L’entraîneur du promu haut-savoyard en National 2, qui a passé 12 ans à Chambéry, est un « chercheur » en ébullition permanente et en quête de progression : ça tombe bien, son club, qui respire la sérénité, aussi ! Son credo : travail, plaisir et intensité.

Par Anthony BOYER / Photos : 13HF et GFA Rumilly-V.

Avec son adjoint Damien Guerrier.

Il faudra sans doute attendre encore un peu avant de savoir où se situera exactement le GFA Rumilly-Vallières en N2 cette saison. Mais après deux matchs de championnat (succès 3-1 face à Toulon et match nul 2-2 à Cannes après avoir mené 2 à 0), l’on peut d’ores et déjà parier que l’équipe de Cédric Rullier sera bien plus qu’un poil à gratter. Surtout que, après une saison exceptionnelle en National 3 (17 victoires, 7 nuls et seulement 2 défaites, 54 buts marqués, 22 encaissés, 2e meilleur bilan des onze poules réunies derrière Poitiers avec 58 points), où le coach avait axé son discours sur la résilience, elle semble avoir pris la mesure de l’étage supérieur, dans une poule sud – sud/ouest au style différent, en axant cette fois sur son discours sur… la combativité.

À 40 ans, le natif de Belley, dans l’Ain, « Comme Pierre Sage » fait-il remarquer – il fut d’ailleurs son adjoint à Chambéry en CFA2 de février à juin 2013 -, n’est plus un coach en apprentissage mais continue d’apprendre des autres. « Pierre, qui est mon référent, disait que j’étais une éponge. C’est vrai, j’apprends des autres. Je suis un autodidacte. J’observe, je regarde, et puis je me dis « ça s’est bien, ça non… » et après, ça fusionne dans ma tête ! »

Structuré, méthodique, organisé

Le stade des Grangettes, à Rumilly (ici contre Toulon, pour la J1 de National 2, le 17 août dernier).

Ça fusionne tellement que son esprit n’est jamais vraiment tranquille. Un véritable laborantin ! Cédric Rullier est en permanence dans la réflexion. Après 45 minutes d’entretien, l’ex-coach de Chambéry (2010-2018 et 2019-2023) et de Lyon-Décines (2005-2011), qui vit à Saint-Alban-Leysse, à 30 minutes de Rumilly et à 40 minutes du centre d’entraînement de Vallières, ne peut plus masquer sa personnalité, quand bien même sa discrétion, qui saute aux yeux, nous rappelle cet adage qui lui sied à merveille : pour vivre heureux, vivons caché !

Mais Rumilly-Vallières et son coach structuré, méthodique, posé, organisé, pointilleux, carré, qui ne laisse rien au hasard, ne peuvent plus se cacher bien longtemps. Les Haut-Savoyards veulent exister, mais il faudra montrer les muscles. Ils veulent surprendre, mais il faudra innover. Sans cela, il sera difficile de vivre une saison sereine et paisible, à l’image de l’ambiance et de l’esprit qui règnent dans leur commune et au club.

À quelques heures de recevoir Andrézieux au stade des Grangettes, Cédric Rullier s’est confié : il a raconté son parcours et dévoilé quelques-unes de ses méthodes de travail. Sans jamais oublier de parler des bénévoles, l’une des forces du GFA, de ses dirigeants, de ses joueurs et de son staff étoffé. À Vallières et à Rumilly, deux communes limitrophes, les conditions de travail et de match sont dignes du National et les moyens mis à disposition sont conséquents.

Avant, il y a eu Evian-Thonon-Gaillard. Aujourd’hui, il y a Annecy. Demain, il y aura peut-être Rumilly. En attendant, entrez dans le laboratoire de Cédric Rullier, vous verrez, c’est très intéressant !

Interview

« Je suis un dingue de l’organisation ! »

Entretien réalisé avant la victoire 4 à 0 face à Andrézieux-Bouthéon (J3)

Cédric, peux-tu nous raconter ton parcours de footballeur, joueur puis entraîneur…
Quand j’avais 16/17 ans, je jouais en U17 Nationaux à Bourg-en-Bresse. Je me suis blessé, j’ai eu une pubalgie que je n’ai jamais vraiment soignée. J’ai joué en réserve à Bourg et à l’âge de 22 ans, j’ai basculé sur le métier de coach. J’ai débord été préparateur physique chez les jeunes, je m’occupais aussi un peu de la réathlétisation des seniors. Puis je suis passé co-entraîneur en DH (Régional 1) à Lyon-Décines à 23 ans, puis entraîneur. Ensuite, je suis allé à Chambéry, à Annecy, re-Chambéry et enfin au GFA Rumilly-Vallières depuis le début de saison 2023.

La gagne, la formation et l’aspect stratégie/tactique

Tu as commencé tôt à entraîner : c’est quelque chose que tu avais déjà en tête ?
J’ai su assez vite que je voulais devenir coach. La préparation physique, c’était bien, mais pour mon enrichissement personnel, cela avait ses limites, même si c’est un volet important. Là, cela fait 10 ans que je n’en ai plus fait. En fait, j’avais envie d’explorer le domaine tactique, parce que ce que je préfère, c’est la statrégie, faire progresser les joueurs et gagner, bien sûr ! Mon truc c’est : la gagne, la formation, la tactique/stratégie. Quand j’ai switché sur les seniors, à 23 ans, j’étais d’abord co-entraîneur à l’UGA Lyon-Décines avec un ancien joueur, Nasser Bechoua (« l’homme aux 300 buts », bien connu dans le foot amateur rhodanien et ex-attaquant de Vaulx-en-Velin), qui gérait le management, un domaine dans lequel je ne me sentais pas encore à l’aise à l’époque. Moi, je m’occupais des séances. C’est après que je suis devenu entraîneur tout seul.

A Bourg, tu as aussi bossé sur un projet sur un développement de club, non ?
Oui, à Décines aussi. Et surtout à Chambéry : le club avait coulé quelques années après son 1/4 de finale (en 2011) de coupe de France (mise en liquidation judiciaire en 2015), ce qui fait qu’il est passé de CFA2 à DHR (Régional 2). On a monté un projet de re-développement du club, on a réussi à remonter en deux ans en National 3, on a profité qu’il y a avait quatre montées de R1 aussi; Chambéry, ça reste un bon club formateur.

Sur ton CV, il est écrit que tu es diététicien-nutritionniste…
Quand j’étais à Décines, je faisais des études de nutritionniste à Chambéry, et j’ai obtenu un DUT de diététique, du coup, j’ai eu l’opportunité de travailler à l’hopital de Chambéry, ma ville. Mes parents sont de Aiguebelette-Le-Lac, c’est juste à côté, à 15 minutes. Je suis attaché à cette ville, je suis Savoyard ! Aujourd’hui, je suis toujours fonctionnaire, mais en « dispo ».

Mais c’est vrai que ce métier de nutritionniste, je l’ai longtemps mené en parallèle du football. J’avais pris une première « dispo » quand je suis allé à Annecy pendant deux ans (de 2018 à 2020), et quand je suis revenu à Chambéry (en novembre 2019, en parallèle d’Annecy), je me suis remis à faire les deux. L’an passé aussi, mais j’ai 3 enfants, alors je me suis remis en « dispo » pour GFA (Rumilly). Ma passion, c’est quand même plus le foot. J’aime gagner, or dans la nutrition, si ce n’est de faire perdre du poids aux gens, de les amener à mieux manger, il n’y a pas cet aspect de la gagne, même si c’est super-intéressant. Je vais là où je prends du plaisir. J’ai cette sécurité d’emploi qui fait que, si demain je dois arrêter ou si on m’arrête, je peux retrouver mon travail, je n’ai aucun problème avec ça. Je ne vis pas dans la peur. Je suis libéré. Parce que dans le foot, on sait bien que l’on a des contrats à durée réduite.

« La diététique, c’est dans les moeurs »

C’est parce que tu es diététicien-nutritionniste que tu es « fit » ?
Je suis un bon mangeur mais en volume, je ne mange pas des masses, je privilégie la qualité et puis je sais ce qu’il faut manger, ce qui est bon pour le corps. La nutrition, c’est dans les moeurs ! Et puis j’ai été prépa physique aussi, donc les deux mélangés, forcément… On essaie de s’entretenir !

Du coup, cela permet de donner plein de billes aux joueurs dont on sait que, parfois, l’alimentation n’est pas le point fort ?
On essaie d’être attentifs là-dessus mais je préfère déléguer ça au staff médical, qui est de très bonne qualité à Rumilly. Je dirais même qu’il est de niveau National / Ligue 2. Je ne peux pas prendre toutes les casquettes même si j’y veille, comme pour ce qui est de la collation d’avant-match, du repas d’avant-match, d’après match, je veille aussi à l’hydratation, à l’hygiène de vie, à la récupération, etc. Et la récupération, dans cette poule A de National 2, avec de très longs déplacements, va être très importante, ça sera une force. Par exemple, on va aller à Anglet, à côté de Biarritz, eh bien c’est 12 heures de bus pour nous, 24 heures aller-retour, ce n’est pas possible, ça laisse des traces. Il faudra allier les moyens financiers avec la stratégie de récupération, on va voir si on peut y aller en avion.

« On est serein ici »

Tu as passé 12 ans sur le banc de Chambéry, en deux fois : pourquoi être parti à Rumilly l’an passé ?
Le métier d’entraîneur, c’est des cycles. Comme dans une entreprise, tu arrives, tu montes, tu stabilises, tu redescends, et au bout d’un moment, il faut partir quand on ne s’y retrouve plus totalement, même si changer de club n’est pas évident; Chambéry est, comme Rumilly, aussi un club très familial. Avec beaucoup de bénévoles aussi, très bien organisé chez les jeunes. Mais en termes de ressources financières, ce ne sont pas les forces de Rumilly-Vallières. Les deux clubs se ressemblent vraiment, la différence se fait sur les moyens, en particulier sur les moyens mis en place pour l’équipe Une.

J’adore cet esprit familial dans le foot, que j’ai largement retrouvé ici, au GFA, où on a énormément de bénévoles : dernièrement, on a eu un tournoi, il y avait 100 bénévoles ! Waouh, je n’avais jamais vu ça ! Ils sont accueillants, bienveillants, et ça prend aux tripes. Le GFA Rumilly allie plusieurs choses essentielles : il n’y a pas de pression; les quatre présidents sont très organisés et avec eux, on se sent « libres », alors qu’il y a beaucoup de pression dans le foot et que ce n’est pas forcément bon; le club est aussi très organisé, avec beaucoup de ressources humaines, de moyens financiers, de belles infrastructures : comme c’est une association de deux clubs, on bénéficie d’un centre d’entraînement magnifique à Vallières, de niveau « club de National », avec une pelouse d’entraînement de qualité Ligue 2 rien que pour nous. Une salle d’activation / musculation vient d’arriver cette année, on a un synthétique dernière génération, un terrain d’honneur à Rumilly réservé aux matchs. On a tout pour s’épanouir. On est serein ici.

Comment peut-on fonctionner avec quatre présidents ?
Là encore, cela se fait en bonne intelligence. Chacun a son rôle, ses prérogatives, et il n’y pas de dépassement de fonction. Luc Chabert s’occupe du volet financier et du partenariat. François Baudet de la communication et du partenariat également; Bernard Vellut, l’ancien président de Rumilly, qui me racontait la semaine dernière lors du déplacement à Cannes qu’il n’avait pas raté un match à l’extérieur en près de 20 ou 30 ans, est plus sur la logistique. Enfin, Bruno Piccon s’occupe de la structure jeunes. En fonction de ce que l’on a à demander, on s’adresse à l’un ou à l’autre. Ils se complètent et sont amis, très soudés. Je n’oublie pas non plus Ludovic Jourdain, le directeur sportif, qui est un historique du club, dont l’aide m’est précieuse.

« On ne connaît pas la puissance de ce club »

C’est quoi l’objectif sportif de Rumilly, qui est plutôt considéré comme un club de N3 dans l’esprit des gens…
On ne connaît pas la puissance de ce club. J’ai longtemps été opposé à Rumilly quand j’entraînais Chambéry, j’ai vu la différence depuis l’association des deux communes, Rumilly et Vallières. Le club a pris une grande dimension. Parce que j’ai connu l’époque quand Vallières jouait en Régional 2, d’ailleurs on les avait doublés à la dernière minute du championnat avec Chambéry pour monter en Régional 1, et j’ai connu l’époque quand Rumilly jouait en Régional 3 !

On a les moyens pour rester largement en National 2, maintenant, il y a des choses à apprendre, même si le club a déjà appris de sa descente en N3 en 2022, un an après leur parcours en coupe de France (demi-finaliste en 2021, éliminé par l’AS Monaco). L’objectif est de rester humble, de s’installer en N2, et pourquoi pas de le voir arriver un jour en National, mais on ne connaît pas encore les moyens financiers et humains.

Avec du recul, et même si tu étais à Chambéry à ce moment-là, comment expliques-tu que le GFA soit tombé en N3 un an après son épopée ?
Je pense que le club ne connaissait pas suffisamment le National 2. Les infrastructures étaient en cours de développement mais ce n’était pas encore ça; le staff était plus resserré et tout était concentré sur l’entraîneur (Fatsah Amghar), c’était les prémices du staff médical, bref, tout était « en cours de », et en National 2, si tu es « en cours de »… c’est dur. Ils avaient surtout joué en coupe de France la saison d’avant, et pas beaucoup en N2 à cause de la Covid. Et ici, cette épopée en coupe, ça a soudés les gens, on le ressent, cela a été une étape importante dans l’histoire du club.

Comment s’est passée ton arrivée au GFA ?
Cela faisait plusieurs fois que le club me contactait, notamment quand ils ont arrêté avec Fatsah (Amghar), début 2022, en N2, mais moi j’aime bien aller au bout des saisons et je ne me voyais pas laisser mes joueurs à Chambéry, du coup il y avait eu ce contact qui avait été riche, et ensuite, il y a eu l’arrivée de Michel Poinsignon au club, dont j’étais l’adjoint à Annecy; cela a facilité la venue.

« J’ai beaucoup appris, notamment sur moi-même »

Axel Raga, l’attaquant qui avait couru 12,2 km à Cannes, déjà auteur de 2 buts en 2 matchs, est sur sa lancée de la saison passée. Photo David Gengembre – Thomas Bourgeois

As-tu des modèles de coach ?
Dans mes modèles amateurs, l’un de mes référents, c’est Pierre Sage : quand on est formé en Rhône-Alpes, c’est un peu un laboratoire de la Fédération, où on teste la méthode globale, le « tout par le jeu », « tout par le foot », même la prépa athlétique… Avant, tout cela était assez théorique et d’entraîner avec Pierre à Chambéry, c’était riche, parce que lui avait déjà traduit cela en pratique.

Les joueurs, ce qu’ils veulent, ce sont des choses simples, de la pratique, et Pierre est un modèle là-dessus, tout comme David Guion fut un modèle pour moi dans le management et dans les connaissances tactiques (il fut adjoint de David Guion à Chambéry en 2010-11), voilà… J’ai pris un petit peu de tout le monde; Helder Esteves à Annecy m’a appris aussi des choses sur la notion tactique, dans le domaine des attaquants. Michel Poinsignon, avec qui on s’est souvent suivi, m’a apporté sur la gestion humaine des joueurs, il est à la fois dur et proche. Etre adjoint des ces entraîneurs-là, c’est riche, cela m’a permis d’apprendre, notamment sur soi-même.

Comment as-tu géré la période adjoint à Annecy (N2) et coach à Chambéry (N3) ?
C’est une période qui a duré 6 mois. Le club de Chambéry était dernier, et comme les dirigeants sont très proches de ceux d’Annecy, cela a facilité ma venue. C’était sans doute aussi le moment que je reprenne le rôle de numéro 1, parce qu’il y avait eu beaucoup de mouvements à Annecy, dans un club qui avait beaucoup d’ambition. Là, même si Chambéry était dernier, j’avais un petit peu moins de pression. C’était dur d’avoir deux équipes. C’est même impossible : au début, j’étais très attaché à Annecy, on jouait la montée en National, et petit à petit j’ai switché, j’étais plus à Chambéry, où on a assuré le maintien, c’était fort aussi (Annecy est monté en National la même année). Il fallait choisir. J’ai choisi Chambéry.

« J’ai un oeil sur les constructeurs »

D’autres références ?
Je regarde tout, l’aspect tactique, le management, la posture du coach, ça mouline ! Je n’ai pas de référent en particulier. Ce qu’a réalisé Franck Haise il y a deux saisons à Lens, dans un club familial, c’est fort. Arsène Wenger, sa carrière longue, ça me parle, pour moi qui suis resté longtemps à Chambéry, et aussi 7 ans à Bourg, 6 ans à Décines, j’ai aussi un oeil sur les constructeurs. En ce moment, je regarde beaucoup PSG, l’aspect tactique et le management de Luis Enrique. Ce n’est pas facile de trouver un juste milieu entre le management autoritaire, un peu à l’ancienne, et le management participatif, que la Covid a accentué : aujourd’hui, on est plus dans un management empathique, dans lequel on est proche des joueurs, à l’écoute.

Photo GFA Rumilly-V.

Tu es un coach plutôt comment ?
Un tacticien, parce que j’adore la tactique, avec un management participatif. J’ai une anecdote : la saison passée, Vincent Di Stefano a marqué beaucoup de penalties et cette année, j’ai des nouveaux attaquants qui ne comprennent pas forcément, du coup, j’ai décidé de changer ça et de varier,et j’ai opté pour plusieurs tireurs de penaltys. En plus, en National 2, on est plus « visibles » qu’en N3, donc avoir plusieurs tireurs, ce n’est pas plus mal : on a en parlé avec Vincent et avec les attaquants Axel Raga et Soro Doumbouya, et on a défini ça. C’est important que les joueurs se disent que le coach peut changer d’avis, que ce n’est pas une tête de lard.

Je fais participer les joueurs mais je mets un cahier des charges. Je me suis aperçu que, l’année avant mon arrivée, l’équipe n’avait jamais gagné après avoir été mené : je me suis dit, « Il faut changer ça, il faut être résilient ». On a choisi le capitaine, Nicolas Garby, par rapport à cet aspect-là, et on a fait 7 ou 8 retours au score, dont 5 victoires je crois et cette fameuse victoire à Cosne-sur-Loire, pour la montée, où on marque à la 90e. Ce n’était pas facile de changer parce que le capitaine, avant, c’était Alexis Peuget, qui a une grosse expérience du monde pro, du coup, Alexis est vice-capitaine, les deux joueurs ont adhéré, c’est cohérent. Il y a 5 ou 6 autres leaders, chacun avec une mission, tous ont surnoms, des adjectifs qualificatifs, comme l’artificier par exemple !

Je fonctionne beaucoup avec les leaders : je pense que la saison est une histoire que l’on essaie de créer. La saison passée, le thème de notre histoire, c’était donc la résilience. Cette année, c’est la combativité. l’esprit soudé. C’est la clé, selon moi, en National 2. Contre Toulon, on a été très combatifs; à Cannes, on était sur l’esprit soudé, je n’avais jamais vu ça la saison passée. Sur l’aspect tactique, on a des choses à corriger, mais par contre, dans l’état d’esprit, c’était incroyable : notre attaquant Axel Raga a couru 12,2 kilomètres. 12,2 kilomètres ! C’est très rare de voir ça.

Le mental, c’est 25 % de la performance

Tout cela fait partie d’un processus…
C’est ça ! Mes étapes sont : créer une ambiance, une cohésion de groupe. Ensuite, créer un système dans lequel le joueur se sent bien, dans lequel je suis très organisé, parfois trop, parce que je suis un dingue de l’organisation. Enfin, c’est assembler les joueurs dans ce système. Après ça, on peut commencer à travailler sereinement sur différents secteurs comme les secteurs tactique, physique, athlétique, mental. On a un préparateur mental d’ailleurs : c’est 25 % de la performance. Bien souvent, dans les clubs amateurs, c’est une personne du staff qui le fait mais chez nous, c’est une tierce personne. J’en reviens à la cohésion et au système : quand tu as ces deux choses-là, après, tu peux travailler sereinement.

Ton système de prédilection ?
On joue en 3-4-3, on peut jouer en 3-5-2, en 4-3-3 ou en 4-4-2. La saison passée, on avait commencé en 4-4-2 ou 4-1-4-1, mais on n’a pas trouvé nos repères et très vite, on a switché vers une défense à 3. Je pense qu’au départ on doit s’adapter aux joueurs que l’on a. On teste, on voit. Et ensuite ce sont les joueurs que tu vas choisir après qui vont se coller au système. Je préfère imposer notre système à l’adversaire.

« Le joueur doit correspondre aux valeurs du coach »

Le staff avec Damien Guerrier et à gauche l’entraîneur des gardiens, Florent Gerbier.

Comment prépares-tu les matchs ?
J’ai un adjoint, Damien Guerrier. On est très complémentaire. Il faut qu’il soit l’inverse de ma personnalité. Il est là depuis longtemps et s’occupe de l’adversaire; moi, je ne m’occupe pas de ça. Il envoie beaucoup d’enthousiasme, il est passionné, ça m’aide énormément aussi. On a deux préparateurs athlétiques Alexandre Monteiro et Rémi Porcheron qui nous a rejoint, afin de plus individualiser, plus professionnaliser le secteur, en particulier la force/vitesse, on utilise beaucoup la salle d’activation / muscu.

Chaque mardi matin, les joueurs ont une séance avec que force/vitesse, en deux groupes. Les deux « PA » (préparateurs athlétiques ») s’occupent de ça, et on a le prépa mental le lundi et au match à domicile; il est dispo la semaine, et c’est aussi mon prépa mental personnel, je pense qu’on en a tous besoin. On a un entraîneur des gardiens, Flo (Florent Gerbier), qui est du club. Je crois beaucoup au développement de l’homme avant le joueur : tu peux avoir le meilleur joueur du monde, s’il ne se sent pas bien dans l’équipe, c’est mort. Donc il faut savoir qui on choisit : le joueur doit correspondre aux valeurs du coach. C’est un point d’important.

Tu mets aussi souvent en avant ton staff médical…
Parce que j’ai un staff vraiment haut de gamme. Pour le médical, j’ai Julien Tapiero, le docteur, médecin du sport, il a joué en CFA2, il est très présent; récemment, il est venu faire une échographie sur un joueur lors de notre stage à La Clusaz. Il est associé à trois kinés, au club depuis plusieurs années, qui viennent le mardi et le jeudi, plus le cabinet. Et aussi le soir des matchs à domicile et en déplacement. On a très peu de blessures : on n’a eu qu’une seule lésion musculaire pendant la préparation (Jeremy Fernandez), sinon on a eu des contusions, des fractures, et ces joueurs-là sont en phase de réathlétisation.

Le 11 qui a commencé la saison de N2 face à Toulon. Photo GFA Rumilly-V.

Tu utilises la vidéo ?
Oui, on fait un retour individuel à chaque joueur, chaque semaine. C’est très puissant. On regarde 10 ou 15 actions : ça, c’est moi qui le fais. Je ne sais pas si je serais capable de déléguer ça, ou une partie. Je passe 5 ou 6 heures le lundi à faire ça, à analyser le match individuellement ou collectivement : parfois, alors que l’on croit qu’un joueur a fait un match moyen, non, en fait il a fait un bon match. En direct, tu ne peux pas tout voir. Analyser l’adversaire, ligne par ligne, c’est très important : dans le bus retour de Cannes, Damien (Guerrier) était déjà en train d’analyser les deux premiers matchs de notre futur adversaire Andrézieux.

