La reconstruction est en marche dans la capitale mondiale des Festivals ! Avec 12 points d’avance sur le 2e, les joueurs de Jean-Noël Cabezas n’ont jamais été en aussi bonne posture pour monter en N2, niveau quitté en 2014 après un dépôt de bilan. Avant de viser plus haut ?

Le 11 cannois au coup d’envoi samedi dernier.

Vous en connaissez beaucoup, vous, des clubs qui font 700 à 800 spectateurs pour un match de National 3 ? Vous en connaissez beaucoup des clubs qui, à onze journées de la fin de la saison, célèbrent une victoire – la 11e en 13 rencontres* – un peu comme on célèbre une accession ? Des clubs de ce niveau là qui fonctionnent en SAS (société par actions simplifiées) et où les joueurs ne font que du foot, exactement comme en National ? Qui suscitent autant d’intérêts de la part de repreneurs (la présidente, Anny Courtade, aurait reçu une quarantaine de projets de reprise) ?

Bien sûr que non. Car en National 3, l’AS Cannes dépareille. Est unique. C’est que le club de La Croisette n’est pas n’importe quel club ! Cannes, c’est un passé immense : deux participations à la coupe d’Europe de l’UEFA (1991, 1994), dix ans de présence en première division à la fin des années 80 jusqu’à la fin des années 90, deux coupes Gambardella (dont la dernière, en 1995, avec une pléiade de futurs pros), une coupe de France et, surtout, le meilleur centre de formation français, qui a sorti d’immenses joueurs…

Ce passé si lointain, on le ressent bien sûr dans ce stade Coubertin qui a vu passer tant de grands joueurs, sur les murs des couloirs où sont placardées les photos des différentes épopées, tel un petit musée à ciel ouvert – voir le site museeascannesfootball.fr -, et même dans le staff, où François Lemasson, l’entraîneur des gardiens, demeure le témoin privilégié des années 90, quand il gardait les cages des Rouge et blanc en Division 2 tout d’abord (1992-93), en Division 1 ensuite (1993 à 1997).

La déclaration qui met le feu

L’entraîneur, Jean-Noël Cabezas.

Mais Cannes, c’est aussi une longue, très longue descente aux enfers. 1998 : relégation en Division 2. 2001 : relégation en National. 2002 : l’équipe manque le coche en s’inclinant face à Valence à Coubertin dans le match de la montée, à la dernière journée.

Puis elle stagnera neuf ans de suite à cet échelon ! 2011 : rétrogradation administrative en CFA (N2). 2014 : dépôt de bilan et direction la Division d’Honneur Régionale (R2), quelques semaines seulement après une superbe campagne de coupe de France (1/4 de finale, battu par Guingamp) et des qualifications historiques face à Saint-Etienne (L1), Montpellier (L1) et aussi Troyes (L2).

Depuis près de 10 ans maintenant, le club floqué de l’emblème du dragon se reconstruit. Tente de retrouver un niveau plus en rapport avec son histoire, son palmarès et ses structures : le stade Coubertin, même amputé de deux tribunes, ressemble plus à un stade de Ligue 2 que de National 3…

Une minute de silence a été observée avant le match face à Rousset en hommage à Charly Loubet.

La remontée ne va sans doute pas aussi vite que certains le voudraient, mais les années Covid n’ont pas aidé et, surtout, le club tour à tour repris par Johan Micoud puis Anny Courtade (83 ans) est aussi tombé sur une sacrée adversité, à l’image de Furiani la saison passée.

Et la présence du Gazelec Ajaccio cette saison, qui avait bâti une équipe pour monter avant d’être placé en liquidation judiciaire le mois dernier, n’augurait rien de bon pour les joueurs de Jean-Noël Cabezas, attendus partout, notamment sur l’Ile de Beauté. Surtout après les déclarations du coach, au sortir d’une défaite 2 à 1 au Gazelec, chez nos amis de FootAmateur, en novembre dernier : « Il s’est passé là-bas (au Gazelec Ajaccio) des choses qui ne doivent pas se passer, ça ne reste que du football, on est tous des compétiteurs, on n’aime pas perdre, mais il ne faut pas que ça aille trop loin. Aujourd’hui, je suis entraîneur, et aussi protecteur de mes joueurs. Je n’aime pas quand ils se font… (il coupe) Mais j’assume ce que j’ai dit. »

Madar, héros ou bourreau ?

Pour l’heure, c’est l’AS Cannes qui assume plutôt très bien son statut de favori du championnat, surtout depuis le retrait du Gazelec, qui aurait sans doute été l’équipe poil à gratter de la poule. C’est simple, leader avec 12 points d’avance sur le 2e, l’équipe azuréenne n’a pas été à pareille fête depuis… Depuis quand déjà ? Depuis ses deux précédentes accessions, de DHR en DH avec Manu Nogueira aux manettes, en 2015, puis de DH en CFA2 (N3) avec Mickaël Marsiglia, en 2017. Et encore, elle a perdu du temps : en 2016, première en DH à l’issue de la saison, elle avait gagné le droit de monter après un dernier succès 3 à 0 face à Ardziv avant de finalement perdre ce match sur tapis vert, le coach Mickaël Madar ayant fait rentrer un joueur suspendu (Charles Lyah Bi Irie, à la 70e minute). Madar, qui quelques jours avant ce match, s’était vu informer de sa non-reconduction à la tête de l’équipe. Tirez-en les conclusions que vous voulez… Toujours est-il que c’est le voisin du RC Grasse, 2e de DH, qui a profité de l’aubaine pour monter en CFA2 !

Des adversaires en surrégime ?

Après le succès face à Rousset, samedi.

A Cannes, la reconstruction est en marche, mais elle est un peu plus longue que prévu. Mais depuis samedi et son difficile succès face à Rousset (2-1), les Rouge et blanc sont sur la voie royale avec 12 points d’avance, un écart colossal que l’on ne trouve dans aucune autre poule de National 3 !

A onze journée de la fin, les Dragons ont quatre jokers mais assurent ne pas compter le nombre de victoires encore nécessaires pour retrouver le National 2 quitté voilà déjà 9 ans. « Il faut rester humble, sinon on le paie cash, tempère Jean-Noël Cabezas, arrivé au club début janvier 2020 pour remplacer Ludovic Pollet, avec pour mission d’assurer un maintien mal embarqué en N3; Sincèrement, on résonne match par match, et là, on se concentre sur le prochain (à Carnoux, samedi), c’est la vérité. C’est compliqué de se projeter plus loin. On vient juste d’entamer la phase retour, même si on a de l’avance, c’est bien, mais les joueurs le savent, on ne doit pas relâcher l’engagement, la bonne agressivité et l’intensité à l’entraînement. Il faut continuer à faire les efforts. Et c’est mon rôle de leur dire, de les prévenir. On a bien vu, face à Rousset que, après avoir marqué d’entrée (au bout de 21 secondes !), on s’est relâché, et c’est devenu compliqué. Et puis, je me suis aperçu d’une chose : à chaque fois que l’on a visionné un adversaire en vidéo, eh bien, une fois face à nous, ce n’était pas du tout conforme à ce que l’on avait vu. En fait, à chaque fois, nos adversaires sont un peu en surrégime. Mais c’est comme ça, ils veulent tous essayer de battre l’AS Cannes, et c’est normal ».

Redonner une identité

Le gardien Lucas Mocio.

Peu de gens le savent, mais celui que l’on surnomme aussi bien « Jeannot », « Nono » ou même « Cabezou », en est déjà à son troisième bail à Cannes ! Le premier remonte au milieu des années 80 : alors qu’il n’a que 17 ans, Jean-Noël Cabezas évolue déjà en seniors à Vallauris, à 25 minutes de Cannes-La-Bocca : il s’entraîne la journée avec le centre de formation de l’AS Cannes, et le soir avec son club.

Un peu plus tard, en 1994, alors que Cannes est remonté en Division 1, il est de retour après avoir joué à Annecy (D2), terminé meilleur buteur de D3  avec Vallauris, disputé deux saisons à Alès en Division 2 et aussi brillé sous les couleurs toulonnaises (20 buts en 20 matchs de National en 1993-1994).

Mais il n’est que très rarement utilisé par Safet Susic : « Avec Vallauris, on est monté de DH en D4 puis de D4 en D3, on avait beaucoup d’anciens joueurs pros de l’OGC Nice, et aussi Hervé Renard. Quand je suis revenu à Cannes en Division 1, je ne jouais pas trop et franchement… De ne pas jouer… Je ne n’aimais pas trop ça et j ai demandé à repartir à Toulon. »

Evidemment, Cabezas espère que sa troisième expérience dans la cité des Festivals sera marquée du sceau de l’accession en National 2. « C’est la présidente, Anny Courtade, qui m’a contacté par l’intermédiaire de Jo Flachi. J’avais eu des propositions en National 2, et d’autres en N3, mais venir à Cannes, ça me tenait à coeur. »

A Cannes, il entend aussi redonner une identité à son équipe, et pour cela, il n’hésitera pas à lancer des jeunes cannois ou enrôler quelques « locaux » ou « régionaux », à l’instar de l’expérimenté Lorenzo Vinci (Grasse, Bastia B, Nice B), du jeune buteur Stanislas Kielt ou encore d’Enzo Peirano. « Si on avait plus de Cannois en équipe fanion, ça donnerait une plus grande identité au club ».

Un côté formateur

Communion avec les supporters.

C’est que le coach ne cache pas son âme de formateur. A Clermont Foot, le club où il a terminé sa carrière de joueur sur une accession de National en Ligue 2 (en 2002), et où il a passé 17 saisons, il a encadré le centre de formation, les U19 Nationaux et l’équipe réserve. Il a aussi été entraîneur des attaquants et entraîneur adjoint en Ligue 2 : « J’ai occupé pas mal de postes à Clermont, et c’est vrai que j’ai vu passer beaucoup de bons joueurs, dont certains n’ont pas eu la chance de passer pro, je pense à mon capitaine Cédric Goncalves, et j’en ai récupéré d’autres, avec une bonne mentalité, c’est essentiel. Ici, à Cannes, je suis responsable des deux équipes seniors (l’équipe réserve, entraînée par Daniel Buti, évolue en Régional 2), et je garde aussi un oeil sur les U19 Nationaux, où Laurent Piombo fait du bon travail. L’AS Cannes, avant, c’était la formation. Et j’espère qu’elle va reprendre, pour aider l’équipe une. On essaie de valoriser ce travail. »

Les voyants sont donc au vert… à ceci près que l’on ne sait toujours pas si le club sera vendu ou non. Car à Coubertin, le dossier de la reprise revient comme un feuilleton. Voilà près d’un an, il devait être racheté par l’Américain Dan Friedkin, un milliardaire déjà propriétaire de l’AS Roma. Pour l’heure, autour d’Anny Courtade, l’équipe dirigeante oeuvre pour mettre le club sur les bons rails avant, éventuellement, l’arrivée d’un nouvel actionnaire. Et cela n’empêche pas le staff de travailler, d’avancer, sans se poser la question de son avenir : « Vendu, pas vendu ? On entend des bruits, répond Cabezas. Vous savez, on n’est pas trop au courant, on en parle entre nous mais bon, nous, on fait notre job, et puis dans ce métier, on sait quand on signe, moi j’ai signé c’était un mois de décembre, puis on voit si on reste, et puis on continue. Regardez cette année, ça a été la valse des coachs, alors… »

Jean-Noël Cabezas, du tac au tac

« Je suis un entraîneur exigeant »

Meilleur souvenir sportif  ?
Joueur, avec Toulon, en coupe, on avait éliminé Bordeaux et Zidane, et entraîneur, on avait éliminé Marseille avec Andrézieux.

Pire souvenir sportif ?
Le décès de Clément Pinault (joueur de Clermont, en 2009). Terrible.

Première fois dans un grand stade ?
C’était à Marseille. J’allais voir tous les matchs au Vélodrome, et j’allais même aux entraînements quand j’étais jeune.

Pourquoi avez-vous choisi d’être avant-centre ?
Au départ, j’étais numéro 10, en jeunes, et en seniors, à Vallauris, y’a eu un attaquant, Bernard Grax, qui s’est blessé, et j’ai joué à son poste.

Vous êtes né à Martigues mais vous n’y avez jamais joué…
Martigues, j y suis juste né et j’ai toujours vécu à Marseille, où j’ai commencé au quartier de La Barasse, à Saint Marcel et à l’US Rouet, un bon club de jeunes, avant de venir à Vallauris, grâce à Jo Flachi, qui était lui aussi à l’US Rouet. Je n’étais pas encore senior et je jouais en DH. J’ai fini meilleur buteur en D3, et ça a lancé ma carrière.

Un geste technique préféré ?
Ce n’est pas un geste technique, c’est un style de jeu; moi j’aimais bien, couper les trajectoires, j’étais à la finition, j’aimais être à l’affût, être là au bon endroit au bon moment.

Qualités et défauts sur un terrain ?
J’avais mauvais caractère avec mes partenaires parfois, j’étais exigeant avec eux, y’avait pas mal d’accrochages. Mais j’étais un combattant.

Jean-Noël Cabezas et Derek Decamps.

Le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
J’ai connu beaucoup de montées, de DH jusqu’en Ligue 1, avec Troyes. A Vallauris, c’était vraiment le niveau amateur, mais avec des ex-pros comme René Bocchi, Pedro Ascery, Georges Barelli, Christian Cappadona, plein d’anciens niçois, on avait une belle équipe, ça jouait vraiment bien au ballon, mais je garde vraiment un bon souvenir de Toulon.

Entraîneur, le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
A Clermont j’étais plus formateur, j’avais une double casquette, et après, quand je touchais le haut niveau, la Ligue 2, il fallait gagner des matchs, c’était différent, mais de faire les deux, ça m’a beaucoup apporté en termes d’exigence notamment. Quand je suis arrivé à Clermont, en National, le club était amateur, il s’est professionnalisé au fil du temps.

Le club où vous auriez rêvé de jouer ?
Mes origines espagnoles font que j aime bien le Barça.

Que vous a-t-il manqué pour jouer plus haut qu’en Division 2 ?
Quand je suis venu à Cannes, le club était en Ligue 1, mais j’ai très peu joué, je n’ai pas eu vraiment ma chance, c’est pour ça que je ne supportais pas cette situation, je préférais jouer en L2, il m a manqué aussi de la patience.

Le joueur adverse qui vous a le plus impressionné ?
Zidane. Et aussi, Patrick Vieira, par sa maturité, si jeune, je l’ai côtoyé à Cannes.

Un coéquipier marquant ?
Didier Rabat à Toulon.

Un joueur avec lequel vous aviez le meilleur feeling sur le terrain ?
Sladan Dukic à Troyes.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Y’en a beaucoup, mais un seul… Désiré Périatambée.

Decamps et Cabezas.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Alain Perrin, il me disait « tu seras entraîneur », il sentait que j’avais la fibre. Et aussi Luigi Alfano, il avait un franc parler que j’aimais beaucoup, il m’a beaucoup aidé à Toulon.

Un président marquant ?
Alain Dalan, mon premier président à Clermont, il avait repris le club dans les années 90 et était reparti de zéro, un homme de paroles. Avec lui, on se serrait la main, et on savait que le contrat était validé. C’était un peu à l’ancienne mais bon, voilà… Avec lui, on a fait la montée de National en Ligue 2, et il m’a fait monter chez les pros pour m’occuper des attaquants.

Le stade Coubertin, en coupe de France, la saison passée.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Romain Saïss, je suis allé le chercher à Valence, quand j’étais à Clermont; il m’a fait confiance, on lui a fait changer de poste, et là… Il est demi finaliste de la coupe du Monde, c ‘est beau. Il n’oublie pas d’où il vient.

Une devise ?
Je n’ai pas vraiment de devise. Je dis souvent « On ne lâche pas ! » Ou alors, « le soleil brille toujours » ! Il faut savoir faire le dos rond pour ensuite avoir le soleil !

Un chiffre ?
Le 9.

Un plat ?
La paella avec une bonne bière.

Un modèle de coach ?
Guardiola, parce qu’il innove, avec la façon qu’il a de faire entrer les défenseurs à l’intérieur, d’apporter le surnombre, c’est celui que je regarde le plus. Arsène Wenger aussi, il est complet et visionnaire. Il va au-delà du rôle d’entraîneur et j’aime bien ce qu’il fait.

Le stade Coubertin, en coupe de France, la saison passée.

Terminez la phrase en un mot : vous êtes un entraîneur plutôt …
exigeant.

Un modèle de joueur ?
Van Basten.

Complétez la phrase  : l’AS Cannes est un club plutôt…
Sain.
Le métier d’entraîneur est plutôt …
Compliqué.

Le milieu du foot est …
En pro, à cause de l’argent, c’est compliqué au niveau des mentalités, sinon, en amateur, ce que je n’aime pas, c’est quand on dépasse les règles.

Anny Courtade, la présidente.

Un jour, entraîneur à … Martigues ?
Je vais vous faire une confidence : j’ai failli entraîner Martigues, c’était juste après mon départ de Clermont, en 2017, j’avais signé mon contrat, mais je l’ai déchiré : le recrutement n’était pas celui que je voulais; c’était à l’époque de Baptiste Giabiconi, ça sentait mauvais, j’ai préféré ne pas y aller.

Un mot pour terminer ?
Oui. Pour mon staff. Je veux leur rendre hommage et souligner leur travail. Derek (Decamps), l’adjoint, Rosette (Germano, préparation physique), François (Lemasson, entraîneur des gardiens) et aussi Patrice (Guinard, intendant) et Anthony (Samoud, osthéo). Nous sommes un staff solidaire. Qui s’entend bien. On n’est pas toujours d’accord, on a nos caractères, c’est normal, mais on se dit les choses.

Un mot pour ma présidente Anny Courtade aussi, pour tout ce qu’elle nous a permis de mettre en place : on s’entraîne le matin, les joueurs sont placés dans des conditions optimales, on a eu le recrutement que l’on souhaitait. On a vraiment une grande sérénité de travail et cela se ressent dans les résultats. Si ça rajoute de la pression ? Oui, mais c’est une bonne pression !

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : AS Cannes / Kevin Mesa

Lire aussi un autre article sur l’AS Cannes : https://13heuresfoot.fr/actualites/steven-paulle/

🕐 Merci !

👏 Merci au magazine / site web / réseau SPORT STRATEGIES (spécialisé dans le marketing sportif et la communication) et à Julian Dupraz pour cette belle mise en valeur de notre projet, né de ma volonté de parler, autrement, du football « d’en bas », celui qui n’a que trop rarement sa place dans les grands quotidiens, hebdomadaires ou mensuels spécialisés.

Depuis près de six mois, 13heuresfoot donne la parole, au travers de reportages ou interviews longs formats, aux acteurs moins connus qui font le foot aussi bien en Régional 2 qu’en National 2 ou même en Ligue 2 !

Merci aussi à ceux qui m’accompagnent depuis le début du projet, particulièrement Laurent Pruneta ! Sans oublier mes précieux compères Denis Vergos , Jean Michel Rouet, Clément Maillard, Alexandre Plumey , Julien Leduc , Aurel Tri , Thibault Hannick et les p’tits jeunes Emile Pawlik et Timothée Coufourierr !

Merci aussi à notre parrain Fabien Mercadal dont le parcours colle parfaitement à la philosophie de ce que je n’ai pas peur d’appeler « ce nouveau média » !

🖊 Je vous donne rendez-vous demain, mercredi, à 13 heures, « à l’heure du déjeuner » comme l’a si bien écrit Julian, « à l’heure du journal TV », comme je le dis souvent, pour un sujet « grand format » sur un club « historique » du foot français, qui évolue aujourd’hui en National 3 ! Vous avez une idée du nom du club ?

🚨 A bientôt, pour de nouvelles aventures ! Et merci d’être de plus en plus nombreux à nous suivre, aussi bien sur le site, que sur nos réseaux sociaux :

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A 33 ans, l’attaquant a bouclé la boucle : il est rentré chez lui, à Lens, après une dernière expérience avortée en National, à Villefranche. Mais il n’a pas tout a fait coupé avec le foot : il a signé à Arras, en Régional 1, où il a retrouvé Colbert Marlot, l’un de ses formateurs à La Gaillette !

