Le président du DFCO – depuis juillet 2024 – est un personnage atypique, qui entend faire passer ses idées, atteindre ses objectifs économiques et sportifs, et réaliser ses rêves. Il veut aussi que le stade Gaston-Gérard soit un lieu de cohésion sociale où l’on vient vivre des émotions.
Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr
Photos Vincent POYER – DFCO (sauf mentions spéciales)

Deux heures trente. C’est le temps passé par Pierre-Henri Deballon, le président de Dijon, dans l’émission du Dijon show, le médias des supporters du DFCO, la veille au soir de notre interview en visio ! Parfait pour peaufiner nos questions !
Tout l’enjeu de cet entretien chez nous avec le chef d’entreprise de 42 ans (il les a fêtés le 15 avril), propriétaire du club depuis le 2 juillet dernier, était donc de ne pas lui faire redire la même chose !
Volontairement, nous ne sommes pas allés sur des terrains que « PHDB » a cent fois évoqués : le plan d’austérité avec le licenciement économique de 50 % du personnel administratif, le rachat du centre de formation (par Dijon Métropole) et son avenir, les féminines, les finances (18 millions d’euros de dettes à son arrivée et une perte sèche de 7 millions par saison), la vente de Cyriaque Irié (Troyes) et Rayane Messi l’été dernier (Strasbourg) pour 5 millions s’il vous plaît, la baisse de la masse salariale (de 2 millions à 1,3), tout ça a déjà été dit et écrit. Nous avons préféré l’emmener sur d’autres terrains. Comme ceux de handball par exemple. Le sport qu’il a pratiqué (au poste de gardien), jusqu’en Pro Ligue (D2) à Villepinte.
Encore en course pour les barrages

Pour sa première année de présidence à Dijon, le cofondateur de Weezevent, une start-up internationale lancée en avril 2008 (avec Sébastien Tonglet) – Weezevent est spécialisée dans la billetterie informatisée et destinée aux organisateurs d’événements – , a été gâté.
À vrai dire, c’est même lui qui, parfois, au détour d’une réponse, s’est aventuré sur ces chemins plus tortueux, avec, toujours en toile de fond, les finances et la réalité économique. Car le but était avant tout de faire découvrir un nouveau personnage central de ce championnat National où les têtes pensantes passent, mais où les problématiques restent.
Pendant près d’une heure, quatre jours après la qualification historique des jeunes dijonnais en finale de la coupe Gambardella, Pierre Henri Deballon, souriant, décontracté, bavard et ouvert, s’est livré.
Le lendemain, le DFCO a remporté le derby à Sochaux (2-1). Une victoire qui, à trois journées de la fin, permet à Dijon de revenir à 6 longueurs de la 3e place, celle de barragiste pour l’accession en Ligue 2, occupée par l’US Boulogne Côte d’Opale.
L’espoir de disputer une confrontation aller-retour contre le 18e de Ligue 2 BKT (Martigues ou Clermont) est bien réel. Mais cette éventualité ne sera possible que si les joueurs de Baptiste Ridira s’imposent chez la lanterne rouge, Châteauroux, ce vendredi, et, surtout, s’ils battent Boulogne à Gaston-Gérard le 9 mai, avant, pourquoi pas, de disputer une « finale » à distance lors de la dernière journée, à Bourg-en-Bresse, le 16 mai !
Ce scénario fou fait rêver, bien sûr. Ça tombe bien, le rêve et les émotions, c’est vraiment ce qui anime Pierre-Henre Deballon.
Interview : « C’est ma madeleine de Proust ! »

C’est rare qu’un président se livre autant, pendant 2h30, avec autant de franchise et de transparence, comme vous l’avez fait dans Le Dijon Show… C’était un besoin, une volonté, une nécessité d’éclaircir certaines choses ?
Il y a de tout cela. C’est mon caractère d’être très honnête. J’aime dire les choses. Et ça m’a fait du bien de le dire. C’est aussi une chance qu’on vous donne du temps pour vous exprimer et quand c’est le cas, généralement, je ne fais pas de langue de bois. La transparence permet de comprendre d’où je pars dans ma réflexion, où je veux aller et comment je veux faire les choses.
Avec Weezevent, j’ai la même approche : quand j’étais interviewé, je donnais mes chiffres, et les gens me disaient, « Mais pourquoi tu dévoiles tout ? ». Pareil quand quelqu’un a une idée, il n’ose pas me le dire, parce qu’il a peur que je lui pique, mais j’ai envie de lui dire, « Attendez, je ne vais rien vous piquer, je suis suffisamment occuper comme ça ! ». Et quand bien même je lui piquerais l’idée, ce n’est pas ça qui est important mais sa mise en oeuvre.
Pendant l’émission du Dijon show, j’ai fait des constats de situations : je serai jugé sur ma capacité à les résoudre et à en faire des forces. Alors oui, il y avait une partie de thérapie un peu, parce que ça m’a permis de dire que je ne trouvais pas juste certains jugements, comme sur les féminines. Certains sont toujours dans le négativisme. Parfois c’est dur. Il y a même des commentaires qui sont de nature complotistes, mais pas complotistes comme on l’entend. Tout le monde a son avis. J’aimerais que les gens prennent un peu de hauteur.
« On est un beau club formateur »

Votre meilleur souvenir depuis que vous êtes à la tête du club, c’est lequel ?
La qualification en finale de la Gambardella de nos jeunes (le 20 avril dernier).
C’est vrai que c’est une vitrine exceptionnelle pour le DFCO, une belle mise en valeur du travail de formation…
Complètement. On voit tout le boulot qui a été fait par tous les éducateurs avant mon arrivée et depuis mon arrivée. Moi, je surfe sur ce qui a été fait; ça envoie beaucoup de positivité dans le club et ça montre qu’on est un beau club formateur : d’ailleurs, beaucoup de joueurs en sont sortis récemment, je pense à Cyriaque Irié qui va signer en Allemagne (à Fribourg), Jules Stawiecki, parti à Monaco, qui est un gardien extrêmement prometteur, Rayane Messi à Strasbourg, c’est une excellente pub pour notre formation dijonnaise.

