Après 10 ans sur le continent, plusieurs montées avec Sedan et Annecy et plusieurs saisons avec le brassard de capitaine, Jean-Jacques Rocchi (34 ans) est de retour depuis le mois d’août chez lui, en Corse, au FC Borgo, en National 2. La boucle est bouclée.

Avec le SC Bastia en 2007-08. Photo Philippe Le Brech

Cet été, Jean-Jacques Rocchi était parti pour effectuer une sixième saison avec Annecy, la seconde en Ligue 2 après avoir rejoint le club Haut-Savoyard en National 2 en 2018. Mais le milieu offensif au petit gabarit (1, 65 m) est d’abord un homme de valeurs et de convictions. Après avoir longtemps porté le brassard de capitaine dans le club haut-savoyard, on l’avait prévenu : il risquait d’avoir moins de temps de jeu cette saison.

Alors, malgré un contrat jusqu’en 2024 et un projet de reconversion au club, le Corse n’a pas hésité mi-août à résilier ce contrat. Dix ans après son départ sur le continent et des passages à Sedan, Dunkerque et donc Annecy qu’il aura marqué de son empreinte, Jean-Jacques Rocchi a choisi de rentrer chez lui en signant au FC Borgo (National 2).

Le joueur aux cinq montées dans sa carrière espère participer à la remontée en National du club né de la fusion entre le CA Bastia et le FC Borgo en 2017. Pour 13HeuresFoot, il est longuement revenu sur son riche parcours, où les projets sportifs, les rencontres et l’humain, ont toujours guidé ses choix.

« On a été éduqué avec les valeurs du Sporting et dans la mémoire la catastrophe de Furiani »

Avec Calvi, en 2011-12. Photo Philippe Le Brech

Originaire de Venzolasca, un petit village situé à 28 km au sud de Bastia (également le village natal de Frédéric Antonettii), Jean-Jacques Rocchi a débuté le foot à l’AS Casinca, le club de Vescovato. Mais très vite, il a rejoint le Sporting-club de Bastia en U11 où il a gravi tous les échelons jusqu’à signer pro en 2007 à l’âge de 18 ans. « De ma génération, on n’est que 2 ou 3 à avoir signé pro, Pierre-François Sodini, Christophe Gaffory, raconte-t-il. Il y avait aussi Wahbi Khazri, mais il était plus jeune que nous et était surclassé. A l’époque, peu de jeunes signaient pro à Bastia. »

C’est Bernard Casoni qui l’a lancé avec la Ligue 2. D’abord en Coupe de France le 22 novembre 2008 à Luzenac (victoire 2-1). Le milieu offensif est rentré à la place de Frédéric Mendy à la 65e minute. C’est au stade Louis-Dugauguez de Sedan, qui deviendra son jardin quelques années plus tard, qu’il effectue ses débuts en championnat de L2 le 10 avril 2009 (1-1), toujours en remplaçant Frédéric Mendy. Il achève cette saison avec 6 apparitions en L2 dont une titularisation lors de la dernière journée face à Troyes (2-1) où il forme le trio offensif avec Pierre-Yves André et Wahbi Khazri.

Avec l’USL Dunkerque en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

« C’est forcément une fierté de débuter à Furiani, devant sa famille, ses proches, quand on est Corse. Depuis tout petit, on était dans les tribunes pour voir jouer le Sporting. On a été éduqué dans les valeurs de ce club et dans la mémoire de la catastrophe de 1992. J’avais 19 ans et c’était mon tour de porter haut ce maillot. »

Lors la saison suivante où trois coachs se succèdent sur le banc, Bernard Casoni, Philippe Anziani et Faruk Hadzibegic, il joue moins, 12 matchs (dont une seule titularisation). Bastia est relégué en National et même rétrogradé en CFA par la DNCG en première instance. « Le club a été réintégré en National mais ces soucis extra-sportifs ont retardé l’homologation de mon contrat. Il y avait un nouveau staff avec Frédéric Hantz qui ne comptait pas forcément sur moi. Le club avait notamment recruté l’avant-centre David Suarez, et à mon poste, Sadio Diallo a explosé cette saison-là. Moi, j’ai surtout évolué en réserve. »

Si Bastia est promu en L2 en mai 2011, Jean-Jacques Rocchi n’a effectué que cinq petites apparitions (57 minutes au total). « C’était bouché pour moi, surtout en montant en L2. Ce qu’on m’a proposé n’était pas à la hauteur de ce que j’espérais. Forcément, on a toujours un peu de regret de devoir quitter le club qui nous a fait rêver depuis tout gamin, mais je devais partir pour montrer que je pouvais réussir ailleurs que dans mon cocon familial. Avec ma femme, on était prêt à aller sur le continent. »

« Quand Calvi n’est pas reparti en CFA, j’ai failli prendre un boulot à la mairie »

Avec Sedan en 2015-16. Photo Philippe Le Brech

Il se heurte alors à la réglementation. « Comme j’étais pro, je devais signer à un certain montant minimum. J’aurais pu aller à Arles-Avignon en L2 mais à mon âge, ce que je voulais, c’était jouer. » Il décide finalement de rester en Corse en signant au FC Calvi en CFA. « C’était mon choix et je ne le regrette pas. J’ai retrouvé Didier Santini que j’avais eu en jeunes à Bastia. On avait vraiment une équipe sympa avec Malik Tchokounté, Dimitri Lesueur, Fouad, le frère de Wahbi Khazri et beaucoup de Corses. »

Calvi termine 6e puis 7e de son groupe en CFA. « C’était deux belles saisons. La première, on n’était pas loin de la montée jusqu’à notre défaite 2-1 face au CA Bastia dans le derby. Au final, c’est le CAB qui est monté en National, puis en L2 dans la foulée. »

Mais à la fin du mois de juillet 2013, c’est le coup de massue. Les co-présidents René Navarro et Didier Bicchieray décident de ne pas repartir en CFA. Il manque 250 000 euros. Le principal partenaire (travaux public) connaît des difficultés et la FFF interdit au club d’utiliser le stade Jacques-Ambroggi de L’Ile-Rousse comme terrain repli. Le FC Calvi aurait dû disputer ses matchs à Bastia. Dans ces conditions, la direction préfère jeter l’éponge et repartir en PH A.

Avec Annecy en 2021-22. Photo Philippe Le Brech

« On était en pleine préparation de la nouvelle saison et on n’a pas senti le coup arriver. Un jour, on arrive à l’entrainement et on nous annonce cette mauvaise nouvelle… C’était un peu la panique. J’avais 24 ans et je me suis posé pour réfléchir. J’avais la possibilité de rester et de prendre un boulot à la mairie de Calvi. Mais ça voulait dire que le foot de haut-niveau, c’était fini pour moi. »

Comme un signe du destin, trois semaines après, il va pourtant recevoir un appel de Sedan en pleine reconstruction suite à sa rétrogradation de National en CFA 2 et du départ du président Pascal Urano. « Sedan nous proposait à Dimitri (Lesueur) et à moi, de participer à leur projet de remontée. J’ai réfléchi, je suis monté à Sedan et ça c’est fait, très vite, en 4-5 jours. Mon premier match en pro en L2, je l’avais disputé à Sedan. J’ai vu ça comme un vrai signe. Partir à Sedan, quitter la Corse, ça me donnait aussi un bon coup fouet. »

« A Sedan, j’ai rencontré des gens vrais »

Avec Sedan en 2015-16. Photo Philippe Le Brech

Entre le soleil de Calvi, ses longues terrasses sur le port, ses bateaux luxueux, sa longue plage et le froid des Ardennes, le changement est en effet radical. « Mais je me suis bien adapté. Je suis tombé amoureux de cette région. A Sedan, il y a beaucoup de souffrance économique, on côtoie une population souvent défavorisée. Mais j’ai rencontré des gens vrais, avec des vraies valeurs humaines et de partage. Humainement et sportivement, Sedan a été une aventure extraordinaire. »

Sur le terrain, le club repris par les frères Gilles et Marc Dubois, dirigé par Farid Fouzari et emmené par plusieurs joueurs qui ont connu le niveau au-dessus comme Romain Armand, régale souvent. Sedan enchaîne deux montées et retrouve le National en 2015. Mais l’ambiance et l’euphorie des débuts a changé. Si le CSSA parvient à se maintenir (12e), Farid Fouzari a été écarté en cours de saison et les premières divergences apparaissent entre les deux frères Dubois. C’est aussi la période de la vraie-fausse arrivée d’un Prince Saoudien. « On est monté deux fois de suite, on a pris beaucoup de plaisir mais le projet a un peu changé en cours de chemin », regrette Jean-Jacques, qui a été élu meilleur joueur de la saison 2015-2016 en National par les supporters de Sedan.

« A Dunkerque, on perd notre place en barrages lors de la dernière journée »

Avec Sedan en 2015-16. Photo Philippe Le Brech

S’il a des touches en Belgique et au Luxembourg, le Corse choisit de rester en National et dans le Nord de la France en signant à Dunkerque. Il y retrouve son ancien entraineur de Calvi, Didier Santini. « C’est lui qui m’a appelé pour que je le rejoigne à Dunkerque. Encore une fois, ça s’est fait vite. Je n’ai eu besoin que 2-3 jours de réflexion. Je savais qu’il me ferait confiance et que ça allait bien se passer. On avait une bonne équipe avec les Araujo, Tchokounté, Banor, les frères Fachan et on a failli monter la 1ère année. »

Mais après un match fou (3-3) lors de la dernière journée de National le 19 mai 2017 face aux voisins de Boulogne, Dunkerque finit 6e et rate les barrages d’un point. « On avait beaucoup parlé de ce match les jours précédents, nos deux présidents se connaissaient bien. Une victoire nous aurait suffi. Mais Boulogne qui n’avait plus rien à jouer s’est donné à fond. C’est le Paris FC qui nous est passé devant et qui a joué les barrages. Il les a perdus (contre Orléans) mais a ensuite été repêché à la place de Bastia. Tout ça m’a laissé vraiment des regrets. Surtout que ma deuxième saison s’est moins bien passée. »

En février 2018, Didier Santini a en effet été remplacé sur le banc. A la fin de la saison, Dunkerque termine 9e. « J’avais encore une année optionnelle, j’étais capitaine mais, la saison n’avait pas été top et on n’a pas trouvé d’accord. Je suis resté trois semaines sans nouvelles du club et j’ai donc décidé de partir. Une fois de plus, à l’aveugle, sans avoir de certitudes derrière. »

« Ce qui me rend le plus fier, c’est d’avoir été présent au départ de la construction d’Annecy »

Avec Dunkerque en 2016-17. Photo Philippe Le Brech

Si Valenciennes et Faruk Hadzibegic, qu’il avait connu à Bastia, pensent un moment à lui, il préfère décliner. « C’était pour être doublure, je risquais de ne pas jouer. J’allais avoir 30 ans. J’avais envie de me poser, d’être au cœur d’un projet, d’y laisser mon empreinte, quitte à descendre de niveau. J’ai eu une belle rencontre avec les dirigeants d’Annecy. Et j’y ai passé cinq ans magnifiques. »

Comme souvent dans les clubs où il a évolué, Jean-Jacques Rocchi prend le brassard de capitaine à Annecy. Avec le club de Haute-Savoie, il monte en National lors de sa deuxième saison en 2020 puis en L2 en 2022. Douze ans après ses débuts avec Bastia, le Corse retrouve donc ce niveau.

« La région est magnifique, je m’y suis fait des amis, je me voyais rester ici pour l’après-foot et c’est à Annecy que je me suis construit des souvenirs magnifiques. Au-delà des deux montées, de l’aventure en Coupe de France la saison dernière où a été très près de toucher la finale (élimination par Toulouse) après avoir éliminé l’OM au Vélodrome en quarts de finale, ce qui me rend fier, c’est d’avoir été présent au départ de la construction d’un club et d’être parmi ceux qui ont contribué à le faire grandir. Quand je suis arrivé, il n’y avait presque rien, maintenant il y a un vrai complexe, 220 partenaires et on est passé de 1 000 spectateurs à parfois plus de 10 000 ».

Avec Calvi, en 2011-12. Photo Philippe Le Brech

En 2022, il avait prolongé son contrat jusqu’en 2024 avec un reconversion derrière. Mais en L2, il a moins joué : 6 titularisations en 26 apparitions.

« Pour cette nouvelle saison, le coach Laurent Guyot comptait encore moins sur moi. Il a été honnête avec moi. Passer une saison sans beaucoup jouer ne m’intéressait pas trop. Débuter ma reconversion au sein du club aurait voulu dire que j’arrêtais ma carrière pour prendre ma retraite. A 34 ans, je me sentais encore l’envie et la forme de continuer le foot. Ça m’a fait mal de devoir partir comme ça. C’était une déception mais comme je l’ai dit, c’est une fierté d’avoir contribué à amener Annecy de N2 en L2. J’ai failli être dans le groupe pour le premier match cette saison contre Guingamp mais cela aurait été trop spécial à vivre. Ce n’est pas plus mal d’être parti sans débuter le championnat de L2. »

« Quand j’arrêterai de jouer, il est prévu que je rentre au club de Borgo »

Avec Calvi, en 2011-12. Photo Philippe Le Brech

Après avoir trouvé un accord pour résilier son contrat avec Annecy, Jean-Jacques Rocchi a décidé de rentrer chez lui en Corse, dix ans après son départ de Calvi. Il a rejoint le FC Borgo, relégué de National. « Avec ma femme, on s’est dit qu’à partir du moment où on quittait Annecy, la meilleure solution était de rentrer. C’était bien pour ma fille aussi. Sur le plan personnel, mon grand-père était malade et je me devais d’être proche de lui jusqu’à son départ. Je connaissais déjà beaucoup de personnes au club de Borgo qui m’avait déjà approché et je savais qu’il y avait moyen de faire quelque chose de bien ici. On a pris la décision en une semaine. J’ai été très bien accueilli. Mon objectif est de faire remonter le club en National. Dans ma carrière, j’ai connu plusieurs montées, deux avec Sedan et deux avec Annecy. Le seul petit regret, c’est de pas avoir encore vécu ces moments avec un club corse. Je ne compte pas la montée avec Bastia en Ligue 2 en 2011 car j’ai très peu joué. »

Après neuf journées, le FC Borgo, entrainé par Mickaël d’Amore et qui compte d’autres recrues d’expérience comme Anthony Robic ou Sébastien Da Silva, connaît un départ poussif, avec 2 victoires, 2 nuls et 5 défaites , sanctionné par une 11e place dans le groupe C de National 2. « Il faut nous laisser encore un peu de temps, lance Jean-Jacques Rocchi qui a inscrit pour le moment 2 buts en 9 matchs. Au niveau quantitatif, on manque encore un peu d’effectif. »

Avec Annecy en 2021-22. Photo Philippe Le Brech

Le Corse qui est en 2e année de DUGOS (diplôme de Gestionnaire des organisations sportives) devrait s’inscrire sur la durée avec le FC Borgo.

« Quand j’arrêterai de jouer, il est prévu que je rentre au club dans un poste proche de l’équipe, gérer le recrutement et la partie sportive par exemple. »

Quand il rencontrera des recrues potentielles, les valeurs et l’humain seront certainement au cœur des discussions. « Moi, j’ai toujours fonctionné comme ça. J’ai toujours placé le projet et l’échange comme premiers critères. J’avais besoin d’abord de ressentir les choses, d’être en phase avec le président ou le directeur sportif pour signer dans un club. Je marche beaucoup à la confiance et à la discussion. J’ai fait toute ma carrière sans avoir d’agent. Je voulais avoir ce rapport direct avec les gens, sans intermédiaire entre nous. Dès que je n’ai plus partagé la vision des choses de mes dirigeants, je suis parti. Il n’y a jamais eu un club qui n’a pas voulu me conserver, à chaque fois j’aurais pu rester. Mais je suis toujours parti de moi-même, même si je n’avais pas forcément toujours un nouveau point de chute d’assuré. Au final, je n’ai pas de regret sur ma carrière et mes choix. J’ai su sortir de ma zone de confort en quittant la Corse. »

Jean-Jacques Rocchi, du tac au tac

Avec la réserve du SC Bastia en 2010-11. Photo Philippe Le Brech

Première fois dans un stade comme spectateur ?
Furiani bien sûr pour voir un match du SC Bastia avec mon papa. Je devais avoir 5 ou 6 ans. Mon père a joué jusqu’en 3e division à Bastia. A l’époque, j’allais voir jouer Eric Durand ou Bruno Valencony. J’ai une anecdote assez drôle à son sujet. Avec mon club chez les jeunes, l’AS Casinca, j’avais reçu un prix à un tournoi débutant à Folelli. C’est Bruno Valencony qui me l’a remis. J’ai toujours la photo. Il y avait sa fille aussi dessus. Plus tard, c’est devenu ma femme et Bruno donc mon beau-père. On se connait donc depuis longtemps avec ma femme.

Avec Annecy en 2021-22. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir de joueur ?
La montée en L2 avec Annecy. On gagne 2-0 contre Sedan à la dernière journée (13 mai 2022). L’ambiance dans le stade était extraordinaire. Ma femme était enceinte et a accouché le lendemain. Il y a eu beaucoup d’émotions qui se sont mélangées. Car ce match, c’est aussi l’un des pires souvenirs de ma carrière.

Vous nous étonnez là… Pour quelles raisons ?
Cette montée en L2 était un peu l’aboutissement de ma carrière. J’étais plus près de la fin que du début. J’étais capitaine mais à la causerie, j’ai appris que j’allais être sur le banc. J’ai rarement été autant énervé. Je suis rentré à la 74e minute comme arrière gauche. Je courrais partout, je voulais prouver comme un gamin de 20 ans.

Avec Annecy en 2020-21. Photo Philippe Le Brech

Le geste technique préféré ?
Je joue assez simple, moi. Crochet court, passe, c’est la base…

Qualités et défauts sur un terrain ?
Le don de soi. Je me bats pour l’équipe sans penser à mes « stats ». Mais parfois, je suis peut-être trop collectif. Je suis aussi parfois trop sanguin. J’ai pris 4 ou 5 rouges, par frustration.

Combien de buts marqués ?
Moi, je suis davantage passeur que buteur. Je ne sais pas combien j’en ai marqué au total (NDLR : plus d’une trentaine en réalité).

Votre plus beau but ?
Peut-être contre Luçon en National avec Sedan (saison 2015/2016) : une frappe des 30 mètres sous la barre.

Voir le but de Jean-Jacques Rocchi (avancez jusqu’à la 35e seconde !)

Avec Calvi en 2012-13. Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus fort avec qui vous avez joué ?
Il y en a beaucoup. Je vais citer Wahbi Khazri, Pierre-Yves André, un gaucher, mon idole, Alexandre Licata, Chaouki Ben Saada à Bastia. Alexandre Song aussi. A Sedan, Albert Banning. Et à Dunkerque, Alexis Araujo et Mehdi Chahiri.

Le joueur le plus fort que vous avez affronté ?
Alexis Sanchez, la saison dernière face à l’OM en quarts de finale de Coupe de France avec Annecy. Même s’il n’était pas dans son meilleur soir, dans ces déplacements, ses prises de balles, on voit que c’est la classe.

Avec Dunkerque en 2017-18. Photo Philippe Le Brech

L’entraîneur ou les entraîneurs qui vont ont marqué ?
Déjà, Bernard Casoni, car c’est le premier qui m’a lancé en pro à Bastia. Il y a aussi Didier Santini que j’ai eu à Calvi puis à Dunkerque, Philippe Anziani et Frédéric Hantz à Bastia, Farid Fouzari à Sedan, Michel Poinsignon et Laurent Guyot à Annecy. Donc presque tous en fait ! Je suis resté en contact avec beaucoup d’entre eux.

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
Aucun car je ne me suis jamais pris la tête avec un coach.

Le président qui vous a marqué ?
La direction d’Annecy. J’étais très proche d’eux. Quand j’ai signé en N2 avec eux, j’étais considéré entre guillemets comme « le gros joueur ». J’étais très impliqué dans le club. J’ai toujours été au cœur de leur projet.

Avec le FC Borgo cette saison. Photo René Casamatta.

Une causerie marquante d’un coach ?
Celles de Bernard Casoni. C’était un vrai meneur d’hommes. Moi, j’étais jeune, je débutais, donc ses causeries m’ont marqué. C’était des causeries d’hommes, pour aller chercher les choses au fond de nous et pour partir à la guerre… Je ne les ai pas oubliées. Quand je prenais la parole dans les vestiaires, je m’en suis servi.

Vos meilleurs amis dans le foot ?
Ludovic Genest que j’ai connu à Bastia. On ne s’est jamais lâché et on est toujours restés proches. Il est arbitre maintenant et il revenu vivre en Corse. Il y a aussi Malik Tchokounté. On a joué ensemble à Calvi et à Dunkerque.

Avec Annecy en 2020-21. Photo Philippe Le Brech

Un ou des joueurs avec qui vous avez eu le meilleur feeling sur le terrain ?
Alexis Araujo à Dunkerque. C’est un petit gabarit comme moi, on allait à 2 000 à l’heure. Cette saison, on s’entend déjà pas mal à Borgo avec Anthony Robic et Sébastien Da Silva, des anciens comme moi.

Un coéquipier perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Il y a en plein… Alexis Allart qui était avec moi à Dunkerque ou Dimitri Lesueur que j’ai connu à Calvi et avec qui je suis ensuite parti à Sedan.

Le club où vous vous êtes senti le mieux, où vous pris le plus de plaisir ?
Annecy. Tout me correspondait là-bas, c’était le summum. Les années Sedan, c’était bien aussi.

Le club où vous avez failli signer et que vous regrettez ?
Aucun club. Je suis content de mes choix de carrière.

Avec Annecy en 2021-22. Photo Philippe Le Brech

Vos joueurs ou vos joueurs préférés ? Un modèle ?
Pierre-Yves André que j’ai connu à Bastia. J’ai toujours essayé de m’imprégner de lui, de ce qu’il faisait, sur le terrain et dans son discours. Sinon, plus loin de nous, Ronaldinho. Il était à part. Il faisait un autre métier.

Le joueur le plus connu de votre répertoire ?
Mon beau-père, Bruno Valencony.

