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National / Florian Raspentino (GOAL FC) : « Je n’oublie pas d’où je viens »

L’attaquant provençal (34 ans), qui s’était fait remarquer à Agde en CFA avant de signer à Nantes, revient sur son début de saison compliqué avec GOAL FC et sur les résultats en dent de scie de son club, encore en course pour le maintien en National. Proche d’un départ en janvier, il s’est accroché, a empilé les buts, au point d’être redevenu incontournable.

Entretien réalisé avant la victoire à Versailles.

Texte : Anthony Boyer – photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales) / photo de couverture : Siane Gonnachon.

Photo Philippe Le Brech

Vous en connaissez beaucoup, vous, des joueurs pros qui restent une heure dans leur voiture à répondre aux questions d’un journaliste ? Surtout que, quand il était à l’OM, Nantes, Bastia, Brest ou Caen, pour ne citer que ces clubs-là, Florian Raspentino devait être soumis aux « règles » en vigueur dans ce milieu où la paranoïa est de mise, où la communication est souvent verrouillée.

Mais le natif de Marignane est ce joueur spontané et naturel, qui parle sans filtre, passé de Nantes et Marseille à Borgo et GOAL FC. Depuis près de deux ans maintenant, Florian est redevenu un joueur « lambda » (ceci dit sans péjoration !) dans le club des monts d’or, entre Lyon et Villefranche. Un club qui détonne vraiment en National où trouver des Carquefou, Luzenac, Pacy, Le Poiré, Plabennec ou Luçon devient de plus en plus rare tant la professionnalisation est passée par là. Tant les budgets ont gonflé. Tant le cahier des charges se rapproche de celui de la Ligue 2.

« Quand je suis arrivé devant le stade Giuly… »

Photo Siane Gonnachon

Et ce qu’il y a de bien avec GOAL FC, justement, c’est que le club a gardé son âme et son esprit amateur, même si, forcément, sur le long terme, cela peut freiner sa progression et nuire à ses ambitions, on le voit bien cette saison où le « gap » avec le National 2 est énorme. GOAL FC, c’est donc ce club où un de ses joueurs majeurs peut accorder une interview en visio au volant de sa voiture ! Et pendant près d’une heure ! Bien sûr, c’est un détail, mais tellement révélateur d’un état d’esprit.

Jeudi 2 mai. Fin de matinée. Dans un peu plus de 24 heures, Florian Raspentino et ses coéquipiers vont recevoir Nîmes au stade Giuly, pour un match ô combien important en vue du maintien (entretien réalisé jeudi 2 mai). « Je dois aller manger avec un collègue, mais en attendant, je me suis garé là, pour vous répondre, je suis bien, pas de souci ! »

Photo Philippe Le Brech

Sur l’écran, on voit Florian au volant de sa voiture, ceinture de sécurité bien attachée. On l’imagine aussi dans cette même voiture, au premier jour de sa venue au stade Giuly, à Chasselay, pour rencontrer ses nouveaux dirigeants, à l’été 2022… Le choc ! « Oh là là, je m’en souviens, ouep, ouep… Je quitte Bastia en bateau, j’arrive à Marseille, je prends la voiture jusqu’à Lyon puis Chasselay et j’arrive devant le stade. Et là, je me dis « Non, ce n’est pas possible ! » Attention ! Je n’oublie pas d’où je viens, mais quand, pendant 11 ans, t’as joué dans des stades de Ligue 1, de Ligue 2 et même de National, et que tu arrives là… Franchement, ça m’a freiné. J’avais envie de faire demi-tour. Bon, j’abuse un peu (rires), mais c’est vrai qu’au début, ça m’a fait bizarre. »

Quand on vous parlait des charmes du monde amateur ! Sûr que les bus de Sochaux, Nancy ou Dijon ont dû trouver l’entrée du stade pour le moins étroite, et le lieu champêtre !

