Le président du club des monts d’Or, au-dessus de Lyon, revient sur les deux dernières saisons très agitées, marquées par de multiples événements sportifs, administratifs et juridiques. Il assure avoir tout remis à plat, évoque le projet de stade à Chasselay et ouvre toujours la porte à son voisin Limonest, futur adversaire en championnat !
Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr
Photos : Justine LORCHEL / GOAL FC et 13HF
Jocelyn Fontanel, le président de GOAL FC (GOAL pour Grand Ouest Association Lyonnaise), avait tout prévu. Pour notre rendez-vous en visio, il s’est garé sur un parking à 8h30 du matin, a éteint la clim’ dans sa voiture, transformée pour l’occasion en bureau et en … sauna !
Pour un chef d’entreprise comme lui – il est Directeur général du Groupe Fontanel, une boîte de BTP et de promotion immobilière fondée par ses parents il y a 63 ans, et que Norbert, son frère, préside -, le temps doit être optimisé !
31 ans de présence au club !

Celui qui a pris la succession de ses parents en 1998 dans l’entreprise éponyme et qui a succédé à Gérard Leroy (suite à son décès) en 2012 à la tête de l’un des plus « gros » clubs français en termes de licenciés avait demandé et prévenu par SMS : « Nous en aurons pour combien de temps ? Parce qu’il y a tellement de choses à dire que ça peut durer trois jours ! Avec ce qu’on a vécu en deux ans, on peut faire une série Netflix ! »
L’ancien pensionnaire des centres de formation de l’OL et de l’AS Nancy-Lorraine (lire à la fin de l’entretien) ne nous a pas menti : il a été très loquace. Le natif de Trévoux, dans l’Ain, « à 7 kilomètres de Chasselay, parce qu’à l’époque, les enfants du canton naissaient là-bas, d’ailleurs, l’un des deux vice-présidents, Rachid Belarbi, est né lui aussi à l’hôpital de Trévoux », avait aussi quelques comptes à régler.
Il faut reconnaître que depuis l’accession en National en mai 2023 jusqu’à ce repêchage de N3 en N2 ce mois-ci, il s’est passé énormément de choses. Travaux de mise en conformité du stade pour le National, crédits contractés, relégation en N2 et non-repêchage à l’été 2024 après la double rétrogradation de L2 en N2 des Girondins de Bordeaux, forfait en N2 pour la première journée de championnat en août dernier contre Marignane, procédures diverses, affaire des faux certificats médicaux, points de pénalité infligés (10 au départ, 8 à l’arrivée), valse des coachs la saison passée, nouvelle rétrogradation sportive (en N3) avant un repêchage, cette fois, en N2… La coupe est pleine, n’en jetez plus !
Avec une liberté de ton assez rare chez un dirigeant de club de « haut niveau », un fort débit de paroles et en toute transparence, Jocelyn Fontanel, 56 ans, licencié au club depuis 1994 (31 ans de présence!) est revenu sur ces événements contraires qui ont marqué le club, et qui l’ont marqué lui aussi, au point d’avoir songé à jeter l’éponge l’an passé. Si l’idée lui a bien traversé l’esprit, il a rapidement revu sa position, et il explique pourquoi.
Aujourd’hui, même si rien n’est oublié, le foot a repris ses droits dans les monts d’Or, au-dessus de Lyon. Parce que « le foot, c’est la vie » ! Et que, parfois, pour continuer de grandir, il faut passer par des épreuves très difficiles.
Interview : « On remet les compteurs à zéro ! »
Président, il s’est passé tellement de choses en deux ans, que l’on ne sait pas par quoi commencer ! Allez, on se lance ! La poule et le calendrier de N2 viennent d’être publiés : votre sentiment ?
Quelle poule ! On voit les effets de la réforme des championnats et le vrai travail de la DNCG cette année, qui n’a pas fait de concession, sans doute suite aux élections « officielles » de la FFF (le 14 décembre 2024, Philippe Diallo a été élu président). La poule ressemble au National de l’époque, qui va devenir la Ligue 3 et va s’approcher encore plus du professionnalisme mais nous aussi, en National 2, on tend vers ça, surtout quand on voit un club comme Créteil avec le projet de Xavier Niel, sans oublier les Cannes, Toulon, Bobigny, Nîmes qui renaît de ses cendres, Grasse, Hyères… On connaît la poule du sud. Les places vont être chères. Cette poule va nous faire progresser, beaucoup de joueurs ont fait des carrières en Ligue 2 ou en National et sont là parce qu’ils se sont retrouvés sur le carreau. Ils vont tirer le championnat vers le haut. Et puis on aura des derbys, dont celui contre notre voisin Limonest !
Limonest, un club que vous connaissez-bien… Nous en reparlerons après…
