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N2 / Loïc Chabas (Grasse) : « Des doutes, j’en ai tout le temps ! »

À 42 ans, le coach azuréen, licencié depuis 33 ans dans « son » club, modèle de grinta et de fidélité, dispute sa 11e saison sur le banc des seniors. Il n’éprouve aucune lassitude et conserve intactes ses ambitions. Il rêve même de voir le Racing, souvent bien placé, un jour en National.

Par Anthony Boyer – Photos RC Pays de Grasse

Si Loïc Chabas n’avait pas été entraîneur de foot, il serait peut-être… journaliste sportif ! C’est l’intéressé lui-même qui a nous a confié sa passion pour ce métier, entre deux cafés, dans son bureau, au stade de La Paoute, situé dans la plaine de Grasse.

Ce métier, il l’a d’ailleurs touché du bout des doigts, du bout du crayon même, quand il était correspondant sportif pour le quotidien Nice-Matin ! C’était il y a un peu plus de 10 ans et le natif de Grasse n’était pas encore installé sur le banc de l’équipe fanion seniors de « son » club de toujours : le Racing-club de Grasse (devenu en juillet 2022 le RC Pays de Grasse).

Finalement, il a persévéré dans le foot et choisi un autre métier-passion. Il a sans doute bien fait vu ce que le club lui a apporté et ce qu’il a apporté à son club depuis toutes ces années. Mais au fait, combien d’années exactement ? Là, Loïc est obligé de réfléchir. De compter. « J’ai 42 ans (il est né le 2 septembre 1981 à Grasse) et j’ai pris ma première licence en 1991, donc j’avais 10 ans ! »

33 ans de fidélité

Loïc Chabas, c’est donc 33 ans de licence au Racing-club Pays de Grasse. 33 ans de fidélité. Et 11 ans d’affilée passés sur le banc de coach de l’équipe première, d’abord en Division d’Honneur, en 2013, lorsqu’il fut intronisé par le tandem Roustan-Henry (François Roustan, ancien président, aujourd’hui adjoint aux sports, et Romain Henry, actuel directeur sportif), puis en CFA2 après une première accession (en 2016) et enfin en CFA (National 2) après une deuxième accession consécutive, en 2017 ! De quoi légitimer les débuts de ce nouvel entraîneur en chef, à l’époque promu alors qu’il n’avait, finalement, que peu de références, moins en tout cas comme joueur que comme entraîneur chez les jeunes : « J’ai joué au club mais jamais en équipe première. J’étais capitaine de la réserve mais j’ai arrêté tôt, car je prenais plus de plaisir à entraîner qu’à jouer. J’étais latéral droit, mais bon, je n’étais pas… »

Loïc ne termine pas sa phrase. Ce sera la seule fois, du reste, car ensuite, il répondra aux questions sans jamais tirer la couverture des excellents résultats du RCPG à lui. Il consent aussi ne pas savoir s’il restera un an, trois ans, dix ans ou toute sa vie au Racing : « Je ne sais pas, on n’en sait rien ». Son caractère, son ambition, sa vision du foot, son club, à quelques heures d’un nouveau rendez-vous à La Paoute face à une équipe de haut de tableau (Le Puy, 2e), il passe un peu en revue tous les sujets, n’oubliant jamais de rendre hommage à ses dirigeants, à ceux qui lui ont fait et lui font confiance, et surtout à son staff.

Interview

« Le positif amène le positif »

Ton meilleur souvenir sportif de coach à ce jour ?
Les deux accessions, de DH en CFA2 et de CFA2 en CFA (N2). S’il fallait en choisir une, je dirais la deuxième montée, alors qu’on est tout juste promu en CFA2. En plus, il y a le contexte qui va avec, on gagne à l’extérieur, lors du dernier match de la saison, à Toulon, face à la réserve. En fait, j’ai vraiment trois souvenirs marquants sur les dix saisons (onze saisons en réalité, Ndlr), donc ces deux accessions, et aussi le match de coupe de France, l’an passé, contre Rodez, avec ces trois poteaux pour nous et cette élimination aux tirs au but.

