L’entraîneur de Quevilly Rouen Métropole (Ligue 2 BKT) revient sur ses expériences et ses souvenirs. Il évoque aussi quelques pistes de travail pour son club, dont il a assuré un maintien historique cette saison avec une 11e place.

Coup de sifflet final face à Caen, au stade Robert Diochon, samedi 8 avril. Alexandre Mendy, l’attaquant du Stade Malherbe, se dirige vers Olivier Echouafni, et lui donne son maillot. « Je vous ai tenu la main quand j’étais petit à l’entrée du stade du Ray, à Nice, quand vous étiez capitaine… »
L’on sent l’entraîneur de Quevilly Rouen touché lorsqu’il raconte cette anecdote dans l’immense salle de presse du stade Diochon, quelques instants après ce derby remporté 2-1. D’autant plus touché que, Mendy et lui ont porté le maillot de l’OGC Nice, un club qui l’a marqué comme il l’expliquera plus loin dans ce long entretien accordé à la veille de recevoir Bordeaux, le 13 mai dernier (0-0).
Se poser (en visio) face à « Chouf » – son surnom lorsqu’il était joueur (OM, Rennes, Strasbourg, Nice) -, c’est l’assurance d’avoir une discussion réfléchie et constructive, avec, bien sûr, quelques tics de langages. Du moins un seul. Le sien ? « Faut être honnête », répété à l’envi mais qui dit tout de sa personnalité justement. Honnête. Droit.

Pendant plus d’une heure, l’entraîneur en poste à QRM depuis un an, qui dispute ce soir à Niort le dernier match de la saison 2022-23 de Ligue 2, a retracé son parcours et livré une réflexion sur le métier d’entraîneur. « Je ne connaissais pas 13heuresfoot, je suis allé voir, j’ai lu quelques articles, notamment celui sur mon DG à QRM, Arnaud Saint-André. Et aussi sur Malik Tchokounté, lui aussi passé par Nice. J’ai vu son parcours qui est quand même assez incroyable… J’ai connu des coéquipiers qui ont eu des parcours similaires, qui sont arrivés sur le tard dans le milieu pro, je pense à Stéphane Grégoire, qui était avec moi à Rennes; il arrivait de Thouars en National et a signé pro à 28 ou 29 ans, en Ligue 1, et il a fait une carrière de 10 ans. »
L’entretien a commencé par le désormais célèbre « Du tac au tac », le genre d’exercice où il est demandé à l’interlocuteur de répondre ce qui lui vient à l’esprit : « Laisse moi un peu de réflexion quand même ! » réclame Olivier. Le natif de Menton, à deux plages de la frontière italienne, dans les Alpes-Maritimes, aujourd’hui âgé de 50 ans, a ensuite refait le film d’une carrière très riche (près de 400 matchs en Division 1) et passionnante.
Interview : « Je n’ai pas de plan de carrière ! »
Olivier, on commence par la carrière de coach…

J’ai arrêté de jouer en 2010. A ce moment-là, on ne sait pas trop où et comment se positionner. J’avais un contrat de reconversion à l’OGC Nice où j’ai passé 2 ans à plusieurs postes. j’ai aidé au niveau du recrutement, j’allais rencontrer des futures recrues, observer des joueurs, voir des matchs, et en même temps je passais mon BEPF pour entraîner chez les pros. J’avais déjà passé les autres diplômes quand j’étais joueur. Pour mon BEPF, il fallait que j’entraîne une équipe alors j’ai été adjoint de la réserve de Nice en CFA avec Olivier Jannuzzi. C’est là que j’ai réellement commencé à entraîner.
Au BEPF, tu étais avec une promotion incroyable …
Oui, il y avait Olivier Pantaloni, le regretté René Marsiglia, Christophe Galtier, quand je les vois tous, avec le recul… Ils sont tous devenus des entraîneurs de haut niveau, Bruno Genesio, Michel Estevan, Régis Brouard, Laurent Huard, Lionel Rouxel, Sabri Lamouchi, pour ne citer qu’eux, Jean-Luc Vannuchi, Arnaud Cormier aussi, ça a crée des liens forts. On n’est pas en contact régulièrement mais on se croise sur les terrains. On n’était que deux anciens joueurs avec Sabri (Lamouchi) à ne jamais avoir entraîné. On était dans le dur, car il y avait beaucoup de travail, et le diplôme durait 2 ans à l’époque; ça a été très difficile pendant la première année.
Après Nice, tu as eu ta première expérience sur le banc à Amiens, en National…
D’abord, il y a cette grosse cicatrice : mon départ de Nice. Je ne la refermerai jamais. Ce qui s’est passé… Quand Jean-Pierre Rivère et surtout Julien Fournier sont arrivés, ils ont tout fait pour que je parte. Je ne rentrais en aucun cas dans leur projet. C’est ça que je n’ai pas aimé… J’ai donné pour ce club. Je suis quelqu’un de transparent, je pense que je suis honnête, et je ne me suis pas retrouvé dans leur discours; j’ai pris ça en pleine face. Je ne comptais pas mes heures. J’étais au service du club, je travaillais… Après, peut-être que l’on ne s’est pas forcément bien compris, mais au bout du compte, ils n’ont rien fait pour que cela continue ensemble et ils ont été malhonnêtes. C’était la volonté du directeur du football (Fournier). Je trouvais qu’il y avait une façon de faire et la leur n’était pas la bonne à mes yeux. Il a fallu digérer tout ça, ça a été très dur.
« Etre consultant m’a permis de former mon oeil »
Nice, ça te manque ?