Réaliser une interview de Medhy Guezoui, c’est l’assurance de passer un bon moment. C’est l’assurance de rigoler. Mais c’est aussi du sport ! Car il faut s’armer de patience avant de l’avoir au bout du fil, ou plutôt en webcam (l’entretien a été réalisé en visio).

Finalement, après deux jours passés à s’envoyer des textos, à se filer des rencards à 8h, à 20h et même à minuit (!), il est là, sur l’écran, et cela valait le coup d’attendre !

Depuis qu’il a quitté le foot professionnel et le FC Villefranche Beaujolais (National) le mois dernier, le natif de Lens, âgé de 33 ans, est un homme pressé. Débordé. Très occupé par sa vie familiale, la paperasse, les projets (à la fois immobilier et entrepreneurial), et aussi… le foot. Encore le foot ! Toujours le foot ! Il vient de rejoint Arras, en Régional 1, où il a retrouvé l’un de ses formateurs au RC Lens, Colbert Marlot. Un joli clin d’oeil.

« En fait, à Villefranche, ça n’a pas matché. J’arrive, je me blesse au bout de trois jours, je reprends, je rechute, c’était compliqué, j’ai bientôt 34 ans, raconte celui que Bruno Luzi, son entraîneur à Chambly, n’avait pas hésité à comparer, toutes proportions gardées, à Olivier Giroud, dans les colonnes du Parisien (« Guezoui, c’est notre Olivier Giroud  » !)

« On a décidé avec ma famille de rentrer chez nous, à Lens, mais j’avais encore envie de jouer. J’ai eu quelques propositions, en National 2, mais sincèrement, je ne me voyais pas encore repartir. Et puis ça fait un an et demi que j’ai des petits bobos. Alors j’ai regardé les clubs autour de Lens, et puis j’ai vu que Colbert Marlot entraînait à Arras. Je l’ai contacté, et puis voilà. »

Pour son premier match, il y a 8 jours, sous ses nouvelles couleurs, face à Aire-sur-la-Lys, il a marqué, mais son équipe, mal en point(s) en championnat, a concédé le nul 3-3.

« La porte du RC Lens a été dure à ouvrir ! »

Sous le maillot du RC Lens, en CFA. Photo DR

Après l’officialisation de son départ de Villefranche, l’attaquant aux 400 matchs (de L2 à N2) et à la centaine de buts inscrits, élu meilleur joueur de National en 2017 (sous les couleurs de QRM), est revenu sur sa carrière qui l’a vu commencer dans un petit club de quartier, l’UFC Lens : « C’est dommage, ce club n’existe plus. Ensuite, je suis allé à Loos-en-Gohelle, juste à côté de Lens avant de revenir à l’UFC à 13 ans puis l’US Vermelles, à 10 km de Lens, m’a recruté pour jouer en 14 ans Fédéraux. Là, ça s’est bien passé et j’ai signé à Avion en 16 ans Nationaux, où j’étais surclassé. C’est là que j’ai affronté le RC Lens, qui m’a recruté ensuite. J’y suis arrivé tard ! Pendant 3 ans, j’étais dans le circuit, et le Racing ne venait jamais me chercher. Je me disais, « Mais ils font quoi ? » La porte a été dure à ouvrir ! Finalement, je suis resté deux ans chez les jeunes, je jouais en réserve, en CFA, et trois ans j’ai les pros, où j’ai signé à 20 ans. Je n’ai jamais joué avec l’équipe une, juste quelques matchs amicaux et un banc en Ligue 1 à Saint-Etienne, c’était magnifique ! »

Niort (National, prêté par Lens), Beauvais (N2), Les Herbiers (N2), Sedan (N2), Quevilly-Rouen (N2 puis National), Valenciennes (L2), Chambly (National puis L2) et enfin Villefranche (National), l’ambianceur de vestiaires a bien voyagé tout au long de sa carrière, toujours dans la partie nord de la France ! « Ambianceur ? Je me suis calmé (rires) ! J’ai encore un peu ce côté folie quand même ! » Et aussi cette bonne humeur communicative, qui rend le personnage très attachant. L’interview « tic-tac » qui suit, c’est du Medhy Guezoui tout craché !

Medhy Guezoui, du tac au tac

« Je suis un attaquant plutôt… beau gosse ! »

Photo Eric Crémois – EC Photos sports

Meilleur souvenir sportif ?
Sur un plan personnel et collectif, c ‘est l’année de la montée de National en Ligue 2 avec Quevilly Rouen, c’était extraordinaire. Maintenant ils sont bien installés dans le monde pro et je pense qu’on y est aussi pour quelque chose, même si le club était redescendu avant de remonter. Je me souviens d’une anecdote, quand on monte de CFA en National en 2016, la première journée, on perd à domicile contre Chambly 1-0 et lors de la 2e journée, on gagne 3 à 0 à Châteauroux qui était le gros morceau du championnat, et là, dans les vestiaires, Stanislas Oliveira, le capitaine, nous dit « Hey les gars, je crois qu’on va monter, on a joué un gros bonnet et on leur a mis une tournante, vous ne vous rendez pas compte ! ». On lui a dit « oh ! Calme toi, tu t’enflammes, c’est juste le début du championnat » et après… On est monté en Ligue 2 ! On en a rigolé, mais Stan a vu qu’il y avait quelque chose à faire avec cette équipe. Et il avait raison. Je citerais aussi mon passage à Chambly, dans un club familial, en plus on est monté en Ligue 2 aussi.

Pire souvenir sportif ?
Les Herbiers. Pfff… C’était compliqué. Je suis parti en mauvais termes. C’est la seule saison où je m’entraînais le soir. Pas « top top ».

Combien de cartons rouges ?
Deux je crois. Ou trois. Pour des conneries.

Photo Sébastien RICOU – FCVB

Pourquoi as-tu choisi d’être avant-centre ?
Alors pour dire la vérité, je jouais ailier droit à mes débuts. J’avais un modèle, c’était mon oncle : son objectif, sur un terrain, c’était de faire des passes décisives, et j’ai pris ça de lui. Jusqu’au jour où, à 14 ou 15 ans, à l’US Vermelles, j’ai commencé à grandir et on m’a dit que je pouvais jouer devant. Pour mon premier match dans l’axe, je mets un doublé et c’est parti de là. J’ai aimé. Même si j’ai toujours eu ce goût pour faire des passes, et c’est ce que l’on m’a toujours reproché tout au long de ma carrière, de ne pas penser assez à ma gueule. Quand je suis allé à Lens, ils m’ont demandé d’être égoïste, mais ce n’est pas nature. Je me souviens de Nolan Roux, à Lens, à 30 mètres, il n’avait qu’un objectif, c’était la cage. J’ai essayé de me rapprocher de ça, mais…

Première fois dans un stade en tant que spectateur ?
A Bollaert, quand j’avais 13 ans, avec le CAJ, le centre animation jeunesse de mon quartier de Lens.

Ton geste technique préféré ?
Le contrôle orienté et aussi j’ai un petit pont que j’aime bien faire, mais à l’entraînement hein ! En match, je ne le tente pas ! C’est le double contact pied droit / pied gauche (rires).

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités, mon jeu dos au but et l’esprit compétiteur, et défauts, on l’a dit, trop altruiste. Ne pas avoir assez l’instinct de buteur.

Photo Bernard Morvan – QRM

Le club où tu as failli signer ?
Angers. En Ligue 2. Après mon départ de Lens. Je devais signer là-bas et puis… plus de nouvelles. Et je me suis retrouvé à Beauvais en CFA. J’avais refusé de prolonger 2 ans à Lens…

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Barcelone. Même si ce n’est pas mon style de jeu !

Le club où tu n’aurais jamais pas pu jouer ?
(Il réfléchit) Tes questions, elles ne sont pas faciles ! Allez, je vais dire Lille ! C’est la réponse que t’attendais ? Mais frérot, Lille, il m’appelle demain, j’y vais (rires) !

Un coéquipier marquant ?
J’ai beaucoup de copains dans le foot mais pas beaucoup d’amis. Mais Marvin Martin est devenu un ami, un frère. Je suis tombé sur une personne exceptionnelle, d’une simplicité et d’une gentillesse incroyable. Je suis allé le voir à Hyères. Oh la la, c’est le paradis là-bas !

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling ?
C’est compliqué, c’est quoi ces questions (rires) ? Y’a un joueur qui pouvait me trouver les yeux fermés, c’était Anthony Soubervie, mais celui qui pense et réfléchit football comme moi, c’est Timothée Taufflieb. Malheureusement, on n’a pas trop joué ensemble à Villefranche, c’est dommage, parce que c’était très intéressant.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Mamadou Sakho ! J’étais à Lens, il était au PSG. L’avoir sur le dos pendant une heure et demie…. Pourtant j’avais fait un super match mais c’est la première fois de ma vie que je me dis « Mais ça sert à rien de jouer au foot pour passer une heure et demie comme ça » ! Sur chaque duel il jouait sa vie, c’était incroyable.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Jean-Paul Mendy. Quel joueur ! J’aurais pu le citer dans la question sur le feeling.

Photo Eric Cremois – EC Photosports

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Un coach que j’aimais bien, c’était Eric Sikora mais je l’ai revu y’a pas longtemps à La Gaillette.

D’ailleurs, quand j’y suis retourné, mon fils a vu mon nom inscrit sur le mur, « Made in Gaillette », qui rend hommage aux joueurs qui sont passés, et il m’a demandé : « Papa, c’est toi ? » Et je lui ai dit, « mais oui, des Medhy Guezoui, il n’en existe qu’un seul ! »

Bon, pour le coach perdu de vue, je dirais Eric Assadourian et je me fais la promesse de retourner à La Gaillette pour le voir. C’était mon coach en 18 ans et je lui dois beaucoup. Il m’a fait progresser énormément.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Arfff… Sans filtre, sans filtre ! Sportivement, c’est Faruk Hadzibegic, mais au niveau humain c’était incroyable, il est top.

Un président marquant ?
Gervais Martel.

Un président à oublier ?
Ouh là, j’en ai beaucoup (rires) ! En fait, j’ai compris avec le temps qu’un club, c’était un business à gérer, et que les présidents gèrent leur club comme ils le souhaitent. J’ai eu des moments difficiles avec certains, mais cela fait partie du job, et si je les vois demain, je leur parlerai. Pourtant, je ne suis pas un joueur difficile à gérer, j’aime bien rigoler, mettre de l’ambiance, mais parfois, j’ai les deux fils qui se touchent ! On m’a souvent dit, quand même, que c’était bien d’avoir quelqu’un comme moi dans un vestiaire.

Photo FCVB

Une causerie de coach marquante ?
Celle de Manu Da Costa à QRM avant un match important à Croix, en CFA. Avec les vidéos des familles. J’avais pris un carton rouge lors de ce match, c’est que ça avait du un peu trop « monter » !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Y’en a eu mille !!! Et je ne les comprends toujours pas d’ailleurs.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
J’en ai une, à Chambly, en pleine causerie de match, avant Lorient, j’étais assis à côté de Thibault Jaques, je ne peux pas la raconter dans les détails mais Thibaut et moi, on est parti dans un fou rire ! On a été obligé de se lever et de partir de la causerie !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
J’avais Raphaël Varane mais je ne l’ai plus. Serge Aurier, Marvin aussi (Martin).

Un chiffre (signification) ?
Le 21. Je ne peux pas te dire pourquoi. C’est par rapport à mon oncle Akim.

Un plat, une boisson ?
Je carbure au café depuis mes 30 ans, je ne peux plus m’en passer, et les pâtes de ma femme !

Tes occupations ?
En fait, je me rends compte que j’étais un privilégié, j’allais m’entraîner le matin et voilà, mais là, j’ai pas mal de choses à faire, plein de paperasses, je n’ai pas encore activé ce que je veux faire : j’ai un projet de création d’entreprise et aussi un projet immobilier familial. Et puis je continue à jouer le soir avec Arras. Là, je m’occupe au maximum de mes enfants, je les accompagne partout.

Termine la phrase en un mot ou deux : tu es un attaquant plutôt …
C’est quoi tes questions ?! Un attaquant plutôt… beau gosse !

Ton match référence ?
QRM-Drancy en coupe de France, on avait gagné 3 à 2 et j’avais mis un triplé : une semaine avant, j’avais dit à Michel Mallet, le président, que je partais à la JS Kabylie en D1 algérienne ! Après le match, le président annonce que je suis intransférable !

Ton pire match ?
Y’en a eu tellement…

Ton plus beau but ?
Je suis pas le genre à mettre des top buts, mais contre Pau, en Ligue 2, avec Chambly, je pars du milieu du terrain, côté gauche, un but pas vraiment dans mon style, et aussi en CFA, avec QRM, contre Poissy, une frappe après rebond sous la barre, du gauche.

Voir le but face à Pau (et le festival de Medhy Guezoui lors de ce match avec Chambly, 2 buts et une passe décisive) :

https://www.youtube.com/watch?v=6vD_ZvizexU

Ton but le plus important ?
Le premier avec Valenciennes, contre le Gazelec Ajaccio, en ouverture du championnat de Ligue 2, en 2017, parce que je venais de revenir dans le monde pro. Le but de la renaissance en professionnel !

Un modèle d’attaquant ?
Didier Drogba. Et je suis in love du football de Benzema aussi.

Une idole ?
Messi.

Un regret ?
J’ai été appelé en sélection marocaine pour faire les Jeux Olympiques en 2012 à Londres, j’ai été convoqué, mais j’ai eu de gros problèmes de papiers et je n’ai pas pu participer.

Photo Erci Cremois – EC Photosports

Ta plus grande fierté ?
Mes enfants.

Qu’est-ce qui t’a manqué pour jouer en Ligue 1 ou plus durablement en Ligue 2 ?
Chaque année, on me disait que je faisais des bons matchs, que j’avais des bons contenus, mais que je ne marquais pas assez, on me le disait déjà à Lens, quand je jouais en réserve, où il fallait que l’avant-centre marque ses 15 buts. Sinon, tu n’allais pas en pro.

Le haut niveau, c’est les stats. C’est vrai que quand je me suis entraîné avec les pros, je n’avais pas ça : moi, quand je recevais le ballon, je pensais à jouer propre, je ne voulais pas la perdre, je me retournais, je faisais une passe, alors que Harouna Dindane lui, bing, il frappait. C’est ce qu’il m’a manqué et aussi le facteur chance : j’ai refusé de prolonger 2 ans, à l’époque de Jean-Louis Garcia à Lens, car je pensais signer à Angers et je ne sentais pas une grande confiance envers moi. Quatre mois après, Eric Sikora remplace Jean-Louis Garcia… Eric Sikora, c’est quelqu’un qui a lancé les jeunes, et je suis certain qu’il m’aurait donné ma chance, d’ailleurs, il me l’a dit quand je l’ai revu. C’est comme ça. Et moi je suis allé à Beauvais en CFA.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
Quelle question ! Maçon ! C’est le métier de mon père. Je l’ai accompagné une fois, un matin, en stage d’entreprise, on est parti à 6 heures du matin, et à 9 heures, je dormais dans le camion… J’ai tellement de respect pour mon père qui travaille toujours dans le bâtiment et qui ne s’est jamais plaint.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Vie de rêve et sacrifice.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photo de couverture : Eric Cremois – EC Photosports

Photos : FCVB, Eric Cremois – EC Photosports et Bernard Morvan

Mis en retrait de la présidence de la FFF, l’ancien boss de Guingamp s’était défavorablement fait remarquer en 2010, quand il avait « obligé » une équipe à se rendre au stade de Roudourou, lui affrétant même un jet privé. Récit.

C’est une histoire qui a fait couler beaucoup d’encre dans le Var à l’époque, mais qui n’a pas eu le retentissement escompté, et dont les médias nationaux ne se sont pas trop fait l’écho, sans doute parce qu’elle concernait le National, un championnat peu médiatisé. Une histoire qui, aujourd’hui, entache encore un peu plus la réputation de Noël Le Graët, en pleine tourmente depuis les accusations d’agressions sexuelles dont il fait l’objet.

Nous sommes le jeudi 21 octobre 2010. Dans 24 heures, l’En Avant de Guingamp, qui vient de descendre de Ligue 2 en National, 4e avec 23 points, doit recevoir l’Etoile Football-club Fréjus/Saint-Raphaël, 6e avec 22 points, pour le compte de la 14e journée.

Dans six jours, l’équipe, entraînée par Jocelyn Gourvennec, va recevoir l’Olympique de Marseille à Roudourou en coupe de la Ligue. Un événement dans cette ville des Côtes d’Armor de 7000 âmes, connue grâce à son équipe de football et aussi à son « boss », un certain Noël Le Graët, maire de la ville de 1995 à 2008, président de l’EAG depuis 2002 (il avait déjà occupé ce poste de 1971 à 1991) et qui fut également président de la Ligue (LFP) de 1991 à 2000. D’ailleurs, c’est pour bien préparer ce match, cette fête, contre l’OM, que la venue de Fréjus/Saint-Raphaël a été avancée au vendredi, à J-5 donc, avec l’accord des Varois.

Grève et annulations des vols à Nice

Guingamp, au pied du podium en National, compte sur ce match de la 14e journée, non seulement pour s’en rapprocher, bien sûr, et aussi pour permettre à deux joueurs cadres, Christian Bassila et Dorian Levêque, de purger leur suspension afin d’être alignés contre l’OM. Surtout qu’un troisième titulaire, Thierry Argelier, sera quant à lui bien suspendu pour ce 8e de finale de coupe.

Ce jeudi 21 octobre, donc, l’Etoile Fréjus/Saint-Raphaël doit rejoindre les Côtes d’Armor, le matin, en avion. Problème, et de taille : c’est la grève à l’aéroport Nice Côte d’Azur. Les deux vols vers la Bretagne sont annulés. Les Varois cherchent bien d’autres solutions mais rallier Guingamp, distante de 1250 kilomètres, dans la journée, n’est pas simple.

La dernière solution – un vol Nice-Lyon puis un autre, Lyon-Brest, à 13 heures – tombe elle aussi à l’eau. Les dirigeants étoilistes informe la FFF qu’il n’y a plus aucun vol, même le vendredi. Le club breton, tenez-vous bien, propose de jouer le match… dans le Var ! Mais l’Etoile refuse, prétextant des travaux dans l’ancien stade Pourcin, démoli aujourd’hui au profit d’un complexe immobilier).

A 14 heures 30, par courrier électronique, la FFF alerte la direction d’En Avant que la rencontre est ajournée. Motif : les perturbations du transport aérien liées aux profondes turbulences sociales. Quelques minutes après, sur le site de la Fédération, le match est officiellement reporté. Athos Bandini, le coach varois, qui a pris place sur le banc après le décès de Guy David, le 30 août 2008, juste après un match de championnat de CFA contre la réserve stéphanoise (il était alors son adjoint), donne congé à ses joueurs. Pour eux, c’est déjà le week-end, avec quelques heures d’avance ! Du moins, c’est ce qu’ils pensent !

A Guingamp, on est passablement irrité

Car en Bretagne, les dirigeants sont agacés et passablement énervés, notamment Jocelyn Gourvennec, l’entraîneur, et surtout Noël Le Graët, le président. Les coups de téléphone pleuvent. C’est même l’incompréhension dans les rangs bretons, qui en viennent à mettre en doute la bonne volonté et surtout la bonne foi de leur adversaire. Aussitôt, ils reprennent contact avec la FFF et le club varois pour tenter de trouver une autre solution, ne comprenant pas que Fréjus / Saint-Raphaël soit le seul en National à ne pas être en mesure d’assumer un déplacement lors de cette 14e journeée qui voit Plabennec se rendre à Bastia et Luzenac se déplacer à Rouen, sans souci.

« L’an passé, en Ligue 2, Le Havre ne s’était pas déplacé à Ajaccio en raison d’un nuage en provenance du volcan islandais. Mais la différence, c’est que les Normands avaient ensuite le bateau à prendre. Pour venir à Guingamp, le bateau n’est pas nécessaire. Tout le monde doit s’adapter aux situations de ce genre » déclarait Christophe Gautier, le chargé de communication d’En Avant.