Pire souvenir ?
C’était samedi, contre Aubagne (1-1), parce que c’est frais (entretien réalisé avant le déplacement suivant à Cannes). Après, il y a eu aussi la saison arrêtée à cause de la Covid, la première (2019-20), parce que cette fois-là, on s’est dit, « c’est pour nous » (l’accession en National). On avait fait tout ce qu’il fallait, on avait un calendrier favorable, on avait battu les gros chez eux, donc la pire nouvelle, c’est quand on nous a appris que l’on ne reprendrait pas alors qu’on espérait pendant longtemps que ça puisse reprendre.

« J’aime la grinta de Diego Simeone »

Avec Nicolas Soumah son adjoint.

Le club que tu rêverais d’entraîner, dans tes rêves les plus fous ?
Petit, j’ai été bercé par l’OM… Après, je suis Azuréen, donc je dirais l’OGC Nice !

Le club où tu as failli signer ?
Non, il n’y en a pas. Honnêtement il n y a jamais rien eu de poussé.

Tes modèles de coach ?
Celui qui m’inspire, c’est Diego Simeone (Atlético Madrid). Je me retrouve en lui. J’aime la grinta qu’il apporte à son équipe.

Le meilleur joueur que tu as entraîné ?
(Rire) C’est une question piège ! Si je veux m’assurer une fin de saison tranquille, je suis obligé de répondre Nicolas Medjian (son capitaine) ! Plus sérieusement, j’en ai eu des bons, c’est vrai, ces dernières années. J’en ai vu passer, des Mafouta, des Boussaïd, des Gueye… On a eu la chance d’avoir de très-très bons joueurs ces dernières saisons.

Pourquoi es-tu devenu entraîneur ?
Cela s’est fait de fil en aiguille. J’ai commencé à entraîner quand j’avais 18 ans, je m’occupais des touts-petits, bénévolement, puis très vite, parce qu’il y a eu un entraîneur qui est parti, j ‘ai pris une équipe de foot à 11 alors que je n’avais que 19 ou 20 ans. C’était des U13. Ce n’était pas évident parce qu’il n’y avait que 6 ou 7 ans d’écart avec eux. Ce fut un démarrage très rapide mais ça s’est bien passé et ensuite j’ai eu des U15 avec qui on est monté au plus haut niveau régional. Après, j’ai enchaîné avec les U19, et là, pareil, on monte en DH : cette même saison-là, l’équipe seniors tombe de CFA2 en DH. Et c’est là que l’on me propose de reprendre les seniors I, après la descente et une saison compliquée, où beaucoup de joueurs n’étaient pas des locaux, donc des joueurs pas forcément concernés. Et là, je pars avec Romain (Henry, directeur sportif) sur un projet basé sur l’identité, et on se lance dans le truc. On ne garde que cinq joueurs (Kevin Raccosta, Jonathan Minasi, Anthony Calatayud, Vincent Bardaji, Salim Chaffar) et on lance les jeunes du coin. En fait, mon arrivée à la tête de l’équipe fanion s’est faite sans calculer, mais naturellement.

Si tu n’avais pas été entraîneur ?
J’avais plusieurs projets, dont celui de devenir journaliste sportif. D’ailleurs j’ai été pigiste à Nice-matin ! J’étais partie dans la branche du tourisme aussi, mais le sport a toujours été ma passion.

Ton parcours de joueur ?
J’ai joué dans toutes les catégories mais jamais en équipe première. J’étais capitaine de la réserve mais j’ai arrêté tôt, parce que je prenais plus de plaisir à entraîner qu’à jouer. J’étais latéral droit, mais bon, je n’étais pas…

Un joueur perdu de vue que tu aimerais revoir ?
En fait, il n’y en a pas vraiment, parce que je reste en contact avec beaucoup de joueurs. J’ai eu plusieurs générations, avec des cycles de 3 ou 4 ans, il n’y a pas eu beaucoup de départs de joueurs au bout d’un an. Il y a eu la génération Minasi, après la génération Camus-Medjian, et là, par la force des choses, ça a un peu changé.

