Après avoir connu la Ligue 2 (de 2008 à 2011) et le Stade de France, le VOC est retombé en N3. La faute à un dépôt de bilan en 2014 et le départ de son ex-président et généreux mécène, qui avait aidé à installer les Morbihannais en National 2. Le club repart encore de zéro, avec l’envie d’une reconstruction pérenne, à base d’identité locale.

Photo VOC.

Souvenez-vous il y a quatorze ans, en 2009, le Vannes Olympique Club, pensionnaire de Ligue 2, s’offrait une folle épopée en coupe de la Ligue. Après avoir passé cinq tours et écarté deux équipes de L1 (Valenciennes et Auxerre), les joueurs de Stéphane Le Mignan s’en allaient composter leur billet pour le stade de France sur la pelouse du Stade du Ray, en éliminant un troisième club de l’élite, l’OGC Nice, en demi-finale (1-1, 4-3 tab).

Mais, avec trois buts encaissés dans les 15 premières minutes (défaite 4-0), la finale face au Bordeaux de Gourcuff, Chamakh et consorts a été aussi brutale que le parcours fut remarquable.

Les temps ont changé

Le stade de La Rabine, à Vannes, qui accueille aussi les matchs du leader de Pro D2, le RC Vannes 1950, en rugby ! Photo Philippe Le Brech.

Bien sûr, cette soirée du 25 avril 2009 n’est pas le seul vestige de l’âge d’or connu par le Voc dans la première décennie des années 2000. « En tant qu’amoureux du Voc, mais aussi de l’OM, le grand souvenir que je garde de cette époque c’est la confrontation au Vélodrome, pour les 1/4 de finale de la coupe de France 2007 », rembobine le Maire de Vannes, David Robo; « J’étais en présidentielle, et j’avais même eu la chance de toucher la coupe aux Grandes Oreilles. Je conserve l’émotion d’il y a 15 saisons, aller au stade de France, jouer en Ligue 2, pour une ville comme la notre c’est extraordinaire. » « Tout cela a participé à écrire la plus belle page de l’histoire du club », en convient l’actuel président, Daniel Boraud.

Depuis, les temps ont bien changé et le Voc a dû écrire plusieurs nouveaux chapitres. Dans l’actuel, l’ex-deuxième club phare du Morbihan après le FC Lorient se retrouve désormais au même niveau que ses voisins de la GSI Pontivy, du Stade Pontivyen ou encore de Locminé, en National 3. « Et attention, il y en a cinq dans la charrette ! », fait noter le Maire. « Malgré notre récente victoire face au leader (1 à 0 face à l’AS Vitré, aujourd’hui 3e), on est toujours dans la zone rouge. Il ne faudra pas se louper, même si je sais que le club continuerait à vivre en R1 (le VOC est classé 12e sur 14 après 7 journées mais compte un match en retard, la rencontre à Pontivy face au GSI ayant été reportée). »
Lui entretient un rapport particulier avec le sport : « Je suis un grand fan, depuis tout gamin. Plutôt dans mon canapé que sur le terrain… Mais oui, je suis accro au sport ».

Une décennie en montagnes russes

Même si Vannes est loin d’y être, ce ne serait qu’un « bas », comme a déjà connu le club morbihannais au cours des dix dernières années traversées comme des montagnes russes, le faisant ainsi chuter dans la hiérarchie nationale.
Emmené par Stéphane Le Mignan, désormais sur le banc du voisin de l’US Concarneau en Ligue 2, le Voc était monté en National en 2005, puis en Ligue 2 en 2008 avant d’y rester jusqu’en 2011. Après trois nouvelles saisons en National (2011 à 2014), une dette de 500 000 euros avait obligé le club à déposer le bilan.

Oumar Diakhité. Photo Philippe Le Brech.

C’est donc de la DSE, la 7e division, qu’est reparti le Voc, né de la fusion entre le Véloce Vannetais et le Vannes FC en 1998. Touchés mais pas coulés, les Bretons sont remontés de trois divisions pour atteindre le National 2 en 2018. Un redressement sportif accompagné, une saison plus tard, d’un coup de pouce financier, « entre 50 000 et 150 000 euros par an » de la part de leur nouveau président, Maxime Ray, Lorientais d’origine, qui oeuvrait dans la finance. Son arrivée en 2019 avec un projet de National puis de Ligue 2 « en quatre ans », et la venue de joueurs chevronnés du championnat, semblaient montrer que le Voc était relancé. Des promesses pas forcément tenues en championnat où les Vannetais naviguaient souvent dans le ventre mou. Il y eut bien un coup d’éclat, en coupe de France, pas plus tard qu’en 2022, lorsque le PSG et Mbappé (auteur d’un triplé) étaient venus à la Rabine (0-4).

Le départ brutal d’un généreux président

Thibault Bouedec. Photo Philippe Le Brech.

Et puis patatra. Le président Maxime Ray, généreux mécène, annonce son départ en avril 2022, sur fond de désaccords avec la mairie. La goutte d’eau étant l’impossibilité d’organiser un match de gala entre équipes professionnelles à La Rabine. « Il y a eu une incompréhension sur ce match amical. C’est une erreur technique et administrative de mes services », assume le Maire David Robo. « Je ne préfère pas revenir sur cette période pas forcément agréable pour le club. C’est une décision personnelle de Maxime Ray qu’il faut respecter, même si c’est dommage pour le club et ses ambitions », commente le président Daniel Boraud. Et pour cause : « Il est bien évidement que le départ de Maxime Ray, qui était un mécène très généreux, a amené à revoir le budget. Personnellement, je n’ai pas les moyens de financer dans la même mesure. »

Nicolas Flégeau. Photo Philippe Le Brech.

Arrivé à dans le coin en 1975, puis progressivement installé comme « petit partenaire » du Vannes OC, le natif d’Orléans Daniel Boraud est devenu vice-président du club en 2002 : « C’était pour prêter un coup de main au niveau des finances, rembobine-t-il. J’aime bien le foot, j’ai aussi un fils qui y jouer. En plus de mon rôle de partenaire, ce sont ces trois éléments conjugués qui ont fait que je me suis investi au Vannes OC. »
Parti en 2006 pour raisons professionnelles, il a été recontacté en 2019 pour revenir. Avant de se voir propulsé président du club, une fois le départ de Maxime Ray acté.

C’est avec cet oeil d’ancien chef d’entreprise qu’il a géré les difficultés financières connues par le club. « Personnellement, je n’ai pas les moyens de financer le club dans la même mesure. A partir du moment où le budget passe de 1,3 millions d’Euros à 950 000 Euros, et que vous avez des joueurs de N2 voire du niveau au-dessus, vous ne pouvez pas vous permettre de continuer à les rémunérer. Vous ne pouvez pas non plus avoir les mêmes dépenses générales pour le club », détaille le président. « On a pris des décisions financières drastiques qui n’ont font pas plaisir à tout le monde. Mais il a fallu les prendre. »

Un souhait de sérénité et de pérennité

Hugo Le Bolloch. Photo Philippe Le Brech

C’est ainsi que la saison 2022-2023, en National 2, a démarré pour le Voc, sans ses leaders techniques et en pleine modification interne. Des éléments trop déstabilisants pour éviter la descente au club vannetais, 14e la saison passée (sur 16) avec 16 défaites en 30 matchs.

Reparti sur un nouveau cycle pour cette nouvelle saison, en National 3, l’objectif n’est pas que sportif. « Repartir de zéro ? Oui, c’est la bonne formule. On doit remettre des fondations sur des budgets que l’on connaît, développer nos partenariats au maximum. Vannes est une belle ville, avec un beau stade, des infrastructures de qualité et des partenaires fidèles. Il faut développer tout ça. On veut rebâtir des fondations pérennes », clame Daniel Boraud. « Et ce n’est qu’après cette construction qu’on pourra retrouver le niveau hiérarchique supérieur. »

Calvin Mangan. Photo Philippe Le Brech

David Robo va dans son sens : « Je souhaite avant tout un futur serein. J’ai le sentiment qu’à Vannes et en Morbihan, on a de quoi construire avec l’identité locale, en formant ou en récupérant des jeunes qui ne sont pas pris dans les clubs professionnels du coin. Certes, le sport, c’est avant tout des résultats sportifs. Mais avoir des jeunes attachés au maillot, fiers de leur identité, ça me procure aussi des émotions ».

Le Voc n’est pour l’instant que 12e de sa poule, mais il est porteur de promesses, symbolisées par l’attaquant Junior Burban. Lui est né à Vannes, a débuté dans un des clubs de la ville, avant de rejoindre le FC Lorient à ses 12 ans. Dix ans plus tard, pas conservé par les Merlus, l’attaquant est revenu « chez lui ». Et il marche sur l’eau en ce début de saison, avec déjà 5 buts inscrits en 6 journées. Tristan Boubaya, 34 ans, est lui aussi revenu sur ses terres bretonnes. Capitaine de l’équipe, il est venu ajouter une sacré touche d’expérience à l’équipe d’Hervé Brouard. Le milieu de terrain a connu la réserve du FC Lorient, ou les Herbiers. Plus récemment, il a disputé deux saisons chez le voisin de l’US Concarneau, en National. L’année dernière, il évoluait encore au Mans, dans un troisième niveau national où, au total, il a disputé près de 140 matchs. Un leader d’âme, incontestablement, dont aura besoin le Vannes OC dans sa reconstruction.

Texte : Alexandre Le Bris / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @lebrisfutAlex

Photos : Philippe Le Brech et VOC.

Photo de couverture : VOC.

Leo Faure. Photo Philippe Le Brech
Jordan Henry. Photo Philippe Le Brech
Taylor Salibur. Photo Philippe Le Brech
Le coach de l’équipe de N3, Hervé Brouard. Photo VOC.
Matteo Petitgenet. Photo Philippe Le Brech.
Tom Clémence. Photo Philippe Le Brech.
Junior Burban. Photo Philippe Le Brech.
Tristan Boubaya. Photo Philippe Le Brech.
L’équipe du VOC, cet été, lors des matchs de préparation. Photo Philippe Le Brech.
Photo VOC.
Sullivan Coppalle, préparateur physique et entraîneur adjoint. Photo VOC.
Photo VOC.

Le président emblématique du FC Sochaux-Montbéliard (1999-2008) est revenu à la barre l’été dernier aux côtés de son bras droit Pierre Wantiez. Il évoque les souvenirs des années 2000, raconte les premiers mois de son retour, marqué par le sauvetage du club, rétrogradé en National, et évoque l’avenir.

À Montbéliard, il est sans doute plus connu que Marie-Noëlle Biguinet, la maire en place. Au stade Bonal et dans les alentours, c’est une idole. Une légende. Homme de poigne, Jean-Claude Plessis (79 ans) a tenu le FC Sochaux-Montbéliard de 1999 à 2008. Président charismatique, il a surtout emmené le club doubiste en coupe d’Europe plusieurs saisons et au stade de France à trois reprises. Derrière son passage, un titre de champion de D2 en 2001, une coupe de la Ligue en 2004 et une coupe de France en 2007. Un palmarès qui ne dit pas tout de la trace qu’il a laissée dans les cœurs. Elle est immense. Avec lui, le FCSM a connu ses dernières années fastes et quelques joueurs frissons. De classe, aussi, comme Mickaël Pagis ou Teddy Richert. Si les supporters ne l’ont jamais oublié depuis son départ, ils n’avaient plus forcément de nouvelles de lui ces dernières années.

Alors il est revenu dans le paysage. Sans vraiment le vouloir et encore moins le prévoir. Par la force des choses, par le sens de l’histoire. Plombé par un déficit colossal, l’institution FC Sochaux est passée proche de disparaître et l’équipe de couler en National 3.

Mais Jean-Claude Plessis n’a pas laissé faire. Alors il a observé, tendu l’oreille et s’est laissé prendre par l’émotion. La détresse du peuple franc-comtois l’a rappelé à son devoir. Accompagné de Pierre Wantiez, son bras droit des grandes années sochaliennes devenu directeur général, il est revenu poser ses valises près des usines Peugeot pour tenter de sauver le monument. Non sans mal mais avec succès. Le 17 août, la DNCG autorisait Sochaux à repartir en National et ses supporters à retrouver goût au football.

Après 12 journées, l’équipe entraînée par Oswald Tanchot, 8e, compte 16 points et affine gentiment son fond de jeu. Mais le club n’est pas encore totalement sorti d’affaire et l’ex-président revenu aux manettes le sait.
Il y a quelques jours, Jean-Claude Plessis nous a ouvert son bureau du stade Bonal pour se livrer sur les derniers mois intenses et ceux qui arrivent. Il s’est aussi replongé dans les souvenirs d’époque, celle où Sochaux valorisait le football français. Lui se souvient de tout. Les supporters aussi.

Interview

« Le club n’est pas encore sauvé »

Comment vous sentez-vous après cet été dense ?
Ça continue. Il ne faut pas croire, le club n’est pas encore sauvé. On a trouvé des repreneurs, on a pu faire ça au dernier moment. On ne sait même pas encore comment on a pu y arriver ! Maintenant il faut serrer la vis. Les installations, le stade, ce n’est pas gratuit tout ça. On a un train de vie qui est plus celui de Ligue 2 que de National. Voire de Ligue 1 avec le centre de formation. C’est un coût important mais c’est un choix qu’on a fait. Le centre, c’est notre ADN. On est obligé de réduire les coûts, faire attention. On essaie de ne pas perturber l’équipe de foot. On fait tout ce qu’il faut.

Comment on s’y prend, on fait une croix sur certains services ?
On essaie de réduire, notamment le personnel. Mais ça, chacun le savait. C’était tout ou rien. On est en train de faire les budgets et c’est surtout au niveau du personnel administratif. Il est certain qu’on a moins de travail quand on est en National qu’en Ligue 1. Mais quand il y a un match, il faut des stadiers et à peu près les mêmes choses, ça ne change pas. C’est difficile mais on se bat et on espère y arriver.

« Si je n avais pas d’énergie, je ne serais pas là »

Vous êtes revenu à Sochaux plein d’énergie !
Bien sûr. Si je n’avais pas d’énergie, je ne serais pas là. A la limite, on n’était pas venu Pierre (Wantiez) et moi pour rester. On pensait que sur place on aurait trouvé (un repreneur). Mais ça ne s’avère pas vrai pour l’instant. Il n’y a pas assez de candidats mais trop à la fois. On reste pour calmer le jeu et on verra dans quelques mois ce qu’il en est. Je n’ai pas vocation à rester là plusieurs années.

C’est dur de trouver le bon profil parmi les candidats ?
Tout le monde a envie de diriger un club de foot, mais on va remettre les choses à leur place et après on verra.

Quel était votre quotidien avant de revenir ?
J’ai une épouse plus jeune que moi, on a un appartement dans Brest. On allait aux spectacles, au cinéma, je faisais du vélo au bord de la mer. Mes journées étaient toujours pleines. Je suis un mec assez solitaire, je peux rester tout seul pendant un moment, m’asseoir au bord de la mer et la regarder pendant deux heures, ce qui énerve ma femme. Et puis j’ai une maison au Sénégal, j’y allais beaucoup à l’époque. Mon petit club (l’AS Brestoise) me prenait aussi un peu de temps. C’est du boulot ! […] Je dois remonter pour l’assemblée générale, s’ils veulent trouver un autre président on verra ça mais je crois qu’ils veulent me garder. C’est gentil de leur part (sourire).

« Ce qu’on fait est complètement hors-norme. « 

Quand vous êtes revenu, la situation pouvait ressembler à un bourbier. Il y a eu plusieurs étapes dans votre raisonnement ?
On ne pense pas à ça, on se demande ce qu’on peut faire. On ne se pose des questions que 24 heures et quand le club est au bord du dépôt de bilan, on intervient. J’appelle Pierre, on se dit qu’on y va et le lendemain matin on est sur le téléphone et on appelle tous les sponsors et administrateurs. On essaie, on avance. La chance qu’on a, c’est qu’il y a deux-trois gars qui nous disent oui tout de suite. On a aussi un investisseur parisien qui nous dit oui pour une grosse somme, mais au dernier moment il nous lâche. Ça a été compliqué. Mais la plupart des autres actionnaires n’étaient pas chauds pour qu’on ait un investisseur intéressé par la revente. Ceux qui font ça le font par amour, ce sont des gens d’ici, qui ont joué au club, qui connaissent son importance pour la région. Des passionnés, des amoureux du foot. Ils pensent bien qu’ils ne récupéreront pas forcément leurs deniers, mais ils veulent sauver le club. C’est ça le leitmotiv. C’est possible, mais ce sera difficile.

C’est possible parce qu’on parle du FC Sochaux, un club marquant ?
Oui. Mais le football d’aujourd’hui n’est pas tout à fait axé sur ce qu’on fait nous. Ce qu’on fait est complètement hors-norme puisqu’on va monter une Scic (Société coopérative d’intérêt collectif), ce qui intègre les actionnaires, les pouvoirs publics, les supporters… Ce n’est pas si facile que ça. Bastia l’a fait mais dans des conditions moindres. Nous on y va plein pot. Les pouvoirs publics veulent savoir ce qu’il se passe, les actionnaires aussi. Surtout que dans une Scic, une personne égale une voix. Ce n’est pas le plus riche qui dirige. Mais on a la chance d’avoir les Sociochaux (Socios qui ont participé au sauvetage), ils vont avoir un siège et comprennent très bien l’action. Ça va se faire, mais la mise en place n’est pas facile.

Où situeriez-vous l’avancée ?
On arrive au bout. On a eu une réunion, on a 42 actionnaires. Ça fait beaucoup. Être actionnaire du FC Sochaux, ce n’est tellement pas rationnel… Le foot, c’est un monde à part.

« Sans Pierre (Wantiez), je n’aurais pas pu y arriver »

On a beaucoup parlé du retour de l’ancien président, mais vous formez un duo avec Pierre Wantiez qui faisait la force de cette reprise…
C’est habituel. Il connaît mieux les lois que moi parce que j’ai été éloigné du football professionnel pendant quinze ans. Il a toujours été dedans avec plusieurs clubs et a toujours fait partie des instances dirigeantes. Sans lui, je n’aurais pas pu y arriver.

Vous avez retrouvé vos réflexes facilement ?
Oui. On ne s’est jamais perdu de vue, il travaillait au Havre où était mon fils. On ne pensait pas retravailler ensemble mais on se connaît bien, on sait quelles sont nos limites de territoires. Moi je suis plus orienté sur l’équipe, le management. Lui est plus orienté sur tout ce qui est administration, Dieu sait qu’on a besoin de lui avec la Scic. Mais ça se passe bien. De toute façon, si ça se passait mal on ne resterait pas là.

La vie de vestiaire vous avait manqué ?
J’avais déjà un groupe, j’ai 550 licenciés à Brest. ça a été un très gros club, champion de France amateur à l’époque. J’avais déjà été président de ce club il y a une quarantaine d’années. Quand je l’avais quitté on était en 3e division. On avait joué la montée pour la 2e. Mais ça m’avait bien arrangé parce qu’il y avait déjà le Stade Brestois et la Ville, qui donnait de l’argent, ne voulait pas un deuxième club en professionnel. Mais ça reste un club formateur que j’ai repris à la demande d’anciens joueurs devenus dirigeants, ils sont venus me chercher pour que je reprenne la présidence. Je l’ai fait avec plaisir.

Vous aviez donc encore les deux pieds sur le terrain…
Oui. Et puis je sais faire ça. A Sochaux, j’ai la chance de tomber sur une bonne équipe dirigeante, avec un entraîneur tout à fait au-dessus de mes espérances. C’est un gars qui me va très bien.

« Oswald Tanchot pense comme nous. J’aime beaucoup ce type. « 

Avec le coach Oswald Tanchot

Justement, le coach Oswald Tanchot semble bien coller à l’identité locale alors qu’il n’est pas de la région…
Moi non plus je ne suis pas d’ici (rire). Ils ont l’habitude, ces gars-là. Ils voyagent pas mal. Il s’est trouvé là au bon moment. Il n’est peut-être pas en Ligue 2 mais je pense que ça doit être un révélateur plus important. Il est adulé par les spectateurs, ce qui nous arrange bien en ce moment. Il est tout ce qu’on veut : on est toujours un club formateur, je ne l’oublie pas. Contre Melisey (le 15 octobre en Coupe de France, qualification 4-0), il y avait huit ou neuf joueurs qui sortaient du centre de formation. J’ai été obligé de lui dire chapeau. Il pense comme moi, il pense comme nous. J’aime beaucoup ce type. Il est travailleur, je le vois faire. Je suis allé au match de la réserve, il était là. Il s’intéresse à tout. Le directeur sportif, Julien Cordonnier, aussi. Les kinés et le service médical je les connais, ils étaient déjà là.

Comme Freddy Vandekerkhove, l’intendant historique !
(Il soupire en souriant) Freddy, c’est moi qui l’ai embauché, alors… Quelle erreur j’ai faite (rire) ! Il jouait au foot avec mes fils à l’époque.

