N2 / Jérémy Berthod (FC Limonest DSD) : « J’ai encore beaucoup de choses à apprendre »

Grand fan de Paolo Maldini, Michael Jordan et Novak Djokovic, l’ex latéral de l’OL et de l’AJ Auxerre (41 ans) confie aussi s’être déjà inspiré de Youtubers pour mener certaines de ses missions à bien. Curieux et ouvert d’esprit, sa soif d’apprendre lui permet de s’adapter, de se développer et de s’épanouir dans son quotidien d’entraîneur.

Par Karel WEIC – mail : contact@13heuresfoot.fr

Photos : FC Limonest/Dardilly/Saint-Didier

Quatre titres de champion de France, 144 matchs de Ligue 1 sous les couleurs de l’OL, Monaco et Auxerre, 14 apparitions en Ligue des champions, un passage en Norvège : Jérémy Berthod a vécu une riche carrière de footballeur. Des expériences que l’ex-latéral gauche met aujourd’hui au profit d’un rôle auquel il continue de se former chaque jour, celui d’entraîneur principal.

Actuellement aux commandes de l’équipe fanion du Football Club Limonest / Dardilly / Saint-Didier en National 2, le champion du monde U17 (en 2001) fait preuve d’assez de sagesse et d’humilité pour grimper les échelons avec patience. Sa nouvelle casquette de jeune coach vissée sur la tête, il est passé par bon nombre d’étapes et a relevé une belle variété de défis en l’espace d’une dizaine d’années.

De Sarpsborg en Norvège aux équipes de jeunes de Domtac (club né en 2022 de la fusion entre Dommartin et La Tour-de-Salvagny) ou de l’OL, en passant également par Ain Sud, le FCLDSD, Villefranche Beaujolais et Hauts-Lyonnais, il a sillonné les divisions françaises avec l’ambition de gravir pas à pas les marches de son « escalier ». Le tout guidé par un mot d’ordre essentiel et revenu à plusieurs reprises au cours de l’agréable entretien qu’il nous a accordé, « l’adaptabilité ».

Interview : « Il faut s’adapter tout le temps ! »

Jérémy, est-ce que devenir entraîneur a toujours été une option évidente pour vous ?
Non. Au départ de ma carrière de joueur, je ne pensais pas forcément à ma reconversion. Et puis plus les années passent, plus on commence à se dire que c’est bientôt la fin et qu’il va falloir faire autre chose. Au début, je n’étais pas parti pour être entraîneur parce que je ne me sentais pas avoir les compétences, ni l’envie. Je voulais rester dans le sport, mais d’une autre façon. Et en fait, vers la fin de ma carrière, j’ai commencé à me dire que transmettre ce qu’on m’avait transmis pouvait m’intéresser. C’est pour ça que je suis parti dans le métier d’entraîneur dès la fin de ma carrière de joueur.

« Permettre à des joueurs de réaliser leur rêve »

Vous avez croisé beaucoup d’entraîneurs notables, certains d’entre eux vous ont-ils particulièrement inspiré ?
Je me suis inspiré, et je m’inspire encore aujourd’hui, de tous les coachs que j’ai eus. Que ce soit des sources positives ou négatives, je me sers de toutes les expériences. J’ai été marqué par tous mes formateurs à l’OL, mes entraîneurs en professionnel, en sélection nationale ou même en amateur lorsque j’ai joué ma dernière saison à Domtac. Mais si je devais choisir, je dirais peut-être mes formateurs à l’OL. J’ai réussi à devenir professionnel grâce à mon travail, déjà, mais aussi grâce au travail de ceux qui m’ont formé à Lyon. Quelque part, j’avais envie de leur ressembler et de transmettre comme eux m’ont transmis, de permettre à des joueurs de réaliser leur rêve.

