A la tête du District qui regroupe les Alpes-de-Haute-Provence et les Hautes-Alpes, le président entend répondre aux nombreuses problématiques des clubs dans une région où les spécificités sont multiples.

Patrick Bel Abbes a deux passions : le ballon rond et les règlements généraux de la Fédération Française de football : « C’était mon livre de chevet ! ». Une passion telle qu’il a appris ce « code du football » par coeur, pendant que ses copains, eux, lisaient France football ou LEquipe !

C’est comme ça que cet ancien joueur de niveau départemental dans son village, à Rosans, puis à Serres et à Laragne, dans les Hautes-Alpes, a pu intégrer une commission a sein de l’instance départementale, avant de devenir, en janvier 2020, un président très apprécié du District des Alpes.

Ce cadre commercial dans une entreprise de… blanchisserie (rien à voir avec le ballon !) passe beaucoup de temps sur les routes, « trop de temps même ! », et profite parfois de ses moments au volant pour gérer les problèmes, par téléphone. « Les problèmes ». Car, de son propre aveu, « être président d’un District, c’est 95 % de soucis et 5 % de plaisir ».

Quand Gap jouait en National et Manosque en CFA…

Il faut donc être un peu « fou » pour occuper un tel poste où les satisfactions sont très rares, à moins qu’il ne faille tout bonnement « être passionné ». Oui, ça doit être cela. La passion. Dans les Alpes-de-Haute-Provence et dans les Hautes-Alpes, les deux départements qui composent le District des Alpes (depuis 1983), la passion n’a pas de division. Du moins, elle n’a pas de « grande » division : la meilleure équipe seniors, Gap, évolue en Régional 2, l’équivalent de l’ancienne Division d’Honneur Régionale.

Il est loin le temps où l’EP Manosque, avec son redoutable et puissant avant-centre Pierre Manfredi, jouait les trouble-fête en CFA (le National 2 d’aujourd’hui), et où le Gap HAFC accédait au National, à l’issue d’une saison 2009-2010 mémorable.

Malgré une mission maintien réussie sur le terrain par Patrick Bruzzichessi en 2010-2011, le club, qui a reçu dans son petit stade municipal des adversaires comme Strasbourg, Bastia, Amiens, Guingamp, Rouen, Cannes, Niort, Beauvais, Orléans, Créteil, Paris FC, Rodez ou encore Gueugnon, fut rétrogradé administrativement en CFA avant d’être placé en liquidation judiciaire en janvier 2013 et contraint de repartir en première division de District. Grandeurs et décadences.

Les belles années gapençaises, notamment la décennie 2000-2010, n’auront cependant pas été veines pour tout le monde : elles auront au moins mis en lumière le football de haut niveau dans un département où le ski est roi, quand il y a de la neige évidemment, et il y en avait plus souvent, à l’époque, en hiver, au point de devoir reporter de nombreuses rencontres. Une habitude, une tradition même, là-bas.

Grimandi, Theréau, Mercadal, les ambassadeurs

Elles auront aussi permis de voir éclore certains joueurs passés par Gap comme Belkacem Zobiri (Louhans-Cuiseaux, Amiens, Cannes, Sétif), Romain Ciaravino (Istres, Amiens, Laval), et surtout Gilles Grimandi (Arsenal) et un certain Cyril Theréau (Angers Charleroi, Chievo Verone, Fiorentina), que l’entraîneur alpin Fabien Mercadal, alors coach du Gap HFC, était allé déniché à Laragne, en Division d’Honneur. Ce même Fabien Mercadal qui, selon les dires de son président de l’époque, était trop jeune pour entraîner le club de la Préfecture des Hautes-Alpes, en CFA. Sans doute pour cela que, derrière, le natif de Manosque a exporté ses compétences à Dunkerque (CFA, National et Ligue 2), Tours (L2), Paris FC (L2), Quevilly Rouen (L2) et même Caen (Ligue 1) !

« C’est vrai qu’il y a 15 ans, et même 20 ans, on avait deux équipes en CFA, avec Manosque et Gap, se souvient Patrick Bel Abbes; malheureusement, ce n’est plus le cas, les mécènes sont partis, parce que c’est toujours la même chose : l’argent, c’est le nerf de la guerre. Aujourd’hui, Gap est remonté en Régional 2, c’est l’équipe la plus « haute » en termes de niveau. Et à Manosque, y’a une bonne génération de jeunes de 17 et 18 ans qui, je l’espère, permettront à l’équipe seniors de retrouver le niveau régional. »

Des objectifs sportifs plus mesurés

Difficile, cependant, d’envisager mieux aujourd’hui, tant le football a changé, tant les budgets ont augmenté, tant l’argent a bouleversé les codes : « Au niveau du District, on aimerait avoir une équipe seniors en Régional 1 dans un premier temps, voire en National 3, mais ce sera très difficile d’aller en National 2 ou en National. »

Aujourd’hui, Patrick Bel Abbes, l’homme fort du football dans les Alpes, passe l’essentiel de son temps libre au district, à Sisteron, et de manière bénévole. Avant les bureaux, il a tâté du terrain : « J’ai été joueur et puis je suis devenu dirigeant, et j’ai aussi été entraîneur-adjoint à Laragne jusqu’en 2005. J’ai arrêté car j’avais du mal avec la mentalité des jeunes joueurs. Comme je connaissais bien les règlements généraux de la FFF, « Jeannot » Rei-Rosa, l’ancien secrétaire général du District des Alpes, m’a fait rentrer à la Commission des statuts et règlements et m’a nommé délégué départemental au début, puis je suis passé délégué régional et aujourd’hui délégué national A ».

Il n’est donc pas rare de croiser Patrick Bel Abbes sur les pelouses du championnat National, l’antichambre de la Ligue 2 : « Je vais à Bourg-en-Bresse vendredi contre Martigues (ce soir, NDLR). En moyenne, j’officie sur trois rencontres de National par mois, auxquels il faut ajouter des matchs de Coupe de France; par exemple, dernièrement, j’étais délégué au match Toulon (N2) – Aubagne (N2) en coupe. Et quand il y a des équipes professionnelles engagées en coupe de France, on est délégué adjoint. »

« En National, c’est très tendu cette saison »

Alors, monsieur le délégué, comment ça se passe cette saison en championnat National ? « C’est tendu, c’est très tendu même, du fait des six descentes… C’est aussi le retour que j’en ai de la part des clubs ».

Et oui, tendu, ça, on avait remarqué, entre un arbitrage qui distribue les cartons à gogo, des matchs aux couteaux, des coachs qui valdinguent au moindre faux pas de leur équipe et des dirigeants qui dépensent sans compter pour sortir de cette compétition hybride, l’exercice 2022-2023 ne ressemble à aucun autre. Et va laisser des traces… Et ce n’est pas fini, rebelote la saison prochaine !

Après avoir appartenu au District de Provence puis de Rhône-Alpes-Provence, le District des Alpes, qui regroupe donc les deux départements du 04 et 05 (Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes), ne pèse peut-être pas bien lourd à l’échelle nationale, mais n’en demeure pas moins très actif. « Notre District regroupe 6 000 licenciés (dont 60 % de jeunes) et représente 45 clubs. C’est vrai que l’on est petit, mais il y a plus petit que nous encore, comme l’Ariège je crois, il faudrait vérifier ! Mais je suis très fier de représenter le District des Alpes, parce que je suis Alpin, je suis né dans un village de 400 habitants, Rosans, dont le nom vient des roses d’ailleurs… »

« Avec les clubs, on est dans le dialogue »

Quand on lui demande à quoi sert un président de District, Patrick Bel Abbes a cette réponse à la fois surprenante et terriblement révélatrice : « Mon rôle ? En fait, je ne sers à rien, je suis juste là pour régler les problèmes. »

Bon, il exagère un peu, le successeur de Gérard Capello (il a pris la suite en 2020). Car être président, c’est donner des directions, avoir une vision : « Quand j’ai été élu à la tête du District en 2020, j’ai moi-même choisi mon équipe pour travailler à mes côtés. Je me suis entouré de compétences. Et j’ai la chance d’avoir une équipe de salariés qui travaille, qui prend du plaisir et je prends aussi du plaisir à échanger avec eux. »

Sa vision de l’instance ? « Mon objectif, c’est d’essayer de redonner le District aux clubs. J’ai appartenu à l’ancienne équipe, et sans vouloir polémiquer, je trouvais que le District n’était pas assez présent auprès des clubs. Donc nous, on en a fait notre leitmotiv : on souhaite se rapprocher des clubs au maximum. C’est la raison pour laquelle nous avons instauré des réunions de secteurs, en divisant le District en quatre : secteurs Nord, Centre, Centre 04 et Sud 04. On essaie de s’y rendre plusieurs fois, en début et en fin d’exercice. Ces réunions permettent de se rencontrer, d’échanger, de se parler. Là, on est vraiment dans le dialogue. Alors parfois ça se passe bien, parfois moins bien mais ce n’est pas grave, tant que le dialogue est instauré. On vient juste de finir nos premières réunions, on en a enchaînées quatre en quatre semaines. »

« Pour avancer, il faut être désintéressé »

Aux côtés du président de la Ligue de Méditerranée, Eric Borghini (à gauche)

On comprend mieux, dès lors, pourquoi Patrick Bel Abbes, qui se targue de connaître (presque) tout le monde, d’être joignable – « Mon portable, tous les présidents de clubs l’ont ! » -, de miser sur la proximité et l’échange, assure être à ce poste « juste pour régler les problèmes ». Car évidemment, ces réunions de secteurs ont servi à les soulever : « Les clubs en ont profité pour exposer leurs problématiques, pour dire ce qui ne va pas, mais aussi ce qui va ! Souvent, cela tourne autour de la logistique, des moyens. Par exemple, à la demande des clubs, l’an passé, en Division 3 de District, où il n’y avait que onze équipes engagées et deux poules, ils ont validé en assemblée générale le passage à une poule unique, sauf que, victime du succès, on est passé à 16 équipes ! Mais ce n’est pas grave, tout le monde est content de jouer chaque week-end, même s’il y a plus de contraintes. Et on ne déplore pour le moment aucun forfait ! « .

Membre de droit du comité de direction de la Ligue de Méditerranée eu égard à son statut de président du District des Alpes (au même titre que Michel Serre – Grand Vaucluse -, William Pont – Var -, Edouard Delamotte – Côte d’Azur -, et Erick Schneider – Provence -), Patrick Bel Abbes entretient également d’excellents rapports avec Eric Borghini, l’homme fort de la Ligue : « Avec Eric, on a de vraies bonnes relations, des relations privilégiées. Avec lui, le dialogue est permanent. Il connaît tous les rouages du football. Quand j’ai besoin de son appui, je l’appelle. Personnellement, je ne fais pas de politique, cela ne m’intéresse pas, car je pars du principe que pour avancer, il faut être désintéressé. »

Une convention avec le parquet de Gap contre la violence

Et parce qu’un président, « c’est 95 % d’emmerdements et 5 % de plaisir », Patrick Bel Abbes évoque à nouveau une difficulté : la violence dans les stades. Ou plutôt… autour des stades.

Car le phénomène a changé : « Alors, jusqu’à présent, on était un peu épargné dans le 04 et le 05, mais là, je ne sais pas si ce sont les effets secondaires de la Covid ou quoi, ou la frustration de ne pas avoir vu de football pendant des mois, mais depuis, on a des soucis en dehors des terrains. On s’est rapproché des deux parquets, et il se trouve qu’au parquet de Gap, on a la chance de connaître quelqu’un, Florent Crouhy, qui n’est autre que le procureur de la République, et à qui on fait directement remonter les incidents. Je peux vous dire que, derrière, selon la gravité des faits, ça va très vite, les dossiers sont en haut de la pile. On a d’ailleurs passé un projet de convention, signé en juin dernier, en compagnie de l’UNAF Provence (Union nationale des arbitres de football), lors de l’assemblée générale du District, projet dans lequel on met en place des fiches de signalement en cas de soucis en dehors des terrains. L’idée, c’est de mettre en relation directement le parquet avec les différents acteurs du football. Avec le parquet du 04, on a aussi un accord de principe, on n’a pas encore finalisé la convention, mais cela concerne toujours des problèmes en dehors des terrains. Car lors des réunions de secteur, les clubs nous ont fait remonter leur manque de pouvoir face à ces situations avec les parents ou les supporters. Mais cette violence autour des terrains, ces bagarres, on s’aperçoit que, malheureusement, c’est le reflet de ce qui se passe dans les stades au plus haut niveau depuis quelque temps, avec tous ces incidents intervenus récemment. »

En quête de partenaires

Pour terminer avec le chapitre « problèmes », il y a la superficie. Pas celle du terrain, non, celle qui sépare l’un des clubs les plus « hauts » à l’un des plus « bas » : « La grandeur des deux départements, c’est là encore une problématique, on a une équipe de Vinon-sur-Verdon, par exemple, qui est distante de 200 kilomètres de Briançon par exemple. Pour un district, c’est énorme. Et il y aussi le climat : en décembre, en janvier, il neige dans le Nord du 05… enfin, j’espère, on espère tous qu’il va neiger, donc on ne joue plus pendant cette période. Ce sont des spécificités. »

Du côté des bonnes nouvelles, le district des Alpes pourrait prochainement compter sur l’arrivée de nouveaux partenaires : « Ce matin, on a rencontré, j’espère, un futur « gros » partenaire. On est constamment en recherche dans ce domaine. Quand la nouvelle gouvernance est arrivée, on a su qu’on aurait moins d’aide de la part des collectivités donc on a mis en place une commission partenaires et pris une personne en apprentissage pour s’occuper de ce secteur : là, on en est à 35 000 euros d’aides de la part de partenaires, contre zéro avant. Actuellement, on discute, on négocie avec deux gros partenaires potentiels. Ces rentrées d’argent, ces aides, cela permettrait, par exemple, d’aider les clubs et les jeunes notamment : on n’avait pratiquement plus de détections. On est passé de une à quarante-deux détections (300 jeunes concernés), ce qui a permis de voir des gamins intégrer le pôle Espoirs d’Aix-en-Provence. On a aussi mis en place des sélections départementales, on envoie aussi des jeunes à des tournois régionaux, nationaux voire internationaux. Tout cela, ça a un coût. C’est pour ça qu’on a besoin d’aides. »

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : District des Alpes

L’ex-gardien de Créteil en Ligue 2 et en National est retourné à Aubervilliers, en N3, où son club a signé un exploit retentissant au 7e tour de la coupe de France en éliminant QRM, un club de Ligue 2. Une performance qui a rappelé la saison 2009-2010, lorsque le club du 9-3 avait affronté le PSG au Parc des Princes en 32es !

Sous le maillot de l’US Créteil. Photo Philippe Le Brech

À l’heure où la mode est à la langue de bois et aux discours feutrés, Yann Kerboriou – actuel gardien d’Aubervilliers en National 3 – dit clairement les choses. L’homme aux 87 rencontres de Ligue 2 sous le maillot de l’US Créteil aurait pu avoir une trajectoire plus belle encore avec plus de travail, comme il le dit si bien.

Elle aurait aussi pu se résumer à quelques apparitions avec les Cristoliens et de longues soirées sur les bancs de touche de France et de Navarre s’il n’avait pas cru un minimum en lui. Critiqué par beaucoup, le « p’tit gars d’Auber » s’est construit seul ou presque.

À 34 ans, alors que le portier séquano-dionysien pourrait aspirer à une retraite sportive méritée, il a choisi de continuer à se faire mal à l’entraînement et en match en National 3. Un championnat où le plaisir n’est pas souvent au rendez-vous, selon ses mots. Et avec pourquoi pas, le plaisir de vivre une nouvelle montée avec son club de cœur. Histoire de boucler la boucle après deux ascensions successives de DH en CFA (2008-2010).

Sous le maillot de l’US Créteil. Photo Philippe Le Brech

En attendant le verdict d’un championnat ô combien difficile, et après avoir signé l’un des exploits du 7e tour en éliminant un club de Ligue 2, Quevilly Rouen (1-1 puis 4-1 TAB), « Bouyou » va se rendre une semaine à La Réunion pour y affronter la JS Tamponnaise au 8e tour de la Coupe de France.

Un déplacement aux allures de vacances certes mais avec un enjeu important pour la formation de Seine-Saint-Denis : une place en 32e de finale de la Coupe de France. Et pourquoi pas un nouvel affrontement face au Paris-Saint-Germain, 13 ans après un 32e de finale au Parc-des-Princes ou le jeune Yann Kerboriou, fan inconditionnel du PSG, s’était rendu, avec Aubervilliers, pour une élimination certes, mais un beau souvenir indélébile.

Sous le maillot de l’US Créteil. Photo Philippe Le Brech

Yann, raconte nous un peu ce 7e tour victorieux contre Quevilly Rouen Métropole !
Même si j’étais sur le banc, contrairement au championnat, ça rappelle de bons souvenirs, des moments agréables de la Coupe de France. Ça permet aussi à la ville de fédérer autour d’un match, de voir le stade plein. Et puis pour les gars de l’équipe c’est une bonne occasion de se confronter à des joueurs de Ligue 2. Un niveau que certains n’auront peut-être jamais la chance de découvrir, même si c’est tout le mal que je leur souhaite.

Tu avais déjà connu ce rôle de « Petit Poucet » ?
Oui et déjà avec Aubervilliers, mais ça doit faire 10 ans (ndlr : 10/01/2010). Nous avions tiré le Paris Saint-Germain en 32e de finale. Et comme le club ne pouvait pas recevoir dans son stade André Karman, nous avions « reçu » le PSG au Parc-des-Princes. Un rêve de gosse quand tu supportes cette équipe et c’est sûrement mon plus beau souvenir dans cette compétition, même si j’en prends cinq! Et il y aussi l’année suivante (2010-2011) avec Créteil alors en National. On prend Nice qui est en Ligue 1 à Duvauchelle et on perd aux tirs-au-but (ndlr : 6-5).

Sous le maillot de l’US Créteil. Photo Philippe Le Brech

Au prochain tour, Aubervilliers va se rendre à La Réunion pour jouer La JS Tamponnaise avec l’étiquette de favori. Le risque c’est de se dire que vous partez en vacances ?
Je ne sais pas si on est favori, mais c’est un match que l’on espère gagner. On va tout faire pour gagner, mais ce ne seront clairement pas des vacances. Et il n’y aucun risque qu’on puisse le penser avec un coach comme le notre. Rachid Youcef saura parfaitement avertir tout le monde. On va aborder ça avec le plus de sérieux possible. Il ne faut pas oublier qu’à la clef il y a un ticket pour les 32e de finale avec la perspective éventuelle de jouer une Ligue 1. J’espère que tout le monde a conscience de ça et est dans la même optique de vouloir gagner.

À côté de la Coupe de France, Aubervilliers vise une montée en National 2. Comment décrirais-tu ce championnat francilien de National 3 ?
Ce championnat c’est 5% de plaisir et 95% de combat tous les samedis. Ce n’est pas la division la plus attrayante. Même pour un spectateur. Je me mets à sa place et ce n’est pas forcément agréable à regarder. Ça ne joue pas beaucoup au foot. Ce sont beaucoup de duels, d’engagements, d’insultes. Avec la réforme des championnats, si jamais « Auber » ne monte pas, ce sera tout de même plus sympa je pense la saison prochaine avec à nouveau des déplacements dans le Nord ou l’Est de la France.

