L’entraîneur de Quevilly Rouen Métropole (Ligue 2 BKT) revient sur ses expériences et ses souvenirs. Il évoque aussi quelques pistes de travail pour son club, dont il a assuré un maintien historique cette saison avec une 11e place.

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Coup de sifflet final face à Caen, au stade Robert Diochon, samedi 8 avril. Alexandre Mendy, l’attaquant du Stade Malherbe, se dirige vers Olivier Echouafni, et lui donne son maillot. « Je vous ai tenu la main quand j’étais petit à l’entrée du stade du Ray, à Nice, quand vous étiez capitaine… »

L’on sent l’entraîneur de Quevilly Rouen touché lorsqu’il raconte cette anecdote dans l’immense salle de presse du stade Diochon, quelques instants après ce derby remporté 2-1. D’autant plus touché que, Mendy et lui ont porté le maillot de l’OGC Nice, un club qui l’a marqué comme il l’expliquera plus loin dans ce long entretien accordé à la veille de recevoir Bordeaux, le 13 mai dernier (0-0).

Se poser (en visio) face à « Chouf » – son surnom lorsqu’il était joueur (OM, Rennes, Strasbourg, Nice) -, c’est l’assurance d’avoir une discussion réfléchie et constructive, avec, bien sûr, quelques tics de langages. Du moins un seul. Le sien ? « Faut être honnête », répété à l’envi mais qui dit tout de sa personnalité justement. Honnête. Droit.

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Pendant plus d’une heure, l’entraîneur en poste à QRM depuis un an, qui dispute ce soir à Niort le dernier match de la saison 2022-23 de Ligue 2, a retracé son parcours et livré une réflexion sur le métier d’entraîneur. « Je ne connaissais pas 13heuresfoot, je suis allé voir, j’ai lu quelques articles, notamment celui sur mon DG à QRM, Arnaud Saint-André. Et aussi sur Malik Tchokounté, lui aussi passé par Nice. J’ai vu son parcours qui est quand même assez incroyable… J’ai connu des coéquipiers qui ont eu des parcours similaires, qui sont arrivés sur le tard dans le milieu pro, je pense à Stéphane Grégoire, qui était avec moi à Rennes; il arrivait de Thouars en National et a signé pro à 28 ou 29 ans, en Ligue 1, et il a fait une carrière de 10 ans. »

L’entretien a commencé par le désormais célèbre « Du tac au tac », le genre d’exercice où il est demandé à l’interlocuteur de répondre ce qui lui vient à l’esprit : « Laisse moi un peu de réflexion quand même ! » réclame Olivier. Le natif de Menton, à deux plages de la frontière italienne, dans les Alpes-Maritimes, aujourd’hui âgé de 50 ans, a ensuite refait le film d’une carrière très riche (près de 400 matchs en Division 1) et passionnante.

Interview : « Je n’ai pas de plan de carrière ! »

Olivier, on commence par la carrière de coach…

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J’ai arrêté de jouer en 2010. A ce moment-là, on ne sait pas trop où et comment se positionner. J’avais un contrat de reconversion à l’OGC Nice où j’ai passé 2 ans à plusieurs postes. j’ai aidé au niveau du recrutement, j’allais rencontrer des futures recrues, observer des joueurs, voir des matchs, et en même temps je passais mon BEPF pour entraîner chez les pros. J’avais déjà passé les autres diplômes quand j’étais joueur. Pour mon BEPF, il fallait que j’entraîne une équipe alors j’ai été adjoint de la réserve de Nice en CFA avec Olivier Jannuzzi. C’est là que j’ai réellement commencé à entraîner.

Au BEPF, tu étais avec une promotion incroyable …
Oui, il y avait Olivier Pantaloni, le regretté René Marsiglia, Christophe Galtier, quand je les vois tous, avec le recul… Ils sont tous devenus des entraîneurs de haut niveau, Bruno Genesio, Michel Estevan, Régis Brouard, Laurent Huard, Lionel Rouxel, Sabri Lamouchi, pour ne citer qu’eux, Jean-Luc Vannuchi, Arnaud Cormier aussi, ça a crée des liens forts. On n’est pas en contact régulièrement mais on se croise sur les terrains. On n’était que deux anciens joueurs avec Sabri (Lamouchi) à ne jamais avoir entraîné. On était dans le dur, car il y avait beaucoup de travail, et le diplôme durait 2 ans à l’époque; ça a été très difficile pendant la première année.

Après Nice, tu as eu ta première expérience sur le banc à Amiens, en National…
D’abord, il y a cette grosse cicatrice : mon départ de Nice. Je ne la refermerai jamais. Ce qui s’est passé… Quand Jean-Pierre Rivère et surtout Julien Fournier sont arrivés, ils ont tout fait pour que je parte. Je ne rentrais en aucun cas dans leur projet. C’est ça que je n’ai pas aimé… J’ai donné pour ce club. Je suis quelqu’un de transparent, je pense que je suis honnête, et je ne me suis pas retrouvé dans leur discours; j’ai pris ça en pleine face. Je ne comptais pas mes heures. J’étais au service du club, je travaillais… Après, peut-être que l’on ne s’est pas forcément bien compris, mais au bout du compte, ils n’ont rien fait pour que cela continue ensemble et ils ont été malhonnêtes. C’était la volonté du directeur du football (Fournier). Je trouvais qu’il y avait une façon de faire et la leur n’était pas la bonne à mes yeux. Il a fallu digérer tout ça, ça a été très dur.

« Etre consultant m’a permis de former mon oeil »

Nice, ça te manque ?

Avec l’un de ses adjoints, Alain Wathelet, ancien directeur du centre de formation de Nice. Photo QRM

Oui, l’OGC Nice me manque ! J’ai quelque chose avec ce club, qui n’est pas refermé… Mais il faut être honnête, tout ce que nous, les joueurs, attentions à l’époque, est arrivé. Et je suis très content de l’évolution du club. Je me souviens de mon dernier match au Ray le 17 mai 2010, contre Saint-Etienne… En fait, il n’y a pas un seul joueur qui ne me parle pas de cette époque là, de cette ambiance au Ray !

Juste avant d’aller à Amiens, tu deviens consultant…
Charles Biétry m’a demandé si j’étais intéressé par un poste de consultant à la création de la chaîne BeIN sports, et là, j’ai passé une année incroyable ! J’ai travaillé à la télé et grâce à ça, j’ai vu l’envers du décor, ça m’a permis de comprendre aussi pourquoi les droits TV étaient aussi chers ! J’ai dû commenter 150 matchs, L1, L2, Europa league, Ligue des champions, j ai voyagé, j’ai revu du monde, j’ai vu des stades que je ne connaissais pas comme Tottenham, Chelsea en Angleterre, en Espagne aussi. A chaque fois, j’essayais de rester plusieurs jours pour voir comment ces clubs et ces entraîneurs travaillaient, ça me permettait de voir les structures.

Cela t’a aidé pour la carrière de coach ?
Oui, ça m’a permis d’emmagasiner de l’expérience, au niveau des systèmes mis en place, et surtout de former mon oeil. Ce que l’on nous apprenait au BEPF, je l’ai mis en pratique au travers de ce métier de consultant.

C’est ça qui t’a conforté dans l’idée de devenir coach ?
Le terrain me manquait. Quand on est consultant et qu’on n’a jamais entraîné, on dit certaines choses, après, quand on arrive sur le terrain, et bien on revoit un peu sa copie… Attention, je n’étais pas dans la critique, j’apportais juste des compléments d’informations, par rapport à mon ressenti, à ce que je percevais. Aujourd’hui, quand j’écoute certains consultants, ils ne savent pas, ils ne peuvent pas imaginer… parce qu’ils n’ont pas entraîné. La télé, ça a été une vraie belle formation. Avoir commenté différents matchs, différents styles, différentes équipes, dans différents pays, ça m’a encore plus renforcé dans l’idée de mettre des choses en place, après, en tant qu’entraîneur.

« Au début, à Amiens, je ne prenais aucun plaisir »

Donc, ensuite, tu arrives à Amiens, en septembre 2013, pour ta première expérience sur le banc, en National…

Avec le président Michel Mallet. Photo QRM

Je n’avais rien fait avant, et là, je prends un risque énorme. Je prends le risque de reprendre une équipe relégable, en cours de saison, et en plus j’arrive tout seul. Du coup, quand je me suis retrouvé là, je me suis dit « waouh »… En plus je ne connaissais pas le Nord. J’avais déjà fait l’Est, l’Ouest, pas le Nord. Je découvre le métier (rires), je repars de zéro, et ça n’a rien à voir avec ma carrière de joueur. Il fallait sauver le club et en même temps je débutais, je n’avais pas de repère, je ne connaissais pas bien le National, je ne connaissais pas le staff, mais le club était structuré, avec de bonnes installations. Au début, on n’a pas les résultats escomptés. Après deux mois et demi, j’appelle mon épouse et je lui dis « je ne prends aucun plaisir ». J’avais toujours cette image des entraîneurs qui disaient, et ça résonnait dans ma tête, qu’ils prenaient beaucoup de plaisir. Je me demandais comment c’était possible, parce que j’avais l’impression qu’être entraîneur, ce n’était que des emmerdes… Je n’imaginais pas l’envers du décor et la difficulté du métier. Je savais que je ne retrouverais pas les émotions que j’avais connues comme joueur.

Pourtant, cela s’est bien passé ensuite…

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La coupure de Décembre m’a fait beaucoup de bien, ça m’a permis de me poser, de redescendre chez moi dans le Sud, de recharger les batteries (il souffle) et là, après, on a vécu cinq mois incroyables, sans perdre un match, on finit 6e (à 1 point du 4e). Là, je m’y suis retrouvé. Bien sûr, il faut être honnête, le plaisir on le prend aussi à travers les résultats. Mais je ne connaissais pas tout ça encore, c’était les prémices de ma carrière, j’étais un jeune entraîneur. J’ai envie de dire que, aujourd’hui, je suis encore un jeune entraîneur.

A Amiens, tu as vu les bons et les mauvais côtés du métier en quelques mois…
Les 3 ou 4 premiers mois, cela a été une forme d’adaptation. J’ai observé, analysé. Et à partir de janvier, j’ai mis des choses en place qui ont fonctionné, avec un staff qui m’a suivi, qui a été très bien. Le terrain me manquait, il fallait bien se lancer ! J’avais besoin de m’épanouir dans un environnement différent, c’était le National, dans un club au statut pro, c’était déjà très bien. Certains mettent un temps fou avant d’entraîner à ce niveau.

« Leonardo a cassé tout ce que l’on avait construit au PSG »

Tu suis toujours le National ?
Oui, cette année, je regarde beaucoup de matchs. Le championnat est toujours aussi athlétique, y’a ces notions d’engagement, mais ça a perdu un peu sur la qualité technique je trouve, et encore, je suis allé voir le Red Star, ça joue, ça construit, et puis nous, à QRM, on regarde, ça nous intéresse, par rapport à notre recrutement bien entendu !

Après Amiens, tu as entraîné à Sochaux, en Ligue 2 : là-encore, tu trouves que le championnat a évolué ?
Cela a été une vraie « culbute » aussi d’aller à Sochaux ! J’étais programmé pour faire une deuxième année à Amiens et puis Sochaux, qui n’était pas prévu, est arrivé, comme ça ! La différence est abyssale. Sochaux, c’est un club historique, qui venait de descendre de Ligue 1. En fait, j’ai fait un triple saut, là ! Mais ce fut difficile avec le rachat du club, en plus, quand j’arrive, on ne sait même pas si on va rester en L1 ou reprendre en L2 avec l’histoire de la rétrogradation de Lens. Donc on ne pouvait pas recruter tout de suite, il a fallu attendre les 10 derniers jours. J’ai encore pris de l’expérience mais multiplié par 20 !

Ton expérience de 3 ans au PSG chez les filles a tout de même été très bénéfique…
J’ai pris beaucoup de plaisir à prendre de l’expérience, à mettre en place ma méthode, j’ai pu le faire et avec du temps. On a réussi à devenir champion de France et à battre Lyon qui était clairement la meilleure équipe du monde. On les a battues aussi en coupe d’Europe alors qu’elles étaient invaincues depuis 5 ans. Aujourd’hui, avec le recul, je me dis qu’ils (les dirigeants du PSG) ont fait n’importe quoi. Je n’ai pas apprécié et je n’ai pas accepté que Leonardo casse tout ça, tout ce qu’on avait construit. J’ai été déçu de quitter le PSG. On aurait pu aller chercher l’Europe et finalement ça s’est arrêté là. Mais je suis passé à autre chose.

« Avoir du temps, cela a de la valeur »

Du coup, aucune chance de te retrouver un jour à la tête d’une équipe féminine ou d’une sélection féminine ?

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Je ne sais. Je ne ferme aucun porte. Quand j’ai signé en équipe de France féminine, au poste de sélectionneur (en 2016), l’objectif est d’aller chercher un titre. J’ai eu 10 mois pour aller chercher un championnat d’Europe, bon, trop court, impossible… On a atteint les 1/4 de finale et on a été éliminés par l’Angleterre, ma seule défaite. En 10 mois ce n’était pas possible. Mais on a battu les Américaines chez elles à la « SheBelieves Cup » aux États-Unis, le tournoi le plus relevé du monde, que l’on a remporté. Mais je n’ai pas eu assez de temps. Quand je signe au PSG, on m’a laissé du temps pour construire des choses, malgré la Covid au milieu, qui nous a peut-être empêché de devenir championnes de France avant. Avoir du temps, ça a de la valeur à mes yeux.

Peux-tu raconter comment tu es arrivé à QRM ?
Déjà, j’aurais pu signer à QRM six mois avant, le club m’avait contacté*, je venais d’arrêter chez les filles, mais j’avais dit que prendre un club en cours de saison, ça ne m’intéressait pas, c’était difficile, je l’avais déjà vécu. Après, je ne faisais pas la fine bouche non plus. Mais j’avais aussi besoin de récupérer. Le terrain, ça manque vite. Arrive l’été dernier. Malgré des propositions alléchantes, des sollicitations chez les filles, comme celle du Real Madrid, qui me demandait d’aller battre Barcelone, ou encore celles de la Juve, de Chelsea, du Bayern, de la Fiorentina, eh bien j’estimais que j’avais fait le tour. Trois clubs de Ligue 2 se sont intéressés à moi, dont QRM. En fait, je n’ai pas de plan de carrière. J’aurais pu aller dans un club avec un plus gros budget, plus huppé, qui m’aurait donné plus d’argent, mais ma volonté, c’était peut-être de trouver ce que je recherchais, c’est à dire des valeurs humaines, ce qui manque un peu aujourd’hui dans le football. Les dirigeants de QRM, avec qui on a beaucoup échangé, ont réussi à me convaincre de poursuivre ce qui a été mis en place depuis 2 ans. QRM, c’est un club où y’a tout à construire de A à Z, ça me plaisait.

*Bruno Irles, l’entraîneur, est parti à Troyes à la trêve, finalement remplacé par Fabien Mercadal.

Comment décrirais-tu Quevilly Rouen pour quelqu’un qui ne connaît pas le club ?
C’est un club qui part de très très loin, avec des spécificités, des valeurs humaines exceptionnelles, qui sont son ADN. Tous les joueurs que l’on a pris, on les a pris pour leurs qualités sur le terrain, certes, mais aussi pour leur état d’esprit.

« On sait qu’on est la dernière roue du carrosse à Rouen »

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Et les infrastructures, on entend souvent dire que c’est un frein…
Les infrastructures, parlons-en. Qu’est-ce qu’on a aujourd’hui à QRM ? On a deux salles qui correspondent au monde professionnel : le bureau des coachs et la salle de presse ! Ce sont les deux seuls lieux qui ressemblent à quelque chose de professionnel, mais pour le reste… On a un terrain d’entraînement qui n’est pas aux normes et quand il pleut, on ne peut pas s’entraîner dessus car il y a trop d’eau, on est obligé de délocaliser les séances sur des terrains en synthétique qui ne sont pas en bon état. On a aussi le FC Rouen et le rugby en Pro D2 qui jouent au stade Diochon. Pour le rugby, c’est même la veille parfois… Il y a plus de 60 matchs par an à Diochon, donc automatiquement la qualité de jeu, elle s’en ressent. On est tributaire de ça. On sait qu’on est la dernière roue du carrosse à Rouen, où tout le monde nous met derrière les autres. Et bien malgré tout, on montre qu’on peut travailler. Mais on ne pourra pas continuer sur la durée. C’est impossible. Il faut un centre d’entraînement. C’est vital. Je suis exigeant et ambitieux. Je suis venu pour construire des choses et améliorer le quotidien de chaque personne, de l’intendant à l’ensemble de mon staff. On est parti à Pau le vendredi, on a joué le samedi soir et on est rentré le dimanche à 18h, ça va qu’on a gagné (4-3), mais la fatigue s’accumule, 8 heures de voyage, tout ça, ça coûte des points. Il y a des choses à améliorer, mais la principale, c’est le centre d’entraînement. Dans un second temps, il faut un gros stade : on ne peut pas avoir trois entités sur le même terrain. Il faut séparer le foot du rugby, voilà, c’est aussi important, parce que ça nous pénalise. Cet hiver, j’ai dû adapter mes principes de jeu et mon plan de jeu, car le ballon ne fait que sauter, à cause des matchs de rugby notamment.

Pendant de nombreuses semaines, QRM a figuré dans le top 8, et a même titillé le top 5 : c’est presque inespéré, non (11e aujourd’hui) ?
Déjà, c’est historique, parce que, quand on regarde les équipes sur la ligne de départ, il faut être honnête, on fait partie des quatre clubs qui vont descendre, mais justement, pour nous, c’est une source de motivation énorme. On a mal commencé la saison : 70 % de l’effectif a été renouvelé, avec 14 départs et 14 arrivées. Il faut du temps pour trouver le bon équilibre, trouver des automatismes. Et puis l’écoute des mecs a fait qu’aujourd’hui on en est là. On fait une très belle 2e partie de saison (l’entretien a été réalisé avant la réception de Bordeaux, le 13 mai). En termes de qualité de jeu aussi on a franchi une étape aussi.

« Parfois, on a du mal à me suivre ! »

Le stade Diochon. Photo QRM

Tu connaissais le contexte avec le FC Rouen ?
Oui ! Je n’avais pas vu les installations mais on m’en avait parlé. Mais ce qui est positif, c’est que j’ai un président et des dirigeants qui me laissent travailler et me font confiance, et Dieu sait si je suis exigeant avec moi-même, avec mes joueurs. J’ai tendance à être exigeant avec mes dirigeants aussi, et parfois, je vais trop vite, on a du mal à me suivre, mais je suis comme ça… Je savais que l’environnement était difficile, mais peut-être pas autant que ça. Par exemple, une fois, il a fallu aller jouer un match de championnat à Caen alors que l’on recevait Niort, c’était dans les accords, ce qui fait que l’on a joué un match de plus que les autres à l’extérieur. S’il n’y avait que le FC Rouen, cela irait, et en plus, franchement, nos relations sont très bonnes : le FCR est un club historique, avec 50 saisons en pro. Le FCR, c’est le club de la ville de Rouen et QRM, c’est le club de la métropole. Ce sont deux entités différentes et nous on a tout à écrire. On a commencé, avec de belles pages. On a la volonté de se pérenniser en Ligue 2 mais pour ça, il faut ce centre d’entraînement. Notre modèle économique, celui que l’on doit avoir, c’est celui de Lorient, Auxerre ou Guingamp. Ces clubs doivent être nos modèles.

Le maintien est acquis depuis quelques semaines, du coup, tu peux préparer la saison prochaine…
Oui, je travaille depuis des semaines pour la saison prochaine, pour avancer. On sait qu’on va perdre du monde, qu’on a aussi des joueurs prêtés qui vont partir. Avec Julien Converso, le directeur sportif, Arnaud Saint-André, le directeur général, Michel Mallet, le président, et les dirigeants, on travaille là-dessus, pour gagner du temps, contrairement à la saison passée. Quand j’ai signé en juin, franchement, ce n’était pas facile, avec 14 départs et 14 arrivées.

« A QRM, on ne vend pas du rêve »

L’équipe possède aussi la particularité de ne pas avoir de « vedettes »…
Non, non, on n’en a pas. On met en valeur certains joueurs, qui ont besoin de se relancer. D’autres, très jeunes, qui ont besoin de découvrir comme Mamady Bangré. D’autres qui ont besoin de se relancer. Il faut qu’il y ait un amalgame, une alchimie, mais ce qui est primordial, c’est l’état d’esprit : ici, on ne vend pas du rêve, par contre on a une méthode, on leur vend du travail, d ‘autres aspects, des valeurs humaines.

Le soleil du sud ne te manque pas trop ?
Le soleil ? Non, ça va encore. J’habite pas loin de Préfecture, pas loin de la Seine, c’est un peu la Méditerranée (rires) ! Je n’ai pas trop le temps d’aller en ville, je fais plutôt « stade – maison – stade », mais le centre de Rouen est sympa, joli, les gens sont gentils. La mer me manque oui, alors quand je redescends chez moi, quand je vois mes parents, ma famille, mes tantes, mes oncles, mes cousins, je prends encore plus de plaisir, je l’apprécie encore plus, la mer, comme je la vois moins souvent ! A Sochaux, j’avais pris un appartement dans lequel je ne me sentais pas bien : à Rouen, je n’ai pas fait cette erreur; je voulais de la hauteur et de la lumière ! Là, je suis au 5e étage, j’ai une vue dégagé. Au moins, même quand il ne fait pas très beau, j’ai de la lumière !

Olivier Echouafni, du tac au tac

« J’étais prédestiné à devenir prof de gym »

Meilleur souvenir sportif de joueur ?

Photo QRM

(Rires) J’en ai deux. La montée avec l’OM en Division 1 (en 1996). Quand je reviens à Marseille, on m’en parle toujours. On a fait partie de la deuxième génération des Minots, celle qui a fait remonter le club après l’affaire OM-Valenciennes. Certains me remercient encore ! C’est une grande fierté, un grand moment.

L’autre, c’est d’avoir permis d’emmener tous les Niçois à Paris pour la finale de la coupe de la Ligue (contre Nancy, en 2006, défaite 2-1), et aussi la demi-finale juste avant, à Monaco, qui reste un grand souvenir. Il y a aussi ce match, le 4-3 à Monaco, avec Nice, alors que l’on perdait 3 à 0 (en 2004). Y’a souvent Monaco dans les souvenirs !

Meilleur souvenir d’entraîneur ?
Le titre de champion de France avec les filles du PSG (en 2021), après une saison incroyable… Pas une seule défaite… Et puis c’est quelque chose que l’on a construit. Le titre était l’objectif du club et en plus on a battu Lyon. Mais ce que je vis avec QRM cette saison, c’est super fort aussi.

Pire souvenir sportif de joueur ?
(Il réfléchit). Ma blessure aux croisés, avec le Stade Rennais à Louis-II (en 2001)… Quand je vous dis que ce stade à Monaco est incroyable pour moi ! J’y ai quand même passé beaucoup de saisons (13), il m’a donné des émotions incroyables, j’y ai vécu des moments de déception et de tristesse, comme cette blessure, qui m’a coupé dans mon élan, alors que j’étais dans une bonne période.

Pire souvenir sportif d’entraîneur ?
Je n’utiliserais pas le mot « pire », je dirais plutôt ma plus grande déception d’entraîneur, c’est que le PSG ait cassé tout ce que l’on a construit. Et aussi la vente du club à Sochaux qui ne nous a pas permis de poursuivre le projet quand j’y étais l’entraîneur.

Ton plus beau but ?
A Monaco ! C’est fou hein (rires), c’est pour ça, je te dis, j’ai une histoire incroyable avec ce stade ! C’était sur un coup franc, avec le stade Rennais, je mets une tête plongeant qui finit dans la lucarne.

Tu détenais un record justement, celui du nombre de buts marqués en première division de la tête, et consécutivement : 8 ! Tient-il toujours ?
On m en a parlé y’a 2 ou 3 ans, France Football avait fait un sujet là-dessus, et à ce moment-là, je le détenais toujours, oui, et je sais que Cavani s’était rapproché mais finalement il a marqué du pied et voilà (rires) !