Vous avez eu un parcours de coach assez linéaire, était-ce important pour vous de franchir les paliers progressivement ?
Oui, c’était la stratégie que j’avais mise en place. Si j’avais eu l’occasion d’intégrer un staff professionnel dès la fin de ma carrière, je me serais peut-être posé la question parce que ce sont des opportunités que l’on ne peut pas refuser. Mais comme je ne l’ai pas eu, j’ai pris ce chemin-là sur les conseils, aussi, de mon frère qui a 4 ans de moins que moi et qui est entraîneur depuis une vingtaine d’années dans la région. Il avait donc un peu plus de recul sur la question, et il m’avait conseillé de commencer par les petits échelons, notamment au club de mon village, Domtac, qui est réputé en termes de formation de jeunes et d’éducateurs. C’était une vraie bonne première fois pour me lancer, j’ai pu y faire mes bases et aujourd’hui, j’en suis très content. Pour moi, quelque part, le vrai métier d’entraîneur et d’éducateur est là. Dans ce job-là, il faut s’adapter tout le temps, et c’est dans ces moments-là qu’on apprend le plus. Quand on est dans une structure pro comme c’était le cas avec les U17 à l’OL, on a un terrain complet, les joueurs sont disponibles partout, on a du matériel à foison. On est dans les meilleures conditions, et quelque part, c’est facile. Là on peut vraiment parler de contenu, de tactique, de technique. En amateur, pour tout ce qui touche à l’organisation et à la préparation de séance, on doit s’adapter. Et c’est là où on est le meilleur, je trouve.

« En Norvège, ils aiment se faire mal »

Vous êtes passé par la Norvège, à Sarpsborg. Qu’en retenez-vous ?
J’y suis resté trois ans, et ce qui m’a marqué chez les joueurs norvégiens et scandinaves, c’est leur culte de l’effort. Ils adorent ça, ils aiment faire du sport. Typiquement, j’arrivais de France et j’avais l’habitude que les lendemains de match soient réservés à du repos ou à un décrassage. Là-bas, les joueurs voulaient faire du travail athlétique. Dans la même veine, quand on avait un jour de repos dans la semaine, nous, joueurs français à mon époque, on allait se promener avec femme et enfants. Eux, ils faisaient un autre sport ou ils allaient à la salle. Avant les entraînements, ils se préparent, et après, ils font du renforcement. C’est ce qui m’a marqué, ils aiment se faire mal. Deuxième chose, j’avais trouvé qu’il y avait de très bons joueurs et de très bons jeunes, dans un championnat sous-côté et qui n’est pas très regardé. Je trouvais que les joueurs de National en France avaient peut-être intérêt à aller jouer en Norvège, plutôt que d’être dans des championnats un peu plus inférieurs. En Ligue 1 ou en Ligue 2 norvégienne, on peut se faire une petite carrière très sympa. Sachant que c’est un championnat qui est très regardé en Allemagne, maintenant en Angleterre, au Danemark… Il y a des passerelles, le championnat norvégien ouvre des portes.

Est-ce que cette expérience vous a inspiré dans votre méthode de travail en tant qu’entraîneur ?
Oui, parce que je suis quelqu’un d’ouvert et de curieux. J’ai cherché des bonnes idées partout, je ne suis pas fixé sur mes certitudes. J’en ai, mais je sais que j’ai aussi beaucoup de choses à apprendre. Donc oui, je me suis servi de cette envie de faire du sport, de se surpasser qu’ont les Scandinaves. On le voit aujourd’hui, les études montrent que sur les lendemains de match, on peut pousser le travail athlétique. Et c’est plus à J+2 qu’il faut être un peu plus relâché. Je suis ouvert à tout, je me sers de toutes mes expériences pour me former en tant que coach.

« Avant de gérer des joueurs, on gère des hommes »

Justement, pouvez-vous me parler de votre expérience en tant que coach de la réserve de Limonest ?
Entraîner une réserve, je le conseille et je le déconseille à tout le monde à la fois. Dans le sens où c’est ce peut-être ce qu’il y a de plus dur. Vous êtes toujours tributaire de ce qui se passe en équipe première, des joueurs déçus. Ceux qu’on a la semaine à l’entraînement ne sont pas toujours ceux que l’on a en match avec les redescentes. Mais c’est ultra formateur. Même en termes de management, gérer des joueurs qui descendent de l’équipe première, avoir un projet de jeu, des idées qui doivent être en adéquation avec l’équipe première… C’est compliqué, mais c’est une expérience qui m’a vraiment forgé.

Quelle importance accordez-vous à l’aspect managérial ?
C’est fondamental. Tout est lié, mais c’est pratiquement la première chose à mettre en avant. Aujourd’hui, avant de gérer des joueurs, on gère des hommes. Dans un niveau N2 où c’est quand même précaire, et où chacun a des ambitions sportives, humaines et professionnelles, il faut arriver à concerner individuellement tous les joueurs pour un projet collectif. Et ça, c’est qui est le plus dur, mais aussi le plus passionnant. Il faut être à la fois très bon dans les rapports humains, et que le projet sportif permette aux hommes et aux joueurs de s’épanouir. C’est un travail de fourmi au quotidien. C’est pour cela aussi que j’attache beaucoup d’importance à mon staff (1). S’ils sont performants sur le côté technique, cela va me décharger un peu et je vais pouvoir davantage me concentrer sur mon rapport avec les gars.