Cette saison de N2, tu la vois comment ?
Il y a trois zones, à nous de nous adapter, on devra être dans la combativité parfois; on a un autre état d’esprit dans le sud ouest, dans le Rhône-Alpes c’est un mélange des deux; ensuite, on doit avoir un plan, un projet de jeu que tu dois imposer, tout en anticipant les problèmes et les résoudre en direct. C’est un rapport de force. Parfois, les joueurs ne comprennent pas ça : quand j’étais à Annecy, c’est moi qui m’occupais de la présentation de l’adversaire et les joueurs avaient l’impression qu’on s’adaptait plus à l’adversaire que l’inverse et ça, ça m’a beaucoup aidé, du coup maintenant je fais plutôt l’inverse. Par exemple, la pause fraîcheur, en ce moment, m’aide beaucoup à réguler des choses.

4 points en deux matchs : pas mal comme début…
On aurait rêvé d’un tel début, on l’a fait, mais il faut switcher. On a célébré la victoire après Toulon, très bien, je suis attaché à ça, ça permet de vider ta charge mentale. Et le lundi, il faut passer à autre chose, c’est ce qui est difficile dans le foot, passer au match suivant. Deux phrases m’animent : celle de Nelson Mandela, « Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends », car on apprend des victoires et des défaites, et aussi « le résultat est une conséquence ». Le résultat, tu ne peux pas agir dessus : tu peux faire le meilleur match de ta vie et perdre 1 à 0. Le foot c’est ça. Tu mets des moyens en oeuvre, là tu peux agir; plus tu es détaché du résultat et puis tu obtiens des résultats.

Championnat National 2 (poule A) – samedi 31 août 2024 : GFA Rumilly-Vallières – Andrézieux-Bouthéon FC, à 18h, au stade des Grangettes.

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : 13heuresfoot et GFA Rumilly-Vallières

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Le latéral de 26 ans, fils de Didier Santini, l’entraîneur de Rodez (Ligue 2), a rejoint Versailles cet été avec de grosses ambitions et l’envie de se stabiliser après avoir souvent changé de clubs ces dernières saisons.

Texte : Laurent Pruneta / Photo de couverture : Thomas Jobard / FC Versailles

Au FC Versailles. Photo Thomas Jobard FC Versailles.

En regagnant les vestiaires du stade Pelé ce vendredi 23 août, Jérémi Santini a le regard noir. Compétiteur et joueur de tempérament, le Corse de 26 ans ne digère pas le nul concédé avec son nouveau club, Versailles, face au Paris 13 Atletico (1-1), en supériorité numérique pendant plus d’une heure. « C’est une faute ! », soupire-t-il.

Le fils de Didier Santini, actuel entraineur de Rodez, a rejoint la région parisienne et les Yvelines cet été. Dans sa jeune carrière débutée dans sa ville natale Bastia, l’ancien attaquant reconverti latéral droit, a déjà beaucoup bougé : Furiani, Béziers, Chambly, Toulon, Orléans, Cholet… En pleine ascension, il aspire désormais à se stabiliser pour passer de nouveaux caps. Pour 13HeuresFoot, il est revenu en longueur sur son parcours, jalonné de moments pas toujours faciles.

Premier buteur du SC Bastia après sa liquidation en National 3

Sous le maillot du FC Versailles. Photo Thomas Jobard FC Versailles.

Le 16 septembre 2017, Jérémi Santini avait marqué le premier but en championnat du SC Bastia, qui venait d’être rétrogradé de Ligue 1 en National 3 à l’issue d’un été meurtrier, en raison d’une dette colossale (près de 30 millions d’euros). C’était contre Le Pontet au stade Santos Manfredi de Corte (1-1). « C’était un grand moment. Il y avait beaucoup de jeunes comme moi de l’ancien centre de formation avec des anciens comme Gilles Cioni qui était le seul de l’équipe de Ligue 1 à être resté et d’autres comme Gary Coulibaly ou Maka Mary qui étaient revenus au club. »

Natif de Bastia, Jérémi est entré au Sporting à l’âge de 5 ans. Mais tout n’a pas été simple pour lui avec des soucis de croissance. « Mes os ont poussé d’un coup. A l’adolescence, je n’ai pas pu jouer pendant un an. »

Sous le maillot du SO Cholet. Photo SO Cholet

En U17, il ne joue pas avec les Nationaux. Mais grâce à ses qualités physiques et sa persévérance, il explose en U19 Nationaux en marquant 15 buts. « J’allais signer stagiaire mais c’est là que le club est tombé. A ce moment, tout s’écroule. Bastia, c’est mon club de cœur, celui qui m’a tout donné, où mon père et mon oncle ont joué… J’avais un lien fort, familial avec le Sporting. Cela a été très compliqué de me dire qu’il fallait passer à autre chose. »

En cet été 2017, l’ailier droit alors âgé de 19 ans part à Sochaux où Omar Daf, qui entraînait la réserve, l’a contacté. « Je devais signer. Mais j’ai décidé de rentrer. Je n’étais pas prêt à quitter la Corse. C’était trop tôt pour moi. »

« Au lieu d’écouter, j’ai fait l’idiot »

Sous le maillot du SO Cholet. Photo SO Cholet.

Jérémi retourne donc au Sporting-club de Bastia pour participer à sa reconstruction en National 3. C’est là que l’entraineur Stéphane Rossi décide de le reconvertir en défenseur latéral. « Je me suis senti bien à ce poste. Le coach pensait que je pouvais y faire quelque chose. Il a eu raison. »

Mais lors des deux saisons en N3, il joue peu (14 puis 9 matchs). « La deuxième année, l’équipe gagnait souvent 3 ou 4-0, c’était frustrant d’être hors groupe ou de rester sur le banc. Mais j’étais jeune et j’ai été con. Je voulais jouer trop vite. J’ai voulu griller les étapes au lieu d’apprendre aux côtés de quelqu’un comme Gilles Cioni. Au lieu d’écouter, j’ai fait l’idiot. Avec Bastia, ça ne s’est pas super bien fini. »

Un peu désabusé, il trouve refuge dans le club d’à côté, l’AS Furiani, alors en National 3. « Ça a été très formateur pour moi. Patrick Videira, le coach, m’a redonné envie. Il m’a redonné un peu tout en fait… Je le lui en suis reconnaissant. »

« Une belle relation père-fils à Béziers »

Sous le maillot du FC Versailles. Photo Thomas Jobard FC Versailles.

Après une bonne première partie de saison (11 matchs, 2 buts), il reçoit en décembre 2019 un appel de son père Didier qui entraîne Béziers en National. « Il a vu que quelque chose commençait à se créer chez moi. J’ai joué rapidement. On était relégables mais ça commençait à prendre. On bat Avranches (2-0) qui était 3e mais la saison s’arrête. La covid a fait du mal au club et m’a aussi ralenti. »

Béziers est relégué en N2 alors que la saison n’est pas allée à son terme. Jérémi est alors contacté par Olivier Frapolli pour signer à Laval en National. « Mais j’ai décidé de rester avec mon père en N2 à Béziers. On fait un super début de saison, on est invaincu mais la saison s’arrête en octobre. C’est là que j’ai eu des regrets. Si j’étais allé à Laval, j’aurais pu continuer à jouer car en National, le championnat s’est poursuivi. »

Avec Didier, son papa, à l’AS Béziers. Photo DR.

Mais cette expérience à Béziers lui a permis de retrouver son père, qui s’était séparé de sa mère lorsqu’il avait 11 ans. « On s’est retrouvé et on eu une belle relation père-fils après quelques années où on s’était moins vu car il était parti entrainer en Chine et à Dunkerque. Béziers, ça a vraiment été un passage très important dans ma vie d’homme et de footballeur. Mon père a été très dur avec moi. Les autres joueurs en rigolaient. Un jour, Mehdi Mostefa lui a dit à l’entrainement « Coach laissez-le un peu tranquille ! ». Mais mon père m’a donné ma chance en National et m’a beaucoup aidé à me canaliser. J’arrivais comme le latéral ancien ailier contre-attaquant. Il m’a fait comprendre que je n’étais plus un attaquant qui devait toujours jouer le un contre un. Il valait mieux le faire 2 ou 3 fois dans un match en apportant vraiment que 15 fois en faisant des efforts inutiles. J’ai beaucoup progressé grâce à lui. On a regardé beaucoup de vidéos ensemble. »

Aujourd’hui, l’actuel entraineur de Rodez et son fils, ont conservé cette relation forte. « Il regarde et débriefe tous mes matchs. Mais il est plus positif que quand il était mon coach », sourit Jérémi, qui porte un regard admiratif sur le parcours de son père. « Les gens le découvrent depuis la saison dernière. Il a surpris beaucoup de monde. Mais lui n’a jamais changé. Il a été écarté de Saint-Brieuc et il n’avait jamais entraîné en L2 quand il a signé à Rodez. Mais lui était tranquille, il savait que la Ligue 2 allait arriver un jour et que c’était le bon moment pour lui. Il a maintenu le club avant de faire une magnifique saison et d’aller en barrages (4e). Cela montre que dans le foot, tout n’est pas seulement une question de moyens. Si dans un club, tout le monde parle le même langage, ça marche. »

Il signe à Chambly après un essai face au PSG de Navas ou Icardi

Sous le maillot du FC Chambly. Photo Eric Crémois EC Photosports

Malgré la saison tronquée avec Béziers, Jérémi rebondit à Chambly, qui vient d’être relégué en National. Mais dans des conditions particulières alors que la préparation a déjà débuté : « Bruno Luzi, le coach de Chambly, a appelé mon père pour lui dire qu’il fallait que je monte pour être au match amical contre le PSG. »

Le 17 juillet 2021, il se retrouve au Camp des Loges pour affronter une équipe bis du PSG avec Navas, Icardi, Simons, Kehrer, Gueye, Kurzawa, Draxler. « J’étais à court de condition, je ne devais jouer que 15 minutes mais j’en ai joué 55. J’ai fait un super match et j’ai signé. »

Mais la saison ne se passe très bien. Il ne dispute que 16 matchs et Chambly est relégué en National 2. « Ma saison a été tronquée par les blessures. Mais j’ai aussi fait preuve d’immaturité. Vivre près de Paris, c’était trop tôt pour moi. Il y avait tous mes amis corses… C’était compliqué. »

Il redescend dans le sud à Toulon en National 2. « Je m’y suis refait une santé. Ça a été une saison compliquée pour le club. Mais pour moi, ça s’est plutôt bien passé. J’ai fait des matchs et j’ai pu resigner en National à Orléans. »

« Je sais exactement qui est Bernard Casoni et je sais exactement ce qu’il s’est passé à Orléans »

Sous le maillot du FC Chambly. Photo Eric Crémois EC Photosports

Mais son arrivée dans le Loiret s’est effectuée dans des conditions très particulières. Nommé entraineur quelques jours plus tôt, Bernard Casoni, son beau-père (il est marié avec sa maman depuis une quinzaine d’années), est victime d’une embolie pulmonaire. « J’étais à Aix-en-Provence quand j’ai appris ce qui lui était arrivé. J’ai pris ma voiture et je suis monté à Orléans pour le retrouver et l’épauler. »

Sans contrat, le défenseur s’entraîne d’abord avec le groupe, puis est mis à l’essai avant de signer fin juillet. Il est titulaire lors des 12 premiers matchs, enchaînant les bonnes prestations. Mais il va être la victime collatérale d’un événement extra sportif. Début octobre, Bernard Casoni est accusé d’avoir tenu des propos racistes à l’entraînement. Il est ensuite suspendu puis licencié et remplacé par Karim Mokeddem. Si dix mois se sont écoulés, Jérémi se dit encore « marqué ». « Je n’ai pas trop envie de parler de tout ça. Je l’ai vécu de l’intérieur donc forcément ça marque. Je sais exactement qui est Bernard Casoni et je sais exactement ce qu’il s’est passé. Il y a eu des trucs rajoutés, certains ont tout fait… Mais ceux qui ont fait ça se reconnaîtront. C’est tout ce que j’ai à dire sur cette affaire. »

« À Cholet, je me suis régalé »

Sous le maillot du FC Chambly. Photo Eric Crémois EC Photosports

Elu joueur du mois d’octobre, il a perdu sa place de titulaire à Orléans. « Karim Mokeddem ne m’a plus fait jouer, je n’entrais plus dans ses plans. » Sur le banc lors du 16e de finale de Coupe de France contre le PSG le samedi 20 janvier 2024, il décide de quitter le club et rejoint Cholet, relégable en National.

« Cholet avait beaucoup points de retard et avait 85 % de chance de redescendre. Mais cette expérience, c’est moi qui l’ai choisi. Dans ma tête, je m’étais fixé une mission. J’avais besoin de jouer et reprendre du plaisir après toutes les péripéties que j’avais vécu autour de moi à Orléans. Au final, je me suis régalé car on jouait bien au ballon. J’ai eu des « stats », j’ai marqué 3 buts. »

S’il est titulaire à tous les matchs, sa saison s’achève prématurément avec un carton rouge reçu à Rouen le 26 avril. Il est sanctionné de 4 matchs de suspension et Cholet est relégué puis exclu des championnats nationaux par la DNCG.

« J’arrive dans mes meilleures années »

Sous le maillot du FC Chambly. Photo Eric Crémois EC Photosports

Le Corse s’est, lui, rapidement mis d’accord avec Versailles (contrat d’un an plus un autre en option). « J’ai eu plusieurs propositions mais Versailles est la première que j’ai réellement regardée. J’ai senti quelque chose lors des appels avec le coach Jean-Luc Vasseur et Salomon (Kashala, le directeur sportif). Versailles est un club qui me ressemble. Il est en train d’émerger et commence à rentrer dans la tête des gens. Un peu comme moi, un joueur qui était là mais dont on ne parlait pas trop… J’espère pouvoir mettre tout le monde d’accord. »

Après avoir beaucoup bougé, il aimerait également s’inscrire dans la durée avec Versailles. « Je suis fier de mon parcours car tout n’a pas été toujours facile pour moi. Mais, là, j’arrive dans les meilleures années. J’ai envie de réussir une saison pleine et complète avec Versailles et de me pérenniser enfin dans un club. Car, c’est un peu fatiguant de devoir bouger tout le temps. »

Jérémi Santini, du tac au tac

Photo AS Béziers.

Vos meilleurs souvenirs ?
Mon premier match en National avec Béziers (10 janvier 2020) à Bourg-en-Bresse avec mon nom dans le dos… Le match d’après où on va gagner au Gazélec Ajaccio (1-0) aussi. Être élu joueur du mois (octobre 2023) à Orléans a aussi été très important pour moi. Il y avait l’histoire avec Bernard (Casoni) mais j’ai prouvé que ma barque ne bougeait pas. Je suis resté debout. Quand je suis revenu avec Cholet, les supporters d’Orléans ont scandé mon nom. J’avais un réel attachement avec eux. Maintenant, il me reste à créer des souvenirs avec Versailles…

Vos pires souvenirs ?
L’arrêt de la saison à cause du covid. On était chez Walter (célèbre hôtel-restaurant près de Bastia) avec Béziers et on a appris qu’on ne jouerait pas contre Bastia-Borgo le lendemain (13 mars 2020). Le deuxième arrêt en octobre 2020 a été encore plus dur à vivre. On était premiers en N2, on était invaincus (6 victoires, 3 nuls). Ça a été très long… Le pire match, c’est notre défaite 7-0 à Pau avec Béziers en National.

Avec Versailles. Photo Thomas Jobard / FC Versailles

Le club ou l’endroit où vous vous êtes senti le mieux ?
Chambly. C’est un club familial que je garderai toujours dans mon cœur. J’ai un petit goût d’inachevé. Mais j’ai eu des soucis physiques et en dehors du terrain.

Qualités et défauts ?
Le un contre un défensif, ma puissance, ma vitesse. Mais je dois m’améliorer techniquement sur ma relance, mon premier contrôle, ma première touche. Mais j’y travaille. Après, c’est aussi une question de maturité et de confiance en soi. Quand tu es bien physiquement, dans un club et un projet, ta première touche est forcément plus déliée.

Combien de buts inscrits dans votre carrière ?
J’étais attaquant mais je suis passé latéral droit avec Stéphane Rossi en N3 à Bastia. Donc, une dizaine à peine en séniors. Mais avec Cholet, j’ai commencé à avoir des stats : 3 buts et une passe décisive en 11 matchs.

Votre plus beau but ?
Une frappe en lucarne en N2 avec Béziers face à Angoulême. Et avec Cholet, une tête magnifique sur un corner de Tom Renaud qui nous permet d’égaliser face à Niort (1-1).

Avec Versailles. Photo Thomas Jobard / FC Versailles

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Kylian Mbappé quand il était à Monaco avec Bastia en U19. J’aurais pu aussi dire Amine Boutrah mais je n’ai jamais joué contre lui. Quand j’étais à Chambly, j’ai raté les deux matchs contre Concarneau. Amine, on était ensemble en N3 à Bastia. Je ne pensais pas qu’il aurait pris autant en maturité et qu’il soit capable de faire d’aussi belles choses. On se parle souvent au téléphone. Je suis vraiment content pour lui. Il est rentré à Bastia, il est bien, je suis certain qu’il va faire une grosse saison en L2.

Les coéquipiers les plus forts avec qui vous avez joué ?
Lorenzo Callegari à Chambly, Adrian Dabasse, qui paraît nonchalant mais qui est capable de faire des choses extraordinaires et Tom Renaud à Cholet. Je suis très content que Tom m’ait rejoint à Versailles.

Photo SC Toulon.

Les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Chaque entraîneur que j’ai eu m’a apporté quelque chose. Patrick Videira qui m’a relancé à Furiani, mon père, évidemment à Béziers… J’ai aussi eu l’impression d’avoir vraiment progressé à Cholet avec Anthar Yahia, Vincent Rautureau et Nenad Zekovic. Et Bernard Casoni.

L’entraineur avec qui cela s’est moins bien passé ?
Karim Mokeddem à Orléans. Mais il n’y a aucune animosité entre nous. Il avait d’autres plans que moi et il ne m’a pas fait jouer. Mais je respecte totalement son point de vue. C’est un bon entraîneur, un très bon tacticien et j’ai aussi appris avec lui.

Un président marquant ?
Benjamin Erisoglu à Cholet. Un président passionné, honnête, qui n’a peur de dire les choses. J’ai beaucoup apprécié sa manière de présider. Il a voulu arrêter, c’est son choix. Ce qui s’est passé ensuite à Cholet, je ne peux pas m’exprimer là-dessus car j’étais parti. Et aussi Philippe Ferroni à Furiani, c’était plus un « papa » qu’un président.

Vos amis dans le foot ?
Il y a en a beaucoup ! Déjà, Julien Anziani, Christopher Ibayi, Julien Maggiotti et tous les Corses…Je citerais aussi Lorenzo Callegari, Adrian Dabasse, Adrien Pagerie, Tom Renaud, Jordan Robinand… J’en oublie plein, désolé pour eux !

Avec Orléans. Photo USO

Le club de vos rêves ?
Le Borussia Dormund. Je suis supporter depuis que j’ai 10-11 ans.

Votre stade préféré ?
Le stade Furiani (Bastia) même si ça ne s’est pas toujours bien passé quand j’y ai joué. Mais c’est un stade incroyable. J’ai plein de souvenirs quand j’étais petit et que j’allais supporter Bastia en tribune est.

Vos modèles dans le foot ?
Marco Reus. Il a fait toute sa carrière à Dortmund. Je l’ai toujours trouvé classe dans sa façon de jouer. Je regarde aussi beaucoup les latéraux comme Hakimi pour m’imprégner de leur façon de jouer.

Avec Bastia. Photo SCB

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Bonne question… Peut-être dans la restauration. J’aurais ouvert ma paillote sur une plage à Bastia.

Vos occupations en dehors du foot ?
J’aime bien me balader avec ma femme et mon chien. Les jeux vidéo aussi.

La Corse, Béziers, Toulon, Chambly, Orléans, Cholet, Paris ?
Je suis forcément très attaché à la Corse. Mon père n’est pas corse mais je me sens corse à fond. Paris, je connaissais déjà quand j’étais à Chambly. Ça change forcément des villes où j’ai joué avant. Mais ça se passe bien, je me suis bien intégré. J’habite à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), c’est un endroit plutôt tranquille et avec Versailles, on s’entraîne à Bougival (Yvelines). Pour le moment, la circulation, ça va. On verra à la rentrée !

 

Championnat National (3e journée) – samedi 31 juillet à 18 h : FC Versailles / AS Nancy Lorraine

Regarder le match : https://ffftv.fff.fr/video/x93djtg/j3-i-fc-versailles-vs-as-nancy-lorraine-en-direct-18h45

 

Texte : Laurent Pruneta – Twitter: @PrunetaLaurent

Photos : Thomas Jobard – FC Versailles / Eric Cremois EC Photosports / SC Toulon / US Orleans / SO Cholet / SC Bastia

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Vision à long terme, anticipation, responsabilité sociétale, éducation : le président du club charentais évoque les missions et l’ambition de l’ACFC, ainsi que les moyens mis en oeuvre pour y parvenir.

Par Anthony BOYER / Photos : 13HF et ACFC

« Envahissons Lebon ! » Attention, n’envahissez pas la pelouse, sous peine de sanction, hein, mais envahissez les tribunes du stade Lebon !

« Envahissons Lebon ! », c’est le slogan choisit en 2017 dans le cadre d’une campagne de communication, un domaine que l’ACFC (Angoulême Charente Football-club) maîtrise bien, et où son ton jeune et original lui permet de se démarquer.

« Envahissons Lebon, ça veut dire conquérir le local, explique Pierre-Emmanuel Allard, le (jeune) directeur général de l’ACFC (31 ans), présent depuis 2014. C’est notre objectif. On veut que les gens se disent, « tiens, ça c’est le logo du club de foot d’Angoulême », puis qu’ils se disent « Tiens, ça c’est le logo de l’ACFC », puis qu’ils disent ensuite « J’aime ce logo de l’ACFC ». « Envahissons Lebon », c’est une démarche de fidélisation et d’appartenance.

6e saison d’affilée en National 2

Fin juin 2024. La saison est terminée depuis plusieurs semaines, et la suivante se prépare. En National 2 pour la 6e année consécutive. Déjà. Au club house, Pierre-Emmanuel, « PE » pour les intimes, nous reçoit avec un bon café ! L’occasion d’échanger avec un garçon qui a le sens de la formule, arrivé ici dans le cadre d’un stage, et finalement jamais reparti ! Un garçon touche à tout, qui jongle entre les différentes casquettes, dont celles de directeur général, directeur sportif et responsable de la communication, entre autres. Rien que ça ! « J’ai un rôle multi-fonctions, c’est vrai. Et depuis mon arrivée en 2014, j’ai mis les mains un peu partout. J’ai notamment commencé par la com’. Et si je continue de garder ce volet aujourd’hui, dont l’enjeu est énorme, c’est parce que je pense qu’il faut s’imbiber, s’imprégner des valeurs du club, être présent partout, écouter, comprendre, afin de pouvoir retranscrire tout ça sur les réseaux sociaux. »

Un passé et un record

Patrick Triaud et Pierre-Emmanuel Allard.

Patrick Triaud, le président, est là lui aussi. Le chef d’entreprise – Il est PDG du groupe TDI Services (groupe Altiore), une entreprise experte en maintenance, sécurisation, gestion et administration informatique – a pris les rênes il y a 14 ans maintenant, et malgré un emploi du temps démentiel, il a trouvé un créneau pour nous parler de l’ACFC et balayer le passé, le présent et l’avenir.

