Arrivé en juillet dernier, le nouveau président s’est fixé une mission en même temps qu’il a découvert un stade et un nouveau championnat : celle de ramener le club gardois, qui semble renaître de ses cendres, « à sa place ».
Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr
Photos : 13HF et Nîmes Olympique
Nîmes Olympique revoit la lumière. Après quatre ans dans le brouillard, dans le noir, dans le flou, dans l’errance, dans l’incertitude, dans l’indécision, il était temps.
Nîmes Olympique entrevoit le bout du tunnel. Enfin ! Mais il est encore un peu loin… Il est où le bonheur, il est où ? Il est au bout de ce championnat de National 2, que le club, qui renaît de ses cendres, fréquente pour la première fois de son histoire cette saison, lui qui a passé 36 saisons en Division 1/Ligue 1, autant en Division 2/Ligue 2 et 11 en National. Lui qui n’était jamais tombé aussi bas dans la hiérarchie française.
Un club qui a failli disparaître
Nîmes Olympique auraient d’ailleurs pu, comme d’autres avant lui, tomber encore plus bas, après la décision de la DNCG, le 24 juin dernier, de l’exclure des compétitions nationales. Mais ça, c’était avant qu’une équipe de repreneurs ne présente un solide dossier devant la commission d’appel, à peine trois semaines plus tard. C’était avant que Thierry Cenatiempo, un chef d’entreprise local, n’arrive avec son carnet de chèques (350 000 euros injectés à titre personnel) en compagnie de quelques autres investisseurs parmi lesquels des chefs d’entreprises eux aussi (Philippe Noyer, Denis Llota), l’association Nîmes Olympique représentée par son président Yannick Liron, des joueurs (l’actuel attaquant de N2 Clément Dépres, Renaud Ripart, Anthony Briançon, Théo Valls, Benoît Poulain) et même le collectif de supporters Sauvons le Nîmes Olympique. Suffisant pour sauver l’institution qui a frôlé le démantèlement après que l’ex-président / propriétaire Rani Assaf a annoncé, en juin dernier, vouloir tout arrêter, tout raser aux Antonins, le stade « provisoire », et vendre La Bastide.
Les Antonins et La Bastide bientôt sous giron municipal

Finalement, la municipalité, via une subvention (1,2 millions d’euros en 2025/26 dont 600 000 déjà apportés), s’est mise d’accord avec Assaf pour louer les installations avant de les racheter, une opération qui devrait être effective en janvier 2026.
Inutile de dire que le soulagement est immense du côté des amoureux des Rouges, qui sortaient d’une douloureuse période marquée par trois relégations sportives en quatre ans, de Ligue 1 en National 2 donc, et d’une situation inextricable avec Assaf, l’homme qui a cristallisé tant de désamour. L’homme coupable de tous les maux.
Assaf a donc passé 11 ans au club, dont 9 au poste de président, et s’en est allé avec un bilan très contesté que seules une magnifique accession en Ligue 1 en 2018 et une première saison dans l’élite tout aussi magnifique dans la foulée ne saurait masquer, surtout quand on pense à son projet avorté de nouveau stade et cette désagréable impression d’avoir abandonné le club. D’être arrivé à une situation de non-retour avec toutes les composantes de la Ville et du club.
Cenatiempo-Dupré, une relation père-fils
Mais depuis ce passage en appel devant la DCNG, le 15 juillet, tout cela est de l’histoire ancienne. Thierry Cenatiempo, 62 ans, nouveau président de la SAS « Nîmes Olympique Ensemble », créée en même temps, a très vite embrayé. Le fondateur de GT Formation et RH, un organisme dédié au secteur de la banque, dans lequel il a travaillé, et l’assurance, a rapidement nommé un directeur sportif, Anthony Dupré.
Dupré, 30 ans seulement, dont on pourrait comparer la relation avec Cenatiempo à celle d’un père avec son fils (ce sont eux qui le disent !) est un ex-gardien de but originaire de Senlis (Oise) et passé par un tas de clubs, d’abord PSG et Bordeaux chez les jeunes. Chez les seniors, il a navigué entre le N2, le N3 et la R1 : réserve de Valenciennes, Trélissac, le Racing, la réserve des Herbiers, Le Poiré-sur-Vie, le RC Cholet, pour ne citer qu’eux. Deux expériences en Belgique (D3) et en Grèce (D2) complètent un CV long comme ses bras tatoués.
