À bientôt 50 ans, Nassim Akrour court encore mais pas après les records. Il marque toujours. Surtout, il savoure, puisque la fin de carrière, qui l’a mené en L1 et en L2, à Grenoble, Istres et Troyes, approche. Le Parisien, qui avait découvert le National avec Noisy-le-Sec en 1997, évoque ses choix, sa longévité, et parle aussi de la violence, des mentalités, de l’évolution du milieu et, surtout, de sa passion pour le jeu.
Par Joël Penet / Photos Philippe Le Brech et Chambéry SF – Mathilde Landot

Vous avez forcément entendu son nom quelque part… Meilleur buteur de l’histoire du Grenoble Foot 38 (110 buts), du FC Istres (73 buts) ou encore du FC Annecy (38 buts), Nassim Akrour vit, à 49 ans (il aura 50 ans le 10 juillet prochain), une histoire peu commune avec le football. En d’autres termes, c’est un homme de « record », un mot qu’il affectionne peu : « Ce sont surtout les journalistes qui en parlent » lâche t-il pour poser les bases de notre rencontre.
Après la Ligue 1, la L2, le National, le National 2 ou même le Régional 1 du côté de Tours, l’ancien international algérien (18 sélections entre 2001 et 2004), qui a connu un temps l’Angleterre à ses débuts, court toujours en National 3, marque et brille par son exemplarité, lui qui n’a jamais reçu de cartons rouges en 20 ans !

Mais rien n’est plus pareil depuis 2013 et la fin de sa carrière professionnelle durant laquelle il aura fait trembler les filets plus de 200 fois.
En 2016, c’est la région savoyarde qui l’a accueilli, au FC Annecy puis à Chambéry Savoie Football en 2019, pour continuer d’écrire son histoire… dans les championnats nationaux amateurs.
Cette saison, le natif de Courbevoie (Hauts-de-Seine) est même devenu le footballeur le plus âgé à évoluer dans un championnat national mais aussi le plus vieux joueur à disputer un 32e de finale de Coupe de France (défaite 3-0 contre Toulouse) début janvier. Encore décisif avec une quinzaine de buts au compteur sous la tunique jaune et noire depuis son arrivée en 2019, Nassim Akrour savoure. Car s’il continue de repousser les limites de son sport, c’est aussi et surtout pour continuer à « prendre du plaisir ».
Interview
« Quand les gens auront compris que le football est un jeu… »

Nassim, quelles sont tes impressions sur cette saison avec Chambéry (3e) ?
Elle est plus que correcte puisqu’on était descendu en R1 et repêché suite à la rétrogradation de certains clubs. La majorité des joueurs sont partis ainsi que l’entraîneur donc nous étions en reconstruction. On a fait un super parcours cette saison même si on a pu penser qu’on allait être en dessous dans cette poule. Je dirais qu’on a même été durs à battre.
L’écart n’est finalement pas si abyssal avec le duo de tête Saint-Priest / Lyon La Duchère…
On n’était pas très loin des premières places, surtout qu’on a joué Saint-Priest (promu en N2) là-bas et il suffisait de gagner pour aller chercher quelque chose en fin de saison… Sauf qu’on a perdu. C’est comme ça, c’est le foot ! Je retiens qu’on les a accrochés jusqu’au bout. Récemment, on reste sur deux matchs nuls et une victoire, et il nous reste un match pour essayer de finir le mieux possible (entretien réalisé avant la venue de Lyon La Duchère, 2e du groupe, samedi 18 mai à 18h ).

La Coupe de France a encore marqué le début de saison avec un 32e contre un club de L1, le TFC. C’est aussi ça, la réussite d’un club amateur ?
C’est une compétition qui commence avec les clubs amateurs et quand une équipe professionnelle se présente, c’est soi-disant la hiérarchie qui doit l’emporter, sauf que ça ne se passe pas toujours de cette manière, on le voit chaque année !
Tu es le plus vieux joueur à avoir évolué à ce stade de la compétition, en 32e. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
S’il n’y avait pas les journalistes, je pense que je ne me rendrais pas compte de certaines choses (sourires) mais oui, pour la petite anecdote, c’est vrai que je peux me dire que j’ai joué plus de 20 ans la Coupe de France. C’est sympa et agréable à lire, à entendre.
Tu as été très sollicité l’année dernière par les médias, notamment au moment d’affronter l’OL en 16e de finale avec Chambéry (0-3) : la communication est indispensable dans ce genre de cas ?
Dans le monde professionnel, c’est notamment par ce biais que les joueurs sont reconnus. Après, les médias sont là pour mettre en valeur l’équipe, le groupe, le joueur, l’entraîneur, les bénévoles aussi. Les sollicitations que j’ai eues, c’était pour parler de moi mais pour parler aussi de Chambéry. C’est important.

La moyenne d’âge de ton équipe est plutôt jeune. Quel regard as-tu aujourd’hui sur ton environnement ?
Entre le monde amateur et le monde professionnel, il y a un gouffre en termes d’exemplarité, de travail… La plupart des jeunes joueurs sont étudiants, d’autres travaillent. C’est difficile de venir à l’entraînement le soir pour être « concentré » sur les consignes d’un entraîneur. Il faut être d’attaque tout de suite mais je leur tire mon coup de chapeau parce qu’ils ont fait preuve de concentration à des moments importants. On ne peut pas leur demander la même chose qu’à des professionnels qui s’entraînent le matin, le soir et quasiment tous les jours. Quand t’es pro, c’est ton travail. Aujourd’hui, on peut vivre du football jusqu’en National 2.
A l’inverse, est-ce que tu sens une forme d’admiration autour de toi ?
Les plus jeunes aujourd’hui sont forcément au courant de ma carrière. Ils ont regardé les vidéos, revu certains matchs (sourires) mais bon, quand tu fais une saison, puis deux, puis trois, tu l’intègres. Après, c’est « nature peinture » et tout va pour le mieux (sourires). Il y a toujours du respect, que ce soit chez les plus jeunes ou chez les anciens… et c’est pareil pour moi. C’est réciproque.

