Après un long passage à Valenciennes, où il a touché un peu à tout, jusqu’aux pros en Ligue 2, l’ancien latéral gauche, formé à Lyon, a terminé son apprentissage et s’est assis cet été sur le banc du SAS, où il a misé à la fois sur l’ancrage local et sur l’expérience.
Par Augustin Thiéfaine / Photo de couverture : SAS Epinal
Nouveau maître à bord d’un vaisseau spinalien relégué en National 2 à l’issue de la saison 2023-2024 (17e de National), Nicolas Rabuel a rallié la préfecture des Vosges pendant la trêve estivale et commencé à vivre sa deuxième saison en tant qu’entraîneur principal.
Fort de presque dix ans d’expérience – dont une à la tête de Valenciennes, club dans lequel il a tout connu, de la formation au banc de Ligue 2 (comme numéro 1) en passant par le poste d’adjoint après une riche carrière de joueur (à retrouver dans le tac au tac), ce Burgien d’origine a su développer au fil des saisons sa propre philosophie du ballon rond.
Sa manière de manager, sa trajectoire, son parcours qui l’a mené de la formation lyonnaise jusqu’à la cité des Images en passant par le Nord et l’Ouest de la France, Nicolas Rabuel s’est confié peu avant la réception de Biesheim (6e journée de N2) le 21 septembre dernier, au stade de la Colombière (défaite 4-2). Tour d’horizon.
VAFC : « Un enrichissement »
À 46 ans, Nicolas Rabuel n’est finalement encore qu’un petit jeunot sur les bancs du football français. Longtemps adjoint ou coach au centre de formation valenciennois, il s’est lentement mais sûrement préparé à un avenir tout tracé en qualité d’entraîneur principal.
Son diplôme professionnel (BEPF) en poche, le moment est venu pour cet ancien arrière gauche de métier, un certain 1er juillet 2022, de prendre officiellement et sans intérim la tête de sa première formation de haut niveau : Valenciennes, qui était alors en Ligue 2. « Sur ma première expérience à la tête de VAFC, je suis satisfait. Je suis satisfait parce que je m’étais préparé à ça. Ça faisait longtemps que je préparais le BEPF et que je voulais avoir l’équipe. Quelque part, c’était un peu la suite logique dans mon cursus que je puisse devenir numéro 1. Je m’y étais préparé en ayant coaché les jeunes à Boulogne, les U19 et la réserve à Valenciennes et en ayant effectué quelques intérims. Je savais exactement à quoi je devais m’attendre ».
Voilà Nicolas Rabuel lancé dans le grand bain de l’élite. « C’est une saison qui a été très riche en apprentissages. On fait une bonne première partie puisqu’on est 5es à la trêve. »
Malheureusement et pour des raisons qu’il préfère taire, la phase retour ne sera pas du même acabit pour ses joueurs et lui. Valenciennes termina son exercice 16e, au bord du précipice et des quatre relégations causées par la refonte des championnats et le passage à 18. Nicolas Rabuel, lui, ne pourra pas en dire autant : il aura entre-temps été licencié par ses dirigeants mi-avril 2023 (après une série de huit matchs sans victoire) et remplacé par Ahmed Kantari, à 8 journées de la fin.
Après presque dix ans de bons et loyaux services, il quitte le Hainaut par la petite porte. Une expérience qu’il a finalement jugé, à froid, comme étant « très enrichissante » car il a appris. Oh oui, il a beaucoup appris. « À la fois sur la façon de bâtir un effectif et de pouvoir performer mais aussi sur le management des joueurs, du staff et de la direction, ce qui est un élément très important. »
Mais avant de reprendre sa carrière où elle en est aujourd’hui, au Stade Athlétique Spinalien (SAS), continuons de remonter le temps. Nicolas Rabuel termine sa carrière de joueur à l’USBCO et reste dans un premier temps à Boulogne-sur-Mer avant de rallier Valenciennes en qualité d’adjoint en 2015. Un club qu’il ne quittera donc qu’en 2023.
Avant d’arriver au guidon du club nordiste, il fera ses gammes dans le centre de formation à la tête des U19 puis de la réserve et fera même quelques intérims. Il voit passer un paquet de jeunes joueurs prometteurs. De jeunes talents sur lesquels, à un moment, l’équipe première s’est forcément appuyée.
