L‘attaquant vendéen ne cesse d’empiler les buts ! À 29 ans, il a étoffé son jeu, atteint la maturité et la plénitude des ses moyens même si ce n’est « qu’en » N3, alors qu’il rêvait de haut niveau. S’il admet ne pas toujours avoir fait le bon choix, il vit sa meilleure période et en profite pleinement. Après la pluie, le beau temps !

Avec près de 30 buts inscrits en une saison et demie, le buteur patenté du Poiré-sur-Vie (29 ans) n’a pas vécu un long fleuve tranquille au cours de sa carrière ! De ses débuts à Pacy-sur-Eure, Fréjus, Imphy-Decize, Beauvais ou encore Jura Sud, en passant par les centres de formation du Stade Rennais et du Havre, l’attaquant longiligne (1m93), né à Avranches (Manche), a comme beaucoup touché du doigt le rêve d’évoluer chez les pros, avant de tracer les contours d’un parcours seniors en amateur aux quatre coins de la France, en partant de Béziers et en passant par Chambly, Angoulême ou encore Poitiers.
« Il fallait toujours qu’il ait un ballon avec lui, dès ses 2 ou 3 ans », se souvient d’ailleurs son père, Sébastien Cuvier, grand buteur qui a fait carrière dans les années 90 et aujourd’hui entraîneur du FC Nueillaubiers, dans les Deux-Sèvres(son club est actuellement 1er en R1). Jordan a suivi ses traces par moments, pendant sa formation d’abord, puis en seniors où il a inscrit une centaine de buts entre le National 2 et National 3. Une image « père-fils » qui lui a parfois collé à la peau, un profil atypique qui l’a aussi guidé au cours d’une carrière riche, faite de choix et de rebondissements, qu’il tend à poursuivre dans les Pays de la Loire où il semble avoir trouvé l’endroit idéal pour boucler sa mission.
- Ses débuts à Jura Sud (2008-2011)

« De très bons souvenirs ». C’est en ces termes que Jordan Cuvier définit son passage à Jura Sud, un club fondé en 1991, partenaire de l’Olympique Lyonnais, qu’il a rejoint après avoir fait ses premiers pas à Pacy-sur-Eure puis à Fréjus : « On avait une belle bande de potes en 14 ans Fédéraux. On disputait des tournois aussi, les parents étaient au bord des terrains… C’était l’ambiance d’un club amateur » se souvient l’attaquant qui avait déjà passé beaucoup de temps à suivre son papa au bord des terrains. C’est quand sa famille s’installe en Bourgogne-Franche-Comté à l’époque, à Molinges, où « Jura » est basé, et où Sébastien Cuvier devient coach de la N2 (2008-2012), qu’il va être repéré : « On a très vite décelé qu’il aimait ce sport, que marquer des buts était dans ses gênes. On dit souvent qu’il est né avec un ballon » confie son papa (53 ans), ancien attaquant professionnel (et prolifique) à Troyes, Valenciennes ou encore Istres dans les années 90. « J’ai passé beaucoup de temps à l’extérieur après mes entraînements avec Jordan, qui m’accompagnait tout le temps, même aux soirées avec les coéquipiers (sourires). Il fallait toujours qu’il ait un ballon ».

Les qualités de Jordan vont logiquement le conduire vers la voie professionnelle : si l’OL semblait être une destination naturelle, de par sa proximité avec Jura Sud, c’est bien le Stade Rennais qui obtient les faveurs de la famille Cuvier.
« Il avait effectué plusieurs essais à Lyon à l’époque où Joël Bats entraînait encore les gardiens. Au même moment, il y avait des joueurs comme Ishak Belfodil qui voulaient s’imposer » poursuit Sébastien Cuvier. Des propos complétés par Jordan : « Quand Damien André quitte Jura Sud à l’époque pour Lyon, ça fait beaucoup parler au club et je sais que le choix, s’il se présentait, allait être compliqué. La structure scolaire proposée par les dirigeants bretons a fait la différence avec l’OL parce qu’en termes de football, ce sont deux des centres de formations les plus reconnus en France ».
- La rencontre et les retrouvailles avec Franck Haise (2012-2013)

Repéré par Philippe Barraud, ancien coéquipier à Poitiers de Sébastien Cuvier et « scout » pour les Rouge et Noir il y a une dizaine d’années, le natif d’Avranches va intégrer le groupe des U17 Nationaux dans un centre de formation qui a la particularité d’être intégré au stade : « J’ai eu la meilleure formation possible avec Franck Haise en U17, Julien Stéphan en U19 et Régis Le Bris en CFA (N2). Ce sont trois entraîneurs qui viennent du monde amateur et qui m’ont donné les rouages pour assurer la meilleure transition avec le monde pro ».
Si aujourd’hui les trois occupent une place sur un banc en Ligue 1, l’ancien Rouge et Noir garde un attachement particulier pour ses années de formation : « Franck Haise a eu le rôle de papa protecteur mais honnête car il a fallu entendre qu’il y avait de la concurrence à mon poste, même chez les jeunes. Je me souviens que, quand je m’entraînais, il y avait des mecs comme Adrien Hunou (Angers) ou encore Pierre-Yves Hamel (Paris FC). Il fallait vraiment avoir le niveau (sourires) ».

Aujourd’hui à Lens, le coach Sang et Or a recroisé la route de son ancien poulain en Coupe de France, il y a deux ans, lors d’un déplacement en 32e de finale à Poitiers (N3) où le RC Lens s’était difficilement imposé (1-0) : « Je m’intéresse à ce club parce que c’est une belle équipe mais surtout parce que c’est lui le coach, sourit Jordan Cuvier; on a fait un super match ce jour-là ! C’est un de mes meilleurs souvenirs ». Pendant un quart d’heure, les deux hommes ont pu échanger après les débats et se rappeler le bon vieux temps : « Il m’a demandé des nouvelles de ma fille, il n’a pas oublié mon passage à Rennes et il m’a dit de continuer à faire ce que je faisais, même si c’est « là ». Il m’a toujours protégé et défendu… aujourd’hui, ses aventures comme celles de mes anciens coéquipiers, c’est le fil rouge de ma carrière ». Un petit clin d’œil adressé notamment à Wesley Said, avec qui il était en concurrence en U17 notamment, mais aussi à Florian Sotoca, qu’il a connu à l’AS Béziers par la suite. « On est souvent en contact avec Flo, Wesley aussi. C’était bien sympa de pouvoir se charrier avant le match ».
- Le Havre puis un retour compliqué en amateur (2014)

Non conservé à la Piverdière en 2013 alors qu’il finit meilleur buteur du réputé tournoi européen U21 de Ploufragan, Jordan a l’opportunité de poursuivre sa formation non loin, au Havre, où il va continuer de se forger pendant six mois jusqu’à faire deux bancs en Ligue 2 avant son départ : « Il arrivait d’un club amateur en Bretagne et il pensait pouvoir gravir les échelons rapidement. Il s’est entraîné quotidiennement avec Franck Haise, il a toujours marqué ses buts mais il lui manquait peut-être ce petit truc » analyse Sébastien Cuvier.