Vos occupations en dehors du foot ?
Je suis très famille et assez casanier. Après, je suis un vrai corse: je suis chasseur, pêcheur et j’aime aller aux champignons. Je me souviens qu’à Sedan, on m’invitait souvent aux chasses parce que j’étais un joueur pro de l’équipe. Mais moi, ça me gênait un peu. J’avais ma casquette, mon bonnet, je ne voulais pas être reconnu et mis en avant. Mais souvent, il fallait faire un petit discours pour se présenter, dire qui on était. Ça ne me plaisait pas beaucoup, car j’étais avec eux, il n’y avait pas de différence à faire.

Avec Annecy en 2021-22. Photo Philippe Le Brech

Si vous n’aviez pas été footballeur pro ?
Je suis un amoureux du foot. Donc j’aurais très bien pu continuer à jouer en DH à Calvi tout en ayant un job à côté. Maintenant, pour ma reconversion, c’est prévu que je continue à travailler dans le foot, dans le recrutement par exemple. Sinon, j’ai aussi un projet de monter une entreprise de recyclage de verres.

Le milieu du foot en quelques mots ?
J’ai beaucoup de respect pour le foot amateur. C’est un monde où je me m’identifie le plus. Les pros, c’est différent.

La Corse, les Ardennes, le Nord ou la Haute-Savoie ?
La Corse, bien sûr. J’y suis toujours resté attaché. Avec ma famille, on s’est réinstallé à Bastia.

Textes : Laurent Pruneta / Twitter : @PrunetaLaurent

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

Photo de couverture : Philippe Le Brech

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Avec Annecy en 2020-21. Photo Philippe Le Brech

 

Avec Annecy en 2021-22. Photo Philippe Le Brech

 

Avec Calvi en 2012-13. Photo Philippe Le Brech

 

Avec Calvi en 2012-13. Photo Philippe Le Brech
Avec Dunkerque en 2017-18. Photo Philippe Le Brech
Avec Dunkerque en 2016-17. Photo Philippe Le Brech
Avec Calvi en 2012-2013. Photo Philippe Le Brech
Avec Dunkerque en 2016-17. Photo Philippe Le Brech.

 

Avec Annecy en 2020-21. Photo Philippe Le Brech.

L’ancien gardien aux 115 matchs de L1 et 147 de Ligue 2 à Nantes, Caen, Brest, Paris FC et Bastia, a raccroché les gants cet été à 38 ans, après une dernière expérience à Thonon Evian Grand Genève, club avec lequel il est passé de Régional 2 à National 2 et où il a préparé sa reconversion. Après une expérience de coach des gardiens à la PSG Academy à Thonon, il est aujourd’hui en quête de nouveaux projets. Portrait.

Avec le stade Brestois en 2012-2013. Photo Philippe Le Brech.

C’est en Vendée, dans sa ville natale, aux Sables d’Olonne, qu’Alexis Thébaux enfile ses premiers crampons à l’âge de 6 ans. « Je jouais dans le jardin avec mon père et je me mettais dans les buts. J’adorais sauter dans l’herbe mouillée ! Je voulais moins courir et plus sauter, plonger, faire des parades. J’étais inspiré par Gaëtan Huard. Je le regardais j’étais émerveillé. C’est un peu grâce à lui que j’ai voulu être dans les buts. »

A l’âge de 12 ans, il est repéré par le FC Nantes, le grand club de sa région. « J’ai fait un essai avec Jean-Louis Garcia qui était entraineur des gardiens, ensuite j’avais fait deux tournois avec les U13-U14 et ça s’est super bien passé. Ils m’ont proposé d’intégrer le centre de préformation. »

« J’ai eu de la chance d’être au FC Nantes dans les meilleures années »

Photo Philippe Le Brech

C’est donc au début des années 2000 qu’il intègre un des meilleurs centres de formation de l’époque : la Jonelière. « J’ai eu de la chance d’être au FC Nantes dans les meilleures années. C’était un club hyper reconnu pour sa formation. On parle toujours de « formation à la nantaise ». Il était assez loin devant les autres. En tant que gardien, j’ai énormément développé mon jeu au pied : l’aspect cognitif, voir avant les autres, savoir où sont situés mes partenaires. Pour la suite de ma carrière, ça m’a énormément aidé. »

En parallèle de sa formation, Alexis perfectionne ses gammes en équipes de France jeunes. Il connaît presque toutes les sélections de U16 à Espoirs. Le 21 mai 2005, à 20 ans, il dispute son premier match de Ligue 1 à Sochaux (défaite 1-0). Malheureusement c’est la même année que le gardien découvre la cruauté du milieu footballistique.

« Qu’est ce que je fous là, à Cherbourg ? »

Photo Philippe Le Brech.

« En 2005, je suis prêté à Cherbourg en National parce que je voulais partir du FC Nantes. A cette époque-là, je n’avais pas spécialement d’agent, je m’en foutais, je savais que j’étais bon et que les choses allaient venir naturellement et en fait non. J’ai joué mon premier match en Ligue 1 avec Nantes en mai 2005 mais au mois de février j’avais demandé au club de me prêter. Dans l’idéal c’était en Ligue 2, ça me permettait d’être dans un club cohérent avec un minimum d’infrastructures, de progresser, d’avoir du temps de jeu. »

Malgré des contacts avec Clermont, le club auvergnat privilégie un gardien en prêt de l’Olympique de Marseille et Alexis se retrouve ainsi en National. « J’ai atterri à Cherbourg. J’ai dit oui sans réfléchir, sans aller voir. Je suis arrivé là-bas et ça m’a mis une grosse claque. Quand tu passes de la Jonelière, où t’as la famille à côté, où t’es un jeune garçon équilibré, à Cherbourg où t’es à 400 ou 500km de ta famille, où il n’y a pas d’infrastructures, dans un club amateur, où tu ne connais personne, où il ne fait que pleuvoir tous les jours, tu te dis « qu’est-ce que je fous là ? ». »

Après avoir disputé seulement 18 matchs, le jeune gardien se retrouve dans une situation compliquée. « Au final, ça m’a énormément aidé pour la suite de ma carrière. J’arrivais à la fin de mon contrat espoirs de 5 ans avec le FC Nantes et je n’ai pas été malin, je n’avais pas signé pro avant mon prêt. Je reviens et ils me disent qu’au vu de mon temps de jeu à Cherbourg, ils ne me gardent pas. »

« Je me suis dit « putain, si ça se trouve c’est fini » »

Photo Philippe Le Brech.

A l’issue de la saison 2005-2006, Alexis se retrouve au chômage, sans aucun contrat dans un club. « Je suis au chômage pendant 7 mois. Je me dis « Putain, si ça se trouve c’est fini. » »

Sollicité par des clubs de National 2 comme Quevilly, le Vendéen refuse et continue de croire au monde pro. « J’allais m’entraîner tous les jours tout seul. En août, j’avais fait un essai incroyable à Créteil en Ligue 2, j’étais bien physiquement, sauf que Créteil n’avait pas de budget. Ils m’avaient proposé un truc pourri et je me suis dit qu’à Paris je ne pourrais pas vivre comme ça. C’est dommage parce que je pense que j’aurais pu lancer un peu plus vite ma carrière. »

Jusqu’en décembre, Alexis s’entraîne de son côté, tous les jours. « Je suis allé faire un essai à Dijon en décembre. J’étais bien et Rudi Garcia m’a proposé de venir dès le mois de janvier. J’étais 2e/3e gardien, je jouais en réserve en National 3 et j’ai fait quelques bancs en Ligue 2. »

« Quand j’arrive à Caen, je suis un crève la dalle »

Photo Philippe Le Brech.

« Je voulais rester pour m’imposer en Ligue 2 mais Rudi Garcia est parti au Mans donc je n’avais pas de réponse. J’ai contacté le président qui repoussait. On se met plus ou moins d’accord mais, une heure après, le Stade Malherbe de Caen, qui montait en Ligue 1, m’appelle : ils cherchent un 3e gardien. Du coup je fais le choix d’aller en Ligue 1. » C’est ainsi qu’Alexis débute sa deuxième aventure normande en tant que numéro 3. « Je suis arrivé là-bas, j’étais un crève la dalle. Chaque entraînement, je le considérais comme le dernier de ma vie. Je ne me donnais pas à 70 ou 90 %, mais à 200 % ! Quand on allait faire un footing, j’étais devant même si c’était dur. »

Numéro 3 derrière Benoît Costil et Vincent Planté, le portier retrouve le très haut niveau en 2007. « Je me disais que j’avais deux machines devant moi, que si j’étais pas une machine aussi, je n’aurais aucune chance. Chaque entraînement, chaque footing, chaque séance de muscu, chaque petit truc qui pour toi est anodin, pour moi ça ne l’était pas. »

C’est grâce à cette détermination qu’il progresse rapidement. Son statut de numéro 3 lui permet d’avoir du temps de jeu en réserve (N2). « A chaque fois que je « descendais », je me disais il fallait que je sois au-dessus des autres et que ça soit flagrant. Chose que Benoît Costil ne faisait pas. Du coup, je me suis imposé, chaque match j’étais déterminé, j’avais la bave qui coulait. »

Lancé par Franck Dumas

Photo Philippe Le Brech.

Un concours de circonstances propulse Alexis sur le devant de la scène. Benoît Costil se blesse en décembre 2007 et le voilà qui se retrouve sur le banc contre Sedan en Coupe de France. Vincent Planté est titularisé mais il se blesse lors de ce match pour une durée de 4 semaines. « On reprend les entraînements début janvier et on joue contre Nancy à domicile. Ça se passe super bien, je fais un bon match et Benoît revient la semaine d’après. On va à Toulouse et Frank Dumas dit « C’est Alex qui joue ». Benoît, il tirait une gueule de fou. En plus, j’ai fait un super match. »

Cette saison-là, ces deux matchs resteront ses seuls matchs en Ligue 1. « On reçoit Auxerre je me prépare pour jouer mais Frank (Dumas) vient me voir avant le match et me dit que Benoît va jouer parce qu’ils veulent le prêter pour que je passe numéro 2. »

La saison d’après, Benoît Costil est donc prêté à Vannes en Ligue 2 et Alexis grimpe d’une place dans la hiérarchie. « Je joue les matchs de Coupe de la Ligue, Coupe de France, ça se passe très bien. Je joue au Mans en Ligue 1 et à l’OGC Nice au mois d’avril. » C’est la saison de la descente pour le SM Caen, de retour en Ligue 2. Vincent Planté quitte le club en direction de l’AS Saint-Etienne, et le club se sépare de Benoît Costil. « Ils me choisissent en tant que numéro 1 et cette saison-là on remonte en Ligue 1 et là c’est parti. »

Le Paris FC, Bastia puis de nouveau le chômage

Photo Philippe Le Brech.

Après 77 matchs en Ligue 1 sous les couleurs du SM Caen, Alexis s’engage au Stade Brestois en 2012 où il dispute 36 matchs en Ligue 1 et 73 en Ligue 2. En 2015 il quitte la Bretagne pour la région parisienne. « Je suis parti au Paris FC plus pour raisons personnelles, pour que ma femme puisse reprendre ses études et avoir une vie plus citadine. »

La relégation du club parisien de Ligue 2 en National en 2016 précipite son départ. « Je devais signer à Bastia l’été d’avant mais je ne voulais pas parce que je ne sentais pas le truc. Au mois de janvier, Bastia me recontacte, il fallait que je redonne un coup de fouet à ma carrière mais je ne voulais pas y aller. »

En Corse, il ne joue qu’un match de L1, soldé par une débâcle collective à Guingamp (5-0). Relégué en L2, le SC Bastia dépose le bilan au mois d’août et repart en National 3. C’est un nouveau coup dur dans la carrière du joueur qui se retrouve à nouveau au chômage. « Je me dis « J’arrête », j’avais 32 ans. Je me dis que si je trouve un club de Ligue 2 j’y vais mais si je ne trouve pas j’arrête. J’ai eu des opportunités au mois de décembre comme à Tours mais je ne voulais pas retourner dans une galère. »

Il n’a pas, non plus, voulu approfondir certaines pistes en Grèce ou a Chypre. Il a même effectué un essai à Crystal Palace, en Angleterre. Mais après une saison blanche, il choisit de signer à Thonon Evian Grand Genève, alors en Régional 2.

« Patrick Trotignon, que j’avais connu au Paris FC, était président du club. Il voulait que je le rejoigne dans son projet et que je commence à passer mes diplômes. C’était un projet différent, axé sur l’humain. Le foot de haut niveau, ça m’avait gavé et ça me permettait de préparer l’après carrière. »

« En France, on est hyper fermés sur plein de choses »

Photo Philippe Le Brech.

Thonon Evian Grand Genève gravit les marches chaque saison jusqu’en National 2. Alexis, lui, finit par raccrocher les crampons à l’issue de la saison 2022-2023. Il a désormais un regard d’entraîneur sur l’évolution du poste. « Je trouve que le poste de gardien de but a beaucoup évolué au niveau du jeu au pied. Si tu veux jouer à haut niveau, il faut avoir un très bon jeu au pied. Aujourd’hui, tu ne vois pas en Ligue 1 un gardien qui n’est pas bon au pied. A mon époque, il y avait Stéphane Ruffier, c’était une machine mais il n’était pas très bon au pied. Il y a également une évolution au niveau de la taille. T’as pas un gardien qui joue en Ligue 1 qui fait moins d’1m85. »

Frontalier, il entraîne des gardiens suisses et constate les différences et les points d’amélioration. « Je trouve qu’on est hyper fermés en France sur plein de choses. Notamment sur le fait de faire le geste technique de la croix. En Suisse et en Allemagne, ils le font énormément. A la FFF, ils ne veulent pas en entendre parler, ils sont hyper fermés et je trouve ça dommage parce que je trouve qu’il y a des choses à aller chercher ailleurs. Si demain j’entraîne des pros, j’essayerai de m’inspirer de ce qui se fait de meilleur au monde. Les gardiens suisses et allemands font la croix super bien, depuis petit, ils maîtrisent le geste et l’espace. En France on a tendance à attendre le ballon, à ne pas réagir en fonction de la situation. Je trouve ça bien qu’on ait des gardiens étrangers, comme celui de Strasbourg (Matz Sells), ça fait du bien au championnat. La formation des gardiens en France est très bonne mais je pense qu’on peut s’améliorer. »

Alexis Thébaux, du tac au tac

Photo Philippe Le Brech.

Meilleur souvenir sportif ?
La dernière de Beckham en mai 2013 au Parc lors de PSG- Brest.

Pire souvenir sportif ?
La descente en L2 avec Caen en 2012.

Combien de clean sheets ?
Je n’ai pas compté.

Ta plus belle boulette ?
Avec Caen, en Ligue 2 à Ajaccio. On jouait sur un terrain hyper bosselé, et sur un centre anodin, j’avais déjà projeté de relancer vite mais sur un faux rebond, je prends le ballon entre les jambes.

Ton plus bel arrêt ?
Je dirais plus un match. On jouait à Montpellier en Ligue 1 avec Caen (mars 2012). On avait perdu 3-0 mais j’avais fait un match incroyable, j’avais fait une quinzaine d’arrêts.

Photo Philippe Le Brech.

Pourquoi avoir choisi d’être footballeur ?
Je n’ai pas choisi d’être footballeur, j’ai choisi d’être gardien de but.

Ton geste technique préféré ?
Le contrôle.

Tes qualités et défauts sur un terrain ?
Je suis hyper déterminé mais casse couille avec mes partenaires.

La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
Ma dernière saison à Caen (2012). C’est là où j’ai le plus performé, j’avais 27-28 ans, j’étais à un âge de maturité.

Photo Philippe Le Brech.

Un club où tu aurais rêvé de jouer dans tes rêves les plus fous ?
Le Real Madrid.

Un match qui t’a marqué ?
Le match de Montpellier (avec Caen en mars 2012) et le match contre le PSG à Brest (défaite 3-0)

Un coéquipier qui t’a marqué ?
Steve Savidan (Caen), un gros fêtard, il sortait même le jeudi soir ! Par contre le samedi, c’était une machine de guerre !

Le joueur adverse qui t’a le plus marqué ?
Zlatan Ibrahimovic et David Beckham (PSG contre Stade Brestois en 2013)

Un coéquipier avec qui tu aimerais rejouer ?
Benjamin Nivet (SM Caen), la vista, la simplicité du joueur et de l’homme.

Avec le Stade Brestois en 2014-2015. Photo Philippe Le Brech.

Un coach que tu aimerais revoir ?
Franck Dumas, mon coach à Caen, il m’a lancé à haut niveau, j’avais eu de ses nouvelles il y a quelques mois, j’avais trouvé ça sympa.

Une causerie de coach marquante ?
Les causeries de Franck Dumas. Il était à contre-courant total de tous les coachs qu’on avait pu avoir. Il avait son café dans la main, il finissait sa clope et nous parlait derrière, c’était trop marrant !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Grégory Coupet.

Photo Philippe Le Brech.

Une devise, un dicton ?
Never give up !

Tu es un gardien plutôt….
Technique.

Un modèle de joueur ?
Grégory Coupet et aujourd’hui des mecs du style Neuer, j’aime beaucoup les gardiens avec un bon jeu au pied.

Une idole de jeunesse ?
Jean-Pierre Papin.

Un plat une boisson ?
Pizza, eau pétillante.

Avec le stade Brestois en 2014-2015. Photo Philippe Le Brech.

Tes loisirs en dehors du foot ?
J’aime beaucoup jouer au padel, je dessine, je peins, je joue du piano.

Un film culte ?
Gladiator.

Dernier match que tu as vu à la TV ?
Le match de rugby France – Afrique du Sud, je regarde très très peu le foot !

Le milieu du foot en deux mots ?
Spécial et intransigeant.

Texte : Olesya Arsenieva / Twitter : @ArseneviaO

Photos : Philippe Le Bech

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Arrivé en N2 dans les bagages de Mourad Boudjellal, le nouveau président du club varois (58 ans) s’est construit tout au long d’une carrière professionnelle couronnée de succès mais aussi d’échecs. Ce chef d’entreprise, Aveyronnais d’origine, au franc-parler et au caractère bien trempé, a déjà remué le stade Perruc. Ce n’est sans doute pas fini !

C’est sans doute parce que nul n’est prophète en son pays que Nicolas Garrigues, le nouveau président du Hyères 83 FC – depuis avril dernier – n’est pas à la tête du Rodez Aveyron Foot. Le chef d’entreprise a beau être né dans la préfecture de l’Aveyron, y avoir forgé sa réputation et dégusté le meilleur aligot du pays, y avoir connu la réussite tôt mais aussi l’échec, lorsque ‘il a voulu prendre en mains le club (à deux reprises), il a, à chaque, fois été refoulé. « La première fois, c’était il y a 28 ans, le club était en National 1, raconte cet ancien handballeur; j’étais ailier-droit, parfois arrière-droit ou même demi-centre. J’ai joué de benjamins jusqu’en seniors N1 à Rodez avant de présider le club pendant 2 ans. J’ai aussi joué à Montpellier en D2. Mais j’ai toujours rêvé d’être président d’un club de foot. Certainement à cause des références que j’ai eues, comme Bernard Tapie, que j’ai rencontré une fois… Le mélange avec le foot plaît à toutes personne qui aiment le business, les affaires, l’entrepreneuriat. Mais j’ai reçu une fin de non recevoir à Rodez. J’étais amer. J’ai tenté de recontacter le club en 2019, mais je n’ai pas non plus été reçu. C’est comme ça. Depuis, j’ai échangé avec le président Pierre-Olivier Murat, j’essaie d’entretenir les bonnes relations. Il faut le reconnaître, ce qu’il fait au RAF, c’est fabuleux. C’est une vraie réussite. S’ils sont en Ligue 2 de manière pérenne, c’est bien qu’il y a de bons dirigeants. J’avais aussi rencontré Grégory Ursule (manager général du RAF), je lui avais dit que je trouvais anormal qu’un Aveyronnais, certes un peu clivant, ne soit pas reçu. C’est vrai, clivant je le suis, je le serai et je le resterai, et si ça ne plaît pas, tant pis. »

« Quand je suis parti à Montpellier, j’étais un peu le paysan… »

Le business. Les affaires. L’entrepreneuriat. Le sport. Voilà le nouveau monde de Nicolas Garrigues qui connaît très rapidement le succès avec sa première boîte spécialisée dans la formation et le recrutement, des notions de « service » assez éloignées des valeurs ruthénoises : « Je suis petit-fils de paysan et fier de l’être. C’est de là que viennent mes valeurs de travail. Les Aveyronnais sont de toute façon très travailleurs et chez eux, le mot « vacances » ne fait pas trop partie de leur vocabulaire ! »

Nicolas Garrigues grandit à Rodez où son père, qui disparaît au même âge que le sien aujourd’hui (58 ans), est chef d’entreprise. Il baigne dans ce monde à la fois rural et entrepreneurial : « J’étais fier et aussi j’avais un peu ce complexe, parce que, quand je suis parti faire mes études à Montpellier, j’étais le paysan, au sens péjoratif du terme. Cela a été une force pour moi car je ne me sentais pas plus con qu’un autre. En revanche, c’est vrai qu’à Rodez, on est moins branché fringues, on est moins bling-bling, et c’est peut-être pour ça que j’ai voulu travailler dans des secteurs d’activités très éloignés de ce que l’on pouvait trouver en Aveyron. »

La réussite puis l’échec

Très tôt, la réussite arrive. Il a 24 ans. Très tôt, l’échec le rattrape. Il a 30 ans. « J’ai eu un incident de parcours. J’ai déposé le bilan. Quand ce genre de chose vous arrive en France, on vous dit que vous avez le sida, la peste et le choléra (sic), et après pour rebondir, se refaire un réseau, c’est compliqué, parce qu’on est estampillé « loser ». Ce n’est pas parce qu’un chef d’entreprise dépose le bilan une fois dans sa vie qu’il est un salaud. C’est parce qu’il y a eu des mauvais choix. A 24 ou 25 ans, tout me réussissait et d’un coup, je suis devenu un voyou, un « sulfureux » ou je ne sais quoi. On ne parle jamais de la manière dont un chef d’entreprise doit digérer un échec, parce qu’il n’a aucune défense, aucune protection, il est caution de tout, et encore, il ne sait pas toujours ce que ça veut dire que d’être caution. Il n’est pas préparé à ça. Cette expérience a été très difficile, j’ai même pensé au pire. »

« Je suis blindé à mort »

Dire que cet épisode l’a marqué est un euphémisme. Il est même encore un peu à vif quand il en parle aujourd’hui. D’ailleurs, il a songé à écrire un bouquin sur ce thème.*

« Si j’avais la plume, j’écrirais un livre parce que le taux de suicide chez les chefs d’entreprise est l’un des plus élevés. Ils se retrouvent d’abord dans la lumière, puis ils deviennent des pestiférés. Il faut un sacré mental. Près de 30 ans après, on m’en parle encore… Après, voilà, je me suis aussi reconstruit grâce à ça, j’ai pris des coups, je suis blindé à mort. »

Cette première expérience lui sert pour la suite de son parcours professionnel, non plus en France, mais en Espagne, à Valence, où il réside toujours. « J’ai fait des erreurs, des mauvais choix stratégiques, mais je n’avais peur de rien puisque tout ce que je faisais, ça marchait, et on me le disait sans cesse ! J’avais un melon « comme ça ». Un jour on me disait « Pourquoi tu ne fais pas de la politique ? » Un autre jour « Pourquoi tu ne reprends pas le club de foot de Rodez ? »… Ensuite, les mauvaises langues sont allées dire que je suis parti vivre à Valencia pour me cacher alors que j’y suis allé parce qu’un de mes amis pouvait m’héberger et parce que j’étais ruiné, au fond du trou. Voilà la vérité. On m’a tellement reproché d’être un chef d’entreprise bling-bling que je ne veux pas reproduire la même chose aujourd’hui. C’est pour ça que j’aime bien la mentalité des Etats-Unis, de l’Espagne, de ces pays où les chefs d’entreprise sont respectés, pas comme en France où, après un échec, vous êtes un loser. J’ai eu la chance d’en parler avec d’autres chefs d’entreprise, dont une fois avec Bernard Tapie. Vous savez, beaucoup ont connu des échecs, mais ne le crie pas sur tous les toits. Idem pour moi, même si, maintenant, cela remonte, je m’en fiche un peu, j’ai 58 ans, je n’ai tué personne ».