Il est 18 heures. Le vice-président de la FFF (c’est le poste qu’occupait le Graët à ce moment-là) contacte Marcel Sabbah, le coprésident de l’Etoile, et l’informe qu’un jet privé sera mis à disposition de la délégation varoise à 8h30 à l’aéroport de Nice samedi matin, avec un retour le soir après le match, pour 00h45, le coup d’envoi de la rencontre étant fixé à 20h.

Fréjus/Saint-Raphaël mis devant le fait accompli

L’avocat de l’Etoile FCFSR, tout comme les joueurs, le staff et les dirigeants, sont mis devant le fait accompli : un éventuel appel ne serait pas suspensif et une absence au coup d’envoi serait considérée comme… un forfait !

Sympa, l’En Avant de Guingamp propose de payer la note – 25 000 euros ! A 19 h, toujours sur le site de la FFF, la rencontre Guingamp – Fréjus/Saint-Raphaël est décalée du vendredi au samedi 20 h ! Au club de Fréjus, qui se voit refuser de jouer le dimanche à sa demande, c’est la branle-bas de combat : Bandini rappelle tous ses joueurs !

Le lendemain, dans les colonnes du Télégramme, voilà ce que déclare Gourvennec : « L’idée d’un report général de la journée est mieux adaptée qu’un report d’un seul match qui nous pénaliserait. Si on ne jouait pas ce week-end, on se retrouverait avec un match de moins au classement et un potentiel de points en moins. C’est toujours mieux d’être dans le même tempo que les autres. On voit plus clair. De plus, sans jouer, on pénalise la réserve de CFA 2. Le règlement n’autorise pas certains joueurs qui ont joué en Coupe de France à repartir en réserve. Ensuite, ne pas jouer face à Fréjus ne permettrait pas à Bassila et Lévêque de purger leur match de suspension. Avec Argelier, on aurait ainsi trois suspendus face à L’OM. »

« Le Graët est passé au-dessus de la Fédé »

Dans L’Equipe, Rémy Viallon, le directeur sportif de Fréjus/Saint-Raphaël, hausse le ton. Il se pose des questions. Et il n’est pas le seul. « Donc il suffit que Monsieur Le Graët claque des doigts pour que la FFF se mette au garde-à-vous. Ils ont besoin que ce match se joue ce week-end pour purger certaines suspensions et être au complet pour le match de mercredi, face à l’OM, en Coupe de la Ligue », s’insurge-t-il.

Dans Var-matin, il en remet une couche : « On est aujourd’hui dans une dictature. Il y a eu une réunion par téléphone entre la FFF et Guingamp, sans que l’on ne soit consulté. Si Guingamp est si puissant pour affréter un avion privé, manipuler la Fédération, vont-ils être assez puissants pour le faire avec les arbitres ? Nous étions à l’aéroport de Nice, les deux vols vers la Bretagne ont été annulés, maintenant si Guingamp est plus malin que les autres …  Le Graët voulait absolument jouer cette rencontre, il y a une Fédération qui préside, mais lui passe au-dessus. On n’est plus sur le même pied d’égalité. J’ai eu la Fédération au téléphone, voila ce qu’elle m’a répondu, Vous savez comment ça marche le milieu… »

Athos Bandini, aujourd’hui coach à Sainte-Maxime (Régional 1),  y va lui aussi de son couplet, dans le quotidien varois : « Guingamp aurait dû rester en Ligue 2 la saison passée, cela aurait été plus simple, dit-il, ironique; Je suis très déçu de leur comportement. J’avais demandé à jouer le dimanche, mais ils ont refusé alors qu’ils crient partout que la coupe de la Ligue n’est pas leur priorité. Cela confirme ma vision du football et de ce championnat National. Il y a deux fonctionnements. Cela s’appelle du mépris pour les petits clubs. »

« Le club breton trouve une parade »

Noël Le Graët, également contacté, réplique, à propos du jet privé et de la « méthode » : « Le club de Guingamp a un partenariat avec une entreprise de location de jets, donc on a mis un avion à disposition. Je ne peux pas comprendre comment Fréjus/Saint-Raphaël n’a pas pu trouver la solution et je suis toujours étonné de voir que des mecs ne se « démerdent » pas. J’ai fait ça pour des problèmes de calendriers futurs et par respect des compétitions. »

Samedi, le match a lieu au stade de Roudourou. Guingamp s’impose 3-1. Il n’y a rien à dire. Le score est logique. Le club breton grimpe à la 2e place et retrouvera la Ligue 2, un an après l’avoir quittée, à l’issue de cet exercice 2011-2012, le seul à s’être disputé à 21 clubs. Le Sporting club de Bastia et Amiens l’accompagnent. Strasbourg, Cannes restent à quai. Fréjus/Saint-Raphaël, qui a longtemps joué le haut de tableau, termine 6e, puis reçoit un courrier de la FFF qui, comme l’exige le règlement, lui réclame une petite participation aux frais de ce voyage soi-disant pris en charge par Guingamp. Le club s’exécute. Guingamp va rembourser, c’est certain. Treize ans après, pas un centime breton n’est tombé sur le compte de l’Etoile.

Le mercredi suivant, jour du 8e de finale de coupe de la Ligue, La Provence titre : « Guingamp-OM, le club breton trouve une parade pour deux joueurs suspendus ! » L’OM s’impose 1 à 0. La polémique est terminée. Personne n’est dupe. Et NLG devient président de la Fédération française de football quelques semaine plus tard, le 18 juin 2011. A-t-il commis un abus de pouvoir ? Dans le Var, et ailleurs, on en est persuadé.

La fiche technique du match

Championnat National (14e journée) – samedi 23 octobre 2010 – En Avant de Guingamp – Fréjus/Saint-Raphaël 3-1 (1-0). Buts : Soly (19′), Giresse (78′) et Ogounbiyi (90e) pour l’En Avant; Vareilles (69e) pour l’Etoile. 5319 spectateurs. Arbitre : Christian Guillard.

Guingamp : Samassa, Ringayen, Koné, Colleau, Argelier, Ogounbiyi, Mathis (c), Mu. Diallo, Giresse (El Jadeyaoui 78′), Knockaert (Imbula 72′), Soly (Scarpelli 81′). Ent. : Gourvennec.

Fréjus/St-Raphaël : Cattier, Noyer, Fernandez, Faure, Moulin (Henaini 46′), Barrau, Ramos (c), Keita (Fajr 63′), Dutil (Mo. Diallo 60′), Vareilles, Orinel. Ent. : Bandini.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY

 

 

 

 

 

 

Pendant que le club phare du Var, qui a connu les grandes heures de la Division 1, végète en championnat, l’association poursuit dans l’ombre son développement et sa politique sportive chez les jeunes. Rencontre avec trois acteurs majeurs du nouveau bateau « Sporting » !

On aurait pu vous parler, dans les grandes largeurs, de cette saison sportive pour l’heure très décevante en National 2. La quatrième consécutive à ce niveau après un bref passage en National, lors de la triste saison 2019-20, avortée pour cause de Covid, alors que le Sporting gisait en queue de classement.

Qu’il est loin le temps où le stade Bon Rencontre vibrait avec 8000 spectateurs et fêtait une accession en National (en mai 2019) après un succès 3 à 0 des joueurs de Fabien Pujo face à Mont d’Or Anse Foot (ex-Chasselay) !

Face à Marignane, pour le premier match à domicile de l’année 2023, et pour le dernier match de la phase aller, ils ne sont pas très nombreux à garnir ce stade qui ne demande pourtant qu’à vibrer. Mais combien sont-ils exactement ? 400 ? 500 ? Toulon ne mérite pas ça. Toulon mérite beaucoup mieux. Mais Toulon est en souffrance.

Quand les supporters débarquent dans les vestiaires !

Face à Marignane, un nul n’aurait pas constitué un mauvais résultat compte tenu de la prestation moyenne des joueurs d’Eric Rech, déjà le 5e coach à officier sur le banc en un peu plus de 3 ans et le limogeage de Pujo, le héros de la montée (Victor Zvunka, l’historique Luigi Alfano pour une énième pige, Ludovic Batelli et Michel Poinsignon sont passés par là ensuite).

Mais ce soir-là, le Sporting a fini par concéder une 8e et nouvelle défaite (0-2), provoquant la colère des derniers supporters, venus au coup de sifflet final jusque dans les vestiaires des Azur et or (!) pour réclamer des comptes. Surréaliste. A Toulon, même quand il ne se passe pas grand chose, il se passe toujours quelque chose !

Nassim L’Ghoul

Le Sporting vient déjà de piquer, malgré lui, sa première crise de l’année. Le président de la SASP qui gère l’équipe fanion, Claude Joye, ne s’est pas défilé et a rencontré la quarantaine de supporters, avant, dans la foulée, de provoquer une réunion de crise, à l’issue de laquelle l’entraîneur Eric Rech a été conforté dans ses fonctions. Rech, qui dira à propos des événements : « Cela fait 30 ans que j’entraîne et je n’avais jamais vu ça ».

La semaine suivante, pour la première journée de la phase retour, les Varois de l’ouest décrochaient un match nul 2-2 chez les Varois de l’est, à Fréjus/Saint-Raphaël, et repartaient de ce derby avec un peu plus de certitudes quant à leur qualité mentale et leur capacité à rebondir : menés 2 à 0, ils sont parvenus à revenir dans le match grâce à un doublé en fin de rencontre de leur goaleador Abdou Diallo, de retour au club l’été dernier après une saison énorme à Andrézieux (18 buts l’an passé).

Mercato : Fourrier retrouve Rech

Eric Rech, le coach de N2.

Le Sporting est-il sur la bonne voie ? Il faut l’espérer car la lecture du classement peut faire peur : 12e (sur 16), l’équipe est première relégable puisque, réforme fédérale oblige, 5 équipes descendent par poule, et même 6 dans deux des quatre poules de N2. Nul besoin de grand discours. D’ailleurs, Marcel Dib, le nouveau directeur sportif, arrivé sur les bords de la rade l’été dernier après six saisons dans un rôle identique à Aubagne (N3 puis N2), n’en a pas fait. Dans l’entretien qu’il nous a accordés, l’ancien international n’a pas caché sa déception devant la tournure des événements mais s’est aussi voulu résolument optimiste quant à la suite de la saison : « Je sens une amélioration » a-t-il dit.

Cela demande confirmation samedi face à Sète, lanterne rouge. Le Sporting n’aura pas le droit à l’erreur à Bon Rencontre où il n’a gagné que deux fois cette saison en sept matchs et où il s’est déjà incliné à quatre reprises. Dit comme cela, on peut comprendre la colère des supporters après Marignane sans pour autant cautionner leur acte. C’est aussi pour inverser cette spirale infernale que les dirigeants ont enrôlé hier soir l’attaquant de Moulins-Yzeure (N2), Bertrand Fourrier, passé la saison passée par Le Puy (N2), club avec lequel il a accédé en National (il a aussi évolué à Aubagne, sous les ordres d’un certain… Eric Rech).

Un club qui a une histoire, une âme

On aurait donc pu vous parler uniquement du volet sportif du Sporting, mais un grand tour du propriétaire dans les locaux du club, situés sous l’une des trois tribunes du stade Bon Rencontre, a fini de nous convaincre : Toulon est un « putain » de vrai club. Et en coulisses, n’est pas si moribond que le classement de son équipe fanion peut le faire penser.

Sporting-café, boutique, musée, bureaux, salles de réunion, salle de fitness, locaux customisés, chambres pour les pensionnaires du centre d’hébergement (18 places), salle de vie : c’est tout simplement digne d’un club professionnel.
Et puis il y a l’histoire. Elle est partout. Sur les murs, avec ces photos d’époque et ces articles jaunis. Derrière les vitrines du musée, et même sur les fauteuils, aux couleurs traditionnelles du club, azur et or ! Sans oublier l’emblème, la rascasse !

Il n’y a pas que le stade, à l’anglaise, qui possède une âme : elle transpire aussi dans les locaux, ou Yann Bodenes, président de l’association depuis l’automne 2019, et Guillaume Deville, ex-président de l’association et aujourd’hui directeur opérationnel, véritable lien entre les amateurs et la SASP, sont nos interlocuteurs d’un jour. Ravis de parler de « leur » sporting (Guillaume est Toulonnais, Yann est originaire de Grimaud mais a joué au Sporting, avant d’oeuvrer à La Valette et au Las). Ravis aussi d’évoquer la formation, les satisfactions et les points noirs. Ravis, surtout, de nous contredire sur un sujet : « Non, le Sporting n’est pas moribond ! » On a dit ça, nous ?

A l’asso : « Notre ambition, c’est de faire de la formation »

Yann Bodenes (à gauche) et Guillaume Deville.

Revenons en arrière : en 2016, le Sporting Toulon Var fusionnait avec son voisin, Toulon Le Las : près de 7 ans après, la fusion est-elle digérée ?
Guillaume Deville : A force de remplir des dossiers administratifs, je connais la date par coeur ! C’est le 7 juin 2016 qu’a vu la naissance du nouveau club, né de la fusion entre Toulon Le Las et le Sporting Toulon Var, pour devenir le Sporting-club de Toulon, son nom d’origine : c’était d’ailleurs une des conditions sine qua non pour Claude Joye, le propriétaire de la société. Pour lui, c’était fondamental de reprendre ce nom-là. Après, cette fusion, elle est tout sauf compliquée. Tout le monde nous prédisait la « guerre », les conflits entre les anciens dirigeants du Las et les anciens du Sporting Toulon Var, et finalement il s’est passé tout le contraire, pour une raison simple : on parle une seule et même langue, le football ! Donc ça s’est bien passé. On a dû quand même faire des choix par rapport à toutes les équipes des deux clubs. Yann (Bodenes) était encore entraîneur au Las quand les deux clubs ont fusionné. Pour la partie associative, on a eu une coprésidence pendant 3 ans, partagée entre un membre de chaque club, Marc Chiapello pour Le Las et moi-même, afin de remettre en équilibre le nouveau bateau sporting. Marc Chiapello ayant pris du recul, on a placé Yann (Bodenes) à la tête de l’entité : il a une légitimité sportive, il a connu le Sporting quand le club était professionnel, il a même été pensionnaire au centre de formation, il est « ultra-diplômé ». C’est la caution sportive de la formation toulonnaise.

La fameuse rascasse !

La fusion a-t-elle boosté les effectifs ?
Guillaume Deville : Oui, mais on a ensuite dû réduire la voilure, c’était difficile d’absorber tout le monde. Et puis dans toute fusion, il y a des gens qui ne s’intègrent pas au projet, si bien que la deuxième année, on a eu une baisse.

Là, on est 704 contre 956 la saison passée, mais c’est un choix, on a pris le parti de faire de la qualité après avoir fait de la masse en foot à 11. On a changé notre fusil d’épaule. Parce qu’à Toulon, la vocation est de faire de la formation de qualité, de former des jeunes et d’essayer de présenter des équipes dans les meilleurs niveaux de championnat possibles. On a donc limité volontairement cette saison, afin de privilégier la qualité au niveau de l’école de football. En fin d’exercice, on devrait finir entre 750 et 800 licenciés.

En décembre dernier, le centre d’hébergement réhabilité, à l’endroit même de l’ancien centre de formation, a été inauguré.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées ?
Guillaume Deville : Comme le site du Las a disparu au profit de Toulon Elite Futsal et du rubgy à XIII, c’est là notre principale difficulté : les terrains d’entraînement, et la gestion des plannings.

Yann Bodenes : Et puis aussi, avant, il n’y avait que trois championnats régionaux, or maintenant, on a des championnats régionaux dans toutes les catégories d’âge, en U14, U15, U16, U17, U18 et U20. Et en plus, on a conservé au moins deux équipes par génération, et même trois parfois. Donc c’est problématique pour les plannings.
Guillaume Deville : On n’a pas de coeur de vie, comme un centre avec des terrains autour. En nombre de licenciés, on a touché notre plafond de verre la saison passée.

Comment cohabitent l’asso et la SASP ?
Guillaume Deville : Par convention, on partage les même locaux administratifs à Bon Rencontre, sous la tribune où se mettaient à l’époque nos supporters, mais celle-ci est actuellement fermée. On l’a ouverte deux fois en National, pour les supporters du Red Star et de Créteil, en 2019-2020, mais à chaque fois, cela nécessite des moyens humains, 12 personnes. Cette tribune abrite l’ancien centre d’hébergement du centre de formation historique du Sporting, qui a été réhabilité récemment et inauguré le 10 décembre 2022. Il reste quelques travaux à prévoir avec d’autres bureaux administratifs, pour bénéficier de plus de place encore. C’est paradoxal mais plus on a de la place, plus on en a besoin !

Et les relations entre les deux entités ?
Yann Bodenes : les deux structures sont très fortement imbriquées, à tel point, d’ailleurs, que dans le langage de tous les jours, ici, à l’asso, quand on dit « président », on pense « Claude Joye ». Heureusement qu’on l’a… Dans tous les clubs où je suis passé, j’ai toujours connu les difficultés à cette période de l’année, quand ils attendent les subventions vers mars/avril, mais ici, à Toulon, non, car on a cette chance d’avoir cet actionnaire majoritaire, Claude Joye, qui permet au Sporting d’avoir une certaine stabilité.

Guillaume Deville : Claude Joye a mis en place une méthode de management avec un CODIR qui dirige, et un COPIL. Moi, je fais l’opérationnel sur les deux structures, car tout est lié. Si l’asso coule, façon de parler, la SASP a une obligation de la soutenir, il doit y avoir un équilibre entre les deux structures, aux entités juridiques bien distinctes.

Yann Bodenes : Pour ce qui est de l’asso, le budget de fonctionnement oscille entre 700 et 900 000 euros en fonction des saisons. L’an passé, on a un peu trop grossi à cause de la Covid, on ne s’en est pas rendu compte, on a eu une grosse charge d’équipes inscrites en championnat. C’était une saison de transition. Et puis on a subi toutes les augmentations, multipliées par 11 équipes. On a une présenté une équipe dans tous les championnats de Ligue : d’ailleurs, on est un des rares clubs à être représenté partout à ce niveau, en féminines, en futsal. Mais malheureusement, on n’a plus nos U19 Nationaux qui sont descendus la saison passée, et notre objectif d’avoir une équipe en U17 Nationaux n’a pas été atteint, nos U16 R1 ayant terminé 2e derrière le Cavigal Nice. On n’est pas passé loin, et aujourd’hui, le Cavigal est 4e avec deux joueurs qui étaient chez nous l’an passé et que l’on avait recruté pour monter, qui dormaient là, au centre d’hébergement, comme à l’époque du centre de formation. Cette année on est leaders en U17, avec cette génération là. Par ailleurs, l’an passé, sur 9 finales de coupe du Var possibles, le Sporting en a disputées 6 et a gagné les 6, c’est du jamais vu !

Claude Joye, l’actionnaire majoritaire et président de la SASP Sporting-club de Toulon.

Le Sporting a-t-il une politique ambitieuse pour les féminines ?
Yann Bodenes : Les féminines évoluent en Régional 1, on nous vend la création de la Division 3, ok, mais tout ça coûte de l’argent. On a investi cette saison mais apparemment beaucoup moins que les autres, je pense à Cannes et Monaco… On n’a pas les moyens de jouer en D3. On n’est pas prêt. Quand je suis revenu au Sporting pour entraîner la réserve, en 2016-2017, on avait l’équipe une en CFA, l’équipe II en CFA2 et la D2F, c’était énorme en termes de déplacements et de coûts. Là, les filles sont 10es sur 12, on ne devrait pas descendre, mais bon… On a quand même fait venir des joueuses de l’extérieur, c’est pour cela que l’on mène une réflexion là-dessus : aujourd’hui, l’ambition du Sporting, c’est de faire de la formation, et on en fait de la très bonne au niveau des jeunes filles, sauf que le gap est un peu dur à franchir quand elles passent en seniors.

Le stade de Bon Rencontre.