Le passé, pour ceux qui s’en souviennent, est certes un peu lointain mais bien présent : Angoulême a longtemps joui d’une belle réputation en Division 2 (16 saisons, la dernière en 1983-84) et a joué en Division 1, certes pas bien longtemps, pendant trois ans, mais tout de même (de 1969 à 1972) ! Il a même fini 4e en 1970, juste après son accession mémorable, marqué par un record qui n’est pas près d’être battu : lors de la saison 1968/1969, l’attaquant Gérard Grizzetti, bien connu à Cannes où il a longtemps « tenu » une plage sur La Croisette (Le Goeland, tenue aujourd’hui par sa famille), a « planté 55 buts en 40 matchs (il a été élu joueur angoumoisin du siècle par La Charente Libre !). Une photo (en noir et blanc) de lui en action orne d’ailleurs l’un des murs de la grande salle du club, comme pour rappeler que le passé n’est jamais très loin. Tout cela inspire le respect et force l’admiration.

18 000 kilomètres en National 2 !

La photo de Gérard Grizzetti, recordman du nombre de buts marqués en D2 avec Angoulême, en 68/69.

On pourrait vous parler d’un second record, mais là, on touche un sujet sensible : savez-vous combien de kilomètres les joueurs de l’ACFC vont parcourir cette saison en National 2 ? 18 000 kilomètres aller-retour. 18 000… c’est à dire une moyenne de 1200 kilomètres par match ! Dingue. C’est la conséquence, « terrible et fragilisante » dixit Pierre-Emmanuel Allard, de la refonte des championnats et aussi du changement de poule. Angoulême devra aller à Cannes, Grasse, Saint-Raphaël, Toulon, Hyères, Marignane, Istres, Saint-Priest, Chasselay (GOAL FC), Rumilly, Jura Sud, pour ne citer que ces clubs-là (Bergerac est dans le même cas). Pas simple.

Quant à 13heuresfoot, Pierre-Emmanuel connaît. En revanche, Patrick Triaud (56 ans), lui, n’en a jamais entendu parler : « Les réseaux sociaux, quand bien même je bosse dans l’informatique, ça me gave », lance-t-il d’emblée, dans un franc-parler qui est un peu sa marque de fabrique. Un comble pour quelqu’un qui a fait de la cybersécurité son métier : « Je tracke les pirates » !

Bien évidemment, nous ne lui en tiendrons pas rigueur, d’autant moins que le chef d’entreprise, toujours « cash » dans ses réponses, connaît dorénavant le site. Autour d’un café et d’une bouteille d’eau, il a accepté de répondre à quelques questions sur le club, qui fut l’un des premiers, sinon le premier, à soutenir publiquement cet été les Girondins de Bordeaux – adversaire en coupe de France la saison passée – après l’accumulation de leurs malheurs. Et cela n’a rien à avoir avec le nom de « Triaud », qui fut longtemps accolé à celui des Girondins, du temps d’un certain… Jean-Louis Triaud. Il s’agit là plutôt d’une marque de respect et de reconnaissance de l’institution dans une même région, en Nouvelle-Aquitaine.

Patrick Triaud :

« L’humain est au coeur du sujet »

Président, nous sommes en période de recrutement (entretien réalisé au début de l’été) : quels sont les critères ?

Patrick Triaud.

Patrick Triaud : « On a dans notre politique de recrutement des passages obligés : un garçon qui vient au club doit forcément passer d’abord entre les mains de Pierre-Emmanuel (Allard) et de David (Giguel), le coach. Moi, je suis le dernier rempart, je suis là pour évaluer l’homme, même si David et « PE » l’ont déjà fait avant. L’idée, c’est d’avoir un regard à 360 degrés sur le « bonhomme ». On n’a qu’une seule envie : engager des gens avec des bonnes intentions et qui ont envie de partager le projet le plus longtemps possible. On fait attention à ne pas faire entrer le loup de la bergerie. C’est pour ça que, façon de parler, on réalise une enquête de voisinage. Le parcours de recrutement chez nous est un peu plus intense et a pour vocation à tout se dire, les droits et les devoirs. Tout cela est formalisé dans une lettre d’engagement, comme ça le joueur sait où il met les pieds et sait ce que l’on va lui donner. Il sait aussi ce que lui doit nous donner en retour. C’est très clair, et cela permet de se tromper de moins en moins. On préfère privilégier l’humain, qui est au coeur du sujet. Ce qui nous intéresse avant tout, c’est « avec qui on voyage et comment on voyage », même si je sais que certains vont nous dire qu’en faisant ça, on aura des joueurs « moins bons »…

Des liens de parenté avec Jean-Louis Triaud, l’ancien président des Girondins de Bordeaux ?

Patrick Triaud : « Mon père est né en Gironde mais on n’a pas cherché plus que ça… Je suis Charentais, je suis Angoumoisin et je vais mourir ici parce j’aime ma Charente. »

« On a bâti lentement, mais sûrement »

Comment vous êtes devenu président du club ?

Pierre-Emmanuel Allard.

Patrick Triaud : « Je suis président depuis 2010, j’étais déjà vice-président entre 2008 et 2010. En fait, on est venu me chercher, trois ans avant, en 2005, car on voulait que je rachète le club, qui venait de déposer le bilan (relégation de CFA à DH). Du coup, plusieurs entrepreneurs ont mis la main à la poche pour le faire repartir. Mon intention de l’époque, c’était de venir avec d’autres entrepreneurs, de laisser les gens travailler, d’aider le club. Mais en 2008, on est à nouveau revenu me chercher car Angoulême était au bord de la disparition. Là, j’ai remis le doigt dans l’engrenage, et depuis, je n’en suis plus sorti ! Le point de départ, ça a été le sauvetage puis de bâtir un club solide, avec des fondations d’entrepreneur, avec un projet, afin de le sécuriser, en s’appuyant sur des gens compétents. Il fallait construire et gérer un budget de manière réaliste, ce que l’on a fait, petit à petit. On a galéré, c’est vrai, mais on a bâti, lentement mais surement : on a remboursé 400 000 euros de dettes intégralement. Quand j’ai repris le club, le budget était en-dessous de 200 000 euros et aujourd’hui on est à 1,8 million, mais on va le baisser un peu cette saison. Pour « grossir » ce budget, je me suis aussi servi de mon réseau, sachant que les collectivités locales ont moins de moyens, même si, chez nous, elles nous accompagnent. On est en bon terme avec elles. C’est une culture ici : on ne peut pas travailler de manière collective ni construire une relation longue si on ne met pas les ingrédients, le respect et la confiance. C’est exactement comme cela que l’on fonctionne avec les collectivités et ça marche, parce que demain, avec le projet de stade, ils seront à nos côtés. Nous, on considère qu’il faut aller chercher l’argent chez les privés, tout en leur proposant une offre de très haute qualité. »

Pierre-Emmanuel Allard : « C’est ça la pierre fondatrice du club sous Patrick Triaud. C’est un rêve qui est devenu une ambition. Tout est parti d’une vision d’un homme. Mais c’est une vision qui a valu dix ans de sacrifices. »

Patrick Triaud : « J’essaie toujours d’être aligné entre ma tête, mon coeur et mes tripes. C’est un axe assez fort chez moi. Je préfère mourir avec mes idées qu’avec celles des autres. »

Allard : « La montée est une conséquence, pas un objectif »

Le stade Lebon.

Puisque l’on parle des partenaires, autres que les collectivités, combien apportent-elles ?
Patrick Triaud : On fait entre 1,1 et 1,2 million d’euros de chiffres d’affaires en partenariat privé. On a commencé avec un club entreprises de 20 partenaires, aujourd’hui on est entre 250 et 300 ! C’est l’axe de notre développement. Il y a un terreau. Tout ce que l’on fait, c’est pour pérenniser la structure, surtout si un jour on a le bonheur de monter en National. On est dans une logique de se dire « OK, on sera prêt demain » si jamais ça nous arrive, même si on sait que sortir de ce National 2 va être extrêmement compliqué.

Pierre-Emmanuel Allard : « En fait, la montée est une conséquence, pas un objectif. »

Président, quel est votre attachement au club ?

Patrick Triaud : « J’ai joué au foot à Angoulême, jamais plus haut qu’en équipe réserve, en DH, mais ça m’a marqué, et j’ai pensé que c’était important de rendre la monnaie de la pièce, comme on dit. »

Concrètement, quelle serait ou quelle doit être la place d’Angoulême sur l’échiquier du foot français ?

Dans le club-house…

Patrick Triaud : « D’abord il faut rappeler qu’Angoulême est une ville de 45 000 habitants, et avec l’agglo, on est 130 000. Ensuite, certes, Angoulême a joué en pro, et a même connu la Division 1, mais ça remonte déjà aux années 70. Angoulême, c’était plutôt un club de Division 2 avant. Après, il y a eu des dépôts de bilan, en 1997 et en 2005. Ce qui, de l’extérieur, donne une vision d’un club pas stable.

Je pense aujourd’hui que la place naturelle du club, ce serait de retrouver le National. Mais dans les conditions dont je vous ai parlé avant, c’est-à-dire en préparant en amont, en pérennisant, et non pas en arrivant comme ça, la fleur au fusil. C’est là-dessus que l’on travaille. Mais cela ne pourra pas se faire sans des infrastructures rénovées. »

« On a besoin de franchir un palier »

Justement, à propos des installations, où en est-on du projet d’évolution du stade : récemment, le Département, l’Agglo, les villes d’Angoulême et de Soyaux ont évoqué une mutualisation des deux stades, Chanzy et Lebon…

Pierre-Emmanuel Allard : « On a plusieurs formules possibles. La première, c’est la mutualisation des deux stades, celui du rugby, Chanzy, qui jouxte le stade Lebon, et les deux clubs, le SA XV (Soyaux Angoulême) et l’ACFC, jouent en compétition dessus; à la place de la tribune latérale, qui est démontable, serait construite une tribune en dur afin de permettre d’offrir de nouvelle offres commerciales aux partenaires. La deuxième formule, c’est que chacun reste chez soi, et le projet annoncé en 2023, au stade Lebon, avec la rénovation de la tribune Nord, et bien on le fait comme prévu au départ, avec une vie sept jours sur sept, un restaurant… Enfin, les collectivités réfléchissent aussi à une troisième possibilité : ça serait de faire une tribune mutualisée entre les deux stades, qui sont mitoyens, dans la perspective d’arriver peut-être un jour à Chanzy. Voilà les trois possibilités.

Le stade Chanzy accueille l’équipe de rugby de Pro D2 du SA XV.

Patrick Triaud : « Les discussions sont en cours. Quel que soit le projet choisi, il nous fera de toute façon franchir un gros palier. Et on a besoin de ça. C’est une vision politique, c’est nos politiques qui mouillent le maillot là. Les deux projets ont des avantages, mais aussi des manques. On va voir si on mutualise aussi la gouvernance. Une chose est sûre : il faut que l’on soit capable de proposer une très belle expérience à nos spectateurs, sinon on ne valorise rien. Il nous faut des moyens et on va aller les chercher. C’est l’objectif que je me suis fixé. Le club a quitté le National en 2004. C’était il y a 20 ans. On avait fait une étude sur des critères purement socio-démographiques : on était 121e ville en France, par contre, on avait des villes plus petites que la nôtre qui étaient quand même en Ligue 2, donc on s’est dit « c’est possible ». Mais attention, on ne fanfaronne pas trop : ce n’est pas parce qu’on décide de monter qu’on y arrive tout de suite, ça ne marche pas comme ça dans le football. »

« Angoulême doit être en National un jour »

Même en National, qui s’apparente à une petite Ligue 2 aujourd’hui, le club pourrait tenir ?

Patrick Triaud : « Oui, Angoulême pour moi doit être en National un jour. On travaille pour ça, c’est le projet à court terme, deux ou trois ans, et après, on se fixera d’autres objectifs, et arrivera ce qui arrivera. »

Pierre-Emmanuel Allard : « Ce qui est important, c’est le projet. Nous, on est au service de tout ça, on est juste de passage, c’est pour ça qu’il faut se poser les bonnes questions : qu’est-ce qu’il y a de mieux pour la ville, pour la collectivité ? Je prends l’exemple de Limoges, qui a un stade de dingue, avec Beaublanc, mais ils sont au niveau Régional. Quel dommage. »

« Avec le rugby, on est en train de créer une relation »

Où en êtes-vous en termes d’affluence à Lebon ?

Angoulême est célèbre pour son festival de BD.

Patrick Triaud : « On est entre 700 et 1000 le soir de match. C’est trop peu à notre goût. Mais en National 2, on est un des plus gros. C’est vrai qu’à côté, le rugby cartonne, ils font parfois 6000 ou 7000, et en moyenne 4000. »

La concurrence du rugby, avec le SA XV qui évolue en Pro D2 ?

Pierre-Emmanuel Allard : « On voit le rugby comme un partenaire qui nous ouvre beaucoup de portes, de par le fait qu’ils ont retracé le chemin du sport professionnel en Charente. Le rugby montre aux chefs d’entreprises l’importance et l’apport de miser dans le sport. Aux collectivités de montrer l’impact que cela a sur le territoire. »

Patrick Triaud : « C’était deux projets qui vivaient chacun de leur côté, mais avec des connexions, parce que Didier Pitcho (le président de Soyaux Angoulême XV) est un chef d’entreprise que je connais, et je connais beaucoup d’autres chefs d’entreprises aussi, dont certains sont partenaires à la fois du SA XV et de l’ACFC, parce qu’on est une petite ville. C’est pour cela que, depuis quelques mois, on regarde si on peut travailler ensemble, mener un projet en commun, avec une synergie à développer. »

« Le rugby a une image positive, oui mais… »

Allez-vous au rugby ? Et vice-versa ?

Patrick Triaud : « Bien sûr, je vais au rugby. Et quand on a reçu Bordeaux en coupe de France, l’entraîneur du SA XV était là, le directeur sportif aussi. J’ai été partenaire du rugby par le passé et je le serai à nouveau cette saison. Et vice-versa, Didier Pitcho était partenaire de l’ACFC jusqu’à il y a deux ou trois ans. »

Pierre-Emmanuel Allard : « En fait, il n’y avait pas de mauvaise entente, simplement, il n’y avait pas de relation. Et on est en train de créer ça. C’est juste le hasard, avec deux hommes, arrivés avec deux visions, Didier, au rugby, ancien joueur du RC Soyaux, qui a oeuvré pour la fusion (effective depuis 2010) avec le SC Angoulême, et Patrick, au foot, qui sont deux chef d’entreprises. »

David Giguel, le coach de l’ACFC en N2, depuis 2021. Photo ACFC.

Patrick Triaud : « On a aussi le football féminin à Soyaux, on a voulu se rapprocher en 2019, mais cela a échoué. Pour en revenir au rugby, c’est un sport avec moins de divisions; beaucoup de municipalités privilégient aussi ce sport parce que les budgets, à échelon égal que le foot, sont moindres. Et il y a autre chose aussi : le rugby a une image plus positive en termes de valeurs, même si c’est une idée que je ne partage pas forcément. Bien sûr que le rugby dégage des valeurs, mais le foot amateur aussi, à 95 %, parce que malheureusement, il y a 5 % d’idiots. »

Pierre-Emmanuel Allard : « Le foot a 40 ans d’avance en matière de professionnalisme. Le rugby, c’est récent, ça date de 1995/1996, et on voit d’ailleurs que les frasques commencent à arriver, qu’il y a aussi le phénomène de starification qui s’installent, qu’il y a des bad buzz aussi. »

Patrick Triaud : « Les politiques devraient miser sur le football « populaire » entre guillemets, pour tirer les gamins vers le haut, les éduquer, leur donner des moyens pour qu’ils ne dérivent pas. C’est aussi pour cela que l’on investit sur la formation à l’ACFC. »

Pierre-Emmanuel Allard : « En lançant en septembre notre académie ACFC, qui est un outil formidable, on s’est dit aussi que l’on pouvait apporter quelque chose à côté du foot, avec des activités culturelles, de l’aide au devoir et du sport en général, en croisant le chemin de l’ACFC. Et puis si certains s’inscrivent un peu plus dans le projet foot, tant mieux. Là, pour l’instant, on répond à une attente des parents, le mercredi apres midi. »

Plus d’infos sur l’académie : https://acfcfootball.net/ouverture-de-lacademie/

Quid du niveau de la formation chez les jeunes ?

Pierre-Emmanuel Allard : « On est en Régional 1 chez les jeunes. On essaie d être cohérent, tant chez les jeunes que chez les seniors : on essaie avant tout de former des jeunes angoumoisins et des jeunes angoumoisines, de les aider à trouver une place dans le club, dans un rôle ou un autre. Ici, le problème c’est qu’au delà de 17 ans, nos jeunes partent faire leurs études à Bordeaux ou Poitiers, et encore, s’ils ne sont pas recrutés, pour les meilleurs, par les meilleurs clubs. On aimerait quand même monter un jour en 17 nationaux avec des jeunes charentais. »

« On a une responsabilité sociétale »

Comment décririez-vous votre club ?

Patrick Triaud.

Patrick Triaud : « Le club, si je le résume (il réfléchit), c’est un club à mission, qui a une responsabilité sociétale. Pour remplir cette mission, il va s’appuyer sur trois piliers : le sport de haut niveau; la formation et l’éducation, qui vont ensemble; et l’inter-connection entre tous les mondes (politique, associatif, entrepreneurial, économique, social, éducatif) au coeur de la cité, parce que ce sont des mondes qui ne se parlent pas toujours. C’est pour ça que je dis que le club a une mission. Je sais, c’est un peu à la mode, on entend beaucoup parler de RSE (responsabilité sociétale des entreprises), mais on doit garder une seule valeur centrale : l’homme. C’est lui qui doit être au coeur du sujet. Qu’il soit joueur, éducateur, dirigeant, bénévole, salarié, etc.

On est un club avec des valeurs familiales et aussi avec des valeurs de sérieux. Il y a une exigence qui est posée, parce que la bienveillance sans exigence, c’est de la complaisance. Et L’exigence sans la bienveillance, c’est de la maltraitance. Nous, on est dans la bienveillance. On veut que l’institution soit respectée. Que le projet soit compris et partagé. On a lancé une initiative autour de l’académie, elle doit être le véhicule de tout cela. Un garçon qui va rentrer chez nous, quelque soit son âge, son rôle, il doit être meilleur humainement en sortant. On va essayer d’adapter un parcours pour ces jeunes, de les faire grandir, de les former, en partant du primaire jusqu’à bac + 2, dans le respect des valeurs de la République. »
Pierre-Emmanuel Allard : « Le foot est le seul outil qui réunit les gens malgré leur différence. Alors, ça ne dure qu’un temps, qu’un instant, certes. Mais on ne trouve ça nulle part ailleurs. »

Un mot sur la communication du club : à l’ACFC, elle est … originale et différente. C’est une volonté ?

Patrick Triaud : « On est authentique. On est dans la vérité. On a même vu des clubs nous copier ! Et c’est très bien. Ce que l’on veut, par exemple, quand on dit « Envahissons Lebon », c’est communier, partager. On n’a a jamais dit « La Ligue 2, c’est demain », on essaie d’être différent, c’est culturel au club. »

« Le passé ne nous freine pas, on s’en inspire »

Etes-vous nostalgique des années 70/80 ?

Le stade Lebon. Photo ACFC.

Patrick Triaud : « (catégorique) Non. À Angoulême, comme ailleurs, y’a des gens qui disent « c’était mieux avant »… Nous, on a une vision très claire des choses, de l’endroit où l’on veut aller et de comment et avec qui y aller. Le passé doit nous inspirer. Je suis là parce que j’ai joué ici, je viens du « passé », mes meilleurs amis sont des footeux avec lesquels j’ai joués. Je n’oublie pas ça, ce sont mes racines. Le passé est important pour moi. Ce sont mes fondations. Le foot m’a éduqué. Mais ne suis pas nostalgique. Je suis inspiré. Je veux que les gens respirent l’humain, qu’ils s’aiment. Je veux faire quelque chose de beau ici. J’ai besoin de ça.

Cela fait 16 ou 19 ans que je suis là, sans compter mes années de joueurs, qui représentent plus de 15 ans : à 19 ans, je suis venu jouer ici, en équipe B, jusqu’en DH à 32 ans, j’étais avant-centre; puis je suis allé dans les clubs voisins. J’ai été entraîné par Hervé Goursat (l’un des « historiques » du club) ! Donc au total, toutes ces années au club, ça fait 2/3 de ma vie. Le foot m’a porté. Ce que j’ai lancé dans mon entreprise, il m’a semblé que c’était opportun de faire pareil dans le foot.

Vous savez, les entrepreneurs ont besoin de challenge, je ne déroge pas à ça, je me nourris de ça, parce que j’aime bâtir, j’aime créer des choses de manière collective. Ici j’ai une équipe solide, avec Pierre-Emmanuel, avec Pauline pour le club entreprises, deux personnes jeunes, avec lesquelles je partage les valeurs et la vision. Et avec tous les autres. On est sur la bonne voie. On sera récompensé un jour. »

Pierre-Emmanuel Allard : « Le passé pèse positivement et négativement. Il ne faut pas que cela soit un boulet. On ne doit pas l’oublier. Simplement, il faut trouver un équilibre, entre respect et humilité, et inversement, il faut innover et développer, ce n’est pas facile, surtout quand on reprend un club. Cela nécessite de faire des choix. Parfois douloureux. Parfois, on fait bouger les meubles pour le bien du club, parce que l’environnement bouge. »

Patrick Triaud : « Le passé ne nous freine pas. On s’en inspire, on s’est reconnecté, on a reçu l’ensemble des joueurs qui ont joué au club, en mars dernier, il y aura des liens. Vous savez, quand vous menez un projet dans lequel vous êtes assez ferme sur certaines valeurs comme l’engagement, l’exigence, etc., forcément, certains ne s’y retrouvent pas, donc il y a eu une scission, c’est vrai. Il ne faut pas le cacher. Là, le 12 septembre 2025, le club aura 100 ans, on va faire quelque chose. Il faut respecter le passé mais il faut aussi respecter ce qui se créé. »

Pierre-Emmanuel Allard : « On a retrouvé un club pillé quand on est arrivé, qui venait de traverser deux dépôts de bilan et il n’y avait pas beaucoup de monde présent pour aider à reconstruire… Après, plus ça devient solide, plus les étages sont grimpés, plus les gens adhèrent et nous aident, mais ce n’est pas évident. On a un noyau d’anciennes gloires dans le Grand Angoulême, ravis de répondre présents quand on organise des manifestations, ils sont les premiers à reconnaître le travail que réalise Patrick, mais aujourd’hui, le foot demande une énergie telle qu’il ne leur est plus possible de s’investir, de retourner dans le milieu. »

Patrick Triaud : « C’est ce que je vous disais, cela fait 16 ans que je suis président, quand il y a un choix à faire entre le foot ou des repas de famille ou des anniversaires, et bien c’est le foot qui passe en premier…  »

Lors des deux premières journées de National 2, l’ACFC a fait 1-1 sur le terrain des Genêts d’Anglet (journée 1) avant de s’incliner 2 à 0 à Lebon face à Hyères (journée 2)..

 

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : 13heuresfoot et ACFC

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L’ex-entraîneur de Châteauroux et Sedan, qui veut se débarrasser de son étiquette de « sauveur », retrace sa carrière et ses expériences, et évoque aussi son attachement à Grenoble, sa ville, et au GF38, son club.