« C’était une fierté. J’ai vu beaucoup de jeunes passer du centre de formation au monde professionnel. Fierté aussi de réussir à les emmener à ça, de pouvoir les préparer à ce monde-là et de les voir évoluer. Chacun à un parcours différent, certains grandissent en même temps que le club. D’autres grandissent plus vite que le club et ça en fait des joueurs qui sont « bankables ». C’est une fierté et à la fois un petit regret. À Valenciennes on était contraint chaque saison de devoir vendre nos meilleurs jeunes pour équilibrer le budget et on a rarement eu l’occasion d’avoir un pécule suffisant pour dire qu’en vendant nos joueurs on améliorait le quotidien du club. Je parle plutôt d’améliorer les infrastructures du centre de formation, de pouvoir développer les staffs d’éducateurs. Pour avoir de bons jeunes il faut aussi un bon encadrement. »
Épinal : le pari de l’ancrage local
L’ancrage local. Pourquoi est-ce important de souligner cela ? Déjà parce que cela fait partie intégrante de son chemin de croix jusqu’au BEPF et de son actuelle fonction à Epinal mais aussi parce que ce sont sur ces jeunes du cru valenciennois qu’il a misé, en partie, dans ses plans de reconstruction du SAS.
Mué en véritable architecte, sa mission a été, tout d’abord, de mettre en place un staff resserré mais cohérent avant de bâtir son effectif. Ainsi, l’équipe encadrante déjà en place a-t-elle été conservée – John Panfili, entraîneur des gardiens), Loïc Soria (préparateur physique) et Romain Gotté (team manager et analyste vidéo, entre autres). Tous sont fins connaisseurs du club et constituent une base solide de l’ancrage local souhaité par les dirigeants du club vosgien.
Pour Nicolas Rabuel, l’une des clés pour réussir quand on est entraîneur dans le football moderne, c’est être capable « de bien s’entourer. Il faut évidemment des compétences tactiques mais il faut savoir s’entourer des meilleurs experts ». Il n’y avait pas de meilleurs experts avec lesquels collaborer pour réussir sa tâche en plein coeur des Vosges.
Pour autant, une place est restée vacante : celle de l’entraîneur adjoint. A son arrivée en juin dernier, le président, Yves Bailly, lui a laissé le choix de pouvoir intégrer une personnalité extérieure au club dans son équipe. Seulement, s’il faisait venir quelqu’un de l’extérieur, le coût de son arrivée amputerait le budget alloué pour le recrutement des joueurs et le premier édile du club avait déjà une petite idée dans un coin de tête. Il propose à son nouveau coach le nom de Yannis Rouani, responsable jusqu’alors des U18 R1 du SAS (qui ont notamment réussi un fabuleux parcours jusqu’en 32e de finale de Coupe Gambardella l’an passé et affronté le PSG d’Ethan Mbappé).
Rouani, qui a joué au club, fils de Slimane Rouani, un des historiques du SAS (ex-joueur de Division 2 notamment au milieu des années 90), est aussi un expert. Il connaît tous les joueurs et tous les jeunes.
L’idée fait mouche. Rabuel ne voit pas de meilleure personnalité que lui. « Il cochait toutes les cases. C’est une ressource interne indispensable. C’est un gain de temps énorme d’avoir quelqu’un, qui, en plus de John et Loïc, connaît les jeunes, en plus, on en a intégré six ! ».
Promu au poste d’adjoint Rouani complète donc le staff spinalien. Nicolas Rabuel s’est ensuite penché sur l’effectif. Une fois encore, il a le choix. « Pour rebâtir, il y avait deux options : profiter du fait que l’effectif comportait beaucoup de joueurs qui arrivaient en fin de contrat et pouvoir repartir sur une page blanche. Ou alors s’appuyer sur la base spinalienne. Comme on l’a dit, au club, il y a un ancrage local très fort. C’est ce que j’ai préféré choisir en essayant de conserver un maximum de joueurs qui étaient en National la saison dernière. J’estimais qu’il y avait un potentiel à exploiter. On n’a pas pu garder tout le monde, certains joueurs avaient exprimé des envies d’ailleurs et/ou la volonté de rester à un niveau supérieur mais on a quand même réussi à s’appuyer sur un socle d’anciens joueurs du club. »
Le SAS a notamment su conserver des cadres importants comme le capitaine Sébastien Chéré, son gardien Salim Ben Boina ou encore l’indéboulonnable Jérémy Collin. Paul Léonard, Muamer Aljic, Baptiste Aloé, Abdoulaye Niang et Karim Coulibaly ont aussi été conservés. Des jeunes sont montés et des recrues sont arrivées. La gloire locale, Gaëtan Bussmann (Nancy) est revenu; Fredler Christophe (Strasbourg), le gardien international béninois Dava David Agossa, Bastien Launay (Avranches), Aeron Zinga, Jawad Kalai (ex-Valenciennes) et Valdir Fonseca – qui a aussi été formé au VA mais arrive en provenance de Bergerac – ont débarqué. Ces derniers ont déjà été coachés par Rabuel dans le passé. Enfin, Marvyn Vialaneix arrive lui aussi du club nordiste mais n’a jamais officié sous les ordres de son nouvel entraîneur. Une liste à laquelle s’ajoute le nom de Baptiste Aloé, prêté par Marseille au VAFC entre 2015 et 2017, et qui avait déjà, lui aussi, côtoyé son « nouveau » coach au stade du Hainaut.