Aujourd’hui, Rodez est derrière lui. Sauf le club, bien calé devant, dans la première moitié de tableau en Ligue 2. Et si cela pouvait servir de modèle pour le Hyères 83 FC ? « Je rêverais de les affronter en coupe de France ! Je le dis, je n’ai aucune amertume vis-à-vis d’eux. Cela fait maintenant 28 ans que je suis parti de Rodez ».

Le tennis pour rebondir

L’équipe de Hyères 83 FC version 2023-2024 en National 2.

Pour rebondir, Nicolas Garrigues s’est appuyé sur ce qu’il connaît le mieux : l’entreprise et le monde sportif. « J’ai donné plus de 16 000 heures de cours de communication et de vente dans des entreprises, donc j’avais un certain savoir-faire : des entreprises ont fait appel à moi, ça m’a permis de continuer à vivre, de rebondir. Je suis intervenu auprès de forces commerciales, pour leur apprendre à vendre et à avoir un mental à toute épreuve en cas d’échec. Je me suis toujours appuyé sur le monde sportif, parce que j’aime ça. Je crois beaucoup aux relations publiques, au marketing. C’est pour ça que le Hyères 83 FC est axé là-dessus et que j’en suis fier. Partenaire, ça ne veut pas dire juste faire un chèque, sinon ça ne sert à rien; ça veut dire animer, travailler derrière. Ce qui est important, c’est le retour sur investissement. Je râlais souvent à cause de mes partenariats au rugby à Aurillac ou à Albi, ou au handball à Montpellier, où je pestais contre les cacahuètes ou le Perrier chaud, alors que c’était cher : finalement, mon entourage m’a dit, « tu nous gonfles, si tu n’est pas content, tu n’as cas le faire ! ».

Et Nicolas Garrigues l’a fait. Il a créé Arena Events, une boîte d’événementiel pour les entreprises. Tout est parti de plusieurs rencontres. Dont une avec le tennisman Henri Leconte, avec lequel il organise des matchs exhibitions. « Et c’est reparti comme ça ! Cela m’a beaucoup apporté. J’ai vu, dans des lieux de prestige comme Roland-Garros ou Monte-Carlo, que ce n’était pas que l’argent qui faisait faire des choses intelligentes. Je ne suis pas un grand créatif, mais j’aime bien piocher des idées et les bonifier. »

« J’ai mis 20 ans pour me refaire la cerise »

A Arena Events, l’activité repose sur la création d’événements sportifs et de conventions pour les entreprises dans le monde entier : « Elles font appel à nos services afin d’aller sur des événements, pour faire de la relation publique (RP) et du business avec leurs clients. On travaille par exemple avec le Real Madrid, Liverpool et le Bayern de Munich. On apporte notre savoir faire d’organisateurs. » Elle repose aussi sur les déplacements sportifs d’équipes professionnelles, comme avec Montpellier Hérault en rugby : « On va bientôt travailler avec l’USAM Nîmes au handball également ».

A mesure que Nicolas Garrigues se reconstruit – « J’ai mis 20 ans pour me refaire la cerise » -, son envie de « reprendre » un club grandit. En 2019, une opportunité se présente. C’est à Istres, un club de National 3 qui a longtemps connu la Ligue 2 et même la Ligue 1. « Cela s’est fait par l’intermédiaire de Manu Amoros, qui est consultant dans mon entreprise. A Istres, j’ai été reçu par tout le monde, mais quelque chose m’a frappé : là-bas, on n’a eu cesse de me parler des mauvaises expériences des autres repreneurs. J’ai senti qu’ils étaient intéressés par mon profil, mais en y allant par étape. En fait, au départ, ils voulaient que je sois une sorte de directeur commercial mais à 54 ans, j’avais autre chose à faire. Mais j’ai appris des choses. J’ai compris pendant l’audit la difficulté d’un club de foot hors norme. J’ai vu une montagne en face de moi, avec notamment tout le secteur sportif, les agents… Waouh ! J’avais fait trois rendez-vous à Istres et mon téléphone ne faisait que de sonner, on me proposait tel ou tel joueur ! Là, je me suis dit « C’est quoi cette histoire ? » Pour tout dire, je ne me suis pas senti d’y aller seul, en compétence, intellectuellement et financièrement. J’ai lâché l’affaire, ce qui est assez rare chez moi. »

« Avec Mourad Boudjellal, ça a matché »

Pour le foot, ce n’est que partie remise. Son désir de rencontrer des personnages atypiques, lui, est toujours aussi… brûlant. Et ça tombe bien, il croise la route d’un patron tout aussi brûlant ! « Mourad Boudjellal faisait partie des personnages emblématiques pour moi, un exemple de réussite et de parcours atypique, un personnage clivant donc j’adore, mais je ne le voyais que par les médias. J’avais lu son bouquin, bref, j’avais envie de le rencontrer. Et par le fruit du hasard, cela a pu être possible, par l’intermédiaire d’un avocat, ancien directeur général d’un club de rugby. On s’est vu lors d’un dîner, en septembre ou octobre 2019. Mourad était en train de vendre le RC Toulon. Je lui ai parlé de mon parcours, et ça a matché entre nous. »

« L’attelage Boudjellal-Garrigues peut faire flipper »

Evidemment, celui qui se considère comme un homme hyperactif et s’ennuie rapidement en vacances parle football avec l’ancien homme fort du Rugby-club Toulonnais. « Mourad Boudjellal m’a dit qu’il voulait prendre le club de foot de Toulon, où le président, Claude Joye, ne voulait pas vendre ou alors à un prix qui faisait que… Puis, on s’est intéressé à l’Atlético Marseille, pas longtemps, hein… Et aussi à l’AS Cannes. On a rencontré le maire de Cannes, David Lisnard, la présidente, Anny Courtade : on a été, je dois dire, très bien reçu. Cannes, cela avait une vraie cohérence avec mon activité dans l’événementiel. Mais ça ne s’est pas fait. Après, je peux comprendre que l’attelage Boudjellal-Garrigues puisse être flippant, car on est hyper clivants tous les deux, et ça peut faire flipper une municipalité. Mais là encore, j’ai beaucoup appris avec madame Courtade. Le truc, c’est qu’elle voulait rester au club, sans vraiment rester, je me serais encore retrouvé super-directeur-commercial avec Mourad en directeur délégué, bref, quand la possibilité de reprendre le club de Hyères, un club bon enfant, avec une gestion de père de famille, s’est présentée en 2021, là, ça ne me posait plus aucun problème d’être le numéro 2 avec Mourad en numéro 1. C’est même un deal que j’ai accepté : Mourad pour s’occuper de l’aspect sportif et institutionnel, moi pour la partie développement et commerciale. »

153 partenaires à Hyères

Mourad Boudjellal.

Création d’une société commerciale pour gérer l’équipe fanion de National 2, nouvelle appellation, le club de la cité des palmiers change de dimension. Et, surtout, il est scruté de près. Sur le plan sportif, ce n’est pas terrible. L’équipe est loin de ses ambitions d’accession en National et lutte pour le maintien. En revanche, sur le plan « commercial », c’est une vraie réussite, avec 153 partenaires. « J’ai été en formation accélérée, avec un « monstre » comme Mourad, dans le bon sens du terme ! Et puis, toutes les « conneries » qu’on a faites au début, on les a faites ensemble. Moi, je dirai toujours « on ». Mais on a vachement construit. Ces deux premières saisons m’ont permis de découvrir le monde du foot, et j’en ai certainement encore beaucoup à apprendre. Sur un plan marketing et commercial, on a multiplié par 14 le chiffre d’affaire du sponsoring, on a repeint le stade, on a fait des tentes, on fait du VIP, etc. Je n’ai pas peur de le dire, on a un réceptif niveau Ligue 2. Le plus beau compliment que j’ai reçu, c’est quand le maire, Jean-Pierre Giran, a dit, en me voyant, « Voilà celui grâce à qui il faut être à 18 heures au stade le samedi » !

Attirer plus de spectateurs

Si le volet « business » fonctionne bien au Hyères 83 FC, avec entre 180 et 300 personnes en VIP, qui restent après le match, le club doit maintenant s’attacher au volet « populaire » et à l’autre tribune, en face, pour attirer plus de spectateurs. Parce qu’à Hyères, la culture foot n’est pas énorme. « Avec une politique tarifaire incitative que l’on a mise en place, on progresse, avec déjà 700 à 800 personnes par match. On est parti de pas grand-chose et là, on fait déjà 300 ou 350 entrées payantes, c’est pas mal. On fait venir les jeunes des alentours au stade, gratuitement, avec leurs parents, et après, si ça peut leur donner le goût de revenir, d’acheter des places, c’est gagné ! On a entre 120 et 180 enfants qui viennent à tous les matchs. Après, on sait aussi que c’est lié aux résultats sportifs. Quand a joué contre Andrézieux ou Alès, y avait 800 personnes dans le stade, donc c’est pas mal. Je n’ai pas peur de le dire, c’est grâce à mon travail et au travail que l’on a mis en place que l’on a 153 partenaires en 4e division, que l’on fait quasiment un million d’euros de chiffres d’affaires en partenariat, alors que la moyenne en National 2 c’est 245 000 euros. Si on y arrive, c’est que l’on doit être meilleur que les autres. En revanche, on n’a pas le droit à l’échec sportif. Parce que des partenaires s’usent, et nous aussi, on s’use. »

2021-2023 : un échec sportif

En juin 2021, quand Mourad Boudjellal est arrivé à la tête du club varois, distant de Toulon de 10 kilomètres, tous les projecteurs se sont tournés vers lui : un homme d’une telle influence, avec une telle réputation et une telle aura médiatique, sûr que ça n’allait pas passer inaperçu !

La venue de l’ancien homme fort du RCT s’est accompagnée d’une grande ambition et de grands moyens, du moins, des moyens plus importants que la moyenne en National 2. Ce qui, évidemment, n’a pas manqué de susciter jalousie, curiosité et … convoitise. La signature, par exemple, de l’ancien international Marvin Martin, qui sortait de deux saisons quasi blanches en Ligue 2 à Chambly (10 matchs au total dans l’Oise), a fait jaser. Son salaire aussi. « Pour moi, Marvin Martin n’a pas été embauché comme joueur, mais comme un outil de marketing, rétorque Nicolas Garrigues; même s’il avait un salaire plus élevé que la moyenne, c’était notre tête de gondole. Malheureusement, sportivement, cela a été un échec cuisant. Dans son esprit, Mourad voulait refaire le coup de Wilkinson avec le RCT… Mais il y a eu plein d’échecs aussi avec des joueurs pas connus, je pense à Doucouré ou Célestine, des mecs qu’on a surpayés pour les faire venir de l’étage au-dessus. Mourad a pensé que Mollo et eux allaient nous faire monter, mais ça ne marche pas comme ça. A la fin de notre première saison, j’ai été à l’origine de la non-reconduction du coach Hakim Malek, pour plein de raisons. Pourtant, tout le monde me disait « C’est super, il nous a maintenus en N2″… Tu parles, oui, il nous a maintenus avec un budget de malade, et en recrutant 4 ou 5 joueurs en janvier, tout ça pour finir 7e ! »

Avril 2023. Nouveau coup de tonnerre. Mourad Boudjellal se retire, avant même la fin de « sa » deuxième saison au club. Il cède la présidence à Nicolas Garrigues mais reste actionnaire (tous deux détiennent 45 % du club). « On a réfléchi aux raisons qui ont fait que l’on n’a pas réussi lors de nos deux premières saisons, poursuit Garrigues; l’une des mes exigences, c’était que Mourad reste à mes côtés, car il est d’un super conseil, d’une grande élégance : il faut voir la manière dont il m’a passé le pouvoir. Le problème, c’est que son discours avec le monde de la 4e division du foot, cela ne passait pas. Les joueurs s’en fichaient de lui, ils ne pensaient qu’aux salaires. Je le voyais, mais je n’étais pas le patron. Quand on arrivait quelque part, les gens disaient « C’est le club de Boudjellal »… Et à partir du moment où il s’est mis en retrait, fin avril, j’ai décidé de tout. Maintenant, si ça marche, ça sera grâce à l’entraîneur et aux joueurs, et si ça ne marche pas, je le prendrai pour moi. Aujourd’hui, Mourad continue de venir aux matchs, il est beaucoup plus détendu. Nous avons un lien d’associé, un lien d’amitié. On a le même projet. Il me laisse travailler. Pour l’instant, les résultats sont là, même si je sais que c’est fragile : on est qualifié pour le 7e tour de la coupe de France, on a des chances d’être au 8e tour où l’on pourrait retrouver Le Puy (N2) chez nous pour une place en 32e de finale, et en championnat, on est 1er ex-aequo avec Cannes et Le Puy (après 9 journées). »

« Alès, je l’ai en travers de la gorge »

Karim Masmoudi, le coach de la N2.

Voilà maintenant près de 2 ans et demi que Nicolas Garrigues est au Hyères 83 FC. Il a eu tout le loisir de découvrir un nouveau milieu et ce championnat de National 2. Voilà ce qui en ressort : « C’est vachement physique. C’est un monde semi-pro, qui se rapproche beaucoup plus du milieu pro que du milieu amateur, pour la plupart des clubs. Ce qui est fatigant, c’est que le meilleur ne gagne pas tout le temps. Du coup, j’ai des taux de frustration bien plus élevé que des taux de plaisir. Tout à l’heure, on parlait de mon parcours professionnel : un dirigeant un peu fébrile mentalement, qui n’a pas fait du sport un peu de haut niveau et qui ne comprend pas un vestiaire, ce sera difficile pour lui… Et puis, au foot, il n’y a pas de logique : ce n’est pas parce qu’on affronte les trois derniers (Chamalières, Toulouse, Bourgoin-Jallieu) que l’on va prendre 7 ou 9 points – l’entretien a été réalisé avant la venue de Chamalières (1-1) et le déplacement à Toulouse (1-1) – cela ne marche pas comme ça. L’an passé, on est les seuls à avoir perdu à Sète. Quand je vois qu’on va gagner 6 à 0 à Thonon Evian cette saison, que Thonon gagne facilement à Alès, et que nous, on perd à domicile contre Alès… Alès, je l’ai en travers de la gorge, et puis, en face, c’était l’entraîneur que je n’ai pas conservé (Hakim Malek)… Quand on est dirigeant, ce qui est fou aussi, c’est qu’on a l’impression qu’on joue notre vie sur un poteau, sur un penalty non sifflé. Là, il y a vraiment un truc qui me dépasse : en N2, il y a des enjeux financiers, des clubs pour la plupart présidés par des chefs d’entreprise, et voilà qu’on se retrouve avec un arbitre de 23 ans qui n’a pas la VAR et des arbitres de touche qui n’osent surtout pas prendre d’initiative de peur de faire basculer un match, et nous, dirigeants, on se retrouve chaque samedi en terreur (sic) sur une erreur… Le pire, c’est que je ne les trouve pas mauvais les arbitres, mais ils font des erreurs « de confort », parce que c’est flippant. A Hyères on est gentil, le public est sympa, bon voilà… »

« Ce serait une déception de ne pas monter en National »

Sortir du National 2. Telle est la prochaine étape sportive. « Le National ? Oui ce serait une grosse déception de ne pas monter. Après, il ne faut surtout pas le dire (ironique) mais oui, on veut être dans les 2 ou 3 premiers, susciter la curiosité du public et des partenaires, prendre du plaisir. Je sais bien que la moitié des clubs veulent monter, mais bon, il faut monter cette année parce qu’en National, il n y aura plus que 3 descentes l’an prochain. J’ai peur que, si on ne monte pas, il y ait un risque d’usure de la direction aussi, on ne sait pas. Maintenant, je pense qu’on a le groupe pour monter, on verra fin novembre où on en est, mais fin novembre, je risque de dire on verra fin décembre ! Il faut prendre des points face aux équipes de bas de tableau, pour rester dans les premiers. Grasse, par exemple, ça fait quatre ans qu’ils veulent monter, et ils échouent pour un point, pour trois points : nous, on a un avantage, on a échoué pour beaucoup ! On n’a pas eu cette frustration de dire « pour un point » ou « pour trois points ». Les regrets, on ne connaît pas ! Les penalties, on ne connaît pas ! Quant à l’équilibre de l’arbitrage dont j’entends parler depuis que je suis dans le foot, et bien je ne l’ai toujours pas vu !!! Et si jamais on va en 64e de finale de coupe contre Le Puy à la maison, ou bien lors du dernier match de championnat pour Noël, le 16 décembre, j’offrirai un spectacle gratuit d’équilibre au stade, comme ça après on ne me parlera plus d’équilibre ! Je ferai venir le funambule Nathan Paulin, champion du monde de Slackline, je l’ai déjà fait, à Béziers à Caen. Ce qu’il fait, marcher sur un fil de 2 centimètres… Waouh… à côté, footballeur, c’est rien. A Arena Events, d’ailleurs, le slogan de la boîte, c’est « Des séminaires équilibrés » !

« Protecteur, passionné, travailleur »

Avec l’un des partenaires du club, Intermarché Hyères, représenté par M. et Mme Simone.

S’il se définit comme un président plutôt « protecteur de mon groupe, passionné, travailleur », Nicolas Garrigues avoue ne pas avoir de modèle : « On a chacun notre style, même si je pense que tout président qui est chef d’entreprise essaie de reproduire un peu ce modèle, basé sur la confiance, la protection des salariés. Si je vois une défaillance sur la confiance, le ressort est cassé. Je prends plaisir à voir mon groupe, je tiens mes engagements. Avec moi c’est « Il dit, il fait » ! Je vais voir tous les matchs, à l’extérieur ou à la maison, et aussi en coupe, ça me rassure d’y être et j’espère que ça apporte une petite pression positive supplémentaire aux joueurs. Et puis au moins comme ça on ne me raconte pas de conneries, puisque j’y étais ! Et comme je pense avoir un minium de capacité de compréhension, je me fais ma propre analyse. Quand je débriefe avec le coach, Karim Masmoudi, le lendemain, j’ai vu ce qu’il s’est passé, donc c’est plus facile. »

Depuis le début de saison de ce nouvel exercice 2023-2024, il n’a raté qu’un seul match, contre … Martigues, en amical ! « On avait perdu ! » Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il se régale, et il espère que ses joueurs aussi ! Surtout, il a opéré un profond bouleversement par rapport à l’an passé : « J’ai considérablement réduit le groupe. C’est la plus grande décision que j’ai prise. Elle n’a pas été facile à prendre, notamment pour le coach : car on se sent plus à l’aise quand on a plus de joueurs à disposition. Là, je me suis basé sur mon vécu de handballeur : quand on fait trop de déçus, ce n’est pas possible, sauf à s’appeler Kurzawa à Paris par exemple. Mais quand tu prends 1500 euros par mois, que tu ne joues pas, que tu ne vas pas rester, ça pose problème dans l’esprit du joueur. C’est une stratégie qui est bonne si on n’a pas de suspendus ou de blessures. »

La fin de saison dira si tous ces changements ont porté leurs fruits. « Il y a une solidarité encore meilleure qui peut s’instaurer, afin d’aller, tous ensemble, chercher quelque chose. L’idée, c’est d’aller chercher une récompense commune ». En disant cela, il ne pense pas qu’à l’accession. Il pense aussi à la prime de fin de saison : « Je ne pense pas que l’on court plus vite parce qu’on a une prime et j’ose espérer que ce n’est pas ça qui fait gagner des matchs. Je pense plutôt que la prime doit être la récompense du travail bien fait ».

Recueilli par Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Hyères 83 FC / Houssam Seghir et Sabrina Del Castillo

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Après avoir connu la Ligue 2 (de 2008 à 2011) et le Stade de France, le VOC est retombé en N3. La faute à un dépôt de bilan en 2014 et le départ de son ex-président et généreux mécène, qui avait aidé à installer les Morbihannais en National 2. Le club repart encore de zéro, avec l’envie d’une reconstruction pérenne, à base d’identité locale.

Photo VOC.

Souvenez-vous il y a quatorze ans, en 2009, le Vannes Olympique Club, pensionnaire de Ligue 2, s’offrait une folle épopée en coupe de la Ligue. Après avoir passé cinq tours et écarté deux équipes de L1 (Valenciennes et Auxerre), les joueurs de Stéphane Le Mignan s’en allaient composter leur billet pour le stade de France sur la pelouse du Stade du Ray, en éliminant un troisième club de l’élite, l’OGC Nice, en demi-finale (1-1, 4-3 tab).

Mais, avec trois buts encaissés dans les 15 premières minutes (défaite 4-0), la finale face au Bordeaux de Gourcuff, Chamakh et consorts a été aussi brutale que le parcours fut remarquable.

