National : Gabriel Santos, la bonne pioche d’Aubagne !

Arrivé sur le banc provençal au printemps dernier, le Lusitanien vit sa première expérience d’entraîneur principal après avoir occupé des postes d’analyste vidéo à ses débuts, à Braga et au Sporting Portugal, puis d’adjoint. Sa connaissance du football français, qu’il arpente depuis 10 ans (Red Star, Bastia, Troyes, Caen, Niort), son professionnalisme, sa rigueur et son exigence sont des atouts qui doivent permettre, à son club et à lui, de franchir un palier.

Par Anthony BOYER – mail : aboyer@13heuresfoot.fr / Photos : Philippe LE BRECH (sauf mentions)

Photo Philippe Le Brech

C’est l’un des nouveaux « jeunes » visages de ce championnat souvent fréquenté, d’une saison à l’autre, par les mêmes techniciens expérimentés, au point que certains ont été étiquetés « entraîneur de National ».
Mais depuis quelque temps, une nouvelle génération a éclos, pour qui le National est devenu un laboratoire, un tremplin pour aller plus haut, en Ligue 2 ou en Ligue 1.

En faisant appel à Gabriel Santos en mars dernier pour remplacer Maxence Flachez, Aubagne FC, devenu depuis le SC Aubagne Air Bel, a pris un risque. Mais pas un gros risque. Le natif d’Albufeira, tout au sud du Portugal – « C’est une magnifique station balnéaire, touristique, blindée de monde, qui passe de 20 000 habitants l’hiver à 600 000 en été ! » -, côtoie des staffs techniques depuis près 15 ans et entraîne depuis 10 ans, du moins, co-entraîne, puisqu’il a déjà suivi Rui Almeida un peu partout sur le banc dans le rôle d’adjoint. Au Red Star (2015-2017, L2), à Bastia (2017, L1), à Troyes (2018-19, L2), à Caen (2019, L2) et à Niort (2022-23, L2). Une décennie de football dans l’Hexagone, entrecoupée d’une période à Gil Vicente (Barcelos), en Division 1 portugaise, d’août à décembre 2020, à 25km de Braga. C’est dire si le Lusitanien, fan de Luis Figo, connaît le football français, même s’il n’avait jamais été numéro 1 avant le printemps dernier. Et même s’il n’avait jamais « fréquenté » le National.

Des pépites à polir

Photo Philippe Le Brech

Neuf mois après son arrivée dans la commune de Marcel Pagnol, voisine d’une vingtaine de kilomètres de Marseille, le pari est en passe d’être une belle réussite. Parce que, pour un club de ce standing, sans référence en National, aux moyens financiers très limités – le SC Aubagne Air Bel annonce un budget de 1,5 million d’euros, le plus petit derrière le Stade Briochin (1,8) alors que la moyenne du championnat est de 5 millions -, terminer la saison 2024/2025, la première de son histoire à cet échelon, à la 6e place, à 2 points du 4e, et pointer début décembre du nouvel exercice à la 5e, relève de l’exploit ! Surtout quand on se souvient que, lors de la journée inaugurale à Caen, les Provençaux avaient encaissé un 3-0, dans la foulée d’une préparation estivale durant laquelle ils n’avaient pas non plus gagné un seul match.

Le National a aussi ceci de passionnant qu’il révèle non seulement des techniciens, on l’a vu ces dernières saisons (Poirier, Videira, Le Mignan, Beye, Usai, Ridira, etc.), mais aussi des joueurs. Et là, avec Aubagne, on est en servi. L’an passé, c’était Benhattab (Nantes) ou Nsimba (D1 roumanie). Cette saison, c’est Hamek, Chaban, Chibani, Bentoumi, Mayilla et d’autres qui crèvent l’écran sur la chaîne Youtube du championnat, le vendredi soir, ou au stade Saint-Exupéry d’Aubagne, pour ceux qui ont la chance d’y aller. Et pour façonner et polir ces pépites, Gabriel Santos est là.

