National / David Le Frapper (FBBP01) : « Je n’ai pas perdu de temps, j’en ai gagné »

Le nouvel entraîneur de Bourg-en-Bresse/Péronnas (53 ans), qui possède l’expérience de la formation et la connaissance aussi bien du monde pro que du monde amateur, ne dérogera pas à ses principes : loyauté, honnêteté, respect et jeu !

Par Anthony BOYER / Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

On peut donc entraîner une équipe de National 2, descendre en National 3 avec cette même équipe puis retrouver quelques semaines plus tard un poste en … National. C’est bon à savoir !

C’est surtout une bonne nouvelle pour les nombreux coachs encore sur le marché, voire un signal encourageant, quand on sait que le foot se nourrit de statistiques et qu’il ne regarde souvent pas plus loin que le bout d’un CV.

Le jeu, le jeu, toujours le jeu !

Photo Marion Poirier

Entraîner en N2, descendre en N3 et retrouver un poste en National, c’est exactement ce que vient de vivre David Le Frapper. Après cinq mois en enfer à Besançon, de février à mai dernier, à l’issue desquels le Racing n’a pu éviter la relégation en N3, l’ancien joueur de Niort (D2), Valenciennes (D2 et D1), Châteauroux (D2, accession en D1), Créteil (D2), Laval (Ligue 2) ou Gueugnon (Ligue 2), pensait mettre le ballon un peu de côté pour se ressourcer en famille, auprès des siens.

Mais c’était sans compter sur une longue discussion téléphonique avec Gilles Garnier, le président du FBBP 01. La suite, c’est David Le Frapper qui la raconte dans cet entretien qu’il nous a accordés en début de semaine, après une séance d’entraînement, depuis son bureau de Péronnas. Entretien à l’issue duquel il est facile de comprendre le fonctionnement et la manière d’appréhender le football chez le natif de Montargis, dans le Loiret.

C’est simple, joueur, David Le Frapper était milieu de terrain. Agressif et défensif. Entraîneur, il est tout l’inverse. Son credo ? Le jeu, le jeu, toujours le jeu. C’est non négociable. Tant à la formation (il a entraîné les jeunes à Valenciennes, à Châteauroux et à l’OM notamment, où il s’est occupé de la réserve) que chez les seniors. Tant chez les pros (il a entraîné Valenciennes en Ligue 2) que chez les amateurs (Euga Ardziv à Marseille en National 3 et en R1; Rousset, près d’Aix-en-Provence, en National 3; Carcassonne, pour ses débuts d’entraîneur en DH à l’époque).

Plus de 500 matchs en pro

Photo Marion Poirier

Pour lui, le football est inconcevable sans projet humain. « Humain » : un mot qui, c’est vrai, revient souvent dans le jargon, mais qu’il définit à sa manière, histoire de bien faire comprendre que, sans humain, cela ne peut pas fonctionner, à l’image de ce qu’il a vécu à Besançon les derniers mois, après le changement de présidence (Claude Cuinet a été remplacé par le duo Roland Girard – Joffrey Ghesquier). Le respect est aussi au coeur du message qu’il souhaite faire passer à ses joueurs.

Aujourd’hui, c’est aussi un sentiment d’impatience qui anime l’homme de 53 ans, plus de 500 matchs au compteur en pro, la plupart en D2, et qui a tapé ses premiers ballons à Amilly, puis à Cepoy, à côté de Montargis, avant de partir au centre de formation des Chamois Niortais à l’âge de 16 ans : « Je me languis d’être à Dijon, le 16 août, pour le premier match de championnat ». Et nous donc !