Quelle est la clé de cette longévité ?
Si on veut durer dans le football, il faut travailler et être constant, écouter les consignes de l’entraîneur, ne pas se focaliser sur l’extérieur et se concentrer sur soi-même. Savoir ce qu’on a envie de faire est primordial parce que le football est assez aléatoire finalement. Tu dois travailler tes faiblesses pour atteindre ce que tu n’as pas atteint avant. Je trouve qu’il y a trop de rigolade dans le monde amateur, ça parle beaucoup à l’entraînement… Comme quand on ne s’est pas vu pendant deux jours, il y a toujours des choses à raconter (sourires) ! Mais c’est comme ça ! Au début ça m’a surpris, je me disais « non, ce n’est pas possible », mais finalement tu l’acceptes. Dans certains clubs, le staff est très restreint, et parfois, tu n’as même pas de préparateur physique donc chacun avec son expérience essaye de cadrer, d’aider.
A bientôt 50 ans, tu te vois encore durer ?
Je suis venu à Chambéry parce que Jean-Louis Saint-Bonnet, dirigeant et vice-président du club, est un ami. Je connaissais aussi Cédric Rullier, l’entraîneur de l’époque et j’avais envie de rendre un petit service. Le plaisir est toujours là et puis, sans parler de ça, quand tu vas courir tout seul une fois, deux fois… Si tu fais ça toute l’année… (sourires). Je préfère être dans un groupe et justement, ce sont les gens qui te font aussi tenir. En tout cas, tant que tu as la santé, l’envie, le cœur, la passion, tu peux continuer, même s’il faudra penser à s’arrêter un jour (rires).

Tu n’imagines donc pas la suite…
En 2013, j’ai dit stop à ma carrière professionnelle et j’ai commencé à jouer en amateur parce que certains copains entraîneurs me l’ont demandé. En 2023-24, je suis toujours là et il reste encore un match de championnat. On verra plus tard pour la suite (sourires) que ce soit dans le football ou pas. Quand j’étais à Annecy, j’étais entraîneur-adjoint du groupe U16, ça s’est très bien passé et ensuite, il y a eu la Covid. Je suis passé à autre chose ! Aujourd’hui, on a eu des discussions avec mon président, j’habite à côté de Grenoble, tout se passe très bien. On verra déjà ce qu’on va faire samedi (rires) !

Il faut dire que tu ne t’es jamais posé de questions, comme quand tu pars en Angleterre à tes débuts ?
Quand je suis parti là-bas, j’avais fini mes études et j’alternais entre le service militaire, où j’avais quelques libertés, et les entraînements avec Noisy-le-Sec. J’avais fini la saison en National et je n’avais pas envie de reprendre avec eux. J’ai fait un break et comme j’avais de la famille en Angleterre, je me suis dit « pourquoi pas » ?
Tu ne restes que deux petites saisons mais tu marques une trentaine de buts. Ce n’est que du positif avant ton retour dans l’Hexagone…
J’ai appris une langue, je me suis entraîné avec Sutton United la première saison puis avec Woking FC la deuxième. C’était bien et on apprend de tout le monde, de chaque pays où on passe. J’étais un peu frêle au début de ma carrière et j’ai évolué au niveau de la rigueur sur le terrain, de l’utilisation du ballon dos au jeu. En 1997, le football en Angleterre n’avait rien à voir avec ce qu’on peut voir aujourd’hui. Il y a presque 20 ans d’écart ! C’était du « kick and rush » et je m’en sortais notamment grâce à ma technique… Même si je me souviens que l’entraîneur a beaucoup insisté sur les phases dos au jeu !

L’ambiance autour des terrains est-elle différente de ce que tu avais connu en France ?
C’est sûr que ça n’a rien à voir, c’est convivial… Là-bas, ils vont au match en famille, c’est dans l’âme. Ils supportent l’équipe du village mais ce n’est pas qu’en Angleterre : par exemple, j’ai des amis qui vivent près de Metz ou Strasbourg et quand ils vont voir des matchs de foot à la frontière avec l’Allemagne, c’est pareil. On a des choses à apprendre en France.
A ton retour, c’est le National puis la Ligue 2. Que retiens-tu de cette période ?
A l’époque, en 1997, avec Noisy-le-Sec, il y avait deux poules en National et il fallait finir dans les sept premiers. C’était dur et aujourd’hui, il n’y a qu’un championnat, des déplacements qui sont longs, peu de matchs à la télévision mis à part sur Canal +. Déjà, à l’époque, les réseaux sociaux n’existaient pas donc c’était compliqué de le médiatiser. C’est un peu plus simple avec internet aujourd’hui mais concernant le niveau, je ne peux pas en dire grand-chose de plus car j’y ai très peu évolué finalement. Quand je rentre d’Angleterre, en 2000, on est directement monté de National en Ligue 2 avec Istres.

