Du jeu, des émotions, du plaisir, du respect, du partage. Et parfois un peu de tension ! 13heuresfoot a suivi la journée d’Alexandre Mercier, arbitre Fédéral 4, lors du match Colmar – Saint-Quentin du 2 septembre. Un récit riche et passionnant qui met en valeur une fonction décriée.

Alexandre Mercier, aux centres, en compagnie de ses deux assistants. Photo Ligue Grand Est Football

A tout juste 37 ans, Alexandre Mercier fait partie des arbitres très expérimentés de la catégorie, à l’instar de Romain Zamo, Yann Gazagnes, Guillaume Janin, Philippe Lucas ou encore Julien Schmitt. Tous comptent plusieurs centaines de matchs de National 2 et dénotent un peu dans cette catégorie F4 qui est un vivier de jeunes, voire de très jeunes arbitres qui seront amenés à officier beaucoup plus haut dans les saisons à venir.

Mais la présence de ces hommes au sifflet très expérimentés est importante : ils apportent leur vécu dans ce groupe d’arbitres. De plus, ils officient lors de rencontres prétendues plus « compliquées » que les autres. Après avoir raté sa chance durant deux à trois saisons pour monter en championnat National 1, Alexandre assume parfaitement son statut mais n’en reste pas moins ultra- motivé à l’idée d’officier sur les terrains de National 2, où il prend beaucoup de plaisir.

13heuresfoot a suivi Alexandre pendant un match de National 2 entre Colmar à Saint-Quentin, au Colmar Stadium (samedi 2 septembre), son premier de la saison « au centre », après avoir officié le lundi précédent comme 4e arbitre lors de la rencontre de Ligue 2 entre Annecy et Saint-Etienne (les arbitres fédéraux 4 officient principalement en National 2 mais peuvent aussi officier comme 4e arbitre en Ligue 2 plusieurs fois dans la saison).

Avec le délégué. Photo Ligue Grand Est Football

Chef d’entreprise la semaine et papa de deux jeunes enfants, l’emploi du temps d’Alex, qui parvient à concilier toutes ses activités très complémentaires, est très chargé. Sa riche carrière dans l’arbitrage lui apporte un plus considérable dans sa gestion d’entreprise où les similitudes, notamment dans le management, sont nombreuses, que ce soit avec son personnel ou avec les joueurs sur le rectangle vert.

Cette plongée en totale immersion dans la peau d’Alexandre Mercier, qui a accepté d’être suivi pendant une journée la préparation et de suivre le déroulement de son match de National 2, permettra de mieux comprendre le quotidien des hommes en noir.  L’occasion aussi de mieux connaitre une fonction souvent décriée par méconnaissance des règles mais surtout par méconnaissance des hommes qui l’exercent. Dans la peau d’un arbitre de National 2, comme si vous y étiez !

« Monsieur l’arbitre, pas comme la semaine dernière ! »

14h15 – Départ pour le match

Question logistique, c’est plutôt simple aujourd’hui avec l’un des plus courts déplacements de la saison pour cet arbitre de la ligue Bourgogne Franche-Comté. 1h45 de route suffiront pour rejoindre Colmar (Haut-Rhin). Les arbitres sont tenus d’arriver au stade au minium 1h30 avant le coup d’envoi mais Alexandre aime bien arriver en avance et ainsi prendre de la marge pour palier tout éventuel problème sur la route. Le trajet en voiture est mis à profit pour appeler les collègues arbitres – qui pour certains sont des amis -, et prendre de leurs nouvelles, partager leurs expériences. Alexandre appelle son ami Antoine Valnet qui officie le même soir sur l’affiche de Ligue 2 Grenoble-Bastia. Il l’encourage et lui souhaite un bon match. Les arbitres sont souvent seuls en déplacement mais très solidaires entre-eux. C’est un partage au quotidien.

16h05 – Arrivée au stade

Les officiels ont toujours un emplacement réservé à leur véhicule dans les stades. Alexandre est attendu par le service sécurité du club recevant qui l’accueille en compagnie des délégués et des deux arbitres assistants. Les poignées de main sont nombreuses avec l’ensemble des dirigeants Alsaciens avant d’arriver dans le vestiaire.

16h10 – Café d’avant match

Comme il est de coutume, l’accueil des arbitres se fait autour d’un café. Direction la salle de réception du Colmar Stadium pour le délégué et les trois arbitres. Le Président Colmarien Marc Nagor se joint à ce moment convivial avec le Président du club de l’Olympique Saint-Quentin, Didier Dubois, tout juste arrivé au stade. Un moment d’échange privilégié entre deux présidents passionnés où chacun fait part de ses difficultés pour exister dans ce championnat de National 2.
Les deux clubs ont mal démarré leur championnat (défaite 3-0 à Auxerre pour Colmar, défaite 4-0 à domicile face à Bourg-en-Bresse pour St-Quentin). Marc Nagor, le président Colmarien, « charrie » amicalement Alexandre Mercier : « Mr l’arbitre, vous ne ferez pas comme la semaine dernière où on nous a sifflés deux pénaltys en première mi-temps ! »

16h25 – Reconnaissance, visite et vérification du terrain

Reconnaissance du terrain.

Il est tant maintenant pour nos trois arbitres de se rendre sur la pelouse du Colmar Stadium pour vérifier la conformité du terrain (traçage, état de la pelouse, vérification des filets). C’est aussi un moment d’échange plus intimiste entre arbitres. Les assistants dépendent de la Ligue régionale du club recevant : une occasion de faire plus amples connaissances. David Demir, l’assistant 1 (coté banc de touche), est un jeune arbitre spécifique assistant qui ambitionne d’atteindre le niveau fédéral. Camille Bidau, l’assistant 2, est pour sa part arbitre central en National 3 et à déjà derrière lui une belle carrière d’arbitre régional.

16h40 – Retour aux vestiaires

Equipements dans le vestiaire.

Retour aux vestiaires où le délégué Nourredine Aït Mouloud a préparé les équipements des deux équipes, gardien compris, afin que l’arbitre principal valide les couleurs et détermine par la même occasion la tenue dans laquelle le trio va officier.
Les arbitres peuvent maintenant se préparer et rentrer tranquillement dans leur match.

16h45 – Signature de la feuille de match par les capitaines

C’est un moment toujours important afin de faire connaissance avec les capitaines. Alexandre Gisselbrecht, le capitaine Alsacien, est le premier à pousser la porte des vestiaires. Alexandre Mercier l’accueille sous le ton de la boutade « Ah vous êtes capitaine cette saison… c’est grâce au magnifique but que vous aviez mis la saison dernière lorsque je vous avais arbitré contre la réserve de Metz ?! » Le ton est donné ! L’ambiance est détendue. Les hommes se connaissent et se respectent. Youssef Sylla, le capitaine de Saint-Quentin, pose pour sa part le décor d’entrée : « C’est la première fois que je suis capitaine, je ne sais pas ce qu’il faut faire ! » L’homme en noir le met à l’aise et le rassure : « Ne vous inquiétez pas, on va vous guider ». Tout est conforme, les protagonistes peuvent se serrer la main et partir à l’échauffement.

16h55 – Briefing avec le délégué et consignes aux assistants

Briefing entre les arbitres et le délégué.

C’est maintenant l’heure pour les officiels de rentrer dans le vif du sujet. Avec le délégué, c’est l’organisation de la rencontre qui est évoqué (gestion des blessés et des remplacements, pause fraicheur, validation des équipements, etc.). Avec les arbitres assistants, Alexandre rentre plus dans le détail des consignes techniques du match : « Prenons le temps dans nos décisions, le jeu donne les réponses ». Le mot d’ordre est « plaisir et sérieux ». Néanmoins, il faut être vigilant quant aux contestations et les distinguer de la frustration : « La frustration, ça monte haut rapidement mais ça redescend aussi vite. Ce sont des passionnés qui ont préparé leur match, il faut les laisser vivre leur match et faire preuve de discernement. »

17h16 – Départ pour l’échauffement

Avant l’échauffement.

A la sortie du tunnel, Alexandre croise les deux coachs (Jean-Guy Wallemme pour Colmar et Johan Jacquesson pour Saint-Quentin). Il les salue et échange très rapidement quelques mots pour tisser un premier contact. Il fait très chaud en ce début septembre en Alsace mais la préparation athlétique est primordiale pour bien débuter le match.

17h45 – Retour aux vestiaires

C’est l’heure des derniers préparatifs. Rappel de la philosophie mise en place aux assistants : « Si les joueurs acceptent, on laisse jouer aux maximum ». Il faut maintenant procéder à la vérification de l’identité des joueurs via la feuille de match informatisé. Les joueurs sont dans le tunnel. La tension monte. La concentration est à son maximum. Le son de la musique monte et les 22 acteurs accompagnés des 3 arbitres pénètrent maintenant sur le terrain. Après la séance protocolaire et les traditionnelles poignées de main avec les coachs, le jeu peut enfin commencer.

18h – Coup d’envoi

Juste avant le match aux vestiaires.

Le début de match est assez soporifique avec deux équipes timides qui sont clairement en recherche de repères. Il faut attendre la 13e minute pour voir le public Alsacien se réveiller après deux corners consécutifs pour les locaux. Le match est très calme mais l’arbitre doit néanmoins rester concentré. A la 17e, l’une des premières fautes du match est grossière. La semelle de l’attaquant Saint-Quentinois est haute sur le milieu défensif Alsacien. Fort heureusement, il n’y avait pas beaucoup d’intensité dans le geste mais Alexandre n’hésite pas une seconde et sort rapidement le premier – et seul ! – carton jaune du match. L’arbitre a mis son empreinte sur le match et a montré son seuil de tolérance.
La pause fraicheur ne donne pas plus d’allant aux équipes et en contre, dans le silence total, Saint-Quentin ouvre le score sur sa première occasion, à la 33e (0-1). Malgré la frustration colmarienne qui monte, la fin de la première mi-temps est gérée avec beaucoup de communication et de sourire auprès des joueurs de la part de l’homme en noir.

18h45 – Mi-temps

Contrôle de la feuille de match et de l’identité des joueurs.

Avec la chaleur étouffante, les trois arbitres profitent de la pause pour s’hydrater et se reposer. Pas de problème majeur à souligner sur ce premier acte. Malgré une rencontre peu emballante, Alexandre Mercier insiste lourdement auprès du délégué et de ses assistants sur le fait de rester bien concentré lors de la seconde période.

19h – Reprise de la seconde période

Jean-Guy Wallemme a changé de système de jeu et son équipe revient sur le terrain avec de biens meilleures intentions. Les locaux égalisent rapidement et les 600 spectateurs présents poussent leur équipe. Malheureusement pour eux, 4 minutes après cette égalisation, Saint-Quentin repasse devant grâce à une magnifique frappe de Mathis Colin qui vient se loger sous la barre transversale du gardien Magate Ndiaye, impuissant. Trois minutes plus tard, Alexandre Mercier siffle un penalty en faveur des visiteurs. La faute est indiscutable même si le défenseur Colmarien Loïc Meyer réclame une faute sur lui au préalable. Florent Stevance ne se fait pas prier et donne deux longueurs d’avance à son équipe (1-3).
La physionomie est tout autre dans cette seconde période. Cette fois, l’arbitre central a beaucoup plus de travail.
A la 70e, Colmar profite d’un cafouillage sur corner pour réduire le score (2-3). Les défenseurs de Saint-Quentin réclament une faute sur le but mais son vite remis dans le droit chemin par leur coach : « Arrêtez de contester, gardez votre énergie ! Vous croyez que vous allez faire annuler le but ?! »

Protocole d’avant-match.

La tension monte au fil des minutes. Alexandre Mercier est obligé d’intervenir auprès de Jean-Guy Wallemme après qu’un joueur soit sorti sur saignement. Une incompréhension.
Les changements se multiplient. L’assistant N°1 et le délégué ne chôment pas dans ce second acte. Alexandre Mercier annonce 5 minutes de temps additionnel. L’air est irrespirable pour le banc des visiteurs qui se lève à chaque coup de sifflet, pensant que le match est terminé. L’homme en noir est obligé d’intervenir pour faire assoir tout le monde !
Finalement au bout du bout du temps additionnel, et après une dernière occasion « immanquable » loupée par un attaquant de Colmar, les trois coups de sifflet final sont donnés. Les verts de Colmar rentrent aux vestiaires le regard noir et la tête basse, pendant que les joueurs de Saint-Quentin savourent au bout de l’effort.

19h55 – Retour aux vestiaires

Les trois arbitres rentrent aux vestiaires avec le sentiment du devoir accompli. Alexandre félicite son équipe : « Notre arbitrage a été compris et accepté ! » Après un retour au calme, il est temps de remplir les formalités administratives de la feuille de match pour clôturer cette rencontre.

20h30 – Sortie des vestiaires

Après la douche, les officiels quittent les vestiaires pour la traditionnelle collation d’après match. Dans le couloir, Alexandre Mercier échange quelques mots avec le coach de Saint-Quentin, exténué de son match mais très satisfait du résultat. Alexandre et ses collègues se retrouvent sur le parvis du stade, avec les partenaires (à la demande de l’arbitre) et sont parfaitement reçus par le président Nagor. Quelques partenaires et dirigeants viennent saluer l’homme en noir du jour et le félicitent de sa prestation malgré la défaite de leur équipe. C’est le moment d’échanger aussi sur le penalty accordé aux visiteurs. Le dialogue est courtois et respectueux. La discussion se prolonge longuement entre l’arbitre et le Président de Colmar. Les deux hommes échanges sur ce championnat de National 2 si intéressant. Ce sont deux personnages qui retrouvent les mêmes valeurs de partage et de plaisir dans cette passion commune qu’est le ballon rond.

21h30 – Fin de soirée

Les lumières du stade s’éteignent les unes après les autres. Il est temps pour le trio arbitral de saluer les dernières personnes présentent et de se diriger vers leur voiture pour le chemin du retour ! Certaines soirées d’après matchs peuvent paraître longues et compliquée pour des arbitres qui se retrouvent seuls face à eux même lorsqu’ils ont des doutes ou que le match s’est mal passé. Les arbitres sont avant tout des êtres humains, qui exercent cette fonction par passion et qui, à l’instar des équipes, peuvent connaître des joies mais aussi des désillusions.
Ce soir, en quittant le Colmar Stadium après une dernière « mousse », Alexandre Mercier peut apprécier cette belle soirée comme il les aime. Avec du jeu, des émotions et du partage. Pourtant, dès le lendemain, il faudra reprendre le rythme infernal de sa vie professionnelle tout en préparant ses deux prochaines échéances : Selongey – Moulins en National 3 (samedi 9 septembre) puis Boulogne-sur-Mer – Granville en National 2 vendredi 16 Septembre.

Alexandre Mercier, du tac au tac

Meilleur souvenir dans l’arbitrage ?
Arbitre de centre sur un 8e tour de coupe de France au stade Bollaert entre le RC Lens et Wasquehal (le 4 décembre 2016, qualification de Lens 2 à 0). Les matchs de coupe de France avec les amis sont toujours aussi de très bons souvenirs.

Pire souvenir dans l’arbitrage ?
Je n’ai pas de pire souvenir. L’arbitrage, ce n’est pas toujours facile, mais j’ai toujours essayé de trouver une source de plaisir dans chaque match.

Une fierté dans l’arbitrage ?
Clairement ma longévité à ce niveau avec cette 13e année comme arbitre de la Fédération.

Un regret ?
Le fait de n’avoir jamais réussi à gravir la marche menant au National et de ne pas découvrir le monde professionnel.

Le match le plus dur que tu as eu à arbitrer ?
Un derby Marignane – Martigues en février 2018. C’était un match à enjeu car les deux équipes jouaient la montée en National. Il y avait énormément de rythme et de tension. Au bout d’un quart d’heure de jeu, je me sentais déjà vidé.

Un club que tu as connu en championnat de France et que tu regrettes de ne plus pouvoir arbitrer ?
Un souvenir qui me revient c’est le club de Steinseltz en Alsace. Ils étaient montés une saison en CFA2. C’était un tout petit stade perdu au milieu des vignes mais il y avait toujours beaucoup de spectateurs et un accueil très chaleureux.

Le joueur qui t’avait le plus impressionné sur un match ?
C’est d’actualité ! Je me souviens très bien de Kolo Muani qui m’avait vraiment impressionné alors qu’il jouait avec la réserve du FC Nantes lors d’un match à Borgo.

Un stade mythique ?
J’ai eu la chance d’arbitrer dans le stade de la Meinau de Strasbourg lorsque l’équipe première jouait en CFA. Je me souviens d’une rencontre contre Montceau-les-Mines devant plus de 13 000 spectateurs (victoire 3-0 de Strasbourg en octobre 2012).

Un stade atypique ?
Sans hésitation Imphy-Decize. Un club de la Nièvre qui jouait en CFA2. Un petit stade à l’anglaise avec un public très proche du terrain. Il y avait toujours beaucoup de monde, ça transpirait la passion.

Un coach marquant ?
J’aime beaucoup les coachs passionnés qui ont l’amour du foot à l’image de José Guerra (ex-Colmar). Dans un autre registre, j’ai beaucoup aimé la personnalité du jeune coach de Chamalières, Kevin Pradier.

Une anecdote de vestiaire ?
Lors d’un match de coupe de France assez compliqué, j’avais officié avec deux très bons amis en tant qu’arbitre assistant. Nous avions fait un gros match et en rentrant aux vestiaires, nous avions entonné très fort tous ensemble un chant de victoire comme peuvent le faire les équipes !

Arbitre fédéral : un parcours du combattant !

Photo Ligue Grand Est Football

Ils sont 48 cette saison ! 48 arbitres de la catégorie Fédéral 4 (F4) à officier chaque week-end sur les terrains de National 2 aux quatre coins de l’hexagone. Ces 48 arbitres ont la lourde mais non moins très intéressante tâche de faire respecter le règlement avec une grande homogénéité dans leurs décisions, de Boulogne-sur-Mer à Libourne comme de Haguenau à La Roche-sur-Yon en passant par Toulon ou Bourges !

Ces hommes en noir font partie des meilleurs arbitres de France et cette catégorie « Fédéral 4 » est un véritable vivier, riche des arbitres professionnels de demain. Mais avant de pouvoir officier sur les terrains de National 2 et porter fièrement l’écusson Bleu blanc rouge rêvé de tous les jeunes arbitres, il faut obtenir l’examen fédéral. Une étape très difficile mais primordiale où il y a beaucoup de candidats mais très peu d’heureux élus.

La réforme en cours des championnats nationaux va engendrer, cette saison encore, des conséquences cataclysmiques pour les clubs avec plus d’un tiers des équipes qui se verront rétrogradées à l’étage inférieur au printemps prochain.
Les points de chaque rencontre vont valoir très cher dès le début de saison et les arbitres auront donc un rôle primordial pour garantir le bon déroulement et l’équité des championnats.

338 euros pour un match de National 2

Avec les coachs Wallemme et Jacquesson avant le match.

Après avoir commencé l’arbitrage dans son district gravi les étapes marche après marche, avec pour beaucoup le passage par la case « Jeune Arbitre de la Fédération » – ce qui permet d’arbitrer en championnat U17 et U19 Nationaux -, il faut terminer dans les meilleurs arbitres de sa Ligue afin de pouvoir être présenté à l’examen d’arbitre de la Fédération. Un parcours du combattant.

Chaque Ligue régionale propose ensuite des candidats à la direction technique de l’arbitrage, selon un quotas défini au prorata du nombre d’arbitres par Ligue. Pour démontrer ses compétences sur le rectangle vert, ces candidats F4 doivent satisfaire à un test physique très exigeant et obtenir une note minimum à l’examen théorique, en répondant à des questions sur les lois du jeu et sur des mises en situation.

Cet examen, qui se prépare pendant plusieurs saisons, demande un investissement considérable où seul le travail est récompensé. Les arbitres, même les plus prometteurs, peuvent s’arrêter dès cette étape à l’image d’Axel Gil, l’arbitre de la dernière finale de la coupe Gambardella, et qui a échoué à l’examen théorique au mois de Juin dernier et dont la carrière très prometteuse a connu un coup de frein.

Lorsque ces minimums sont atteints, les arbitres sont ensuite examinés sur le terrain avec des observations effectuées par des membres chevronnés de l’arbitrage Français sur des rencontres de National 2. En fin de saison, seul un certain nombre d’entre-eux sont retenus dans la catégorie Fédéral 4 et décroche le précieux sésame. Néanmoins, l’obtention de cet examen n’est pas une fin en soi. Les arbitres, comme les équipes, sont ambitieux et cherchent également à atteindre le niveau supérieur. D’autant plus qu’arbitrer à ce niveau est très compliqué. En effet, malgré des indemnités de match (338 € en N2) plutôt intéressante en plus des défraiements kilométriques, il est impossible financièrement de vivre de cette activité, contrairement à la grande majorité des joueurs qu’ils dirigent chaque week-end.

Joueurs/arbitres : de grande disparités

En National 2, les hommes en noir ont pour la plupart une activité professionnelle à coté. Il leur faut donc jongler entre la carrière professionnelle et celle d’arbitre qui demande trois entraînements hebdomadaires minimum, sans compter, bien sûr, le match du week-end. Et puisque l’on parle du match du week-end, là encore, il existe une grande disparité entre les joueurs et les arbitres : car si les clubs connaissent leur calendrier dès le début de saison, les hommes en noir, eux, apprennent leur désignation… dix jours avant le match ! Et ils doivent alors s’empresser de réserver leur train, leur hôtel, bref, d’organiser leur déplacement de A à Z. Pendant ce temps, les joueurs, eux, sont focus sur le match et n’ont pas de souci d’intendance.

Techniquement, là encore, l’écart est abyssal entre les joueurs qui profitent des mises en situation lors des entraînements quotidien ou des séances vidéo pendant que les arbitres planifient eux-mêmes leur préparation physique (rare sont ceux qui ont un coach personnel) et qu’ils se débrouillent par leurs propres moyens pour trouver les informations utiles sur les équipes à diriger, les staffs et le contexte du match.

Face à l’évolution de la structuration des clubs et à leur professionnalisation d’année en année, la direction technique de l’arbitrage est de plus en plus présente également auprès de ses arbitres pour essayer de leur apporter les meilleurs outils possibles à la bonne gestion des rencontres. Lors de cette saison 2023/2024, par exemple, ce sera la première fois que la catégorie d’arbitres Fédéral 4 aura deux rassemblements à Clairefontaine. Les années précédentes, l’ensemble des arbitres se retrouvaient en juillet dans l’antre du football Français pour se soumettre aux tests physiques et recevoir les consignes à appliquer tout au long de la saison. Les F4 auront également un second stage durant l’hiver, destiné à dresser un bilan de la première partie de saison et ajuster les directives.

Reportage : Aurélien Triboulet – Mail : contact@13heuresfoot.fr – Twitter : @Aurelref

Photos :  A. T. et Ligue Grand Est de Football

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Lire aussi un article sur Gaëtan Deneuve, ancien joueur professionnel devenu arbitre fédéral 4 :

https://13heuresfoot.fr/actualites/gaetan-deneuve-des-gants-au-sifflet/

Le président du FC Villefranche Beaujolais, qui entame sa 6e campagne en National, parle de tout, avec son chauvinisme assumé et son franc-parler : esprit beaujolais, beau jeu, Ligue 2, Ligue 3, infrastructures, le métier de coach, le milieu du foot, l’actualité, les dossiers sensibles, l’histoire… Le tour d’horizon est large.

Un peu plus de 70 heures. C’est le temps passé par le FC Villefranche Beaujolais à la place de leader, entre vendredi soir et lundi soir. Une première pour le club du Beaujolais qui n’avait, même épisodiquement, jamais occupé ce fauteuil depuis son accession en National en 2018. « L’événement » a duré trois jours, le temps que le Red Star, au sortir d’un succès 1 à 0 à Martigues, ne vienne doubler les Caladois.

C’est anecdotique, comme le dit la formule consacrée. C’est surtout significatif d’un club aux 550 partenaires (!) qui aligne les bonnes saisons, ou qui parvient à transformer les mauvaises en moyenne, à l’image de la précédente, passée pendant les 3/4 du championnat dans la charrette pour finalement terminer à une impensable 6e place ! C’est ça le National !

A l’aube de la 5e journée, qui verra les joueurs du nouvel entraîneur Romain Revelli et de son adjoint Jérémy Berthod se déplacer vendredi à Dijon, le FCVB est là où il veut être, tout au moins le plus haut possible, loin des six dernières places de nouveau promises à la relégation en fin de saison.

Président depuis 2010, Philippe Terrier (58 ans) entame sa 14e croisade à la tête de son club avec toujours autant d’enthousiasme, même si l’on sent parfois poindre un peu de lassitude dans ses propos, notamment lorsqu’il s’agit d’évoquer le dossier des infrastructures ou encore le milieu du foot rongé par un certain égoïsme.

Un nouveau groupe de travail validé par le ComEx

Le stade Armand-Chouffet.

Non, le National, ça n’arrive pas qu’aux autres ! Le National, ça arrive à des « petits » clubs, on l’a vu dans le passé avec Luzenac, Pacy-sur-Eure, Roye, et plein d’autres encore, qui ont connu cet échelon. Le National, ça arrive aussi aux « gros » comme Sochaux, Nancy, Dijon, pour ne citer que les exemples récents, et l’on y a aussi vu, ces quinze dernières années, Troyes, Metz, Reims, Guingamp, Strasbourg, Bastia, etc.

Le National, ça peut arriver à tout le monde. C’est pour ça que Philippe Terrier ne comprend pas pourquoi la majorité des clubs de Ligue 2, d’une part, soit contre la création d’une Ligue 3 professionnelle, ni pourquoi la Fédération ne chérit pas un peu plus l’élite de ses compétitions nationales. Il le répète : dans le football, on n’a pas d’ami, c’est chacun pour soi.

Mais le président du FCVB a un allié : Gilbert Guérin. Le président d’Avranches, dix saisons d’affilée de National au compteur, série en cours, demeure le porte parole des clubs amateurs de National. Tous deux vont représenter les clubs d’une seule voix lors d’une nouvelle commission validée en juillet par le Comité exécutif de la FFF. Une commission, sorte de groupe de travail, pilotée par Pascal Bovis, le président du FC Fleury (N2), dont le but est de trouver des pistes d’amélioration pour les clubs de National, N2 et N3.

Le dossier de création d’une Ligue 3, véritable arlésienne, sera sans doute à l’ordre du jour. Verra-t-elle le jour ? Et si oui, dans quelles conditions et selon quel cahier des charges ? En attendant de pousser les discussions plus loin dans le but d’attribuer, peut-être, un statut pro au National, le président du FCVB a tapé la discute avec 13heuresfoot et parlé, avec chauvinisme et l’esprit beaujolais, du FCVB, ce club qu’il chérit tant !

« Si vous voulez voir du beau jeu, vous savez où aller ! »

Président, remontons le temps : pourquoi êtes-vous à la tête du club ? Et pourquoi avoir accepté ce poste voilà maintenant 13 ans ?
Avant tout parce que je suis attaché à ma ville. Je suis né à Villefranche. J’ai toujours suivi le club, depuis gamin, et je me souviens notamment d’une épopée, quand Villefranche était monté en Division 2.

C’est vrai que peu de gens le savent, mais le club a joué en D2 lors de la saison 1983-1984…
Oui, et d’ailleurs, j’avais deux copains de classe, Jean-Pierre Favre et Jean-Claude Pinat, qui jouaient dans l’équipe, donc automatiquement, on suivait leurs exploits le week-end ! Ensuite, quand j’ai vendu mon entreprise, je me suis retrouvé avec beaucoup de temps libre, donc je n’ai pas hésité à en consacrer au club, notamment pour tous les jeunes inscrits.

En D2, Villefranche jouait déjà au stade Armand-Chouffet ?
Oui ! Vous avez vu, il n’a pas tellement évolué d’ailleurs depuis ! C’est assez incroyable. C’est pour ça que l’on est assez atypique en France. On a de grosses difficultés pour faire progresser nos installations.

« Je choisis mes entraîneurs en fonction de ça »

En 2010, donc, vous vendez votre entreprise, et vous voilà au club !
J’y suis entré un peu par hasard, oui. L’histoire, c’est que j’étais un partenaire historique du club, avec mon nom sur les maillots, Terrier, et chaque année, Jean Gachon, le président, passait me voir pour récupérer la « cotisation » et il me demandait toujours de le rejoindre au sein du Conseil d’administration. C’était tellement de temps que je ne pouvais pas mais lorsque j’ai vendu mon entreprise, il est vite revenu me voir et m’a dit « Je crois que maintenant tu as un petit peu de temps », alors j’ai accepté. Malheureusement, Jean Gachon est tombé malade avant de décéder (en octobre 2011). C’est comme ça que tout a commencé.