Oui ! J’ai habité pendant 9 ans à Limonest et en plus, je suis mécène du club ! On aura aussi d’autres derbys contre Saint-Priest, Andrézieux, Rumilly, ça va être super intéressant et super-relevé.
« Il y a quand même 1000 km entre le sud et Paris ! »
La présence des trois clubs parisiens (Créteil, Saint-Maur-Lusitanos et Bobigny) : un avis ?
Je me suis demandé pourquoi ils étaient là. Bon, pour nous, qui sommes entre le sud et Paris, ce n’est pas très dérangeant, mais pour eux, il y a quand même 1000 km entre Paris et le Sud. Je ne sais pas comment ils réfléchissent au BELFA (Bureau exécutif de la Ligue du Football Amateur). Je n’ai pas forcément de commentaires à faire là-dessus. Certains diront que les Girondins de Bordeaux ont été protégés, parce qu’au départ, ils devaient être avec nous, mais bon, on n’est pas dans ce calcul-là.
L’épisode de l’an passé et le non-repêchage en National, c’est digéré ?
Ça ne sera jamais digéré, c’est impossible. Cela fait 30 ans que je suis au club (31 exactement), la famille Fontanel a investi beaucoup d’argent, les partenaires aussi. On fait ça par passion à ce niveau-là, mais pas que, c’est un vrai travail. J’ai déjà mon travail de tous les jours, j’ai la famille et j’ai aussi le foot, donc voilà… La saison passée, Bordeaux aurait été repêché, il n’y aurait rien eu à redire. J’avais un peu grogné quand j’ai vu comment Rouen et Châteauroux avait été repêchés, mais j’ai bien compris, je ne suis pas idiot : la FFF préfère avoir des grands stades de 7 ou 8000 places, et encore, ça, je l’accepte. Mais mettez-vous à notre place. On termine une saison de National avec Niort et Cholet qui déposent le bilan, Rouen, qui ne payait plus ses joueurs et Châteauroux, qui était au plus mal. Et tout le monde savait que Bordeaux allait aller au tapis…
« La DNCG n’a pas fait son boulot »
Vous en voulez à qui ?
La DNCG n’a pas fait son boulot en temps et en heure, et ce qui n’est pas normal, c’est que le BELFA ne nous a pas inscrit dans les listes. Il suffisait juste de mettre la mention « ou » entre Bordeaux et GOAL FC, en National et en National 2, et l’histoire aurait été terminée. Cela n’a pas été fait. Pourquoi ? Je ne sais pas. Il y a peut-être des subtilités qui appartiennent à l’ancien directeur juridique de la FFF dont je tairais le nom (Jean Lapeyre, Ndlr) et qui est parti à la retraite le 31 janvier. Il y a eu beaucoup de politique autour de tout ça. Tout ce que je vois, c’est que la FFF a fait plus de 400 000 euros d’économie, frais d’arbitrage compris, avec 17 clubs au lieu de 18 en National. Pendant ce temps, GOAL FC a perdu 600 000 euros en capacité de financement pour ne pas avoir été repêché, ça fait beaucoup. Ce qui est difficile aussi, c’est de disputer un championnat contre des équipes qui ne paient plus leurs joueurs pendant l’année.
Pour vous, il s’agit juste d’un simple oubli ?
Oui. Bordeaux, on connaissait la situation, c’était comme ça depuis des années, ce n’est pas arrivé d’un seul coup. Le BELFA et la FFF nous ont simplement oubliés, c’est ça que je regrette, parce qu’on s’est arraché pour finir 14es (sur 18) en sachant que l’on pourrait être repêché (le 13 juillet 2024, Nancy, 13e et premier relégable, a été repêché). Le BELFA nous répond « Vous n’êtes pas inscrit sur les listes au 17 juillet (date butoir pour l’inscription dans les compétitions), donc c’est comme ça », et « faites une requête en référé » ! J’ai passé mon été à téléphoner à tout le monde, c’est allé jusqu’au ministre des sports, mais j’ai bien compris qu’on n’intéressait personne. Ce qui les intéressait juste, c’était qu’on ne fasse pas grève lors de la première journée de N2.
« Elle est où l’équité ? »
Justement, pourquoi avoir fait grève lors de la journée 1 de N2 ?
Il le fallait afin de pouvoir attaquer la Fédération, qui m’a appelé toute la semaine avant le match contre Marignane pour nous dire qu’il fallait jouer, que l’on s’exposait à des amendes. Bordeaux, en National 2, a eu droit à deux matchs de préparation alors que le championnat commençait, et nous, on nous demande de jouer alors que l’on ne sait pas si on est en National ou en N2. On prend 10 000 euros d’amendes, dont 5 000 avec sursis, on perd 3-0 par forfait avec le point de pénalité en plus… Elle est où l’équité ? Et la Fédé nous répond « Vous le saviez, vous étiez en N2 »… Enfin bon, un peu de respect, au bout d’un moment, ça suffit ! Ça ne sera jamais digéré. Comme l’avait dit ancien sélectionneur des Bleus, Aimé Jacquet, « je ne pardonnerai jamais » (2).
« Ne dégouttez-pas des gens comme nous ! »