Une étape avant d’aller plus haut ?

Photo SC Aubagne Air Bel

Alors, pari gagnant pour le club provençal ? Il est un poil tôt pour l’affirmer même si le sentiment de bonne pioche se confirme au gré des semaines, des prestations et des résultats. Pourtant, qui dit que, dans l’histoire, ce n’est pas Gabriel Santos lui-même qui n’a pas fait le plus gros pari ? Un pari loin de sa famille, encore une fois. Un pari en solitaire, lui qui est papa d’un petit Artur (3 ans) qu’il a laissé à Lisbonne avec sa maman. Une famille qu’il voit, en moyenne, une fois tous les quinze jours. Pas simple. Mais c’est le choix d’une vie. Le choix d’une carrière dont Aubagne, même s’il ne le dit pas, doit être une étape pour aller plus haut. Et ça, cela passe par des résultats, il le sait, par un style de jeu, par de l’intensité pendant les matchs et à l’entraînement, le credo dont il ne démord jamais, et beaucoup de travail, une valeur forte chez lui.

Lundi dernier, dans une semaine un peu plus calme, sans coupe de France, mais avec un match amical remporté à Cannes, l’entraîneur provençal a pris sur son temps pour parler un peu de lui, de son parcours, de son club, de ses joueurs, de son style, de sa vie. Il arborait souvent un large sourire, parfois naturel – son équipe venait de s’imposer 4 à 2 à Orléans, et il a laissé un jour de repos supplémentaire à son équipe ! – parfois crispé, notamment quand il s’est agi de parler de l’éloignement de sa famille, laissant poindre chez lui sensibilité et pudeur.

Face au FC Rouen, ce vendredi, à Saint-Exupéry, le SC Aubagne Air Bel va tenter de confirmer sa bonne première partie de saison, même si c’est plus compliqué à domicile (Aubagne reste sur 4 nuls et 1 défaite chez lui), et même si ce sera face au leader : « Pour moi, le FC Rouen est la meilleure équipe du championnat sur ce que j’ai vu » prévient Gabriel Santos, avant d’ajouter : « mais la différence entre Rouen et le Stade Briochin est infime. »

Interview : « Je veux de l’intensité et de la technique »

« J’étais un joueur moyen »

Photo Philippe Le Brech

« J’ai fait toute ma formation comme joueur jusqu’à mes 21 ou 22 ans. Je jouais latéral gauche. Mais la vérité, c’est je ne pensais pas devenir joueur professionnel, parce que je savais que c’était insuffisant pour y arriver. J’étais un joueur moyen. J’ai joué jusqu’en D3. Très tôt, j’ai pris un chemin universitaire, parce que je savais qu’il fallait que je passe par là pour devenir entraîneur de football, pour passer mes diplômes. J’ai fait 4 ans d’université à Lisbonne et j’ai fini avec l’équivalent en France d’un Master (il est diplômé d’un Master en sciences sportives). En fait, j’ai pris conscience très tôt que, joueur, ce serait difficile d’aller au plus haut niveau, c’est pour ça que, rapidement, j’ai pris un autre chemin, mais toujours dans le foot, ma passion. Aujourd’hui, je vois beaucoup de joueurs qui n’ont pas pris conscience de ça, qui ont 27 ou 28 ans, qui ne sont donc plus si jeunes que ça, mais qui nourrissent toujours le rêve de devenir pro. Or ils n’y arrivent pas, et ils n’ont pas de diplôme… C’est une erreur selon moi. C’est ma façon de voir les choses. J’essaie de les alerter là-dessus. »

« J’ai su très tôt que je voulais être entraîneur »