« Je cogite énormément »

Des moments de doute ?
Oui. Je suis assez impulsif et souvent, après une contre-performance, je me dis « mais qu’est-ce que je fais là ? » ou « pourquoi je fais ça ? ». Souvent, à chaud, je me pose ces questions. Alors, ma deuxième saison à la tête des seniors (en 2014-2015), celle où on a failli descendre de DH en DHR, je me suis dit que je n’étais peut-être pas fait pour les seniors, que j’étais juste bon à entraîner des jeunes… De toute manière, des doutes, j’en ai tout le temps. Depuis samedi, par exemple, je cogite énormément bien que l’on ait fait match nul contre le leader, Aubagne… Cela fait partie de ma personnalité. C’est très rare que l’on encaisse un but à la fin, que cela soit à domicile ou à l’extérieur. Et là… (Ndlr, la semaine suivante, le RC Pays de Grasse a de nouveau encaissé un but à la fin du match, à Cannes, 1-1).

Samedi dernier, lors du derby, à Cannes (1-1).

Des manies, des rituels ?
Disons que c’est compliqué de me parler avant un match. Je suis « dedans ». Parfois, j’essaie de sortir un peu de tout ça, de parler d’autre chose, mais je reste quand même très focus sur le match, donc je suis très fermé. Le matin du match, quand je pars de la maison, je suis déjà presque dans mon match. Quand on joue à domicile, j’aime bien venir très tôt au stade si le fiston ne joue pas aux alentours. Je me gare toujours à la même place ! Je me pose dans mon bureau. Je peaufine les derniers réglages. J’essaie de réfléchir à tous les scénarios possibles. Avec le staff et avec Valentin, l’analyste vidéo, on finaliste la présentation, les coups de pied arrêtés. En fait, on met un dernier coup de collier et moi ça m’aide à rentrer dans le match. Peut-être que, parfois, c’est trop, mais moi, j’en ai besoin. J’ai besoin que cette journée ne soit focalisée que sur le match. Après, il y a toujours cette dernière heure avant le coup d’envoi qui est un peu longue pour moi, après la causerie : de 17h10 à 18h, c’est interminable !

« Une perpétuelle remise en questions »

Une devise ?
J’ai une phrase que je répète souvent : le positif amène le positif. Parce que j’ai tendance à ne voir que le négatif en premier, et que cela soit ma famille, ma direction on mon staff, on me l’a souvent répété, donc je progresse là-dessus. Quand j’ai envie de dire que ceci ou cela ne va pas… Non ! Allez, je me reprends, et je me dis que le positif amène le positif.

Nicolas Medjian, le capitaine.

Penses-tu être un meilleur coach aujourd’hui qu’il y a 10 ans ?
J’espère (rire) ! Ce métier, c’est une perpétuelle remise en questions. J’ai la chance d’avoir un staff avec lequel on communique beaucoup et on se dit les vérités, Karim (Adsa), Nico (Soumah), Emiliano (Ippoliti) et Valentin (Oberkugler). On se dit les choses, même si parfois ça crie. C’est ce qui permet d’évoluer dans plein de domaines. Evidemment que, dans l’approche des matchs et dans l’analyse de la rencontre, il y a l’expérience qui entre en jeu et permet de progresser sur ce plan-là. Idem pour les séances d’entraînement, qu’on essaie d’améliorer et de rendre toujours plus cohérentes, de mettre en adéquation avec les demandes des joueurs, et ça, ça prend du temps. Parfois, nous, on n’est pas assez à l’écoute des joueurs parce que, toute la semaine, on est focus sur le match, alors qu’ils ont des besoins : parfois ils veulent un peu plus de jeu, parfois ils veulent un peu plus de tactique, ou du physique, donc cela passe par beaucoup de communication avec les cadres. On a besoin d’avoir leur ressenti. On ne doit pas rester fermés. Et pour ça, on va sentir l’ambiance en salle de muscu aussi. Là-dessus, je pense avoir beaucoup progressé : je suis capable, avant une séance d’entraînement, de dire comment elle va se passer, en fonction de plein de choses, de l’ambiance dans la salle de muscu, dans le vestiaire, en fonction des regards, des discussions, et là, vite, je m’adapte. Peut-être qu’il faut les rassurer sur un point, ou alors peut-être qu’il faut un peu plus de jeu parce qu’ils ont envie de s’éclater, ou alors ils ont des doutes et on va faire plus de travail tactique, en situation. Le feeling que l’on a, la relation staff – joueurs, ce sont des choses vraiment importantes et c’est ce qui fait notre force sur les dernières années, je pense.

