De retour « chez lui » au nouveau Racing-club de Calais, et dans le rôle de directeur sportif cette fois, l’ancien gardien de but et entraîneur entend contribuer au réveil du football dans une ville et une région en forte demande.
Par Anthony BOYER
En « renversant » la France du football en 2000 avec sa finale inoubliable de coupe de France, Calais s’est construit une notoriété qui, vingt-quatre ans après, perdure. Une notoriété telle que, à chaque nouvelle édition de l’épreuve reine du football, l’on reparle de cette épopée qui a donné son nom au nouveau stade de 12 000 places, inauguré en septembre 2008. Comme un refrain que l’on n’oublie pas. Comme un tube indémodable, que les nouveaux acteurs reprennent en chœur inlassablement. Comme si, finalement, peu importe la division dans laquelle les Calaisiens opèrent, il n’y en aurait que pour Dame Coupe.
Mais, sans vouloir faire de mauvaise allusion, la vie du ballon rond n’a jamais été un long fleuve tranquille au bord d’une Manche très agitée qui, elle non plus, ne laisse personne tranquille, et surtout pas ces nombreux migrants qui tentent très régulièrement de la traverser dans des embarcations de fortune, au péril de leur vie.
Une instabilité chronique
Les temps ont changé. Aujourd’hui, Calais est plus connu pour ses « faits divers » au large de ses côtes que pour ses performances footballistiques. Il faut dire aussi que, depuis la disparition du célèbre CRUFC (Calais Racing Union Football-club), en 2017, le citoyen s’est un peu perdu avec ces fusions, ces ennuis administratifs (deux rétrogradations de National en CFA2 en 2001 et 2009 et une liquidation judiciaire en 2017, et une dernière rétrogradation en juin dernier de R1 en R2 avant que la commission d’appel de la DNCG n’infirme cette décision), ces changements d’appellation, bref, cette instabilité presque chronique.
Certes Calais a changé l’image que l’on pouvait avoir du monde amateur en 2000, au point de révolutionner le football, mais il s’est aussi beaucoup perdu au fil du temps.
Mais s’il a connu des heures compliquées, le foot à Calais n’est pas mort. Et, un peu à l’instar de ce qu’il se passe à 35 kilomètres plus au nord, à Boulogne-sur-Mer, le football est en train de reprendre sa place, celle-là même qu’il n’aurait jamais dû perdre.
Des attaches aussi en Haute-Loire
Sylvain Jore, lui aussi, est en train de reprendre sa place à Calais, façon de parler. Lui le Boulonnais de 49 ans a vécu ses plus belles heures au CRUFC, qu’il a entraîné de 2000 à 2008, juste après la fameuse finale de coupe perdue au Stade de France face à Nantes (2-1). Il n’était donc pas de la fameuse épopée.
L’ancien gardien de but de l’USBCO dans les années 90 (en CFA), passé par le centre de formation du RC Lens pendant deux saisons et aussi par Amiens – « Je m’entraînais avec les pros d’Arnaud Dos Santos en Division 2 mais je n’avais pas de contrat pro », est revenu « chez lui » l’an passé, après une dernière saison 2022/23 sur le banc, à Espaly-Saint-Marcel, juste à côté du Puy-en-Velay, où il a fait grimper l’équipe de Régional 1 à National 3.
Espaly, Le Puy, deux destinations qui lui sont chères et qui l’ont profondément marqué, au point d’y avoir conservé de sérieuses attaches. C’est d’ailleurs au Puy Foot 43 qu’il avait poursuivi sa carrière de coach après ses huit saisons sur le banc du CRUFC et une autre à Saint-Omer (CFA2), faisant grimper l’équipe fanion de DH en CFA2 (N3), avant de « rentrer » une première fois à Calais pour tenir pendant près de sept ans un bar-tabac, le Victorien, après une seconde expérience sur le banc de Saint-Omer, en DH cette fois.
Son troisième retour à Calais !
Il avait ensuite tenté un deuxième retour dans le foot calaisien, en 2018, dans le nouveau club, le Calais Grand Pascal, en Régional 2, mais l’expérience n’avait duré que quelques mois : après seulement un match de coupe et un match de championnat, il avait prématurément quitté son poste.