Photo Kevin Mesa

« J’ai su à 21 ans que je voulais être entraîneur. Quand je suis entré à l’université, la première chose que j’ai fait, c’est chercher une équipe à entraîner, une équipe de jeunes bien sûr. J’ai commencé comme ça. J’ai entraîné les jeunes, près de Lisbonne, la « Estrela Amadora », à Amadora, c’était l’équipe C, et en même temps que je faisais mes études, j’ai passé les diplômes de la Fédération portugaise, c’est obligatoire pour devenir coach, parce que le diplôme universitaire n’est pas suffisant. A la fin de mon université, j’avais déjà deux des quatre diplômes requis : le C et le B, sachant qu’il y a aussi le A et le Pro. En fait, en France, c’est un peu la même chose, c’est juste le nom du diplôme qui change, UEFA Pro, UEFA A, UEFA B, UEFA C, c’est comme ça en Europe. Aujourd’hui, je suis titulaire du diplôme UEFA Pro, qui me permet d’entraîneur au plus haut niveau. »

Ses débuts dans le foot pro

Photo Philippe Le Brech

« Après l’université, à 27 ans, j’ai eu l’opportunité d’intégrer un staff pro à Braga en 2011 avec Leonado Jardim, qui effectuait ses débuts d’entraîneur en première division au Portugal. J’étais analyste vidéo. C’était intéressant, cela m’a beaucoup apporté. Je regardais beaucoup de matchs, j’ai appris beaucoup de choses, j’ai analysé beaucoup de situations de jeu. En fait, on apprend beaucoup en visionnant les matchs, comme la compréhension du jeu. Cela a été le moyen pour moi d’intégrer le monde professionnel. J’ai passé 3 saisons à Braga comme ça, j’ai côtoyé trois coachs portugais, assez connus, Jardim donc, puis José Peseiro (2012/13) et Jesualdo Ferreira (2013/14), un ancien coach du FC Porto qui avait été champion du Portugal trois fois (en 2007, 2008 et 2009). Avec Braga, c’était vraiment intéressant, on a fait la Ligue des Champions, on a gagné la coupe de la Ligue (en 2013), cela faisait 20 ans que le club n’avait rien gagné ! »

Du poste d’analyste vidéo à celui d’adjoint

« Après Braga, j’ai continué mon chemin au Sporting Portugal (en 2014/15, à Lisbonne), dans le même rôle, avec Marco Silva, le coach actuel de Fulham. Mais au fond de moi, je savais que je ne voulais pas continuer trop longtemps à faire analyste vidéo. Mon but, c’était vraiment d’être entraîneur. Mais ces deux expériences à Braga et au Sporting m’ont ouvert les porte du foot pro. Un peu comme Will Still, l’entraîneur qui était à Reims et à Lens et qui est maintenant en Angleterre (à Southampton). Je ne me compare pas à lui mais j’ai commencé un peu de la même façon que lui. J’ai lu des articles et il disait la même chose que moi : être analyste vidéo (Still a été analyste vidéo à Saint-Tronc et au Standard de Liège) lui a permis d’avoir beaucoup de connaissances sur le jeu. »

Son arrivée en France, en 2015

« Même si, en tant qu’analyste vidéo, j’étais sur le terrain et je participais aux exercices, au fond de moi, ce n’est plus ça que je voulais. En 2015, j’ai eu l’opportunité de devenir adjoint de Rui Almeida au Red Star, en Ligue 2. J’ai connu Rui à Braga, il était l’adjoint de Jesualdo Ferreira, et il voulait commencer lui aussi sa carrière de coach principal. On s’était toujours bien entendu et il m’a demandé si le poste m’intéressait. J’ai dit oui, et voilà ! Je me souviens que l’on a joué à Beauvais la première saison nos matchs à domicile et au stade Jean-Bouin à Paris la deuxième année ! »

« J’ai mis deux mois pour parler le Français »

