Le défenseur de 38 ans, qui vient de rempiler pour une saison avec le TEGG, en National 2, retrace son parcours et évoque sa longévité, son poste, son côté compétiteur qui peut « fatiguer et user », son caractère franc et son ton direct. « Parfois, j’aurais peut-être dû arrondir les angles », explique celui qui a toujours privilégié le collectif.

L’histoire d’Anthony Scaramozzino, elle est quand même à peine croyable. Dingue même. Parce que, quand il avait 13 ans, à son arrivée à l’OGC Nice, ou même 8 ans plus tard, quand il fut prêté à l’AS Cannes en National, pas grand monde aurait misé sur lui ni même pensé qu’il serait toujours dans le circuit à 38 ans et, surtout, qu’il embrasserait une carrière professionnelle de près de 20 ans !

Pas grand monde, sauf peut-être lui… et encore, même pas sûr !

Parce que son parcours fut loin d’être classique, notamment à ses débuts : une première licence à 5 ans à l’USONAC Nice, puis un passage de six saisons au Cavigal, dans le club formateur de Nice, avant une arrivée sur la pointe des crampons à l’OGC Nice, à l’âge de 13 ans : « L’USONAC, c’est le souvenir de ma grand-mère, qui m’emmenait au foot le mercredi après midi, et après, quand je suis allé au Cavigal Nice, c’était le club référence de la région en matière de formation. Mais comme j’étais « costaud » à l’époque, je jouais en équipe II ou III, en Honneur ou Pré-Honneur, même pas en Excellence ou Pré-Excellence ! Même à l’OGC Nice, au début, je jouais en équipe IV ! »

Et puis, le destin a fait le reste. Un jour, pour suivre les copains du collège, il participe au tournoi du Vieux-Nice. « Antho » brille avec le « Cavi » et tape dans l’oeil du coach de l’équipe 13 ans Honneur du Gym : « Il s’appelait Pierre. Il m’a dit « On te prend » ! Je n’ai pas été repéré, je n’ai pas fait d’essai, mais c’était pour jouer avec la 4e équipe de la catégorie ! »

Champion de France « 18 ans »

Et puis, pour le tournoi mondial pupilles de Plomelin, dans le Finistère, en Bretagne, Joseph Flachi, le coach des 13 ans Ligue, décide de convoquer tout le monde, « tous les joueurs nés en 1985, même ceux de l’équipe IV ! Et j’ai fait un excellent tournoi, ce qui m’a permis de rester en moins de 13 ans 2e année, sinon je n’aurais pas été conservé. Et tout est parti de là… »

L’histoire avec l’OGC Nice dure 10 ans ! Une finale de Gambardella perdue en 2002 au SDF contre Nantes en lever de rideau de la finale Bastia-Lorient en coupe de France, un titre de champion de France 18 ans (U19) avec l ‘OGC Nice en 2003 (face à l’OL, aux tirs au but), son premier match de Ligue 1 en mai 2004 (lancé par Gernot Rohr, il remplace José Cobos à la 68e à Montpellier / 2-2, journée 35), trois prêts (Lorient en L2, Gillingham en D3 anglaise et l’AS Cannes en National), la carrière du Niçois est lancée ! Mais les débuts ne sont pas évidents.

« Lorient, ce fut ma première expérience en Ligue 2, avec Christian Gourcuff. J’ai eu pas mal de bons coachs quand même ! Bon, Gillingham, ce fut une catastrophe : je n’ai pas été payé pendant un an. Je ne savais pas que si je ne jouais pas, je ne serais pas payé. Disons que ça m’a appris à connaître la valeur des choses. Après, à Cannes, je revenais d’une saison blanche, cela a été compliqué sportivement, en plus, je me suis « pris la tête » avec les supporters parce que sous mon maillot, j’avais le T-shirt de la Brigade Sud Nice (BSN) ! Donc bon, forcément… Mais cette saison fut une année d’apprentissage et ça m’a permis de refaire une préparation avec l’OGC Nice l’année d’après, avec le groupe de Frédéric Antonetti : « Il m’a dit, « tu fais la prépa et on voit ce que ça donne » et c’est comme ça que je suis sur le banc dès le premier match de championnat ».

« C’était le moment de prendre mon envol »

Le club lui fait une offre avant la fin de son contrat, « Mais je la repousse, parce que je pense qu’ils m’auraient encore prêté. Là, à 23 ans, c’est le bon moment de dire stop et d’aller voir ailleurs, de prendre mon envol. »

Le défenseur central de formation, repositionné latéral gauche par Gernot Rohr à Nice – « Il trouvait que j’étais trop petit pour jouer défenseur central » – s’engage à Sedan, en Ligue 2. « J’habitais à Charleville, j’étais déjà avec mon épouse, donc pour me concentrer sur le football, c’était top, et il y a eu la naissance de ma fille, Noémie, et après, je suis allé à Châteauroux, où on est né mon fils, Louka. A Châteauroux, je me suis régalé avec Didier Tholot, que j’ai retrouvé il y a 2 ans à Pau, en Ligue 2 ! »

L’Europa League avec l’Omonia Nicosie

Avec le coach de Thonon Evian Grand Genève, Bryan Bergougnoux.

C’est avec cette étiquette de joueur de Ligue 2 que le défenseur file à l’étranger, à l’Omonia Nicosie, en D1 chypriote, où il dispute la Ligue Europa, et joue dans les plus grands stades : « Pouvoir faire des matchs de coupe d’Europe au Dynamo Moscou ou au Maracana face à l’Etoile Rouge de Belgrade, franchement, c’était exceptionnel ! »

A Nicosie, il côtoie d’autres compatriotes, dont Bryan Bergougnoux, prêté par Lecce, et déjà croisé à Châteauroux – les deux hommes sont aujourd’hui liés d’amitié, et le premier entraîne le second à Thonon Evian Grand Genève en National 2 – et Sofiane Cherfa.

Mais le club a des problèmes financiers et prête « Antho » en Grèce, au Panetolikós FC, dans la ville d’Agrínio. « Là encore, j’ai joué à l’Olympiakos Le Pirée, au Panathinaikos Athènes, au Paok Salonique, des grands matchs dans des grandes ambiances ! C’était extraordinaire ! Il me restait un an de contrat, Nicosie voulait que je baisse mon salaire, mais j’ai refusé et j’ai résilié mon mon contrat. Car le RC Lens est arrivé… J’avais 31 ans, c’est fou ! Tout le monde m’avait dit que si je partais à l’étranger, je tomberais aux oubliettes. Bon, déjà, à l’étranger, financièrement, c’est beaucoup plus intéressant qu’en Ligue 2. Mais là, je signe à Lens ! »

Son arrivée à Lens, un concours de circonstances

Son arrivée en Artois ? Encore une histoire de dingue. Presque un conte de fées. « C’est fou, raconte celui que l’on surnomme « Scara »; en fait, quand j’arrive en Grèce, je dispute mon premier match à domicile, titulaire, contre Atromitos je crois, et il y a un agent français qui est au match : il est venu voir un de ses joueurs. Et lors de ce match-là, je marque et je fais une passe décisive. On gagne 4-1 chez nous. Quelque temps après, cet agent me contacte sur Facebook et me dit « Si t’es libre cet été, on peut voir ce qu’on peut faire, j’ai des contacts à Lens ». Bon, moi, je n’avais pas d’agent officiel, je lui ai dit « On verra. Si ça arrive, tant mieux, si ça n’arrive pas, ce n’est pas grave ». Je ne me prends pas la tête, et finalement, c’est arrivé ! L’agent est revenu vers moi, il a eu Antoine Kombouaré, le coach, et mon profil lui a plu. J’ai pu résilier avec Nicosie et arriver libre à Lens, qui descendait de Ligue 1, et dont la masse salariale était encadrée. Le club ne pouvait pas recruter ou payer de transfert. Cela a vraiment été un concours de circonstances ! Cela s’est fait comme ça ! C’est dingue ! Parce qu’avant ça, j’avais déjà eu plein de messages d’autres agents qui n’avaient jamais abouti et avec lui, ça a marché ! C’est pour vivre ça que je suis rentré en France, sinon, j’aurais baissé mon salaire et je serais resté à Chypre. »

Retour en National à Laval et Boulogne

Après deux saisons à Lens et un petit passage à l’UNFP, direction Laval, en National, avec Jean-Marc Nobilo et aussi Manu Pires, qu’il a connu à la formation à Nice, et François Ciccolini. Il termine meilleur latéral gauche de National lors de sa 2e saison en Mayenne avant de signer à Boulogne, toujours en National, où Laurent Guyot arrive, alors qu’Olivier Frapolli, qui l’a fait venir quelques jours plus tôt, s’en va à … Laval ! « Quand Laurent Guyot est arrivé, j’avais déjà signé à Boulogne ! Je suis toujours en contact avec le coach, on s’envoie des messages, et quand je vais voir « Bosette » (Alexy Bosetti) à Annecy, je passe voir le coach. » C’est aussi à Laval qu’il passe un diplôme universitaire, le DUGOS (Gestion des organisations sportives).

A Boulogne-sur-Mer, Antho repasse dans l’axe. Sportivement, la saison est excellente, même si la Covid stoppe tout à 9 journées de la fin : l’USBCO reste bloquée à la 3e place, à un point de la montée ! « On devait recevoir les deux premiers, Pau et Dunkerque… Et en plus, on ne joue même pas les barrages d’accession ! Il y avait de l’engouement, d’ailleurs, il y en a toujours, on l’a vu cette saison en N2 quand le club a disputé le match du maintien. »

Il retrouve la Ligue 2 à 35 ans !

A 35 ans, la fin approche. Du moins le croit-on. Car Didier Tholot et Pau lui offrent l’occasion de retrouver la Ligue 2 ! « Il voulait de l’expérience et du leadership dans l’axe, même si parfois j’ai aussi rejoué à gauche à Pau ! Il me restait 2 ans de contrat à Boulogne mais Laurent Guyot et Aurélien Capoue ont été classes, ils m’ont libéré et permis de retrouver la Ligue 2, à 35 ans. »

La fin de carrière approche. A Bourg-en-Bresse, en National, la saison 2021-2022 est bonne. C’est l’été suivant que ça se complique. « Cela s’est mal terminé avec le coach, Alain Pochat, et avec le président, David Venditelli. En fait, en fin de saison, on avait eu une discussion avec le coach et les dirigeants. Moi, je leur ai dit ce qui n’allait pas, je leur ai dit ce que je pensais, et là, je suis passé de vice-capitaine à un joueur mis à pied pendant un mois sans salaire ! Si c’était pour leur dire ce qu’ils avaient envie d’entendre, moi ça ne m’intéressait pas ! Ils n ont pas aimé ce que je leur ai dit, mais à l’arrivée, j’avais peut-être raison. Regardez cette saison… ils sont descendus sportivement. Si on est 25 joueurs à tenir le même discours, ils ne vont pas virer 25 joueurs, mais si on est 2 ou 3, c’est plus facile. Et à Laval aussi, ils ne m’ont pas gardé alors que je suis capitaine la 2e année et que je termine la saison dans l’équipe type de National, mais comme je ne m’entendais pas avec le directeur sportif (Jean Costa)… »

« Parfois, j’aurais peut-être dû arrondir les angles »

Alors, trop franc Antho, qui s’épanche plus sur les réseaux sociaux que dans les interviews ? « En fait, si je ne donne pas beaucoup d’interviews, c’est parce qu’on ne m’en demande pas ! Sinon, je ne suis pas fermé aux interviews. »

Il n’est pas fermé tout court, et ça peut lui jouer des tours : « Quand les dirigeants du club de Bourg ou le coach me posent des questions, je réponds ! Parfois ça ne fait pas plaisir, mais c’est comme ça. C’est sûr, j’aurais peut-être dû apprendre à arrondir les angles, même mon épouse me l’a dit, car elle en avait marre de déménager tous les 2 ans, ce que je comprends, car pour les enfants, ça devient compliqué. Je suis franc, direct, je n’ai pas de filtre. Je ne résonne pas de manière individuelle, je défends le groupe, je pense collectif, intérêt général. A 20 ans, j’aurais fermé ma gueule, je n’aurais pas eu le choix de toute façon. Je n’aurais rien au à dire. Mais là, à 35 ans, à Laval, à Bourg, ma carrière est faite, je n’ai aucun intérêt personnel. Et ça ne m’a pas empêché de continuer à trouver des clubs. Donc même si y’a des coachs qui ont des a priori sur moi, d’autres continuent de me faire confiance. »

Comme Bryan Bergougnoux à Thonon Evian Grand Genève (National 2). « En fait, après Bourg, je suis redescendu à Nice et je suis repassé au Centre (de formation) du Gym, j’ai vu Manu Pires (le directeur), car je comptais rentrer sur Nice avec mon épouse et mes enfants, donc je voulais me renseigner pour savoir s’ils intégraient les anciens, pour voir comment cela se passait intégrer la pré-formation ou la formation. J’ai failli signer à Saint-Jean/Beaulieu, à côté de Nice, en National 3, mais Bryan (Bergougnoux) m’a dit « On monte en N2 avec Thonon Evian, viens donner un coup de main »… »

« Avec Evian Thonon, on fera le point dans six mois »

Et le voilà qui repart, à 37 ans, en National 2, un niveau qu’il n’avait plus fréquenté depuis sa jeune époque niçoise, avec la réserve. « Au début, c’était dur, la poule Sud est compliquée… On a eu des matchs chauds, comme à Toulon, à trois journées de la fin, qui jouait sa survie. Après, pour les jeunes, c’est bien, ils apprennent, parce que, parfois, c’est le folklore ! Encore que, maintenant, ce n’est pas comme avant. Tout est filmé. Je me souviens, quand j’étais jeune, avec Gérard Buscher, en CFA (National 2), quand on allait à Vénissieux, aux Minguettes, on se prenait des gifles nous les p’tits jeunes ! Aujourd’hui, c’est plus cadré, plus pro. Les matchs de N2 étaient diffusés sur Fuchs TV même si ça s’est arrêté en fin de saison. »

Aujourd’hui, à 38 ans, Anthony a décidé de rempiler une saison avec le « TEGG ». Sa dernière tournée ? « Je ne sais pas ! J’avais signé un an la saison passée, parce que j’étais arrivé tardivement, et au final, ça s’est bien passé sportivement. Là, j’ai prolongé d’une saison, on fera le point dans six mois, je ne me prends plus la tête. Surtout après l’épisode de Bourg qui a été compliqué à vivre pour ma famille et moi. Le plus important, c’est de retrouver du plaisir sur le terrain. Retrouver une vie de groupe, ça m’a fait du bien. Je serai toujours là pour mettre de l’intensité aux entraînements, pour faire évoluer les jeunes qui vont jouer. Et puis je veux passer mes diplômes, le BEF pour commencer : c’est vrai que, maintenant, en suivant mes enfants au foot, ça m’intéresse. Quant à mon âge, il ne me pose pas de problème, du moment que je ne suis pas ridicule sur un terrain. Maintenant, attention, je serai obligé d’être performant pour jouer, je n’ai pas le choix. Mon poste ? Latéral ou défenseur ? Je sais qu’avec mon expérience et mon vécu,  je suis plus utile aujourd’hui dans l’axe qu’à gauche, par la parole, la communication. Et puis, je suis au coeur du jeu ! »

Anthony Scaramozzino, du tac au tac

« Pour un coach, je suis usant »

Meilleur souvenir sportif ?
Ma première titulaire au stade du Ray. C’était contre Auxerre, c’est Gernot (Rohr) qui m’avait lancé.

Pire souvenir sportif ?
La finale de Gambardella perdue en 2003.

Combien de buts marqués ?
Je dois pas être loin des 10… Non, je dois être pas loin de 15 si on compte le National. A Boulogne, j’ai mis 5 buts, mais 5 penaltys ! ça compte hein ! Demande à « Bosette » (Alexy Bosetti) si ça compte pas, il les prend lui (rires) !

As-tu déjà marqué contre ton camp ?
Non !

Plus belle boulette ?
Ce n’est pas vraiment une boulette, mais un penalty loupé en finale du championnat de France U19, lors de la séance des tirs au but. J ‘en ai pleuré. Heureusement, Hugo (Lloris) a tout arrêté ! Et on a gagné la finale contre Lyon !

Plus beau but marqué ?
Un coup franc contre Dunkerque avec Laval en National.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Je n’ai pas choisi… Dans ma famille, j’ai deux soeurs, je suis entre les deux, et mon père ne jouait pas spécialement au foot, juste avec le Crédit Municipal, en foot entreprises; en fait, j’ai suivi les copains du collège, j ai franchi les étapes sans, au départ, penser à devenir pro.

Ton geste technique préféré ?
La spéciale ! C’est quand je reviens vers mon but, je m’emmène le ballon avec un râteau et je talonne dans le sens contraire… Mais ça c’était quand je jouais latéral ! Maintenant que je suis défenseur central, je ne la fais plus, c’est risqué !

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Ce sont les mêmes, c’est d’être un compétiteur. C’est ce qui fait que je dure encore aujourd’hui, même si c’est en N2, mais pas question de dénigrer ce championnat, parce que c’est un beau championnat, on voit même des joueurs passés par cet échelon qui deviennent professionnels; être compétiteur au quotidien, je pense que pour les coachs, c’est usant, et c’est ça mon plus gros défaut. C’est chiant pour eux. Je suis exigeant, avec moi-même, avec les autres, je râle auprès des arbitres.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
J’en ai beaucoup ! Nice, parce que c’était mes débuts, c’était exceptionnel, et j’ai eu des joueurs qui m’ont pris sous leur aile, je pense à Pancho Abardonado, Sammy Traoré et Cyril Rool, c’était extraordinaire de vivre au quotidien avec eux même si je n’ai pas beaucoup joué mais j’ai beaucoup appris avec eux. Après, j’ai eu la période à Sedan avec un groupe de jeunes extraordinaires, l’ambiance était top. Lens aussi, avec le challenge de la montée en Ligue 1, et aussi l’Omonia Nicosie, où j’ai joué l’Europa League. Franchement, j’ai eu beaucoup de saisons enrichissantes.

Une erreur de casting ?
(catégorique) Non, aucune.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Le Milan AC. Mon idole quand j’étais jeune, c’était Paolo Maldini, donc…

Un stade et un club mythique pour toi ?
San Siro, Milan AC. Je n’y suis jamais allé ! Parce que je ne « mange » pas football en fait, je coupe quand je rentre à la maison ! Ma famille n’a jamais été branché foot, donc ça ne m’a jamais passionné plus que ça. Mais j’aimerais y aller avec mes enfants.

Un public qui t’a marqué ? 
Omonia Nicosie et Lens.

Un coéquipier marquant ?
Pancho (Abardonado) et Cyril (Rool).

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling dans le jeu ?
Bryan Bergougnoux, à Châteauroux.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
C’était en Ligue 2, j’étais à Sedan, et ce jour-là, Romain Hamouma, qui jouait à Laval, bah… Je n’arrivais pas à l’attraper en fait ! J’ai dû sortir à la mi-temps.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Karim Ziani. On a joué à Lorient ensemble. J’avais été prêté par Nice.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
J’ai de temps en temps Alain Wathelet par message, qui m’a formé à Nice, peut-être Gernot (Rohr)… Ou Fred Antonetti, même si je n’ai pas beaucoup joué avec lui, mais j’adorais le coach et l’homme.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Alain Pochat.

Un président marquant ?
Gervais Martel.

Une causerie de coach marquante ?
Une causerie de Didier Tholot, quand j’étais à Pau, y ‘a deux ans, on jouait le maintien en Ligue 2, on avait 12 ou 13 points à la trêve (14, Ndlr), on a fait une superbe deuxième partie de saison, on s’est sauvé. C’était une causerie en janvier, il avait établi tous les matchs qu’il nous restaient, il avait bien emmené la chose, comment on allait faire pour se maintenir, ils nous disaient qu’on avait des jokers, ils nous avait parlé des barrages, ils nous avaient bien conditionnés pour les 5 derniers mois qui restaient. On avait fini 14es.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
A Chypre, quand je suis arrivé, je ne parlais pas anglais… Compliqué au début.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Avec l’OGC Nice, on était en stage à Saint-Martin-Vésubie, et nous, les jeunes, on ramassait les ballons à la fin de la séance, et en fait, je mets une « praline » pour en renvoyer un mais il atterrit sur la tête de Gernot (Rohr), je me retourne vite et je fais semblant de faire mes lacets, et c’est là que Pancho (Abardonado), Cyril (Rool) et Sammy (Traoré) se retournent, mais en fait, j’étais tout seul sur le terrain, et ils me disent « Arrête ton cinéma », donc je me suis retrouvé comme un con ! J’étais gêné !

Si tu avais joué défenseur central toute ta carrière ?
Euh… Je ne sais pas ce que cela aurait donné…

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Hugo Lloris.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le stade du Ray à Nice. Bollaert à Lens aussi.

Une devise, un dicton ?
Tout donner. Parce que je sais que même si je ne suis pas bon, on ne pourra pas me reprocher de ne pas avoir mouillé le maillot. Cela a toujours été une de mes qualités.