Et puis, il y a eu des changements qu’il a fallu encaisser, comme la prise en charge individuelle, le plus grand nombre de séances, la sortie de vie familiale. « Physiquement, il fallait qu’il s’épaississe rapidement et ça n’a pas été simple. Mon rôle a été de l’accompagner, d’abord dans la peau du coach mais dans celle du père (sourires) ».
Considéré comme un « profil atypique », de par sa taille notamment (1,93m), Jordan retient avec le temps les exigences du monde professionnel : « Mon père est passé par-là et je pense qu’il a su aussi avoir les mots quand ça allait moins bien pour comprendre aussi que la performance doit être immédiate dans un club professionnel. On va forcément privilégier quelqu’un qui va plus vite, qui fait plus de différence tout de suite ».

Il ne signera finalement jamais professionnel malgré la génération qu’il a pu côtoyer : « Je suis resté en contact avec Timoué Bakayoko, Zana Allée, Ferland Mendy… le mec joue au Real Madrid aujourd’hui mais n’oublie pas d’où il vient ! Avec du recul, je me dis que je n’ai pas signé de contrat pro mais je suis tombé avec des bons mecs… huit, neuf gars avec qui on ne s’est jamais lâché ! ».
Une fois la page havraise tournée, direction l’AS Béziers (CFA), à l’autre bout de la France, en juillet 2014 (13 matchs, 3 buts). Une destination qui marque le début d’un nouveau chapitre : « J’ai la chance de pouvoir vivre du foot après mon départ du centre au Havre. Ce n’est pas donné à tout le monde ». Un passage qui lui remet les pieds sur terre : « J’avais navigué dans le Nord et je découvre le Sud avec une mentalité différente. Je n’étais peut-être pas prêt à retrouver cette ambiance, un rythme de trois séances par semaine, des mecs qui bossent à côté ». Jordan n’a que 20 ans à ce moment-là. Pour lui, c’est important de trouver un cadre où il peut s’épanouir. « J’ai ensuite l’opportunité de signer à Lège-Cap-Ferret en CFA2 (N3) où il y a notamment Pierre Lees-Melou dans l’effectif. Mais c’est pareil, je ne joue pas (9 matchs, 2 buts) et il fallait que je bouge ».
- Chambly, le tournant de sa carrière (2016-2017)

Prendre le temps de digérer, c’est aussi ça qu’il espère après sa formation faite de hauts et de bas. Des expériences qui le conduisent à vivre un dépôt de bilan à l’AS Moulins lors de la saison 2015/2016 alors qu’il effectuait un premier exercice abouti en CFA au stade Hector-Rolland sous les ordres d’Hervé Loubat (19 matchs, 8 buts). Reclassé en amateur par la suite, Jordan Cuvier encaisse ce coup dur sans penser qu’il allait vivre, quelques mois plus tard, un nouvel épisode tumultueux à Chambly : « J’avais la possibilité d’évoluer en National et de me rapprocher du niveau que j’espérais. On finit aux portes de la Ligue 2 en 2016-2017 et le groupe jouait la montée la saison d’après… sauf que je fais le choix de partir et je pense que c’est la seule erreur de ma carrière ».
Alors qu’il s’était engagé pour 2 ans avec Chambly, Jordan, qui avait pris part aux débats avec l’équipe première, avait inscrit 23 buts avec la réserve, en DH (R1), accession en National 3 au bout ! « J’étais performant en équipe II mais j’ai été très impatient, c’est ce qui m’a coûté mes derniers espoirs de pouvoir goûter au niveau professionnel » regrette-t-il.

L’été suivant, il « redescend » en National 2, où Romorantin l’accueille en 2017. Jordan concède brièvement s’y « être perdu » pendant un an. Il n’a pas digéré ni encaissé ses précédents choix : « J’avais tout fait pour remonter, toucher le haut niveau, mais sur une réflexion guidée par l’impatience, j’ai perdu la dernière chance que j’avais » ressasse-t-il.
Non conservé en Sologne, il retrouve, dans l’optique de se relancer, Hervé Loubat, son ancien entraîneur à Moulins, du côté d’Angoulême, en Charente. Une saison divine d’un point de vue collectif, marquée par une montée en National 2 avec 14 points d’avance, mais aussi d’un point de vue individuel, avec 15 buts inscrits. Et puis c’est l’incompréhension.

En fin d’exercice et une fois l’euphorie retombée, on lui explique qu’il faut trouver un autre projet car son profil « pourrait » ne pas correspondre à l’étage supérieur. Verdict ? Il ne prend part à aucune rencontre les mois qui suivent et n’a que la rupture de contrat comme porte de sortie… et une opportunité qui se présente à Poitiers, un des anciens clubs de son papa. Un nouveau défi entre le N2 et le N3 qui va rallumer la flamme : « Quand je signe ici, je me dis finalement que Franck Haise allait avoir raison (sourires). On est là où on doit être et j’en prends conscience. C’est depuis mes 27 ans que je joue mon football ».
Son père dresse le même constat : « Je pense que ça aurait été plus simple pour Jordan de jouer en Ligue 1 aujourd’hui qu’en Ligue 2 ou en National. Son profil me fait beaucoup penser à celui de Jérémy Le Douaron à Brest, mais c’est comme ça, il a eu la chance de pouvoir vivre du football après un passage dans des structures professionnelles ».