Il faut dire aussi qu’on a un outil de travail assez extraordinaire, avec sans doute un des plus beaux centre d’entraînement en France en termes d’équipements, d’infrastructures, de qualités des prestations; tout ça, ce sont des investissements lourds, qui pèsent encore beaucoup aujourd’hui sur les comptes du club mais on en voit les résultats, ça paie.
Être en finale de la coupe Gambardella, cela veut dire quelque chose. C’est une catégorie particulière parce que c’est le « mix » de deux équipes. Et puis j’ai noté une belle entente entre nos formateurs : on a promu un entraîneur adjoint (Mario Savarino, habituel adjoint de Sébastien Perrin en U19 Nationaux) à la tête de cette Gambardella, pour cette campagne exceptionnelle, et j’ai vu contre Nantes en demi-finale un vrai potentiel, avec des joueurs suivis par d’autres clubs. Pour certains, on travaille avec eux sur des projets sportifs, qui peuvent déboucher sur des réussites économiques, en connexion avec l’équipe première, dont on attendra beaucoup l’an prochain, parce qu’on a un enjeu économique pour monter.
Cette demi-finale de Gambardella, vous avez bien failli la perdre…
Oui, j’ai cru ça, parce que Nantes a eu le penalty de la qualification au bout du pied, et puis c’est la magie du football, il rate son tir, on marque le nôtre et on fait un arrêt… C’était un moment émouvant parce que ça fait un an, un an et demi même, que je bosse énormément sur le projet DFCO, déjà avant le rachat, et je le fais pour me créer des émotions et pour en créer aux autres. Là, on a eu les émotions les plus fortes. C’était un petit pincement de bonheur au coeur !
« Mais qu’est-ce que je fous là ? »