Du coup, c’est votre 14e saison à la tête du club…
Oui, comme président, mais je n’y ai jamais joué ! J’ai joué au foot quand j’étais pupilles et minimes dans un club voisin, mais j’ai eu un grave accident de voiture; du coup, pour moi, le foot s’est arrêté là. Ensuite, j’ai longtemps été un partenaire du club, via mon entreprise, Terrier, que j’ai vendue donc : j’étais sponsor maillot. Elle employait environ 500 personnes et 1000 sur la France. Cette entreprise de tôlerie/chaudronnerie est devenue une boîte italienne (Solustil).

La qualité de jeu, c est la culture du club ?
De toute façon, je choisis mes entraîneurs en fonction de ça. C’est mon critère principal. Tout le monde peut dire qu’il y a du beau jeu à Villefranche. Dans la région, si vous aimez le foot et si vous voulez voir du beau jeu, vous savez où vous devez aller !

C’est vrai que le FCVB a la réputation de développer un beau football…
Oui, on développe un très beau jeu, parce que sans vouloir critiquer, mais entre un match de Villefranche en ce moment et certaines affiches de L1… Moi je pense que c’est mieux de payer sa place 7 euros pour venir à Villefranche, d’avoir sa bière pas chère et sa saucisse pas chère, de retrouver les copains, de passer un bon moment. C’est plus sympa,je trouve, de venir se régaler à voir notre jeu plutôt que de s’emmerder dans d’autres endroits. Grâce à ça, on a de plus en plus en monde au stade, grâce aux bons résultats aussi sous l’ère Alain Pochat et sous l’ère Hervé Della Maggiore. On parle de plus en plus de nous dans la région, donc les gens viennent au stade.

« L’esprit Beaujolais, notre plus grosse qualité »

C’est combien, le budget de fonctionnement du club ?
Pour l’association et la SAS, on est à 3,3 millions d’euros de budget, mais on a une grosse partie pour l’asso, c’est de l’ordre de 40-60 (40 % pour l’asso), parce que, je prends souvent mes décisions en réfléchissant aux gens qui ont crée le club il y a près de 100 ans (le FCVB a été fondé en 1927) : dans nos statuts, il est bien indiqué « développer l’apprentissage du sport, notamment du football ». Je veux respecter cette règle. On est donc un des seuls clubs à avoir autant de salariés-éducateurs pour une association. Quand on voit les résultats que l’on obtient chez nos jeunes, cela veut dire que le travail paie. Nos 17 ans sont en Nationaux, nos 18 ans sont en R1, ils pourraient viser le niveau national mais cela couterait cher aussi … Toutes les autres équipes sont au plus haut niveau régional. J’ai vraiment une équipe d’éducateurs exceptionnelle, et ils ont aussi la chance d’avoir un vrai emploi. Il n’y a pas beaucoup de clubs qui font ça pour leurs éducateurs.

Romain Revelli, le nouveau coach, et son adjoint Jérémy Berthod.

C’est quoi, la force du club ?
C’est d’appartenir à une petite ville très chauvine. On est tous derrière le FC Villefranche Beaujolais, on aime la Calade, on aime le Beaujolais, on se bat pour le maillot, c’est ça notre plus grosse qualité. C’est « l’esprit beaujolais ».

Ce chauvinisme dont vous ne vous cachez pas, ça vient d’où ?
C’est peut-être historique ! C’est peut-être parce qu’à Villefranche, qui est une ville d’affranchis, les seigneurs de Beaujeu (tiens tiens, « Beaujeu », « beau jeu »…), dont le Beaujolais tire son nom, du nom de l’ancienne capitale du Beaujolais, voulaient une ville pour se préserver des attaques des seigneurs de Lyon, donc ils ont crée Villefranche pour ça. Est-ce que c’est resté dans nos gènes ? Je ne sais pas. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui encore on veut se préserver des Lyonnais et continuer à défendre notre image.

« Je compte tout »

De l’extérieur, le FCVB donne l’image d’un club « riche », qui a des moyens : vous le comprenez ?
Ce n’est pas que l’on a des moyens, c’est que l’on compte tout ! Je passe beaucoup de temps au club, je n’ai pas de comptable, je n’ai pas de secrétaire, c’est moi qui gère tous les papiers. Déjà, on n’a pas de dépense administrative. Les 2/3 de notre budget sont représentés par nos entreprises. Donc je fais attention à tout. Par contre, on a 25 000 euros du département et 8000 euros TTC de la Région Auvergne Rhône-Alpes, alors que les clubs en face de nous ont entre 300 000 euros et parfois 1 million… Je ne sais pas d’où ça vient, c’est un truc que je ne m’explique pas : comment certains clubs peuvent-ils toucher 1 million et nous seulement 30 000 euros ?

Vous travaillez là-dessus ?
Franchement, je ne veux pas m’user avec ça. On a des entreprises qui nous aident, qui sont là. Si les politiques n’ont pas compris que s’occuper des jeunes, c’est le plus important pour nous… Quand je vois tout ce que l’on fait pour eux… Et quand je vois l’argent qui est dépensé par la Région par ailleurs, franchement, ça ne m’intéresse pas. Que la Région ne se fasse pas de souci : ses 30 000 euros qu’elle nous donne, on les utilise comme il faut, et ils vont bien à nos jeunes. Mais on mériterait tellement plus !

« Nos infrastructures, c’est la honte »

C’est quoi l’avenir du club : végéter en National, décrocher la Ligue 2 ou intégrer l’hypothétique Ligue 3 ?
Aujourd’hui, on peut rester longtemps en National vu comment on est organisé. Pareil, si on continue à faire du beau jeu, si on continue à avoir régulièrement 2 000 personnes au stade, on sait survivre. Par contre, si on n’a pas de nouvelles installations, on sera obligé de jeter l’éponge. Trouver 550 partenaires qui nous aident comme ils nous aident, les recevoir dans des conditions pareilles, il n’y a qu’en Calade que l’on peut voir ça ! Les gens sont adorables, mais il va arriver un moment où ils vont me dire, « Ecoute, Philippe, on te soutient, on sait ce que le club fait, mais on ne peut pas continuer dans ces conditions-là ». Ce qu’on vit à Villefranche, c’est exceptionnel, c’est la honte.

Concernant les infrastructures, il existe pourtant un projet, non ?
Il y un projet à Chouffet mais aujourd’hui, il y a quelqu’un qui a découvert que la zone était inondable, enfin… C’est tellement ridicule qu’il vaut mieux ne pas en parler ! On nous dit depuis deux ans que la zone va être rendue non-inondable, mais depuis deux ans, il n’y a eu aucune avancée. C’est le désastre. Franchement, j’espère qu’on va réussir un coup de dingue, qu’on va monter en Ligue 2, et qu’on sera obligé de jouer ailleurs pour montrer que… Sauf que si le boulot avait été fait, on n’en serait pas là. On parle d’un National qui va devenir une Ligue 3 : à un moment, si on n’a pas du tout évolué, je sens bien que la Fédération Française de football va nous dire « Ecoutez Villefranche, vous êtes bien gentil, mais vous n’avez pas les infrastructures, vous n’allez pas descendre sportivement mais administrativement, parce que vous ne répondez pas aux critères ». Et ça, c’est ce qui nous pend au nez.

« La Ligue 3 ? Je n’ai pas vu de projet concret »

La Ligue 3, vous êtes pour ?
Je n’ai aucune opinion car je n’ai jamais vu de projet concret. Je sais que beaucoup de clubs qui étaient en Ligue 2 ont voté contre et aujourd’hui ces mêmes clubs sont en National, du coup, ils ont retourné leur veste et sont tous pour la Ligue 3 ! C’est ça le gros problème du football : chacun regarde où il est à l’instant T et oublie qu’il peut monter ou descendre. Certains clubs n’ont pas été raisonnables en votant contre la Ligue 3. Parce que quand on voit ce qui se passe dans les autres championnats européens, la D3 est professionnelle, donc, pour moi, ça me semblerait être du bon sens. Maintenant, une commission va être lancée par la Fédération pour travailler sur le sujet; j’ai été intégré dans ce groupe, donc j’espère qu’on aura des bonnes nouvelles. Avec Gilbert Guérin, le président d’Avranches, on représentera les clubs de National. Regardez aujourd’hui, en National, il y a 9 clubs pros et 9 amateurs, et les règles ne sont pas du tout les mêmes : on veut tuer tous les clubs amateurs ou quoi ? Il y a trop d’écart entre eux et les clubs pros, or ils jouent dans la même compétition, donc c’est assez compliqué.

Votre meilleur souvenir de président ?
C’est le match contre le PSG en coupe de France (6 février 2019), en 8e de finale (élimination 0-3 après prolongation), ça reste un souvenir extraordinaire. Ce n’était que du bonheur. On était là pour savourer le moment. En plus, on avait l’aide de l’Olympique Lyonnais pour toute l’organisation, ce qui fait que l’on a bien pu se consacrer au match, pas comme quand on jouait à Chouffet où tout le monde est sur le pont et même le président, qui vérifie que tout se passe bien; là, j’étais installé dans le siège de Jean-Michel Aulas et je regardais le match, je savourais, c’était vraiment sympa !

Votre pire souvenir ?
(Il réfléchit) Je n’ai pas connu de descente, mais je dirais lors de la saison 2017-2018, quand on joue le match de la montée en National chez nous, contre Schiltigheim, à la dernière journée, et qu’il y a un individu qui pénètre sur la pelouse avec un cutter (l’événement s’est produit à la 25e minute de jeu, le FCVB était mené 1 à 0, avant de s’imposer 4 à 1, ce qui a provoqué la colère du FC Annecy, concerné lui aussi par l’accession). Là, j’ai un moment de panique, je me demande ce qu’il se passe : on est monté quand même mais il y a eu une interruption de 5 minutes durant laquelle on se pose beaucoup de questions car cela aurait pu mal se se terminer. Les joueurs avaient été obligés de rentrer aux vestiaires. On n’est pas président d’un club de foot pour gérer des problèmes pareils.

« Aparicio, Jasse, Sergio, les emblématiques »

Le joueur emblématique du FCVB, c’est qui ?
Cela remonte au vieilles années, c’est Antonio Aparicio, celui qui a le plus marqué le club (Aparicio a évolué au club de 1981 à 1984 avant de jouer en D1 au Portugal et de devenir international). Après, il y a eu un « régional » qui a beaucoup marqué le club parce que c’était notre capitaine pendant longtemps, Maxime Jasse (aujourd’hui membre du staff technique à Mâcon, en National 2), il vient à tous les matchs. Aparicio, lui, habite au Portugal mais il est déjà repassé au club, il est venu dire bonjour, c’était sympa. Mais aujourd’hui, s’il y a un nom qui revient sans cesse dans la bouche des Caladois, c’est celui de Rémi Sergio.

Le coach emblématique du FCVB, c’est qui ?
Tous les coachs ont leur particularité. Je vais vous dire : je trouve dommage que cela soit difficile de faire un cycle de 3 ans avec un coach. Mais c’est comme ça. Maintenant, pour répondre à votre question, je pense à Alain Pochat, qui était haut en couleur : son amour de la gagne, c’était chouette à voir, et sa causerie pour le match du PSG en coupe de France demeure emblématique. Son discours avait été exceptionnel. Aujourd’hui, on a Romain Revelli, qui a un peu un profil à la Alain Pochat. C’est sympa quand vous avez un coach qui a du jus. Albert Falette (entraîneur de 2010 à 2012) était fantastique par sa joie de vivre et sa capacité à s’intégrer auprès des partenaires ou des bénévoles, il était adoré dans le club. Mais parfois, il y a des qualités qui deviennent des défauts…

« Je me mets souvent à la place des coachs »

Alain Pochat.

Alain Pochat, vous l’aimiez bien, et pourtant ça s’est mal fini…
Oui, ça s’est mal fini, parce que peut-être que l’on était en fin de cycle (entraîneur du FCVB de 2017 à janvier 2021, Pochat avait été licencié pour faute grave après un match face au FC Annecy, occasionnant 8 matchs de suspension). Je me mets souvent à la place des coachs : Alain est ambitieux, il a raison de l’être. Il voulait une montée en Ligue 2 dans un club où il y a des touts petits moyens, où on fait beaucoup trop de choses, où c’est très fatigant, et je pense qu’au bout de quelques années, on est usé, et que parfois, on a des comportements qui sont compliqués à gérer pour un président, c’est tout. On a eu un gros incident, je ne pouvais pas me permettre de le laisser passer, c’est dommage, c’est la vie.

Hervé Della Maggiore.

Avec Hervé Della Maggiore (coach de février 2001 à juin dernier), l’histoire s’est terminée en queue de poisson en juin dernier : dans le journal Le Patriote, il a lancé quelques griefs à votre encontre…
Non mais attendez, les coachs, quand ils disent à un joueur « On ne veut pas te garder », ils n’ont pas de problème pour le faire, mais quand un président leur dit, « C’est fini, tu es en fin de contrat, on ne te renouvelle pas », alors pour eux, c’est plus dur à entendre. Moi je pense que Hervé Della Maggiore a fait du super-boulot chez nous, parce qu’on a vécu deux barrages et on s’est maintenu dans une saison où il y avait six descentes. Par contre, je pense que ce métier est tellement usant qu’il était fatigué, qu’il en avait marre de coacher et que ce n’était plus son objectif premier. C’est ce que je ressentais. Et puis je ne vais pas lui dire en avril, alors que l’on n’est pas encore sauvé, « Allez, faut que tu prennes une année sabbatique parce que tu as besoin de te reposer », non ! Bon, après, il est allé à Bourg, et vous avez vu, il n’a pas pris l’équipe.

« Revelli est dans l’échange, j’adore ça ! »

Vous avez dit que le nouveau coach, Romain Revelli, vous rappelait Alain Pochat…
Pour en revenir à Romain, bien sûr que quand on démarre par des bons résultats, comme là, c’est plus facile pour un coach. Mais je vais vous dire, franchement, la vie d’un coach, c’est très compliqué, et ça tient à peu de choses. Romain est quelqu’un qui est tourné vers la communication. Il m’explique beaucoup de choses, parce que je ne suis pas un spécialiste du football, il le voit bien, il vient me parler de lui-même. Il est dans l’échange et j’adore ça; depuis Albert Falette, c’est la première fois que j’ai un coach qui m’explique les choses sans que je lui demande, il me raconte comment s’est passée la semaine, pourquoi il a pris telle ou telle décision, c’est génial, et ça me plaît !

Le match référence sous votre présidence ?
Y’en a eu quand même pas mal ! Je me souviens d’un math contre Cholet en National (en 2020), on perdait 2 à 0 et on gagne 3-2 à la dernière minute ! D’ailleurs, on vient de refaire presque la même chose cette année contre la même équipe (lors de la 2e journée de National, le FCVB s’est imposé 2 à 1 dans le temps additionnel face à Cholet, le mois dernier !).

Le pire match du FCVB sous votre présidence ?
Contre la réserve de l’OL avec Albert Falette, je crois que c’était le premier match de la saison, chez nous, je ne sais plus si on en avait pris 6 ou 7, c’était compliqué, ouaip… (défaite 6 à 0 le 13 août 2011, journée 1).

Votre plus grosse fierté de président ?
C’est d’être monté en National avec Villefranche, d’avoir construit un club qui parvient à survivre à ce niveau malgré nos infrastructures et malgré la taille de la ville (37 000 habitants). Ce qui est exceptionnel, c’est que l’on a 550 partenaires. On a la chance d’avoir tous les industriels caladois derrière nous. Ici, il n’y a pas de grosses entreprises, mais tout le monde est là pour nous aider et fait l’effort pour que l’on continue à vivre et à faire un peu vibrer notre région.

Avez-vous un modèle de président ?
Le seul qui a réussi vraiment, c’est Jean-Michel Aulas. S’il y en a dont on peut dire qu’il a réalisé de grandes choses dans le foot, c’est lui.

« Beaucoup de présidents vont jeter l’éponge »

Votre plus grosse erreur de président ?
(il réfléchit longuement ) Des erreurs de recrutement peut-être… Après, ces erreurs-là, on les fait ensemble, je ne suis pas seul, il y a des choix qui ont été faits, je me sens autant impliqués que le coach, par exemple, parce que ces choix, on les fait à deux. Après, tout le monde en fait, des erreurs de recrutement. Mais je dirais plutôt de mal avoir géré la non-montée en Ligue 2 l’été dernier contre Bordeaux, parce qu’on s’est fait voler; on voit bien aujourd’hui que l’histoire de Bordeaux et la DNCG a fait jurisprudence. Cette année, tout le monde a joué sur ce qui s’est passé l’été dernier, et tout le monde s’est sauvé par rapport à la DNCG… Peut-être que j’aurais dû être plus agressif et aller en justice, mais je suis là pour le plaisir, pour le foot, pour les jeunes, pas pour faire un procès à tout le monde : c’est loin de l’esprit que je veux mettre dans ma mission, donc ça ne m’a pas intéressé.

Pourtant, il y a eu un procès avec Alain Pochat…
Oui, mais non, ça s’est bien terminé.

Votre plus grosse colère de président ?
Oui, je m’en souviens, c’était à Avranches, il y a deux saisons : on fait 1-1, on menait 1 à 0, on jouait encore la montée directe et ce soir-là, on a vu deux équipes en pantoufles, sans aucune envie, ni d’un côté, ni de l’autre. Il nous a manqués 2 points en fin de saison, pour accéder directement en L2, je sais où on les a perdus. Avec ces deux points-là, cela nous aurait évité de faire les barrages. C’est la seule fois que je suis rentré dans le vestiaire, enfin, non, c’était aussi arrivé en Coupe de France du temps d’Albert Falette. Après le match d’Avranches, les joueurs n’étaient vraiment pas bien en sortant des vestiaires, j’avais vraiment été agressif, en colère. Ils avaient poussé le bouchon un peu loin. Ils m’ont fait la gueule pendant 2 ou 3 jours mais après ça, ils ont gagné les cinq derniers matchs et on est allé aux barrages.

Vous êtes un président plutôt…
Je laisse l’entraineur gérer le sportif. J’aime vraiment mes joueurs, ils savent qu’ils peuvent me demander n’importe quoi, je suis toujours là pour essayer de leur rendre des services. Après, je suis un bon vivant, j’aime passer du temps avec les spectateurs et les partenaires, pour avant tout prendre du plaisir à être au match.

L’affaire de Bordeaux en 2022 : si c’était à refaire ?
J’irais voir des avocats spécialisés… Je n’en sais rien en fait, je ne suis pas sûr que je ferais différemment, il faut rester à sa place, on est Villefranche aussi, mais bon, dans un monde normal, cela ne doit pas exister ce genre de choses. Tout le monde m’a dit « Si cela n’avait pas été Bordeaux, mais un club normal, Villefranche aurait été en Ligue 2… » Bon, ok, mais c’est quoi un club normal, c’est quoi un club pas normal ? On est une association sportive ou une association financière ? Je me le demande. Moi, il me semblait que l’on disputait un championnat de foot, pas un championnat des millions d’euros.

Tout ce qui se passe dans le foot, ça vous déçoit ?
Je pense que, tout en haut, ils ne sont pas conscients du travail que l’on effectue en National. Quand je vois qu’aujourd’hui, le salaire d’un grand joueur de foot représente plus que le budget annuel de tous les clubs de National, il y a de quoi se poser des questions, non ? Avec le salaire d’un joueur, tu fais les salaires des 500 joueurs de notre championnat. Y’a un truc qui ne colle pas. Je pense qu’il y a beaucoup de présidents de National et de National 2 qui vont jeter l’éponge dans les années qui viennent; franchement, quand j’en parle avec eux, ils me disent tous la même chose, que c’est trop dur, que c’est compliqué.

Un club de coeur ?
Quand j’étais gamin, c’était Saint-Etienne, parce que je suis de la génération des Verts. Rocheteau, ça a été mon idole ! Après, ça a été l’OL, quand il y a eu la grande époque des années 2000, et maintenant, c’est Villefranche, et uniquement franchement !

Le milieu du foot, en quelques mots ?
C’est plutôt pas bien beau… Il ne faut pas compter avoir des amis.

« Comme Bernard Tapie, j’ai appris… »

Pour terminer, les barrages d’accession en L2, manqués en 2021 et 2022, sont-ils digérés ?
Forcément, ça restera toujours un gros échec, mais bon, ce furent aussi des moments extraordinaires, car on ne pensait pas non plus en arriver là. Cela veut dire que le coach, l’équipe, le club, ont bien bossé. Tout le monde a fait ce qu’il fallait pour emmener l’équipe au plus haut. Mais rater deux fois les barrages, c’est dur quand même. La Ligue 2, même pour une année, ne serait-ce que pour prendre le statut professionnel, ça serait quand même quelque chose d’extraordinaire !

Vous vous y êtes vu, pourtant, lors du premier barrage, après le succès 3-1 à l’aller contre Niort ?
Comme pour Bernard Tapie après sa première finale de Coupe d’Europe, j’ai beaucoup appris après ce match de Niort…

Vous avez appris quoi ?
J’ai appris qu’il fallait se méfier de l’euphorie qu’il pouvait y avoir après un match aller où on gagne 3-1, où on croit que c’est fini. On a laissé traîner les joueurs en ville… Voilà, Villefranche a les qualité de se défauts, tout le monde nous félicitait, c’était l’euphorie. On ne pouvait plus acheter le pain ou le journal sans que l’on ne nous tombe dessus et que l’on ne nous félicite, sans que l’on ne nous dise que c’était fait, qu’on allait monter… Et on est parti en car à Niort au match retour en ayant déjà gagné le match… Y’avait les scolaires, les politiques, tout le monde nous acclamait, tout le monde se prenait en photos devant le car, alors qu’on aurait mieux faire de partir trois jours avant, de mettre les joueurs au vert, afin de rester concentré sur les 90 minutes qui restaient à jouer (Niort s’est imposé 2-0 au retour et a conservé sa place en L2). Quant au deuxième barrage, j’ai moins de regrets, Quevilly Rouen était plus fort que nous.

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : FCVB et DR

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Entraîneur-adjoint en Ligue 2, responsable de la formation et du pôle seniors, coach de la réserve : l’ex-joueur de Reims, du Red Star et de Créteil multiplie les casquettes à l’US Concarneau, où il a achevé sa carrière de joueur et où il se plaît beaucoup, à la fois au club et dans la région.

« Je forme des citoyens avant de former des joueurs »

« Tu veux une petite bouteille d’eau? » Il est 19h à Concarneau où il fait encore si chaud en cette fin du mois d’août que Danilson Da Cruz a pitié du suiveur de son match amical avec l’équipe réserve de l’US Concarneau (R1). Une attention qui résume un personnage à la générosité à fleur de peau. « Dans le foot, moi ce qui m’intéresse, c’est le côté humain. La com’ du club m’a dit que tu voulais qu’on se voit. On fait ça quand ? Demain ? D’accord. Vers midi alors, après la séance d’entraînement de la Ligue 2. »
Car Danilson Da Cruz est également coach-adjoint chez les pros auprès de Stéphane Le Mignan. En plus d’être le responsable de la formation et du pôle seniors à l’US Concarneau où il entraîne aussi l’équipe réserve. Quatre casquettes qui lui vont bien. « Je forme des citoyens avant de former des joueurs. »

Pile à 13h…

Avec Reims. Photo SDR.

Danilson Da Cruz est un homme de terrain mais il nous invite à découvrir son bureau, en haut d’un Algeco à étage. Avec vue sur mer et sur un coin du terrain d’honneur du stade Guy-Piriou où les travaux d’homologation pour la Ligue 2 sont toujours à l’arrêt… L’entretien a commencé à midi et il se termine une heure plus tard : pile à 13h ! Comme un clin d’oeil à 13 heures foot !
L’homme est un bon client. Du genre à ne pas attendre les questions pour faire les bonnes réponses.

Arrivé en septembre 2019 à Concarneau, à l’époque où Benoît Cauet entraînait les Thoniers en National, Danilson Da Cruz n’en est plus reparti. « On se plaît trop bien ici avec ma femme. »
L’homme à la quinzaine de montées et aux 247 matchs en National (114) et en Ligue 2 (133), de Créteil à Nancy en passant par le Red Star et Reims, a posé ses valises en bord de mer et troqué son maillot de joueur contre la casquette d’entraîneur aux multiples fonctions. A 37 ans, son projet de vie dans le foot se situe à bord des Thoniers où il a très bien embarqué.

LE JOUEUR

« Mon maillot avec le nom derrière »

Dans le vestiaire de Concarneau. Photo D. V.

247 matchs en National (114) et en Ligue 2 (133). « C’est une belle carrière, franchement, je ne pensais pas faire ça. Quand j’étais petit, j’avais un seul objectif : que mes parents puissent trouver mon maillot avec le nom derrière. C’était juste ça mon objectif. Et je l’ai atteint à Créteil (2009) quand j’ai signé mon premier contrat à 23-24 ans. Avant, j’étais livreur de pizzas et expert en malbouffe car, comme je n’ai pas fait de centre de formation, je n’ai pas eu tous les codes de la diététique. J’ai toujours eu tendance à prendre du poids donc c’était énormément de contraintes durant ma carrière de footballeur. Et depuis que j’ai arrêté, j’ai dû prendre une bonne vingtaine de kilos mais ce n’est pas un souci car ce n’est plus moi qui dois courir ! En fait, la saison où je débute avec le moins de poids, c’est quand je suis à Reims et je suis à 86 kg (pour 1,88m). »

« On n’est pas monté, je pars »

Sous le maillot de Créteil. Ph. DR

Le Franco-Capverdienne, qui compte plusieurs sélections avec les Requins Bleus, n’a pas commencé le foot sur le sable des plages de cet état insulaire d’Afrique de l’Ouest. « Je suis né en France, en région parisienne, et j’ai commencé le foot à l’âge de 4 ans dans un petit club de quartier à Créteil, raconte Danilson Da Cruz. Après, à 6 ans, et jusqu’à environ mes 16 ans, j’ai joué à Saint-Maur Lusitanos avant de passer cinq saisons jusqu’en seniors à la VGA Saint-Maur où on est monté deux ou trois fois de PH à DSR. Après, il y a une année où on n’est pas monté donc je pars (sourire) à l’UJA Alfortville, en CFA. Mais je ne jouais pas, je n’avais pas du tout de temps de jeu, donc fin novembre je décide de partir et je vais à l’Ararat Issy-les-Moulineaux où je joue six mois en CFA 2. A 22-23 ans c’est ma première saison où le niveau national commence vraiment pour moi et je signe ensuite à l’US Créteil pour le groupe CFA 2. Mais j’intègre rapidement l’effectif National et c’est là que les choses commencent. »

Accession en Ligue 2 avec Créteil puis avec le Red Star

Sous le maillot du Red Star. Ph. DR

« J’étais plutôt défenseur central. Enfin, j’ai commencé milieu défensif, après je suis descendu en défense centrale quand j’étais à l’US Créteil, et ensuite j’ai rebasculé en milieu défensif quand j’étais au Red Star. Je pouvais jouer aux deux postes. Avec Créteil, on est monté de National en Ligue 2 (2012-13). Au Red Star aussi, on est monté de National en Ligue 2 (2014-15) et là, alors qu’on est promu, on fait une saison extraordinaire et on échoue à un point de la montée en Ligue 1 alors qu’on avait notre destin entre les pattes. »

« A Reims, on se sentait invincible »

« Après je pars à Reims qui venait de descendre de Ligue 1. La première saison on se maintient en Ligue 2 et la deuxième on monte en Ligue 1 (2017-18) avec un record de points (88) et une aventure humaine extraordinaire. On se sentait invincible. Avec les supporters, il y avait tout un club derrière nous, on allait tous dans le même sens. Il me restait un an de contrat, je me pose, je prends le temps de réfléchir, et je ne me sens pas d’aller en Ligue 1. Je suis un homme de vestiaire et je sais que la Ligue 1 est sur-médiatisée et qu’il y aura des comportements qui me dérangeront. J’ai toujours privilégié les relations humaines et je ne voulais pas du football bling-bling. Je voulais partir avec une bonne image vis à vis de tout le monde en fait. »

« A Nancy, je me suis mis au milieu de la cible »

Avec Nancy. Ph. DR

« Mais l’erreur que j’ai faite, en partant en Ligue 2 à Nancy (2018-19), c’est d’accepter le rôle de capitaine. J’ai toujours été capitaine mais là je n’aurais pas dû. Je me suis mis au milieu de la cible, on attendait énormément de moi, que je fasse la différence, des exploits, alors que moi mon rôle, ça a toujours été de faire en sorte que ceux qui sont autour de moi soient plus forts. Moi, j’étais un travailleur de l’ombre et à Nancy, on attendait autre chose de moi. Résultat, je me blesse, une grosse rupture au niveau de l’insertion de l’ischio et quand je reviens il y a eu un changement de coach (Alain Perrin à la place de Didier Tholot) et des choix ont été faits sans moi. Mais ils étaient bons puisque Nancy a finalement réussi à se maintenir. Il me restait deux années de contrat (dont une en option), mais sincèrement, pour moi, je ne pouvais pas aller plus haut que ce que j’avais fait avec Reims. »

« Concarneau m’envoie des photos des Iles Glénan »

« Je voulais retrouver un équilibre et me rapprocher de la vérité du foot amateur pour préparer l’après. J’avais connu Pierre L’Hotellier à Reims et il m’appelait deux fois par jour pour que je vienne à l’US Concarneau dont il était devenu le directeur administratif. Le coach, Benoit Cauet, m’appelle aussi, Michel Jestin également, on m’envoie des photos des Iles Glénan pour me montrer que c’est bien de vivre au bord de la mer. Le Red-Star m’avait aussi sollicité mais je ne voulais plus retourner dans la région parisienne. Le Mans m’avait également appelé mais j’avais donné ma parole à Concarneau. Donc j’arrive ici et je vois que je ne me suis pas trompé : un club familial, une ambiance magnifique, et des supporters qui sont toujours là… J’adore ce qu’ils dégagent ! »

L’ENTRAÎNEUR

La bascule de joueur à entraîneur

Photo Christian Rose Cornouaille Photo

« Après l’intérim de Pascal Laguillier, qui avait remplacé Benoit Cauet à la fin de ma première saison à Concarneau (2019-20), dès que Stéphane Le Mignan est nommé entraîneur, on discute avec lui et avec Jacques Piriou, le président. Il me restait un an de contrat, mais on décide dans un premier temps d’arrêter. Sauf que Jacques savait que le président du Red-Star, Patrice Haddad, voulait me récupérer comme entraîneur à la fin de ma carrière de joueur et donc il me dit : « tu es au club, pourquoi tu ne resterais pas chez nous? »

« Revenir dans l’amateurisme »

« J’avais la possibilité d’aller entraîner dans un centre de formation, je pouvais aussi être coach-adjoint, mais je lui réponds « c’est simple, je vais continuer à Concarneau ! ». J’ai fait le choix de rebasculer pour revenir vraiment dans l’amateurisme même si, depuis, le club est monté en Ligue 2. J’avais déjà passé mon initiateur 1 et 2 et animateur seniors quand j’étais jeune, et plus ça avançait dans ma carrière de joueur, et plus je grappillais, avec toujours en tête de pouvoir faciliter mes accessions vers les futurs diplômes. Car plus tu as un nombre important de matchs pros et plus ça te permet d’accéder plus facilement aux formations. »

Le BEF et le DESJEPS à Concarneau

Sur le banc en L2 avec Stéphane Le Mignan, dans le rôle d’adjoint. Photo D. V.