Et le futsal ?
Yann Bodenes : On a du futsal aussi, et en termes financiers, c est comparable au secteur féminin, voire plus, et ça déteint sur la professionnalisation du foot féminin, car la Fédération tend vers cela. On a recruté un coach de futsal (Mustapha Mesgguid), qui était adjoint quand Toulon Elite a été champion de France en 2019. C’est une référence, des joueurs sont venus pour lui. On a créé les seniors futsal y a 3 ans, on est monté immédiatement de Départemental 2 en D1, et là on est en régional, avec un objectif de maintien cette saison. Là aussi, on verra, soit on joue la montée, soit on joue au niveau départemental.

Guillaume Deville : Le futsal évolue dans un championnat où l’on ne doit pas rester longtemps, un peu comme le National en seniors. Et ne perdons pas de vue que l’association a pour but de promouvoir la formation.

Dans l’organigramme des éducateurs, on retrouve certains anciens joueurs…
Guillaume Deville : Oui, on a par exemple Marc Zanotti et Michaël Rebecq qui s’occupent respectivement des U18 et des U20. On a aussi Luigi Alfano et Franck Luccini, le nouveau directeur technique, intronisé à ce poste après l’audit réalisé par Jean Tigana à son arrivée (avec Christian Damiano et Richard Bettoni), car on s’est aperçu qu’il fallait quelqu’un à plein temps pour gérer tout ça. Luigi (Alfano), lui, est à la cellule recrutement/supervision. On a aussi John Mendy, qui a touché un peu à la D2 à la fin des années 90, et Samir Ben Hassine, qui a joué au Las. Enfin, je n’oublie pas les anciens joueurs emblématiques de Toulon, Marcel Dib, qui occupe le poste de directeur sportif à la SASP depuis l’été dernier, et Jean-Marc Ferreri, au développement.

La concurrence à Toulon ?
Yann Bodenes : Des gens nous raillent et nous appellent le Sporting Toulon Est, parce que l’on est implanté à l’Est de Toulon. On s’attelle à régler ce problème et c’est à nous de changer cette image, d’ailleurs, Franck Luccini a bien identifié le problème et travaille là-dessus. En fait, dans les petite catégories, U6, U7, U8 et U9, on n’attire pas tout le public de Toulon, et je ne parle même pas de Toulon Provence Méditerranée (l’agglomération), mais essentiellement les enfants de l’endroit où l’on est implanté, à Toulon ouest; ça portera ses fruits mais ça prendra du temps. Après, on a de la concurrence, il y a aussi beaucoup de clubs autour qui ont progressé, qui travaillent très bien. Mais on voudrait quand même que les enfants toulonnais, quand ils veulent faire du foot, viennent au Sporting-club de Toulon.

Marcel Dib (SASP) : « On pensait jouer le haut de tableau »

Marcel Dib (62 ans) a connu les grandes heures du Sporting ! Il a même participé à l’accession en Division 1, l’ancêtre de la Ligue 1, dès sa première saison varoise, en 1982-1983.

Le club y séjournera dix ans de suite, avant de littéralement tomber aux oubliettes, malgré un ultime sursaut en 1996 avec un retour en Division 2, pendant deux saisons.

Pendant ce temps, Marcel Dib, lui, se construit un beau palmarès, à l’AS Monaco notamment (huit saisons, de 1985 à 1993), où il devient international (6 sélections), puis à l’Olympique de Marseille, dans sa ville natale, pour l’opération « remontée » lorsque le club phocéen fut rétrogradé en D2. Une fois la mission remplie, Marcel Dib met un terme à sa carrière : il a alors 35 ans et devient directeur sportif de l’OM.

« J’ai une histoire avec cette ville, ce club »

L’été dernier, à la demande de Claude Joye, le président de la SASP Sporting club de Toulon, il a rejoint la rade et quitté Aubagne, où il occupait le poste de directeur sportif depuis 6 ans. Exit le trio Tigana-Bettoni-Damiano. Place à Marcel Dib. « Après l’OM, j’avais arrêté le foot, je me consacrais à mes affaires (il a tenu une brasserie, le Dib’s café, dans un centre commercial de La Ciotat, et aujourd’hui, il tient une paillotte, le Tiki beach, sur la plage à Saint-Cyr-sur-Mer), et puis j’ai remis un pied dedans en 2014, à Aubagne. Auparavant, j’avais donné un coup de main à Michel Scotto, quand il était président de l’AS Cannes, en National, mais il a vendu le club en 2009, donc on n’est pas allé plus loin. »

Sa venue à Toulon ? Il assure que c’est Claude Joye qui l’a convaincu : « Je venais de temps en temps voir des matchs du Sporting, le club de mon club de coeur. Je n’oublie pas que c’est ici que j’ai signé mon premier contrat professionnel et qu’on est monté de D2 en D1. J’ai quand même une histoire ici, avec cette ville, ce club, j’ai effectué l’armée à l’arsenal, il y a les liens du coeur. Et puis, j’ai pensé que c’était une façon de boucler la boucle. Il y a une histoire dans ce club. C’est le club d’une ville qui aime le football. Pour moi, dans le Var, c’est ici, à Toulon, que le football doit se passer. On est dans une ville sportive, où les gens aiment le foot, le hand, le rugby, où les gens aiment le sport. On faisait 14 ou 15 000 spectateurs déjà de mon temps, quand le Rugby marchait bien à l’époque des Gallion, Herrero, Dominici, etc. Il y avait deux grandes équipes à Toulon. Mais je pense que c’est quand même une ville de foot : si le Sporting retrouve le monde pro, vous verrez qu’au centre de formation, il y aura des jeunes d’un peu partout, et au stade, ça repartira, on aura du monde à Bon Rencontre, et peut-être que les infrastructures suivront. »

« Jouer à Bon Rencontre, ça devrait être un plus »

Depuis le début de saison, le Sporting déçoit. Il reste une seconde partie à bien négocier : le nul enregistré à Fréjus/Saint-Raphaël, dans le derby varois (2-2), doit servir de détonateur et lancer une série : « Oui, on est déçu de la première partie de saison, on est déçu du classement. On pensait jouer le haut de tableau même si on se doutait que cela ne serait pas facile, car il y avait encore le traumatisme de la saison passée, quand le club a failli descendre. Les joueurs ont été affectés. Et puis, on s’est aperçu qu’à Bon Rencontre, ils n’étaient pas libérés, qu’ils avaient les pieds qui tremblaient quand il avaient le ballon, alors qu’avant, c’était une force de jouer à domicile; ça devrait être un plus de jouer à Bon Rencontre, où personne ne venait gagner avant. Mais là, depuis le début de l’année, on sent tout de même une amélioration, un meilleur état d’esprit. Aujourd’hui, l’objectif est de remonter au classement, de faire revenir le public au stade. J’aimerais que les gens se reconnaissent dans cette équipe, qu’ils voient des buts. Si on en est là aujourd’hui, c’est parce que ça s’est mal goupillé en début de saison. On a pensé que la machine allait démarrer et à chaque fois, y’a eu un grain de sable. On est dans une situation délicate. Il n y a qu’une seule solution : gagner des matchs. »

Cela passe par un succès contre Sète samedi. C’est si simple à écrire…

Marcel Dib, du tac au tac
« Je suis un directeur sportif qui aime ses joueurs ! »

Meilleur souvenir sportif ?
La victoire de la finale de la coupe de France

Pire souvenir sportif ?
La finale de coupe d’Europe perdue contre le Werder de Brême à Lisbonne… On devait disputer la finale de la coupe de France le samedi suivant, mais il y a eu le drame de Furiani…

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
Parce qu’à 7 ou 8 ans, chez moi, dans mon immeuble, y’avait un mur, je jouais seul au ballon, et puis on m’a décelé un don pour le foot et j’ai pu réaliser mon rêve de devenir professionnel; ça a mis un peu de temps mais j’y suis arrivé. J’ai vu vers 10 ou 11 ans que je faisais partie, avec Laurent Roussey, des meilleurs jeunes de mon âge du côté de Marseille.

Geste technique préféré ?
C’était le crochet.

Qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais râleur, peut-être que j’aboyais un peu trop, sinon j’étais un gagneur ! Et je n’ai jamais douté sur un terrain.

Le club ou l’équipe où vous avez pris le plus de plaisir ?!
Je pense que c’est la première année en première division avec Toulon, quand j’ai remplacé Christian Dalger, à Bon Rencontre, c’est là qu’on m’a découvert, si je peux dire.

Le club où vous avez failli signer ?
L’AS Roma.

Le club où vous auriez rêvé de jouer ?
Liverpool.

Un stade et un club mythique ?
Le Parc des Princes, j’aimais bien disputer les finales là-bas.

Un public ?
Olympiakos Le Pirée.

Plus beau but ?
En coupe de France avec Monaco face à Gaëtan Huard : un piqué ! (l’OM s’était imposé 4-3 en 1989, l’AS Monaco avait pris sa revanche en 1991, 1 à 0).

Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling ?
Bruno Bellone.

Le joueur adverse le plus impressionnant ?
Safet Susic au PSG.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Paganelli !

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Je les vois tous ! Je suis encore en contact avec tous !

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
J’étais bien avec les coachs, je n’ai pas eu de problèmes avec eux, j’ai toujours accepté les décisions.

Un président marquant ?
Le président Campora à Monaco.

Vous êtes un directeur sportif plutôt…
Je suis un directeur sportif qui aime ses joueurs.

Une causerie de coach marquante ?
Les causeries de Rolland Courbis.

Une anecdote de vestiaire ?
Avec Tony Cascarino, à l’OM, dans le vestiaire, il ouvre son sac, il chaussait du 46, et là, il avait deux pieds droits, il s’était trompé, il me dit « il me faut une paire », on va voir Mireille, qui occupait le poste de magasinier : elle me répond qu’elle n’a que des petites tailles, 41 ou 42, et Tony répond « C’est pas grave », il a joué avec et il a marqué deux buts … de la tête ! Un phénomène.

Combien de véritables amis dans le foot ?
Deux ou trois.

Une devise ?
Non, moi je pense juste qu’il faut vivre la vie, pétiller, rigoler, ne pas faire la gueule.

Un match inoubliable de votre carrière ?
Je dirais mon dernier match, au Vélodrome, avec l’OM, qui nous permet de monter en D1, contre Sochaux.

Une idole de jeunesse ?
Maradona.

Votre plus grande fierté ?
D’avoir mes enfants et mes petits enfants près de moi.

Que vous a-t-il manqué pour être un top joueur ?
Etre né un peu plus tôt. J’ai été découvert un peu tard, mais je n’ai aucun regret.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Des hauts et des bas. Mais footballeur, c’est le plus beau métier du monde.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Sporting club de Toulon et 13HF

L’entraîneur des Diables rouges, leaders de leur poule en National 2, raconte sa nouvelle aventure en Normandie, où il est arrivé en décembre 2021 après après avoir fait grimper Saint-Brieuc en National. Bis repetita à Rouen ?

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Samedi soir, le FC Rouen a conforté sa place de leader en s’imposant, dans la douleur, 1 à 0 sur le terrain de Chartres. Dans le même temps, son plus sérieux rival, le Racing club de France, s’est lui aussi imposé à Caen (2-1).

Du coup, c’est le statu quo en haut de classement après la première journée de la phase retour : les Diables rouges ont 3 points d’avance sur les Racigmen (39 points contre 36), qui ont effectué la course en tête jusqu’à la 13e journée avant de voir l’équipe de Maxime d’Ornano passer devant.

L’entraîneur, arrivé sur le banc à Diochon en décembre 2021 en provenance de Saint-Brieuc (National), raconte comment il vit sa nouvelle aventure rouennaise.

Sa carrière de joueur, la transition entraîneur-joueur, ses passages sur le banc à Lannion (National 3) et Saint-Brieuc (National 2 puis National), son sentiment sur la saison actuelle, sa vision du football, son admiration pour le FC Rouen ou encore ses ambitions personnelles, Maxime d’Ornano livre un témoignage plein de sincérité et d’humilité. Avec deux mots qui reviennent comme un refrain : travailler et… gagner !

« À 20 ans, j’entraînais déjà des seniors ! »

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Vous avez été joueur, entraîneur-joueur et maintenant entraîneur, racontez-nous votre parcours…
J’ai commencé le foot assez tard, j’avais 11 ans, dans un club à côté du Mans, La Ferté-Bernard. J’ai été pris en sports-études à Sablé-sur-Sarthe. Puis j’ai intégré l’INF Clairefontaine, un centre de préformation, pendant 3 ans, avant de devenir pensionnaire du centre de formation du Mans où j’ai joué en réserve et participé à quelques entraînements avec les professionnels. Mais une pubalgie m’a éloigné des terrains pendant 6 mois, du coup, après, j’ai entamé une carrière en amateur à Lannion (2 ans en DH), à Saint-Brieuc (4 ans en National 2) et à Avranches en National 3. Après je suis revenu à Lannion, et c’est là que j’ai commencé en tant qu’entraîneur-joueur.

Quel âge aviez-vous quand vous avez entamé votre carrière d’entraîneur ?
J’ai arrêté de jouer à 30 ans donc c’est à ce moment-là. Mais lorsque j’étais joueur à Saint-Brieuc en National 2, j’entraînais en même temps un club seniors en District, l’US Plessala. J’avais 20 ans et j’entraînais déjà des seniors ! J’ai fait aussi 11 ans à Lannion comme coach de DSE jusqu’en National 3. Je suis parti à Saint-Brieuc, j’ai fait 3 ans en National 2, une année en National. Et je suis arrivé à Rouen en décembre 2021.

Avec le président du FCR, Charles Maarek. Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous orienter aussi rapidement vers le métier d’entraîneur ?
J’avais passé mes formations assez jeune, à l’âge de 19 ans, et ça m’a plu. Après, il y a eu les opportunités et le choix d’arrêter de jouer parce que faire les deux c’était compliqué.

A votre arrivée comme coach à Saint-Brieuc, vous connaissiez déjà le club puisque vous aviez porté le maillot comme joueur …

J’ai rejoint à cette époque-là un ami avec qui j’avais joué, Guillaume Allanou, qui était devenu président du club. Aujourd’hui il est président, directeur sportif et entraîneur de la réserve de Saint-Brieuc.

Vous êtes originaire du Var et finalement vous avez fait toute votre carrière pour l’instant entre la Bretagne, la Normandie, dans le Nord-Est de la France…
Je suis né à Ollioules à côté de Toulon parce que mon père était dans les sous-marins dans le Sud. À sa retraite, qu’il a pris de bonne heure, on s’est installé dans la maison qu’on avait au Mans. C’est comme ça que j’ai démarré le foot là-bas. Après, à l’âge de 16 ans, mes parents ont déménagé en Bretagne; moi, j’étais toujours au Mans au centre de formation.

« Je suis parti de Saint-Brieuc car je sentais que c’était le moment »

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Au stade Briochin, vous avez connu l’accession en National, un moment qui a dû vous marquer…
Oui, en plus on était en concurrence avec le FC Rouen à cette époque-là. Et avec Chartres aussi. Le championnat s’est arrêté en mars 2020 à cause de la Covid, donc on n’est pas monté à la loyale. Mais cela faisait 2-3 ans qu’on était toujours dans les 3 premiers du championnat, donc ça oui c’était un fait marquant.

Qu’est-ce qui vous a poussé à partir de Saint-Brieuc alors que les choses se passaient plutôt très bien sportivement ?
Je suis parti, c’est vrai, en avril 2021, alors qu’on était 3e, parce que je sentais que c’était le moment. Moi j’ai toujours la volonté de maîtriser mes choix, maitriser ce que je fais parce que je sentais que c’était le moment tout simplement.

« L’historique du FC Rouen, ça ne laisse pas insensible »

Vous êtes arrivé à Rouen quelques mois après, en décembre 2021. Qu’est-ce qui vous a plu dans ce nouveau projet ?
Premièrement le discours des dirigeants, monsieur Maarek (président) et monsieur De Wailly, qui est décédé depuis. Lors des premiers contacts, j’ai eu affaire à des dirigeants ambitieux. Evidemment, il y a l’historique du club, ça ne laisse pas insensible, cette grosse ferveur, ce passé en professionnel, 120 ans d’existence dont 80 ans au niveau professionnel. Et puis, il y avait un bon groupe de joueurs, que je connaissais un petit peu pour avoir joué contre eux.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Pour un club de N2, cette ferveur est impressionnante, il y a un très gros engouement : ça compte beaucoup lorsque l’on a des objectifs sportifs élevés ?
Bien sûr, on le voit déjà sur notre début de saison. Il y a une grosse ferveur, une grosse affluence. Je crois que le club est dans le top 5 des affluences N1-N2. Et ça, c’est parce qu’il y a une histoire. Je sais que le FC Rouen est un club qui, à termes, rebondira. Cette ferveur, c’est à nous d’en profiter.

C’est vraiment une plus-value, à ce point ?
Clairement c’est une grosse plus-value ! Les joueurs, quand ils signent à Rouen, ils savent qu’il y a cette ferveur, cet engouement. Forcément, lorsqu’on est joueur en 4e division, ça compte.

« Il y a une deuxième partie de saison excitante à vivre »

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Cette saison vous luttez pour la montée en National avec le Racing-club de France : quel regard portez-vous sur cette bataille à distance et comment vous jaugez-vous par rapport à votre concurrent ?
On vient seulement de finir les matchs aller mais oui, on est en bonne position. La première partie de saison a été favorable, on a pris pas mal de points au même titre que le Racing, qui est aussi sur l’euphorie de la saison dernière. Ils ont fait une super saison en National 3 et continuent à performer en National 2. Alors oui effectivement ça peut annoncer un duel. Maintenant, c’est encore un peu tôt même s’il y a un écart qui s’est creusé avec le 3e. Il faut se focaliser sur nous et pas forcément sur le Racing. Il y a une deuxième partie de saison excitante à vivre. Il faut surtout bien travailler.

Le FC Rouen joue l’accession en National depuis quelques saisons et vous avez cette expérience avec Saint-Brieuc : ça peut aider ?
C’est sûr que ce sont des facteurs importants si on doit jouer l’accession, bien sûr. Maintenant, je pense qu’il ne faut pas se projeter plus loin que le prochain match, car c’est toujours celui-là le plus important. Il faut bien le préparer et bien travailler. C’est encore un tout petit peu tôt pour annoncer quoi que ce soit. Janvier et février sont très importants. Après on verra où on se situe en mars et avril, pour le dernier sprint.

« Le passé du club donne une force supplémentaire »

Il n’y a donc pas forcément de projection sur la saison suivante, qu’elle soit en National ou National 2 ?
L’environnement – la ferveur, nos clubs de supporters, parce qu’il y en a plusieurs -, nous rappelle qu’on est dans un club ambitieux, qui veut rebondir. L’histoire pèse aussi dans le quotidien, car ça nous rappelle qu’il faut gagner des matchs. Quoi qu’il arrive, ce sera peut-être cette année, ce sera peut-être dans 2 ans, dans 5 ans, dans 10 ans, je ne sais pas, mais ce club-là rebondira, c’est évident, parce que le passé est toujours présent et donne une force supplémentaire.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Cet aspect-là ajoute-t-il de la pression ?
Dans ce métier, il y a toujours de la pression. Il en faut. La pression, c’est surtout une envie de bien faire. Elle existe dans tous les clubs j’imagine. La seule chose qu’il faut, c’est bien travailler, bien préparer les matchs, bien structurer le club, c’est ça le plus important.

Quels sont vos principes de jeu ? C’est quoi la méthode du coach Maxime d’Ornano ?
J’ai envie surtout que le joueur, que mon groupe, soit épanoui, que mon équipe donne du plaisir aux gens à travers peut être une façon de jouer, à travers des résultats évidemment. Dans notre métier, les résultats sont très importants. Et que chaque personne soit épanouie au quotidien et s’y retrouve. Je reste un peu évasif mais ce n’est pas facile de parler de soi. J’aime que mon équipe ait de l’enthousiasme, qu’elle joue. J’aime surtout que mon équipe gagne.

Avec vos joueurs, avez-vous une certaine proximité ou vous appuyez-vous sur votre staff ?

On a un très bon staff, qui travaille très fort au quotidien. Maintenant, oui, on est dans l’échange permanent. C’est logique. On s’appuie aussi sur des ressentis des joueurs évidemment, sur de l’échange, c’est important, notamment pour chercher à toujours progresser.

