Avec déjà 15 buts marqués, l’attaquant corse de 27 ans, non conservé l’an passé à Versailles, effectue une saison accomplie au FC Rouen, leader en National 2. S’il est aujourd’hui pleinement épanoui, il a dû surmonter beaucoup d’embûches dans sa carrière.

Photos Bernard Morvan.

Lors de l’épopée de Versailles en Coupe de France l’année dernière, le journal Le Parisien avait demandé à Oussama Berkak et Mickaël Gnahoré, deux anciens du groupe Versaillais, de dresser des mini-portraits de tous leurs coéquipiers.
Pour Christopher Ibayi, cela avait donné ça : « On le surnomme « métis-sucré ». C’est le beau gosse, fou de parfum haut de gamme. Un Corse fier de l’être qui nous fait souvent rire avec son accent. Son foot est académique, sans folie mais très efficace. »

A 27 ans, Christopher Ibayi, fils d’Edmond, un attaquant qui a marqué le foot amateur corse, est aujourd’hui apaisé et épanoui au FC Rouen. Avec déjà 15 buts marqués, le plus haut total de sa carrière jusque-là, il est l’un des artisans du beau parcours du club normand, leader du groupe A de National 2 avec 5 points d’avance sur le Racing, et qui pourrait donc retrouver le National la saison prochaine.

S’il est, aujourd’hui, un des attaquants de National 2 les plus côtés, rien n’a pourtant été facile pour lui. Une fin difficile au SC Bastia, un échec à Tours, une longue blessure qui l’avait fait se diriger vers la vie active en parallèle des matchs de N3 avec le Gallia Lucciana, avant le rebond inespéré à Granville, puis encore une aventure inachevée avec Versailles… Avec sincérité et sans concession sur ses erreurs, le Corse a raconté son parcours loin d’être rectiligne pour 13heuresFoot.

« Mon père m’a fait grandir en tant qu’homme et joueur »

En 1991, Edmond Ibayi, attaquant congolais alors âgé de 24 ans, débarque en Corse. Après avoir joué au CABGL (Lucciana), Ile-Rousse, Porto-Vecchio et à Bonifacio, il y a définitivement posé ses valises. Il est actuellement entraineur au JS Bonifacio, où il s’occupe désormais de la formation après avoir longtemps entrainé l’équipe première en R1.

De son union avec une Corse, est né le 18 juillet 1995 Christopher qui a rapidement suivi les traces de son père qui marqué l’histoire du foot amateur de l’Ile-de-Beauté.

« J’ai commencé le foot à 4 ans à Porto-Vecchio », sourit Christopher qui a également vécu quelques mois dans une autre Ile, la Réunion, où son père avait effectué une pige. « Mon père a été mon mentor. Il a toujours été là pour me conseiller et me reprendre. Il a parfois été dur avec moi mais il m’a fait grandir comme homme et comme joueur. Avec le temps, je suis devenu de plus en plus proche avec lui. J’ai mes parents tous les jours au téléphone. Quand la plate-forme Fuchs les diffusait, mon père pouvait regarder tous mes matchs. On les refaisait tous les deux. Ses retours et débriefing sont très importants pour moi. »

Après Porto-Vecchio et Bonifacio, Christopher Ibayi a rejoint le Pôle Espoirs d’Ajaccio puis le centre de formation du SC Bastia à l’âge de 13 ans.

« Mon rêve de signer pro dans mon club formateur, le SC Bastia, s’est brisé »

Son unique match en pro, avec Bastia, en coupe de France, à Quevilly.

A Bastia, l’attaquant était un cadre de la réserve. Mais il n’a pas pu y signer de contrat pro. « C’était les meilleurs années du Sporting en Ligue 1, il y avait une grosse équipe, j’ai juste été appelé plusieurs fois pour m’entrainer avec les pros mais c’est tout. J’ai des regrets sur ma dernière année. »

Il n’a effectué qu’une seule apparition avec le SCB, le 20 janvier 2015, lors d’un match de Coupe de France à Quevilly (CFA). Comme un présage, le match se déroulait au stade Robert Diochon où il brille aujourd’hui… Bastia s’était incliné aux tirs aux buts (4-2) et Ibayi était rentré au début de la prolongation pour 29 minutes. « J’avais montré de bonnes choses, j’espérais monter encore avec les pros ».

Mais un coup de sang va précipiter la fin de son aventure au Sporting, sept ans après son arrivée. « Mon rêve de signer pro dans mon club formateur s’est brisé, soupire-t-il. J’ai commis une erreur que j’ai payé cash. Malgré mes bonnes performances, j’ai été pénalisé. »

Lors d’un match avec la réserve, il avait reçu un carton rouge… lors de l’échauffement. « L’arbitre nous a dit de rentrer aux vestiaires. Mais il restait encore cinq minutes… Il nous a encore remis un coup de pression. Et moi, j’ai vrillé. Je me suis retrouvé tête contre tête avec lui. J’ai pris 4 matchs de suspension. Ghislain Printant (l’entraineur en L1) m’a convoqué. Il m’a dit : « Tu ne goûteras plus jamais au monde pro et tu n’as plus d’avenir au Sporting »…»

 

« J’ai arrêté le foot pendant 14 mois, j’avais lâché mentalement »

Avec le coach du FCR Maxime d’Ornano

Le coup est rude pour le Corse qui tombe de très haut. Il a 20 ans et un avenir en pointillé. Fin juillet 2015, il est à l’essai dans un club de Ligue Two (D4 Angleterre) quand il reçoit un appel de Fabrice Bertone, alors conseiller du président Jean-Marc Ettori à Tours (L2), deux corses. « En Angleterre, ça se passait bien mais ils voulaient me garder une semaine de plus à l’essai. J’ai donc choisi d’aller à Tours, pour la réserve en National 3. »

La saison se passe moyennement. « Je me suis blessé. Une déchirure à l’insertion des adducteurs. J’ai été arrêté 14 mois. J’ai lâché mentalement. »

S’il rentre en Corse et signe au Gallia Lucciana en Régional 1, il est diminué. « On est monté mais je n’ai pu jouer que deux matchs ». En parallèle, il a déjà mis un pied dans la vie active. Il travaille à la Capitainerie du port à Bonifacio puis dans la restauration. Mais Lucciana, promu en N3, le rappelle alors que la saison 2017-2018 a débuté. Comme Julien Maggiotti (Laval) et Amine Boutrah (Concarneau) après lui, il va trouver un tremplin à Lucciana. « J’ai mis 10 buts en 15 matchs, ça m’a reboosté. Mais je travaillais dans la restauration et j’étais bien dans ma vie en jouant en N3. »

« Granville m’a redonné goût au foot »

Avec son coéquipier « bastiais » comme lui Adrien Pianelli.

L’US Granville arrive pourtant à le convaincre de quitter la Corse. « Je n’étais pas dans l’optique de repartir sur le continent. Mais mon père m’a remotivé. Il m’a dit, « Ok c’est au fin fond de la Normandie mais donne toi deux ans et on fera le point après… » Il avait raison. Cette première saison à Granville m’a redonné goût au foot. C’était la première fois que je jouais National 2 et j’ai vu que je pouvais réussir à ce niveau. Humainement, je suis tombé sur des gens extraordinaires. L’entraineur Johan Gallon m’a fait beaucoup progresser. »

Avec Granville, il inscrit 11 buts puis 6 lors de la seconde saison, stoppée en mars 2020 par la Covid. Au mois de janvier, il avait connu une énorme désillusion. « En 32e de finale de la Coupe de France, j’ai pris un 3e jaune contre Versailles et j’ai été suspendu pour le tour d’après. » Granville tire l’OM, son club de cœur… « On était tous ensemble au club house pour regarder le tirage et quand j’ai vu qu’on prenait l’OM, j’en ai pleuré. C’est un très mauvais souvenir. J’ai raté le match de ma vie. »

Il l’avait déjà appris à ses dépens à Bastia. Les suspensions et les cartons ont souvent servi de (mauvais) fil rouge à sa carrière. « J’en suis pleinement conscient. Quand il y avait des matchs à enjeux, mes démons ressortaient. J’ai raté des matchs importants donc je ne veux plus commettre les mêmes erreurs. Avec l’âge, j’ai gagné en maturité. Je fais moins de fautes et de pétage de câbles… Mes suspensions, c’est davantage à cause des cartons jaunes. »

« La fin à Versailles a tout gâché »

Après ce rendez-vous raté en Coupe de France avec l’OM et l’arrêt prématuré de la saison, Ibayi choisit de quitter Granville. « J’avais fait un peu le tour et je voulais sortir de ma zone de confort. Direction le Périgord et Trélissac. »
Mais il se blesse lors de la préparation et ne peut que disputer que trois matchs de National 2 avant le nouvel arrêt des championnats fin octobre 2020 à cause de la Covid. « Je n’ai pas grand-chose à raconter sur Trélissac. Mais cette saison m’a servi mentalement. »

Il est ensuite contacté par Versailles. Racheté par le groupe immobilier City en mars 2021, le club des Yvelines a changé de dimension. « Le projet était intéressant, il y avait des moyens financiers, ça m’a décidé à rejoindre la région parisienne », explique l’attaquant.

Avec une montée en National, une épopée en Coupe de France qui ne s’arrête qu’en demi-finale à Nice (2-0), la saison est plus que réussie. Petit bémol : un nouveau carton rouge en quarts de finale de la Coupe à Bergerac… Mais Christopher Ibayi affiche aussi des « stats » individuelles plutôt intéressantes : 11 buts en championnat et 6 en Coupe de France. C’est le meilleur buteur de l’équipe. Pourtant, il va tomber de très haut au mois de mai. « J’ai été reçu parmi les premiers, un vendredi. Il étaient trois : Youssef Chibhi (l’entraineur), Marc Mohamed (directeur administratif) et Jean-Luc Arribart (directeur général). Il faut savoir qu’à la trêve, des clubs du dessus voulaient me faire signer mais que j’étais resté à Versailles. Chibhi me dit que j’étais une priorité, que je serai prolongé. »

Trois jours plus tard, le discours du coach a pourtant changé. « Cette fois, on était seuls avec lui, moi et mon agent. Là, il m’annonce que je ne suis pas gardé. Sans trop d’explications à part qu’il a déjà Djoco, Brun et Touré sous contrat et qu’il va faire venir des attaquants du dessus. »

Dans son contrat d’un an figurait une option de prolongation automatique s’il disputait 18 matchs comme titulaire. « J’en étais à 16 et il en restait encore 3 à disputer… Forcément, Chibhi ne m’a plus jamais fait débuter. Bien sûr que je lui en veux. Il m’a empêché de connaître ma première saison en National. Cette fin a tout gâché. »

Le Corse tient aussi à préciser certaines choses : « On a voulu me faire passer pour un mec trop gourmand financièrement qui voulait prendre un billet en plus. Mais c’est faux. Ma première volonté, c’était de m’inscrire dans le projet de Versailles. »

« J’ai envie de rendre au FC Rouen ce qu’il m’a donné »

Sur le marché malgré-lui, Christopher Ibayi était suivi en L2 et National. Mais sans vraiment de concret. « J’étais le 2e ou 3e choix. Il fallait attendre. Sincèrement, après la saison que j’avais faite, je m’attendais à avoir davantage de demandes. J’ai le sentiment d’avoir été négligé en National… »

Rapidement, le 15 juin, il a choisi de s’engager pour deux ans avec Rouen. « C’est après que j’ai eu des propositions en National. Mais c’était trop tard. Je suis un homme de parole et je n’allais pas revenir là-dessus. Mais je ne regrette rien. Avec le recul, je me dis même que quitter Versailles pour Rouen était un mal pour un bien. »

A Rouen, il avoue se sentir « heureux et épanoui ». « J’ai envie de rendre à ce club ce qu’il m’a donné. On ne m’a pas donné la possibilité de grimper en National, je veux le faire avec Rouen. Je suis aussi un peu revanchard. J’ai envie de montrer à ceux qui m’ont laissé sur le côté ou négligé que j’étais un joueur régulier, capable d’enchaîner des saisons à plus de 10 buts, ce qui n’est pas un hasard. »

A bientôt 28 ans, Christopher Ibayi peut aussi juger de son évolution. « J’ai pris en maturité. Avant, j’avais la tête dure. J’étais moins à l’écoute. Mon parcours est un peu atypique. J’ai pas mal bougé. Mais avoir quitté mon petit cocon en Corse m’a fait grandir. Je me suis retrouvé un peu livré à moi-même et j’ai dû me débrouiller seul à mon arrivée sur le continent. Tout cela, ça forge. Je n’ai pas encore signé de contrat professionnel mais chaque jour, je m’en donne les moyens. Je suis professionnel dans ma manière de travailler et j’y prends beaucoup de plaisir. »

Christopher Ibayi, du tac au tac

Première fois dans un stade comme spectateur ?
Le stade Claude Papi de Porto-Vecchio. Je devais avoir 2 ans. C’était pour voir jouer mon père.

Meilleur souvenir de joueur ?
Le parcours en Coupe de France avec Versailles la saison dernière et l’aventure en Gambardella avec Bastia en 2014. On avait atteint les quarts de finale (élimination 2-1 par Laval).

Pire souvenir de joueur ?
Mon carton rouge à Bergerac en quarts de finale de la Coupe de France la saison dernière.

Une manie, une superstition ?
Avant de rentrer sur le terrain pour l’échauffement, 5-10 minutes avant, j’écoute une chanson corse, Sò Elli du groupe l’Arcusgi (C’est la musique d’entrée du SC Bastia à Furiani avant le coup-d’envoi).

Le « So Elli » par L’Arcusgi en direct du Stade Armand-Cesari

Le geste technique préféré ?
Je ne suis pas un gars qui dribble… Mais j’adore faire des enroulés.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Je ne lâche jamais rien, j’ai la culture de la gagne. Mon défaut, c’est l’impulsivité.

Sous le maillot de Versailles, la saison passée, entre Benzia et Pianelli, ses futurs coéquipiers au FC Rouen !

Votre plus beau but ?
C’est récent. C’était contre la réserve de Caen cette saison (22 octobre). On était mené 0-2, on revient à 2-2 et je marque le but du 3-2 sur un coup-franc alors que j’avais des crampes et que je devais sortir. Le stade Diochon avait explosé.

Avancez jusqu’à 2 minutes et 47 secondes pour voir le but sur coup franc de Christopher

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Chez les jeunes, Anthony Martial. En Coupe de France avec Versailles, Branco van den Boomen contre Toulouse et Jean-Clair Todibo contre Nice.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Je me suis juste entrainé avec eux, mais je dirais Ryad Boudebouz et Florian Thauvin à Bastia.

L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vont ont marqué ?
Il y en a quelques-uns… Je vais citer Antoine Pireddu au Creps espoirs d’Ajaccio, Benoit Tavenot, Mickaël d’Amore et Ghislain Printant au centre de formation de Bastia; et Johan Gallon à Granville.

Le président qui vous a marqué ?
Dominique Gortari à Granville.

Une causerie marquante d’un coach ?
Celles de Johan Gallon à Granville. Il savait transcender et emmener ses joueurs.

Le club où vous vous êtes senti le mieux, où vous pris le plus de plaisir ?
Rouen, actuellement. C’était naturel et une évidence de signer ici pour moi. Le club m’a mis dans des bonnes conditions et le public de Diochon m’a adopté. Il n’y a pas de secret. Quand on se sent bien à l’extérieur, on est bien sur le terrain.

Le club qui vous fait rêver ?
En France, je suis un supporter de l’OM. En Espagne, le Barça. Un grand club.

Vos joueurs ou vos joueurs préférés ? Un modèle ?
Aujourd’hui, je n’en ai pas. Mais plus jeune, Thierry Henry m’a fait rêver.

Un stade mythique ?
Le Vélodrome à Marseille et le Nou Camp à Barcelone. Et forcément Furiani à Bastia. C’est particulier.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Wahbi Khazri.

Vos occupations en dehors du foot ?
Je suis assez casanier, donc la musique, les séries, les films. Je m’entretiens aussi beaucoup physiquement. J’ai mes appareils à la maison.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Je vis et je m’entraîne comme un pro mais je n’en ai pas le statut… La nuance est importante pour moi. Après, si je n’avais pas fait du foot à ce niveau, je me serais lancé à fond dans le tennis. Je n’ai pas toujours vécu du foot. En Corse, j’ai travaillé, à la Capitainerie du port, dans la restauration. Au centre de formation, j’avais passé un BEP vente puis un diplôme d’animateur.

Le milieu du foot en deux mots ?
Cruel et beau.

La Corse où vous avez grandi, la Dordogne, la région parisienne ou la Normandie où vous avez joué ?
La Corse, bien sûr !

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photo de couverture : Bernard Morvan

Photos : Bernard Morvan

Depuis son arrivée en France en 2017 à l’âge de 16 ans et demi, le Gabonais Brimau Nziengui n’a pas connu un parcours très linéaire. Après avoir été envoyé en équipe réserve (Régional 1) de Granville par son ancien entraineur Sylvain Didot, il a été réintégré en N2 depuis son départ. Il devrait disputer la CAN U23 avec le Gabon au Maroc qui débute le 24 juin.

Photos US Granvillaise

A l’autre bout du fil, on entend les mouettes et l’écho laisse deviner quelques rafales de vent. « C’est sympa Granville quand il fait beau », nous répond en souriant Brimau-Kevan Nziengui Nziengui (de son nom complet).
A 22 ans, le milieu de terrain ou latéral droit au petit gabarit (1, 72 m), semble aujourd’hui épanoui et regarde sereinement devant lui sans « se faire de films » comme il l’explique.

Arrivé plein d’espoir en France à l’âge de 16 ans et demi chez une de ses tantes en Seine-Saint-Denis, le Gabonais a souvent déchanté. Lancé à 18 ans en National 3 à Versailles, il devait signer au Paris FC (Ligue 2) en 2019. Mais un souci de carte de séjour a empêché l’opération.

Son histoire avec Versailles, qui avait changé entre-temps de dimension financière, s’est ensuite mal terminée.
Il a également connu un gros soucis avec son entraineur Sylvain Didot à Granville qui l’a relégué en réserve (R1) en septembre dernier. Mais son limogeage le 31 janvier dernier a constitué le début d’un nouveau départ pour lui. Réintégré en National 2 avec Granville, il a participé, fin mars, à la qualification du Gabon pour la CAN U23 qui se déroulera au Maroc. Et des clubs de niveau supérieur recommencent à le suivre. « J’ai commis des erreurs de jeunesse mais maintenant, je suis devenu plus mature ». Pour 13heuresFoot, le gamin de Libreville est revenu, sans concession, sur son parcours.

« En arrivant du Gabon, j’ai signé au Bourget où mes cousins jouaient »

De Libreville à Granville en passant par la région parisienne, l’itinéraire de Brimau-Kevan Nziengui Nziengui a été souvent parsemé d’embûches. Mais il s’est accroché. « Comme beaucoup, j’ai commencé à jouer à 6 ans dans la rue. Mon père travaillait dans une société de ciment et ma mère dans la cuisine. Ça allait, on se débrouillait. »

Le petit milieu de terrain a rapidement intégré le Centre de Formation de football de Mounana (CFM), un club basé dans la capitale gabonaise. « Très tôt, mon but était de partir à l’étranger, j’étais déterminé. »
En 2017, il est sélectionné pour la CAN U17 qui se déroule au pays. « Plein de joueurs se sont fait remarquer et sont pros aujourd’hui. Moi, je n’ai rien eu de concret après cette la CAN. J’étais un peu déçu. »

Accompagné de sa mère, il part alors habiter en France chez sa tante qui vit au Blanc-Mesnil (93). « J’avais juste un visa. Comme mes cousins jouaient dans le club du Bourget, j’ai signé dans ce club. C’était en U17 Excellence. Le niveau, c’était quand même un peu bof… Mais je ne connaissais rien en arrivant en France, ni les clubs, ni les divisions. »
En plus du foot, il va au lycée pour préparer un bac pro commerce.

« Ma situation administrative a fait capoter ma signature au Paris FC »

A l’issue de cette saison au Bourget, Brimau rejoint Versailles à l’été 2018, un peu par hasard. « C’était au mois de juin, pendant la période des détections. J’avais un ami qui allait passer un essai avec la réserve de Versailles. Il m’a dit, « tu n’as qu’à venir avec moi »… Lors de la détection, j’ai tapé dans l’oeil de Vincent Mayuma, l’entraineur de la réserve de Versailles. Il a demandé à Youssef Chibhi, l’entraineur de l’équipe première, de venir me voir. Il m’a intégré à l’effectif de la N3 pour la reprise. » Il a alors 17 ans et effectue plusieurs apparitions en équipe première. « J’ai réussi à gratter du temps de jeu, je progressais, j’étais content. »

Lors d’un match de fin de saison, à Aubervilliers, il livre une prestation XXL. Dans les tribunes, Fabien Valeri, alors entraîneur de la réserve du Paris FC (N3), qui suivait le Gabonais depuis quelques semaines, finit par se laisser convaincre de son potentiel. Brimau rencontre Pierre Dréossi et Jean-Luc Ruty, directeur sportif et directeur du centre de formation du Paris FC, au centre d’Orly. Ils lui proposent un contrat de stagiaire pro. D’autres clubs de Ligue 2 comme Grenoble et Dunkerque le suivaient également. « Mais ma situation administrative a tout fait capoter. Le Paris FC a pourtant tout fait pour que j’ai des papiers. Ils m’ont même dit, « rentre au Gabon et tu reviendras ensuite… » Mais c’était trop compliqué. Forcément, tout ça laisse des regrets. J’aurais pu jouer au Paris FC, dans un club pro… Quand j’y repense, ça pique. »

« A Versailles, j’ai été indiscipliné à la fin »

Après ce faux-départ au Paris FC, il revient donc à Versailles. Sur le terrain, tout se passe bien. Il s’impose petit à petit comme titulaire et Versailles est promu en National 2 après l’arrêt des championnats lors du premier confinement, au printemps 2020.

La saison suivante est encore stoppée après neuf journées. Nziengui n’a pu jouer que trois matchs de National 2. Et lorsque les clubs sont de nouveau autorisés à s’entraîner, il se blesse, tout seul, sur une chute. Il est opéré avec succès des ligaments externes d’un genou.

Entre-temps, Versailles a changé de dimension financière avec l’arrivée du groupe immobilier City comme actionnaires en mars 2021.
Au début de la saison 2021-2022, Versailles a effectué un gros recrutement. Plusieurs joueurs confirmés de National et National 2 sont arrivés à son poste. Le Gabonais ne rentre plus dans les plans de l’entraineur Youssef Chibhi, avec qui les rapports s’étaient distendus ces derniers mois. « Brimau n’a pas eu le meilleur des comportements, il a fait des erreurs de jeunesse », explique un membre de son entourage.

« J’ai appris de mes erreurs »

Avec le recul, Nziengui fait son mea-culpa sur cette période : « J’ai été indiscipliné, j’ai été trop pressé, pas assez patient. Mais je revenais de blessure et je ne jouais pas. Le club avait fait un recrutement un peu XXL mais le coach m’avait dit qu’il comptait quand même sur moi. Mais dans la réalité, ce n’est pas ça qui s’est passé. Donc ça m’a énervé. J’ai fait des trucs cons, je boudais, j’arrivais en retard aux entrainements…» En septembre 2021, il finit par résilier son contrat.

Pendant que ses anciens coéquipiers de Versailles font la course en tête en National 2 et poursuivent leur formidable épopée en Coupe de France qui les emmènera jusqu’aux demi-finales à Nice, Nziengui, lui, s’entraîne seul.
Son conseiller le propose à Chambly (National) mais l’affaire ne se conclut pas. Il est tout près de signer à Chantilly (N3) mais préfère rejoindre Granville (N2) en janvier 2022.

En Normandie, bercé par l’air marin, il a trouvé une nouvelle stabilité. « Je suis posé avec ma copine, tranquille. Je veux montrer que je ne suis pas un mauvais garçon. J’ai appris de mes erreurs maintenant. Je sais que je dois respecter et accepter les choix de l’entraineur, rester concentré, et ne plus me comporter comme je l’ai fait à la fin à Versailles. Je suis revanchard.»

« Sylvain Didot a complètement oublié l’aspect humain »

A Granville, il a d’emblée gagné sa place de titulaire. Mais une nouvelle affaire extra-sportive va mettre un nouveau coup d’arrêt à sa carrière. En septembre dernier, il est appelé par la sélection U23 du Gabon. L’entraîneur de Granville, Sylvain Didot, lui oppose un refus catégorique. « Il ne voulait pas que j’y aille. C’est la manière et les mots qu’il a employés qui m’ont fait mal et fait péter un cable. Il n’y avait pas que la sélection, c’était plus profond que ça. Ca faisait 6 ans que je n’étais pas rentré au Gabon, que je n’avais plus revu ma famille. En plus, mon père était malade… D’accord, j’étais sous contrat avec Granville, donc je devais obtenir son autorisation, mais il a complètement oublié l’aspect humain. Il s’en foutait de ce que je pouvais ressentir. Le pire, c’est qu’après, ça, il m’a mis à la cave. »

Brimau est exclu du groupe N2. Il doit s’entraîner et jouer avec la R1 de Granville. « Ca m’a fait mal car je ne méritais pas ça. J’ai été patient. Mais un départ est devenu inéluctable. » Le 31 janvier, lors du dernier jour du mercato hivernal, il s’apprête à signer à Chantilly (N3). Mais il est rattrapé in-extremis par Granville. « On m’a appelé en me disant « le coach est viré », que je devais revenir. J’ai été réintégré en équipe première par Matthias Jouan, mon entraîneur en réserve qui a fait l’intérim avant d’être épaulé par Olivier Cahoreau. »

« Je vais tout faire pour maintenir Granville »

Le nouveau binôme à la tête de l’US Granville lui redonne du temps de jeu en février. Et preuve que les choses ont bien changé, il peut rejoindre, cette fois sans psychodrame, sa sélection du Gabon U23 pour les deux matchs éliminatoires à la CAN de la catégorie qui se déroulera à partir du 24 juin au Maroc.