« Chacun doit se sentir investi »
« L’objectif était vraiment de constituer ce groupe avec 16 joueurs confirmés et polyvalents, ça va aussi de paire avec nos moyens actuels. On ne pouvait pas recruter 20 joueurs. » Au-delà des moyens, l’idée d’avoir un groupe qui compte jusqu’à 25 têtes maximum en comptant les trois gardiens est la base de la conception souhaitée par Nicolas Rabuel. « Dans le projet de jeu, j’ai demandé un groupe restreint. On sait que 80% du temps de jeu est aujourd’hui partagé entre 15-16 joueurs, or pour que les joueurs se sentent entièrement investis, il faut qu’ils aient un minimum de minutes. Si chaque week-end 5 ou 6 garçons restent à la maison et n’apparaissent jamais sur la durée, ça devient beaucoup plus difficile à gérer car ce sont des joueurs qui vont lâcher et qui ne se sentiront pas impliqués dans le projet. Et pour que le système soit performant, chacun doit se sentir investi. »
Un credo aussi valable pour son staff. « Chacun doit être capable d’apporter des couleurs et des saveurs différentes dans les séances d’entraînement, tout en partageant des valeurs compatibles. J’aime avoir un staff qui soit aussi une force de proposition, qui puisse me confronter à certaines idées et certains choix dans le but de faire avancer la réflexion. En signant ici à Epinal, il y a un slogan, c’est « grandir ensemble » : que ce soit dans la relation avec les joueurs ou le staff, à la fin de la saison, il faut que l’on soit tous plus grands, qu’on se soit enrichit les uns les autres et qu’on ait pu apprendre de chacun. »
C’est ainsi qu’Epinal aborde sa reconstruction et pourquoi pas une rapide remontée. Habitué à faire l’ascenseur depuis une dizaine d’années, champion de son groupe de National 2 il y a encore deux ans, le niveau s’est depuis relevé et tout est à recommencer pour une équipe qui vise, à court voire moyen terme, de remonter.
La loi des séries pour la saison à venir
Si le projet sportif est défini et le plan de jeu établi, le vestiaire a fixé ses propres règles de vie. Sur le terrain, les Spinaliens version 2024-2025 vont devoir montrer de quel bois ils se chauffent avec un effectif expérimenté et qualitatif.
« Oui, on est ambitieux mais on aborde la saison avec beaucoup d’humilité en gardant en mémoire tout ce qu’il s’est passé la saison dernière. Une descente est toujours un évènement difficile à digérer psychologiquement. Malgré ça, on est contents par rapport à notre recrutement et la qualité du groupe. On a faim dans notre championnat, dans certainement la poule la plus difficile de National 2 mais on reste encore aussi dans une phase de découverte avec la refonte qui est passée par là. C’est difficile de se projeter, les adversaires se sont aussi renforcés, il ne faut pas l’oublier. Est-ce qu’on a le potentiel de remonter dès la première saison ? Pour le moment, on a décidé avec le staff de découper la saison par séries de quatre ou six matchs en fonction du calendrier afin de se fixer des objectifs de points sur ces séries-là. On pourra faire un premier bilan à la trêve une fois qu’on aura rencontré tous nos adversaires et faire une projection sur la deuxième partie de saison en chiffrant nos objectifs de fin de saison. »
Après six journées, le club vosgien pointe au 9e rang, en milieu de tableau (7 points, 2 victoires, 1 nul et 3 défaites). Si certains peuvent juger ce début de saison décevant, il faut savoir laisser le temps au temps et accepter une période de rodage. Beaucoup de choses ont changé et chacun doit trouver sa place dans ce projet. Épinal semble malgré tout sur de bons rails en interne alors que son nouveau stratège continue de cimenter la cohésion de son groupe. Pour autant, rien ne sera facile dans ce championnat, avec une seule montée, et puis, vous connaissez la chanson : tous les points compteront en fin de saison !