Cette fois, son troisième retour à Calais, en février dernier, dans le tout nouveau club, le Racing-club de Calais, et dans un rôle différent, celui de directeur sportif, semble s’inscrire dans la durée et lui convenir à merveille, même s’il découvre une autre facette des métiers du foot.
Et puis, comme tout va très vite dans le foot, un an après une nouvelle fusion et la création du « Racing », que Sylvain Jore évoque dans l’entretien à suivre, et quelques semaines après son intronisation au club, les seniors d’Olivier Laridon ont quitté le Régional 1 et retrouvé le National 3 après une mémorable séance de tirs au but face à Arras (finale d’accession, 2-2 à l’issue du temps réglementaire, 4 tirs au but à 3 !), dans un stade de l’Epopée garni de plus de 5000 spectateurs ! Preuve qu’il y a bien une attente sur la Côte d’Opale, entre les deux « anciennes » places fortes que furent Le Touquet et Boulogne.
Interview
« Calais est une ville de foot ! »
Sylvain, tu es arrivé sur le banc de Calais en 2000, juste après l’inoubliable épopée en coupe : mais où étais-tu cette saison-là ?
J’étais à Boulogne !
Du coup, cette finale Calais-Nantes, tu l’as vécue comment ?
J’étais très heureux ! Je me souviens que j’encadrais l’équipe féminine 15/16 ans de la Ligue à l’époque, avec Gérard Sergent, on était en coupe Nationale à La Pommeraye, on avait vu la demi-finale de la coupe contre Bordeaux avec la Ligue d’Aquitaine, on était tous comme des fous ! On est allé au stade de France pour les supporter en finale, bien entendu !
Quand tu as affronté Nantes en 1/4 de finale de la coupe de France, en 2006, avec Calais, 6 ans plus tard, tu t’es dit quoi ?
Je me suis dit que c’était un joli clin d’oeil, mais je n’ai pas pensé à une quelconque revanche. De mémoire, il y avait encore Cédric Schille, Jérôme Dutitre, Fabrice Baron, Mathieu Millien, Réginald Becque (entraîneur de la réserve), j’espère que je n’en oublie pas, on n’est pas passé loin, on a perdu 1 à 0 sur un but à la fin de Da Rocha, devant 30 000 personnes. C’était une belle aventure.
Il y a moins d’un an et demi, tu as fait monter Espaly en National 3 : pourquoi être parti ?
Pour raisons familiales. Mon épouse est fille unique, les enfants étaient restés dans le Nord, ma fille est à Boulogne, on a un garçon qui est à Nancy, c’était compliqué à gérer pour elle, avec la distance… Donc voilà, on a rapidement pris la décision de « rentrer », sans savoir que je travaillerais au RC Calais. Il y avait deux possibilités. On a tenu un bar tabac pendant six ans et demi à Calais, Le Victorien, donc soit on se projetait pour retravailler dans ce milieu des buralistes, soit je retournais dans le foot, et puis il y a eu cette opportunité au RC Calais, qui recherchait un directeur sportif, donc j’ai candidaté, j’ai été reçu comme d’autres, j’ai exposé ma vision des choses, j’ai la chance aussi de connaître les gens ici, donc cela s’est fait naturellement, au début de l’année. Quant à mon épouse, elle retravaille au Victorien. Comme quoi, cela nous colle à la peau !
« La disparition du CRUFC a fait mal »
De l’extérieur, le foot à Calais donne vraiment l’image d’une grande instabilité : est-ce que tu peux nous éclaircir là-dessus ?