Photo SC Aubagne Air Bel

« Quand je suis arrivé au Red Star, je ne parlais pas du tout le Français ! Zéro ! Aujourd’hui, je pense que je me débrouille bien (Ndlr : disons-le, il parle très bien !). Mais à l’époque, il m’a fallu deux mois pour commencer à parler… Et pendant ces deux premiers mois au Red Star, cela a vraiment été dur car je n’arrivais pas à communiquer avec les joueurs comme je le voulais, et en plus, ils ne parlaient pas anglais. Mais le fait de ne pas parler le Français, cela m’a permis d’être encore plus exigeant avec moi-même : tous les jours, j’arrivais chez moi le soir et je regardais des vidéos, je lisais des livres que j’avais achetés, tout ça pour progresser encore plus dans la langue et surtout encore plus vite ! Et quand est arrivé le début du championnat, en août, je commençais déjà à parler et au bout de la 4e ou 5e journée, je parlais vraiment bien ! J’ai fait de gros efforts pour y arriver. »

L’adaptation en France

Photo SC Aubagne Air Bel

« La seule chose qui a été difficile, hormis la langue bien sûr, ce sont les différences de culture de vie par rapport à mon pays… Mais je dois dire que, en vérité, je suis quelqu’un de super-adaptable ! Franchement, j’ai les capacités de m’adapter partout. Je pense que c’est un point fort chez moi. Je suis arrivé en France, je ne parlais pas la langue, OK, mais finalement, je n’ai pas eu trop de difficultés, dans aucun domaine. Le climat est différent, c’est sûr : à Paris, il faisait froid-froid-froid comme jamais je n’avais eu froid ! Même là, lors du dernier déplacement que l’on a fait avec Aubagne, à Orléans, il faisait moins 5 degrés, un froid intense ! Ici, je suis à côté de Marseille, j’habite à La Ciotat, cela n’a rien à voir, ça va. Après, au niveau du foot, c’est pareil, il faut s’adapter. Prend par exemple le contexte à Aubagne : cela n’a rien à voir avec ce que j’ai connu jusque là dans les clubs pros, quand on voyageait en avion privé, ce n’était même pas les avions de ligne ! On était vraiment dans les meilleures conditions possibles. Et là, avec Aubagne, on est dans un club amateur qui se professionnalise, qui vise la Ligue 3, mais on prend le bus, on découvre le monde pro, du coup, forcément, je ne peux pas avoir la même exigence avec mes joueurs. »

Son arrivée à Aubagne en mars 2025

Photo Kevin Mesa

« Je n’ai pas eu peur en signant à Aubagne. Franchement ? Non ! J’avais conscience que ça serait difficile, mais je le savais et j’étais prêt. Je n’ai peur de rien, franchement, peut-être que c’est de l’inconscience, mais je suis comme ça. Juste avant de signer à Aubagne, en mars dernier, j’étais adjoint en Ligue 2 au Portugal, à l’Académico de Viseu, un club satellite de Hoffenheim en Allemagne, vraiment très bien structuré. Je venais juste de finir de passer mon dernier diplôme UEFA pro, et à partir de là, je savais que je pouvais commencer comme entraîneur principal. Comme l’agent avec lequel je travaille est Français, forcément, la France est devenue une possibilité plus grande, même s’il y a eu des contacts avec d’autres pays. La France, je connaissais déjà pour y avoir entraîné avec Rui (Almeida). Mon agent m’a proposé à Aubagne qui cherchait alors un entraîneur. Je suis allé les rencontrer et j’ai accepté. Je pensais sincèrement que j’allais terminer la saison à l’Académico de Viseu mais là, c’était une belle opportunité, en National. Et puis je voulais démarrer et voir ensuite. La France, c’est une super porte d’entrée pour moi. La Ligue 1, on le sait, est l’un des cinq meilleurs championnats du monde; ça peut me permettre d’avoir des opportunités après. »

