Le directeur général de QRM (Ligue 2) passe en revue l’actualité et les différents dossiers, dont les projets de développement, les infrastructures, les ambitions sportives, les rapports avec le voisin du FC Rouen et la place de ce club singulier dans le foot professionnel.

Michel Mallet (président), Olivier Echouafni (entraîneur) et Arnaud Saint-André.

Il faudra bien un jour que les gens comprennent.
Il faudra bien un jour que le foot hexagonal sache que ces deux-là se sont fiancés en 2015, et se sont séparés en 2018, juste avant le mariage.
Non, Quevilly Rouen Métropole et le FC Rouen n’ont jamais fusionné, contrairement à ce que certains racontent ou semblent encore le croire. Ils se sont rapprochés, ils ont failli, mais non.
Et depuis quatre ans, chacun roule sa bosse de son côté, l’un, QRM, avec quand même beaucoup plus de réussite sportive que l’autre.

On ne va pas refaire l’histoire, ce serait bien trop long. Juste un résumé.

A Quevilly Rouen Métropole, l’histoire est en marche, même si l’ancêtre du club, l’US Quevilly, a déjà écrit de mémorables chapitres en coupe de France, avec deux épopées qui ont aiguisé son appétit (demi-finale en 2010 et finale en 2012) et fait ses lettres de noblesse.
Au Football-club de Rouen, l’histoire, elle, s’écrit avec un grand H, avec les plus belles heures en Division 1 (la dernière saison dans l’élite remonte à 1984-95) et aussi les pires comme ces trois dépôts de bilan (1995, 1998 et 2013), le tout saupoudré d’une indéfectible popularité.

Quand on a dit ça, on a presque tout dit. Et quand on sait ça, on comprend mieux pourquoi, parfois, ça « frite » un peu entre les deux camps, côté supporters.

Le mois dernier, ceux de QRM ont été « accueillis » par leurs homologues du FC Rouen après un match de championnat à Amiens. Dans le clan QRM, on parle « d’agressions ». La nuit qui a suivi, le bungalow où les supporters du FCR stockent leur matériel a été vandalisé… Ne nous faites pas écrire ce que nous n’avons pas écrit.

Un contexte particulier

La tribune Horlaville du stade Diochon.

Cette rivalité entre les deux entités, née surtout d’une frange de supporters des « Diables rouges » (FCR) qui n’ont jamais digéré que le voisin empiète sur leurs plates bandes et que Michel Mallet, l’homme de tous les succès de QRM, veuille un grand club professionnel, celui de la Métropole rouennaise, en y rattachant le FCR et en accolant le nom « Quevilly » en tête de gondole, a resurgi à un moment où les deux clubs ne vont pas trop mal sportivement.

Le FC Rouen, qui cherche à remonter en National, est 3e en N2, à seulement 3 points du leader, le Racing, qu’il vient tout juste de recevoir (2-2).

Et QRM, pour sa troisième saison en Ligue 2 depuis sa création en 2015 – le club était encore en National 2 au moment de sa création -, est plus que jamais focalisé sur un deuxième maintien consécutif (les joueurs d’Olivier Echouafni sont 13es après 15 journées et 18 points) et fourmille de projets.

Ce contexte particulier, le directeur général de QRM, Arnaud Saint-André, arrivé en avril 2021 pour remplacer Benoît Delon, parti deux mois plus tard à Sochaux (L2), doit composer avec. Tous les jours.

Le Strasbourgeois de 31 ans – un âge qui en fait le plus jeune DG d’un club pro en France ! – l’a avoué : à son arrivée, il ne connaissait pas « l’historique », ou plutôt le passif, entre les deux clubs. Son regard neuf et son recul sont un avantage dans des situations de tension, même si, avec son club, « l’ancien » secrétaire général du Stade Malherbe de Caen (2018-2021), qui a effectué ses premières armes au Paris FC, en L2 (2017-18), a largement de quoi s’occuper.

Juste avant de prendre la route pour Deauville, hier matin, afin de retrouver les joueurs et le staff, partis en stage (QRM y disputera un match de préparation, à huis clos, demain – samedi 10 décembre – à Diochon à 16h face à Laval), Arnaud Saint-André a évoqué les sujets qui ont fait ou font l’actualité de son club : Irlès-Mercadal-Echouafni, les trois coachs qu’il a connus en seulement 19 mois, l’arrivée d’un directeur sportif l’été dernier, les infrastructures (Diochon, le siège administratif, le terrain d’entraînement), les objectifs sportifs, le centre de formation. Oui, on allait oublier, et le FC Rouen bien sûr aussi !

« On doit développer nos infrastructures »

Avec Philippe Blot (à droite), président du conseil de surveillance de QRM.

Arnaud, faisons un petit flashback : comment es-tu arrivé dans le milieu du football ?
Je suis arrivé dans le foot de manière imprévue, car c’est vrai que je n’étais pas destiné à travailler dans ce milieu. En fait, je travaillais dans un cabinet d’avocats à Paris, dans le Droit des affaires, et je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que j’avais envie de faire. Je voulais aller dans le sport. Je voulais associer le Droit avec ma passion. En fait, j’ai grandi à 300 mètres du stade de la Meinau, à Strasbourg, et quand le club, mon club de coeur, le Racing, est tombé en CFA2, en 2011, ça m’a donné envie de suivre le foot de près, de l’intérieur. Un jour, j’ai rencontré un ancien professeur que j’avais en droit, Marc Ferracci, le fils de Pierre Ferracci, le président du Paris FC. Et Marc me dit que le club a besoin de se structurer, car il venait d’être repêché en Ligue 2, du coup, il a envoyé mon CV à son père, et deux semaines après j’étais au PFC où j’ai eu une très belle relation avec le manager général, Pierre Dréossi, qui m’a pris sous son aile. Il était dans la transmission et m’a fait travailler sur tous les dossiers, et il y en avait beaucoup à ce moment-là au Paris FC, avec le centre de formation, le centre d’entraînement qui s’est créé à Orly ou encore l’avancement du projet de fusion des féminines avec Juvisy, qui se passait moyennement. Du coup, j’ai participé à a structuration du club en Ligue 2 et géré la partie juridique.

Tu n’es resté qu’une saison, au Paris FC…
J’ai eu une autre opportunité. Avec Paris FC, ça aurait pu durer plus longtemps, en même temps, j’avais aussi envie de voir un club plus structuré, et puis le contexte parisien était difficile. J’ai rencontré Arnaud Tanguy, le directeur général du Havre, qui cherchait quelqu’un pour son club, sauf qu’il a transité vers Caen, et c’est comme ça que je me suis retrouvé au Stade Malherbe où je suis resté trois ans. Caen, c’était la Ligue 1 (le club est tombé en L2 en 2019), un club bien installé. Arnaud Tanguy m’a lui aussi pris sous son aile et m’a appris le métier de directeur général. J’ai commencé à toucher à l’aspect juridique, aux ressources humaines, je suis devenu son bras droit en quelque sorte. Lui et Pierre Dréossi, ce sont les deux rencontres majeures qui m’ont permis d’évoluer dans ce milieu. Je suis toujours en contact avec eux. J’ai des gardé des relations fortes avec eux.

« A QRM, je retrouve un peu la même situation qu’au PFC quand je suis arrivé »

Comment as-tu atterri à QRM ?
Le foot est un métier de rencontres humaines, de relations. Je m’étais fixé un cycle de 3 ans à Caen. Mon épouse était à Paris, et d’un point de vue familial, j’avais aussi envie de retrouver un équilibre. L’opportunité de QRM s’est présentée, avec le départ de Benoît Delon. J’ai totalement adhéré aux messages des dirigeants, notamment de Michel Mallet, le président, et Philippe Blot, le président du conseil de surveillance, avec qui nous partageons les mêmes valeurs et la même ambition, celle de structurer un club. En fait, à QRM, je retrouve un peu la situation que j’ai découverte en arrivant au PFC, où il y avait tout à bâtir, où on partait un peu d’une feuille blanche au niveau des infrastructures, qu’il a fallu développer.

Le foot, un milieu de réseau, donc. Tu confirmes ?
Oui, enfin, je pense surtout que c’est un milieu fermé, où il y a une forte concurrence, après, il faut de la chance et aussi provoquer cette chance. Bien sûr, il faut aller vers les gens, c’est un milieu d’affaires, entre guillemets, où tout le monde se connaît. Après, je ne suis pas spécialement quelqu’un qui réseaute. J’ai une formation juridique poussée, des compétences en matière de gestion, donc, avant tout, c’est tout ça qui doit parler. Après, oui, le réseau est indispensable.

« Quand on voit tous les projets que l’on a à mener… »

Hier, les joueurs et le staff de QRM, en stage à Deauville, ont participé à une soirée bowling.

Entre travailler dans un cabinet d’avocats et dans le milieu du foot, où l’instabilité règne, où ça bouge et change sans cesse, ça ne te fait pas peur ?
Je connais cette instabilité qu’il y a dans le foot, après, je considère qu’on choisit les projets dans lesquels on va et les hommes avec lesquels on travaille. On connaît les enjeux, on est soumis à une certaine pression, mais ici, à QRM, je sens des dirigeants qui font confiance, au staff, aux personnels administratifs, et qui ont envie de travailler dans la durée, ce qui est une condition pour réussir. Et quand on voit tous les projets que l’on a à mener…

En tout cas, moi, j’ai envie de m’inscrire dans la durée. En fait, ici, je pense avoir trouvé le bon rôle, celui qui me correspond le mieux, un projet dans la durée, une feuille blanche et une envie de travailler avec des gens que j’apprécie. Tous les critères sont réunis.

Connaissais-tu QRM avant de venir ?
Non, mais lors de la saison au Paris FC, en Ligue 2, avec Fabien Mercadal justement, on avait affronté QRM, mais voilà, je ne connaissais pas le club plus que cela… Je ne connaissais pas la rivalité entre le FC Rouen et Quevilly Rouen Métropole.

Depuis votre arrivée, voilà 19 mois, vous avez déjà « consommé » trois coachs… C’est beaucoup non ?
Oui et c’est vrai que je me suis posé la question : qu’est ce qui veut ça ? Tout d’abord, Bruno (Irlès) a eu cette opportunité d’aller à Troyes. Fabien (Mercadal), c’est différent, ce sont des raisons personnelles qui l’ont conduit à arrêter. En fait, ce sont des faits inhérents au monde pro, mais en même temps, c’est valorisant de voir que Bruno est parti en Ligue 1, ça montre que QRM ne s’était pas trompé avec lui, que le club peut servir de tremplin pour aller plus haut.

« Avec le départ d’Irlès, on a vu la force de réaction de nos dirigeants »

Entraînement sur le terrain de la ferme, qui jouxte le stade Diochon.

Au club, le départ soudain de Bruno Irlès a été mal digéré par certains, est-ce aussi votre cas ?
Son départ a été difficile sur le moment, c’était pendant la trêve de Noël, l’année dernière, en plein milieu de la saison, à un moment où tout se passait bien, qu’on performait avec lui. Et par rapport à tout ce que l’on avait bâti… On travaillait vraiment bien ensemble, également avec Michel Mallet et Philippe Blot, et voir s’écrouler tout ça en une semaine, ce fut difficile à digérer, mais avec le recul, je le comprends, je comprends et je respecte son choix.

Un club ne prévoit pas de perdre son entraîneur, pilier du projet, et quand ce moment compliqué et inattendu arrive, on doit réagir : là, on a vu la force de nos dirigeants, qui ont su le faire à ce moment-là. On en a surtout tiré des enseignements et une conclusion, car on s’est aperçu qu’avoir un coach qui avait les clés du sportif, comme c’était le cas avec Bruno, ce n’était pas forcément ce que l’on souhaitait dans le cadre de la structuration du club. On a donc recruté en CDI un directeur du recrutement, l’été dernier, Julien Converso, en provenance d’Orléans. Avoir quelqu’un avec une base de données, qui cherche des joueurs, c’est une avancée ultra-importante. Bien sûr, l’entraîneur reste partie prenante dans le recrutement mais on sait qu’on a maintenant Julien qui est en mesure de donner des noms, de recruter.

Du coup, pour remplacer Bruno Irlès, l’arrivée de Fabien Mercadal, côtoyé au PFC et à Caen, c’est toi ?
Oui, mais Fabien avait déjà été en contact par le passé avec le club, au moment d’ailleurs où Bruno avait été choisi, et je sais qu’il avait eu un bon contact avec Michel Mallet. En fait, d’abord, on a sondé le marché, il y avait des coachs qui ne souhaitaient pas reprendre une équipe en cours de saison, et Fabien collait totalement au club par rapport à ses valeurs et son exigence technique. J’ai eu beaucoup de plaisir à retravailler avec lui pendant ses six mois et il nous a maintenus en Ligue 2 donc on a atteint notre objectif. On est passé par les barrages, c’est vrai, mais il a été très serein et a très bien géré cette période-là.

Comment s’est déroulée la venue d’Olivier Echouafni ?
Fabien (Mercadal) nous avait prévenus assez tôt qu’il ne continuerait pas, donc on a pu avancer assez rapidement sur une liste de coachs. Avec Julien Converso, on a couché 6 ou 7 noms sur une liste, on les a rencontrés, et on en a conservé 3, que l’on a présentés à Michel Mallet. Personnellement, j’avais apprécié l’exigence d’Olivier et les valeurs qu’il dégageait, sa connaissance du très haut niveau. On a pensé que son expérience et ses connaissances du haut niveau pouvaient faire progresser le club. On est assez souvent d’accord, avec le président, et son nom est ressorti du lot. La décision a été totalement partagée.

« J’ai vu une montée en puissance du groupe »

QRM est 13e après 15 journées, et a même un point de plus que la saison passée au même moment (18 contre 17) : le maintien en Ligue 2 est en bonne voie…
On s’est fixé sur ces 2 exercices, 2022-23 et 2023-24, de se maintenir en Ligue 2 mais avec 8 descentes en 2 ans, 4 par saison, pas de barrages, on sait que ça va être compliqué, mais on considère que le travail de recrutement effectué au mercato l’été dernier par le directeur sportif, ainsi que le choix du coach, vont payer. On a les ingrédients pour réussir. Et puis j’ai vu une montée en puissance du groupe, donc je ne peux être qu’optimiste.

Après trois saisons compliquées sportivement à Caen et un maintien in extremis à QRM, tu n’as pas envie, enfin, de vivre une saison plus « cool » ?
J’ai appris qu’en football, une saison cool, ça n’existe pas, même quand tu es en haut de tableau, comme c’était le cas avec le Paris FC, en Ligue 2, là, le stress est tout aussi important. Le foot est un un milieu difficile, on a sans cesse des projets à réaliser, on passe par des périodes de résultats plus ou moins bons, et au contraire, si on considère que c’est cool, cela devient problématique, ça peut rapidement conduire à ce que la situation devienne beaucoup mois cool justement. Il faut faire attention.

Un mot sur la rivalité entre le FCR et QRM, avec ton regard neutre et ton recul ?
Honnêtement, dans les bureaux, ça se passe très bien entre les deux clubs. Comme je viens de l’extérieur, je n’ai aucun a priori. Les dirigeants et les coachs se parlent quotidiennement, le climat est très apaisé, et de toute façon, on doit collaborer car on partage le stade Diochon. Après, il y a tout un contexte, qui n’est pas propre aux supporters de QRM ou du FCR, qui est national, on le voit bien. Pour moi, même si l’on ne doit pas minimiser ce qui s’est passé récemment, et que l’on en a fait beaucoup, c’est un épiphénomène. Je pense que chaque club doit gérer son groupe de supporters. Nous gérons le notre et on a reçu ceux qui se sont mal comportés de notre groupe, on ne veut pas qu’ils fassent ce que fond certains en France. Les choses vont rentrer dans l’ordre.

« L’une des forces de QRM, c’est son équilibre financier »

Un mot sur les chantiers du club ?
Tout d’abord, on a ce projet de centre de formation. Aujourd’hui, on préforme des joueurs qui partent dans des clubs normands ou nationaux, alors qu’on a une très bonne formation à l’association QRM, qu’il faudrait valoriser à l’échelle professionnelle chez nous. Ce chantier, on aimerait le voir rapidement aboutir. Après, il y a le chantier des installations : nous n’avons qu’un seul terrain d’entraînement, le terrain de la ferme, à côté de Diochon, et c’est insuffisant pour un club professionnel. On doit évoluer là-dessus. On a plusieurs pistes, mais rien de concret encore, on connaît la difficulté du foncier à Rouen. On a plusieurs hypothèses et on aimerait, d’ici début 2023, avoir une piste très concrète pour avancer pour envisager à moyen termes cette installation.  Ensuite, on est sensible au football féminin et on aimerait que notre équipe filles accède à la nouvelle Division 3. Enfin, au niveau du stade Diochon, on a ce projet de refonte à l’horizon 2024 de la tribune Lenoble, en face, avec l’installation des bureaux administratifs et de nouvelles entrées pour le public, et aussi, dans la tribune d’Honneur, la tribune Horlaville, des nouvelles loges en dessous des loges déjà existantes.