Par Augustin Thiéfaine / Photo Philippe Le Brech

Photo Philippe Le Brech

Jeune grand-père de 53 ans, Olivier Saragaglia s’est prêté au jeu de l’interview le jour de la naissance de sa petite-fille, sans langue de bois, sans filtre. L’une des plus belles journée de sa vie pendant laquelle l’ancien entraîneur de Grenoble, Sedan et Châteauroux notamment, est revenu sur sa rocambolesque carrière professionnelle, bouleversée par des parcours plus mais surtout moins heureux. Des épisodes qui ont forgé le destin d’un entraîneur se muant régulièrement en pompier de service. Un rôle qu’il ne veut plus connaître aujourd’hui.
Ce sont pourtant des trajectoires qui ont permis le développement d’un entraîneur empathique, proche de ses joueurs et qui se débrouille toujours pour obtenir des résultats même dans des situations où il n’a aucun moyen, parfois même aucun joueur !

Acteur de la reconstruction à Grenoble

Photo Philippe Le Brech

Acteur de la reconstruction du Grenoble Foot 38, sauveur du statut professionnel de La Berrichonne de Châteauroux, il fût aussi à deux doigts de radicalement changer le quasi-funèbre destin de Sedan avant que le club ne prenne le triste chemin du championnat de Régional 3, en 2023.

Stratège et tacticien, il a tout connu à tous les niveaux. Du CFA 2 (National 3 aujourd’hui) à la Ligue 2, cet ancien défenseur de Grenoble, Châteauroux et du Red Star, s’est révélé, forgé au fil de ses aventures.
Libre de tout contrat aujourd’hui, il est dans l’attente de nouvelles épopées, de projets plus sains et dans lesquels il pourrait s’épanouir et exprimer son plein potentiel sans galère. Rencontre avec un coach qui aime le football pour le meilleur et pour le pire.

Interview
« Je ne vis pas avec les regrets »

Photo Philippe Le Brech

Olivier, pour évoquer votre parcours, il faut revenir quelques années en arrière. Chronologiquement, c’est toujours à Grenoble que tout a commencé. Une ville particulière pour vous. Le GF38 a beaucoup compté et vous a aussi révélé : quel regard portez-vous sur le club aujourd’hui ?
J’ai un lien particulier avec Grenoble déjà parce-que j’y suis né. Au niveau footballistique, j’y ai fait mon parcours en centre de formation. J’y ai joué en professionnel et c’est là où j’ai fait mes débuts en tant qu’entraîneur. En tout, ça représente plus de 30 ans de ma vie. Forcément, ça créé un lien fort et puis c’est ma ville, c’est vrai qu’elle ne bénéficie pas d’une bonne réputation, comme Marseille par exemple. Mais comme les Marseillais, les Grenoblois sont heureux dans leur ville. Il y fait assez bon vivre en-dehors de la criminalité.

J’y ai tout connu : les joies de la Ligue 1, de formidables années que ce soit chez les pros ou à la formation, jusqu’à la descente aux enfers (Ndlr : le GF 38 avait déposé le bilan en 2010, chutant de la Ligue 1 au CFA2). Une période où j’ai été à la base de la reconstruction puisque c’est moi qui ai repris les rênes du sportif quand on est reparti en CFA2 (National 3).

Photo Philippe Le Brech

Aujourd’hui c’est toujours un club qui continue de se reconstruire, il manque quand même des infrastructures pour envisager plus que la Ligue 2. Il n’y a plus de centre de formation agrée et le centre d’entraînement a beau être amélioré, c’est insuffisant. L’étape suivante de leur projet avant d’envisager la Ligue 1 serait le centre de formation. En jeunes, il n’y a que les U17 qui sont en Nationaux et ils ne sont montés que cette année, et la réserve est en Régional 1.

En tout cas, aujourd’hui c’est un club qui est sain financièrement, ce qui n’était pas le cas dans mes années grenobloises. Chaque année, le « GF » passe sans encombre à la DNCG. J’espère qu’ils ont tiré des enseignements de tout ce qu’il s’est passé et qu’on ne verra plus ce genre de situations car j’ai connu ça aussi avant en tant que joueur (rétrogradation à l’issue de la saison 1992-1993) et en tant qu’entraîneur. C’est un club qui a connu beaucoup de difficultés financières. Depuis la remontée, c’est super bien géré.

Photo Philippe Le Brech

Pouvez-vous nous revenir sur vos souvenirs de joueur à Grenoble ?
Mes années en tant que joueur (1988-1993) ont été extraordinaires. C’était le tout début des centres de formation, donc ce n’était pas structuré comme ça l’est aujourd’hui. On était une quinzaine de joueurs sous contrats et le vendredi on était répartis dans les catégories où on jouait. Mais les quinze, on s’entraînait ensemble au quotidien. Par exemple, j’ai eu la chance de jouer avec Youri Djorkaeff.

Vous avez signé votre premier contrat pro à Grenoble…
Signer pro dans sa ville, c’était quelque chose qui représentait beaucoup pour moi. Après ma carrière, je bascule dans le métier d’entraîneur, j’ai été responsable de la préformation pendant trois saisons puis j’ai entraîné les 16 ans nationaux pendant trois saisons aussi.

Ma dernière aventure au centre, cela a été trois ans avec l’équipe réserve. En tout, cela représente neuf années passées au centre. On n’avait peu de moyens mais on bossait super bien avec des personnalités très compétentes comme Bernard Blaquart (ancien entraîneur de Nîmes notamment entre 2015 et 2020) qui était directeur du centre, il y avait Patrick Cordoba, Arnaud Genty (ancien gardien de but du club et actuel entraîneur des gardiens du GF38), Michaël Diaferia (actuel préparateur physique du GF38) et on a formé de supers joueurs. On alimentait chaque année l’équipe première avec des garçons d’un très très bon niveau.

« J’allais faire le commercial »

Grenoble ne s’est pas reconstruit en un jour, quel rôle avez-vous joué ? C’est, en fait, le véritable point de départ de votre carrière d’entraîneur principal.

Photo Philippe Le Brech

On savait qu’on aurait les moyens de basculer du CFA 2 (N3) au CFA (N2) dès la première année. On avait pris le temps de reconstruire une équipe avec une base de Grenoblois, de joueurs issus du centre de formation qui n’ont pas voulu partir après le dépôt de bilan, il y avait Manu Pérez, Brice Maubleu (gardien et capitaine du GF38 aujourd’hui), Selim Bengriba (capitaine à l’époque), Hugo Cianci, que des joueurs qui ont fait une carrière ensuite. Ça a été plus compliqué pour retourner en National, cela demandait plus de moyens et des moyens, on n’en avait pas.

Finalement, on loupe la montée deux fois (en 2013, 3e derrière Strasbourg et en 2015, 2e derrière Béziers). Une première fois alors qu’on était en tête à trois journées de la fin et on nous a retiré quatre points sur tapis vert juste avant de recevoir Strasbourg ! La deuxième fois on termine à un point de Béziers (en 2014, le GF38 avait aussi fini 3e derrière Marseille-Consolat et Rodez). Ça été des belles saisons où on avait même sorti l’OM en 32e de finale de Coupe de France, c’était frustrant parce qu’on méritait de monter (Ndlr, en 2015-2016, avec Jean-Louis Garcia sur le banc, le GF38 finira une fois encore 2e derrière Lyon-Duchère, avant de monter en 2017 !).

Photo Philippe Le Brech

C’est à partir de là que j’ai décidé d’arrêter avec le GF38, parce que je voulais voir autre chose. Honnêtement, c’était fatigant parce que l’année où j’ai repris, j’étais seul avec mon staff (Arnaud Genty et Michaël Diaferia). A côté, il n’y avait plus d’entraîneur chez les jeunes, il n’y avait plus de joueurs, c’était compliqué. Il manquait de tout. Les salariés étaient partis, il n’y avait plus rien. J’avais même plusieurs casquettes à ce moment là, j’allais faire le commercial, j’essayais d’aller chercher de l’argent, je négociais avec les politiques pour qu’ils nous aident. C’était tout sauf simple mais on y arrivait quand même.

Au dernier match de la saison 2014-15, ça a forcément été douloureux d’apprendre le résultat de Béziers et tout de suite à l’issue de notre match, j’ai annoncé aux dirigeants que je ne repartirais pas la saison suivante. J’avais besoin de souffler et malgré les fabuleux moments, c’était des années éprouvantes.

Photo Philippe Le Brech

Vous arrivez ensuite pour la première fois en tant qu’entraîneur à Châteauroux, approchez la Ligue 2 aussi. C’est un club dans lequel vous avez réussi lors de votre premier passage !
On était en National et le club avait l’obligation de monter en Ligue 2 pour ne pas perdre son statut professionnel. A ce moment là, je n’avais pas le diplôme pour entraîner les professionnels donc j’étais arrivé en qualité d’adjoint. A sept journées de la fin on était 7es. Dos au mur, les dirigeants décident de se séparer de l’entraîneur principal (Michel Estevan) et me donnent l’équipe pour tenter de remonter. On fait une série incroyable avec sept victoires ! On finit premiers et champion (2016-2017). Mission accomplie, mais je redeviens adjoint la saison suivante parce-que je n’avais toujours pas les diplômes et j’assiste Jean-Luc Vasseur puis Nicolas Usaï (quatre saisons au total). Avec Vasseur, ça c’était plus ou moins bien passé, il revenait d’un échec à Reims où il s’était fait un peu savonner la planche par son adjoint donc il ne me faisait pas trop confiance. En plus, vu que j’avais fait la montée, il me craignait un peu. A tort, parce-que je ne suis pas ce style d’entraîneur.

« On nous a convoqués un 1er janvier pour nous licencier … »

Photo Philippe Le Brech

Avec Nicolas Usaï, vous avez a contrario vécu un magnifique chapitre. C’est une personne avec qui vous restez encore lié aujourd’hui ?
Nicolas Usaï, c’est quelqu’un avec qui j’ai gardé des liens très forts. C’est devenu un ami. Déjà, c’est un très bon entraîneur mais aussi une personne extraordinaire. J’aime avoir beaucoup d’autonomie dans mon travail et avec lui c’était un pur binôme, il m’a tout de suite mis à l’aise en m’expliquant qu’il voulait qu’on fonctionne ensemble. La cohésion, ce n’est pas un gage de réussite, mais c’est essentiel pour l’obtenir. On parle souvent de la cohésion de l’équipe, mais celle du staff est tout aussi importante. Avec un bon état d’esprit, forcément, on a plus de chances d’avoir des résultats positifs et avec Nico c’était le cas.

Ça a été deux années très fortes. Avec très peu de moyens on arrivait à maintenir l’équipe, on fonctionnait bien et les joueurs le ressentaient. J’ai travaillé dans son sens, on avait le même discours et il me laissait de temps en temps faire les causeries d’avant match. Alors qu’on était 12es avec trois points d’avance sur le premier relégable, les Saoudiens ont investi dans le club et sont arrivés, ils ont changé tout le staff. Ils nous ont convoqué un 1er janvier pour nous licencier. A la fin de la saison ils ont fini bon dernier en ne remportant plus qu’un seul match. Ils ont vraiment fait un bon choix…

Photo Philippe Le Brech

Que pensez-vous de l’omniprésence des fonds d’investissements dans le football moderne ? Ils sont devenus les lignes de vie et de mort de clubs d’un sport, qui, à la base, est populaire…
Ça peut fonctionner parce qu’on a besoin de fonds. Aujourd’hui, on le voit, les clubs sont en difficulté donc ils ont besoin d’argent pour vivre et pour exister : c’est le nerf de la guerre. Si un fond d’investissement arrive, comme avec les Saoudiens à Châteauroux et qu’ils mettent les bonnes personnes pour gérer, ça peut fonctionner. Le problème, c’est que dans cet exemple, ils n’ont pas spécialement mis les bonnes personnes aux postes à responsabilités. Ça avait été aussi le cas à Grenoble avec les Japonais. Ils sont arrivés, ils ont mis beaucoup d’argent, ça a permis de construire un stade, de monter en Ligue 1, mais à un moment donné, ils se sont trompés sur leurs choix de personnalités pour gérer l’aspect sportif. S’ils ne mettent pas des gens compétents sur le sportif, ils le paient cash. Je ne suis pas contre l’arrivée de fonds étrangers, c’est eux qui nous font vivre dans beaucoup de clubs mais il faut juste mettre les bonnes personnes aux bonnes places.

Ressentez-vous des regrets ou une forme de mépris envers le choix des Saoudiens de tout bouleverser à Châteauroux ?
Je ne vis pas avec les regrets. C’est l’un de mes traits de caractères, je ne regarde jamais derrière. Je me sers de ces expériences pour évoluer, pour progresser parce qu’on apprend toujours des bonnes comme des mauvaises situations, mais pas de regrets. Je crois au karma, et les choses se passent comme elles devaient se passer. Ça m’a permis de signer à Sedan. Je pars le 1er janvier de Châteauroux et je signe le 25 janvier ans les Ardennes. Le président de l’époque, Marc Dubois, avait fait le maximum pour que je sois intégré à la formation BEPF, ce que n’avait pas fait les dirigeants de Châteauroux avant. Cela m’a permis d’avoir mon diplôme et aujourd’hui de pouvoir entraîner. C’était donc un mal pour un bien, j’ai vécu à Sedan des années extraordinaires ensuite.

« On aurait pu sauver Sedan »

Photo Philippe Le Brech

Justement vous avez passé presque deux saisons sur le banc du CS Sedan Ardennes, en National, avant de connaître le traumatisme de la relégation administrative à l’été 2023. Pouvez-vous revenir sur ces années ?
En tant qu’entraîneur d’une équipe première, c’est honnêtement les plus belles années que j’ai passées. C’est un club qui compte beaucoup dans sa région, il n’y a qu’à voir la saison passée en Régional 3, il y avait plus de 2 000 personnes au stade, c’est juste incroyable !

Il y avait tout pour réussir et construire quelque chose de bien là-bas. J’ai rencontré un club avec des supporters passionnés, qui suivent leur club, qui n’ont pas beaucoup de moyens : il faut savoir qu’il y a un taux de chômage énorme à Sedan et pourtant ils font l’effort de prendre des abonnements chaque année. Nous aussi, on avait peu de moyens en interne et pourtant on a fait deux très belles saisons en National (NDLR : Sedan termine deux fois 6e du championnat).

Photo Philippe Le Brech

On parlait de regrets avant, ça aurait pu continuer à Sedan et on savait qu’il nous fallait deux ou trois joueurs supplémentaires pour pouvoir accéder à la Ligue 2. Je pense sincèrement qu’on aurait pu le faire, on était sur une super-dynamique avec un groupe intéressant, une ville et une région derrière nous. Il y a un réel engouement derrière ce club. C’est une ville qui mérite d’avoir au moins la Ligue 2, ne serait-ce que pour les structures. Il y a un super centre d’entraînement notamment. Ils ont tout. Même si ça méritait un coup de rafraîchissement et quelques modifications, la base était là et le stade était super aussi.

Photo Philippe Le Brech

Il y a l’histoire du club avec cinq finales de Coupe de France et deux succès, quinze ans en Ligue 1, c’est vraiment un club qui compte dans le football français. En étant là-bas, on s’aperçoit que dans des petites villes comme celle-là, où il n’y a pas forcément une grosse marge financière derrière, s’il n’y a pas d’investisseurs extérieurs qui arrivent, c’est compliqué de survivre. L’argent est réellement le nerf de la guerre. Sans argent, et même s’il y a un passé, c’est la catastrophe. Même s’ils sont montés en R2 cette saison, il a quand même fallu repartir depuis le Régional 3… On a vu Sochaux qui s’en est sorti grâce au retour de Jean-Claude Plessis, à un ministre qui est intervenu; Sedan est une zone un peu plus sinistrée, c’est 15 000 habitants et un taux de chômage très élevé avec très peu d’entreprises dans les Ardennes. Sochaux l’a échappé belle. Aujourd’hui c’est Bordeaux. On en revient aux soucis de gestion. Les moyens, ils les avaient et au final, Sedan, pour 2 millions d’euros de déficit, a dû déposer le bilan alors que d’autres clubs étaient ou sont dans le rouge pour plusieurs dizaines de millions d’euros. On aurait pu sauver Sedan, mais apparemment ça n’intéressait pas grand monde de venir s’installer dans les Ardennes.

Sur le banc à Sedan avec Madjid Adjaoud et Régis Roch. Photo Philippe Le Brech.

On n’aurait donc pas laissé sa chance à Sedan ?
Je pense que la chance qui a été laissée à Nancy et Sochaux l’année dernière, on ne l’a effectivement pas laissée à Sedan. Tout s’est passé très très vite. En une semaine, quinze jours maximum, on nous avait rétrogradé en National 3. On ne nous a pas laissé le temps de trouver les moyens de nous en sortir. Je n’ai aucune idée de ce qui explique la rétrogradation en Régional 3. Je pensais qu’ils repartiraient au moins au niveau de la réserve, c’est à dire en R1. Je ne connais pas le dossier complet mais la décision de la Régional 3 a été très sévère.

« À Châteauroux, ils m’ont savonné la planche »

Après cet épisode, vous retournez à La Berrichonne la saison dernière, cette fois en tant qu’entraîneur principal …
Retourner à Châteauroux, ça a été le choix du coeur. Honnêtement, je ne sentais pas les choses, je savais que ce serait compliqué mais Monsieur Denisot (Michel Denisot, l’ancien président) a su me convaincre. Avec le recul, je me dis à tort… je ne voulais pas laisser ce club dans une situation catastrophique car c’est un club qui m’a aussi beaucoup donné en tant que joueur et entraîneur. Je voulais rendre la pareille et je l’ai fait avec succès puisqu’on a réussi à maintenir le club sportivement malgré des conditions vraiment difficiles. Ça a été une saison très difficile sur tous les aspects, sportif et financiers.

A Châteauroux avec Antoine Sibierski. Photo Philippe Le Brech.

Avril dernier, vous avez été licencié à 3 journées de la fin de la saison. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
En fait, tout a fonctionné. Il faut savoir qu’on est reparti le 17 juillet avec trois ou quatre semaines de retard sur notre préparation et sans joueurs. En une semaine, il a fallu recruter une douzaine de joueurs et continuer après le début du championnat parce qu’on n’était pas suffisamment nombreux, le tout avec très peu de moyens car notre marge salariale était très faible mais on a réussi à construire une équipe avec une bonne dynamique au départ et des joueurs enthousiastes.

Physiquement, ils ont puisé parce-qu’ils manquaient de préparation, on peut aussi ajouter quelques blessures qui nous ont bien fait défaut. Personnellement, je n’avais pas d’adjoint donc je faisais toutes les séances tout seul. A la trêve, le nouveau président (Benjamin Gufflet, Ndlr) qui a repris le club me demande ce qu’il faut pour améliorer les choses et je lui réponds « un adjoint, c’est la base ». Mais il n’y avait pas les moyens pour le faire. Je fais donc venir Antoine Sibierski qui était mon agent à l’époque et Antoine avait décidé de venir gratuitement avec une chambre au centre de formation pour donner un coup de main, c’était tout à son honneur. Ce que je ne savais pas à ce moment-là, c’est que le recruteur du club avait déjà proposé le nom d’Antoine au président et qu’ils avaient été en lien direct sans que je ne le sache…

Photo Philippe Le Brech

Bon, dans un premier temps, l’arrivée d’Antoine m’a fait du bien et m’a permis de prendre du recul et de mettre en place un nouveau système. Grâce à cela, on a eu une série de résultats qui nous a fait sortir de la zone rouge. On a été dans les trois premiers du championnat sur la phase retour. Le problème : c’est à trois journées de la fin quand on reçoit Epinal, il manque quelques joueurs, on passe à travers et on perd à la maison. À ce moment-là, le président décide de mettre Antoine en entraîneur principal alors qu’il ne nous manquait qu’un seul point à prendre pour être définitivement maintenu. Je suis licencié alors qu’on est 11e et que nous ne sommes pas relégables.

J’ai ensuite appris que c’était manigancé depuis un moment. Les personnes que j’avais intégré au club, parce qu’ils voulaient vraiment mettre un pied dans le club, et pour qui je m’étais battu, m’ont savonné la planche. C’est l’envers du décor de ce métier, on n’a pas toujours affaire à des personnes très honnêtes. Encore une fois, pas de regrets. Ça m’a permis de changer d’agent déjà (rires), et de découvrir les personnes que j’avais en face de moi. J’aime faire confiance aux gens, j’ai beaucoup d’empathie, je suis honnête et si je veux dire « merde », je le dis, mais c’est pas le cas de tout le monde… »

« Mon souhait est de connaître la Ligue 1 »

Photo Philippe Le Brech

Quel regard portes-tu sur ce que tu as accompli en tant qu’entraîneur ?
Ce que je constate, c’est que je n’ai pris que des clubs en difficulté. Je mets de côté ma période d’entraîneur en centre de formation remplie de succès. Je me rends compte que je m’en suis finalement plutôt bien sorti à chaque fois et je pense que je peux dire que sportivement, j’ai accompli de grandes choses avec très peu de moyens. C’est un peu la raison pour laquelle je suis sans club aujourd’hui. J’ai, depuis, refusé des projets qui sont dans le même style que Châteauroux et Sedan. Je respecte ces clubs mais j’en ai un peu marre de ces situations. J’ai envie d’entraîner des clubs un peu plus structurés, un peu plus sains, où je pourrais totalement me concentrer sur mes fonctions et je veux prendre le temps de faire le bon choix. Je suis sûr de mes valeurs et de ce que je peux apporter.

Photo Philippe Le Brech

Il y a une chose très simple, quand j’étais entraîneur de la réserve de Grenoble à l’époque où l’équipe première était en Ligue 1 : si le club avait continué à cette époque-là en professionnel, j’aurais été propulsé. C’était écrit. J’aurais pu avoir le destin de Régis Le Bris (Lorient) de Didier Digard (Nice) ou de Pierre Sage (Lyon). Malheureusement, ça s’est passé différemment et pour que je puisse entraîner en Ligue 1 ou en Ligue 2, ça passera par la montée d’une équipe de National ou de Ligue 2 et il faudra que je prouve certaines choses. J’estime avoir les compétences pour mais je n’ai pas encore eu cette opportunité-là et je n’ai pas envie qu’on me mette dans une catégorie de club du style « Saragaglia, c’est un entraîneur qui va pouvoir sauver, qui va pouvoir reconstruire. » J’ai envie de passer dans une autre catégorie.

Pourriez-vous « rêver » d’entraîner Grenoble en professionnel ou visez-vous autre chose ?
Quand j’ai repris Grenoble après le dépôt de bilan, mon rêve c’était d’enchaîner les montées et retrouver le niveau professionnel. Grenoble m’a beaucoup donné et je pense avoir rendu à ce club. On a créé beaucoup de choses. Mais pourquoi pas ! Si je pouvais être l’entraîneur qui ramène le GF en Ligue 1 ce serait un aboutissement pour moi. Je ne vais pas non plus en faire une fixette, si Grenoble réussit ça avec un autre entraîneur, je serai leur premier supporter, j’irai les voir au stade. J’espère connaître la Ligue 1 et si ce n’est pas avec Grenoble, ça sera avec un autre club. L’histoire serait belle en tout cas.

Olivier Saragaglia, du tac au tac

Photo Philippe Le Brech

Une devise ?
« Je parle avec mon cœur, je juge avec mes yeux ». J’ai beaucoup d’empathie pour les gens et encore plus pour mes joueurs. Je leur parle avec mon cœur, mais par contre après, sur le terrain, je juge avec mes yeux.