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
De prendre conscience que c’était un métier. Comme je ne pensais pas être footballeur professionnel, je n’y étais pas préparé, surtout quand j’étais à Nice, j’avais les amis, je ne dormais pas au centre, je sortais, je profitais parce que je commençais à gagner un petit peu d’argent, même si ce n’était pas des gros contrats à l’époque, mais ça nous permettait de profiter un peu, de sortir en soirée.

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu es un défenseur plutôt ?
Rugueux.

Un modèle de joueur ?
Cyril Rool. J’ai énormément appris à ses côtés. Il était accessible. Et je l’avais sous la main, façon de parler !

Une idole de jeunesse ?
Paolo Maldini.

Un plat, une boisson ?
Le coca, malheureusement, et les lasagnes de mon épouse.

Tes loisirs ?
Dès que l’on peut, c’est de profiter en famille, de se faire des balades, des randonnées, maintenant que l’on est proche de la montagne. Des choses simples. On passe des bons moments. Je ne connaissais pas du tout la Haute-Savoie, c’est carrément top, le cadre de vie est top. On a le lac Léman, Annecy à côté, Genève, il fait vraiment bon vivre dans cette région. A Chypre, le cadre de vie était exceptionnel aussi, et si cela n’avait pas été pour signer à Lens, je pense que je serais resté là-bas. Bon, je n’oublie pas Nice aussi, mais je ne descends pas souvent, et cette année, je ne suis pas venu, ma fille avait le brevet.

Un film culte ?
Scarface.

Dernier match regardé à la télé ?
Le dernier match de l’équipe de France, je l’ai survolé.

Dernier match auquel tu as assisté en tant que spectateur ?
C’était Thonon Evian, justement, parce que j’étais suspendu, c’était l’avant dernière journée de championnat.

Le club de Thonon Evian Grand Genève, en deux mots ?
Beau projet.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Un milieu extraordinaire mais qui peut briser des rêves.

Vidéo :

A lire aussi, article sur Bryan Bergougnoux :

https://13heuresfoot.fr/actualites/bryan-bergougnoux-thonon-evian-grand-geneve-un-projet-gigantesque/

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Thonon Evian Grand Genève FC

L’ex-joueur emblématique du club héraultais vient d’être nommé, à 52 ans, à la tête de l’équipe seniors mise en redressement judiciaire, et future pensionnaire de Régional 2 ou 1. Un choix légitime tant il connaît la maison, où il a déjà passé 45 ans, comme sa poche. La reconstruction est en marche.

A Sète, il y a Georges Brassens, Benjamin Biolay, le canal royal avec ses restaurants et ses joutes, la fête de la Saint-Pierre (c’est en ce moment !), et bien entendu la macaronade et les tielles, les délicieuses spécialités locales.

Et à Sète, il y a aussi Christophe Rouve. Le garçon est connu comme le loup blanc. C’est LE footballeur emblématique de la ville. La légende, comme beaucoup l’appellent.

Il a tout connu au club, où il a pris sa première licence à l’âge de 7 ans, et comme il en a 52 aujourd’hui, faites le compte ! Christophe Rouve, c’est 45 ans de licence au club floqué du fameux rayé maillot Vert et blanc aux couleurs du Sporting Portugal et du Celtic Glasgow. Ou plutôt 44 ans puisque, pendant une saison, il a « commis » l’irréparable en signant chez le proche voisin Frontignan, pour un désaccord financier avec ses dirigeants.

« Entre 140 et 150 buts »

Difficile de parler de son infidélité comme d’une « tâche » à son CV, son départ n’ayant duré que quelques mois. On parlera plutôt d’ombre à son immense tableau de chasse qui l’a vu marquer « entre 140 et 150 buts », il ne sait plus très bien, chez les seniors, où sa technique, son sens du jeu et du placement, sa finesse et son adresse ont fait tremblé pas mal de filets, quand il jouait en 9 ou en 9 et demi, dans toutes les divisions. De la DH jusqu’en National. Et même en Ligue 2, qu’il a eu le bonheur de connaître, juste le temps d’une saison, en 2005/06, sur le tard certes, à 35 ans.

A cette époque-là, Rouve ne le savait sans doute pas encore, mais il allait prolonger le plaisir encore une dizaine d’années sur les terrains, la plupart du temps au poste de défenseur central ! Le prix à payer, sans doute, pour durer.

La semaine dernière, Yoni Ragioneri, l’actuel président d’un club a la dérive, qui a défrayé la chronique ces quinze derniers mois, entre sa rétrogradation administrative en juin 2022 (14e en National et maintien sportif), sa pitoyable saison de National 2 en 2022-2023 (dernier de sa poule avec 12 points et seulement 3 victoires en 30 matchs) et ses déboires financiers qui l’on conduit au redressement judiciaire et donc à l’impossibilité de repartir en National 3, a donc propulsé « la légende » du FC Sète à la tête de l’équipe seniors.

Un premier intérim « seul » en 2011

Repartir, reconstruire, rebâtir, c’est justement ce à quoi va s’atteler Christophe Rouve, qui vivra sa première véritable expérience – il avait assuré un court intérim de 8 matchs en fin de saison 2010-11 en DH – comme « number one », lui qui a déjà connu des expériences d’adjoint, dont la dernière, l’année de l’accession de N2 en National en 2021, avec Nicolas Guibal aux commandes.

Dans l’entretien qu’il nous a accordés, Christophe Rouve revient sur sa nomination et sur la préparation de cette nouvelle saison, dans son club de toujours, qui repart de zéro. Et dans le traditionnel questionnaire « du tac au tac », il évoque ses nombreux souvenirs avec un FC Sète dont il voue finalement un amour sans faille. Et ce n’est pas tout : « Canto » (oui, certains l’appellent aussi comme l’ex-international Eric Cantona… c’est vrai qu’il y a une petite ressemblance, notamment dans la posture) en profite pour régler quelques comptes avec l’ancienne direction, coupable selon lui d’avoir orchestre « le suicide du club ».

Interview : « Un peu d’appréhension tout de même… »

Christophe, vous voilà entraîneur du FC Sète : comment cela s’est fait ? Qui a eu cette idée ?
C’est le président, Yoni Ragioneri. Au printemps dernier, il m’avait dit « Tu seras dans le staff seniors, adjoint, co-entraîneur ou numéro 1 en fonction de qui allait venir, il ne savait pas encore. Il voulait un « local ». Je sais qu’il voulait me donner un rôle important, à définir.

Ce rôle de numéro 1, vous l’aviez envisagé ?
Entraîneur numéro 1 ? Non ! Mais revenir avec la Une en seniors, oui. D’autant que j’ai entendu des bruits comme quoi j’allais repartir avec les seniors cette saison, alors que je n’étais même pas au courant. Cela remonte au mois d’avril.

Entraîneur en chef, cela ne vous fait pas peur ?
Il y a un peu d’appréhension tout de même, mais avec le préparateur physique, on a commencé à mettre sur pied le programme que l’on veut mettre en place et les séances que je veux adapter avec lui. En équipe première, il ne reste qu’un ou deux joueurs, et en réserve cinq ou six. Heureusement, on a une belle génération de jeunes U20 dans le bassin de Thau sur laquelle je vais m’appuyer. On a aussi les jeunes qui sont restés au club et bien sur les recrues. On va déjà essayer d’avancer comme ça.

Ce n’est pas votre première expérience puisque vous aviez déjà dirigé l’équipe fanion en DH lors de la saison 2010-11 ?
C’est vrai. C’était l’année où il y avait Mathieu Chabert (1) comme coach, en Division d’Honneur. J’étais encore joueur. En fait, Mathieu en a eu ras le bol, et à 3 mois de la fin du championnat, il a dit à ses dirigeants « Christophe fera entraîneur-joueur, je vous prête le diplôme » et voilà ! C’est comme ça que j’ai fait une courte pige. Et l’année suivante, Laurent Scala est arrivé, on a fait un bon recrutement et on est monté en CFA2 (N3), mais là, j’étais redevenu joueur.

Que s’était-il passé avec Mathieu Chabert ?
Il en a eu ras le bol. Il n’était pas très satisfait de l’équipe que l’on avait. Il y avait beaucoup de jeunes, c’était compliqué en DH (Régional 1), on n’était pas armé, et nous, les anciens, Abdel Kharazzi et moi, on essayait de leur « rentrer dedans » à ces jeunes, on leur disait de jouer simple, de lâcher le ballon, mais Mathieu ne voulait pas trop leur « rentrer dedans ». Et puis il y a eu un match, à Fabrègues je crois, on perd 4 à 0 il me semble, je n’avais pas joué, et à la fin du match, il a dit « J’arrête ». Après ça, j’ai fait quelques autres piges comme entraîneur-adjoint en CFA et CFA2, pendant 5 ou 6 saisons, quand le club est remonté à la fin des années 2010, et voilà ! La dernière fois, c’était en 2020-2021 avec Nicolas Guibal, en N2, l’année de la montée en National.

« Mr Biton a décrété que mon message ne passait plus »

Pourquoi avez-vous disparu des radars après la saison 2020-2021 ?
Tout simplement parce que Sandryk Biton (manager du FC Sète) a décrété que mon message ne passait plus avec les joueurs ! Mr Biton s’était braqué contre la mairie aussi, et comme je travaille à la mairie… Vous savez, toutes les décisions que je prenais, c’était pour le bien de l’équipe et du club, mais lui, il avait des intérêts personnels, par rapport aux joueurs, et moi je donnais mon avis… Je ne dis pas que j’avais la science infuse mais Mr Biton lui, il arrivait et disait « Il faut faire jouer lui et lui », alors qu’il ne voyait pas les entraînements. Cela a duré 4 ou 5 mois comme ça. Il a voulu me mettre de côté en fin de saison, en disant qu’il avait eu le ressenti des joueurs, que le courant ne passait plus : je lui ai dit « ok, avec 4 ou 5 joueurs, ok, ça ne passe plus, mais avec les autres, ça passe ! On ne peut pas faire l’unanimité dans une groupe, vous savez comment c’est.

Alors je lui ai dit que ça ne me dérangerait pas d’aller à la commission des jeunes ou en réserve. Quand je me suis enlevé de l’équipe fanion, les joueurs ont voulu faire quelque chose pour moi, je leur ai dit non, j’avais mon travail, ça allait… Bien sûr, le foot est un petit « plus », mais bon, je partais de la Une pour aller en réserve au départ. Le président m’avait promis une enveloppe pour recruter, mais il m’a mené en bateau, il n’y a jamais eu d’enveloppe prévue pour la réserve, et ça s’est fini comme ça. Monsieur Biton, il aimait bien « tenir » les gens, les joueurs… Quand il y en avait un qui se plaignait, il lui disait « Si t’es pas content, tu pars, des joueurs comme toi, j’en ai plein d’autres, je les appelle demain, ils viennent ! »

Aujourd’hui, vous êtes toujours employé à la mairie ?
Oui ! Je suis rentré le 1er janvier 1994, au service des sports, je m’occupais de la maintenance du stade et du gymnase, pendant 28 ans, et là, depuis un an, je suis au service « plages-port », à la maintenance.

Vous n’avez jamais été détaché par la Ville pour jouer au foot ?
Jamais ! Sauf pendant l’année de la Ligue 2, la mairie me libérait juste le temps que j’aille m’entraîner.

On ne va pas refaire l’histoire, mais le FC Sète, ces derniers mois, c’est…
Le folklore ! C’est incroyable !

« Sans M. Ragioneri, le club aurait mis la clé sous la porte »

Aux côtés de Nicolas Guibal.

Vous allez repartir dans quelle division ? Régional 1 ou Régional 2 ?
On le saura mercredi. Le président Yoni Ragioneri se bat comme un diable, comme un fou, pour que le club ne meurt pas. Si le FC Sète est encore là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Si cela avait été un autre que lui, le club aurait mis la clé sous la porte. Franchement, heureusement qu’il est là ! Il fait le lien avec la mairie et l’agglo. Il essaie d’attirer quelques partenaires, mais c’est difficile de passer derrière MM. Jean-François Gambetti (ancien président, démissionnaire en juin 2022) et Biton, qui ont orchestré un suicide du club… Yoni Ragioneri, c’est un Sétois, il aime le club, il aime la ville. Il a rendez-vous avec le président de la Ligue Occitanie pour qu’on reste en Régional 1, pour pas que l’on reparte en R2.

Evidemment, R1, R2, ce n’est pas la même chose…
Non ! Il y a une grosse différence, sportivement déjà. Après, et je le dis souvent, il vaut parfois mieux repartir sur de bonnes bases, les deux pieds au sol, plutôt qu’en sautillant (sic). C’est sûr qu’on gagnerait du temps en Régional 1. Si on est en Régional 2, il ne faut pas se le cacher, on va jouer la montée, mais ça va être compliqué. En Régional 1, il faudra faire un bon maintien et préparer la saison suivante pour jouer la montée. Vous savez comme moi que, même en Régional 1, c’est difficile, en plus, en plus, en Occitanie, on va être attendu au coin du bois. Il faudra être intelligent. Quand on est monté de DH en CFA2 en 2012, quand on est monté de DHen CFA2, on était solide, réfléchi, et avec deux buteurs, ça peut aller vite si on retrouve ces ingrédients !

« La saison passée, j’étais partagé entre deux sentiments »

La saison passée a été catastrophique en National 2 : de loin, comment avez-vous vécu cette situation, à titre personnel ?
J’étais partagé entre deux sentiments. D’un côté, j’étais content que cela ne marche pas pour Mr Biton. De l’autre j’étais très déçu pour le club.

Où en êtes-vous du recrutement ?
Je l’ai quasiment bouclé, on a repris Floris Isola, le fils de Heric Isola (ancien du FC Sète), qui a joué à Sète déjà et que Mr Biton a fait partir à Agde, et aussi Thomas Pron, un jeune du cru, qui a joué en réserve à Sète (il était parti à Frontignan), Lucas Segura, qui avait joué à Sète lui aussi, passé par le centre de formation de Strasbourg avant de jouer à Canet-en-Roussillon et Adge. On a aussi Guillaume Cros qui revient, il était à Agde, il a été formé à Sochaux (ex-international U18 et U20), et Malcom Michelot, lui aussi, de retour (Agde). On a officialisé hier le retour aussi de Thomas Levêque, de Fabrègues, qui était aussi à Sète, et voilà. On essaie de faire venir ou revenir des joueurs avec un état d’esprit pour encadrer ceux qui restent.

Et pour le diplôme ?
C’est Laurent Ferrara, un ancien joueur des années 80, qui va me couvrir. Il sera dans le staff. Mais il n’est plus tout jeune (69 ans). On cherche ecore un adjoint, je ne sais pas encore qui ce sera.

« Normalement, on devrait être le club phare du bassin de Thau »

Quels sont les rapports aujourd’hui avec la mairie ?
Ils sont meilleurs depuis que Yoni Regioneri est à la présidence. C’est un peu la Ville qui l’a implanté au club, pour faire le ménage. Du coup, ils sont en relation.

Faire revenir les « anciens », c’est un peu l’un des souhaits du club ?
Oui. L’an passé, j’entraînais les U14 de Sète, et il y a des anciens, comme Heric Isola, qui sont revenus, et avec lesquels on a restructuré la commission des jeunes.

Le FC Sète, c’est LE gros club du bassin de Thau ?
Oui ! Enfin… Normalement, on devrait être le club phare du bassin de Thau. Quand on n’a pas les moyens, quand le plus gros partenaire est la mairie, il faut rester « entre guillemets » dans le bassin de Thau et d’Agde pour essayer d avancer, de Mèze aussi. Dans l’ensemble, on a des bons rapports avec les clubs alentours, mais avec les joueurs du bassin, vous savez comment c’est, quand un joueur veut tenter l’aventure chez le voisin… Si un joueur veut partir, qu’est-ce que vous voulez faire ? Comme il y a beaucoup d’anciens joueurs de Sète qui reviennent, les relations sont plus faciles, car tout le monde se connaît. C’est plus simple.

Christophe Rouve, du tac au tac

« Je sais ce que jouer pour le maillot veut dire »

Meilleur souvenir sportif ?
La montée de National en Ligue 2 à l’issue de la saison 2004-2005 avec le FC Sète.

Pire souvenir sportif ?
La rétrogradation de National en DH en 2009, après le dépôt de bilan.

Combien de buts marqués ?
140 ou 150 je pense ! Je ne les compte pas !

Plus beau but marqué ?
J’en ai marqué des beaux, mais celui que je garde en tête, c’est en Ligue 2, contre Montpellier, à Sète, au stade Louis-Michel, on gagne 2 à 0 (9e journée, lundi 26 septembre 2005), et je marque d’une reprise de volée.

Geste technique préféré ?
Diagonale.

Vous étiez un attaquant plutôt…
Adroit.

Et comme vous avez fini votre carrière en défense, vous étiez un défenseur plutôt…
Technique.

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
Mon père jouait au foot à la Pointe Courte de Sète, et à force de le suivre, j’ai grandi dans ce milieu.

Vos qualités et défauts sur un terrain ?
J’étais un bon technicien et intelligent dans le jeu, et mes défauts, parfois, j’étais nonchalant, surtout au début de ma carrière, moins au fil du temps, il a fallu que je me mette encore plus au travail, ce qui m’a permis aussi de durer.
Ce qui vous a manqué pour jouer plus longtemps en Ligue 2 ou pour être un bon joueur de Ligue 2 ?
Je suis rentré à l’âge de 23 ans à la mairie de Sète, en 1993, et ma famille ne voulait pas trop partir… Je ne voulais pas la quitter… J’ai peut-être eu peur de tout lâcher …

Pas de regrets ?
Un petit peu… Après, j’avais Montpellier juste à côté, j’avais de supers rapports avec Louis Nicollin, et pourtant je n’ai jamais eu l’opportunité d’y jouer. Alors, est-ce que c’était un arrangement entre les deux clubs ? C’est possible, parce que j’ai vécu cette situation avec Perpignan, l’année où le club est en Division 2 (1994-1995), parce que, quelques années plus tard, j’ai croisé l’entraîneur, Monsieur Carayon, et il me dit « Pourquoi tu ne veux pas venir à Perpignan? », et je lui réponds « Mais je n’ai jamais eu de contact avec vous », et là il me dit « Mais ton club ne t’a rien dit ? »… Voilà, alors peut-être qu’il est arrivé la même chose avec Montpellier !

C’est Emile Anfosso, le président de l’époque, qui vous a bloqué ?
Euh… cela s’est peut-être fait avant lui…

Vous étiez donc « catalogué » joueur de Sète …
Oui, pourtant, j’ai eu des articles un peu partout, les journalistes se demandaient toujours pourquoi je ne partais pas de Sète, mais bon… J’ai toujours dit que mon plus beau souhait, c’était de jouer en Ligue 2 avec Sète, je l’ai réalisé, bon, je ne l’ai vécu qu’un an, à 36 ans, mais je l’ai vécu.

Le président marquant ?
C’est monsieur Anfosso, c’est devenu un ami.

Le coéquipier marquant à Sète ?
Quand j ai commencé en équipe seniors, c’était Guillermo Sahud, un Argentin; il nous guidait, et il nous donnait des bons ballons !

Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling dans le jeu ?
J’ai eu du feeling avec beaucoup de joueurs, donc c’est dur d’en sortir un, allez, peut-être le fils du coach Claude Calabuig, Olivier Calabuig, qui jouait milieu défensif, on faisait chambre ensemble, on était assez fusionnel.

Le club où vous auriez rêvé de jouer, dans vos rêves les plus fous ?
Marseille.

Un stade et un club mythique ?
L’OM et le stade Vélodrome.

Un public marquant ?
Marseille, en 1998, on a perdu contre eux en coupe de France, c’était à Montpellier, y’avait beaucoup de Marseillais, j’entendais des « Allez l’OM », il fallait que je me pince pour savoir si j’étais dans les tribunes ou sur le terrain. On a joué aussi dans des grosses ambiances, même en National, je me souviens qu’à Valenciennes, le stade était plein.

Le joueur adverse qui vous a le plus impressionné ?
Steve Savidan, avec Valenciennes, m’avait impressionné. Et aussi, en Ligue 2, on avait joué à Lorient, il y a avait Karim Ziani, qui était parti à Marseille après.

L’équipe qui vous a le plus impressionné ?
J’ai joué des Marseille, Lille, Caen, Auxerre, Saint-Etienne aussi en coupe de la Ligue avec Sablé et Gomis, j’ai vraiment affronté de belles équipes.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
Robert Buigues. Quand il a fait les 3 derniers mois en Ligue 2, il a remis de l’ordre. Bon, ça a clashé un peu avec le président Anfosso, mais c’est avec lui que l’on a pris le plus de points.

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
Non, sans plus, avec moi, cela s’est toujours plus ou moins bien passé, mais pas au point de ne plus le voir.

Une causerie de coach marquante ?
Celles de Claude Calabuig, c’était Pagnol ! Parfois on se cachait tellement on rigolait ! Parce que lui, même quand on affrontait les derniers, il nous présentait l’équipe comme s’ils étaient très forts, attention à lui, attention aussi à lui… Lui je lui mettrais 6 étoiles, lui je lui mettrais 7 etoiles !