La famille

Photo SC Aubagne Air Bel

« Ma famille est restée à Lisbonne. C’est mon point de chute. J’y rentre une fois par mois, et ma famille vient ici une fois par mois, donc ça fait que l’on se voit tous les quinze jours. Mon fils, Artur, a 3 ans. Et ma femme est professeure à l’Université, elle adore son travail. Être ici, loin d’eux, c’est beaucoup de sacrifices. Bien sûr que ça me coûte d’être loin, d’être seul, mais c’est comme ça. Cela fait quelques années déjà que c’est comme ça, depuis 2011 et que j’ai démarré dans le foot professionnel… J’ai souvent été loin de ma famille et de mes amis, mais aujourd’hui ce serait un gros risque de faire sortir mon épouse de sa zone de confort, pour ne vivre que du football, parce que c’est un milieu tellement instable : avec mon ancien coach, Rui Almeida, on n’a fait que trois mois après notre arrivée à Caen, où on s’est fait virer. On avait 2 ans de contrat et on nous vire au bout de 7 matchs ! Cela a été difficile. Je suis solitaire dans le sens où je suis loin de mes amis et de ma famille, mais je passe tellement de temps à travailler… Quand je rentre le soir, je pars courir, puis je prépare le dîner, je me remets au travail, je n’ai pas le temps de faire grand chose d’autre. J’ai peu de temps libre. Le week-end, quand je ne suis pas avec ma famille, je bosse encore. Ici, je n’ai pas eu le temps de me faire des amis, sauf dans le club bien sûr. Travailler beaucoup, en fait, ça me permet de ne pas trop penser au reste. »

Son style de jeu

Photo SC Aubagne Air Bel

« J’ai ma propre philosophie de jeu. Après, pour le système, c’est en fonction des joueurs que j’ai à ma disposition. Là, à Aubagne, c’est 3-4-3 ou 4-3-3. Mais je sais quel type de joueurs je veux, et c’est ce que je suis en train de mettre en place à Aubagne. Je veux des joueurs qui mettent beaucoup d’intensité et qui sont techniques aussi. Parce que la technique sans l’intensité, ça ne sert à rien. Être bon avec le ballon, c’est insuffisant : regarde Dembelé, il est très bon avec le ballon et sans le ballon, il va presser comme un fou ! Avec moi, la première chose obligatoire, c’est l’intensité. Défensivement, il faut être conscient aussi que c’est le travail de 11 joueurs. Et je veux que l’on soit très réactif à la perte du ballon : ça vient par l’intensité, je le répète. Plus on est réactif, plus on aura le ballon. Voilà, ma philosophie générale, c’est ça : on perd le ballon dans le camp adverse, et on le regagne encore, on refait deux ou trois passes constructives, ça fait mal à l’adversaire, on continue de jouer. »

La philosophie d’Aubagne

Photo SC Aubagne Air Bel

« Comme le club n’a pas beaucoup de moyens, il a choisi une certaine direction : relancer certains joueurs qui n’avaient pas de club l’an passé ou qui sortaient d’une saison difficile, en sachant que ces joueurs-là avaient des qualités, je pense à Karim Chaban (25 ans) : cela faisait 5 ou 6 saisons qu’ils ne jouaient pas beaucoup et là, il en est à 4 passes « dé » et 3 buts en 13 matchs, alors qu’ils jouaient 5 ou 6 matchs par saison avant, et c’est comma ça pour d’autres joueurs, regarde Mohamed Hamek (ex-Alès, Racing CFF, Sedan), 5 buts et 3 passes « dé », c’est déjà la meilleure saison de sa vie à 27 ans ! Mohamed Abdallah (27 ans), le latéral droit, était à Istres l’an passé, où il a fait un match ! « Christo » (Rocchia) n’avait pas de club après Villefranche et Alassane Diaby, qui a été pro à QRM et Nancy, a fait 2 matchs la saison passée en Lorraine. Il était au chômage, on l’a pris à l’UNFP ! Nohim Chibani (ex-Grasse) a très peu joué à QRM l’an passé en National aussi… Enzo (Mayilla, prêté par Saint-Etienne), il a 19 ans, il n’avait jamais joué en National, il court, il presse, il accélère ! C’est ça que je veux voir.