« Bonal, c’est la tour Eiffel, c’est l’ADN du club ! »

On a le sentiment que cette période compliquée a permis de faire ressortir encore plus l’identité locale et l’amour des gens pour le club.
Ça continue. Je ne peux pas faire deux mètres sans faire une photo. On a eu des bons souvenirs, on a fait des belles choses ensemble il y a quinze ans. Pour moi c’était fini, je suis revenu pour eux. Dieu sait si ma vie est bouleversée ! (rire) Je ne suis plus tout jeune, mais ça m’a donné un regain d’énergie. Je suis en forme, tout va bien. On fait face à tous les soucis qui tombent régulièrement. Ces gens-là ont failli perdre leur âme. Bonal, c’est la tour Eiffel. C’est les arènes de Nîmes. Les Nimois ne vont pas toujours aux arènes, mais si vous les cassez… Bonal, c’est l’ADN du club avec le centre de formation. C’est aussi pour ça qu’on s’est battu pour sauver le centre. Ceux qui jouaient le côté National 3 avec un dépôt de bilan, c’était la perte du centre de formation. Quand il y a des matchs en professionnel, les équipes viennent, prennent un hôtel, vous savez comment ça se passe. Comme les matchs en National se jouent à 19h, les gens vont manger au restaurant après. On a sauvé une partie de l’économie de ce pays, c’est pour ça que les pouvoirs publics nous ont aidés. Donc oui, il y a un engouement parce que c’est une identité. On a refusé l’argent qui vient pour nous déstabiliser. Aujourd’hui, il y a sans doute des actionnaires qui voudraient rentrer mais pourquoi faire ?

C’est la question à laquelle il n’est pas évident de répondre ?
Oh si, on sait quoi faire ! Moi, je suis obligé de respecter les quatre ou cinq qui ont permis de boucler le budget DNCG en trois jours. Les autres, je ne les méprise pas, mais ils sont arrivés après. On était au mois d’août, certains étaient en vacances. Mais les premiers, ce sont les grosses sommes et ils ont répondu présents au premier coup de téléphone. C’est ce qui a fait le noyau dur. Aujourd’hui, on a un beau tour de table mais on en est au stade où il faut pérenniser le club. Vous l’avez bien compris : je ne suis pas venu ici pour passer mon centenaire !

Il y a des régions plus ensoleillées pour ça…
Je m’en fous de ça. Je suis tellement heureux. Quand je vais à la sortie du stade et que je vois le plaisir que les gens peuvent avoir, qu’ils viennent te remercier. On a fait un truc dont tout le monde se souviendra très longtemps, surtout ici.

Qu’est-ce qui vous lie précisément à ce club, qui fait que c’est si fort en vous ?
C’est une période de ma vie exceptionnelle. Je n’étais pas destiné dans ma vie à présider un club de football de Ligue 1. En plus, ça a bien marché. Bien sûr que j’ai eu des problèmes, j’ai vu des « Plessis démission » dans les tribunes. Même quand ça marchait très bien. Le public est comme ça, il faut l’accepter, ça fait partie du jeu. Le football c’est comme une entreprise… sauf que ce n’est pas tout à fait une entreprise. Tous les samedis, tu as le résultat de ton travail. Et même si tu travailles bien, tout peut arriver. Aujourd’hui, j’ai le collier d’immunité mais je ne suis pas destiné à rester là très très longtemps.

« Le club a été martyrisé depuis 10 ans « 

Il s’agit du plus gros défi de votre vie ?
Oui. C’est plus qu’un défi, c’est une espèce de mission divine alors que je ne suis pas très croyant. Il y avait des obstacles, avec Pierre on devait les surmonter. On allait se coucher chacun dans son hôtel, on se disait que c’était foutu. Quand on a payé le club on avait encore 2,5 millions de dettes. On a pris des risques. Et puis, surtout, ce qui était dangereux et que je craignais le plus, c’est que quand les gens ont vu que je m’impliquais, ils ne se sont pas posés de question : c’était fini, on avait gagné. Quand on est arrivé, on a passé des nuits à regarder les comptes. Mais pour eux c’était fini, ils nous ont embrassé.

Il fallait rester lucide et froid !
Il fallait surtout leur dire que ce n’était pas gagné. Et tu te dis que si ça ne marche pas, non seulement tu vas foirer mais en plus tu leur as donné de l’espoir. Bon, ça a marché (sourire) !

Vous avez retrouvé le club que vous aviez connu ?
Oh oui. Parfois j’oublie les salons, j’ai du mal à les retrouver. Mais je retrouve la même chose, les anciens partenaires, les anciens supporters, les commerçants, les hôtels… Ce qui a sans doute changé, ce sont les choses qui sont plutôt de l’ordre des instances. Tout le monde voulait que Sochaux s’en sorte, mais tu ne pouvais pas ne pas respecter les instances. Il y a une grosse merde qui avait été faite ici quand même.

Il fallait rattraper une situation bien mal embarquée ?
(Il soupire) Et ce n’est pas fini ! 25 millions de pertes, c’est quand même quelque chose d’extraordinaire. Tout le monde ne s’est pas méfié parce qu’à chaque fois qu’il y avait une perte, Nenking payait. Mais cette fois, ils n’ont pas payé… On sait très bien que ça ne va pas très bien dans l’immobilier en Chine. Le club a été martyrisé depuis 10 ans. Il a tout eu : entre Li qui vendait des LEDS alors qu’on n’a jamais vendu une LED ici, les Basques qui sont venus, ensuite Nenking avec une direction un peu fantaisiste et un gars un peu… (Il s’interrompt et ne cite pas le nom de Samuel Laurent, ex Directeur général) Enfin, on ne va pas dire plus de mal de lui, tout le monde le sait. Il y a eu des choses qu’on n’explique pas, qu’on ne comprend pas. Les agents se sont aussi engraissés sur le club.

Une nouveauté ?
Ça, ça a changé. Les agents que je rencontre aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux que j’ai connus de mon temps. C’étaient des gars avec qui on travaillait en confiance, on gérait ensemble la carrière des joueurs. Aujourd’hui, la préoccupation c’est de faire de l’argent tout de suite. Et les familles s’en mêlent.

« A l’époque, on était à la limite de la Ligue des Champions »

Président de Ligue 1 et de National, c’est le même métier ?
Pour l’instant, c’est la même chose. Sauf que tu te sens un peu comme un parent pauvre du football, quand même. Ton club a brillé, tu as fait des coupes d’Europe, tu as gagné la coupe de France, la coupe de la Ligue… Quand j’ai été champion de France de Ligue 2 avec Sochaux, j’ai pensé que c’était la dernière fois que j’étais champion de France. Maintenant, on va essayer d’être champions de National (rire).

Vous n’êtes pas seulement un ancien président, mais celui des dernières années fastes…
Oui. Notre titre de gloire, quand même, c’est d’avoir gagné le même jour au même endroit la coupe Gambardella et la coupe de France, on a fait la totale (en 2007, face à Auxerre et Marseille) ! L’année d’après, je suis parti parce que j’avais l’âge, je ne voulais pas faire l’année de trop. On ne pouvait pas faire mieux. On était allé perdre à Panionios (Grèce). J’avais invité les joueurs devant l’Acropole, c’était magnifique mais j’avais du mal à encaisser l’élimination. C’est là que j’ai décidé que c’était le moment. Je voulais d’abord changer d’entraîneur parce qu’il ne convenait pas au club, c’était (Frédéric) Hantz. Je pense qu’il a prouvé après qu’il était sans doute un peu surfait. Mais, oui, c’était une belle période. J’ai toujours plaisir à voir mes anciens joueurs, certains étaient extraordinaires. On aurait même pu faire beaucoup mieux. On était à la limite de la Ligue des Champions à chaque fois mais ça m’allait bien. Je ne voulais pas qu’on fasse la Ligue des Champions, les gens tombent sur la tête après. Lens l’a payé presque de sa vie, ça… Quand je suis parti, j’ai dit aux gens « Vous ne vous rendez pas compte ! » A Sochaux, si on réussit, c’est parce qu’on a une formation, qu’on achète et vend des joueurs… C’est formidable ce qu’on vit, mais les gens ne sont pas toujours contents. Je disais aux supporters « Vous vivez peut-être la meilleure période de votre vie, profitez-en les gars ! » On était craint partout, on a passé une saison sans perdre un match chez nous (saison 2002-2003). Je n’étais pas fier, j’étais heureux.

« J’ai toujours respecté ma parole »

Les joueurs de cette époque ont marqué les supporters…
Bien sûr ! Je me fais insulter parce que je vends (Pierre-Alain) Frau et (Benoît) Pedretti la même année, mais je les vends parce que c’était un deal qu’on avait ensemble. Les gars, à 23-24 ans, ils veulent aller voir ailleurs. J’ai toujours respecté ma parole, aucun joueur ne peut dire le contraire. A ce moment-là, c’est à moi de les vendre le mieux possible. Mais avant de partir, ils ont apporté des titres. Ce sont des idoles ici ! Et puis on a trouvé des remplaçants. On a eu Ilan, c’était pas mal. Je rappelle qu’un de mes entraîneurs n’a pas voulu garder Miranda, qui était le capitaine de l’équipe du Brésil…
C’est souvent le nom qui revient avec celui d’Ivan Perisic, dans les grands joueurs passés par Sochaux sans s’y installer !
Perisic, c’est un scandale ! Avec Pierre, on était allé le chercher en Croatie, on avait donné un peu d’argent à son père pour son élevage de poules, on l’avait ramené… (Marvin) Martin l’a un peu bloqué, oui. Mais on l’a donné. D’ailleurs, on se fout de ma gueule avec ça dans toute ma famille, surtout mes fils qui sont très foot. Quand je le voyais après ça me faisait mal, je l’avais connu gamin, j’avais ramené sa mère… Il faut se battre. Autre exemple de l’époque : quand tu vas en Italie, tu as beau t’appeler Plessis ça ne dit rien à personne. Mais quand tu es avec (Bernard) Genghini, les anciens discutent, s’embrassent, se souviennent des matchs qu’ils ont joués… Et après on parle business. On avait fait un match en coupe d’Europe contre l’Inter Milan : Zanetti avait blessé Pedretti et était suspendu. Le club nous avait demandé de faire un rapport comme quoi c’était un accident. On l’avait fait. Quand on a voulu récupérer (Jérémie) Bréchet, le président a dit « Vous avez été correct avec moi, il est pour vous ! » On avait de très bonnes relations avec l’ensemble des autres dirigeants.

La formation était déjà l’ADN…
Je me rappelle toujours, (Jean) Fernandez était entraîneur et appelle (Jean-Luc) Ruty (directeur du centre de formation) en lui disant « Écoute, j’ai besoin d’un milieu de terrain pour un match amical, envoie-moi le plus méritant. » Ruty l’a envoyé, il est rentré, il n’a jamais quitté l’équipe et il est devenu capitaine : c’était Pedretti. C’est un gars que j’ai toujours bien aimé. Quand je vois où il en est aujourd’hui comme entraîneur (à Nancy), je trouve que c’est dur parce que je suis sûr que ce sera un très bon entraîneur. J’avais aussi ramené (Teddy) Richert, un gardien exceptionnel. Il aurait dû jouer en Équipe de France. Franchement, par rapport à (Mickaël) Landreau… Bon, passons, pas de jugement (sourire).
Vous parliez de Perisic. Quand on va chercher un joueur en Croatie, l’étiquette FC Sochaux ne doit pas suffire…
Si ! Miranda, il vient quand ? Et Ilan ? Quand l’équipe était en Ligue 1, ça pouvait être un bon tremplin pour eux. Miranda était tout jeune. C’était un problème de défense à trois, chez nous il était paumé. (Guy) Lacombe, notre entraîneur à l’époque, n’était pas enthousiaste. Ça arrive.

« Si on descend, on est mort »

Revenons à la période actuelle, les supporters doivent être patients ou ambitieux ?
Patients. Les objectifs sont simples : ne pas descendre cette saison. Devant on marque des buts, mais on a une équipe très jeune. C’est vrai que les quelques anciens qu’on a pris ne répondent pas forcément présents. ça peut arriver. Il faut qu’on ait des résultats. Je ne pense pas qu’on va descendre, mais il faut peut-être compléter avec trois-quatre éléments plus âgés pour pouvoir monter.

Compléter cet hiver ?
Non, enfin peut-être un cet hiver si on a l’opportunité mais ce n’est pas l’objectif. On veut avoir le maintien avec ce groupe-là, que la DNCG nous libère peut-être du recrutement onéreux. Il nous faut sans doute quelqu’un derrière et un type devant, un peu comme un (Gaëtan) Charbonnier, qui fait jouer les autres.

Elle vous plaît cette équipe ?
Il y a quelque chose, des garçons comme (Alex) Daho qui vont exploser. J’en suis persuadé. Je suis allé voir la réserve, ça joue de la même façon. ça joue presque trop bien ! Il faut franchir le palier de l’efficacité, on ne l’a pas encore donc il faut s’accrocher. Le problème est simple : si on descend on est mort. Cette équipe a été faite de bric et de broc mais je trouve que les choix ont été bons. Il y a un très bon état d’esprit, des gars bien, polis. ça, ça me fait plaisir.

Ce qui n’est pas toujours le cas avec les sommes assez folles parfois évoquées dans le football ?
Ici, le salaire moyen est à moins de 7000 euros quand même. C’est bien pour le National mais on a bien diminué. A l’époque, des joueurs nous ont coûté plusieurs millions pour avoir joué trois matchs.

Parmi les bons profils, il y a le local Kévin Hoggas, originaire de Besançon…
Oui. A mon époque, il y avait quatre ou cinq joueurs dont le père travaillait à l’usine. (Benoît) Pedretti, (Camel) Meriem, (Pierre-Alain) Frau, peut-être (Jérémy) Mathieu… ça donne du liant à l’équipe. C’est plus difficile maintenant. Le foot professionnel devient trop dur pour nos amis autochtones.

Jean-Claude Plessis, du tac au tac

« Foutre une branlée au Borussia Dortmund, c’était une histoire ! »

Le meilleur souvenir de président ?
(Il réfléchit) Je garde tout, mais la victoire en coupe de France et en coupe Gambardella le même jour (2007)… C’est un truc qu’on ne peut pas imaginer. Je ne sais même pas si ça m’avait fait plaisir, ça m’a grillé. Mes neurones étaient épuisés le soir. J’avais envie d’être seul. Je suis allé voir plein de finales de coupe de France mais je n’étais pas descendu sur le terrain avec le président (rire). C’est le moment le plus fort. Toutes ces finales à Paris, avec 30 000 Franc-Comtois qui venaient à chaque fois. Quand on se fait battre en finale de la coupe de la Ligue contre Monaco (2003), il y a un mauvais climat dans l’équipe et je leur dis « On a appris, on est venu au Stade de France pour la première fois, on y retournera et on la gagnera. » C’est un truc que j’ai dit comme ça, mais à chaque tour qu’on passait, Pedretti disait « On va y aller. » On y est allé et on a gagné (contre Nantes, en 2004, victoire en coupe de la Ligue, 1-1, 5-4 tab.).

La plus grande déception de président ?
(Direct) Panionios ! J’avais de très bons rapports avec le président et son épouse. On avait été reçu chez eux, c’était un héritier des colonels de l’époque. Sa propriété, c’était Versailles ! On le reçoit ici, tout se passe bien. On se fait battre (0-2) et on gagne chez eux (1-0) mais on est éliminé. ça m’a fichu un choc : je me suis rendu compte qu’il fallait que je vire mon entraîneur (Frédéric Hantz). On venait de gagner la coupe de France et on avait quatorze points à la trêve en championnat. On s’en était sorti relativement facilement après, ça veut dire qu’on avait les joueurs…

La plus grande fierté de président ?
Quand je revois les joueurs, ils ont toujours un très bon souvenir de moi. Ils me disent que j’étais juste, que je ne me laissais pas faire et que je ne leur ai jamais menti. Je ne suis pas un champion du téléphone, je ne les appelle pas tous les jours mais je sais qu’à chaque fois qu’on se rencontre c’est un sentiment fort. Avec les (Mickaël) Pagis, (Jérémie) Bréchet, (Maxence) Flachez… Plein de gens peuvent dire du mal de moi, mais les joueurs, en général, disent des choses gentilles. C’est important. Je pense que j’ai été un bon président, que j’ai réussi. J’ai fait avec un style qui fait que je peux me regarder dans la glace. Je passais beaucoup dans les médias et je parlais toujours de Sochaux et de la Franche-Comté. Je me rappelle, Cécile de Ménibus, que je ne connaissais pas, avait charrié Sochaux un jour. Je l’avais rencontrée à Paris, elle était devenue supportrice et ne parlait que de Sochaux. Je crois qu’elle a participé aux Sociochaux. Et puis, on faisait des fêtes terribles ici, après les matchs !

 » Je suis plutôt généreux, même ma femme le dit « 

Une qualité et un défaut dans la vie courante ?
Il faudrait que je demande à ma femme, elle a une liste ! Je suis un peu colérique, mais moins dans le travail que dans la vie. Pour la qualité, je suis plutôt généreux. Même ma femme le dit !

Vous êtes un président plutôt… ?
Les journalistes me qualifient de président à l’ancienne. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Si l’ancienneté c’est d’avoir été proche d’Aulas, de Martel, de Rousselot… A notre époque, on avait des réunions parfois épiques à la Ligue, on s’engueulait fort, mais quand la réunion était terminée c’était « On mange où ? » J’ai toujours gardé des contacts avec Jean-Michel Aulas et ces gars-là, même pendant ma retraite. Je parlais tout à l’heure de la radio, mais j’ai arrêté parce que je ne voulais pas être le radoteur. Même pour mes fils, j’étais déjà Toutânkhamon.

Un modèle de président ?
Je ne sais pas qui en est à la tête, mais pour moi, le modèle de club c’est le Bayern Munich. Au Bayern, c’est le club qui compte. Le club que je trouvais bien structuré, c’était Lyon. Aujourd’hui, je ne suis pas en admiration devant le grand club parisien et le grand club marseillais…

Un ami président ?
Jean-Michel Aulas et Gervais Martel. Avec Jean-Michel, on se voyait beaucoup. Ma femme était amie avec sa femme. Je le vois moins aujourd’hui, mais j’ai toujours trouvé que c’était le meilleur président. (Alain) Cayzac, à Paris, était un ami aussi. Un exemple de personne bien élevée.

Le président que vous n’avez pas forcément envie de croiser ?
Il n’y en a pas. Je ne connais pas les actuels, mais je suis surpris d’en voir certains (en poste). Quand je vois Longoria à Marseille, ça m’étonne toujours…

 » J’ai une faiblesse intense pour le Racing club de Lens « 

Un club, autre que Sochaux ?
Ce serait Lyon. Si c’est en général, c’est l’AS Brestoise ! (Quelques instants plus tard) Ah, non, j’ai oublié. J’ai une faiblesse intense pour le Racing club de Lens. J’aime son public, l’ambiance, quand ça chante les Corons j’ai la chair de poule… Quand tu traverses la ville en bus, tu les vois tous habillés pour Lens et ils vont au stade comme d’autres vont à la messe. C’est une équipe qui m’a toujours bouleversé.

Le stade qui vous a procuré le plus d’émotions, autre que Bonal ?
Le Stade de France, quand même. Quand tu y vas trois fois en quelques années, tu es chez toi.

Combien d’amis dans le foot ?
Oh, j’en ai plein. Je suis pote avec (Alain) Giresse, je suis pote avec (Michel) Platini, je suis pote avec Bernard Lacombe, avec d’anciens brestois… Je pense que les gens m’aimaient bien en général.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Jean Fernandez, peut-être. Mais je le vois parce qu’il vient discrètement. Guy Lacombe, j’aimerais le revoir. (Alain) Perrin, aussi. (Christophe) Galtier, je l’ai vu il n’y a pas longtemps, je suis admiratif de ce qu’il faisait (ex-entraîneur adjoint d’Alain Perrin à Sochaux).

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
(Il réfléchit) Non, je ne le dirai pas (sourire).

 » On a tapé le contrat de Meriem pour Bordeaux après une soirée en boite, à 2 h du mat’

La décision de président la plus difficile à prendre ?
De laisser partir Pagis, qui ne s’entendait pas du tout avec Guy Lacombe. J’ai beaucoup aimé Guy Lacombe, mais ils avaient un problème d’hommes. Pagis, c’était un type que j’aimais footballistiquement. Un des plus beaux joueurs que j’ai jamais vu. Sinon, un gars avec qui j’ai de bons souvenirs, c’est (Stéphane) Dalmat. Il fait partie des plus beaux joueurs que j’ai vu jouer ici et c’était un type adorable.