Mickaël Gas, « made in Crocos »

Une fois nommé, Dupré a choisi le coach, Mickaël Gas, un pur nîmois. Un ex-milieu de terrain reconverti défenseur central. Un produit « made in Crocos ». Gas, 32 ans, est un débutant sur le banc en National 2 qui a commencé au club chez les… débutants, jusqu’à parapher un contrat de stagiaire pro (un seul match titulaire en Ligue 2 sous l’ère Victor Zvunka, en défense, le 30 août 2013, contre Le Havre, aux Costières, 0 à 0).
Pour Mickaël Gas, coach de la réserve nîmoise la saison passée, la suite s’écrit dans les championnats amateurs, mais jamais très loin du cocon nîmois, où il n’avait pu franchir le cap professionnel : Arles, Sète, Agde… avant un retour à la maison, à Nîmes Olympique, pour encadrer les jeunes en réserve. Toujours sur le terrain donc !
Quand il raccroche les crampons, à 28 ans, c’est pour aller au bout de sa passion pour l’encadrement, découverte avec les U12 de Sète, alors qu’il n’a que 23 ans. À Nîmes Olympique, ce passionné de pétanque passe des U16 à l’équipe de National 2 en seulement 3 ans ! Avec une certaine réussite.
Déjà la meilleure défense
L’équipe, « montée » tel un mécano en seulement quelques jours cet été, et à qui l’on promettait un début de saison compliquée compte tenu des déboires de juin, compte tenu également de la réputation de ce championnat, répond au-delà des attentes et des espérances. Après 7 journées, elle partage la tête du classement avec Rumilly-Vallières et Saint-Maur-Lusitanos (4 victoires, 2 nuls et 1 seule défaite, à Rumilly). Et sa défense est la meilleure du groupe C : 3 buts encaissés, tous à l’extérieur. Les bases sont posées.
Dire que c’est un départ inespéré est cependant exagéré. Parlons plutôt d’une renaissance, d’un départ prometteur voire rêvé, quand bien même Nîmes Olympique n’a pour l’heure rien gagné, si ce n’est l’amour et la furia retrouvés du peuple nîmois, à nouveau fier, et ça, c’est déjà une très belle victoire !
Le retour du douzième homme

Aux Antonins, un stade homologué jusqu’en 2032, que les supporters des Rouges sont enfin en train de s’approprier, le public est revenu. Ils étaient plus de 5000 contre Fréjus/Saint-Raphaël et plus de 4000 contre Créteil. Et on vous l’assure, ça pousse, ça chante, ça crie, ça encourage, ça chauffe, ça fait du bruit… La flamme, incontestablement, s’est rallumée.
Entre deux journées de championnat (victoire 2 à 0 contre Créteil et réception de Saint-Priest ce samedi aux Antonins), Thierry Cenatiempo s’est confié. L’entretien, d’une quarantaine de minutes, n’avait pas pour but de raconter l’historique des quatre derniers mois ni de dresser un premier bilan. Tout a déjà été dit et écrit. Plutôt de mieux connaître le natif d’Ouenza, en Algérie, mais qui a grandi près de Grenoble. L’ancien maire (2014-2020) de Saint-Hilaire-d’Ozilhan, son village, tout près du Pont du Gard, dont il est toujours conseiller municipal, a quelques tics de langage : il aime bien parler de « mèches courtes » et de « mèches longues » lorsqu’il s’agit d’évoquer le rapport au temps, et d’autres encore que vous découvrirez ici !