On ne lui a pas posé la question, mais c’est sûr qu’il a dû cocher la journée 10 et la date du 23 octobre prochain, synonyme de retrouvailles avec Valenciennes et le stade du Hainaut, sans doute l’endroit dont il est le plus imprégné : « Avec Valenciennes, on s’est maintenu à la dernière journée en Ligue 2 quand j’ai pris l’équipe, alors que je venais des U19 Nationaux, en février 2015, et alors qu’on avait une dizaine de points de retard à 13 matchs de la fin. Avec Valenciennes toujours, c’est moi qui marque le but de la montée en D1 en 1992 ! »

Interview

« On ne construit pas un projet autour de l’argent »

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

David, tu es passé par des clubs, disons, pas toujours « simples » : on dirait que c’est un peu une constante dans ton parcours…
Quand j’étais formateur à Valenciennes (il s’occupait des U19 Nationaux), j’ai été propulsé en équipe seniors, en Ligue 2 (à la place de Bernard Casoni), parce que, soyons francs, le club n’avait plus d’argent et il a fallu s’appuyer sur la formation; après, à Marseille, on sait que c’est difficile d’être formateur, parce qu’il y a tellement d’exigence du haut niveau… Ce n’est pas forcément le meilleur centre pour pérenniser ou travailler dans la sérénité. Quand j’étais joueur à Niort, à l’époque, c’était un club stable et sain, qui jouait le haut de tableau. Créteil, c’est vrai, c’était un peu plus compliqué, même si je n’étais pas loin de chez moi; c’était l’époque d’Alain Afflelou, qui avait un projet très ambitieux mais cela n’a pas fonctionné. Pour Gueugnon, là, j’étais en fin de carrière et j’y suis allé parce que mon « fidèle » entraîneur, Victor Zvunka, voulait que je vienne lui donner un coup de main alors que moi, je voulais arrêter : finalement, à Gueugnon, j’ai fait deux saisons au lieu d’une ! J’ai joué aussi à Châteauroux qui reste un bon club.

Le foot reste un rapport d’hommes

Oui mais tous ces clubs, aujourd’hui, quand on regarde sur l’échiquier du foot, ont, pour la plupart, disparu du monde pro…
C’est vrai, oui, c’est plus difficile pour Créteil, Niort, Châteauroux, Valenciennes… Je pense que ces clubs, que je connais bien, ont oublié la valeur humaine : aujourd’hui, on ne construit pas un projet autour de l’argent, mais à travers les hommes, à travers un projet humain. On ne peut pas faire autrement quand un club n’a pas beaucoup de moyens. Il faut trouver autre chose.

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

C’est quoi « un projet humain », une expression que l’on ressert à toutes les sauces ?
Quand on arrive dans une entreprise, où tout le monde sait ce qu’il a à faire, où il n’y a pas de dépassement de fonction pour se mettre en lumière, c’est déjà un grand pas. Chacun doit rester à son poste. Aujourd’hui, dans le foot, certains postes sont occupés par défaut, on voit qu’il y a des ambitions grandissantes derrière et encore, ça, je peux l’entendre. Mais avant tout, le football reste un rapport d’hommes, même s’il y a les aspects tactique, physique, technique, mental… Le rapport humain doit se faire aussi dans la loyauté, l’honnêteté et le respect de chacun. S’il manque un de ces ingrédients là, c’est difficile d’être dans le projet humain.

Quel type de joueur étais-tu ?
J’étais un milieu défensif agressif. J’aimais tellement jouer au foot… Il n’y avait que ça qui m’intéressait, je ne courais pas après l’argent mais après les temps de jeu, les matchs, les duels, avec l’envie de progresser, quand on est jeune, c’est normal. C’est pour ça que quand on me demande mes meilleurs souvenirs, bien sûr qu’il y en a, comme la montée en D1 avec Valenciennes, mais globalement, tous mes matchs sont des bons souvenirs et des bons épisodes de ma vie !

