National / Kevin Farade (FC Fleury) : « Je me suis forgé mentalement »

Co-meilleur buteur du championnat avec 6 buts, à égalité avec le spécialiste Fahd El Khoumisti, l’attaquant polyvalent est revenu aux origines, du côté du FC Fleury 91, en juillet 2024, où il a vécu les joies d’une montée de National 2 en National après un passage en Ligue 2 au FC Annecy. À 30 ans, le Parisien semble avoir atteint la maturité et la plénitude de ses moyens.

Par Joël PENET / mail : contact@13heuresfoot.fr / Photos : Philippe LE BRECH

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

C’est en région parisienne que ce grand attaquant polyvalent foule les terrains de Villiers-le-Bel, sa ville natale, non loin de Sarcelles, à ses débuts. Un environnement qu’il va finir par connaître sur le bout des orteils puisque l’Île-de-France va devenir son terrain de jeu ! Après une escale au centre de formation de Guingamp, en Bretagne, le natif du Val-d’Oise va ensuite reprendre le même chemin pour intégrer la prestigieuse école du PSG.

Mais comme pour beaucoup, ce n’est pas au Parc des Princes que le rêve de fouler le rectangle vert dans la peau d’un professionnel prend forme. Grâce à sa polyvalence mais aussi sa détermination, c’est à Bobigny, à Sannois Saint Gratien ou encore à Créteil qu’il va faire trembler les filets. Et se faire un nom qui va finir par attirer le regard du FC Annecy, en Ligue 2. Sa régularité lui permet de vivre la consécration en 2023 : la signature de son contrat professionnel en Haute-Savoie. Mais il apprend à ses dépens que le football peut être magique comme très cruel. Alors qu’il découvre l’antichambre de l’élite française, l’attaquant longiligne subit une fracture de la cheville avec arrachement ligamentaire qui l’éloigne des terrains pendant plusieurs mois. Un coup dur qu’il réussit à surmonter, à Nancy tout d’abord, en prêt, avant de retrouver la région parisienne et un projet ambitieux au FC Fleury 91, dans le club du président Pascal Bovis.

Entretien : « Je ne suis plus le même Kevin ! »

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Kevin, que retiens-tu de tes premiers années de formation à Guingamp ?
Guingamp, c’est là où j’ai appris le vrai football dans un environnement complètement différent de ce que j’ai pu connaître chez moi à Villiers-le-Bel. J’ai côtoyé des joueurs pendant plusieurs années qui sont devenus des amis, encore aujourd’hui.

Quel regard tu poses sur un club comme Guingamp actuellement ?
C’est sûr que ce n’est pas forcément ce Guingamp-là que j’ai connu. C’est un club qui a beaucoup évolué. C’est très bien ce qu’ils font. Ils ont connu la Ligue 1, c’est une grosse écurie en deuxième division et quand j’étais au centre, nous évoluions encore en National. Il y a aussi de très bons joueurs qui sont passés là-bas : Yoann Le Méhauté, James Léa Siliki, Ludovic Blas, Marcus Coco, Hugo Picart…

Tu as fait une partie de ta formation au PSG. Est-ce un passage formateur ou as-tu des regrets de ne pas être allé plus loin ?
Non, je n’ai pas de regrets, c’est un très bon club formateur et j’y ai passé de belles années mais j’ai forcément un ressenti mitigé car ce passage a été moins formateur « footballistiquement » qu’à Guingamp. Je me suis forgé mentalement mais je pense que le PSG est un tremplin pour pas mal de joueurs. Les choses doivent aller vite et on te fait comprendre que la concurrence est féroce : seuls les meilleurs joueront.

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Après cette expérience, tu pars à la découverte de la région parisienne ! Dans quel état d’esprit es-tu à ce moment-là ?
J’ai passé six mois sans jouer après cette expérience malgré deux ou trois essais… Mais je n’étais plus trop motivé. J’ai pris un coup au mental et je n’avais plus trop goût au foot. Comme je l’ai dit, je me suis forgé mentalement et j’avais peut être aussi besoin de quelques mois de repos pour me rendre compte que le football me manquait.

