Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Le président de l’USL Dunkerque (National) revient sur la descente de Ligue 2 en National et évoque une remontée dans les deux ans, avec la certitude que, cette fois, son club sera mieux armé structurellement.

Jean-Pierre Scouarnec est un personnage. Une figure du championnat National. Un championnat qu’il a « délaissé » deux saisons durant, le temps de goûter un peu, trop peu, à la Ligue 2 (2020-2022) et de mesurer le fossé structurel existant entre les deux divisions.

A quelques heures de la rencontre face à Versailles, au stade Jean-Bouin, à Paris, le président de l’USL Dunkerque (depuis 2013) est revenu sur l’épisode douloureux de la descente en mai dernier, mais aussi sur ce début de saison plutôt conforme aux ambitions de son équipe (l’entretien a été réalisé avant la défaite 2 à 0 hier soir).

Réputé aussi pour son tempérament convivial et entier, « JP » comme ses amis l’appellent, assure avoir pris un peu recul sur les événements. S’être assagi. Faut-il vraiment le croire ? Il grille toujours autant de cigarettes et on l’entend toujours autant en tribune pendant les matchs, quand il ne cesse d’encourager son équipe ! « Oui je trépigne, je suis comme ça, j’ai besoin d’extérioriser ! Pendant le confinement, comme ça résonnait dans le stade, les gens disaient qu’ils m’entendaient râler pendant 90 minutes, mais je ne râlais pas, j’encourageais mon équipe ! J’ai besoin de sortir cette énergie. Après, ça plaît, ça ne plaît pas, ça, c’est autre chose. Je peux être impatient aussi. Tenez, j’ai une anecdote d’ailleurs : on est avec Gilbert (Guérin, le président d’Avranches) dans la vieille tribune de Dunkerque, pour un dernier match de championnat contre Avranches (3-0 en mai 2019) : penalty pour nous, 1 à 0, puis encore un deuxième penalty pour nous juste après et 2 à 0, et là, Gilbert est descendu, il est allé dire à l’arbitre ce qu’il pensait ! Alors ça, c’est le truc qui me fera toujours rêver ! Il s’est fait engueuler par le stadier. Moi je ne suis pas capable de faire ça. J’ai une autre anecdote. Dernier match avec Dunkerque de Fabien (Mercadal, l’ancien coach), avant qu’il ne parte entraîner en Ligue 2 (en 2016). On avait passé toute la première mi-temps du match avec Antoine Emmanuelli, Fabien et moi sur le banc de touche, c’était notre manière de lui souhaiter bon vent ! Bien sûr, on avait demandé au délégué avant ! »

« Les erreurs ? Je les garde pour moi… »

Président, récemment, vous disiez, dans un entretien à un média, vous en vouloir par rapport à la saison passée. Pourquoi ?
Parce que, quelque part, je suis le patron entre guillemets et quand ça dysfonctionne, c’est le patron qui est responsable. Après, on peut mettre ça sur le dos de l’entraîneur, du directeur sportif, des joueurs, du directeur général… En fait, je m’en veux car il y a des choses sur lesquelles je n’ai pas demandé que l’on réagisse plus rapidement, et c’est certainement ce qui a fait que l’on soit descendu. Mais ça permettra de ne plus refaire ces erreurs dans l’avenir.

Quelles erreurs ?
Je préfère garder ça pour moi, c’est très personnel.

Avec le recul, l’accession en Ligue 2, en 2020, n’est-elle pas arrivée deux ans trop tôt ?
Deux ans trop tôt je ne pense pas, mais elle est arrivée trop tôt quoi qu’il arrive, pour plusieurs raisons. On ne s’était pas suffisamment préparer à la professionnalisation : le club était considéré comme « amateur » depuis 24 ans même si on sait très bien que les championnats nationaux et notamment le National n’ont rien d’amateur. Mais on ne s’était pas préparé au monde professionnel, même si on s’était bien structuré. Ensuite, le stade n’était pas fini, même si l’on pouvait jouer dedans, et il y a eu le Covid aussi qui a fait que l’on a joué sans public à un moment donné, et enfin, dernière chose, au niveau du centre d’entraînement et du centre de formation, nous n’étions pas prêts. On sera mieux préparé. On a beaucoup plus de chance d’être prêt en fin de saison, cette année, après, sera-t-on pour autant prétendant ou accédant à la Ligue 2, c’est trop tôt pour le savoir même si on a pris le départ que l’on souhaitait prendre (entretien réalisé avant la défaite hier soir à Versailles 2 à 0).

L’objectif, c’est donc de remonter immédiatement ?
Les mots ont été mal interprétés. J’avais dit « immédiatement » mais pour moi, immédiatement, c’est dans les deux années qui viennent, évidemment.

Revenons sur la saison passée en Ligue 2 : lors de la 28e journée, l’USLD sort enfin de la zone rouge (17e sur 20) avant de s’effondrer littéralement et de terminer avec un nul et neuf défaites. Comment l’expliquer ?
Cette deuxième saison de Ligue 2, je m’en souviens par coeur. On avait des difficultés internes dans le domaine sportif, mais ça, c’était sur l’ensemble de la saison, pas que sur la fin. C’est vrai qu’il y a eu une période de mieux à un moment donné, mais on s’effondre, on ne s’en remet pas. Je vous le redis, beaucoup de choses en interne au niveau sportif n’étaient pas top.

« Le fossé L2-National n’est pas si important mais il va se creuser »

Maintenant que vous avez l’expérience de la Ligue 2, le fossé avec le National, que vous connaissez par coeur, est-il réel ?
La Ligue 2, on n’y a passé que deux ans… Mais je ne pense pas qu’il y ait un gouffre si important que cela entre les deux divisions. Il y a beaucoup de joueurs en National qui sont capables de jouer en L2, on en a la preuve régulièrement. En fait, le fossé, le gouffre, il est surtout au niveau organisationnel et financier. Elle est là la différence. Et ce fossé va s’agrandir avec la réforme des championnats. C’est pour cela qu’il faudra vraiment énormément travailler et être prêt si on veut retourner là haut (en L2) et s’y établir.

Si Dunkerque joue en Ligue 3 en 2024, ça vous embêterait ?
Non. C’est un championnat que je respecte. Je pense que c’est un des championnats français les plus difficiles avec le National 2, où, là, il faut être exclusivement premier pour en sortir. En National, on côtoie trois catégories de clubs : des associations qui n’ont pas eu l’obligation par la DNCG de passer en société, des sociétés qui sont des structures « amateurs », avec des contrats fédéraux, comme nous l’étions avant de monter en 2020, et enfin des clubs sous statut professionnel, pour ceux qui descendent de l’étage supérieur. C’est pour cela que ce championnat sort autant de joueurs de qualités. Gilbert (Guérin, le président d’Avranches) le disait dans l’entretien que vous lui avez consacré, il y a énormément de joueurs qui sont sortis du National pour aller en Ligue 1 et même en équipe de France. Donc quelque part, pour le haut niveau, le National est une source, un fournisseur de très bons joueurs. Et puis, il y a la problématique des clubs amateurs, qui peuvent perdre un joueur et ne rien percevoir.

L’USLD a conservé son statut pro malgré la descente…
Le statut pro, c’est prévu qu’il reste à la discrétion du club, mais un club peut redevenir amateur s’il le souhaite. La première année après la descente, c’est mieux de conserver le statut pro par rapport à ce que la Ligue reverse. Mais un club perd le Centre de formation s’il redevient amateur, donc…

‘L’actionnariat ? Il se dit beaucoup de bêtises… »

Le coach actuel, Romain Revelli, a été très souvent « attaqué » l’an passé, notamment sur les réseaux sociaux. Comment avez-vous géré cela ?
On a fait une réunion avec les supporters en fin d’année civile, où l’on a essayé de montrer que Romain n’était pas celui que l’on décrivait sur les réseaux sociaux. C’est vrai, je les regarde, je lis les commentaires, parfois j’en fais, mais je prends de plus en plus de recul par rapport à tout ça. J’ai remarqué que, en fait, quand tu gagnes, tu as 80 commentaires sur Facebook et quand tu perds, tu en as 110, mais ces 110-là ne sont jamais là quand tu gagnes et sur les 80 qui commentent quand tu gagnes, y’en a 2 ou 3 qui viennent défendre l’équipe quand elle perd. Je pense tout simplement qu’il y a des gens aigris qui profitent des défaites pour « baver » sur l’ensemble des personnes du club. En fait, c’est ça les réseaux sociaux !

Le journal La Voix du Nord a récemment évoqué l’actionnariat du club et la possible vente de leur part de deux des quatre actionnaires de la SAS : vous confirmez ?
Alors effectivement cette information est sortie début août dans La voix du Nord, j’ai lu ça quand j’étais en vacances. Je vais vous répondre exactement la même phrase qu’au journal : il se dit beaucoup de bêtises !

Vous dîtes que vous avez pris un peu de détachement, du recul, on a quand même du mal à l’imaginer…
J’ai pris du détachement par rapport à certaines choses. Au début, tu arrives dans tes nouvelles fonctions de président, tu gères pour faire en sorte que ça fonctionne, etc, et tu ne fais pas à trop attention à l’environnement mais tout ça, très vite, te rattrape, et donc, tu as tendance à réagir. Mais en fait, non, il ne faut pas réagir. Il faut rester soi-même. A la fin de la saison dernière, les Ultras ne voulaient pas quitter le stade tant qu’Edwin (Pindi) et moi n’allions pas les voir. Alors nous sommes allés les voir, on a discuté avec eux, calmement. J’ai aussi appris à prendre du recul sur le résultat match, à ne pas réagir à chaud, à l’analyser après, et à en parler avec les joueurs le lundi, car ça ne sert à rien de le faire tout de suite. Sinon on peut dire des choses qui peuvent dépasser la pensée. En foot, les émotions immédiates ne sont pas forcément les bonnes. Même si, parfois, il faut que cela sorte, comme lors de ce match face à Bourg-en-Bresse/Péronnas (lire plus bas). J’ai plus de recul. De la sagesse ? Non, d’ailleurs je ne sais pas si je deviendrai sage un jour. Si les joueurs ont fait le maximum sur le terrain, si l’équipe a fait ce qu’elle a pu, cela ne sert à rien d’en rajouter.

« On a une équipe homogène qui porte les valeurs de Dunkerque »

Un mot sur la saison actuelle : comment la voyez-vous ?
Le travail qui a été mené, et il inclut le dernier recrutement de Junior Senneville en provenance de Boulogne, est intelligent, homogène, et cela permet d’avoir une stabilité par rapport à des joueurs de qualité qui connaissent le National. Surtout, ces joueurs correspondent à l’USLD dans l’état d’esprit. De plus, les jeunes qui viennent du dessous sont aussi des joueurs de talent qui ne demandent qu’à s’exprimer, comme Rayan Ghrieb par exemple. On a une équipe homogène, qui a surtout toutes les valeurs de Dunkerque, des valeurs que l’on a un avait un peu perdues pendant notre deuxième saison de Ligue 2 : je pense à l’engagement physique, où on ne lâche rien, où on joue pendant 90 minutes. L’exemple du match à Nancy, où on gagne à la fin, ça s’est Dunkerque ! Je ne peux que féliciter Jocelyn Blanchard, le responsable de la cellule recrutement et aussi responsable du secteur sportif, l’entraîneur Romain Revelli et bien sûr, Edwin (Pindi, directeur général) qui compte les sous et qui dit ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire, puisque je ne mets pas mon nez dedans ! Mais je peux quand même dire « les gars, vous faites une connerie ».

Vraiment, vous ne mettez pas le nez dans le recrutement ?
Non. Les noms des recrues, je les apprends par Edwin. La seule chose sur laquelle je pourrais intervenir, c’est pour les gardiens (rires), mais le reste, ce n’est pas mon métier (rires) ! (Jean-Pierre Scouarnec a joué gardien de but).

Encore une question … une question qui fâche : quand est-ce que vous allez vous rabibocher avec Fabien Mercadal ?
Euh on n’est pas… enfin, moi à titre personnel, je n’ai rien contre lui. On a refait une saison ensemble, et j’ai demandé à la fin à ce que l’on se sépare. Cette saison (2020-2021) a été longue, fatigante, douloureuse, pour tout le monde, pour lui aussi. J’ai vu qu’il était le parrain de « 13heuresfoot », j’ai lu son interview ici, et il a raison sur une chose quand il dit qu’il a maintenu le club en Ligue 2, factuellement ça c’est vrai, sur le reste, je ne suis pas sûr qu’il avait raison sur tout. Mais Fabien est quelqu’un que je respecte, c’est un garçon entier, vrai, et ce qui il a fait à Quevilly Rouen a encore prouvé sa qualité d’entraîneur. Ce qui m’embête le plus, c’est de le savoir loin du foot, mais je pense qu’il y a des choses qu’il doit gommer, de la même manière que moi aussi, j’ai des choses à améliorer, mais à part ça, ça m’embête, parce qu’il manque au football. Il a des qualités indéniables pour ce métier là. Mais si le football ne lui manque pas…. J’ai su bien après malheureusement qu’il avait perdu son papa… J’ai vécu ça aussi, ça marque, je ne l’ai pas su, c’est dommage. C’était quelqu’un de très important pour lui, donc je peux comprendre comment il fonctionne aujourd’hui. Fabien, il manque au football !

Jean-Pierre Scouarnec, du tac au tac

Le questionnaire « Président »

Meilleur souvenir de président ?
C’est l’année de la montée en Ligue 2.

Le pire souvenir ?
La légère bagarre sur le terrain entre Marc Fachan, Damien Fachan et l’ancien avant-centre de Lyon-Duchère (Cédric Tuta, Ndlr) pour tirer un penalty… Je n’avais jamais vu ça de ma vie, ça a fait le tour des réseaux sociaux dans le monde entier. C’est incroyable pour une telle connerie.

Meilleur joueur passé sous les couleurs dunkerquoises sous votre présidence ?
Je vais en citer deux : Cyril Mandouki, et celui qui aurait dû être encore plus …. Alex Araujo.

Joueur le plus emblématique ?
Jérémy Huysman.

Le coach qui a marqué le club ?
Fabien Mercadal.

Le match mémorable ?
C’est Dunkerque contre Les Herbiers je crois, en National, on a terminé à 9, et Fabien (Mercadal) me donne sa démission sur le banc de touche !

Le pire match de l’USLD sous votre présidence ?
Y’en n’a pas eus, même si j’ai encore en mémoire en fin de saison dernière, deux matchs qui m’ont irrité, les deux derniers à domicile, j’ai même fini le dernier match dans les vestiaires à la mi-temps, ce qui ne m’était jamais arrivé.

Plus grosse fierté de président ?
Que le club fonctionne, perdure, que ça se passe bien entre l’Agglomération, la Ville, le club, les supporters, qu’il y ait cette osmose entre toutes les composantes, sans esclandre. C’est un ensemble. Le nouveau stade Tribut ? Oui, aussi, mais il fait partie de cet ensemble, il fait partie de l’évolution du club et aussi des relations avec l’agglo. On est en train de faire un Centre de formation aussi. C’est très important.

Le président de club le plus sympa ?
C’est dur de donner des noms, forcément, en National, je retrouve Gilbert (Guérin, président d’Avranches) et Jacques (Piriou, président de Concarneau), mais je vais en vexer si je ne donne que ces noms-là, parce qu’il y en a plein d’autres, et j’espère que mon ami Fulvio (Luzi, président de Chambly) va vite revenir avec nous pour reformer l’équipe ! Après je peux en citer en L1 ou en L2, « Lolo » Nicollin à Montpellier, Max Marty à Grenoble (Directeur général), POM à Rodez (Pierre-Olivier Murat, président du RAF), j’apprécie aussi Patrice Haddad au Red Star, etc. Je n’ai pas de problème relationnel avec les présidents de clubs, je ne me crois pas m’être fâché avec l’un d’entre eux.

Un club de coeur ?
Le club qui m’a donné mes premiers émois sportifs c’est Saint-Etienne, mais le club de mon coeur, celui de ma plus tendre enfance, où j’ai commencé à jouer au foot, c’est le Stade Lesnevien qui maintenant s’appelle le RC Lesnevien, à Lesneven, dans le Finistère.

Un stade mythique ?
L’ancien stade du Havre, le stade Jules-Deschaseaux.

Un modèle de président ?
Noël Le Graët et Jean-Pierre Hureau quand ils étaient respectivement président de Guingamp et président du Havre.

Une négociation difficile ?
Je n’en ai pas eue.

Votre plus grosse prime de match ?
Ce n’est pas mon mode de fonctionnement.

Votre plus grosse colère de président ?
Y’en a eues ! La plus grosse, après un match contre Bourg-Péronnas à Dunkerque, en National, où on est mal, avec Edwin (Pindi), on avait « laminé » le vestiaire à nous deux. On se dit à ce moment-là qu’on va descendre en National 2, et finalement on se sauve à Chambly à l’avant-dernière journée de championnat. Je ne suis pas coléreux. Je suis entier. C’est juste que quand il y a des choses qui me déplaisent, notamment avec les joueurs, je leur dis dans les yeux, et à ma manière. Ils le savent, de toute façon, en début de saison, je les préviens, car je les considère, quelque soit l’âge qu’ils ont, comme mes enfants.

Une tactique de coach que vous n’avez jamais comprise ?
Alors comme j’ai un peu de vécu dans le football, je les ai toutes comprises (rires).

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : USL Dunkerque

L’entraîneur de Canet-en-Roussillon (National 2) regarde dans le rétroviseur et revient sur son parcours de joueur et d’entraîneur, avec, très souvent, les noms de Charleville et surtout Sedan dans la bouche. Pour un Ardennais, rien de surprenant !

Farid Fouzari s’est présenté devant la caméra – l’entretien a été réalisé en visio ! – avec son CV à la main, histoire de ne rien oublier de son parcours et de ses très nombreuses expériences, de joueur tout d’abord, à Sedan et à Charleville, où il a connu la Division 2 au début des années 90, et d’entraîneur bien entendu.

D’ailleurs, à la fin de l’entretien, il n’a pas manqué de nous rappeler qu’il avait un match à préparer pour demain, avec son club de National 2, Canet-en-Roussillon (Canet RFC), à domicile, face à Fréjus/Saint-Raphaël.

Il aurait surtout pu venir avec son bouquin sous le bras ! Pas celui de ses mémoires, après tout, il est un jeune coach de 55 ans, et il a sans doute encore de belles aventures à écrire, comme celle avec Canet, au printemps 2021, lorsque le club des Pyrénées-Orientales a « sorti » l’OM en Coupe de France avant de chuter en 1/4 de finale face à Montpellier. Pas celui de ses mémoires, mais celui de ses … anecdotes ! Tant il en a vécues !

