L’entraîneur du club Girondin, rétrogradé début juin en N3, puis exclu des compétitions nationales, revient sur une saison brillante sportivement, qui a masqué de grosses difficultés économiques. Résultat : après avoir rêvé au National, c’est la liquidation judiciaire et la R2 qui menace les Pingouins.
Par Anthony BOYER / Photos 13HF et FC Libourne
Avec Simon Adoue, les premiers échanges sur WhatsApp remontent à mi-avril. C’est grâce à Khemissi Khelil, entraîneur adjoint de Julien Faubert à Fréjus/St-Raphaël, en N2, jusqu’au printemps, que le contact est établi (félicitations à « Khem » pour l’obtention de son DES !). A l’époque, le FC Libourne vient de battre Romorantin 2 à 0 et s’apprête à défendre son fauteuil de leader, qu’il partage avec La Roche-sur-Yon, au Paris 13 Atlético. Le rendez-vous est déjà pris pour un entretien, sans savoir que la fin de saison sera minée par les problèmes économiques. Sans savoir que le FC Libourne ne marquera plus qu’un tout petit point lors des quatre dernières journées, pendant que Paris 13, finalement promu en National, en marquera 10 dans le même temps, et que La Roche en marquera 9.
Alors, évidemment, lorsque l’entraîneur, à la tête des Pingouins depuis novembre 2022, nous donne rendez-vous au café, à quelques centaines de mètres du stade Jean-Antoine-Moueix, les débats tournent autour de lui, de son parcours, bien sûr, mais surtout de la situation du club et des derniers mois compliqués que ses joueurs, son staff et lui ont vécus.
« A Libourne, presque tous les dix ans, il se passe quelque chose ». C’est l’air un peu dépité que le jeune coach (43 ans) qui a permis aux Pingouins d’accéder de National 3 en National 2 à l’issue de la saison 2022/2023 puis de jouer les premiers rôles cette saison (3e après avoir été leaders), résume la vie de « son » club. Ce n’est pas exagéré de dire « son » club comme ce n’est pas faire injure à certains noms du football girondins que de l’appeler « Monsieur Libourne », tant il a connu et vécu de choses ici, au stade Jean-Antoine-Moueix, posé à quelques centaines de mètres du centre-ville.
Près de 30 ans de présence au club
L’histoire entre le FC Libourne et Simon Adoue dure depuis une trentaine d’années. Elle commence lorsque le milieu offensif longiligne quitte le club de son village, Puisseguin, pour rejoindre, à l’âge de 14 ans, le grand club voisin. Elle n’est interrompue que pendant trois saisons, lorsque Libourne / Saint-Seurin (Libourne et Saint-Seurin ont fusionné en 1998 avant de se séparer en 2009) accède en Ligue 2 en 2006 avant de retomber – administrativement – de National en CFA en 2009. Une période durant laquelle Simon, vexé et touché de ne pas faire partie de cette aventure professionnelle, se coupe volontairement du club.
Désabusé également, Simon Adoue, revenu « chez lui » il y a 15 ans, et qui vient de passer son DES, histoire de se mettre en conformité et de pouvoir entraîner « légalement » jusqu’en N2, vit, à l’instar de tout un club, une situation très compliquée.
Mercredi dernier, lors de l’assemblée générale du club, les paroles se sont déliées. Et les chiffres sont tombés. Implacables. L’on parle d’un déficit de 450 000 euros. D’une probable mise en liquidation judiciaire et de la démission, dans la foulée, du président / homme d’affaires Mondheur Mahdi, arrivé à la tête du club en juillet 2022. L’entrepreneur, qui avait réussi dans la secteur de la boucherie, devait déclarer le club en cessation de paiement auprès du tribunal de grande instance de Libourne (les salaires ne sont plus versés depuis mars). Une situation intenable qui devrait conduire à une chute en Régional 2, au niveau de la réserve, pour les seniors A, alors que la DNCG a déjà tranché dans le vif début juin en rétrogradant administrativement le club en National 3. Bref, un grand nom du football girondin, et un club « historique », comme aime à le rappeler celui que l’on surnomme « Sym » (« Seim ») ou « Sim », va disparaître de la scène nationale…
Le club fondé en 1935 par Georges Kany, exclu ce mardi 25 juin par la DNCG des compétitions nationales, va donc laisser sa place à une nouvelle entité. C’est la fin d’une histoire de près de 90 ans. Triste.