C’est exactement ça. C’est vrai que la disparition du CRUFC en 2017 a fait très mal au football calaisien, parce que c’était le club phare, le club « repère » des Calaisiens, et après, tout le monde s’est un peu perdu, entre guillemets. Et puis l’Amicale Pascal, autre club historique sur le bassin calaisien, un des meilleurs clubs régionaux de la région, a pris ce projet du club phare calaisien. Parallèlement, le club « Calais Haut de France » s’est crée et a fait un gros travail sur la formation des jeunes. Puis en 2019, le Grand Calais Pascal FC est né de la fusion de l’Amicale Pascal Calais et du FC Grand Calais. Puis, logiquement, avec l’aval de la mairie et avec l’arrivée des certaines personnes venues apporter leur expérience, il y a eu cette fusion des deux nouveaux clubs, Calais Grand Pascal et Calais Haut de France. Maintenant, il n’y a plus qu’un seul nom, il n’y a plus qu’un seul club phare calaisien : le RC Calais. Je pense que tout le monde s’y retrouve. On va pouvoir avancer sereinement. La médiatisation et l’accession des seniors en National 3 en juin dernier ont permis de poser les jalons.
« Participer au renouveau de la formation calaisienne »
Le Racing-club de Calais, cela rappelle énormément le Racing-club de Lens, tout de même… C’est osé, non ?
Oui, et cela ne fait pas que des contents à Calais, parce que, historiquement, avant, on avait l’US Calais et le Racing Calais, et la fusion des deux (en 1974) a donné naissance au CRUFC, donc nos anciens de l’US Calais font un peu « la gueule », mais qu’ils ne s’inquiètent pas, on va faire en sorte que le football calaisien redevienne ce qu’il était.
Ton rôle de directeur sportif, c’est différent ?
C’est un rôle que je découvre. J’apprends énormément de choses, je commets des erreurs aussi, c’est très enrichissant. De toute façon, à partir du moment où je suis revenu à Calais, je ne me voyais pas entraîner, d’autant moins qu’il y avait des gens en place et qui faisaient du bon boulot. Je n’ai pas de problème avec ça. Il y a eu cette opportunité d’être directeur sportif et ça m’a intéressé, parce que j’ai envie de participer au renouveau de la formation calaisienne et j’espère pouvoir le faire. C’est un beau challenge, c’est beaucoup de boulot, mais c’est aussi une chance de pouvoir retravailler dans le foot.
« Ici, on parle du dépassement de soi, du courage, de l’agressivité »
Il y a une vraie culture de la formation à Calais ?
Oui, il y a une identité propre ici, on parle du dépassement de soi, du courage, de l’agressivité dans le bon sens du terme. Je me souviens que, quand je portais les couleurs de Boulogne, on ne passait pas de bons moments quand on venait jouer à Calais. Et quand j’entraînais, les équipes adverses ne passaient pas de bons moments non plus au stade Julien-Denis. Beaucoup de joueurs sont sortis, Djezon Boutoille, mais aussi l’attaquant Laurent Dufrenne, le gardien Karim Boukrouh, sans oublier cette épopée en coupe de France, où il y avait une majorité de Calaisiens dans cette équipe. C’est très long à construire, à bâtir, on a beaucoup de projets avec la section sportive pour remettre cette formation calaisienne sur le devant de la scène, on a des clubs alentours qui montent de niveau, comme Calais Beau Marais en Régional 1, l’AS Marck aussi qui a toujours été présente (au 3e tour de la Coupe de France, le RC Calais s’est qualifié 1 à 0 sur le terrain de l’AS Marck, club de R2), on va essayer d’être patient, de poser les bonnes bases et d’avancer.
« Travailler dans son coin, c’est compliqué »
Vous travaillez avec les clubs voisins ?
Ce n’est jamais facile de travailler avec eux, mais on va essayer, aujourd’hui. Travailler tout seul, dans son coin, c’est de plus en plus compliqué, les moyens sont de plus en plus réduits; tout le monde se connaît dans le bassin calaisien, donc c’est aussi mon job d’aller voir les copains dans les clubs aux alentours, d’écouter leurs positions.
Justement, quelle perception les clubs voisins ont-ils du RC Calais ?