(1) Le staff est composé de Romain Durand (adjoint), Guillaume Camors (entraîneur des gardiens), Tristan Dupont (préparateur physique), Alexandre Jay (analyste vidéo), Serge Cros (dirigeant) et Mathieu Bouyer (médical).

À Ain Sud Foot, vous devenez entraîneur principal d’une équipe fanion, en National 3. Avez-vous l’impression de passer un cap à ce moment-là ?
Oui, parce que quand on passe sur l’équipe première, on change de dimension dans le regard des autres, dans l’importance que l’on prend au club, dans les tâches que l’on a à faire. Il y a la relation avec les présidents, le directeur sportif, la gestion d’un budget, le recrutement, la mise en place du projet sportif du club quand on nous le demande… On change complètement de dimension, et c’est super intéressant mais il faut être armé pour. Parce qu’il y a beaucoup plus de choses que lorsqu’on est juste entraîneur – et ce n’est pas péjoratif – des U19, des U20, ou de la réserve. J’étais impliqué à 100% sur le recrutement. Ça s’est très bien passé à Ain Sud, mais ça reste un club de N3 qui n’a pas de recruteur. Il y avait un directeur sportif, mais il avait d’autres tâches au club. On n’a pas de spécialiste, donc on est obligé de se créer un peu notre réseau. J’ai découvert les joueurs qui appellent, les agents qui appellent aussi pour vendre leurs joueurs, il faut arriver à faire confiance aux bonnes personnes… Ce passage à Ain Sud, c’est vraiment un nouveau step, oui.

Dans votre discours, on retrouve vraiment la capacité à être multitâche…
En effet. Je dois créer mon équipe, j’ai un budget plus ou moins annoncé par les présidents. Il faut réussir à se battre pour trouver les bons joueurs, et une fois que c’est le cas, il faut persuader les dirigeants de les faire venir. Généralement, sur les mois de mai, juin et juillet, c’est la pire période pour les coachs, on n’est pas du tout en vacances. On est toujours au téléphone, et on parle très peu de football, de terrain, ce qui est notre job premier. Et moi ce que j’aime, c’est le terrain, pas être derrière un bureau. Mais ça fait partie de notre job, encore plus dans un niveau N2 ou N3, où on doit gérer les transferts, le recrutement, les joueurs, la constitution du staff avant de parler technique. C’est top aussi, quand on est coach. On appelle des joueurs que l’on veut, eux veulent venir ou non, il faut réussir à les convaincre en vendant notre projet de jeu, notre façon de faire. Je ne survends pas les choses, je ne mens pas. Je me livre pour le faire venir, et après ça match ou non.

« J’ai énormément appris aux côtés de Romain Revelli »

Par la suite, vous prenez le rôle d’adjoint de Romain Revelli à Villefranche Beaujolais, en National. Pourquoi ce choix ?
Au départ, je devais rester à Ain Sud. On avait fait une très belle saison. Puis à cause de deux, trois petits soucis en interne, je finis par partir. Et on me propose de devenir adjoint de Romain. Ça a bien matché avec lui. Il y a eu l’argument de la division, je retrouvais le monde professionnel et je grimpais de deux étages. Et puis je suis du Beaujolais, donc j’ai toujours vu Villefranche comme la grande équipe. Le National m’attirait, c’était un championnat qu’on décrivait comme athlétique, très dur. Je ne l’ai pas connu en tant que joueur, et j’avais envie de le découvrir. C’était une opportunité exceptionnelle.