Le bouc rasé – « Je l’avais laissé pousser pendant la coupe de France l’an dernier mais après Montpellier, je l’ai enlevé, et parfois, je le laisse repousser ! » –, détendu, posé, Farid le Carolomacérien (c’est le nom des habitants de Charleville-Mézieres, sa ville natale, dans les Ardennes), a répondu parfois du tac au tac, parfois avec beaucoup plus de détails, aux nombreuses questions de 13heuresfoot, et a retracé son parcours. Du moins une partie, sinon, il aurait fallu … un bouquin supplémentaire !

Son parcours d’entraîneur adjoint (1998-2012)

« De 1998 à 2001, je suis resté trois saisons avec Patrick Remy, on a même joué l’intertoto. Ensuite j’ai travaillé un an et demi à la formation avant d’être rappelé en mars 2003 avec Dominique Bathenay, puis avec Serge Romano de 2004 à 2006. J’ai connu un an de chômage avant de partir au Paris FC en National en 2007-2008 avec Jean-Guy Wallemme, puis avec Jean-Marc Pilorget l’année suivante jusqu’en octobre 2009. Tout le monde a été surpris que je parte à paris mais je me suis très vite adapté ! Le pauvre « paysan », entre guillemets, qui arrive ! J’ai une faculté à m’adapter. Et puis je garde un excellent souvenir des personnes avec qui j’ai travaillé, j’ai vu l’évolution du club, je suis vraiment content pour eux. En novembre 2009, je retourne à Sedan comme adjoint de Landry Chauvin, avec qui j’ai beaucoup appris également, jusqu’en 2011, et avec Laurent Guyot la saison d’après.
En novembre 2012, je n’avais plus de club, mon contrat venait de s’arrêter à Sedan, j’ai refusé des propositions de CFA et finalement je remplace Laurent Hatton à Quevilly en National. Si c’était difficile à Quevilly ? Non, ce n’était pas difficile, c’était très très très difficile, à tous les niveaux du club. Je n’avais jamais connu ça. Des clans, des jalousies, des personnes qui veulent ta place… Pour ma première expérience de coach seul, j’ai beaucoup payé pour apprendre, ça m’a servi pour la suite. Là-bas, j’ai écrit un bouquin comme ça (il montre avec les doigts).

Retour à Sedan en 2013, en CFA2

Je suis rentré dans les Ardennes, retour aux sources, en famille. Y’a eu la reprise par les frères Gilles et Marc Dubois de Sedan en CFA2, après la rétrogradation de Ligue 2. Cela a été une aventure exceptionnelle et unique. Il restait l’entraîneur chargé de la préparation physique, Teddy Pellerin, avec qui j’avais déjà bossé, et l’entraîneur des gardiens, Régis Roch. Il restait aussi quelques joueurs de 18 ans de la Gambardella. On est monté grâce à notre place de meilleur 2e derrière Croix. Et on a enchaîné la saison suivante avec une montée de CFA en National, avec un record de victoires je crois, 23 victoires. Et puis là, Olivier Miannay, le directeur sportif arrivé la saison précédente, ne se met pas d’accord avec ses dirigeants et s’en va, et là, je vois des « satellites » arriver, tourner autour du club, c’est comme ça que je les appelle. Directeur sportif, c’est un vrai métier. Il a fallu gérer ce domaine mais ce n’est pas mon métier, même si j’ai un peu plus d’expérience maintenant. Je suis limogé en novembre 2015. Il y a eu une histoire avec Pascal Feindouno, que le club a voulu recruter, or moi je m’y suis opposé. Cela a été le début de la fin.

Le football aujourd’hui

Ce sont les comportements qui sont difficiles aujourd’hui, c ‘est de plus en plus dur de fédérer autour d’un projet d’équipe, on ne parle même plus de projet club. La mission d’un coach, c’est un projet d’équipe. J’ai vu des joueurs, qui me disaient, je suis gaucher, je veux jouer à droite… Non, non, tu vas jouer à gauche. Il va vite, il a un pied gauche. OK. Tu lui expliques une fois, deux fois, tu le mets sur le banc, il rumine, tu le mets dans les tribunes, il va voir les dirigeants. ça devient frappant. Dès fois j’ai l’impression de parler chinois. Je parle comme un vieux con, je leur dis la porte est ouverte, mais les joueurs, ils ne viennent plus ! Bon, après, c’est le métier. Fédérer, c’est compliqué. Et les jeunes qui arrivent, alors là… L’idéal, on peut dire ce que l’on veut, ce sont les jeunes qui sortent d’un centre de formation, ça bosse, ça écoute.

Canet-en-Roussilon (depuis 2020, en N2)

 « C’est ma 3e saison. La première saison, il y a eu la Covid-19. Heureusement qu’il y a eu la coupe. Cela a été extraordinaire, avec un 1/4 de finale, on avait les crocs ! On s’était arrêté en octobre puis on a repris en janvier quand on a su que la coupe de Franc allait reprendre. Cela nous a permis de nous entraîner d’abord, et puis on a passé des tours… L’année suivante, on a fait une préparation de huit semaines, car certains n’avaient pas joué depuis des mois. On a recruté une dizaine de joueurs. On a fait un super début de championnat, on a pris beaucoup de points et heureusement car on a eu notre histoire de Covid derrière… On a perdu 11 points sur tapis vert. Une erreur a été faite, ça a nui au club. Je ne veux pas en parler, des noms sont montés. Bien sûr, on était en haut de tableau, mais on n’est pas structuré pour monter. On y a pensé au début, avec notre bon départ, c’est tout, mais après, on s’est retrouvé à jouer le maintien à cause des points de pénalité, et là, l’approche n’est plus la même. Il restait six matchs. Ce n’était plus la même musique. »

Sedan ou Charleville ?

Sedan c’est mon club de coeur ! J’ai passé plus de 20 ans dans ce club, j’ai eu la chance d’être entraîneur, entraîneur adjoint, joueur, éducateur, j’y ai vécu plus de belles choses que de mauvaises, même si cela n’a pas été non plus facile en 1986, quand le club est descendu de D2 en D3, c’était une période un peu noire, compliquée. Et j’ai vécu la restructuration dans les années 80, la construction du centre d’entraînement à Bazeilles, avec les terrains d’entraînement, le président de l’époque, Urano, a fait un travail exceptionnel. Sportivement, pendant les travaux du centre, ça a été un peu l’aventure car on n’avait pas de vestiaires, on a dû aller dans des communes voisines, j’ai aussi vécu la construction du stade Louis-Dugauguez.

On aurait puis lui parler aussi de l’AS Prix-les-Mézières, club de CFA2 qu’il a emmené en 16e de finale de la coupe de France en 2017, ou encore de son bref retour à l’Olympique Charleville Neufmanil Aiglemont en Régional 1 encours de saison  2018-19, et aussi de ses aventures rocambolesques au FC Martigues, en N2 (2017-18), quand le mannequin Baptiste Giabiconi était aux commandes… On a préféré embrayer sur un bon vieux questionnaire « tac au tac » des familles !

Farid Fouzari, le joueur

Ton meilleur souvenir sportif ?
Un 8e de finale de coupe de France avec Charleville-Mézières. On avait dû jouer à Lens au lieu de jouer chez nous, c’était magnifique.

Pire souvenir sportif ?
Une grave blessure l’entraînement, avec Sedan, j’ai eu fracture du crâne, du péroné, des deux malléoles et beaucoup de difficultés à revenir et un an après, je suis passé adjoint de Sedan avec Patrick Remy. C’est le destin.

Un coéquipier ?
Fabrice Jacquier à Sedan, on est encore ami, on faisait partie de la charnière centrale à Sedan en D3 et on est monté en D2 aussi, j’ai joué une saison à Sedan en D2 avant de partir 4 ans en D2 à Charleville. Y’en d’autres aussi, mais quand je rentre dans mes Ardennes, avec Fabrice, on est obligé de se voir !

Le coach qui t’a marqué ?
Y’en a plusieurs, Pierre Tordo, Bruno Metsu, Moussa Bezaz, Michel Leflochmoan, ce sont des bons entraîneurs et ce sont des hommes surtout !

Des amis joueurs de l’époque ?
Je suis toujours en contact avec quelques anciens, Cédric Elzéard, Cédric Mionnet, Olivier Quint, Frédéric Barbin, on reste en contact, j’en oublie plein !

Une anecdote de vestiaire ?
Avec Sedan, on était revenu à 4h du matin de je ne sais plus où et en arrivant sur le parking, là le coach, Brunoi Metsu nous dit de ne pas rentrer chez nous, car … il y a entraînement !

Un adversaire ?
Plutôt un derby alors, les derbys Sedan – Charleville, des matchs âpres à jouer, à l’époque, c’était les années 90, y’avait beaucoup d’engagement. J’ai fait les deux clubs en plus, alors…

Un stade ?
Le stade Emile-Albeau de Sedan, maintenant, il n’existe plus, car le stade Louis-Dugauguez a été construit à sa place. Je suis un peu nostalgique, oui, c’était un vieux stade, les gens étaient debout, sur les gradins, en pourtour, on a y a vécu une montée en Division 1 et une demi-finale contre Le Mans extraordinaire en Coupe de France (4-3 après prolongations en 1999 puis défaite en finale 1 à 0 contre Nantes au Stade de France). On a des souvenirs extraordinaires dans ce stade.

Un match référence ?
Non, j’étais assez régulier, j’avais une certaine moyenne, des fois je descendais en dessous (rires !).

Le club où tu as failli signer ? Au Mans ! J’étais allé faire un essai là-bas, c’était la seule fois que je partais des Ardennes, y’a avait énormément de monde, j’avais été surpris. Ils étaient en D2.

Farid Fouzari, l’entraîneur

Meilleur souvenir de coach ?
La première année avec Sedan, comme adjoint de Patrick Remy, on a eu la réussite de monter en Division et de faire la finale de la coupe de France.

Pire souvenir ?
La descente en Ligue 2 avec Sedan, en 2007, j’étais à la formation, Dominique Bathenay avait repris l’équipe, le club m’avait rappelé pour être adjoint.

Meilleur joueur sous tes ordres ?
Plusieurs joueurs m’ont surpris en élevant leur niveau de jeu, je pense à ceux de Sedan à la fin des années 90, qui ont joué en National puis en Ligue 2 et en Ligue 1, les Cédric Mionnet, Madjid Adjaoud, Cédric Elzéard, Pierre Deblock, etc. Je jouais avec eux l’année d’avant mon premier poste d’adjoint. Bruno Metsu était parti à Valence et le président Pascal Urano m’a proposé de travailler avec Patrick Remy. Je sortais d’une année compliquée, je n’étais plus compétitif. Je n’ai pas retrouvé mon joueur, donc j’ai accepté de suite le poste.

Un rituel de coach ?
Oui, j’aime bien faire mes causeries le matin du match.

Un coach avec qui tu pourrais partir en vacances ?
Avec Patrick (Remy), je suis resté en relation avec lui, on s’est vu y’a un mois et demi, c’est celui celui qui m’a fait démarrer.

Un coach avec qui tu ne partirais pas en vacances ?
Je n’en ai pas, j’ai été adjoint de beaucoup d’entraîneurs au début de ma carrière, Dominique Bathenay, Serge Romano, Landry Chauvin, Jean-Guy Walemme, Jean-Marc Pilorget, Laurent Guyot, même si avec Guyot, je n’étais pas vraiment son adjoint. C’était particulier.

Un modèle de coach ?
J’observe, j’aime ce que fait Bielsa, sa façon de faire, ses modulations tactiques. J’aime le football anglais. J’adore ce championnat, où c’est l’efficacité avant tout, qui alterne le jeu court et le jeu direct.

Un style de jeu ?
J’ai un système preférenciel, en 4-4-2, parce que j’ai commencé dans c système avec beaucoup de réussite à Sedan ! Mais je ne suis pas figé.

Un club ?
Canet-en-Roussillon, mon club actuel.

Un stade ?
Albeau, et le Stade de France. La première finale de coupe de France là-bas, avec Sedan, waouh, ca m’a marqué !

Un match référence ?
Oui, à Istres, en National 3, avec l’Athlético Marseille, juste avant mon arrivée à Canet. On est 2e, ils sont 1ers, et on va gagner chez eux avec un score… et une prestation très élevée, on gagne 7-0, et compte tenu des soucis extra-sportifs que l’on avait à ce moment-là, c’est marquant (son club avait finalement terminé 1er de son championnat avant de se voir refuser l’accession en N2 et d’être rétrogradé en Régional 2).

Pire match ?
Un match de championnat avec Charleville à Marseille, lors de la deuxième saison de l’OM en D2, je n’ai jamais vu un match aussi long et pénible, on était archi-dominés, ça durait 2 jours, le ballon revenait sans cesse, on prenait des vagues, on a perdu 4 à 0 (en novembre 1995). Pénible.

Le club où tu as failli signer ?
Je ne dirais pas les noms, mais j’ai eu des contacts pour entraîner plus haut mais il me manque le diplôme pour entraîner en pro … Je me suis inscrit l’an passé mais je n’ai pas été pris. C’est comme ça. Je vais refaire ma demande, aller aux tests.

Le club que tu rêverais d’entraîner ?
Un club anglais !

Qu’est-ce qui t’a manqué pour durer en National ?
J’ai peut-être été trop « club » parfois, quand j’étais adjoint, j’aurais peut-être dû partir pour passer mes diplômes, à ce moment-là.

Farid Fouzari, dans la vie de tous les jours

Joueur préféré ?
Un de mes joueurs actuels à Canet, mais je ne vous dirais pas lequel !

Ton match de légende ?
Les matchs de l’équipe de France avec le quatuor que j’adorais, Fernandez-Platini-Tigana-Giresse.

Une idole de jeunesse ?
Mickaël Jackson ! Rien à voir avec le football !

Place Ducale à Charleville ou château de Sedan ?
Place Ducale quand même !

Tes occupations en dehors du foot ?
J’aime bricoler, c’est mon père qui m’a appris ça. J’ai même donné un coup de main à une période à Fabrice Jacquier qui est couvreur maintenant. Sinon, les balades, le cinéma.

Un plat ? Une boisson ?
Le couscous de ma mère. Et je vais dire de l’eau, parce que je ne peux pas dire autre chose, mais mes amis savent ce que j’aime bien boire (rires) !

Une couleur ?
Bleu.

Cinéma ?
Les films d’aventure, d’action.

Une devise ?
Il n’y a que le travail qui paie.

Ce que tu détestes par-dessus tout ?
Les gens hypocrites. Moi je suis franc, alors… Je « perds » des joueurs parfois parce que je ne leur vends pas du rêve en leur disant qu’ils seront titulaires, je ne trouve pas ça honnête.

Ta plus grande fierté ?
Mes parents, ma famille.

La chose la plus importante pour toi dans la vie ?
Etre soi-même, mais c’est de plus en plus dur aujourd’hui !

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : DR et Canet RCF

Les treize matchs de National disputés en 2017-2018 avec son club de toujours, le FC Chambly, constituent le sommet de sa carrière. Le défenseur sénégalais conciliait alors ballon et travail dans la mercerie de son oncle. Doté d’un mental d’acier, il s’est toujours battu pour se faire sa place. Il est d’ailleurs passé à un cheveu de participer à une demi-finale de Coupe de France avec le club de l’Oise… Des moments de grâce aux chutes douloureuses, portrait d’un footballeur amateur qui n’a jamais été épargné par le sort malgré ses efforts.

Photos Eric Cremois / Photosports

« Dans ma carrière, à chaque fois que j’ai cru sortir la tête de l’eau, je suis vite retombé très bas. Les chutes font de plus en plus mal… »

A 30 ans, le défenseur central Mafall Seck se pose de sérieuses questions en repensant aux six saisons passées à gagner sa vie dans le monde du football amateur, entre National 3, National 2 et National.

Sans club depuis deux ans, le natif de Dakar (Sénégal) a ressenti le besoin de rentrer dans son pays d’origine pour se ressourcer auprès des siens. « J’ai un mental d’acier, et je serais capable de sauter dans l’avion si l’on me propose un beau projet. Mais j’essaie d’être lucide. Peut-être que ma carrière ne repartira pas, et je n’ai plus envie de trimer. »

Trimer, le mot est lâché, et colle à la peau d’un joueur qui s’est toujours battu pour se faire une place mais n’a jamais été épargné par les coups du sort. Un destin fait de quelques hauts et beaucoup de bas auquel n’aurait pas songé le petit Mafall quand il avait 10 ans.

À cette époque, il quitte le Sénégal et pose ses valises dans le 18e arrondissement de Paris pour emménager chez son oncle. Fou de ballon rond, c’est la tête pleine de rêves qu’il fait ses classes dans les catégories de jeunes, avant de croiser la route de Christophe Taine à l’aube de la saison 2011-2012.

Titulaire en National 2 à 19 ans

L’ancien coach, entre autres, du Paris FC (2013-2015, National) et actuel de Bobigny (National 2) lui donne sa chance à l’UJA Alfortville.
Le club Val-de-Marnais vient tout juste de descendre de National en National 2 et entame sa reconstruction en rajeunissant l’équipe. Mafall a alors 19 ans. « J’ai fait un match d’essai, et c’était parti, sourit-il. Christophe Taine avait confiance en moi, j’ai joué 21 matchs (NDLR : 19 titularisations) et on a maintenu le club à l’avant-dernière journée, en gagnant 3-2 contre la réserve du PSG. J’ai accumulé plein d’expérience, et d’espoir. »

Un espoir vite éteint : pendant l’intersaison, l’UJA Alfortville fusionne avec le Maccabi Paris. Nouveaux dirigeants, nouvel entraîneur, nouveau projet, et direction la sortie pour lui. Le moment d’un nouveau chapitre, avec le FC Chambly, en 2012. Un ami lui donne le numéro de l’entraîneur, Bruno Luzi. Un coup de fil puis un match d’essai plus tard, et Mafall débute la plus longue et intense aventure de sa vie.

Le club de l’Oise vient alors de monter en National 2. « On a fini deuxième, et je faisais partie des cadres (NDLR : 20 matchs) mais j’ai déchanté l’année d’après. Le club a beaucoup recruté, j’ai très peu joué (NDLR : 4 titularisations, 7 matchs). On est montés. Dans ces conditions, forcément, je n’ai pas été conservé, d’autant plus que je n’avais pas de contrat fédéral. »

Son retour à Chambly lié à un départ… la veille de la reprise !

Ce premier ascenseur émotionnel en appellera d’autres. Dans la foulée, le Sénégalais tente sa chance pendant une saison à Aubervilliers, en N2, sans succès (5 matchs en National 2).