Avec l’US Créteil en 2017-2018. Photo Philippe Le Brech

Hormis une courte parenthèse en National 2 avec Fleury, tu n’as connu que deux clubs : Aubervilliers et Créteil. Comment as-tu commencé à « Auber » ?
J’ai passé deux ans au centre de formation de Lille, mais je n’étais clairement pas prêt. À 15 ans, je n’avais pas compris qu’il fallait vraiment bosser pour le haut niveau. C’était trop tôt pour moi et je n’étais pas prêt à tous les sacrifices nécessaires. Je suis arrivé à Aubervilliers en DH*. Deux ans plus tard, nous montions en CFA et moi je prenais le chemin de Créteil.

Là, tu y débarques en 2010-2011 pour huit saisons…
Je n’en garde que des bons souvenirs pour plusieurs raisons. Déjà, j’y signe mon premier contrat pro et ensuite j’arrive à faire une carrière là-bas alors que si je comptais les personnes qui croyaient en moi à l’époque, une main serait largement suffisante. Je n’ai aucun regret sur cette période. Je me dis juste que si j’avais bossé un peu plus, j’aurais peut-être pu viser plus haut, mais on ne le saura jamais.

Avec Créteil en Ligue 2 en 2015. Photo Philippe Le Brech

Tout n’a pas été rose néanmoins pour toi avec une situation particulière. Chaque saison ou presque, tu partais comme doublure avant d’inverser la tendance. Comment l’expliques-tu ?
C’est le mental tout simplement. Je ne pouvais pas accepter ce statut, qu’il soit justifié ou non.

Tu ne peux pas te satisfaire d’être sur le banc de touche. Je dois rendre hommage à quelqu’un qui m’a toujours poussé à aller au bout des choses. C’est Rachid Bachiri qui était alors numéro 3. Lui, il croyait en moi et me disait de ne pas lâcher, que ça finirait par payer. Et à force de persévérance, j’ai réussi à jouer.

*Après ses deux saisons au centre de formation de Lille, Yann est retourné chez lui, à Montrouge, pendant une saison, avant de jouer en seniors PH, puis il s’engage en DH à Aubervilliers.

Les buts du PSG en coupe de France face à Aubervilliers en 2010

Yann Kerborou, du tac au tac

Sous le maillot de l’US Créteil. Photo Philippe Le Brech

Le joueur plus fort avec lequel tu as joué ?
« Ils sont deux : Rafik Gérard et Rudy Carlier. Rudy, c’était un tueur à gage à l’entraînement, mais en match c’était un autre joueur. Je n’ai jamais compris ces deux visages. Ça reste une énigme. Et Rafik Gérard c’est certainement le plus fort avec qui j’ai pu jouer. Mais aussi le plus fou et le moins constant. »

Le joueur le plus fort contre lequel tu as joué ?
« Yohann Rivière, je n’ai jamais aimé le jouer. À Dijon, c’était un casse-couille sans nom. Il était ultra efficace devant le but, très roublard et c’était chiant de le jouer. C’était souvent des duels compliqués. Et puis il y a eu aussi Mathieu Duhamel qui est parti l’année où j’ai signé à Créteil. L’avoir en face à face n’était pas un cadeau. »

Tonpremier match de Ligue 2 ?
« À Nîmes aux Costières en 2013. On gagne 3-2 avec des buts de Fané (Andriatsima), Jean-Mi (Lesage) et Marcel (Essombé). Et si je dois être très honnête, je me chiais dessus avant le coup d’envoi. En plus c’était compliqué car le club fait signer Issa Ndoye pour nous mettre en concurrence. Il y avait les pros Ndoye et les pros Kerboriou alors que nous on s’entendait hyper bien. Il y avait eu l’histoire de la photo officielle qui veut que généralement le gardien titulaire soit au milieu et le remplaçant un peu plus sur le côté. Et c’est Issa qui était au centre de la photo. Et ça ne plaisait pas à Jean-Luc Vasseur. On sortait du titre de national et le coach trouvait normal de me garder sa confiance. »

Sous le maillot de l’US Créteil. Photo Philippe Le Brech

Ton dernier match de Ligue 2 ?
« C’était à Niort avec Créteil en 2016. Je prends un carton rouge au bout de 30 minutes alors que l’on mène 2-1. Sur un duel avec l’attaquant, je sors et Tony Chapron siffle pénalty. Je me dis pourquoi pas, je vais essayer de l’arrêter. Et là, je vois qu’il sort le rouge. Je n’ai pas compris sa décision. On perd 4-2 et on descend officiellement en National. Derrière, je prends une flopée d’insultes et quelques jours plus tard on met à tord mon intégrité en question en parlant de match arrangé. Le contraire à d’ailleurs été prouvé. »

L’entraîneur qui t’a le plus apporté ?
« Je vais en citer trois. Daniel Ravaudet à Montrouge. Il m’a fait confiance et m’a surtout aidé à prendre confiance en moi. J’avais 14 ans, c’était avant mon départ au centre de formation de Lille et il a compté dans mon début de parcours. Ensuite, il y a Abdallah Mourine qui m’a accueilli à Aubervilliers alors que je n’étais rien, ni personne. Il m’a accordé sa confiance pour garder la cage de l’équipe. On a connu deux montées ensemble. J’arrive en DH et en deux ans on se retrouve en CFA. Le troisième c’est Jean-Luc Vasseur. Beaucoup lui trouve des défauts. Il en a forcément, mais pas tant que ça. Il a l’avantage de toujours laisser tout le monde concerné dans un vestiaire. Ce n’est jamais évident pour un coach. Je lui suis reconnaissant pour toutes ces années. »

Vidéo : entretien avec Yann Kerboriou avec Créteil en Ligue 2 :

 Texte : Julien Leduc / Mail : jleduc@13heuresfoot.fr / Twitter @JulienLeduc37

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech

 

L’attaquant passé par Calais, Beauvais, Saint-Quentin, Dunkerque ou encore Chasselay, de retour à Creil (R3) depuis la saison passée, a lancé « MaraPronostic », son entreprise de paris sportifs en ligne. Et ça marche !

« Depuis que j’ai commencé à jouer au football, j’ai toujours été attiré par le fait de marquer des buts » pose d’emblée Adama Camara, dont les débuts au football remontent en débutants, vers 6 ans, du côté de Nogent-sur-Oise. « Je ne me débrouillais déjà pas trop mal car je jouais au quartier avec les copains donc j’avais déjà quelques qualités. »
Assez en tout cas pour être repéré en moins de 13 ans « lors d’un match contre eux » par le voisin et club phare du département, l’AS Beauvais Oise. « J’y suis resté 2 ans, mais le coach est parti, et comme c’est lui qui m’emmenait, je n’avais plus de moyens de transports pour me rendre là-bas. Du coup je suis parti à Chantilly car c’était plus proche de chez moi. »

D’abord défenseur central

Un passage dans la « Cité du Cheval » qui sera surtout marqué par un repositionnement en… défense centrale. « J’avais beaucoup grandi, donc pour avoir de la taille derrière on m’a demandé de reculer. Cela se passait plutôt bien, mais ce n’était pas trop mon kiffe. J’étais un défenseur assez technique… Cela m’arrivait souvent de faire des passements de jambes ou des roulettes derrière. Le coach n’était pas serein. Par contre en ce qui concerne la gestion de la profondeur, il n’y avait aucun souci. Comme j’allais vite, dès qu’un attaquant partait au but je le rattrapais toujours. »

S’il finira ses dernières années de jeunes à ce poste, il retrouvera sa place de prédilection après une prestation XXL lors d’un match amical avec les seniors. « Le coach m’avait dit qu’il voulait m’essayer un peu plus haut. Résultat j’ai mis 8 buts lors de la rencontre, et à la fin du match il est venu me voir en me disant qu’il avait trouvé mon nouveau poste. »

Dès lors, Adama Camara ne bougera plus… ou presque. « J’évoluais avec la réserve en R3, et lors d’un match contre Senlis, un recruteur du Havre était venu observer un de nos adversaires. Au final, c’est moi qu’il a retenu et il est venu me demander mon numéro à la fin de la rencontre. Quelques jours plus tard, je me suis retrouvé à partir faire un essai avec la réserve du Havre. »

A peine arrivé en Normandie, le directeur du centre de formation lui réserve une première surprise. « Je vais le voir pour me présenter et lui dire que je suis là pour la semaine ; sauf que lui me réponds qu’il me dira après le match amical prévu le soir même combien de temps je reste. Cela se passe bien et il me propose de rester la semaine au centre. »

Sous le maillot de Nesle.

C’est ainsi qu’il s’entraînera aux côtés de Benjamin Mendy, Brice Samba et surtout Riyad Mahrez. « Il était déjà au-dessus et techniquement c’était le meilleur de l’équipe. Je me souviens qu’il m’avait mis pas mal de ballons lors du match et qu’il était étonné de ma vitesse » rigole-t-il encore plusieurs années après. « A la fin de la semaine, les dirigeants du club sont venus me dire qu’ils voulaient me revoir en fin de saison ; mais l’agent, lui, ne voulait pas que je reste à Chantilly. Il m’a donc envoyé faire un test à Charleroi, et j’ai signé là-bas. »

C’est ainsi qu’à 20 ans, Adama Camara quittera pour la première fois de sa vie l’Oise, pour prendre la direction de la Belgique. « Cela s’est plutôt bien passé, et j’ai continué d’y apprendre le métier d’attaquant. Je jouais pas mal avec les jeunes (-21 ans), tout en faisant quelques matchs avec l’équipe fanion ( D3, équivalent du National français). C’était moins technique qu’en France, mais beaucoup plus physique et intense dans les duels. Et puis, c’était tout pour l’attaque, du vrai « Kick and rush ». Mais voilà, j’étais un peu jeune, c’était mon premier départ, ma famille me manquait, il y avait de la solitude, donc j’ai préféré casser mon contrat à l’issue de la première saison pour revenir chez moi. J’étais venu pour durer, mais tout ne s’est pas passé comme j’ai voulu, donc j’ai préféré dire stop plutôt que de prendre le risque de prolonger. Ce fut un mal pour un bien, car cela m’a permis de me lancer en France. »

De retour chez lui, à Creil

Pourtant, c’est sans club qu’Adama Camara rentre chez lui, à Creil. Quelques mois plus tard, il démarchera celui de sa ville, qu’il rejoindra en décembre. « En revenant, le but n’était pas de tout casser, mais vraiment de retrouver du temps de jeu et d’être compétitif. Après, j’ai eu la chance que tout se passe bien, j’ai inscrit de nombreux buts, confirmé mon statut d’attaquant et tout cela m’a permis d’attirer, en 6 mois, les sollicitations et de toucher un niveau un peu plus haut que Creil. »

Adama Camara rejoindra Saint-Quentin à l’été 2012 avec qui il disputera deux saisons, en DH puis en CFA2. « La première année fut compliquée car j’avais eu des soucis pendant l’été, mais je me suis accroché. Par contre à la trêve estivale, j’ai senti que j’avais franchi un cap, que j’étais devenu un autre joueur. Jusqu’à présent, je faisais mal à toutes les défenses grâce à ma vitesse, mais j’avais pas mal de déchets devant le but. J’ai travaillé cela et j’ai pu faire encore plus de différences lors de ma deuxième saison. »

En Juillet 2014, il franchira un nouveau cap en signant du côté de l’Amiens AC ( CFA). « Je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu, donc j’ai préféré partir pour rejoindre Nesle (DH), car quand je suis dans un club, il n’y a qu’une chose qui m’intéresse, c’est de jouer. »

Une descente qui « avait pour but de rester compétitif à un niveau raisonnable. En plus de cela, ils étaient relégables, donc il y avait un vrai défi que nous sommes parvenus à réaliser. Et puis, dans le même temps, nous avons remporté la Coupe de la Somme et sommes allés jusqu’en finale de Coupe de Picardie. »

Camara-dépendance à Beauvais

Un retour au premier plan qui lui permettra de retrouver l’AS Beauvais Oise (CFA2) en 2015, grâce à un homme, Thierry Bocquet ( alors coach des sang et neige). « L’année d’avant, j’avais joué contre lui et il voulait déjà me faire venir à Poissy. Cela ne s’était pas fait, mais je savais qu’il me suivait. Alors quand il m’a rappelé je n’ai pas été trop surpris. » Arrivé par la petite porte – « Je venais de DH, donc j’étais plus un pari » -, Adama ne tardera pas à provoquer une « Camara-dépendance » au sein de l’effectif beauvaisien.

« Au bout de 2 mois, j’ai compris que si nous voulions monter, je me devais de faire une grosse saison car, même si je n’étais pas programmé pour ça, j’étais devenu l’attaquant numéro 1. Cela me motivait et me donnait envie d’être performant à chaque rencontre pour aider le club à gagner. »

Si l’ASBO restera finalement à quai, Adama Camara, auteur d’une saison pleine (7 buts et 8 passes décisives) fera un bond en avant en rejoignant, à 26 ans, Dunkerque et le National. « C’est à Beauvais que j’ai vraiment vécu ma meilleure saison. C’était proche de chez moi, ma famille venait à chaque match, j’avais le public et le coach dans la poche… mais c’était difficile de refuser une National. C’était quand même deux niveaux au-dessus et le contrat était beau. »

« J’aurais pu m’imposer à Dunkerque »

Malheureusement, il n’aura pas l’occasion d’exprimer tout son potentiel. « J’avais fais une grosse préparation ; nous étions trois attaquants, et j’avais réussi à faire la différence sur mon concurrent car Malik Tchoukounté était indiscutable. Je devais débuter lors de la première journée, et quelques jours, avant je me blesse. Fabien Mercadal (l’entraîneur de l’USL Dunkerque) était dégoûté. Le gars qui me remplace fait le taf, et derrière il n’a plus bougé. C’est dommage car sans cela, je suis certain que j’aurais pu m’y imposer. Encore aujourd’hui je suis certain que si je joue ce match, la suite n’est pas la même… Comme quoi une carrière ne tient pas à grand-chose. »

La suite justement ? Calais, « où je fais une dizaine de matchs en CFA et inscrits 8-9 buts mais où je pars en fin de saison suite à la relégation administrative du club en DH », puis une dernière année en N2 à Chasselay où il évoluera dans un poste d’excentré gauche. « Derrière j’ai décidé de tout stopper et de mettre ma carrière de côté car ma femme était enceinte de notre deuxième enfant ; et elle était toute seule à Creil. Alors autant avec un enfant c’était jouable, que là avec deux cela ne l’était plus, et je me devais de m’occuper de ma famille. »

En 2021, il effectue son retour à Creil.

S’il fait le bonheur des siens, il fait également depuis 2018 celui des clubs isariens, à l’instar de Creil, son dernier point de chute (après des passages par Senlis et Nogent), un club de Régional 3 qu’il a emmené cette année au 6e tour de la Coupe de France et où il compte déjà 15 buts en 7 apparitions !

« A n’importe quel niveau et dans n’importe quel championnat, un buteur reste un buteur. Si tu marques des buts, tu le feras toute ta vie, c’est l’instinct. Après, c’est vrai aussi que je savais que je serais performant cette saison, car contrairement à l’an passé, où je marquais sans m’entraîner (une quinzaine de réalisations), là, je bosse sérieusement. »

Un retour en force et en forme qui amène chaque week-end ses adversaires à se demander si Adama sera sur le terrain. « Je sais que je suis un peu attendu quand j’arrive sur une pelouse picarde. Mais c’est bien, ça me motive, et c’est une sorte de reconnaissance. »

Pour d’autres, se pose la question de savoir s’il pourrait retrouver prochainement un club plus huppé. « Sans prétention je n’ai pas besoin de marquer des buts pour savoir que je peux encore évoluer plus haut. Mais est-ce que j’en ai envie ? Maintenant j’ai 3 enfants, je ne suis plus tout jeune ( 32 ans) donc faire la route pour s’entraîner tout les jours, ce n’est plus pour moi. Après, bien sûr, si l’opportunité se présente, j’y réfléchirai, mais encore une fois ce ne sera pas pour aller n’importe où. Et puis vous savez, je suis bien ici à Creil, je suis davantage axé sur un projet club que personnel. Nous avons un bon groupe avec pleins de jeunes de qualités, donc ce serait bien de les aider à remonter le plus haut possible. »

« J’ai voulu griller les étapes »

Une maturité et une stabilité nouvelle qui aurait sans doute pu lui permettre d’avoir une autre carrière ; et éviter certains de ses détracteurs de le qualifier de mercenaire.

« Il faut que les gens se mettent à la place du joueur. Si dans leur travail, une entreprise concurrente vient les chercher pour un salaire nettement supérieur, je pense qu’ils réfléchiraient. Et en plus, dans mes choix de carrière, j’ai toujours mis l’argent au second plan, préférant le niveau. Pour l’anecdote, quand je pars de Beauvais, j’aurais pu aller en CFA et toucher bien plus qu’en signant à Dunkerque. Mais voilà c’était du National, donc je n’ai pas hésité une seconde. Après c’est vrai que si j’avais eu moins la bougeotte, j’aurais pu faire quelque chose d’autre. La stabilité c’est aussi une des clés pour réussir dans ce milieu. Après je suis quelqu’un d’un peu caractériel, ce qui fait que c’était dur de rester dans les clubs, à un moment donné, cela ne passe plus. Et puis, j’ai toujours voulu aller jouer plus haut, donc si nous ne montions pas, il fallait que je parte.  J’ai voulu griller les étapes et cela m’a un peu cramé. Alors oui je n’ai pas percé, mais je suis allé chercher les choses tout seul en gravissant les échelons un par un. Je viens d’en bas et je n’oublie pas que tout a commencé en Régional 3. »

« MaraPronostic – l’insomniak », sa société de paris sportifs

A défaut d’être devenu l’attaquant numéro 1 français, Adama Camara s’est lancé un nouveau défi, celui d’être désormais le pronostiqueur numéro 1 en France . « J’ai commencé à jouer vers 18 ans, et cette passion m’a toujours suivi. Ce qui me plaît ? Déjà, le gain, car c’est le nerf de la guerre, mais aussi l’adrénaline qui s’en dégage ».