À Poitiers, il croise la route d’Erwan Lannuzel, un coach important dans sa progression, qui ne tarit pas d’éloges sur son ancien joueur : « Quand je pense à Jordan, trois choses me viennent à l’esprit, témoigne l’ex-coach de Bergerac (N2), aujourd’hui à la tête de la réserve des Girondins de Bordeaux en N3; tout d’abord, c’est l’homme, une bonne personne, qui pense collectif sur un terrain malgré son poste. Il n’est ni individualiste, ni égoïste. Ensuite, c’est sa capacité à marquer beaucoup de buts. J’ai rarement vu un garçon aussi adroit devant les cages. Il est chirurgical. Enfin, c’est un match qui me vient à l’esprit, en 32e de finale de coupe de France avec Poitiers, à Canet-en-Roussillon, où ce jour-là, sa prestation avait été aboutie sur tous les plans, même s’il n’avait pas marqué, parce qu’il avait été performant dans d’autres aspects du jeu que sa capacité à marquer. J’ai pris beaucoup de plaisir à entraîner Jordan pendant les 7 mois qu’on a passés ensemble avant la Covid. On échange encore régulièrement, on parle de sa vie privée et professionnelle. Je suis content de savoir qu’en ce moment, il vit une belle période de sa vie. »
- Le Poiré, là où il se voit finir (depuis 2022)

Malheureusement, son aventure à Poitiers est une nouvelle fois écourtée malgré 26 « pions » inscrits en deux saisons et 41 matchs. Approché par « Le Poiré Vendée Football » depuis plusieurs années, Jordan a fondé une famille entre ses différents déplacements et une petite fille qui fait aujourd’hui son bonheur. S’il espérait déjà retrouver de la stabilité à Angoulême, c’est en Vendée qu’on va la lui offrir. « Le projet me correspondait avec des présidents bienveillants, un entraîneur (Rabie Zeroual) qui te fait confiance, des mecs qui se donnent à l’entraînement. J’ai un contrat sur plusieurs années et je pense que c’est dans les Pays de la Loire que je terminerai ma carrière. Chacun son parcours… Récemment, j’ai eu des nouvelles d’Alexandre Cappellari qui est un peu plus jeune que moi. Il vient de quitter Jura Sud où il a passé 20 ans avant d’en devenir le capitaine… ».

S’il est encore loin du coup de sifflet final de sa carrière, Jordan veut continuer à prendre du plaisir en National 3 pour le moment. C’est d’ailleurs ce qu’il met en application : il a déjà inscrit 13 buts en 17 matchs de championnat cette saison, après en avoir mis 15 en 25 matchs en 2022/2023, dans un club ambitieux, en course pour la montée en National 2 (Le Poiré est 2e de sa poule, à 2 points du leader, Nantes B). Des chiffres affolants et une régularité époustouflante : depuis sa période « Romorantin », en 2017-18, il tourne à une moyenne de 0,7 but par match (71 buts en 106 matchs de championnat !).
Mais l’important est ailleurs pour l’attaquant vendéen qui regarde devant : « Je passe des formations. Je continue de me construire humainement. Je fais mes choix avec raison plus que par ambition comme j’ai pu le faire dans le passé ». A 29 ans, Jordan anticipe et appréhende son après-carrière avec « beaucoup d’humilité et de respect ».
Jordan Cuvier du tac au tac
« Cavani, un attaquant inspirant »

Meilleur souvenir sportif ?
Ma signature au centre de formation.
Pire souvenir sportif ?
J’essaie de ne pas regretter mais je dirais la non-signature d’un contrat professionnel.
Plus beau but marqué ?
Une demi volée de mon camp contre Bayonne avec Angoulême.
Plus beau raté (un but facile que tu as loupé ?)
Deux penaltys, dont un il y a quinze jours…
Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
La passion, le rêve. Puis c’est devenu une possibilité d’en vivre, de mettre tout en œuvre pour réaliser ce rêve.

Ton but le plus important ?
Certainement l’an dernier avec Le Poiré. Un ciseau a la 93e à domicile, qui nous lance pour le maintien à quatre journées de la fin.
Ton geste technique préféré ?
La volée intérieure. C’est élégant quand ça passe (rires) !
Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Un seul ! Une maladresse. Je veux contrer le gardien en taclant, il tacle aussi et je lui attrape la cuisse. Je ne suis pas un joueur méchant, mais j’ai compris dès l’impact que j’allais prendre rouge.
Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je travaille actuellement avec des enfants, je voulais aussi être dans une structure pour enfants / adultes atteints de handicap. La charge d’études en parallèle du foot n’était pas évidente. J’ai fait un choix que je ne regrette pas mais que je rattrape aujourd’hui.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Défauts ? Je ne vais pas très vite et aujourd’hui, c’est un réel problème pour beaucoup d’entraîneurs.
Qualités ? je dirais buteur. Partout où je suis passé ça a fonctionné. Après, des histoires de profil dû à des systèmes sont entrés en jeu. Récemment, j’ai connu un entraîneur, Erwan Lannuzel (à Poitiers, aujourd’hui entraîneur de la réserve de Bordeaux et ex-coach de Bergerac en N2), avec qui j’ai beaucoup appris; on a cherché à développer mes qualités au service de l’équipe plutôt que de vouloir améliorer mes défauts. Ça m’a fait du bien. J’ai réalisé qu’on pouvait plaire pour ce qu’on était, finalement.

Le club, l’équipe ou la saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
La saison de la montée en N2 avec Angoulême. On survole le championnat, ça se passe bien pour le groupe et donc pour moi. Un très bon souvenir.
Le club où tu n’aurais pas dû signer ? L’erreur de casting de ta carrière ?
Romorantin, mais pas dans le sens « erreur de casting », c’est surtout dans le sens où j’aurais dû être patient à Chambly et persévérer.

Le club où tu as failli signer ?
L’OL au moment de rejoindre le Stade Rennais. J’ai fait un choix.
Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Barcelone, à la grande époque. En tant qu’attaquant, c’était un football très offensif.
Un stade et un club mythique pour toi ?
Old Trafford et Manchester United.

Un public qui t’a marqué ?
En amateur, c’est toujours de bonne guerre mais le public actuel, du Poiré, est bienveillant, amoureux du club et toujours d’un grand soutien. C’est agréable.
Un coéquipier marquant (si tu devais n’en citer qu’un), mais tu as droit à deux ou trois ?
J’en ai connu pas mal… Adrien Hunou, Florian Sotoca, « Kev » Fortuné, Ferland Mendy, Tiémoué Bakayoko et j’en passe. Ce sont surtout des mecs avec qui je suis encore en contact.
Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Adrien Hunou. Nous étions en chambre ensemble mais il été surclassé. Sinon Lucas Franco, qui joue à Alès actuellement : notre saison à Angoulême a été incroyable. On se trouvait les yeux fermés. En plus de ça, c’est un très bon mec.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Morgan Sanson au Mans, en U19. Il était déjà au-dessus. Il jouait en pro la même année avant de signer à Montpellier.
L’équipe qui t’a le plus impressionné ?
L’équipe du PSG en U17 avec Maignan, Kimpembe, Rabiot. On en avait pris 6 à domicile !
Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Pas spécialement, j’ai des nouvelles des principaux. Le foot laisse peu de contact, au final.
Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Régis Le Bris, c’est une bible du football. Il pouvait passer des heures à parler tactique, technique, football et analyse.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Avec l’âge, j’ai apaisé ma rancœur donc je n’en citerais aucun (rires).
Un président ou un dirigeant marquant ?
Les dirigeants sont souvent les personnes les plus importantes, ils sont bienveillants. J’en ai connu à Rennes, ceux actuellement au Poiré me rappellent cette époque. Sans eux, nous n’aurions pas un confort aussi important. Ils font en sorte que l’on ne pense qu’au match. En président, je reste en contact avec Monsieur Triaud, d’Angoulême. Malgré mon départ, nous échangeons quelques messages de temps en temps.
Une causerie de coach marquante ?
Les causeries du coach Bruno Luzi à Chambly, toujours très direct.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Adrien Hunou.
Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le Roazhon Park, à Rennes.
Une devise, un dicton ?
Après la pluie vient le beau temps.
Tes passions dans la vie ?
Profitez des bonnes et belles choses en famille.
Termine la phrase en un adjectif ou deux : tu es un joueur plutôt …
Instinctif et passionné.