Oui, l’OGC Nice me manque ! J’ai quelque chose avec ce club, qui n’est pas refermé… Mais il faut être honnête, tout ce que nous, les joueurs, attentions à l’époque, est arrivé. Et je suis très content de l’évolution du club. Je me souviens de mon dernier match au Ray le 17 mai 2010, contre Saint-Etienne… En fait, il n’y a pas un seul joueur qui ne me parle pas de cette époque là, de cette ambiance au Ray !
Juste avant d’aller à Amiens, tu deviens consultant…
Charles Biétry m’a demandé si j’étais intéressé par un poste de consultant à la création de la chaîne BeIN sports, et là, j’ai passé une année incroyable ! J’ai travaillé à la télé et grâce à ça, j’ai vu l’envers du décor, ça m’a permis de comprendre aussi pourquoi les droits TV étaient aussi chers ! J’ai dû commenter 150 matchs, L1, L2, Europa league, Ligue des champions, j ai voyagé, j’ai revu du monde, j’ai vu des stades que je ne connaissais pas comme Tottenham, Chelsea en Angleterre, en Espagne aussi. A chaque fois, j’essayais de rester plusieurs jours pour voir comment ces clubs et ces entraîneurs travaillaient, ça me permettait de voir les structures.
Cela t’a aidé pour la carrière de coach ?
Oui, ça m’a permis d’emmagasiner de l’expérience, au niveau des systèmes mis en place, et surtout de former mon oeil. Ce que l’on nous apprenait au BEPF, je l’ai mis en pratique au travers de ce métier de consultant.
C’est ça qui t’a conforté dans l’idée de devenir coach ?
Le terrain me manquait. Quand on est consultant et qu’on n’a jamais entraîné, on dit certaines choses, après, quand on arrive sur le terrain, et bien on revoit un peu sa copie… Attention, je n’étais pas dans la critique, j’apportais juste des compléments d’informations, par rapport à mon ressenti, à ce que je percevais. Aujourd’hui, quand j’écoute certains consultants, ils ne savent pas, ils ne peuvent pas imaginer… parce qu’ils n’ont pas entraîné. La télé, ça a été une vraie belle formation. Avoir commenté différents matchs, différents styles, différentes équipes, dans différents pays, ça m’a encore plus renforcé dans l’idée de mettre des choses en place, après, en tant qu’entraîneur.
« Au début, à Amiens, je ne prenais aucun plaisir »
Donc, ensuite, tu arrives à Amiens, en septembre 2013, pour ta première expérience sur le banc, en National…

Je n’avais rien fait avant, et là, je prends un risque énorme. Je prends le risque de reprendre une équipe relégable, en cours de saison, et en plus j’arrive tout seul. Du coup, quand je me suis retrouvé là, je me suis dit « waouh »… En plus je ne connaissais pas le Nord. J’avais déjà fait l’Est, l’Ouest, pas le Nord. Je découvre le métier (rires), je repars de zéro, et ça n’a rien à voir avec ma carrière de joueur. Il fallait sauver le club et en même temps je débutais, je n’avais pas de repère, je ne connaissais pas bien le National, je ne connaissais pas le staff, mais le club était structuré, avec de bonnes installations. Au début, on n’a pas les résultats escomptés. Après deux mois et demi, j’appelle mon épouse et je lui dis « je ne prends aucun plaisir ». J’avais toujours cette image des entraîneurs qui disaient, et ça résonnait dans ma tête, qu’ils prenaient beaucoup de plaisir. Je me demandais comment c’était possible, parce que j’avais l’impression qu’être entraîneur, ce n’était que des emmerdes… Je n’imaginais pas l’envers du décor et la difficulté du métier. Je savais que je ne retrouverais pas les émotions que j’avais connues comme joueur.
Pourtant, cela s’est bien passé ensuite…

La coupure de Décembre m’a fait beaucoup de bien, ça m’a permis de me poser, de redescendre chez moi dans le Sud, de recharger les batteries (il souffle) et là, après, on a vécu cinq mois incroyables, sans perdre un match, on finit 6e (à 1 point du 4e). Là, je m’y suis retrouvé. Bien sûr, il faut être honnête, le plaisir on le prend aussi à travers les résultats. Mais je ne connaissais pas tout ça encore, c’était les prémices de ma carrière, j’étais un jeune entraîneur. J’ai envie de dire que, aujourd’hui, je suis encore un jeune entraîneur.
A Amiens, tu as vu les bons et les mauvais côtés du métier en quelques mois…
Les 3 ou 4 premiers mois, cela a été une forme d’adaptation. J’ai observé, analysé. Et à partir de janvier, j’ai mis des choses en place qui ont fonctionné, avec un staff qui m’a suivi, qui a été très bien. Le terrain me manquait, il fallait bien se lancer ! J’avais besoin de m’épanouir dans un environnement différent, c’était le National, dans un club au statut pro, c’était déjà très bien. Certains mettent un temps fou avant d’entraîner à ce niveau.
« Leonardo a cassé tout ce que l’on avait construit au PSG »
Tu suis toujours le National ?
Oui, cette année, je regarde beaucoup de matchs. Le championnat est toujours aussi athlétique, y’a ces notions d’engagement, mais ça a perdu un peu sur la qualité technique je trouve, et encore, je suis allé voir le Red Star, ça joue, ça construit, et puis nous, à QRM, on regarde, ça nous intéresse, par rapport à notre recrutement bien entendu !
Après Amiens, tu as entraîné à Sochaux, en Ligue 2 : là-encore, tu trouves que le championnat a évolué ?
Cela a été une vraie « culbute » aussi d’aller à Sochaux ! J’étais programmé pour faire une deuxième année à Amiens et puis Sochaux, qui n’était pas prévu, est arrivé, comme ça ! La différence est abyssale. Sochaux, c’est un club historique, qui venait de descendre de Ligue 1. En fait, j’ai fait un triple saut, là ! Mais ce fut difficile avec le rachat du club, en plus, quand j’arrive, on ne sait même pas si on va rester en L1 ou reprendre en L2 avec l’histoire de la rétrogradation de Lens. Donc on ne pouvait pas recruter tout de suite, il a fallu attendre les 10 derniers jours. J’ai encore pris de l’expérience mais multiplié par 20 !
Ton expérience de 3 ans au PSG chez les filles a tout de même été très bénéfique…
J’ai pris beaucoup de plaisir à prendre de l’expérience, à mettre en place ma méthode, j’ai pu le faire et avec du temps. On a réussi à devenir champion de France et à battre Lyon qui était clairement la meilleure équipe du monde. On les a battues aussi en coupe d’Europe alors qu’elles étaient invaincues depuis 5 ans. Aujourd’hui, avec le recul, je me dis qu’ils (les dirigeants du PSG) ont fait n’importe quoi. Je n’ai pas apprécié et je n’ai pas accepté que Leonardo casse tout ça, tout ce qu’on avait construit. J’ai été déçu de quitter le PSG. On aurait pu aller chercher l’Europe et finalement ça s’est arrêté là. Mais je suis passé à autre chose.
« Avoir du temps, cela a de la valeur »
Du coup, aucune chance de te retrouver un jour à la tête d’une équipe féminine ou d’une sélection féminine ?