« À Besançon, j’ai senti que j’étais de trop »

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

À Besançon, ta dernière expérience avant Bourg, c’était donc difficile sur le plan humain…
Ce n’est pas un secret. J’ai passé deux ans à Besançon dont un an et demi avec un président, Monsieur Cuinet, qui avait un projet, celui de faire grandir le club, mais il a arrêté plus tôt que prévu et derrière, je ne m’y suis pas du tout retrouvé dans le fonctionnement, dans les missions que j’aurais dû faire mais que l’on m’a ôtées, parce que j’ai bien senti que j’étais de trop au club, alors qu’on n’était qu’au mois de février, avec deux matchs en retard, et qu’on était 5es… Même si je savais que la saison allait être encore très longue. Et là, franchement, quand tu sors d’une période comme celle-là, tu n’as qu’une seule envie : rentrer chez toi et retrouver les tiens. Ce fut très difficile. Le rapport humain, pour moi, est très important. Quand on me dit qu’il faut partir, OK, mais il y a un contrat en cours… Mais c’était foutu. J’ai aussi ma part de responsabilité, je n’ai aucun problème à le dire.

Cette expérience à Besançon, qu’est ce que cela t’a appris ?
Je le savais avant, les joueurs, même quand tu les respectes beaucoup, sont difficiles : il faut faire attention avec eux, c’est délicat. On parle du milieu pro mais en amateur aussi c’est difficile, il y a beaucoup de connexions à droite et à gauche, et quand ça ne va pas, c’est toujours la faute de quelqu’un. Je suis une personne qui observe, qui se méfie, à la base, et je me rends compte aujourd’hui que pour bien bosser, il faut que tout le monde soit connecté au même projet. Je peux entendre qu’il y a des carriéristes dans des clubs, mais je pars du principe qu’un club restera toujours, alors que les joueurs, eux, ils partent. Quand il n’y a pas de confiance réciproque, c’est difficile de travailler, ça c’est une certitude. On en revient à la même chose : les rapports humains. Certains présidents pensent qu ils ont la légitimité parce que ils mettent de l’argent… non ! J’ai vécu cinq derniers mois très difficiles. La seule bonne chose que je retiens, au delà de ma relation avec Claude Cunet, c’est la réussite de Maxime Blé qui vient de signer en Ligue 2 à Bastia, qui jouait latéral droit et que j’ai replacé avant-centre; ça, c’est mon côté formateur qui parle !

« Ardziv, Rousset, deux expériences exceptionnelles ! »

Photo Mathieu Sixdennier @MS_design

Et les passages à Ardziv, Rousset, dans le Sud, qu’est-ce que ça t’a appris ?
Avant Ardziv et Rousset, il y a eu l’OM. Et quand je pars de l’OM, cela se termine de façon bizarre, parce j’avais respecté l’objectif du maintien avec des joueurs de 17 ans, et à la clé on a eu des joueurs qui ont signé pro derrière, comme Lucas Perrin, Niels NKounkou, Marley Aké, Alexandre Phliponeau, Christopher Rocchia, Boubacar Kamara, et là je m’entends dire que je suis plus fait pour aller chez les pros que pour former… Bon voilà, je me retrouve un peu « sur le cul », et derrière, je suis resté dans le Sud parce que j’y étais bien, parce que ma fille allait y descendre, et puis il y a eu ces deux expériences exceptionnelles et différentes à Ardziv et à Rousset,. Ardziv, humainement, il y avait des valeurs hyper fortes, et ça, c’est un super outil pour basculer dans le monde pro ensuite, parce que tu es dans la gestion humaine, tu es encore plus dans la connaissance des individus, tu as des problématiques différentes que celles que tu as pu connaître chez les jeunes ou chez les pros. Ardziv, ce fut une belle richesse. Ce qui est paradoxal, c’est que souvent les coachs qui passent leurs diplômes veulent immédiatement entraîner des clubs de National ou de Ligue 2. J’ai un cursus très différent : à 30 ans, j’avais déjà des diplômes, parce que j’avais décidé un jour d’être coach. J’ai commencé entraîneur-joueur à Carcassonne en DH. J’ai connu le monde amateur, le monde pro, la formation, quelle richesse ! Ce n’est pas toujours le même travail mais il y a des choses similaires dans la gestion des hommes. Tout ça me sert aujourd’hui dans mon quotidien. À Besançon, en N2, on avait un fonctionnement semi-pro, quasiment personne ne travaillait à côté du foot, on s’entraînait le matin, on avait les outils qu’il fallait; avec le président Claude Cuinet on avait beaucoup travaillé là-dessus. Quand je suis allé à Rousset, c’était dans l’optique de passer mon BEPF, j’ai hérité d’une équipe que je ne connaissais pas du tout, je ne connaissais pas un joueur, et le recrutement, c’était « nada ». Bref. Et on fait un bon championnat, on se maintient, ça m’a aussi permis de grandir, parce que, là encore, c’est une autre mentalité qu’Ardziv, avec des gens bienveillants à chaque fois, avec la folie du Sud mais le respect. Je considère que je n’ai pas perdu de temps, mais que j’en ai gagné.