Quel genre de joueur es-tu en partant à Saint-Maur Lusitanos, en National 3 ?
Un attaquant rapide, qui peut jouer sur le côté mais aussi en pointe, donc j’essaie d’amener au mieux cette polyvalence. Saint-Maur, c’est un club portugais, familial et c’était parfait pour retrouver goût au foot.

Tu vas développer des qualités de buteur ensuite à Bobigny, à l’Entente Sannois SG ou encore à Créteil. Quelles différences y-a t’il entre ces clubs ?
J’ai essayé d’être dans la continuité au niveau de mes choix de carrière mais aussi dans ce que je pouvais faire sur le terrain. Je pense que c’est à Bobigny où je me suis retrouvé en tant que buteur (13 buts en 20 matchs en National 2). De base, je préfère jouer en pointe ; à l’Entente Sannois SG, je n’ai pas forcément joué, j’étais assez jeune et je découvrais encore le championnat de National. Je ne marquais pas assez, je n’étais pas assez costaud. J’ai dû travailler sur ces aspects-là.

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Justement, comment on peaufine un profil comme le tien ?
J’avais des qualités plutôt naturelles et au centre à Guingamp, je me souviens que je jouais sur le côté. Il me fallait cette mobilité, cette vitesse. Quand j’ai commencé à jouer en seniors, j’ai aussi bossé avec un préparateur physique entre Bobigny et Créteil et il m’a bien formaté. Par exemple, j’ai beaucoup gagné en mobilité.

Est-ce que tu te fixes en général des objectifs comptables ?
Non. Je pense que ça vient comme ça vient, je prends tout ! Je me dis qu’il faut atteindre un seuil minimum de 12 buts…

Avant de choisir Annecy, et la possibilité de jouer en Ligue 2, as-tu eu des sollicitations de l’étranger ? Si oui, pourquoi cela ne s’est-il pas fait ?
Le coach Laurent Guyot me voulait à Annecy et je voulais découvrir la Ligue 2. J’ai eu des contacts en Belgique, beaucoup en Bulgarie mais ça ne m’intéressait pas. Je venais d’avoir mon enfant, ma femme n’avait pas trop envie de bouger donc j’ai fait le choix de rester en France.

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Tu effectues tes débuts en 2022 sous les couleurs d’Annecy. Quel est ton sentiment à ce moment ?
Je me dis que c’est parti. Je suis un joueur professionnel et c’est là que tu te rends compte qu’il faut que tu performes… sans forcément te mettre de pression. Le coach me faisait confiance mais j’ai ensuite cette blessure qui arrive et qui sonne comme un coup d’arrêt. Je l’ai assez mal vécu mais j’étais bien entouré pour affronter cette épreuve. Les premières semaines, c’était très dur… c’est là que je repense à mon passage au PSG, que je me dis que la concurrence, et si t’es pas bon, il y aura quelqu’un d’autre.

Quelle différence fais-tu entre la Ligue 2 et le championnat de National ?
Je pense que ça se joue dans les 30 derniers mètres, défensivement ou offensivement; ça va plus vite en Ligue 2. Le National est néanmoins assez relevé aujourd’hui, on croise de gros joueurs et de grosses équipes. C’est aussi pour ça que je pense que la Ligue 3 doit arriver vite car il faut professionnaliser ce championnat. Quand on voit les déplacements et les contraintes qu’il peut avoir, il n’y a pas le choix !

Avec le FC Fleury 91, en National. Photo Philippe Le Brech

Tu as été prêté par le FC Annecy à Nancy. Est-ce que tu aurais aimé t’imposer d’avantage ?
Ça se passe bien au début même si les résultats sont négatifs. A ce moment, Benoit Pedretti était en intérim sur le banc et avec l’enchainement des événements, je perds confiance petit à petit, j’ai du mal à marquer (2 buts en 14 matchs). Je viens d’arriver de Ligue 2 et je sais qu’il y a beaucoup d’attente sur moi. Je sais que dans le jeu j’étais là, le coach me faisait confiance mais Pablo Correa arrive ensuite. Il me fait jouer deux matchs, je marque au premier mais j’ai compris qu’il avait des choix en tête et que je ne faisais pas forcément partie de ses plans.