Après cet échec, c’est le décès de sa mère qui le touche profondément. « J’étais à l’ouest, vraiment pas bien. Entre le foot et la famille, tout s’effondrait. J’ai failli tout arrêter » soupire celui qui prend alors une année sabbatique avant de rechausser les crampons à… Chambly ! Et, pour une fois, il doit son retour à un coup de chance. « Il fallait bien que je reprenne le foot, se souvient-il. J’ai appelé Bruno Luzi pour savoir s’il pouvait me relancer, même en réserve. Une semaine plus tard, il me répond que l’effectif est plein, qu’il est désolé… mais m’appelle finalement la veille de la reprise pour me dire de me pointer (sic) à 9 heures ! En fait, l’un des défenseurs, Hamidou Ba, vient de les informer qu’il signe ailleurs (sourire). »

Footballeur de National et… co-responsable d’une mercerie

Gonflé à bloc, Mafall Seck arrive déterminé à prouver sa valeur. S’il est d’abord cantonné à la réserve, l’impressionnante cascade de blessures qui frappe alors Chambly va changer la donne. Le 27 octobre 2017, à 25 ans, le défenseur est propulsé titulaire en National à l’occasion d’un déplacement malheureux (4-2) à Cholet, match de la 11e journée. Une récompense quasiment inespérée pour celui qui n’avait rien lâché mentalement en dépit de la fatigue cumulée entre le football et la mercerie de son oncle. Le footballeur y travaillait en parallèle tous les jours, ou presque, parfois jusqu’à 21 heures. « La famille, c’est le sang, il faut s’entraider, et mon oncle comprenait que le foot me rendait parfois indisponible à cause de certaines exigences, confie-t-il. Mais l’aider était une forme de respect, et ça me donnait un petit coup de pouce financier. C’était faisable : après tout, on s’entraînait le matin, j’avais du temps libre. Je ne jouais ni en Ligue 1, ni en Ligue 2, ça ne servait à rien de me prendre trop au sérieux. Je n’avais aucun complexe, et je n’avais pas à en avoir. Moi aussi, j’avais une voiture, et je ramenais même Christian Kinkela (NDLR : milieu offensif aux 29 matchs de Ligue 1 et 186 de Ligue 2) de l’entraînement chez lui, à Paris (sourire). »

Ses efforts seront récompensés par 13 matchs de National (5 passes décisives) mais, comme bien souvent, le tableau est assombri par une désillusion. S’il prend part à l’incroyable épopée de Chambly en Coupe de France, il manque le quart de finale victorieux face à Strasbourg (Ligue 1, 2-1) pour cause de suspension.

Plus difficile à vivre encore, il se casse le bras en réserve peu de temps avant la demi-finale, perdue contre les Herbiers (National, 2-0) devant plus de 35 000 spectateurs dans l’ambiance de feu du stade de la Beaujoire, à Nantes. « C’était atroce, peste-t-il. Le médecin me taquinait un peu quand il a su que je jouais à Chambly, m’a parlé de la demi-finale qui arrivait et m’a dit votre bras est cassé. Je pensais qu’il plaisantait, et il m’a montré les radios. Tout s’est écroulé. »

«L’impression d’être le bon soldat, la dernière roue du carrosse »

De cette période, le défenseur garde un goût amer dans la bouche. « Le football, c’est du talent, mais aussi de la chance, souffle-t-il. Chambly a toujours été correct et réglo avec moi, j’étais écouté et respecté. Mais, et peut-être que je me trompe, quand quelqu’un devait sauter, c’était Maf (NDLR : son surnom). J’ai parfois eu l’impression d’être considéré comme le bon soldat, celui qu’on envoie au casse-pipe, la dernière roue du carrosse. Bien sûr, ce n’est pas l’unique explication de ma blessure, mais j’avais joué en National le vendredi, puis j’avais renforcé la réserve le dimanche. Pendant ce temps, la plupart de mes coéquipiers étaient soit sur le banc, soit au repos. C’était déjà la même chose avant Strasbourg. »

C’est donc depuis les tribunes que le Sénégalais observe ses coéquipiers assurer le maintien sur le fil après une saison compliquée en championnat.

Les gradins, « Maf » les fréquentera tout l’exercice suivant, marqué par un recrutement haut de gamme et ponctué par une montée en Ligue 2. « Je n’ai pas fait la préparation à cause de ma blessure. Ensuite, c’était difficile de prendre le train en marche, même si le vent aurait pu tourner en début de saison. L’équipe avait du mal, et Bruno Luzi avait dit aux joueurs c’est le match de la dernière chance. On vous a donné du crédit parce que vous avez de gros CV, mais des gars comme Max (Hilaire) et Mafall ont les crocs, et n’attendent qu’une chose, prendre votre place. L’équipe a gagné, puis a commencé à tourner, le collectif s’est mis en place, ça devenait impossible de se faire une place. »

« Dans le foot, il n’y a pas de sentiments »

Impossible, comme l’idée de voir son rêve de signer un contrat pro avec son club, même s’il veut alors y croire en son for intérieur. « Quand, la saison précédente, il a fallu se casser le cul (sic) pour aller maintenir le club dans des matchs tels que Marseille-Consolat, je ne m’étais jamais caché. Après tout, le club serait sans doute descendu sans ses soldats. Alors, j’avais l’espoir que pour services rendus… Mais il n’y a pas de sentiments dans le foot. J’ai tout à fait compris : on peut tout me dire, tant que ça ne touche pas à l’être humain. Le président (NDLR : Fulvio Luzi) m’a dit que je n’avais pas été utilisé, donc qu’il ne m’offrirait pas de contrat. J’ai juste répondu que je n’avais pas choisi de ne pas être utilisé, et j’ai essayé de comprendre si j’avais fait quelque chose de mal pour passer de 15 matchs à zéro. Rien de grave, juste un peu de fierté… »

Son ambition, le défenseur ne l’abandonne pas tout de suite. Dans la foulée, un agent lui propose un essai à… Al Tadamon, un club de l’élite au Koweit. Un autre monde. « La ville est construite en plein milieu du désert. Il fait excessivement chaud, les équipes s’entraînent le soir. Et encore, même à 19 heures, il fait encore 30°C ! Il n’y a pas grand-chose à y faire, sinon se concentrer sur le foot. Financièrement, les contrats sont intéressants, autour de 6000 € par mois. Les infrastructures sont top. L’idée de s’y imposer est réaliste : le niveau n’est pas dingue. Les 3 ou 4 premiers clubs sont au niveau d’une National, voire Ligue 2, mais pour le reste, c’est National 2, et même National 3. C’est un bon tremplin pour essayer de se faire remarquer des meilleurs championnats voisins, le Qatar et l’Arabie Saoudite… »

Pied cassé à Chamalières puis COVID-19…

Mais l’aventure tourne court. Après une dizaine de jours, le directeur sportif, absent lors de son essai, l’informe à son retour que le quota de joueurs étrangers du club est dépassé. Le défenseur rentre en France : il pense rapidement rebondir à la suite d’un coup de fil d’Aboubakar Koné. Les deux joueurs se sont connus à Chambly, et son ex-coéquipier lui propose un essai à Chamalières (National 2). « C’était un super projet,se souvient Mafall. Je me suis vite mis d’accord avec le président, j’avais un contrat fédéral, un appartement, les entraînements se passaient bien… mais je me suis cassé le pied lors du premier match de championnat. J’étais dépité, j’ai résilié mon contrat et je suis rentré à Paris. »

Il rejoint rapidement sa famille au Sénégal, histoire de se soigner sereinement auprès de ses proches. Une belle idée… avant un nouveau coup de malchance. Le monde assiste à l’émergence de la pandémie de la COVID-19.

Quelques jours après son départ, les frontières se ferment les unes après les autres. Il reste bloqué dans son pays, et voit, au fil du temps, les championnats amateurs définitivement arrêtés par les instances fédérales. « J’avais été mis en contact avec l’entraîneur (NDLR : Sébastien Dailly) de Beauvais en National 2 par Eduardo Rodrigo et John Popelard, d’anciens coéquipiers de Chambly. Le coach m’a dit « tu n’as pas joué depuis longtemps, j’ai donc besoin de voir où tu en es. Viens t’entraîner, et si ça se passe bien, on te signe »… Forcément, tout est tombé à l’eau… »

Resté au Sénégal, le défenseur s’entretient physiquement avec le Dakar Sacré Cœur, un club de l’élite locale. Une nouvelle aventure en vue ? Rien de moins sûr. « Le foot pro, ici, c’est compliqué, conclut-il. Je ne l’exclue pas, mais les salaires moyens sont à 300 ou 400 €. J’ai l’impression de tourner un peu en rond. J’ai encore la passion, mais je me projette vers l’avenir. J’ai vécu du football amateur, mais contrairement aux pros, je n’ai pas gagné assez pour mettre des masses d’argent de côté (sic.). Si j’arrête, je vais repartir de zéro, et galérer pour faire mon trou, repartir en bas de l’échelle, comme je l’ai fait dans le football. Le temps passe, et ce qu’il me reste, c’est peut-être le moment de l’investir. Je suis bien entouré, ma famille est dans le commerce. »

Les priorités semblent donc avoir changé pour celui qui est jeune marié depuis peu de temps…

Texte : Anthony YATKIN – Mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : ERIC CREMOIS / Photosports

Il a vécu l’Europe avec le club luxembourgeois de Dudelange contre l’AC Milan ou le Betis Séville, les saisons historiques de Chambly en Ligue 2, le National avec Epinal, et évolue désormais au Red Star, en National, un autre club légendaire de France… Retour sur le parcours singulier  d’Aniss El Hriti, un joueur de 33 ans revenu au bercail l’été dernier et qui continue de briller.

La vie de footballeur est ainsi faite de sinuosités, de sommets, de moments de creux, de rêves et d’espoirs déçus. Tous les prétendants ne réussissent pas à se frayer un chemin dans le terrible monde professionnel, et tous ne contemplent pas les mêmes vertiges dans leur carrière.

Alors que celle-ci n’est pas encore achevée pour lui, Aniss El Hriti (33 ans) s’est confié, après l’entraînement du Red Star, sur son parcours singulier, entre monde amateur et professionnel.

Le franco-marocain a ainsi évoqué les étapes d’un chemin fait de prises de risques, de détours et de réussites, à l’image du joueur qu’il est sur le terrain. Latéral gauche formé milieu offensif, le défenseur a transposé son goût de l’attaque à son poste, un penchant vers l’avant qui renvoie à sa carrière.

Celle-ci l’aura amené au FC Gueugnon, à 20 ans, une fois quitté le cocon parisien, puis à Marseille-Consolat, Le Pontet et Epinal où il figurera dans l’équipe-type de National de 2017.

Le natif de Sevran a aussi connu la Ligue 2, du côté de Tours et Chambly, et l’Europa League, avec Dudelange. Pour 13heuresfoot, Aniss El Hriti s’est raconté et a conté sa belle histoire, qui l’a ramené, l’été dernier, au Red Star, le grand club du 93 dont il est originaire.

« J’ai toujours joué dans des clubs familiaux »

Aniss, on va faire dans le classique pour commencer. Tu as rejoint Le Red Star il y a un an, et, quelque part, tu es revenu à tes racines parisiennes, après une sacrée carrière qui t’a emmené un peu partout…

Je suis issu du 93, à Sevran. Ensuite, à partir des poussins, j’ai évolué au CSL Aulnay. C’était le club le plus compétitif du coin, où je pouvais aller à pied, car mes parents ne pouvaient pas tout le temps m’emmener aux entraînements, même s’ils étaient tout le temps à mes côtés dès mon plus jeune âge. Ensuite, il y a eu Les Lilas, Neuilly-sur-Seine, puis je suis revenu à Aulnay. Après une bonne saison ado, j’ai signé en D1 futsal à Garges, où je jouais avec Wissam Ben Yedder par exemple. J’ai eu envie de revenir au foot à 11 après cette expérience, et je suis allé au Raja Casablanca. Puis j’ai eu l’opportunité de signer à Drancy. À la suite d’un tournoi, j’ai été repéré par un joueur qui était au FC Gueugnon, où j’ai fait un essai à 20 ans ! C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé ma carrière dans le monde professionnel.

Que t’évoquent ta jeunesse, ta formation parisienne, tes premiers clubs ?

Photo @flashlinephotographe

Quand tu grandis, tu es avec tes potes de l’école, et après l’école, c’est le foot. Pendant les week-ends, il y avait des tournois, on se retrouvait deux-trois jours, à Bordeaux, à Auxerre, c’était super convivial. Dans 93, que tu sois chez toi ou dehors, tu es toujours en famille. Car les gens sont là pour toi, et pas pour ce que tu as. Tu es dans un certain état d’esprit, en exagérant le truc, c’est « réussir ou mourir ». Tu te bats pour réussir, car il y a des bons côtés dans le 93, mais il y a le côté où c’est aussi pauvre, on ne donne pas forcément leur chance aux jeunes, donc tu as envie de plus te battre que les autres, tu sais que tu auras plus de difficulté à réussir. Quand tu réussis, tu savoures beaucoup plus. Ce sont tous ces moments-là que tu retiens, les tournois, la semaine avec tes potes, les week-ends où tu es accompagné par les parents, les matches, le sandwich-merguez, tu es tout le temps avec tes amis, du matin au soir. Finalement, tu es dans un amusement, puis tu essaies de bâtir quelque chose de grand. Ce vécu-là permet d’intensifier les liens avec les amis, la famille.

C’est un fil rouge dans ta carrière, ce côté familial ? On peut penser au Red Star, mais aussi à Chambly …

La plupart du temps, j’ai choisi des projets où le coach me faisait part d’un état d’esprit. Le Red Star c’est encore autre chose, car c’est un club qu’on a dans le cœur, qui est dans le 93. Nous, à Aulnay en jeunes, c’était le rêve d’être au Red Star. Car c’est l’élite, c’est le club phare de Seine-Saint-Denis. Le Red Star c’est le Marseille Consolat du 93 (où il a joué, ndlr), qui est le club d’un quartier de Marseille. J’ai toujours été dans des clubs familiaux car j’ai besoin de ces valeurs-là, où tu peux manger à dix dans une assiette, ton pote vient te chercher le matin. Il n’y a pas de règles, mais il y a du respect. Ce sont ces choses-là qui nous permettent de grandir, d’avoir envie de réussir, de bonifier l’image de Seine-Saint-Denis.

Ça donne aussi du recul dans les moments plus difficiles, non ? Juste après ta formation parisienne et avant Gueugnon à 20 ans, il y a un passage compliqué au Raja Casablanca…

J’avais le choix d’aller en D1 marocaine pour être dans l’optique de devenir un joueur important de ce championnat, postuler en équipe nationale. Par manque de maturité, comme à cause de la différence de mentalité, ça a été difficile. Tu pars, tu es seul là-bas, la mentalité n’est pas la même. C’est performer chacun de son côté pour performer tous ensemble. Rien à voir avec l’image du football que j’avais, où j’ai besoin qu’on réussisse tous ensemble, en s’aidant. J’étais mature en âge, mais je n’étais pas encore prêt pour ce monde-là.

Donc tu reviens en France, à Drancy, où tu es repéré par Gueugnon.

Photo @IciEtAilleurs55

Quand je reviens en France, je pars à Gueugnon après Drancy, en effet. Comme je suis quelqu’un qui aime bien les challenges, après avoir quitté mon domicile familial pour Gueugnon, je veux me prouver que je peux réussir à l’étranger. Je vais donc en Ecosse, à Falkirk, le club de Sir Alex Ferguson. Je signe là-bas, et en fait je me rends compte que non, je ne suis toujours pas prêt (rires) ! Au bout de quatre mois, pourtant ça se passait super bien, je dis au coach que je dois revenir en France, j’ai une urgence. Je pars, et je ne suis jamais revenu. J’ai fait ma lettre de résiliation. En toute transparence, j’ai beaucoup de respect pour eux, mais là-bas le fighting spirit, vivre en toute liberté, ce n’était pas pour moi. Leur cadre de vie leur convenait, ils pouvaient sortir le soir du lundi au vendredi et être performant le week-end. Au début tu suis pour t’intégrer, tu arrives, tu veux vivre ton rêve, tu as la statue de Sir Alex Ferguson, tu as 21 ans. Mais je ne m’y retrouvais pas. Je n’étais pas prêt. Pendant 20 ans, j’étais avec ma mère, ma sœur, mon père, mes amis. Là, je me suis retrouvé aussi seul. Peut-être que j’étais mature au niveau de l’âge, mais je n’étais pas encore prêt. Je n’avais pas le bagage pour m’imposer dans ce monde-là.

Puis là, tu reviens, et ta carrière est faite de plusieurs clubs, Marseille Consolat, Le Pontet, et enfin Epinal, où tu exploses définitivement.

Photo @flashlinephotographe

Un Parisien à Marseille ça fait toujours bizarre, mais comme je suis quelqu’un de sociable, qui aime bien rigoler, ça a été. J’arrive là-bas, première semaine on joue contre l’OM en amical. Je fais un top match, je jouais ailier droit. Juste après, José Anigo me dit de venir faire un essai d’une semaine avec le groupe pro de l’Olympique de Marseille et là, Consolat me dit « soit tu signes chez nous soit tu fais un essai mais alors ton contrat ne tient plus ». Aniss choisit donc Marseille Consolat !

Puis je suis signe au Pontet. L’entraîneur de Consolat, Hakim Malek, était parti là-bas, c’est un coach qui compte et a participé à ma progression footballistique. Je quitte ensuite Consolat par manque de temps de jeu, j’arrive à Epinal en National avec les crocs et l’envie de prouver que j’avais le niveau pour ce championnat, et même au-dessus ! Je fais une des meilleures saisons de ma carrière, avec un super coach, Xavier Collin, l’actuel coach d’Orléans (National), qui m’a donné toute sa confiance et qui m’a aidé dans tous les domaines. Franchement, sur le plan footballistique, c’était la meilleure saison de ma carrière… Avant Dudelange ! Je finis dans l’équipe-type de National, et j’arrive au Tours FC.

« Tours, un kiffe total »

Découverte de la Ligue 2 donc !

