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Stéphane Le Mignan (Concarneau) : « C’est la beauté du foot ! »

L’entraîneur du récent champion de National et promu en Ligue 2 BKT revient sur la formidable montée historique de son club ! Le président Jacques Piriou et l’attaquant Antoine Rabillard refont eux aussi le fil d’une saison aux superlatifs inépuisables.

Au hit-parade des mots les plus entendus, samedi dernier à Guy-Piriou, à l’occasion de la fiesta organisée pour la montée en Ligue 2 de l’US Concarneau et, cerise sur le gâteau, pour l’officialisation de son titre de champion de National 2023, il y avait une grosse concurrence entre « historique », « incroyable », « magnifique », « extraordinaire » et « formidable ». Mais ça c’était au début. Parce qu’après, on n’entendait plus rien. Trop de bruit, trop de musique, trop d’ambiance. Trop… Trop bien !

Et franchement, il n’y avait plus non plus de grands mots pour le dire. A la place, le ressenti. Plus fort : des regards complices, des sourires qui s’étirent, du bonheur et de la joie qui débordent, du temps qui passe, ensemble, et du temps qui dépasse l’instant présent, des souvenirs de la saison qu’on se raconte, des matchs que l’on refaits, des mains qu’on serre très fort, des joues qu’on embrasse passionnément, des buts qu’on raconte et que l’on revoit : Antoine Rabillard à la 94e contre Bourg (victoire 2-1, journée 33) et à la 86e à Orléans (victoire 2-1, 34e et dernière journée) ! Des talents que l’on découvre : Amine Boutrah, le meilleur joueur du National et « petit prince » de Guy-Piriou ! Ou que l’on redécouvre : Fahd El Khoumisti, le meilleur buteur (16 buts) malgré son faux départ au Mans… Avec eux, Alec Georgen et Gaoussou Traoré forment le carré d’as de l’équipe-type de National dans laquelle Mamadou Sylla avait largement sa place. La fête ne l’oublie pas et les verres s’entrechoquent à la santé de l’USC en Ligue 2. La soirée ne faisait que commencer. Avec quelques rencontres au passage d’une division à l’autre (du monde « amateur » au professionnel)… Jacques Piriou, l’heureux président emblématique d’un petit club qui monte; Stéphane Le Mignan (Trophée du meilleur entraîneur), le coach aux deux accessions du National à la Ligue 2 (Vannes en 2008 et Concarneau en 2023) et au style de jeu (reconnu par ses pairs) qui a défrayé la chronique durant toute la saison. Et, pour conclure, Antoine Rabillard, « Rabi » la classe, qui a marqué l’histoire des Thoniers en ajoutant finalement deux buts décisifs dans un rôle de joker de luxe. Merci pour ce moment. C’était bien. Vraiment bien.

Le cap de bonne espérance pour les Thoniers !

La Ligue 2 ne fait pas peur à Jacques Piriou. « Quand on est monté en National en 2016 (avec l’entraîneur Nicolas Cloarec aux commandes), certains nous disaient que c’était trop haut pour Concarneau ! Résultat, on avait tout de suite été champion d’automne », rappelle le président de l’US Concarneau. Mais avec finalement une place de 11e, la poule retour de la saison 2016-17 avait été plus difficile pour les Thoniers qui ont ensuite trouvé leurs marques à ce niveau en se classant 13e (2017-18 et 2018-19) puis 11e (2019-20, saison interrompue en raison de la Covi-19) avant l’arrivée de Stéphane Le Mignan au poste d’entraîneur.
Depuis, les Concarnois se sont classés 5es (2020-21) et 4es (2021-22). Une montée en puissance qui les avait même laissés sur leur faim car, avant « d’échouer » au pied du podium la saison passée, après avoir longtemps trusté le podium, voire la place de leader… Exactement comme cette saison qu’ils ont finalement terminée en apothéose en décrochant la médaille d’or.
Après sept saisons consécutives en National, les Thoniers franchissent donc leur cap de bonne espérance en basculant pour la première fois de leur histoire dans le monde du football professionnel !

Stéphane Le Mignan : « Des moments très forts »

« En début de saison, on était parti avec un peu de déception par rapport à ce qu’il s’était passé quelques mois avant malgré un très bon championnat (l’US Concarneau avait fini 4e après avoir longtemps été leader). On savait qu’il y avait un gros danger en raison des nombreuses descentes. Alors vivre ce que l’on a vécu jusqu’au bout, jusqu’à la 34e journée et jusqu’à la 86e minute car on finit le championnat sur le but de « Rabi » (Antoine Rabillard), ce sont des moments très très forts, uniques, imprévisibles. C’est la beauté du foot. J’avais dit aux joueurs avant le match à Orléans qu’ils devaient être fiers de ce qu’ils avaient déjà fait, quelque soit l’issue de la soirée, fiers d’avoir joué à l’US Concarneau durant cette saison 2022-2023. Mais je voulais qu’ils soient fiers aussi après le match et ils l’ont été en donnant ce qu’il fallait. Je suis très content d’avoir eu ces joueurs-là qui ont adhéré à ce que l’on a mis en place. Même quand ça a été plus difficile durant l’hiver, on n’a pas lâché, on est resté sur les mêmes idées et ça c’est une grande fierté. »

« Le tournant du Puy »