« Je ne connaissais pas GOAL FC »

Photo Philippe Le Brech

Finalement, cette campagne, ces champs, ces petits stades, ces conditions spartiates, loin du confort qu’il a connu dans les centres d’entraînement pros, Florian s’y est fait. Du moins, il s’y est refait, car il le répète souvent, il n’oublie pas d’où il vient : il n’a jamais fréquenté les centres de formation et a connu le milieu amateur, en CFA (national 2), à Marignane et Agde, avant d’effectuer le grand saut à Nantes, en Ligue 2, en 2011 (30 matchs, 7 buts). Mettre les mains dans le cambouis, il sait faire. Travailler aussi : en parallèle du foot, à Marignane, il bossait un peu en intérim. Finalement, « Raspench », comme on l’appelle chez lui, est resté le même.

Sa signature en National 2, en 2022, après la découverte du National à Borgo (2021-22), a quelque peu surpris. Mais l’attaquant ne croulait pas sous les propositions, et même s’il espérait – légitimement – un peu mieux (rester en National par exemple), eu égard à son CV, il a dit « oui » au projet de GOAL FC, quand bien même il a failli faire demi-tour avec sa voiture !

« Tout est parti d’Enzo Reale » rembobine-t-il; « Je le connaissais un peu, on avait joué l’un contre l’autre quand on était en CFA, lui à l’OL et moi à Marignane, et on était resté en contact, mais sans plus. On discutait sur les réseaux. Il a su que j’étais sans club après Borgo, que j’étais dans l’attente. Je lui ai demandé, comme ça, au détour d’une conversation, si son club, GOAL FC, cherchait un joueur dans le secteur offensif. Enzo m’a dit qu’il allait en parler à l’ancien directeur sportif. Et de fil en aiguille, les premières discussions ont commencé. Je ne connaissais pas GOAL FC, mais j’avais suivi leur saison précédente, quand le club était en N2, dans la poule de Marignane et de Martigues. »

13 but pour sa première saison

Photo Philippe Le Brech

Finalement, les discussions aboutissent. Et voilà comment Florian, passé par l’OM, Nantes, Brest, Caen, Bastia, Grenoble, Valenciennes, signe à GOAL et retrouve, 11 ans après, les terrains amateurs de N2. « Quand tu as eu la chance de connaître la Ligue 1, la Ligue 2, le National aussi, c’est sur que de redescendre encore d’un niveau, parce que j’ai galéré pour aller en haut, ce n’était pas évident, surtout que j’étais bien physiquement, à 33 ans (il va fêter ses 35 ans le 6 juin prochain). Quand tu redescends, comme ça, tu tu te demandes comment tu vas faire pour remonter, tu penses que c’est fini. Et après, quand tu as la proposition sous les yeux, tu te poses, tu étudies tout ça; moi, à ce moment-là, je n’avais pas grand-chose. Il fallait attendre mais pas trop non plus et puis il y a eu cette discussion incroyable au téléphone avec Fabien Pujo, le coach; il m’a vraiment convaincu. J’ai senti qu’il y avait vraiment un intérêt de sa part et de celle du club. Du coup, ça a fait pencher la balance. Et je ne le regrette pas, ça a marché ! »

Il le regrette d’autant moins que, dès sa première saison, Florian participe à l’accession en National, décrochée à a dernière journée face au Stade Bordelais, juste après un succès 3-1 chez le leader, Les Herbiers, à une journée de la fin !
Un an après avoir quitté Borgo et l’antichambre de la Ligue 2, le voilà donc de retour ! « On fait une super-saison l’an passé en N2, je mets 13 buts, je suis décisif, on monte, c’est incroyable pour le club et pour moi ».

« J’ai été mis un peu à la cave »