Et dans un des meilleurs clubs de Ligue 2. Il y avait des tops joueurs, Olivier Giroud, Andy Delort, que des supers éléments, dans une belle ville, un beau stade… L’année où j’arrive, je regarde le vestiaire, je me dis, « En fait, tu peux même monter en Ligue 1 avec cette équipe-là ». Il y avait Jonathan Gradit, qui joue à Lens, Haris Belkebla qui est à Brest, Raveloson à Auxerre, Rémy Descamps à Nantes. Tous en Ligue 1 aujourd’hui ! Quand je vois ça, je me dis « woaw ». Il y avait Hameur Bouazza, que des supers joueurs. Finalement, on joue le maintien, et on descend à la fin de la saison. C’est assez contradictoire. Qualitativement parlant, on avait tout ce qu’il faut. Mais on va garder dans une petite boîte ce qu’il s’est passé extra-sportivement. En tout cas, quand j’arrive, c’est dans un grand club de Ligue 2 BKT. Bryan Bergougnoux me prend sous son aile, pour ma première saison en L2 je joue une quinzaine de matches, on fait un huitième de finale de Coupe de la Ligue. Me retrouver dans ces conditions-là, travailler pour être compétitif le vendredi, c’était incroyable, tout était carré. Chaque jour passé là-bas était un kiffe total.

Ça te permet d’aller à Dudelange et de jouer l’Europe.

J’ai d’autres opportunités en Ligue 2 BKT mais en étant numéro 1-bis ou doublure. Moi, à l’âge où j’étais, j’avais envie de jouer. J’ai pris mon temps, et j’ai eu l’opportunité de jouer à Dudelange, au Luxembourg. Je vais dans les bureaux, le président me dit : « Ton contrat est là. On joue les qualifications en Coupe d’Europe, c’est à toi de voir ». C’était une motivation, un challenge. J’allais voir où j’en étais. Est-ce que j’étais capable de relever ce défi ? C’est ce qu’il me fallait. Ce qui est marrant, c’est que je signe, j’arrive à l’entraînement, mais le coach ne sait même pas que j’ai signé ! Il ne sait même pas que je suis là. J’arrive, il me demande de faire des tours de terrain… Je me suis demandé « Où je me suis embarqué ? ». Et puis, sur un des tours préliminaires de qualification (pour l’Europa League), au match retour, le latéral gauche prend rouge. Le coach vient me voir, et me demande si je suis prêt, j’avais deux semaines d’entraînement. Sincèrement, j’étais HS ! Je n’étais vraiment pas prêt du tout (rires) ! Mais comme je savais qu’il y avait un match préliminaire d’Europa League quatre jours plus tard, je réponds « Bien sûr coach que je suis prêt » ! Le lendemain, il vient me voir et annonce « Aniss, tu vas jouer titulaire ».

« Je regarde autour de moi, et je pense à tous les sacrifices faits »

Du coup, tu te retrouves à jouer l’Europa League deux semaines après ton arrivée, et vous vous qualifiez pour les poules en éliminant trois champions nationaux (Drita, Legia Varsovie, FC Cluj).

On passe le tour contre les champions du Kosovo donc. On prend un gros d’Europe, le Legia Varsovie. On arrive à l’extérieur, je vois le tifo, je pense, « Aujourd’hui ça va être dingue, je ne sais même pas si on va ressortir du terrain » ! Le tifo était incroyable. On fait un gros match, personnellement un des plus aboutis de ma carrière. On les bat au retour, on passe le tour. Ensuite, c’est Cluj (Roumanie), avec Julio Baptista, Omrani, une grosse équipe, l’année d’avant ils font la Ligue des Champions, en jouant contre le Real Madrid en poules. Ce qui fait que j’étais assis dans le vestiaire où Cristiano Ronaldo était (rires). En Roumanie, on fait un match de dingue, on mène 3-0. A dix minutes de la fin, ça y est, c’est fait, toute la pression redescend, celle des six matches de qualifs. Au coup de sifflet final, il y a un truc qui m’a impressionné. Je regarde autour de moi, et je me dis que chaque footballeur, pour arriver au sommet, a dû faire des sacrifices incroyables. Car on est tous en larmes, on se prend dans les bras, on a tous les larmes aux yeux. C’était incroyable. Ce moment-là, cette qualification en Europa League, c’est le meilleur souvenir de ma carrière.

« Je me suis retrouvé à parler avec Leonardo et Maldini »

Arrive alors le tirage au sort…

Après le match, on monte dans l’avion, on parle, on se dit, « Les gars, juste pour le plaisir, ce serait bien qu’on ait trois gros. Milan, Séville, ce serait top ». On ne dit pas l’Olympiakos, mais Milan, San Siro, tout ça. Le lendemain à midi, c’est le tirage, on voit qu’on tombe avec le Milan AC, le Betis, et l’Olympiakos, woaw… Notre entraîneur, c’était un maestro, c’était Dino Toppmöller, « the coach », l’entraîneur adjoint de Julian Nagelsmann au Bayern Munich maintenant. Du coup on arrive avec lui, on joue les trois gros. Le Milan AC, on enchaîne contre le Betis Séville où il y a Lo Celso et William Carvalho, puis on va à l’Olympiakos.

Ambiance énorme, au Pirée !

Oui, c’était incroyable. Mais ce qui m’a choqué, c’est au Betis. Ce sont des dingues. De l’échauffement jusqu’à la fin du match, tout le monde est debout, ils n’ont pas arrêté, on n’arrivait pas à s’entendre sur le terrain. Et puis on va à San Siro. Je marche, je fais mes premiers pas dans le stade, et je pense « ça y est j’ai réussi dans ma vie ». Tous les sacrifices faits, c’est pour ça, jouer là, à San Siro. On fait un match de dingue, on mène 2-1, finalement on perd 5-2 car ils font rentrer tous les barjots. La conclusion de tout ça, c’est qu’on termine avec un 0-0 contre le Betis, c’est le premier point d’un club luxembourgeois en Europe. On est rentrés dans l’histoire d’un pays. C’étaient des moments incroyables, le monde de l’élite, les hôtels, je me suis retrouvé à parler avec Leonardo et Maldini après le match de Milan, assis avec eux comme si c’étaient mes amis. En Grèce on échange avec Karembeu, champion du monde 98, je n’aurais jamais pensé être assis à la table de ces grands joueurs. Après ça, on finit champion du Luxembourg, on gagne la coupe, je termine la saison meilleur latéral gauche du championnat. Et puis j’ai la chance que ma femme tombe enceinte, donc je cherche à me rapprocher de Paris.

Tu signes à Chambly, en L2, où tu rejoins un superbe projet et une histoire assez folle (12 montées en 30 ans).

J’arrive pour deux ans, je suis emballé par le projet, le coach, il y a des valeurs, il n’y a rien à dire. T’as envie de signer direct avec Bruno Luzi, il a les mots justes. Je signe deux ans. On fait une première saison en L2 assez incroyable. La première partie de saison, on est invaincus longtemps, je marque mon premier but en Ligue 2 BKT au Stade de l’Aube (Troyes). Chambly, c’est un club auquel on prête attention par rapport à leur histoire, qui est belle. La seconde année a été difficile avec le Covid, on a eu beaucoup d’absents, les problèmes de stades, elle est à oublier ! Je leur souhaite de tout cœur de remonter le plus vite possible.

Le club descend d’un échelon, et toi aussi. C’est le retour aux sources, au Red Star, le grand club du 93, l’été dernier.

A Chambly dans l’Oise, je m’étais déjà rapproché de la région parisienne et de ma famille. J’y ai pris goût. J’ai eu la chance d’avoir un 2e enfant. Mes deux options c’était soit d’aller à l’étranger, vivre une expérience mémorable, ou de trouver un club qui m’offrait les valeurs dont j’ai besoin, et aussi de me permettre de ne pas m’éloigner de ma famille. De rester dans un cocon, tout en restant footballeur professionnel. Là j’avais besoin d’un super projet, professionnel, autour de ma famille.

« J’ai réussi ce que je voulais réaliser, être la fierté de ma famille »

Quand le Red Star fait appel à moi… Je me dis, c’est dingue. Car 20 ans en arrière, c’est un club dont moi et mes amis on parlait tout le temps, de vouloir le rejoindre, de vouloir en faire partie. Et vint ans après ; j’ai l’opportunité d’y aller. Dans un club en renouveau, où tout a évolué. Moi j’allais au Red Star, c’était un synthétique, aujourd’hui la pelouse c’est un truc de fou, avec une qualité d’herbe qui est pour moi la meilleure de National. Le centre d’entraînement est en plein centre de Saint-Denis et du 93, à 10 minutes de là où j’ai fait mes classes. Tu n’y manques de rien, tout est fait pour que tu sois le plus performant possible.

Et puis tu es à la maison quoi, quelque part !

Il y a le centre d’entraînement oui, et surtout, surtout, le vendredi soir, quand tu joues, se dire que tes parents viennent te voir, célébrer chaque but avec mon père et ma mère qui sont dans les tribunes, c’est dingue ! (Il insiste). Mais jamais, à 32 ans puisqu’on parle de l’année dernière, j’aurais cru que j’allais célébrer des buts dans le 93 avec ma famille, ma femme, mes enfants, jamais de ma vie je n’aurais pu y croire ! J’ai encore l’image dans ma tête. C’était un lundi contre Annecy, et à chaque but je regardais sur le côté, je voyais ma famille célébrer. J’ai réussi ce que je voulais réaliser, être la fierté de ma famille. Même si j’ai galéré, à la fin, ça a payé.

Tu boucles la boucle. Le rêve du Red Star pendant l’enfance, puis tu as fait San Siro, et là tu es à Bauer avec ta famille qui est tribunes.

Je suis issu de là, je suis parti chercher de l’expérience, un peu de maturité, j’ai cherché tout ce qu’il me fallait, et je suis revenu chez moi. Prêt pour répondre à un super projet, fait pour évoluer au plus niveau. J’ai la chance d’être là au meilleur moment. Aujourd’hui, la place de leader (l’entretien a été réalisé avant le match face au Mans 0-0. Le Red Star est désormais 3e), il ne faut pas la prendre en compte, ce ne sont que des moments. Il n’y a que les actes sur le terrain, pendant encore plus de trente journées. On a un super staff, un super coach (Habib Beye), qui est passionné, qui nous dit les choses. On travaille comme un club de l’élite, tout est filmé, les séances d’entraînement, tout est repris, quand ça va bien dans un match, quand ça va mal. On travaille super bien. Les gens autour font en sorte qu’on soit dans les meilleures conditions. Je pense que ce projet-là, sincèrement, avec toute l’envie et toute la motivation que le groupe Red Star – groupe puisqu’on est une famille, il y a tout le monde -, met en place, j’espère qu’on va vivre de très belles choses.

Aniss, du tac au tac

Premier match en pro ?
Gueugnon-Bayonne en National, au stade Jean-Laville. On avait perdu 1-0, j’avais failli mettre mon premier but, de la tête ! Malheureusement elle est passée au ras du poteau (Aniss avait remplacé Mickaël Citony à la 78e, Gueugnon s’était en fait incliné 2 à 0 en février 2011).

Ton joueur préféré ?
Marcelo et Ben Arfa !

Joueur le plus fort contre qui tu as joué ?
Franchement, Yannick Ferreira Carrasco. Mais c’est dur, il y en a plein. Lo Celso au Betis aussi, il était sur mon côté.

Coéquipier le plus fort avec qui tu as joué ?
Déjà, il y a David Gigliotti (Consolat) … Après j’ai joué avec des joueurs très forts… Je dirais Hameur Bouazza (Tours) également. Et aussi Marvin Martin à Chambly.

Le coéquipier le plus fou que tu aies côtoyé ?
Oh punaise ! J’ai côtoyé tellement de tarés, il y en a trop ! A Consolat, Elias Taguelmint. Et à Epinal, un autre, Diaguely Dabo.

L’anecdote la plus folle vécue dans ta carrière ?
Quand je jouais à Marseille Consolat, j’avais un scooter 125. Et quand je suis parti à Epinal, en fait j’ai dû partir en train. Donc quand on a joué contre Marseille Consolat à Epinal, ils ont fait rentrer mon scooter dans la soute du car, et ils me l’ont ramené à Epinal !

Le coéquipier perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Woaw, la question de dingue ! En fait, je suis encore en contact avec la plupart des joueurs, via les réseaux, les téléphones.

Ton meilleur souvenir ?
La qualif pour les phases de poules en Ligue Europa. Et l’appel d’Hervé Renard pour la double confrontation entre le Maroc et le Mali lors de la saison 2017-2018. Rien que l’appel, recevoir la convocation, c’est un de ses meilleurs souvenirs.

Ton pire souvenir ?
Un accident de moto avant de signer au CA Bastia. J’ai un accident qui fait que je ne peux pas signer au CA Bastia, après ma deuxième année au Pontet.

L’entraîneur qui t’a marqué ?
Dino Toppmöller, Xavier Collin, et Hakim Malek.

Le stade qui t’a le plus impressionné ?
Le Stade Bollaert. Franchement c’était dingue. Comme j’ai déjà parlé des stades en Europe, je dis Bollaert en France !

Une équipe, adverse ou pas, qui t’a bluffé ?
Reims, l’année de leur montée en Ligue 1. Ils avaient Chavarria, Diego, un groupe trop fort. Cette année-là, ils étaient au-dessus.

Un match où tu t’es senti intouchable ?
Contre Troyes, ma première année avec Chambly. Je marque et je fais une passe décisive, on gagne 4-0. Tous mes dribbles passaient, tout ce que je faisais, ça marchait.

Textes : Clément Maillard / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @MaillardOZD

Photos : @RedStarFC, @flashlinephotographe et @IciEtAilleurs55

Logique respectée dans l’Oise où Chaumont-en-Vexin s’est imposé 4-0 sur le terrain d’Avilly-Saint-Leonard (D1). Le club de R1, où sont impliqués l’international (président d’honneur), le papa Sébastien (manager) et le frère Corentin (joueur), vise le N3 .

Nous sommes à un jet de ballon du somptueux Château de Chantilly et de l’Hippodrome des Condés où se tiennent les Prix de Diane et du Jockey Club. Dans la forêt, entre Chantilly et Senlis, dans l’Oise, Avilly-Saint-Léonard, 884 habitants, est un village cossu, aux maisons en pierre blanche qui, avant-hier (dimanche 4 septembre), sort de sa torpeur de fin d’été brûlant grâce à son club de foot qui dispute le deuxième tour de la Coupe de France par 28 degrés à l’ombre !

Le CS Avilly-Saint-Léonard (Départemental 1) reçoit le CS Chaumont-en-Vexin (Régional 1). Les deux clubs ont leur célébrité. Dernièrement le chanteur Grégoire (Toi + Moi, Rue des Étoiles) est venu en voisin de Senlis disputer un match de bienfaisance sous le maillot d’Avilly contre le Variétés Club de France. « Il m’a promis qu’il allait prendre une licence cette saison » raconte Luc Perigault, le président.
À Chaumont en Vexin, le Président d’Honneur s’appelle Clément Lenglet, 27 ans, international français (15 sélections, 1 but), prêté cette saison par le FC Barcelone à Tottenham. Président d’honneur et bien plus que ça, on y reviendra…

« Le coach termine des travaux dans sa maison »

Trois divisions séparent Avilly de Chaumont mais en réalité bien plus que ça. D’un côté (Avilly), les joueurs ont deux semaines d’entraînement dans les jambes et un match de préparation pour les mieux rodés, une séance ou deux seulement pour ceux qui rentrent de vacances.

À Chaumont, on est sur le pont depuis six semaines et le jeune entraîneur, Florian Goergen (30 ans), a déjà testé son groupe sur cinq matches amicaux.

A Avilly, l’entraîneur, lui, n’est pas là. D’habitude, Marc Vincent, solide quadragénaire qui a goûté au CFA (N2) à Senlis, est même sur le terrain au milieu de ses troupes. « Il nous a demandé de prendre un peu de recul pendant deux mois car il doit terminer des travaux dans sa maison, et il a besoin de ses week-ends, dit son président. Je suis même allé lui filer un coup de main hier ! »

Alors, c’est son adjoint, Yannick Bonnet, qui va diriger l’équipe pendant quelque temps. Malheureusement, il n’a pas tout son monde. « Eddy, un de nos meilleurs joueurs, rentre juste de vacances et il avait oublié d’aller chez le médecin pour valider sa licence » soupire Luc Perigault. Et son capitaine, Thomas Benoit, quittera lui ses coéquipiers après seulement dix minutes en boitant bas.

Fin de carrière entre potes

Thomas Benoit fait partie de la bonne demi-douzaine de joueurs d’Avilly-Saint-Léonard qui ont évolué au dessus, en N3 ou R1, à Chantilly, Creil ou Senlis, et qui sont venus terminer leur carrière entre potes dans ce club de 140 licenciés (55 seniors) et six équipes, et dont le budget annuel est l’équivalent du salaire mensuel d’un bon joueur de Ligue 2 (15 000 euros).

Le CS Avilly-Saint-Léonard sort de la plus belle saison de son histoire. Malheureusement, en juin, il a raté une première montée historique en championnat régional (R3) au goal average. Et il a été éliminé en demi finale de la Coupe Départementale Objois aux tirs au but alors qu’il menait 3-1 à la 89e minute !!!! Ironie du sort, son bourreau a été le même en championnat et en coupe, l’US Pays du Valois.

A Avilly, le numéro 6 sort largement du lot au milieu de terrain par sa qualité technique. Il est … Mexicain ! Son nom ? Gilberto Mendoza Rodriguez. Et il a aussi joué en Argentine, à Porto Rico et au Portugal. « Un jour, je suis venu en France pour les vacances, je n’en suis jamais reparti ! » dit-il. Dans le sud de l’Oise, il a trouvé un travail, une épouse, une maison et un club de foot pour se faire plaisir.

Dimanche, tant bien que mal, Avilly-Saint-Léonard tiendra longtemps tête à son adversaire plus huppé, avant de craquer. Un premier but encaissé dans le temps additionnel de la première mi-temps, un deuxième juste au retour des vestiaires, deux autres en toute fin de match, et le CS Chaumontois s’est tranquillement qualifié (4-0) pour le 3e tour de la Coupe de France. Les buteurs s’appellent Wilfried Harant, Karim Gambart, Steven Muller et Guillaume Roussel.

Une page Facebook digne d’un club de National

Au nord de Londres, Clément Lenglet a suivi le match sur les réseaux sociaux du club. De son club. Le compte Facebook du CS Chaumontois ferait d’ailleurs pâlir d’envie quelques écuries de National. Un vrai travail de pros.

Visiblement, Clément Lenglet a mis la main à la poche pour donner au CS Chaumontois les moyens de son ambition, la montée en National 3 à court terme. « Sans lui, le club ne serait pas à ce niveau et moi je ne serais pas là », résume le coach Florian Goergen, jeune titulaire du DES (Diplôme d’Etat Supérieur), qui occupait jusqu’alors le poste de responsable de la formation au FC Chambly Oise, en charge des U17.