Vous avez parlé d’émotion : c’est vraiment votre plus belle depuis votre arrivée ?
Oui, c’était un moment fort, parce qu’il y a eu beaucoup de moments difficiles. Je le répète souvent, mais quand je suis arrivé au DFCO, le président du Mans, Thierry Gomez, m’a dit « Bienvenue chez les fous ! », il ne s’est pas trompé. Un président est exposé. Tout ce qu’il fait est jugé. C’est ça qui est difficile aussi. Alors que les gens n’ont pas forcément les tenants et les aboutissants. On fait de gros sacrifices personnels, vie de famille, copains, l’argent investi…
J’aurais pu acheter une villa secondaire pour profiter de la Corse ou de la beauté de Nice (sourires), alors quand en plus de ça, vous recevez des critiques acerbes, dont certaines sont parfois justifiées, parce que des choix n’ont pas été bons, eh bien par moments, on se pose la question, « Mais qu’est-ce que je fous là ? ». Et puis, il y a des moments comme ça, où ça gagne, comme là, en Gambardella.
On a aussi besoin d’envoyer des signaux aux partenaires. Nos filles se sont qualifiées pour les play-off de la D1 Arkema, c’est formidable. Alors, bien sûr, cela aurait été parfait si on avait vraiment été dans le wagon de la montée avec l’équipe de National, on l’est quand même encore un tout petit peu, on va jouer notre chance crânement, mais on sait que ce sera complexe.
« Mon avis de footix est le suivant… »
Vous qui avez joué au handball, l’émotion était-elle différente ?
J’ai joué en Pro Ligue (Division 2), à Villepinte. Ma semaine était rythmée par les entraînements avec cette adrénaline qui monte crescendo jusqu’au match…
Très honnêtement, d’avoir retrouvé un vestiaire, même si je ne suis pas joueur mais un tout petit acteur, d’écouter les discours du coach, de voir les joueurs se préparer, d’être dans cette ambiance, c’est ma madeleine de Proust que je suis venu m’acheter. C’est un plaisir que je trouve agréable, j’ai le sentiment de faire partie d’un collectif.
On dit que les gardiens sont … différents, fous, originaux, qu’ils ont ce côté kamikaze. Vous confirmez ?
Il y a un vrai lien. Il y a une congrégation des gardiens de buts au handball. On a du respect entre nous. Effectivement, on est un peu à part et on se considère comme tel. Je fais souvent ce parallèle avec l’entreprise : le chef d’entreprise et le gardien de but, c’est un peu pareil, parce que vous êtes dans un collectif, vous êtes un maillon essentiel, vous ne pouvez pas vous cacher et en même temps, vous êtes très seul. Le chef d’entreprise a beaucoup de responsabilités. Quand vos équipes ont envie de faire la fête, vous n’êtes pas invité et c’est bien normal, donc il y a cette forme d’isolement, parce que vous ne pouvez pas non plus être leur copain. Vous êtes un élément à part.
Le gardien de but, c’est pareil. Il y a cette notion de courage, d’exposition. Vous ne pouvez pas vous cacher, et au handball encore moins parce que vous avez des tirs toutes les deux minutes. Le jour où vous n’êtes pas en forme, c’est plus dur que pour un joueur de champ qui va peut-être faire moins d’efforts, moins tirer, moins prendre de risques, jouer plus la sécurité. Pour la petite histoire, Baptiste Ridira, notre coach de National, est un ancien gardien de but, et Paul Fauvel, notre directeur général, est aussi un ancien gardien de but. Ce trident que l’on a constitué à Dijon est uni par ça aussi, même si eux, c’était le foot. On dit souvent du gardien qu’il est fou, mais au fond, je pense que l’on se fait moins mal en étant gardien de but de handball que joueur de rugby dans certaines situations. D’ailleurs si vous mettez un joueur de rugby dans une cage de hand, il aura une peur bleue, et inversement si vous me mettez sur un terrain de rugby, j’aurai une peur bleue.
Du coup, vous avez un avis sur le poste de gardien au foot ? D’ailleurs, donnez-vous votre avis sur l’équipe, au coach par exemple ?
Le poste de gardien de but est un poste que j’affectionne particulièrement, alors oui, je me permets d’avoir des avis dessus. J’ai aussi des avis sur tous les autres postes, mais je le dis tout le temps en disant « Mon avis de « footix » est le suivant »… Parce que je n’ai aucune prétention sur mes connaissance footballistiques, ni l’expertise suffisante pour juger de la technicité du gardien de foot.
En revanche, il y a quelques chose d’assez commun avec le gardien de hand, c’est sa psychologie, ce qu’il dégage. Récemment, on parlait de notre gardien de la Gambardella, Ilan Marie-Rose, avec Franck Raviot, l’entraîneur des gardiens des équipes de France de foot : il trouvait qu’il dégageait quelque chose, qu’il apportait dans le jeu. Il était assez élogieux sur la « présence » qu’avait eu Ilan pour l’équipe. Bien sûr, dit comme ça, cela veut tout dire et rien dire, mais quand on est gardien, on sait ce que cela veut dire. Ce côté kamikaze, d’aller au devant du danger, on le retrouve aussi au foot.
« J’ai un regard plus pertinent sur les gardiens »
Existe-t-il un parallèle « technique » entre gardien de but au hand et au foot ?
Un petit peu. Sur les parades de près surtout. Au foot, on fait beaucoup d’arrêts avec les mains, et sur les parades de près, un peu plus avec les jambes, en utilisant l’extension, la souplesse, en comblant les angles, comme au hand. Des gardiens de foot pourraient faire de bons gardiens de hand, et inversement. J’ai fait un peu d' »urban », avec des cages de hand, donc c’est plus facile, mais j’avais les réflexes, la capacité à me concentrer, à deviner les trajectoires, à anticiper, à boucher l’angle, à aller au devant du ballon, on retrouve les mêmes bases.

Quand vous regardez du foot, en particulier les matchs du DFCO, votre attention est-elle plus focalisée sur le gardien que sur les dix autres joueurs ?
Je regarde les 11 mais effectivement j’ai un regard plus pertinent sur les gardiens. Par exemple, récemment, on a reçu Villefranche (2-0), et en National, on n’a rarement un deuxième gardien sur le banc. Là, le gardien adverse se blesse sur une action. Il boîte bas. J’ai dit après coup aux joueurs, « Quand c’est comme ça, faites des tirs de loin ». J’ai en tête ce but encaissé par Hugo Lloris en finale de l’Euro contre le Portugal, eh bien juste avant, il se blesse. Il n’a pas les mêmes appuis. Et peut-être que cette frappe, même si elle est bien cadrée, même si elle part fort, avec un Lloris dans de meilleures conditions, elle ne passe jamais.
J’ai été étonné qu’on ne teste pas plus la frappe de loin contre Villefranche, de la même manière que je suis étonné qu’on ne la teste pas plus en début de match, parce que regardez bien la toute première prise de balle du gardien, que cela soit au pied ou à la main, elle le rassure, et petit à petit, son niveau de confiance va monter au fil du match. Mais tant qu’il n’y a pas eu cette première prise, il ne sait pas s’il est dans un grand jour ou un mauvais jour. Il faut profiter de ça. Ce sont des petites astuces. Pareil sur un penalty : là, vous avez zéro pression, sauf si c’est un penalty qui vous fait perdre la finale de la Gambardella ! Mais sinon, vous avez zéro pression. C’est très psychologique. Au handball, ça l’est peut-être encore plus, car il y a beaucoup de tirs. L’emprise peut se faire encore plus. Ilan (Marie-Rose), en demi-finale, fait deux arrêts sur sa ligne, et puis il y a un de ses coéquipiers qui vient enlever un ballon sur sa ligne, là, dans ma tête, je me suis dit « Tiens, Nantes a raté le coche, c’est un signe ».
Vous regardiez vos statistiques quand vous étiez gardien de handball ?
Bien sûr ! J’étais un obsédé de statistiques. Mais il y en avait moins à l’époque, c’était plutôt moi qui me faisais mes propres « stats ». Après les matchs, je faisais des fiches sur les joueurs adverses pour me souvenir de la manière dont ils tiraient, leurs courses, comment ils se positionnaient, l’endroit où ils tiraient leur penaltys, etc. Parfois, j’étais content de ma prestation alors que mon équipe avait perdu, ce qui n’est pas toujours très sain, et à l’inverse, on pouvait avoir gagné un match et être déçu de sa prestation individuelle.
Une séance de tirs au but au foot, pour vous, ce n’est donc absolument pas de la loterie…
C’est beaucoup de psychologie.
« Je passais pour le grand méchant loup »