Les temps ont changé

Le stade de La Rabine, à Vannes, qui accueille aussi les matchs du leader de Pro D2, le RC Vannes 1950, en rugby ! Photo Philippe Le Brech.

Bien sûr, cette soirée du 25 avril 2009 n’est pas le seul vestige de l’âge d’or connu par le Voc dans la première décennie des années 2000. « En tant qu’amoureux du Voc, mais aussi de l’OM, le grand souvenir que je garde de cette époque c’est la confrontation au Vélodrome, pour les 1/4 de finale de la coupe de France 2007 », rembobine le Maire de Vannes, David Robo; « J’étais en présidentielle, et j’avais même eu la chance de toucher la coupe aux Grandes Oreilles. Je conserve l’émotion d’il y a 15 saisons, aller au stade de France, jouer en Ligue 2, pour une ville comme la notre c’est extraordinaire. » « Tout cela a participé à écrire la plus belle page de l’histoire du club », en convient l’actuel président, Daniel Boraud.

Depuis, les temps ont bien changé et le Voc a dû écrire plusieurs nouveaux chapitres. Dans l’actuel, l’ex-deuxième club phare du Morbihan après le FC Lorient se retrouve désormais au même niveau que ses voisins de la GSI Pontivy, du Stade Pontivyen ou encore de Locminé, en National 3. « Et attention, il y en a cinq dans la charrette ! », fait noter le Maire. « Malgré notre récente victoire face au leader (1 à 0 face à l’AS Vitré, aujourd’hui 3e), on est toujours dans la zone rouge. Il ne faudra pas se louper, même si je sais que le club continuerait à vivre en R1 (le VOC est classé 12e sur 14 après 7 journées mais compte un match en retard, la rencontre à Pontivy face au GSI ayant été reportée). »
Lui entretient un rapport particulier avec le sport : « Je suis un grand fan, depuis tout gamin. Plutôt dans mon canapé que sur le terrain… Mais oui, je suis accro au sport ».

Une décennie en montagnes russes

Même si Vannes est loin d’y être, ce ne serait qu’un « bas », comme a déjà connu le club morbihannais au cours des dix dernières années traversées comme des montagnes russes, le faisant ainsi chuter dans la hiérarchie nationale.
Emmené par Stéphane Le Mignan, désormais sur le banc du voisin de l’US Concarneau en Ligue 2, le Voc était monté en National en 2005, puis en Ligue 2 en 2008 avant d’y rester jusqu’en 2011. Après trois nouvelles saisons en National (2011 à 2014), une dette de 500 000 euros avait obligé le club à déposer le bilan.

Oumar Diakhité. Photo Philippe Le Brech.

C’est donc de la DSE, la 7e division, qu’est reparti le Voc, né de la fusion entre le Véloce Vannetais et le Vannes FC en 1998. Touchés mais pas coulés, les Bretons sont remontés de trois divisions pour atteindre le National 2 en 2018. Un redressement sportif accompagné, une saison plus tard, d’un coup de pouce financier, « entre 50 000 et 150 000 euros par an » de la part de leur nouveau président, Maxime Ray, Lorientais d’origine, qui oeuvrait dans la finance. Son arrivée en 2019 avec un projet de National puis de Ligue 2 « en quatre ans », et la venue de joueurs chevronnés du championnat, semblaient montrer que le Voc était relancé. Des promesses pas forcément tenues en championnat où les Vannetais naviguaient souvent dans le ventre mou. Il y eut bien un coup d’éclat, en coupe de France, pas plus tard qu’en 2022, lorsque le PSG et Mbappé (auteur d’un triplé) étaient venus à la Rabine (0-4).

Le départ brutal d’un généreux président

Thibault Bouedec. Photo Philippe Le Brech.

Et puis patatra. Le président Maxime Ray, généreux mécène, annonce son départ en avril 2022, sur fond de désaccords avec la mairie. La goutte d’eau étant l’impossibilité d’organiser un match de gala entre équipes professionnelles à La Rabine. « Il y a eu une incompréhension sur ce match amical. C’est une erreur technique et administrative de mes services », assume le Maire David Robo. « Je ne préfère pas revenir sur cette période pas forcément agréable pour le club. C’est une décision personnelle de Maxime Ray qu’il faut respecter, même si c’est dommage pour le club et ses ambitions », commente le président Daniel Boraud. Et pour cause : « Il est bien évidement que le départ de Maxime Ray, qui était un mécène très généreux, a amené à revoir le budget. Personnellement, je n’ai pas les moyens de financer dans la même mesure. »

Nicolas Flégeau. Photo Philippe Le Brech.

Arrivé à dans le coin en 1975, puis progressivement installé comme « petit partenaire » du Vannes OC, le natif d’Orléans Daniel Boraud est devenu vice-président du club en 2002 : « C’était pour prêter un coup de main au niveau des finances, rembobine-t-il. J’aime bien le foot, j’ai aussi un fils qui y jouer. En plus de mon rôle de partenaire, ce sont ces trois éléments conjugués qui ont fait que je me suis investi au Vannes OC. »
Parti en 2006 pour raisons professionnelles, il a été recontacté en 2019 pour revenir. Avant de se voir propulsé président du club, une fois le départ de Maxime Ray acté.

C’est avec cet oeil d’ancien chef d’entreprise qu’il a géré les difficultés financières connues par le club. « Personnellement, je n’ai pas les moyens de financer le club dans la même mesure. A partir du moment où le budget passe de 1,3 millions d’Euros à 950 000 Euros, et que vous avez des joueurs de N2 voire du niveau au-dessus, vous ne pouvez pas vous permettre de continuer à les rémunérer. Vous ne pouvez pas non plus avoir les mêmes dépenses générales pour le club », détaille le président. « On a pris des décisions financières drastiques qui n’ont font pas plaisir à tout le monde. Mais il a fallu les prendre. »

Un souhait de sérénité et de pérennité

Hugo Le Bolloch. Photo Philippe Le Brech

C’est ainsi que la saison 2022-2023, en National 2, a démarré pour le Voc, sans ses leaders techniques et en pleine modification interne. Des éléments trop déstabilisants pour éviter la descente au club vannetais, 14e la saison passée (sur 16) avec 16 défaites en 30 matchs.

Reparti sur un nouveau cycle pour cette nouvelle saison, en National 3, l’objectif n’est pas que sportif. « Repartir de zéro ? Oui, c’est la bonne formule. On doit remettre des fondations sur des budgets que l’on connaît, développer nos partenariats au maximum. Vannes est une belle ville, avec un beau stade, des infrastructures de qualité et des partenaires fidèles. Il faut développer tout ça. On veut rebâtir des fondations pérennes », clame Daniel Boraud. « Et ce n’est qu’après cette construction qu’on pourra retrouver le niveau hiérarchique supérieur. »

Calvin Mangan. Photo Philippe Le Brech

David Robo va dans son sens : « Je souhaite avant tout un futur serein. J’ai le sentiment qu’à Vannes et en Morbihan, on a de quoi construire avec l’identité locale, en formant ou en récupérant des jeunes qui ne sont pas pris dans les clubs professionnels du coin. Certes, le sport, c’est avant tout des résultats sportifs. Mais avoir des jeunes attachés au maillot, fiers de leur identité, ça me procure aussi des émotions ».

Le Voc n’est pour l’instant que 12e de sa poule, mais il est porteur de promesses, symbolisées par l’attaquant Junior Burban. Lui est né à Vannes, a débuté dans un des clubs de la ville, avant de rejoindre le FC Lorient à ses 12 ans. Dix ans plus tard, pas conservé par les Merlus, l’attaquant est revenu « chez lui ». Et il marche sur l’eau en ce début de saison, avec déjà 5 buts inscrits en 6 journées. Tristan Boubaya, 34 ans, est lui aussi revenu sur ses terres bretonnes. Capitaine de l’équipe, il est venu ajouter une sacré touche d’expérience à l’équipe d’Hervé Brouard. Le milieu de terrain a connu la réserve du FC Lorient, ou les Herbiers. Plus récemment, il a disputé deux saisons chez le voisin de l’US Concarneau, en National. L’année dernière, il évoluait encore au Mans, dans un troisième niveau national où, au total, il a disputé près de 140 matchs. Un leader d’âme, incontestablement, dont aura besoin le Vannes OC dans sa reconstruction.

Texte : Alexandre Le Bris / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @lebrisfutAlex

Photos : Philippe Le Brech et VOC.

Photo de couverture : VOC.

Leo Faure. Photo Philippe Le Brech
Jordan Henry. Photo Philippe Le Brech
Taylor Salibur. Photo Philippe Le Brech
Le coach de l’équipe de N3, Hervé Brouard. Photo VOC.
Matteo Petitgenet. Photo Philippe Le Brech.
Tom Clémence. Photo Philippe Le Brech.
Junior Burban. Photo Philippe Le Brech.
Tristan Boubaya. Photo Philippe Le Brech.
L’équipe du VOC, cet été, lors des matchs de préparation. Photo Philippe Le Brech.
Photo VOC.
Sullivan Coppalle, préparateur physique et entraîneur adjoint. Photo VOC.
Photo VOC.

Le président emblématique du FC Sochaux-Montbéliard (1999-2008) est revenu à la barre l’été dernier aux côtés de son bras droit Pierre Wantiez. Il évoque les souvenirs des années 2000, raconte les premiers mois de son retour, marqué par le sauvetage du club, rétrogradé en National, et évoque l’avenir.

À Montbéliard, il est sans doute plus connu que Marie-Noëlle Biguinet, la maire en place. Au stade Bonal et dans les alentours, c’est une idole. Une légende. Homme de poigne, Jean-Claude Plessis (79 ans) a tenu le FC Sochaux-Montbéliard de 1999 à 2008. Président charismatique, il a surtout emmené le club doubiste en coupe d’Europe plusieurs saisons et au stade de France à trois reprises. Derrière son passage, un titre de champion de D2 en 2001, une coupe de la Ligue en 2004 et une coupe de France en 2007. Un palmarès qui ne dit pas tout de la trace qu’il a laissée dans les cœurs. Elle est immense. Avec lui, le FCSM a connu ses dernières années fastes et quelques joueurs frissons. De classe, aussi, comme Mickaël Pagis ou Teddy Richert. Si les supporters ne l’ont jamais oublié depuis son départ, ils n’avaient plus forcément de nouvelles de lui ces dernières années.

Alors il est revenu dans le paysage. Sans vraiment le vouloir et encore moins le prévoir. Par la force des choses, par le sens de l’histoire. Plombé par un déficit colossal, l’institution FC Sochaux est passée proche de disparaître et l’équipe de couler en National 3.

Mais Jean-Claude Plessis n’a pas laissé faire. Alors il a observé, tendu l’oreille et s’est laissé prendre par l’émotion. La détresse du peuple franc-comtois l’a rappelé à son devoir. Accompagné de Pierre Wantiez, son bras droit des grandes années sochaliennes devenu directeur général, il est revenu poser ses valises près des usines Peugeot pour tenter de sauver le monument. Non sans mal mais avec succès. Le 17 août, la DNCG autorisait Sochaux à repartir en National et ses supporters à retrouver goût au football.

Après 12 journées, l’équipe entraînée par Oswald Tanchot, 8e, compte 16 points et affine gentiment son fond de jeu. Mais le club n’est pas encore totalement sorti d’affaire et l’ex-président revenu aux manettes le sait.
Il y a quelques jours, Jean-Claude Plessis nous a ouvert son bureau du stade Bonal pour se livrer sur les derniers mois intenses et ceux qui arrivent. Il s’est aussi replongé dans les souvenirs d’époque, celle où Sochaux valorisait le football français. Lui se souvient de tout. Les supporters aussi.

Interview

« Le club n’est pas encore sauvé »

Comment vous sentez-vous après cet été dense ?
Ça continue. Il ne faut pas croire, le club n’est pas encore sauvé. On a trouvé des repreneurs, on a pu faire ça au dernier moment. On ne sait même pas encore comment on a pu y arriver ! Maintenant il faut serrer la vis. Les installations, le stade, ce n’est pas gratuit tout ça. On a un train de vie qui est plus celui de Ligue 2 que de National. Voire de Ligue 1 avec le centre de formation. C’est un coût important mais c’est un choix qu’on a fait. Le centre, c’est notre ADN. On est obligé de réduire les coûts, faire attention. On essaie de ne pas perturber l’équipe de foot. On fait tout ce qu’il faut.

Comment on s’y prend, on fait une croix sur certains services ?
On essaie de réduire, notamment le personnel. Mais ça, chacun le savait. C’était tout ou rien. On est en train de faire les budgets et c’est surtout au niveau du personnel administratif. Il est certain qu’on a moins de travail quand on est en National qu’en Ligue 1. Mais quand il y a un match, il faut des stadiers et à peu près les mêmes choses, ça ne change pas. C’est difficile mais on se bat et on espère y arriver.

« Si je n avais pas d’énergie, je ne serais pas là »

Vous êtes revenu à Sochaux plein d’énergie !
Bien sûr. Si je n’avais pas d’énergie, je ne serais pas là. A la limite, on n’était pas venu Pierre (Wantiez) et moi pour rester. On pensait que sur place on aurait trouvé (un repreneur). Mais ça ne s’avère pas vrai pour l’instant. Il n’y a pas assez de candidats mais trop à la fois. On reste pour calmer le jeu et on verra dans quelques mois ce qu’il en est. Je n’ai pas vocation à rester là plusieurs années.

C’est dur de trouver le bon profil parmi les candidats ?
Tout le monde a envie de diriger un club de foot, mais on va remettre les choses à leur place et après on verra.

Quel était votre quotidien avant de revenir ?
J’ai une épouse plus jeune que moi, on a un appartement dans Brest. On allait aux spectacles, au cinéma, je faisais du vélo au bord de la mer. Mes journées étaient toujours pleines. Je suis un mec assez solitaire, je peux rester tout seul pendant un moment, m’asseoir au bord de la mer et la regarder pendant deux heures, ce qui énerve ma femme. Et puis j’ai une maison au Sénégal, j’y allais beaucoup à l’époque. Mon petit club (l’AS Brestoise) me prenait aussi un peu de temps. C’est du boulot ! […] Je dois remonter pour l’assemblée générale, s’ils veulent trouver un autre président on verra ça mais je crois qu’ils veulent me garder. C’est gentil de leur part (sourire).

« Ce qu’on fait est complètement hors-norme. « 

Quand vous êtes revenu, la situation pouvait ressembler à un bourbier. Il y a eu plusieurs étapes dans votre raisonnement ?
On ne pense pas à ça, on se demande ce qu’on peut faire. On ne se pose des questions que 24 heures et quand le club est au bord du dépôt de bilan, on intervient. J’appelle Pierre, on se dit qu’on y va et le lendemain matin on est sur le téléphone et on appelle tous les sponsors et administrateurs. On essaie, on avance. La chance qu’on a, c’est qu’il y a deux-trois gars qui nous disent oui tout de suite. On a aussi un investisseur parisien qui nous dit oui pour une grosse somme, mais au dernier moment il nous lâche. Ça a été compliqué. Mais la plupart des autres actionnaires n’étaient pas chauds pour qu’on ait un investisseur intéressé par la revente. Ceux qui font ça le font par amour, ce sont des gens d’ici, qui ont joué au club, qui connaissent son importance pour la région. Des passionnés, des amoureux du foot. Ils pensent bien qu’ils ne récupéreront pas forcément leurs deniers, mais ils veulent sauver le club. C’est ça le leitmotiv. C’est possible, mais ce sera difficile.

C’est possible parce qu’on parle du FC Sochaux, un club marquant ?
Oui. Mais le football d’aujourd’hui n’est pas tout à fait axé sur ce qu’on fait nous. Ce qu’on fait est complètement hors-norme puisqu’on va monter une Scic (Société coopérative d’intérêt collectif), ce qui intègre les actionnaires, les pouvoirs publics, les supporters… Ce n’est pas si facile que ça. Bastia l’a fait mais dans des conditions moindres. Nous on y va plein pot. Les pouvoirs publics veulent savoir ce qu’il se passe, les actionnaires aussi. Surtout que dans une Scic, une personne égale une voix. Ce n’est pas le plus riche qui dirige. Mais on a la chance d’avoir les Sociochaux (Socios qui ont participé au sauvetage), ils vont avoir un siège et comprennent très bien l’action. Ça va se faire, mais la mise en place n’est pas facile.

Où situeriez-vous l’avancée ?
On arrive au bout. On a eu une réunion, on a 42 actionnaires. Ça fait beaucoup. Être actionnaire du FC Sochaux, ce n’est tellement pas rationnel… Le foot, c’est un monde à part.

« Sans Pierre (Wantiez), je n’aurais pas pu y arriver »

On a beaucoup parlé du retour de l’ancien président, mais vous formez un duo avec Pierre Wantiez qui faisait la force de cette reprise…
C’est habituel. Il connaît mieux les lois que moi parce que j’ai été éloigné du football professionnel pendant quinze ans. Il a toujours été dedans avec plusieurs clubs et a toujours fait partie des instances dirigeantes. Sans lui, je n’aurais pas pu y arriver.

Vous avez retrouvé vos réflexes facilement ?
Oui. On ne s’est jamais perdu de vue, il travaillait au Havre où était mon fils. On ne pensait pas retravailler ensemble mais on se connaît bien, on sait quelles sont nos limites de territoires. Moi je suis plus orienté sur l’équipe, le management. Lui est plus orienté sur tout ce qui est administration, Dieu sait qu’on a besoin de lui avec la Scic. Mais ça se passe bien. De toute façon, si ça se passait mal on ne resterait pas là.

La vie de vestiaire vous avait manqué ?
J’avais déjà un groupe, j’ai 550 licenciés à Brest. ça a été un très gros club, champion de France amateur à l’époque. J’avais déjà été président de ce club il y a une quarantaine d’années. Quand je l’avais quitté on était en 3e division. On avait joué la montée pour la 2e. Mais ça m’avait bien arrangé parce qu’il y avait déjà le Stade Brestois et la Ville, qui donnait de l’argent, ne voulait pas un deuxième club en professionnel. Mais ça reste un club formateur que j’ai repris à la demande d’anciens joueurs devenus dirigeants, ils sont venus me chercher pour que je reprenne la présidence. Je l’ai fait avec plaisir.

Vous aviez donc encore les deux pieds sur le terrain…
Oui. Et puis je sais faire ça. A Sochaux, j’ai la chance de tomber sur une bonne équipe dirigeante, avec un entraîneur tout à fait au-dessus de mes espérances. C’est un gars qui me va très bien.

« Oswald Tanchot pense comme nous. J’aime beaucoup ce type. « 

Avec le coach Oswald Tanchot

Justement, le coach Oswald Tanchot semble bien coller à l’identité locale alors qu’il n’est pas de la région…
Moi non plus je ne suis pas d’ici (rire). Ils ont l’habitude, ces gars-là. Ils voyagent pas mal. Il s’est trouvé là au bon moment. Il n’est peut-être pas en Ligue 2 mais je pense que ça doit être un révélateur plus important. Il est adulé par les spectateurs, ce qui nous arrange bien en ce moment. Il est tout ce qu’on veut : on est toujours un club formateur, je ne l’oublie pas. Contre Melisey (le 15 octobre en Coupe de France, qualification 4-0), il y avait huit ou neuf joueurs qui sortaient du centre de formation. J’ai été obligé de lui dire chapeau. Il pense comme moi, il pense comme nous. J’aime beaucoup ce type. Il est travailleur, je le vois faire. Je suis allé au match de la réserve, il était là. Il s’intéresse à tout. Le directeur sportif, Julien Cordonnier, aussi. Les kinés et le service médical je les connais, ils étaient déjà là.

Comme Freddy Vandekerkhove, l’intendant historique !
(Il soupire en souriant) Freddy, c’est moi qui l’ai embauché, alors… Quelle erreur j’ai faite (rire) ! Il jouait au foot avec mes fils à l’époque.

« Bonal, c’est la tour Eiffel, c’est l’ADN du club ! »

On a le sentiment que cette période compliquée a permis de faire ressortir encore plus l’identité locale et l’amour des gens pour le club.
Ça continue. Je ne peux pas faire deux mètres sans faire une photo. On a eu des bons souvenirs, on a fait des belles choses ensemble il y a quinze ans. Pour moi c’était fini, je suis revenu pour eux. Dieu sait si ma vie est bouleversée ! (rire) Je ne suis plus tout jeune, mais ça m’a donné un regain d’énergie. Je suis en forme, tout va bien. On fait face à tous les soucis qui tombent régulièrement. Ces gens-là ont failli perdre leur âme. Bonal, c’est la tour Eiffel. C’est les arènes de Nîmes. Les Nimois ne vont pas toujours aux arènes, mais si vous les cassez… Bonal, c’est l’ADN du club avec le centre de formation. C’est aussi pour ça qu’on s’est battu pour sauver le centre. Ceux qui jouaient le côté National 3 avec un dépôt de bilan, c’était la perte du centre de formation. Quand il y a des matchs en professionnel, les équipes viennent, prennent un hôtel, vous savez comment ça se passe. Comme les matchs en National se jouent à 19h, les gens vont manger au restaurant après. On a sauvé une partie de l’économie de ce pays, c’est pour ça que les pouvoirs publics nous ont aidés. Donc oui, il y a un engouement parce que c’est une identité. On a refusé l’argent qui vient pour nous déstabiliser. Aujourd’hui, il y a sans doute des actionnaires qui voudraient rentrer mais pourquoi faire ?

C’est la question à laquelle il n’est pas évident de répondre ?
Oh si, on sait quoi faire ! Moi, je suis obligé de respecter les quatre ou cinq qui ont permis de boucler le budget DNCG en trois jours. Les autres, je ne les méprise pas, mais ils sont arrivés après. On était au mois d’août, certains étaient en vacances. Mais les premiers, ce sont les grosses sommes et ils ont répondu présents au premier coup de téléphone. C’est ce qui a fait le noyau dur. Aujourd’hui, on a un beau tour de table mais on en est au stade où il faut pérenniser le club. Vous l’avez bien compris : je ne suis pas venu ici pour passer mon centenaire !

Il y a des régions plus ensoleillées pour ça…
Je m’en fous de ça. Je suis tellement heureux. Quand je vais à la sortie du stade et que je vois le plaisir que les gens peuvent avoir, qu’ils viennent te remercier. On a fait un truc dont tout le monde se souviendra très longtemps, surtout ici.