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Pourquoi as-tu choisi de devenir entraîneur ?
C’était ma destinée (rires). C’était un rêve caché de gamin comme plein de gamins ont, et qui est devenu réalité. Il a fallu faire un choix de carrière important, celui de quitter l’AS Monaco, où j’ai passé 13 ans, de l’âge de 5 ans à 18 ans, pour aller jouer en amateur à Roquebrune-Cap-Martin, en Promotion d’Honneur. C’est Gérard Proscelli, que j’ai encore au téléphone, et avec qui on échange beaucoup sur l’approche du métier d’entraîneur, qui m’a convaincu de venir en amateur, de faire une saison, puis une deuxième. Je lui dois beaucoup aussi. Car j’étais prédestiné à devenir professeur de sport. Je poursuivais mes études à l’UFR Staps de Nice, il fallait bien avoir un bagage pour travailler. Et il y a eu un concours de circonstances qui a fait que j’ai signé à l’Olympique de Marseille. En fait, j’ai marqué plus de 30 buts en deux saisons à Roquebrune, pour un milieu défensif… J’ai vraiment fait deux saisons exceptionnelles là-bas. J’ai pris confiance, je marquais dejà pas mal de la tête, je me projetais beaucoup sur le terrain, j’avais 18/19 ans, je jouais avec des adultes dont le beau-frère, à l’époque, de Jean Castaneda, responsable du Centre de formation de l’OM : il trouvait que j’avais des qualités pour aller un peu plus haut, ce qui m’a permis d’effectuer deux essais en avril 1993 et mai 1993 à Marseille, qui se sont avérés payants. Je me souviens que lors du premier essai, à Marseille, en 1993, on a fait un match contre les futurs champions d’Europe, alors que quelques jours avant, je m’entraînais en PHA ! Finalement je signe stagiaire à l’OM. Etre arrivé sur le tard, ça a été un mal pour un bien, ça m’a structuré, ça m’a permis de prendre du recul et ça m’aide aujourd’hui dans mon métier, j’ai l impression d’avoir une méthode.

« J’étais dans la notion de passe et d’espace »

Qualités et défauts selon toi sur un terrain ?
Je n’allais pas très vite, alors je jouais sur le sens du placement, la qualité de passe, l’intelligence de jeu qui me permettait d’avoir un temps d’avance, le jeu aérien bien sûr, notamment sur les coups de pied arrêtés. Je ne portais pas le ballon, j’étais dans la notion de passe et d’espace. C’est toujours difficile de parler de soi ! Je ne lâchais rien, j’étais un vrai combattant, fidèle, loyal, je pensais toujours au collectif avant de penser à moi. J’étais aussi un éternel insatisfait. J’avais une force mentale. Mes valeurs, honneur, fidélité, collaient bien par exemple avec celles de l’OGC Nice. Quand je vois ma carrière, je me dis que j’ai toujours été fidèle. Il n’y a pas un seul moment où je n’ai pas profité.

La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
En termes de statistiques, c’est l’année à Strasbourg (1999-2000), où je mets 12 buts, dont 9 en championnat (et les fameux 8 de la tête !), ce qui m‘a permis de franchir une étape, et en plus, il y a eu la naissance de ma fille aussi cette saison là. D’un point de vue régularité, c’est à Nice, quand j’avais 35 ou 36 ans, je faisais presque tous les matchs, c’est pour ça, quand je vois Danté, je me dis « Waouh… » Mais c’est une hygiène de vie, on n’arrive pas là par hasard.

Une erreur de casting ?
On peut toujours avoir des regrets, je préfère parler de chance, celle qui m’a été donné de vivre de ma passion. On s’en rend compte bien plus tard, plus en tout cas que sur le moment. C’est vrai qu’après Strasbourg, j’aurais pu signer à Lyon, à Fulham en Angleterre, à Valence en Espagne, à Bologne en Italie, j’avais beaucoup de clubs qui s’étaient renseignés sur moi, même le Bayern Munich ! Finalement j’ai choisi la stabilité, avec le projet du Stade Rennais et de Monsieur Pinault. Si j’ai un regret, un seul, c’est celui de ne pas avoir connu certains entraîneurs dans ma carrière.

Le club où tu as failli signer ?
Lyon. A l’époque en 1999/2000, les trois clubs qui sont allés loin dans les négociations étaient Lyon, Rennes et le Fulham de Jean Tigana. Le Bayern était venu superviser Willy Sagnol lors d’un Strasbourg-Monaco, et ce jour-là, j’avais fait un très bon match, j’avais marqué 2 buts. Je leur avais tapé dans l’oeil et ils étaient venus me voir une vingtaine de fois. C’était l’époque où il fallait être supervisé 40 ou 50 fois avant de signer ! C’était déjà beau.

Un club où tu aurais rêvé de jouer ?
Vivre une expérience à l’étranger déjà ; en Italie peut-être, un club comme la Sampdoria de Gênes car je suis né à côté de l’Italie, c’était un club incroyable, avec de sacrés joueurs, qui faisait partie des équipes que je suivais, et aussi dans un club de Londres, mais il n y avait pas autant d ouvertures qu’aujourd’hui. Il faut remercier les Cantona, Ginola, Deschamps, Zidane et d’autres, qui ont permis d’ouvrir ces marchés qui étaient complètement fermés.

Un stade mythique ?
Joueur, Olympiakos Le Pirée, en Coupe d’Europe avec Marseille. J’y étais retourné avec Strasbourg. Quel stade ! Je n’ai pas eu la chance de jouer à Madrid mais c’est un stade incroyable aussi. Je citerais aussi le stade de Boca Juniors en Argentine, la Bombonera, c’est fabuleux. Ah, et aussi San Siro aussi, le vaisseau, à Milan !

Un coéquipier marquant ?
(rires) Un seul ? Attend j ‘essaie de me remémorer mes clubs… Pas un coéquipier mais une triplette, celle que l’on formait à Nice avec Flo Balmont et Cyril Rool, on se trouvait les yeux fermés, et devant nous on avait Ederson. La grinta faisait notre grande force. Et aussi à Strasbourg, David Zitelli et Corentin Martins : alors eux, sur coups de pied arrêtés… !

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
C’est dur… On a tellement perdu le fil les uns les autres… On se revoit pour certains… On parlait d’Ederson, qui a eu des ennuis de santé, c’était un très bon garçon. A Rennes, Fabiano, qui est arrivé à 18 ans.

Le coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
J’en ai connu 17 donc… je les ai pratiquement tous revus ou eux au téléphone. On ne se rend pas compte quand on est joueur de la difficulté du métier d’entraîneur. Il faut être honnête, y’en a avec qui ça ne s’est pas bien passé, mais je ne leur en veux pas pour autant. J’ai envie de dire Gérard Gili à Marseille, parce qu’il m’a lancé réellement, il m’a donné cette chance de devenir pro, avec Jean-Louis Gasset. Bien sûr, il y a eu aussi Raymond Goethals au départ, mais c’est surtout Gérard sans oublier Jean-Louis.

Un président marquant ?
Bernard Tapie. Y’a pas débat ! Aujourd’hui encore, il reste la personnalité la plus marquante que j’ai rencontré.

Une causerie de coach marquante ?

Photo QRM

Les plus fortes, c’est celles de Gérard (Gili). Il avait toujours ce sens de la motivation de par les mots, les émotions, l’intonation… Tout ce qu’il transmettait aux joueurs, c’était sa plus grande force. J’essaie de m’inspirer de ça, bien sûr, dans l’approche, dans le timing, dans la durée, afin de ne pas être trop long et d’être impactant. J’essaie de séparer la stratégie de l’aspect mental par exemple. Je m’inspire aussi de ce que j’ai appris sur les bancs de touche, avant. La causerie, c’est un exercice difficile, car on joue tellement de matchs, il faut toujours trouver des idées, des choses marquantes. Quand j’ai commencé mon métier d’entraîneur, je passais un temps fou à les préparer ! Quand on est joueur, on ne se rend pas compte du temps que peut passer l’entraîneur à préparer son match pour un résultat quel qu’il soit … parfois… et là on se dit « Tout ça pour ça ! ». Moi, la causerie, ça me prenait des heures voire des jours. Maintenant, ça commence à être de mieux en mieux mais j’ai ce besoin de préparer les choses. Certains entraîneurs n’ont pas besoin de la préparer, ils sont bons à l’instant T. Pas moi.

Une idole de jeunesse ?
Glen Hoddle. Le Platini anglais. Je l’ai vu de près à Monaco ! Je me suis même entraîné une ou deux fois avec lui et aussi George Weah, j’avais 17 ou 18 ans et j’avais complété le groupe pro, y’avait aussi Lilian Thuram, Manu Dos Santos mon ami d’enfance, Kelvin Sebwe, Cyril Granon, Bruno Rodriguez… Il me semble que Mark Hateley était là aussi.

Une devise ?
On n’a rien sans rien.

Ligue 2 BKT – 38e et dernière journée – vendredi 2 juin 2023, à 20h45, au stade René-Gaillard : Chamois Niortais (20e, 28 points) – Quevilly Rouen (11e, 49 points).

  • Vidéo : les meilleurs moments d’Olivier Echouafni à l’OGC Nice

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Boyeranthony06 et @13heuresfoot

Photos : Quevilly Rouen Métropole

C’est l’entraîneur de la remontada dunkerquoise ! Grâce à un parcours exceptionnel après son arrivée sur le banc (31 points sur 36 !), l’USLD a retrouvé la Ligue 2, un an après l’avoir quittée. Le Biterrois de 44 ans est devenu le spécialiste des montées après celles vécues à Béziers (2018) et Bastia (2021). Entretien exclusif.

Photos USL Dunkerque

Lorsque Mathieu Chabert a signé le 2 mars, Dunkerque était alors 7e de National avec 9 points de retard sur Martigues et 8 sur Concarneau. Grâce à une extraordinaire série (10 victoires, 1 nul, 1 défaite soit 31 points sur 36), le club nordiste, vainqueur (3-2) au Mans lors de la dernière journée, a gagné sa place en Ligue 2, un an après l’avoir quitté.

Successeur de Romain Revelli, Mathieu Chabert, 44 ans, qui avait lui-même été écarté de son poste à Châteauroux début décembre, a transformé cette équipe de Dunkerque.

C’est sa 4e montée en six saisons après celle en Ligue 2 avec Béziers en 2018 avec déjà une série exceptionnelle (9 victoires sur les 12 derniers matchs) et les deux avec le SC Bastia, de N2 en National (2020) alors que son équipe était largement distancée par Sedan lors de son arrivée en octobre 2019 puis de National en L2 (2021).

L’ancien conseiller à Pole Emploi, au parcours atypique, est passé maître dans l’art d’emmener son groupe vers le haut lors des fin de saisons. Après avoir fêté la montée des Maritimes et commencé à rencontrer ses joueurs, Mathieu Chabert, malgré un emploi du temps très chargé, est revenu en longueur sur cette montée pour 13HeuresFoot.

C’est votre 3e montée en Ligue 2 avec trois clubs différents. Parvenez-vous à établir une hiérarchie entre elles ?
La dernière est forcément la plus belle. C’est celle en tout cas dont je suis le plus fier par rapport à ce qu’on est arrivé à mettre en place dans un laps de temps aussi court. C’est la première fois que des joueurs me pleurent dans les bras. Ça, je m’en souviendrai toute ma vie. Sur les trois montées en L2, aucune n’est pareille. Avec Bastia, c’était la fin du Covid et on est monté en regardant le match de QRM à la télé dans un salon du stade Furiani… Attention, c’était magnifique mais il manquait quelque chose. Avec Béziers, on était sur le terrain, on a regardé la fin du match Grenoble – Entente Sannois Saint-Gratien sur nos téléphones et on a explosé ensuite. C’était très fort. Celle-là, avec Dunkerque, c’était différent car on savait que si on gagnait, on ne dépendrait de personne. Tiens, je vais vous raconter ma causerie…

Allez-y…
On leur a montré une vidéo sur les réactions à la fin des équipes qui gagnaient une finale ou montaient… Il y avait La Rochelle en Coupe d’Europe de rugby, la fin du match et la montée d’Amiens en L1 en 2017 avec ce but à la 96e minute, celle de l’AC Ajaccio l’an dernier ou celles d’Annecy et Laval en L2 la saison dernière. C’était des caméras fixes sur les bancs de touche où on voyait de la tension sur les visages car la libération était proche, puis l’explosion. Les joueurs ont vu tout ça une heure avant le match. Trois heures après, c’est nous qui vivions les mêmes scènes. C’est ça qui est le plus beau émotionnellement. A Dunkerque, c’est la première fois que je fais douze causeries motivationnelles. A la fin, c’était devenu un jeu pour les joueurs. Ils disaient : « qu’est-ce que le coach nous a préparé cette fois ? » Ce qui est sûr, c’est qu’on a aussi bien rigolé. J’ai fait des causeries vidéos sur des combats de boxe, de MMA, sur des loups qui chassaient des buffles, le parcours de Benzema avec le Real Madrid en Ligue des Champions la saison dernière ou la compilation de leurs plus beaux buts. Mais j’ai déjà prévenu les joueurs : en Ligue 2, je n’aurai pas la capacité à en faire 38 comme ça.

Quatre montée en six ans, ce n’est plus une question de chance ou de hasard. C’est quoi le secret de Mathieu Chabert ?
Dans la vie et le sport de haut-niveau, il n’y a jamais de hasard. Le Mathieu Chabert de la montée de Béziers n’est plus le Mathieu Chabert de la montée de Dunkerque. Je n’ai pas changé. Je suis toujours le même. J’avais des facilités dans le management. C’est primordial et c’est un aspect que j’aime beaucoup.

Mais j’ai surtout beaucoup progressé tactiquement. J’ai un projet de jeu plus clair. Ce qui me fait plaisir, c’est que les joueurs ont apprécié. Le rôle et la fonction de chaque joueur étaient bien définis et étaient clairs. Les joueurs s’y sont retrouvés, ils ont eu un cadre dans lequel évoluer et ça a marché. Je suis fier bien sûr d’avoir réussi cette 4e montée en six ans avec Dunkerque. Mais ma plus grosse fierté, c’est de l’avoir réussi en proposant un jeu qui n’était pas celui que j’avais avec Béziers.

A Châteauroux, vous avez été beaucoup critiqué. Cette montée six mois après votre éviction est-elle une revanche ?
Je préfère profiter des moments que je suis en train de vivre plutôt que d’avoir de la rancœur. Ça ne sert à rien. Je n’ai de revanche à prendre sur quiconque. C’est le foot. Je trace ma route avec les gens qui ont envie de me connaître. Ceux qui n’ont pas envie, je ne m’en occupe pas. Chacun peut penser ce qu’il veut de moi, ça ne m’atteint pas. Je n’ai plus de problèmes avec ça. Avant, j’étais plus jeune. Je suis toujours un jeune entraîneur mais il m’a fallu un temps d’apprentissage pour savoir désormais me concentrer sur l’essentiel. Après, je vais vous dire une chose : si je suis monté avec Dunkerque, je suis persuadé que c’est aussi grâce à mon expérience à Châteauroux.

Expliquez-nous…
Tout simplement, j’ai beaucoup appris là-bas. Sportivement, ça a été le premier échec de ma carrière. Mais j’en ai tiré du positif. Je suis très content que Châteauroux se soit maintenu en National. Je suis content pour Maxence Flachez qui est quelqu’un que j’apprécie humainement, pour Michel Denisot, Patrick Trotignon et tous les gens de United World (le propriétaire saoudien). Après le match, j’ai reçu des messages de United World. Ils m’ont félicité pour la montée et ça m’a fait très plaisir. Je suis aussi content pour certains joueurs mais pas forcément pour tous les joueurs car certains ne sont pas des bonnes personnes… Je suis content pour tous les gens qui m’aimaient à Châteauroux. Et même pour ceux qui ne m’aimaient pas car leur club s’est maintenu.

Petit retour en arrière. Lors de votre départ de Châteauroux, vous nous aviez déjà accordé une interview exclusive dans laquelle vous expliquiez que vous ne vous voyiez pas replonger cette saison. Pourtant, le 2 mars vous arrivez à Dunkerque…
Reprenez mes propos… J’avais dit que si jamais il y avait un projet intéressant et que j’estimais qu’il ne pouvait pas se refuser, je ne m’interdisais pas de retenter le coup. Ça a été le cas à Dunkerque pour plusieurs raisons. D’abord car le terrain me manquait déjà beaucoup.

Contrairement à ce que j’avais vécu entre Bastia et Châteauroux, cette période a été plus longue, du 6 décembre au 1er mars. J’avais bien digéré, j’avais bien profité, je m’étais bien ressourcé. Je commençais à tourner en rond. J’avais cette sensation de manque et quand on a ce manque-là, ça créé une envie. J’ai eu Edwin (Pindi, le président) au téléphone et entre nous, ça a matché de suite.

C’est important de sentir qu’il y a des dirigeants qui vous veulent et que moi j’avais envie d’y aller. Entre nous, c’était gagnant-gagnant. Moi, je n’avais rien à perdre. Et sincèrement, j’avais quand même une idée derrière la tête car on veut toujours faire le maximum…

Ça veut dire que vous pensiez pouvoir revenir sur le haut de tableau malgré vos 9 points de retard ?
J’avais joué Dunkerque avec Châteauroux. J’avais trouvé que c’était une équipe très cohérente, bien structurée, avec un effectif de qualité. Je pensais que si on enclenchait une série, il pouvait y avoir une belle surprise. Mais la priorité réelle quand je suis arrivé était déjà d’assurer le maintien rapidement. On a débuté cette série et c’est parti !

Vous êtes rentré dans le cerveau de vos joueurs en leur disant « On va monter » dès votre arrivée. Certains ont avoué qu’il s’étaient dits « il est fou »…
Oui, c’est comme ça que ça s’est passé. Je leur ai dit : « La priorité, c’est de gagner rapidement trois matchs. Ensuite si on gagne ces trois matchs rapidement, je suis persuadé qu’on peut faire une série et gagner les 12 matchs. Et si on gagne les 12 matchs on va monter… ». Quand j’arrive, on est 7e avec 31 points en 22 matchs. Ça veut dire qu’en 12 matchs, on a doublé ce capital en prenant également 31 matchs. C’est juste exceptionnel.

L’acte fondateur, c’est cette victoire (3-2) contre Villefranche avec deux buts inscrits lors du temps additionnel le 17 mars pour votre 3e match avec l’USLD ?
On venait de gagner contre Châteauroux et Saint-Brieuc. Le club n’avait jamais remporté trois victoires de suite. Mais ce match contre Villefranche est effectivement fondateur pour plein de choses. Il valide notre projet de jeu, il valide le fait que cette équipe est mentalement capable de retourner des situations très très mal embarquées et il valide mon discours auprès des joueurs.

Que leur avez-vous dit à la mi-temps alors que vous étiez menés 2-0 ?
Ils pensaient que j’allais les pourrir. Mais je leur ai dit : « Bon les gars, qui a le plus d’occasions ? » Les joueurs me regardent et me répondent : « C’est nous, coach ». Je leur répond : « On est d’accord ». Je leur demande ensuite : « Depuis que vous jouez au foot, même en poussins ou pupilles, avez-vous déjà remonté deux buts et gagné 3-2 ? ». Tous me répondent « oui ».

Et là, j’enchaine par une dernière question : « Selon vous, combien de temps il faut pour marquer un but en moyenne, que ce soit en phase de récupération, en attaque placée ou en transition ? » Ils me regardent tous, ils ne comprennent pas trop… Je leur dit alors : « Il faut 30 secondes en moyenne. Il reste 45 minutes, potentiellement on peut donc marquer 90 buts. Ce n’est pas 3 buts qui vont nous faire peur…»

Visiblement, vos mots ont fait mouche…
Les mecs s’attendaient à ce que je les pourrisse et je leur tiens ce discours. Il fallait juste que ce soit nous qui marquions le 3e but du match. A partir du moment où on arrivait à le marquer, cela pouvait faire basculer le match. Freddy Mbemba marque vers la 55e minute et ça bascule. Sur le moment, je ne me dis pas que c’est un match fondateur. Mais avec le recul, je m’en suis rendu compte. Car derrière, on gagne notre 4e et 5e victoires de suite à Sedan et face au Red Star. Mais pour moi, il y a un autre match qui a compté dans notre parcours.

Lequel ?
Contre Le Puy lors de la 31e journée. C’est celui qui vient après notre défaite à Martigues (1-0), qui arrivait après sept victoires consécutives. Le Puy, c’est certainement notre plus mauvais match, on n’a pas beaucoup d’occasions. Mais on le gagne 1-0 à la 75e minute. Ce match est très important car beaucoup de personnes pensaient qu’à partir du moment où on allait subir notre première défaite, on aurait du mal à s’en remettre et à rebondir. Mais cette victoire 1-0, elle nous a relancé. Elle nous a permis de remettre un coup et de finir comme on a fini. Personnellement, elle m’a rassuré sur la capacité de réaction du groupe. J’avais fait 7 matchs, 7 victoires avant Martigues. Je ne connaissais pas l’attitude de mes joueurs dans la défaite.

Lors de votre arrivée, vous avez effectué un choix fort en titularisant dans les buts Arnaud Balijon, presque 40 ans, à la place de Sullivan Péan ?
On sait que pour faire une saison exceptionnelle comme ça et réussir à monter, le gardien doit être une pièce maîtresse.

On ne peut pas monter si notre gardien ne nous gagne pas de points. Arnaud, il nous gagne les trois points contre le Red Star (1-0) et il a souvent été décisif.

Oui, c’était un choix fort. Mais il n’était pas évident. J’arrive le 1er mars. Le jeudi, je dirige mon premier entraînement. La première chose que je dis à Sullivan, qui était juste irréprochable jusque-là, c’est qu’il n’allait pas jouer le lendemain. Quand on est entraîneur, ce sont des moments qu’on n’aime pas trop sur le plan humain. Car on sait qu’on va faire du mal à un de ses joueurs.

Mais les faits vous ont donné raison…
Aujourd’hui, je suis content d’avoir effectué ce choix car ça a marché. Mais ce qui me rend encore plus content, c’est de voir Sullivan, qui a mis du temps à comprendre ma décision et c’est normal, partir en courant et célébrer avec ses coéquipiers nos buts lors des derniers matchs. Quand on réussit à emmener tout le monde, même des joueurs à qui on a fait beaucoup de mal sportivement, c’est ça la plus belle réussite d’un entraîneur.

Après cette montée, on imagine que vous allez continuer avec Dunkerque ?
J’avais une clause d’un an, elle est donc activée. Donc pour l’instant, oui je continue. Mais il faudra aussi que si le futur repreneur arrive, il veuille bien travailler avec moi. J’apprécie beaucoup la manière de travailler d’Edwin Pindi et de Jocelyn Blanchard. Quand on sent la confiance de ses dirigeants, c’est important.

On entend beaucoup parler des problèmes financiers de Dunkerque, de plaintes. Avez-vous des craintes ?
Moi, je profite de l’instant présent et je me projette pour préparer la saison en L2. Le reste n’est pas de mon ressort. Je n’ai pas fondamentalement de craintes pour la suite. C’est juste mon avis, mais déjà avec la manne des droits TV en L2, cela permettra au club de faire les choses de manière cohérente.

Votre derrière expérience en L2 a été écourtée avec un limogeage au SC Bastia en septembre 2021, cinq mois après votre montée. Y a-t-il chez vous une volonté de montrer ce que vous êtes capable de réaliser à ce niveau ?
Ma carrière, je l’ai toujours construite étape par étape. Je pense avoir prouvé ce que je sais faire dans le championnat National avec ces trois montées. Donc oui bien sûr, j’ai beaucoup de détermination et de motivation pour prouver ce que je sais faire à un niveau dessus. Parce que je pense que je le mérite, c’est tout.. Je mérite d’avoir cette opportunité de travailler sereinement en L2.

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent et @13heuresfoot

Photos : USL Dunkerque

  • Lire aussi – Edwin Pindi : « à Dunkerque, on a une identité forte ! »

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  • Lire aussi – Jean-Pierre Scouarnec : « Si on remonte, on sera mieux préparé » :

https://13heuresfoot.fr/actualites/jean-pierre-scouarnec-si-on-remonte-on-sera-mieux-prepare/

  • Lire aussi – Mathieu Chabert : « Châtearoux, le premier échec de ma carrière » :

https://13heuresfoot.fr/actualites/mathieu-chabert-chateauroux-le-premier-echec-de-ma-carriere/

L’entraîneur du récent champion de National et promu en Ligue 2 BKT revient sur la formidable montée historique de son club ! Le président Jacques Piriou et l’attaquant Antoine Rabillard refont eux aussi le fil d’une saison aux superlatifs inépuisables.

Au hit-parade des mots les plus entendus, samedi dernier à Guy-Piriou, à l’occasion de la fiesta organisée pour la montée en Ligue 2 de l’US Concarneau et, cerise sur le gâteau, pour l’officialisation de son titre de champion de National 2023, il y avait une grosse concurrence entre « historique », « incroyable », « magnifique », « extraordinaire » et « formidable ». Mais ça c’était au début. Parce qu’après, on n’entendait plus rien. Trop de bruit, trop de musique, trop d’ambiance. Trop… Trop bien !