Une négociation difficile ?
Toutes (rire). Le plus drôle qui soit arrivé, c’est le transfert de (Camel) Meriem à Bordeaux. On n’arrivait pas à se mettre d’accord avec les agents, ça durait, ça durait… Il y avait trois agents, le temps tournait. Au moment où on trouve un accord, il est 22h. On veut signer le contrat tout de suite parce qu’on sait qu’on va se fâcher le lendemain. Mais on n’avait personne pour le taper. A l’époque on n’avait pas les outils qu’on a maintenant… On est coincé, on n’a pas de secrétaire, on ne sait pas la joindre. Et vers minuit on trouve la solution : Pierre Wantiez se souvient que son ancienne secrétaire, quand il était à la Ligue de Franche-Comté, fait des extras dans une boite de nuit pas très loin. On l’appelle, elle est d’accord pour venir taper le contrat mais elle ne sera pas libre avant 2 ou 3 heures du matin, à sa sortie. On va donc boire un coup dans la boîte. Mais quand tu vas dans une boite à nos âges, ce n’est pas pour draguer. On y va pour picoler, donc on picole sec. Et à 2 heures du matin, la secrétaire finit par sortir et on tape le contrat. Vers 3 heures il est signé et Meriem part à Bordeaux. On n’a pas lâché !

Une consigne de coach que vous n’avez jamais comprise ?
Je dirais plutôt la plus difficile à prendre pour un coach : quand Perrin n’a pas pris (Michaël) Isabey pour la finale de la coupe de France (2007). On a gagné quand même mais le gamin a été meurtri, c’était très dur pour lui. C’était un type que j’aimais beaucoup, Isabey.

Une anecdote de vestiaire jamais racontée ?
Non, je ne veux pas la raconter. (Il marque une pause) Oh, puis je m’en fous ! Une fois, on avait perdu plusieurs matchs de suite, toujours à cause de conneries. Mes joueurs africains m’ont fait croire qu’on avait été marabouté. Donc ils ont insisté pour qu’on fasse venir un marabout pour nous démarabouter (rire). Genghini, qui était superstitieux, m’a dit « Président, il faut le faire ! » J’ai dit « Ok mais je ne veux pas voir ça et surtout c’est un secret, on va avoir l’air de quoi si ça sort ? » Il y en a un qui est venu, il a démarabouté le vestiaire et on a gagné le match d’après. C’est une histoire de fou. Le gars il avait mis le paquet : la fumée, le gri-gri…

« La mort de Stéphane paille m’a bouleversé »

Une devise ?
Oh non, j’en n’ai pas.

Des rituels avant un match ?
Non. Ce que j’ai souvent, c’est la liste des partenaires à aller voir mais je n’ai pas de superstitions. ça me rassurerait si j’en avais.

Le joueur de légende de Sochaux ?
C’est difficile à dire. Stéphane Paille, c’est un type que j’ai adoré au-delà du football. Sa mort m’a bouleversé (en 2017). Il a rencontré des démons. J’ai trouvé que c’était un des plus beaux joueurs, comme Henri Michel dans sa jeunesse.

Le match de légende de Sochaux ?
(Il réfléchit) Oh si, Borussia Dortmund (coupe de l’UEFA 2003)! Leur foutre une branlée là-bas et une deuxième ici, c’était quand même une histoire (2-2 en Allemagne alors que Sochaux menait 2-0, succès 4-0 au retour à Bonal). ça restera ! Il y avait une belle équipe en face.

Le milieu du foot ?
J’ai aimé le milieu du foot du côté des présidents et des instances à l’époque. Aujourd’hui je connais moins les présidents, mais il y a toujours un accueil sympa. Ce que je regrette, c’est les règlements qui favorisent les transferts des jeunes joueurs. 20 ou 21 ans, ça me semble pas mal. Aujourd’hui à 16 ans, ils sont déjà surveillés par des gars qui passent, qui sont agents ou non…

Le FC Sochaux ?
C’est un vieux club qui a toujours brillé par sa jeunesse. C’est toujours sa jeunesse qui l’a fait briller et je pense que c’est comme ça qu’il survivra.

Le championnat de National ?
Je suis très surpris par la qualité. Il y a des équipes qui jouent bien, je vois des bons matchs, on ne s’ennuie pas. Mais il faudrait que ça devienne la troisième division.

Texte : Vivien Seiller / Twitter : @VSeiller

Photos : V. S. et FCSM

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L’attaquant franco-algérien, passé par la Ligue 2 et le National à Créteil, Sedan, Orléans, Avranches et au Red Star, explique sa longévité par son « mental » et son « cadre de vie ». A 37 ans, il régale et se régale encore sur les terrains de N2, au FC93 à Bobigny, le 11e club de sa carrière, où il vient de claquer 34 buts en deux saisons. Et ce n’est pas terminé !

Avec le FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny, cette saison. Photo Philippe Le Brech

Ce sens du but, Farid Beziouen l’a travaillé tout au long d’un parcours riche, à presque tous les niveaux, dans de nombreux clubs, à Créteil, au Red Star, à Sedan, ou encore à Avranches, Orléans, Saint-Maur-Lusitanos, Fleury ou encore Bobigny, qu’il a rejoint en 2021, et où il s’est montré particulièrement prolifique ces deux dernières saisons : joueur cadre de son équipe, l’attaquant assume parfaitement ce rôle, et le prouve par les chiffres : 34 buts inscrits en deux saisons de National 2, et déjà 5 en 7 matchs depuis le début du dernier exercice !

Le hasard fait bien les choses dans le football comme dans la vie ! Joint par téléphone sur la route de l’entraînement en fin de matinée, c’est l’anniversaire de Farid (il a fêté ses 37 ans le 17 octobre) ! Son expérience du monde professionnel et des championnats amateurs nationaux, ce vécu, il les met à profit aujourd’hui au FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny. Quant à sa longévité, il l’explique par sa « force mentale » et son « cadre de vie ». Et un statut de cadre qu’il assume parfaitement, sur et en dehors du terrain.

Très détendu, calme, le Francilien savoure forcément le bon début de saison de son équipe, revient sur son parcours et évoque même une reconversion proche.

Interview : « J’en veux toujours »

Avec le FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny, cette saison. Photo Philippe Le Brech

Farid, tout d’abord, quels souvenirs gardes-tu de tes débuts sur les terrains ?
J’ai commencé chez moi à Tremblay (Seine-Saint-Denis) en seniors pendant 2 saisons en DHR (Régional 2). Mamoudou, un agent, était venu pour me superviser à un entraînement sauf que j’étais absent ce jour-là et il a pris des renseignements pour me rencontrer. Pour la petite anecdote, lors d’un match amical, je fais arbitre de touche en première mi-temps et je rentre en seconde période (sourires) : là, j’ai été repéré par le club de Noisy-le-Sec qui me fait ensuite passer un essai.

C’est une première étape dans ta carrière en seniors…
C’était difficile la première année car passer de la DHR à la CFA2, c’est autre chose. Tactiquement, j’allais partout et il a fallu régler pas mal de détails. J’avais du déchet dans mon jeu mais j’ai progressé et beaucoup appris. Stéphane Boulila a joué un rôle important dans mon évolution, notamment par ses prises de parole en tête à tête. Adam Doumbia aussi car j’évoluais avec lui devant et il avait l’expérience que je n’avais pas. Mohamed Djouadji, Omar Amour, Louni Sandjak, Dominique Mendy ont aussi beaucoup compté tout comme Nasser Sandjak, mon ancien entraîneur, qui y est allé de ses précieux conseils.

Créteil, le décollage

Avec le FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny, cette saison. Photo Philippe Le Brech

En 2010, tu prends la direction de Créteil, en National, à quelques kilomètres !
C’est une chance pour moi de pouvoir signer professionnel et on ne sait pas si on l’aura à nouveau un jour. A l’époque, quand j’arrive dans l’équipe, tu as des mecs qui ont joué en Ligue 2, d’autres qui ont près de 250 matchs en National. C’est simple, je découvre un autre vestiaire. J’arrive à montrer de bonnes choses en Coupe de la Ligue et en Coupe de France même si en championnat c’est forcément plus compliqué.

Avec l’US Créteil, en 2009-2010. Photo Philippe Le Brech

Mais c’est formateur, non ?
Je sais que je n’ai pas encore montré ce dont je suis capable. Je rempile pour une deuxième saison et on finit au pied du podium. On loupe la montée de peu en Ligue 2. J’ai fait de très bons matchs lors de cet exercice et j’emmagasine de l’expérience en National. Je ne garde que de bons souvenirs de mon passage à Créteil dans un club très structuré. Même à l’heure actuelle, quand tu vois leurs installations, ils n’ont rien à faire en N2.

Que peux-tu nous dire sur ton début d’aventure au Red Star ?
Il faut savoir que quand j’arrive en DH, ce n’est pas du tout la même chose où tu découvres un public de 2000 personnes. La même ambiance que dans mes souvenirs étant plus jeune. Il y a plein de monde, des gens qui travaillent pour essayer de remettre le club à la place qui était le sien. Avec du recul, j’espère sincèrement avoir fait partie de son histoire. Malheureusement, il y a eu un dépôt de bilan dans le passé mais avec tous les joueurs formés là-bas, c’est un juste retour des choses de revoir le Red Star au premier plan. J’étais comme à la maison à Bauer, je pouvais jouer pieds nus (rires). J’en garde de très bons souvenirs !

« Dans mes choix, j’ai plutôt été cohérent »

Avec Noisy-le-Sec, en 2006-2007. Photo Philippe Le Brech

La confirmation dans les Ardennes, à Sedan (Ligue 2)…
Sedan, c’est encore un niveau au-dessus ! Dans mes choix, j’ai plutôt été cohérent car j’ai essayé d’aller plus haut à chaque fois tout en choisissant un endroit porteur d’histoire. Je sors d’une grosse saison au Red Star et j’avais pas mal de contacts en Ligue 2. Sedan, club historique et bien structuré des Ardennes, qui a club connu la Ligue 1, était donc une destination logique dans le cadre de ma progression. Je découvre le centre de formation, le centre d’entraînement, des personnes qui supervisent les séances, c’est incomparable avec ma dernière expérience en Ile-de-France où on se déplaçait pour s’entraîner sur un terrain synthétique… J’ai également pu resigner professionnel et faire partie des 40 meilleures équipes hexagonales. C’est une fierté.

Malheureusement, les choses ne vont pas se passer comme prévu…
J’arrive à 26 ans, un âge plutôt mature mais c’est vrai que je découvre une autre façon de voir le football dans une super ambiance. Les adversaires sont plus coriaces, plus intelligents… il y a plus de compréhension sur le terrain. C’est un passage bénéfique mais on sera malheureusement rattrapé par un dépôt de bilan que personne n’avait anticipé.

Avec Noisy-le-Sec, en 2006-2007. Photo Philippe Le Brech

C’est là qu’on se rend compte qu’il n’y a pas de plan de carrière défini…
Exactement. Il faut prendre les choses comme elles viennent. Je n’ai pas fait de centre de formation et j’ai commencé sur les terrains de Régional 2 (DHR) donc tout ce que je prenais pouvait être bénéfique pour moi. Je n’étais pas « déterminé » à signer un contrat professionnel à tout prix mais je pense que j’y suis arrivé grâce à mon mental. Un aspect que je travaille encore à l’heure actuelle car j’en veux plus que les autres.

Sortir de la région parisienne, c’est aussi une force mentale non ?
C’est clair. Il y a un vivier de joueurs impressionnant ici. Quand tu y arrives, c’est que tu fais forcément partie des meilleurs. Il y en a beaucoup qui restent sur le carreau. Il faut être un acharné du travail pour réussir et à un moment donné, on le voit. La concurrence est dure et des fois certains sont meilleurs ici que ceux qui réussissent. C’est déjà arrivé.

16 ans après ton passage à Noisy, les choses ont bien changé !
Le football a évolué. Aujourd’hui on ne parle plus de performances individuelles mais plutôt de profil de joueur. Ce sont ces joueurs-là qui réussissent, si tu corresponds au profil, tu as sûrement toutes tes chances. A l’époque, il fallait montrer des choses dans le long terme. Tu faisais six ou sept saisons en D2 avant de pouvoir jouer en première division tellement c’était dur.

La JS Kabylie, une pige en Algérie

Avec le Red Star, en 2011/2012. Photo Philippe Le Brech

Tu vas aussi gouter aux joutes du championnat algérien…
J’ai été approché à tous les mercatos par les clubs du championnat algérien (rires) ! Que ce soit quand j’étais au Red Star ou à Sedan… Quand je décide de rejoindre la JS Kabylie en 2014, j’arrive à un âge ou j’approche de la trentaine et je veux voir ce que ça peut donner pendant une saison.

C’est un club africain reconnu…
Oui, il y a une vraie histoire là-bas et c’est ce qui m’a poussé à y aller même si les installations ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui ! La JS Kabylie fait partie des gros clubs du continent mais aussi en Algérie puisque le club a été champion à de multiples reprises, a remporté la Ligue des Champions africaine dans les années 90. Et le club s’est beaucoup développé. A domicile, tu fais toujours le plein et tu sens vraiment cette ferveur.

Comment comparerais-tu cette expérience avec ce que tu as connu ?
C’est beaucoup moins structuré que ce qu’on peut voir en France, en tout cas à l’époque où j’y étais. Les stades sont pleins quand tu joues à domicile, il y a des supporters à l’extérieur aussi. La plupart du temps, tu joues sur des terrains synthétiques alors qu’en France, j’ai connu les structures où c’étaient des beaux terrains.

Avec le Red Star, en 2015. Photo Philippe Le Brech

Et d’un point de vue footballistique ?
Techniquement, c’est différent : on voit beaucoup de profils où c’est très fort dans ce domaine. Youcef Belaïli (ex-Ajaccio, Brest, Angers), c’est l’exemple type du joueur que tu peux trouver dans le championnat algérien. C’est plus tactiquement qu’il y a une différence.

Red Star, épisode II

Une expérience africaine avant un retour à Bauer, au Red Star, toujours en National !
Là, j’arrive avec un autre statut dans un super groupe avec des joueurs d’expérience qui ont joué la Ligue des Champions ou en Premier League par exemple. On joue la montée, c’est affirmé et cet objectif sera réalisé en fin de saison avec le retour en Ligue 2 ! Ces moments restent gravés à jamais, surtout à Bauer, avec les supporters et l’ensemble du club. D’ailleurs, je suis repassé il y a peu près du stade et il faut dire que malgré les travaux, ce n’est plus le même charme… (sourires).

Avec le Red Star, en 2014/2015. Photo Philippe Le Brech

Tu vas ensuite naviguer entre la Normandie et l’Ile-de-France. Des expériences forcément enrichissantes…
Effectivement, ce sont des expériences qui m’ont également construites. J’ai rencontré des gens incroyables et je me souviens qu’à Avranches, j’allais même manger avec les supporters. A partir de là, je suis dans un autre registre et je dois m’affirmer un peu plus avec l’âge. J’ai une revanche à prendre, un petit goût amer car quand tu montes en L2 et que ne t’es pas conservé, comme avec le Red Star, tu as envie de montrer que les gens se sont trompés, que t’es revanchard.

As-tu vécu des blessures majeures jusqu’ici ?
Oui, à Sedan notamment, où j’enchaine quatre matchs de suite, on gagne deux fois avec un score large, je suis décisif mais au mois d’octobre, je dois me faire opérer car j’ai un furoncle à la cuisse et c’est le coup d’arrêt. Il faut trois semaines pour la cicatrisation et c’est très compliqué de revenir ensuite.

Tu as forcément des regrets…

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

On jouait le maintien, je n’avais pas l’impression que le coach, Laurent Guyot, comptait sur moi même si j’étais décisif. Si j’ai un seul regret dans ma carrière, c’est celui-là car j’aurais aimé qu’on me dise les choses. Je commençais à enchaîner, je montrais des choses intéressantes et je savais que je pouvais continuer sur ma lancée mais malheureusement, je n’ai eu que le début et la fin de saison pour m’exprimer.

Tu te dis que le foot est cruel ?
Je ne pense pas qu’il faille voir les choses de cette manière car ça serait individualiste. La seule méthode a été de se réfugier dans le travail car il n’y a que ça qui paye. La nouvelle génération, c’est un football différent avec plein d’ambitions. C’est l’aspect mental qui est le plus important et qui détermine le reste.

Une vision dans la durée

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

Il y a l’aspect mental mais aussi l’hygiène de vie, non ?
C’est vrai que le cadre familial joue beaucoup. J’ai de la chance d’avoir l’épouse que j’ai, avec qui on a deux enfants magnifiques. L’alimentation est un aspect important. Je ne sors pas, je ne fume pas, je ne bois pas… je joue à la Playstation par contre (rires) ! Je me prive assez souvent la semaine, j’essaye de manger sain et équilibré. Par contre, après le match, on peut se faire plaisir (sourires).

Depuis la saison 2021/2022, tu joues pour le FC 93. Comment ça se passe ?
Très bien ! J’atterris au FC93 après la saison du Covid, un club situé près de mon domicile, et je marque 11 buts. La suivante 23. Je regarde aussi l’apport que je peux avoir dans le jeu. Depuis le coup d’envoi de cet exercice, on remonte en puissance et je sais que j’ai fait le bon choix car c’est un club avec une identité qui me ressemble. On progresse de jour, à 20 ans ou à mon âge. Je comprends aussi des choses que je ne comprenais pas avant.

Avec Créteil, en 2009-2010. Photo Philippe Le Brech

Tes statistiques sont tout simplement excellentes. Comment l’expliques-tu ?
L’idée c’est de bonifier ce qui se fait autour de moi. Le projet du club est au centre de mes préoccupations et je souhaite apporter mon individualité au collectif. Ce n’est pas une priorité de claquer 20 buts par saison même si je suis attiré par ça (sourires). J’aime cette sensation de faire trembler les filets. C’est ce qui fait ma force : en vouloir toujours plus que l’adversaire. Et c’est cette mentalité que j’essaye de véhiculer aux jeunes de l’équipe : il y a des joueurs nés en 2003, en 2004, j’ai aussi un rôle sur le terrain et en dehors et j’espère que je leur montre le bon exemple. C’est une de mes priorités.

Avec le Red Star, en 2014-2015. Photo Philippe Le Brech

La montée ratée la saison dernière a-t-elle été dure à encaisser ?
Si on n’est pas monté, c’est que ce n’était pas pour nous ! Si on peut parler de la fin de saison avec Epinal, on mène 2-1 à 15 minutes de la fin du match, on a la balle du 3-1 mais par expérience si tu ne marques pas… la frustration digérée, on s’est dit qu’on allait essayer de refaire la même saison. On a conservé la quasi-totalité de l’effectif mais il a fallu repartir avec un nouvel entraîneur. Automatiquement, on s’est remis dedans et force est de constater que pour l’instant, on est dans le coup. On a eu une remise en question qui s’avère pour l’instant payante.

Le FC 93 BBG, sa nouvelle maison

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

Que penses-tu du niveau N2 aujourd’hui, toi qui as connu le monde pro ?
Ce sont surtout les poules où on a joué qui sont complexes (sourires). C’est difficile car il y a pas mal de prétendants. Tout le monde veut monter mais tu n’as qu’une place. Même en National aujourd’hui c’est très serré. Par contre, on voit que les clubs de N2 sont en train de s’armer. On s’entraîne le matin, certains ont des contrats fédéraux. Il y a même des joueurs au-dessus qui n’hésitent pas à redescendre d’un échelon.

Tu te vois batailler encore longtemps dans cette division ?
L’idéal serait de finir au FC93 et pourquoi pas laisser le club au-dessus ? Ce serait top de fermer le livre de cette manière. J’ai passé le BEF l’année dernière, que j’ai obtenu, car il faut penser à la suite. Ce n’était pas facile, il fallait travailler, j’ai appris pas mal de choses. Pourquoi pas devenir coach par la suite ? On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait et il fallait que je passe un diplôme pour la suite de ma carrière.

Entraîner au FC93 ou ailleurs ?
La question s’est évidemment posée pour une possible reconversion ici. Il y a pas mal de choses à faire et c’est en cours de discussion avec le bureau. Nous avons commencé à échanger à ce sujet l’année dernière et c’est quelque chose qu’il faut forcément anticiper.

Le football, c’est aussi un moyen de véhiculer une bonne image de ton département, le 93 (Seine-Saint-Denis) ?
Il n’y a pas que les faits de violences dont on entend parler dans les médias constamment. Même dans le 8e arrondissement de Paris, il y a des agressions. C’est à travers des combats qu’on peut mener sur et en dehors du terrain, à travers ce qu’on dégage comme image, qu’on se fait vraiment entendre. C’est important car la future génération a besoin d’un exemple. Si tu donnes la bonne image, le message sera plus simple à faire passer. Les jeunes derrière suivent et ça doit être ça le discours qu’il faut véhiculer.

Farid Beziouen, du tac au tac

« J’ai pris du plaisir partout »

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
D’avoir joué en Ligue 2.

Pire souvenir sportif ?
Ne pas être monté en Ligue 2 avec l’US Créteil.

Plus beau but marqué ?
Virgule, frappe dans la lucarne au Red Star !

Plus beau raté ?
Le but vide, j’ai voulu dribbler le gardien à nouveau…

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est venu comme ça, c’est le destin.

Ton but le plus important ?
Un but en Ligue 2 lors d’une victoire avec Orléans.

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

Ton geste technique préféré ?
Feinte de frappe, la spéciale.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
3 cartons rouges et 36 cartons jaunes.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je ne sais pas.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Je dirais vouloir gagner pour le côté positif et un aspect râleur pour le négatif (sourires).

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
J’ai pris du plaisir dans tous les clubs où j’ai signé.