Une anecdote de vestiaire que vous n’avez jamais racontée ?
Entre le président Anfosso et le coach Christian Sarramagna, cela avait été chaud, il était rentré dans les vestiaires, très en colère, il avait mis un coup de pied dans le paper board… Sarramagna était compliqué, un peu loin de l’équipe, il laissait beaucoup de liberté à son adjoint, Gilles Beaumian.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
François Bellugou (Auxerre, Troyes, Lorient, Nancy, Guingamp), Warren Caddy (Paris FC), ah, et aussi Andy Delort !

Des manies ?
Les mêmes sous-chaussettes, j’ai toujours joué avec les Kopa mondial, les protèges tibias…

Un dicton ?
Tout donner.

Un modèle de joueur ?
Eric Cantona.

Une idole de jeunesse ?
Eric Cantona.

Le meilleur match de votre carrière ?
Une année, en National, on gagne 4 à 3 à Sète contre le FC Rouen, je mets un triplé. Et aussi, un autre match, contre la réserve de l’OM, à Marseille, je mets un triplé aussi, en Division III cette fois.

Votre plus grande fierté ?
D’avoir été fidèle au FC Sète. Quand je dis que je joue pour le maillot, je pense que je suis bien placé pour le dire.

Combien de saisons au FC Sète ?
Mon premier match en équipe première, c’était en 1989, et j’ai fini en 2015, donc ça fait 26 ans. En fait, 25 ans, car une saison, je suis parti à Frontignan (en 1999-2000, en CFA2) ! Après, au total, j’ai arrêté de jouer à 45 ans, donc ça fait 38 ans de club je pense.

Votre infidélité d’une saison à Frontignan…
En fait, ce qu’il s’est passé, c’est qu’à l’issue de la saison 1998-1999, les dirigeants voulaient baisser nos indemnités. Moi, je sortais d’une belle saison, et je n’ai pas accepté. Je leur ai dit que s’ils faisaient cela, je partirais, et c’est ce que j’ai fait. Mais au bout de quelques mois, la saison suivante, dès février/mars, ils ont tout fait pour que je revienne.

Avant-centre ou défenseur, quel poste préférez-vous le plus ?
Avant-centre, ou en soutien de l’attaquant. Après, j’ai bien aimé jouer défenseur central. Même en Ligue 2, je jouais un match devant, un match derrière !

Plat préféré, boisson préférée ?
La Macaronade, une spécialité de Sète, et un Perrier.

Dernier match regardé à la TV ?
La finale de la Ligue des champions.

Dernier match auquel vous avez assisté comme spectateur ?
Alors, pas à Sète… Je n’ai pas assisté à un seul match de National 2 cette saison, et la saison précédente, encore moins quand il y avait le président Gambetti et le manager général Biton, puisque c’est lui qui m’a mis dehors… Après, je vais voir jouer des collègues, mais c’est au niveau régional.

Le milieu du foot, en deux mots ?
De plus en plus pourri… Les mentalités ont changé. Je vais parler comme un « vieux », mais tout le monde joue pour l’argent, il n’y a plus cet esprit de cohésion qu’il y avait avant. Les joueurs sont moins soudés. Dès que ça ne tourne pas pour un joueur, il vous dit « De toute façon, la saison prochaine je ne serai plus là »… C’est compliqué. C’est pour ça que je pense que, dans une équipe, il faut cinq ou six joueurs au moins du cru. C’est ce qui nous a manqué en Ligue 2. On était monté avec des locaux, sept ou huit, et puis on s’est retrouvé avec beaucoup de recrues, des prêts, et une trentaine de joueurs à l’entraînement, et ça nous a desservis. Et quand Robert Buigues est arrivé, il a écarté ceux qui avaient lâché, il a restreint le groupe, et c’est là qu’on a pris le plus de points. On était peut-être moins bons techniquement mais on donnait tout.

Le FC Sète 34 ?
Un club instable. On veut brûler un peu trop vite les étapes. Je pense que, quand on n’a pas de grosses entreprises autour de nous, quand on n’a pas de repreneurs ou de gens riches qui vous feraient tenir en National ou en Ligue 2, alors il faut peut-être savoir rester en National 2. A chaque fois qu’on a retrouvé un bon niveau, on s’est planté. On s’enflamme un peu. Je comprends aussi les présidents, qui jouent la montée, mais il ne faut pas « péter plus haut que son cul ». Le dépôt de bilan en 2009 aurait dû nous servir de leçon…

La ville de Sète ?
Un petit niz douillet ! C’est très agréable, et les séries TV nous amènent beaucoup de monde, on voit de plus en plus de touristes ou de gens qui habitent aux alentours, qui viennent, on le voit aux prix de l’immobilier aussi, qui grimpent.

(1) Mathieu Chabert est aujourd’hui l’entraîneur de l’USL Dunkerque en Ligue 2 BKT.

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Boyeranthony06 et @13heuresfoot

Photos : Radio One (avec FC Sète 34)

Malgré la 11e place de son club, l’Olympique Saint-Quentinois, en National 2, et une situation personnelle compliquée, l’attaquant natif de Lyon (26 ans) n’a pas lâché et a tiré son épingle du jeu avec 19 buts, donc 16 en championnat. De quoi lui ouvrir de nouvelles perspectives.

La saison qui vient de s’achever n’a pas été un long fleuve tranquille pour Hugo Chambon. Parti à la découverte des Hauts-de-France en signant l’été dernier à l’Olympique Saint-Quentin, pensionnaire du groupe B de National 2, Hugo a connu une saison riche et mouvementée.

Pour cet attaquant au physique imposant, d’1m87, l’acclimatation a été très délicate. Mais avant d’arriver en territoire axonais, le lyonnais de naissance, malgré son jeune âge (26 ans), a connu une carrière atypique au travers d’une expérience « unique et très enrichissante » selon ses propres mots, au Canada.

Après avoir évolué en jeunes successivement à l’AS Saint-Priest puis à l’Etoile FC Fréjus/Saint-Raphaël, un contact a mis le Canada sur sa route, à l’été 2016, à l’orée de ses 20 ans.

L’expérience canadienne

Après un essai concluant, Hugo reprend alors ses études pour évoluer en foot universitaire canadien, aux Carabins, à Montréal, et évolue en Première ligue de soccer du Québec. Une première année couronnée de succès :  On a gagné le championnat dès la première saison, ce qui nous a donné le droit de participer à la Canada championship ».

Parallèlement à ces performances sportives, Hugo a pu obtenir un diplôme en communication à l’université de Montréal.

Le buteur français ne retient que du positif de cette aventure sur le continent américain.

« Une très belle expérience, j’ai rencontré des personnes avec qui je suis resté très proche, j’ai découvert une autre culture, un autre football, cela m’a permis de grandir dans tous les domaines. » Côté « approche football », il s’est dit « étonné du niveau canadien. Physiquement, le style de jeu est plus direct qu’en France ».

Mais c’est davantage au niveau de l’environnement que le buteur a été bluffé avec « des infrastructures dignes des clubs professionnels, un staff médical à disposition, des vestiaires confortables. Tout est fait pour mettre le sportif dans les meilleures conditions ». Un environnement qui ne laisse que des bons souvenirs à l’attaquant de son expérience à l’étranger.

Le buteur est revenu dans l’hexagone début 2020, juste avant la Covid, aux Lusitanos Saint-Maur. Une expérience en National 2 écourtée par les circonstances sanitaires et qui n’a pas permis de lui laisser le temps de découvrir ce championnat.

Ce ne sera finalement que partie remise pour celui qui réalisera une saison pleine en 2021-2022 avec Grandvillars, en N3 (15 buts et 7 passes décisives). Le temps était donc venu de redécouvrir le niveau de National 2 avec l’Olympique Saint-Quentinois. Après une adaptation très difficile, l’attaquant explose tous les compteurs au retour de la trêve hivernale, et devient une véritable machine à marquer. Ses statistiques sont impressionnantes, avec 19 buts inscrits (16 en championnat en 27 matchs, c’est à dire presque la moitié des buts de son équipe, et 3 en coupe de France en 3 matchs) et un seul pénalty.

« Des joueurs ont demandé ma présence… »

Hugo, vous avez commencé la saison en tant que titulaire puis on ne vous a plus vu sur la feuille de match en fin d’année civile, comment avez-vous vécu cette période ?
En fait j’ai eu une petite gêne musculaire en octobre. J’ai dû passer des examens, le temps de la cicatrisation. Quand je reviens (le 22 octobre 2022), je marque le but vainqueur contre Colmar (1-0, après être entré en jeu à quelques minutes de la fin !), ensuite je suis à nouveau sur le banc à Wasquehal. Nous sommes menés 3-0 quand je rentre. Je parviens à marquer un but et suis à quelques millimètres d’égaliser de la tête au bout du temps additionnel. Je suis encore remplaçant la semaine suivante à Fleury. Je ne redeviens titulaire en championnat que contre Besançon (défaite 1-0 à domicile).

Le coach me fait ensuite comprendre qu’il ne compte plus sur moi. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est d’être écarté du groupe lors du 32e de finale à Belfort en coupe de France (8 janvier 2023). J’ai vraiment compris qu’il ne comptait pas sur moi.

On vous imagine très affecté mentalement : de quelle manière parvenez-vous à retourner le cours de l’histoire en votre faveur sur la phase retour ?
J’avoue que j’ai reçu des offres similaires financièrement à l’OSQ… Pendant mon absence, les résultats du club ne sont pas bons. Le 30 janvier, le coach m’appelle pour me dire que des joueurs ont demandé ma présence. Le dernier jour du mercato, j’appelle le coach pour l’informer que j’ai une offre : c’est le dernier jour où je peux partir et l’entraîneur me répond « tu restes, je compte sur toi ». Le match suivant, contre Bobigny, je marque, et là, je vais devenir titulaire indiscutable pour le reste de la saison.

Côté mental, c’est une épreuve difficile que tu as eu à vivre pour un sportif, qui plus est pour un buteur dont on sait combien l’aspect psychologique est primordial…
Pour moi, mentalement, c’est très fort ce que j’ai fait… Je n’ai rien lâché en inscrivant 12 buts sur la deuxième partie de saison. Cette saison, qui a été très difficile, m’a fait grandir et passer un cap. Je n’en veux pas forcément au coach, ils savent qu’ils ont eu tort, ça s’est passé comme ça. Sincèrement, j’ai vécu ça comme un manque de respect à l’époque mais maintenant, c’est de l’histoire ancienne, et j’ai grandi.

« Aller plus haut »

Hugo Chambon a donc vécu une saison riche en émotions au sein du club des Hauts-de-France. Le buteur ne veut en conserver que des souvenirs positifs en dépit des événements et de l’issue sportive (rétrogradation en N3), même si, à l’heure où l’on écrivait ces lignes, l’OSQ peut encore miser sur un éventuel repêchage).

Collectivement, le meilleur buteur « se dit satisfait des performances du groupe. On avait peu de moyens par rapport à d’autres clubs, on avait fait avec nos armes et le maintien ne s’est joué qu’à des détails infimes ».

Avec des performances aussi remarquables et remarquées, le choix du futur club se pose donc logiquement. Posé et tranquille, Hugo Chambon affirme ses ambitions : « Aller plus haut pour pouvoir démontrer ce que je sais faire, dans un club ambitieux avec un projet ambitieux ». Il ne s’interdit pas non plus une seconde expérience à l’étranger. L’attaquant souhaite encore et toujours travailler plus particulièrement dans certains domaines comme « le jeu dos au but et mon jeu de tête où je ne suis pas assez performant ».

« On ne refait pas l’histoire »

Pour celui qui a fait preuve d’une efficacité à toute épreuve durant la deuxième partie de saison, un match lui reste en tête et qui est peut être le tournant dans la course au maintien : la défaite à domicile contre Wasquehal sur le score de 2 à 1.

« Dans cette rencontre, j’ai deux occasions franches dans les cinq premières minutes mais je ne les convertis pas, peut-être étonné d’avoir des occasions aussi franches en début de match. C’est un des matches les plus frustrants de la saison avec la défaite à Besançon alors que nous menions 2 à 1 à la 72e minute. On ne refait pas l’histoire mais c’est dommage. Il y avait moyen de se maintenir mais malheureusement, avec 38 points cette saison, c’était insuffisant pour rester en National 2 ».

En joueur de surface, Hugo Chambon a su démontrer toute l’étendue de son talent en N2, la suite de sa carrière l’amènera sans aucun doute à découvrir d’autres aventures (il a des touches en National et en Ligue 2), toujours avec le même mental, à toute épreuve !

Hugo Chambon, du tac au Tac

Meilleur souvenir sportif à ce jour ?
Au Canada, le championnat universitaire 2019 à Montréal que nous avons disputé à domicile.

Pire souvenir sportif ?
Ne pas avoir été retenu dans le groupe pour disputer le 32e de finale de coupe de France à Belfort, le 8 janvier 2023 (défaite 3 à 1 de l’OSQ)

Plus beau but marqué ?
Contre Belfort en championnat cette saison, le 18 février, une reprise du volée du pied gauche. Après j’ai déjà mis des retournées acrobatiques mais j’étais plus jeune.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
Tout simplement parce que depuis tout petit, j’aime ce sport.

Ta plus belle boulette ?
A 13 ans, je me souviens d’un match où sur un ballon dans notre surface de réparation, je ne sais pas pourquoi mais j’ai eu le réflexe de claquer le ballon de la main façon volleyeur. Un geste incompréhensible.

Un geste technique préféré ?
Le double contact.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Qualité, je dirais instinctif. Pour le défaut, je m’énerve tout seul, je me frustre tout seul.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Au Canada à Montréal.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Je n’en ai pas.

Le club où tu as failli signer (il y a prescription) ? Tabor Sezana (D1 Slovène)

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
Naples.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Liverpool, Anfield Road

Un public qui t’a marqué ?
Au Canada lors du quart-de-finale de coupe en 2019, il y avait énormément de monde pour jouer contre York.

Un coéquipier marquant ?
Aboubacar Sissoko, joueur professionnel au Canada, un super joueur et un homme super.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling dans le jeu ?
Ianis Abida au Canada.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ? Allan Saint-Maximim ; j’ai joué contre lui à l’époque où j’étais à Fréjus Saint-Raphaël.

L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
Bobigny cette saison au match aller, où nous avions perdu 4 à 1.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Omar Krein (Canada).

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ? David de Oliveira (côtoyé en jeunes à Fréjus Saint-Raphaël).

Une causerie de coach marquante ?
Une causerie en grec exclusivement, d’un coach au Canada, avec le traducteur à côté, ça m’avait marqué.

Une causerie de coach que tu n’as jamais comprise ?
C’était aussi au Canada, une causerie de Pat Raimondo.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Quand j’avais 13 ans, je suis parti à un match en oubliant mes chaussures. J’ai dû acheter des chaussures neuves en route pour pouvoir disputer la rencontre.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ? Abdelaziz Barrada, que j’ai côtoyé aux Lusitanos Saint-Maur.

Des rituels, des tocs ?
Je mets de la mousse sur mes protèges tibias pour les faire tenir et du Vaporub avant chaque match.

Une devise ?
Ne rien lâcher, tout vient à point à qui sait attendre.

Un match de légende ? OL- OM (5-5), le 8 novembre 2009.

Un modèle de joueur ? Fernando Torres.

Ta plus grande fierté ?
Les titres gagnés au Canada.

Un plat, une boisson ?
Pizza, Ice tea.

Loisirs ?
Le basket, le tennis, j’aime le sport en général, les voyages et être avec mes proches.

Acteurs, actrice ?
Will Smith.

Un film culte ?
La cité de Dieu.

Le dernier match que tu as regardé à la TV ? France-Grèce le 19 juin (la veille de l’entrevue)

Le dernier match auquel tu as assisté en spectateur (en dehors de ton club) ?
Je suis allé voir jouer mon ancien club, Grandvillars, en championnat. Après notre déplacement à Belfort en février, j’étais resté sur place pour aller rendre visite le lendemain à mon ancien club.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Compliqué et hypocrite.

Carrière joueur :
Son CV. Hugo Chambon, né le 10 août 1996 à Lyon. Attaquant.
AS Saint-Priest (2008-2011) : Fréjus Saint-Raphaël (2012-2015) : Amnéville (2015-2016) : Montréal/AS Blainville (foot universitaire/semi professionne) (2016-2020) : Lusitanos Saint-Maur (2020-2021) : Grandvillars (2021-2022) : Olympique Saint-Quentin (2022-2023).

 

Texte : Marc-Antoine Goullieux / Mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : Olympique Saint-Quentinois et L’Aisne Nouvelle

C’est l’un des transferts surprises de ce début de mercato en National. Elément clé de la montée de Concarneau en Ligue 2, l’attaquant a décidé de quitter le club promu et choisi de signer un contrat de 2 ans au Mans. Une décision forte, révélatrice de l’état d’esprit du joueur formé à l’Olympique de Marseille, au parcours atypique.

Antoine Rabillard portera les couleurs du Mans FC la saison prochaine en National. Photo Le Mans FC.

La Ligue 1 avec l’OM, son club de cœur, trois montées, les stages des chômeurs de l’UNFP, les blessures, la 2e division hollandaise… La carrière d’Antoine Rabillard n’a jamais été linéaire. Mais le natif de Rodez (Aveyron), qui a grandi à Montpellier, ne « s’est jamais enflammé dans les moments fastes et n’a jamais abandonné dans les moments difficiles », comme il nous l’explique.

Ces derniers jours, sa carrière a dû prendre un nouveau virage. Buteur décisif lors des dernières minutes face à Bourg-en-Bresse (3-2) et Orléans (2-1) lors des deux dernières journées de National, deux buts qui ont propulsé Concarneau en Ligue 2, l’attaquant de 27 ans était cantonné au banc des remplaçants depuis deux mois.

Si les dirigeants de Concarneau lui ont proposé une prolongation d’un an, il a choisi de ne pas l’accepter et de rester en National en signant au Mans. « Je suis resté fidèle à mes principes, je suis serein », explique-t-il.
Pour 13Heures Foot, il est revenu longuement sur son parcours pas vraiment linéaire.

« Concarneau, les deux plus belles saisons de ma carrière humainement et sportivement »

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Son actualité, c’est bien sûr l’annonce de son départ de Concarneau puis sa signature au Mans, ce jeudi 22 juin. Après avoir réalisé la meilleure saison de sa carrière (12 buts, 7 passes décisives), l’attaquant de 27 ans n’accompagnera pas le promu breton en L2. Il va rester en National avec Le Mans.

« Je sais que certains ne comprendront peut-être pas mon choix, reconnaît-il. Mais je préfère jouer, même à un niveau inférieur, que de rester sur le banc juste pour dire, « j’ai retrouvé la L2 ». Concarneau ne me proposait qu’un an de contrat et on n’est pas tombé d’accord sur les conditions. J’ai compris que je devais trouver un nouveau projet. J’ai eu plusieurs contacts en National (dont Dijon et Red Star selon nos informations) mais c’est le projet du Mans qui m’a le plus convaincu. On cherchait un endroit où on serait bien avec ma femme. »

Même s’il s’est montré décisif avec ses buts capitaux contre Bourg-en-Bresse (3-2 à la 94e) et celui de la montée à Orléans (2-1 à la 86e ) lors des deux dernières journées, Antoine Rabillard a vécu une fin de saison frustrante.

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Il a en effet débuté les sept derniers matchs sur le banc. « J’ai été déçu d’être relégué comme ça sur les deux derniers mois. Je ne suis pas du genre à lâcher et à abandonner. Ce n’est pas dans mon tempérament. J’ai toujours voulu montrer que j’avais ma place. Mais forcément, cette fin de saison a pesé dans mon choix de partir. Il y a deux attaquants sous contrat (El Khoumisti, Gboho) et le club va recruter. Moi, je n’avais aucune garantie. Et si c’est pour passer un an sur le banc et me faire oublier, autant partir… Jouer a toujours été le plus important pour moi. »

Malgré tout, l’attaquant n’est pas amer. « Forcément, je suis un peu déçu mais je préfère ne garder que le positif. A Concarneau, j’ai certainement vécu les deux plus belles saisons de ma carrière sur les plan humains et sportifs. On avait une super équipe et tout le monde en a profité sur le plan individuel. Entre nous, l’ambiance était extraordinaire. Si on nous avait dit, en début de saison, qu’on terminerait champion de National, on ne l’aurait jamais cru. Personnellement, je suis très content de ma saison. Au niveau des « stats », c’est la meilleure de ma carrière. »

Mais la suite s’écrira donc pour lui au Mans, sous la conduite de Réginald Ray, un ancien goleador de L2. Dans la Sarthe, Antoine Rabillard tentera de décrocher une 4e montée dans sa carrière en mai 2024.

« Mon but avec l’OM contre Lille au Vélodrome, un moment indescriptible ! »

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Avant Concarneau, il était déjà monté en L2 avec Béziers en 2018 puis en Eredivisie (la L1 aux Pays-Bas) avec Go Aheads Eagles en 2021. Il aussi connu l’ivresse de marquer au stade Vélodrome sous le maillot de l’OM et les stages des chômeurs de l’UNFP. Des grands écarts qui ont jalonné le fil de son parcours : « Je viens de loin, j’ai un parcours atypique mais j’en suis fier », lance-t-il.