Et franchement, il n’y avait plus non plus de grands mots pour le dire. A la place, le ressenti. Plus fort : des regards complices, des sourires qui s’étirent, du bonheur et de la joie qui débordent, du temps qui passe, ensemble, et du temps qui dépasse l’instant présent, des souvenirs de la saison qu’on se raconte, des matchs que l’on refaits, des mains qu’on serre très fort, des joues qu’on embrasse passionnément, des buts qu’on raconte et que l’on revoit : Antoine Rabillard à la 94e contre Bourg (victoire 2-1, journée 33) et à la 86e à Orléans (victoire 2-1, 34e et dernière journée) ! Des talents que l’on découvre : Amine Boutrah, le meilleur joueur du National et « petit prince » de Guy-Piriou ! Ou que l’on redécouvre : Fahd El Khoumisti, le meilleur buteur (16 buts) malgré son faux départ au Mans… Avec eux, Alec Georgen et Gaoussou Traoré forment le carré d’as de l’équipe-type de National dans laquelle Mamadou Sylla avait largement sa place. La fête ne l’oublie pas et les verres s’entrechoquent à la santé de l’USC en Ligue 2. La soirée ne faisait que commencer. Avec quelques rencontres au passage d’une division à l’autre (du monde « amateur » au professionnel)… Jacques Piriou, l’heureux président emblématique d’un petit club qui monte; Stéphane Le Mignan (Trophée du meilleur entraîneur), le coach aux deux accessions du National à la Ligue 2 (Vannes en 2008 et Concarneau en 2023) et au style de jeu (reconnu par ses pairs) qui a défrayé la chronique durant toute la saison. Et, pour conclure, Antoine Rabillard, « Rabi » la classe, qui a marqué l’histoire des Thoniers en ajoutant finalement deux buts décisifs dans un rôle de joker de luxe. Merci pour ce moment. C’était bien. Vraiment bien.

Le cap de bonne espérance pour les Thoniers !

La Ligue 2 ne fait pas peur à Jacques Piriou. « Quand on est monté en National en 2016 (avec l’entraîneur Nicolas Cloarec aux commandes), certains nous disaient que c’était trop haut pour Concarneau ! Résultat, on avait tout de suite été champion d’automne », rappelle le président de l’US Concarneau. Mais avec finalement une place de 11e, la poule retour de la saison 2016-17 avait été plus difficile pour les Thoniers qui ont ensuite trouvé leurs marques à ce niveau en se classant 13e (2017-18 et 2018-19) puis 11e (2019-20, saison interrompue en raison de la Covi-19) avant l’arrivée de Stéphane Le Mignan au poste d’entraîneur.
Depuis, les Concarnois se sont classés 5es (2020-21) et 4es (2021-22). Une montée en puissance qui les avait même laissés sur leur faim car, avant « d’échouer » au pied du podium la saison passée, après avoir longtemps trusté le podium, voire la place de leader… Exactement comme cette saison qu’ils ont finalement terminée en apothéose en décrochant la médaille d’or.
Après sept saisons consécutives en National, les Thoniers franchissent donc leur cap de bonne espérance en basculant pour la première fois de leur histoire dans le monde du football professionnel !

Stéphane Le Mignan : « Des moments très forts »

« En début de saison, on était parti avec un peu de déception par rapport à ce qu’il s’était passé quelques mois avant malgré un très bon championnat (l’US Concarneau avait fini 4e après avoir longtemps été leader). On savait qu’il y avait un gros danger en raison des nombreuses descentes. Alors vivre ce que l’on a vécu jusqu’au bout, jusqu’à la 34e journée et jusqu’à la 86e minute car on finit le championnat sur le but de « Rabi » (Antoine Rabillard), ce sont des moments très très forts, uniques, imprévisibles. C’est la beauté du foot. J’avais dit aux joueurs avant le match à Orléans qu’ils devaient être fiers de ce qu’ils avaient déjà fait, quelque soit l’issue de la soirée, fiers d’avoir joué à l’US Concarneau durant cette saison 2022-2023. Mais je voulais qu’ils soient fiers aussi après le match et ils l’ont été en donnant ce qu’il fallait. Je suis très content d’avoir eu ces joueurs-là qui ont adhéré à ce que l’on a mis en place. Même quand ça a été plus difficile durant l’hiver, on n’a pas lâché, on est resté sur les mêmes idées et ça c’est une grande fierté. »

« Le tournant du Puy »

« On savait qu’on arrivait au bout et ce n’est pas là qu’on est le mieux car on est gêné mentalement avec tout ce qui se passe dans l’environnement, ça se joue au mental plus qu’au niveau technique, on est tous un peu perturbé. Mais un des tournants de la saison, c’est quand on rentre au vestiaire après la défaite au Puy (2-1, 32e journée) et que l’on apprend que nos concurrents n’en ont pas profité, que les autres résultats nous sont même favorables et qu’on est toujours deuxièmes ! Là, ça nous a donné un coup d’énergie et je pense même que l’on ne serait jamais revenu si on avait perdu la 2e place ce soir-là. Les joueurs ont été formidables et l’un des exemples c’est Antoine (Rabillard), un joueur expérimenté qui a déjà connu une montée en Ligue 2 avec Béziers et qui jouait moins en fin de saison en raison de mes choix. Et quand je fais appel à lui en fin de matchs, il rentre en jeu avec une attitude formidable (double buteur sur les deux derniers matchs). »

« C’est l’attitude des joueurs qui nous a fait passer »

« Je crois que ce qui nous a fait passer cette année, c’est l’attitude des joueurs qui jouaient moins. Je pense à « Rabi » parce qu’il a été le plus visible en étant décisif et je suis très content qu’il rentre dans l’histoire du club avec ces buts-là. On a Fahd (El Khoumisti) qui est meilleur buteur, Amine (Boutrah) qui est meilleur joueur, mais derrière on a une attitude extraordinaire avec Ambroise Gboho, Georges Gope-Fenepej, Adrien Julloux, tous ces joueurs qui ont moins joué parce que l’équipe performait. Mais ils ont eu une attitude exceptionnelle jusqu’au dernier match. Tout le monde a compris le message : malgré les déceptions il fallait que l’on reste unis comme jamais. Quand on sent que les joueurs qui jouent moins vous soutiennent, ça crée beaucoup de choses, et je pense aussi aux jeunes qui étaient avec la Régional 1 et qui ont apporté leur touche technique et hissé le niveau des entraînements. On n’avait pas pas ça l’année précédente parce qu’on avait un groupe moins nombreux et je pense que c’est aussi une pierre importante à l’édifice de notre réussite. »

« Les travaux du stade ? Un énorme point noir »

« Maintenant, on sait très bien que c’est une histoire qui se finit quoi qu’il arrive parce qu’il y aura des modifications, mais il faut savourer et profiter pleinement de ce groupe qui a été exceptionnel et qui rend fier tous les Concarnois. Mais ce que l’on peut déjà dire c’est que d’attaquer la Ligue 2 sans pouvoir jouer chez nous en raison des travaux nécessaires à la mise aux normes de notre stade c’est un énorme point noir. »

Jacques Piriou : « Ce n’est pas volé ! »

Le président de l’US Concarneau s’est lui aussi confié après cette accession tant attendue : « On ne pouvait pas rêver mieux! Même si le final a été extrêmement stressant et angoissant, tout est bien qui finit bien. Quand on fait l’analyse de la saison, ça me semble mérité et je ne suis pas le seul apparemment à le penser car de nombreux présidents de club m’ont envoyé des messages pour nous féliciter et dire que cette première place était méritée. Ce n’est pas volé en tout cas. Il y avait beaucoup de tension chez les joueurs, on a essayé de détendre tout ça, de les mettre dans les meilleures conditions possibles, les encadrer, leur expliquer ce qu’était le club. On a fait des interventions avec les bénévoles, avec les éducateurs, moi-même je suis intervenu pour essayer de relativiser les choses… Mais il y avait un tel enjeu que ce n’était pas facile, on a essayé de faire le mieux possible et ça n’a pas trop mal marché. »

« Mon coeur a pris des coups »

« Au mois d’août, on était davantage dans la configuration de se demander comment on allait faire pour s’en sortir avec six descentes, mais au fur et à mesure de l’avancement du championnat, on croit de plus en plus en notre effectif, on croit en ce que l’on voit, et on s’aperçoit que l’on peut rivaliser avec n’importe quelle équipe de ce championnat. Une fois qu’on a compris ça, ça donne le résultat d’aujourd’hui. Mais à Orléans, mon coeur a pris des coups pendant une heure et demie, avec des hauts et des bas, j’avais hâte que ça se termine. »

« Boutrah ne sera plus là »

« On va savourer, se reposer, et se remettre vite à bosser avec le coach, sachant qu’Amine Boutrah ne sera plus là. Il a des clubs de Ligue 1, je m’en réjouis pour lui, je lui souhaite que ça aille dans le bon sens pour sa carrière, je pense que ça va le faire et qu’il montrera que son passage par Concarneau a été plus que bénéfique et qu’il retiendra tous ces moments d’émotion qu’il a vécus ici. »

Antoine Rabillard : « Personne n’a boudé dans cette équipe »

« Il faut profiter au maximum, ce sont des moments à vivre, des moments rares dans une carrière (il est déjà monté en Ligue 2 avec Béziers en 2018). J’ai moins joué en fin de saison, ce sont des choix du coach. Que l’on ne soit pas content c’est une chose, mais si on boude et que l’on ne fait pas le travail derrière, ça ne sert à rien. Il faut continuer à y croire, à espérer. Personne n’a boudé dans cette équipe, c’est ça qui est extraordinaire, il y a un groupe qui est vraiment uni depuis le début. On l’a senti. Que le groupe vive bien, c’est facile quand on gagne, mais même quand on a eu des moments plus difficiles, on est resté soudés et unis. Le coach a su créer un groupe et on y a toujours cru. C’est la récompense d’un travail de longue haleine qui avait débuté en juin. »

Texte : Denis Vergos / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter @2nivergos et @13heuresfoot

Photos : US Concarneau

A deux journées du baisser de rideau, le suspense reste entier pour l’accession en National dans trois des quatre poules. Les coachs des Herbiers et de GOAL Fc se livrent avant leur duel qui promet, demain.

Anthony Soubervie (BPFC 24). Photo Raccon’s Colors

« Quand tu as un mental de chips, tu peux éventuellement jouer les accessits mais pas la première place…. ». « J’ai compris qui a envie de monter ou pas! ». « Je suis dans une colère noire » (…) « On ne mérite rien ».

Ces propos, tenus sur Twitter à l’issue de la 28e journée de National 2, voilà quinze jours, émanent de Christophe Fauvel, le président de Bergerac, extrêmement déçu, c’est peu de le dire, après le match nul concédé à Moulins (2-2), alors que ses joueurs menaient 2 à 0 chez la lanterne rouge.

Une expulsion à la 70e et deux buts concédés ensuite ont fait reculer les joueurs d’Erwan Lannuzel à la 3e place, deux points derrières Les Herbiers et un point derrière GOAL FC, au pire moment.

Encore que, en matière de pire moment, le BPFC 24 en connaît un rayon pour avoir vécu la saison passée un scénario cruel et irrationnel, avec une accession en National qui s’est envolée à la 90’+7 de la dernière journée, sur le terrain du Puy-en-Velay, avec ce but ponot inscrit sur penalty de Mamadou N’Diaye face à Colomiers, qui envoyait les joueurs de Roland Vieira en National.

Revivra-t-on ce type de scénario cette saison ?

A Bergerac, l’accession s’est éloignée pour les joueurs d’Erwan Lannuzel mais tout est encore possible. Photo Raccon’s Colors

Rien n’est impossible. Surtout dans cette poule D où l’on assiste, depuis le début de l’année 2023, à un chassé-croisé entre GOAL FC, leader tout au long de la première partie de saison mais victime d’un gros trou d’air en mars, Bergerac, dont on ne compte plus le nombre d’occasions manquées au printemps, et Les Herbiers, que l’on a cru un temps sur la voie royale avant, eux aussi, de ralentir la cadence. Ce qui donne à l’arrivée un superbe sprint final.

A deux journées de la fin, donc, ce sont Les Herbiers qui ont les cartes en mains : deux succès et ils retrouveront le National, quitté en 2018 dans les conditions que l’on sait… Une finale de coupe de France le mardi perdue 2 à 0 au SDF face au PSG puis, trois jours après, une défaite 4-1 à Béziers, qui jouait sa montée en Ligue 2, et qui plongeait les Vendéens, jamais relégables, en N2, à l’issue d’incroyables concours de circonstances.

Il devrait donc y avoir beaucoup de monde demain au stade Massabielle pour cette « demi-finale » du championnat entre le leader et son dauphin. Une victoire des hommes de Laurent David, conjuguée à un nul ou une défaite du BPFC 24 à Andrézieux, les propulseraient en National.

Epinal-Fleury-Bobigny : l’autre match à 3 !

GOAL FC livrera une demi-finale demain aux Herbiers. Photo @maxifooto

A quelques jours de cette 29e journée qui sera peut-être décisive, nous avons demandé au trois coachs concernés par la montée de répondre à quelques questions. Si Laurent David (Les Herbiers) et Fabien Pujo (GOAL) ont joué le jeu, ce n’est malheureusement pas le cas d’Erwan Lannuzel, qui, d’accord sur le principe dans un premier temps, s’est ensuite excusé par texto de ne pouvoir répondre favorablement à notre requête : « La direction du BPFC 24 a décidé que le timing de communication n’était pas bon, et donc de laisser le club et les joueurs tranquilles durant cette période ». Dont acte…

Dans les trois autres poules, l’ont connaît déjà un promu en National : le FC Rouen (poule A). Dans la poule B, celle que l’on appelle communément la poule Sud, le MGCB (Marignane Gignac Côte Bleue) a lui aussi les cartes en mains : avec 5 points d’avance sur Lyon-Duchère, un succès demain au stade Saint-Exupéry face à Toulon enverrait les Aviateurs en National, eux qui ont déjà connu une première et courte expérience à ce niveau lors de la saison 2018-19. En cas de match nul ou de défaite, les Provençaux resteraient sous la menace des Lyonnais qui, dans le même temps, accueilleront Louhans-Cuiseaux.

Et si les deux équipes venaient à terminer ex-aequo en fin de saison (un nul et une défaite de Marignane, deux succès de Lyon Duchère), le goal-average serait favorable aux Rhodaniens, vainqueurs 2 à 0 à l’aller à Balmont et auteur d’un 0-0 au retour.

Enfin, dans la poule B, la situation est un peu comparable à celle de la poule D, avec trois équipes à la lutte pour l’accession et un chassé-croisé permanent. Et, comble du hasard là encore, un duel va opposer demain deux des trois candidats : Epinal, l’actuel leader, se déplacera à Bobigny; ça promet !!

Voilà, faites vos jeux, et n’écoutez pas ceux qui disent qu’à l’instar de la saison passée, ce n’est pas la bonne année pour accéder en National, avec encore 6 descentes l’an prochain ! Vous refuseriez, vous, de vous frotter à l’étage au dessus ?

Poule B

  • J29 – Samedi 27 mai : FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny (3e, 52 points) – Epinal (1er, 54 points); Saint-Geneviève – Fleury 91 (2e, 54 points).
  • J30 – Samedi 3 juin : Epinal – Lusitanos-Saint-Maur; Fleury 91 – Boulogne et Colmar – Bobigny.
  • Confrontations directes
    Fleury – Epinal 0-0 et Epinal – Fleury 2-1
    Fleury – Bobigny 2-0 et Bobigny – Fleury 5-0
    Epinal – Bobigny 1-4

Poule D

  • J29 – Samedi 27 mai : Les Herbiers (1er, 49 points) – GOAL FC (2e, 48 points) et Andrézieux (12e, 34 points) – Bergerac (3e, 47 points).
  • J30 – Samedi 3 juin : GOAL FC – Stade Bordelais ; Bergerac – Vierzon; Moulins-Yzeure – Les Herbiers.
  • Confrontations directes
    Les Herbiers – Bergerac 1-1 et Bergerac – Les Herbiers 0-1
    Bergerac – GOAL FC 2-2 et GOAL FC – Bergerac 0-0
    GOAL FC – Les Herbiers 0-2

INTERVIEWS

Fabien Pujo (GOAL FC) :

« Le favori, c’est Les Herbiers »

Trois équipes en 2 points à deux journées de la fin : sincèrement, vous attendiez-vous à ce scénario ?

Fabien Pujo, le coach de GOAL FC. Photo @maxifooto

Non, et ce malgré notre très bonne première partie de saison. Je pensais que Les Herbiers allaient faire cavalier seul quand, début 2023, ils sont venus gagner chez nous 2 à 0 puis à Bergerac 1 à 0 juste après. Cette équipe a réalisé une série de victoires et a montré qu’elle était la plus forte, donc je pensais qu’elle allait faire cavalier seul sur la phase retour mais l’irrationalité du football en a décidé autrement même si, au final, à 2 matchs de la fin, ils sont leaders… donc les meilleurs.

Des quatre poules de National, la vôtre est celle où le leader, et plus globalement les trois premiers, ont le plus petit nombre de points, et d’assez loin : est-ce que cela a une signification particulière ?

La réforme de la FFF a accentué la volonté de ne pas perdre. J’ai connu trois groupes de N2 : ce groupe « centre » est très homogène avec des équipes très bien organisés, des blocs très compacts. Les équipes ont décidé de placer la notion d’équilibre, la notion de protection de son but, la notion d’exploitation des espaces, la notion d’exploitation des erreurs au cœur de leur projet de jeu. On l’a vu en coupe de France, Les Herbiers, Vierzon, Chamalières, trois équipes de notre poule, ont brillé : ça montre la difficulté de gagner les matchs dans cette poule avec peu d’écart entre les équipes, et des matchs qui se jouent sur des détails.

A deux journées de la fin, quels peuvent être les (nouveaux) leviers à actionner au sein de l’équipe pour aller chercher cette première place ?

A deux journées de la fin nous sommes des chanceux car sur les 16 équipes au départ, on fait partie des 3 équipes qui jouent encore un match pour accéder en National donc ce n’est que du bonheur. Il n’y a plus de leviers si ce n’est profiter tous ensemble, être acteurs de cette fin de saison. Les joueurs, par leur mentalité, leur travail, leur performance, se sont donné le droit de vivre des émotions incroyables. Avec 17 nouveaux à l’intersaison, revivre ça dès la première année, c’est leur récompense et la récompense pour tout un club qui progresse.

Ne pas monter cette saison, serait-ce vécu comme un terrible échec ?
Non. Pas du tout. Déjà, en N2, il n’y a qu’une seule équipe qui monte, c’est très très dur. Donc quand on vit la saison que l’on réalise, le mot échec n’est pas approprié. Ce serait plutôt une déception. Le club progresse et si on ne monte pas cette saison, il poursuivra sa progression et fidélisera un groupe, ce qui n’a pas été le cas ces dernières années. On va essayer de bonifier tout ça. Je le répète, n’oublions pas qu’on a commencé la saison avec 17 nouveaux joueurs. Le club va améliorer ses infrastructures (stade, conditions d’entrainement). La réussite demande de la méthode et du temps. Le National 2, c’est très complexe. Regardez par exemple Toulon ou Andrézieux, qui luttent pour ne pas descendre. Donc non, ça ne serait pas du tout un échec de ne pas monter.

GOAL FC peut-il se servir de son expérience malheureuse de la saison passée (même si des joueurs ont changé, même si le staff a changé…) ?

Oui, je pense que ce que le club as vécu la saison passée permet de mieux appréhender les événements. On a eu une période très complexe sur cette phase retour et le club a montré une vraie solidarité envers le staff et le groupe pour trouver des solutions. Il y a eu un climat de grande sérénité qui a permis de toujours croire en nous et sûrement que la fin de saison dernière a permis à l’institution de gérer différemment cette période. De plus, le choix de mon profil et du profil de certains joueurs allait aussi dans ce sens car nous avons connu des montées par le passé, donc on peut mieux appréhender ce moment de la saison qui n’ a rien avoir avec le reste de la saison.

8 victoires, 5 nuls et 2 défaites lors de la phase aller (29 points), 5 victoires, 4 nuls et 4 défaites (dont 3 d affilée en mars) lors de la phase retour (19 points) : comment expliquer cette baisse de régime à l’approche du printemps ? Comment expliquer ce passage à vide en mars ?

C’est multi-factoriel, des absences de joueurs plus-value comme Camelo ou Reale, des blessures, des suspensions, des erreurs individuelles plus présentes, moins d’efficacité, des adversaires plus performants, une période hivernale plus longue avec des terrains de mauvaise qualité ce qui a compliqué la tâche de nos profils « type espagnol » et ce qu’on appelle le principe de progression qui n’est pas linéaire… L’Endurance de la performance collective, c’est un apprentissage qui demande du temps. Regardez Bergerac, qui a un groupe avec une durée de vie de 3 ans, l’an dernier ils se construisent dans le sprint final avec une énorme déception à l’arrivée et cette année peut-être que ce qu’ils ont vécu ensemble ne suffira pas… Il faut être très performant dans ce money time. Alors qu’après notre confrontation ils étaient leaders à 5 matchs de la fin, là ils restent sur 3 nuls… Tout ne s’explique pas dans le football. J’aime bien quand Michel Platini dit que le football est irrationnel.

Sachant qu’une défaite aux Herbiers serait éliminatoire, et qu’un nul peut faire l’affaire de Bergerac si ils s’imposent, doit-on s’attendre à une partie « ouverte » en Vendée (J29) ? Quel souvenir du match aller ?

Avec la meilleure attaque à domicile, Les Herbiers, marquent 1 but toutes les 46 minutes chez eux donc oui il y aura des buts car leur modèle de jeu est remarquable, basé sur la volonté de marquer 1 but de plus que l’adversaire : ça tombe bien, nous aussi on est sur cette philosophie de jeu ! De plus, notre position nous oblige à gagner pour continuer à croire que le rêve peut devenir réalité. Au match aller, cette équipe a démontré qu’elle était plus forte que nous (2 à 0 pour Les Herbiers) donc ce n’est pas un « super » souvenir, notamment avec ces 2 penaltys sifflés en 20 minutes : j’espère que le match retour ne se jouera pas sur un penalty.

De l’extérieur, on a vraiment l’impression que tout est possible, que tous les scénarios sont possibles, en même temps, la lutte pour la 1re place peut aussi s’arrêter samedi : avez-vous des convictions sur cette fin de saison, comment la voyez-vous, comment l’imaginez ?

Je suis entraîneur, pas voyant ni magicien ! Nous voulions jouer le sprint final nous y sommes et cerise sur le gâteau, nous jouons un super match aux Herbiers à deux matchs de la fin, sur une terre de football, sur une magnifique pelouse, avec, je l’espère, du monde au stade contre la meilleure équipe de la poule ! C’est incroyable ! Nous aurions signé tout de suite en début de saison pour vivre tous ensemble cette story !

Qu’est-ce qui peut faire la différence ?

Ce qui peut faire la différence c’est que l’arbitre nous aide (sic) et que l’on se retrouve pas à 10 comme à Chamalières car cela deviendrait mission impossible, et aussi que Les Herbiers décident de déjouer et de défendre leur point d’avance et de nous donner de la force en nous laissant le ballon … Ce sera très compliqué, car à ce moment de la saison dans un stade plein totalement acquis à la cause du leader, réaliser un exploit serait une sorte de miracle pour nous.

Le favori, c’est Les Herbiers ?

Oui, comme je te l’ai déjà dit, quand une équipe va gagner à Bergerac et à Goal FC, eh bien elle a démontré que c’est elle la plus forte.

Vous avez été absent durant cette semaine de préparation avant Les Herbiers : est-ce un handicap dans le money time ?

C’est vrai que je suis à Clairefontaine pour ma semaine 1 du BEPF. Ce n’est pas idéal mais d’un autre côté, cela peut casser la routine. J’ai une totale confiance dans tout mon staff, dans mon groupe de joueur et dans mon club sur ce sprint final.

Allez-vous changer vos habitudes ?

Nous avons modifié certaines semaines avec des séances plus courtes en volume tout en gardant l’intensité, moins de complexité pour retrouver de la fraîcheur psychologique. Nous avons passé une soirée à Lyon tous ensemble autour d’un match de Ligue des champions renforcer la cohésion. Nous avons aussi effectué deux séances à 6h du matin dont une sur une forme de méditation pour prendre conscience de la chance que nous avions de vivre de notre passion et que seul le travail, l’implication, la persévérance, la discipline, la rigueur, la confiance, une mentalité collective commune conduit vers la réussite …

Laurent David (Les Herbiers) :

« Favoris nous ? Oui et non… »

Trois équipes en 2 points à deux journées de la fin : sincèrement, vous attendiez-vous à ce scénario ?

Laurent David, le coach des Herbiers. Photo Philippe Le Brech

Non. Mais voir Goal FC et Bergerac en haut oui car en termes de vécu et de moyens, ils ont les arguments pour prétendre à jouer la montée. Aux Herbiers, on est parti d’une page blanche avec 16 nouveaux joueurs et un nouveau staff. 80% du groupe a été renouvelé. Mais depuis décembre, on a su intégrer les premières places donc pour répondre à la question je dirais « oui » depuis décembre.