Pire souvenir depuis votre prise de présidence ?
Quand j’ai donné un interview dans Les Échos et que j’ai évoqué la situation du club. Ce qu’il en est ressorti, c’est « Le président veut arrêter l’équipe féminine », j’ai trouvé ça dur. J’avais eu l’honnêteté d’évoquer toutes les pistes, celles-là en était une, mais elle était infinitésimale, parce que ce n’est pas du tout le scénario vers lequel je m’oriente. C’est la dernière des solutions. C’est comme quand un médecin a essayé tous les traitements et décide d’amputer. Non. Cela avait été désagréable.
Il y avait aussi le sujet de la formation…
Oui, se posait la question aussi de la formation, il y avait une grosse pression politique. La Métropole venait de racheter les bâtiments du centre de formation et se disait « Non mais attendez, on a racheté le bâtiment, et ils veulent arrêter la formation, ils vont arrêter les féminines… », et comme je venais de faire des licenciements économiques, je passais pour le grand méchant loup. Ce que je faisais, ce n’était pas rigolo, mais je suis convaincu encore aujourd’hui que c’était la seule et unique voie de salut pour permettre au club de retrouver une forme de sérénité économique, essentielle pour bien travailler et se projeter dans l’avenir.
« J’ai envie de regarder les matchs debout ! »
Quel autre club que le DFCO rêveriez-vous de présider ?
(Rires) Les clubs que j’aime, ce sont ceux qui ont des communautés de supporters extraordinaires. L’OM, Lens, le Red Star, Liverpool, on sent que cela va au-delà du sport, que c’est une religion. C’est pour ça que je souhaite créer au DFCO un supportérisme actif.
C’est vrai que, pour être venu à Dijon cette saison, j’avais trouvé le public…
Vous étiez là pour quel match ?
Dijon-Bourg-en-Bresse, premier match à domicile !
(Rires) Ah oui ! On avait mal commencé (0-1) ! Allez, au bout de quinze minutes de présidence, carton rouge !

Le stade est magnifique, à taille humaine, mais le public un peu … « plan-plan », l’ambiance feutrée, bon enfant…
Très plan-plan. On le sait. On est d’accord. Ça ne pue pas encore le foot. Dijon est une ville bourgeoise, très belle. Elle a des difficultés économiques comme toutes, mais elle ne transpire pas la souffrance, quand bien même le travail des vignes est un travail difficile. Peut-être qu’il manque un peu ce côté ouvrier. Le foot n’a pas été le premier sport à Dijon, où c’est plutôt le handball et le basket. Il faut arriver à créer ça et c’est tout l’enjeu, mais cela ne se décrète pas, on n’achète pas une grosse ambiance. Mais on veut la constituer.
L’an prochain, pour faire venir de jeunes supporters, on mettra en place une tribune « famille ». J’essaie d’être dans un dialogue le plus souvent possible avec nos groupes d’Ultras, parce que ce sont eux qui mettent l’ambiance, la passion et la ferveur, parfois, il faut aussi les recadrer car ils font des choses que je n’aime pas. Et je leur dis. Je me souviens que, pour ma première victoire de président, contre Paris 13 Atlético (journée 4), on menait 2 à 0, il restait 5 minutes à jouer, normalement, là, c’est gagné. J’ai couru, je suis descendu de la tribune, tout seul, pour rejoindre les Ultras et fêter ça ensemble. J’avais envie d’être avec eux, au coeur du truc. C’est ça qui me plaît, ces émotions. Je fais un projet dans lequel je veux embarquer les gens. Pour ça, je ne me mets pas dans une loge vitrée, fermée, en buvant du champagne.
J’ai envie de regarder les matchs debout. La pire de mes tortures, c’est quand je suis à l’extérieur, et que très gentiment, le président adverse m’invite à m’asseoir à côté de lui pour regarder le match, comme je l’ai fait au Mans avec Thierry (Gomez), que j’aime beaucoup en plus ! J’ai envie d’être debout, de pouvoir râler, de faire des bonds, de marcher, parce que je suis stressé ! Mais je fais peu de déplacements !
Pour en revenir au stade, il vaut mieux être dans une petite boîte de nuit où vous ne pouvez pas marcher, où tout le monde est serré, que dans un grand hangar où tout le monde se regarde, où il n’y a pas d’ambiance. Ce sont des choses comme ça qu’on n’a pas eu le temps de faire l’été dernier, parce que les abonnements étaient déjà lancés. La saison prochaine, je veux être acteur du sujet. Je prendrai peut-être des positions qui vont étonner. Je serai un peu extrémiste là-dessus : je préfère être contraint de rouvrir petit à petit nos tribunes plutôt que d’avoir un énorme complexe rempli au tiers, avec des gens éparpillés un peu partout. Le fait d’être beaucoup plus proche, beaucoup resserré, comme on l’a vu en Gambardella avec cette tribune pleine, a amené cette chaleur, cet impression d’avoir participé à quelque chose de collectif, alors que si vous êtes seul sur votre siège avec personnes à dix sièges à la ronde, vous êtes dans un projet individuel.
« Courageux, ambitieux, pragmatique »