Tout a commencé pour lui dans un club de quartier de Montpellier, l’AS Saint-Martin Gazelec. « J’y suis resté dix ans. Chaque année, le grand club de Montpellier Hérault voulait que j’y signe. Mais mon père a toujours refusé. Il n’a pas eu tort. Si j’étais parti tôt de chez moi comme tant d’autres, j’aurais peut-être explosé en vol et arrêté le foot. Là, j’ai pu avoir une enfance et une adolescence normales, continuer mes études jusqu’au bac. »

En jeunes, il part néanmoins à Castelnau-le-Crès puis à Béziers. En U17 et U19, il explose les compteurs avec une saison à 46 buts puis une autre à 48 ! Repéré par de nombreux clubs, il passe en 2012 un essai à l’OM, son équipe de cœur. « Je suis supporter de l’OM depuis tout petit, sourit-il. Je touchais mon rêve de gamin. »

Le soir de l’accession en Ligue 2 avec Concarneau (Photo US Concarneau)

Mais l’essai s’avère « non-concluant »… « Du moins, c’est ce que je croyais alors que pourtant, ça s’était bien passé. L’OM m’a dit qu’il continuerait à me superviser. Un an plus tard, j’ai appris que c’était en fait mes parents qui s’étaient opposés à mon départ à un an du bac. Mais je ne leur en veux pas. C’était pour mon bien.»

Son bac en poche alors qu’il a déjà disputé à 17 ans quelques minutes en National 2, il retourne à la Commanderie en septembre 2013. « Je suis resté trois jours et Thomas Fernandez m’a fait signer un contrat de stagiaire pro. C’était fabuleux. »

Sous la tunique de l’OM en 2014 (Photo Philippe Le Brech)

Lors de sa deuxième saison avec la réserve (N3), il se blesse à une cheville. « J’étais en fin de contrat stagiaire. L’OM m’a proposé de rester mais sous statut amateur pour la réserve. »

A l’OM, l’Espagnol Michel a remplacé Marcelo Bielsa sur le banc. Lors des trêves internationales, il a l’habitude de compléter son groupe avec des joueurs de la réserve. « Il y avait beaucoup d’internationaux qui étaient partis. Je suis venu m’entrainer avec la L1 et j’ai pu me faire remarquer. »

Le 10 janvier 2016, il effectue ses grands débuts en L1 en remplaçant Alaixy Romao à la 72e minute face à Guingamp (0-0). Puis il égalise à la 96e minute contre Lille (1-1) le 29 janvier avant de connaitre sa première titularisation en L1 à Montpellier, la ville où il a grandi. « Ce but contre Lille au Vélodrome, c’était un moment indescriptible, dingue… C’est impossible à décrire. Vu par où j’étais passé, marquer au Vélodrome pour le club que je supporte depuis gamin… Je vivais en plein rêve. »

En mars 2016, il signe son premier contrat professionnel. Pourtant, il va vite retomber sur terre. Franck Passi, qui a remplacé Michel, ne l’utilise plus. La saison suivante, il n’effectue que deux petites apparitions (14 minutes) en L1 avec Rudi Garcia. « Il me restait un an de contrat. Il a été honnête avec moi. Il m’a dit que le club allait recruter, que ce serait bouché pour moi. J’ai donc pris la décision de partir. Ce que je voulais, c’était jouer même si pour ça je devais quitter l’OM où j’étais dans un certain confort. »

National, stage UNFP et 2e division hollandaise

Avec l’OM en 2014 (Photo Philippe Le Brech)

Antoine Rabillard n’hésite pas à redescendre en National à l’été 2017. Il retourne dans son ancien club, à l’AS Béziers. « Je venais de là-bas, j’étais près de ma famille. C’était plus rassurant, c’était le choix de la sécurité. En quittant un cadre pro, cela me permettait de me sentir plus à l’aise. »

Il marque 7 buts et Béziers, qui était relégable à la trêve, accède en Ligue 2 en battant Les Herbiers lors de la dernière journée (4-1). « Les Herbiers venaient de jouer la finale de la Coupe de France contre le PSG. On a aussi bénéficié de la victoire surprise de l’Entente Sannois Saint-Gratien à Grenoble pour monter directement. »

Avec l’AS Béziers (Photo Philippe Le Brech)

Mais la saison en L2 est plus compliquée. « J’ai été blessé à un genou, je n’ai pas beaucoup marqué (2 buts), on ne jouait pas dans notre stade et au final, on redescend en National pour un point. »

Lui se retrouve sans contrat. Il rejoint le stage des chômeurs de l’UNFP. « J’ai eu cette possibilité de partir en 2e division des Pays-Bas. L’étranger, ça ne me faisait pas peur. C’était une bonne opportunité pour moi. Ma femme m’a suivi dans cette aventure. »

En deux saisons avec les Go Aheads Eagles de Deventer, une ville de 100 000 habitants à une centaine de kilomètres d’Amsterdam, il a inscrit 18 buts et délivré 9 passes décisives. « La première année a été tronquée par le Covid et lors de la deuxième année, on est monté, encore à la dernière journée ! Niveau foot, c’était une super expérience. La montée en Eredivisie, c’était un grand souvenir aussi. Mais c’est au quotidien que c’était plus compliqué, surtout pour ma femme. Il y avait la barrière de la langue, la météo avec souvent de la pluie… Le club m’avait fait une proposition pour prolonger. Mais avec ma femme, on a décidé de rentrer en France. On avait besoin de retrouver notre pays. »

« Quand on tombe, il faut savoir se relever tout de suite »

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Pourtant, malgré ses belles saisons aux Pays-Bas et son CV, les propositions n’affluent pas. « J’étais parti en 2e division hollandaise, on m’avait un peu oublié. J’étais sorti du circuit. Eddy (Torest, son conseiller) a dû se démener pour me trouver un club. Il s’est battu pendant un mois et demi. Il n’y avait pas beaucoup de portes qui se sont ouvertes. Heureusement, il y a eu l’opportunité de Concarneau. Avec Stéphane Le Mignan, ça a tout de suite accroché. Vincent Viot, avec qui j’avais joué à Béziers, m’a aussi encouragé à venir. »

Si sa première saison s’est interrompue dès février 2022 à cause d’une blessure à une épaule, la deuxième s’est donc terminée en apothéose sur le terrain. Avant sa décision de quitter Concarneau cette semaine. « Tout ça, c’est à l’image de ma carrière où j’ai connu des hauts et des bas. Mais ça fait partie du métier. Le foot, c’est aussi une grosse part de mental. J’en ai vu tellement qui étaient pourris de talents, qui étaient promis à une belle carrière… Mais à un moment, ça a bloqué au niveau mental. Moi, c’est tout le contraire. Mais si on ne m’attendait pas et que je suis toujours là, c’est que je n’ai jamais rien lâché. J’ai connu des moments difficiles mais quand on tombe, il faut savoir se relever tout de suite. Ce que j’ai reçu de mon éducation, c’est qu’il ne fallait jamais abandonner. »

Antoine Rabillard du tac au tac

Avec l’AS Béziers, en 2017, il est monté en Ligue 2 ! (Photo Philippe Le Brech)

Première fois dans un stade comme spectateur ?
J’avais 7 ans. C’était un Montpellier – PSG en 2002. Il y avait Ronaldhino au PSG.

Meilleur souvenir de joueur ?
Mon but contre Bourg-en-Bresse, celui du 3-2, à la 94e minute lors de l’avant-dernière journée. C’était la folie dans le stade. Et juste après, Ezikian tire sur la barre sur un coup-franc ! On est passé par toutes les émotions sur ce match.

Pire souvenir de joueur ?
Ma blessure à l’épaule la saison dernière contre Villefranche (7 février 2022). J’ai voulu esquiver le gardien et en sautant, je mets mon bras pour amortir. J’entends que tout pète. Saison terminée alors qu’on était en tête. J’ai eu 4 mois et demi d’arrêt.

Le geste technique préféré ?
La reprise de volée.

Le soir de la montée en L2 avec l’US Concarneau (Photo US Concarneau)

Qualités et défauts sur un terrain ?
La finition, l’abnégation et l’altruisme. Niveau défauts, je dois progresser dos au jeu et dans la conservation. Je dois aussi moins m’énerver contre les arbitres.

Votre plus beau but ?
Aux Pays-Bas avec Go Aheads. Un retourné acrobatique face au FC Eindhoven.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Kylian Mbappé en jeunes lorsqu’il était à Monaco. Il était surclassé.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Lassana Diarra à l’OM.

L’ entraîneur ou les entraîneurs qui vous ont marqué ?
Michel car il m’a lancé en L1 et donné ma chance à l’OM. Au niveau du football pur, Stéphane Le Mignan à Concarneau.

Avec l’AS Béziers, saison 2017-2018, en National (Photo Philippe Le Brech)

Le président qui vous a marqué ?
Je ne l’ai pas connu car il était parti quand j’y étais. Mais en tant que supporter de l’OM, je dirais Pape Diouf.

Le club où vous avez pris le plus de plaisir ?
Concarneau.

Le club qui vous fait rêver ?
En jouant à l’OM, j’ai déjà atteint un de mes rêves. Mais le rêve ultime, l’inaccessible, serait le Real Madrid.

Vos joueurs préférés ou modèles ?
Ronaldo et Benzema.

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Un stade mythique ?
Le Vélodrome, bien sûr.

Vos amis dans le foot ?
Florian Escales, le gardien d’Annecy. On a été formés ensemble à l’OM et on est toujours resté en contacts.

Dès qu’on peut, on se retrouve. Ces deux dernières années, j’ai aussi trouvé des vrais amis à Concarneau. Je sais qu’on restera en contact.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Rémy Cabella.

Avec l’US Concarneau la saison passée (Photo Philippe Le Brech)

Vos occupations en dehors du foot ?
Les jeux vidéo. Je suis aussi très animaux, j’ai un chien et un chat.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Je me suis arrêté après le bac donc très bonne question… Peut-être agent immobilier comme mon grand-frère… C’est une piste à développer pour plus tard.

Le milieu du foot en deux mots ?
Je suis passionné de foot et de jeu. Mais par rapport à ce qu’il y a autour, ce n’est pas un milieu qui m’attire. Il y a beaucoup trop de requins. Il ne faut rien attendre de personne. Le plus important, c’est d’être bien entouré. Sinon, on peut vite péter un câble.

Le sud de la France, la Hollande ou la Bretagne ?
Quand on vient du sud comme moi, on ne peut pas hésiter (rires)… La Hollande, c’est joli, mais le climat, ce n’est pas ça. Après, j’ai pu découvrir la Bretagne pendant ces deux ans à Concarneau. C’est une belle région, très sympa.

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech (et aussi Le Mans FC et US Concarneau)

Cinq équipes et 80 joueurs ont participé à la « FAB Cup » à Pontivy, tournoi organisé par le journal Le Télégramme, qui réunit les meilleurs joueurs des équipes type de Régional 1 à Régional 3, mises en avant tout au long de la saison après chaque journée de championnat.

La joie des joueurs de Finistère sud suite à leur victoire au tir but face à Côtes d’Armor. Photo Nicolas Créac’h

Qui n’a jamais fantasmé un match durant lequel les stars d’équipes rivales auraient enfilé le même maillot pour défendre leur territoire et ainsi nous faire rêver ? Comme Cristiano Ronaldo et Lionel Messi à leur époque espagnole par exemple.
Dans la même idée que ce que les fans de golf ont l’occasion d’apercevoir à l’occasion de la Ryder Cup, ceux de la petite balle jaune lors de la Rod Laver Cup ou encore les passionnés de dunks, paniers primés ou autres posters à l’occasion du All Star Game.

Ces rêves de gamins, devenus réalité dans d’autres disciplines, le sont également désormais depuis 2 ans dans le football. Et pas n’importe lequel : le football amateur. Sans toutefois réunir Alexis Sanchez et Kylian Mbappé sous le même maillot, il existe en Bretagne une compétition réunissant les meilleurs footballeurs de la région, du Régional 1 au Régional 3 : la FAB Cup (FAB pour Foot Amateur Bretagne). Lancée la saison dernière par le journal Le Télégramme, la « Foot Amateur Bretagne » Cup a transformé l’essai, à Pontivy, pour sa deuxième édition.

La joie des joueurs de Finistère sud. Photo Nicolas Créac’h

Un événement auxquels ont participé près de 80 joueurs, devant trois caméras permettant la diffusion en direct, et couronnant ainsi le succès du projet global d’un média qui tient sa promesse de traiter le football amateur de même manière que celui des professionnels.

Et quand on dit que l’événement réunit le gratin du foot amateur de la région, c’est à prendre au sens propre. Car le titre de presse quotidienne régionale s’est attelé, comme la saison dernière, à la réalisation d’une équipe type pour chaque journée de championnat allant du Régional 1 au Régional 3, et ce, pour chaque territoire breton représenté : les Côtes-d’Armor, le Morbihan, le Finistère Sud et le Finistère Nord, auxquels l’Île-et-Vilaine se rajoute cette année.

Techniquement, cela se passe ainsi : les correspondants qui couvrent les rencontrent font « remonter » les joueurs les plus en vue à un « référent » en charge du territoire, qui peut ainsi réaliser l’équipe du week-end, et les joueurs les plus représentés dans ces équipes postulent logiquement à une place dans l’équipe type de la saison de leur zone géographique : celle qui représentera son territoire lors de la Fab Cup de fin de saison.

« Une fierté d’être dans l’équipe type du week-end »

La joie des joueurs de Finistère sud. Photo Nicolas Créac’h

Maël Moizant, adjoint au chef du service des sports du Télégramme et pleinement investi dans le projet « Fab Cup », révèle les coulisses de la naissance d’un bébé qui égaie désormais tout le football amateur breton. « En 2018, Le Telegramme était toujours à fond sur le foot amateur. À Brest, on se rendait compte que l’on couvrait entièrement le R1, le R2, et pour le R3, on avait au moins les buteurs. Et c’est en voyant l’équipe type de la journée de Ligue 1 dans l’Equipe que nous vient l’idée de le mettre en place dans le Nord-Finistère pour ces divisions. On l’a fait après la trêve hivernale, on tentait un coup. Et là, ça cartonne sur le web, ça part dans tous les sens. Les joueurs se prennent au jeu des équipes type. On a continué ainsi jusqu’en 2021/22, où on a voulu le faire partout. ».

A l’aube de la deuxième édition de la FAB Cup, les joueurs sont unanimes : chaque lundi soir sur le web ou mardi matin en papier, ils scrutent le Télégramme pour voir s’ils figurent parmi l’équipe type du week-end de leur territoire !
Pierre a figuré à deux reprises parmi les 11 « élus » du Finistère-Sud et évoque les sentiments qui en ont découlé : « C’est vachement agréable de se voir dans le journal. C’est quand même une fierté : t’as fait un bon match le dimanche, t’es dans l’équipe-type du week-end et c’est une récompense du travail fourni », apprécie-t-il, même si ses apparitions vont de pair avec une petite amende dans la caisse de son club.

Et vous l’avez compris, Le Télégramme a souhaité aller encore plus loin que ses traditionnelles « équipes type », en lançant sa Fab Cup. « En avril de la saison dernière, on s’est dit que c’était trop dommage de ne pas savoir qui était le plus souvent apparu dans les différentes équipes. Puis l’idée est venue de mijoter un tournoi avec ces joueurs-là. Mais on n’avait que deux mois pour l’organiser », rembobine Maël Moizant, qui s’est donc lancé avec son équipe dans une course folle pour créer l’événement en quelques semaines.

D’adversaires à coéquipiers puis amis, grâce à la FAB Cup

L’équipe de Nord Finistère. Photo Nicolas Créac’h

Une mission réussie, puisque la première Fab Cup a eu lieu le 18 juin 2022 à Rostrenen (Côtes-d’Armor), et a été couronné de succès. « On n’a eu que d’excellents retours, les joueurs et coachs présents ont adoré, mais aussi le public qui a regardé l’évènement. Il y a eu une très bonne audience, avec du monde qui a suivi autant le direct que les différents replays, détaille-t-il. Et puis sur le terrain, il y avait un vrai bon niveau de football, les matchs ont atteint un niveau Régional 1. »

Celui qui est l’une des nombreuses mains à avoir monté l’évènement puise aussi une satisfaction quand il enfile sa casquette de journaliste du Télégramme : « Ce qui m’avait vraiment frappé sur la première édition, c’est que tu fais venir des joueurs qui ne se connaissent pas vraiment entre eux et qu’au fil des matchs, un lien se crée. Au début de la journée, la sélection des Côtes-d’Armor se saluait juste. Et quand ils ont remporté le tournoi, ils ont fait un cri de guerre comme si c’était une équipe normale. Désormais, quand ils se recroisent, ils en discutent, ils ont un souvenir commun. On a créé du lien social. C’est aussi le rôle d’un média comme le Télégramme de se mettre au service du foot amateur ».

Les amateurs comme les pros : la promesse tenue du Télégramme

L’équipes Côtes d’Armor. Photo Nicolas Créac’h

Ce tournoi des meilleurs joueurs de la région est en fait la cerise sur le gâteau de l’implication du média dans le foot amateur. A l’image de la création du site internet qui lui est 100% dédié, Foot Amateur Bretagne, qui a donné son nom à la fameuse compétition. Ce site a une promesse : « Toute l’actu, comme les pros ». Et il la tient parfaitement.
Outre les articles et différentes équipes-types, Le Télégramme est pleinement investi sur le mercato amateur et liste, club par club, les départs et arrivées, avec photo du joueur, poste, et âge. Comme pour les pros ! Et l’événement qui couronne cet attachement au « foot d’en bas » est bien entendu cette Fab Cup.

Et pour l’organisation, Maël Moizant tient à préciser que cela dépasse largement le cadre de la rédaction sportive. « C’est un véritable projet d’entreprise. Ça coute un peu d’argent donc ce n’est pas réalisable si la direction ne s’y implique pas. Il y a les équipements fournis, la captation télé, trois caméras, sur un format quasi professionnel. Oui, le Groupe Télégramme s’investit à fond, ce qui implique les services marketing, numérique, communication et promotion. Mais ce n’est pas tout, l’année dernière, le FC Rostrenen co-organisait l’événement et on a pu jouer sur leur terrain. Cette saison, c’est le Stade Pontivyen qui met à disposition ses bénévoles, sa buvette et son terrain. C’est un beau stade (le club local évolue en National 3 après avoir longtemps évolué en N2), un peu à l’anglaise… Sans ces partenaires-clubs, c’est également impossible ».

Ballons et maillots fournis par Décathlon

Et comme il le rappelle, « l’année dernière c’était une Fab Cup O, une édition témoin. Cette année, on a eu plus de temps pour la préparer donc on veut passer un cap, assure-t-il. On s’est notamment rapproché de partenaires. Décathlon, par exemple, qui fournit les ballons de la Ligue 1 pour la journée ou encore les équipements. Ils sont plusieurs à nous suivre et cela valorise l’évènement. »

Une Fab Cup qui est déjà plébiscitée par les joueurs : Sur les 80 acteurs (15 joueurs par sélection plus un entraîneur) réquisitionnés, certains étaient indisponibles mais personne n’a refusé en n’étant pas intéressé par la journée. Et les présents ? Eux se sont régalés. Avec l’aspect plaisir qu’avance Maël Moizant : « Nous on ne rémunère personne, c’est simplement bon esprit. C’est un tournoi de fin de saison pour ceux qui ont brillé afin de clore l’année avec les meilleurs joueurs du territoire ».

« Tu représentes ton territoire, autant le faire à 200% »

Photo Nicolas Créac’h

Cela, sans oublier l’aspect de compétition, comme le rappelle le Sud-Finistérien Pierre : « On rencontre les meilleurs joueurs des autres départements et quand tu es compétiteur, que tu aimes jouer à bon niveau, c’est sympa de les affronter. Et puis tu représentes ton territoire, autant bien le faire, à 200% ».

Cet état d’esprit est peut-être ce qui a fait la différence à Pontivy. Pierre et ses coéquipiers du « 29 Sud » l’ont emporté après quatre premiers matchs de championnat et une finale disputée face aux Costarmoricains. Et il n’y avait qu’à voir les moments de célébrations pour se rendre compte que tout le monde a réussi sa journée : joueurs et organisateurs, qui reviendront forcément l’année prochaine, et pourquoi pas avec des nouveautés qui donneront encore plus d’éclat à l’évènement.

Lire aussi :

https://footamateur.letelegramme.fr/6374694/fab-cup-2023-sud-finistere-une-equipe-est-nee/

Texte : Alexandre Le Bris / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @lebrisfutalex

Photos : Nicolas Créac’h / Le Télégramme

 

L’ancien international U16 et champion de France U19 avec le PSG a soigné ses statistiques cette saison (17 buts) et contribué à l’accession en National du club vosgien. Un nouveau départ ?

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Ce n’est pas faire injure à Epinal que de dire que, en National 2, l’on attendait plutôt Fleury cette saison, ou même le FC 93 (Bobigny – Bagnolet – Gagny) pour l’unique accessit en National.

Seulement voilà, les deux équipes franciliennes ont craqué dans le sprint final. Bobigny, leader à la 24e journée, a perdu 5 de ses 6 derniers matchs dont 2 face à ses concurrents directs, tandis que Fleury, encore leader à trois journées de la fin, s’est incliné au pire moment, à Créteil (2-0, J28), laissant les Vosgiens s’emparer de la première place pour ne plus la quitter.