N’est-ce pas « miraculeux » ou plutôt inespéré de retrouver Les Herbiers en position d’accession à deux journées de la fin alors que votre équipe n’a remporté qu’un seul match entre la J19 et J26 (1v 4n et 3d) ?

Miraculeux ? Chaque équipe a connu un trou d’air dans la saison. Dans notre mauvaise période de la Journée 19 à la Journée 26, on a connu 3 défaites sur nos 5 de cette saison. Le groupe D est très homogène et on n’a pu avoir la chance que personne ne s’échappe.

A deux journées de la fin, quels peuvent être les (nouveaux) leviers à actionner au sein de l’équipe pour aller chercher cette première place ?

Des nouveaux leviers ? Non… On ne doit rien changer à notre philosophie de jeu, à nos principes très précis depuis le début de saison. On doit continuer sur cette voie-là.

Comment allez-vous préparez ces deux derniers matchs de la saison ? Allez-vous changer des choses ?

La préparation de nos deux derniers matchs ne change pas. Pourquoi tenter des choses alors que l’on a nos certitudes ?

Des quatre poules de National 2, la vôtre est celle où le leader, et plus globalement les trois premiers, ont le plus petit nombre de points, et d’assez loin : est-ce que cela a une signification particulière ?

Je n’en ai aucune idée ! La différence se fait au niveau des victoires (3 en moyenne de plus pour les autres groupes). Dans notre groupe D, tout le monde peut battre tout le monde. C’est peut-être une explication quant au nombre de points.

Les Herbiers a eu plusieurs occasions de creuser un petit écart sur ses deux principaux poursuivants, de faire un petit break : pourquoi n’y est-elle pas parvenue ?
On a eu l’occasion de creuser l’écart, oui, mais on a connu beaucoup de blessures et de suspensions pendant cette période. Et l’on a affronté des adversaires de qualité qui nous ont empêché d’y arriver.

Ne pas monter cette saison, serait-ce vécu comme un terrible échec ?
Non car ce n’est pas programmé, contrairement à nos adversaires. Ce serait plutôt une déception si on échouait si proche du but.

Sachant qu’une victoire des Herbiers à la J29 face à GOAL FC éliminerait les Lyonnais de la course, un nul suffirait alors à la J30 : est-ce le tableau de marche envisagé ?
On n’a pas de tableau de marche non. Il reste deux matchs que l’on va essayer de gagner. Il n’y a pas de calcul à faire. Chaque match aura sa vérité.

De l’extérieur, on a vraiment l’impression que tout est possible, que tous les scénarios sont possibles, en même temps, la lutte pour la 1re place peut aussi s’arrêter à la J29 : avez-vous des convictions sur cette fin de saison, comment la voyez-vous, comment l’imaginez ?

Oui, c’est vrai que tout est possible sur cette fin de saison. Mais je n’ai pas de convictions. La seule certitude que j’ai, c’est qu’il faut gagner nos deux derniers matchs pour parvenir à monter.

Dans un mini-championnat à 3, Les Herbiers est pour l’heure devant GOAL FC et Bergerac : les plus forts, les favoris, ce sont Les Herbiers ?

Si on est favori ? Oui et non. Oui car aujourd’hui on est leader et non car face a Goal et son budget et Bergerac et son expérience, on en est loin.

Concrètement, qu’est-ce qui peut faire la différence ?

La différence ? Honnêtement, je sais pas !!! On doit se concentrer sur notre jeu et être le plus performant possible.

Allez-vous changer des habitudes ou vos habitudes pour ce sprint final ?
Non, aucun changement de prévu.

Textes : Anthony BOYER

Mails : aboyer@13heuresfoot.fr / contact@13heuresfoot.fr

Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Photos : GOAL FC / Maxifooto ; BPFC 24 / Raccon’s Colors ; Philippe Le Brech

Après trois saisons en Ligue 2 au Paris FC et à Dunkerque, le milieu de terrain de 27 ans a connu le chômage pendant six mois, avant de finir la saison au Paris 13 Atletico, 17e de National et relégué N2. Il espère rebondir en L2 ou à l’étranger.

Au Paris 13 Atletico. Photo Philippe Le Brech

« Personne ne m’a jamais fait de cadeau, mais je suis le genre de personne qui, lorsqu’elle prend un coup, n’abandonne jamais, se relève et repart au combat. » La carrière de Mario-Jason Kikonda, milieu de terrain du Paris 13 Atletico (National) a été jalonné d’embûches.

Après avoir quitté la Seine-Saint-Denis et sa famille à 16 ans pour aller jouer dans des clubs amateurs en province (Montceau, Vannes), il a explosé en 2019 à Concarneau en National.

Cette demi-saison lui a permis de signer, à 23 ans, un premier contrat professionnel au Paris FC. Mais après trois bonnes saisons en L2 (PFC puis Dunkerque), le natif du Mans a connu le chômage pendant six mois. En janvier dernier, il a rejoint le Paris 13 Atletico (National) pour se relancer. Un club qu’il va quitter après sa relégation en National 2 et qui ne jouera plus rien vendredi soir, lors de la 34e et dernière journée de championnat, contrairement à son adversaire, Châteauroux, à la lutte pour le maintien. Il espère retrouver le monde professionnel en France ou à l’étranger. Pour 13HeuresFoot, il s’est longuement confié sur son parcours, plutôt inspirant.

« Je suis parti à 16 ans du 93 pour aller à Montceau, un club amateur »

Au Paris 13 Atletico. Photo Philippe Le Brech

Mario-Jason Kikonda a grandi dans une famille nombreuse congolaise-angolaise en Seine-Saint-Denis. Il a effectué ses débuts au Blanc-Mesnil puis a signé au Bourget en U14. Mais sans attirer des clubs professionnels. « À un moment, j’avais complètement décroché du foot, avoue-t-il. Je voyais mes amis avec qui je jouais partir dans des clubs pros mais moi, je n’avais rien. Avec le recul, j’ai compris que dans la vie, on avait chacun son propre chemin à tracer. Finalement, si j’étais moi aussi parti en centre de formation à 15 ans, est-ce que j’aurais été le même homme aujourd’hui ? Je ne le pense pas. J’ai transformé tout le négatif qui m’est arrivé en force positive. »

A 16 ans, Kikonda n’avait pas hésité à quitter la Seine-Saint-Denis pour un club amateur, à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire. « Montceau, ça m’est tombé dessus un peu par hasard. J’avais la volonté de quitter la région parisienne mais je ne pensais plus trop au monde pro. Montceau, c’était dur mais je n’avais pas le choix. Ça m’a fait quand même un choc par rapport à la région parisienne. Je jouais en U17 nationaux, c’était bien, mais le club n’était pas structuré pour accueillir un jeune comme moi de 16 ans. C’était bancal. Je dormais chez des joueurs en attendant d’être logé par rapport à l’école. »

« A Vannes et Concarneau, je me suis senti comme chez moi en Bretagne »

Avec le Martégal Mohamed Mara. Photo Philippe Le Brech

Après à peine deux mois à Montceau, il décide donc de quitter le club. Il rejoint Vannes où vit l’un de ses frères. Le club breton, ancien pensionnaire de Ligue 2 et finaliste de la Coupe de la Ligue en 2009 face à Bordeaux, vient de déposer le bilan et est reparti en DSE (en dessous de la DH).

« Mais il avait gardé de bonnes structures et aussi des U17 et des U19 nationaux », explique Kikonda qui va ensuite participer à la remontée du club. « J’étais capitaine en U19 puis j’ai vite intégré l’équipe première. Tout s’est passé merveilleusement bien. Il y avait beaucoup d’anciens qui avaient connu la L2 ou le National avec Vannes et qui étaient restés comme Franck Dufrennes, Erwan Quintin, Pierre Talmont, Jean-François Bédénik ou Florent Besnard. Ils nous ont vraiment bien encadrés, nous les jeunes. Grâce à eux, j’ai beaucoup appris et grandi. Je reste un Parisien mais au fil des années, je me suis senti comme chez moi en Bretagne. »

Au Paris FC. Photo Philippe Le Brech

Après plusieurs montées, il quitte Vannes, alors en National 2, pour Concarneau, en National en décembre 2018 : « Je l’ai remarqué lors d’un PSG – Vannes en National 2. Je n’étais pas venu pour lui mais pour voir Diego Michel dont je m’occupais. Mais je l’ai vite remarqué. Il avait la maturité, la vision du jeu, la qualité technique. Pour moi, il était bien meilleur que certains qui jouent en Ligue 2. Il n’avait rien à faire en N2 », nous expliquait Jean-Charles Parot son ancien agent.

Kikonda n’a eu besoin que de quelques matchs pour totalement éclater en National. « Mon objectif était de tout cartonner pendant 6 mois à Concarneau puis de partir, avoue-t-il. Le National est davantage regardé et ça m’a donné plus de visibilité. »

« Une fierté de revenir chez moi à Paris pour un contrat professionnel »

Au Paris 13 Atletico. Photo Philippe Le Brech

A la fin de la saison 2018-2019, les sollicitations affluent : Ligue 2, Angleterre, Belgique, etc. Mais il est freiné par une blessure. « Ca a fait fuir plusieurs clubs. J’ai commencé la saison en National en jouant les deux premiers matchs puis je me suis encore blessé. J’étais assez nerveux car je voulais partir. Concarneau a aussi repoussé plusieurs offres de clubs. »

C’est le Paris FC qui parvient à arracher la décision à la fin du mois d’août pour un transfert de 120 000 € (plus bonus) et un contrat de 3 ans. Après six ans en Province, Mario-Jason rentre chez lui en région parisienne.

« J’avais bien aimé le parcours du Paris FC la saison précédente (barragiste), je ne voulais pas aller trop vite dans un club plus huppé et c’était Paris. C’était le meilleur choix car ça m’a rapproché de ma famille même si j’ai toujours eu l’habitude de me débrouiller seul. Je suis revenu à Paris pour un contrat pro. C’était aussi une fierté. Après, pouvoir jouer devant sa famille, ses proches, ce n’était que du bonheur. Mes parents pouvaient enfin venir me voir jouer au stade alors que c’était forcément plus compliqué quand j’étais en Bretagne. »

A Dunkerque la saison passée. Photo USLD.

Au Paris FC, Kikonda va disputer 39 matchs de L2 lors de ses deux premières saisons. Mais sans pouvoir s’imposer comme un titulaire indiscutable et sans passer le cap attendu malgré plusieurs prestations convaincantes. « Je suis un joueur qui a besoin d’enchainer les matchs pour garder le rythme, plaide-t-il. Au Paris FC, j’étais à chaque fois dans le groupe mais je ne débutais pas toujours. Ça m’a un peu freiné. J’ai des regrets de ne pas avoir joué plus. Il m’a manqué ce petit déclic. Mais je ne rejette la faute sur personne. Certainement que j’aurais pu faire mieux. »

tAu Paris FC, Thierry Laurey a remplacé René Girard au début de la saison 2021-2022. Mais lors des deux premiers matchs à Grenoble, puis face à Dunkerque, il ne rentre que pour 16 puis 5 minutes. « Là, j’ai compris que ça allait être compliqué pour moi. La saison ne partait pas très bien. Je me suis dit qu’il valait mieux partir. »

« Le chômage, c’est comme si tu prenais une balle… »

Avec Paris 13 Atletico. Photo Philippe Le Brech

Le 30 août 2021, dans les derniers jours du mercato, il signe un contrat d’un an (plus une autre année en option) à Dunkerque (L2). Il dispute 28 matchs dont 20 comme titulaire. « Sur le plan personnel, je pense avoir rendu une copie correcte. J’étais bien à Dunkerque. Malheureusement, on est descendu en National. Mon option d’un an ne marchait qu’en cas de maintien. »

Au mercato, son entourage et lui étaient davantage focalisés sur un départ à l’étranger. Il est tout près de signer au Manisa FK (Division 2 Turque) où évolue son ancien coéquipier du PFC, Marvin Gakpa. Mais le dossier capote au dernier moment.

Avec Vannes. Photo Philippe Le Brech

« Ca m’a desservi de regarder davantage vers l’étranger. J’ai perdu du temps, ça m’a fermé des portes en France. J’ai eu des discussions mais les effectifs étaient déjà complets presque partout. J’ai compris que j’allais entrer dans une grosse galère. »

Pour la première fois de sa carrière, il connaît donc le chômage. « C’est un peu chaud. Tu te prends une balle dans la tête (sic)… Ce n’est pas que j’avais un très grand train de vie avant, mais tout change… Sur le plan financier, on est obligé de faire davantage attention. Tu réalises mieux la valeur des choses. C’était une période assez difficile. Mais comme souvent, j’ai réussi à transformer cette période sombre en positif. Je me suis marié en décembre, mon frère aussi s’est marié. Les préparatifs, ça m’a permis de penser à autre chose. »

« Je suis déjà content d’avoir pu jouer avec le Paris 13 Atletico »

Au Paris FC. Photo Philippe Le Brech

Niveau football, il est approché par le Paris 13 Atletico. « Au départ, ils voulaient me faire signer. Je n’étais pas trop pour. Mais ils m’ont dit, viens t’entraîner avec nous, pour connaître le club et le groupe. J’ai apprécié leur proposition. Ils m’ont tendu la main. Au final, j’ai signé au mois de janvier. J’ai fait des sacrifices financiers. Mais c’était la meilleure option pour me relancer cinq mois. L’étranger, c’était encore le bazar (sic) et c’était compliqué de m’organiser pour un départ. Il valait mieux que je reste sur Paris. »

Au Paris 13 Atletico, l’impossible pari du maintien n’a pas été atteint. Mais lui a pu enchainer les matchs, marquant même deux buts. « J’ai eu du mal au début car je n’avais pas fait de préparation. Je me sens de mieux en mieux, j’ai retrouvé les jambes. Mais je suis déjà content d’avoir pu rejouer. Au Paris 13, les conditions sont un peu spéciales mais il faut savoir s’adapter. Avec une vraie préparation, cela aurait été un autre Kikonda ! Mais j’ai pris conscience que, sans préparation, je ne pourrais pas réaliser de grosses performances sur le terrain. »

« Ce qui m’a permis d’avancer, c’est mon caractère »

Avec Vannes. Photo Philippe Le Brech

Les prochaines semaines seront cruciales pour lui. « Le mercato de l’an dernier va me servir de leçon. Je veux rester dans une certaine logique. Certains coachs me connaissent déjà après mes trois saisons en L2 avec le Paris FC et Dunkerque. Le fait d’avoir rejoué avec le Paris 13 Atletico à un certain niveau peut les conforter dans l’idée que je suis toujours là et pas fini… Il y a déjà quelques discussions. On verra bien. Mais j’espère pouvoir être fixé rapidement pour ne pas connaitre encore ce que j’ai vécu l’an dernier. »

Comme à son habitude, il ne lâchera rien. « Quand je me retourne sur mon parcours, je suis assez content. Je suis parti de très loin mais j’ai réussi à faire ma carrière. Le foot, c’est un milieu spécial. Il y a des hauts et des bas. Il faut savoir profiter des bons moments et toujours se battre. Je ne regrette rien. Ce qui m’a toujours permis d’avancer, c’est mon caractère. Je suis solide dans ma tête et je me suis toujours accroché. »

Mario-Jason Kikonda, du tac au tac

Avec Vannes. Photo Philippe Le Brech

Votre meilleur souvenir ?
Les montées avec Vannes. C’était exceptionnel. Après, mes meilleurs souvenirs sont aussi liés à des ambiances, des stades pleins. C’est ça qui rend le foot magnifique. J’ai bien aimé l’ambiance à Guy Piriou quand je jouais à Concarneau. En Ligue 2, je me souviens que lors de certains déplacements, à l’échauffement, il m’arrivait juste de regarder les tribunes et de sourire bêtement en voyant les gens chanter. Jouer à Bollaert par exemple, c’est quelque chose…

Votre pire souvenir ?
Pas de match en particulier. Mais forcément la situation que j’ai vécue lors des six premiers mois de cette saison. Quand tu es au chômage, ça fait quand même réfléchir.

Vos qualités et défauts ?
Ma qualité, c’est mon énorme mental. Dans ma tête, je suis solide. C’est ce qui m’a permis de surmonter ce que j’ai traversé lors de mon parcours qui n’a pas toujours été facile. Quant à mes défauts, ce n’est pas à moi de les juger.

Avec Vannes. Photo Philippe Le Brech

Votre geste préféré ?
La passe cachée. Celle qui casse bien les lignes. Je trouve ça trop magnifique.

Votre plus beau but ?
Je ne marque pas beaucoup mais l’un est resté dans ma tête. C’était avec Vannes, le lendemain de mon 22e anniversaire, le 21 avril 2018. Si on gagnait, on était champion et on montait en N2. Je suis à 30 mètres Je reçois une passe en retrait de Franck Dufrennes . Je crochète un défenseur, puis je trébuche sur la balle. Mais j’arrive à me redresser et j’envoie une frappe de loin en lucarne. J’avais ouvert le score et on gagne 5-0 face à Dinan-Léon.

Votre geste défensif le plus mémorable ?
C’était lors d’un Lens – Paris FC à Bollaert le 28 septembre 2019. C’est mon 4e match avec le Paris FC. On n’est pas très bien classé. J’ai récupéré le ballon in-extremis face à un Lensois. Je tacle, je mets mon corps en opposition puis je récupère le ballon. Ça se finit en jeu long pour mon attaquant Romain Armand qui réduit le score. Mais on perd 2-1.

A Concarneau. Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
A mon échelle à l’époque, c’est Franck Dufrennes à Vannes. C’était un ancien pro (Dunkerque, Raon, Colmar, PSG). Tout ce qu’il faisait sur le terrain, ça paraissait trop facile, il avait des gestes incroyables. Moi, j’étais jeune, je ne connaissais pas grand-chose au milieu du foot, il m’a tout expliqué.

L’entraîneur qui vous a marqué ?
Laurent Hervé à Vannes. Je l’ai eu en U19 puis en équipe première. Il a fait énormément pour moi.

L’entraîneur que vous ne voulez pas recroiser ?
Moi je suis quelqu’un de tranquille et pas prise de tête. J’ai toujours accepté ce que me disaient mes entraîneurs et respecté leur choix. Je n’ai jamais eu de souci avec eux.

Le président qui vous a marqué ?
Ceux que j’ai connu à Vannes et Concarneau. Ils ont toujours été là pour moi.

Au Concarneau. Photo Philippe Le Brech

Vos amis dans le football ?
J’en ai énormément. J’ai gardé beaucoup de contacts avec mes anciens coéquipiers. Notamment ceux du Paris FC. On était une vraie famille.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Il y en a quelques-uns de très connus…

Mais par rapport à la Coupe du monde et à sa saison en Allemagne, je dirais Randal Kolo Muani. On vient tous les deux de la région parisienne et on avait même joué l’un contre l’autre en N2 lors d’un Vannes – Nantes.

Vos occupations en dehors de foot ?
Je suis quelqu’un de très casanier et posé. J’aime bien rester tranquillement à la maison pour me reposer.

J’aime bien les lendemain de match où il n’y a pas d’obligation. Priorité à la récupération ! Je regarde la TV, du foot mais pas seulement.

Avec Vannes. Photo Philippe Le Brech

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
J’aurais continué dans la branche de mes études, électricien. J’ai gardé quelques bases. Mais je ne suis pas apte pour faire un chantier.

La région parisienne, la Bretagne ou le Nord ?
Paris, c’est chez moi. Le Nord, Dunkerque, ça a été rapide, moins d’une saison. J’ai bien aimé la Bretagne. J’étais bien là-bas. Ils ont l’accueil dans le sang. Ils m’ont vraiment mis bien.

Texte : Laurent Pruneta

Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr

Twitter : @PrunetaLaurent et @13heuresfoot

Photos : Philippe Le Brech

Avec Vannes. Photo Philippe Le Brech

 

L’ex-gardien de but professionnel (National, Ligue 2, Ligue 1) a bien géré son après-carrière. Reconverti dans la gestion de patrimoine, il est aussi arbitre central en National 2 ou 4e arbitre en Ligue 2 le week-end ! Entretien.

Sous le maillot du FBBP01, en Ligue 2. Photo Philippe Le Brech

Riche, atypique, à son image. Voilà comment on peut résumer la carrière de Gaëtan Deneuve. Le gardien de but baigne depuis tout petit dans le football. Formé au Havre, il a connu 8 clubs, du Régional 3 à la Ligue 1 en passant par les deux championnats qu’il connaît le mieux : le National et la Ligue 2.

Freiné par les blessures, embêté par la concurrence à son poste si particulier, le natif de Harfleur (à côté du Havre), âgé de 38 ans, s’est toujours frayé un chemin pour atteindre ses objectifs et s’imposer dans la majorité des clubs où il est passé.

Le Normand s’est longuement confié sur sa grande passion pour le ballon rond, son parcours, sa reconversion professionnelle et… l’arbitrage, un autre volet qu’il a découvert après avoir raccroché les gants ! Du coup, c’est lui qui siffle le top départ de l’entretien !

Sous le maillot du FBBP01, en Ligue 2. Photo Philippe Le Brech

Dans votre carrière, il y a ce passage singulier où vous quittez un club de Ligue 1 pour rejoindre Goderville en… Régional 3 ! Comment expliquer ce cheminement ?
Le cheminement est fou. Je fais mon année à Brest en Ligue 1 où je suis doublure. Le lendemain d’un match en fin de saison à Marseille, on fait un décrassage et je ressens une douleur au dos intense qui me pousse en dehors des terrains jusqu’à la saison suivante.

Pendant les vacances, Brest recrute un 2e et un 3e gardien alors que je suis toujours absent à cause de ma blessure. En revenant, je serai potentiellement 4e dans la hiérarchie. Brest estime que l’opération n’est pas nécessaire mais je souffre toujours. Je fais un gros programme de musculation, des infiltrations, on essaye tout, sans succès. Je demande alors au président de résilier. Je connaissais très bien le docteur du HAC qui avait vu mes IRM et disait qu’il fallait que je sois opéré.

Avec le FBBP01, en Ligue 2, en août 2017. Photo Philippe Le Brech

Alors je retourne sur Le Havre, je me fais opérer à Paris et je reviens assez vite. Michel Courel était toujours l’entraîneur des gardiens du centre de formation, le président était également le même. Ils décident de m’accueillir pour que je puisse m’entraîner avec la réserve. On était en cours de saison, j’étais libre de tout contrat et je savais que je ne pourrais pas retrouver un club tout de suite. Je pouvais alors signer dans un club de Ligue (niveau « régional ») en sachant que le plus important était de pouvoir m’entraîner normalement avec la réserve tous les jours et jouer le week-end pour reprendre des repères, même si c’est à un plus bas niveau.
Alors je suis parti retrouver tous mes amis d’enfance qui jouaient à Goderville, près de Fécamp. J’ai retrouvé une vie normale, une vie d’adolescent que je n’avais jamais eu. J’ai décidé de signer avec eux en R3, en plus ils jouaient la montée ! Je suis passé de la Ligue 1 à la R3 ! J’étais un petit peu l’attraction du week-end. En tout cas, je regrette pas du tout. Je ne pense pas que beaucoup de joueurs l’auraient fait.

« J’aurais aimé être pro au Havre »

Sous le maillot de Fréjus/Saint-Raphaël, en National. Photo Philippe Le Brech

Vous auriez aimé jouer au Havre en pro, dans le club formateur ?
Oui j’aurais aimé être professionnel au Havre. Malheureusement, il n’y avait pas de place pour moi à l’époque : il y avait Douchez, Kaméni, Mandanda, c’était très compliqué.

Vous avez envisagé un retour ?
Le retour aurait pu être possible quand je m’entraînais avec la réserve du Havre et que je jouais à Goderville. En fin de saison, Christophe Revault, le directeur sportif (Revault est décédé en mai 2021 à l’âge de 49 ans, Ndlr) me propose de prendre une licence amateur pour jouer en réserve et l’encadrer. Au final, je signe à Fréjus en National mais s’il n’y avait pas eu cette proposition, je serais resté au Havre. En plus, derrière, il y a eu une hécatombe chez les gardiens, Brice Samba, Johnny Placide, ils sont tous partis d’un coup. Je suis persuadé que j’aurais pu « enquiller » avec les pros, mais ça on ne le saura jamais.

Un pré-contrat à Amiens mais pas de contrat !

Photo Philippe Le Brech

Vous avez ensuite joué contre Le Havre, en Ligue 2, avec Châteauroux…
Châteauroux… où je ne devais pas venir ! J’avais signé un pré-contrat à Amiens (L2). C’était lors de ma dernière année à Cherbourg, en 2007, j’avais 21 ans, j’étais jeune et ça faisait déjà 3 ans que je jouais en National, donc j’étais scruté.

