Le club du Loir-et-Cher, rare exemple de stabilité et de longévité en N2, comble son manque de moyens par une politique re recrutement qui vise à relancer des joueurs. Ceux-ci sauront apprécier la sérénité, la tranquillité, la solidité et la fidélité qui le caractérisent.
C’était une occasion rêvée. Celle d’être mis en lumière. Mais le « SOR » – pour Sologne Olympique Romorantin – l’a manquée. Et dans les grandes largeurs. Balayés 4-1 dimanche soir sur la pelouse de Saint-Priest en 16e de finale de la coupe de France, à un stade de la compétition que le club du Loir-et-Cher atteignait pour la cinquième fois après 2005, 2007, 2009 et 2021, les joueurs de Michaël Villatte sont passés au travers.
Le mérite en revient bien sûr à Saint-Priest, virtuel leader de sa poule en National 3 et porté par un stade Jacques-Joly en feu (3000 spectateurs). Il faut aussi reconnaître que le SOR a bien facilité la tâche des Rhodaniens, qui affronteront Valenciennes (L2) à Bourgoin-Jallieu le 7 février en 8e.
C’est une occasion ratée et c’est d’autant plus rageant que cela aurait mis un sacré coup de projecteurs sur ce club discret, peu médiatisé, qui ne manque pas de particularités.
Longévité et stabilité

D’abord, il y a cette longévité et cette stabilité : engagé en National 2 pour la 16e saison de suite, le SOR détiendrait le record du nombre d’années d’affilée s’il n’y avait pas Jura Sud et ses 21 saisons consécutives au même niveau ! Compte tenu du football actuel, et pour plein d’autres raisons, cette régularité est un exploit. « 16 saisons de suite en N2, c’est quelque chose sur lequel on s’appuie dans notre recrutement, explique Michaël Villatte, sur le banc depuis mars 2022 et l’éviction de Yann Lachuer; quand des joueurs arrivent au club, ils savent qu’ici, l’air de rien, il y a une histoire et il faut qu’ils s’inscrivent dans cette histoire. Parce que souvent, les nouveaux joueurs connaissent juste l’équipe première de Romorantin, mais pas le club. Cette pérennité à ce niveau, ce n’est pas anodin, ça en impose quand même ! Et cela veut dire aussi que la gestion financière est bonne. Il n’y a pas de mise en péril. On ne fait pas de folie. Et on arrive à trouver les bons choix, pas forcément les premiers choix, en faisant des paris sur des recrutements de joueurs ». Et ça marche. « Après, on en revient aux moyens financiers… J’ai un effectif de 24 joueurs dont 3 gardiens et 3 jeunes du club qui sont là en complément, Kemal Sarigöl, Matéo Dos Santos et Bastien Popineau. »

L’autre exploit, c’est d’avoir côtoyé le National, six saisons durant, de 2002 à 2008, et d’avoir aussi rêvé un temps à la Ligue 2, lorsqu’à l’issue de la saison 2003-2004, « Romo » avait fini 4e, à 3 points seulement de Dijon. C’est d’ailleurs Dijon qui avait privé de Ligue 2 l’équipe solognote, alors coachée par Vincent Dufour, à deux journées de la fin du championnat en s’imposant 3-1 à Gaston-Gérard, pour ce qui constituait alors une petite finale d’accession. Le DFCO, briseur de rêve, avait été promu à l’issue de ce match, en compagnie de Brest et Reims.
C’était il y a 20 ans, à l’époque où les « Vert et blanc » jouaient dans la cour des grands ! C’était le temps où, avec 1 million d’euros de budget ou à peine plus, l’on pouvait exister en National, voire jouer les trublions. Pas sûr que cela se reproduise de sitôt en Sologne. Encore que…
L’on touche là une autre particularité du club : l’ambition. À Romorantin, elle est mesurée pour ne pas dire limitée. L’on ne se fixe pas d’objectifs démesurés mais l’on ne se met aucune barrière non plus. Ici, on fait avec avec les moyens du bord, qui ne sont pas extensibles sur le plan financier (850 000 euros de budget), sans perdre de vue l’objectif : le maintien en National 2. Ce qui, avec la refonte fédérale des compétitions nationales (2022-24), s’apparenterait presque à une accession dans ce nouveau championnat la saison prochaine, avec les meilleures équipes de la division, donc, et les 6 clubs de National relégués, auxquels s’ajoutent déjà les 6 de la saison précédente. « On peut dire ça, acquiesce Villatte; ce serait une mini-accession ! Surtout qu’avec la refonte, 20 équipes de national 2 vont descendre, et même 40 en deux ans ! Le championnat va passer un cap en termes de niveau je pense. »
« Un club de copains »

