perdure : à chaque début de saison, pendant la préparation, j’organise une réunion avec les joueurs et le staff et on leur montre, au travers d’un reportage vidéo, notamment celui des “Ardents Sedanais”, toute l’histoire du club, de la ville et du département, la guerre, les épopées, afin qu’ils comprennent le contexte, qu’ils connaissent l’histoire, parce que, contrairement à d’autres clubs, et sans leur manquer de respect, ici il y a quelque chose de lourd et d’important. Et si tu n’a pas conscience de cela, c’est dur de porter le maillot après… A partir du moment où tu as vraiment travaillé pour ce club et tout donné avec le coeur et humilité, tu restes marqué à vie. »