Voilà ce qui s’appelle coiffer tout le monde sur le poteau !

Et voilà ce qui s’appelle rater le coche pour le Fleury, déjà 2e en 2022, devancé d’un petit point seulement par Paris 13 Atlético, et encore 2e cette année, devancé cette fois au… goal-average particulier par le SAS Epinal. Dur.

Epinal repêché deux fois !

Pour Epinal, c’est un retour en National, six ans après sa descente. Un retour qui ne sera pas simple, surtout quand on sait que lors de ses trois précédentes campagnes dans l’antichambre de la Ligue 2, le club de la préfecture des Vosges a terminé… 18e et bon dernier (2014), 17e (avant-dernier 2015) puis 15e. Et est donc descendu… trois fois de suite ! Sauf que le Stade Athlétique Spinalien a été repêché deux fois, en 2015 et en 2016 ! Ne cherchez pas, c’est unique dans les annales. Et cela ne se reproduira plus, les règlements ayant évolué depuis.

Si Epinal retrouve le National, il le doit bien sûr à son effectif et à son staff, emmené par un ancien de la maison, le coach Fabien Tissot. L’ancien attaquant du temps de la Division 2 (9 buts lors de la saison 1995-1996) était revenu s’asseoir sur le banc du stade de la Colombière en 2022, lui qui avait déjà coaché les Boutons d’or de 2009 à 2015, en CFA et aussi en National (deux accessions à son actif en 2011 et 2014). Avec la cuvée 2022-2023, voilà qui fait trois accessions ! Ne cherchez pas, là encore, le spécialiste, c’est Fabien Tissot !

« Je suis un électron libre sur le terrain »

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Bon, si Epinal retrouve le National, il le doit aussi à un garçon pétri de talent et de qualités, mais qui, ces dernières saisons, n’avait pas encore exploité tout son potentiel. Et ce garçon, c’est Bryan Labissière, ancien international U16 (6 sélections).

Depuis qu’il est à Epinal, le Parisien de 26 ans est transformé. Epanoui. Mature. Cela ne s’est pas vu immédiatement, mais depuis qu’il a changé de poste, délaissant le milieu de terrain et le côté pour se porter aux avants postes, ou tout au moins dans un rôle d’électron libre, une sorte de deuxième attaquant, il empile les buts : 17 cette saison, en 25 titularisations, et tous inscrits dans le jeu (aucun penalty). Des statistiques qui forcent le respect. Et comme il est un joueur altruiste, il a aussi délivré 6 passes décisives.

C’est simple, cette saison, la paire qu’il forme avec l’ancien joueur de Nancy, Karim Coulibaly, c’est 24 buts à eux deux ! Et si l’on y ajoute les 6 buts d’Ismaël Camara, ça donne une triplette à 30 buts ! « Cette année, le coach m’a laissé jouer mon jeu, m’a laissé libre de dribbler, de percuter, et ça s’est bien passé, j’ai pris du plaisir. J’ai été efficace, raconte sobrement l’ancien joueur du Paris-Saint-Germain, où il a effectué toutes ses classes au centre (2010 à 2018). »

« Sur le côté, j’étais timoré »

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Pourtant, la partie n’était pas gagnée d’avance. Surtout que Bryan n’est pas un attaquant de formation.

« Mon poste de prédilection, c’est 8 ou 10 ! Là, à Epinal, je suis plutôt 2e attaquant. Je suis libre de décrocher, de prendre la profondeur, de jouer entre les lignes, comme un 9 et demi plutôt. Je suis un électron libre dans l’équipe. J’avais déjà commencé à jouer comme ça l’an passé. Mais cette année, on a changé de système : parfois je joue 9 et demi, parfois je joue 10 avec deux pointes, en 3-5-2. Franchement, je le répète, j’ai pris plus de plaisir à ce poste, car je suis plus axe au jeu, alors que sur le côté, j’étais plus timoré, parce que certains coachs me demandaient de prendre la profondeur ou d’aller en un contre un ou de centrer ou de ressortir… alors que moi, j’aime bien « rentrer » dans l’axe. C’est vrai que cette saison, j’ai des bonnes « stats », mais je suis encore plus satisfait du contenu de mes matchs. Il faut dire aussi qu’on était porté vers l’attaque. « 

Cela se voit : cette saison, Epinal, c’est 55 buts inscrits, 4e meilleure attaque de N2 derrière le Racing (66 buts), Bobigny (59) et Rouen (58). Epinal, c’est aussi des milieux qui marquent, à l’image de Doumbia (4), M’Madi (4) et Viallon (3).

« Le téléphone sonne beaucoup… »

La partie n’était pas gagnée non plus pour le Stade Athlétique Spinalien, qui fut un temps décrochée au classement : « Si on a douté ? C’est à dire que, à un moment, cet hiver, on s’est retrouvé loin des premiers, à 11 points je crois, car on avait des matchs en retard à disputer. Et ces matchs-là, on les tous a gagnés. Ce qui nous a permis de recoller au peloton. Et on a fait une série de qui nous a donnés la force. Et puis, ce qu’il s’est passé aussi, c’est que comme tout le monde pouvait descendre à cause des 5 ou 6 relégations, on ne pouvait pas prendre les matchs à la légère. »

Forcément, après une telle saison, les sollicitations affluent. « Le téléphone sonne beaucoup, c’est très bien ! » L’ancien champion de France U19 (avec PSG) n’en dira pas plus. Pas le genre de joueur à fanfaronner. Et puis, Bryan sait d’où il vient : « Quand j’ai quitté PSG, quand j’ai refusé leur contrat pro, je n’ai pas fait les bons choix… Mais je ne veux plus trop parler de cette période. Aujourd’hui, j’ai grandi, j’ai pris en maturité, je vais être papa, y’a beaucoup de choses qui ont changé » raconte celui qui avait commencé le ballon à Romainville en Seine-Saint-Denis à l’âge de 6 ans avant de rejoindre le club voisin, Les Lilas, deux ans plus tard. « Je reviens de loin. C’est vrai. Vivre une montée, c’est exceptionnel, surtout quand tu as été acteur. »

  • Son CV

– Bryan Labissière, né le 11 février 1997, à Paris. Milieu/attaquant. International U16.

Parcours : Romainville (2003-2005) ; Les Lilas (2005-2010) ; Paris Saint-Germain (2010-2018) ; Romorantin (N2, 2018) ; Saint-Malo (N, 2018-2019) ; Guingamp B (N2, 2019-2020) ; Le Puy (N2, 2020-2021) ; Epinal (N2, depuis juillet 2021).

Palmarès : champion de France U19 en 2016 avec PSG et finaliste de la Youth League.
1 sélection internationale (29 mai 2018) avec Haïti : défaite 4 à 0 contre l’Argentine au stade de La Bombonera (Messi 3 nuts, Aguero 1 but).

Bryan Labissiere, du tac au tac

« Je pense collectif ! »

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Meilleur souvenir sportif ?
J’hésite entre deux… Mais je vais dire les deux : la Youth League avec le Paris Saint-Germain (en 2016), même si on a perdu en finale contre Chelsea, et cette saison, avec Epinal, avec la montée au bout. C’est un délire la montée !

Pire souvenir sportif ?
C’est de ne pas avoir accepté le contrat pro que me proposais Paris SG.

Plus beau but ?
J’en ai mis des pas mal quand même !! Mais je n’en ai pas un qui me vient comme ça, en tête !

Ton but le plus important ?
Même si ce n’est pas le plus beau, c’est celui que j’ai marqué lors de la dernière journée, cette saison, contre Saint-Maur Lusitanos (1-1), car c’est celui qui nous permet de monter en National avec Epinal.

Plus beau loupé ?
J’étais en dehors de la surface, le gardien fait une passe latérale à son défenseur, j’anticipe parce que je sais qu’il va jouer comme ça, je récupère le ballon et là, je suis en angle fermé, côté gauche, y’a plus de gardien, y’a plus personne, mais mon enroulé passe juste au-dessus et sort en 6 mètres. Je crois que c’était contre Schiltigheim la saison passée.

Avec le PSG. Photo FFF

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est ma passion, c’est ce que j’aime le plus. Ma mère m’a inscrit à Romainville, je jouais avec des plus grands que moi. J’ai toujours joué contre des plus grands que moi !

Ta première fois dans un grand stade ?
C’était au Vélodrome, à Marseille. Je faisais la coupe Nationale avec l’équipe d’Ile de France, c’est une compétition qui réunissait les meilleurs jeunes, et c’était à Marseille. On avait été invité au Vélodrome du coup.

Ton geste technique préféré ?
La prise de balle.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Un seul, à Guingamp, comme par hasard, c’était lors du dernier match avant la Covid, en réserve, et cela m’a valu six matchs de suspension la saison suivante; c’est pour ça que quand je suis arrivé au Puy, je n’ai pas pu jouer tout de suite.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ? Franchement ? Je n’en sais rien.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ? Je suis quelqu’un de technique et d’intelligent sur le terrain je pense, je vais vite, j’ai les deux pieds. Mes défauts ? Le jeu de tête; mais pas la tête, non, pas le mental ! Car je reviens de loin. Et aussi j’arrive pas à « switcher » quand il y a une situation injuste, et c’est le pire, car je ne supporte pas l’injustice, et je vais ronchonner pendant un moment par rapport à ça. Je sais que ce n’est pas bien mais je suis comme ça.

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Tu n’as pas un côté nonchalant, aussi ?
Non ! J’ai gommé ça, franchement. Peut-être plus à l’entraînement, mais en match, je ne suis pas du tout comme ça. En match, je suis un guerrier.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Mes années de formation au PSG avec les équipes de jeunes, et cette saison aussi, j’ai vraiment pris du plaisir à Epinal.

Le club où tu n’aurais pas dû signer, l’erreur de casting de ta carrière ?
Guingamp.

Le club où tu as failli signer (tu peux le dire maintenant, il y a prescription) ?
Troyes et Valenciennes, quand j’étais au PSG.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Manchester City.

Avec la sélection haïtienne, face à l’Argentine, au stade de La Bombonera.

Un club où tu ne pourrais pas jouer ?
Je ne peux pas te le dire… Sinon ça va me causer des soucis (rires) !

Un stade mythique ?
La Bombonera. En Argentine. C’est quelque chose ! J’y suis allé, avec la sélection haïtienne. C’était en 2018. C’était ma première et ma dernière sélection car j’ai annoncé que je n’irais plus. Ce jour-là, Messi était en feu, il a mis 3 buts ! L’Argentine nous avait battus 4 à 0.

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un), mais tu as droit à deux ou trois !?
Felix (Eboa Eboa) et Chris (Nkunku) parce que ce sont aussi mes meilleurs amis.

Photo Justine Touvenot – SAS Epinal

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Y’en a beaucoup avec qui le feeling est passé ! C’est dur comme question. J’aime bien avoir la possession du ballon, faire courir l’adversaire, jouer en une touche de balle ou deux, j’aime bien tous les joueurs qui sont dans ce registre.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Kingsley (Coman) à l’époque, à Paris, c’était un truc de fou.

Un coéquipier que tu as perdu de vue et que tu aimerais bien revoir ?
Jean-Kévin Augustin. C’était mon fréro, on était vraiment proche, nos familles se connaissaient, on était toujours en chambre ensemble, que ce soit en déplacement ou au centre. On a fait nos carrières jeunes ensemble, on a le même âge.

Un coach ?
François Rodriguez. Mon coach au PSG. Et aussi Cédric Cattenoy, que j’ai eu aussi au PSG.

Sous le maillot du Puy.

Un coach que tu n’as pas envie de revoir ?
Non, aucun !

Une causerie d’avant match ?
Les causeries de François Rodriguez, c’était quelque chose.

Une consigne que tu n’as pas comprise ?
Oui mais je ne peux pas le dire !

Le joueur le plus connu de ton répertoire téléphonique ?
Je crois que c’est Chris (Nkunku).

Combien de véritables amis dans le foot ?
J’en ai vraiment trois avec Fodé (Ballo-Touré), Chris (Nkunku) et Félix (Eboa Eboa), mes trois vrais amis dans le foot, et aussi Samuel Essendé, et tous les autres, c’est mes gars !

L’équipe et l’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
L’Argentine, avec Haïti, et Messi était injouable ce jour-là.

Tu est un attaquant plutôt…

A Saint-Malo. Photo Joël Galiot

Altruiste. Je pense collectif.

Des rituels, des tocs, des manies ?
J’ai en un : un de mes meilleurs amis est décédé, y’a 4 ans, et quand je rentre sur le terrain, je fais une petite prière pour lui, et avant, je mets une musique l’on écoutait ensemble.

Une devise, un dicton ?
Non, mais pour moi, le plus important, c’est de prendre du plaisir. On a la chance de faire un beau métier. On ne prend pas toujours du plaisir, c’est vrai, mais le but, c’est d’en prendre au maximum. Après, le foot, ça reste le foot, tu gagnes, tu perds…

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ou en Ligue 2 ?
Ce qu’il m’a manqué ? Attend, si il faut, ça va arriver là !! On ne sait pas (rires) ! Ce qu’il m’a manqué jusqu’ici, on ne va pas se mentir, ce sont les statistiques, et aussi, après mon départ de Paris, je n’ai pas mis tout en oeuvre pour retrouver le haut niveau. Mais depuis que je suis à Epinal, je ne pense qu’à une seule chose : retrouver le monde pro. Je me dis que ça va venir.

Une idole de jeunesse ?
David Silva.

Un modèle de joueur ?
Je n’étais pas attaquant au départ, j’étais numéro 8, c’est pour ça que David Silva est mon modèle !

Plus grande fierté ?
De ne pas avoir lâché quand je me suis retrouvé sans club pendant 6 mois… J’aurais pu flancher, vriller… Alors aujourd’hui, tout va pour le mieux, après la saison que j’ai faite, je vois tout le travail que j’ai accompli.

Passions ?
J’aime bien jouer aux jeux en ligne, par exemple, on joue à Ludo King avec Hass (Hassim Fadiga, Le Mans), Saad (Trabelsi, Fleury) et Raf’ (Boujedra, Valence), le soir !

Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
C’est la remontada du Barça contre le PSG.

Un sport autre que le foot ?
J’aime bien le tennis, je regarde, d’ailleurs, j’ai regardé la finale de Roland-Garros. J’aime bien Alcaraz, Tsitsipas, Ruune, et le petit américain qui arrive, Shelton.

Un plat, une boisson ?
Le plat de Haïti, le « Pikliz banane peze ».

Le SAS Epinal, c’est un club plutôt…
Familial et ambitieux.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Passion et ingrat.

Texte : Anthony Boyer / Mails : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @13heuresfoot et @BOYERANTHONY06

Photos : Justine Touvenot – SAS Epinal , FFF et DR

Promu en National 3, le club de la Drôme, qui a subi deux dépôts de bilan en 2005 et 2014 avant de devenir l’Olympique de Valence, s’est reconstruit autour d’une nouvelle équipe et d’un homme, Malik Vivant, chantre de l’éducation, de la jeunesse, de la formation et de la mixité.

Après la victoire 4 à 0 contre Velay FC, le 26 mai dernier, qui a scellé l’accession en National 3 de son équipe à une journée du terme, le téléphone de Malik Vivant n’a pas arrêté de sonner. Et ça a bien duré une semaine, le manège !

Bon, si vous voulez contacter le coach de l’Olympique de Valence, ce n’est pas bien compliqué : il suffit de se rendre sur le site officiel du club et de cliquer sur l’onglet « Régional 1 » et hop, le tour est joué : son 06 s’affiche en grand ! On n’ose même pas imaginer ce qu’il adviendrait si le club évoluait en pro : sans doute lui faudrait-il un secrétaire particulier !

« C’est vrai que la semaine qui a suivi la montée en National 3, je me suis retrouvé avec beaucoup d’appels et il a fallu filtrer, car je ne pouvais pas répondre à tout le monde, et en plus, on a eu plein de réunions, plein de dossiers administratifs à remplir » raconte l’homme du renouveau valentinois.

Les belles heures et les heures… sombres

Malik Vivant, le coach de l’Olympique de Valence.

Né dans le quartier de Valensolles, au sud de Valence, aux portes du soleil, comme on dit, Malik Vivant a tout vu dans la préfecture de la Drôme. Tout connu. Tout lu. Tout entendu. Tout vécu. Les belles heures. Les heures plus sombres.

Les belles heures, comme celles des années 80 et 90, quand la ville s’appuyait tout d’abord sur deux clubs pour rayonner. Une situation qui a duré jusqu’en 1992 avec la fusion du FC Valence (D3 et une saison en D2 lors en 1984-1985), et l’USJOA Valence (Union sportive de la jeunesse d’origine arménienne, D3 et accession en D2 en 1992), pour donner naissance à l’ASOA Valence.

C’était les années fastes. Avant celles, moins glorieuses, du milieu des années 2000 : deux rétrogradations en National (2000 et 2004) et nouvelle accession en 2005 en Ligue 2… refusée par la DNCG ! La fin du foot de haut niveau à Valence. Après un incroyable imbroglio juridique, l’ASOAV dépose le bilan. Retour en Division d’Honneur et création d’une nouvelle entité avec l’AS Valence, qui grimpera les échelons (accession en CFA2 en 2009 puis en CFA, l’équivalent du National 2, en 2011) avant un nouveau dépôt de bilan, en 2014… Cette fois, la chute est encore plus grande : c’est la Promotion d’Honneur qui attend les « Rouge et blanc ».

Didier Notheaux, le précurseur

De cette époque, le professeur agrégé d’éducation physique – son « vrai » métier -, au lycée Algoud-Laffemas, retient « les derbys entre le FC Valence et l’USJOA ! J’étais jeune ! Après, il y a eu Pierre Ferrazzi qui a structuré tout ça pour que ça monte en D2, et puis l’ère Didier Notheaux : lui, il fut un des précurseurs du jeu en zone. Il a apporté de la modernité dans le football ».

Le passé, c’est bien, mais Malik Vivant a un avis tranché sur cette période des années 80/90 : « Moi, je ne vis pas dans le passé. Je dis souvent aux gens, »Venez au stade », à tous les niveaux vous pouvez avoir une équipe qui mouille le maillot, qui produit du beau football, qui met de l’énergie… Vivre avec le passé, ça ne fait pas grandir un club, mais s’en souvenir, c’est bien. A l’Olympique de Valence, on a de belles pages à écrire et je préfère me projeter sur ça. »
Voilà pour le volet « historique ».

Mixité et formation

L’Olympique de Valence, le jour du match de la montée.

Pour beaucoup, si Valence a retrouvé, voilà quelques jours, le niveau « national », fut-il le 5e échelon, la ville et le club le doivent en partie à Malik.

Le coach – depuis 2016 – de l’OV, âgé de 49 ans, a permis de gravir trois marches en sept ans, depuis sa prise de fonction.

Surtout, il a relancé le ballon rond dans une ville où le rugby commençait à prendre beaucoup de place (avec Valence-Romans, qui retrouve la Pro D2). Il a structuré le nouveau club crée en 2014 au moment du dépôt de bilan de l’AS Valence et proposé un projet basé sur la formation et la mixité. Il ne pouvait, de toute façon, en être autrement.

De son enfance dans les quartiers, il en tire aussi une grande fierté et s’en sert au quotidien : « Etre né dans le quartier de Valensolles, et d’y avoir grandi, c’est une richesse que m’ont donné mes parents et dont je me nourris. Ce quartier a une belle mixité sociale, dans le sens noble du terme. Il regroupe 2 000 habitants et c’est là où, dans les années 60, il y a eu les premiers immeubles et où une association de quartier a été fondée et s’est ensuite bien développée. J’ai commencé le foot à Valensolles, qui jouissait d’une belle réputation en matière de formation et où il y avait de belles équipes de jeunes. »

Directeur sportif à l’AS Valence

L’homme idoine du football valentinois, qu’il connaît sur le bout des crampons, n’a fait que de courtes infidélités à sa ville, et pour la bonne cause ! « Je suis parti en sports-études au lycée Daudet à Nîmes puis j’ai intégré le centre de formation du Nîmes Olympique à l’époque de Pierre Barlaguet, Gérard Bernardet et René Girard. J’ai effectué ma formation là-bas, c’était durant la saison 91/92, quand Laurent Blanc et Eric Cantona y jouaient en Division 1 ! Je ne suis resté qu’un an, et ensuite, je suis revenu en 1992 au moment de la fusion entre l’USJOA et le FC Valence, pour jouer en CFA2 à l’ASOA Valence. Puis je suis allé à Villefranche-sur-Saône en CFA (1997) pour me rapprocher de Lyon où je faisais mes études de Staps. Enfin, j’ai joué au SC Abbeville en Picardie (1998) car j’ai été muté à Amiens nord, dans les quartiers sensibles, pour mon premier poste de prof ! Enfin, je suis revenu à Montélimar puis Valence. »

Voilà pour le CV sportif du Valentinois qui, avant son retour à la naissance de l’OV en 2014, était encore directeur sportif de l’AS Valence deux ans plus tôt, en CFA : « J’ai démissionné deux ans avant que ça ne coule… A la création de l’OV, on s’est servi de nos structures de formation que l’on avait mises en place avec Jean-Marie Vergnes, l’ancien président. Repartir en PHR, ça avait fait mal… Et avec une seule montée chaque saison, ça a rendu les choses difficiles, longues. Quand Jean-Marie (Vergnes) a repris le club en 2014, il n’y avait plus rien. Il a fallu tout reconstruire. Aujourd’hui, Alain Palacci a pris sa succession (en août 2022) et, avec le comité directeur (Eric Theobald, Jacques Diagana, Xavier Montala et Pierre-Jean Veyret), il va continuer de structurer le club, sur le plan sportif et administratif aussi ».

