Le président de l’association GFC Ajaccio, présent à Mezzavia depuis 23 ans, évoque avec émotion, détermination et ambition son nouveau rôle. Et entend bien inculquer le respect des anciens, des parents et de la vie en général aux jeunes appelés demain à faire grimper le club (Régional 2) dans les divisions supérieures.

Photos @13heuresfoot

Louis Poggi est trop humble pour le dire mais sa nomination à la tête de l’association Gazelec Football-club d’Ajaccio, le 11 février dernier, résonne comme une évidence. Qui mieux que lui pour inculquer les valeurs du club et les valeurs de la vie – il emploie beaucoup les mots « respect », « anciens », « histoire » -, celles totalement inhérentes à l’institution Gazelec. Oui, parce que le Gaz, qu’il soit en Ligue 2 ou en Régional 2, est une institution.

Ce matin de juillet, il est tôt à Ajaccio. Le mythique stade de Mezzavia (ou stade Ange-Casanova), dont l’atmosphère, l’architecture, l’odeur et l’âme demeurent uniques, est déjà ouvert. Il y a toujours cette cage au fond, au-dessus du toit du supermarché attenant. Et ces peintures Rouge et bleu certes un peu abîmées mais qui donnent du cachet à ce stade dont l’herbe, haute et jaunie, laisse penser qu’il est à l’abandon.

« La pelouse, on m’en parle souvent, mais ce n’est pas le chantier le plus important aujourd’hui » lance d’emblée Louis Poggi, 39 ans, présent dans le club house aux côtés d’Alex Da Costa, le responsable du nouveau centre d’hébergement pour les joueurs U17 et U19 Nationaux, et également éducateur en U9 et U14.

Le 28 février dernier, le tribunal de commerce d’Ajaccio a placé la SAS qui gérait les deux équipes seniors (National 2 et Régional 2) en redressement judiciaire. Mais l’association, elle, a été sauvée. Ce qui a permis aux équipes de jeunes de terminer la saison et au GFCA de se restructurer. Car le club va repartir en Régional 2 en seniors, au niveau de sa réserve, tandis que les jeunes batailleront en championnats U17 et U19 Nationaux.

Ce matin, Louis Poggi offre le café. Le jeune président va répondre à nos questions. Ensuite, il prendra la route qu’il connaît par coeur pour Bastia, sa ville natale, où sont toujours installés ses parents. Tout au long de l’entretien, qui a duré plus d’une heure, il n’a cessé de poser ses yeux sur le stade, de tourner la tête vers cette enceinte qui représente tant de choses pour lui. Parfois ému, souvent déterminé, Louis Poggi s’est confié sur le Gaz. Comme une introspection. Quelque part, c’est comme s’il s’était confié sur lui.

INTERVIEW / « Je serai un président prévoyant »

Louis, pourquoi, à 39 ans, voulez-vous arborez cette double casquette de joueur-président ?

Parce que je veux aider le club, au sens large du terme, aider le coach aussi (Jean-Marie Ferri), et faire le tampon entre lui, les joueurs et la direction. En cas de besoin, je jouerai. La saison passée, en National 3, j’avais effectué une première préparation tout seul, pendant deux mois avant la reprise officielle avec l’équipe, parce que j’avais pris du poids. J’avais perdu mes 12 ou 13 kilos en trop. Bon, là, j’en ai repris 5 ou 6… J’étais dans le groupe assez fréquemment, j’ai dû disputer deux ou trois matchs titulaire. Parce qu’il fallait montrer un peu le chemin aux autres, d’autant plus que l’on avait eu du mal à commencer le championnat. Malheureusement, on sait ce qu’il est advenu du club…

Montrer le chemin, c’est ce que vous allez recommencer à faire cette saison…

Je vais recommencer à jouer un peu avec eux pour inculquer certaines valeurs parce que c’est tout nouveau, il va vraiment y avoir des nouveaux joueurs. On repart en Régional 2 et j’avoue que ça m’a fait mal. Quand j’ai appris ça, j’étais sonné, dans les cordes. Mais après, il faut vite relever la tête parce qu’il y a un dernier défi sportif et celui-là, il n’est pas petit, c’est vrai, mais il est excitant.

Vous n’avez pas peur de vous égarer avec cette double casquette ?
Pas peur, non. Je n’ai pas peur de jouer, parce que cette responsabilité du terrain est plus simple que celle de président.

Quel type de président êtes-vous, serez-vous ?
Je serai un président jeune et prévoyant même si le Gaz est un club imprévisible. Un président qui apprend vite.

« Sans les parents, on ne serait plus là »

N’avez-vous pas l’impression d’être face à l’Everest ?

Ecoutez, pendant des mois, on avait la tête baissé, on n’avait pas le temps de la relever. Là, je pense que fin août, on va commencer à le faire. Parce qu’on a des choses importantes qui nous attendent. Depuis le mois de février jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas arrêté. Sincèrement, je ne pensais pas qu’il y avait autant de choses à faire et qu’on en ferait autant. Notamment sur le plan administratif, qui n’est pas notre domaine et que nous n’avions pas forcément prévu non plus. Mais on a réussi à avancer tout doucement avec des personnes compétentes, je les remercie, je ne les citerai pas de peur d’en oublier ! Je remercie aussi les associations, celle des partenaires les « socios », les « I Diavuli » (supporters) et l’Amicale des anciens. Et je n’oublie pas les parents, qui ont vraiment fait un travail énorme pour nous soulager dans pas mal de domaines : sans eux, on ne serait plus là.

« C’est le défi administratif qui m’inquiète »

Quels rôles ont joué les parents dans la reconstruction du club ?

Ils l’ont valorisé, ils se sont mobilisés : par exemple, on a fait un tournoi, ils étaient 50 ou 60 bénévoles, parents. Il y a eu un bel élan de solidarité. On a fait une fête pour les remercier. C’est pour ça qu’on se bat tous. On voit qu’il y a des amoureux de ce club. On voit qu’on a fait tout ce travail là pour arriver à créer des choses que l’on pensait irréalisables à un moment donné. Tout doucement, ça prend forme.

Quand on vient à Mezzavia, comme nous ce matin, l’état de la pelouse peut choquer, surprendre…
Oui, mais la pelouse, ce n’est pas grave, ce n’est pas un défi qui m’inquiète. C’est le défi administratif qui m’inquiète même si je suis un peu plus serein maintenant, car les choses se mettent en place tout doucement, les finances aussi.

Le club est en redressement judiciaire donc automatiquement on est aidé, scruté, regardé encore plus, mais ça nous rassure car on est novices. Des erreurs, on va en faire. Je vais en faire. Mais seul, on ne fait rien. Moi, je suis juste l’image, le représentant. J’ai fait le manoeuvre ici, j’ai aidé à déménager, j’ai porté des sacs, comme si c’était chez moi. Quelque part, Mezzavia, c’est chez moi, c’est chez nous, c’est notre jardin, notre maison. On aurait pu laisser le club et en créer un autre mais non…

La SAS (la société commerciale qui gérait l’équipe fanion de National 3) n’existe plus. Le club vit en association et on va essayer de faire vivre cette association.

« Il ne s’agit pas de végéter en Régional 2 »

Sur le terrain, puisque vous comptez encore jouer un peu, allez-vous également vous immiscer dans le secteur sportif ?

Non. Je ne veux plus m’autoriser à parler de football car je ne veux pas influencer les choses, ni m’immiscer dans le domaine sportif. J’ai toujours détesté que des présidents ou des dirigeants fassent ça, imposent des joueurs par exemple. Je ne fais pas partie de ce monde-là. Je ne vais pas faire ce que j’ai critiqué. Sauf que l’on me demande beaucoup de choses. Bien sûr, il y a des objectifs qui sont importants, comme maintenir nos U19 Nationaux et nos 17 Nationaux, et pour l’équipe fanion, il ne s’agit pas de végéter en Régional 2, ça c’est certain. On a construit une équipe pour accéder en R1, et après on verra. On ira étape par étape. Aujourd’hui, ce sont ces enfants-là qui feront monter le club. Ce n’est pas moi. J’essaierai juste d’apporter ma façon de voir les choses, mon identité, avec le coach, et dans six mois, l’idée, c’est de me détacher du terrain pour faire grandir le club d’une autre façon. Je ne serai plus sur le terrain.

L’identité, les valeurs, c’est vraiment quelque chose qui vous tient à coeur…

Ce club a une identité, et il faut une équipe première pour que les enfants puissent s’identifier. C’est comme dans la vie de tous les jours. Mes enfants – il est papa de deux garçons, Raphaël et Andria – s’identifient à moi, donc je n’ai pas le droit à l’erreur, de leur montrer des mauvaises choses. Je dois être irréprochable. Façon de parler. Je peux quand même boire une bière ! Mais si je ne dis pas « bonjour », « merci », « s’il te plaît », des trucs simples de la vie de tous les jours, s’il n’y a pas ce respect…

Ici, j’ai envie de mettre en place ça et je réussirai. Si demain les enfants doivent partir, qu’ils soient restés un an ou dix ans au club, ils pourront rentrer dans la vie active, avec le respect de la vie, des gens, de leurs parents, ils pourront voler de leurs propres ailes. Et si on a un ou deux jeunes qui réussissent dans le foot, tant mieux, mais je ne table pas sur ça; car il n’y a pas que le football, c’est juste une étape, une période de la vie. Il y a des choses plus importantes. Comme l’école. Parce que des Zidane et des Ronaldo, il n’y en a pas tout le temps.

A quoi pensez-vous quand vous regardez la pelouse, les tribunes, le stade, comme vous le faites là ?
Quand je regarde le stade… Je suis triste. Beaucoup de choses me rendent triste. Je me bats. Je suis triste de beaucoup de choses, parce qu’il y a 7 ans de ça, on était en Ligue 1. Quand je regarde le terrain, je me vois moi en train de jouer.

Bien sûr, le Gazelec a côtoyé la Ligue 1 pendant une saison (2015-2016), tout le monde ne parle que de son passage dans l’élite, pourtant, dans notre esprit, c’est plutôt un club estampillé Ligue 2…

Oui, vous avez raison, mais ça, tout le monde ne l’a pas compris. De la même manière que moi, j’avais compris que j’étais un joueur de Ligue 2, pas plus, je connaissais mes limites, même si j’ai fait des matchs en Ligue 1. Et si on avait compris ça, la vie du club aurait été différente.

« Refaire vivre ce stade, refaire venir du monde, rendre des gens heureux »

Vous semblez avoir des regrets…
Non, je fais juste des constations, et je n’ai aucun regret. J’aime les risques, mais j’aime les minimiser. Je ne veux pas aller au-delà. Parfois, je parle tout seul. Au moins, personne ne m’entend.

Et quand vous vous parlez tous seul, vous vous dîtes quoi ?

Je me dis que les personnes qui ont fait grandir ce club ne méritaient pas ça. Je ne parle pas uniquement des personnes qui étaient là quand le club a chuté, parce que ça c’est la vie sportive, ce sont les aléas, mais qu’ils soient traités de la sorte, ça me dérange, parce que je suis arrivé en 2000, j’étais à intérieur; on est en 2023, je suis encore là, et je sais ce que toutes ces personnes ont fait. Ils ont fait des erreurs, mais ils n’ont pas fait de mal. Ce n’est pas la même chose.

C’est quoi, votre rêve pour le Gaz, aujourd’hui ?

Mon rêve ? J’en ai plein. C’est plus un souhait : j’ai envie que l’on reconstruise ce club, et après, le faire monter étape par étape. L’important aujourd’hui ce sont les enfants, ce sont eux qui vont faire monter le club. Je suis arrivé à l’âge de 16 ans ici. J’ai fait partie de ces jeunes qui ont fait monter le club. Jusqu’au plus haut niveau. Refaire vivre ce stade, refaire venir du monde, rendre des gens heureux, voilà ce que je veux. On va y arriver, mais ça va prendre du temps. Mais avant tout, je veux qu’on laisse le Gaz tranquille déjà. Qu’on n’arrête de parler pour rien. Je trouve que c’est de l’acharnement. Et comme c’est mon club… Peut-être que je ne suis pas objectif. Je parle par amour, mais c’est un peu trop. On a puni des gens, pour moi, à tort. Après, chacun voit les choses comme il veut.

Louis Poggi, du tac au tac

« Sans les anciens, le Gazelec n’existerait pas »

Meilleur souvenir sportif ?

La montée en Ligue 2 en 2013 avec le Gazelec en 2012 et on fait demi-finale de Coupe de France la même saison. Ce n’est pas anodin. On perd 4 à 0 contre Lyon ici, enfin, pas ici, « en face », chez les voisins, parce que notre stade ne pouvait pas accueillir ce match-là. Bon, je pense qu’aujourd’hui, il ne pourrait pas l’accueillir non plus (il regarde la pelouse…) mais voilà… C’est mon meilleur souvenir. La montée en Ligue 1 fut belle aussi mais là, cette accession en L2, c’était le début de l’aventure, parce que tout est parti de là. C’étaient les débuts de l’ascension du club qui a pris une autre dimension à partir de ce moment-là.

Pire souvenir sportif ?

Mon départ d’ici en 2017, que j’ai mal vécu, parce que je ne m’y attendais pas. Cela a été brutal. Je ne pensais pas que cela me ferait aussi mal. J’ai pris le temps de digérer ça. Ensuite, je suis « monté » sur Bastia jouer au FC Bastia Borgo, en CFA, puis j’ai joué en N3 au Sporting-club de Bastia où on a fait cette accession en National 2 (saison 2018-2019). Et après je les ai laissés faire leurs aventures.

Pour quelle raisons n’aviez-vous pas été conservé au Gazelec en 2017 ?

C’est un amalgame de beaucoup de choses. Je ne rentrais plus trop dans les plans du coach. Le club prenait un autre virage mais bon, moi, ici, à Mezzavia, je n’ai que des bons souvenirs. Les mauvais souvenirs, je les laisse de côté. Si je suis encore là aujourd’hui, c’est qu’à un moment donné, j’ai tourné la page. Mais oui, cela m’a fait mal, plus en tant qu’homme que joueur de foot.

Passer du Gazelec au Sporting-club de Bastia, cela n’a pas été compliqué ?

Non, pas compliqué, car je suis Bastiais, je suis né à Bastia, j’ai toute ma famille là-haut. Ce n’est pas pareil. Le Sporting, c’est un autre club, c’est différent, il n’a pas d’égal en Corse. Le Sporting, c’est vraiment une histoire et un peuple derrière un club. On voit ce qui s’est passé depuis le National 3 jusqu’en Ligue 2, en l’espace de 4 ou 5 ans, c’est énorme. Après, mon club, c’est le Gaz. Le Sporting, j’y ai passé une belle année, on a perdu contre Caen en coupe de France après un beau parcours aussi. Je ne regrette rien.

Je voulais dire, passer du Gazelec à Bastia, dans le sens… enfin, il y a une rivalité tout de même entre les clubs…

Oui, il y a des rivalités, maintenant, voilà, je suis arrivé à Bastia à un âge où cette rivalité était effacée. J’ai été bien accueilli. Ils ont fait la part des choses. C’était sympa.

Vous êtes Bastiais, et pourtant, votre club, c’est le « Gaz » ?

En fait, je suis parti en 1998 à Nantes à l’âge de 14 ans et après 2 ans au centre de formation là-bas, j’ai atterri ici où j’ai vraiment trouvé un beau club, un esprit de famille, et je n’ai plus bougé.

Si le Gaz était allé au bout du championnat de N3 la saison passée, aurait-il fini devant Cannes qui a été promu en N2 ?

(Catégorique) Bien sûr ! Vous avez vu, je n’ai pas hésité.

Combien de cartons rouges dans votre carrière ?

Une dizaine, maximum, ça ne me paraît pas énorme. J’ai même été suspendu sans prendre de carton ! La saison dernière, en National 3, je n’ai pris que deux jaunes, j’ai fait quelques bêtises, mais bon… Je n’ai pas beaucoup joué, je ne voulais pas jouer beaucoup de toute façon, je n’étais pas revenu pour ça. Sauf quand ils avaient besoin de moi, comme pour les matchs importants, comme contre Cannes chez nous : on perdait 1 à 0 et je rentre, on a gagné 2 à 1, j’étais là pour mettre un peu la panique.

Le meilleur match de votre carrière ?

Je ne peux pas en dégager un… Je ne me suis jamais trop dit que j’avais fait un excellent match… Après, si je dois en sortir un, je dirais le match de la montée de National en Ligue 2 avec le Gaz, à Epinal, en 2012. J’ai marqué le but de l’accession (1-1).

Un de vos pires matchs ?

Y’en a eu quelques-uns, en Ligue 2, la première année où on est monté… La pelouse, c’était comme ça (il montre la pelouse actuelle, dans un sale état…), ça a vraiment été compliqué cette première saison. On a joué cinq matchs à Gueugnon parce que notre terrain était suspendu, on s’est dit, « bon maintenant ça suffit, il faut arrêter les conneries » (rires) !

Plus beau but marqué ?

Et bien c’est quand je mets cette frappe à Epinal, en dehors de la surface, je ne sais pas pourquoi, et cela permet de monter en Ligue 2.

Combien de buts marqués ?

Maximum une quarantaine. C’est pas mal. J’ai marqué aussi contre mon camp. Et des beaux csc !

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?

A la base, le foot a toujours été un loisir, un amusement, je suivais les copains dans un club qui s’appelait l’AJ Biguglia, mais qui a fusionné depuis (avec l’Etoile Filante Bastiaise en 2020 pour donner naissance au FJE Biguglia), et en 1998, à 14 ans, j’ai eu cette opportunité de partir au centre de formation de Nantes. J’en ai discuté avec mes parents. J’ai participé à quelques tournois, il y avait des recruteurs, mon nom a circulé, et ça s’est fait comme ça. Après, une personne qui me connaissait a poussé dans cette direction, Sadek Boukhalfa (ancien de Nantes et Bastia) m’a recruté, via monsieur Guy Hillion, et voilà, je suis parti. Je ne savais pas trop où j’allais. Les deux ou trois premiers mois, tous les soirs je faisais mon sac et je disais à mes parents « Je rentre ». Il y avait mon petit ange, mon père, qui me disait « Tu rentres », et le diable, ma mère, qui me disait « Tu restes », et je suis resté. Au final, c’est elle qui avait raison. Finalement, j’ai appris pas mal de choses à Nantes, où je me suis émancipé. Et de là, je me suis dit, « c’est possible d’être footballeur ». Après, à mon retour à l’âge de 16 ans jusqu’à mes 26 ans, y’a rien qui s’est passé, même si j’avais joué 2 ans en National à Toulon. Et là, je me suis dit, « Allez, j’essaie encore un an et après j’arrête ». J’avais déjà commencé à investir à côté du foot. Et c’est là qu’on est monté en Ligue 2 avec le Gazelec.

Comment avez-vous atterri au Gazelec à l’âge de 16 ans ?

Par l’intermédiaire du directeur sportif ici, Dédé Di Scala, et après Nantes, je n’avais plus envie de bouger de la Corse.

Premier match en seniors au Gaz ?
Contre l’Ile Rousse ici, en CFA, j’avais 17 ans, on m’a dit « Viens jouer », je n’habitais pas loin. J’avais pris mon sac. J’avais une petite moto. Il n’y avait que des adultes. Je m’entraînais avec eux jusqu’au jeudi à l’époque et le vendredi, je partais avec les 18 ans Nationaux. J’ai joué, et je n’ai plus quitté l’équipe de Jean-Luc Lucciani. Et la saison d’après, on est monté en National.

A Nantes, avez-vous côtoyé de futurs joueurs de Ligue 1 ou d’autres qui sont restés des amis ?
Jérémy Toulalan, Emerse Faë, et aussi Mathieu Moreau, Mickaël Fabre. Milos Dimitrijevic, aussi, qui est le parrain de mon fils. On était en chambre ensemble.

Et au niveau des entraîneurs ?

J’ai eu Franck Maufay. Et aussi Serge Le Dizet avec qui ça ne s’est pas bien passé du tout : il avait eu des paroles un peu déplacées, et comme j’étais sanguin, je lui ai très très mal répondu. Je n’étais pas comme ça mais quand on sous-entend que c’est presque une maladie d’être corse, ça ne passe pas… Une fois, deux fois, dix fois… Il avait dit aussi que je n’allais pas réussir… Et puis un jour on s’est revu, ici, pour un match de Ligue 2 ou de Ligue 1, je ne sais plus, il était entraîneur adjoint à Angers avec Stéphane Moulin. Les bancs étaient là-bas (il montre l’autre côté du terrain), et y’a un ballon qui arrive : en fait, je lui ai tiré dessus, dans la tête. Alors je ne sais pas s’il se souvenait de moi, mais je pense qu’après ça, oui…

Rancunier ?
Je suis rancunier avec ces personnes là. Ces personnes qui jugent. Si demain on me met dehors, je m’en fous. Je ne demande pas d’explication. Par contre, quand on juge, ça me dérange.

Le coach emblématique du Gazelec, c’est qui selon vous ?

C’est Pierre Cahuzac. C’est lui qui a fait que ce club, à un moment donné, a gagné des titres. Je ne l’ai pas connu mais je me suis imprégné de ça. Je me suis documenté quand je suis arrivé ici. Il a fait beaucoup de choses ici. Il a un stade à son nom à Pietralba.

Le joueur emblématique du Gazelec, c’est qui selon vous ?

(Il réfléchit). Je ne sais pas.

Il n’y en a pas un qui sort du lot ?

Certainement.

Vous ?

Non… Certains vont dire que c’est moi, mais en fait, je ne cherche pas cette reconnaissance-là, ce n’est pas mon truc. Des joueurs emblématiques du Gazelec, il y en a quelques-uns : Cahuzac en fait partie aussi, il y a joué. Mais en sortir un…

Le match historique du Gazelec, c’est lequel ?