« Je suis un coach à l’écoute »

Un style de jeu ?
Là aussi, sur ce plan, on a évolué. Pendant des années, on a joué en 4-4-2 losange, dans lequel on aimait bien avoir une vraie possession. Et puis après, on est passé à trois défenseurs, cinq milieux et deux attaquants : quand on a changé ça, on s’est aussi adapté, on a mis du temps. On aime bien aller chercher haut défensivement l’adversaire, presser, récupérer, harceler, mettre beaucoup d’intensité sur des séquences. Offensivement, on aime bien travailler sur les transitions. Après, on bosse beaucoup sur les attaques placées, un domaine dans lequel on doit s’améliorer, car on a pas mal de déchets cette année.

Tu es un coach plutôt comment ?
(Il réfléchit longuement). Je dirais que je suis un coach à l’écoute. J’essaie de prendre le maximum d’infos, que cela vienne des joueurs, du staff, de la direction, afin d’analyser dans un second temps. Parfois, cela prend du temps. Après, quand j’ai les infos, je prends du recul, et j’essaie d’évaluer tout ça, de prendre des décisions s’il le faut, de faire des choix.

Un match référence avec toi sur le banc ?
Le match référence, j’en ai parlé, c’est celui en coupe de France contre Rodez la saison passée parce que je pense qu’avec le staff, on avait vraiment fait le travail qu’il fallait. On n’a pas eu peur d’affronter cette équipe. Malheureusement, il y a eu ces trois poteaux qui font que l’on n’a pas pu gagner ce match, mais pour nous, ce fut vraiment un match abouti de A à Z.

Le pire match ?
Cela dépend comment tu le vois… Le match où je me suis demandé ce que je faisais là, c’est le match aller cette saison à Aubagne (3-0), mais on avait beaucoup d’absents, on est parti avec un nouveau système. Sans se cacher derrière ça, on prend deux buts coups sur coups, on sentait que ce n’était pas notre jour. Mais celui où, véritablement, j’ai eu un peu de mal à digérer, c’est la défaite à Bourgoin-Jallieu le mois dernier (2-1) : on mène 1 à 0, on sent qu’on est très bien dans le match, l’adversaire se retrouve à 10, mais au final, ce n’est pas un bien pour nous, et puis on fait deux erreurs de jeunesse, on provoque deux penalties, et on se dit « C’est pas possible »… Et on perd ce match 2-1… C’est la pire défaite celle-là.

« Une fierté de faire jouer des jeunes du coin »

Ton match de légende de l’Histoire du foot ?
France – Brésil 1998 par rapport aux émotions, et OM – Milan aussi en 1993 mais j’étais jeune…

Une idole de jeunesse ?
Jean-Pierre Papin. C’est là où j’ai vraiment commencé à regarder le foot.

Plus grande fierté au niveau foot ?
C’est d’avoir réussi à avancer avec le club de mon coeur.

Et dans la vie de tous les jours ?
Ma famille, mes enfants… J’ai un garçon, Marlon, qui a 10 ans. Il joue au club, il est « fondu » de foot. Il est gardien en U11. Et j’ai Léna, qui a un peu plus d’un an. Et on aussi trois autres garçons du côté de mon épouse. Donc ça fait cinq enfants à la maison, c’est du sport ! Mais tout le monde aime le foot !

Que te manque-t-il pour entraîner plus haut ?
Ce qui me manque, c’est de monter en National avec le RC Pays de Grasse ! Ce serait mon rêve de le faire avec mon club, mais il manque quelques points (rire). Même si cela ne fait pas forcément partie des objectifs chaque année, encore moins cette année avec les départs de nombreux titulaires l’été dernier, quand on se retrouve toute la saison sur le podium, on a quand même ça dans un coin de la tête et on a toujours l’espérance de pouvoir monter. Pour le faire avec Grasse, ce sont des petits détails que l’on doit gommer chaque année et améliorer. Après, quand tu vois l’âge moyen de notre équipe… On a quand même fait jouer cinq joueurs nés en 2003, deux nés en 2004 et un né en 2005, ce sont presque les âges des réserves pros ! Et récemment, à domicile, contre Toulon (2-1), on a fini avec trois joueurs dans l’axe nés en 2002, 2002 et 2003. Et on a tenu ! C’est une fierté, ça aussi, de faire jouer les jeunes du coin, de les faire évoluer, progresser et de les voir partir dans des clubs pros comme Sahmkou Camara parti jouer en D1 Suisse à Lausanne après être passé par le Cavigal. Cette année, on va encore en avoir un ou deux qui auront la possibilité de signer dans le monde pro.