Photo Philippe Le Brech

La suite est plus compliquée. La saison actuelle de GOAL FC en National est un peu à l’image de celle de Florian, faite de hauts et de bas. « En ouverture, on va à Orléans, on fait un gros match, mais on perd sur une boulette défensive. Et puis le coach change tout et là, on commence à gagner. Quand l’équipe devient performante, je ne suis pas dans ce wagon-là. Donc voilà, je fais des rentrées par-ci par là, je rejoue un ou deux matchs, et puis, il y a ce tournant, avec l’histoire du penalty à Avranches (J8, le 29 septembre) : on mène 1 à 0, je rentre en jeu, j’ai ce peno pour le 2 à 0, et je le rate… Je tente une panenka mais elle est arrêtée par Anthony Beuve, et à l’arrivée, on fait 1-1 et en plus, c’est Beuve, leur gardien, qui égalise de la tête à la fin… Et derrière, c’est devenu compliqué pour moi. Je sais qu’on m’en a voulu. J’ai été mis un peu à la cave. Je n’ai plus trop joué, je suis allé en réserve en R1. J’ai joué le jeu. Je pense que j’ai eu le bon état d’esprit. En janvier, il a même été question de mon départ. J’ai eu quelques appels de clubs de National 2, mais franchement, ça ne m’intéressait pas. Là, j’ai dit au coach et à ma direction que j’allais rester au club, que j’allais me battre, que le foot ça allait vite. Je suis revenu dans le groupe en février, et comme par hasard, contre Avranches, au match retour, début mars, le coach me met titulaire et je mets un doublé… Comme quoi… Et depuis, j’enchaîne les buts à domicile. »

L’épisode Marignane

Au Red Star, avec GOAL FC. Photo Philippe Le Brech

Et puis, il y a eu aussi l’épisode de Marignane, au match (J14, 1-1, le 24 novembre). Florent se fait une joie de revenir dans sa ville, de rejouer au stade Saint-Exupéry, devant ses amis et sa famille : « A Vitrolles, juste à côté de Marignane, j’ai toute ma famille, mon épouse a la sienne à Marignane, à chaque fois que je descends, je revois tout le monde ! »

Les coups de fil pleuvent. c’est la course aux places. Il lui en faut une vingtaine. Son neveu, licencié au MGCB, est même prévu pour lui donner la main à l’entrée des joueurs sur la pelouse ! Et puis… « Je ne suis pas dans le groupe. J’avais prévu de rester là-bas le week-end; ça m’a fait mal. Mais je suis quand même allé au match, aux vestiaires, j’ai joué mon rôle de coéquipier, j’ai fait la part des choses, mes coéquipiers n’y étaient pour rien. Mais cet épisode aussi a été compliqué. Il y avait un match avec la réserve le dimanche mais finalement, grâce au club, j’ai pu rester dans le Sud le week-end. C’est le foot. C’est comme ça. Attaquant, ça va vite, peut-être même encore plus vite que pour n’importe quel autre poste. C’est une question de confiance, dans mes gestes, dans mes passes, je le sens, et même mes collègues autour de moi le ressentent, et ont aussi retrouvé de la confiance ».

Depuis mars, il enfile les buts

Photo just.une.comm

Il n’y a aucune amertume dans les propos de l’attaquant, qui dresse juste un constat, analyse une situation qui, à un moment donné, lui était défavorable. Son retour en forme, son retour en grâce même, a contribué au maintien en vie de son équipe qui, à deux journées de la fin, lutte toujours pour son maintien. Car depuis quelques semaines, « Raspench » enfile les buts, notamment à la maison. Au total, il en a inscrits 9 en 13 titularisations. Un excellent ratio.

S’il sera difficile d’aller chercher la 12e place (5 points de retard), en revanche, la 13e, convoitée par tous les relégables car susceptible de permettre un repêchage, est dans la ligne de mire (un point de retard). Mais pour cela, il faudra sans doute faire le plein de points. D’autant que la concurrence est rude avec Villefranche, Marignane, Epinal et Avranches, qui se tiennent en 2 points, et qui ont tous en tête le même objectif.