Qu’est-ce qui vous lie précisément à ce club, qui fait que c’est si fort en vous ?
C’est une période de ma vie exceptionnelle. Je n’étais pas destiné dans ma vie à présider un club de football de Ligue 1. En plus, ça a bien marché. Bien sûr que j’ai eu des problèmes, j’ai vu des « Plessis démission » dans les tribunes. Même quand ça marchait très bien. Le public est comme ça, il faut l’accepter, ça fait partie du jeu. Le football c’est comme une entreprise… sauf que ce n’est pas tout à fait une entreprise. Tous les samedis, tu as le résultat de ton travail. Et même si tu travailles bien, tout peut arriver. Aujourd’hui, j’ai le collier d’immunité mais je ne suis pas destiné à rester là très très longtemps.

« Le club a été martyrisé depuis 10 ans « 

Il s’agit du plus gros défi de votre vie ?
Oui. C’est plus qu’un défi, c’est une espèce de mission divine alors que je ne suis pas très croyant. Il y avait des obstacles, avec Pierre on devait les surmonter. On allait se coucher chacun dans son hôtel, on se disait que c’était foutu. Quand on a payé le club on avait encore 2,5 millions de dettes. On a pris des risques. Et puis, surtout, ce qui était dangereux et que je craignais le plus, c’est que quand les gens ont vu que je m’impliquais, ils ne se sont pas posés de question : c’était fini, on avait gagné. Quand on est arrivé, on a passé des nuits à regarder les comptes. Mais pour eux c’était fini, ils nous ont embrassé.

Il fallait rester lucide et froid !
Il fallait surtout leur dire que ce n’était pas gagné. Et tu te dis que si ça ne marche pas, non seulement tu vas foirer mais en plus tu leur as donné de l’espoir. Bon, ça a marché (sourire) !

Vous avez retrouvé le club que vous aviez connu ?
Oh oui. Parfois j’oublie les salons, j’ai du mal à les retrouver. Mais je retrouve la même chose, les anciens partenaires, les anciens supporters, les commerçants, les hôtels… Ce qui a sans doute changé, ce sont les choses qui sont plutôt de l’ordre des instances. Tout le monde voulait que Sochaux s’en sorte, mais tu ne pouvais pas ne pas respecter les instances. Il y a une grosse merde qui avait été faite ici quand même.

Il fallait rattraper une situation bien mal embarquée ?
(Il soupire) Et ce n’est pas fini ! 25 millions de pertes, c’est quand même quelque chose d’extraordinaire. Tout le monde ne s’est pas méfié parce qu’à chaque fois qu’il y avait une perte, Nenking payait. Mais cette fois, ils n’ont pas payé… On sait très bien que ça ne va pas très bien dans l’immobilier en Chine. Le club a été martyrisé depuis 10 ans. Il a tout eu : entre Li qui vendait des LEDS alors qu’on n’a jamais vendu une LED ici, les Basques qui sont venus, ensuite Nenking avec une direction un peu fantaisiste et un gars un peu… (Il s’interrompt et ne cite pas le nom de Samuel Laurent, ex Directeur général) Enfin, on ne va pas dire plus de mal de lui, tout le monde le sait. Il y a eu des choses qu’on n’explique pas, qu’on ne comprend pas. Les agents se sont aussi engraissés sur le club.

Une nouveauté ?
Ça, ça a changé. Les agents que je rencontre aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux que j’ai connus de mon temps. C’étaient des gars avec qui on travaillait en confiance, on gérait ensemble la carrière des joueurs. Aujourd’hui, la préoccupation c’est de faire de l’argent tout de suite. Et les familles s’en mêlent.

« A l’époque, on était à la limite de la Ligue des Champions »

Président de Ligue 1 et de National, c’est le même métier ?
Pour l’instant, c’est la même chose. Sauf que tu te sens un peu comme un parent pauvre du football, quand même. Ton club a brillé, tu as fait des coupes d’Europe, tu as gagné la coupe de France, la coupe de la Ligue… Quand j’ai été champion de France de Ligue 2 avec Sochaux, j’ai pensé que c’était la dernière fois que j’étais champion de France. Maintenant, on va essayer d’être champions de National (rire).

Vous n’êtes pas seulement un ancien président, mais celui des dernières années fastes…
Oui. Notre titre de gloire, quand même, c’est d’avoir gagné le même jour au même endroit la coupe Gambardella et la coupe de France, on a fait la totale (en 2007, face à Auxerre et Marseille) ! L’année d’après, je suis parti parce que j’avais l’âge, je ne voulais pas faire l’année de trop. On ne pouvait pas faire mieux. On était allé perdre à Panionios (Grèce). J’avais invité les joueurs devant l’Acropole, c’était magnifique mais j’avais du mal à encaisser l’élimination. C’est là que j’ai décidé que c’était le moment. Je voulais d’abord changer d’entraîneur parce qu’il ne convenait pas au club, c’était (Frédéric) Hantz. Je pense qu’il a prouvé après qu’il était sans doute un peu surfait. Mais, oui, c’était une belle période. J’ai toujours plaisir à voir mes anciens joueurs, certains étaient extraordinaires. On aurait même pu faire beaucoup mieux. On était à la limite de la Ligue des Champions à chaque fois mais ça m’allait bien. Je ne voulais pas qu’on fasse la Ligue des Champions, les gens tombent sur la tête après. Lens l’a payé presque de sa vie, ça… Quand je suis parti, j’ai dit aux gens « Vous ne vous rendez pas compte ! » A Sochaux, si on réussit, c’est parce qu’on a une formation, qu’on achète et vend des joueurs… C’est formidable ce qu’on vit, mais les gens ne sont pas toujours contents. Je disais aux supporters « Vous vivez peut-être la meilleure période de votre vie, profitez-en les gars ! » On était craint partout, on a passé une saison sans perdre un match chez nous (saison 2002-2003). Je n’étais pas fier, j’étais heureux.

« J’ai toujours respecté ma parole »

Les joueurs de cette époque ont marqué les supporters…
Bien sûr ! Je me fais insulter parce que je vends (Pierre-Alain) Frau et (Benoît) Pedretti la même année, mais je les vends parce que c’était un deal qu’on avait ensemble. Les gars, à 23-24 ans, ils veulent aller voir ailleurs. J’ai toujours respecté ma parole, aucun joueur ne peut dire le contraire. A ce moment-là, c’est à moi de les vendre le mieux possible. Mais avant de partir, ils ont apporté des titres. Ce sont des idoles ici ! Et puis on a trouvé des remplaçants. On a eu Ilan, c’était pas mal. Je rappelle qu’un de mes entraîneurs n’a pas voulu garder Miranda, qui était le capitaine de l’équipe du Brésil…
C’est souvent le nom qui revient avec celui d’Ivan Perisic, dans les grands joueurs passés par Sochaux sans s’y installer !
Perisic, c’est un scandale ! Avec Pierre, on était allé le chercher en Croatie, on avait donné un peu d’argent à son père pour son élevage de poules, on l’avait ramené… (Marvin) Martin l’a un peu bloqué, oui. Mais on l’a donné. D’ailleurs, on se fout de ma gueule avec ça dans toute ma famille, surtout mes fils qui sont très foot. Quand je le voyais après ça me faisait mal, je l’avais connu gamin, j’avais ramené sa mère… Il faut se battre. Autre exemple de l’époque : quand tu vas en Italie, tu as beau t’appeler Plessis ça ne dit rien à personne. Mais quand tu es avec (Bernard) Genghini, les anciens discutent, s’embrassent, se souviennent des matchs qu’ils ont joués… Et après on parle business. On avait fait un match en coupe d’Europe contre l’Inter Milan : Zanetti avait blessé Pedretti et était suspendu. Le club nous avait demandé de faire un rapport comme quoi c’était un accident. On l’avait fait. Quand on a voulu récupérer (Jérémie) Bréchet, le président a dit « Vous avez été correct avec moi, il est pour vous ! » On avait de très bonnes relations avec l’ensemble des autres dirigeants.

La formation était déjà l’ADN…
Je me rappelle toujours, (Jean) Fernandez était entraîneur et appelle (Jean-Luc) Ruty (directeur du centre de formation) en lui disant « Écoute, j’ai besoin d’un milieu de terrain pour un match amical, envoie-moi le plus méritant. » Ruty l’a envoyé, il est rentré, il n’a jamais quitté l’équipe et il est devenu capitaine : c’était Pedretti. C’est un gars que j’ai toujours bien aimé. Quand je vois où il en est aujourd’hui comme entraîneur (à Nancy), je trouve que c’est dur parce que je suis sûr que ce sera un très bon entraîneur. J’avais aussi ramené (Teddy) Richert, un gardien exceptionnel. Il aurait dû jouer en Équipe de France. Franchement, par rapport à (Mickaël) Landreau… Bon, passons, pas de jugement (sourire).
Vous parliez de Perisic. Quand on va chercher un joueur en Croatie, l’étiquette FC Sochaux ne doit pas suffire…
Si ! Miranda, il vient quand ? Et Ilan ? Quand l’équipe était en Ligue 1, ça pouvait être un bon tremplin pour eux. Miranda était tout jeune. C’était un problème de défense à trois, chez nous il était paumé. (Guy) Lacombe, notre entraîneur à l’époque, n’était pas enthousiaste. Ça arrive.

« Si on descend, on est mort »

Revenons à la période actuelle, les supporters doivent être patients ou ambitieux ?
Patients. Les objectifs sont simples : ne pas descendre cette saison. Devant on marque des buts, mais on a une équipe très jeune. C’est vrai que les quelques anciens qu’on a pris ne répondent pas forcément présents. ça peut arriver. Il faut qu’on ait des résultats. Je ne pense pas qu’on va descendre, mais il faut peut-être compléter avec trois-quatre éléments plus âgés pour pouvoir monter.

Compléter cet hiver ?
Non, enfin peut-être un cet hiver si on a l’opportunité mais ce n’est pas l’objectif. On veut avoir le maintien avec ce groupe-là, que la DNCG nous libère peut-être du recrutement onéreux. Il nous faut sans doute quelqu’un derrière et un type devant, un peu comme un (Gaëtan) Charbonnier, qui fait jouer les autres.

Elle vous plaît cette équipe ?
Il y a quelque chose, des garçons comme (Alex) Daho qui vont exploser. J’en suis persuadé. Je suis allé voir la réserve, ça joue de la même façon. ça joue presque trop bien ! Il faut franchir le palier de l’efficacité, on ne l’a pas encore donc il faut s’accrocher. Le problème est simple : si on descend on est mort. Cette équipe a été faite de bric et de broc mais je trouve que les choix ont été bons. Il y a un très bon état d’esprit, des gars bien, polis. ça, ça me fait plaisir.

Ce qui n’est pas toujours le cas avec les sommes assez folles parfois évoquées dans le football ?
Ici, le salaire moyen est à moins de 7000 euros quand même. C’est bien pour le National mais on a bien diminué. A l’époque, des joueurs nous ont coûté plusieurs millions pour avoir joué trois matchs.

Parmi les bons profils, il y a le local Kévin Hoggas, originaire de Besançon…
Oui. A mon époque, il y avait quatre ou cinq joueurs dont le père travaillait à l’usine. (Benoît) Pedretti, (Camel) Meriem, (Pierre-Alain) Frau, peut-être (Jérémy) Mathieu… ça donne du liant à l’équipe. C’est plus difficile maintenant. Le foot professionnel devient trop dur pour nos amis autochtones.

Jean-Claude Plessis, du tac au tac

« Foutre une branlée au Borussia Dortmund, c’était une histoire ! »

Le meilleur souvenir de président ?
(Il réfléchit) Je garde tout, mais la victoire en coupe de France et en coupe Gambardella le même jour (2007)… C’est un truc qu’on ne peut pas imaginer. Je ne sais même pas si ça m’avait fait plaisir, ça m’a grillé. Mes neurones étaient épuisés le soir. J’avais envie d’être seul. Je suis allé voir plein de finales de coupe de France mais je n’étais pas descendu sur le terrain avec le président (rire). C’est le moment le plus fort. Toutes ces finales à Paris, avec 30 000 Franc-Comtois qui venaient à chaque fois. Quand on se fait battre en finale de la coupe de la Ligue contre Monaco (2003), il y a un mauvais climat dans l’équipe et je leur dis « On a appris, on est venu au Stade de France pour la première fois, on y retournera et on la gagnera. » C’est un truc que j’ai dit comme ça, mais à chaque tour qu’on passait, Pedretti disait « On va y aller. » On y est allé et on a gagné (contre Nantes, en 2004, victoire en coupe de la Ligue, 1-1, 5-4 tab.).

La plus grande déception de président ?
(Direct) Panionios ! J’avais de très bons rapports avec le président et son épouse. On avait été reçu chez eux, c’était un héritier des colonels de l’époque. Sa propriété, c’était Versailles ! On le reçoit ici, tout se passe bien. On se fait battre (0-2) et on gagne chez eux (1-0) mais on est éliminé. ça m’a fichu un choc : je me suis rendu compte qu’il fallait que je vire mon entraîneur (Frédéric Hantz). On venait de gagner la coupe de France et on avait quatorze points à la trêve en championnat. On s’en était sorti relativement facilement après, ça veut dire qu’on avait les joueurs…

La plus grande fierté de président ?
Quand je revois les joueurs, ils ont toujours un très bon souvenir de moi. Ils me disent que j’étais juste, que je ne me laissais pas faire et que je ne leur ai jamais menti. Je ne suis pas un champion du téléphone, je ne les appelle pas tous les jours mais je sais qu’à chaque fois qu’on se rencontre c’est un sentiment fort. Avec les (Mickaël) Pagis, (Jérémie) Bréchet, (Maxence) Flachez… Plein de gens peuvent dire du mal de moi, mais les joueurs, en général, disent des choses gentilles. C’est important. Je pense que j’ai été un bon président, que j’ai réussi. J’ai fait avec un style qui fait que je peux me regarder dans la glace. Je passais beaucoup dans les médias et je parlais toujours de Sochaux et de la Franche-Comté. Je me rappelle, Cécile de Ménibus, que je ne connaissais pas, avait charrié Sochaux un jour. Je l’avais rencontrée à Paris, elle était devenue supportrice et ne parlait que de Sochaux. Je crois qu’elle a participé aux Sociochaux. Et puis, on faisait des fêtes terribles ici, après les matchs !

 » Je suis plutôt généreux, même ma femme le dit « 

Une qualité et un défaut dans la vie courante ?
Il faudrait que je demande à ma femme, elle a une liste ! Je suis un peu colérique, mais moins dans le travail que dans la vie. Pour la qualité, je suis plutôt généreux. Même ma femme le dit !

Vous êtes un président plutôt… ?
Les journalistes me qualifient de président à l’ancienne. Je ne sais pas ce que ça veut dire. Si l’ancienneté c’est d’avoir été proche d’Aulas, de Martel, de Rousselot… A notre époque, on avait des réunions parfois épiques à la Ligue, on s’engueulait fort, mais quand la réunion était terminée c’était « On mange où ? » J’ai toujours gardé des contacts avec Jean-Michel Aulas et ces gars-là, même pendant ma retraite. Je parlais tout à l’heure de la radio, mais j’ai arrêté parce que je ne voulais pas être le radoteur. Même pour mes fils, j’étais déjà Toutânkhamon.

Un modèle de président ?
Je ne sais pas qui en est à la tête, mais pour moi, le modèle de club c’est le Bayern Munich. Au Bayern, c’est le club qui compte. Le club que je trouvais bien structuré, c’était Lyon. Aujourd’hui, je ne suis pas en admiration devant le grand club parisien et le grand club marseillais…

Un ami président ?
Jean-Michel Aulas et Gervais Martel. Avec Jean-Michel, on se voyait beaucoup. Ma femme était amie avec sa femme. Je le vois moins aujourd’hui, mais j’ai toujours trouvé que c’était le meilleur président. (Alain) Cayzac, à Paris, était un ami aussi. Un exemple de personne bien élevée.

Le président que vous n’avez pas forcément envie de croiser ?
Il n’y en a pas. Je ne connais pas les actuels, mais je suis surpris d’en voir certains (en poste). Quand je vois Longoria à Marseille, ça m’étonne toujours…

 » J’ai une faiblesse intense pour le Racing club de Lens « 

Un club, autre que Sochaux ?
Ce serait Lyon. Si c’est en général, c’est l’AS Brestoise ! (Quelques instants plus tard) Ah, non, j’ai oublié. J’ai une faiblesse intense pour le Racing club de Lens. J’aime son public, l’ambiance, quand ça chante les Corons j’ai la chair de poule… Quand tu traverses la ville en bus, tu les vois tous habillés pour Lens et ils vont au stade comme d’autres vont à la messe. C’est une équipe qui m’a toujours bouleversé.

Le stade qui vous a procuré le plus d’émotions, autre que Bonal ?
Le Stade de France, quand même. Quand tu y vas trois fois en quelques années, tu es chez toi.

Combien d’amis dans le foot ?
Oh, j’en ai plein. Je suis pote avec (Alain) Giresse, je suis pote avec (Michel) Platini, je suis pote avec Bernard Lacombe, avec d’anciens brestois… Je pense que les gens m’aimaient bien en général.

Un coach perdu de vue que vous aimeriez revoir ?
Jean Fernandez, peut-être. Mais je le vois parce qu’il vient discrètement. Guy Lacombe, j’aimerais le revoir. (Alain) Perrin, aussi. (Christophe) Galtier, je l’ai vu il n’y a pas longtemps, je suis admiratif de ce qu’il faisait (ex-entraîneur adjoint d’Alain Perrin à Sochaux).

Un coach que vous n’avez pas forcément envie de revoir ?
(Il réfléchit) Non, je ne le dirai pas (sourire).

 » On a tapé le contrat de Meriem pour Bordeaux après une soirée en boite, à 2 h du mat’

La décision de président la plus difficile à prendre ?
De laisser partir Pagis, qui ne s’entendait pas du tout avec Guy Lacombe. J’ai beaucoup aimé Guy Lacombe, mais ils avaient un problème d’hommes. Pagis, c’était un type que j’aimais footballistiquement. Un des plus beaux joueurs que j’ai jamais vu. Sinon, un gars avec qui j’ai de bons souvenirs, c’est (Stéphane) Dalmat. Il fait partie des plus beaux joueurs que j’ai vu jouer ici et c’était un type adorable.

Une négociation difficile ?
Toutes (rire). Le plus drôle qui soit arrivé, c’est le transfert de (Camel) Meriem à Bordeaux. On n’arrivait pas à se mettre d’accord avec les agents, ça durait, ça durait… Il y avait trois agents, le temps tournait. Au moment où on trouve un accord, il est 22h. On veut signer le contrat tout de suite parce qu’on sait qu’on va se fâcher le lendemain. Mais on n’avait personne pour le taper. A l’époque on n’avait pas les outils qu’on a maintenant… On est coincé, on n’a pas de secrétaire, on ne sait pas la joindre. Et vers minuit on trouve la solution : Pierre Wantiez se souvient que son ancienne secrétaire, quand il était à la Ligue de Franche-Comté, fait des extras dans une boite de nuit pas très loin. On l’appelle, elle est d’accord pour venir taper le contrat mais elle ne sera pas libre avant 2 ou 3 heures du matin, à sa sortie. On va donc boire un coup dans la boîte. Mais quand tu vas dans une boite à nos âges, ce n’est pas pour draguer. On y va pour picoler, donc on picole sec. Et à 2 heures du matin, la secrétaire finit par sortir et on tape le contrat. Vers 3 heures il est signé et Meriem part à Bordeaux. On n’a pas lâché !

Une consigne de coach que vous n’avez jamais comprise ?
Je dirais plutôt la plus difficile à prendre pour un coach : quand Perrin n’a pas pris (Michaël) Isabey pour la finale de la coupe de France (2007). On a gagné quand même mais le gamin a été meurtri, c’était très dur pour lui. C’était un type que j’aimais beaucoup, Isabey.

Une anecdote de vestiaire jamais racontée ?
Non, je ne veux pas la raconter. (Il marque une pause) Oh, puis je m’en fous ! Une fois, on avait perdu plusieurs matchs de suite, toujours à cause de conneries. Mes joueurs africains m’ont fait croire qu’on avait été marabouté. Donc ils ont insisté pour qu’on fasse venir un marabout pour nous démarabouter (rire). Genghini, qui était superstitieux, m’a dit « Président, il faut le faire ! » J’ai dit « Ok mais je ne veux pas voir ça et surtout c’est un secret, on va avoir l’air de quoi si ça sort ? » Il y en a un qui est venu, il a démarabouté le vestiaire et on a gagné le match d’après. C’est une histoire de fou. Le gars il avait mis le paquet : la fumée, le gri-gri…

« La mort de Stéphane paille m’a bouleversé »

Une devise ?
Oh non, j’en n’ai pas.

Des rituels avant un match ?
Non. Ce que j’ai souvent, c’est la liste des partenaires à aller voir mais je n’ai pas de superstitions. ça me rassurerait si j’en avais.

Le joueur de légende de Sochaux ?
C’est difficile à dire. Stéphane Paille, c’est un type que j’ai adoré au-delà du football. Sa mort m’a bouleversé (en 2017). Il a rencontré des démons. J’ai trouvé que c’était un des plus beaux joueurs, comme Henri Michel dans sa jeunesse.

Le match de légende de Sochaux ?
(Il réfléchit) Oh si, Borussia Dortmund (coupe de l’UEFA 2003)! Leur foutre une branlée là-bas et une deuxième ici, c’était quand même une histoire (2-2 en Allemagne alors que Sochaux menait 2-0, succès 4-0 au retour à Bonal). ça restera ! Il y avait une belle équipe en face.

Le milieu du foot ?
J’ai aimé le milieu du foot du côté des présidents et des instances à l’époque. Aujourd’hui je connais moins les présidents, mais il y a toujours un accueil sympa. Ce que je regrette, c’est les règlements qui favorisent les transferts des jeunes joueurs. 20 ou 21 ans, ça me semble pas mal. Aujourd’hui à 16 ans, ils sont déjà surveillés par des gars qui passent, qui sont agents ou non…

Le FC Sochaux ?
C’est un vieux club qui a toujours brillé par sa jeunesse. C’est toujours sa jeunesse qui l’a fait briller et je pense que c’est comme ça qu’il survivra.