Une époque peu médiatisée où tu vas porter le maillot de la sélection algérienne (18 sélections) entre 2001 et 2004. On imagine que ce fut beaucoup de fierté ?
Beaucoup de bonheur oui, de plaisir… Tu savoures, honnêtement. Tu rentres dans un autre standing, peu importe ta sélection même si tu as forcément une autre exposition quand tu joues parmi les « grosses » nations. Par contre, quand tu te déplaces partout, en Afrique ou ailleurs, tu représentes ton pays, donc c’est forcément particulier et très bénéfique, enrichissant. Tout était à reconstruire, sportivement ou médiatiquement, et je pense que c’est aussi en regardant ce qui se faisait de bien ailleurs qu’on a évolué. La preuve, aujourd’hui ça se passe très bien, donc tant mieux.
Istres, que tu évoques, est retombé au niveau amateur avec un gros projet pour retrouver le monde professionnel. Y es-tu sensible ?
Ils sont premiers en N3 et remontent en N2. J’ai un ami qui joue là-bas aujourd’hui. C’est super pour eux et je suis très content parce qu’ils partent de loin. C’est un petit village mais et y a beaucoup de belles installations, et le stade Parsemain à Fos aussi. Petit à petit, ils se reconstruisent et pour les enfants, c’est très bien. Derrière, il y a Martigues, Aubagne aussi… des clubs qui vivent dans l’ombre de l’Olympique de Marseille, donc je suis très content pour eux.

Comme à Istres, tu fais deux passages à Grenoble, deux clubs qui te sont chers…
J’y vis encore, j’ai encore des amis au club, des gens qui y travaillent que je connais très bien aussi comme Brice Maubleu, le gardien de but. J’ai fait énormément de choses au GF38, les gens m’ont beaucoup donné aussi. C’est comme à Istres, au Havre, à Troyes ou à Chambéry où je suis aujourd’hui, un club famille. L’attache que j’ai à Grenoble n’est pas la même partout évidemment. Je n’ai aucune attache avec Laval par exemple (rires).
Vas-tu au stade des Alpes de temps en temps ?
Quand j’ai le temps oui, le lundi par exemple avec des copains. J’ai un regard différent aujourd’hui, je ne suis pas « supporter ». Quand je jouais, c’était mon travail mais bien sûr que quand je vais voir Grenoble, j’ai forcément envie qu’ils gagnent… Sauf que j’assiste au match avec un œil plus tactique, technique aussi. Et c’est pareil si je vais à Troyes, Istres, ou encore au Havre par exemple !
C’est le regard d’un passionné finalement !
C’est surtout que, quand je regarde des matchs de foot en Ligue 2 par exemple, je ne comprends pas comment tu peux évoluer au niveau professionnel et ne pas produire de jeu. Bien sûr qu’il y a le besoin de points, des objectifs de maintien ou la peur de descendre, mais tu peux aussi prendre des points en jouant…

Le projet de jeu de Brest, ça te parle ?
L’entraîneur donne un projet qui convient aux joueurs qu’ils ont recruté. Grégory Lorenzi, le directeur sportif et ancien joueur professionnel, a mis ça en place et ça marche très bien cette saison. Tu ne peux pas ramener quatre bouchers au milieu de terrain et des attaquants qui jouent que des longs ballons et espérer que ça passe à chaque fois…
Tu prends du plaisir devant la Ligue 1 ?
Oui sur certains matchs car c’est moins fermé, il y a plus de buts qu’avant. Après, quand tu vois certains 0-0, c’est enivrant mais encore une fois, je comprends certains clubs qui jouent pour aller chercher des points avec l’objectif de se maintenir…

Cette « peur de descendre » va-t-elle tuer le foot ?
On aurait pu garder 20 équipes par championnat mais j’ai compris l’idée… Ils veulent réduire les places pour avoir « deux gros championnats » qui seraient comme des élites. Quand on regarde la Ligue 2 aujourd’hui, il y a au moins 10 équipes qui étaient en Ligue 1 récemment et ça va être de plus en plus difficile de monter.
Par contre, je pense que ça va se réguler au fil des années, les clubs amateurs vont un peu plus se professionnaliser même si c’était déjà le cas. En N2 par exemple, les joueurs s’entraînent tous les jours, c’est leur métier. Il va y avoir de plus en plus de contrats fédéraux et une ouverture peut-être encore plus grande sur la Ligue 3. On peut prendre l’Angleterre comme exemple même s’ils ont une manne financière plus importante.
Aujourd’hui, tes anciens clubs évoluent à des échelons différents. C’est forcément compliqué d’évoquer un club qui t’a marqué plus que d’autres…
Partout où je suis passé, en professionnel ou en amateur, ça a été magnifique pour moi. J’ai rencontré de très belles personnes dans le monde footballistique, présidents, joueurs, staffs et même en dehors avec les bénévoles, le tissu associatif notamment.

Annecy, aussi, qui évolue en Ligue 2, est un club au statut amateur par exemple !
L’équipe seniors est pro en L2 mais la structure est en plein développement. J’ai quitté le club alors qu’il était en National 2 en 2019 : je ne sais pas ce qu’il s’y passe à l’intérieur, je n’ai plus aucun lien. On a contribué à le structurer quand j’y étais. Ils sont montés ensuite et le club a grandi. Ils sont allés chercher leur maintien (sourires).
Le foot évolue aujourd’hui, est beaucoup plus médiatisé… et on en voit forcément les mauvais côtés, notamment en termes de violences. C’est quelque chose qui a toujours existé selon toi ?
Avec ce que je sais, à l’époque, ce n’était pas comme ça. Il n’y avait pas autant de violences. Déjà, moi, sur le terrain, je n’ai jamais pris de carton rouge mais quand il pouvait y avoir une altercation, ça allait jusqu’à se coller les têtes et puis basta ! On n’en parlait pas autant… Quand je vois aujourd’hui des gens qui rentrent sur le terrain pour faire mal à l’autre… Aujourd’hui, dans tous les stades, on entend quelque chose ! Si on parle de « groupes de supporters » qui se donnent rendez-vous sur des aires de repos, en dehors et loin des stades, ça a toujours existé ! Ce n’est pas vraiment ça qui me choque même si c’est de la débilité ! A la limite, eux, qu’ils aillent s’inscrire à l’UFC (Ultimate Fighting Championship), au moins ils se taperont dessus avec du grillage autour… (sourires).