« Décrocher le maintien, ce serait incroyable »

Sous le maillot de Borgo. Photo Philippe Le Brech

« La saison est éprouvante, analyse Florian; à chaque fois, on est « borderline », il manque ce succès à l’extérieur qui permettrait d’être au-dessus de la ligne de flottaison. Il ne manque pas grand chose. Mais en déplacement, on a eu du mal ces derniers temps, heureusement qu’on a eu des résultats à domicile, sinon on serait déjà mort. Expliquer comment on en est arrivé là, c’est difficile : ce n’est pas une excuse, mais cette saison, on a beaucoup de blessés, des joueurs majeurs, comme Loic (Dufau), Enzo (Reale), Malick (Assef). Et on a perdu des points bêtement, comme contre Cholet le mois dernier chez nous, on mène 1-0, 2-1, et on perd 4-3, sans compter tous les autres points perdus à droite et à gauche, là où on aurait dû prendre même un point, par-ci, par-là. Pourtant, à l’extérieur, on a une deuxième mi-temps référence à Nancy : on perdait 2 à 0 à la pause, le coach fait quatre changements et on revient à 2-2, on peut même gagner à la fin, mais à Dijon, la semaine dernière (3-0, le 26 avril), on est complètement passé à côté… Ce n’est pas évident. A Sochaux, on mène 2 à 0, on a le penalty pour le 3 à 0, je le laisse… On le rate… On m’en a voulu pour ça aussi… On aurait peut-être 2 points de plus là encore… Maintenant, j’espère encore décrocher le maintien, ça serait incroyable ! »

Florian Raspentino, du tac au tac

Sous le maillot de Bastia. Photo Philippe Le Brech

Tes débuts au foot ?
J’ai commencé en poussins au FC Repos Vitrolles, un petit club de Vitrolles, où j’ai grandi, puis j’ai passé 2 ans à Septèmes-les-Vallons, à Marseille, là où Zizou (Zidane) a joué, et ensuite à Gignac, en benjamins, moins de 13 ans, moins de 15 ans et moins de 18 ans… Et pour ma première saison en seniors, je suis allé à Marignane où j’ai effectué mes débuts en CFA avec Christian Dalger, qui est malheureusement décédé, puis avec Léon Galli. J’ai aussi passé un an à l’ES Vitrolles, en moins de 15 ans. Et après Marignane, j’ai joué à Agde en CFA (15 buts en 33 matchs).

Pourquoi as-tu choisi d’être footballeur et pourquoi attaquant ?
Depuis tout petit, je n’ai toujours fait que ça, jouer au foot, même si j’avais commencé par faire du judo comme beaucoup d’enfants. Apparemment, je n’étais pas trop turbulent d’après ma mère, moins en tout cas que mon fils, qui a 6 ans, et qui lui fait du judo par exemple. Après, le foot, c’était un rêve d’en faire un métier, mais je savais qu’il y avait un monde entre rêver et réaliser son rêve. J’ai persisté. Je me souviens, quand j’arrivais à 16, 17 ou 18 ans, ma mère me demandait, « Mais tu vas faire quoi ? », parce qu’à cet âge-là, je n’ai fréquenté aucun centre de formation. Mais je n’avais que le foot en tête. Et si je joue attaquant, c’est parce que j’ai toujours aimé être décisif, marquer des buts, même si je jouais plutôt sur le côté quand j’étais jeune, à droite ou à gauche, mais toujours dans un rôle offensif. En 15 ans, je me souviens que mon entraîneur m’avait testé en milieu de terrain, numéro 6, numéro 8, mais non…

Sous le maillot de Bastia, après la montée en L2. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
J’en ai plusieurs… Ma signature à l’OM.

Pire souvenir sportif ?
Je n’ai pas eu de grosses blessures mais, quand j’étais à Bastia, lors de mon premier passage, j’ai eu un accident de voiture. C’est arrivé à un moment où je jouais, avec Ghislain Printant comme entraîneur, et ça m’a coupé dans mon élan, et d’ailleurs, cet accident a eu des répercussions ensuite parce qu’il a engendré d’autres blessures. J’ai eu des séquelles. Je me suis ensuite blessé au droit fémoral (muscle de la cuisse). Et après ça, ma saison s’est mal terminée, et la saison d’après, je n’ai plus joué.

Combien de buts marqués depuis que tu joues en seniors ?
Franchement, je ne sais pas, je ne saurais pas dire le chiffre exact. Je sais juste à peu près combien j’en ai marqué, club par club, depuis mes débuts en CFA à Marignane et Agde. Mais non, je ne les compte pas.

