N2 / Thibault Jaques (Stade Poitevin) : retour à la case départ !

Dix-huit ans après son départ, le défenseur central (36 ans), qui a effectué ses débuts à Buxerolles, à 2 kilomètres de Poitiers, revient chez lui, et espère apporter toute son expérience acquise sur les terrains de National et de L2.

Par Anthony BOYER / Photos : Philippe Le Brech (et Stade Poitevin FC + FC Versailles 78)

Thibault Jaques est né à Bordeaux il y a 36 ans mais il n’y est resté qu’un an. C’est pour cela que, depuis toujours, il est considéré comme « Poitevin », puisqu’il a grandi à Poitiers – « Mais j’ai aussi habité à Pau quand on est parti de Bordeaux ». C’est à deux kilomètres de Poitiers, à Buxerolles, qu’il a grandi et tapé ses premiers ballons, avant de lancer sa carrière seniors en 2005-2006 sous les couleurs – Noire et blanche – du grand club de la préfecture de la Vienne. Thibaud a alors 17 ans et le Stade Poitevin, qui a déjà connu plusieurs noms et plusieurs divisions, évolue en CFA (National 2).

Un joueur très apprécié

L’an passé sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Dix-huit ans plus tard, et après une grande traversée du désert, Poitiers vient de retrouver le National 2… et par la même occasion « son » défenseur central qui, entretemps, s’est construit une solide réputation et a emmagasiné de l’expérience !
Thibault Jaques, c’est 245 matchs de National (Versailles de 2022 à 2024, Bourg, Chambly, Colmar et Boulogne), deux saisons pleines en Ligue 2 avec Chambly (2019-2021), une demi-finale de coupe de France (2018, Chambly) et aussi un quart-de-finale (Boulogne, 2014).

Voilà pour le CV d’un garçon apprécié dans tous les clubs où il est passé, que tous les coachs rêvent d’entraîner, et qui effectue donc, à 36 ans, un retour à la maison, près de 20 ans après le dépôt de bilan qui avait plongé Poitiers en Division d’Honneur, en 2006. Un garçon qui a longtemps écumé le CFA (National 2) avant d’éclore sur le tard, vers l’âge de 25/26 ans, à Boulogne, en National, recruté par un certain John Williams (directeur sportif de l’Amiens SC depuis 10 ans). « J’ai commencé le football à l’ES Buxerolles avant de partir à Poitiers à l’âge de 12 ans, raconte le défenseur central. Ensuite, j’ai rejoint le SOC (Châtellerault) en 14 ans Fédéraux puis en 15 ans Honneur. »

Repéré par Châteauroux, il file à La Berrichonne, où il évolue avec les 16 ans Nationaux. Mais la saison ne se passe pas comme il l’espérait : à partir de janvier, il est écarté, parce que son formateur, Dominique Bougras, estime que, quand il joue, l’équipe encaisse un but… Une « drôle » d’explication qu’il n’a toujours pas comprise ni digérée. « Du coup, à Châteauroux, on m’a dit que je ne jouerais pas la deuxième saison, et c’est là que je suis revenu dans ma ville à Poitiers. Je voulais jouer en adultes, alors j’ai joué en Division d’Honneur puis j’ai intégré la National 2 (entraînée alors par Laurent Croci). C’était la dernière saison avant le dépôt de bilan (2005-2006), poursuit le papa de Gabriel (3 ans), Abel (4 ans) et Dani (7 ans). »

« J’avais 7 ans quand Poitiers était en Division 2 ! »

Photo Stade Poitevin FC

Après la descente aux enfers de Poitiers, Thibault retourne à Châtellerault : « J’y suis revenu en 18 ans Nationaux, on a fait un quart-de-finale de Gambardella, puis en CFA et CFA2. Et ensuite je suis allé à Trélissac, en CFA2, et on est monté en CFA ».
Et Poitiers en Division 2, il s’en souvient ? « Oui, oui, j’étais petit, j’avais 7 ans (la dernière présence de Poitiers en D2 remonte à la saison 1995-1996). On venait d’arriver, et je me souviens de joueurs comme Jérome Billac, Pascal Siklenkla, Philippe Barraud, et d’autres… »

Présent avec sa nouvelle équipe à Poitiers depuis la semaine dernière et officialisé par son club jeudi dernier – On vous conseille de clip de présentation du joueur, très réussi ! – l’ex-capitaine du FC Versailles  a donc quitté son domicile du Chesnay, dans les Yvelines, pour rejoindre une ville qu’il connaît bien et un club qui, lui, a bien changé ! Un retour à la case départ, en somme !