Vainqueur à l’aller le 25 mars à Franceville (1-0), le Gabon a arraché sa qualification trois jours plus tard au Cameroun après les tirs aux buts (7-6, 0-1). « Ça été une grande joie de se qualifier. Moi, je suis resté sur le banc. Quand on est un compétiteur, on en veut toujours plus. Mais je me dis que c’était déjà bien d’avoir été appelé après tout ce que j’avais connu ces derniers mois. Ça me montre aussi que je dois faire encore plus d’efforts pour avoir plus de temps de jeu en sélection. Mais pouvoir rentrer au pays m’a fait beaucoup de bien au moral. Je suis revenu ressourcé. »

Cela s’est rapidement vu sur le terrain. Trois jours après son retour, il a inscrit son premier but avec Granville face à la réserve de Guingamp le 1er avril (2-0). Si son poste de prédilection est plutôt milieu défensif, il est utilisé en latéral droit. « Je connais mes compétences au milieu mais si c’est pour aider l’équipe, ça ne me dérange pas de jouer à droite. Je suis quelqu’un qui vit dans le moment présent donc je ne fais pas de plan. J’espère déjà finir cette saison le mieux possible et tout faire pour maintenir Granville en N2. Ensuite, j’espère pouvoir accrocher une place dans la liste pour la CAN U23 au Maroc. Pour cela, il faut que je je sois bon avec Granville. »

Pour la suite, il ne veut pas se faire « de films ». « Bien sûr que, comme tout le monde, j’aspire à jouer le plus haut possible. Mais je ne rêve pas, je n’ai pas de clubs préférentiels. Quand je regarde mon parcours, je sais que j’aurais pu faire mieux. Mais je n’ai pas de regrets trop amers. Je suis encore jeune, tout ce que j’ai connu, même les mauvaises expériences, m’ont donné de la maturité. Ça fait partie de ma construction. »

Brimau Nziengui, du Tac au Tac

Première fois dans un stade comme spectateur ?
C’était un match de la sélection du Gabon dans le grand stade de Libreville.

Meilleur souvenir de joueur ?
La CAN U17 au Gabon en 2017. On avait été éliminés en poules. Mais l’ambiance était magnifique. C’est cette CAN qui m’a poussé à continuer le foot et m’a laissé penser qu’il était possible de faire un truc.

Pire souvenir de joueur ?
C’est quand j’ai été appelé en sélection U23 du Gabon en septembre et que Sylvain Didot a refusé que je parte. Je l’ai très mal vécu.

Une manie, une superstition ?
Je mets d’abord ma chaussure gauche avant la droite et je rentre sur le terrain avec ma jambe gauche en premier.

Le geste technique préféré ?
La passe cachée.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Mes qualités, ce sont mon côté athlétique, agressif et joueur de ballon. Après, je manque de concentration sur l’ensemble d’un match.

Votre plus beau but ?
Ce n’était pas en France. C’était au Gabon, au centre de formation en U17. Une frappe des 35 mètres.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
C’est difficile d’en sortir un…

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Bissenty Mendy à Versailles. Il est ensuite parti à Sedan et joue maintenant en Ligue 2 avec Annecy. Un défenseur central très très fort… A Versailles, il avait aussi Bryan Goncalves qui est à Laval (Ligue 2) maintenant, notre buteur Johanne Akassou (Orléans) et Amine Kheche (sans club cette saison) qui étaient aussi forts. On avait une belle équipe.

L’ entraîneur qui vous a marqué ?
Youssef Chibhi à Versailles. C’est lui qui m’a donné ma chance. J’aimais bien son discours, sa philosophie. C’est un vrai tacticien.

L’entraîneur que vous ne voulez plus jamais recroiser ?
Forcément, Sylvain Didot. Ce qu’il m’a fait, ça dépasse le cadre du foot.

Le président qui vous a marqué ?
Daniel Voisin à Versailles et maintenant Benjamin Bahu à Granville. Tous les deux ont toujours été là pour moi.

Le club où vous vous êtes-senti le mieux, où vous avez pris le plus de plaisir ?
J’ai beaucoup aimé Versailles. C’était la famille. Mais je suis très bien maintenant à Granville. Je m’y sens bien.

Le club que vous avez refusé et que vous regrettez ?
Quand j’étais à Versailles, j’aurais pu aller à Fleury (National 2). C’est un bon club de la région parisienne. Mais je regrette moyen…

Le club qui vous fait rêver ?
L’OM pour son ambiance.

Vos joueurs préférés ou modèle ?
Deux milieux : Paul Pogba et Marco Verratti.

Un stade mythique ?
Le stade Vélodrome de l’OM.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Guélor Kanga. Un international gabonais (60 sélections), formé au CF Mounama comme moi. Il joue à l’Etoile Rouge de Belgrade.

Vos occupations en dehors du foot ?
A Granville, il n’y a pas grand-chose à faire à part les restaurants et la plage l’été. Le Casino, je n’y suis jamais allé. Je reste tranquille chez moi, je joue à la play, je regarde des vidéos.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
J’aurais continué l’école et je ne sais pas où ça m’aurait mené…

Le milieu du foot en deux mots ?
Ingrat dans les deux sens.

Le Gabon, la région parisienne ou la Normandie ?
Le Gabon, forcément, c’est mon pays. Mais j’ai bien aimé vivre à « Paname « aussi.

Textes : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : US Granvillaise et DR

 

Le co-président du club provençal, en tête de sa poule en National 2, effectue un très large tour d’horizon de la nouvelle entité MGCB, née de la fusion de deux clubs l’été dernier.

« Ce match, c’est une petite finale ». Voilà comment Christophe Celdran, l’un des quatre présidents du « MGCB » (Marignane Gignac Côte Bleue*) qualifie le choc de la 24e journée de National 2, à Grasse (l’entretien a été réalisé juste avant le match nul 0 à 0 à Grasse). Un choc qui voit le dauphin de la poule – le RC Pays de Grasse – accueillir le leader provençal.

Même si on voit bien la métaphore, on n’est pas obligé d’être d’accord avec le PDG du réseau Clairimmo-Maxihome, le groupe qu’il a fondé en 1995. Parce qu’après ce choc, il restera encore six journées de championnat, et absolument tout pourra se passer. Pour remporter Roland-Garros, Rafael Nadal doit gagner 7 matchs. La fin de parcours du MGCB se rapproche peut-être plus d’un tournoi de tennis, avec un tableau … sans élimination directe !

Un projet ambitieux et cohérent

En revanche, avec Christophe Celdran, on est d’accord sur une chose évidente : la saison est folle ! Folle parce que les quatre équipes de tête étaient encore ex aequo avant la 23e journée, et qu’elles se tiennent aujourd’hui en 3 points avant la 24e !
Folle aussi parce, hormis Auxerre (5e), Hyères (6e) et Thonon Evian Grand Genève (7e, 35 points chacun), les neuf autres équipes de la poule (du 8e au 16e) sont concernées par la descente (5 relégations et peut-être 6 en fonction des moins bons 11es).
Si l’ex-président du FC Côte Bleue (Carry-le-Rouet / Sausset), de 2016 à 2022, est à l’autre bout de l’écran, face à nous, ce n’est pas pour évoquer ce choc au sommet mais pour présenter son nouveau club, né de la fusion l’été dernier de Marignane-Gignac avec, donc, le FC Côte Bleue. Un projet ambitieux, forcément, cohérent, surtout, qu’il détaille dans un long entretien accordé en amont de cette affiche de haut de tableau de National 2.

Agé de 55 ans, Christophe Celdran – aucun lien de parenté avec l’ex-professionnel de Guingamp, Sedan et Le Mans, Philippe Celdran ! – a posé le siège de sa société à Martigues mais a grandi à Sausset-les-Pins, le village dont il est resté fidèle et où ses parents ont déménagé quand il avait 14 ans, après une enfance à Marseille.

Depuis le 1er juillet 2022, il préside aux destinées du MGCB aux côtés des trois autres présidents, Marc Vicendone, Michel Leonardi et Baptiste Giabiconi. « Si on est là, c’est pour le bien du club, lance d’emblée Christophe Celdran; on n’est pas des investisseurs, on ne gagnera pas de l’argent avec le club, il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour le comprendre. Ce que l’on veut, c’est pérenniser le club et sortir des jeunes, se faire plaisir en gagnant des matches, et on verra où est le plafond de verre. C’est un travail quotidien, comme dans une entreprise ».

*Marignane Gignac Côte Bleue est un club fondé en juilet 2022 et né de la fusion entre le Marignane-Gignac FC d’un côté et le FC Côte Bleue de l’autre. le Marignane-Gignac FC etait lui même né de la fusion en 2016 de l’US Marignane et de l’US Gignac; le FC Côte Bleu, quant à lui, était né en 1996 de la fusion entre le SO Saussetois (Sausset-les-Pins) et le Carry Sports Côte Bleue (Carry-le-Rouet).

INTERVIEW

« Ce serait une immense déception de ne pas monter en National »

Les coprésidents Baptiste Giabiconi (à g), Michel Leonardi, Marc Vicendone et Christophe Celdran, encadrent l’entraîneur du MGCB Brahim Hemdani (au centre).

Président, la première saison du MGCB n’est pas terminée, mais peut-on déjà tirer un bilan ? Comment se passe cette fusion ?
On fera le bilan en fin d’année. Là, il ne peut être que provisoire. Sur le plan des licenciés, on est aujourd’hui 1082 : c’est en ligne avec ce qui avait été prévu. Avec la fusion des deux entités, on s’est retrouvé avec des équipes en double. Il a donc fallu en « sacrifier », notamment chez les seniors, où on en a conservé trois. On a aussi supprimé les deux équipes U20, une équipe U19, et on a eu quelques problèmes avec la section féminine, où on a perdu 120 licenciées.

On savait que, mathématiquement, on aurait un effectif total inférieur au cumul des deux clubs. 1082 licenciés, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Malheureusement, des personnes qui n’étaient pas favorables à cette fusion et qui ne la voyaient pas d’un bon oeil ont raconté un peu tout et n’importe quoi… Donc, voilà, la vraie rentrée, ce sera en septembre 2023 : c’est là que l’on fera les compte. On sera plus nombreux et les esprits seront, je le pense, apaisés. Parce que l’on aura appris, tous, éducateurs, dirigeants, directeurs sportifs, à se connaître un peu mieux même si, entre nous, les quatre présidents et les membres du Comité, on se connaît bien.

« Allez expliquer à un joueur de N2 qu’il va aller jouer en R2… »

Et sportivement, êtes-vous dans les clous ?
On est, là encore, en ligne avec les objectifs fixés. L’an passé, on a supprimé les U19 et U20. Par contre, on a refusé la montée en Régional 1 pour permettre aux U18 de la saison passée d’aller plutôt s’aguerrir en Régional 2 : actuellement, on est 6e, à 2 points du 3e, avec des jeunes. On pense que cela a été une bonne décision, surtout que notre équipe II est en National 3, malheureusement elle est dernière de son groupe. En N3, on n’a pas eu beaucoup de réussite, on a mal géré certains matchs, on a été maladroits, et puis c’est toujours difficile de faire redescendre des joueurs de N2 en N3.

Quant à ceux qui jouaient déjà en N3 l’an passé, de la partie Côte Bleue, et qui sont restés au club, ils n’ont pas apporté ce qu’ils auraient dû apporter : pour eux, avec le fait se retrouver en équipe II alors qu’ils jouaient en équipe I l’an passé, la motivation est moins importante. On va essayer de finir le plus haut possible (l’équipe reste sur deux succès 3 à 0 à chaque fois face à l’OM et face à Carnoux) et on verra aussi en fonction des problèmes extra-sportifs de certains clubs.

Très peu de clubs fonctionnent avec une N3 et une N2 : vous arrivez à gérer ça ?
C »est compliqué mais je pense qu’on est passé à côté de quelque chose en National 3, où on visait le maintien, car on a de la qualité. En fait, c’est difficile psychologiquement pour certains joueurs qui, comme je le disais, ont pris un coup au moral en devenant des joueurs de l’équipe II. Mais je sens que l’envie et la motivation sont revenues. Maintenant, allez expliquer à un joueur de N2 qu’il va aller jouer en Régional 2… Je préfère lui dire d’aller en N3. Le « gap » est trop important entre N3 et R2. Et puis ce n’est pas déshonorant de jouer en réserve, surtout en National 3 ! En plus, financièrement, une équipe de R1, et vous allez être surpris de l’apprendre, coûte un peu plus cher qu’une National 3 !

En N3, on a un effectif plus restreint, on n’a pas de salaires exorbitants, les arbitres sont pris en charge par la FFF ainsi que nos déplacements en corse à hauteur de 4 200 euros. Sans compter les aides de la Fédération via la licence club pour nos déplacements. Y’a juste le staff qui coûte un peu plus cher.

« J’ai choisi Brahim Hemdani pour sa patte, sa rigueur, son travail, son humilité »

L’équipe fanion est leader avec 2 points d’avance sur Grasse avant le choc de ce week-end (samedi 15 avril à 18h) : vous attendiez-vous à cela ?
Il faut revenir en arrière : l’été dernier, notre coach Mohamed Sadani est parti à Aubagne, il habite à 5 minutes du stade là-bas, et il a emmené des joueurs. C’est là que l’on s’est demandé ce que l’on voulait faire, comment on voyait le club dans quelques années, si on voulait jouer le maintien ou le haut de tableau, et qui il fallait prendre au poste d’entraîneur en fonction d’un budget à ne pas dépasser.

On a choisi Brahim Hemdani, que je connaissais car il était adjoint à Côte Bleue. On l’a pris pour sa rigueur, sa patte, sa marque de fabrique, son travail, son humilité, alors que l’on a reçu une quantité de CV. Brahim, je l’ai choisi aussi car je connais l’Homme avec un H majuscule, et pas pour jouer le maintien. Ensuite, il a voulu prendre Michel Flos comme adjoint, qui a du réseau, et on a pris Laurent Tudela, l’entraîneur des gardiens, qui était aussi à Côte Bleue. On a un staff restreint et on a mis en place une politique sportive : celle d’avoir des joueurs confirmés avec les jeunes qui étaient déjà au club.

On a aussi fait revenir Guillaume Bosca (8 saisons à Marignane entre 2011 et 2019, parti ensuite à Dunkerque en L2 et au Red Star en National) pour montrer que l’on avait de l’ambition. Guillaume avait déjà fait la montée en National en 2017-18; il connaît le club et a envie de s’incrire sur la durée. Tous les joueurs qui sont venus ont signé pour 2 ans : ce qui montre le projet de s’inscrire sur la durée. On a encore fait un effort à la trêve, en recrutant Karim Bouhmidi (ex-Lyon-Duchère), qui commence à claquer but sur but (6 buts en 7 matchs). On n’a pas le plus gros budget de la poule , loin de là, mais on a un groupe.

« Des idées, de la rigueur et de l’envie »

Vous disiez que ce championnat de N2 était fou…
C’est très serré. On a repris la pole, c’est vrai. On va à Grasse (2e à 2 points), et on a aussi 3 points d’avance sur La Duchère et Jura Sud. Rien n’est acquis. On a la qualité pour aller au bout mais tout peut changer. Malgré tout, je préfère être dans ma position. On va aller à Alès qui fait mal en ce moment avec son nouveau coach Hakim Malek, on va à Thonon Evian qui vient de battre La Duchère. Je pense que cela va se décanter dans les deux dernières journées. Et puis ce qui peut nous aider, c’est que, du 8e jusqu’au 16e, tout le monde joue le maintien.

Récemment, on a « réveillé » Aubagne qui était avant dernier en allant perdre chez eux ; est-ce que c’était le contexte du derby ? Est-ce que c’était parce qu’il y avait notre ancien coach sur le banc d’en face ? Est-ce que c’était dû au fait que des joueurs de chez eux étaient chez nous l’an dernier ? J’espère que cette défaite va nous aider puisqu’on a les a relancés et qu’ils peuvent se maintenir.

Je n’oublie pas que Hyères possède trois fois notre budget, que Fréjus et Toulon ont un budget largement supérieur au nôtre aussi. Nous, on essaie d’avoir des idées, de la rigueur et de l’envie. On ne veut pas de mercenaires mais des gens du cru ou qui connaissent le club, comme Ali Bamba, revenu l’an passé, ou Kassim Abdallah (ex-OM, Evian, Sedan et Ajaccio), formé à Marignane. On souhaite avoir « l’esprit région, local ». On reste un club familial et convivial.

Ne pas monter en National cette année, ce serait une immense déception ?
On a passé la plupart de la saison en tête donc si on finit 2e à un point du premier, on va se souvenir du match retour contre Aubagne, une équipe contre laquelle on n’a pris qu’un point sur 6. Maintenant, même si on n’avait pas programmé la montée, ce serait une immense déception si on n’y parvenait pas, mais on a notre destin entre nos pieds. Les joueurs sont face à leurs responsabilités : qu’est-ce qu’ils veulent faire ? Aller jouer en National la saison prochaine ou rester en National 2 ? Voilà, c’est à eux de décider de ça. Ils ont donné un élément de réponse lors du dernier match contre Hyères, une équipe qui nous a agréablement surpris (succès 4-2). Je ne connais aucun président ni aucun entraîneur qui vous diront en début de saison « Je joue pour descendre » : c’est toujours soit le maintien, soit la montée. Là, il reste 7 matchs : à nous d’être performants. Et si on n’y arrive pas, ça sera partie remise mais on prendra un gros coup au moral.

Développer le business club

Le club a passé une saison en National en 2018-2019 mais après une bonne première partie de championnat, il s’était écroulé après la trêve : qu’avait-il manqué à l’époque pour se maintenir ?
Je connais les raisons internes mais je ne veux pas les dire… Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a eu un problème de management que l’on a mal géré; cela a perturbé l’équipe psychologiquement. Il y a eu une cassure liée à la coupe de France, alors que l’on était 9e à la trêve.

Depuis 2019, le National a encore évolué : comment le MGCB peut-il exister dans ce championnat où il pourrait y avoir plus de la moitié des clubs qui possèdent le statut pro la saison prochaine ?
On travaille avec les partenaires autour du développement d’un business club. On arrive à une quarantaine de partenaires aujourd’hui. Il faudra que l’on se donne les moyens d’exister, sachant qu’avec 255 000 euros de subventions, on est très loin des 1,1 million à Martigues, par exemple. Cela passe par l’arrivée de partenaires privés, même si ce n’est pas ça qui, on est bien d’accord, nous fera jouer un jour en Ligue 1 ou en coupe d’Europe !

Ce que l’on veut, c’est travailler sur la durée, monter en National, puis, sur la dynamique de la montée, espérer un maintien haut, comme le fait Martigues cette saison et là, félicitations à eux, félicitations au travail du staff, à Grégory Poirier qui est un super coach et à Djamal Mohamed le directeur sportif. Ensuite, il faudra pérenniser le club. Après, y’a le fameux serpent de mer avec cette Ligue 3 : on ne sait pas où en est ce feuilleton mais ce qui est sûr, c’est qu’on a envie d’aller jouer au Mans, à Nancy, à Châteauroux, dans des stades qui ont une histoire, contre des clubs qui ont un vécu.

« La Ligue 2, c’est du fantasme »

La Ligue 2 pourrait-elle, à termes, être envisagée ?
La Ligue 2, c’est du fantasme. Mais après tout, Martigues prouve que « pourquoi pas ? ». Nous, on en est très loin, d’ailleurs, on n’est même pas en National ! Après, Consolat a failli monter en L2 avec des moyens pires que les nôtres ! Ce que je vois, c’est qu’au MGCB, on a des infrastructures avec 12 ou 13 stades qui permettent de bien travailler sur la masse.

On a aussi un projet de centre de formation : on est déjà en partenariat avec un lycée à Marignane qui va ouvrir une classe sportive, idem dans un collège à Sausset-les-Pins, qui va en lancer une. On travaille sur un centre d’hébergement, à Marignane ou à Sausset, pour avoir des joueurs qui viennent d’un peu plus loin que la région. Mais tout ça ne se fait pas du jour au lendemain. C’est pour ça que si on monte en National, ça mettra un coup d’accélérateur à ces projets-là. La locomotive, c’est l’équipe première, c’est pour tous les clubs comme ça.

Mais y’a du monde, avec Martigues, même si eux, ils sont plutôt en concurrence avec Istres; nous, on est plutôt tourné vers Vitrolles, Berre, Aix, Luynes, les quartiers nord de Marseille aussi. On essaie avec nos modestes moyens de bien travailler, d’être pragmatiques, concrets, pour essayer de tirer la quintessence du club. On veut faire un gros club, à l’est de l’étang de Berre.

« Il faut une enceinte sportive digne du département »

Le stade Saint-Exupéry à Marignane.

De toute façon, si un jour le club venait à évoluer en Ligue 2, il serait confronté à un problème d’infrastructures…
C’est le point noir du département qui, hormis le Vélodrome, n’a pas de stade. C’est un scandale et cela relève du domaine politique. La communauté territoriale a toute sa responsabilité là-dedans. Y’a le stade Parsemain, au bout du bout du département, qui a été repris par la Métropole; il y a le stade Turcan de Martigues, qu’il faudrait rénover, le stade Delort à côté du Vélodrome qui est dédié à l’athlétisme, et puis voilà.

La métropole doit se poser la question, car une municipalité ne peut pas financer une infrastructure à 10 ou 15 millions d’euros : peut-on avoir un club de la région avec une deuxième enceinte de 5 000 ou 7 000 places pour abriter un club de Ligue 2 ? Ou bien doit-on faire ce qu’il faut pour que le stade Parsemain soit aux normes et, surtout, pour que l’on puisse y jouer quand il y a du vent ? Ou alors faut-il rénover Turcan ? A Marignane, au complexe Bolmon, où s’entraîne la N2, on a un projet, il y a quelque chose de bien à faire dans ce stade, donc à voir… si les architectes, encore une fois, écoutent. Pas comme pour le stade Parsemain qui a été construit en dépit du bons sens.

En tout cas, il faut une enceinte sportive, digne du département, avec des clubs résidents ou pas, qui puisse accueillir des événements sportifs mais aussi des concerts. Ce problème, c’est le même que l’on retrouve à Paris. La Métropole doit prendre ce dossier à bras-le-corps. Alors, forcément, cela fera des mécontents en fonction du lieu choisi, mais maintenant, il faut y aller !

Même le stade St-Exupéry, à Marignane, est « limite » pour le National : y’ a-t-il un projet de rénovation ?
Chaque chose en son temps. Le club était moribond il y a deux ans. Je suis venu pour redonner de l’ambition et du dynamisme. On a anticipé la fusion, on y est allé à marche forcée, mais ça s’est bien passé. Il y a un engouement qui se met en place parce que le club redevient ambitieux et parce qu’on a des résultats, que l’on crée du jeu. On verra, si on monte, pour faire quelques aménagements à Saint-Exupéry, avec, on l’espère, l’aide de la mairie, même si celle-ci a le projet de tout raser pour y faire un programme immobilier.

Avec cette fusion, comment vous organisez-vous au niveau des jeunes ?
Jusqu’aux U13, il y a un pole à Côte Bleue, où les jeunes sont l’ADN, et un autre à Gignac, réputé pour sa formation. On n’a pas voulu déplacer les « petits ». Il faut que la greffe prenne. Récemment, on a fait un rassemblement à Carry-le-Rouet en U10 et U11, avec les jeunes des deux pôles, tous mélangés, pour que tout le monde se connaisse, pour que les coachs discutent entre eux, pour qu’il y ait une émulation, un dynamisme.

L’idée est de travailler main dans la main, et pas de se dire « Ceux de Gignac sont meilleurs que ceux de Carry ». Il y a de la place pour tous. On a des jeunes en foot à 8 ans qui gagnent tout ! On a un réservoir, un vivier. Ensuite, on resserre à partir de la catégorie U14. La difficulté, c’est d’être fédérateur et de récupérer les meilleurs jeunes de la région : il faut arrêter de se « faire la guerre », Martigues, Istres, Aubagne et nous.

« Nous serons bientôt cinq coprésidents »

Comment fonctionnez-vous avec les trois autres présidents ?
Nous sommes quatre coprésidents. Marc Vicendone, qui est le patron de Villas Prisme, est un historique de Marignane. Michel Lombardi est le président historique de Gignac. Ce sont surtout eux qui sont au club au quotidien. Baptiste Giabiconi s’occupe des relations publiques et de la communication. Quant à moi, j’étais le président du FC Côte Bleue et j’avais déjà été président de Marignane pendant un an. Je m’occupe surtout du pôle seniors et des 18 ans. Je laisse la gestion du quotidien à Marc, qui s’occupe plus du coté « jeunes » : on se répartit bien les tâches, on a appris à ce connaître, on fait ça sans forcer le trait, comme si on se connaissait depuis toujours. On a partagé les tâches de manière naturelle. Bientôt, nous ne serons plus quatre, mais cinq coprésidents…

« Giabiconi n’est pas le monstre que l’on a décrit »

Dans un passé récent, Baptiste Giabiconi a été président du FC Martigues, où il n’a pas laissé de très bons souvenirs, c’est le moins que l’on puisse dire…
Il connaît bien le maire de Marignane, et avec un an de recul, maintenant qu’on le connaît beaucoup mieux, il n’est pas le monstre que les médias ont bien voulu décrire. Il ne s’en est pas mis « plein les poches » à Martigues contrairement a ce qui a été écrit, et c’est un bon mec. Il a été le bouc émissaire d’une mauvaise gestion de la part de certaines personnes et de la municipalité de Martigues.

Bergerac, club de N2, passe actuellement en société : votre équipe fanion peut-elle, elle aussi, sortir du giron de l’association ?
Pas dans l’immédiat. On a un gros projet que l’on va présenter au comité directeur, qui permettra d’aller au-delà de l’aspect sportif, basé sur le business, le domaine entrepreneurial et les RSE. C’est un projet ambitieux mais réaliste, très « corporate », qui peut fédérer les énergies et apporter des moyens financier supérieurs afin d’exister en National.

« Aucun joueur ne touche plus de 3000 euros »

Brahim Hemdani, le coach de l’équipe de N2.

Le budget du club et de l’équipe fanion ?
Pour l’équipe de N2, il est de 600 000 euros, et pour l’ensemble du club, il est de 1,5 millions d’euros, avec une N3, des U17 Nationaux, etc. Chez nous, en National 2, il n’y a aucun joueur qui touche plus de 3000 euros par mois. Et on ne fait pas de surenchère, contrairement à d’autres clubs. Nos maîtres mots sont humilité, travail, rigueur, collectif et mentalité.

Avant vous, d’autres clubs ont essayé d’aller plus haut, comme Istres, Cassis-Carnoux ou Arles-Avignon : n’avez-vous pas peur de vous brûler les ailes ?
Au sein du MGCB, le projet sportif est écrit, le projet financier est en train de s’écrire, celui des infrastructures aussi. On va essayer de ne pas faire comme certains, je pense à Arles-Avignon et un peu à Istres même si Bertrand Benoît avait au départ fait du très bon boulot. Nous, ce n’est pas la lumière qui va nous brûler les ailes : on sait où on veut aller et avec qui. On a écarté des personnes qui n’entraient pas dans le projet. On sait se mettre derrière le comptoir à la buvette, on est un peu de l’ancienne école.