Ce qui frappe également à Romo, c’est… l’organigramme ! Ici, les gens sont là depuis longtemps, voire depuis très longtemps pour certains comme les deux co-présidents, Jean-Philippe Perraguin et Michel Cheminot, presque 110 ans de club à deux ! Et c’est valable aussi pour le staff. En janvier 2003, le coach est arrivé comme joueur (milieu de terrain puis défenseur central en fin de carrière) en provenance de Châteauroux, où il a été formé et où il a connu le monde pro. Hormis une coupure de 3 ans au District de Loir-et-Cher (conseiller technique), il n’a plus jamais quitté « Romo ».
Son adjoint, Rémi Souyeux (39 ans), buteur du SOR entre 2014 et 2023, est entraîneur adjoint et s’occupe aussi des 18 ans R2. Yohan Cosson (32 ans), de retour au club où il avait gardé les cages entre 2011 et 2015, entraîne les gardiens et Xavier Dudoit (48 ans), de retour dans la maison verte dans le rôle du directeur sportif, après quatre saisons d’exil, deux comme recruteur à Angers et une expérience d’un an et demi sur la banc de Poitiers, en N3, fait aussi partie des meubles.
Ancien joueur du club (entre 2003 et 2010), Xavier Dudoit (lire son interview plus bas) a également entraîné l’équipe seniors N2 de 2010 à 2019. Forcément, 16 ans de présence, cela pose un homme. Le vice-président chargé du sportif, Jean-François Doyon, a joué, entraîné et même assuré un peu le rôle de directeur sportif après le départ de Julien Converso pour Quevilly Rouen, en Ligue 2. « Je n’aime pas trop dire que l’on est un club familial, je préfère dire que l’on est un club de copains, enchaîne le coprésident Jean-Philippe Perraguin; C’est vrai que beaucoup sont là depuis longtemps, il y a aussi le vice-président exécutif, Joachim Campos, au club depuis 20 ans, qui était arrivé comme joueur au départ ! »
Fidélité, loyauté et sérénité

C’est dire si, au SOR, on marche à la confiance, à la fidélité, à la loyauté. C’est sans doute pour cette raison que, sportivement, ça marche : sans grands moyens, le club s’en sort toujours et parvient à tirer son épingle du jeu en National 2, avec une philosophie de recrutement simple, basée sur le marché des joueurs en difficulté, à la relance, qui reviennent de blessures, ou sur des paris. C’est à dire, sans péjoration, les seconds voire les troisièmes choix. Les premiers choix, c’est pour les gros budgets ! Encore que, cette saison, le SOR a réalisé un très gros coup en enrôlant le buteur de Blois, Jordan Popineau. Le garçon qui pèse 69 buts en 123 matchs officiels avec Blois (66 buts en championnat en 120 matchs de championnat !), est venu en voisin avec son petit frère Bastien (troisième gardien). Une opportunité plus qu’autre chose puisque le joueur, pas forcément retenu par son ancien club, ne souhaitait pas quitter la région. Et comme Romorantin n’est qu’à 40 km de Blois…
Ce qui frappe aussi au Sologne Olympique Romorantin, c’est la sérénité. A la fois dans le travail et dans la vie quotidienne. Une sérénité née de l’assurance de percevoir, à la fin du mois, son salaire. Il suffit de voir le nombre de clubs en difficulté pour comprendre que ce n’est pas un luxe. Le SOR est un club « tranquille, serein, solide » pour reprendre les mots de Jean-Philippe Perraguin, « bien ancré dans le territoire ». Un club qui n’a pas eu à se crêper le chignon lorsqu’il a voulu changer de nom en 2015, pour mieux mettre en avant sa notion de « territoire » : le Stade Olympique Romorantinais est donc devenu le Sologne Olympique Romorantin. « Ce n’était pas trop difficile de trouver ce nom ni de le changer, plaisante Perraguin; D’ailleurs, on n’a rien changé, c’est resté le SOR ! »
Un club à taille humaine

« On est un club à taille humaine, poursuit Michaël Villatte; les dirigeants sont de très bons gestionnaires, ce qui amène de la sérénité et des objectifs qui correspondent au potentiel du club. Cela laisse une sérénité et une tranquillité dans le travail, et c’est très agréable. On a entre 350 et 400 licenciés dans une région qui n’est pas trop foot, mais depuis 30 ans, le club dure à l’échelle nationale, ce n’est pas rien. Il y a un certain savoir-faire de ce côté là. Chez les jeunes, on compose avec un bassin difficile et on a un peu de mal à être compétitif. «
« On est un club familial et fidèle, appuie le Toulousain Rémi Souyeux, enfin retraité des pelouses après 9 saisons sous les couleurs du SOR, et 9 autres clubs avant ça, en Ligue 2 et surtout en National (Luzenac, Colmar, Paris FC, Dijon, Rodez, Martigues, Troyes, Nîmes et Alès). « Ici, les dirigeants font confiance aux hommes et les mettent dans les meilleures conditions, avec les moyens du bord. Cette stabilité, cette sérénité, c’est vraiment le gros point positif », poursuit celui qui, profitant d’un concours de circonstances, avait renfilé le short en N2 en deuxième partie de saison, l’an dernier.

Des propos corroborés par Roland Vieira, l’actuel coach de Mâcon (N2), passé par Le Puy Foot et le Stade Briochin, et ancien attaquant du SOR en CFA (de 2008 à 2010, 56 matchs, 15 buts) : « C’est vraiment un top club, qui permet à des joueurs de se relancer, où les dirigeants sont bienveillants, ambitieux et dévoués. Je garde un très bon souvenir de « Romo » et j’ai beaucoup apprécié les gens que j’ai rencontrés là-bas. »
Et le co-président, il est là depuis quand déjà ? « Je suis arrivé au club en minimes ! » reprend Jean-Philippe Perraguin, ancien photographe spécialisé dans l’événementiel, aujourd’hui à la retraite. « Après moi, Jean-François Doyon, qui a joué et entraîné, est arrivé, le maire Jeanny Lorgeoux aussi … »
De toutes ces saisons passées en National 2, et de la campagne en National, Jean-Philippe Perraguin en tire lui aussi une certaine fierté : « Avec les moyens d’une ville de 18 000 habitants, rester à ce niveau aussi longtemps, c’est un challenge tous les ans, même si on a été repêché une fois (en 2022) alors qu’on devait descendre en N3 (le club avait profité de la relégation administrative de Béziers). »
Confort dans le travail