Ainsi sur une blague, il ouvrira sa société le 1er mai 2021. « Souvent, quand je faisais un ticket, les gens me disaient : « Adama, tu joues quoi ? ». Je leur donnais tout le temps mais j’en avais marre qu’on m’appelle pour ça. Du coup, un jour, il y avait Troyes – Chambly et Juventus – La Spezia. J’avais mis mon ticket (victoire de Troyes et C. Ronaldo marque plus de buts que La Spezia) avant sur Snapchat pour que les gens suivent. Troyes s’impose tranquille, C. Ronaldo marque à la 88e et La Spezia a un penalty dans le temps additionnel. S’ils marquent, j’ai perdu… Et ils loupent. Cela m’a donné l’idée de faire un autre Snap (marapronostic) où tout le monde pouvait suivre gratuitement ce que je jouais. Pendant 10 jours d’affilée, nous avons gagné avec des coups incroyables, comme un combiné « but de Mbappé en première période et de Salah en seconde avec une côte qui permettait de multiplier la mise par 13. Le même jour,  j’avais fait un autre ticket avec une côte de 9. Cela a forcément fait un peu le buzz. »

Car oui, sa spécialité reste avant tout le « dénichage » de buteurs. « Je joue sur ce que je connais. Je suis un vrai passionné, pas comme tout ces pronostiqueurs qui ne connaissent pas le milieu. Je regarde tous les matchs, et je connais tous les buteurs, même ceux en Australie, en Chine ou en Ukraine. Je passe beaucoup de temps à analyser, et mes résultats sont avant tout le fruit de ma passion. Je me fie à la forme du moment mais aussi à l’instinct. Cela va faire 2 ans que ça marche et je ne m’en plains pas. D’ailleurs, ma plus belle réussite est que ma communauté soit satisfaite. Chaque mois je fais des sondages, et j’en ressors toujours avec 93-95% de positif. Après, Cela reste un jeu d’argent, il n’y a rien de sûr, et même si je ne joue que ce que je maîtrise, cela m’arrive aussi de perdre. C’est pourquoi il faut vraiment faire attention et jouer uniquement ce qu’on est capable de jouer. Si on s’enflamme, on peut vite redescendre et perdre plus que ce que l’on a ». Paroles d’homme, de buteur et désormais de pronostiqueur !

Adama Camara, du tac au tac

Ton meilleur souvenir sportif ?

Mon but inscrit en Coupe de France avec Beauvais ( alors en CFA2) face à Valenciennes (L2) lors d’un 8ème tour ( 2015). Nous étions à la 85ème, Brisson était mort et tout le monde nous voyait dehors. Je suis parti tout seul et après un petit exploit personnel j’ai égalisé pour arracher les prolongations. Je peux vous dire que le stade s’est réveillé. Mais ce qui était fort et magique, c’est qu’il y avait mon fils, ma famille et tout mes amis dans les tribunes.

Ton pire souvenir ?

Toujours ce même match car lors des prolongations (défaite 1-2) je provoque un pénalty que je loupe. Leur gardien (Paul Charruau) était venu me voir en me disant qu’il savait où j’allais tirer et je suis tombé dans son jeu. La vérité, c’est que Valenciennes était venu nous observer la semaine d’avant et que j’avais déjà inscrit un pénalty de cette façon. Et j’avais oublié ce fait là.

Ton plus beau but ?

Je dirais l’an dernier où j’ai mis un énorme coup-franc contre Chambly. J’ai toujours eu une bonne frappe et je n’ai jamais été mauvais dans cet exercice ; mais jusqu’à présent il y avait meilleur spécialiste que moi partout où je suis passé.

Ton coéquipier le plus fort ?

Alexis Araujo (aujourd’hui à Créteil). Il était incroyable, et je me demande encore comment cela se fait qu’il n’ai jamais percé ?

Le défenseur qui a posé le plus de problème ?

Gustave Akuesson ( Versailles). Il allait aussi vite et était aussi fort que moi. A chaque fois c’était de vrais batailles.

Le coach qui t’a le plus marqué ?

Thierry Bocquet. J’aimais bien la relation que nous avions, il me faisait énormément confiance et je garde beaucoup de très bons souvenirs avec lui.

Ton match le plus marquant ?

Quand nous avons éliminé Chambly avec ma petite équipe de Nesle (R1) au 7ème tour de Coupe de France, en 2018 (1-1, victoire aux tirs aux buts). En plus de cela je m’étais fais un petit peu chahuter sur le terrain, notamment par Dequaire qui n’acceptait pas trop de se faire balader par un joueur de R1. Sur la pelouse je suis quelqu’un qui chambre beaucoup et qui aime rentrer dans le cerveau des défenseurs. Je peux vous dire qu’il a passé une sale après-midi. Sur cette rencontre, j’ai tout simplement montré que même s’ils étaient en National, je n’avais rien à leur envier.

Ton modèle ?

Gabriel Batistuta. J’étais un vrai fan de lui, c’était un vrai buteur et je regardais toutes ses vidéos.

Un geste technique ?

Ma spéciale, quand je fais le double passement de jambes. Beaucoup de joueurs y sont passés (rires). C’est sûr que lorsqu’on me voit, on se dit qu’un grand comme ça (1m95) n’est pas capable d’éliminer. Mais j’ai été formé au « city » donc je n’ai pas de souci à ce niveau là.

Une anecdote ?

C’était lors d’un déplacement à Sedan avec Saint-Quentin quand nous étions en N2. A l’aller j’étais absent et nous avions perdu 4-0. Quand nous arrivons les gars ne me connaissent pas et me regardent un peu de haut. Un de mes coéquipiers, qui avait joué à Sedan, parle un peu avec eux et ils lui demandent qui je suis. Lui leur dit que je suis l’attaquant, et ils lui répondent que leur défenseur, Dikamona (qui joua par la suite en D1 écossaise) va me manger et que je ne vais pas voir le jour. Mon coéquipier vient me répéter cela 5 minutes avant le coup d’envoi. Je lui réponds : « On va voir ». Je lui ai fait une misère pas possible, et à la fin de la rencontre les supporters chantaient « Camara à Sedan ».

La chose inavouable ?

C’était toujours avec Saint-Quentin lors d’un amical contre Chauny. Pendant le match, je ne faisais que de m’embrouiller avec mes coéquipiers. A la mi-temps le coach me dit « Adama qu’est-ce que tu as ? Pourquoi tu es énervé comme ça ? » Et là je lui réponds comme ça « Désolé coach, je n’ai pas fumé mon joint, je suis venu comme ça. » Du coup il m’a dit que la prochaine fois il fallait que je fume (rires).

Texte : Thibault Hannicq / Mail : contact@13heuresfoot.fr
Photos : T. H. et AFC Creil

De la Ligue 1 avec Lorient au National 2 avec Fleury en passant par la L2 et le National, Valentin Lavigne (28 ans) a tout connu. Ses blessures auraient pu le pousser à stopper sa carrière. Mais l’attaquant a continué par « passion du foot ». Entretien riche avec un homme épanoui et un joueur accompli.

Photo FC Fleury 91

Dans le bus qui emmène les joueurs et le staff de Fleury à Belfort (l’entretien a eu lieu vendredi), l’ambiance est joyeuse. Valentin Lavigne nous donne rendez-vous pour un peu plus tard. A ses côtés dans la chambre d’hôtel, le buteur Anthony Petrilli. Le lendemain, Fleury concédait sa première défaite de la saison (3-0) et perdait sa place de leader du groupe de National 2.

International U20, buteur lors de son premier match de L1 avec son club formateur Lorient en août 2014 à Monaco (2-1), le Breton (28 ans aujourd’hui), qui compte 21 matchs de L1 (3 buts) et 47 de L2 (3 buts) avec Lorient, Brest, Laval et le Paris FC, était destiné à une toute autre carrière.

Mais les blessures l’ont ralenti. L’attaquant, qui a ensuite rebondi en National à Concarneau et Saint-Brieuc (78 matchs, 14 buts) se dit pourtant « ni aigri ni revanchard ». « Je suis juste heureux de me réveiller tous les matins pour aller jouer au foot », confie celui qui a choisi cet été de redescendre d’un niveau en signant un contrat de 2 ans à Fleury. Généreux et altruiste sur le terrain, toujours de bonne humeur, c’est le coéquipier presque idéal…

« Ce que fait Concarneau, c’est juste magnifique ! »

Sous le maillot du Stade Lavallois. Photo Philippe Le Brech

Avec neuf buts marqués, vous avez réussi votre plus belle saison sur le plan statistique avec Saint-Brieuc l’an dernier en National. Pourquoi avez-vous signé en National 2 à Fleury ?
Je sais que ce choix a étonné beaucoup de monde. J’avoue que si j’avais eu des propositions en L2, j’y serais allé. Mais ça n’a pas été le cas. J’ai eu des opportunités dans des clubs de National. Mais si c’était pour jouer en National, je serais resté à Saint-Brieuc où j’étais très bien. Mais venir en région parisienne, c’est d’abord un choix de vie. J’avais vraiment passé une bonne année quand j’étais au Paris FC. Fleury m’a contacté très tôt; ça me tentait bien de revenir en région parisienne et de voir autre chose que la Bretagne, même si j’y retournerai. Ma compagne va aussi avoir plus d’opportunités pour son travail de community manager. On n’a pas encore d’enfant. C’était le bon moment pour profiter de la dynamique de Paris. On habite juste à côté, à Châtillon (Hauts-de-Seine). Mais attention, je ne suis pas venu ici juste pour me promener à droite à gauche. Je reste focalisé à fond sur le foot.

Comment s’est passée la transition avec le National et la Bretagne ?
Très bien. On a des longs déplacement en bus pour aller jouer dans l’Est mais sincèrement, je kiffe à fond ! A Saint-Brieuc, les gens étaient au top humainement, mais ça restait quand même parfois compliqué au niveau des structures. A Fleury, on est vraiment mis dans un certain confort. Les installations sont dignes d’un bon club de National ou de L2. Il y a un bon projet ici ! Le président Pascal Bovis est passionné, proche de ses joueurs et cherche à monter en National depuis des années. Je suis persuadé que tout est réuni pour qu’on fasse une bonne saison.

« Je veux retrouver le National avec Fleury »

Sous le maillot du FC Lorient. Photo Philippe Le Brech

Vous avez rejoint une équipe où le noyau dur (Petit, Sert, Gamiette, Enzo Bovis, Sery, Sanches, Petrilli…) est présent depuis plusieurs années…
Il n’y a que des bons mecs dans ce groupe ! Dès mon arrivée, j’ai ressenti une bonne alchimie. Avec Théo Bloudeau qui vient également de Saint-Brieuc, on essaye d’ajouter notre expérience à cette équipe qui se connaît déjà bien. Je pense que le club applique la bonne méthode pour monter. Un noyau dur qui est déjà habitué à jouer ensemble avec 3 ou 4 recrues comme moi. J’ai signé deux ans. Je veux retrouver le National avec Fleury.

Le 22 octobre dernier contre Wasquehal, vous avez-vécu un moment très fort. Racontez-nous…
On était mené 3-0 chez nous à la mi-temps. Anthony (Petrilli) marque le but de l’égalisation à la 87e. Et moi celui du 4-3 à la 96e minute… C’était une émotion incroyable. La célébration, la communion avec les copains et les gens dans le stade, c’était magnifique. C’est pour vivre de tels moments que je joue au foot. C’est certes de la N2 mais j’ai ressenti autant de joie que pour mes buts en L1 ou en National. Le foot, les émotions, ce n’est pas juste qu’une question de niveau. Gagner de cette manière, était déjà inespérée. Et moi, c’était mon premier but avec Fleury. Je joue plutôt relayeur en ce moment, je n’ai jamais été un joueur qui était obnubilé par ses « stats » mais ça fait quand même plaisir de signer mon arrivée à Fleury de cette manière.

« Je ne suis ni frustré, ni aigri ! J’aime le foot ! »

Photo FC Fleury 91

Vous nous racontez tout ça avec beaucoup d’enthousiasme et de passion. Il n’y a quand même pas une pointe de regrets chez vous de vous retrouver aujourd’hui en National 2 à 28 ans ?
Les gens me posent souvent cette question. Il me disent, après ce que tu as connu, la L1, les stades pleins, etc., ce n’est pas trop dur ? Ils sont surpris et parfois bluffé de me voir dans cet état d’esprit, épanoui et heureux. C’est certain qu’à ma place, avec le même parcours que moi, la L1 à 20 ans puis les blessures, beaucoup auraient arrêté le foot. Mais moi, je n’ai jamais été dans le doute. Je ne me suis jamais posé cette question. Que ce soit en L1, L2, National, N2 ou même encore plus bas, je prendrai toujours du plaisir à jouer au foot. J’aime le foot en général. Ce qui me fait vibrer c’est d’être sur un terrain tous les jours, d’aller m’entraîner tous les matins. Je ne suis ni frustré ni aigri même si je joue aujourd’hui à un niveau moins huppé que la L1.

Quand vous repensez à vos débuts en L1 avec Lorient, vous vous dites quoi ?
Que je vivais alors dans un monde parfait. Mais c’était un peu celui des bisounours… Je jouais en L1 dans le club de ma ville où j’avais été formé. J’avais une belle vie, j’étais insouciant et je n’avais pas aucun problème. Mais je ne connaissais que les bons côtés du foot et de la vie. Je ne vais pas dire que ma première blessure a été un mal pour un bien… Mais elle m’a fait grandir. Mon parcours m’a fait grandir. J’ai compris que le foot était un vrai métier. Ça peut paraitre surprenant mais dans ma tête et mes attitudes, je suis beaucoup plus pro aujourd’hui alors que je joue en N2 que quand j’étais en L1. Je ne regrette pas mon parcours. Avant, j’étais un peu trop sage, trop propre sur moi. Je n’avais pas la dalle. Tout ce que j’ai vécu m’a endurci et m’a fait comprendre des choses.

« Loïc Landre ? Il n’a rien compris, c’est malheureux pour lui… »

Sous le maillot du Stade Briochin. Photo Philippe Le Brech

En voulez-vous à Loïc Landre qui a brisé votre ascension quelques mois après vos débuts en L1 en vous blessant gravement au genou gauche sur un tacle ?
Je ne lui en veux même pas.. Si un peu quand même. Il avait pris huit matchs de suspension. Mais il a récidivé ensuite… Il a blessé d’autres joueurs comme Youssef Atal (Nice). Ca montre que lui, n’a rien compris, qu’il n’a tiré aucune leçon après m’avoir fait ce tacle. C’est malheureux pour lui.

Vous avez connu le monde pro et maintenant les amateurs. Où avez-trouvé le plus de franchise ?
Chez les pros, j’ai vécu des injustices. Il y a forcément plus de franchise dans les rapports humains chez les amateurs. On se dit peut-être plus facilement les choses. Moi j’ai aussi mon caractère. Je suis plutôt entier, pas lisse. Je n’ai jamais joué un rôle pour plaire aux autres ou à un entraîneur. Si je suis autant épanoui aujourd’hui, c’est que l’état d’esprit qui règne dans un club amateur me correspond peut-être davantage.

« J’ai toujours raisonné en termes de collectif »

Sous le maillot de l’US Concarneau. Photo Philippe Le Brech

Vous donnez l’impression de toujours vous fondre dans les groupes où vous êtes passé ?
C’est mon éducation qui m’a donné ce goût d’aller vers les autres, de partager. Sur un terrain, cela ne m’a jamais déranger de courir et de me dépenser pour faire briller le copain.

J’ai toujours raisonné en termes de collectif. Le foot, c’est aussi de l’humain, des rencontres, des découvertes, des voyages. C’est tous ses côtés que j’apprécie aussi. Partout où je suis passé, j’ai noué de belles relations et j’ai essayé de laisser une belle image de moi.

Un petit mot sur un de vos anciens clubs, Concarneau qui est en tête du National…
Chaque vendredi, je regarde les matchs de Concarneau et Saint-Brieuc sur FFF TV. Ce que fait Concarneau, c’est juste magnifique. Je prends un plaisir énorme à les regarder jouer.

Il faut saluer le travail du coach Stéphane Le Mignan. Il a réussi à concerner tout son groupe, même ceux qui jouent moins. Quand un coach arrive à créer une telle alchimie, il a tout gagné.

Valentin Lavigne, du tac au tac

« J’ai toujours apprécié faire la Madjer ! »

Première fois dans un stade ?
Évidemment le Moustoir ! J’ai commencé à 6 ans le foot au FC Lorient et j’y ai connu mes premiers match ! Même si j’allais souvent à Chaban-Delmas voir les Girondins car j’avais de la famille en Gironde.

Avec le Stade Briochin la saison passée en National. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir de joueur ?
Forcément mes buts en Ligue 1 qui étaient des moments magnifiques. Mais je dirais que mes meilleurs souvenirs restent liés au centre de formation à Lorient. On avait une vraie bande de potes, c’était incroyable !

Pire souvenir de joueur ?
Sans hésiter ma blessure contre Lens le 22 novembre 2014 après un bon début de saison à Lorient en ligue 1. Je me blesse devant ma famille, c’était un moment compliqué.

Une manie, une superstition ?
Plus jeune j’adorais prendre un bain chaud l’après midi avant les matchs. C’est le truc à ne pas faire (éclats de rires)… Mais bon, j’ai arrêté depuis.

Le geste technique préféré ?
La Madjer ! J’ai toujours apprécié faire ce geste , que ce soit pour marquer ou dans le jeu.

Avec l’US Concarneau en National en 2019. Photo Philippe Le Brech

Qualités et défauts sur un terrain ?
Je dirais généreux… Courir et me sacrifier pour les autres n’a jamais été un problème. Mais justement, des fois je suis trop généreux et je ne pense pas assez à moi, surtout offensivement. J’ai toujours préféré faire une bonne passe que de marquer un but. Sinon je dirais, un peu nerveux, même si je me suis calmé !

Ton plus beau but ?
Je ne pense pas que ce soit le plus beau. Mais c’était évidemment le plus important , celui contre Monaco, le 10 août 2014 lors de la première journée de Ligue 1 sur Canal + a 21h. Je rentre à la 81e minute, ce sont mes débuts en L1 et je marque à la 87e minute. On gagne 2-1 là-bas.

Le joueur le plus fort que tu as affronté ?
Au vu de ce qu’il fait maintenant : Mbappé. Mais à l’époque il était à Monaco et ne jouait pas trop. Donc je dirais Pogba. En équipe de France U20, on avait joué contre les espoirs et on avait pris une jolie fessée.

Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
Je vais avoir du mal à en nommer d’un seul .. Je dirais Seko Fofana et Mario Lemina. En jeunes, ils étaient déjà très forts et en pro, Raphaël Guerreiro, toujours simple mais très efficace.

Photo FC Fleury 91

L’entraîneur ou les entraîneurs qui t’ont marqué ?
Beaucoup d’entraîneurs m’ont marqué , sachant que je fonctionne pas mal à l’affect ! A Lorient, j’ai eu de très bons formateurs comme Pierrick Le Bert , et j’ai eu la chance d’avoir Julien Stéphan et Franck Haise aussi ! Dans le monde pro, ce serait Christian Gourcuff et Sylvain Ripoll. J’ai été éduqué à bien jouer au foot et c’était un vrai plaisir !

L’entraîneur que tu ne voudrais pas retrouver ?
Ah ah bonne question ! Je ne fais pas trop de langue de bois , donc je dirais Denis Zanko connu à Laval et Fabien Mercadal au Paris FC (désolé je sais que vous l’appréciez à 13heuresFoot !). J’étais prêté par Lorient au Paris FC et j’ai bien senti que je n’étais que de passage … Ça n’a pas collé.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Laval. Je revenais de 8 mois de blessure. J’étais hors de forme et je n’étais prêté que 5 mois … Quand j’y repense, c’était impossible que ca fonctionne. J’aurais dû rester à Lorient et retrouver du rythme petit à petit.

Sous le maillot du FC Lorient. Photo Philippe Le Brech

Le club, l’équipe où tu as pris le plus de plaisir ?
Lorient ! Depuis que j’ai 6 ans jusqu’à 24 ans, j’ai évolué sous les couleurs des Merlus. Je connais le club, la ville, les éducateurs par cœur ! C’était magnifique. J’ai pris aussi énormément de plaisir à Saint-Brieuc, avec les moyens qu’on avait, on a fait de très bonnes choses ! Les gens sont très gentils, c’est un club saint !