« On veut travailler main dans la main avec l’OM »

Quelles sont vos relations avec l’OM ?
On est complètement supporter de l’OM mais on doit se rapprocher encore plus et travailler avec eux. L’OM a le voeu de recentrer les clubs partenaires, et privilégier Burel, Air Bel et nous. On a de très bons jeunes. Nos 18 ans ont disputé un 8e de Gambardella. D’un côté, on a un club qui passera à 1200 ou 1300 licenciés l’an prochain, avec du réservoir et de la masse, et de l’autre on a l’OM, qui possède l’élite; il faudrait sortir un maximum de joueurs en partenariat avec l’OM qui, on l’espère, jouera le jeu et pourra nous prêter des joueurs pour éclore, et nos meilleurs jeunes iront chez eux (le MGCB a toutes ses catégories en Ligue, Ndlr). On voit bien que, à part des Nasri ou des Lopez, les jeunes ont du mal à sortir à l’OM.

Il faut aussi pérenniser le match amical de préparation, comme la saison passée à la commanderie : le premier match de l’ère Tudor, c’était contre nous ! Cela nous donne une visibilité supérieure. Les fondations du club sont profondes : avec des seniors et des jeunes, on est un peu les seuls. Par exemple, à Air Bel et à Burel, il n’y a que les jeunes. On essaie de travailler sur le réservoir pour avoir un football de masse avant, dans un second temps, de resserrer l’élite. L’objectif, c’est que nos meilleurs jeunes évoluent dans 2 ou 3 ans en seniors sous les couleurs du MGCB.

Mais il faut qu’on finaliste ce partenariat, à la fois sportif et financier. On a le plus gros vivier de la région. On discute avec Marco Otero (patron de la formation), Franck Borelli (entraîneur au Centre de formation), Pablo Longoria (président) : il faut que tout ça se concrétise. Récemment, on a encore reçu des convocations pour certains de nos jeunes, y’en a un qui va à Saint-Etienne, l’autre à Nîmes… Donc voilà… Plus l’OM prendra de joueurs, plus il en ressortira quelque chose.

Depuis toujours, on a l’impression que c’est dur d’exister à côté de l’OM…
C’est vrai que dans les Bouches-du-Rhône, il y a l’OM, et puis c’est tout. Nous, on ne veut pas concurrencer l’OM, de toute façon on n’y arrivera jalmais ! On veut juste être des partenaires financiers solides, des partenaires de la « Next generation »; on veut travailler main dans la main sur la durée avec eux.

L’entretien a été réalisé avant le match à Grasse qui s’est soldé sur le score de 0 à 0, qui permet au MGCB de conserver la tête de la poule.

 

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Photos : MGCB et DR

Formé à Saint-Etienne, le milieu de terrain passé par le National (Cannes, Paris FC) et la Ligue 2 (Laval) évolue depuis 11 ans en Allemagne où il a découvert en 2021, à 35 ans, la Bundesliga avec Bochum, dont il est l’actuel capitaine !

De Firminy (Loire) à Bochum, de la réserve de Saint-Etienne à la Bundesliga, découverte à 35 ans, Anthony Losilla vit une carrière en forme de cheminement, un parcours fait de patience et de détours.

A 37 ans aujourd’hui, le milieu de terrain et capitaine du VFL – qui vient de disputer, le mois dernier, son 300e match avec son club – profite à fond en Allemagne, après avoir connu le National avec Cannes et le Paris FC, et la Ligue 2 avec Laval.
Entretien avec un joueur attachant, disponible, et dont on ressent le bonheur d’évoluer au plus haut niveau. Car si le chemin a été long à se dessiner, il est avant tout magnifique pour le Français.

Photos VFL Bochum

Anthony, les gens vous connaissent par rapport à la Bundesliga. Mais vous avez fait votre formation à Saint-Etienne, avant de vous affirmer à Cannes, en National. Racontez-nous un peu vos débuts.
Je n’étais pas le joueur sur qui le club misait, au départ, à Saint-Etienne. Et puis grâce à deux saisons avec l’équipe réserve et notamment le coach Claude Robin, qui m’a fait confiance et mis capitaine, j’ai commencé à m’entraîner avec les pros. Il a vu cette chose en moi, et au bout de cette année décisive, où, quand on est jeune joueur, soit on signe pro, soit on part, j’ai signé pro. Malheureusement l’entraîneur de l’équipe première, Elie Baup, est parti à l’intersaison, et le nouveau coach ne comptait pas sur les jeunes. Je n’ai pas tergiversé et je suis parti en prêt à Cannes (National), après trois jours de préparation avec les pros à « Sainté ». On m’a dit « Cannes veut te voir » et j’ai filé, je n’ai même pas cherché à comprendre. Après dix jours à voir comment ça se passait, je suis resté là-bas et j’ai signé définitivement à la fin du prêt, car je m’y sentais bien. Voilà comment a commencé ma carrière !

« J’ai vu qu’il n’y aurait pas d’évolution à Saint-Etienne »

Pas de regret de ne pas rester à l’ASSE, votre club formateur et de cœur ?

Bien sûr que quand on signe pro, on aimerait faire ses premiers pas dans son club de cœur. Après, je ne m’attendais pas à ce contrat, et quand j’ai vu comment ça se passait, avec le changement d’entraîneur, et que le coach ne me connaissait pas du tout, je me suis dit « Ok, je vais faire une saison en réserve, je viens d’en faire deux d’affilée ! ». Je n’ai pas trop réfléchi, je me suis dit que j’allais passer le cap d’après, jouer à un niveau au-dessus, en 3e division, en National, pour prendre du temps de jeu, et puis on verra. Malheureusement, il n’y a jamais eu trop de contacts pendant mon prêt à Cannes et j’ai vu qu’il n’y aurait pas d’évolution à Saint-Etienne, donc j’ai fait mon petit bonhomme de chemin… Et voilà.

« Je marche à l’affectif »

Vous avez quand même un certain parcours et pedigree en France. Après Cannes, il y a eu le Paris FC en National et Laval en Ligue 2.

J’ai fait de très bonnes saisons en National, mais je ne m’attendais pas, à un moment donné, à arriver en Ligue 1 ou autre. J’étais content d’être en National. Je me suis dit que j’allais faire ma petite carrière, puis j’ai vu que je faisais partie des meilleurs joueurs du championnat. Donc pourquoi pas aller voir au-dessus. A chaque fois, j’ai eu cette mentalité-là, de tout donner.

Je suis parti au Paris FC car ils m’ont témoigné beaucoup de confiance, même si d’autres équipes me voulaient. Ils sont arrivés assez tôt, je suis un peu comme ça, je marche à l’affectif, donc je me suis dirigé vers eux. Je me suis encore aguerri, même si je me dis que j’ai passé trop de temps en National des fois. Mais quand je vois où je suis aujourd’hui, j’avais peut-être besoin de ça. Et puis Laval m’a donné ma chance de passer le cap en Ligue 2. Pour moi c’était… Ligue 2, je me suis dit « woaw ! ». C’était déjà inespéré, génial.

A Laval, j’ai vu dès la première année que j’avais le niveau (en 2010-2011, il avait même fini 17e aux étoiles France Football de la division, Ndlr). Ensuite je suis parti en Allemagne, et même à 35 ans à mes débuts en Bundesliga, j’ai vu que je ne dépareillais pas, que je faisais mes matches. Je me suis adapté à chaque fois. Je suis un joueur qui a su progresser à tous les niveaux. C’est comme ça que je caractériserais ma carrière.

C’est drôle, car quand on regarde votre parcours, il y a une forme de linéarité. Mais le National à l’époque, ce n’était donc pas un temps de passage ? Vous êtes dans l’équipe type du championnat une année, quand même !

Après Cannes et le Paris FC, oui, j’ai voulu passer le cap, je sentais que j’avais fait le tour du National. Le PFC était un club ambitieux, déjà à l’époque en N1, ils m’avaient permis de franchir un autre palier après mes deux années cannoises. Et puis je vais à Laval en L2, un club familial, où je me suis senti très tôt, très bien, ils m’ont mis dans les meilleures conditions. J’y ai passé un autre cap, j’avais besoin de cet environnement pour m’épanouir encore plus. Cela a suscité des intérêts de clubs de Ligue 1 à l’époque.

Malheureusement, en France, ça a mis beaucoup de temps à bouger, et je suis quelqu’un qui préfère la sécurité. C’est pour ça que j’ai préféré partir du côté de l’Allemagne (à Dresde). Mais dans chaque club français, j’ai de très bons souvenirs, j’ai rencontré de très belles personnes. Je suis content d’avoir fait cette carrière en France. Celle qui a permis d’aller en Allemagne.

« En France, le foot allemand n’avait pas une très belle image »

Merci pour la passe décisive ! Vous faites en effet le choix de partir en Allemagne, au Dynamo de Dresde, en D2. Pourquoi, alors que vous aviez des touches en L1 ?

Je sortais de deux belles années à Laval, j’entendais parler de l’intérêt de clubs de Ligue 1 ; Nice, Valenciennes, Sochaux. Pas mal de clubs s’intéressaient à moi. Je me voyais en L1, et puis un club allemand est arrivé très tôt, Dresde. La première fois qu’ils prennent contact, je recherche un petit peu quel club c’était, « Dresde, deuxième division, c’est quoi ? » …

A l’époque, en 2012, l’Allemagne, ce n’était pas suivi comme maintenant en France, il n’y avait pas une très belle image du football allemand, je ne m’en faisais pas une belle idée. Je ne me voyais pas là, ma femme attendait notre premier enfant, donc je refuse la proposition. Et puis leur coach m’appelait très souvent, en anglais. Comme je ne parlais pas un mot d’allemand, on arrivait à communiquer quand même, il insistait, mais je refusais.

La dernière journée de L2 avec Laval, on va à Clermont, et là un joueur de Dresde, Romain Brégerie, qui est devenu un très bon ami, m’appelle à l’hôtel la veille. Il me dit : « Voilà, ils m’ont dit de t’appeler, je voulais juste te dire ce qui t’attend si tu signes ici, même si c’est toi qui choisiras à la fin ». Mais je ne me voyais pas encore passer ce cap de l’étranger, car je voulais jouer en Ligue 1.

Le lendemain, je refuse une nouvelle fois leurs avances. Puis je pars en vacances. Mais il n’y a pas de choses concrètes qui se passent avec les clubs de L1. Je suis à Nice avec ma femme, qui est du sud, et le directeur sportif de Dresde rappelle mon agent et demande à me voir. Il me demande d’amener mon épouse, on se retrouve dans un hôtel à Nice. Il vient avec des documents sur plusieurs hôpitaux où ma femme peut accoucher, pour une personne qui peut m’aider dans les démarches administratives. Là, je me dis : « Quel club me porte autant d’intérêt ? Aucun ». Il était venu aussi avec des vidéos des supporters de Dresde, des fous furieux. Quand on est joueur, on voit ça, ça fait envie quand même. Et le soir même, ma femme me regarde et me dit « Prends ta décision, je te suis ». Ils ont faxé mon contrat à l’hôtel, et voilà, c’était parti !

Un transfert décidé sur le plan humain, donc.

C’est le côté affect, oui ! Je marche beaucoup comme ça. Ils m’ont eu comme ça ! J’en suis ravi aujourd’hui. Et il y a aussi la lenteur des clubs français de l’époque pour faire confiance. Je sortais de deux belles saisons à Laval, mais ils étaient frileux : « Oui, mais il a 26 ans, il n’a toujours pas connu la Ligue 1 » etc. Ils se posent beaucoup de questions.

« Ils ont des règles, et ils s’y tiennent »

Comment se sont passés ces premiers mois en Allemagne ?

Il y avait quelques joueurs qui parlaient français qui étaient là depuis un petit moment, Romain Brégerie donc, et Mickaël Poté, un attaquant qui jouait avec moi à Cannes lors de ma première année. Donc déjà ça m’a pas mal aidé pour m’intégrer, moi qui ne parlais pas un moment d’allemand et suis d’origine espagnole ! Il y a une personne qui s’occupait de nous trouver un appartement aussi. Donc j’ai pu me concentrer sur le côté sportif.

Même si collectivement on a une première année où on s’est sauvés à l’arrache, une deuxième où on est descendus, j’ai commencé à me faire connaître ici. Dès le mercato hivernal, j’entendais des clubs de Bundesliga qui évoquaient mon nom. Ce qui est marrant, c’est que l’année où on descend, j’avais prolongé de trois ans à Dresde, mais juste en cas de maintien. Je me sentais bien, mais je suis parti.

Quelles différences avez-vous trouvé en arrivant en Allemagne, entre les deux D2 ? Et qu’en est-il de la célèbre rigueur allemande !
Cette fameuse rigueur, elle est globale. Dans tout ce qu’ils font, toutes les personnes, c’est carré, l’heure à laquelle ils mangent… Et je raconte à chaque fois cette anecdote, mais nous Français, qui traversons au vert ou au rouge, on s’en fiche, on traverse s’il n’y a pas de voiture. Ici j’ai vu des gens attendre le vert alors qu’il n’y avait pas de voiture à 100m à gauche et à droite. Ils ont des règles, et ils s’y tiennent. Ils aiment bien que ça soit droit. Je trouve ça top, mais c’est aussi parce que je suis un peu comme ça.

Côté sportif, ce qui m’a marqué, c’est que tout ce que les gens font, ils le font à 100%, pour être le plus efficace possible. Par exemple les centres, ils perfectionnaient ça pour être les meilleurs à leur niveau. Même si au niveau qualitatif, je comparais souvent avec la Ligue 2 française, il y avait certaines équipes moins bonnes, mais qui, par leur rigueur, leur sérieux, et cette envie de toujours se perfectionner, eh bien le collectif est meilleur finalement; ça rendait les équipes meilleures. C’est ce qui m’a marqué un peu sur les méthodes d’entraînement.

« On a tous un club qui nous marque, moi, ça sera Bochum ! »

A Dresde, vous appréhendez ce football allemand, et y restez deux saisons. Avant de passer un nouveau cap à Bochum.

Mon arrivée à Bochum, c’est pareil, ça ne s’est pas fait si facilement que ça. Ils sont arrivés également très tôt, mais il y a des clubs qui étaient arrivés encore plus tôt, et qui m’avaient appelé moi et mon agent avant qu’on ne descende avec Dresde. Comme Kaiserslautern, qui me disait de venir voir les infrastructures, venait de finir 4e, était descendu de Bundesliga 2 ans avant. Je suis parti avec mon agent quelques jours après la fin du championnat, je me dis « Woaw ».

Bochum voulait m’avoir, le club de Greuther Fürth aussi. Pour moi, mon choix était fait, je voulais aller à Kaiserslautern. Et puis pendant l’entretien, ils me parlent moins du côté sportif, plus du côté leader d’hommes, diriger, m’ont demandé pourquoi je n’étais pas capitaine à Dresde. J’attends donc leur proposition, et elle n’est pas venue. Le joueur les intéressait, mais ils voulaient un meneur, et je n’étais en Allemagne que depuis 2 ans, je ne maîtrisais pas bien la langue, je n’étais pas préparé pour ce rôle-là. Greuther Fürth devait vendre un joueur pour me faire venir. Je ne voulais pas attendre, on était déjà fin juin.

Bochum m’appelait tous les deux jours, comme Dresde… Donc j’ai pris cette décision, je suis parti là-bas. A l’époque je me disais : « Est-ce que ça vaut le coup ? », car ils étaient descendus deux-trois ans avant de Bundesliga, mais jouaient plutôt le maintien en D2. J’ai signé pour l’intérêt qu’ils me portaient, ils restaient en contact avec moi, même si je leur disais que j’étais en contact avec d’autres clubs. Et 9 ans après, je suis encore là !

« On a tous un club qui nous marque, moi, ça sera Bochum ! »

Désormais, vous êtes une légende du club (il rit). Neuf ans au VFL, une montée en Bundesliga comme capitaine. Une aventure sportive et humaine qui vous marquera à vie on imagine.

Oui, c’est ma neuvième saison au club. On en voit peu des joueurs qui restent aussi longtemps dans un club, et puis qui… Qui jouent autant de matches pour le club. J’ai fait mon 300e match il y a trois semaines, ce sont des choses qui comptent ! Je suis arrivé dans une région, la Ruhr, un peu similaire à la région stéphanoise, à mes vertus à moi, c’est ce qui a fait que je me suis tout de suite senti bien ici, dans ce club, qui m’a fait confiance.

C’est pour ça que j’ai à chaque fois prolongé mon contrat. C’est quelque chose qui ne s’explique pas. Et puis c’est vrai que maintenant, il y a cet épisode où après 11 ans d’attente, on fait remonter le club, j’étais capitaine, donc oui, ça joue encore plus pour les supporters, les gens du club, ça donne une image encore plus belle de mon passage. Après voilà, ce que j’ai vécu et que je continue à vivre, ce sont des moments magiques en tant que joueur, parce que je profite de chaque instant sur le terrain, en Bundesliga, à jouer dans le club où j’ai passé le plus de temps dans ma carrière. C’est juste fantastique.

L’année dernière, on se maintient plutôt facilement en plus, avec des performances contre des grosses équipes… Chaque joueur dans sa carrière a un club qui le marque, et bien moi voilà, ça sera le VFL Bochum. Je vais y finir ma carrière, et il y a de grandes chances que j’y reste ensuite.

« Je ne m’attendais plus à jouer en première division ! »

Le maintien est en vue en plus, cette année encore.  Ca doit être un rêve éveillé de jouer en Bundesliga.

C’est extraordinaire pour moi de jouer en Bundesliga ! Comme je le disais, l’année dernière on s’est sauvés plutôt aisément, avec de très belles performances. Cette deuxième année est plus difficile, avec pas mal de changements. On a eu du mal à se trouver en tant qu’équipe, on a commencé par six défaites en six matches, et puis il y a eu un changement d’entraîneur, qui a repris les choses en mains, on va dire. Le coach a réussi à redonner une osmose au groupe, entre les anciens et les nouveaux. On a fait une super série pour se remettre bien à la trêve.

Depuis, on a réussi à se sortir de cette zone de relégation, c’est serré, mais on a fait le plus dur avec ces deux victoires contre Leipzig et Cologne. On a une occasion de mettre un concurrent à 9 points à sept journées de la fin en battant Stuttgart, à nous de la saisir (entretien réalisé avant le match Bochum – Stuttgart et la défaite 3 à 2 du Vlf). Même si ça ne sera pas facile contre Stuttgart, une équipe plus costaude que le VFL Bochum, déjà d’un point de vue financier. Il y a encore une différence ici entre les équipes au niveau des budgets. Mais on fait avec nos moyens, nos vertus. On a prouvé qu’on pouvait se maintenir comme ça, et on va se maintenir encore comme ça.

Votre parcours est finalement bluffant, du National en France à la Bundesliga en Allemagne, à jouer contre le Bayern, Dortmund ou Leverkusen : qu’est-ce que ça vous inspire ?

Il ne faut jamais rien lâcher, et je n’ai jamais rien lâché dans ma carrière. J’ai toujours travaillé. On va dire que je n’avais pas le talent de beaucoup de joueurs, mais j’avais des qualités, d’intelligence de jeu notamment, et j’ai travaillé. Je n’ai pas abandonné, et dès qu’il y avait une possibilité, j’y allais, je saisissais l’occasion. Mon parcours n’a peut-être pas été direct, mais quelque part, peut-être que j’en avais besoin. Et à 35 ans, jouer en Bundesliga pour la première fois, alors que, sincèrement, je ne m’attendais plus jamais à jouer dans n’importe quelle première division (rires), c’était… magnifique (il cherche ses mots).

C’est dur de décrire le sentiment que j’ai eu à ce moment-là, car c’était tellement inespéré. C’est peut-être ce qui fait que je joue encore à 37 ans, je profite. Le foot c’est ça aussi, il faut savoir mettre la pression un peu de côté, et puis profiter d’être sur le terrain. C’est quelque chose magnifique de jouer au foot, à ce niveau-là encore plus. Je profite de chaque instant, jusqu’à ce que je ne puisse plus jouer.

C’est vrai qu’on n’en a absolument pas parlé, mais vous avez 37 ans ! Quelle longévité…
C’est vrai qu’on m’en parle souvent plus tôt dans une interview (rires) ! J’ai prolongé en début d’année mon contrat d’un an, donc j’irai jusqu’à 38 ans, c’est sûr. Et il y a encore une option. Je montre chaque week-end que je peux encore courir beaucoup, l’un de ceux qui courent le plus en Bundesliga avec mon club, des qualités essentielles pour mon poste, je pense. Après, la vitesse ça n’a jamais été une des caractéristiques de mon jeu, je compense beaucoup par ma lecture. J’ai également la chance d’avoir été épargné par les blessures. Si mon corps suit, je veux en profiter au maximum. Pour l’instant, c’est un an de prévu. Je prends ce qu’il y a à prendre. Tant que je peux en profiter sur le terrain – car je sais que ça va être dur quand je vais arrêter – je prends tout ce que je peux.

Quels sont vos plans pour l’après, que ça soit dans un, deux, trois, ou cinq ans !
(Rires) C’est déjà prévu avec le club que je continue ici. J’ai joué avec la personne qui s’occupe de la formation, et il voudrait que je le rejoigne, que je m’occupe d’une des équipes. Donc soit dans le centre de formation en tant qu’entraîneur, où j’ai déjà commencé à mettre le nez là-bas une fois par semaine. Soit en tant qu’adjoint de l’équipe première, dans le staff. Je pense que je resterai quelqu’un d’actif sur un terrain plus que dans un bureau, et que je resterai dans le football, avec de grandes chances que ça soit dans ce club.

« Je ne pensais pas faire une telle carrière ! »

De vos débuts à maintenant, presque vingt ans plus tard, est-ce que vous pensiez réaliser une telle carrière, pour conclure ?

Je ne le pensais pas du tout. Mon parcours a été tel que je sentais que je n’étais pas le premier choix à des moments importants, à part chez les jeunes jusqu’en moins de 13. Après, j’ai eu une progression plus lente que les autres, des joueurs passaient devant moi jusqu’à mes années en CFA, du coup je me suis concentré sur les études, j’ai passé mon bac S, je me renseignais pour l’université. Mais je me suis laissé deux ans en réserve…. C’est venu comme ça, à chaque étape, j’ai savouré, car je ne me voyais pas du tout réussir de la sorte. Et c’est d’autant plus beau d’être arrivé-là où je suis.

Anthony Losilla, du tac au tac

« J’aimerais bien revoir Gilles Cioni »

Meilleur souvenir ?
J’en ai eu pas mal sur les dernières années, mais celui qui restera gravé, c’est le dernier match de la montée, du VFL Bochum, il y a 2 ans. On avait assuré la 3e place pour le match de barrage, et il fallait gagner à tout prix pour être champion de Bundesliga 2, à domicile. On gagne, et en plus je marque le 2-1, on monte, je soulève le trophée de champion.

Pire souvenir ?
J’en ai deux, contre le même adversaire. Le Bayern Munich, où on a pris deux fois 7-0 cette saison. J’avoue qu’en tant que joueur, prendre une valise comme ça, ce n’est jamais plaisant, même si c’est contre le Bayern. Notamment à domicile, où on nous attendait alors qu’on les avait battus l’année dernière.

Ton premier match en pro ?
Le premier, je m’en rappelle comme si c’était hier, c’était contre Boulogne-sur-Mer avec Cannes, où j’étais prêté à l’époque par Saint-Etienne. On avait perdu 2-1 à domicile, je crois.

Le joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Il y en a eu pas mal ces dernières années, mais pour l’avoir eu en adversaire direct, Thiago (Alcantara), au Bayern. C’était en Pokal (coupe d’Allemagne), avec Bochum quand on était en D2. J’avoue que c’est un phénomène, dans la technique, les déplacements, je suis sorti du match, j’ai dit « woaw, ça c’est un autre niveau ». C’est une plaque tournante, il touche beaucoup de ballons, et surtout, il joue juste. Il voit des passes que personne ne voit, c’est d’une intelligence… Il est toujours bien placé, son premier contact est monstrueux. Il est impressionnant.

Le coéquipier le plus fort avec qui tu as joué ?
Pascal Feindouno à Saint-Etienne, même si je n’ai pas joué de matches officiels avec lui, car j’étais en réserve. Il était impressionnant par sa technique. En tant que coéquipier, l’année de la montée avec Bochum, Robert Zjul, un Autrichien, c’était notre numéro 10, une intelligence et des passes toujours justes, un des grands artisans de notre montée.

Le coéquipier le plus fou que tu aies côtoyé ?
Notre gardien actuel à Bochum, avec qui je joue depuis des années, Manuel Riemann. Il est vraiment à part. Quelqu’un qui peut… C’est un gagnant, il le montre, et parfois il peut dépasser les limites. Il n’a plus le droit aux interviews pour vous dire, car il est très franc, très honnête, qui dit les choses en face ! C’est peut-être ce qui fait qu’il n’a pas fait la carrière qu’il aurait dû faire.

L’anecdote la plus folle vécue dans ta carrière ?
Qu’est-ce que je peux raconter qui peut être sorti, surtout… Il y a eu un couac en déplacement cette année. On est un club de Bundesliga, mais ça ne fait qu’un an et demi qu’on y est. Pour le match à Fribourg, on part en train, un train classique, qui est annulé. La personne de « l’orga » n’a pas de solution. On est restés une heure sur le quai de la gare pour trouver une solution, et du coup c’est Dominique Heintz, un de nos joueurs, qui a organisé un vol charter par une connaissance. On est arrivés à 10h du soir. Sans cela, on serait parti le lendemain, mais il y a plus de six heures de route, Fribourg ce n’est pas à côté, alors qu’on jouait à 15h30, donc pas idéal pour préparer un match. Dominique s’était mué en manager !

Le coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Gilles Cioni, au Paris FC. On a joué ensemble deux ans là-bas. J’avais même été à son mariage. Ensuite à Laval, j’avais joué contre lui quand il était à Bastia. A Paris j’avais un très bon contact avec lui, c’était même mon camarade de chambre en déplacement. On a perdu un peu contact quand je suis parti en Allemagne. On avait créé des liens, puis on s’est un peu perdu de vue.