« Donc la saison suivante à Concarneau (2020-21), je passe mon BEF, je prends les U17 et malgré le confinement qui arrive, il y a des choses qui sont mises en place dans le jeu. La saison d’après (2021-22), je ne suis plus sous contrat fédéral, mais avec mon épouse, on décide de rester car on se plaît à Concarneau. Je reprends les U17, des bosseurs qui ont du caractère et ils terminent invaincus. Je les ai suivis la saison suivante en U18 (2022-23) et on refait une saison extraordinaire : que des victoires et la Coupe de Bretagne! Et j’ai passé aussi le DESJEPS qui permet d’entraîner jusqu’en National 2. Le prochain diplôme, ce sera soit le BEPF soit le formateur si le club se maintient en Ligue 2. Car ça voudrait dire que dans deux saisons, il va falloir ouvrir un centre de formation et il faudrait donc avoir des éducateurs qui ont le formateur. Ce serait un choix pour le club mais ça me servira aussi, donc c’est gagnant-gagnant. »

D’abord joueur ou d’abord entraîneur ?

« C’est une bonne question ! Je suis joueur depuis que je suis tout petit. J’ai toujours eu un ballon dans les pieds mais dès l’âge de 16 ans, je me suis intéressé au rôle d’éducateur. Je pense que, par la suite, j’ai fait ma carrière de joueur pour être entraîneur. Oui on peut dire que je suis entraîneur dans l’âme. J’ai toujours su que j’entraînerais. A 16 ans, j’ai pris pour dépanner un groupe de débutants, donc des 5-6 ans, j’ai adoré, et dans la même saison je suis passé directement à des plus grands, des benjamins à l’époque, j’ai toujours coaché, même quand je jouais en Ligue 2, je coachais en parallèle, jusqu’à ce que j’aille à Reims. Il y a eu quatre saisons où j’étais entre le National et la Ligue 2 et en parallèle j’entraînais des jeunes ou des féminines. »

« Si ça marche cette année ce sera grâce à cette première décision »

« A la fin de la saison dernière, Stéphane Le Mignan me dit qu’il compte sur moi pour la responsabilité de la formation et qu’il me considère comme un adjoint, un adjoint à la formation. A ce moment-là, il a déjà en tête que je vais retranscrire en réserve ce qu’il essaye de mettre en place en équipe première. Et après, avant le début de la prépa de la Ligue 2, il me dit qu’il aimerait que je sois là aussi, au moins au début, le temps que les nouveaux arrivent pour qu’ils m’identifient comme le coach de la réserve. Stéphane m’a mis dans les meilleures conditions parce que je suis avec eux au quotidien. Les joueurs, quand ils descendent en réserve, ils ne découvrent pas un autre coach. A l’entraînement, je suis amené à leur dire des choses, donc quand ils descendent, ils ne vont pas en équipe réserve, ils vont dans la continuité de la première… Et si ça marche cette année, ce sera grâce à cette première décision. Cette idée-là est extraordinaire et elle me met dans un confort total. Vraiment. Après ce sera à moi de gérer, t’es face à des joueurs, à leur égo, ils descendent de Ligue 2, il ne faut pas qu’ils le prennent comme une punition, mais bien comme du temps de jeu en réserve pour re-postuler tout de suite dans de bonnes conditions en première, sans se brûler les ailes une fois de plus. »

Danilson Da Cruz, du tac au tac

« Marvin Martin avait offert le jeu FIFA à tout le monde »

Lors de sa signature à Concarneau, en 2019. Photo USC

Combien de montées en cumulant les deux carrières de joueur et d’entraîneur ?
En jeunes, je suis souvent monté. Mes premières années seniors aussi, en Ligue, j’ai fait trois montées consécutives, et quand j’étais entraîneur tout en jouant, il y a eu des accessions aussi, par exemple avec les féminines de Saint-Maur… Donc, en ajoutant à tout ça les montées en pro avec Créteil, le Red-Star et Reims, ça doit bien faire une quinzaine !

La plus belle ?
La montée en Ligue 1 avec Reims en 2018. Je suis capitaine, je fais en sorte que tout aille bien toute la saison. C’est l’apothéose de ma carrière.

Meilleur souvenir de joueur ?
Avoir joué au Bernabeu avec Reims.

Un regret ?
La saison à Nancy (2018-19). C’est la plus compliquée. Mais pas forcément à cause du club, à cause de moi aussi.

Meilleur souvenir d’entraîneur ?
J’en vois deux. La saison dernière avec les U18 de Concarneau : c’était vraiment extraordinaire avec la montée en U19 Nationaux et la Coupe de Bretagne. Mais Il y a aussi une saison avec les féminines de Saint-Maur. On monte de D2 en D1 avec 22 victoires sur 22 matchs ! La saison parfaite, comme l’année dernière en fait, il y a match entre les deux.

Le pire souvenir d’entraîneur ?
Avec les U19 aux Lusitanos de Saint-Maur où on finit par descendre alors qu’en début de saison on jouait la montée. C’est le point noir.

Le plus beau stade ?
Bernabeu avec Reims contre le Real (défaite 5-3) en 2016 (16 août). C’était l’anniversaire de la finale de la Coupe d’Europe (rencontre de gala dans le cadre du 60e anniversaire de la première finale de la Coupe d’Europe des clubs champions qui avait opposé les deux clubs au Parc des Princes).

Le meilleur entraîneur ?
Il y en a plusieurs. Jean-Luc Vasseur (Créteil), Rui Almeida (Red-Star), David Guion (Reims)… Mais au-delà des coachs, il y a aussi des staffs, Stéphane Dumont, le coach de Guingamp aujourd’hui, mais l’adjoint de David Guion à Reims à l’époque, et en préparateur athlétique Laurent Bessiere qui est à Nice maintenant, pour moi c’était le staff extraordinaire. Au Red-Star, il y a eu aussi Rui Almeida, c’était magnifique également, une autre méthodologie, en adjoint Manu Pires qui est aujourd’hui aussi à Nice, et Faouzi Amzal, l’entraîneur des gardiens, c’est mon ami. J’ai eu beaucoup de belles rencontres dans ma carrière de joueur.

Le pire entraîneur ?
Pas le pire mais celui avec lequel j’ai eu la situation la plus délicate car il m’a mis de côté, c’est Alain Perrin à Nancy (2018-19). Mais je reconnais entièrement ses qualités d’entraîneur. Quand il prend l’équipe, on est limite condamné à descendre et au final on se maintient en Ligue 2.

Photo Christian Rose Cornouaille Photo

Le meilleur président ?
Là-aussi il y en a beaucoup. Mais Jean-Pierre Caillot, à Reims, c’est différent.

La meilleure causerie d’entraîneur ?
David Guion à Reims, il avait des super causeries. Et Jean-Luc Vasseur aussi, à Créteil, c’était très costaud.

Et une causerie où les joueurs n’ont rien compris ?
Rui Almeida, au Red Star (2015-16), à cause de la barrière de la langue. Pour beaucoup de joueurs c’était très peu compréhensible. Mais pour moi non, je suis capverdien donc le portugais je comprends aussi. Donc j’étais son relais.

Le partenaire qui t’a le plus impressionné ?
Je ne peux pas. Il y en a trop… Edouard Mendy avant qu’il n’aille à Rennes et à Chelsea, mais nous à Reims on avait déjà décelé que c’était un top gardien, Diego Rigonato, un génie ce joueur, pareil à Reims, Jean-Michel Lesage à Créteil, très très fort aussi, Hamari Traoré, à Reims et après à Rennes, et Marvin Martin, ah oui, c’était Marvin Martin le plus fort, à Reims!

Et L’adversaire ?
Kroos. Toni Kroos. C’est le meilleur joueur que j’ai rencontré. Pourtant, je ne suis pas du tout supporter du Real, mais c’est le meilleur, c’est impressionnant. Et là tu dis qu’on ne fait pas du tout le même sport.

Une anecdote qui n’est jamais sortie du vestiaire ?
Quand je suis à Reims, Marvin Martin signe chez nous. Et un matin, t’arrives dans les vestiaires, et dans tous les casiers des joueurs et du staff, il y a le nouveau jeu FIFA de l’année. Avant même qu’il ne sorte. 80 balles le jeu. C’était Marvin. Et là tu te rends compte de la personne que c’est. C’est fort. Et tu vois, ça c’est une anecdote qui reste dans le vestiaire, mais pour moi c’est plus qu’une anecdote de vestiaire, c’est une anecdote humaine.

La meilleure ambiance d’après-match ?
J’adore faire la fête. Pour les joueurs, après les matchs, c’est impossible de dormir, donc les années où ça se passe super bien, ou t’as que des victoires, forcément tu sors. Et moi ce que j’adorais c’est qu’on se retrouve à 15 ou 20 joueurs et c’est ça aussi qui a fait notre cohésion durant les belles saisons. Et au-delà du foot, ça devient une aventure humaine. Partout où j’ai été, j’ai toujours voulu que ça se passe comme ça.

Texte : Denis Vergos / Twitter : @2nivergos / Contact : dvergos@13heuresfoot.fr

Photo de couverture : Christian Rose Cornouaille Photo

Photos : Christian Rose Cornouaille Photo, Denis Vergos (sauf mentions spéciales)

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Son parcours de joueur, sa vision du métier d’entraîneur, sa philosophie de jeu, sa méthode, son image : le coach du Stade Lavallois (51 ans), passé aussi par Créteil, Orléans, Boulogne et Moissy, se livrent longuement et à coeur ouvert.

Olivier, revenons quelques semaines en arrière, le soir du 2 juin précisément, avec ce maintien fou en Ligue 2 acquis avec Laval, à la toute dernière seconde ! Racontez-nous !

Photo Philippe Le Brech

Emotionnellement, ça a certainement été la plus grosse joie de toute ma carrière, finalement. Parce qu’à 15 secondes près, on était en National, et ce but salvateur dans les derniers instants à Amiens nous permet d’atteindre l’objectif. L’histoire est belle, car à titre personnel, les cinq derniers joueurs qui touchent le ballon sur le but sont les cinq entrants, et sans dire qu’on avait travaillé tout ça, bien évidemment, dans le coaching j’avais pris Djibril Diaw sur le banc à la place d’un attaquant, en lui expliquant que si dans les dix dernières minutes on devait absolument gagner, qu’il devrait jouer attaquant avec ses qualités dans le jeu aérien.

Cela a été une émotion incroyable. Trois semaines avant, j’ai perdu mon père, dans la nuit qui a suivi la victoire contre Saint-Etienne. Donc j’ai vécu, sur le mois de mai, des moments durs et intenses. Mais voilà, on a gagné quatre de nos cinq derniers matches, dont la victoire à Amiens qui était la première victoire à l’extérieur depuis longtemps. Il y a eu plein de symboles forts pour moi. Je me souviens, quand on est entré dans le temps additionnel, avoir regardé le ciel et avoir demandé, « Papa, si tu es là, c’est le moment de m’aider ». Voilà. C’est pour vous dire le contexte, le côté psychologique de ce match-là, qui a été une explosion d’émotions incroyable.

« Avec nous, ce n’était jamais tiède. Toujours chaud ou froid. »

C’est arrivé également après une saison avec des périodes de hauts et de bas. La conclusion spéciale d’une année déjà particulière, on imagine ?

Photo Philippe Le Brech

Tout à fait. C’était la première fois où il y avait quatre descentes en National. Il a fallu atteindre les 46 points, ce qui je pense est un record. La saison d’avant, Bastia, avec 46 unités, est 12e. On a remporté 14 rencontres, ce qui est plus que Grenoble je crois par exemple, qui a terminé dans les dix premiers (en fait, Grenoble, 10e, a également remporté 14 matchs, Ndlr). Avec nous, ce n’était jamais tiède. Toujours chaud ou froid. On n’a fait que quatre matches nuls, on a eu la 8e attaque et la 2e ou 3e plus mauvaise défense.

Mais en fait, pour comprendre tout ça, on est aussi montés en L2 avec ces caractéristiques. On avait gagné 20 matches sur les 34 de National, mais on était la même équipe, spectaculaire, avec peu de nuls (20 victoires, 7 nuls et 7 défaites, Ndlr). C’est d’ailleurs pour ça qu’il y a eu le retour massif des supporters au stade, je pense. La saison dernière, en L2, c’était une équipe encore capable de tout, spectaculaire, un peu imprévisible, capable de battre Caen 4-0, capable de battre Valenciennes en étant à 9 pendant une heure, mais également d’encaisser 3 buts à Grenoble en 10 minutes. Une année comme ça, quand vous alternez le chaud et le froid, c’est difficile émotionnellement, vous ne savez jamais ce qui va se passer. On a terminé très fort, comme en National, ce qui montre que le travail psychologique effectué au club depuis deux saisons porte ses fruits. Il fallait aussi, dans cette dernière ligne droite, et après une série de sept défaites consécutives par un but d’écart, ne pas lâcher, rester focus, y croire.

Sur les dernières rencontres, on bat Bastia, Sochaux, Saint-Etienne, Amiens. Quand on a vu notre calendrier après la défaite à Rodez, Bordeaux ou Guingamp en déplacement… Je pense que peu de monde misait une pièce sur Laval. Cela a été une fin de saison pleine de surprises. Dans les confrontations directes, on n’avait pas de réussite, mais on a eu cette force de ne jamais lâcher, d’y croire jusqu’à la dernière seconde. Encore une fois, il y a une part de réussite, mais on est vraiment allé la chercher.

Actuellement, le début d’exercice est bon, alors que vous avez perdu des éléments importants cet été (Maggiotti, Elisor)…

On reste sur la dynamique de notre fin de saison en gagnant à domicile. Je crois qu’on en est à six victoires de suite à la maison. On a eu 12 départs, 8 recrues, un groupe fortement remanié. Contre Rodez, il y avait dix recrues dans le onze de départ. A part Pau, pas d’autre équipe en L2 est modifiée à ce point. C’est courant en National, mais pas en L1 ou en L2.

Pour nous, ça a aussi été des choix, des choses qu’on a subies, comme le départ de Julien (Maggiotti), de Simon (Elisor), ou encore de Dembo Sylla à Lorient. On n’a pas pu les conserver. Si on rajoute les blessures importantes de Jordan Adéoti, d’Antonin Bobichon, acteurs importants du maintien, bon, avec tout ça, arriver à avoir 6 points sur les trois premiers matches, en ayant joué Rodez, Angers et Troyes, c’est un bon début.

« Je me dirigeais plutôt vers une carrière de formateur »

Remontons dans le temps : quel est votre regard global sur votre carrière d’entraîneur ? Quelle est votre méthode ?

Photo Philippe Le Brech

Ma carrière de coach a commencé en 2004, donc ça va faire 20 ans l’année prochaine ! Au tout départ, mes premières aspirations étaient plus sur le côté formateur. J’ai fait mes armes à Créteil avec la réserve et en étant responsable technique de l’association. J’étais plus parti pour avoir une carrière de formateur. L’idée était de redonner, de former, d’apprendre, de transmettre. Et puis les événements ont fait que je me suis retrouvé avec les pros à Créteil… Quand on est compétiteur, qu’on a été joueur professionnel et qu’on aime ça, qu’on a l’opportunité d’y rester, on s’y accroche et c’est comme ça que, de fil en aiguille, je suis devenu numéro 1, d’abord à Créteil.

Ma philosophie, elle a aussi beaucoup évolué. Car je pense c’est un métier où on apprend chaque saison; c’est en cela qu’il est intéressant. J’ai un projet de jeu que je présente aux joueurs chaque saison, ce n’est jamais le même, il est toujours revu au goût du jour et revisité. Parce que le football évolue, qu’il y a des tendances qui se dégagent. Après, j’essaie la plupart du temps d’être pragmatique. Je ne suis pas un entraîneur qui n’a qu’une philosophie et va faire en sorte que cela soit uniquement celle-là qui prédomine, même si ça me convient et qu’il n’y a pas les joueurs pour. Je ne suis pas comme ça. Quand on arrive dans un club, il y a une histoire, des caractéristiques sociétales et géographiques. On n’entraîne pas en Corse comme on entraîne à l’Ouest ou dans le Sud. Il faut aussi coller, quand on arrive, à l’histoire d’un club. Je trouve que c’est intéressant de ressentir quelle est l’attente, du public, de l’environnement, par rapport à ce que vous allez faire, à votre production. Pour moi ce sont des éléments importants.

Et puis vous arrivez, vous héritez d’un effectif. Quand j’arrive dans un club, la première des choses, c’est d’utiliser les forces. En fonction des forces en présence, mon premier travail est de les utiliser, puis de bonifier l’effectif dans le temps. J’ai la chance de rester, par rapport à ce métier, longtemps dans les clubs, ce qui est aussi certainement une particularité. Ce n’était pas prémédité au départ, là encore, car quand j’ai débuté, on m’a surnommé « le pompier ». A Créteil j’avais fait un intérim en Ligue 2, ma première expérience c’était pour sauver la réserve du club; en CFA à Sénart-Moissy, c’était pour sauver le club, donc j’avais cette étiquette. Au fur et à mesure, j’ai trouvé plus de sens dans des projets où il fallait construire plus de choses. En National, j’ai obtenu trois montées en Ligue 2, ce qui m’a mis une autre étiquette. Une bonne étiquette, je ne vais pas m’en plaindre.

« A titre personnel, le maintien de Laval était important »

Le maintien de l’an passé s’inscrit dans cette ascension…

Photo Philippe Le Brech

J’ai envie de montrer que ce n’est pas parce qu’on est capable de faire des montées de National en L2 qu’on n’est pas capable d’être un bon entraîneur en Ligue 2, voire au-dessus; ça paraît logique quand on le dit, mais dans les faits, ce n’est pas toujours le cas. A titre personnel, le maintien était important pour moi  : ça permet d’entraîner, d’accumuler les saisons en L2. J’ai fêté mon 100e match à ce niveau à Troyes cette saison.

Pour finir sur la philosophie de jeu, on joue à trois derrière à Laval depuis trois ans, les animations peuvent varier, mais un peu sur le modèle, une inspiration de ce qui se fait à Lens avec Franck Haise, même si on en est très loin et que je ne me permettrais pas de mettre ce qu’on fait en comparaison. J’ai joué avec lui à Beauvais en D2, et si vous me demandez en tant qu’entraîneur quelle équipe me séduit le plus en France, je dirais Lens. Il y a trois ans je suis parti sur cette animation, sans savoir qu’ils allaient jouer comme ça, c’était au moment du Covid. On essaie de faire évoluer cette animation, la faire progresser, la rendre compétitive.

Il y a quelque chose chez vous qui tient de l’adaptation : vous êtes resté assez longtemps dans vos équipes, et loin de votre région natale du Sud (il est né à Hyères dans le Var)…

Après, j’ai fait aussi, je ne dirais pas une croix, mais j’ai également compris que dans ce métier, vous ne pouvez pas non plus avoir d’exigence géographique, ou alors vous mettez un terme à vos ambitions professionnelles. Moi, ce qui peut expliquer, je pense, la durée dans les clubs, ce sont les rencontres avec les gens qui m’ont approché, tout simplement. Car j’ai aussi refusé des clubs. C’est plus à un moment donné le feeling, ce qui j’arrive à percevoir de l’environnement, du club. Est-ce que dans cet environnement-là, je vais pouvoir être performant ? Epanoui ? Car si je ne suis pas épanoui, je ne serai pas performant. Quand je juge que l’environnement est propice, c’est un premier signe de mon engagement. J’ai eu des sollicitations dans le Sud de la France, mais où je pense que l’environnement n’était pas propice.

C’est ce qui peut expliquer aussi le fait que je reste dans les clubs. Les présidents qui m’ont engagé partagent la même vision, les mêmes valeurs, au-delà des périodes de résultats, il y a la reconnaissance que le travail est fait et bien fait, en toute humilité. Pour moi, c’est plus important que l’aspect médiatique ou financier d’un club. L’opportunité, quand je choisis un club, c’est de se dire : est-ce que cet environnement, est-ce que les personnes avec qui tu vas travailler, ça va matcher, quand ça ira mal aussi. Quand j’ai pesé tout ça, je donne mon accord ou non. Laval, pour l’instant, c’est une réussite, et j’espère que ça durera, car j’en suis très content.

« L’architecture n’a pas voulu de moi, alors je me suis dirigé vers le foot ! »

Votre carrière de joueur, elle aussi, est riche : quel est votre regard dessus ?

Photo Philippe Le Brech

Finalement, je pense qu’il y a des similitudes entre ma carrière de joueur et d’entraîneur… Jeune, j’ai démarré à Toulouse, dans un club formateur. Si on remonte au départ, à 17 ans, j’ai eu l’embarras du choix. A l’époque, je jouais à Aix-en-Provence, et je pouvais signer à l’Olympique de Marseille. Le directeur du centre de formation de l’OM, Gérard Gili, était venu voir mon père pour lui expliquer qu’il voulait me recruter. Il y avait plusieurs clubs, Nice, Sochaux, Toulon et quelques autres. Mais j’ai choisi Toulouse car c’était un club formateur. J’ai passé une semaine là-bas, rencontré le formateur. En 1988, il y avait une personne qui gérait le centre et gérait tout. C’était Serge Delmas, qui a été une rencontre, un formateur reconnu, quelqu’un de dur aussi. Après cette semaine, je me suis dit que je pouvais réussir dans cet environnement, dans ce club. A Marseille, je pensais que ça pouvait être plus difficile. J’avais la chance à Toulouse de pouvoir poursuivre mes études, mon bac, le tronc commun, un BTS. Tout était réuni pour que je sois épanoui.

Le regret que j’ai dans ma carrière, c’est de ne pas avoir pu jouer un peu plus en Ligue 1. J’ai joué 50 matches en Ligue 1, j’ai eu la joie de connaître 3 sélections en équipe de France Espoirs avec des futurs champions du monde, Zidane, Dugarry, Thuram et autres. Ma seule déception, c’est quand Toulouse est descendu en deuxième division, ça m’a aussi amené à jouer en D2. Après, comme je n’attendais pas d’être en fin de contrat pour prolonger dans les clubs, je ne voulais pas rater de préparations. J’ai toujours privilégié l’intérêt sportif plus que financier, en voulant être présent dès le début de la prépa. C’est pour ça que dans mon métier, j’essaie au maximum d’avoir mon équipe au premier jour, même si je sais que ce n’est pas possible. Je trouve que c’est une étape importante dans l’adaptation, l’assimilation. A mon époque, j’aurais pu, parfois, prendre le temps d’attendre, de refuser, quitte à me retrouver au chômage un temps, mais je n’ai jamais voulu faire ces choix-là. C’est pour ça que je suis resté dans mes clubs assez longtemps.

Il y a un paradoxe dans votre profil, ou presque : vous avez voulu finir vos études en tout début de carrière, et en même temps, France Football vous présentait comme l’héritier du libéro Maxime Bossis. Vous auriez pu ne pas être pro, comme être capitaine de l’équipe de France !

Photo Philippe Le Brech

Capitaine, peut-être pas ! Mais c’est vrai. Il y a deux choses importantes ; moi, au départ, je voulais être architecte. A 16 ans, j’avais deux passions, le dessin et l’architecture, et le football. J’ai présenté une candidature pour intégrer l’école d’architecture de Marseille. Le dossier avait été rejeté et ça m’avait fortement vexé. L’architecture ne voulait pas de moi. A 16 ans – maintenant ça me paraît stupide comme réflexion -, mais à 16 ans, j’avais dit « puisque c’est comme ça, je vais faire carrière dans le football et m’investir là-dedans. » La seconde chose, c’est qu’à Toulouse, quand j’ai commencé à jouer, à l’époque, on évoluait avec un libéro, décroché derrière la défense. En première division, j’étais le seul jeune joueur à jouer comme ça, dans ce registre. Généralement, c’étaient des joueurs d’expérience, Laurent Blanc, Maxime Bossis… Il fallait une certaine intelligence, une grande maîtrise, du calme, du caractère. On était vraiment le dernier défenseur, plus bas que les autres; ça m’a permis d’avoir ces sélections en Espoirs. Mais il y a eu un changement tactique avec le passage en zone, on n’était plus sur du marquage individuel, et peut-être que ça ne correspondait moins à mes qualités au haut niveau. Maintenant, je pense que si Toulouse était resté en Ligue 1, j’aurais joué plus de matches en L1. J’avais eu quelques contacts à mes débuts avec des équipes comme Monaco, mais voilà, c’était un autre football, une autre époque, il n’y avait pas les transferts comme maintenant. Donc voilà, pour les études c’était ce côté-là, et pour la carrière, je pense que c’est l’évolution du jeu qui a fait que, finalement, j’ai plus joué en deuxième division, et j’en suis fier.

Entraîneur-joueur en réserve à Créteil

Il y a un peu un côté architecte chez un entraîneur : comment s’est faite la bascule définitive vers le métier de coach, quelques années plus tard ?

Photo Philippe Le Brech

Je pense qu’un entraîneur, c’est aussi un architecte, qui monte une équipe – on parle de fondations, effectivement -, il y a des figures géométriques, voilà. Il y a des similitudes. Alors il faudrait beaucoup de temps pour les expliquer, mais je pense qu’effectivement, il y a certainement un peu de ça. Comment j’ai basculé ? C’est très simple. En 2003, je suis en Ligue 2 à Créteil, je suis plutôt en fin de carrière, j’ai eu la chance de ne quasiment être blessé, de jouer beaucoup, et puis je commence à avoir des douleurs articulaires, au genou, à la hanche, et à être moins compétitif. Le football est en train d’évoluer, ça va un peu plus vite, j’ai un peu plus de mal, je le sens au fond de moi. Je m’étais toujours dit que j’arrêterais ma carrière en Ligue 2 au minimum. Jouer en National, N2, N3, jusqu’à 40 ans, ça ne m’intéressait pas.