Cette image d’un club stable et sain, il la cultive : « On essaie de gérer au mieux. On a toujours fait comme ça : on ne dépense pas l’argent que l’on n’a pas. » Ce confort dans le travail, c’est aussi un vrai atout, dixit Villatte : « On s’entraîne en journée, on a de bonnes installations au complexe Jules-Ladoumègue, où tout est centralisé au même endroit, avec trois jardiniers employés municipaux sur le site. On a le terrain d’honneur, deux terrains en herbe à 11 et un petit terrain de foot à 8. Structurellement, on est plutôt bien. Il manque peut-être un terrain en synthétique qui éviterait les arrêtés municipaux et les fermetures en raison des conditions météos, et permettrait d’avoir de meilleures conditions encore, notamment pour nos jeunes. »
Quant à savoir si retrouver un jour le National demeure possible … Là encore, le « coprez » est mesuré. Perraguin : « Notre ambition, c’est de faire le mieux possible. Bien sûr, on ne dira pas non si ça se présente un jour, mais les conditions financières ne sont plus du tout les mêmes qu’avant. Des villes comme Le Puy ou Les Herbiers, avec des tailles similaires, y sont déjà parvenues, mais leur bassin économique et industriel est plus important. Nous, on n’a pas grand chose, surtout depuis la fermeture de l’usine Matra. Néanmoins, quand on va à la DNCG, ils sont toujours surpris de voir que l’on présente un budget avec pour 25 % environ de recettes de partenariat, sur un budget de 850 000 euros. »
Revoir le National, une utopie ?

C’est vrai que la fermeture de l’usine Matra voilà plus de 20 ans fut un coup dur pour la ville… et le club : car si le SOR est parvenu à accéder en National en 2002, c’est aussi grâce à ce gros employeur : « On pouvait proposer des emplois aux joueurs, regrette Perraguin; un jour, un mercredi, alors que l’on avait un match en retard à disputer à Aurillac, je me souviens être allé chercher un joueur à midi à la sortie de l’usine pour aller au match et ensuite, on l’a ramené à 5h du matin car il reprenait le travail ! »
« Rejouer en National, ce n’est pas utopique, mais ce n’est pas une priorité, reprend Michaël Villatte; pour que ça arrive, il faudra que toutes les planètes soient alignés, que tous les paris que l’on a fait fonctionnent et s’avèrent payants, que les joueurs que l’on a choisi de relancer retrouvent leurs meilleur niveau, que ceux qui arrivent du niveau en dessous se soient adaptés et progressent, que les blessures soient peu nombreuses, donc ça fait beaucoup de facteurs ! Et puis on a des concurrents qui ont plus de moyens et qui affichent leurs ambitions. Cela ne veut pas dire que l’on joue petit bras, mais on joue d’abord le maintien, car on connaît nos moyens. On fait partie des petits budgets. »
Après avoir mis un terme à sa carrière de joueur, en juin 2009, Villatte entraîne les jeunes pendant deux ans avant de devenir, pendant trois ans, le conseiller technique du District de Loir-et-Cher. Il obtient son Brevet d’Etat et en profite pour passer son BEF (Brevet d’entraîneur de football), qui lui permet d’officier jusqu’en N2 : « Je suis revenu au club en 2014 comme responsable technique des jeunes et de l’équipe réserve. » Devenu l’adjoint de Yann Lachuer en équipe fanion, il est finalement intronisé sur le banc quand les résultats ne sont pas là, en mars 2022. « On m’a proposé de prendre le poste. Comme c’est mon club, j’ai accepté. Je suis dans un contexte que je connais particulièrement bien. Je grandis et j’apprends ici. »
Une certaine philosophie de jeu