L’entraîneur qui t’a marqué ?
Quelque part, beaucoup d’entraîneurs marquent, ils nous apportent tous. Mais mon coach actuel, Thomas Letsch. Je trouve sincèrement qu’il a beaucoup de choses pour être un très, très bon entraîneur. Tant sur le plan humain, que tactique, connaissance du foot. C’est l’un des plus complets que j’ai eu. Et je dirais Claude Robin, un de mes premiers entraîneurs, en réserve de Saint-Etienne. Il m’a donné sa confiance en moi, ce qui a fait qu’Elie Baup m’a convoqué après à l’entraînement en équipe première. Un 3e, ce serait Philippe Hinschberger à Laval, en Ligue 2, j’ai vraiment adoré les deux années avec lui.

Un président marquant ?
Philippe Jan, à Laval, très gentil, proche des joueurs, ça a été un président proche de nous, il faisait les voyages en bus, il m’a marqué. En Allemagne, c’est un autre management, le président s’occupe moins du sportif, il y a le directeur sportif pour ça, et donc on les voit un peu moins.

Le stade qui t’a le plus impressionné ?
En France, je crois qu’il n’y a pas photo, c’est Lens. Bollaert, même en Ligue 2, jouer là-bas c’était formidable, impressionnant, il y a un engouement. En Allemagne, il y a plein de stades où on se dit « woaw, quelle ambiance ». J’ai joué la semaine à Francfort, les fans ont une sacrée réputation. Sinon, y’a un stade, qui est un peu plus petit, où il y a toujours une ambiance formidable, c’est l’Union Berlin (Stadion An der Alten Försterei, « À la vieille Maison forestière »). Après j’ai joué à Dresde, et quand j’ai débarqué là-bas… Mon premier match, j’ai eu la chair de poule, les fans étaient fous. Les nôtres à Bochum sont tops aussi.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : Vfl Bochum

L’attaquant du Nîmes Olympique (Ligue 2), formé à l’OGC Nice, s’est révélé sur le tard, et n’a signé son premier contrat pro qu’à l’âge de 29 ans. Depuis, il prolonge le plaisir. Mais avant cela, il a connu le monde amateur, notamment à Calvi, où il aurait pu succomber aux tentations.

C’est une petite ombre à son CV, pas suffisamment grosse pour occulter le reste de sa carrière. D’ailleurs Malik Tchokounté ne s’en offusque pas.

Cette ombre, c’est ce chiffre : zéro. Comme le nombre de but qu’il a inscrit, ou plutôt qu’il n’a pas inscrit, lors de la saison 2018-2019, la seule de sa carrière en Ligue 1, avec le Stade Malherbe de Caen. « C’était incroyable ! » se souvient ce grand gabarit d’1,91m, qui avait cependant marqué en coupe de France.; « J’ai eu les poteaux, deux ou trois buts refusés par le Var ! Mais, sinon, oui ça va, je m’en suis bien remis (rires) ! »

Formé à l’OGC Nice

Photo Nîmes Olympique

Oui, Malik Tchokounté a joué en Ligue 1 ! Sur le tard. A 29 ans. Ce n’est pas lui faire injure de dire que, à l’époque du centre de formation de l’OGC Nice, quand il jouait chez les « Nationaux » puis en réserve en CFA, il n’était pas nombreux à miser sur lui, à le voir jouer au top niveau. Et pourtant !

Bien sûr, Malik, qui a aujourd’hui 34 ans, a pris son temps. Presque dix ans. Entre le moment où il est parti de sa ville natale – qu’il vient retrouver assez régulièrement – et de son club chéri, l’OGC Nice, en 2008, et son premier match en Ligue 1, au Parc des Princes, face au PSG, sous les couleurs de Caen, en 2018 (3-0), il s’est écoulé 10 ans tout pile !

L’Angleterre et le FC Thurrock, sur les bords de la Tamise, à l’est de Londres, en 5e division, où il s’est exilé pendant une saison, Calvi (deux saisons en CFA2 puis deux autres en CFA) puis Dunkerque, là où il a « éclos » en National, notamment lors de sa quatrième saison (12 buts en 28 matchs), dans une division de plus en plus suivie : Malik a progressivement franchi les étapes.

Photo Nîmes Olympique

Avant sa douzaine de buts à Dunkerque, il y avait déjà eu ce titre de meilleur buteur avec Calvi en CFA (15 buts en 33 matchs) lors de la saison 2012-13, dans la poule… nord, en compagnie de Dunkerque justement, futur promu en National : « Dunkerque m’avait impressionné en championnat. On voyait bien qu’ils avaient une rigueur supérieure aux autres équipes de notre poule. J’avais fait deux bons matchs contre eux (Malik avait inscrit un doublé à l’aller à Tribut, 2-2). A la fin de la saison, ils sont montés en National et leur coach, Fabien Mercadal, m’a appelé. Le courant est bien passé. D’autres clubs de National m’avaient appelé. Vu que je connaissais l’équipe, et aussi quelques joueurs, avec lesquels on était sorti à Calvi après le match (rires !) et avec qui j’avais bien sympathisé, je me suis renseigné auprès d’eux ! Je n’ai pas hésité ! Je suis revenu jouer à Dunkerque en 2020, en Ligue 2, dans le nouveau stade Tribut …. Oh la vache ! Quand tu as connu l’ancien stade, celui-là, c’est le Camp Nou ! »

« Je suis tombé sur les bons coachs »

Photo Nîmes Olympique

Malik a pris son temps et, surtout, il a écouté et retenu les leçons du passé. Celles apprises au Centre de formation, à Nice : « C’est vrai que quand j’avais 19 ans, à l’époque, en CFA, je voyais que la route était longue pour y arriver. Je n’avais pas le niveau pour passer pro à Nice, il faut être honnête, et puis, à ce moment-là, le foot était moins spéculatif. On ne signait pas un contrat « en espérant que ». Donc il a fallu que je passe par la case « amateur », que je franchisse des paliers, que je grimpe de divisions en divisions. Il a fallu aussi que je tombe sur les bons coachs au bon moment (Didier Santini à Calvi, Fabien Mercadal à Dunkerque). Mais je pense que j’avais le bon comportement aussi : parce que, quand j’étais à Calvi, si je n’avais pas appris cette rigueur au centre de formation de Nice, j’aurais pu rester un joueur de CFA. C’est juste que j’ai toujours gardé cette discipline que m’ont inculquée Laurent Bonadei, René Marsiglia et Fred Gioria. Tout ce qu’ils m’ont appris, je m’en suis servi chez les amateurs. Quand je suis arrivé en National, à Dunkerque, j’ai vu que c’était beaucoup sérieux, je passais déjà un cap là. »

Sur les bords de la Tamise

Photo Nîmes Olympique

Dix ans avant de connaître la Ligue 1, donc, et aussi neuf ans avant de signer son premier contrat pro, au Paris FC, repêché en Ligue 2 en 2017 après le dépôt de bilan du Sporting-club de Bastia. « Après ma dernière saison à Nice (2007-2008), même si je n’ai pas signé pro, René Marsiglia, le directeur du centre, m’a félicité, car il trouvait que j’avais progressé après une saison au Cavigal Nice, en 18 ans Ligue. Le club m’avait gentiment repris à l’entraînement la saison après mon départ du Centre, en 2009, et d’ailleurs, René Marsiglia voulait me refaire signer en CFA pour être un cadre avec les jeunes qui arrivaient derrière. René Ricort, le directeur sportif, n’a pas voulu. Du coup, je suis parti en Angleterre, au FC Thurrock, par l’intermédiaire d’un agent, où j’ai passé 6 mois. Quand je suis revenu, j’ai fait des essais à Gap, à Marseille-Consolat puis à Calvi, et c’est comme ça que je suis arrivé en Corse à la fin de l’été 2009. Avec Calvi, ça l’a fait tout de suite ! »

L’histoire avec l’île de Beauté est à ce point idyllique que c’est le malheur du Sporting-club de Bastia, qui a déposé le bilan en 2017, qui a fait le bonheur du Paris FC et par conséquent celui de Malik, champion du Monde CONIFA en 2014 avec le comté de Nice (*), qui a pu, par le jeu des chaises musicales, signer son premier contrat pro !

Fabien Mercadal : « Un joueur et un homme fiable »

Avec Calvi. Photo Philippe Le Brech

« Malik, c’est un joueur et un homme fiable » témoigne Fabien Mercadal, le coach qui l’a pris sous son aile à Dunkerque, avant de l’emmener dans ses valises au Paris FC et à Caen. On a une relation forte. On partage les mêmes valeurs et la même vision du football. Il fait partie des bons mecs que j’ai pu rencontrer dans le foot. Et puis sur le terrain, il joue pour l’équipe, il aide à défendre, il est d’humeur égale. Beaucoup disent qu’il est besogneux mais il a du talent. Cette saison avec Nîmes, il en est à 10 buts déjà (en 28 matchs), alors qu’il n’a pas beaucoup joué titulaire ces derniers temps. A Caen, il avait été recruté pour être un joueur de complément en attaque mais avec les départs de Rodelin et Ivan Santini, il s’est très vite retrouvé exposé. »

Même son de cloche du côté de Didier Santini, l’actuel coach de Rodez (L2) qui, dans les colonnes du Parisien, avait confié en 2017 : « Malik, humainement, est d’une extrême gentillesse. A Calvi, il avait des petits jobs à côté, serveur, surveillant. Partout où il est passé, il a fait l’unanimité. Il n’est pas égoïste. Il est toujours dans le sacrifice pour son équipe. Pour un coach, c’est le joueur rêvé. »

*La Coupe du monde de football ConIFA est un tournoi international de football pour les États, les minorités, les apatrides et les régions non affiliées à la FIFA organisée par ConIFA.

Ligue 2 (30e journée) : samedi 8 avril 2023, à 19h, au stade de la Licorne : Amiens (11e, 37 points) – Nîmes Olympique (18e, 29 points)

Malik Tchokounté, du tac au tac

« J’aurais rêvé d’être pro à l’OGC Nice ! »

Malik Tchokounté lors de la saison 2014-2015 à Dunkerque. (Photo A.B.)

Meilleur souvenir sportif ?
La coupe du monde avec la Selecioun en 2014, on avait une belle équipe de copains ! Y’en a eu des rigolades là !

Pire souvenir sportif ?
La descente avec Caen de Ligue en Ligue 2, à la dernière journée, contre Bordeaux : il fallait un nul, et on perd…

Plus beau but ?
C’est un but refusé (rires) , contrôle poitrine retourné et lucarne opposée avec Caen, en Ligue 2, contre Le Havre ! Il était valable pour moi mais y’avait un joueur du Havre juste à côté qui a fait semblant de mettre la tête alors qu’il était à un mètre de l’action, mais l’arbitre l’a refusé.

Tes débuts au football ?
En fait, j’ai commencé officiellement le foot à 5 ans et officieusement à 4 ans à l’école de foot de à l’OGC Nice, où je suis resté près de 15 ans. Quand j’avais 4 ans, je me faufilais dans les entraînements et l’éducateur, Lionel, me prenait alors que je n’avais pas le droit de jouer, car je n’avais pas 5 ans ! Je n’avais même pas de licence ! Mais comme y’avait mon frère qui jouait, il nous prenait tous les deux ! Je suis parti une saison en 18 ans Ligue au Cavigal parce que Gérard Buscher ne voulait pas de moi et je suis revenu à l’OGC Nice la saison suivante, grâce à René Marsiglia et Fred Gioria. Lionel, l’éducateur, je l’ai revu après en Corse : quand j’étais à Calvi, lui était à Bastia.

Avec la Selecioun du comté de Nice en 2014. (Photos Y. F.)

Le but le plus important de ta carrière ?
Mon premier en pro avec le Paris FC, en Ligue 2, contre Auxerre.

Plus beau loupé ?
Je n’ai pas de souvenir, comme ça, qui me vient… non !

Pourquoi as-tu choisi d’être attaquant ?
On m’a mis à ce poste-là dès que j’ai commencé : quand j’étais jeune, j’étais plus grand et plus costaud que ceux de mon âge, et plus rapide aussi, je dis bien, à l’époque hein (rires) !

Première fois dans un grand stade en tant que spectateur ?
C’était au stade du Ray, à Nice, dans les années… j’avais 4 ou 5 ans, c’était quand Samuel Ipoua (international camerounais passé ensuite par l’Inter Milan, et Toulouse notamment) jouait, dans les années 90. Je me souviens bien de cette époque et de lui ! C’était mon attaquant préféré !

Ton geste technique préféré ?
Double contact, je le fais souvent ça !

Avec Calvi. Photo X. R.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités : mon jeu dos au but, la finition. Défauts : la profondeur (rires) ! Je ne vais pas avaler tous les espaces, hein ! Mais je le fais, quand même !

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir à jouer ?
Au Paris FC, la première saison, en Ligue 2 (2017-2018).

Le club où tu n’aurais pas dû signer, l’erreur de casting ?
Non, aucun; je ne regrette aucun de mes choix.

Le club où tu as failli signer (y a prescription aujourd’hui, tu peux le dire !) ?
Juste avant de signer au Paris FC, en 2017, après mes 4 saisons à Dunkerque, je devais signer au Red Star, qui venait de descendre en National. Y’avait un contrat pro qui m’attendait. Le Paris FC a su que je partais de Dunkerque, ils m’ont contacté, et le coach, Fabien Mercadal, m’a dit qu’il y avait peut-être des chances que Bastia soit rétrogradé (relégué de L1 en Ligue 2, le SC Bastia a finalement été rétrogradé en N3 et le Paris FC, battu aux barrages d’accession en L2 par Orléans, a été repêché, Ndlr) et que le Paris FC monte. Et voilà ! C’est le meilleur choix que j’ai fait ! Cela a été mon premier contrat professionnel. C’est fou, parce qu’en plus, avec Dunkerque, on perd la 3e place synonyme de barrage à la dernière journée de championnat chez nous, contre Boulogne (3-3), au profit du… Paris FC ! C’est dingue !

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
L’OGC Nice, évidemment !

Le club où tu ne pourrais pas jouer ?
L’OM, trop dur (rires) !

Un stade et un club mythique pour toi ?
Manchester United et Old Trafford, j’adore ! Je suis un fan des années Ferguson !

Photo Nîmes Olympique

Un public qui t’a marqué ?
Lors de mon premier match en Ligue 1, avec Caen, on a joué au Parc des Princes, c’était incroyable, alors pas tant au niveau de l’ambiance, mais je sentais le poids du club, le poids de l’histoire, le stade est fait d’une telle façon que… C’était plein à craquer. Après, en termes d’ambiance, je dirais Saint-Etienne, Lens, Strasbourg. Et Marseille aussi, j’ys suis allé avec Caen encore, c’était pas mal du tout, même si pour eux, jouer contre nous, c’était un petit match (rires).

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un, mais tu as droit à 2 ou 3) ?
Yohann Mallo. C’est mon meilleur ami. J’ai joué avec lui au centre de formation à Nice. Il est toujours à Nice. Il travaille dans la restauration. Il avait joué un an à Nîmes aussi, en réserve. Il était chez moi y’a quelques jours.

Le coéquipier avec lequel tu avais (ou tu as) le meilleur feeling dans le jeu ?
A Dunkerque, avec Ilan Kebbal, en Ligue 2, c’était vraiment pas mal. Avec Julien Lopez au Paris FC. Et Dimitri Boudaud aussi (Dunkerque). J’ai souvent joué seul devant ! Donc c’est pour ça, je cite plutôt des bons petits numéros 10.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
La charnière centrale Marquinhos -Thiago Silva au PSG, leur complémentarité, c’était impressionnant, ils se comprenaient sans se parler, juste en se regardant. C’était dingue à voir ! Et aussi Pêpê à Lille, cette saison-là, il marchait sur la Ligue 1 ! Je l’avais croisé et affronté quand il jouait à Orléans, en National, et quand je l’avais revu, je lui ai dit « Waouh, t’as bien avancé depuis le temps ! »

Photo Nîmes Olympique

Le coéquipier le plus fort avec lequel tu as joué ?
Fayçal Fajr, à Caen. C’était quelque chose. On parlait souvent de l’époque où il avait joué à Fréjus, en National, parce que j’ai de la famille à Fréjus, et il habitait dans le quartier où habite ma grand-mère, juste à côté de l’ancien stade Pourcin et du gymnase. Et Ronny Rodelin aussi, à Caen, mais on a juste fait la préparation ensemble avant qu’il ne parte à Guingamp en début de championnat.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Je suis en contact avec tous sauf… Laurent Bonadei (adjoint d’Hervé Renard en équipe de France féminine), j’aimerais bien le revoir. Je l’ai eu à Nice en 15 et 16 ans : c’est le premier coach qui m’a fait ressentir ce côté « professionnalisme », voilà, avec lui, j’ai senti que ça y était, on n’était plus dans l’amusement avec les copains, je rentrais au centre de formation, on avait basculé dans le milieu professionnel. Il m’a beaucoup aidé, je sortais de ma période de pré-formation. Récemment j’ai croisé Alain Wathelet, qui était le directeur du centre. Sinon, je suis toujours en contact avec Didier Santini, que j’ai eu à Calvi et à Dunkerque, et aussi Fabien Mercadal (Dunkerque, Paris FC, Caen).

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Franchement, aucun.

Un président marquant ?
Ahhh à Calvi, le binôme, René Navarro et Didier Bicchieray, tous les deux, c’était énorme (rires) ! Des bons présidents ! Ils m’ont marqué à vie ! Je suis toujours en contact avec eux, et toujours bien reçu quand je vais en Corse. Calvi, c’était vraiment spécial !

Une causerie de coach marquante ?
La première causerie de Pascal Dupraz quand il a repris Caen en Ligue 2 (Dupraz avait remplacé Rui Almeida en octobre 2019). Son discours d’arrivée. Du Dupraz dans le texte ! Quand il a pris le groupe en main, il nous a remerciés d’avoir sous-performé les semaines précédentes, parce que, comme il l’a dit, ça lui a permis d’avoir du travail et que c’était grâce à nous qu’il était là !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Oui, Rui Almeia nous a demandés de faire des appels du bout du monde (!), une méthode qui n’a pas fonctionné du tout à Caen. Ce n’était pas facile d’appliquer ses consignes.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
J’en ai deux belles avec Caen et Calvi, mais je ne peux pas les raconter (rires). A Calvi, waouh, c’était très très très festif, y’avait des joueurs qui aimaient faire la fête (rires) ! C’était dur de rester concentré sur le football !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Hugo Lloris.

Combien de véritables amis dans le foot ?
J’en ai pas mal ! J’en ai gardé partout dans les clubs où je suis passé. A Calvi (il compte), je dois en avoir une dizaine, c’est pour dire à quel point on s’est bien amusé (rires), au Paris FC aussi, une dizaine, Dunkerque, vu que je suis resté quatre ans, j’en ai gardé beaucoup, à Caen aussi, franchement, vraiment proches, j’en ai beaucoup, entre 5 et 10 par clubs !

Combien de carton rouge ?
Un seul, avec Dunkerque, pour une altercation avec le gardien d’Epinal, en National.

Une devise ?
Pas spécialement, mais à chaque fois, avant de commencer un match, je me dis que tout peut se passer, même le pire des scénarios peut se retourner en faveur de mon équipe, donc, il ne faut rien lâcher. Voilà, c’est ça, ne rien lâcher.

Un chiffre (signification) ?
Le 18.

Un plat, une boisson ?
Le poulet braisé alloco et pour la boisson, le bissap.

Tes passions, tes hobbies ?
Je suis bien occupé avec la naissance de ma deuxième fille, qui a un mois, Keyssi (sa première fille, Elyah, a 2 ans et demi) sinon c’est beaucoup le foot, la famille. Elyah est née à Caen, Keyssi à Nîmes. On aime bien les prénoms avec des « Y » (rires).

Qu’est-ce qui t’a manqué pour être un joueur de Ligue 1 ?
De me maintenir avec Caen, ça m’aurait peut-être permis de gratter quelques saisons de plus.

Un modèle d’attaquant ?
J’adorais R9 (Ronaldo), c’était mon idole, même si je n’ai pas du tout le même style de jeu que lui. Sinon, le style d’attaquants que j’aimais, c’était Bobo (Christian) Vieri, Ruud van Nistelrooy et Patrick Kluivert. Des costauds, des attaquants de surface, des finisseurs ! Je regardais tout le temps leurs matchs.

Tu es un attaquant plutôt…
Un attaquant qui pèse !

Une idole de jeunesse ?
Ronaldo (le Brésilien). Et Nicolas Anelka.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?
J’aurais certainement été gendarme mobile, parce que j’avais un oncle qui faisait ce métier. C’était mon modèle. C’est ça que j’avais en tête quand j’étais petit.

Pas plagiste à Calvi ?
(Rires) ! Après, peut-être que j’aurais dévié (rires) !

Le milieu du foot, en deux mots ?
Merveilleux et impitoyable.

Textes : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photo couverture : Nîmes Olympique .

Jamais les présidents n’avaient autant remercié de techniciens que depuis cette saison ! La réforme des championnats n’est pas étrangère à ce phénomène devenu presque monnaie courante. Raymond Domenech, le président de l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs, monte, une fois encore, au créneau.

 

L’humeur de Jean-Michel Rouet

« Une réforme aux (trop) lourdes conséquences »

C’est l’une des conséquences majeures de la réforme en cours des championnats nationaux : à sept journées du terme, 80% des clubs de National (6 descentes) et de National 2 (5 descentes par groupe plus les deux plus mauvais 11e) sont toujours concernés par la relégation !

Avec tous les enjeux sportifs et financiers qui en découlent, la très grande majorité des matches va donc avoir lieu sous très haute tension, sur le terrain comme dans les tribunes, avec une pression maximale mise sur les arbitres, souvent jeunes et parfois inexpérimentés à ce niveau, notamment en N2.

Etait ce bien nécessaire ? L’objectif officiellement déclaré de la réforme par les responsables fédéraux est une meilleure compétitivité des championnats.

L’argument laisse sceptique. Il n’y aura plus que 48 clubs de N2 en 2025 (trois groupes de seize) alors qu’au même quatrième échelon de la hiérarchie il y en a 90 en Espagne, 97 en Allemagne et 162 en Italie ! Le football de ces pays là est-il inférieur au nôtre ? Évidemment pas. Il n’y a certes que 24 clubs en D4 anglaise (League Two) mais il s’agit d’un championnat professionnel à poule unique…

Le pire est pourtant devant nous. Lors de la saison prochaine, le National 2 perdra encore un tiers de ses effectifs !!!! Il y aura en effet cinq relégations pour chacun des quatre groupes (ramenés à 14 clubs) plus le plus mauvais neuvième. Rapporté à la Ligue 1, cela signifierait 6 ou 7 relégations et on imagine aisément le tollé outragé que cela susciterait dans l’élite.
Curieusement, en France, la réforme de la FFF est presque passée comme une lettre à la poste, peut-être parce que les clubs n’en mesurait pas exactement la portée quand elle a été décidée.

Aujourd’hui, elle est là et elle terrorise les clubs menacés de déclassement : les Vannes, Chartres, Louhans Cuiseaux, Moulins Yzeure, Andrezieux-Bouthéon et même Toulon pourraient être éjectés d’un niveau qu’ils fréquentent depuis très longtemps. Et si le championnat s’arrêtait aujourd’hui, il n’y aurait plus que cinq réserves professionnelles en N2 !
Plus grave encore, en 2025, 76 clubs auront été rayés des championnats nationaux, de la Ligue 1 au National 3*. C’est à dire 76 entraîneurs poussés dehors, pour beaucoup vers le chômage, et au moins autant d’entraîneurs adjoints, d’entraîneurs de gardiens, de préparateurs physiques… Au moment même où, funeste incohérence, on n’a jamais autant formé de techniciens.

On ne parle même pas des entraîneurs qui seront encore beaucoup plus nombreux à perdre leur job en cours de saison – déjà 53 cette saison de la Ligue 1 au National 3 (64 si l’on y ajoute le Régional 1) selon l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs**- poussés dehors par des présidents effrayés par la perspective d’une relégation lourde de conséquence.
Et où iront se recaser ces centaines de jeunes, non conservés par les centres de formations et qui jusque là trouvaient en National, N2 ou N3 des alternatives acceptables et un moyen de continuer à vivre de leur passion ?

Les employeurs se feront de plus en plus rares, et pour un grand nombre d’entre eux, ce sera direction les championnats régionaux … ou la case Pôle Emploi.

Bref, le football français est en train tout simplement d’organiser un chômage de masse, et ça laisse pantois.

*La réforme des championnats :

  • Ligue 1 : de 20 à 18 clubs dès la saison 2023-2024
  • Ligue 2 : de 20 à 18 clubs dès la saison 2023-2024
  • En 2025-2026 : un groupe de National (ou Ligue 3) de 18 clubs, trois groupes de National 2 de 16 clubs (soit 16 clubs en moins) et huit groupes de National 3 de 14 clubs (soit 56 clubs en moins).

*L’Unecatef a fourni une liste peut-être non-exhaustive du nombre d’entraîneurs virés depuis le début de la saison 2022-2023, sans être tout à fait certaine que, pour le Régional 1, celle-ci soit à jour. Cette liste est à découvrir ci-dessous.

INTERVIEW

Raymond Domenech : « L’Unecatef a le cul entre deux chaises »

Et si Cris, l’entraîneur de Versailles, devenait le 12e entraîneur remplacé cette saison en National, en cas de nouveau revers de son équipe vendredi à Saint-Brieuc ? Ne riez pas, c’est très sérieux.

L’on ne souhaite évidemment pas à l’ancien entraîneur du Mans (cette saison également) d’être viré une seconde fois en neuf mois, mais avec ce championnat National, complètement fou, et avec ces présidents, complètement affolés à la moindre anicroche, permettez-nous d’envisager ce scénario.

Unique dans les annales, cette saison 2022-2023 l’est à coup sûr. Selon l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs, 64 techniciens ont été virés, remerciés, remplacés, appelez-ça comme vous le voulez, depuis les premières journées des championnats de la Ligue 1 jusqu’au Régional 1. L’Unecatef met cependant un bémol sur le sixième niveau (R1), où les données sont plus incertaines.

C’est donc du jamais vu, et cela témoigne de la précarité de ces postes, de la difficulté du métier et aussi d’une politique de l’urgence menée par des présidents qui prennent peur dès le deuxième faux pas d’affilée. La réforme des championnats nationaux est évidemment l’une des explications à cette flambée des coachs virés : rendez-vous compte, en National, Sedan et Cholet, respectivement 6e et 7e avec 38 points à 7 journées de la fin, ne sont qu’à 5 points du 13e, Bourg-en-Presse/Péronnas, premier relégable. Il y a un mois encore, Sedan et Cholet lorgnaient le haut de tableau…

Aujourd’hui, il n’existe quasiment plus de « ventre mou ». Tout le monde, ou presque, joue quelque chose. L’exemple de la poule D de National 2 est éloquent : entre le 4e, Saumur, et le 12e, Andrézieux, il n’y a que 4 points d’écart !!! C’est simple, dans cette poule, 13 des 16 équipes sont concernées par la descente tandis que les 3 premiers, Les Herbiers, Bergerac et GOAL FC, se disputent l’accession en National (les trois clubs se tiennent en 2 points).