Un sportif ou un footballeur qui t’inspire ?
Mon sportif préféré, c’est Michael Jordan. Je me levais la nuit pour regarder les matchs des Bulls alors que je ne suis pas un passionné de basket, mais lui, c’est un sportif extraordinaire. Sa détermination et sa résilience sont inspirantes, il restait toujours compétitif. Je suis admiratif de tous les gens qui ont du talent, Quelle que soit la discipline.

Meilleur souvenir sportif ?
La finale de la Coupe Gambardella avec Grenoble. Paradoxalement, on l’avait perdu contre Brest (3-1 en 1989-1990), on était une bande de potes du centre de formation, on était allé jusqu’au bout et c’était une aventure extraordinaire. Cette finale symbolise toute l’aventure.

Le pire ?
C’était avec Grenoble, mon dernier match en Division 3 (saison 1992-1993) avant que je ne parte à Châteauroux. On reçoit Lyon La Duchère et il fallait qu’on gagne pour monter en Ligue 2. Pour eux, le nul suffisait et on fait 0-0. Finalement, ils ne sont pas montés car il y a eu une suspicion de matchs arrangés et ils avaient des soucis financiers. Nous, on était censés être repêchés et on ne l’a pas été car le club a déposé le bilan (Ndlr : à l’issue de cette fameuse saison 1992-1993, Lyon Duchère sera reversé dans le nouveau championnat National, dont c’est la création, tandis que Grenoble est interdit de National et « rétrogradé » en National 2).

Un match de légende ?
Italie-Brésil en 1982, j’avais 11 ans. L’Italie gagne 3-2 grâce à un triplé de Paolo Rossi et il fallait une victoire pour se qualifier en demi-finale (NDLR : ancien format de la Coupe du Monde avec des poules de trois équipes). C’était exceptionnel, je me souviens que Thierry Roland avait dit « Les Brésiliens jouent en bleu ce soir ». J’ai des origines italiennes et ça m’avait marqué parce que j’étais enfant. Mon père, qui est né en Italie et qui est immigré italien, avait pleuré après le match.

Et ton match référence sur le banc ?
Quand on a sorti l’OM de Marcelo Bielsa en Coupe de France avec Grenoble (3-3 ap, 5-4 tab, en janvier 2015). Ils étaient premiers et invaincus en championnat et nous, petite équipe de CFA, on gagne aux pénaltys alors qu’on était menés 3-2. On égalise à la dernière seconde des prolongations, c’était la folie au stade des Alpes. Il y avait une euphorie exceptionnelle.

Avec son adjoint Madjid Adjaoud à Sedan. Photo AB

Choisissez un stade et pourquoi celui-ci ?
Le stade Charles-Berty et le stade des Alpes, à Grenoble, le stade Gaston-Petit à Châteauroux, le stade Bauer au Red Star et le stade Louis-Dugauguez à Sedan. Charles-Berty, c’est l’ancien stade de Grenoble et c’est là où j’ai fait mes débuts en tant que professionnel. On était jeunes à l’époque et jouer en lever de rideau, ça mettait une pression énorme de jouer sur le stade des grands, des pros. C’est le stade qui m’a vu démarrer. On était d’une génération différente, mais on allait voir les pros jouer et notre objectif, c’était d’être avec eux sur le terrain. Ils nous intimidaient. Mon premier match, lorsque j’avais foulé la pelouse, ça avait été une émotion énorme. Le stade était pourri, mais de pouvoir y jouer, ça donnait l’impression que c’était Bernabeu !

Un geste technique préféré ? Le tacle. J’étais un joueur assez dur, mais réussir à tacler et récupérer le ballon sans faire faute, ça reste un geste technique.

Un public qui t’a marqué ?
En tant qu’entraîneur, c’était Sedan, Dugauguez. Sinon c’est le public de San Siro lors d’un Milan-Marseille. Il y avait 80 000 personnes, ça te donne des frissons.

A Sedan. Photo AB

Une approche tactique particulière ?
J’ai pour réputation d’être un entraîneur défensif alors qu’on prend beaucoup de buts et qu’on en marque aussi pas mal. Mais je vais répéter ce que Frédéric Hantz (ex-entraîneur de Bastia notamment) disait : « le football, c’est un sport très simple, mais le problème, c’est qu’on a tendance à le compliquer ». Personnellement, j’aime aller dans la simplicité, j’ai un projet de jeu et un système qui me tient à cœur (4-3-3 pointe basse). On reste tributaire des joueurs, donc on s’adapte à eux. On n’est pas Guardiola qui, lui, prend des joueurs qui correspondent à son système. Nous, on adapte nos systèmes aux joueurs qu’on a. Tout le monde veut faire comme lui, mais pour le faire, il faut avoir les joueurs. Mon travail, c’est de faire en sorte que l’adversaire ne vienne pas dans nos 30 mètres, et que nous, on puisse aller dans ceux de l’adversaire. C’est dans cette zone que se joue le football, avant, c’est de la préparation. Je laisse des libertés à mes attaquants et j’ai plus de rigueur sur la défense.

L’univers du football en deux mots ? C’est un sport fabuleux, rempli de valeurs, mais qui malheureusement est souvent géré par des gens qui n’en n’ont pas trop…

La saison où vous avez pris le plus de plaisir ? En tant que joueur, c’était 1990-1991, on était monté de troisième en seconde division avec Grenoble en gagnant notre dernier match contre Endoume au Vélodrome (0-2). On était une bande de minots, en face il y avait Anigo, Spinosi, De Falco… ils nous mettaient pas mal de pression. C’était un peu la belle histoire cette saison-là.

Texte : Augustin Thiéfaine / Twitter : @gus_tfn

Photos : Philippe Le Brech

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C’était le 10 août 2022. Déjà. C’était il y a 2 ans et maintenant 8 jours ! C’était hier, que j’ai décidé de me lancer, de lancer ce site, 13heuresfoot, en me disant que, s’il était lu par 500 personnes, ce ne serait déjà pas si mal ! Parfois, ce sont 5000 personnes qui lisent les articles, parfois c’est beaucoup plus (le record est 18 000 vues pour un article, qui veut le battre ?!), parfois c’est beaucoup moins (les articles les moins lus font 1500 à 2000 vues). Donc ce premier pari est gagné.

Le second pari, c’était de proposer un format qui va complètement à l’encontre de ce qui se fait aujourd’hui sur la toile : des articles longs, parfois très longs (jusqu’à 25 minutes de lecture pour certains !!!). Mais je voulais que 13heuresfoot soit différent et possède son identité, sa marque de fabrique, alors même que les gens consomment internet plus vite qu’ils ne boivent un verre d’eau ! Et finalement, je m’aperçois que ça marche ! Que ça fonctionne !

Le troisième pari, c’était de mettre en avant des acteurs du football semi-professionnel/semi-amateur – difficile de qualifier le football « d’en bas » -, essentiellement ceux des championnats nationaux (National, National 2, National 3, coupe de France, etc.), tout en laissant une fenêtre de tir vers la Ligue 2, voire la Ligue 1 si le lien vers le monde amateur est avéré.

Tout le monde sait bien qu’en National et en National 2, les championnats qui m’intéressent le plus, n’ont d’amateurs que le nom. Mais ce sont ces championnats-là que j’aime mettre en valeur, en lumière, parce que, malheureusement, les grands médias nationaux n’ont d’yeux que pour les stars du ballon. J’aime répéter cette phrase que m’avait si justement lancée mon ami Jean-Michel Rouet, un soir de match à Créteil : « Qui veut regarder Créteil-Chambly plutôt que Juve-Real à part un fou magnifique comme toi ? ». C’est exactement ça !

Sur 13heuresfoot, les articles (plus de 300 depuis le lancement !) sont longs, OK, mais on raconte des histoires, souvent intemporelles, ce qui fait que sa lecture dure. C’est aussi l’un des concepts !

Alors ce week-end, à l’occasion de la reprise des championnats de National et de National 2, 13heuresfoot était encore là. Obligé. Au coeur du réacteur. Histoire de humer l’ambiance de ces stades, à Rumilly, en N2, pour Rumilly-Toulon, et à Dijon, en National, pour Dijon-Bourg. De belles histoires seront racontées dans les prochaines semaines. De nouvelles rencontres ont été faites. C’est de cela dont je me nourris. C’est de cela dont se nourrit 13heuresfoot.

Alors si je suis l’instigateur du site, je ne suis cependant pas tout seul : j’en profite pour remercier tous mes « contributeurs », en particulier le très investi Laurent Pruneta, le très précieux, le « sage », Jean-Michel Rouet, l’indispensable Philippe Le Brech et sa bibliothèque de photos (sans oublier mon ami Bernard), ainsi que Clément Maillard, pour son enthousiasme et sa fraîcheur. Et je remercie tous les autres (Joël, Augustin, Emile, et ceux qui arrivent) de faire partie de cette aventure qui entame sa 3e saison dans une division hybride, qui n’existe nulle part ailleurs, telle … une troisième dimension ! Un peu comme en National, en somme !!! Je remercie aussi ceux qui ont fait partie de l’aventure et qui ne sont plus là, et notre partenaire footamateur.fr.

Merci aussi à toutes les personnes qui envoient des messages d’encouragement et de félicitations, cela fait toujours plaisir et ça nous encourage dans notre démarche. 13heuresfoot est comparé aujourd’hui à un média, c’est flatteur et révélateur. Continuez à le faire, c’est aussi notre moteur !

Aujourd’hui, mon voeu le plus cher, c’est que 13heuresfoot devienne un site référence. Un site incontournable. C’est la prochaine étape. Alors, à très vite, pour de nouvelles histoires et de nouvelles aventures, au bord des terrains ou en visio !

Anthony BOYER

Mail : aboyer@13heuresfoot.fr

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L’ex-coach de Caen, Paris FC, Dunkerque ou encore QRM, parrain du site 13heuresfoot, qui fête ses 2 ans d’existence, revient sur sa nouvelle mission au district des Alpes, son refus de rejoindre Martigues en L2 mais dit garder dans un coin de sa tête un éventuel retour sur un banc, plus tard.

Par Anthony BOYER / Photos : district des Alpes

Plus de deux ans déjà que Fabien Mercadal ne s’est plus assis sur un banc de touche d’une équipe professionnelle. La dernière fois ? C’était le dimanche 29 mai 2022, au stade Diochon, à Rouen, pour le match retour du barrage Ligue 2 / National.

Ce soir-là, son club, Quevilly Rouen, avait définitivement et sans contestation possible validé son maintien en L2 après un succès 2 à 0 face au FC Villefranche-Beaujolais (3e de National), cinq jours après un premier succès à l’aller 3-1 à Armand-Chouffet.

Après cette mission, le natif de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence) s’était mis en retrait du football, le temps de souffler, de digérer, de se reposer, après n’avoir quasiment jamais arrêté, et enchaîné les clubs, les entraînements, les matchs, pendant 20 ans d’affilée (Gap, Amiens, Dunkerque, Tours, Paris FC, Caen, Bruges, re-Dunkerque et enfin Quevilly Rouen).

Et puis, il y avait eu aussi le décès de son papa Jacques, en mars 2022, quelques ennuis de santé et l’envie pressante d’être en famille, plus près de sa maman.

Rentré chez lui, à Vinon-sur-Verdon, dans le Var, à la limite des Alpes-de-Haute-Provence, ce département qu’il chérit tant et qu’il connaît si bien, Fabien Mercadal a d’abord profité avant de forcément replonger. Mais pas là où on l’attendait. Le 1er novembre dernier, le District des Alpes a officialisé son arrivée au poste de conseiller technique départemental (CTD). « Originaire du territoire alpin, c’est ici que Fabien a fait le choix, par pure passion et amour de ses origines, d’écrire une nouvelle page de son histoire, et nous l’espérons, du football des Alpes » écrivait alors le district dans un communiqué.

Patrick Bel Abbes : « On en profite ! »

Croisé au stade Francis-Turcan, à Martigues, pour le match de la montée en Ligue 2 face à Nîmes, en mai dernier, Patrick Bel-Abbes, le président du district des Alpes, avait tout résumé : « La présence de Fabien chez nous au district ? On en profite… », avait-il confié.

« On est ravi de l’avoir récupéré, poursuit Bel Abbes, joint hier au téléphone; il est rassembleur, il est investi, il aime son territoire, ça se ressent. Avant qu’il n’arrive, l’Amicale des Educateurs était en sommeil, aujourd’hui on est une bonne centaine. Et puis, ce qui est très apprécié aussi, c’est qu’il effectue beaucoup de visites dans les clubs, et ça… C’est un honneur de l’avoir parmi nous et je sais que s’il est sollicité un jour par un club pro, ou s’il a un projet qui l’intéresse, on ne pourra pas retenir quelqu’un de ce calibre. »

Profiter. Le mot est bien choisi. Car c’est tout le football alpin qui profite de son expérience. Mais c’est donnant-donnant : car comme il le dit si bien, Fabien Mercadal profite aussi d’être près de chez lui, de (re)croiser des gens qu’il connaît pour la plupart, d’avoir plus de temps aussi pour « vivre ».

Mais attention, cela ne veut pas pour autant dire qu’il a tiré un trait sur le football pro ou semi-pro, comme il l’explique dans cet entretien donné depuis la Corse, où il passe quelques jours de vacances – très attaché à l’île de Beauté, où était né son père, il possède un pied à terre au village de Rapale, pas loin de Saint-Florent.

Durant cette inter-saison, son nom a circulé avec insistance à Martigues, pour prendre la succession de Grégory Poirier à la tête du promu provençal en Ligue 2. Au point d’être la priorité des dirigeants. Mais « Fabulous Fab », comme le surnommaient les supporters à Dunkerque, a décliné. Et le parrain de 13heuresfoot explique pourquoi. Il glisse aussi un mot sympa pour le site 13heuresfoot, lancé le 10 août 2022, et qui vient de fêter ses 2 ans d’existence : « Bon anniversaire ! ».

On le sait, notre « parrain » est un mordu, un assidu : il lit nos articles, sans donner son avis… sauf quand on le lui demande, bien sûr. Comme aujourd’hui !

Interview

« L’important, c’est de prendre du plaisir »

Fabien, peux-tu expliquer exactement ton rôle au sein du district des Alpes ?
Je suis conseiller technique départemental. C’est une mission fédérale, dans laquelle je m’occupe du District des Alpes, qui regroupe le département du 04 (Alpes-de-Haute-Provence), le 05 (Hautes-Alpes) et qui a la particularité d’englober aussi un club du 83 (Var), à Vinon-sur-Verdon, le SC Vinonnais. En termes de licenciés, ce n’est pas un gros district car il n’y a que 300 000 habitants en tout sur les deux départements du 04 et du 05 mais en termes de distances, c’est très large, on va jusqu’à Briançon. L’avantage pour moi, c’est que c’est un territoire que je connais bien. Je peux même le dire : c’est mon territoire, c’est mes terres, c’est mes racines. Je suis bien ici.

Comment s’est effectuée ton arrivée au district ?
En fait, je connais bien le président Patrick Bel Abbes et un jour, l’année dernière, il m’a remis une médaille suite au décès de mon père, à titre posthume. C’est véritablement ce jour-là que l’on en a parlé pour la première fois. Patrick cherchait quelqu’un. Il m’a proposé le poste. Au départ, je ne savais pas si j’étais capable de faire ça, car c’est un autre métier. Et puis j’ai réfléchi. Finalement, j’ai pensé que c’était un bon compromis : à la fois, je restais chez moi, à Vinon-sur-Verdon, et en même temps je remettais un pied dans le foot. Parce qu’occuper un tel poste, ça reste du foot, quand même ! Quand tu es CTD, il y a différentes missions, certaines me plaisent plus que d’autres, c’est normal : par exemple, je préfère évidemment la partie « terrain », ça a toujours été mon truc, je m’occupe de sélections, de développer le foot à 11.

J’ai une bonne partie de mon travail qui a trait à la Ligue de Méditerranée car je fais partie de l’ETR, l’équipe technique régionale, avec Nicolas Dubois (directeur technique régional), et cette équipe-là, je la connaissais un peu moins, mais franchement, je me sens à l’aise avec eux. C’est rafraîchissant. Et puis j’ai des missions d’observation pour Hervé Renard et l’équipe de France féminine : on est donc un certain nombre à être allé superviser des adversaires éventuelles de l’équipe de France féminine; ça, par exemple, c’est une mission qui ressemblait déjà à ce que je faisais avant. Sinon, il y a une partie administrative que je connaissais moins bien, avec des codes à apprendre, à intégrer, mais maintenant je me sens à l’aise. Enfin, le fait de connaître les gens du territoire, ici, est un gain de temps énorme.

Tu n’as pas eu l’impression d’un retour en arrière, après tes années à Digne, Manosque ou Gap ?
Non même si je recroise des copains avec qui j’ai joué, des éducateurs que j’ai connus avant… Franchement, ça me convient bien. Je m’entends bien avec le président, Patrick Bel Abbes, c’est quelqu’un de bien, c’est important. On sait bien que l’on a des manques, des « moins », mais on essaie d’optimiser les « plus ».

Avec Patrick Bel Abbes, avez-vous un accord, au cas où, si un club te sollicite à nouveau et que le projet t’intéresse, tu puisses partir ?
Il n y a pas besoin de papier. Je sais très bien que, si jamais j’ai un projet qui m’intéresse, Patrick (Bel Abbes) me laissera partir pour mon bien, et je ne partirai pas comme un voleur. En fait, là, on profite l’un de l’autre. Lui profite du fait que je sois disponible et moi je profite du fait que cela soit une mission intéressante, dans le foot, qui me permet de rester chez moi.

Ton nom a circulé avec insistance pour occuper le poste d’entraîneur à Martigues, cet été : peux-tu nous en dire plus ?
J’ai eu la chance de rencontre Djamal Mohamed, le directeur sportif du FC Martigues, un club que je connais bien, et ça s’est super bien passé. Le FCM m’a fait une proposition. J’ai réfléchi longuement, mais je l’ai refusée. Parce que le boulot que je fais, il me plaît. La Ligue 2, je la connais quasiment par coeur… J’ai failli dire oui, j’ai eu un très bon contact avec les dirigeants, c’est un club sérieux, je pense qu’ils vont faire une bonne saison. Mais j’avais aussi le désir d’aller plus loin dans ma mission. Dans le football, il y a plein de métiers. Il n’y a pas que le métier d’entraîneur. Et ce métier-là, CTD, je ne l’avais pas encore fait. J’apporte mon expérience d’un côté et j’apprends de l’autre.

Ton refus à Martigues n’a donc rien à voir avec le fait qu’il y ait eu des incertitudes autour du projet (installations, présidence, effectif…) ?
Non, cela n’a absolument rien à voir. Je connais bien Martigues. Et je sais qu’il y a un gros potentiel dans ce club.

Plus généralement, est-ce que le foot, est-ce qu’entraîner en pro te manque toujours autant ?
Disons que ça me manque un peu moins, mais ça me titille encore, surtout pendant cette période actuelle de préparation, quand je vois les collègues sur le terrain, les matchs amicaux; après, comme dans tous les métiers, il y a des plus et des moins. C’est sûr que la partie « terrain », le relationnel avec les collègues éducateurs, les joueurs, les dirigeants, ça, oui, ça me manque, tout comme cette notion de management.

À côté de ça, il y a des parties qui ne me manquent pas du tout, comme les relations avec certains médias. Ce qui me dérange, ce que je déteste dans ce milieu de la presse, c’est l’entre-soi, le copinage. J’aime être jugé sur ce que je fais, même quand ce n’est pas bien. Parce que je suis comme tout le monde : on fait des bonnes choses et des moins bonnes choses.

Tu n’as donc toujours pas peur d’être oublié ?
Non, je n’ai pas peur. Si l’occasion d’entraîner en pro ne se représente plus, ce n’est pas grave, parce que je l’ai déjà fait. En soi, ce n’est pas vital, même si je sais qu’il y a une chance qu’on m’oublie. Et puis je vois bien qu’il y a une nouvelle génération d’éducateurs qui est arrivée. Pour autant, je pense qu’il n’y a pas de règle : le meilleur exemple, c’est Eric Roy. Il n’a pas entraîné pendant… Pendant combien de temps ? 11 ans ? Il est arrivé à Brest, il était frais, il a observé le foot pendant toutes ces années, de manière différente, et il a réussi.

Repartir sur un projet en National 2 ou même en National 3, c’est quelque chose de possible ?
Oui, pourquoi pas. Mais pas immédiatement. Je sais que j’ai vécu le foot à un niveau plus élevé mais il faut rester humble dans ce métier. Ce qui est important aussi, c’est de prendre du plaisir, même si je sais que plus haut, on peut prendre du plaisir aussi, ce que j’ai déjà fait.

Tu « bouffes » toujours autant de foot ?
Je m’y suis beaucoup remis, notamment dans le cadre de ma mission d’observateur pour l’équipe de France féminine d’Hervé Renard. Du coup, j’ai beaucoup regardé de football féminin. Je devais observer les éventuelles adversaires de l’équipe de France, je n’étais pas seul, on était plusieurs à le faire : on devait analyser l’Allemagne, l’Australie et les États-Unis. Franchement, je me suis vraiment régalé, c’est fou ! C’est du très bon niveau. J’ai analysé le jeu des États-Unis, c’était très riche, et du coup, cela m’a titillé… Parce que le football féminin, je suis passé à côté, alors que j’ai eu des possibilités à l’époque, et c’est très intéressant. C’est vrai, pour en revenir à ma passion du foot, il m’est arrivé de rater des matchs, et pour la petite histoire, j’ai raté le dernier France-Pologne à l’Euro parce que je croyais que c’était à 20 heures, mais en fait c’était à 18 heures !!! Alors ça, cela ne m’était jamais arrivé avant !

Et 13heuresfoot, dont tu es le parrain : tu lis les articles ? Tu en penses quoi ?
C’est très intéressant. Je lis quasiment tout le temps les articles. C’est rafraîchissant. J’aime le fait que le site mette en avant des gens moins connus, cela permet de mieux les connaître, et puis il y a toujours quelque chose à en retirer. Ce qui est bien aussi, c’est que le site va au fond des choses, il ne survole pas le sujet. Après, les interlocuteurs disent ce qu’ils ont envie de dire, mais on arrive à déceler les personnalités au travers des articles.

  • Lire aussi le portrait que nous lui avions consacré au lancement du site :

https://13heuresfoot.fr/actualites/fabien-mercadal-lhomme-des-collines/

  • Lire l’interview de Patrick Bel Abbes, le président du distrcit des Alpes :

https://13heuresfoot.fr/actualites/patrick-bel-abbes/

 

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : district des Alpes

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Des clubs pros – dont certains historiques – et amateurs qui cohabitent et survivent plus qu’ils ne vivent, un championnat d’une grande instabilité avec 17 équipes au départ au lieu de 18, une Ligue 3 professionnelle qui s’éloigne… Bienvenue dans la 32e édition du National !

Par Jean-Michel Rouet / Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

Photo de couverture : FC Villefranche-Beaujolais

Les ballons officiels de la saison 2024-25. Photo Philippe Le Brech

C’est l’une des conséquences de la réforme des championnats et du resserrement de l’élite qu’elle implique : le National, dont l’édition 2024-2025 – la 32e depuis sa création en 1993 – s’ouvre ce vendredi, n’aura sans doute jamais rassemblé autant de grands noms du football français. Avec la hausse de niveau qui en résulte…

Neuf des dix sept clubs sur la ligne de départ – plus de la moitié donc – ont connu un jour la Ligue 1 ou l’ancienne Première Division : Sochaux, Nancy, Dijon, Valenciennes, Nîmes, Le Mans, Châteauroux, Rouen et Boulogne… Et trois clubs seulement de ce National haut de gamme n’ont jamais joué en Ligue 2 : Versailles, Paris 13 Atlético et Aubagne.