Quelles ont été les conséquences de ce non-repêchage ?
Au-delà du sportif, c’est financier. On a dû compenser. Avec la DNCG fédérale, si nos fonds propres sont négatifs, on peut passer à la trappe ou avoir des points de pénalité, tandis qu’avec la DNCG pro, ce sont juste des promesses pour financer l’année à venir, c’est ça aussi le problème.
Et puis il y a cette histoire du 30 juin (date à laquelle les comptes doivent être abondés) alors que l’on peut avoir un partenaire qui arrive au 15 juillet, ça décale tout. Bien sûr, je comprends, il y a des règles, on les respecte, mais à ce titre-là, j’ai dû compenser plusieurs fois financièrement, mais ça, c’est mon problème.
On n’a pas touché nos aides en National 2 de 45 000 euros, c’est le règlement, on a eu 10 000 euros d’amendes et aussi 7 500 euros d’amendes de la DNCG parce que l’on n’a pas pu tenir nos comptes comme il le fallait, et 3 000 euros d’amendes pour les certificats médicaux. Pour la petite histoire, on a donné 70 000 euros à la Ligue et au district, donc à la Fédé, pour nos différentes inscriptions, nos amendes, nos dotations, donc vous voyez un peu le grand écart ! Je l’ai dit à monsieur Diallo : « On est un des plus grands clubs de France en termes de licenciés; le foot, c’est nous que le faisons, alors ne dégouttez pas des gens comme nous, à peu près câblés ! » Je dis ça en toute humilité. On a un rôle social et éducatif. Notre histoire à GOAL FC, elle est belle. Au bureau, il n’y a que des amis, des gens de la région, alors à un moment donné, il ne faut pas nous « castrer » non plus.
« On veut être pris en considération »

Juridiquement, où en êtes-vous avec la Fédération ?
Nous avons déposé une première requête en référé devant le Tribunal administratif de Paris, qui est une requête en urgence (rejetée le 23 août 2024), en revanche, celle sur le fond court toujours. Le but est de récupérer des dommages et intérêts. Je pense qu’il faudra 3 ans pour repartir : 600 000 par an, ça fait 1,8 million et j’ai demandé 3 millions de dommages et intérêts. J’ai envoyé tous les chiffres. On veut être pris en considération. Un peu de justice quoi ! J’espère que l’on parviendra à une conciliation avec la FFF, avec laquelle on garde de bonnes relations, et que le tribunal nous donnera raison. Parce qu’on est là pour le foot. Ce n’est pas notre cheval de bataille, simplement, on a besoin d’argent pour rembourser nos dettes.
Et l’affaire des faux certificats médicaux ?
C’est une erreur administrative de notre part. Tout ça parce que notre secrétaire administrative voulait partir en vacances plus tôt. Donc voilà, c’est comme ça. On l’a payé très cher. On est juste aller récupérer 2 points en mars dernier devant le CNOSF que l’on nous avait enlevés en plus des 7 points de pénalité et du point supplémentaire dû au forfait contre Marignane. Il y a des règlements, il faut les appliquer.
« Je suis un homme d’engagement »