Photo Kevin Mesa

En fait, ils ont tous plus ou moins le même parcours. Notre directeur général, William Fekraoui, connaît bien les joueurs et travaillent beaucoup pour découvrir tous ces profils revanchards, dont personne ne veut. Pour nous, c’est une aubaine ! Les joueurs qui sont venus chez nous, s’ils avaient fait une bonne saison l’an passé, ils seraient allés ailleurs, à Valenciennes, Dijon ou Sochaux, dans des clubs qui paient beaucoup plus que nous. Il y a des joueurs à 14 000 euros en National quand même ! Nous, on ne peut pas se comparer à ce type de clubs. On fait des paris, même si ça donne plus de travail au début, c’est sûr. Mais ce que j’ai demandé dans le recrutement, c’est la qualité technique et l’intensité. Vraiment, ce sont les deux choses obligatoires pour moi. Si tu n’as pas ces deux choses là, non. En fait, le club s’adapte. On a le plus petit budget de National, on est conscient de ça… On a des clubs en face qui pour certains ont plus de 10 millions d’euros de budget, donc il faut trouver une autre manière d’être compétitifs. On a choisi de prendre des joueurs avec le profil dont j’ai parlé, parce qu’on nous a proposés beaucoup de joueurs à l’intersaison, certains étaient très chers. J’étais le premier à dire « Je ne veux pas de joueurs chers », parce que sinon, il va y avoir trop d’écarts, et on peut se tromper sur des joueurs comme ça, qui vont venir pour l’argent, et nous, on ne veut pas ça. On préfère lancer ou relancer des joueurs, qui ont faim, qui ont envie de courir comme des fous, parce qu’il savent que leur « vie » dépend de ça. »

Le début de saison d’Aubagne

Photo SC Aubagne Air Bel

« On a perdu notre premier match 3 à 0 à Caen mais je n’ai pas douté, jamais, jamais, jamais (il répète trois fois). On avait raté un penalty aussi. Je savais que ça serait difficile au début parce qu’on a pris beaucoup de retard, on a fait 7 ou 8 matchs amicaux, on a tout perdu, même si on a joué contre des grosses équipes, comme Montpellier ou Nice. Les joueurs sont arrivés petit à petit et je n’avais pas tout le monde à la première journée, et puis d’autres étaient encore hors de forme, c’est normal. On savait qu’il faudrait du temps. On a gagné à la 2e journée contre Villefranche (3-1) mais pour moi, on a vraiment commencé à être compétitifs à partir de la 3e journée, à Concarneau (1-1). »

En déficit de points à domicile

« C’est notre regret sur cette première partie de saison : à domicile, on doit prendre plus de points (Aubagne est 12e sur 17 à domicile avec 7 points sur 18, contre 13 points sur 21 à l’extérieur). On est en déficit. On doit être plus performant chez nous. Contre Valenciennes, on mène jusqu’à la fin et on se fait égaliser (1-1). Contre Dijon (0-0) et Versailles (1-1), qui étaient imbattables quand on les a joués, on fait match nul quand même, et contre Le Puy (1-4), on n’a aucune excuse, on concède deux penalties dont un d’entrée, on n’a pas été à la hauteur, et puis voilà. On ne se cache derrière aucune excuse. On pouvait passer 5es en battant Le Puy… Bon, finalement, en gagnant la semaine suivante à Orléans (4-2), où on a été capables de refaire ce que l’on produisait généralement dans les autres matchs, on est passé 5es ! »

Ses clubs préférés

« Je n’ai pas de clubs préférés (rires) ! Mon club préféré, c’est le club dans lequel je travaille (rires) ! Sinon, franchement, il y a beaucoup de clubs que j’aime : Lens pour son ambiance, l’OM… Je suis allé au Vélodrome, comme entraîneur avec Bastia, en Ligue 1, et au Paris-Saint-Germain aussi, là c’est du haut niveau. Je regarde Lyon, Lille, Nantes aussi, en plus c’est un club entraîné par un Portugais (Luís Castro) mais je ne le connais pas personnellement. »