Interview : « Je suis là pour servir le club »
Simon, peux-tu retracer ton parcours en ballon ?
Je suis arrivé au club, le FC Libourne, en jeunes, à l’âge de 14 ans, pour jouer en U15 Nationaux; auparavant, j’avais joué dans les clubs de campagne, à Saint-Denis-de-Pile et à Puisseguin, dans mon village. Ici, derrière les Girondins de Bordeaux, qui est le club phare de la région, il y avait Libourne, où j’avais passé des tests qui s’étaient avérés concluants : c’est comme ça que j’ai pu intégrer les U15 Nationaux puis les U17 Nationaux. J’étais milieu offensif. Au début, cela a été un peu compliqué car j’ai eu un retard de croissance. Le club m’avait pris pour ma technique, mais pas pour mon physique ! J’ai galéré pendant 2 ou 3 ans et une fois que j’ai grandi, j’ai très vite joué en seniors, en équipe réserve tout d’abord, en DH, à l’âge de 17/18 ans, et dès ma deuxième année de seniors, Jean Marc Furlan, qui venait de faire monter l’équipe Une de CFA2 en CFA (saison 1998-1999), me prend dans le groupe. Je fais la « prépa », je fais des apparitions la première saison et je joue plus régulièrement dès la seconde année de CFA. Ensuite, il y a les épopées en coupe de France, auxquelles je participe, comme ce 1/4 de finale contre Bastia au stade Chaban-Delmas, à Bordeaux (en 2002), ou encore ce 8e de finale contre Rennes en 2003 (après avoir éliminé le champion de France en titre, Lyon, 1 à 0, en 32e de finale !), avant l’apothéose, l’accession en National, en 2003. Paradoxalement, après avoir fait une vingtaine de matchs en CFA l’année de la montée, je joue encore plus souvent la saison suivante en National, malheureusement, en fin d’exercice, Jean-Marc Furlan s’en va à Troyes et quand on change d’entraîneur, avec André Menaut tout d’abord, avec Didier Tholot ensuite, je joue moins. Le club accède en Ligue 2 en 2006 mais je ne suis pas conservé, je ne décroche pas de contrat professionnel.
Un coup dur, pour toi ?
Oui. Et comme je ne suis pas un grand voyageur, que je suis attaché à ma ville et à ma région, j’essaie de trouver un club pas trop loin. J’avais failli signer à Bayonne, qui descendait de National en CFA avec Alain Pochat (avant de remonter deux ans plus tard) mais finalement je suis allé au FC Bassin d’Arcachon pendant 2 ans, en CFA2, puis à Angoulême pendant un an, en CFA2 toujours. Ce fut aussi un moyen d’aller voir un peu ce qui se passait ailleurs.
Tu n’as donc pas connu les périodes « Ligue 2 » de Libourne / Saint-Seurin…
Non. Quand je suis revenu à Libourne en 2009, trois ans plus tard, le club venait de descendre deux fois, de Ligue 2 à CFA. J’ai donc raté les deux saisons en Ligue 2 et la saison de National derrière.
Tu allais voir des matchs de Ligue 2 tout de même au stade Moueix ?
Non, je n’allais pas au stade. J’étais vexé, déçu, frustré. J’avais effectué ma formation au club, j’avais participé à cette accession, donc c’est vrai que j’avais un peu « les boules ». Je me suis un peu coupé du club, volontairement, même si j’avais gardé mes amis. Je suivais juste les résultats. Je ne dis pas que j’avais le niveau de la Ligue 2 mais avec mon passé, et par rapport à mon histoire avec le club, j’aurais pu avoir plus de reconnaissance. C’était juste un choix sportif. C’est le haut niveau, c’est comme ça. J’aurais pu rester et jouer en réserve, en CFA2, mais j’ai préféré jouer dans une équipe première, en CFA2.
Comment ça s’est passé à ton retour en 2009 ?