Je ne sais. Je ne ferme aucun porte. Quand j’ai signé en équipe de France féminine, au poste de sélectionneur (en 2016), l’objectif est d’aller chercher un titre. J’ai eu 10 mois pour aller chercher un championnat d’Europe, bon, trop court, impossible… On a atteint les 1/4 de finale et on a été éliminés par l’Angleterre, ma seule défaite. En 10 mois ce n’était pas possible. Mais on a battu les Américaines chez elles à la « SheBelieves Cup » aux États-Unis, le tournoi le plus relevé du monde, que l’on a remporté. Mais je n’ai pas eu assez de temps. Quand je signe au PSG, on m’a laissé du temps pour construire des choses, malgré la Covid au milieu, qui nous a peut-être empêché de devenir championnes de France avant. Avoir du temps, ça a de la valeur à mes yeux.
Peux-tu raconter comment tu es arrivé à QRM ?
Déjà, j’aurais pu signer à QRM six mois avant, le club m’avait contacté*, je venais d’arrêter chez les filles, mais j’avais dit que prendre un club en cours de saison, ça ne m’intéressait pas, c’était difficile, je l’avais déjà vécu. Après, je ne faisais pas la fine bouche non plus. Mais j’avais aussi besoin de récupérer. Le terrain, ça manque vite. Arrive l’été dernier. Malgré des propositions alléchantes, des sollicitations chez les filles, comme celle du Real Madrid, qui me demandait d’aller battre Barcelone, ou encore celles de la Juve, de Chelsea, du Bayern, de la Fiorentina, eh bien j’estimais que j’avais fait le tour. Trois clubs de Ligue 2 se sont intéressés à moi, dont QRM. En fait, je n’ai pas de plan de carrière. J’aurais pu aller dans un club avec un plus gros budget, plus huppé, qui m’aurait donné plus d’argent, mais ma volonté, c’était peut-être de trouver ce que je recherchais, c’est à dire des valeurs humaines, ce qui manque un peu aujourd’hui dans le football. Les dirigeants de QRM, avec qui on a beaucoup échangé, ont réussi à me convaincre de poursuivre ce qui a été mis en place depuis 2 ans. QRM, c’est un club où y’a tout à construire de A à Z, ça me plaisait.
*Bruno Irles, l’entraîneur, est parti à Troyes à la trêve, finalement remplacé par Fabien Mercadal.
Comment décrirais-tu Quevilly Rouen pour quelqu’un qui ne connaît pas le club ?
C’est un club qui part de très très loin, avec des spécificités, des valeurs humaines exceptionnelles, qui sont son ADN. Tous les joueurs que l’on a pris, on les a pris pour leurs qualités sur le terrain, certes, mais aussi pour leur état d’esprit.
« On sait qu’on est la dernière roue du carrosse à Rouen »

Et les infrastructures, on entend souvent dire que c’est un frein…
Les infrastructures, parlons-en. Qu’est-ce qu’on a aujourd’hui à QRM ? On a deux salles qui correspondent au monde professionnel : le bureau des coachs et la salle de presse ! Ce sont les deux seuls lieux qui ressemblent à quelque chose de professionnel, mais pour le reste… On a un terrain d’entraînement qui n’est pas aux normes et quand il pleut, on ne peut pas s’entraîner dessus car il y a trop d’eau, on est obligé de délocaliser les séances sur des terrains en synthétique qui ne sont pas en bon état. On a aussi le FC Rouen et le rugby en Pro D2 qui jouent au stade Diochon. Pour le rugby, c’est même la veille parfois… Il y a plus de 60 matchs par an à Diochon, donc automatiquement la qualité de jeu, elle s’en ressent. On est tributaire de ça. On sait qu’on est la dernière roue du carrosse à Rouen, où tout le monde nous met derrière les autres. Et bien malgré tout, on montre qu’on peut travailler. Mais on ne pourra pas continuer sur la durée. C’est impossible. Il faut un centre d’entraînement. C’est vital. Je suis exigeant et ambitieux. Je suis venu pour construire des choses et améliorer le quotidien de chaque personne, de l’intendant à l’ensemble de mon staff. On est parti à Pau le vendredi, on a joué le samedi soir et on est rentré le dimanche à 18h, ça va qu’on a gagné (4-3), mais la fatigue s’accumule, 8 heures de voyage, tout ça, ça coûte des points. Il y a des choses à améliorer, mais la principale, c’est le centre d’entraînement. Dans un second temps, il faut un gros stade : on ne peut pas avoir trois entités sur le même terrain. Il faut séparer le foot du rugby, voilà, c’est aussi important, parce que ça nous pénalise. Cet hiver, j’ai dû adapter mes principes de jeu et mon plan de jeu, car le ballon ne fait que sauter, à cause des matchs de rugby notamment.
Pendant de nombreuses semaines, QRM a figuré dans le top 8, et a même titillé le top 5 : c’est presque inespéré, non (11e aujourd’hui) ?
Déjà, c’est historique, parce que, quand on regarde les équipes sur la ligne de départ, il faut être honnête, on fait partie des quatre clubs qui vont descendre, mais justement, pour nous, c’est une source de motivation énorme. On a mal commencé la saison : 70 % de l’effectif a été renouvelé, avec 14 départs et 14 arrivées. Il faut du temps pour trouver le bon équilibre, trouver des automatismes. Et puis l’écoute des mecs a fait qu’aujourd’hui on en est là. On fait une très belle 2e partie de saison (l’entretien a été réalisé avant la réception de Bordeaux, le 13 mai). En termes de qualité de jeu aussi on a franchi une étape aussi.
« Parfois, on a du mal à me suivre ! »