Clément Lenglet est lui même originaire de ce coin du sud ouest de l’Oise, dont l’équipe joue en Ligue des Hauts de France, même si Chaumont-en-Vexin flirte géographiquement avec le département normand de l’Eure et le Val d’Oise francilien.

Son père, Sébastien, est le manager général du club. Absent à Avilly, son frère Corentin (qu’il a emmené avec lui à l’AS Nancy-Lorraine puis au FC Séville) est latéral gauche de l’équipe première. Le Président d’Honneur est associé à toutes les décisions importantes, y compris le recrutement.

Cet été, les recrues arrivent principalement des U19 Nationaux du FC Chambly, de l’AS Beauvais ou d’Ile de France. « Mon groupe est jeune, 23 ans de moyenne d’âge, il a de grosses qualités mais on tombe dans un championnat relevé avec de grosses équipes du Nord » souligne Goergen qui a donc remporté à Avilly son tout premier match officiel d’entraîneur seniors !

« Il y a un très beau projet à Chaumont, grâce à la famille Lenglet, mais aussi beaucoup de travail car on part de loin », ajoute-t-il.

Une première pierre a été posée avec l’accession en Régional 1 puis avec la Coupe de l’Oise gagnée au printemps par les U18 du club aux dépens de grosses écuries du département.

Aussitôt la qualification acquise à Avilly, Florian Goergen a sorti les stats du match, immédiatement fournies par son adjoint, Check Oumar Konandji, venu lui aussi de Chambly. « On a eu 24 occasions et on n’a marqué que 4 buts, souligne Goergen. On joue bien mais on a du mal à finir nos actions. On sait au moins précisément ce qu’on a à travailler en priorité. »

Dès dimanche, le CS Chaumontois enchaînera avec le troisième tour de la Coupe de France, puis, le 18 septembre, avec la première journée de Championnat de R1 contre Calais.

Un coup d’Eurostar, et Clément Lenglet ne tardera pas à venir découvrir sa nouvelle équipe dans la petite tribune du Parc des Sports du Vexin.

Texte : Jean-Michel Rouet / Mail : jmrouet@13heuresfoot.fr

Le club de Dordogne, bien ancré en National 2, vit depuis trois ans une situation atypique où le père, Christophe Fauvel, préside, et le fils, Paul Fauvel, dirige. Témoignages croisés !

Dans la famille Kita, au FC Nantes, il y a Waldemar, le père (président) et Franck, le fils (directeur général). Un tel duo de dirigeants existe aussi au Bergerac Périgord FC où, la saison dernière, les Fauvel, père (Christophe, président) et fils (Paul, directeur-général) ont hissé leur club de National 2 en 1/4 de finale de la Coupe de France (élimination aux tirs au but face à Versailles), 4 ans après un premier 8e de finale perdu face à Lille. En championnat, ils sont passés à plusieurs reprises tout près de l’accession en National, comme en 2017, lorsqu’ils ont terminé à 3 points de Cholet, et surtout en mai dernier, quand ils ont loupé la dernière marche avant de mourir à 2 points du Puy-en-Velay. Rencontre avec ces deux amoureux de leur club, de leur ville, de leur territoire et de football !

« Une marque de club familial »

  • L’adage « tel père tel fils » vous correspond-t-il ?

Christophe Fauvel : Oui je crois que cet adage nous correspond parfaitement ! Nous partageons beaucoup de choses avec Paul. Qualités et défauts ! Mais aussi beaucoup de valeurs autour du travail, de l’humilité, de la compétition et de la convivialité.

Paul Fauvel : Totalement! Je pense qu’on se ressemble sur les traits de caractère et notre façon de voir la vie. Nous sommes attirés par les projets et l’envie de toujours bien faire ! Après, je me démarque avec un côté plus « social », hérité de ma mère, psychologue.

  • La dernière vanne que l’on vous ait sortie à propos de votre association familiale ?

Christophe : J’entends souvent ça « Tel père tel fils » justement, ou « Les chiens ne font pas des chats ».

Paul : On nous associe souvent à l’idée de « mafia du Bergerac Périgord FC » depuis 18 ans (bien sûr, c’est une blague!). J’avoue que ça ferait un téléfilm sympa, ça nous fait marrer. Ou alors, beaucoup de personnes m’appellent « président », alors je réponds souvent que j’en connais un qui ne serait pas content si on l’oubliait !

  • A Bergerac, quand on voit le père, voit-on souvent le fils ?

Christophe : Oui c’est souvent le cas ! Même si nous avons nos propres trajectoires personnelles et professionnelles, le BPFC est un instrument qui nous rassemble beaucoup. Et je ne vous parle même pas des aventures en coupe de France !

Paul : De façon transparente, on sort de moins en ville car avec la très bonne saison dernière, beaucoup de personnes nous parlent de football. Et quand on en mange à longueur de semaine, c’est compliqué de toujours être efficace dans la discussion. Mais après une certaine heure, Bergerac me voit plus que mon père, ça s’est sûr.

  • Qui décide vraiment : le père ou le fils ?

Christophe : Dans ma vie professionnelle je suis quelqu’un qui délègue beaucoup ! Pour le meilleur souvent et quelques fois malheureusement aussi pour le pire. Dans le football, c’est pareil. Paul a une latitude très large qui correspond véritablement à un poste de Directeur général. Il décide maintenant sur beaucoup de choses mais néanmoins me consulte régulièrement. Et le tout dans un cadre général que nous partageons tous les deux.

Paul : Je ne peux pas répondre moi car sinon je vais me faire fâcher ! Mais je vais quand même le faire. De façon opérationnelle, je prends les décisions au quotidien pour le bon fonctionnement du club. Pour les décisions qui impliquent l’engagement d’une somme d’argent un peu plus conséquente, là il y a concertation pour avoir l’aval dans la décision.

  • Une anecdote concernant cette situation atypique du duo père-fils à la double tête du BPFC ?

Christophe : Quelques fois il y a des confusions entre les rôles de président et directeur !

Paul : Les plus belles anecdotes ont été écrites autour de la Coupe de France, les joies partagées sur le terrain, le voir les larmes aux yeux c’était trop beau! On a des photos communes qui illustrent ces moments et pour l’avenir, c’est magnifique! Notre article commun dans « L’Equipe », c’est la consécration d’une carrière peut-être. Le nombre de messages que l’on a pu recevoir… Certains croient que je suis le président du club alors que je bosse encore avec mon père. C’est souvent sympa de voir la tête confuse des gens quand je leur dis qu’il y a encore le président.

  • Lequel des deux connaît le mieux le foot ?

Christophe : Indéniablement c’est Paul, il a pratiqué ce sport de 6 à 22 ans ! Moi… à part un homonyme pro au stade Rennais qui crée le trouble de temps à autre, aucune rivalité sur le sujet !

Paul : J’ai l’avantage d’avoir été joueur (gardien notamment) donc d’avoir ce vécu du terrain contrairement à lui. Après, il s’est nourri des analyses des entraîneurs, dirigeants, conseillers qu’il a pu voir aussi, c’est riche également. Moi j’ai connu les U6 jusqu’à la N2, donc ça me donne une certaine transversalité dans les décisions à prendre. Et au poste de gardien, on a un recul nécessaire qui permet de guider au mieux les joueurs. Au poste de directeur, c’est un peu la même chose.

  • La dernière fois que vous vous êtes engueulés à propos du foot c’était quand ?

Christophe : A cause de certains tweets que j’avais pu faire. Mais en fait, il râle surtout car c’est lui qui aurait aimé les écrire (rires) ! Il me fait de temps à autres des remarques à ce sujet mais en fait il est comme moi, voire pire !

Paul : Il n’y a pas forcément de grosses engueulades. Mais le sprint final de la saison dernière, entre mars et mai, a été tendu. On a eu quelques points de divergences sur des prises de parole internes à avoir (ou pas) ou bien des discours publics à tenir. Les tweets sont évidemment souvent critiqués, même si ça reste notre arme (plus trop) secrète. Il y a des divergences mais ça ne dure jamais, on expose nos arguments et on tourne la page. Même s’il n’aime pas avouer que j’ai raison (je blague bien sûr !).

« Notre vie tourne autour du football »

  • Comment se passent les réunions de travail entre le père et le fils ?

Christophe : Autour d’une bouteille de rosé l’été – rouge l’hiver – et une belle planche de tapas ou/et charcuterie !

Paul : Ce ne sont pas vraiment des réunions, c’est plutôt généralement autour d’un repas au restaurant ou sur la terrasse de la maison familiale, avec des discussions tardives sur fond musical. Elles dérivent souvent sur des idées un peu folles ou des rêves inavouables en public, mais ça « brainstorme » fort généralement. Mais jamais de réunion officielle, ou alors vraiment quand c’est très sérieux.

  • Arrivez-vous à ne pas parler de foot lors des réunions de famille ?

Christophe : Non c’est compliqué, et à cet égard il faut rendre hommage à notre famille – et surtout mon épouse – qui supporte les joies, les peines, les rythmes de déplacements, les vacances tronquées et surtout toutes les difficultés pour gérer un club comme le BPFC depuis 18 ans. L’arrivée de Paul n’a fait que renforcer le poids du club dans la famille tout en le faisant évoluer puisqu’il s’agissait d’un premier challenge professionnel pour lui.

Paul : Très compliqué… On fait des efforts devant ma mère car ça peut vite la gonfler. Mais au final, on attend que tout le monde aille se coucher pour attaquer fort la discussion. Même mon petit frère peut avoir son mot à dire quand il en a envie. Mais c’est vrai que notre vie tourne autour du football et du Bergerac Périgord FC, depuis 18 ans pour mon père et 19 ans pour moi.

  • Votre association familiale peut-elle durer longtemps ?

Christophe : Dans le sport, elle est forcément limitée. C’est ma 18e année à la présidence de ce club et le temps va venir ou je vais céder la place. Paul aspire également à évoluer dans son parcours professionnel. Mais nous pourrons peut-être nous retrouver dans une autre aventure entrepreneuriale car il a ça dans les gènes et moi c’est ma vie ! Et pourquoi pas avec son jeune frère Tom ? Qui sait …?!

Paul : Elle dure déjà depuis 25 ans dans la vie personnelle, plus de 3 ans dans la vie professionnelle, donc c’est déjà pas mal. Mais il faudra qu’un jour nos routes se séparent, pour que je puisse personnellement m’épanouir ailleurs, dans un autre contexte que mon club, et prouver ma valeur. Puis pour lui aussi, passer la main au club à quelqu’un de confiance avec un projet sérieux.

« Le dernier relais, c’est le président, les joueurs le savent… »

  • Comment les joueurs vivent-ils cette situation ?

Christophe : Le mieux serait de leur poser la question ! Je pense qu’ils y voient surtout une marque de club familial et plutôt bon enfant !

Paul : Les joueurs ont pris comme repère de traiter avec moi directement, comme l’ensemble des salariés, éducateurs, dirigeants et bénévoles du club. Je ne pense pas que traiter avec un directeur de 25 ans les gêne tant que ça. J’essaye d’être proche d’eux car je les apprécie humainement, mais je me dois de garder une certaine distance pour être professionnel. Ils le savent. Mais quand la situation ne trouve pas de solution, le dernier relais c’est le président, et ça, ce n’est pas bon généralement.

  • Et le coach, Erwan Lannuzel, comment vit-il cela ?

Christophe : Idem, posez lui la question !!

Paul : Avec le coach, Erwan Lannuzel, on a une relation qui est particulière. J’ai été à l’origine de sa venue en étant le premier à discuter avec lui, en échangeant sur notre vision du projet et notre volonté de travailler un jour ensemble. C’est ensuite, après cette phase préliminaire, que le président a pu valider l’idée et avancer dans le bon sens. Mais avec Erwan, on travaille en direct et on partage nos décisions par la suite avec le président via un groupe de discussion partagé. La plus grande proximité d’âge aidant aussi (le coach a 34 ans), ça facilite nos échanges et nos repères de travail au quotidien pour être hyper alignés en toutes circonstances. S’il n’y a pas ce lien fort direction-staff, c’est là où les brèches peuvent apparaître.

  • Si c’était à refaire, referiez-vous la même chose ?

Christophe : Ah mais totalement ! Je suis ravi du travail effectué par Paul qui a fait évoluer le club à travers des concepts « sociétaux » auxquels j’ai toujours adhéré mais jamais pu approfondir comme il l’a fait, faute de temps.

Paul : Absolument, sans hésiter même ! Je pense qu’il n’y a rien à changer dans tout ce qu’il s’est passé depuis 3 ans.

  • Le foot vous a réuni, la politique peut-elle vous opposer ?

Christophe : Non, jamais de la vie ! D’abord nous sommes très proches au niveau des idées et même si ce n’était pas le cas, ce n’est pas une raison suffisante pour moi de distendre un lien filial !

Paul : A titre perso, ce n’est qu’un mini-épisode de ma vie (il est conseiller municipal dans l’opposition à la ville de Bergerac). Je souhaitais m’impliquer pour mon territoire, apporter des idées nouvelles d’un mec de 25 ans à un système vieillissant. Cela n’a pas tourné dans le bon sens. Mais on ne sera jamais opposé sur le sujet car je pense que l’on a la même vision de la politique : pas d’étiquette préférée mais un projet cohérent porté par une personnalité compétente.

  • Lequel des deux a les meilleures relations avec la mairie de Bergerac ?

Christophe : Sûrement Paul avec sa position de conseiller municipal, même si c’est dans l’opposition.
Paul : Pas simple cette question. Je pense que je dois être le mieux placé étant élu au sein du conseil municipal. Je les côtoie deux à trois fois par mois, ça me permet de discuter, d’échanger avec eux. Avec ses mandats économiques, mon père a une autre influence que la mienne. Je suis un petit joueur à côté*.

* Christophe Fauvel est notamment président de la Chambre de commerce et d’industrie de Dordogne, président du Medef de Dordogne, le mouvement des entreprises de France, et dirigeant-associé à Noschool, une école de formation professionnelle pour les étudiants en assurance, banque, immobilier et Ressources Humaines à Mérignac, en Gironde. Il a aussi dirigé Fauvel-Formation, une entreprise qu’il a vendue en 2020, Ndlr).

  • Le foot n’est-il pas trop envahissant chez les Fauvel ?

Christophe : Si ! Le foot a toujours pris une place très ou trop importante dans la famille ! Et lorsqu’il y à des épopées en Coupe de France, je ne vous parle même pas des rythmes à la maison. C’est matin, midi, soir et nuit !

Paul : Si bien sûr ! Mais c’est notre adrénaline à nous, ce qui nous fait avancer et ce qui nous réunit. Mais on ne regarde plus de match à la télévision, on sature à force.

  • Le père et le fils partiraient-ils encore en vacances ensemble ?

Christophe : En vacances je ne sais pas, mais nous partageons souvent des week-ends ensemble avec Paul. Et dès que la planche de tapas est posée sur la table, la bouteille ouverte, devinez de quoi on parle ?

Paul : Ca fait déjà quelques années que l’on ne part plus en famille, ni même que j’habite chez mes parents d’ailleurs. Mais ça ne nous empêche pas de nous retrouver des week-ends sur la côte Atlantique pour profiter, en famille ou avec des amis. Histoire de décompresser et de penser à autre chose, le temps d’un week-end.

Christophe Fauvel : « Je suis un adepte du travail collectif »

Les avantages de travailler avec son fils ?

CF : On a à peine besoin de se parler, on se comprend tout de suite, on est sur la même longueur d’onde et on partage les mêmes exigences et besoins de performance !

Les inconvénients de travailler avec son fils ?

CF : La sphère « professionnelle » déborde largement sur nos rapports père-fils et peut être envahissante à certains moments !

Dans quelles circonstances vous a-t-on reproché d’avoir pris votre fils comme Directeur général ?

CF : Les cons et habituels rageux des réseaux sociaux ! Leur premier (et unique) argument a été d’imaginer que j’avais embauché Paul uniquement parce que c’était mon fils ! En occultant juste au passage qu’il connaissait le club par cœur pour y être depuis l’âge de 6 ans, y était très apprécié par les bénévoles et fidèles du club, qu’il est titulaire d’un diplôme bac + 5 de commercial et a effectué un stage de 6 mois très concluant chez Lagardère Sport, et en ayant aussi géré bénévolement (j’insiste sur bénévolement) plusieurs gros matchs de Coupe de France, etc. Bref des éléments d’appréciation difficiles pour le « beauf » de base, contemplatif depuis son canapé !

Le fait d’être le père du DG vous rend-t-il plus exigeant avec lui ?

CF : Je suis un adepte du travail collectif. On réussit ensemble ou on échoue ensemble. A partir de là, j’ai toujours été solidaire des décisions prises par mes DG, que ce soit dans le cadre professionnel ou en sport. Donc pas d’exigence supplémentaire, une exigence naturelle.

Pourriez-vous être président d’un club de foot ailleurs qu’à Bergerac ?

CF : A part aux Girondins de Bordeaux je ne vois pas non (sourire) !

Paul Fauvel : « Une relation passionnelle »

Les avantages de travailler avec son père ?

PF : Avoir une proximité relationnelle pour la prise de décision et le partage d’idée, avoir une source d’inspiration, « un modèle » à suivre depuis son enfance. J’ai surtout observé depuis 18 ans l’évolution du projet, ce qui a marché, ou un peu moins. C’est surtout s’appuyer sur l’expérience professionnelle et personnelle de façon directe et transparente !

Les inconvénients de travailler avec son père ?

PF : Peut-être l’image que ça peut renvoyer, sur le fait d’être « placé » à un moment ou un autre. C’est le jugement rapide que l’on peut faire sans me connaitre, sans nous connaître. Ensuite, ce n’est pas une relation professionnelle que l’on a, mais passionnelle ! Donc la vie professionnelle peut empiéter de temps en temps sur la vie perso.

Dans quelles circonstances vous a-t-on reproché d’être « le fils de » ?

PF : Quand j’étais joueur dans les catégories jeunes. Sauf que je jouais en équipe C à l’époque! Donc si vraiment être favorisé c’était de jouer en équipe C, pas sûr que ce soit un reproche si solide que ça !! Dans le rôle de directeur, c’est plutôt des cas isolés, des « rageux du web » qui peuvent sortir ces imbécilités. Mais le plus important, c’était d’avoir la caution en interne de ceux qui m’entourent. C’est ça qui me permet de gagner en légitimité.

Le fait d’être le fils du président vous met-t-il davantage de pression dans votre travail au quotidien ?