Romo, c’est aussi un certain style de jeu, une patte : « J’ai envie d’avoir une certaine maitrise avec le ballon pour, si possible, faire courir l’adversaire et le fatiguer, pour ne pas être que dans la transition, parce que c’est plus difficile et cela nécessite d’avoir de bons défenseurs qui récupèrent le ballon dans la bonne zone. J’ai été joueur, je trouve que c’est plus sympa d’avoir le ballon et de vouloir l’utiliser à bon escient. Il y a 2 ans, on jouait en 3-5-2 mais depuis un an et demi, on a réadapté le schéma en 4-3-3 en fonction des joueurs à disposition, avec toujours cette envie d’avoir la maîtrise, de trouver des décalages, d’avoir des relations et des redoublements de passes. Cette philosophie, elle est un peu ancrée au club aussi ».
Sixième du classement à seulement 3 points du 2e, La Roche-sur-Yon, et du 3e, Saint-Pryvé Saint-Hilaire, deux équipes qui comptent… deux matchs de plus, le SOR mettra en partie à jour son calendrier samedi 17 janvier sur la pelouse du leader, Les Herbiers. Un choc qui n’est pas pour déplaire au coach, six jours après la déconvenue de Saint-Priest : « C’est bien, ça permet de passer très vite à autre chose. Et si on avait le bonheur de gagner ce match en retard, on serait 2e ! Dans ce championnat, que je trouve relevé, on voit bien que tout le monde peut battre tout le monde. Hormis peut-être Saumur et Angers, et encore, la poule est très homogène. On voit que les équipes ont envie d’imposer leur philosophie de jeu. Je discutais avec le coach de Paris 13, qui découvrait cette poule, il trouvait que beaucoup d’équipes avaient des principes de jeu, voulaient avoir le ballon. Il était un peu étonné, parce qu’il était habitué à des blocs équipes, du foot de transition, et là, ils trouvent des équipes qui veulent avoir la maîtrise, qui veulent imposer leur jeu. C’est sur que, par exemple, dans la poule sud, la notion de combativité, de duels, de bloc équipes, est plus présente; nous, dans notre poule, on a, je trouve, un peu plus de philosophie de jeu. Attention, je ne dis pas qu’ils n’en ont pas dans le sud. Et puis il y a l’état des terrains aussi, ça joue. »
Xavier Dudoit : « Notre force, c’est la fidélité »
Xavier Dudoit (48 ans) est revenu à Romorantin l’été dernier, après une « infidélité » de 4 ans et surtout une fin de parcours sur le banc des Solognots qu’il avait, à l’époque, provoquée, au sortir de résultats insuffisants (sa longue collaboration s’était arrêtée en novembre 2018). Depuis, il a passé deux saisons au SCO Angers (2019-2021) comme recruteur et un an et demi coach, à Poitiers, en National 3, où l’aventure s’est terminée à Noël 2022. Il évoque son retour à « Romo » et fait le point pour 13heuresfoot.
Xavier, comment s’est effectué votre retour à Romo ?
Il s’est fait naturellement. J’étais parti en très bons termes du club, où je venais de passer 17 ans ! C’est quand même le signe que j’avais de bonnes relations, notamment avec les dirigeants, dont certains sont devenus des amis. On a toujours gardé le contact. Quand le directeur sportif Julien Converso est parti (après 14 ans au club !), en même temps que moi, en 2019 (Converso est parti comme recruteur à Orléans avant de devenir le directeur sportif de Quevilly Rouen), le club a fait le choix de ne pas le remplacer pour des raisons économiques mais ils se sont aperçus de la difficulté d’exister à ce niveau sans quelqu’un à ce poste. Au travers de quelques échanges, notamment avec le vice-président chargé du sportif, Jean-François Doyon, on a évoqué cette possibilité d’un retour, à ce poste là. L’idée de revenir dans un club que je connais bien et avec lequel j’avais gardé beaucoup d’attaches m’est apparu évident. Je n’ai pas réfléchi longtemps.
Peut-on dire que ce poste est complémentaire de celui que vous avez occupé à Angers ?
Oui. l’intermède à Angers m’a fait découvrir autre chose, une autre facette du foot, qui me plaît. Il y a beaucoup de similitudes avec le poste de directeur sportif. J’ai vu beaucoup de matchs, beaucoup de joueurs… Quand on est coach, et je l’ai été, on a moins le temps de faire ça. Et puis il y a les relations avec les agents : car même en National 2, tous les joueurs ont des agents ou des conseillers, donc on est obligé de composer avec. Ces deux ans à Angers m’ont aussi permis de gérer et appréhender les relations avec ce milieu-là aussi.

Vous connaissez le foot : vous revenez au club après y avoir entraîné pendant 9 ans, c’est donc légitime de penser que…
Je vous arrête, c’est la seule condition que j’ai posée : un retour, oui, pour entraîner, non ! Quand je suis arrivé au club, Michaël (Villatte) était déjà là. On a joué ensemble. Il a entraîné la réserve quand j’étais coach de la une et j’avais fait en sorte de valider ce choix. Il a été adjoint en N2 ensuite. Joueurs, on était assez proches, on avait des affinités. Je comprends que cela puisse créer un doute, d’ailleurs, la condition pour que je revienne était que Michaël valide ce choix des dirigeants et que les choses soient bien claires entre lui et moi. De par nos relations, cela a aidé et simplifié ma venue.
Entraîner un jour à nouveau, cela ne vous titille pas ? Le terrain ne vous manque pas ?
Je ne me pose pas la question. Je suis parti d’Angers parce que le staff (de Stéphane Moulin) est parti (en juin 2021), mais je m’épanouissais dans ce nouveau rôle, alors pourquoi aller faire autre chose ? Le terrain ne me manque pas, je me consacre à ce que j’ai à faire, et ça me plaît.
Quels étaient vos prérogatives au SCO Angers ?
On était seulement deux à la cellule recrutement, Philippe Leclerc et moi, on travaillait pour les pros, la post-formation et on supervisait aussi les adversaires pour les pros. Le secteur, c’était toute la France.
Romo est en N2 depuis 16 ans : peut-il un jour retrouver le National et surtout, y exister ?
Pour pouvoir exister sportivement en National, il faut exister financièrement or on sait aujourd’hui que l’on n’a pas les capacités financières pour ça, mais si on doit y retourner, on ne s’en privera pas, c’est normal. On a 840 000 euros aujourd’hui, donc exister en National serait compliqué. L’idée, c’est aussi de perdurer. Donc prétendre vouloir aller en National et y exister, c’est autre chose, même si par le passé des Luzenac, Le Poiré, Pacy, y ont fait bonne figure, et même nous quand on y était, on faisait déjà un peu figure d’exception, avec, sensiblement, les mêmes budgets qu’aujourd’hui, à peine plus élevés.