Le club a été champion de France amateurs en 1963, y’a 60 ans, à Brest, contre Brest, victoire 6-1. On a fêté ça cette année. Là encore, je n’ai pas connu ça, j’ai vu des images. Je pense que ça fait partie de l’histoire du club, au même titre que l’accession en Ligue 1 par exemple. Et je pense que c’est ça qui fait que, comme je dis souvent, c’est le passé qui fait que le Gazelec continue à vivre. C’est important de le dire. Ce n’est pas ce que l’on fait nous, aujourd’hui, qui fait vivre le Gazelec. Bien sûr, ça le fait fonctionner au présent, mais il fallait un passé, et c’est ce passé qui fait que l’on peut continuer, nous, à faire quelque chose parce que je pense qu’à l’époque, c’était beaucoup plus compliqué. On a quand même la structure, qui nous appartient. Pour moi, s’il n’y a pas de passé, il n’y a pas de présent. Sans les anciens, il n’y aurait pas eu de club.

Votre idole de jeunesse ?

Je n’avais pas d’idole, de modèle… Mais celui qui m’a le plus impressionné dans sa manière d’être, c’est Eric Cantona. Je ne peux pas parler de modèle. J’aimais son charisme et sa façon de voir les choses : je pense que c’est un mec qui a des valeurs, et le football a perdu ces valeurs-là. Quand, comme moi, on a connu le monde amateur et que l’on arrive dans le monde pro, on voit vraiment tous les mauvais côtés, et malheureusement les joueurs de foot prennent les mauvais côtés du monde professionnel : le « m’as-tu vu » et tout ça, ça ne m’a jamais trop plu.

Qualités et défauts sur un terrain, selon vous ?

Mon défaut… J’en avais plein. J’étais un peu fou-fou, je m’énervais dans tous les sens, je pouvais m’égarer tactiquement. Après, ma qualité, c’est que j’étais un combattant, je ne lâchais jamais rien, j’allais plus ou moins vite à une certaine époque et techniquement j’étais à l’aise, les centres, les passes, le jeu long, je n’avais pas de difficultés à ce niveau-là. Voilà, maintenant, ce que j’ai fait, je l’ait fait, je pense que je ne pouvais pas faire plus. J’ai toujours su que mon niveau, maximum, c’était Ligue 2, même si j’ai un peu touché à la Ligue 1.

Qualités et défauts dans la vie ?
Je suis généreux, gentil jusqu’à un certain point. Mais la gentillesse, ici, sur cette île, ça peut être un défaut… Ce n’est pas parce qu’on est gentil qu’on est con. Et je peux être très con. Quand j’ai envie de faire quelque chose, j’y vais, je sais que je vais le faire. Par exemple, là, en ce moment, je sais que j’ai des gens dans le nez, et je vais être très con avec eux. Je le sais pertinemment.

Que vous a-t-il manqué pour être un joueur de Ligue 1 ?

Il ne m’a rien manqué, c’est juste que la vie a fait que… à un moment donné, chacun son niveau. J’aurais pu jouer en L1 si j’avais été pro plus tôt, si j’étais resté à Nantes jusqu’à 20 ans par exemple, peut-être. Je suis arrivé de Nantes au Gazelec à 16 ans, avec d’autres structures, d’autres méthodes, voilà.

L’erreur de casting de votre carrière ?

Je ne regrette rien. Et pour moi, j’ai même fait trop de clubs. Allez, y’en a peut-être un ou deux où je n’aurais pas dû aller. Mais je les ai faits. Bon, là j’ai fait Bastia, l’AJ Biguglia, Bastia-Borgo, mais c’était pour aider, valoriser le football en Corse : je trouve que c’est important que les joueurs d’ici, quand ils arrêtent leur carrière pro, fassent un peu le tour et valorisent le football insulaire. Cette année, je vais rejouer un peu en Régional 2 quand je pourrai, j’y ai joué y’a 2 ans, ça ne me dérange pas.

Un président marquant ?

Ils m’ont tous plus ou moins marqué, chacun avec leur méthode et leur façon de faire. Ils ont tous contribué à aider le club, même si certaines personnes essaient de les faire passer pour ce qu’ils ne sont pas. Ce qu’on leur met sur la tête me dérange. Je ne veux pas trop m’exprimer sur ce sujet-là parce que je ne veux pas leur porter préjudice, mais je ne pense pas que les gens ici, et je les connais bien, n’ont pas tout mis en oeuvre pour aider le club. J’ai rarement vu des présidents nettoyer les terrains, tondre la pelouse, mettre le bleu de chauffe, et tous les présidents que j’ai croisés ici, je ne parle pas de Fanfan (Tagliaglioli) qui a été le président d’honneur et qui n’avaient pas à faire ça, mais tous les autres ont mis le bleu de chauffe et aujourd’hui, ça me dérange qu’on les fasse passer pour ce qu’ils ne sont pas. Maintenant, ce ne sont pas mes propos qui feront que leur étiquette s’en ira, mais nous, on met tout en oeuvre pour montrer aux gens que le Gazelec est un club sain, qui dégage des valeurs et une mentalité hors du commun.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?

Bréchet, je pense que c’est lui. Cahuzac. Leca. François Modesto. J’ai un petit répertoire de joueur insulaire aussi.

Vous étiez un joueur plutôt…

Fou. Après, fou, ça veut dire beaucoup de choses. Il ne faut pas y voir que le sens péjoratif. Fou parce qu’à certains moments je suis resté au club. Fou parce que je suis encore là aujourd’hui. Il peut y avoir de la bonne folie.

Le joueur qui vous a le plus impressionné comme adversaire ?

L’année où on a joué en Ligue 1, j’en ai vu quelques-uns, Ibrahimovic… Un joueur qui m’a impressionné, c’est Bernardo Silva : j’étais sur le banc, il avait fait un débordement devant moi, et l’image que j’ai, c’est que nous on était en trottinette et lui en T-MAX. Il volait sur le terrain.

Une bagarre marquante ?

Oui, c’était contre Bastia-Borgo en National 2, le match a été arrêté, la bagarre a duré facilement un quart-d’heure, et un quart-d’heure c’est long. Sans prendre de carton, j’avais pris 6 matchs de suspension après un rapport. C’était parti de là (il montre le poteau de corner) et en fait, ça ne s’arrêtait plus. On jouait la montée. On menait 1 à 0. Le match a été donné à rejouer, et on a fait 1 à 1. Aucune des deux équipes n’est montée cette saison-là.

Un coéquipier marquant ?

J’ai aimé jouer avec certains, comme Anthony Colinet, on avait une certaine complicité : il est entraîneur aujourd’hui à Bastelicaccia. Après, en dégager un ou deux… Y’a eu aussi le petit Loïc Dufau. Je ne veux pas en dégager un plus que les autres. Y’a eu aussi Jérémie Bréchet, mais c’est facile de s’entendre avec ces gars-là, qui ont côtoyé le très haut niveau. Je préfère dégager un ensemble. En fait, même si je ne m’entendais pas avec tout le monde, même si je n’avais pas d’affinités avec tout le monde, ce qui est normal dans un vestiaire, j’arrivais à faire la part des choses sur le terrain. J’étais capitaine donc je devais fédérer, défendre tout le monde : j’étais le tampon entre la direction et les joueurs, j’avais plusieurs rôles.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Le gardien Lucas Rastello. C’est lui qui avait joué lors de l’épopée en coupe de France jusqu’en demi-finale en 2012 alors qu’il n’était pas titulaire en championnat, c’était Clément Maury qui jouait. C’était la personne au bon endroit au bon moment. Une belle personne.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Je continue de voir tout le monde. Je suis en contact avec la plupart, même Thierry Laurey que j’ai de temps en temps au téléphone, Dominique Veilex aussi. J’avais eu un formateur au FC Nantes, Jean-Claude Baudoin, c’était un personnage, je l’ai eu au Centre à Saint-Sébastien-sur-Loire. Alors je dirais lui.

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?

Oui mais je ne dirais pas son nom.

Une causerie de coach marquante ?

Tous les coachs ont eu des causeries qui m’ont donné la chair de poule et qui m’ont donné envie de manger l’autre sur le terrain…

Votre club de coeur (autre que le Gazelec) ?

Ce serait le SC Bastia s’il devait y en avoir un autre mais…

Un stade (autre que Mezzavia) ?

J’aime bien Furiani. Mais je n’ai jamais été fan de tel ou tel club, je vais voir des matchs un peu partout, mais je ne m’identifie pas à tout ça. Je m’identifie là, au Gazelec, où j’ai connu des personnages qui m’ont fait faire ce que je fais là, comme l’ancien président Fafan Tagliaglioli (ému), je parle de lui, c’est vraiment une personne qui m’a touché, il a été le papa de tout le monde, il a représenté l’identité de ce club, à l’époque où je suis arrivé. Il y en a surement eu d’autres avant mais quand je suis arrivé, c’était la personne qui fédérait un peu tout le monde. Je pourrais citer aussi Christophe Ettori, Olivier Miniconi, Johann Carta. Fanfan, lui, c’est la mémoire de ce club. Qu’il repose en paix.

Une consigne de coach jamais comprise ?

Quand on me disait de pas dépasser le milieu de terrain, alors que je jouais arrière-droit, je n’ai jamais compris. Alors quand il y avait un espace, je n’écoutais pas, je prenais le couloir !

Un endroit sympa à Ajaccio ?

A la maison, avec ma femme et mes enfants. Y’a un endroit aussi qu’on aime bien, dans un village, Murzo, d’où est originaire mon épouse, à une soixantaine de kilomètres. Et sinon, on a nos petits endroits à Ajaccio, nos petits restos, pour aller boire un coup ou manger. Pour me ressourcer, je monte aussi chez mes parents, à Bastia. D’ailleurs, après notre interview, j’y vais. La route ne me fait plus rien. A un moment donné, je montais trois fois par semaine.

Plat préféré ? Boisson ?

Boisson, la bière. Mais je ne peux pas le dire. Et le plat, je peux aimer une belle côte de boeuf comme un beau plat de lasagnes, des plats que je n’avais pas trop le droit de manger quand je jouais au foot, donc aujourd’hui j’en profite.

Des rituels, des manies ?

A partir du mercredi soir je mangeais des pâtes, je mettais toujours le même caleçon, je laçais la chaussure gauche avant de lacer la chaussure droite. Il fallait que mon sac soit prêt deux jours avant, tout bien rangé, comme quand je pars en vacances, de peur d’oublier quelque chose. J’étais précautionneux. J’ai du mal à faire les choses à la dernière minute.

Un dicton ?

Non, j’ai plutôt des principes au niveau des valeurs et du respect. Par exemple, lundi, quand les gosses (les U17 Nationaux) ont repris… Moi en fait, que l’on soit bon ou pas bon, aujourd’hui, je m’en fous. Quand j’étais joueur, je n’avais pas pour habitude de parler en dehors, de m’exprimer, je préférais discuter dans le vestiaire, on s’enfermait, s’il fallait se mettre les mains dessus, on se mettait les mains dessus, et quand la discussion était terminée, on passait à autre chose. C’était ma façon de voir les choses. Aujourd’hui, ce que je demande, c’est du respect, des valeurs, et un esprit cher à ce club de combativité, de hargne. Mais surtout le respect de ce blason et de la vie en général. Se souvenir d’où l’on vient. Ce que je dis à mon fils, par exemple, c’est que si y’a un sac qui est trop lourd à porter dans la rue pour une personne, de lui porter le sac. L’image c’est celle-là, et je pense que cela se perd. Et comme je dis aux parents de nos jeunes, si on peut faire en sorte de retrouver un peu cet esprit là…

Dernier match vu à la TV ?

Quand je suis parti du Gazelec en 2017, j’ai arrêté de regardé le foot. J’ai joué, mais… Puis quand j’ai arrêté le foot, pendant un an et demi je n’ai plus regardé de match à la télé. Et là, le dernier match, c’est celui de l’équipe de France, contre euh… Je regarde du foot, j’aime regarder la Ligue 2, je regarde beaucoup les matchs insulaires aussi, Bastia, l’ACA, je regarde, je regarde… Parfois je vais à Bastia. Ici moins… Mais je n’ai aucun problème avec ça.

Dernier match auquel vous avez assisté en tant que spectateur ?

Sans doute le dernier match du Gaz en National 3 contre Marseille Ardziv (le 14 janvier 2023), où on avait fait jouer pratiquement tous nos jeunes, d’ailleurs, ils avaient fait un très bon match. On menait 2 à 0 et on a perdu 3 à 2. Il n’y avait plus aucune incidence sur le classement car on connaissait déjà l’issue de la saison. Même si nous, on avait un petit espoir. Après ça, je n’ai plus eu le temps d’aller en voir.

Un chiffre ?

Le 20. C’est le département. Et aussi les deux jours de naissance de mes enfants, le 29 et le 13. Comme joueur, je n’ai quasiment joué qu’avec le 20. A Toulon, j’avais le 14, mais par défaut.

Geste technique préféré ?

De mettre quelques tacles. Un tacle assez spécifique, les deux jambes écartées, et je récupérais pas mal de ballons.

Le Gazelec, en deux mots ?

C’est un grand club. Je sais, ça paraît fou. Un grand club, avec ses qualités et ses défauts.

Le milieu du football ?

Des bons côtés et des mauvais côtés. Plutôt des mauvais…

 

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : 13HF

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#LaPassionNaPasDeDivision

Malgré une saison très aboutie à Concarneau, Faïssal Mannaï n’a pas été conservé. Pour se rapprocher de l’équipe nationale de Tunisie, le milieu offensif de 27 ans au parcours atypique, a choisi de signer à l’US Monastir avec qui il va disputer la Coupe Arabe des clubs champions.

Ce vendredi 28 juillet, Faïssal Mannaï, l’un des grands artisans de la montée en Ligue 2 de l’US Concarneau, va découvrir un autre monde. Avec l’US Monastir (Tunisie), le milieu offensif de 27 ans va débuter la phase de poule de la Coupe Arabe des clubs champions par un déplacement au Zamalek, le mythique club égyptien.

Ensuite, le lundi 31 juillet, Monastir recevra les Saoudiens de Al-Nassr où évolue le quintuple Ballon d’Or, Cristiano Ronaldo… Une confrontation que n’aurait jamais pu imaginer Faïssal, qui évoluait encore en Régional 1 il y 4 ans au JSC Bellevue Nantes tout en travaillant à côté du foot.
Pour lui, rien n’a jamais été facile. Son parcours, qui l’a mené en Division 5 Italienne, et aussi à Kairouan en Tunisie et à Montceau-les-Mines (N2) avant qu’il ne parvienne à « éclater » en National en 2020 à Cholet (puis Sète et Concarneau), a été semé d’embûches. Pour 13HeuresFoot, celui qui rêve de la sélection de Tunisie, est longuement revenu sur son itinéraire très atypique.

« Le plus court chemin pour atteindre l’équipe nationale, c’était de signer en Tunisie »

Avec Concarneau (Photo Philippe Le Brech)

Le 12 juillet dernier, Faïssal Mannaï a donc signé un contrat de deux ans avec l’US Monastir, 4e du dernier championnat de Division 1 Tunisienne. Au départ, son choix numéro 1 était pourtant de découvrir la Ligue 2 avec Concarneau. « Le coach Stéphane Mignan m’avait dit dans un premier temps que je devrais prolonger, puis qu’il hésitait puis enfin que c’était fini, raconte-t-il. Ça m’a super mal venant de lui car je le considère comme l’un des meilleurs entraîneurs français. Mais je ne lui en veux pas. Concarneau, c’était comme ma famille et ça m’a fait mal au cœur de devoir les quitter. Mais je serai leur premier supporter, je vais regarder tous leurs matchs en L2 .»

L’aventure de Concarneau terminée, le milieu offensif a eu l’embarras du choix. « J’ai eu beaucoup de propositions, y compris en L2. Mais j’ai expliqué aux clubs qui me voulaient, que la Ligue 2, c’était seulement avec Concarneau… » Originaire de Kairouan, le Franco-Tunisien a choisi de retrouver ses racines à Monastir.

« J’ai envie d’être appelé par la sélection tunisienne et je pense que le chemin le plus court pour y arriver, c’est de jouer en Tunisie. Il y a la CAN en 2024, je veux me faire remarquer. Ce serait un rêve d’enfant. Je suis venu ici en mission, pour aider mon club et mon pays. J’aurais pu gagner plus d’argent ailleurs, même dans d’autres clubs tunisiens qui m’avaient contacté, mais j’ai trouvé le cadre idéal à Monastir. C’est un club familial, qui a de bonnes installations et qui a sorti de bons joueurs. En plus, je vais pouvoir jouer la Coupe Arabe des clubs. Vu d’où je viens, c’est fabuleux… J’ai commencé en seniors en 2e division de district, il y a 4 ans je jouais en Régional 1 et je vais me retrouver à affronter Cristiano Ronaldo, l’un des meilleurs footballeurs du monde ! Mon parcours montre qu’il ne faut jamais abandonner, toujours y croire et ne pas écouter ceux qui te disent que c’est impossible. »

« Un jour en Italie, j’ai pleuré à l’entraînement »

Photo Philippe Le Brech

Faïssal Mannaï a grandi à Nantes, dans le quartier des Dervallières. Très tôt, il a intégré le grand FC Nantes. « Mais à 13 ans, il ne m’ont pas gardé à cause de problèmes de comportement », explique celui qui a ensuite évolué dans plusieurs clubs de la ville ou de la périphérie, Metallo Sport Chantenay Nantes, USSA Vertou, La Mellinet. « Sur le terrain, ça me paraissait presque trop facile, j’avais un temps d’avance, j’arrivais à voir plus loin. Mais je n’avais pas toujours le bon comportement. Tout le monde me disait aussi que j’étais le meilleur mais je ne jouais pas ou alors qu’avec l’équipe B. Mais dans ma tête, je voulais être pro. »

Il a 17 ans quand il débute en seniors avec La Mellinet. « C’était en réserve, en 2e division de district. Je jouais limite avec des « papys » ! Après, je suis monté en Régional 2. » Alors âgé de 19 ans, il part en 5e division italienne à A.S.D San Sisto Calcio, dans la région de Pérouse. « L’adaptation a été galère car j’étais tout seul et je ne parlais que le français. Un jour, j’ai pleuré à l’entraînement tellement je me trouvais nul et que je ne comprenais pas ce que l’on me demandait. Mais au bout d’un mois, ça allait quand même mieux. Ça a été une bonne expérience au final. »
Il signe ensuite en 2015 un contrat de 5 ans à la JS Kairouan, la ville dont est issue sa famille en Tunisie. « J’ai essayé mais je n’ai pas aimé mon année là-bas même si j’ai joué en Division 1 (13 matchs). J’ai cassé mon contrat et je suis rentré en France. »

« En Régional 1, je travaillais à l’aéroport de Nantes et comme livreur »

Photo Philippe Le Brech

Par l’intermédiaire du défenseur Jean-Charles Belhow, issu du même quartier que lui à Nantes, Faïssal effectue un essai à Montceau. Il parvient à convaincre le staff mais il doit attendre le 11 novembre 2016 pour pouvoir enfin débuter en National 2 face à la réserve d’Auxerre. Au total, il ne dispute que 13 matchs puis 5 lors de ses deux saisons en Saône-et-Loire. « J’ai fait des très belles rencontres mais je n’ai pas beaucoup joué. J’ai aussi été freiné par plusieurs fractures du métatarse. »

A l’été 2018, il décide de retourner chez lui à Nantes et signe à la JSC Bellevue, en Régional 1. Pour la première fois de sa vie, il travaille en parallèle du foot. « J’étais agent de piste à l’aéroport et je faisais aussi livreur pour Uber Eats. Ça ne me dérangeait pas de travailler. Dans ma tête, j’étais toujours autant déterminé à réussir, même si j’étais descendu en R1. Ma famille continuait à croire en moi et à me pousser pour que je m’accroche. Chez nous, on est très proche, il y a beaucoup d’amour. Ça m’a donné de la force. »

Sur le terrain, il a aussi retrouvé le plaisir. « L’entraîneur Loutfi Zebidi m’a dit de jouer mon foot à moi, de ne plus me poser de questions. Dans ma tête, ça m’a libéré et j’ai réalisé une grosse saison. »

« A Cholet, je voulais être fixé sur ma capacité à jouer en National »

Photo Philippe Le Brech

Malgré tout, les propositions se font rares. « J’avais Challans en N3 et Cholet, contre qui j’avais joué en R1, pour la réserve, c’est tout, se souvient-il. J’aurais gagné plus d’argent à Challans. A Cholet, j’y allais sans contrat. Mais comme l’équipe première jouait en National, j’ai voulu tenter le coup. J’ai dit à mon entourage : « Comme ça, on sera fixé. Si je suis bon, je jouerai en National, sinon je resterai un joueur de N3 ou R1…»

Auteur de bonnes prestations en réserve avec Cholet, il va bénéficier d’un petit coup du destin. « Il y a eu 4 blessés en National, puis un autre qui était avec moi en réserve qui devait monter en National. Du coup, c’est moi que l’entraîneur de l’équipe fanion, Erol Malkoç, m’a remarqué et m’a fait monter. »

Le 4 octobre 2019, il effectue ses grands débuts en National en rentrant à la 70e minute face au Gazélec Ajaccio (1-1) au stade de Mezzavia. « J’ai alterné ensuite entre la réserve et le National. Cholet m’a aussi fait signer un contrat au bout de 5 mois. »

Il effectue 7 apparitions durant la première saison (stoppée par le Covid), puis 12 la suivante. Malgré ce temps de jeu assez limité, il est remarqué par Sète, une autre équipe de National. « Sète m’a fait confiance. On a dit beaucoup de choses sur les anciens dirigeants. Mais ils ont toujours été corrects avec moi. C’est l’environnement autour du club qui était néfaste. Mais moi, je me sentais vraiment bien là-bas. En cinq mois, j’ai pu m’exprimer et montrer ce que je valais sur la durée. »
Dans l’Hérault, il enchaîne les titularisations et inscrit trois buts lors de la première partie de saison 2021-2022. Et en décembre, Concarneau vient le chercher ! « Au départ, je ne voulais pas abandonner mes potes à Sète. Mais on jouait le maintien et Concarneau la montée…»

« A Concarneau, je suis tombé au bon endroit et au bon moment »

Avec Sète. Photo Philippe Le Brech

En Bretagne, depuis son arrivée en janvier 2022, Faïssal Mannaï n’a raté que trois matchs de championnat avec Concarneau. Il en a disputé 50 pour 3 buts et 10 passes décisives.