Quand je reviens, j’ai 28 ans, le club est tombé en CFA, et j’enchaîne les matchs, et à la fin de mon contrat fédéral, le club me propose un CDI en tant qu’éducateur. C’est là que je commence à passer mes diplômes. J’ai joué jusqu’à l’âge de 37 ans en DH puis en National 3 (2017-2018). Quand j’ai décidé d’arrêter à ce moment-là, je me suis consacré au coaching. Je me suis occupé de l’administratif, de la gestion des éducateurs, de l’entraînement des U14, puis des U15. Ensuite j’ai intégré le staff de l’équipe fanion de Franck Vallade pendant 3 saisons comme adjoint, jusqu’à l’arrivée du nouveau président (Mondheur Mahdi) en 2022.
C’est là que tout s’accélère…
En fait, au bout de six matchs de la saison 2022-2023 (2 victoires, 3 nuls et 1 défaite), en National 3, le président écarte Franck (Vallade) et me met à sa place, sauf que je n’ai pas le diplôme. Du coup, le président trouve un arrangement avec Franck qui reste au club et fait prête-nom. Et nous, en National 3, on fait un parcours incroyable (18 matchs sans défaite, 15 victoires et 3 nuls), on fait une série de clean sheet (11 d’affilée !) et, malgré une fin de saison plus dure (deux défaites pour conclure), on monte en National 2 haut la main ! C’est ce qui me donne la possibilité de passer le DES (diplôme d’Etat supérieur, qu’il vient d’obtenir), je fais les sélections, je suis pris et j’obtiens une dérogation pour entraîneur en National 2 puisque je suis en formation.
D’où vient ce goût d’entraîner ?
En fait, je ne suis pas programmé pour ça au départ. Je suis là pour servir le club, afin qu’il bénéficie de mon expérience dans la formation et aussi de mon expérience de joueur. Mais c’est vrai que, quand j’étais éducateur chez les jeunes, ce qui me manquait, c’était l’adrénaline de la compétition de « haut niveau », que je retrouvais moins, même s’il y avait autre chose, comme le fait d’inculquer, de transmettre aux jeunes. Donc j’ai dit « Oui » direct quand on m’a proposé de revenir dans un staff seniors, parce que ça me manquait. Et quand Franck (Vallade) est sorti par le président, je propose même des noms de coachs, parce qu’au départ, je ne pense pas qu’il va me laisser aux commandes de l’équipe. Mais comme, très vite, on enchaîne les victoires… Moi, je pensais juste faire un intérim. Donc, maintenant que l’on gagnait, le président n’a pas pris le risque de prendre un autre coach et de casser la dynamique. Et on est allé au bout ! De mon côté, je me suis pris au jeu aussi, il faut le dire, j’ai une certaine relation avec mes joueurs, dont je suis proche : d’ailleurs, le développement humain est quelque chose d’important pour moi. Je mets vraiment en avant le côté « aventure humaine » et ça a pris rapidement. La dynamique était superbe. Sincèrement, entraîner en National 2 comme cette saison, je n’y pensais pas une seule seconde il y a encore 3 ans de ça ! Mais voilà, c’était peut-être mon destin.
Quelque part, tu es un peu « Monsieur FC Libourne », non ?
On peut dire ça comme ça, oui (rires !) Je suis né ici, à Libourne, j’ai tout vécu ici, même s’il y a aussi Ahmed Berkouch, un ami proche, toujours au club, et aussi quelques anciens joueurs pas loin, comme Régis Castant et « Jeff » Douence : tous deux n’ont plus de fonction au club et bossent aujourd’hui à la mairie.
Tu as gardé des contacts avec d’autres anciens ?
J’ai eu la chance de jouer avec quelques très bons joueurs comme Mathieu Chalmé : j’avais d’ailleurs pensé à lui pour remplacer Franck (Vallade), et avec certains, on se croise de temps en temps. Avec Jean-Marc Furlan, j’étais très lié; au début, j’avais des contacts réguliers avec lui et puis, avec le temps, de moins en moins, mais je sais que si je lui envoie un message demain on va se parler. Mais c’est normal, c’est la vie, chacun fait son chemin.
« Mon équipe était programmée pour monter »
Revenons à cette saison de National 2. Le FC Libourne a longtemps fait la course en tête et était encore leader à quatre journées de la fin avant d’exploser : penses-tu que les problèmes économiques sont une des explications à cette fin de saison ?