Thierry Cenatiempo n’a pas pu s’empêcher non plus de rappeler quelques anecdotes, comme celle, « mignonne, que j’aime bien raconter », de ce fameux 1er mars 2005. Ce soir-là, tandis qu’il est à la clinique et que son fils Valentin est en train de naître, il aperçoit au loin les projecteurs éclairés des Costières où le Nîmes de Didier Ollé-Nicolle, « un ami », alors en National, étrille Nice (Ligue 1) 4 à 0 en coupe de France ! L’un des matchs références du club. Et pour pousser l’histoire encore plus loin, le gardien des Crocodiles ce même soir, Cédric Duchesne, sera celui qui, un peu plus tard, donnera goût au football et aux cages à Valentin, aujourd’hui à l’US Concarneau. Il y a des signes qui ne trompent pas.
Interview : « Voir Nîmes Olympique perdre son âme, c’était douloureux »

Président, vous avez fondé en 1996 l’entreprise GT Formation (GT pour Gilbert et Thierry), et avant cela, que faisiez-vous ?
J’ai bossé une dizaine d’années dans la banque. J’ai été directeur d’une agence bancaire en montagne, à la Banque Populaire, aux Gets (Haute-Savoie) puis ensuite j’ai travaillé dans le secteur du marketing, toujours dans le domaine de la banque. En parallèle, j’ai aussi créé « Zero to One », une entreprise spécialisée dans l’IA (Intelligence artificielle) mais je ne suis pas un spécialiste dans le domaine. Je suis surtout un spécialiste de la pédagogie : j’adore transmettre, j’adore former, c’est d’ailleurs un sujet en soi dans le foot.
Pour vous avoir rencontré à Grasse et ici, à Nîmes, vous semblez calme, mesuré, réfléchi, naturel, placide, sympathique et proche : est-ce un bon portrait ?
Il me semble que ça me correspond, oui. J’aime bien les gens. J’aime bien le contact humain.
« J’aime l’échange, j’aime l’humain »
Depuis votre arrivée au club en juillet dernier, vous avez donné beaucoup d’interviews : c’est quelque chose qui vous plaît ?
Pas particulièrement. Je ne suis pas en recherche de ça. Mais j’aime bien l’échange, ça relève de bien aimer l’humain. Et à partir du moment où l’on doit communiquer, échanger, je le fais sans déplaisir.
Et être mis sur le devant de la scène, cela ne vous gêne pas ?
Je me dis qu’il faut que je sois à ma place, c’est tout. Il ne faut pas que j’en fasse de trop, mais il ne faut pas que je me cache non plus. Je suis quelqu’un d’assez pudique, pas très démonstratif. Mais si c’est ma place, il faut que je l’assume. J’avais vécu un peu ça, mais dans une autre mesure, quand j’ai été maire (à Saint-Hilaire-d’Ozilhan, près d’Uzès, entre 2014 et 2020), mais c’était à l’échelle d’un village de 1200 habitants où là, d’un coup, on devient une personnalité dans sa commune et un petit peu autour.
« Maire, j’étais parfois en souffrance »

C’est plus dur d’être maire d’un village, chef d’entreprise ou président du Nîmes Olympique ?
Je suis très content de vivre ces trois expériences. Je ne sais pas quel est le niveau de difficulté de chacune des trois fonctions mais je dirais que, de par mon naturel, mon côté « automatique », j’ai l’impression que c’est beaucoup plus facile d’être chef d’entreprise où de diriger un club de foot, que d’être maire. Maire, j’étais en mode « manuel », parfois en souffrance. Juste avant, je vous parlais d’échanges : quand j’étais maire, les échanges étaient plus politisés et c’est moins mon truc sans doute. Là, je me sens plus à l’aise, ce qui ne veut pas dire que je suis meilleur.
Maire, vous étiez donc moins à l’aise ?
Non, au niveau de la commune, je me suis toujours senti à l’aise, ça allait, mais c’est quand je sortais de la commune que cela devenait plus compliqué pour moi. Parce qu’on est obligé, quand est on maire, de traiter avec le Département, la Région, la Communauté de communes, etc., et là, il y a avait des clivages politiques, des clans. Ce rapport-là, sans doute que je n’avais pas toutes les capacités à le gérer, en tout cas, je l’ai géré comme j’ai pu, mais j’étais en mode « manuel », pas en mode « automatique ».