Le club où tu as failli signer ?
Angers SCO.

Avec le Red Star en 2014-2015. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu aurais rêvé de jouer dans tes rêves les plus fous ?
Real Madrid.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Le stade Bauer au Red Star.

Un public qui t’a marqué ?
Les supporters marseillais et ceux en Algérie.

Un coéquipier marquant, si tu devais n’en citer qu’un ?
J’en ai tellement que je ne pourrais pas en citer un !

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Lucho Gonzalez à l’OM.

Avec le Red Star en 2011-2012. Photo Philippe Le Brech

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Je ne pourrais pas en citer qu’un seul (sourires).

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Didier Ollé-Nicolle (à Orléans à l’époque).

Un coach que tu aimerais bien revoir ?
Damien Ott (Avranches).

Un président ou un dirigeant marquant ?
Mamadou Niakhaté et Gilbert Guérin.

Une causerie de match marquante ?
Celles de Christophe Taine (rires).

Avec le Red Star en 2011-2012. Photo Philippe Le Brech

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Jouer sur les côtés avec deux joueurs de couloir à chaque côté (rires) !

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais raconté ?
Il y en a tellement !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Ali Benarbia et Karim Ziani, DZ Power (rires).

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le Stade de France et le stade Mustapha Tchaker à Blida en Algérie.

Rituels, tocs ou manies ?
Pas de rituel en particulier.

Avec le Red Star en 2014-2015. Photo Philippe Le Brech

Une devise, un dicton ?
Ne jamais rien lâcher.

Tes passions dans la vie ?
Ma famille et rigoler !

Que t’a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
Un coach comme un second père.

Termine la phrase : tu étais un joueur plutôt…
Petit (sourires) !

Un modèle de joueur ?
Mon idole de jeunesse, Zidane.

Le match de légende c’est lequel pour toi ?
Barcelone – Real Madrid avec les Galactiques.

Ta plus grande fierté ?
Mes enfants.

Le milieu du foot en deux mots ?
Cruel et magnifique.

Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel

Photos : Philippe Le Brech

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Avec le Red Star en 2011-2012. Photo Philippe Le Brech
Avec le FC 93 BBG, cette saison. Photo Philippe Le Brech
Avec le Red Star en 2011-2012. Photo Philippe Le Brech
Avec Créteil en 2008-2009. Photo Philippe Le Brech
Avec Avranches en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

L’entraîneur basque (il est né à Bayonne) mais béarnais d’adoption (il a grandi à Pau) s’est exilé loin de chez lui, à Fleury, en N2 : sans doute le passage obligé pour, peut-être, regoûter au monde pro, côtoyé au Cercle de Bruges. Portrait d’un garçon bavard, qui aime « bien faire jouer » ses équipes.

Photo FC Fleury 91

Le 21 juin n’est pas seulement le jour de la fête de la musique. C’est aussi le premier jour de l’été. Et pour David Vignes, l’entraîneur du FC Fleury 91 (National 2) – il a été nommé le 7 juin dernier en remplacement de Habib Boumezoued – c’est deux dates inoubliables. La première, le 1/4 de finale France-Brésil en coupe du Monde (21 juin 1986) au Mexique, l’un des matchs « historiques », selon lui. La seconde, plus évidente, celle du jour … de son anniversaire : « Je suis né le 21 juin 1973 à Bayonne, donc je suis Basque, mais aussi Béarnais et Palois d’adoption, car j’ai habité à Pau vers l’âge de 5 ans ! »

Les dates, les années, voilà quelque chose dont il se souvient bien. Les matchs aussi : sa mémoire est aussi impressionnante que… son débit de parole ! Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences. Car David Vignes, s’il paraît réservé de prime abord, est un très grand bavard. Au point qu’il faille parfois le freiner ! Au point qu’il a dû aussi s’adapter à son époque et couper ses causeries en deux, une la veille du match, une le jour même !

« C’est vrai que j’aime bien échanger, lance celui qui a entraîné dès l’âge de 18 ans, « des poussins D »,  aux Bleuets de Notre-Dame à Pau, le club de patronage qui a aussi donné naissance au FC Pau en 1959 (devenu le Pau FC). « Quand on me rencontre la première fois, je ne suis pas très causant, mais après, il vaut mieux m’arrêter ! Quant à mes causeries, c’est vrai qu’elles étaient longues à mes débuts, mais plus aujourd’hui ! »

Photo FC Fleury 91

Pau et David Vignes, c’est un peu une grande histoire d’amour. Tout d’abord, son épouse et ses enfants y sont toujours installés, et il y a gardé ses meilleurs amis. Ensuite, il a signé sa première licence à l’âge de 6 ans aux Bleuets, un club historique : « C’est là que je me suis construit en tant qu’hommes. J’y ai passé 20 ans. Je lui dois beaucoup de choses », raconte cet ancien attaquant de niveau régional. « En fait, j’ai commencé par le début ! Pendant 15 ans, je n’ai entraîné que des jeunes, des 8 ans jusqu’aux 17 ans, c’était très formateur, et, parallèlement à ça, je jouais. Et puis, lors de la saison 2004-05, j’ai rejoint le Pau FC à 31 ans déjà, pour jouer et encadrer la réserve en DH, et aussi pour entraîner les 14 ans Fédéraux. Puis, Marc Levy, le coach de l’équipe de National, m’intègre dans le groupe, ce qui était super-intéressant pour moi. En 2005, j’ai arrêté de jouer. J’ai continué d’entraîner les 14 ans et en 2007, le club me propose de devenir l’adjoint de Jean-Luc Girard, qui avait remplacé Marc Lévy : en octobre, les dirigeants lui retire l’équipe et me nomme à sa place. Le club savait que j’étais un éducateur reconnu dans la région, que j’étais ambitieux, j’avais passé mes diplômes, quelque part, c’était la suite logique. »

Pau FC une première fois, Pau FC une seconde fois, le Cercle de Bruges, Bergerac, Mandel United et enfin Fleury, où il a posé ses valises en juin dernier, pendant près d’une heure, David Vignes a retracé avec précision son parcours, évoqué – un peu – sa philosophie de jeu, et parlé de son nouveau challenge, en National 2.

Interview : « Fleury, un club… unique ! »

Photo FC Fleury 91

Votre meilleur souvenir d’entraîneur à ce jour ?
J’en ai plusieurs ! La montée en National avec Pau en 2016 reste quand même particulière, car elle était attendue depuis quelques années… J’avais échoué en 2009 dans les deux dernières journées et cet échec m’a longtemps hanté. Là, c’était comme si je me guérissais de ça. Surtout qu’il y a eu des choses qui se sont passées entre ces deux moments-là : j’avais perdu mon poste à Pau (limogé en novembre 2010) puis le club m’a rappelé (il avait repris à nouveau l’équipe le 18 novembre 2014, en remplacement de Laurent Strezlzcak, en CFA), ce qui a rendu la chose très émouvante.

J’avais aussi la responsabilité technique du club et quand on est monté en National, la réserve est montée en CFA2 aussi. En plus, on était dans la poule Sud-Est, ce n’était pas simple, mais on avait dominé le championnat, surtout par le jeu, même si on a eu des matchs où on avait abandonné cette idée, je me souviens notamment d’un déplacement à Hyères, où ce jour-là, il a fallu faire preuve du don de soi, on avait gagné 1 à 0.

Après, je ne peux pas passer sous silence deux matchs de coupe de France. L’un avec Pau aux Costières, à Nîmes, qui était en Ligue 2, et nous on était en CFA et on les élimine en jouant, et ça ce fut une satisfaction (le 12 décembre 2009, 1-1, 4-2 aux tirs au but). L’autre avec Bergerac (N2), quand on élimine le Clermont Foot de Pascal Gastien (Ligue 2), en faisant un match extraordinaire, je n’ai pas peur des mots (le 16 novembre 2019, 1 à 0) !

« A Bergerac, ce que l’on faisait sur le terrain était plaisant »

Photo FC Fleury 91

Pire souvenir sportif ?
Tu y étais ! C’était la descente de National en CFA avec Pau, en mai 2008, à la dernière journée, à Cannes. C’était ma première expérience en seniors. J’avais pris l’équipe en cours de saison (le 8 octobre 2007, il avait remplacé l’entraîneur Jean-Luc Girard) alors que la situation était très compliquée. Mais on avait fait une phase retour incroyable (5e sur la phase retour) et on a même fini 2e sur les 16 derniers matchs, dans un championnat National complètement différent de celui d’aujourd’hui. Et puis on s’était donné le droit de jouer le maintien lors de la dernière journée, à Cannes. Malheureusement, Cannes pouvait aussi descendre en cas de défaite contre nous, et on avait perdu 1 à 0. On y croyait tous, alors que beaucoup de gens ne pensaient pas qu’on pouvait se maintenir.

Autre mauvais souvenir, j’en ai parlé juste avant, c’est quand on loupe la montée l’année suivante, en 2009 : on avait été leader pendant 5 mois et on n’a pas vu venir Luzenac, qui avait des matchs en retard, qui les a gagnés et qui nous a doublés. On loupe un penalty à l’avant-dernière journée chez nous contre Anglet (0-1), et à Romorantin, à la dernière journée, on pouvait encore finir 2e en gagnant et monter, puisque cette saison-là, le 2e, Moulins, a été repêché et est monté, mais on a fait 0-0…

En 2016, alors entraîneur du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

En quoi le National a-t-il changé par rapport à vos débuts ?
A cette époque là, en 2007-2008, quand j’ai commencé, il y avait vraiment un championnat à deux vitesses, avec quatre ou cinq grosses équipes, dont on savait en fin de saison qu’elles finiraient devant. On savait qu’il n’y aurait pas de surprises et qui allait monter en Ligue 2. Les équipes avec des petits budgets ne montaient pas à ce moment-là. Alors que depuis une dizaine d’années environ, c’est beaucoup plus homogène et ouvert. D’ailleurs, on ne peut plus parler de surprise quand on voit des clubs comme Avranches, par exemple, qui une année s’est mêlée à la lutte pour l’accession… Quant au niveau, c’est difficile à dire… L’écart à l’époque était plus important entre les équipes, même si cette saison, le Red Star, qui caracole en tête, est un peu une exception, comme l’avait été Créteil il y a 10 ans, mais sinon, ça n’arrive quasiment jamais.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

La saison où vous avez pris le plus de plaisir ?
Celle de la montée avec Pau en 2015-2016. J’aurais pu dire aussi la saison 2019-2020 en National 2 avec Bergerac, malheureusement, elle n’est pas allée à son terme, à cause de la Covid; ce que l’on faisait sur le terrain, c’était d’un très bon niveau, sincèrement. On était 3e, on avait du retard sur Sète, qui est monté; je ne dis pas que l’on serait monté, mais je suis persuadé que l’on aurait pu se rapprocher d’eux. Ce que l’on faisait sur le terrain était très plaisant.

Un regret ? Une erreur de casting ?
Le regret, c’est à la fin de la saison 2017-2018, alors que Pau vient de se maintenir pour la deuxième année de suite en National, quand le président (Bernard Laporte-Frey) ne me prolonge pas alors qu’il était convenu qu’il le fasse… Et là, je me retrouve sans club au moment des tests de sélection pour l’entrée au BEPF, ce qui pour moi était le Graal, la suite logique pour tout entraîneur visant le professionnalisme, alors que beaucoup de coachs de National ont été pris cette année-là. J’ai été pris pour les tests de sélection mais pas en formation parce que je n’étais pas sous contrat. C’est un grand regret de ne pas avoir pu finir la formation avec, pour certains, des potes avec qui on a crée des liens. Et quand j’ai signé au Cercle de Bruges, en novembre 2018, la session avait déjà été composée.

« J’ai participé à l’évolution du Pau FC »

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

De voir Pau en Ligue 2 aujourd’hui, dans son nouveau stade, cela vous fait quoi ?
Beaucoup de choses. Je suis content pour tout le monde là-bas même si ça ne s’est pas toujours bien passé pour moi, notamment les fins. Quand le club est monté de National en Ligue 2, on sortait de deux maintiens difficiles, notamment lors de la première saison en 2016-2017, à la dernière journée, mais j’étais monté l’année d’avant avec 8 jeunes du club dans l’effectif. Quant au nouveau stade, je me revois en train de dessiner les plans des vestiaires, des bureaux… J’ai participé à l’évolution du club, « grandement » même. Je savais très bien que ce nouveau stade (le Nouste Camp), qu’on attendait avec impatience, allait être la clé pour passer un cap. Parce que jouer au Hameau, dans un stade de 18 000 places, c’était compliqué (il soupire). On a essuyé les plâtres quoi… L’état du terrain… Et puis c’était impersonnel, froid. Je savais aussi que le potentiel public existait à Pau, on l’avait vu en coupe de France lors de certaines épopées dans les années 90. Malheureusement, en 2018, je n’ai pas été prolongé. En 2020, l’année de la Covid, je pense que la saison de National s’est arrêtée quand il le fallait pour eux, car Boulogne revenait très fort et Bourg aussi. Après, derrière, leurs trois maintiens en Ligue 2, ils ne les doivent à personne.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Aujourd’hui, quand vous regardez les résultats de la Ligue 2 le samedi soir, vous regardez Pau en premier ?
Je regarde leurs résultats, oui, mais aussi ceux de Rodez, où j’avais un ami qui coachait (Laurent Peyrelade, qu’il a d’ailleurs affronté – et éliminé ! – en coupe de France à Versailles, au 6e tour) et Annecy, où Laurent Guyot entraîne. Vous savez, mon rêve, c’était d’emmener Pau le plus haut possible, en Ligue 2. Aujourd’hui, ils y sont, tant mieux. Il y a encore dans le staff des personnes que j’avais fait venir. Ils vivent une belle aventure. Il y a de l’engouement. Je suis content pour eux, sincèrement.

Un modèle de coach ?
Guardiola, qui représente au très haut niveau toute la vision que je me fais du football, du travail à fournir pour y parvenir. J’ai commencé à entraîner à l’âge de 18 ans, avec des enfants, et ma façon de faire découvrir le foot, c’était par le jeu, la passe, les petits déplacements : alors c’était peut-être trop même pour des enfants de 10 ans, mais comme à cet âge, ce sont des éponges, ils arrivaient à retranscrire ça, c’était formidable ! J’aimais bien le Dynamo Kiev de Lobanovski aussi : quand je regardais cette équipe jouer, je me disais « c’est ça le foot ! » Je m’inspire de ce que fait Pep Guardiola, j’aime bien Carlo Ancelotti dans son management, dans le rapport qu’il arrive à instaurer avec les joueurs.

« Je veux faire réfléchir mes joueurs »

En 2016, sur le banc du Pau FC, lors de l’accession en National. Photo Philippe Le Brech.

C’est quoi la patte David Vignes ?
Sur le jeu, je suis en recherche de possession, je veux poser des problèmes à l’adversaire, je veux faire réfléchir mes joueurs; par exemple, quel est l’espace qui serait le plus adapté pour sortir le ballon ou inquiéter le bloc adverse, pour le déstabiliser… Sans prétention, j’aime bien développer l’intelligence de jeu… La passe, ça peut être une solution. J’aime que mes joueurs soient acteurs et décideurs sur le terrain.

Le président qui vous a marqué ?
Je n’en ai pas connu beaucoup. A Bergerac, j’ai bien aimé Christophe Fauvel, dans sa façon de voir les choses, de construire son projet. J’avais une très belle relation avec lui mais je dois dire, et ce n’est pas parce que j’y suis aujourd’hui, que je suis admiratif de ce que Pascal Bovis a fait ici, à Fleury. Il a pris le club en District et il l’a emmené aux portes du professionnalisme. Le FC Fleury 91 est devenu une grosse machine, qui a gardé des valeurs familiales. J’avais beaucoup entendu parler de Mr Bovis avant de venir. J’aime ces gens qui bâtissent, qui construisent, qui ont de l’ambition, avec quelques moyens, certes, mais qui ne font pas n’importe quoi. J’ai beaucoup de respect pour lui et j’aime le binôme que nous formons, notre façon de collaborer, c’est plaisant.

Vous dîtes cela parce que vous venez d’arriver…
(Rires) Non ! Sans présager de ce qui se passera, ça ne changera rien de ce que je pense de lui.

Photo FC Fleury 91

Vous avez évoqué Pascal Bovis : en mai dernier, votre président avait semblé ici-même, dans ces colonnes, ne pas faire de l’accession en National une fixette, alors même que son équipe était leader à 3 journées de la fin. Il avait même dit que ce ne serait pas une déception si Fleury ne montait pas. Paradoxal, non, pour un président ambitieux ?
J’ai eu le même échange avec lui. Il m’avait tenu ces propos, qui m’avaient surpris. En fait, je pense qu’il avait très peur des six descentes de National en N2, du coup, je me demande si il ne souhaitait pas rester en N2 pour ne pas faire l’ascenseur. Mais il est très ambitieux. Il veut vraiment atteindre ce niveau-là, au minimum. Ce n’est pas un président interventionniste. Il est passionné de football même s’il n’est pas issu de ce monde-là. Il donne son avis, il s’intéresse, il a des notions tactiques, mais il n’interfère pas dans mes choix.

« A Fleury, il y a une dynamique à relancer »

A-t-il fixé une feuille de route ?
Le projet, c’est de monter en National dans les deux ans. Sur les deux dernières saisons, Fleury a fini 2e et 1er ex-aequo… Peut-être qu’il pensait que les résultats suivraient automatiquement cette saison, mais ce n’est pas le cas; il y a une dynamique à relancer. Je pense qu’il en a pris conscience.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

C’est pour cela que l’on ne parle pas forcément de monter aujourd’hui. Il n’y a pas d’impératif, même s’il faut que l’on soit dans le haut de tableau. De toute façon, il faut déjà prendre de la marge sur les 5 dernières places, parce que je pense que beaucoup d’équipes seront encore concernées par le maintien à trois ou deux journées de la fin, donc attention. Le championnat de N2 est encore plus difficile, avec deux équipes de moins et toujours 5 descentes : c’est beaucoup plus dense et très resserré. Je découvre cette poule, qui est peut-être un peut-être un peu moins « joueuse », c’est plus un football de transition sur ce que j’ai vu, mais je n’ai affronté que six équipes (l’entretien a été réalisé avant le succès face à Créteil 2-1), et en plus, sur les six équipes, on a joué Bourg qui n’est pas du tout dans ce football-là.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Vous avez aussi évoqué Christophe Fauvel, de Bergerac : avez-vous suivi l’actu là-bas (L’idée de fusion entre Bergerac et Trélissac a été retoquée par la FFF et le président a ensuite annoncé son futur départ) ?
Je voyais cette fusion avec Trélissac d’un bon oeil. Quand j’étais à Bergerac, en plus, les rapports entre les deux présidents (avec Fabrice Faure de Trélissac) étaient plutôt froids et tendus mais bon, ce sont des gens intelligents donc la voie qu’ils avaient commencé à tracer était très bonne. Je savais que le cahier des charges de cette fusion était très lourd. J’ai vu que Mr. Fauvel a annoncé son retrait : pour être honnête, je suis très surpris. Je me demande si ce n’est pas un effet d’annonce de sa part pour faire bouger les choses, même si je sais qu’il en a un peu assez. En tout cas, s’il partait, cela laisserait un grand vide à Bergerac après, déjà, le départ de son fils Paul (qui était directeur du club) au Red Star, et ce ne serait pas une bonne nouvelle pour le club. Sans, eux, les choses ne seraient plus pareilles.

« Le Red Star, un gros regret »

Pourquoi êtes-vous parti de Bergerac ?
On ne s’est pas mis d’abord contractuellement, tout simplement. Le club m’a fait une proposition de contrat qui était un petit peu en dessous de mes exigences, lesquelles n’étaient pas non plus folichonnes. Mais le président Fauvel m’avait dit aussi qu’il y avait une baisse de budget, en raison de la Covid. Et puis, parallèlement à cela, j’avais l’ambition d’entraîner en National, donc j’étais ouvert aux propositions. Si on s’était entendu avec Bergerac et si j’avais eu la certitude de conserver l’effectif, où certains joueurs devaient aussi être prolongés, les choses auraient été différentes, mais c’est surtout l’aspect financier qui a coincé, pas du tout le côté humain. En fait, ça ne collait pas avec mes objectifs et mes ambitions. On s’est séparé en très bons termes. Finalement, les sollicitations que j’ai eues en National n’ont pas abouti et je suis resté à la maison ! Cela faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivé.

Photo FC Fleury 91

Et puis, en novembre 2020, est arrivé le projet belge …
Oui, je suis parti en D3 belge, au Royal FC Mandel United, mais juste avant, j’ai été contacté par le Red star, après le départ de Vincent Bordot. Finalement, le club a laissé Habib Beye, qui assurait l’intérim, en place. C’est un gros regret. J’avais eu un très bon contact avec le président Patrice Haddad. Et j’ai eu cette proposition en Belgique, dans un club qui appartenait au groupe « Strive FC », propriétaire d’Evian Thonon : la Nationale 1 belge (D3), ce n’était pas forcément ce que j’avais coché comme case, mais je trouvais intéressant de rejoindre un grand groupe comme ça. Et me voilà donc à Mandel United ! Mais ça a été compliqué. Il y avait un fossé abyssal entre l’ambition du propriétaire et le niveau de l’équipe. Le club était dernier quand je suis arrivé. Ma mission était de se maintenir pour jouer l’accession l’année suivante en D2. Finalement, on a quand même réussi à se maintenir aux barrages, je me demande même si ce n’est pas ça mon plus gros exploit (rires) ! C’était miraculeux ! Le propriétaire a vu que c’était compliqué de bosser avec les Flamands et a revendu le club. C’était, malgré tout, une belle aventure. Un belle expérience.