Le but qui vous a fait vibrer ?
Celui que l’on a marqué contre Châteauroux (4-0) en janvier, après 9 ou 10 touches de balle.
Un match qui vous a fait vibrer ?
Le match aller à Boulogne (2-2), que j’ai suivi dans des conditions particulières puisque j’avais un week-end entre copains. Du coup, on était en voiture, j’avais mis FFF TV, et il y avait un léger décalage; un copain avait mis une alerte sur son téléphone et il me disait dix secondes avant « Ouh la la, il se passe quelques chose », et moi je me demandais si on avait marqué ou si on avait pris un but ! C’était assez rigolo. Mais celui qui m’a fait le plus vibrer quand même, c’est la demi-finale de la Gambardella.
Une équipe qui vous a impressionné ?
Orléans au match aller et Le Mans sur la phase retour. Chez nous, contre Le Mans, à la 29e minute, on perdait 5 à 0. Ils sont sur une dynamique intéressante. Je pense qu’ils ont trouvé la bonne recette.
En trois adjectifs, vous êtes un président plutôt…
Courageux, ambitieux et réaliste. Pragmatique plutôt que réaliste même.
« Rêvons encore plus grand »

Êtes-vous un rêveur, un idéaliste ou plutôt quelqu’un de terre à terre ?
Je suis pragmatique par rapport à des constats, des choix, mais par contre, je suis un rêveur, parce que si vous n’êtes pas un rêveur, vous ne reprenez jamais un club comme Dijon. Si je n’ai pas le doux rêve de ramener ce club à haut niveau, de refaire vibrer ce stade…
Je dis souvent en rigolant que j’ai gagné la Ligue des Champions avec Football manager, et que j’aimerais bien la gagner avec le DFCO, je sais que c’est quasiment impossible. Souvent, on me dit « Mais il ne faut pas dire ça », mais c’est la réalité. La devise du PSG, c’est « Rêvons plus grand », alors je dis en rigolant « Rêvons encore plus grand ! » (rires).

Quand vous évoquer la Ligue des Champions, c’est sur le ton de la boutade, mais un autre président de National en a parlé cette saison, et c’était très sérieux…
Oui, c’était Iwan Postel de Rouen, mais je crois que c’était aussi sur le ton de la boutade. J’ai le sentiment qu’il voulait faire bouger les lignes, et que sa communication en faisait partie. Il s’est dit « Mais qu’est-ce qui m’interdit de dire ça ? Rien, allez, je le dis, et puis « j’emm… » ceux qui ne sont pas d’accord avec ça » ! Moi, quand je dis ça, je n’y crois pas au moment où je le dis, mais c’est un objectif et c’est ce qui fait avancer. Quand on réalise ses rêves, derrière, on n’a plus rien… Mais ce rêve-là, il peut me tenir pendant 20 ans !
J’aimais bien Iwan Postel, je lui trouvais une forme de courage, de jusqu’au boutisme, comme quand il arrivait au stade avec sa veste rouge aux couleurs de Rouen, avec les bons et les mauvais côtés de ces personnages hors-norme : quand on a battu Rouen 1 à 0 à Dijon, alors qu’un but leur a été injustement refusé à la fin et qu’il aurait dû y avoir 1-1, il s’est séparé dans la foulée de son entraîneur dans les vestiaires (Maxime d’Ornano), je n’avais pas trouvé ça d’une grande classe, et à l’inverse, il me faisait marrer quand il parlait de construire un stade de 70 000 places à Rouen.
Sur notre groupe WhatsApp de présidents, quand il a annoncé son départ, je lui ai dit « Tu fais chier Iwan, je voulais jouer dans ton stade de 70 000 places ! », il a rigolé. Je n’ai pas compris son départ. Il m’a expliqué. Il m’a dit « Je vais prendre des vacances ». Je comprends, parce qu’un président prend des mauvais coups, et ça rend la fonction difficile. Moi, quand j’arrive au DFCO, c’est pour prendre du plaisir et en donner. Et en plus je prends des coups. Pour en revenir à Iwan (Postel), j’aime bien les gens qui font bouger les lignes et dont on se rappelle, qui font réfléchir, qui apportent quelque chose. Personnellement, il m’a fait réfléchir, par exemple, je me suis demandé si je n’étais pas un peu trop conformiste.
« Ancrer ce rôle social au DFCO »

Quels sont vos rapports avec les présidents de National ? Y en a-t-il un avec lequel vous êtes le plus proche ?
On a donc ce groupe WhatsApp, initié et animé par Thierry (Gomez), qui est le plus actif et le plus bienveillant. Il ouvre ses portes, il donne des conseils, il est très investi sur le sujet de la Ligue 3. J’espère pour lui qu’il va aller en Ligue 2 avec Le Mans.
Après, j’ai peut-être une connivence particulière avec des présidents de mon âge, je pense à Alexandre (Mulliez, Versailles), on a un peu cette culture « univers start-up », on a envie de chambouler les choses. Mais ça dépend des moments. Quand on reçoit, on a des moments privilégiés avant le match pour discuter, échanger sur nos problématiques, montrer nos infrastructures, et puis quelques jours après, on a des petits échanges, au sujet de ceci ou de cela, on demande des infos sur le coût d’une tribune par exemple. On est tous dans la même galère. La plupart sont des présidents actionnaires, qui mettent leur propre argent. Cela n’enlève rien au mérite des autres présidents qui sont là pour le compte d’un actionnaire ou d’un investisseur, mais ce n’est pas la même chose quand même : là, c’est vous qui allez devant la DNCG pour apporter votre propre garantie bancaire, qui engagez des fonds personnels.