Je signe à Amiens et deux semaines après je me casse le scaphoïde lors d’un match à Cannes avec Cherbourg, en février (3-1). Amiens me dit de me soigner et de faire un bilan en fin d’année avec eux. Quand j’y vais pour signer mon contrat, ils me font une nouvelle radio et voient que le poignet est encore un peu fracturé. Ils commencent à « chipoter », à avoir peur pour le début de saison. Ils hésitent à prendre un autre gardien. Mon agent leur dit qu’on a d’autres clubs qui me veulent donc on ne va pas signer. Finalement, je pars 5 jours plus tard à Châteauroux (L2), où ils regardent la radio et décident de me faire confiance malgré le trait de fracture visible car je leur indique que je n’ai plus de douleurs.

Là, à Châteauroux, vous faites de belles saisons…
J’ai 3 ans de contrat, je fais les 3 ans. Des choses bonnes, d’autres moins. Parfois titulaire, parfois remplaçant. J’étais avec un gardien d’expérience, Vincent Fernandez, qui a joué au PSG. Ce n’était pas facile tous les jours car il fallait gagner sa place mais j’ai tout de même pris beaucoup de plaisir.

« Pour un gardien, c’est plus compliqué de changer de club »

Photo Philippe Le Brech

Le marché des gardiens, c’est très particulier d’ailleurs…
C’est très compliqué. C’est pour ça qu’on voit beaucoup de gardiens qui restent longtemps dans des clubs. Par exemple, Anthony Lopes à Lyon pourrait jouer plus haut mais c’est compliqué de changer. Parfois, il vaut mieux ne pas prendre de risques et rester dans son club où on sait que l’on va jouer. Mandanda, quand il part de Marseille pour l’Angleterre, un an après il revient. Des gardiens français qui arrivent à s’imposer à l’étranger, mis à part Lloris ou Barthez, je n’en vois pas beaucoup.

Vous semblez être hyperactif, dynamique. C’est quelque chose qui rejaillissait sur le terrain ? Est-ce compatible avec le rôle de gardien ?
Les jours de match, j’étais plutôt posé et concentré. Par contre, la semaine, mon hyperactivité pouvait me faire dégoupiller. Je n’acceptais pas de perdre des jeux, de ne pas être bon de temps en temps, même à l’entraînement. Parfois, les fils pouvaient se toucher mais je me calmais vite. Je me suis aussi calmé avec l’âge. Jeune, j’ai tapé plusieurs fois dans les poteaux, ce qui m’a valu de me blesser d’ailleurs.

« Ma plus grande fierté c’est d’avoir fait carrière. »

Photo Philippe Le Brech

Votre plus grande fierté de footballeur ?
C’est d’avoir fait carrière. Je n’étais pas prédestiné pour ça. Au centre de formation du Havre, j’étais un bon gardien mais pas un grand gardien, pas un gardien sûr de devenir professionnel. J’étais avec Mandanda, toujours derrière lui. Je n’ai jamais lâché, j’ai toujours travaillé très dur. Je suis assez fier de ça. Je suis parti jeune de chez moi, à l’âge de 10 ans. A 14 ans j’ai perdu mon papa, ça a été difficile. Il m’a toujours suivi parce qu’il adorait le foot. Je me suis alors juré de tout faire pour réussir quoi qu’il arrive.

A partir de ce jour-là j’ai bossé deux fois plus. Je restais deux fois plus sur le terrain, le soir je faisais de la musculation jusqu’à tard le soir. Ma fierté, c’est ça : avec mon petit niveau, d’avoir fait une carrière correcte où j’ai duré 14 ans. Ce n’est pas donné à tout le monde.

Et vous avez fait le choix d’arrêter votre carrière à la fin de ces 14 ans…
Oui j’ai décidé moi-même d’arrêter après ma dernière année à Bourg-en-Bresse (Ligue 2, saison 2017-18) pour plusieurs raisons. Déjà, physiquement, ça devenait compliqué. J’ai fait deux insertions du quadriceps et j’avais régulièrement des problèmes de dos. Aussi, je voulais prendre cette passerelle de l’arbitrage qui m’intriguait et qui était limitée à l’âge de 33 ans. Donc tout correspondait. Ma dernière année de Ligue 2, on est descendu. J’étais en fin de contrat. Je savais que ça serait compliqué de retrouver un club. Puis il y a aussi eu les enfants, j’en ai eu deux très rapprochés, on était fatigués avec ma femme. J’ai senti que c’était le moment d’arrêter. Je ne regrette absolument pas cette décision aujourd’hui. J’ai bien vécu l’arrêt de ma carrière qui est pourtant très difficile pour beaucoup.

Photo Philippe Le Brech

Vous semblez satisfait de la façon dont les pièces se sont complétées, d’un point de vue professionnel et personnel.
Au niveau personnel oui. Je suis avec mon épouse depuis 20 ans, elle m’a toujours rendu heureux et c’est toujours le cas aujourd’hui. Elle m’a suivi partout et a été extraordinaire dans ma carrière. J’ai 3 beaux enfants, tout le monde est en bonne santé donc je suis le plus épanoui des papas.

Professionnellement, j’aurais aimé faire mieux car on peut toujours faire mieux. Ce match de National au Red Star, avec Fréjus, à la dernière journée, en mai 2013, pour l’accession en Ligue 2, j’aimerais le refaire 10 fois ! J’aurais aimé ne pas avoir autant de blessures, que mon corps me laisse tranquille, notamment à Bourg-en-Bresse lors de ma dernière année où ça été galère. Malheureusement, vous pouvez bien vous étirer, bien faire les choses, ne pas fumer, ne pas boire, ne pas faire n’importe quoi, vous avez quand même des blessures. Il y a plein de choses sur lesquels j’aimerais revenir en arrière pour que ça passe différemment mais c’est comme tout le monde. Par contre je n’ai pas de regret et je vis bien vis-à-vis de tout ça.

Sa reconversion : « J’avais déjà commencé à la préparer quand j’étais encore joueur. »

Cinq ans déjà que Gaëtan Deneuve a pris sa retraite de footballeur professionnel ! Pourtant, on peut toujours l’apercevoir sur les pelouses en Ligue 2 ou en National 2, chaque week-end. Le sifflet d’arbitre a remplacé les gants de gardien.
Sa détermination, son goût de l’effort et le plaisir sont intacts, voire renforcés.

« Je ne voulais pas être qu’un simple footballeur »

Avec Cherbourg, en National, où il a évolué de 2004 à 2007. Photo Philippe Le Brech

On parle souvent pour des sportifs professionnels de petite mort. D’autres rebondissent très vite. On cerne très vite de quel côté vous êtes. C’est quelque chose auquel vous aviez déjà réfléchi en amont, avant la fin de votre carrière de joueur alors ?
Oui car dès le départ de ma carrière professionnelle, je savais que chaque année qui passait pouvait être l’une des dernières. Je m’étais préparé et mon seul objectif, c’était de donner le maximum, de ne pas gaspiller l’argent gagné grâce au foot parce que je savais que ça allait être difficile quand ça allait s’arrêter.

Donc il y a cette première petite mort d’arrêt sportif, cette adrénaline que tu as tous les jours. Puis certains ont également la mort du financier. Quand les deux arrivent ensemble, tout vient s’emmêler : la dépression due à l’arrêt de la pratique du football et liée aux difficultés financières, au retour à une vie plus classique où il faut chercher du travail, les problèmes de famille, etc. En plus de cela, beaucoup de footballeurs ont l’impression de ne rien savoir faire en dehors du foot alors que ce n’est pas vrai. Ça devient alors très compliqué.

Avec Cherbourg., en National. Photo Philippe Le Brech

Donc aujourd’hui je suis content parce que j’ai construit mon après-carrière comme je le souhaitais et ça s’est passé comme je voulais. Mon train de vie n’a jamais changé, ma façon de vivre non plus. Ma femme, mes enfants sont toujours là. J’avais déjà commencé à préparer ça pendant ma carrière. Je savais ce que j’allais faire.
Surtout, j’ai toujours été ouvert à d’autres choses. Je ne voulais pas être qu’un simple footballeur et voulais m’intéresser à d’autres choses.

Justement venons-en à votre reconversion. Vous êtes gestionnaire de patrimoine. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Mon beau-frère est gestionnaire de patrimoine depuis 15 ans. J’étais son client au départ, il gérait mon patrimoine. Pendant ma carrière, j’ai trouvé dans un premier temps des joueurs qui étaient intéressés par cet aspect et je les ai dirigés vers lui. Puis je m’y suis intéressé de plus en plus. Je voulais toujours savoir ce qu’il faisait, pourquoi il le faisait. Alors je me suis formé sur le tas et suis devenu apporteur d’affaire. Je trouvais des clients pour lui. Il sentait que j’étais fait pour ça et voulait me former à l’issue de ma carrière. Quand je prends ma retraite, il décide de racheter tout son portefeuille et de créer son propre cabinet et donc de m’intégrer dans cette aventure. Aujourd’hui je suis commercial au sein de cette entreprise, j’ai 7 apporteurs qui travaillent pour moi. Le cabinet marche très bien. Aujourd’hui c’est mon boulot à plein temps, c’est quelque chose qui va m’amener jusqu’à la retraite j’espère.

« Grâce au foot, j’ai développé plein d’éléments pour mon après-carrière »

Votre carrière de joueur vous a aidé à vous propulser vers ce type de métier selon vous ?

Photo Philippe Le Brech

Peut-être que j’aurais fait les études pour le réaliser. En tout cas, je suis sûr d’une chose : cette carrière de footballeur ouvre des portes sur autre chose. Par exemple, j’ai été gardien, un poste qui requiert des qualités de leader.

J’étais pendant très longtemps capitaine à Fréjus, j’étais un joueur de vestiaire, quelqu’un qui prend la parole. Cette carrière me permet alors de ne pas avoir de pression dans mon nouveau métier. Devant mes clients, il faut être très relâché, être sûr de ce qu’on dit. Être un leader, avoir du charisme, de la prestance, ce sont des éléments que j’ai développé grâce au football. Les études ne vont pas forcément vous amener à développer ces qualités-là.

Ça se concilie bien avec la fonction d’arbitre ?

Très bien même car je suis indépendant, j’ai ma propre société. Je gère mes journées comme bon me semble. J’essaye de toujours trouver mon petit créneau pour faire mon entraînement, mes rendez-vous et le match le week-end. Par contre, je ne suis pas beaucoup à la maison parce que j’ai des déplacements avec le travail et aussi avec la fonction d’arbitre car je peux arbitrer partout en France.

Ça diffère de la carrière de footballeur qui est très cadrée…

Les horaires, les matchs, les vacances, tout est cadré oui. Là c’est l’opposé.

« Je prends autant voire plus de plaisir à arbitrer qu’à jouer »

Et donc vous arbitrez principalement en National 2 ?

Gardien hier, arbitre en N2 aujourd’hui (et 4e arbitre en Ligue 2). Photo Philippe Le Brech

National 2 au centre et 4e arbitre de Ligue 2. Généralement, c’est un match par mois en Ligue 2 et 20 rencontres en centre s’il n’y a pas de blessures. Ça représente environ entre 28 et 30 matchs à l’année.

Vous avez l’ambition d’arbitrer encore plus haut ?

On a toujours l’ambition d’arbitrer plus haut. Après, c’est dur, car dans cette poule de F4 (Fédéral 4), on est 17 et un seul va monter, donc il faut vraiment sortir du lot. Il y a aussi des critères d’âge qui peuvent entrer en compte et c’est normal : les très bons jeunes ont plus de temps pour devenir les futurs internationaux. Quoi qu’il arrive, même si je reste à ce niveau-là un bon nombre d’années, je prends énormément plaisir. De nombreux arbitres aimeraient être à ma place parce que c’est déjà bien d’être à la Fédération et à ce niveau-là.

Comment êtes-vous arrivé vers cette vocation d’arbitre ?

A sa signature à Brest en Ligue 1. Photo SB29

Durant ma carrière j’étais capitaine donc j’avais des relations avec les arbitres, j’allais dans leur vestiaire pour signer les feuilles de match notamment. J’ai beaucoup discuté avec certains d’entre eux dont Bastien Dechépy qui est actuellement en Ligue 1. J’ai adoré son discours, les discussions avec lui; je demandais comment ça se passait puis au moment où j’ai voulu franchir cette passerelle, il y a eu Gaël Angoula qui l’a fait et qui est devenu arbitre après sa carrière de joueur pro (Bastia, Angers, Nîmes). Il m’a incité à le réaliser également. A partir du moment où j’ai donné mes premiers coups de sifflet, c’était parti et aujourd’hui je prends autant voire plus de plaisir que quand j’étais joueur. Je suis tout seul, je n’ai pas les contraintes des coéquipiers, les contraintes des horaires, des entraînements collectifs, etc.

Aux yeux du grand public, on voit une barrière entre l’arbitrage et les joueurs parfois. Vous qui avez été dans les deux camps, comment vous l’expliquez ? C’est un ressenti que vous avez aussi eu en tant que joueur ?

Gardien hier, arbitre en N2 aujourd’hui (et 4e arbitre en Ligue 2). Photo Philippe Le Brech

Il y a deux éléments. Certains joueurs se font toujours passer pour des victimes et disent qu’on ne peut pas parler aux arbitres, je le vois aujourd’hui. C’est complètement faux. Moi je peux parler avec n’importe quel joueur, je parle avec tout le monde. Avec d’autres joueurs tu peux parler librement et ils ont très bien compris que l’on peut discuter. Il n’y avait pas vraiment de barrière mais c’est vrai que ça a été compliqué. J’ai l’impression que c’est vraiment en train d’évoluer ces derniers temps depuis que la direction de l’arbitrage a changé.

On voit des choses qu’on ne voyait pas avant : les arbitres parlent au micro par exemple. Le grand public adore et on va vraiment dans le bon sens, vers de très bonnes choses.
Au final c’est plutôt une non-connaissance. Le fait que l’arbitre vienne s’expliquer, c’est hyper important. On a eu Gaël Angoula et Benoît Millot qui ont eu des micros récemment. Les gens ont vu comment les arbitres communiquaient et il n’y a que des retours positifs. Ça va aider l’arbitrage, notamment en France. J’espère que ça va continuer dans ce sens-là mais en tout cas j’ai l’impression que les nouvelles instances de l’arbitrage ont envie de ça.

Gaëtan Deneuve, du tac au tac

« Le jeu au pied chez les gardiens amène plus d’erreurs »

Photo Patricia Lafabrie / Fréjus-Saint-Raphaël

Meilleur souvenir sportif ?
Le quart-de-finale de Coupe de France avec Fréjus en 2016/2017. On était en N2 et on affronte Guingamp, club de Ligue 1. Je pense que c’est le meilleur souvenir parce je n’ai pas connu de montées, au contraire des descentes.

Pire souvenir sportif ?
C’est le dernier match de la saison 2012-2013 en National avec Fréjus, au Red Star. On joue la montée en Ligue 2, il nous faut un match nul mais on perd 2-1 alors qu’on mène 1-0 jusqu’à la 75e minute. On loupe la montée en Ligue 2 de peu. C’était le pire du pire.

Est-ce que vous avez déjà marqué un but ?
Je n’ai pas eu cette chance contrairement au gardien de Versailles Sébastien Renault qui a marqué il y a peu !

Un arrêt marquant ?
Des arrêts, il y en a pas mal dans une carrière. Je me souviens d’un en particulier avec Fréjus contre Rouen, face à Pape M’boup. Il fait une tête à bout portant et c’était vraiment un bel arrêt.

Avec Fréjus/Saint-Raphaël en National. Photo Philippe Le Brech

La plus belle boulette ?
J’ai fait une « Arconada » avec Cherbourg contre Louhans-Cuiseaux sur un coup franc de Licata. J’étais jeune mais je m’en souviendrai toujours. J’en ai fait une deuxième aussi à Montpellier en Ligue 2 avec Châteauroux où je sors en dehors de la surface, je veux dégager et je loupe le ballon. Camara, l’attaquant emblématique du MHSC va marquer dans le but vide. Je m’en souviens car elle m’a coûté ma place.

Ce type d’erreurs peut influencer le choix de l’entraîneur ?
C’est une grossière erreur, on perd le match 3-0, on est sur une mauvaise dynamique et donc le coach décide de changer, ça fait partie de la carrière.

Des cartons rouges en carrière ?
J’en ai pris un. Ça n’arriverait plus maintenant mais à l’époque il y avait la double peine, penalty et carton rouge. Je ne suis même pas certain de toucher le joueur. C’est le seul que j’ai pris. Ça ne pouvait être que dans le jeu car je ne parlais pas avec les arbitres ni avec les joueurs adverses, j’étais quelqu’un de très calme.

Sous le maillot de La Berrichonne en Ligue 2. Photo Philippe Le Brech

Si vous n’aviez pas été footballeur vous vous seriez orienté plutôt vers quelle voie ? Vers quel métier ?
J’aimais bien déjà à l’époque ce que je fais aujourd’hui, la finance. Quand j’étais tout petit je voulais être agriculteur parce que je suis issu d’une famille d’agriculteurs. Mes cousins, mes grands-parents, tout le monde était dans l’agriculture. Jusqu’à l’âge de 10 ans, j’allais à la ferme chez ma mamie et je voulais faire ce métier et après je suis passé à autre chose.

Vos qualités et défauts principaux sur le terrain ?
J’étais très bon sur ma ligne. J’avais un bon jeu au pied à une période où ce n’était pas la priorité. Pour le défaut, c’était dû à ma taille mais je ne rayonnais pas dans le domaine aérien. Je n’étais pas en grande difficulté mais ce n’était pas l’un de mes points forts.

Le jeu au pied prend en effet de plus en plus d’importance chez les gardiens…
Oui c’est indispensable, mais je trouve que c’est même devenu exagéré. On voit énormément de boulettes tous les week-ends parce que les gardiens cherchent à relancer d’une trop grande propreté, à prendre des risques énormes. Il faudrait faire une étude pour voir si ça amène plus de buts, plus de jeu vers l’avant. En tout cas, ça amène plus d’erreurs ça c’est certain.

Photo Philippe Le Brech

Le club ou l’équipe dans laquelle vous avez pris le plus de plaisir ?
Fréjus l’année où on a failli monter. On fait une deuxième partie de saison extraordinaire avec une quinzaine de matchs sans défaite. On avait un groupe exceptionnel avec une belle alchimie. Ça été ma meilleure année avec en plus un coach (Michel Estevan) et un staff que j’adorais.

En plus d’Amiens, un autre club où vous avez failli signer ?
A Rouen l’année où on est proche de monter avec Fréjus et qu’eux finissent 5e. Ils avaient une très belle équipe. Le lendemain du match où l’on ne monte pas, Didier Ollé-Nicole, le coach du FCR m’appelle pour que je signe à Rouen en expliquant qu’une bonne équipe va être construite. Moi, ça pouvait m’intéresser Rouen, je connaissais la ferveur du club, je savais que le club pouvait monter donc je leur dis de me faire une proposition, ce qu’ils font. Fréjus me fait une très belle proposition derrière et j’ai préféré rester à Fréjus. Deux semaines après, Rouen dépose le bilan… J’ai le souvenir d’Isaac Koné qui jouait avec nous. Il signe à Rouen juste avant que le club ne dépose le bilan. En étant gardien, derrière, je me serais retrouvé en grosse difficulté pour retrouver un club.

Photo Philippe Le Brech

Un coéquipier, un joueur avec lequel vous avez joué qui vous a marqué plus qu’un autre ?
J’ai eu la chance d’être au centre de formation du Havre déjà avec des Steve Mandanda, Lassana Diarra, Didier Digard, Florent Sinama-Pongolle… Une génération extraordinaire. Au niveau professionnel, Kevin Constant à Châteauroux avait des qualités énormes. A Brest, il y avait Bruno Grougi ou Nolan Roux qui marchait sur l’eau à l’époque. J’ai joué avec Henri Bedimo qui a explosé derrière.

Un joueur avec lequel vous vous entendiez particulièrement bien ?
J’en ai beaucoup. Mathieu Scarpelli par exemple que j’ai connu à Châteauroux où on arrive en même temps. On a joué ensemble à Fréjus aussi et on avait une relation particulière. Bruno Grougi, j’ai joué avec lui à Cherbourg et à Brest, Julien Outrebon à Cherbourg et à Fréjus. Et aussi Papiss Cissé à Cherbourg et à Châteauroux.

Sous le maillot de Cherbourg. Photo Philippe Le Brech

Un adversaire que vous avez rencontré sur le terrain qui vous a le plus impressionné ?
J’ai le souvenir de Valbuena à Libourne où je me suis dit « C’est quoi ce joueur ? » Il était très fort.

Une équipe injouable ?
Metz, une année en National. Le Havre aussi la dernière année où ils sont montés en Ligue 1, avec Guillaume Hoarau, ils étaient injouables. En National, c’était le cas de Créteil avec Jean-Michel Lesage et un milieu de terrain très fort composé de deux sénégalais, Ibrahima Seck et Cheick Ndoye.

Un coach marquant ?
Celui avec qui j’ai eu le plus d’affinités et que je ne remercierai jamais assez, c’est Michel Estevan à Fréjus. C’est lui qui m’a fait venir puis m’a fait confiance dès le départ. Je pense lui avoir bien rendu. C’était comme un père. On avait une relation fusionnelle. Hervé Renard aussi m’a marqué à Cherbourg. J’étais jeune et il m’a beaucoup appris, notamment mentalement. J’ai adoré Jean-Pierre Papin que j’ai eu 6 mois à Châteauroux. Il a quand même été ballon d’or mais est d’une simplicité et d’une humilité remarquable. J’aurais aimé travailler plus longtemps avec lui. Globalement, j’ai toujours eu de bonnes relations avec les coachs. Même ma dernière année à Bourg-en-Bresse où malheureusement on descend, j’avais une très bonne relation avec Hervé Della Maggiore qui est quelqu’un de très bien aussi.

Pour vous, il doit y avoir aussi la proximité avec l’entraîneur des gardiens, non ?
Oui, vous êtes très proche d’eux. J’en retiens deux qui étaient comme des pères pour moi : mon entraîneur des gardiens au centre de formation du Havre, Michel Courel, qui a sorti énormément de gardiens. C’est le premier, c’est lui qui m’a formé. Le deuxième, qui m’a permis d’aller au niveau professionnel, c’est Ludovic Poutrel. Je l’ai eu à Cherbourg et j’ai réussi à le faire venir à Châteauroux ensuite. Je les ai encore très régulièrement au téléphone. Ils m’ont fait évoluer en tant qu’homme et en tant que gardien.

Gardien hier, arbitre en N2 aujourd’hui (et 4e arbitre en Ligue 2). Photo Philippe Le Brech

Des dirigeants marquants ?
Les deux présidents de Fréjus-/Saint-Raphaël : Alexandre Barbero et Marcel Sabbah. Ils m’ont fait confiance aussi et étaient prêts à tout pour que l’on soit dans de bonnes conditions. C’est mon plus gros regret, ne pas être monté pour donner à ces deux présidents-là cette satisfaction. On était à 15 minutes de le faire. Je n’imagine pas la folie que ça aurait pu être car Alexandre Barbero c’est un président fou !

Une causerie d’un entraîneur ?
Je n’en ai pas une en particulier mais toutes celles du coach Estevan étaient fortes. Chaque causerie, je sortais et j’avais la chair de poule. C’était toujours différent mais à chaque fois il arrivait à transmettre quelque chose. C’est ce qui a fait sa force. C’est pour ça qu’il a eu autant de résultats. On ne se rend pas compte mais il a fait énormément de montées et c’était grâce à ça. Hervé Renard savait aussi bien le faire.

Une consigne que vous n’avez jamais comprise ?
J’ai le souvenir d’une causerie où on joue contre Créteil l’année où ils sont injouables. L’entraîneur Estevan me dit « le premier ballon tu le mets précisément sur Ndoye ». Il dit aussi à un de mes coéquipiers d’arriver très fort sur ce ballon pour gêner le joueur et ajoute « Après vous n’allez pas le voir du match ». On met en place cette action et ça fonctionne : Ndoye, on ne le voit plus du match !Ce match on le gagne 1-0 contre Créteil, leader invaincu depuis longtemps. Faut être fou pour penser à ça mais ce fut gagnant. C’était fort.

Une anecdote secrète ?
On joue un match important pour la montée à 4 journées de la fin contre Carquefou. On avait un joueur qui s’appelait « Charlie » Cirilli. Il a fait une belle carrière, c’était un soldat de Michel Estevan. Il me parle du meilleur joueur adverse, Florian Martin, en disant qu’il faut faire quelque chose sur lui. Avant de rentrer dans le tunnel, il prend toutes les pommades qui existent et me dit que leur pièce maîtresse, Martin, on ne va pas le voir de toute la rencontre. Il étale les crèmes sur le visage et les yeux de Florian Martin juste avant de rentrer sur le terrain. Je n’avais jamais vu ça. Au final, son influence sur le jeu est bien moins élevée qu’à l’accoutumée. Ça ne nous empêche pas de faire match nul en se faisant égaliser à la 96e minute.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Steve Mandanda.