Photo FC Fleury 91

Le niveau de la D3 belge ?
Il y a quelques clubs de haut de tableau qui peuvent se maintenir en National chez nous mais le reste, c’est plutôt du National 2 et pas forcément du haut de tableau. Mais on trouve de bons joueurs.

Ce qui est particulier en Belgique, c’est qu’il y a beaucoup de joueurs qui préfèrent, par exemple, jouer en D4, parce qu’ils travaillent et à côté, ils touchent beaucoup d’argent pour jouer au foot, avec des primes de match aux points, élevées, ce qui leur permet de se faire deux ou trois salaires quand ils jouent le haut de tableau. Et il s’entraînent deux ou trois fois par semaine ! Pour eux, le foot ce n’est pas un métier. Ils préfèrent jouer dans ces divisions-là plutôt que de jouer en D2, alors qu’ils ont le niveau. C’est une mentalité.

« J’ai plutôt l’âme d’un numéro 1, mais bon… »

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Vous avez eu une autre expérience en Belgique, au Cercle de Bruges, dans un club pro…
Oui, en 2018. Après Pau, où je ne suis pas prolongé, ce projet me tombe dessus; à l’époque, je n’avais pas d’agent et c’est justement un agent, celui de Laurent Guyot, qui m’appelle. Laurent allait devenir l’entraîneur du Cercle de Bruges et il me dit qu’il m’a suivi, qu’il a aimé ce que faisais avec Pau, et il me propose le poste d’adjoint. Au départ, je lui dit que ce n’est pas ma tasse de thé, que je ne connais pas Laurent Guyot même si, évidemment, de nom, je savais qui il était et ce qu’il avait fait, notamment à Nantes, et ça, forcément, ça me parlait. Alors on s’est rencontré avec l’agent, ça s’est bien passé, puis j’ai eu Laurent Guyot et ça a accroché. J’ai été choisi. Et me voilà parti à Bruges où je ne connaissais personne, où j’ai découvert ce que c’était de bosser dans un staff pro élargi de 14 personnes.

En 2018, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

En fait, je sortais de Pau où je faisais beaucoup de choses et je me suis retrouvé là, à ne pas faire grand chose, du moins sur les premiers mois, où j’avais l’impression que je servais à rien. Je ne trouvais absolument pas ma place. C’était compliqué mais après deux ou trois mois, on a réussi, avec Laurent (Guyot), à créer une proximité et petit à petit, j’ai trouvé ma place, je faisais de plus en plus de choses. Il y avait aussi un autre adjoint, Benoît Tavenot (actuel coach de Dijon en National), qui, lui, connaissait déjà Laurent. Mais ce rôle d’adjoint est très particulier; ça ne me convient pas vraiment, car j’aime bien décider, faire… Je pense que j’ai plutôt l’âme d’un numéro 1, mais bon…

Après, l’an passé, en octobre, j ai eu des contacts avec un club de Ligue 1 en France pour être aussi adjoint : j’ai passé deux entretiens de très haut niveau avec les dirigeants qui avaient apprécié mes idées, ma méthodologie, comme la « périodisation tactique », qui savaient que j’aimais bien faire jouer mes équipes avec un jeu de position, et ils recherchaient ça. Ils ont pris un autre entraîneur, pourtant, dans ce club, je me serais bien vu adjoint… En fait, tout dépend du projet. Je suis encore jeune (50 ans). Je n’avais que 34 ans quand j’ai repris Pau en National en cours de saison en 2007.

Photo FC Fleury 91

Le match de foot de légende, selon vous ?
France-Brésil 1998, forcément, mais le match qui m’a le plus marqué, c’est France-Allemagne 1982 : j’avais 9 ans, j’étais chez mes grands parents à Arcangues, près de Bayonne, au Pays Basque, et j’avais pleuré, même si je n’avais pas trop conscience des choses. Mais j’ai des souvenirs très précis. Et il y a aussi le 21 juin 1986 à Guadalaraja (1/4 de finale de coupe du Monde France-Brésil) ! Ce match-là, je m’en souviens bien aussi, d’autant plus que je suis né le 21 juin ! C’était quelque chose !

Une idole de jeunesse ?
Je n’avais pas forcément d’idole, mais Maradona, quand même…

Que vous manque-t-il pour entraîner en Ligue 2 un jour ?
(Il réfléchit). La confiance d’un dirigeant.

Le milieu du foot ?
(Il réfléchit) Fou, passionnant, exigeant.

Le club de Fleury ?
Fou (rires) ! Non !!! Je dirais particulier et unique. Particulier parce qu’il tient en un seul homme, même s’il y a beaucoup de monde qui y travaillent; c’est très différent de tout ce que j’ai connu avant. Ici, tout le monde est mis dans de très bonnes dispositions, et c’est aussi unique pour un club de ce niveau-là et de cette dimension-là. Chaque équipe est importante pour le club. Par exemple, je n’avais jamais entendu parler d’un stage de pré-saison pour des U14, et bien à Fleury, si ! Parfois, les gens à l’intérieur ne s’en rendent pas vraiment compte, peut-être parce qu’ils n’ont pas connu d’autres clubs pour certains.

  • Après 7 journées de championnat, le FC Fleury 91, qui s’est qualifié pour le 7e tour de la coupe de France en éliminant Versailles (National) au stade Montbauron (1-1, 5-4 aux TAB), est classé 6e de sa poule en National 2, avec 11 points (3 victoires, 2 nuls et 2 défaites), à seulement 3 points du leader, le FBBP 01 (Bourg-en-Bresse/Péronnas).

Lire aussi (interview de Pascal Bovis, président du FC Fleury, en mai 2023) :

https://13heuresfoot.fr/actualites/pascal-bovis-le-football-cest-le-spectacle/

 

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech et FC Fleury 91

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Le Breton, passé par les équipes de France jeunes (35 sélections en U16, U17 et U18), marque son territoire en National, au pied du Mont-Saint-Michel, où il a démarré la saison sur les chapeaux de roue (6 buts, 3 passes). Passé par le Stade Rennais (U19 Nationaux, N3) et pro à Rodez en Ligue 2, l’attaquant de 23 ans s’est confié pour 13heuresfoot !

Cet été, en amical, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

« Tu devrais venir voir les U15, ça joue vraiment bien, et il y a vraiment quelques très bons jeunes dont l’avant-centre, Alan Kérouédan, qui est vraiment très-très fort. » L’invitation de Guillaume Mulak, l’ancien responsable de la formation à l’US Concarneau (aujourd’hui recruteur / superviseur au FC Nantes), date de la saison 2014-15 et d’un cru exceptionnel à bord des Thoniers. La fameuse génération 2000 qui regroupait quatre pépites au talent si prometteur que des clubs professionnels du grand ouest les avaient intégrées la saison suivante : le Varzécois (de Saint-Evarzec, à côté de Quimper) Julien Ponceau au FC Lorient, le Concarnois Tom Guillou à l’EA Guingamp, le Fouesnantais Baptiste Chailloux au FC Nantes et le Mahalonais Alan Kérouédan au Stade Rennais. Un carré d’as de jeunes sud-finistériens dont la suite des trajectoires à géométrie très variable résume bien les difficultés à faire sa place au soleil d’un ballon rond s’alignant difficilement avec les planètes du foot pro.

Cet été, en amical, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

Car pour un Julien Ponceau qui joue aujourd’hui en Ligue 1 au FC Lorient, Tom Guillou a lui rejoint ses copains en district à La Forêt-Fouesnant (D1), Baptiste Chailloux joue en R2 à l’Amicale d’Ergué-Gabéric à côté de Quimper, et Alan Kérouédan est passé de la Ligue 2 au Rodez Aveyron Football au championnat de National à l’US Avranches Mont-Saint-Michel où il a peut-être reculé d’une division pour mieux sauter sur un plan de carrière fait de temps de jeu, de passes décisives et de buts. A suivre.

Meilleur buteur et meilleur passeur

Déjà 6 buts et 3 passes décisives en 10 matchs de National (il était absent contre GOAL FC) ! A l’US Avranches, Alan Kérouédan affole les compteurs depuis le début de la saison.

Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

Avec un but ou une passe décisive en moyenne par match, le Sud-Finistérien de 23 ans caracole en tête des classements individuels alors que son équipe pointe à la 12e place, juste au-dessus de la ligne de flottaison, après son match nul lundi soir en match décalé (0-0) sur la pelouse du FC Rouen.
Auteur de 5 buts et de 9 passes décisives l’an dernier sous les mêmes couleurs, Alan a, depuis quelques matchs, retrouvé le poste de ses débuts, à la pointe de l’attaque. « Quand on a repris la saison, on jouait en début de « prépa » à trois ou quatre au milieu et avec Dany Jean et moi devant, donc sans un vrai 9 dans l’axe. Au début, ça a marché, mais moins bien après. On en avait un peu parlé avec le coach (Damien Ott) et il m’a repositionné en 9. Moi je suis super content car je retrouve mes sensations. En plus, j’ai beaucoup de liberté pour redescendre au milieu, participer au jeu, l’orienter, et prendre la profondeur. Et comme j’ai été décisif dès que je me suis retrouvé en attaquant axial, on continue à jouer comme ça. C’est bien pour l’équipe et c’est bien pour moi. C’est gagnant-gagnant. »

Itinéraire d’un enfant de la balle

Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

De ses débuts à Mahalon (Sud-Finistère), en passant par sa carrière internationale chez les jeunes, ses années au Stade Rennais et ses deux saisons chez les pros à Rodez, jusqu’à ses six buts depuis le début de cet exercice en National avec Avranches, Alan Kérouédan a accepté de raconter ce qu’il revoyait dans le rétro que 13 heures foot lui a tendu…

  • L’ES Mahalon-Confort (2004-2011). « Je voulais déjà marquer »

« J’ai 4 ans en 2004. Normalement, j’aurais dû attendre un an de plus pour commencer. Il fallait avoir 5 ans minimum mais j’avais trop envie de jouer au foot dans un club et j’ai devancé l’appel. C’est de là que tout est parti. C’est le début de l’aventure. Je ne me souviens plus très bien mais je pense que la veille des matchs je devais dormir avec mon maillot et un ballon. Je ne crois pas que j’avais des posters de joueurs dans ma chambre mais ce que je sais, et ça j’en suis sûr, c’est que je voulais déjà marquer. »

  • Stella-Maris Douarnenez (2011-2014). « On est monté en DH »
Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 11 ans en 2011. J’avais envie de connaître un niveau au-dessus et de meilleures installations pour les entraînements et les matchs. Dans le coin, près de chez moi, la Stella-Maris de Douarnenez était le club le plus huppé et mon père a donc pris contact avec les dirigeants. Je jouais déjà devant, comme à Mahalon, et je voulais toujours marquer. On s’est bien éclaté avec une bande de potes, et sur le dernier match de la dernière saison, une très bonne saison pour moi, on monte en DH en gagnant contre Morlaix, et je marque. En même temps, j’étais au pôle espoirs à Ploufragan (Côtes d’Armor) où j’ai connu Baptiste Chailloux qui m’a poussé à le rejoindre à l’US Concarneau. »

  • US Concarneau (2014-15). « On a gagné le tournoi international de Plougonvelin »

« J’ai 14 ans en 2014. J’ai déjà des objectifs de carrière et j’en parle avec mes parents. Quand Guillaume Mulak, le responsable de la formation à l’US Concarneau, les appelle, ils sont donc au courant que je vais jouer en DH élite et que c’est une nouvelle étape dans ma progression. C’est comme ça que je me suis retrouvé à faire équipe avec Baptiste (Chailloux), Julien Ponceau, avec qui je rejouerai plus tard en Ligue 2 à Rodez, et Tom Guillou. On s’entendait bien sur le terrain et en dehors mais, en fait, je n’étais à Concarneau que le week-end, pour le match, car le reste de la semaine, j’étais toujours au pôle espoirs à Ploufragan. Cette année-là, avec Concarneau, j’ai marqué 42 buts et j’ai eu une pré-sélection en équipe de France U16. Et on a aussi gagné le tournoi international de Plougonvelin (Baptiste Chailloux avait été sacré meilleur joueur du tournoi) en battant le Stade Rennais en finale (aux tirs au but), mon futur club. »

  • Stade Rennais (2015-2020). « On a été champion de France U19 »
Avec le Stade Rennais, en 2019. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 15 ans en 2015. Trois mois après avoir gagné le tournoi de Plougonvelin avec Concarneau, je me retrouve avec pour partenaires mes anciens adversaires de la finale. J’ai signé un contrat de 3 ans comme aspirant. C’est la première fois que je joue pour un club pro et c’est là que j’ai été sélectionné en équipe de France U16, U17 et U18. En équipe de France, je joue toujours devant mais à Rennes j’ai été repositionné en milieu excentré, sur le côté droit ou gauche. A 18 ans, je signe un contrat de 2 ans comme stagiaire pro. On a gagné plusieurs tournois et on a été champion de France U19 en battant Montpellier en finale (4-0). »

  • Rodez AF (2020-2022). « Je suis resté sur ma faim »

« J’ai 20 ans en 2020. Je signe mon premier contrat pro (2 ans). Et je découvre la Ligue 2. Dès le premier match, je rentre en cours de jeu. C’était contre Grenoble. Là aussi je suis ailier gauche ou droit dans un système en 3-4-3. Et j’étais content quand, la première année, j’ai vu Julien Ponceau arriver. Il était prêté par Lorient et on a fait quelques matchs ensemble. Mais j’ai eu des pépins physiques au niveau des ischios et j’ai été freiné pendant un mois au cours de chacune des deux saisons que j’ai passées à Rodez. A l’arrivée, j’ai participé en tout à 32 matchs, je sais que j’avais le potentiel et qu’il y avait de la place pour que je joue davantage. C’est pour ça que je suis resté sur ma faim. »

  • Avranches (2022-24). « Je rejoue devant »
En coupe de France, avec Avranches, lors de la saison 2022-2023. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 22 ans en 2022. En fin de contrat à Rodez, j’ai cherché un projet où j’aurais du temps de jeu et l’US Avranches s’est alors présentée. Le coach, Damien Ott, m’a appelé. J’ai eu un très bon feeling avec lui. Il recherchait des excentrés allant vite, percutants, aimant aller de l’avant : j’étais dans ses critères et je remplissais toutes les cases. J’ai signé 2 ans. En plus, je savais qu’Avranches avait souvent servi de tremplin à pas mal de joueurs pour rebondir plus haut. C’est ce qui aurait pu arriver à l’intersaison dernière car j’avais de bonnes « stats », j’espérais retourner en Ligue 2 et, avec mon agent, on a aussi envisagé l’étranger. Mais il me restait un an de contrat et c’était peut-être mon destin de ne pas partir. En tout cas, je ne peux avoir de regrets car je rejoue maintenant devant et j’arrive à être décisif à chaque match ou presque. »

  • Equipe de France U16, U17, U18 (35 sélections). « J’ai joué une Coupe du Monde en Inde ! »

« J’ai 15 ans, 16 ans, 17 ans. Et je joue en équipe de France ! 35 sélections au total (5 buts). Je suis allé dans beaucoup de pays. En sélection U17, j’ai même fait un Euro en Croatie et une Coupe du Monde en Inde. C’était un rêve qui se réalisait. Et je jouais à mon poste. En 9. Mais ma plus belle sélection, c’est celle que j’ai connue tout près de chez moi. C’était ma première en U16 (24/09/2015). On était allé en stage à Ploufragan, dans les installations du pôle espoirs que je connaissais forcément très bien, et on avait joué à Loudéac contre le Pays de Galles (0-0). C’était devant ma famille. J’avais des frissons quand la Marseillaise a retenti. Pour moi, c’était la première fois et ça fait bizarre de la chanter. »

Alan Kérouédan, du tac au tac

« Merci pour tout Monsieur Guérin »

En 2015, en équipe de France U16. Photo Philippe Le Brech.

Le meilleur souvenir ?
Ma première sélection en équipe de France U16 en 2015. C’était ma première Marseillaise et le match contre le Pays de Galles (0-0) s’est joué tout près de chez moi, à Loudéac, devant ma famille.

Le plus beau stade comme joueur ?
J’en vois deux. Le Stadium de Toulouse et le Stade Océane au Havre. Les deux fois c’était avec Rodez en Ligue 2.

Le plus beau stade comme spectateur ?
Le Camp Nou. C’était Barcelone contre Levante en 2015. Le Barça avait gagné 5-0 et j’avais eu la chance de voir un triplé de Messi et des buts de Neymar et de Suarez… C’était énorme !

Un joueur pour modèle ?
Oui, Cristiano Ronaldo.

En 2015, en équipe de France U16. Photo Philippe Le Brech.

Votre plus grande émotion ?
Mon premier but en pro : un petit piqué au-dessus du gardien de Caen (2-0). C’était lors du dernier match de ma deuxième saison à Rodez (2021-22), à la 89e minute. Mon dernier match aussi à Rodez. J’ai senti comme une libération. J’attendais ce but depuis 2 ans !

Une anecdote de vestiaire ?
Lors du match précédent. Donc mon avant-dernier à Rodez. Je me souviens surtout d’un grand moment de joie car on venait d’assurer notre maintien en gagnant au SC Bastia (0-1) dans le temps additionnel (90′ +2) et j’avais fait la passe décisive sur le but. C’était fort dans les vestiaires !

En août dernier, contre Marignane-Gignac. Photo Philippe Le Brech.

Une réaction à propos du but égalisateur d’Anthony Beuve, votre gardien, contre Goal FC (1-1) ?
C’est incroyable ce qu’il a fait ! J’ai vu ça des tribunes car j’étais blessé. D’abord il arrête un péno, ensuite, alors qu’il était monté une première fois, il sort un ballon de contre-attaque d’un retourné acrobatique dans un duel avec un attaquant adverse, et il termine en égalisant de la tête sur un coup-franc de Sékou (Fofana) à la dernière seconde du match. Quand on l’a vu remonter encore tout le terrain, j’avais dit aux copains qui étaient autour de moi que c’était impossible qu’il marque et il l’a fait !

Le foot c’est mieux le vendredi ou le samedi ?
Je préfère le samedi car c’est pour moi un rituel depuis toujours. Et en plus, le samedi, c’est la Ligue 2 ! Quand t’arrives au stade, tu vois le monde, les caméras et tout le protocole, on sent qu’il y a un événement au stade. En National, c’est forcément parfois plus anonyme même si ça évolue bien car il y a beaucoup de clubs professionnels. Le niveau s’est bien élevé et quand tu vas par exemple à Sochaux, tu n’as pas l’impression d’être en National.

Avec Avranches, saison 2023-24. Photo Philippe Le Brech.

Un truc que vous faites toujours avant un match ?
Non, rien de particulier.

La chaussette droite ou la gauche en premier ?
Toujours la droite.

La causerie la plus marquante d’un coach avant un match ?
Au Stade Rennais, en équipe réserve (N3), avec Julien Stéphan comme coach. Dans la salle de la causerie, il avait disposé nos chaises de telle sorte qu’elles formaient un « V ». Le « V » de la victoire. On avait gagné mais je ne me souviens plus du contexte.

En août 2013. Photo Philippe Le Brech.

Le partenaire qui vous a le plus marqué ?
Arnaud Tattevin. J’ai joué avec lui à Rennes, en équipe de France (U16 et U17), et quelques mois à Avranches en 2022-23 avant qu’il ne parte à Borgo (National) en Corse. Je n’ai jamais vu un attaquant aussi facile pour dribbler, passer et marquer.

L’adversaire qui vous a gêné le plus ?
Plutôt un coéquipier : Warmed Omari à Rennes. A l’entraînement, je préférais être dans une équipe avec lui que contre.

Votre plus grosse prime de match ?
C’était une prime globale de maintien en Ligue 2 sur les trois matchs de ma dernière saison à Rodez.

Le contact le plus connu dans votre répertoire téléphonique ?
Si c’est quelqu’un que j’appelle souvent : Adrien Truffert (Stade Rennais), un de mes meilleurs potes. Et sinon, Enzo Zidane avec qui j’ai joué à Rodez (2021-22).

Le président qui vous a le plus marqué ?
Je n’en ai réellement côtoyé que deux : Pierre-Olivier Murat à Rodez et bien sûr Gilbert Guérin à Avranches. On le voyait presque tous les jours au centre d’entraînement et à chaque match, que ce soit à domicile ou en déplacement. Il a tellement apporté au football amateur et à l’US Avranches ! Merci à lui pour tout, on fera tout pour que le club reste en National parce que sans lui on ne serait pas là. Merci Président et reposez en paix.