On a l’impression que c’est pour un oui ou pour un non…
Ce qui me choque le plus, c’est de voir que des familles viennent tranquillement dans un stade pour voir un match, avec l’ambiance qu’il peut y avoir autour, et puis tu as deux imbéciles qui s’insultent ou se tapent dessus parce que l’autre a un maillot de foot d’un club qu’il n’aime pas. En Angleterre par exemple, je n’ai jamais vu ça. C’est d’une tristesse… mais ce sont les mentalités, l’éducation… les parents aussi ont un rôle. En tout cas les miens ne m’ont jamais inculqué ce genre de valeurs !
En amateur, on le voit aussi !
C’est l’effet de masse qui fait que… Le cerveau est très compliqué et quand on est en groupe… Et ça part de chez les plus jeunes ! Dernièrement, j’étais à un tournoi et quand tu vois les parents, ça m’attriste à un point ! Ils haranguent leur gamin comme pas possible alors qu’il y a un éducateur. Il faut le laisser jouer ! Pourquoi tu l’appelles ? Pourquoi tu l’encourages ? Laisse-le faire ! Quand tu lui as appris à marcher, tu lui disais « va marcher » ? Ben là c’est pareil ! J’ai l’impression que les gamins, on en a fait une source de retraite et on oublie ce qu’est le foot amateur, le plaisir de jouer avec les copains d’en bas. On occulte aussi la valeur première de l’amateur, le plaisir avant tout. C’est ce que tous mes entraineurs m’ont dit, même au niveau pro. Quand les gens auront compris que c’est un jeu…
La conséquence aujourd’hui, c’est de fermer les entraînements au public…
Ils devraient faire comme à l’école ! Dépose ton gamin et tu n’as pas besoin d’assister au cours… Ben c’est pareil au foot, tu n’as pas besoin de venir. Si tu viens pour regarder, y a aucun problème. Moi je m’en fiche que les parents regardent la séance, comment ça fonctionne mais à côté, faut se taire ! A l’époque, nos parents ne venaient pas nous voir à l’entraînement donc je peux comparer : je dirais que la violence est partout aujourd’hui et comparé à mon époque, les médias jouent un rôle dans la diffusion de cette information !
Nassim Akrour du Tac au Tac
Ton appli mobile préférée ?
Linkedin et Whatsapp parce qu’on a forcément plusieurs groupes de discussions…
Plat, boisson ?
De l’eau et un bon filet de bœuf avec frites/légumes.
Dernier film au ciné ?
Oulà, ça doit remonter à avant le Covid mais alors pour m’en souvenir… (rires)
Dernier livre que tu as lu ?
C’est rare que je lise un livre, je suis plus type magazines ou quotidiens sur des sujets en tout genre !
Un sport autre que le foot ?
Le tennis.

Une ville, un pays ?
Les Etats-Unis.
Le meilleur souvenir de vacances ?
Les Etats-Unis.
Tes hobbies ?
Les séries, films, le tennis, les voyages.
Une couleur ?
Le bleu.
Un chiffre ?
17.

La chose que tu détestes le plus chez les autres ?
La jalousie et l’irrespect.
Une idole de jeunesse ?
Marco Van Basten.
Ton plus beau but ?
Pour un Parisien, marquer au Parc des Princes avec Grenoble c’est forcément particulier…
Le but le plus important ?
Il y en a quelques-uns mais je ne pourrais pas en ressortir un comme ça (sourires).
Un but tout fait que tu as raté ?
C’est arrivé mais je ne m’en rappelle pas (rires) !
Un défenseur qui t’a le plus posé de problèmes ?
Gaby Heinze.

Un match référence ?
Le match au Parc des Princes avec Grenoble.
Ton pire match ?
Il y a dû en avoir (sourires)…
Un coéquipier marquant ?
Benjamin Nivet à Troyes, Laurent Batlles aussi…
Le meilleur joueur avec qui tu as joué ?
Il était très très jeune mais je dirais Mamadou Niang à Troyes. Après y’en a eu plein ! Rafik Saifi, Danijel Ljuboja, Romao, Karim Ziani aussi…
Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise…
Y en a eu des fois (rires) mais c’est différent avec les entraîneurs étrangers… j’ai eu Faruk Hadzibegic à Troyes où je n’ai peut-être pas compris toutes ses consignes (sourires). On jouait le maintien, on a repris en L2, c’étaient des phases de jeu plus défensives et des fois, quand il expliquait quelque chose, je ne comprenais pas trop. Peut-être parce que je suis un amoureux du jeu (sourires). Par contre, Faruk, en dehors, c’était quelqu’un d’exceptionnel, que j’appréciais beaucoup.
Une prime de match ?
Aujourd’hui on parle d’argent, avant on s’en foutait (sourires) !