La tribune Lenoble du stade Diochon.

Tu en penses quoi du stade Diochon ?
Il a du charme mais il a besoin d’évoluer en termes d’accessibilité, de stationnement, il n’est pas fermé, il fait froid, mais ce n’est pas un frein pour le club, on s’adapte !

Selon toi, la place de Quevilly Rouen Métropole dans l’échelle du foot français, c’est où ?
On est en Ligue 2 depuis deux ans, et c’est seulement la troisième saison de son histoire à cet échelon depuis la création du club. On sait qu’en National, par exemple, c’est dur de faire avancer des projets. QRM, lui, a une force, c’est son équilibre financier qui est assuré et qui permet de bien voir l’avenir. C’est cet objectif de s’installer en Ligue 2 qui va nous permettre d’accélérer les choses au niveau du centre de formation et en termes d’infrastructures, c’est pour ça que l’on parle de 2024 pour le développement de ces deux objectifs. Après, voir plus haut, aujourd’hui, on ne va pas se mentir : il y a un championnat de Ligue 2 à deux vitesses. Pour l’instant, on joue le maintien, de par notre budget déjà, qui se situe entre le 15e et le 20e, même si il y a toujours des aléas sportifs, on l’a bien vu la saison passée avec l’AC Ajaccio qui est monté en Ligue 1 avec le 16e budget du championnat. Il faut aussi que l’on développe notre capacité commerciale. Jouer la première partie de tableau, pour l’heure … ça doit passer par la concrétisation de nos projets en cours. Mais tout d’abord, je le répète, consacrons nous au développement de nos infrastructures et ensuite, faisons un joli club de Ligue 2 qui, pourquoi pas, pourra prétendre un jour voir plus haut.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Quevilly Rouen Métropole

Place forte du football normand, l’USFF a vécu ses plus belles heures dans les années 90, lorsqu’il évoluait en National 1, l’ancêtre du National, et brillait en coupe de France, avant de vivre des heures beaucoup plus difficiles. Aujourd’hui, le club, tombé en Régional 3 et tente de se reconstruire, malgré de nombreux écueils.

Quand le stade René-Gayant affichait complet…

Un passé riche et glorieux, parsemé de rebondissements, de hauts et de bas, de constructions, de chutes, de reconstruction. Voilà résumée l’histoire de l’US Fécamp, l’un des doyens des clubs normands, fondé en 1903.

C’est dans la décennie 90 que les plus belles pages de son histoire ont été écrites. Nous sommes un peu avant, dans les années 80. Fécamp est un club important, qui joue en Division 3 (de 1984 à 1993), un niveau élevé pour une ville de cette ampleur, de moyenne importance (environ 20 000 habitants).

EN 1994-1995, Fécamp avait terminé 4e en National 1, son meilleur classement.

C’est avec l’arrivée de l’emblématique Jacky Colinet à la tête de l’équipe fanion que « surperforment » ensuite ceux que l’on surnomme les « Mephistos ».

Pourtant en proie à de grosses difficultés financières, le club, tout proche du dépôt de bilan, est « sauvé » par les résultats sportifs et cette fabuleuse montée en National 1 en 1993, année de la création de ce nouveau championnat, intercalé juste derrière les deux divisions professionnelles (D1, D2) et la Division 3, qui deviendra le National 2 (ou CFA).

Des épopées mémorables

Laurent Droniou, joueur emblématique de Fécamp.

Le National 1, c’est l’acte de naissance d’une génération qui marque à jamais l’histoire du club et dont certains sont aujourd’hui des témoins privilégiés à l’USFF. C’est le cas de Laurent Droniou, joueur « fondamental » de l’US Fécamp de 1985 à 2001, de retour dans « son » club depuis 4 ans au poste d’entraîneur de l’équipe seniors féminine, où évolue notamment sa fille.

l’US Fécamp des années 90.

Surnommé « Ti bob », il est présent lors de tous les succès fécampois de la période faste, qui voit le club étoffer son palmarès de manière conséquente : trois « Coupes » de Normandie (1990, 1992 et 1993) et surtout des épopées mémorables en coupe de France, avec trois participations aux 16es de finale en 1991, 1995 et 1997. « J’ai joué trois 16es de finale de la Coupe de France en six ans contre Nantes, Châteauroux et le PSG, ce sont de très bons souvenirs, c’était quelque chose d’incroyable, raconte Laurent Droniou, qui n’a rien oublié de l’engouement suscité par Dame Coupe; Et puis c’étaient des matchs exceptionnels avec un engouement de la ville, c’était incroyable ! On déplaçait 10 000 ou 12 000 personnes pour des affiches délocalisées au Havre, à Deschaseaux ».

En 1997, Fécamp avait tenu la dragée haute au PSG en coupe.

C’est vrai que Fécamp a eu la chance de disputer l’une de ces rencontres face au Paris-Saint-Germain sur la pelouse du HAC (0-2, le 8 février 1997) !

Marqué par cette historie d’amour avec l’épreuve reine, « Ti bob » ne peut cependant s’empêcher de parler d’un moment inoubliable, l’accession en National 1 : « Pour moi, le souvenir le plus mémorable, c’est la montée en National 1. » Un échelon que Fécamp fréquente pendant 4 ans, avant de descendre en CFA en 1997.

Des personnalités marquantes

Aldo Angoula, sous le maillot de Fécamp (CFA) en 2001-02. Photo Philippe Le Brech

« Les joueurs qui m’ont marqué, c’est Pascal Pain, qui a fait les beaux jours du Havre avec cette accession en Ligue 1; il est venu finir sa carrière chez nous, c’était vraiment un joueur hors pair, se souvient Droniou au moment d’évoquer quelques-uns de ses anciens coéquipiers. Et puis je peux ajouter aussi Robert Malm, qui commente aujourd’hui les matchs sur beIN Sports. Il arrive chez nous en provenance de Lens je crois, et après il est parti à Brest où il est devenu professionnel ».

Claude Pollet, président emblématique entre 1970 et 2001

De nombreux autres joueurs « marquants » ont porté la tunique rouge et noire. « Les joueurs de club », comme les appelle Laurent Droniou : « Je pourrais en citer plein, Fabrice Zurita, Franck Vincent, « La Mouche » le surnom de Frédéric Demouchy. »

On pourrait rajouter à cette longue liste ceux du Havrais Aldo Angoula, qui a commencé à Fécamp avant de connaître la L1 (Evian Thonon Gaillard) et la L2 (Boulogne, Châteauroux), Olivier Davidas (Le Havre, D1) au début des années 2000, Jean-Marc Sibille (Beauvais, Wasquehal, L2) ou encore Jean-Pascal Mignot (Auxerre, L1).

Jacky Colinet, l’architecte et l’instigateur

Jacky Colinet en 1999-2000. Photo Philippe Le Brech.

Mais s’il est un nom qui ressort à l’évocation de cette période faste, c’est bien celui de Jacky Colinet.

D’abord joueur, il devient en 1988 l’entraîneur principal de l’équipe première, poste qu’il occupe jusqu’en 2001 et son départ à Boulogne-sur-Mer. C’est l’architecte, l’initiateur, l’homme de base. Et il reste dans les mémoires de tous les Fécampois comme celui capable de sublimer son équipe, de tirer le meilleur de chaque joueur, d’insuffler une véritable culture de la gagne.

« Jacky, c’était un autodidacte qui n’avait quasiment aucun diplôme et qui a fait monter le club en National ! Un véritable entraîneur de club » témoigne Laurent Droniou (Jacky Colinet est décédé en 2012 à l’âge de 58 ans).

Le président de l’époque, Claude Pollet (1970-2001), a lui aussi marqué le club de son empreinte. Il était reconnu pour sa très grande implication, son sens du travail.

Une recette très efficace

Frédéric Demouchy, l’un des joueurs emblématiques des années 90. Photo Philippe Le Brech

Deux éléments ont rendu cela possible. Le premier, la longévité de ce groupe majoritairement composé des mêmes joueurs depuis plusieurs années, qui se connaissaient parfaitement et avaient développé un véritable esprit de camaraderie. Le club s’appuyait sur des valeurs bien ancrées : « L’amitié, le dépassement de soi, l’humilité, poursuit « Ti bob »; parce qu’on se souvenait tous d’où on venait et on savait se remettre en cause. On s’entendait bien et on avait un super esprit d’équipe, on était soudé. Il y avait une vraie cohésion. »

L’équipe seniors de Régional 3.

Il insiste : « Ces valeurs, évidemment, nous ont permis de nous dépasser puis d’atteindre les objectifs qu’on croyait impossibles à atteindre. On était une équipe vraiment très soudée capable de se battre les uns pour les autres ».

Le second élément, c’est bien entendu Jacky Colinet. Un homme capable de bonifier et d’optimiser les qualités de ses joueurs qu’il connaissait par cœur : « Avec Jacky, on avait un super entraîneur qui nous permettait de nous dépasser. Il savait parfaitement utiliser les points forts de chaque joueur ».

Un club rattrapé par la réalité

L’équipe seniors féminines, entraînées par Laurent Droniou.

Après le passage de cette génération dorée, il a fallu se reconstruire du côté des « Mephistos », avec une quantité de départs à l’aube du XXIe siècle. Le renouvellement n’a pas été suffisamment qualitatif et quantitatif pour redynamiser le club. Laurent Droniou revient sur la longévité et la continuité, des notions qui ont disparu : « À l’époque, dans mon équipe, la plupart des joueurs a joué 8 à 10 saisons tous ensemble. Il y avait de quoi construire. Aujourd’hui, ce n’est plus possible, la moitié de l’équipe part chaque année ».

Le football moderne pousse les joueurs à réaliser des choix de carrière différents et pour un club comme Fécamp, cela devient complexe de mettre en place un projet viable. « C’est difficile de construire quand ça change tout le temps ».

Un engouement qui retombe, un soutien financier insuffisant, le club n’avance plus. Pire, il recule. Et les infrastructures deviennent problématiques : « Aujourd’hui, on a un demi-terrain synthétique pour toutes les équipes, les autres terrains ne sont pas en bon état, les installations, les vestiaires tout ça, c’est compliqué. C’est difficile d’avoir des ambitions quand on n’a pas d’installations ».

Un frein pour pour la progression des équipes et pour le développement de ce club familial où l’amitié, la convivialité, le plaisir de partager et de se retrouver restent des priorités. Un club qui a envie d’avancer mais dont les moyens mis à disposition sont limités, et en pleine phase de reconstruction après une chute en mai dernier en Régional 3.

Repartir de l’avant

Cette saison, l’USFF est repartie sur de nouvelles bases. Un nouveau président, Sébastien Renault, est arrivé avec des ambitions élevées. Il succède à Sylvain Guérin. L’entraîneur de la R3, Johann Jamet, ancien joueur du club à la fin des années 90, passé aussi par Bois-Guillaume et Dieppe, a quant à lui la volonté de très vite remonter en R2.

Les autres formations ont également de beaux défis à relever. L’équipe réserve, pensionnaire de Division 2 de district, entend jouer les premiers rôles. Une troisième équipe seniors a également vu le jour.

Sous la houlette de Laurent Droniou, l’équipe féminine seniors à 11 poursuit son développement et fait déjà très belle figure, avec les valeurs fécampoises que l’ancien joueur tente d’insuffler : « Ce que je transmets aux filles, c’est de se faire plaisir, mais aussi l’humilité, se rappeler que dans le foot, rien n’est jamais gagné ». Des éléments qui font écho à la période dorée et aux mots d’ordre de Jacky Colinet. Le dépassement de soi, la passion, la solidarité et l’esprit d’équipe sont des éléments qui comptent pour les fans de longue date.

Un club tourné vers la formation et la jeunesse

Les U18 du club

Depuis plusieurs années, le club met l’accent sur la jeunesse et sur la formation des enfants de la région : « Le but est de former des éducateurs et de faire jouer les jeunes » affirme Laurent Droniou, lui-même éducateur réputé depuis une vingtaine d’années.

Il rappelle même les notions fondamentales qu’un éducateur se doit de transmettre : « Le travail, ça c’est une évidence, l’entraînement, la confiance en soi et puis surtout le plaisir. Le plaisir de jouer après les années covid ».

Victor Lekhal, en visite à Fécamp lors d’un stage, en partenariat avec le HAC.

Aujourd’hui, toutes les catégories sont représentées, souvent avec plusieurs équipes, des U6-U7 jusqu’aux U18 régionaux. Et l’USFF n’hésite pas à élargir son champ d’activités : quatre joueurs de moins de 18 ans se sont envolés pour la Coupe du Monde de tennis-ballon en Turquie !

Lucas Elsner, coach du HAC, en visite à Fécamp

L’accent est aussi mis sur la promotion des activités pour les plus jeunes avec des stages pendant les vacances où le lien entre l’USFF et le HAC est mis en avant. Les deux clubs historiques sont très proches et ont notamment partagé la carrière de plusieurs hommes importants du football normand.

C’est le cas de Victor Lekhal, qui est né puis a grandi à Fécamp avant de rejoindre, très jeune, le HAC, où il est désormais le capitaine et un pilier du leader de Ligue 2, et de David Martot, né à Fécamp, qui a connu une carrière pro au Havre avant de la conclure au club fécampois, où il est devenu entraîneur (jusqu’en 2021).

Aujourd’hui, le souhait de l’USFF reste de faire grandir et d’accompagner un maximum de jeunes fécampois sous les couleurs rouges et noires et de retrouver, petit à petit, la route du succès.

Vidéo : le résumé du match historique en coupe de France face au PSG

Texte : Timothée Coufourier / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Timothee_Cfr

Photos : DR, USFF, Bernard Morvan et Philippe Le Brech

Le président du CS Sedan Ardennes (National) est en passe de finaliser son immense et ambitieux projet sociétal autour du sport, de la santé et de la jeunesse. Un projet économique original et innovant, directement lié à à la pérennité de ce club historique.

Photo Arnaud Gratia.

Marc Dubois donne peu d’interviews, et quand il en donne, généralement, ce n’est pas par forfanterie. Le chef d’entreprise – il dirige le groupe Aplus, qu’il a fondé en 1989, spécialisé dans le bien être et la santé – n’a pas besoin de publicité. D’ailleurs, il n’en cherche jamais. Et l’une des rares fois où il fut sur le devant de la scène, cela a nui à la fois à son image et à celle du club qu’il a repris en CFA2 en 2013, après la liquidation judiciaire prononcée par le tribunal de commerce de Sedan. C’était lorsque le prince Fahad bin Khalid Faisal, le neveu du roi d’Arabie Saoudite, devait entrer au capital de la SAS.

Il était alors question d’un partenariat avec le club de Flamengo au Brésil, de gagner la Ligue des champions (si, si ! le Prince l’a dit dans un entretien accordé à So Foot !), de la présence d’Edinho, le fils du roi Pelé himself, partie prenante du projet, et d’un investissement de 50 à 60 millions d’Euros pour bâtir un tas de projets autour de la formation, de la santé, de l’hôtellerie, du tourisme et du foot. C’était en 2016. C’était hier.

Depuis, le Club Sportif Sedan Ardennes, propriété du groupe Aplus, a connu les montagnes russes, avec des bas, comme cette relégation en National 2 à la dernière journée, en mai 2017, contre Avranches (1-4), et aussi des hauts, comme cette incroyable série de 13 victoires consécutives en National 2 en 2019-2020, qui n’a malheureusement pas suffi à empêcher le Sporting-club de Bastia d’accéder en National après l’arrêt des championnats décrétés par la FFF pour cause de Covid, en mars 2020. Accession finalement intervenue la saison suivante, grâce à un repêchage.

Avec Marc Dubois, l’on n’a pas beaucoup évoqué le volet sportif. La discussion a essentiellement porté sur l’aspect économique et l’immense projet qu’il nourrit depuis de nombreuses années et qu’il pense enfin pouvoir mener à son terme. Un projet à la fois sportif, sociétal, dont la base est l’ouverture du capital à de nouveaux actionnaires.

« On doit être le club des Ardennes transfrontalières »

Photo Claude Lambert.

Sportivement, après un début de saison difficile, l’équipe d’Olivier Saragaglia a remonté la pente : vous respirez un peu mieux ?
Cela a été très dur en début de saison, on était relégable mais on est sorti de la zone rouge. Néanmoins, on sait que ça va être difficile, car je trouve qu’il y a une grosse homogénéité dans ce championnat où aucune équipe n’est décrochée, on le voit avec des résultats comme celui de Saint-Brieuc, dernier, qui, récemment, est allé gagner à Versailles, chez le 2e. J’espère simplement que l’on va pouvoir compter sur notre effectif au complet car on a eu beaucoup de cartons et beaucoup de blessés (entretien réalisé avant la défaite à Versailles 2-0 et avant la blessure de l’attaquant Jérémy Bekhechi).