 

Texte : Denis Vergos / Twitter : @2nivergos

Photos : Philippe Le Brech

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Gilbert Guérin n’avait pas que des amis dans le football. Mais il n’avait pas d’ennemi. Surtout, il ne laissait personne indifférent. Ni un dirigeant, ni un entraîneur, ni un joueur, ni un bénévole, ni un supporter, ni un arbitre, ni un ramasseur, ni un chauffeur de bus, ni un journaliste. Personne.

Sa « grosse voix » et sa manière de dire les choses, souvent sur un ton au débit rapide et assuré qui ne laissait pas toujours place au dialogue, son charisme, son caractère bien trempé, son sens de l’ironie, ont construit sa réputation. Celle d’un homme franc, direct, râleur, exigeant, passionné. Celle d’un dirigeant qui comptait les sous – Il usait beaucoup du système des prêts de joueurs issus de clubs pros – et pesait dans le football amateur, son monde, même s’il a aussi fréquenté le foot « d’en haut », lorsqu’il fut élu membre du comité directeur du Stade Malherbe de Caen en 1988, en Division 1.

« Une fois que j’ai dit les choses, je suis libéré »

Gilbert Guérin était un homme respecté, parfois agaçant, mais toujours serviable et attachant. Il n’avait pas la langue dans sa poche. Ce qui pouvait en exaspérer certains. Il le savait, mais n’en avait cure, comme il l’avait confié dans un long entretien ici même, paru en août 2022 : « J’en suis conscient. Mais une fois que j ai dit les choses, je suis libéré, parce qu’il y a certains présidents de clubs de L1 qui m’exaspèrent. Y’a des types biens, comme Jean-Michel Aulas (Lyon), Marc Keller (Strasbourg) ou Jean-Pierre Caillot (Reims), et puis y’en a d’autres, ceux qui ont été bons à l’école et qui grâce à ça sont devenus présidents d’un club de foot. Moi je pense que cela ne suffit pas d’être bon à l’école pour être président. Il faut un peu de moral, un peu d’éducation même s’ils en ont forcément autant que moi, mais ils n’ont pas ce petit « plus ». Ce sont des directeurs, pas des présidents. Moi, je suis président bénévole. Je ne suis pas persuadé que ces présidents-là auraient réussi à faire ce que j’ai modestement fait à Avranches en 30 ans. »

Gilbert Guérin le répétait souvent : avoir un club dans une ville de 10 000 habitants – Avranches – à un tel niveau, en National (10e saison d’affilée, la 14e au total depuis la création du championnat), quasiment à la 50e place française, c’est une performance. « Noël Le Graët a fait mieux avec Guingamp, car il est monté en Ligue 2 puis en Ligue 1 et a même joué en coupe d’Europe, mais lui, je le mets de côté, il est trop fort, il doit marcher à l’EPO ou au chouchen, je plaisante bien sûr. Mais derrière Guingamp, notre performance est notoire. »

Les jeunes, sa fierté

A l’US Avranches Mont-Saint-Michel, le club qu’il présidait depuis près de 35 ans, Gilbert Guérin laisse une trace indélébile. Si les jeunes étaient sa fierté, son dernier grand fait d’armes fut l’ouverture en 2021 d’un centre d’entraînement « de niveau bas de Ligue 2 », comme il disait. Un centre de 7 hectares avec 5 terrains (4 en herbe, 1 en synthétique), 950m2 de vestiaires, des salles de musculation avec cryothérapie : « On l’a bâti pour l’avenir. On n’a pas construit de stade pour la L2 mais on a construit pour les jeunes. »

Cet ancien chef d’entreprise à la retraite, resté actionnaire d’une (grosse) « boîte » de peinture qu’il a fondée puis revendue (110 salariés tout de même !), aimait bien aussi comparer ses joueurs à son autre passion, les chevaux de course. Cependant sans jamais les traiter de bourrins ! « Je fais souvent un parallèle avec le football, j’en parle même avec les entraîneurs parfois, racontait-il; un cheval, quand il revient de blessure, il fait toujours une première course « sous la fraîcheur » comme on dit, et puis la deuxième est plus moyenne. Dans le foot, c’est pareil. Un garçon qui revient, il est bon au premier match avec l’envie, et au deuxième, il accuse souvent le coup, il n’a pas le rythme. Avec les blessures, c‘est pareil : un cheval blessé pendant 6 mois, il mettra 6 mois à revenir. »

Son dernier combat…

S’il ne rêvait plus trop de Ligue 2, il militait depuis de nombreuses années pour la création d’une nouvelle Ligue 3, afin que les clubs du 3e échelon – dont le sien bien entendu ! – puissent bénéficier des mêmes avantages que ceux du niveau supérieur. Il l’avait encore clamé haut, fort et longuement dans les colonnes du journal L’Equipe, en juin dernier, allant même jusqu’à lancer « Labrune (le président de la Ligue de football professionnel), il s’en fout des amateurs ! ».

S’il n’aimait pas l’injustice et les décisions arbitrales qui n’allaient pas dans le sens de son équipe, usant même parfois d’un langage fleuri pour dire son mécontentement, il était aussi très investi et très engagé aux côté d’autres présidents tout aussi emblématiques que lui (son grand ami Jacques Piriou, Antoine Emmanuelli, Fulvio Luzi et beaucoup d’autres), toujours pour défendre les clubs du haut de la pyramide fédérale. Ceux du National.

La nuit dernière, à 72 ans, Gilbert Guérin s’en est allé. Son dernier combat, celui de la maladie, fut, finalement, l’un des rares qu’il n’a pas pu gagner.

A sa famille, à ses amis, à ses proches, à l’US Avranches Mont-Saint-Michel, à tous ceux qui l’ont côtoyé de près ou de loin, 13heuresfoot présente ses plus sincères condoléances.

Aux côtés du président Gilbert Guérin, au stade Fenouillère, à Avranches. Photo Ph. Le Brech

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : USAMSM

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🕐⚽😢 Toute la team 13heuresfoot a une immense pensée pour la famille, les amis et les proches de Gilbert Guérin, le président de l’US Avranches Mont-Saint-Michel , décédé des suites d’une maladie. Un personnage incontournable du football amateur s’en est allé et il va beaucoup (nous) manquer.

📲 Lire l’article « carnet » en hommage à Gilbert Guérin : https://13heuresfoot.fr/actualites/cetait-gilbert-guerin/

📲 Lire son interview (août 2022) : https://13heuresfoot.fr/actualites/gilbert-guerin-on-ne-doit-pas-changer-de-braquet/

L’avant-centre, qui a rejoint cet été La Berrichonne, son 11e club, vient de dépasser la barre des 100 buts, toutes divisions nationales confondues. Après des débuts en National au Red Star, son club de coeur, il y a plus de 10 ans, il n’avait pas hésité à redescendre en N2 et même en N3 pour rebondir et devenir aujourd’hui un attaquant incontournable.

Sous le maillot de Châteauroux, qu’il a rejoint cet été, en National. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai marqué partout où je suis passé »… Ne voyez aucune suffisance dans les propos de Geoffray Durbant mais un simple constat, confirmé par les chiffres. A 31 ans, l’avant-centre de Châteauroux (National) vient de dépasser la barre des 100 buts en championnat (National, N2, N3) depuis le début de sa carrière. L’international guadeloupéen en compte actuellement 103. « Avec la Coupe, je dois arriver à 150 », sourit Geoffray, qui a inscrit un quadruplé dimanche face à l’ES Bourges Moulon (N3) au 5e tour de la Coupe de France (victoire de Châteauroux 5-0).

Arrivé cet été dans le Berry, il n’a pas manqué ses débuts. Elu meilleur joueur de National du mois d’août, il occupe la tête du classement des buteurs à égalité avec Alain Kérouédan (Avranches) avec six réalisations. Malheureusement pour lui, il va être contraint au repos forcé lors des prochaines semaines. Il a en effet écopé de 3 matchs de suspension. « On n’a pas le droit de parler aux arbitres à la fin des matchs, je ne parlerai donc plus », assure-t-il.

Sous le maillot de Châteauroux. Photo Philippe Le Brech.

Pour 13HeuresFoot, il a retracé les différentes étapes de sa carrière, marquée par des changements fréquents de clubs.

« Souvent, les gens disent « Durbant, il a fait beaucoup de clubs »… Chacun a un avis. Mais ils ne connaissent pas toujours les tenants et les aboutissants. Déjà, j’ai longtemps signé des contrats d’un an. Et j’ai toujours effectué des choix sportifs, pas financiers. »
S’il est désormais devenu un attaquant qui compte en National, il a fait preuve, au début de sa carrière, d’un gros mental en redescendant en National 2 puis en National 3 après des débuts prometteurs au Red Star, son club formateur.

Villemomble, Bobigny, Beauvais en jeunes (1996-2009)

Le natif de Bondy, la ville de Kylian Mbappé, a grandi dans le 93. « Je n’ai que des bons souvenirs de ces années-là. A Bobigny, ça a commencé à devenir sérieux. C’était un bon club formateur. Il a pris encore une nouvelle dimension depuis qu’il est devenu le FC 93. Ses jeunes attirent de plus en plus de clubs pros. »
A l’époque, il avait été repéré lors du réputé tournoi Anastasio Gomez : « Il y avait beaucoup de recruteurs, j’ai été repéré par Beauvais et Amiens qui étaient en L2. J’ai choisi Beauvais. J’y suis resté deux ans en U16 nationaux. Mais il n’y avait pas de U18 nationaux donc je suis rentré. »

Red Star (2009-2014, National, 2 buts)

Sous le maillot de Bastia-Borgo en National. Photo Philippe Le Brech.

A 17 ans, il rejoint le club phare du 93, le Red Star. « On avait une excellente génération 92 avec Sébastien Robert comme entraineur. » Le 18 mai 2012, lors de l’avant-dernière journée de National, Vincent Doukantie le lance à la 69e minute en remplacement de Cédric Sabin face à Vannes (2-0). Lors de sa deuxième saison à ce niveau, il est souvent dans le groupe (20 apparitions). Pour sa première titularisation le 14 septembre 2012 face à Rouen, il marque le but vainqueur : « ça reste un souvenir incroyable. Première fois titulaire et premier but en National. En plus au stade Bauer, côté gauche face au kop, devant ma famille, mes amis… J’étais considéré comme l’enfant du club donc j’ai vécu un moment magique. »

Mais la saison suivante se passe moins bien (9 matchs, 1 but). « Au début de saison, Laurent Fournier m’a mis à la cave. Gaëtan Laborde, qui était prêté par Bordeaux, était à la cave avec moi… Quand Sébastien Robert a remplacé Fournier, j’ai davantage été appelé dans le groupe. Mais il y avait des Lefaix, Laborde ou Lee devant moi. »

Ces dernières saisons, son retour au Red Star a souvent été évoqué. « Beaucoup de gens ne comprennent pas. Les supporters me le demandent souvent. Je suis un enfant du club, du 93, ça aurait été un beau message que je revienne. Il y a eu quelques discussions mais ce n’est jamais allé plus loin. C’est dommage. Il y a toujours eu des gens qui ont fait que ça a bloqué. Mais moi, je n’ai de problèmes avec personne au Red Star. Quand tu es capable d’enchainer les saisons à plus de 10 buts, ce n’est pas anodin. Mais j’ai bien conscience qu’on ne peut pas plaire à tout le monde. C’est la vie, et j’ai essayé de tracer mon chemin en étant le plus performant chaque saison. J’ai su m’adapter à des environnements, des mentalités et des modes de vie différents. »

Roye-Noyon (2014-2015, National 2, 7 buts)

Sous le maillot de Châteauroux. Photo Philippe Le Brech.

A l’été 2014, Geoffray Durbant a effectué un choix fort en quittant le Red Star pour Roye en N2. « J’aurais pu rester au Red Star où j’étais chez moi. Mais parfois, tu ressens un sentiment d’injustice quand tu as l’impression de performer mais que tu passes après les autres. J’avais besoin de temps de jeu. C’est ce que je suis allé chercher à Roye. Quand tu commences très haut, jeune, parfois tu sautes les étapes. Il faut aussi avoir la lucidité pour le reconnaître. Je me suis dit « si tu veux retourner au moins en National, il va falloir charbonner »… Au final, cette saison s’est bien passée. J’ai marqué 7 buts et on termine 7e ou 8e. »

Vitré (juillet 2015-septembre 2015, National 2)

« J’ai choisi de signer à Vitré pour me rapprocher de la Bretagne où il y avait beaucoup de clubs pros », explique-t-il. Recruté par le directeur sportif, il va pourtant vite déchanter sur fond d’incompréhension avec le coach Michel Sorin. « Il jouait dans un système de 3-5-2 et m’utilisait comme piston droit. Déjà au départ, il m’avait seulement dit « tu as un contrat fédéral, tu dois être irréprochable ». Rien sur ses attentes vis à vis de moi. J’ai donc joué à droite. Il me faisait toujours sortir vers la 65e… Lors de mon 2e match, j’avais quand même réussi une passe décisive. Le match suivant, on perd 3-1 à domicile contre Romorantin. A la fin, le directeur sportif me dit : « il faut qu’on se parle lundi, le coach ne veut plus de toi et tu dois aller t’entrainer avec la réserve ». Je lui ai répondu que je m’entrainerais plus tant que ma situation ne sera pas réglée. Et j’ai fini par partir. »

UJA-Maccabi Paris (octobre 2015-juin 2016, National 3, 9 buts)

Sous le maillot du Stade Lavallois, l’année de l’accession en L2. Photo Philippe Le Brech.

Il décide de revenir en région parisienne et signe à l’UJA-Maccabi Paris (fusion de l’UJA Alfortville et du Maccabi Paris) qui galère alors en National 3. « Je descendais de niveau mais j’avais des amis dans l’équipe : Moustapha Cissé, Eddy Fernandes, Price Jolibois, Kevin Zonzon. Ils m’ont dit « on a n’a pas d’attaquant », donc j’y suis allé. Mais on ne va pas se mentir, ça a été compliqué au niveau des conditions de travail. On n’avait qu’un demi-terrain pour s’entrainer. Un jour, j’ai demandé au coach, Fabien Valéri, si on pouvait faire des spécifiques attaquants. Il m’a répondu « Tu n’as qu’à prendre un ballon et aller faire des tirs au quartier »… Malgré tout, on a réussi à se maintenir en N3. J’ai mis ma dizaine de buts (9 en championnat). »

Oissel (2016-2017, National 3, 7 buts)

Après l’UJA-Maccabi Paris, direction Oissel, toujours en N3. « Je n’ai pas trop de souvenirs de cette saison; ça s’est bien passé, mais sans plus. On a terminé 3e et on s’est maintenu sans problème. Le coach, c’était Eric Fouda mais il avait été absent plusieurs mois à cause de soucis personnels. »

Dieppe (2017-2018, National 3, 10 buts)

Sous le maillot du Stade Lavallois. Photo Philippe Le Brech.

S’il reste en Normandie, il signe près de la mer à Dieppe, pour une 3e saison en N3. Un souvenir mitigé. « Je me suis blessé à la cheville, une entorse, dès la 1ère journée et j’ai trainé ça longtemps. Mais après la trêve, j’ai bien fini la saison. L’entraineur, c’était Jean-Guy Wallemme. On a réussi à se sauver lors de la dernière journée face à Evreux (3-1) et je marque le premier but d’entrée. Mais avec l’équipe qu’on avait, on aurait pu faire largement mieux. Moi, je me suis dit que je devais arrêter les projets en N3. J’avais 26 ans, c’était le moment ou jamais. Soit je faisais toute ma carrière à ce niveau, soit j’arrivais à rebondir vers le monde pro. Je ne pouvais plus me tromper. »

Lusitanos Saint-Maur (2018-2019, National 2, 13 buts)

Geoffray Durbant retrouve une nouvelle fois la région parisienne en signant aux Lusitanos Saint-Maur. Après trois saisons en N3, il monte également d’un cran en retrouvant le N2. Avec 13 buts, sa saison a été une réussite sur tous les plans. « On a terminé 2e derrière Créteil. J’ai passé une super saison avec Bernard Bouger et Salah Mahdjoub, ça m’a permis d’avoir des contacts au dessus. »

Sedan (2019-2020, National 2, 15 buts)

Sous le maillot de Bastia-Borgo en National. Photo Philippe Le Brech.

Malgré des approches de clubs de National, il choisit de rester en N2 à Sedan. « J’avais déjà effectué un essai à Sedan avec Nicolas Usaï il y a quelques saisons. Le directeur sportif, Julien Fernandez, me suivait aussi depuis longtemps. Les installations, le stade, c’était le niveau pro ! » Quand la saison s’arrête en mars 2020 à cause du Covid, Geoffray Durbant a déjà inscrit 15 buts. C’est le meilleur buteur de N2 tous groupes confondus. « On a fait un beau parcours avec une série de 13 matchs sans prendre de buts. On était les seuls en Europe ! Malheureusement , on avait un peu faibli et le SC Bastia est passé devant juste avant l’arrêt des championnats et a été promu en National. »
S’il avait encore un an de contrat avec Sedan, l’avant-centre a forcément de nouveau suscité les convoitises en National.

Bastia-Borgo (2020-2021, National, 10 buts)

Sous le maillot de Bastia-Borgo en National. Photo Philippe Le Brech.

S’il y avait des clubs plus fortunés sur les rangs (Boulogne, Bourg-en-Bresse, Red Star), Geoffray atterrit finalement au FC Bastia-Borgo. « Je pense qu’ils ont dû payer une petite indemnité à Sedan. Moi, j’avais dit que je ne viendrais jamais jouer en Corse, mais je ne l’ai pas regretté. J’ai vraiment apprécié cette saison et ce club, malgré les longs déplacements en avion. » Sur le terrain, il a formé un duo très performant avec Wilson Isidor, prêté par Monaco. « Tous les deux, on s’est régalé. On se trouvait presque les yeux fermés sur le terrain. Il a mis 16 buts, moi 10 avec en plus 6 passes décisives, essentiellement pour lui. Wilson, c’est mon petit frère. On s’appelle très souvent. »

Laval (2021-2023, 19 buts en National, 4 en L2)

Après sa bonne saison en Corse, il a des contacts en L2 (Pau) et chez la plupart des clubs de National. Il choisit Laval avec un contrat de deux ans (plus une année en option). « Laval, ça me rapprochait de Paris et je voulais relever le défi de la montée. J’y ai réussi la meilleure saison de ma carrière. »

Sous le maillot du Stade Lavallois, l’année de l’accession en L2. Photo Philippe Le Brech.

Laval monte en effet en L2 et avec 19 buts – le meilleur score de sa carrière – il termine 2e buteur de National derrière Pape Meissa Ba (Red Star). Il figure également dans l’équipe type de la saison.
Mais sa saison en L2 s’est moins bien passée. « Je découvrais le monde pro. Mais je suis sorti de cette saison avec un sentiment de frustration et d’injustice. Je pense que j’aurais mérité davantage de temps de jeu et de considération. Olivier Frapolli, le coach, n’a pas toujours été correct avec moi. Moi, je suis quelqu’un d’entier, qui ne triche pas. A la fin, ce n’était plus ce que c’était entre lui et moi…»

Auteur de 4 buts, c’est lui qui a délivré la passe décisive sur le but de Djibril Diaw qui a permis à Laval de se maintenir à la 94e minute lors de la dernière journée à Amiens (2-1). « A ma place, beaucoup auraient tiré.  Mais j’ai eu la lucidité de faire la passe. C’était un but capital. Bien sûr, tout le monde m’a remercié. Mais au fond de moi, j’étais très déçu de cette saison. Quand j’étais à la Gold Cup avec la Guadeloupe, j’ai compris que je devais quitter Laval même si j’avais encore un an de contrat. Après, je suis très content de ce qui leur arrive cette saison. Le président, c’est une crème. Je leur souhaite tout le bonheur du monde. On s’est envoyé des beaux messages. Quant à moi, la L2, j’espère que j’y retournerai…»

Châteauroux (depuis juillet 2023, National, 6 buts)

Sous le maillot du Stade Lavallois. Photo Philippe Le Brech.

Cet été, s’il a eu des propositions en L2 (Rodez, Amiens), Geoffray Durbant a choisi de retrouver le National avec Châteauroux, une division où il avait l’embarras du choix. « Les clubs de L2, c’était pour être dans la rotation. La concurrence ne me fait pas peur mais elle doit être saine. Je ne voulais pas revivre une autre saison comme la 2e à Laval. Je ne suis pas un joueur de banc. A Châteauroux, il y a des bonnes installations et des dirigeants au top. Avec le coach Olivier Saragaglia, on se connaît depuis longtemps. J’ai envie d’aider le club à retrouver la L2. On manque un peu d’expérience par rapport à une équipe comme le Red Star et on n’a toujours pas été favorisé par les arbitres. Mais le National, c’est souvent une questions de séries…»

A 31 ans, Geoffray estime avoir « encore des belles années » devant lui. « J’espère continuer sur le même rythme. Maintenant que j’ai franchi la barre des 100 buts, j’espère pouvoir atteindre celle des 150. C’est possible ! Grâce à ma femme (Anne-Cécile Ciofani, internationale française de Rugby à VII, élue meilleure joueuse du Monde en 2021) qui est une sportive de haut niveau, qui prépare les JO de Paris, j’ai la chance d’avoir un très bonne hygiène de vie. On se tire vers le haut. Je suis aussi parfaitement entouré avec mon agent Eddy Torest qui m’a toujours soutenu depuis les années N3. Le foot, c’est d’abord du mental. J’ai souffert mais j’ai vu et j’ai appris. Plus tu montes haut, plus le monde du foot est méchant. Mais moi, j’ai toujours su ce que je voulais. Et je n’ai jamais lâché. »

Geoffray Durbant, du tac au tac

Sous le maillot du Stade Lavallois. Photo Philippe Le Brech.