« Tout entraîneur a envie d’aller plus haut »

La saison passée, en coupe de France, face à Rodez.

Donc entraîner plus haut, tu en as envie ?
Tout entraîneur, je pense, a envie d’aller plus haut. Mais pour moi, déjà, entraîneur, ce n’était pas programmé, ça s’est fait naturellement, parce que, au départ, quand tu entraînes en Division d’Honneur, tu ne t’imagines pas que cela puisse devenir ton métier dans dix ans. Et c’est pourtant ce qui s’est passé pour moi, donc ça, déjà, c’est merveilleux. J’ai conscience d’avoir une chance énorme de pouvoir vivre cette expérience. Après, bien sûr que j’ai envie d’aller plus haut : l’objectif, c’est de le faire avec le club de mon coeur. Ce serait ce qu’il y a de plus beau. Après, peut-être que cela se fera différemment.

Depuis l’accession de Grasse en N2 en 2017, le club a souvent fini sur le podium : des résultats qui ont dû susciter des convoitises, non ?
(Sourire) Alors y’a eu une année, on n’est pas terrible, sinon, c’est vrai qu’on est souvent sur le podium. Des sollicitations ? Non, pas plus que ça. Pour être honnête, je pense que la réussite d’un club, ce n’est pas que la réussite d’un coach. Déjà, au début, tout est parti de François Roustan (l’ancien président) et de Romain Henry (le directeur sportif) : avec eux, d’entrée, ce fut carré, on est parti sur des bases solides. On a travaillé dans la sérénité, par exemple, sans se sentir menacé à la moindre défaite. Après, il y a eu l’ère Cheton, avec Jean-Philippe Cheton, le président, et Thomas Dersy, le directeur. Avec eux, c’est pareil. Ils m’ont mis dans un cadre sécuritaire. Ils m’ont présenté un projet basé sur des joueurs locaux et un staff local. Ils m’ont dit que c’était avec mon staff et moi qu’ils avaient envie d’avancer. C’est pour ça que je vous dis que ces bons classements, 2e, 3e, c’est un tout : ça reflète la gestion d’un club qui ne fait pas de folie, qui recrute avec de la réflexion et du temps. C’est aussi une organisation et un staff solide. Tout est mis en oeuvre pour que l’on travaille bien. Après, pour en revenir au classement, on est conscient que, quand même, on est bien placé, et cela fait plusieurs années que l’on est en haut de tableau, on le sait, et parfois cela permet de relativiser les choses après une défaite, parce qu’on sait qu’il y a des clubs avec des gros budgets qui aimeraient être à notre place et qui galèrent même pour se maintenir. Ces résultats stables, c’est une vraie fierté aussi.

« Chaque saison on repart de zéro »

On a l’impression que le club a atteint son plafond de verre, qu’il ne parvient pas à passer le cap… Comment Grasse va-t-il pouvoir continuer à exister et performer les prochaines saisons ?
Déjà, la première des choses et le plus simple serait de pouvoir garder les joueurs qui font de grosses saisons chez nous, mais ça, c’est compliqué, parce que, économiquement, on ne fait pas partie des plus gros clubs. Et sportivement, on ne peut pas empêcher un joueur d’aller jouer plus haut. C’est sûr que, quand on n’est pas passé loin de monter en National, ce fut un frein et ça nous a fait défaut les saisons suivantes. La vérité, c’est que chaque saison, on repart à zéro. Il faut continuer à avoir un temps d’avance sur le recrutement. En fait, ce que l’on fait, c’est qu’on imagine toujours qui sont les joueurs que l’on va perdre et il faut très vite imaginer par qui on va les remplacer, et ça c’est un travail qui est déjà bien commencé : on a déjà des idées pour la saison prochaine.