Un déplacement qui s’est mal passé ?
On était parti en stage à Clairefontaine avec Troyes à l’époque quand on évoluait en Ligue 1, après la trêve. Et là, grosse tempête de neige alors qu’on était en bus, on est resté coincé sur la route en attendant les déneigeuses, dans le froid… c’était horrible (rires)
Une devise, un dicton ?
« Chaque problème a une solution » ou « les faibles trouvent des excuses, les forts des solutions »
Si tu n’avais pas été footballeur…
Avant de partir en Angleterre, j’entamais des études pour faire de l’aéronautique. J’avais un penchant pour l’électronique donc si je n’avais pas été footballeur…
Pour finir, le milieu du foot c’est un milieu…
Très, très dur mentalement, vicieux à la fois, et pour finir sur la meilleure note le plus beau métier du monde.
Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel
Photos : Philippe Le Brech et Chambéry Savoie Football /
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Actuel deuxième buteur de National (14 réalisations) derrière Alan Kérouédan (Avranches, 15 buts) et élu meilleur joueur du championnat en mars, Diawoye Diarra est en train de réaliser la meilleure saison de sa carrière. Mais à 29 ans, l’attaquant malien de Marignane Gignac Côte Bleue n’est plus une révélation. Son premier match de National, il l’avait en effet disputé… en septembre 2012 avec le Paris FC, alors qu’il n’était âgé que de 17 ans. « Après, j’ai un peu traîné en route », avoue Diarra, qui a essentiellement évolué en National 2 (Entente Sannois Saint-Gratien, Montceau-les-Mines, Martigues, Louhans-Cuiseaux) avant donc d’éclater cette saison. « Je n’ai pas eu un parcours très facile », poursuit-il, toujours très réservé et pudique. « Quand vous m’avez connu au Paris FC, j’étais vraiment timide. Je ne parlais pas beaucoup. Je me méfiais. Mais à l’époque, je ne comprenais pas et je ne parlais pas encore bien le français. Au Mali, je n’étais pas allé à l’école. Mais maintenant, je suis plus à l’aise. »












L’histoire de Josué Albert (32 ans), crème dans la vie de tous les jours, pâte pour n’importe quel entraîneur et guerrier sur la pelouse, c’est celle d’un footballeur qui a d’abord beaucoup galéré et avalé de couleuvres avant de signer pro, à l’inter-saison 2017-2018, à Quevilly-Rouen, en Ligue 2, où, d’un cinquième voire d’un sixième choix en début de saison, il est devenu le premier choix de son coach de l’époque, Manu Da Costa, dès le mois de janvier.
S’il n’a pas signé à Valenciennes, en Ligue 2, dans la foulée de ses quatre saisons à Clermont, à l’été 2022, et s’il n’a pas rejoint Romain Revelli, l’un de ses formateurs au centre à Saint-Etienne, l’an passé, à Villefranche, en National, l’explication est simple. Double même : le temps de jeu et la prise de poids.
Dans le bureau avec Jason Berthomier, ce n’est donc pas Josué qui paraphe le contrat, mais un autre joueur. La fin du mercato approche. Les petites issues de secours se referment petit à petit. « Après cet épisode, je suis passé d’un premier choix à un second, puis à un troisième ou quatrième, et puis les clubs ne me parlaient pas d’expérience, mais de temps de jeu… Un de mes problèmes, c’est que j’avais le CV, mais pas le temps de jeu ! J’ai eu une touche avec le Paris FC, mais ils cherchaient un jeune, pour le revendre derrière en cas d’accession en Ligue 1. Moi, j’allais avoir 31 ans, je savais que ça allait devenir compliqué. L’étranger ? familialement, ce n’était pas simple. Je n’étais pas prêt à me lancer dans des plans bizarres… Je me suis entraîné de mon côté. J’ai écouté ma femme, qui est à mes côtés depuis que j’ai 17 ans… Elle a son travail fixe, c’était à moi de l’écouter cette fois, quitte à mettre de côté ma carrière. A la trêve, il y a eu des contacts, mais rien de concret. Je n’ai pas été surpris. Parce que je sortais d’une saison en Ligue 1 où je n’avais joué que 2 matchs. Après Clermont, les clubs me disaient « tu n’as pas beaucoup joué », alors on n’allait pas, six mois plus tard, me dire que « j’avais joué ». OK, je n’ai pas beaucoup joué, mais donnez-moi du temps de jeu, sinon, je ne vais jamais jouer ! »
La saison 2022-2023 passe. Sans Josué, qui s’entraîne avec la réserve du Clermont Foot. « Je remercie le club pour ça. » Finalement, ce sera une saison blanche. Et puis, arrive la saison 2023-2024. Sur les réseaux sociaux, il est annoncé du côté de Villefranche-Beaujolais, en National. Mais, une fois encore, l’affaire n’aboutit pas : « Ce qui s’est passé, à Villefranche, c’est que, tout simplement, je n’étais pas dans le meilleur de ma forme, raconte Josué, plein d’honnêteté; pourtant, je m’étais entraîné avec un « prépa ». J’effectue la reprise avec le club et, dès le premier jour d’entraînement, alors qu’on faisait un truc tout simple, deux fois 15 minutes de footing, du travail technique, sur un appui, « bam », je sens une pointe au mollet. Le premier jour ! Je fais une échographie : j’ai deux élongations. Je demande à Romain Revelli, que j’avais eu quand j’étais jeune à Saint-Etienne : « coach, franchement, ne me faites pas espérer, dites moi tout de suite si c’est mort ou pas », et il me répond, franchement « On va chercher un défenseur. Si on trouve, on le fera signer, on ne peut attendre que tu reviennes de blessure, on a une saison à préparer ». Et puis Nathan Dekoké est arrivé. Du coup, je n’ai pensé qu’à une chose, bien me soigner, parce que c’était ma dernière chance ».
Cela fait plus d’un an maintenant que Josué est sans contrat. A 31 ans, forcément, le doute s’installe. Depuis qu’il a 8 ans, il ne sait faire que ça : jouer au foot ! Il a commencé au CSM Gennevilliers, où il était d’ailleurs attaquant – « Je te jure, j’empilais les buts ! », – puis il est passé par le centre de formation à Saint-Etienne, la réserve de Guingamp avant de découvrir le National à Uzès, à 21 ans.
C’est donc à Wasquehal, dans le Nord, entre Lille et Roubaix, en N2, un niveau qu’il n’avait plus connu depuis sa superbe saison à Quevilly Rouen en 2015-16 (accession en National), que Josué va rebondir. C’est aussi là qu’il va prendre conscience de l’importance de son corps : « Au bout de trois matchs, je me suis blessé, c’était le 12 octobre; à ce moment-là, je faisais 97 kilos. Je n’étais pas du tout en forme. » Et Josué de nous montrer la première photo de lui à son arrivée : « ça c’est moi, regarde… »
Au Clermont foot 63, le poids de forme de Josué était de 87/88 kilos. Mais le suivi était tel, là-bas, qu’aucun joueur ne pouvait se permettre le moindre écart, sinon, il était mis à l’amende. « Le problème, c’est qu’après mon départ, j’ai continué de manger comme si j’avais toujours la même dépense d’énergie chaque jour. Donc forcément, au bout d’un moment, je l’ai ressenti. Mais c’était inconscient. Je rentrais dans une routine, je jouais à la play station tard, je dormais moins, je ne jouais plus au foot, ce fut une période compliquée. »
Josué l’avoue, tout n’a pas été simple. Et il a eu des moments de découragement, de doute. Au point de raccrocher ? « Ma femme et mes enfants, Mila et Tiana, ont joué un rôle primordial. Je ne pouvais pas dire stop. Je sentais que je pouvais encore apporter au foot, peu importe le niveau, que je pouvais encore prendre du plaisir. Redonner à mon corps cette souffrance, ça a été un challenge incroyable. Quand tu fais la diète, tu dois être concentré du matin au soir, tu ne dois pas oublier ceci ou cela, il faut tout peser, 200 grammes, c’est pas 201, c’est pas 199, c’est une discipline, une rigueur… »
Ma première grosse blessure, c’était lors de mon premier match en sélection avec la Guyane, aux Bermudes (mars 2016), je suis mal retombé, et cela a été le début de pas mal de moments compliqués. J’ai eu la chance à ce moment-là d’avoir un très bon entourage, ce qui m’a aidé à ne pas lâcher.
Non ! J’ai été recruté au centre de formation à « Sainté » parce que j’avais joué à ce poste dans un match en sélection Île de France et depuis, je suis resté à ce poste, même si cela m’est arrivé de jouer arrière gauche pour dépanner. Ce jour-là, il y avait un problème de défenseur, je me suis proposé, et voilà… A Gennevilliers, à mes débuts, je jouais attaquant. Et je te jure que j’étais un goaleador !!! En benjamins, j’avais fini meilleur buteur ! Je me souviens d’un match à cette époque, à Clichy, on n’a pas de gardien, je me propose pour jouer dans les cages, mais mon coach me dit « tu joues dans l’axe, je ne veux pas te voir dans les buts », et derrière, on en prend 13 !!! J’en rigolais il n’y a pas longtemps avec un collègue.