Un modèle de joueur ?
C’est un contre-pied mais j’affectionne son passage parisien, c’est Cavani. Le jeu en une touche, la finition, son travail défensif et ses appels de balle. Un attaquant inspirant.
Une idole de jeunesse ?
Olivier Giroud pour tout ce qu’il représente et ce qu il a parcouru.
Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
La Remontada (Barcelone-PSG, 0-4 et 6-1).
Ta plus grande fierté ?
Vivre de ma passion. On ne s’en rend pas toujours compte mais nous sommes des privilégiés.
Le Vendée Poiré Football, c’est un club plutôt…
Sain, bienveillant et historique.
Le milieu du foot, en deux mots ?
Égoïste, Émotions.
Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel
Photo de couverture : Philippe Le Brech
Photos : Philippe Le Brech et DR
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« Sur tous les terrains, pour donner la parole à tous les acteurs ». Voilà ce que l’on peut lire sur la page d’accueil Facebook de « Foot Multiple », le réseau social qui prend une ampleur folle dans le milieu du foot amateur et pro. Ce slogan, 13heuresfoot pourrait le revendiquer tant il résume également sa philosophie.
A 28 ans, Arthur est devenu, en l’espace de 4 ans, une référence des réseaux sociaux avec son concept, spécialisé dans la création de contenus, et exclusivement consacré au ballon rond, ou plutôt à tous les ballons ronds, aussi bien ceux du niveau départemental que national, aussi bien ceux de District que de Ligue 1 ! Un concept mûrement réfléchi, né d’une réflexion simple : « J’en avais marre que les médias ne parlent que de l’OM, du PSG et de Lyon, raconte le natif de Rouen, en Seine-Maritime, qui n’hésite pas à faire le lien avec 13heuresfoot, et pour qui, à l’instar de notre site, « la passion n’a pas (non plus) de division ! »; clairement, de ce point de vue là, on se rejoint avec 13heuresfoot ! Ma page, elle, parle plus de Sochaux que du PSG. J’avais en tête de lancer un projet sur le foot amateur parce que, hormis deux ou trois médias, personne n’en parle, ça manque de visibilité. Surtout, je voulais parler de tout, aborder les multiples facettes du foot, d’où le nom « Foot Multiple ».
En résumé, du lundi au vendredi, Arthur bosse, et le week-end, Arthur… bosse ! C’est juste le terrain de jeu qui diffère : il passe des prisons aux prés verts. Parce que son boulot, qu’il assure aimer, adorer, il va pourtant le quitter et se lancer à fond dans « Foot Multiple ». « Je bosse pour une boîte qui, elle même, bosse pour le Tribunal de Paris. Je mène des enquêtes de personnalité pour des affaires criminelles. Je dis souvent, « la semaine je fais le tour des prisons et le week-end je fais le tour des stades ! » Un métier qui allie une autre de ses passions : l’écriture. « Il y a beaucoup de rédaction, poursuit-il; on se rend en prison, on retrace le parcours de vie d’une personne en rétention ou accusée d’un meurtre ou d’un viol, par exemple, et cela participe à l’enquête criminelle. On retrace vraiment le parcours de vie, l’enfance, la scolarité, la vie familiale, sociale, sentimentale, professionnelle, amicale, etc. Ensuite, on vérifie ce qu’elle nous a dit. Et après, on passe aux assises. Le criminologue est là pour individualiser la peine mais il est neutre. J’adore mon métier. C’est très intéressant intellectuellement. On est dans l’humain, même si ça touche au juridique. On est là pour servir la personne, on parle de tout avec elle, sauf des raisons pour lesquelles elle est poursuivie. On est là pour individualiser la peine aussi, mais on est neutre. »
Arthur, qui a joué au foot « à pas mal de postes ! » au niveau départemental de l’âge de 5 à 17 ans (principalement à Bois-Guillaume et Mont-Saint-Aignan), avant de pratiquer le tennis de table pendant 8 ans à l’échelle régionale (Franqueville-Saint-Pierre, Bois-Guillaume, Saint-Maur-des-Fossés), rêvait d’être avocat.
La première étape, c’est la création d’un site internet, mais, rapidement, Arthur le ferme, car il s’aperçoit que Foot Multiple fonctionne beaucoup mieux sur Twitter et Facebook où, un an et demi après le lancement, il compte rapidement des dizaines de milliers de followers. « Je ne fais pas beaucoup de montages or sur « Insta », il faudrait que les vidéos soient plus travaillées pour que cela prenne un peu plus, mais pour ce que je fais, je pense que Facebook est mieux adapté. »
Son premier reportage ? « J’étais allé à Saint-Martin-de-Boscherville, dans la campagne rouennaise, suivre un club de district, quand j’avais 100 abonnés. Ils m’avaient ouvert les portes de leur vestiaire pour un match de coupe de France. J’y suis retourné l’été dernier, trois ans après, pour faire le même reportage, mais cette fois avec ma grosse communauté ! Ils avaient été surpris de me revoir ! C’est typiquement le genre de reportage qui marche beaucoup mieux que si je vais au Parc des Princes. C’est cette idée de « multiple » que je défend, il n’y a pas de hiérarchie, on en revient toujours à ça. Il faut dire aussi que sur les rencontres pros, il y a plein de problématiques : en novembre dernier, à Nantes, ma page Facebook avait été suspendue parce j’avais filmé les joueurs avec le public et un prestataire de la LFP (Ligue de football professionnel) s’était plaint du contenu. L’histoire a pris une ampleur folle sur Twitter ! C’est là aussi que j’ai vu à quel point les gens aimaient ce que je faisais, avaient accroché, et aussi le pouvoir de Twitter, dont les nombreux messages ont permis que je récupère ma page Facebook. Bon, ça s’est arrangé, même si cela a pris 10 jours… »
Présent sur les réseaux, Arthur l’est aussi sur les stades, dans les vestiaires pour des causeries de coachs ou des moments intimes, en tribunes avec les supporters, histoire de faire découvrir d’autres facettes du milieu. « Généralement, les clubs sont fermés et n’aiment pas divulguer ce genre d’images. Chez les pros, ce n’est même pas possible du tout en raison de la télé et des droits. C’est dommage. »
Quatre ans pile après s’être lancé, Arthur va passer un cap. C’est décidé, il va consacrer tout son temps à Foot Multiple et abandonner son travail. « C’est une question de semaines. J’ai prévenu mon employeur et ma famille. Ce que j’ai créé, je souhaite que ça devienne un vrai truc, le faire sérieusement. Oui, j’aime mon job mais là, je vis mon rêve, alors à choisir, je fais le choix du rêve ! J’aurai enfin du temps pour faire tout ce que je n’ai pas le temps de faire, parce c’est la course tout le temps, et puis j’ai étoffé mes contacts. »