« Ma fonction de maire m’a appris à anticiper »

Votre mandat de maire s’est arrêté en 2020 : est-ce vous qui ne vous êtes pas représenté ?
Je me suis représenté mais en tant que conseiller municipal sur la liste de ma première adjointe, Liliane Ozenda, qui a été élue. Et à ce jour, je suis toujours conseiller municipal de Saint-Hilaire, un joli petit village assez touristique, qui est connu pour sa viticulture, qui a une appellation « Côtes-du-Rhône ». Beaucoup de gens ont choisi de venir y habiter : parce que ce n’est pas un endroit où l’on vient habiter par défaut. Il est super-bien situé, très vivant. Il est passé de 700 à 1200 habitants en une douzaine d’années, c’est énorme, la population est assez jeune, assez dynamique.
Y a-t-il des similitudes entre la fonction de maire, la fonction de chef d’entreprise et celle de président du NO ?
Je m’amuse beaucoup à comparer les fonctions de maire et de président, et il y a vraiment quelque chose de marquant, c’est le temps. On a un rapport avec le temps qui est très différent. Maire, les prises de décision sont lentes, le rapport au temps est long : quand vous avez une idée pour faire aboutir un projet, ça peut prendre des années, c’est très long. Alors qu’au foot, on a une idée le lundi, si elle n’est pas concrétisée le samedi, elle ne verra peut-être pas le jour : là, on est sur un rapport au temps très accéléré. Et dans une entreprise, je dirais qu’on est entre les deux, mais plus proche du foot quand même.
Est-ce que votre passage d’élu à la commune de Saint-Hilaire vous a appris quelque chose d’utile dans le foot ?
Oui. L’anticipation. Dans le foot, quand le match est fini, on se laisse un peu embarquer et on se projette immédiatement sur le suivant, et en même temps, il faut aussi penser à ce que l’on veut faire en 2026 et en 2027. Voilà pourquoi, avec mon directeur sportif, Anthony Dupré, on parle déjà de la saison prochaine. L’expérience de maire m’a appris à anticiper, à voir plus loin, à préparer… J’aime bien parler de « mèches courtes » et de « mèches longues ». Les « mèches courtes », c’est bien, OK, mais il faut aussi penser aux « mèches longues ».
Un projet « ensemble »

Sur le média « Ici Gard Lozère », vous avez dit en début de saison, je cite, « Après 7 ou 8 matchs, on regardera où on est et à partir de là, on aura un objectif un peu plus chiffré » : on y est là…
L’objectif, là, c’est de gagner le prochain match !
Nîmes Olympique est un projet local, avec des dirigeants du cru, et aussi familial, avec vos deux filles, Laura et Marie, qui sont partie prenante, l’une à la billetterie, l’autre à la communication : c’est important pour vous ?
C’est très-très important. C’est essentiel. On a rajouté, pour des raisons juridiques, le mot « ensemble » derrière la SAS « Nîmes Olympique » (Nîmes Olympique Ensemble), parce que, justement, ce projet, on le fait « ensemble ». Et mon premier « ensemble’, c’est ça, c’est ma famille, parce que si je n’ai pas mon épouse, si je n’ai pas mon fils, même s’il est loin (il est 3e gardien de l’équipe de l’US Concarneau en National) et si je n’ai pas mes deux filles qui me disent « Banco, papa, vas-y, tu as toujours rêvé de ça, on sera avec toi », alors je n’y vais pas.
Quel est le budget de fonctionnement du club et la masse salariale de l’équipe de N2 ?
Le budget, c’est 3,2 millions d’euros. Le budget de la SAS, qui gère uniquement l’équipe de N2, c’est à peu près la moitié, quant à la masse salariale, elle est environ de 800 000 euros et quelque.
« Il a fallu que ça tombe sur moi ! »
Savez-vous combien de fois Nîmes Olympique a joué au 4e échelon dans son histoire ?
En 4e division ? C’est la première année. Je dis parfois « Il a fallu que ça tombe sur moi ! ». Après, je sais que le club a joué 36 ou 37 saisons en première division (36, Ndlr), et autant en 2e division (36 également). Et une quinzaine d’années en National (11 précisément, ndlr).