À L’arrivée, la saison en National (2023-2024) a beaucoup « coûté » au club…
Quand on est monté, on a dû s’endetter pour faire les travaux du stade, on a emprunté et en plus on a « tapé » dans nos fond propres. On a pris quelques risques parce qu’on voulait bien figurer. On serait resté un an de plus en National, on aurait réussi à équilibrer le budget. C’est pour cela que, au-delà du sportif, cela a été très difficile de ne pas être repêché l’an passé, surtout que la FFF accorde des grosses aides en National. L’atterrissage a été très compliqué. On s’est endetté donc forcément on n’avait moins de capacité de financement. On est quand même un des plus gros clubs de France : quand on établit notre budget, on fait les choses dans l’ordre : d’abord le budget alloué aux jeunes, ensuite les frais généraux du club et ce qui reste va à l’équipe première mais vous savez comment c’est : ce n’est pas parce qu’on a la plus gros budget que ça marche.
Vous avez laissé entendre que vous étiez proche d’arrêter l’an dernier…
Oui, je voulais arrêter pour marquer le coup. Mais j’aime trop le club. J’aime trop le foot. Si je ne l’ai pas fait, c’est pour tous les salariés du club. Et pour tous les jeunes : je me suis mis à leur place. Vous savez, ma vie, elle est faite, je suis heureux. J’ai la chance d’être bien né. Pour certains, le foot, c’est leur métier. Quand je dis que je voulais arrêter, on serait allé en Régional 1, mais par rapport aussi à tous les joueurs que l’on avait recruté, je ne voulais pas qu’ils se retrouvent sur la paille, parce que je suis un homme d’engagement. Je ne jette pas la pierre aux dirigeants qui partent du jour au lendemain, parce que le foot, c’est très compliqué, mais moi, j’ai cette responsabilité-là. Tout ce qui s’est passé, c’est injuste, c’est plus que démoralisant, mais en fin de compte, on voit des choses plus graves, comme la maladie…
« On se doutait bien qu’on allait repartir en N2 cette saison »

Finalement, cette saison, le club a été repêché de N3 en N2…
On est content d’être en N2, bien sûr, et d’avoir fait le taf pour y rester, dans un championnat qui progresse, qui n’est plus le même qu’il y a 3 ans. On fait de la compétition, donc c’est pour faire du mieux possible. Cette fois, on démarre enfin avec un effectif : cela a été plus facile de travailler sur un scénario N3 ou N2 cette année, puisque ce sont les mêmes contrats, que l’an passé sur du National ou National 2. On a pu anticiper. Des joueurs voulaient venir chez nous même en N3 auquel cas on aurait jouer la montée, ça c’est certain. Et le budget aurait été à peu près le même. On a pu bien travailler sachant que, cette fois, la DNCG a rapidement annoncé la couleur, avec 6 clubs de N2 rétrogradés. Comme on était 2e « repêchable », on se doutait bien que l’on pourrait être en N2. On attaque la saison sereinement, on remet les compteurs à zéro, même si on a encore des dettes et qu’il va falloir remonter nos fonds propres.
Comment allez-vous faire pour remonter vos fonds propres ?
C’est simple, on ne va pas faire comme l’État ! Il faut que l’on dépense moins que ce que l’on rentre. Donc ça ne se fera pas en un jour. On a plus de 400 partenaires, un secteur qui fonctionne bien, parce que le milieu du BTP et de l’immobilier, ça draine du monde (70 à 80 % du partenariat). Entre Villefranche et Lyon, on est quand même sur un territoire important, donc l’idée c’est de se dire, on est sur un budget de 2,2 millions cette saison, mais si on peut rentrer 50 000 euros de plus par-ci, par-là… Voilà, c’est comme ça que cela doit se faire, en 2 ou 3 ans.
« On a un projet de stade à Chasselay sur 4 ou 5 ans »