Après, c’est un arbitrage entre des dépenses que vous pourriez faire pour d’autres choses et le club. Quand j’ai dit à ma mère que je voulais reprendre le DFCO, elle m’a dit « Pourquoi tu ne donnes pas autant d’argent à des gens qui en ont vraiment besoin ? » ou bien « Pourquoi tu n’aides pas des athlètes qui ont fait les Jeux Olympiques et qui ne gagnent même pas le Smic ? », ça m’a ramené sur terre. Je lui ai expliqué qu’il y avait des abus dans le foot, que je me battais contre, mais c’est aussi quelque chose de puissant socialement. Pour certains, c’est leur sortie de la semaine. C’est ça qui me plaît.
C’est pour ça qu’au DFCO, je veux ancrer ce rôle social au maximum, on a mis en place la première taxe Tobin sur les transferts : chaque année, il y aura un pourcentage sur les transferts qui seront reversés à des associations locales. Regardez quand on a vendu Irié pour 3 millions, un garçon que l’on est allé chercher au Gabon, on a entendu dire « c’est du foot business », « ça pue l’argent ». OK, ça c’est la première lecture. La deuxième lecture, c’est que le DFCO perd 7 millions d’euros et que ces 3 millions viennent commencer à combler ce déficit. Ce n’est pas du sport business, c’est juste que l’on essaie de survivre. Et si derrière on redonne localement à notre communauté, pour une action qui a du sens, alors on redonne au foot ce qu’il doit être, c’est-à-dire un vecteur de cohésion social et non pas un vecteur de haine.
C’est ce que je dis aux supporters du DFCO : si on veut se battre, alors il faut aller dans un club de boxe. Pareil si on vient au stade pour lancer des fumigènes… J’adore les fumigènes, mais c’est interdit et cela nous créé des problèmes. On ne peut pas le faire et c’est comme ça. Je serai le premier à défendre le sujet devant la Ligue et lui dire qu’il faut changer ses textes de loi, mais il y a des lois. Il faut créer un climat où l’ambiance est chaleureuse, où il y a des supporters qui se donnent corps et âme, pour pas que l’on dise « Il y a des cinglés » et qu’à la moindre étincelle, cela parte en vrille.
Avec les présidents de National, avez-vous les mêmes problématiques ?
Globalement oui. Comme de dealer avec les joueurs, des problématiques sur les contrats des joueurs, des transferts, de développement de stade, etc. Après, on n’échange pas chaque jour non plus.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris quand vous êtes arrivé dans le foot et qui vous surprend encore aujourd’hui ?
Le rôle des agents. Je ne mesurais pas à quel point ils étaient présents dans le choix des joueurs. Je pensais que les joueurs avaient des convictions sur leurs propres carrières et demandaient que celles-ci soient mises en oeuvre et sécurisées par des agents qui géraient la négociation et encadraient le cadre juridique, un peu comme un avocat, de la même manière que si je veux racheter une boîte, je cible la boîte, je discute avec son dirigeant et je délègue la partie technique à un avocat; là, au foot, c’est comme si un avocat venait me voir et me disait « C’est cette boîte qu’il faut racheter, voilà ce qu’il faut faire, quant aux autres boîtes, je leur ai dit qu’on ne voulait pas y aller », eh bien ça me paraît complètement fou.
Et puis, le côté « très pognon » de ces gens-là me gêne. Parfois, ils nous demandent des commissions et on est presque obligés de leur donner leur petit pourboire, c’est insupportable, cela n’a aucune justification. Parfois, c’est la famille aussi qui s’en même : on a eu le cas avec un joueur, tout était calé, et là, on te dit, « Si je n’ai pas 200 000 euros, on ne transfert pas notre gamin… » C’est hallucinant. Cela n’a aucun cadre légal. Les gamins sont pris en otage. On a tenu bon, ils ont finalement accepté…Je ne comprends pas non plus que, parfois, les joueurs n’aient pas leur propre libre-arbitre. J’ai un joueur qui m’a dit « Je n’arrive pas à avoir mon agent ». « Non mais change d’agent alors ! » J’ai le sentiment que les choix ne sont pas toujours faits dans l’intérêt du joueur. C’est assez perturbant.
« Un club de valeurs, malin et ambitieux »