Tous les clubs phares, dans une région, ont un déficit d’amour, parce qu’ils vont chercher les meilleurs jeunes chez les voisins, mais on nous impose tellement de choses aussi… Pourquoi va-t-on chercher des gamins tôt ? Parce qu’il y a un cahier des charges aussi pour atteindre le niveau Ligue. Parce qu’il y a des enjeux financiers avec les indemnités de préformation et de formation. C’est pour ça que je pense qu’il y a un travail à faire de la part de nos instances : il faudrait avoir des règlements qui permettent de laisser les gamins dans leurs clubs autour; peut-être faudrait-il aussi que nous, on ait moins d’équipes dans notre club pour laisser les gamins autour… Voilà, je suis assez ouvert, je veux que les clubs voisins fonctionnent. Et puis j’ai eu l’exemple au Puy-en-Velay, pourtant c’est une petite ville de 18 000 habitants, ils sont montés deux fois en National, et à côté, il y a beaucoup de clubs en Régional 1 et Espaly en National 3, parce qu’il y a cette émulation avec le club phare et ils bénéficient du travail effectué par Le Puy Foot. Nous, on va devoir aussi aller discuter avec les clubs voisins. On a des arguments.
Que reste-t-il de la coupe de France 2000 : y’a t-il des ex-joueurs chez les éducateurs ?
Cédric Schille vient de revenir au club comme entraîneur des gardiens chez les jeunes, et Samuel Marque, qui fut de l’épopée 2006, a remis un pied dans l’observation et le recrutement. Après, il y a des anciens qui viennent aux matchs, mais pas tous, parce que certains sont plus loin, vers Dunkerque.
En ce moment, ton travail consiste en quoi ?
C’est l’organisation sportive du club dans son ensemble. La mise en place d’un cahier des charges bien défini.
En National 3, vous avez des Calaisiens dans l’équipe ?
On a Tristan Schille, le fils de Cédric, Robin Knockaert, on aimerait en avoir d’autres. On a le petit Alexis Seize, qui est natif de Calais, Jules Darré, qui est aussi calaisien.
L’objectif des seniors N3, c’est le maintien ?
On a un bon groupe de joueurs, le début de saison est moyen mais à Valenciennes (2-2), on méritait de gagner, et contre Drancy, on s’est fait égaliser chez nous samedi dans le temps additionnel (1-1). Mais sinon, oui, l’objectif est de se maintenir cette saison. Déjà, l’an passé, pour une première année de fusion, accéder en N3 fut extraordinaire. Cela prouve qu’il y a eu un gros travail de fait.
« La coupe, c’est l’ADN du club »
Aujourd’hui, ton rêve, ce serait quoi ? Quelle est la place du RC Calais dans le foot contemporain ?
Le souhait, c’est de refaire un parcours en coupe de France, parce que ça fait partie de l’ADN calaisien, de l’histoire du club, on l’a encore vu la saison passée quand on a affronté Caen au 8e tour, cela a déclenché la venue de 6000 personnes au stade. Aujourd’hui, on a la chance d’avoir ce bel outil – le stade de l’Épopée – alors qu’à l’époque, on jouait les gros matchs de coupe à Boulogne. L’autre souhait, ce serait aussi de retrouver un jour le National, même si le National 2 serait déjà une très belle vitrine pour le football calaisien, surtout quand on voit ces nouveaux championnats nationaux, dont la complexité a été accrue en raison de la réforme fédérale. La N3 est devenue une petite N2. Et la N2 se professionnalise de plus en plus. Se stabiliser en National 2 serait déjà bien.
Le National serait donc le plafond de verre ?
On voit bien que le National est très compliqué, même si on a la structure pour le faire. Regarde Boulogne, qui vient de remonter : mais le club est passé par des années compliquées. On voit bien aussi que les clubs pros engagés en National ont du mal. Mais on reste des compétiteurs, on a envie d’aller le plus haut possible. L’an passé, il y a eu la fusion, l’objectif était de se maintenir en R1, la préparation a été très compliquée, le coach a dû composer, mais la mayonnaise a pris ! Michel Estevan est arrivé en Ligue 1 en très peu de temps avec Arles-Avignon. Philippe Montanier à Boulogne aussi. L’important est de mettre les bases, de structurer et de professionnaliser le club, mais cela ne se fait pas comme ça.
« Le stade Julien-Denis était un chaudron »
Le derby Boulogne – Calais, ça manque un peu, non ?
En coupe ça serait bien !
Ce stade de l’Épopée, il est bien, certes, mais il n’a pas le charme de Julien-Denis : tu es nostalgique ?