2,2 millions d’euros, ce sera votre budget en 2025-26 ?
Oui. On aura le même budget qu’en 2023 quand on est monté en National, sauf que les exigences ont augmenté. Mais ça, c’est le budget général du club, avec 1100 licenciés en foot libre. Il faut savoir qu’on loue nos installations à la Ville de Chasselay : chaque début de mois, on a déjà 10 000 euros qui partent. Si on enlevait aussi le tournoi de fin de saison, qui coûte très cher, on serait à 1,8 ou 1,9 million. Notre particularité, c’est d’être sur plusieurs communes : Anse, Tassin, Chasselay et Champagne-au-Mont d’Or. Et on s’entraîne à Parcieux (Ain), ce qui nous coûte 30 000 euros de location par an, mais c’est important d’avoir un terrain en herbe et de bénéficier d’un lieu de vie, parce qu’à ce niveau-là, on ne peut plus bricoler.
Pour en revenir à Chasselay, la commune nous donne 50 000 euros de subvention or l’entretien du stade nous coûte 90 000 euros… donc ça fait 40 000 euros à sortir. On a très peu d’aide des collectivités, mais bon, c’est notre quotidien. Notre club-house nous appartient mais il reste 4 ans à payer et on a mis plus de 200 000 euros pour les travaux du stade: là encore, c’est un autre crédit à rembourser. Alors quand on a additionne tout ça, ça fait beaucoup rien que pour jouer au foot. Mais c’est ça qui rend notre club atypique.
C’est quoi, concrètement, le projet du club ?
C’est de « bosser » sur le projet du stade à Chasselay d’ici 4 ou 5 ans. On va déjà voir le cahier des charges pour la Ligue 3, parce qu’en 2023, on a déjà répondu aux obligations pour jouer au « stade Ludovic Giuly » en National. Le degré d’exigence sera sans doute plus élevé en Ligue 3 parce que l’idée c’est d’y aller un jour. Il n’y a pas d’urgence. S’il faut, on n’y retournera jamais, je ne sais pas. Mais on doit tendre vers ça, se préparer et parfaire nos installations sur le site de Chasselay. Cela reviendrait à 3 à 4 millions d’euros en travaux, financés sous forme d’un partenariat public/privé en faisant participer le club, le Département, la Région, la ville, etc., avec un bail emphytéotique afin de récupérer les droits à construire. Je suis dans le domaine de la construction, donc ce sera plus simple pour moi d’organiser tout ça.
« En N2, on sera loin d’être l’ogre comme en 2022 ! »

Quel rôle peut jouer GOAL FC cette saison en N2 ?
On sera loin d’être l’ogre comme il y a 3 ans ! On jouera essentiellement le maintien ! On essaiera d’être dans la première moitié de tableau. Là, c’est trop tôt pour le dire et puis il faut regarder les budgets. Il y a 3 ans, on affrontait des équipes qui avait soit le même budget que le nôtre (2,5 à l’époque), soit en dessous, donc forcément, c’était plus « simple ». On aura une équipe cohérente, et on essaie de faire une bonne coupe de France.
L’année dernière, on avait 3 points à la trêve, il y a eu l’histoire des faux certificats, moins de monde au stade… Heureusement, la coupe de France nous a permis de rester debout et, petit à petit, les gens sont revenus quand on a recommencé à gagner des matchs, mais ça, c’est pareil en district ou en Ligue 1. Avec la poule de cette année, on va essayer de faire revenir les gens au stade, d’avoir un espace VIP plus sympa, et la machine repartira.
« La Ligue 3, ça serait notre Ligue des champions ! »