Après, c’est vrai, parfois, on est tout près de monter, et on perd des joueurs, on les remplace par des jeunes, et il faut qu’on ait une analyse très fine de leurs compétences. Ces jeunes, il va falloir qu’ils soient au niveau, qu’ils correspondent à l’ADN – la gnac, la grinta – de l’équipe, qu’ils s’intègrent vite dans le groupe, pour continuer à jouer le haut de tableau.

Après, là où je ne suis pas d’accord, c’est que je trouve qu’on est bien organisé et bien structuré au niveau du club. Donc si on venait à monter d’un cran, on serait prêt. Ce qui manque, cette saison, c’est peut-être une ou deux individualités supplémentaires pour faire la différence. Je n’oublie pas qu’on a perdu des joueurs importants sur blessures, d’autres ont été suspendus, notamment après le match de coupe de France face à Fréjus/Saint-Raphaël où je pense que l’on a été plutôt victimes que coupables.

Ces péripéties font que l’on se retrouve à 7 ou 8 points du leader, ce qui est beaucoup et peu à la fois. Il faut continuer à travailler sereinement comme on le fait, et que l’on réussisse à gagner ce genre de match clé comme celui d’Aubagne récemment (1-1, égalisation d’Aubagne à la 94e). L’an passé, on avait fait 0 à 0 contre le leader Marignane, qui était juste devant nous, à 4 points, et on était resté à 4 points. Il manque aussi de l’expérience dans ces moments-là, même si on en a un peu avec Nico (Medjian), Kevin (Châtelain), Herman (Ako) et aussi Amaury (Roperti). Peut-être qu’il en faudrait un ou deux supplémentaires… Cette expérience là pourrait nous aider à franchir des paliers.

« Rien de plus beau que de réussir dans son club »

On te sent extrêmement investi dans ton club : malgré ça, vas-tu rester toute ta vie à Grasse ?
Je ne sais pas. On n’en sait rien. Il n y a rien de plus beau que de réussir dans son club. On est déjà monté deux fois, et si on arrive à monter une troisième fois, ce serait le summum. Je me donne cet objectif suprême. Après, on ne sait pas comment les choses vont se passer : peut-être que dans deux ou trois ans le club prendra une autre direction, on ne peut pas savoir, et peut-être que, à ce moment-là, j’aurai des possibilités pour aller voir ailleurs.

Loïc Chabas, tout sauf un mercenaire, donc ?
Je ne le cache pas, la stabilité et le fait d’être prêt de ma famille sont des facteurs importants. Si un jour je venais à partir, et même si on ne peux jamais en avoir l’assurance, ce serait pour un projet à long terme ou à moyen terme. Personnellement, je ne me vois pas aller faire un « one shot » dans un club. On le voit bien dans la poule Sud : tu sais que tu peux faire six mois dans un club et puis « merci au revoir » et là, ce serait compliqué, et ce serait un frein pour moi, parce que je me dis que pour bien travailler, pour avoir le temps de mettre en place tes idées, ta manière de voir le travail, ça prend du temps, or du temps, il n’ y en a pas. Parce que les clubs cherchent à avoir des résultats immédiatement.

Alors, Aubagne ou Le Puy en National la saison prochaine ?
Déjà, même si on reste ambitieux, c’est dommage que l’on n’ait pas pu faire partie de ce duel, pour que la lutte à l’accession ne se résume pas à ces deux clubs et devienne une lutte à trois, un trio de tête… Pour ça, il a manqué de l ‘expérience sur les moments clés. Le Puy ? Je vois une équipe talentueuse et très complète de A à Z. Aubagne ? Il y a des joueurs d’expérience, qui connaissent parfaitement bien le championnat et la poule, et cette équipe a la réussite du champion !

National 2 (22e journée) – Samedi 13 avril 2024, à 18h : RC Pays de Grasse – le Puy Foot 43, à 18h, au stade de La Paoute.

Texte : Anthony BOYER – aboyer@13heuresfoot.fr – Twitter @BOYERANTHONY06

Photos : RCPG

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