Tu connaissais le contexte avec le FC Rouen ?
Oui ! Je n’avais pas vu les installations mais on m’en avait parlé. Mais ce qui est positif, c’est que j’ai un président et des dirigeants qui me laissent travailler et me font confiance, et Dieu sait si je suis exigeant avec moi-même, avec mes joueurs. J’ai tendance à être exigeant avec mes dirigeants aussi, et parfois, je vais trop vite, on a du mal à me suivre, mais je suis comme ça… Je savais que l’environnement était difficile, mais peut-être pas autant que ça. Par exemple, une fois, il a fallu aller jouer un match de championnat à Caen alors que l’on recevait Niort, c’était dans les accords, ce qui fait que l’on a joué un match de plus que les autres à l’extérieur. S’il n’y avait que le FC Rouen, cela irait, et en plus, franchement, nos relations sont très bonnes : le FCR est un club historique, avec 50 saisons en pro. Le FCR, c’est le club de la ville de Rouen et QRM, c’est le club de la métropole. Ce sont deux entités différentes et nous on a tout à écrire. On a commencé, avec de belles pages. On a la volonté de se pérenniser en Ligue 2 mais pour ça, il faut ce centre d’entraînement. Notre modèle économique, celui que l’on doit avoir, c’est celui de Lorient, Auxerre ou Guingamp. Ces clubs doivent être nos modèles.
Le maintien est acquis depuis quelques semaines, du coup, tu peux préparer la saison prochaine…
Oui, je travaille depuis des semaines pour la saison prochaine, pour avancer. On sait qu’on va perdre du monde, qu’on a aussi des joueurs prêtés qui vont partir. Avec Julien Converso, le directeur sportif, Arnaud Saint-André, le directeur général, Michel Mallet, le président, et les dirigeants, on travaille là-dessus, pour gagner du temps, contrairement à la saison passée. Quand j’ai signé en juin, franchement, ce n’était pas facile, avec 14 départs et 14 arrivées.
« A QRM, on ne vend pas du rêve »
L’équipe possède aussi la particularité de ne pas avoir de « vedettes »…
Non, non, on n’en a pas. On met en valeur certains joueurs, qui ont besoin de se relancer. D’autres, très jeunes, qui ont besoin de découvrir comme Mamady Bangré. D’autres qui ont besoin de se relancer. Il faut qu’il y ait un amalgame, une alchimie, mais ce qui est primordial, c’est l’état d’esprit : ici, on ne vend pas du rêve, par contre on a une méthode, on leur vend du travail, d ‘autres aspects, des valeurs humaines.
Le soleil du sud ne te manque pas trop ?
Le soleil ? Non, ça va encore. J’habite pas loin de Préfecture, pas loin de la Seine, c’est un peu la Méditerranée (rires) ! Je n’ai pas trop le temps d’aller en ville, je fais plutôt « stade – maison – stade », mais le centre de Rouen est sympa, joli, les gens sont gentils. La mer me manque oui, alors quand je redescends chez moi, quand je vois mes parents, ma famille, mes tantes, mes oncles, mes cousins, je prends encore plus de plaisir, je l’apprécie encore plus, la mer, comme je la vois moins souvent ! A Sochaux, j’avais pris un appartement dans lequel je ne me sentais pas bien : à Rouen, je n’ai pas fait cette erreur; je voulais de la hauteur et de la lumière ! Là, je suis au 5e étage, j’ai une vue dégagé. Au moins, même quand il ne fait pas très beau, j’ai de la lumière !
Olivier Echouafni, du tac au tac
« J’étais prédestiné à devenir prof de gym »
Meilleur souvenir sportif de joueur ?

(Rires) J’en ai deux. La montée avec l’OM en Division 1 (en 1996). Quand je reviens à Marseille, on m’en parle toujours. On a fait partie de la deuxième génération des Minots, celle qui a fait remonter le club après l’affaire OM-Valenciennes. Certains me remercient encore ! C’est une grande fierté, un grand moment.
L’autre, c’est d’avoir permis d’emmener tous les Niçois à Paris pour la finale de la coupe de la Ligue (contre Nancy, en 2006, défaite 2-1), et aussi la demi-finale juste avant, à Monaco, qui reste un grand souvenir. Il y a aussi ce match, le 4-3 à Monaco, avec Nice, alors que l’on perdait 3 à 0 (en 2004). Y’a souvent Monaco dans les souvenirs !
Meilleur souvenir d’entraîneur ?
Le titre de champion de France avec les filles du PSG (en 2021), après une saison incroyable… Pas une seule défaite… Et puis c’est quelque chose que l’on a construit. Le titre était l’objectif du club et en plus on a battu Lyon. Mais ce que je vis avec QRM cette saison, c’est super fort aussi.
Pire souvenir sportif de joueur ?
(Il réfléchit). Ma blessure aux croisés, avec le Stade Rennais à Louis-II (en 2001)… Quand je vous dis que ce stade à Monaco est incroyable pour moi ! J’y ai quand même passé beaucoup de saisons (13), il m’a donné des émotions incroyables, j’y ai vécu des moments de déception et de tristesse, comme cette blessure, qui m’a coupé dans mon élan, alors que j’étais dans une bonne période.
Pire souvenir sportif d’entraîneur ?
Je n’utiliserais pas le mot « pire », je dirais plutôt ma plus grande déception d’entraîneur, c’est que le PSG ait cassé tout ce que l’on a construit. Et aussi la vente du club à Sochaux qui ne nous a pas permis de poursuivre le projet quand j’y étais l’entraîneur.
Ton plus beau but ?
A Monaco ! C’est fou hein (rires), c’est pour ça, je te dis, j’ai une histoire incroyable avec ce stade ! C’était sur un coup franc, avec le stade Rennais, je mets une tête plongeant qui finit dans la lucarne.
Tu détenais un record justement, celui du nombre de buts marqués en première division de la tête, et consécutivement : 8 ! Tient-il toujours ?
On m en a parlé y’a 2 ou 3 ans, France Football avait fait un sujet là-dessus, et à ce moment-là, je le détenais toujours, oui, et je sais que Cavani s’était rapproché mais finalement il a marqué du pied et voilà (rires) !