Qu’avez-vous appris aux côtés de Romain Revelli ?
Énormément. Sincèrement, avec humilité, je ne suis pas du tout le même entraîneur avant Villefranche, et après Villefranche. Parce que Romain Revelli m’a amené des choses, m’a transformé. J’étais adjoint, mais j’étais aussi en observation parce que j’étais encore un jeune coach en formation. Et on n’en a pas parlé, mais je pense que quelque part, lui me formait aussi. Adjoint en National à ses côtés, ça vaut trois ou quatre années de numéro 1 sur de la N3. On avait des caractères complètement différents. Lui c’est quelqu’un d’un peu sanguin, méditerranéen – il n’y a rien de péjoratif là-dessus. Moi je suis une personne assez calme, posée. Et le mariage des deux a très bien fonctionné. C’est pour cela que quand il a été mis à pied, je suis parti avec. Je ne me voyais pas du tout continuer sans lui, j’avais vraiment créé une relation d’entraîneur assistant dévoué, qui faisait tout pour qu’il y arrive. Le fait qu’on le fasse partir, c’était aussi un peu mon échec. Humainement et sportivement, dans la façon de manager les joueurs, d’être très précis sur son projet de jeu, je garde huit mois [de grande qualité]. Romain Revelli, c’est un coach que j’aurais aimé avoir quand j’étais joueur.

En mode commando à Hauts Lyonnais

Votre expérience suivante, à Hauts Lyonnais, est encore très différente finalement…
C’est une nouvelle corde à mon arc, avec une arrivée en cours de saison (Ndlr : en National 3), avec un effectif que je n’ai pas choisi et une situation déjà critique. Le club avait six points à la trêve, avait été éliminée de la Coupe de France en 32e de finale contre Toulouse… Je n’avais jamais connu ça, le fait d’être un peu le pompier de service. Il faut avoir un message totalement différent de celui envoyé lorsqu’on construit un effectif, être très porté sur l’humain, et montrer qu’on est engagé à 200 %. J’étais le capitaine du bateau, j’arrivais pour le sauver, et si je montrais le moindre signe de faiblesse, de doute, je n’étais pas la bonne personne. Ça a été cinq mois très intenses, d’ailleurs derrière, j’ai eu les paliers de décompression pendant les vacances. Mais j’étais très frais, je venais de passer six mois sans club, j’avais ce côté revanchard. Ça a été une opportunité exceptionnelle, dans un club qui m’attirait aussi par son côté familial. Je m’étais mis en mode commando, avec des certitudes sur la manière dont j’allais y arriver. J’étais tellement convaincu, et je suis arrivé avec un plan tellement défini et préparé, qu’il a fini par se dérouler.

Avez-vous senti une connexion rapide avec votre groupe ?
Oui, ça a pris rapidement. J’ai fait des choix de joueurs, on m’a permis d’en faire venir deux de l’extérieur. J’ai embarqué mon staff sous le contrôle du président Lacand qui a aussi eu un rôle très important dans le maintien. J’étais parti dans l’idée de donner de la liberté aux joueurs, de leur faire confiance, mais sous contrôle. Qu’ils se lâchent, qu’ils comprennent que ce qu’ils pensaient impossible était en fait possible avec le travail, l’exigence, le lâcher prise. On a écrit une histoire pendant cinq mois, c’est la nôtre avec les joueurs et le staff. Quand on se revoit, on en parle. Il y avait un fil conducteur, je m’étais inspiré d’un documentaire que mon fils m’avait montré sur le Youtuber qui a gravi l’Everest. C’était impossible pour lui, et il y est arrivé. On a fait le parallèle tous les jours pendant cinq mois, avec des flashbacks, en utilisant des vidéos à lui, dans mes causeries. C’était tellement fort et intense pendant cinq mois, qu’on est liés grâce à cette histoire.

« Mon projet de jeu, c’est l’efficacité »

Quels sont vos principes de jeu ?
Je suis un peu hybride. Tout le monde veut bien jouer au ballon, faire des passes. Mais dans le football, il y a un adversaire, le niveau des joueurs, le groupe de joueurs qu’on peut avoir en fonction de nos capacités économiques, le niveau de la poule… Plein de paramètres entrent en compte. On parle de projet de jeu, de ce qu’on veut mettre en place, mais il y a une réalité. Le mot pour décrire mon projet de jeu, c’est l’efficacité, à la fois défensive et offensive. Je veux une équipe, comme le disait Alain Pochat (actuel entraîneur de l’Aviron Bayonnais en N2), un peu caméléon. Qui est capable, sur un match où l’adversaire est supérieur, de défendre en bloc bas et de partir sur des transitions, mais aussi d’avoir la possession sur un match où l’on est mieux. Je n’ai pas un projet de jeu clairement défini. Ça vient peut-être de mon profil, je n’étais pas le plus rapide donc je compensais par l’aspect tactique, l’intelligence de jeu. Donc je veux des joueurs capables d’être intelligents, d’attaquer et de défendre dans n’importe quel système. C’est du travail à intégrer mais je sais que le club me laisse le temps, et j’en passe beaucoup sur les séances pour travailler ça.