C’est vrai, on est dans le coup à 4 journées de la fin, et je suis persuadé, connaissant mon équipe, et aussi compte tenu de l’avis d’autres techniciens, certains même de la poule, que mon équipe était programmée pour monter. Je le dis sans prétention. Elle était conçue pour le niveau National 2 et même pour le niveau au-dessus. C’était une équipe puissante, athlétique, et aussi bonne en transition, qui pouvait allier plusieurs systèmes de jeu. On était assez complet. En fait, on s’aperçoit que, quand on perd des points, c’est dans des périodes où mes joueurs ne sont plus payés. Parce qu’il faut savoir que, depuis mars, plus personne n’est payé. Je me souviens que l’on doit jouer un un match important pour la montée au Paris 13 Atlético, qui est encore derrière nous, à 4 journées de la fin, et on part le matin-même du match, à 5 heures du matin, pour jouer à 15 heures ! Au bout d’un quart-d’heure, tu es mené au score, et en plus de ça, mes joueurs ne sont plus payés… J’ai des pères de famille… Pour jouer une montée, il faut mettre les joueurs dans de bonnes conditions. Or là… Alors à un moment donné, tu ne peux plus lutter contre Paris 13 ou La Roche-sur-Yon, même si on fait encore le nul à La Roche, début avril; en fait, ça s’est joué sur les détails. Je pense que si on n’est pas monté, c’est à 70 ou 80 % à cause des problèmes économiques du club.
Comment fait-on, dans ces cas-là, pour « tenir » ?
Les joueurs n’ont pas été payés depuis mars, moi non plus. Mais moi, même si je le vis mal, bien sûr, j’ai quand même un peu plus de bouteille, je suis plus âgé, mais avec mes joueurs, je ne voulais pas me servir de cela comme d’un relais, ni rentrer dans ce truc-là. Parce que cela les aurait mis encore plus fond. Je leur disais que si on montait en National, cela pourrait les aider, les sauver, que cela pourrait peut-être déboucher sur une autre chose. J’étais obligé de jouer sur ces leviers-là, sauf que ces leviers-là, ça fonctionne une ou deux semaines, pas un ou deux mois… Parce que, à un moment donné, le joueur, il va te dire « Oh Simon, t’es gentil, mais bon… », et comme ce n’est pas moi qui les paie. Voilà pourquoi, à la fin, on n’avait plus de ressources.
Ces difficultés financières, tu les as senti arriver ?
Oui. On a eu quelques piqûres auparavant. Quand tu te retrouves très tôt, en août ou en septembre, à avoir des retards de paiement, OK, tu te dis « ça peut arriver », mais bon… Le président disait que c’était des petits retards, on ne sait pas trop dans ces cas-là, que c’était peut-être dû à des subventions qui allaient tomber ou du sponsoring, je n’en sais rien. Bref. Mais à un moment donné, quant tu es payé le 20 du mois au lieu du 5… On s’en doutait mais on a toujours eu un espoir. L’espoir que le club attire des gens, des nouveaux partenaires, mais voilà, depuis mars, personne n’est payé. Alors pour jouer une montée, c’est compliqué. Je ne pensais pas que la situation allait en arriver là, c’est une catastrophe pour le club, pour la ville, pour l’image.
« Je veux prendre la bonne décision »
Sur le plan personnel, que vas-tu faire ?
Là, le club est menacé de repartir en Régional 2. On retournerait 10 ans en arrière. De toute façon, tous les dix ans, ils se passent un truc comme ça ici ! C’est compliqué pour moi aussi, même si le fait d’avoir effectué un bon parcours avec Libourne depuis 2 ans a suscité de l’intérêt, c’est vrai. On a quand même près de 60 % de victoires en deux ans ! J’ai eu des contacts avec des clubs, maintenant, je me demande juste si je suis capable de quitter la région pour ne faire que ça, s’il y a un projet qui me permettra de franchir ce cap-là, ou alors, est-ce que j’aide le club à repartir ? Après, tout dépend du contexte, du niveau… Quant tu as goûté au National 2, repartir au niveau régional, sans budget, c’est compliqué. Et puis j’ai une petite fille de 4 ans… S’il y a un projet qui m’emballe, peut-être que je l’accepterai. Pour l’instant, j’en ai eu un ou deux, mais je les ai refusés. Il y avait une question de temps aussi, il fallait donner une réponse rapidement. Moi, j’attends de voir avec le club, avec la mairie, je suis dans le doute, je veux prendre la bonne décision. Après, est-ce que je me lance dans ce métier-là, ce qui implique du coup de bouger souvent ? Est-ce que je suis prêt à ça ? Comme je le disais tout à l’heure, je ne suis pas programmé au départ pour être entraîneur. Le club est placé en liquidation judiciaire, donc il y a aussi l’aspect financier, avec pas mal d’argent dehors, qu’il faut récupérer. Pour l’instant, je ne veux pas me précipiter.