Grâce à des partenariats d’influence marketing, il a pu, l’an passé, lancer son projet de « Tour de France des clubs de Ligue 1 », une étape importante dans le développement de FM. « Je fais de la publicité pour des partenaires et en échange, ils m’aident financièrement. J’ai pu me rendre sur tous les stades de L1 et la plupart de L2 même si je ne suis pas encore allé à Annecy, Grenoble ou Dunkerque. »
Mais le revers de la médaille existe. C’est la perception des médias. Plus ou moins positive. Arthur n’est pas toujours le bienvenu ni même bien vu par la corporation des journalistes. « Mais pour qui il se prend celui-là ? Il n’a pas de carte de presse », « Comment il a pu obtenir une accréditation ? », telles sont les remarques que l’on entend régulièrement. « Il y a même eu des débats qui se sont organisés sur Twitter autour de l’utilité qu’avait Foot Multiple ! J’ai mal vécu certains événements, avec des « haters », mais on va dire que c’est le jeu des réseaux. Un gars a écrit « Je suis journaliste, j’ai une carte de presse, je n’ai pas pu être accrédité… et je trouve ça « ouf » que Arthur de Foot multiple soit allé dans les vestiaires de Dieppe, alors que moi, on m’a refusé l’accès au stade ». Ce tweet a crée un immense débat. Les journalistes se sont immiscés dans la conversation et s’en sont pris à Stadito (Stadito Football est un youtubeur) et à moi. Mais Dieppe, je les suivais depuis plusieurs tours et j’étais là quand il n’y avait personne, au 5e tour de la coupe, sous la pluie. Et y’a 10 jours, je suis allé voir des féminines et des U18, donc bon… Et puis avant d’avoir les vestiaires ouverts, j’ai « douillé ». J’ai « bouffé » beaucoup de refus ! Je n’avais le droit d’aller nulle part. Alors bien sûr, je comprends le débat, mais les gens ne voient pas le travail en amont. »
Heureusement pour Arthur, de plus en plus de clubs « s’ouvrent » et permettent à des créateurs de contenus comme lui de partager leur activité sur les réseaux sociaux : « Globalement, je suis très bien accueilli. Les chargés de communication gardent un oeil sur ce que je fais. En fait, mon activité peut s’ajouter à leur travail, dans la mesure où cela donne une autre visibilité, où cela touche d’autres personnes et élargit leur champ de communication. C’est un peu par intérêt. »
Du coup, l’ambition d’Arthur serait-elle de devenir un média à part entière ? « J’aime écrire, parce que c’est 80 % de mon métier actuel. C’est ce qui fait la différence avec d’autres créateurs de contenus qui sont plus axés vidéos ou photos. Je suis un peu entre les deux, parce que sur Facebook, où je suis très présent, j’écris énormément, je fais des grands débriefs, du coup, certains font l’amalgame. Mais je ne suis pas journaliste, parce qu’il y a beaucoup de codes. Par exemple, quand il y a eu le problème du prix des places au stade Diochon pour Rouen – Toulouse en coupe de France, j’ai écrit fait un texte pour dénoncer les tarifs aberrants et ça a pris une ampleur considérable, qui m’a même dépassé. J’ai dit « Je n’irai pas au match » par respect pour les supporters. Je suis allé à l’entraînement du FCR, j’ai filmé le discours du capitaine Clément Bassin qui a été repris partout… Je ne suis pas journaliste, j’ai cette liberté là, même si je ne me suis pas fait que des amis au club de Rouen. »
Technique, rapide et explosif sont les premiers mots qui viennent lorsqu’on voit Davy Ngoma jouer. C’est lors d’un match de Gambardella en U19 avec le CS Brétigny que le Mantois de 28 ans se fait repérer par son adversaire du jour, l’Amiens SC. « Ils ont pris contact avec mon club pour que j’aille faire un essai chez eux. »
Entre 2016 et 2021, le franco-congolais effectue un mini-tour de France : Epinal (National), Tarbes (N2), Bourges 18 (N3), Avoine-Chinon (N3), Canet-en-Roussillon (N3), il ne parvient pas à se stabiliser ni à vraiment s’imposer dans un club. « Je ne trouvais pas ce que je voulais. Ce n’était pas un plaisir pour moi de changer de club chaque année mais je pense qu’on ne se stabilise que quelque part quand on est à l’aise sur et en dehors du terrain. À Canet-en-Roussillon (15 matchs, 1 but) ça s’est bien passé. La première saison, le championnat a été arrêté par la Covid mais on a été champions de N3. La deuxième saison, il y a eu un changement de coach et c’est la que j’ai cassé mon contrat. »
Une mauvaise rencontre et le jeune attaquant se retrouve sans club à 25 ans. Cinq mois après l’euphorie de la signature de son premier contrat professionnel, il doit faire face à la dure sévérité du monde du football. « Psychologiquement, cette période était très dure. C’est la pire que j’ai vécue jusqu’à aujourd’hui. J’ai fait ma première dépression. Je ne dormais plus. Manger était compliqué. J’étais perdu dans mes pensées. Plus de football, plus d’argent, plus rien. C’était le retour à cette réalité que j’avais quittée. Malgré tout, tu t’entraînes, ça m’a fait du bien d’être accompagné psychologiquement par mes préparateurs physiques. J’essayais d’être la meilleure version de moi-même. Je ne le faisais pas pour quelqu’un d’autre, je le faisais pour moi. »
Vainqueur de la Coupe du Luxembourg cette saison-là, (blessé, il n’a pas disputé la finale face à Dudelange), le Racing Luxembourg se qualifie pour les barrages de la Conférence League. Mais il est éliminé par le FK Cukaricki (Serbie). « La coupe d’Europe était une expérience exceptionnelle. C’était une grosse victoire pour moi. Quand j’arrive au Luxembourg, je n’ai pas joué depuis 6 mois, c’était compliqué. Du coup, je joue, mais je me blesse, je me fais une entorse du genou. Ce n’était pas facile. C’est arrivé juste avant la fin de saison et je sais qu’on va jouer la coupe d’Europe… Je suis en vacances à Punta Cana, je m’entraîne trois fois par jour à la salle, je voulais à tout prix revenir en forme et jouer donc je m’en suis donné les moyens. C’était une belle revanche pour moi. L’atmosphère de la coupe d’Europe est magique. »
Au Luxembourg, l’attaquant enchaine les matchs et réussit la meilleure saison de sa carrière sur le plan statistique (28 matchs, 7 buts en 2022-2023). Davy n’a alors qu’un seul objectif en tête : retrouver le monde professionnel qu’il avait quitté 2 ans plus tôt.
Quand j’ai signé mon premier contrat professionnel au FK Blansko (République Tchèque).
C’est ce qui me procure le plus de plaisir.
Mon premier match en professionnel, en République Tchèque.
Tanguy Ndombélé.
Alloco Pondu Crevette.