Sa personnalité

Photo SC Aubagne Air Bel

« Avant un match, je suis un peu tendu, je vais sur la pelouse, je regarde l’échauffement, je rentre aux vestiaires un peu avant la fin de l’échauffement, je suis concentré, dans mon match. Je suis différent en match et à l’entraînement. Je suis un entraîneur passionné, j’ai besoin de parler, de motiver, de corriger, d’être derrière les joueurs. J’essaie moi aussi d’être actif, debout, proche, d’aider les joueurs. Humilité et travail, beaucoup de travail : je crois à ça. Contre Le Puy, on n’a pas été humble et pas assez travailleur et on a encaissé 4 buts. Pour moi, dans ce championnat, on ne peut pas se relâcher, parce qu’il n’y a pas énormément de différence entre le FC Rouen et Saint-Brieuc. Si on se trompe dans ces valeurs, on est sanctionné, ça va vite. Après, je parle souvent avec les joueurs, beaucoup ont un fort caractère. Mon éducation, c’est ma façon d’être, ma force aussi, je suis vraiment exigeant. Je ne rigole pas sur le terrain, les joueurs le savent. De temps en temps, je suis borderline, mais je suis juste et honnête. Après Orléans, j’étais le premier à faire la fête, mais après, c’est fini la fête, on se remet au travail ! »

« Chaque jour je réfléchis au chemin que je dois suivre »

« J’ai dit ça ? Oui, je me souviens de cette interview, dans La Provence. Mon objectif, c’est d’entraîner au plus haut niveau et le plus vite possible. Il ne faut pas que je perde de temps. Le risque que je prends sur le plan familial m’oblige à réussir, à aller au plus haut niveau. Les sacrifices que je fais au niveau de ma vie familiale m’oblige à réussir. Sinon, ce n’est pas la peine. Et la seule façon d’y arriver, c’est par le haut niveau. OK, d’un côté, je suis jeune, mais de l’autre non : il y a déjà des plus jeunes coachs que moi au plus haut niveau. Je me compare toujours à eux, comme à Luís Castro (45 ans), qui entraîne Nantes, ça me motive aussi, je connais son parcours, similaire au mien. Avec de l’humilité et du travail, ça doit payer. »

  • Son bilan depuis son arrivée à Aubagne en mars 2025

9 victoires, 7 nuls et 6 défaites (33 buts marqués / 29 buts encaissés)
– Saison 2024 / 2025 (9 matchs) : 4 victoires, 2 nuls et 3 défaites (14 buts marqués, 12 buts encaissés)
– Saison 2025 / 2026 (13 matchs, série en cours) : 5 victoires, 5 nuls et 3 défaites (19 buts marqués, 17 encaissés)

  • Son parcours d’entraîneur

– Depuis mars 2025 : entraîneur principal / SC Aubagne Air Bel (National)
– Janvier à mars 2025 : entraîneur adjoint / Academico de Viseu Futebol Clube
– Juillet 2024 – septembre 2024 : entraîneur adjoint / Portimonense Sporting Clube
– Juillet 2023 – Juillet 2024 : entraîneur adjoint / CF Estrela Amadora
– Septembre 2022 – juin 2023 : entraîneur adjoint / Chamois Niortais
– Août 2020 – décembre 2020 : entraîneur adjoint / Gil Vicente FC
– Juin 2019 – novembre 2019 : entraîneur adjoint / Stade Malherbe Caen.
– Juin 2018 – juin 2019 : entraîneur adjoint / ESTAC Troyes
– Février 2017 – juin 2017 : entraîneur adjoint / SC Bastia
– Juillet 2015 – décembre 2016 : entraîneur adjoint / Red Star
– Juin 2014 – juin 2015 : analyste vidéo / Sporting Clube de Portugal Lisbonne
– Juin 2011 – juin 2014 : analyste vidéo / SC Braga

Championnat National (J15) – vendredi 5 décembre 2025 : Aubagne Air Bel (5e, 20pts) – FC Rouen (1er, 28pts), à 19h30, au stade Saint-Exupéry.

  • Texte : Anthony BOYER / X @BOYERANTHONY06 / mail : aboyer@13heuresfoot.fr
  • Photos : Philippe LE BRECH, Kévin MESA et SCAAB
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