Des tocs de gardien ?
Si je ne prenais pas de but le match d’avant, j’aimais bien remettre le même maillot, les mêmes gants, mais rien de plus.

C’est très important de garder sa cage inviolée pour un gardien ?
C’est le sentiment du devoir accompli. A partir du moment où vous n’avez pas pris de but, vous avez été bon et vous n’avez pas perdu. Je suis rarement sorti fâché d’un match où je n’ai pas pris de but. A l’inverse, quand j’en prenais, c’était rare que je passe un bon week-end.

Et vous comptiez les séries ?
Bien sûr, même si je n’ai jamais fait de séries fantastiques.

Des passions en dehors du football ?
Il y a d’abord mes 3 enfants qui occupent une grande partie de mon temps. Ensuite, j’aime bien la pêche. J’aime bien le poker aussi : j’y ai beaucoup joué à une époque quand j’avais du temps libre avec le foot. Après j’aime tous les sports; j’en pratique régulièrement.

Votre profil de gardien en un mot ?
Simple. Simple et efficace.

Un modèle de gardien ?
Gregory Coupet. Je me suis énormément inspiré de lui quand j’étais jeune. C’était vraiment le gardien le plus fort et le plus complet selon moi.

Un match en particulier ?
J’ai le souvenir d’un match sans enjeu mais qui m’a marqué car on gagnait 3-1 à la 90e et on a perdu 4-3. Sinon le 8e de finale contre Auxerre avec Fréjus. Il ne pouvait rien m’arriver ce jour-là, j’ai dû faire 7 ou 8 arrêts. Ça faisait partie des très bons soirs.

Texte : Timothée Coufourier / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions)

Qui va monter en Ligue 2 ? Qui terminera 13e et 14e et accompagnera Saint-Brieuc, Le Puy, Paris 13 Atletico et Borgo en National 2 ? Les calculs sont d’une immense complexité tant les scénarios sont nombreux ! On s’est « amusé » à les faire. Et voilà ce que ça donne !

Non mais quelle soirée ! Martigues, leader du championnat avant cette 33e journée de championnat National qui s’incline 3 à 0 chez la lanterne rouge, Borgo, et voilà que tout est chamboulé en haut de tableau ! Les Provençaux perdent trois places au classement (4e, devancés au gaol-average direct par le Red Star, 3e) et peut-être beaucoup plus que cela. Même en cas de succès lors de la dernière journée face à Versailles, ils ne seront pas du tout certains de monter, car ils dépendront des résultats des trois équipes qui les devancent : Concarneau, leader dans la douleur après son succès arraché dans le temps additionnel contre Bourg (3-2), Dunkerque, 2e après son succès 3-1 face à Orléans et le Red Star donc, lui aussi victorieux dans les derniers instants à Châteauroux (1-0). Non mais quelle soirée ! On a du mal à s’en remettre ! Qui seront les deux clubs à accéder en Ligue 2 ? Dunkerque et Concarneau ont les clés. On vous explique tout un peu plus loin.

Saint-Brieuc est officiellement relégué en National 2

En bas de tableau, c’est terminé pour Saint-Brieuc (15e) qui, malgré son succès face à Sedan, ne peut plus accrocher la 12e place, synonyme de maintien. Le calcul est un peu complexe : en effet, si lors de la dernière journée, Saint-Brieuc s’impose au Red Star, et dans le même temps Châteauroux s’incline à Paris 13 Atlético, alors  les Briochins ne pourront pas dépasser deux équipes de plus (Bourg et Nancy) sachant que Bourg et Nancy s’affrontent; en cas de match nul entre Bourg et Nancy, trois équipes aurait alors dans ce cas de figure 41 points : Châteauroux (12e et sauvé au goal-average particulier avec Saint-Brieuc et Nancy), Saint-Brieuc (13e et relégué) et Nancy (14e et relégué); Bourg serait 15e avec 39 points. Enfin, si Saint-Brieuc s’impose au Red Star et que Châteauroux s’incline à Paris 13, même une victoire de Bourg face à Nancy ne permettrait pas aux Briochins de se maintenir. Cela donnerait:  12 : Bourg (42 et maintien); 13. Saint-Brieuc (41 et relégué); 14. Châteauroux (41 et relégué); 15. Nancy (40 et relégué).

A une journée de la fin, l’on connaît donc quatre relégués sur six (Borgo, Paris 13 Atlético, Le Puy et Saint-Brieuc). Qui seront les deux derniers relégués ? Tenez-vous bien, six équipes sont encore concernées par la descente !! Car même Le Mans (10e) et Villefranche (9e), selon les scénarios, peuvent encore descendre. Pour eux, néanmoins, il faudrait vraiment des concours de circonstances incroyablement défavorables. Mais avec ce championnat National, on ne sait jamais !

ACCESSION EN LIGUE 2

Classement actuel

1 Concarneau 59 points
2 Dunkerque 59 points
3 Red Star 57 points
4 Martigues  57 points

(en cas d’égalité entre deux équipes, ce n’est pas la différence de buts qui les départage mais le goal average direct, c’est à dire les confrontations directes. Idem si trois équipes ou quatre équipes sont ex aequo).

  • Concarneau

– Accède en Ligue 2 en cas de succès à Orléans.

– Accède en Ligue 2 si nul ou défaite à Orléans et dans le même temps Red Star et Martigues ne gagnent pas.

– Accède en Ligue 2 si nul à Orléans, Red Star et Martigues s’imposent et Dunkerque fait match nul au Mans : dans ce cas, cela ferait 4 équipes ex aequo à la première place. Là, Martigues serait 1er (11 points), tandis que Concarneau et Red Star auraient le même nombre de points (8), et donc, la différence de buts particulière viendrait les départager dans un mini-championnat à 4 : pas de suspense, Concarneau avec +1  (différence de buts contre les 3 autres concurrents) devance le Red Star (0).

  • Dunkerque

– Accède en Ligue 2 en cas de succès au Mans.

– Accède en Ligue 2 si nul ou défaite au Mans et dans le même temps Red Star et Martigues ne gagnent pas.

– Accède en Ligue 2 si nul au Mans, Concarneau s’incline à Orléans, Red Star et Martigues ne gagnent pas.

– Accède en Ligue 2 si nul au Mans, Concarneau  fait nul à Orléans, Martigues s’incline contre Versailles et le Red Star gagne contre Saint-Brieuc : dans ce cas, Dunkerque, Concarneau et le Red Star auraient chacun 60 points mais au goal-average direct, le Red Star serait 3e. A noter que si Martigues est ex aequo avec Dunkerque et Concarneau avec 60 points (dans le cas où Dunkerque et Concarneau feraient nul, Martigues s’imposerait et le Red Star s’inclinerait), cette fois, Dunkerque serait 3e au goal average direct et ne monterait pas.

  • Red Star

– Accède en Ligue 2 en cas de succès contre Saint-Brieuc, et au moins l’une des deux équipes de tête s’incline (ou les deux bien entendu).

– Accède en Ligue 2 en cas de succès contre Saint-Brieuc, Martigues ne s’impose pas contre Versailles, et Concarneau s’incline à Orléans.

– Accède en Ligue 2 en cas de succès contre Saint-Brieuc, Martigues s’impose contre Versailles, Concarneau et Dunkerque s’inclinent.

NB : si le Red Star s’impose contre Saint-Brieuc, si Martigues s’impose contre Versailles,si  Concarneau fait match nul et si Dunkerque s’incline : dans ce cas, Red Star, Concarneau et Martigues auraient le même nombre de points en tête et il faudrait donc les départager avec la différence de buts particulières (0 pour Martigues, -1 pour le Red Star et +1 pour Concarneau). Concarneau monterait dans ce cas-là.

  • Martigues

– Accède en Ligue 2 en cas de succès contre Versailles, le Red Star ne gagne pas, Concarneau et Dunkerque ne font pas mieux qu’un nul. Si Martigues gagne et se retrouve ex aequo avec Dunkerque et Concarneau, ou ex aequo avec l’un ou l’autre, Martigues est toujours devant au goal average direct.

Le goal average direct

Red Star – Dunkerque 4-2 et Dunkerque – Red Star 1-0

Red Star – Martigues 2-2 et Martigues – Red Star 0-2

Concarneau – Red Star 0-0 et Red Star – Concarneau 1-4

Martigues – Concarneau 2-0 et Concarneau – Martigues 0-0

Dunkerque – Concarneau 0-1 et Concarneau – Dunkerque 0-1

Dunkerque – Martigues 0-1 et Martigues – Dunkerque 1-0

  • En cas d’égalité entre 4 équipes :

1. Martigues 11 points; 2. Concarneau 8; 3. Red Star 8 et 4. Dunkerque 6 points / Différence de buts : Martigues (+2) , Concarneau (+1), Red Star (0), Dunkerque (-2)

  • En cas d’égalité entre 3 équipes :

– Martigues – Concarneau – Dunkerque : 1. Martigues et 2. Concarneau

– Martigues – Concarneau – Red Star : Red Star 5, Martigues 5 et Concarneau 5 (tous les 3 à égalité donc goal average direct – buts marqués et buts encaissés enbtre ces trois équipes – ensuite pour départager : c’est Concarneau +1, Martigues 0 et Red Star -1).

– Concarneau – Dunkerque – Red Star : Concarneau 7; Dunkerque 6 et Red Star 4.

– Martigues – Dunkerque – Red Star : Red Star 7, Martigues 7 et Dunkerque 3.

  • 34e et dernière journée (vendredi 26 mai 2023)

FC Martigues – Versailles

Orléans – US Concarneau

Le Mans – USL Dunkerque

Red Star FC – Saint-Brieuc

MAINTIEN ET DESCENTE EN NATIONAL 2

Classement après la J33 (les 13e et 14e descendent en N2).

9e. Villefranche 43 points; 10e. Le Mans 43 points; 11e. Avranches 42 points; 12e. Châteauroux 41 points; 13e. Nancy 40 points (relégable); 14e. Bourg-en-Bresse 39 points (relégable).

En cas d’égalité entre deux équipes, ce n’est pas la différence de buts qui les départage mais le gaol average direct, c’est à dire les confrontations directes. Idem si trois équipes ou quatre équipes sont ex aequo.

  • FBBP 01 (14e, 39 points)

– Maintien si victoire contre Nancy et Châteauroux ne gagne pas à Paris 13 Atletico.

– Descente si nul ou défaite face à Nancy.

  • Nancy (13e, 40 points)

– Maintien si victoire à Bourg et Châteauroux ne gagne pas à Paris 13 Atletico.

– Maintien si nul à Bourg, Châteauroux s’incline à Paris 13 Atletico et Saint-Brieuc s’impose au Red Star.

– Descente si nul ou défaite à Bourg

  • Châteauroux (12e, 41 points)

– Maintien en cas de succès à Paris 13 Atlético

– Maintien en cas de nul à Paris 13 Atlético, à condition que Bourg ne gagne pas contre Nancy, car si Bourg s’impose dans le même temps, les deux équipes auront 42 points chacune, et comme le goal-average direct ne permet pas de les séparer (Châteauroux – Bourg 0-2 et Bourg – Châteauroux 0-2), c ‘est la différence de buts qui primera, et là, Bourg est devant (-4 contre -6 pour Châteauroux)

– Maintien en cas de défaite à Paris 13 Atletico et dans le même temps Saint-Brieuc s’impose au Red Star et Nancy et Bourg font match nul; ce qui donnerait 15. Bourg 39 pts; 14. Nancy 41 pts; 13. Saint-Brieuc 41 pts et 12. Châteauroux 41 pts (en cas d’égalité entre Nancy, Saint-Brieuc et Châteauroux, c’est Châteauroux qui serait en tête avec 7 points, devant Saint-Brieuc 6 et Nancy 4).

– Descente si nul ou défaite à Paris 13 Atletico et dans le même temps Bourg bat Nancy

– Descente si nul ou défaite à Paris 13 Atletico et dans le même temps Nancy s’impose à Bourg

– Descente si défaite à Paris 13 Atlético et dans le même temps Bourg bat Nancy ou Nancy bat Bourg.

  • Avranches (11e, 42 points)

– Maintien si nul (ou victoire) contre Cholet

– Descente si défaite contre Cholet, Nancy s’impose à Bourg et Châteauroux ne perd pas à Paris 13 Atletico.

– Descente si défaite contre Cholet, Bourg s’impose à Nancy et Châteauroux ne perd pas à Paris 13 Atletico.

(En cas d’égalité entre Bourg, Châteauroux et Avranches, le classement serait le suivant : 1. Bourg 9 points (-4); 2. Châteauroux 9 points (-6) et 3. Avranches 0 point).

  • Le Mans (10e, 43 points)

– Descente si défaite contre Dunkerque et dans le même temps Nancy s’impose à Bourg, Avranches s’impose ou fait match nul contre Cholet et Châteauroux s’impose à Paris 13 Atletico. En effet, au classement, cela donnerait : 13. Le Mans 43 (descente), 12. Nancy (43 points mais meilleur goal average direct sur Le Mans avec 2 victoires à l’aller  et au retour) et 11. Avranches (45 points en cas de succès contre Cholet ou 43 points en cas de nul contre Cholet). Au goal-average entre Avranches et Le Mans, Avranches est devant (victoire 4-0 à Avranches, défaite 3 à 0 au Mans). Au goal-average entre Nancy et Le Mans, Nancy est devant avec deux succès (2-0 à Picot et 0-1 au retour). Au goal average avec Villefranche, Le Mans est, là encore, derrière : 1-0 pour Villefranche à Chouffet et 1-1 au retour.  Dans une égalité à 4 ou à 3 à 43 points, Le Mans serait 4e ou 3e. Et descendrait (dans le cas où, bien sûr, Châteauroux,  41 points, s’impose, car les Berrichons ne peuvent pas avoir terminer avec 43 points).

– Maintien si victoire ou nul contre Dunkerque.

  • Villefranche (9e, 43 points)

– Descente si défaite à Sedan et : Le Mans, Châteauroux et Nancy s’imposent, Avranches fait match nul. En effet, dans ce cas précis, trois équipes auraient le même nombre de points, Nancy, Avranches et Villefranche (43). Un mini-championnat viendrait alors les départager et là, Avranches devancerait Nancy (6) et Villefranche (4). Villefranche se retrouverait donc 13e et relégable.

  • 34e et dernière journée (vendredi 26 mai 2023)

FBBP 01Nancy

Le Mans  – Dunkerque

Red Star – Saint-Brieuc

Paris 13 Atletico – Châteauroux

Avranches – Cholet

 

Texte : Anthony BOYER / Mails : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter  : @13heuresfoot.fr et @BOYERANTHONY06

Photo : US Concarneau

Après des débuts prometteurs au Paris FC, l’attaquant américano-ivoirien de 21 ans, qui n’avait joué qu’au Futsal à Dallas avant son arrivée en France en 2016, a connu plusieurs désillusions. Si son club des Lusitanos Saint-Maur est relégable, il s’est bien relancé et regarde toujours vers le haut. Et espère retrouver le niveau pro.

Ce matin (vendredi 19 mai 2023) à l’entraînement ! Photo Philippe Le Brech

Installé dans un café du XVe arrondissement de Paris, Patrick Koffi affiche un regard qui trahit sa grande détermination. A 21 ans, l’attaquant Américano-Ivoirien a déjà connu beaucoup de péripéties dans sa jeune carrière qui avait pourtant commencé très fort.

Alors qu’il n’avait jamais joué au foot à onze avant son arrivée en France en 2016 en provenance de Dallas (Texas), il n’a eu besoin que de 3 ans pour débuter en Ligue 2 et décrocher un contrat professionnel au Paris FC.
Mais la suite a été très compliquée pour lui avec un carton rouge en L2, un prêt très vite cassé à Créteil (National) et des soucis administratifs. A sa place, beaucoup de joueurs auraient stoppé leur carrière ou sombré. « Mais je n’ai pas fait tout ça pour abandonner ou rentrer aux Etats-Unis », lance-t-il.

Cette saison, il s’est relancé aux Lusitanos Saint-Maur (National 2) où il a inscrit 7 buts dont 5 lors des dernières semaines. Mais son club, 12e du groupe B avant d’affronter Furiani (le 27 mai) et Epinal (3 juin), est fortement menacé de relégation.
C’est un joueur revanchard, toujours décidé à jouer plus haut, beaucoup plus professionnel dans son travail quotidien, qui a longuement raconté son parcours étonnant pour 13HeuresFoot.

De Dallas au Paris FC

Sous le maillot du PFC. Photo Philippe Le Brech

Au FC Dallas, Patrick Koffi, dont le père est ivoirien et la mère américaine, ne jouait qu’au Futsal. « J’y ai développé ma technique, mon jeu dans les petites espaces. Mais pour moi, il y avait davantage d’avenir dans le foot à 11 ».

Grâce à ses performances en Futsal, il est remarqué par des clubs anglais. « Avec ma famille, on a tous déménagé en Angleterre. Pour moi, pour que je réussisse dans le foot, mes parents ont fait des sacrifices en quittant Dallas. »

L’aventure anglaise ne se passe pourtant pas comme prévu. « J’ai effectué des essais, ça c’était plutôt bien passé sur le terrain mais j’ai eu des soucis de papiers. On est donc tous repartis, cette fois pour la France. »

La famille Koffi s’installe à Ablon, dans le Val-de-Marne. Patrick, âgé de 15 ans, qui ne parle pas français, s’inscrit pour des cours en ligne. « J’ai appris la langue et j’ai pu aller jusqu’au bac ». Niveau foot, son père lui trouve une détection au Paris FC. « J’ai effectué un ou deux jours d’essai et j’ai été pris. J’ai fini la saison avec les U17 mais je ne pouvais pas jouer en match à cause de ma licence. »

Premier match en pro à Troyes

Sous le maillot du PFC. Photo Philippe Le Brech

Lors de sa première saison complète avec le Paris FC en 2018-2019, il inscrit 10 buts en U19 Nationaux. Le 25 mai 2019, il effectue son premier match avec la réserve (National 3) et marque un doublé face au Racing (2-2). Au sein du club parisien, on parle de plus en plus de cet attaquant américain, travailleur, aux grosses qualités de finisseur. Ses performances, 7 buts en N3 et 7 aussi avec les U19, lui permettent d’être appelé aux entrainements dans le groupe Ligue 2 par René Girard lors de son arrivée en janvier 2020. Le Paris FC est alors relégable, ce qui n’est pas une période propice pour lancer un jeune de 18 ans. D’autant que Girard possède un effectif plutôt pléthorique. Koffi n’est donc pas là pour faire le nombre mais ses entraîneurs croient vraiment en lui.

Après deux matchs sur le banc (Clermont, Lens), René Girard le lance en L2 en le faisant rentrer lors des dernières minutes de Troyes – Paris FC (1-1) le 6 mars 2020. « Le club n’était pas bien classé (alors 17e), ce n’était pas les conditions idéales, il y avait de la pression car on avait besoin de points. Au départ, j’étais un peu nerveux. Mais après, je me suis bien senti sur le terrain. »

Après ce match, la saison s’arrête à cause de la Covid : « ça m’a coupé dans mon élan. Je n’ai pas pu enchaîner », regrette-t-il. Mais il va très vite être récompensé par un contrat pro de 3 ans qu’il signe à la fin du confinement. « J’étais heureux. Mon premier objectif était atteint. Ce contrat était aussi une récompense pour ma famille et moi, du long chemin qui nous a mené de Dallas au Paris FC. Je n’ai mis que 3 ans pour y arriver, c’est vraiment parti très vite. »

Une occasion manquée et un carton rouge contre Chambly en L2

Sous le maillot du PFC. Photo Philippe Le Brech

Patrick Koffi va pourtant rapidement déchanter. René Girard continue de l’utiliser lors de la préparation de la saison 2020-2021 aux côtés des autres attaquants de l’équipe, Gaëtan Laura, Morgan Guilavogui ou Julien Lopez.

Lors de la première journée de L2, le 22 août 2020, le Paris FC se déplace à Chambly où il déroule (3-0). Ce match a certainement constitué un tournant dans la jeune carrière, alors ascensionnelle, du natif de Dallas. Rentré à la 71e minute, il rate un grosse occasion avant de prendre un carton rouge pour un excès d’engagement. « Le but n’était pas immanquable, il y avait le gardien, c’était un peu difficile quand même (sic). Pour mon rouge, j’ai mis trop d’intensité, j’y suis allé trop à fond. C’est dommage, car je faisais une bonne entrée. Après, je sais que j’ai raté une belle opportunité de marquer mon premier en L2. Pour un avant-centre, ça fait mal. Mais je ne me fais pas expulser car j’étais frustré d’avoir raté. Ce n’est pas ça du tout. »

Après sa suspension, il n’a plus été appelé par René Girard pendant plusieurs semaines. « On ne saura jamais ce qui ce serait passé si j’avais marqué contre Chambly. Mais dans la vie, on ne peut pas retourner dans le passé. Je ne vais pas ressasser ça tout le temps. Il faut avancer. »

Départ en prêt à Créteil en National

Sous le maillot du PFC. Photo Philippe Le Brech

S’il se refait une petite santé avec la réserve (3 buts en 3 matchs), les championnats amateurs s’arrêtent en octobre. Son retour avec la L2 s’effectue dans des conditions particulières. Alors que le Paris FC caracole en tête de la L2 (7 points d’avance), il est mené 0-3 par Auxerre le 22 novembre 2020. René Girard le fait rentrer après la pause. « C’était un match compliqué. J’aurais pu faire mieux. Mais je manquais un peu de confiance. »

Après cette entrée, il n’effectuera plus aucune apparition en L2. « Le club jouait la montée, j’étais jeune et je savais que les places étaient chères et que ce ne serait pas facile. Mais j’ai continué à donner le maximum à l’entraînement. Nicolas Girard (entraîneur adjoint et fils de René Girard) avait toujours un discours positif avec moi. Il me remotivait. Il me disait d’être patient »

Sans championnat, il doit se contenter de matchs amicaux avec la réserve : « ça ne remplaçait pas la compétition mais ça m’a permis de garder le rythme. J’ai marqué 9 buts en 12 matchs. »

En juin 2021, le Paris FC décide de la prêter à Créteil avec son accord. « C’était une bonne option, un bon club de National, Parisien et près de chez moi », reconnaît-il.

Mais son prêt va se transformer en cauchemar. Lors d’un match de préparation en juillet 2021, Créteil affronte justement le Paris FC au centre d’entrainement d’Orly. En échangeant avec l’entraîneur Manu Da Costa, on évoque Patrick Koffi. « Il est comment depuis qu’il est là ? » « Il a eu des retards à l’entraînement », nous répond Da Costa.

Casier vidé à Créteil, problèmes de papiers

Photo USCL

L’aventure de Koffi à Créteil était déjà mal partie au départ. « Je ne vais pas mentir, oui cela m’est arrivé d’être en retard, reconnaît Koffi. Mais comme ça peut arriver à tout le monde. J’assume ça. C’était normal que je paye une amende ou que je sois sanctionné. Mais après, certains ont colporté des choses fausses sur moi. Ca, c’est plus dur à accepter. Mais si ça n’a pas fonctionné à Créteil, ce n’est pas que de ma faute. Je pense que les torts sont partagés. C’est une relation qui n’a pas marché. »

Sur le terrain, il n’effectue que trois petites apparitions, rentrant 5, 20 puis 15 minutes lors des cinq premiers matchs de la saison. A partir du 3 septembre, il ne sera plus jamais appelé dans le groupe. Il effectue deux matchs avec la réserve (N3) puis les choses se gâtent. Un matin, il retrouve son casier vidé dans les vestiaires. Il est exclu du groupe National. « La méthode a été très violente, je n’ai pas trop compris. Je n’ai pas eu d’explication, non plus. Je n’avais plus rien et plus le droit de m’entraîner avec le groupe National. »

Photo USCL

Avec l’accord du Paris FC, son entourage et lui décident de casser son prêt à Créteil et de rentrer dans son club au mois de décembre. Malgré son statut de joueur professionnel, il ne rejoint pas le groupe de Thierry Laurey en L2. C’est avec la réserve du Paris FC (N3) qu’il s’entraîne tous les matins. « C’était le choix du club », soupire-t-il. Une situation compliquée à vivre.