Un pôle d’excellence de foot amateur

Joueur amateur et professeur agrégé d’éducation physique et sportive, Malik a un penchant pour tout ce qui a trait à la jeunesse, à la formation.

Le coordinateur du Pefa (pôle d’excellence de football amateur) Briffaut raconte : « J’ai monté beaucoup de structures durant toute ma carrière. J’ai créé beaucoup de sections sportives dans les établissements où j’ai enseigné, dont une en 2004 à Valence, dans un collège en zone sensible, à Jean Zay, quartier du Polygone. En 2010, je voulais qu’il y ait une continuité après le collège et donc faire la même chose en lycée et c’est comme ça que j’ai lancé une section au lycée où j’enseigne, au lycée polyvalent Algoud-Laffemas, d’abord avec les garçons, ensuite avec les filles, puis avec le futsal. Et aujourd’hui, c’est devenu un gros pôle, le pôle Briffaut, avec plus de 200 sportifs, dont une centaine de footballeurs. Ce qui fait que, dès le plus jeune âge, en 6e, les enfants s’entraînent à raison de 4 séances par semaine. Et à partir de la classe de 4e, c’est-à-dire en pré-formation, ils s’entraînent tous les jours jusqu’au lycée, toujours dans le temps scolaire. Et à 18 h, ils ont fini le foot et les études ! C’est vraiment une section sportive d’excellence. »

Un pôle où le projet est clair : réussite scolaire, excellence sportive et réussite socio-éducative.
Les rugbymen professionnels du VRDR (Valence Romans Drome Rugby), de retour en Pro D2, les handballeuses féminines du pôle espoirs de la Ligue et les handballeurs masculins du VHB, complètent ce pôle stratégique chapeauté par Malik.

« On a fait les choses dans l’ordre »

Forcément, la passerelle entre l’OV et le pôle football est toute trouvée. « Quand on a reconstruit le club, l’Olympique de Valence, en 2014, on voulait vraiment que la formation soit son ADN, parce que j’entends souvent les discours « Une ville comme Valence, mériterait mieux… » Non, une ville comme Valence, elle a ce qu’elle mérite, c’est tout », poursuit Malik; c’est le travail qui fait que le club existe. Il y a eu deux dépôts de bilan, on n’en veut pas un troisième, donc il faut qu’on reconstruise par la formation des jeunes. C’est pour ça que l’on a consacré plus des 2/3 du budget du club à ça. Lors de la restructuration du club, on a fait les choses dans l’ordre. On a été labellisé par la FFF, on est le premier pôle d’excellence de foot amateur (Pefa) à l’avoir obtenu, en 2014, à l’initiative de François Blaquart (ex-DTN). On a les 4 composantes de la famille du foot dans le lycée : des garçons (depuis 2010), des filles (depuis 2011), du futsal (depuis 2013) et aussi 9 arbitres que l’on a formés avec Roland Viallet, le conseiller technique régional en arbitrage du district de Drôme-Ardèche. »

L’exemple de Montpellier

Cette saison, hormis le dernier match à domicile, celui de la montée, qui a tout de même attiré près de 2000 spectateurs à Montélier, à 10 kilomètres à l’est, l’Olympique de Valence a disputé toutes ses rencontres dans son antre, le stade Georges-Pompidou (14 000 places), partagé avec le rugby : « Je ne vois pas le VRDR comme une concurrence, mais plutôt comme une synergie entre les sports collectifs, poursuit Malik Vivant; On a mutualisé beaucoup de disciplines, mais je trouve qu’en France, on n’est pas assez développé comparé à d’autres pays en termes de structures que l’on peut mettre en oeuvre dans le temps scolaire pour les sportifs de bon niveau, voire de haut niveau. Il y a des synergies positives qui peuvent se créer entre les différents sports collectifs valentinois. Le tissu économique et la ville répondent présent, alors, un peu à l’image de Montpellier, une ville très sportive, Valence peut le devenir aussi. »

Pelouse partagée

Ambitieux pour sa ville, Malik l’est aussi pour son club, même s’il sait que la saison prochaine ne sera pas simple en National 3, une division dont le niveau sera automatiquement relevée avec les 22 descentes de National 2 (les 5 derniers de chacune des 4 poules et les deux moins bons 11es).

D’autant moins simple que l’équipe de rugby, qui retrouve la Pro D2, foulera elle aussi le stade : « On a besoin de jouer sur une pelouse de qualité tout de même, pour le projet de jeu que l’on met en place, affirme-t-il; parfois ça a été compliqué… Y’a 2 ans, je me souviens qu’en coupe de France, quand on avait affronté Paris FC (L2), la pelouse était dégradée, il y avait eu aussi des intempéries avant les matchs de rugby et ça… Bon, là, des travaux ont démarré, on nous remet une pelouse neuve. »

« Dommage que les filles ne montent pas en D3 »

Le club au logo semblable à celui de Croix-de-Savoie (devenu ensuite Evian Thonon Gaillard), – « On nous le dit souvent, parce qu’il y a du rouge et du blanc, nos couleurs historiques, mais il y a le kiosque Peynet dessus, qui est un des symboles de Valence », – visera le maintien, avant, plus tard, de rêver plus haut.

De là à revivre un jour le National (dernière saison à ce niveau en 2004-2005), voire la Ligue 2 (2003-2004), il y a beaucoup d’étapes à franchir. « Mais c’est carrément le projet, coupe toutefois Vivant; On a de bonnes structures et infrastructures, une formation reconnue, on fait partie des 4 ou 5 gros clubs de la Ligue Aura (Auvergne Rhône-Alpes), nos équipes de jeunes jouent au plus haut niveau régional partout, on a même nos U17 en Nationaux, on a deux équipes féminines en R1 et R2, bref, tout est mis en place pour que nos équipes fanions grimpent et suivent l’exemple de l’équipe de Régional 1 garçons, qui est montée en N3 avec 22 ans de moyenne d’âge, quelques cadres comme Rafik Boujedra (ex-GFC Ajaccio, Bourg-en-Bresse et Quevilly Rouen en Ligue 2) et Hassen Fellak (Ain Sud Foot et Bourgoin en N3), où 70 % des joueurs ont été formés au club. Je pense que peu d’équipes peuvent se targuer de cela et pour nous, ça récompense tout le travail que l’on a mis en place. Pour les filles, on a le même système de formation que chez les garçons, elles bénéficient des mêmes outils. Ces dernières saisons, elles ont échoué en barrage d’accession et cette saison, elle ne vont pas monter en D3 alors qu’elles sont 2es derrière l’OL et qu’elles ont une différence de buts de plus de 100 (+123 Ndlr) ! C’est dommage qu’il n’y ait qu’une seule accession; ça risque de mettre en péril notre structure féminine. C’est regrettable mais je mise sur un repêchage. »

« Avec humilité en National 3 »

Quant au National 3, faut-il en avoir peur ou est-ce un challenge excitant ? Vivant : « ça m’excite plus que cela ne me fait peur ! On ne se donne pas de limite. L’Olympique de Valence ressemble plus aujourd’hui, de par sa structuration et ses outils, à un club de N3. On utilise les GPS, la vidéo, le logiciel MyCoach pro, on se donne les moyens en matière d’optimisation de la performance d’essayer de réduire tout ce qui est aléatoire. On va rentrer dans ce championnat avec humilité. En N3, beaucoup d’équipes ont la moitié de leurs effectifs sous contrat. Nous, on devra continuer à structurer le club administrativement et financièrement pour avoir de l’ambition. On fera venir 4 ou 5 joueurs avec un peu d’expérience. Il ne faudra pas se tromper. D’autant qu’on reçoit beaucoup de CV. On gardera nos jeunes et on élargira le groupe fanion en intégrant deux ou trois jeunes à fort potentiel, qui sortent du groupe U18 ou Espoirs. On souhaite conserver ce projet de jeu qui pilote l’ensemble des équipes du club. Pour moi, le collectif est plus fort quand l’équipe est soudée et concentrée sur un objectif. On veut aussi conserver ce noyau dur de bénévoles et dirigeants que l’on a autour de l’équipe fanion et du staff, un noyau mobilisé autour d’eux. »

Un budget proche de 800 000 euros ?

« Enfin, on a envie de retrouver, à moyens termes, le National 2, avant, pourquoi pas, d’aller chercher encore au-dessus. Mais pour cela, il faut travailler dans la continuité, ne rien chambouler. C’est aussi ça, la force d’une équipe. Cette saison, je voulais que tout le monde s’entraîne quatre fois par semaine, contrairement à la saison passée, où on avait manqué le coche de peu à la dernière journée. Je veux garder ce rythme. »

Côté finances, le club, qui s’appuyait sur un budget proche de 650 000 euros, travaille pour le grossir et le faire passer à 800 000. « On espère que nos partenaires vont continuer à nous soutenir. Il faut que, économiquement, on soit solide. Il faut donner à l’OV les moyens de ses ambitions. On a développé les secteurs marketing et commercial. Maintenant, quand on vient au stade Pompidou, ça commence vraiment à ressembler à quelque chose ! On a une panneautique LED, on a fait une animations dans les loges, c’est positif. On a des anciens qui sont revenus comme Frédéric Tremblay, un ancien joueur dans les années 80 et ancien speaker aussi du temps de la D2 : il fait revenir les anciens et anime les loges. »

Alors, Valence, une ville de foot ? Là encore, Malik a son avis : « Oui ! Après, le stade se remplit souvent quand il y a des grosses affiches. Aujourd’hui, on se souvient surtout de ces moments-là, de ces gros matchs. Mais ça, c’est un peu pareil pour toutes les villes. Il y a de l’effervescence quand il y a de la réussite, quand ça tourne, comme avec le handball, qui a grandi, et le rugby bien sûr aussi. »

Pour Rafik Boujedra, la boucle est bouclée

« C’est un joueur emblématique qui était déjà revenu au club après ses années de formations à l’Olympique Lyonnais. Il a aussi été le premier contrat fédéral que l’on a pu faire à l’Olympique de Valence cette saison. Il apporte son expérience à un groupe jeune. » Voilà comment Malik Vivant parle de Rafik Boujedra, revenu à Valence, ou plutôt… rentré chez lui, à Valence, après dix saisons d’exil !

Flashback. C’est la saison 2012-2013, et l’Ardéchois – il est originaire de Tournon, à 10km de Valence, de l’autre côté du Rhône – dispute sa deuxième saison à l’AS Valence. Une saison pleine, en CFA, durant laquelle le joueur, arrivé à l’âge de 12 ans à l’Olympique Lyonnais, où il a côtoyé Nabil Fekir, s’était fait remarquer lors de sa deuxième saison en seniors, en 2012-2013.

« Je suis Ardéchois de naissance mais je me considère comme un Drômois, car mes parents ont déménagé à Valence quand j’étais petit, alors … Et puis, de Tournon pour rallier la Drôme, il n’y a qu’un pont à franchir ! », confiait-il lors de sa signature à QRM, en 2017.

En 2013, donc, il prend son envol et démarre une carrière professionnelle. D’abord au Gazelec Ajaccio, où il évolue en National puis trois saisons en Ligue 2, entrecoupées d’une autre saison à Bourg-en-Bresse, également en Ligue 2. Puis direction Quevilly-Rouen, toujours en Ligue 2 avant de revenir – visiblement, il aime bien les come back ! – à Bourg, pendant deux nouvelles saisons, en National.

Après un dernier crochet par Le Puy (N2, accession en National en 2022), Le milieu offensif franco-tunisien (il fut appelé en sélection U20 de Tunisie et également en U23), rentre au bercail, à Valence, l’été dernier : « Je reviens dans le club où j’ai explosé (sic), c’est le bon timing, les planètes sont alignées », confiait-il l’été dernier au Dauphiné, lors de sa signature à l’OV; « ça va me permettre de préparer ma reconversion. J’ai envie de devenir coach. »

Le pari valentinois est réussi ! Rafik, âgé aujourd’hui de 29 ans, a contribué à l’excellent parcours du club drômois cette saison, et à son retour dans les championnats nationaux, en National 3, neuf ans plus tard ! Et ce n’est peut-être pas terminé !

Rafik Boujedra du tac au tac

Meilleur souvenir sportif ?
La montée en ligue 2 avec le Gazelec Ajaccio en 2014.

Pire souvenir sportif ?
La descente de Ligue 2 en National avec Quevilly Rouen.

Plus beau but marqué ?
En sélection U23 avec la Tunisie, en match amical, je mets une reprise du pied gauche en pleine lucarne !

Plus beau loupé ?
Je n’ai pas de souvenir particulier, mais sans doute un face à face avec un gardien et je fais le mauvais geste, je pense.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est ma passion depuis mon plus mon plus jeune âge et c’est le plus beau sport au monde.

Ton but le plus important ?
Mon premier but en ligue 2 avec Bourg-en-Bresse. Le club n’avait pas encore gagné en début de saison et j’arrive tard dans le groupe, à la fin du mercato; et pour mon premier match, c’est la première victoire de l’équipe (2-1 contre Dijon, 3e journée) et après ça, on a lancé une dynamique incroyable pour un club promu.

Ton geste technique préféré ?
La feinte de frappe, un geste sous-côté pour moi.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Pas beaucoup ! Je dirais 3 au maximum.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je voulais être journaliste sportif ou avocat.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Altruiste, au service de l’équipe, technique et très bonne vision de jeu comme qualités. Défauts ? Pas assez égoïste, pas assez « tueur » et trop perfectionniste par moments.

Le club ou l’équipe (ou la saison) où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
La première saison de Bourg-en-Bresse en Ligue 2, on pratiquait un football incroyable avec un groupe humainement incroyable. C’était huilé, on mettait pas mal d’équipes en difficulté avec notre 4-4-2 en losange. Mais la saison que l’on vient de vivre avec l’Olympique de Valence fut incroyable aussi, avec une équipe humainement incroyable, de supers personnes et en plus de ça, on monte en N3, chez moi !

Le club où tu n’aurais pas dû signer, l’erreur de casting de ta carrière ?
Je n’ai pas de regret. Je suis quelqu’un qui croit au destin donc toutes mes expériences ont forgé l’homme que je suis et le joueur.

Le club où tu as failli signer (tu peux le dire maintenant, il y a prescription) ?
L’AC Ajaccio en Ligue 2, c’était juste avant de resigner au Gazelec Ajaccio. J’ai vraiment hésité car le discours du coach Pantaloni et l’intérêt du club m’avaient touché : mais quand tu as été « gazier » un jour, tu ne peux pas jouer pour le club « ennemi »… Enfin, c’est ce que je pense bien que j’ai de très bons amis là-bas et je connais de très bonnes personnes.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Comme j’ai été formé à l’Olympique Lyonnais, forcément, l’OL. J’ai souvent rêvé, jeune, le soir dans ma chambre au centre, que je jouais à Gerland, le stade de l’époque quand j’y étais… Mais ce n’était qu’un rêve ! La réalité, c’est qu’à ce moment-là, c’était vraiment le grand OL avec des joueurs incroyables qui accumulaient les titres de champions !

Un stade et un club mythique pour toi ?
Santiago Bernabeu où il y’a le plus grand club au monde et pour moi, il n’y a pas de débat : c’est le Real Madrid !

Un public qui t’a marqué ?
Celui du Gazelec Ajaccio ! Là-bas, c’est vraiment la ferveur quand tu joues pour eux… Il ne peut rien t’arriver, tu es porté par tout un stade. Ils supportent vraiment et même quand tu les croises dans la rue ou quand tu fais tes courses, ils veulent prendre des photos, discuter… Le Gazelec, c’était vraiment le kiffe !

Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un), mais tu as droit à deux ou trois ?
Jimmy Nirlo à Bourg-en-Bresse, même dans les moments difficiles, notamment quand je me suis blessé, il était toujours là pour moi. C’est devenu un frère. J’ai aussi beaucoup aimé Pablo Martinez au Gazelec Ajaccio et Stanislas Oliveira à Quevilly Rouen. Je pourrais en citer beaucoup d’autres bien sûr, mais comme je n’ai droit qu’à 3 !

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Mohamed Larbi au Gazelec, c’était le kiffe de jouer avec lui, il était vraiment fort et on se comprenait les yeux fermés. Sofiane Atik aussi à Bourg-en-Bresse : quand on jouait ensemble, c’était quelque chose ! Et enfin, Marvin Gakpa, le joueur le plus doué avec lequel j’ai joué en professionnel : lui, il te cassait les reins ! En fait, je m’entendais bien avec tous les joueurs de ballon, qui prônaient le jeu !

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Sofiane Boufal avec Angers en Ligue 2, c’était incroyable, il m’avait choqué, il était au-dessus techniquement et il dribblait avec facilité.

L’équipe qui t’a le plus impressionné ?
Metz en Ligue 2, avec les Bouna Sarr et Yeni Ngbakoto, et j’en passe ! Ils étaient au-dessus physiquement et dégageaient une force et une puissance incroyables.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Samuel Umtiti, avec qui j’étais à L’OL.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Thierry Laurey, le premier coach qui m’a fait signer professionnel; il était au Paris FC cette saison, en L2.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Ouh là… Si j’en dis plus, je vais me fâcher avec eux alors j’utilise mes jokers, mdr !

Un président ou un dirigeant marquant ?
Fanfan Tagliaglioli, paix a son âme, l’ancien président du Gazelec Ajaccio; je n’ai jamais vu un président autant amoureux de son club. Après, j’ai souvent évolué dans des clubs familiaux dans ma carrière donc je dirais tous les présidents que j’ai eus, que ce soit Christophe Gauthier au Puy qui est un homme en or ou en encore Gilles Garnier le président de Bourg-en-Bresse, qui a permis au club de se professionnaliser. Et aussi mes dirigeants actuels à l’OV !

Une causerie de coach marquante ?
Les causeries de Karim Mokeddem à Bourg, c’était quelque chose ! C’est un grand tacticien et un super homme, avec des valeurs proches des miennes. Il mettait des extraits de films comme Gladiator ou d’autres films cultes, tout ça pour nous transcender avant les matchs ! Je trouvais ça bien.

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
J’utilise beaucoup ma tête et j’essaie de comprendre à chaque fois. Je n’aime pas comprendre…

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
Ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire, c’est la devise !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Alassane Plea : il joue a en Allemagne, au Borussia Monchengladbach.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion (en dehors des clubs où tu as joués) ?
Le Racing-club de Lens : incroyable ! C’est la meilleure ambiance que j’ai vue ! Même en Ligue 2, le stade était toujours plein.

Des rituels, des tocs, des manies ?
Toujours la chaussette gauche avant la droite, comme Zizou, mdr !

Une devise, un dicton ?
Jouer au foot c’est très simple mais jouer un football simple est la chose la plus difficile qui soit.

Tes passions dans la vie ?
Ma famille et le foot.

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
Je dirais que physiquement, à l’époque, je n’étais pas prêt, j’étais tout frêle.

Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu étais un joueur plutôt …
Technique.

Un modèle de joueur ?
Benzema. C’est un attaquant complet.

Une idole de jeunesse ?
Ronaldo Luis Nazario, le meilleur joueur de tous les temps pour moi !

Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
Liverpool-Milan AC, finale 2005 de la Ligue des champions qui se termine aux penaltys : Milan AC mène 3 à 0 puis Liverpool revient à 3-3 et s’impose aux tirs au but !

Ta plus grande fierté ?
Mes trois enfants ! Et d’avoir pu rendre fier mes parents.

L’Olympique de Valence, c’est un club plutôt…
Ambitieux et travailleur.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Compliqué et passionnant ! Deux mots contradictoires !

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06 et @13heuresfoot

Photos : Olympique de Valence

Il a longtemps oeuvré au micro à Brest, à Rennes et aussi à Quimper, pendant les années 70/80, en première et en deuxième division; et il a même chanté et côtoyé le gratin du show-biz. A 84 ans, le Breton, ancien disquaire, est sorti de sa retraite pour rouvrir l’album des souvenirs et des photos.

Avec Zidane.

« J’ai eu plusieurs vies ». C’est Claude Dratel qui le dit lui-même en début d’entretien et c’est bien pour cela que l’on est venu le dénicher dans sa retraite de Guidel, à la « frontière » du Sud-Finistère et du Morbihan, à quelques plages de Lorient.
Toujours bon pied, bon oeil, à 84 ans, et surtout bonne voix… C’était son outil de travail quand il était le speaker du Stade Brestois (puis du Brest-Armorique) et du Stade Rennais en passant par le Stade Quimpérois de la belle époque (2e division).

Mais Claude Dratel n’a pas été « que » speaker. A Rennes, il a également été l’intendant du club et l’auteur de nombreuses interviews de joueurs pour le magazine « En rouge et noir ». Il a aussi été chanteur et l’ami d’artistes du music-hall et de stars du show-biz.