Et sur l’échiquier français : quel rôle peut jouer le club ? Quelle est sa place véritable ?
On va dire que le N3, c’est notre Ligue 2; que le N2, c’est notre Ligue 1 et que la Ligue 3, ça serait notre Ligue des Champions ! Pour être un jour en Ligue 3, il faut le préparer sur 4 ou 5 ans, ne serait-ce déjà au niveau des installations. Attendons le cahier des charges, et après, il faudra augmenter le budget et les financements. On va travailler le sujet, en espérant que l’immobilier reparte. L’idée, si on arrive à aller au bout de ce projet de stade, c’est de passer en société. Et d’attirer des investisseurs. J’ai 56 ans, j’ai encore du gaz, j’ai un peu de temps devant moi. L’idée c’est de monter un projet avec des amis en me servant de mon carnet d’adresses. Il y a moyen de faire quelque chose, toute proportions gardées évidemment, à l’image de ce qu’a fait Jean-Michel Aulas à Lyon avec son projet immobilier autour du stade. À Chasselay, il y a moyen de faire quelque chose.
Vous pensez qu’il y aura toujours de la place pour les « petits clubs » dans la future Ligue 3 ?
Même si la L3 tend vers l’hyper-professionnalisation, je pense qu’il y aura toujours 3 ou 4 clubs « différents » de ces grandes villes, de ces grands clubs pros. Et puis il y a la méritocratie aussi ! Il faut respecter les règles du jeu, parce que ça reste du sport. Des clubs ont montré la voie, Concarneau, Villefranche… On l’a vu avec la DNCG : il ne sert à rien d’envoyer un triple budget une année pour exploser derrière. Nous, on est plutôt sur la durée. C’est un long chemin. Je suis un constructeur, un bâtisseur. Pas un démolisseur ! Le groupe Fontanel ne s’est pas fait en un jour. Mes parents sont partis de rien avec la pelle et la pioche. On a toujours fonctionné « marche par marche ». On a aussi subi beaucoup de crises. Là, c’est GOAL FC qui en a subi une, et qui est encore un peu dedans.
« On a remis le fonctionnement du club à plat »

Traverser des crises comme le fait GOAL FC, est-ce que cela peut permettre d’apprendre, de grandir ?
Oui. On a fait une croissance rapide en créant GOAL FC (en 2020). En National, on a vu comment fonctionnaient les clubs pros. On n’était pas forcément sur le même pied d’égalité ni sur la même longueur d’ondes avec mes collègues présidents, je le voyais bien sur le groupe WhatsApp, mais on a appris à collaborer avec la FFF. Il y a beaucoup de travail administratif et juridique. On s’est structuré, petit à petit. J’ai un tempérament de sportif, de compétiteur. On a remis à plat le fonctionnement du club, avec un bureau à six personnes et quelques autres, quatre ou cinq, sur des supports administratifs et sportifs. Ce qui fait que l’on est onze à bien travailler ensemble. Il fallait grandir, maîtriser sa croissance et maintenant on est dans la phase de stabilité. On arrive à un fonctionnement cohérent.

Le parallèle entre l’immobilier, le BTP, et le foot ?
J’ai retrouvé dans l’immo et le BTP les valeurs que j’avais connus dans le sport, beaucoup de solidarité, on gagne, on perd, parce qu’on peut perdre de l’argent sur des chantiers, mais à la fin, il y a quand même une fête. Et quelque chose qui reste, comme un immeuble. On rémunère plus de 100 personnes au club, vous vous rendez-compte, juste avec de l’argent privé, des mécènes ! Il y a une dynamique, de la formation, on a eu des noms aussi qui sont passés chez nous, « Ludo » Giuly bien sûr, Jamal Alioui qui est adjoint de Pierre Sage à Lens, l’ex-défenseur de l’OL, Cris, qui a passé son diplôme chez nous, Fabien Pujo aussi. On fait tout ça parce qu’on a des convictions, on le fait pour nos jeunes. Il y a une vraie image de club « réglo » à GOAL FC. On veut juste faire du sport. Les valeurs du sport, c’est la justice, en principe, et à la fin, c’est le plus fort qui a gagné, on se serre la main, et on passe à autre chose. Le reste…

Vous parliez de Jean-Michel Aulas : c’est votre modèle ?
C’est le plus grand président français de tous les temps. Quand il est arrivé à l’Olympique Lyonnais en 1987, j’étais au club. J’ai vu ses débuts puis son cheminement. Je suis moi-même un acteur économique lyonnais… J’ai suivi l’OL, j’ai des amis joueurs qui sont passés par l’OL, donc forcément, c’est le modèle. Avec Jean-Michel Aulas, on a des amis communs. Je le croise de temps en temps. Chapeau bas pour tout ce qu’il a fait. Et puis il nous a fait beaucoup travailler aussi (rires) ! Je citerais aussi Louis Nicollin, qui est de Saint-Fons, à côté de Lyon. On a une petite histoire avec lui, l’ancien président était ami avec lui; à l’époque, il y avait un petit partenariat avec le club de Montpellier, où c’est plus le modèle humain, La Paillade, tout ça… On ressemble plus à ce qu’a fait La Paillade.
Parlons de la succession des coachs l’an passé : Noël Tosi puis Fabien Pujo, deux erreurs de casting ?
Non, non…