Thibault Jaques, du tac au tac

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Meilleur souvenir sportif ?
La demi-finale de coupe de France avec Chambly (en 2019, élimination face aux Herbiers, au stade de la Beaujoire, à Nantes).

Pire souvenir ?
Ma blessure aux ligaments croisés en 2017, avec Chambly aussi, en National, début avril je crois. C’était contre Concarneau.

Combien de buts marqués ?
Non, ça, je ne sais pas.

Et ton meilleur score sur une saison ?
Oui, c’est 7 buts, l’année de la montée de National en Ligue 2 avec Chambly.

Sur les six dernières saisons, tu as une moyenne de 5 ou 6 buts marqués par saison, pas mal pour un défenseur central, non ? Ce don, ça vient d’où ?
J’ai toujours bien aimé aller devant. Après, c’est vrai que lors de la première partie de ma carrière, je ne marquais pas trop, je n’étais pas prédisposé à monter sur les corners, car il y avait des garçons plus grands que moi, mais j’ai toujours bien aimé le travail devant le but. Ces dernières années, ça a plutôt bien marché, je sentais bien les coups.

Un but marquant ?
Le doublé à Lyon-Duchère, l’année de la montée avec Chambly toujours, fin mars 2019, on gagne 2 à 1, on s’est tous applaudis dans le vestiaire parce que ce soir-là, on s’est dit que si le défenseur central marquait un doublé, là, dans un match comme à, c’est qu’il ne pouvait plus rien nous arriver, que c’était notre année !

Ci-dessous, le doublé de Thibault Jaques face à Lyon Duchère

Combien de cartons rouges ?
Je pense que j’en ai pris 3 ou 4, dont un cette année avec Versailles.

Photo Stade Poitevin FC

Tu as toujours joué défenseur central ?
Oui, sauf lors de ma première saison en National, à Boulogne, où j’étais arrivé au mois de janvier (2014). J’avais joué un peu milieu défensif, puis après j’ai repris mon poste en défense centrale. Avant Boulogne, à Trélissac (CFA2 puis CFA) et à Châtellerault (CFA puis CFA2) , je jouais déjà défenseur central. Quand j’étais plus jeune, j’avais un peu joué au poste de latéral, mais vite fait.

Comment t’es-tu retrouvé à devoir évoluer au poste de milieu défensif à Boulogne ?
En fait, quand je suis arrivé à Boulogne, en cours de saison, le club était en National et je n’avais aucune expérience du niveau; c’est le coach, Stéphane Le Mignan, qui m’a mis là, au milieu, parce que je pense que, pour lui, j’avais un peu moins de responsabilités en jouant à ce poste. La saison d’après, j’ai joué derrière, et on a fait 1/4 de finale de coupe de France (élimination aux tirs au but contre Saint-Etienne, en mars 2015).

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Ton geste préféré ?
Les crochets ou alors la passe qui casse les lignes !

Qualités et défauts sur un terrain, selon toi ?
Qualités, ma technique, comme le « contrôle-passe », le sens du jeu, le placement, l’anticipation, mon côté leadership, de toujours vouloir aller vers l’avant, avancer. Et pour mes défauts, peut-être qu’il m’a manqué un peu de vitesse.

Et dans la vie de tous les jours ?
Je suis boudeur. Je n’aime pas l’injustice. Dans la vie de tous les jours, je suis susceptible, boudeur, et sinon je suis généreux avec mes amis.

Une idole ?
Zidane ou R9, Ronaldo, le Brésilien.

Un modèle ?
Sergio Ramos, même si ce n’est pas très original. Paolo Maldini aussi.

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Que t’a t-il manqué pour être un joueur de Ligue 2 confirmé ?
J’ai mis du temps à sortir du National 2, à l’époque, c’est John Williams (actuellement directeur sportif à Amiens) qui m’a fait venir à Boulogne, en National. J’ai commencé à 17 ans et demi en National 2 à Poitiers pourtant, mais aujourd’hui, je pense que si je commençais au même âge à ce niveau, j’aurais eu de grandes chances de partir dans un club professionnel. J’ai l’impression que c’était beaucoup plus dur de signer dans un club pro avant. Après, je n’ai aucun regret sur ma carrière.

Justement, c’était la question suivante : pas de regret ?
Non, je n’ai pas de regret, j’ai joué, ce qui était le plus important. Après, ce n’est pas un regret, mais j’aurais juste préféré que l’on monte en Ligue 2 avec Bourg-en-Bresse lors de la saison 2021-2022, parce que je pense que l’on avait une grosse équipe. Mais en aucun cas je regrette d’avoir signé à Bourg.