C’est à l’été 2018 que club franchit un tournant important, quand Vieira pense utile de recruter un directeur sportif. Finalement, Le Puy Foot, installé depuis 3 ans en CFA (N2), et déjà proche d’accrocher la montée en National en 2017 (2e derrière l’ogre grenoblois), s’attache les services d’Olivier Miannay, manager général.

Cette deuxième relégation en 3 ans met un coup de frein à la politique des jolis CV, finances obligent. Parce que, si pendant 5 ans, le club a permis à certains de rebondir (Bosetti, El Khoumisti, Obiang), à d’autres de se relancer (Oberhauser, Perrot, Ben Fredj, L’Hostis) ou à quelques-uns d’être repérés (Joseph, Jabol, Allevinah), finalement, il n’a pas gagné grand-chose dans l’histoire, si ce n’est un peu de notoriété dans une région sevrée de football de haut niveau (Le Puy a évolué en Division 2 de 1984 à 1989), où Saint-Etienne a toujours fait sa loi et où Clermont s’est découvert de nouvelles ambitions.
C’est l’été 2023, et il faut reconstruire. « On est reparti d’une feuille blanche, raconte Olivier Miannay, qui, malgré les rumeurs de départ, repart pour une sixième saison dans le Velay; cette période a permis de réfléchir à une nouvelle stratégie, et il a d’abord fallu choisir un coach. Il fallait gagner du temps. Avec cinq descentes encore cette saison, cela aurait été risqué de prendre quelqu’un qui ne connaissait pas le National 2. J’ai présenté Stéphane Dief au président. Stéphane, je le connaissais, il est de la région (il est né à Riom-ès-Montagne dans le Cantal), on avait souvent joué contre lui quand il entraînait Moulins-Yzeure, où il a fait un travail exceptionnel. Et le président a validé ce choix. »



« En National 2, on a un projet de jeu ambitieux, abonde Christophe Gauthier; et puis on n’a pas la contrainte de la défaite, comme en National la saison passée, où on était sans cesse dans l’échafaud. Cette année, c’est évident, les gens s’identifient à cette équipe. Cette jeunesse, cette fougue, ça a apporté du dynamisme. Je suis vraiment ravi d’avoir pu donner de la pérennité au projet de Stéphane (Dief) ».
Le nouvel entraîneur du Puy Foot (46 ans), chantre du beau jeu, a dit « oui » tout de suite lorsque l’on lui a demandé s’il était OK pour répondre à quelques questions, au coeur d’un emploi du temps extrêmement chargé. Mais il a formulé une requête : celle de ne pas être mis tout seul en avant et de parler du club dans son ensemble, des joueurs, des dirigeants, des partenaires, des éducateurs, des bénévoles. Bref, celle d’être associée à la famille ponote. Requête acceptée !
Evidemment, non, car il y avait beaucoup d’incertitudes. Ce qui m’a rassuré, c’est le travail accompli avec Olivier (Miannay). On a pu se mettre au travail assez tôt puisque j’étais sans club depuis avril (Stéphane Dief a été remercié de son poste d’entraîneur à Moulins-Yzeure en avril 2023, après 7 saisons sur le banc), donc libre. Le discours des dirigeants a été rassurant, accueillant, et, malgré la saison compliquée en National, j’ai senti un club attaché à certaines valeurs, comme la confiance. Initialement, cette saison a été présentée comme une saison de transition et c’était bien de l’attaquer comme ça compte tenu du nombre de relégations en N3 encore. Envisager autre chose aurait été présomptueux. On s’est donc attaché à se plonger dans le travail et dans la mise en place du projet de jeu. En fait, on s’est jeté à corps perdu dans le boulot, sans trop réfléchir.
C’est vrai que cette poule est différente. Il y a plus de qualités individuelles parce que les moyens sont supérieurs dans pas mal de clubs, mais je trouve que c’est moins structuré. J’avais déjà connu ce championnat avec des équipes du Sud, en 2019-2020, mais elle était plus faible. Il y avait Annecy, Grasse, GOAL FC, Hyères, Fréjus, et cette saison-là, Toulon et Le Puy étaient en National. Cette poule m’avait plutôt bien réussi mais je trouve que celle de cette année est plus relevée, il y a une profondeur d’effectif plus grande aussi. Je n’avais pas peur d’être dans cette poule, mais je savais aussi que c’était un foot plus engagé, différent. On avait quand même des incertitudes mais on les a levées au fur et à mesure, sans jamais sortir de nos habitudes de jeu, même quand ça marchait moins bien en septembre.


