« Avec le président, on travaille en circuit très court »

C’est aussi valable avec vos dirigeants ?
Complètement ! On travaille avec le président en circuit très court parce qu’on n’a pas de directeur sportif. C’est très bien, ça permet d’échanger assez régulièrement sur l’équipe actuelle, sur les projets futurs. Ce sont des échanges riches.

S’il fallait ressortir la qualité principale que doit avoir un entraîneur, ce serait laquelle selon vous ?
Être à l’écoute et fédérer. Être à l’écoute c’est important car on n’est jamais tout seul. Et fédérer. On peut aussi dire l’humilité et le travail évidemment.

« Je ne suis pas arrêté à un seul football »

Qui sont vos modèles d’entraîneurs ? Ceux que vous avez rencontrés lors de votre parcours ? Ceux que vous voyez à la télé ?
Je ne suis pas arrêté à un seul modèle, ce serait réducteur. J’aime bien tout regarder, des matchs de foot étranger, des matchs en France, des matchs de National, de National 2… J’aime bien les équipes qui jouent au foot mais je vais surtout m’attarder sur « comment une équipe va gagner » et « de quelle manière ». On est tous attirés par les grosses équipes européennes.

« Retrouver le National avec le FC Rouen, ce serait très bien »

A titre personnel, il y a cette belle perspective de retrouver le National, et l’ambition, peut-être, d’aller encore un cran au-dessus…
Je ne pense pas être carriériste mais on veut toujours aller le plus haut possible, repousser ses limites. On sait que dans le foot, ça peut aller très vite. Effectivement, retrouver le National avec le FC Rouen, au-delà de mon cas personnel, ce serait très bien, déjà pour le club évidemment. Après moi, je ne suis pas là à me projeter plus loin que ce que je fais actuellement. Ce qui m’importe c’est d’optimiser tout ce que je peux optimiser, et de bien travailler.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

L’entraîneur aujourd’hui a de plus en plus d’éléments à gérer. Est-ce un métier plus difficile qu’il y a 10-15 ans ou tout simplement différent ?
Ça dépend des niveaux où vous entraînez. C’est plus facile d’entraîner en National 2 qu’en Première division de District parce que les moyens mis à disposition sont supérieurs, les infrastructures sont meilleures, etc. Maintenant, le métier évolue, les technologies évoluent. Aujourd’hui, on fait beaucoup appel à la vidéo. Les staffs sont plus étoffés. Il y a pas mal de choses qui ont progressé depuis que j’ai commencé il y a 20 ans.

La vidéo fait partie des choses que vous aimez utiliser ?
Oui, c’est efficace. C’est intéressant pour se voir évidemment, essayer de se corriger, c’est du factuel. Les joueurs aiment bien aussi, ça permet d’amener des critiques positives, de bonifier son équipe, et de voir les adversaires évidemment, on ne va pas se mentir. Mais je n’en fais pas une fixation et je n’en fais pas tous les jours non plus. C’est quand même un outil intéressant pour le développement du joueur et de l’équipe.

« Parfois, on a gagné grâce à notre force mentale. Ça montre la qualité de ce groupe »

Si vous deviez dresser un premier bilan, à mi-parcours, qu’est-ce que vous ressortiriez de positif ? Et quels seraient les axes de progression pour la seconde partie de saison ?
Les points positifs c’est qu’on a pris des points, on a gagné des matchs, dont certains avec des bons contenus, d’autres peut-être un peu moins bons mais où on a gagné dans un autre registre, avec une force mentale, je pense à deux ou trois matchs où on gagne dans les arrêts de jeu. Ça montre la qualité de ce groupe. Pour les axes de progrès, c’est de prendre encore moins de buts évidemment (Le FC Rouen possède la 2e défense derrière Chambly) et aussi essayer d’en marque un peu plus (2e attaque, derrière le Racing). Ce sont les points sur lesquels on s’attache à travailler tous les jours.

L’aspect mental, très présent dans certaines de vos victoires, ça peut être utile aussi sur la fin de saison…
Complètement ! Et puis ça rejoint ce que l’on disait sur la ferveur, on se sent poussés. C’est certainement ce qui nous a permis, sur des fins de rencontres, de gagner des matchs à domicile. C’est important d’avoir ce levier-là, dans des matchs où on est peut-être en souffrance. On sait qu’on a cette capacité à se transcender, à ne pas lâcher. Ce sera un levier à actionner en temps voulu.

« On est en retard en termes d’infrastructures »

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Vous partagez le stade Diochon avec Quevilly Rouen, idem pour les locaux administratifs et les infrastructures. Comment vous vivez cette cohabitation ? Comment ça se passe au quotidien ?
C’est une colocation notamment le week-end parce que Quevilly  joue sur le même stade, le club de rugby (Pro D2) aussi. La semaine, effectivement, on partage quelques locaux. Après, nous, on a 15 ans de retard en termes d’infrastructures. Je n’ai pas peur de le dire, puisqu’on ne possède pas de centre d’entraînement, pas de salle de musculation, pas de salle de vie pour les joueurs, et 70% de nos séances s’effectuent sur terrain synthétique. Pour avoir une surface en herbe, c’est à 30 minutes de route. C’est un vrai problème sur lequel on travaille au quotidien avec les dirigeants, avec le staff, pour essayer d’avoir ce centre d’entraînement qui nous permettrait de travailler encore plus dans de meilleures conditions, pour bonifier et améliorer les choses. Maintenant on s’adapte au quotidien. Heureusement qu’on a ce bijou, ce stade Robert-Diochon. C’est un super stade.

Travailler à côté d’un club qui est en Ligue 2, ça peut aider aussi à évoluer sur ces plans-là par exemple ?
On n’est pas dans la même division qu’eux, on est en colocation sur certains aspects, ils ont des avantages que l’on n’a pas puisqu’ils sont à 2 niveaux au-dessus. Maintenant c’est à nous de faire le travail pour les rattraper.

Au niveau humain, avez-vous une proximité avec QRM ? Par exemple avec l’entraîneur Olivier Echouafni ?
On se croise, on échange parfois. Après, chacun est concentré sur son travail, ses activités. On n’est pas toute la journée à échanger mais on est très respectueux les uns envers les autres, il y a zéro problème.

Maxime d’Ornano, du tac au tac

« J’ai toujours eu un peu ce côté formateur »

Maxime d’Ornano avec Bernard Morvan, le photographe du FCR, qui n’oublie jamais sa carte SD !

Meilleur souvenir sportif ?
Il y en a pas mal. C’est peut-être le jour où on m’a annoncé la montée en National avec Saint-Brieuc. C’est bizarre parce qu’on était à l’arrêt, en tête du championnat et le coup de téléphone du directeur sportif qui me dit « on monte ». Il n’y a pas eu de grandes effusions de joie mais on s’est appelé avec les joueurs.

Pire souvenir sportif ?
Une descente en National 3 alors que j’étais joueur à Saint-Brieuc. On avait galéré toute l’année, on avait peu de moyens, on était en grosse difficulté financière et sportive. C’est ma dernière saison de joueur à Saint-Brieuc.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Meilleur joueur entrainé ?
Il y en a pas mal. Il y en a 3 qui sont passés professionnels : Stephen Quemper à Guingamp, Julien Le Cardinal à Lens et Jérémy Le Douaron à Brest (buteur hier soir lors du succès 4 à 0 face à Angers !). C’est plutôt une fierté d’avoir eu, à un moment donné, ces trois joueurs-là parce qu’on est content de leur progression, de leur réussite. Il y en a deux en Ligue 1, ça fait plaisir. J’ai toujours eu un peu en moi ce côté formateur, c’est intéressant quand on arrive à amener un jeune joueur du point A au point B. On est content parce qu’on aura participé à son éclosion et à son accompagnement.

Un entraîneur « impressionnant » que vous avez affronté ?
J’ai affronté Franck Haise. Il était entraîneur de Changé à l’époque en National 3, j’étais entraîneur de Lannion. Sur le moment, on ne pense pas qu’il aura cette ascension mais c’était déjà du très lourd. Et puis un autre entraîneur qui est un ami, c’est Julien Stéphan. J’ai joué avec lui à Saint-Brieuc, on a fait notre formation (DES)  ensemble. Je l’ai affronté plusieurs fois lorsqu’il était avec la réserve du Stade Rennais.

Un modèle ou un mentor ?
Je n’ai pas de modèle mais j’ai eu un mentor, que j’ai connu pendant ma formation à Clairefontaine, c’est Francisco Filho, qui était mon formateur pendant 3 ans, un Brésilien qui par la suite a été adjoint d’Alex Ferguson à Manchester United. C’était vraiment une personne impactante et importante. Il m’a beaucoup aidé. Il m’a eu de 13 ans à 16 ans tous les jours, 3 heures par jour. Donc il m’a éduqué et il a fait de moi la personne que je suis devenu, avec mes parents bien sûr, et l’entraîneur que je suis devenu ! Quand on entame la carrière d’entraîneur on repense forcément à cette personne-là.

Une équipe favorite ?
L’Olympique de Marseille.

Photo Bernard Morvan – FC Rouen

Une philosophie de jeu ?
Que mon équipe ait plus le ballon que l’adversaire et qu’elle marque un but de plus.

Vous êtes un coach plutôt…
Calme.

Une passion en dehors du foot ?
Passer du temps avec ma famille, mes enfants, ma femme.
Sinon je n’ai pas une autre passion qui ressort, j’aime tous les sports et après la grosse passion c’est le football.

Un stade marquant ?
J’ai joué à la MMArena (devenue le stade Marie-Marvingt) au Mans avec Saint-Brieuc en National. Un très beau stade. En tant que joueur, j’ai joué à la Beaujoire, c’était un lever de rideau d’un Nantes – Nice. C’était un beau stade aussi.

Ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite de la saison et puis pour votre carrière d’entraîneur ?
Gagner des matchs, on ne va pas plus loin que ça.

Texte : Timothée Coufourier

Photos : Bernard Morvan / FC Rouen

L’avant-centre du FC Martigues, natif de Manosque, est l’un des grands artisans de l’incroyable début de saison du club provençal, 2e du championnat.

Photo FC Martigues

Avec son mètre 87, Romain Montiel est en quelque sorte une « montagne » ce qui, pour un garçon né dans les Alpes-de-Haute-Provence, n’a rien de surprenant.

Ce qui est plus surprenant, en revanche, c’est de voir son nouveau club, le FC Martigues, promu de National 2, à la 2e place du classement en National. Et quelque soit le résultat de son match en retard, ce soir, à Cholet (l’entretien a été réalisé avant la défaite 2 à 0 sur le terrain de l’équipe de Stéphane Rossi, qui a donc mis un terme à une série de 16 matchs sans défaite pour Martigues), le club de la Venise provençale sera toujours dans le duo de tête, une place qu’une bonne dizaine de clubs aimerait occuper en fin d’exercice, car synonyme de Ligue 2. Au bout d’un moment, difficile de se cacher !

Photo FCM – Guillaume Boitiaux

La Ligue 2, au stade Francis-Turcan, qui connu les grandes heures de la Division 1 entre 1993 et 1996, tout le monde y pense. Mais personne n’en parle.

Le sujet est tout à la fois récurrent et tabou. Il faut dire que la situation fait le larron : la Ligue 2, tout le monde la veut, sinon, à quoi bon « vivre ou survivre » dans ce championnat hybride, ou la plupart des équipes ne sont que de passage.

Photo FCM – Guillaume Boitiaux

Le FC Martigues, lui, y fait en tout cas un passage très remarqué cette année. Il n’a perdu qu’un seul match, lors de la première journée de championnat, à Versailles (2-1), et encore, de l’aveu des « spécialistes », il aurait même pu s’imposer lors de ce match (depuis, le FCM s’est incliné une deuxième fois à Cholet, 2 à 0) !

On salive d’avance à l’idée de retrouver une affiche Martigues-Versailles décisive à la dernière journée !

Ce classement qui n’a absolument rien de flatteur à ce stade de la compétition, le FC Martigues, 3e attaque de la poule (28 buts marqués en 17 matchs) derrière Le Mans (31) et Concarneau (29), le doit à ses talents et aussi à l’épanouissement de Romain Montiel, impliqué dans 10 des buts marqués de son équipe (5 buts et 5 passes décisives, dont la dernière pour Amine Hemia, la semaine dernière, contre Borgo, est un pur régal !).

« Autour de moi, il y a du monde »

Photo FCM – Guillaume Boitiaux

Si l’avant-centre martégal est aussi performant, c’est, comme il le dit, parce qu’il a les joueurs autour de lui : « Si je suis plus épanoui cette saison ? Oui, peut-être, c’est vrai, mais ce qui joue beaucoup, c’est le système de jeu de l’équipe, en 4-2-3-1, avec une pointe devant. En National, y’a beaucoup de coaches qui préfèrent jouer en 3-5-2. Là, avec le système du coach (Grégory Poirier), je suis moins esseulé devant, il y a du monde autour de moi. Et puis, le club et le coach me font confiance, c’est important ».

C’est vrai qu’avec Amine Hemia (6 buts, 2 passes) et aussi les deux feux follets Zakaria Fdaouch (4 buts, 5 passes) et Karim Tlili (5 buts, 3 passes), le danger vient de partout en attaque !

Et même s’il a reculé en numéro 6, Foued Kadir, l’ancien de la maison olympienne, valenciennoise et rennaise en Ligue 1 (39 ans !), n’a rien perdu de ses qualités offensives et de sa patte (3 buts et 2 passes).

Avec autant d’atouts, difficile de ne pas évoquer, donc, cette fameuse Ligue 2. « Oui, on en parle, mais pour rigoler, assure Romain Montiel; On ne se prend pas la tête, et on n’a aucune pression par rapport à ça. Cette série d’invincibilité en cours, c’est notre force mentale qui fait ça. En fait, sur le terrain, on ne calcule pas, on ne pense pas trop au nombre de buts que l’on va encaisser, mais plutôt au nombre de buts que l’on va marquer ! On est vraiment porté vers l’avant, avec quatre joueurs offensifs, donc c’est plus facile pour marquer. »

Neuf saisons à l’AJ Auxerre

Photo FCM – Guillaume Boitiaux

A 27 ans, l’attaquant né à Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), à seulement 100 kilomètres de Martigues –  » J’y ai encore mes parents, mon frère et ma grand-mère » – est parti sur des bases élevées cette saison.

A ce rythme, il devrait battre son record en National, qui date de la saison 2017-2018, lorsque son club formateur, l’AJ Auxerre, l’avait prêté au FC Chambly (9 buts en 22 matchs de championnat et 7 buts en coupe de France) : « J’ai passé 9 saisons à Auxerre ! J’y ai été recruté par Gilles Rouillon, alors que je jouais à Istres, où j’ai passé deux saisons en pré-formation entre 13 et 15 ans. Il m’avait repéré lors de rencontres inter-régionales. Et je ne suis parti d’Auxerre qu’à l’âge de 24 ans, après deux prêts, à Chambly donc, puis au Mans, toujours en National ».

Le Manosquin, qui a commence le football à Saint-Auban, à l’US CASA (Château-Arnoux-Saint-Auban), de débutant à poussin, « parce que mes parents habitaient alors à Château-Arnoux », et qui a poursuivi « plus bas », à l’EP Manosque jusqu’à l’âge de 13 ans, « parce que mes parents ont déménagé ! », a tout de même tâté de la Ligue 2 à Auxerre, mais il a surtout vu les coachs défiler : « Quand je suis revenu de Chambly (National), où j’avais effectué une bonne saison en prêt, avec une demi-finale de coupe de France face aux Herbiers (élimination 2 à 0), j’ai redemandé à être prêté, parce qu’à ce moment-là, Auxerre manquait de stabilité au niveau des staffs. Le Mans (National) était intéressé, alors j’y suis allé, et on est monté en Ligue 2 ! »

« Mon objectif, c’est clairement de retrouver en Ligue 2 »

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Avec Martigues, Romain, récent papa d’une petite Bianca de 7 mois, dispute déjà sa sixième saison en National (Chambly, Le Mans, Béziers, Bourg 2 saisons), avec, dans un coin de la tête, l’idée de retrouver la Ligue 2, connue avec l’AJA : « C’est clairement un objectif d’y retourner ». C’est dire si le vainqueur de la coupe Gambardella 2014 (avec l’AJA) commence à bien connaître ce championnat : « Le National est plus équilibré je trouve cette saison, et je ressens beaucoup plus de pression, notamment à cause des six descentes, ce qui fait que beaucoup d’équipes jouent de manière défensive. Après, parmi les équipes qui m’ont fait bonne impression, il y a le Red Star et Versailles ».

Signer chez un promu, dans un club qui n’avait plus connu cet échelon depuis 10 ans, cela ne lui a pas posé le moindre problème. « Je voulais aller dans un club où, déjà, je pouvais jouer, et où on me faisait confiance. Je savais en venant ici que le coach voulait imposer tel système de jeu. Je connaissais déjà l’environnement car j’ai joué à côté, à Istres, pendant 2 ans. » Et puis je ne suis pas loin de chez moi, à Manosque, j’y suis attaché, j’y retourne assez souvent. »

« Martigues, un club familial et atypique »

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Meilleur souvenir sportif ?
Ma victoire en coupe Gambardella avec Auxerre (en 2014, victoire 2 à 0 en finale contre Reims).

Pire souvenir sportif ?
Le descente de National en National 2 avec Béziers (La FFF avait arrêté les championnat National à 9 journées de la fin, Béziers était 16e sur 18).

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Aucun !

Pourquoi as-tu choisi d’être avant-centre ?
Pour marquer buts (rires) ! Quand j’étais petit, je voulais toujours marquer, à chaque match ! L’an passé, j’ai un peu joué en milieu de terrain ou comme deuxième attaquant, et à Auxerre, j’avais commencé milieu droit mais ce n’était pas ma tasse de thé !

Première fois dans un stade en tant que spectateur ?
OM-Auxerre, Auxerre avait gagné 1 à 0.

Ton geste technique préféré ?
Un crochet.

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualité ? Finisseur. Et défaut ? Les gestes techniques peut-être… On m’a déjà dit que j’étais nonchalant mais pas du tout, c’est peut-être une image, due à la façon dont je me tiens, à ma posture, droite.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?!
Avec Chambly.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Béziers.

Le club où tu as failli signer ?
Y’en a quelques-uns mais pas un en particulier.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le Real Madrid !

Un stade mythique pour toi, un public ?
Le stade Bollaert.

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un, mais tu as droit à 2 ou 3) ?
Raphaël Calvet (Le Mans et Martigues aujourd’hui), Romain Philippoteaux (AJ Auxerre) et Grégory Berthier (AJ Auxerre).

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
Vincent Créhin (Le Mans).

Coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué ?
Romain Philippoteaux.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Si je l’ai perdu de vue, c’est que je n’ai pas envie de le revoir (rires).

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Karim Mokeddem.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
On ne sait jamais qui je peux croiser à l’avenir ! Donc je ne dis rien !

Un président marquant ?
Fulvio Luzi.

Un président à oublier ?
Pareil… Je ne dis rien, on ne sait jamais (rires) !

Une causerie de coach marquante ?
Oui, une de Bruno Luzi (Chambly), avant un déplacement à Pau, il fallait à tout prix gagner, il nous avait mis face à nos responsabilités. Il avait employé des mots un peu « crus ».

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Bloc très bas. On m’a demandé de faire ça.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Une bagarre entre deux joueurs de Chambly le lendemain de la demi-finale de coupe de France perdue à Nantes contre Les Herbiers.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Ludovic Obraniak je pense… J’ai joué avec lui à Auxerre. Non, Benjamin Corgnet (Bourg-en-Bresse) !

Combien de véritables amis dans le foot ?
Une dizaine.

Des rituels, des tocs (avant un match ou dans la vie de tous les jours) ?
Je mets toujours la chaussette gauche avant la chaussette droite, j’écoute toujours la même musique aussi. Du zouk.

Une devise ?
Le destin a fait son choix.

Un chiffre (signification) ?
Le 9.

Un plat, une boisson ?
Souris d’agneau et Perrier-citron.