41 ans. C’est l’âge de Lamine Djaballah, le capitaine du Aubagne FC, buteur samedi dernier au Puy dans un match qui s’apparentait à une petite finale du groupe A de National 2, et remporté 2-1 par les Provençaux.
Les plus optimistes prétendent que, pour l’accession, cela pourrait être réglé dès ce week-end si Le Puy Foot 43 ne gagne pas à Cannes, et surtout si, dans le même temps, les coéquipiers des expérimentés Thibault Vialla (6 buts, ex-Ajaccio et Dunkerque en Ligue 2, Le Mans et Red Star en National) et de Cédric Odzoumo (meilleur buteur de l’équipe avec 8 buts, ex-Boulogne, Bastia-Borgo et Chambly en National) s’imposent chez eux, au stade de Lattre-de-Tassigny, face à Hyères.


Promis à un printemps 2024 d’enfer, talonné par une équipe du Puy impressionnante de régularité et louée pour sa qualité de jeu (1/4 de finaliste de la coupe de France fin février face à Rennes et invaincue en National depuis début octobre et une défaite à domicile contre Fréjus/Saint-Raphaël), confronté à un calendrier démentiel avec, justement, un voyage sinueux en Haute-Loire, le club aubagnais a finalement réussi à s’extirper de tous les pièges. Il a su profiter d’une petite ouverture pour récupérer la première place quand, au bénéfice d’un difficile succès à domicile face à Cannes (2-1) lors de la 21e journée, les Auvergnats, leaders le temps d’une petite semaine, ont laissé filer deux points chez eux la veille face à Bourgoin-Jallieu (1-1). Un premier tournant avant le grand virage, une semaine plus tard, au stade Massot, là où Dunkerque et Laval, deux équipes de Ligue 2, s’étaient cassés les dents en coupe de France cet hiver !