« On savait qu’on arrivait au bout et ce n’est pas là qu’on est le mieux car on est gêné mentalement avec tout ce qui se passe dans l’environnement, ça se joue au mental plus qu’au niveau technique, on est tous un peu perturbé. Mais un des tournants de la saison, c’est quand on rentre au vestiaire après la défaite au Puy (2-1, 32e journée) et que l’on apprend que nos concurrents n’en ont pas profité, que les autres résultats nous sont même favorables et qu’on est toujours deuxièmes ! Là, ça nous a donné un coup d’énergie et je pense même que l’on ne serait jamais revenu si on avait perdu la 2e place ce soir-là. Les joueurs ont été formidables et l’un des exemples c’est Antoine (Rabillard), un joueur expérimenté qui a déjà connu une montée en Ligue 2 avec Béziers et qui jouait moins en fin de saison en raison de mes choix. Et quand je fais appel à lui en fin de matchs, il rentre en jeu avec une attitude formidable (double buteur sur les deux derniers matchs). »

« C’est l’attitude des joueurs qui nous a fait passer »

« Je crois que ce qui nous a fait passer cette année, c’est l’attitude des joueurs qui jouaient moins. Je pense à « Rabi » parce qu’il a été le plus visible en étant décisif et je suis très content qu’il rentre dans l’histoire du club avec ces buts-là. On a Fahd (El Khoumisti) qui est meilleur buteur, Amine (Boutrah) qui est meilleur joueur, mais derrière on a une attitude extraordinaire avec Ambroise Gboho, Georges Gope-Fenepej, Adrien Julloux, tous ces joueurs qui ont moins joué parce que l’équipe performait. Mais ils ont eu une attitude exceptionnelle jusqu’au dernier match. Tout le monde a compris le message : malgré les déceptions il fallait que l’on reste unis comme jamais. Quand on sent que les joueurs qui jouent moins vous soutiennent, ça crée beaucoup de choses, et je pense aussi aux jeunes qui étaient avec la Régional 1 et qui ont apporté leur touche technique et hissé le niveau des entraînements. On n’avait pas pas ça l’année précédente parce qu’on avait un groupe moins nombreux et je pense que c’est aussi une pierre importante à l’édifice de notre réussite. »

« Les travaux du stade ? Un énorme point noir »

« Maintenant, on sait très bien que c’est une histoire qui se finit quoi qu’il arrive parce qu’il y aura des modifications, mais il faut savourer et profiter pleinement de ce groupe qui a été exceptionnel et qui rend fier tous les Concarnois. Mais ce que l’on peut déjà dire c’est que d’attaquer la Ligue 2 sans pouvoir jouer chez nous en raison des travaux nécessaires à la mise aux normes de notre stade c’est un énorme point noir. »

Jacques Piriou : « Ce n’est pas volé ! »

Le président de l’US Concarneau s’est lui aussi confié après cette accession tant attendue : « On ne pouvait pas rêver mieux! Même si le final a été extrêmement stressant et angoissant, tout est bien qui finit bien. Quand on fait l’analyse de la saison, ça me semble mérité et je ne suis pas le seul apparemment à le penser car de nombreux présidents de club m’ont envoyé des messages pour nous féliciter et dire que cette première place était méritée. Ce n’est pas volé en tout cas. Il y avait beaucoup de tension chez les joueurs, on a essayé de détendre tout ça, de les mettre dans les meilleures conditions possibles, les encadrer, leur expliquer ce qu’était le club. On a fait des interventions avec les bénévoles, avec les éducateurs, moi-même je suis intervenu pour essayer de relativiser les choses… Mais il y avait un tel enjeu que ce n’était pas facile, on a essayé de faire le mieux possible et ça n’a pas trop mal marché. »

« Mon coeur a pris des coups »

« Au mois d’août, on était davantage dans la configuration de se demander comment on allait faire pour s’en sortir avec six descentes, mais au fur et à mesure de l’avancement du championnat, on croit de plus en plus en notre effectif, on croit en ce que l’on voit, et on s’aperçoit que l’on peut rivaliser avec n’importe quelle équipe de ce championnat. Une fois qu’on a compris ça, ça donne le résultat d’aujourd’hui. Mais à Orléans, mon coeur a pris des coups pendant une heure et demie, avec des hauts et des bas, j’avais hâte que ça se termine. »

« Boutrah ne sera plus là »

« On va savourer, se reposer, et se remettre vite à bosser avec le coach, sachant qu’Amine Boutrah ne sera plus là. Il a des clubs de Ligue 1, je m’en réjouis pour lui, je lui souhaite que ça aille dans le bon sens pour sa carrière, je pense que ça va le faire et qu’il montrera que son passage par Concarneau a été plus que bénéfique et qu’il retiendra tous ces moments d’émotion qu’il a vécus ici. »

Antoine Rabillard : « Personne n’a boudé dans cette équipe »

« Il faut profiter au maximum, ce sont des moments à vivre, des moments rares dans une carrière (il est déjà monté en Ligue 2 avec Béziers en 2018). J’ai moins joué en fin de saison, ce sont des choix du coach. Que l’on ne soit pas content c’est une chose, mais si on boude et que l’on ne fait pas le travail derrière, ça ne sert à rien. Il faut continuer à y croire, à espérer. Personne n’a boudé dans cette équipe, c’est ça qui est extraordinaire, il y a un groupe qui est vraiment uni depuis le début. On l’a senti. Que le groupe vive bien, c’est facile quand on gagne, mais même quand on a eu des moments plus difficiles, on est resté soudés et unis. Le coach a su créer un groupe et on y a toujours cru. C’est la récompense d’un travail de longue haleine qui avait débuté en juin. »

Texte : Denis Vergos / Mail : dvergos@13heuresfoot.fr et contact@13heuresfoot.fr / Twitter @2nivergos et @13heuresfoot

Photos : US Concarneau