C’est quoi, le credo du club, l’objectif ?
Cela peut paraître « réducteur » mais le fait de continuer à exister en N2, de perdurer, compte tenu de la reforme des championnats, c’est notre objectif prioritaire. Le National 2 passe en 2 ans de 64 équipes à 48 équipes, on voit bien que ça se complique d’année en année. C’est juste réaliste de dire ça. Une descente pourrait être catastrophique aux yeux des gens : c’est aussi un peu notre difficulté, parce que, pour eux, c’est devenu une normalité d’être là, en N2, alors que ce championnat devient de plus en plus compliqué.
Vous le décririez comment, votre club ?
Un club à dimension humaine, avec des valeurs bien marquées, des valeurs d’humilité, de fidélité, de loyauté, des valeurs familiales. Vous voyez, certains dirigeants sont là depuis 40 ans, notre gardien Yoann Djidonou (37 ans) attaque sa 11e saison, et ce n’est pas le seul. Alexandre Castro (29 ans) le capitaine est là depuis 7 ans : il a refait son apparition sur le terrain en fin de match à Saint-Priest dimanche dernier en coupe de France, après une longue absence due à une blessure au genou. On retrouve cette fidélité dans le staff aussi, c’est ce qui fait notre force et ce qui nous caractérise. L’entraîneur des gardiens, Yohan Cosson (32 ans), est issu du club, il a même été 2e gardien à l’époque. Rémi (Souyeux) est là depuis 10 ans, Michaël (Villatte) depuis 20 ans… On reste conforme à la politique du club qui est de faire confiance aux gens ici d’ici. Et puis, on est un club sain, on n’a jamais de souci d’ordre financier, on n’a jamais déposé le bilan. Alors c’est vrai, on ne propose pas des salaires mirobolants mais au moins on est certain de les honorer sur la période convenue. Notre force, c’est cette convivialité et cette fidélité.

Les affluences au stade Jules-Ladoumègue ?
On fait entre 600 ou 700 spectateurs, on pourrait faire plus. On a fait 3000 spectateurs début janvier en 32e de finale de la coupe de France, grâce à nos amis guadeloupéens (Romorantin a battu le CS Le Moule 4 à 0), qui nous ont bien aidés à remplir le stade et à avoir une ambiance sympathique; cela faisait un moment que l’on n’avait pas vu autant de monde à Jules-Ladoumègue. On sait que la coupe attire le public, notamment un public nouveau et curieux, mais en championnat, c’est compliqué de faire venir les gens au stade.
Un mot sur l’effectif de N2, qui semble un mélange de jeunesse et d’expérience…
C’est un peu ça. Cette saison, on a recruté le buteur Jordan Popineau (Blois). Sa venue est un concours de circonstances. Blois n’a pas tout fait ou n’a pas affiché une réelle volonté de continuer avec lui, on ne va pas s’en plaindre (depuis son arrivée l’été dernier, Jordan Popineau a inscrit 5 buts en 5 matchs de coupe de France et 5 buts en 8 matchs de championnat). Il ne voulait pas bouger de la région, on a saisi l’opportunité. On a de la jeunesse, de l’expérience, et aussi des profils comme Yoan Etienne (26 ans), formé à Monaco et passé par Guingamp et Lorient, qui n’a pas joué pendant un an, ou encore Alex Marchadier (25 ans, Le Puy, Orléans, Moulins), qui est resté longtemps écarté des terrains en raison d’une blessure : ils ont vécu des galères. Alors même si on n’a pas les premiers choix, ça ne nous empêche pas de réussir. C’est là que l’on mesure le très bon travail de Julien Converso avant (aujourd’hui à Quevilly Rouen en Ligue 2), il se trompait très peu, il faisait des paris avec des joueurs à remettre en forme, ou de retour de blessures ou qui sortaient du chômage. Julien a été connu et reconnu pour son travail.
Du coup, passer derrière lui, ça vous met un peu de pression, non ?
Franchement ? Oui ! Je sais que ça va être compliqué de faire aussi bien que lui et durer aussi longtemps que lui. Je passe derrière quelqu’un de très performant, j’en suis conscient, mais les dirigeants ont pris conscience qu’il fallait avoir quelqu’un dans ce rôle-là. J’ai la chance d’avoir leur confiance, à moi de faire en sorte de ne pas les décevoir.
National 2 – samedi 27 janvier 2024 (match en retard de la 9e journée) : Les Herbiers – Romorantin, à 18heures, stade Massabielle, aux Herbiers.
Lire aussi / Yann Lachuer : « C’est la société qui a changé, pas le foot ! »
https://13heuresfoot.fr/actualites/yann-lachuer-cest-la-societe-qui-a-change-pas-le-foot/
Texte : Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06
Photos : SOR / Anaïs Afflard et 13HF
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En s’offrant le scalp de Quevilly-Rouen Métropole (Ligue 2), les Finésiens-Aulnésiens ont atteint, pour la première fois de l’histoire du club, les 16es de finale de la coupe de France. Face aux Normands, ils se sont imposés sur la plus petite des marges grâce à un magnifique but de l’ancien joueur de Dunkerque, Avranches et Croix, Thomas De Parmentier (13’).


