Comme je n’étais pas titulaire le week-end, pour garder la forme j’allais souvent jouer en réserve, et puis toute ma carrière j’ai passé des formations, des diplômes d’entraîneurs, pour m’occuper. Mais, sincèrement, plus car ce sont des formations accessibles avec l’UNFP. Quand vous êtes joueur, vous avez des facilités, donc j’ai passé pas mal de diplômes pour ma curiosité, à titre personnel, en me disant « on ne sait jamais, ça pourra toujours servir ». Arrive la trêve, j’ai un entretien avec l’entraîneur du club Jean-Michel Cavalli, qui me dit « Olivier, il te reste 6 mois, on ne compte plus sur toi sportivement, par contre on pense que tu as la fibre pour entraîner. Tu as passé tes diplômes, on te propose un challenge : si tu sauves l’équipe réserve, si tu les maintiens, on te fera un contrat d’entraîneur derrière et un poste de directeur technique de l’association. »

J’ai pris une semaine de réflexion, et j’ai dit « allez, je tente le coup. » Je donne mon accord, et ce qui est marrant dans l’histoire, c’est que quand il a fallu être concret, s’organiser, avoir un staff, Jean-Michel Cavalli m’a dit « mais pourquoi tu ne joues pas ? L’objectif c’est de te maintenir, la meilleure recrue c’est toi » Et donc, pour ma première expérience, j’étais entraîneur-joueur. Je me souviens être passé sur RMC un soir avec Jean-Michel Larqué, sur Larqué Foot, pour parler de ça. Ils disaient que ça paraissait insensé comme challenge, car à l’époque, c’était rare de voir un joueur encore en activité en L2 devenir entraîneur de la N3. D’ailleurs en Ligue 2, je ne sais pas si ça s’est déjà vu.

Le début d’une aventure, finalement…

La difficulté pour moi était de jouer et d’entraîner. Une fois que j’avais intégré ça, je jouais en défense, et ça me permettait de coacher pendant les matches. Ma priorité a été de dire qu’il fallait que je m’entraîne pour être crédible. Donc je m’entraînais avec les pros le matin, et je coachais le soir. Je ne voulais pas m’entraîner avec l’équipe que j’entraînais; ça a été six mois éprouvants physiquement, car je m’entraînais tous les matins avec les pros, je dirigeais quatre entraînements par soir en semaine, et le dimanche, j’allais jouer avec mon équipe.

Et au bout de deux mois, très rapidement, j’ai eu envie d’arrêter de jouer. Je me suis dit, « bon bah, ça te plaît ». Je ne savais pas où j’allais, et je me suis rendu compte que je ne voulais plus jouer, mais que je voulais entraîner. On s’est maintenu en étant 2es sur mes six mois, et comme promis, je suis devenu coach de la réserve, et directeur technique de l’association.

« Quelque part, ça a toujours été une vocation »

… Et une fin très spéciale de carrière joueur. Comment se sont passés ces six mois ?

Photo Philippe Le Brech

Ce fut une forme de frustration. Mon dernier match de joueur, je l’ai fait dans la totale indifférence, sur un match de National 3. On ne jouait même pas à Créteil, à cause d’un problème de pelouse, on a joué au Stade d’Ormesson devant 150 personnes. Je n’ai même pas pu le faire à Duvauchelle, devant mon public. J’ai raccroché les crampons dans une indifférence totale. Avec cependant le sentiment du devoir accompli, car on avait maintenu la réserve.

Et 20 ans plus tard, après ces 150 personnes, vous obtenez un maintien fou comme coach avec Laval. La boucle est bouclée ! Pour conclure, quel est votre regard sur votre carrière au sens large ?

Sportivement, c’est une carrière riche. Et j’espère qu’elle va durer encore longtemps. Maintenant, je vais avoir 52 ans (le 27 septembre), donc on a forcément du recul, on peut analyser un petit peu, et je me rends compte que très jeune, quand on jouait au foot avec mes frères au quartier à Vitrolles, j’étais déjà celui qui organisait les équipes (rires). J’avais des cahiers d’entraînements, pendant les vacances, je faisais des programmes d’entraînements pour l’équipe du quartier. Je me  souviens qu’il fallait que tout le monde soit habillé pareil, j’étais déjà rigoureux ! J’ai retrouvé certains de ces cahiers d’ailleurs. Et je pense que quelque part ça a toujours été une vocation.

En mai 2022, après le match de la montée en Ligue 2 du Stade Lavallois. Photo Philippe Le Brech.

Après, dans la vie, ce sont des opportunités. Car très sincèrement, un an avant d’arrêter de jouer, je ne savais pas ce que j’allais faire, je m’interrogeais sur mon après-football. Je n’avais pas forcément envie de devenir coach professionnel. Car pour être honnête, je voyais mes entraîneurs souffrir, qui se décomposaient, qui fumaient beaucoup sur le banc, qui étaient marqués après les défaites, et je trouvais que c’était un métier difficile. Nous joueurs, on avait la possibilité de travailler sur nos corps, alors que coach, ce n’est que du mental. Ce côté-là ne m’attirait pas trop, j’étais plus parti sur la formation. Mais voilà, les choses n’arrivent jamais par hasard. Si j’ai passé mon BEPF, si j’ai eu cette volonté, si je m’en suis donné les moyens, c’est parce que j’aime la compétition, l’envie de progresser, c’est important pour moi, c’est mon moteur, ce qui me fait avancer.

Sous le maillot du Toulouse FC. Photo DR

Quand on a une réussite collective comme coach, ou qu’on a des joueurs comme Dembo Sylla, qui sort de la N3 et signe en Ligue 1, Simon Elisor, qu’on relance et qui signe à Metz en L1… J’ai eu la chance d’avoir Nicolas Pépé à ses débuts à Orléans, Emiliano Sala totalement méconnu et qui a lancé sa carrière, un garçon comme Medhi Boudjemaa qui fait une belle carrière à l’international alors qu’il ne jouait pas à Guingamp, eh bien on a aussi cette fierté de se dire qu’on aura compté pour des jeunes joueurs, d’avoir été importants dans leur parcours. Je vous dis ça parce que j’ai appris la disparition d’un de mes entraîneurs en jeunes à Aix-en-Provence, qui est décédé, et j’ai eu son fils qui m’a dit « C’est marrant parce qu’on ne se connaît pas, mais mon père disait que tu étais une de ses plus grandes fiertés, de voir ton parcours. »

Et je me dis que, maintenant, je suis de l’autre côté, et certainement que ça donne du sens à tout ce qu’on peut faire. Donner de la joie aux supporters quand on réalise des performances, qu’on gagne des matches, des derbys… Quand on obtient un maintien comme ça à la dernière seconde l’an passé, avec des milliers de supporters de Laval qui ont vécu des émotions dont ils se rappelleront pendant des années, qu’ils raconteront à leurs enfants, petit-enfants, qui diront « j’étais là ce jour-là avec mon père », eh bien quand on se rend compte de tout ça, ça donne du sens à ce métier difficile et qui le devient de plus en plus. Mais il y a des gens pour qui on a compté, et ça c’est important.

Olivier Frapolli, du tac au tac

En mai 2022, après le match de la montée en Ligue 2 du Stade Lavallois. Photo Philippe Le Brech.

Votre meilleur souvenir de joueur ?
Mon premier match en professionnel : en L1 contre le PSG au Parc des Princes.

Votre pire souvenir de joueur ?
Ma blessure à Nîmes en L1 au pneumothorax.

Le coéquipier le plus fort côtoyé ?
Zinedine Zidane avec l’équipe de France espoirs.

L’adversaire le plus fort affronté ?
Georges Weah.

Un président marquant ?
« Papy » Delsol, le président emblématique du TFC.

Un match en état de grâce ?
Un Créteil-Toulouse en Ligue 2 : j’avais marqué le but de la victoire.

Sous le maillot du Toulouse FC, en D1, à Monaco. Photo DR

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Vincent Candela : pas vu depuis nos années TFC.

Un stade mythique ?
Le Stade Vélodrome, la saison où l’OM gagne la Ligue des champions : ambiance magique.

Un coach marquant ?
Daniel Zorzetto à Beauvais.

Une anecdote de vestiaire ?
Une victoire lors de la dernière journée de championnat avec Toulouse, contre l’OM, qui venait de remporter la Ligue des champions. Ils étaient venus à Toulouse avec le trophée pour nous faire partager ce grand moment ! Les deux équipes s’étaient retrouvées après le match dans une discothèque de Toulouse. La soirée avait été très « chaude » …. Je n’en dirai pas plus !

Avec les Espoirs ! Vignette Onze Mondial

Meilleur souvenir de coach ?
Le maintien en Ligue 2 la saison dernière lors de la dernière journée à Amiens.

Pire souvenir de coach ?
Le match à Bordeaux, le 20 mai 2022, seulement quelques jours après le décès de mon père.

Le joueur entraîné qui vous a le plus impressionné ?
Nicolas Pépé, à Orléans en National, saison 2015/2016.

Un match où tout a roulé pour vous ?
La victoire contre Valenciennes à 9 contre 11 la saison dernière. Un match héroïque avec un coaching « parfait ».

Votre style de jeu ?
J’essaie toujours de conjuguer émotions et résultats : j’aime la verticalité, l’intensité et le football engagé.

Un modèle de coach ?
Roberto De Zerbi (l’entraîneur de Brighton, en Premier League).

Un collègue que vous appréciez dans le milieu ?
Dans la division, j’ai une affection particulière pour Laurent Guyot et Didier Santini.

Des hobbies en dehors du foot ?
Le sport (running, vélo) et le cinéma.

Ligue 2 BKT (5e journée) / Samedi 2 septembre 2023 : Stade Lavallois (6e / 6 points) – SM Caen (1er / 12 points), à 19 heures, au stade Francis-Le Basser.

Texte : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : Philippe Le Brech

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L’ancien dirigeant des Chamois Niortais veut faire de l’Aviron Bayonnais FC (N3), qu’il préside depuis dix mois, le premier club français professionnel du Pays Basque. Un vaste projet, qu’il entend mener en plusieurs étapes et en équipe. L’histoire est en marche !

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

Si on vous dit le jambon, les fêtes, le chocolat, la Nive, l’Adour, le « petit », les arènes, les halles, Ramuntcho… Bienvenue à Bayonne ! Bienvenue au Pays Basque, le pays du … rugby ! Le pays de l’Ovalie et… du ballon rond. Ne riez pas, c’est très sérieux.

Bien sûr, l’Aviron Bayonnais phagocyte un peu tout. Sans compter qu’à 5 kilomètres d’un stade Jean-Dauger rénové et qui accueille près de 15 000 personnes pour des affiches du top 14, l’historique Biarritz Olympique réunit lui aussi des milliers de fidèles au parc des sports d’Aguilera en Pro D2. Pour autant, le football tient une place très importante dans la ville qui a vu naître Didier Deschamps : rien qu’entre le petit frère, l’Aviron Bayonnais Football-club et les Croisés de Bayonne, on frôle les 1500 licenciés. Vraiment pas mal pour une commune de 50 000 âmes.

Au stade Didier Deschamps de Bayonne – l’ex-capitaine des Bleus a donné son nom au stade en 2000 -, on est loin de l’affluence de Jean-Dauger, mais il existe une constante : le football est et sera toujours plus populaire que le rugby, question de culture. Et celle du ballon rond est plus grande que celle de l’ovalie en France. Mais pas au Pays Basque. Pas encore ? Chut !

Une construction par étapes

Photo ABFC

Karim Fradin n’entend pas concurrencer son grand frère « Bleu et blanc », mais s’appuyer et s’inspirer de ce qui se fait à moins de 2 kilomètres de là, pour, peut-être un jour, offrir à tout le Pays Basque une équipe de football professionnelle.

Cela prendra du temps, le nouvel homme fort du club le sait, mais du temps, il en passé beaucoup aux Chamois Niortais, où il a eu… le temps, justement, de mettre en place des projets et d’organiser au quotidien la vie d’un club où il a passé plus de 20 ans de sa vie, d’abord comme joueur (en juniors puis en seniors avec notamment 7 saisons en Ligue 2), puis comme manager général de 2009 à 2017 et enfin président-actionnaire de 2017 à 2020.

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

L’ancien milieu de terrain professionnel (plus de 300 matchs de Ligue 2 à son actif et une centaine de matchs en D2 anglaise) n’est pas venu révolutionner le ballon rond à Bayonne. Il est venu structurer le club et lui donner une nouvelle orientation avec des objectifs précis. Une construction par étapes, dont la première pierre a été posée en novembre 2022, avec la création d’une société anonyme sportive (SAS), dont il est actionnaire majoritaire, pour la gestion de son équipe fanions seniors de National 3.

La deuxième étape, c’est de retrouver le National, un championnat que l’Aviron Bayonnais a fréquenté pendant 6 ans (2004 à 2006 puis 2008 à 2012) avant, troisième étape, d’aller voir encore plus haut, comme le Pau FC, pensionnaire de Ligue 2 depuis 2020, le grand club des Pyrénées-Atlantiques. Le grand club… du Béarn. Béarnais, Basque, à chacun son histoire ! Et celle que Karim Fradin (51 ans) veut raconter sera forcément différente…

Interview

« Le potentiel de l’Aviron Bayonnais est énorme ! »

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

Karim, effectuons un retour en arrière : qui êtes-vous, d’où venez-vous et quel est votre parcours footballistique ?
Je suis né à Saint-Martin-d’Hères, près de Grenoble (Isère), mais avec ma famille, on est parti tôt à Paris donc j’ai grandi en région parisienne, dans le Val-de-Marne, où mes parents se sont installés. J’ai commencé le foot au Plessis-Trévise, puis j’ai joué à Sucy-en-Brie, à l’ASPTT Paris, puis à Alfortville, Saint-Maur. Vous savez, on bouge beaucoup quand on est en région parisienne ! Puis j’ai intégré un sports-études à Champigny-sur-Marne, puis un sports-études régional et enfin, à 16 ans, j’ai intégré le centre de formation de Valenciennes. Puis j’ai suivi mon directeur du centre, Roger Fleury, pour aller à Niort. Je ne vous cache pas que je ne savais pas où c’était ! Roger Fleury, c’est mon formateur, à qui je dois beaucoup. Il est passé par Caen, Châteauroux, Paris Matra, Niort et donc Valenciennes. Il a formé beaucoup de joueurs. J’ai joué en pro à Niort (de 1992 à 1998 en D2 puis de 2005 à 2007 en National et en Ligue 2), à l’OGC Nice (1998-99), à Stockport County (D2 anglaise, 1999-2003) et à Châteauroux (Ligue 2, 2005-07).

Dans nos échanges, il est souvent question de Niort, forcément, mais aussi de votre expérience anglaise, qui a vraiment été marquante…
Oui, après Nice, je suis parti à Stockport County, en championship (D2 anglaise), un club de la banlieue de Manchester. On était dur à jouer. On avait un petit terrain, on faisait régulièrement entre 10 et 15 000 spectateurs. J’ai toujours cette anecdote en tête : à l’époque, en Angleterre, on pouvait être à l’essai et jouer en championnat, vous vous rendez compte ! Je sais, ça paraît incroyable, et c’est ce qui s’est passé pour moi : pendant que j’étais à l’essai, j’ai disputé mon premier match à Blackburn Rovers, ce fut un grand moment ! Cette particularité n’existe plus aujourd’hui. Je suis resté 4 ans à Stockeport, et quand on a été relégué en League One (D3), je suis rentré en France à Châteauroux, en Ligue 2.

L’Angleterre, c’est le paradis du football ! Le football passion ! Dans notre championnat, on était 24 équipes, avec des clubs incroyables, Coventry, Manchester City, Bolton, Blackburn, Norwich, Nottingham Forest, Fulham, QPR, Crystal Palace, Sheffield United… Et nous on faisait partie des petits. Je ne savais pas ce qu’était un vrai centre d’entraînement avant d’arriver là-bas : la France n’était pas aussi développée au même moment. On avait 2 000 à 3 000 supporters qui nous suivaient en déplacement. En Angleterre, on vous demande d’abord quel club vous supportez avant de vous demander où vous habitez. Mon deuxième garçon est né à Manchester, où j’habitais. J’y ai appris l’anglais. Là-bas, ils sont unis par l’amour du maillot. Je m’y suis fait quelques amis pour la vie. C’est une ville qui m’a marqué : je suis arrivé après l’attentat de 1996, un traumatisme, et la ville s’était reconstruite. D’ailleurs, les Anglais ont une capacité incroyable à reconstruire très vite. J’ai passé des années formidables là-bas.

« Il va y avoir une augmentation de capital à la rentrée »

Photo ABFC

Comment avez-vous atterri à Bayonne ?
J’ai rencontré le président du club, Lausséni Sangaré. Il savait que je cherchais un nouveau projet. C’est vrai que, au départ, je n’avais pas pensé à un club de National 3. J’avais étudié des dossiers en National et en National 2. Mais j’ai aimé ma rencontre avec lui. J’ai aimé le personnage et sa passion pour son club : il a joué au club, il est arrivé jeune ici en provenance de la région parisienne et aujourd’hui il est Basque, ce que je ne suis pas encore, mais je vais essayer de me faire adopter (rires) ! Après, on travaille main dans la main. Mais le projet que nous avons mis en place, c’est celui de l’Aviron, ce n’est pas le mien ou le sien. Le projet, c’est : qu’est ce qu’on construit pour l’Aviron Bayonnais FC et qu’est ce qu’on va laisser si un jour on part ?

Comment avez-vous rencontré Lausséni Sangaré ?
Vous savez, le foot, c’est toujours l’histoire d’une rencontre. Avec Lausséni, on s’est rencontré via des amis communs. Je venais souvent au Pays Basque, un territoire que j’aime beaucoup. Maintenant que je suis là, je vais faire le chauvin : le Pays Basque, c’est un des plus beaux endroits de France et d’Europe même.

Lausséni Sangaré, le co-président de l’ABFC, est à la tête de l’association. Photo DR

Vous n’êtes plus immatriculé 79 (Deux-Sèvres) du coup ?
Ah non ! Je suis immatriculé 64 (Pyrénées-Atlantiques) ! Et je suis installé à Anglet, pas loin du stade Aguilera du Biarritz Olympique, mais ça il ne faut pas le dire ! On m’a juste dit qu’il ne fallait pas que j’aille habiter à Biarritz (rires). Plus sérieusement, avec Lausséni, on s’est rencontré courant 2022. Il voulait faire passer un palier à son club, englué en National 3 (depuis 7 ans) et qui a perdu beaucoup de joueurs.

Votre arrivée correspond aussi à un changement de statut juridique et donc, forcément, d’orientation…
Oui. En novembre 2022, on a changé les statuts et crée la SAS. On a deux deux entités, la SAS, que je préside, et l’association, avec Lausséni (Sangaré) en co-président. Il va y avoir une augmentation de capital à la rentrée, la société va être constitué d’actionnaires locaux, comme on l’avait dit, parce que c’est un projet territorial. On souhaite faire entrer des acteurs du territoire afin de devenir le premier club français professionnel du Pays Basque. C’est ça le projet. Je sais, c’est un sacré pari, mais c’est notre ambition. Le foot, c’est toujours des paris et de l’ambition. Maintenant, il faut atteindre nos objectifs.

« Sans ambition, sans projet, on ne construit rien »

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

Ne partez-vous pas de trop loin ?
Déjà, ce serait bien d’imiter nos prédécesseurs, ceux qui ont permis à l’Aviron Bayonnais FC de monter deux fois en National. Ce n’est pas rien. Donc on va déjà essayer de réécrire cette page, avec l’ambition de rester en National puis de devenir professionnel. Je dis toujours que, sans ambition, sans projet, on ne construit rien. Ce projet humain est passionnant : ça va prendre du temps, de l’argent sera injecté mais ce n’est pas uniquement une question d’argent. C’est aussi une question de développement, de volonté et de bonne volonté.

Pas trop compliqué, en terre de rugby, de se lancer dans un tel projet ?
Ici, c’est incroyable, il y a 1500 licenciés foot rien qu’à Bayonne, avec le club des Croisés. Nous, on est déjà pratiquement 800. Et dans le bassin, il y a la JAB (Biarritz), les Genêts d’Anglet, Saint-Jean-de-Luz, etc. Le territoire est vaste, riche. On dépasse le nombre de licenciés rugby.

« Je ne me serais pas engagé si je n’avais pas senti une adhésion »

Avec Cherif Djema, le nouveau recruteur. Photo ABFC.

Votre proche voisin, les Genêts d’Anglet, évolue dans votre poule de National 3 : peut-on envisager un rapprochement entre vos deux clubs pour toucher le professionnalisme ?
(Catégorique). Non. Ce n’est pas une bonne idée. Chacun doit garder son identité. Nous devons être des adversaires loyaux, disputer des derbys comme on le fait actuellement. On a voulu rapprocher les deux clubs de rugby, mais chacun a son histoire. Nous, on ne veut écraser personne. On veut juste devenir une locomotive. On veut être champion de notre poule cette année, forcément. On n’est pas sûr de réussir. Anglet, on le sait, aura son mot à dire aussi et a des ambitions : ils ont fini 2e la saison passée (les deux clubs ont chacun perdu lors de la journée inaugurale, samedi dernier, en N3).

Sentez-vous que votre projet a été accepté ici, à l’Aviron Bayonnais, auprès de tous les gens du club ?
Cela s’est fait par étape. On a pris le temps. Avec Lausséni (Sangaré), on a pris le temps d ‘expliquer les choses, de présenter le projet, qui a été validé. Les gens adhèrent. De toute façon, je ne me serais pas engagé si j’avais senti que ça allait être compliqué ou que les gens ne voulaient pas construire un vrai projet. Et au contraire, aujourd’hui, je suis conforté dans ma décision, car beaucoup de personnes ont envie d’accompagner ce projet. J’ai l’impression que chaque petite main participe à ce projet collectif.

« Avant de demander, il faut prouver »

Pas de rapprochement avec Anglet, d’accord, mais allez-vous vous inspirer du Pau FC, qui parvient à s’installer en Ligue 2 depuis 2020 ?
Le Pau FC peut être un exemple, un modèle, oui. Ils font un bon travail, ils ont bien avancé, ils se sont bien développés, ils ont un joli petit stade. Mais Pau, c’est le Béarn. Et Bayonne, c’est le Pays Basque.

Oui mais le Pays Basque, ce n’est pas que Bayonne…
Justement, c’est pour ça, on un bassin énorme. Vous savez que 19 % des abonnés à La Real Sociedad (le club de Saint-Sébastien, qui évolue en Liga espagnole, n’est qu’à 50 kilomètres) sont français ?! Il y a ou il y a eu beaucoup de clubs pros en Liga espagnole dans le pays basque (Osasuna Pampelune, Eibar, Athlétic Bilbao, Real Sociedad, Alavès…). D’ailleurs, on est partenaire de l’Athlétic Bilbao.

Sentez-vous les collectivités derrière vous ?
Oui, mais avant de demander, il faut prouver. Le projet de l’Aviron Bayonnais est récent. La première étape, la saison passée, c’était le maintien en National 3. L’étape 2 est de finir champion de N3 et après, on verra ! Je n’ai aucun doute sur l’aide des collectivités, elle arrivera ensuite. Mais nous ne sommes qu’en N3 et on a un grand frère bienveillant, l’Aviron Bayonnais rugby, qui est un modèle en matière de développement, de partenariat, surement le meilleur à suivre. Il n’y a pas besoin d’aller très loin pour le voir : le stade Jean-Dauger, rénové, joue quasiment à guichets fermés à tous les matchs. Mais bon, voilà, on est en N3, et on sait aussi que le nouveau N2, la saison prochaine, va être plus relevé avec le resserrement des championnats (passage de 4 à 3 poules). Ce sera un vrai grand championnat.

« A Clermont, on disait qu’il n’y avait pas la place pour le foot… »

Landry Bordagaray, l’entraîneur de l’équipe de N3. Photo DR

Le foot au pays de l’ovalie, vous y croyez ?
Le foot reste le foot. Avec toute sa force. Rien ne peut le battre. Même en terre de rugby. Parce qu’il est le sport le plus populaire dans le monde et même dans le territoire basque, où il y a de la place pour tout le monde. Bien sûr, ici, on aime le rugby, mais aussi le foot ! Le meilleur exemple, pour moi, c’est Clermont-Ferrand. J’ai vu des matchs au stade Gabriel-Montpied, ils faisaient une moyenne de 2500 spectateurs en Ligue 2. Le foot n’existait pas en Auvergne. Personne ne voulait aller voir un match à Gabriel Montpied. Là-bas, tout le monde disait qu’il n’y avait pas le place pour le foot à cause de l’ASM Rugby (Montferrand), le mastodonte.

Et puis Clermont Foot est monté en Ligue 1, avec Pascal Gastien comme coach et un investisseur suisse (Ahmet Schaefer), que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Aujourd’hui, on ne parle plus que du Clermont Foot, le stade fait 15 000 spectateurs de moyenne, et pourtant Montferrand est toujours en Top 14. C’est donc bien qu’il y a de la place pour deux.

Quels sont vos rapports avec le grand frère, l’Aviron Bayonnais Rugby ?
On commence à se voir. C’est le début de l’histoire, il faut construire les choses, il faut prouver aussi qu’on est capable de faire du bon travail. On demande de l’aide quand on prouve.

Sur un plan personnel, passer de la Ligue 2 au N3, ça ne vous fait pas peur ?
On me l’a beaucoup dit… Quand vous passez 35 ans dans le foot professionnel et que vous revenez dans le monde amateur… Mais j’ai aussi connu une année de National 2 avec Niort, à mes débuts de dirigeant (manager général), en 2009. Je me suis déjà mis derrière un bar dans l’espace VIP, j’ai vidé les meubles du centre de formation avec d’autres personnes, tout ça, ça ne me fait pas peur, tant que l’on est passionné et que l’on a envie de construire quelque chose, que les résultats commencent à se voir, sur le terrain et en dehors. Parce que je n’oublie pas que c’est une construction sur le terrain mais aussi en dehors, c’est une construction du club en général. Se professionnaliser, ce n’est pas uniquement gagner des matchs, même si, dans le foot, la première chose, celle que l’on vend, celle que l’on veut faire, c’est de gagner des matchs. Des gens ont été surpris que je m’investisse ici, c’est vrai, mais l’Aviron, ce n’est pas n’importe quel club. Son potentiel est énorme. C’est un nom, une marque, un territoire. Et ce n’est pas normal qu’il n’y ai jamais eu de clubs de Ligue 2 ici, au Pays Basque.

C’est aussi le bleu qui est plus clair que celui de Niort aussi…
Oui, le sang passe de bleu marine (Niort) à bleu ciel (Aviron), mais il reste bleu !

« Je ressens un dynamisme fou au Pays Basque »

Avant de vous intéresser à l’Aviron, vous sembliez parti pour vous investir à Vannes, en National 2, où vous n’êtes resté que 3 mois : pourquoi cela a-t-il capoté ?
Parallèlement à mon métier de dirigeant, je fais aussi du conseil. J’ai d’ailleurs déjà conseillé plusieurs clubs, notamment dans leur stratégie de recrutement, dont le club de Vannes, avec Maxime Ray, son président, qui avait envie de construire quelque chose de solide. On avait bien accroché, mais Maxime a quitté le club subitement suite à un désaccord avec la municipalité, c’est son choix. Tout naturellement, j’ai donc quitté le projet aussi. En fait, quand j’ai vendu mes parts en 2020 aux Chamois Niortais, où j’étais actionnaire majoritaire, je ne me voyais pas couper du foot. Je trouvais que Vannes avait un gros potentiel, ils ont un joli petit stade (La Rabine), en pleine ville, avec aussi du rugby !

Maintenant que vous êtes installé ici, comment trouvez-vous le Pays Basque ?
Je le trouve dynamique. Je ressens tout de suite ça. Ici, quand vous parlez avec des partenaires, quand vous vous promenez en ville, c’est d’un dynamisme fou. Je suis surfeur à mes heures, je peux vous dire que ce n’est pas la même ambiance dans les rouleaux que dans les vagues à l’île d’Oléron ! Ce n’est pas pareil du tout ! Simplement, ici, il faut quand même y aller sur la pointe des pieds et faire attention de ne pas prendre la vague de quelqu’un (rires), et c’est après que l’on se fait adopter !

« Niort qui descend en National, c’était inéluctable »

Et d’un point de vue économique, pensez-vous que le bassin soit suffisant pour, un jour, « supporter » un autre club professionnel ?