« Je suis vraiment tombé au bon endroit et au bon moment pour évoluer. Cette saison a été la meilleure et la plus aboutie de ma carrière. Cette montée en L2 a été magnifique. Je suis content d’avoir vécu ça. Même si cela ne s’est pas terminé comme je l’aurais voulu, je ne veux garder que le bon. J’ai trouvé une famille à Concarneau et dans 10 ou 20 ans, on parlera encore de cette montée en L2 entre nous. »

Quand il se retourne sur ces années où il a connu beaucoup de bas, il se dit « fier » de lui. « Rien n’a été facile pour moi. Il s’est passé énormément de choses dans ma vie et dans ma carrière. Mais je n’ai jamais lâché. Dans le foot, ce ne sont pas toujours les meilleurs qui réussissent. A ma place, beaucoup auraient arrêté. Mais ma détermination et mon endurance m’ont permis d’arriver là où j’en suis aujourd’hui. »

Faissal Mannaï, du tac au tac

Photo Philippe Le Brech

Première fois dans un stade ?
La Beaujoire à Nantes. Je devais avoir 6 ans. Comme j’étais licencié au FC Nantes, on avait des « pass » pour rentrer !

Votre plus beau souvenir de joueur ?
La montée en L2 avec Concarneau. Juste magnifique. Une émotion forte partagée avec des personnes avec qui on formait une vraie famille.

Votre pire souvenir de joueur ?
Mon départ de Concarneau. Après tout ce qu’on venait de vivre, que mon coach, qui a fait tellement pour moi, me dise « Non on ne continue pas », ça m’a fait très mal…

Votre plus beau but ?
Dans ma carrière, j’en ai marqué des très beaux notamment à Bellevue en R1. Mais je vais ressortir celui qui m’a procuré la plus grosse émotion. C’était avec Concarneau contre Laval (18 avril 2022). Je marque le but du 2-1, du gauche, sur une passe de Fahd El Khoumisti. Il y avait 6 000 personnes au stade, c’était en direct sur Canal +. J’ai vraiment kiffé ce moment. Malheureusement, on s’est fait rejoindre ensuite à 2-2.

Avec Cholet. Photo Philippe Le Brech

Votre geste technique préféré ?
J’aime bien les crochets. Mais ce que je préfère avant tout, c’est de faire de belles passes pour mes coéquipiers. Une passe réussie, c’est aussi un geste technique.

Vos qualités et défauts sur un terrain ?
La vision du jeu, la créativité. Le fait d’arriver à créer une occasion à partir de rien. Après, mes entraîneurs m’ont souvent dit que j’étais trop généreux sur un terrain et qu’il fallait que j’arrête de défendre autant car en tant qu’ailier, on attendait plus de moi, on attendait que je sois décisif offensivement. Mais c’est dans ma nature. Je pense d’abord au collectif. J’aime faire les efforts pour mon équipe et mes coéquipiers. J’ai un gros coffre donc je peux répéter les efforts mais j’ai compris aussi que je devais moins me disperser pour garder ma lucidité.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
J’en citerais trois : Randal Kolo Muani qui était vraiment au-dessus quand il jouait à Boulogne-sur-Mer en National, Julien Maggiotti avec qui j’ai joué à Cholet puis que j’ai affronté quand il était à Laval et Mehdi Boussaïd, à Avranches, qui vient de signer au Mans.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Il y en quelques-uns. J’ai déjà parlé de Julien Maggiotti avec Cholet. A Concarneau, j’ai évolué avec beaucoup de joueurs exceptionnels, Amine Boutrah, le talent qui a parlé avec ses pieds, Fahd El Khoumisti, bien sûr, Mamadou Sylla, un grand défenseur que la Ligue 2 va apprendre à connaître, Alex Georgen, Gaoussou Traoré… A Montceau, il y avait aussi Amir Nouri, qui était très fort.

Photo Philippe Le Brech

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Stéphane Le Mignan. Il est au-dessus. Je me souviens qu’avant le match de Nancy, un délégué avait dit de lui que c’était une bibliothèque du foot. Il a tout résumé. Je dois beaucoup à Stéphane Le Mignan. Et même si sa décision de ne pas conserver a été un peu incompréhensible, que personne ne l’a compris même des joueurs adverses qui m’ont envoyé des messages, je ne lui en veux pas. Je lui ai pardonné. Vous ne me verrez jamais dire du mal de quelqu’un ou critiquer. Je n’ai pas été éduqué comme ça.

Le président qui vous a marqué ?
Benjamin Erisoglu à Cholet. C’est avec lui que j’ai été le plus proche et avec qui j’ai bien parlé.

Le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
Concarneau, forcément. Je vais continuer à suivre tous leurs matchs, en tant que spectateur maintenant.

Photo Philippe Le Brech

Le club qui vous fait rêver ?
Le FC Nantes car c’est le club de ma ville.

Vos joueurs préférés ou modèles ?
Je n’ai pas de modèles. Mais j’admire Karim Benzema pour sa justesse. Il a vraiment un QI foot très élevé. Après, celui qui m’a procuré le plus de plaisir à voir jouer, c’est Hatem Ben Arfa. Ca me fait mal de voir qu’il n’a pas fait la carrière qu’il méritait par rapport à son talent. Mais je ne connais pas sa vie donc je ne me permettrais pas de juger.

Un stade mythique ?
Mes plus belles émotions, je les ai connues à Guy-Piriou à Concarneau.

Vos amis dans le foot ?
J’en ai beaucoup, avec qui je parle tous les jours. A Concarneau, on était une famille et beaucoup sont devenus comme des frères pour moi : Amine Boutrah, Gaoussou Traoré, Axel Urie, Mamadou Sylla… Il y a aussi Amir Nouri, Kadia Mendy, Moussa Niakaté. J’ai aussi une histoire particulière avec Armand Gnanduillet (ex-Le Mans, aujourd’hui à Dunkerque en L2). Je ne le connaissais pas et un jour, on s’est retrouvé avec des amis communs à faire un five à Nantes. A l’époque, je jouais en R1 à Bellevue et lui à Blackpool en League One (3e division anglaise). Deux mondes différents… Mais grâce à lui, j’ai pu aller faire un essai à Blackpool. J’y ai passé une semaine. Le coach a changé quand j’y étais et je n’ai pas été gardé. Mais ce qu’a fait Armand Gnanduillet pour moi, c’était très fort. Je lui en serai toujours reconnaissant. Je sais qu’il a tendu la main à d’autres joueurs. C’est vraiment une très bonne personne.

Photo Philippe Le Brech

Vos occupations en dehors du foot ?
Après les entraînements, c’est sieste, puis séries ou PlayStation. Je suis très casanier et très famille. J’aime bien me balader avec ma femme. J’ai une vie très tranquille.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
J’aurais été dans la restauration avec mes frères qui ont des restaurants.

Le milieu du foot en deux mots ?
On sait que c’est un milieu spécial avec des mauvaises personnes qui gravitent autour… Mais moi, je préfère ne retenir que les bonnes rencontres que j’ai faites grâce au foot. Ce que je recherche, c’est avant tout l’aspect humain. Pour moi, la vie passe avant le foot… Par exemple à Concarneau, j’étais en concurrence avec Axel Urie. Mais ça ne nous empêchait pas d’être des supers potes. D’ailleurs, on nous appelait les jumeaux ! Quand je me regarde dans une glace, je suis content. On peut tout dire de moi, que je ne suis pas bon, que j’ai raté un match. Mais je pense que personne ne vous dira « Faissal, c’est une mauvaise personne… » C’est ça le plus important pour moi. Je veux toujours rester le même. Le foot, c’est un monde égoïste, mais, moi je n’ai jamais pensé qu’à ma gueule.

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech

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Après quatre saisons pleines en National dans le Beaujolais, l’ex-joueur du PSG et de QRM a rejoint la Bourgogne et signé à l’UF Mâcon, promue en National 2. Pas encore une retraite même s’il sait déjà ce qu’il fera après sa carrière de joueur : il sera arbitre !

Timothée Taufflieb a changé de club durant l’intersaison mais n’a pas déménagé pour autant. Le Parisien – il est né à Colombes (Hauts-de-Seine) -, âgé de 30 ans, a acheté une maison dans l’Ain. Comme ça, il est à 25 minutes de son nouveau club, l’UF Mâconnais, et à 25 minutes de Villefranche, où travaille Marina, son épouse, et où il a porté, quatre saisons durant, le maillot bleu du FC Villefranche-Beaujolais, en National. « On n’a pas eu à déménager, non ! On est pile entre Mâcon et Villefranche, à la campagne ! On savait qu’on allait rester dans la région donc en achetant ici, on n’a pas pris de risque. On est attaché à la région, on n’est pas trop loin du Sud, pas loin des montagnes, pas loin de la famille de Paris, mon épouse est épanouie dans son travail donc c’est à moi de faire des concessions et de ne pas tout le temps la faire déménager ! »

« Tout le monde voyait Villefranche descendre »

A Villefranche, le milieu de terrain, qui a disputé 115 matchs de championnat (10 buts) et 11 en coupe de France (2 buts) au FCVB, et délivré de nombreuses avant-dernières passes ou passes décisives, était un des cadres de l’équipe qui a échoué deux années de suite au barrage d’accession en Ligue 2 : la première fois contre Niort (2021) et la seconde fois contre son ancien club, Quevilly Rouen Métropole (2022).

Il était l’un des piliers de cette formation qui a terminé deux fois 3e, une fois 7e et, c’est un exploit, 6e la saison passée ! Pourquoi un exploit ? Parce que le FCVB a passé 80 % de la saison dans la zone rouge avant de terminer en trombe, remportant 5 de ses 7 derniers matchs (16 points engrangés sur 21) ! Ce qui a permis aux joueurs de Hervé Della Maggiore de terminer à cette inespérée 6e place !

« Oui, c’est vrai, on peut dire que c’est un exploit car on était dans la zone rouge toute l’année, poursuit Timothée; On prenait beaucoup de buts. On a eu beaucoup de blessés, notamment des cadres de l’équipe, et des grosses suspensions aussi. Sur la fin de saison, on a eu quasiment l’équipe au complet et les scénarios ont tourné en notre faveur. Mais de toute façon, on savait qu’avec une victoire ou deux, on pouvait recoller ou sortir de la charrette tellement le classement était serré. On n’a rien lâché, on a bien bossé, après, on avait une belle équipe, un beau onze, on avait aussi beaucoup de jeunes qui ont découvert le National. Le coach a fait beaucoup de paris. Il a fallu qu’ils se mettent au niveau, qu’ils prennent le rythme. Tout le monde nous voyait descendre, parce que devant nous il y avait Châteauroux, Nancy ou Bourg-en-Bresse, des équipes mieux armées que nous. Finalement, on finit 6e, c’est une des plus belles saisons et un des plus beaux souvenirs pour le club ! »

« Je n’avais pas une masse de solutions »

Sous le maillot de Villefranche. (Photo FCVB)

Pourtant, malgré un certain statut et une belle cote de popularité dans le Beaujolais, Timothée a, un peu à la surprise générale, migré au Nord, à Mâcon, en National 2. Un choix mûrement réfléchi : « J’ai expliqué à mes agents que je ne voulais pas trop bouger. Je suis bien dans cette région. Je savais aussi que Hervé Della Maggiore voulait que je le suive à Bourg-en-Bresse, mais bon, la situation du club là-bas est un peu compliquée, avec un encadrement de la masse salariale. Je n’avais pas une masse de solutions. Dans mon esprit, les choses étaient claires : je savais que c’était soit Villefranche soit Mâcon. »

Ce qui a surpris aussi, c’est la rapidité avec laquelle s’est opérée le transfert et le départ de ce club où il se sentait bien, où il était très apprécié. Il faut dire que « Timo » est typiquement le genre de joueurs que n’importe quel coach aimerait entraîner : pro, sérieux, fiable, sympa, jamais un mot déplacé. La classe. « En fait, ce n’est pas que j’avais fait le tour à Villefranche, où je me plaisais énormément et où j’avais envie de continuer, ni que l’équipe était en fin de cycle ou quoi, non, pas du tout, simplement, le club de Mâcon est entré dans la danse et il y a eu des contacts; ils m’ont expliqué que s’ils accédaient en National 2 (le club a terminé 1er de la poule E de National 3 devant Pontarlier), ils seraient très intéressés par mon profil. J’ai beaucoup échangé avec le président (Alain Griezman, le papa de qui vous savez !) et le coach, Romain Paturel, et voilà ! Le président a fait un effort pour me faire venir et le coach a insisté pour que je rejoigne son équipe, et comme les discussions avec Villefranche n’ont pas abouti, j’ai signé à Mâcon. »

L’appel du pied de Maxime Jasse

Photo UF Mâcon

S’il s’est engagé dans le club qui a vu passer le champion du monde Antoine Griezman, c’est aussi parce qu’il y a eu un travail d’approche effectué en amont par un certain Maxime Jasse, son ancien coéquipier au FCVB : « Maxime jouait depuis 2 ans à Mâcon et là il vient d’intégrer le staff technique. C’est vrai que comme on se voyait en dehors du foot, il m’a parlé du projet du club en premier, des ambitions, à plusieurs reprises. Et puis ça s’est fait naturellement. »

Après sept saisons passées essentiellement en National, à l’exception de 2017-2018 en Ligue 2 avec Quevilly Rouen, « Timo » va redescendre d’un cran, en National 2, échelon qu’il n’a plus fréquenté depuis ses deux belles saisons passées de 2014 à 2016 au sein de la réserve du Paris Saint-Germain (44 matchs, 12 buts). Une progression qui lui avait d’ailleurs valu à l’époque de signer son premier contrat professionnel – d’un an – en 2015 avant d’être convoqué une première fois le 9 avril 2016 en Ligue 1 pour un déplacement à Guingamp. Et la semaine suivante, c’est le Graal : le 16 avril 2016, à nouveau convoqué dans le groupe à Caen, il remplace Gregory van der Wiel à la fin du match, ce qui lui permet d’inscrire le titre de champion de France à son palmarès avec le PSG !

Le National 2 ? « Je ne connais pas le niveau aujourd’hui, parce que ça fait déjà 7 ans que je n’y ai plus joué. Je vais redécouvir un nouveau championnat, dans un club qui a beaucoup d’ambition, qui a conservé l’ossature qui faisait sa force depuis 2 ans (deux accessions en deux saisons !) et qui a fait le nécessaire pour se renforcer au mercato. Je sais que le foot évolue tout le temps donc je m’attends à affronter de belles équipes et de bons joueurs. Il y aura peut-être des moins beaux stades qu’en National et de moins belles pelouses mais bon, cela fait partie du foot. »

« Mâcon va devenir très ambitieux »

Photo UF Mâcon

Côté ambition, là encore, le joueur, qui a effectué toutes ses classes dans sa jeunesse à Franconville, dans le Val d’Oise, là où, justement, le PSG l’avait repéré et enrôlé pour évoluer en équipe III alors qu’il avait 20 ans et faisait la misère aux défenses de Division d’Honneur Régionale (10 buts lors des 3 premières journées), ne sera pas en reste : l’UF Mâcon n’entend pas faire de la figuration en National 2, même si le club est conscient de la difficulté « sportive » qui l’attend, avec toujours 5 descentes, voire 6, dans une poule de seulement 14 équipes ! « Le staff peut s’appuyer sur le coach, Romain Paturel, qui est jeune, et qui reste sur deux montées consécutives, et aussi sur l’ancien gardien du RC Lens, Guillaume Warmuz (entraîneur des gardiens), qui amène son savoir faire et sa connaissance du foot professionnel pour faire avancer et progresser le club. L’objectif, on ne va pas le cacher, c’est d’abord de se maintenir bien sûr et ensuite terminer à la meilleure place possible. »

En débarquant à Mâcon, « Timo » connaissait déjà quelques joueurs, ce qui l’a aidé dans son intégration : « Mâcon est un club qui se structure petit à petit. Je retrouve un peu ce que j’ai connu quand je suis arrivé à Villefranche la première année en 2019, les vestiaires ont été refaits, un carré VIP a été aménagé, des travaux ont été effectués dans la tribune. On sent que le club essaie de progresser, de se professionnaliser petit à petit, de mettre les joueurs dans les meilleures conditions, de se structurer, de se moderniser. Il va devenir très ambitieux je pense. »

« Je veux devenir arbitre »

Sous le maillot de QRM. (Photo QRM)

A Mâcon, il n’est pas non plus tombé en terrain totalement inconnu : « Dans l’équipe, je connaissais Florent Perradin (ex-Bourg-en-Bresse), Kevin Collin (ex-Sedan, GOAL FC, Avranches, Béziers), Arnaud Faras (ex-GOAL FC, Luçon, Nice), Yann Benedick (ex-Villefranche, Reims, Strasbourg), Lucas Caruso (ex-Villefranche), ça c’est la patte Maxime Jasse ! »

En s’inscrivant dans le projet de Mâcon, Timothée Taufflieb a aussi, comme il le reconnaît, pris « zéro risque ». Ou plutôt, il a pris un risque mesuré. Il sait, à 31 ans au mois de décembre, qu’il est plus près de la fin que du début, et a une idée bien précise de sa reconversion : « Ce que j’aimerais faire ensuite, c’est devenir arbitre ! Mais il y a une deadline pour l’âge donc il ne me reste pas beaucoup d’années. D’autres anciens joueurs pros, comme « Jaco » (Jacques Salze, ancien coéquipier à QRM), que j’ai eu au téléphone avec avec qui on a échangé sur le sujet, Ludovic Genest, Gaëtan Deneuve, sont devenus arbitres aussi. Je vais commencer les démarches petit à petit. Je n’ai pas ce penchant pour devenir entraîneur, j’ai vraiment ce truc de l’arbitrage qui me parle depuis 5 ou 6 ans. Cela a mûri dans mon esprit quand j’étais à QRM. Par contre, comme je n’ai été pro que 3 ans dans ma carrière, je n’aurai peut-être pas le même cursus que les autres, ça c’est un peu embêtant, mais les règlements pourraient évoluer en faveur des joueurs qui ont fait une carrière en National, parce qu’on n’est pas loin des joueurs qui ont joué en Ligue 2, qui sont notés « plus facilement », qui « montent plus facilement » de division. »

Timothée Taufflieb, du tac au tac

« Je n’ai jamais croulé sous les propositions »

Meilleur souvenir sportif ?

Photo QRM

La montée avec QRM en Ligue 2, ça reste un « putain » de souvenir ! On était promu en National et le club avait fait une double montée de N2 en ligue 2, même si je n’étais pas là la saison précédente en N2… On avait une belle bande de potes. On est resté en lien bien sûr, avec Stan (Oliveira), Medhy (Guezoui), Anto (Rogie), Romain (Basque)… J’ai des contacts avec tout le monde.

Pire souvenir sportif ?
L’échec aux barrages d’accession en Ligue 2 avec Villefranche contre Niort en 2021. On avait gagné 3 à 1 à l’aller, on avait fait le plus dur, et on perd 2 à 0 au retour. On a craqué dans les dernières minutes.

Pour en revenir à ce premier barrage face à Niort, à l’issue du match aller remporté 3-1, le FCVB a donné l’impression, avec des grandes scènes de liesse, que l’accession était acquise…
C’est ce que tout le monde nous a dit après coup… C’est peut-être ce que l’on a laissé paraître, mais on sortait d’une deuxième partie de saison exceptionnelle, on gagne ce match 3-1, il y avait beaucoup d’euphorie, cela faisait 20 matchs de suite que l’on marquait donc on s’est dit qu’on marquerait à Niort. Mais le coach (Hervé Della Maggiore) nous avait mis en garde, on le savait, et on a craqué au retour à dix minutes de la fin. Il y avait beaucoup de crispation chez nous, on voulait bien faire, bien finir, je ne pense pas qu’on était monté avant ce match même si on était confiant et euphorique. On a mal géré ce match retour.

Photo FCVB

Moins de regrets donc que pour le 2e barrage face à QRM ?
Face à QRM, on était supérieur à eux techniquement et dans la conservation du ballon, mais on n’a pas réussi à les faire douter alors qu’on menait 1 à 0 à l’aller (défaite 1-2), parce que physiquement, on sentait qu’ils étaient bien plus costauds que nous, bien plus athlétiques. J’en ai d’ailleurs discuté après le match retour avec Will (Louiron, adjoint de Fabien Mercadal à l’époque et adjoint d’Olivier Echouafni aujourd’hui à QRM), ils voulaient tomber sur nous et pas sur Annecy qui avait un jeu direct et efficace. J ‘ai moins de regrets sur ce deuxième barrage car on n’a pas espéré… Même si on était forcément déçu.

Combien de buts marqués ?
Alors depuis le CFA (il compte à voix haute), 7 et 5 avec PSG, 5 à QRM en National la première année, 2 en Ligue 2 et encore 3 la dernière année de QRM, 4 la première année à Villefranche, 5 la deuxième et 2 et 2 ! Je connais par coeur, en même temps, je ne marque pas des masses ! Après, ce n’est pas pour me trouver une excuse, mais j’ai reculé sur le terrain. Je suis plus à la création du jeu. Et je n’ai jamais été un avant-centre. Donc ça doit faire une vingtaine de buts.