Oui, je suis très nostalgique de Julien-Denis, qui était un chaudron. Dès qu’on mettait un pied dans ce stade, le coeur battait à 1000 à l’heure. La deuxième année de National, en 2008/2009, a coïncidé avec le déménagement au stade de l’Épopée, et on a eu du mal à digérer ce changement, alors que la saison précédente, quand on jouait encore à Julien-Denis, on s’était maintenu. L’après Julien-Denis a été très difficile à gérer.
Sylvain Jore, du tac au tac
Ton meilleur souvenir sportif ?
Comme entraîneur, c’est avec le CRUFC et les parcours en coupe de France : on a fait un 1/4 de finale, un 8e de finale, des 32es de finale…
Ton pire souvenir sportif ?
Je n’en ai pas beaucoup. Je dirais la séparation avec le CRUFC, en 2009, après la deuxième saison en National. Cela faisait 8 ans que j’entraînais, et c’est vrai que l’on n’était pas loin d’être à bout de souffle. Et puis c’était la deuxième saison en National (2008/09), elle avait été très compliquée, des tensions étaient apparues, cela n’avait pas été facile à vivre.
« J’aimerais bien revoir Johan Thery »
Le meilleur joueur que tu as entraîné ?
(Sans hésiter) Djezon Boutoille.
La saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
J’ai arrêté ma carrière de joueur tôt, à l’âge de 26 ans, donc je vais plutôt parler d’un souvenir d’entraîneur : je vais dire, plutôt qu’une saison, une rencontre, celle avec Christophe Gauthier, le président du Puy-en-Velay. Cela a été pour moi une très-très belle rencontre. J’ai passé deux très bonnes années au Puy Foot, ça m’a permis ensuite de faire d’autres belles rencontres, comme celle avec Christian Perbet, le président d’Espaly, où j’ai entraîné il y a deux ans.
L’erreur de casting de ta carrière ?
Sincèrement aucune. Dans chaque club où je suis passé, j’ai eu la chance, tout d’abord, d’avoir des résultats, d’être suivi par mes joueurs et mes dirigeants, et d’avoir des bons groupes de joueurs.
Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
C’est surtout un ami, un proche que je n’ai pas vu depuis longtemps, c’est Johann Therry, qui a aussi joué à Valenciennes, Boulogne, on a été « élevé » ensemble à Lens, on était tout le temps ensemble.
Un coach perdu de vue et que tu aimerais bien revoir ?
J’en croise beaucoup, comme Bruno Dupuis (son coach à Boulogne en 1999/2000), que je vois quand il est à Boulogne. Allez, je vais dire Jean-Michel Vandamme. Je l’ai eu un an à Lens. Il a été proche de moi, toujours été à l’écoute, il m’a expliqué les choses, notamment pourquoi cela ne marchait pas.
« Manu Pires m’a mis le pied à l’étrier »
Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
Joker !
Un président marquant ?
André Roches, à Calais (décédé en 2019). Il a eu cette audace de me nommer entraîneur à Calais après Manu Abreu, malheureusement disparu lui aussi, paix à son âme, parce qu’à ce moment-là, j’avais 26 ans. Donc il fallait avoir les c… pour lancer un gamin comme entraîneur et après ça, j’ai fait 8 ans sur le banc à Calais, j’ai tout connu, deux accessions, de CFA2 à CFA puis de CFA à National, on a fait quatre 32es de finale de coupe de France, deux 16es et et un quart-de-finale, en 8 ans, c’est pas mal.
Un président qui ne t’a pas marqué…
Joker, parce que c’est très compliqué de parler de ça. J’ai connu beaucoup de présidents, ils ont toujours été à l’écoute de ce que je demandais. Humainement, j’ai toujours connu des bonnes personnes.
Une rencontre ?
Celle avec Manu Pires à Amiens, qui est devenu mon ami. C’est lui qui m’a lancé, qui m’a poussé à passer mes diplômes, je peux lui dire merci ! Lui et des gens comme Jean-Carl Tonin à Amiens et ensuite à Lens forcément m’ont élevé ou presque dans le monde « éducateur ». Manu, c’est LE personnage important dans ma carrière. J’ai rencontré beaucoup de coachs, mais lui, il m’a donné les billes et les armes pour aller vers ce métier de coach et m’a mis le pied à l’étrier (Manu Pires fut notamment directeur du centre de formation de l’OGC Nice).