PF : Au départ, il y a surement plus à perdre qu’à gagner. Car si l’aventure tourne mal, ça peut nous être reproché. Si tout tourne bien, on peut dire aussi que c’est la continuité logique du projet. Mais à aucun moment je me suis levé un matin avec la trouille au ventre de ne pas réussir. Je n’aurais jamais accepté le challenge sinon ! Je ne suis pas jugé aux résultats sportifs mais plutôt financiers, c’est mon baromètre à moi.

Pourriez-vous être le DG d’un club de foot ailleurs qu’à Bergerac ?

PF : Ce n’est pas trahir un secret de dire que c’est même mon objectif dans ma vie professionnelle. L’étape Bergerac doit me servir de tremplin pour l’avenir afin de prouver ma valeur ailleurs que dans un contexte familial et affectif. Intégrer le monde professionnel, découvrir un système où le fonctionnement est déjà bien rodé, avec des moyens financiers et structurels au-dessus de Bergerac, j’avoue que ça me motiverait. Que ce soit au poste de directeur ou pas d’ailleurs.

Textes : Denis VERGOS / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr / Twitter : @2nivergos

Photos : Bergerac Périgord FC

A 34 ans, Romuald Marie est de retour en Vendée, à La Roche-sur-Yon (N3), après deux expériences au Poiré-sur-Vie et bien entendu aux Herbiers. Le latéral droit formé à Rennes revient sur l’épopée 2018 jusqu’en finale de la Coupe de France.

A force d’effectuer des allers-retours entre la Vendée et le reste de la France, il allait finir par s’épuiser et surtout par revenir ! A 34 ans, Romuald Marie, l’un des protagonistes de la finale de la Coupe de France 2018 face au PSG avec Les Herbiers, a opté pour un troisième retour dans cette région que son amie et lui adorent, à La Roche-sur-Yon, après des passages au Poiré-sur-Vie, en National, et bien sûr aux Herbiers, en National et aussi en National 2.

Un retour presque aux sources qui repose à la fois sur un projet de vie familial (ses beaux parents habitent à 25 kilomètres) et sur un projet sportif, avec La Roche Vendée Football, en National 3. L’objectif, évidemment, sera d’accéder en National 2, un niveau plus en rapport avec les ambitions du club phare de Vendée eu égard à ses installations (le stade Henri-Desgrange a une capacité de 9000 places dont 5000 assises), son passé (7 saisons en Division 2 entre 1984 et 1993 puis six saisons en National de 1994 à 1997 et de 2000 à 2003) et ses moyens.

Le National 2, l’équipe du nouvel entraîneur Frédéric Reculeau (ex-Luçon et Avranches en National), présent au 5e échelon français depuis 2013, l’a tutoyé de très près ces trois dernières saisons. En 2019-2020 tout d’abord, mais c’est le quotient qui a départagé La Roche-sur-Yon et Châteaubriant pour la montée. Ensuite, en 2020-2021, la Covid-19 est venue casser son élan alors qu’elle était en tête et invaincue. Enfin, en mai dernier, Saumur l’a devancée d’une courte tête (3 points) pour la première place. Imaginez un peu la frustration et le sentiment d’injustice.

Romuald Marie n’était pas encore là, lui (il évoluait à Trélissac en N2 la saison passée et à Annecy les deux saisons d’avant), mais connaît l’histoire par coeur. Il en a vu d’autres. Surtout, il a vu beaucoup de clubs : le Parisien (il est né à Longjumeau dans l’Essonne), formé au Stade Rennais, possède un CV long comme le bras, essentiellement noirci de lignes écrites dans les clubs de National où il a disputé pas loin de 250 matchs (Cannes, Red Star avec accession en Ligue 2, Le Poiré-sur-Vie, Paris FC avec accession en Ligue 2, Annecy aussi et bien sûr Les Herbiers, avec cette fameuse finale de coupe de France suivie, trois jours plus tard, d’une descente en National 2.

Après la rétro d’hier (Que sont devenus les finalistes de la Coupe de France ?) et l’interview de Sébastien Flochon, au tour de « Romu » de clore ce chapitre, mélange de bonheur et de douleur.

A lire aussi : que sont devenus les finalistes de la coupe de France ?

https://13heuresfoot.fr/actualites/les-herbiers-que-sont-devenus-les-finalistes-de-la-coupe-de-france-volet-1/

« J’ai vécu le meilleur moment de ma carrière et aussi le pire en trois jours ! »

Romuald, quand on évoque le parcours en Coupe de France en 2018, qu’est-ce qui te vient en premier ?

L’aventure humaine exceptionnelle. On avait une équipe de copains, d’ailleurs, y’a encore plein de joueurs que j’ai souvent au téléphone ou avec qui on échange des messages, c’est fantastique. En fait, on a concrétisé une entente entre nous qui s’était développée tout au long de la saison. Avec Esteban Salles, Matthieu Pichot, Sébastien Flochon, et d’autres, on s’envoie des petits messages, on a gardé des contacts, forcément. Et puis y’a Quentin Bonnet qui joue avec moi à La Roche. Ce qu’on a vécu restera à jamais gravé dans nos mémoires. Cela a créé un lien fort entre nous. En plus, c’est arrivé lors d’une saison particulière, très compliquée sportivement, parce qu’on était très mal parti en première partie de saison en National. Mais on a fait une très bonne deuxième partie de saison, malheureusement, on est descendu quand même en N2 trois jours après la finale… Personnellement, j’ai vécu en trois jours le meilleur moment de ma carrière et le plus mauvais.

Trois jours après la finale face au PSG, il y a ce match du maintien à Béziers…

On est passé par toutes les émotions, parce qu’on était dans un autre monde, avec cette finale tout d’abord, Clairefontaine, le Stade de France, et juste après, il y a eu le retour à la dure réalité du championnat, avec ce match à Béziers… Ce retour en bus de Béziers aux Herbiers, après le match, je m’en souviens encore… Il y a la défaite, la descente… Ce que j ai connu là… En fait, on est redescendu très rapidement sur terre. Malgré la descente, je suis resté aux Herbiers la saison suivante, en National 2, avec l’objectif de remonter immédiatement. Le club avait essayé de conserver le maximum de joueurs mais ce n’était pas facile car la Coupe en avait mis certains en lumière. On n’est pas passé loin de l’accession : on était en tête à deux journées de la fin, on perd à Andrézieux et Le Puy nous passe devant et monte à la dernière journée.

Ce parcours en coupe de France, tu te souviens de tous les matchs ?

Oui, j’ai quasiment joué à tous les tours, sauf en demi-finale, contre Chambly : je revenais de blessure et le coach, Stéphane Masala, a préféré ne pas prendre de risque. Il m’a préservé et m’a dit, « T’inquiète pas, tu joueras en finale » (rires !). Je lui ai dit « J’espère ! » Mais j’étais présent avec le groupe H24 pour cette demi-finale, comme si j’étais le 17e sur la feuille ! C’est bizarre, mais après coup, je pense que ce match contre Chambly, à Nantes, avec un public à fond derrière nous, on l’a vraiment bien maîtrisé. A la limite, dans les derniers tours, on a eu des matchs plus « simples », entre guillemets, parce que ça a tourné en notre faveur, je pense au match à Auxerre (3-0), où notre gardien, Matthieu Pichot arrête un penalty à 2 à 0 pour nous : ce soir-là, on a pratiqué un super football. Je me souviens qu’après le match, des joueurs ont dit que ce que l’on avait proposé était incroyable. En revanche, comme souvent en Coupe, on a eu des matchs très compliqués dans les premiers tours : à Châteaubriant, on est mené 1 à 0 et on égalise à la fin avant de faire la différence en prolongations. Idem à Angoulême, en 32es, je me souviens d’un match extrêmement compliqué, terminé aux prolongations là encore. Mais c’est la coupe, c’est normal !

« Sincèrement, on pensait que Grenoble allait faire le taf… »

Trois jours après le Stade de France, il a fallu jouer le maintien à Béziers, le vendredi soir. Raconte-nous ça…

Béziers, 3e, peut encore terminer 2e et monter directement en Ligue 2 si Grenoble, 2e, fait match nul à domicile contre Sannois-Saint-Gratien qui joue le maintien. Béziers est obligé de gagner contre nous. On avait été relégable en première partie de saison, mais là, on pensait avoir fait le plus en battant Laval 3-2 chez nous quatre jours avant la finale, malheureusement, cette dernière journée de championnat a été le théâtre d’un incroyable concours de circonstances. Grenoble a perdu à domicile, et nous… Pfff, il faisait chaud, on n’était clairement pas dedans, et sincèrement, on pensait que Grenoble allait faire le taf. En fait, je ne sais pas comment dire, on était plus dégouté que Grenoble ait perdu que par notre propre défaite. On avait un groupe de qualité, et je pense que si on s’était maintenu, beaucoup de joueurs seraient restés, on aurait peut-être pu jouer un rôle en haut de tableau la saison suivante, on ne sait pas.

Avant ce match de Béziers, et après Paris, aviez-vous peur de descendre ?

On était vraiment encore dans l’euphorie de la finale et en même temps, on s’est replongé dans le championnat, en sachant qu’il existait une possibilité de descendre mais quand même… Il fallait une catastrophe, et elle est arrivée malheureusement. A la fin du match, perdu 4-1, on a su qu’il y avait beaucoup de temps additionnel à Grenoble, qui était déjà revenu de 1-3 à 2-3. Les 22 joueurs attendaient le résultat. Béziers pour peut-être fêter la montée, et nous… Et après, il y a eu deux salles deux ambiances. Béziers a explosé de joie, et nous…

Quels souvenirs gardes-tu de la finale ?

Tellement de choses ! Jouer devant près de 80 000 personnes, pour moi qui suis parisien en plus, face à des joueurs qui, quelques mois plus tard, disputaient la coupe du Monde ! J’avais plus de 150 personnes de mon entourage au match : là aussi, ça a été un peu compliqué à gérer, il a fallu que je fasse un tableau et tout, pour noter les gens qui venaient. Heureusement, via le club, on a eu des facilités pour acheter des places en amont. Après, je ne pensais pas qu’autant de personnes me répondraient quand j’ai mis un mot sur Facebook !

Un mot sur ta venue à La Roche VF ?

J’avais déjà passé 4 ans en Vendée au Poiré et aux Herbiers. Mon épouse me suit depuis dix ans, et là, on a envie de se poser. C’est un projet sportif et familial. Après, concernant l’équipe, on n’est pas mal, avec des anciens des Herbiers, des jeunes qui étaient là en N2 après la saison 2017-18, et des anciens comme Charly Charrier, Quentin Bonnet, qui était dans ma chambre à Clairefontaine pour la finale. On a une très bonne équipe. On a l’étiquette de favori, on le sait, ça fait 3 ans que le club flirte avec la montée. Mais on est attendu chaque week-end, comme lors du derby de La Roche face au club voisin y’a une semaine, on a joué devant 2000 personnes! Ils veulent tous un peu notre peau !

Hier soir, La Roche VF a enregistré sa deuxième victoire en deux matchs en championnat de N3 en battant Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (2-1). Lors de la première journée, les joueurs de Frédéric Reculeau s’étaient imposés 2-1 dans le derby de La Roche, sur le terrain en synthétique de La Roche ESOF (2-1).

Romuald Marie, du tac au tac

Ton club de coeur ?
Un club où j’ai joué ? Le Red Star

Club préféré ?
Arsenal

Un stade ?
Le Vélodrome

Pour un Parisien…
Oui mais j’ai grandi avec 1993, et tout ça…

Une ville ?
Rome

Ton match référence ?
Lens en 1/4 de finale de Coupe, je me déboîte l’épaule au bout de 5 minutes, on me la remet sur le terrain, et tout ce que je voulais faire, ce soir-là, ça marchait !

Un match de légende ?
France Brésil 1998, la finale, c est mythique.

Ton pire match ?
Y’en a eu beaucoup (rires) !! Y’a eu des matchs, parfois, ça a été très compliqué, t’as pas les jambes, etc, avec Annecy, j’en ai eu quelques uns, compliqués, mais lesquels, je ne m’en souviens pas.

Ton meilleur souvenir sportif (autre que la finale) ?
La montée en L2 avec le Red Star.

Un coéquipier ?
J’en ai eu beaucoup au centre de formation mais le joueur qui m’a le plus marqué, c’est Kevin Lefaix, il n’a pas eu la carrière qu’il aurait dû avoir, c ‘était un attaquant phénoménal. J »ai joué avec lui au Poiré et au Red Star, un régal !

Le joueur le plus fort avec lequel tu as joué ?
Au centre, à Rennes, Jirès Kembo Ekoko.

Le coach que tu as perdu de vue et que tu aimerais bien revoir ?
je suis quelqu’un un qui garde pas mal le contact, au début, Patrice Carteron, que j’ai au à Cannes, mais les chemins se sont écartés, et au Parsi FC, j’ai apprécié Réginald Ray, tant le coach que la personne. Alors je dirais Réginald Ray.

Inversement, celui que tu n as pas envie de revoir ?
(rires !) C’est salaud comme question ! A Cannes, la 2e saison, je n’ai pas trop accroché avec, comment il s’appelait déjà… Il venait de Marseille. On n’avait pas d’affinités. Ah oui, Albert Emon. Une année compliquée…

Ton plus beau but ?
Avec le PFC contre Lyon Duchère, l’année où on fait les barrages contre Orléans (saison 2016-17 en National).

Une causerie de coach qui t’a marqué ?
Forcément, ça dépend du contexte, alors la causerie allait avec l’événement. Celle qui m’a marqué, c’est au match retour des barrages d’accession en L2 avec Paris FC à Orléans, Réginald Ray avait fait intervenir nos familles, je m’en souviens bien car les premières images, c’est mon épouse qui a fait un message avec ma petite aux couleurs du PFC, ça m’avait touché. Tout le monde avait été touché. On arrivait de tellement loin avec le PFC, je crois qu’on était limite relégable à la trêve, d’ailleurs, le coach était sur la sellette mais avait été soutenu par tout le groupe. Je crois qu’on a encore le record du nombre de buts encaissés en National, avec 18 buts seulement (c’est exact, Ndlr  !).

Qu’est ce qui t’a manqué pour être un joueur de L2 (il n’a disputé que 6 matchs avec le Red Star) ?
Sincèrement je pense que j’avais les qualités, quand on est monté avec le Red Star, le club a fait le choix de prendre un joueur plus expérimenté que moi. Je ne reproche pas ce choix. J’aurais aimé qu’on me témoigne un peu plus de confiance. Y’a eu des moments où j’aurais pu y aller, comme après ma première année à Cannes, en 2009, j’avais 21 ans et j’avais été approché par Sedan à l’époque qui était en Ligue 2, et là encore ils ont pris un joueur plus expérimenté. C’est un petit regret, même si je n’en ai pas vraiment, j’ai toujours donné ce qu’il fallait sur le terrain.

La finale au Stade de France

Mardi 8 mai 2018, au Stade de France, à Saint-Denis, finale de la Coupe de France : Les Herbiers (National) – PSG (Ligue 1) 0-2 (0-1). 73 772 spectateurs. Arbitre : M. Lesage. Buts : Lo Celso (26′), Cavani (74′ sp).
Avertissements.- Les Herbiers : Pichot (73′). PSG : Berchiche (15′).
Les Herbiers : Pichot – Marie, D. Fofana, Dequaire, Pagerie – Flochon (cap.), Vanbaleghem (Dabasse, 62′), Eickmayer (Couturier, 88′) – Bongongui, Germann (Gboho, 63′), Rocheteau. Entraîneur : S. Masala.
PSG : Trapp – Daniel Alves (Meunier, 86′), Marquinhos, Thiago Silva (cap.), Berchiche – Lo Celso, Thiago Motta (Draxler, 68′), Rabiot – Mbappé (Pastore, 86′), Cavani, Di Maria. Entraîneur : U. Emery.

Le parcours des Herbiers jusqu’en finale

  • 5e tour : JS Coulaines (DH) – Les Herbiers Vendée Football : 1-4
  • 6e tour : Voltigeurs de Châteaubriant (National 3) – Les Herbiers Vendée Football : 1-5 ap
  • 7e tour : Balma SC (National 3) – Les Herbiers Vendée Football : 0-3
  • 8e tour : Les Herbiers Vendée Football – SO Romorantin (National 2) : 2-1
  • 1/32es de finale : Angoulême Charente FC (National 3) – Les Herbiers Vendée Football : 1-2 ap
  • 1/16es de finale : FC Saint-Lô Manche (National 3) – Les Herbiers Vendée Football : 1-2
  • 1/8es de finale : AJ Auxerre (Ligue 2) – Les Herbiers Vendée Football : 0-3
  • 1/4 de finale : Les Herbiers Vendée Football – RC Lens (Ligue 2) : 0-0, 4 tab à 2
  • 1/2 finale : Les Herbiers Vendée Football – FC Chambly Oise (National) : 2-0

Texte : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : Stéphane Valade, VHF et La Roche Vendée Football.

VOLET 1

En football, la roue tourne très vite. Quatre ans après la finale de la Coupe de France 2018, aucun des 19 acteurs du Vendée Herbiers Football (entraîneur, joueurs) n’est encore aux Herbiers. Trois sont en Ligue 2, sept en National, trois en National 2, trois à l’étranger, un en National 3 et deux ont mis fin à leur carrière.
Une curiosité : depuis la finale, six joueurs (Guillaume Dequaire, Diaranke Fofana, Sébastien Flochon, Joachim Eickmayer, Florian David, Ambroise Gboho) sont passés par le FC Chambly-Oise … que Les Herbiers avaient éliminé en demi-finale (2-0) !

Depuis, aux Herbiers, tout a changé. Le coach Stéphane Masala est parti à Créteil et le président ​Michel Landreau (depuis 14 ans) a passé la main à Dominique Vincendeau.

Voici les chemins respectifs de ces héros après la finale de mai 2018 perdue 2 à 0 face au PSG à Saint-Denis.

Lire aussi / Romuald Marie  : « Aux Herbiers, une aventure humaine exceptionnelle »

https://13heuresfoot.fr/actualites/romuald-marie-les-herbiers-une-aventure-humaine-exceptionnelle/

Ce que sont devenus les acteurs de la finale…

STÉPHANE MASALA (entraîneur)
Il est aux commandes depuis cet été de l’US Creteil Lusitanos (N2) après avoir vainement tenté de faire remonter Les Herbiers en National pendant quatre saisons dont deux interrompues par le Covid.

MATTHIEU PICHOT
Souvent décisif lors de l’aventure, le gardien vient de mettre un terme à sa carrière après deux saisons à Andrézieux Bouthéon (N2) et deux précédemment à Bourg en Bresse (National). Il a entamé sa reconversion en intégrant l’école de la Gendarmerie à Chateaulin (Finistère).