Hobbies ?
Je m’occupe de ma fille, Bianca.

Musique, cinéma ?
Du zouk, du rap commercial. J’aime bien le rythme et les mélodies du zouk. J’aime bien les films à suspense.

Termine la phrase en un mot ou deux : tu es un joueur plutôt …
Finisseur.

Ton meilleur match ?
Avec Bourg-en-Bresse, contre Orléans, j’avais mis un triplé. On avait gagné 3-1 (novembre 2020). Voir vidéo ci-dessous

Ton pire match ?
Un match de préparation avec Auxerre que j’avais disputé comme milieu droit.

Ton plus beau but ?
Avec Le Mans, contre Laval, devant 20 000 spectateurs au MMArena du Mans, pour le derby ! On avait gagné 1-0. Voir vidéo ci-dessous

Ton plus beau raté ?
En finale de la Gambardella, contre Reims.

Un match de légende pour toi ?
Le dernier France-Argentine, en finale du Mondial.

Un modèle d’attaquant ?
Fernando Torres.

Une idole de jeunesse ?
Fernando Torres.

Ta plus grande fierté ?
Ma fille.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
Kiné.

Le FC Martigues, en deux mots ?
Familial et atypique. Atypique parce que c’est rare de voir un club comme ça, où tout le monde s’entend bien.

Qu’est-ce qui t’a manqué pour jouer un peu plus en Ligue 2 ?
De la maturité, de l’expérience, voilà ce qui me manquait, et un peu de chance aussi.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Bizarre et incroyable !

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photo de couverture : Guillaume Boitiaux – FC Martigues

Photos : FC Martigues / FCM – Guillaume Boitiaux / Eric Cremois EC Photosports

Après un premier contrat pro au Paris FC (L2) et une aventure à Saint-Malo (N2) contrariée par l’arrêt des championnats, le défenseur central de 23 ans, originaire de la région parisienne, a choisi de sortir de sa zone de confort en signant en Autriche à l’été 2021. Un pari gagnant. Après une première saison ponctuée par le titre de Champion de D2 avec l’Austria Lustenau, il s’est affirmé parmi les meilleurs défenseurs centraux de la Bundesliga Autrichienne (D1) tout en poursuivant ses études par correspondance.

Au téléphone, on sent un jeune homme accompli, épanoui et fier de ses choix de carrière. A 23 ans, le défenseur central Jean Hugonet, originaire de Limours (Essonne), a pris une nouvelle dimension depuis son arrivée en Autriche à l’été 2021.

Depuis le début de saison, il a joué l’intégralité des 16 matchs de Bundesliga autrichienne avec l’Austria Lustenau, un club détenu par le président de Clermont (L1), Ahmet Schaefer. Sa carrière, qui avait connu un gros coup d’arrêt après un premier contrat pro au Paris FC en 2019 – où il n’avait pas été conservé -, puis un rebond à Saint-Malo (National 2) écourté par l’arrêt des championnats amateurs, a pris son envol.

Jean Hugonet, formé à Brétigny (Essonne) figure aujourd’hui parmi les meilleurs défenseurs du championnat autrichien. Un pays et un championnat qui ne sont pas des destinations habituellement très prisées par les footballeurs français. Jean partait dans l’inconnu en Autriche. Mais il a osé se mettre en danger en bouleversant son quotidien confortable et bien rempli entre foot, études et musique. Un pari gagnant alors qu’il aurait pu se contenter de rester en National 2 à Saint-Malo où il était capitaine.

Avec ses parents et sa soeur lors du titre, la saison passée, en D2, avec l’Austria Lustenau.

Lors de sa première saison à l’Austria Lustenau, il a remporté le championnat de 2e division autrichienne. « Quand on fait le bilan un an et demi après, on peut dire que j’ai fait le bon choix », reconnaît-il.

Après une trêve de trois mois, la Bundesliga autrichienne reprendra le 12 février. Jean Hugonet et l’Austria Lustenau (8e) qui étaient en stage de préparation en Turquie ces derniers jours, commenceront fort avec un match contre le leader, le Red Bull Salzbourg. Pour @13HeuresFoot, il raconte son parcours qui a souvent été semé d’embuches.

« Jean n’a pas eu un parcours facile mais a toujours été combatif. Le foot, ça peut être parfois violent. Quand on est malade de football, au dernier degré comme je le suis et qu’on voit son fils passer professionnel, on ressent forcément une grande fierté et du bonheur, nous expliquait son père, l’homme politique Jean-Raymond Hugonet, sénateur de l’Essonne et ancien maire de Limours. »

« Peu importe l’environnement : sur un terrain, on est tous pareils ! »

avec l’Austria Lustenau.

Dans une précédente interview, vous nous aviez raconté que chez les jeunes, vous étiez « plutôt fluet » et que vous avez souvent joué dans les équipes 2…
Quand j’étais adolescent, je n’ai jamais attiré l’oeil d’un recruteur à Brétigny, il n’y avait que des phénomènes dans mon équipe comme Moussa Sylla (ex-Monaco, Utrecht). Je me suis vite rendu compte que plus que mon talent, ce serait grâce à mon sérieux et ma détermination que je pourrais moi aussi un jour accéder au monde pro.

Votre père Jean-Raymond est un homme politique reconnu, sénateur de l’Essonne et également musicien. Avez-vous puisé de l’inspiration dans son parcours ?
Surtout dans sa carrière de musicien. À 20 ans, il s’est donné les moyens de vivre sa passion de la musique. J’essaye de faire pareil avec le foot. Dans la famille, mis à part mes parents, on me voyait davantage faire Sciences-po ou les grandes écoles. Si je n’avais pas été footballeur, j’aurais eu ma petite vie et été quand même heureux. Je viens d’un milieu social où je n’ai jamais eu de problèmes. J’avais des copains qui n’avaient presque que le foot comme moyen de s’en sortir. Mais j’ai compris que comme eux, si je voulais écrire ma propre histoire, ça passait par le foot. Peu importe l’environnement, sur un terrain, on est tous pareil : on a tous une paire de chaussures, un ballon et il faut être le plus fort.

Votre détermination avait été récompensée par un contrat pro avec le Paris FC (L2) en 2019. Mais vous n’avez effectué qu’une petite apparition en Coupe de France. Avez-vous des regrets ?
Avec le recul, j’ai compris que je n’étais pas prêt à jouer en L2. Ce contrat est arrivé trop tôt, je n’étais pas assez évolué à tous les niveaux. En plus, je suis tombé la mauvaise année au Paris FC, la seule de ces dernières saisons où il a joué le maintien en étant longtemps relégable. Je comprends que c’était difficile de lancer un jeune dans ces conditions. Mais je n’ai pas pris ça comme un échec. Au contraire, c’était peut-être un mal pour un bien. Après, il y a eu l’arrêt de la saison en mars 2020 avec le Covid. Le Paris FC m’a annoncé par téléphone pendant le premier confinement que je ne serai pas conservé pour la saison suivante. C’était un peu violent. J’ai eu le sentiment qu’on ne m’avait pas laissé assez de temps, même si je sais au fond de moi-même que j’aurais pu mieux faire.

« Quand on a 20 ans, être au chômage et courir tout seul, ça forge le caractère »

La fête avec les supporters de l’Austria Lustenau pour l’accession en N1.

Après votre départ du Paris FC, vous avez connu plusieurs mois d’incertitudes…
Je pensais aller à Créteil en National et j’avais décliné plusieurs propositions en N2. Mais avec Créteil, ça ne s’est pas fait. J’étais à la cave, sans rien. Quand on a 20 ans, être au chômage et devoir aller courir tout seul, ça forge le caractère. J’ai changé aussi d’agent. Heureusement, j’ai pu me relancer à Saint-Malo. Mais comme j’étais pro la saison précédente, j’ai dû attendre le mois d’octobre pour pouvoir jouer. Et il y a eu tout de suite après un nouvel arrêt des championnats à cause du covid… Au total, j’ai joué 4 matchs avec Saint-Malo, un en N2 et trois en Coupe de France, qui avait repris. Saint-Malo est un club bien structuré. On a continué à s’entraîner, on n’a pas été mis au chômage partiel. J’étais bien intégré, on m’avait donné le brassard de capitaine et au départ, il était prévu que je reste pour la saison 2021-2022.

Pourtant, au lieu de continuer avec Saint-Malo en N2, vous avez signé en D2 Autrichienne à l’Austria Lustenau. Comment êtes-vous arrivé là-bas ?
Deux jours après, je devais resigner à Saint-Malo. Mais quelques semaines auparavant, j’avais effectué un essai de deux jours avec la réserve de Clermont et disputé un match amical contre la réserve de Bordeaux. Au bout de trente minutes, je me suis blessé. Je me suis dit, c’est cuit… Mais Clermont m’a pourtant rappelé en me disant qu’ils avaient bien aimé ce que j’avais montré. Ils étaient intéressé par mon profil. Mais à ce moment-là, le club était à la lutte pour la montée en L1. Le deal était simple : s’ils restaient en L2, je signais. En revanche, forcément en L1, le gap aurait été trop élevé et ils avaient besoin de recruter des joueurs plus expérimentés. Clermont est monté en L1. Ils m’ont donc dirigé vers l’Austria Lustenau, un club partenaire également détenu par la président.

Sur le papier, la D2 autrichienne, ça ne fait pas trop rêver. Avez-vous hésité ?
Je me souviens que Lustenau était premier non-relégable en D2 et que j’avais suivi son dernier match alors que j’étais à la piscine, en vacances (sourire)… Mais non, je n’ai pas hésité. En France, niveau foot, c’était compliqué pour moi et j’avais besoin de ce changement. Un contrat pro de deux ans alors qu’à cause du covid, je n’avais presque pas joué pendant un an et demi, c’était même inespéré !

Et dès votre première saison, vous avez remporté le titre de D2 et vous accédez à la Bundesliga autrichienne…
Quand on fait le bilan un an et demi après, on peut dire que j’ai fait le bon choix. Je ne suis pas allé me perdre en D2 roumaine dans un projet bancal. Et j’ai vécu des moments exceptionnels depuis mon arrivée à Lustenau. En France, on demande toujours de l’expérience. Ici, on m’a donné ma chance, j’ai eu la chance de m’imposer tout de suite, j’ai été adopté par les supporters et on a performé avec l’équipe. Entre nous, il y a eu une superbe alchimie. Alors que l’objectif était un maintien tranquille, entre 6e et 10e, on a fait la course en tête toute la saison. L’Autriche, c’est vraiment l’étape parfaite pour ma carrière. Bien sûr, sur un CV, Champion de D2 Autrichienne, c’est moins fort que Champion de L2 en France. Mais c’est beau à vivre… Je n’oublierai pas la ferveur en ville, les festivités.

Comment se passe votre vie à Lustenau ?
C’est une petite ville tranquille près de la frontière suisse. La région est un peu isolée. La plupart des déplacements s’effectuent en bus, c’est souvent assez long, 7 heures… La ville ne fait que 21 000 habitants mais au stade ils sont plus de 7 000. Cette ferveur m’a surpris au départ. Dans le vestiaire, l’ambiance est chaleureuse, familiale. On ressent bien l’esprit allemand, le côté carré, la rigueur. J’ai découvert une autre mentalité qui me convient parfaitement. Pour communiquer, c’est le plus souvent en anglais. Il faut savoir que les Autrichiens parlent mieux anglais que les Français ! J’ai aussi appris un peu l’Allemand. Mais ici, c’est davantage un dialecte donc c’est un peu compliqué. Dans l’équipe, on forme aussi un petit groupe de francophones avec notamment des joueurs prêtés par Clermont. On est souvent ensemble.

« La Bundesliga autrichienne est très observée par les clubs allemands, suisses ou italiens. Ça peut être un bon tremplin »

A l’Austria Lustenau, les supporters sont extrêmement présents.

On voit beaucoup de joueurs amateurs français tenter des aventures dans des pays de l’Est. L’Autriche est un peu moins prisé. Conseilleriez-vous ce championnat ?
Je sais que beaucoup pensent que le championnat autrichien n’est pas du tout suivi, que ce n’est pas ici qu’un joueur pourra passer un cap. En fait, c’est tout le contraire ! On est entre l’Italie et l’Allemagne, l’exposition est royale ! La Bundesliga autrichienne est très observée par les clubs allemands, suisses ou italiens. Ça peut être un bon tremplin. Après, c’est comme partout. L’étranger, ce n’est pas fait pour tout le monde. Ça dépend de ton profil, de tes capacités d’adaptation, ton sens de l’ouverture… J’ai vu des joueurs prometteurs, qui avaient joué en L1, avoir beaucoup de mal ici.

La Bundesliga Autrichienne reprendra le 12 février. Comment s’est passée votre première partie de saison ?
On est 8e sur 12. Il y aura un système de play-off et de play-down avec une seule descente. On joue le maintien. Sur le plan personnel, j’ai tout ce dont je rêvais. C’est ma deuxième saison pleine. Je joue tous les matchs et grâce à cet enchaînement, j’ai pu hisser mon niveau. Entre les équipes, le niveau est assez hétéroclite. Ça va du Red Bull Salzbourg qui est un gros club européen à des clubs plus modestes qui seraient en fin de tableau de L2 française. Mais c’est ça le côté intéressant. C’est un super championnat qui te fait progresser car il permet de se frotter à différents niveaux et à plusieurs types de football.

Votre style de jeu a d’ailleurs évolué par rapport à la France. Les supporters de Lustenau vous ont surnommé « The warrior »…
(Sourire)… Je me suis rendu compte que la technique, bien relancer et être bien positionné, c’était bien beau… Mais à un moment, il faut aussi que ça déménage ! Je ne lâche rien, je mets de l’impact et je sais que les supporters aiment la « grinta » que j’apporte. Quand je suis arrivé ici, j’étais hyper-motivé, je voulais tout défoncer (sic) tellement j’étais frustré de mes dernières saisons. Les supporters m’ont tout de suite renommé comme ça. Avec eux, j’ai une belle relation.

Vous êtes aussi le défenseur qui réalise le plus d’interceptions dans ce championnat…
C’est assez flatteur et ça met en lumière mon boulot. Mais c’est aussi parce qu’on subit beaucoup, donc, en tant que défenseurs, on est assez exposés. C’est comme un gardien dont l’équipe est dominée et qui prend beaucoup de frappes. Statistiquement, il a plus de chance d’avoir un nombre d’arrêts élevés.

« Continuer mes études me permet de rester connecté à la vie réelle »

Vous arrivez en fin de contrat à Lustenau. Comment voyez-vous la suite de votre carrière ?
Lustenau veut me prolonger. Quant à Clermont, ils ont toujours un œil sur moi. Ils voient bien mon développement et ma progression en Autriche. J’ai encore passé deux jours à Clermont. Pour l’instant, je n’ai pas eu trop de retours. Mais retourner en France n’est pas forcément un objectif. J’ai compris assez tôt que le foot en France n’était pas forcément fait pour moi et que je devais passer par l’étranger pour vraiment m’épanouir. Je préfère cette mentalité. Après, entre rester à Lustenau, aller dans un plus gros club autrichien, découvrir la Bundesliga, la Suisse, l’Italie, tout est ouvert… Je pense déjà à bien finir cette saison et je prendrai mon temps pour choisir la meilleure option. Ce qui m’intéresse, c’est de passer de nouveaux caps et franchir d’autres paliers. Signer dans un gros club juste pour la sécurité du contrat ou son montant, pour ne pas jouer ensuite ou être brinquebalé de prêts en prêts, ça ne m’intéresse pas. Pour continuer à progresser, je dois jouer.

Quand vous étiez au Paris FC, vous étiez étudiant en droit à Assas (Paris 2). Vous êtes actuellement en dernière année de Master commerce, management et communication. Pourquoi avez-vous choisi de poursuivre vos études ?
J’effectue mes 3 années en 4 ans par correspondance dans une école de Grenoble. On ne va pas se cacher que le quotidien d’un footballeur professionnel laisse quand même beaucoup de temps à côté. Moi, je ne me vois pas passer tout mon temps libre devant la TV ou à jouer à la console. Je préfère m’occuper le cerveau autrement. Les études, j’en ai besoin. Ça me permet de garder un équilibre personnel et de rester connecté à la vie réelle. J’aime aussi découvrir, aller vers les autres, la vie de vestiaire. Jouer à l’étranger t’oblige à être plus ouvert et curieux sur le monde qui m’entoure. Je prends aussi ça comme une chance.

Jean Hugonet du tac au tac

Première fois dans un stade ?
Un match de L2, Valence – Châteauroux au stade Pompidou lors de la saison 2003-2004.

Meilleur souvenir de joueur ?
Le titre de Champion de D2 Autrichienne avec Lustenau la saison dernière.

Pire souvenir de joueur ?
Mon tir au but manqué avec le Paris FC contre Saint-Priest en Gambardella.

Une manie, une superstition ?
J’appelle toujours mes parents en vidéo quand je suis sur le terrain pour reconnaître la pelouse avant le match.

Le geste technique préféré ?
Le tacle.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Pour les défauts: mon efficacité offensive et le fait de vouloir trop bien faire, ce qui parfois me porte préjudice. Fabien Valéri (son ancien entraineur avec la réserve du Paris FC) m’a souvent répété : « le mieux est l’ennemi du bien ». Au niveau des qualités, ma lecture du jeu, mon jeu de tête, ma relance, et ma « grinta ».

Le stade de l’Austria Lustenau, le Reichshofstadion, a une capacité de 8000 places.

Jouer défenseur, c’était un choix ?
J’ai commencé tout petit en voulant marquer des buts mais ce que je n’aimais pas, c’est que je ne maîtrisais pas ce qu’il se passait derrière moi. J’ai donc rapidement reculé pour être sûr de ne pas avoir à dépendre de quelqu’un, pour ne pas prendre de but (sauf mon gardien mais ce poste ne m’attirait pas pour le coup). Puis pour que je sois plus complet, mes coachs m’ont fait jouer au milieu pendant ma formation, avant d’être définitivement repositionné en défense centrale.

Avez-vous déjà marqué des buts en seniors ? Si oui, lequel est le plus beau ?
Je n’ai malheureusement pas l’embarras du choix mais je dirais une tête puissante en lucarne sur un corner tiré au premier poteau en coupe de France avec Saint-Malo.

Votre sauvetage défensif le plus mémorable ?
La saison dernière avec Lustenau, chez le dernier, nous avons absolument besoin des trois points, car le deuxième nous mettait la pression. On ouvre le score à la 85e, et à la dernière seconde je sauve un ballon sur la ligne sur corner contre nous. L’arbitre siffle juste après ça.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Anthony Modeste en match de préparation contre le FC Köln; en match officiel Benjamin Šeško du RedBull Salzburg.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Jonathan Pitroipa au Paris FC.

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Patrice Derouin en U16 à Brétigny, Mathieu Lacan en U19 au Paris FC, Fabien Valéri en N3 au Paris FC.

Le président qui vous a marqué ?
Didier Brillant à Brétigny pour son amour du club et par sa capacité à faire de grandes choses avec peu de moyens.

Le club où vous vous êtes senti le mieux, où vous avez pris le plus de plaisir ?
À Lustenau mon club actuel, celui où je me suis vraiment épanoui.

Le club que vous avez refusé et que vous regrettez ?
J’avais refusé de beaux projets de N2 à la sortie du Covid et je m’étais retrouvé sans club pendant 6 mois. Mais au regard de ma situation aujourd’hui, ce n’est pas du tout un regret.

Le club qui vous fait rêver ?
L’AC Milan.

Vos joueurs préférés ?
Giorgio Chiellini et Leonardo Bonucci.

Un stade mythique ?
San Siro.

Vos amis dans le foot ?
Eddy Debreux à l’US Saint-Malo, Michael Cheukoua et Anderson Dos Santos à Lustenau.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Jérémy Menez avec qui j’ai joué au Paris FC. Et Bruno Bellone.

Vos occupations en dehors du foot ?
Beaucoup de musique, mes études à distance, et discuter avec mes amis et ma famille.

Sous le maillot du Paris FC.