La saison où tu as pris le plus de plaisir ?
A Boulogne, on avait une équipe extrêmement jeune, on s’est régalé, et aussi l’année de la montée en Ligue 2 avec Chambly, pas tant en termes de jeu mais surtout parce qu’on avait un groupe extraordinaire.

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Un club où tu as failli signer ?
Un club à l’étranger peut-être, au Dynamo Bucarest, j’étais parti là-bas, je devais allé en préparation à Antalya en Turquie avec eux, le directeur sportif me dit que c’est bon mais finalement, deux heures après, ce n’était plus bon… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé pendant ces deux heures !

Un club, autre que les Girondins ?
L’OM (rires), même si Bordeaux, ça m’intéresse quand même… Mais mon club de coeur, c’est l’OM. A Bordeaux, je n’y ai habité qu’à la naissance, pendant un an.

Un stade mythique ?
Santiago Bernabeu. Mais je n’y suis jamais allé. Mais là, avec le nouveau stade, ça va vraiment valoir le coup.

Avec son ancien coéquipier à Chambly, Joachim Eickmayer (Red Star). Photo Philippe Le Brech

Un stade qui t’a impressionné, en tant que joueur ?
A Strasbourg, quand j’ai joué le derby en National avec Colmar, il y avait 28 000 spectateurs, c’était chaud.

Un coéquipier marquant ?
Jeremain Lens, à Versailles, c’est vraiment la classe, il est très simple, Marvin Martin que j’ai côtoyé à Chambly, idem. Et aussi Medhy Guezoui, pour sa folie !

Un joueur avec qui tu avais un super feeling sur le terrain, dans le jeu ?
Joachim Eickmayer, on jouait les yeux fermés, et aussi Simon Pontdemé et « Anto » Soubervie.

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Un surnom ? Il paraît que certains t’appelaient « Le professeur » ?
On me surnomme « Thib » ! Le Professeur ? Oui, ça c’est Simon (Pontdemé) qui aimait bien chambrer, il m’avait surnommé comme ça…

Combien de vrais amis dans le foot ?
J’en ai 5 ou 6.

Un adversaire qui t’a posé des problèmes ?
A l’époque, avec Poitiers, en National 2, j’avais joué arrière gauche et j’avais affronté Dimitri Payet qui jouait ailier droit, en réserve à Nantes, et là… Waouh ! Il allait vite ! C’était compliqué contre lui, on avait perdu 2 à 0, doublé de Claudio Keserü. Et je me souviens aussi de l’attaquant de Caen, avec Chambly, Alexandre Mendy, très physique.

Un joueur perdu de vue et que tu aimerais revoir ?
C’est au centre de formation à Châteauroux, le petit frère de Morgan Amalfitano, Romain, je n’ai plus de nouvelles depuis plus de 10 ans.

Un coach perdu de vue que tu aimerais revoir ?
Eric Maïoroff, mon entraîneur en U14 Fédéraux à Châtellerault.

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Un coach que tu n’as pas forcément envie de revoir…
De toute façon, maintenant, je peux le dire ! Dominique Bougras, mon coach au centre de formation à Châteauroux : avec lui, j’ai joué la moitié de la saison, puis il m’a dit que ses statistiques montraient que quand je jouais, on prenait un but. Donc je n’ai plus joué à partir de janvier ! A 16 ans, c’est un peu dur à comprendre : moi, j’étais là pour jouer au foot. Un formateur n’est pas là pour ça mais plutôt pour former des footballeurs et aussi des hommes. Je l’ai recroisé plusieurs fois après…

Un président qui t’a marqué ?
Le président Fulvio (Luzi), pour ce qu’il a fait à Chambly, et monsieur (Fabrice) Faure à Trélissac, qui a vraiment donné énormément de son temps et de son argent pour son club, sans jamais réussir à monter en National, un peu comme à Bergerac d’ailleurs, avec Christophe Fauvel.

Une causerie marquante ?
En coupe de France, à la mi-temps contre Monaco avec Chambly, on est mené 2 à 0, le coach Bruno Luzi avait eu des mots un peu crus…

Sous le maillot du FC Versailles 78. Photo Philippe Le Brech

Un président qui ne t’a pas marqué…
A Colmar (saison 2015-2016), je ne sais même plus son nom (Christophe Gryczka)… Un jeudi, la veille d’un match à domicile, il nous dit « ne vous inquiétez pas, je ne vous lâcherai pas, je me bats pour trouver de l’argent », et le lendemain, après le match, il démissionne. Le foot dans toute sa splendeur !