Le DFCO en trois adjectifs…
Je veux que ce soir un club de valeurs, un club malin parce qu’on n’aura pas d’autre choix que de l’être plus que les autres, et un club ambitieux.
Le milieu du foot ?
(Rires) Pas très sain, passionnant.
Deux questions pièges. la première : si je vous dis 1998, vous me répondez quoi ?
La création du club, avec la fusion du Cercle Dijon et du Dijon FC.
Bien. La deuxième : vous êtes né à Chenôve, près de Dijon, tout comme un ancien attaquant des années 90 et 2000… Mais qui ?
Stéphane Mangione.
Bien. Vous avez joué au ballon au hand, vous êtes dans un club de ballon… Rien que de très normal pour quelqu’un qui s’appelle « Deballon » …
(Rires) C’était écrit ! Il y a eu deux ou trois blagues comme ça quand j’ai repris le club, qui disaient que j’étais prédestiné. Ce qui est drôle, parfois, c’est quand je regarde des matchs de foot et qu’il y a des ramasseurs qui renvoient un ballon sur le terrain: là, le commentateur dit « Ah, il y a deux ballons sur le terrain ! (rires) » Mais c’est vrai que j’ai toujours été plus passionné par les sports collectifs. J’ai toujours trouvé incroyable cette alchimie entre des individus et un collectif. On voit souvent que le collectif est plus fort que les individualités.
Votre première fois dans un stade de football pro ?
Il ne faut pas le dire, les supporters ne vont pas être contents (rires). J’étais allé voir Auxerre, c’était l’année de son titre (en 1998), et Djibril Cissé avait marqué, je crois que c’était contre Lens (1-0).
Le match historique du DFCO ?
Celui que j’ai en tête, c’est quand le DFCO a battu le PSG en coupe de la Ligue (3-2, en 2011), c’était exceptionnel, et aussi le match de la montée en Ligue 1.
C’est quoi la place logique du DFCO sur l’échiquier du foot français ?
C’est obligatoirement au-dessus du National, donc en Ligue 2 ou Ligue 1. A court terme, la Ligue 2, et ensuite, la Ligue 1. Mais je préfère être solide et stable en Ligue 2 qu’une étoile filante en Ligue 1. Qu’on ait le temps de construire sur des bases saines, pour qu’au moment où l’on monte, cela soit maîtrisé et préparé.
Une autre équipe que vous supportez ?
J’aime bien le Red Star parce que j’habite pas loin, à Clichy. J’ai une affection aussi pour l’AS Cannes : il y a deux ou trois ans, on m’a proposé le dossier, je m’étais plongé dedans, j’aime bien les clubs historiques. Des clubs où il y a une ferveur positive.
« Vivre à crédit, ça ne marche pas »

Votre première prime de président ?
Ah ! Les primes… J’ai eu cette discussion avec les joueurs : j’avais vu une vidéo du président Nicollin à Montpellier qui disait, avec sa gouaille, « je vais doubler » ou « je vais tripler », il y avait ce côté Pagnolesque que j’adorais, et je m’étais dit, le jour où j’aurai un club de foot, il faut que je le fasse.
Donc, après une victoire, un jour, je décide de doubler la prime. Déjà, je me suis trouvé très mauvais dans le discours. Ensuite, quand vous sortez du vestiaire, vous vous dîtes « Putain, je viens de claquer X milliers d’euros, c’est complètement débile », et ensuite, surtout, après ça, dès que vous rentrez dans le vestiaire, vous devenez une cible. Les joueurs crient « Président, président »…
Et puis, il y a eu ce match du Mans, chez nous, quand on prend 5 à 0. J’ai pris la parole. J’ai dit aux joueurs que, à chaque fois que j’étais dans ce vestiaire, mes moments de joie étaient gâchés parce que soit je vous donne une prime et je tire une balle dans le pied du club, soit je ne vous la donne pas et je passe pour un radin. Du coup, je leur ai dit que je ne voulais plus jamais qu’ils me demandent une prime. Quand j’en aurai envie, je vous le dirai. Je ne voulais plus avoir à subir cette dictature de la prime, et ça m’a fait un bien fou, maintenant je me sens beaucoup plus à l’aise dans le vestiaire; l’autre fois je leur ai laissé les maillots parce qu’ils avaient fait un super match, ils étaient super-contents. Pour ça, je ne suis peut-être pas trop « foot à l’ancienne », mais je trouve que l’on ne doit pas être là que pour l’argent : il y a un contexte global dont il faut tenir compte.
C’est un peu caricatural ce scénario. D’autres présidents de Dijon m’ont dit que les plus belles saisons avaient été réalisées quand le club avait le moins de moyens. Et cette saison, on a baissé la masse salariale de l’ordre de 30 à 35 %. J’appelle d’ailleurs de mes voeux que tous les clubs baissent en termes de rémunération parce que ce n’est pas possible d’être dans une industrie où tout le monde perd de l’argent. Normalement, l’exception, c’est quand une boîte d’électricité sur dix ne gagne pas d’argent; là, nous, on est dix clubs de foot pro, et il n’y en a pas une qui gagne de l’argent, ça ne peut pas tenir. Vivre à crédit, ça ne marche pas, ou alors, on cède le club à des investisseurs extérieurs dans le cadre de multi-propriété, mais ce football-là n’a pas de saveur pour moi.
Avez-vous déjà piqué des crises de colère au DFCO ?
Non. Même celle contre Le Mans, c’était une colère feinte. J’étais groggy. J’avais le sentiment que rien n’avait fonctionné. On ne sentait pas une équipe qui lâche. C’est juste que c’était un jour sans. J’ai eu des moments en revanche où je me suis dit, « là, on me prend pour un con » : un joueur voulait être transféré, il a simulé une blessure, je l’ai reçu, je lui ai dit « Tant que tu fais semblant d’être blessé, il n’y aura aucune discussion », et deux heures après, il courait sur le terrain, et deux jours après, on le transférait à Bastia. On est entre adultes tout de même. On n’a pas de temps à perdre avec des faux semblant.
Vous êtes toujours en rapport avec Olivier Delcourt, votre prédécesseur ?
Oui, on s’envoie des messages régulièrement. Après, je suis quelqu’un qui aime bien faire ses propres erreurs. Ce n’est pas très intelligent, je pourrais peut-être les éviter en échangeant plus souvent avec lui, mais j’aime bien les choses à ma manière, prendre le lead, sans cracher sur le passé, parce que ce qui a été fait est important et le club a été structuré grâce à lui aussi. On a de bonnes relations.
« Je suis Dijonnais ! »