Ton club ou tes équipes préférées ?
Je n’ai jamais été supporter d’une équipe spécialement, mais j’aime bien suivre les clubs parmi lesquels je suis passé.

Ton joueur ou tes joueurs préférés ? Un modèle ?
J’aimais beaucoup Eden Hazard quand il était à Chelsea. Sinon Kevin de Bruyne, je suis fan !

Un stade mythique ?
J’ai joué au Vélodrome et c’est vrai que c’est impressionnant !

Sous le maillot du Stade Brestois. Photo Philippe Le Brech

Bretagne ou Région Parisienne ?
Je suis obligé de dire la Bretagne, j’y ai toute ma famille et je pense que j’y retournerai plus tard !

Mais j’ai toujours aimé la vie parisienne. C’était déjà un kiff quand j’étais au Paris FC et je profite encore plus aujourd’hui à Fleury

Le milieu du foot, en deux mots ?
Il faut le vivre de l’intérieur pour le comprendre.

Combien d’amis dans le milieu du foot ?
Énormément, je me suis toujours bien intégré dans tous les clubs où je suis passé.

Activités pratiquées en dehors du foot ?
J’adore le sport en général, donc j’en pratique énormément, mais en ce moment je dois avouer qu’on joue énormément au ping pong avec Antoine Petit notre gardien, au grand désarroi de notre prépa physique à Fleury !

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech et FC Fleury 91

Le coordinateur sportif de La Berrichonne, son club de cœur, revient sur ses passages à Saint-Etienne et à Orléans, où il a occupé les postes de scout et de directeur sportif. Deux expériences dont il se sert aujourd’hui au sein du groupe United World, propriétaire de La Berrichonne depuis mars 2021. Rencontre avec un garçon multi-fonctions.

Photo La Berrichonne de Châteauroux

Dans une autre vie, Julien Cordonnier aurait pu être « instagrameur » ! Tous ceux qui sont abonnés à son compte, les « followers » comme nous, ont suivi ses nombreuses tribulations grâce au réseau social quand, pendant ses récentes années de scouting à l’AS Saint-Etienne, on l’a vu multiplier les « stories » au volant, en avion, en train, dans un stade, puis dans un autre stade, souvent à l’étranger.

C’est juste que le natif de Chartres (Eure-et-Loir) a « kiffé sa life » au sein de la cellule de recrutement du club stéphanois, pendant trois ans et demi, après son expérience à l’US Orléans et avant son retour, en 2021, à La Berrichonne de Châteauroux, le club de son coeur, là où il a disputé son premier match en pro, voilà un peu plus de 20 ans.

A 42 ans, l’ancien joueur de La Berrichonne donc, et aussi de Beauvais (D2), Neuchâtel Xamax (D1 suisse), Clermont (National et Ligue 2), Châteauroux encore (D2) et enfin Orléans (National) est de retour chez lui et « kiffe » toujours sa « life », dans un rôle différent.

Fini les stories ! Fini les nombreux et incessants déplacements dans les stades des pays voisins ou dans l’Hexagone, à tenter de dénicher la perle rare ou à suivre l’évolution d’un joueur ciblé, une « target » comme on dit dans le jargon.

Aujourd’hui, « Cordo » comme certains l’appellent, occupe le poste de coordinateur sportif. Un rôle finalement très proche de celui qu’il a occupé dans le Loiret pendant quatre ans et demi (déc. 2012 – 2017), lorsqu’il a mis fin à sa carrière de joueur, après une blessure au tendon d’Achille, en novembre 2012.

Quelques heures avant la venue du FC Versailles au stade Gaston-Petit, vendredi dernier (défaite 1 à 0), Julien est revenu sur ses débuts et sa carrière de joueur, son après-carrière et sur les différents postes qu’il a déjà occupés dans le football.

« Châteauroux, c’est spécial pour moi ! »

A ses débuts, sous le maillot de La Berrichonne. Photo Philippe Le Brech.

Julien, peux-tu, brièvement, retracer ton parcours de joueur ?
J’ai commencé le foot à Bailleau-le-Pin, tout près de Chartres, puis j’ai intégré le club de ma ville, Chartres, en U15, où je suis resté un an avant de partir à Saint-Jean-de-la-Ruelle en banlieue d’Orléans en 17 ans Nationaux.

Ensuite, j’ai eu l’opportunité d’aller à Cannes mais j’ai choisi La Berrichonne, qui m’avait suivi pendant ma saison à Saint-Jean-de-la-Ruelle, durant laquelle j’avais déjà intégré le sport-études de Châteauroux.

Je suis arrivé au club juste avant l’accession et la saison en Division 1 de la Berrichonne, qui a été fabuleuse même si le club est redescendu immédiatement.

A mes débuts, j’étais milieu de terrain mais au fil du temps, et comme je n’étais pas non plus rapide, je me suis installé à un poste de défenseur central qui correspondait mieux à mes qualités.

« Les projets sportifs sont toujours collectifs »

A la fin de ta carrière de joueur, tu as directement basculé sur un poste de directeur sportif à Orléans : était-ce prévu ? Avais-tu envisagé de rester dans le foot ?
Oui. J’ai toujours été intéressé par les différentes facettes d’un club, particulièrement le recrutement et l’organisation d’un projet sportif. J’avais ce désir d’intégrer un club sur un poste comme celui-là. A Orléans, je me suis blessé et après avoir échangé avec les deux présidents, Philippe Boutron et Claude Fousse, on a trouvé un accord pour résilier mon contrat et embrayer sur un poste de directeur sportif. Au départ, je voulais faire la formation à Limoges mais comme à Orléans, en termes de ressources humaines, le club était limité, et qu’il y avait un gros travail de restructuration à faire, j’ai commencé tout de suite, comme ça. J’ai appris sur le terrain. J’ai d’abord eu six mois, de décembre 2012 jusqu’en fin de saison 2013, pour observer le fonctionnement du club. Ensuite, j’ai véritablement basculé sur le poste.

Quelles étaient les missions exactes ?
Elles étaient très larges, ça allait de l’équipe première jusqu’à la restructuration des jeunes, la post-formation, la pré-formation, la partie recrutement, les négociations, les relations avec les staffs techniques; ça a été très formateur.

Les objectifs ont-ils été atteint ?
Oui. L’équipe première est monté en Ligue 2 en 2014 avant de redescendre puis de remonter immédiatement en 2016; ça a été une vraie réussite professionnelle individuelle et collective car je pars toujours du principe que les projets sont toujours collectifs. Après, on avait d’autres objectifs au niveau de l’équipe réserve, des jeunes et aussi du secteur féminin, que l’on souhaitait développer. Au bout de mes quatre ans à la direction sportive, en 2017, la réserve était montée en National 3, les équipes de jeunes U17 et U19 avaient retrouvé le niveau national et les filles venaient d’accéder en Division 2, donc les choses ont été bien faites. Mais comme cela arrive parfois, il y a eu des divergences, et quelques incompréhensions, donc on a préféré stopper la collaboration plutôt que de détériorer les relations qui étaient très bonnes avec mes dirigeants.

« Découvrir un joueur, c’est fascinant ! »

Sous le maillot de l’US Orléans. Photo Philippe Le Brech.

Depuis, Orléans est retombé en National : est-ce que cela ne te fait pas mal et quelle est la véritable place du club ?
Je respecte toujours les clubs où je suis passé. Avec Orléans, on était sur une voie ascendante, on voulait aussi faire de la vente de joueurs, afin de constituer des fonds propres. Alors bien sûr, aujourd’hui, voir le club en National, voir le centre de formation fermé, ça me fait quelque chose. Mais c’est la vie d’un club de connaître des difficultés.

Pour moi, clairement, Orléans à la possibilité d’être un club « moyen » de Ligue 2, qui doit jouer entre la 10e et la 12e place, ce qui avait été fait quand on a intronisé Didier Ollé-Nicolle au poste d’entraîneur, lequel avait permis au club de s’installer en Ligue 2, malheureusement, les relations entre sa direction et lui se sont dégradées.

J’avais travaillé avec Oliver Frapolli puis ensuite on a fait le choix de partir avec Didier Ollé-Nicolle, que j’avais eu comme coach pendant deux ans à Clermont, mais je suis parti d’Orléans quand il est arrivé. Donc on n’a pas travaillé ensemble.

Après Orléans, tu as donc travaillé pour Saint-Etienne…
J’ai été sollicité par David Wantier, le responsable du recrutement, et Dominique Rocheteau, le directeur sportif, pour intégrer la cellule recrutement en tant que scout. Je connaissais déjà David, qui avait été agent, et avec lequel on avait été amené à « bosser » sur des joueurs, comme Loïc Puyo par exemple. Ce poste à Saint-Etienne, c’est vraiment quelque chose qui m’intéressait, et c’est pour ça que j’ai beaucoup bougé et vu de nombreux stades, ça fait partie du job. Bon évidemment, aujourd’hui, à la Berrichonne, je suis beaucoup plus présent sur place. C’est différent.

« Le foot, c’est la passion »

Photo La Berrichonne de Châteauroux

On ne se trompe pas si on dit que ce poste de « scout », c’est vraiment quelque chose que tu adorais ?
J’adore ça, oui ! J’adore dénicher des joueurs ! C’est une facette du métier que j’ai découvert à « Sainté », où j’allais voir des matchs, où j’ai découvert beaucoup de pays (Portugal, Grèce, Suisse, Serbie, Danemark, etc.), où j’ai « scouté » de nombreux championnats, vu des football et des profils de joueurs différents, ce fut très enrichissant. Je pars du principe que le foot, c’est la passion. Mais ce poste était aussi fatigant, la voiture, les avions, le train… Et puis y’a pas que les matchs ! Les gens pensent qu’on va juste dans des stades mais derrière, il y a un gros travail à faire, avec des rapports à rédiger, du suivi. Cette facette du football me fascine !

Combien de matchs allais-tu voir par semaine ?
En live, je voyais entre 4 et 5 matchs par semaine, sans compter la partie vidéo, ce qui faisait 230 à 240 matchs en « live » par saison. Après, à Saint-Etienne, on avait une méthode de travail avec deux parties : d’abord, les six premiers mois, on voyait le maximum de matchs qu’on dégrossissait, et ensuite, en deuxième partie de saison, c’était plus spécifique, on travaillait sur le visionnage des « target » (joueurs ciblés), des profils susceptibles de nous intéresser, et là, le suivi devenait plus approfondi. Y’a un côté fascinant de découvrir un joueur, de pouvoir en identifier un capable de s’intégrer dans le club où vous travaillez, mais c’est un travail de fourmi car il faut prendre en considération le contexte et plein de critères différents.

A qui rendais-tu tes rapports ?
J’ai connu trois coachs à Saint-Etienne. Le premier, c’était Jean-Louis Gasset, mais mes rapports, je les communiquais à David Wantier; on avait des réunions fréquentes sur site également. Puis j’ai connu Ghislain Printant, qui n’est pas resté longtemps, dont la méthodologie était un peu la même que celle de Jean-Louis Gasset. Ensuite, cela a a été complètement différent avec l’arrivée de Claude Puel. Avec Claude, c’était en direct. On lui proposait les joueurs et comme il avait le titre de manager général, il était le décisionnaire du sportif et même du financier. Il sent le football. C’est un formateur. Il aime prendre les décisions. C’est un personnage. J’ai appris sur la rigueur et l’exigence avec lui. Quand David Wantier est parti, Claude m’a confié la direction de la cellule recrutement pendant quelque temps, c’est aussi un gage de reconnaissance de mon travail, donc rien que pour ça, j’ai énormément de respect pour lui.

« La Berrichonne est entrée dans une nouvelle ère »

Photo La Berrichonne de Châteauroux.

Pourquoi avoir fait le choix de partir après trois ans et demi à Saint-Etienne ?
J’ai fait le choix de démissionner pour rejoindre le projet du groupe saoudien United World à Châteauroux, qui m’a sollicité via Patrick Trotignon (directeur général) et Michel Denisot (président), pour intégrer la structure. La Berrichonne a toujours eu une place particulière dans mon coeur. En fait, à Saint-Etienne, on avait du mal à investir dans des joueurs, je sentais que le projet battait de l’aile, que ça devenait de plus en plus difficile au niveau du recrutement. Pour moi, le club n’avait plus les moyens de ses ambitions. Du coup, j’ai eu du mal à me faire à cette situation et j’ai préféré démissionner. Il y a eu aussi le projet de Châteauroux qui s’est présenté. Châteauroux, c’est spécial pour moi. Le défi est passionnant. Travailler sur un aspect différent, cela m’intéressait.

Du coup, c’est la troisième fois que tu arrives à La Berrichonne !
Oui, il y a un côté sentimental aussi. Je crois en ce projet. Il y a matière à retrouver la Ligue 2. C’est l’objectif. La saison passée, j’étais directeur du recrutement et aussi scout pour les clubs filiales (Sheffield United en Angleterre et Beerschot Anvers en Belgique) et cette année, en accord avec la direction à Châteauroux et avec les dirigeants du groupe United Word, j ai pris le poste de coordinateur sportif de l’équipe professionnelle.

C’est quoi la différence entre directeur sportif, comme le poste que tu as occupé à Orléans, et coordinateur sportif ?
Il n’y en a pas beaucoup… Les titres, ça veut tout et rien dire. Aujourd’hui, j’ai ce titre-là, mais ça regroupe les missions que j’avais à Orléans. Elles sont les mêmes à ceci près que La Berrichonne, qui est entrée dans une nouvelle ère, appartient à un groupe et que, donc, la façon de travailler est différente.

« Peut-être que, l’an passé, on s’est dit que ça allait glisser tout seul… »

L’objectif, c’est évidemment la montée en Ligue 2…
Ces dernières années, le club était arrivé au maximum de ses possibilités. Le club a très bien travaillé pendant longtemps, en se maintenant en Ligue 2, mais on sentait qu il était « border line » sur les deux ou trois derniers exercice en L2, et malheureusement il est descendu en National il y a un an et demi, comme ça peut arriver quand on frôle la relégation. L’arrivée des Saoudiens et du groupe United World doit redynamiser l’ensemble du club qui peut s’appuyer sur un actionnaire fort, ce qui a permis de conserver une structure de Ligue 2. Malgré tout, on s’aperçoit qu’il manque des choses pour accrocher la montée. On l’a vu la saison passée. On espère régler ces choses-là pour accéder cette année en Ligue 2 mais y’a 10 équipes qui veulent monter …

Sous le maillot de Clermont Foot. Photo Philippe Le Brech.

La saison passée, justement, le recrutement de La Berrichonne avait suscité de nombreuses réactions en National, un peu comme Versailles cette saison : après-coup, ne te dis-tu pas que c’était un peu « too much » ?
L’an passé, on disait qu’on était le PSG du National. Donc forcément, y’a eu beaucoup d’attente autour du club, ce qui est légitime, compte tenu du rachat par le groupe United World et de l’arrivée de garçons d’expérience, mais on n’a pas réussi à faire la bascule sur certains matchs importants.

On était attendu chaque week-end, et peut-être que, par moments, parce qu’on était Châteauroux et qu’on avait des bonnes individualités, on s’est dit que ça allait glisser tout seul.

Le National, je l’ai toujours dit, c est le championnat de l’humilité, et peut-être que l’an passé, tous ensemble, on en a manqué.

On a appris des erreurs de l’an passé, où on avait un groupe trop élargi; cette saison, on l’a réduit à 23 joueurs et trois gardiens de but. On a aussi intégrer quelques jeunes. On est revenu à des proportions normales, à quelque chose de plus structuré et cohérent, qui doit nous permettre d’avoir un groupe où tous les joueurs sont concernés par l’objectif même si, bien sûr, certains joueront plus que d autres, mais ça, c’est la vie du footballeur.

A Orléans, tu as connu deux accessions de National en Ligue 2, donc tu sais les ingrédients qu’il faut mettre…

Ce qui a fait notre force à Orléans, c’est la cohésion de groupe. Bien sûr qu’il y avait des bons joueurs aussi mais on dégageait une vraie force collective, avec des joueurs « plus » comme Pépé, Aholou, Gomis, N’Goma et d’autres. Et les garçons se sont accaparés le projet. On sentait une force, même quand on était moins bien, et je pense que c’est la clé de la réussite d’une saison, à tous les niveaux. Si tu as des bonnes individualités mais que tu n’arrives pas à créer un vrai collectif, une vraie équipe, alors tu vas faire un bon championnat, OK, mais tu n’auras pas les résultats escomptés. Pour réussir un tel projet, il faut aussi que toutes les planètes soient alignées et je ne parle pas que de l’équipe, je parle au niveau du club dans son ensemble.

Julien Cordonnier, du tac au tac

Photo Philippe Le Brech.

Ton meilleur souvenir sportif ?
Mes deux saisons à Clermont Foot, en National et en Ligue 2. On avait une équipe qui, sur le plan humain, était très soudée, d’ailleurs, on s’appelle régulièrement avec les anciens de cette époque.

Pire souvenir sportif ?
La descente en D2 avec Neuchâtel Xamax lors de ma deuxième saison là-bas, c’était contre Sion.

Un geste technique ?
Le jeu long. J’estime que c’est un geste qui, aujourd’hui, disparaît de plus en en plus alors que c’est un moyen de déstabiliser une équipe.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Comme je te l’ai dit, je n’étais pas un joueur qui allait vite, je manquais de vitesse, mais j’étais dans l’anticipation, j’avais une bonne relance et, entre guillemets, une intelligence de jeu. J’étais surtout un gros compétiteur et parfois capable de péter les plombs.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Il n’y en a pas eu, non.

Le club où tu as failli signer ?
Quand j’étais à Beauvais, en D2, j’avais fait une grosse saison, et j’avais été sollicité par Lille, qui était entraîné par Claude Puel.

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
J’ai toujours eu des rêves mesurés mais si je devais en citer un, je dirais Saint-Etienne, mais je n’ai pas pu y jouer !

Ton premier match en pro ?
Contre Le Mans avec Châteauroux, en D2 (le 12 août 2000, ndlr).

Le stade qui t’as le plus impressionné ?
Geoffroy-Guichard (Saint-Etienne) et Bollaert (Lens), pour leur ferveur.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Olivier Giroud quand il était à Tours, et aussi Sebastian Ribas, quand il était à Dijon. Ils étaient vraiment au-dessus et avaient une énorme confiance en eux.

Le coéquipier avec lequel tu as pris le plus de plaisir à jouer ?
J’ai adoré jouer avec Benjamin Nivet, il puait le foot, et aussi Florent Malouda. Mais j’ai vraiment apprécié jouer aux côtés de Kevin Constant, qui avait un talent fou. J’ai joué avec lui à Châteauroux, avant qu’il ne parte au Milan AC. Il ne se rendait pas compte du talent qu’il avait. On a eu des accrochages parfois mais quel talent !

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Miroslav Blazevic, qui a été mon coach en Suisse.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Aucun même si avec Thierry Froger, au début de ma carrière, ça a été très compliqué, et avec le temps, tu prends du recul, tu analyses les choses, on a rediscuté, on a eu des échanges, donc même s’il m’a fait la misère, je ne suis pas rancunier, je n’ai aucune animosité envers lui.