On sait que la musique est importante dans votre famille. De quel instrument jouez-vous ?
Je joue de la batterie depuis que je suis tout petit. Dans un appartement, c’est un peu compliqué donc je joue plutôt de la guitare ou du piano. Mais quand je reviens chez mes parents, je fais un peu de bruit !

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Je pense que j’aurais bien aimé le métier d’avocat mais je reconnais que c’est une question à laquelle j’ai du mal à répondre.

Le milieu du foot en deux mots ?
Intense et Intransigeant.

La région parisienne où vous avez grandi, la Bretagne où vous avez joué ou l’Autriche ?
Mon cœur est à Paris car c’est là où j’ai grandi et où sont tous mes proches. Mais pour l’aventure footballistique je dirais l’Autriche !

Textes : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : DR

Eliminé en 16e de finale de la coupe de France par Rodez (L2) malgré un match maîtrisé et trois poteaux (0-0, 5-6 tab), le club azuréen, bien calé en haut de tableau de N2, va pouvoir se consacrer à son objectif d’accession en National, après être venu « mourir » deux fois en trois ans à la 2e place  !

Le 11 de départ du RC Pays-de Grasse face à Rodez.

Le football regorge d’histoires. Comme celle des poteaux carrés d’Hampden Park, le stade de Glasgow, en Ecosse, qui a abrité la finale de la coupe d’Europe des clubs champions en 1976, entre Saint-Etienne et le Bayern de Munich. Ces fameux poteaux carrés qui sont entrés dans la légende, Dominique Bathenay et Jacques Santini les avaient heurtés à la 34e et à la 39e minute. Pour les supporters des Verts, pas de doute : si les poteaux, désignés responsables de la défaite 1 à 0, avaient été ronds, « Sainté » aurait gagné !

Au stade de la Paoute, à Grasse, les poteaux sont ronds. Et rien ne dit que, s’ils avaient été carrés, les joueurs du RC Pays de Grasse – club né de la fusion entre le Racing-club de Grasse et l’US Plan-de-Grasse en juillet 2022 – se seraient imposés samedi en 16e de finale de la coupe de France face à Rodez (17e de Ligue 2). Rien ne dit qu’une des trois tentatives de Sahmkou Camara, Herman Ako ou le remuant rentrant Tony Badalassi aurait terminé au fond des filets ruthénois. Seulement voilà, aucune n’est allée au fond !

Une campagne historique

Ultra-dominateurs dans le jeu pendant 90 minutes, et seulement inquiétés sur coups de pied arrêtés, les Azuréens ont finalement craqué à la toute fin de la séance des tirs au but, après que Aymen Souda a manqué une balle de 8e de finale, trouvant le gardien formé au PSG, Sébastien Cibois, sur sa trajectoire…

« La meilleure équipe n’est pas passée, le football est ingrat, j’ai déjà vécu ce genre de situation, donc il faut être respectueux par rapport à ça » : les propos de Didier Santini, le coach arrivé sur le banc du RAF à la fin du mois de novembre dernier, après le limogeage de Laurent Peyrelade, ne consoleront sans doute personne, mais ils témoignent à la fois de la sportivité de l’adversaire et de la performance du 3e de National 2 (2e avant la journée de championnat qui s’est déroulée dans le même temps samedi !). Une performance à des années lumières de la prestation livrée face à La Tamponnaise, au tour précédent, qui avait certes vu la qualification 1 à 0 du Racing, mais dans la douleur. Une inhibition due sans doute à l’enjeu : le club n’avait jamais atteint les 16es de finale de la coupe de France.

« Je n’avais qu’une envie, c’est que le stade explose, mais c est comme ça… C’est difficile à avaler, on a eu la balle de qualif… Mais je suis fier de la prestation qu’on a livrée, même si on est déçu car on méritait de passer, détaillait Loïc Chabas, le coach du RCPG, l’enfant du club (40 ans dont 30 ans de licence au Racing), à la tête des troupes depuis 2013. Je me demandais jusqu’à quand on arriverait à tenir ce rythme et en fait, plus le temps passait, plus on mettait Rodez en difficulté, j’ai été agréablement surpris de ce que l’on a pu produire, maintenant, on va se consacrer au championnat, on en est à la moitié, où il y a une belle aventure là aussi à vivre. Il faut se servir de ce match, de cette expérience. »

Ce scénario cruel et cette élimination aux tirs au but, sous les yeux de Claude Puel et du plus âgé de ses deux fils, Grégoire (Paulin, le plus jeune, était titulaire sur le front de l’attaque grassoise !), les joueurs du président Jean-Philippe Cheton l’avaient déjà vécu la saison passée. C’était au stade Francis Turcan, à Martigues, lors du 4e tour. Là encore dominateurs, ils n’étaient pas parvenus à marquer et s’étaient inclinés aux tirs au but.

Pas très chanceux à la loterie, le RCPG ne l’est pas non plus sur le tapis vert. Depuis l’arrivée à la tête du club en juin 2019 du jeune chef d’entreprise (38 ans), l’équipe fanion, qui fonctionne en SAS (Société par actions simplifiées), et s’appuie sur un budget d’environ 1,3 million d’Euros, a terminé deux fois à la place du dauphin, en 2020 et en 2022. Un vrai Poulidor du National 2 !

L’injustice de la saison 2019-2020

La tribune d’Honneur du stade de La Paoute affichait complet.

La saison passée, le Racing n’a rien pu face à la furia martégale : les Provençaux ont fini la saison en trombe, 6 points devant, et sont montés en National. En 2020, c’est la FFF qui a coupé l’herbe sous le pied des Grassois, longtemps leaders mais tout juste devancés par le FC Annecy au moment de l’arrêt des championnats !

Sans avoir pu défendre leurs chances à fond, sans même avoir pu recevoir Annecy lors de la phase retour (Grasse s’était imposé à l’aller en Haute-Savoie !), les Azuréens ont injustement vu les portes du National se refermer devant eux. Aujourd’hui, Annecy est en Ligue 2, un niveau dont le Racing espère se rapprocher, en accédant, enfin, en National.

Des fumigènes au stade de La Paoute !

On ne dévoilera pas le nom de celui qui nous a récemment soufflés cette phrase à l’oreille – « Cette saison, c’est peut-être notre année » – , mais c’est quelqu’un de bien placé au club ! Il est évident que si les joueurs de Loïc Chabas produisent le même niveau de jeu lors de la deuxième partie de saison que face à Rodez, ils ne seront pas loin de leur objectif.

A 2 points du leader avec un match en moins

Bien calés dans le haut de tableau, à 2 points du nouveau leader Marignane-Gignac, les joueurs de la capitale mondiale des parfums ont cependant un match en moins, tout comme Jura Sud et Lyon Duchère, les autres prétendants. L’accession devrait revenir à l’un de ces quatre clubs, qui se tiennent dans un mouchoir de poche, même s’il ne faut pas enterrer les ambitieux Fréjus/Saint-Raphaël et Hyères.

Le coach, Loïc Chabas (à gauche) avec l’un de ses deux adjoint, Nicolas Soumah.

Dès samedi, il faudra se remettre dans le bain avec un déplacement sur le terrain de la réserve d’Auxerre. « Contre Rodez, ce qui m’a rassuré, c’est que je n’ai pas eu l’impression que l’on disputait un match de coupe, analysait le directeur général du club, Thomas Dersy, lui aussi arrivé dans les valises du président Cheton il y a bientôt 4 ans. On a fait un match maîtrisé, comme s’il s’agissait du championnat. On n’a pas surjoué. On a vu aussi nos qualités et nos défauts ».

Facile de deviner lesquelles. Solidité défensive, esprit de groupe, abnégation, bloc-équipe, activité pour les qualités, auxquelles s’est ajoutée cette saison du jeu, de plus en plus de jeu.

Ce n’est pas une qualité, mais plutôt une politique, celle de la fidélité et de la stabilité : à Grasse, quand on perd trois matchs d’affilée, ce qui est rare (mais cela s’est tout de même produit aux journées 10, 11 et 12 à Marignane-Gignac, contre Canet-en-Roussillon et à Fréjus/Saint-Raphaël), pas de révolution de palais, pas de réunion de crise comme cela peut se produire ailleurs dans le Sud ! Le staff, les dirigeants et les joueurs sont soudés. D’ailleurs, la réaction ne s’est pas fait attendre : depuis ce passage délicat, le Racing a repris sa marche en avant avec trois succès consécutifs et un nul (10 points sur 12).

Et les défauts ? Manque de puissance et réalisme en attaque, exacts reflets des 90 minutes produites face à Rodez, malgré la présence aux avants postes du meilleur buteur de la poule, Dame Gueye (13 buts en 15 matches, deuxième meilleur total des quatre groupes de National 2 confondus derrière Arnold Vula, 14 buts, Racing-club de France 92).

Une identité « azuréenne » voire « locale »

Le gardien Florian Camus.

Gueye, Sénégalais de 27 ans formé à l’académie Diambars, est véritablement le seul joueur de l’équipe à ne pas être du cru : « Je crois que c’est vraiment ce qu’il faut mettre en avant chez nous, poursuit Thomas Dersy; c’est ce côté identitaire. Car hormis Dame, Kevin (Chatelain) et si l’on considère que Vincent Muratori (ex-AS Monaco et Nancy) a été adopté, tous les autres viennent de notre département des Alpes-Maritimes, Grasse, Cannes, Le Cannet, Nice, et deux viennent du Var. »

Le DG va même plus loin : « A notre niveau, en National 2, on ne doit pas être beaucoup de clubs non plus à avoir notre actionnaire qui est de Grasse et un staff avec des gens de Grasse aussi. Avec le directeur sportif, Romain Henry, on axe là-dessus. »

De cela, il en tire une force évidente. C’est là-dessus que le RCPG entend capitaliser. Et aussi, bien entendu, sur sa belle campagne de coupe de France, notamment les deux dernières affiches disputées sur le terrain en synthétique du complexe de La Paoute, du nom de ce quartier situé en contrebas de la ville, à chaque fois devant plus de 2000 spectateurs.

Le capitaine Nicolas Medjian.

Mais personne n’est dupe : c’est l’événement et la renommée de cette compétition qui expliquent la présence de près de 2500 personnes pour la venue de Rodez, une formation qui s’était tout de même qualifiée sur les terrains de Saint-Etienne et Monaco lors des tours précédents ! C’est aussi la bonne image laissée par le XI de la rose, comme on l’appelle ici, qui peut fidéliser un peu plus de monde en championnat.

Les coéquipiers de l’infatigable milieu de terrain et capitaine Nicolas Medjian (34 ans), présent depuis 2008, auront forcément besoin de soutien lors de la phase retour en championnat. Surtout qu’ils recevront Jura Sud, Lyon Duchère, Marignane-Gignac, Fréjus/Saint-Raphaël et Hyères, c’est-à-dire tous ses principaux concurrents de la première partie de tableau !

Si, dans les tribunes, les spectateurs et les supporters sont eux aussi au même niveau que lors de ce match de coupe face à Rodez, alors le RCPG pourrait s’épargner une réputation. Celle d’éternel second.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Romain Boisaubert / RC Pays de Grasse

Huitièmes de leur poule en National 2, les Auvergnats profitent aussi de la coupe pour continuer de grandir. La venue du Paris FC (Ligue 2) en 16e de finale est une nouvelle étape dans l’ascension de ce club niché à 600 mètres d’altitude et coincé entre l’amateurisme et le professionnalisme.

A Chamalières, petite ville de 18 000 habitants située juste à côté de Clermont-Ferrand, les villas sont cossues, l’équipe féminine de volley-ball poursuit son bonhomme de chemin en élite, la banque de France imprime toujours les billets en euros et Giscard-d’Estaing est toujours maire. Louis Giscard-d’Estaing. Le fils de Valéry, l’ancien président de la République, lui-même maire de 1967 à 1974, juste avant de conquérir l’Elysée.

Louis Giscard-d’Estaing était d’ailleurs présent sur le terrain annexe du complexe Gabriel-Montpied, à Clermont-Ferrand, voilà quinze jours, écharpe du club autour du cou, pour le deuxième 32e de finale de l’histoire du club, face à Bourges Foot 18 (il a donné le coup d’envoi).

Grandir Ensemble, le « slogan » floqué sur le bus du club !

Le premier 32e de finale, très récent, s’était soldé par une élimination aux tirs au but au Puy-en-Velay, en janvier 2021. Cette fois, les Auvergnats sont passés, toujours aux tirs au but, à l’issue d’une séance où leur adversaire, entraîné par l’ex-pro William Prunier, a mené deux fois et où le Berruyer Sambou a envoyé une balle de match sur la transversale !

Toutes ces émotions, Vincent Fournier, le portier de Chamalières, et ses coéquipiers les ont partagées avec près de 1500 supporters, dont certains ont envahi le terrain habituellement réservé aux équipes de l’association du Clermont Foot 63.

C’est que le stade Claude-Wolff – du nom d’un autre ancien maire de Chamalières – n’est pas homologué pour recevoir un 32e de finale, encore moins un 16e : raison pour laquelle le Paris FC, club de Ligue 2, défiera les Auvergnats dans l’antre du Clermont Foot, sur le terrain en herbe du stade Gabriel-Montpied. Cela évitera de se perdre dans la forêt du Colombier ou de prendre un sacré coup de froid sur le terrain en synthétique, à 600 mètres d’altitude !

Louis Giscard-d’Estaing, le maire, et le président Jérôme Valeyre.

On plaisante, mais ce sont bien les conditions journalières du FC Chamalières, un club aussi atypique que familial, aux moyens non extensibles, aux infrastructures beaucoup plus proches de l’amateurisme que de ce professionnalisme qu’il touche pourtant du bout des doigts, d’abord en se frottant au Paris FC, ensuite en rencontrant chaque week-end des équipes de National 2 où, bien souvent, les joueurs n’ont que le foot pour vivre.

A Chamalières, il fait froid l’hiver, mais la chaleur humaine des personnes qui « font » le club compense largement ça !

Pour sa quatrième saison en National 2, l’équipe entraînée par un p’tit nouveau, Kevin Pradier (30 ans), est 8e à mi-saison (sur 16), avec deux matchs en retard (à Romorantin mercredi prochain et contre Vierzon dans une semaine). Un classement presque inespéré compte tenu du début de saison (aucune victoire lors des cinq premiers matchs).

Il a fallu un déclic, et celui-ci est intervenu lors de l’entrée en lice en coupe de France, au 4e tour, à Beaumont (Régional 2), fin septembre, avec un premier succès, dans le temps additionnel (but de Kevin Bouvier).

Depuis, les joueurs du président Jérôme Valeyre, 52 ans, courtier en assurances, partenaire particulier devenu président en octobre 2021, ont disputé quinze matchs et n’en ont perdu qu’un seul, à Saumur (3-1, le 5 novembre). Ce qui donne une idée de la solidité de cette équipe dont Kevin Pradier, qui coachait encore en Régional 3 l’an passé, aux Martres-de-Veyres (vous avez vu, on l’a bien écrit !), toujours dans le coin, loue le potentiel offensif.

Jérôme Valeyre (président) : « Cette saison, on déroule… »

Président, vous êtes à la tête du club depuis un peu plus d’un an, et vous voilà en 16e de finale de coupe … C’est déjà le rêve, non ?
Un grand rêve même ! Le club a atteint les 32es de finale pour la première fois de son histoire en janvier 2021, y’a 2 ans, au Puy-en-Velay. Cette fois, un 16e, c’est magnifique pour les joueurs et aussi pour l’entraîneur, Kevin (Pradier), qui vit une première année sur le banc du FC Chamalières assez exceptionnelle en National 2, mais c’est tout à son honneur car c’est en partie lui qui a choisi les joueurs, c’est lui qui a validé tout l’aspect sportif. Le mérite en revient à Kevin.

Justement, ce coach, Kevin Pradier, comment l’avez-vous recruté ? Racontez-nous…
L’aspect sportif, au club, ce n’est pas moi ! C’est Gilles Labre, notre directeur sportif, et Jean-Albert Rodriguez, conseiller technique, deux noms du foot auvergnat, qui l’avaient vu officier comme coach adverse, lors de matchs que l’on avait disputés contre lui, et ils avaient tout de suite remarqué ses qualités. Ils ont pris des infos, qui ont confirmé les dires. Pour tout vous dire, au départ, on a contacté Kevin pour devenir l’adjoint de Jaïr Karam (coach la saison passée) et quand ce dernier a décidé d’aller au Havre (il entraîne la réserve), ce qui était une opportunité pour lui, l’offre d’adjoint s’est transformée en offre d’entraîneur titulaire. J’avais aussi reçu Kevin dans mon bureau et on avait parlé de tout sauf de foot. J’avais besoin de parler avec lui, de le voir, pour le côté humain, et à l’issue de cet entretien, j’ai dit à mes deux fidèles « sportifs », « On y va sans problème » ! Kevin vient des Martres-de-Veyres, où il a toujours été licencié, sauf une ou deux années, et il s’est tout de suite beaucoup mieux fondu dans notre club que n’a pu le faire notre précédent entraîneur, mais ça, ce n’est ni de la faute de Jaïr, ni de la notre… C’est l’environnement qui fait que la personnalité et le parcours de Kevin collent parfaitement à l’esprit du FC Chamalieres.

« Ce 16e de finale est important à plus d’un titre »

Comment se passe votre début de mandat : en un peu plus d’un an, il s’est passé plein de choses au FC Chamalières…
Ca se passe très bien ! La seule chose, c’est que mon arrivée s’est faite juste après le départ de l’entraîneur principal du club, Arnaud Marcantei, qui est à l’origine des différentes montées du club, d’abord de Région en N3, puis en N2. Arnaud, c’est le bébé du club, et aujourd’hui, il est coach à Andrézieux (N2). Il y a eu énormément de mouvement donc, comme le départ également du président qui était là depuis 15 ans, le remplacement d’Arnaud par Jaïr, dont les méthodes ont pu surprendre quelques personnes au club, mais Jaïr est un véritable entraîneur professionnel, donc tout ça fait que l’on a eu beaucoup de chamboulements, et en même temps, j’ai dû m’adapter très vite. Mais à la sortie, on voit le côté positif. L’an passé, on a appris. Et cette saison, on déroule, tout va très bien.

La saison passée, le club a failli descendre en N3… Avez-vous eu peur ?
Oui, on a eu peur, c’était la première année complète de National 2 puisque les deux précédents exercices (2020-21 et 2021-22) avaient été arrêtés par la Covid. Donc il a fallu que l’on se considère comme un promu. Car finalement, on a peu d’expérience en N2.

Contre Bourges, en 32e de finale, on a senti que cette qualification était importante pour vous, pour le club…
Elle était importante à plusieurs titres. D’abord pour les joueurs, parce que disputer un 16e de finale, c’est bien, même s’il ne faut pas qu’ils oublient le championnat ! D’ailleurs, je les ai félicités le week-end dernier après leur victoire en championnat face au Stade Bordelais (4-1) car ils ont bien su enchaîner après la qualification en coupe. Importante aussi financièrement même si recevoir Paris FC, ce n’est pas comme recevoir Lyon, PSG ou Marseille : on n’est pas sur une affiche qui va remplir le Stade Gabriel Montpied, même si j aimerais bien, mais bon, je ne le pense pas. Enfin, à titre personnel aussi et bien entendu pour toute l’équipe dirigeante : cette qualification en 16e valide tous les projets que l’on a fait, comme celui d’avoir embauché un jeune entraîneur local, d’avoir un noyau de joueurs locaux et quelques pépites que nous sommes allés chercher dans les divisions inférieures. Ce 16e de finale valide le projet du club.

« Je suis impressionné par la disponibilité du Clermont Foot »

Vous attendez combien de spectateurs face au Paris FC ?
C’est un grand point d’interrogation. Déjà, tous nos licenciés ont une invitation car on a la volonté de leur faire plaisir. Ensuite, il y a d’autres critères, comme la météo, qui n’est pas terrible, l’attractivité du match, et quelques manifestations autour de Clermont en même temps, donc on ne sait pas trop. Si on a 4000 personnes, ce sera une belle réussite pour le club. On est vraiment aidé par Clermont Auvergne Métropole qui nous met le stade Gabriel-Montpied à disposition, en accord avec Clermont Foot 63 qui nous aide énormément, notamment pour la billetterie et la buvette. Je suis impressionné par la disponibilité des gens au Clermont Foot, un club dont on est proche; notre directeur sportif, Gilles Labre, y a été entraîneur, et récemment, Pascal Gastien, le coach de la Ligue 1, nous disait qu’il était important que l’on se maintienne en National 2, car la réserve du Clermont Foot est en N3, donc ils ont besoin de nous : s’ils ont des joueurs trop « limites » pour la L1, ils peuvent passer par chez nous, comme c’est le cas actuellement avec un joueur prêté cette saison (Fred Gnalega).