Photo UF Mâcon

Pourquoi as-tu choisi de faire du football ?
J’ai suivi mon deuxième frère et tout de suite, j’ai commencé dans l’équipe III, à Franconville, où j’ai effectué toutes mes classes, et l’entraîneur de l’équipe Une m’a dit « tu vas monter avec moi » et voilà… J’avais quelques dispositions, j’aimais ça, et la passion est vite venue.

Plus beau but marqué ?
En 13 ans Excellence, j’ai marqué du milieu de terrain ! Sinon, avec le PSG en CFA j’en ai mis des beaux aussi !

Sous le maillot du PSG.

Ton meilleur match ?
C’était à Châteauroux, la première saison à QRM (2016-17), lors de la 2e journée, on gagne 3 à 0 là-bas : je mets un but et je fais deux passes décisives. On avait fait notre meilleur match de la saison. Le coach, Manu Da Costa, nous avait dit de nous lâcher, il voulait nous voir tirer au but, centrer, couper les trajectoires, faire les efforts, parce qu’on venait de perdre chez nous contre Chambly lors de l’ouverture du championnat.

Pire match ?
Quand j’arrive à Villefranche, la première saison, c’était lors du dernier match avant la Covid, on va à Toulon, on perd 3 à 0, le coach m’avait mis en pointe, et j’étais sorti à la mi-temps. C’est un de mes plus mauvais matchs.

Qualités et défauts selon toi sur un terrain ?
Qualités : mon volume de jeu et ma qualité technique, les contrôles, les passes, les remises. Mes défauts : mon jeu aérien. Je me suis amélioré dans l’impact physique je pense.

La saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Je pense ma deuxième saison avec Villefranche, l’année où on va aux barrages contre Niort. On était dernier à la trêve et pourtant on jouait bien, mais les résultats n’étaient pas là. Le nouveau coach est arrivé en février (Hervé Della Maggiore avait remplacé Alain Pochat), on avait fini 3e finalement. Avec QRM, la saison de la montée en Ligue 2, on avait aussi une vraie identité de jeu. Donc je dirais ces deux saisons-là.

Photo UF Mâcon.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Franchement, sur ce coup-là, je me félicite, car je n’ai fait que des bons choix. Quand je suis allé à QRM en venant du PSG, on m’a dit « Mais tu vas où, c’est quoi ça Quevilly ? » et en fait, j’ai fait un super choix car on est monté en Ligue 2 et j’ai rencontré des supers mecs, avec qui je suis encore copain. Quand je suis allé à Villefranche, idem, j’ai quitté le monde pro et on m’a dit « Mais tu vas faire quoi à Villefranche ? » J’ai fait un super choix là encore car on a fait quatre belles saisons et j’ai rencontré de super belles personnes. Donc aucun regret et aucun mauvais choix.

Photo FCVB

Le club où tu as failli signer ?
Les seules fois où j’ai eu des opportunités, ce sont avec les clubs dans lesquels j’ai signé. Je n’ai pas eu de pourparlers avec des clubs où je ne suis pas allé. Je n’ai jamais croulé sous les propositions.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Je suis un Titi parisien, né à Paris, mon rêve, je l’ai réalisé, je suis rentré au Parc des Princes, c’est quand même incroyable ce qui m’est arrivé. Après, un rêve démesuré, je dirais jouer à Anfield Road ou à Old Trafford, en Angleterre.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Old Trafford (Manchester United). J’aime bien le foot anglais. Quand j’étais petit, je regardais le foot anglais sur Canal plus car la chaîne en diffusait beaucoup.

Un public qui t’a marqué en National ?
Celui du Red Star, y’a toujours du monde au stade Bauer, c’est toujours sympa de jouer là-bas. Sinon, je n’ai pas trouvé de passionnés comme là-bas… sauf peut-être à Nancy aussi cette saison, où ils avaient fait entrée gratuite contre nous, à Marcel-Picot, il y avait 17 000 personnes et une ambiance de folie.

Un coéquipier marquant ?
Rémi Sergio.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
Medhy Guezoui, Rémi Sergio… J’ai aussi adoré jouer avec Stan Oliveira et Anthony Rogie à QRM, et Maxime Blanc à Villefranche, avec qui on avait la même idée du football.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Fahd El Khoumisti (Concarneau) m’a impressionné. Il répète les saisons et il met toujours autant de buts ! Et ça ce n’est pas rien. C’est un joueur intelligent, qui se déplace bien. Je trouve qu’il a beaucoup de qualités. Je ne le connais pas personnellement mais je sais qu’il m’a remplacé au PSG quand je suis parti à QRM et apparemment c’est un super mec.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Je suis toujours en contact avec les copains de Franconville… Mais un joueur avec qui … Je dirais Cédric Jean-Etienne ! On se parle de temps en temps mais j’aimerais bien le revoir. J’avais bien accroché avec lui à QRM.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
David Bechkoura, au PSG (il est aujourd’hui dans le staff de Michel Der Zakarian à Montpellier).

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Aucun en particulier, ça s’est toujours très bien passé.

Un président ou un dirigeant marquant ?
Je n’ai eu que deux « vrais » présidents, Michel Mallet et Philippe Terrier, ça s’est très bien passé avec tous les deux. Je dirais Philippe Terrier, avec qui j’ai bien accroché.

Une causerie de coach marquante ?
Celle de Manu Da Costa avant le match de la montée en Ligue 2, on avait fait une mise au vert à Forges-les-Eaux, il avait fait une causerie intense, ça nous avait mis dans de bonnes dispositions.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
(Il réfléchit) Jonathan Clauss.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion (en dehors des clubs où tu as joués) ?
Le Parc des Princes.

Des rituels, des tocs, des manies ?
Je bois toujours mon petit Petrova (vitamine C) avant les matchs.

Que t-a-t-il manqué pour jouer durablement en Ligue 2 ?
Probablement des statistiques, parce qu’aujourd’hui c’est ce que l’on recherche, on ne regarde plus les avant dernières passes, les décalages, c’est comme ça…

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu étais un joueur plutôt …
Généreux.

Un numéro ?
Mon fétiche, c’est le 8. Pour le mois d’août de mes deux enfants, et quand le 8 n’est pas disponible, je prends le 13, le jour de naissance de mon premier enfant, qui est né le 13 août. Le second est né le 5 août, il va avoir 3 ans, c’est un Caladois. Le premier est Rouennais, il va avoir 5 ans ! Cette année, à Mâcon, j’ai le numéro 13.

Un modèle de joueur ?
J’aimais beaucoup Iniesta.

Une idole de jeunesse ?
Zinédine Zidane.

Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
La finale de Ligue des Champions Milan AC – Liverpool, quand Milan menait 3 à 0 en 2005 (3-3, Liverpool vainqueur aux tirs au but).

Ta plus grande fierté ?
D’avoir fondé un belle famille et d’être heureux dans ce que je fais.

Plat préféré, boisson préféré ?
Les lasagnes de mon épouse et un petit verre de vin rouge de temps en temps.

Loisirs ?
Je les passe avec mes enfants.

Passions en dehors du foot ?
Le foot prend énormément de place, sinon de temps en temps je joue à la console ou je regarde des séries.

Dernier match vu à la télé ?
France – Ukraine lors de l’Euro Espoirs (entretien réalisé mercredi 11 juillet).

Le milieu du foot, en deux mots ?
Un milieu où l’on fait des rencontres et … Je n’ai pas envie de dire un milieu de requins, car j’ai eu la chance de connaître des vestiaires plutôt sains. Des rencontres et du plaisir !

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : FCVB, QRM et UF Mâcon

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Quand nous avons lancé le site www.13heuresfoot.fr, en août 2022, nos seules interrogations étaient les suivantes : serons-nous lus ? serons-nous vus ? Et par qui ? Par combien d’entre vous ? Parce que, il faut bien le dire, la longueur de nos articles (jusqu’à 15 ou 20 minutes de lecture parfois pour certains sujets !!!) pouvait être un frein. Finalement, il n’en est rien. Et aux sujets « froids », « intemporels », nous y avons, au fil du temps, rajouté quelques sujets plus « chauds », plus dans l’actu.

Mais 13heuresfoot ne changera pas sa ligne directrice : des articles longs formats, préparés, réfléchis, chiadés, qui vont plus en profondeur. Des articles qui mettront en avant des dirigeants, des joueurs, des clubs, des bénévoles, des acteurs du football dont on parle moins. Des articles qui raconteront des histoires.

Quand nous avons lancé le site, nous nous étions dit que, si nous étions lus par 500 personnes, ce serait déjà pas si mal ! Mais finalement, c’est beaucoup plus ! Notre premier sujet, consacré au parrain du site, Fabien Mercadal, le 10 août 2022, a fait plusieurs milliers de clics et a été vu plus de 100 000 fois ! Au-delà de nos espérances !

Depuis, près de 200 articles ont été rédigés par notre « team 13 heures foot  » !

Dorénavant, chacun de nos sujets est « vu » des dizaines de milliers de fois sur nos réseaux sociaux et « lu » par plusieurs milliers de passionnés. C’est une vraie satisfaction.

L’autre satisfaction, c’est de voir que l’on commence à être « reconnu » pour ne pas dire « connu » ! C’est la preuve, aussi, que le format plaît. Que les sujets plaisent. Et cela suffit à notre bonheur.

Mercredi 26 juillet 2023, à 13 heures, nous reviendrons avec un premier sujet qui, en même temps, lancera la nouvelle saison sportive 2023-2024 ! Notre équipe sera peut-être, elle aussi, renforcée : après tout, c’est la période du mercato !

Surtout, nous continuerons de travailler sérieusement et toujours avec le même leitmotiv : la passion n’a pas de division ! Merci de votre fidélité !Et surtout… bonnes vacances !

La team 13HF

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Le défenseur de 38 ans, qui vient de rempiler pour une saison avec le TEGG, en National 2, retrace son parcours et évoque sa longévité, son poste, son côté compétiteur qui peut « fatiguer et user », son caractère franc et son ton direct. « Parfois, j’aurais peut-être dû arrondir les angles », explique celui qui a toujours privilégié le collectif.

L’histoire d’Anthony Scaramozzino, elle est quand même à peine croyable. Dingue même. Parce que, quand il avait 13 ans, à son arrivée à l’OGC Nice, ou même 8 ans plus tard, quand il fut prêté à l’AS Cannes en National, pas grand monde aurait misé sur lui ni même pensé qu’il serait toujours dans le circuit à 38 ans et, surtout, qu’il embrasserait une carrière professionnelle de près de 20 ans !

Pas grand monde, sauf peut-être lui… et encore, même pas sûr !

Parce que son parcours fut loin d’être classique, notamment à ses débuts : une première licence à 5 ans à l’USONAC Nice, puis un passage de six saisons au Cavigal, dans le club formateur de Nice, avant une arrivée sur la pointe des crampons à l’OGC Nice, à l’âge de 13 ans : « L’USONAC, c’est le souvenir de ma grand-mère, qui m’emmenait au foot le mercredi après midi, et après, quand je suis allé au Cavigal Nice, c’était le club référence de la région en matière de formation. Mais comme j’étais « costaud » à l’époque, je jouais en équipe II ou III, en Honneur ou Pré-Honneur, même pas en Excellence ou Pré-Excellence ! Même à l’OGC Nice, au début, je jouais en équipe IV ! »

Et puis, le destin a fait le reste. Un jour, pour suivre les copains du collège, il participe au tournoi du Vieux-Nice. « Antho » brille avec le « Cavi » et tape dans l’oeil du coach de l’équipe 13 ans Honneur du Gym : « Il s’appelait Pierre. Il m’a dit « On te prend » ! Je n’ai pas été repéré, je n’ai pas fait d’essai, mais c’était pour jouer avec la 4e équipe de la catégorie ! »

Champion de France « 18 ans »

Et puis, pour le tournoi mondial pupilles de Plomelin, dans le Finistère, en Bretagne, Joseph Flachi, le coach des 13 ans Ligue, décide de convoquer tout le monde, « tous les joueurs nés en 1985, même ceux de l’équipe IV ! Et j’ai fait un excellent tournoi, ce qui m’a permis de rester en moins de 13 ans 2e année, sinon je n’aurais pas été conservé. Et tout est parti de là… »

L’histoire avec l’OGC Nice dure 10 ans ! Une finale de Gambardella perdue en 2002 au SDF contre Nantes en lever de rideau de la finale Bastia-Lorient en coupe de France, un titre de champion de France 18 ans (U19) avec l ‘OGC Nice en 2003 (face à l’OL, aux tirs au but), son premier match de Ligue 1 en mai 2004 (lancé par Gernot Rohr, il remplace José Cobos à la 68e à Montpellier / 2-2, journée 35), trois prêts (Lorient en L2, Gillingham en D3 anglaise et l’AS Cannes en National), la carrière du Niçois est lancée ! Mais les débuts ne sont pas évidents.

« Lorient, ce fut ma première expérience en Ligue 2, avec Christian Gourcuff. J’ai eu pas mal de bons coachs quand même ! Bon, Gillingham, ce fut une catastrophe : je n’ai pas été payé pendant un an. Je ne savais pas que si je ne jouais pas, je ne serais pas payé. Disons que ça m’a appris à connaître la valeur des choses. Après, à Cannes, je revenais d’une saison blanche, cela a été compliqué sportivement, en plus, je me suis « pris la tête » avec les supporters parce que sous mon maillot, j’avais le T-shirt de la Brigade Sud Nice (BSN) ! Donc bon, forcément… Mais cette saison fut une année d’apprentissage et ça m’a permis de refaire une préparation avec l’OGC Nice l’année d’après, avec le groupe de Frédéric Antonetti : « Il m’a dit, « tu fais la prépa et on voit ce que ça donne » et c’est comme ça que je suis sur le banc dès le premier match de championnat ».

« C’était le moment de prendre mon envol »

Le club lui fait une offre avant la fin de son contrat, « Mais je la repousse, parce que je pense qu’ils m’auraient encore prêté. Là, à 23 ans, c’est le bon moment de dire stop et d’aller voir ailleurs, de prendre mon envol. »

Le défenseur central de formation, repositionné latéral gauche par Gernot Rohr à Nice – « Il trouvait que j’étais trop petit pour jouer défenseur central » – s’engage à Sedan, en Ligue 2. « J’habitais à Charleville, j’étais déjà avec mon épouse, donc pour me concentrer sur le football, c’était top, et il y a eu la naissance de ma fille, Noémie, et après, je suis allé à Châteauroux, où on est né mon fils, Louka. A Châteauroux, je me suis régalé avec Didier Tholot, que j’ai retrouvé il y a 2 ans à Pau, en Ligue 2 ! »

L’Europa League avec l’Omonia Nicosie

Avec le coach de Thonon Evian Grand Genève, Bryan Bergougnoux.

C’est avec cette étiquette de joueur de Ligue 2 que le défenseur file à l’étranger, à l’Omonia Nicosie, en D1 chypriote, où il dispute la Ligue Europa, et joue dans les plus grands stades : « Pouvoir faire des matchs de coupe d’Europe au Dynamo Moscou ou au Maracana face à l’Etoile Rouge de Belgrade, franchement, c’était exceptionnel ! »

A Nicosie, il côtoie d’autres compatriotes, dont Bryan Bergougnoux, prêté par Lecce, et déjà croisé à Châteauroux – les deux hommes sont aujourd’hui liés d’amitié, et le premier entraîne le second à Thonon Evian Grand Genève en National 2 – et Sofiane Cherfa.

Mais le club a des problèmes financiers et prête « Antho » en Grèce, au Panetolikós FC, dans la ville d’Agrínio. « Là encore, j’ai joué à l’Olympiakos Le Pirée, au Panathinaikos Athènes, au Paok Salonique, des grands matchs dans des grandes ambiances ! C’était extraordinaire ! Il me restait un an de contrat, Nicosie voulait que je baisse mon salaire, mais j’ai refusé et j’ai résilié mon mon contrat. Car le RC Lens est arrivé… J’avais 31 ans, c’est fou ! Tout le monde m’avait dit que si je partais à l’étranger, je tomberais aux oubliettes. Bon, déjà, à l’étranger, financièrement, c’est beaucoup plus intéressant qu’en Ligue 2. Mais là, je signe à Lens ! »

Son arrivée à Lens, un concours de circonstances

Son arrivée en Artois ? Encore une histoire de dingue. Presque un conte de fées. « C’est fou, raconte celui que l’on surnomme « Scara »; en fait, quand j’arrive en Grèce, je dispute mon premier match à domicile, titulaire, contre Atromitos je crois, et il y a un agent français qui est au match : il est venu voir un de ses joueurs. Et lors de ce match-là, je marque et je fais une passe décisive. On gagne 4-1 chez nous. Quelque temps après, cet agent me contacte sur Facebook et me dit « Si t’es libre cet été, on peut voir ce qu’on peut faire, j’ai des contacts à Lens ». Bon, moi, je n’avais pas d’agent officiel, je lui ai dit « On verra. Si ça arrive, tant mieux, si ça n’arrive pas, ce n’est pas grave ». Je ne me prends pas la tête, et finalement, c’est arrivé ! L’agent est revenu vers moi, il a eu Antoine Kombouaré, le coach, et mon profil lui a plu. J’ai pu résilier avec Nicosie et arriver libre à Lens, qui descendait de Ligue 1, et dont la masse salariale était encadrée. Le club ne pouvait pas recruter ou payer de transfert. Cela a vraiment été un concours de circonstances ! Cela s’est fait comme ça ! C’est dingue ! Parce qu’avant ça, j’avais déjà eu plein de messages d’autres agents qui n’avaient jamais abouti et avec lui, ça a marché ! C’est pour vivre ça que je suis rentré en France, sinon, j’aurais baissé mon salaire et je serais resté à Chypre. »

Retour en National à Laval et Boulogne

Après deux saisons à Lens et un petit passage à l’UNFP, direction Laval, en National, avec Jean-Marc Nobilo et aussi Manu Pires, qu’il a connu à la formation à Nice, et François Ciccolini. Il termine meilleur latéral gauche de National lors de sa 2e saison en Mayenne avant de signer à Boulogne, toujours en National, où Laurent Guyot arrive, alors qu’Olivier Frapolli, qui l’a fait venir quelques jours plus tôt, s’en va à … Laval ! « Quand Laurent Guyot est arrivé, j’avais déjà signé à Boulogne ! Je suis toujours en contact avec le coach, on s’envoie des messages, et quand je vais voir « Bosette » (Alexy Bosetti) à Annecy, je passe voir le coach. » C’est aussi à Laval qu’il passe un diplôme universitaire, le DUGOS (Gestion des organisations sportives).

A Boulogne-sur-Mer, Antho repasse dans l’axe. Sportivement, la saison est excellente, même si la Covid stoppe tout à 9 journées de la fin : l’USBCO reste bloquée à la 3e place, à un point de la montée ! « On devait recevoir les deux premiers, Pau et Dunkerque… Et en plus, on ne joue même pas les barrages d’accession ! Il y avait de l’engouement, d’ailleurs, il y en a toujours, on l’a vu cette saison en N2 quand le club a disputé le match du maintien. »

Il retrouve la Ligue 2 à 35 ans !