Comment définiriez-vous le club, à quelqu’un qui ne le connaît pas ?
Cela fait deux ans qu’on réfléchit au projet. Il y a eu pas mal d’oppositions au départ (une pétition contre le projet circule actuellement) et aussi des gens enthousiastes. Aux gens qui sont « contre », il a fallu expliquer les choses, parce qu’on ne voulait pas arriver et « foutre » en l’air tout ce qui a été fait. Bien entendu, dans une fusion, des gens s’y retrouvent et d’autres pas : peut-être que ces derniers, ceux qui vont partir, reviendront vers nous dans un an ou deux. On s’y attendait. Air Bel, c’est le premier quartier, quand on arrive à Marseille, pratiquement limitrophe avec La Penne-sur-Huveaune, qui elle est juste à côté d’Aubagne, donc il y a une vraie raison et une vraie logique géographique à ce rapprochement. Et une raison sportive bien entendu.
Oui. mais on ne peut pas dire que la différence sera énorme entre les deux. Si on monte, on ne fera pas de folie. On va garder les pieds sur terre et la tête bien fraîche, sans s’enflammer. La différence de budget serait minime. On fonctionnerait avec un budget en légère augmentation. Pour le stade, il est aux normes du National, sauf au niveau de l’éclairage, qui est insuffisant et qu’il faudrait changer. La mairie est prête, elle a budgétisé ces travaux, le cas échéant. Mais ce que l’on veut, c’est essayer de former des jeunes. Actuellement, dans notre effectif, on a des joueurs de la région marseillaise, c’est bien, et, depuis l’an passé, on en a quelques-uns qui sont devenus des titulaires comme Ryan Silva ou Yassine « Zino » Benattab, les deux qui jouent régulièrement : ça donne une connotation locale à notre équipe. C’est notre ambition et c’est ce que l’on souhaite développer encore plus.
On ne s’y attendait pas, c’est vrai. Et le National n’était pas prévu cette saison. Bon, on n’y est pas encore. Il reste trois matchs. Quand on a lancé le projet de fusion, on s’était dit qu’on jouerait la montée dans une saison ou deux. Surtout que, l’an passé, on était lanterne rouge à mi-saison; heureusement, on avait fait une belle remontée et on s’était sauvé à la dernière journée à Louhans-Cuiseaux. Donc bon… impossible d’imaginer qu’on allait jouer la montée cette année, et en plus, on a perdu à Andrézieux à la première journée, on a perdu à Alès à la 3e journée, on n’a pas bien démarré. Mais de fil en aiguille, le groupe est resté solide et il y a vraiment une bonne entente entre les joueurs cette saison.
Oui. Cela fait 10 ans que je suis président, et cette saison, c’est le groupe le plus uni et le plus soudé que j’ai vu. La différence, pour moi, elle se fait là. Parce que, très franchement, j’ai vu d’autres équipes dans notre poule, même Toulouse et Alès, qui ne sont pas loin de nous et contre lesquelles ça s’est joué sur des détails. C’est vraiment un championnat très serré. Regardez les budgets de certains clubs… après, nous, on est comme le chien qui a l’os dans la bouche : on va essayer d’aller au bout !





































Si Loïc Chabas n’avait pas été entraîneur de foot, il serait peut-être… journaliste sportif ! C’est l’intéressé lui-même qui a nous a confié sa passion pour ce métier, entre deux cafés, dans son bureau, au stade de La Paoute, situé dans la plaine de Grasse.
Loïc Chabas, c’est donc 33 ans de licence au Racing-club Pays de Grasse. 33 ans de fidélité. Et 11 ans d’affilée passés sur le banc de coach de l’équipe première, d’abord en Division d’Honneur, en 2013, lorsqu’il fut intronisé par le tandem Roustan-Henry (François Roustan, ancien président, aujourd’hui adjoint aux sports, et Romain Henry, actuel directeur sportif), puis en CFA2 après une première accession (en 2016) et enfin en CFA (National 2) après une deuxième accession consécutive, en 2017 ! De quoi légitimer les débuts de ce nouvel entraîneur en chef, à l’époque promu alors qu’il n’avait, finalement, que peu de références, moins en tout cas comme joueur que comme entraîneur chez les jeunes : « J’ai joué au club mais jamais en équipe première. J’étais capitaine de la réserve mais j’ai arrêté tôt, car je prenais plus de plaisir à entraîner qu’à jouer. J’étais latéral droit, mais bon, je n’étais pas… »
Les deux accessions, de DH en CFA2 et de CFA2 en CFA (N2). S’il fallait en choisir une, je dirais la deuxième montée, alors qu’on est tout juste promu en CFA2. En plus, il y a le contexte qui va avec, on gagne à l’extérieur, lors du dernier match de la saison, à Toulon, face à la réserve. En fait, j’ai vraiment trois souvenirs marquants sur les dix saisons (onze saisons en réalité, Ndlr), donc ces deux accessions, et aussi le match de coupe de France, l’an passé, contre Rodez, avec ces trois poteaux pour nous et cette élimination aux tirs au but.
Cela s’est fait de fil en aiguille. J’ai commencé à entraîner quand j’avais 18 ans, je m’occupais des touts-petits, bénévolement, puis très vite, parce qu’il y a eu un entraîneur qui est parti, j ‘ai pris une équipe de foot à 11 alors que je n’avais que 19 ou 20 ans. C’était des U13. Ce n’était pas évident parce qu’il n’y avait que 6 ou 7 ans d’écart avec eux. Ce fut un démarrage très rapide mais ça s’est bien passé et ensuite j’ai eu des U15 avec qui on est monté au plus haut niveau régional. Après, j’ai enchaîné avec les U19, et là, pareil, on monte en DH : cette même saison-là, l’équipe seniors tombe de CFA2 en DH. Et c’est là que l’on me propose de reprendre les seniors I, après la descente et une saison compliquée, où beaucoup de joueurs n’étaient pas des locaux, donc des joueurs pas forcément concernés. Et là, je pars avec Romain (Henry, directeur sportif) sur un projet basé sur l’identité, et on se lance dans le truc. On ne garde que cinq joueurs (Kevin Raccosta, Jonathan Minasi, Anthony Calatayud, Vincent Bardaji, Salim Chaffar) et on lance les jeunes du coin. En fait, mon arrivée à la tête de l’équipe fanion s’est faite sans calculer, mais naturellement.
J’avais plusieurs projets, dont celui de devenir journaliste sportif. D’ailleurs j’ai été pigiste à Nice-matin ! J’étais partie dans la branche du tourisme aussi, mais le sport a toujours été ma passion.
Oui. Je suis assez impulsif et souvent, après une contre-performance, je me dis « mais qu’est-ce que je fais là ? » ou « pourquoi je fais ça ? ». Souvent, à chaud, je me pose ces questions. Alors, ma deuxième saison à la tête des seniors (en 2014-2015), celle où on a failli descendre de DH en DHR, je me suis dit que je n’étais peut-être pas fait pour les seniors, que j’étais juste bon à entraîner des jeunes… De toute manière, des doutes, j’en ai tout le temps. Depuis samedi, par exemple, je cogite énormément bien que l’on ait fait match nul contre le leader, Aubagne… Cela fait partie de ma personnalité. C’est très rare que l’on encaisse un but à la fin, que cela soit à domicile ou à l’extérieur. Et là… (Ndlr, la semaine suivante, le RC Pays de Grasse a de nouveau encaissé un but à la fin du match, à Cannes, 1-1).