Vous le trouvez comment, ce National, par rapport à celui que vous aviez déjà connu entre 2015 et 2017 (Sedan est remonté en 2021) ?
Il n’a plus rien à voir. Je ne suis pas certain qu’il y ait beaucoup d’écart ente le club de Sedan cette année et celui que l’on a récupéré en 2013 après sa dernière saison en Ligue 2. Quand vous voyez les joueurs qu’il y a en National, le niveau est très relevé, et ça s’est vraiment professionnalisé, d’ailleurs, c’est l’objectif de la réforme : il ne restera plus beaucoup de clubs qui ne soient pas professionnels, c’est de toute façon mécanique avec les 4 descentes de L2, deux ans de suite, et ça va être très dur de monter les échelons, car les clubs qui descendent vont être « blindés » financièrement, et conserver de gros budgets grâce à l’énormissime accompagnement de la LFP.

Le coeur et les sentiments

Aux côtés de l’acteur Christophe Lambert. Photo Arnaud Gratia.

Concrètement, l’objectif, c’est au moins la nouvelle Ligue 3 en 2024, si celle-ci voit le jour ?
On avait dit en début d’année qu’on allait essayer de remonter en Ligue 2 sur les 3 saisons qui viennent; ça peut paraître prétentieux quand on voit les noms des autres clubs. Après, c’est sur que si on devait repasser par la case National 2, ça serait très compliqué, car même à ce niveau, on trouve des clubs à très gros budgets et qui ont des ambitions énormes. L’avantage que l’on a, ce sont les infrastructures, c’est fondamental, même si le stade Dugauguez nécessite de l’entretien et même si la valeur ajoutée est quasi nulle car depuis 2013, on a dépassé une fois les 10 000 spectateurs. Mais ça reste un poids en moins par rapport à certains clubs qui imaginent monter ou se maintenir en Ligue 2 mais qui souffrent au niveau de leurs infrastructures. On a aussi la chance d’avoir les installations à Montvillers pour nos entraînements, où on a fait des travaux sur le terrain en herbe qui devrait être praticable les jours de neige ou de gel, ce qui n’était pas le cas avant, et ça nous a obligés à nous entraîner à gauche et à droite sur des synthétiques. Maintenant, il faut développer l’attractivité, faire venir les gens, quand vous imaginez qu’on a un stade de 23 000 places pour une ville de 16 000 habitants…

Avec le directeur sportif, Julien Fernandez, et Roger Lemerre, coach en 2015-2016. Photo Arnaud Gratia.

Effectuons un retour en arrière : en 2013, pourquoi reprenez-vous le club ?
Tout d’abord, je n’aurais pas choisi un autre club si cela n’avait pas été Sedan. Ce sont donc pour des raisons de coeur, car dans les années 60, nous vivions à 200 mètres du stade, sur l’Avenue De Gaulle, il n’y avait rien entre nos bâtiments et l’ancien stade Emile-Albeau, c’étaient des prairies remplies d’eau ou de glace, et on jouait là. On a connu toute la période de la Division 1. Mon premier souvenir, c’est la finale de la coupe de France de 1961 avec le titre (il avait alors 8 ans). Je ne l’avais pas vue, mais je me souviens d’avoir croisé des gens avec mon père qui ne parlaient que de ça, et dès 1961, quand on a joué la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, contre l’Atletico Madrid. Et après ça, j’ai enchaîné tous les matchs jusqu’à ce que je quitte Sedan pour aller en faculté. On ne ratait pas un match. Donc il y a cette dimension sentimentale. Et puis, les politiques m’ont fait venir, mais ils m’ont vendu un projet basé sur un partenariat avec des Saoudiens, qui étaient théoriquement bouclé. Donc je me suis dit qu’amener des capitaux de cet nature-là dans les Ardennes pouvait être intéressant. On s’est ce qu’il est advenu après…

Vous avez repris le club en CFA2 en 2013, alors que quelques semaines plus tôt, il était en Ligue 2….
J’avais fait effectuer un audit du club , c’était assez catastrophique. J’avais de gros doutes sur la fiabilité des documents comptables que l’on m’avait donnés. Beaucoup de choses n’étaient pas indiqués. Le club avait 11 ou 12 millions d’euros de passif, vous vous rendez compte ? On nous avait cachés ça. A l’époque, en 2013, c’était l’équivalent de près de 2 ans de budget ! On parlait de repartir en National, car le club était descendu sportivement, mais il y avait trop de passif, ce qui paraît aujourd’hui inimaginable quand on connaît le caractère contrôlé de la DNCG. Du coup on est reparti à zéro, à tous les niveaux, même au niveau de la recherche de partenaires, jusqu’au moment où l’on a cru trouver un Saoudien, le neveu du roi actuel, mais quand il a fallu mettre de l’argent, il a dit qu’il y avait eu méprise. En fait, il s’est déballonné au moment de passer à la décapitalisation.

« On est tombé sur deux intermédiaires du prince qui étaient des escrocs »

Photo Claude Lambert.

Six ans après, on peut l’affirmer : cette épisode a nui à l’image du club et à votre image ?
Bien sûr, car cela a été exploité par le microcosme local. En décembre 2015, pour la première fois, le Prince saoudien est venu en France, il a visité des établissements du groupe Aplus, des Ehpad notamment, à Paris, mais moi, je n’ai jamais rien sollicité. ce sont les journaux qui ont commencé à dire que le Prince saoudien allait être reçu en mairie de Sedan et au Conseil Départemental des Ardennes, après, c’est trop facile de dire que c’est moi qui ai voulu me faire de la pub ! Moi, je n’ai pas besoin de ça. Alors, bien sûr que ça nous a portés préjudice, mais on est tombé sur deux intermédiaires qui étaient des escrocs. J’attends d’ailleurs qu’il m’assigne en diffamation mais ils ont disparu, et le Prince saoudien dit qu’il ne s’est jamais engagé.

Finalement, avez-vous eu le fin mot de l’histoire ?
On a du mal encore aujourd’hui à savoir exactement ce qu’il cherchait, peut-être la notoriété, et dans ce cas-là, je ne suis pas certain qu’il en soit ressorti de manière glorieuse, car c’était pitoyable et pathétique. Il n’était pas du tout connu en Arabie Saoudite; on le connaissait juste en Europe pour avoir déclaré qu’il voulait recruter Messi à Sedan ! C’était du grand n’importe quoi ! Vous savez, quand France 2 nous a consacrés ce long reportage, en 2016, un des journalistes, qui parlait arabe, nous a dit que le Prince avait donné un interview à la chaîne Al Jazeera qui ne le connaissait pas et qui lui a demandé qui il était. Voilà, ça fait partie de certains usages du football que j’ignorais complètement mais bon… J’ai fait 30 ans de business, et dans le monde des affaires, personne n’a jamais entendu parler de quoi que ce soit à mon sujet. On ne fait pas d’effet d’annonce, on fait juste son travail, point. Ensuite, on communique lorsque c’est utile. Personnellement, je n’avais pas besoin de communiquer sur ça. C’est un principe : j’ai fait de nombreux deals, on ne communique que lorsque qu’une affaire est faite. Il a voulu influencer, manipuler, et on m’a reproché de vouloir me faire de la pub, or je n’ai rien initié.

« On a mis des sommes astronomiques dans le club »

Repro DR

Depuis votre arrivée au club, on parle de 15 millions d’euros investis dans le club…
On a même dépassé ce chiffre. C’est monstrueux. Après, il faut comprendre que les divisions dans lesquelles nous évoluons, en National ou N2, ne permettent pas d’équilibrer un budget. Car tout le monde le sait, à ce niveau-là, on n’est pas amateur du tout, on est sur des budgets importants. Concrètement, le club de Sedan, dans un contexte normal, sa place, c’est en Régional. Car il y a un tissu économique difficile, une population locale faible, moins de 20 000 habitants, un bassin de population limité… Ma réflexion, c’est que le CSSA, ou il sera en Régional, ou il sera en pro, et nous voulons aller chercher ce monde pro.

Vous considérez-vous comme un mécène ?
Un mécène, je ne sais pas… On a mis des sommes astronomiques dans le club. Au niveau de l’association, on doit être les seuls en France à avoir une subvention annuelle qui ne couvre pas la facture d’énergie et d’électricité cette année, je ne parle pas là de la SAS, mais des 420 licenciés que l’on a. On subventionne donc à 100 % l’ensemble des frais nécessaires de formation, d’éducation et d’entraînement des jeunes, avec l’aide de partenaires heureusement, dont certains sont exceptionnels. C’est vrai que mettre beaucoup d’argent, comme ça, de la part de personne physique, cela pose un tas de de questions sur le fonctionnement du sport amateur en France.

« Sedan doit s’ouvrir sur le Luxembourg et la Belgique »

Photo Claude Lambert.

Vous évoquez souvent l’ouverture du capital de la SAS…
Oui. On le voit bien, en National, il y a des budgets de plus en plus lourds, il n’y a qu’à voir avec Nancy, qui annonce un budget supérieur à certains clubs de Ligue 2, ou encore Châteauroux et d’autres. Nous, on est en recherche de développement capitalistique pour aller au bout de cette recherche du monde professionnel. Quand je parle d’ouverture du capital à des entreprises locales, je pense aussi au Luxembourg et à la Belgique, car je pense que l’on doit ouvrir notre périmètre, dépasser le simple cadre des Ardennes françaises. On ne peut plus se contenter de ça. Dire que Sedan doit être le club des Ardennes transfrontalières, ça me paraît logique. Le foot se capitalise de plus en plus, ce n’est pas un hasard si le patron emblématique d’un grand club français, Jean-Michel Aulas, passe sous pavillon étranger, même si ça n’est pas encore acté. Je crois bien qu’en Ligue 1, onze clubs sur vingt sont passés sous pavillon étranger ou ont été rachetés par des fonds d’investissement.

C’est donc votre souhait pour le CSSA ?
Mon objectif, c’est de trouver la meilleure solution pour le club. C’est de passer en revue toutes les hypothèses stratégiques pour parvenir à notre ambition. Pour cela, on doit se recentrer sur un périmètre de chalandise plus important et asseoir notre projet sportif et sociétal, basé sur un ancrage fort sur le territoire local. Il faut un vrai projet économique original et innovant, ce que l’on construit progressivement. On est en plein dedans.

Formation, éducation, sensibilisation à la santé, lutte contre la sédentarité…

Repro DR

Pouvez-vous nous en dire plus sur le projet sociétal ?
On voit bien que le foot est le sport qui amène le plus de passion et d’engouement, mais il y a encore plus que ça, on y associe d’autres valeurs, comme la formation de la jeunesse, la santé et la prévention. On veut lutter contre la sédentarité, qui est un vrai sujet de société, car elle se développe de manière insidieuse. Les enfants doivent faire une heure de sport minimum ou une activité physique chaque jour et passer au maximum deux heures sur les écrans, après quoi, ils sont en facteur de risques. Récemment, j’ai participé à un colloque sur la santé, animé par « Santé publique france », avec la présence d’un cardiologue en visio, qui a dit que les accidents cardiaques que les personnes connaissent aujourd’hui à 40 ou 45 ans, et bien dans quelques années, ce sera à 30 ou 35 ans. C’est un véritable fléau, et nous, on a un certain nombre d’idées en matière de prévention. C’est pour ça qu’on travaille sur une démarche de santé globale; ça a mis du temps pour trouver les partenariats, mais là, on est prêt à mettre en place ce concept, dans les Ardennes si possible, cela contribuerait à cette attractivité permettant de faire vivre un club de football professionnel à Sedan. Et si c’est dans les Ardennes, on le fera à Bazeilles, où on est propriétaire du terrain au domaine de Montvillers. Il jouxtera le terrain d’entraînement où la liaison « bien-être / santé » avec le sport serait évidente. Il reste à finaliser le partenariat avec l’équipe médicale avec laquelle on va travailler. C’est une question de semaines ou de mois et à partir de là, on enclenchera le process classique de dépôt de permis de construire. Ce qui nécessite tout de même 3 ou 4 ans de mise en oeuvre. Mais on ne va pas attendre 3 ou 4 ans. On va déjà travailler sur le concept « My sense », sans les murs, concept qui entrerait pile poil dans le cadre du projet sociétal du club. Il sera axé sur la jeunesse, la formation, l’éducation, la sensibilisation à la santé, et aussi sur d’autres aspects comme l’optimisation du physique et du mental, la lutte contre le sédentarité donc, et aussi le développement d’éléments comportementaux que les entreprises recherchent. Utiliser l’attractivité du sport serait une manière originale d’amener progressivement les jeunes sur les métiers du territoire, dans les Ardennes, où à l’heure actuelle, un métier sur deux est lié à la métallurgie.

Avec cette recapitalisation, le club est donc à un carrefour …
Oui. C’est indispensable. En National, y’a déjà 3 clubs sous pavillon étranger, Châteauroux, Red star et Nancy. Si vous ne vous interrogez pas, c’est que vous êtes inconscient. Il faut anticiper les choses. Et ma fierté, c’est justement d’avoir réussi à concevoir et à conceptualiser quelque chose. Bien sûr, il y a encore un certain nombre de choses à régler : moi, je suis opérateur en santé mais je ne suis pas médecin. Donc le plaidoyer pour une médecine nouvelle doit être porté par quelqu’un qui est incontestable et crédible. On a des pistes depuis 2021 pour des nouveaux partenaires, afin d’avancer sur les deux axes que sont le resort, qui mettra un peu de temps donc, mais ce sont des délais normaux de construction, ainsi que l’éducation de la jeunesse, que l’on doit former à cette santé globale et à la lutte contre la sédentarité, et ça, ce n’est pas dans 3 ou 4 ans, mais c’est demain. Ce sera un vrai challenge en France.

La jeunesse, au coeur du projet ?
Oui, on a vraiment envie de travailler avec les jeunes, à les emmener à devenir des bons footballeurs, sachant qu’il y en a très peu qui percent, d’ailleurs, on le voit avec l’équipe de France actuellement, beaucoup sont issus de clubs amateurs or ces clubs ne sont pas rémunérés pour cela en retour et c’est bien regrettable. C’est pour cela qu’avec l’U2C2F (Union des clubs des championnats français de football), on se bat pour percevoir un subside, pour faire reconnaître les droits à la formation. Par ailleurs, l’an passé, on a accueilli 15 jeunes en BPJEPS (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport ) et cette année 14, dans le cadre de leur formation; la plupart ont obtenu leur diplôme. Ce sont des éléments que l’on veut mettre en avant.

Marc Dubois, du tac au tac

« Je suis un bâtisseur, un développeur »

Photo Laurent Thirion

Meilleur souvenir depuis que vous êtes président du CSSA ?
Les remontées, y’en a eu trois. Ce sont des grands moments.

Le pire souvenir ?
Sedan – Avranches, en mai 2017, dernière journée de National, on revient de nulle part au classement et si on gagne, on se maintient, on est 1-1 à la 80e et on perd 4-1… Cela a été très dur d’échouer comme ça.

Le meilleur joueur passé au CSSA sous votre présidence ?
Je dirais plutôt une catégorie de joueurs qu’on a lancés ou relancés, comme Koro Koné, Geoffrey Durbant, Yasser Baldé et Bissenty Mendy. Les trois derniers cités ont participé à l’incroyable série de 13 succès d’affilée en N2 lors de la saison 2019-2020. C’est une satisfaction d’avoir lancé ou relancer ces joueurs.

Le joueur le plus emblématique ?
J’en retiens deux : « Paco » François Borgniet, emblématique des Ardennes, et aussi Aziz Dahchour, qui joue encore au club. On est heureux d’avoir pu les intégrer cette année dans un process de reconversion, même si Paco joue dans un autre club des Ardennes cette saison (Prix-les-Mézières, en N3), ils sont en train de préparer leur reconversion et grâce à un dispositif de la région Grand Est, on les accompagne, c’est en ce sens-là qu’ils sont pour moi emblématique des Ardennes.

Le pire match de Sedan sous votre présidence ?
Sedan – Haguenau, en janvier 2020, on fait 0-0, mais cela avait marqué la suite du coup d’arrêt de notre superbe saison; ce soir-là, il s’était passé plein de choses illogiques et anormales, je n’en dirais pas plus… Cela m’avait valu 4 matchs de suspension.

Le match référence ?
Je dirais le succès à Bastia, à Furiani, lors de notre série de 13 victoires, on a eu un sentiment de plénitude, que l’on a un peu retrouvé y’a pas longtemps en championnat en s’imposant à Dunkerque.

Votre plus grosse erreur de président ?
D’une manière générale, d’avoir fait confiance aux « vrais-faux » amis du club, et y’en a eu beaucoup.

Votre plus grosse fierté ?
Ce serait plutôt une satisfaction intellectuelle, un moment très fort pour mes enfants, actionnaires, et moi, si on arrive à trouver le schéma qui permettra le développement du club de manière équilibré.

Un président que vous aimez bien ?
Antoine Emmanuelli, de Borgo, que j’ai encore eu plaisir à revoir à Sedan la semaine dernière lors de notre match contre le FC Borgo.

Un modèle de président ?
Un président inspirant, Marc Keller. J’aime bien son approche.

Un club, autre que Sedan ?
Monaco.

Un stade mythique ?
Je suis allé deux fois au Maracana, à Rio, au Brésil, c’est extraordinaire, c’était lorsque nous avions rencontré le président de Flamengo en 2016…

Une négociation difficile ?
Chaque année devant la DNCG (rires).