Plus beau but ?
J’en ai deux en tête, le premier avec Nantes en championnat contre Guingamp à domicile, je suis côté gauche, je rentre sur mon pied droit et je place une frappe qui va en lucarne ! Et avec Brest, en Ligue 1, à Montpellier, corner pour Montpellier, on dégage de la tête et je traverse tout le terrain avec le ballon, je frappe, et je marque !

Vidéo : quelques-uns des plus beaux buts de Florian sous le maillot de Nantes :

Ton plus beau loupé ?
(Embêté) Sur penalty, quand j’ai tenté une panenka contre Avranches, cette saison, le gardien (Anthony Beuve) était resté au milieu, donc pour moi, c’est mon pire loupé… En plus de cela, on menait 1 à 0 et Avranches a égalisé à la fin sur un but de Beuve… Double sanction. Et c’est ce qui m’a coûté un peu mon début de saison que j’ai eu avec GOAL FC…

Sous le maillot de Bastia. Photo Philippe Le Brech

Ton but le plus important ?
Dans le derby, avec Bastia, contre Ajaccio, qui est quasiment en Ligue 2, on est mené 1 à 0, j’égalise puis on gagne, et Ajaccio descend mathématiquement en Ligue 2…

Combien de cartons rouges ?
Je n’en ai pris qu’un seul, avec Valenciennes, à Clermont, d’ailleurs, ça m’a fait bizarre, c’était sur un retour défensif, je presse le joueur, je fais un tacle, le joueur crie, je prends rouge direct, le joueur n’avait pas grand-chose, il continue de jouer, et quand j’ai regagné les vestiaires, la sention fut incroyable, tu es tout seul, et tes coéquipiers sont encore en train de jouer… Mais on a gagné ce match quand même.

Une anecdote ?
Oui, alors, quand j’ai pris ce carton rouge avec Valenciennes, je suis monté à Paris avec quelqu’un du club pour passer devant la commission de discipline. Je ne connaissais pas tout ça, moi. C’était la première fois. Je rentre dans une salle, il y a un grand écran, il y a plein de personnes, on dirait des juges, et ils te montrent l’action sur laquelle je me suis fait expulser, ils me demandent « pourquoi tu as fait ci, pourquoi tu as fait ça? », et moi, je suis là, j’explique l’action, « Voilà, je fais un retour défensif, le coach me l’avait demandé, il n’y avait aucune intention de faire mal… » et là, un membre de la commission me dit : « C’est vrai que c’est étonnant Monsieur Raspentino, parce que c’est votre premier carton rouge de votre carrière, alors que vous avez quand même joué à Bastia, en Corse… » J’avais pris 1 + 1, donc le match automatique et il ne fallait pas que je reprenne de carton jaune trop vite, et le plus incroyable, c’est que je suis suspendu donc à Nancy, et le match d’après, je reviens, on joue contre Brest, mon ancien club, je marque, je célèbre, et je mets juste le maillot sur la tête, mais je n’enlève pas le maillot, et je ne savais pas qu’on n’avait pas non plus le droit de faire ça ! Et je prends jaune (rires) ! Et je suis suspendu à nouveau le match d’après ! C’est incroyable.

Sous le maillot de Bastia. Photo Philippe Le Brech

Ton geste technique préféré ?
Je suis plus focalisé sur la technique pure, les bons contrôles, les bonnes passes. Mon geste, c’est une situation de but, une frappe enroulée par exemple, pour marquer.

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Mes qualités, mon sens du but, mon déplacement, ma technique pure, contrôle, passe. Et à l’époque, c’était ma vitesse, mais avec l’âge, j’ai perdu ça bien sûr. Les défauts, mon pied gauche, mais parfois, je dis, « Il vaut mieux avoir un bon pied que deux pieds moyens ». Plus jeune, je n’étais pas top de la tête mais j’ai beaucoup progressé dans ce domaine-là. Et peut-être un peu dans les duels.

Et dans la vie de tous les jours ?
Je suis quelqu’un de tranquille, peut-être trop tranquille parfois. J’ai ma petit routine à la maison. Je suis posé. C’est plutôt mon épouse qui est « après » les enfants, pas moi, donc les enfants en profitent un peu avec moi (rires). Je suis simple, généreux. Mais c’est dur de parler de soi ! Je suis Gémeaux, alors mon épouse me dit que, parfois je suis bien, ça va, un coup je ne suis pas bien, ça ne va pas. Je suis un peu râleur.