Avec Nancy, en National, où il a évolué en prêt du FC Annecy. Photo Philippe Le Brech

Tu as enfin l’opportunité de Fleury qui se présente en 2024. Qu’elle a été ta réflexion à ce moment-là ?
Tout s’est fait très rapidement. Je voulais rentrer sur Paris et quand ils m’ont appelé, je n’ai pas mis longtemps à donner ma décision. Je ne me suis pas posé de questions. Je connaissais déjà le club et ses ambitions. Il y avait aussi le challenge de monter de N2 en National et ça, c’est quelque chose que je voulais réussir, surtout qu’on avait manqué de le faire quand j’étais à Bobigny. Fallait assumer avec les gros noms, si on n’avait pas de résultats. Le club a réussi à attirer de « gros » noms quand je suis arrivé à l’été 2024 et il fallait qu’on ait des résultats.

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

À 30 ans, tu es une des figures offensives du FC Fleury… en National ! As-tu des objectifs comptables ?
Je peux apporter mon expérience du haut niveau. Je me connais aujourd’hui et je sais que je peux marquer des buts. Je ne suis plus le même Kevin et si je fais les choses bien, ça va marcher sur le terrain !

Tu marques mais on a l’impression que c’est un collectif qui avance sous les ordres de David Vignes. Est-ce aussi ton ressenti ?
On a un groupe au top ! D’ailleurs, c’est un des meilleurs que j’ai eu depuis le début de ma carrière ! On se fait tous confiance, on peut jouer ensemble les yeux fermés.

La préparation de l’an dernier n’a pas été facile mais c’est elle aussi qui a posé les bases de notre équipe. Sur le terrain, on se serre les coudes et ça paye. On a réussi à aller chercher cette montée en National qui échappait au club depuis longtemps. Je pense qu’il y a quelque chose à faire mais on ne va pas s’enflammer, on vient de monter… c’est que du kiffe ! On essaye de ne pas se fixer de limites et le club est armé pour évoluer au-dessus, j’en suis sûr !

Kevin Farade, du tac au tac

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La montée en National avec Fleury en juin dernier.

Pire souvenir sportif ?
La descente en N2 avec Créteil.

Plus beau but marqué ?
Un but contre Bourg-en-Bresse avec Créteil.

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur ?

Ton but le plus important ?
Avec Saint-Maur Lusitanos, en National 3, quand on est monté en N2 (en 2016).

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

Combien de cartons rouges dans ta carrière ?
Je ne sais pas !

Tes Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Défauts, je râle trop ! Qualités… Je lâche rien.

Le club ou l’équipe (ou la saison) où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Avec Créteil, la première année, en National (2020/2021).

Le club où tu as failli signer (tu peux le dire maintenant, il y a prescription) ?
Laval.

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Manchester United.

Un stade et un club mythique pour toi ?
Old Trafford et Manchester United.

Un public qui t’a marqué ?
Celui de l’OM.

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling, avec lequel tu t’entendais le mieux sur le terrain ?
Yoann Le Méhauté à Guingamp et Pythocles Bazolo à Bobigny.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Carlos Secretario, mon coach à Créteil.

Un président ou un dirigeant marquant ?
Franck, l’intendant de Créteil.

Avec Nancy, en National. Photo Philippe Le Brech

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Grejhon Kyei (ex-Clermont Foot, Standard de Liège, Lens, Reims notamment).

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le Vélodrome.

Tes passions dans la vie ?
La Play-station, la NBA.

Un modèle de joueur ?
Thierry Henry.

Une idole de jeunesse ?
Thierry Henry.

Le match de légende, c’est lequel pour toi ?
Barça vs Manchester United en finale de la Ligue des Champions (en 2011, 3-1 pour Barcelone, et en 2009, 2-0 pour Barcelone).

Ta plus grande fierté ?
Mes enfants.

Avec l’Entente Sannois Saint-Gratien. Photo Philippe Le Brech
Avec l’US Créteil, en National. Photo Philippe Le Brech

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