À 13 journées du baisser de rideau, les Provençaux sont, avec 20 points en 21 matchs, toujours dans la zone rouge, à 5 points du premier non-relégable. Les deux récentes victoires contre Martigues, avant Noël (1-0) et surtout la démonstration face à Avranches, le mois dernier (4-1), ont démontré que cette équipe avait les moyens de se sauver, malgré deux derniers revers en déplacement, à Châteauroux et à Nancy, entrecoupés d’un nul à domicile.
Installé à Bordeaux, où il passe une demi-journée par semaine au Lil’Home, un restaurant gastronomique sur les bords de la Garonne et dont il a la gérance, celui qui se définit comme un entrepreneur assure travailler 80 heures par semaine – dont une cinquantaine est consacrée au MGCB – et ne pas beaucoup dormir.
Quand mes parents ont repris une petite affaire, je me suis pris au jeu, en marge de l’école, et j’ai géré un magasin, sans véritable contrat officiel, aux Mesneux, juste à côté Reims. Je n’ai jamais été un fêtard, j’ai toujours voulu mettre de l’argent de côté pour réaliser mes rêves. J’ai même habité chez mes parents jusqu’à mes 26 ans ! Avec mon frère, mon cadet de 2 ans, on a joué au foot, lui en centre de formation, mais on s’est fait les croisés. À cette époque, j’étais 4 jours en Irlande et 12 jours en France pour gérer l’entreprise familiale dont j’avais en quelque sorte un peu hérité. Et je ne m’étais pas fait opérer, je n’avais pas les moyens, ça coutait 20 000 euros en Irlande !
Quand je suis parti de Sochaux, j’ai regardé ce qui se passait, j’ai pris des renseignements sur chaque club. Je prends l’exemple d’Avranches : même si je ne connaissais pas son président, Gilbert Guérin, ce qu’il a fait pour son club, c’est ce que tout président devrait faire. Pour Marignane, je suis d’abord passé par les réseaux sociaux, parce que ça avait marché à Sochaux, avec les « Sociochaux », j’ai tenté de contacter Marc Vicendone, Baptiste Giabiconi (deux des quatre présidents du MGCB), bref, ça n’a rien donné. Julien Cordonnier, le directeur sportif de Sochaux, m’a donné les coordonnées de Michel Flos, l’adjoint de Brahim Hemdani, et tout est parti de là. Julien, je l’apprécie beaucoup et je le remercie encore de m’avoir fait découvrir son boulot et renseigné sur les aspects sportifs, D’ailleurs, si je pouvais renforcer ma structure avec lui, je le ferais avec plaisir, en plus, je suis né à Beauvais et il a joué à Beauvais ! C’est peut-être un signe ! Pour en revenir à ma venue, je n’ai jamais cherché à m’imposer quelque part. Moi, ce que je veux, c’est m’inscrire dans un club, aider, vivre mon rêve et faire vivre le rêve d’un club. C’est gagnant-gagnant. J’ai les pieds sur terre, ça ne m’apporte rien, je n’ai pas d’ego.
Aujourd’hui, Marignane est un club organisé comme un club de Regional 1. Je connais quelques clubs de N2 et N3, j’ai rencontré récemment le président de Bischeim, et celui du Bassin d’Arcachon, je discute, j’échange. Avec tout le monde. C’est d’ailleurs ce qui n’a plus plus aux gros actionnaires à Sochaux, parce qu’ils ont vu cela d’un mauvais oeil, ils ne souhaitaient pas que je me mélange mais moi, je suis comme ça justement, j’aime les gens. De toute façon, c’est plus facile de détruire que de construire. Et je trouve que c’est plus sympa de construire : à Marignane, on démarre de zéro alors qu’à Sochaux, il faut tout déconstruire, et c’est plus compliqué, surtout humainement et matériellement, avec des charges fixes. À Sochaux, il y a 170 personnes en tout, et il manque 3 millions d’euros ! T’en enlèves 10 pour préparer le budget de la saison prochaine, mais est-ce que c’est suffisant ? Là-bas, il y a encore 3 comptables… À Marignane, la « compta », c’est moi et une personne bénévole ! Sincèrement, j’espère de tout coeur que Sochaux va monter, mais si ce n’est pas le cas, c’est retour à la case départ, et là, c’est dur de mettre 100 personnes sur le carreau.
On fait des événements autour du match, on a déjà doublé les recettes, et ce qui n’avait pas été fait pour les partenaires, comme des bâches par exemple, ou une visibilité sur le site, on l’a fait. En un mois et demi, on a déjà fait beaucoup, ça rassure les partenaires, les mécènes et les futurs actionnaires. Je remercie les personnes qui ont rejoint le projet. On a professionnalisé la communication, on a un un deuxième compte Instagram pour l’académie, afin de mettre en avant les jeunes, on a créée un compte Twitter (compte X), une page LinkedIn, une deuxième page Facebook, on a un nouveau site web, une billetterie en ligne et bientôt on aura une boutique en ligne ! On a mis en place un événement d’avant match, un événement de « challenge » à la mi-temps, ce qui n’existait pas, et on a aussi crée le club 1924 (club des partenaires). C’est fou, parce que jusqu’à présent, chaque partenaire qui mettait un euro dans le club le faisait juste avec le coeur, sans espérer de retombées. Là, il y aura un retour sur investissement : je promets au minimum 1,01 euros de retombées pour 1 euro d’investissement. Alors, on n’est pas arrivé au bout du truc, mais déjà, de belles choses ont été faites, et ça donne la ligne de conduite. Autre chose : les joueurs de National vont avoir obligation d’aller voir les matchs de jeunes, car pour recevoir, il faut donner; un planning sera établi.
Il y a beaucoup de points communs, comme la gestion des équipes. Les joueurs de foot, c’est comme un staff dans restaurant : ils font un bon service ou ils ratent un service, et dans ce cas-là, on discute, on essaie de comprendre ce qui s’est passé, pour s’améliorer; c’est vraiment similaire, avec ce petit coté frissonnant en plus au foot, même s’il y a des frissons aussi au resto, comme quand le client repart content. Récemment, une « mamie » est venue déjeuner au restaurant (le Lil’Home à Bordeaux) avec son petit fils : elle venait de perdre son mari la veille, et elle m’a remercié du fond du coeur car, le temps d’un repas, le temps d’un moment, elle a oublié ça. Et puis il y a le résultat du match aussi, qui conditionne le reste de la semaine; au resto aussi, si tu plantes ton service du samedi soir, le lundi c’est « réunion », « comment on fait pour rattraper le coup », etc. J’ai une boîte de spiritueux aussi : demain, le client qui doit passer une commande annule : comment on fait pour rattraper ? La seule chose qui diffère, c’est qu’au foot, on est plus dans le passionnel, on peut s’enflammer vite, dans le bon ou le mauvais sens.