N’avez-vous pas peur de la traversée du désert, si le club végète en N2 ?
Non et à vrai dire, je ne m’étais jamais posé cette question. C’est même la première fois qu’on me la pose. J’essaie de réfléchir … mais non, je n’ai pas peur.
« Ce que fait Rodez est inspirant »

Êtes-vous condamné à réussir ?
En tout cas, on va mettre le maximum d’ingrédients de notre côté. Je me suis fixé une mission, mais pas tout seul. Ensemble. Et c’est celle de ramener le club à sa place, qui est entre la 10e et la 30e place française. Je n’invente rien : 36 ans en Division 1, 36 ans en Division 2… Donc ramener le club à sa place, c’est là. Frédéric Antonetti a dit la même chose au sujet de Bastia.
Vous parlez de Bastia, mais j’ai vu que Rodez était un club qui vous « parlait » et qu’une visite y était prévue…
La visite n’a pas encore eu lieu. Clément (Dépres, l’attaquant, auteur de 4 buts déjà cette saison) a joué là-bas en Ligue 2. Il fait l’interface. On a effectivement prévu d’y aller une journée, dès qu’ils seront disponibles, parce que ce que fait ce club est très inspirant.
Un modèle de gouvernance plutôt que de présidence
Vous diriez que vous être un président comment ?
Inexpérimenté, déterminé, humain, humble et assez enthousiaste !
Un modèle de président ?
Je m’intéresse depuis toujours à la gouvernance des clubs, à la façon de se comporter des présidents, mais je n’ai pas vraiment de modèle. J’ai plus un modèle de gouvernance. Par exemple, à Nîmes, un facteur de réussite indispensable, c’est que le coach Mickaël Gas, le directeur sportif et moi, on soit vraiment ensemble. Je redis le mot « ensemble » volontairement. Il faut que cela soit du papier à musique entre nous. Je me souviens de la grande époque de Saint-Etienne, avec ce trio Roger Rocher – Robert Herbin – Pierre Garonnaire, qui avait construit toute une époque. C’est pour ça que je pense plus à un modèle de gouvernance qu’à un modèle de président en particulier.
« On est sur des temps courts »

Parfois, même si c’est rare dans le foot, des équipes descendent mais qui conservent leur coach : cela n’a pas été le cas d’Adil Hermach. Y a-t-il eu une réflexion à son sujet ?
Je ne me suis pas posé la question. En fait, tout est allé très-très vite, tout a basculé en 48 heures. Comme je vous l’ai dit, j’avais d’abord besoin de l’aval de ma famille et ensuite, deuxième chose, j’avais aussi besoin de l’aval d’Anthony (Dupré) pour le poste de directeur sportif. J’ai tout de suite su que c’était lui pour ce poste. Je le connaissais. Je l’avais rencontré au bord des terrains. Il y a quelques années, il s’était intéressé à mon fils Valentin, on avait discuté, sympathisé. On a un rapport un peu père-fils tous les deux. Je vous parlais tout à l’heure de temps court et de temps long. Dans le foot, on est sur des temps courts et ma conviction, c’est qu’il vous faut des gens qui vous permettent de gagner du temps. Et Anthony, c’est quelqu’un qui vous permet de gagner du temps : il est direct, ça va vite, c’est du parler vrai, ça ne prend pas de détour, voilà. C’est celui dont j’avais besoin pour faire un bon complément avec moi. Il me le fallait. Et à partir du moment où il m’a dit « oui », c’était à lui de choisir le coach, pas à moi. Donc je ne me suis pas posé la question pour Adil.
Il y a quelques années, vous aviez déjà été manifesté un certain intérêt pour Nîmes Olympique : pourquoi est-ce que cela n’avait pas abouti ?
Je ne sais plus quand c’était, vers 2017 peut-être. En fait, j’avais été approché pour un projet de reprise dans lequel il avait été imaginé que je puisse avoir un rôle de président délégué. Mais je n’avais pas rencontré Rani Assaf. Avec lui, il y a seulement eu des échanges de SMS.