Meilleur souvenir de joueur ?
La montée en L2 avec Laval.

Pire souvenir de joueur ?
Ma blessure avec la sélection de Guadeloupe cet été.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Le sens du but. Je suis un finisseur. Après, je n’ai pas de pied gauche mais j’ai quand même marqué des sacrés buts du gauche.

Combien de buts marqués ?
103 en championnat. Plus de 150 avec la Coupe.

Votre plus beau but ?
Contre Le Mans en National avec Laval. On était mené 0-1 et on gagne ce derby 2-1. Je mets un doublé avec le but de la victoire à la 85e. Je suis parti du rond central, je récupère le ballon, j’arrive à dribbler 2-3 joueurs puis je prends à contre-pied le gardien en lucarne.

Sous le maillot de Bastia-Borgo en National. Photo Philippe Le Brech.

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Birama Touré avec Beauvais en U16 nationaux

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Paul Pogba quand il jouait au Havre en U16 nationaux.

Un joueur avec qui vous avez eu le meilleur feeling sur le terrain ?
Wilson Isidor à Bastia-Borgo.

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vont ont marqué ?
Jean-Guy Wallemme à Dieppe, Bernard Bouger aux Lusitanos, Sébastien Tambouret à Sedan et Olivier Frapolli à Laval.

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
Il n’y en a pas. Même Michel Sorin, avec qui ça s’est mal passé à Vitré, est venu s’excuser quand je l’ai revu à Laval.

Sous le maillot de Bastia-Borgo en National. Photo Philippe Le Brech.

Le ou les présidents qui vous ont marqué ?
J’ai toujours eu de bons rapports avec mes présidents. Ceux qui m’ont le plus marqué, ce sont Laurent Lairy à Laval et Marc Dubois à Sedan. Quand ils disent, ils font..

Le club où vous vous êtes senti le mieux ?
Sedan et Laval.

Le club où vous avez failli signer et que vous regrettez ?
Peut-être Bourg-en-Bresse il y a 4 ans…

Le club où vous n’auriez jamais dû aller ?
Vitré.

Le club qui vous fait rêver ?
Le PSG. Mais mon club de cœur restera toujours le Red Star.

Vos joueurs ou vos joueurs préférés ? Un modèle ?
Ruud Van Nistelrooy et Hernan Crespo.

Un stade mythique où vous avez joué ?
Geoffroy Guichard, en L2 avec Laval.

Vos occupations en dehors du foot ?
Lire, préparer mes formations pour mon après carrière et regarder des séries.

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Aucune idée… Au début, je me débrouillais, j’étais dans la maintenance industrielle. Là, je termine une formation de créateur d’entreprise.

Le milieu du foot en quelques mots ?
Un peu ingrat parfois…

Normandie, Bretagne, Corse, Pays de la Loire, centre où vous avez joué, ou région parisienne où vous avez grandi ?
J’ai bien kiffé mon année en Corse. Mais je reste attaché à la région parisienne. J’ai déjà fait construire ma maison en Seine-et-Marne.

Vendredi 20 octobre 2023 – Championnat National (11e journée) : FC Martigues – La Berrichonne de Châteauroux, à 19h30, au stade Francis-Turcan.

Regarder le match sur : https://ffftv.fff.fr/video/6314002710112/j11-national-i-fc-martigues-lb-chateauroux-19h15

Texte : Laurent Pruneta / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech

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Le dirigeant charismatique du FC Borgo (N2) est un personnage truculent qui a su « casser les tabous » et instaurer des valeurs de convivialité, de partage et d’échange avec les autres clubs, même dans l’adversité. Portrait d’un personnage parfois sanguin, souvent attachant, dont la voix et l’aura pèsent.

Photo Philippe Le Brech

Une journée. C’est le temps qu’il faudrait, dixit Stéphane Rossi, pour parler d’Antoine Emmanuelli ! L’entraîneur emblématique du CA Bastia* pendant 18 saisons (*de 2000 à 2003 au Cercle Athlétique Bastia Gallia Lucciana puis de 2003 à 2017 au CA Bastia et enfin au FC Bastia-Borgo en 2021-22) n’a pourtant que dix minutes – c’est le temps qu’on lui a donné ! – pour évoquer « son » président, son ami, son ex-coéquipier aussi !

Les deux hommes sont indissociables de l’histoire et de l’aventure du CABGL (et donc du CA Bastia et du FC Bastia Borgo, vous suivez ?) ! « Des anecdotes sur Antoine ? J’en ai plein ! » Stéphane Rossi, sans club actuellement depuis son départ de Cholet (National) le 1er mai dernier, aime raconter celle-ci : « L’année où on était en Ligue 2 (2013-2014), il s’était auto-exclu du banc de touche ! Il n’était pas d’accord avec l’arbitre, alors il lui a dit « Vous n’avez pas besoin de me mettre de carton rouge, je me le mets tout seul ! » Je lui disais souvent de se calmer sur le banc, j’ai essayé de le canaliser. Antoine, il faut le connaître, il peut péter les plombs, mais c’est toujours pour le bien du club, pour défendre le collectif ».

Chaleureux et impulsif

Avec Stéphane Rossi à Cholet l’an passé. Photo Philippe Le Brech

Quand on lui décrit Emmanuelli comme quelqu’un de charismatique, convivial, chaleureux mais aussi d’impulsif, Rossi acquiesce : « Oui, c’est ça, il est très convivial, charmant. Quand tu passes un moment avec lui ou un repas, tu te régales, mais sur le terrain, il change ! Une fois, à Aix-en-Provence, à mes débuts de joueur, donc ça remonte hein, et alors que l’on était coéquipier, Antoine jouait défenseur et a traversé tout le terrain pour « allonger » un mec qui m’avait marché sur le pied ! Il voulait me défendre ! Du coup, il a dû jouer cinq minutes avant de se faire expulser ! »

Ces épisodes, tellement représentatifs du personnage, c’était avant. Depuis peu de temps, Antoine Emmanuelli ne s’assoit plus, ou beaucoup moins souvent, sur le banc de touche, aux côtés des joueurs et du staff. « Ce n’est pas bon pour le coeur, sourit ce personnage truculent, figure du monde amateur; le professeur m’a posé deux stents, l’un avec un moteur de Porsche et l’autre avec un moteur de Ferrari, donc ça va ! »

Photo Philippe Le Brech

Il est comme ça, Antoine Emmanuelli ! Il a un côté pile et un côté face. Chaleureux, convivial et en même temps impulsif et sanguin. Capable de convier dirigeants et administratifs d’un club adverse à une réception d’avant match autour d’un bon verre de vin rouge et de la charcuterie (produits corses, évidemment !) et dans l’heure suivante de s’énerver après eux ! Mais ça se termine bien, en général. « C’est vraiment un mec entier, poursuit Rossi; il aime bien partager, mais il ne faut pas lui faire à l’envers ! On est toujours en contact, bien sûr. Quand il m’a rappelé pour entraîner Bastia-Borgo en cours de saison 2021-22, j’ai retrouvé le même fonctionnement au club. Je n’ai passé que 6 mois cette fois mais j’ai eu l’impression de revenir 15 ans en arrière ! Il y avait de la sérénité dans le travail, au club, malgré la situation sportive difficile. Antoine dégageait de la confiance aussi. Il avait toujours un super-état d’esprit, et ça, je peux vous dire que ça manque aujourd’hui dans le football. »

Impliqué dans la vie régionale et fédérale

Photo Philippe Le Brech

Ce caractère haut en couleur, ces frasques, ont bien sûr contribué à la « notoriété » d’Emmanuelli, mais il serait réducteur de résumer cet homme de 66 ans, attachant, truculent et sensible, à cela. Car Antoine, c’est aussi et surtout les valeurs, le partage, l’échange, la convivialité, même dans l’adversité : « Parfois je m’accroche, c’est vrai, reconnaît-il; mais ensuite, c’est la passion qui nous rapproche. On est arrivé à instaurer ce fonctionnement avec les autres clubs. On s’invite, on se remet un petit présent, ça ce sont les valeurs de partage. Après, le foot c’est le foot ! »

Le Bastiais a tout connu au club, où il a commencé joueur avec une première licence en minimes, pour en devenir le président, en 2013, au temps du CA Bastia. Aujourd’hui, avec José Orsini, il co-préside aux destinées du FC Borgo, la nouvelle entité créé l’année dernière, alors que le club évoluait encore en National (il est descendu en National 2 cette saison). Il est également vice-président de la Ligue de Corse (depuis 12 ans) et ses fonctions fédérales – il est membre du collège des acteurs du football amateur à la Ligue fédérale amateur (LFA) – font de lui un dirigeant écouté, respecté, qui pèse. Même s’il n’aime pas qu’on le dise. Même s’il n’aime pas trop en parler. « J’essaie de m’impliquer pour faire avancer les choses, pour protéger les clubs. Je reste actif, sans prétention. Je reste à ma place. C’est cette passion qui me permet de rester dedans. Je n’oublie pas que c’est Toussaint Rossi, le papa de Stéphane, qui m’a introduit dans le giron fédéral ».

Photo Philippe Le Brech

Défendre ses joueurs, son entraîneur, son club, c’est ce qui a frappé Stéphane Rossi, mais pas seulement : « Antoine, c’est surtout quelqu’un de compétent. Il connaît le foot, il a joué jusqu’en Division 4 à l’époque, il laisse faire les gens, ll leur fait confiance. Je suis bien placé pour le dire. Parfois, on a eu des divergences d’opinion, c’est normal, et parfois même des disputes, mais rien de grave. On allait manger un morceau ou boire un coup et c’était réglé. Pareil, quand je suis revenu au club, en 2021, j’ai senti de la confiance, et si tu ne ressens pas ça, c’est compliqué d’y arriver. Bien sûr, parce que je suis un régional de l’étape, parce que tout le monde me connaissait déjà au club et que je connaissais tout le monde aussi, c’était peut-être plus facile pour moi que pour un autre. Mais avec Antoine, il y a beaucoup de sérénité dans le travail, de confiance. C’est vraiment quelque chose qui m’a marqué. Et malgré la situation sportive difficile dans laquelle on était, c’était franchement très agréable dans le travail et tout ça a rejailli sur les joueurs et sur l’état d’esprit général de l’équipe. Mais pour ça, il faut connaître le football, et ça, Antoine, il sait le faire. »

Interview

« C’est pour ça qu’on est devenu le FC Borgo… »

Avec Alex Torres, l’entraîneur en National la saison passée. Photo Philippe Le Brech

Antoine, votre meilleur souvenir sportif de président ?
C’est la période quand on monte de CFA en National puis de National en Ligue 2, quand on est monté deux fois consécutivement, entre 2011 et 2013. Avec les matchs de la montée à Alfortville d’abord, qui nous propulse en National, et contre Créteil l’année d’après, quand on accède en Ligue 2.

Pire souvenir de président ?
Plus qu’un mauvais souvenir, c’est une réflexion générale, celle de ne pas pouvoir jouer à Bastia. D’être localisé. Sinon, pour les mauvais souvenirs, ce sont les mauvais résultats, mais je garde cette grosse frustration, de voir cette génération de joueurs qui tout connu jusqu’à la Ligue 2 et qui, à la sortie, après tout ça, a été punie, car il a fallu jouer ailleurs, à Porto-Vecchio (le stade Erbajolo n’était plus homologué). On n’a pas pu utiliser les installations bastiaises. Ce qui fait que l’on n’a pas pu développer notre identité bastiaise. Aujourd’hui, la finalité, elle est là. Si on est devenu le FC Borgo, c’est bien pour cette raison.

Photo Philippe Le Brech

Un modèle de président ?
C’est une question difficile. Sur le plan de l’amitié, c’est François Nicolaï. Il a été président de Ligue 1 (au SC Bastia) et c’est mon ami. J’ai participé avec lui à la vie du Sporting mais je suis resté à mon niveau.

Vous avez aussi été dirigeant au Sporting ?
Oui, en même temps qu au CABGL, pendant 5 ans, avec Jean François Filippi. L’entraîneur, c’était Antoine Redin : ma « culture vestiaire », ma « culture banc », ça vient d’Antoine, et j’ai essayé de transmettre ça après. J’ai beaucoup appris à leurs côtés.

Des amis présidents ?
Oui, mais j’ai peur d’en oublier, Gilbert Guérin (Avranches) et Jacques Piriou (Concarneau), on a « grandi » ensemble et pu faire évoluer certaines choses, Jean-Pierre Scouarnec (ancien président de Dunkerque), Pierre Ferracci (Paris FC), Olivier Delcourt (Dijon), Benjamin Erisolgu (Cholet), y’en a beaucoup, Jean-Michel Roussier, sans compter les présidents mythiques, qui ne sont pas mes amis, mais que je respecte beaucoup, comme Jean-Michel Aulas, Noël Le Graët qui, malgré tout ce qu’on a pu dire, est un chef d’entreprise qui a su emmener le foot français à ce niveau, en partant de 80 millions de budget à 240 millions et 2,2 millions de licenciés. J’aurais pu les citer dans la question précédente, comme Marc Keller (Strasbourg) aussi. Et j’en oublie certains, comme Gervais Martel (Lens) ou Joël Coué (ex-président de Niort), que j’ai pu côtoyer lors de notre passage en Ligue 2, ) et aussi Philippe Jean quand il était président de Laval , avec lequel on échangeait beaucoup. Partout où je suis allé, j’ai toujours été bien reçu. L’accueil était très bon. C’était aussi l’objectif recherché, avec les autres présidents, de partager un moment de cohésion, de convivialité. On a eu un très bon accueil quand on est arrivé en Ligue 2, on a eu cette période de convivialité où l’on se recevait les uns les autres, à l’aller comme au retour, on a créé ça, on l’a mis en place, dans une démarche de partage et d’échanges. On a su instaurer des codes qui perdurent aujourd’hui, avec des présidents qui se reçoivent; on a cassé un peu les tabous, malgré la compétition, malgré le contexte de rivalité.

Sur le banc, avec Jean-André Ottaviani. Photo Philippe Le Brech

C’est ça, la culture du foot amateur ?
Quand vous allez jouer dans un club où il y a des enjeux, et si vous, vous n’en avez plus, et qu’en plus vous gagnez… On vous convie quand même à la fin du match, c’est ça la convivialité. Quelque part, c’est un peu une reconnaissance. C’est ça la culture du football amateur. Même lors de notre passage en Ligue 2, on pouvait passer pour le petit, le candide, mais on avait gardé nos valeurs, notre identité, notre caractère. Avec nos qualités et nos défauts, comme l’impulsivité. mais on était restés nous-mêmes.

Nostalgique de la période Ligue 2 ?
Non. On a profité. On a pris. On a appris. Aujourd’hui, quand je vais voir le président de Granville, d’Aubervilliers ou de Boulogne-sur-Mer, je suis très content. Je garde mes valeurs d’échanges et de partage, peu importe la division, elles sont là. C’est sûr que c’est plus valorisant de jouer en L2 mais ça ne me pose aucun problème de disputer un championnat de National 2 ou de National. J’en profite pour rendre hommage à Julien Boronat et Ange Paolacci qui, lorsque nous sommes montés en Ligue 2, nous ont accompagnés sur le plan administratif.

Vous êtes un président plutôt …. ?
A l’écoute. Je suis un homme de terrain, respectueux des codes et des principes, qui pense que l’entraîneur doit entraîner, que le président doit gérer, en cloisonnant les choses, en mettant des passerelles.

Photo Philippe Le Brech

L’idée une Ligue 3 pro, vous en pensez quoi ?
J’ai lu l’article de Thierry Gomez que vous avez publié. Ce projet de professionnaliser le National, on l’a porté pendant plusieurs années, notamment avec Gilbert Guérin (Avranches) et Jacques Piriou (Concarneau) dans le rôle des principaux acteurs, qui se sont beaucoup investis, comme d’autres aussi. Malheureusement, il y a eu un coup d’arrêt énorme avec l’échec de Mediapro. On a « régionalisé » les 13 Ligues, et on s’aperçoit que certains font marche arrière et veulent reprendre leur « liberté ». On a mis tout notre vécu, toute notre expérience au service de la Fédération pour faire avancer, évoluer les niveaux, protéger les championnats, les joueurs, dans une démarche collective. Mais pour ça, il fallait que le modèle économique suive. La faillite de Mediapro a fait faire un bond en arrière de 10 ans. Et puis la Covid est arrivé aussi… Malgré tout, la Fédération Française de football a accompagné les clubs, au prix du « quoi qu’il en coûte » selon l’expression consacrée, jusqu’à un certain niveau. Il y a eu une certaine solidarité, c’est comme ça que je l’ai ressenti. Mais quand la rivalité nous rattrape, quand le quotidien nous rattrape, on s’aperçoit que l’on refait un bond en arrière.

Avec Jean-André Ottaviani. Photo Philippe Le Brech

La Fédération revient sur des obligations, comme la Licence club, même si elles accompagnent par un signal fort ses clubs, ses licenciés, de manière conséquente, contrairement à d’autres fédérations. Bien sûr, on peut toujours mieux faire, mais il ne faut pas toujours aller dans le « tout licence, toute obligation ». Le danger, c’est que certains clubs risquent de sortir du giron et ne plus accepter la démarche de la Fédération, parce qu’il y a des obligations qui, si elles sont trop fortes, risque de conduire à un désaveu et un décrochage de beaucoup de clubs. La réforme peut arriver au bon moment pour redistribuer un peu l’argent. Il va falloir aussi consolider le National 2 et le National 3, et préparer cette réforme, afin qu’elle « atterrisse » dans de bonnes conditions. Il y a des groupes de travail qui se créent, on est en train de le finaliser ça pour 2025. Après, quid du haut de la pyramide du niveau 1 amateur (le National) ? Qui va payer le fonctionnement ? Aujourd’hui, pour reprendre les propos de Thierry Gomez, le National, c’est 9 clubs pros et 9 clubs amateurs. Et l’année prochaine ? Et qui va gérer ? La LFP ou la FFF ? Si c’est pro, c’est pris en charge par la LFP, donc par le collège de la Ligue 2. Et la courroie de transmission, ce sera le National 2, qui deviendra le haut de la pyramide amateur : et là, il faudra voir comment ces clubs de N2 pourront se projeter pour toucher l’échelon supérieur : est-ce qu’être champion donnera le sésame ? Tout ça, on le met sur la table, calmement, sans polémique.

Photo Philippe Le Brech

La posture « fédérale », c’est une chose, et celle de Borgo… Comment voyez-vous la chose ?
Nous à Borgo, à part la solidarité, à part un transfert d’un joueur à l’étranger, le club n’a rien, contrairement aux clubs professionnels qui peuvent toucher quelque chose sur un transfert dans un autre club français : c’est ça la différence entre les clubs pros du National et les clubs amateurs. Il faut parvenir à trouver l’égalité, l’équilibre. Il faut en discuter, avec le syndicat « foot uni », avec l’U2C2F, etc. Tout le monde travaille de concert. Il faut y intégrer la Ligue 2 jusqu’au National 3 et je le répète souvent, attention, personne n’est à l’abri d’une descente. Aujourd’hui, des clubs sont en Ligue 2 et demain, ils seront peut-être en National 2, donc il faut rester humble, ça va vite dans le foot.

Le National, voire le N2, ce serait donc le purgatoire pour les clubs pros ?
Aujourd’hui, en Ligue 1, pour rester dans le haut du tableau, il faut entre 45 et 50 millions d’euros, en sachant qu’il existe toujours l’incertitude sportive. En Ligue 2, tu as aujourd’hui 10 clubs qui peuvent descendre en National… Si la Ligue 3 pro voit le jour, ce ne sera pas le purgatoire, non, mais il ne faudra pas y vivre à crédit. Je pense, plus généralement, que si vous n’avez pas un projet de territoire, une histoire, un centre de formation, c’est compliqué. Des clubs comme Nancy, Le Mans, Sochaux, essaie de monter en Ligue 2 pour donner une valeur marchande à leur club, c’est légitime. Mais tout le monde est en danger. Quand vous gérez l’humain c’est difficile, il faut rester prudent; économiquement c’est difficile.