Pourquoi as-tu choisi de devenir entraîneur ?
C’était ma destinée (rires). C’était un rêve caché de gamin comme plein de gamins ont, et qui est devenu réalité. Il a fallu faire un choix de carrière important, celui de quitter l’AS Monaco, où j’ai passé 13 ans, de l’âge de 5 ans à 18 ans, pour aller jouer en amateur à Roquebrune-Cap-Martin, en Promotion d’Honneur. C’est Gérard Proscelli, que j’ai encore au téléphone, et avec qui on échange beaucoup sur l’approche du métier d’entraîneur, qui m’a convaincu de venir en amateur, de faire une saison, puis une deuxième. Je lui dois beaucoup aussi. Car j’étais prédestiné à devenir professeur de sport. Je poursuivais mes études à l’UFR Staps de Nice, il fallait bien avoir un bagage pour travailler. Et il y a eu un concours de circonstances qui a fait que j’ai signé à l’Olympique de Marseille. En fait, j’ai marqué plus de 30 buts en deux saisons à Roquebrune, pour un milieu défensif… J’ai vraiment fait deux saisons exceptionnelles là-bas. J’ai pris confiance, je marquais dejà pas mal de la tête, je me projetais beaucoup sur le terrain, j’avais 18/19 ans, je jouais avec des adultes dont le beau-frère, à l’époque, de Jean Castaneda, responsable du Centre de formation de l’OM : il trouvait que j’avais des qualités pour aller un peu plus haut, ce qui m’a permis d’effectuer deux essais en avril 1993 et mai 1993 à Marseille, qui se sont avérés payants. Je me souviens que lors du premier essai, à Marseille, en 1993, on a fait un match contre les futurs champions d’Europe, alors que quelques jours avant, je m’entraînais en PHA ! Finalement je signe stagiaire à l’OM. Etre arrivé sur le tard, ça a été un mal pour un bien, ça m’a structuré, ça m’a permis de prendre du recul et ça m’aide aujourd’hui dans mon métier, j’ai l impression d’avoir une méthode.
« J’étais dans la notion de passe et d’espace »
Qualités et défauts selon toi sur un terrain ?
Je n’allais pas très vite, alors je jouais sur le sens du placement, la qualité de passe, l’intelligence de jeu qui me permettait d’avoir un temps d’avance, le jeu aérien bien sûr, notamment sur les coups de pied arrêtés. Je ne portais pas le ballon, j’étais dans la notion de passe et d’espace. C’est toujours difficile de parler de soi ! Je ne lâchais rien, j’étais un vrai combattant, fidèle, loyal, je pensais toujours au collectif avant de penser à moi. J’étais aussi un éternel insatisfait. J’avais une force mentale. Mes valeurs, honneur, fidélité, collaient bien par exemple avec celles de l’OGC Nice. Quand je vois ma carrière, je me dis que j’ai toujours été fidèle. Il n’y a pas un seul moment où je n’ai pas profité.
La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
En termes de statistiques, c’est l’année à Strasbourg (1999-2000), où je mets 12 buts, dont 9 en championnat (et les fameux 8 de la tête !), ce qui m‘a permis de franchir une étape, et en plus, il y a eu la naissance de ma fille aussi cette saison là. D’un point de vue régularité, c’est à Nice, quand j’avais 35 ou 36 ans, je faisais presque tous les matchs, c’est pour ça, quand je vois Danté, je me dis « Waouh… » Mais c’est une hygiène de vie, on n’arrive pas là par hasard.
Une erreur de casting ?
On peut toujours avoir des regrets, je préfère parler de chance, celle qui m’a été donné de vivre de ma passion. On s’en rend compte bien plus tard, plus en tout cas que sur le moment. C’est vrai qu’après Strasbourg, j’aurais pu signer à Lyon, à Fulham en Angleterre, à Valence en Espagne, à Bologne en Italie, j’avais beaucoup de clubs qui s’étaient renseignés sur moi, même le Bayern Munich ! Finalement j’ai choisi la stabilité, avec le projet du Stade Rennais et de Monsieur Pinault. Si j’ai un regret, un seul, c’est celui de ne pas avoir connu certains entraîneurs dans ma carrière.
Le club où tu as failli signer ?
Lyon. A l’époque en 1999/2000, les trois clubs qui sont allés loin dans les négociations étaient Lyon, Rennes et le Fulham de Jean Tigana. Le Bayern était venu superviser Willy Sagnol lors d’un Strasbourg-Monaco, et ce jour-là, j’avais fait un très bon match, j’avais marqué 2 buts. Je leur avais tapé dans l’oeil et ils étaient venus me voir une vingtaine de fois. C’était l’époque où il fallait être supervisé 40 ou 50 fois avant de signer ! C’était déjà beau.
Un club où tu aurais rêvé de jouer ?
Vivre une expérience à l’étranger déjà ; en Italie peut-être, un club comme la Sampdoria de Gênes car je suis né à côté de l’Italie, c’était un club incroyable, avec de sacrés joueurs, qui faisait partie des équipes que je suivais, et aussi dans un club de Londres, mais il n y avait pas autant d ouvertures qu’aujourd’hui. Il faut remercier les Cantona, Ginola, Deschamps, Zidane et d’autres, qui ont permis d’ouvrir ces marchés qui étaient complètement fermés.
Un stade mythique ?
Joueur, Olympiakos Le Pirée, en Coupe d’Europe avec Marseille. J’y étais retourné avec Strasbourg. Quel stade ! Je n’ai pas eu la chance de jouer à Madrid mais c’est un stade incroyable aussi. Je citerais aussi le stade de Boca Juniors en Argentine, la Bombonera, c’est fabuleux. Ah, et aussi San Siro aussi, le vaisseau, à Milan !
Un coéquipier marquant ?
(rires) Un seul ? Attend j ‘essaie de me remémorer mes clubs… Pas un coéquipier mais une triplette, celle que l’on formait à Nice avec Flo Balmont et Cyril Rool, on se trouvait les yeux fermés, et devant nous on avait Ederson. La grinta faisait notre grande force. Et aussi à Strasbourg, David Zitelli et Corentin Martins : alors eux, sur coups de pied arrêtés… !
Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
C’est dur… On a tellement perdu le fil les uns les autres… On se revoit pour certains… On parlait d’Ederson, qui a eu des ennuis de santé, c’était un très bon garçon. A Rennes, Fabiano, qui est arrivé à 18 ans.
Le coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
J’en ai connu 17 donc… je les ai pratiquement tous revus ou eux au téléphone. On ne se rend pas compte quand on est joueur de la difficulté du métier d’entraîneur. Il faut être honnête, y’en a avec qui ça ne s’est pas bien passé, mais je ne leur en veux pas pour autant. J’ai envie de dire Gérard Gili à Marseille, parce qu’il m’a lancé réellement, il m’a donné cette chance de devenir pro, avec Jean-Louis Gasset. Bien sûr, il y a eu aussi Raymond Goethals au départ, mais c’est surtout Gérard sans oublier Jean-Louis.
Un président marquant ?
Bernard Tapie. Y’a pas débat ! Aujourd’hui encore, il reste la personnalité la plus marquante que j’ai rencontré.
Une causerie de coach marquante ?