Deux descentes en fin de saison au lieu de six l’an passé !

L’US Orléans. Photo USO

On pourrait se frotter les mains, se réjouir d’une compétition qui s’annonce relevée, ouverte, spectaculaire et passionnante. Hélas, le National reste aussi un championnat d’une grande fragilité, dans lequel beaucoup trop de clubs survivent plus qu’ils ne vivent, faute de ressources en rapport avec leur statut.

Chaque saison, plusieurs d’entre eux naviguent au bord du gouffre … quand ils ne tombent pas dedans ! Preuve du marasme persistant : comme lors de la saison 2017-2018, on reprend à 17 au lieu de 18, sans Niort donc, pourtant 3e la saison passée mais exclu des championnats Nationaux, mais avec Villefranche, pourtant relégué en N2 mais qui remplace les Chamois. Et sans GOAL FC (2e « repêchable » après Villefranche), qui, bien que relégués sportivement en N2, espérait remplacer les Girondins de Bordeaux, à nouveau non autorisés hier, en appel devant la DNCG, à évoluer en National, mais bien en N2.

Ce chiffre impair de la ligne de départ – la FFF, qui gère le National, a confirmé aujourd’hui à Villefranche-Beaujolais qu’il ne jouera pas vendredi pour la J1 – ne convient pas à une majorité de présidents de National qui, sous l’impulsion de Thierry Gomez, à la tête du Mans FC, milite depuis quelques jours pour une édition « normale », c’est-à-dire à 18 clubs et non pas 17, quand bien même le nombre de descentes en National 2 passe cette saison de 6 à … 2 clubs seulement !

La Ligue 3 enterrée ?

Paris 13 Atlético. Photo Philippe Le Brech

Le National est de fait un championnat professionnel, avec ses contraintes, sans ses avantages. C’est une Ligue 3 qui ne dit pas son nom et n’est pas prêt de le dire car le projet semble bel et bien enterré pour longtemps, en raison notamment de la baisse douloureuse des droits TV de la LFP.

Une LFP qui a d’ailleurs mis le coup de pied de l’âne sans vergogne au National en lui imposant au dernier moment la concurrence de la Ligue 2 le vendredi soir – avec les retransmissions TV sur BeInSport qui vont avec – au risque d’amputer significativement les affluences au stade.

Pour ne rien arranger, le National a perdu son diffuseur (Canal+) et ne peut plus compter médiatiquement que sur FFF TV, une bien belle idée que la Fédération a maintenu après beaucoup d’hésitations eu égard aux coûts de production engendrés dans un contexte de baisse de revenus généralisés.

Des disparités côté affluences

Le FC Sochaux a joué à Bonal devant une moyenne de plus de 10 000 spectateurs l’an passé. Photo FCSM.

La saison dernière, cinq clubs de National dépassaient les 4500 spectateurs de moyenne (Sochaux, Nancy, Dijon, Le Mans, Rouen) mais la moyenne de l’un d’entre eux (Sochaux, 10 382 spectateurs) était aussi quarante fois supérieure à celle du petit poucet (relégué) Marignane-Gignac (264 spectateurs).

Ce qui souligne le côté toujours disparate d’une compétition qui a perdu ses trois principaux animateurs de la saison écoulée : le Red Star et Martigues, montés dans l’ascenseur vers la Ligue 2, et les Chamois Niortais, exclus des championnats nationaux, et donc tombés quant à eux dans l’ascenseur pour l’enfer, par la faute d’une gestion irresponsable, pour ne pas dire scandaleuse.

Un grand chamboule-tout sur les bancs !

C’est à peine croyable mais cela en dit long sur l’instabilité chronique de ce championnat : des dix sept entraîneurs qui attaquent la saison de National, un seul était au même poste il y a un an au départ de l’exercice 2023-2024, Maxime d’Ornano au FC Rouen ! Du jamais vu ! Si ça ce n’est pas un signe de l’instabilité chronique de ce championnat…

On assiste en effet à un grand chamboule-tout sur les bancs, avec l’apparition en masse de nouvelles têtes…
On retrouve trois catégories d’entraîneurs dans ce National :

Le coach Fabien Dagneaux va découvrir le National avec Boulogne. Photo USBCO

1. Les spécialistes
Karim Mokeddem, Hervé Della Maggiore et Stéphane Rossi connaissent ce championnat mieux que personne. Ils l’ont déjà pratiqué dans plusieurs clubs, avec succès, mais ils en découvrent tous un nouveau, et cela ressemble plutôt à une promotion pour les trois, Mokeddem dans l’ambitieux projet sochalien, Della Maggiore a la tête d’un Orléans new look, et Rossi à Concarneau, relégué de Ligue 2.

2. Les confirmés
Pablo Correa, Patrice Lair et Jean-Luc Vasseur ont eux essentiellement exercé au-dessus. Mais l’un (Correa) a volé au secours du soldat Nancy, son club de (presque) toujours, le deuxième (Lair) retrouve le foot masculin à Châteauroux après avoir pratiqué principalement l’élite chez les filles. Quant au troisième (Vasseur), il va poursuivre sur la lancée de sa bonne fin de saison dernière chez l’ambitieux Versailles.

David Carré va lui aussi découvrir le National avec QRM. Photo QRM

3. Les néophytes
Ils sont nombreux, une dizaine !!! Certains poursuivent leur mission dans le club qu’ils ont fait monter (Fabien Dagneaux à Boulogne, Fabien Valeri au Paris 13 Atletico), mais ils vont découvrir ce championnat comme également David Carré à Quevilly Rouen Métropole, David Le Frapper à Bourg-en-Bresse/Péronnas où Ahmed Kantari, désigné deux fois pompier en Ligue 2 à Valenciennes et cette fois maintenant installé comme numéro un depuis la chute en National.

De nombreux « rookies »

Arrivé en cours de saison dernière à Nîmes en remplacement de Frédéric Bompard, Adil Hermach va aussi aborder pour la première fois le championnat comme entraîneur principal. Quant à Maxence Flachez, qui fit un intérim à Châteauroux en 2022-2023, il est aussi en poste pour la première fois à l’entame du championnat, avec une mission extrêmement difficile chez le petit poucet Aubagne.

Baptiste Ridira, le nouveau coach du DFCO, arrivé de Saint-Pryvé/Saint-Hilaire. Photo DFCO

Beaucoup de regards seront tournés vers les (presque) homonymes, Baptiste Ridira et Patrick Videira. L’un et l’autre se sont fait remarquer pour avoir fait beaucoup avec peu en N2, respectivement à Saint-Pryvé / Saint-Hilaire et Furiani Agliani, et les voilà pilotes d’un grosse écurie de National, Dijon (Ridira) et Le Mans (Videira).

A suivre aussi, dans le même registre, Fabien Valeri qui a fait monter deux fois le Paris 13 Atlético en National (2022 et 2024) malgré des moyens très limités, notamment en terme d’infrastructures. La première fois, Valéri avait préféré rester en N2 pour signer à Chambly puis Virton; cette fois, il a failli rejoindre QRM mais son président, Frédéric Pereira, n’a pas voulu le lâcher et on peut comprendre pourquoi.

Mais le vrai rookie du championnat s’appelle Laurent Combarel, 33 ans, qui s’est fait les dents chez les jeunes et avec la réserve de Villefranche, pour mériter d’obtenir une promotion d’entraîneur principal chez les Caladois.

Pas de favori désigné

Patrick Videira a quitté Furiani (N2) pour s’installer sur le banc du Mans FC. Photo Le Mans FC

Ce National 2024-2025 semble très ouvert, capable de s’offrir à une bonne demi douzaine de clubs, faute d’un favori assumé. De retour sur le banc de l’AS Nancy-Lorraine, Pablo Correa souligne l’imprévisibilité d’un championnat où, à l’entendre, on joue au poker menteur : « Je veux bien que les promus abordent la saison sans penser à la montée mais tous les autres l’ont dans un coin de leur tête » dit l’entraîneur lorrain.

En tous les cas, il y aura peut être un billet supplémentaire vers la Ligue 2 avec le retour à un format appliqué avant le passage de la L1 et de la L2 à 18 clubs : aux deux montées automatiques s’ajoutera de nouveau le vainqueur entre le barrage qui opposera le 3e de National au 16e de L2. Et il n’y aura que deux relégations – pour cause de championnat à 17 et de la réduction du National 2 de quatre à trois groupes – au lieu de six la saison dernière !

  • Les poids lourds
Le FC Rouen. Photo Philippe Le Brech

Respectivement 4e, 6e et 8e la saison passée, le Dijon FCO, l’AS Nancy-Lorraine et le FC Sochaux-Montbeliard n’ont pas l’intention de traîner plus longtemps à ce niveau, eux qui étaient encore en Ligue 1 en 2014 (Sochaux), 2017 (Nancy) et 2021 (Dijon).

Le FCSM a même longtemps détenu le record de matches dans l’élite (2368 sur 66 saisons) et il fait confiance à Karim Mokeddem, spécialiste certifié du National, pour se sortir de là, avec des recrues ciblées comme le Niortais Samy Benchamma ou l’attaquant Armand Gnanduillet, auteur de 14 buts lors de sa dernière saison en National (2022-2023 avec Le Mans).

Le Mans FC. Photo Philippe Le Brech

L’ASNL a brassé plus large avec une dizaine de renforts, souvent des joueurs référence de National (Nicolas Saint Ruf, Adrien Dabasse, Martin Expérience) et un attaquant à suivre de près, Brandon Bokangu, révélation du N2 la saison passée (15 buts) avec le Paris 13 Atlético.

Dijon mise sur un groupe plutôt stable, mais dirigé par un nouveau coach (Baptiste Ridira) avec une pointe d’expérience en plus (le gardien Niortais Paul Delecroix) et quelques paris comme le jeune latéral droit du Paris 13 Atletico, Ismail Diallo, 20 ans.

  • Les relégués
Valencienes, relégué de Ligue 2. Photo VAFC.

L’expérience nous apprend qu’il est très très compliqué de remonter en Ligue 2 au premier essai. En outre, Concarneau et QRM ont quasiment tout changé, du sol au plafond, l’effectif et l’entraîneur (Stéphane Rossi débarque en Bretagne, David Carré, l’ex-coach de la réserve de l’AJ Auxerre, en Normandie).
Avec Ahmed Kantari sur le banc, il y a un peu plus de continuité à Valenciennes qui doit se remettre d’une saison cataclysmique en championnat (20e de Ligue 2) mais paradoxalement demi-finaliste de la coupe de France, avec un effectif très jeune.

  • Les promus
Lamine Djaballah, 42 ans (Aubagne FC). Photo Aubagne FC

Le FBBP 01 (Bourg-en-Bresse / Péronnas) l’US Boulogne Côté d’Opale retrouvent un niveau qu’ils ont longtemps pratiqué, avec soulagement pour l’un (Bourg), sorti de justesse d’un marasme financier, et excitation pour l’autre (Boulogne), porté par une vague populaire (plus forte affluence française de National 2 la saison passée avec près de 2700 spectateurs de moyenne).

Le Paris 13 Atletico n’a ni les infrastructures ni le public de l’USBCO mais l’expertise de Fabien Valéri sur le marché du N2 semble dessiner une équipe capable d’en surprendre plus d’un.
En revanche, ça s’annonce très compliqué pour Aubagne qui a perdu beaucoup des acteurs de la montée, dont son entraîneur Mohamed Sadani, reparti à Toulon (N2) où il avait déjà officié …

  • Les outsiders
Romain Basque (FC Versailles). Photo FC Versailles

Avec son nouvel entraîneur (Patrick Videira), Le Mans FC semble en mesure de surfer sur sa belle fin de saison dernière (5e). Un bon début de championnat, cette fois, pourrait en faire un candidat crédible.

Et on miserait bien une petite pièce sur l’US Orléans, qui a changé de direction, de coach (Hervé Della Maggiore, deux fois barragiste pour la montée en L2 avec Villefranche), avec aussi un grand turnover dans l’effectif et l’arrivée de recrues haut de gamme : Jimmy Giraudon, Guillaume Khous, Marvin Baudry, Maxime D’Arpino, entre autres, et bien sûr Fahd El Khoumisti (déjà passé par l’USO), meilleur joueur (en 2022) puis meilleur buteur (en 2023) de National avec l’US Concarneau, et qui sera un atout considérable s’il a totalement récupéré de sa grave blessure au genou.

  • Les miraculés
Laurent Combarel, nouveau coach du FC Villefranche-Beaujolais. Photo FCVB

Sanctionnés par la DNCG, ils sortent tous d’une longue bataille administrative pour finalement s’épargner les décisions prononcées en première instance. Victimes d’une gestion chaotique, le FC Rouen (sanctionné de 5 points l’an passé) et la Berrichonne de Châteauroux ont été sauvés juste avant le gong par de nouveaux actionnaires et l’appui de leurs collectivités locales. C’est une gestion antérieure que portait Bourg comme un fardeau, mais, là aussi, c’est finalement passé de justesse.

Enfin, le FC Villefranche-Beaujolais pourra finalement enchaîner une septième saison en National ! Après avoir flirté avec la Ligue 2 en 2021 et 2022 (barragiste), il serait tombé en N2 sans le triste sort des Chamois Niortais – exclus des championnats nationaux – qui lui a ouvert les portes d’un repêchage. Une prime à la bonne gestion, en quelque sorte.

  • Les interrogations
L’équipe de Boulogne. Photo USBCO

Au sortir d’un exercice encore très compliqué, le Nîmes Olympique, encore en Ligue 1 lui aussi en 2020-2021 (comme Dijon), continue de survivre sur fonds d’une défiance permanente entre ses supporters et son propriétaire, Rani Assaf. Adil Hermach réussira-t-il au moins à prolonger l’union sacrée sur le terrain ?

Enfin, le FC Versailles change la voilure… mais pas d’ambition ! Finis les salaires XXL, place à un effectif plus jeune, peut-être plus tonique, sous la coupe d’un entraîneur d’expérience, Jean-Luc Vasseur. Mais malheureusement toujours sans stade à lui, toujours dans l’intimité du stade Jean Bouin à Paris.

Journée 1 (vendredi 16 août, à 19h30)
Exempt : Villefranche-Beaujolais
Rouen – Nancy ; Dijon – Bourg-en-Bresse/Péronnas; Sochaux – Quevilly-Rouen ; Concarneau – Paris 13; Châteauroux – Boulogne ; Nîmes – Orléans; Valenciennes – Aubagne. Lundi 19/08 à 19 h : Versailles – Le Mans

Texte : Jean-Michel Rouet

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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Le National en chiffres

1. Des 17 entraîneurs qui attaquent la saison de National, seul Maxime d’Ornano au FC Rouen était au même poste il y a un an au départ de l’exercice 2023-2024 !

Maxime d’Ornano (FC Rouen), seul entraîneur au départ cette saison et déjà là la saison passée… Photo Bernard Morvan

17. Le record du nombre de saisons passées en National (Paris FC et Créteil, 17 saisons)

1993. L’année de la création du championnat, à deux poules d’abord, à une poule unique depuis 1997.

10. Le record du nombre de saisons d’affilée en National : Avranches (2014-2024), Cannes (2001-2011) et Boulogne (2012-2022).

1994. Le premier champion de National fut Châteauroux en 1994.

2012-2013 : l’année de la première diffusion d’un match du championnat sur FFF TV. Il s’agissait du match Amiens – Colmar.

79. Beaucaire fut l’équipe à avoir encaissé le plus de buts (79) sous la forme du championnat à 20 clubs, lors de la saison 2002-2003. Depuis le passage de 20 à 18 clubs en 2013, c’est Epinal qui a encaissé le plus de buts lors de la saison 2014-2015 (73 buts en 34 matchs).

91. C’est le Sporting-club de Bastia qui détient le record du nombre de points marqués en championnat, 91, lors de la saison 2010-2011.

La Berrichonne de Châteauroux (ici l’équipe 2024-25) fut le premier club champion de National en 1993 ! Photo Philippe Le Brech

27 820 : le record du nombre de spectateurs pour un match de National. C’était le match de la J34 (saison 2014-2015) entre Strasbourg et Colomiers, disputé à La Meinau !

31. Greg Thil (Boulogne) détient le record du nombre de buts inscrits sur une saison (31 buts inscrits avec Boulogne en 2006-2007). Il devance Dominique Corroyer (30 buts, saison 1994-1995, avec le FC Rouen).

1. Un seul club de National a disputé la coupe d’Europe, le Nîmes Olympique, finaliste de la coupe de France en 1996 (défaite contre l’AJ Auxerre); le club avait disputé la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe la saison suivante, en 1996-1997. Le club gardois avait atteint les 8es de finale, éliminé en match aller-retour par l’AIK Fotboll, un club suédois.

2. Deux clubs de National ont atteint la finale de la coupe de France. Les Herbiers en 2018 et Nîmes en 1996.

L’équipe de Nîmes Olympique. Photo Fabrice Foures.

3. En terminant en tête de l’exercice 2023-2024, le Red Star devient le seul club a avoir remporté trois fois (triple champion !) le titre de champion de National (2015, 2018 et 2024), devant Nîmes Olympique (1997, 2012); Clermont Foot (2002, 2007), Châteauroux (1994, 2017) et le SC Bastia (2011, 2021).

11. Double accession. 11 clubs ont réussi la performance d’enchaîner deux accessions de suite, de National en Ligue 2 puis de Ligue 2 en Ligue 1 (Guingamp, Bastia, Valenciennes, Sedan, Toulouse, Arles-Avignon, Evian-Thonon-Gaillard, Metz, Gazelec Ajaccio, Strasbourg et Amiens).

10. C’est le plus faible nombre de points engrangés en championnat, par l’AC Arles, qui détient ce triste record (saison 1993-1994).

Liste des clubs passés en National (depuis 1993)

17 saisons : Paris FC, Créteil = 2 clubs

16 saisons : Pau = 1 club

14 saisons : Gazelec Ajaccio, Avranches, Boulogne = 3 clubs

13 saisons : Fréjus (puis Fréjus/Saint-Raphaël), Sète = 2 clubs

12 saisons : Louhans-Cuiseaux, Red Star = 2 clubs

11 saisons : Cherbourg, Nîmes = 2 clubs

10 saisons : Istres, Cannes, Besançon, Orléans, Dijon = 5 clubs

Le Dijon FCO 2024-25. Photo Vincent Poyer.

9 saisons : Noisy-le-Sec, Beauvais, Angoulême, Dunkerque, Epinal, Laval, Valenciennes, FC Rouen, Bourg-en-Bresse/Péronnas = 9 clubs

8 saisons : Sannois-Saint-Gratien, Rodez, Brest, Amiens, FC Borgo (ex-Bastia-Borgo), Angers, Martigues, Concarneau = 8 clubs

7 saisons : Raon-l’Etape, Racing-club de France, Thouars, Toulon, Lyon-Duchère, Sedan, Cholet, Quevilly-Rouen (ex-US Quevilly), Villefranche-Beaujolais, Châteauroux = 11 clubs

6 saisons : Bayonne, Colmar, Châtellerault, La Roche-sur-Yon, Pacy-sur-Eure, Romorantin, Tours, Vannes, Chambly, Le Mans = 10 clubs

5 saisons : Grenoble, Luzenac, Reims, Saint-Denis/Saint-Leu, Niort = 5 clubs

4 saisons : Wasquehal, Saint-Maur, RC Strasbourg, Quimper, Marseille-Consolat, Libourne/Saint-Seurin, Le Poiré-sur-Vie, Fécamp, Evry, Croix-de-Savoie (puis Evian TG), Clermont Foot, Aubervilliers, Alès, Béziers, Saint-Brieuc = 15 clubs

3 saisons : Arles, Bourges, Brive, Calais, Gueugnon, Les Herbiers, Luçon, Muret, Poitiers, Annecy, Roubaix, Troyes, Trélissac, Valence, Versailles, Nancy = 16 clubs.

2 saisons : Uzès, Vallauris, Saint-Priest, SC Bastia, Plabennec, Moulins, Lorient, L’Ile Rousse, Haguenau, Guingamp, Cassis-Carnoux, Carquefou, Colomiers, Belfort, Le Puy Foot 43, Marignane-Gignac, Paris 13 Atlético (ex-Gobelins), Sochaux = 18 clubs

1 saison : Aubagne, Yzeure, Vitrolles, Viry-Châtillon, Villemomble, Toulouse FC, Roye, Perpignan, Nevers, Mont-de-Marsan, Mulhouse, FC Metz, Hyères, Gap, Drancy, Charleville-Mézières, Beaucaire, AC Ajaccio, Ancenis, Alfortville, GOAL FC = 21 clubs

 

Ils arrivent !

Liste des arrivées (arrêté au lundi 12 août 2024) – Merci à @footamateur.fr

Aubagne
KARAMOKO Setigui (BULLE, SUISSE)
MENDY Kadiapome (GUINGAMP B, N3)
NSIMBA LABE Aimé Steven (AVRANCHES, N1)
SANGHARE Silly (RED STAR N1).