Ici, il y a beaucoup d’entreprises, notamment privées. On est sur un autre modèle économique qu’à Niort, qui est la capitale européenne des assurances. Les assurances, c’est très bien, ça a des avantages, mais aussi des inconvénients : car il n’y a pas pire que des assurances pour prendre des risques ! La Macif a été des a été un partenaires historiques des Chamois Niortais, il y avait une relation de confiance avec son président. Idem avec l’entreprise Poujoulat. Je ne crache pas dans la soupe, loin de moi cette idée là, et la Maif continuent d’accompagner les Chamois sur la formation, mais à Niort, il n’y avait que ça. Après, ce sont des mutualistes, ce sont des fonctionnaires de l’assurance, donc ce sont des gens manquent en général de dynamisme. Ici, le territoire est énorme, six fois plus grand qu’à Niort, où c’est tranquille. La tranquillité, parfois, c’est bien pour bosser, mais pour passer des paliers et développer des choses, il faut du dynamisme et des gens à l’écoute de ce que vous leur expliquez. Et ici, c’est ce que je ressens. Il y a du relief, l’océan, du caractère. On sent qu’il y a de la force. Celle de l’Atlantique et de la montagne.

On ne peut pas terminer cet entretien sans parler de Niort… Voir le club en National aujourd’hui, cela vous fait quoi ?
C’était inéluctable. Je ne suis pas content de ce qui s’est passé ces dernières années, notamment la saison passée. Les frères Hanouna (Eytan et Mikaël) n’ont pas été très intelligents dans leur communication, dans ce qu’ils ont fait, mais ça, ce n’est pas à moi d’y répondre. En tout cas, ce que je peux vous dire, c’est que ce n’est pas le projet qu’ils m’avaient vendu quand ils ont acquis mes parts, mais ça, c’est encore autre chose… Je pensais vraiment qu’Eytan allait faire passer un palier au club, notamment sur le plan des infrastructures.

« J’aurais aimé m’asseoir dans le nouveau stade de Niort »

Aux Chamois Niortais en 2017. Photo : Philippe Le Brech

Niort, c’est un regret ?
J’ai deux regrets. Je n’aurais pas dû prendre Mikaël Hanouna au poste de directeur sportif. Quand on a eu quelques avis de tempête au club, j’ai voulu maintenir les choses en resserrant les rangs, mais j’aurais dû faire différemment, et si c’était à refaire, je ne le referais pas, ou pas de la même manière. Je regrette aussi mon départ du club (en août 2020) : c’était une période compliqué, la Covid est arrivée quelques mois plus tôt, le club était barragiste quand le championnat de Ligue 2 s’est arrêté, et il a fallu se battre contre beaucoup de choses, contre beaucoup de gens. On a eu beaucoup de réunions du Conseil d’administration de la Ligue pour prendre des décisions, mais je ne pense pas que l’on ait pris les meilleures, surtout quand je vois que l’on a relégué les deux derniers, Le Mans et Orléans, en National. C’était des décisions injustes. J’y ai vu comme un signe. Il a fallu aussi se battre contre Boulogne, le barragiste de National, qui voulait jouer contre nous, il a fallu se battre contre Clermont, contre les barragistes de Ligue 1… A partir du moment où on ne peut pas jouer au foot, on ne peut pas jouer au foot ! On ne va pas ouvrir les stades juste pour des barrages, il faut être lucide. A partir du moment où on arrête les activités sportives, on les arrête, voilà.

C’était une saison compliquée, je me suis dit que c’était le moment de partir. Et puis je n’arrivais pas à faire passer un palier au club, notamment sur le plan des infrastructures. Pourtant, les dossiers avançaient, mais pas suffisamment à mon goût. Niort était le seul club de Ligue 2 sans qu’aucun investissement n’ait été réalisé dans son stade, c’est unique. Des choses ont pourtant été lancées mais tout ça, en fait, n’était qu’une Arlésienne. Là, je viens d’arriver à Bayonne : bon, déjà, au stade Didier Deschamps, il n’y a pas de piste autour. Ok, c’est du National 3 et pas de la Ligue 2, mais on sent qu’on peut faire quelque chose. C’est pour ça, quand je vends mes parts aux frères Hanouna et que derrière, la première chose qu’Eytan dit, c’est que le stade n’est pas important…. Fermez la parenthèse. Mon immense bonheur aurait été de m’asseoir dans le nouveau stade de Niort, quelque soit son nom, et d’aller y voir un match professionnel.

Photo Yvon CHARONDIERE / LFNA

En 2020, la décision de prendre l’entraîneur Sébastien Desabre pour Niort, c’est vous ?
Oui. Je le rencontre une première fois à Marseille, à une période où mon coeur balance entre l’arrêt et continuer aux Chamois, malgré tout. J’aime le club foncièrement, et si je pars, je veux le laisser dans de meilleurs dispositions possibles, avec un entraîneur compétent. Je le rencontre une deuxième fois, à Niort. Sébastien, il a fait du bon travail aux Chamois (deux maintiens d’affilée). Je recrute aussi Pape Ibnou Ba en attaque cette saison-là, et avec lui, on ne se trompe pas sur l’avant-centre (14 buts). Cela n’a pas été le cas l’an passé… En fait, à mon départ, tout avait été mis en place, j’ai laissé les clés d’un club en bon état, sportivement et financièrement, sans problème particulier, sans cadavre dans les placards.

Tout à l’heure, vous avez évoqué l’exemple du Clermont foot, qui est entraîné par Pascal Gastien, un homme qui, comme vous, est resté très longtemps à Niort, où il a marqué le club : où en sont vos rapports avec lui ?
Pascal Gastien est parti fâché, ce que je peux comprendre car j’avais décidé de ne pas le conserver à Niort lorsqu’il est arrivé en fin de contrat en 2014, alors qu’on venait de finir 5e avec lui. Quand je deviens manager général en 2009, le club est tombé en CFA (National 2), et c’est moi qui le nomme entraîneur, alors que personne n’en voulait. Il a tendance à l’oublier. C’est Franck Azzopardi, un autre historique du club (16 saisons, 438 matchs, puis adjoint de Gastien), qui me conseille de le prendre. Pascal a fait un super travail, il a fait deux montées en trois ans. Le club s’est relancé, mais en 2014, on doit monter en Ligue 1… Ce n’est pas possible… On a eu une des équipes les plus fortes de l’histoire du club. Je suis le premier à le dire : je suis admiratif du travail qu’il fait. C’est quelqu’un que j’apprécie, même si on n’ira peut-être pas boire un café ensemble, parce qu’il a pris le fait que je ne le conserve pas comme une trahison. Je sais ce qu’il nous a apportés. Sans lui, on ne serait pas remonté. Mais le foot est un travail collectif. Or Pascal a tendance à parfois tendance à tirer un peu la couverture à lui.

Karim Fradin, du tac au tac

Meilleur souvenir sportif ?

Sous le maillot de Stockport en 2001 – Photo Andrew Cowie

Il y en a plusieurs ! La finale de la Coupe de France avec Châteauroux (défaite face au PSG en 2004), la montée en Ligue 2 avec les Chamois Niortais (2006) et aussi le derby avec Manchester City, quand je jouais en Angleterre, en Championship (l’équivalent de la Ligue 2), on avait fait 2-2 à Maine Road, leur ancien stade.

Meilleur souvenir de dirigeant ?
La remontée aussi avec les Chamois Niortais, c’était sur le terrain du Gazelec Ajaccio, en 2012. J’avais dû rester là-bas avec le président de l’association, Jean-Louis Mornet, parce que Paul Delecroix, notre gardien, s’était blessé à l’épaule. Je n’avais pas dormi de la nuit !

Pire souvenir de joueur ?
Ma saison à Nice. Je sortais d’une belle saison à Niort et j’arrivais avec plein d’ambition, dans un bon club de Ligue 2, historique, mais je me blesse au genou dès la 2e journée à Sedan, puis en revenant j’ai eu une pubalgie, j’ai subi une nouvelle opération, et finalement, je n’ai pas bougé joué. J’ai passé plus de temps dans les hôpitaux. La saison était compliquée aussi en interne : on avait un nouveau président et un nouvel entraîneur chaque trimestre (rires) ! Mais j’ai beaucoup aimé la ville. Mon premier fils y est d’ailleurs né.

Photo DR

Pire souvenir de dirigeant ?
C’est de partir des Chamois Niortais, parce que les choses, notamment au niveau des installations, des infrastructures, n’avançaient pas. J’en ai eu marre.

Combien de buts marqués ?
Ce n’est pas la question qu’il faut me poser (rires) ! J’ai quand même eu une saison en Championship où j’avais mis 7 ou 8 buts, ça a été ma saison la plus prolifique, sinon, je mettais mon but chaque saison.

Le plus beau but ?
A Preston, en Cup, un missile de 20m en pleine lucarne.

Pourquoi, petit, avez-vous choisi de faire du foot ?
Je jouais dans mon quartier, dans la rue, à l’école, dans une station de RER aussi avec une balle de tennis dans le métro, et j’y ai pris goût ! J’avais mis des posters dans ma jambe, celui du Maroc de 1986 en Coupe du Monde, qui avait battu le Portugal (3-1), celui de l’équipe de France aussi, et celui du PSG.

Geste technique préféré ?

Aux Chamois Niortais en 2014. Photo : Philippe Le Brech

Le tacle. J’étais un milieu plutôt rugueux, bon au combat, un joueur à l’ancienne ! C’est pour ça qu’en Angleterre, en Championship, je me suis régalé. Bon, il fallait défendre et attaquer aussi, donc beaucoup courir ! C’est un peu surprenant au début, mais j’avais du volume de jeu donc ça allait. En fait, j’étais assez dur, je n’étais pas un grand technicien.

Vos qualités et défauts dans la vie de tous les jours ?
Je dis toujours qu’on est dans la vie ce que l’on est sur le terrain. Généreux, trop parfois. Loyal. Je pouvais aussi me laisser aller. J’étais parfois un peu trop tranquille, comme dans la vie d’ailleurs… C’est pour ça, rien n’est jamais fini, il faut être stimulé en permanence, ne pas se relâcher. J’aime le partage, je suis assez ouvert. Je dirais quand même généreux : c’est ce qui me caractérise le plus et c’est ce que disent mes amis et ma famille. C’est aussi la signification de mon prénom en arabe, « Karim ». « Le sport m’a sauvé la vie » m’a dit ma mère, car j’étais un enfant hyper actif. Il m’a canalisé. Mais la générosité, ça peut aussi être un défaut. J’ai un management assez humain, ça aussi, ça peut être un défaut, mais la bienveillance, l’humain, resteront toujours ma caractéristique dans mon management.

A Bayonne, au stade Didier Deschamps. Photo 13HF

Le club où vous auriez rêvé de jouer dans vos rêves les plus fous ?
Le PSG. Un club londonien aussi, Tottenham : j’ai eu la chance de jouer à White Hart Lane, l’ancien stade de Tottenham…Il aurait fallu que je sois un meilleur joueur pour évoluer en Premier League. Mais bon, la championship était déjà un championnat extraordinaire.

Un coéquipier marquant, un ami ?
Laurent Djaffo, avec qui j’ai joué à Niort et en Angleterre. Il est agent de joueurs maintenant. D’ailleurs, on a travaillé ensemble aux Chamois Niortais pour le transfert de quelques joueurs. Armindo Ferreira aussi, avec qui j’ai joué à Châteauroux, et que j’avais vu éclore à Niort.

Un coéquipier dans le jeu ?
J’ai aimé jouer avec Lionel Prat à Nice, un attaquant formidable, très moderne, qui aurait dû faire une meilleure carrière je pense. J’ai joué aimé jouer avec un milieu offensif virevoltant, gaucher, un très bon joueur, Kevin Cooper, à Stockport. Il a joué ensuite à Cardiff et à Wimbledon notamment.

Un joueur marquant dans votre carrière de dirigeant ?
Quand on est dirigeant, on essaie de raconter une histoire. Celle de Dylan Bronn me plaît bien. C’est un garçon que l’on va chercher en DH (R1) à Cannes et vous l’emmenez jusqu’en Coupe du Monde avec la Tunisie (il évolue aujourd’hui à la Salernitana, dans le Calcio). Vous l’avez aidé, accompagné, mais c’est lui le premier responsable de sa réussite. Kevin Malcuit aussi, pareil, il n’est même pas titulaire à Fréjus en National et il a failli être international quelques années plus tard. Je pourrais aussi parler de Nicolas Pallois ou d’autres. Accompagner ces garçons-là, c’est aussi ça le foot !

Un président marquant ?
En Angleterre, Brendan Elwood, un millionnaire irlandais. J’aime le détachement des présidents là-bas : ils investissent et laissent les gens travailler.

Un modèle de président ?
Jean-Michel Aulas à ses débuts, il était précurseur à Lyon, et plus récemment Laurent Nicollin (Montpellier), l’antithèse du fils à papa : il est toujours dans la bienveillance. J’aime bien Loïc Féry (Lorient), un président pragmatique.

Un coach marquant ?

A gauche, lors du derby azuréen à Cannes, en D2, sous le maillot de l’OGC Nice (saison 1998-99)

Il y en a beaucoup ! Tous apportent quelque chose. On s’enrichit de tout et de tout le monde. J’ai eu beaucoup d’affinités avec Victor Zvunka, que j’ai connu jeune, quand j’étais au centre de formation à Valenciennes, et que j’ai retrouvé à Nice. Philippe Hinshberger aussi : j’étais son capitaine quand on a été champion de National à Niort. Je pourrais citer aussi Robert Buigues, Albert Rust. Mon entraîneur à Stockport aussi, Andy Kilner : c’est lui qui m’a mis dans l’équipe alors que j’étais à l’essai un mois avant de signer pour 4 ans ! J’ai aussi croisé brièvement Christian Damiano à Nice et quelques mois ont suffi pour que je comprenne que c’était un bon. Mais si je dois en sortir un, c’est Victor (Zvunka) : avec lui, c’est tout ou rien. Bon, avec moi, ça a été « tout » (rires) ! Je me retrouvais dans son discours de loyauté. Avec Victor, il ne fallait rien lâcher.

Un entraîneur à oublier ?
Non, aucun. Vous savez, quand ça marche moins bien pour vous, il faut le dire aussi, ce n’est pas forcément la faute de l’entraîneur. L’année ou je signe à Nice, j’avais aussi la possibilité d’aller à Troyes ou à Lorient, et en fin de saison, ce sont Troyes et Lorient qui sont montés ! Donc à un moment, on est aussi responsable de ses choix ! Je n’ai pas fait que des bonnes saisons !

Une négociation difficile de dirigeant ?
Certaines prolongations de contrat avec des garçons que l’on souhaitait conserver. Je suis très attaché aux joueurs, que cela soit à Niort ou à Bayonne. J’ai perdu des garçons comme Paul Delecroix, que j’aurais aimé garder, Mouhamadou Diaw aussi, le joueur emblématique de ma période niortaise : je l’avais recruté en CFA à La Vitréenne sur les conseils de Victor Zvunka. J’ai aussi eu des transferts pas faciles, d’autres formidables comme celui de Junior Samba avec Laurent Nicollin (Samba évolue aujourd’hui à la Salernitana dans le Calcio), qui a respecté notre travail. Parce que les clubs de Ligue 2 travaillent autant que les autres et forment aussi des joueurs pour la Ligue 1. J’aurais aimé transférer Valentin Jacob à Guingamp mais ca ne s’est pas fait. On aurait fait un joli transfert.

Vous étiez un joueur plutôt…
Généreux, impulsif, ambitieux. Je connaissais mes limites et j’en ai fait une force : je savais ce qu’il fallait que je fasse et ce qu’il fallait que ne je fasse pas, par exemple, j’ai vite compris que les transversales, ce n’était pas pour moi (rires).

Combien d’amis dans le foot ?
2 ou 3.

Vous êtes un dirigeant plutôt…
Bienveillant et ambitieux. Construire un projet, c’est collectif. J’ai rencontré beaucoup de personnes, à Niort ou ici, à Bayonne, avec qui on a construit des choses. Avec qui on va construire des choses.

Le foot, en deux mots ?
Passionnel, dans tous les sens du terme. Le foot, c est comme l’amour : ça se passe bien et parfois moins bien… Il y a des victoires, des défaites, et parfois on perd la tête, ça rend les gens un peu fous ! Parfois on se fait du mal physiquement et mentalement. Le foot, ce n’est pas un travail, c’est un plaisir, une passion, où vous ne comptez pas vos heures.

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech, @13heuresfoot, ABFC (sauf mentions spéciales)

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Après plus de 150 matchs disputés au cours sa carrière du National 3 au National, le gardien Guadeloupéen (33 ans) a quitté Avranches cet été pour signer son premier contrat professionnel à La Berrichonne de Châteauroux, en National. Portrait.

Photo La Berrichonne de Châteauroux

Depuis cet été, Brice Cognard, 33 ans, est la doublure de Hillel Konaté dans les buts de Châteauroux. Après avoir évolué dans de nombreux clubs franciliens (Sarcelles, Entente Sannois Saint-Gratien, Racing CF, Saint-Brice, Saint-Ouen-l’Aumône, Poissy), il avait découvert le National à l’âge de 30 ans en signant à Avranches en 2020. Une carrière atypique, menée avec patience où il pu disputer des matchs internationaux avec l’équipe de France universitaire et la sélection de Guadeloupe.

Après avoir souvent travaillé en parallèle du foot, son arrivée à Châteauroux lui a permis de signer le premier contrat pro de sa carrière. « Au vu de mon parcours c’est clairement une victoire », explique le gardien qui est revenu longuement sur son parcours pour 13HeuresFoot.

Bernard Lama comme source d’inspiration

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

« J’ai commencé le foot à l’âge de 6 ans après l’Euro 1996. La séance de tirs aux buts en quart de finale lors du match France – Pays Bas a été un élément déclencheur. Je me souviens que Bernard Lama, une de mes idoles au poste, a qualifié la France pour les demi-finales. »

De l’âge de 6 à 12 ans, Brice fait ses gammes au Saint Brice FC, dans le département du 95. Il intègre très vite la sélection du Val d’Oise et vadrouille entre les différents clubs du département. Après avoir joué à l’AS Sarcelles puis à l’Entente Sannois Saint-Gratien, il rejoint le Racing CF à Colombes. De 2006 à 2010, il gravit les catégories jusqu’à intégrer le groupe CFA (N2).

Malheureusement la rétrogradation financière en CFA (N2) du mythique club francilien le pousse vers la sortie. « J’avais 20 ans, j’ai décidé de retourner aux sources au Saint Brice FC en seniors PH (District), on a réussi à effectuer deux montées consécutives jusqu’en DSR (R2). Cela m’a endurci et m’a permis de reculer pour mieux sauter. »

Une médaille d’argent aux Universiades de 2017

A Concarneau (2020-21), sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

En 2014, Brice s’engage à Poissy en CFA 2 (N3) où il est numéro 2. Le club parvient à monter en CFA (N2) et le portier s’en va chercher du temps de jeu à l’AS Saint-Ouen l’Aumône en CFA (N3).
A 25 ans, il est titulaire pour la première fois à ce niveau. En parallèle, il poursuit ses études, avant d’être sélectionné en équipe de France universitaire. « Après ma licence STAPS obtenue en 2015 à Nanterre, j’ai voulu rester universitaire et poursuivre en LLCE anglais pour parfaire la langue. J’ai donc rejoint la fac de Paris 13 Epinay Villetaneuse. J’ai disputé le championnat de France universitaire en 2017. Nous avons fini champion de France avec Bruno Naidon qui était également le coach de la sélection nationale. J’avais déjà été appelé en équipe de France universitaire mais malheureusement je m’étais arrêté aux portes des Universiades 2015 en Corée. Grâce à mes belles prestations en club et avec l’équipe universitaire, j’ai pu intégrer la précieuse liste pour Taipei 2017. »

Organisées tous les deux ans, les Universiades sont une compétition internationale universitaire multisports organisée par la Fédération Internationale du Sport Universitaire (FISU). De nombreux médaillés Olympiques sont passés par cette compétition étant plus jeunes. Avec Brice Cognard dans les cages, l’équipe de France universitaire fait un parcours remarquable et décroche la médaille d’argent à Taipei en 2017.

Un gros challenge sportif à Avranches en National

Avec Anthony Beuve à Avranches. Photo Philippe Le Brech

En octobre 2017, le francilien revient à l’AS Poissy mais cette fois pour être titulaire en National 2. Trois maintiens consécutifs et trois années pleines et consistantes (73 matchs) lui permettent de s’exporter hors de son Ile-de-France natale.
En 2020, Brice se retrouve en Normandie à l’US Avranches en National. « J’ai décidé de sortir de ma zone de confort et relever un gros challenge sportif où je dois pallier l’absence du gardien emblématique du club, Anthony Beuve. »

A relire (article d’octobre 2022 sur Anthony Beuve) : https://13heuresfoot.fr/actualites/anthony-beuve-lautre-monument-davranches/

Il dispute 27 matchs la première saison (43 matchs au total) et contribue au maintien d’Avranches en National. Lorsqu’il n’évolue pas avec l’équipe première, il joue également avec la réserve du club normand en National 3.

« A la Gold Cup 2023, on était à 10 minutes d’un bonheur immense »

Avec la Guadeloupe.

D’origine Guadeloupéenne par sa mère, ses performances lui permettent d’être appelé en sélection en 2022. « Mes performances ont fait écho à certains responsables de la sélection, notamment Franck Sylvestre. J’ai été très heureux d’être convoqué ».

Après des qualifications réussies, la sélection guadeloupéenne dispute la Gold Cup 2023 où elle éliminée aux portes des quarts de finale. « Nous avons passé les phases de poule, on peut relever des choses extrêmement positives. Mais tout s’est écroulé contre le Guatemala (2-3). Nous étions à 10 minutes d’un bonheur immense. C’est frustrant de passer aussi près du but. »

« Au vu de mon parcours, signer pro, c’est clairement une victoire »

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

A son retour, Brice se rend à la Berrichonne de Châteauroux afin d’y parapher son premier contrat professionnel. « J’étais joueur fédéral avant, le football était mon métier mais pas forcément à temps plein, j’ai toujours travaillé ou entraîné à côté. J’ai eu un job étudiant à Norauto, j’ai été assistant d’éducation, éducateur sportif, animateur en centre de loisirs et responsable de la section sportive pendant des années à Saint-Brice, Poissy et Avranches. J’ai toujours été actif en parallèle du football. Je ne tiens pas forcément en place et financièrement, il fallait joindre les deux bouts. »

Ce contrat décroché à 33 ans vient ponctuer une carrière bien remplie. « C’est un aboutissement, ce n’est pas encore une consécration, ce n’est que le commencement d’une nouvelle épreuve. Au vu de mon parcours, c’est clairement une victoire. C’était un humble rêve d’enfant, secret, mais assumé. J’ai travaillé depuis mes 6 ans pour atteindre cet objectif. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas. J’ai un parcours assez atypique et quand je regarde en arrière, je me rends compte du chemin parcouru et c’est assez beau à voir comme paysage. »

« Même à 33 ans j’ai une réelle marge de progression et une ambition immense »

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Endossant son rôle de doublure à La Berrichonne avec humilité et patience, Brice découvre petit à petit le monde du football professionnel. « C’est l’exigence. Rien n’est laissé au hasard. Tout est soigneusement préparé. C’est une mécanique complexe très précise. Nous sommes privilégiés, nos affaires sont toujours lavées pour le lendemain, il y a un corps médical aux petits soins, une « cryo », une salle de sport. Tout est réuni pour travailler dans les meilleures conditions. Discipline et rigueur sont les maîtres mots, ce qui n’est pas toujours le cas dans le monde amateur. »

Avec l’envie de redorer le blason de ce club emblématique, Brice se tient prêt et envisage son avenir encore dans le football. « Je veux faire une grande saison, nouer de vrais liens avec l’équipe et ses supporters. Personnellement, je veux jouer le plus de matchs possibles lorsqu’on fera appel à moi. Je veux être heureux, en bonne santé et performant. Comme j’ai éclos tard, j’aimerais jouer le plus longtemps possible tant que mon corps me le permet car j’ai énormément à donner. Même à 33 ans, j’ai une réelle marge de progression et une ambition immense. J’aimerais finir en ayant tout donné avec ce sentiment de satisfaction. Si je dois déposer les armes, ce sera sur le terrain. »

Brice Cognard du Tac au Tac

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
Les demi-finales des Universiades (2017) contre l’Uruguay, j’arrête le penalty qui nous propulse en finale.

Pire souvenir sportif ?
La défaite en finale des Universiades (2017) face au Japon (0-1), l’arbitrage était un peu douteux.

Combien de clean sheets ?
En seniors, je dirais plus d’une centaine.

Plus belle boulette ?
Avec l’US Saint-Denis, il y a un ballon en chandelle dans la profondeur sur un terrain sec. Le rebond est trop haut et une rafale de vent passe par là, la trajectoire s’accélère et je me fais lober.

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Plus bel arrêt ?
C’était lors de la saison 2020-2021 à l’US Avranches. On gagne 1-0 contre Sporting Club de Bastia à Furiani. J’arrête un penalty à la 85e minute de jeu après beaucoup d’arrêts, j’étais en état de grâce ce jour-là.

Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
C’est venu à moi comme une évidence. Je voulais également faire comme mon grand-père qui a joué au Red Star et pour qui j’ai toujours voué une grande admiration, et bien sûr faire comme Bernard Lama, il était à part, hors normes.

Votre geste technique préféré ?
Au pied : la transversale, le jeu long. A la main : une prise de balle aérienne ou une claquette main opposée.

Qualités et défauts sur un terrain selon vous ?
Mes qualités sont la communication, l’anticipation, la lecture du jeu, le jeu au pied, le domaine aérien et les frappes à bout portant. Mes défauts sont l’excès de communication parfois ce qui peut me faire perdre de l’influx nerveux de l’énergie et de la concentration. Il faut savoir être égoïste pour être le plus décisif possible. Il faut que je sois plus succinct, concis et précis.

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Le club ou l’équipe où vous avez pris le plus de plaisir ?
En premier, l’équipe de France universitaire, une équipe et des hommes incroyables. Ensuite, la saison 2016-2017 à l’AS Saint-Ouen l’Aumône, l’année de la montée en N2 (refusée par la DNCG). On avait un groupe exceptionnel, on se sentait invincible.

Le club où vous rêveriez de jouer dans vos rêves les plus fous ?
Arsenal.

Un match marquant ?
France-Brésil en quarts de finale de la Coupe du Monde 2006.

Un coéquipier qui vous a marqué ?
Azzedine Ounahi, actuellement à l’OM et passé par Avranches entre 2020 et 2021.

Avec Saint-Ouen l’Aumône en 2015-2016.

Le joueur adverse qui vous a le plus impressionné ?
Gaël Kakuta (RC Lens) et Mamadou Sakho (PSG) que j’ai affrontés chez les jeunes avec le Racing.

Un coéquipier avec qui vous aimeriez rejouer ?
Je dirais Jonathan Djidonou (actuellement au SO Romorantin, N2) et Maxime Louchart (actuellement Iris Club de Croix, N3).

Un coach que vous aimeriez revoir ?
Ali Tabti (Racing), José Da Silva (Racing), Bruno Naidon (Equipe de France Universitaire) et Emmanuel Tregoat (Saint-Ouen l’Aumône).

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Une causerie de coach marquante ?
La causerie pour le match de la montée en N2 avec Saint-Ouen l’Aumône. « Manu » Tregoat nous a fait un montage vidéo avec nos familles, c’est toujours fatal au niveau émotion quand il s’agit de nos proches. Nous avons gagné 4-0 contre la réserve d’Amiens.

Une anecdote de vestiaire ?
Ce qui est au vestiaire reste au vestiaire.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Habib Beye, actuel coach du Red Star.

Une devise, un dicton ? Sans maîtrise, la puissance n’est rien, sans sagesse la force n’est rien, sans recul avancer ne sert à rien.

Terminez la phrase. Vous êtes un gardien plutôt…
Complet.

Un modèle de joueur ?
Thierry Henry, Bernard Lama.

Une idole de jeunesse ?
Michael Jordan (basket), Denzel Washington (cinéma) et Thierry Henry (football).

Sous le maillot d’Avranches. Photo Philippe Le Brech

Un plat, une boisson ?
Dombré crevettes (plat martiniquais), Rhum vieux.

Vos loisirs ?
Cinéma, sport, course à pied, voyage, dessin, jeux vidéos

Un film culte ?
The Great Debaters, Les évadés, La ligne verte.

Dernier match vu ?
Arsenal – Manchester City (Community Shield finale, 06/08/2023)

La Berrichonne de Châteauroux en deux mots ?
Histoire, authentique.