Les plus fortes, c’est celles de Gérard (Gili). Il avait toujours ce sens de la motivation de par les mots, les émotions, l’intonation… Tout ce qu’il transmettait aux joueurs, c’était sa plus grande force. J’essaie de m’inspirer de ça, bien sûr, dans l’approche, dans le timing, dans la durée, afin de ne pas être trop long et d’être impactant. J’essaie de séparer la stratégie de l’aspect mental par exemple. Je m’inspire aussi de ce que j’ai appris sur les bancs de touche, avant. La causerie, c’est un exercice difficile, car on joue tellement de matchs, il faut toujours trouver des idées, des choses marquantes. Quand j’ai commencé mon métier d’entraîneur, je passais un temps fou à les préparer ! Quand on est joueur, on ne se rend pas compte du temps que peut passer l’entraîneur à préparer son match pour un résultat quel qu’il soit … parfois… et là on se dit « Tout ça pour ça ! ». Moi, la causerie, ça me prenait des heures voire des jours. Maintenant, ça commence à être de mieux en mieux mais j’ai ce besoin de préparer les choses. Certains entraîneurs n’ont pas besoin de la préparer, ils sont bons à l’instant T. Pas moi.
Une idole de jeunesse ?
Glen Hoddle. Le Platini anglais. Je l’ai vu de près à Monaco ! Je me suis même entraîné une ou deux fois avec lui et aussi George Weah, j’avais 17 ou 18 ans et j’avais complété le groupe pro, y’avait aussi Lilian Thuram, Manu Dos Santos mon ami d’enfance, Kelvin Sebwe, Cyril Granon, Bruno Rodriguez… Il me semble que Mark Hateley était là aussi.
Une devise ?
On n’a rien sans rien.
Ligue 2 BKT – 38e et dernière journée – vendredi 2 juin 2023, à 20h45, au stade René-Gaillard : Chamois Niortais (20e, 28 points) – Quevilly Rouen (11e, 49 points).
- Vidéo : les meilleurs moments d’Olivier Echouafni à l’OGC Nice
Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Boyeranthony06 et @13heuresfoot
Photos : Quevilly Rouen Métropole