A 35 ans, la fin approche. Du moins le croit-on. Car Didier Tholot et Pau lui offrent l’occasion de retrouver la Ligue 2 ! « Il voulait de l’expérience et du leadership dans l’axe, même si parfois j’ai aussi rejoué à gauche à Pau ! Il me restait 2 ans de contrat à Boulogne mais Laurent Guyot et Aurélien Capoue ont été classes, ils m’ont libéré et permis de retrouver la Ligue 2, à 35 ans. »

La fin de carrière approche. A Bourg-en-Bresse, en National, la saison 2021-2022 est bonne. C’est l’été suivant que ça se complique. « Cela s’est mal terminé avec le coach, Alain Pochat, et avec le président, David Venditelli. En fait, en fin de saison, on avait eu une discussion avec le coach et les dirigeants. Moi, je leur ai dit ce qui n’allait pas, je leur ai dit ce que je pensais, et là, je suis passé de vice-capitaine à un joueur mis à pied pendant un mois sans salaire ! Si c’était pour leur dire ce qu’ils avaient envie d’entendre, moi ça ne m’intéressait pas ! Ils n ont pas aimé ce que je leur ai dit, mais à l’arrivée, j’avais peut-être raison. Regardez cette saison… ils sont descendus sportivement. Si on est 25 joueurs à tenir le même discours, ils ne vont pas virer 25 joueurs, mais si on est 2 ou 3, c’est plus facile. Et à Laval aussi, ils ne m’ont pas gardé alors que je suis capitaine la 2e année et que je termine la saison dans l’équipe type de National, mais comme je ne m’entendais pas avec le directeur sportif (Jean Costa)… »

« Parfois, j’aurais peut-être dû arrondir les angles »

Alors, trop franc Antho, qui s’épanche plus sur les réseaux sociaux que dans les interviews ? « En fait, si je ne donne pas beaucoup d’interviews, c’est parce qu’on ne m’en demande pas ! Sinon, je ne suis pas fermé aux interviews. »

Il n’est pas fermé tout court, et ça peut lui jouer des tours : « Quand les dirigeants du club de Bourg ou le coach me posent des questions, je réponds ! Parfois ça ne fait pas plaisir, mais c’est comme ça. C’est sûr, j’aurais peut-être dû apprendre à arrondir les angles, même mon épouse me l’a dit, car elle en avait marre de déménager tous les 2 ans, ce que je comprends, car pour les enfants, ça devient compliqué. Je suis franc, direct, je n’ai pas de filtre. Je ne résonne pas de manière individuelle, je défends le groupe, je pense collectif, intérêt général. A 20 ans, j’aurais fermé ma gueule, je n’aurais pas eu le choix de toute façon. Je n’aurais rien au à dire. Mais là, à 35 ans, à Laval, à Bourg, ma carrière est faite, je n’ai aucun intérêt personnel. Et ça ne m’a pas empêché de continuer à trouver des clubs. Donc même si y’a des coachs qui ont des a priori sur moi, d’autres continuent de me faire confiance. »

Comme Bryan Bergougnoux à Thonon Evian Grand Genève (National 2). « En fait, après Bourg, je suis redescendu à Nice et je suis repassé au Centre (de formation) du Gym, j’ai vu Manu Pires (le directeur), car je comptais rentrer sur Nice avec mon épouse et mes enfants, donc je voulais me renseigner pour savoir s’ils intégraient les anciens, pour voir comment cela se passait intégrer la pré-formation ou la formation. J’ai failli signer à Saint-Jean/Beaulieu, à côté de Nice, en National 3, mais Bryan (Bergougnoux) m’a dit « On monte en N2 avec Thonon Evian, viens donner un coup de main »… »

« Avec Evian Thonon, on fera le point dans six mois »

Et le voilà qui repart, à 37 ans, en National 2, un niveau qu’il n’avait plus fréquenté depuis sa jeune époque niçoise, avec la réserve. « Au début, c’était dur, la poule Sud est compliquée… On a eu des matchs chauds, comme à Toulon, à trois journées de la fin, qui jouait sa survie. Après, pour les jeunes, c’est bien, ils apprennent, parce que, parfois, c’est le folklore ! Encore que, maintenant, ce n’est pas comme avant. Tout est filmé. Je me souviens, quand j’étais jeune, avec Gérard Buscher, en CFA (National 2), quand on allait à Vénissieux, aux Minguettes, on se prenait des gifles nous les p’tits jeunes ! Aujourd’hui, c’est plus cadré, plus pro. Les matchs de N2 étaient diffusés sur Fuchs TV même si ça s’est arrêté en fin de saison. »

Aujourd’hui, à 38 ans, Anthony a décidé de rempiler une saison avec le « TEGG ». Sa dernière tournée ? « Je ne sais pas ! J’avais signé un an la saison passée, parce que j’étais arrivé tardivement, et au final, ça s’est bien passé sportivement. Là, j’ai prolongé d’une saison, on fera le point dans six mois, je ne me prends plus la tête. Surtout après l’épisode de Bourg qui a été compliqué à vivre pour ma famille et moi. Le plus important, c’est de retrouver du plaisir sur le terrain. Retrouver une vie de groupe, ça m’a fait du bien. Je serai toujours là pour mettre de l’intensité aux entraînements, pour faire évoluer les jeunes qui vont jouer. Et puis je veux passer mes diplômes, le BEF pour commencer : c’est vrai que, maintenant, en suivant mes enfants au foot, ça m’intéresse. Quant à mon âge, il ne me pose pas de problème, du moment que je ne suis pas ridicule sur un terrain. Maintenant, attention, je serai obligé d’être performant pour jouer, je n’ai pas le choix. Mon poste ? Latéral ou défenseur ? Je sais qu’avec mon expérience et mon vécu,  je suis plus utile aujourd’hui dans l’axe qu’à gauche, par la parole, la communication. Et puis, je suis au coeur du jeu ! »

Anthony Scaramozzino, du tac au tac

« Pour un coach, je suis usant »

Meilleur souvenir sportif ?
Ma première titulaire au stade du Ray. C’était contre Auxerre, c’est Gernot (Rohr) qui m’avait lancé.

Pire souvenir sportif ?
La finale de Gambardella perdue en 2003.

Combien de buts marqués ?
Je dois pas être loin des 10… Non, je dois être pas loin de 15 si on compte le National. A Boulogne, j’ai mis 5 buts, mais 5 penaltys ! ça compte hein ! Demande à « Bosette » (Alexy Bosetti) si ça compte pas, il les prend lui (rires) !

As-tu déjà marqué contre ton camp ?
Non !

Plus belle boulette ?
Ce n’est pas vraiment une boulette, mais un penalty loupé en finale du championnat de France U19, lors de la séance des tirs au but. J ‘en ai pleuré. Heureusement, Hugo (Lloris) a tout arrêté ! Et on a gagné la finale contre Lyon !

Plus beau but marqué ?
Un coup franc contre Dunkerque avec Laval en National.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Je n’ai pas choisi… Dans ma famille, j’ai deux soeurs, je suis entre les deux, et mon père ne jouait pas spécialement au foot, juste avec le Crédit Municipal, en foot entreprises; en fait, j’ai suivi les copains du collège, j ai franchi les étapes sans, au départ, penser à devenir pro.

Ton geste technique préféré ?
La spéciale ! C’est quand je reviens vers mon but, je m’emmène le ballon avec un râteau et je talonne dans le sens contraire… Mais ça c’était quand je jouais latéral ! Maintenant que je suis défenseur central, je ne la fais plus, c’est risqué !

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Ce sont les mêmes, c’est d’être un compétiteur. C’est ce qui fait que je dure encore aujourd’hui, même si c’est en N2, mais pas question de dénigrer ce championnat, parce que c’est un beau championnat, on voit même des joueurs passés par cet échelon qui deviennent professionnels; être compétiteur au quotidien, je pense que pour les coachs, c’est usant, et c’est ça mon plus gros défaut. C’est chiant pour eux. Je suis exigeant, avec moi-même, avec les autres, je râle auprès des arbitres.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
J’en ai beaucoup ! Nice, parce que c’était mes débuts, c’était exceptionnel, et j’ai eu des joueurs qui m’ont pris sous leur aile, je pense à Pancho Abardonado, Sammy Traoré et Cyril Rool, c’était extraordinaire de vivre au quotidien avec eux même si je n’ai pas beaucoup joué mais j’ai beaucoup appris avec eux. Après, j’ai eu la période à Sedan avec un groupe de jeunes extraordinaires, l’ambiance était top. Lens aussi, avec le challenge de la montée en Ligue 1, et aussi l’Omonia Nicosie, où j’ai joué l’Europa League. Franchement, j’ai eu beaucoup de saisons enrichissantes.

Une erreur de casting ?
(catégorique) Non, aucune.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le Milan AC. Mon idole quand j’étais jeune, c’était Paolo Maldini, donc…

Un stade et un club mythique pour toi ?
San Siro, Milan AC. Je n’y suis jamais allé ! Parce que je ne « mange » pas football en fait, je coupe quand je rentre à la maison ! Ma famille n’a jamais été branché foot, donc ça ne m’a jamais passionné plus que ça. Mais j’aimerais y aller avec mes enfants.

Un public qui t’a marqué ? 
Omonia Nicosie et Lens.

Un coéquipier marquant ?
Pancho (Abardonado) et Cyril (Rool).

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling dans le jeu ?
Bryan Bergougnoux, à Châteauroux.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
C’était en Ligue 2, j’étais à Sedan, et ce jour-là, Romain Hamouma, qui jouait à Laval, bah… Je n’arrivais pas à l’attraper en fait ! J’ai dû sortir à la mi-temps.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Karim Ziani. On a joué à Lorient ensemble. J’avais été prêté par Nice.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
J’ai de temps en temps Alain Wathelet par message, qui m’a formé à Nice, peut-être Gernot (Rohr)… Ou Fred Antonetti, même si je n’ai pas beaucoup joué avec lui, mais j’adorais le coach et l’homme.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Alain Pochat.

Un président marquant ?
Gervais Martel.

Une causerie de coach marquante ?
Une causerie de Didier Tholot, quand j’étais à Pau, y ‘a deux ans, on jouait le maintien en Ligue 2, on avait 12 ou 13 points à la trêve (14, Ndlr), on a fait une superbe deuxième partie de saison, on s’est sauvé. C’était une causerie en janvier, il avait établi tous les matchs qu’il nous restaient, il avait bien emmené la chose, comment on allait faire pour se maintenir, ils nous disaient qu’on avait des jokers, ils nous avait parlé des barrages, ils nous avaient bien conditionnés pour les 5 derniers mois qui restaient. On avait fini 14es.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
A Chypre, quand je suis arrivé, je ne parlais pas anglais… Compliqué au début.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Avec l’OGC Nice, on était en stage à Saint-Martin-Vésubie, et nous, les jeunes, on ramassait les ballons à la fin de la séance, et en fait, je mets une « praline » pour en renvoyer un mais il atterrit sur la tête de Gernot (Rohr), je me retourne vite et je fais semblant de faire mes lacets, et c’est là que Pancho (Abardonado), Cyril (Rool) et Sammy (Traoré) se retournent, mais en fait, j’étais tout seul sur le terrain, et ils me disent « Arrête ton cinéma », donc je me suis retrouvé comme un con ! J’étais gêné !

Si tu avais joué défenseur central toute ta carrière ?
Euh… Je ne sais pas ce que cela aurait donné…

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Hugo Lloris.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le stade du Ray à Nice. Bollaert à Lens aussi.

Une devise, un dicton ?
Tout donner. Parce que je sais que même si je ne suis pas bon, on ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir mouillé le maillot. Cela a toujours été une de mes qualités.

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
De prendre conscience que c’était un métier. Comme je ne pensais pas être footballeur professionnel, je n’y étais pas préparé, surtout quand j’étais à Nice, j’avais les amis, je ne dormais pas au centre, je sortais, je profitais parce que je commençais à gagner un petit peu d’argent, même si ce n’était pas des gros contrats à l’époque, mais ça nous permettait de profiter un peu, de sortir en soirée.

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu es un défenseur plutôt ?
Rugueux.

Un modèle de joueur ?
Cyril Rool. J’ai énormément appris à ses côtés. Il était accessible. Et je l’avais sous la main, façon de parler !

Une idole de jeunesse ?
Paolo Maldini.

Un plat, une boisson ?
Le coca, malheureusement, et les lasagnes de mon épouse.

Tes loisirs ?
Dès que l’on peut, c’est de profiter en famille, de se faire des balades, des randonnées, maintenant que l’on est proche de la montagne. Des choses simples. On passe des bons moments. Je ne connaissais pas du tout la Haute-Savoie, c’est carrément top, le cadre de vie est top. On a le lac Léman, Annecy à côté, Genève, il fait vraiment bon vivre dans cette région. A Chypre, le cadre de vie était exceptionnel aussi, et si cela n’avait pas été pour signer à Lens, je pense que je serais resté là-bas. Bon, je n’oublie pas Nice aussi, mais je ne descends pas souvent, et cette année, je ne suis pas venu, ma fille avait le brevet.

Un film culte ?
Scarface.

Dernier match regardé à la télé ?
Le dernier match de l’équipe de France, je l’ai survolé.

Dernier match auquel tu as assisté en tant que spectateur ?
C’était Thonon Evian, justement, parce que j’étais suspendu, c’était l’avant dernière journée de championnat.

Le club de Thonon Evian Grand Genève, en deux mots ?
Beau projet.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Un milieu extraordinaire mais qui peut briser des rêves.

Vidéo :

A lire aussi, article sur Bryan Bergougnoux :

https://13heuresfoot.fr/actualites/bryan-bergougnoux-thonon-evian-grand-geneve-un-projet-gigantesque/

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Thonon Evian Grand Genève FC

L’ex-joueur emblématique du club héraultais vient d’être nommé, à 52 ans, à la tête de l’équipe seniors mise en redressement judiciaire, et future pensionnaire de Régional 2 ou 1. Un choix légitime tant il connaît la maison, où il a déjà passé 45 ans, comme sa poche. La reconstruction est en marche.

A Sète, il y a Georges Brassens, Benjamin Biolay, le canal royal avec ses restaurants et ses joutes, la fête de la Saint-Pierre (c’est en ce moment !), et bien entendu la macaronade et les tielles, les délicieuses spécialités locales.

Et à Sète, il y a aussi Christophe Rouve. Le garçon est connu comme le loup blanc. C’est LE footballeur emblématique de la ville. La légende, comme beaucoup l’appellent.

Il a tout connu au club, où il a pris sa première licence à l’âge de 7 ans, et comme il en a 52 aujourd’hui, faites le compte ! Christophe Rouve, c’est 45 ans de licence au club floqué du fameux rayé maillot Vert et blanc aux couleurs du Sporting Portugal et du Celtic Glasgow. Ou plutôt 44 ans puisque, pendant une saison, il a « commis » l’irréparable en signant chez le proche voisin Frontignan, pour un désaccord financier avec ses dirigeants.

« Entre 140 et 150 buts »

Difficile de parler de son infidélité comme d’une « tâche » à son CV, son départ n’ayant duré que quelques mois. On parlera plutôt d’ombre à son immense tableau de chasse qui l’a vu marquer « entre 140 et 150 buts », il ne sait plus très bien, chez les seniors, où sa technique, son sens du jeu et du placement, sa finesse et son adresse ont fait tremblé pas mal de filets, quand il jouait en 9 ou en 9 et demi, dans toutes les divisions. De la DH jusqu’en National. Et même en Ligue 2, qu’il a eu le bonheur de connaître, juste le temps d’une saison, en 2005/06, sur le tard certes, à 35 ans.

A cette époque-là, Rouve ne le savait sans doute pas encore, mais il allait prolonger le plaisir encore une dizaine d’années sur les terrains, la plupart du temps au poste de défenseur central ! Le prix à payer, sans doute, pour durer.

La semaine dernière, Yoni Ragioneri, l’actuel président d’un club a la dérive, qui a défrayé la chronique ces quinze derniers mois, entre sa rétrogradation administrative en juin 2022 (14e en National et maintien sportif), sa pitoyable saison de National 2 en 2022-2023 (dernier de sa poule avec 12 points et seulement 3 victoires en 30 matchs) et ses déboires financiers qui l’on conduit au redressement judiciaire et donc à l’impossibilité de repartir en National 3, a donc propulsé « la légende » du FC Sète à la tête de l’équipe seniors.

Un premier intérim « seul » en 2011

Repartir, reconstruire, rebâtir, c’est justement ce à quoi va s’atteler Christophe Rouve, qui vivra sa première véritable expérience – il avait assuré un court intérim de 8 matchs en fin de saison 2010-11 en DH – comme « number one », lui qui a déjà connu des expériences d’adjoint, dont la dernière, l’année de l’accession de N2 en National en 2021, avec Nicolas Guibal aux commandes.

Dans l’entretien qu’il nous a accordés, Christophe Rouve revient sur sa nomination et sur la préparation de cette nouvelle saison, dans son club de toujours, qui repart de zéro. Et dans le traditionnel questionnaire « du tac au tac », il évoque ses nombreux souvenirs avec un FC Sète dont il voue finalement un amour sans faille. Et ce n’est pas tout : « Canto » (oui, certains l’appellent aussi comme l’ex-international Eric Cantona… c’est vrai qu’il y a une petite ressemblance, notamment dans la posture) en profite pour régler quelques comptes avec l’ancienne direction, coupable selon lui d’avoir orchestre « le suicide du club ».

Interview : « Un peu d’appréhension tout de même… »

Christophe, vous voilà entraîneur du FC Sète : comment cela s’est fait ? Qui a eu cette idée ?
C’est le président, Yoni Ragioneri. Au printemps dernier, il m’avait dit « Tu seras dans le staff seniors, adjoint, co-entraîneur ou numéro 1 en fonction de qui allait venir, il ne savait pas encore. Il voulait un « local ». Je sais qu’il voulait me donner un rôle important, à définir.

Ce rôle de numéro 1, vous l’aviez envisagé ?
Entraîneur numéro 1 ? Non ! Mais revenir avec la Une en seniors, oui. D’autant que j’ai entendu des bruits comme quoi j’allais repartir avec les seniors cette saison, alors que je n’étais même pas au courant. Cela remonte au mois d’avril.

Entraîneur en chef, cela ne vous fait pas peur ?
Il y a un peu d’appréhension tout de même, mais avec le préparateur physique, on a commencé à mettre sur pied le programme que l’on veut mettre en place et les séances que je veux adapter avec lui. En équipe première, il ne reste qu’un ou deux joueurs, et en réserve cinq ou six. Heureusement, on a une belle génération de jeunes U20 dans le bassin de Thau sur laquelle je vais m’appuyer. On a aussi les jeunes qui sont restés au club et bien sur les recrues. On va déjà essayer d’avancer comme ça.

Ce n’est pas votre première expérience puisque vous aviez déjà dirigé l’équipe fanion en DH lors de la saison 2010-11 ?
C’est vrai. C’était l’année où il y avait Mathieu Chabert (1) comme coach, en Division d’Honneur. J’étais encore joueur. En fait, Mathieu en a eu ras le bol, et à 3 mois de la fin du championnat, il a dit à ses dirigeants « Christophe fera entraîneur-joueur, je vous prête le diplôme » et voilà ! C’est comme ça que j’ai fait une courte pige. Et l’année suivante, Laurent Scala est arrivé, on a fait un bon recrutement et on est monté en CFA2 (N3), mais là, j’étais redevenu joueur.

Que s’était-il passé avec Mathieu Chabert ?
Il en a eu ras le bol. Il n’était pas très satisfait de l’équipe que l’on avait. Il y avait beaucoup de jeunes, c’était compliqué en DH (Régional 1), on n’était pas armé, et nous, les anciens, Abdel Kharazzi et moi, on essayait de leur « rentrer dedans » à ces jeunes, on leur disait de jouer simple, de lâcher le ballon, mais Mathieu ne voulait pas trop leur « rentrer dedans ». Et puis il y a eu un match, à Fabrègues je crois, on perd 4 à 0 il me semble, je n’avais pas joué, et à la fin du match, il a dit « J’arrête ». Après ça, j’ai fait quelques autres piges comme entraîneur-adjoint en CFA et CFA2, pendant 5 ou 6 saisons, quand le club est remonté à la fin des années 2010, et voilà ! La dernière fois, c’était en 2020-2021 avec Nicolas Guibal, en N2, l’année de la montée en National.

« Mr Biton a décrété que mon message ne passait plus »

Pourquoi avez-vous disparu des radars après la saison 2020-2021 ?
Tout simplement parce que Sandryk Biton (manager du FC Sète) a décrété que mon message ne passait plus avec les joueurs ! Mr Biton s’était braqué contre la mairie aussi, et comme je travaille à la mairie… Vous savez, toutes les décisions que je prenais, c’était pour le bien de l’équipe et du club, mais lui, il avait des intérêts personnels, par rapport aux joueurs, et moi je donnais mon avis… Je ne dis pas que j’avais la science infuse mais Mr Biton lui, il arrivait et disait « Il faut faire jouer lui et lui », alors qu’il ne voyait pas les entraînements. Cela a duré 4 ou 5 mois comme ça. Il a voulu me mettre de côté en fin de saison, en disant qu’il avait eu le ressenti des joueurs, que le courant ne passait plus : je lui ai dit « ok, avec 4 ou 5 joueurs, ok, ça ne passe plus, mais avec les autres, ça passe ! On ne peut pas faire l’unanimité dans une groupe, vous savez comment c’est.

Alors je lui ai dit que ça ne me dérangerait pas d’aller à la commission des jeunes ou en réserve. Quand je me suis enlevé de l’équipe fanion, les joueurs ont voulu faire quelque chose pour moi, je leur ai dit non, j’avais mon travail, ça allait… Bien sûr, le foot est un petit « plus », mais bon, je partais de la Une pour aller en réserve au départ. Le président m’avait promis une enveloppe pour recruter, mais il m’a mené en bateau, il n’y a jamais eu d’enveloppe prévue pour la réserve, et ça s’est fini comme ça. Monsieur Biton, il aimait bien « tenir » les gens, les joueurs… Quand il y en avait un qui se plaignait, il lui disait « Si t’es pas content, tu pars, des joueurs comme toi, j’en ai plein d’autres, je les appelle demain, ils viennent ! »

Aujourd’hui, vous êtes toujours employé à la mairie ?
Oui ! Je suis rentré le 1er janvier 1994, au service des sports, je m’occupais de la maintenance du stade et du gymnase, pendant 28 ans, et là, depuis un an, je suis au service « plages-port », à la maintenance.

Vous n’avez jamais été détaché par la Ville pour jouer au foot ?
Jamais ! Sauf pendant l’année de la Ligue 2, la mairie me libérait juste le temps que j’aille m’entraîner.

On ne va pas refaire l’histoire, mais le FC Sète, ces derniers mois, c’est…
Le folklore ! C’est incroyable !

« Sans M. Ragioneri, le club aurait mis la clé sous la porte »

Aux côtés de Nicolas Guibal.

Vous allez repartir dans quelle division ? Régional 1 ou Régional 2 ?
On le saura mercredi. Le président Yoni Ragioneri se bat comme un diable, comme un fou, pour que le club ne meurt pas. Si le FC Sète est encore là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Si cela avait été un autre que lui, le club aurait mis la clé sous la porte. Franchement, heureusement qu’il est là ! Il fait le lien avec la mairie et l’agglo. Il essaie d’attirer quelques partenaires, mais c’est difficile de passer derrière MM. Jean-François Gambetti (ancien président, démissionnaire en juin 2022) et Biton, qui ont orchestré un suicide du club… Yoni Ragioneri, c’est un Sétois, il aime le club, il aime la ville. Il a rendez-vous avec le président de la Ligue Occitanie pour qu’on reste en Régional 1, pour pas que l’on reparte en R2.

Evidemment, R1, R2, ce n’est pas la même chose…
Non ! Il y a une grosse différence, sportivement déjà. Après, et je le dis souvent, il vaut parfois mieux repartir sur de bonnes bases, les deux pieds au sol, plutôt qu’en sautillant (sic). C’est sûr qu’on gagnerait du temps en Régional 1. Si on est en Régional 2, il ne faut pas se le cacher, on va jouer la montée, mais ça va être compliqué. En Régional 1, il faudra faire un bon maintien et préparer la saison suivante pour jouer la montée. Vous savez comme moi que, même en Régional 1, c’est difficile, en plus, en plus, en Occitanie, on va être attendu au coin du bois. Il faudra être intelligent. Quand on est monté de DH en CFA2 en 2012, quand on est monté de DHen CFA2, on était solide, réfléchi, et avec deux buteurs, ça peut aller vite si on retrouve ces ingrédients !