« Avec Rani Assaf, il n’était pas incontournable que l’on se rencontre »
Comment, de l’extérieur, avez-vous vécu ces neuf années de présidence Assaf, l’homme qui a cristallisé le désamour autour du club ?
Dans le règne de Rani Assaf, il faut se souvenir qu’au début, tout était beau. C’était l’euphorie. Il y a eu la montée en Ligue 1 (en 2018). Donc il n’y a pas eu 9 ans de difficultés mais c’est vrai que l’on se souvient plus des dernières années, douloureuses. C’était douloureux de voir ce club perdre son âme. On avait l’impression que son coeur battait de plus en plus faiblement : on sait maintenant que, malgré ces dernières années, il est bien vivant ! C’est le moins que l’on puisse dire.
Du coup, avez-vous rencontré Rani Assaf ?
Non, je ne l’ai pas rencontré. Je le rencontrerai peut-être un jour, si c’est nécessaire, je ne sais pas… Vous savez, je vous l’ai dit, j’aime beaucoup « l’humain », je n’ai pas de problème avec ça, mais je sais que c’est quelqu’un de distant et et je respecte ça. Il n’était pas incontournable que l’on se rencontre.
« L’histoire doit s’écrire aux Antonins »

Le public revient au stade où l’on sent un nouvel engouement, une nouvelle ferveur : ça, c’est quelque chose qui, forcément, est nouveau aux Antonins, et fait plaisir…
Oui, on a retrouvé le public, ce public chaud, qui fait la force du club. L’histoire s’écrit aux Antonins, et doit s’écrire aux Antonins.
Pourtant, ce n’était pas gagné dans ce stade provisoire étiqueté « Assaf », construit par l’ancien président : l’objectif n’est-il pas, à long terme, de retourner un jour aux Costières ?
Vous savez, j’ai vécu de supers moments aux Costières, maintenant, ce n’est pas mon sujet. Mon sujet, c’est de ramener le club à sa place, et je le ferai aux Antonins. On a la chance de disposer d’un outil quand même très fonctionnel, c’est un petit stade quasi à l’Anglaise où, dès que l’on a 5 000 personnes, c’est le feu. On va faire en sorte que les gens aiment les Antonins; ce ne sont que les succès, les performances, qui feront que ce stade correspondra à une époque heureuse. Après, si un jour on retourne aux Costières, ce sera top, mais ce n’est pas mon sujet.
Tristesse et frustration passée

Mais jouer « Chez Rani Assaf », c’est bizarre, non ?
On est dans une situation transitoire par rapport aux infrastructures, et pas seulement sur les Antonins, sur la Bastide aussi. Je vous parlais tout à l’heure de 2026 ou 2027, en vous disant que je me projetais déjà là, parce que justement, sur La Bastide, on a vraiment l’ambition d’améliorer l’infrastructure, d’améliorer les pelouses, d’avoir un outil qui favorise au maximum la performance des joueurs. Mais pour cela, il faut que le changement de propriétaire ait lieu et que les partenaires nous accompagnent. Après, on paiera un loyer, comme cela se fait dans les autres clubs.
Racheter un jour le stade des Antonins, c’est quelque chose auquel vous pensez ?
Là pour le coup, c’est une mèche très-très-très longue (rire) ! On peut se poser la question sur le domaine de la Bastide. Ce ne serait pas inintéressant que la Bastide … (il coupe) Mais ce n’est pas notre sujet pour le moment. Aujourd’hui, normalement, si tout est conforme à ce qui est prévu, on change de propriétaire au 31 janvier et le stade des Costières ne sera plus la propriété de monsieur Assaf. Et à partir de là…
Fin décembre, cela fera 3 ans que Nîmes joue aux Antonins. Vous avez prévu un anniversaire ?
Pas du tout ! On prévoir d’autres festivités, mais pas celles-là (rires) !
Étiez-vous déjà venu voir des matchs de Ligue 2 ou de National aux Antonins ?