Vous avez toujours entraîné dans la région rhodanienne, c’est un souhait ?
Je ne me suis jamais posé la question pour le moment. J’ai toujours eu des opportunités dans la région. Et sur la région Auvergne Rhône-Alpes, il y a énormément de bons clubs qui évoluent à un niveau intéressant. Je n’ai jamais eu l’occasion d’aller entraîner ailleurs en France, on ne m’a jamais demandé et je n’ai jamais postulé non plus, parce que je ne sais pas faire. J’ai des enfants qui ont 6 et 13 ans, bouger avec eux aujourd’hui, cela risque d’être un peu plus compliqué. Dans l’idée, si je me faisais un plan de carrière avec mon épouse, on resterait dans la région à court, moyen terme. Et une fois que les enfants seront plus grands, on pourra bouger sans eux, ça peut être un projet.

« Mon objectif va être de passer le BEPF »

Quels diplômes possédez-vous ? Souhaitez-vous en obtenir d’autres ?
J’ai passé le DES il y a quatre ans, on était une belle promotion de la région Rhône-Alpes avec Laurent Combarel, Romain Reynaud, Andréa Damiani, Florent Balmont… On était tous ensemble. L’objectif va être de passer le BEPF. Je ne sais pas quand, mais c’est quelque chose dont j’ai envie, je sais que j’ai encore des choses à apprendre. Il y a le côté immersion dans un club ou au contact de personnes, mais il y a aussi le côté formation avec la Fédération qui est important pour échanger avec des stagiaires et avoir ce diplôme qui nous permet de postuler plus haut.

Comment s’est déroulé votre retour au FC Limonest DSD ?
Franchement, ça a été un tiraillement. Ça a été très dur, mais une personne a été exceptionnelle, c’est le président Bruno Lacand de Hauts-Lyonnais. Il m’a fallu une semaine pour lui annoncer que le club de Limonest m’avait contacté pour prendre la suite et que j’avais envie d’y aller. Mais l’aventure que j’ai connue avec Hauts-Lyonnais me donnait vraiment envie de rester. Même si c’était une mission à court terme, j’avais commencé à poser des bases pour l’année suivante et je m’entendais très bien avec le staff, je sentais qu’on pouvait surfer là-dessus. En même temps, Limonest, j’y avais déjà été sur la réserve, je voulais être avec l’équipe première, il y avait la proximité avec la maison et puis le niveau de pratique. C’était la suite logique, pour moi, d’être numéro 1 sur de la N2. Dans mon escalier, c’était la marche suivante. Quand je l’ai annoncé au président Lacand, il m’a dit qu’il s’y attendait et qu’il comprenait tout à fait mon désir d’aller voir à l’échelon du dessus. Je me suis fait mal à l’estomac pendant une semaine alors qu’en face de moi, j’avais une personne compréhensive et qui pense au bien des personnes avant le sien.

« On n’est pas du tout largué en N2 »

Ce niveau National 2, est-il vraiment aussi élevé que ce à quoi vous vous attendiez ?
Oui et non. Si je faisais ma conférence de presse de début de saison aujourd’hui, je dirais que c’est encore plus dur que ce à quoi je m’attendais. Mais ce qui est paradoxal, c’est que je ne m’attendais pas à ce qu’on ait ce niveau-là et à ce qu’on rivalise autant avec tout le monde. Je m’attendais à ce qu’on soit peut-être en difficulté, mais on ne l’est pas du tout, hormis ce récent match contre Istres (ndlr : le 18 octobre, Limonest s’est incliné sur le score 4-1) où je n’ai peut-être pas été très bon avant la rencontre. Si on gagnait, on était 5e, donc j’ai commencé à parler un peu de classement aux joueurs. Mais on a perdu, et on est avant-dernier (ndlr : avec le point pris face à Saint-Priest, Limonest est actuellement 14e sur 16, à 3 points du 7e). On n’est pas largué du tout, le début de championnat est plutôt intéressant. Contre Cannes (1-1), on encaisse le but égalisateur à la 97e, mais je ne vois pas pourquoi il y a sept minutes de temps additionnel. On a perdu contre Saint-Maur chez nous (0-1) sur un « csc », mais ils n’ont pas vraiment eu d’occasion, on s’est incliné à Nîmes (2-0) qui est un club historique. Mais on a aussi fait un super nul à Hyères (1-1), on est allé gagner 1-0 à Andrézieux. Sur cette récente défaite face à Istres, on a été battu parce qu’on n’était pas à 100 %. Ce que je remarque, c’est qu’on est une équipe jeune, qui se découvre, dont beaucoup de joueurs découvrent le niveau. Et le jour où on n’est pas tous à 200 %, on perd et on n’a pas de marge. Le constat, c’est ça. On le sait, les joueurs sont déjà concernés et doivent être encore plus dans l’optique d’être toujours à fond. Dans le foot, depuis quelques années, en N3, R1, R2, R3, tout le monde peut battre tout le monde. C’était moins vrai avant.