Mais le pire reste à venir. Des soucis administratifs avec sa carte de séjour vont l’empêcher de jouer pendant plusieurs mois. « J’avais des clubs au mercato de janvier mais j’étais bloqué à cause de mes papiers. »

Il doit attendre le 30 avril 2022 pour enfin disputer son premier match avec la réserve du Paris FC à Linas-Montlhéry (3-3). Il dispute 5 matchs au total en N3, et marque 4 buts. « Ca a été une période difficile entre Créteil et mes problèmes administratifs. Mais j’ai essayé de rester confiant. J’ai vécu une saison presque blanche mais heureusement que j’ai pu un peu jouer à la fin. »

« Aux Lusitanos, j’ai retrouvé le plaisir ! »

Photo Saint-Maur Lusitanos

A la reprise, Patrick Koffi, qui a encore un an de contrat professionnel avec le Paris FC, n’est pourtant toujours pas convoqué avec la L2. Pendant plusieurs semaines, il s’entraîne à part, en compagnie d’un autre indésirable (Saïd Arab) ou avec la réserve. La séparation devient inéluctable. Son contrat est résilié au mois d’août. « On a trouvé un accord, explique-t-il. C’était la meilleure solution pour tout le monde. Je comprends la position du Paris FC. Ils veulent monter en L1 donc ils doivent assurer avec des joueurs confirmés. Moi, je voulais du temps de jeu. Mais il faut être lucide : je n’ai jamais confirmé chez les pros. J’avais besoin de faire une saison complète et prouver à un niveau inférieur. Je n’en veux pas du tout au Paris FC. C’est le club qui m’a formé et qui m’a tout appris alors que je n’avais jamais joué au foot à 11 avant d’arriver à Paris. J’ai essayé de toujours tout donner. C’est dans ma mentalité. Les gens qui me connaissent savent que je suis un mec travailleur qui bosse tout le temps.»

Photo Saint-Maur Lusitanos

Aux Lusitanos Saint-Maur, en National 2, il a trouvé un environnement familial, idéal pour rebondir. « J’avais d’autres contacts mais je savais que je serais bien aux Lusitanos. Le souci, c’est que je n’ai pas pu faire la préparation avec l’équipe et ma licence est arrivée tard. »

Avec 7 buts et 2 passes décisives jusqu’à présent, son bilan est positif sur le plan personnel. « J’ai réussi à marquer des buts. Je ne suis pas déçu de ma saison. Elle m’a forgé encore plus. Je pense avoir progressé, notamment au niveau de ma participation au jeu. Au quotidien, je fais désormais plus attention, comme sur la récupération ou la nutrition. Aux Lusitanos, j’ai retrouvé le plaisir. Ça fait du bien. » » Seul bémol, la situation de son club, relégable dans le groupe B de N2. « On a deux matchs pour forcer notre destin, il faut y croire ».

« Je reviens de loin »

Photo Saint-Maur Lusitanos

Patrick Koffi espère, lui, retrouver le monde pro. « Je suis descendu aussi vite que j’étais monté. Donc je vais prendre mon temps. Je reviens de loin. Ma famille a fait beaucoup de sacrifices. Je dois tout à mes parents. J’ai envie de leur rendre la pareille. Ce n’est jamais facile de quitter son pays et d’arriver dans un endroit où on ne connait personne et où on ne parle pas la langue. Ils ont sacrifié beaucoup de choses pour que je puisse vivre mon rêve et réussir. Bien sûr que ça fait mal de ne plus avoir de contrat pro. Tout paraissait simple pour moi au début au Paris FC, mais peut-être que j’avais besoin de passer par cette étape. Ça m’a donné plus de caractère. Je vais me donner les moyens d’y arriver. La solution de facilité aurait été que je rentre aux Etats-Unis et que je retourne dans un certain confort. Mais je n’ai pas fait tout ça, pour abandonner. C’est impossible… Je veux porter haut le nom de Koffi, pour ma famille et moi. Ce n’est pas la fin de mon histoire. Elle reste à écrire. »

PATRICK KOFFI DU TAC AU TAC

Photo Philippe Le Brech

Votre meilleur souvenir ?
Mon premier match en pro, Troyes – Paris FC en L2, le 6 mars 2020. J’avais remplacé Romain Armand à la 84e minute.

Votre pire souvenir ?
Mon carton rouge à Chambly lors de la première journée de L2 de la saison 2020-2021.

Le geste technique préféré ?
Le double contact et le passement de jambes.

Une manie, une superstition ?
J’essaye de rentrer le dernier sur le terrain. Puis je rentre avec mon pied droit en premier.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Ma qualité c’est de marquer des buts. Mais je dois travailler ma défense en un contre un.

Votre plus beau but ?
C’est tout récent, contre Bobigny le 24 avril (4-1). Un but de la tête en coupant le coup-franc d’Abel Rodrigues.

Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Jérémy Menez au Paris FC. Il a une facilité technique vraiment étonnante. A côté du foot, c’est un bon gars, sympa.

L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vont ont marqué ?
Mathieu Lacan, en U19 et en N3 au Paris FC. Il sait former les jeunes et les emmener chez les pros. On est beaucoup à avoir joué en pros au Paris FC grâce à lui. Chez les pros, René Girard au Paris FC. Il m’a beaucoup appris, comment être efficace, marquer des buts. Aux Lusitanos, Yann Lachuer (remercié il y 3 semaines) qui m’a fait confiance.

Un président qui vous a marqué ?
Mapril Baptista, mon président aux Lusitanos Saint-Maur. Il est proche de nous, il nous donne de la force et de la confiance. Son soutien est très important.

Le club où vous vous êtes senti le mieux ?
Les Lusitanos Saint-Maur. C’est là que j’ai retrouvé la forme. J’y ai aussi retrouvé mon football après une saison quasi-blanche.

Le club où vous avez regretté de signer ?
Aucun. Même Créteil, alors que ça s’est mal passé pour moi. Mais j’y ai beaucoup appris.

Photo Philippe Le Brech

Vos modèles de joueurs ?
Forcément des avant-centres, Benzema et Haaland. Je m’inspire de leur façon de jouer, leur déplacement sur le terrain. Chez les plus anciens, Didier Drogba.

Le club qui vous fait rêver ?
Chelsea… depuis Didier Drogba !

Un stade mythique ?
Forcément Stamford Bridge, le stade de Chelsea. Je l’ai visité mais je n’ai pas encore eu l’occasion d’y voir un match.

Vos amis dans le foot ?
Ousmane Kanté du Paris FC. C’est comme mon grand-frère. On habite dans la même ville dans le Val-de-Marne. Il m’a beaucoup aidé et soutenu. Aux Lusitanos Saint-Maur, Bruno Gonçalves avec qui j’avais déjà joué au Paris FC et Abel Rodrigues.

Vos occupations en dehors du foot ?
Je reste beaucoup chez moi. Je fais beaucoup de séances d’entraînement individuel.

Les Etats Unis, la Côte-d’Ivoire ou la France ?
Je suis fier d’avoir la double culture, américaine et ivoirienne. J’aime les deux. Les gens sont toujours un peu interloqués mais pour moi, c’est un beau mélange. J’ai encore une sœur et un demi-frère aux Etats-Unis. J’y suis retourné mais ça me manque un peu. Je suis aussi allé en Côte-d’Ivoire. Quant à la France, ça va, je m’y suis bien intégré. J’aime bien.

Texte : Laurent Pruneta / Twitter @PrunetaLaurent et @13heuresfoot / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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Le président du récent promu en National se confie longuement et évoque ce rêve qu’il a toujours eu et qu’il est en train de réaliser à la tête de son club. Passé, présent, avenir, argent, critiques, ambitions, joies, peines, les thèmes sont vastes. Et le client est bavard !

Photos Bernard Morvan – FCR

Et le premier nominé est … le FC Rouen ! Depuis samedi et son succès à l’ultime minute à Evreux (2-1), grâce à un but inscrit par un « enfant » du club, Clément Bassin, c’est officiel. Rouen retrouve le National !

Ce but libérateur du capitaine, c’est tout un symbole. Le joueur de 28 ans était déjà là lors du dépôt de bilan en 2013, le troisième en près de 30 ans (après 1995 et 1997), qui avait précipité la chute des Diables rouges de National en Division d’Honneur (Régional 1).

Dix ans après, le FCR est de retour à un rang bien plus conforme à son standing, à son passé, à son stade, à son histoire, à sa ville et à ses supporters.

L’on ne va pas retracer ici la chronologie de tout ce qui s’est passé durant ces dix années extrêmement mouvementées, mais l’arrivée aux commandes du duo De Wailly – Maarek en 2021, après le retrait de l’ancien président Fabrice Tardy, qui leur a vendu ses parts de la SAS créé en 2019 (l’année de l’accession de N3 en N2 avec David Giguel aux commandes), a amené un vent nouveau à Diochon.

Et puis… La suite, c’est Charles Maarek, actionnaire majoritaire et président du FC Rouen – « Nous travaillons actuellement sur une augmentation de capital qui sera effective dans les prochaines semaines, je vais détenir à peu près 75 % des parts » -, qui la raconte : « En mars 2022, il y a eu le décès de Maximilien de Wailly… C’était terrible. C’était un coup dur. Avec Maximilien, on était complémentaire. On était l’eau et le feu. A cette époque, j’étais déjà majoritaire mais je n’avais pas le titre de président. J’aime le pouvoir pour pouvoir, pas pour dominer. J’aime être au coeur de l’action, des décisions. Il y a eu en 2021 un gros clash : les supporters ont demandé et voulu la tête de Fabrice Tardy, qui a démissionné du poste de président, et là, je ne vous dis pas, j’ai vu des inscriptions « La peste ou le choléra », « Maarek on ne veut pas de toi », mais je ne suis pas du style à abandonner les choses, surtout quand je pense que l’on peut réussir. Donc je ne me suis pas mis président ».

A 52 ans, Charles Maarek, investisseur immobilier, vit un rêve avec le FC Rouen. C’est lui-même qui le dit dans cet entretien accordé aux lendemains d’une victoire bien fêtée à Evreux, même si lui assure s’être couché de bonne heure.

INTERVIEW

« J’ai envie de laisser une trace au FC Rouen »

Président, revenons un peu en arrière : fin décembre 2021, vous annoncez l’arrivée de Maxime d’Ornano à la tête de l’équipe en N2…

Quand j’ai changé d’entraîneur, on est 9e ou 10e, et le coach, Maxime d’Ornano, me dit « Y’a beaucoup de travail à faire ». Là, j’ai tout de suite vu un homme apaisé, méthodique, organisé, qui redonne confiance aux joueurs. Pourtant, au début, sur ses cinq premiers matchs, il a connu deux défaites, dont deux à domicile, contre Chartres et Vannes, et je ne vous raconte pas l’ambiance funeste à Diochon, avec des « Direction démission »…

Mais j’ai vu que le travail de Maxime se mettait en place. Je ne dis pas ça aujourd’hui parce que l’on monte : je disais exactement la même chose de lui il y a un an et demi. Vous n’avez cas regarder les articles de presse de l’époque. Je n’écoute pas forcément la pression populaire. Et si demain cela se passe moins bien, je ne changerai pas comme ça, on ne peut pas brûler aujourd’hui ce que l’on a aimé la veille, mais là, ce n’est pas le sujet. J’aime travailler sur la durée. Un mois après son arrivée, la saison passée, on fait un super match à Granville, on fait 0-0, alors qu’on aurait dû gagner, mais ça a servi de déclic. Et puis, à l’issue du match il y a eu une grosse échauffourée entre nos joueurs et nos supporters. J’étais vraiment désolé que ça se passe comme ça avec eux. Bien sûr, je condamne cette violence, mais en même temps, ce fut un acte fondateur. Et après Granville, on termine la saison invaincu ! On était une machine. On finit 4e mais on est 2e sur la phase retour (31 points), derrière Versailles.

De toute façon, quand j’ai pris Maxime d’Ornano, j’ai dit « Avec lui, je peux rapidement me sauver et préparer la saison prochaine ». C’était ça le projet, l’idée. Le coach a eu le temps de façonner son équipe et ça a porté ses fruits. Je pense que cette saison 2022-23, on l’avait vraiment bien préparée. Parce que, rapidement, on a pu recevoir les joueurs, et tous ceux qu’on voulait garder, on les a gardés.

« Je réalise mon rêve »

N’avez-vous pas regretté de ne pas l’avoir enrôlé plus tôt ?

Dès le mois de septembre 2021, Maxime d’Ornano est libre puisque son départ de Saint-Brieuc (National) est acté. Je pense à lui mais j’hésite à le prendre fin septembre… Je me suis promis, à l’avenir, de faire mes choix en mon âme et conscience et de ne pas me laisser polluer par l’extérieur. Finalement, on a changé de staff à la trêve. Il fallait le faire, parce que ça s’effritait au niveau du groupe et parce qu’il y avait une pression populaire.

Maxime d’Ornano, c’est un coach que vous aviez repéré ?

Lui, comme d’autres. Avec lui, je savais que j’allais avoir de la régularité dans la performance, un bloc, de l’homogénéité, du beau jeu aussi, une équipe bien huilée, bref, tout ce qu’il avait déjà mis en place à Saint-Brieuc.

Sur une vidéo, samedi soir, de retour d’Evreux, on vous a vu très ému sur la pelouse de Diochon…

Avec le coach Maxime d’Ornano

Très ému, bah oui, c’est normal. Oui, c’est vrai… J’ai eu une pensée aussi pour Maximilien de Wailly… Son décès a été très violent. On n’était pas encore sauvé en N2 à ce moment-là. Et ça a encore plus resserré les liens. A partir de là, j’ai pris la présidence, vous imaginez… Oui, j’ai eu des mots pour lui, bien sûr. Quand je suis arrivé au club, j’ai dit aux supporters, de manière un peu provocatrice, que ça serait comme dans le film « Bienvenue chez les Ch’tis » : « Vous allez pleurer quand je vais arriver, et vous allez pleurer quand je vais partir. »

C’est aussi un discours emprunt d’une grande confiance en vous, non ?

Je dois prendre ça comme un compliment ? Comme quelque chose que je dois corriger ou pas ?

Euh… attendez, je ne suis pas votre conseiller ! Je ne sais pas, c’est juste une remarque.

Je vais vous dire, ce n’est pas une question de confiance en soi : le FC Rouen, je l’ai dans le sang depuis l’âge de 5 ans. J’ai toujours rêvé d’en être président. En fait, l’histoire actuelle, là, je me la fais dans ma tête depuis que j’ai 15 ans. C’est pas comme si vous me donniez une moto et que vous me demandiez de gagner un Grand Prix de Formule 1 ! Quand je prends la présidence du club, j’ai l’intime conviction que, par ma passion, mon envie, mes compétences, et avec l’équipe qui m’entoure, je vais parvenir à le faire monter. J’ai l’intime conviction que je suis porté par quelque chose. Je dis ça depuis des années. Je ne le dis pas aujourd’hui parce qu’on est monté. Je connais Rouen comme ma poche, je suis arrivé ici de Tunisie à l’âge de 2 ans. Ce club, c’est ma deuxième famille. Si on ne se précipite pas, on peut le remettre à la place où il était. C’est une chance que j’ai de pouvoir réaliser mon rêve.

Vous savez, il y a des gens qui ne réalisent jamais les leurs; je prends l’exemple de Lionel Jospin, qui se rêvait président de la République : il n’y est jamais parvenu. Donc il n’aura jamais connu ça. Moi, j’ai la chance de pouvoir réaliser mon rêve. J’ai eu la chance, avec Maximilien de Wailly, d’accéder à l’actionnariat du club. Puis d’avoir été actionnaire principal puis président. J’insiste, je réalise mon rêve. Dans la vie, il y a des gens qui n’ont pas cette chance. Il y en a sans doute qui sont plus compétents que moi à Rouen, qui pourraient faire quelque chose avec le club, mais qui ne le feront jamais, pour diverses raisons… Après, tout n’est pas qu’une question d’argent, même si ça aide, bien sûr. Mais quand on a un peu d’argent et du savoir faire, cela donne des gens comme Jean-Michel Aulas par exemple. des grands chefs d’entreprise.

Vous vous comparez à Jean-Michel Aulas ? C’est votre modèle ?

Je ne vais pas me comparer à lui ! Il faut des modèles, bien sûr, mais on ne peut jamais les copier, on peut juste arriver à se façonner. J’ai eu l’occasion de le rencontrer récemment au Ballon d’Or France-Footbal. D’ailleurs, vous avez dû me voir au Ballon d’Or, non ?

Oui, on n a vu que vous !

Oui, voilà, ce que je veux dire par là, c’est que je suis plutôt dans ce style-là, dans le style Aulas. J’aime bien bâtir, comme je l’ai fait dans mon travail, sur le long terme. Franchement, j’aurais les moyens de faire comme Versailles cette saison en National, je ne le ferais pas, car je ne suis pas quelqu’un qui va tout mettre sur la table d’un coup.

Les coups d’éclats, ce n’est pas mon truc. Je préfère investir sur 3 à 4 saisons. Je préfère avoir les U19 en Nationaux, les filles en D3, les seniors B en National 3, acheter un terrain pour faire un stade hybride, etc.

Si j’étais millionnaire à 150 ou 200 millions, alors oui, j’aurais mis 2 « barres » dans le club, mais je ne l’aurais pas fait à la manière de Versailles. Bon, je vais arrêter de tirer sur eux, ils m’ont quand même fait le transfert de Mondy Prunier.

Ce que je veux dire, c’est qu’en National, on peut y arriver avec 3,5 millions de budget. Je vous rappelle que Concarneau et Martigues ne les ont pas ces 3,5 millions. Et ils sont en tête du championnat. Nancy, ils n’ont plus Jacques Rousselot pour remettre de l’argent… Là-bas, ils ont des présidents qui sortent d’école de commerce, ils ne savent pas que Napoleon III est passé par Nancy ! Alors qu’à Concarneau, ils ont un super président (Jacques Piriou). Regardez Michel Mallet aussi à QRM, ce sont des hommes du terroir.

En National, il y a beaucoup de présidents mécènes…

Mécène, ça veut dire quoi ? Je n’aime pas ce mot… Forcément, je mets de l’argent personnel mais on a aussi beaucoup de partenaires. Ce que je peux vous dire, c’est que je ne mettrai pas ma famille en danger, ça c’est sûr.

« C’est pas Versailles, ici ! »

Du coup, vous travaillez déjà sur le budget de la saison prochaine ?

Le capitaine Clément Bassin (à droite)

Je pense que c’était beaucoup plus dur cette saison que cela ne le sera la saison prochaine, parce qu’on n’attire pas des mouches avec du vinaigre. On va avoir de nouveaux partenaires, des aides plus importantes de la Fédération. On va avoir davantage de la part des collectivités, de recettes au guichets, mais par contre, les salaires ne vont pas s’envoler, car, comme dirait l’autre, c’est pas Versailles ici ! Voilà. Avec mes actionnaires, qui sont solides, on veut garder la tête sur les épaules. On n’aura pas la folie des grandeurs. On était à 2,2 millions cette année. On aura entre 3,2 et 3,5 millions d’euros. Mais je veux m’inspirer de Concarneau, de Martigues, des clubs qui peuvent nous ressembler, sauf que nous, en National, on aura un gros atout…

Oui, le public !

Exactement ! On est dans l’antichambre du professionnalisme. Les joueurs auront envie de briller et pour briller, rien n’est plus important que le public. On aura une équipe compétitive. Je veux des gens du terroir. Je veux aussi de l’entraide, que l’on donne une bonne image, qu’on soit une famille, et sur le terrain, je veux qu’on donne tout. On va tout faire pour avoir une bonne cohésion, je fais confiance au coach pour ça, même si ça va être très compliqué, on le sait, mais on veut jouer un rôle en National, se maintenir. Regardez le championnat cette saison : quand vous voyez qu’à 3 journées de la fin, il y a encore 7 ou 8 équipes qui peuvent descendre, ça fait peur; ça veut dire qu’une équipe, si elle n’est pas dans les 5 premiers au 15 mai, elle peut descendre. C’est ça la réalité du National aujourd’hui. Je parlerais différemment si on était déjà à la saison d’après, avec non plus 6 descentes, mais 3. On va travailler. Prochainement, je vais m’attacher les services d’une personne pour être à mes côtés. Un coordinateur général du club.

« Je ne suis ni revanchard ni rancunier »

Cette accession en National, n’est-ce pas une forme de revanche pour vous après votre passage mitigé à Oissel et votre projet avorté à Beauvais ?

Je ne suis pas revanchard. Ni rancunier d’ailleurs. A ceux qui le pensent, j’ai envie de leur dire « Apprenez à me connaître au lieu de me juger ». A Oissel (N3), j’ai pris des joueurs, y ‘en a qui ont fini en National ou en Ligue 2, comme Durbant, N’chobi, Benzia ou Ouadah. Cette année-là, c’est Le Mans qui monte quand même, il ne faut pas l’oublier. On a fini 3e. Mais les gens ont passé leur temps à me juger. On a dit que j’étais parti comme un voleur, c’est faux. J’ai laissé les compte propres, sinon, le club ne serait pas passé devant la DNCG où il n’y a pas eu de problème. Idem à Rouen depuis que je suis arrivé en 2019 : on est toujours passé sans souci devant la DNCG, pas besoin d’appel ou de trucs comme ça. Je ne suis pas dans la revanche. Mon père m’a appris que par le travail, on y arrive toujours, même si dans le foot c’est un peu différent car on peut prendre un but à la dernière minute… La reconnaissance, vous l’obtenez par le travail. Il ne faut pas perdre de vue non plus que, dans le foot, on peut descendre aussi vite que l’on est monté; ça va très vite dans un sens comme dans l’autre. C’est pour ça qu’il faut du travail, de la passion et de la grinta.

« Beauvais ? Un grand mal pour un bien… »

Vous dîtes que le FC Rouen, c’est le rêve de votre vie, et pourtant, vous êtes allé à Oissel, à 10km de Rouen, et vous avez voulu prendre la présidence de Beauvais en 2018… Ôtez moi d’un doute : vous n’auriez pas plutôt la passion du foot que celle du FC Rouen ?

Votre question est pertinente. J’étais déjà 2e actionnaire du FC Rouen du temps de Pascal Darmon (président de 2005 à 2012), j’avais alors 28 % du capital et quand il y a eu le dépôt de bilan en 2013 et que le club est tombé en DH (Régional 1), j’ai appelé Fabrice Tardy, qui a repris le club, mais on m’a fermé la porte. Je me suis dit « Est-ce que je vais me morfondre dans mon canapé ? ». Non, ça ne me ressemble pas.

On m’a proposé de reprendre Oissel, je me suis dit, je vais y aller, ça va me permettre d’apprendre plein de choses, c’est un petit club, je ne prenais pas un gros risque. Je vais vous dire : j’ai le FCR qui coule dans mes veines. Quand votre femme vous quitte, vous voulez la reconquérir : sans comparer le club à mon épouse, c’est un peu cette image là avec le FC Rouen. Voilà. Si elle ne veut pas, vous n’allez pas vous morfondre toute votre vie. A Beauvais, la municipalité était pour, mais j’ai été victime d’une cabale. Et finalement, regardez, c’est un grand mal pour un bien !

Après notre victoire à Evreux, j’ai reçu des messages de félicitations de supporters de Beauvais ! Et puis, clin d’oeil du destin, notre dernier match, dans quinze jours, on va le jouer à Beauvais ! Ils risquent d’ailleurs de jouer leur maintien; ça peut être assez drôle ! En tout cas, pour moi, ce match à Beauvais, cela signifiera que la boucle sera bouclée.

Donc vous êtes rancunier…

Non, Je suis un compétiteur. Que les gens comprennent bien la différence.

« L’équilibre de l’équipe, c’est Maxime d’Ornano »

Maxime d’Ornano sera toujours coach l’an prochain ?

Bien sûr ! Vous lui poserez la question mais il n’y a pas l’ombre d’un doute ! Il avait signé pour un an et demi quand il est arrivé en décembre 2021, et je l’avais prolongé de deux saisons en fin de saison 2021-2022, plus une troisième saison en cas de montée. Donc là, on est lié jusqu’en 2025. Il n’a pas été pris au BEPF, je le déplore, mais il peut quand même entraîner en National car il vient de monter avec son club. Maxime, il a de belles années devant lui, j’espère au FC Rouen, et vous verrez qu’il fera parler de lui plus tard. Il ne fait pas de bruit, on a l’impression qu’il ne montre pas ses sentiments mais il faut bien le connaître. Il n’est jamais inquiet. Il est rassurant. Il a les mots justes. L’équilibre de l’équipe actuellement, c’est lui.

Evidemment, le FC Rouen, c’est aussi ses supporters : quelle ferveur ! Mais la ferveur, c’est bien, trop de ferveur, n’est-ce pas un peu too much ?

Avec Christopher Ibayi et Adrien Pianelli

C’est comme dans la vie en général, y’a 95 % des gens qui se tiennent bien et 5% qui se tiennent mal. Malheureusement, on se souvient plus de cette dernière frange. Le truc, c’est qu’il y a beaucoup de supporters au FCR pour un club de ce niveau, or si on était en L1 ou L2, on en parlerait moins, parce que, et c’est déplorable, les débordements sont monnaie courante.