Boulogne-sur-Mer
AVERLANT Teddy (FURIANI/AGLIANI N2);
HBOUCH Abdel (BEAUVAIS N2)
KOUASSI Saki (BEAUVAIS, N2)
PINOT Adrien (BEAUVAIS N2)
RAMBAUD Thibault (GOAL FC N1)
BLADI Darling (SAINT-ETIENNE L2)

Bourg-en-Bresse/Péronnas
DADOUNE Ottman (FRÉJUS/SAINT-RAPHAËL N2)
JOLIBOIS Clément (CRÉTEIL, N2)
LABISSIERE Brian (ÉPINAL N1)
MAGASSOUBA Mamadou (BEAUVAIS N2)
MICHELIZZI Pascal ( CAEN AG N3)
SIA Dylan (MONTPELLIER B N3)

Châteauroux

AGOUNON Brandon (ORLEANS N1)

BERNARD Quentin (NIORT, N1)
CLAIRICIA Mathis (THONON EVIAN GRAND GENÈVE N2)
DIALLO Mamadou ( BOULOGNE-SUR-MER N2)
MAGNORA Aboubacar (HYÈRES N2)
N’GOMA Ferris (SANS CLUB)
PIERRE Leverton (AVRANCHES N1)
TORMIN Tyrone (NIORT N1)
UMBDENSTOCK Isaac (ÉPINAL N1)

Concarneau
BAMBA Rayan (RENNES B)
BOURGAULT Justin (SAINT-BRIEUC N2)
CAOKI Gino (LORIENT L1)
ETCHEVERRIA Baptiste (BOURGES N2)
INJAI Frédéric (CHOLET N1)
KIELT Stanislas (CANNES N2)
MANÉ Alexis (VERSAILLES N1)
PHILIPPON Antoine (GOAL FC N1)
AMOURA Amadou (Sans club)
SEBA Djessine (CHOLET N1)
SÉRY Joseph (CHAMALIÈRES N2)
SEYDI Amadou (PARIS 13)
SOUKOUNA Youssouf (LES HERBIERS N2)
SY Mansour (MARIGNANE GIGNAC CÔTE BLEUE, N1)

Dijon
DELECROIX Paul (NIORT N1)
DIALLO Ismaïl (PARIS 13, N2)
MENDY Elydjah (LIBOURNE, N2)
MEYER Jules (LE PUY FOOT 43, N2)
POISSON Victor (MONTLOUIS-SUR-LOIRE, N3)
SYLLA Mohamed (CLERMONT FOOT B, N3)
VARGAS-RIOS Hugo (LE MANS N1)

Le Mans
CALODAT Lucas (GOAL FC N1)
DEKOKÉ Nathan Rupert (FC VILLEFRANCHE-BEAUJOLAIS, N1)
KEITA Tiécoro (THONON EVIAN GRAND GENÈVE, N2)
LAMGAHEZ Zakary (NÎMES, N1)
NONNENMACHER Maxime (NANCY N1)
OGGAD Brice (CHAMBLY, N2)
OUCHEN Ali (FURIANI AGLIANI N2)

Nancy
BOKANGU Brandon (PARIS 13, N2)
CAMARA Bakari (VILLEFRANCHE-BEAUJOLAIS, N1)
CISSÉ Sidi (NIORT, N1)
DABASSE Adrian (ORLEANS, N1)
EXPERIENCE Martin (CHOLET N1)
JULLOUX Adrien (GOAL FC N1)
SAINT-RUF Nicolas (ORLEANS N1)
SIDIBÉ Oumar (VILLEFRANCHE-BEAUJOLAIS, N1)
SULJIC Cazim (GOAL FC, N1)
THIARÉ Aliou (LE HAVRE B, N3)

Nîmes
ABDELJELIL Oussama (CHOLET N1)
AKKAL Salim (LE PUY FOOT 43, N2)
AMARA Abdelmalek (PARIS 13, N2)
BENNEDINE Mehdi (LE PUY FOOT 43, N2)

KHALID Marowane (premier contrat pro, NO)
MARCEL Vincent (ORLEANS, N1)

NGAPANDOUENBU Simon (prêt, OM B, N3)

Orléans
BAUDRY Marvin (LAVAL, L2)
D’ARPINO Maxime (OSTENDE, BELGIQUE)
EL KHOUMSITI Fahd (CONCARNEAU, L2)
GIRAUDON Jimmy ( SANS CLUB)
KHOUS Guillaume (FRÉJUS/SAINT-RAPHAËL N2)
IVA Tommy (LE PUY FOOT 43, N2)
TESTUD Kevin (ANNECY, L2)

Paris 13
BUTROT Sony (LA ROCHE VENDEE, N2)
DIAKHABI Sadia (LE PUY FOOT 43, N2)
DIAKO Lassana (CRÉTEIL, N2)
HACHEM Abdelsamad (BOBIGNY BAGNOLET GAGNY, N2)
KARAMOKO Issiaka (LE PUY FOOT 43, N2)
KEITA Ibrahima (LA ROCHE VENDEE, N2)
LASME Mel Yoane (HESPERANGE – LUXEMBOURG)
LUYAMBULA BIWA Steven (BERGERAC N2)
MACON Baptiste (THONON EVIAN GRAND GENÈVE, N2)
MANGONZO Jérémy (FLEURY, N2)
MOTHMORA Théo (SAINT-PRYVÉ/SAINT-HILAIRE, N2)
OYONGO BITOLO Ambroise (SANS CLUB)
PETRILLI Anthony (FLEURY, N2)
SYLLA DIABY Mamadou (CONCARNEAU, L2)
VALENTIM Enzo (CRÉTEIL N2)

Quevilly Rouen
ADEKALOM David (AUXERRE B – N2)
BABOULA Venuste (VERSAILLES N1)
CHIBANI Nohim (GRASSE N2)
DÉDÉ LHOMME Yanis (CHAMBLY N2)
FORTUNÉ Yassin (ZYTHOMYR – UKRAINE)
JARJU Yankuba (CHOLET N1)
LEBORGNE Jordan (VERSAILLES N1)
NJIKÉ Tony (CHÂTEAUROUX N1)
PATRON Pierre (CHARLEROI – BELGIQUE)
SOILIHI Ahmed (BATUMI – GEORGIE)
SYLVA Kapokyeng (CHÂTEAUROUX N1)
TRÉ Jason (SANS CLUB)
TSHIPAMBA MULOWOYI Isaac (AVRANCHES N1)
VANDENBOSSCHE Noah (AUXERRE B, N2)

Rouen
AÏT MOUJANE Yazid (MARTIGUES, N1)
DIB Djibrail (LYON B, N3)

DIARRA Diawoye (Marignane Gignac Côte-Bleue, N1)
EL KHIAR Samy (QUEVILLY ROUEN B, N3)
GOPROU Dany (MARIGNANE GIGNAC CÔTE BLEUE, N1)
LEHOUX Paul (LE MANS, N1)
MBOCK Jason (CRÉTEIL, N2)
ROYES Lucas (COMPIÈGNE, N3)

Sochaux
BENCHAMMA Samy (NIORT, N1)
GNANDUILLET Armand (DUNKERQUE, L2)
OUAMMOU Nassim (NETANYA MACCABI – ISRAËL)
PEYBERNES Mathieu (LIMASSOL APOLLON – CHYPRE)
PIERRE Alexandre (STRASBOURG, L1)

Valenciennes
ANTOINE Carnéjy (SANTA MARIA DA FEIRA – PORTUGAL
BOISSIER Rémy (DUNKERQUE, L2)
BUADES Lucas (RODEZ, L2)
CAMARA Papa Demba (DOLE, N3)
DIBASSY Bakaye (SANS CLUB)
MPATA LAMA Byani (BORDEAUX B, N3)

Versailles
AGORO Abdoulakeem (LIBOURNE, N2)
BAGHDADI Samy (DUNKERQUE, L2)
CALVET Raphaël (MARTIGUES, N1)

KODJIA Jonathan (Annecy, Ligue 2)
MBONE Yannick (CHONBURI – THAILANDE)
MOUSSADEK MEDOU-OTYÉ Djamal (VILLEFRANCHE-BEAUJOLAIS, N1)
RAUX YAO Charles André (RACING CF, N2)
RENAUD Tom (CHOLET, N1)
SANTINI Jérémy (CHOLET, N1)
SITUMONA MBEMBA Freddy (NÎMES N1)

TCHATO MBIAYI Ryan (MONTPLLIER B, N3)

Villefranche
ABOU DEMBA Harouna (SANS CLUB)
BASTIAN Maxime (SOCHAUX, N1)

BENTOUMI Mokrane (prêt, Le Havre)
CAMELO Lucas (GOAL FC, N1)
CHARPENTIER Julien (BLOIS, N2)
COUTURIER Clément (HESPERANGE – LUXEMBOURG)

DOUCOURE Mahamadou (Nîmes, N1)
DIAKITÉ Adama (TRÉLISSAC, N2)
FORTUNÉ Kevin (ORLEANS, N1)
GOMES Vinicius (TOULON, N2)
GUCLU Metehan (RODA – PAYS-BAS)
JOLY Octave (BOURGES, N2)
LUNARDI Cédric (BASTIA, L2)

MONZANGO Nathan (Cholet, N1)
NEGOUAI Brice (MARSEILLE B, N3)
VALÉRO Antoine (RODEZ, L2)

Les matchs amicaux

Retrouvez l’ensemble des résultats des matchs de préparation sur le site de notre partenaire FootAmateur :

https://footamateur.ouest-france.fr/national-2-programme-et-resultats-des-matchs-de-preparation/

 

 

Le nouvel entraîneur de Bourg-en-Bresse/Péronnas (53 ans), qui possède l’expérience de la formation et la connaissance aussi bien du monde pro que du monde amateur, ne dérogera pas à ses principes : loyauté, honnêteté, respect et jeu !

Par Anthony BOYER / Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

On peut donc entraîner une équipe de National 2, descendre en National 3 avec cette même équipe puis retrouver quelques semaines plus tard un poste en … National. C’est bon à savoir !

C’est surtout une bonne nouvelle pour les nombreux coachs encore sur le marché, voire un signal encourageant, quand on sait que le foot se nourrit de statistiques et qu’il ne regarde souvent pas plus loin que le bout d’un CV.

Le jeu, le jeu, toujours le jeu !

Photo Marion Poirier

Entraîner en N2, descendre en N3 et retrouver un poste en National, c’est exactement ce que vient de vivre David Le Frapper. Après cinq mois en enfer à Besançon, de février à mai dernier, à l’issue desquels le Racing n’a pu éviter la relégation en N3, l’ancien joueur de Niort (D2), Valenciennes (D2 et D1), Châteauroux (D2, accession en D1), Créteil (D2), Laval (Ligue 2) ou Gueugnon (Ligue 2), pensait mettre le ballon un peu de côté pour se ressourcer en famille, auprès des siens.

Mais c’était sans compter sur une longue discussion téléphonique avec Gilles Garnier, le président du FBBP 01. La suite, c’est David Le Frapper qui la raconte dans cet entretien qu’il nous a accordés en début de semaine, après une séance d’entraînement, depuis son bureau de Péronnas. Entretien à l’issue duquel il est facile de comprendre le fonctionnement et la manière d’appréhender le football chez le natif de Montargis, dans le Loiret.

C’est simple, joueur, David Le Frapper était milieu de terrain. Agressif et défensif. Entraîneur, il est tout l’inverse. Son credo ? Le jeu, le jeu, toujours le jeu. C’est non négociable. Tant à la formation (il a entraîné les jeunes à Valenciennes, à Châteauroux et à l’OM notamment, où il s’est occupé de la réserve) que chez les seniors. Tant chez les pros (il a entraîné Valenciennes en Ligue 2) que chez les amateurs (Euga Ardziv à Marseille en National 3 et en R1; Rousset, près d’Aix-en-Provence, en National 3; Carcassonne, pour ses débuts d’entraîneur en DH à l’époque).

Plus de 500 matchs en pro

Photo Marion Poirier

Pour lui, le football est inconcevable sans projet humain. « Humain » : un mot qui, c’est vrai, revient souvent dans le jargon, mais qu’il définit à sa manière, histoire de bien faire comprendre que, sans humain, cela ne peut pas fonctionner, à l’image de ce qu’il a vécu à Besançon les derniers mois, après le changement de présidence (Claude Cuinet a été remplacé par le duo Roland Girard – Joffrey Ghesquier). Le respect est aussi au coeur du message qu’il souhaite faire passer à ses joueurs.

Aujourd’hui, c’est aussi un sentiment d’impatience qui anime l’homme de 53 ans, plus de 500 matchs au compteur en pro, la plupart en D2, et qui a tapé ses premiers ballons à Amilly, puis à Cepoy, à côté de Montargis, avant de partir au centre de formation des Chamois Niortais à l’âge de 16 ans : « Je me languis d’être à Dijon, le 16 août, pour le premier match de championnat ». Et nous donc !

On ne lui a pas posé la question, mais c’est sûr qu’il a dû cocher la journée 10 et la date du 23 octobre prochain, synonyme de retrouvailles avec Valenciennes et le stade du Hainaut, sans doute l’endroit dont il est le plus imprégné : « Avec Valenciennes, on s’est maintenu à la dernière journée en Ligue 2 quand j’ai pris l’équipe, alors que je venais des U19 Nationaux, en février 2015, et alors qu’on avait une dizaine de points de retard à 13 matchs de la fin. Avec Valenciennes toujours, c’est moi qui marque le but de la montée en D1 en 1992 ! »

Interview

« On ne construit pas un projet autour de l’argent »

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

David, tu es passé par des clubs, disons, pas toujours « simples » : on dirait que c’est un peu une constante dans ton parcours…
Quand j’étais formateur à Valenciennes (il s’occupait des U19 Nationaux), j’ai été propulsé en équipe seniors, en Ligue 2 (à la place de Bernard Casoni), parce que, soyons francs, le club n’avait plus d’argent et il a fallu s’appuyer sur la formation; après, à Marseille, on sait que c’est difficile d’être formateur, parce qu’il y a tellement d’exigence du haut niveau… Ce n’est pas forcément le meilleur centre pour pérenniser ou travailler dans la sérénité. Quand j’étais joueur à Niort, à l’époque, c’était un club stable et sain, qui jouait le haut de tableau. Créteil, c’est vrai, c’était un peu plus compliqué, même si je n’étais pas loin de chez moi; c’était l’époque d’Alain Afflelou, qui avait un projet très ambitieux mais cela n’a pas fonctionné. Pour Gueugnon, là, j’étais en fin de carrière et j’y suis allé parce que mon « fidèle » entraîneur, Victor Zvunka, voulait que je vienne lui donner un coup de main alors que moi, je voulais arrêter : finalement, à Gueugnon, j’ai fait deux saisons au lieu d’une ! J’ai joué aussi à Châteauroux qui reste un bon club.

Le foot reste un rapport d’hommes

Oui mais tous ces clubs, aujourd’hui, quand on regarde sur l’échiquier du foot, ont, pour la plupart, disparu du monde pro…
C’est vrai, oui, c’est plus difficile pour Créteil, Niort, Châteauroux, Valenciennes… Je pense que ces clubs, que je connais bien, ont oublié la valeur humaine : aujourd’hui, on ne construit pas un projet autour de l’argent, mais à travers les hommes, à travers un projet humain. On ne peut pas faire autrement quand un club n’a pas beaucoup de moyens. Il faut trouver autre chose.

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

C’est quoi « un projet humain », une expression que l’on ressert à toutes les sauces ?
Quand on arrive dans une entreprise, où tout le monde sait ce qu’il a à faire, où il n’y a pas de dépassement de fonction pour se mettre en lumière, c’est déjà un grand pas. Chacun doit rester à son poste. Aujourd’hui, dans le foot, certains postes sont occupés par défaut, on voit qu’il y a des ambitions grandissantes derrière et encore, ça, je peux l’entendre. Mais avant tout, le football reste un rapport d’hommes, même s’il y a les aspects tactique, physique, technique, mental… Le rapport humain doit se faire aussi dans la loyauté, l’honnêteté et le respect de chacun. S’il manque un de ces ingrédients là, c’est difficile d’être dans le projet humain.

Quel type de joueur étais-tu ?
J’étais un milieu défensif agressif. J’aimais tellement jouer au foot… Il n’y avait que ça qui m’intéressait, je ne courais pas après l’argent mais après les temps de jeu, les matchs, les duels, avec l’envie de progresser, quand on est jeune, c’est normal. C’est pour ça que quand on me demande mes meilleurs souvenirs, bien sûr qu’il y en a, comme la montée en D1 avec Valenciennes, mais globalement, tous mes matchs sont des bons souvenirs et des bons épisodes de ma vie !

« À Besançon, j’ai senti que j’étais de trop »

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

À Besançon, ta dernière expérience avant Bourg, c’était donc difficile sur le plan humain…
Ce n’est pas un secret. J’ai passé deux ans à Besançon dont un an et demi avec un président, Monsieur Cuinet, qui avait un projet, celui de faire grandir le club, mais il a arrêté plus tôt que prévu et derrière, je ne m’y suis pas du tout retrouvé dans le fonctionnement, dans les missions que j’aurais dû faire mais que l’on m’a ôtées, parce que j’ai bien senti que j’étais de trop au club, alors qu’on n’était qu’au mois de février, avec deux matchs en retard, et qu’on était 5es… Même si je savais que la saison allait être encore très longue. Et là, franchement, quand tu sors d’une période comme celle-là, tu n’as qu’une seule envie : rentrer chez toi et retrouver les tiens. Ce fut très difficile. Le rapport humain, pour moi, est très important. Quand on me dit qu’il faut partir, OK, mais il y a un contrat en cours… Mais c’était foutu. J’ai aussi ma part de responsabilité, je n’ai aucun problème à le dire.

Cette expérience à Besançon, qu’est ce que cela t’a appris ?
Je le savais avant, les joueurs, même quand tu les respectes beaucoup, sont difficiles : il faut faire attention avec eux, c’est délicat. On parle du milieu pro mais en amateur aussi c’est difficile, il y a beaucoup de connexions à droite et à gauche, et quand ça ne va pas, c’est toujours la faute de quelqu’un. Je suis une personne qui observe, qui se méfie, à la base, et je me rends compte aujourd’hui que pour bien bosser, il faut que tout le monde soit connecté au même projet. Je peux entendre qu’il y a des carriéristes dans des clubs, mais je pars du principe qu’un club restera toujours, alors que les joueurs, eux, ils partent. Quand il n’y a pas de confiance réciproque, c’est difficile de travailler, ça c’est une certitude. On en revient à la même chose : les rapports humains. Certains présidents pensent qu ils ont la légitimité parce que ils mettent de l’argent… non ! J’ai vécu cinq derniers mois très difficiles. La seule bonne chose que je retiens, au delà de ma relation avec Claude Cunet, c’est la réussite de Maxime Blé qui vient de signer en Ligue 2 à Bastia, qui jouait latéral droit et que j’ai replacé avant-centre; ça, c’est mon côté formateur qui parle !

« Ardziv, Rousset, deux expériences exceptionnelles ! »

Photo Mathieu Sixdennier @MS_design

Et les passages à Ardziv, Rousset, dans le Sud, qu’est-ce que ça t’a appris ?
Avant Ardziv et Rousset, il y a eu l’OM. Et quand je pars de l’OM, cela se termine de façon bizarre, parce j’avais respecté l’objectif du maintien avec des joueurs de 17 ans, et à la clé on a eu des joueurs qui ont signé pro derrière, comme Lucas Perrin, Niels NKounkou, Marley Aké, Alexandre Phliponeau, Christopher Rocchia, Boubacar Kamara, et là je m’entends dire que je suis plus fait pour aller chez les pros que pour former… Bon voilà, je me retrouve un peu « sur le cul », et derrière, je suis resté dans le Sud parce que j’y étais bien, parce que ma fille allait y descendre, et puis il y a eu ces deux expériences exceptionnelles et différentes à Ardziv et à Rousset,. Ardziv, humainement, il y avait des valeurs hyper fortes, et ça, c’est un super outil pour basculer dans le monde pro ensuite, parce que tu es dans la gestion humaine, tu es encore plus dans la connaissance des individus, tu as des problématiques différentes que celles que tu as pu connaître chez les jeunes ou chez les pros. Ardziv, ce fut une belle richesse. Ce qui est paradoxal, c’est que souvent les coachs qui passent leurs diplômes veulent immédiatement entraîner des clubs de National ou de Ligue 2. J’ai un cursus très différent : à 30 ans, j’avais déjà des diplômes, parce que j’avais décidé un jour d’être coach. J’ai commencé entraîneur-joueur à Carcassonne en DH. J’ai connu le monde amateur, le monde pro, la formation, quelle richesse ! Ce n’est pas toujours le même travail mais il y a des choses similaires dans la gestion des hommes. Tout ça me sert aujourd’hui dans mon quotidien. À Besançon, en N2, on avait un fonctionnement semi-pro, quasiment personne ne travaillait à côté du foot, on s’entraînait le matin, on avait les outils qu’il fallait; avec le président Claude Cuinet on avait beaucoup travaillé là-dessus. Quand je suis allé à Rousset, c’était dans l’optique de passer mon BEPF, j’ai hérité d’une équipe que je ne connaissais pas du tout, je ne connaissais pas un joueur, et le recrutement, c’était « nada ». Bref. Et on fait un bon championnat, on se maintient, ça m’a aussi permis de grandir, parce que, là encore, c’est une autre mentalité qu’Ardziv, avec des gens bienveillants à chaque fois, avec la folie du Sud mais le respect. Je considère que je n’ai pas perdu de temps, mais que j’en ai gagné.

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

Revenons à ton arrivée récente à Bourg : ce n’est pas te faire injure que de dire que ce fut une surprise…
Je sais, je suis descendu avec Besançon, c’est un paradoxe. Mais ceux qui me connaissent savent que je suis un coach qui joue. Voilà. J’aime jouer, je suis à l’opposé de ce que j’étais comme joueur, quand j’étais ce milieu de terrain défensif, plutôt agressif. J’aime faire jouer mes équipes. Et même si cela ne s’est pas bien passé durant les cinq derniers mois à Besançon, on a toujours fait du jeu, et à un moment donné, ça se sait. Je sais bien que, parfois, on associe une descente à la qualité du coach, mais voilà, ce sont des raccourcis hyper-faciles. Ce que je me suis toujours dit c’est que, peu importe les résultats, à partir du moment où l’on est fidèle à sa façon de penser, c’est à dire à la manière de gagner des matchs en produisant du jeu, en trouvant des solutions, en étant dans la réflexion permanente, en récupérant des idées chez les adversaires, ce qui est également une richesse et pas tabou, et bien tout cela fait avancer. Mon équipe, qu’elle soit en formation ou pas, elle doit jouer.

« Toutes les successions sont difficiles à gérer »

À Bourg, tu passes aussi derrière Hervé Della Maggiore, qui a marqué l’histoire du club : pas évident à gérer, ça, non ?
Toutes les successions sont difficiles à gérer. Le plus important est de rester dans la continuité du travail qui a été fait et de très vite s’identifier au club, afin aussi de savoir qu’il est possible de faire et ce qui ne l’est pas.

Avec le FBBP 01. Photo @Photomatix

Raconte-nous comment s’est noué le contact avec le FBBP 01 ?
Après Besançon, j’avais plutôt envie de rester tranquille, car j’étais marqué humainement. Mon épouse aussi. Donc je ne voulais pas forcément replonger de suite. Je voulais surtout partir très vite de Besançon, me retrouver auprès de mes enfants et de mes petits enfants. J’ai eu quelques propositions de clubs qui ne m’intéressaient pas forcément. Et puis mon agent me dit qu’il a eu un contact avec Bourg, et me demande si je veux les rencontrer. J’ai dit « Oui », sans rien demander. Parce que j’avais l’image de Bourg, d’un club dont j’avais toujours entendu parler en bien. J’ai d’abord eu le président Gilles Garnier au téléphone, ça a duré 3 heures. Ensuite, je suis venu les rencontrer quelques jours plus tard. Alors, bien sûr, tu ne réussis pas les cinq derniers mois dans un club, tu descends en N3, et tu te retrouves sur un banc en National… Je pense que Gilles (Garnier) a pris ses renseignements de son côté, parce qu’on ne prend pas un coach comme ça, par hasard.

Tu avais aussi affronté Bourg la saison passée, en National 2, donc tu connaissais l’équipe…
Oui, je les ai affrontés deux fois et on leur a posés beaucoup de problèmes dans le jeu sur les deux matchs (victoire de Besançon 2-1 à l’aller et défaite 1 à 0 au retour). Peut-être que cela a joué. Je sais aussi que Hervé (Della Maggiore) a soufflé mon nom pour que je vienne, alors qu’on ne se connaît pas plus que ça. C’est un beau challenge, je me dois de l’honorer par rapport au travail qui a été fait tout d’abord par Jordan (Gonzalez) et ensuite par rapport à Hervé, qui a tout connu ici. C’est un vrai héritage.

L’intersaison de Bourg a été agitée, avec un lourd déficit, une incertitude sportive : cela ne t’a pas fait peur ?
Lors de mon entretien avec le président (Gilles Garnier), je ne lui en ai même pas parlé, parce que je considérais qu’à partir du moment où il me faisait venir pour engager des discussions, c’est qu’il était sûr de lui. D’ailleurs, c’est lui qui a évoqué ce volet, et il a été transparent sur la situation du club. De toute manière, il m’a convaincu. Je savais aussi un peu quel genre d’homme il était, quel genre de président il était. Je n’avais pas de doute.