Votre plus grosse prime de match ?
Il m’est arrivé de la doubler…

Vous êtes un président plutôt …
Bâtisseur, développeur. C’est ce que j’ai toujours fait dans ma carrière professionnelle.

Sedan est un club plutôt…
Plutôt emblématique et familial, c’est la vitrine, ce sont les Ardennes qui gagnent, la fierté des Ardennais.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

L’ex-coach de Chambly clame très haut et très fort qu’il cherche un banc, au point d’avoir fait un appel du pied sur les réseaux sociaux. Une méthode peu courante qui détonne dans un milieu où la discrétion est de mise. Il s’en explique, évoque les rumeurs et parle de son quotidien sans travail. Entretien à son image : cash !

Tout est parti d’un tweet. Un message écrit et posté mardi, relayé sur Facebook.

« Bientôt 8 mois sans terrain déjà… Ça manque !!! Toujours en attente et motivé. N2 N1 étranger peu importe. La roue va tourner, on reste déterminé et positif. 💪🙏⚽ »

Signé Bruno Luzi.

L’emblématique coach du FC Chambly Oise (57 ans) tourne en rond. Trépigne. S’impatiente. Huit mois jour pour jour qu’il n’est plus l’entraîneur de ce club qui fut sa deuxième maison et qu’il a fait grimper de première division de District jusqu’en Ligue 2  (il a été remercié par son frère et président, Fulvio, le 2 avril). Et qu’il a conduit en demi-finale de la coupe de France en 2018 !

Huit mois jour pour jour ? Ne cherchez pas, c’est un hasard. Et sans ce tweet, pas sûr que nous l’aurions contacté et sollicité pour évoquer sa vie sans ballon. Sa vie sans pression. Sa vie sans l’adrénaline des matchs, sans la préparation des séances, sans les conférences de presse, sans les solutions à trouver, sans les consignes à donner, sans les regroupements dans le rond central au coup de sifflet final, l’une des marques de fabrique du FCCO.

Un tweet pour clarifier sa situation

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Même s’il très occupé à la maison, les heures, les jours, les semaines et les mois passent. Les coaches, eux, défilent à une vitesse vertigineuse depuis le début de saison : 7 ont déjà été virés en Ligue 1 et 5 en National !

Les coachs défilent, et pendant ce temps, Bruno Luzi est chez lui. En salle d’attente.

Pour mettre toutes les chances de son côté, il n’hésite donc pas à utiliser les réseaux sociaux où il fait des appels du pied. Une démarche peu commune pour un coach sur le marché, surtout dans ce milieu très codifié, mais qui s’explique aussi par une incompréhension.

Bruno Luzi nous l’a confiés : de nombreux dirigeants ou présidents de clubs pensent qu’il est toujours au FC Chambly, mais dans un rôle différent. Or ce n’est pas du tout le cas, et il a utilisé Twitter et Facebook pour clarifier tout ça.

Dans cet entretien à bâtons rompus, d’une grande sincérité et d’une grande lucidité, où il est capable à la fois de faire quelques mea culpa et de bien se vendre en s’appuyant sur son bilan sportif, il parle de sa vie sans travail, des rumeurs, du terrain qui lui manque. Aujourd’hui, il n’a qu’une idée en tête : s’asseoir à nouveau sur un banc.

Bon, on va lui rappeler que les deux derniers coachs à avoir parlé dans les colonnes de 13heuresfoot, Réginald Ray et Didier Santini, ont chacun retrouvé un club peu de temps après. Encore le hasard, sans doute. En tout cas, Bruno Luzi nous avait dit « oui » sans le savoir. Il sait à quoi s’en tenir maintenant !

« Subitement, être oisif, ça fait drôle »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Bruno, mardi, tu as posté un tweet qui a été bien repris et pas mal commenté : là, tu as clairement fait un appel du pied aux clubs. Une méthode peu courante dans le milieu…
J’avais envie de balancer quelque chose sur les réseaux sociaux, pour me montrer.

Mais tu n’as pas d’agent, tu fonctionnes tout seul ?
Je fonctionne avec une personne, un agent, qui me propose dans des clubs.

Dans ton tweet, tu vises clairement des clubs de National et de National 2. Mais pas de Ligue 2 ?
Non parce que … voilà, parce que jusqu’à présent, je n’ai rien, alors je ne vais pas dire, « Salut Je veux de la Ligue 2 », ça réduirait le champ de manoeuvre. J’ai cerné le niveau où les clubs sont plus censés m’appeler, et surtout où y’a plus de clubs aussi. la Ligue 2, c’est devenu une petite Ligue 1, je sais comment ça fonctionne, il faut avoir un CV de joueur ou être le copain du copain d’un directeur sportif. Le National, c’est un championnat que je connais bien, j’aime bien, le National 2 aussi. J’ai préféré, comme d’habitude, voir plus petit en ciblant ces deux divisions.

Moi, ce que j’ai fait, je l’ai gagné »

Avec Cris, passé du Mans à Versailles le mois dernier. Photo Eric Cremois – EC Photosports

Dans le tweet, tu dis aussi « bientôt 8 mois »… est-ce que cela veut dire que tu comptes les jours, les semaines, les mois ?
Pas spécialement, mais l’autre jour, j’ai pensé à ça, et je me suis dit « ça fait déjà 8 mois », ça passe. Après, chacun a son parcours.

Certains trouvent des clubs tout de suite : Cris est viré pour mauvais résultat au Mans en National et quelques jours après, il a une promotion chez le 2e du même championnat, ce qui paraît totalement cohérent (ironique).

Après, on a d’autres coachs, comme Réginald Ray, qui a mis du temps avant de retrouver un poste, Vincent Bordot aussi, à Paris XIII, et ça faisait un bout de temps qu’il était sans club. Tout dépend des opportunités.

L’histoire de Cris, viré et qui retrouve tout de suite un club, ça t’inspire quoi ?
C’est devenu une mode de changer de coach, et cette saison, avec la refonte des championnats, les six descentes de National en N2, ce qui est colossal, les dirigeants prennent plus vite peur, et ça ne perd pas de temps, encore moins que d’habitude, ça dégage vite. Mais ce qui m’a surpris, c’est entre guillemets l’incohérence. Tu n’as pas de résultat au Mans et tu es repris par le 2e du championnat. Pour moi, c’est une promotion. Je n’ai rien contre Cris. Mais, ça paraît bizarre.

« Je suis condamné à attendre »

Plus généralement, des coachs retrouvent des postes, ça t’inspire quoi ?
Je sais pas quoi en penser. Didier Santini vient de signer à Rodez. Didier, c’est une personne que j’aime bien. Subitement, on lui offre la Ligue 2. Moi, tout ce que j’ai fait, je l’ai gagné, et on ne me propose rien, voilà, c’est comme ça, il ne faut pas jalouser les autres.

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Tu es prêt à attendre ? Tu es préparé à cela ?
S’il faut attendre, faut attendre. Je sais que ça peut durer jusqu’à la fin de saison. Je suis préparé à ça.

Si on m’appelle maintenant, il faudra voir, est-ce que ça vaut le coup de récupérer un club qui est loin au classement et pratiquement relégué ? Sans compter les joueurs, tu ne les as pas choisis, et le niveau de l’équipe… Plein de paramètres entrent en ligne de compte, ça peut être bien ou pas bien, je ne sais pas.

Après, il faut que le cas se présente, mais je n’ai pas le choix, je suis condamné à attendre, et jusqu’à la fin de saison s’il faut.

On imagine que ton téléphone sonne moins ?
Il sonne beaucoup moins. Parce que, bah voilà, loin des yeux, loin du coeur, parce que t’es perdu de vue, que tu ne bosses plus dans le milieu, que tu ne vois plus telle ou telle personne, c’est malheureux, mais tout de suite tu deviens moins intéressant à fréquenter, parce que tu n’es plus personne, entre guillemets.

Le 2 avril dernier, tu t’es fait virer : ça t’a fait quoi ?
Quand mon frère m’a appelé et qu’il m’a dit ça, sur le coup, on n’y croit pas trop et puis, une demi-heure après, j’étais au stade car on avait décrassage et puis là, j’ai vu l’annonce sur Facebook, waouh, j’ai été pris de panique, je suis parti, j’ai quitté le stade, j’ai dit à mes adjoints que je m’en allais, que je ne me sentais pas de rester là. Depuis, je n’ai pas remis les pieds au stade à Chambly alors que pendant plus de 30 ans …. Je ne peux plus… Pour être un entraîneur, il faut être viré tôt ou tard, ça fait une expérience, c’en est une, et ça va me rendre plus fort.

Est-ce aussi parce que revenir à Chambly pour voir un match pourrait être mal interprété ? Les gens font des raccourcis et ont vite fait de vous annoncer dans tel ou tel club, parce qu’ils vous ont vu…
Je ne pense pas à ça, c’est juste que je ne me sens pas… J’ai été blessé. La saison passée, en National, j’avais déjà prévenu mon président (son frère) avant la trêve que je ne m’en sortais pas avec ce groupe-là, qu’il fallait essayer quelque chose, mais cela n’a pas été fait, il pensait qu’on allait s’en sortir. Après, c’est le timing, on était dans le money time quand j’ai été viré, on était dedans à fond.

« Je travaille depuis que j’ai 19 ans »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Comment occupes-tu tes journées ?
Au départ, t’es dans les cordes, t’es sonné. Mais bon, je me suis dit « ça fait 20 ans que je coache, je vais prendre du bon temps, des vacances », donc j’ai vraiment bougé cet été et consacré du temps à ma famille. Après, quand les championnats redémarrent, en août, ça commence à manquer, et là, aujourd’hui, ça fait long. Ce n’est pas évident. On meuble comme on peut. Après, je suis avec mon épouse, j’ai deux enfants en bas âge, ça occupe bien les journées. En plus, je suis debout à 5h30, car j’ai toujours eu l’habitude de me lever tôt. Mais le travail me manque. Je travaille depuis que j’ai 19 ans. Subitement, être oisif, ça fait drôle. Le terrain, le foot, ça manque.

As tu regardé les matchs de Chambly ensuite ?
Oui, la saison passée, j’ai regardé cinq des six derniers matchs après que je sois viré. Celui que j’ai manqué, c’était Concarneau, car je conduisais, et c’est mon épouse qui me tenait au courant de l’évolution du score. Cette saison, c’est plus compliqué pour regarder les matchs avec l’autre site (Fuchs TV), mais j’ai vu le match de Coupe de France contre Amiens sur FFF TV.

Du coup, tu suis essentiellement quels championnats ?
Je regarde le National le vendredi soir, une affiche ou des équipes que je n’ai pas vues. Je pense avoir vu tout le monde, et c ‘est une division que j’aime bien.

Des coachs sont devenus consultant, est-ce quelque chose qui te plairait ?
Personne ne m a encore démarché, après, c’est un moyen d’être visible, d’être toujours là, sur le devant de la scène.

Sur Linkedin, tu as lancé le « Luzinomètre »…
C’est un ex-journaliste qui m’a proposé ça, sur un réseau comme Linkedin, qui est vu. Je donne mon regard sur les compétitions, je livre mon analyse, y’a pas de critique envers qui que ce soit.

« Beaucoup de gens pensaient que j’étais encore au FC Chambly… »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Le fait de t’exposer sur les réseaux sociaux, ne penses-tu pas que cela puisse te porter préjudice ? C’est tout de même une démarche très rare, de voir un coach faire un appel du pied…
C’est vrai, ça fait la personne qui se vend. Mais c’est important pour moi car j’ai eu des retours cette saison de présidents, de dirigeants, d’entraîneurs, qui m’ont dit qu’ils pensaient que j’étais toujours à Chambly, mais dans un autre rôle. Le message n’a pas été clair au départ. C’est sans doute de ma faute. Donc, partant de là, beaucoup pensent que je resterai toujours à Chambly, et que je n’en partirai jamais. J’ai voulu en remettre une couche pour bien faire comprendre à tout le monde que la page est bien tournée, et les réseaux sociaux sont aussi faits pour ça, car là, au moins, le message passe.

Cette image de Chambly qui te colle à la peau, est-ce selon toi un handicap, dans le sens où l’on pourrait penser que tu ne peux pas entraîner ailleurs ?
Je ne pense pas, on ne me l’a jamais dit mais ils ont peut-être raison de le penser, ou peut-être tort… On ne peut pas le savoir. Après, si à Chambly, j’avais fait tout ça avec des moyens considérables, les gens pourraient dire « non mais attend, c’était fastoche », OK, mais ce n’était pas le cas. Après, la seule facilité que l’on pourrait m’accorder, c’était que mon frengin soit mon président. On se rend compte après coup que pendant 18 ans, y’a eu soit des maintiens, soit des montées, et que, quand il y a eu deux descentes, frère ou pas frère, j’ai été sorti. Quelque part, si mon travail n’avait pas été bien fait, cela aurait pu arriver avant. Je suis certainement capable de refaire ce qui a été fait ici ailleurs, même si je sais que je serai exposé comme tout le monde, c’est à dire « tu n’as pas de résultat, tu dégages ».

Même sur ton mail, c’est écrit « luzi.chambly »…
Oui mais parce que j’habite à Chambly !!! Je ne vais pas mettre luzi.trouduc (sic). Ce n’est pas un mail professionnel en fait, mon épouse c’est pareil, c’est juste parce que l’on habite à Chambly ! Ce n’est pas le mail du FC Chambly, mais Chambly ! C’est mon mail personnel !

« L’an passé, ça a été la saison de trop »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Avec le recul, ne regrettes-tu pas l’épisode de ton vrai-faux départ de Chambly en mai 2020 ?
Oui, je le regrette, car j’avais la sensation à l’époque que c’était la bonne décision, au bon moment. A ce moment-là, je serais parti avec 7 accessions et un maintien, 10e en Ligue 2. Deux ans plus tard, ma côte est moins bonne. La 2e saison en Ligue 2, à l’arrivée, il nous manque 3 points pour se maintenir, on descend avec 38 points, on n’a pas joué chez nous, on a été frappé pendant un mois et demi par la Covid… Après, y’a eu la saison dernière, en National, et là, ça a vraiment été la saison de trop, c’était compliqué.

Ton franc parler, ta façon de bien manier la langue française, ton ironie, ton humour caustique, un ton parfois sec et cinglant, ton image finalement, ne penses-tu pas qu’elle fait peur ?
C’est un style, mais c’est le mien, je ne le travaille pas, ça plaît ou ça ne plaît pas, mais je ne pense pas faire de gaffe ni que cela puisse bloquer un président. C’est sûr que certains entraîneurs sont plus policés, on ne sait même pas à la fin s’ils ont répondu à la question, mais en ce qui me concerne, non, je ne pense pas que cela soit rédhibitoire.

Est-ce que tu n’as pas l’impression, toi, de faire peur ?
Faire peur à quel niveau ?

Physiquement déjà (il rit), parce que tu en imposes, ton caractère aussi, ta personnalité… Peur aussi par rapport à l’image collée à celle de Chambly… C’est un ensemble de choses…
Peut-être. Je n’arrive pas à me voir et à me juger par rapport à ailleurs; ce que j’aimerais, c’est que l’on me juge par rapport à ce que j’ai fait, avec une balance plutôt positive que négative. Y’a bien un président qui va tenir compte de cela ce qui, je pense, est le principal, et qui se dise, « S’il a fait quelque chose ailleurs, il peut peut-être le faire chez nous ». C’est ce que j’espère.

« On est vite oublié »

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Ton nom a circulé du côté de Beauvais (N2) récemment…
Oui. Mais je n’ai eu aucun contact avec les dirigeants de Beauvais. En fait, tu vas voir un match à Beauvais, et on t’annonce à Beauvais !

Cet été, je suis allé voir un club en Tunisie, j’ai posté une photo, et ensuite on m’a annoncé là-bas ! Après, je suis allé voir un match de National à Versailles, contre Bourg-en-Bresse, et hop, on m’a annoncé à Versailles, du coup, ce que j’ai fait, c’est que j’ai mis un message sur les réseaux sociaux en disant « Attention, la semaine prochaine je vais voir PSG – Juventus, je dis ça, je dis rien ». Bon, et bien voilà, c’est la rumeur. Les gens s’en donnent à coeur joie, ils parlent, ils interprètent tout.

Après, un journaliste m’a demandé si Beauvais pouvait être un club susceptible de m’intéresser; bah bien sûr, comme tant d’autres, je ne vais pas dire « Beauvais c’est un club de baltringues », puisque ce n’est pas le cas, mais, je n’ai eu aucun contact. Si t’es coach, c’est que tu aimes bien le foot théoriquement. Donc tu vas voir des matchs. Moi, j’y vais pas passion.

Et puis, si je vais voir un match à Beauvais, comme cela a été deux fois le cas cette saison, c’est parce que je dois me tenir au courant du niveau du National 2, que je n’ai pas fréquenté depuis 8 ou 9 ans, et je regarde aussi les adversaires de Beauvais. Et en National 2, y’a pas tant de matchs que ça dans le coin à part Beauvais, Chambly et Poissy, et aussi le Racing, mais sinon, pour les autres clubs de la région parisienne, il y a la contrainte de la circulation sur le périphérique.