Un président marquant ?
Claude Michy à Clermont. Il a fait de son club une très belle machine. C’était difficile de négocier les salaires et les primes avec lui. Si Clermont tient une place importante aujourd’hui dans le foot, il y est pour beaucoup.

Un président avec qui ça n’a pas matché ?
Sylvio Bernasconi, le président de Neuchâtel, la deuxième année, je n’avais pas du tout accroché, contrairement à Alain Pedretti, que j’avais eu la première année, un mec exceptionnel.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
J’en ai pas mal, Savidan, Pépé, et d’autres…

Une devise ?
Pas une devise, plutôt un principe : je pense qu’il ne faut jamais rien regretter donc pour ça, il faut s’imposer un volume de travail très important.

Une idole de jeunesse ?
Le joueur que j’ai adoré, c’est Paolo Maldini : il regroupait toutes les qualités du défenseur central et il avait la classe. Parfois, en rigolant, je disais, « à défaut d’être bon sur le terrain, il faut être beau », alors je faisais attention à mon look sur le terrain (rires) !

Tu mettais déjà du gel sur les cheveux à l’époque ?
Et oui, c’est ma marque de fabrique ! Mon épouse ne m’a jamais vu sans gel !

Le milieu du foot, en deux mots ?
Un monde particulier, où il faut faire un peu de politique, être un peu faux-cul.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech et La Berrichonne de Châteauroux

Photo de couverture : La Berrichonne de Châteauroux

Vous avez loupé un épisode de la série « 13heuresfoot » cette semaine ? Voici la séance de rattrapage !

  • Samedi 5 novembre 2022

Guillaume Norbert, le chef de chantiers
https://13heuresfoot.fr/actualites/guillaume-norbert-le-chef-de-chantiers/
L’ancien joueur pro de Nantes, Angers et Lorient, a rejoint son père-président au Racing-club de France en 2019, qu’il a fait grimper de N3 en N2. Chef d’entreprise à la vie dans le secteur du bâtiment, il revient sur ses nombreuses expériences et explique comment il gère sa double-casquette.

  • Vendredi 4 novembre 2022

Romain Hamouma : « Mon passage en amateur a été une véritable bouffée d’oxygène »
https://13heuresfoot.fr/actualites/romain-hamouma-mon-passage-en-amateur-a-ete-une-veritable-bouffee-doxygene/
Avant de devenir un excellent joueur de Ligue 1 à Caen et à Saint-Etienne, et depuis cette saison à Ajaccio, l’attaquant non conservé au centre de formation de Sochaux a connu le « monde amateur » à Besançon en CFA, où il s’est révélé à l’âge de 21 ans et où il s’est construit. Itinéraire d’un garçon qui n’a jamais lâché.

  • Jeudi 3 novembre 2022

Joël Lopez : « Il y a toujours eu un potentiel football à Pau »
https://13heuresfoot.fr/actualites/joel-lopez-il-y-a-toujours-eu-un-potentiel-football-a-pau/
Le vice-président du Pau FC (Ligue 2), habituellement discret dans les médias, a accepté de balayer l’actualité de son club. Derrière un discours réaliste, mesuré, réfléchi et lucide se cache une envie de performance et de progression. Paroles d’un sage qui aime la compétition.

  • Mercredi 2 novembre 2022

Mustapha Sangaré (FC Borgo) : le parcours d’un combattant
https://13heuresfoot.fr/actualites/mustapha-sangare-fc-borgo-le-parcours-dun-combattant/
Prêté par Amiens (L2) au FC Borgo (National) début octobre, Mustapha Sangaré, 23 ans présente un parcours plutôt singulier.
Après avoir débuté le foot en club à 16 ans et évolué en District, il avait signé son premier contrat pro à Amiens en novembre 2020 alors qu’il était éducateur sportif tout en évoluant au Racing (N3). Quelques semaines après son premier match de L2, il a été stoppé de longs mois par des soucis au dos, causés par une bactérie.

  • Mardi 1er novembre 2022

Coupe de France / Heillecourt (Reg. 2) … mais pas trop vite non plus !
https://13heuresfoot.fr/actualites/regional-2-heillecourt-mais-pas-trop-vite-non-plus/
L’équipe de la banlieue nancéienne, chantre de la stabilité, a dit adieu à la coupe de France ce week-end, éliminé par Epinal au 7e tour, et va pouvoir se concentrer sur son objectif : l’accession en R1.

  • Lundi 31 octobre 2022

National 3 : Aigues-Mortes, uni dans l’effort !
https://13heuresfoot.fr/actualites/national-3-aigues-mortes-uni-dans-leffort/
A la pointe du Gard, la petite bourgade de 9 000 habitants est réputée pour ses remparts, ses salins, ses courses camarguaises et, depuis peu, pour son équipe de football de National 3 où esprit familial, fidélité et stabilité sont les maîtres mots.

  • Samedi 29 octobre 2022

Vire (N3) : Christophe Lécuyer, le président journaliste !
https://13heuresfoot.fr/actualites/vire-n3-christophe-lecuyer-le-president-journaliste/
Depuis 2014, Christophe Lécuyer (42 ans) préside à la destinée de l’AF Virois, qu’il a fait monter de Régional 2 jusqu’au sommet de la N3 normande. En parallèle, il est le correspondant de RMC pour l’Ouest de la France.

L’ancien joueur pro de Nantes, Angers et Lorient, a rejoint son père-président au Racing-club de France en 2019, qu’il a fait grimper de N3 en N2. Chef d’entreprise à la vie dans le secteur du bâtiment, il revient sur ses nombreuses expériences et explique comment il gère sa double-casquette.

A 42 ans, Guillaume Norbert a déjà vécu plusieurs carrières. Aujourd’hui, l’homme, passé par Champigny, PSG, Créteil et Arsenal chez les jeunes, et aussi Angers, Lorient, Nantes ou encore Créteil et Le Havre chez les pros, a remisé les crampons. Et porte une double-casquette : celle de chef d’entreprise dans le BTP (bâtiment et travaux publics) et de coach à succès, au Racing, en National 2 (le club est monté cette année et a repris sa place de leader samedi en battant Rennes B 5-1). Bienvenue dans la vie de Guillaume Norbert, vécue à 10 000 à l’heure !

Photo AlternisPic

Ah ça, il aurait presque un prénom et un nom à jouer dans OSS 117, Guillaume Norbert. Aux côtés des Noël Flantier, Armand Lesignac ou autres Raymond Pelletier, le patron du Racing ne dépareillerait pas.

Dans la réalité, bien loin du cadre de la fiction, le quotidien de l’ancien milieu de terrain de Nantes ou d’Angers n’en est d’ailleurs pas moins rempli et déroutant que la vie d’un espion français du siècle dernier.

Coach le matin, patron d’entreprise le soir, l’agent spécial Norbert n’a pas le temps de s’embêter. A la tête d’une boîte de dix personnes dans le BTP jusqu’à parfois tard le soir, dirigeant ses troupes de Colombes pendant les entraînements le matin et le week-end, le natif de Châtenay-Malabry, dans les Hauts-de-Seine, n’est pourtant pas du genre à se plaindre.
Au téléphone, sur les coups de 20 heures, l’ancien milieu de terrain nous demande d’ailleurs s’il peut rappeler quelques minutes après, le temps de prévenir sa femme qu’il rentrera plus tard. Une question à son l’image de l’être humain qu’il est, disponible pour évoquer sa carrière pendant trois quarts d’heure au bout d’une journée à rallonge.

« Je suis un entraîneur qui réfléchit beaucoup »

Photo : Rayane Jandau

Guillaume, le foot pour vous, on a l’impression que c’est d’abord très lié à l’Île-de-France et à votre papa…
C’est là où j’ai grandi, où j’ai appris à jouer au foot. Mon premier entraîneur, c’était mon père, avec qui d’ailleurs on a fait un beau parcours en Coupe de France en poussins, avec Champigny-sur-Marne, l’ancêtre du Red Star, le RSCC ! On avait passé plusieurs tours départementaux, le tour régional, et on avait représenté la région au tournoi national, avec les huit meilleures équipes de France. Avec notre petit club de Champigny et mon père à la tête, et mon adjoint d’aujourd’hui au Racing, Serge, qui faisait partie de l’équipe, on avait joué en lever de rideau de la finale de la Coupe, Marseille-Monaco, au Parc des Princes. On est un enfant, à dix ans, jouer là-bas, c’est inoubliable. Et c’est d’ailleurs comme ça que ça a un peu commencé pour moi.

Vous êtes repéré à ce moment-là par le PSG… Une autre étape parisienne avant le Racing aujourd’hui ! L’identification à l’Île-de-France, c’est un des fils rouges de votre carrière, avec votre père ?
Le PSG est en tribunes, et me repère. Ils m’ont suivi pendant un an à Champigny, et m’ont fait venir à 13 ans, et je suis resté quatre ans au PSG. Je suis attaché à ma région, c’est là où j’ai grandi, où j’ai vécu mes premières sensations. Après ma carrière, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur, sans chercher à revenir dans la région en revanche. Je suis parti en Suisse entraîner avec Marco Simone à Lausanne, en cours de saison. L’équipe était dernière décrochée, à 10 points de l’équipe devant. On a fait plutôt du bon travail, on a recollé, mais sans réussir à maintenir le club. Marco voulait nous prolonger, le staff, mais ne l’a pas obtenu. A ce moment-là, j’étais dans une situation personnelle où j’étais séparé de mon ex-femme depuis 2 ans, et je me suis dit que j’allais me stabiliser pour mon fils, sans qu’il ne soit délocalisé tous les six mois. Je suis revenu en région parisienne, en travaillant dans ma société dans le bâtiment. D’ailleurs, là je suis toujours au bureau ! Ensuite le projet du Racing s’est présenté avec mon père, et le foot m’a rattrapé.

Vous avez la particularité d’avoir coupé du foot et du métier de coach pendant cinq ans, et d’avoir aujourd’hui cette double-casquette de chef d’entreprise et entraîneur ! Ca fait des grosses journées !
C’est sûr que ça fait des journées bien remplies (rires) ! Après, c’est une histoire d’amitié. J’ai un ami qui est dans le bâtiment depuis longtemps, et en faisant construire au Havre, pour les finitions, il m’avait aidé. En blaguant, on s’était dit que quand j’arrêterai on monterait peut-être une société ensemble. Finalement, on l’a fait ! Au début, c’était juste lui et moi, et puis la société s’est développée.

« Je suis heureux de pouvoir vivre ça avec mon père »

Comment menez-vous vos deux métiers de front, coach le matin, patron le soir ?
Je le vis très bien, car ce sont avant tout des aventures humaines. La société, comme je l’ai dit, c’est avec un ami, on a monté ça, on est parti de rien, on s’est fait une place là où on se trouve, c’est une belle histoire. Et le football, je vis ça avec mon père, il m’a donné sa passion du football, a été mon premier entraîneur, il m’a formé jusqu’à mes 11 ans à Champigny, c’est le moment où on se fait son bagage technique, même si d’autres choses se développent ensuite. Et aujourd’hui on se retrouve dans cette aventure au Racing. Je suis heureux de pouvoir vivre ça avec lui.

En plus, pas à un petit niveau, en N3 puis en N2 cette saison : est-ce que bosser tous les jours avec son paternel se passe bien ? Il paraît qu’il est très impliqué !
Chacun connaît son rôle, et ça se passe très bien ! C’est le président, je suis l’entraîneur. Forcément on échange, car il a une très bonne connaissance du jeu. A la fin, j’ai des choix à faire et il les a toujours respectés. Les choses se passent très bien. On a aussi la chance d’avoir des résultats, même si le Covid a stoppé des saisons depuis mon arrivée en 2019, donc ça aide ! C’est une belle aventure humaine. Et pas seulement avec lui, avec Serge (Gnonsoro) également, mon adjoint, un ami d’enfance, le staff et les joueurs, qui représentent un groupe qu’on a créé y’a deux ans. Cette saison, à 90% en National 2, c’est le même groupe que l’an passé en National 3. On a créé un lien avec eux, ils ont créé un lien entre eux, on sent une vraie cohésion. On est invaincus, avec six victoires et deux nuls.

« Retrouver le monde professionnel »

Le Racing, c’est un club historique, aux racines franciliennes. C’est drôle que vous reveniez coacher une telle entité après une telle pause. Quel est votre regard sur le RCF ?
C’est un club magnifique, avec une histoire, qui a gagné plusieurs Coupes de France, qui a été au plus haut niveau en France. C’est un club qui n’est pas à sa place aujourd’hui. Les installations étaient un peu vétustes, elles vont être mises à niveau, tout est réuni pour ramener le club là où il devrait être. Un club comme le Racing, dans une région comme la région parisienne, plus gros pourvoyeur de joueurs professionnels, juste derrière la région de Sao Polo au Brésil – j’avais lu une étude sur ça -, ça montre l’importance. Tout est réuni. Quand on parle aux gens, on sent une nostalgie, une attente de retrouver le monde professionnel. C’est notre objectif. Même si on sait que c’est ambitieux, que ce sera difficile, il faudra du temps. En tout cas on a envie de mettre toute notre énergie dans ce projet.

C’est le projet qui vous a convaincu ?
Mon père a repris le club et m’a demandé si je pouvais lui filer un coup de main comme manager général. J’étais parti de chez moi à 16 ans, j’étais à un moment de ma vie où j’avais décroché du foot, avec une stabilité, mes week-ends, mon entreprise, et je lui ai dit « ok, mais je ne serai pas là tous les week-ends ». Et puis bon, de fil en aiguille, les choses se sont faites. Un coach est parti, un autre est arrivé, je lui ai filé un coup de main en tant qu’adjoint, puis quand il n’a pas été confirmé, je me suis dit, allez, on va tenter l’aventure. Dans ma position, je passais autant de temps qu’un entraîneur, j’avais déjà coaché, j’avais les diplômes, donc autant le faire à fond.

Ca fait suite à une « première » expérience d’entraîneur chez les jeunes à Honfleur et avec Marco Simone donc !
C’était avec mon fils, vraiment chez les débutants quoi. Mais j’ai adoré, et puis je l’ai aussi entraîné au Plessis-Robinson. Ce que j’avais vécu avec mon père, j’ai eu envie de le transmettre à mon fils. Marco (Simone), c’est quelqu’un avec qui je m’entends très bien, on a passé nos diplômes ensemble. C’est un très bon entraîneur, mais il est arrivé à chaque fois en cours de saison, sans pouvoir faire son recrutement, préparer son équipe, sauf sa dernière saison à Châteauroux. Si on regarde son parcours, à chaque fois c’était difficile de mettre les choses en place.

« Arsène Wenger, un très grand entraîneur, humble bienveillant »

Vous êtes aujourd’hui entraîneur principal du Racing, après une formation avec un autre coach connu, Arsène Wenger, à Arsenal, où vous êtes parti à 16 ans tout seul. C’était comment ?
C’était une expérience de vie. J’ai signé mon premier contrat pro là-bas. Les deux premières années, j’étais stagiaire en fait. Le principe est différent de la France, je ne sais pas comment ça se passe aujourd’hui entre la France mais en Angleterre, à l’époque, tous les jeunes joueurs étaient logés à deux dans des familles, il n’y avait pas de centre de formation. Je suis tombé dans une famille anglo-italienne, avec des racines latines, donc ça tombait bien ! C’était une formidable expérience, j’ai appris l’anglais, c’est le moment où on devient un peu homme, du moins ou on croit devenir un homme, avec les premières sorties, tout ça. Puis il y avait le foot, dans un grand club, avec pratiquement que des internationaux, anglais, français, néerlandais, qui font le doublé FA Cup-Premier League. Overmars, Bergkamp, Ray Parlour, Ljungberg… J’avais 16 ans, je découvrais ça, c’était une super expérience. Et puis il y avait ce très grand entraîneur, Arsène Wenger, qui avait déjà gagné beaucoup de choses, très humble, très bienveillant. Après j’ai pris la décision de revenir en France, parce que je pensais que ce serait plus facile de démarrer pleinement ma carrière que dans un des plus grands clubs d’Angleterre.

C’est là que démarre l’autre fil rouge de votre carrière, les clubs de l’Ouest de la France, Lorient, Angers avec votre père qui y est président, puis Nantes et malheureusement les blessures… Comment voyez-vous votre carrière aujourd’hui ?
J’en garde un très bon souvenir, bien sûr. J’ai eu pas mal de blessures, j’en garde de la frustration, car il faut de la continuité, et j’ai eu des coups d’arrêt à chaque fois. Pour en revenir à ces clubs-là, à Lorient j’arrive en Ligue 1, l’année où je signe est particulière, on gagne la Coupe de France, on fait finale de la Coupe de la Ligue, mais on se retrouve relégués en Ligue 2. Et puis je pars en prêt à Créteil, je reviens quand Christian Gourcuff revient. Premier entraînement, je me blesse au genou pour trois mois… En fin de contrat l’été suivant, je pars à Angers où mon père était président depuis un an et demi, il me disait que c’était bien de le rejoindre (rires) ! Vous voyez, on est très famille, donc j’ai rejoint l’aventure. Mon frère jouait aussi, il avait fini meilleur buteur de Ligue 2 à 19 ans avec Angers. Je fais six mois là-bas.

FC Nantes Museum

Et vous partez à Nantes, autre filière du beau jeu, comme Lorient avec Gourcuff père.
Nantes, qui me suivait depuis mon passage à Lorient, fait une offre au SCO au mercato d’hiver. Il y avait un lien avec Lorient, des connexions dans les mouvements. Ils me font signer à un moment où je m’étais encore blessé (entorse au genou), j’étais sur le retour mais ils m’ont quand même pris car il ne me restait que trois semaines de convalescence. Je reprends à Auxerre, à l’extérieur, milieu droit, et le match suivant, à La Beaujoire contre le Lyon de l’époque, je joue latéral droit. On fait 2-2, je suis élu homme du match, avec une passe décisive et en étant impliqué sur le premier but. Et le mardi suivant à l’entraînement, sur un geste anodin, je me blesse au ménisque. Il y a eu des complications, qui m’ont tenu éloigné des terrains pendant plus d’un an. Ce sont des frustrations; à chaque fois il a fallu revenir. J’ai réussi, je reprends comme titulaire contre Marseille, un de mes plus beaux souvenirs, sinon le plus beau. Car quand j’étais arrêté, on m’avait dit que je devrais peut-être arrêter ma carrière. J’ai voulu avoir un second avis et je suis allé à la Pitié Salpêtrière, où on m’a opéré à nouveau. Finalement, ça s’est bien passé, et j’ai pu renouer avec le foot. Je marque le but de la victoire contre l’OM ! Une vraie libération.

« Ce qui ne te tue pas te rend plus fort »

Il y a finalement plusieurs fils rouges dans votre carrière, votre père, les blessures, l’Île-de-France, l’Ouest du pays, les amis… Comme une gigantesque toile entremêlée.
Il y a une phrase un peu bateau, « Ce qui ne tue pas te rend plus fort », mais c’est vrai. J’ai su trouver des forces intérieures pour repartir. J’ai repris, je fais six bons mois avec Nantes, je suis prolongé deux saisons supplémentaires. On descend, et je décide alors d’aller au Havre, avec Jean-Marc Nobilo, qui était l’entraîneur adjoint quand je jouais à Angers. Je pense que partout où je suis passé, j’ai laissé une bonne image, en tant que personne et comme joueur, les gens m’appréciaient en général.