Le championnat de National ?
Je suis très surpris par la qualité. Il y a des équipes qui jouent bien, je vois des bons matchs, on ne s’ennuie pas. Mais il faudrait que ça devienne la troisième division.

Texte : Vivien Seiller / Twitter : @VSeiller

Photos : V. S. et FCSM

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L’attaquant franco-algérien, passé par la Ligue 2 et le National à Créteil, Sedan, Orléans, Avranches et au Red Star, explique sa longévité par son « mental » et son « cadre de vie ». A 37 ans, il régale et se régale encore sur les terrains de N2, au FC93 à Bobigny, le 11e club de sa carrière, où il vient de claquer 34 buts en deux saisons. Et ce n’est pas terminé !

Avec le FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny, cette saison. Photo Philippe Le Brech

Ce sens du but, Farid Beziouen l’a travaillé tout au long d’un parcours riche, à presque tous les niveaux, dans de nombreux clubs, à Créteil, au Red Star, à Sedan, ou encore à Avranches, Orléans, Saint-Maur-Lusitanos, Fleury ou encore Bobigny, qu’il a rejoint en 2021, et où il s’est montré particulièrement prolifique ces deux dernières saisons : joueur cadre de son équipe, l’attaquant assume parfaitement ce rôle, et le prouve par les chiffres : 34 buts inscrits en deux saisons de National 2, et déjà 5 en 7 matchs depuis le début du dernier exercice !

Le hasard fait bien les choses dans le football comme dans la vie ! Joint par téléphone sur la route de l’entraînement en fin de matinée, c’est l’anniversaire de Farid (il a fêté ses 37 ans le 17 octobre) ! Son expérience du monde professionnel et des championnats amateurs nationaux, ce vécu, il les met à profit aujourd’hui au FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny. Quant à sa longévité, il l’explique par sa « force mentale » et son « cadre de vie ». Et un statut de cadre qu’il assume parfaitement, sur et en dehors du terrain.

Très détendu, calme, le Francilien savoure forcément le bon début de saison de son équipe, revient sur son parcours et évoque même une reconversion proche.

Interview : « J’en veux toujours »

Avec le FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny, cette saison. Photo Philippe Le Brech

Farid, tout d’abord, quels souvenirs gardes-tu de tes débuts sur les terrains ?
J’ai commencé chez moi à Tremblay (Seine-Saint-Denis) en seniors pendant 2 saisons en DHR (Régional 2). Mamoudou, un agent, était venu pour me superviser à un entraînement sauf que j’étais absent ce jour-là et il a pris des renseignements pour me rencontrer. Pour la petite anecdote, lors d’un match amical, je fais arbitre de touche en première mi-temps et je rentre en seconde période (sourires) : là, j’ai été repéré par le club de Noisy-le-Sec qui me fait ensuite passer un essai.

C’est une première étape dans ta carrière en seniors…
C’était difficile la première année car passer de la DHR à la CFA2, c’est autre chose. Tactiquement, j’allais partout et il a fallu régler pas mal de détails. J’avais du déchet dans mon jeu mais j’ai progressé et beaucoup appris. Stéphane Boulila a joué un rôle important dans mon évolution, notamment par ses prises de parole en tête à tête. Adam Doumbia aussi car j’évoluais avec lui devant et il avait l’expérience que je n’avais pas. Mohamed Djouadji, Omar Amour, Louni Sandjak, Dominique Mendy ont aussi beaucoup compté tout comme Nasser Sandjak, mon ancien entraîneur, qui y est allé de ses précieux conseils.

Créteil, le décollage

Avec le FC 93 Bobigny-Bagnolet-Gagny, cette saison. Photo Philippe Le Brech

En 2010, tu prends la direction de Créteil, en National, à quelques kilomètres !
C’est une chance pour moi de pouvoir signer professionnel et on ne sait pas si on l’aura à nouveau un jour. A l’époque, quand j’arrive dans l’équipe, tu as des mecs qui ont joué en Ligue 2, d’autres qui ont près de 250 matchs en National. C’est simple, je découvre un autre vestiaire. J’arrive à montrer de bonnes choses en Coupe de la Ligue et en Coupe de France même si en championnat c’est forcément plus compliqué.

Avec l’US Créteil, en 2009-2010. Photo Philippe Le Brech

Mais c’est formateur, non ?
Je sais que je n’ai pas encore montré ce dont je suis capable. Je rempile pour une deuxième saison et on finit au pied du podium. On loupe la montée de peu en Ligue 2. J’ai fait de très bons matchs lors de cet exercice et j’emmagasine de l’expérience en National. Je ne garde que de bons souvenirs de mon passage à Créteil dans un club très structuré. Même à l’heure actuelle, quand tu vois leurs installations, ils n’ont rien à faire en N2.

Que peux-tu nous dire sur ton début d’aventure au Red Star ?
Il faut savoir que quand j’arrive en DH, ce n’est pas du tout la même chose où tu découvres un public de 2000 personnes. La même ambiance que dans mes souvenirs étant plus jeune. Il y a plein de monde, des gens qui travaillent pour essayer de remettre le club à la place qui était le sien. Avec du recul, j’espère sincèrement avoir fait partie de son histoire. Malheureusement, il y a eu un dépôt de bilan dans le passé mais avec tous les joueurs formés là-bas, c’est un juste retour des choses de revoir le Red Star au premier plan. J’étais comme à la maison à Bauer, je pouvais jouer pieds nus (rires). J’en garde de très bons souvenirs !

« Dans mes choix, j’ai plutôt été cohérent »

Avec Noisy-le-Sec, en 2006-2007. Photo Philippe Le Brech

La confirmation dans les Ardennes, à Sedan (Ligue 2)…
Sedan, c’est encore un niveau au-dessus ! Dans mes choix, j’ai plutôt été cohérent car j’ai essayé d’aller plus haut à chaque fois tout en choisissant un endroit porteur d’histoire. Je sors d’une grosse saison au Red Star et j’avais pas mal de contacts en Ligue 2. Sedan, club historique et bien structuré des Ardennes, qui a club connu la Ligue 1, était donc une destination logique dans le cadre de ma progression. Je découvre le centre de formation, le centre d’entraînement, des personnes qui supervisent les séances, c’est incomparable avec ma dernière expérience en Ile-de-France où on se déplaçait pour s’entraîner sur un terrain synthétique… J’ai également pu resigner professionnel et faire partie des 40 meilleures équipes hexagonales. C’est une fierté.

Malheureusement, les choses ne vont pas se passer comme prévu…
J’arrive à 26 ans, un âge plutôt mature mais c’est vrai que je découvre une autre façon de voir le football dans une super ambiance. Les adversaires sont plus coriaces, plus intelligents… il y a plus de compréhension sur le terrain. C’est un passage bénéfique mais on sera malheureusement rattrapé par un dépôt de bilan que personne n’avait anticipé.

Avec Noisy-le-Sec, en 2006-2007. Photo Philippe Le Brech

C’est là qu’on se rend compte qu’il n’y a pas de plan de carrière défini…
Exactement. Il faut prendre les choses comme elles viennent. Je n’ai pas fait de centre de formation et j’ai commencé sur les terrains de Régional 2 (DHR) donc tout ce que je prenais pouvait être bénéfique pour moi. Je n’étais pas « déterminé » à signer un contrat professionnel à tout prix mais je pense que j’y suis arrivé grâce à mon mental. Un aspect que je travaille encore à l’heure actuelle car j’en veux plus que les autres.

Sortir de la région parisienne, c’est aussi une force mentale non ?
C’est clair. Il y a un vivier de joueurs impressionnant ici. Quand tu y arrives, c’est que tu fais forcément partie des meilleurs. Il y en a beaucoup qui restent sur le carreau. Il faut être un acharné du travail pour réussir et à un moment donné, on le voit. La concurrence est dure et des fois certains sont meilleurs ici que ceux qui réussissent. C’est déjà arrivé.

16 ans après ton passage à Noisy, les choses ont bien changé !
Le football a évolué. Aujourd’hui on ne parle plus de performances individuelles mais plutôt de profil de joueur. Ce sont ces joueurs-là qui réussissent, si tu corresponds au profil, tu as sûrement toutes tes chances. A l’époque, il fallait montrer des choses dans le long terme. Tu faisais six ou sept saisons en D2 avant de pouvoir jouer en première division tellement c’était dur.

La JS Kabylie, une pige en Algérie

Avec le Red Star, en 2011/2012. Photo Philippe Le Brech

Tu vas aussi gouter aux joutes du championnat algérien…
J’ai été approché à tous les mercatos par les clubs du championnat algérien (rires) ! Que ce soit quand j’étais au Red Star ou à Sedan… Quand je décide de rejoindre la JS Kabylie en 2014, j’arrive à un âge ou j’approche de la trentaine et je veux voir ce que ça peut donner pendant une saison.

C’est un club africain reconnu…
Oui, il y a une vraie histoire là-bas et c’est ce qui m’a poussé à y aller même si les installations ne sont pas les mêmes qu’aujourd’hui ! La JS Kabylie fait partie des gros clubs du continent mais aussi en Algérie puisque le club a été champion à de multiples reprises, a remporté la Ligue des Champions africaine dans les années 90. Et le club s’est beaucoup développé. A domicile, tu fais toujours le plein et tu sens vraiment cette ferveur.

Comment comparerais-tu cette expérience avec ce que tu as connu ?
C’est beaucoup moins structuré que ce qu’on peut voir en France, en tout cas à l’époque où j’y étais. Les stades sont pleins quand tu joues à domicile, il y a des supporters à l’extérieur aussi. La plupart du temps, tu joues sur des terrains synthétiques alors qu’en France, j’ai connu les structures où c’étaient des beaux terrains.

Avec le Red Star, en 2015. Photo Philippe Le Brech

Et d’un point de vue footballistique ?
Techniquement, c’est différent : on voit beaucoup de profils où c’est très fort dans ce domaine. Youcef Belaïli (ex-Ajaccio, Brest, Angers), c’est l’exemple type du joueur que tu peux trouver dans le championnat algérien. C’est plus tactiquement qu’il y a une différence.

Red Star, épisode II

Une expérience africaine avant un retour à Bauer, au Red Star, toujours en National !
Là, j’arrive avec un autre statut dans un super groupe avec des joueurs d’expérience qui ont joué la Ligue des Champions ou en Premier League par exemple. On joue la montée, c’est affirmé et cet objectif sera réalisé en fin de saison avec le retour en Ligue 2 ! Ces moments restent gravés à jamais, surtout à Bauer, avec les supporters et l’ensemble du club. D’ailleurs, je suis repassé il y a peu près du stade et il faut dire que malgré les travaux, ce n’est plus le même charme… (sourires).

Avec le Red Star, en 2014/2015. Photo Philippe Le Brech

Tu vas ensuite naviguer entre la Normandie et l’Ile-de-France. Des expériences forcément enrichissantes…
Effectivement, ce sont des expériences qui m’ont également construites. J’ai rencontré des gens incroyables et je me souviens qu’à Avranches, j’allais même manger avec les supporters. A partir de là, je suis dans un autre registre et je dois m’affirmer un peu plus avec l’âge. J’ai une revanche à prendre, un petit goût amer car quand tu montes en L2 et que ne t’es pas conservé, comme avec le Red Star, tu as envie de montrer que les gens se sont trompés, que t’es revanchard.

As-tu vécu des blessures majeures jusqu’ici ?
Oui, à Sedan notamment, où j’enchaine quatre matchs de suite, on gagne deux fois avec un score large, je suis décisif mais au mois d’octobre, je dois me faire opérer car j’ai un furoncle à la cuisse et c’est le coup d’arrêt. Il faut trois semaines pour la cicatrisation et c’est très compliqué de revenir ensuite.

Tu as forcément des regrets…

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

On jouait le maintien, je n’avais pas l’impression que le coach, Laurent Guyot, comptait sur moi même si j’étais décisif. Si j’ai un seul regret dans ma carrière, c’est celui-là car j’aurais aimé qu’on me dise les choses. Je commençais à enchaîner, je montrais des choses intéressantes et je savais que je pouvais continuer sur ma lancée mais malheureusement, je n’ai eu que le début et la fin de saison pour m’exprimer.

Tu te dis que le foot est cruel ?
Je ne pense pas qu’il faille voir les choses de cette manière car ça serait individualiste. La seule méthode a été de se réfugier dans le travail car il n’y a que ça qui paye. La nouvelle génération, c’est un football différent avec plein d’ambitions. C’est l’aspect mental qui est le plus important et qui détermine le reste.

Une vision dans la durée

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

Il y a l’aspect mental mais aussi l’hygiène de vie, non ?
C’est vrai que le cadre familial joue beaucoup. J’ai de la chance d’avoir l’épouse que j’ai, avec qui on a deux enfants magnifiques. L’alimentation est un aspect important. Je ne sors pas, je ne fume pas, je ne bois pas… je joue à la Playstation par contre (rires) ! Je me prive assez souvent la semaine, j’essaye de manger sain et équilibré. Par contre, après le match, on peut se faire plaisir (sourires).

Depuis la saison 2021/2022, tu joues pour le FC 93. Comment ça se passe ?
Très bien ! J’atterris au FC93 après la saison du Covid, un club situé près de mon domicile, et je marque 11 buts. La suivante 23. Je regarde aussi l’apport que je peux avoir dans le jeu. Depuis le coup d’envoi de cet exercice, on remonte en puissance et je sais que j’ai fait le bon choix car c’est un club avec une identité qui me ressemble. On progresse de jour, à 20 ans ou à mon âge. Je comprends aussi des choses que je ne comprenais pas avant.

Avec Créteil, en 2009-2010. Photo Philippe Le Brech

Tes statistiques sont tout simplement excellentes. Comment l’expliques-tu ?
L’idée c’est de bonifier ce qui se fait autour de moi. Le projet du club est au centre de mes préoccupations et je souhaite apporter mon individualité au collectif. Ce n’est pas une priorité de claquer 20 buts par saison même si je suis attiré par ça (sourires). J’aime cette sensation de faire trembler les filets. C’est ce qui fait ma force : en vouloir toujours plus que l’adversaire. Et c’est cette mentalité que j’essaye de véhiculer aux jeunes de l’équipe : il y a des joueurs nés en 2003, en 2004, j’ai aussi un rôle sur le terrain et en dehors et j’espère que je leur montre le bon exemple. C’est une de mes priorités.

Avec le Red Star, en 2014-2015. Photo Philippe Le Brech

La montée ratée la saison dernière a-t-elle été dure à encaisser ?
Si on n’est pas monté, c’est que ce n’était pas pour nous ! Si on peut parler de la fin de saison avec Epinal, on mène 2-1 à 15 minutes de la fin du match, on a la balle du 3-1 mais par expérience si tu ne marques pas… la frustration digérée, on s’est dit qu’on allait essayer de refaire la même saison. On a conservé la quasi-totalité de l’effectif mais il a fallu repartir avec un nouvel entraîneur. Automatiquement, on s’est remis dedans et force est de constater que pour l’instant, on est dans le coup. On a eu une remise en question qui s’avère pour l’instant payante.

Le FC 93 BBG, sa nouvelle maison

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

Que penses-tu du niveau N2 aujourd’hui, toi qui as connu le monde pro ?
Ce sont surtout les poules où on a joué qui sont complexes (sourires). C’est difficile car il y a pas mal de prétendants. Tout le monde veut monter mais tu n’as qu’une place. Même en National aujourd’hui c’est très serré. Par contre, on voit que les clubs de N2 sont en train de s’armer. On s’entraîne le matin, certains ont des contrats fédéraux. Il y a même des joueurs au-dessus qui n’hésitent pas à redescendre d’un échelon.

Tu te vois batailler encore longtemps dans cette division ?
L’idéal serait de finir au FC93 et pourquoi pas laisser le club au-dessus ? Ce serait top de fermer le livre de cette manière. J’ai passé le BEF l’année dernière, que j’ai obtenu, car il faut penser à la suite. Ce n’était pas facile, il fallait travailler, j’ai appris pas mal de choses. Pourquoi pas devenir coach par la suite ? On ne sait jamais de quoi l’avenir est fait et il fallait que je passe un diplôme pour la suite de ma carrière.

Entraîner au FC93 ou ailleurs ?
La question s’est évidemment posée pour une possible reconversion ici. Il y a pas mal de choses à faire et c’est en cours de discussion avec le bureau. Nous avons commencé à échanger à ce sujet l’année dernière et c’est quelque chose qu’il faut forcément anticiper.

Le football, c’est aussi un moyen de véhiculer une bonne image de ton département, le 93 (Seine-Saint-Denis) ?
Il n’y a pas que les faits de violences dont on entend parler dans les médias constamment. Même dans le 8e arrondissement de Paris, il y a des agressions. C’est à travers des combats qu’on peut mener sur et en dehors du terrain, à travers ce qu’on dégage comme image, qu’on se fait vraiment entendre. C’est important car la future génération a besoin d’un exemple. Si tu donnes la bonne image, le message sera plus simple à faire passer. Les jeunes derrière suivent et ça doit être ça le discours qu’il faut véhiculer.

Farid Beziouen, du tac au tac

« J’ai pris du plaisir partout »

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
D’avoir joué en Ligue 2.

Pire souvenir sportif ?
Ne pas être monté en Ligue 2 avec l’US Créteil.

Plus beau but marqué ?
Virgule, frappe dans la lucarne au Red Star !

Plus beau raté ?
Le but vide, j’ai voulu dribbler le gardien à nouveau…

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?
C’est venu comme ça, c’est le destin.

Ton but le plus important ?
Un but en Ligue 2 lors d’une victoire avec Orléans.

Avec Avranches, en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

Ton geste technique préféré ?
Feinte de frappe, la spéciale.

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
3 cartons rouges et 36 cartons jaunes.

Si tu n’avais pas été footballeur, tu aurais fait quoi ?
Je ne sais pas.

Qualités et défauts sur un terrain ?
Je dirais vouloir gagner pour le côté positif et un aspect râleur pour le négatif (sourires).

Le club ou l’équipe où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
J’ai pris du plaisir dans tous les clubs où j’ai signé.

Le club où tu as failli signer ?
Angers SCO.

Avec le Red Star en 2014-2015. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu aurais rêvé de jouer dans tes rêves les plus fous ?
Real Madrid.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Le stade Bauer au Red Star.

Un public qui t’a marqué ?
Les supporters marseillais et ceux en Algérie.

Un coéquipier marquant, si tu devais n’en citer qu’un ?
J’en ai tellement que je ne pourrais pas en citer un !

Le joueur adverse qui t’a le plus impressionné ?
Lucho Gonzalez à l’OM.

Avec le Red Star en 2011-2012. Photo Philippe Le Brech

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Je ne pourrais pas en citer qu’un seul (sourires).

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Didier Ollé-Nicolle (à Orléans à l’époque).

Un coach que tu aimerais bien revoir ?
Damien Ott (Avranches).

Un président ou un dirigeant marquant ?
Mamadou Niakhaté et Gilbert Guérin.

Une causerie de match marquante ?
Celles de Christophe Taine (rires).

Avec le Red Star en 2011-2012. Photo Philippe Le Brech

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Jouer sur les côtés avec deux joueurs de couloir à chaque côté (rires) !

Une anecdote de vestiaire que tu n’as jamais raconté ?
Il y en a tellement !

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Ali Benarbia et Karim Ziani, DZ Power (rires).

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le Stade de France et le stade Mustapha Tchaker à Blida en Algérie.

Rituels, tocs ou manies ?
Pas de rituel en particulier.

Avec le Red Star en 2014-2015. Photo Philippe Le Brech

Une devise, un dicton ?
Ne jamais rien lâcher.

Tes passions dans la vie ?
Ma famille et rigoler !

Que t’a-t-il manqué pour jouer en Ligue 1 ?
Un coach comme un second père.

Termine la phrase : tu étais un joueur plutôt…
Petit (sourires) !

Un modèle de joueur ?
Mon idole de jeunesse, Zidane.

Le match de légende c’est lequel pour toi ?
Barcelone – Real Madrid avec les Galactiques.

Ta plus grande fierté ?
Mes enfants.

Le milieu du foot en deux mots ?
Cruel et magnifique.

Texte : Joël PENET / Twitter : @PenetJoel

Photos : Philippe Le Brech

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Avec le Red Star en 2011-2012. Photo Philippe Le Brech
Avec le FC 93 BBG, cette saison. Photo Philippe Le Brech
Avec le Red Star en 2011-2012. Photo Philippe Le Brech
Avec Créteil en 2008-2009. Photo Philippe Le Brech
Avec Avranches en 2015-2016. Photo Philippe Le Brech

L’entraîneur basque (il est né à Bayonne) mais béarnais d’adoption (il a grandi à Pau) s’est exilé loin de chez lui, à Fleury, en N2 : sans doute le passage obligé pour, peut-être, regoûter au monde pro, côtoyé au Cercle de Bruges. Portrait d’un garçon bavard, qui aime « bien faire jouer » ses équipes.

Photo FC Fleury 91

Le 21 juin n’est pas seulement le jour de la fête de la musique. C’est aussi le premier jour de l’été. Et pour David Vignes, l’entraîneur du FC Fleury 91 (National 2) – il a été nommé le 7 juin dernier en remplacement de Habib Boumezoued – c’est deux dates inoubliables. La première, le 1/4 de finale France-Brésil en coupe du Monde (21 juin 1986) au Mexique, l’un des matchs « historiques », selon lui. La seconde, plus évidente, celle du jour … de son anniversaire : « Je suis né le 21 juin 1973 à Bayonne, donc je suis Basque, mais aussi Béarnais et Palois d’adoption, car j’ai habité à Pau vers l’âge de 5 ans ! »

Les dates, les années, voilà quelque chose dont il se souvient bien. Les matchs aussi : sa mémoire est aussi impressionnante que… son débit de parole ! Comme quoi il ne faut pas se fier aux apparences. Car David Vignes, s’il paraît réservé de prime abord, est un très grand bavard. Au point qu’il faille parfois le freiner ! Au point qu’il a dû aussi s’adapter à son époque et couper ses causeries en deux, une la veille du match, une le jour même !