Photo Philippe Le Brech

C’est quoi, l’avenir du FC Borgo à long terme ?
C’est de continuer à ce structurer, parce qu’on a l’outil pour. Au niveau des jeunes, c’est franchir les échelons nationaux pour pouvoir être crédibles et attractifs (le club joue en U17 Nationaux), pour construire une équipe en N2 ou en National où l’on puisse se dire, « Voilà, c’est des joueurs qui sortent du sérail », mais ça demande du temps, c’est fragile. Cela demande aussi beaucoup d’investissement et d’engagement de la part de nos partenaires et de la municipalité. Est-ce que l’on pourra y arriver ? Je ne sais pas parce que, à côté de nous, il y a un club qui prend énormément de place, où il y a une énorme attente, et que l’on souhaite revoir en Ligue 1, moi le premier, c’est le Sporting-club de Bastia. J’ai toujours pour habitude de dire « On vit à côté ». Avant, on échangeait, et le SC Bastia nous rendait, nous donnait, mais aujourd’hui, il n’est pas en position de le faire, car il est toujours en phase de construction. Forcément, on subit un peu cette situation-là, dans le sens où on a du mal à échanger naturellement, pas contractuellement, non, car on n’a jamais eu de soucis de ce côté-là, on a toujours su voir l’intérêt de l’un ou de l’autre; par exemple, on récupérait des joueurs qui ne jouaient pas trop chez eux. Mais il devrait y avoir des vases communicants naturels. On pourrait avoir plus de joueurs « locaux », ce qui permettrait d’avoir une plus forte identité, mais on a un peu perdu ça… On nous dit « oui, mais il n y a plus de Corses »… Il faut laisser le temps au temps, laisser les clubs travailler, terminer leur restructuration, et quand on aura retrouvé un équilibre, chacun y trouvera son compte.

Photo Philippe Le Brech

Comment fonctionne le club ?
On n’a pas tout à fait 1 million d’euros de budget, avec plus de 350 licenciés, et des frais de déplacements qui atteignent les 250 à 300 000 euros par saison. Mais on fonctionnera toujours comme ça, avec l’un des plus petits budgets, quelles que soient les divisions dans lesquelles on joue. Ce que l’on souhaite, c’est rester attractif : ici, il y a une qualité de vie, on travaille dans de bonnes conditions et sur de bonnes installations. Il y a une culture sportive et un fonctionnement qui nous permettent tout cela. Depuis 2017, on bénéficie d’un nouveau complexe à Borgo très fonctionnel (complexe Paul-Natali), avec deux terrains et on a aussi le stade Paul-Antoniotti. On a tout ce qu’il faut. Mais le club, c’est beaucoup de sacrifices, d’effort et d’investissement.

Le FC Borgo, c’est un club plutôt…
Bien ancré dans la région, qui a une histoire, qui a su garder sa forte identité, même avec la fusion. Un club où on peut travailler sereinement et progresser.

Le meilleur match de l’histoire du FC Borgo, c’est lequel ?
Celui qui nous a permis de gagner à Saint-Brieuc en National 2 (en 2019), à trois journées de la fin, et de nous positionner pour la montée. En gagnant là-bas, on s’était donner les moyens de monter en National, ce que l’on a réalisé en gagnant ensuite à Vannes à la dernière journée.

Photo Philippe Le Brech

Le pire match de Borgo ?
Je ne sais pas, les mauvais souvenirs, je les efface (sourire). Ce sont toujours des défaites.

La plus grosse prime ?
Allô ? Désolé, je suis un peu sourd (rires) ! Y’a souvent des cloches qui sonnent fort dans les vestiaires !

Votre plus grosse erreur de président ?
D’avoir fait du sentiment à un moment, de ne pas avoir pris la bonne décision à un certain moment. C’était juste après l’épisode de la Ligue 2. Je ne parle pas de Stéphane (Rossi), non, bien sûr.

Plus grande satisfaction de président ?
Un match référence, en 32e de finale de la coupe de France, quand on a battu le SC Bastia 2-0 à Ajaccio (en janvier 2013), qui était en Ligue 1, et une qualification contre Nancy, alors en Ligue 1, à Ajaccio aussi (2 à 0, en février 2017); ça, ce sont des grosses satisfactions, comme des matchs qu’on a joués à Porto-Vecchio où on a trouvé un accueil formidable. Pareil à Ajaccio. C’est important de le dire. L’échange, le partage, c’est ça aussi ma satisfaction.

Votre plus grosse colère de président ?
Tu me pièges là ! Je ne m’en souviens plus (rires) ! Oui, je peux piquer une crise… comme l’année de la montée en Ligue 2, en 2013, à Rouen, après un match contre le FC Rouen (match en retard perdu 3-2, à trois journées de la fin) : je me revois monter sur la table de massage en train de dire mes quatre vérités, mais toujours en restant lucide, sans crier, pour être crédible. Il y a eu une prise de conscience après ce match et moi, je ne suis plus rentré dans le vestiaire lors des trois derniers matchs et on les a remportés les trois, et on est monté à la dernière journée !

Le joueur emblématique du club ?
C’est difficile ! Il y a Stéphane (Rossi), et aussi Nanou (Antoine) Battesti, un joueur qui a eu des statistiques jamais égalées. Il y a aussi Sébastien Lombard, qui est aujourd’hui l’adjoint de Mickaël d’Amore, notre entraîneur en National 2, et Jean-François Grimaldi, bref, toute la génération de copains aussi qui est monté de CFA en Ligue 2. Aujourd’hui, le joueur emblématique, ce serait Cheick Doumbia, car ça fait 8 ans qu’il est au club.

L’entraîneur emblématique ?
L’entraîneur, c’est Stéphane (Rossi), je n’oublie pas Jean-André Ottaviani aussi, avec qui on a eu une relation très forte.

Une devise ?
Non. Une réflexion plutôt : savoir écouter les gens.

Lire aussi (interview de Thierry Gomez, président du Mans FC) :

https://13heuresfoot.fr/actualites/thierry-gomez-la-ligue-3-cest-le-sens-de-lhistoire/

 

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech

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C’est comment un match de Ligue 2 délocalisé ? Contraints de disputer leurs 19 matchs « à domicile »… à l’extérieur, en raison des travaux du stade Guy-Piriou, les Thoniers ont trouvé trois terres d’accueil à Guingamp, Brest et aussi Lorient où 13heuresfoot a assisté à la journée-type.

La solidarité bretonne a bien fonctionné. Contraints de délocaliser leurs 19 matchs à domicile, en raison des travaux de mise aux normes Ligue 2 de leur stade Guy-Piriou, les Thoniers de l’US Concarneau ont trouvé des terrains d’accueil à Guingamp (deux rencontres, toutes deux déjà jouées), à Brest (9 rencontres) et à Lorient (8 rencontres) où ils viennent de « recevoir » Saint-Etienne (défaite 0-1) et dernièrement Dunkerque (victoire 4-3). 13 heures foot y était.

Lorient, le port à côté

Les bénévoles au départ du bus. Photo DV.

Même si, pour aller jouer au Moustoir, les Concarnois doivent franchir la « frontière » entre le Finistère et le Morbihan, Lorient, c’est le voisin naturel, la porte à côté. « Le port à côté » disent les Thoniers quand ils naviguent dans les eaux territoriales des Merlus.

Les joueurs de Stéphane Le Mignan n’y étaient évidemment pas comme chez eux, mais tout a été organisé pour qu’ils se sentent le mieux possible. « On a été super bien accueilli par le club et par la ville », rapporte Manon Puloch, la responsable marketing et communication à l’US Concarneau.

Contre Saint-Etienne (samedi 23 septembre dernier, 0-1), ce n’était pas la première fois de son histoire que l’US Concarneau jouait « à domicile » à Lorient. En 2015, en quart-de-finale de la Coupe de France, les Thoniers, alors en CFA, avaient déjà « reçu » Guingamp (L1) au Moustoir (élimination 1-2) où ils s’étaient vraiment sentis chez eux. Nicolas Cloarec, leur coach de l’époque, le rappelait dernièrement dans les colonnes du « Télégramme » : « Ce que je retiens, c’est qu’on avait déplacé une ville entière dans un stade. Il y avait 18 000 personnes au Moustoir, pour 19 000 habitants à Concarneau ! Le stade était à nous, c’était fou. »

6010 spectateurs pour Saint-Etienne à Lorient

Photo Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football

Contre Saint-Etienne, ils n’étaient « que » 6010. Le maximum qu’aurait pu accueillir le stade Guy-Piriou s’il avait été aux normes. « Chez nous, cette saison en Ligue 2, tous les matchs se seraient joués quasiment à guichets fermés, c’est ça le plus rageant ! Contre Saint-Etienne, on espérait entre 7 et 8 000 car c’était à Lorient, donc plus près de Concarneau (trois quarts d’heure de route) que Guingamp (deux heures) ou Brest (une heure et demie), mais surtout parce que c’était contre Saint-Etienne », reconnaît Manon Puloch. « Donc même si on a fait beaucoup plus que contre Bastia (1875) et Annecy (922) à Guingamp, ou que contre Caen (3001) à Brest, on était un peu déçu. On s’y attendait quand on avait vu l’avancée de la billetterie, qu’elle soit sur place, à Concarneau, ou en ligne, mais il faut bien admettre que ce n’est pas simple à organiser. Même si Lorient est le site le plus proche de Concarneau, il y a quand même de la route à faire et on ne va pas au match aussi facilement et naturellement que quand on est sur place. »

Contre Dunkerque, samedi dernier, ils n’étaient d’ailleurs plus que 1921 mais, lorsque Pape Ibnou Ba a achevé de renverser complètement le match en arrachant la victoire dans le temps additionnel (4-3, 90′ +4), les supporters ont fait du bruit comme s’ils étaient… 6000 à Guy-Piriou ! « On a vécu beaucoup d’émotions. C’est vrai que ça fait quelques semaines, voire quelques mois qu’on n’avait pas vécu ça, ça remonte à Guy-Piriou. Ce sont des moments très agréables pour une équipe et pour un club », a confié le coach Stéphane Le Mignan au « Télégramme ».

Les déplacements des supporters

Photo Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football

6010 contre Saint-Etienne. 1921 contre Dunkerque… Le déplacement des supporters reste, pour la chargée de marketing et de communication, une des très grandes problématiques de ces matchs délocalisés. « On a passé un partenariat avec une société de co-voiturage, StadiumGO, mais pour l’instant les supporters n’en profitent pas vraiment. Ils préfèrent se déplacer entre eux. On aurait bien aimé aussi organiser des navettes mais c’est difficilement envisageable car il y a tellement de zones d’ombres et d’incertitudes quant au nombre de spectateurs potentiels que c’est très compliqué pour nous à anticiper et à gérer. On n’a pas non plus pu mettre en place de formules d’abonnements en raison de nos matchs dans trois stades différents. On ne se plaint pas mais je crois que les gens ne s’imaginent pas la quantité de travail qu’il faut abattre pour notre première saison en Ligue 2 dans ces conditions. Déjà, du National à la Ligue 2, le cahier des charges de la licence club n’a rien à voir. Il doit répondre aux nombreuses demandes de la LFP, et quand en plus il faut jouer à domicile dans trois stades différents, ça multiplie tout. S’il n’y avait qu’un seul stade encore ça irait, mais trois c’est énorme, rien qu’en déplacement de matériel que l’on ne peut pas stocker. »

Quand ça bouchonne aux entrées…

Contre Saint-Etienne, il y a d’ailleurs eu un « couac » aux entrées où ça a bouchonné pour quelques centaines de spectateurs qui ont raté le début du match. « Ce n’était pas un problème de billetterie mais une question de sécurité », explique Manon Puloch. « On a été lâché par une entreprise de sécurité et il nous a donc manqué 32 agents affectés à la palpation pour sécuriser l’accès au stade. » Contre Dunkerque, tout s’est bien passé mais il y avait aussi malheureusement beaucoup moins de monde…

Quarante bénévoles en bus à Lorient

Photo Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football

« On se déplace à cinq la veille des matchs « à domicile » et on passe toute la journée du vendredi sur place. Le samedi, on a cinq ou six personnes qui viennent le matin pour nous donner un coup de main dans la manipulation de certains panneaux lourds, comme le tableau publicitaire des interviews ou l’arche de la LFP qui est heureusement resté sur place pour nos deux matchs de suite à Lorient, contre Saint-Etienne et Dunkerque », précise Manon Puloch. « Et l’après-midi, on a une quarantaine de bénévoles qui arrivent en car pour s’occuper des buvettes, de la restauration, de l’espace VIP et de l’environnement du terrain. Sans eux, ce serait tout simplement impossible. »

Photo Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football

Le bus pour Lorient lors du match face à Saint-Etienne, c’était une première qui, par sécurité, sera reconduite durant toute la saison. Avant, à Guingamp, contre Bastia (0-0) et Annecy (1-1), et à Brest, face à Caen (défaite 0-2), c’était en mini-bus que les bénévoles se déplaçaient.

Ce qui ne change pas ce sont leur tenue : des marinières estampillées USC. Et le coeur à l’ouvrage est lui aussi toujours présent pour servir à boire ou mettre la main à la pâte, sur les billigs et les planchas, du côté des stands des galettes-saucisses où, contre Saint-Etienne, les 54 douzaines de crêpes et les 340 saucisses se sont envolées comme des petits pains avant le début de la seconde période. Après le match, le retour en bus a pris un peu de retard mais, quand on aime l’USC, on ne compte pas ses heures. Encore moins en Ligue 2 pour « les matchs à domicile à l’extérieur ».

L’habillage du terrain

Sur le terrain proprement dit, à Lorient, comme à Brest d’ailleurs, l’essentiel de la panneautique (panneaux publicitaires des partenaires de l’US Concarneau) se fait en écrans LED, donc ça simplifie les choses. « Mais il ne faut pas oublier l’habillage des vestiaires, de la zone mixte, des couloirs et de la salle de presse avec la communication de la Ligue de Football Professionnel (LFP), ça demande beaucoup de travail et on y passe plusieurs heures. Et il faut s’adapter à la configuration des trois stades et à leur mode de fonctionnement spécifique », rappelle la chargée de com’.

504 Stéphanois dans le parcage « visiteurs »

« Il faut aussi gérer le parcage « visiteurs » qui est plus ou moins occupé. Pour le match de Saint-Etienne à Lorient, les supporters stéphanois étaient 504. Au niveau de la sécurité, c’est à nous de les accueillir, mais à l’intérieur du stade, c’est leur agence qui gère. Ils ont un process bien huilé et nous ça nous convient très bien comme ça. » Contre l’USL Dunkerque, c’était encore plus simple à gérer car il n’y avait aucun supporter dunkerquois dans le parcage « visiteurs » !

Des langoustines dans les loges

« Pour Saint-Etienne, on avait environ 350 partenaires répartis dans différentes loges selon les prestations offertes que l’on essaye de calquer sur la base des formules « Carré or », carré bleu » ou « carré rouge » que l’on proposait quand on était chez nous au stade Guy-Piriou. Mais on ne fonctionne pas de la même façon à Guingamp ou à Brest où on avait accueilli environ deux cents partenaires. On doit s’adapter aux différents lieux et au nombre. » Et l’adaptation fait parfois très bien les choses car contre Saint-Etienne, au Moustoir, certains privilégiés ont même eu droit à des langoustines.

Interview / Guy Jannez (bénévole) :

« On est très bien reçu partout ! »

Guy Jannez, derrière la buvette ! Photo DV

Impossible n’est pas… bénévoles concarnois ! Guy Jannez, le responsable des bénévoles, raconte comment se déroule et s’organise une journée « à domicile… à l’extérieur » !

Guy Jannez, il y a un lien de parenté entre vous et Guillaume Jannez, le capitaine des Thoniers ?
« Non, pas du tout, ça s’écrit de la même façon mais il n’y a aucun lien de parenté. »

Vous êtes le responsable des bénévoles à l’US Concarneau, c’est un travail à plein-temps ?
« Peut-être pas à plein-temps mais c’est vrai que ça demande beaucoup et de plus en plus de temps avec tout le matériel à préparer et à déplacer… »

Combien d’heures par semaine ?
« On est pratiquement aux 35h (sourire) mais il faut le faire et on va le faire jusqu’au bout. »

Comment se passent les matchs « à domicile » à l’extérieur ?
« Déjà la préparation : on envoie le lundi un message aux bénévoles pour savoir s’ils seront absents ou présents. Ensuite, le mercredi, avec l’aide de Sophie Sellin, on liste les postes pour les buvettes et les stands de restauration. Et le vendredi après-midi, avec le soutien de nos partenaires qui nous prêtent deux véhicules pour chaque déplacement, on charge le matériel, c’est-à-dire l’arche sous lequel passent les joueurs à leur entrée sur le terrain, les panneaux BKT, les planchas et les billigs pour la restauration, les gobelets pour les buvettes, de façon à ce que tout soit prêt pour le samedi matin. On est six à partir vers 8h30 / 9h pour aller faire la mise en place avant que les autres bénévoles n’arrivent vers 16h en bus au stade. Et au retour, le bus repart à 21h30 pour que l’on puisse tous se retrouver au stade Guy-Piriou à Concarneau pour faire un petit casse-croûte entre bénévoles. »

C’est lourd à gérer ?
« C’est très très lourd à gérer et heureusement que l’équipe de bénévoles est très soudée et volontaire. »

Quel est le poste le plus compliqué ?
« La restauration et les buvettes. C’est vraiment lourd car on n’est pas chez nous et il faut tout déplacer. »

C’est plus simple à Lorient qu’à Guingamp ou à Brest ?
« Lorient c’est quand même plus près de Concarneau et on a été très bien accueilli. On a à disposition tout ce que l’on a demandé, il n’y a aucun souci. Brest c’est quand même une demi-heure supplémentaire, Guingamp, plus d’une heure encore de plus, mais sinon on a été très bien reçu dans tous les stades où on doit se déplacer. »

Au nombre de galettes-saucisses et de bières vendues, Saint-Etienne à Lorient, c’était équivalent à un gros match à Guy-Piriou ?
« C’est beaucoup moins et ça n’a même rien à voir. Au niveau de la restauration, c’est à peu près l’équivalent, mais pour la boisson c’est beaucoup moins. Il y a la route du retour à faire… Et alors qu’ici, à Concarneau, la buvette du bas restait ouverte une heure ou une heure et demie après le match, là-bas, à Lorient, Guingamp ou Brest, on ferme à la 70e minute. C’est dans le protocole. »

Toute cette troménie (procession lors des fêtes religieuses en Bretagne), c’est le passage obligé pour vous retrouver chez vous en Ligue 2 la saison prochaine ?
« On va faire l’effort. Il faut absolument qu’on y soit. Mais s’il n’y avait pas les bénévoles, je ne sais pas comment le club ferait. C’est vraiment difficile, mais les bénévoles sont présents et je pense qu’ils le seront toujours. »

Faut-il être retraité pour être bénévole à l’USC ?
« Il vaut mieux car on a plus de temps, mais on a aussi des bénévoles actifs, qui sont au boulot toute la semaine et qui font l’effort d’être là en plus le samedi. »

Les bénévoles ne fatiguent-ils pas ?
« Si, ça commence, mais ils en veulent tellement qu’ils s’accrochent et on se motive entre nous. Il y a une très bonne entente. »

Entre bénévoles, cette situation vous éloigne ou vous rapproche ?
« On se serre les coudes donc ça nous rapproche dans la difficulté. Les bénévoles sont très motivés pour donner un coup de main au club, il n’y a aucune défection, tout le monde est présent, c’est encourageant. Et on a aussi la chance d’avoir la direction et les présidents qui nous encouragent. Si on demande quelque chose, automatiquement c’est accepté. »

Mais ne risquez-vous pas de perdre des bénévoles sur la durée d’une saison aussi lourde ?
« On verra cet hiver mais non, pour l’instant c’est même plutôt le sens inverse. On a trois ou quatre nouveaux qui voient bien que c’est très difficile et qui souhaitent donc se rapprocher de nous pour nous aider. »

Comment se passe un samedi-type pour le bénévole ?
« Pour la quarantaine de bénévoles qui viennent à partir du samedi après-midi, le départ se fait à 15h du stade Guy-Piriou. Quand c’est à Lorient, ils y sont une heure après, et là ils se mettent à travailler, à préparer les buvettes, faire la mise en place et les sandwiches, il en faut aussi pour la sécurité et pour les bénévoles eux-mêmes. Il y a deux heures de temps où on est vraiment le nez dans le guidon. »

Arrivez-vous à maintenir l’esprit concarnois à l’extérieur ?
« Au niveau des bénévoles, on a un bon groupe de purs et durs, ils gardent la fibre car le maillot est là (il pose une main sur son coeur). »

Vous devez être pressés de retrouver vos marques à Guy-Piriou ?
« Il est temps. Il est même plus que temps. C’est fatiguant et ça serait bien que quelqu’un du service des sports de la mairie de Concarneau soit présent pour la préparation et le chargement du matériel à chaque match à domicile que l’on doit jouer à l’extérieur. Et que cette personne soit également présente pour assister à la mise en place dans les stades qui nous accueillent et voir ce qu’il s’y passe. C’est énorme. Vraiment énorme. Les quarante bénévoles ne sont pas là pour faire de la figuration. C’est énormément de travail. »

 

Textes : Denis Vergos / Twitter : @2nivergos / Contact : dvergos@13heuresfoot.fr

Photo de couverture : Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football (sauf mentions)

Photos Pascal Priol / Ligue de Bretagne de football (et Denis Vergos)

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