Président depuis 2016 de l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs professionnels et amateurs, qui compte selon les saisons entre 800 et 1000 adhérents, l’ancien sélectionneur de l’équipe de France, Raymond Domenech, a accepté de répondre à nos questions autour du thème de « La valse des coachs », qui continue puisque pas plus tard que lundi dernier, trois techniciens ont encore été remerciés, deux en Ligue 2 (Philippe Hinschberger à Amiens et Omar Daf à Dijon) et un en National 2 (Eric Rech à Toulon). Qui sera le prochain ?

13 heures foot : L’Unecatef, que vous présidez, a communiqué le chiffre de 64 entraîneurs limogés depuis le début de saison, de la Ligue 1 au Régional 1 : qu’est-ce que cela vous inspire ?
Raymond Domenech : On n’a réellement fait le décompte que depuis cette saison, alors que les saison précédentes, on ne s’en tenait qu’aux divisions les plus élevées, Ligue 1, Ligue 2, et on ne parlait pas trop des entraîneurs des niveaux en dessous. Là, on a « globalisé ». Le chiffre est important, c’est vrai. Il signale une fragilité de ce poste et une impatience des dirigeants qui s’imaginent qu’à chaque fois qu’ils vont virer quelqu’un, ils vont en trouver un autre qui va faire des miracles; OK, ça arrive de temps en temps, et c’est bien ça le problème, car y’en a certains qui réussissent, mais ce n’est pas la règle en général. Souvent, le « fonds » de l’équipe est là, ça reste toujours compliqué.

Cette saison, vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a une énorme refonte des championnats : n’est-ce pas aussi l’une des causes de ces licenciements. On voit des présidents prendre peur…
Avec cette réforme, l’objectif est de resserrer l’élite. Il faut essayer de créer des championnats avec des équipes solides, qui ont toutes les capacités à exister dans leurs championnats respectifs. Dans 2 ou 3 ans, tous les clubs qui seront en National (ou en Ligue 3 si ce championnat voit le jour, Ndlr), auront, pour la plupart, évolué en Ligue 2, donc l’idée c’est de le professionnaliser. On va perdre environ 70 clubs dans les championnats nationaux amateurs (72 en N2 et en N3, Ndlr). C’est ce passage-là qui est compliqué, car ça fait beaucoup, mais ce n’est pas notre idée. Quand on nous a donné la réglementation, on s’est dit qu’il allait y avoir beaucoup d’entraîneurs en souffrance. Nous, on subit la réforme de la même manière. On espère que ça va vraiment professionnaliser la profession d’entraîneur, et pas la mettre en péril, c’est plutôt comme ça que je le vois, plutôt qu’un émiettement sur plusieurs divisions. Mais tout ça, on ne le sait pas encore : on verra quels seront les effets de cette réforme sur les joueurs, sur les championnats, sur les entraîneurs, sur les encadrements, les staffs, les préparateurs athlétiques, les analystes vidéo, les entraîneurs des gardiens, etc., puisque l’impact va bien au-delà du simple entraîneur.

« Un coach viré = un coach qui va trouver une place »

Avec la professionnalisation du National, est-ce la fin aussi de belles histoires ? La fin du rêve pour certains « petits » clubs ?
En général, les clubs qui accèdent en National sont solides, organisés, avec des gens compétents; c’est pas la bande de copains qui arrivent comme ça, il y a une structuration en amont.

Cette saison, en Ligue 1, on a des exemples édifiants de changements réussis avec les arrivées de Will Still à Reims, de Michel Der Zakarian à Montpellier, de Didier Digard à Nice et même d’Eric Roy à Brest. Ce n’est pas une bonne publicité pour l’Unecatef…
C’est vrai qu’avec Didier et Michel, on a deux exemples de coachs arrivés en cours de saison qui réussissent, qui ont transformé l’équipe, même à Brest aussi, avec Eric (Roy) qui a redonné de l’espoir, donc ça peut arriver, mais, encore une fois, pas systématiquement. En général , il y a un effet immédiat, et après ça retombe. Mais nous, on est mal placé au niveau du syndicat : un entraîneur viré, cela veut dire qu’un autre va trouver un emploi, va lui prendre la place. Que peut-on dire ? Ce sont les dirigeants qui choisissent et nous, à l’Unecatef, on a un peu « le cul entre deux chaises ». Je n’interviens que quand celui qui prend la place de l’entraîneur viré n’a pas de diplôme : là, c’est le rôle du syndicat. Le reste du temps, que peut-on dire au club ? Bravo ? Au lieu d’en payer un seul vous allez en payer deux ?

« Jean-Pierre Cailllot est à côté de la plaque »

Vous parliez de Didier Digard : récemment, dans une interview sur Canal +, vous avez pointé du doigt Will Still et Didier Digard, qui n’ont pas leur diplôme, et les amendes que paient les clubs pour qu’ils puisse s’asseoir sur le banc à chaque match de Ligue 1 (25 0000 euros), une somme selon pas assez élevée et pas assez dissuasive selon vous…
Je suis content que vous ayez associé les deux noms, car on a eu l’impression que je faisais une fixette sur l’un plutôt que sur l’autre… Mais ce n’est pas une « sortie » contre eux, mais contre un système qui permet ça. L’exemple de Didier Digard est extraordinaire : c’est la DTN et la Fédération qui lui permettent d’entraîner en Ligue 1, et quand il est arrivé en Ligue Europa Conference, il n’a pas pu s’asseoir sur le banc, car il n’était pas inscrit en formation, alors que son club a eu deux mois pour se mettre à jour. L’UEFA a des mesures bien plus draconiennes. Moi, je dénonce le système pour protéger les entraîneurs mais ce n’est pas le syndicat qui impose les règles. C’est la Fédération.

Le président de Reims, Jean-Pierre Caillot, vous a répondu à sa manière après votre sortie contre Will Still…
Il a répondu à côté de la plaque. Il n’a pas dû écouter toute mon interview, car j’ai été bien plus critique envers la situation de Didier Digard qui lui, n’était pas encore inscrit à la formation, que pour celle de Will Still, qui, lui, était inscrit; s’il avait écouté l’interview en entier, il aurait relativisé tout ce que j’ai dit. Mais ce n’est pas grave, j’ai l’habitude.

« Je lutte contre les coups de poker »

Hormis dénoncer, quels sont les leviers de l’Unecatef ?
On n’a pas d’autre moyen de pression, on n’est pas un organe statutaire. On est là pour défendre les entraîneurs diplômés. Didier (Digard), quand il était entraîneur du centre de formation de Nice, il pouvait être syndiqué, on aurait pris en charge tous les problèmes qu’il aurait pu avoir à ce niveau-là, après, il prend un nouveau poste, sans avoir la compétence, et ça marche, tant mieux pour lui et aussi pour nous, ça fait un renouvellement : il faut qu’il s’inscrive, y ‘a une loi, qui est établie par la Fédération. C’est un minimum. Avec l’UEFA, y’avait même pas d’amende, puisqu’il n’avait pas le droit d’être sur le banc. Point barre. Donc quelque part, il faut souligner le fait que la Fédération laisse l’opportunité à de jeunes entraîneurs, temporairement, d’essayer, de voir : avec Didier, c’est un coup de poker. Ils l’ont essayé pendant quelques matchs, ils ont cherché quelqu’un et puis comme ça marchait bien, ils ont un peu attendu, et après, voyant que le coup de poker fonctionnait ils le gardent jusqu’à la fin de la saison. Mais moi, je lutte contre les coups de poker, car ça met les clubs en danger. Il a eu cette opportunité en France, il n’aurait pas pu l’avoir dans aucun autre pays du monde : on devrait plutôt souligner la possibilité qu’on a dans notre pays d’accéder, de grimper à travers les opportunités, sans avoir le diplôme.

Souvent, c’est une économie aussi pour les clubs, qui préfèrent payer des amendes…
C’est vrai qu’il y a un aspect financier aussi pour le club : il en profite pour le payer moins que le salaire minimum prévu par la charte puisqu’il n’a pas le diplôme. C’est un avantage pour le club à qui ça revient moins cher. C’est bien pour ça que les amendes, qui vont dans le budget de la Ligue Nationale, devraient être beaucoup plus chères pour être dissuasives. C’est d’ailleurs un vrai problème, car c’est budgétisé dans les clubs, alors que les amendes sont aléatoires.

En fait, il n’y a que dans le football que l’on voit ça…
Le vrai problème, c’est quand l’entraîneur viré est remplacé par un entraîneur qui n’a pas le diplôme ou qui a un diplôme non requis pour la compétition dans laquelle il officie. Là, ça rentre dans notre champ de compétence. On défend l’effort fait pas ceux qui ont passé des diplômes car cela coute de l’argent, du temps, et ceux-là ont fait tous les efforts, contrairement à ceux qui sont mis en place et qui débarquent, parce qu’ils sont copains avec un président ou un agent ou qu’ils ont été adjoints et qu’ils sont « biens » avec les joueurs. Mais quelque part, pour moi, y a une forme d’injustice. On en revient toujours à la même chose : y-a-t-il beaucoup de métiers ou ça se passe comme ça ? Non ! Est-ce que l’on accepte qu’un étudiant en 5e année de médecine ouvre son cabinet à la place du médecin ? Non ! On est dans une situation où le diplôme n’est pas une garantie de compétence mais il est une garantie de formation. On travaille là-dessus, on défend ça.

Avec les présidents, ne peut-il pas y avoir plus de communication avec l’Unecatef ?
Quand un président a mis son argent personnel, bon, qu’est-ce qu’on peut dire ? C’est leur choix. C’est comme dans une société, il peut virer son DG et en prendre un autre. Dans la mesure où il le paye. Dans la mesure où celui qu’il prend à les compétences pour occuper le poste, nous, on n’a rien à dire là-dessus. C’est juste plus douteux quand un président est salarié, mais qu’il subit une pression énorme d’un fonds d’investissements par exemple; on voit des présidents-salariés qui sont virés d’ailleurs. Eux aussi sont sur des sièges éjectables.

« Il fallait montrer que l’Unecatef existait »

N’y-a-t-il pas non plus beaucoup trop d’entraîneurs étrangers ?
Le terme « beaucoup » est excessif; cette année, on a Marseille, Lille, Monaco, Reims, c’est une illusion de s’imaginer qu’on a beaucoup d’entraîneurs étrangers. Les Anglais, en comparaison, en ont beaucoup plus que nous. On ne le souligne pas assez.

A titre personnel, qu’est ce qui vous a poussé à candidater pour la présidence de l’Unecatef en 2016 ?
Je pensais qu’il y avait besoin de plus de représentativité. Il fallait montrer que l’Unecatef existait. Les compétences étaient là, parce que la structure fonctionnait bien, mais on manquait de visibilité et comme Joël (Muller, son prédécesseur) a eu envie de passer à autre chose, et que je faisais partie du comité, le passage s’est fait naturellement. Le poids que l’on a, c’est celui d’être écouté, d’avoir accès aux médias, et quand on est un syndicat, c’est nécessaire. On ne peut pas juste être dans le bureau, même si y a des gens qui y sont pour traiter les dossiers, bien entendu. Il faut aussi montrer qu’on est là.

C’est un rôle de représentation en quelque sorte ?
Je ne suis pas là que pour ça, je vous assure que je fais beaucoup de réunions, j’essaie d’être un peu partout, mais il y a ce besoin d’éclairage supplémentaire. Dans un syndicat, on le voit bien, on parle plus du président de la CGT ou de la CFDT que du syndicat lui-même, parce qu’il est le représentant, celui qui doit identifier, on en a besoin : Guy Roux, Joël Muller et José Arribas ont symbolisé le syndicat pendant des années. Il y a des gens qui vous représentent, qui vont dans des commissions pour défendre les intérêts de la profession; l’Unecatef est là pour représenter tous les entraîneurs, de tous niveaux, dans les instances, dans les commissions internationales, nationales, régionales, etc. Il est présent et discute de toutes les problématiques de l’entraîneur. Il a une vraie fonction syndicale et cela représente quelque chose.

« Réunir tous les entraîneurs, c’est compliqué, mais il y a l’AG pour ça… »

Lors de l’AG, en 2019.

Dans nos colonnes, Alain Pochat, l’ex-coach de Bourg-en-Bresse, en National, regrettait qu’il n’y ait pas plus de rassemblements d’entraîneurs, que l’Unecatef avait peut-être les moyens d’organiser un grand rassemblement…
Tous les entraîneurs disent la même chose quand ils ne sont plus en poste, et quand ils sont en poste, c’est compliqué de les réunir, parce qu’ils ont la tête dans le sac. Entraîneur, c’est un métier particulier, et quand on se retrouve seul, souvent, on a plein d’idées collectives. Le programme des DMVE (Dix mois vers l’emploi), que l’Unecatef a mis en place, c’est un peu ça, on en rassemble quelques-uns, que l’on accompagne, pendant un an. Après, pour le grand rassemblement, on a l’assemblée générale*, avec des intervenants, tous les ans : mais sur 800 adhérents, y’en a 100 qui viennent, donc voilà… Je sais bien que ce n’est pas évident de trouver une date pour tout le monde. D’ailleurs, même la DTN n’arrive pas à faire des recyclages groupés comme ça se faisait avant en Ligue 1 ou Ligue 2.

« Les présidents devraient passer par l’Unecatef plutôt que par les agents »

Vous parliez du « DMVE », c’est quoi exactement ce programme ?
Le DMVE (Dix mois vers l’emploi) est un programme inauguré en 2004 : à l’époque, Francis Smerecki et la DTN avaient initié cela et mis en place un programme commun de dix mois pour les entraîneurs qui n’avaient pas de poste, car rien n’était prévu pour eux. Il fallait les rassembler, ils étaient une vingtaine par an en général, et ça perdure. La base, c’est de recréer le lien et de les relancer.Car souvent, ils se retrouvent seul du jour au lendemain. On a travaillé là-dessus, via des rassemblements, pour recréer du lien et leur recréer du réseau; pour ceux qui sont passés dans cette formation, à 80 % ils ont retrouvé des clubs, car ils avaient repris confiance et recréé des compétences. C’est une très bonne idée.

Est-ce que l’on vous consulte parfois, pour donner votre avis sur un coach par exemple ?
Je passe toujours par le syndicat : on a une liste, on la donne et ils choisissent. Moi, je fais juste le lien. Mais ça arrive de temps en temps qu’on m’appelle bien que les présidents passent le plus souvent par les agents, ce qui est un tort. Ceux qui sont inscrits au syndicat, ils sont « fichés », y’a leur CV, leur parcours, tout. Si les présidents le demandent, on leur fournit la liste.

L’éviction de Corinne Diacre ? « Le procédé est discutable »

Raymond Domenech et Franck Haise, l’entraîneur du RC Lens.

Récemment, on a vu avec l’équipe de France féminine qu’une fronde de quelques joueuses pouvaient occasionner le limogeage de l’entraîneure, Corinne Diacre : que pensez-vous de la méthode ?
Ce n’est pas nouveau, sauf qu’avant, cela se faisait en interne. Mais maintenant, avec les réseaux sociaux, ça se fait de manière plus visible. J’ai connu plein de clubs où des joueurs décidaient de l’avenir de leur entraîneur, d’ailleurs, on le voit dans certains clubs où, tout d’un coup, des joueurs qui paraissaient être des morts vivants avec un entraîneur sont devenus des bombes atomiques avec l’entraîneur suivant. La différence dans votre exemple, c’est que les joueuses l’ont dit publiquement et là le danger est fort car l’image que ça donne, effectivement, c’est ça, c’est qu’elles ont tout pouvoir sur l’entraîneur. Comment va faire le nouvel entraîneur ? Il va falloir qu’il leur plaise, parce que sinon, elles diront qu’elles ne veulent pas de celui-là non plus, c’est compliqué (l’entretien a été réalisé 24 heures avant la nomination de Hervé Renard, Ndlr). Des difficultés entre coach et joueurs, ou entre coach et joueuses, ça arrive, c’est toujours arrivé, mais que, officiellement, les joueuses l’annoncent publiquement et que l’instance leur donne raison, c’est très délicat : là, on a ouvert la porte à tous les excès, à toutes les possibilités. C’est le procédé qui est discutable. C’est un vrai problème. Wendie (Renard), avec toutes les qualités qu’elle a, elle aurait dû ou pu le faire autrement.

« Entraîner en N3 ou en L1, ce n’est pas le même métier »

On a l’impression, également, qu’il n’y a pas beaucoup de turn-over, que ce sont toujours un peu les mêmes coachs qui passent d’un banc à un autre, on ne voit pas arriver beaucoup de jeunes techniciens…
Non, je ne pense pas que cela soit le cas, on voit des nouvelles têtes justement, des jeunes, comme Digard, Still, donc, et aussi Stephan, Le Bris. Vous ne pouvez pas dire qu’il n’y a pas de renouvellement, c’est une fausse idée : au contraire, le renouvellement des jeunes entraîneurs existe. Après, le jeunisme, c’est bien jusqu’à un certain niveau. Ces dernières années, y’a eu des jeunes qui sont apparus. Mais voir « des nouvelles têtes », ça c’est votre truc, à vous, les journalistes. C’est comme avec Didier Deschamps en équipe de France : il est champion, vous voulez quoi de plus ? Pourquoi mettre une nouvelle tête ? Cela me met en colère. Le président de M6 est compétent, il est là depuis 40 ans, pourquoi vouloir changer juste sous prétexte qu’il faut changer ? Si les gens sont compétents, ils restent.

En National 3 ou en National 2, il y a de très bon coachs, pourquoi ne pas les « essayer » plus haut : là encore, peu d’entre eux ont leur chance…
Mais est-ce qu’ils ont le diplôme ? Non ? Ceux qui ont le diplôme peuvent y accéder, pour les autres, ça va être compliqué, c’est logique, il y a des échelons à gravir, il faut performer. Je prends l’exemple de Christophe Pélissier, il est devenu entraîneur en Ligue 1 en gravissant les échelons, comme Guy Roux et Gérard Houllier aussi à l’époque. Entraîneur, c’est un métier de rêve, mais il n’y a que 20 postes en L1, 18 en Ligue 2, 16 en National, c’est normal que ce soit l’élite de la profession qui y officie : sinon, comment un président justifierait-il de prendre un entraîneur, aussi compétent soit-il, en National 2 ou en National 3 ou dans un centre de formation, qui a certes fait ses preuves à son niveau, mais qui n’a rien justifié au niveau professionnel ? Entre le National 3 et le haut niveau, y’a beaucoup d’autres facteurs qui entrent en ligne de compte, ce n’est pas tout à fait le même métier.

* L’assemblée générale de l’Unecatef se tiendra lundi 22 mai 2023 à partir de 8h30 à l’auditorium de la FFF au 87 Boulevard de Grenelle – 75015 Paris.

Recueilli par Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr ou contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Unecatef

La liste des coachs virés (saison 2022-2023) de la L1 au N3

Liste communiquée par l’Unecatef

Ligue 1 : 12 changements
Lyon : P. Bosz (L. Blanc) / Auxerre : JM Furlan (Ch. Pelissier) / Brest : M. Der Zakarian (E. Roy) / Reims : O. Garcia (W. Still) / Montpellier : O. Dall’Oglio (R. Pitau puis M. Der Zakarian) / Troyes : B. Irles (P. Kisnorbo) / Angers : G. Baticle (A. Bouhazama puis A. Dujeux) / Strasbourg : J. Stephan (M. Le Scornet puis. F. Antonetti) / OGC Nice : L. Favre (D. Digard).

Ligue 2 : 6 changements (dont 1 volontaire)
Niort : S. Desabre (départ volontaire / Rui Almeida / B. Simondi / Rodez : L. Peyrelade (D. Santini) / Nîmes : N. Usaï (F. Bompard) / Dijon : Daf (P. Dupraz) / Amiens : P. Hinschberger.

National : 11 changements
Saint-Brieuc : D. Santini (K. Mokeddem); Paris 13 Atletico : J.-G. Wallemme (V. Bordot puis P. Moreira); Le Mans : Cris (R. Ray); Versailles : Y. Chibi (Cris); Châteauroux : M. Chabert (M. Flachez); Orléans : X. Collin (N. Usaï); Nancy : A. Cartier (B. Pedretti) / Dunkerque : R. Revelli (M. Chabert); FBBP01 Bourg-Péronnas : A. Pochat (J.L. Ancian intérim puis P. Moulin).

National 2 : 9 changements (dont un volontaire)
Bourges 18 : L. Di Bernardo (W. Prunier); Alès : S. Saurat (H. Malek); Chartres : J.-P. Papin (départ volontaire puis P.-Y. David); Colmar : J. Guerra/A. Bey (J.-G. Wallemme); Vannes : P. Talmont (T. Palmier); Andrézieux : A. Marcantei (J. Clément); Fréjus/Saint-Raphaël : C. Paquillé (J. Faubert); Granville : S. Didot (O. Cahoreau); Toulon : E. Rech (T. Bertin).

National 3 : 15 changements
Changé : A. Denis (K. Garnier puis L. Even) / Rousset : F. Amzar (N. Abdelali) / Dives : M. Chevreau (J. Le Pen) / Quétigny : B. Gilles (D. Clerval) / Feurs : O. Jurine et N. Chargui (F. Amghar) / Fougères : P.-Y. David (Th. Rébillon) / Libourne : F. Vallade (S. Adoue) / Saint-Nazaire : R. Lequilliec-B. Riailland (L. Duarte) / Le Havre Mont-Gaillard : J. Maheux (D. Dillain) / FC Balagne : D. Cvetkovic (N. Huysman) / Poitiers : X. Dudoit (G. Penoty) / Grand Quevilly : D. Fouquet (R. Colinet et M.Ben Zdira) / Limonest : N. Pinard (R. Reynaud) ; Haut-Lyonnais : R. Reynaud (R. Dedola et S. D’urbano).

Comédien, écrivain, scénariste, l’ancien attaquant d’Aubervilliers est devenu consultant. Depuis 2017, il a rejoint Canal + où il intervient sur l’affiche décalée de National du lundi (Concarneau-Sedan ce soir) et le foot anglais. Homme de conviction, très attaché au social et aux banlieues, il raconte son parcours très riche et évoque la fin de saison en National.

Ancien attaquant d’Aubervilliers (de la DH au National), Zizek Belkebla (51 ans) est un touche à tout. Comédien, écrivain, il vient de sortir son premier roman, « Mohand et Raoul, l’Arabe et le juif », basé sur une histoire d’amitié. Un « livre personnel, au-delà du temps, des territoires et des religions, qui évoque l’esprit de fraternité », comme il le résume.
Chaque lundi soir, on le retrouve aussi sur les antennes de Canal + aux commentaires de l’affiche de la journée de National (il officiera ce soir, à 18h30, pour le match décalé de la 27e journée Concarneau-Sedan).

Depuis 2017, Zizek Belkebla est en effet consultant sur Canal + où, en plus du National, il intervient sur la Premier League anglaise. Sa famille est étroitement liée au club d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) où il a joué comme ses frères Karim, Youssef (qui a vu sa carrière pro brisée par une grave blessure à Saint-Etienne) et Kamel.

Son neveu Haris Belkebla, le fils de Kamel, évolue en Ligue 1 à Brest et est international algérien. Après avoir joué, les frères Belkebla occupent depuis de nombreuses années des postes à responsabilité à Aubervilliers : Karim est manager général, Youssef, directeur administratif et Kamel, entraineur adjoint de l’équipe première (National 3).
Zizek se consacre, lui, aux plus jeunes. Pour 13HeuresFoot, il est longuement revenu sur son parcours, son rôle de consultant et ses autres activités. Il évoque aussi cette passionnante saison de National.

« On est là pour valoriser le National »

Avec Théo Douet à Bauer

Les gens qui vous regardent sur Canal ne le savent sans doute pas. Mais en 2007, vous avez joué dans le feuilleton à succès Plus Belle la Vie…
A côté du foot, Le théâtre et le cinéma ont toujours été mes passions. J’ai été formé aux ateliers théâtre d’Aubervilliers. L’une de mes sœurs, Fadila, est comédienne. Moi, j’ai joué dans plusieurs films comme « Viva Laldjerie », ou « les Chevaliers du ciel » avec Benoît Magimel et Clovis Cornillac. En plus de Plus Belle la Vie, j’ai aussi effectué des apparitions dans d’autres séries comme « PJ » ou « Central Nuit ». Mais à un moment, j’en ai eu un peu marre qu’on me confie seulement des rôles de voyou et d’incarner l’Arabe délinquant de service. Donc, j’ai mis le cinéma un peu de côté même si j’ai aidé des amis sur l’écriture de scénarios. Après, si un réalisateur me propose un rôle sympa, je ne ferme pas la porte.

Avec Ludovic Deroin en plateau.

Comment êtes-vous devenu consultant ?
Par le hasard des rencontres. Je n’étais pas très connu, je n’avais jamais été pro mais j’ai commencé à Eurosport en 2009 avec de la Coupe de France. A l’époque, ils cherchaient des nouvelles têtes. Les commentateurs vedettes, c’était Christophe Jammot avec Jean-Luc Arribart que j’ai ensuite retrouvé à Canal +. J’ai tout fait, du commentaire, du bord-terrain. A côté de ça, j’ai toujours gardé une activité professionnelle qui n’avait rien à voir avec le foot, comme encore actuellement.

En 2017, vous rejoignez Canal +…
C’est Laurent Jaoui (désormais à Prime Vidéo) qui m’a proposé de rejoindre Canal. C’est quelqu’un qui a toujours eu une sensibilité particulière pour la banlieue et son football. Il s’intéresse naturellement aux autres. J’ai commencé par de la Youth League puis j’ai enchainé par le National puis ensuite le foot anglais. J’ai progressé petit à petit. Gregory Nowak, David Barouh, ont toujours été de bons conseils pour moi. Je me sens très bien à Canal.

Vous êtes un consultant qui insiste beaucoup sur les différents aspects du jeu, la technique…
Oui, j’aime ça. Mais je suis surtout axé sur l’aspect offensif, comme quand je jouais. Sur les phases défensives, j’ai davantage de mal alors qu’un Habib Beye est capable de deviner ce qui va se passer dans la surface au millimètre près. Après, je bosse beaucoup pour préparer mes matchs. Quand je fais du foot anglais, c’est entre guillemets plus simple. On a toutes les stats possibles à notre disposition. Le National, c’est plus dur, les joueurs sont moins connus. Il faut effectuer davantage de recherches. Sinon, j’ai la même personnalité au micro que dans la vie. Je suis tranquille comme commentateur. J’ai joué et je n’accablerai jamais un joueur. Ça permet de rester toujours mesuré. On a été à sa place et on sait très bien qu’il ne fait pas exprès d’être mauvais.