Tout ça vous sert maintenant en tant que coach ?
Encore une fois, dans une vie, toutes ces expériences servent, forgent une personnalité, une sensibilité, une personne. Je suis un entraîneur qui réfléchit beaucoup; pour mettre en place mes séances, j’essaie de me souvenir de ce qui me semblait utile, de ce qui me faisait progresser, de ce que j’aimais faire, j’essaie d’avoir un discours que j’aurais aimé que certains entraîneurs aient avec moi, et que d’autres ont eu avec moi quand j’étais joueur. Je me sers de tout ça quoi.

Quel bilan faites-vous de votre carrière de joueur ? Que pense Guillaume Norbert de sa carrière ?
J’ai pu vivre ce qui était mon rêve d’enfant depuis tout petit, devenir footballeur professionnel, pouvoir vivre de ça. J’ai eu la chance de jouer au plus haut niveau professionnel en France, d’avoir une expérience à l’étranger, de partir à seize ans dans un des plus grands clubs d’Angleterre. J’ai vécu des expériences que peu de personnes ont la chance de connaître. Rien que pour ça je me sens privilégié. Après, voilà, il y a cette petite frustration, je dis petite car ça fait partie des qualités d’un joueur de ne pas se blesser, malheureusement, j’ai eu beaucoup de blessures, mais dans l’ensemble, voilà, j’ai signé mon premier contrat pro à 17-18 ans, j’ai arrêté à 30 ans, donc j’ai fait presque 12 ans en professionnel, c’est quand même… C’est un privilège, et je le ressens comme ça. Je suis très reconnaissant de tout ça.

Guillaume Norbert, du tac au tac – le joueur

Meilleur souvenir sportif ?
Je dirais le but que je marque contre l’OM (victoire 2-1 en 2006) à la Beaujoire. Je mets le but de la victoire. J’ai ressenti ce moment comme une libération car cela faisait suite à une longue blessure où la question s’est même posée de savoir si je n’allais pas devoir arrêter ma carrière.

Pire souvenir sportif ?
Ma blessure au genou qui m’a tenu à l’écart des terrains pendant plus d’un an.
L’équipe dans laquelle vous avez pris le plus plaisir à jouer ?
J’ai pris du plaisir dans chacun de mes clubs mais si je devais ressortir un trio je dirais Lorient, Angers et Nantes.

Le stade où vous avez préféré jouer ?
Pour un enfant qui grandit en région parisienne, jouer au parc des Princes a forcément une saveur particulière. La Beaujoire est également un stade avec une belle ambiance. Le Vélodrome n’est pas mal non plus…

Le coéquipier qui vous a le plus impressionné ?
Jean-Claude Darcheville. Quand je suis arrivé à Lorient, je rentrais d’Angleterre et je ne connaissais pas bien les joueurs du championnat français. La première fois que je l’ai vu, il portait un survêtement assez large et il semblait en surpoids. Dès le premier entraînement j’ai tout de suite constaté que ce n’était pas du tout le cas, c’était juste sa morphologie, il allait à 2000… C’est ce contraste qui m’a marqué.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Imed Mhadhbi. On jouait ensemble à Nantes. On s’est revu en Tunisie après nos carrières puis la vie a fait que l’on s’est perdu de vue. Mais c’est un super mec et ça me ferait plaisir de le revoir.

Un coach marquant ?
Arsène Wenger, pour la sérénité qu’il dégage et sa bienveillance.

Une anecdote de vestiaire que vous ne pouvez presque pas raconter mais que vous allez raconter quand même…
Je vais garder ça pour moi. Il y a des choses qui ne doivent pas sortir des vestiaires !

Guillaume Norbert, du tac au tac – Le coach

Meilleur souvenir sportif ?
Notre montée avec le Racing en National 2.

Pire souvenir sportif ?
La descente avec Lausanne alors que j’étais l’adjoint de Marco Simone.

La musique, une autre passion ! Photo DR

Le match où vous avez pris le plus de plaisir à entraîner ?
La saison dernière contre le PSG en National 3. Tout était parfait ce jour-là, le public était au rendez-vous, les enfants du club étaient venus nombreux et l’équipe a fait un très bon match avec une victoire sur le score de 5-0. Une belle soirée.

Un moment marquant avec un de vos vestiaires ou joueurs ?
Les chants des joueurs après une victoire. C’est un moment où l’on retombe en enfance et qui fait écho aux premières émotions.

Le club que vous rêveriez d’entraîner ?
Le Racing, en Ligue 1 !

Meilleur joueur entraîné ?
Pascal Feindouno.

Votre philosophie de jeu ?
Un jeu basé sur la technique, le mouvement et la générosité.

Vos passions en dehors du foot ?
La musique.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter @MaillardOZD

Photos : Rayane Jandau (photo de couverture)  et AlternisPic

 

Avant de devenir un excellent joueur de Ligue 1 à Caen et à Saint-Etienne, et depuis cette saison à Ajaccio, l’attaquant non conservé au centre de formation de Sochaux a connu le « monde amateur » à Besançon en CFA, où il s’est révélé à l’âge de 21 ans et où il s’est construit. Itinéraire d’un garçon qui n’a jamais lâché.

Photo AC Ajaccio / Facebook

Evoquer Romain Hamouma, c’est évoquer un joueur de football professionnel à plus de 330 matchs de Ligue 1 Uber Eats.

Evoquer Romain Hamouma, c’est évoquer un joueur qui a fait les beaux jours de l’AS Saint-Etienne pendant 10 saisons.

Mais évoquer Romain Hamouma, c’est surtout évoquer un parcours atypique et un passage remarqué dans le monde amateur avant cette très belle carrière. Un parcours sur lequel Romain revient longuement. Un entretien passionnant.

Aujourd’hui à l’AC Ajaccio, Romain Hamouma (35 ans) s’est totalement dépaysé après ses 10 années Stéphanoises. Il en avait besoin après une dernière saison délicate ponctuée par une relégation en ligue 2. La cicatrice n’est pas encore refermée et pour essayer d’oublier, le natif de Montbéliard s’est replongé pleinement dans un nouveau challenge, très délicat aussi, celui du maintien de l’ACA en Ligue 1.
C’est depuis la maison qu’il loue à Ajaccio avec sa famille qu’il a pris le temps de retracer son parcours. Une discussion de plus d’une heure teintée de sincérité.

Si Romain a pris tant de temps à ouvrir la boite à souvenirs c’est parce qu’il sait d’où il vient. Lui le gamin, mordu de foot, fils d’ouvrier, qui a grandi dans un petit village de Haute-Saône (70), n’oublie pas le parcours semé d’embuches qu’il a dû traverser pour arriver là où il est aujourd’hui.

Alors même s’il reste très modeste, sa très belle carrière, il la doit à la sueur de son travail acharné et à son état d’esprit irréprochable car rien ne lui a été donné. Ses racines, il ne les a pas oubliées et cette mentalité aura été le terreau de sa réussite.

Au centre de formation à Sochaux

Sous le maillot du FC Sochaux, en 2005 (en bas à droite). Photo DR

Les premiers pas sont pourtant prometteurs et le début de parcours idyllique avec une entrée au centre de formation de Sochaux à 13 ans, après avoir effectué ses gammes à Lure et un bref passage à l’ASM Belfort.
Malheureusement comme beaucoup de jeunes joueurs qui fréquentent les centres de formation, le contrat tant attendu n’arrive pas. La fin est brutale et c’est un retour à la case départ, dans le monde amateur.

Mais Romain ne lâche pas, il reprend plaisir à jouer au foot et se forge un mental d’acier qui lui aura grandement servi tout au long de sa carrière.

Pendant 4 saisons, il martyrise les défenses de CFA (Actuel National 2) sous les couleurs du Besançon Racing Club. (Aujourd’hui Racing Besançon) avant de découvrir le monde professionnel à 22 ans au Stade Lavallois en Ligue 2.

Il lui faut une seule petite saison pour se faire un nom et être courtisé par de nombreux club de Ligue 1. C’est au Stade Malherbe de Caen, sous les ordres de Franck Dumas, qu’il découvre l’élite.

Après avoir enflammé le stade Michel d’Ornano pendant 2 saisons, Romain Hamouma rejoint Saint-Etienne pour une magnifique décennie durant laquelle il aura connu la coupe d’Europe, une victoire en coupe de la ligue (2013) puis une fin un peu plus chaotique.

Aujourd’hui, sur l’Ile de beauté, il apporte son expérience et sa vista au jeune effectif d’Olivier Pantaloni en espérant éviter un des 4 sièges éjectables en fin de saison.

« Tu ne seras qu’un bon joueur de CFA »

Romain, quand on est jeune et qu’on rêve de devenir footballeur professionnel, cela doit-être une belle fierté d’intégrer un centre de formation, qui plus est celui de la région ?
Oui, c’est une fierté, mais honnêtement, au départ, on ne se rend pas trop compte de ce qui va arriver. Quand j’étais gamin, le but c’était de prendre plaisir en jouant au foot. Et du jour au lendemain, tu quittes tes parents et tu arrives au château de Seloncourt (lieu de résidence du centre de formation du FC Sochaux Montbéliard), où une soixantaine de joueurs de 13 à 18 ans se côtoient. C’est très particulier. Tu rentres dans une machine à laver où tout va très vite, où tous tes entraînements et tes matchs sont scrutés avant le couperet de fin de saison. C’est une sacré leçon de vie.

Cela ne devait donc pas être simple de s’imposer, surtout que tu faisais partie d’une très belle génération de joueurs…
Non, ce n’était pas simple car déjà, tu arrives dans un lieu où tu n’as plus de repère, où il y a une grosse concurrence. Je suis de la génération 1987 et avec moi à Sochaux, j’avais notamment Mevlut Erding et Jérémy Menez. C’était dur d’exister à coté de Jérémy qui avait des qualités bien au dessus de la moyenne.
Ce passage au centre de formation a été d’autant plus dur qu’à l’âge de 15 ans, je me blesse gravement aux ligaments croisés du genou. Je m’en souviens très bien, c’était lors d’un match contre Auxerre et j’ai eu un gros contact avec Youness Kaboul. La blessure, c’est une étape très difficile de la vie et là tu te retrouves seul pour l’affronter, loin de tes parents, loin de ta famille.

Au final, après 5 saisons, le club ne te garde pas. Comment se passe une telle annonce, quelles étaient les raisons ?
Lors de cette dernière saison, au mois de Décembre, je n’ai que des compliments des éducateurs mais plus la saison avançait, plus je me rendais compte que ça sentait pas bon pour moi. En fin de saison, je suis convoqué seul dans le bureau du directeur du centre de formation, Eric Hely, qui me dit : «  Romain l’aventure s’arrête pour toi ». Ses raisons ? Je suis trop irrégulier, Je souffle le chaud et le froid, je joue trop à l’instinct. Là, tu as 17 ans et demi, tu te retrouve seul dans un bureau pour affronter 5 ans de ta vie, c’est dur, très dur car tu n’es pas préparé à l’échec. Pendant 5 ans, tu as consacré ta vie au foot, tu t’es éloigné de tes amis d’enfance, tu n’as pas profité de ton adolescence comme les autres et du jour au lendemain tout s’arrête. Je me revois d’ailleurs très bien sortir du bureau, monter dans ma chambre et préparer mes affaires. Dès le lendemain j’étais de retour chez mes parents. C’était très violent.

Tu as de la rancœur envers le club ou les dirigeants de l’époque ?
Non, pas du tout. Sûrement qu’à ce moment là, je n’étais pas près pour passer pro. En revanche, ce que je n’ai pas accepté, c’est la manière de te dire les choses. Lors de cette réunion, on m’a dit « Tu ne seras qu’un bon joueur de CFA » avec des reproches pas toujours justifiés. C’est dur à entendre quand tu vis dans une bulle depuis 5 ans. Faire passer le message avec plus d’encouragements pour la suite aurait sûrement été plus facile à digérer.

Sous le maillot de Besançon.

Moralement ce ne doit pas être simple de se relever d’une telle déception ?
Non, c’est dur. Je n’avais pas encore 18 ans, je vivais dans une famille très modeste, je n’avais pas un grand cursus scolaire donc j’étais un peu perdu. Je ne savais pas quoi faire de ma vie, reprendre des études, aller travailler, essayer de persévérer dans le foot… Cet été là, mon frère fait un essai pour jouer à Baume-les-Dames (Doubs) en DH, et vu que je n’ai rien, je vais avec lui. Tout se passe très bien. Le coach veut me faire signer mais je lui demande un travail ou un petit salaire fixe pour vivre mais il ne peut rien me donner. J’envoie des CV un peu partout dont à Epinal mais aucune réponse. En rentrant de vacances, François Bruard, alors coach de l’équipe B du Besançon Racing Club en CFA2 est intéressé pour me faire signer. Comme je n’ai rien, je signe là bas mais je reste vivre chez mes parents car je n’ai pas les moyens de me loger à Besançon. Ma copine, qui est aujourd’hui ma femme, m’emmène aux entraînements. J’en fais que 2 sur 3 car c’est loin de chez moi. La première partie de saison se passe plutôt bien. Je fais des bancs avec l’équipe A en CFA, je rentre quelques minutes et le lendemain je vais en CFA2 où je suis régulièrement décisif.
Au mois de décembre, le club me propose donc un petit contrat et là je prends un appartement à Besançon. En seconde partie de saison, je gagne ma place en équipe première et c’est le début de la belle aventure avec le BRC.

« Les trois dernières années à Besançon, c’est les trois plus belles années de ma vie de footballeur »

Avec Hervé Genet, le coach de Besançon, en CFA.

Cela n’a pas été trop difficile pour toi de te retrouver dans le monde amateur, dans un tout autre environnement ?
Non, finalement, cela s’est plutôt bien passé. Dès la deuxième année, le club de Besançon me propose un petit contrat fédéral. Je gagnais 1 200€ par mois, j’avais de quoi payer mon appartement, j’avais mon scooter pour me déplacer, je vivais simplement et je faisais que du foot. Je ne voyais pas ça comme un truc difficile, j’étais heureux. En plus, nous avions une super équipe, une super bande de potes, deux très bons coachs avec Hervé Genet et Sandy Guichard. Jouer en CFA, le samedi à 18h, devant ma famille, avec des copains c’était génial. Des souvenirs inoubliables. Sportivement cela se passait très bien, on finit deux fois 2e derrière Calais puis Croix-de-Savoie avant de terminer 1er la 3ème année. D’ailleurs, à l’époque, le coach de Croix-de-Savoie, c’était Pascal Dupraz et il y avait une grosse rivalité avec Besançon. La saison dernière, à Saint-Etienne, on en a beaucoup parlé, on s’est bien chambré la dessus. Honnêtement, les trois dernières années à Besançon, c’est les trois plus belles années de ma vie de footballeur.

Avec l’enchaînement de ces saisons en CFA, as-tu envisagé de ne pas atteindre le monde pro ou y a tu toujours cru ?
Depuis Sochaux, j’ai toujours été formaté « centre de formation ». Alors même si à 18 ans j’avais mon appartement à Besançon, je n’avais pas une vie d’étudiant qui fait la fête. Je vivais du foot donc j’étais toujours très sérieux dans les préparations d’avant saison, dans la récupération, dans la gestion des blessures. Au fond de moi, l’objectif c’était d’avoir mon nom au dos du maillot, car ça signifiait que j’étais passé dans le monde pro. C’est toujours resté dans un coin de ma tête.

Cet échec à Sochaux était peut-être un mal pour un bien. Penses-tu que ce passage dans le monde amateur t’a permis de réaliser cette belle carrière ensuite ?
Oui, clairement. Ce passage dans le monde amateur a été une véritable bouffée d’oxygène. A Sochaux, j’avais perdu le goût de jouer au foot, de jouer pour m’amuser. Là, à Besançon, j’ai repris du plaisir, ça m’a fait un bien fou. Même s’il fallait être performant, je n’étais plus jugé à chaque match, à chaque entraînement, j’avais moins de pression pour jouer plus libéré.

« La peur d’un deuxième échec »

Après ces 4 saisons en CFA tu signes à Laval en L2 et tu exploses dès ta première saison. Comment ça se passe ?
J’avais déjà eu des sollicitations en National les saisons précédentes mais je ne voulais pas partir pour partir. La dernière saison à Besançon, j’ai Clermont (L2) qui s’est intéressé à moi. Puis Johann Chapuis, qui était le capitaine de Laval à l’époque et qui est originaire de Franche-Comté, a parlé de moi à la direction du club. Sur un match de CFA Auxerre-Besançon, Loïc Perard, qui est à la cellule de recrutement de Laval, vient observer Steeven Langil d’Auxerre et par la même occasion jeter un œil sur moi. Langil passe à coté de son match et moi je suis plutôt performant ce jour là. Laval me propose donc un contrat professionnel de 2 ans, pas forcément pour un poste de titulaire au début, il fallait que je fasse mes preuves. La rémunération n’est pas élevée, elle est quasiment identique à mon contrat fédéral de l’époque à Besançon car j’avais été un peu augmenté au fil des années. J’hésite à signer, je n’ai pas envie de quitter mes copains de Besançon et j’avais peut-être aussi peur d’un deuxième échec. Finalement, sur les conseils de Yoann Bourillon et Pierre-Henri Lamy, deux ex-Lavallois, coéquipiers à Besançon, je décide de m’engager chez les Tangos.

Dès la fin de ta première saison à Laval, tu signes à Caen et là encore tu éclabousses la L1 de ton talent. Pensais-tu pouvoir t’imposer si facilement au plus haut niveau ?
Déjà, quand j’arrive à Laval, la préparation est hyper dure mais je m’accroche et je réalise de bons matchs amicaux. Le coach Philippe Hinschberger me fait confiance et j’enchaîne très rapidement une belle saison. Dès le printemps, j’ai 8 ou 9 clubs de Ligue 1 qui me contactent mais certains devaient attendre de vendre ou d’autres me voulaient dans un rôle de doublure. J’avais 23 ans et pas de temps à perdre, il fallait que je joue pour apprendre le métier. Finalement, je choisis donc Caen qui m’offrait cette opportunité avec beaucoup de temps de jeu.
Les deux saisons se sont très bien passées et m’ont permis ensuite de signer à Saint-Etienne où j’ai été très séduit par le discours de Christophe Galtier.

Photo AC Ajaccio / Facebook

Tu passes 10 saisons à Saint-Etienne où tu joues même la coupe d’Europe. Aurais-tu imaginé un jour avoir une si belle carrière ?
Clairement non. A la sortie de Sochaux, c’était déjà inespéré pour moi de passer professionnel. J’ai beaucoup travaillé, je me suis beaucoup remis en question. Quand je repense à mes entraînements seuls autour du stade de la Malcombe à Besançon, c’était impensable de faire cette carrière. Dans ce monde du football, le joueur n’est pas décisionnaire de tout et il faut aussi une part de chance, mais en tout cas, je ne regrette aucun de mes choix.

Que retiens tu de ces 10 saisons à Saint-Etienne ? Forcément, tu dois avoir des regrets sur la fin de cette belle histoire ?
Je suis très fier d’avoir fait 10 ans dans ce club-là. C’est un club qui fait partie de l’histoire du pays, c’est un club mythique. J’ai vécu des moments extraordinaires, avec une ferveur et un public magnifique. Avoir participé à écrire l’histoire de ce club c’est une très grande fierté. Malheureusement oui, je suis très triste de la fin mais nous ne sommes pas décisionnaires de tout et nous avons dû composer avec des choix qui n’ont peut-être pas toujours été les bons. L’échec de la descente m’a beaucoup touché.