Je vais vous faire un aveu : je n’avais jamais mis les pieds aux Antonins avant cette saison. J’étais présent au dernier match de Nîmes Olympique au stade des Costières, contre les Girondins de Bordeaux, en Ligue 2, pour la symbolique, mais je n’avais jamais vu un match aux Antonins. Je n’avais pas le coeur. Mais je n’ai jamais non plus été animé d’un sentiment d’animosité. En fait, c’était plus de la frustration, de la tristesse. Aller voir un match aux Antonins, devant 1 000 personnes comme c’est arrivé la saison passée en National, cela aurait été un supplice. Non, impossible.
La couleur rouge comme dress code

Vous êtes très attaché à la couleur rouge…
Vous savez, le public de Nîmes, c’est le foot que j’aime. J’aime aussi Saint-Etienne, Lens, Sochaux, Bastia, Marseille, parce que, tout de suite, quand on parle de ces clubs, on voit une couleur, les Sang et Or pour Lens, les Verts pour Saint-Etienne, etc. Et Nîmes, c’est les Rouges. Il y a une quinzaine de clubs comme ça en France où l’on voit les gens venir au stade avec les couleurs du club. Là, on est assailli de demandes pour les maillots (1), parce que tout le monde le veut ! C’est trop beau quand on arrive au stade, avec tous ces gens, au bord de l’autoroute, habillés en rouge. C’est une chance, et pour les joueurs, c’est le kiffe total ! Je le dis souvent, chez nous, il n’y a aucun joueur qui soit venu pour l’argent. Ils ont tous fait des sacrifices. On leur a vendu de la passion et du monde au stade.
(1) Le nouveau maillot sera vendu à l’occasion du match face à Saint-Priest, samedi 18 octobre, dans la bodega située sur le parvis de la Halle des sports, en attendant l’ouverture de la boutique, en décembre, boulevard V. Hugo, à Nîmes.
Ce championnat de National 2, vous le trouvez comment ?
J’ai juste raté le déplacement à Toulon mais j’ai vu le match sur internet. On voit que ça va être chaud dans notre poule, tous les matchs sont compliqués. Quand je fais référence au dernier match de championnat contre Créteil, mais aussi au match contre Fréjus, je trouve qu’il y a de la qualité, de l’intensité, ça joue bien, franchement. Là, c’est l’amoureux du foot qui parle : j’ai pris du plaisir sur ces matchs. Il y a vraiment un bon niveau. Je pense qu’il faudra être très compétitif, match après match. Il n’y a aucun match facile où on arrive en se disant « Là, c’est bon… » Non, pas dans cette poule. Et c’est vrai pour toutes les équipes. Je suis amateur de foot mais pas un spécialiste, ce n’est pas mon métier, et c’est très bien comme ça. Moi, ce que j’entends, c’est que l’équipe qui va sortir de cette poule pourra tout de suite être performante à l’étage supérieur. C’est l’impression que j’ai, car je regarde beaucoup de matchs de National, comme Concarneau forcément, et franchement, notre dernier match de championnat contre Créteil, ça valait bien des matchs de National.
« Content de ce que l’on est en train de faire »
Content de ce début de saison tout de même ?
C’est vrai que là, on est gâté, on est content de ce que l’on est en train de faire, de produire, mais cela ne veut pas dire que l’on est satisfait, parce que si on était satisfait, cela voudrait dire que l’on y est arrivé or ce n’est du tout le cas. Mais content, oui, on peut le dire.
Votre nom de famille, « Cenatiempo », c’est d’origine espagnole ?
Oui mais pour autant mes grands-parents, mes arrière-grands-parents et mes arrière-arrière-grands-parents étaient italiens. Il y avait des Cenatiempo sur des bateaux italiens à l’époque de Garibaldi, qui sont arrivés au sud de l’Italie au XVIIe siècle je crois, et qui se sont installés au nord de Naples. Il y a beaucoup de Cenatiempo là-bas. Mais avec la consonance espagnole. Parce qu’il y a aussi des « Cena – Tempo », mais nous, c’est bien « tiempo ».
National 2 / Journée 8 : samedi 18 octobre, à 18h, au stade des Antonins, Nîmes Olympique – AS Saint-Priest
- Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
- Photos : 13HF et Nîmes Olympique
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