Vous avez connu le National, à l’époque à deux groupes, comme joueur. C’était naturel de vous retrouver consultant sur cette division ?
Pas nécessairement, même si c’est un championnat que j’apprécie beaucoup. J’avais vraiment envie de le faire. Je suis content de pouvoir le valoriser et de le mettre en lumière avec Canal. Le National, c’est être au plus près des gens, la simplicité. On est proche des supporters. Les gens sont contents de nous voir. J’ai des supers souvenirs de matchs à Laval ou à Annecy. Pour le match décisif de la montée la saison dernière à Annecy, on était juste au-dessus du kop, presque en plein milieu de la foule. Ils nous entendaient commenter et se retournaient parfois. C’était fabuleux.

Beaucoup d’entraineurs se sont néanmoins élevés contre cette diffusion le lundi soir qui leur enlève trois jours de récupération en moins pour leur match suivant du vendredi . Comprenez-vous cette polémique ?
Ils sont contents quand ils gagnent le lundi et quand ils perdent le vendredi, ce serait la faute à Canal ? Sincèrement, ça m’agace un peu d’entendre ça. C’est trop facile. On est là pour valoriser ce championnat qui n’est pas trop médiatisé.

Comme je l’ai dit, les supporters sont contents de nous voir et les joueurs sont aussi contents d’être diffusés. Les matchs sont regardés, les joueurs peuvent se mettre en valeur et se faire remarquer. A mon époque, il fallait attendre le lendemain et l’article du Parisien pour qu’on parle de nous. Avec Canal, on propose un vrai suivi. Moi, j’aime bien valoriser le travail des entraineurs.

Qui ressortez-vous cette saison comme entraîneurs ?
Je ne connaissais pas Grégory Poirier. Ce qu’il fait avec Martigues après les avoir fait monter est vraiment remarquable. Il y a aussi bien sûr Stephane Le Mignan avec Concarneau.

Sinon, j’apprécie beaucoup le travail de coachs comme Mathieu Chabert, Reginald Ray ou Olivier Sarragaglia. Tous mériteraient d’entraîner plus haut. Je suis aussi assez proche d’Olivier Frapolli que j’ai beaucoup commenté en National les saisons précédentes et qui, je j’espère, restera en Ligue 2 avec Laval.

Par rapport à votre époque, le National a beaucoup évolué…
Oui, c’est devenu beaucoup plus pro avec beaucoup d’anciennes équipes de Ligue 2. On retrouve beaucoup moins de petits clubs et de petites villes même s’il y a encore des belles histoires. Sur le plan du jeu, il a aussi beaucoup plus évolué même s’il reste toujours aussi costaud avec beaucoup de rigueur. A mon époque, c’était le joueur qui faisait le système. Maintenant, c’est le système qui fait le joueur. On a moins de joueurs capables de proposer des grandes inspirations sur le terrain.

Avec Nourrédine Zidane.

Justement, quels sont les joueurs qui vous ont le plus plu cette saison ?
Je regarde surtout les attaquants ou les numéros 10. Il y en a quelques-uns qui me plaisent bien, comme Boutrah et Rabillard à Concarneau, Cervantes et Aïko au Mans ou Tlili et Fdaouch à Martigues. J’ai envie aussi de ressortir Ndoye : au Red Star, il fait tout, il joue même parfois avant-centre. Il est très bon. Si j’étais joueur et que j’avais un mec de 40 ans (37 en réalité) qui faisait la pluie et le beau temps dans mon équipe, je me poserais des questions, ça me donnerait envie de donner encore plus.

Quelle est l’équipe qui vous plaît le plus cette saison ?
Forcément Concarneau. Quel kiff !!! Il joue la possession, 2-3 passes, c’est incroyable ! C’est comme une chorégraphie. Il y a un gros travail effectué qui se base sur la qualité des uns et des autres. Chacun a sa spécificité et apporte le meilleur. La force de Stéphane Le Mignan, c’est de laisser beaucoup de liberté à ses joueurs mais toujours dans l’intérêt du collectif. On prend beaucoup de plaisir à regarder jouer Concarneau.

Son roman.

A contrario, qui vous a déçu cette saison ?
Au niveau du jeu, Versailles, c’est surtout solide. Quand ça arrive au milieu de terrain, on voit qu’il y a une recherche de solutions. Ce n’est pas fluide comme Concarneau. Après, ça marche, ils sont en course pour la montée. Sinon, forcément, on attendait mieux des Nancy, Châteauroux et Le Mans. Ils jouaient la montée et ils vont se battre pour le maintien. Ils ont été décevants. Ça prouve aussi que l’argent ne fait pas toujours le bonheur. A mon humble avis, certains joueurs dans ces clubs sont installés dans un trop grand confort. Ces clubs ont choisi la facilité en voulant miser sur des noms alors qu’il y a des talents en N2, N3 ou même R1. Mais ça demande un travail en profondeur. Ils sont aussi peut-être trop pressés en voulant amortir leur chute alors que parfois, c’est mieux de prendre le temps de reconstruire et se restructurer. Mais cette fin de saison va faire des dégâts. Il risque d’y avoir un ou plusieurs gros qui seront relégués.

Comment voyez-vous cette fin de saison de National ?
Depuis cinq ans qu’on commente le National, on voit bien que c’est la plus dure à cause des six descentes. Je vais comparer ce sprint final à une course d’athlétisme. Pour moi, Versailles et Martigues sont au couloir 4 et 5 et ont un petit avantage. Le Red Star, Concarneau sont au 6 et au 3. Dunkeque qui effectue un retour fulgurant revient de loin mais il peut le faire. Martigues ne faiblit pas et Versailles a tout pour monter, l’expérience de ses joueurs et un calendrier plus abordable. Tout pourrait se jouer sur le Martigues – Versailles de la dernière journée. Ca va se jouer au mental. C’est de la bonne pression, mais les équipes doivent être capables de la gérer. C’est pour ça que les équilibres internes, la capacité à rester serein vont être primordiaux.

Quel regard portez-vous sur votre propre parcours de joueur ?
J’ai joué jusqu’en National avec Aubervilliers qui a été mon seul club. J’ai eu des propositions, Strasbourg, Lens, les clubs parisiens qui étaient en National à l’époque comme le Racing ou le Paris FC. Alain Perrin, quand il entraînait Troyes, avait dit à mon frère Karim : « Dans ton équipe, je ne prends qu’un joueur, ton petit frère Zizek »… Mais je n’ai aucun regret même si j’aurais aussi pu aller plus haut quand j’étais en juniors au Red Star où j’ai peut-être loupé quelque chose. Mais je n’ai jamais voulu devenir un footballeur pro. Je me serais fait « chier » et j’aurais raté ma vie d’homme. Moi, j’aime la culture, l’écriture, le cinéma. J’aurais eu l’impression de rester dans une routine si je n’avais fait que du foot.

Le club d’Aubervilliers est aussi étroitement lié à votre famille…
J’aurais rêvé de monter en Ligue 2 avec Auber’. En 1993, on a terminé 1er de notre groupe en D3 mais on a perdu en barrages. Mais à Auber, j’avais tout. J’étais avec mes grands frères Karim, Youssef et Kamel. On a tous Aubervilliers et ce club dans le sang. C’est la ville où nos parents ont débarqué d’Algérie. On a construit des choses ici et on veut perpétuer cet héritage. Karim a fait un travail extraordinaire.

En plus de toutes vos activités, vous avez également gardé un pied sur le terrain avec les jeunes d’Aubervilliers. C’est important pour vous ?
Depuis mon arrêt en 2010, j’ai toujours voulu conserver ce lien. Car, la vraie vie, les problèmes que vivent les gens au quotidien, c’est là qu’on les retrouve. A Auber’, je suis responsable de la catégorie 6-10 ans. Mais maintenant, j’organise davantage que j’entraîne. Avant, j’entraînais et j’étais aussi dans la com, avec les petits, leurs parents, ça me bouffait tout mon temps. Là, j’organise les séances et je recrute des jeunes, souvent d’Aubervilliers, qui veulent se former et s’investir avec les gamins, ça me plaît beaucoup de les voir aussi motivés. Et moi, ça me dégage du temps pour parler aux parents. Je ne suis pas dans la compétition. Ce que je mets en avant, c’est d’abord le bon comportement, la bonne attitude. Si le gamin est bon, ça me fait plaisir qu’ils parte au Red Star ou au Paris FC. Après, on sait comment les choses se passent… Donc finalement, je surveille davantage les parents que leur enfants.

Zizek Belkebla, du tac au tac

  • Zizek Belkebla, le joueur

Première fois dans un stade ?
Vers 1978, j’avais 6 ans. C’était au stade Auguste Delaune à Aubervilliers pour voir jouer mes grands frères. Je me souviens qu’il y avait pas mal de furieux et que ça finissait parfois en bagarre générale. Quand on est petit, ça fait un peu peur. Après, je suis beaucoup allé au Red Star et à Bauer. Le premier match en pro que j’ai vu, c’était au début des années 80, le PSG au Parc des Princes avec Safet Susic. Quel joueur c’était !!!

Meilleur souvenir de joueur ?
Mon premier match en D3 avec Aubervilliers en 1991. J’avais 19 ans. J’étais le frère de l’entraîneur donc il fallait que je prouve plus que les autres.

Pire souvenir de joueur ?
La descente de CFA 2 en DH avec Auber’ en 2003. On avait besoin d’un nul contre Chartres pour se maintenir. Mais on a perdu ce match. Moi, j’étais suspendu donc je n’ai pas joué; ça a été encore pire à vivre. J’étais impuissant. A la fin, c’est comme si tout c’était effondré; ça faisait mal de se retrouver en DH parisienne après près d’une quinzaine d’années dans les championnats nationaux. La saison avait été très difficile. On avait eu quatre entraîneurs, Papou (Kharchaoui), Karim puis pour finir un duo avec José (César) et Kamel (Belkebla).

Une manie, une superstition ?
Pas trop, à part que je portais toujours le numéro 7 et les mêmes chaussures.

Le geste technique préféré ?
Le petit pont et le piqué.

Qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais un joueur rapide et je marquais des buts. Une année, j’ai terminé 2e buteur en CFA 2 derrière Eric Akoun. Moi, j’aimais pas quand le ballon était dans notre moitié de terrain. J’aimais aller de l’avant. C’est pareil maintenant. Ce qui se passe derrière ne m’intéresse pas trop.

Votre plus beau but ?
J’en ai marqué des beaux mais j’ai envie de citer le plus drôle. C’était en CFA 2 à Bois-Guillaume. Eux marquent et font la fête, une vraie mêlée. Kamel Bousseliou (le gardien) nous renvoie vite le ballon. Je dis à l’arbitre, ils sont sur le terrain, on peut donc réengager ? L’arbitre siffle… Et moi, je mets une patate, pas trop haute. Le gardien a essayé de plonger mais j’ai quand même marqué ! Là, on a vraiment kiffé. On leur a rendu la pareille. Le retour en bus a été festif et joyeux !

Avec le joueur du PSG Warren Zaïre Emery, qu’il a entraîné en jeunes à Aubervilliers.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Avec Aubervilliers, on a quand même affronté des grosses équipes à l’époque du National. J’en citerais trois : Jean-Michel Guede (attaquant passé par Montpellier, Laval, Châteauroux), Raymond Lokuli (attaquant) à Amiens et Madjid Adjaoud (défenseur) à Istres.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Mon frère Karim. Il avait un temps d’avance sur tout. Il était en Division 2 au Red Star et il devait signer à Saint-Etienne avec l’un de mes autres frères Youssef. Tout était réglé. Saint-Etienne voulait les prendre tous les deux. Mais il a préféré repartir à Aubervilliers en DHR à l’époque où il a tout reconstruit. Au Red Star, j’ai aussi beaucoup apprécié Youcef Touati père. Son fils Youcef (ex Red Star, Dijon, Chambly) est tragiquement décédé en 2017. Généralement, les joueurs que j’apprécie sont les joueurs « de rue ». Je reconnais tout de suite ceux qui ont joué dans le noir sans lampadaires ou pieds nus… Ils ont un supplément d’âme, une attitude technique et une gestuelle différentes.

Au stade Karman, en 1993, match de barrage d’accession dans la nouvelle Super D2, face à Saint-Brieuc.

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vont ont marqué ?
Encore mon frère Karim. Avec lui, c’était un football total. Quand je commente sur Canal, parfois je me souviens de ses phrases. Ils y a des choses qui ne lui auraient pas plu (rires)… Comme moi, il détestait jouer par derrière. Faire une passe en arrière, c’est à la portée de tout le monde. Sinon, quand j’étais junior au Red Star, j’ai apprécié Patrice Lecornu et François Gil. J’aurais voulu connaître Robert Herbin, qui a entraîné en Division 2 au Red Star. Après, en tant que consultant, j’ai aussi forcément adhéré à la philosophie d’un Gourcuff.

Vos joueurs préférés ?
Maradona, Zidane, Iniesta… Benzema m’a aussi fait kiffer la saison dernière. Eux jouent en 5D quand toi tu as tout juste la 3G.

Avec le comédien Fatsah Bouyahmed.

Un stade mythique ?
Le stade Karman à Aubervilliers. A l’époque, dans le Parisien, Karim Nedjari (aujourd’hui Directeur général RMC et RMC sport) l’avait surnommé « Le Maracana de la banlieue » : ça veut tout dire. Chez les pros, j’ai toujours adoré le Parc des Princes, davantage que le Stade de France, même s’il est dans le 93, proche de chez nous. En Algérie, je dirais le stade de la JS Kabylie à Tizi Ouzou. Dans les tribunes, j’y ai vu des gens véritablement possédés.

Vos amis dans le foot ?
J’y ai beaucoup de connaissances mais pas de véritables amis. Ceux-ci sont ailleurs… Après, je suis toujours content de retrouver les anciens d’Auber’. Beaucoup reviennent toujours voir les matchs. Quand on est passé par Auber’, on garde toujours un profond attachement pour ce club. C’est grâce à Karim, Youssef, Kamel… Ils ont réussi à emmener beaucoup de personnes avec eux. Ici, le plus important, c’est le respect et les valeurs humaines. On a toujours recruté des hommes avant des joueurs.

  • Zizek Belkebla, le consultant

Votre premier match ?
C’était un Boulogne – Caen en 2009 en Coupe de France sur Eurosport. Ils cherchaient des nouvelles têtes. Je n’avais jamais fait ça mais ça m’a tout de suite plu. Ensuite, j’ai eu la chance de commenter le match décisif pour la qualification à la Coupe du monde 2010, Egypte – Algérie. Je n’étais pas à Khartoum au Soudan où le match se déroulait mais à Paris en cabine. Mais l’émotion était là quand même. On m’avait conseillé de ne pas trop en faire, d’essayer de rester neutre. Mais j’ai eu du mal… Cette victoire 1-0, but de Anthar Yahia, m’a vraiment donné des frissons. L’Algérie allait retrouver le Mondial !

Votre meilleur souvenir ?
Les rencontres en général. J’adore parler aux gens, ressentir l’atmosphère du terrain. C’est cette proximité qui me plaît dans ce rôle de consultant. J’ai aimé aller à Bastia la saison de leur montée en Ligue 2 avec Mathieu Chabert ou à Laval la saison dernière. Encore une fois, en National, les gens sont contents de nous voir.

Avec Samy Améziane.

Votre pire souvenir ?
Je n’ai pas aimé le Red Star – Dunkerque (4-2 le 7 novembre). Un spectateur nous a bousillé la retransmission avec un laser. Depuis, Canal a décidé de ne plus retourner à Bauer. C’est un stade que j’adore pourtant, ça me manque… Après, même si j’ai progressé, j’ai quelques mauvais souvenirs de blancs à l’antenne. Quand le mot ou la phrase que tu veux dire, ne te reviennent qu’après l’action. Mais c’est trop tard car l’action est passée…

Journalisme ou football : quel est le milieu le plus sain ?
Moi qui ai connu les deux, je n’ai pas envie de comparer; ça fait plus de dix ans que je suis consultant et ça c’est toujours bien passé pour moi. A Canal, j’ai fait des belles rencontres avec des gens pros et sympas. Pour moi, c’est une chance de travailler pour cette chaîne. Je suis quelqu’un de fidèle comme à Auber. Je n’ai pas forcément envie d’aller voir ailleurs. J’ai aussi des projets de documentaires. Montrer, la vraie vie du foot de banlieue, là où j’ai toujours été bercé et exercé.

Textes : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : DR

Révélé en National à Bayonne, l’ex-entraîneur de Boulogne, Villefranche et Bourg-Péronnas, est sans club depuis début mars. Le Basque d’adoption a beaucoup de choses à confier, au point d’être parfois dans l’introspection. Installez-vous dans le canapé, voici Alain Pochat à coeur ouvert !

Photo FBBP01

« C’est incroyable ! »
Alain Pochat est en visio, depuis son domicile, à Péronnas, en périphérie de Bourg-en-Bresse. Le coach, évincé de son poste d’entraîneur du FBBP 01 le 6 mars dernier, le répète une seconde fois : « C’est incroyable ! ».

Avec le FC Villefranche Beaujolais, son aventure avait pris fin en janvier 2021 après un match contre Annecy, le club … de sa ville natale !

Avec Bourg-Péronnas, son aventure a pris fin après un match face à … Villefranche, son précédent club, celui qu’il avait fait grimper de N2 en National en 2018 et hisser jusqu’en 8e de finale de coupe de France en 2019 face au PSG (0-3 après prolongation).

Alors si ça, ce n’est pas incroyable !! « C’est incroyable ! C’est mon épouse qui m’a fait remarquer ça, raconte Alain Pochat, encore un peu sonné par le poids de ces deux histoires, visiblement marqué par leur issue.

« Annecy, ça a été un peu ma bête noire, sauf la première saison en CFA avec Villefranche (2017-18), on avait terminé devant eux et devant Andrézieux et on était monté mais en National. Deux ans après, on les a retrouvés en National, on avait eu des matchs compliqués contre eux, je me souviens d’un match aller là-bas, sur le stade de rugby, derrière le Parc des sports, qu’on avait perdu (1-0). »

Le buzz en coupe de France

Depuis un peu plus de trois semaines, Alain Pochat (55 ans) est un entraîneur libre. Un repos forcé après son éviction de Bourg-en-Bresse/Péronnas, où il avait succédé à Karim Mokeddem en février 2021.
A l’époque, il venait tout juste de voir son aventure avec Villefranche s’achever, de manière brutale, après un match contre Annecy qui lui avait été fatal (il avait écopé d’une suspension de 8 matchs).

C’est aussi à Villefranche qu’il avait, sans le vouloir, crée le buzz, lors d’un 8e de finale de coupe de France face au PSG, au Groupama Stadium de Décines : une caméra d’Eurosport l’avait filmé sur le bord du terrain, en train de pester contre le comportement des joueurs du PSG. « On ne peut pas toucher les joueurs. Ils vont voir à Manchester s’ils ne vont pas se faire soulever… Il a raison Laurey ».

« Ah, ça ne m a pas apporté que des choses positives, mais bon…, raconte-t-il; je me suis fait piéger un peu bêtement, il y avait une caméra caché derrière le banc des délégués, parce que vous savez, au Parc OL, il n’y a pas de banc de touche, les coachs sont derrière. Sur le coup, j’ai lâché une réflexion qui m’a mise sous pression (rires) ! C’est arrivé juste après l’affaire Laurey-Neymar avec Strasbourg. Si Thierry Laurey m’a envoyé un message après ça ? Non, non (rires) ! »

Allez allez, les Bleus et Blanc de l’Aviron Bayonnais !

Photo FBBP01

Pour beaucoup, Alain Pochat est celui qui a fait grimper Bayonne en National il y a 15 ans déjà. Pour beaucoup, il est ce Basque au sang chaud, qui trépigne devant son banc.

Pourtant, peu de gens le savent, l’homme est un … Haut-Savoyard ! « Je suis né à Annecy, c’est vrai, mais pour des raisons familiales, on a dû partir au Pays Basque quand j’avais 2 ans. Annecy, j’y ai encore de la famille, j’y retournais à Noël et pendant les vacances, mes racines sont là-bas, mais j’ai grandi au Pays Basque, c’est là que j’ai passé ma jeunesse, j’y ai mes amis, ma mère, la famille de mon épouse aussi. Je suis Bayonnais ! Avec le Racing, l’Aviron Bayonnais est un des plus vieux club omnisports en France, il est ancré dans l’histoire du Pays Basque. Je connais les paroles de l’hymne de l’Aviron, mes gamins aussi, on a souvent joué au stade Jean-Dauger de Bayonne, c’est une vraie cocotte minute, d’ailleurs, j’y suis allé récemment, pour un match du Variétés club de France, c’était exceptionnel. »

C’est donc dans les Pyrénées-Atlantiques, « aux Croisés de Bayonne », qu’Alain commence le football en jeunes, avant de basculer à l’Aviron en seniors : « Quand j’étais étudiant à Bordeaux, j’ai joué au Racing-club de Bordeaux et à l’AS Ambarès, à côté de Bordeaux. Et après, je suis revenu jouer à Bayonne. J’ai fait l’UEREPS (STAPS aujourd’hui), je suis allé jusqu’au DEUG, avant la licence, et après j’ai arrêté pour passer les concours d’ETAPS (Educateur territorial des activités physiques et sportives) pour être éducateur sportif en mairie, à Bayonne. C’est ça qui m’a permis de bouger ensuite dans ma carrière de coach, parce que ce n’était pas très rassurant, surtout vis à vis de la famille, de partir dans ce métier-là. Grâce à mon poste en mairie, j’ai pu être détaché pendant longtemps à Bayonne pour ne faire que du foot, puis je me suis mis en disponibilité pendant 10 ans, en 2013, d’ailleurs, là, j’arrive au bout de mes 10 ans; cela me faisait une sécurité si cela ne se passait pas bien. C’est pour ça que j’ai pris le risque, entre guillemets, de partir dans d’autres clubs. Sinon, j’aurais hésité. Honnêtement, je ne me vois pas retourner dans la fonction publique, je préfère essayer de trouver un projet. De toute façon, il faut que je prenne une décision maintenant, sinon, je vais « perdre » le poste. »

« J’ai eu la chance de rester assez longtemps dans les clubs où je suis passé »

Après 13 saisons passées à l’Aviron, là où il a entamé sa carrière de coach en seniors, d’abord avec la réserve puis aux côtés de Christian Sarramagna en équipe fanion (il avait déjà entraîné des jeunes aux Croisés de Bayonne), Alain Pochat a ensuite posés ses valises au Maroc pendant un an, puis à Boulogne-sur-Mer, Villefranche et enfin Bourg-en-Bresse/Péronnas.

« Avec Bayonne, cela a vraiment été une grande aventure. Je suis encore en contact avec certaines personnes du club, comme mon ancien capitaine Michel Bidegain, qui est expert comptable et qui siège au comité directeur. Je connais quelques joueurs comme Jordan Chort. J’ai quand même eu la chance de rester assez longtemps dans les clubs où je suis passé, 3 ans à Boulogne, 4 ans à Villefranche, il y a eu l’escapade au Maroc aussi, 2 ans à Bourg… En ce moment, en National, ça bouge ! »

INTERVIEW

« Les gens ont vu que je n’étais pas une mauvaise personne »

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Alain, comment ça se passe la vie sans club ?
Pas facile. D’un seul coup, on est à l’arrêt. Mon épouse travaille, mes enfants sont à l’école. On se retrouve un peu tout seul. Il faut arriver à s’occuper intelligemment.

Du coup, je fais un peu plus d’activités sportives, pour m’entretenir physiquement. Cela fait du bien au corps et à la tête. On fait des choses qu’on n’a pas le temps de faire quand on est en fonction dans un club, comme prendre du temps pour soi. Je prend des cours d’anglais car je suis très en retard dans ce domaine. Je remets mon CV à jour. Je peaufine et j’améliore mon projet de jeu, en me servant de mon passage au BEPF, et en même temps, j’essaie de trouver un projet pour la saison prochaine.

Il faut que les journées soient bien remplies parce que sinon, on peut vite tourner en rond. Quelque part, c’est une remise en questions aussi, il faut être honnête. On se pose plein de questions.

Votre aventure à Bourg-Péronnas vient de se terminer : considérez-vous que c’est un échec ?
Un échec ? Oui et non. Quand j’arrive en février 2021, on est relégable. On maintient le club (9e) et à un moment donné on n’est pas loin de se rapprocher de la place de barragiste, mais on perd un match charnière chez nous contre Orléans.

L’an passé, on a fait une très belle saison (6e), surtout qu’on est passé en quelques mois d’une équipe qui a sauvé sa peau en National à une équipe qui a joué la montée en Ligue 2. Franchement, c’est pas mal quand on connaît la difficulté de ce championnat et le nombre de clubs qui veulent monter; ça ne s’est pas joué à grand chose, on a un peu craqué sur la fin.

Et puis cette année, avec les six descentes, la pression est devenue énorme, on le voit bien, 11 coachs ont été licenciés dans notre championnat. Et puis, l’été dernier, on a été rétrogradé par la DNCG à l’intersaison, ce qui a eu un impact sur la masse salariale, sur le recrutement, sur plein de choses qui ont changé les ambitions du club. C’est toujours frustrant de quitter le navire en route mais je retiens les bons côtés de ce qui s’est passé à Bourg.

« J’ai appris des mes deux années à Bourg »

A Noël, le président du FBBP01, David Venditelli, vous avait conforté dans la presse : sentiez-vous un épée de Damoclès au-dessus de votre tête ?
Ce n’est jamais bon ça, hein, d’être conforté (rires). Le président est venu à Bourg pour retrouver le monde pro, il l’a dit clairement. Après, c’est une question de patience, mais c’est pas simple, vous voyez bien comment est le championnat cette saison : qui aurait dit que Martigues serait premier alors qu’il y a des écuries avec des budgets énormes comme Nancy et même Châteauroux, Le Mans, or ces trois équipes sont en difficulté. On ne peut rien prévoir à l’avance en National. C’est toute la difficulté. Après, quoi qu’il arrive, le FBBP01 veut retrouver le monde pro mais il n’est pas le seul.