ESTEBAN SALLES
La doublure de Matthieu Pichot attaque sa cinquième saison en Ligue 2, au Grenoble Foot 38.

ROMUALD MARIE
Le latéral droit est de retour en Vendée, à La Roche Vendée Football (N3) après des expériences à Annecy (National) et Trelissac (N2).

DIARANKE FOFANA
Le grand défenseur axial a mis cet été le cap sur Chartres (N2) après deux saisons à Chambly (National, Ligue 2), une à Cholet (National) et une à Sedan (National).

GUILLAUME DEQUAIRE
Le défenseur central gaucher attaque sa deuxième saison à l’USRL Visé (D1 amateur, le troisième niveau belge) après trois ans à Chambly (National, Ligue 2).

ADRIEN PAGERIE
Le latéral gauche a signé cet été à Orléans (National) après trois saisons au FC Villefranche Beaujolais (National) et une autre à Cholet (National).

SÉBASTIEN FLOCHON
Le capitaine a rejoint en janvier l’US Boulogne Côte d’Opale, relégué en N2, après trois ans à Chambly (National, Ligue 2) et six mois a Créteil (National).

VALENTIN VANBALEGHEM
Le milieu de terrain s’est engagé cet été à Sedan (National) après être passé par Châteauroux (Ligue 2), Pérouse (série B italienne) et Virton (D2 belge).

RODRiGUE BONGONGUI
Un grand voyageur, aujourd’hui à l’Ahi Nazareth (D2), après deux saisons en Croatie (Slaven Belupo, Tabor Sezana), une déjà en Israël (Hapoel Hadera) et une autre en Azerbaïdjan (Zira FC).

JOACHIM EICKMAYER
Le milieu relayeur entame sa deuxième saison à Bourg en Bresse (National) après trois à Chambly (National, Ligue 2).

KEVIN ROCHETEAU
L’attaquant est de retour aux Chamois Niortais (Ligue 2), son club formateur, après deux ans à Cholet (National) et deux à Dunkerque (Ligue2).

PIERRE GERMANN
Le milieu offensif a entamé sa reconversion comme paysagiste après une dernière saison à Luçon (R2) hélas contrariée par une blessure au genou. Il avait également fait deux ans à La Roche Vendée Football (N3).

AMBROISE GBOHO
L’attaquant excentré s’est engagé cet été avec Concarneau (National), après deux courts passages à Chambly (National) et Laval (National), mais surtout trois ans à Westerlo (D2 belge).

IDRISSA BA
Il vient de s’installer au FC Villefranche Beaujolais après être passé par Dunkerque (National), Pau (National, Ligue 2) et Bastia Borgo (National).

FLORIAN DAVID
Depuis 2020, l’attaquant est de retour au Rodez Aveyron Football (Ligue 2) après une saison à Chambly (Ligue 2).

CLÉMENT COUTURIER
Le milieu entame sa deuxième saison au Swift Hesperange (D1 Luxembourg), après Dudelange, déjà au Luxembourg, Virton (D2 belge) et Bastia Borgo (National)

ADRIEN DABASSE
L’attaquant vient de signer à Orléans (National) après être passé par deux autres clubs de National, Cholet et le FC Villefranche Beaujolais.

FRANCK HERY
Le voilà à Saint-Malo, en N2, après un an dans le même championnat, à Granville. C’est celui qui est resté le plus longtemps aux Herbiers après la finale (jusqu’en 2021).

 

Sébastien Flochon : « Les Herbiers, c’est pour toute la vie ! »

L’image restera à la postérité, dans la grande légende de la Coupe de France : Thiago Silva et Sébastien Flochon réunis dans la corbeille du Stade de France pour soulever ensemble le trophée en cette mémorable soirée du mardi 8 mai 2018.

Le défenseur et capitaine brésilien du PSG a tenu alors à partager le moment avec son homologue vendéen, en hommage au valeureux petit poucet des Herbiers, battu les armes à la main en finale au Stade de France (0-2).

En ce printemps 2018, le VHF, club de National, a tout renversé sur son passage notamment, dans la dernière ligne droite, l’AJ Auxerre au Stade Abbé Deschamps en huitièmes (3-0), le RC Lens au stade de la Beaujoire à Nantes en quarts (0-0, 4 tirs au but à 2) et le FC Chambly-Oise (2-0), toujours à la Beaujoire, en demies.

Quatre ans plus tard, que reste-t-il de cette formidable épopée ? Hélas, des souvenirs, presque exclusivement des souvenirs… Au Vendée Herbiers Football, le président (Michel Landreau) est parti, l’entraîneur (Stephane Masala) aussi (à Créteil), il ne reste plus aucun joueur de l’époque au stade Massabielle, et le club est tombé en National 2.

Sébastien Flochon, 29 ans, porte toujours le brassard, maïs désormais à l’Union Sportive Boulogne Côte d’Opale (N2). Dans l’intervalle, il a passé trois saisons à Chambly, dont deux en Ligue 2, et effectué un court crochet par l’US Creteil Lusitanos (National).

Pour 13heuresfoot, il revient sur la folle aventure du VHF. Avec nostalgie, fierté, mais aussi pas mal d’amertume.

Quels souvenirs gardez vous de cet extraordinaire parcours en Coupe de France ?
Il y en a tellement… Des émotions incroyables, le cœur qui bat fort, un sentiment puissant de fierté, une finale au Stade de France devant 80 000 personnes, avec toute ma famille dans les tribunes, avec toute une région et plus de 30 000 vendéens derrière nous. Je me souviens comme si c’était hier des vestiaires du Stade de France, du protocole avec le Président de la République Emmanuel Macron, de La Marseillaise… On ne joue pas La Marseillaise pour n’importe quel match, n’est-ce pas ? On ne nous enlèvera jamais ça. Les Herbiers, c’est pour toute la vie. Je n’ai pas pu passer pro avec mon club formateur, l’Olympique Lyonnais, mais j’ai vécu quelque chose que beaucoup de footballeurs pros ne vivront jamais : une finale de Coupe de France au Stade de France.

Vous gardez des contacts avec vos ex-coéquipiers ?
Bien sûr. Aux Herbiers je me suis fait des amis pour la vie : Matthieu Pichot, Romuald Marie, Quentin Bonnet, Clément Couturier, Esteban Salles, pour ne citer que les principaux. Mais il y a quelque chose que je voudrais ajouter…

Allez-y !
Quand un petit élimine un gros, on parle de la magie de la Coupe de France. Or il n’y a rien de magique. Un pro, il peut se laisser surprendre dans les premiers tours par manque de motivation ou par l’état du terrain. Mais pas en huitièmes, en quarts ou en demies… Là, les pros, ils veulent aussi aller au stade de France. Mais aujourd’hui, il y a énormément de très bons joueurs en National, en N2, des joueurs dont le foot est aussi le métier et qui ne sont pas passés pros pour pas grand-chose. Aux Herbiers, tous les gars auraient pu jouer largement au dessus.

On vous parle encore de la Coupe de France ?
Oui, je crois que ça me suivra à vie ! Quand j’arrive quelque part, je ne suis pas Sébastien Flochon mais le gars qui a fait la une de L’Equipe avec Thiago Silva (rires) !

Pourtant, mai 2018, ce ne sont pas que de bons souvenirs. Trois jours après le Stade de France, Les Herbiers perdait à Béziers (4-1) et était relégué en National 2…
Ah ! Je suis content que vous me parliez de ça !!!! Car pas grand monde n’a parlé de ce qui est quand même une injustice. Ah si, Pierre Ménès s’était insurgé, je m’en souviens, merci à lui.

Racontez nous…
C’est simple. On dispute la finale le mardi 8 mai à 21h et même pas trois jours après, le vendredi 11 mai, à 19h on enchaîne à Béziers !!! Nous on joue le maintien mais Béziers joue la montée en Ligue 2. Ils nous ont ramassé à la petite cuillère. Après la finale, on avait quitté le stade de France largement à plus de minuit mais à 8h du matin après deux-trois heures de sommeil maxi, on prenait le train pour Béziers. Ça nous rappelait tout d’un coup qu’on n’était qu’une petite équipe de National. De Paris, Béziers c’est au moins cinq heures de train et vous imaginez dans quel état on est arrivés. On a vanté l’esprit rafraîchissant des Herbiers, le foot amateur, le bien qu’on faisait au foot et à la Coupe de France, mais en réalité on nous a enfoncés. On aurait pu différer le match de Béziers de 24 heures non ? Ça coûtait quoi de reporter exceptionnellement de 24 heures la dernière journée de championnat ? Un club pro aurait il accepté le calendrier qu’on nous a imposés ? Je ne crois pas, mais, nous, on n’a pas eu le choix. On serait peut être descendus quand même, mais, au moins, on aurait joué dans des conditions équitables. A l’arrivée, Les Herbiers n’a jamais pu remonter en National, tout le monde est parti. C’est d’une grande cruauté.

En outre, le scénario était presque inimaginable…
Absolument, car pour que Les Herbiers soit relégué, il fallait qu’en même temps l’Entente Sannois Saint Gratien gagne à Grenoble qui n’avait besoin que d’un match nul pour monter en Ligue 2. Bref, cela semblait impossible … mais l’Entente a gagné ! Un vrai cauchemar. L’ascenseur émotionnel a été terrible. Et cela a changé le cours de nos carrières. En National, je serais très certainement resté aux Herbiers, et la plupart des autres joueurs aussi. Les Herbiers serait peut être toujours en National. Les conséquences de tout ça ont été énormes.

La Coupe de France à couté aux Herbiers sa place en National ?
Pas du tout. Je sais, certains ont dit ça, mais c’est faux. Au contraire, en parallèle de nos résultats en Coupe, on a fait un très bon parcours en championnat, une belle phase retour, on a surfé sur la dynamique, avec un nouvel entraîneur, Stéphane Masala. Mais on avait perdu trop de points lors de la phase aller… avant la Coupe !

Jean-Michel ROUET / Mail : jmrouet@13heuresfoot.fr

Photos : Vendée les Herbiers Football

Demain, à lire, le deuxième volet consacré aux Herbiers !

Ce passionné de 25 ans, originaire de Boulogne-sur-Mer, a lancé en 2020 un compte qui cartonne avec près de 20 000 abonnés, et qui recoupe toutes les infos de ce championnat qu’il adore. Rencontre et … quiz !

Corentin Condette n’était pas né quand, en août 1993, le tout nouveau championnat « National 1 » à deux poules est venu s’intercaler entre la Division 2 et la Division 3 (rebaptisée National 2).

Et il avait 5 mois à peine lorsque le Nîmes Olympique de Pierre Mosca, avec, entre autres, Bazdarevic, Jeunechamp, Belbey, Karwat, Levasseur, Ecker, Vosahlo, remportait le titre de champion de France de National aux tirs au but face à Wasquehal, juste avant le passage, en 1997, à la poule unique !

Unique, c’est ce que le natif de Boulogne-sur-Mer réalise depuis un peu plus de deux ans maintenant, avec son compte Instagram dédié à ce championnat qu’il adore.

« Partager sa passion, bénévolement »

Fin avril 2020, en pleine période de Covid-19, il a lancé un compte – championnatnationalFFF – qui a pris une ampleur folle ! A tel point qu’aujourd’hui, il frôle les 20 000 abonnés. A tel point qu’il est devenu incontournable, reléguant au rang de faire-valoir ceux qui avaient tenté de mettre un pied dans la niche.

Car il faut être plus que passionné pour faire ce qu’il fait, il faut donner de son temps, de son énergie, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde.

Unique, Corentin l’est aussi par sa façon de se démarquer sur ce réseau social où tout est image, tout est instantané, tout est rapide, tout est éphémère. Son but : partager sa passion. Rien d’autre. Il n’est pas question ici d’argent, pour une raison simple : Corentin, âgé de 25 ans aujourd’hui, est enseignant en activités physiques adaptées à la santé : « J’adore mon travail et à côté, je gère le compte Insta de manière bénévole. »

Son métier s’apparente un peu à celui de kiné : « La différence, c’est que l’on ne touche pas à la partie lésée », explique le jeune homme, surpris en flagrant délit de « recoiffage » à répétition derrière sa webcam durant l’entretien ! « Ce que je fais, c’est de la rééducation. Un peu comme un préparateur physique, mais je suis specialisé dans les pathologies, l’obésité et la neurologie. Je travaille depuis bientôt 2 ans au sein de l’équipe du service de cardiologie à l’hôpital Albert-Chenevrier, à Créteil, où je m’occupe de la rééducation cardiaque et fonctionnelle des patients. »

« Je ne m’attendais pas à un tel succès »

C’est à Boulogne-sur-Mer, au stade de la Libération, que Corentin a véritablement découvert le championnat National, en 2012, après la descente de son club de coeur, l’USBCO, tombé de Ligue 2, deux ans après son unique passage en Ligue 1 (2009-10) : « Ma passion est venue grâce à Boulogne. Je suis fan de foot et mon père m’emmenait au stade, il est partenaire, d’ailleurs il y va toujours ! Inutile de te dire que le match de la montée en L1 en 2009 reste l’un des plus beaux moments que j’ai vécus. « 

A cette époque, Corentin a 12 ans, et ne jure que par le football, qu’il pratique dans la commune voisine, au Portel, après avoir commencé juste à côté, à … Condette (!) : « Je sais, le nom de la ville est le même que mon nom de famille (rires) ! ».

Comme beaucoup, il veut devenir pro. Comme beaucoup, il se cantonne au niveau régional, au poste de milieu défensif : « Après le lycée, j’ai fait STAPS à Boulogne mais à la 3e année, j’ai changé de voie et je me suis dirigé vers les activités physiques adaptées à la santé (APAS), à Calais, avant un Master. »

Le sport, sa religion, son art de vivre

Chez lui, le sport est un besoin, une drogue, un art de vivre, une religion : « J’ai dû arrêter le foot quand je suis parti travailler à Créteil, mais je n’ai pas arrêté le sport ! A l’hôpital, je peux faire de la musculation, je peux courir sur un tapis, pour garder le cardio. Je fais des « five » une fois par semaine, je fais du gainage aussi, du renforcement musculaire. En fait, quand je rentre chez moi le soir, si je n’ai pas fait mon sport, je ne suis pas bien ! »

Et si Corentin ne publie pas ses stories de National sur Insta, il ne se sent pas bien non plus ! En deux ans et quatre mois d’existence, son compte explose les compteurs : « Franchement, je vais bientôt atteindre les 20 000 abonnés je pense, c’est pas mal, je ne m’attendais pas à un tel succès. Je me suis lancé par passion, en me disant « si ça marche tant mieux, si ça ne marche pas tant pis ». J’ai vu qu’il n’y avait pas vraiment de page officielle et je me suis dit « ça fait 10 ans que je suis le parcours de Boulogne en National, je connais les noms des joueurs, des stades, je n’avais rien à perdre ». Ma bible, c’était le DT Foot, tu sais, le dictionnaire des joueurs dont s’occupait Denis Troch, qui allait de la Ligue 1 jusqu’au niveau régional. On m’interrogeait, je connaissais presque tout par coeur ! Je me suis toujours dit, « je veux faire la même chose », mais en ciblant un championnat. Les fiches que je continue de réaliser aujourd’hui sur les clubs et les joueurs de National, c’est mon guide. J’en ai besoin quand je regarde des matchs ou quand je vais au stade. Oui, je suis un dingue du National, comme toi ! Et ça a pris assez vite. J’ai sans doute aussi profité de l’effet confinement, les gens étaient beaucoup plus souvent sur leur mobile. J’ai démarré pendant mon Master, en plein rédaction de mon mémoire, pendant le Covid. On était confiné. En fait, j’ai lancé ça pour me changer les idées. »

Un concept simple, rapide et efficace !

Sa première publication ? « Le 27 ou le 28 ou le 29 avril 2020, je crois. C’était une story avec la photo du logo du National, où je disais « Championnat National qui et-tu ? », en fait, c’était une brève présentation, puis j’ai commencé à parler des joueurs qui sont passés par le National ». Forcément, il a dû parler de Franck Ribéry et Ngolo-Kanté, deux joueurs passés en National par Boulogne, futurs internationaux !

Son concept ? Simple, efficace. « Dès qu’il y a une actu, je la partage le plus vite possible sur ma page, en story dans un premier temps, puis je la classe dans des rubriques, club par club. Je suis tous les clubs, je mets des alertes, car mon but, c’est quand même de développer ma page. Par exemple, si un club met une info à 11h et que je la publie le lendemain, ça ne sert à rien, alors j’essaie de le faire le plus vite possible. Bien sûr, ça demande du temps, mais quand on est passionné comme moi, comme toi, le temps ne compte pas, tu le sais bien Anto ! »

En résumé, son compte est un … résumé, un condensé de toutes les infos qu’il recoupe. « Je suis parti d’un constat simple : le National manquait de visibilité et de diffusion sur les réseaux sociaux, et j’ai voulu faire une « grosse » page qui permette de relayer toutes les infos des clubs, de les partager en story puis en rubrique pour que ça reste. Cela se fait aussi en Ligue 1 ou Ligue 2 mais ce sont des salariés qui gèrent ça, or moi je bosse. La Fédération Française de football, qui gère le championnat National, a crée un compte sur Twitter. Moi, j’aimerais bien les rencontrer, leur montrer ce que je fais sur Insta, leur montrer mes fiches, et pourquoi pas envisager une collaboration, je ne sais pas… Mais je ne veux pas forcer les choses. »

Quinze clubs sur dix-huit sont abonnés !

Si le compte « ChampionnatNationalFFF » est abonné aux 18 clubs, l’inverse n’est pas vrai. « Trois ne me suivent pas, mais ça va venir ! Bourg-en-Bresse (FBBP 01) me suivait l’an passé, mais pas cette année. Sedan aussi. C’est étonnant. Et enfin le Red Star, il faut que je leur demande pourquoi. J’ai quand même 15 clubs qui me suivent, donc c’est qu’ils connaissent la page. Je leur envoie un petit message de temps en temps, je parle aux chargés de communication. C’est vrai qu’il n’y a pas trop de rencontre « physique » même si je vais aux matchs de la région parisienne, au Red Star, à Créteil l’an passé, à Versailles cette saison. »

L’entretien touche à sa fin. Il a duré … longtemps. On ne vous dira pas combien, vous nous prendriez pour des fous. Des fous du National. Ce championnat que Corentin suit depuis 10 ans, moi depuis 30. Ce championnat qu’on aime exactement pour les mêmes raisons : « Ce qui me plaît, c’est ce côté hybride, poursuit-il. Le National est un mélange de foot professionnel et de foot amateur, c’est magnifique de voir des clubs prestigieux, dont certains ont évolué en Ligue 1, et même parfois joué en coupe d’Europe, se confronter à des petits clubs. J’aime ce contraste. J’aime ces différences de budget, de stades, d’infrastructures. J’aime voir ces anciens joueurs qui ont touché le haut niveau. j aime ce côté passerelle entre le monde pro et le monde amateur ».