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Depuis avril, as-tu eu des touches concrètes ?
Non. J’ai su que, apparemment, j’étais dans une short list à Saint-Brieuc, je ne le savais même pas. On m’a sondé pour des clubs de National 3, mais là, tout de suite, je ne me sens plus d’aller m’entraîner le soir, j’ai passé l’âge, je suis entraîneur pro, j’ai passé mes diplômes. Après, attention, y’a des très beaux clubs de National 3, d’ailleurs, pas loin de chez toi, à Cannes, par exemple, tu en as un, mais c’est un cas isolé. En National 2, c’est semi-pro, mais pour moi c’est quand même pro, les gars ne font que du foot.

Le foot te manque, c’est un fait, mais est-ce que tu penses que tu manques au football ?
Le foot me manque, c’est certain, c’est ma vie, ma passion, je regarde les matchs à la télé, encore plus que lorsque j’entraînais, parce qu’il y a un manque « physique » de terrain, alors je me rattrape comme ça. Après, est-ce que je manque au foot ? Certainement pas, on est vite oublié.

Le foot te manque mais y a-t-il quelque chose qui ne te manque pas dans le foot ?
Non, rien. Dans l’ensemble, ça va, y’a pas quelque chose en particulier qui m’a choqué plus que ça dans ce milieu, et de toute façon, s’il y a quelque chose qui ne me plaît pas, je vais être amener à le revivre tôt ou tard.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06  

Photos : Eric Cremois – EC Photosports

L’ancien joueur professionnel de l’AS Monaco et de l’AS Nancy Lorraine ne tarit pas d’éloges sur son club actuel, le RC Pays de Grasse, qualifié en 32e de finale de la Coupe de France. A 35 ans, il vise l’accession en National, sans doute son dernier challenge.

Photo RC Pays de Grasse

Du Chardon lorrain au XI de la rose. Visiblement Vincent Muratori aime bien les clubs qui piquent. Quand, le défenseur latéral gauche a senti que les épines lorraines commençaient à faner à la sortie du Covid, il a préféré partir avant de connaitre la redoutée descente en National, tant celle avec Monaco (de L1 à L2) dix ans plus tôt le marquait encore.

C’est au RC Pays de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, qu’il s’est entretenu physiquement, fin 2020. Mais le parfum de la compétition manquait trop au trentenaire alors c’est dans la commune où Chanel et Lancôme se sont installés qu’il a rechaussé officiellement les crampons en compétition. Ne lui parlez pas de pré-retraite pour autant, même après ses 231 matches en pro. C’est plein d’ambition que le joueur formé sur le Rocher retrouve le championnat de National 2 après ses années de formation. Pour le moins longtemps possible, il l’espère. Mais cette fois, après une montée.

Photo RC Pays de Grasse

Vous connaissez désormais votre tirage au sort en 32e de finale de Coupe de France : La Tamponnaise, un club de R1 de la Réunion. Abordable, non ?
C’est vrai. On aurait pu tirer un adversaire au-dessus de nous, ce n’est pas le cas. Après, chaque match à sa vérité et il ne faudra pas faire partie des surprises.

Vous en avez joué des matches à la reprise, juste après les fêtes. Les craignez-vous ?
Déjà, il n’y aura pas de neige et de terrain gelé comme cela a pu m’arriver avec Nancy à l’époque. C’est déjà ça. On va garder les mêmes exigences qu’un groupe professionnel avec un programme pendant les fêtes. Je fais confiance au coach (Loïc Chabas) pour ça (rires). On a un groupe sérieux, je n’ai pas de doute là-dessus.

Est-ce que ça faisait partie des objectifs de début de saison ?
Non. C’était et ça reste la montée car ces dernières saisons le club a trop souvent terminé 2e. Ce n’est pas dans les discussions. Evidemment, enchaîner les qualifications fait qu’on se prend au jeu, ça reste la Coupe de France.

Avant un déplacement à Fréjus-Saint-Raphaël samedi, vous êtes 5e : comment jugez-vous ce début de saison par rapport à vos ambitions ?
Il est bon dans l’ensemble. Le jeu fourni est cohérent. Il n’y pas de match où l’on est complètement passé à travers. La première mi-temps à Marignane a été délicate mais on avait bien corrigé. C’est encore perfectible parce que 5e, ça ne suffira pas pour monter mais c’est encourageant.

Photo RC Pays de Grasse

Plusieurs années à échouer dans la course à la montée. Est-ce que dans l’approche de cette saison, notamment cet été, des correctifs ont été apportés pour apprendre de ces erreurs et se dire que cette fois, c’est enfin la bonne ?
On a un effectif plus jeune. C’est un plus techniquement pour répondre aux demandes du coach. Cela favorise le feu au sol et la grinta. Cela nous aidera peut-être à débloquer certaines rencontres décisives.

Mais aussi de l’expérience avec vous et Paulin Puel (fils de Claude), deux joueurs qui ont réellement connu le football professionnel. Qu’apportez-vous ?
La rigueur du monde professionnel. Les joueurs sont tous passionnés, vivent du football mais il y a des détails du quotidien qu’on ne connaît que dans un vestiaire professionnel. Après, on ne se prend pas pour des autres, on aide juste le groupe auquel on appartient.

Comment vous êtes vous retrouvé à Grasse (N2) alors que votre dernier contrat c’était à l’AS Nancy Lorraine, encore en Ligue 2 ?
Cela faisait huit ans que j’étais à Nancy. A l’été 2020, après le Covid, le club avait besoin de liquidités et commençait à vendre ses meilleurs éléments comme Amine Bassi. Je sentais que ça allait mal tourner. Je ne voulais pas descendre avec ce club donc j’ai préféré partir.

Photo RC Pays de Grasse

Et donc Grasse ?
Je cherchais à m’entretenir dans le sud de la France vu que mes parents habitent dans le Vaucluse (il est né à Orange). Un ami m’a donné le numéro du coach. Je me suis entraîné avec eux. A l’hiver 2021, je souhaitais rebondir ailleurs, mais les touches ne se sont pas concrétisées. Alors, vu que ça se passait bien en séance, on a commencé réellement à discuter du projet avec Grasse. Il m’a plu, j’ai trouvé qu’il y avait un bon état d’esprit dans un club sain et structuré donc j’ai signé.

A 35 ans, c’est votre troisième et dernier club ?
Oui oui, je pense.

Donc pour rejouer à un niveau supérieur, il faudra monter…
Tout à fait (rires).

Vous parliez de club structuré, est-ce que cela vous a étonné ?
Je ne connaissais pas le club, donc on va dire que j’ai été agréablement surpris. Je ne compare pas avec l’AS Nancy Lorraine car c’est une autre dimension et qu’il y avait plus de cent salariés. A Grasse, c’est d’une taille moindre mais tout est bien structuré et les rôles sont bien définis. Le président accompagne l’équipe, Thomas Dersy, le directeur général, gère le club au quotidien et le sportif s’articule également bien. Il n’y a pas de doublons. Ce n’est pas donné à tout le monde, même en L2, il y a parfois des personnes dont on ne connaît pas leur fonction au club.

Et le championnat de N2 ?

Sous le maillot de l’AS Monaco.

Je le connaissais depuis quelques années déjà car j’avais joué en réserve avec Monaco. La poule du Sud-Est a toujours été très relevée. C’était bon pour notre formation à l’époque. Ça se confirme encore aujourd’hui, car les équipes qui parviennent à monter ne sont pas ridicules une fois en National. On le voit avec Martigues et Annecy qui se portent bien aujourd’hui par exemple.

Bon, le club de l’Ouest des Alpes-Maritimes, c’est Cannes (N3) ou Grasse (N2) ?
(Rires.) Bonne question. C’est vrai que la rivalité, que j’ai découverte une fois ici, je la ressens plus avec les joueurs qui sont là depuis longtemps. Elle existe réellement. En prenant un peu de recul, cela parait dingue qu’en si peu de kilomètres (12 kilomètres entre les deux stades), il y ait deux clubs de cette ampleur qui annonce rêver de la même chose : jouer en Ligue 2.

Mais économiquement, démographiquement, sportivement, est-ce possible ?
Je ne sais pas, il y a plein de critères qui entrent en jeu et qui nous passent au-dessus à nous, joueurs. Chacun a son histoire, a ses envies, ses pistes de développement mais en regardant bien et en voyant comment se passe le monde professionnel, que ce soit pour les sponsors, les subventions, les jeunes et leur formation… Tu pourrais faire un club énorme finalement.

Un peu comme Evian-Thonon-Gaillard ou Arles-Avignon par le passé ?
Un peu oui. Après, je souhaite aux deux clubs d’y arriver. Et encore plus si c’est Grasse qui y parvient en premier.

Vincent Muratori, du tac au tac

Avec Torben Joneleit, Djamel Bakar et Sylvain Monsoreau à Monaco.

Ton meilleur souvenir sportif ?

La montée en L1 avec Nancy en 2016.

Le pire souvenir sportif ?
La descente en L2 avec Monaco en 2011.

Pourquoi as-tu choisi d’être défenseur ?
Parce que j’aime bien défendre. Je prends plaisir à ça, même jeune ce n’était pas du tout un problème.

Première fois dans un stade en tant que spectateur ?
Euh… au Vélodrome je pense.

Ton geste technique préféré ?
Le tacle.

Tes qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
J’aimerais aller plus vite et en qualité : l’abnégation.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
A Monaco, la première année (2007-2008).

Le club où tu as failli signer ?

Avec Puygrenier à Monaco. Photo S. H.

A Troyes, quand j’étais à Nancy. Tout est OK le dernier jour du mercato mais finalement le président Rousselot a refusé que je parte.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Monaco, donc c’est fait.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Je suis né dans le Vaucluse donc évidemment le Vélodrome. Toute ma famille est pour Marseille.

Un public qui t’a marqué ?
Le Vélodrome surtout, mais aussi Geoffroy-Guichard et Bollaert. Quand tu joues pour ces clubs, tu reçois un soutien du public qui doit être dingue.

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling (entente dans le jeu) ?
Romain Grange quand il rentrait sur son pied droit et que je pouvais passer dans son dos à Nancy.

Photo S. H.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Bonne question… Bernardo Silva à Monaco.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Guy Lacombe.

Un président marquant ?
Le président Rousselot à Nancy.

Un président à oublier ?
Joker

Une causerie de coach marquante ?

Pablo Correa. Il te faisait des causeries et t’avais qu’une envie c’était de jouer. Pas forcément la bagarre ou le combat mais d’aller sur le terrain pour jouer.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Jean Fernandez (à Nancy). Plusieurs fois, il a demandé aux latéraux de ne pas dépasser le milieu de terrain et aux milieux, en 6, de toucher le moins de ballon possible. Ne me demande pas pourquoi…

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Joker.

Une racontable ?
Lucas Bernardi trouvait que j’avais un sac à dos trop moche pour les déplacements donc il m’a acheté un bagage de luxe. Bon ok, j’avais un pauvre sac à dos mais quand même (rires).

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Clement Lenglet.

Le plus charismatique ?
Lucas Bernardi (Monaco). Il dirigeait tout sur un terrain.

Tes passions en dehors du foot ?
Le VTT …

C’est conseillé pour un sportif de haut-niveau ?
Aujourd’hui et à mon âge oui. Et puis j’ai un électrique.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Intense et plaisir.

Texte : Alexandre PLUMEY / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @AlexandrePlumey

Photos : RC Pays de Grasse, S.H. et DR

A 14 ans, le recruteur de l’AJ Auxerre, Daniel Rolland, lui a mis une pression sur les épaules en évoquant un contrat pro. Finalement, le défenseur central y est parvenu quinze ans plus tard, avec Laval, champion de National en mai dernier et actuel 10e de Ligue 2. La route fut longue mais la patience et le travail ont payé.

La saison passée, en National, face à Sète. Photo Nicolas Geslin.

C’est une phrase qui a dû résonner dans sa tête au moment de signer, à 29 ans, son premier contrat professionnel, l’été dernier, après l’accession du Stade Lavallois en Ligue 2.

Et s’il en parle pour la première fois aujourd’hui, c’est que, forcément, elle trottait dans son esprit depuis ce jour de 2007, quand Daniel Rolland, alors chargé de la détection des jeunes talents à l’AJ Auxerre après y avoir dirigé le centre de formation (4 coupes Gambardella à son actif) et aussi l’équipe de Division 1 pendant une saison (2000-2001), s’est rendu chez sa maman, au Luc, dans le Var, pour l’enrôler.

« Quand Daniel Rolland est venu chez moi, au Luc, il m’a dit : « Maintenant, tu as la pression sur les épaules car à chaque fois que je suis allé chez quelqu’un, il a signé professionnel ». J’avais 14 ans et je jouais en jeunes à l’Etoile Sportive Fréjusienne, c’était avant la fusion avec Saint-Raphaël. La première personne de l’AJ Auxerre avec laquelle j’ai été en contact, c’est monsieur (Raymond) Andrieu, recruteur dans le Sud, et c’est lui qui m’a mis en relation avec le club. A l’AJA, j’ai commencé en 14 ans fédéraux avec Raphaël Guerreiro jusqu’en réserve, en N2, avec Johan Radet ».

Au début, il jouait numéro 6…

L’adage de Daniel Rolland s’est donc vérifié, mais pour Yasser, cela a mis du temps. Un peu plus que prévu. Mais il y est parvenu. A force de travail et de patience, deux mots qui sonnent comme un refrain chez lui : « Je n’ai pas signé pro à Auxerre, mais j’ai signé pro à Laval (rires) ! »

Sous le maillot de l’AJ Auxerre. Photo DR

De l’AJ Auxerre, où il a côtoyé de grands joueurs et « appris » les rudiments du poste de défenseur, lui qui avait commencé au poste de numéro 6, « Yass », comme l’appellent ses amis, ne garde que des supers souvenirs, même si la fin ne s’est pas déroulée comme il l’aurait souhaité : « Ne pas avoir signé pro à l’AJA, c’est ma plus grosse déception. »

Après ses six saisons dans l’Yonne, retour dans le Var, à la case départ pour Yasser, qui, dans un premier temps, reste de nombreux mois sans jouer, sans club, avant d’intégrer l’équipe réserve de Fréjus/Saint-Raphaël.

Il élimine Auxerre, son club formateur, en coupe !

Quelque temps après, il effectue ses premiers pas en National en janvier 2016, face à Marseille Consolat, lancé par Charly Paquillé. A 23 ans. Malgré la descente en National 2 au terme de la saison 2015-16, il continue l’aventure varoise pendant deux saisons.

Le 12 novembre dernier, face à Valenciennes, en Ligue 2. Photo Nicolas Geslin.

Lors de la saison 2016-17, il est de la campagne de coupe de France qui mènera Fréjus/Saint-Raphaël jusqu’en 1/4 de finale (élimination face à Guingamp) après un superbe parcours, dont un succès 2 à 0 en 8e de finale à Louis-Hon, à Saint-Raphaël, face à son club formateur, l’AJ Auxerre, sous les yeux de Guy Roux !

« Fréjus… comment dire… Je ne veux pas cracher dans la soupe car je sais ce que le club m’a apporté et donné, même si je voulais plus, mais je n’ai pas senti une réelle envie chez eux de m’apporter ce que je voulais. C’est dommage … Mais je n’ai pas de rancune. J’en garde des bons souvenirs car j’y ai encore des collègues, d’ailleurs, je suis allé les voir récemment à l’entraînement, j’ai croisé Akim Orinel, Mohamed Ouchmid, Moyadh Ousseni, Julien Mouillon, Raphaël Delvigne, Belony Dumas, etc. c’était top ! Je suis déçu de ne pas avoir revu Stéphane Marignale, qui a arrêté, dommage ! »

A Marseille-Endoume comme chez lui !

Le 15 octobre dernier, face à Caen, en Ligue 2. Photo Nicolas Geslin.

Il a fallu que Yasser s’exile à Marseille, « son » autre ville, celle où son papa habite, pour repartir, à 25 ans, sur un autre projet, à Endoume, en National 2, dans un club qui l’a beaucoup marqué : « Endoume ? C’était exceptionnel ! »

Son visage s’illumine et devient radieux lorsqu’il en parle et évoque sa saison dans ce club réputé de la cité phocéenne : « Endoume, Marseille, c’est chez moi, y’a mes collègues, mais en fait, ce qui a été difficile, c’est de partir d’un club « riche », entre guillemets, comme Fréjus/Saint-Raphaël, et d’arriver à Endoume qui découvrait le niveau N2 et où on bricolait sans cesse. Mais on a vécu des moments exceptionnels, malgré la descente, avec des supers joueurs comme Achille Anani, Oualid Orinel, Reda Fawzi et les autres ! »

Marseille, ce sont aussi des racines : « Je suis né à Brignoles, dans le Var, mais je me considère comme Lucois car ma maman habite au Luc et j’ai commencé le foot à l’US Le Luc, où j’ai pris énormément de plaisir, car à cet âge-là, on ne pensait qu’à jouer au foot, malheureusement, je n’ai plus de réel contact avec le club, sauf parfois sur les réseaux, car les personnes ont changé. Quant à Marseille, c’est chez moi ! J’y ai mes neveux, mon père, mes cousins, mes oncles ! En fait, il n’y a que ma maman dans le Var, donc on va dire que je suis sudiste ! Après Le Luc, c’est ma maman aussi qui a préféré que j’aille à l’ES Fréjus plutôt qu’à Toulon, elle a pensé que c’était mieux pour moi, et moins loin aussi. J’avais 12 ans.