Vous parliez de remise en questions : que voulez-vous dire ?
J’ai 55 ans, et même à 55 ans, j’ai appris de ces deux années à Bourg. Les choses évoluent, je pense à la vie du vestiaire, dans un club, dans l’environnement, et peut-être que la manière de fonctionner, du moins celle que l’on pouvait avoir avant, ça évolue aussi, il faut changer, s’adapter, se « carapacer », ce que je n’ai peut-être pas su faire, pour rester fidèle à ses convictions et à ce que l’on veut mettre en place. Pour ne pas se laisser influencer, ou subir une pression qui peut nous faire changer d’orientation. C’est là-dessus que j’ai appris des choses. Plus on monte de niveau, plus il faut être hermétique, ce qui est dommage, car personnellement, je suis plutôt dans la connexion, dans la relation, dans l’affect.

« S’il faut devenir adjoint pour connaître le haut niveau, aucun souci ! »

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Adjoint en Ligue 2 ou en Ligue 1, c’est quelque chose que vous pourriez envisager ?
Oui, oui, sans problème, je n’ai jamais fait de plan de carrière : quand je suis arrivé à Boulogne (en 2015), j’étais adjoint de Stéphane Le Mignan : à ce moment-là, j’ai pensé que c’était une bonne opportunité, enrichissante, que ça me permettait de découvrir autre chose, dans un club qui venait de connaître le monde pro. Je n’ai pas un ego surdimensionné pour dire « jamais de la vie adjoint », c’est une autre facette du métier qui permet d’avoir un peu moins de pression, enfin, façon de parler, non pas que je refuse la pression, mais quand on est adjoint, on vit la situation différemment.

S’il faut passer par là pour connaître le haut niveau, aucun souci ! Ou même à la formation, avec des jeunes, je ne suis fermé à rien, du moment que je prends du plaisir dans la structure.

Vous avez découvert le National en 2008, lorsque vous avez permis à l’Aviron Bayonnais d’accéder à ce niveau : du coup, comment avez-vous vécu l’évolution de ce championnat ?
C’est vrai qu’il y a eu une énorme évolution ! Cela n’a plus rien à voir avec mon époque à Bayonne, où on avait des joueurs qui travaillaient, on s’entraînait le soir, j’avais un seul contrat fédéral, pour l’attaquant, donc il ne fallait pas que je me trompe, on partait en bus couchette, les staffs n’étaient pas du tout composé de la même façon que maintenant.

En National, maintenant, les salaires sont devenus plus importants, les garçons sont pros et ne font que du foot, les terrains se sont nettement améliorés et on peut jouer au foot, y’a quand même beaucoup de clubs qui étaient en L2 voire en L1, même si il y en a quelques-uns qui viennent de N2 et qui doivent se structurer. On n’était pas filmé, alors pour avoir des infos sur l’adversaire, on s’appelait entre coachs : je me souviens qu’avec Philippe Hinshberger quand il était à Laval en National ou avec Fabien Mercadal quand il était adjoint à Amiens, on s’appelait pour avoir des infos sur les adversaires !

Aujourd’hui tout est filmé. La dernière étape pour ce championnat c’est, je l’espère, qu’il devienne professionnel, car c’est très dur financièrement d’exister sur la durée. On voit aussi de très bons joueurs, dont certains ont joué en coupe du Monde et qui étaient en National il n’y a pas si longtemps : ça veut dire que le National est un championnat de qualité.

« On peut améliorer la solidarité entre coachs »

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Du coup, avec l’instauration un peu partout de la vidéo, les rapports sont moins fréquents, moins présents entre coachs ?
Oui. Là aussi, je trouve que c’est dommage, car quand on se voit, lors de formations par exemple, on a une connexion entre nous. Les échanges, c’est énorme, et ça manque. L’Unecatef (le syndicat des entraîneurs diplômés) a peut-être les moyens de réunir les coachs une ou deux fois par an, autour d’un repas, je ne sais pas, avec une thématique.

A la formation du BEPF, on avait crée un groupe WhatsApp, c’est normal, il fallait beaucoup d’entraide, de cohésion, parce qu’il y avait beaucoup de travail à réaliser : cela a crée des liens forts et il y a vraiment une connexion qui reste, qui perdure, en fonction des aléas des uns et des autres, on s’envoie des petits messages. C’est vrai que beaucoup d’entraîneurs qui étaient avec moi au BEPF n’ont pas de clubs, Xavier Collin, David Linares, Loïc Lambert et d’autres… Les postes ne se démultiplient pas, donc ce n’est pas simple.

Même au niveau de la solidarité entre nous, les coachs, on peut améliorer ça : on ne doit pas être des ennemis, bien au contraire, on doit être une corporation, comme les arbitres. Il faut qu’on soit plus solidaires. Le métier est tellement difficile… Après, bien sûr, on sait qu’il y a le jeu des chaises musicales, regardez cette année ! Il n’empêche que, à côté de ça, on peut échanger et travailler ensemble. Par exemple, avec Xavier Collin (ex-coach d’Orléans), on a joué l’un contre l’autre, on avait le sang un peu chaud, et au final, et on s’est retrouvé ensemble au BEPF, on en a rigolé, et après, on était super-heureux de s’affronter, ce n’est pas une rivalité malsaine.

Cette saison, tout le monde parle d’une grande tension en National, due évidemment à la réforme des championnats et de ces 6 descentes : cette tension, vous l’avez sentie ?
Oui, tout de suite, et dès le début du championnat. Avec Bourg, à Versailles, en août dernier (3e journée, 2-0), au bout de 30 minutes, y ‘avait déjà trois cartons rouges. On a fait intervenir un arbitre de Ligue 2 en début de saison, pour expliquer les règles et les changements. Le National est un peu un laboratoire pour les jeunes arbitres qui arrivent de National 2, il faut trouver le juste milieu entre le règlement et l’application des règles. Et puis y’a cette pression de ne pas finir dans les six derniers : alors en début de saison, tout le monde essaie de jouer et de mettre son projet de jeu en place, et puis, la réalité du championnat prend le dessus.

« Concarneau, pour moi, c’est ce qui se fait de mieux en National »

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Qui vous a fait bonne impression cette saison en National ?
Concarneau. C’est pour moi ce qui se fait de mieux au niveau du jeu. Encore une fois, quand le projet de jeu est placé au coeur du club, et bien voilà ce que ça donne. Stéphane (Le Mignan) a les clés du camion, c’est lui qui gère le recrutement, l’aspect financier, la masse salariale, il a repris dans son puzzle les mêmes profils de joueurs après les départs de l’été dernier et une saison où il n’a pas été payé. Et ce n’est pas un des plus gros budgets de National. Sur la continuité, ça porte ses fruits. C’est très cohérent. C’est l’équipe qui a produit le plus de jeu sur les deux dernières saisons, et il y a Villefranche aussi.

Mais ce National est très homogène, on le voit, avec les mal classés qui prennent des points et arrivent à faire des perfs. La surprise, c’était Martigues mais ce n’est plus une surprise. Ils surfent sur la dynamique de la montée, ils n’ont pas beaucoup changé leur groupe, ils ont juste apporté quelques retouches, et là encore, ce n’est pas un des plus gros budgets. Comme quoi…

Depuis votre éviction de Bourg, vous avez regardé des matchs ?
Oui, oui, justement, j’ai regardé Villefranche – Concarneau. J’essaie de rester connecté. Je suis allé voir Annecy – Guingamp aussi, il y avait Amine El Ouazzani, joueur de l’En Avant passé par Bourg; ça fait du bien de couper mais on revient vite voir ce qui se passe !

« Y’a plein de choses que je regrette »

Alain, on ne peut pas vous interviewer sans évoquer votre personnalité, votre caractère, votre passion débordante, votre comportement sur le banc…
C’est sûr que, depuis de nombreuses années, j’ai cette étiquette qui est restée collée, par rapport à mon tempérament, par rapport à des matchs tendus où je n’ai pas eu la bonne attitude. Il a fallu corriger cela au fil du temps. Là, cela fait 2 ans, depuis mon passage à Bourg, que je n’ai pas pris de carton jaune. J’ai essayé d’améliorer, de corriger ça.

Mon passage au BEPF (session 2020-2021) m’a fait du bien et m’a fait prendre conscience de certaines choses, on apprend à mieux se connaître, à prendre du temps pour soi, à faire attention à soi, à faire des exercices qui permettent d’évacuer le trop plein ou ces tensions qui peuvent ressurgir le jour des matchs, par le biais du yoga, de la respiration, de la méditation. Quand on est en poste, on n’en prend pas conscience, car on est dans la machine à laver et qu’il y a la pression du résultat. En vieillissant, on prend de la maturité.

Après, y’a plein de choses que je regrette, des attitudes que j’ai eues, et quand on a cette étiquette, on a du mal à s’en défaire, et cela rejaillit intérieurement car on a ce sentiment d’être jugé en permanence.

Avez-vous vu des images de vous en colère ?
Oui, j’ai vu des images, bien sûr, après coup, on se dit, « Mais il est complètement fou » ! Voilà, y’a eu des emportements excessifs de ma part. Après, je ne vais pas faire de la psychologie, mais c’est lié à son histoire personnelle, à l’injustice, à son enfance. C’est peut-être ça qui fait que l’on réagit mal. Et là, on n’arrive pas à tempérer. Pour nous, c’est toujours la faute de l’autre, et ça, on n’arrive pas toujours à le comprendre, ou alors on le comprend trop tard. Ces dernières années, j’ai compris des choses, mais ce n’est pas simple de l’analyser quand on est dans le quotidien d’un club, que l’on n’a pas le recul nécessaire.

« Je pense que j’ai réussi à faire quelque chose au niveau du football »

Sans jouer au psychologue, vous parliez de lien avec votre histoire personnelle, votre enfance : cela peut venir de là ?
Oui, des épisodes de ma vie, liés à son enfance, à ce qu’on a vécu… Du coup, on peut avoir des réactions très différentes en fonction de telle ou telle situation qui nous rappelle des choses, c’est comme ça que je l’analyse maintenant, alors qu’avant je pensais que c’était lié à la compétition. Mais quand on refait l’histoire, et quand on rencontre des personnes qui vous pose les bonnes questions et qui vous font pointer cela du doigt, au final, on défait la pelote de laine, et le jugement, je le prends différemment. C’est ce qui fait que ces derniers temps, cela a été complètement différent.

Minot, étiez-vous bagarreur ? Est-ce que cela vous agace que l’on parle de ça ?
Minot, fallait pas me chercher des noises, c’est sûr. Après, non, non, ça ne me gêne pas, parce que je sais que ça fait partie de moi et que cela va revenir sur le tapis, c’est comme ça, j’en ai pris mon parti. Quelque part, c’est cette image là qui ressort.

Heureusement, je pense que j’ai réussi à faire quelque chose au niveau du football, partout où je suis passé, même s’il y a eu des matchs un peu chauds. Je pense que les équipes que j’entraînais étaient plaisantes à voir jouer, et au quotidien, les gens ont vu que je n’étais pas une mauvaise personne. J’ai gardé beaucoup de contacts avec les joueurs. J’ai eu des connexions fortes avec beaucoup de monde; ça fait partie de mon histoire.

Alain Pochat, du tac au tac

« Je suis un coach passionné et franc »

Meilleur souvenir sportif ?
J’en ai deux. La remontée en National avec l’Aviron Bayonnais quand on était descendu une première fois en CFA, avec Christian Sarramagna, on avait des moyens très très limités avec des joueurs du cru. Cela avait été une fierté avec le président qui venait d’essuyer les plâtres après la relégation; le deuxième c’est la coupe de France avec Villefranche, même s’il y a eu aussi la montée de N2 en National, mais avec 23 000 spectateurs au Parc OL, c’était magnifique.

Pire souvenir ?
La fin avec Villefranche.

Le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
Avec Villefranche l’année de la montée, on avait vraiment crée quelque chose avec ce groupe, ça a perduré en National l’année d’après, on avait un milieu de terrain avec Sergio, Taufflieb et Blanc très intéressant au niveau du jeu.

La saison où vous avez pris le plus de plaisir ?
J’essaie de toujours de prendre du plaisir. (Il réfléchit). Peut-être l’année de la descente de l’Aviron Bayonnais en CFA quand j’étais adjoint de Christian Sarramagna.

Le club où vous avez failli signer ?
Châteauroux, y’a très longtemps, mais cela ne s’était pas fait.

Le club que vous rêveriez d’entraîner ?
Un club mythique peut-être, comme Saint-Etienne. J’ai eu la chance de faire mon stage au RC Lens dans le cadre de mon diplôme du BEPF : ce club est exceptionnel, et en plus, j’adore ce que fait Franck Haise, que j’ai rencontré, et son parcours aussi, l’osmose qui est forte là-bas. Saint-Etienne et Lens, ce sont des clubs qui font envie.

Un modèle de coach ?
J’aime bien ce que fait Klopp (Liverpool), j’aime prendre de tout le monde même si, après, j’aime avoir ma propre philosophie. J’aimais aussi beaucoup la grande époque Guardiola comme beaucoup. J’en reviens à Franck Haise, je me suis beaucoup inspiré de ce qu’il a fait, et aussi du travail fait à l’Atalanta Bergame par rapport au système et l’évolution qu’ils apportent.

Meilleur joueur entraîné ?
Y’en a beaucoup… Dans chaque registre… Le milieu Rémi Sergio à Villefranche est un très bon joueur, j’ai eu Oumar Gonzalez aussi en défense, l’attaquant Thomas Robinet qui arrivait de Sochaux, je pense à des garçons comme ça, et à Boulogne, j’ai eu la chance de découvrir des joueurs comme Antoine Leautey ou Tony Mauricio, sans oublier Steve Pinau à Bayonne, qui était prêté par Monaco à l’époque, tout comme Stéphane Ruffier qui avait fait une saison énorme avec nous. Plus récemment Amine El Ouazzani, à Bourg, qui perce actuellement à Guingamp.

Pourquoi avez-vous choisi d’être entraîneur ?
Cela s’est fait un peu comme ça, naturellement. J’ai toujours entraîné des équipes de jeunes. J’ai commencé à 18 ans par l’école de foot aux Croisés de Bayonne, à l’époque j’étais à l’UEREPS (STAPS aujourd’hui), ça rentrait dans le cadre de mon cursus universitaire, et puis il fallait donner un coup de main au club. Et au fur et à mesure, j’ai passé des formations, j’ai eu des équipes de jeunes à 11, puis la réserve à Bayonne. En fait, j’ai toujours eu ce goût d’aller échanger avec les gamins.

Une devise ?
Non, mais j’ai été imprégné de la culture du Pays Basque, où là-bas il est beaucoup question de grinta. L’Aviron était en partenariat avec la Real Sociedad et l’Athletic Bilbao, où l’identité et l’appartenance du maillot sont très fortes, avec des joueurs très investis sur le terrain. Alors je dirais la grinta espagnole ou sud américaine.

Un style de jeu ?
Il a évolué au fil des années. Aujourd’hui, je pense qu’on ne peut pas s’arrêter à un seul style. Y’a tellement de variantes dans les matchs et dans ce que proposent les adversaires, donc il faut être un peu caméléon : au BEPF, on nous demandait de formaliser un projet de jeu, c’est pour ça que je l’ai appelé « projet de jeu caméléon », parce qu’il faut être capable de tout faire, même si, à la base, je préfère que mon équipe ait le ballon, qu’elle pose des problèmes à l’adversaire, qu’elle impose sa force et son style de jeu, qu’on marque des buts. Il faut être aussi capable d’être performant dans la transition, solide défensivement quand l’adversaire vous pousse, donc c’est un peu cette idée d’évoluer au fil du temps sur un projet de jeu où l’intelligence des joueurs et l’intelligence collective font faire qu’elle peut poser des problèmes dans différents domaines. A Villefranche, on a essayé de mettre en place ce beau jeu : ça a aussi été le choix des joueurs. Après, quand on associe Taufflieb, Sergio et Blanc au milieu, en National, on n’a pas l’habitude de voir ça. Je me souviens qu’il y a 10 ans en arrière, on voyait plutôt des milieux de terrain très athlétiques et physiques. Les terrains s’améliorent, des équipes pros descendent et restent en National : ça permet de garder une certaine qualité de jeu aussi.

Vous êtes un coach plutôt …
Passionné, je pense que tout les entraîneurs le sont, et franc.

Votre match référence sur le banc ?
J’ai le souvenir d’un match en National contre Béziers, avec Villefranche, chez nous, y’avait tout qui marchait, on en parle des fois avec Mathieu Chabert, qui était le coach à l’époque. Ce jour-là, tout a roulé.

Votre match avec vous sur le banc ?
Chez nous, avec Villefranche, contre Bastia, en National, l’année où ils montent en Ligue 2, on est mené 3 à 0 en 15 minutes, ils marchaient sur l’eau, on avait l’impression que tout allait à l’envers.

Un match de légende ?
J’avais adoré le France-Brésil au Mexique, en coupe du Monde 1986, en plus on venait de passer le bac, on était aux fêtes du Pays Basque, et aussi le match France-Allemagne en 1982 à Séville. Ces matchs m’ont marqué.

Une idole de jeunesse ?
Platini, Susic, Waddle… Quand j’étais étudiant, j’ai eu la chance de travailler à Cap Giresse, de centres de loisirs crées par Alain Giresse, et on allait souvent à Marseille voir des matchs avec les gamins, à l’époque de Stojkovic, Papin, Waddle, de sacrés joueurs.

Que vous manque-t-il pour entraîner en L2 ?
Les opportunités, la confiance de certains présidents qui hésitent à prendre des coachs qui n’ont pas, au départ, un vécu de joueur pro ou d’entraîneur avec déjà de l’expérience de ce niveau.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Souvent hypocrite et malgré tout, il apporte du plaisir. J’aime le foot populaire, le spectacle, l’émotion qu’il amène.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Bien placé dans la lutte à trois pour le titre du Groupe B de National 2, le Stade Athlétique Spinalien a l’occasion de renouer avec son passé en accédant en National. A la découverte d’un club bien structuré, qui n’attend que ça !

Niché au cœur des Vosges, le SAS jouit d’un passé glorieux. Dix ans en Division 2 (1995 à 1997, 1990 à 1993 et 1974 à 1979) et une période stoppée par un dépôt de bilan en 1998. Le club s’est alors reconstruit et structuré afin de retrouver le National dès la saison 2011-2012.

Entre 2015 et 2017, il est même repêché deux fois de suite, profitant des déboires financiers respectifs de l’AC Arles-Avignon et d’Evian Thonon-Gaillard.

Epinal se démarque souvent sur la scène nationale en réalisant de belles épopées en coupe de France. Depuis 2017, les Boutons-d’or évoluent en National 2 et prennent leur mal en patience pour ériger de solides bases sur lesquelles construire le retour au troisième échelon national. Cela pourrait bien être pour cette année tant les résultats sont encourageants. On peut le dire, la montée n’est plus une image d’Epinal et pourrait devenir réalité, même si l’équipe du revenant Fabien Tissot a cédé sa place de leader samedi dernier à Fleury, après un match nul 0-0 face à Besançon lors de la 22e journée de N2.

En tribunes, c’est chaud !

Sur la route des Vosges, la météo est capricieuse, les giboulées de mars s’abattent sur la quatre voies, alors même que le soleil brille, offrant un magnifique arc-en-ciel. Les rayons de soleil ne sont pas que dans le ciel, mais aussi sur le terrain du stade de la Colombière, surplombant la cité des Images.

Les Spinaliens, tout de jaune vêtus, entrent sur la pelouse pour en découdre avec le Racing Besançon, équipe réputée rugueuse et frileuse. Une minute d’applaudissements émouvante en hommage à l’épouse de Djamel Menai, 17 ans passés au club, disparue à l’âge de 42 ans, est observée. Ses deux fils donnent le coup d’envoi fictif de la rencontre.

L’enjeu est de taille pour Epinal qui reste sur une série de six victoires consécutives. Mais le leader n’aura jamais réussi à faire sauter le verrou bisontin, manquant de créativité et d’impacts dans les duels physiques imposés par les visiteurs. Malheureusement, les duels physiques n’ont pas lieu que sur le terrain : les supporters des deux camps quittent leurs tribunes respectives pour aller en découdre. Tout ce joli bazar nécessite l’intervention des forces de l’ordre et celle du speaker qui en appelle au calme et à regagner ses tribunes. Ce dernier avait senti venir le truc et avait exhorté les supporters à rester respectueux : “Nous avons une équipe qui respecte l’arbitre sur le terrain, merci d’en faire autant en tribunes. Les sanctions tombent vite.”

Un match à trois avec Fleury et le FC 93

Au coude à coude avec Fleury (42 pts) et Bobigny (42 pts), Epinal (43 pts) aurait pu conserver la tête de son groupe en profitant d’une situation en fin de match. Rafael Mazzei, latéral spinalien, envoie sa tête sur la barre bisontine : le match se conclut sur un triste 0-0.

Coup du sort, dans le même temps, Fleury inscrit le but de la victoire sur la pelouse de Wasquehal et prend le fauteuil de leader pour un petit point aux Spinaliens.

Ce scénario montre à quel point le championnat se joue sur des détails. Yves Bailly, qui préside le club depuis 2013, ne voulait pas s’alarmer de la situation à chaud : “On est forcément déçu après le match de ce soir, réagit le président. On ne va rien lâcher parce qu’en haut c’est très serré.”

Pourtant le SAS revient de loin et n’avait pas connu un début de saison idyllique.

Le retour de Fabien Tissot

Lorsque Pascal Moulin quitte le club, l’été dernier, il faut lui trouver un successeur. Le profil de Fabien Tissot, ancien joueur pro passé par Nancy, est choisi. Le Lorrain connaît très bien la maison. Il en a porté le maillot entre 1994 et 1996, en National et en D2, et il a entraîné l’équipe entre 2009 et 2015 (deux accessions en National).

Lors de la saison précédente, Tissot assiste à quelques matchs des Jaunes et se fait son propre avis sur l’équipe. Au moment de son arrivée, il s’accorde avec sa direction et ses joueurs pour conserver l’ossature du groupe qui a terminé à la 5e place de N2 lors de la saison 2021-2022. Il recrute une poignée de joueurs et construit sur les bases laissées par ses prédécesseurs. “Les joueurs se connaissent et on a une équipe qui vit bien ensemble. Pour certains, cela fait plusieurs années qu’ils jouent ici.”, détaille le coach spinalien.

Le début de saison est poussif : avec seulement une victoire en cinq matchs, Epinal ne semble pas programmé pour jouer le haut de tableau. Tissot trouve des circonstances atténuantes à ces premiers résultats : “Sur les 11 premiers matchs, on s’est déplacé neuf fois et donc on a fait beaucoup de route. On a également manqué de chance sur certaines rencontres, de ce petit quelque chose qui fait basculer la pièce du bon côté”.
De plus, les matchs à l’extérieur en National 2 ne sont jamais simples avec le poids du déplacement et la découverte de pelouses parfois capricieuses.

Dix matchs sans défaite

Fabien Tissot, l’entraîneur.

Pour autant, les Spinaliens ne se sont jamais affolés. Ils commencent à engranger de nombreux points dès le mois d’octobre. Une dynamique s’installe et les Vosgiens remontent petit à petit au classement. Avec surtout cette série en cours depuis le 25 janvier dernier de dix matchs sans défaite (8v, 2n) qui leur permet de jouer les tout premiers rôles de leur groupe B.

Finalement, à quoi tout cela est dû ? Tout simplement la force collective. “On est un groupe qui vit bien avec des joueurs qui ont de la qualité et qui mouillent le maillot.”, explique le technicien.

On comprend bien que Tissot n’est pas non plus étranger à la réussite de son groupe. Il insuffle des valeurs collectives qui transcendent à coup sûr les joueurs pour se donner à 100% pour les coéquipiers. “Ma volonté est qu’on défende et qu’on attaque ensemble. Il n’y a rien de plus important que le collectif.” Et l’occasion pour Fabien Tissot d’envoyer un message : “On n’a peur, sans prétention aucune, de personne.”

En échangeant avec Yves Bailly, on remarque assurément que l’identité de la formation est au cœur du projet sportif du club. Toutes les équipes jeunes du SAS évoluent au niveau Ligue. “La formation est une partie importante du club. Regardez, Hatier le gardien qui est entré ce soir, a fait ses classes chez nous. C’est vraiment le projet qu’on cherche à mettre en place.”, raconte le président vosgien.

Yves Bailly : « Gouverner, c’est prévoir ! »

Yves Bailly, le président.

Et quand on évoque les objectifs de fin de saison, même discours de part et d’autre entre dirigeant et entraîneur, qui veulent prendre « match par match » et voir ce qu’il va se passer. “L’objectif d’avant saison était de rester placé pour jouer la montée avant le sprint final, ce qui est le cas. On va continuer”, expliquent chacun de leur côté Bailly et Tissot.

“Gouverner, c’est prévoir.” Le président spinalien, en bon dirigeant, regarde loin et étudie toutes les possibilités. En cas de montée, les dirigeants d’Epinal étudient déjà les besoins sportifs et financiers et sont confiants dans leurs capacités à passer le cap de la DNCG pour intégrer le National. Selon le président, “le SAS est organisé de façon à fonctionner de manière structurée et professionnelle”.

Avec l’augmentation du niveau du championnat National par l’effet boule de neige des descentes de clubs de Ligue 2 (4 cette saison, 4 la saison prochaine), Epinal fera figure de petit budget. “Depuis quelques années, on est bien structuré. Maintenant, on ne sera pas Nancy, Le Mans, Châteauroux ou encore Orléans. »

Avant de penser à l’échelon du dessus, il reste huit rencontres à Epinal pour continuer à lutter pour cette première place, synonyme de montée. “Toutes les équipes vont avoir quelque chose à jouer, que ce soit en haut ou en bas, donc ça va être difficile lors de chaque match, commente le coach spinalien.”

Pour Epinal, il s’agit maintenant de rester en haut et de s’enlever toute pression inutile afin, pourquoi pas, d’obtenir le Graal, six ans après leur dernière saison en National.

Fabien Tissot : du tac au tac

« Je suis un entraîneur proche de ses joueurs »

Le coach spinalien s’est prêté au jeu des questions-réponses. l’occasion d’en apprendre plus sur lui et sa carrière.

Fabien tissot, le joueur

Meilleur souvenir sportif ?

J’en ai plusieurs, mais s’il faut en ressortir un, la réception de l’Olympique de Marseille quand je jouais à Epinal en Division 2. J’avais eu la chance de marquer et de battre l’OM (2-0 en 1995), c’était un match particulier.

Pire souvenir sportif ?