« On a moins de pression que les autres »

Avec un fidèle du FBBP 01, Boris Berraud, son adjoint. Photo FBBP 01

Le championnat National commence le 16 août : tu as vu sa composition ? C’est du très lourd : ça t’inspire quoi ?
Je le prends là encore comme une belle richesse. On a moins de pression que les autres. Moins d’attente aussi. La plupart des clubs veulent monter, Dijon, Sochaux, ça recrute pour ça, et ce sont des équipes qui n’ont rien à faire en National, tout comme Nancy, Valenciennes aussi. Mais ces équipes sont là, avec nous, aujourd’hui. Après, même s’ils ont plus de moyens que nous pour recruter, je ne suis pas sûr que dans ces gros clubs, il existe le même état d’esprit. Nous, on se doit juste de mieux travailler que les autres, de bien vivre ensemble pour affronter ces grosses écuries, jouer dans ces beaux stades, gérer la pression médiatique aussi, mais je n’ai pas de doute, parce que mon équipe a tellement bien travaillé l’an passé… Parce qu’elle est un peu insouciante, qu’elle apprend vite. Mais on ne passera pas pour des fous chaque week-end : on montrera ce que l’on sait faire, avec les moyens qui sont les nôtres. Et comme je le dis souvent, quand on gagnera des matchs, ce sera parce qu’on l’aura mérité.

Il y a 6 ou 5 ans, Bourg avait un certain statut en National, était une grosse écurie. Aujourd’hui, son statut a bien changé…
C’est sûr qu’en termes de budget, on fait partie des petits poucets. Les joueurs qui nous ont rejoints, ils sont là parce qu’ils avaient envie de venir, déjà. Ils sont là pour un projet humain et sportif. Et puis être vus tous les week-ends à la TV (sur FFF TV, qui retransmet les matchs de National, Ndlr), forcément, ça fait un peu plus rêver, ça donne aux joueurs une certaine visibilité et notoriété. En tout cas, ils savent pourquoi ils sont venus. Bourg a survolé son championnat de N2 l’an passé en terme de jeu, et a prouvé qu’il avait sa place en National. Les joueurs vont apprendre à chaque match, ils vont devoir gérer le public aussi, notamment quand ils iront jouer dans des grands stades comme à Valenciennes, Nancy ou Sochaux. En tout cas, ils nous tarde d’être à Dijon, chez l’un des favoris !

« Quand on laisse les gens travailler, il peut se passer de belles choses »

Le National, tu le suivais l’an passé ?
Je regardais surtout les matchs de Martigues, parce que je vivais dans le Sud et que ça m’intéressait. Et puis je regardais aussi beaucoup Niort, forcément, mon club formateur, où j’ai grandi, où j’avais ma maison. Martigues, c’était solide, efficace, avec des joueurs talentueux et un coach, Grégory Poirier, qui avait des idées bien précises, qui a eu le temps de bien travailler. Niort aussi était une bonne équipe, mais un peu désorganisée à l’extérieur. Il faut se servir de ce qu’a fait Martigues : le temps, le projet, le rapport humain, avec moins de moyens que les autres. C’est un très bon exemple. Avant d’entraîner Martigues, Greg (Poirier, aujourd’hui entraîneur du Red Star en L2) sortait de deux expériences difficiles, à Sedan et à Saint-Malo. Mais il avait des idées de jeu. Avec du temps, quand on laisse les gens travailler, il peut se passer plein de belles choses.

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

Aujourd’hui, est-ce que tu te considères-tu comme un formateur ou un entraîneur à part entière ?
Je suis un entraîneur qui a gardé en lui un fort pourcentage de la formation, y’a des postures que l’on apprend sur le terrain à la formation et que l’on peut améliorer ensuite, l’orientation, les attitudes, dans le travail technique; pour bien jouer, il faut bien maîtriser sa technique. Je pars du principe que si tu es bien organisé et que si tu as vu, alors, derrière, tu peux jouer. On apprend ça aux plus jeunes, et des fois, dans des clubs comme les nôtres, tu croises des joueurs qui ne sont pas passés par des centres de formation, donc il faut leur apporter ça.

Des souvenirs de belles réussites de formateur ?
En fait, mon métier de formateur, je l’associe à mon métier d’entraîneur; des joueurs comme Lucas Tousart, Moussa Niakhaté, Adrien Tameze, Angelo Fulgini, qui ont réussi, m’ont énormément apporté humainement. La finalisation du contrat de développement avec tous ces joueurs là, c’était une belle réussite, et cela montrait tout le travail que l’on faisait à Valenciennes.

« J’aime les entraîneurs qui apportent des idées nouvelles au jeu »

Tu as des modèles de coach ?
Ce que j’ai gardé de mes années de joueur, c’est la discipline, avec un coach comme Victor Zvunka. On a eu de la réussite avec lui, dans les équipes où j’ai joué. J’ai bien aimé aussi Francis Smerecki, pour sa rigueur et sa vision du foot, très avancée à l’époque, mais je n’ai pas de modèle. J’aime les entraîneurs qui apportent des idées nouvelles au jeu, tous ceux qui construisent les matchs à travers le jeu, là je me régale.

Si tu devais te qualifier , tu dirais que tu es en entraîneur plutôt …
Il y a des choses non négociables chez moi : le respect, le travail, la valeur de l’homme, la cadre de vie à travers le club. C’est la base. Après, je suis très à l’écoute. J’aime échanger, partager. Je prends la décision, bien sûr, mais globalement, il y a un peu de tout : du participatif, du directif… Je suis très à l’écoute des joueurs. Mais attention, je les connais : je ne « prends » pas tout, parce que sinon, ils te rendent fou (rires) ! J’ai beaucoup d’exigence sur le jeu, dans les intensités, dans la façon de défendre, et dans l’utilisation du ballon; il y a des principes qu’il faut mettre en place, tout en gardant le talent du joueur : j’aime qu’il soit créatif. Le talent, tu peux l’enlever à un joueur, mais tu ne peux pas le lui donner. Ces joueurs-là, il faut les laisser jouer, même s’il faut les cadrer parfois. C’est eux qui t’en mettent plein les yeux le week-end, qui bonifient l’équipe, qui bonifient les joueurs.

Tu dis que tu es à l’écoute : à l’écoute de Boris Berraud aussi, ton adjoint, qui est vraiment le personnage emblématique du FBBP 01 ?
Boris, c’est quelqu’un d’une belle richesse, il a le maillot bleu gravé en lui. C’est une belle rencontre. j’ai découvert quelqu’un de très bien. Avec lui, le feeling est passé de suite. Son parcours montre sa fidélité. Je sais qu’avec lui, il n’y a pas d’animosité ou d’envie cachée, voilà. C’est un fidèle. On partage beaucoup de valeurs, comme le respect et le travail, des choses immuables chez nous.

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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Dix-huit ans après son départ, le défenseur central (36 ans), qui a effectué ses débuts à Buxerolles, à 2 kilomètres de Poitiers, revient chez lui, et espère apporter toute son expérience acquise sur les terrains de National et de L2.

Par Anthony BOYER / Photos : Philippe Le Brech (et Stade Poitevin FC + FC Versailles 78)

Thibault Jaques est né à Bordeaux il y a 36 ans mais il n’y est resté qu’un an. C’est pour cela que, depuis toujours, il est considéré comme « Poitevin », puisqu’il a grandi à Poitiers – « Mais j’ai aussi habité à Pau quand on est parti de Bordeaux ». C’est à deux kilomètres de Poitiers, à Buxerolles, qu’il a grandi et tapé ses premiers ballons, avant de lancer sa carrière seniors en 2005-2006 sous les couleurs – Noire et blanche – du grand club de la préfecture de la Vienne. Thibaud a alors 17 ans et le Stade Poitevin, qui a déjà connu plusieurs noms et plusieurs divisions, évolue en CFA (National 2).

Un joueur très apprécié

L’an passé sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Dix-huit ans plus tard, et après une grande traversée du désert, Poitiers vient de retrouver le National 2… et par la même occasion « son » défenseur central qui, entretemps, s’est construit une solide réputation et a emmagasiné de l’expérience !
Thibault Jaques, c’est 245 matchs de National (Versailles de 2022 à 2024, Bourg, Chambly, Colmar et Boulogne), deux saisons pleines en Ligue 2 avec Chambly (2019-2021), une demi-finale de coupe de France (2018, Chambly) et aussi un quart-de-finale (Boulogne, 2014).

Voilà pour le CV d’un garçon apprécié dans tous les clubs où il est passé, que tous les coachs rêvent d’entraîner, et qui effectue donc, à 36 ans, un retour à la maison, près de 20 ans après le dépôt de bilan qui avait plongé Poitiers en Division d’Honneur, en 2006. Un garçon qui a longtemps écumé le CFA (National 2) avant d’éclore sur le tard, vers l’âge de 25/26 ans, à Boulogne, en National, recruté par un certain John Williams (directeur sportif de l’Amiens SC depuis 10 ans). « J’ai commencé le football à l’ES Buxerolles avant de partir à Poitiers à l’âge de 12 ans, raconte le défenseur central. Ensuite, j’ai rejoint le SOC (Châtellerault) en 14 ans Fédéraux puis en 15 ans Honneur. »

Repéré par Châteauroux, il file à La Berrichonne, où il évolue avec les 16 ans Nationaux. Mais la saison ne se passe pas comme il l’espérait : à partir de janvier, il est écarté, parce que son formateur, Dominique Bougras, estime que, quand il joue, l’équipe encaisse un but… Une « drôle » d’explication qu’il n’a toujours pas comprise ni digérée. « Du coup, à Châteauroux, on m’a dit que je ne jouerais pas la deuxième saison, et c’est là que je suis revenu dans ma ville à Poitiers. Je voulais jouer en adultes, alors j’ai joué en Division d’Honneur puis j’ai intégré la National 2 (entraînée alors par Laurent Croci). C’était la dernière saison avant le dépôt de bilan (2005-2006), poursuit le papa de Gabriel (3 ans), Abel (4 ans) et Dani (7 ans). »

« J’avais 7 ans quand Poitiers était en Division 2 ! »

Photo Stade Poitevin FC

Après la descente aux enfers de Poitiers, Thibault retourne à Châtellerault : « J’y suis revenu en 18 ans Nationaux, on a fait un quart-de-finale de Gambardella, puis en CFA et CFA2. Et ensuite je suis allé à Trélissac, en CFA2, et on est monté en CFA ».
Et Poitiers en Division 2, il s’en souvient ? « Oui, oui, j’étais petit, j’avais 7 ans (la dernière présence de Poitiers en D2 remonte à la saison 1995-1996). On venait d’arriver, et je me souviens de joueurs comme Jérome Billac, Pascal Siklenkla, Philippe Barraud, et d’autres… »

Présent avec sa nouvelle équipe à Poitiers depuis la semaine dernière et officialisé par son club jeudi dernier – On vous conseille de clip de présentation du joueur, très réussi ! – l’ex-capitaine du FC Versailles  a donc quitté son domicile du Chesnay, dans les Yvelines, pour rejoindre une ville qu’il connaît bien et un club qui, lui, a bien changé ! Un retour à la case départ, en somme !

Thibault Jaques, du tac au tac

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La demi-finale de coupe de France avec Chambly (en 2019, élimination face aux Herbiers, au stade de la Beaujoire, à Nantes).

Pire souvenir ?
Ma blessure aux ligaments croisés en 2017, avec Chambly aussi, en National, début avril je crois. C’était contre Concarneau.

Combien de buts marqués ?
Non, ça, je ne sais pas.

Et ton meilleur score sur une saison ?
Oui, c’est 7 buts, l’année de la montée de National en Ligue 2 avec Chambly.

Sur les six dernières saisons, tu as une moyenne de 5 ou 6 buts marqués par saison, pas mal pour un défenseur central, non ? Ce don, ça vient d’où ?
J’ai toujours bien aimé aller devant. Après, c’est vrai que lors de la première partie de ma carrière, je ne marquais pas trop, je n’étais pas prédisposé à monter sur les corners, car il y avait des garçons plus grands que moi, mais j’ai toujours bien aimé le travail devant le but. Ces dernières années, ça a plutôt bien marché, je sentais bien les coups.

Un but marquant ?
Le doublé à Lyon-Duchère, l’année de la montée avec Chambly toujours, fin mars 2019, on gagne 2 à 1, on s’est tous applaudis dans le vestiaire parce que ce soir-là, on s’est dit que si le défenseur central marquait un doublé, là, dans un match comme à, c’est qu’il ne pouvait plus rien nous arriver, que c’était notre année !

Ci-dessous, le doublé de Thibault Jaques face à Lyon Duchère

Combien de cartons rouges ?
Je pense que j’en ai pris 3 ou 4, dont un cette année avec Versailles.

Photo Stade Poitevin FC

Tu as toujours joué défenseur central ?
Oui, sauf lors de ma première saison en National, à Boulogne, où j’étais arrivé au mois de janvier (2014). J’avais joué un peu milieu défensif, puis après j’ai repris mon poste en défense centrale. Avant Boulogne, à Trélissac (CFA2 puis CFA) et à Châtellerault (CFA puis CFA2) , je jouais déjà défenseur central. Quand j’étais plus jeune, j’avais un peu joué au poste de latéral, mais vite fait.

Comment t’es-tu retrouvé à devoir évoluer au poste de milieu défensif à Boulogne ?
En fait, quand je suis arrivé à Boulogne, en cours de saison, le club était en National et je n’avais aucune expérience du niveau; c’est le coach, Stéphane Le Mignan, qui m’a mis là, au milieu, parce que je pense que, pour lui, j’avais un peu moins de responsabilités en jouant à ce poste. La saison d’après, j’ai joué derrière, et on a fait 1/4 de finale de coupe de France (élimination aux tirs au but contre Saint-Etienne, en mars 2015).

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Ton geste préféré ?
Les crochets ou alors la passe qui casse les lignes !

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités, ma technique, comme le « contrôle-passe », le sens du jeu, le placement, l’anticipation, mon côté leadership, de toujours vouloir aller vers l’avant, avancer. Et pour mes défauts, peut-être qu’il m’a manqué un peu de vitesse.

Et dans la vie de tous les jours ?
Je suis boudeur. Je n’aime pas l’injustice. Dans la vie de tous les jours, je suis susceptible, boudeur, et sinon je suis généreux avec mes amis.

Une idole ?
Zidane ou R9, Ronaldo, le Brésilien.

Un modèle ?
Sergio Ramos, même si ce n’est pas très original. Paolo Maldini aussi.

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Que t’a t-il manqué pour être un joueur de Ligue 2 confirmé ?
J’ai mis du temps à sortir du National 2, à l’époque, c’est John Williams (actuellement directeur sportif à Amiens) qui m’a fait venir à Boulogne, en National. J’ai commencé à 17 ans et demi en National 2 à Poitiers pourtant, mais aujourd’hui, je pense que si je commençais au même âge à ce niveau, j’aurais eu de grandes chances de partir dans un club professionnel. J’ai l’impression que c’était beaucoup plus dur de signer dans un club pro avant. Après, je n’ai aucun regret sur ma carrière.

Justement, c’était la question suivante : pas de regret ?
Non, je n’ai pas de regret, j’ai joué, ce qui était le plus important. Après, ce n’est pas un regret, mais j’aurais juste préféré que l’on monte en Ligue 2 avec Bourg-en-Bresse lors de la saison 2021-2022, parce que je pense que l’on avait une grosse équipe. Mais en aucun cas je regrette d’avoir signé à Bourg.

La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
A Boulogne, on avait une équipe extrêmement jeune, on s’est régalé, et aussi l’année de la montée en Ligue 2 avec Chambly, pas tant en termes de jeu mais surtout parce qu’on avait un groupe extraordinaire.

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Un club où tu as failli signer ?
Un club à l’étranger peut-être, au Dynamo Bucarest, j’étais parti là-bas, je devais allé en préparation à Antalya en Turquie avec eux, le directeur sportif me dit que c’est bon mais finalement, deux heures après, ce n’était plus bon… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé pendant ces deux heures !

Un club, autre que les Girondins ?
L’OM (rires), même si Bordeaux, ça m’intéresse quand même… Mais mon club de coeur, c’est l’OM. A Bordeaux, je n’y ai habité qu’à la naissance, pendant un an.

Un stade mythique ?
Santiago Bernabeu. Mais je n’y suis jamais allé. Mais là, avec le nouveau stade, ça va vraiment valoir le coup.

Avec son ancien coéquipier à Chambly, Joachim Eickmayer (Red Star). Photo Philippe Le Brech

Un stade qui t’a impressionné, en tant que joueur ?
A Strasbourg, quand j’ai joué le derby en National avec Colmar, il y avait 28 000 spectateurs, c’était chaud.

Un coéquipier marquant ?
Jeremain Lens, à Versailles, c’est vraiment la classe, il est très simple, Marvin Martin que j’ai côtoyé à Chambly, idem. Et aussi Medhy Guezoui, pour sa folie !

Un joueur avec qui tu avais un super feeling sur le terrain, dans le jeu ?
Joachim Eickmayer, on jouait les yeux fermés, et aussi Simon Pontdemé et « Anto » Soubervie.

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Un surnom ? Il paraît que certains t’appelaient « Le professeur » ?
On me surnomme « Thib » ! Le Professeur ? Oui, ça c’est Simon (Pontdemé) qui aimait bien chambrer, il m’avait surnommé comme ça…

Combien de vrais amis dans le foot ?
J’en ai 5 ou 6.

Un adversaire qui t’a posé des problèmes ?
A l’époque, avec Poitiers, en National 2, j’avais joué arrière gauche et j’avais affronté Dimitri Payet qui jouait ailier droit, en réserve à Nantes, et là… Waouh ! Il allait vite ! C’était compliqué contre lui, on avait perdu 2 à 0, doublé de Claudio Keserü. Et je me souviens aussi de l’attaquant de Caen, avec Chambly, Alexandre Mendy, très physique.

Un joueur perdu de vue et que tu aimerais revoir ?
C’est au centre de formation à Châteauroux, le petit frère de Morgan Amalfitano, Romain, je n’ai plus de nouvelles depuis plus de 10 ans.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Eric Maïoroff, mon entraîneur en U14 Fédéraux à Châtellerault.

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir…
De toute façon, maintenant, je peux le dire ! Dominique Bougras, mon coach au centre de formation à Châteauroux : avec lui, j’ai joué la moitié de la saison, puis il m’a dit que ses statistiques montraient que quand je jouais, on prenait un but. Donc je n’ai plus joué à partir de janvier ! A 16 ans, c’est un peu dur à comprendre : moi, j’étais là pour jouer au foot. Un formateur n’est pas là pour ça mais plutôt pour former des footballeurs et aussi des hommes. Je l’ai recroisé plusieurs fois après…

Un président qui t’a marqué ?
Le président Fulvio (Luzi), pour ce qu’il a fait à Chambly, et monsieur (Fabrice) Faure à Trélissac, qui a vraiment donné énormément de son temps et de son argent pour son club, sans jamais réussir à monter en National, un peu comme à Bergerac d’ailleurs, avec Christophe Fauvel.

Une causerie marquante ?
En coupe de France, à la mi-temps contre Monaco avec Chambly, on est mené 2 à 0, le coach Bruno Luzi avait eu des mots un peu crus…

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Un président qui ne t’a pas marqué…
A Colmar (saison 2015-2016), je ne sais même plus son nom (Christophe Gryczka)… Un jeudi, la veille d’un match à domicile, il nous dit « ne vous inquiétez pas, je ne vous lâcherai pas, je me bats pour trouver de l’argent », et le lendemain, après le match, il démissionne. Le foot dans toute sa splendeur !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Non, ou alors, défendre tout le long et espérer marquer sur un coup de pied arrêté; ça, je veux bien le faire un match ou deux, mais pas une saison !

Une appli mobile ?
Instagram.

Une ville, un pays ?
La Colombie et Carthagène.

Souvenir de vacances ?
Bali.

Une anecdote de vestiaire jamais racontée ?
Avec Medhy Guezoui, on a pris un fou rire en pleine causerie de Bruno Luzi, parce qu’on entendait Jean-Michel (Rouet, dirigeant du club) qui tapait à la porte du vestiaire, et qui criait « Ouvrez moi, ouvrez moi » et Medhy explose de rire, on pleurait, le coach nous a vus, Medhy s’est levé, il ne pouvait plus rester en place.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Jeremain Lens et Marvin Martin.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le stade de la Beaujoire, à Nantes, pour la demi-finale de coupe de France face aux Herbiers.

Un match référence ?
Le premier match qu’on fait avec Chambly en Ligue 2, on fait tous un gros match, moi aussi, je marque sur penalty, tout avait bien fonctionné, on s’était senti forts.

Pire match ?
Un match amical avec Châtellerault, contre Troyes, on perd 7 à 0 ou 7-1, et là, je me suis dit, « ce n’est pas pour moi » ! Même si ce n’étais qu’un amical, je m’en souviens bien.

Le meilleur joueur avec lequel tu as joué ?
Bakary Sakho et Razak Boukari à Châteauroux, mais aussi Jeremain (Lens) et Marvin (Martin), qui ont été des internationaux.

Plus grosse prime de match ?
Je crois que c’était un match à 1000 ou 1500 euros.

Photo FC Versailles 78

Un déplacement qui s’est mal passé ?
Il y en a deux. Un avec Chambly, quand le bus est tombé en panne, on revenait de Toulouse : on avait dû mettre 15 heures pour rentrer ! Et puis ce match à Clermont, au moment de la Covid, on avait 12 ou 13 cas de Covid dans notre équipe, le coach était reparti, et on avait dû jouer quand même… Alors qu’à partir de 11 cas, le match aurait dû être reporté…

Des manies ?
Il faut que je regarde avant de sortir de chez moi si mes cheveux, ça va (rires) !

Des vices ?
La nourriture, le chocolat au lait. Je pourrais en manger toutes les cinq minutes ! C’est problématique, parce que je suis obligé de n’acheter que des fruits et des légumes pour mes enfants !

Un plat, une boisson ?
Du Coca et les lasagnes au saumon.

Photo Stade Poitevin FC

Loisirs ?
Les films, les séries, le sport en général, j’en regarde beaucoup. Je suis le basket essentiellement, la NBA. J’ai un peu plus de mal avec le basket français, c’est moins spectaculaire.

Acteurs, actrices, film culte ?
La ligne verte. Acteur, Morgan Freeman.

Dernier match vu en tant que spectateur ?
C’est PSG – Newcastle en Ligue des Champions, au Parc.

Que détestes-tu par-dessus tout ?
Le manque d’investissement.

Couleur préférée ?
Le bleu.

Chiffre ?
Le 29. Ma date de naissance.

Le don de la nature que tu aimerais bien avoir ?
Allez vite comme un sprinteur !

Chanson culte ?
J’écoute de tout, plutôt du rap.

Photo FC Versailles 78

Si tu n’avais pas été footballeur ?
J’avais fait des études de management, mais je n’avais pas un métier en tête, j’ai toujours voulu faire du foot !

On t’a déjà confondu avec Jaques Thibaud ?
(Rires) Non ! Je ne sais pas qui c’est (Jacques Thibaud était un violoniste du début du XXe siècle !)

Pourquoi dans « Jaques » n’y a-til pas de « C » avant le « Q » comme pour tous les « Jacques » ?
Je ne sais pas si c’est vrai, mon grand père était un enfant de la DAS, et le jour où il est arrivé, il lui ont donné le nom de famille de la fête du jour, et ils ont mis ce nom, orthographié comme ça.

Tu es un défenseur plutôt ?
Beau à voir jouer !

Le milieu du foot ?
Je n’irais pas jusqu’à dire que ce n’est pas sain, mais un peu surfait.

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : Philippe Le Brech (et Stade Poitevin et FC Versailles 78)

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