« C’est vrai que j’aime bien échanger, lance celui qui a entraîné dès l’âge de 18 ans, « des poussins D »,  aux Bleuets de Notre-Dame à Pau, le club de patronage qui a aussi donné naissance au FC Pau en 1959 (devenu le Pau FC). « Quand on me rencontre la première fois, je ne suis pas très causant, mais après, il vaut mieux m’arrêter ! Quant à mes causeries, c’est vrai qu’elles étaient longues à mes débuts, mais plus aujourd’hui ! »

Photo FC Fleury 91

Pau et David Vignes, c’est un peu une grande histoire d’amour. Tout d’abord, son épouse et ses enfants y sont toujours installés, et il y a gardé ses meilleurs amis. Ensuite, il a signé sa première licence à l’âge de 6 ans aux Bleuets, un club historique : « C’est là que je me suis construit en tant qu’hommes. J’y ai passé 20 ans. Je lui dois beaucoup de choses », raconte cet ancien attaquant de niveau régional. « En fait, j’ai commencé par le début ! Pendant 15 ans, je n’ai entraîné que des jeunes, des 8 ans jusqu’aux 17 ans, c’était très formateur, et, parallèlement à ça, je jouais. Et puis, lors de la saison 2004-05, j’ai rejoint le Pau FC à 31 ans déjà, pour jouer et encadrer la réserve en DH, et aussi pour entraîner les 14 ans Fédéraux. Puis, Marc Levy, le coach de l’équipe de National, m’intègre dans le groupe, ce qui était super-intéressant pour moi. En 2005, j’ai arrêté de jouer. J’ai continué d’entraîner les 14 ans et en 2007, le club me propose de devenir l’adjoint de Jean-Luc Girard, qui avait remplacé Marc Lévy : en octobre, les dirigeants lui retire l’équipe et me nomme à sa place. Le club savait que j’étais un éducateur reconnu dans la région, que j’étais ambitieux, j’avais passé mes diplômes, quelque part, c’était la suite logique. »

Pau FC une première fois, Pau FC une seconde fois, le Cercle de Bruges, Bergerac, Mandel United et enfin Fleury, où il a posé ses valises en juin dernier, pendant près d’une heure, David Vignes a retracé avec précision son parcours, évoqué – un peu – sa philosophie de jeu, et parlé de son nouveau challenge, en National 2.

Interview : « Fleury, un club… unique ! »

Photo FC Fleury 91

Votre meilleur souvenir d’entraîneur à ce jour ?
J’en ai plusieurs ! La montée en National avec Pau en 2016 reste quand même particulière, car elle était attendue depuis quelques années… J’avais échoué en 2009 dans les deux dernières journées et cet échec m’a longtemps hanté. Là, c’était comme si je me guérissais de ça. Surtout qu’il y a eu des choses qui se sont passées entre ces deux moments-là : j’avais perdu mon poste à Pau (limogé en novembre 2010) puis le club m’a rappelé (il avait repris à nouveau l’équipe le 18 novembre 2014, en remplacement de Laurent Strezlzcak, en CFA), ce qui a rendu la chose très émouvante.

J’avais aussi la responsabilité technique du club et quand on est monté en National, la réserve est montée en CFA2 aussi. En plus, on était dans la poule Sud-Est, ce n’était pas simple, mais on avait dominé le championnat, surtout par le jeu, même si on a eu des matchs où on avait abandonné cette idée, je me souviens notamment d’un déplacement à Hyères, où ce jour-là, il a fallu faire preuve du don de soi, on avait gagné 1 à 0.

Après, je ne peux pas passer sous silence deux matchs de coupe de France. L’un avec Pau aux Costières, à Nîmes, qui était en Ligue 2, et nous on était en CFA et on les élimine en jouant, et ça ce fut une satisfaction (le 12 décembre 2009, 1-1, 4-2 aux tirs au but). L’autre avec Bergerac (N2), quand on élimine le Clermont Foot de Pascal Gastien (Ligue 2), en faisant un match extraordinaire, je n’ai pas peur des mots (le 16 novembre 2019, 1 à 0) !

« A Bergerac, ce que l’on faisait sur le terrain était plaisant »

Photo FC Fleury 91

Pire souvenir sportif ?
Tu y étais ! C’était la descente de National en CFA avec Pau, en mai 2008, à la dernière journée, à Cannes. C’était ma première expérience en seniors. J’avais pris l’équipe en cours de saison (le 8 octobre 2007, il avait remplacé l’entraîneur Jean-Luc Girard) alors que la situation était très compliquée. Mais on avait fait une phase retour incroyable (5e sur la phase retour) et on a même fini 2e sur les 16 derniers matchs, dans un championnat National complètement différent de celui d’aujourd’hui. Et puis on s’était donné le droit de jouer le maintien lors de la dernière journée, à Cannes. Malheureusement, Cannes pouvait aussi descendre en cas de défaite contre nous, et on avait perdu 1 à 0. On y croyait tous, alors que beaucoup de gens ne pensaient pas qu’on pouvait se maintenir.

Autre mauvais souvenir, j’en ai parlé juste avant, c’est quand on loupe la montée l’année suivante, en 2009 : on avait été leader pendant 5 mois et on n’a pas vu venir Luzenac, qui avait des matchs en retard, qui les a gagnés et qui nous a doublés. On loupe un penalty à l’avant-dernière journée chez nous contre Anglet (0-1), et à Romorantin, à la dernière journée, on pouvait encore finir 2e en gagnant et monter, puisque cette saison-là, le 2e, Moulins, a été repêché et est monté, mais on a fait 0-0…

En 2016, alors entraîneur du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

En quoi le National a-t-il changé par rapport à vos débuts ?
A cette époque là, en 2007-2008, quand j’ai commencé, il y avait vraiment un championnat à deux vitesses, avec quatre ou cinq grosses équipes, dont on savait en fin de saison qu’elles finiraient devant. On savait qu’il n’y aurait pas de surprises et qui allait monter en Ligue 2. Les équipes avec des petits budgets ne montaient pas à ce moment-là. Alors que depuis une dizaine d’années environ, c’est beaucoup plus homogène et ouvert. D’ailleurs, on ne peut plus parler de surprise quand on voit des clubs comme Avranches, par exemple, qui une année s’est mêlée à la lutte pour l’accession… Quant au niveau, c’est difficile à dire… L’écart à l’époque était plus important entre les équipes, même si cette saison, le Red Star, qui caracole en tête, est un peu une exception, comme l’avait été Créteil il y a 10 ans, mais sinon, ça n’arrive quasiment jamais.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

La saison où vous avez pris le plus de plaisir ?
Celle de la montée avec Pau en 2015-2016. J’aurais pu dire aussi la saison 2019-2020 en National 2 avec Bergerac, malheureusement, elle n’est pas allée à son terme, à cause de la Covid; ce que l’on faisait sur le terrain, c’était d’un très bon niveau, sincèrement. On était 3e, on avait du retard sur Sète, qui est monté; je ne dis pas que l’on serait monté, mais je suis persuadé que l’on aurait pu se rapprocher d’eux. Ce que l’on faisait sur le terrain était très plaisant.

Un regret ? Une erreur de casting ?
Le regret, c’est à la fin de la saison 2017-2018, alors que Pau vient de se maintenir pour la deuxième année de suite en National, quand le président (Bernard Laporte-Frey) ne me prolonge pas alors qu’il était convenu qu’il le fasse… Et là, je me retrouve sans club au moment des tests de sélection pour l’entrée au BEPF, ce qui pour moi était le Graal, la suite logique pour tout entraîneur visant le professionnalisme, alors que beaucoup de coachs de National ont été pris cette année-là. J’ai été pris pour les tests de sélection mais pas en formation parce que je n’étais pas sous contrat. C’est un grand regret de ne pas avoir pu finir la formation avec, pour certains, des potes avec qui on a crée des liens. Et quand j’ai signé au Cercle de Bruges, en novembre 2018, la session avait déjà été composée.

« J’ai participé à l’évolution du Pau FC »

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

De voir Pau en Ligue 2 aujourd’hui, dans son nouveau stade, cela vous fait quoi ?
Beaucoup de choses. Je suis content pour tout le monde là-bas même si ça ne s’est pas toujours bien passé pour moi, notamment les fins. Quand le club est monté de National en Ligue 2, on sortait de deux maintiens difficiles, notamment lors de la première saison en 2016-2017, à la dernière journée, mais j’étais monté l’année d’avant avec 8 jeunes du club dans l’effectif. Quant au nouveau stade, je me revois en train de dessiner les plans des vestiaires, des bureaux… J’ai participé à l’évolution du club, « grandement » même. Je savais très bien que ce nouveau stade (le Nouste Camp), qu’on attendait avec impatience, allait être la clé pour passer un cap. Parce que jouer au Hameau, dans un stade de 18 000 places, c’était compliqué (il soupire). On a essuyé les plâtres quoi… L’état du terrain… Et puis c’était impersonnel, froid. Je savais aussi que le potentiel public existait à Pau, on l’avait vu en coupe de France lors de certaines épopées dans les années 90. Malheureusement, en 2018, je n’ai pas été prolongé. En 2020, l’année de la Covid, je pense que la saison de National s’est arrêtée quand il le fallait pour eux, car Boulogne revenait très fort et Bourg aussi. Après, derrière, leurs trois maintiens en Ligue 2, ils ne les doivent à personne.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Aujourd’hui, quand vous regardez les résultats de la Ligue 2 le samedi soir, vous regardez Pau en premier ?
Je regarde leurs résultats, oui, mais aussi ceux de Rodez, où j’avais un ami qui coachait (Laurent Peyrelade, qu’il a d’ailleurs affronté – et éliminé ! – en coupe de France à Versailles, au 6e tour) et Annecy, où Laurent Guyot entraîne. Vous savez, mon rêve, c’était d’emmener Pau le plus haut possible, en Ligue 2. Aujourd’hui, ils y sont, tant mieux. Il y a encore dans le staff des personnes que j’avais fait venir. Ils vivent une belle aventure. Il y a de l’engouement. Je suis content pour eux, sincèrement.

Un modèle de coach ?
Guardiola, qui représente au très haut niveau toute la vision que je me fais du football, du travail à fournir pour y parvenir. J’ai commencé à entraîner à l’âge de 18 ans, avec des enfants, et ma façon de faire découvrir le foot, c’était par le jeu, la passe, les petits déplacements : alors c’était peut-être trop même pour des enfants de 10 ans, mais comme à cet âge, ce sont des éponges, ils arrivaient à retranscrire ça, c’était formidable ! J’aimais bien le Dynamo Kiev de Lobanovski aussi : quand je regardais cette équipe jouer, je me disais « c’est ça le foot ! » Je m’inspire de ce que fait Pep Guardiola, j’aime bien Carlo Ancelotti dans son management, dans le rapport qu’il arrive à instaurer avec les joueurs.

« Je veux faire réfléchir mes joueurs »

En 2016, sur le banc du Pau FC, lors de l’accession en National. Photo Philippe Le Brech.

C’est quoi la patte David Vignes ?
Sur le jeu, je suis en recherche de possession, je veux poser des problèmes à l’adversaire, je veux faire réfléchir mes joueurs; par exemple, quel est l’espace qui serait le plus adapté pour sortir le ballon ou inquiéter le bloc adverse, pour le déstabiliser… Sans prétention, j’aime bien développer l’intelligence de jeu… La passe, ça peut être une solution. J’aime que mes joueurs soient acteurs et décideurs sur le terrain.

Le président qui vous a marqué ?
Je n’en ai pas connu beaucoup. A Bergerac, j’ai bien aimé Christophe Fauvel, dans sa façon de voir les choses, de construire son projet. J’avais une très belle relation avec lui mais je dois dire, et ce n’est pas parce que j’y suis aujourd’hui, que je suis admiratif de ce que Pascal Bovis a fait ici, à Fleury. Il a pris le club en District et il l’a emmené aux portes du professionnalisme. Le FC Fleury 91 est devenu une grosse machine, qui a gardé des valeurs familiales. J’avais beaucoup entendu parler de Mr Bovis avant de venir. J’aime ces gens qui bâtissent, qui construisent, qui ont de l’ambition, avec quelques moyens, certes, mais qui ne font pas n’importe quoi. J’ai beaucoup de respect pour lui et j’aime le binôme que nous formons, notre façon de collaborer, c’est plaisant.

Vous dîtes cela parce que vous venez d’arriver…
(Rires) Non ! Sans présager de ce qui se passera, ça ne changera rien de ce que je pense de lui.

Photo FC Fleury 91

Vous avez évoqué Pascal Bovis : en mai dernier, votre président avait semblé ici-même, dans ces colonnes, ne pas faire de l’accession en National une fixette, alors même que son équipe était leader à 3 journées de la fin. Il avait même dit que ce ne serait pas une déception si Fleury ne montait pas. Paradoxal, non, pour un président ambitieux ?
J’ai eu le même échange avec lui. Il m’avait tenu ces propos, qui m’avaient surpris. En fait, je pense qu’il avait très peur des six descentes de National en N2, du coup, je me demande si il ne souhaitait pas rester en N2 pour ne pas faire l’ascenseur. Mais il est très ambitieux. Il veut vraiment atteindre ce niveau-là, au minimum. Ce n’est pas un président interventionniste. Il est passionné de football même s’il n’est pas issu de ce monde-là. Il donne son avis, il s’intéresse, il a des notions tactiques, mais il n’interfère pas dans mes choix.

« A Fleury, il y a une dynamique à relancer »

A-t-il fixé une feuille de route ?
Le projet, c’est de monter en National dans les deux ans. Sur les deux dernières saisons, Fleury a fini 2e et 1er ex-aequo… Peut-être qu’il pensait que les résultats suivraient automatiquement cette saison, mais ce n’est pas le cas; il y a une dynamique à relancer. Je pense qu’il en a pris conscience.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

C’est pour cela que l’on ne parle pas forcément de monter aujourd’hui. Il n’y a pas d’impératif, même s’il faut que l’on soit dans le haut de tableau. De toute façon, il faut déjà prendre de la marge sur les 5 dernières places, parce que je pense que beaucoup d’équipes seront encore concernées par le maintien à trois ou deux journées de la fin, donc attention. Le championnat de N2 est encore plus difficile, avec deux équipes de moins et toujours 5 descentes : c’est beaucoup plus dense et très resserré. Je découvre cette poule, qui est peut-être un peut-être un peu moins « joueuse », c’est plus un football de transition sur ce que j’ai vu, mais je n’ai affronté que six équipes (l’entretien a été réalisé avant le succès face à Créteil 2-1), et en plus, sur les six équipes, on a joué Bourg qui n’est pas du tout dans ce football-là.

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Vous avez aussi évoqué Christophe Fauvel, de Bergerac : avez-vous suivi l’actu là-bas (L’idée de fusion entre Bergerac et Trélissac a été retoquée par la FFF et le président a ensuite annoncé son futur départ) ?
Je voyais cette fusion avec Trélissac d’un bon oeil. Quand j’étais à Bergerac, en plus, les rapports entre les deux présidents (avec Fabrice Faure de Trélissac) étaient plutôt froids et tendus mais bon, ce sont des gens intelligents donc la voie qu’ils avaient commencé à tracer était très bonne. Je savais que le cahier des charges de cette fusion était très lourd. J’ai vu que Mr. Fauvel a annoncé son retrait : pour être honnête, je suis très surpris. Je me demande si ce n’est pas un effet d’annonce de sa part pour faire bouger les choses, même si je sais qu’il en a un peu assez. En tout cas, s’il partait, cela laisserait un grand vide à Bergerac après, déjà, le départ de son fils Paul (qui était directeur du club) au Red Star, et ce ne serait pas une bonne nouvelle pour le club. Sans, eux, les choses ne seraient plus pareilles.

« Le Red Star, un gros regret »

Pourquoi êtes-vous parti de Bergerac ?
On ne s’est pas mis d’abord contractuellement, tout simplement. Le club m’a fait une proposition de contrat qui était un petit peu en dessous de mes exigences, lesquelles n’étaient pas non plus folichonnes. Mais le président Fauvel m’avait dit aussi qu’il y avait une baisse de budget, en raison de la Covid. Et puis, parallèlement à cela, j’avais l’ambition d’entraîner en National, donc j’étais ouvert aux propositions. Si on s’était entendu avec Bergerac et si j’avais eu la certitude de conserver l’effectif, où certains joueurs devaient aussi être prolongés, les choses auraient été différentes, mais c’est surtout l’aspect financier qui a coincé, pas du tout le côté humain. En fait, ça ne collait pas avec mes objectifs et mes ambitions. On s’est séparé en très bons termes. Finalement, les sollicitations que j’ai eues en National n’ont pas abouti et je suis resté à la maison ! Cela faisait longtemps que cela ne m’était pas arrivé.

Photo FC Fleury 91

Et puis, en novembre 2020, est arrivé le projet belge …
Oui, je suis parti en D3 belge, au Royal FC Mandel United, mais juste avant, j’ai été contacté par le Red star, après le départ de Vincent Bordot. Finalement, le club a laissé Habib Beye, qui assurait l’intérim, en place. C’est un gros regret. J’avais eu un très bon contact avec le président Patrice Haddad. Et j’ai eu cette proposition en Belgique, dans un club qui appartenait au groupe « Strive FC », propriétaire d’Evian Thonon : la Nationale 1 belge (D3), ce n’était pas forcément ce que j’avais coché comme case, mais je trouvais intéressant de rejoindre un grand groupe comme ça. Et me voilà donc à Mandel United ! Mais ça a été compliqué. Il y avait un fossé abyssal entre l’ambition du propriétaire et le niveau de l’équipe. Le club était dernier quand je suis arrivé. Ma mission était de se maintenir pour jouer l’accession l’année suivante en D2. Finalement, on a quand même réussi à se maintenir aux barrages, je me demande même si ce n’est pas ça mon plus gros exploit (rires) ! C’était miraculeux ! Le propriétaire a vu que c’était compliqué de bosser avec les Flamands et a revendu le club. C’était, malgré tout, une belle aventure. Un belle expérience.

Photo FC Fleury 91

Le niveau de la D3 belge ?
Il y a quelques clubs de haut de tableau qui peuvent se maintenir en National chez nous mais le reste, c’est plutôt du National 2 et pas forcément du haut de tableau. Mais on trouve de bons joueurs.

Ce qui est particulier en Belgique, c’est qu’il y a beaucoup de joueurs qui préfèrent, par exemple, jouer en D4, parce qu’ils travaillent et à côté, ils touchent beaucoup d’argent pour jouer au foot, avec des primes de match aux points, élevées, ce qui leur permet de se faire deux ou trois salaires quand ils jouent le haut de tableau. Et il s’entraînent deux ou trois fois par semaine ! Pour eux, le foot ce n’est pas un métier. Ils préfèrent jouer dans ces divisions-là plutôt que de jouer en D2, alors qu’ils ont le niveau. C’est une mentalité.

« J’ai plutôt l’âme d’un numéro 1, mais bon… »

En 2016, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

Vous avez eu une autre expérience en Belgique, au Cercle de Bruges, dans un club pro…
Oui, en 2018. Après Pau, où je ne suis pas prolongé, ce projet me tombe dessus; à l’époque, je n’avais pas d’agent et c’est justement un agent, celui de Laurent Guyot, qui m’appelle. Laurent allait devenir l’entraîneur du Cercle de Bruges et il me dit qu’il m’a suivi, qu’il a aimé ce que faisais avec Pau, et il me propose le poste d’adjoint. Au départ, je lui dit que ce n’est pas ma tasse de thé, que je ne connais pas Laurent Guyot même si, évidemment, de nom, je savais qui il était et ce qu’il avait fait, notamment à Nantes, et ça, forcément, ça me parlait. Alors on s’est rencontré avec l’agent, ça s’est bien passé, puis j’ai eu Laurent Guyot et ça a accroché. J’ai été choisi. Et me voilà parti à Bruges où je ne connaissais personne, où j’ai découvert ce que c’était de bosser dans un staff pro élargi de 14 personnes.

En 2018, sur le banc du Pau FC. Photo Philippe Le Brech.

En fait, je sortais de Pau où je faisais beaucoup de choses et je me suis retrouvé là, à ne pas faire grand chose, du moins sur les premiers mois, où j’avais l’impression que je servais à rien. Je ne trouvais absolument pas ma place. C’était compliqué mais après deux ou trois mois, on a réussi, avec Laurent (Guyot), à créer une proximité et petit à petit, j’ai trouvé ma place, je faisais de plus en plus de choses. Il y avait aussi un autre adjoint, Benoît Tavenot (actuel coach de Dijon en National), qui, lui, connaissait déjà Laurent. Mais ce rôle d’adjoint est très particulier; ça ne me convient pas vraiment, car j’aime bien décider, faire… Je pense que j’ai plutôt l’âme d’un numéro 1, mais bon…

Après, l’an passé, en octobre, j ai eu des contacts avec un club de Ligue 1 en France pour être aussi adjoint : j’ai passé deux entretiens de très haut niveau avec les dirigeants qui avaient apprécié mes idées, ma méthodologie, comme la « périodisation tactique », qui savaient que j’aimais bien faire jouer mes équipes avec un jeu de position, et ils recherchaient ça. Ils ont pris un autre entraîneur, pourtant, dans ce club, je me serais bien vu adjoint… En fait, tout dépend du projet. Je suis encore jeune (50 ans). Je n’avais que 34 ans quand j’ai repris Pau en National en cours de saison en 2007.

Photo FC Fleury 91

Le match de foot de légende, selon vous ?
France-Brésil 1998, forcément, mais le match qui m’a le plus marqué, c’est France-Allemagne 1982 : j’avais 9 ans, j’étais chez mes grands parents à Arcangues, près de Bayonne, au Pays Basque, et j’avais pleuré, même si je n’avais pas trop conscience des choses. Mais j’ai des souvenirs très précis. Et il y a aussi le 21 juin 1986 à Guadalaraja (1/4 de finale de coupe du Monde France-Brésil) ! Ce match-là, je m’en souviens bien aussi, d’autant plus que je suis né le 21 juin ! C’était quelque chose !

Une idole de jeunesse ?
Je n’avais pas forcément d’idole, mais Maradona, quand même…

Que vous manque-t-il pour entraîner en Ligue 2 un jour ?
(Il réfléchit). La confiance d’un dirigeant.

Le milieu du foot ?
(Il réfléchit) Fou, passionnant, exigeant.