Le bémol, c’est l’affluence dans votre stade, à Chamalières ?
Oui, c’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de monde qui vient aux matchs le samedi. On est un peu déçu du manque d affluence mais si on compare avec les années précédentes, on a quand même un peu plus de monde. En ce moment, on est en plein hiver, l’accessibilité au stade est compliquée, y’a eu le début des soldes samedi dernier, on a des travaux sur le parking, bref, les signaux n’étaient pas tous au vert pour le match du week-end dernier face au Stade Bordelais.

Vous dîtes souvent que vous n’êtes pas issu du milieu du foot…
C’est vrai. Mais mon fils, lui, oui ! Il joue en U15 au club. J’ai fait de l’équitation quand j’étais jeune et j’ai toujours beaucoup suivi l’AS Montferrand rugby. En fait, j’étais un des partenaires du club ici, et suite à quelques soucis internes et à une coprésidence temporaire, on m’a sollicité pour prendre la présidence. J’ai été élu fin octobre 2021; ça ne me fait pas peur, car je suis venu accompagné, notamment dans le domaine sportif, avec quelques grands noms du football régional. Donc l’aspect sportif est géré par d’autres personnes. Après, à des postes comme le mien, il faut qu’on soit juste de passage. L’idée c’est de « caler » ce club, de faire monter le budget. Je resterai si besoin mais l’idée c’est de passer le témoin plus tard, de trouver des personnes qui pourront prendre la suite. Je n’ai pas vocation à rester président pendant 10 ans !

« On se « bat » avec Saumur pour le titre de « plus petit budget » ! »

Justement, quel est le budget de fonctionnement ?
Environ 550 000 euros cette saison. On se « bat », entre guillemets, avec Saumur, adversaire de notre championnat, pour savoir qui de nous deux a le plus petit budget de la poule ! Ce qui est sûr, c’est qu’on est vraiment très bas quand on sait qu’aujourd’hui, un budget moyen d’un club de National 2, c’est 1,3 million.

Quand vous dites que vous étiez « partenaire », vous voulez dire « un des gros partenaires du club » ?
Cela dépend ce que vous appelez « gros partenaire »… Chamalières est un petit club, alors oui, à l’échelle du club, un des gros partenaires, si ce n’est le plus gros à ce moment-là.

La joie après la qualification pour les 16es de finale.

Comment décririez-vous le club ?
Amateur, familial et associatif avec tous les bons cotés et les cotés qui, peut-être, ne permettent pas de grandir de façon régulière.

Quel est l’avenir pour un club comme Chamalières ?
(Silence). Je ne sais pas… On voit bien la volonté de la Fédération de professionnaliser au maximum les championnats et de créer une Ligue 3 à la place du National, après, est-ce qu’il restera de la place pour des petits clubs comme Chamalières ? L’avenir nous le dira mais je ne suis pas sûr que Chamalières ait sa place dans un championnat professionnel. Si la Ligue 3 voit le jour, il faudra sans doute aller à un ou deux niveaux en-dessous. Nous, on fait avec les moyens du bord. On est inventif, on va chercher les partenaires. On est « staffé » en National 2, c’est vrai, et c’est bien, mais perdurer dans ce type d’organisation, ça va être compliqué avec notre budget. Si le secteur sportif a de très bons résultats, cela engendrera de nouveaux postes à pourvoir, cela appellera de nouvelles personnes chez nous, et il faudra pouvoir l’assumer financièrement. C’est la clé de tout. Chamalières est une petite ville, les collectivités nous accompagnent, la ville nous aide avec ses moyens, mais c’est vrai que si on voulait mieux structurer le club, il faudrait le faire de manière pérenne et stable, et pas avec des bouts de ficelle, même si, en ce moment, ça marche très bien.

Qu’est ce qui vous rend fier ?
C’est de voir notre plus vieux licencié, Robert Courtial, notre intendant, en larmes dans les bras de notre capitaine (Vinicius Gomes, le fils du Brésilien Cris, l’entraîneur de Versailles en National et ancien joueur de l’OL) à l’issue du match de Bourges et de notre qualification en 16e ! Le club date 1965, Robert a eu sa première licence en 1969. Cette image est forte. Elle restera gravée en moi à jamais. Et elle veut tout dire sur le club.

Kevin Pradier (coach) : « La coupe a lancé notre saison ! »

Kevin Pradier a fêté ses 30 ans en octobre dernier. Le calcul est vite fait : lorsqu’il a été choisi pour prendre les rênes de la formation de National 2 après le départ de Jaïr Karam pour Le Havre, il avait… 29 ans !
N’allez pas chercher le natif de Beaumont, à côté de Clermont-Ferrand, sur ce terrain là, il pourrait – poliment – vous renvoyer dans vos 22 mètres !

Bien sûr, la question de son âge – qui en fait le plus jeune coach en National 2 – lui a été posé 100 fois. Pensez donc, on n’a pas hésité un seul instant avant de la lui poser une 101e fois !

Réfléchi, posé, impliqué, le nouvel entraîneur du FC Chamalières impressionne par sa maturité et son flegme. En six mois, il a déjà conquis tout le monde au club. Son président, Jérôme Valeyre, ne doit pas regretter d’être allé le chercher dans son village, aux Martres-de-Veyres, où Kevin Pradier a grandi, joué et entraîné.

Avec lui, les Auvergnats ont déjà atteint les 16es de finale de coupe de France – record du club – et peuvent envisager de parvenir à l’objectif : un nouveau maintien en National 2, mais en souffrant moins que la saison passée…

Kevin, quand on vous catalogue comme « jeune entraîneur », ça vous agace ?
Au début, ça m’a pas mal agacé, notamment au moment où j’ai signé à Chamalières, parce que qu’on m’a catalogué sur deux choses : 1. mon âge, car j’avais 29 ans, bon, aujourd’hui, j’en ai 30, ça change déjà l’approche ! 2. j’étais en Régional 3 la saison passée, donc c’est ça qui a suscité l’intérêt des médias locaux, avec des questions redondantes. Voilà ce que j’ai dit à ce moment-là, et ce que je vous redis aujourd’hui : ce n’est pas mon âge qui fait mes compétences, mais mon parcours, toutes les formations que j’ai pu passer. Et si je suis en National 2 aujourd’hui, c’est aussi parce que j’ai le diplôme (DES) qui me le permet.

Avez-vous envie de passer le BEPF, par exemple, pour entraîner encore plus haut qu’en N2 ?
Vous dire non, ce serait mentir, parce que c’est forcément dans un coin de ma tête. Après, je viens juste d’arriver en National 2, il faut faire les choses étape par étape et ne pas se croire plus haut qu’on ne l’est, juste parce qu’on a gagné deux ou trois matchs d’affilée. On sait d’où on vient. Je sais d’où je viens. Au bout de 5 journées de championnat en début de saison, lorsque l’on n’avait pas encore gagné un match, cette question ne se posait pas.

Entraîner, c’est votre vocation ?
Oui. J’ai commencé à 18 ans avec ma première équipe, en 2011, en U17 et donc une différence d’âge peu importante.

« En début de saison, on n’était pas loin »

Chamalières a attendu la 6e journée de championnat pour remporter son premier match : avez-vous douté ?
On n’est pas une équipe destinée à jouer le haut de tableau, et ce n’est toujours pas le cas même si on est 8e aujourd’hui (sur 16) mais voilà, c’est déjà une place qu’on n’imaginait pas occuper en début de saison. Après, douter… Franchement, les cinq premières journées, OK, on n’a pas gagné, mais on n’était pas loin. Les matchs se sont joués à rien. A Angers, on perd 1 à 0, on a loupé un penalty et on a un but refusé pour hors jeu. A Nantes, on peut mener à la pause et on prend un rouge en début de 2e mi-temps. En fait, c’est juste que ça ne tournait pas en notre faveur, on ne marquait pas, on n’avait pas ce brin de réussite alors que le potentiel offensif est vraiment important. Là, je suis content parce que ce potentiel est en train de s’exprimer pleinement, ça valorise le travail du staff, qui est très compétitif et investi. On a quelqu’un (Alexis Carmo) qui s’occupe des attaquants, par exemple, un analyste vidéo aussi. On a toujours été très soudé, même quand on ne marquait pas, et voilà, lors de notre dernier match, triplé de notre avant-centre (Patrick Mbina) et aussi premier but pour Michaël Nsilu, mais sincèrement, pour en revenir à notre début de saison, on était très proche. Semaine après semaine, je l’ai répété aux joueurs.

Comment avez-vous choisi votre staff ?
Patrice Dufraise, l’entraîneur des gardiens de but, était déjà là, il a plus d’expérience à ce niveau-là. J’ai pris un adjoint, Alexandre Ferreyrolles, qui est aussi le préparateur athlétique : j’étais son tuteur dans le cadre de son DEF, il entraînait à l’ASM, il est très compétent, il a faim, il a envie de prouver, il a déjà été adjoint en U19 Nationaux, ça a matché avec lui. Il y a aussi Alexis (Carmo), avec qui j’ai joué dans les catégorie de jeunes et qui a fini sa carrière de joueur aux Martres l’an passé avec moi : j’avais besoin de sa connaissance du niveau N2 en tant que joueur (Cannes, Rodez, Moulins). J’ai pris aussi un analyste vidéo, Alexandre Combes, étudiant en STAPS, et on a un kiné, Olivier Carillo, un team manager, deux intendants, sans oublier Gilles Labre, le directeur sportif, présent au quotidien avec nous. Se staffer, c’était la priorité. On le voit au quotidien, c’est une plus-value.

Arnaud Marcantei a passé de nombreuses années au club, n’est-ce pas difficile de lui succéder ?
Déjà, je ne lui ai pas succédé puisque la saison passée, Jaïr (Karam) arrivait de l’extérieur aussi, comme moi cette saison. D’ailleurs, j’étais parfois venu observer ses séances, parce que je m’intéressais au haut niveau régional, comme je l’avais fait aussi avec Arnaud sur des séances les années précédentes. Après, pour en revenir à la question, ça se passe très bien, j’ai été très bien accueilli.

« La semaine de stage passée à Clermont Foot m’a servi »

Vous alliez voir jouer Chamalières avant de signer au club ?
Honnêtement, non. J’ai juste suivi une préparation du temps d’Arnaud (Marcantei) en National 2, y ‘a 2 ou 3 ans, c’était très intéressant, j’avais fait des observations en tribune, et l’an passé, je suis venu voir le match Chamalières – Angers en fin de saison, quand l’idée que je rejoigne le club était dans les clous.

Et Clermont Foot, vous allez les voir jouer en L1 ?
Je regarde les matchs à la télé, en bon supporter auvergnat que je suis ! J’ai eu la chance d’effectuer une semaine de stage avec le groupe pro et l’entraîneur Pascal Gastien, qui a été bienveillant avec moi, qui a pris le temps; c’était l’année de leur accession en Ligue 1, y’a 2 ans. Pascal Gastien m’a ouvert les portes de son groupe dans le cadre de mon stage d’observation. A l’époque, je sortais d’un recyclage. J’avais une méconnaissance totale du haut niveau, des codes, des règles, de l’organisation, alors j’ai choisi de contacter un ami qui m’a mis en contact avec le coach du Clermont Foot. La semaine passée avec eux m’a beaucoup servi dans la compréhension de ce milieu. Je m’en sers aujourd’hui dans l’organisation de mes semaines, idem pour son projet de jeu, toutes proportions gardées bien sûr.

La joie après la qualification pour les 16es de finale.

C’est quoi la différence entre coacher en Régional 3 et en N2 ?
C’est plus facile d’entraîner en N2, car les conditions sont parfaites, le terrain est bon, on a le nombre de buts mobiles que l’on veut, le nombre de joueurs que l’on veut, je peux en enlever, en rajouter, les gars ne sont là que pour ça. En R3, les conditions changent tout le temps. Après, sur l’aspect technique et tactique, les joueurs sont beaucoup plus performants. C’est plus riche en terme de management : la gestion humaine tient une place plus importante aussi, déjà par le fait qu’on se voit tous les jours. En N2, le foot est une partie très importante de leur vie. Mais ça reste les mêmes règles, ça reste du football, simplement, tout va plus vite, après, on met sa sauce, on met sa patte, sans se prendre pour un intellectuel du football.

« Le niveau tactique des équipes est relevé dans notre poule en N2 »

Les joueurs travaillent-ils en dehors du foot ?
La majorité travaille, oui, soit au club avec d’autres missions, soit à côté; par exemple, on a un joueur qui est magasinier et bosse de nuit, un autre qui est pompier professionnel à la caserne de Chamalières, des profs, des étudiants, etc. On est un club, en termes de budget, bien en deçà de la moyenne des budgets de la poule, mais on ne se cache pas derrière ça, simplement, du coup, les codes ne sont pas les mêmes. On s’entraîne tous les jours à 17h, hormis le mercredi, à 20h, car on ne peut pas utiliser notre terrain en synthétique de Chamalières, partagé avec nos 550 licenciés.

Le N2 est-il conforme à l’idée que vous en aviez ?
D’abord, il suffit de lire le classement pour voir qu’il est extrêmement serré. Les équipes de haut de tableau ont des qualités techniques supérieures aux autres. Les équipes sont bien organisées, les staffs effectuent un gros travail, analysent bien leurs adversaires et préparent bien leurs équipes. Les matchs sont relativement fermés. Je dis ça, mais pour le coup, samedi dernier, face au Stade Bordelais, cela n’a pas du tout été le cas (succès 4-1). Mais j’ai le souvenir d’un match contre Angoulême à la 2e journée (0-0) : je ne suis pas sûr qu’il y ait eu une frappe cadrée. Je ne connais pas la poule Sud, on m’a dit que c’était plus « fou-fou », avec plus de qualités individuelles mais moins d’organisation tactique. Dans notre poule, je trouve le niveau tactique des équipes élevé.

« Pas d’excitation particulière »

Contre les 3 premiers de votre poule (GOAL FC, Bergerac et Les Herbiers), vous avez pris 7 points sur 9 : qu’est-ce que cela signifie selon vous ?
On a fait nul à Bergerac, on a gagné aux Herbiers et on a aussi été les premiers à battre GOAL FC, le leader, chez nous. En fait, on a eu un début de saison difficile et ensuite, on a vraiment enchaîné depuis notre premier succès de la saison, en coupe, à Beaumont. Depuis, on n’a perdu qu’une seule foi, à Saumur, qui est 4e. Y’a la dynamique d’une part, et aussi notre style de jeu qui fait que l’on n est pas forcément plus en difficulté contre des équipes qui ont beaucoup le ballon. On avait à chaque fois un plan de jeu très clair, que les joueurs ont su réciter. On a été très rigoureux, comme aux Herbiers, qui est l’une des plus belles équipes que l’on ait affrontée. Contre GOAL, c’était différent : je pense qu’on a été pris de haut, vraiment. Alors que contre Les Herbiers et Bergerac pas du tout. Je me souviens, à la mi-temps du match aux Herbiers, je demande à mes joueurs « Etes-vous surpris de mener 1 à 0 ? » et ils ont répondu « non », parce qu’ils avaient appliqué à la lettre ce qu’on avait bossé. On avait déjà vu à Bergerac et aussi à Moulins-Yzeure que ça marchait. Y’a cette force collective qui se dégage chez nous et cet état d’esprit qui font la différence.

Ce parcours en Coupe de France, ça vous aide ? Vous arrivez à le gérer ?
La coupe, c’est ce qui a complètement lancé notre saison ! De toute façon, on n’avait pas gagné un seul match avant notre entrée en lice, à Beaumont. C’est ce qui nous a permis de gagner en confiance aussi. Notre parcours est ultra-intéressant, on a gagné à la dernière seconde contre une R2 qui a beaucoup fermé le jeu, on a joué une R1 qui a beaucoup ouvert le jeu, ce qui a permis d exploiter tout notre potentiel offensif, on se qualifie aussi deux fois aux tirs au but (Gueugnon et Bourges) ! Contre Mâcon, on est dos au mur, mais on se qualifie ! Tout ça, ce sont des choses qui marquent, qui créent une dynamique. Après, sur le plan physique, pour le moment, ça va, mais là ou ça va se compliquer, c’est après ce match face au Paris FC, que l’on attend extrêmement dur en termes d’intensité, bien au-delà de ce que l’on a l’habitude d’avoir en N2, car on rejoue ensuite le mercredi et le samedi en championnat. Et là, oui, la semaine va être différente à gérer. Déjà, cette semaine, on a organisé lundi dernier un match amical pour les joueurs qui n’ont pas ou peu joué, histoire qu’ils gardent le rythme. Mais bon, jusqu’à présent, les joueurs ont prouvé qu’ils étaient capables de faire « step by step ».

Dans quel état d’esprit êtes-vous avant d’affronter Paris FC ? Excité ? Impatient ?
Pour les dirigeants, ce match est une magnifique récompense, ça va être une belle fête pour eux, même si y’a aussi du stress dus aux préparatifs, mais ils vont profiter d’un moment au stade Montpied, où le Clermont Foot nous a encore mis dans des conditions géniales : le club voisin a vraiment été très classe. Pour moi, à titre personnel, je ne ressens pas d’excitation particulière, je suis quelqu’un d’assez peu démonstratif en termes d’émotion. Je suis vraiment focus sur ce que nous avons à faire, sur la préparation de ce match, mon staff aussi. Après, si ça se trouve, l’adversaire va être trop fort, mais pour moi, ce n’est pas la fête, c’est un 16e de finale de coupe de France contre un club professionnel avec un entraîneur, Thierry Laurey, hyper-expérimenté, que je voyais à la télé avant. Je n’imaginais pas le retrouver sur le banc d’en face, c’est un honneur de jouer contre quelqu’un comme lui !

« Chamalières mérite d’être plus mis en lumière »

Comment décririez-vous le club de Chamalières ?
C’est un club qui mêle le haut niveau, car le N2 c’est le haut niveau, et l’essence de l’esprit associatif : les gens aiment se retrouver, être ensemble. Il y a un côté familial; à Saumur, j’ai retrouvé aussi cet ambivalence-là entre le haut niveau et l’esprit associatif, à Bergerac aussi. Mais assez peu de clubs arrivent à cela, et cela va être de plus en plus difficile de retrouver des clubs comme nous, du fait de la pyramide qu’est en train d’instaurer la FFF , de par le nombre de descentes (22 descentes sur 64 clubs cette saison de N2 en N3). Ce qui fait que ces clubs n’existeront plus et ce sera méritoire d’arriver à se maintenir. Chamalières est un club où l’on se sent bien, où les joueurs se sentent bien aussi, tous ont ce sentiment d’appartenance. Tous ces gens, ces bénévoles, ces dirigeants, ces éducateurs, qui sont là depuis des années, garantissent cet esprit-là. Après, c’est un club qui a eu une ascension fulgurante, qui est passé de R2 en N2 en 5 ans, grâce au travail d’un homme : Arnaud Marcantei.

Un bémol ?
Oui, il n’y a pas assez de monde au match. Samedi dernier, contre le Stade Bordelais, on a été déçu. On est passé de 1500 spectateurs contre Bourges en coupe à 100 personnes. Chamalières mérite mieux en termes d’affluence, par rapport à l’investissement des gens. Il mérite aussi plus de visibilité, même de la part des médias. Bon, là, c’est exceptionnel, y’a la coupe de France, mais il mérite d’être mis plus en lumière.

16e de finale de la coupe de France : FC Chamalières (National 2) – Paris FC (Ligue 2), samedi 21 janvier 2023, à 18h, au stade Gabriel-Montpied, à Clermont-Ferrand.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : 13heuresfoot et FC Chamalières