Je veux vraiment laisser la chance à chacun de jouer son rôle, notamment dans la partie business/société. Je veux bien déléguer mais je veux être informé. C’est comme ça que je manage. Je veux construire une identité forte, que Marignane soit une marque. Je veux être proche des jeunes. Je suis proche de l’équipe Une, déjà, et j’ai mon petit discours d’avant match pour eux dans les vestiaires, c’est quelque chose qui me tient à coeur. Je suis un meneur d’hommes. Il ne faut pas confondre ma gentillesse avec ma faiblesse. Et je suis quelqu’un qui a un miroir réfléchissant, je n’arrive pas à être autrement, je suis un président-supporter. En fait, j’ai eu un coup de foudre avec ce club, donc avec tous les membres de sa famille !














Le 25 mai dernier, devant 8 385 spectateurs, Laurent Pomponi remportait la Coupe du Luxembourg avec le FC Differdange 03 face à FC Marisca Mersch (4-2). L’attaquant de 27 ans avait inscrit le dernier but. Mais plutôt que de rester au Luxembourg et disputer le tour préliminaire de la Ligue Europa Conférence ou d’explorer les pistes qu’il avait dans d’autres pays, le Corse a choisi » surprenant » de rentrer chez lui et de signer au Gazélec Ajaccio en Régional 2. « On m’a traité de fou d’aller en R2 », sourit-il. Mais Laurent Pomponi a d’abord écouté son cœur pour participer à la reconstruction du Gaz, « un club mythique ».
Leader de la R2 Corse, le Gazélec Ajaccio, toujours en redressement judiciaire après sa liquidation l’année dernière, est bien parti pour retrouver la Régional 1 la saison prochaine. Epanoui, Laurent Pomponi est revenu pour 13HeuresFoot sur son parcours, jalonné d’allers-retours entre la Corse et le Luxembourg.
Dans une équipe très jeune, il joue les grands frères avec le gardien Cyril Fogacci, qui était pro lorsque le GFCA évoluait en L2. « C’est mon ami d’enfance. La possibilité de le retrouver m’a aussi conforté dans mon choix. J’apprécie beaucoup aussi le coach Jean-Marie Ferri sur le plan humain. Je l’avais connu quand j’étais à Bastia-Borgo car il entrainait la réserve. Il connaît parfaitement les différents championnats corses. C’est une figure du football sur l’île. Avec lui et le président Louis Poggi, on a deux bastiais emblématiques à Ajaccio… Louis (Poggi) a fait un travail énorme pour sauver le club. Il a joué quelques matchs avec nous au début de saison. »
Avec 19 buts en 12 matchs, Laurent Pomponi est parti sur des bases très élevées qui pourraient lui permettre de se rapprocher de la barre des 40 en fin de saison s’il poursuit sur le même rythme. « Je ne sais pas si en France, beaucoup d’attaquants ont le même ratio que moi, sourit-il. Mais je ne me fixe pas de chiffre à atteindre. Le plus important, c’est le projet du club, de le faire remonter. Moi, j’apporte juste ma contribution. »
La carrière de Laurent Pomponi a donc été marquée par de fréquents allers-retours entre la Corse et le Luxembourg. Au Grand-Duché, il a évolué dans quatre clubs : US Hostert (janvier 2017-janvier 2018), F91 Dudelange (juillet 2019-janvier 2020), FC Progrès Niederkorn (janvier 2022-juin 2022) et FC Differdange 03 (juillet 2022-juin 2023).
Il atterrit à Hostert, un club de D2. « Je suis arrivé en janvier, j’ai mis 16 buts et on est monté en BGL Ligue (la 1ère division) aux barrages. C’était un club familial et un club tremplin très regardé par les autres clubs du pays. »
Il repart au Luxembourg en janvier 2022 au Progrès Niederkorn qui le prête la saison suivante au FC Differdange. « J’étais avec la réserve de l’AC Ajaccio, j’avais un contrat fédéral et je jouais les grands frères avec les jeunes du club. Mais repartir au Luxembourg était une belle opportunité. Au Progrès, je suis arrivé dans une équipe qui tournait bien. Je n’ai marqué qu’un seul but en 11 matchs. D’un commun accord, on a décidé que je sois prêté. A Differdange, j’avais un staff de portugais, vraiment passionné. La saison a été correcte, je marque 6 buts, on termine 5e en championnat et on finit en beauté avec la victoire en Coupe du Luxembourg. Mon plus grand souvenir. »
Avec le recul, Laurent Pomponi ne regrette pas ses différentes expériences au Luxembourg. « Ce pays m’a permis de vivre un joli morceau de carrière. Je m’y suis enrichi sur le plan humain et j’ai progressé au niveau football. Jouer des tours préliminaires de Coupe d’Europe, c’est beau quand même…Bien sûr que quand on regarde le ciel et la température, ça fait un choc par rapport à la Corse. Mais c’est un pays ou le cadre de vie est quand même top. C’est un peu comme Monaco, un pays riche où les gens ne s’intéressent pas trop au foot. Mais pour les gros matchs, il y avait quand même du monde au stade. Moi, j’habitais en France, à Thionville (Moselle), près de la frontière. Le football luxembourgeois a beaucoup progressé. Il n’y a qu’à voir la sélection qui va disputer les barrages pour se qualifier pour l’Euro. Il y a aussi des très bons joueurs. Au Progrès Niederkorn, j’ai joué avec Florian Bohnert, qui est international et qui joue à Bastia (L2) maintenant. J’ai affronté aussi Kévin Van Den Kerkhof qui est passé par Bastia et qui joue en L1 à Metz maintenant. »
Après l’arrêt des championnats en mars 2020, Laurent Pomponi avait signé à Bayonne (N3) l’été suivant en compagnie de son grand ami Cyril Fogacci. « Le cadre de vie me faisait penser à la Corse. Tout était top là-bas. Il y avait Cyril avec moi, on avait une belle équipe, on aurait pu monter en N2. Mais tout s’est encore arrêté à cause du covid. »
Bocagnano, le SC Bastia, l’AC Ajaccio où il a effectué sa formation entre 2010 et 2016, l’Ile-Rousse (devenu le FC Balagne) à trois reprises, le FC Bastia-Borgo en N2 (2018-2019) et la réserve de l’AC Ajaccio. Avant de signer cet été au Gazélec Ajaccio, Laurent Pomponi avait déjà effectué un mini tour de Corse. Sans réussir à s’installer dans la durée avec un club.
Le plus beau et le plus mémorable, c’est la victoire en Coupe du Luxembourg avec FC Differdange 03 contre FC Marisca Mersch en mai dernier. Je rentre à la 89e minute et je mets le but du 4-2 à la 90e +2.
Ma première saison au Luxembourg à Hostert. J’avais 20 ans, je quittais la Corse pour la première fois et je découvrais un autre contexte. Sur le plan sportif, j’ai mis une quinzaine de buts en une demi-saison et on est monté en D1 aux barrages.


