Nicolas Rabuel, du tac au tac
« Mon rêve, c’était un parcours à la Maldini ! »
Ton meilleur souvenir de carrière ?
La montée en Ligue 1 avec Boulogne-sur-Mer (2008-2009). Et aussi la montée en Ligue 2 avec le FC Rouen (2003-2004), elle a été marquante mais forcément quand tu touches le Graal… Sorti de l’OL, après ma formation, ça faisait 10 ans que j’attendais de jouer en Ligue 1 et je touchais ça du doigt dans un contexte de dingue avec un engouement populaire énorme à Boulogne. C’est valable pour les deux clubs d’ailleurs ! Mais le meilleur souvenir, reste la montée en Ligue 1.
Ton pire souvenir ?
C’est la sortie de ma formation à Lyon où on m’a promis un contrat professionnel d’un an. Mon modèle de carrière c’était ‘’je suis formé à Lyon, je fais ma carrière à Lyon’’. Mon rêve c’était un parcours à la Paolo Maldini avec Milan. Pendant les vacances, à quelques jours de la reprise, l’OL était qualifié pour la première fois en Ligue des Champions. À ce moment-là, Jean-Michel Aulas recrute Sonny Anderson et Tony Vairelles et il y avait un joueur de trop dans l’effectif. Comme je n’avais pas encore signé mon contrat, eh bien je ne l’ai jamais signé. Ça a été très douloureux à digérer, je n’aurais peut-être jamais joué en Ligue des Champions avec Lyon, je ne sais pas, mais en tout cas, je me suis retrouvé en CFA à Angoulême et il m’a fallu dix ans pour retrouver la Ligue 1. J’ai eu la nouvelle tellement tardivement que finalement tous les effectifs de Ligue 2 et de National étaient bouclés et il fallait bien jouer au football.
Un joueur avec lequel tu as évolué qui t’as marqué ?
J’en ai vu un paquet mais je crois que celui qui m’a toujours mis sur le derrière (sic) c’est Sidney Govou. Tout le monde sait qu’il n’avait pas la meilleure hygiène de vie mais c’était un dragster sur le terrain. Peu importe ce qu’il faisait la semaine, peu importe ce qu’il faisait la veille d’un match, il était toujours à 100% et performant. C’est quelqu’un qui en plus est arrivé sur le tard, il n’a pas fait de centre de formation, il venait du monde amateur et c’était un extra-terrestre.
Un entraîneur qui t’a marqué ?
Ça va de paire avec la montée en Ligue 1, c’est Philippe Montanier. On était le tout petit Boulogne et Philippe avait cette capacité de réussir à transcender le groupe. Il réussissait à nous faire croire qu’on était capable de taper n’importe qui en Ligue 2 malgré notre 20e budget. On pouvait jouer n’importe qui, se bagarrer contre Montpellier, Lens, Strasbourg et gagner ! Jouer la montée n’était absolument pas programmé. L’année précédente, on s’était maintenu à la dernière seconde de la dernière rencontre ! »
Un modèle, une idole ?
Je ne suis pas trop dans ce modèle-là. Par contre, j’avais un petit carnet pendant ma carrière de joueur et je notais toutes les grandes idées que j’aimais bien chez chaque coach, les principes de jeu, les entraînements et même les préparations estivales. Je résonnais en mode ‘’ça, ça me plait, je prends et je garde ou ça je n’aime pas, je ne le ferai jamais‘’. C’était un capteur d’idées et de management pour tout ce qui était approche du terrain et du vestiaire.
Un entraîneur que tu as perdu de vue et que tu aimerais revoir ?
C’est un entraîneur qui a malheureusement disparu : René Marsiglia que j’ai eu à l’AS Cannes. C’est quelqu’un qui m’avait toujours suivi, on était en contact et pour une fois, on a pu travailler ensemble. Malheureusement, il s’était fait virer après quatre ou cinq journées… Aujourd’hui, je suis sûr que c’est quelqu’un avec qui j’aurais aimé reprendre contact pour parler foot.
Un coéquipier avec qui tu pouvais jouer les yeux fermés ?
Il n’y a pas besoin de réfléchir : c’est Alexandre Cuvillier. On était à Boulogne et on était proches sur le terrain et dans la vie. On l’est toujours dans la vie d’ailleurs. J’étais latéral gauche, lui excentré gauche et si le match durait 90 minutes, nous on se parlait pendant 120 ! Je savais que quand je montais, il prenait ma place. Quand j’avais le ballon, je savais quand et où il allait me le demander. Finalement, on a fait trois saisons ensemble (deux en Ligue 2 et une en Ligue 1), mais la connexion s’est faite très rapidement, on était un vrai binôme. Des années plus tard, on s’était retrouvé dans un match de gala à Boulogne et la connexion était toujours là. C’était drôle parce que j’avais arrêté le foot, lui jouait encore mais rien n’avait changé !