Vous avez lu ce qu’a dit Noël Tosi ici ? Qu’il n’avait pas retrouvé le club familial qu’il avait connu avant et qu’il n’y avait pas « l’équipe dans l’équipe »…
Mon ami Noël, ce n’est plus le même non plus, et heureusement qu’en 10 ans, on change ! Lui et moi, on s’appelle régulièrement, ça le fera marrer ! Oui, avec Noël, je me suis trompé, c’est une erreur de casting, mais pas par rapport à l’homme et à sa vision du foot. C’est juste qu’il y avait un décalage de génération, et dans le vestiaire, on avait quelques cadres trop « forts ». Noël, il faut qu’il arrive dans un projet neuf, et nous ce n’était pas ça. On s’est trompé aussi dans le staff, parce qu’à la base, je prends Noël parce que Pierre-Marie Thimonier devait être son adjoint, mais ce dernier passait le DEF, et pour ça, il lui fallait être numéro 1 dans une équipe, du coup on a dû se réorganiser et il a pris la réserve. Après, attention, Noël, ses résultats étaient cohérents, mais à l’entraînement c’était compliqué avec certains. Et puis l’affaire des certificats médicaux et la grève, ça a créé un environnement qui n’était pas positif.

Et pour Fabien Pujo ?
Quand Fabien est parti de Cannes (en octobre 2024), des joueurs et des membres du staff ont réclamé son retour. Je l’avais laissé libre en fin de saison dernière. Il était gêné vis à vis de Noël, avec qui on s’est séparé bons amis. Il est revenu, mais c’était compliqué… Après, il s’est passé ce qui s’est passé en janvier. Il a posé sa démission, vous lui poserez la question « pourquoi ? comment ? ». Ce sont les méandres du foot. J’ai des bons rapports avec lui et je lui souhaite le meilleur à Villefranche. Avec Fabien, on a construit une histoire ensemble, maintenant, il faut passer à autre chose. Ensuite, c’était logique de mettre Pierre-Marie Thimonier, sachant qu’on pouvait avoir une dérogation en N2. Et puis à ce moment-là, on avait zéro pression. Il a remis du gaz, de la vie avec les joueurs, il a remis les têtes à l’endroit, et je crois qu’à l’arrivée, on fait 4e sur la phase retour derrière Le Puy qui était largement au-dessus, Cannes, qui aurait pu se mêler à la lutte s’ils avaient mieux démarré, et Toulon, les trois meilleures équipes selon moi. Sans notre retard à l’allumage, on se serait situé entre la 4e et la 7e place.
« Raspentino et Dufau, ce sons nos Modric et Kroos à nous ! »

On a vu qu’Enzo Reale avait intégré la direction…
Enzo a stoppé sa carrière, on l’a nommé coordinateur sportif. Il fallait quelqu’un de la direction du club qui soit au coeur du système, pour faire passer des messages. Son rôle va au-delà du sportif. Il aura une vision globale du club. Il a un gros réseau.
On voulait « remonter » une équipe aussi avec des joueurs du coin, pour avoir des familles au stades, des amis. On veut assumer une vraie identité. « Nico » Puydebois (entraîneur des gardiens) est reparti avec nous aussi, cela fait 6 ans qu’il est là, c’est un membre du staff important. Enzo et Nico connaissent les valeurs du club, que l’on veut mettre au centre du projet, afin de créer un vrai collectif. Enfin, Florian Raspentino redevient joueur : la saison passée, il était blessé et avait donné un coup de main pour faire des entraînements spécifiques « attaquants », c’est un gars de vestiaire très important, tout comme Loïc Dufau, qui est encore là lui aussi comme joueur. Raspentino et Dufau, toutes proportions gardées, ce sont nos Modric et nos Kroos à nous ! Ce sont les tauliers.
« Avec Limonest, dans l’absolu, ça serait bien que l’on se rapproche… »