Mais l’image de nos supporters va s’améliorer car au club, on est dans la pédagogie : en fait, je pense qu’il y a eu tellement de tristesse chez eux, de passion, débordante par moments, que, une fois qu’ils vont retrouver le bon niveau, ils vont s’apaiser. Ce qui s’est passé ces dernières saisons, c’était lié à de la défiance vis à vis de tout le monde. Nos supporters avaient l’impression que tout le monde leur en voulait, qu’on les considérait comme des parias.

Avec cette accession en National, ils ont un peu l’impression de renaître. Ce n’est pas parce qu’il y a des problèmes ailleurs avec les supporters que je vais les accepter dans mon club. Je suis dans le dialogue avec eux. C’était mal barré au départ, mais avant même de monter, j’étais allé à leur contact. J’aime ça le contact. Parfois, on a le nez dans le guidon, on ne voit pas les choses. Je préfère qu’on me dise « merde » en face plutôt que de lire des banderoles hostiles dans les tribunes, parce que ça, c’est trop facile, idem pour les tags. Nos supporters sont loin d’être cons. On s’imagine qu’ils ont un QI en dessous de la moyenne, alors que pas du tout : ce sont des gens intelligents et passionnés. C’est juste que, parfois, ils peuvent péter les plombs.

« Venez voir le club historique ! »

Où en sont vos relations avec votre voisin Quevilly Rouen ?

J’ai de très bonne relation avec le président Michel Mallet. Vous savez, j’ai été vice-président de l’US Quevilly de 1999 à 2002… C’est quelqu’un je respecte. Il fait quand même de très belles choses avec ce club et je le félicite pour ça. Ce que je vois, c’est que les habitants de la métropole rouennaise, qui est la 12e agglo de France, vont pouvoir se régaler en matière de football. C’est ça aussi que je retiens. J’ai envie de rendre les gens heureux, et je leur dis « Venez voir le club historique ». La ferveur est du coté du FCR. Chacun fait son bonhomme de chemin.

J’ai déjeuné avec le directeur de QRM, Arnaud Saint-André, récemment. Je n’ai pas envie d’avoir d’histoires. Il y a des choses plus importantes. On ne fait pas de compétition avec eux : QRM se maintient en Ligue 2 après une belle saison, le FCR monte en National, et moi, je veux de la ferveur, de la joie, en respectant certaines règles. Quevilly Rouen a su surfer sur les problèmes du FC Rouen quand il y a eu le dépôt de bilan en 2013, bravo à eux, ils ne sont pas là par hasard. Maintenant, j’espère que les pouvoirs publics vont nous soutenir davantage parce que le FCR le mérite : quand on voit cette ferveur… Et ça nécessite à mon avis un rééquibrage en termes de subventions. En National, on n’a pas de droit TV, je trouve que ce serait plus logique de donner des aides financières à un club amateur, ce serait plus mérité et cela serait un juste retour des choses.

« Je veux que le FCR ait des actifs »

Pour le FC Rouen, êtes-vous l’homme de la situation ?

Je ne me permettrais pas de dire ça. Je sais que je suis critiqué mais quand je serai enterré, je veux qu’on dise que j’ai été compétent. La pire chose qui puisse vous arriver, que vous soyez boulanger ou journaliste, c’est qu’on dise de vous « Il est nul « . Si vous faites du pain dégueulasse ou des articles nuls, on va dire « c’est la honte ». Regardez Jean-Michel Aulas. Lui, c’est la classe. Regardez ce qu’il a construit. Il a des ennemis, mais qu’est ce qu’ils peuvent dire ? Moi, j’ai envie de laisser une trace au FCR. On va investir dans l’immobilier prochainement, pour construire quelque chose. On va acheter des locaux, qui serviront à la fois pour le secteur administratif et pour le sportif, autour du stade, parce que, on veut aussi que le club ait des actifs. C’est comme ça que font les grands présidents comme Aulas.

Soyons fous, imaginons un jour que QRM et le FCR soient ensemble en Ligue 2…

Attendez, on peut déjà se rencontrer en coupe de France, d’ailleurs ça s’est produit l’année de la Covid, à huis clos. QRM – Rouen ? Génial ! Ce serait fabuleux de rendre les gens heureux, comme avec les matchs Rouen – Le Havre, qui est notre rival historique. Quand je vois qu’il y a 8000 spectateurs à Diochon pour QRM – Bordeaux, samedi dernier, ça me rend heureux. Les gens vont voir un spectacle. Au Zénith, ou au rugby, où il y a des beaux matchs en Pro D2 et où mon beau-frère est le président du club : je suis très fier pour lui. Mais je préfère quand même que l’on vienne voir le FCR ! Je pense qu’il y a de la place pour deux clubs de foot à Rouen.

Est-ce qu’on pensait, voilà quelques années, qu’un mec sans étiquette puisse devenir président de la République ? Le monde change tout le temps. Demain, on sera peut-être deux clubs d’une même ville en Ligue 2, et il y aura un public pour les deux. C’est comme dans une rue : si vous mettez un restaurant, puis un second, puis un troisième, à l’arrivée, ça sera une rue pleine de restaurants. Le monde attire le monde.

« Plus on m’attaque, plus je suis fort »

Avec votre franc-parler, vos formules bien choisies, vos avis tranchés, vous comprenez que vous puissiez passer pour un personnage clivant ?

Clivant ? Vous trouvez que je suis clivant ?

Disons qu’on vous aime ou on vous déteste… Et c’est souvent ce que je lis sur vous…

Oui mais là, en ce moment, on m’aime bien ! Les médias m’aiment bien, c’est vrai, parce que je dis les choses comme je le pense. Je peux être énervant, comme tous ces gens qui ont un franc-parler. On n’a qu’une vie. Vous savez, j’ai eu des problèmes de santé, j’ai connu des déboires dans mes affaires, mais je dors bien la nuit. Parce que je me régénère. La journée, en revanche, le cerveau mouline. Le sommeil, c’est la première chose du déséquilibre de l’être humain, et moi, j’ai la chance de bien dormir.

Mes amis savent que ce qui se dit ou s’écrit de mal sur moi, ça glisse comme de l’eau sur un imperméable. Ma femme, qui est aussi mon équilibre, me dit souvent que « plus on m’attaque, plus je suis fort dans l’adversité ». C’est quand même elle qui me connaît le mieux. Je vais vous dire ce que je pense : j’ai connu un dépôt de bilan dans mes affaires et ça m’a causé une sale réputation, mais je me suis refait la cerise depuis. Vous verriez, ce week-end, après l’accession, j’ai reçu des messages de gens qui… mais c’est lunaire ! Je ne réponds même pas ! Il ne faut pas qu’ils m’écrivent eux ! Moi les gens qui ne m’aiment pas, je ne les félicite pas. Ils ont le droit de dire que je ne suis pas l’homme de la situation, mais critiquer gratuitement, sans connaître, c’est dégueulasse.

Cette saison, on aurait pu finir 2e derrière le Racing et on aurait dit « T’as vu, Maarek, il est pas bon », alors que, pourtant, on aurait pris 65 points en championnat. En quoi je n’aurais pas été bon ? Je ne savoure pas plus aujourd’hui les compliments que toutes les méchancetés qu’on a pu dire sur moi. La vie est un éternel recommencement. Si je redescends la saison prochaine, je serai une « merde ». On peut se casser la gueule dans les affaires, mais on peut se refaire. En foot, c’est plus compliqué.

📃🖊  Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

📷 Photos : Bernard Morvan (et sa fameuse carte SD !) / FCR

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On attendait l’ASNL en haut de tableau mais c’est vers le bas qu’elle regarde. En un an, le club est passé de la Ligue 2 aux portes du National 2. Comment en est-il arrivé là ? Récit d’une longue descente aux enfers.

L’ASNL vit des heures difficiles. Après une saison 2021-2022 cataclysmique en Ligue 2, (dernière place et 27 points seulement), le club lorrain était censé jouer les premiers rôles cette saison au troisième échelon français. Il n’en a rien été, victime de nouveaux acteurs (un fonds d’investissement sino-américain) et de leur gestion hors sol. Hier soir, chez le leader, Martigues, les joueurs de Benoît Pedretti ont arraché un nul (1-1) qui leur permet de sortir de la zone rouge (ils sont 12es et premiers non-relégables, un point devant Bourg-en-Bresse, chez qui ils se déplaceront lors de la dernière journée, le 26 mai). Comment l’ASNL encore en Ligue 1 en 2017, est-elle tombée si bas ? Voici quelques éléments de réponse…

L’échec du rachat de New City Capital

Les derniers moments de bonheur vécus par les supporters de Nancy remontent à la saison 2015/2016, à l’issue de laquelle le club au chardon est sacré champion de France de Ligue 2 et retrouve l’Élite 3 ans après sa descente.

Depuis, le club lorrain est allé de mal en pis. Nancy ne parvient plus à jouer les premiers rôles en Ligue 2. Le club formateur de Michel Platini ou plus récemment de Clément Lenglet termine avant-dernier en Ligue 1. Même en Ligue 2 les saison suivantes, il ne parvient pas à retrouver son standing (19e en 2018 et maintien de justesse, 17e en 2019, 14e en 2020, 12e en 2021).

En décembre 2020, Jacques Rousselot, président de l’AS Nancy Lorraine, désireux de passer la main depuis longtemps (il a déjà sauvé le club d’une relégation administrative la saison précédente devant la DNCG en remettant la main au portefeuille), cède le club à un fond d’investissement, nouvel acteur incontournable du football mondial, le New City Capital (NCC).

Dirigé par Chien Lee, le NCC, éphémère propriétaire de l’OGC Nice auparavant, détient d’autres clubs comme Barnsley (Angleterre), Thoune (Suisse), Ostende (Belgique) et Esbjerg (Danemark), avec des réussites pour le moins discutables et décevantes.

A l’issue de la saison 2020/2021, Nancy termine 8e et se maintient assez facilement. Après un passage très mitigé à la tête de l’OGC Nice, Gauthier Ganaye est installé à la tête du club au chardon. En fin de contrat, le coach Jean-Louis Garcia n’est pas conservé. NCC, lui, avance ses pions.

Pour le remplacer, les propriétaires jettent leur dévolu sur Daniel Stendel, un entraîneur allemand qui débarque de Heart of Midlothians en Ecosse. Il promeut des idées bien précises, un « gegenpressing », cher à Jürgen Klopp, entraîneur de Liverpool.

Mais le début de saison 2021/22 est cataclysmique : 10 matchs sans victoire ! Nancy démarre sa 5e saison de rang en Ligue 2 de la pire des manières avec aucune victoire en dix rencontres. Daniel Stendel, erreur de casting, est remercié, façon de parler. Le technicien n’a jamais réussi à mettre en place ses idées. Le recrutement de joueurs en manque de temps de jeu n’a pas aidé, et que dire de la data, pourtant si chère à Gauthier Ganaye. Cette sacro-sainte technologie aura mené Nancy à sa perte et fait un gros pied de nez à son jeune président, si présomptueux et si sûr de sa force. Un président à tel point sûr de lui qu’il dirige Nancy… en télétravail ! Ses apparitions se font rares, que ce soit à Nancy ou Ostende, les deux clubs qu’il dirige.

Benoît Pedretti, ancienne gloire du football français, et entraîneur en devenir, assure l’intérim et redonne un semblant d’élan à l’équipe, avant que celle-ci ne s’essouffle de nouveau.

Non-diplômé et conscient de la mission impossible dans laquelle il s’engage, Pedretti renonce au banc de l’ASNL durant la trêve des confiseurs. Il est alors remplacé par Albert Cartier qui récupère Nancy lanterne rouge et en grand danger.

Les Lorrains connaissent une parenthèse enchantée dès la reprise en janvier 2022, avec les 32èmes de finale de la coupe de France. En déplacement à Picot, les Rennais se cassent les dents sur une équipe solidaire qui élimine les pensionnaires de Ligue 1 ! L’aventure s’arrête un tour plus tard, avec une élimination par Amiens au terme d’un non-match, comme souvent cette saison-là.

Quelques jours après, le 1er février, Nancy connaît sa plus grosse humiliation de la saison à Valenciennes, dans un match pourtant capital pour le maintien. Battus 6-1, les hommes d’Albert Cartier montrent l’étendue de leur désintérêt pour le club et le maillot qu’ils défendent. Ils ne parviendront d’ailleurs jamais à décoller de cette dernière place, acquise dès le mois de septembre. Nancy bat des records de médiocrité. La faute à une gestion cataclysmique.

Les supporters, si nombreux dans cette ville et dans cette région, délaissent le stade et marquent leur mécontentement lors du match contre Quevilly-Rouen (35e journée). Dès le premier but encaissé, les Saturday FC balancent des fumigènes sur la pelouse. Le match est arrêté à 0-3 à la 40e minute. QRM, logiquement, remportera le match sur tapis vert. Cette fois, c’est officiel, Nancy est relégué pour la première fois de son histoire en National !

Saison 2022/2023

Aux portes du National 2

Johan Gand, journaliste et commentateur de l’AS Nancy Lorraine pour France Bleu Sud Lorraine, spécialiste du club au chardon, analyse cette descente aux enfers et revient sur une saison 2022-23 pas comme les autres, dans un championnat de National si singulier et particulier.

L’intersaison : Albert Cartier aux manettes

A saison inédite, effectif inédit. Albert Cartier sort d’une expérience en National à Borgo (où il a été remercié en cours de saison). Quand il arrive à l’ASNL, début janvier 2022, il a les mains libres pour réaliser son recrutement, dans un championnat qu’il connaît bien.

Il fait jouer son carnet d’adresses fourni et choisit des joueurs qui ont connu ce championnat. Que ce soit ceux rencontrés lors de son passage à Borgo (Cropanese, Giacomini, Pellegrini), des soldats qui ont participé à la saison de Metz en 2013 lors de leur remontée de National en Ligue 2 (Sakho, Bussmann, Ndoye) ou encore des joueurs prometteurs comme Mouazan ou Aloé.

Forcément, la présence d’anciens Messins ne ravit pas les supporters les plus inconditionnels de Nancy, mais Cartier a fait son mercato avec des joueurs qui peuvent être à même de se sortir du bourbier du National. Bien que premier budget du championnat (plus de 10 millions d’euros), tout a été très rapidement compliqué.

Une histoire de séries

Premier match de la saison 2022-2023. Bourg-en-Bresse, club au statut pro, se présente au stade Marcel Picot avec beaucoup plus de certitudes que l’effectif nancéien totalement remanié. Après un match solide, les Bressans s’imposent 2 buts à 1.
Lors du deuxième match, Nancy ne parvient pas à faire sauter le verrou orléanais malgré un coup-franc sur la barre de Mouazan et un pénalty de Lamine Cissé stoppé (0-0). Puis Dunkerque est venu renverser la table alors qu’ils étaient menés 1-0, en profitant des errements défensifs nancéiens pour s’imposer 2-1.

Au bout de trois matchs, Nancy est lanterne rouge du National (1 point sur 9), ce qui n’inquiète pas forcément Johan Gand : “Le turnover était hyper important donc les premiers matchs ont servi de rodage. On sait que la plupart des saisons de National se jouent dans les dernières journées donc c’est plus important de finir fort que de commencer fort.”

Toujours est-il que Nancy est loin de tenir son rang en ce début de saison. Le déclic vient à Concarneau, le lendemain de l’annonce de la signature du buteur Thomas Robinet, en provenance de Châteauroux. Nancy s’impose à 10 contre 11 sur le pelouse des Bretons et obtient sa première victoire de la saison, pour le plus grand bonheur de tout un club.

C’est le début d’une série positive de cinq matchs sans défaite (3 victoires de rang puis 2 nuls) avec notamment deux succès probants contre Le Mans (2-0) et Borgo (1-0) coup sur coup à domicile. L’engouement revient.

Pourtant, le match nul face à Cholet au stade Marcel-Picot a un goût de défaite. Alors que Nancy maîtrise son match, Milan Robin égalise à la 90’+7 d’une superbe reprise de volée. Le joueur formé à Metz exulte et Nancy replonge dans le doute (1-1) !

A la recherche du second souffle

Après s’être incliné à Châteauroux (J9) et avoir battu le Stade Briochin (J10), qui n’était pas encore sur la dynamique de sa fin de saison actuelle, Nancy est éliminé en coupe de France par une formation de R1 alsacienne, Reipertswiller, au 7e tour (3-2).

Les hommes d’Albert Cartier commencent à s’essouffler. Johan Gand pointe de possibles raisons à cette mauvaise série : « Il y a une équipe qui commence à s’installer et manque de concurrence, malgré des performances qui interrogent.” Or, Nancy cherche un deuxième souffle lors d’un mois de novembre en dents de scie. “Les remplaçants et la concurrence auraient pu apporter cette énergie.”, explique Gand.

Incapables de gagner contre Sedan (J12), alors qu’ils sont à 11 contre 10 pendant une heure (0-0), ils rééditent cette piètre performance au Puy (J17) à 11 contre 9 (1-1) ! “Dans le jeu de Cartier, le secteur défensif est prédominant, or ce n’est pas dont on a besoin en supériorité numérique. Il y avait également un manque de maîtrise par rapport à l’enjeu”, pointe le journaliste de France Bleu.

Le mercato d’hiver ne change rien malgré les arrivées de trois joueurs venus apporter une nouvelle concurrence : Alexis Lefebvre (prêté par Troyes), Lucas Deaux (Dijon), milieu expérimenté, ainsi que Julien Da Costa, latéral droit (prêt de Coventry).

Les supporters s’agacent de la situation, de la gestion de l’effectif et du système de jeu d’Albert Cartier. L’aventure du coach prend fin pour le 20 janvier 2023 après une nouvelle défaite contre Orléans (0-1) qui laisse le club 14e, relégable et bien mal en point.

L’arrivée de Pedretti : un nouvel élan

Benoît Pedretti avait laissé le club à la dernière place de Ligue 2 la saison précédente et avait jeté l’éponge face à l’ampleur de la tâche. Le voilà donc de retour aux affaires avec cette fois une autre mission, celle de maintenir le club en National ! Il en va de la survie du statut professionnel de l’ASNL, tout simplement.

Dès le premier match, en déplacement à Dunkerque, Nancy s’impose 3 buts à 2 en faisant preuve de caractère. La méthode Pedretti prend forme et semble fonctionner. En s’appuyant sur un grand Martin Sourzac dans les cages,les Nancéiens ramènent les trois points du Nord de la France.

Ensuite, c’est le début des ennuis. Des situations « abracadabrantesques ». Programmé le lundi soir, le match contre Concarneau est arrêté à la mi-temps pour un brouillard trop épais. Nancy s’impose ensuite au Mans (1-0) grâce à un arrêt de Sourzac sur un pénalty provoqué par un sauvetage de la main de Mayoro Ndoye sur un ballon qui prenait la direction des filets.

Depuis sa prise de fonction, Nancy connaît une série de cinq matchs sans défaite (3 victoires, 2 nuls), si bien que certains se mettent à croire à la montée ! Pas du tout l’avis de Johan Gand : “On partait de trop loin, on cherchait surtout quelqu’un pour nous garantir le maintien.”

« L’affaire Pellegrini »

Son intuition était la bonne, Nancy connaît des résultats difficiles, en dents de scie et la dynamique se tasse. « L’affaire Pellegrini » va venir entacher tout le travail réalisé sur le terrain avec le retrait d’un point, plus la défaite sur tapis vert face à Concarneau (le défenseur, suspendu, n’aurait pas dû prendre part à ce match). Une terrible bourde et, surtout, des points qui, évidemment, manquent cruellement dans la lutte pour le maintien aujourd’hui.

Dans ses duels avec ses concurrents directs, Nancy obtient un bilan plutôt satisfaisant, mais parfois insuffisant (2 victoires, 3 nuls). Lors de la journée 30, il affronte Paris 13 Atlético un vendredi après midi et à huis-clos ! En effet, le club parisien, qui avait même envisagé de déclarer forfait, s’est retrouvé confronté à un problème de terrain. « Un grave défaillance d’organisation et d’anticipation » a commenté la FFF, qui a infligé une sanction de 10 000 euros au club des Gobelins. Lors de ce match, Nancy mène par deux fois au score mais concède le nul (2-2).

Contre Avranches, devant plus de 16 000 personnes à Picot (entrée gratuite, ce que regrettera et dénoncera le président normand, Gilbert Guérin), Nancy démarre pied au plancher avec un premier but de Robinet, bien servi par Da Costa. Robinet double la mise, après que Bussmann a réalisé le break. Nancy s’impose 3-0 et sort – provisoirement – de la zone rouge.

Des changements majeurs à prévoir

Le 27 avril 2023, le départ de Gauthier Ganaye est acté. Cette date marque la fin d’une gestion catastrophique et exaspérante. Les chantiers seront nombreux pour la saison prochaine et dépendent inévitablement de l’issue de la fin de saison : en National ou en National 2 ?

Johan Gand détaille les axes de travail : “Il faudra trouver le maillon qui manque entre le sportif et le non-sportif, et aussi un vrai président qui fasse le boulot au quotidien. On sort d’un an et demi voire de deux ans de dysfonctionnement et je ne parle pas que du sportif. Il va vraiment falloir remettre les choses en place. Il faudra également s’intéresser à la restructuration du centre de formation, qui a fait les beaux jours du club et qui va être indispensable financièrement. De plus, il faudra prolonger ceux qui arrivent en fin de contrat, et arrêter « d’arroser la terre entière » de joueurs gratos, comme Amine Bassi. Enfin, il va falloir passer devant la DNCG, ce qui n’est pas gagné.”

Une dernière journée décisive ?

D’ici là, la bande à El Aynaoui a trois matchs et trois finales à disputer. Le mot n’est pas galvaudé. Et ça commence dès ce soir chez le leader, à Martigues (en direct sur Canal + Foot à 18h30), sans Thomas Robinet, blessé, puis face au Puy à Marcel-Picot, une équipe déjà condamnée mais qui a montré face à Concarneau vendredi qu’elle n’était pas du tout en vacances (succès 2-1) !

Tout risque de se jouer lors du dernier match à Bourg-en-Bresse, un autre concurrent direct pour la maintien, le 26 mai. Un challenge d’autant plus difficile que, tout au long de la saison, Nancy a également dû se battre contre son statut de club professionnel et surtout un budget à faire pâlir quelques clubs de Ligue 2. Oui, Nancy était et reste l’équipe à battre en National.

Aux joueurs et au staff de l’ASNL de se montrer dignes de ce statut et de l’honorer en allant chercher ce maintien afin de repartir de zéro cet été et espérer des jours meilleurs. Il en va de l’avenir de ce patrimoine du football français. De ce monument en péril.

Le top : les supporters

Depuis Strasbourg et Bastia, le National n’avait pas connu un tel engouement en termes d’affluence et d’importance de club. Avec environ 7000 spectateurs de moyenne, pour sa première saison au troisième échelon français, l’ASNL peut compter sur un soutien sans faille de ses ultras et supporters, les Saturday FC en tête. Les Ultras nancéiens ont offert des ambiances des grands soirs à Marcel Picot, qui n’ont pas manqué d’impressionner les divers commentateurs de FFF TV. Le moment fort de la saison reste ce match gratuit contre Avranches fin avril (3-0) qui a fait renouer Nancy avec des affluences plus vues depuis près de 5 ans. Une chose est sûre, ce public n’est pas à sa place si bas dans la hiérarchie du football national.

Autres tops : Martin Sourzac, Neil El Aynaoui, Benoît Pedretti

La révélation : Prince Mendy

Présenté en février sur notre site ( ), Prince a disputé l’intégralité des matchs cette saison. Véritable roc défensif, serein, calme et efficace, l’ancien joueur de QRM et Laval est la pierre angulaire de la défense nancéienne. Peu importe avec qui il forme la charnière, Pellegrini, Aloé ou encore Bussmann à ses côtés. “Il défend sur l’homme, il est propre dans ses relances et il ne se blesse jamais. Je ne sais vraiment pas ce qu’il fait en National, tant mieux pour nous !”, s’en amuse Johan Gand.

Autres révélations : Gwilhem Tayot, Baptiste Mouazan

Le flop : Lamine Cissé

Exaspérant par moments et pourtant pétri de qualités. L’international U20 français ne marque pas forcément de points cette saison. Hormis lors du match retour contre Villefranche (3-2), durant lequel il a largement montré la voie, et quelques autres sorties, Cissé a un travers : il en fait trop ! Lorsqu’il dribble un adversaire, il veut en dribbler un deuxième et ainsi de suite. Il a également la fâcheuse tendance des ailiers à jouer avec des œillères et ne pas beaucoup lâcher son ballon. L’arrivée de Pedretti lui a redonné confiance; néanmoins il a encore beaucoup de travail à réaliser sur la régularité de la qualité de ses performances.

Autres flops : Albert Cartier, Gauthier Ganaye

A lire aussi : l’article sur Prince Mendy

https://13heuresfoot.fr/actualites/national-prince-mendy-le-plus-marseillais-des-nanceiens/

Texte : Emile Pawlik / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @EmilePawlik

Photos : AS Nancy Lorraine