Dans notre réflexion, on sait que le National est difficile, tant pour y accéder que pour y rester, et avec la réforme de la FFF, le niveau va se resserrer, et il faudra vraiment faire partie des meilleures équipes. Pour y arriver, il faudra des bases solides, tant structurelles que financières, parce que le sportif, on ne le maîtrise jamais. On peut estimer avoir une équipe qui va jouer la montée et puis descendre, et inversement. Le sportif reste la partie aléatoire. Ce que l’on veut, c’est qu’à partir du moment où le sportif nous permettrait de franchir cette étape là, d’aller en National, les à côtés fassent que l’on puisse être en capacité de se stabiliser, à travers un budget, des partenaires, une organisation. Je pense que ce virage dont vous parlez, on l’a déjà pris déjà en sachant que si on passait de N3 en N2, ce qui est arrivé l’an passé, on changerait déjà un peu de monde, en raison de la concurrence, des budgets, de la DNCG, etc. On s’était déjà un peu préparé à ne pas dépendre que du sportif. Le tournant était déjà là, en posant ce projet « cap 2024 », qui a obligé à réfléchir aux échéances à moyens termes, financièrement et au niveau des infrastructures, du budget, etc. Du coup, le maintien ou la non accession ne nous fera pas basculer dans le fossé.
La poule sud est plus serrée athlétiquement, il y a des paroles, parfois de l’intimidation, mais le niveau est bon. On n’a pas rencontré beaucoup d’équipes qui fermaient le jeu. Après, on a peut-être cet « avantage » de ne pas jouer beaucoup de derbys, donc il y a moins l’emprise régionale, de part notre situation géographique. Dans le sud ouest par exemple, il y a peut-être un plus grand plaisir à produire du jeu. Maintenant, en Rhône-Alpes ou en région parisienne, ça ne doit pas être facile non plus de jouer.
Un jour, Philippe Le Brech a sonné à la porte du domicile de Denis Troch, à Saint-Germain-en-Laye. A l’époque, « C’était en 1999 je crois », Philippe remplissait déjà des fiches sur des joueurs et des clubs pour alimenter son « Guide du football ». Surtout, il savait que l’ancien coach adjoint d’Arthur Jorge au PSG (1991-94) et coach principal à Laval (1994-97) et au Havre (1997-89), consultant à la télé, était très féru de statistiques, de chiffres, de données en tout genre. Sans cette rencontre, le dictionnaire du football, le Quidfoot (le nom de la première édition), devenu ensuite le fameux « DT Foot » (DT pour « Denis Troch »), n’aurait pas vu le jour. Les deux hommes ont croisé leurs compétences et allié leur passion pour donner naissance à ce guide, ce dictionnaire, cette encyclopédie, cette bible, n’ayons pas peur des mots, ce livre de chevet indispensable. Une vraie mine d’or ! Au total, il y eut 7 éditions du DT Foot, entre 2000 et 2007. Du jamais vu à l’époque.


Jérôme Bouchacourt, le rédacteur en chef du site « Footamateur.fr », qui fête ses 10 ans d’existence cette année, connaît bien l’énergumène : ils collaborent ensemble pour le site. « Philippe, il est parfois un peu chiant mais je l’aime beaucoup ! » résume-t-il. « On a appris à se connaître, à force de se rencontrer sur les terrains, parce qu’au début, ce n’était pas ça ! On collabore ensemble depuis le début de l’aventure « Footamateur.fr » ! On s’appelle quasiment tous les jours. Aujourd’hui, 90 % des photos du site Footamateur.fr sont les siennes. Je l’appelle « Le globe-trotteur du foot amateur » ! Il est incroyable, il appelle parfois d’autres acteurs du milieu du foot pour se déplacer avec eux sur un match ! La saison passée, pour le match de coupe de France entre Vire et Caen, il a pris un train pour rejoindre quelqu’un du Nord qu’il ne connaissait pas et qui allait au même match, et ensuite, ils y sont allés ensemble ! C’est un ours attachant, qui a le coeur sur la main. Il connaît tout le monde. Il met en relation des gens. Quand tu as besoin de lui, il est là, mais c’est vrai… quel caractère ! Je me souviens d’une scène à l’aéroport de Nice, en juin 2022, quand je suis allé avec lui à l’assemblée générale de la Fédération, on lui a fait vider tout son sac, il n’était pas content mais au final tout s’est bien passé ! »
Chez Philippe Le Brech, l’appareil photo n’a pas toujours été son meilleur compagnon. D’ailleurs, rien ne le prédisposait vraiment à s’orienter vers ce métier. Le garçon, qui aime répéter qu’il est né presque en même temps que PSG (lui en 1971, le PSG en 1970), a fait de la comptabilité en lycée professionnel (il a un Bac-Pro secrétariat-comptabilité) et plusieurs « petits » boulots, comme disquaire dans l’ancienne enseigne « Nuggets », vendeur de cartes de collections de sports américains dans un magasin du quartier des Halles, avec comme client le basketteur Joackim Noah, le fils de Yannick Noah, et également Christophe Drouvroy, l’actuel directeur des compétitions nationales à la Fédération !