Sedan, Cholet en enfin Laval

C’est véritablement à Sedan, lors de la fameuse saison 2019-20 qui a tant fait jaser, covid oblige, en National 2, que le natif de Brignoles (Var) va prendre son envol. Dans un club qui l’a marqué, avec des supporters qui l’ont marqué. « Sedan, c’était magnifique. Et c’est exceptionnel de les revoir aujourd’hui en National. C’est un club qui mérite la Ligue 2 ! Je les suis toujours, bien sûr ! Sur les réseaux sociaux, des supporters m’écrivent encore ! »

Sous le maillot du CS Sedan Ardennes. Photo CSSA

L’expérience sedanaise est écourtée en mars 2020 à cause de la Covid-19, qui stoppe l’élan du club dans sa quête d’accession en National. La suite le conduit à Cholet, une saison, où il retrouve le National, 5 ans après sa première expérience à Fréjus : « Cholet, c’était contrasté. Le bilan est correct. J’ai vécu une bonne saison, on avait un staff exceptionnel mais je n’aimais pas trop ce qui se passait à côté… c’était bizarre… » Yasser n’en dire pas plus.

Enfin, en juin 2021, à 28 ans, c’est l’arrivée en Mayenne, à Laval, toujours en National, avec le bonheur et la consécration au bout : un titre de champion et une accession en Ligue 2. « Laval ? Je n’ai que des superlatifs qui me viennent à l’esprit quand je parle du club ! »

« Descendu » chez lui, dans le Sud, à Marseille et au Luc, le temps de quelques jours, « Pour que mon père et ma mère voient un peu ma fille de 3 mois », « Yass » est rentré à Laval pour s’entraîner et garder le rythme pendant cette trêve « coupe du Monde ».

Le 12 novembre, les Tangos d’Olivier Frapolli ont battu Valenciennes et ont quitté le championnat à une 10e place, vraiment pas mal pour un promu ! Ils le retrouveront après le Mondial, le 26 décembre, à Dijon.

Yasser Baldé, du tac au tac

« Le foot peut être fantastique et horrible à la fois »

Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
Le titre de champion de National et l’accession en Ligue 2 avec Laval la saison passée.

Pire souvenir sportif ?
De ne pas avoir signé pro à Auxerre. J’ai passé 7 ans au Centre de formation, j’étais stagiaire-pro. J’ai fait quelques entraînements avec les pros. Mais c’était exceptionnel. J’en garde de nombreux et bons souvenirs, en plus, le centre était un des plus réputés, j’ai eu des coachs formidables, je n’en garde que du positif, même si je n’ai pas signé pro. Ils m’ont repéré quand je jouais à l’ES Fréjus, à l’époque j’avais des clubs qui s’intéressaient à moi, Montpellier, Lens, Rennes, mais j’ai choisi Auxerre car c’est eux qui, en premier, m’ont mis le papier sous les yeux sur la table ! Et puis bon, Auxerre, c’était Guy Roux, la pub cristalline, Djibril Cissé, ça me parlait ! Je suis allé deux fois là-bas à l’essai avant qu’ils ne me proposent un contrat. »

Tu as déjà marqué des buts ?
Quand même… (rires) En seniors, j’ai dû en mettre une petite dizaine. Le plus beau ? Avec Sedan, de la tête, contre Schiltigheim, en N2.

Photo Philippe Le Brech

Pourquoi as-tu choisi d’être défenseur ?
(Rires) Déjà, ce sont les gens qui ont choisi pour moi car j ai commencé en numéro 6 devant la défense mais on m’a fait reculer, en me disant que cela serait plus simple pour moi compte tenu de mon agressivité et du fait que j’avais un peu de « pied », une relance assez correcte, pour passer un cap. C’est pour ça qu’on m’a mis derrière, et ça m’a plu, car au quotidien, je suis quelqu’un qui a beaucoup d’empathie pour les autres, je suis protecteur, je me rapproche facilement des collègues, je prends de leurs nouvelles, et tout ça, en fait, ça se retrouve un peu la notion de défenseur.

Première fois dans un stade ?
A l’OM, au Vélodrome, en tribune Ganay. Je devais avoir 10 ou 11 ans.

Ton geste technique préféré ?
Le contrôle-semelle (rires) !

Sous le maillot de Cholet. Photo Philippe Le Brech

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Je suis trop dur, trop exigeant envers moi même et mes coéquipiers. C’est un défaut, il faudrait que je sois plus souple par moments, et mes qualités, bah c’est justement mes défauts.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
A Sedan. On est resté invaincu pendant des mois (première et unique défaite en mars à Saint-Geneviève), on avait la meilleure défense du monde, oui, du monde (0 but encaissé pendant les 13 premières journées, 1 but encaissé en 19 journées !!), ça a été exceptionnel même si on n’est pas monté à cause de la Covid.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ? L’erreur de casting de ta carrière ?
Aucun. Chaque club m a appris et apporté quelque chose.

Le club où tu as failli signer ?
Annecy.

Juillet 2022, en match de préparation, avec Laval. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Arsenal, sans hésitation.

Le club où tu ne pourrais pas jouer ?
Paris Saint-Germain. Impossible.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Le Vélodrome.

Un public qui t’a marqué ?
Celui du stade Vélodrome.

Un coéquipier marquant (tu as le droit d’en citer plusieurs) ?
Akim Orinel (Fréjus/Saint-Raphaël) et Bissenty Mendy, le défenseur d’Annecy, avec qui j’ai joué à Sedan. Et aussi, Thierry N’joh Eboa qui joue à Saint-Maur (N2), que j’ai côtoyé à Sedan, et Aziz Dahchour, de Sedan, qui a été exceptionnel et fantastique avec moi.

Le coéquipier avec lequel tu avais (ou tu as) le meilleur feeling dans le jeu ?
Bissenty Mendy.

Sous le maillot de Laval, la saison passée, en National. Photo Philippe Le Brech

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
J’aime pas trop répondre à cette question mais il y en a un qui me vient en tête, Doumbia, de Sochaux.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Non, aucun, je suis pratiquement en contact avec tout le monde !

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Eric Aymard au Luc, et aussi Christian Henna, mon entraîneur chez les jeunes à Auxerre.

Un président marquant ?
Marc Dubois, de Sedan. J’ai rarement vu un président aussi calme et confiant envers ses employés, j’ai beaucoup de respect pour lui.

Un président à oublier ?
Franchement, aucun, et je ne mets pas de pincettes, tu me connais !

Une causerie de coach marquante ?
Une causerie de Stéphane Rossi à Cholet, on devait jouer au Mans en fin de saison et ça lui tenait à coeur de gagner ce match, on a senti qu’il parlait avec les tripes, ça m’avait marqué. Et on avait gagné.

Avec Cholet, lors de la saison 2020-21, en National. Photo Philippe Le Brech

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
A Auxerre, en 16 ans nationaux, le directeur de la formation de l’époque, Francis de Taddeo, est entré dans le vestiaire, a demandé au coach de sortir, et là, il nous a très très mal parlés, à chacun de nous, il nous a pris un par un, il avait utilisé des noms d’oiseaux… J’en rigole aujourd’hui.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Yaya Sanogo.

Pas Bobo Baldé ?
Ah ah lui c’est mon frère, c’est le plus connu des Baldé !

Combien de véritables amis dans le foot ?
Six je pense.

As-u des rituels, des tocs avant un match ?
Oui, déjà quand je rentre sur la pelouse, je m’arrête, je ne rentre pas complètement, je touche la pelouse, puis après j’y vais, et aussi, je ne sors jamais mes protèges tibias de mon sac, je le fais juste à la fin, quand l’arbitre arrive. Et je mets un petite musique.

Une devise ?
Je dis souvent « le patient et le travailleur sont toujours récompensés ».

Sous le maillot de Cholet, en mai 2021. Photo Philippe Le Brech

Un chiffre (signification) ?
Le 12. Car je suis né le 12 janvier.

Pourquoi y a-t-il un 6 à ton adresse mail alors ?
Parce qu’à l’époque, mon frère jouait au Celtic Glasgow et portait le 6, et comme je voulais suivre son exemple…

Un plat, une boisson ?
Le couscous de ma maman et le bissap (boisson traditionnelle sénégalaise).

Termine la phrase en un mot ou deux : tu es un défenseur plutôt …
Costaud.

Un match de légende pour toi ?
Milan AC – Liverpool, finale de Ligue des Champions 2005 à Istanbul.

Un modèle de défenseur ?
Virgil van Dijk (Liverpool).

Une idole de jeunesse ?
Thierry Henry.

Ta plus grande fierté ?
Ma fille.

Tes passions en dehors du foot ?
Cinéma, la play-station, j’aime bien les jeux de société, partager des choses en famille.

Si tu n’avais pas été footballeur, qu’aurais-tu aimé faire ?
Footballeur !

Le milieu du foot, en deux mots ?
Il peut être fantastique et horrible à la fois.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Nicolas Geslin – Philippe Le Brech – et DR

 

Vous avez loupé un épisode de la série « 13heuresfoot » cette semaine ? Voici la séance de rattrapage !

  • Vendredi 25 novembre 2022

Concarneau (National) : à quoi rêve Jacques Piriou ?
Le président des Thoniers, leaders du championnat après 12 journées, effectue un large tour d’horizon de l’actualité de son club, sans langue de bois.
https://13heuresfoot.fr/actualites/concarneau-national-a-quoi-reve-jacques-piriou/

Photo Fanch Hémery

  • Mercredi 23 novembre 2022

Beauvais (N2) : les 1001 vies de Romain Elie
A 37 ans, le défenseur est rentré chez lui, à Beauvais (National 2), là où tout a commencé. La boucle est bouclée après une carrière longue, riche et souvent mouvementée !
https://13heuresfoot.fr/actualites/beauvais-les-1001-vies-de-romain-elie/

  • Lundi 21 novembre 2021

Coupe de France : les Paotred-Dispount d’Ergué-Gabéric tombent avec les honneurs !
Dans le derby du Finistère, le Stade Plabennécois (N3) a fait respecter la hiérarchie et peut rêver d’une grosse affiche en 32e de finale. Les « gars sans peur » d’Ergué-Gabéric (R1), battus 2-1, sortent grandis de l’épreuve.
https://13heuresfoot.fr/actualites/coupe-de-france-les-paotred-dispount-dergue-gaberic-tombent-avec-les-honneurs/

  • Dimanche 20 novembre 2022

Les résultats du quiz National
https://13heuresfoot.fr/actualites/les-resultats-du-quiz-et-le-recapitulatif-de-la-semaine/

🕐⚽ BRAVO !

👏👏 Bravo au vainqueur de notre quiz sur le National (résultats ci-dessous) :

https://13heuresfoot.fr/actualites/les-resultats-du-quiz-et-le-recapitulatif-de-la-semaine/

🚨 Aurélien Coquille, 26 ans, habitant de Vouziers, dans les Ardennes, a répondu à 19 questions (sur 20) et il a fallu les questions subsidiaires pour le départager ! Aurélien s’est rendu à la boutique du CS Sedan Ardennes hier soir, à l’occasion du match de championnat national face à Borgo, pour récupérer son maillot (le blanc, celui des matchs à l’extérieur), floqué au nom de son joueur préféré, Benjamin Gomel (numéro 28). Bravo à lui ! Et allez les Sangliers des Ardennes !

#Sedan #CSSA #NationalFFF #foot #football #national #ardennes #quiz #jeu

Le président des Thoniers, leaders du championnat après 12 journées, effectue un large tour d’horizon de l’actualité de son club, sans langue de bois.

Jacques Piriou, pense-t-il à la Ligue 2, le matin, en se rasant ? « Les jours où je ne me rase pas, je ne pense pas, » rigole-t-il ! Le président de l’US Concarneau pense surtout à bien s’entourer pour continuer à faire avancer son club, en tête du championnat National avec 6 points d’avance sur le 2e et le 3e. Cet été, il a prolongé – jusqu’en 2025 – son entraîneur très convoité, Stéphane Le Mignan, et il vient de recruter un directeur général (Kévin Le Brusq). Et sans vouloir tout… raser, Jacques Piriou pense aussi et surtout aux gros travaux nécessaires pour mettre le stade Guy-Piriou (du nom de son père) aux normes de la Ligue 2. Entretien.

Photo Pascal Priol

Le rendez-vous pour « 13 heures foot » avait été pris à la bonne franquette. « A la Concarnoise », comme on dit ici, du côté de la ville bleue… Au hasard d’une interview de l’attaquant Ambroise Gboho (déjà 5 buts en National sous le maillot des « Thoniers ») pour « Le Télégramme », Jacques Piriou passant par là, l’occasion a fait le larron, sans qu’il ne soit nécessaire d’insister.

Il faut dire que le président de l’US Concarneau savait où il mettait les pieds en donnant son accord puisque son grand copain et complice, Gilbert Guérin, le président de l’US Avranches, et son entraîneur, Stéphane Le Mignan, ont déjà eu les honneurs du « 13 heures » (l’attaquant Amine Boutrah aussi) !

« Né avec des chaussettes bleues »

Photo Pascal Priol

Il n’y a donc pas eu d’agenda (pourtant chargé) à consulter. Tout était dans la tête. « On fait ça la semaine prochaine ? Le mardi 15 je suis à la DNCG (budget accepté en l’état), donc le 16, ça va ? 11h ? » C’était calé en deux minutes.

Et le mercredi 16 novembre à 11h, Jacques Piriou était fidèle au rendez-vous. Bon pied (chaussettes bleues de rigueur puisqu’il est « né avec », dit-il), bon oeil : également aux couleurs de la mer par beau temps.

Et le temps est au beau fixe actuellement à l’US Concarneau. Mis à part le nuage de l’élimination prématurée au 7e tour de la Coupe de France sur le terrain du Vannes OC (N2) aux tirs au but (6-5), et les deux points perdus sur tapis vert contre Orléans, les Thoniers surfent sur une vague très porteuse en National (six victoires et deux nuls sur les huit derniers matchs).

« Porteuse » jusqu’où ? Jusqu’en Ligue 2 ? Leurs six points d’avance (un double joker de deux défaites) sur trois dauphins, Versailles et Martigues (deux promus de N2), ainsi que Dunkerque (un relégué de L2), les autorisent en tout cas à « rêver plus grand ».

Président de père en fils

A « rêver plus bleu » pour Jacques Piriou, 64 ans aux dernières vendanges, 57 licences à l’US Concarneau, qui se partage entre le club qu’il préside depuis 2003 (une interruption en 2008-09), son domaine viticole et ses restaurants à Banyuls et à Collioure, et le conseil d’administration des Chantiers Piriou, l’entreprise de construction et de réparation navales créée en 1965 à Concarneau par son père, Guy (le stade municipal où joue l’US Concarneau porte son nom car il a longtemps dirigé et présidé le club), et Michel, son oncle. Une double affaire de famille ? Pas que… Mais « Les Chantiers » et l’US Concarneau sont tellement indissociables que depuis maintenant des décennies, chez les Piriou, on est président de père en fils à bord des Thoniers.

« L’objectif a toujours été clair »

L’objectif a toujours été clair, c’est d’essayer de se maintenir pendant ces deux années qui vont être extrêmement compliquées avec ces six relégations. Pour l’instant, on s’en tient là et on verra au fur et à mesure de l’avancement de la situation s’il y a lieu de réfléchir à d’autres perspectives.

« Jusqu’au tribunal administratif » pour les deux points en moins

Photo Fanch Hémery

Si on a décidé d’aller jusqu’au bout dans cette affaire de joueur paraît-il suspendu, c’est qu’on a l’intention de récupérer quelque chose. A partir du moment où Il y a deux clubs (Concarneau et aussi Avranches, qui a perdu 4 points dans les mêmes conditions) qui ont une lecture identique sur un règlement, si on nous donne tort, ça veut dire que ce règlement n’est pas bien écrit.

A ce moment-là, il faut peut-être revoir le problème pour que ce soit plus clair pour tout le monde. La logique veut aujourd’hui que ces points soient récupérés. A Avranches comme à Concarneau, on estime qu’on était légitime à faire jouer notre joueur (Tom Lebeau à Concarneau et Victor Daguin à Avranches), qu’ils n’étaient pas suspendus. Si ça coince, on aura fait le maximum pour essayer de récupérer ces points et s’il faut aller jusqu’au tribunal administratif, on ira jusqu’au tribunal administratif.