Sous le maillot de Bastia. Photo Philippe Le Brech

La saison où tu as pris le plus de plaisir sur le terrain ?
Il n’y en a pas qu’une ! J’ai beaucoup bougé ! J’ai dû faire au moins 10 ou 11 clubs différents (15 clubs différents en seniors, dont trois fois Bastia, Ndlr). Ma première saison en pro, à Nantes, en Ligue 2, je n’étais pas programmé pour jouer, et ça s’est passé autrement pour moi, et j’ai tout fait pour y arriver, j’ai fait 30 matchs cette saison-là, ce fut vraiment incroyable. Cette saison m’a permis de commencer à me faire connaître, entre guillemets, et de pouvoir signer à l’OM. Ensuite, il y a ma première saison à Bastia, en Ligue 1, j’étais prêté par l’OM, avec Hantz comme entraîneur. Il y avait Squillaci, Modesto, Landreau, une saison incroyable ! Et aussi ma saison à Valenciennes en Ligue 2, je mets 11 buts, on s’était maintenu alors que l’on était pas très bien classé. Je n’oublie pas non plus la saison dernière avec GOAL en N2 avec la montée en National au bout.

Le club où tu n’aurais pas dû signer ?
Je sais qu’on m’a souvent parlé de l’OM, on m’a souvent demandé si je regrettais mon passage là-bas, mais pas du tout. Mon regret, c’est quand je quitte l’OM, je signe à Caen en Ligue 1, je fais les premiers premiers mois puis je joue moins, je m’accroche un peu avec l’entraîneur (Patrice Garande), et en janvier, je pars en prêt à Dijon en Ligue 2, grâce à Sébastien Perez, le directeur sportif, qui m’avait déjà fait venir à Nantes. Dijon jouait la montée, mais on ne monte pas, et Caen, qui était relégable quand je suis parti en prêt, se maintient. Et je suis revenu à Caen, de retour de prêt, où les dirigeants n’avaient pas trop apprécié que je parte… Donc là… J’aurais pu rester à Caen, qui est un super club.

Avec Borgo, en 2021-22, en National. Photo Philippe Le Brech

Le club où tu as failli signer ?
Quand j’étais à Nantes, en 2011-2012, j’avais eu des contacts avec Eric Roy, qui était à l’époque à Nice : il était venu me rencontrer à Nantes, je me souviens qu’il m’avait présenté les plans du nouveau stade. Bien sûr, j’étais tout content. Mais l’OM s’est présenté…

Le club où tu aurais rêvé de jouer, dans tes rêves les plus fous ?
Evidemment, depuis tout petit, je suis supporter de l’OM depuis tout petit, à l’image de Lolo (Dufau, son coéquipier à GOAL), j’ai été abonné, donc le Vélodrome, on a envie d’y jouer, et j’ai réalisé ce rêve. Mais dans mes rêves les plus fous, c’est le Real Madrid ! Mais bon, là… C’est juste un rêve !

Avec Bastia. Photo Philippe Le Brech

Un stade et un club mythique ?
Je sais, on va dire que j’abuse, mais pour moi, c’est Marseille, c’est le Vélodrome.

Un public qui t’a marqué ?
Bastia, c’est un public incroyable. Il y a une ferveur de fou. Saint-Etienne, où j’ai joué avec Caen, Bastia, ou ça résonne, et aussi Lens. On le voit encore aujourd’hui. Il y a Fenerbahçe, à l’étranger, où j’étais allé avec l’OM, c’était impressionnant.

Un coéquipier qui t’a impressionné ?
Gignac. Sa façon de jouer, de marquer, son adresse devant le but. Valbuena aussi. Les deux étaient incroyables à l’OM, quand je suis arrivé. J’ai aussi connu N’Golo Kanté à Caen : il n’était pas encore le N’Golo Kanté de Chelsea, mais on voyait ses qualités.