En tant qu’entraîneur principal de l’équipe fanion, ressentez-vous plus de pression ?
Il y a forcément des attentes, mais c’est normal, c’est un club qui monte. J’aime à rappeler aux gens qu’on est un promu qui a fini premier l’an passé, et je félicite d’ailleurs le club et Romain Reynaud (coach la saison passée), je sais à quel point c’est dur de monter. Mais ce n’est plus du tout le même championnat. Des matchs, on en gagnera, mais on en perdra aussi et on en a déjà perdu. Il ne faut pas s’attendre, à chaque match à domicile, à voir l’équipe gagner, et si elle est dixième, penser que ce n’est pas normal parce qu’elle a été première la saison dernière. Aujourd’hui, c’est différent. Donc oui, il y a des attentes des supporters, des licenciés, du club qui veut rester en N2, mais sans cette pression. Je sens un environnement, notamment les présidents et le directeur sportif, qui sont venus me chercher. Quelque part, je devais prolonger à Hauts-Lyonnais normalement, j’étais parti là-dessus. Et s’ils sont venus me chercher, c’est qu’ils ont confiance en moi et dans le projet. L’objectif, c’est de pérenniser le club en N2 avec ma vision de l’équipe et du sportif. Si c’est moi qui met les choses en place, ça veut dire que je suis là pour un petit moment. Ça donne confiance quand on est coach, parce qu’on voit qu’il y a une confiance des présidents et que c’est sur la durée. Ce qui est dommageable dans ce milieu-là, c’est que lorsqu’on est entraîneur, on ne peut pas emmener son projet parce que ça demande du temps et qu’on ne nous en laisse pas. On n’est pas nous, parce qu’il faut des résultats tout de suite.

Jérémy Berthod, du tac au tac

Votre meilleur souvenir sportif ?
Mon premier titre de champion de France avec l’OL.

Votre pire souvenir sportif ?
La descente en Ligue 2 avec l’AJ Auxerre.

Combien avez-vous reçu de cartons rouges dans votre carrière ?
Un seul, contre Montpellier, de monsieur Piccirillo. C’étaient deux jaunes : le premier, je mets une semelle à Belhanda, et le deuxième, je gagne du temps sur une touche. Je ne voulais pas, mais c’est mon pote Benoît Pedretti qui est au milieu et qui m’envoie le ballon un peu mollement, je me retrouve à devoir jouer la touche doucement.

Si vous n’aviez pas été footballeur, qu’auriez-vous fait ?
Journaliste de sport ! J’adore le sport, je les adore tous. Avec mon frère, on regarde toutes les compétitions sportives, on a toujours fait ça avec mon père et encore aujourd’hui avec mon frère, on en parle tout le temps.

Vos qualités et vos défauts sur un terrain ?
En qualités, je dirais la technique et l’intelligence de jeu. Et en défauts, le côté athlétique, la vitesse et la confiance en soi.

Et dans la vie de tous les jours ?
Ma qualité, la générosité. Et en défaut, je peux être lunatique.

Le club où vous avez failli signer ?
J’avais eu Frédéric Antonetti à l’époque de l’OGC Nice. J’étais à l’OL en 2005 ou en 2006, il m’avait dit qu’il faisait signer Bakari Koné et que le futur stade arrivait. J’étais très intéressé, parce que c’était l’époque où je jouais moins à l’OL, mais je n’avais pas signé là-bas.

Le club dans lequel vous auriez rêvé de jouer ?
Le Milan AC. Avec Paolo Maldini, mon idole.