National : testez vos connaissances !

En quelle année le championnat a-t-il été crée ? 1993

Combien de clubs, à 10 clubs près, ont évolué en National au moins une saison depuis sa création ?
126 clubs ont joué au moins une fois en National depuis sa création.

En quelle année le championnat est-il passé de deux à une poule ?
1997

Vrai ou faux : une saison, quatre équipes sont montés de National en Ligue 2 ?
C’est vrai. Lors de la saison 2001-2002, Clermont, Reims, Valence et Toulouse sont montés en Ligue 2, suite au passage de la D1 de 18 à 20 clubs.

Vrai ou faux ? Une saison, la composition de la poule du championnat a vu un bouleversement avec l’arrivée de 9 nouveaux clubs par rapport à la saison précédente (descentes et montées comprises) ?
Vrai. C’était lors de la saison 2009-2010. Cette saison-là, en plus de quatre descentes et des deux montées, Plabennec, Fréjus/Saint-Raphaël et Moulins avaient été repêchés de N2, profitant de décisions administratives à l’encontre de Sète, Libourne/Saint-Seurin et Besançon.

Qui a été le premier champion de National à sa création ?
Châteauroux.

Quel est le club recordman du nombre de saisons passées en National, et quel est le nombre de saisons qu’il y a passés (un indice, ils sont deux clubs…) ?
Paris FC, avec 17 saisons, détient le record du nombre de présence avec Créteil. Suivent Pau (16), Gazelec Ajaccio (14), Fréjus/St-Raphaël (12), Sète (13), Avranches (13), Boulogne (12) et Louhans-Cuiseaux (12).

Combien de clubs n’ont joué qu’une seule saison en National ?
23 clubs n’ont joué qu’une seule saison (série en cours) : Yzeure, Vitrolles, Viry-Châtillon, Villemomble, Toulouse, Roye, Perpignan, Nevers, Mont-de-Marsan, Mulhouse, Metz, Nancy, Marignane, Hyères, Gap, Drancy, Charleville, Beaucaire, Ancenis, AC Ajaccio, Alfortville, Versailles, Atletico Paris.

Cette saison 2022-2023, sur les 18 clubs du championnat, combien évoluent à ce niveau pour la première fois de son histoire ? Et lesquels ?
Trois clubs évoluent en National pour la première fois : Nancy, Paris 13 Atlético et Versailles.

Quel club détient le plus grand nombre de points sur une saison ?
Bastia, en 2010-2011, avec 91 points (27 victoires, 10 nuls et 3 défaites).

Depuis sa création, combien de clubs ont réussi l’exploit d’enchaîner deux montées consécutives de National en L2 puis de L2 en L1 dans le foulée ?
Onze clubs ont réussi l’exploit d’accéder de National en Ligue 1 en deux saisons : Guingamp, Bastia, Valenciennes, Sedan, Toulouse, Arles-Avignon, Evian-Thonon-Gaillard, Metz, Gazelec Ajaccio, Strasbourg et Amiens.

Combien de buts a marqué le meilleur buteur du championnat 2006-07, Gregory Thil (Boulogne), record en cours ?
Il a marqué 31 buts.

Vrai ou faux ? Le National s’est déjà disputé à … 22 clubs
Faux. Mais il s’est déjà disputé à 21 clubs, comme lors de la saison 2010-2011. L’UJA Alfortville, meilleur deuxième de CFA, avait remplacé Strasbourg, relégué par la DNCG puis repêché en appel ! La décision favorable au RC Strasbourg étant intervenue le 22 juillet, donc après le 15 juillet, date de publication du calendrier du National, l’UJA Alfortville est maintenu en National qui comprend donc 21 et non 20 clubs.

Combien de clubs ont terminé deux fois à la première place du championnat ? Lesquels ?
Cinq clubs l’ont fait : Châteauroux, Bastia et aussi Nîmes Olympique, Clermont Foot et le Red Star.

Quel est le club qui détient le record de spectateurs pour un match de National ?
Strasbourg, avec 27 820 spectateurs pour un match de la J34 contre Colomiers lors de la saison 2014-2015.

Quel est le record du nombre de présence d’affilée en National (à ne pas confondre avec le nombre de saisons au total) ? Qui le détient ?
Cannes, Pau et Boulogne, avec 10 saisons de suite !

Un club peut, cette saison, en cas de maintien, égaler le record du nombre de présence d’affilée en National (à ne pas confondre avec le nombre de saisons au total), lequel ?
US Avranches Mont-Saint-Michel dispute cette saison sa 9e d’affilée en National et peut donc égaler le record de 10 saisons d’affilée en cas de maintien.

Corentin, du tac au tac

Ton club préféré (autre que Boulogne)
Olympique de Marseille

Ton stade préféré (autre que la Libération)
Stade Vélodrome

Un joueur de National actuel ?
Benjamin Gomel (CS Sedan)

Un joueur de National d’avant ?
Grégory Thil

Ton premier match de National ?
US Boulogne – Libourne Saint-Seurin vers 2007/2008 (en 2005-2006 en réalité, Ndlr)

Une anecdote à propos du National ?
Ce qui m’avait étonné, c’est d’apprendre le salaire de certains joueurs, notamment à plus de 20 000€ …

Un club mythique de National ?
Le Red Star

Une appli (autre que instagram) ?
Facebook

Une idole de jeunesse ?
Franck Ribéry et Samir Nasri

Meilleur souvenir sportif ?
Finale régionale de détection des meilleurs joueurs des Hauts de France dans un stade de 12000 places

Pire souvenir sportif ?
Une passe décisive à un adversaire lors d’un tournoi international contre des Russes.

Textes : Anthony BOYER / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Twitter : @BOYERANTHONY06

Photos : 13heuresfoot

Il a poli pendant 30 ans les plus beaux diamants du centre de formation de l’Olympique Lyonnais, dont certaines pépites comme Benzema, Giuly, Govou, Lacazette et Umtiti. Armand Garrido est désormais un retraité qui occupe ses journées avec … le FC Bourgoin-Jallieu (N3), où il est coordinateur sportif du foot à 11. Entretien.

Armand Garrido occupe aujourd’hui le poste de coordinateur sportif au FC Bourgoin-Jallieu.

Benzema, Giuly, Govou, Lacazette, Ben Arfa et Umtiti, entre autres, les footballeurs professionnels passées entre ses mains de formateur à l’Olympique Lyonnais, où il a oeuvré de 1989 à 2019, feraient pâlir bon nombre de directeur sportif à l’heure de former une équipe compétitive avec des « joueurs locaux ». Armand Garrido a officié pendant 31 ans à l’OL, dont 27 à la tête des U17 (vainqueur de la Gambardella en 1997, champion de France U17 en 1993, en 2013, etc). Il a aussi été adjoint en National 2 et superviseur pour la post-formation, avant de prendre sa retraite il y a 3 ans. Une retraite qu’il passe actuellement au FC Bourgoin-Jallieu, après une pige comme directeur sportif au FC Bords de Saône. Dans l’Isère, il occupe le poste de coordinateur sportif du foot à 11. L’ancien Gone, âgé de 66 ans, évoque les objectifs de son nouveau club : la montée en N2 et surtout la restructuration de la formation. On ne se refait pas.

A votre époque, à l’OL, dans les catégories de jeunes, comment appréhendiez-vous les matchs contre les clubs amateurs dans le processus de formation des jeunes ?

Il est facile de comprendre que quand on se déplace dans un club amateur, c’était l’événement de la semaine, même chez les jeunes, plus encore qu’un match de l’équipe A parfois. Nous, on s’entraînait six fois par semaine… Aujourd’hui, l’avantage, c’est que les clubs bien structurés parviennent à s’entraîner quatre voire cinq fois, même chez les jeunes, avec des aménagements d’horaires ou des sections sportives. Ce n’était jamais très facile car au-delà de ça, il y avait une sur-motivation et un environnement pas trop favorable. Chose qui changeait beaucoup lorsqu’on jouait à domicile où l’affluence était faible, hormis les familles. Et puis, ça nous permettait de faire du recrutement. A ce niveau, il y a automatiquement des joueurs de qualité en face. Donc c’était assez enrichissant. Jouer contre les amateurs n’a jamais été facile. Même si ça nous est arrivé de faire des gros écarts; dans l’approche il nous fallait prévenir les joueurs d’être rigoureux, sérieux, que ce n’était pas facile d’aller jouer contre le « petit » club de Mâcon, Pontarlier ou Jura Sud car il fallait s’attendre à souffrir. Et c’est tout aussi utile que de préparer un gros match contre un autre club pro.

Et pour les joueurs de CFA 2 ?

Vous avez constaté comme moi que les réserves de clubs pros, le peu qui restent en N2, ont des difficultés. Beaucoup sont en N3 d’ailleurs. La N2 est un championnat de plus en plus structuré avec des clubs presque semi-profesionnels, avec notamment des joueurs majoritairement issus des centres de formation à qui ils manquaient peu de chose pour qu’une carrière professionnelle s’ouvre à eux. Ça devient de plus en plus difficile. Autre facteur, on y envoie des gamins face à des hommes. C’était déjà un peu le cas avant mon départ de l’OL en 2019. Regardez la moyenne d’âge des clubs pros. Je l’ai pratiqué un an avec la réserve de l’OL et face à nous, on avait des joueurs expérimentés dans des conditions pas faciles. Il faut déjà, à cet âge, du caractère pour ne pas y aller en « chamalow » mais plutôt en costaud. S’y maintenir c’est déjà un exploit.

« On protège les jeunes, on les met dans des cocons »

Pourquoi ces équipes sont-elles de plus en plus jeunes ?

Pour l’avoir vécu, vous n’emmenez pas un joueur pro joueur n’importe où. J’ai le souvenir de Mapou Yanga-Mbiwa (arrivé en 2015 à l’OL, envoyé en réserve en 2017), lui le faisait. C’était un super mec, il était investi à l’entraînement, faisait les déplacements. C’est très rare. Le joueur de Ligue 1 ne vient plus. A une époque, il faut reconnaître qu’il venait. Bon, il tirait un peu la gueule, on doutait de son investissement, on discutait de son rendement quand on le voyait à l’échauffement car on avait l’impression de le faire venir sur le terrain en lui tirant les cheveux. Quand vous déplacez un joueur qui touche 200 000 euros par mois dans un club amateur, voyez l’accueil qu’il reçoit. C’est difficile pour lui aussi. Après, il y a ceux dans l’ascenseur. Ceux qui sont en train de passer pro, mais qui ne le sont pas encore complètement. Ceux qui ont besoin de temps de jeu, car ils ne font que s’entraîner avec les pros donc on les redescend. Ce n’est pas évident pour eux, parce que chaque retour en équipe réserve pour un match est une remise en question.

A quel moment a eu lieu cette bascule du « rajeunissement » ?

C’est tout un ensemble de choses. Aujourd’hui, on fait signer des contrats pros à des joueurs de plus en plus jeunes pour les rassurer et surtout se rassurer au niveau du club, parce qu’on a peur de se les faire piquer. La famille, les agents, tout l’entourage, font monter les enchères et il faut couvrir le joueur. Quand tu signes un contrat pro, même à 17 ans, il faut donc que ton joueur soit dans le championnat le plus près des pros, au plus haut niveau possible, donc la N2. Avant, ça ne se passait pas comme ça. J’ai connu des joueurs à l’OL qui ont fait des grandes carrières, et bien à 21 ans, ils étaient encore en réserve. Mais c’était à une époque où les clubs, même les meilleurs, sortaient un joueur par saison. Aujourd’hui, on a l’impression que tout le monde signe pro. Tout le monde ne joue pas en équipe une, mais par contre on les protège, on les met dans des cocons. Actuellement à Lyon, Caqueret s’est imposé, Malo Gusto commence à enchaîner, Lukeba aussi. Mais les autres ? Ils font des apparitions et ils repartent.

Est-ce que dans le processus de formation, ces matches contre les adultes étaient ciblés ? Par exemple, privilégier de faire jouer un élément un peu tendre contre les clubs amateurs plutôt que les réserves ?

Oui, toutes les stratégies sont faisables. Après, il faut rester dans ce championnat donc on ne peut pas se permettre de faire trop de tentatives. Une année, on était premier au bout de six matches. Il a été décidé de nous retirer mes trois meilleurs joueurs pour suivre un programme spécifique. Vu qu’ils avaient vocation à intégrer le groupe professionnel rapidement, ils devaient faire de la musculation pendant six semaines. Ils ont très peu touché le ballon, ne faisaient plus de match car l’objectif était de les préparer à jouer en pro et donc de plus travailler sur l’aspect physique. D’ailleurs, ils sont tous les trois professionnels aujourd’hui. N’oublions pas que dans un centre de formation, tout est organisé pour que le joueur atteigne l’équipe première. C’était un défenseur, un milieu et un attaquant. Alors forcément, ça vous plombe un groupe et cela se ressent au niveau des résultats. On n’a pas gagné un match pendant six semaines. Mais il fallait respecter le plan de formation dans l’intérêt de leur carrière.

« De plus en plus difficile de former des joueurs de niveau Ligue des Champions »

Est-ce que vous vous basiez sur un niveau référence ?

Oui, le niveau Ligue des Champions. Govou, Gonalons, Umtiti, Tolisso devaient avoir ce niveau pour qu’on les mène au groupe pro. En arrivant à l’entraînement avec Essien, Juninho, etc, je peux vous dire que les joueurs avaient le niveau et qu’ils n’étaient pas mauvais avec leurs pieds ou leur réflexion tactique. Aujourd’hui, on voit que c’est un peu plus difficile de sortir des joueurs de niveau LDC. La preuve, l’OL n’arrive plus à y aller. Ça se rapproche plus du niveau Ligue 1. Pas sûr que les joueurs d’aujourd’hui auraient intégré le groupe pro de l’époque mais également parce que c’est de plus en plus difficile de former des joueurs de niveau LDC.

Former un Karim Benzema, c’est donc devenu plus compliqué ?

C’est un joueur exceptionnel qui a eu la chance d’intégrer un club exceptionnel dans lequel il a pu se mettre en valeur. C’est pas toujours facile d’avoir cet alliage entre club et joueur. Au-delà de ça, le niveau de la Ligue des Champions est plus élevé actuellement. Aujourd’hui, un Hatem Ben Arfa, je ne suis pas sûr qu’il soit sollicité pour entrer dans un club pro, alors qu’on s’est tous battus pour le faire venir sportivement parlant.

Pourquoi ?

Beaucoup de nouveaux éléments entrent dans la réflexion et, en plus, cette réflexion est différente. C’est l’évolution de la société dans sa globalité. L’aspect humain, social, rentre de plus en plus en compte dans la sélection. La pédagogie est également différente, que ce soit en mieux ou en moins bien.

Le joueur qui vous a le plus marqué durant votre carrière ?

La carrière de Karim est extraordinaire, donc elle me marque. Surtout quand je repense au travail fourni ensemble, le temps passé sur le terrain en rab. Ludovic Giuly, quand je l’entraînais, il faisait un mètre et des poussières, jamais, et je dis bien jamais, une personne aurait mis une pièce sur lui. Il y a une complicité qui se crée dans le travail. Je me souviens encore le voir grimper sur les plus grands pour prendre un ballon de la tête. J’ai envie de citer Jérémie Bréchet aussi çar il a fourni un travail extraordinaire et incommensurable pour réussir sa carrière. Mais si je vous dis l’attaquant Roland Vieira (devenu coach au Puy-en-Velay, actuellement en National), ça vous dit quelque chose ? Et ben moi, il m’a marqué. C’est lui qui, au bout d’une demi-heure, passe dans les buts en finale de la Coupe Gambardella 1997 remportée contre Montpellier car notre gardien Cyril Clavel se blesse, car à l’époque il n’y avait pas de gardien remplaçant, on n’était que 13 sur la feuille de match. Et Roland Vieira nous fait deux arrêts extraordinaires dans la séance de tirs au but qui nous font gagner, je n’ai pas peur de le dire.

« Je n’ai plus rien à faire sur un terrain à mon âge » !

Parlons du présent désormais. Pouvez-vous définir votre nouveau poste à Bourgoin-Jallieu (N3) ?

Je suis coordinateur du foot à 11. Je cherche à mettre en place un projet sur trois ans avec une section sportive et une organisation pour former des joueurs du niveau de notre équipe réserve à minima et pour l’équipe A pour les meilleurs.

Le terrain ne vous manque pas ?

J’arrive à un âge ou je n’ai plus rien à faire sur un terrain. Il faut laisser la place aux jeunes. Je vais sur le terrain pour conseiller, apporter des idées, encadrer et aiguiller. Il y a plein de nouvelles méthodes dont se nourrissent les jeunes coaches, de mieux en mieux formés, c’est à moi de les aider à faire le tri, les adapter pour qu’il se créent leur propre voie, leur plan de jeu, leur planification annuelle. J’aimerais bien avoir vingt ans de moins pour retourner sur le terrain, mais ce n’est pas possible.

Quel objectif pour votre équipe première ?

Comme tous les ans, on souhaite monter. L’an passé, on est tombé sur une équipe de Thonon Evian qui était en avance sur nous et était déjà prête pour la N2. On a fait quelques efforts de recrutement cet été, mais on n’est pas les seuls à vouloir monter et en avoir les capacités.

Ça commence bien pourtant avec cette victoire 4-0 contre la réserve de Lyon La Duchère…

C’est vrai mais ce n’est qu’un match. On a un nouvel entraîneur (Eric Guichard a remplacé Jérémy Clement). Il arrive avec toute sa maturité, son expérience et ses idées. Je ne vais pas faire mon Guy Roux, mais avec la refonte des championnats, on va surtout assurer notre maintien d’abord. Parce que six descentes, c’est énorme et ça va créer des surprises.

Justement, en ce début de saison, ce qui prime dans les têtes, c’est plus la crainte de descendre ou l’envie de monter ?
La crainte de descendre avec l’espoir de pouvoir monter, si je peux résumer ainsi. Mais pour cela, il ne faut pas se faire décrocher, contrairement à l’an dernier ou Thonon Evian a vite caracolé en tête. La clé, c’est d’être prudent, construire sa saison. Le moindre point perdu sera regretté à un moment donné.

Texte : Alexandre Plumey / Mail : contact@13heuresfoot.fr / Twitter : @Alex_Plums