Le club de Fleury ?
Fou (rires) ! Non !!! Je dirais particulier et unique. Particulier parce qu’il tient en un seul homme, même s’il y a beaucoup de monde qui y travaillent; c’est très différent de tout ce que j’ai connu avant. Ici, tout le monde est mis dans de très bonnes dispositions, et c’est aussi unique pour un club de ce niveau-là et de cette dimension-là. Chaque équipe est importante pour le club. Par exemple, je n’avais jamais entendu parler d’un stage de pré-saison pour des U14, et bien à Fleury, si ! Parfois, les gens à l’intérieur ne s’en rendent pas vraiment compte, peut-être parce qu’ils n’ont pas connu d’autres clubs pour certains.

  • Après 7 journées de championnat, le FC Fleury 91, qui s’est qualifié pour le 7e tour de la coupe de France en éliminant Versailles (National) au stade Montbauron (1-1, 5-4 aux TAB), est classé 6e de sa poule en National 2, avec 11 points (3 victoires, 2 nuls et 2 défaites), à seulement 3 points du leader, le FBBP 01 (Bourg-en-Bresse/Péronnas).

Lire aussi (interview de Pascal Bovis, président du FC Fleury, en mai 2023) :

https://13heuresfoot.fr/actualites/pascal-bovis-le-football-cest-le-spectacle/

 

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Philippe Le Brech et FC Fleury 91

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Le Breton, passé par les équipes de France jeunes (35 sélections en U16, U17 et U18), marque son territoire en National, au pied du Mont-Saint-Michel, où il a démarré la saison sur les chapeaux de roue (6 buts, 3 passes). Passé par le Stade Rennais (U19 Nationaux, N3) et pro à Rodez en Ligue 2, l’attaquant de 23 ans s’est confié pour 13heuresfoot !

Cet été, en amical, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

« Tu devrais venir voir les U15, ça joue vraiment bien, et il y a vraiment quelques très bons jeunes dont l’avant-centre, Alan Kérouédan, qui est vraiment très-très fort. » L’invitation de Guillaume Mulak, l’ancien responsable de la formation à l’US Concarneau (aujourd’hui recruteur / superviseur au FC Nantes), date de la saison 2014-15 et d’un cru exceptionnel à bord des Thoniers. La fameuse génération 2000 qui regroupait quatre pépites au talent si prometteur que des clubs professionnels du grand ouest les avaient intégrées la saison suivante : le Varzécois (de Saint-Evarzec, à côté de Quimper) Julien Ponceau au FC Lorient, le Concarnois Tom Guillou à l’EA Guingamp, le Fouesnantais Baptiste Chailloux au FC Nantes et le Mahalonais Alan Kérouédan au Stade Rennais. Un carré d’as de jeunes sud-finistériens dont la suite des trajectoires à géométrie très variable résume bien les difficultés à faire sa place au soleil d’un ballon rond s’alignant difficilement avec les planètes du foot pro.

Cet été, en amical, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

Car pour un Julien Ponceau qui joue aujourd’hui en Ligue 1 au FC Lorient, Tom Guillou a lui rejoint ses copains en district à La Forêt-Fouesnant (D1), Baptiste Chailloux joue en R2 à l’Amicale d’Ergué-Gabéric à côté de Quimper, et Alan Kérouédan est passé de la Ligue 2 au Rodez Aveyron Football au championnat de National à l’US Avranches Mont-Saint-Michel où il a peut-être reculé d’une division pour mieux sauter sur un plan de carrière fait de temps de jeu, de passes décisives et de buts. A suivre.

Meilleur buteur et meilleur passeur

Déjà 6 buts et 3 passes décisives en 10 matchs de National (il était absent contre GOAL FC) ! A l’US Avranches, Alan Kérouédan affole les compteurs depuis le début de la saison.

Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

Avec un but ou une passe décisive en moyenne par match, le Sud-Finistérien de 23 ans caracole en tête des classements individuels alors que son équipe pointe à la 12e place, juste au-dessus de la ligne de flottaison, après son match nul lundi soir en match décalé (0-0) sur la pelouse du FC Rouen.
Auteur de 5 buts et de 9 passes décisives l’an dernier sous les mêmes couleurs, Alan a, depuis quelques matchs, retrouvé le poste de ses débuts, à la pointe de l’attaque. « Quand on a repris la saison, on jouait en début de « prépa » à trois ou quatre au milieu et avec Dany Jean et moi devant, donc sans un vrai 9 dans l’axe. Au début, ça a marché, mais moins bien après. On en avait un peu parlé avec le coach (Damien Ott) et il m’a repositionné en 9. Moi je suis super content car je retrouve mes sensations. En plus, j’ai beaucoup de liberté pour redescendre au milieu, participer au jeu, l’orienter, et prendre la profondeur. Et comme j’ai été décisif dès que je me suis retrouvé en attaquant axial, on continue à jouer comme ça. C’est bien pour l’équipe et c’est bien pour moi. C’est gagnant-gagnant. »

Itinéraire d’un enfant de la balle

Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

De ses débuts à Mahalon (Sud-Finistère), en passant par sa carrière internationale chez les jeunes, ses années au Stade Rennais et ses deux saisons chez les pros à Rodez, jusqu’à ses six buts depuis le début de cet exercice en National avec Avranches, Alan Kérouédan a accepté de raconter ce qu’il revoyait dans le rétro que 13 heures foot lui a tendu…

  • L’ES Mahalon-Confort (2004-2011). « Je voulais déjà marquer »

« J’ai 4 ans en 2004. Normalement, j’aurais dû attendre un an de plus pour commencer. Il fallait avoir 5 ans minimum mais j’avais trop envie de jouer au foot dans un club et j’ai devancé l’appel. C’est de là que tout est parti. C’est le début de l’aventure. Je ne me souviens plus très bien mais je pense que la veille des matchs je devais dormir avec mon maillot et un ballon. Je ne crois pas que j’avais des posters de joueurs dans ma chambre mais ce que je sais, et ça j’en suis sûr, c’est que je voulais déjà marquer. »

  • Stella-Maris Douarnenez (2011-2014). « On est monté en DH »
Lors de la saison 2022-23, avec Avranches. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 11 ans en 2011. J’avais envie de connaître un niveau au-dessus et de meilleures installations pour les entraînements et les matchs. Dans le coin, près de chez moi, la Stella-Maris de Douarnenez était le club le plus huppé et mon père a donc pris contact avec les dirigeants. Je jouais déjà devant, comme à Mahalon, et je voulais toujours marquer. On s’est bien éclaté avec une bande de potes, et sur le dernier match de la dernière saison, une très bonne saison pour moi, on monte en DH en gagnant contre Morlaix, et je marque. En même temps, j’étais au pôle espoirs à Ploufragan (Côtes d’Armor) où j’ai connu Baptiste Chailloux qui m’a poussé à le rejoindre à l’US Concarneau. »

  • US Concarneau (2014-15). « On a gagné le tournoi international de Plougonvelin »

« J’ai 14 ans en 2014. J’ai déjà des objectifs de carrière et j’en parle avec mes parents. Quand Guillaume Mulak, le responsable de la formation à l’US Concarneau, les appelle, ils sont donc au courant que je vais jouer en DH élite et que c’est une nouvelle étape dans ma progression. C’est comme ça que je me suis retrouvé à faire équipe avec Baptiste (Chailloux), Julien Ponceau, avec qui je rejouerai plus tard en Ligue 2 à Rodez, et Tom Guillou. On s’entendait bien sur le terrain et en dehors mais, en fait, je n’étais à Concarneau que le week-end, pour le match, car le reste de la semaine, j’étais toujours au pôle espoirs à Ploufragan. Cette année-là, avec Concarneau, j’ai marqué 42 buts et j’ai eu une pré-sélection en équipe de France U16. Et on a aussi gagné le tournoi international de Plougonvelin (Baptiste Chailloux avait été sacré meilleur joueur du tournoi) en battant le Stade Rennais en finale (aux tirs au but), mon futur club. »

  • Stade Rennais (2015-2020). « On a été champion de France U19 »
Avec le Stade Rennais, en 2019. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 15 ans en 2015. Trois mois après avoir gagné le tournoi de Plougonvelin avec Concarneau, je me retrouve avec pour partenaires mes anciens adversaires de la finale. J’ai signé un contrat de 3 ans comme aspirant. C’est la première fois que je joue pour un club pro et c’est là que j’ai été sélectionné en équipe de France U16, U17 et U18. En équipe de France, je joue toujours devant mais à Rennes j’ai été repositionné en milieu excentré, sur le côté droit ou gauche. A 18 ans, je signe un contrat de 2 ans comme stagiaire pro. On a gagné plusieurs tournois et on a été champion de France U19 en battant Montpellier en finale (4-0). »

  • Rodez AF (2020-2022). « Je suis resté sur ma faim »

« J’ai 20 ans en 2020. Je signe mon premier contrat pro (2 ans). Et je découvre la Ligue 2. Dès le premier match, je rentre en cours de jeu. C’était contre Grenoble. Là aussi je suis ailier gauche ou droit dans un système en 3-4-3. Et j’étais content quand, la première année, j’ai vu Julien Ponceau arriver. Il était prêté par Lorient et on a fait quelques matchs ensemble. Mais j’ai eu des pépins physiques au niveau des ischios et j’ai été freiné pendant un mois au cours de chacune des deux saisons que j’ai passées à Rodez. A l’arrivée, j’ai participé en tout à 32 matchs, je sais que j’avais le potentiel et qu’il y avait de la place pour que je joue davantage. C’est pour ça que je suis resté sur ma faim. »

  • Avranches (2022-24). « Je rejoue devant »
En coupe de France, avec Avranches, lors de la saison 2022-2023. Photo Philippe Le Brech.

« J’ai 22 ans en 2022. En fin de contrat à Rodez, j’ai cherché un projet où j’aurais du temps de jeu et l’US Avranches s’est alors présentée. Le coach, Damien Ott, m’a appelé. J’ai eu un très bon feeling avec lui. Il recherchait des excentrés allant vite, percutants, aimant aller de l’avant : j’étais dans ses critères et je remplissais toutes les cases. J’ai signé 2 ans. En plus, je savais qu’Avranches avait souvent servi de tremplin à pas mal de joueurs pour rebondir plus haut. C’est ce qui aurait pu arriver à l’intersaison dernière car j’avais de bonnes « stats », j’espérais retourner en Ligue 2 et, avec mon agent, on a aussi envisagé l’étranger. Mais il me restait un an de contrat et c’était peut-être mon destin de ne pas partir. En tout cas, je ne peux avoir de regrets car je rejoue maintenant devant et j’arrive à être décisif à chaque match ou presque. »

  • Equipe de France U16, U17, U18 (35 sélections). « J’ai joué une Coupe du Monde en Inde ! »

« J’ai 15 ans, 16 ans, 17 ans. Et je joue en équipe de France ! 35 sélections au total (5 buts). Je suis allé dans beaucoup de pays. En sélection U17, j’ai même fait un Euro en Croatie et une Coupe du Monde en Inde. C’était un rêve qui se réalisait. Et je jouais à mon poste. En 9. Mais ma plus belle sélection, c’est celle que j’ai connue tout près de chez moi. C’était ma première en U16 (24/09/2015). On était allé en stage à Ploufragan, dans les installations du pôle espoirs que je connaissais forcément très bien, et on avait joué à Loudéac contre le Pays de Galles (0-0). C’était devant ma famille. J’avais des frissons quand la Marseillaise a retenti. Pour moi, c’était la première fois et ça fait bizarre de la chanter. »

Alan Kérouédan, du tac au tac

« Merci pour tout Monsieur Guérin »

En 2015, en équipe de France U16. Photo Philippe Le Brech.

Le meilleur souvenir ?
Ma première sélection en équipe de France U16 en 2015. C’était ma première Marseillaise et le match contre le Pays de Galles (0-0) s’est joué tout près de chez moi, à Loudéac, devant ma famille.

Le plus beau stade comme joueur ?
J’en vois deux. Le Stadium de Toulouse et le Stade Océane au Havre. Les deux fois c’était avec Rodez en Ligue 2.

Le plus beau stade comme spectateur ?
Le Camp Nou. C’était Barcelone contre Levante en 2015. Le Barça avait gagné 5-0 et j’avais eu la chance de voir un triplé de Messi et des buts de Neymar et de Suarez… C’était énorme !

Un joueur pour modèle ?
Oui, Cristiano Ronaldo.

En 2015, en équipe de France U16. Photo Philippe Le Brech.

Votre plus grande émotion ?
Mon premier but en pro : un petit piqué au-dessus du gardien de Caen (2-0). C’était lors du dernier match de ma deuxième saison à Rodez (2021-22), à la 89e minute. Mon dernier match aussi à Rodez. J’ai senti comme une libération. J’attendais ce but depuis 2 ans !

Une anecdote de vestiaire ?
Lors du match précédent. Donc mon avant-dernier à Rodez. Je me souviens surtout d’un grand moment de joie car on venait d’assurer notre maintien en gagnant au SC Bastia (0-1) dans le temps additionnel (90′ +2) et j’avais fait la passe décisive sur le but. C’était fort dans les vestiaires !

En août dernier, contre Marignane-Gignac. Photo Philippe Le Brech.

Une réaction à propos du but égalisateur d’Anthony Beuve, votre gardien, contre Goal FC (1-1) ?
C’est incroyable ce qu’il a fait ! J’ai vu ça des tribunes car j’étais blessé. D’abord il arrête un péno, ensuite, alors qu’il était monté une première fois, il sort un ballon de contre-attaque d’un retourné acrobatique dans un duel avec un attaquant adverse, et il termine en égalisant de la tête sur un coup-franc de Sékou (Fofana) à la dernière seconde du match. Quand on l’a vu remonter encore tout le terrain, j’avais dit aux copains qui étaient autour de moi que c’était impossible qu’il marque et il l’a fait !

Le foot c’est mieux le vendredi ou le samedi ?
Je préfère le samedi car c’est pour moi un rituel depuis toujours. Et en plus, le samedi, c’est la Ligue 2 ! Quand t’arrives au stade, tu vois le monde, les caméras et tout le protocole, on sent qu’il y a un événement au stade. En National, c’est forcément parfois plus anonyme même si ça évolue bien car il y a beaucoup de clubs professionnels. Le niveau s’est bien élevé et quand tu vas par exemple à Sochaux, tu n’as pas l’impression d’être en National.

Avec Avranches, saison 2023-24. Photo Philippe Le Brech.

Un truc que vous faites toujours avant un match ?
Non, rien de particulier.

La chaussette droite ou la gauche en premier ?
Toujours la droite.

La causerie la plus marquante d’un coach avant un match ?
Au Stade Rennais, en équipe réserve (N3), avec Julien Stéphan comme coach. Dans la salle de la causerie, il avait disposé nos chaises de telle sorte qu’elles formaient un « V ». Le « V » de la victoire. On avait gagné mais je ne me souviens plus du contexte.

En août 2013. Photo Philippe Le Brech.

Le partenaire qui vous a le plus marqué ?
Arnaud Tattevin. J’ai joué avec lui à Rennes, en équipe de France (U16 et U17), et quelques mois à Avranches en 2022-23 avant qu’il ne parte à Borgo (National) en Corse. Je n’ai jamais vu un attaquant aussi facile pour dribbler, passer et marquer.

L’adversaire qui vous a gêné le plus ?
Plutôt un coéquipier : Warmed Omari à Rennes. A l’entraînement, je préférais être dans une équipe avec lui que contre.

Votre plus grosse prime de match ?
C’était une prime globale de maintien en Ligue 2 sur les trois matchs de ma dernière saison à Rodez.

Le contact le plus connu dans votre répertoire téléphonique ?
Si c’est quelqu’un que j’appelle souvent : Adrien Truffert (Stade Rennais), un de mes meilleurs potes. Et sinon, Enzo Zidane avec qui j’ai joué à Rodez (2021-22).

Le président qui vous a le plus marqué ?
Je n’en ai réellement côtoyé que deux : Pierre-Olivier Murat à Rodez et bien sûr Gilbert Guérin à Avranches. On le voyait presque tous les jours au centre d’entraînement et à chaque match, que ce soit à domicile ou en déplacement. Il a tellement apporté au football amateur et à l’US Avranches ! Merci à lui pour tout, on fera tout pour que le club reste en National parce que sans lui on ne serait pas là. Merci Président et reposez en paix.

 

Texte : Denis Vergos / Twitter : @2nivergos

Photos : Philippe Le Brech

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Gilbert Guérin n’avait pas que des amis dans le football. Mais il n’avait pas d’ennemi. Surtout, il ne laissait personne indifférent. Ni un dirigeant, ni un entraîneur, ni un joueur, ni un bénévole, ni un supporter, ni un arbitre, ni un ramasseur, ni un chauffeur de bus, ni un journaliste. Personne.

Sa « grosse voix » et sa manière de dire les choses, souvent sur un ton au débit rapide et assuré qui ne laissait pas toujours place au dialogue, son charisme, son caractère bien trempé, son sens de l’ironie, ont construit sa réputation. Celle d’un homme franc, direct, râleur, exigeant, passionné. Celle d’un dirigeant qui comptait les sous – Il usait beaucoup du système des prêts de joueurs issus de clubs pros – et pesait dans le football amateur, son monde, même s’il a aussi fréquenté le foot « d’en haut », lorsqu’il fut élu membre du comité directeur du Stade Malherbe de Caen en 1988, en Division 1.

« Une fois que j’ai dit les choses, je suis libéré »

Gilbert Guérin était un homme respecté, parfois agaçant, mais toujours serviable et attachant. Il n’avait pas la langue dans sa poche. Ce qui pouvait en exaspérer certains. Il le savait, mais n’en avait cure, comme il l’avait confié dans un long entretien ici même, paru en août 2022 : « J’en suis conscient. Mais une fois que j ai dit les choses, je suis libéré, parce qu’il y a certains présidents de clubs de L1 qui m’exaspèrent. Y’a des types biens, comme Jean-Michel Aulas (Lyon), Marc Keller (Strasbourg) ou Jean-Pierre Caillot (Reims), et puis y’en a d’autres, ceux qui ont été bons à l’école et qui grâce à ça sont devenus présidents d’un club de foot. Moi je pense que cela ne suffit pas d’être bon à l’école pour être président. Il faut un peu de moral, un peu d’éducation même s’ils en ont forcément autant que moi, mais ils n’ont pas ce petit « plus ». Ce sont des directeurs, pas des présidents. Moi, je suis président bénévole. Je ne suis pas persuadé que ces présidents-là auraient réussi à faire ce que j’ai modestement fait à Avranches en 30 ans. »

Gilbert Guérin le répétait souvent : avoir un club dans une ville de 10 000 habitants – Avranches – à un tel niveau, en National (10e saison d’affilée, la 14e au total depuis la création du championnat), quasiment à la 50e place française, c’est une performance. « Noël Le Graët a fait mieux avec Guingamp, car il est monté en Ligue 2 puis en Ligue 1 et a même joué en coupe d’Europe, mais lui, je le mets de côté, il est trop fort, il doit marcher à l’EPO ou au chouchen, je plaisante bien sûr. Mais derrière Guingamp, notre performance est notoire. »

Les jeunes, sa fierté

A l’US Avranches Mont-Saint-Michel, le club qu’il présidait depuis près de 35 ans, Gilbert Guérin laisse une trace indélébile. Si les jeunes étaient sa fierté, son dernier grand fait d’armes fut l’ouverture en 2021 d’un centre d’entraînement « de niveau bas de Ligue 2 », comme il disait. Un centre de 7 hectares avec 5 terrains (4 en herbe, 1 en synthétique), 950m2 de vestiaires, des salles de musculation avec cryothérapie : « On l’a bâti pour l’avenir. On n’a pas construit de stade pour la L2 mais on a construit pour les jeunes. »

Cet ancien chef d’entreprise à la retraite, resté actionnaire d’une (grosse) « boîte » de peinture qu’il a fondée puis revendue (110 salariés tout de même !), aimait bien aussi comparer ses joueurs à son autre passion, les chevaux de course. Cependant sans jamais les traiter de bourrins ! « Je fais souvent un parallèle avec le football, j’en parle même avec les entraîneurs parfois, racontait-il; un cheval, quand il revient de blessure, il fait toujours une première course « sous la fraîcheur » comme on dit, et puis la deuxième est plus moyenne. Dans le foot, c’est pareil. Un garçon qui revient, il est bon au premier match avec l’envie, et au deuxième, il accuse souvent le coup, il n’a pas le rythme. Avec les blessures, c‘est pareil : un cheval blessé pendant 6 mois, il mettra 6 mois à revenir. »

Son dernier combat…

S’il ne rêvait plus trop de Ligue 2, il militait depuis de nombreuses années pour la création d’une nouvelle Ligue 3, afin que les clubs du 3e échelon – dont le sien bien entendu ! – puissent bénéficier des mêmes avantages que ceux du niveau supérieur. Il l’avait encore clamé haut, fort et longuement dans les colonnes du journal L’Equipe, en juin dernier, allant même jusqu’à lancer « Labrune (le président de la Ligue de football professionnel), il s’en fout des amateurs ! ».

S’il n’aimait pas l’injustice et les décisions arbitrales qui n’allaient pas dans le sens de son équipe, usant même parfois d’un langage fleuri pour dire son mécontentement, il était aussi très investi et très engagé aux côté d’autres présidents tout aussi emblématiques que lui (son grand ami Jacques Piriou, Antoine Emmanuelli, Fulvio Luzi et beaucoup d’autres), toujours pour défendre les clubs du haut de la pyramide fédérale. Ceux du National.

La nuit dernière, à 72 ans, Gilbert Guérin s’en est allé. Son dernier combat, celui de la maladie, fut, finalement, l’un des rares qu’il n’a pas pu gagner.

A sa famille, à ses amis, à ses proches, à l’US Avranches Mont-Saint-Michel, à tous ceux qui l’ont côtoyé de près ou de loin, 13heuresfoot présente ses plus sincères condoléances.

Aux côtés du président Gilbert Guérin, au stade Fenouillère, à Avranches. Photo Ph. Le Brech

Texte : Anthony BOYER / aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : USAMSM

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🕐⚽😢 Toute la team 13heuresfoot a une immense pensée pour la famille, les amis et les proches de Gilbert Guérin, le président de l’US Avranches Mont-Saint-Michel , décédé des suites d’une maladie. Un personnage incontournable du football amateur s’en est allé et il va beaucoup (nous) manquer.

📲 Lire l’article « carnet » en hommage à Gilbert Guérin : https://13heuresfoot.fr/actualites/cetait-gilbert-guerin/

📲 Lire son interview (août 2022) : https://13heuresfoot.fr/actualites/gilbert-guerin-on-ne-doit-pas-changer-de-braquet/