« La saison passée, j’étais partagé entre deux sentiments »

La saison passée a été catastrophique en National 2 : de loin, comment avez-vous vécu cette situation, à titre personnel ?
J’étais partagé entre deux sentiments. D’un côté, j’étais content que cela ne marche pas pour Mr Biton. De l’autre j’étais très déçu pour le club.

Où en êtes-vous du recrutement ?
Je l’ai quasiment bouclé, on a repris Floris Isola, le fils de Heric Isola (ancien du FC Sète), qui a joué à Sète déjà et que Mr Biton a fait partir à Agde, et aussi Thomas Pron, un jeune du cru, qui a joué en réserve à Sète (il était parti à Frontignan), Lucas Segura, qui avait joué à Sète lui aussi, passé par le centre de formation de Strasbourg avant de jouer à Canet-en-Roussillon et Adge. On a aussi Guillaume Cros qui revient, il était à Agde, il a été formé à Sochaux (ex-international U18 et U20), et Malcom Michelot, lui aussi, de retour (Agde). On a officialisé hier le retour aussi de Thomas Levêque, de Fabrègues, qui était aussi à Sète, et voilà. On essaie de faire venir ou revenir des joueurs avec un état d’esprit pour encadrer ceux qui restent.

Et pour le diplôme ?
C’est Laurent Ferrara, un ancien joueur des années 80, qui va me couvrir. Il sera dans le staff. Mais il n’est plus tout jeune (69 ans). On cherche ecore un adjoint, je ne sais pas encore qui ce sera.

« Normalement, on devrait être le club phare du bassin de Thau »

Quels sont les rapports aujourd’hui avec la mairie ?
Ils sont meilleurs depuis que Yoni Regioneri est à la présidence. C’est un peu la Ville qui l’a implanté au club, pour faire le ménage. Du coup, ils sont en relation.

Faire revenir les « anciens », c’est un peu l’un des souhaits du club ?
Oui. L’an passé, j’entraînais les U14 de Sète, et il y a des anciens, comme Heric Isola, qui sont revenus, et avec lesquels on a restructuré la commission des jeunes.

Le FC Sète, c’est LE gros club du bassin de Thau ?
Oui ! Enfin… Normalement, on devrait être le club phare du bassin de Thau. Quand on n’a pas les moyens, quand le plus gros partenaire est la mairie, il faut rester « entre guillemets » dans le bassin de Thau et d’Agde pour essayer d avancer, de Mèze aussi. Dans l’ensemble, on a des bons rapports avec les clubs alentours, mais avec les joueurs du bassin, vous savez comment c’est, quand un joueur veut tenter l’aventure chez le voisin… Si un joueur veut partir, qu’est-ce que vous voulez faire ? Comme il y a beaucoup d’anciens joueurs de Sète qui reviennent, les relations sont plus faciles, car tout le monde se connaît. C’est plus simple.

Christophe Rouve, du tac au tac

« Je sais ce que jouer pour le maillot veut dire »

Meilleur souvenir sportif ?
La montée de National en Ligue 2 à l’issue de la saison 2004-2005 avec le FC Sète.

Pire souvenir sportif ?
La rétrogradation de National en DH en 2009, après le dépôt de bilan.

Combien de buts marqués ?
140 ou 150 je pense ! Je ne les compte pas !

Plus beau but marqué ?
J’en ai marqué des beaux, mais celui que je garde en tête, c’est en Ligue 2, contre Montpellier, à Sète, au stade Louis-Michel, on gagne 2 à 0 (9e journée, lundi 26 septembre 2005), et je marque d’une reprise de volée.

Geste technique préféré ?
Diagonale.

Vous étiez un attaquant plutôt…
Adroit.

Et comme vous avez fini votre carrière en défense, vous étiez un défenseur plutôt…
Technique.

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
Mon père jouait au foot à la Pointe Courte de Sète, et à force de le suivre, j’ai grandi dans ce milieu.

Vos qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais un bon technicien et intelligent dans le jeu, et mes défauts, parfois, j’étais nonchalant, surtout au début de ma carrière, moins au fil du temps, il a fallu que je me mette encore plus au travail, ce qui m’a permis aussi de durer.
Ce qui vous a manqué pour jouer plus longtemps en Ligue 2 ou pour être un bon joueur de Ligue 2 ?
Je suis rentré à l’âge de 23 ans à la mairie de Sète, en 1993, et ma famille ne voulait pas trop partir… Je ne voulais pas la quitter… J’ai peut-être eu peur de tout lâcher …

Pas de regrets ?
Un petit peu… Après, j’avais Montpellier juste à côté, j’avais de supers rapports avec Louis Nicollin, et pourtant je n’ai jamais eu l’opportunité d’y jouer. Alors, est-ce que c’était un arrangement entre les deux clubs ? C’est possible, parce que j’ai vécu cette situation avec Perpignan, l’année où le club est en Division 2 (1994-1995), parce que, quelques années plus tard, j’ai croisé l’entraîneur, Monsieur Carayon, et il me dit « Pourquoi tu ne veux pas venir à Perpignan? », et je lui réponds « Mais je n’ai jamais eu de contact avec vous », et là il me dit « Mais ton club ne t’a rien dit ? »… Voilà, alors peut-être qu’il est arrivé la même chose avec Montpellier !

C’est Emile Anfosso, le président de l’époque, qui vous a bloqué ?
Euh… cela s’est peut-être fait avant lui…

Vous étiez donc « catalogué » joueur de Sète …
Oui, pourtant, j’ai eu des articles un peu partout, les journalistes se demandaient toujours pourquoi je ne partais pas de Sète, mais bon… J’ai toujours dit que mon plus beau souhait, c’était de jouer en Ligue 2 avec Sète, je l’ai réalisé, bon, je ne l’ai vécu qu’un an, à 36 ans, mais je l’ai vécu.

Le président marquant ?
C’est monsieur Anfosso, c’est devenu un ami.

Le coéquipier marquant à Sète ?
Quand j ai commencé en équipe seniors, c’était Guillermo Sahud, un Argentin; il nous guidait, et il nous donnait des bons ballons !

Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling dans le jeu ?
J’ai eu du feeling avec beaucoup de joueurs, donc c’est dur d’en sortir un, allez, peut-être le fils du coach Claude Calabuig, Olivier Calabuig, qui jouait milieu défensif, on faisait chambre ensemble, on était assez fusionnel.

Le club où vous auriez rêvé de jouer, dans vos rêves les plus fous ?
Marseille.

Un stade et un club mythique ?
L’OM et le stade Vélodrome.

Un public marquant ?
Marseille, en 1998, on a perdu contre eux en coupe de France, c’était à Montpellier, y’avait beaucoup de Marseillais, j’entendais des « Allez l’OM », il fallait que je me pince pour savoir si j’étais dans les tribunes ou sur le terrain. On a joué aussi dans des grosses ambiances, même en National, je me souviens qu’à Valenciennes, le stade était plein.

Le joueur adverse qui vous a le plus impressionné ?
Steve Savidan, avec Valenciennes, m’avait impressionné. Et aussi, en Ligue 2, on avait joué à Lorient, il y a avait Karim Ziani, qui était parti à Marseille après.

L’équipe qui vous a le plus impressionné ?
J’ai joué des Marseille, Lille, Caen, Auxerre, Saint-Etienne aussi en coupe de la Ligue avec Sablé et Gomis, j’ai vraiment affronté de belles équipes.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
Robert Buigues. Quand il a fait les 3 derniers mois en Ligue 2, il a remis de l’ordre. Bon, ça a clashé un peu avec le président Anfosso, mais c’est avec lui que l’on a pris le plus de points.

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
Non, sans plus, avec moi, cela s’est toujours plus ou moins bien passé, mais pas au point de ne plus le voir.

Une causerie de coach marquante ?
Celles de Claude Calabuig, c’était Pagnol ! Parfois on se cachait tellement on rigolait ! Parce que lui, même quand on affrontait les derniers, il nous présentait l’équipe comme s’ils étaient très forts, attention à lui, attention aussi à lui… Lui je lui mettrais 6 étoiles, lui je lui mettrais 7 etoiles !

Une anecdote de vestiaire que vous n’avez jamais racontée ?
Entre le président Anfosso et le coach Christian Sarramagna, cela avait été chaud, il était rentré dans les vestiaires, très en colère, il avait mis un coup de pied dans le paper board… Sarramagna était compliqué, un peu loin de l’équipe, il laissait beaucoup de liberté à son adjoint, Gilles Beaumian.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
François Bellugou (Auxerre, Troyes, Lorient, Nancy, Guingamp), Warren Caddy (Paris FC), ah, et aussi Andy Delort !

Des manies ?
Les mêmes sous-chaussettes, j’ai toujours joué avec les Kopa mondial, les protèges tibias…

Un dicton ?
Tout donner.

Un modèle de joueur ?
Eric Cantona.

Une idole de jeunesse ?
Eric Cantona.

Le meilleur match de votre carrière ?
Une année, en National, on gagne 4 à 3 à Sète contre le FC Rouen, je mets un triplé. Et aussi, un autre match, contre la réserve de l’OM, à Marseille, je mets un triplé aussi, en Division III cette fois.

Votre plus grande fierté ?
D’avoir été fidèle au FC Sète. Quand je dis que je joue pour le maillot, je pense que je suis bien placé pour le dire.

Combien de saisons au FC Sète ?
Mon premier match en équipe première, c’était en 1989, et j’ai fini en 2015, donc ça fait 26 ans. En fait, 25 ans, car une saison, je suis parti à Frontignan (en 1999-2000, en CFA2) ! Après, au total, j’ai arrêté de jouer à 45 ans, donc ça fait 38 ans de club je pense.

Votre infidélité d’une saison à Frontignan…
En fait, ce qu’il s’est passé, c’est qu’à l’issue de la saison 1998-1999, les dirigeants voulaient baisser nos indemnités. Moi, je sortais d’une belle saison, et je n’ai pas accepté. Je leur ai dit que s’ils faisaient cela, je partirais, et c’est ce que j’ai fait. Mais au bout de quelques mois, la saison suivante, dès février/mars, ils ont tout fait pour que je revienne.

Avant-centre ou défenseur, quel poste préférez-vous le plus ?
Avant-centre, ou en soutien de l’attaquant. Après, j’ai bien aimé jouer défenseur central. Même en Ligue 2, je jouais un match devant, un match derrière !

Plat préféré, boisson préférée ?
La Macaronade, une spécialité de Sète, et un Perrier.

Dernier match regardé à la TV ?
La finale de la Ligue des champions.

Dernier match auquel vous avez assisté comme spectateur ?
Alors, pas à Sète… Je n’ai pas assisté à un seul match de National 2 cette saison, et la saison précédente, encore moins quand il y avait le président Gambetti et le manager général Biton, puisque c’est lui qui m’a mis dehors… Après, je vais voir jouer des collègues, mais c’est au niveau régional.

Le milieu du foot, en deux mots ?
De plus en plus pourri… Les mentalités ont changé. Je vais parler comme un « vieux », mais tout le monde joue pour l’argent, il n’y a plus cet esprit de cohésion qu’il y avait avant. Les joueurs sont moins soudés. Dès que ça ne tourne pas pour un joueur, il vous dit « De toute façon, la saison prochaine je ne serai plus là »… C’est compliqué. C’est pour ça que je pense que, dans une équipe, il faut cinq ou six joueurs au moins du cru. C’est ce qui nous a manqué en Ligue 2. On était monté avec des locaux, sept ou huit, et puis on s’est retrouvé avec beaucoup de recrues, des prêts, et une trentaine de joueurs à l’entraînement, et ça nous a desservis. Et quand Robert Buigues est arrivé, il a écarté ceux qui avaient lâché, il a restreint le groupe, et c’est là qu’on a pris le plus de points. On était peut-être moins bons techniquement mais on donnait tout.

Le FC Sète 34 ?
Un club instable. On veut brûler un peu trop vite les étapes. Je pense que, quand on n’a pas de grosses entreprises autour de nous, quand on n’a pas de repreneurs ou de gens riches qui vous feraient tenir en National ou en Ligue 2, alors il faut peut-être savoir rester en National 2. A chaque fois qu’on a retrouvé un bon niveau, on s’est planté. On s’enflamme un peu. Je comprends aussi les présidents, qui jouent la montée, mais il ne faut pas « péter plus haut que son cul ». Le dépôt de bilan en 2009 aurait dû nous servir de leçon…

La ville de Sète ?
Un petit niz douillet ! C’est très agréable, et les séries TV nous amènent beaucoup de monde, on voit de plus en plus de touristes ou de gens qui habitent aux alentours, qui viennent, on le voit aux prix de l’immobilier aussi, qui grimpent.

(1) Mathieu Chabert est aujourd’hui l’entraîneur de l’USL Dunkerque en Ligue 2 BKT.

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Boyeranthony06 et @13heuresfoot

Photos : Radio One (avec FC Sète 34)

Malgré la 11e place de son club, l’Olympique Saint-Quentinois, en National 2, et une situation personnelle compliquée, l’attaquant natif de Lyon (26 ans) n’a pas lâché et a tiré son épingle du jeu avec 19 buts, donc 16 en championnat. De quoi lui ouvrir de nouvelles perspectives.

La saison qui vient de s’achever n’a pas été un long fleuve tranquille pour Hugo Chambon. Parti à la découverte des Hauts-de-France en signant l’été dernier à l’Olympique Saint-Quentin, pensionnaire du groupe B de National 2, Hugo a connu une saison riche et mouvementée.

Pour cet attaquant au physique imposant, d’1m87, l’acclimatation a été très délicate. Mais avant d’arriver en territoire axonais, le lyonnais de naissance, malgré son jeune âge (26 ans), a connu une carrière atypique au travers d’une expérience « unique et très enrichissante » selon ses propres mots, au Canada.

Après avoir évolué en jeunes successivement à l’AS Saint-Priest puis à l’Etoile FC Fréjus/Saint-Raphaël, un contact a mis le Canada sur sa route, à l’été 2016, à l’orée de ses 20 ans.

L’expérience canadienne

Après un essai concluant, Hugo reprend alors ses études pour évoluer en foot universitaire canadien, aux Carabins, à Montréal, et évolue en Première ligue de soccer du Québec. Une première année couronnée de succès :  On a gagné le championnat dès la première saison, ce qui nous a donné le droit de participer à la Canada championship ».

Parallèlement à ces performances sportives, Hugo a pu obtenir un diplôme en communication à l’université de Montréal.

Le buteur français ne retient que du positif de cette aventure sur le continent américain.

« Une très belle expérience, j’ai rencontré des personnes avec qui je suis resté très proche, j’ai découvert une autre culture, un autre football, cela m’a permis de grandir dans tous les domaines. » Côté « approche football », il s’est dit « étonné du niveau canadien. Physiquement, le style de jeu est plus direct qu’en France ».

Mais c’est davantage au niveau de l’environnement que le buteur a été bluffé avec « des infrastructures dignes des clubs professionnels, un staff médical à disposition, des vestiaires confortables. Tout est fait pour mettre le sportif dans les meilleures conditions ». Un environnement qui ne laisse que des bons souvenirs à l’attaquant de son expérience à l’étranger.

Le buteur est revenu dans l’hexagone début 2020, juste avant la Covid, aux Lusitanos Saint-Maur. Une expérience en National 2 écourtée par les circonstances sanitaires et qui n’a pas permis de lui laisser le temps de découvrir ce championnat.

Ce ne sera finalement que partie remise pour celui qui réalisera une saison pleine en 2021-2022 avec Grandvillars, en N3 (15 buts et 7 passes décisives). Le temps était donc venu de redécouvrir le niveau de National 2 avec l’Olympique Saint-Quentinois. Après une adaptation très difficile, l’attaquant explose tous les compteurs au retour de la trêve hivernale, et devient une véritable machine à marquer. Ses statistiques sont impressionnantes, avec 19 buts inscrits (16 en championnat en 27 matchs, c’est à dire presque la moitié des buts de son équipe, et 3 en coupe de France en 3 matchs) et un seul pénalty.

« Des joueurs ont demandé ma présence… »

Hugo, vous avez commencé la saison en tant que titulaire puis on ne vous a plus vu sur la feuille de match en fin d’année civile, comment avez-vous vécu cette période ?
En fait j’ai eu une petite gêne musculaire en octobre. J’ai dû passer des examens, le temps de la cicatrisation. Quand je reviens (le 22 octobre 2022), je marque le but vainqueur contre Colmar (1-0, après être entré en jeu à quelques minutes de la fin !), ensuite je suis à nouveau sur le banc à Wasquehal. Nous sommes menés 3-0 quand je rentre. Je parviens à marquer un but et suis à quelques millimètres d’égaliser de la tête au bout du temps additionnel. Je suis encore remplaçant la semaine suivante à Fleury. Je ne redeviens titulaire en championnat que contre Besançon (défaite 1-0 à domicile).

Le coach me fait ensuite comprendre qu’il ne compte plus sur moi. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est d’être écarté du groupe lors du 32e de finale à Belfort en coupe de France (8 janvier 2023). J’ai vraiment compris qu’il ne comptait pas sur moi.

On vous imagine très affecté mentalement : de quelle manière parvenez-vous à retourner le cours de l’histoire en votre faveur sur la phase retour ?
J’avoue que j’ai reçu des offres similaires financièrement à l’OSQ… Pendant mon absence, les résultats du club ne sont pas bons. Le 30 janvier, le coach m’appelle pour me dire que des joueurs ont demandé ma présence. Le dernier jour du mercato, j’appelle le coach pour l’informer que j’ai une offre : c’est le dernier jour où je peux partir et l’entraîneur me répond « tu restes, je compte sur toi ». Le match suivant, contre Bobigny, je marque, et là, je vais devenir titulaire indiscutable pour le reste de la saison.

Côté mental, c’est une épreuve difficile que tu as eu à vivre pour un sportif, qui plus est pour un buteur dont on sait combien l’aspect psychologique est primordial…
Pour moi, mentalement, c’est très fort ce que j’ai fait… Je n’ai rien lâché en inscrivant 12 buts sur la deuxième partie de saison. Cette saison, qui a été très difficile, m’a fait grandir et passer un cap. Je n’en veux pas forcément au coach, ils savent qu’ils ont eu tort, ça s’est passé comme ça. Sincèrement, j’ai vécu ça comme un manque de respect à l’époque mais maintenant, c’est de l’histoire ancienne, et j’ai grandi.

« Aller plus haut »

Hugo Chambon a donc vécu une saison riche en émotions au sein du club des Hauts-de-France. Le buteur ne veut en conserver que des souvenirs positifs en dépit des événements et de l’issue sportive (rétrogradation en N3), même si, à l’heure où l’on écrivait ces lignes, l’OSQ peut encore miser sur un éventuel repêchage).

Collectivement, le meilleur buteur « se dit satisfait des performances du groupe. On avait peu de moyens par rapport à d’autres clubs, on avait fait avec nos armes et le maintien ne s’est joué qu’à des détails infimes ».

Avec des performances aussi remarquables et remarquées, le choix du futur club se pose donc logiquement. Posé et tranquille, Hugo Chambon affirme ses ambitions : « Aller plus haut pour pouvoir démontrer ce que je sais faire, dans un club ambitieux avec un projet ambitieux ». Il ne s’interdit pas non plus une seconde expérience à l’étranger. L’attaquant souhaite encore et toujours travailler plus particulièrement dans certains domaines comme « le jeu dos au but et mon jeu de tête où je ne suis pas assez performant ».

« On ne refait pas l’histoire »

Pour celui qui a fait preuve d’une efficacité à toute épreuve durant la deuxième partie de saison, un match lui reste en tête et qui est peut être le tournant dans la course au maintien : la défaite à domicile contre Wasquehal sur le score de 2 à 1.

« Dans cette rencontre, j’ai deux occasions franches dans les cinq premières minutes mais je ne les convertis pas, peut-être étonné d’avoir des occasions aussi franches en début de match. C’est un des matches les plus frustrants de la saison avec la défaite à Besançon alors que nous menions 2 à 1 à la 72e minute. On ne refait pas l’histoire mais c’est dommage. Il y avait moyen de se maintenir mais malheureusement, avec 38 points cette saison, c’était insuffisant pour rester en National 2 ».

En joueur de surface, Hugo Chambon a su démontrer toute l’étendue de son talent en N2, la suite de sa carrière l’amènera sans aucun doute à découvrir d’autres aventures (il a des touches en National et en Ligue 2), toujours avec le même mental, à toute épreuve !

Hugo Chambon, du tac au Tac

Meilleur souvenir sportif à ce jour ?
Au Canada, le championnat universitaire 2019 à Montréal que nous avons disputé à domicile.

Pire souvenir sportif ?
Ne pas avoir été retenu dans le groupe pour disputer le 32e de finale de coupe de France à Belfort, le 8 janvier 2023 (défaite 3 à 1 de l’OSQ)

Plus beau but marqué ?
Contre Belfort en championnat cette saison, le 18 février, une reprise du volée du pied gauche. Après j’ai déjà mis des retournées acrobatiques mais j’étais plus jeune.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Tout simplement parce que depuis tout petit, j’aime ce sport.

Ta plus belle boulette ?
A 13 ans, je me souviens d’un match où sur un ballon dans notre surface de réparation, je ne sais pas pourquoi mais j’ai eu le réflexe de claquer le ballon de la main façon volleyeur. Un geste incompréhensible.