On vous l’a dit, un sacré tempérament ce Le Brech. Et un sacré débrouillard aussi : le système D, il connaît par coeur. Pour se rendre sur un stade, tous les moyens sont bons avec lui, du moment, surtout, qu’il arrive à bon port sans dépenser ce qu’il n’a pas. Et surtout, il a un sens du détail comme personne. Maniaque ? « Il a une démarche presque monacale, renchérit Arnaud Tulipier; il est capable de faire beaucoup de kilomètres juste pour aller faire remplir des fiches à des joueurs, juste pour les mettre à jour ou prendre une photo parce que le joueur a changé de coupe de cheveux ! Je me souviens que Denis (Troch) avait parfois du mal à boucler son « DT foot » et me disait qu’il bossait avec deux malades, son épouse Odile et Philippe, parce qu’il manquait toujours un truc, une photo d’un joueur, et comme Philippe est jusqu’au boutiste, il voulait toujours la dernière photo, la plus récente. C’est ça qui est incroyable avec lui. Il a une exigence du détail et une implication que d’autres, qui ont pourtant plus de moyens financiers, n’ont pas. Pour toutes ces raisons-là, ce qu’il fait est très respectable et estimable. Il est dans ces détails là. Il continue le « DT Foot » alors qu’il n’existe plus, qu’il y a plus de maison d’édition, mais il veut avoir les fiches de tous les joueurs. Philippe, c’est le gars qui a le plus de numéros de téléphone en France dans le foot ! Pour ça, il est précieux. Il a une vision du foot un peu romantique, qui fait du bien, à la fois nostalgique et puriste au sens noble du terme. »
« Il est exceptionnel et très débrouillard, ajoute Jérôme Bouchacourt ! Quand il se déplace, il prend le train, il prend Blablacar, il fait du stop, c’est le système D poussé à son paroxysme ! »


Couleur !
Dans des stades lumineux. Mais je préfère travailler en diurne, et dans des stades où je suis bien accueilli.
Dans les clubs où certains responsables communication ou responsables de la sécurité à qui on octroie un pouvoir se prennent pour des rois, t’imposent tout et n’importe quoi sans que tu aies ton mot à dire. On ne peut pas discuter avec eux. Les gens de la communication qui ne répondent pas ou qui ne rappellent jamais, ça aussi, ça m’énerve : ils bossent à la CO-MMU-NI-CATION mais ne communiquent pas et pensent tout connaître !
Là aussi, ça dépend, mais j’en fais beaucoup moins qu’avant. Une année, j’ai pris une voiture de location pour la période estivale, j’ai fait 20 000 kilomètres, j’étais allé partout !

Dans l’ensemble, ça va, c’est juste que les anciens, t’as l’impression que tu vas leur bouffer leur pain, ils ne sont pas très ouverts mais il y en a de moins en moins et je commence à en faire partie (sic) alors j’essaie de ne pas être comme cela et d’avoir de la bienveillance et de l’écoute envers mes confrères et surtout mes consœurs qui ne sont pas toujours bien appréciées car le foot en général reste un milieu très macho. Un exemple ? Il y a près de 5 ans, lors d’un quart de Finale de Coupe de France, il y avait au moins 20 ou 30 photographes et j’ai été le seul à parler avec une jeune femme qui débutait dans la photo de foot, mais qui avait déjà une longue expérience dans un autre sport. Depuis, avec le temps, on est devenu amis (c’est un peu « ma fille de photo ») et elle collabore parfois avec moi.
Le National, c’est celui que je connais le mieux, je le couvre depuis des années, et c’est le plus indécis.
Là aussi j’en ai plein dont certaines avant d’être acteur du milieu ! Une fois, j’ai demandé à Guy Roux si je pouvais monter dans le bus de l’AJ Auxerre avec eux, pour aller au Parc des Princes, c’était pour un match face au Matra-Racing. J’étais abonné. Eric Cantona était assis juste devant moi et au fond du bus les frères Boli mettaient l’ambiance. J’étais allé à leur hôtel à Neuilly-sur-Seine. Une autre fois, j’ai fait chauffeur avec ma petite Saxo (qui n’était pas jaune !) pour Stéphanie Frappart ! En fait, je l’ai vu à un arrêt de bus, je l’ai emmené à Argenteuil. Elle venait d’arbitrer un match à Fleury-Mérogis où j’avais fait des photos. Il m’est aussi arrivé quelque chose de rare sur un match de Ligue 2, lors de la saison 2017-2018 ; j’étais le seul photographe au Mans, pour le match Quevilly-Rouen / Bourg-en-Bresse/Péronnas : à ce niveau-là, ça ne m’était jamais arrivé !
J’ai aussi le souvenir d’une soirée en boîte de nuit avec l’équipe corpo de Montpellier, j’avais même ramené des joueurs dans ma Fiat Panda au petit matin après une nuit bien animée, Castro, Fontaine… Et puis, à Toulouse, en 1994-1995, j’étais le seul supporter du Red Star au Stadium : placé au-dessus du kop toulousain j’étais l’unique spectateur à crier ma joie au moment du but victorieux du Red Star ! Ce jour-là, il n’y avait eu aucun déplacement organisé ! Je me souviens aussi avoir rempli la feuille de match pour un amical entre Clermont et l’UNFP, dans les années 2000 ! J’ai aussi pris le bus avec les supporters de l’AJ Auxerre, pour un match de Ligue des Champions à Madrid, face au Real de Mourinho et Cristiano Ronaldo : je pigeais pour Le Parisien à ce moment-là, et avec un rédacteur, on faisait un reportage « inside ».
Et il y en a une qui, avec le recul, est assez incroyable : ça s’est passé après la finale de la Coupe de France entre le Racing Paris 1 et Montpellier (2 juin 1990). Je me suis retrouvé dans les entrailles du Parc des Princes à errer et visiter les lieux. Au détour d’un couloir, j’ai croisé Loulou Nicollin se promenant avec la Coupe de France qu’il ne lâchait pas d’un pouce même pour une photo, et je suis rentré dans le vestiaire parisien et là, seul et suspendu au porte-manteau, se trouvait l’un des nœuds-papillon rose que les coéquipiers de Pascal Olmeta avaient porté pour rentrer sur le terrain à l’instar des rugbymen victorieux du bouclier de Brénus au même endroit une semaine plutôt. Sur le moment, je n’ai pas évalué l’ampleur de ce que je récupérais mais par la suite j’ai compris que c’était un objet collector de la Coupe de France. Une des plus belles pièces de ma collection, car assez insolite. D’ailleurs, quand je peux avoir un maillot, je préfère celui d’un club en Coupe de France à celui d’un ténor du foot en Champions League. Si certains ont des maillots ou d’autres objets liés à cette iconique compétition, je serai enchanté de les recevoir !
