Et aujourd’hui, à micro ouvert pour 13 heures foot, ses souvenirs se ramassent à la pelle comme les feuilles mortes de Jacques Prévert que chantait si bien Yves Montand qu’il aurait pu croiser parmi toutes les autres vedettes figurant à son répertoire.

« Shababi Nonda avait ramené ses Doberman en stage ! « 

  • Stade Brestois, Brest Armorique (années 70-80) : le speaker fait reporter un match

J’avais une trentaine d’années et je travaillais à Brest dans un magasin de disques où je recevais d’ailleurs pas mal d’artistes. J’ai été sollicité par Michel Bannaire (un ancien président du Stade Brestois) et je me suis retrouvé avec un micro de speaker à la main. C’était inné sans doute et comme j’étais un mordu de foot, je baignais dans mon univers.

Au Stade Brestois, j’ai rencontré des joueurs extraordinaires comme le Paraguayen Roberto Cabanas, Drago Vabec, Bernard Pardo et Joël Henry, les deux compères, sur le terrain et en dehors, Yvon Le Roux, le colosse de Plouvorn comme on l’appelait, ou Patrick Martet, le goleador qui marquait des buts extraordinaires. Cabanas, avec l’orchestre Jean Valéry, on avait animé son mariage, et je me suis retrouvé sur la scène de Penfeld à faire le crooner en chantant du Sinatra et compagnie.

Avec Michel Denisot.

C’était une époque formidable avec des histoires qui ne pourraient plus arriver aujourd’hui. Par exemple, je me souviens d’un match contre le Stade Lavallois qui était entraîné à l’époque par Michel Le Millinaire. Brest jouait le maintien en première division et devait absolument gagner, Laval marque le premier but et moi je vais vers l’arbitre de touche pour lui faire signe qu’en raison du brouillard, il n’y avait plus assez de visibilité, d’un poteau de corner à l’autre, pour que le match puisse continuer. A la mi-temps, je vais vers le vestiaire des arbitres pour insister et je me fais logiquement rabrouer. La seconde période commence, j’avais mon micro HF qui dépassait de la poche, je retourne voir l’arbitre de touche que je harcèle un peu, l’arbitre principal intervient, et à un moment, il arrête le match en constatant qu’en effet il y avait du brouillard. D’où la fureur de Le Millinaire qui avait déclaré qu’en 40 ans de carrière il n’avait jamais vu un speaker arrêter un match! Il en a longtemps parlé après. Le match a donc été remis et on l’a gagné !

J’ai connu aussi François Yvinec (le président brestois qui était allé chercher Cabanas en Colombie à l’issue d’un transfert des plus rocambolesques) à l’époque de Raymond Kéruzoré. En 1988, lors d’un match contre Paris Saint-Germain, j’avais rencontré Francis Borelli, le président du PSG, qui m’avait dit que ce serait bien que je vienne à Paris.

  • Stade Quimpérois (1989-91) : le speaker à la double casquette

Le directeur du Leclerc Quimper m’avait dit que l’ambition était de créer un grand club à Quimper et de le faire monter en première division avec des grands joueurs comme Michel Ettore, Philippe Mahut, Robert Barraja ou Zivko Slijepcevic, et l’entraîneur Pierre Garcia. Je me suis retrouvé avec la double casquette de speaker à Brest et à Quimper mais ce n’était pas la bonne solution. Le club a failli monter en première division mais ça manquait de public à Quimper et après il y a eu malheureusement la dissolution. Et c’est triste ce qu’est devenu ensuite Quimper.

  • Stade Rennais (1991-2002) : le micro d’or du speaker

Avec Paul Le Guen.

Je suis né à Rennes et c’était donc un retour aux sources. J’avais toujours eu pour ambition de revenir au Stade Rennais. Avant, j’allais voir les matchs et j’avais vraiment été impressionné par les deux victoires finales en Coupe de France en 1965 et 1971. Et après, Bernard Lemoux, le président, avait fait venir un joueur exceptionnel, Laurent Pokou (1973-1977). Je me suis lié d’amitié avec lui. Il était extraordinaire.

Un jour, l’Olympique de Marseille vient jouer à Rennes, Pokou était au milieu du terrain, il avait fait passer le ballon au-dessus des têtes de Zvunka et de Trésor, et il était parti « le mettre » des six mètres hors de portée de Carnus.

Avec Yves Mourousi.

Bernard Lama (2001-02) aussi m’a marqué, Petr Cech (2002 à 2004) également, formidable, un des meilleurs gardiens du monde. A Rennes, contrairement à Brest et à Quimper, j’étais à temps complet : je n’étais pas seulement speaker, j’étais intendant des joueurs que je gérais de A à Z. Quand ils arrivaient, je m’occupais de leur logement et de leurs papiers, j’allais au moins deux fois par semaine à la préfecture de Rennes pour les visas et les APS (autorisations provisoires de séjour).

Shabani Nonda (1998 à 2000), je lui avais trouvé un super appartement à côté de TV Rennes, mais il avait acheté un rottweiler et un doberman qu’il ne sortait pas, alors il avait fallu lui trouver une maison mais là aussi ça avait posé d’énormes problèmes de voisinage et il avait fallu leur construire un chenil. Après, il voulait amener ses chiens partout. Une fois, on était parti en stage à Dinard, et il s’était ramené avec ses chiens dans une remorque.

Avec Gérard Depardieu.

C’est à Rennes, en 2000, que j’ai eu mon micro d’or qui récompensait le meilleur speaker de la saison en première division. C’est à l’époque où Dominique Arribagé était le capitaine. C’était une grande reconnaissance pour moi.

Au stade Rennais, je m’occupais aussi d’un petit journal, « En rouge et noir », avec des interviews de joueurs pour le programme des matchs. Et j’ai connu un grand moment avec Zinedine Zidane quand il était à la Juve. C’était lors du match de coupe Intertoto à Rennes (1999), ça a été tout un cirque car les dirigeants de la Juve ne voulaient pas que je l’interviewe, ils voulaient de l’argent. Alors je ne me suis pas dégonflé, j’ai pris mon micro, je suis allé sur le terrain où j’ai rencontré Zidane qui m’a sympathiquement répondu.

  • Le chanteur, les disques et le show-biz

Avec Jane Birkin.

J’étais allé faire un marathon de la chanson à Fougères et je l’avais gagné. Je travaillais alors chez un très grand disquaire, le plus grand en Bretagne, Monsieur Racine, rue Lafayette, à Rennes. Là-dessus, je reçois un courrier pour aller chanter au casino de Saint-Malo. J’ai fait la saison et je me suis retrouvé comme chanteur dans l’orchestre de Jean Valéry, on a fait le tour de Bretagne et on allait même un peu partout en France.

Je travaillais toujours chez Racine mais ce n’était pas facile à gérer avec mes tournées. J’avais un chauffeur qui venait me chercher. Et c’est là que j’ai été sollicité pour tenir un magasin de disques à Brest, « Radio Sell » , où j’ai vu défiler Jane Birkin, Mouloudji, Serge Reggiani, Gérard Jugnot, Yves Mourousi, Johnny Halliday, Serge Lama, Coluche et j’en passe… J’ai tenu trois magasins de disques à Brest.

J’ai fait du show mode aussi dans la galerie « Super-Ouest » à la sortie de Brest, avec Denise Fabre, les cocogirls aussi (troupe de danseuses et de chanteuses créée par Stéphane Collaro), et Natty, la compagne de Jean-Paul Belmondo.
A Rennes, j’avais aussi connu Jacques Brel en 67. Je m’occupais de spectacles et je le vois arriver tout embêté car il venait pour faire le « raccord » mais il n’avait pas de sono. Je lui avais trouvé ça avec un orchestre du coin. Au casino de Saint-Malo, j’ai aussi rencontré Barbara qui m’avait écrit en dédicace « Chante longtemps encore. Barbara ». Tu te rends compte !?

Claude Dratel, du tac au tac

« Ma voix ne m’a jamais lâché »

Votre top de speaker ?
Le centenaire du Stade Rennais et ma rencontre avec Zidane.

Un flop ?
Ah oui, avec Gérard Depardieu. Il était venu à Rennes avec Auxerre et Gérard Bourgoin (président), et on avait prévu une petite réaction de sa part à la mi-temps. Mais quand je suis retourné le voir en tribune officielle, il n’a pas pu me répondre. C’était le fiasco.

Le meilleur président ?
Monsieur Pinault.

Le pire ?
J’en connais un… mais non !

Le meilleur entraîneur ?
J’ai beaucoup sympathisé à Rennes avec Paul Le Guen et Christian Gourcuff.

Le meilleur joueur ?
Shabani Nonda.

Le plus sympa ?
Makhtar N’Diaye, Bernard Lama, mais tous ont été sympas dans l’ensemble.

Les meilleurs supporters ?
Le Roazhon celtik kop. Je dialoguais beaucoup avec eux avant les matchs.

La meilleure ambiance ?
A Rennes.

Le plus grand match ?
La Juventus à Rennes en coupe Intertoto. Les derbys contre Nantes, et les matchs contre le PSG.

La plus grande fierté ?
D’avoir eu le micro d’or en l’an 2000.

Un rituel avant les matchs ?
La concentration. Et j’observais beaucoup l’échauffement des joueurs. Et quand j’avais la feuille de match, je vérifiais aussi la prononciation des noms.

Le plus bel hommage ?
La fête pour mon départ du Stade Rennais.

La plus grosse critique ?
Sur les réseaux sociaux, certains disaient que j’étais venu à Rennes pour l’argent, les autres répliquaient que j’étais leur seul speaker à avoir eu le micro d’or.

Un match qui vous a laissé sans voix ?
Non jamais. Ma voix ne m’a jamais lâché.

Le plus beau stade ?
Rennes. Un vrai stade de foot avec 30 000 personnes.

Le plus beau souvenir ?
Mes débuts avec le Stade Rennais en 91. Car là c’est un vrai métier à plein-temps. Un autre beau souvenir, c’est quand Raymond Kéruzoré m’avait demandé avant un match de lire un petit texte expliquant que malgré les sollicitations de l’OM, il restait breton et donc fidèle au Stade Rennais.

Le pire souvenir ?
La descente de Rennes en deuxième division en 1992.

Un mot sur les speakers d’aujourd’hui ?
On les entend moins en fait. Il y a une discipline maintenant, ils sont obligés de rester corrects alors qu’avant, il y en avait qui allaient un peu trop loin. Il ne faut pas critiquer l’adversaire, il faut rester fair-play. Ce qui n’empêche pas une part de chauvinisme.

Avec Serge Lama.
Avec Johnny Halliday.
Avec Jean-Jacques Goldman.
Avec Denise Fabre.
Avec Coluche.
Avec Thierry Roland.

Texte : Denis Vergos / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter @2nivergos et @13heuresfoot

Photos : DR et D. V.

Revenu dans le club de sa ville l’été dernier, l’ex-coach de Roye et de Châlons vient d’assurer le maintien en National 3 de son équipe au terme d’une saison éprouvante, malgré par une belle campagne de coupe de France malheureusement achevée par le douloureux épisode face à Wasquehal.

Photo Philippe Le Brech

Un meneur d’hommes. Prêt à forger un groupe, façonner un état d’esprit et créer une âme de conquérant.
Depuis août 2022, Hervé Papavero est l’entraîneur en chef de l’équipe fanion de Reims Sainte-Anne, promue la saison dernière en national 3, et 8e de l’exercice 2022-2023, qui vient de livrer son verdict.

C’est dans la ville du sacre des Rois que l’ancien coach de Roye-Noyon et de Châlons-en-Champagne (54 ans) nous reçoit pour retracer sa carrière. Une carrière qui l’a longtemps vu porter les couleurs de Reims Sainte-Anne, en 1976, peu de temps après la création du club (1974). Un club qui a aussi vu passer un certain Robert Pires : le Rémois de naissance, futur international français, a effectué ses premiers pas sous la tunique rouge et blanche de … Reims Sainte-Anne (le Stade Rémois évolue sous les mêmes couleurs), connu et reconnu pour son travail et formation et aussi son stade, qui porte le nom de cet illustre champion du monde 1998 et champion d’Europe 2000 !

« Un vrai stoppeur à l’ancienne »

Photo Philippe Le Brech

Mais ne vous fiez pas aux apparences. Le stade Robert Pirès, en dépit de son nom prestigieux, reste une enceinte aux installations assez sommaires, peu en rapport avec le niveau où Reims Sainte-Anne évolue. Il faut dire qu’il est situé à Cormontreuil, une commune avoisinante, et qu’il fait l’objet d’une convention d’occupation privative du domaine public avec la ville de Reims.

Défenseur central droitier de métier, Hervé Papavero, lui aussi natif de Reims, a évolué jusqu’en national 2, et se qualifie de « très rugueux, fort sur l’homme, un vrai stoppeur à l’ancienne ! ».

Docteur en Droit du Sport et enseignant à la faculté de Reims, il a l’âme d’un « sachant » qui veut transmettre son savoir, y compris en matière de football.

Avant le début de la séance de 10 h, Hervé Papavero nous reçoit dans le vestiaire des arbitres. Entretien avec un entraîneur passionné et passionnant.

INTERVIEW

« Ce sont les joueurs qui rendent l’entraîneur intelligent »

Comment vous est venue cette vocation d’entraîneur ?

Photo Reims SA

C’est Franck Lorenzetti, entraîneur de l’équipe fanion de Châlons-en-Champagne, qui m’a demandé de prendre en charge la réserve et en même temps de devenir son adjoint en équipe première. Je voulais encore jouer, j’avais 33 ans, mais il m’a dit d’arrêter et de devenir entraîneur. C’est ce que j’ai fait. Cette expérience m’a tout de suite plu et les résultats positifs ont fait que j’ai eu plus de plaisir à entraîner qu’à jouer (pour sa première saison comme numéro 1, en 2003/2004, il obtient l’accession en National 2 avec Châlons-en-Champagne). Entraîneur, je sentais que j’étais un rouage important, alors que quand j’étais joueur, je ne me sentais pas décisif. En devenant entraîneur, je suis plus impactant sur le résultat d’un match. Je comprends aujourd’hui que certains deviennent entraîneur très jeune, prenez l’exemple de Will Still au Stade de Reims. Pour moi c’est un gain de temps pour plus tard.

Quel est justement pour vous le rôle d’un entraîneur ?

C’est avant tout le garant de la discipline collective. Il est un catalyseur d’énergie et le garant des valeurs du groupe. À partir du moment où on définit le cadre, le premier qui ne doit pas sortir du cadre, c’est l’entraîneur. Je ne peux pas exiger aux autres ce que je ne m’impose pas à moi-même. C’est le seul qui doit être complètement objectif. L’entraîneur n’a aucun intérêt, mis à part gagner, c’est l’objectivité incarnée. Au contraire, le joueur peut, par nature, être guidé par son intérêt personnel de vouloir marquer, faire la différence seul, briller pour se faire remarquer. Ce n’est pas le cas de l’entraîneur.

« Si je mets 4 défenseurs, ce n’est pas très bon signe… »

Quelles sont les qualités requises pour faire un bon entraîneur aujourd’hui ?

L’ex-pro Mickaël Tacalfred, 42 ans, capitaine de Reims Saint-Anne en N3. Photo RSA

Un bon entraîneur désormais c’est celui qui a un réseau, qui sait communiquer et se vendre. Pour ma part, je ne suis sur aucun réseau. Il y a 25 ans, ce n’était pas aussi important. C’est une des grandes compétences à posséder aujourd’hui quand on voit les entraîneurs qui ont des agents, qui prospectent auprès des clubs, qui savent se vendre. C’est tout sauf ma pratique. Cela devient primordial pourtant. Après, il y a le rôle des joueurs, forcément. Vous gagnez 1 à 0 sur un exploit individuel, vous n’y êtes pour rien. J’ai coutume de dire que ce sont les joueurs qui rendent l’entraîneur intelligent.

En parlant du football moderne, quelle place accordez-vous à la vidéo ?

Justement, je rentre d’un recyclage à l’INF Clairefontaine (durant la semaine du 1er mai) où j’ai opté pour le thème de l’analyse vidéo. Malheureusement, à Reims Saint-Anne, je ne bénéficie pas de caméra pour réaliser tout ce travail. C’est un vrai manque car c’est un outil sympa, apprécié des joueurs. On voit que même des équipes de Régional 2 sont dotées de ce type d’outil. C’est l’idéal en matière de débriefing pour adapter le discours à l’image et pouvoir corriger les attitudes, les positionnements avec des preuves à l’appui. Dans une société de l’image, ça paraît important d’adapter le discours à cette manière de faire. C’est toujours plus parlant.

Avez-vous un système tactique privilégié ?

Photo Philippe Le Brech

Je suis un adepte du 3-4-3 et du 3-5-2. J’ai toujours géré mes équipes sur ces deux systèmes tactiques. Le but est d’aller chercher haut l’adversaire, ne pas le laisser jouer et mettre beaucoup d’intensité. J’ai tout de suite eu la réputation d’un entraîneur qui faisait beaucoup courir. Avec le temps, on sait que la préparation physique a pris une place importante et c’est devenu normal. Le 3-5-2 est pour moi une machine à presser, très énergivore, alors que le 3-4-3 m’offre plus de possibilités sur l’animation offensive. L’objectif étant aussi que si l’adversaire est plus fort que nous, par le pressing, il aura moins de temps pour s’organiser et pourra être déstabilisé. Je reste au maximum à trois défenseurs car c’est tellement difficile d’avoir des repères dans ce système que lorsque les automatismes sont présents, on ne veut pas changer.

En plus, il y a quelques années, les équipes étaient assez perturbées d’affronter une équipe à trois défenseurs, ce n’était pas quelque chose d’aussi courant que ça ne l’est désormais. Si je mets 4 défenseurs, c’est jamais très bon signe dans un match, c’est que nous sommes menés. Cela fait d’ailleurs deux semaines que je passe à deux centraux et ce n’est pas bon (Reims Sainte-Anne restait sur deux défaites consécutives au moment de l’entrevue, début mai).

« On est passé pour un club de voyous »

Pensez-vous avoir évolué sur votre manière d’entraîner depuis vos débuts à Châlons-en-Champagne ?

Forcément on évolue avec les années et les expériences. Au début, j’étais davantage dans le rapport de force avec mes joueurs. Aujourd’hui je ne le suis plus du tout. Je suis davantage mesuré dans mes propos. Je suis presque plus comme un père, moins directif dans ma façon de conduire mes séances. J’axe davantage sur la transmission de valeurs qui s’appliquent d’ailleurs en dehors du sport, donner du sens à ce que je demande à mes joueurs. Le résultat est important, mais il ne faut surtout pas se focaliser uniquement sur cet aspect.

Quelle analyse faites-vous de la saison actuelle avec Reims Sainte-Anne (quand l’entretien a été réalisé, samedi 6 mai, avant un déplacement au Racing Club de Strasbourg B), le club possédait un point d’avance sur le premier relégable à 5 matches de la fin) ?

Photo Reims SA

La saison peut encore être une belle saison si nous nous maintenons en national 3. On a réalisé un parcours exceptionnel en Coupe de France en éliminant Sedan (National) et Fleury, leader de son groupe de N2, chez eux (Fleury a terminé 2e de sa poule derrière Epinal). On est resté invaincu durant toute la compétition (élimination aux tirs au but contre Wasquehal). Cette élimination nous a fait énormément de mal, surtout le scenario (match arrêté le 20 novembre à la 60e minute après des échauffourées alors que Reims Sainte-Anne, à domicile, menait 3 à 0 et qui a été rejoué à Clairefontaine, à huis clos, le 11 janvier 2023). Personnellement, je ne souhaitais pas rejouer. Pour vous remémorer le contexte, quand on rejoue, on sait que si on passe, c’est le Pays de Cassel au prochain tour et ensuite ce serait le PSG. C’était le match le plus compliqué à préparer dans ma carrière. Beaucoup de procédures, beaucoup d’attentes, de déplacements pour les différentes auditions, on pense qu’on ne va pas rejouer, on n’est pas prêts athlétiquement… On perd finalement aux tirs au but alors que nous avons l’occasion de marquer à cinq minutes de la fin, avec une énorme occasion aux 5 mètres 50. On a manqué d’efficacité contrairement au premier match où nous menions 3-0. Cet épisode a marqué le groupe, a marqué le président, a marqué le club, surtout parce que nous sommes passés pour des voyous. C’est ça le pire. C’est un énorme sentiment d’injustice. Un sentiment double, d’une part par rapport à l’issue de la rencontre et d’autre part rapport à l’image donnée.

Hervé Papavero, du tac au tac

Meilleur souvenir sportif ?
La montée en National 2 pour ma première saison en tant qu’entraîneur principal, à Châlons-en-Champagne (2003-2004).

Pire souvenir ?
La rencontre contre Wasquehal pour le compte du 8e tour de coupe de France le 20 novembre 2022 (Reims-Sainte Anne menait 3 à 0 avant que le match ne soit interrompu et finalement à rejouer sur terrain neutre, à huis clos, où Wasquehal l’a emporté aux tirs au but).

Le club où tu as pris le plus de plaisir ?
L’US Laon (saison 2021-2022, avec une 5e place acquise en Régional 1, ligue des Hauts de France).