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

Revenons à ton arrivée récente à Bourg : ce n’est pas te faire injure que de dire que ce fut une surprise…
Je sais, je suis descendu avec Besançon, c’est un paradoxe. Mais ceux qui me connaissent savent que je suis un coach qui joue. Voilà. J’aime jouer, je suis à l’opposé de ce que j’étais comme joueur, quand j’étais ce milieu de terrain défensif, plutôt agressif. J’aime faire jouer mes équipes. Et même si cela ne s’est pas bien passé durant les cinq derniers mois à Besançon, on a toujours fait du jeu, et à un moment donné, ça se sait. Je sais bien que, parfois, on associe une descente à la qualité du coach, mais voilà, ce sont des raccourcis hyper-faciles. Ce que je me suis toujours dit c’est que, peu importe les résultats, à partir du moment où l’on est fidèle à sa façon de penser, c’est à dire à la manière de gagner des matchs en produisant du jeu, en trouvant des solutions, en étant dans la réflexion permanente, en récupérant des idées chez les adversaires, ce qui est également une richesse et pas tabou, et bien tout cela fait avancer. Mon équipe, qu’elle soit en formation ou pas, elle doit jouer.

« Toutes les successions sont difficiles à gérer »

À Bourg, tu passes aussi derrière Hervé Della Maggiore, qui a marqué l’histoire du club : pas évident à gérer, ça, non ?
Toutes les successions sont difficiles à gérer. Le plus important est de rester dans la continuité du travail qui a été fait et de très vite s’identifier au club, afin aussi de savoir qu’il est possible de faire et ce qui ne l’est pas.

Avec le FBBP 01. Photo @Photomatix

Raconte-nous comment s’est noué le contact avec le FBBP 01 ?
Après Besançon, j’avais plutôt envie de rester tranquille, car j’étais marqué humainement. Mon épouse aussi. Donc je ne voulais pas forcément replonger de suite. Je voulais surtout partir très vite de Besançon, me retrouver auprès de mes enfants et de mes petits enfants. J’ai eu quelques propositions de clubs qui ne m’intéressaient pas forcément. Et puis mon agent me dit qu’il a eu un contact avec Bourg, et me demande si je veux les rencontrer. J’ai dit « Oui », sans rien demander. Parce que j’avais l’image de Bourg, d’un club dont j’avais toujours entendu parler en bien. J’ai d’abord eu le président Gilles Garnier au téléphone, ça a duré 3 heures. Ensuite, je suis venu les rencontrer quelques jours plus tard. Alors, bien sûr, tu ne réussis pas les cinq derniers mois dans un club, tu descends en N3, et tu te retrouves sur un banc en National… Je pense que Gilles (Garnier) a pris ses renseignements de son côté, parce qu’on ne prend pas un coach comme ça, par hasard.

Tu avais aussi affronté Bourg la saison passée, en National 2, donc tu connaissais l’équipe…
Oui, je les ai affrontés deux fois et on leur a posés beaucoup de problèmes dans le jeu sur les deux matchs (victoire de Besançon 2-1 à l’aller et défaite 1 à 0 au retour). Peut-être que cela a joué. Je sais aussi que Hervé (Della Maggiore) a soufflé mon nom pour que je vienne, alors qu’on ne se connaît pas plus que ça. C’est un beau challenge, je me dois de l’honorer par rapport au travail qui a été fait tout d’abord par Jordan (Gonzalez) et ensuite par rapport à Hervé, qui a tout connu ici. C’est un vrai héritage.