Je me suis blessé au genou à l’entraînement. Je me suis rompu les ligaments croisés du genou et le tendon d’Achille à 3, 4 ans d’intervalle. A chaque fois, j’ai eu du mal à revenir et ça a en quelque sorte accéléré ma transition joueur-entraîneur.

Combien de cartons rouges ?

Je n’ai pas dû en prendre beaucoup. J’en avais pris un en réserve avec Nancy à l’époque, mais 2 ou 3 dans toute ma carrière, je pense.

Plus beau but ?

Je pense que c’est l’un des plus importants. C’était contre Lyon-Duchère avec Epinal en National lors de l’avant-dernière journée du championnat (1994-1995). Pour monter en Ligue 2, on devait aller faire un résultat là-bas. J’avais eu la chance de faire un petit coup du sombrero sur le défenseur et de marquer derrière un but très significatif.

Ton pire match ?

J’ai une anecdote assez marquante à ce sujet. Je jouais dans l’équipe réserve de Nancy et le coach me fait entrer en deuxième mi-temps. Il m’avait donné une consigne particulière. On prend un but 3 minutes après en partie parce que je n’avais pas fait le taf qu’il m’a demandé. Il m’a sorti directement. Quand t’es jeune, ce sont des décisions qui marquent et ça fait partie de l’apprentissage.

Pourquoi as-tu choisi d’être attaquant ?

Je ne sais pas si je l’ai choisi. Je pense que c’est venu naturellement, depuis tout jeune dans mon club d’Haroué, j’ai été attiré par le fait de vouloir marquer les buts. Au départ, j’avais ce petit don pour bien me placer. Donc c’est naturel.

Ton geste technique préféré ?

Je n’ai pas de gestes techniques préférés. J’étais surtout concentré à faire des choses simples. J’étais pas un grand dribbleur donc c’était du standard, contrôle orienté…

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?

Chaque joueur a ses qualités et ses défauts dans des registres différents. Il y a des aboyeurs sur le terrain, des leaders techniques qui peuvent faire la différence, les finisseurs, des travailleurs de l’ombre qui vont ratisser des ballons. Après, il y a une chose importante, c’est le mental parce que le foot n’est pas un sport facile, ce n’est pas un milieu facile. Donc il faut avoir la capacité d’encaisser les chocs pour pouvoir répéter des prestations de haut niveau chaque semaine.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir à jouer ?

J’ai pris du plaisir un peu partout où j’ai joué. A Epinal, on a fait une montée de National en Division 2 quand je suis arrivé avec une ambiance de fou. Je suis parti à Beauvais (D2), c’était exactement la même chose. C’étaient deux clubs familiaux. Mais surtout à Epinal, avec un groupe où on ne faisait qu’un, on pouvait aller battre tout le monde avec cette force.

Inversement, le club où tu en as pris le moins ?

Non, j’ai pris du plaisir à chaque fois. Après, à Reims, c’était plus compliqué parce que j’ai eu des blessures, donc je n’ai pas été très performant. Mais ce n’était pas la faute du club.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?

J’aurais bien aimé jouer à Barcelone. Ils avaient une équipe avec un style de jeu particulier et précurseur sur les années fastes. Le jeu de possession qui faisait que les adversaires avaient peur avant d’entrer sur le terrain. Ca m’aurait bien plu en tant que joueur parce que j’étais un renard des surfaces donc plus on avait la possibilité de jouer haut avec des joueurs de haut niveau capables de mettre des bons ballons dans la surface, mieux c’était.

Des rituels, des tocs, des manies (avant un match ou dans la vie de tous les jours) ?

J’en ai eu surtout quand j’étais plus jeune. Vouloir mettre la même chaussure en premier, quelques rituels comme ça. Mais ça s’est estompé avec l’âge.

Tu étais un attaquant plutôt ….

Malin et généreux

Ta plus grande fierté dans ta carrière ?

D’être monté avec Epinal en Division 2 en 1995.

Si tu n’avais pas été footballeur…. qu’aurais-tu aimé faire ?

Je suis allé jusqu’au Bac parce que mes parents le voulaient. Mais à cette, époque je n’avais que le foot dans la tête et je suis passé pro à 19 ou 20 ans, donc il y a eu peu de moments de doutes.

Le club d’Epinal en deux mots ?

Familial et ambitieux.

Le milieu du foot, en deux mots ?

Plus rude et plus accrocheur.

Fabien Tissot, l’entraîneur

Meilleur souvenir sportif ?

Avec Epinal aussi, les deux montées qu’on a faites de N2 à N1 (2011 et 2014), ce ne sont pas des matchs spécifiques, ce sont plutôt des saisons. Surtout la deuxième saison, où on était descendu à la dernière seconde du dernier match et on était remonté directement grâce à un travail de longue haleine. En 2013, lorsque l’on a éliminé Lyon et Nantes en Coupe de France, c’était une superbe année.

Pire souvenir sportif ?

Justement le match contre le FC Rouen lors de la saison 2012/2013 où l’on perd à la dernière seconde sur un coup de pied arrêté qui fait que l’on descend en National 2. Ce sont des moments violents et durs à encaisser.

Ton match référence, celui où tout s’est bien passé !

Je pense que ça serait ambitieux de dire que tout s’est bien passé une fois. Mettre en difficulté des adversaires sur des choses travaillées à l’entraînement, des combinaisons ou des situations, c’est gratifiant. Le match parfait n’existe pas selon moi, à partir du moment où chaque joueur donne le maximum, c’est le plus important.

Le club que tu rêverais d’entraîner (dans tes rêves les plus fous) ?

Je ne me pose pas de questions par rapport à ça. J’aimerais bien entraîner au niveau professionnel, c’est sûr. Mais là, je me concentre sur Epinal et notre saison.

Un modèle de coach ?

J’aime bien Carlo Ancelotti parce qu’il est proche de ses joueurs et je peux me définir un peu comme ça. J’aime également sa manière de manager.

Une devise ?

Il faut du travail et la volonté d’être performant collectivement et individuellement.

Meilleur joueur entraîné ?

Je vais faire des déçus (rires). Des joueurs que j’ai eu à Epinal ! On a eu beaucoup de bons joueurs pour qui ça a été un tremplin. C’est toujours une fierté d’aider des joueurs à atteindre le palier supérieur. Cheikh Ndoye, Ibrahima Seck, Aliou Dembélé qui a fait une carrière en Ligue 2. Famara Diedhiou qui a gagné la CAN avec le Sénégal, c’est aussi une fierté pour un entraîneur.

Un style de jeu ?

J’aime avoir le ballon, que mon équipe joue assez haut. Dans différents schémas parce qu’il y a différentes manières de mettre à mal les équipes adverses. Rechercher l’efficacité dans le dernier geste et par les passes et les déplacements pour déstabiliser les adversaires. Mon objectif est d’être cohérent collectivement dans la récupération du ballon et de montrer dans l’utilisation de ses ballons une certaine efficacité.

Tu es un entraîneur…

Plutôt proche de ses joueurs.

Textes : Emile Pawlik / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @EmilePawlik

Photos : Justine Touevenot / SAS Epinal

L’ancien joueur professionnel, à la tête de l’équipe de National 2, est au coeur du projet porté par l’entrepreneur Ravy Truchot, dont il explique la genèse et détaille les ambitions. Toute ressemblance avec Evian Thonon Gaillard ne saurait être que fortuite… ou pas !

Thonon Evian Grand Genève. Ce nom ne vous rappelle rien ? Réfléchissez bien. Evian Thonon Gaillard, bravo ! Oui, c’est le même club. Mais ce n’est plus la même appellation. Ce n’est pas non plus le même projet. Et ce ne sont pas les mêmes hommes.

Depuis la disparition de l’ETG, en 2016, un nouveau club a pris le relais, sous l’impulsion de l’entrepreneur Ravy Truchot. Reparti en Régional 2 (Division d’honneur régionale), le club a déjà gravi quatre marches en six saisons, une véritable performance quand on sait que la Covid-19 est passée par là.

Aujourd’hui, l’équipe seniors de Thonon Evian GG, entraînée par l’ancien joueur professionnel de Lyon, Toulouse et Lecce (notamment), Bryan Bergougnoux (40 ans), arrivé comme joueur tout d’abord, évolue en National 2.

Après un début de saison très compliqué (quatre défaites lors des six premières journées), elle semble avoir pris la mesure de ce championnat. Remontée à la 8e place de sa poule, elle compte 10 points d’avance sur le 12e et premier relégable, Alès, où elle se rend d’ailleurs ce soir (19h), et 8 sur le 11e, Toulon (les deux moins bons 11es des quatre groupes seront également relégués en N3).

A quelques heures de son déplacement dans les Cévennes, Bryan Bergougnoux a pris le temps de se poser et de répondre à nos questions. Et on en avait beaucoup !

*L’entretien a été réalisé avant la défaite 3-1 à Alès (journée 22 en National 2)

Bryan, pour résumer, Thonon Evian Grand Geneve et Evian Thonon Gaillard, c’est la même chose, c’est bien ça ?
Oui, mais avec des gens tout neufs, des idées neuves, et l’envie de créer sa propre histoire, et ça c’est vraiment important. Même si certaines personnes au club ont vécu les deux histoires, comme Patrick Trotignon qui était là sur le nouveau projet au départ en 2017, mais qui est parti depuis, nous, on veut vraiment écrire la nôtre. Et faire les choses différemment car on vu qu’Evian Thonon Gaillard n’a pas tenu sur le long terme.

C’est quoi, l’objectif, concrètement ?
L’objectif, c’est de construire quelque chose de pérenne, de sain, ce qui était peut-être le défaut d’Evian Thonon Gaillard.

Depuis 2003, le club a très souvent changé de nom. Ne craignez-vous pas que cela nuise à l’identité du club et que le grand public puisse s’y perdre ?
Peut-être que cela peut nuire à son identité, en tout cas, ça reste clairement le club du Chablais et même un peu plus. Thonon Evian Grand Genève est censé représenter les bords du lac Léman, côté français, où il est basé essentiellement à Thonon-les-Bains.

Mais les gens du coin savent très bien qui on est, qui on veut représenter. Maintenant, c’est aussi à nous de transmettre les valeurs que l’on souhaite donner au club, de les faire évoluer, grandir, perdurer.

« On veut écrire notre histoire »

N’avez-vous pas l’impression de vouloir écrire ou réécrire l’histoire ?
Non, comme je vous l’ai dit avant, on veut écrire NOTRE histoire, mais certainement pas la réécrire. En tout cas, cela ne nous intéresse pas d’atteindre le haut niveau si c’est pour chuter derrière. On préfère prendre plus de temps s’il le faut et faire les choses correctement. Surtout, on veut faire quelque chose de très fédérateur dans la région. On veut construire avec les municipalités. On veut représenter véritablement quelque chose et non pas se servir du territoire pour grandir et faire nos petites affaires, ce n’est pas du tout le but.

Le but, c’est de partager, de développer le football dans un territoire où il y a d’autres activités, de comprendre la culture qu’il y a ici, avec le ski, les montagnes, le lac Léman. Y’a tellement de choses à faire dans cette région ! Le football n’est pas le sport numéro 1 ici mais il y a des gens qui aiment ça, et c’est avec eux que l’on veut grandir, fédérer, partager. Idem avec les villes qui nous aident et nous accompagnent.

A terme, on veut avoir un stade de foot ici, à Thonon, pas comme quand Evian Thonon Gaillard jouait ses matches de championnat à Annecy. Après, on n’est pas fou non plus : on veut bien sûr prendre exemple sur ce qui s’est passé avant, en en tirant les leçons, sans refaire les mêmes erreurs.

Si le club retrouve le monde pro, où allez-vous jouer ? Actuellement, à Thonon, là où l’histoire de Croix-de-Savoie, qui est devenu Evian Thonon Gaillard, a commencé, cela ne semble pas possible…
Justement,, la municipalité de Thonon fait bien avancer les choses et a déclenché de gros travaux. Un stade vient d’être réaménagé avec une tribune, à Vongy, à la sortie de la ville, afin de patienter pendant les travaux du stade emblématique de Thonon, le stade Moynat : c’est un très beau projet, très cohérent, à l’échelle humaine. Ce sera un stade à la hauteur de ce que l’on pourra faire ici. Le projet est magnifique.

On a aussi le stade Camille-Fournier d’Evian, qui est un très beau stade, où viennent s’entraîner chaque année des équipes professionnelles comme Liverpool, Lyon, Bologne. Il est à notre disposition, et c’est là que l’on joue actuellement nos matchs de championnat en N2. On aura des infrastructures pour tout le monde, puisqu’il ne faut pas oublier que le club attache aussi une grande importance au football féminin. On veut vraiment créer un club pour tout le monde.

« L’histoire de l’ETG a marqué les gens »

A terme, Thonon Evian Grand Genève peut-il devenir pro ?
L’objectif, c’est de retrouver le monde pro, on ne va pas s’en cacher. Alors, bien évidemment, cela nous met une pression supplémentaire et de l’extérieur, cela peut paraître prétentieux, mais ça ne sert à rien de se cacher. On a envie d’être ambitieux, on a les infrastructures et une direction qui effectuent énormément de travail pour nous mettre dans les meilleures conditions.

Du coup, on a ce devoir-là, d’être ambitieux, et surtout de travailler car ce n’est pas le tout de vouloir retrouver le monde pro, il faut aussi s’en donner les moyens en termes de travail et c’est ce que l’on essaie de faire tous les jours, même si on est conscient qu’on ne peut pas monter d’un échelon tous les ans.

Y a-t-il au club des anciens d’Evian Thonon Gaillard ? Comment ça se passe avec eux ?
Oui, forcément, certaines personnes étaient déjà là, à l’époque de l’ETG. Comme mon adjoint, Wahid Chaouki, et aussi des personnes du secteur administratif, mais sincèrement, ils n’en parlent pas beaucoup.

Il faut savoir aussi que l’histoire d’Evian Thonon Gaillard a beaucoup marqué les gens ici dans la région, et certains sont un peu réticents quand on parle de foot désormais. On prend cela en compte, on essaie de montrer ce que l’on fait, qu’il y a aussi un travail sur le développement des jeunes.

Mais on ne va pas promettre quoi que ce soit. On essaie juste de prouver qu’on travaille bien.

« Ravy Truchot a une véritable vision du foot »

A ce niveau, et de surcroît quand le club évoluait encore au niveau régional, on n’avait rarement vu un projet aussi important…
C’est un projet gigantesque. Thonon Evian Grand Geneve appartient à un groupe, le Strive Football Group, qui travaille aussi avec la PSG Academy au Sénégal, le FC Miami, la PSG Academy aux Etats-Unis. C’est un gros projet ambitieux, basé sur la jeunesse, le développement.

L’idée est de donner aux jeunes la chance d’avoir un parcours qui leur est propre : Ravy Truchot, le propriétaire, voit le football de manière totalement différente. Au début, ça surprend, on prend une claque dans la gueule (sic), mais après on comprend ce qu’il veut faire et il nous tire avec lui, il a une véritable vision. Et pour l’instant, ça marche.

En championnat, après des débuts très compliqués, votre équipe semble avoir trouvé son rythme de croisière…
C’est vrai que l’on évolue dans une poule très difficile, on le savait. Le National 2 est peut-être le championnat le plus difficile à remporter car il n’y a qu’une seule montée. Nous, en plus, on est dans un groupe que l’on peut qualifier de … Qui est peut-être le plus particulier des quatre groupes, ou en tout cas le plus difficile. On sait que c’est l’étape la plus dure. On commence à prendre la mesure de ce qu’il faut faire pour y arriver.

« On ne demandera pas à changer de poule »

Qu’est ce qui rend cette poule « sud » de National 2 si particulière ?
Dans cette poule, y’a des contextes différents, des football un peu chauds, mais je peux vous dire que cela s’est bien calmé par rapport à mon époque, lorsque je jouais en CFA. Après, y’a de très très bons joueurs de football qui parfois restent dans ces clubs du Sud car il y a un confort de vie, alors qu’ils pourraient jouer au-dessus, mais voilà… Il y a aussi des très gros salaires dans cette poule, même si ailleurs on voit des clubs qui en « envoient » aussi comme à Fleury. Mais je parle d’une manière générale. Enfin, il y a l’état des pelouses, qui est moins bon, avec des terrains très secs, ce qui n’avantage pas le jeu. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de duels, que les matchs et les scores sont très serrés. Les 4 premiers de la poule ont chacun 39 points, c’est incroyable, c’est comme ça !

Thonon Evian Grand Genève peut-il, à l’image de GOAL FC, Andrézieux et Bergerac voilà peu, changer de poule ?
En début de saison, j’avais échangé avec François Clerc, le président d’Andrézieux, et aussi avec GOAL FC, à ce sujet. GOAL a demandé à changer de poule. Quant à nous, on se pose la question et d’ailleurs, on me la pose souvent, cette question… Sachez que nous, on ne fera pas de demande à ce sujet, on prendra ce qui viendra. De toute façon, si on ne sort pas de notre poule, ça ne passera pas à l’étage au-dessus, donc on doit être capable de passer si on veut avoir un jour des ambitions et regarder encore plus haut. Et puis, changer de poule ne donne aucune garantie : Goal FC est 2e cette saison et Andrézieux, qui a joué dans la poule Sud, est en position de relégable. Donc ça ne veut rien dire.

« La mayonnaise a été difficile à prendre »

Avez-vous douté en début de saison, quand les résultats n’étaient pas là ?
Pour être franc, non… Alors, bien sûr, c’est facile de le dire maintenant, mais on a eu trois croisés, une fracture tibia-péroné, et il a fallu gérer un groupe assez neuf, avec des départs, dont certains pour aller jouer au-dessus, ce qui est gratifiant. Il a fallu recréer quelque chose, car il y a eu beaucoup de recrues, ce qui était difficile pour certains joueurs qui avaient fait une montée et qui ont vu d’autres joueurs arriver, cela a pu créer une forme peut-être pas d’injustice mais d’incompréhension. De toute façon, il fallait prendre des nouveaux joueurs. Tout ça fait que la mayonnaise a été difficile à faire prendre. Il y a aussi le fait qu’avec mon préparateur physique (Nicolas Robberechts), on a vraiment basé le travail pour être en forme en deuxième partie de saison. On savait qu’on serait bien sur l’aspect athlétique en fin de saison, donc on a fait ce choix-là. On a aussi découvert ce niveau, forcément supérieur au National 3. Tous ces paramètres ont fait qu’il y a eu une forme de logique. Après, il a fallu vite apprendre, vite avancer, vite évoluer. On a fait preuve aussi de malchance parfois, et on a pris du retard par rapport à ce que l’on souhaitait faire. Aujourd’hui, on est meilleur dans le contenu et on est satisfait par rapport à ça car les résultats suivent.

Y a-t-il eu un match déclic ?
Non, on a progressé crescendo, progressivement, même quand on ne prenait pas beaucoup de points, on avait des bons contenus et des scénarios contraires. On a a pris conscience qu’on avait de la la qualités, et on a pris un attaquant au mercato (El Hadji N’Diaye, déjà auteur de 7 buts en 6 matchs), ce qui a permis de concrétiser le travail de l’équipe.

Comment sont vos relations avec le voisin de Ligue 2, Annecy ?
Elles sont bonnes. On fait des matchs amicaux. Le FC Annecy, c’est un exemple à suivre. On doit s’en inspirer.

Bryan Bergougnoux, du tac au tac

« J’essaie d’être un entraîneur humain »

Meilleur souvenir sportif à ce jour ?
Un match de Ligue des champions avec l’OL face au Sparta Prague, un 8 décembre (en 2004), le jour de la fête des Lumières, ça a été un peu le summum pour moi, de jouer en Ligue des Champions et de marquer (l’OL s’était imposé 5 à 0 dans ce sixième et dernier match de poule. Bryan Bergougnoux, titulaire, avait inscrit le 5e but à la 90’+1).
Pire souvenir sportif ?
Une fracture de l’épaule, à Toulouse, où cela a été un moment compliqué. J’ai été absent deux mois, et en plus sportivement cela ne se passait pas très bien, le club chutait au classement et je voyais la situation de l’extérieur.
Match référence ?
Contre Saint-Etienne (L1) avec Tours, en coupe de France (16e de finale, le 21 janvier 2015, élimination 3-5 après prolongation au stade de la Vallée du Cher), je m’étais un peu « chauffé » avec les supporters de Sainté avant le match sur les réseaux (rires), j’avais juste envie d’être bon, je me suis senti libéré et j’ai fait un bon match.
Le pire match ?
Y’en a eu plus que des bons déjà ! Je garde surtout en mémoire un mauvais souvenir de match, avec Toulouse, quand j’ai pris un carton rouge au Parc des Princes, le seul de ma carrière, en plus, dans ce stade, où on y joue quatre ou cinq fois dans sa carrière.
Pourquoi avez-vous choisi d’être attaquant ?
Je n’ai pas réellement choisi, c’est venu tout seul. Quand j’étais petit, mon père et mon oncle jouaient au foot, et je jouais tout le temps avec mes cousins, on était plutôt doués pour ça; en fait, je n’ai jamais choisi d’être footballeur, cela a toujours été comme ça, j’ai toujours joué au foot. Dans ma tête, il n’y avait pas de choix. C’était ce que je voulais faire, même si, quand j’étais jeune, je ne me rendais pas compte que c’était difficile, que cela demandait autant de travail.
Première fois dans un grand stade ?
A Gerland, je me souviens d’un match de Lyon avec Eugène Kabongo qui avait driblé le gardien en le lobant avant de marquer dans le but vide, mais je ne me souviens pas contre qui !
L’équipe dans laquelle vous avez pris le plus de plaisir ?
C’est difficile de répondre à ça, j’ai eu la chance d’être dans des équipes, qui gagnaient, qui jouaient bien, alors y’a Lyon, forcément… Mais là où j’ai vraiment pris le plus de plaisir, c’est quand Nourredine El Ouardani a repris l’équipe de Tours (en Ligue 2 en 2016-17), cela n’a duré que quelques matchs, mais c’était exceptionnel ! Je n’ai jamais pris autant de plaisir footballistisque qu’à ce moment-là, avec ces joueurs-là, on était dernier, on avait je ne sais pas combien de points de retard (Tours était dernier de L2 avec 9 points de retard sur le premier relégable et était parvenu à sa sauver !), et on s’est complètement libérés. Le coach nous présentait chaque adversaire comme si c’était le Barça, et en plus j’étais à la cave juste avant ça donc, de pouvoir rejouer, et en plus que ça gagne avec la manière… On avait des Selemani, Bouanga, Bennacer, Gradit, Belkleba, Maouche, pour ne citer qu’eux, alors forcément, avec ces joueurs-là, on ne pouvait que bien jouer au foot.
L’équipe où vous avez pris le moins de plaisir à jouer ?
Ma première saison à Toulouse (2005-2006), cela a été un cauchemar, je sortais de l’Olympique Lyonnais où j’étais un peu le chouchou, c’était un jeu direct, il fallait trouver Daniel Moreira dans la profondeur, lequel déviait pour Daniel Moreira et ensuite c’est Daniel Moreira qui devait aller marquer tout seul ! C’était un très bon joueur mais ce n’était pas simple.
Le club où vous auriez rêvé de jouer ?
Y’en a beaucoup, mais je dirais Valence, en Espagne, un club que j’ai longtemps suivi, avec lequel j’ai une petite histoire personnelle, car j’ai de la famille proche là-bas. Sinon, un club argentin. Ou un club avec beaucoup de ferveur populaire, beaucoup de supporters.
Le club où vous avez failli signer ?
J’aurais pu signer au Milan AC ou au FC Porto quand j’étais à Lyon, mais cela ne s’est pas fait. Et aussi à l’OM quand cela s’est terminé avec Toulouse, mais il y a eu des changements de direction qui ont tout remis en cause.
Un coéquipier marquant ?
C’est vraiment pas simple… N’en dire qu’un seul, c’est impossible. Même deux ou trois, c’est compliqué. Gignac, un personnage quand même. Mauro Cetto, Abidal, Scaramozzino, y’en a beaucoup.
Le joueur avec lequel vous aviez le meilleur feeling ?
J’ai beaucoup aimé jouer avec Etienne Didot, Alexandre Bonnet et aussi Giusepe Vives, que j’ai connu à Lecce en Italie. Gignac aussi en fait partie.
Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Avec les réseaux sociaux, on garde le contact mais c’est vrai que, s’il devait y en avoir un, je dirais Ratinho à Toulouse, j’avais eu un vilain geste sur lui à l’entraînement, par énervement, ce n’était pas contre lui. Il s’était blessé gravement, il est parti au Brésil et il n’est plus jamais revenu. Je l’ai toujours en travers de la gorge et au fond de moi, c’est quelque chose qui… Voilà…
Le coach le plus marquant ?
Paul Leguen, forcément, parce que c’était mes plus belles années de foot à Lyon, et aussi Nourredine El Ouardani et Gilbert Gilbert Zoonekynd à Tours, avec qui j’ai pris beaucoup de plaisir. J’en oublie forcément d’autres, parce que j’ai eu des bons coachs.
Le coach que vous aimeriez revoir ?
Georges Honoré, que j’ai eu au centre de formation à l’INF Vichy, on se parle au téléphone, mais je l’ai eu à un moment de ma vie, à l’adolescence, dans une période difficile de ma vie, il a été très important pour moi. Il m’a mis sur la bonne voie.
Un modèle d’attaquant ?
Florian Maurice, quand il jouait à l’OL, Sonny Anderson, que je trouvais déjà exceptionnel quand il jouait à Marseille, et j’adorais Raul aussi, Zidane, forcément, mais le joueur qui reste mon idole, c’est Maradona, que je n’ai vu jouer que sur sa fin.
Plus beau but marqué ?
Avec Toulouse, contre Monaco, une frappe sous la barre, mais on avait des vieux maillots ce jour-là, ça a gâché un peu le truc !
Vous étiez un joueur plutôt…
Généreux, je courais beaucoup, je m’entraînais beaucoup, un peu tro esthète.
Vous êtes un entraîneur plutôt…
J’essaie d’être un entraîneur tout aussi généreux, même si on ne peut pas faire plaisir à tout le monde. Proche des joueurs, humain. J’essaie, hein, ce n’est pas facile, d’être le plus humain possible. Les joueurs savent que je ne vais pas changer ma relation avec certains comme Scara, Bouchema, on ne va pas faire sembler ou changer parce que je suis coach, je n’ai pas changé ma relation avec eux.
Le milieu du foot ?
Passionné, enrichissant, et exacerbé, on retrouve ce qui se passe dans la société, puissance 10 000, avec les bons côtés et les mauvais.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Thonon Evian Grand Genève FC