Un geste technique préféré ?
Le double contact.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Qualité, je dirais instinctif. Pour le défaut, je m’énerve tout seul, je me frustre tout seul.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Au Canada à Montréal.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Je n’en ai pas.

Le club où tu as failli signer (il y a prescription) ? Tabor Sezana (D1 Slovène)

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
Naples.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Liverpool, Anfield Road

Un public qui t’a marqué ?
Au Canada lors du quart-de-finale de coupe en 2019, il y avait énormément de monde pour jouer contre York.

Un coéquipier marquant ?
Aboubacar Sissoko, joueur professionnel au Canada, un super joueur et un homme super.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling dans le jeu ?
Ianis Abida au Canada.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ? Allan Saint-Maximim ; j’ai joué contre lui à l’époque où j’étais à Fréjus Saint-Raphaël.

L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
Bobigny cette saison au match aller, où nous avions perdu 4 à 1.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Omar Krein (Canada).

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ? David de Oliveira (côtoyé en jeunes à Fréjus Saint-Raphaël).

Une causerie de coach marquante ?
Une causerie en grec exclusivement, d’un coach au Canada, avec le traducteur à côté, ça m’avait marqué.

Une causerie de coach que tu n’as jamais comprise ?
C’était aussi au Canada, une causerie de Pat Raimondo.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Quand j’avais 13 ans, je suis parti à un match en oubliant mes chaussures. J’ai dû acheter des chaussures neuves en route pour pouvoir disputer la rencontre.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ? Abdelaziz Barrada, que j’ai côtoyé aux Lusitanos Saint-Maur.

Des rituels, des tocs ?
Je mets de la mousse sur mes protèges tibias pour les faire tenir et du Vaporub avant chaque match.

Une devise ?
Ne rien lâcher, tout vient à point à qui sait attendre.

Un match de légende ? OL- OM (5-5), le 8 novembre 2009.

Un modèle de joueur ? Fernando Torres.

Ta plus grande fierté ?
Les titres gagnés au Canada.

Un plat, une boisson ?
Pizza, Ice tea.

Loisirs ?
Le basket, le tennis, j’aime le sport en général, les voyages et être avec mes proches.

Acteurs, actrice ?
Will Smith.

Un film culte ?
La cité de Dieu.

Le dernier match que tu as regardé à la TV ? France-Grèce le 19 juin (la veille de l’entrevue)

Le dernier match auquel tu as assisté en spectateur (en dehors de ton club) ?
Je suis allé voir jouer mon ancien club, Grandvillars, en championnat. Après notre déplacement à Belfort en février, j’étais resté sur place pour aller rendre visite le lendemain à mon ancien club.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Compliqué et hypocrite.

Carrière joueur :
Son CV. Hugo Chambon, né le 10 août 1996 à Lyon. Attaquant.
AS Saint-Priest (2008-2011) : Fréjus Saint-Raphaël (2012-2015) : Amnéville (2015-2016) : Montréal/AS Blainville (foot universitaire/semi professionne) (2016-2020) : Lusitanos Saint-Maur (2020-2021) : Grandvillars (2021-2022) : Olympique Saint-Quentin (2022-2023).

 

Texte : Marc-Antoine Goullieux / Mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : Olympique Saint-Quentinois et L’Aisne Nouvelle

C’est l’un des transferts surprises de ce début de mercato en National. Elément clé de la montée de Concarneau en Ligue 2, l’attaquant a décidé de quitter le club promu et choisi de signer un contrat de 2 ans au Mans. Une décision forte, révélatrice de l’état d’esprit du joueur formé à l’Olympique de Marseille, au parcours atypique.

Antoine Rabillard portera les couleurs du Mans FC la saison prochaine en National. Photo Le Mans FC.

La Ligue 1 avec l’OM, son club de cœur, trois montées, les stages des chômeurs de l’UNFP, les blessures, la 2e division hollandaise… La carrière d’Antoine Rabillard n’a jamais été linéaire. Mais le natif de Rodez (Aveyron), qui a grandi à Montpellier, ne « s’est jamais enflammé dans les moments fastes et n’a jamais abandonné dans les moments difficiles », comme il nous l’explique.

Ces derniers jours, sa carrière a dû prendre un nouveau virage. Buteur décisif lors des dernières minutes face à Bourg-en-Bresse (3-2) et Orléans (2-1) lors des deux dernières journées de National, deux buts qui ont propulsé Concarneau en Ligue 2, l’attaquant de 27 ans était cantonné au banc des remplaçants depuis deux mois.

Si les dirigeants de Concarneau lui ont proposé une prolongation d’un an, il a choisi de ne pas l’accepter et de rester en National en signant au Mans. « Je suis resté fidèle à mes principes, je suis serein », explique-t-il.
Pour 13Heures Foot, il est revenu longuement sur son parcours pas vraiment linéaire.

« Concarneau, les deux plus belles saisons de ma carrière humainement et sportivement »

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Son actualité, c’est bien sûr l’annonce de son départ de Concarneau puis sa signature au Mans, ce jeudi 22 juin. Après avoir réalisé la meilleure saison de sa carrière (12 buts, 7 passes décisives), l’attaquant de 27 ans n’accompagnera pas le promu breton en L2. Il va rester en National avec Le Mans.

« Je sais que certains ne comprendront peut-être pas mon choix, reconnaît-il. Mais je préfère jouer, même à un niveau inférieur, que de rester sur le banc juste pour dire, « j’ai retrouvé la L2 ». Concarneau ne me proposait qu’un an de contrat et on n’est pas tombé d’accord sur les conditions. J’ai compris que je devais trouver un nouveau projet. J’ai eu plusieurs contacts en National (dont Dijon et Red Star selon nos informations) mais c’est le projet du Mans qui m’a le plus convaincu. On cherchait un endroit où on serait bien avec ma femme. »

Même s’il s’est montré décisif avec ses buts capitaux contre Bourg-en-Bresse (3-2 à la 94e) et celui de la montée à Orléans (2-1 à la 86e ) lors des deux dernières journées, Antoine Rabillard a vécu une fin de saison frustrante.

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Il a en effet débuté les sept derniers matchs sur le banc. « J’ai été déçu d’être relégué comme ça sur les deux derniers mois. Je ne suis pas du genre à lâcher et à abandonner. Ce n’est pas dans mon tempérament. J’ai toujours voulu montrer que j’avais ma place. Mais forcément, cette fin de saison a pesé dans mon choix de partir. Il y a deux attaquants sous contrat (El Khoumisti, Gboho) et le club va recruter. Moi, je n’avais aucune garantie. Et si c’est pour passer un an sur le banc et me faire oublier, autant partir… Jouer a toujours été le plus important pour moi. »

Malgré tout, l’attaquant n’est pas amer. « Forcément, je suis un peu déçu mais je préfère ne garder que le positif. A Concarneau, j’ai certainement vécu les deux plus belles saisons de ma carrière sur les plan humains et sportifs. On avait une super équipe et tout le monde en a profité sur le plan individuel. Entre nous, l’ambiance était extraordinaire. Si on nous avait dit, en début de saison, qu’on terminerait champion de National, on ne l’aurait jamais cru. Personnellement, je suis très content de ma saison. Au niveau des « stats », c’est la meilleure de ma carrière. »

Mais la suite s’écrira donc pour lui au Mans, sous la conduite de Réginald Ray, un ancien goleador de L2. Dans la Sarthe, Antoine Rabillard tentera de décrocher une 4e montée dans sa carrière en mai 2024.

« Mon but avec l’OM contre Lille au Vélodrome, un moment indescriptible ! »

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Avant Concarneau, il était déjà monté en L2 avec Béziers en 2018 puis en Eredivisie (la L1 aux Pays-Bas) avec Go Aheads Eagles en 2021. Il aussi connu l’ivresse de marquer au stade Vélodrome sous le maillot de l’OM et les stages des chômeurs de l’UNFP. Des grands écarts qui ont jalonné le fil de son parcours : « Je viens de loin, j’ai un parcours atypique mais j’en suis fier », lance-t-il.

Tout a commencé pour lui dans un club de quartier de Montpellier, l’AS Saint-Martin Gazelec. « J’y suis resté dix ans. Chaque année, le grand club de Montpellier Hérault voulait que j’y signe. Mais mon père a toujours refusé. Il n’a pas eu tort. Si j’étais parti tôt de chez moi comme tant d’autres, j’aurais peut-être explosé en vol et arrêté le foot. Là, j’ai pu avoir une enfance et une adolescence normales, continuer mes études jusqu’au bac. »

En jeunes, il part néanmoins à Castelnau-le-Crès puis à Béziers. En U17 et U19, il explose les compteurs avec une saison à 46 buts puis une autre à 48 ! Repéré par de nombreux clubs, il passe en 2012 un essai à l’OM, son équipe de cœur. « Je suis supporter de l’OM depuis tout petit, sourit-il. Je touchais mon rêve de gamin. »

Le soir de l’accession en Ligue 2 avec Concarneau (Photo US Concarneau)

Mais l’essai s’avère « non-concluant »… « Du moins, c’est ce que je croyais alors que pourtant, ça s’était bien passé. L’OM m’a dit qu’il continuerait à me superviser. Un an plus tard, j’ai appris que c’était en fait mes parents qui s’étaient opposés à mon départ à un an du bac. Mais je ne leur en veux pas. C’était pour mon bien.»

Son bac en poche alors qu’il a déjà disputé à 17 ans quelques minutes en National 2, il retourne à la Commanderie en septembre 2013. « Je suis resté trois jours et Thomas Fernandez m’a fait signer un contrat de stagiaire pro. C’était fabuleux. »

Sous la tunique de l’OM en 2014 (Photo Philippe Le Brech)

Lors de sa deuxième saison avec la réserve (N3), il se blesse à une cheville. « J’étais en fin de contrat stagiaire. L’OM m’a proposé de rester mais sous statut amateur pour la réserve. »

A l’OM, l’Espagnol Michel a remplacé Marcelo Bielsa sur le banc. Lors des trêves internationales, il a l’habitude de compléter son groupe avec des joueurs de la réserve. « Il y avait beaucoup d’internationaux qui étaient partis. Je suis venu m’entrainer avec la L1 et j’ai pu me faire remarquer. »

Le 10 janvier 2016, il effectue ses grands débuts en L1 en remplaçant Alaixy Romao à la 72e minute face à Guingamp (0-0). Puis il égalise à la 96e minute contre Lille (1-1) le 29 janvier avant de connaitre sa première titularisation en L1 à Montpellier, la ville où il a grandi. « Ce but contre Lille au Vélodrome, c’était un moment indescriptible, dingue… C’est impossible à décrire. Vu par où j’étais passé, marquer au Vélodrome pour le club que je supporte depuis gamin… Je vivais en plein rêve. »

En mars 2016, il signe son premier contrat professionnel. Pourtant, il va vite retomber sur terre. Franck Passi, qui a remplacé Michel, ne l’utilise plus. La saison suivante, il n’effectue que deux petites apparitions (14 minutes) en L1 avec Rudi Garcia. « Il me restait un an de contrat. Il a été honnête avec moi. Il m’a dit que le club allait recruter, que ce serait bouché pour moi. J’ai donc pris la décision de partir. Ce que je voulais, c’était jouer même si pour ça je devais quitter l’OM où j’étais dans un certain confort. »

National, stage UNFP et 2e division hollandaise

Avec l’OM en 2014 (Photo Philippe Le Brech)

Antoine Rabillard n’hésite pas à redescendre en National à l’été 2017. Il retourne dans son ancien club, à l’AS Béziers. « Je venais de là-bas, j’étais près de ma famille. C’était plus rassurant, c’était le choix de la sécurité. En quittant un cadre pro, cela me permettait de me sentir plus à l’aise. »

Il marque 7 buts et Béziers, qui était relégable à la trêve, accède en Ligue 2 en battant Les Herbiers lors de la dernière journée (4-1). « Les Herbiers venaient de jouer la finale de la Coupe de France contre le PSG. On a aussi bénéficié de la victoire surprise de l’Entente Sannois Saint-Gratien à Grenoble pour monter directement. »

Avec l’AS Béziers (Photo Philippe Le Brech)

Mais la saison en L2 est plus compliquée. « J’ai été blessé à un genou, je n’ai pas beaucoup marqué (2 buts), on ne jouait pas dans notre stade et au final, on redescend en National pour un point. »

Lui se retrouve sans contrat. Il rejoint le stage des chômeurs de l’UNFP. « J’ai eu cette possibilité de partir en 2e division des Pays-Bas. L’étranger, ça ne me faisait pas peur. C’était une bonne opportunité pour moi. Ma femme m’a suivi dans cette aventure. »

En deux saisons avec les Go Aheads Eagles de Deventer, une ville de 100 000 habitants à une centaine de kilomètres d’Amsterdam, il a inscrit 18 buts et délivré 9 passes décisives. « La première année a été tronquée par le Covid et lors de la deuxième année, on est monté, encore à la dernière journée ! Niveau foot, c’était une super expérience. La montée en Eredivisie, c’était un grand souvenir aussi. Mais c’est au quotidien que c’était plus compliqué, surtout pour ma femme. Il y avait la barrière de la langue, la météo avec souvent de la pluie… Le club m’avait fait une proposition pour prolonger. Mais avec ma femme, on a décidé de rentrer en France. On avait besoin de retrouver notre pays. »

« Quand on tombe, il faut savoir se relever tout de suite »

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Pourtant, malgré ses belles saisons aux Pays-Bas et son CV, les propositions n’affluent pas. « J’étais parti en 2e division hollandaise, on m’avait un peu oublié. J’étais sorti du circuit. Eddy (Torest, son conseiller) a dû se démener pour me trouver un club. Il s’est battu pendant un mois et demi. Il n’y avait pas beaucoup de portes qui se sont ouvertes. Heureusement, il y a eu l’opportunité de Concarneau. Avec Stéphane Le Mignan, ça a tout de suite accroché. Vincent Viot, avec qui j’avais joué à Béziers, m’a aussi encouragé à venir. »

Si sa première saison s’est interrompue dès février 2022 à cause d’une blessure à une épaule, la deuxième s’est donc terminée en apothéose sur le terrain. Avant sa décision de quitter Concarneau cette semaine. « Tout ça, c’est à l’image de ma carrière où j’ai connu des hauts et des bas. Mais ça fait partie du métier. Le foot, c’est aussi une grosse part de mental. J’en ai vu tellement qui étaient pourris de talents, qui étaient promis à une belle carrière… Mais à un moment, ça a bloqué au niveau mental. Moi, c’est tout le contraire. Mais si on ne m’attendait pas et que je suis toujours là, c’est que je n’ai jamais rien lâché. J’ai connu des moments difficiles mais quand on tombe, il faut savoir se relever tout de suite. Ce que j’ai reçu de mon éducation, c’est qu’il ne fallait jamais abandonner. »

Antoine Rabillard du tac au tac

Avec l’AS Béziers, en 2017, il est monté en Ligue 2 ! (Photo Philippe Le Brech)

Première fois dans un stade comme spectateur ?
J’avais 7 ans. C’était un Montpellier – PSG en 2002. Il y avait Ronaldhino au PSG.

Meilleur souvenir de joueur ?
Mon but contre Bourg-en-Bresse, celui du 3-2, à la 94e minute lors de l’avant-dernière journée. C’était la folie dans le stade. Et juste après, Ezikian tire sur la barre sur un coup-franc ! On est passé par toutes les émotions sur ce match.

Pire souvenir de joueur ?
Ma blessure à l’épaule la saison dernière contre Villefranche (7 février 2022). J’ai voulu esquiver le gardien et en sautant, je mets mon bras pour amortir. J’entends que tout pète. Saison terminée alors qu’on était en tête. J’ai eu 4 mois et demi d’arrêt.

Le geste technique préféré ?
La reprise de volée.

Le soir de la montée en L2 avec l’US Concarneau (Photo US Concarneau)

Qualités et défauts sur un terrain ?
La finition, l’abnégation et l’altruisme. Niveau défauts, je dois progresser dos au jeu et dans la conservation. Je dois aussi moins m’énerver contre les arbitres.

Votre plus beau but ?
Aux Pays-Bas avec Go Aheads. Un retourné acrobatique face au FC Eindhoven.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Kylian Mbappé en jeunes lorsqu’il était à Monaco. Il était surclassé.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Lassana Diarra à l’OM.

L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Michel car il m’a lancé en L1 et donné ma chance à l’OM. Au niveau du football pur, Stéphane Le Mignan à Concarneau.

Avec l’AS Béziers, saison 2017-2018, en National (Photo Philippe Le Brech)

Le président qui vous a marqué ?
Je ne l’ai pas connu car il était parti quand j’y étais. Mais en tant que supporter de l’OM, je dirais Pape Diouf.

Le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
Concarneau.

Le club qui vous fait rêver ?
En jouant à l’OM, j’ai déjà atteint un de mes rêves. Mais le rêve ultime, l’inaccessible, serait le Real Madrid.

Vos joueurs préférés ou modèles ?
Ronaldo et Benzema.

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Un stade mythique ?
Le Vélodrome, bien sûr.

Vos amis dans le foot ?
Florian Escales, le gardien d’Annecy. On a été formés ensemble à l’OM et on est toujours resté en contacts.

Dès qu’on peut, on se retrouve. Ces deux dernières années, j’ai aussi trouvé des vrais amis à Concarneau. Je sais qu’on restera en contact.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Rémy Cabella.

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Vos occupations en dehors du foot ?
Les jeux vidéo. Je suis aussi très animaux, j’ai un chien et un chat.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Je me suis arrêté après le bac donc très bonne question… Peut-être agent immobilier comme mon grand-frère… C’est une piste à développer pour plus tard.

Le milieu du foot en deux mots ?
Je suis passionné de foot et de jeu. Mais par rapport à ce qu’il y a autour, ce n’est pas un milieu qui m’attire. Il y a beaucoup trop de requins. Il ne faut rien attendre de personne. Le plus important, c’est d’être bien entouré. Sinon, on peut vite péter un câble.

Le sud de la France, la Hollande ou la Bretagne ?
Quand on vient du sud comme moi, on ne peut pas hésiter (rires)… La Hollande, c’est joli, mais le climat, ce n’est pas ça. Après, j’ai pu découvrir la Bretagne pendant ces deux ans à Concarneau. C’est une belle région, très sympa.

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech (et aussi Le Mans FC et US Concarneau)

Cinq équipes et 80 joueurs ont participé à la « FAB Cup » à Pontivy, tournoi organisé par le journal Le Télégramme, qui réunit les meilleurs joueurs des équipes type de Régional 1 à Régional 3, mises en avant tout au long de la saison après chaque journée de championnat.

La joie des joueurs de Finistère sud suite à leur victoire au tir but face à Côtes d’Armor. Photo Nicolas Créac’h

Qui n’a jamais fantasmé un match durant lequel les stars d’équipes rivales auraient enfilé le même maillot pour défendre leur territoire et ainsi nous faire rêver ? Comme Cristiano Ronaldo et Lionel Messi à leur époque espagnole par exemple.
Dans la même idée que ce que les fans de golf ont l’occasion d’apercevoir à l’occasion de la Ryder Cup, ceux de la petite balle jaune lors de la Rod Laver Cup ou encore les passionnés de dunks, paniers primés ou autres posters à l’occasion du All Star Game.

Ces rêves de gamins, devenus réalité dans d’autres disciplines, le sont également désormais depuis 2 ans dans le football. Et pas n’importe lequel : le football amateur. Sans toutefois réunir Alexis Sanchez et Kylian Mbappé sous le même maillot, il existe en Bretagne une compétition réunissant les meilleurs footballeurs de la région, du Régional 1 au Régional 3 : la FAB Cup (FAB pour Foot Amateur Bretagne). Lancée la saison dernière par le journal Le Télégramme, la « Foot Amateur Bretagne » Cup a transformé l’essai, à Pontivy, pour sa deuxième édition.

La joie des joueurs de Finistère sud. Photo Nicolas Créac’h

Un événement auxquels ont participé près de 80 joueurs, devant trois caméras permettant la diffusion en direct, et couronnant ainsi le succès du projet global d’un média qui tient sa promesse de traiter le football amateur de même manière que celui des professionnels.

Et quand on dit que l’événement réunit le gratin du foot amateur de la région, c’est à prendre au sens propre. Car le titre de presse quotidienne régionale s’est attelé, comme la saison dernière, à la réalisation d’une équipe type pour chaque journée de championnat allant du Régional 1 au Régional 3, et ce, pour chaque territoire breton représenté : les Côtes-d’Armor, le Morbihan, le Finistère Sud et le Finistère Nord, auxquels l’Île-et-Vilaine se rajoute cette année.

Techniquement, cela se passe ainsi : les correspondants qui couvrent les rencontrent font « remonter » les joueurs les plus en vue à un « référent » en charge du territoire, qui peut ainsi réaliser l’équipe du week-end, et les joueurs les plus représentés dans ces équipes postulent logiquement à une place dans l’équipe type de la saison de leur zone géographique : celle qui représentera son territoire lors de la Fab Cup de fin de saison.

« Une fierté d’être dans l’équipe type du week-end »

La joie des joueurs de Finistère sud. Photo Nicolas Créac’h

Maël Moizant, adjoint au chef du service des sports du Télégramme et pleinement investi dans le projet « Fab Cup », révèle les coulisses de la naissance d’un bébé qui égaie désormais tout le football amateur breton. « En 2018, Le Telegramme était toujours à fond sur le foot amateur. À Brest, on se rendait compte que l’on couvrait entièrement le R1, le R2, et pour le R3, on avait au moins les buteurs. Et c’est en voyant l’équipe type de la journée de Ligue 1 dans l’Equipe que nous vient l’idée de le mettre en place dans le Nord-Finistère pour ces divisions. On l’a fait après la trêve hivernale, on tentait un coup. Et là, ça cartonne sur le web, ça part dans tous les sens. Les joueurs se prennent au jeu des équipes type. On a continué ainsi jusqu’en 2021/22, où on a voulu le faire partout. ».