Te projettes-tu déjà sur ton après-carrière ? Envisage-tu de rester dans le foot ?
Oui, j’ai un projet de reconversion prévue à Saint-Etienne pour coacher les attaquants. J’ai cette envie de transmettre ce que j’ai appris.

Romain Hamouma du tac au tac !

Meilleur souvenir de joueur ?
La victoire en coupe de la ligue en 2013 avec Saint-Etienne face à Rennes (1-0) dans un stade de France plein. Le lendemain, l’accueil dans la ville de Saint-Etienne par les supporters était magnifique.

Photo AC Ajaccio / Facebook

Pire souvenir de joueur ?
La défaite 5-0 avec Saint-Eteinne à Geoffroy-Guichard face à Lyon en Novembre 2017. Ce match m’a vraiment fait mal. A la 10e minute, je tire un corner alors que je viens de me blesser.

Je le mets beaucoup trop en retrait et Lyon ouvre le score sur la contre-attaque. Dans la foulée je sors blessé et je suis absent plus de deux mois, j’étais à la limite de la dépression dans cette période.

Un match avec Besançon qui te reste en mémoire ?
Le match à Compiègne en Octobre 2008. On gagne 6-2 là bas et je marque un triplé. Au retour, dans un match très important pour la montée, je marque le but du 2-1 sur coup-franc.

Ton plus beau but ?
J’ai marqué pas mal de beaux buts mais je dirais lors de Saint-Etienne – Lille en Mai 2018 où nous l’emportons 5-0. Sur le 2e but, je reçois un long ballon à l’entrée de la surface, contrôle de la poitrine, coup du sombrero et reprise de volée croisée.

L’équipe où tu as pris le plus de plaisir à jouer ?
Saint-Etienne en 2013 avec « Galette » (Christophe Galtier), nous avions une superbe équipe (il cite tous les joueurs) et une belle ambiance. Cette saison-là, c’était beaucoup de plaisir avec cette équipe.

Photo AC Ajaccio / Facebook

Un club où tu as failli signer ?
A la sortie de ma saison à Laval en Ligue 2, j’ai pas mal de clubs de Ligue 1 qui s’intéressent à moi. En fin de saison, je me souviens être allé voir mes anciens copains de Besançon à l’entraînement à la Malcombe (Stade de Besançon), et je reçois un coup de téléphone de Marc Keller, alors directeur général de l’AS Monaco, il fait le forcing pour que je signe.

Je lui dis que je n’ai pas encore signé officiellement mais que j’ai donné mon accord verbal à Caen et que je respecterai ma parole.

Il insiste et le salaire était bien supérieur que celui proposé par Caen mais je refuse la proposition. Le comble c’est qu’à la fin de cette saison (2010-2011), Monaco est relégué en Ligue 2 !

Un club où tu aurais rêvé de jouer ?
Manchester-United. Old Trafford est magnifique, j’y ai joué un match de coupe d’Europe avec Saint-Etienne en 2017, c’était un rêve.

Un stade mythique ?
Geoffroy-Guichard sans aucune hésitation. Franchement c’est le meilleur stade du monde. Quand tout va bien l’ambiance est exceptionnelle et les tifos sont toujours magnifique. C’était un régal de jouer dans ce stade pendant 10 ans.

Un coéquipier marquant ?
Fabrice Levrat que j’ai rencontré à Laval et qui est devenu un vrai ami. Ce fut même mon témoin de mariage. J’étais très proche de Fabien Lemoine à Saint-Etienne. Aubam’ (Pierre Emerick Aubameyang) était vraiment très très fort. Cabella aussi, un super joueur. C’est difficile de n’en sortir qu’un car j’ai côtoyé beaucoup de supers mecs et de bons joueurs.

Un coéquipier en amateur qui aurait pu faire une carrière pro ?
Il y en a pas mal mais je dirais Charly Vuillemot. Avec le coffre qu’il avait et son super pied gauche, aujourd’hui piston gauche dans un 3-5-2 il aurait joué en Ligue 2 sans problème. Mickaël Gamondès, mon arrière droit à Besançon, aurait largement pu jouer plus haut aussi. C’était aussi fort qu’un Léo Dubois aujourd’hui. Mouss (Mustapha) Loukhiar aussi avait des qualités d’élimination exceptionnelles.

Un coéquipier que tu as perdu de vue et que tu aimerais revoir ?
Il y en a beaucoup mais je pense notamment à tous mes potes Bisontins des années en CFA. Matthieu Gégout, Ludo Golliard, Charly Vuillemot et tous les autres. A la fin de ma carrière ce serait une bonne idée d’organiser une fête pour tous se retrouver.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Le trio M’Bappé – Messi – Neymar, c’est quelques chose. Je les ai encore affronté la semaine dernière (ACA-PSG le 21/10/2022) franchement c’est un autre métier, ils sont exceptionnels. Ibra dans son genre aussi était très impressionnant.

Un coach qui t’a marqué ?
J’ai aimé quasiment la plupart des coachs que j’ai eus.
Hervé Genet un entraineur amateur entier qui a beaucoup de cœur. Philippe Hinschberger, qui m’a fait confiance à Laval. Christophe Galtier m’a beaucoup fait progresser. Jean-Louis Gasset, un coach très bienveillant, c’était mon papy… Ghislain Printant très humain comme coach.

Des rituels, des tocs ?
J’ai pour habitude de toujours couper mes chaussettes, comme beaucoup de joueurs. Mais moi je brûle les petits fils pour éviter que ça s’effiloche !

Une anecdote de vestiaire qui t’a marqué ?
En début de saison dernière avec Saint-Etienne on reçoit Lille qui était champion de France en titre. On fait plutôt une bonne première mi-temps. A la mi-temps je ne suis pas d’accord avec les consignes de Claude Puel qui me demande de faire plus d’appels en profondeur alors que l’on était bien en place et que ce n’était pas le jeu. Je lui fais savoir et le ton monte. J’enlève mon maillot et je lui dis qu’il avait qu’à me sortir… Au final, il me laisse sur le terrain mais j’étais tellement énervé que je n’étais plus dans le match et il me sort rapidement en 2e période. C’est des instants de vie de vestiaires qui arrivent où parfois le ton monte.

Texte : Aurélien Triboulet / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Aurelref

Le vice-président du Pau FC (Ligue 2), habituellement discret dans les médias, a accepté de balayer l’actualité de son club. Derrière un discours réaliste, mesuré, réfléchi et lucide se cache une envie de performance et de progression. Paroles d’un sage qui aime la compétition.

Photo AB

Qui a dit qu’il ne se passait rien, ou pas grand-chose, au Pau FC ? Bien sûr qu’il s’y passe des choses !

Bon, le club béarnais, qui vit sa troisième saison de rang en Ligue 2, n’a ni le passé ni l’histoire de certains de ses concurrents comme Bordeaux, Bastia, Saint-Etienne, Metz, Guingamp, Le Havre, Sochaux, Nîmes… On arrête là sinon c’est toute la liste des clubs, ou presque, que l’on va citer !

Le Pau FC n’a pas non plus connu les joies d’une accession en première division, mais il n’est pas le seul : Quevilly-Rouen, Rodez et Annecy sont dans le même cas.

Le Pau FC ne défraie pas la chronique. Et alors ? Pourtant, on vous l’assure, il s’y passe plein de choses. Jugez plutôt :

– Cette année, un joueur (Nguyen Quang Hai), baptisé le « Messi vietnamien » dans son pays, a signé chez les « Jaune et bleu » et boosté de manière incroyable les réseaux sociaux du club.

– Un autre (Sêssi d’Almeida) a écrit un bouquin, « Footballeur et investisseur », dans lequel il donne des conseils sur la manière de gérer son argent.

– En match amical, cet été, le club a écopé de trois cartons rouges à Hagetmau contre Angoulême lors du premier match de préparation (dont un rouge pour le coach Didier Tholot) et a hésité à continuer à 9 contre 11 avant de finalement s’imposer 1 à 0.

– Le club du président Bernard Laporte-Fray a aussi changé de logo (une réussite, nous y reviendrons).

– A la fin du mois dernier, le jour de la réception du Nîmes Olympique en championnat, il a inauguré son nouveau stade, le Nouste Camp (« Notre terrain » en béarnais), après quatre ans d’aménagements incessants.

– Enfin, il a dû attendre huit journées de championnat avant de s’imposer (à Laval).

– Ah, et puis on allait oublier : voilà quelques jours, Joël Lopez, le vice-président du Pau FC, a fêté ses 60 ans, dont 55 passés sur les terrains de foot ! « 55 ? Vous êtes sûr ? Vous avez compté ? » interroge le natif d’Aressy, village de 600 habitants situé en banlieu paloise, à quelques kilomètres du stade du Hameau.

Photo AB

« 55 ans dans le foot (rires) ? Oui, c’est vrai… » reprend Joël Lopez, qui a touché ses premiers ballons à la JAB de Pau (Jeanne d’Arc La Béarnaise) à l’âge de 5 ans : « C’était le club formateur de Pau. Il existe toujours. Il est plus que centenaire. A l’époque, il était dirigé par Jean Larqué, le père de Jean-Michel Larqué ! J’y ai côtoyé du beau monde. Il y avait aussi Jean-François Larios. Ensuite, en cadets, j’ai poursuivi dans un autre club de Pau, le FA Bourbaki, qui existe encore lui aussi. En fait, il y a 7 clubs de foot à Pau ! C’est beaucoup, surtout que ce sont tous des clubs historiques. C’est ensuite que j’ai rejoint le grand club de la ville, le FC Pau, le seul à évoluer à l’échelle nationale. Je le redis souvent, mais le FC Pau, ce n’est pas le Pau FC d’aujourd’hui qui, lui, existe depuis 1995, année où le FC Pau a déposé le bilan. C’est drôle, je reçois encore des courriers, des factures, à l’attention du FC Pau ! »

Avant d’être dirigeant, Joël Lopez a donc joué au foot. Et plutôt pas mal. S’il a fait l’essentiel de sa carrière à Pau (en D3 notamment et même en National à la création du championnat), le meneur de jeu a connu la Division 2 à Thonon, Mulhouse et Châteauroux dans les années 80.

Il a surtout eu l’immense privilège de vivre une saison à Bordeaux, en Division 1, en 1984-85, avec un titre de champion à la clé ! « C’était le plus grand club français et l’époque des grands Girondins. C’est Aimé Jacquet, l’entraîneur, qui est venu me chercher. J’ai eu la chance de côtoyer des joueurs exceptionnels, pratiquement que des internationaux, et on a été champion de France. »

Soit dit en passant, Joël Lopez a connu deux coachs devenus par la suite sélectionneur de l’équipe de France : Jacquet donc, puis Raymond Domenech : « Je l’ai eu quand il a commencé sa carrière de coach à Mulhouse, en D2 ».

Hier matin, pendant trente minutes, le vice-président du Pau FC, discret et peu présent dans les médias, a balayé l’actualité, refait l’histoire, envisagé l’avenir et parlé du présent, avec de la mesure et du recul. Sans forfanterie. Ce n’est pas le style de cet homme au discours réaliste et rempli d’humilité. Et au bout des trente minutes, une certitude : oui, il se passe plein de choses au Pau FC !

« On progresse chaque saison pour améliorer le club »

Vous donnez peu d’interviews, posez peu en photos, une raison ?
Je suis pas très réceptif à cela. J’ai toujours voulu souhaiter rester discret. C’est dans ma nature, je n’aime pas m’épancher.

Bon, finalement, il s’est passé beaucoup de choses cette année au Pau FC…
Et l’année n’est pas finie ! J’espère que nous n’aurons que des choses positives qui vont arriver (rires) ! Plus sérieusement, il se passe ici des choses comme dans toutes les organisations, comme dans tous les clubs. Nous, on a quand même besoin de développer le Pau FC, de faire évoluer les choses, d’apporter des améliorations. Chaque inter-saison, on progresse pour développer les différents services du club. On est plein de projets, liés à notre présence au niveau professionnel, ce qui nécessite beaucoup de travail.

Photo Pau FC

Le club a franchi un sacré palier avec son nouveau stade…
Son inauguration s’accompagne aussi d’un centre d entraînement qui a été construit cette saison. Il offre de meilleures conditions de travail pour notre staff et nos joueurs. Des pelouses ont été refaites, on a une pelouse hybride pour la compétition, une autre qui a été « retravaillée » pour les entraînements, il y a eu des aménagements au stade, pour l’accueil des supporters, pour le secteur « réceptif » (hospitalité). En fait, celui qui est venu y’a deux ou trois ans et qui revient aujourd’hui ne reconnaît pas le club tant il y a eu des changements, des bouleversements pour ne pas dire une révolution. On avait un stade de niveau régional, avec la main courante autour. Avant, on cohabitait avec le rugby. Réunir toutes les activités du football sur un même site dédié, c’est quelque chose que l’on souhaitait et que l’on a pu réaliser grâce aux collectivités et au maire actuel de Pau, François Bayrou. C’est un projet évolutif. Chaque année, on a des projets d’amélioration.

« Au club, on est très attaché à notre région et à ses valeurs »

Lors de l’inauguration du Nouste Camp, le 22 octobre dernier. Photo Ville de Pau.

Dans quelles domaines le site peut-il encore s’améliorer ?
Le chantier à venir, c’est l’espace : on en manque. On essaie de pousser les murs mais ce n’est pas évident. On a envie d’augmenter la capacité pour le grand public déjà. On a la possibilité de créer une troisième tribune et plus tard une quatrième, ce qui permettrait de doubler la capacité et d’y associer des espaces réceptifs : aujourd’hui, on est complet avec un peu plus de 300 places VIP, toutes commercialisées. On a une capacité d’à peu près 4000 places sachant qu’on a un nombre important de places « parquage » visiteurs (un peu plus de 800). Quand on fait 3200 ou 3400 spectateurs, on est complet. On a le plus petit stade en capacité mais on le remplit bien. Ce qui compte, déjà, c’est de satisfaire le public. Les gens qui viennent nous le disent, nos adversaires aussi : on a réussi à créer une ambiance très sympa, ça se ressent. Y’a un côté convivial. Une ambiance familiale. Et puis on a un groupe de supporters (la « STUP ») qui participe à toutes les animations, qui est dynamique, dans un bon esprit. Voilà, tout ça fait qu’on a une enceinte sympa, accueillante, avec de l’ambiance, où les gens prennent du plaisir à venir et sont proches du terrain. Où les joueurs et le public se sentent bien.

Une enceinte où l’identité du club est bien présente, comme sur le nouveau logo, où l’on retrouve le pic du midi d’Ossau, les trois pals, le paon, le blason de la ville, la couronne et les initialies d’Henri IV retravaillées …
Oui, et aussi les vaches béarnaises ! Pour les initiales d’Henri IV, on voulait quelque chose de plus moderne, on les a écrites sous forme de marque, H4, que l’on décline sur nos produits dérivés, sur nos textiles.

Et puis, il y a la date, 1995 : même si je sais que ça a déplu chez certains… Mais nous aussi, avec Bernard (Laporte-Fray), le président, nous étions là avant 1995, du temps du FC Pau. On n’oublie pas ce qui a été fait, mais le Pau FC, c’est 1995.

Vous savez, dans le club, on n’est pas très nombreux et pour la plupart nous sommes des locaux, dont l’actionnaire principal, Bernard Laporte-Fray, qui est un Béarnais pure souche. On garde ça en tête.

On est très attaché à notre région et à ses valeurs. On essaie de décliner cela à tous les niveaux, jusqu’aux joueurs, dont la majorité vient de l’extérieur : ils sont rapidement dans cet esprit et ressentent l’attachement au territoire. Sans oublier les jeunes de chez nous, qui arrivent derrière. On a besoin de faire perdurer ce qui, dans notre esprit, représente notre force.

« Il faut rattraper le retard, se stabiliser et perdurer »

Comment se passent vos relations de travail avec le président, qui est aussi un ami et que vous connaissez depuis si longtemps ?
J’ai joué avec Bernard (Laporte-Fray) au début des années 80, quand il était gardien, en Division 3. On a grandi ensemble, bon, lui, il a grandi un peu plus que moi en taille (rires) ! On a une relation amicale de longue date. En fait, voilà ce qui s’est passé. Le club a eu des soucis financiers au début des années 90, et le maire de l’époque, André Labarrère, en 1995, a sollicité des personnes dont je faisais partie pour reprendre le club quand il s’est retrouvé en dépôt de bilan. A l’époque, j’étais toujours au club, on parlait déjà d’un projet mais qui n’avait pas abouti. C’est là que j’ai sollicité Bernard (Laporte-Fray), qui était déjà chef d’entreprise mais détaché du foot, pour reprendre le club avec quelques autres, et constituer une équipe. Ensuite, avec Bernard, on s’est succédé à la présidence du club, il y a eu aussi Jacques Le Coadou, qui était un nos amis. Et le club a vécu comme ça. Finalement, cela a abouti à cette accession en Ligue 2 en 2020.

Photo Pau FC

Aujourd’hui quelle est la véritable place du club ? Peut-il rêver un jour d’aller en Ligue 1, comme Clermont-Ferrand par exemple ?
Quand on arrive à ce niveau-là, en Ligue 2, il faut rester réaliste, lucide. Quand on est monté en 2020, le club n’était pas forcément formaté ou prêt, d’un point de vue structurel et administratif, pour aller en L2, compte tenu du fossé, du gouffre qui existe avec le National. Aujourd’hui, il faut arriver à se stabiliser, à rattraper le retard aussi. Cela nécessite du temps. En travaillant bien et en développant tous les secteurs, on peut avoir de bonnes surprises. Mais il est compliqué d’afficher des ambitions autres que celles de faire progresser l’ensemble du club et de perdurer en Ligue 2.

« On doit être convaincu que l’on peut exister »

Photo Pau FC

Voir Pau en Ligue 2, après tant d’années de présence au club, cela doit être une sacrée fierté pour vous qui êtes né à quelques kilomètres de Bizanos, là où se trouve le nouveau stade ?
Oui, une partie du site se trouve effectivement sur la commune de Bizanos. Forcément, c’est une fierté. Le foot à Pau a toujours existé. Je suis très reconnaissant des dirigeants précédents, qui ont oeuvré. Il y a eu toujours eu du potentiel ici même si le football n’est pas seul, comme vous le savez, avec le rugby et le basket notamment. Et puis le foot est devenu un marché concurrentiel très rude. Sur le plan national, on est en face de projets importants. Alors, d’avoir hissé le club au niveau professionnel, déjà, c’est un aboutissement, une récompense pour nous. Bien sûr, mais on pense aussi à tous ceux qui ont oeuvré dans l’ombre. Après, une fois qu’on y est, dans ce monde pro, il faut faire preuve d’humilité, parce que c’est un milieu qui est dur. Il faut se focaliser sur ce qu’il reste à faire pour perdurer, pour satisfaire les gens, pour être suffisamment attractif. Mon souci aussi, c’est le sportif : une fois sur le terrain, il faut répondre présent et obtenir des résultats, et nous, on essaie de mettre toutes les conditions pour cela, d’avoir des compétences à tous les niveaux. On a un staff technique de haut niveau et des gens de haut niveau dans d’autres domaines. C’est important d’avoir atteint la Ligue 2 mais on doit aussi être convaincu que l’on peut exister. On ne doit pas faire de complexe.