Et puis, quand tu ne dépends que d’une seule personne, c’est dur, surtout quand cette personne ne va pas bien (financièrement). Si tu n’es pas costaud, c’est compliqué. On avait 18 joueurs sous contrat fédéral, c’est beaucoup, il fallait quand même les assumer. Hormis deux ou trois jeunes et deux ou trois autres joueurs qui voulaient continuer à bosser à côté, tout le monde ne faisait que du foot.
Es-tu toujours en contact avec Mondheur Mahdi ?
Non. On l’a vu mercredi soir lors de l’assemblée générale, sinon, depuis un mois, on n’a plus trop de contact. Même moi.
Le club de Libourne n’intéresse personne ?
C’est compliqué pour les chefs d’entreprise parce que déjà, il faut combler un trou : jeudi, à l’AG, on a annoncé un déficit de 450 000 euros. Si quelqu’un met 450 000, cet argent-là, il est perdu. Et après ça, il faut encore bâtir un budget. Ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir faire ça. Pourtant, Libourne est un club historique, c’est ça qui est navrant. On a souvent été le club phare derrière les Girondins de Bordeaux. Maintenant il y a Pau en Ligue 2, avant c’était nous. Je croyais à cette montée en National qui aurait pu permettre au club de prendre de l’ampleur. Le but était de redevenir ce club phare derrière les Girondins. Je croyais à ça. C’est catastrophique aussi pour nos jeunes. Il va falloir leur faire comprendre que cela va mettre du temps avant de redevenir un club de niveau national. Nos équipes de jeunes sont au niveau régional. On voulait redevenir un club formateur avec des 17 et 19 ans Nationaux, accentuer le travail de formation, afin d’avoir des joueurs dans nos équipes seniors. Tout est remis en cause.
Le public était lui aussi revenu un peu plus nombreux cette saison…
Oui, on tournait entre 500 et 1000 spectateurs, avec quelques belles affluences. On voyait qu’il y avait un certain engouement. Les gens s’identifiaient à l’équipe.
Après coup, tu penses que Paris 13, qui est montée en National, était la meilleure équipe ?
On avait une équipe complète. Paris 13 a des supers attaquants, nous, on avait de très bons jeunes comme Elydjah Mendy ou Abdulakeem Agoro, qui vont signer plus haut (Agoro a signé à Versailles en National). Je pense qu’on était armé pour aller en National. Mais par rapport à nos concurrents directs, on n’avait pas de paie, pas de prime, pas d’hôtel, nos déplacements étaient compliqués. En fait, on ne boxait pas dans la même catégorie.
Simon Adoue, du tac au tac
Meilleur souvenir de joueur ?
C’est à la fois mon meilleur et mon pire souvenir ! C’est le 1/4 de finale de la coupe de France contre Bastia (0-1 après prolongation), parce que je loupe une action, une face à face avec le gardien Boumnijel, à la 120e… Il la sort et derrière l’arbitre siffle… Si je marque, on va aux pénos… J’ai eu du mal à m’en remettre et je n’ai jamais voulu revoir les images. On avait dominé. Mais ça reste un grand souvenir, à Chaban-Delmas.
Un joueur marquant ?
Il y a en a plusieurs, Mathieu Chalmé, Mathieu Valbuena, Régis Castant, un surdoué, Kamel Chafni, un ami d’enfance, avec lequel j’ai évolué en jeunes.
Un coach ?
Jean-Marc Furlan. Pour son charisme, sa vision du foot, ses causeries. Il a toujours gardé le même projet de jeu par la suite.