L’intersaison de Bourg a été agitée, avec un lourd déficit, une incertitude sportive : cela ne t’a pas fait peur ?
Lors de mon entretien avec le président (Gilles Garnier), je ne lui en ai même pas parlé, parce que je considérais qu’à partir du moment où il me faisait venir pour engager des discussions, c’est qu’il était sûr de lui. D’ailleurs, c’est lui qui a évoqué ce volet, et il a été transparent sur la situation du club. De toute manière, il m’a convaincu. Je savais aussi un peu quel genre d’homme il était, quel genre de président il était. Je n’avais pas de doute.

« On a moins de pression que les autres »

Avec un fidèle du FBBP 01, Boris Berraud, son adjoint. Photo FBBP 01

Le championnat National commence le 16 août : tu as vu sa composition ? C’est du très lourd : ça t’inspire quoi ?
Je le prends là encore comme une belle richesse. On a moins de pression que les autres. Moins d’attente aussi. La plupart des clubs veulent monter, Dijon, Sochaux, ça recrute pour ça, et ce sont des équipes qui n’ont rien à faire en National, tout comme Nancy, Valenciennes aussi. Mais ces équipes sont là, avec nous, aujourd’hui. Après, même s’ils ont plus de moyens que nous pour recruter, je ne suis pas sûr que dans ces gros clubs, il existe le même état d’esprit. Nous, on se doit juste de mieux travailler que les autres, de bien vivre ensemble pour affronter ces grosses écuries, jouer dans ces beaux stades, gérer la pression médiatique aussi, mais je n’ai pas de doute, parce que mon équipe a tellement bien travaillé l’an passé… Parce qu’elle est un peu insouciante, qu’elle apprend vite. Mais on ne passera pas pour des fous chaque week-end : on montrera ce que l’on sait faire, avec les moyens qui sont les nôtres. Et comme je le dis souvent, quand on gagnera des matchs, ce sera parce qu’on l’aura mérité.

Il y a 6 ou 5 ans, Bourg avait un certain statut en National, était une grosse écurie. Aujourd’hui, son statut a bien changé…
C’est sûr qu’en termes de budget, on fait partie des petits poucets. Les joueurs qui nous ont rejoints, ils sont là parce qu’ils avaient envie de venir, déjà. Ils sont là pour un projet humain et sportif. Et puis être vus tous les week-ends à la TV (sur FFF TV, qui retransmet les matchs de National, Ndlr), forcément, ça fait un peu plus rêver, ça donne aux joueurs une certaine visibilité et notoriété. En tout cas, ils savent pourquoi ils sont venus. Bourg a survolé son championnat de N2 l’an passé en terme de jeu, et a prouvé qu’il avait sa place en National. Les joueurs vont apprendre à chaque match, ils vont devoir gérer le public aussi, notamment quand ils iront jouer dans des grands stades comme à Valenciennes, Nancy ou Sochaux. En tout cas, ils nous tarde d’être à Dijon, chez l’un des favoris !

« Quand on laisse les gens travailler, il peut se passer de belles choses »

Le National, tu le suivais l’an passé ?
Je regardais surtout les matchs de Martigues, parce que je vivais dans le Sud et que ça m’intéressait. Et puis je regardais aussi beaucoup Niort, forcément, mon club formateur, où j’ai grandi, où j’avais ma maison. Martigues, c’était solide, efficace, avec des joueurs talentueux et un coach, Grégory Poirier, qui avait des idées bien précises, qui a eu le temps de bien travailler. Niort aussi était une bonne équipe, mais un peu désorganisée à l’extérieur. Il faut se servir de ce qu’a fait Martigues : le temps, le projet, le rapport humain, avec moins de moyens que les autres. C’est un très bon exemple. Avant d’entraîner Martigues, Greg (Poirier, aujourd’hui entraîneur du Red Star en L2) sortait de deux expériences difficiles, à Sedan et à Saint-Malo. Mais il avait des idées de jeu. Avec du temps, quand on laisse les gens travailler, il peut se passer plein de belles choses.