Tu étais un gardien de but plutôt…
Autoritaire. J’aimais bien diriger. Je connais mes défauts aussi : à une certaine période, je n’ai pas eu le mental pour passer ce cap du monde pro, et ça, je l’ai appris ensuite en tant qu’entraîneur. Et puis, il y a aussi le travail. Arsène Wenger le dit très bien : il faut avoir cette volonté de vouloir travailler, et quand on est jeune, quand on intègre un centre de formation, on pense que tout est acquis, que tout est beau, alors qu’il faut avoir cette envie de toujours travailler, et ça, malheureusement, je ne l’avais pas.
« Proche des joueurs »
Tu étais un entraîneur plutôt…
Proche des joueurs.
Tes passions en dehors du foot ?
La famille. Aujourd’hui, on s’aperçoit que c’est la chose la plus importante qui puisse exister.
Boulogne ou Calais ?
Oh put… Tu me fous dans la merde ! Mon papa était dirigeant à l’USBCO toute sa vie et moi j’entraînais Calais… J’ai vraiment une affection pour les deux. D’ailleurs, j’ai souvent Fabien Dagneaux, leur coach en National, je leur souhaite tout le bonheur. Je suis marié avec une Calaisienne, et ma vie, c’est Calais, c’est ce club, et on va essayer de travailler du mieux possible pour le faire évoluer.
Le Pas-de-Calais ou la Haute-Loire ?
Le Pas-de-Calais, mais j’aime énormément la Haute-Loire !
« Parfois, le passé ne nous rend pas service »
Le RC Calais, en quelques mots ?
C’est un jeune club, qui a seulement un an d’existence, avec 700 licenciés dans une ville de 78 000 habitants, un nombre de bénévoles conséquent, des gens qui bossent… Avec une école de foot assez remplie. En foot à 11, on est présent dans toutes les catégories, on a trois équipe seniors. Je suis bien entouré, j’ai un bon pole d’éducateurs qui fait un super boulot. Calais est une ville de foot. Quand on voit que l’on est capable de faire 5 500 spectateurs la saison passée pour un match de Régional 1, cela veut bien dire qu’il y a une ferveur. Les gens n’attendent que ça. On a la chance d’avoir la municipalité qui nous suit. On est un club, qui démarre, et je pense qu’il y a de bonnes bases.
Qu’est-ce que tu entends par « Les gens n’attendent que ça » ?
Que le foot reprenne comme avant. En National 3, on fait 2800 personnes, dont 1000 qui ont suivi le premier match de N3 en live vidéo, alors bien sûr, c’est entrée gratuite au stade de l’Epopée, mais il y a une attente, qui est logique, parce qu’il y a un passé ici, et malheureusement, ce passé par moments ne rend pas toujours service. On a un nouveau et jeune président, Nicolas Bouloy, qui est une bête de travail et un passionné de foot.
Un modèle de joueur ?
Mon modèle, c’était Bernard Lama, que j’observais beaucoup quand j’étais jeune. J’ai eu cette chance de rentrer au centre de formation de Lens quand il était gardien de l’équipe de Division 1. Je l’ai vu travailler avec André Lannoy. Dans le Pas-de-Calais, on est tous fans de Lens, alors quand on a cette chance de porter ce maillot, même chez les jeunes, et de voir de près des gardiens comme ça, c’est fabuleux.
Un modèle d’entraîneur ?
Philippe Montanier, quand il était à Boulogne : c’était l’époque où je démarrais en tant qu’entraîneur à Calais. Il est arrivé avec Hubert Fournier : tous deux ont vraiment posé les bases à l’USBCO pour que cela devienne un grand club sur le plan sportif, même s’il y a eu le travail des dirigeants également, comme Jacques Wattez, mais pour moi qui ai côtoyé Philippe Montanier sur la Côte d’Opale, il a été quelqu’un d’important.
Le milieu du foot ?
Passionnant et cruel.
Texte : Anthony BOYER / Twitter @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
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