En écoutant votre interview sur Le Dijon Show, on a appris que le club était à vendre depuis 3 ans quand vous l’avez repris : mais alors, pourquoi ne pas l’avoir acheté 3 ans plus tôt ?
Parce qu’il y a 3 ans, j’étais beaucoup plus pris qu’aujourd’hui par Weezevent, parce qu’il fallait beaucoup de moyens et qu’à cette époque, j’avais une opération que je n’avais pas encore réalisée et qui était de céder une partie du capital, donc une fois que cela a été fait, j’ai été en capacité d’acheter le club de façon plus sereine.
C’est aussi pour ça que je n’avais pas plus avancé avec l’AS Cannes à l’époque, où je n’avais pas non plus d’accroches locales, ce qui n’avait aucun sens. En 2023, j’ai été appelé par un membre du DFCO qui m’a dit que le club était en discussion avec des Américains, mais qu’il ne sentait pas le truc, il m’a dit que ce serait mieux que cela soit un Dijonnais qui rachète, bref, il m’a demandé si cela m’intéresserait. Là, j’ai commencé à regarder le sujet, je me suis pris dans le projet j’ai lancé l’aventure.
Dijon, cela a un réel sens pour vous ?
Ah oui ! Je suis né à Dijon. J’y suis resté jusqu’à la fin de mes études, mes parents, mon frère, mes grands-parents sont enterrés à Dijon, mes cousins habitent Dijon, mes copains aussi ! Je suis Dijonnais. Quand j’ai fait mon premier entretien d’embauche avant de créer Weezevent, la première question était « Présentez-vous », donc j’ai dit que j’étais Dijonnais, et là, on m’arrête, et on me demande « C’est important pour vous ? » J’ai répondu que oui, que c’était important de savoir d’où l’on venait. C’est une ville que j’ai ancrée au coeur. Ce n’est pas un investissement financier, d’ailleurs, s’il y avait eu un club à reprendre d’un point de vue économique, le plus mauvais choix, c’était de reprendre Dijon, il y avait des clubs plus intéressants, avec des potentiels plus élevés, avec des besoins financiers moins forts et un endettement nul. Donc je l’ai par amour.
Avez-vous peur de l’échec ?
Oui. La peur que j’ai, c’est la suivante : il y a une probabilité très forte que je sois le président de toute l’histoire du DFCO qui aura mis le plus d’argent. Les anciens présidents ont réussi à développer un résultat d’exploitation suffisant, sans apporter de l’argent personnel, or moi, là, actuellement, je suis en train de combler un déficit d’exploitation, donc j’ai peur de ça, et j’ai peur d’être celui qui, un jour, sera obligé de dire « Stop » et d’arrêter le club, et de passer alors injustement pour le méchant, alors que je serai celui qui aura le plus donné économiquement. Mais ça fait du bien de le dire, parce qu’une fois qu’on est au fond de la piscine, on ne peut que remonter.
Ma mère m’a dit quelque chose de très vrai : parfois, j’ai eu des moments difficiles depuis que je suis arrivé au club, je me demandais comment on allait y arriver, je réfléchissais à tout, je dormais mal alors que je suis un bon dormeur, et elle m’a dit : « Il n’y a pas mort d’hommes ». Une fois qu’on a dit ça, on a tout dit. On est de passage. Cela ne dure qu’un temps. Alors oui, j’ai peur, mais en même temps, il y a plus grave dans la vie.
- Le point en National à trois journées de la fin
Journée 30 (vendredi 2 mai 2025, 19h30) : La Berrichonne de Châteauroux – Dijon FCO (4e, 46 points); US Boulogne CO (3e, 52 points) – Sochaux et Le Mans FC (2e, 54 points) – FC Rouen.
Journée 31 (vendredi 9 mais 2025 à 19h30) : Dijon FCO – US Boulogne CO et US Concarneau – Le Mans FC.
32e et dernière journée (vendredi 16 mai à 19h30) : FBBP01 – Dijon FCO ; US Boulogne CO – La Berrichonne de Châteauroux ; Le Mans FC – FC Versailles.
Les matchs sont diffusés en direct sur FFF TV : https://ffftv.fff.fr/63-national.html
- Les confrontations directes (en cas d’égalité au classement) : Le Mans – DFCO 0-0 et DFCO – Le Mans 0-5; Boulogne – Le Mans 3-2 et Le Mans – Boulogne 2-0; Boulogne – DFCO 2-2 / DFCO – Boulogne (match le 9 mai).
- Le calendrier des barrages Ligue 2 BKT / National : mardi 20 mai 2025 : 3e de National – 16e de Ligue 2 BKT ; dimanche 25 mai 2025 : 16e de Ligue 2 BKT – 3e de National

- Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
- Photos : Vincent POYER – DFCO (sauf mentions spéciales)
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