On leur a montré une vidéo sur les réactions à la fin des équipes qui gagnaient une finale ou montaient… Il y avait La Rochelle en Coupe d’Europe de rugby, la fin du match et la montée d’Amiens en L1 en 2017 avec ce but à la 96e minute, celle de l’AC Ajaccio l’an dernier ou celles d’Annecy et Laval en L2 la saison dernière. C’était des caméras fixes sur les bancs de touche où on voyait de la tension sur les visages car la libération était proche, puis l’explosion. Les joueurs ont vu tout ça une heure avant le match. Trois heures après, c’est nous qui vivions les mêmes scènes. C’est ça qui est le plus beau émotionnellement. A Dunkerque, c’est la première fois que je fais douze causeries motivationnelles. A la fin, c’était devenu un jeu pour les joueurs. Ils disaient : « qu’est-ce que le coach nous a préparé cette fois ? » Ce qui est sûr, c’est qu’on a aussi bien rigolé. J’ai fait des causeries vidéos sur des combats de boxe, de MMA, sur des loups qui chassaient des buffles, le parcours de Benzema avec le Real Madrid en Ligue des Champions la saison dernière ou la compilation de leurs plus beaux buts. Mais j’ai déjà prévenu les joueurs : en Ligue 2, je n’aurai pas la capacité à en faire 38 comme ça.
Dans la vie et le sport de haut-niveau, il n’y a jamais de hasard. Le Mathieu Chabert de la montée de Béziers n’est plus le Mathieu Chabert de la montée de Dunkerque. Je n’ai pas changé. Je suis toujours le même. J’avais des facilités dans le management. C’est primordial et c’est un aspect que j’aime beaucoup.
Je préfère profiter des moments que je suis en train de vivre plutôt que d’avoir de la rancœur. Ça ne sert à rien. Je n’ai de revanche à prendre sur quiconque. C’est le foot. Je trace ma route avec les gens qui ont envie de me connaître. Ceux qui n’ont pas envie, je ne m’en occupe pas. Chacun peut penser ce qu’il veut de moi, ça ne m’atteint pas. Je n’ai plus de problèmes avec ça. Avant, j’étais plus jeune. Je suis toujours un jeune entraîneur mais il m’a fallu un temps d’apprentissage pour savoir désormais me concentrer sur l’essentiel. Après, je vais vous dire une chose : si je suis monté avec Dunkerque, je suis persuadé que c’est aussi grâce à mon expérience à Châteauroux.
Reprenez mes propos… J’avais dit que si jamais il y avait un projet intéressant et que j’estimais qu’il ne pouvait pas se refuser, je ne m’interdisais pas de retenter le coup. Ça a été le cas à Dunkerque pour plusieurs raisons. D’abord car le terrain me manquait déjà beaucoup.
Ils pensaient que j’allais les pourrir. Mais je leur ai dit : « Bon les gars, qui a le plus d’occasions ? » Les joueurs me regardent et me répondent : « C’est nous, coach ». Je leur répond : « On est d’accord ». Je leur demande ensuite : « Depuis que vous jouez au foot, même en poussins ou pupilles, avez-vous déjà remonté deux buts et gagné 3-2 ? ». Tous me répondent « oui ».
On sait que pour faire une saison exceptionnelle comme ça et réussir à monter, le gardien doit être une pièce maîtresse.
Au hit-parade des mots les plus entendus, samedi dernier à Guy-Piriou, à l’occasion de la fiesta organisée pour la montée en Ligue 2 de l’US Concarneau et, cerise sur le gâteau, pour l’officialisation de son titre de champion de National 2023, il y avait une grosse concurrence entre « historique », « incroyable », « magnifique », « extraordinaire » et « formidable ». Mais ça c’était au début. Parce qu’après, on n’entendait plus rien. Trop de bruit, trop de musique, trop d’ambiance. Trop… Trop bien !
« En début de saison, on était parti avec un peu de déception par rapport à ce qu’il s’était passé quelques mois avant malgré un très bon championnat (l’US Concarneau avait fini 4e après avoir longtemps été leader). On savait qu’il y avait un gros danger en raison des nombreuses descentes. Alors vivre ce que l’on a vécu jusqu’au bout, jusqu’à la 34e journée et jusqu’à la 86e minute car on finit le championnat sur le but de « Rabi » (Antoine Rabillard), ce sont des moments très très forts, uniques, imprévisibles. C’est la beauté du foot. J’avais dit aux joueurs avant le match à Orléans qu’ils devaient être fiers de ce qu’ils avaient déjà fait, quelque soit l’issue de la soirée, fiers d’avoir joué à l’US Concarneau durant cette saison 2022-2023. Mais je voulais qu’ils soient fiers aussi après le match et ils l’ont été en donnant ce qu’il fallait. Je suis très content d’avoir eu ces joueurs-là qui ont adhéré à ce que l’on a mis en place. Même quand ça a été plus difficile durant l’hiver, on n’a pas lâché, on est resté sur les mêmes idées et ça c’est une grande fierté. »
« On savait qu’on arrivait au bout et ce n’est pas là qu’on est le mieux car on est gêné mentalement avec tout ce qui se passe dans l’environnement, ça se joue au mental plus qu’au niveau technique, on est tous un peu perturbé. Mais un des tournants de la saison, c’est quand on rentre au vestiaire après la défaite au Puy (2-1, 32e journée) et que l’on apprend que nos concurrents n’en ont pas profité, que les autres résultats nous sont même favorables et qu’on est toujours deuxièmes ! Là, ça nous a donné un coup d’énergie et je pense même que l’on ne serait jamais revenu si on avait perdu la 2e place ce soir-là. Les joueurs ont été formidables et l’un des exemples c’est Antoine (Rabillard), un joueur expérimenté qui a déjà connu une montée en Ligue 2 avec Béziers et qui jouait moins en fin de saison en raison de mes choix. Et quand je fais appel à lui en fin de matchs, il rentre en jeu avec une attitude formidable (double buteur sur les deux derniers matchs). »
« Je crois que ce qui nous a fait passer cette année, c’est l’attitude des joueurs qui jouaient moins. Je pense à « Rabi » parce qu’il a été le plus visible en étant décisif et je suis très content qu’il rentre dans l’histoire du club avec ces buts-là. On a Fahd (El Khoumisti) qui est meilleur buteur, Amine (Boutrah) qui est meilleur joueur, mais derrière on a une attitude extraordinaire avec Ambroise Gboho, Georges Gope-Fenepej, Adrien Julloux, tous ces joueurs qui ont moins joué parce que l’équipe performait. Mais ils ont eu une attitude exceptionnelle jusqu’au dernier match. Tout le monde a compris le message : malgré les déceptions il fallait que l’on reste unis comme jamais. Quand on sent que les joueurs qui jouent moins vous soutiennent, ça crée beaucoup de choses, et je pense aussi aux jeunes qui étaient avec la Régional 1 et qui ont apporté leur touche technique et hissé le niveau des entraînements. On n’avait pas pas ça l’année précédente parce qu’on avait un groupe moins nombreux et je pense que c’est aussi une pierre importante à l’édifice de notre réussite. »
Le président de l’US Concarneau s’est lui aussi confié après cette accession tant attendue : « On ne pouvait pas rêver mieux! Même si le final a été extrêmement stressant et angoissant, tout est bien qui finit bien. Quand on fait l’analyse de la saison, ça me semble mérité et je ne suis pas le seul apparemment à le penser car de nombreux présidents de club m’ont envoyé des messages pour nous féliciter et dire que cette première place était méritée. Ce n’est pas volé en tout cas. Il y avait beaucoup de tension chez les joueurs, on a essayé de détendre tout ça, de les mettre dans les meilleures conditions possibles, les encadrer, leur expliquer ce qu’était le club. On a fait des interventions avec les bénévoles, avec les éducateurs, moi-même je suis intervenu pour essayer de relativiser les choses… Mais il y avait un tel enjeu que ce n’était pas facile, on a essayé de faire le mieux possible et ça n’a pas trop mal marché. »
« Il faut profiter au maximum, ce sont des moments à vivre, des moments rares dans une carrière (il est déjà monté en Ligue 2 avec Béziers en 2018). J’ai moins joué en fin de saison, ce sont des choix du coach. Que l’on ne soit pas content c’est une chose, mais si on boude et que l’on ne fait pas le travail derrière, ça ne sert à rien. Il faut continuer à y croire, à espérer. Personne n’a boudé dans cette équipe, c’est ça qui est extraordinaire, il y a un groupe qui est vraiment uni depuis le début. On l’a senti. Que le groupe vive bien, c’est facile quand on gagne, mais même quand on a eu des moments plus difficiles, on est resté soudés et unis. Le coach a su créer un groupe et on y a toujours cru. C’est la récompense d’un travail de longue haleine qui avait débuté en juin. »

























