A l’aube de la deuxième édition de la FAB Cup, les joueurs sont unanimes : chaque lundi soir sur le web ou mardi matin en papier, ils scrutent le Télégramme pour voir s’ils figurent parmi l’équipe type du week-end de leur territoire !
Pierre a figuré à deux reprises parmi les 11 « élus » du Finistère-Sud et évoque les sentiments qui en ont découlé : « C’est vachement agréable de se voir dans le journal. C’est quand même une fierté : t’as fait un bon match le dimanche, t’es dans l’équipe-type du week-end et c’est une récompense du travail fourni », apprécie-t-il, même si ses apparitions vont de pair avec une petite amende dans la caisse de son club.

Et vous l’avez compris, Le Télégramme a souhaité aller encore plus loin que ses traditionnelles « équipes type », en lançant sa Fab Cup. « En avril de la saison dernière, on s’est dit que c’était trop dommage de ne pas savoir qui était le plus souvent apparu dans les différentes équipes. Puis l’idée est venue de mijoter un tournoi avec ces joueurs-là. Mais on n’avait que deux mois pour l’organiser », rembobine Maël Moizant, qui s’est donc lancé avec son équipe dans une course folle pour créer l’événement en quelques semaines.

D’adversaires à coéquipiers puis amis, grâce à la FAB Cup

L’équipe de Nord Finistère. Photo Nicolas Créac’h

Une mission réussie, puisque la première Fab Cup a eu lieu le 18 juin 2022 à Rostrenen (Côtes-d’Armor), et a été couronné de succès. « On n’a eu que d’excellents retours, les joueurs et coachs présents ont adoré, mais aussi le public qui a regardé l’évènement. Il y a eu une très bonne audience, avec du monde qui a suivi autant le direct que les différents replays, détaille-t-il. Et puis sur le terrain, il y avait un vrai bon niveau de football, les matchs ont atteint un niveau Régional 1. »

Celui qui est l’une des nombreuses mains à avoir monté l’évènement puise aussi une satisfaction quand il enfile sa casquette de journaliste du Télégramme : « Ce qui m’avait vraiment frappé sur la première édition, c’est que tu fais venir des joueurs qui ne se connaissent pas vraiment entre eux et qu’au fil des matchs, un lien se crée. Au début de la journée, la sélection des Côtes-d’Armor se saluait juste. Et quand ils ont remporté le tournoi, ils ont fait un cri de guerre comme si c’était une équipe normale. Désormais, quand ils se recroisent, ils en discutent, ils ont un souvenir commun. On a créé du lien social. C’est aussi le rôle d’un média comme le Télégramme de se mettre au service du foot amateur ».

Les amateurs comme les pros : la promesse tenue du Télégramme

L’équipes Côtes d’Armor. Photo Nicolas Créac’h

Ce tournoi des meilleurs joueurs de la région est en fait la cerise sur le gâteau de l’implication du média dans le foot amateur. A l’image de la création du site internet qui lui est 100% dédié, Foot Amateur Bretagne, qui a donné son nom à la fameuse compétition. Ce site a une promesse : « Toute l’actu, comme les pros ». Et il la tient parfaitement.
Outre les articles et différentes équipes-types, Le Télégramme est pleinement investi sur le mercato amateur et liste, club par club, les départs et arrivées, avec photo du joueur, poste, et âge. Comme pour les pros ! Et l’événement qui couronne cet attachement au « foot d’en bas » est bien entendu cette Fab Cup.

Et pour l’organisation, Maël Moizant tient à préciser que cela dépasse largement le cadre de la rédaction sportive. « C’est un véritable projet d’entreprise. Ça coute un peu d’argent donc ce n’est pas réalisable si la direction ne s’y implique pas. Il y a les équipements fournis, la captation télé, trois caméras, sur un format quasi professionnel. Oui, le Groupe Télégramme s’investit à fond, ce qui implique les services marketing, numérique, communication et promotion. Mais ce n’est pas tout, l’année dernière, le FC Rostrenen co-organisait l’événement et on a pu jouer sur leur terrain. Cette saison, c’est le Stade Pontivyen qui met à disposition ses bénévoles, sa buvette et son terrain. C’est un beau stade (le club local évolue en National 3 après avoir longtemps évolué en N2), un peu à l’anglaise… Sans ces partenaires-clubs, c’est également impossible ».

Ballons et maillots fournis par Décathlon

Et comme il le rappelle, « l’année dernière c’était une Fab Cup O, une édition témoin. Cette année, on a eu plus de temps pour la préparer donc on veut passer un cap, assure-t-il. On s’est notamment rapproché de partenaires. Décathlon, par exemple, qui fournit les ballons de la Ligue 1 pour la journée ou encore les équipements. Ils sont plusieurs à nous suivre et cela valorise l’évènement. »

Une Fab Cup qui est déjà plébiscitée par les joueurs : Sur les 80 acteurs (15 joueurs par sélection plus un entraîneur) réquisitionnés, certains étaient indisponibles mais personne n’a refusé en n’étant pas intéressé par la journée. Et les présents ? Eux se sont régalés. Avec l’aspect plaisir qu’avance Maël Moizant : « Nous on ne rémunère personne, c’est simplement bon esprit. C’est un tournoi de fin de saison pour ceux qui ont brillé afin de clore l’année avec les meilleurs joueurs du territoire ».

« Tu représentes ton territoire, autant le faire à 200% »

Photo Nicolas Créac’h

Cela, sans oublier l’aspect de compétition, comme le rappelle le Sud-Finistérien Pierre : « On rencontre les meilleurs joueurs des autres départements et quand tu es compétiteur, que tu aimes jouer à bon niveau, c’est sympa de les affronter. Et puis tu représentes ton territoire, autant bien le faire, à 200% ».

Cet état d’esprit est peut-être ce qui a fait la différence à Pontivy. Pierre et ses coéquipiers du « 29 Sud » l’ont emporté après quatre premiers matchs de championnat et une finale disputée face aux Costarmoricains. Et il n’y avait qu’à voir les moments de célébrations pour se rendre compte que tout le monde a réussi sa journée : joueurs et organisateurs, qui reviendront forcément l’année prochaine, et pourquoi pas avec des nouveautés qui donneront encore plus d’éclat à l’évènement.

Lire aussi :

https://footamateur.letelegramme.fr/6374694/fab-cup-2023-sud-finistere-une-equipe-est-nee/

Texte : Alexandre Le Bris / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @lebrisfutalex

Photos : Nicolas Créac’h / Le Télégramme

 

L’ancien international U16 et champion de France U19 avec le PSG a soigné ses statistiques cette saison (17 buts) et contribué à l’accession en National du club vosgien. Un nouveau départ ?

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Ce n’est pas faire injure à Epinal que de dire que, en National 2, l’on attendait plutôt Fleury cette saison, ou même le FC 93 (Bobigny – Bagnolet – Gagny) pour l’unique accessit en National.

Seulement voilà, les deux équipes franciliennes ont craqué dans le sprint final. Bobigny, leader à la 24e journée, a perdu 5 de ses 6 derniers matchs dont 2 face à ses concurrents directs, tandis que Fleury, encore leader à trois journées de la fin, s’est incliné au pire moment, à Créteil (2-0, J28), laissant les Vosgiens s’emparer de la première place pour ne plus la quitter.

Voilà ce qui s’appelle coiffer tout le monde sur le poteau !

Et voilà ce qui s’appelle rater le coche pour le Fleury, déjà 2e en 2022, devancé d’un petit point seulement par Paris 13 Atlético, et encore 2e cette année, devancé cette fois au… goal-average particulier par le SAS Epinal. Dur.

Epinal repêché deux fois !

Pour Epinal, c’est un retour en National, six ans après sa descente. Un retour qui ne sera pas simple, surtout quand on sait que lors de ses trois précédentes campagnes dans l’antichambre de la Ligue 2, le club de la préfecture des Vosges a terminé… 18e et bon dernier (2014), 17e (avant-dernier 2015) puis 15e. Et est donc descendu… trois fois de suite ! Sauf que le Stade Athlétique Spinalien a été repêché deux fois, en 2015 et en 2016 ! Ne cherchez pas, c’est unique dans les annales. Et cela ne se reproduira plus, les règlements ayant évolué depuis.

Si Epinal retrouve le National, il le doit bien sûr à son effectif et à son staff, emmené par un ancien de la maison, le coach Fabien Tissot. L’ancien attaquant du temps de la Division 2 (9 buts lors de la saison 1995-1996) était revenu s’asseoir sur le banc du stade de la Colombière en 2022, lui qui avait déjà coaché les Boutons d’or de 2009 à 2015, en CFA et aussi en National (deux accessions à son actif en 2011 et 2014). Avec la cuvée 2022-2023, voilà qui fait trois accessions ! Ne cherchez pas, là encore, le spécialiste, c’est Fabien Tissot !

« Je suis un électron libre sur le terrain »

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Bon, si Epinal retrouve le National, il le doit aussi à un garçon pétri de talent et de qualités, mais qui, ces dernières saisons, n’avait pas encore exploité tout son potentiel. Et ce garçon, c’est Bryan Labissière, ancien international U16 (6 sélections).

Depuis qu’il est à Epinal, le Parisien de 26 ans est transformé. Epanoui. Mature. Cela ne s’est pas vu immédiatement, mais depuis qu’il a changé de poste, délaissant le milieu de terrain et le côté pour se porter aux avants postes, ou tout au moins dans un rôle d’électron libre, une sorte de deuxième attaquant, il empile les buts : 17 cette saison, en 25 titularisations, et tous inscrits dans le jeu (aucun penalty). Des statistiques qui forcent le respect. Et comme il est un joueur altruiste, il a aussi délivré 6 passes décisives.

C’est simple, cette saison, la paire qu’il forme avec l’ancien joueur de Nancy, Karim Coulibaly, c’est 24 buts à eux deux ! Et si l’on y ajoute les 6 buts d’Ismaël Camara, ça donne une triplette à 30 buts ! « Cette année, le coach m’a laissé jouer mon jeu, m’a laissé libre de dribbler, de percuter, et ça s’est bien passé, j’ai pris du plaisir. J’ai été efficace, raconte sobrement l’ancien joueur du Paris-Saint-Germain, où il a effectué toutes ses classes au centre (2010 à 2018). »

« Sur le côté, j’étais timoré »

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Pourtant, la partie n’était pas gagnée d’avance. Surtout que Bryan n’est pas un attaquant de formation.

« Mon poste de prédilection, c’est 8 ou 10 ! Là, à Epinal, je suis plutôt 2e attaquant. Je suis libre de décrocher, de prendre la profondeur, de jouer entre les lignes, comme un 9 et demi plutôt. Je suis un électron libre dans l’équipe. J’avais déjà commencé à jouer comme ça l’an passé. Mais cette année, on a changé de système : parfois je joue 9 et demi, parfois je joue 10 avec deux pointes, en 3-5-2. Franchement, je le répète, j’ai pris plus de plaisir à ce poste, car je suis plus axe au jeu, alors que sur le côté, j’étais plus timoré, parce que certains coachs me demandaient de prendre la profondeur ou d’aller en un contre un ou de centrer ou de ressortir… alors que moi, j’aime bien « rentrer » dans l’axe. C’est vrai que cette saison, j’ai des bonnes « stats », mais je suis encore plus satisfait du contenu de mes matchs. Il faut dire aussi qu’on était porté vers l’attaque. « 

Cela se voit : cette saison, Epinal, c’est 55 buts inscrits, 4e meilleure attaque de N2 derrière le Racing (66 buts), Bobigny (59) et Rouen (58). Epinal, c’est aussi des milieux qui marquent, à l’image de Doumbia (4), M’Madi (4) et Viallon (3).

« Le téléphone sonne beaucoup… »

La partie n’était pas gagnée non plus pour le Stade Athlétique Spinalien, qui fut un temps décrochée au classement : « Si on a douté ? C’est à dire que, à un moment, cet hiver, on s’est retrouvé loin des premiers, à 11 points je crois, car on avait des matchs en retard à disputer. Et ces matchs-là, on les tous a gagnés. Ce qui nous a permis de recoller au peloton. Et on a fait une série de qui nous a donnés la force. Et puis, ce qu’il s’est passé aussi, c’est que comme tout le monde pouvait descendre à cause des 5 ou 6 relégations, on ne pouvait pas prendre les matchs à la légère. »

Forcément, après une telle saison, les sollicitations affluent. « Le téléphone sonne beaucoup, c’est très bien ! » L’ancien champion de France U19 (avec PSG) n’en dira pas plus. Pas le genre de joueur à fanfaronner. Et puis, Bryan sait d’où il vient : « Quand j’ai quitté PSG, quand j’ai refusé leur contrat pro, je n’ai pas fait les bons choix… Mais je ne veux plus trop parler de cette période. Aujourd’hui, j’ai grandi, j’ai pris en maturité, je vais être papa, y’a beaucoup de choses qui ont changé » raconte celui qui avait commencé le ballon à Romainville en Seine-Saint-Denis à l’âge de 6 ans avant de rejoindre le club voisin, Les Lilas, deux ans plus tard. « Je reviens de loin. C’est vrai. Vivre une montée, c’est exceptionnel, surtout quand tu as été acteur. »

  • Son CV

– Bryan Labissière, né le 11 février 1997, à Paris. Milieu/attaquant. International U16.

Parcours : Romainville (2003-2005) ; Les Lilas (2005-2010) ; Paris Saint-Germain (2010-2018) ; Romorantin (N2, 2018) ; Saint-Malo (N, 2018-2019) ; Guingamp B (N2, 2019-2020) ; Le Puy (N2, 2020-2021) ; Epinal (N2, depuis juillet 2021).

Palmarès : champion de France U19 en 2016 avec PSG et finaliste de la Youth League.
1 sélection internationale (29 mai 2018) avec Haïti : défaite 4 à 0 contre l’Argentine au stade de La Bombonera (Messi 3 nuts, Aguero 1 but).

Bryan Labissiere, du tac au tac

« Je pense collectif ! »

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Meilleur souvenir sportif ?
J’hésite entre deux… Mais je vais dire les deux : la Youth League avec le Paris Saint-Germain (en 2016), même si on a perdu en finale contre Chelsea, et cette saison, avec Epinal, avec la montée au bout. C’est un délire la montée !

Pire souvenir sportif ?
C’est de ne pas avoir accepté le contrat pro que me proposais Paris SG.

Plus beau but ?
J’en ai mis des pas mal quand même !! Mais je n’en ai pas un qui me vient comme ça, en tête !

Ton but le plus important ?
Même si ce n’est pas le plus beau, c’est celui que j’ai marqué lors de la dernière journée, cette saison, contre Saint-Maur Lusitanos (1-1), car c’est celui qui nous permet de monter en National avec Epinal.

Plus beau loupé ?
J’étais en dehors de la surface, le gardien fait une passe latérale à son défenseur, j’anticipe parce que je sais qu’il va jouer comme ça, je récupère le ballon et là, je suis en angle fermé, côté gauche, y’a plus de gardien, y’a plus personne, mais mon enroulé passe juste au-dessus et sort en 6 mètres. Je crois que c’était contre Schiltigheim la saison passée.

Avec le PSG. Photo FFF

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est ma passion, c’est ce que j’aime le plus. Ma mère m’a inscrit à Romainville, je jouais avec des plus grands que moi. J’ai toujours joué contre des plus grands que moi !

Ta première fois dans un grand stade ?
C’était au Vélodrome, à Marseille. Je faisais la coupe Nationale avec l’équipe d’Ile de France, c’est une compétition qui réunissait les meilleurs jeunes, et c’était à Marseille. On avait été invité au Vélodrome du coup.

Ton geste technique préféré ?
La prise de balle.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Un seul, à Guingamp, comme par hasard, c’était lors du dernier match avant la Covid, en réserve, et cela m’a valu six matchs de suspension la saison suivante; c’est pour ça que quand je suis arrivé au Puy, je n’ai pas pu jouer tout de suite.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ? Franchement ? Je n’en sais rien.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ? Je suis quelqu’un de technique et d’intelligent sur le terrain je pense, je vais vite, j’ai les deux pieds. Mes défauts ? Le jeu de tête; mais pas la tête, non, pas le mental ! Car je reviens de loin. Et aussi j’arrive pas à « switcher » quand il y a une situation injuste, et c’est le pire, car je ne supporte pas l’injustice, et je vais ronchonner pendant un moment par rapport à ça. Je sais que ce n’est pas bien mais je suis comme ça.

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Tu n’as pas un côté nonchalant, aussi ?
Non ! J’ai gommé ça, franchement. Peut-être plus à l’entraînement, mais en match, je ne suis pas du tout comme ça. En match, je suis un guerrier.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Mes années de formation au PSG avec les équipes de jeunes, et cette saison aussi, j’ai vraiment pris du plaisir à Epinal.

Le club où tu n’aurais pas dû signer, l’erreur de casting de ta carrière ?
Guingamp.

Le club où tu as failli signer (tu peux le dire maintenant, il y a prescription) ?
Troyes et Valenciennes, quand j’étais au PSG.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Manchester City.

Avec la sélection haïtienne, face à l’Argentine, au stade de La Bombonera.

Un club où tu ne pourrais pas jouer ?
Je ne peux pas te le dire… Sinon ça va me causer des soucis (rires) !

Un stade mythique ?
La Bombonera. En Argentine. C’est quelque chose ! J’y suis allé, avec la sélection haïtienne. C’était en 2018. C’était ma première et ma dernière sélection car j’ai annoncé que je n’irais plus. Ce jour-là, Messi était en feu, il a mis 3 buts ! L’Argentine nous avait battus 4 à 0.

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un), mais tu as droit à deux ou trois !?
Felix (Eboa Eboa) et Chris (Nkunku) parce que ce sont aussi mes meilleurs amis.

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Y’en a beaucoup avec qui le feeling est passé ! C’est dur comme question. J’aime bien avoir la possession du ballon, faire courir l’adversaire, jouer en une touche de balle ou deux, j’aime bien tous les joueurs qui sont dans ce registre.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Kingsley (Coman) à l’époque, à Paris, c’était un truc de fou.

Un coéquipier que tu as perdu de vue et que tu aimerais bien revoir ?
Jean-Kévin Augustin. C’était mon fréro, on était vraiment proche, nos familles se connaissaient, on était toujours en chambre ensemble, que ce soit en déplacement ou au centre. On a fait nos carrières jeunes ensemble, on a le même âge.

Un coach ?
François Rodriguez. Mon coach au PSG. Et aussi Cédric Cattenoy, que j’ai eu aussi au PSG.

Sous le maillot du Puy.

Un coach que tu n’as pas envie de revoir ?
Non, aucun !

Une causerie d’avant match ?
Les causeries de François Rodriguez, c’était quelque chose.

Une consigne que tu n’as pas comprise ?
Oui mais je ne peux pas le dire !

Le joueur le plus connu de ton répertoire téléphonique ?
Je crois que c’est Chris (Nkunku).

Combien de véritables amis dans le foot ?
J’en ai vraiment trois avec Fodé (Ballo-Touré), Chris (Nkunku) et Félix (Eboa Eboa), mes trois vrais amis dans le foot, et aussi Samuel Essendé, et tous les autres, c’est mes gars !

L’équipe et l’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
L’Argentine, avec Haïti, et Messi était injouable ce jour-là.

Tu est un attaquant plutôt…

A Saint-Malo. Photo Joël Galiot

Altruiste. Je pense collectif.

Des rituels, des tocs, des manies ?
J’ai en un : un de mes meilleurs amis est décédé, y’a 4 ans, et quand je rentre sur le terrain, je fais une petite prière pour lui, et avant, je mets une musique l’on écoutait ensemble.

Une devise, un dicton ?
Non, mais pour moi, le plus important, c’est de prendre du plaisir. On a la chance de faire un beau métier. On ne prend pas toujours du plaisir, c’est vrai, mais le but, c’est d’en prendre au maximum. Après, le foot, ça reste le foot, tu gagnes, tu perds…

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ou en Ligue 2 ?
Ce qu’il m’a manqué ? Attend, si il faut, ça va arriver là !! On ne sait pas (rires) ! Ce qu’il m’a manqué jusqu’ici, on ne va pas se mentir, ce sont les statistiques, et aussi, après mon départ de Paris, je n’ai pas mis tout en oeuvre pour retrouver le haut niveau. Mais depuis que je suis à Epinal, je ne pense qu’à une seule chose : retrouver le monde pro. Je me dis que ça va venir.

Une idole de jeunesse ?
David Silva.

Un modèle de joueur ?
Je n’étais pas attaquant au départ, j’étais numéro 8, c’est pour ça que David Silva est mon modèle !

Plus grande fierté ?
De ne pas avoir lâché quand je me suis retrouvé sans club pendant 6 mois… J’aurais pu flancher, vriller… Alors aujourd’hui, tout va pour le mieux, après la saison que j’ai faite, je vois tout le travail que j’ai accompli.

Passions ?
J’aime bien jouer aux jeux en ligne, par exemple, on joue à Ludo King avec Hass (Hassim Fadiga, Le Mans), Saad (Trabelsi, Fleury) et Raf’ (Boujedra, Valence), le soir !

Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
C’est la remontada du Barça contre le PSG.

Un sport autre que le foot ?
J’aime bien le tennis, je regarde, d’ailleurs, j’ai regardé la finale de Roland-Garros. J’aime bien Alcaraz, Tsitsipas, Ruune, et le petit américain qui arrive, Shelton.

Un plat, une boisson ?
Le plat de Haïti, le « Pikliz banane peze ».

Le SAS Epinal, c’est un club plutôt…
Familial et ambitieux.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Passion et ingrat.

Texte : Anthony Boyer / Mails : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Photos : Justine Touvenot – SAS Epinal , FFF et DR