Le milieu du foot en deux mots ?
Intransigeant, impitoyable.

Texte : Olesya Arsenieva

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Bech (sauf mentions spéciales)

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Surnommé « Griezmann » lorsqu’il jouait en 1ère division en Guinée, Pascal a dû surmonter beaucoup de difficultés depuis son arrivée en France en 2016. Mais il s’est accroché. Il a été l’un des acteurs des exploits successifs de Linas-Montlhéry (N3) en Coupe de France. Une deuxième famille qu’il vient de quitter pour Thonon Evian Grand Genève (N2) qui débute le championnat ce samedi face à Cannes.

Photo Thonon Evian Grand Genève

De l’Essonne à la Haute-Savoie, Pascal Leno (26 ans) vient d’effectuer le grand saut. Après 4 ans à Linas-Montlhéry (N3), l’attaquant arrivé en France en 2016 en provenance de Guinée a signé un contrat fédéral de 2 ans avec Thonon Evian Grand Genève (National 2) pour continuer à poursuivre son rêve : signer un contrat pro un jour.

Son histoire est celle de beaucoup d’Africains venus tenter leur chance en France. Des mauvaises rencontres, des galères à tous les niveaux, mais une détermination sans faille qui l’a poussé à ne jamais abandonner.
Linas-Montlhéry l’a aidé a améliorer son quotidien en dehors du terrain et les exploits successifs en Coupe de France l’ont aidé à se faire connaître. Pour 13HeuresFoot, il a déroulé longuement son parcours un peu cabossé.

En Guinée, il était surnommé Griezmann

Son histoire a débuté à Kissidougou, au sud de la Guinée. Pascal Leno était surnommé « Griezmann » lorsqu’il s’est révélé à 17 ans en 1re division avec le Soumba FC de Dubréka, un club situé à une soixantaine de kilomètres de la capitale Conakry. « Un supporter m’a donné ce surnom, car j’étais généreux dans l’effort et efficace devant le but, sourit-il. Les supporteurs ont continué à m’appeler comme ça et ça m’est resté. Ils trouvaient qu’on avait des ressemblances dans le jeu. J’aime bien Griezmann mais quand il a joué au Barça, qui est mon équipe préférée, je préférais Messi. »

En 2016, à 19 ans, il décide de tenter sa chance en France. « C’était exactement le 21 mai 2016 », se souvient-il. Son arrivée dans l’Hexagone avait débuté par un rendez-vous manqué. Son président à Soumba, devenu son tuteur et agent, lui avait obtenu un essai au Havre (Ligue 2). Mais il était arrivé en retard par rapport à la date prévue. « Le Havre ne m’a pas gardé, regrette-t-il. Comme j’ai de la famille dans le coin, je me suis retrouvé dans l’Essonne et j’ai signé dans un petit club, Arpajon. »

Sept ans loin de la Guinée

L’équipe évoluait en 1re division de district, l’équivalent de la… 10e division. Grâce à ses prestations et son efficacité devant le but (une trentaine de réalisations), il réussit à effectuer un essai à Sénart-Moissy (N3) qui s’avère concluant. Ses huit buts en 2017-2018 ne permettent pas d’éviter la descente du club seine-et-marnais en R1. « A ce niveau, c’était difficile de se faire remarquer, surtout quand on ne connaît pas grand monde comme moi », reconnaît-il.

A cette époque, son quotidien est compliqué, administrativement et financièrement. « En arrivant en France, je pensais que ce serait plus facile. Je ne m’imaginais que ce serait aussi compliqué et que j’aurais autant d’épreuves à surmonter. Mais tout ça m’a rendu plus combatif. Malgré tout, je ne regrette pas d’être venu. Celui qui ne connaît pas mon histoire ne peut pas comprendre combien j’ai galéré… A ma place, beaucoup auraient lâché. Mais je n’ai jamais abandonné et je ne me suis jamais découragé. Je n’ai pas le choix. Je dois tout donner pour ma famille, et me battre tous les jours pour l’aider. Je suis l’aîné, il faut que je montre l’exemple. »

Sa situation ne lui pas permis de rentrer chez lui en Guinée pendant de longues années. Il n’a pu retrouver les siens en revenant en Guinée qu’il y a seulement quelques semaines, sept ans après son arrivée en France…

Une nouvelle famille à Linas-Montlhéry…

Sa signature à Linas-Montlhéry en 2019 lui avait permis de trouver « une nouvelle famille ». « Je me suis rapidement épanoui ici car c’est un club familial. Ils ont toujours été là pour moi, c’était réconfortant car j’étais assez timide. Je ne parlais pas beaucoup et n’avais pas beaucoup amis en dehors du foot.»

Le club lui avait trouvé un petit appartement. Ses journées débutaient dès 5h30 du matin. « Je faisais des livraisons, j’essayais de me débrouiller », explique Leno qui s’est fait un nom sous le maillot de Linas-Montlhéry où il s’est imposé au point de porter le brassard de capitaine. Il a séduit tout le monde par son humilité, sa gentillesse et son sens du collectif et du travail.

Si la montée en National 3 en 2020 (après l’arrêt des championnats pour le Covid) lui a permis de découvrir le niveau supérieur, c’est bien grâce à la Coupe de France qu’il s’est révélé.

… et des exploits en Coupe de France

Le club Essonnien a en effet réalisé trois épopées sur les quatre dernières saisons avec un 32e de finale en 2020 et 2023, et un 16e de finale en 2022 ! Une régularité exceptionnelle pour un club de ce niveau.
Le 5 janvier 2020, Linas-Montlhéry, alors en Régional 1, qui avait éliminé deux clubs de N3 (La Flèche, Evreux), avait affronté le PSG en 32e de finale devant 15 000 spectateurs au stade de Bondoufle. Un souvenir inoubliable malgré la défaite 6-0.

Ses plus beaux exploits, le club entrainé par Stéphane Cabrelli les a réussi lors de l’édition 2021-2022 avec les éliminations de Dunkerque (Ligue 2, 1-0) au 7e tour puis Angers (Ligue 1, 2-0) en 32e de finale. Contre Angers, Pascal Leno a été décisif en inscrivant les deux buts du match. « Je me les suis souvent repassé mes deux buts, sourit-il. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir battre une équipe de Ligue 1. »

Vidéo / son doublé face à Angers :

Son doublé a fait le tour de la Guinée. « J’avais reçu beaucoup de messages du pays, notamment de ma famille. C’était une fierté pour eux de me voir à la télé. » L’aventure s’était arrêtée en 16e de finale face à Amiens (Ligue 2) après un scénario incroyable. Mené 0-3, Linas-Montlhéry avait arraché une séance de tirs au but en revenant à 3-3. Mais le club du 91 s’était incliné 7-6 lors des penaltys.

« C’est magnifique ce qu’on a fait ! »

La saison dernière, Linas-Montlhéry a éliminé (2-1) le Paris 13 Atletico (National). Pascal Leno avait ouvert le score. En 32e de finale, ses coéquipiers et lui s’étaient offerts une nouvelle belle fête face à Lens (Ligue 1) devant 10 000 personnes à Bondoufle. Malgré une belle prestation, ils ont encaisssé deux buts en fin de match signés Seko Fofana (72e) et Florian Sotoca (77e). « On aurait préféré jouer chez nous dans notre stade habituel comme contre Dunkerque, Angers ou Amiens, regrette Pascal Leno. Ce match contre Lens reste un mauvais souvenir car il y a eu la grave blessure de Tom Bouvil. Sur nos trois aventures en Coupe, c’est la deuxième qui restera comme mon meilleur souvenir avec mon doublé contre Angers. Mais c’est magnifique ce qu’on a fait. On a fait connaître le club de Linas-Montlhéry à toute la France. Collectivement, on a construit aussi quelque chose de beau. On s’est toujours donné à fond. »

Thonon Evian Grand Genève pour viser plus haut

En juin dernier, la saison s’était achevée sur une grosse déception pour Pascal Leno, auteur de 13 buts. Avant-dernier en janvier au moment d’affronter Lens, Linas-Montlhéry avait effectué une belle remontée et avait joué la montée en N2 jusqu’au bout. « A la fin, nous et Aubervilliers, on a perdu plein de points. C’était bizarre, on avait l’impression que personne ne voulait monter. Mais aujourd’hui, ce sont eux qui sont en National 2. J’ai été vraiment déçu et touché de ne pas monter. Cela aurait été magnifique. Mais on n’a pas fait ce qu’il fallait. »

L’avant-centre, qui avait arrêté de travailler en dehors du foot depuis l’année dernière, avait repris l’entrainement avec Linas-Montlhéry et devait repartir pour une 5e saison. Mais il a finalement signé la semaine dernière un contrat fédéral de deux ans à Thonon Evian Grand Genève FC, en National 2. Longtemps sans agent, il est désormais représenté par l’agence Golazo. « Après les matchs de Coupe de France, j’avais eu quelques échos que des clubs me suivaient mais sans rien de vraiment concret au final, regrette-t-il. J’avais pourtant l’impression d’avoir tout fait pour me faire remarquer. Mais le monde du foot est parfois bizarre… ».

A Linas-Montlhéry, certains n’ont pas apprécié son départ. « J’espère qu’ils vont me comprendre. Ça ne changera rien à ce que je pense d’eux. Ils ont fait tellement pour moi… Je ne pourrai jamais l’oublier. Je remercie du fond du cœur le président Mickaël Bertansetti, je lui en serai toujours reconnaissant. Dans la vie, c’est l’homme qui fait homme. Personne ne peut réussir sans l’aide de quelqu’un. J’ai eu la chance de le trouver sur mon chemin. Mais le moment était arrivé pour moi de titiller le niveau supérieur et de tenter un nouveau défi. Je commence à prendre en âge. A 26 ans, c’est un peu ma dernière chance. Je vais découvrir une autre région aussi après 7 ans en Ile-de-France. C’est aussi un challenge. Le coach Bryan Bergougnoux attend de moi que je marque des buts. Thonon Evian Grand Genève est un club ambitieux. J’espère monter avec eux. »

Quand il se retourne sur son parcours, Pascal Leno se dit « fier ». « Mon chemin n’a pas été facile. Même ma famille n’a jamais su les galères que j’ai connues. Mais elle m’a toujours encouragé. Moi, je n’ai jamais oublié d’où je venais et j’ai aussi essayé de l’aider en envoyant un peu d’argent même si c’était dur pour moi. Tout cela était mon destin, je devais passer par là… Je suis venu en France pour signer un contrat pro. C’est mon rêve de gosse et j’y crois toujours. Je reçois beaucoup de message de soutien du pays. Porter le maillot de la Guinée serait extraordinaire. Mais pour ça, il faut que je joue au moins en National ou en Ligue 2. »

Pascal Leno du tac au tac

Le meilleur souvenir ?
Mon doublé contre Angers en 32e de finale de la Coupe de France (2-0, le 19 décembre 2021). Et bien sûr aussi les matchs de Coupe de France contre les équipes pros, PSG, Dunkerque, Amiens, Lens.

Le pire souvenir ?
Je ne suis pas quelqu’un qui se retourne dans le passé. Les mauvaises choses que j’ai vécues, je me dis que c’était mon destin. Si je dois ressortir un évènement négatif, je dirais notre non-montée en N2 cette saison.

Combien de buts marqués ?
Entre la R1 et le N3, certainement plus de 50 depuis 2017 (NDLR: 34 en N3). Mais je ne suis pas quelqu’un qui compte. Après chaque saison, je remets les compteurs à zéro et je passe à autre chose. Je sais donc juste que j’en ai mis 13 la saison dernière et que j’ai terminé 3e buteur de la N3 Ile-de-France.

Votre plus beau but ?
Je pense que c’est le 2e conte Angers en Coupe de France. C’est sur une contre-attaque où j’étais parti du milieu de terrain. Issa Cissé a récupéré le ballon et lancé Tom Bouvil sur le côté. Il fait un centre tendu et moi je me jette pour couper au premier poteau. En championnat, c’est contre Le Blanc-Mesnil lors de la 1ère journée la saison dernière. Sur une touche, je me soulève le ballon du gauche, je me retourne et j’enchaine direct par une volée du gauche.

Le geste technique préféré ?
Le contrôle-poitrine.

Le joueur le plus fort contre qui vous avez joué ?
L’équipe du PSG en Coupe de France. Mbappé, Icardi et Neymar n’étaient pas là. Di Maria, Verratti et Marquinhos étaient restés sur le banc. Mais il y avait Cavani qui nous a mis un doublé. Celui qui m’a le plus impressionné ce soir-là, c’est pourtant Julian Draxler. Je l’avais trouvé trop fort. Je ne comprends pas pourquoi il ne jouait pas trop au PSG. On avait un peu parlé sur le terrain et je lui avais demandé son maillot. Je l’ai toujours avec moi. C’est le seul joueur à qui j’ai demandé le maillot. Contre Angers et Lens, je n’ai rien demandé.

Le coéquipier le plus fort avec qui vous avez joué ?
Il y en a beaucoup. Mais c’est avec Issa Cissé à Linas-Montlhéry avec qui j’avais le meilleur feeling sur le terrain.

L’entraineur qui vous a marqué ?
Patty Badjoko. C’est le premier coach qui m’a donné ma chance en N3 à Sénart-Moissy. Je venais de District et il m’a fait passer un essai. Sans lui, je n’en serais peut-être pas là. J’avais peu de clubs sur moi. Lui m’a fait confiance et il m’a vraiment apporté quelque chose.

Le président qui vous a marqué ?
Forcément Mickaël Bertansetti. C’est plus qu’un président pour moi. Ça dépasse le cadre du foot. J’ai passé des Noël avec lui et sa famille. Je lui dois tout. Je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour moi. Il m’a énormément aidé.

Vos meilleurs amis dans le foot ?
Issa Cissé. On était toujours ensemble et en communication. On va garder le contact. Il a signé à Sainte-Geneviève (N3) cette saison.

Vos modèles dans le foot ?
Pascal Feindouno. Pour toute une génération de joueurs guinéens, c’est notre modèle. Il nous a vraiment inspiré.

Le club qui vous fait rêver ?
En Afrique, on supporte beaucoup l’OM et Saint-Etienne. Moi, c’est Saint-Etienne car Pascal y a joué. Mon rêve absolu serait de porter moi aussi un jour le maillot vert. En Europe, mon équipe préférée c’est le Barça

Vos occupations en dehors du foot ?
Je reste tranquille à la maison, à me reposer et à m’entraîner. Quand on n’avait pas de séance à Linas-Montlhéry, je m’entretenais tout seul pour garder le rythme. Ici, à Thonon Evian Grand Genève, mon rythme de vie va changer. On s’entraîne le matin alors qu’à Linas, c’était le soir. Je vais enfin pouvoir vivre presque comme un pro.

Si vous n’aviez pas été footballeur ?
Le foot a toujours été ancré en moi. C’est pour ça que j’ai fait tous ces sacrifices et accepté de vivre autant de moments compliqués. Mais si j’étais resté en Guinée, j’aurais certainement été militaire. Gendarme, comme mon père.

Texte : Laurent Pruneta / Twitter @PrunetaLaurent

Photos : Facebook et Thonon Evian GG

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Espoir du football à qui l’on prédisait une grande carrière durant ses jeunes années montpelliéraines, l’attaquant a dû opérer une remise en question et repartir de N2 pour embrasser, sur le tard, une carrière pro, essentiellement en Ligue 2. Aujourd’hui, à 36 ans, il s’offre un ultime défi à Bourges.

Avec Versailles. Photo Philippe Le Brech

Romain Armand a évolué en Ligue 1, en Ligue 2, en National, et pourtant, il assure que sa meilleure saison sur le plan collectif a eu lieu… en National 2.
C’était à Sedan (saison 2014-2015), pas forcément le genre de destination qui fait rêver, surtout quand, comme lui, on vient du Sud – il est né à Orange dans le Vaucluse et a grandi dans un petit village, à Suze-la-Rousse, près de Bollène, dans la Drôme voisine -, mais ce qui s’est passé là-bas, dans les Ardennes, dans un club en reconstruction, tout juste promu de CFA2, l’a marqué à vie.

La main tendue d’Olivier Miannay

Avec Versailles. Photo Philippe Le Brech

Petit flash back. Eté 2014. Romain vient de quitter Colmar, en National (27 matchs, 6 buts), après une saison qu’il a rangée au rayon « chapitre à oublier », non pas pour la ville ou le club. Mais pour le coach, Damien Ott, avec qui cela n’a pas collé. Ce sont des choses qui arrivent.
L’attaquant effectue toute la préparation à Istres, qui vient de descendre en National et ne sait pas encore de quoi son avenir sera fait : Ligue 2 ? National ? « Franchement, ça s’était bien passé, avec le coach Lionel Charbonnier, et juste avant la reprise du championnat, Istres apprend qu’il va repartir en National. Du coup, le club se retrouve sans budget et ne peut plus me faire signer, et là, je n’ai plus de club, plus rien. Olivier Miannay, le directeur sportif de Sedan, que j’avais déjà connu à Cannes en National, me relance à nouveau pour Sedan. Personne ne m’appelait. « Olive », c’est le seul qui m’a tendu la main. »

« Sedan, ce n’est pas Miami ! »

Romain Armand a déjà connu la L1, la L2 et le National, et voilà l’espoir du football français obligé, à 27 ans, de repartir en 4e division. Pour rebondir. « Quand j’ai signé en National 2, là je me suis dit : « Bon écoute Romain, tu fais déplacer toute ta famille à Sedan… Parce que j’ai eu la chance que mon épouse me suive partout tout au long de ma carrière… Sedan, ce n’est pas Miami hein ! Je ne la faisais pas rêver ! Bon, il fallait que je me bouge le cul, que je me fasse remarquer, que je marque, que je sois décisif, sinon, c’était grillé pour moi. Et ça a été le déclic. »

Avec Pau. Photo Philippe Le Brech

C’est donc à Sedan, où le coach Farid Fouzari réussit avec Olivier Miannay à créer un groupe qui survolera le championnat (105 points sur 120 possibles !), qu’il renaît au football : « Les joueurs s’entendaient à merveille ! On n’était quasiment que des revanchards ! On est monté à 6 journées de la fin, ça montre l’osmose qu’il y avait dans cette équipe. On a pris énormément de plaisir sur le terrain. Tous les matins, on jouait aux cartes avec Rudy Camacho, « Bati » Anziani et Medhy Guezoui ! Une fois, le coach a même décalé un entraînement de 30 minutes pour que l’on puisse jouer ! »

« Je suis redescendu très bas »

Pour Romain Armand, donc, il y a un avant et un après Sedan. Avant Sedan, c’est le parcours classique d’un espoir qui connaît le haut niveau très tôt : « J’ai été mis sur un piédestal trop jeune, et je suis redescendu très bas ».
A 12 ans, il signe un contrat de 8 ans à l’AS Saint-Etienne ! « J’étais le seul de mon âge au centre de formation. J’étais bien encadré, le petit chouchou. Il y avait Bafé Gomis avec moi… Mais l’éloignement des parents a été compliqué. Je suis passé d’un collège de 300 élèves dans un petit village à Suze-la-Rousse à un collège-lycéee de 2000 élèves à Tézenas du Montcel, à Saint-Etienne. J’étais perdu. Le club a été correct avec moi. Ils m’ont laissé rentrer pendant un mois pour essayer de me ressourcer mais cela n’a pas suffi. Alors j’ai resigné à Bollène. Et là, je me suis fait remarquer lors de rencontres inter-districts, notamment par Montpellier, où j’ai signé à l’âge de 13 ans. J’étais très content d’y aller. Je suis tombé dans un club très « famille ». D’ailleurs, je suis toujours en contact avec Laurent Nicollin, le président. Et quand j’y retourne, c’est comme si je n’étais jamais parti. C’est pour ça que, aujourd’hui, je dis aux parents que c’est difficile, avec tous les recruteurs qu’il y a, de passer au travers des mailles du filet. Je pense que si tu es bon, même dans le club de ton village, tu réussiras. »

« Je n’étais pas assez sérieux »

Avec Montpellier. Photo Philippe Le Brech

Centre de formation du Montpellier HSC, demi-finale de Gambardella (il est le meilleur buteur de son équipe cette saison-là), équipe réserve de CFA où il affole les compteurs puis, forcément, les pros. La Ligue 2 tout d’abord. La Ligue 1 ensuite. La progression est linéaire. L’avenir est tout tracé. Mais il y a un hic. Romain le reconnaît aujourd’hui : « Avec la réserve de Montpellier, je ne bossais pas assez. Je n’étais pas assez sérieux. Je sortais, j’allais en boîte de nuit, ça ne pouvait plus passer au bout d’un moment. Pourtant, quand j’arrive en Ligue 2, même si je ne suis pas titulaire, je mets quand même 3 buts, mais je suis rattrapé par mon manque de travail et de sérieux. »

« Je mets un doublé et Courbis me fait signer 3 ans ! »

Quand Rolland Courbis arrive pour sauver le club d’une relégation en National, en 2007, Romain demande à Ghislain Printant et Pascal Bails, qui viennent d’assurer un bref intérim à la place de Jean-François Domergue, ce qu’il doit faire : retourner s’entraîner avec les jeunes en réserve ? « Ils me disent de rester avec les pros, que c’est peut-être la chance de ma vie… Et là, on fait une opposition, je suis dans l’équipe qui gagne 2 à 0 et je mets le doublé ! Rolland Courbis me demande si je suis pro, je lui dis non, et il me dit « bah je vais te faire signer 3 ans » (rires) »
Si Rolland Courbis est évidemment une personne qui l’a marquée – avec lui, le club remonte en Ligue 1 en 2009 -, son successeur, René Girard, lui laisse un souvenir bien plus mitigé. Et dire qu’il le recroisera quelques années plus tard, au Paris FC !

« J’étais content, je croquais un peu la L1 ! »

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

« A Montpellier, Girard m’avait associé devant à Olivier Giroud, parfois il me mettait sur le coté, parfois sur le banc, mais j’étais super content, je croquais un peu la Ligue 1, de temps en temps je rentrais en jeu, et du jour au lendemain, il ne m’a plus pris dans le groupe. Il m’a dit que je devais aller m’entraîner avec la réserve : bon, cela ne m’a pas posé de problème, d’autant que j’étais quelqu’un du club, je connaissais tous les joueurs du Centre, dont j’étais issu. En fait, René Girard prétexte un truc et me dit « On doit être un nombre pair dans mon groupe ». Là, après l’entraînement, j’apprends par mes coéquipiers qu’ils ont fait un footing en forêt. Donc il faut être un nombre pair pour faire un footing en forêt (rires) ?! Là, c’est parti « en sucette » ! Michel Mézy m’a défendu, il a demandé à René Girard de me laisser tranquille, mais j’ai dû partir à Cannes, en National. J’ai résilié mon contrat même si le président Nicollin ne voulait pas; mais d’un autre côté, ça m’a permis de me relancer aussi. A Cannes, on avait un effectif pour monter en L2 : je pense que si Victor Zvunka, qui était plus dur qu’Albert Emon, plus cool, avait été là depuis le début de saison, on serait monté, même si ce n’était pas le même National qu’aujourd’hui. Il y avait Bastia, Guingamp, Strasbourg, Paris FC, Niort, Créteil, Amiens, c’était autre chose, hein ! »

Rapports tendus avec René Girard

Avec Pau. Photo Philippe Le Brech

Le chapitre René Girard n’est pas clos. Sept ans après son départ de Montpellier, Romain le recroise en L2, au Paris FC ! « Si cela a été chaud ? J’aurais préféré oui, plutôt que cela soit hypocrite ! Quand j’apprends qu’il arrive, j’appelle mon agent, je lui dis « Ecoute, ce n’est pas possible, je ne peux pas rester ». Du coup, mon agent appelle René Girard qui lui dit qu’il n’a rien contre moi, au contraire, qu’il va s’appuyer sur moi. OK, pas de souci. Je le vois, il me fait un câlin, et là, je me dis « y’a un loup quelque part ! ». Je marque, il me met sur le banc le match d’après, et puis, il y a cette anecdote incroyable, c’est la plus belle ! Un jour, il donne le groupe dans le vestiaire et je ne suis pas dedans. Je me lève, je vais voir le kiné pour qu’il me fasse un massage, je ne m’énerve pas. Là, des joueurs vont voir le coach et ils lui demandent pourquoi je je ne suis pas dans le groupe. René Girard leur répond que je suis suspendu ! Suspendu ? Mais je n’avais pas pris de carton… Comment je pouvais être suspendu ? Son adjoint, Stéphane Gili, qui est le coach du Paris FC aujourd’hui, me demande si je suis suspendu, je lui réponds « bah non ». En fait, j’apprends que c’est une personne du club – Je n’ai jamais su qui -, qui a dit ça au coach ! Je ne me suis pas énervé, peut-être que le coach n’attendait que ça pour me virer. Finalement, il me fait jouer titulaire ! Ce n’est pas tout, pendant la Covid, il m’appelait et me disait « je vais m’appuyer sur toi la saison prochaine ». Dans le même temps, d’autres clubs me sondaient et me disaient, « On a eu ton coach, il te laisse libre, du coup, est-ce que tu veux venir chez nous ». J’étais obligé de mettre le haut parleur sur mon téléphone pour que les gens autour de moi me croient ! C’était incroyable ! »

Près de 300 matchs de Ligue 2

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

A 36 ans, Romain prépare aujourd’hui sa reconversion. Il espérait la passer à Pau, son 6e et dernier club de Ligue 2, où il passé deux saisons (2020-2022, 68 matchs, 12 buts), lui qui a déjà évolué à Montpellier donc (2006-09, 25 matchs, 3 buts), mais aussi à Clermont (prêt, 2009-10, 24 matchs, 5 buts, puis 2011-2013, 54 matchs, 7 buts), Orléans (2016-17, 30 matchs, 6 buts), au Gazelec Ajaccio (2017-19, 61 matchs, 17 buts) et au Paris FC (2019-20, 22 matchs, 7 buts).

Mais dans le Béarn, tout ne s’est pas passé comme prévu. « J’étais bien à Pau. J’aurais pu prolonger d’un an mais on me proposait 2 ans voire 3 ans ailleurs. J’étais dans un projet club, je voulais être accompagné, formé, pour jouer un rôle, pour faire le lien entre le staff et la direction, j’étais prêt à tout, même à encadrer les jeunes. Finalement, il n’y a rien eu… »

Avec le Gazelec Ajaccio. Photo Philippe Le Brech

L’avant-centre, qui comptabilise près de 300 matchs de L2 au compteur, est ensuite parti à Versailles la saison passée, en National, pour une dernière pige. Une expérience qui a tourné court (7 matchs, 1 but) : « Versailles, c’est un club ambitieux, avec de belles installations, mais quand il y a eu cette histoire avec le coach, ça m’a « tué » (Youssef Chibhi a été condamné à 8 mois de prison avec sursis pour avoir filmé des femmes à leur insu, Ndlr). Je suis père de famille, je ne pouvais pas continuer avec ce mec, parce que là, on ne parle plus de football, on parle de choses assez graves; ça a cassé le truc dans le vestiaire. C’est dommage, il y avait un groupe avec quasiment que des joueurs de L1 et L2, on s’entendait très bien. Mais je n’ai aucune amertume. Et puis j’ai dû subir une opération – Romain reviendra sur ce chapitre plus loin -, et j’ai résilié. La seule chose un peu compliquée à Versailles, ce sont les supporters, qui ne sont pas nombreux. On voit bien que, hormis au Red Star et au PSG, c’est compliqué en région parisienne. »

Bourges Foot 18, son ultime défi

Avec Bourges Foot 18, son nouveau club. Photo Bourges Foot 18.