Avec Bastia, pour la montée en Ligue 2. Photo Philippe Le Brech

Le coéquipier avec lequel tu avais ou tu as le meilleur feeling sur le terrain ?
A Bastia, avec Ryan Boudebouz et Wahbi Khazri, ils pouvaient me servir à tout moment, c’était des passeurs incroyables, et à Valenciennes, en Ligue 2, Tony Mauricio, un super joueur, avec un super pied gauche, il a malheureusement arrêté sa carrière il n’y a pas longtemps, c’est dommage. Il régalait.

L’équipe qui t’a le plus impressionné ?
(Rires) Alors ça me « ch » de le dire… Parce que c’est le PSG, en plus, c’était l’époque d’Ibra… J’étais sur le banc avec l’OM, avec Brest j’ai joué, c’était le dernier match de Beckham au Parc, on sentait qu’on ne pouvait rien faire, on ne faisait que défendre… On prenait la foudre. Il y avait des sacrés joueurs.

Ton match référence ?
A Nantes, contre Monaco, je mets un doublé, et aussi avec Valenciennes, contre le Red Star, je fais doublé et je mets une passe décisive.

Sous le maillot de Borgo. Photo Philippe Le Brech

Ton pire match ?
Y’en a, y’en a ! Pfffou… Lequel ? Je ne saurais pas dire.

Un coéquipier perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
La plupart des coéquipiers avec lesquels j’ai joué, je sais où ils sont, et pour certains, j’ai des nouvelles d’eux, mais il n’y en a pas un en particulier.

Un coach perdu de vue que tu aimerais bien revoir ?
Landry Chauvin, qui m’a lancé en pro à Nantes. Je l’avais revu après Nantes, mais ça fait un petit moment déjà.

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir ?
(Rires) Je m’entends généralement bien avec tout le monde, même si certains m’ont fait moins jouer que d’autres… C’est vrai qu’avec Garande, à Caen, ça avait bien commencé puis ça a mal fini, mais si je le rencontre demain, j’irai le saluer, c’est juste que cela ne s’est pas très bien passé cette saison-là, c’est tout.

Sous le maillot de Borgo. Photo Philippe Le Brech

Un président ou un dirigeant marquant ?
Waldemar Kita. Par rapport à son charisme, au personnage.

Un président qui ne t’a pas marqué ?
Le président de Valenciennes, Eddy Zdziech, il n’y est plus. Il était très sympa, mais il ne m’a pas marqué plus que ça.

Une causerie de coach marquante ?
J’ai eu des coachs qui étaient vraiment pas mal en causerie, comme Frédéric Hantz. Fabien Pujo aussi, il est incroyable en causerie.

Même quand il laisse la causerie à ses joueurs ?
(Rires) Franchement, une causerie de Fabien Pujo qui m’a marqué, c’est l’an passé, avant le match des Herbiers, décisif pour la montée en National, c’était incroyable, il a donné un rôle à chaque joueur, je n’avais jamais vu ça. Cette causerie, elle est devant les autres.

Photo Sport Action 69

Que t’a-t-il manqué pour être un top joueur de Ligue 1 ?
Beaucoup de choses, de la régularité, d’être bon à tous les matchs, d’être décisif.

Le joueur le plus connu de ton répertoire, c’est qui ?
Gignac je pense.

Des rituels, des tocs, des manies ?
(Rires). Oui ! En plus, nous, les attaquants, quand ça marche bien, on essaie de refaire les mêmes choses, de se raccrocher aux même trucs… Je mets toujours le même caleçon pour les matchs. En ce moment, on a un petit rituel avec Loïc (Dufau), ça fonctionne malheureusement pour lui depuis qu’il est blessé, je vais le chercher le jour du match, on va au stade ensemble… Et aussi, je ne sors jamais sur la pelouse avant le match. Je sais que les joueurs sortent beaucoup, font la reconnaissance, etc., mais pas moi. Au début, je sortais un peu, mais maintenant, je préfère aller directement au vestiaire et y rester, j’ai mes petits rituels, je me prépare, je m’échauffe, je vois le kiné. Parfois, j’ai des collègues qui m’envoient un message et qui me disent « Où tu es ? Tu ne sors pas ? », comme récemment à Dijon, ou contre Marignane à domicile, dans ce cas, je leur réponds, « Non, non, on se voit après le match. »

Un surnom ?
J’en ai plusieurs ! On m’appelle « Raspench » (prononcez « Raspentche »), à Vitrolles, c’est d’ailleurs mon nom sur mon profil Instagram, et y’a eu « Patatino » quand Lous Nicollin m’a appelé comme ça.