Je me nourris de tout le monde, je regarde beaucoup de matchs, surtout le championnat de France, dont je suis fan. J’aimais beaucoup l’animation de Franck Haise à Lens l’an passé, notamment à Bollaert : c’était l’exemple type de ce que j’aime comme football, et c’est ce que j’ai retrouvé à Reims pendant 20 minutes face au Havre, avant que les Normands ne terminent à 10 (dès la 21e minute), ce football total, avec beaucoup de phases de transitions mélangées à des temps de préparation, d’intensité dans les duels, un pressing haut. J’aime ce foot où ne laisse pas trop respirer l’adversaire, et nous, on est un peu comme ça, à défendre en marche avant, parce qu’à Dinan, on n’a pas les qualités pour défendre bas, on rend 10 centimètres à toutes les équipes sur le plan athlétique, et en termes de vitesse, les autres vont plus vite que nous. Notre leitmotiv, c’est « pas de regret ». Il n y a pas de vérité dans le foot : j ai parfois critiqué des équipes qui se contentaient du minimum, qui jouaient bloc bas, mais je me suis aperçu que, en fait, si ces équipes là sont convaincues que c’est comme ça qu’elles devaient jouer, alors il fallait qu’elles jouent comme ça, qu’elles aillent au bout de leur idées. Je ne critiquerai plus ça. Il faut jouer avec ses convictions.





Enfin, le troisième témoin de cette affiche aussi déséquilibrée qu’excitante s’appelle Jean Boyer, un attaquant de 22 ans qui revient de nulle part après trois ans de galère et de blessures… En à peine deux mois – il a signé fin octobre -, le natif de Castelnaudary (Aude), à 20 kilomètres de Revel, a mis tout le monde d’accord en inscrivant 5 buts lors de ses 5 premiers matchs. Et même s’il est resté muet lors des deux matchs qui ont suivi, et même s’il reste encore muet lors du prochain match, son apport s’est vite fait ressentir dans le onze de Nicolas Giné, le coach du club de Haute-Garonne.














S’il a posé ses valises de globe-trotter à Revel (il a aussi joué à Espaly, toujours à côté du Puy, en 2021-2022 et au Puy, en U19 Nationaux, juste avant), c’est un peu par hasard. Sans club après un transfert avorté à Châteaubriant, son ami depuis les classes jeunes à Castelnaudary, Pierre-Antoine Palacios, milieu de terrain de l’US Revel, joue les intermédiaires entre le staff et lui : en octobre, Jean débarque au club pour s’entretenir et s’entraîner. Et ça matche ! « A Châteaubriant, ça ne s’est pas fait au dernier moment, raconte-t-il; j’avais besoin de temps de jeu. Je connaissais Pierre-Antoine (Palacios), avec qui j’avais joué aussi l’an passé à Onet-le-Château, on jouait déjà ensemble à Castelnaudary. »
Mais si Jean Boyer s’est rapproché à 45 minutes de Bram, dans l’Aude, un petit village où vivent ses parents, ce n’est que pur hasard : « Honnêtement, je connaissais Revel de nom, c’est tout ! C’est vraiment le hasard si je suis là, chez mes parents. Cela faisait six ans que j’étais parti de la région. J’ai joué à Bram jusqu’en U13 avant de partir à Castelnaudary en U15 et en U17, puis au Puy-en-Velay, où j’ai joué en U19 Nationaux. »
Aujourd’hui, son nouveau club est leader en Régional 1 avec un match en moins, et qualifié face au PSG en 32e de finale de la coupe de France. Tout roule. Ou presque. Seule ombre au tableau, Jean a manqué son tir au but dans la fameuse séance au 8e tour face à Blagnac (N3) : « Mais il ne faut pas le dire, plaisante-t-il ! Cela faisait longtemps que je n’avais pas loupé un « peno », pourtant, je n’avais aucune pression, on a avait deux tirs au but d’avance, il restait deux tireurs de chaque côté, mais le gardien l’a arrêté ! Bon, ça va que derrière, mon coéquipier (Joshua Ndoh) a fait le travail ! En fin de compte, tant mieux si j’ai loupé, comme ça, j’ai remis les compteurs à jour, et puis moi, j’aime bien la pression ! Ce match contre Blagnac, joué devant 1000 ou 1500 personnes, était équilibré, mais franchement, on n’a pas volé la qualif ! On a une équipe plutôt expérimentée, avec pas mal de joueurs autour de la trentaine, et deux ou trois joueurs de mon âge, dont Pierre-Antoine. Notre gardien, Cyril Garcia, a connu les belles années de Luzenac en National, il est très bon ! On a quelques joueurs qui ont joué en N3 et aussi Maecky Lubrano, défenseur central ou latéral, qui a connu le National à Bayonne et Pau. Après, dans le jeu, on est capable d’avoir de bonnes phases avec le ballon et on est capable aussi de faire mal sur les longs ballons. »