Du coup, Romain s’est installé en début d’année dans le Cher, à Bourges, où, avec sa compagne Aurélie, il a acquis une propriété – un ancien moulin – avec un immense terrain de 10 hectares pour ses… chevaux ! « Les chevaux, c’est le domaine de prédilection de mon épouse ! En fait, on cherchait une propriété qui pouvait coller à nos projets futurs. Quand je jouais à Orléans, on a adoré la région, le centre de la France, la Sologne. Ici, il y a un environnement propice pour les chevaux. Mon épouse, qui a grandi à Montpellier, côté Camargue, a fait du Western, une discipline de l’équitation. Je m’y suis intéressé, de la même manière qu’elle s’est intéressée au foot. Elle voudrait faire de l’élevage et de la reproduction de Quarter Horse, une race américaine. Là, on a rentré deux pouliches Quarter Horse. Elle possède aussi ses diplômes pour être assistante vétérinaire, elle pourra allier les deux. »

Et lui dans tout ça ? « Je vais construire un terrain de foot de 600 m2 dans ma propriété afin d’organiser des stages pour les jeunes pendant les vacances scolaires. Mes enfants sont inscrits au club de Bourges Foot 18. A force de les accompagner, j’ai rencontré les dirigeants et le président Cheikh Sylla m’a proposé un projet de reconversion pour m’occuper des enfants, et comme je voulais jouer encore un peu, j’ai signé pour évoluer en National 2. Je ne voulais surtout pas arrêter sur une opération. J’ai encore à donner, à apporter. C’est un choix familial. En plus, je connais le coach, Jamal Alioui, c’était l’adjoint de Cris à Versailles. Là, comme j’ai été écarté pendant de longs mois à cause de mon opération, je me prépare individuellement. De toute façon, je ne peux pas jouer avant le 1er octobre, compte tenu de ma reclassification en amateur. Aujourd’hui, je n’ai plus envie de bouger. J’ai envie donner un coup de mains au club. Je me languis de retrouver le terrain ! »

La maladie de Crohn : « Je pensais à ma vie »

Avec Colmar. Photo Philippe Le Brech

Quant à l’opération qu’il a subie cette année, elle est liée à la maladie de Crohn, une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, détectée chez lui en 2017, alors qu’il évoluait au Gazelec Ajaccio. « Cela ne me dérange pas d’en parler, je l’ai toujours fait. En fait, la maladie de Crohn peut engendrer des problèmes inflammatoires, comme des kystes, et là, j’en ai eu un très mal placé. C’est arrivé plusieurs fois déjà durant ma carrière mais je m’étais juste fait inciser, parce que je voulais continuer à jouer à tout prix, mais là, la douleur était telle qu’il a fallu mettre un protocole en place avec le chirurgien, pour enlever vraiment la source, et ça a duré 9 mois. »

La maladie de Crohn, « tu la gardes à vie. Tu as un traitement tous les 15 jours ou tous les mois – une piqûre -, ça dépend du protocole, mais depuis Ajaccio, je le vis parfaitement bien, je ne perds pas de poids, je n’en prends pas, je ne souffre pas. Aujourd’hui, certains gastro-entérologues sont très pointus là-dessus. J’ai été contacté par des associations qui étaient surprises que je puisse allier sport de haut niveau et maladie. On m’a même proposé d’être le parrain de certaines associations. »

Avec Colmar. Photo Philippe Le Brech

« En fait, je vis avec la maladie. Quand j’ai perdu 8 kilos à Ajaccio, ce qui m’a fait rater les 6 premiers mois quasiment, je ne pensais pas au foot, qui était secondaire; je pensais à ma vie. Je faisais des siestes de 4 heures parce que j’étais fatigué, j’allais aux toilettes alors que je n’avais pas mangé, je n’avais pas faim… Aujourd’hui, je n’y pense plus sauf les jours de piqûre. Je jouais avec cette maladie mais je profitais de chaque moment, je « kiffais » ma vie. »

S’il assure vivre comme avant, la maladie a cependant changé une chose : son mode alimentaire. « Au début, j’ai eu plusieurs sons de cloches, certains me disaient de ne pas manger ceci, d’autres cela, donc j’ai fait mon propre « mix ». J’évite la tomate, le citron, les poivrons, les boissons gazeuses, mais j’arrive quand même à manger de tout. Je sais que l’avocat, par exemple, est très bon pour moi : il évite les inflammations, il panse l’intérieur, c’est cet aliment qui m’a redonné goût à la nourriture et aidé à retrouver un équilibre. De toute façon, tu le sens ce que tu as envie de manger… »

Romain Armand, du tac au tac

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La montée avec Orléans de National en Ligue 2 en 2016. J’ai fait trois montées mais celle-là était belle. On était un peu à la rue à mi-saison et il y a eu un match qui a fait basculer la saison, contre Marseille-Consolat : on perdait 2-1 et je mets un doublé pour gagner 3-2 à la fin, j’en ai encore des frissons quand j’en parle !

Pire souvenir sportif ?
La descente en National aux barrages en 2019 avec Le Gazelec Ajaccio, pff…. Ce retourné incroyable du Mans à la 96e… Je m’étais projeté pour rester dans ce club, j’avais eu des contacts avec Lens et Paris FC et des personnes comme Christophe Ettori et Olivier Miniconi avaient fait les efforts nécessaires pour me garder. Je ne nous voyais pas descendre. On n’avait jamais été relégables, sauf à la dernière journée.

Combien de buts marqués dans votre carrière ?
58 en Ligue 2 et toutes compétitions confondues, plus de 100, mais le nombre exact, je ne sais pas.

Plus beau but ?
Avec le Paris FC, contre Caen. Une frappe en dehors de la surface, en déséquilibre, ça a fait barre rentrante !

Avec Cannes. Photo Philippe Le Brech

Plus beau loupé ?
Un penalty ! Je n’ai jamais mis de triplé en Ligue 2 et j’ai eu l’opportunité, avec le Paris FC, d’en réaliser un, mais le gardien l’a arrêté !

Pourquoi pratiques-tu le football ?
J’ai toujours aimé le foot, notamment l’époque de 1993, il y avait une ferveur énorme autour de l’OM et de voir ça, ça m’a donné envie de jouer.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Mes déplacements, l’adresse devant le but, et j’allais vite, mais maintenant un peu moins (rires). Défauts : mon jeu de tête et je suis râleur.

Avec Sedan. Photo Philippe Le Brech

Le club ou l’équipe où la saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Sedan.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Colmar. Pour le coach, Damien Ott. Pas pour le club et les supporters. Tu peux le mettre, je n’ai rien à cacher !

Le club où tu as failli signer ?
J’ai eu des contacts avec Auxerre, Lens, ce sont des clubs qui me plaisaient, on était allé loin dans les discussions mais à l’époque j’ai senti que j’allais avoir plus de temps de jeu au Paris FC. Lens et PFC jouaient les barrages et le PFC m’avait dit, « que l’on monte en Ligue 1 ou que l’on reste en Ligue 2, on te veut », alors que Lens ne me faisait une proposition que si le club restait en Ligue 2, ce que je peux comprendre, et Auxerre aussi, quand j’étais à Pau, à la fin de ma première saison, j’ai souvent eu Jean-Marc Furlan au téléphone, c’est quelqu’un avec qui j’aurais aimé travailler, il pue le foot, il fait bien jouer ses équipes, mais voilà, peut-être que l’on a pensé que j’étais un peu trop vieux. A 19 ans, après la Gambardella, Newcastle et Chelsea s’étaient intéressés à moi, le président Nicollin est intervenu pour me donner plus, ce qui ne se faisait pas trop à l’époque, et ça m’a touché.

Avec Paris FC. Photo Philippe Le Brech

Premier match en pro ?
C’est un match où j’étais remplaçant contre Châteauroux, en Ligue 2, avec Ghislain Printant et « Pascalou » (Pascal) Bails, qui avaient repris l’équipe avant que Courbis n’arrive. J’avais tiré sur le poteau quand j’étais entré en jeu.

Le club où tu aurais rêvé de jouer ?
Le Real Madrid.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Je n’y ai jamais joué mais je dirais le stade Vélodrome. Dans un stade où j’ai joué, je dirais Lens. J’ai joué au Parc de Princes aussi, avec Montpellier, c’est exceptionnel. Le Chaudron (Saint-Etienne) aussi, c’est très bien.

Un coéquipier marquant ?
Geoffrey Jourdren. On a été formé ensemble. C’est un ami. On a crée des liens forts. Quand tu le connais, il est loin de l’image que certains journalistes ont donné de lui à une époque. Il est très intelligent. Actuellement, il est au Montpellier HSC. Il a passé tous ses diplômes, il entraîne les jeunes gardiens du club.

Avec Pau FC. Photo Philippe Le Brech

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Kevin Dupuis à Orléans. On jouait à deux attaquants, on avait envie de « se faire marquer » l’un l’autre, on n’était pas en concurrence, on avait une relation saine, sur et en dehors du terrain, on avait fini à plus de 10 buts chacun.

Combien d’amis dans le foot ?
Quatre.

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Ben Arfa, quand il était jeune.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Xavier Mercier, à Montpellier. Il est parti a l’étranger. On avait beaucoup de feeling. Là, il est revenu en Belgique (au RWD Molenbeek).

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Albert Cartier, au Gazelec Ajaccio. C’est quelqu’un qui ne lâche jamais. J’aimerais bien aller manger un morceau avec lui.

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

Y’a-t-il des personnes qui ont compté plus que d’autres dans ta carrière ?
Oui, il y a la famille Nicollin, ils m’ont appris à grandir, à devenir un homme, et Olivier Miannay aussi : c’est quelqu’un qui compte dans ma carrière. Il a toujours cru en moi. Il m’a toujours tendu la main. Les deux fois où on a travaillé ensemble, ça s’est bien passé, parce que j’avais envie de lui rendre sur le terrain. Quand on marque des buts, tu as tout le monde derrière toi, et quand tu es moins en réussite, il n’y a plus grand monde : Olivier, lui, a toujours été là.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Je l’ai dit tout à l’heure, Damien Ott. Et René Girard aussi, que j’ai recroisé au Paris FC, et bien recroisé même (rires) !

Une causerie de coach marquante ?
La causerie, la première de ce style, avant le match de Consolat, avec Orléans. On a vu des témoignages de nos familles sur l’écran : ça ne se faisait pas trop encore et c’est devenu à la mode. Disons que ça fait toujours quelque chose de voir ses enfants à l’écran; ils m’adressaient un message, comme ça, en vidéo. Personne ne parlait. Toute la salle était en larmes. Après ça, on avait tous envie de gagner. Cela a même été un choc. C’était Olivier Frapolli le coach.

Avec Clermont. Photo Philippe Le Brech

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
En réveil musculaire, on m’a demandé, le jour du match, de faire de la muscu… Je n’ai jamais compris.

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
A Montpellier, en jeunes, Ghislain Printant, le coach en CFA, n’avait qu’une envie, c’était de renter chez lui après la séance, mais il fallait avant ça que l’on ramène la corbeille de linge, et en fait, on ne la ramenait jamais, il attendait, et nous on restait longtemps sous les douches, on le faisait exprès, il en avait marre !

Le footballeur le plus connu de ton répertoire ?
Olivier Giroud.

Des rituels, des tocs ?
Oui, mais ça dépendait du moment, écouter la même musique quand j’avais marqué, certaines frappes à l’entrée de la surface à l’échauffement, enroulée, pour se mettre en confiance, des choses comme ça.

Une devise ?
Ne jamais rien lâcher.

Avec le Gazelec Ajaccio. Photo Philippe Le Brech

Un plat, une boisson ?
Le gigot d’agneau et le cuba libre (rires). Je ris, parce que mon épouse n’est pas loin !

Que t-a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
Quand j’étais jeune… Je n’ai pas compris les efforts qu’il fallait faire pour y arriver. Je marquais beaucoup chez les jeunes et j’avais aussi marqué 25 buts avec la réserve en CFA en 24 matchs. Je me suis reposé sur ça. J’ai oublié de faire les efforts, défensifs notamment, et même de courir tout simplement, je le regrette un peu aujourd’hui. Plus tard, j’ai eu des coachs comme Albert Cartier notamment, qui m’ont montré les efforts à fournir, ce que je ne faisais pas avant. Ils m’ont fait me surpasser, m’ont montré ce qu’était vraiment le haut niveau. J’ai compris qu’il fallait se donner à fond pour réussir. Si j avais enchaîné les saisons à 20 ans comme je l’ai fait à partir du Gazelec à mes 29 ans, je pense que j’aurais eu l’opportunité de jouer en Ligue 1.

Avec Orléans. Photo Philippe Le Brech

Termine la phrase en un mot : tu es un attaquant plutôt…
Adroit.

Un joueur de légende ?
Pauleta et Fernando Torres.

Un match de légende ?
France-Brésil 1998. Cela aurait pu être le dernier France Argentine…

Un modèle de joueur ?
Lilian Compan. Il m’a beaucoup appris. Il était serein, calme devant le but. On a joué ensemble à Montpellier et ensuite à Cannes. Un jour, je l’ai vu faire un ciseau du mauvais pied, et je lui ai fait remarquer : il m’a dit qu’il n’y arrivait pas avec son bon pied (rires) ! Un top mec !

Avec Bourges Foot 18, son nouveau club. Photo Bourges Foot 18.

Ta plus grande fierté ?
Mon épouse Aurélie et mes trois enfants, Aron 14 ans, Loan 12 ans et Lily 2 ans. Ils m’ont poussé à ne pas arrêter ma carrière.

Le milieu du foot, en deux mots ?
Un milieu compliqué… Plus tu es droit, moins tu réussis… il faut être un serpent, fermer sa bouche quand il le faut, savoir arrondir les angles…

Le club de Bourges Foot 18 ?
Le président, Cheikh Sylla, est ambitieux. Les installations, pour un club de N2, sont bonnes. Le coach, que j’ai connu à Versailles l’an passé, est ambitieux lui aussi, bosseur, il a connu le haut niveau en France et en Italie, il impose sa culture du travail. Bourges est une ville sportive, c’est un beau projet. Le recrutement a été intelligent, sans moyens colossaux.

 

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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Après avoir écumé les terrains dans toutes les divisions, de la Ligue 1 au National 3, le Vendéen a rejoint l’ES Marsouins Brétignolles-Brem, en Régional 2, où il pourra apporter son expérience sur le terrain et préparer sa reconversion. Portrait.

Avec La Roche Vendée Foot en 2022-2023. Photo Philippe Le Brech

Talentueux, Charly Charrier l’était dès ses débuts sur les terrains de son premier club, La Chapelle-Achard, en Vendée.
L’attaquant aujourd’hui âgé de 37 ans, passé ensuite par Les Sables-d’Olonne et La Roche-sur-Yon, sa ville natale, avant de lever les voiles vers la Sarthe et Le Mans puis Cannes en National, va signer son premier bail professionnel du côté de l’En Avant de Guingamp en 2010 et goûtera aux joutes de la Ligue 2, puis de l’Elite.

Un premier passage chez les pros, un retour à Luçon en National, puis l’épisode Amiens. Mais une pubalgie et un faible temps de jeu vont écourter son aventure en Picardie avant un énième retour en Vendée qui se profilera à l’été 2018, d’abord aux Herbiers, puis de nouveau à La Roche-sur-Yon, son éternel amour. Une longue aventure auréolée d’une montée en National 2 au printemps dernier, à laquelle il aura largement contribuée.

Pour 13heuresfoot, l’attaquant, qui vient de signer à l’ES Marsouins Brétignolles-Brem (Vendée), entre Saint-Gilles-Croix-de-Vie et Les Sables-d’Olonne, va aussi entamer sa reconversion au sein du club promu en Régional 2.

Charly Charrier revient sur les meilleurs moments de sa carrière et évoque un avenir qui s’écrira désormais sur les terrains amateurs.

Interview : « J’ai toujours fonctionné au feeling ! »

Tout débute pour toi sur les terrains de La Chapelle-Achard : quels sont tes souvenirs de cette époque ?
Dans mon club formateur, je n’ai que des bon souvenirs, à cet âge-là, tu ne penses à rien d’autres que t’amuser entre amis.

Tu vas ensuite sillonner le département avant de prendre la direction du Mans. Un des premiers tournants de ta carrière, non ?
C’est la première fois que je découvre un club professionnel sans vraiment y comprendre les codes, j’y passe une seule saison mais j’ai énormément appris.

Lors de sa signature à Amiens. Photo Amiens SC

Tu vas connaître deux fois le National avec l’AS Cannes et Luçon : comment comparerais-tu ces deux expériences ?
Ce sont deux expériences qui n’ont rien à voir bien évidemment. Quand je pars à Cannes, j’ai 20 ans, j’y vais seul, dans un championnat où je n’ai jamais joué. Je ne suis pas prêt. En plus j’arrive dans un contexte particulier où le président (Michel Scotto) m’impose au coach (Michel Dussuyer) et honnêtement, la marche est trop haute. Je n’ai pas le niveau National à cette période. Luçon, c’est tout autre chose, je suis dans un environnement qui m’est familier car c’est mon deuxième passage dans le club et j’arrive de Guingamp ou j’ai fait deux saisons de Ligue 2.

L’honnêteté de Jocelyn Gourvennec

Guingamp, un club où tu passais professionnel il y a plus de 10 ans maintenant !
J’ai 24 ans à cette époque, ça peut paraître tardif mais je saisis l’opportunité. Tout comme à Cannes, j’arrive à la mi-saison donc pour l’adaptation, ce n’est pas l’idéal, surtout quand il y a des supers joueurs à côté ! Je me sens super bien en Bretagne et les deux exercices qui suivent vont se conclure par deux montées jusqu’en Ligue 1. Donc ça reste gravé (sourires).

Avec Luçon en 2013-14. Photo Philippe Le Brech

Arriver jusqu’en Ligue 1, c’était forcément inespéré en voyant ton parcours, non ?
Suite à la montée en Ligue 1 avec Guingamp, il me reste un an de contrat, mais le coach (Jocelyn Gourvennec) me convoque en fin de saison pour m’expliquer qu’il serait préférable pour moi d’aller trouver du temps de jeu ailleurs en deuxième division.

Le club comptait recruter des joueurs avec plus d’expérience et ça risquait d’être difficile pour moi. Il savait que je n’étais pas le genre de joueur qui se contente d’être sur le banc, peu importe la division, que j’avais besoin de jouer pour être heureux. C’est un discours difficile à entendre mais j’ai adoré son honnêteté et son courage, chose tellement rare dans ce milieu.

Avais-tu un plan de carrière avant d’y arriver ?
Non, j’ai toujours fonctionné au feeling, c’est pour ça qu’après Guingamp, je ne repars pas en Ligue 2 malgré quelques approches. Mon choix se fait très rapidement et je décide de retourner à Luçon, en National, pour optimiser mes chances d’être heureux sûr et en dehors du terrain.

Amiens, des émotions indescriptibles…

Sous le maillot d’Amiens, le soir de l’accession en Ligue 1. Photo Philippe Le Brech.

La Ligue 1, c’est aussi Amiens avec des moments forts…
Après trois saisons en National, Luçon dépose le bilan donc il faut trouver un point de chute. J’ai la chance d’avoir plusieurs options mais je choisis Amiens, parce que j’avais eu de bonnes sensations dans leur stade quand on y avait joué avec Luçon. L’objectif était de se maintenir parce qu’on venait juste de monter en Ligue 2. La suite appartient à l’histoire.

Un scénario comme on les aime !
38e journée, 96e minute, nous sommes 6es et on marque…. On passe 2es et nous sommes propulsés en Ligue 1 ! Le genre d’émotions que j’évoquais : indescriptibles. Quelques mois plus tard, on est dans le grand bain, premier match au Parc des Princes, Geoffroy-Guichard deux journées plus tard… c’est la découverte pour beaucoup d’entre nous et de magnifiques souvenirs !
Un passage en pro jusqu’en 2018 puis un retour en Vendée, aux origines : comment as-tu axé ta réflexion à ce moment ?
Pendant la saison de Ligue 1, j’ai une pubalgie qui dure des mois. Je vis une saison très difficile car je ne vois pas le terrain. Nous nous quittons au mois de juin en bons termes avec l’Amiens SC et je reste trois mois sans club. Je soigne ma blessure et je réfléchis à ce que je veux réellement faire. J’ai mon ami qui est coach des Herbiers en National 2 (Stéphane Masala), j’ai besoin de temps de jeu, donc je m’engage avec eux pour le reste de la saison.

La Roche, retour à la case départ

Avec son nouveau club, l’ES Marsouins Bretignolles-Brem. Photo ESMBB

Puis vient le nouvel épisode à La Roche-sur-Yon…
A l’été 2019, je choisis de revenir à La Roche dans le club où j’ai passé 5 ans de formation. Il y a une nouvelle ère, Philippe Violeau est président, Charles Devineau est coach… ça faisait trois vendéens qui ont connu le haut niveau dans le même projet – ambitieux – et à des postes différents. J’ai un vrai feeling avec le coach qui me laisse la possibilité de travailler sur le recrutement avec mon ami Kevin Hautcoeur. Je prends ça comme une marque de confiance donc je m’engage et on construit une belle équipe.

Quatre saisons riches, perturbées aussi notamment par le Covid… mais qui se concluent par une montée en National 2 !
Paradoxalement, la saison qui sera la plus aboutie sportivement restera aussi la plus frustrante car le Covid stoppera tous les championnats en 2019-20. Châteaubriant a accédé en N2 au quotient alors que nous étions leaders. Ensuite, une saison blanche, très difficile à vivre pour tout le monde mais il fallait relativiser malgré les difficultés ; nous étions juste des sportifs privés d’activité pendant que d’autres tombaient malade ou perdaient la vie.

Avec Luçon en 2015-16 en National. Photo Philippe Le Brech

Personnellement, comment l’as-tu vécu ?
A 34 ans, le plus difficile a été de garder la motivation de rester compétitif et performant pour la reprise des championnats un an et demi plus tard. Finalement, la montée en National 2 il y a quelques semaines est l’aboutissement des quatre dernières saisons où l’effectif n’avait pas beaucoup bougé : on était dans une certaine continuité avec moins de concurrence chez nos adversaires par rapport aux précédents exercices.

« Il y a eu une usure mentale »

Pourquoi partir au moment où La Roche atteint son objectif ?
Il y a plusieurs raisons. Pour commencer, je souhaitais choisir ma sortie moi-même. Il y avait une forme d’usure mentale des saisons précédentes donc je sentais qu’il ne fallait faire celle de trop. Ensuite, je ne voulais pas tricher vis-à-vis de mes coéquipiers qui m’avaient connu avec un certain niveau de performance et une certaine exigence. Et pour finir, même si sportivement nous avons vécu de belles choses, extra-sportivement, ça a été très compliqué. Le projet ne ressemble plus à celui pour lequel j’étais venu en 2019. Beaucoup trop de personnes compétentes et surtout bienveillantes ont dû quitter le navire à cause d’individus au club qui veulent être sur le devant de la scène.

Tu as dû apprendre à relativiser pendant ces dernières années…
C’est aussi ça un club de football, vous y trouverez toujours des gens qui se veulent importants plutôt qu’utiles, donc quand vous n’êtes pas d’accord avec ce fonctionnement, il faut faire preuve de courage, prendre ses responsabilités et partir. Aujourd’hui, j’ai la chance que l’on me propose un projet neuf dans le rôle que je souhaitais, avec un bon coach que je connaissais déjà (Alexandre Leudière), ou je peux travailler sereinement en essayant de me rendre le plus utile possible dans l’intérêt du club…

Comment as-tu vécu ces adieux et ton dernier match ?
C’était particulier parce que j’avais annoncé mon départ aux joueurs depuis quelques semaines. L’idée était de soigner ma sortie tout en n’accaparant pas l’attention. L’enjeu de la rencontre était bien plus important que ma dernière avec La Roche. Je remercie les joueurs qui m’ont offert une sortie plutôt sympa avec une montée à la clé et quelques remerciements à la fin du match.

Les émotions d’un grand stade

Avec Amiens en L2. Photo Amiens SC

Le football était devenu ton métier depuis une dizaine d’années…
Depuis tout jeune, je suis passionné de foot, je ne pensais qu’à jouer, tout le temps et partout. Mon envie était d’aller le plus haut possible. Une carrière est faite de rencontres, d’opportunités mais également de choix. Même si je pense que j’aurais pu faire encore mieux, je n’ai pas de regret, on a la carrière qu’on mérite.

Quels souvenirs garderas-tu de ce chapitre ?
Quand j’arrêterai définitivement, le souvenir le plus fort sera les émotions que procurent les grands stades où j’ai pu jouer. Ce que l’on ressent quand on foule une pelouse où tu rêves de jouer depuis ton plus jeune âge n’a pas d’équivalent…

Justement, comment analyses-tu l’évolution de ce sport depuis tes débuts ?
Le foot a certes un peu évolué mais pas tant que ça. Ce sont les gens qui l’entourent qui changent. Aujourd’hui, beaucoup pensent qu’ils peuvent être président de club, agent de joueur, recruteur ou coach sans une véritable connaissance du milieu. Le foot génère de plus en plus d’argent et de notoriété, donc beaucoup de personnes essayent de se frayer un chemin afin d’en profiter ; c’est le fléau du foot.

Vers un rôle de manager général…

Avec La Roche VF la saison passée. Photo Philippe Le Brech

Ta carrière n’est pas finie mais le foot ne sera plus ton métier…
J’ai décidé de continuer de jouer parce que j’adore ce sport et je mesure à quel point il me manquera quand j’arrêterai. Au-delà du niveau, ce dont j’ai besoin, c’est de jouer en ayant des objectifs à atteindre, que le club où j’évolue ait une perspective. Le plus difficile quand on descend de quelques divisions, c’est de ne pas se faire aspirer par le niveau, c’est pour ça qu’il faut garder la même exigence de travail et de rigueur envers soi-même.

Comment as-tu imaginé ta reconversion ?
Si je choisis de rester dans le foot, je pense que c’est dans le rôle de manager général que je serai le plus performant. Faire partie d’un club qui me laisserait l’opportunité de gérer sa stratégie sportive tout en étant dans l’analyse et la constitution d’un effectif en collaboration avec le coach. C’est le cas aujourd’hui au club de l’ES Marsouins Brétignolles-Brem et j’en suis ravi.

Pourquoi le poste de directeur sportif à l’ESMBB ?
Je viens de passer les quatre dernières saisons à participer au recrutement de La Roche VF. C’est une expérience et ça n’a fait que confirmer mon envie de rester sur ce chemin. De plus, j’ai toujours trouvé la période du mercato fascinante, et j’ai surtout constaté au fil de ma carrière qu’une saison dépendait beaucoup de cette période.

Charly Charrier du Tac au Tac

Avec Amiens en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
Les deux montées en Ligue 1 avec Guingamp et Amiens.

Pire souvenir sportif ?
La période Covid.

Plus beau but marqué ?
Mon premier but avec Amiens, une reprise de volée du gauche.

Un but facile que tu as loupé ?
Un centre parfait, j’ai juste à marquer de la tête, il n’y a plus de gardien et je ne touche même pas le ballon (rires).

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est ma passion pour le foot qui a fait que je suis devenu footballeur !

Ton but le plus important ?
Au Red Star avec Amiens, on gagne 1-0 chez eux et ça nous sort d’une période délicate.

Avec Amiens en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

Ton geste technique préféré ?
Le reprise de volée.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Deux et aucun de mérité (rires) !

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Commercial dans un magasin de sport.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Défauts : le jeu de tête, je déteste ça… et sinon de toujours vouloir le ballon ! Qualités : je dirais, le sens du jeu, que ce soit pour le bien de l’équipe ou pour trouver la faille chez l’adversaire.

Le club, l’équipe ou la saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
La saison 2014-15, avec Luçon, en National, nous pratiquions un football de qualité et nous avions un bon vestiaire.

Avec Guingamp en 2012-2013. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Quand je suis revenu à La Roche VF en 2019, mes proches m’ont déconseillé d’y retourner parce qu’il y avait des personnes contre-productives qui parasitaient toutes sortes de projet… Cela dit, même s’ils avaient raison sur leur analyse, il n’y a aucun club où je regrette d’avoir signé.

Le club où tu as failli signer ?
Le Racing Club de Strasbourg en National à l’été 2015 mais j’ai refusé pour essayer de monter en Ligue 2 avec Luçon. Beaucoup m’ont pris pour un fou.

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
L’OM.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Le Vélodrome.

Avec Amiens en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

Un public qui t’a marqué ?
Celui de Bollaert (Lens). J’ai eu la chance d’y jouer deux fois et de marquer, les Corons à la mi-temps sont incroyables… Dans un autre style, Goeffroy-Guichard (Saint-Etienne) est incroyable aussi !

Un coéquipier marquant ?
Je dirais Lionel Mathis et Mathieu Bodmer. J’ai été surpris de leur humilité et leur simplicité compte tenu de la carrière qu’ils avaient eues.

Le coéquipier avec lequel tu avais le meilleur feeling sur le terrain ?
Jérémy Billy, le numéro 9 à La Roche-sur-Yon, qui savait exactement ce que j’allais faire du ballon avant même que je ne l’ai dans les pieds… Je pourrais en citer pleins d’autres.

Avec Guingamp en 2012-2013. Photo Philippe Le Brech

Les joueurs adverses qui t’ont le plus impressionné ?
Cavani et Falcao pour leurs activités, leur sens du déplacement, c’est incroyable ! Dans un autre registre, je vais dire Benjamin Nivet, pas le plus connu mais joueur exceptionnel, sous coté.