L’entraîneur Didier Tholot et le président Bernard Laporte-Fray. photo Pau FC

Votre discours est toujours empreint de recul et d’humilité…
Oui… vous savez, le foot, c’est un milieu où on croise des tas de gens, des chefs d’entreprises, et d’autres. Il a ceci d’extraordinaire que l’on peut faire toutes ces rencontres mais qu’on peut rapidement avoir des difficultés. Il faut prendre la mesure du football, qui est très aléatoire. Il faut être conscient que l’on peut gagner des matchs que l’on ne mérite pas et inversement. C’est une remise en question permanente et à partir de là, ça va très vite dans un sens comme dans l’autre. Moi, j’admire les gens qui sont à des niveaux inférieurs et qui travaillent très bien pendant que d’autres sont à des niveaux au-dessus du notre et qui font n’importe quoi. C’est le milieu qui veut ça : le foot est attractif, médiatisé, et certains recherchent ça. Ce phénomène, on ne le retrouve pas dans d’autres secteurs d activités. C’est pour cela que je pense qu’il faut rester humble et lucide. Faire fonctionner un club, je considère que c’est un travail d’équipe avec un projet, une vision et des ambitions communes.

Durant votre carrière, vous avez été joueur, dirigeant, entraîneur, président, vice-président, président délégué : quel est le poste qui vous convient le mieux ?
(Rires) Je ne suis pas unique ! Un club comme Pau… on est aussi atypique car on est amené à toucher un peu à tout. Quand j’étais entraîneur (de 1999 à 2002), je pouvais aussi être intendant et toucher au domaine administratif. Il faut être polyvalent. Pour ma part, devenir entraîneur, je ne l’ai pas souhaité : certains aspects du poste m’intéressait comme la gestion humaine mais le terrain au quotidien, moins. Je n’étais peut-être pas fait pour ça. Avec le temps et l’expérience, je me suis retrouvé à d’autres postes. L’idéal est que chacun soit bien dans son rôle et je pense aujourd’hui que j’ai bien trouvé ma place.

« Dans le foot, certains sont là pour de mauvaises raisons »

En 2010, vous êtes parti à Evian Thonon Gaillard, où vous avez même occupé la présidence en Ligue 1. Pourquoi ce choix et qu’avez-vous retenu de l’expérience ?
Oui, j’ai fait une infidélité à Pau en 2010… J’aurais même pu partir plus tôt. En fait, à un moment donné, j’étais usé, Bernard (Laporte-Fray) avait pris du recul. Je crois que j’avais besoin de souffler après 15 ans à la direction du club, de 1995 donc avec la naissance du Pau FC, jusqu’en 2010. Le projet d’Evian Thonon Gaillard est arrivé : Patrick Trotignon, le président, m’a sollicité pour rejoindre ce club en pleine ascension. Je connaissais quelques personnes sur le secteur car j’avais joué à Thonon et ils cherchaient des personnes pour améliorer le fonctionnement du club. Je connaissais déjà Patrick (Trotignon), Pascal Dupraz (l’entraîneur) aussi, et d’autres personnes. Mais la fin a été douloureuse, à la fois pour moi et pour d’autres personnes. J’ai des regrets car je reste convaincu qu’il y avait la place pour que ce club extrêmement sympathique perdure au plus haut niveau. Sauf que ce fut une affaire d’hommes et malheureusement ce club était miné par les conflits de personnes, ce qui l’a amené à sa perte. Je suis retourné avec Pau au stade à Annecy, récemment, et j’ai revu des personnes qui faisaient partie du projet de l’ETG FC à l’époque, et on en reparlé; c’est dommage qu’il y ait eu ces conflits qui ont détruit ce magnifique projet. Mais en fait, l’expérience d’Evian n’a fait que confirmer ce que je savais déjà, c’est que dans le foot, il y a des gens qui sont là pour de mauvaises raisons, et ça ne s’est pas arrangé depuis… Mais j’ai fait des erreurs aussi. J’ai manqué de clairvoyance. J’ai vécu à Evian ce que je craignais qu’il puisse se passer dans un club de foot. On a souffert. Au final, c’est tout un département, un territoire qui vivait pour ce club. Quand je suis retourné au stade, j’ai vu que les infrastructures étaient toujours un frein pour le FC Annecy, comme il l’était pour nous : ça n a pas avancé sur ce plan-là.

Pour terminer, évoquons le plan sportif : après un début de saisons difficile, ça va beaucoup mieux (Pau FC est 11e après 13 journées) !
Oui, je crois qu’on a pris 15 points sur les 8 derniers matchs, donc si on pouvait conserver ce rythme, ce serait magnifique ! On craignait que cela ne se passe bien en début de saison car l’effectif a beaucoup changé, on était arrivé en fin de cycle, avec des joueurs en fin de contrat, beaucoup en prêt, d’autres qui étaient sollicités, bref, j’ai été confronté à une intersaison difficile mais j’ai la chance d avoir Didier Tholot, l’entraîneur, à mes côtés, pour la partie sportive : son staff et lui ont beaucoup travaillé. On a beaucoup de nouveaux joueurs. On est convaincu d’avoir le potentiel pour exister, sans faire de complexe, pour faire un bon championnat. On a une marge de progression. Il faut être aussi conscient que ce championnat est dur, long, qu’il ne faut surtout pas se relâcher. Tout cela est exacerbé par le fait qu’il y a 4 descentes et donc, il faut travailler d’arrache-pied.

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : AB, Pau FC et Ville de Pau

Prêté par Amiens (L2) au FC Borgo (National) début octobre, Mustapha Sangaré, 23 ans présente un parcours plutôt singulier.

Après avoir débuté le foot en club à 16 ans et évolué en District, il avait signé son premier contrat pro à Amiens en novembre 2020 alors qu’il était éducateur sportif tout en évoluant au Racing (N3). Quelques semaines après son premier match de L2, il a été stoppé de longs mois par des soucis au dos, causés par une bactérie.

Photo Philippe Le Brech

Un avion décollant de l’aéroport de Poretta à Bastia interrompt brièvement notre conversation. A l’autre bout du fil, on sent Mustapha Sangaré, souriant et épanoui.

Depuis quelques semaines, le grand attaquant (1,95 m) de 23 ans découvre la Corse, prêté par son club d’Amiens (L2) au FC Borgo (National). Comme une petite renaissance. Son histoire était belle. Alors éducateur sportif et joueur au Racing CFF (National 3), il avait signé un contrat pro à Amiens en novembre 2020.

Trois ans auparavant, c’est sur les terrains de… 4e division de District qu’il enfilait les buts !

De la 4e division de District à la Ligue 2, une telle ascension est rarissime. Mais après avoir débuté en L2 sous les ordres d’Oswald Tanchot à Amiens, son rêve s’est transformé en cauchemar. Une vilaine bactérie l’a cloué au lit pendant plusieurs mois, le dos endolori. Mais il a su se relever.

Après presque un an d’absence, il a retrouvé la L2 en effectuant quelques apparitions. Son été a aussi été compliqué avec un faux-départ à Nancy. Mais il espère rattraper le temps perdu à Borgo, dans un club qui a relancé ou révélé de nombreux joueurs ces dernières saisons (Isidor, Durbant…). « Mon histoire montre qu’il y a toujours moyen de gratter quelque chose dans le foot même si on n’a pas fait de centre de formation et qu’on est pas formaté pour ça au départ… »

Un bond de… dix divisions en trois ans !

Photo Amiens SC

Petit, contrairement à beaucoup d’enfants ou d’ados de son âge, Mustapha Sangaré ne s’est jamais rêvé en footballeur professionnel. Il a longtemps joué au tennis. « Le foot, ce n’était qu’en bas de chez moi avec mes potes, explique-t-il. Ce sont eux qui m’ont poussé à m’inscrire. C’était un loisir. »

Sa première licence, il ne l’a signée qu’à l’âge de 16 ans, au club de la Camilienne, une association culturelle, artistique et sportive dans le XIIe arrondissement de Paris. Titulaire du DEJEPS (Diplôme d’État Jeunesse, Éducation Populaire et Sport), il était même employé comme éducateur.

Avant de partir à Amiens, il était responsable de la section féminine et donnait également des cours d’éveil corporel et de cirque à des enfants. « Le XIIe arrondissement, la Camilienne, c’était toute ma vie. J’étais épanoui, j’adorais mon travail. Avec les enfants et leurs parents, j’avais construit une belle relation. Beaucoup de gens me disaient que j’avais les qualités pour jouer plus haut mais je ne voyais pas lâcher mon travail. »
Niveau foot, il a débuté en… 4e division de District. « Je jouais en réserve car il y avait un souci de mutation. Ma dernière année, j’en ai marqué plus de 30 ! »

« Je garderai toujours la tête sur les épaules »

Photo Philippe Le Brech

A l’été 2018, il signe à Vincennes pour évoluer également avec la réserve en 1ère division de District. « J’y suis allé car je connaissais le coach et que ça restait près de chez moi. Il y a eu des blessés et j’ai joué en Régional 1. J’ai marqué et j’ai vu que je pouvais avoir le niveau R1. J’ai eu ensuite plusieurs contacts en National 3 parisienne. J’ai choisi le Racing car c’était moins loin mais en finissant mon travail à 18 heures à la Camilienne, j’arrivais parfois en retard à Colombes. Au départ, l’entraîneur, Guillaume Norbert, m’avait prévenu que je serai le 4e attaquant. »

Après une première année perturbée par une entorse au ligament interne d’un genou, le Parisien explose lors du début de saison 2020-2021. « J’avais pris un agent et dès le premier match de N3, des clubs et d’autres agents ont commencé à appeler. J’ai effectué un essai à Monaco. Ils voulaient me garder. Mais Monaco, ça me paraissait trop haut et c’était d’abord pour être en réserve avec un contrat pro. »

Il choisit Amiens où il signe au début du mois de novembre 2020 un contrat pro de 3 ans en L2. « Je pensais finir la saison au Racing et garder mon emploi d’éducateur. J’avais des responsabilités à la Camilienne et tous mes potes étaient au Racing. Mais j’ai aussi pensé à moi. Vu mon parcours, je me suis dit qu’une telle opportunité ne se reproduirait peut-être jamais. Je me suis dit » fonce et ne te retourne pas ». J’avais bien conscience d’avoir grillé beaucoup d’étapes en 3 ans. Mais vu d’où je viens, je n’avais pas peur. Mon parcours de vie, mon éducation font que je garderai toujours la tête sur les épaules. »

Presque un an d’arrêt à cause d’une bactérie

En arrivant à Amiens, il doit encaisser le rythme des entrainements. « Je suis passé de 2-3 séances par semaine à des entrainements quotidiens. »
Le 22 décembre 2020, il effectue ses grands débuts en L2 en entrant à la 80e minute face à l’AC Ajaccio (0-0). Il enchaîne ensuite par trois nouvelles entrées en jeu. Le 19 janvier, il marque son tir au but et contribue à la qualification en Coupe de France à Dunkerque (L2). Mais il est stoppé par une déchirure. « Je pense que mon corps a subi les charges de travail supérieures à ce que j’avais connu en amateur. »

Le début de près d’un an de galère et de doutes. « Au départ, on m’a diagnostiqué une déchirure aux ischios. Mais après, on s’est rendu compte qu’elle partait du bassin jusqu’au dos… J’avais mal. Je ne pouvais pas me lever ni manger. J’ai perdu presque 20 kilos. J’ai passé 50 scanners, des IRM, effectué plein de prises de sang. Je suis allé voir des médecins à Amiens, Lille, Paris, Marseille… Mais ils ne trouvaient rien. On m’a ensuite fait une ponction lombaire. Sur la première, encore rien… Mais sur la deuxième, ils ont trouvé qu’il y avait une bactérie. J’étais un peu soulagé d’avoir enfin trouvé la cause de mes douleurs. J’ai commencé un traitement aux antibiotiques en juin, juillet et août. Mais ça n’a pas fonctionné. On m’a donc mis sous perfusions à Paris. »

« Mon parcours atypique m’a donné de la force »

Le traitement fonctionne et Mustapha commence enfin à se sentir mieux. « Ce sont les épreuves de la vie. Moralement, il y a eu des moments difficiles. Ma famille était derrière moi, le docteur d’Amiens, Mr. Carpentier, est toujours venu avec moi, mon ancien coach Oswald Tanchot prenait souvent des nouvelles. Mais je ne pensais pas y arriver… Ce n’était même pas une question de rejouer au foot. Je pensais déjà à ma santé, à ma vie. C’est à dire remanger, remarcher correctement, ne plus avoir de douleur. Le foot, si ça aurait dû s’arrêter, ça ce serait arrêté. Je n’ai pas la même philosophie ni la même pression qu’un mec qui est passé par un centre de formation, qui ne pense qu’au foot depuis qu’il a 12 ans. Moi, je connais déjà la vie active. Je suis passé par là. Mon parcours atypique m’a donné de la force. Cela n’aurait pas été un drame absolu de devoir retourner travailler. Le principal était de retrouver ma santé. Heureusement, j’ai été guéri et j’ai pu retrouver l’entraînement après un très long purgatoire. »

Le 12 février 2022, plus d’un an après sa dernière apparition, il retrouve la L2 en disputant les dernières minutes d’Amiens – Niort à la Licorne. Après quatre autres apparitions, il marque son premier but lors de la dernière journée de championnat à Auxerre. « C’était une grande émotion car je revenais de si loin, un an de galère avec l’infection, les problèmes de dos, les blessures…»

Son but avec Amiens face à Auxerre, au stade Abbé-Deschamps.

Le faux-départ à Nancy

A l’intersaison, les choses sont claires avec le staff. « Le coach Philippe Hinschberger m’a dit que si je restais, je serais le 4e ou 5e attaquant dans la rotation. On a évoqué un prêt en L2 ou National. C’est une solution qui me convenait. »

Le 19 juillet dernier, Mustapha officialisait son départ de l’Amiens SC pour Nancy. Dans un tweet, il remerciait le club picard de « l’avoir accompagné pour ses débuts dans le monde professionnel ». Il avait un accord avec le directeur sportif John Williams pour être libéré de sa dernière année de contrat et ainsi s’engager librement avec le club relégué en National.

L’attaquant avait passé la visite médicale et posé pour des photos de présentation. Il s’était entrainé avec le groupe d’Albert Cartier et avait même trouvé un logement. Déjà prêt, le communiqué officiel annonçant sa signature n’a pourtant jamais été publié. Bernard Joannin, le président d’Amiens, a mis son véto et bloqué le prêt. Il a en effet réclamé 37 000 euros à Nancy pour se faire rembourser les frais occasionnés par les dégradations des supporters nancéiens lors de leur venue au stade de la Licorne.

Nancy, qui disposait d’un accord de principe avec Amiens, a renoncé à l’opération. Il se retrouve donc pris en otage malgré lui. « J’ai dit au président que c’était normal qu’il défende ses intérêts. S’il avait dit non dès le départ, cela ne m’aurait pas dérangé. Mais là, tout était finalisé. C’est un moment dur à vivre. J’ai dû rentrer à Amiens. »

Jusqu’à la fin du mercato, Sangare s’entraîne avec la réserve. Il retrouve le groupe pro le 1er septembre. Ses quelques contacts (Dunkerque, Versailles) n’aboutissent pas. Il n’est pas, non plus, conservé à l’issue de son essai à Laval (L2) pendant la trêve internationale fin septembre. Le 3 octobre, il rejoint la Corse et le FC Borgo.

Enchaîner les matchs et maintenir Borgo en National

A Borgo, Mustapha a trouvé un cadre idéal. « Je ne connaissais pas la Corse et c’est vraiment top, sourit-il. Je suis venu seul avec mon chat (sourire) mais j’ai déjà trouvé une maison à quelques minutes de notre complexe sportif. Le cadre de vie est agréable. C’est un club familial, c’est vraiment ce que je cherchais. J’étais éducateur, j’aime aller vers les gens et les vrais rapports humains. Bien sûr, les conditions ne sont pas les mêmes qu’à Amiens ou ce que j’aurais pu connaître à Nancy ou Dunkerque. Mais moi, je viens de tout en bas. Donc, ça ne me dérange pas. Ce serait peut-être plus dur pour quelqu’un qui vient d’un gros club. »

Sur le terrain, il a marqué à Cholet (défaite 2-1) le 12 octobre dernier pour son premier match avec Borgo. Contre Châteauroux (2-1), il a été aussi très précieux. « Il nous apporte beaucoup d’éléments qui nous manquaient », estime le coach Alexandre Torres. « Venir à Borgo est un beau défi pour moi, conclut Sangaré. Ça va me redonner de la visibilité. J’espère surtout enchaîner les matchs. Je suis un protocole quotidien avec des exercices de renforcement pour mon dos. Si physiquement ça va, je sais que je pouvais rendre des services sur le terrain pour contribuer à aller chercher le maintien. Se maintenir en National avec Borgo équivaudrait à un titre de champion dans un autre club. »

Mustapha Sangaré, du tac au tac

Première fois dans un stade ?
Le Stade de France pour la finale de la Coupe de France Lyon – Quevilly en 2012. J’étais sur le terrain en train de tenir l’écusson de l’OL !

Meilleur souvenir de joueur ?
Ma saison en U17 D1 à La Camilienne. On finit premier à égalité de points. Une superbe année.

Pire souvenir de joueur ?
Ma blessure au dos quelques mois après mon arrivé à Amiens.

Ton plus beau but ?
Lors d’un Brétigny – Racing en N3. Après un centre en retrait dans la surface, je fais contrôle aile de pigeon puis demi-volée en lucarne. On gagne 4-2 ce jour là !

Une manie, une superstition ?
J’évite de marcher sur la ligne de touche avant chaque match, titulaire comme remplaçant !

Le geste technique préféré ?
La feinte, simple mais très efficace.

Le joueur le plus fort que tu as affronté ?
Wissam Ben Yedder

Le joueur le plus fort avec qui tu as joué ?
Arnaud Lusamba à Amiens.

Les entraîneurs qui t’ont marqué ?
Oswald Tanchot (Amiens), Guillaume Norbert (Racing), Olivier Debert (Vincennes).

Ton club préféré ?
L’OM.

Ton joueur ou tes joueurs préférés ? Un modèle ?
Ronaldo (R9) comme joueur préféré, et comme modèle, Olivier Giroud. Son mental m’inspire beaucoup.

Un stade mythique ?
Le Stade Yves-du-Manoir de Colombes. Celui du Racing.

Un pays ?
Sénégal et Mali vu que je partage les deux nationalités (rires)…

Tes amis dans le milieu du foot ?
J’en ai beaucoup. Après, à Amiens, j’ai eu une relation particulière avec Mathis Lachuer, que ce soit au foot ou en dehors.

Activités pratiquées en dehors du foot ?
Énormément de tennis. Dès que je peux j’en fais régulièrement.

L’interview de Mustapha lors de sa signature à Amiens.

Texte : Laurent Pruneta / Mail : lpruneta@13heuresfoot.fr / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech / DR / Amiens SC et Vic. Joly