Mais j’ai vu que le travail de Maxime se mettait en place. Je ne dis pas ça aujourd’hui parce que l’on monte : je disais exactement la même chose de lui il y a un an et demi. Vous n’avez cas regarder les articles de presse de l’époque. Je n’écoute pas forcément la pression populaire. Et si demain cela se passe moins bien, je ne changerai pas comme ça, on ne peut pas brûler aujourd’hui ce que l’on a aimé la veille, mais là, ce n’est pas le sujet. J’aime travailler sur la durée. Un mois après son arrivée, la saison passée, on fait un super match à Granville, on fait 0-0, alors qu’on aurait dû gagner, mais ça a servi de déclic. Et puis, à l’issue du match il y a eu une grosse échauffourée entre nos joueurs et nos supporters. J’étais vraiment désolé que ça se passe comme ça avec eux. Bien sûr, je condamne cette violence, mais en même temps, ce fut un acte fondateur. Et après Granville, on termine la saison invaincu ! On était une machine. On finit 4e mais on est 2e sur la phase retour (31 points), derrière Versailles.













Les derniers moments de bonheur vécus par les supporters de Nancy remontent à la saison 2015/2016, à l’issue de laquelle le club au chardon est sacré champion de France de Ligue 2 et retrouve l’Élite 3 ans après sa descente.
Mais le début de saison 2021/22 est cataclysmique : 10 matchs sans victoire ! Nancy démarre sa 5e saison de rang en Ligue 2 de la pire des manières avec aucune victoire en dix rencontres. Daniel Stendel, erreur de casting, est remercié, façon de parler. Le technicien n’a jamais réussi à mettre en place ses idées. Le recrutement de joueurs en manque de temps de jeu n’a pas aidé, et que dire de la data, pourtant si chère à Gauthier Ganaye. Cette sacro-sainte technologie aura mené Nancy à sa perte et fait un gros pied de nez à son jeune président, si présomptueux et si sûr de sa force. Un président à tel point sûr de lui qu’il dirige Nancy… en télétravail ! Ses apparitions se font rares, que ce soit à Nancy ou Ostende, les deux clubs qu’il dirige.
Les Lorrains connaissent une parenthèse enchantée dès la reprise en janvier 2022, avec les 32èmes de finale de la coupe de France. En déplacement à Picot, les Rennais se cassent les dents sur une équipe solidaire qui élimine les pensionnaires de Ligue 1 ! L’aventure s’arrête un tour plus tard, avec une élimination par Amiens au terme d’un non-match, comme souvent cette saison-là.
A saison inédite, effectif inédit. Albert Cartier sort d’une expérience en National à Borgo (où il a été remercié en cours de saison). Quand il arrive à l’ASNL, début janvier 2022, il a les mains libres pour réaliser son recrutement, dans un championnat qu’il connaît bien.
Premier match de la saison 2022-2023. Bourg-en-Bresse, club au statut pro, se présente au stade Marcel Picot avec beaucoup plus de certitudes que l’effectif nancéien totalement remanié. Après un match solide, les Bressans s’imposent 2 buts à 1.
Après s’être incliné à Châteauroux (J9) et avoir battu le Stade Briochin (J10), qui n’était pas encore sur la dynamique de sa fin de saison actuelle, Nancy est éliminé en coupe de France par une formation de R1 alsacienne, Reipertswiller, au 7e tour (3-2).
Benoît Pedretti avait laissé le club à la dernière place de Ligue 2 la saison précédente et avait jeté l’éponge face à l’ampleur de la tâche. Le voilà donc de retour aux affaires avec cette fois une autre mission, celle de maintenir le club en National ! Il en va de la survie du statut professionnel de l’ASNL, tout simplement.
Son intuition était la bonne, Nancy connaît des résultats difficiles, en dents de scie et la dynamique se tasse. « L’affaire Pellegrini » va venir entacher tout le travail réalisé sur le terrain avec le retrait d’un point, plus la défaite sur tapis vert face à Concarneau (le défenseur, suspendu, n’aurait pas dû prendre part à ce match). Une terrible bourde et, surtout, des points qui, évidemment, manquent cruellement dans la lutte pour le maintien aujourd’hui.
D’ici là, la bande à El Aynaoui a trois matchs et trois finales à disputer. Le mot n’est pas galvaudé. Et ça commence dès ce soir chez le leader, à Martigues (en direct sur Canal + Foot à 18h30), sans Thomas Robinet, blessé, puis face au Puy à Marcel-Picot, une équipe déjà condamnée mais qui a montré face à Concarneau vendredi qu’elle n’était pas du tout en vacances (succès 2-1) !