La saison où vous avez pris le plus de plaisir ?
La saison 2003/2004 avec Châlons-en-Champagne.

Le club où tu n’aurais pas dû signer, l’erreur de casting ?
La Chapelle Saint-Luc (2011/2012)

Le club où tu as failli signer ?
Deux ans avant de signer à Roye, j’étais déjà proche de signer en National 2 dans ce club, quand ils avaient conservé Jean-Guy Wallemme. Finalement ça a juste été retardé deux saisons.

Le club que tu rêverais d’entraîner ?
Le Racing Club de Lens, pour leur système de jeu et le public.

Un modèle de coach ?
Pep Guardiola

Meilleur joueur entraîné ?
Steve Vétier. Il a été le plus impactant sur les résultats de son équipe, il a un pied gauche exceptionnel, comme j’en ai rarement vu à ce niveau là. Il a mis 20 buts en Régional 1 avec l’US Laon lors de la saison 2021/2022. Et aussi Anatole N’Gamukol et Gary Ambroise, très impressionnants. J’ai eu la chance de voir des très bons joueurs.

Pourquoi avez-vous choisi d’être entraîneur ?
Pour rester dans le monde du foot et l’envie de manager.

Un coach marquant ?
Jean-Claude Parage, que j’ai eu en coach jeune et plus tard.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Franck Lorenzetti (qui a été notamment été l’adjoint à l’ESTAC d’Alain Perrin). Il a commencé très jeune à entraîner, de 23 ans jusqu’à 47 ans.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de croiser ?
Mehdi Izeghouine (entraîneur de Wasquehal)

L’adversaire qui t’a le plus impressionné ?
Récemment, c’est Thaon-les-Vosges, qui au match aller nous a baladé toute une mi-temps en réalisant des enchaînements offensifs parfaits sur l’animation du jeu.

Un président ?
Le Président Philippe Lépine à Roye.

Le coach le plus connu de ton répertoire ?
Hubert Fournier (actuellement DTN à la FFF)

Une devise ?
Si tu veux être respecté, soit respectable

Tu es un coach plutôt …
Dans l’échange, rigoureux, comme s’il n’y avait rien de plus important que le match ou la séance d’entraînement du jour, même si on sait pertinemment qu’il y a plus important en réalité dans la vie.

Ta philosophie de jeu ? Ton style ?
Beaucoup d’intensité, un pressing haut et la verticalité. Le 3-4-3 ou le 3-5-2

Ton match référence avec toi sur le banc ?
La victoire 5-1 en coupe de France contre Sedan (National) au 6e tour de la coupe de France (16/10/2022).

Ton pire match avec toi sur le banc ?
Avec Château-Thierry, une défaite à domicile contre l’US Laon sur le score de 5 à 0.

Un match de légende ?
En 2003, contre Créteil, on joue le match de la montée et nous sommes menés sur le score de 1 à 0. Si on ne gagne pas, on ne monte pas. Et au bout de 15 minutes en deuxième mi-temps, on mène 3 à 1.

Un modèle de joueur ?
Michel Platini à l’époque de l’Euro 84

Une idole de jeunesse ?
Michael Jordan

Ta plus grande fierté ?
Mes trois enfants

Le milieu du foot, en deux mots ?
Passion du foot et prenant

  • Hervé Papavero (né le 18 février 1969 à Reims)

Parcours d’entraîneur :

– Châlons football club Olympique : 2003-2006
– Reims Sainte-Anne : 2006-2007
– US Roye : 2008-2011
– La Chapelle Saint-Luc : 2011-2012
– Prix les Mézières : 2014-2015
– Château-Thierry : 2016-2019
– Reims Sainte-Anne (Directeur Général) : 2020-2021
– US Laon : 2021-2022
– Reims Sainte-Anne : 2022-2023

Texte : Marc-Antoine Goulieux / Mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : Philippe Le Brech et Reims Sainte-Anne

Le « Grand Ouest Association Lyonnaise Football-club », né en 2020 d’un regroupement de sept villages, a gagné son billet pour le National. Fabien Pujo, le coach, et Jocelyn Fontanel, le coprésident, expliquent les particularités et le côté atypique de GOAL FC, un club qui va détonner dans l’antichambre du monde professionnel !

Photo 13heuresfoot

Du noir. Du doré. Du brillant. Du clinquant. Un logo dynamique, jeune et « qui pète ». Identifiable entre tous. Un logo créé en 2020 par la société « Octobo Lyon », en même temps que la naissance de GOAL FC.

GOAL pour Grand Ouest Association Lyonnaise. Pour le choix du logo, c’est réussi ! Très classe. Pour le choix du nom de la nouvelle entité, là encore, chapeau ! C’est très bien joué de la part des « inventeurs ».

Au GOAL FC, vu de l’extérieur, tout est très beau. Mais êtes-vous déjà allé à Chasselay, au stade Ludovic Giuly, à 15 kilomètres au nord de Lyon ? Parce que, comment dire, quand vous empruntez la petite route qui mène au complexe, que vous traversez les champs, que vous ne pouvez pas vous croiser à deux voitures, que vous cherchez un café ouvert un samedi, jour de concours de pétanque sur l’unique petite place de ce village de près de 3000 âmes, et que la bouse de vache trône sur le bitume, on est très loin du bling-bling !

Photo 13heuresfoot

Il est là le paradoxe. Et c’est ce qui peut décontenancer un adversaire, un supporter, un partenaire… D’ailleurs, le coach Fabien Pujo lui même, l’artisan de la montée historique en National, répète souvent cette anecdote : quand il est venu en août 2018 à Chasselay pour la première fois avec Toulon, il se demandait bien comment le bus allait pouvoir se garer !

GOAL FC a fait de tout ça une force. Sa force. Il a su fédérer, unir, inventer, innover, séduire. Pour entrer aujourd’hui dans la cour des 54 meilleurs clubs de l’Hexagone. Car la saison prochaine, le club au terrain champêtre, fondé en 2000 sous le nom de Beaujolais Mont-d’Or, avant de devenir Mont d’Or Azergues Foot (2005 à 2017) puis Mont d’Or Anse Foot (en 2017), se frottera à Dijon, Niort, Nîmes, Le Mans, Orléans, Châteauroux, Sedan, Red Star, Martigues, pour ne citer qu’eux, en National. Un autre monde.

Des villages d’irréductibles « Goalois »

Photo 13heuresfoot

Des clubs comme GOAL, il en reste très peu dans l’antichambre du monde professionnel. Et il y en aura forcément de moins en moins avec la refonte des championnats et la volonté, à la fois de la LFP et de la FFF, de tirer le football vers le haut. Quelle erreur !

Ce n’est pas pour rien si la coupe de France est l’épreuve préférée des passionnés et vrais amoureux du foot, celle où « les petits », comme on les appelle, font des exploits, prennent la lumière et écrivent de nouvelles pages de leur histoire. Celle où le football de village sort parfois vainqueur.

Photo Sebastien RICOU

A GOAL, l’histoire raconte celle de plusieurs villages. Chasselay donc, où Dominique Giuly, le papa de Ludovic, l’ex-international, 41 années de présence – il a quitté le club en 2000 alors qu’il était encore vice-président du MDA, avant le grand chamboulement -, fut une des figures emblématiques. Anse. Tassin-la-Demi-Lune. et Champagne-au-Mont-Or. Quatre villages d’irréductibles « goalois » auxquels se sont greffés les clubs de « Futsal Saône Mont d’Or », qui accède au plus haut niveau (Divison 1), avec Neuville-sur-Saône et aussi Saint-Germain-au-Mont-d’Or (en plus de Champagne et Anse). Et enfin celui de Chazay-d’Azergues pour la section féminine, pour devenir Goal Féminines Chazay. Vous suivez ?

C’est un peu compliqué, mais après tout, qui a dit que le foot était simple ?

Devant près de 2000 spectateurs !

Photo Sebastien RICOU

Samedi, il y avait près de 2000 supporters – deux habitants sur trois ! – pour l’événement de la saison : le match de la montée historique en National, face au Stade Bordelais. « C’est incroyable » dira avant la rencontre un Pujo assez relax – du moins en apparence -, au moment d’évoquer son adversaire du jour, un club qu’il connaît très bien pour y avoir évolué et où joue Anthony Loustalot, son ancien gardien de but du temps de Bergerac : « Je ne sais pas s’il est titulaire ou pas aujourd’hui ! »

C’est d’autant plus incroyable que, en mai 2018, Pujo avait permis au Sporting-club de Toulon d’accéder en National en battant… Chasselay 3 à 0 !

Un signe de plus du destin après celui, déterminant, du week-end précédent aux Herbiers : en s’imposant 3 à 1 en Vendée, sur le terrain du leader, et en lui chipant la première place, GOAL FC s’était justement donné les moyens de maîtriser le sien, de destin, pour cette ultime journée de National 2.

Avec ce nouveau succès 3-1 samedi dernier face au Stade Bordelais (buts de Julien Kouadio, Thibaut Le Maître et Alexis Gonçalves), les coéquipiers d’Antoine Philippon, le gardien qui avait déjà vécu une accession en National avec Villefranche en 2018, et du capitaine Loïc Dufau (troisième accession en 5 ans de N2 en National après les deux précédentes au Puy Foot 43 ! ) le rêve est atteint. Les « irréductibles Goalois » verront le National !

INTERVIEW

Interview / Fabien Pujo : « Ici, ça me ressemble ! »

Photo Sebastien RICOU

L’entraîneur de GOAL FC, arrivé l’été dernier après deux expériences contrastées à Toulon et à Saint-Malo (une accession tout de même en National en 2018 avec le club Varois, mais deux « limogeages »), était ému au moment de prendre le micro sur la pelouse du stade Ludo Giuly. Il l’était encore un peu au moment d’évoquer cette accession avec son nouveau club.

Fabien, c’est quoi, là, vos premières pensées…
Cette accession, c’est du travail. C’est beaucoup d’investissement, sur le plan familial aussi avec une famille qui déménage… Et puis je sortais de deux projets difficiles, à Toulon et à Saint-Malo. Finalement, je me dis que j’ai peut-être quelques compétences, parce que vous savez, on perd vite confiance en soi. Là, ce qui m’envahit, maintenant, c’est… On est un club très atypique. Faire une montée en National, ici, dans ce village, ça me ressemble. Je vois les joueurs et les gens heureux et ça, c’est au-dessus de tout.

Photo 13heuresfoot

Vous avez douté ?
J’ai vécu des moments difficiles professionnellement, il a fallu se reconstruire, trouver le bon projet, et quand je suis arrivé l’été dernier à GOAL, y’a eu aussi 17 nouveaux joueurs… Mais bon, les bases du club étaient déjà là quand même.

On dit souvent que les moments de bonheur sont très rares dans le foot : vous allez profiter, tout de même ?
Pour le moment, je ne veux pas penser à la suite. La semaine dernière, quand je suis allé à ma première session du BEPF, à Clairefontaine, on nous a expliqués qu’il fallait lâcher prise parce que nous, les coachs, on ne lâche pas assez prise. Donc ce soir (samedi), je vais lâcher prise totalement !

J’ai peut-être passé une de mes meilleures années de coach ici, avec un groupe exceptionnel, un capitaine, Loïc… J’ai jamais vu un capitaine pareil (Loïc Dufau). J’ai eu très peu de moments où je me suis dis que je n’avais pas pris de plaisir en allant en séance. Je n’ai quasiment pas eu de problématique de management. C’est une année exceptionnelle avec un président, Jocelyn Fontanel, qui a été solidaire au moment où il fallait l’être, des dirigeants et des bénévoles exceptionnels. C’est une vraie bonne saison qui, à titre personnel, se termine avec une admission au BPEF à Clairefontaine où j’ai les yeux d’un enfant quand je m’y rends, et aussi avec ma 2e montée en National en 4 ans après Toulon.

Justement, cette accession avec GOAL, elle est comment si l’on compare avec Toulon en 2018 ?

Photo 13HF

D’abord, je pense que cette accession de N2 en National est la plus dure de toute, on n’est pas nombreux à en avoir fait deux, y’a Roland (Vieira, avec le Puy), Richard (Deziré, trois fois même avec Le Mans, Avranches et Raon-l’Etape), Maxime (D’Ornano, avec Saint-Brieuc et Rouen)… Voilà, on va redécouvrir le grand monde, en espérant cette fois que… Non mais bon, ici ce n’est pas pareil qu’à Toulon, il n’y a pas de problème contractuel. Là-bas, j’avais crée des liens forts avec les supporters, on avait une relation vraiment affective, mais la montée n’avait pas été aussi intense avec le groupe, ça avait été très difficile avec la direction… Mais il y avait 6000 personnes quand même au stade de Bon Rencontre et ça… ! Ici, c’est plus la récompense du travail. On est vraiment allé la chercher.

En National, GOAL fera forcément figure de « petit »…
Quand les clubs vont venir ici, ils vont dire « ah ouaip… quand même… ! » Parce que, de l’extérieur, on imagine que GOAL FC est une grosse structure. Rien que le nom, « GOAL », ça pète, mais quand on est à l’intérieur, ce n’est pas la même chose, mais c’est ce qui fait son charme. C’est un club très atypique. Mais là, pour le moment, on va apprécier, on va vivre le moment, on va faire une bonne fête et ensuite on va se pencher très vite sur la suite !

INTERVIEW

Jocelyn Fontanel (président) : « On va changer de monde ! »

Photo Maxifooto

Président, présentez-nous votre club, comme si vous l’expliquiez à un néophyte ?
GOAL FC regroupe plusieurs communes. Le club est né à Chasselay. Il s’est étendu avec Anse, Champagne-au-Mont-d’Or et Tassin pour le foot libre, et on a intégré le futsal avec Saint-Germain-au-Mont-d’Or et Neuville-sur-Saône. Pour les filles, c’est Chazay-d’Azergues; ça fait 7 communes en tout, mais c’est le club de Chasselay on va dire…

Ce regroupement, c’est forcément pour avoir plus de moyens ?
C’était aussi pour avoir plus de moyens mais, il faut le dire, pour le moment, on n’a pas plus de moyens. C’était surtout pour rentrer dans la Métropole. L’idée, c’était d’occuper le territoire entre Villefranche-sur-Saône et Lyon.

Bon, il reste Limonest à côté, mais ils ne veulent pas se joindre à nous (sourires), tant pis, c’est comme ça, pourtant, ça serait naturel que l’on fasse des choses ensemble car on est à côté mais bon, ça fait 20 ans que c’est comme ça… C’est pas grave, c’est un très bon club, ils ont un très bon maire. Nous, on va poursuivre notre bonhomme de chemin tranquillement. On a des bases solides. Avec Olivier Delorme (coprésident depuis six mois), on connaît un peu de monde. En National, ça sera compliqué, mais j’espère qu’on va nous aider. On a aussi le futsal qui accède au plus haut niveau : c’est pas mal, non ?

Et la section féminines ?
Pour l’instant, chez les filles, on fait du volume. On a entre 130 et 140 filles, on a des U18 filles qui marchent bien et chez les plus jeunes, ça se met bien en place.

Photo 13heuresfoot

Depuis quand êtes-vous à la tête du club ?
Je suis président depuis le décès de l’ancien président, Gérard Leroy, en février 2012. Mais je suis arrivé au club en 1994… Donc j’ai 29 ans de présence au club ! J’ai été joueur et capitaine de l’équipe, j’ai participé à la première montée en DH (Régional 1) et au premier 32e de finale de coupe de France de l’histoire du club, et puis à la fin de ma carrière, le président m’a demandé de devenir vice-président : de par mon métier dans le bâtiment, on va dire que j’attire quelques partenaires et puis il y a eu son décès, malheureusement… Cela m’aurait plu de vivre une coprésidence avec Gérard Leroy.

Après sa disparition, on a travaillé à trois avec Dominique Giuly, qui est parti il y a 3 ans, et Mickaël Mendez, actuel manager général. Olivier Delorme nous a rejoints en 2000 en tant que président délégué d’abord, et depuis 6 mois il est coprésident. Tous les trois, on travaille beaucoup, on essaie de fédérer. GOAL FC , c’est un projet sportif mais c’est avant tout un projet humain. Regardez autour de vous…. Vous voyez où on est, c’est tout un village, c’est le Val-de-Saône, c’est le Grand Ouest Lyonnais … Quand on a joué une fois dans notre club, même si historiquement c’était MDA, Mont-d’Or-Anse Foot, les gens reviennent toujours, car ils y passent toujours de bons moments, car on respecte les gens et on gère le club en bon père de famille.

En fait, il fallait que le club se fasse une place…

Photo Sebastien RICOU

Oui, il fallait qu’on se fasse connaître. Le FC Villefranche Beaujolais fait du très bon travail, pour Lyon Duchère et Saint-Priest c’est un peu plus difficile en ce moment, et nous, il fallait qu’on existe autour de ces clubs.

Si on n’était resté que Chasselay, cela aurait compliqué, c’est pour ça qu’on a étendu le club dans la métropole. L’ancien président de Tassin m’avait contacté, et pour Champagne, le club allait mourir, c’est pour ça qu’on a créé ce nouveau club, et il y a d’autres communes encore qui ont des difficultés aux alentours de chez nous. On a notre centre d’entraînement à Parcieux, ex-FC Bords de Saône, où la tribune va être démolie mais il y aura toujours les deux terrains, l’un en herbe et l’autre en synthétique. On va faire, du moins pendant un an encore, notre centre d entraînement là bas.

Et ici, à Chasselay, comment allez-vous faire pour accueillir des matchs de National ?

Photo Sebastien RICOU

On a des travaux à faire au stade Ludovic Giuly pour qu’il soit homologué en National : l’éclairage, les vestiaires, que l’on doit refaire car ils ne sont pas assez grands donc on va pousser un peu les murs. On va mettre un tunnel de sécurité pour l’entrée des joueurs, les bancs de touche ne sont pas assez longs, il faudra mettre un tableau d’affichage aussi, des choses comme ça. On va commencer les travaux le 15 juin. De toute façon, tout cela était prévu même si on n’était pas monté, sauf l’éclairage, pour lequel on aurait attendu.

Quid du budget 2023-2024 ?
On aura besoin de l’aide de la Région, du Département, des mairies. On aura le fonds d’aide au club de la Fédération : c’était 230 000 euros et 7 euros du kilomètres pour les déplacements cette année. On aura aussi un peu de droit TV, donc au total, ça tournera peut-être autour de 300 000 euros pour l’aide fédérale, quand on avait 50 ou 60 000 euros en National 2.

Mais il n’y a pas que ça : on va changer de monde ! On essaie de construire un budget au dessus de 2,5 millions. Cette saison, on était autour de 2,1 millions, mais on est 1100 licenciés. Si nous étions 500 ou 600 licenciés, on serait à 1,8 millions.

Le nom du club « GOAL », ça « pète », c’est cliquant, et quand on arrive au stade, ça « pète » tout de suite déjà moins…

Photo Sebastien RICOU

C’est exactement ce que m’a dit le président de Grasse (Jean-Philippe Cheton) quand il est venu la première fois. Oui, mais on est les Gaulois aussi, c’est le stade Ludovic Giuly hein, c’est Astérix ! On est atypique, on le sait. Ce n’est pas que l’on cultive ça, c’est naturel, c’est comme ça.

J’ai regardé, en National, y’a beaucoup de clubs qui ont joué en Ligue 2, voire en Ligue 1… Mais cette saison en National, on va la vivre, on va défendre chèrement notre peau. Notre stade ? Faudra venir chez nous, hein…

Quand on jouait le maintien en CFA, des clubs comme Strasbourg ou d’autres, on les a tapés ici !

Des aménagements sont-ils prévus ?

Photo Sebastien RICOU

On va essayer de moderniser le site : ça prendra du temps, on va faire avec nos moyens, on va se débrouiller. A Auxerre, il n’y avait rien au départ et quand Guy Roux vendait un joueur, le club construisait une tribune…

Je ne sais pas si un jour cela nous arrivera mais il faut s’en inspirer. Le monde économique du foot est en train de changer, on voit de gros investisseurs arriver, on sera toujours en association pour le moment. On va travailler sur les partenaires et aussi sur le public : les matchs vont avoir lieu le vendredi soir, en afterwork, donc ce sont des choses nouvelles sur lesquelles on va devoir travailler. Il faudra cultiver ça. Et peut-être mettre une petite tribune en face.

Vous aurez un joli derby avec le voisin Villefranche…
Oui, avec le FCVB, ca va faire un beau derby entre amis, on s’entend bien avec Philippe Terrier, le président. J’aimerais aussi que Bourg-en-Bresse (le FBBP01) soit repêché, afin que l’on ait un maximum de clubs de la région dans le championnat, parce que ça draine du public et ça fait passer des bons moments. J’aimerais aussi que Nancy soit repêché, c’est mon ancien club (Jocelyn Fontanel a également évolué à l’Olympique Lyonnais).

  • Lire aussi / Fabien PUJO : « Quand je quitte un club après je deviens socios ! »

https://13heuresfoot.fr/actualites/fabien-pujo-quand-je-quitte-un-club-apres-je-deviens-socios/

Texte : Anthony Boyer / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Boyeranthony06 et @13heuresfoot

Photos : Sébastien Ricou, Maxifooto et 13HF

Photo Sébastien Ricou
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