L’équipe qui t’a le plus impressionné ?
Troyes. On perd 4-0 à la 60eme avec Amiens je crois… le genre de match où tu peux jouer 4 heures, il ne se passera rien (rires).

Avec Luçon en 2015-16 en National. Photo Philippe Le Brech

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Benjamin Guillou (Le Poiré, La Roche), j’aimais beaucoup ce gars.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Tous ceux qui me faisaient jouer, je serais ravi de les revoir, les autres non (rires) !

Un président que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Thierry Barbarit (La Roche), un président que je n’aimerais jamais revoir, un océan d’ignorance ce monsieur. Les joueurs l’appelaient le « dos d’âne ». Il ralentissait tous les projets.

Avec Luçon en 2015-16 en National. Photo Philippe Le Brech

Un président ou un dirigeant marquant ?
Noël Le Graët (Guingamp), Bernard Joannin (Amiens).

Une causerie de coach marquante ?
Les meilleures causeries, c’était quand le coach oubliait d’en faire une (rires) !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
« On joue comme on s’entraîne ». Cette phrase n’a aucun sens, tout simplement parce qu’il est impossible de ressentir les mêmes émotions ou l’adrénaline d’un match de compétition lors d’un entraînement.

Avec La Roche VF. Photo La Roche VF

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais racontée ?
J’ai connu un coéquipier qui avait un problème psychologique, il sortait en dernier du vestiaire pour bloquer les téléphones des autres en faisant des faux codes. Un jour, je l’ai pris en flagrant délit et j’ai pris une photo parce que personne ne pouvait se douter que c’était lui…. C’était « Sackré Gbohou » (rires), j’ai encore la photo d’ailleurs !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Sûrement Mathieu Bodmer.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion (en dehors des clubs où tu as joués) ?
Le Vélodrome parce que j’étais un fan de l’OM étant gamin, et La Beaujoire, parce le club du FC Nantes reste particulier pour nous les Vendéens.

Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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Le nouvel entraîneur du Royal Excelsior Virton, en D3 Belge, revient sur son parcours et évoque à nouveau son départ de Chambly. Le Red Star, son club de coeur, revient forcément dans les conversations, mais il est concentré à 100 % sur sa nouvelle mission, dans un club racheté par le champion du Monde N’Golo Kanté.

Photo RE Virton / Etienne Joannes

Fabien Valéri a surpris tout son monde cet été. Du moins le monde du football. Après trois exercices très probants en National 2, d’abord à la tête de Paris 13 Atlético – une seule défaite en 9 matchs et une première place la première saison avant l’arrêt pour cause de Covid puis une accession en National la saison suivante – puis à la tête du FC Chambly Oise – 3e place avec 57 points, un total supérieur à deux des quatre promus en National -, il a, d’un commun accord avec ses dirigeants, annoncé son départ de l’Oise, après avoir stoppé la série noire et permis au club de retrouver le sourire après deux relégations d’affilée (Chambly évoluait encore en Ligue 2 en 2020-2021).

Et comme le milieu du foot est un microcosme, un village où tout se sait, les rumeurs ont rapidement envoyé l’ancien milieu de terrain du Red Star au… Red Star ! Le « Red », son club de coeur, où il a passé 13 ans de sa vie, entre 1987 et 2000, dont 8 dans la peau d’un joueur professionnel.

Une rumeur ? Pas vraiment en fait. L’intéressé ne s’en est jamais caché : il faisait partie d’une short list pour prendre la succession de Habib Beye, envoyé vers d’autres contrées (Amiens, Sochaux, Paris FC ?) par ces mêmes rumeurs !

Problème, le consultant de Canal +, sous contrat jusqu’en 2024 avec « l’Etoile Rouge », est finalement resté en poste, « contrariant » les plans du natif de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), qui rêvait, 23 ans après son départ de Bauer pour Naval et la D2 portugaise, d’un retour dans son club, dans ce stade flambant neuf où on pouvait encore parfois le croiser un soir de match.

« Je ne voulais pas prendre Chambly en otage »

Photo Eric Crémois – EC Photosports

« C’est vrai, j’espérais le Red Star. On ne va pas refaire l’histoire, a-t-il confié. J’ai résilié à Chambly parce que je ne voulais pas leur faire à l’envers. Je ne voulais pas prendre le club en otage, sachant que j’étais dans une « short list » au Red Star. Alors j’ai préféré qu’ils préparent la saison du mieux possible, avec un nouvel entraîneur, quitte à ce que je me retrouve sans rien, ce qui était encore le cas d’ailleurs il n’y a pas si longtemps, avant que le projet Virton ne s’offre à moi. Vous savez, dans ce métier, il faut être prêt, il faut saisir les opportunités, confesse le tout récent titulaire du BEPF. »

Virton. Le plus francophone des clubs belges, situé dans la province la plus au Sud du pays, celle de Luxembourg. Vous avez sans doute entendu parler du Royal Excelsior Virton, club limitrophe de l’Hexagone, tout juste relégué de Challenger Pro League (Division 2) en Nationale 1, l’équivalent français du National. Car le 29 juin dernier, le club de la Wallonie a officialisé son rachat par le champion du monde 2018, N’Golo Kanté !

« Là, je suis dans ma chambre d’hôtel, à Longwy (Meurthe-et-Moselle), à 20 km de Virton. Je suis arrivé lundi (l’entretien a été réalisé vendredi 4 août). J’ai signé vendredi dernier et, le temps de m’organiser, je suis rentré le week-end chez moi pour aller chercher mes affaires. Je ferai encore un autre aller-retour histoire d’aller chercher d’autres affaires. Comme je suis à Villiers-sur-Marne, ce n’est pas très loin. Mais je compte m’installer à 40 ou 50 km de Metz, de manière à être à 15 ou 20 minutes du stade. Mon épouse me rejoindra avec ma petite fille Mila. Mon grand fils, Lucas, va rester à Paris : il s’est engagé à Paris 13 en N2, et le second, Matteo, va y rester aussi, c’est plus pratique pour lui pour l’école »

N’Golo Kanté, un gage de sérieux et d’ambition

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Passé par le National à Boulogne-sur-Mer (2012-13) avant de connaître la carrière qu’on lui sait (Caen, Leicester, Chelsea), le milieu de terrain international Kanté (53 sélections, 2 buts), qui vient de s’engager à Al-Ittihad en Arabie saoudite, a donc pris la succession de l’homme d’affaires luxembourgeois Flavio Becca.

Si la stabilité n’a pas été le point fort du RE Virton ces dernières saisons, où de gros problèmes financiers ont vu le jour et où de nombreux coachs se sont succédé, dont certains bien connus en France – Pablo Correa (Nancy), Christian Bracconi (Ajaccio) et son adjoint Nicolas Gennarielli, un ancien du CA Bastia et Bastia Borgo -, cela n’a pas effrayé Fabien, qui préfère regarder devant.

Photo Eric Crémois – EC Photosports

« Quand cela ne s’est pas concrétisé avec le Red Star,  j’ai eu un appel d’une personne qui m’a demandé si le projet de Virton pouvait m’intéresser. Sincèrement, je ne connaissais pas ce club. On m’a présenté et expliqué le projet. Ce qui a été fait avant… Moi je ne suis pas comme ça, je respecte le travail de mes prédécesseurs. J’arrive avec ma façon de faire, avec mes idées. Je ne vais pas faire de copier-coller. Je vais m’adapter aussi à l’environnement, à ma direction, c’est quand même une toute nouvelle page là. Après, sur Virton, je savais juste que la Direction venait de changer complètement et que N’Golo Kanté avait pris la présidence. Il fallait aussi que je me rende compte de tout ça sur place : je ne voulais pas signer là-bas sans savoir où je mettais les pieds, c’est normal. J’ai trouvé le projet cohérent, ambitieux, et le fait que N’Golo Kanté soit propriétaire du club, ça m’a rassuré. Je me suis dit, « s’il met les pieds ici, c’est pour faire quelque chose chose de bien. Sa présence est un gage de sérieux et d’ambition. Il s’est entouré de personnes qu’il connaît bien et qu’il a mis en place. Ils ont envie de bien faire. Après, ça reste de la Division 3 belge, un niveau qui se situe, d’après mes informations, entre le National 2 et le National en France. Donc ça reste un bon championnat, avec des bonnes équipes. J’espère faire une bonne saison, progresser avec le club. On verra. Je vais faire du mieux possible. »

Le mieux possible et… rapidement : dès le samedi 19 août, à 18h, Virton disputera un match de coupe de Belgique (coupe Cofidis) contre Bocholt (Nationale 2). Une qualification lui offrirait un calendrier chargé, avec quatre matchs en quinze jours, dont celui de la reprise du championnat, le 30 août, à Antwerp, contre la réserve.

Le Red Star, partie remise ? « J’espère ! »

Avec Benjamin Garault (à gauche). Photo RE Virton / Etienne Joannes

A Virton, Fabien n’est pas parti tout seul. Son adjoint à Chambly, Benjamin Garault, l’a suivi. Lui aussi est dans le même hôtel. D’ailleurs, durant l’entretien, Benjamin passera par là, un ordi sous le bras !

A Chambly, on a tourné la page : le club présidé par Fulvio Luzi s’est attaché les services de Stéphane Masala, l’ex-coach des Herbiers en National (finaliste de la coupe de France en 2018 après avoir éliminé … Chambly en demi-finale à Nantes) et de l’US Créteil en National 2.

Fabien Valéri, lui aussi, a tourné la page. Mais ce projet, au FC Chambly Oise, y croyait-il ? La question mérite d’être posée. Parce que son départ a aussi pu être interprété comme cela : « Je ne suis pas du tout parti parce que je ne croyais pas au projet mais uniquement parce que j’avais mon rêve dans ma tête, celui d’entraîner le club dans lequel j’ai joué pendant 13 ans, où j’ai signé mon premier contrat pro. Le Red Star, c’est le club qui m’a donné ma chance en pro, qui m’a le plus marqué, qui me tient le plus à coeur. Donc entraîner un jour ce club, c’est mon rêve. c’est comme ça. Vous savez, l’idée, c’est de progresser, de franchir des paliers. Bry-sur-Marne, UJA Maccabi, Paris FC, Paris 13, Chambly… Pour l’instant, ça s’est bien passé partout. Je ne pense pas avoir trop de casseroles derrière moi ! »

Photo RE Virton / Etienne Joannes

Dans les colonnes du Parisien, il déclarait même : « Il faut savoir prendre des risques ». Aujourd’hui, il tempère : « Des risques, n’exagérons pas… Ce n’est pas vital. Ce n’était pas une question de vie ou de mort (sic). Quand je pars de Chambly, je me dis que, quand même, j’ai fait des bonnes choses ces dernière saisons, et que si ça ne se fait pas avec le Red Star, j’aurai des touches dans quelques mois, quand ça va rebouger, quand, malheureusement, des entraîneurs seront en difficulté. J’aurais peut-être été sollicité dans un bon projet de National 2 ou peut-être même en National, on ne sait pas, mais avec le spectre des 6 descentes… On l’a vu la saison passée, les présidents ont la pression. Donc, quand vous me parlez de risque, je dis « pas tant que ça ». Je préférais me retrouver sans rien plutôt que de ne pas tenter ma chance au Red Star, même si je n’étais peut-être pas forcément leur choix numéro 1. J’avais des chances, pas plus, pas moins que d’autres. Au Red Star, ils savent que je suis du club, les supporters me saluent quand je vais voir des matchs. » Alors, partie remise ? « J’espère (rires) ! »

Virton, un stade qui ressemble (un peu) à Bauer !

Côté objectif, la direction de Virton n’a mis aucune pression : « Ce sera de faire du mieux possible. On a déjà une équipe à reconstruire car il manque beaucoup de joueurs et on n’a pas énormément de temps devant nous. Il faut faire un bon recrutement. Le match de coupe de Belgique va arriver vite. Le championnat aussi. »

N’Golo Kanté non plus, ne devrait pas tarder à arriver. « J’aimerais bien le rencontrer, ça va se faire, je sais qu’il vient une à deux fois par mois au club. »

Virton, c’est aussi un stade. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, le stade Yvon-Georges ressemble un peu à celui… du Red Star !!! « Exactement, vous ne vous trompez pas ! C’est ce qui m’a plus quand j’ai visité les installations. Le stade m’a sauté aux yeux. Je l’ai trouvé chaleureux, fermé, les supporters sont proches des joueurs, il y a du vert partout. C’est un terrain un peu à l’ancienne. J’ai effectivement vu beaucoup de similitudes avec le stade Bauer. On a fait 800 personnes en amical, contre contre le RFC Seraing (D2, 1-1), ça chante, il y a beaucoup de passion, il est situé dans le centre-ville, les gens vont boire un coup avant le match. On peut faire, d’après ce qu’on a mis, 3000 personnes si ça tourne bien. »

Le Red Star n’est jamais très loin ! D’ailleurs, il n’est qu’à 3 heures de route à peine ! « Oui, j’essaierai d’y retourner une fois, un lundi peut-être, si c’est possible ! Ce n’est pas très loin finalement, mais priorité à mon nouveau club, hein ! »

« Les clubs ont besoin de sécurité, de garanties, avec des CV… »

Avec Benjamin Garault à Chambly. Photo Eric Crémois – EC Photosports

Pendant ces quelques semaines de disette, l’ancien joueur passé également par Istres, Cannes et Paris FC en National, et qui a terminé sa carrière en CFA, à Viry-Châtillon, à 36 ans, a pu mesurer la difficulté d’un marché où l’on retrouve souvent les mêmes coachs, où les « jeunes » entraîneurs n’ont pas toujours la chance de prouver leurs qualités ni la confiance des présidents qui aiment être « sécurisés » par des CV plus garnis. « C’est vrai, le marché est compliqué. Quand j’étais en réserve en National 3 au Paris FC, si personne ne m’avait donné la possibilité d’aller en National 2, je n’aurais jamais réalisé ce que j’y ai réalisé avec Paris 13 et ensuite avec Chambly. Le président Frédéric Pereira m’a donné cette chance d’entraîner en N2 au Paris 13 Atlético, ce qui m’a permis d’avoir d’autres sollicitations de N2. Je n’avais pas encore le BEPF donc je ne pouvais pas encore prétendre entraîner en National. Mais ça m’a permis de montrer ce que j’étais capable de faire. En France, les championnats se réduisent, donc ça fait moins de postes à pourvoir. Moi, mon rêve, c’est d’entraîner en Ligue 1 mais bon, déjà qu’en National c’est difficile… Les clubs, je pense, ont un peu peur de donner leur chance à un entraîneur qui n’a jamais entraîné à ce niveau-là. Alors que pour moi, ça reste du foot. »

Autre écueil : l’image. Celle d’un coach qui, pour l’heure, n’a entraîné qu’en région parisienne. N’a-t-il pas peur que certains dirigeants se disent « Fabien Valéri, il ne peut entraîner que là… ? »

La réponse de l’intéressé fuse : « Pour le savoir, il faut donner sa chance ! Avant que je n’entraîne en National 2, on ne savait pas si j’en serais capable. Si on ne donne pas la chance d’aller ailleurs, comment voulez-vous savoir ? Pour moi c’est pareil, ce n’est pas que je ne veux pas, c’est juste que je n’ai pas eu l’opportunité. Joueur, je suis parti à l’étranger, j’ai aussi joué en Province. C’est comme avec un joueur en centre de formation : tant qu’on ne le met pas en équipe pro, on ne saura pas s’il a le niveau. On entend souvent dire « non, il est trop juste », ok, d’accord, met-le, essaie-le, et on verra bien ! Si tu le n’essaies pas… Les clubs ont peur. Ils ont besoin de sécurité, de garantie. Ils sont peut-être, je dis bien « peut-être », un peu frileux. Parce qu’il y a de très bons entraîneurs en National 2 qui ne sont pas moins bons que des entraîneurs de Ligue 2. Le foot, c’est le même partout. Le terrain est pareil. Après, vous avez de meilleurs joueurs ou de moins bons, et il y a la question du management, de l’humain. Les joueurs restent avant tout des hommes. Sauf dans les très très grands clubs, il faut gérer les égos plus qu’ailleurs. »

Fabien Valéri, du tac au tac

« J’aime les joueurs ! »

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Meilleur souvenir sportif de joueur ?
C’est à la fois un bon et un mauvais : on fait demi-finale de la coupe de la Ligue en 2000 avec le Red Star face à Gueugnon, on avait fait un super-parcours, on avait éliminé Lille, Nîmes, Saint-Etienne, Sedan.

Pire souvenir sportif de joueur ?
Justement, ce match… Une grande déception parce qu’on se fait rejoindre deux fois au score dont la deuxième fois dans le temps additionnel, sur une action litigieuse : on ne sait pas si le ballon est sorti en touche ou pas, on s’est arrêté de jouer, bon, c’est comme ça… Benjamin Clément voit le ballon du latéral gauche sortir en touche, il lève la main, il s’arrête, mais l’action continue, y’a un centre, on court vers notre but, Abdoulaye Meïté et moi, Amara Traoré la prend du genou, on court vers notre but… C’est un miracle ce but… En plus, on tire sur le poteau juste après. Dans la séance de tirs au but, on a eu le penalty de la gagne. Puis Jean-Marc Branger rate son tir au but, c’est comme ça, c’est le regret de ma vie. J’aurais pu être au Stade de France devant 80 000 personnes. J’étais capitaine. Cela aurait fait un derby face au PSG.

En plus, Gueugnon a gagné la finale…
Je n’ai pas pu regarder la finale, impossible, et alors, quand j’ai su que Gueugnon avait gagné, ce fut pire… La même saison, on perd en 8e de finale contre Lyon en Coupe de France avec le Red Star : on mène 1 à 0 et Govou, qui effectue ses débuts, entre et claque deux buts à la fin ! Là, pas de regret, c’était la classe.

Meilleur souvenir d’entraîneur ?
La montée de N2 en National avec Paris 13.

Pire souvenir d’entraîneur ?
Une élimination à Pagny-en-Moselle au 8e tour avec l’UJA Maccabi (N3), avec une erreur d’arbitrage à la fin, que l’arbitre a reconnue ensuite. On aurait dû bénéficier d’un penalty et on prend un but dans le temps additionnel. C’est dommage. Financièrement, pour un petit club comme le nôtre, cela aurait été bien. Ce fut un gros sentiment d’injustice.

Combien de buts marqués dans votre carrière ?
25 ! Pour un milieu de terrain, c’est pas mal ! Je mettais un ou deux buts par saison, sauf une saison, j’en ai mis 9 au Portugal en D2 portugaise, à Naval, ce qui m’a permis d’aller à Coimbra en D1 portugaise avec Jean Alves, on a eu arthur jorge aussi, et des très bons joueurs, dont plusieurs internationaux.

Photo Eric Crémois – EC Photosports

Pourquoi avez-vous choisi d’être footballeur ?
J’ai toujours été passionné par ce jeu, dès mon plus jeune age. Mon père était footballeur amateur. Je le suivais partout et dès que j’ai eu l’âge de jouer, je me suis inscrit au club du Stade de l’Est Pavillonais, à Pavillons-sous-Bois : c’est le club du papa de Kylian Mbappé, Wilfrid Mbappé, et de son oncle, Pierre. C’est aussi le club des Mboma. Pour la petite histoire, mon père entraînait Wilfrid Mbappé en cadets ! Quand je les croise, ils me demandent des nouvelles de mon papa. Le stade de l’Est, ils s’en souviennent ! J’y ai joué jusqu’à l’âge de 13 ans. Après, j’ai été repéré en sélection départementale du 93, le Red Star est venu me chercher. J’y ai joué en minimes, en cadets nationaux, en 17 ans Nationaux, il y avait Marlet, Agasson, Mauricio, puis j’ai intégré l’équipe B, avec Gueret, Gonzalve, Vasquez-Garcia, je commençais déjà à m’entraîner avec les pros de Herbin et Repellini, et lors de la saison 1992-93, j’ai commencé à jouer. Le premier de ma génération à intégrer l’équipe pro, ce fut Steve (Marlet), après y ‘a eu Vasquez-Garcia et moi. Et je ne suis plus sorti de l’équipe pendant 8 ans. Je suis le 5e plus capé de l’histoire du Red Star, avec 220 matchs. Le premier c’est Jean-Luc Girard avec 285 matchs.

Steve Marlet, un de vos meilleurs amis ?
Oui ! On a aussi fait le Bataillon de Joinville ensemble en 1993-94 avec Micoud, Letitzi, Makelele, Sibierski, Danjou, Santini, Perez, Videau, Libbra, Lefebvre, Sanchez, Ba, Renou, Clapson, Bedrossian, Laspalles, Carnot, Abou, Laville, Djetou, Candela et j’en oublie !

Votre plus beau but ?
Contre Niort, je récupère le ballon, je fais un appui avec Samuel Michel et je reprends de volée en pleine lucarne de 25 mètres. C’était Thomas Debenest dans les cages , qui est ensuite venu chez nous, alors je l’ai chambré pas mal de fois (rires) !

Un geste technique préféré ?
J’avais des petits crochets « exter » courts, en plein course, j’étais capable de m’arrêter rapidement en crochetant pied droit, en gardant bien le ballon derrière mon pied, d’éliminer le joueur avec ma vitesse et de repartir de l’autre côté.

Qualités et défauts sur un terrain ?
La technique. La clairvoyance. L’intelligence de jeu. J’avais un gros volume de jeu. Je courais beaucoup. Mais je manquais d’explosivité et de puissance pour casser les lignes. Le volet athlétique, c’est ça qui me manquait.

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir dans le jeu ?
Au Red Star, on a fait des belles saisons, notamment les premières, quand on jouait la montée. J’y ai toujours pris du plaisir.

Et sur le banc de l’entraîneur ?
J’aime les joueurs, ils essaient de mettre en place le jeu que je souhaite que l’on produise, donc c’est difficile de répondre à ça… Au Paris FC, avec la réserve, en N3, c’était très intéressant de faire progresser les joueurs. Au Paris 13, c’était une aventure humaine, plaisante, et en termes de résultat, c’était difficile de faire mieux : 1er l’année du covid avant l’arrêt puis 1er l’année d année. J’ai connu trois montées avec Bry, des maintiens avec l’UJA Alfortville sans moyens ou avec des moyens quasi nuls, on a fait une très bonne année à Chambly…

Comment avez-vous atterri à Bry-sur-Marne ?
Quand la fin de ma carrière de joueur est arrivée, j’ai fini à Viry en N2 à presque 37 ans, le club de Brie m’a sollicité pour prendre l’équipe première qui évoluait en première division de district; mon fils y jouait à l’époque en U6/U7 donc j’allais souvent au club le samedi, et c’est comme ça que les contacts se sont noués, qu’on a appris à se connaître. J’en ai parlé à Stéphane Cabrelli le coach de Viry, afin de savoir si je pouvais jouer le samedi avec Viry en championnat et entraîner parallèlement Bry, si ce n’était pas gênant. Les entraînements de Viry étaient le soir, donc ça n’a pas posé de problème, et avec Bry, on est monté en PH, en DHR et en DSR, trois fois de suite ! Ce fut une aventure humaine top ! On a encore beaucoup de contacts entre nous, avec les joueurs de Bry, on a d’ailleurs un groupe Whatsapp, les « Bry forever », on a plaisir aussi à se revoir entre anciens. Bry, c’est aussi ce qui m’a permis d’embrayer sur un club de National 3, à l’UJA Maccabi Paris (ex-UJA Alfortville), où j ‘ai fait 3 ans. Ensuite, j’ai fait 4 ans au Paris FC, 2 ans à Paris 13 et donc une saison à Chambly.

Vous avez mis les mains dans le cambouis à Bry ?
Exactement, on touche à tout, on s’entraînait sur un terrain rouge, j’étais épaulé par Cédric Nicoletti, qui est devenu mon ami, on a appris à se connaître là-bas, on ne s’est plus lâché depuis ! Brie, ça a été l’expérience qui m’a fait aimer ce métier et aller le plus haut possible. Humainement c’était une aventure humaine forte. Même à ce niveau-là, une montée ça reste une montée, c’est beaucoup de joie.

Question facile : le club de votre coeur ?
Le Red Star ! Mais j’ai vécu aussi une super-expérience au Portugal. Un jour, si j’ai une possibilité d’y entraîner, j’irai; mon expérience de joueur là-bas s’était bien passée; parfois, je faisais la traduction pour le coach ! Mon premier fils, Lucas, est né à Coimbra, où j’ai joué en D1 à l’Académica.

Votre 2e club de coeur ?
Le Paris FC, j’y ai joué 4 ans et demi et j’y ai été éducateur pendant plus de 4 ans, donc au total ça fait presque 9 ans ! J’y ai beaucoup appris aux côtés de Pierre Dréossi au recrutement des pros. Une bonne expérience.

Pas d’erreur de casting alors ?
non franchement, non.

Le club où vous auriez rêvé de jouer dans vos rêves les plus fous ?
Barcelone. Au niveau du jeu, ça fait rêver.

Un club que vous aimez bien ?
La Sampdoria de Gênes ! Mon père est de là-bas, je suis d’origine italienne, on y a des cousins aussi. J’ai eu la chance d’y voir des sacrés matchs et des sacrés joueurs.

Un stade mythique ?
Sentimentalement c’est le Marassi, l’ancien nom du stade de la Sampdoria de Gênes, et sinon le Nou Camp.

Un coéquipier marquant ?
Deux : Steve Marlet et Ted Agasson.

Le coéquipier avec lequel vous aviez le meilleur feeling sur le terrain ?
J’ai joué avec Steve (Marlet) dès les cadets nationaux. On s’entendait bien. On jouait les yeux fermés. Je pivotais, j’envoyais le ballon dans l’espace, il allait à 4000 à l’heure, je n’avais pas grand chose à faire, je pouvais même me tromper dans le dosage et il se débrouillait pour récupérer la balle. En fin de carrière, quand je jouais plus bas, je m’appuyais sur Ted Agasson qui jouait en 10. On se connaissait bien.

Le joueur perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
J’étais proche de Marko Filipovic à Istres, on était tout le temps en semble, on s’est un peu perdu de vue… Y’en aurait plein d’autres également.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez bien revoir ?
A la formation, au Red Star, les deux entraîneurs qui nous avaient bien fait progresser, c’était Patrice Lecornu et François Gil. Ils ont fait ce qu’était le Red Star dans les années 90. Je ne les ai pas vraiment perdus de vue même si on n’a plus beaucoup de contact, mais ils ont compté pour moi et pour beaucoup de jeunes du Red Star.

Un président marquant ?
Pierre Ferracci au Paris FC. Humainement, c’est vraiment une très bonne personne. Regardez ce que le club est devenu aujourd’hui grâce à lui. Quand j’y ai joué en National, on avait une bonne équipe mais on jouait au stade Dejérine, sur un terrain en herbe compliqué, les vestiaires c’était… Au niveau médical, logistique, tout était compliqué, et quand je vois tout ce qu’il a accompli en 10 ou 15 ans, avec le centre d’entraînement, le centre de formation féminin, le développement du club, les jeunes en 17 et 19 ans Nationaux, les féminines en D1, l’image… Il va, je le souhaite, réussir et parvenir à monter en Ligue 1, il le mérite. Je pense qu’il y arrivera.

Un modèle de joueur ?
Messi. Pour moi, c’est le meilleur joueur de l’historie du foot. On a tendance à oublier le Messi de 18 à 30 ans. On est critique aujourd’hui parce qu’il n’a plus les jambes. Mais les pieds… C’est un génie. Il est un peu plus fort que Maradona je pense.

Un modèle de coach ?
J’aime beaucoup Guardiola, je ne suis pas original. Quand on produit du jeu et quand on maîtrise ses matchs, qu’on a l’ascendant sur l’adversaire, je reste persuadé qu’on a plus de chance de gagner. Pour moi, il vaut mieux poser des problèmes plutôt qu’essayer de les résoudre. Et c’est plus plaisant pour tout le monde, pour les joueurs, les spectateurs.

Vous étiez un joueur plutôt ?
Technique.

Vous êtes un entraîneur plutôt ?
Tactique.

Y’a-t-il une méthode Fabien Valéri ?
Ma philosophie est simple. Je veux un cadre assez rigide mais pas trop non plus, avec une certaine liberté à l’intérieur de ce cadre là, pour qu’il y ait de la bonne humeur, etc. Sur le terrain, je veux du sérieux, du travail, de la concentration, de l’application, d’engagement. J’aime que les joueurs prennent du plaisir à l’entraînement, pour éviter la routine, pour qu’ils s’impliquent. En fait, c’est le ballon, le jeu, le plaisir.

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Eric Crémois – Photosports (sauf mentions spéciales)

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