Choisis un stade : Le Hainaut (Valenciennes), La Libération (Boulogne), Robert-Diochon (Rouen), Coubertin (Cannes) ou Les Costières (Nîmes) ?
Cette fois, je dirais quand même Diochon. Ce n’est pas pour l’infrastructure en elle-même mais vraiment pour l’ambiance, surtout que c’était l’année où on monte avec le FC Rouen de National en Ligue 2. Il y avait aussi une super ambiance à la « Libé » l’année de la montée avec Boulogne mais c’était un cran au-dessus à Diochon. J’ai le souvenir d’une ambiance à l’anglaise, où dès qu’on passait le milieu du terrain, tu sentais que ça vibrait, que le public te portait. Tu passais le milieu et tu étais persuadé que tu pouvais marquer un but tant la ferveur était folle. Les gens te portaient vraiment jusqu’au but.
Le public qui t’a le plus impressionné ?
Il y en a deux… et même si je suis Lyonnais, je vais devoir le dire. Il faut être objectif, aujourd’hui, quand tu vas à Saint-Étienne et à Lens et qu’ensuite tu rentres chez toi, pendant deux jours tu as encore les chants dans la tête. Ils appuient sur « lecture » au début du match et pendant 90 minutes ça n’arrête pas. Ailleurs, les chants s’arrêtent puis repartent; là, c’est un concert. J’espère que les Bad Gones ne m’en voudront pas (rires) !
Ton plus beau but ?
Je n’en ai pas marqué des masses mais le choix est dur. Il y en a un avec la réserve d’Angoulême. Mon fils naît la veille, soit un jour de match et je ne peux pas jouer avec l’équipe première. Le coach me demande si je veux jouer avec la réserve le lendemain et je dis oui. Je marque un but de 25-30 mètres, je reçois un ballon dos au jeu, je me retourne et je frappe de l’extérieur du pied gauche et elle arrive en pleine lunette ! Le but parfait. Il y a aussi un but dans le derby contre Le Havre avec Rouen, on gagne 4-0 à Diochon et je mets le premier but de loin et du gauche. Enfin, j’ai aussi marqué un doublé avec Louhans-Cuiseaux contre Guingamp en Coupe de France. Ce sont ces trois situations qui me sont tout de suite venu en tête.
Tu découvres la Ligue 1 en fin de carrière, est-ce que c’est un final en apothéose ?
Oui et quelque part je pense que ça m’a coûté ma fin de carrière. Quand je suis au centre de formation de l’OL, j’ai un problème au dos pour lequel on me dit que je pourrai pas faire carrière et que le foot va devoir s’arrêter. Je continue et à partir de ce moment-là, quand je ne signe pas mon contrat pro à Lyon, je me suis dis « il faut que je joue en Ligue 1 ». C’est mon objectif. Le cerveau est compliqué. Lorsque j’atteins la Ligue 1, je fais la saison mais on redescend en Ligue 2 et à partir de là mes problèmes de dos se sont amplifiés. Je suis convaincu que j’avais tellement programmé mon cerveau pour la Ligue 1 que, une fois l’objectif atteint, il m’a dit « tu as mis le GPS sur la Ligue 1, la destination est atteinte, maintenant stop ». J’ai arrêté en octobre la saison d’après.
Le football en deux mots ?
Humilité et ambition.
Qu’aimes-tu faire à côté du football ?
J’aime bien passer du temps en famille et aussi avec mes amis : avec eux c’est pétanque, pêche, poker et un apéro de temps en temps ! J’ai besoin de ça dans mon équilibre. J’ai besoin de mon épouse et de mes enfants. J’ai besoin de sortir du contexte du foot et de prendre du temps pour moi et pour les autres. J’ai beaucoup travaillé la-dessus car avant, quand j’avais un peu de temps, c’était toujours foot. Je m’impose des coupures comme le dimanche, quand on a joué le samedi : et s’il faut reprendre le match, je le ferai le lundi. Ça a été difficile à faire au départ, désormais ça devient de plus en plus naturel. C’est indispensable.
Epinal est un club…
Où on grandit ensemble. C’est le slogan du club en plus !
Tu es un coach plutôt…
A l’écoute. C’est le premier truc qui me vient !
Texte : Augustin THIEFAINE
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