Une consigne de coach que tu n’as jamais comprise ?
Non, ou alors, défendre tout le long et espérer marquer sur un coup de pied arrêté; ça, je veux bien le faire un match ou deux, mais pas une saison !

Une appli mobile ?
Instagram.

Une ville, un pays ?
La Colombie et Carthagène.

Souvenir de vacances ?
Bali.

Une anecdote de vestiaire jamais racontée ?
Avec Medhy Guezoui, on a pris un fou rire en pleine causerie de Bruno Luzi, parce qu’on entendait Jean-Michel (Rouet, dirigeant du club) qui tapait à la porte du vestiaire, et qui criait « Ouvrez moi, ouvrez moi » et Medhy explose de rire, on pleurait, le coach nous a vus, Medhy s’est levé, il ne pouvait plus rester en place.

Le joueur le plus connu de ton répertoire ?
Jeremain Lens et Marvin Martin.

Le stade qui t’a procuré le plus d’émotion ?
Le stade de la Beaujoire, à Nantes, pour la demi-finale de coupe de France face aux Herbiers.

Un match référence ?
Le premier match qu’on fait avec Chambly en Ligue 2, on fait tous un gros match, moi aussi, je marque sur penalty, tout avait bien fonctionné, on s’était senti forts.

Pire match ?
Un match amical avec Châtellerault, contre Troyes, on perd 7 à 0 ou 7-1, et là, je me suis dit, « ce n’est pas pour moi » ! Même si ce n’étais qu’un amical, je m’en souviens bien.

Le meilleur joueur avec lequel tu as joué ?
Bakary Sakho et Razak Boukari à Châteauroux, mais aussi Jeremain (Lens) et Marvin (Martin), qui ont été des internationaux.

Plus grosse prime de match ?
Je crois que c’était un match à 1000 ou 1500 euros.

Photo FC Versailles 78

Un déplacement qui s’est mal passé ?
Il y en a deux. Un avec Chambly, quand le bus est tombé en panne, on revenait de Toulouse : on avait dû mettre 15 heures pour rentrer ! Et puis ce match à Clermont, au moment de la Covid, on avait 12 ou 13 cas de Covid dans notre équipe, le coach était reparti, et on avait dû jouer quand même… Alors qu’à partir de 11 cas, le match aurait dû être reporté…

Des manies ?
Il faut que je regarde avant de sortir de chez moi si mes cheveux, ça va (rires) !

Des vices ?
La nourriture, le chocolat au lait. Je pourrais en manger toutes les cinq minutes ! C’est problématique, parce que je suis obligé de n’acheter que des fruits et des légumes pour mes enfants !

Un plat, une boisson ?
Du Coca et les lasagnes au saumon.

Photo Stade Poitevin FC

Loisirs ?
Les films, les séries, le sport en général, j’en regarde beaucoup. Je suis le basket essentiellement, la NBA. J’ai un peu plus de mal avec le basket français, c’est moins spectaculaire.

Acteurs, actrices, film culte ?
La ligne verte. Acteur, Morgan Freeman.

Dernier match vu en tant que spectateur ?
C’est PSG – Newcastle en Ligue des Champions, au Parc.

Que détestes-tu par-dessus tout ?
Le manque d’investissement.

Couleur préférée ?
Le bleu.

Chiffre ?
Le 29. Ma date de naissance.

Le don de la nature que tu aimerais bien avoir ?
Allez vite comme un sprinteur !

Chanson culte ?
J’écoute de tout, plutôt du rap.

Photo FC Versailles 78

Si tu n’avais pas été footballeur ?
J’avais fait des études de management, mais je n’avais pas un métier en tête, j’ai toujours voulu faire du foot !

On t’a déjà confondu avec Jaques Thibaud ?
(Rires) Non ! Je ne sais pas qui c’est (Jacques Thibaud était un violoniste du début du XXe siècle !)

Pourquoi dans « Jaques » n’y a-til pas de « C » avant le « Q » comme pour tous les « Jacques » ?
Je ne sais pas si c’est vrai, mon grand père était un enfant de la DAS, et le jour où il est arrivé, il lui ont donné le nom de famille de la fête du jour, et ils ont mis ce nom, orthographié comme ça.

Tu es un défenseur plutôt ?
Beau à voir jouer !

Le milieu du foot ?
Je n’irais pas jusqu’à dire que ce n’est pas sain, mais un peu surfait.

Texte : Anthony BOYER / Twitter : @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr

Photos : Philippe Le Brech (et Stade Poitevin et FC Versailles 78)

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