Un joueur perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
J’aimerais bien reparler avec Mathieu (Valbuena), pourquoi pas, pour qu’il me parle de sa carrière. Quand on a joué ensemble en National, il arrivait de Langon-Castets en CFA2.
Un coach que tu n’as pas envie de revoir ?
J’ai revu Didier Tholot, qui est un ami de Franck Vallade, avec plaisir, alors que quand je l’ai eu comme coach, ça ne s’était pas très bien passé sportivement, mais il faut faire la part des choses, j’avais une bonne relation avec lui.
Un modèle d’entraîneur ?
Je ne suis pas du genre à avoir un entraîneur qui me fascine, et aller jusqu’à vouloir faire la même chose, parce que ça, c’est impossible. On voit plein d’entraîneurs qui veulent faire du Guardiola, mais il faut s’arrêter de s’inviter une vie, Guardiola, c’est un coach exceptionnel qui a des joueurs exceptionnels, tu ne peux pas faire du copier- coller, il faut s’adapter à ses joueurs.
Un dicton ?
Tu as tapé dans le mille, parce que je donne une citation à chaque match, j’essaie toujours, par rapport à un contexte, d’en trouver une qui convient !
Quel type de joueur étais-tu ?
J’étais ailier droit, assez rapide, avec une capacité à éliminer, à centrer, un peu à l’ancienne, genre Christophe Cocard (AJ Auxerre). Je ne marquais pas énormément, je n’étais pas buteur dans l’âme, mais plutôt un ailier virevoltant !
Quel type de coach es-tu ?
Je ne suis pas un dictateur. J’aime juste que les joueurs abondent dans mon sens par rapport au projet de jeu mis en place et qu’ils s’y retrouvent ; j’aime m’adapter à mes joueurs. Je me nourris de ce que j’ai vécu, j’ai eu des coachs comme Jean-Marc Furlan, Didier Tholot, Thierry Oleksiak, je prends un peu de tout le monde. J’aime bien être costaud défensivement, que mon équipe soit solide. Cette année on changeait souvent de système en fonction de l’adversaire, c’était une force.
En deux ou trois mots, tu es un entraîneur plutôt…
Bienveillant, à l’écoute, organisé (rires), structuré. Je ne change pas d’avis du jour au lendemain. Je suis calme. Rassurant. Stable. Je vis le match comme si j’étais encore un peu joueur dans ma tête.
Le club de Libourne ?
Un club historique qui a connu le monde pro à plusieurs reprises, qui tient une place forte dans la région, mais ici, ça a toujours été un peu dur d’instaurer un esprit familial, parce que c’est un club d’élite au départ. En termes de football, il a toujours eu une bonne image.
As-tu un lien particulier avec les Girondins de Bordeaux ?
Oui, ça m’arrive d’aller voir des matchs à Bordeaux, mais quelque part, et c’est un regret, il n’y a pas cette passerelle entre Libourne et Les Girondins. Cela aurait pu aider cette saison par exemple. Or il n’y a jamais eu de lien assez fort, alors qu’il n’y a que 30 kilomètres d’écart. En Ligue 2, la passerelle, c’était avec l’OM… Cela vient des relations humaines. Un président de Libourne aurait dû dire, à un moment donné, il faut la faire. Mais là, même si je ne suis pas à l’intérieur, Bordeaux se coupe du foot régional, alors que, tôt ou tard, il aura besoin de la région pour former des joueurs, parce que j’en vois beaucoup qui partent à Nantes ou Toulouse. C’est dommage. Il y a un manque. Le président de Bordeaux, à l’heure actuelle, n’est pas de la région, c’est une histoire de relations. A l’époque de (Jean-Louis) Triaud, cela aurait pu se faire.
Le milieu du foot ?
Il m’a tout donné. On ne peut pas cracher dans la soupe. Il faut juste faire attention à son entourage, parce que, parfois, tu rentres dans un monde de requins, comme cette saison, durant laquelle on a vécu des choses qui ne ressemblent pas à l’éducation que j’ai eue, au football que j’aime. Mais ce sport reste incroyable.
Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
- Suivez-nous sur nos réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Instagram) : @13heuresfoot
-
Contactez-nous (mail) : contact@13heuresfoot.fr