Le meilleur match de votre carrière, d’un point de vue performance ?
Le derby OL – ASSE qu’on gagne 3-2 à domicile (ndlr : le 26 février 2005).

Et le pire ?
Alors celui-ci, je peux répondre tout de suite. Metz – Lyon, en 2004 ou 2005 (ndlr : le 22 août 2004, score final 1-1). En face, ils avaient un joueur qui n’était pas très connu à l’époque, Franck Ribéry. Il m’avait fait très-très mal. D’ailleurs, à la mi-temps, Paul Le Guen m’avait dit “Jérémy, on arrête là” et j’avais répondu “Oui, merci”. J’étais sorti à la pause, c’est vraiment le match où j’ai été catastrophique. Mais en face, il y avait quand même un mec monstrueux et qui m’avait rendu catastrophique. Quelque part, même si j’avais été bon ce jour-là, ça aurait été compliqué de l’arrêter. Et quand on voit sa carrière après, franchement… Il partait de très loin, il arrivait lancé, moi je n’étais pas sur mes appuis, il passait à droite, à gauche, c’était très compliqué.

Un stade et un club mythique ?
Le club, le Milan AC. Et pour le stade, j’ai été très marqué par le Celtic Park quand on est allé y jouer avec l’OL en Ligue des champions. Quand on s’échauffe, il y a 10 000 personnes, quand on revient, il y en a 80 000 avec une ambiance de fou. Je n’ai jamais joué dans un stade anglais, comme celui de Liverpool (ndlr : Anfield), mais l’ambiance écossaise, c’était très costaud.

Si vous deviez citer un coéquipier marquant ?
J’ai toujours adoré être le coéquipier de Sylvain Wiltord. Quand il arrive à Lyon en provenance d’Arsenal, pour moi c’est le joueur que j’ai vu marquer à l’Euro 2000 contre l’Italie à la télévision. Et il est assis à côté de moi dans le vestiaire, c’était quelque chose d’extraordinaire pour moi. C’est quelqu’un qui est exceptionnel avec les jeunes, et un leader d’entraînement comme j’en ai rarement vu. Toujours avec le sourire pendant les séances, toujours à remercier le centreur lorsqu’il faisait des reprises à la fin, à remercier les gardiens d’être resté. En termes de leadership, de charisme, d’homme, il était exemplaire dans tout ce qu’il faisait.

Vous diriez que vous étiez un joueur plutôt comment ?
J’allais dire besogneux, comme je le dis à mes joueurs, ce n’est pas forcément péjoratif… Non, je dirais un joueur fiable, engagé et collectif.

Et un entraîneur plutôt comment ?
Juste, passionné et curieux, ouvert d’esprit.

Votre idole de jeunesse, c’est donc Paolo Maldini ?
Ça a été mon idole, j’ai joué contre lui et j’ai eu son maillot grâce à John Carew qui le connaissait après notre élimination avec l’OL face au Milan AC. Il y a aussi Michael Jordan, et aujourd’hui, je suis obligé d’en parler parce que si mes joueurs, mon staff, et ma famille voient que je ne l’ai pas évoqué dans l’interview (rires)… Je peux également citer Novak Djokovic. Ce n’était pas forcément dans ma jeunesse, parce qu’il a commencé sa carrière en même temps que moi. Mais s’il y a vraiment une personne que j’aimerais voir au point de payer pour, c’est bien Djokovic. Hors foot, c’est le numéro 1 incontesté pour moi.

Donc entre les trois monstres du tennis, votre choix est fait ?
Il n’y a pas débat. Il y a Nadal, il y a Federer, mais il y a Novak. Il faut savoir qu’avec un collègue, je prends des places pour Roland-Garros, pour le Paris Masters 1000 tous les ans pour le voir. Je suis un fan absolu.

Dernière question, le club de Limonest en quelques mots ?
C’est un club qui est en perpétuel progrès, en perpétuelle expansion. Avec des bénévoles au top, qui aident les éducateurs au quotidien et pendant les matchs. C’est un club à la fois familial et ambitieux, tout en gardant l’humilité d’un club de village dans un territoire lyonnais où il y a de la concurrence.

National 2 (J10) – samedi 8 novembre 2025 : GFA Rumilly (1er) – FCLDSD (14e), à 18h au stade des Grangettes 1.

  • Texte : Karel WEIC / X @KarelWeic / mail : contact@13heuresfoot.fr
  • Photos : FC Limonest DSD
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