Tu es un attaquant plutôt ?
Malin.

Un attaquant de légende ?
Quand j’étais plus jeune, c’était El Nino, Ferdando Torres, quand il était à Liverpool.

Ton idole de jeunesse ?
Zizou, même si ce n’était pas le même poste que le mien. Ronaldo aussi, le « vrai » (le Brésilien).

Ta plus grande fierté ?
Au foot, c’est d’avoir réussi à signer pro, surtout par rapport à mon parcours. Et bien sûr mon épouse Amélia et mes enfants, Mila (10 ans) et Eden (6 ans). Je suis avec mon épouse depuis 18 ans, C’était bien avant que je ne sois pro. Elle m’a toujours suivi, dans tous les clubs où je suis allé. Cela n’a pas été facile pour elle.

Photo maxifooto

Une appli mobile ?
Snapchat et WhatsApp. WhatsApp peut-être, on y est tout le temps avec le groupe de GOAL.

Une ville, un pays ?
La France. Marseille. Désolé, je reste bloqué là-dessus (rires) !

Meilleur souvenir de vacances ?
Mon premier voyage que j’ai fait, à Miami, avec mon épouse. C’était en 2012, après ma première saison en pro à Nantes. Mon coéquipier Vincent Bessat était avec nous. On n’était pas encore parents.

Une couleur ?
Le bleu. J’aime bien le rouge aussi.

Un chiffre ?
6. Je suis né le 6 juin.

Un don de la nature que tu aimerais bien avoir ?
Etre immortel.

Un animal ?
On a un petit chien, depuis 14 ans, et puis, je n’aimais pas les chats, j’étais un peu craintif, et mon épouse a ramené un bébé chat à la maison, et c’est incroyable, je kiffe le chat !

Sous le maillot de Bastia. Photo Philippe Le Brech

Un plat ? Une boisson ?
J’aime bien les lasagnes. De l’eau aussi, même si, de temps en temps, un petit Coca, ça ne fait pas de mal !

Un dessert ?
Le tiramisu, celui de Lolo (Dufau)… quand il le réussit ! Son tiramisu est très très bon !

Loisirs ?
Quand j’étais plus jeune, dès que je ne jouais pas au foot, je jouais au tennis, et maintenant, c’est le padel. Je suis à fond ! J’ai une licence, je fais des tournois. Pendant la saison, on joue moins, surtout quand arrive la fin de saison comme ça, où je veux garder de l’énergie.

Un film culte ?
Les collègues. J’ai dû le voir une quinzaine de fois !

Musique ?
J’écoute un peu de tout, notamment du rap.

Le milieu du foot, en trois mots ?
Passion, Plaisir et … vice … Parfois, il faut être un peu malin, vicieux, surtout en pro, parce qu’en amateur, c’est différent, c’est plus familial.

Si tu n’avais pas été footballeur ?
Je ne sais pas… C’est pour ça, quand je vous disais que ma mère me disait toujours, « mais tu vas faire quoi ? »… Je travaillais un peu en intérim quand j’étais à Marignane en CFA (N2), pour gagner deux-trois sous. Et c’est vrai que, parfois, avec mon épouse, on parle de ça, je lui dis « Mais tu te rends compte, si je n’avais pas eu le foot, j’aurais fait quoi ? ». Après, on ne sait pas… Mais comme j’étais à fond dans le foot, je ne me posais pas la question. Bon, je pense que j’aurais trouvé quelque chose.

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / Mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : Philippe Le Brech (sauf mentions spéciales)

Photo de couverture : Siane Gonnachon

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