La Coupe de France : « Quatre éliminations de suite aux tab »

Quatre éliminations de suite aux tirs au but (SC Bastia en 32es, US Montagne au 5e tour, Stade Briochin au 6e tour et le Vannes OC au 7e tour), ça commence à faire beaucoup. Cette fois, à Vannes, c’était une nouvelle grosse déception car la Coupe de France fait partie de l’ADN du club. On aurait voulu vivre encore des belles soirées de coupe, comme contre le Red Star (0-0), car ce soir là (11/11) c’était un peu un match de coupe. Mais c’est la loi du sport et il n’y a pas grand-chose à rajouter.

Le Mignan et Le Brusq : « Faire avancer le club »

Pour Stéphane Le Mignan, ma priorité à la fin de la saison dernière c’était de le faire re-signer, ce qui a été fait, et ensuite, pour Kévin Le Brusq, j’avais affiché depuis quelques temps que je cherchais un directeur général pour me seconder et orchestrer un peu mieux l’organisationnel du club et amener une certaine expérience. On y va par petites touches pour faire avancer le club.

Avranches et Gilbert Guérin : « On s’est connu en s’engueulant »

Avec Gilbert Guérin. Photo US Concarneau

Gilbert, c’est quelqu’un qui m’a tendu la main quand on est monté en National et qui m’a ouvert ses portes à Avranches, à tous points de vue, sportif et financier, pour savoir comment fonctionnait une équipe de National. Cela crée des liens d’amitié et en plus le personnage est assez atypique dans le système, on s’est créé une belle amitié à travers tout ça. Avant, on avait dû s’engueuler une fois, et c’est comme ça que l’on s’est mieux connu.

On avait eu un parcours parallèle mais Avranches est monté avant nous en National. Sur mes conseils, Gilbert a même aussi acheté une parcelle de vignes du côté de Collioure et on vinifie sa production. Là, c’est moi qui lui ait tendu la main !

La Ligue 3 : « Cette refondation est terrible pour les petits »

Pour la Ligue 3, on n’en est nulle part compte-tenu de la refondation des groupes mais on espère que ce troisième niveau professionnel va devenir naturel à partir du moment où les groupes seront à 18 équipes. Mais pour nous, les petits clubs, cette refondation est terrible car l’approche sportive de tout ça, c’est de garder les professionnels et évincer les clubs amateurs qui se retrouvent en National 2. D’où l’importance de faire les travaux pour que le stade soit au niveau des infra-structures qui seront demandées, pas loin de ce qui existe aujourd’hui en Ligue 2.

Les travaux au stade : « Ma préoccupation principale »

Que l’on monte ou pas, les travaux vont être engagés, les budgets sont décidés, avec l’état, la ville, le département et la région, donc aujourd’hui plus vite ça démarrera, mieux je me porterai et moins j’aurai d’angoisse de savoir quand ce sera terminé. Il faut reculer la petite tribune qui se trouve en face de la grande, sur les côtés ça va, et déplacer le terrain tout en gardant cet esprit du stade qui fait sa particularité et son charme. Il y a aussi différents agencements et le parking visiteur à prévoir, la vidéo-surveillance… C’est maintenant une question de planification. En cas de bonne surprise avec une montée en Ligue 2, ce serait un désastre de ne pas avoir un outil de travail opérationnel en tout début de saison prochaine ! C’est actuellement ma préoccupation principale.

L’affaire de la rumeur d’un retour de Fahd El Khoumisti : « On s’est expliqué avec Thierry Gomez (Le Mans) »

Fahd El Khoumisti, auteur de 20 buts la saison passée avec Concarneau, avait été élu meilleur joueur de National 2012-22 avant de signer au Mans. Visuel FFF

Je ne veux pas remettre une couche là-dessus mais j’ai eu Thierry Gomez, le président du Mans, au téléphone et on s’est expliqué. Le problème est réglé. Je lui ai dit que depuis que Fahd El Khoumisti est au Mans, je ne l’ai jamais eu au téléphone ou en texto, et que le coach et moi, on n’avait fait que répondre aux questions des journalistes qui se renseignaient de façon légitime en raison de la rumeur qui faisait revenir Fahd à Concarneau.

Mais j’ai précisé que le jour où il ne serait plus sous contrat au Mans, je l’accueillerai avec grand plaisir s’il le souhaite à Concarneau.

Didier Deschamps : « Tout notre soutien »

Je l’ai eu la semaine dernière (il y a maintenant deux semaines) au téléphone pour lui dire que j’étais très déçu de ne pas être dans sa liste de sélectionnés au poste de latéral gauche (ndlr : Jacques Piriou a joué jusqu’en D4 à l’USC et dans l’équipe des « Cadets de l’Ouest » avec Yvon Le Roux). Plus sérieusement, je lui ai souhaité bon courage pour la suite et assuré tout notre soutien, celui du club et de la ville (Didier Deschamps a un pied-à-terre à Concarneau).

Le match à Paris 13 ce soir : « Seul Avranches a gagné à Paris 13 »

Tous les matchs sont difficiles et notamment les déplacements, ça le sera évidemment aussi quand on ira en février-mars au Mans, à Nancy, à Versailles et à Châteauroux, ou plus tard au Red Star et ailleurs, mais là, en plus, c’est sur un synthétique et dans un environnement compliqué où FFF TV peut à peine filmer. Il n’y a que l’US Avranches de mon copain Gilbert Guérin qui a gagné à Paris 13 (0-1, le 23 septembre).

Ce soir, à 19h30, championnat National (journée 13) : Paris XIII Atletico – US Concarneau.

Lien pour voir le match : https://ffftv.fff.fr/video/6268626811001/j13-i-paris-13-atletico-us-concarneau-19h15-en-direct 

Capture d’écran D. V.

Jacques Piriou du tac au tac

« Quand il y a 4500 spectateurs à Guy-Piriou, il faut voir ça ! »

Photo Christian Rose Cornouaille photo

La plus grande émotion ?
Le quart de finale de la Coupe de France contre Guingamp à Lorient en 2015.

La pire émotion ?
Quand on avait dû attendre trois quarts d’heure, lors de la dernière journée, pour savoir si on se maintenait en CFA 2 ou si on descendait en DH (saison 2007-08)… Nous, on avait gagné contre Lorient B (3-1), mais ça dépendait d’un autre match qui se jouait à Brest (Brest B – Châteaubriant: 1-1) et qui avait commencé avec du retard.

Le plus beau stade au monde ?
Le plus mythique: le Maracana devant lequel je suis passé et le Camp Nou, c’est plus près, et là j’y suis allé plusieurs fois.

Avec Stéphane Le Mignan. Photo Fanch Hémrey.

Le plus beau stade en National ?
J’aime beaucoup celui d’Orléans car il est resté à taille humaine et il est bien foutu.

Le meilleur entraîneur de l’US Concarneau ?
Stéphane Le Mignan.

L’entraîneur que tu ne reprendrais pas ?
Je sais qui mais je ne le dirai pas. Il n’avait pas le diplôme pour entraîner à notre niveau et on ne le savait pas.

La plus belle causerie d’avant-match ?
Notre ancien entraîneur, Nicolas Cloarec, est très très fort pour ça. Je me souviens notamment de sa causerie en 1/8e de finale de la Coupe de France, à Croix (2015), quand on s’était qualifiés aux tirs au but (0-0, 4-1).

Photo D. V.

Une anecdote ?
En DH, l’équipe s’était déplacée à Léhon (Côtes d’Armor) pour jouer le samedi alors que le match était programmé le dimanche. Les gars étaient surpris qu’il n’y ait personne au stade et c’est le gardien qui les avait renseignés. On y est retourné le lendemain et on a pris 4-0.

Le meilleur joueur de l’US Concarneau ?
Dominique Le Gall, un avant-centre qui était pharmacien. Avec lui, on serait peut-être monté en 2e division à la place de Guingamp s’il avait fini la saison. Mais il avait été blessé en Coupe de France à Douarnenez (triple fracture de la mâchoire).

Le joueur que tu ne reprendrais pas ?
Je préfère ne pas répondre mais il y en a plusieurs à égalité.

La dernière plus grosse prime accordée ?
Une double prime pour la victoire contre Villefranche (4-1 le 21 octobre). C’était après notre qualification en Coupe de France contre Saint-Brieuc et comme on avait fait un public intéressant et que ça avait bien marché, ça me permettait de faire un petit geste commercial.

Avec l’entraîneur du milieu des années 2000, Živko Slijepčević. Photo Christian Rose Cornouaille photo

La plus grosse colère dans les vestiaires ?
Il y en a eu quelques unes et des mémorables mais ça date un peu. Il faudrait demander aux joueurs, certains s’en souviennent sûrement.

La plus grande troisième mi-temps ?
Après la victoire en Coupe de France (7e tour) contre le FC Nantes en 2009 (3-0). Je revenais d’Australie le matin donc ça a dû me faire 48h sans dormir.

Le top à l’US Concarneau ?
La communauté qui tourne autour du club : les bénévoles, les dirigeants, les accompagnateurs et le public. Il faut voir ça quand il y a 4500 spectateurs à Guy-Piriou !

Le flop à l’US Concarneau ?
Le décalage complet par rapport aux subventions attribuées par les collectivités. On est sur un global de 120 000 € contre une moyenne de 490 000 en National.

Le contact le plus connu dans ton répertoire téléphonique ?
Didier Deschamps.

Le dernier texto envoyé ?
Il regarde : A Jean-Guillaume Gloaguen, notre responsable de l’école de foot. Je lui demande si c’est vrai qu’il y a un arrêté municipal interdisant tous les terrains de Concarneau en raison de la météo.

Le dernier texto reçu ?
Il me répond que oui. Pour deux jours.

Le rêve de Jacques Piriou ?
Laisser le club le plus haut possible et dans les meilleures conditions le jour où j’arrêterai. Ce serait la satisfaction du travail accompli.

Le cauchemar de Jacques Piriou ?
Que les travaux au stade ne suivent pas suffisamment en cas d’accession en Ligue 2.

Texte : Denis Vergos / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr / Twitter : @2nivergos

Photo de couverture : Photo Fanch Hémery

Photos : Fanch Hémery, Pascal Priol, Christian Rose Cornouaille Photo et Denis Vergos.

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Amine Boutrah, « Je n’ai pas toujours eu le bon comportement » : https://13heuresfoot.fr/actualites/amine-boutrah-je-nai-pas-toujours-eu-le-bon-comportement/

Stéphane Le Mignan, la figure de proue de Concarneau : https://13heuresfoot.fr/actualites/stephane-le-mignan-la-figure-de-proue-de-concarneau/

Gilbert Guérin « On ne doit pas changer de braquet » : https://13heuresfoot.fr/actualites/gilbert-guerin-on-ne-doit-pas-changer-de-braquet/

A 37 ans, le défenseur est rentré chez lui, à Beauvais (National 2), là où tout a commencé. La boucle est bouclée après une carrière longue, riche et souvent mouvementée !

Lors de ses débuts en jeunes, à Beauvais.

« C’est en allant voir mon grand frère jouer au foot que ma passion est née » confie Romain Elie au moment d’évoquer ses premiers souvenirs liés au ballon rond.

C’est ainsi qu’il se retrouve, à 4 ans, à porter les couleurs de l’AS Beauvais Oise. « Avec Amiens, c’était le club phare de la région, le club de ma ville, et c’était surtout celui où tout le monde voulait évoluer. »

Il effectue toute sa formation chez les sang et neige, et commence comme attaquant – « J’étais vraiment pas mal, je marquais beaucoup de buts, mais dès qu’on est passé au foot à 11, je n’y arrivais plus » – avant de finir arrière gauche. « Je n’ai pas arrêté de reculer, heureusement je n’ai pas fini gardien » rigole-t-il !

Débuts pros au FC Rouen

Au FC Rouen

Romain doit toutefois quitter les sang et neige lors de sa dernière saison en moins de 18 ans car les Beauvaisiens ne lui propose pas de contrat professionnel. « J’étais un joueur moyen de l’équipe, pas le meilleur ça c’est sûr. Toutefois, dans tout ce que je faisais, que ce soit aux matchs, aux entraînements, j’étais toujours à 100-110%. C’est ce que j’essaie de faire comprendre aux plus jeunes, le talent ne suffit pas. Il n’y a qu’à voir, on connaît tous un joueur qui était au-dessus des autres et qui n’a jamais fait carrière. De mon côté, je pense que c’est cet état d’esprit et le fait d’avoir su tirer le maximum de mes capacités qui m’a permis de faire ma carrière. »

Une carrière qui commence à une petite centaine de kilomètres de chez lui, à Rouen. « Je venais d’avoir mon bac, et mes parents m’ont proposé un deal : ils me laissaient un an pour réussir dans le foot et m’aider en me payant l’appartement pendant cette période. Et si je n’y arrivais pas, je devais reprendre mes études. J’ai passé un essai concluant au FC Rouen pour rejoindre leurs moins de 18 ans qui venaient d’accéder au championnat National, et à la mi- saison j’ai intégré l’équipe fanion qui évoluait en Division 2. »

Une ascension express mêlée à un petit coup de pouce du destin. « J’étais venu pour être arrière gauche, et comme il y a eu une pénurie d’arrières centraux, le coach Yves Brecheteau m’y avait installé. Dès les premiers matchs j’étais sorti du lot et, honnêtement, si j’avais fais mes matchs à gauche, je ne pense pas que j’aurais percé. Comme quoi, une carrière se joue sur des détails… Il faut aussi de la réussite, même si tu ne peux pas baser une carrière uniquement sur cela. »

S’il termine la saison avec 5 apparitions en D2, il reprendra la saison d’après en National, avec Jean-Guy Wallemme, après la descente des Diables rouges. « J’ai voulu rester car je venais de découvrir le monde professionnel, c’était le club qui m’avait lancé, et j’avais besoin de temps de jeu. »

La plus belle saison de Raon-l’Etape

Photo AS Beauvais Oise.

S’il acquiert de l’expérience en disputant une dizaine de rencontres, Romain Elie ne peut éviter la nouvelle relégation des siens en CFA. « Les premiers pas en pros furent difficiles avec deux descentes d’affilée. J’aurais pu être le chat noir » rigole-t-il encore, des années plus tard.

A l’été 2005, il s’envole pour Raon l’Etape en National. « Je voulais rester en National et découvrir autre chose. Je me suis donc mis à chercher un club, non pas pour l’argent, mais où je pourrais jouer toute la saison. »
Titulaire dans les Vosges, il vit une saison pleine ( 35 matchs). « Je suis retourné au poste d’arrière gauche, et comme j’ai une grosse VMA, j’ai pris le couloir toute l’année et je me suis éclaté. Cela reste une des très belles saisons que je garde en mémoire, ce fut l’une des meilleures saisons du club (8e), et on a même flirté à un moment avec la Ligue 2. A côté, je me suis aussi fait des amis que je côtoie toujours. »

Révélé aux yeux de nombreux observateurs, « Nancy, alors en L1, était intéressé mais cela ne s’est pas fait », le Beauvaisien de naissance rejoint Boulogne (2006). « Même si je restais en National, c’était une étape de plus dans ma carrière car l’USBCO jouait la montée. Le fait qu’Hubert Fournier soit l’adjoint de Philippe Montanier a aussi eu un impact. Quand j’ai intégré la D2 à Rouen, lui finissait sa carrière. Il avait vu le petit jeune qui arrivait, il a sans doute dû me suivre par la suite, et c’est lui qui m’a dit de venir. »

Accession en Ligue 2 avec Boulogne

Sous le maillot de Charleroi.

Quelques mois plus tard, son choix s’avère payant : les Nordistes accèdent à la L2, et lui décroche le titre de « meilleur arrière gauche de National ». « C’était top, Greg Thil mettait but sur but (31) et moi les passes décisives. »
La suite est un peu moins drôle. « On m’a fait comprendre que malgré ma belle année, le club allait recruter un numéro 1 à mon poste et que je devriendrais le 1 bis. Je me revois partir dans le bureau du coach, regarder Montanier et Fournier et leur dire qu’il pouvait faire venir qui ils voulaient, que c’est moi qui jouerai, et c’est ce qu’il s’est passé. Rabuel a signé, il a commencé, j’ai pris sa place et nous avons fini la saison ensemble car il a fini milieu gauche. »

Malgré un maintien (16e) et 20 apparitions, l’intersaison 2008 est encore mouvementée. « On me dit qu’on ne va pas me renouveler car je n’ai pas assez progressé. Honnêtement, je l’ai mal pris car ce n’était pas cohérent avec la saison qui venait de se passer. En plus, je regardais ce qui se faisait à cette époque en Ligué 2, et j’étais le plus jeune arrière gauche (23 ans) à jouer. »

Contraint de partir avec « peu de contacts car, malgré ma vingtaine de matchs en D2, je manquais d’expérience, alors qu’aujourd’hui, dans pareille situation des clubs de L1 seraient intéressés », Romain prend finalement la direction de Gueugnon en National. « Hubert ( Fournier) voulait devenir entraîneur principal, donc il a rejoint Gueugnon qui venait d’être relégué de Ligue 2. De mon côté, je n’ai pas trop réfléchi, surtout que le club était encore professionnel, ce qui voulait dire contrat et statut professionnel. En plus de cela c’est un club un peu mythique, style Beauvais, et j’espérais remonter l’année suivante en Ligue 2 pour y refaire une saison pleine. Finalement, ça s’est mal passé, collectivement, ça s’est mal goupillé et on a joué le maintien. En plus, Hubert a été viré au bout de quelques mois. »

Malgré ce naufrage, il tire son épingle du jeu et est encore élu meilleur arrière gauche de National, avant de retrouver la Ligue 2 l’année suivante avec Arles. « J’avais réussi mon pari, même si je souhaitais le faire avec Gueugnon. »

Arles-Avignon : la magie puis le cauchemar

Avec Boulogne.