La saison passée, sur le banc de Besançon en N2. Photo Philippe Le Brech

Aujourd’hui, est-ce que tu te considères-tu comme un formateur ou un entraîneur à part entière ?
Je suis un entraîneur qui a gardé en lui un fort pourcentage de la formation, y’a des postures que l’on apprend sur le terrain à la formation et que l’on peut améliorer ensuite, l’orientation, les attitudes, dans le travail technique; pour bien jouer, il faut bien maîtriser sa technique. Je pars du principe que si tu es bien organisé et que si tu as vu, alors, derrière, tu peux jouer. On apprend ça aux plus jeunes, et des fois, dans des clubs comme les nôtres, tu croises des joueurs qui ne sont pas passés par des centres de formation, donc il faut leur apporter ça.

Des souvenirs de belles réussites de formateur ?
En fait, mon métier de formateur, je l’associe à mon métier d’entraîneur; des joueurs comme Lucas Tousart, Moussa Niakhaté, Adrien Tameze, Angelo Fulgini, qui ont réussi, m’ont énormément apporté humainement. La finalisation du contrat de développement avec tous ces joueurs là, c’était une belle réussite, et cela montrait tout le travail que l’on faisait à Valenciennes.

« J’aime les entraîneurs qui apportent des idées nouvelles au jeu »

Tu as des modèles de coach ?
Ce que j’ai gardé de mes années de joueur, c’est la discipline, avec un coach comme Victor Zvunka. On a eu de la réussite avec lui, dans les équipes où j’ai joué. J’ai bien aimé aussi Francis Smerecki, pour sa rigueur et sa vision du foot, très avancée à l’époque, mais je n’ai pas de modèle. J’aime les entraîneurs qui apportent des idées nouvelles au jeu, tous ceux qui construisent les matchs à travers le jeu, là je me régale.

Si tu devais te qualifier , tu dirais que tu es en entraîneur plutôt …
Il y a des choses non négociables chez moi : le respect, le travail, la valeur de l’homme, la cadre de vie à travers le club. C’est la base. Après, je suis très à l’écoute. J’aime échanger, partager. Je prends la décision, bien sûr, mais globalement, il y a un peu de tout : du participatif, du directif… Je suis très à l’écoute des joueurs. Mais attention, je les connais : je ne « prends » pas tout, parce que sinon, ils te rendent fou (rires) ! J’ai beaucoup d’exigence sur le jeu, dans les intensités, dans la façon de défendre, et dans l’utilisation du ballon; il y a des principes qu’il faut mettre en place, tout en gardant le talent du joueur : j’aime qu’il soit créatif. Le talent, tu peux l’enlever à un joueur, mais tu ne peux pas le lui donner. Ces joueurs-là, il faut les laisser jouer, même s’il faut les cadrer parfois. C’est eux qui t’en mettent plein les yeux le week-end, qui bonifient l’équipe, qui bonifient les joueurs.

Tu dis que tu es à l’écoute : à l’écoute de Boris Berraud aussi, ton adjoint, qui est vraiment le personnage emblématique du FBBP 01 ?
Boris, c’est quelqu’un d’une belle richesse, il a le maillot bleu gravé en lui. C’est une belle rencontre. j’ai découvert quelqu’un de très bien. Avec lui, le feeling est passé de suite. Son parcours montre sa fidélité. Je sais qu’avec lui, il n’y a pas d’animosité ou d’envie cachée, voilà. C’est un fidèle. On partage beaucoup de valeurs, comme le respect et le travail, des choses immuables chez nous.

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photo de couverture : Philippe Le Brech

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

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