Revenons à Limonest : il y a 2 ans, après la montée en National, vous aviez l’air de regretter que le voisin ne fasse pas partie du projet GOAL FC…
Ce n’est pas qu’ils n’ont pas voulu faire partie du projet… Le maire de Limonest, Max Vincent, en est à son 8e mandat, et s’il passe en 2026, ça fera 9. C’est un personnage, c’était mon maire, il adore le foot. Ils ont réussi à amener le club en N2. En 2006, avec notre ancien président Gérard Leroy, on commençait déjà à en parler mais ça ne s’est pas fait et je ne sais pas si ça se fera un jour. Mais dans l’absolu, il me semble que ce serait bien qu’un jour on arrive à se rapprocher. Le problème, ce seront les installations. Maintenant, si on arrive à faire notre projet de stade avec le bail emphytéotique, alors on pourra rester « seul », sinon, peut-être qu’il faudra agglomérer un autre club.
La différence, c’est qu’à Limonest, il n’y a pas de place au stade pour construire, contrairement à Chasselay…
Exactement. Chez nous, on peut faire un vrai centre d’entraînement, construire une salle de muscu, un centre médical, un petit centre d’hébergement, mettre deux tribunes avec rapidement 2000 places couvertes… Je lance l’idée comme ça, mais vous savez, je suis très copain avec les dirigeants de Limonest, on se connaît tous, il y a Sidney Govou (conseiller sportif), il y a Nicolas Barbosa, qui est dans l’immobilier ! On part du stade de Chasselay, on passe par les petits chemins, et on arrive à Limonest ! Peut-être qu’un jour ça se fera.
Ce qui est sûr, c’est que si on fusionne avec Limonest, ce ne sera pas une absorption, mais une création. Jusqu’à présent, GOAL FC, c’était une fusion/absorption parce que c’était des petits clubs, mais à partir du moment où on discute avec des clubs de N3, N2 ou National, ce n’est pas la même chose.

Avez-vous déjà été approché par des investisseurs pour la reprise du club ?
Pas pour le moment, et puis on n’est pas « bankable ». Vous avez vu nos installations ? Quand on arrive chez nous… Bon ben voilà ! Le projet du club passe par le projet du stade dans les 5 ans, sinon, on ne pourra pas aller plus haut que le niveau actuel. Il nous faut des installations pour les enfants pour les 30 années à venir.
Vous diriez que vous êtes un président plutôt comment ?
Passionné par le sport en général, le foot en particulier. Un président fier de sa terre, de son pays, de sa région, très ancré territorialement.
Après toutes les péripéties vécues en 2 ans, quelle est la moralité de tout ça ?
C’est le propre du sportif, savoir rebondir ! Quand vous gagnez un match, il faut penser au suivant. Là, pour nous, c’est de continuer le projet. Et de rester positif. Parce que le foot, c’est la vie !
(1) Jocelyn Fontanel a été formé à l’OL de 1981 à 1989 (centre de formation, D3 et quelques préparations et matchs amicaux avec les pros de Raymond Domenech avant de signer à l’AS Nancy-Lorraine (1989 à 1992) où il a disputé quelques matchs avec l’équipe championne de France de D2, sous la direction d’un certain Aimé Jacquet. Deux coachs côtoyés… deux ex-sélectionneurs des Bleus ! Et même un troisième avec Roger Lemerre, entraîneur de l’équipe de France militaire (et plus tard des Bleus !) lorsqu’il était pensionnaire au bataillon de Joinville, avec notamment Zidane, Gravelaine, Ouedec, Ngotty, Cyprien, Warmuz, Dutruel, Viaud, Dangbeto, etc. ! « Et j’ai même eu la chance de rencontrer Henri Michel au trophée Kodak en 1985, il y avait aussi Michel Hidalgo ! »
(2) Le 12 juillet 1998, dans la foulée de la finale du mondial sacrant les Bleus face au Brésil (3-0), Aimé Jacquet, que Jocelyn Fontanel a côtoyé à Nancy, déclare, vengeur, à la télévision, « Je ne pardonnerai jamais », lance-t-il à l’attention de la presse, et surtout du journal l’Equipe, qu’il accuse de procès d’intention, en référence à ses choix de sélectionneur durant les deux années de préparation à la compétition.
- Texte : Anthony Boyer / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
- Photos : Justine Lorchel / GOAL FC et 13HF
- Suivez-nous sur nos réseaux sociaux (Facebook, X et Instagram) : @13heuresfoot
- Visitez le site web 13heuresfoot
- Un commentaire, une suggestion, contactez-nous (mail) : contact@13heuresfoot.fr