La suite appartient à la magie. Arles Avignon décroche son billet pour la Ligue 1. « Il y a des choses qui ne s’expliquent pas. Tout le monde nous voyait finir derniers de chez derniers ; et on peut faire 10 saisons avec le même effectif, sans doute qu’on descendrait 7 fois. Après, nous étions un mix entre des jeunes qui ont explosé comme Benjamin Psaume ou André Ayew, et des anciens revanchards comme Sébastien Piocelle ou Kaba Diawara, qui malgré leurs superbes carrières, étaient de supers mecs. Pareil, c’est la première et seule fois de ma carrière où nous nous retrouvions pour manger et partager des trucs dans la semaine, ça forge un groupe. »

Alors qu’il s’apprête, enfin, à goûter à la Ligue 1, à 25 ans, Romain déchante. « C’est simple, à l’été 2010, il y a eu l’épisode du bus de Knysna avec l’équipe de France et nous ! L’intersaison fut du grand n’importe quoi entre notre coach (Michel Estevan) qui se fait virer à la reprise, puis qui est rappelé ; nous qui attaquons la reprise avec seulement 8 joueurs présents… Pour nous qui venions du monde amateur et qui n’avions jamais connu ce niveau, qui plus est dans un club comme Arles Avignon où c’était à la bonne franquette, nous nous disions que c’était n’importe quoi, mais sans plus. Pour moi, la grosse erreur a été de tout vouloir changer. Le nouveau président (Marcel Salerno) a voulu empiler les noms, alors qu’en conservant notre ossature et en rajoutant 1 ou 2 joueurs par ligne, on aurait pu se sauver comme l’ont fait les autres promus cette année-là. »

Romain n’est pas de cette triste aventure : il rejoint Charleroi en prêt avant la fin du mercato estival. « Lors des 4 premières journées, l’équipe ne faisait que de perdre, et je ne jouais pas, il n’y avait pas de changements… Je ne prétendais pas à une place de titulaire, mais j’étais quand même dans l’équipe type la saison d’avant et j’avais été élu meilleur latéral gauche de L2. Mais ce qui m’a poussé à partir, c’est lors d’une semaine de match où je sentais que j’allais jouer, un article de presse allait même en ce sens, et au final, je n’ai pas joué. Le coach était venu me voir en me disant que c’était mieux ainsi, car lui allait partir dans quelques jours et que je devais en faire autant car je ne jouerais pas. Sur l’instant, j’ai bien fait, même si je suis convaincu que si j’étais resté, quelques semaines après j’aurais pu découvrir la L1. En tout cas, Charleroi est venu me chercher, et j’ai tout de suite accepté. C’était côté français, j’évoluais en Division 1, et dans ma stratégie de carrière, je m’étais dit que si je faisais une bonne saison, j’aurais pu attirer l’œil des gros clubs autour, d’autant plus que les Belges sont friands des transferts entre eux. »

La malédiction des « backs gauches »

Au Pontet, où il a passé quelques mois avant de signer à Nîmes.

Si les débuts se passent bien – « J’ai fait partie de l’équipe type de la première journée, et j’ai réussi à tirer mon épingle du jeu par la suite » -, la malchance arrive. « Je me suis fait les croisés, et même si je suis revenu vite ( 5 mois et demi après), cela a coupé l’élan de ma carrière, d’autant plus qu’ils sont descendus en L2 et que j’ai dû retourner à Arles Avignon. Le plus drôle dans tout cela, c’est qu’ils m’ont dit qu’il y avait une vraie malédiction avec les « backs gauches », qu’ils se faisaient tous les croisés. Il y avait même un article qui dressait le listing, et j’y ai rajouté mon nom. »

De retour dans les Bouches-du-Rhône, Romain Elie vit « encore » une drôle de mésaventure. « La préparation se passe bien, je suis titulaire et le président, toujours le même (Salerno), vient me voir et me dit qu’il y a un problème, car avec la relégation, les joueurs ont perdu 20-30% sur leur salaire, alors que moi j’avais une augmentation de 30%. J’ai beau lui avoir expliqué que quand nous étions monté en L1, c’est lui qui m’avait prolongé avec un salaire sur 2 ans sans clause, il n’a rien voulu savoir et m’a dit que tant que ce n’était pas réglé, je n’aurais ni le droit de jouer, ni le droit de m’entraîner.
Heureusement, l’un de mes coéquipiers, Bobo Baldé, avait connu la même chose en Ecosse, au Celtic, et il a dit que si je ne m’entraînais pas, personne ne s’entraînerait. Les gars ont été solidaires et ont suivi. Nous avons rediscuté avec le président, et je lui ai dit que je voulais bien baisser mon salaire, à condition qu’il me donne trois ans de contrat pour que je m’inscrive dans le club. Au final nous ne nous sommes pas entendus, et comme la date des transferts était passée, je n’avais plus de possibilité de partir. Alors il m’a dit « Si le coach veut te faire jouer, tu joues. Et j’ai tout joué sans rien toucher à mon salaire » rigole-t-il. Après, je pense surtout que le président était très mal conseillé, car dans le fond il n’était pas méchant. »

Levski Sofia, le « Marseille bulgare »

Depuis 2020, Romain est rentré chez lui, à Beauvais. Photo L’observateur de Beauvais.

Malgré 27 nouvelles apparitions en L2, Romain Elie est, « à ma grande surprise, pas conservé l’année suivante. » Arrive alors une proposition pour le moins surprenante. « J’ai été contacté via Facebook par un agent qui me disait que le Levski Sofia (Bulgarie) cherchait un défenseur, que leurs dirigeants s’étaient un peu renseigné sur moi et qu’ils m’avaient fait une proposition. Je me souviens avoir dit à ma femme de ne pas s’inquiéter, que j’allais juste voir les installations et que je revenais. Sauf que sur place, l’agent me dit qu’il y a un quiproquo, car les dirigeants étaient persuadés que j’allais signer. Alors oui les termes du contrat m’allaient, mais il fallait quand même que j’en discute avec mes proches car c’était un changement de vie. Je n’en ai pas eu l’occasion, car je me suis retrouvé devant le fait accompli à devoir signer, rester sur place, m’entraîner et partir en stage dans la foulée. »

En Bulgarie, au sein « du Marseille bulgare », Romain Elie confie avoir « l’impression de jouer au foot. Autant en France c’est très physique, que là-bas, c’est essentiellement basé sur la technique et le contrôle-passe. Pour l’anecdote, lors de notre premier amical, je vois notre attaquant partir et je tente un jeu long. Je me suis fait incendier car ils ne veulent que du jeu court. Il y a pas mal de talents là-bas et on ne s’en rend pas compte, car quand vous jouez dans des pays qui ne sont pas collés à la France, on a l’impression que vous venez de D5, alors que ce sont ces mêmes clubs qui tapent les L1 en Coupe d’Europe. Quant aux supporters, cela dépasse l’entendement. Autant quand vous êtes dans la rue, vous êtes tranquille car il n’y a pas de délinquance ; mais alors dans les stade,s c’est chaud, il n’y a pas de limites. Je me souviens d’un match où nous avions fait un nul contre une petite équipe. Sur le chemin du retour, les supporters avaient fait un barrage, le bus s’est arrêté, les supporters sont rentrés et voulaient nous faire sortir. L’adjoint s’est pris des claques et la police est arrivée. Pareil après une autre contre performance, nous avons mis 3 heures avant de pouvoir sortir du stade. Par contre, quand ça gagne, c’est génial. Ici ce n’est pas un public, c’est des supporters. En plein match, j’ai vu un feu d’artifice autour du stade. Aller en Bulgarie m’a permis de relativiser et de me dire que la France, c’est très bien. Quand vous voyez les banques, les centres commerciaux, c’est beau, mais j’ai vu des maisons sans fenêtre. »

La saison suivante, « Le président a voulu faire du ménage en se débarrassant des étrangers qui avaient les plus gros salaires. J’ai alors reçu une offre d’Azerbaïdjan, sans doute le plus beau contrat de ma carrière, mais j’ai dit non pour ne pas partir tout seul, d’autant plus que ma femme était enceinte de notre deuxième enfant et que, avec les matchs et les mises au vert, je n’avais été là que 2-3 jours par semaine à la maison lors de notre période en Bulgarie. J’ai donc privilégié la famille. »

Première recrue à Nîmes mais contrat non homologué !

A l’entraînement, sous le maillot de l’ASBO. Photo L’observateur de Beauvais.

Et un retour vers la France à l’été 2013. Un retour qui ne pouvait qu’être marqué par un nouvel épisode à rebondissement. « Je souhaitais retrouver un salaire similaire à celui que j’avais avant de partir, mais j’ai vite vu que je n’étais plus en phase avec le marché, car les salaires de L2 commençaient à se dégrader. J’ai attendu jusqu’au dernier moment avec mon agent, mais au final je n’ai rien eu. Je me suis donc retrouvé au chômage, mais mon ancien président à Arles (Jean-Marc Conrad, le prédécesseur de Marcel Salerrno) me dit qu’il va racheter Nîmes et qu’il veut me faire signer là-bas. Septembre, Octobre, Novembre passent et le rachat ne se fait pas. En Janvier, il me fait venir à Nîmes, à l’hôtel, car l’officialisation va se faire et qu’il faut que je signe dans la foulée. Sauf qu’encore une fois, rien ne se fait. Je signe donc en urgence, le 31 Janvier, au Pontet ( CFA). Il me promet que je serai sa première recrue, mais je n’y crois plus. Finalement le rachat se fait en Mars-Avril et je signe derrière avant la reprise de la saison… pour un montant qui était divisé par deux. »

S’arrêter à ce simple détail serait trop facile. « Le club enregistre une dizaine d’autres recrues, et alors que la saison s’apprête à commencer, le directeur sportif, qui était mon agent, vient me voir à quelques jours du match d’ouverture pour me dire que mon contrat n’est pas homologué. C’est-à-dire que j’ étais la première recrue, mais qu’ils ont fait passer tout le monde avant moi. Il y avait quand même mon agent et mon ex-président ; à la base ils doivent tout faire pour moi. Là ils m’ont tué psychologiquement, et la veille j’apprends que mon contrat est finalement homologué et que je suis titulaire. Inconsciemment un truc s’est cassé, et même si nous avons gagné, j’ai commis une énorme boulette à domicile, aux Costières. J’ai mis 6-7 mois à sortir la tête de l’eau, car durant cette période je jouais avec des doutes et je n’étais plus le même. Finalement je finis bien, et je récupère même le brassard en début de saison suivante. »

Sauf que le destin et la malchance viennent une nouvelle fois à sa rencontre. « Je me pète le pectiné et suis absent un gros mois. Sauf qu’un nouveau coach arrive (Bernard Blaquart) et me dit qu’il veut réduire le groupe et qu’il ne veut plus de moi. J’ai fini les 6 derniers mois avec la réserve. »

Quatre ans au Puy, son plus long bail !

Sous le maillot du Puy Foot, celui qu’il a le plus longtemps porté. Photo S. Ricou

Parti sur un sentiment d’inachevé – « Nîmes était le club que je voulais le plus et c’est celui où j’ai le moins réussi » -, Romain Elie rebondira en CFA au Puy-en-Velay. « J’étais un peu dégoûté de ce que je venais de vivre, et je recherchais une ambiance plus conviviale, tranquille. C’est alors que Le Puy m’a contacté en me proposant un contrat de 3 ans alors que j’avais 31 ans. Mon pote Benjamin Psaume, que j’avais connu à Boulogne et à Arles, a fini de me convaincre avec un projet où l’idée était de rejoindre le National sur 3 ans. Au final ce fut une super aventure, c’est là où je suis resté le plus longtemps (4 ans) et nous avons connu cette fameuse montée. Humainement, c’était top, il n’y avait pas de pression, peu de public, et que des gens adorables à l’image du président (Christophe Gauthier), qui même lorsque nous perdions, nous faisait des câlins alors qu’il aurait dû nous taper sur les doigts. »

Toujours aussi performant, Romain Elie quitte l’Auvergne au printemps 2020 pour revenir boucler la boucle, à 35 ans, du côté de l’AS Beauvais Oise. « Quand nous sommes montés en National avec Le Puy, le club m’a offert une prolongation de contrat de 3 ans, ce qui était exceptionnel étant donné que j’étais âgé de 34 ans. Malheureusement avec la Covid, le club a été relégué administrativement, et mes années de contrat n’étaient valables qu’en cas de maintien. Le club voulait alors renouveler son effectif, et même si nous étions un peu dans le flou avec la crise sanitaire, je n’ai pas senti qu’ils voulaient me verrouiller. J’ai donc pris les devants et lors d’un rendez-vous avec le directeur sportif et le coach, je leur ai dit que j’allais partir à Beauvais, quand bien même je divisais mon salaire par deux. C’était un choix de vie, qui me permettait à la fois de conjuguer ma vie professionnelle, car c’était pour moi l’occasion de boucler la boucle en jouant enfin en seniors à Beauvais, tout en pouvant gérer à côté mes investissements immobiliers sur Amiens. De l’autre côté, j’ai ma belle famille qui est sur Beauvais, les enfants n’ont jamais eu papy-mamie à côté ; donc honnêtement rien ne pouvait rivaliser avec. »

Romain Elie du tac au tac

« En Bulgarie, c’était un peu le folklore ! »

Meilleur souvenir ?
La montée en L1 avec Arles Avignon.

Plus grande émotion ?
Pour être honnête, ce n’est pas la montée en L1 avec Arles justement… Mais c’est quand nous nous sommes maintenus en L2 avec Boulogne lors de la dernière minute de la dernière journée face à Niort (victoire 1-0, but de Perrinelle à la 90e), l’ascenseur émotionnel fut intense. On n’y croyait plus du tout, et au final il y a eu ce miracle à la fin qui nous a fait passer de la peur à la joie.

Pire souvenir ?
Il y a celui de ne pas avoir eu ma chance en L1 alors que je pensais la mériter et aussi la perte des 2 titres avec le Levski Sofia ( Coupe de Bulgarie et Championnat), car cela aurait tout simplement pu m’ouvrir les portes de la Ligue des Champions.

Le coach le plus marquant ?
Hubert Fournier car c’est un peu mon père, dans le sens où il m’a pris à Boulogne, à Gueugnon et qu’il me voulait même à Reims ; mais vu que le président avait déjà fait un deal avec un autre joueur cela ne s’était pas fait. Il m’a aussi appris pas mal de trucs défensivement.

La causerie plus marquante ?
Avec Michel Estevan, nous rentrions sur le terrain avec la bave. Sinon je me souviens de celle Roland Vieira avec Le Puy lors du match de la montée en National en 2019. Il s’était inspiré de celle de Pascal Dupraz avec les vidéos des proches ; c’était marquant et quelques larmes ont coulé avant la rencontre.

Le coéquipier le plus fort ?
Benjamin Psaume était énorme, André Ayew, qui même s’il était encore jeune était un très bon joueur chez qui nous sentions de suite quelque chose. Greg Thil à son apogée lorsqu’il mettait but sur but, c’était quelque chose. Enfin même si je ne l’ai connu qu’à sa fin de carrière, Sébastien Piocelle c’était très fort techniquement.

Ton adversaire le plus fort ?
Je me souviens qu’Olivier Giroud nous avait mis un quadruplé. Côté « grands noms », j’ai eu Pavlyuchenko au marquage mais il ne m’avait pas tant marqué que ça. Je galérais pas mal face à Langil (ex-Auxerre, Caen, Valenciennes…) car il allait très vite. Enfin Kévin Anin ( ex Le Havre, Sochaux, Nice) était puissant. Je me souviens avoir goûté à son épaule, il m’avait fait valser.

Une dernière anecdote ?
Je venais d’arriver au Levski et nous nous étions fait éliminer des qualifications pour l’Europa League. Le lundi, le président arrive dans les vestiaires et nous dit que si nous ne gagnons pas nos 6 prochains matchs, nous aurons 50% en moins sur nos salaires jusqu’à la fin d’année. Je regarde autour de moi, et je vois que personne ne dit rien et que tout le monde acquiesce. En France, ça n’existe pas ; et au final je ne sais pas s’il l’aurait fait car nous avons gagné nos 6 matchs ; mais voilà cela fait partie du folklore bulgare !

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Texte : Thibault Hannicq / Mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : T. H., L’observateur de Beauvais, Sébastien Ricou et AS Beauvais Oise