Là aussi, sur ce plan, on a évolué. Pendant des années, on a joué en 4-4-2 losange, dans lequel on aimait bien avoir une vraie possession. Et puis après, on est passé à trois défenseurs, cinq milieux et deux attaquants : quand on a changé ça, on s’est aussi adapté, on a mis du temps. On aime bien aller chercher haut défensivement l’adversaire, presser, récupérer, harceler, mettre beaucoup d’intensité sur des séquences. Offensivement, on aime bien travailler sur les transitions. Après, on bosse beaucoup sur les attaques placées, un domaine dans lequel on doit s’améliorer, car on a pas mal de déchets cette année.
Le match référence, j’en ai parlé, c’est celui en coupe de France contre Rodez la saison passée parce que je pense qu’avec le staff, on avait vraiment fait le travail qu’il fallait. On n’a pas eu peur d’affronter cette équipe. Malheureusement, il y a eu ces trois poteaux qui font que l’on n’a pas pu gagner ce match, mais pour nous, ce fut vraiment un match abouti de A à Z.
France – Brésil 1998 par rapport aux émotions, et OM – Milan aussi en 1993 mais j’étais jeune…
(Sourire) Alors y’a eu une année, on n’est pas terrible, sinon, c’est vrai qu’on est souvent sur le podium. Des sollicitations ? Non, pas plus que ça. Pour être honnête, je pense que la réussite d’un club, ce n’est pas que la réussite d’un coach. Déjà, au début, tout est parti de François Roustan (l’ancien président) et de Romain Henry (le directeur sportif) : avec eux, d’entrée, ce fut carré, on est parti sur des bases solides. On a travaillé dans la sérénité, par exemple, sans se sentir menacé à la moindre défaite. Après, il y a eu l’ère Cheton, avec Jean-Philippe Cheton, le président, et Thomas Dersy, le directeur. Avec eux, c’est pareil. Ils m’ont mis dans un cadre sécuritaire. Ils m’ont présenté un projet basé sur des joueurs locaux et un staff local. Ils m’ont dit que c’était avec mon staff et moi qu’ils avaient envie d’avancer. C’est pour ça que je vous dis que ces bons classements, 2e, 3e, c’est un tout : ça reflète la gestion d’un club qui ne fait pas de folie, qui recrute avec de la réflexion et du temps. C’est aussi une organisation et un staff solide. Tout est mis en oeuvre pour que l’on travaille bien. Après, pour en revenir au classement, on est conscient que, quand même, on est bien placé, et cela fait plusieurs années que l’on est en haut de tableau, on le sait, et parfois cela permet de relativiser les choses après une défaite, parce qu’on sait qu’il y a des clubs avec des gros budgets qui aimeraient être à notre place et qui galèrent même pour se maintenir. Ces résultats stables, c’est une vraie fierté aussi.
Déjà, la première des choses et le plus simple serait de pouvoir garder les joueurs qui font de grosses saisons chez nous, mais ça, c’est compliqué, parce que, économiquement, on ne fait pas partie des plus gros clubs. Et sportivement, on ne peut pas empêcher un joueur d’aller jouer plus haut. C’est sûr que, quand on n’est pas passé loin de monter en National, ce fut un frein et ça nous a fait défaut les saisons suivantes. La vérité, c’est que chaque saison, on repart à zéro. Il faut continuer à avoir un temps d’avance sur le recrutement. En fait, ce que l’on fait, c’est qu’on imagine toujours qui sont les joueurs que l’on va perdre et il faut très vite imaginer par qui on va les remplacer, et ça c’est un travail qui est déjà bien commencé : on a déjà des idées pour la saison prochaine.
Après, là où je ne suis pas d’accord, c’est que je trouve qu’on est bien organisé et bien structuré au niveau du club. Donc si on venait à monter d’un cran, on serait prêt. Ce qui manque, cette saison, c’est peut-être une ou deux individualités supplémentaires pour faire la différence. Je n’oublie pas qu’on a perdu des joueurs importants sur blessures, d’autres ont été suspendus, notamment après le match de coupe de France face à Fréjus/Saint-Raphaël où je pense que l’on a été plutôt victimes que coupables.
Je ne sais pas. On n’en sait rien. Il n y a rien de plus beau que de réussir dans son club. On est déjà monté deux fois, et si on arrive à monter une troisième fois, ce serait le summum. Je me donne cet objectif suprême. Après, on ne sait pas comment les choses vont se passer : peut-être que dans deux ou trois ans le club prendra une autre direction, on ne peut pas savoir, et peut-être que, à ce moment-là, j’aurai des possibilités pour aller voir ailleurs.